D & W 1988 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, i/j fi'd'iHi ^. 90 itA-iu-. ?:A'yf\m'd'^. ^b IMPKIUERIC DE BACHELIER, rue dn Jardinet , I2. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS CONFORMÉMENT A UNE DECISION DE L'ACADÉMIE PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME QUATORZIEME. JANVIER— JUIN 1842. PARIS, BACHELIER , IMPRIMEUR-LIBRAIRE, QUAI DES AUGUSTINS, N' 55. 1842 i\i COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 JANVIER 1842. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un Vice-Pré- sident pour l'année 1842. Le nombre des votants est de 42; majorité absolue 22. Au premier tour de scrutin , M. Dumas obtient 32 suffrages , M. Beudant 6 M. Gaudichaud i M. Magendie i M. Diiméril. i M. de Gasparin i M. Dumas, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé vice -président pour l'année 1842. M. PoNCEiET, vice-président pendant l'année 1841, passe aux fonctions de Président. Conformément au règlement, M. Serres, avant de quilter le fauteuil de Président, rend compte de ce qui s'est fait pendant l'année i84i relative- ment à l'impression des Mémoires de rJcadémie et des Mémoires des Sa- vants étrangers. C. B., i8!,a, i"&!mMt; .^ , L'équation (i) pourra s'écrire comme il suit (4) ^=- 5p rr l^^i=::ir:i±ÏL% t sïnpdpdq. la valeur de ç étant (5) ^ ç = ux + i>j^-\-wz, et l'on pourra d'ailleurs considérer m, c, w comme représentant les coor- données rectangulaires d'un point situé à l'unilé de distance de l'origine des coordonnées. Concevons maintenant que, cette origine restant la même, ou transforme les coordonnées rectangulaires M, V, w en d'autres coordonnées rectangulaires (3) U, V, w. Les équations de transformation seront de la forme !M = au •4- a'v + a"w, «.=r-/3u-f-iS'v + il3"w, w= yu -{- y' \ -j~ y"vf, les coefficients a, (è,y, a', IB', y\ a!!, /3", y" • étant propres à vérifier les formules ^'7^ \a'a". **H-iS* +y =1, «'• +/3'^ 4-y =', «"•+ /S"*+>"«= , , "+;8'/3"+>V'=o, «"a + ^"/3+y'>=o, «a'H-|8/3'+5.>'==o,- et aussi les suivantes , a»+ a" +«"• = I, /S* H- /3" +/3"' = I, >•+ 5." 4- >"• =1; '^ ^ (/3>+/3V + /3">" = o, >a+/«'-+-y'a"=o, a)8 + a'/3'H-a"/3"=o. De plus, en posant pour abréger (9) aa:H-^j + >z = 3&, a'x + ^'j+y'z= U, c^'x-h^'y +y"z = %, on tirera de la formule (5) (10) ç = 36U -f- ITv + 5ôw, Enfin , en posant (11) u = cosp, v = sinpcosq, w = sinpsinq, on pourra, dans la formule (i) ou (4), remplacer le produit sin^ dp dq par sin p dç> dq, et l'on aura par suite (la; <»• = — / / <^ J. ' — ^r t&mrtdpdq, !.. (4 ) les valeurs de u, v, w, ç étant déterminées en fonction des angles polaires p, q par les équations (6) et (lo) jointes aux formules ( 1 1). » Si, pour plus de simplicité, l'on prend (j3; I (f — r)°-' 8 ¥{ut,vt,wl,s — f) ' Ja formule (12) deviendra (.4) >^ = ^^-ÇfJp^lf^t^u^d^dci. Ajoutons que si l'on nomme ce que deviennent M, V, W, Ç quand on y remplace v par — v et w par — w, on pourra, dans la for- mule (i/f), supposer S déterminée ou par l'équation (i3) ou par la sui- vante CiS) I _ i r (^-O-' {s — rj— -1 » Revenons maintenant à la formule (12). On peut l'écrire comme il suit (16) fsrzsz — 2-4 — / / ttWt — ï-^ < sui p flf p rtq , le signe 2 s'étendant à toutes les racines de l'équation (17) F(ut,vt,wt,s — ç) = o résolue par rapport à s. Cela posé, concevons que l'on désigne par «, S-, y, Q, f> les valeurs de u, V, , s (5) fournies par le système des formules (i8) F(«, t^, w, û)) = o, (20) M* + (/• -f- tV* = I, jointes à la condition ux + ujr -\- wz "> o. a, € , y, 9 , p seront des fonctions déterminées de x, j; z, t. De plus, après avoir remplacé la variable p par la variable s, on pourra dans le second membre de la for- mule (16) développer, sous le signe/", le coefficient de jFI (*) en une série de termes qui aient pour facteurs les puissances ascendantes de s — p, et alors on obtiendra pour développement de tnr une série qui ne renfer- mera plus que des intégrales relatives à s, attendu que les intégrations relatives à la variable q pourront s'effectuer à l'aide de formules tirées du calcul des résidus. C'est ce que j'expliquerai plus en détail dans un nouvel article. » P. S. Si , dans l'équation ( 1 ) , l'on pose pour abréger (21) sU{s) = {(s), elle donnera (.a) DT'^ = -± r r l—^^^millsmpdpdq. Si d'ailleurs, J{x\ j, z, t) désignant une fonction de x, jr, z", <, entière, homogène et du degré m, on nomme D et ac ce que devient cette fonction quand on y remplace les variables (6) par D., D,, D., D, ou par u, V, w, — G»; on tirera de la formule (22) puis, en supposant queO «w ne renferme point de dérivées de o, don- neront 9 = "(ï + ? + 7"). X cvt jr a't z an «' H- ^* + >• = r- et, en supposant u, v, w déterminés en fonction des angles polaires p,q par le système des formules (6) et (i 1), on tirera de l'équation (26) (39) D, ^ = ^ j^ J^ {'(s) sin p ^p c?q. Si, dans cette dernière équation, on remplace la variable p par la variable s, et si l'on développe ensuite le coefficient de ('(s) en une série ordonnée smvantles puissances ascendantes de s — p; alors, en supposant la valeur de n {s) toujours nulle hors des limites très- resserrées — s, i, on trouvera, au bout d'un temps fîni<, et pour un point situé dans l'é- paisseur lie l'onde propagée , i (3o) D.-zy = A.y^^f ' (s)ds-\-Kf^is—p) f ' {s)ds+A3f^ (s—p)' f'(s)ds+..., ou, ce qui revient au même , (3i) D,«r= A,f(p) — A,y'^f(j)rfj— 2A3 r^^(f — p) {{s)ds^ ..., la valeur de A, étant donnée par la formule dans laquelle on suppose • (33) ^ = (u— i)x-f vIT + w^— (û> — ô)^ (8 ) et le signe . = FD,!>, (D? - EX = FD.!>, E, F étant deux fonctions de D'. H- d; + D!, entières mais généralement composées d'un nombre infini de termes, et la (9) valeur de v étant (2) o == D4 H- D,*, + IXC- Posons, pour abréger, V = D^ — E, ?" = D? — E — (D^ + D; 4- D:)F V = V'V. Soit d'ailleurs 'ts- la fonction principale assujettie, 1° à vérifier, quel que soit t, l'équation caractéristique (3) V-îB- = o; 2° à vérifier pour t =z o les conditions {x,j,z), X(^,jr,z), ^(x, j,z\ les valeurs initiales de 0, «, Ç, D.e, D,«, D.f; et par , = V"(X+ D,x) + FD,«, ( ^: = VC^PH- D.4) + FD.«, C. B., 184a, i" Semestre. (T. XIV, N'- i.l 2 la Valeui- de « étant (6) « = D. (d. H- D.(p) + D, (X -f- D.x) + D, (^ + D.^). Dans le cas particulier où les équations des mouvements infiniment petits deviennent homogènes, on a E = a»(D; + d; + d:), F = n'» — n% fi, II' désignant les vitesses de propagation des vibrations transversales et longitudinales; puis on en conclut. v'=d;— n»(D: + D; + D.'), v"=d? — a'* (d:+dj + d:); et par suite v = [Dî— fi»(D; + D; + D:)] [D,'-a"(D: + D; + D:)]. Donc alors la fonction caractéristique se réduit au produit [f — ir (ar'+j"+ z*)] [«* — a'* (^' + j*4-z')i, comme on le savait déjà. [ Voir le Compte rendu de la séance du 1 3 décem- bre, p. 1093]. Ajoutons que, dans ce cas particulier, et en posant pour abréger . , a' il' (8) -ar, = V'W, «Zîr. = W, on aura, en vertu de la formule (6) de la page 210 des Exercices d Ana- lyse et de Physique mathématique [ tome P' ] , (9) , Dj'sr = li^, + Kar.. Observons enfin, que, dans ce même cas, les formules (5) donneront ( ^ = [d:— n"(D: + D;-f D:)](-i-D,cp) + (f2"-n")D.H, (,o) j vi = [D,'— n'>(D: + D^+D:)](x+D,x) + (n"-n")D,«, ( r = [Dr— a"(D^ + D;4-D:)](^-f-D.4) + (a"— £i')D,«, la valeur de « étant toujours déterminée par l'équation (6). ( 'I ) » Supposons maintenant, pour plus de simplicité, que forix^j. z) se ré- . (iuise à une fonction du rayon vecteur posons en conséquence -ar (a:, j, z) = n (r) , et de plus n(-r) = n(r). . Alors on aura t ^ {r—Cit) n(r— ût) -4- (r4-««) n(r4-fl/) ^^^> \ ^ (r— n'o n(r— fi'<) 4- (/--f-a'ï) n(r4-o'0 / D, '!ïr, = ' — ■■ , et, en vertu de la formule (9), (ra) , D'ê, on tirera de la formule (12), , ,^ rw3 ('■ — no n'(r— no , (r— a't) n (r — n'o (14) U,'Z«r=At — -f- I' ;- 1 (.5) ; -^^rlr-a. et par suite s, fsr=::-^ f (r — S — Q.tYsU(s)ds I c\ } ^a' rj r—nt^ '■ ^ ^—l—f (r -s — n.'tYsn(s)ds. ( 12 ) Alors aussi la propagation du mouvement donnera naissance à deux ondes comprises, au bout du temps t, la première entre les limites (17) r = Clt — 6, r=Q.t-^i, la seconde entre les limites (18) r=Sl't—6, r=Cl't-i-i. Enfin, si, pour fixer les idées, on suppose (19) n'>n, c'est-à-dire, si la vitesse de propagation des vibrations longitudinales sur- passe la vitesse de propagation des vibrations transversales, comme il ar- rive dans la théorie de la lumière [voir la 9* livraison des Exercices cT^na- Ijse et de Physique mathématique^ P^ge 3ia], les deiix ondes seront séparées l'une de l'autre , dès que l'on aura (20) t>^ 28 n'- iî' et alors on tirera de la formule (16), 1° pour un point situé en dehors des deux ondes propagées, (ai) «zër = o; 2" pour un point situé dans l'épaisseur de l'onde la plus rapide, (23) ^=^^-f'_J(r-s-n'tysn{s)ds; 3° pour un point situé entre les deux ondes , (23) ^ = -^/-^f^^s^n(s)ds; 4° pour un point situe dans l'épaisseur de l'onde la plus lente , ( '3) tsr = -^^ (' (r—s—D.tysn(s) ds 5° pour un point situé en dedans de l'onde la plus lente , (a5)
(-s de celle question en Anjjleterre. (1) Traité des forces mouvantes pour la pratique des arts et méti^^rs ; Varis, 1722, pages 819, 384 et suivantes. (2) Réflexions sur le tirage des voitures et des traîneaux , Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1783, p. 49 (3) Mémoire sur les systèmes d'artillerie de campajjne fiançais et anglais ; Paris , dé- cembre i8ig. (Archives du dépôt central de l'Artillerie ) ( 23 ) pas limité par la hauteur de l'effort de traction au-dessus du sol , et qu'il pouvait être plus grand avec avantage pour la force motrice (i). Il a aussi donné les expressions théoriques du tirage horizontal et incliné, en a fait l'application à toutes les voitures de l'artillerie et en a tiré les conditions de construction que doivent remplir les parties principales des machines de transport (2). M.Hélie, alors lieutenant et actuellement professeur de sciences appliquées à l'École de l'Artillerie de la Marine à Lorient , qui d'abord avait contesté les résultats précédents relatifs au frottement des essieux, en a donné ensuite une nouvelle démonstration et en a déduit l'ex- pression analytique de l'effort nécessaire pour vaincre le frottement des fusées, dans une voiture à deux trains, lorsque le tirage est horizontal et le mouvement uniforme (3). Eu i8a4, M. Mathieu de la Redorte, alors élève à l'École d'application de Metz, a présenté un Mémoire sur le tirage, dans lequel il tient compte de l'inertie des roues dans leur mouvementde ro- tation; en 1826, M. Poisson a également considéré l'effet de l'inertie des roues dans le mouvement brusque de recul des affûts des bouches à feu, mais il fait abstraclion du frottement des essieux dans les boites (4). Le cadre de ce Rapport ne nous permet pas d'analyser plusieurs Mémoires intéressants qui ont été publiés, depuis cette époque, dans les Annales des Ponts-et- Chaussées , et qui ont plus ou moins trait au roulage des voi- tures. » L'importance de la question et la précision des appareils employés par M. Morin ont été indiquées dans le Rapport de votre première Com- mission, ainsi que les résultats qu'il a obtenus et les conséquences qu'il en a déduites relativement à l'influence exercée sur l'effort de traction, par le poids du chargement , le diamètre des roues , la largeur des bandes, la vitesse du transport , la suspension sur ressorts plus ou moins parfaite , et l'inclinaison du tirage. Il nous suffira de rappeler ici ses principales conclusions: » i". La résistance opposée au roulement des voitures de toute espèce (i) Mémoire sur l'artillerie de campagne ; Toulouse , octobre 1820. {Ibidem.) (2) Mémoire sur le tirage et la cotistructïou des roues des voitures d'artillerie; Tou- louse, avril 1821, — Expériences et Rapport sur la forf^e de canijiaf.ne modifiée;, Tou- louse, octobre 1821. {Ibidem.) (3) Méinoirij sur le tirage Jes voilures; Toulouse , octobre 1821 . ( Ibidem.) (4) Formules relatives aux effets du tir sur les différentes /lariies de l'affût ; Pa- ris, 1826 ( t i838, p. 10 et 3o. ( ^4 ) * par les différents sols est proportionnelle à la pression et en raison in- verse du rayon des roues ; » a". Les dégradations produites sur les routes sont d'autant plus grandes que les roues sont plus petites ; » 3°. Sur les terrains compressibles, tels que la terre, le sable, le gra- vier, les rechargements en matériaux mobiles, la résistance au roulement décroît à mesure que la largeur des bandes augmente, et elle est indépen- dante de la vitesse pour toutes les voitures ; » 4°. Sur les chaussées pavées et les roules ordinaires en empierrement, la résistance est à peu près indépendante de la largeur de la bande, dès que celle-ci a atteint o"',o8 à o™,io, et elle croit avec la vitesse, de manière que les accroissements sont proportionnels , à partir de la vitesse de I mètre par seconde. L'augmentation est d'autant moindre que la voiture est mieux suspendue et la route plus unie; au pas, la résistance est la même pour les voitures suspendues ou non suspendues; » 5°. Les voitures non suspendues , allant au pas , fatiguent et dé- tériorent davantage les routes que les voitures suspendues allant au trot. .. Ces conclusions diffèrent beaucoup de celles que M. Diipuit, ingénieur desponts-etchaussées,atiréesdesrésultatsdesexpériencesqu'il a publiées en 1 8.37, surtout de celles qui sont relatives à l'influence du diamètre des roues sur le tirage. D'après cet ingénieur, la résistance au roulement varierait en raison inverse de la racine carrée du diamètre des roues; mais cette loi n'a- vait pas paru à votre ancienne Commission devoir être préférée à celle que M. Morin a donnée, et que Coulomb avait déjà trouvée pour le roulement des cylindres de bois d'orme et de gaïac. » Le Mémoire de M. Dupuit ayant été renvoyé à l'examen d'une autre Commission , nous ne nous occuperons pas de la démonstration théo- rique de la loi générale qu'il a admise, ni des hypothèses sur lesquelles elle repose ; nous passerons immédiatement à l'examen du travail de M. Mo- rin. Les expériences de l'auteur sont de deux espèces : les unes relatives au tirage des voitures , et les autres aux dégradations des routes. Les pre- mières embrassent plusieurs questions; celles qui sont relatives à l'influence du diamètre des roues sur la résistance au roulement ont été exécutées sur les routes en empierrement , avec des diamètres compris entre 2°',oo9 et o™,86; sur les chaussées pavées, les diamètres ont varié de 2"" ,029 à G™,420. Chaque série a été exécutée sur les mêmes portions de routes , autant que possible le même jour et dans des conditions semblables. L'an- ( 25 ) teur trouve que tous ces résultats confirment, comme ceux de 1837 et 1 838, la loi de Coulomb, c'est-à-dire que la résistance au roulement varie en raison inverse du diamètre de la roue. » Dans une Note supplémentaire, M. Morin rend compte des expé- riences qu'il a exécutées à l'aide d'un appareil entièrement semblable à celui de Coulomb , mais dont les dimensions plus grandes permettent d'observer plus exactement la loi du mouvement. Des cylindres en bois de chêne, de diamètres très-différents les uns des autres , comme les nom- bres I , 2 , 3, 4 6l 8, ont roidé successivement sur du bois de peuplier, sur du cuir et sur du plâtre. Suivant l'auteur, les résultats confirmeraient encore pleinement la loi de Coulomb. » Des expériences de roulage sur les routes en empierrement et siu' le pavé, l'auteur conclut, comme en i838, que la résistance est sensible- ment indépendante de la largeur des jantes. Celles qu'il a exécutées sur des aires en bois , avec des cylindres dont la largeur de contact a été suc- cessivement de o^jioo, o'",o5o et o^jOaS , ont montré que la résistance augmente, à mesure que cette largeur diminue, comme cela a lieu pour les voitures sur les sols compressibles. » Dans les expériences relatives à l'influence de la vitesse qui ont été faites sur des routes en empierrement et sur le pavé , avec des voi- tures suspendues et non suspendues, M. Morin trouve que la résistance croît avec la vitesse et suit la loi approchée, accusée par ses expériences de i838. M Enfin , des expériences faites, avec des charges qui se sont élevées jusqu'à 7000 kilogrammes, sur des routes en empierrement, et de i5oo à 55oo kilogrammes, sur le pavé, il conclut que la résistance est propor- tionnelle à la pression. » De cet ensemble de faits, obtenus par divers moyens et dans des cir- constances très-variées, l'auteur tire la conséquence générale que la ré- sistance au roulement varie suivant les lois qu'il avait déduites, en i838, de ses premières expériences. Un examen attentif ne permet pas à vos Com- missaires d'admettre d'une manière absolue cette concordance entre les résultats des expériences et les lois que l'auteur a cru pouvoir en déduire ; la discussion suivante montrera qu'en effet plusieurs de ces résultats sem- blent contestables. » Les expériences que M. Morin a exécutées pour déterminer l'influence du diamètre des roues sur la résistance au roulement que présentent les chenains en empierrement, ont donné des résultats qui varient avec la na- C. R., i»4a. i«' Semestre. (T. XIV, M» 4.) 4 (26) ture du sol, dans des limites trop étendues pour permettre d'en conclure qu'il existe certains rapports constants entre cette résistance et la raison inverse d'une puissance déterminée du rayon. Dans plusieurs cas cette puissance s'éloigne sensiblement de celle qui avait été indiquée par Cou- lomb. Une seule série d'expériences se rapproche de cette loi; c'est celle qui a été faite sur la partie de la route départementale n" 182 , de Courbe- voie à Colombe , située entre les deux chemins de fer et à l'état sec; encore cette série r>e comprend-elle que deux grandeurs de roues. Deux autres sé- ries exécutées sur la même route , sèche, ou très-humide sans boue, ont indiqué une résistance proportionnelle à la raison inverse d'une puissance du rayon, variant de | à 1 , pour des roues de trois grandeurs. Cette même portion de route pour laquelle, dans la première série, la loi de Coulomb semblait satisfaite, a donné, lorsqu'elle était couverte d'une boue liquide, des résistances qui ne s'accordaient plus qu'avec la puissance | du rayon. Ce dernier résultat a encore été oljtenu avec un grand degré de précision sur la route qui fait face à la caserne de Courbevoie, à une époque où cette route était très-sèche, et pour des roues de diamètres très-différents l'un de l'autre. «Tous ces résultats semblent s'accorder pour montrer que la résistance au roulement est proportionnelle à la raison inverse d'une puissance du rayon qui varie généralement de |à |, suivant que la route est plus ou moins compressible, et qui n'atteint l'unité que lorsque le sol est parfaitement dur. Cette variabilité de la puissance à laquelle il faut élever le rayon de la roue pour représenter la résistance, a également été observée par l'un de nous en 1 82 1 , avec d'autres procédés d'expérimentation peut-être encore plus précis que ceux de M. Morin ; c'est une preuve de l'exactitude des ré- sultats qu'on doit à l'habileté de ce savant, et qu'on peut ainsi regarder comme dignes d'une entière confiance. » r.,cs routes pavées en grès ont offert des résultats analogues à ceux des expériences précédentes; la puissance du rayon a même varié entre des li- mites plus étendues, car, dans certains cas , elle est descendue sensible- ment au-dessous de |. Sur la route pavée n° 192, très-sèche, la loi de Cou- lomb est indiquée d'une manière assez précise pour une partie de la série, lorsqu'on admet la proportionnalité de la résistance à la pression, ainsi qu'une faible influence de la largeur de la jante; mais dans les mêmes hy- pothèses, l'autre partie de la série donne une puissance qui varie de f à |. Les expériences faites sur le pavé du boulevard du Mont-Parna.sse ont donné des résultats qui se rapprochent de la loi de Coulomb, la puissance (>7) étant très-peu au-dessous de l'unité; mais les rayons des roues ne diffé- raient pas assez entre eux pour qu'on pût en déduire une loi d'une manière approchée. Enfin une série des expériences de i838, exécutées sur le pavé de la rue Stanislas, a indiqué une puissance comprise entre | et^; on voit que la variation de cette puissance a lieu dans des limites très-étendues , suivant que les routes sont plus ou moins bien établies, et que les diffé- rences de résultats laissent dans une grande incertitude sur la véritable loi de la résistance : aussi tout nous porte à penser que les expériences exé- cutées sur le pavé présentent des anomalies dans quelques-iuies des séries. » Les résultats des expériences faites à l'aide d'un appareil entièrement semblable à celui de Coulomb , ne donnent pas non plus , pour les cylin- dres de chêne roulant sur des madriers de peuplier, une résistance pro- portionnelle à la raison inverse du rayon ; car la puissance à laquelle il faut élever ce rayon est ^ en comparant les rouleaux de o", i8ï et de u^jOgoa de rayon, et | en comparant ceux de o",i355 et de o"',ogo2, pour les deux largeurs de bande o",/o et o'°,o5. Les anomalies que présentent le cylindre de o°',o45 de rayon et les bandes de o",o25, qui étaient chargées aussi fortement que les plus larges, sont dues évidemment à l'altération d'élasti- cité que subissent les substances lorsque les pressions augmentent au-delà d'une certaine limite. » La résistance au roulement a été à très-peu près en raison inverse du rayon des rouleaux , sur une bande de cuir de o'°,oo5 d'épaisseur, reposant sur des madriers en peuplier; mais sur le plâtre, la puissance du rayon a beaucoup varié : elle a été de j en comparant certains rayops, et est des- cendue à 1^ en en comparant d'autres. » Ainsi les expériences faites avec l'appareil de Coulomb ne paraissent pas plus que le tirage des voitures sur les routes , étal)lir comme loi géné- rale une proportionnalité entre la résistance au roulement et la raison in- verse du rayon des roues. » Des résultats analogues ont été obtenus avec tous les genres d'expéri- mentation employés, quoique quelquefois les auteurs en aient tiré des conclusions différentes de celles qui précèdent. Ainsi , dans des expériences faites en iBjg par M. Dupuit, en présence d'une commission nommée par l'administration des Ponts-et-Chaussées pour examiner la question du roulage, on a fait rouler sur des plans inclinés, de i" et de o"',5o de chute, puis, sur un terrain battu horizontal, sept paires de roues accouplées, de différents diamètres , depuis o^jio jusqu'à i^jôo. La résistance au roule- ment a été à peu près en raison inverse des racines carrées des rayons, lors- 4- f 28 ) que le sol était sec et recouvert d'uu peu de poussière, et la chute de 1"; mais pour le même terrain un peu humide, la loi précédente, admise ex- clusivement par l'auteur, n'est plus suivie, et le calcul montre que la puis- sance I du rayon donne des évaluations de résistance qui se rapprochent beaucoup plus des résultats de l'expérience pour les cinq diamètres les moins grands; les deux paires de roues les plus hautes ont éprouvé plus de résistance que ne l'indiquent l'une et l'autre des deux lois , résultat que l'auteur attribue à la résistance de l'air qui a dû plus se faire sentir sur ces grandes roues qui ne pèsent pas plus que les petites. Avec la chute de o'",5o, les vitesses étant moins considérables, les anomalies dues à la rési- stance de l'air, aux chocs et aux sauts qu'éprouvaient les roues dans les ex- périences précédentes, ont été moins sensibles, el les résultats ont été beaucoup plus réguliers; aussi le calcul montre que la résistance au roule- ment est alors, à très-peu près, en raison inverse de la puissance § du rayon, pour les roues de tous les diamètres. On pourrait même conclure que cette loi représente rigoureusement les résultats de l'expérience, si l'on exclut les roues moyennes, cinq fois plus légères que les autres, et qui se trouvaient ainsi dans des circonstances particulières ; ou bien encore si l'on tient compte, d'après les observations mêmes de l'auteur, de laplusgrande résistance de l'air éprouvée par les roues hautes, et de l'influence, pour les petites roues, d'une circonstance atmosphérique qui avait rendu plus ti- rants les sept à huit premiers mètres delà course des roues. Ces résultats et les précédents viennent encore démontrer que la résistance au roulement ne peut être leprésentée que par une puissance du rayon variable avec la nature et l'état du sol, et que cette puissance et les limites entre lesquelles elle varie, sont exactement celles que la théorie indique pour les données que fournissent les terrains ordinaires, et clans les hypothèses d'un sol très- dur et d'une résistance à la compression indépendante de l'enfoncement. M Dans les expériences de M. Morin, qui sont relatives à l'influence de la largeur des bandes sur la résistance au roulement que font éprouver les routes pavées et en empierrement, les résultats réguliers ne sont pas en assez grand nombre dans chaque cas, pour qu'on puisse en déduire une loi généraleavec un peu de certitude. De celles qui ont été exécutées avec des cylindres roulant sur du bois, on pourrait conclure que dans tous les cas où l'élasticité n'est pas altérée, la résistance esta très-peu près en raison inverse de la racinecubique de la largeur des bandes, résultat qui correspond, en théorie, au cas pour lequel la résistance à l'enfoncement est proportionnelle à la pénétration , hypothèse admise généralement par les géomètres pour les cbrps élastiques. Lorsque les charges dépassent les limites de l'élasticité, vu la diminution de largeur des bandes, la résistance augmente presque jusque dans la proportion de la raison inverse de cette largeur, » Les expériences relatives à l'influence de la vitesse montrent que la ré- sistance, ou le tirage, augmente avec la vitesse sur le pavé et sur les routes en empierrement pour toutes les espèces de voitures ; d'un autre côté, l'au- teur a conclu de celles de i838, que cette résistance est indépendante de la vitesse pour les voitures suspendues et non suspendues, sur le sable, la terre et le gravier. Mais cette indépendance, dans certaines circonstances, n'est qu'apparente, et il n'existe pas de différence aussi tranchée dans la loi de résistance. On conçoit, en effet, que dans les terrains compressibles, l'enfoncement des roues ne pouvant pas être instantané, doit diminuer ainsi que la résistance qui en résulte, à mesure que la vitesse augmente; cette diminution doit donc neutraliser en partie l'augmentation de résis- tance provenant d'une plus grande vitesse, dans l'évaluation de l'effort de traction ou de la somme de ces résistances; il peut même arriver que pour certains terrains, et dans certaines limites de vitesses, il s'établisse entre les augmentations et diminutions de ces résistances, une compensation qui rende insensible l'influence de la vitesse sur le tirage total , influence qui d'ailleurs doit être beaucoup plus faible sur les terrains mous que sur les sols durs qui font éprouver des chocs à la roue. «Les expériences relatives à l'influence de la charge n'ont pas conârmé complètement la loi admise par l'auteur, savoir, la proportionnalité de la résistance à la pression sur les routes en empierrement, et s'en éloignent beaucoup pour certaines routes pavées. Dans le premier cas, la résistance au roulement a varié à très-peu près, comme la puissance | de la charge; résultat qui prouve , ainsi que ceux qui sont relatifs à l'influence du diamè- tre des roues sur la résistance de la même route n° 1 32 , que le sol de cette route départementale n'est pas complètement incompressible sous des charges de 5 à 7000 kilogrammes. Sur le pavé de la route royale n' 193 , la résistance a encore augmenté dans un plus grand rapport, à peu près comme la puissance | de la pression pour les roues de o",n5 de largeur de bande ; les anomalies présentées par les roues de o'",i75, et dont l'auteur a indiqué les causes, empêchent d'admettre les résultats qu'elles ont donnés. » Dans une dernière note supplémentaire adressée récemment à l'Aca- démie, on trouve de nouvelles expériences exécutées par l'auteur sur les routes pavées et en empierrement, en vue de justifier la loi de la propor- tionnalité de la résistance à la pression, qui ne paraissait pas suffisamment (3o) établie aux yeux de vos Commissaires. Dans la première partie , doit s'élever. » 2°. La fusion d'un solide a lieu lorsque la résultante des forces répul- sives intérieures surpasse un peu la pression de l'éther ; c'est-à-dire que le degré de la Jusion d'un solide , sous la pression de l'éther, est aiw.- logue à celui de l'ébullition d'un liquide , sous la pression atmosphé- ( 37 ) rique. Donc , si la pression de Véther a augmenté , la température de la glace fondante a dû s'élever. » LavariatioK ascendante du point fixe de la glace fondante doit être beaucoup plus grande que la variation, dans le même sens, du point fixe de l'ébullition. Des expériences de vérification (dans lesquelles j'ai été assisté par M. Cabart) m'ont prouvé que la tension de la vapeur d'eau, à la température de la glace fondante, est encore aujourd'hui de 5""°, comme M. Gay-Lussac l'a trouvée à une époque peu éloignée de celle où il a mesuré le coefficient de dilatation des gaz. On peut donc dire aujourd'hui, comme alors, que la température de la glace fondante est celle où la ten- sion de la vapeur d'eau est de 5""". Cette concordance prouve que la ré- sultante des forces répulsives dans la glace , et la force élastique de la vapeur d'eau , à la température où la glace fond , conservent une petite différence constante , quelle que soit la variation que cette température puisse éprouver par suite d'un changement dans la pression de l'éther. «Maintenant, il suffit d'interroger la table des tensions de la vapeur d'eau, pour reconnaître que, si ces tensions représentent des excès sur la pression de l'éther, une augmentation dans cette dernière pression doit élever la température à laquelle la tension mesurée est de 5""", c'est-à- dire le zéro du thermomètre, d'une quantité soixante-dix à quatre-vingts fois plus grande que la variation correspondante du point de l'ébullition, ou de la température à laquelle la tension mesurée de la vapeur d'eau est de 760""". Ainsi les deux points fixes du thermomètre ont dû se rappro- cher. » Il y a donc lieu de présumer que la non-concopdancedu nombre trouvé , il y a vingt-cinq ans, par M. Gay-Lussac, pour exprimer le coefficient de dilatation des gaz, avec celui trouvé dans ces derniers temps par M. Rud- berg, et vérifié par M. Regnault, résulte uniquement de variations de cette nature. La différence des deux résultats s'expliquerait en admettant que la pression de l'éther a éprouvé, sur la terre et en un quart de siècle, une augmentation équivalente à une pression de huit à neuf dixièmes de millimètre de hauteur de mercure; faible accroissement, qui suffirait cependant pour rapprocher les deux points fixes du thermomètre de 2 ;^ degrés, pris sur les anciennes divisions; car en divisant la dilatation totale de l'air entre les deux points fixes, obtenue par M. Rudberg, par 97,73 et non par 100, on retombe sur le nombre donné par M. Gay- Lussac. » ( 38 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS M. Bl\!vchet soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Sur la fonction principale et sa dérivée de l'ordre n — i , Mémoire faisant suite à ses Recherches sur la propagation des mouvements vibra- toires. (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) M. Cabulet présente un Mémoire qui fait suite à celui qu'il avait pré- senté en 1840 sur le principe de l'harmonie. Cette seconde partie a pour titre : Application du monocorde. ■ (Renvoi à la Commission précédemment nommée, à laquelle est adjoint M. Duhamel en remplacement de feu M. Savart.) M. Baudens écrit qu'il a découvert un moyen nouveau pour guérir les èpanchements qui se font dans la cavité des membranes séreuses, « moyen qui consiste dans l'établissement d'une fistule destinée à donner issue au li- quide épanché au fur et à mesure qu'il se forme. » « Cette fistule, dit M. Baudens, je l'ai déjà établie plus de cinquante fois au scrotum pour donner issue à la sérosité qui constitue l'hjdrocèle. Je n'ai eu qu'une seule récidive, et cette récidive tenait au volume énorme de la tumeur. Traitée une deuxième fois, par le même procédé , lorsque son dia- mètre était moins considérable, l'hydrocèle n'a pas reparu Deux fois j'ai établi une fistule sur la paroi du ventre, pour vider peu à peu le liquide qui constituait l'hydropisie, et deux fois j'ai réussi. «J'avais eu occasion d'observer en Afrique quelques cas de guérisons spontanées d'hydropisies thoraciques et abdominales, et dans ces cas la nature s'était fait jour en établissant une fistule, soit à la paroi du thorax, soit au pourtour de l'ombilic. C'est aussi dans la région de l'ombilic que j'é- tablis une fistule, afin d'imiter la marche tracée par la nature; le lieu d'élec- tion est situé sur la ligne blanche au-dessus et le plus près possible de la cicatrice ombilicale. » L'instrument destiné à faire la fistule se compose d'une espèce de petit trocarjt en forme de croissant, et dont la canule est percée d'une ouverture à sa partie moyenne. Introduit doucement, immédiatement au-dessus de l'om- bilic et sur la ligne blanche, l'instrument pénètre dans la collection séieu.se ( 39 ) et ressort à trois ou quatre centimètres au-dessus sur la ligne blanche. On re- tire la tige; le liquide s'écoule par l'ouverture pratiquée au centre de la ca- nule : quand il en est sorti deux litres, on ferme la canule, en ayant soin de la laisser en place. Le lendemain et les jours suivants on vide graduellement la cavité abdominale. Au bout de quelques jours, la sérosité s'échappe sur les côtés de la canule, les fistules sont établies, et dès ce moment on retire ce conducteur. Le liquide continue à couler au fur et à mesure qu'il est sécrété. Au bout de quelques mois les fistules se ferment et l'hydropisie ne reparaît plus. On conçoit , au reste , que ce traitement n'a de chances de guérison qu'autant que l'hydropisie n'est pas entretenue par des désordres organiques irrémédiables. » Cette Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres, Roux et Breschet. M. Bezangeb, qui avait adressé précédemment une Note sur la fabrica- tion d'une encre indélébile composée conformément aux indications de la Commission des encres, annonce qu'il a fait depuis subir à son procédé une modification importante. Au lieu d'employer, comme par le passé, l'en- cre de Chine, qui n'est pas toujours identique et dont le prix est assez élevé , il en introduit directement les éléments dans la formation de son encre. La Note de M. Bezanger , et un échantillon de l'encre fabriquée con- formément à son nouveau procédé , sont renvoyés à l'examen de la Com- mission des encres de sûreté. M. Fhoiueivtai. Blot adresse des figures destinées à être jointes à une Note précédemment présentée sur une charrue à trois socs. M. Fromental Blot, qui habite aujourd'hui Paris, annonce qu'il sera à la disposition de la Commission pour faire en sa présence l'essai de la nouvelle charrue, des que la saison le permettra. (Renvoi à la Commission nommée.) M. GoBERT, qui avait soumis précédemment au jugement de l'Acadé- mie les modèles de deux appareils destinés , l'un à empêcher les piétons d'être écrasés par les roues de voitures , l'autre à prévenir les accidents qui résultent de la chute du cheval placé entre les brancards , écrit aujourd'hui ( 4o ) qu'il a fait exécuter en grand ces appareils , et qu'il est prêt à en faire l'essai en présence des Commissaires qui lui ont été désignés. ( Renvoi à la Commission nommée.) M. Menotti, inventeur d'un savon dont la solution rend les étoffes im- perméables à l'eau, sans qu'elles cessent d'être perméables à l'air, demande que cette invention , qui a été l'objet d'un Rapport favorable fait à l'Aca- démie dans sa séance du 17 janvier 1840, soit admise à concourir pour le prix concernant les arts insalubres. (Renvoi à la future Commission.) M. FiDBiT offre de soumettre à l'inspection de l'Académie un prétendu monstre marin , apporté de Madras en France en 182g. MM. Larrey et Isidore Geojfroy sont invités à se mettre en rapport avec M. Fidrit, et à faire savoir à l'Académie si cette pièce mérite son attention. CORRESPONDANCE MM. les Ministres des Finances , de la Marine et du Coumebce , adres- .sent, chacun en particulier, des remercîments à l'Académie, pour la com- munication qui leur a été faite , par son ordre , du Rapport sur les nouveaux procédés introduits dans l'art du doreur par MM. Elkington et de Ruolz. M. le Ministre de l'Intérieur annonce à l'Académie qu'il lui destine un buste en marbre de feu M. Savary, buste dont l'exécution a été confiée à M. Fenot. ÉCONOMIE AGRICOLE. — Riz quï SB cultive à sec dans la Mongolie. — Extrait d'une Lettre de M. Stanislas Julien. a M. l'abbéGABET, missionnaire lazariste français, que j'ai eu l'honneur de compter, il y a quelques années, au nombre de mes disciples, et qui réside maintenant près de Jéhol (dans la partie de la Mongolie qui a été réunie à la province de Tchi-li) , a pensé qu'il serait important de pos- séder en France une espèce de riz qui se cultive dans des terres également (4i ) propres au froment, sans avoir besoin d'irrigation naturelle ou artificielle. M. Gabet a envoj'é une petite-caisse de ce riz à M. l'abbé Etienne, procu- reur-général de la Congrégation de Saint-Lazare, qui a bien voulu le mettre à ma disposition, en m'autorisant à en offrir des échantillons aux sociétés d'Agriculture les mieux placées pour le répandre en France. »II est regrettable que M. l'abbé Gabet ne nous ait point fait connaître la nature du climat où croît ce riz et surtout la manière de le cultiver. Pour suppléer à son silence, j'ai parcouru tout le Traité du Riz, dans VEncj- chpédie impériale d'agriculture chinoise , et j'en ai extrait les détails que je donne ici sur cette espèce de riz sec, qui paraît originaire de Cochiiichine. Détails sur le riz sec , tirés des livres chinois. » On lit ce qui suit dans XEncjclopédie d'agriculture, Cheou-chi-thong- kao (liv. ao, fol. 5) : « Dans les provinces de Kiang-nan et de Tche- i^kiang j on cultive une espèce de riz dont le grain est petit, qui supporte » la sécheresse et mûrit plus tôt que le riz ordinaire. Les gens du pays l'ap- » pellent Tchen-tching-tao , ou riz du royaume de Tsiampa (qui fait partie » de la Cochinchine). On rapporte que ce fut du royaume de Tchentchiiig ^^ {Tsiampa) qu'on obtint les premières semences de ce riz. Jadis l'empe- » reur Tching-tsong (qui monta sur le trône l'an ggS de noire ère), » ayant appris que ce riz supportait la sécheresse, en envoya chercher des B semences, et fit donner en échange des objets précieux. 11 le fit semer » d'abord dans le parc situé derrière son palais. Quelque temps après, on le » cultiva dans tout l'empire. » «Dans la 5° année de la période Ta-tchong-tsiang-fon (en loia), l'em- » pereur envoya chercher du riz de Tsiampa (de Cochinchine), dans la » province de Fo-kien, et en fit distribuer 3oo ooo boisseaux ( liv. 20 , » fol. 9), dans les provinces de Kiang-nan et de Tche-kiang ; il publia «aussi la manière de le cultiver, et ordonna de le semer sur les plateaux » élevés. » » Même ouvrage, liv. 20, fol. 8. — « Il y a plusieurs espèces de riz , dési- » gnées par le motiS/e«^qui arrivent en maturité en 60 jours, en 80 jours, eu » 100 jours; on les récolte tantôt dans le 7° mois (août), tantôt dans le S' mois «(septembre); elles proviennent toutes de Tsiampa (ou de Cochinchine). » Elles réussissent parfaitement dans les terrains secs. » "Ibidem. — « Aujourd'hui, on possède le riz de Cochinchine dans la pro- » vince du Fo-kien. Il convient de le semer dans les lieux élevés. On l'appelle eu., '"^^a i"' SrTOsfw i, XIV, N" 1) 6 ( 40 . » Han-tchen, c'est-à-dire , riz de Cochinchine , qui vient dans les lieux secs. «Son grain est gros et il est d'un goût agréable ; c'est la meilleure espèce » des riz secs. Il est avantageux de le cultiver dans les contrées du nord , où » les sources d'eau sont très-rares, ainsi que dans les terres humides. y> Ibidem, liv. 22, fol. 10. —a Le riz de Cochinchine supporte la séche- » resse ; on en distingue trois sortes: 1° le riz sec à balle blanche; 2° à » balle tachetée; 3° à balle rouge. Il mûrit cinquante jours après avoir été »semé. On ie cultive surtout dans les terrains dépourvus d'eau, ou dessé- » chés par la chaleur du climat. » Culture du riz sec. « Ibidem, liv. 20, fol. 10. — « En général, le riz sec se sème et se cultive, »de la même manière que le froment. Quand on a fini de préparer la terre »on le fait tremper pendant une nuit, ensuite on le sème, et on l'arrose » avec de l'eau mêlée de cendre de riz; puis on le sarcle à trois époques diffé- » rentes, et chaque fois on l'humecte avec de l'eau de fumier. >> « M. L.vcnoix rappelle qu'avant la fin du siècle dernier, Cossigny, in- génieur à l'Ile de France, avait relevé les avantages de la culture du riz sec. V «Prenant ensuite la parole, M. de Mirbel est remonté jusqu'à Poivre, intendant des Iles de France et de Bourbon, qui , vers 1750, apporta dans ces îles, des semences du riz sec. Abandonnée à la maladresse des esclaves, cette tentative n'eut aucun succès. {OEuvres complètes de Poivre ; Vatis, ., 1797 , page 146 et suivantes. ) » Pour apprécier jusqu'à quel point l'épithète de sec peut convenir à ce riz , voyez l'article Rrz dans le Dictionnaire des Sciences naturelles. » « M. Adolphe Brongniart fait remarquer que si ce riz est réellement ori- ginaire de la Tartarie chinoise, ou des parties septentrionales et froides de la Chine, comme on l'annonce, il aurait en effet de l'intérêt et différe- rait des autres riz secs, ou riz de montagne , dont il a été plusieurs fois question depuis quelques années, et qui étaient généralement originaires de la Cochinchine ou des contrées voisines, c'est-à-dire de pays fort chauds, dans lesquels les pluies abondantes et régulières , qui régnent à une époque déterminée de l'année , paraissent pouvoir remplacer l'inondation à la- ( 43 ) quelle on soumet habituellement le riz pendant une partie de sa culture. Il serait donc important d'avoir des renseignements précis sur l'origine et sur la culture de cette variété de riz, et de la soumettre à des essais de cul- ture en France.» HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES. — Sur uti Certain emploi que faisaient les Romains, dès le ii' ou le m' siècle de notre ère , des valeurs de position pour l'expression des nombres. — Extrait d'une Lettre de M. Vincent. « Un des points les plus importants à déterminer pour l'histoire de notre numération, est l'époque où l'Occident a commencé à faire usage de ce que l'on nomme les valeurs de position dans les signes représentatifs des unités des_ différents ordres. Or, un document que je vais citer, et qui n'a- vait pas jusqu'ici attiré l'attention des savants, me semble démontrer, avec évidence, que les Romains étaient, dès le second ou troisième siècle de notre ère, en possession de cet ingénieux procédé. Ce passage me paraît d'autant plus remarquable, que l'ouvrage dont il fait partie se trouvant d'ailleurs infecté de toutes les superstitions orientales, la mention exclusive faite ici des Romains conduit à penser, contrairement aux idées généralement ac- créditées, que les Romains étaient arrivés d'eux-mêmes à la connaissance du procédé dont il est ici question. » Voici ce passage, traduit des Gestes ou Broderies de Julius l'Africain [Veteres mathematici, p. 3i5, col. i™), auteur qui vivait sous Héliogabale et Alexandre Sévère. o Les Romains, dit l'auteur, ont encore une invention que je ne puis » trop admirer, pour représenter tous les nombres qu'ils veulent , au moyen » des feux. Pour cela, voici comment ils s'y prennent. Ils commencent par » déterminer des emplacements commodes pour l'emploi des feux , en » fixant un lieu sur la droite, un autre sur la gauche, et un autre dans » le milieu; et ils distribuent à chacune des places les divers nombres élé- » mentaires qui devront y être représentés, assignant au côté gauche » les nombres compris depuis i jusqu'à 9, au milieu les nombres com- » pris depuis jo jusqu'à go, enfin ceux compris entre looetgoo, au côté )< droit. » Ainsi, lorsqu'ils veulent désigner le nombre i , ils produisent du côté » gauche une flamme unique; ils en produisent deux quand ils veulent » désigner le nombre 2 , trois pour le nombre 3 ; et ainsi de suite. Mais » lorsqu'ils veulent désigner le nombre 10, alors ils allument M«e fois sur 6.. # (44) » la place ilti milieu [deux fois pour le nombre jo], trois fois pour le » nombre 3o, et ainsi de suite. De même, lorsqu'ils veulent signifier le » nombre loo, ils allument une seule flamme à droite, deux pour le '! nombre 200 , trois pour 3oo ; et de même pour tous les autres cas. » Or, dans ce moyen de représentation par e7emen<.y^ ou évite l'emploi " des grands nombres; car pour .signaler le nombre 100, on n'allume pas ') les feux 100 fois, mais seulement une fois sur la droite, ainsi que je l'ai » expliqué précédemment : cela résulte des conventions mutuelles entre » ceux qui font les signaux et ceux qui les reçoivent, etc., etc. » » Le moyen indiqué par l'auteur parait au premier abord ne s'appliquer qu'aux nombres inférieurs à mille; mais il faut observer que les lettres alpbabétiques, employées comme chiffres, allaient aussi jusque-là seu- lement; et l'on recommençait alors un nouvel alphabet, placé lui-même dans l'écriture à la suite du premier. Le moyen indiqué s'étendait donc de lui-même à tous les nombres possibles. " L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés, l'un par M. PoLiDORE Flauaut, l'autre par M. l'abbé Matalène. A quatre heures et demie l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ «lECBET. La Section d'Économie rurale présente, par l'organe de M. de Silvestre, la liste suivante de candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. T^. Audouin : 1°. M. Payen; 2°. MM. Decaisne et Huzard [ex ctquo) ; 3°. M. Vilmorin;. 4°. M. Leclerc-Thouin. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la séance prochaine. MM. les Membres en seront prévenus par billets à domicile. La séance est levée à cinq heures. F. — — «sa2>^S'®a*^ (45 ) BULLETIN BIBLIOGHAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie royale des Sciences; 2° semestre i84i, n°' 26 et 26, in-4°. f^ie d'un bienfaiteur du peuple, A.-J. de la Rochefoucauld, duc de Doudeau- ville; par M. le baron Ch. DuPiN; broch. in-32. Carte de France publiée par le Ministre de la Guerre; 6' livraison, grand aigle. Foyacje dans l'Inde; par M. V. .lAdQUEMONT ; 37° livraison; in-4''. Mémoire descriptif de la route de Téhéran à Méched et de Méched à Jezd, reconnue en 1807 par M. Truilhier; suivi d'un Mémoire de M. Daussy; Paris i84i;in-8°. Annales des Science'i naturelles; tome XVI; novembre et décembre i84i ; in-8". Bulletin de la Société géologique de France; tome XII; feuilles 28 à 3i; in-S". OEuvres complètes de John Hunter, traduites de l'anglais par M. Richelot; 1 5 ^ livraison , in-S", avec atlas in-4''. Deuxième Mémoire sur la possibilité d'établir un Anus artificiel dans les régions lombaires sans ouvrir le péritoine ; par M. Amussat; in-8°. (Extrait de l'^'xfl- minateur médical.) Esquisse historique du service de santé militaire en général, et spécialement du service chirurgical depuis l établissement des hôpitaux militaires en France ; par M. Gama; Paris, i84i ; in~8°. La médecine des Passions; par M. Descuret; in-8°. Nouvelles instructions sur l'usage da Daguerréotype. — Description d'un nou- veau Photographe et d'un Appareil très-simple destiné à la reproduction des épreuves au moyen de la Galvanoplastie ; par M. Ch. Chevalier; suivie d'un Mémoire sur C application du Brome; Paris, i84i; in-8°. Considérations sur l'établissement d'une nouvelle volière au Jardin du Roi; par M. A. Declémy ; in-B". Observations et réflexions sur les Anévrismes de la partie ascendante et de la crosse de l'Aorte; par M. DuBREUlL; Montpellier, in-8°. ( 46 ) Observations sur réparation et la désinfection des huiles de poisson, par MM. GiRARDiN et PreisseR; et expériences chimico-judiciaires faites par MM. GiRARDiN et MORIN, en octobre i84o; Rouen, i84i ; in-S". Aperçu sur le savon hydrofuge Menotti; broch. in-8°. Revue critique des Livres nouveaux; parM. Cherbuliez; décembre i84i, in-S". Journal des Connaissances médicales pratiques; décembre i84i; in-8°. Journal des Connaissances utiles; décembre i84i ; in-8''. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; janvier 1842; in-8°. Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; décembre i84i,m-8°. Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou; année i84i, in-8°. , The microscopic . . . Journal microscopique, ou Recueil mensuel des faits relatifs à la science microscopique; publié par M. Daniel Cooper; vol. 1, part. 2; Londres, i84i ; in-8°. Conchologia. . . Conchyliologie systématique , comprenant aussi la descrip- tion et la classification des Lépas et des Mollusques à coquilles; par M. LowEL RlVÈS, part. 3; Londres, in-4°. Gazette médicale de Paris; t. IX, n° 52; et tome X, n° i. Gazette des Hôpitaux; tome III, n° 162 à i56j et tome IV, n° i. L'Écho du Monde savant; n° 689 à 69 1 . L'Expérience , journal de Médecine; n" 284 et 235. ■L'Examinateur médical; n° 27. Le Magnétophiie; 19 et 26 décembre i84i; 10-4°. (47) iS vr, w >• <« M "3 w6d .^6 oo d .w d .« i^^ yj'-^cfld d di^c/2 dc«!^ '-^ w-yjw '«ddd®!^ i^ c«cy3c/ic«dc«dt/3<2;OOc/J'/3OOt/5O'/Ji!c/^Kdi/2c«c/3i5Z ■3 3 u + Vi 'S S 3 -3 ifi «a S 0) >-. 0 3 1 'o • • • • . • • , ; .■ 1 3 3 3 es es « •- - « 3 :S 3 >-t >-t >^ 000 • • • • 'a ' ' '. 3 ; ; . o 2 : • u s 0^ * • a as U g ; :3|:h g 2 a, Z Ch aacc u a. 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L'index et la ligne du zéro seraient toujours su- perposés si les axes magnétiques du barreau et des aiguilles ne sortaient pas d'un seul et même plan vertical; mais comme il est presque impossible de ne pas séparer pendant l'opération l'azimut du compensateur de celui qui renferme la résultante des forces magnétiques des deux aiguilles de l'ins- trument, il faut ramener à chaque instant l'index sur le zéro de la gradua- tion , en faisant tourner doucement le soutien autour de son axe vertical ; ce qui imprime aux extrémités du compensateur une légère translation droite ou gauche qui, avec un peu d'adresse, est éminemment propre à atteindre le but proposé. »I1 va sans dire que les rapports entre les arcs parcourus par l'index du galvanomètre, et les forces de déviation subissent une altération con- sidérable sous l'influence du compensateur, et qu'à chaque position stable de ce barreau aimanté il devient indispensable de les déterminer de nou- veau par les moyens connus de la Galvanométne , si l'on veut avoir avec toute la précision convenable les intensités relatives descourants transmis. » A propos de ces variations, j'observerai que l'influence du barreau dans le cas où il s'agit de modérer la trop grande sensibilité du galvanomètre C. R., 184a, !«' Semestre. (T. XIV , N" 2 .) ^ . ( 58 ) produit une altération contraire à celle qui a lieu dans le cas opposé, où il faut rendre l'instrument plus sensible. En effet, la progression croissante des différences entre les forces et les arcs correspondants devient plus divergente si l'on rend le système moins asiatique, et plus convergente dans le cas opposé: et fort heureusement l'une et l'autre variation rentrent, pour ainsi dire , dans le but que l'observateur se propose en changeant le degré de sensibilité de son instrument. » Malgré les limites dont nous parlions tantôt , les modifications de sen- sibilité que l'on peut communiquer à un galvanomètre asiatique par le moyen du barreau compensateur sont encore immenses. Quant au perfec- tionnement, nous avons vu qu'on peut le porter à un très-haut degré. Cette faculté , mise à la portée de tout le monde , de pouvoir découvrir avec un galvanomètre commun la présence de forces électro-dynamiques excessi- vement faibles, et de mesurer ensuite sur le même instrument des cou- rants électriques doués de toute sorte d'énergie , ne sera peut-être pas sans quelque utilité pour la science. » Je terminerai par un exemple tiré d'une branche de la physique dont les progrès récents proviennent en grande partie de l'emploi des gal- vanomètres asiatiques. » J'ai dit dans phisieurs circonstances, que lorsqu'il s'agit de chaleur rayonnante, le thermo multiplicateur doit être préféré à toute autre espèce d'instruments thermoscopiques, parce qu'il les surpasse tous, à mon avis , soit pour la sensibilité, soit pour la promptitude , soit pour la netteté des indications. Cependant on se tromperait de beaucoup si l'on pensait qu'il convient d'employer constamment le thermo- multiplicateur porté à son plus haut degré de délicatesse: bien au contraire, l'excès de sensibilité est toujours gênant, et même nuisible; car le temps nécessaire aux aiguilles pour retourner au zéro lorsqu'on supprime l'action de la chaleur sur la pile thermo-électriqueaugmenteavec l'astaticité du système; eu sorte que si l'on a un galvanomètre trop sensible pour les actions que l'on étudie, il de- vient avantageux de se débarrasser du surplus de sa sensibilité, qui retar- derait en pure perte la marche des démonstrations expérimentales, et les rendrait souvent inconcluantes par excès de temps. Voilà pourquoi j'avais l'habitude d'employer trois combinaisons thermo-électriques dans mes re- cherches sur les radiations de la chaleur: la plus exquise pour la polarisa- tion, la moins délicate pour la transmission , et celle qui était douée d'ime sensibilité intermédiaire pour la diffusion. Depuis que j'ai trouvé le pro- ( -^9 ) cédé de compensation indiqué dans cet écrit , je me sers d'une seule pile et d'un seul galvanomètre, libre pour la diffusion, à oscillations ralenties pour les cas de polarisation , et à oscillations accélérées dans les expériences de simple transmission. » RAPPORTS. M. Eue de Reaumont commence la lecture d'un Rapport sur un Mé- moire de M. Ddbo cher concernant des Observations sur le phénomène di- luvien dans le nord de l'Europe. NOMINATIONS. L'Académie procède par voie de scrutin à la nomination d'un nouveau membre qui remplira, dans la Section d'Économie rurale, la place vacante par suite du décès de M. jdudouin. La liste présentée porte, dans l'ordre suivant, les noms de 1°. M. Payen; 2'. MM. Decaisne et Huzard {ex œquo) ; 3°. M. Vilmorin 5 4°- M. Leclerc-Thouin. Le nombre des votants est de5o; majorité 26. Au premier tour de se rutin M. Payen obtient ...... 44 suffrages. M. Vilmorin 3 M. Leclerc-Thouin 2 Il y a un billet blanc. M. Payem, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu membre de l'Académie; sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. L'Académie procède, également par voie de scrutin , à la nomination d'une Commission de neuf membres qui procédera à l'examen des pièces admises au concours pour les Prix de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon. MM. Magendie, Breschet, Double, Serres, Roux, Duméril, Larrey, de Blainville, Flourens, réunissent la majorité des suffrages. Sur la remarque 8.. (6o) de M. Flourens, que ses occupations comme secrétaire perpétuel l'em- pêcheraient souvent d'assister aux séances de la Commission, M. Isidore Geoffroy, qui avait réuni après lui le plus grand nombre de voix, est appelé à le remplacer dans cette Commission. L'Académie nomme ensuite, toujours par voie de scrutin, la Commis- sion pour le concours au Prix de Physiologie expérimentale. MM. Magendie, de Blainville, Duméril, Becquerel, Flourens, réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note sur les causes des principales explosions des chaudières; par M. Jobaud , directeur du Musée de l'Industrie à Bruxelles. « Quand le niveau d'eau baisse dans la chaudière et laisse quelques parties de ses parois exposées à l'action directe de la flamme du foyer, ces parties s'échauffant au rouge , la vapeur d'eau en contact avec le fer incandes- cent "se décompose et, comme tout le monde le sait, forme du gaz hydro- gène, tandis que l'oxygène s'unit au fer; mais cela ne forme pas encore un mélange détonant, puisqu'il faudrait une grande proportion d'oxygène ou d'air atmosphérique qui ne se trouve pas dans la chaudière; eh bien! c'est cet air-là que je viens d'y voir entrer de force. » Il est évidemment fourni par la pompe alimentaire elle-même, quand cessant de plonger dans l'eau du puisard par une cause quelconque, elle laisse baisser le niveau d'eau dans la chaudière, tout en continuant de mar- cher ; car il peut fort bien arriver que la pompe se trouve dans de telles conditions que chaque coup de piston injecte une portion d'air dans la chaudière. Il ne faudrait d'ailleurs qu'une fissure oblique, qu'un défaut dans la brasure du corps de pompe ou dans la garniture de la boîte à bour- rage. Ces défauts peuvent être déterminés soit par un accident aux soupapes d'introduction de l'eau, quand l'eau baisse dans le réservoir alimentaire, ce qui fait que la pompe hydraulique devient pompe pneumatique, ou bien encore par suite de la rupture d'un bout du tube ou d'une crevasse. Cela peut arriver et arrive très-fréquemment d'une ou d'autre manière. a Voyons maintenant ce qui se passe quand de l'air est refoulé dans la chaudière. Cet air traverse le reste d'eau qu'elle contient et va se loger au- ( 6r ) dessus de l'orifice du tuyau d'injection, sans se mélanger immédiatement avec le gaz qui continue à se produire autour des parois rougies delà chau- dière; mais dès qu'on met en train la machine en ouvrant en entier le ro- bhiet de vapeur, il se produit toujours un bouillonnement tumultueux dans l'eau qui s'élance vers la tubulure ouverte, et le mélange détonant d'air et de gaz est opéré. »0r, dès que ce mélange explosif vient en contact avec les surfaces in- candescentes de la chaudière, il s'entlamme, et l'explosion a lieu, comme celle du grisou contre les toiles métalliques de la lampe de Davy portées au rouge blanc. » Il est encore un autre moyen d'expliquer l'incandescence du mélange détonant ; c'est par l'étincelle électrique qui se dégage toutes les fois que de la vapeur se lamine entre les bords d'une soupape, comme nous l'avons ex- périmenté avec la Commission du Musée. Si l'on vient à soulever une sou- pape dans un moment pareil, l'étincelle produite par le frottement de la vapeur ou du gaz suffit évidemment pour mettre le feu au mélange inté- rieur : c'est l'expérience de Lavoisier. Ceci expliquerait comment la plu- part des explosions arrivent au moment oii l'on met les machines en train, ou bien au moment où une soupape est soulevée, comme cela vient encore d'avoir lieu à la fabrique de John Elce, à Manchester. » Il est plus que probable aussi que le disque de la soupape fait eu cer- tains cas l'effet du plateau de l'électrophore et détermine l'étincelle en se soulevant de son siège. Ainsi la soupape de sûreté serait un instrument de danger. » Quant à la production de l'hydrogène dans les chaudières qui manquent d'eau, elle n'est plus douteuse depuis la magnifique et dangereuse expé- rience de (ioldswarthy Gurney , qui a prouvé que la vapeur sortant d'une chaudière rougie dont on avait arrêté les pompes alimentaires et laissé baisser l'eau, brûlait comme de l'hydrogène, et si cette chaudière n'a pas éclaté, c'est qu'il n'y avait pas d'air mélangé au gaz dans le cas en question. » Ayant été informé coup sur coup de plusieurs cas d'explosion qui vien- nent à l'appui de cette théorie, je m'empresse de vous les communiquer. Une explosion a eu lieu il y a quelques années à Gand , qui a dérouté tous les faiseurs de soupapes de sûreté, car le trou d'homme était ouvert, et cette chaudière était sans eau et sans feu , ce qui ne l'a pas empêché de causer les plus grands dégâts. Voici mon explication : » La chaudière avait été vidée le samedi pour être nettoyée le dimanche, avec la précaution d'y laisser un peu d'eau pour le lavage. La chaudière vi- ( 62 ) dée avant que le feu ne fût complètement éteint , se sera échauffée au rouge et aura décomposé la vapeur d'eau. Le lendemain, l'ouvrier ayant procédé à l'ouverture du trou d'homme, y descendait sa lampe comme d'habi- tude, quand l'explosion du mélange détonant, qui s'était formé par l'en- trée de l'air, arriva, et mit en pièces la chaudière, l'homme et l'atelier. «Autre exemple, qui prouve qu'il n'y a rien à craindre d'une explosion simple, sans mélange explosif: » Une chaudière de nos environs, dont une des parois vint à rougir, se gonfla et creva sans même ébranler son foyer, quoiqu'elle marchât à 5 atmosphères. » Comparez ceci avec l'explosion de la chaudière de Vieux-W aleffe , à 3 atmosphères , et vous reconnaîtrez d'abord la différence qui existe entre les effets de la simple pression progressive , et ceux de l'action fou- droyante du mélange explosif qui peut seul rivaliser avec la foudre. On sait que le grisou cause des tremblements de terre quand sa composition est dans les proportions nécessaires. » La cause du mal étant trouvée, le remède est facile; il suffit de prendre l'eau d'injection dans une bâche ouverte et sous l'œil du chauffeur, et de ne jamais se fier à une pompe qui prend directement son eau dans un puits ou dans un réservoir inférieur, pour la refouler sans intermédiaire dans la chaudière. J'ai vu souvent les clapets de ces pompes dérangés pendant des journées entières sans qu'on s'en aperçût; deux fois en trois mois j'ai vu retirer un petit poisson écrasé d'une pompe alimentaire. L'attention des constructeurs doit donc se porter particulièrement sur l'a- limentation régulière des chaudières. Quant aux soupapes de sûreté, aux plaques fusibles , aux manomètres à air libre , je pense qu'ils n'ont jamais ^ervi et ne serviront jamais de préservatif contre les explosions fou- droyantes dont il est question. » Je dis plus (et cela d'après des expériences), c'est qu'il n'est presque pas possible de faire éclater une chaudière pleine d'eau ni à froid ni à chaud , parce que la matture se détruit et que les trous des rivets s'ava- lisent avant de se déchirer, et laissent échapper l'eau et la vapeur par toutes les coutures. » Il est aisé de s'assurera quel degré de chaleur le métal peut communi- quer le feu à tin mélange détonant , en plongeant un fer rouge dans une bouteille pleine de ce mélange dans les diverses proportions qui sont , je cjois, de 7 à i4 de gaz sur loo d'air. ( 63 ) » Les chaudières en cuivre rouge ne pouvant décomposer l'eau, nous préserveraient des explosions de la nature de celles dont nous parlons. » La Note de M. Jobard est, d'après sa demande, renvoyée à la Commission chargée de l'examen des pièces adressées pour le concoui-s concernant les arts insalubres. PHYSIQUE. — Thermomètres différentiels ; Note de M. H. Walferdin. (Commission précédemment nommée.) « L'Académie connaît (i) le thermomètre différentiel à mercure que j'ai désigné sous le nom de thermomètre métastatique (de f>t,iQ-77rYiiui , chan- ger ^ déplacer, ôier , faire passer), parce que le niveau du mercure s'y déplace à volonté. Un seul de ces instruments remplace le jeu de thermo- mètres à grande marche, auquel on eist obligé de recourir lorsqu'on veut apprécier de faibles variations de température, et il permet d'observer, à la lecture directe, des différences équivalentes à la centième partie d'un degré centigrade, à toutes les températures que le mercure peut indiquer. » Je me sers pour les recherches de précision , où il peut être important de constater de plus faibles variations de température, d'un instrument qui accuse des différences encore moindres que celles que le thermomètre métastatique à mercure permet d'observer. » J'emploie pour construire ce thermomètre un tube d'une capillarité telle, que lorsqu'on a soufflé à l'une de ses extrémités, la cuvette, ou réser- voir destiné à contenir le liquide thermométrique, le mercure, qu'on cher- cherait à y faire entrer par les procédés ordinaires, n'y pénètre pas. Mais l'alcool en mouillant les parois intérieures de ce tube, peut s'y introduire, et remplir la cuvette et la tige : les parois de la tige ainsi mouillées par l'alcool permettent alors à une petite bulle de mercure d'y pénétrer; et c'est cette bulle qui va servir d'index. » On conçoit qu'une fois engagée dans la tige, la bulle y descend, ou y monte par l'effet de la contraction , ou de la dilatation qu'éprouve l'al- cool, et qu'elle s'y meut avec rapidité à la moindre variation de tempé- rature. » Ainsi , en adoptant pour le réservoir du thermomètre métastatique à (i) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. X, p. 292, et l. XI, p. 169. (64) alcool la forme cylindrique, et en ne lui donnant pas plus de 4 à 5 milli- mètres de diamètre sur 8 à lo de longueur, on obtient des instruments qui, ayant a à 3 décimètres de long, permettent d'observer, à la lecture directe, la millième partie d'un degré centésimal, comme équivalente à la valeur de chaque division que l'on peut encore sous-diviser à l'œil nu, et sans re- courir à l'emploi du cathétomètre. »Un seul deces instruments, convenablement réglé, peut indiquer, comme le montre celui que je mets sous les yeux de l'Académie, les plus faibles différences, à toutes les températures que supporte l'alcool; et la capacité de son réservoir peut, comme on le voit, être sensiblement plus petite que celle du réservoir du thermomètre à mercure dont le tube est le plus capillaire. » La forme du réservoir de ce thermomètre différentiel est susceptible d'être modifiée de manière à le rendre propre aux expériences les plus di- verses et les plus délicates; il donne, d'abord, des valeurs relatives, et des valeurs absolues s'il est ensuite comparé, aux deux points extrêmes de son échelle, avec un thermomètre étalon; il peut remplacer le ther- momètre différentiel de Leslie et le therraoscopc dans un grand nombre de cas où l'application de ces instruments présente de l'incertitude ou des difficultés. » MiA'ÉRALOGiE. — Note sur /a Tripoléenne;/j«/'M. Marcel de Serres. (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Pelletier.) '(La substance minérale qu'on a désignée sous le nom de tripoléenné , parce qu'on l'a reconnue propre à servir aux mêmes usages que le tripoli , a été découverte, il n'y a pas longtemps, par M. Dourille, dans la commune de Croyselles ( Ardèche ) , près du torrent du Bartas. Elle se compose en presque totalité, ainsi que l'a reconnu M. Marcel de Serres, de silice à l'état pulvérulent (o,go); mais elle contient aussi un peu d'alumine (o,o6), un peu de chaux (o,o3), et enfin du peroxyde de fer et de la magnésie (de chacun o,oi). Elle offre enfin des traces de matière organique qui parais- saient s'y être introduites par la filtration des eaux venant des couches meubles. Soumise au lessivage et convenablement desséchée, elle peut être employée avec beaucoup d'avantage au polissage des métaux ; c'est du moins ce qu'assurent les personnes qui ont obtenu l'exploitation de la mine. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur les cours d'eau des dijférentes for- mations du Vivarais; par M. Jules de M u.bos. ( Commissaires , MM. Arago, Élie de Beaumont. ) ( 65 ) GiéoGRAPHiE PHYSIQUE. — Mémoire sur les formes générales et caractéristi- ques de la surface de la Terre; par M. Desmadryl. (Commissaires , MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy. ) M. le Préfet de Police transmet copie du Rapport qui lui a été adressé sur une explosion survenue, par suite dune fuite de gaz, à l'un des can- délabres de la Madeleine. (Renvoi à la Commission chargée de s'occuper des moyens de prévenir les accidents dus aux fuites du gaz d'éclairage.) pHTsiQUE APPLIQUÉE. — M. RocAMiR DE LA ToRRE présente les résultats de recherches historiques qu'il a entreprises dans le but de constater la justesse d'une opinion à laquelle il était arrivé relativement à une question de physio- logie, savoir, que la couleur de l'iris de l'œil exercerait sur la vision un certain effet, et tendrait à modifier dans chaque individu la sensation des couleurs. Dans ce but, il a réuni des documents sur la couleur des yeux d'un grand nombre de peintres célèbres des différentes écoles, et il trouve qu'en les groupant d'après ce caractère, les artistes de chaque catégorie, quel que soit le genre de peinture auquel ils ont dû leur célébrité, ont un même ton do- minant dans leurs tableaux. Ainsi le coloris serait grisâtre dans les pein- tures des hommes dont les yeux étaient gris, verdâtre dans ceux des ar- tistes dont la prunelle tirait sur le vert, noir dans les tableaux des peintres dont l'iris était brun foncé , etc. Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Arago, Chevreul et Babinet. M. Tracdez, chirurgien principal en retraite, adresse de Lille un Mé- moire ayant pour titre : La Chronologie dévoilée, ou Examen d'une opinion soutenue sur l'antiquité d'Hippocrate , d'Hésiode, d'Homère, et sur celle de leurs ouvrages. » (Commissaires, MM. Mathieu, Double.) M. Roessinger envoie de Genève un Mémoire ayant pour titre : De la direction et de la régularité des forces vitales, envisagées sous le point de vue médical. (Commissaires, MM. Magenclie, Double, Breschet.) C. R,, 1842, I" Semestre. (T. XIV, N» 8.) 9 M. Papadopoi'lo prie l'Académie de lui désigner des Commissaires devant lesquels il puisse répéter des expériences destinées à prouver l'utilité qu'au- rait pour le soldat l'usage d'une sorte de cuirasse en feutre qu'il désigne sous le nom de Pilima, (Commissaires, MM. Coriolis, Piobert, Séguier. ) M. Coulvieu-Gravier, qui a déjà adressé diverses communications ayant pour objet de prouver que les changements de temps peuvent être prédits quelques jours d'avance d'après la direction dominante qu'on remarque dans les e'toiles JilanteSj envoie, dans le but de constater la justesse de cette assertion, les observations météorologiques qu'il a faites pendant le second semestre de l'année i84i. ' (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Passot présente une Note ayant pour titre : Sur la détermination de la variable indépendante dans Vanaljse des courbes. (Commissaires, MM. Cauchy, Coriolis, Piobert.) M. Muzio 3Ii]zzi prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen d'une Commission un appareil qu'il a imaginé, et au moyen duquel il croit avoir résolu le problème de la direction des aérostats, (Commissaires, MM. Coriolis, Piobert, Séguier.) CORRESPONDANCE M. le MiiviSTBE DU Commerce adresse comme documents pour la Com- mission chargée de s'occuper des questions relatives à la peste et aux me- sures sanitaires, les Notes et Mémoires qu'il a reçus des corps consulaires auxquels il avait demandé des renseignements à ce sujet. Ces documents sont renvoyés à l'examen de la Commission précédem- ment nommée. M. le Ministre DES Affaires étrangères transmet copie d'une Lettre du consul de France à Caracas, qui annonce que la copie du Rapport fait sur les travaux de M. le colonel Codazzi concernant la géographie de l'Etat de (6?) Venezuela a été remise, conformément au désir exprimé par l'Académie, à M. le Ministre des Affaires étrangères de cette république. A cette Lettre est jointe une ampliation de la réponse du secrétaire d'état véné- zuélien qui annonce que le Rapport sera présenté au Congrès dans sa pro- chaine réunion, A cette occasion, M. Arago donne, d'après sa correspondance particu- lière, des détails ultérieurs sur l'accueil très -favorable qu'a reçu du pu- blic et des autorités le travail de M. Godazzi; il ajoute que cet ingénieur se propose de poursuivre avec une nouvelle activité des travaux que son gouvernement seconde par tous les moyens propres à en assurer le succès. PHYSIQUE APPLIQUEE. — Sup les causcs de Vécrasement du tube intérieur du puits de Grenelle. — Lettre de M. Ch. Coudes à M. Arago. a Je suis allé récemment visiter, avec M, Mulot , les tubes de cuivre que ce sondeur habile et persévérant est enfin parvenu à retirer du puits foré de l'abattoir de Grenelle , et j'ai cherché à m'expliquer la cause du sin- gulier aplatissement des tubes en cuivre sur une longueur d'environ loo mètres, entre loo et 200 mètres de profondeur au-dessous de la sur- face. M. Mulot m'a d'abord expliqué que les eaux du terrain de craie su- périeur à la grande nappe aquifère se tenaient, dans le trou de sonde , avant que celle-ci eût été atteinte, à un niveau de lo mètres environ au- dessous du sol. Depuis qu'il a atteint les sables aquifères inférieurs à la craie, l'eau qui a jailli jusqu'à 27 mètres au-dessus du sol, et qui serait montée beaucoup plus haut, puisque son volume était encore considé- rable à cette hauteur- là, a éprouvé quelques intermittences; une fois même elle a cessé de jaillir et s'est abaissée dans l'intérieur du puits foré jusqu'à ?.5 mètres au-dessous de la surface. Enfin, après que l'on a eu mis en place le tube de cuivre destiné à contenir les eaux du fond, les sables charriés par les eaux troubles ont entièrement obstrué l'espace an- nulaire compris entre le tube ascensionnel en cuivre et les tubes de re- tenue en tôle de fer destinés à prévenir les éboulements des parois du trou, si bien que les eaux montantes du fond qui jaillissaient par le tube ascensionnel, n'arrivaient point au jour par l'espace annulaire et encom- bré de sables dont j'ai parlé. L'aplatissement du tube en cuivre s'est d'ailleurs fait dans une nuit : car la veille, M. Mulot avait descendu une cuiller jusqu'au bas du tube, et le lendemain, dix heures après, la cuiller a été arrêtée par l'aplatissement. 9- ( 68 ) » Cet aplatissement n'a pu évidemment avoir lieu que par un excès assez considérable de la pression extérieure sur la pression intérieure des tubes de cuivre; et pour que la pression extérieure ait pu devenir prédo- minante (les tubes de retenue en fer étant demeurés intacts) , il faut bien admettre que le niveau de l'eau s'est tout à coup abaissé dans l'intérieur du tuyau ascensionnel. Cet abaissement accidentel et momentané de l'eau serait analogue à celui qui a été observé à différentes reprises. S'il a eu lieu , les eaux de la craie qui pénétraient les sables compris dans l'espace annulaire, entre le tube de cuivre et les tubes de fer , et qui n'avaient pas une communication libre avec la nappe aquifère , ont pressé et aplati le tube intérieur. J'admets donc que la cause de l'aplatissement a été l'in- terruption momentanée du jet d'eau par l'intérieur du tube de cuivre , et l'abaissement de l'eau dans ce tube à une grande profondeur au-dessous du sol. j) Il est maintenant facile de comprendre pourquoi le jet a pu être momentanément interrompu et suivi d'un abaissement extraordinaire du niveau. Les conduits souterrains existants dans la nappe aquifère qui est à la base du puits foré sont des canaux très-encombrés , de formes très- variables, dans lesquels il doit se faire à chaque instant des éboulements, et par conséquent des obstructions. Ces éboulements se manifestent au jour par la plus grande abondance des matières terreuses que l'eau char- rie. Or, s'il s'est fait tout d'un coup un éboulement qui ait barré le cou- rant de la rivière souterraine, en atiiont du point où aboutit le puits foré , le jet aura été interrompu, et l'eau contenue dans le tube sera redescen- due pour s'écouler dans l'intérieur de la nappe, par les conduits demeurés libres en aval du puits foré. C'est ainsi, par exemple, que si une eau ex- trêmement Lourbeuse coulait dans un large conduit, sous une très-forte pression , et si un tuyau vertical ouvert à sa partie supérieure était inséré sur cette conduite, de manière que l'eau vînt habituellement jaillir par la partie supérieure, le jet pourrait être accidentellement interrompu, et le niveau de l'eau pourrait s'abaisser dans le tuyau vertical, par l'effet d'une obstruction produite en amont du point d'insertion du tuyau par une masse de limon qui s'y serait arrêtée. Dans une nappe souterraine, le même effet se produit plus facilement encore, parce que ce sont les parois du lit du cours d'eau qui sont ébouleuses et augmentent incessamment la masse de matières charriées par les eaux. » Cette explication que j'ai communiquée à M. Mulot, sur les lieux même, lors de ma visite, me parait rendre compte de toutes les circon- (69) stances observées, et notamment de celle-ci que l'aplatissement n'a com- mencé qu'à une assez grande profondeur au-dessous de la surface (loo") et ne s'est pas étendu au-dessous de 200 mètres. « MÉTÉoROLOGiK. — Note suv Ics étoUes filantes relatées dans les auteurs anciens; par M. Alexis Perbey. « Mon intention, je dois le dire en commençant cette Note, n'est point d'attaquer M. Chasles. Je puis , comme un autre, apprécier son travail, le juger, mais il ne me convient nullement de l'attaquer. Je puis bien ne pas traduire comme lui les mois acies igneœ' , qui se retrouvent si souvent dans les chroniques et les vieux historiens; je puis bien voir dans cette double expression un phénomène différent des étoiles fdautes, puisque les auteurs emploient pour désigner celui-ci des expressions dont les nôtres ne sont que la traduction littérale et vulgaire. Mais, je le répète, je n'attaque point dans cette Note le travail consciencieux et pénible à l'occasion duquel je l'ai rédigée. » Seulement, comme l'interprétation de M. Chasles ne m'a pas paru évi- dente, j'ai, en poursuivant mes recherches scientifiques sur une autre par- tie, noté tout ce qui avait rapport aux météores lumineux. J'ai pris de nombreuses citations dont je présente un simple extrait. i!55. (6* année de Justinien). A vespere ad crepusculum matutinum astrorum concursus ingens visus est. Cadunt à cœlo stellae. (Théo— PH&NE, Chronologie, p. i56.) 3TS . Per cœlum fulgor discurrere visus est. (Gregor. Turon. epitomat. per Fredegab, cap. 72, col. 5^6.) S80. Fulgor per cœlum cucurrisse visus est, sonus quasi deruentium arborum in terramtotam auditusest.(GREGOB. Turon. epitomat. per Fredegar, cap. 87, col. 58i. — Chron. Sigeeerti. Reruni Germanie. Scbard., f°. 83. — D. Bouquet, t. II, pag. 409- — ii'/orei^/.sf. Math. Westmonaster, lib. I, p. 197.) 884. Ignis per cœlum discurrere visus est. (Gregor. Turon., lib. VI, cap. 21, p. 295. — D. Bouquet, t. II, p. 277. — Aimoi», de Gestis Francor. D. Bouquet, t. III, p. 88.) S8S. Juillet. Fulgor per cœlum cucurrisse visus est, floresque in arboribus os- tenti sunt. Erat enim mensis quintus. (Gregoix. Turon., lib. VIII, cap. 8, col. 38i .) â86. Fulgorque per cœlum in modum serpentis cucurrisse visus est.. (Gregor. Tubom., lib. VIII, cap. ^3, col, 4i3.) ( 70 ) SOO. In hoc anno'tantas terris nocturno tempore splendor inluxit ut médium putares diem : scd et globi ignei similiter per noctis tem- pora saepius per coelum cucurrisse , incendiumque inlurainasse visi sunt. (Gregor. Turon., lib. X, cap. aS, col. 5i6. — D. BooQOET, t. II, p. 379.) 600 . Iterùm signa quse superioribus annis visa fuerant, globi ignei per cœhira currentes et ad instar multitudinis astrorum ad occidenteni apparuerunt. (Aimoiw , D. Bouquet, t. III, p. 109. — Frede- GARii, Citron., cap. 20, col. 6o3.) — Les mêmes signes au ciel , car grands brandons de feu couraient - parmi l'air, aussi comme ces traces de feu qui pèrent aucunes fois au ciel. [Chron. de Saint-Denis, D. Bouquet, t. III, p. aSg.) 744 . Stellae hâc et illàc discurrebant per aéra quod omnibus intuentibus magno fuit monstro. (Henrici Huntindow,, Hist., i" 195.) 748 . \" Janvier Visi sunt in aère ignis ictus ea ietate raris nec ante intellectis pêne per totam Angliam. {Antiq. Britann., p. 61. — Rogeri df. HovEDEN, Annal, rerum Anglic, f ' a3 1 . ) 747 . Stellarum de coelo casus ita omnes terrore affecit ut consommatio- nem saeculi instare putarent. — Stellae de cœlo cadentes. {Antiq. Britannic, p. 61 et 63. — Flores Hist. Math. Westmonastee, lib. I, p. 272 .) 765 . Mars {iZ' annéede Constantin.) Stellae subito cœlo decidere visse sunt(con- fertira) ita ut omnes interruerunt et putarent mundi finem imminere. (Théophane , Chron., p. 366. — Chron. Sigeberti. Rerum Germanie. Scrard. , foiio. — Cedrenus, Compend. Hist., t. II, p. 464. — Chron. Rcmense, D. Bouquet, t. VU, p. 385. — Labbe, t. I, p. 359.) 764. Stellarum casus de cœlo. {Chron. Vezeliac. — D. Bouquet, t. VU, p. 385. — Labbe, 1. 1, p. 394.) 765 . I*' Janvier Ignis ictus in aère visi sunt quales quondam apparuerant. (Roceri de HovEDEN, ^/7«. Rerum AngUc, f 23i. — Lycosthènes, rfe Prod. ac Ost.) 770. Stellae de cœlo cadere terribiliter visse sunt. [Flores Hist. Math. Westmonaster, lib. I, p. 277.) 793. [Avant mai.). . . . Flammei dracones per aéra igncique ictus sa-pe vibrare et volitare videbantur. (Rogeri de Hoveden, Annales Rerum Anglic., f° 23? . — Hesrici HuNTiHDON, Hist., t° 197.) 794. Visi sunt dracones flammei volantes per aéra. [Ibid., f" 235.) 798 , Fulmina abhominanda et dracones per aerahorridè ardentes volitare videbantur. [Flores Hist. Math. WESTMONASTER,lib. I, p. aSg.) 358 et 839. Per aliquot dies plurimi instar stellarum igniculi per cœlum dis- currere videntur. [Chron. Sigeberti. Rerum Germanie, Scsaud., f" 108. — Chron. Turoncnse, Martenne et Durand, t. V, p. 965. — Lycosthènes, de Prod. acOst. — Chron. Sigeberti. — Pétri - (70 Biblio. Hist. Franc. — Hermanni Chron. — jénn. Fuldenses. ' D. Bouquet, t. VI, p. ao6, 211, 226, 234.} 888. 17 Octobre Igniculi (crebri, densissimi) instar spiculorum occidentem versus per aerem vagabantur, per totam noctem. (Petei Bibt. Hist. Franc. — Ann. Fuldenses. — Hebmanni Chron. — D. Bouquet, t. vn, p. i58, i65, 234.) 900 . Stellse visae siint undique tanquàm ex alto in horizontis iraum pro- fluere circa poli cardinem omnes fere inter se concurrere (mirabile prodigium). (Chron. 'Rabbobi, Episc. Traj. D. Bouquet, t. IX, p. 86.) 01 1 . [En été?) Paulo ante niortem Sergii (mort en août 91 1) igneae acies in cœlo et stellse micantes discurrentesque prseter consuetudinem visse sunt. (J. N/kucLERi Chron., t. II, p. ^j?. — Lïcosthènes , de Prod. ac Ost.) 1094. Tôt stellae de cœlo cadere vis» sunt, quod non poterant numerari. (Math. Paris, Hist. Anglic., 1. 1, p. 18.) 1098. 4 Afril.... ... Intempesta noctececideruntignitse stellae longotractu per universum orbem. (Chron. Andegav. Labbe , t. I, p. 281 et 289. — D, Bouquet, t. XI, p. 3 1, et t. XII, p. 484) 1098. 4 Avril A noctis œedio usque ad auroram stellse de cœlo cadere visae sunt. (HuGONis Flaviniac. Chron. D. Bouquet, t. XIII, p. 623. — RoGERi DE HovEDEN, Ann. Rerum Anglic., (*> 214 et 266. — Henrici Huntindon, Hist.) 1098. 4 -^^f^^ Après un texte identique aux précédents, l'auteur ajoute : Inter quas unam maximam labi in terram ciim quidam in Francia stu- peret et notato loco ubi visa est labi , eu m aquam ibi fudisset, fumumcum fervorissonoexiremagisstupuit. Baldricusitaretulit: visus ab innumeris inspectoribus in Gallis tantus stellarum dis- cursus ut grando, nisi luxerint, pro densitate putarentur. (C/;ro«. Alberici. d. Bouquet, t. XJII, p. 687.) 1098 . (Sans date de jour.) Visae sunt stell» quasi pluere de cœlo densalim velut pluviarum guttae per qusedam intervalla plurimarum noctium. [Hist. Fran- cice Fragm. D. Bouquet, t, XII, p. 3.) 1098. 6 AvriL Visae sunt stellcE de cœlo cadere in modum facis. [Chron. S. Ma- xentii. D. Bouquet, t. XII, p. 4o3.) 1096 4 Avril Visae sunt pêne omnes stellae currere quasi pulvis cum fertur à vento et hoc factum est à galli cantu usque ad auroram. [Chron. Remense. Labbe , t. I , p. 36o. — D. Bouquet, t. XII, p. 274. — Flores Hist. Math. Westmonastee, lib. II, p. ig.) 1096. (Sans date de mois.) Die quadam advesperascente , nuUa in aère apparente nubecula, diversis in locis globi ignei emicuerunt , rursumque in alia caeli parte se condiderunt. Quod non ignem, sed Angelicœ fuisse potestates animadversum est. [Chron. Alberti Stadensis , P* i4i. — Chron. Hirsaugiense , t. I, p. 3o8.) ( 72 ) 1097. Cecidenint stellae de ccelo in terram ad modum grandinis , quasi multi videntes admirati sunt. ( Hist. Andegav. Fragm . D . Boo- QUET , t. XII, p. 49'-) 1101. 17 Octobre. ... Visae sunt stellse de cœlo cadere. [Chron. S. Maxentii. 'Lkhw, t. n, p. 217.) 1106. 12 Février Apud Barum Italiae urbem stellae visse sunt in cœlo per diem modo quasi concurrentes inter se, modo veluti cadentes in terram. (J. Nauclsri. Chron. , t. II, p. 175.) 1125. 5 Avril Visse sunt stellae cadere de cœlo. — [Chron. S. Maxentii. Labbe, t. n, p. 220. — D. Bouquet, t. XIII, p. 4°7-) 1125. {En carême.). . . In Quadragesima ferè per universum orbem aeerise potestates quasi plurimœ stellae etsi non cecidenint, visae sunt tamen resedisse in terram. Hinc simile dicit Dominus in Evangelio : Videbam Sata- nam quasi fulgur de cœlo cadentem. — (CosaiEpragensis., Chron. Rerum Bohemic. — Fbeheh , p . 68 . ) 1169. Visi sunt ignei globuli è cœlo cadere in singula castra Britannise. — {Chron. Nannetense. D. Bouquet, t. XII, p. 564.) » Tels sont les passages peu nombreux où j'ai reconnu le phénomène des étoiles filantes. On n'y remarque que quelques dates précises : ce sont celles du 12 février, du 1" janvier, du 4 avril et du 1 7 octobre. C'est sur les deux dernières , que M. Chasles ne signale pas, que j'ai voulu appeler l'at- tention, car il s'agit bien d'étoiles filantes en masse, dans les textes préci- tés. La correction relative au calendrier n'a pas été faite. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Température moyenne d'Alger déduite des tempé- ratures maxima et minima observées journellement par M. Aimé. (Calculs de M. Laugier.) Années. JanTÏer. Février. Mars. Avril. Mai. Juin. r838.. » . . » • . » .. 14,45 ■• . 18, 83 . . . 22,27 .839.. . Il ,60 . . • '«.9I ... 14,19 . . . 16,06 .. . 18,04 • .. 23, 14 i84o.. 11,85 .. . 12,73 . . I I ,22 . .. 14,55 .. . 19,33 . . 22,16 1841.. 11,49 •• 11,65 .. . i3,4i . 12,68 .. 14,59 . .. i3,33 . .. i5,oi .. 20,07 • . 20,26 Moyennes. . . . l5,02 .. • '9.07 • •• 21,95 Années. Juillet. Août. Septembre. Octobre. Novembre. Décembre. i838.. 24,00 .. . 23,71 .. 23,01 . . . 20,42 . . . i8,5o . . 11,46 1839.. . 24,30 .. . 24,18 . , . 22, CI .. 19,36 .. . i4,85 . . . i3,86 i84o.. . 23, 5i .. . 26,43 . .. 22,82 .. 20, l3 . . . 16, 5o . .. 13,26 1841.. . 24,32 . . 24, o3 .. . 24,53 • 24,71 . .. 23,61 . . . 22,87 ... 21,17 •• . .. 20,27 •• • » • . » Moyennes.. . 16,62 . .. 12,86 C73) i décembre. . 12,86 /mars i3,33 janvier.... 11, 65 Printemps. .../ avril i5,oa février.... iî,68 (mai '9>07 Température moyenne de l'hiver. 12,40 Température moyenne du printemps. i5,43 ^juin 2'>95 /septembre.. 12,87 Eté limite indiquée sur la carte (*). ■> (•2) LycM, Éléments de Géologie, ?.* édition , t. 1 , p. îi^G. (*) A. de Mcyendorff, LeUre à M. Élie de Beaumont; Annales des Mines, 3» série, t. XX (i84t). i3.. ( 96 ) peut remarquer que sur la ligne du Hartz, de la Saxe et de la Silésie, le cercle que nous avons tracé est entrecoupé de dentelures situées en dedans de la circonférence. Dans ces mêmes parties on ne voit pas les blocs di- minuer graduellement à mesure qu'on approche de leur limite extérieure, ils y sont tout aussi abondants que lo ou i5 lieues plus au nord, tandis que, en Pologne et en Russie, à mesure qu'on s'éloigne de la limite ré- gulièrement circulaire des blocs pour s'avancer vers le nord, on voit leur nombre s'accroître jusqu'à ce qu'il atteigne une certaine proportion qu'il ne dépasse pas. Cela tient évidemment à ce que, dans ces parties, les blocs ont été arrêtés par suite d'un affaiblissement graduel de l'agent qui les transportait, tandis que près des dentelures ils l'ont été par la présence de montagnes qui ont empêché cet agent de transporter les blocs plus loin. » Indépendamment des gros blocs apportés de contrées lointaines, le ter- rain erratique renferme aussi beaucoup de matériaux arrachés à la contrée même dans laquelle il se trouve. Ainsi, dans le nord de la Russie, MM. Murchison et de Verneuil ont observé que ce terrain présente "des zones rouges ou grises , suivant qu'il recouvre le vieux grès rouge ou les terrains calcaires (i). » Aux environs de Slettin , ainsi qu'en Poméranie, on trouve dans le terrain erratique beaucoup de fragments de succin arrachés au terrain ter- tiiire Eocène situé au-dessous. . » M. dp Buch m'a souvent raconté que dans le terrain erratique du nord de l'Allemagne, on rencontre beaucoup de fossiles du terrain jurassique dont on ne peut concevoir l'origine qu'en admettant qu'ils proviennent de couches jurassiques qui ont été recouvertes par le terrain erratique, après avoir été démantelées par l'action même du phénomène erratique. » En Pologne, le terrain erratique consiste , d'après M. Pusch, en cou- ches de sable entremêlées de couches d'argile, mais le sable prédomine; il est très fin et M. Pusch le regarde comme provenant non de la destruc- tion de roches granitiques, mais de divers grès qui existent en Pologne, savoir : le grès houiller, le grès rouge , le grès du lias et le grès carpa- thique. Dans ce sable on trouve des cailloux roulés dont une partie pro- vient également des roches de la contrée; ce sont des quarzites du terrain (i) Proceedings of ihe geologic.al Society of London. Mardi., i84i. (97) de transition et des silex du terrain jurassique. Le reste, qui forme à la vérité la partie la plus considérable, provient de la destruction de roches cristallines, telles que les granités qui n'existent pas en Pologne. » Nous avons déjà fait remarquer que dans la partie où leur limite est régulièrement circulaire, et ne résulte pas de la présence de montagnes, les blocs erratiques de granité ne cessent pas brusquement, mais par degrés, de manière qu'en partant de leur limite extrême, et en marchant vers le nord , on voit leur nombre s'accroître, mais seulement jusqu'à une certaine proportion. Cette circonstance se rattache d'une part à la dis- position par zones concentriques que nous avons déjà signalée dans la distribution des blocs erratiques, et en même temps à un autre fait qui nous reste à signaler : c'est que le terrain erratique ne cesse pas com- plètement à la limite des blocs venus du nord , mais qu'au midi de cette limite il présente encore une zone formée uniquement de maté- riaux arrachés aux contrées voisines. C'est, moins les blocs du nord, la continuation du terrain erratique où la masse des menus matériaux est généralement empruntée aux roches de la contrée et même aux roches sous-jacentes (i). (i) Ce fait s'observe uotaniinent dans les Pays-Bas, où il a été constaté par MM. d'O- lîialius d'Halloy, Van Breda et Dûment, et où l'un de vos Commissaires a été dans le cas de le ve'rifier. Les blocs de roches du nord, très-communs aux environs de Groningue, ne s'avancent pas vers le midi au-delà d'Arnbem , sur le Rhin, quoique le grand dépôt sableux qui les contient à Groningue, et qui est le prolongement direct des sables de la Westphalie , traverse lui-même le Rbin et s'étende sans interruption jusqu'aux environs de Maestrichtet dans la Campine. Ici, comme en Pologne, le sable qui constitue la masse du terrain diluvien ne vient probablement pas de très-loin. Ce sable n'est, suivant toute apparence, que le résultat du lavage et du remaniement des sables du terrain tertiaire Éocènesur lequel il repose. Près de Maestrichtet même dans une partie de la Campine, ce dépôt sableux contient un grand nombre de cailloux et même des blocs assez volumineux, mais qui tous appartiennent à l'Ardenue et aux montagnes des deux rives du Rhin. Ce sont principalement diverses variétés de quarzites et du quarz blanc provenant de veines et de filons dans les schistes argileux. Des traces de phénomènes erratiques, mais dont la continuitéavec les précédents n'est pas évidente, et qui pourraient être d'une date plus moderne, existent aussi dans l'in- térieur de l'Ardenue. A la vérité je n'ai jamais remarqué sur les surfaces des roches de l'Eifel, de l'Ardenue, ni du Hundsriick aucune trace de stries; mais le vaste développe- ment des forêts et le gazon tourbeux des fagnes n'y laissent que bien peu de prise à ce genre d'observation. Le phénomène des ôsar existe dans ces montagnes , mais sur une échelle beaucoup plus petite qu'en Suède et même qu'en Finlande. PrèsdeSpa, à l'entrée , ■ ( 98 ) » Cette disposition par zones concentriques , jointe à la distribution sui- vant une série de lignes rayonnantes et entrecroisées, des blocs partis de différents points du nord et à la forme presque circulaire de la limite exté- rieure des blocs de granité, nous paraissent bien propres à mettre en lu- mière l'unité d'origine du vaste dépôt erratique qui couvre les plaines de la Russie, de la Pologne et du nord de l'Allemagne, ainsi que les parties basses de la Finlande et de la Suède. » Il s'agirait maintenant de savoir quel a été le mode de formation de ce terrain. » Jusqu'à présent, tous les phénomènes qui entrent dans le vaste en- semble dont nous avons esquissé les traits principaux dans ce rapport, sa- voir : la production des sillons et des stries d'érosion , celle des longues des vallons de laSauvenièreet de laGéronstère, onobserve des accumulations allonge'es de blocs de quarzite qui sont réellement de petits d««7". Une ose existe aussi à Pont-Au- bei't, département de l'Yonne, où j'ai eu l'occasion de l'observer en iSSg, avec M. Rozet, M. le baron de Beust, Oberbergmeister de Freyberj^, M. le professeur Moreau d'A vallon et plusieurs autres savants. Elle occupe un des flancs de la vallée du Ceusin , près du point où cette rivière sort des collines granitiques du Morvan. Ces traînées de matériaux erratiques ressemblent complètement à celles qui dans les Vosges et ailleurs ont été qualifiées de moraines, mais je doute que les dénominations de moraines de Spa ou de Pont-Auberi puissent jamais entrer sérieusement dans le dictionnaire de la science. Il y a loin pour la position et il y a loin aussi pour la netteté des formes entre les pré- tendues moraines dont je viens de parler et les moraines bien caractérisées des vallées de Chamouny et de Ferret que je cite plus loin (note de la page 102). Une grande partie des discussions qui ont lieu aujourd'hui, sur la question erratique , se rapportent aux nombreux intermédiaires qui existent entre ces deux termes extrêmes. Indépendamment des amas de blocs , de cailloux roulés et de sables, le lenain erra- tii|ue déployé autour des Alpes comprend un grand dépôt de limon qui est connu dans la vallée du Rhin sous le nom de Lôss ou de Lehm. Le terrain trratii|ue du Nord est éga- lement en connexion avec un grand dépôt limoneux. En dehors des zones si;]nalces ci-dessus dans le vasSe espace occupé par le terrain erratique du nord, son bord extérieur semble encore être marqué par une grande !)ande limoneuse qui constitue un des terrains les plus fertiles de l'Europe. Il existe en Pologne , d'après M. Pusch , deux formations postérieures à la période des terrains tertiaires. L'une consiste en un dépôt d'argile très-puissant ((ui a en certains endroits près de 200 mètres d'épaisseur et qui forme une bande s'étendant dépuis Cra- covie jusqu'aux rives du Bug, dans la direction du sud-ouest au nord-est. C'est une marne très-fine, d'un jaune clair; on y trouve des coquilles d'iau douce et les ossements des grands animaux fossiles, éléphant, rhinocéros, mastodonte, etc. Cette formation, appelée T.ehm, est située au-dessous de la formation diluvienne proprement dite. Peut- (99) traînées de sables et de blocs nommées ôsar , et celle du grand dépôt erratique des plaines , ont été considérés comme formant un tout dont les diverses parties sont connexes, et l'on a pensé qu'on ne pouvait chercher à expliquer aucune des circonstances observées isolément du reste. » M. Durocher, sans méconnaître la liaison qui existe entre les diffé- rentes parties de cet ensemble, y signale cependant deux séries de faits as- sez distinctes dont chacune lui paraît susceptible d'une explication à part: d'un côté sont les sillons et les stries tracés sur les roches solides de la Finlande et de la Scandinavie, ainsi que les amas de matières de transport en forme de longues chaussées nommées ôsar; de l'autre est le vaste dé- pôt qui renferme et qui supporte les blocs erratiques, tant dans les parties être faut-il la rapprocher du limon jaune de la Hesbayc et de la Picardie qui couvre une grande partie des plateaux du nord de la Franceet de la Belgique, depuis Maestricht jus- qu'à Lisieux. Une autre partie du terrain erratique est bordée par une zone limoneuse qui couvre une partie de la Russie. D'après M. le baron de Meyendorff, la chaîne centrale de col- lines qui unit les coteaux du Volga à ceux de Sniolensk, forme à peu près la limite de ce terrain d'iiuuius végétal décomposé, appelé Tschernozcm dans le pays , terrain noir qui occupe depuis les collines au nord justjue vers ces contrées du Don au sud, et depuis o le pied des Carpatlies, à Kamenietz-Podolsk, jus()u'au pied de l'Oural, une région de plus de 80 millions d'hectares du terrain le plus fertile. C'est le champ et le potager de la Russie, région agricole qui nourrit au-delà de 20 millions d'habitants , et qui déverse annuellement sur l'étranger et sur les autres parties de l'empire, au-delà de 20 millions d'hectolitres de céréales (*). Ce limon noir du midi de la Russie paraît avoir son analogue dans certaines parties des plaines delà Prusse. Déjà, dit M. A. Ermann, on a comparé le terrain noir qui en Russie commence au sud et en dehors de la limite des blocs erratiques avec le terrain, toutàfait analogue par sa manière d'être et par sa situation relativement aux terrains erratiques du nord de l'Allemagne, qui se trouve sur la frontière delà province de Magdebourg (**). Le limon de ces deux dernières contrées est sans doute différent du limon jaune de la Hesbaye et du lebm de la Pologne, mais il est cependant remarquable de voir ces quatre lambeaux de terrains limoneux former, par leur réunion, une bande presque continue qui traverse l'Europe entière, depuis la Manche jusqu'à l'Oural , en marquant à peu. de chose près la limite du terrain erratique du nord. C'est en quelque sorte une nou- velle zone à ajouter sur la circonférence extéàeure de l'espace occupé par celles que nous avons signalées dans le terrain erratique lui-même. E. D. B . («) A. de Meyendorff, De la Russie d'Earope d'après sa configuration extérieure. Comptes rendus de l'Aca- démie des Sciences, t. XII, p. 1233 (l84i)- ("*) Ad. EsMiKK, Àrchu'Jttr Wissensckaftliche tundc von Riisshnd, p. '^o. ( lOO ) basses de la Finlande et de la Suède que dans les vastes plaines de l'Eu- rope centrale. » En parcourant la Finlande, M. Durocher fut surpris de voir que les matières arénacées s'y trouvassent disposées par lits stratifiés plus ou moins grossièrement, comme cela a lieu en Russie et en Allemagne, et que la sur- face de ce dépôt fût d'une horizontalité remarquable. Il pensa dès-lors que ce dépôt n'avait pu être formé sous l'action des mêmes forces qui avaient creusé des sillons si profonds à la surface des roches, et il se demanda s'il était antérieur ou postérieur aux sillons; il eut bientôt la solution claire de cette question, car en plusieurs lieux où il y a des carrières de sable pour l'entretien des routes, il vit au-dessous du sable la surface des rochers po- lie et cannelée , et à Helsingfors il apprit de M. Nordenskjold qu'en faisant des recherches de fer oxydulé, on avait percé une grande épaisseur de sable jusqu'à 20 pieds au-dessous du niveau de la mer, et qu'alors, ayant ren- contré la roche solide, on y avait vu des sillons tracés dans la même direc- tion (du N.-N.-O. auS.-S.-E. ) que sur les roches visibles au jour. Il est clair, d'après cela, que le dépôt de sable est postérieur à l'époque du creu- sement dessillons; et comme les blocs erratiques se trouvent au-dessus et au-dedaus de ce dépôt, qui correspond tout à fait aux dépôts arénacés de la Russie et de l'Allemagne , M. Durocher a été conduit à distinguer deux pé- riodes essentiellement différentes dans le phénomène erratique. » La première aurait été celle qui se trouve représentée par l'ensemble énigmatique des rochers poHs, des sillons, des stries d'érosion et des lon- gues traînées de débris nommées ôsar. » La seconde serait celle de la dispersion rayonnante des blocs erratiques dans l'intérieur de ce vaste demi-cercle dont Stockholm est le centre et dont la circonférence passe aux environs de Moscou et de Leipzig. » Cette seconde période aurait en partie masqué les effets de la première, à laquelle nous reviendrons dans un instant. «M. Durocher rapporte à cette seconde période, non-seulement le transport des blocs erratiques, mais aussi la formation du vaste dépôt sédi- mentaire qui ne sert pas seulement de supporta ces blocs, mais qui en renferme aussi un grand nombre et qui couvre sur une si grande étendue les parties basses de la Finlande et de la Suède et celles de l'Europe cen- trale. La stratification régulière de ce dépôt et les coquilles marines que l'on y a observées en beaucoup de lieux dans un état parfait de conserva- tion, prouvent bien clairement qu'il a dû se former dans une mer peu agi- tée, où les courants étaient d'une force peut-être un peu supérieure, mais ( lO. ) • cependant comparable :i celle des courants qui existent dans les mers ac- tuelles et qui y déterminent la formation de bancs de sable. » Mais comment les blocs détachés des montagnes de la Scandinavie et de la Finlande ont-ils pu être ensevelis dans des dépôts sédimentaires qui se formaient au sein d'une mer où le mouvement des eaux était incapable d'en déterminer le transport? » Chaque printemps, lorsque la ceinture de glaces qui s'est formée peinant l'hiver autour des côtes de la Baltique vient à se rompre, il y a des glaçons qui retiennent emprisonnés des blocs de granité, et ces glaçons, étant portés par les courants à d'assez grandes distances , charrient les blocs avec eux : ce sont de véritables blocs erratiques de 6 ou 7 pieds de longueur et plus, qui sont ainsi transportés. » Il est facile de concevoir comment les glaces, en se formant sur une côte basse, emprisonnent des blocs et les transportent plus ou moins loin, lorsqu'elles sont mises à flot au printemps. Ces faits arrivent fréquem- ment sur les côtes de la Suède et du Danemarcl. Bergmann , et plusieurs auteurs plus modernes, en racontent des exemples. Pour passer de ce phé- nomène contemporain à l'explication du terrain erratique, il suffit de se représenter les rivages actuels de la Baltique couverts par la nappe d'eau marine dans laquelle s'est formé le dépôt stratifié et souvent coquiller qui y existe sur un grand nombre de points, et d'imaginer que le même phénomène s'y opère sur une plus grande échelle. » Il est vrai que cette plus grande échelle ne peut se concevoir qu'en ad- mettant des hivers assez froids pour permettre à de vastes glaçons de flotter en grand nombre jusqu'à 5q° de latitude. Au premier aljord, cette sup- position paraît contraire à l'hypothèse si généralement admise que le globe terrestre a été plus chaud pendant les périodes géologiques qu'il ne l'est aujourd'hui et s'est refroidi graduellement depuis lors. Mais elle cessera de paraître telle, si l'on remarque que la température d'une por- tion donnée du globe pendant une période donnée dépend , nou-seule- meut de la température générale du globe , mais aussi de la manière dont les lignes isothermes étaient disposées, pendant cette même période, sous l'influence de mers et de montagnes configurées tout autrement que ne le sont les mers et les montagnes de nos jours. Le globe , pendant la période qui a précédé la nôtre , petit avoir été dans son ensemble un peu plus chaud qu'aujourd'hui, et l'Europe centrale peut avoir été soumise, malgré cela, à un climat comparable à celui du Canada, «où le phénomène du transport des blocs de rocher par les glaces a été observé sous la la- C. B., i8^a, i" Semestre. ,'T. XIV, N» 3. ) ^4 ( 102 ) titnde de 48 à 50°. Cette supposition d'hivers plus froids en Europe , pen- dant la période géologique qui a précédé la nôtre immédiatement, serait d'ailleurs en harmonie avec plusieurs autres résultats d'ohservation qu'il serait trop long de rapporter ici (1 ). » L'explication de la seconde partie du phénomène, telle que ladéveloppe M. Durocher, nous parait donc ne rien présenter en elle-même qui la rende inadmissible. » Cette explication , au fond , n'est pas nouvelle; elle avait déjà été entre- vue par Bergmann (2). Elle a été renouvelée de nos jours par divers savants, et particulièrement par plusieurs géologues anglais qui ont remplacé le mot de diluvium par ce\màt drift (3), qui fait allusion au transport parles glaces. Elle aurait l'avantage de rendre compte à la fois de la nature stratifiée du terrain erratique, des coquilles marines qui s'y trouvent, de la disposition en rayons divergents des blocs partis d'un même point, ainsi que de leur dépôt sous forme de demi-anneaux entourant le côté nord des collines qui auraient été des bas-fonds ou des îles de cette ancienne mer glaciale et sous celle de longues traînées dirigées du nord au sud (si toutefois ces dernières ne sont pas des d,îar démantelés); elle expliquerait même comment les blocs de granité venant des collines élevées du nord, vont plus loin au midi que les blocs calcaires provenant des côtes basses de la Baltique, qui ne se trouvent que dans une zone de peu de largeur sur le rivage méridional de cette mer. Il suffirait pour cela de supposer que la mer Baltique aurait été réduite graduellement à ses proportions actuelles par une élévation lente du conti- nent, analogue à celle qui se continue encore de nos jours dans certaines parties de la Scandinavie. » Les blocs erratiques du nord ne seraient donc pas A^s pierres roulées , idée exchie d'ailleurs par l'exacte conservation de leurs arêtes, mais des pierres flottées. Ces pierres auraient été flottées à l'aide de la légèreté spé- cifique de la glace , comme les scories et les pierres ponces observées par (1) Parmi ces faits curieux, je citerai «ertaines digues de débris qu'on observe dans les Alpes, à une certaine distance ( ([uelquefois près d'une lieue) de l'extréinité infé- rieure des glaciers actuels, notamment dans la vallée de Cliamouny et dans celle de Fevret. Les digues dont je parle ici m'ont présenté tous les caractères de véritables mo- raines. Peut-être le Gulf-Slream qui réchauffe aujourd'hui l'Europe occidentale n'exis- tait-il pas encore pendant les dernières périodes géologiques qui ont précédé la nôtre. E. D. «. (a) Bergmann, Géographie physique. (3) Murchison, Silurian Sjrstem., p. 5oq. ( ro3 ) M. Eugène Robert, près chi cap Nord et d'Hammerfest, l'ont été en vertu de leur propre légèreté (i), et comnae certaines pierres trouvées sur les plages des fies madréporiques du grand Océan paraissent l'avoir été par l'efTet de la légèreté spécifique des arbres dans les racines desquels elles se trouvaient engagées (2). » Il semble, en tbèse générale , très-difficile de ne pas admettre qu'une partie plus ou moins considérable des blocs erratiques du nord doivent leur transport aux glaces flottantes, lorsqu'on sait que ce phénomène est de nos jours aussi fréquent qu'il est simple à concevoir. Le seul point difficile est de fixer la proportion dans laquelle l'influence de ce même phénomène peut être admise. Le fait que le dépôt erratique se compose en partie de matériaux provenant des terrains sous-jacents , montre avec évidence que tous les matériaux de ce dépôt n'ont pas été charriés de loin par des glaces ; ce qui n'empêche pas que les blocs erratiques, dont l'origine est presque toujours beaucoup plus lointaine que celle des matières plus ténues qui les enveloppent, ne puissent devoir aux glaces flottantes une partie plus ou moins grande de leur transport. » Mais, quel que soit le rôle qu'on pourra attribuer aux eaux d'une mer tranquille et aux glaces de cette mer dans la production du terrain erra- tique, ce rôle se réduira toujours à un remaniement, et le déplacement primitif des matériaux de ce terrain, l'immense broiement qui a réduit en blocs transportables les masses granitiques du nord et bouleversé le fond même de la mer où le dépôt erratique s'est ensuite stratifié, ce premier bouleversement de la surface d'une moitié de l'Europe reste toujours à expliquer par une autre cause, à la recherche de laquelle nous allons main- tenant revenir. » L'explication de la première des deux sections que M. Durocher dis- tingue dans le grand phénomène erratique du nord , celle de la production des sillons, des stries et des osars, est aujourd'hui le point le plus délicat de la question et celui qui divise le plus les géologues. \J^ divergence d'o- pinions qui existe à cet égard , et que nous ne pouvons nous dispenser de signaler, parait provenir en partie de ce que l'explication d'un même (0 Rapport de M. Cordier, sur les collections et observations géologiques recueillies en i838 et iSBg, pendant l'expédilion nautique et scientifique du Nord, par M. Eugène Robert. Comptes rendus, t. XII, p. 717 et 718. (a) Darwin's/ourna/, p 549 (Voyages ofthcy^rfcew/t/re and 5eag^/e). 14- ( to4 ) ordre de phénomènes a été entreprise d'après des données recueillies dans des contrées très-différentes. » Des faits de la nature de ceux dont nous nous occupons sont actuel- lement constatés dans des parties du globe extrêmement éloignées les unes des autres, et encore plus dissemblables sous le rapport de leur configura- tion extérieure; en Finlande, en Suède et en Norwège, dans les îles Britan- niques, dans presque toute la partie de l'Amérique du nord située entre Terre-Neuve et le cours supérieur du Mississipi; dans toute la chaîne des Alpes, et M. Durocher en a signalé récemment dans la forêt de Fontai- nebleau et dans la chaîne des Pyrénées. » Dans toutes ces contrées, quelque diverses qu'elles soient, les phé- nomènes se présentent sous une forme constante. Afin de mieux fixer les idées, nous demandons à l'Académie la permission de placer sous se.s yeux des échantillons de surfaces polies et striées provenant de quatre lo- cahtés différentes. » Le premier échantillon est un fragment de porphyre d'Elfdalen , en Suède, que M. Berzélius a eu la bonté d'envoyer à votre rapporteur. » Le second échantillon est une plaque de schiste argileux de Charle- stown, près de Boston ( Massachusets); elle a été recueillie par M. le D"^ C.-T. Jackson, qui, dans son travail sur la géologie de l'état de Rhode- Island (i), a ajouté plusieurs faits importants à ceux déjà observés en Amé- rique, relativement au phénomène erratique : « La plaque de schiste argileux couverte de stries diluviennes, écrivait « M. le D'' Jackson à votre rapporteur, provient de Charlestown, près de » Boston. Les couches sont presque horizontales dans la localité où l'échan- » tillon a été pris. Il est difficile d'obtenir de bons échantillons des roches » qui présentent des stries sur les tranches des couches inclinées, parce » que les couches se fendent si facilement que cela gâte les échantillons. » J'essayerai de vous envoyer d'autres échantillons sur des roches non stra- » tifiées sur lesquelles les stries sont plus polies et plus fines (3). » Le troisième échantillon est un fragment de calcaire du Jura que votre rapporteur a recueilli à Landeron , près de Neufchâtel , avec M. Agassiz, en 1837. (i) Report on ihe geoïogical and agricultures Survej' oj ihe slate of Rhode-Islande ; Providence, 1840. (2) Extrait d'une Lettre de M. le D' Jackson , en date du 28 inars 1841 • ( ^oB ) » Enfin le quatrième est un fragment de gneiss à gros grains qui fai- sait partie des belles, surfaces polies qui forment les flancs de la vallée de l'Aar , entre l'hôpital du Grimsel et la cascade de Handeck. Votre rappor- teur l'y a recueilli en i838. » Les traces laissées par le phénomène erratique sur la siirface de ces quatre échantillons diffèrent un peu d'un échantillon à l'autre, en raison de la nature plus ou moins dure et plus ou moins fine de la substance sur laquelle la gravure a été opérée. Nous croyons cependant qu'on demeurera généralement convaincu que, dans les quatre cas dont nous parlons, le burin a été semblable et mû d'une manière analogue. Mais quel est le mécanisme qui a pu fonctionner de la même manière dans des localités aussi dissemblables que celles où les échantillons ont été recueillis? C'est là aujourd'hui, comme nous l'avons indiqué, une grande question parmi les géologues. » On a souvent cherché à résoudre cette question d'après des obser- vations recueillies dans une seule contrée; mais les faits signalés dans ce Rapport, joints aux rapprochements qui précèdent, suffisent, ce nous semble , pour faire sentir que prononcer sur l'origine des sillons et des stries d'érosion du nord et des ôsars de la Suède , ce serait prononcer en même temps sur l'origine des sillons et des stries d'érosion des vallées de la Suisse et sur celle des blocs erratiques "du Jura, des terrasses errati- ques du Valais et des dépôts erratiques de la vallée d'Aoste, disposés, à son entrée, en véritables ôsars (la serra du Piémont). Cette remarque doit rendre vos Commissaires extrêmement circonspects à l'égard d'hypothèses dont l'application aurait nécessairement une aussi grande généralité. » Le point principal qui divise aujourd'hui les géologues à l'égard du phénomène erratique du nord consiste à savoir si l'agent des débiais et des érosions dont nous nous sommes occupés, si le moteur du burin qui a gravé les stries, si la charrue qui a labouré le sol des plaines du nord de l'Allemagne pour en extraire le succin et les fossiles jurassiques qui en proviennent, a été un immense glacier, ou si tous ces effets sont dus à l'action de courants très-rapides chargés de sables et de pierres. » Nous craindrions d'abuser des moments de l'Académie en discutant actuellement l'hypothèse des glaciers dans son application au nord de l'Eu- rope. Les phénomènes observés dans le nord n'ont encore été mentionnés que comme une des applications possibles d'une théorie dont les Alpes ont fait naître l'idée; mais cette application n'a pas encore été développée. M. BohtUngk a cherché à la prévenir dans un Mémoire lu , le i8 décembre* C i6 2089,1 100,00 w Ces analyses établissant la reproduction de l'acide acétique, il me reste à examiner en peu de mots comment l'action se passe. i> On peut supposer que 6 équivalents d'eau sont décomposés: 3 équiva- lents d'h^'drogène produits prennent le chlore de l'acide chloracétique pour faire de l'acide chlorhydrique, qui, s'emparant de la potasse formée, donne 3 équivalents de chlorure de potassium ; tandis que les trois autres rentrent pour former l'acide acétique. On aurait alors : C'H'Of + 6Aq -f- 6K = CH^Oi + 3KCI' + 2KO + 4Aq. Cl» K » On pourrait admettre aussi que le potassium s'empare directement du chlore et que 3 équivalents d'eau seulement interviennent dans la réaction. » Si cependant on compare la formation de l'acide chloracétique avec la reproduction de l'acide acétique, on est presque forcé d'admettre que l'a- cide acétique n'est pas le produit immédiat de la réaction. Le potassium a plus d'affinité pour le chlore que pour l'oxygène, il s'en empare probable- ment directement; et puisque dans l'acide acétique le chlore qui enlève l'hydrogène s'y substitue , on peut faire la même supposition et dire que le potassium se substitue au chlore j l'action subséquente de l'eau produirait alors l'acide acétique. n On aurait donc d'abord : chlorure de potassium et acide kaliacétique, CSH'O't -f- 6K = 3X01" + C«H'04. C16 K» » L'acide kaliacétique n'aurait en présence d'eau qu'une existence éphémère et se décomposerait en potasse et acétate de potasse , C«H»Oi -f. 6Aq r= C«H«Ot -!- 2KO -f- 4Aq. K» K » Si cette hypothèse est vraie, on peut êspéfet de produire des acides du type acétique dans lesquels l'hydrogène serait femplacé pat un nnétàl. » Si l'on admet que l'acide chloracétique a pour formule G"* Cl' H-C"* 0', la conversion complète de ce corps en CH^O' devient très-difficile à ex- pliquer; il faudrait faire provenir l'acide acétique de l'acide oxalique, on aurait alors ' a(CtH"0*) -i- H" ~ C8H«04 + H^0^ « Je me propose d'étudier l'action du potassitim dahs cette direction aussi; triais le prix exotbitant auquel le commerce livré ce corps, m'em- pêche de continuer ces recherches jusqu'à ce que j'aie pu m'en procurei* une quantité suffisante par d'autres voies: je ne publie ce pfemief résultat de mes expériences qu'à l'effet de prendre date. » M. Gbossat, dont les recherches sur Yinanition ont obtenu le prix de Physiologie expérimentale pour le concours de i84o, adresse ses remer Ci- ments à l'Académie, et aimonce qu'il se prépare à lui soumettre les résul- tats de ses nouveaux travaux. M. Êmy, professeur de fortifications à l'École roy/ile militaire de Sairit- Cyr, demande à être porté sur la liste des candidats pour la place de Corres- pondant vacante dans la section de Mécanique. x\ sa Lettre est jointe une liste de ses travaux. M. Emy adresse en même temps à l'Académie la deuxième partie de son Traité de l'art de la Charpenterie, un volume in-4°, accompagné d'un atlas in-folio de 98 planches ; la première partie, qui était également accompagnée d'un atlas , a été présentée en 1837, époque de sa publication. La demande de M. Emy est renvoyée à l'examen de la Section de Méca- nique. M. DupRÉ , professeur de physique et de chimie au collège de Rennes , adresse un tableau des quantités de pluie tombées dans cette ville pendant les mois d'août, septembre, octobre, novembre et décembre 1841. La quantité totale pendant ces cinq mois est de 4' centimètres, ou, plus exactement, de 4o9'°'",55. La quantité correspondante au mois d'octobre, est la plus forte; elle est dé 107"'", 4» répartis entre Sept jours. Cdle du mois d'aoïàt qui vient ensuite, et qui se répartit sur dix jours, n'«st que de 81,35 ; mais dans ce mois une seule averse nocturne a donné 3^""",i ; tandis C. l!., :84a, l'i-i^maJ/re. (t. MV, N" 5.) ï6 ( i'8 ) que dans le jour le plus pluvieux d'octobre la quantité d'eau tombée est seulement de 25""",2,et dans les trois autres mois décembre seulement pré- sente pour un jour un nombre supérieur, 33™",2. M.Gann.vl adresse à l'Académie une lettre qu'il a reçue de M. le Ministre de V Intérieur. Après avoir accusé réception d'une brochure qui lui avait été envoyée par M. Gannal, et qui avait pour objet d'obtenir la suppres- sion de la gélatine employée comme substance alimentaire dans le service des hôpitaux, M. le Ministre ajoute : « Je ne puis que me référer aux remarques contenues dans la lettre que je vous ai adressée le aa septembre dernier, en réponse à la com- munication que vous m'aviez faite directement dans le même but. C'est , je le répète, à M. le Ministre de l'Instruction publique qu'il appartient de provoquer l'avis de l'Académie des Sciences sur cette grave question ; et tant qu'elle n'aura pas été résolue, je ne vois aucun motif plausible , pour interdire l'usage d'une substance dont les mauvais effets sont encore à démontrer. Je me borne donc à m'associer au vœu que vous exprimez pour qu'une question qui intéresse l'humanité, et qui divise tant d'hommes éminents , soit enfin complètement éclaircie par le corps savant dont l'o- pinion fait autorité en pareille matière. » M. Passot écrit relativement à la Note qu'il avait adressée dans la pré- cédente séance « sur la détermination de la variable indépendante dans l'ana- lyse des courbes»; il exprime la crainte que la manière dont cette com- munication a été annoncée par M. le Secrétaire perpétuel qui, ce jour, était chargé de lire la correspondance , n'ait pu inspirer des préventions contre la justesse des idées émises dans cette Note. M. Arago fait remarquer que sa manière d'annoncer la communication de M. Passot était si peu inusitée, qu'il s'est contenté de lire textuellement deux passages du Mémoire. M. Arago ajoute qu'ayant été consulté par M. le Président sur le choix des Commissaires , il s'est attaché à désigner les Académiciens qui n'ont pas eu de discussions avec M. Passot. M. Pelouze, qui s'était chargé de présenter une Note de M. Magnus, de Berlin, concernant des recherches pour la détermination du coefficient de dilatation des gaz, annonce que pour ne pas causer de retard à l'Aca- démie, qui doit se former à la fin de la séance en comité secret, il remettra à la séance prochaine cette communication. A quatre heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. ( «'9) COMITé SECBET. M. DE SiLVESTRE, au Hom de la Section d'Économie rurale, présente la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante, dans le sein de cette Section , par suite du décès de M. Lullin de Château vieux, de Genève. 1°. M. Girardin, à Rouen; a°. M. Crud, à Genève; 3°. M. Burgher, à Vienne ; 4°. M. Ridolfi, à Meleto (Toscane); 5°, M. de la Colonge, à près de Bordeaux. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. MM. les Membres en seront prévenus par billets à domicile. La séance est levée à cinq heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; i" semestre 1842, n° 2, in-4°. Académie royale des Sciences. — Mémoires présentés par divers savants; tome VII; in-4*. Mémoire sur la polarisation rectiligne et la double réfraction ; par M. Gauchy ; in-4°- Traité de Géodésie, ou Exposition des méthodes trigonométriques et astrono- miques, applicables à la mesure de la Terre et à la construction du canevas des cartes topographiques ; par M' li. Puissant ; 3° édition , tome V ; in-4°, avec planches. Traité de [Art de Ut Charpenterie ; par M. Émy; tome II, in-4°, et atlas in-folio. Dixième et douzième [Lettre à M. Bonafous, sur la culture du Mûrier et sur les éducations des Fers à soie dans le département de l'Aveyron; par ( 130 ) M. Amans Carrier, de Rodez; deux broch. in-8°. (Extrait des Annales de l'Agriculture française.) Sur le moyen de produire le Fer et à moitié du prix actueli deuxiètne partie; par MM. de PréCORBIN et Legris; in-8° (autographié). Bulletin de V Académie royale de Médecine; tome VII , n"' 6 et 7 ; in-S". Recueil de la Société polytechnique; novembre 1 84 1 ; in-8°. Journal des Usines; par M. ViOLLET; décembre i84i ; in-8°. Revue zoologique; i84i ; n° 12. Génie chiffrologique; par M. Dublar; broch. in-8°. Notice sur un nouveau mode de Dorage des métaux par voie humide et cou- rant voltaïque ; par M. LouYET. '(Extrait du tome VIII, n° 11, des Bulletins de l'Académie royale de Bruxelles.) 111-8". Novi Commentarii scientiarum Academiœ instituti Bononiensis ; torai i — 4> in-4°. Proceedings. . . Procès-Verbaux de la Société d'électricité de Londres, Session i84i — 1842; part. 3; janvier 1842; in-8°. Kongl. . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Stockholm , pour l'armée 1889; Stockholm, i84i;in-8°. Arsberâttelse . . . Compte rendu annuel sur tes progrès de la Technologie, fait à r Académie royale des Sciences de Stockholm, /e 3i mars 1889, par M. G.-E. Pasch; Stockholm, i84o; in-8°. Arsberâttelse . . . Rapport annuel sur tes progrès de ta Physique et de la Chimie, fait à l'Académie des Sciences de Stockholm, par M. BerzéliuS; Stockholm, i84o;in-8''. Tal . . . Discours du Président de l'Académie royale des Sciences de Stockholm , M. le comte RoSENBLAD; in-S". Il Filocamo. . . // Filocamo, journal médico-scientifique , et journal d'éduca- tion; n™ ly et 18 (i" et 17 décembre i84i); in-4''. Gazette médicale de Paris; 1842, n° 3. Gazette des Hôpitaux; n"' 5, 6 et 7. L'Expérience, journal de Médecine; n" 287. L'Echo du Monde savant; n"' 695 et 696. Le Magnétophite; 1842; n° 2. L'Examinateur médical; tome II, n° 3. Paléontologie française (prospectus). COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »««« SÉANCE DU LUNDI 24 JANVIER 1842. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE, — Des propriétés électro-chimiques des corps simples, et de leur application aux arts; par M. Becquerel. (Extrait.) « L'électro-chimie a fait de tels progrés depuis quelques années, qu'il est possible maintenanl de résoudre une foule de questions relatives aux sciences physico-chimiques, qui ne paraissaient pas susceptibles de solu- tion avec les moyens dont on disposait avant l'emploi simultané des forces chimiques et des forces électriques dans l'étude des phénomènes molécu- laires. Cette branche nouvelle de nos connaissances sert de lien à la physique et à la chimie, son but étant d'étabhr les rapporta existants entre les affi- nités, les forces électriques et les forces physiques, sans se préoccuper de savoirs! les premières dérivent ou non des secondes. M Aussitôt que l'on eut découvert l'action chimique des courants élec- triques, on étudia particulièrement les phénomènes généraux qui s'y rap- portent, à l'aide de piles formées d'un grand nombre d'éléments. On suit aujourd'hui une autre direction : on cherche à produire de semblables effets avec des appareils simples , peu dispendieux , à la portée de tout le monde H. 1S43, i" SemeUre. ^1'. X.1V, N" 4.) «7 ( laa ) et qui permettent d'opérer des décompositions et des combinaisons sous l'inQuence d'actions lentes, et d'étudier les propriétés électro-chimiques de chaque corps , dont l'ensemble compose l'électro-chimie, propriétés telle- ment importantes, qu'elles ne peuvent être séparées à l'avenir des pro- priétés chimiques. Envisagée sous ce point de vue, la question est très-vaste; puisqu'elle embrasse tous les corps. Aussi , dans l'état actuel des choses, on ne peut s'attacher qu'aux points principaux et poser quelques jalons pour l'avenir, en y rattachant toutefois les questions de chimie générale et d'ap- plication aux arts qui en découlent naturellement. Tel est le but que je me suis proposé dans le travail que j'ai entrepris depuis plusieurs années et qui se composera probablement d'autant de mémoires qu'il y a de corps simples. » Je commencerai d'abord par présenter à l'Académie quelques considé- rations générales pour lui faire mieux connaître le plan que je me suis proposé dans mon travail, en indiquant en même temps les moyens dont je fais usage. » Après avoir analysé les effets électriques produits dans les actions chimiques , et montré l'emploi que l'on pouvait en faire pour former un grand nombre de composés analogues à ceux que l'on trouve dans la na- ture, je me servis du même mode d'expérimentation pour vaincre les plus fortes affinités , telles que celles qui unissent l'oxygène aux métaux des terres et qui exigeaient, avant, les moyens les plus énergiques dont pût disposer la chimie. Ce mode d'expérimentation , le plus simple possible, consiste à faire fonctionner sans interruption , avec une force à peu près constante, pendant des jours, des mois et même des années, un appareil composé d'un ou de deux métaux différents, communiquant métalliquement ensemble et réagis- santsur un même ou sur deux liquides différents, séparés l'un de l'autre par un diaphragme convenablement choisi ,qui, tout en s'opposant à leur mé- lange, laisse passer un courant électrique d'une intensité suffisante pour produire des réactions chimiques, même les plus puissantes, de sorte que le même courant sert à l'analyse et à la synthèse. C'est en suivant une marche semblable, en se servant des mêmes appareils, que M. de la Rive est parvenu à dorer les métaux, et que M. Jacobi a créé l'art de la galvanoplastique. » Je montrai encore que lorsqu'on opérait sur un mélange de plusieurs solutions métalliques, il existait un rapport tel entre l'intensité du courant et les quantités atomiques des diverses substances dissoutes, que l'on pou- vait retirer à volonté une ou plusieurs d'entre elles en laissant les autres dans la solution ; qu'en général le courant exerçait son action décomposante ( -33 ) sur les substances combinées en vertu des moindres affinités, mais que l'ac- tion des masses exerçait néanmoins une telle influence, que les plus fortes affinités pouvaient être vaincues par l'action d'un courant sans que les plus faibles le fussent, propriété importante qui doit être prise en considération dorénavant dans les décompositions électro-chimiques. » Les principes que j'ai établis à cet égard, pour être applicables à la métallurgie, c'est-à-dire à la séparation des métaux dissous dans un liquide quelconque, présentent de grandes difficultés, si l'on veut s'en tenir à un courant de même intensité, car on ne peut pas toujours, dans les opérations en grand, avoir en dissolution les métaux dans des rapports de poids dé- terminés. Il fallait donc recourir à des principes d'une application plus fa- cile, analogues à ceux dont j'ai fait usage pour retirer le plomb et le man- ganèse de dissolutions renfermant d'autres métaux, sans qu'il en restât ' aucune trace appréciable aux réactifs les plus sensibles. » Les méthodes fondées sur ces principes, faciles à employer dans les opérations de laboratoire , ne peuvent être à la vérité d'aucune utilité dans les arts, carie manganèse et le plomb, au lieu d'être obtenus à l'état métal- lique, sont retirés à l'état de peroxyde; mais ces méthodes ont néanmoins l'avantage de montrer que l'on peut arriver à la solution de la question , sans avoir recours à la loi des masses. On y parvient effectivement en mettant à profit les propriétés électro-chimiques des corps, qu'il faut étudier d'une m a- nière spéciale , si l'on veut en faire des applications aux arts. Telle est la di- rection que j'ai suivie dans le travail dont j'ai l'honneur de présenter aujour- d'hui la première partie à l'Académie. » Dans mes recherches électro - chimiques , mon but n'a donc jamais été, comme quelques personnes l'ont pensé et écrit, de prouver que les affinités ont une origine électrique, et quen définitive toutes les opérations chimiques se réduisent à des effets électriques et dépendent par conséquent de forces physiques j, mais bien de montrer comment on peut faire con- courir l'action de l'électricité dégagée dans les plus faibles réactions chimiques (action dont on ne tenait pas compte jadis), avec celle des affi- nités pour augmenter ou diminuer l'énergie de ces dernières, de même que l'on emploie l'action delà chaleur pour détruire la force d'agrégation et provoquer le jeu des affinités, là où elles ne se manifestent qu'à un faible degré. Sous ce point de vue, l'électro-chimie n'est qu'une annexe de la chimie. Si leur adjonction ne s'est pas encore opérée, si quelques chi- mistes n'ont pas jugé convenable de l'adopter , soit dans leurs cours , soit dans leurs écrits, la raison en est toute simple. Quand une nouvelle bran- 17.. ( 124 ) che de science appartient également à deux autres sciences, ou du moins sert d'intermédiaire entre elles, les uns la considèrent comme devant faire partie de la première, les autres, de la seconde ; d'où résulte qu'il peut arriver que cette branche ne soit comprise ni dans l'une , ni dans l'autre de ces deux sciences. C'est précisément ce qui arrive dans le cas actuel. Il faut donc laisser au temps , qui sanctionne ce qui est bon et répudie ce qui est mauvais, le soin d'opérer la fusion. En attendant, la science marche et les applications se succèdent rapidement. » Ces considérations m'engagent à revenir sur une des bases de l'élec- tro-chimie qui est encore un sujet de discussion entre quelques physiciens. On ne peut cultiver cette branche des sciences physico-chimiques, qu'au- tant que l'on a fait une étude approfondie des effets électriques produits : » 1°. Dans le contact des solides, sous l'influence d'agents extérieurs : » 2°. Dans le contact des solides et des liquides ; » 3°. Dans le contact des liquides, car ce sont ces effets qui donnent naissance aux courants électriques agissant comme force chimique. C'est en me livrant assidûment à ce genre de recherches que j'ai reconnu , comme M. de la Rive et tout récemment M. Faraday, dans leurs impor- tants Mémoires, qu'il n'y a d'effets électriques de contact qu'autant qu'il y a action chimique calorifique, ou bien un dérangement quelconque dans la position naturelle d'équilibre des molécules, et qu'il est impossible de rendre compte de tous les effets observés et des anomalies apparentes qui se présentent fréquemment , si l'on ne prend pas une de ces causes en considération. M. de la Rive , il faut le dire, est le premier qui se soit prononcé le plus énergiquement et de la manière la plus exclusive en fa- veur de cette opinion. » Les partisans de la théorie du contact, n'envisageant la question que sous un .seul point de vue, ne peuvent expliquer que très-peu des faits que l'on découvre chaque jour, et qui, en raison de leur nombre, débordent de toutes parts cette théorie, dont l'avantage est seulement de fournir à l'analyse mathématique un principe simple, à l'aide duquel on peut, dans quelques cas particuliers, déduire, de formules renfermant des con- stantes arbitraires, les résultats de l'expérience. C'est là un des motifs qui ont contribué à maintenir encore cette théorie dans la science. Au surplus, en se bornant à discuter sur un principe , sans apporter à l'appui de son opinion d'autres faits que ceux cormus, ou qui sont analogues, la science n'avance point, et chacun reste avec sa conviction, ce qui serait arrivé sil'on.n'eiît pas démontré l'insuffisance de la théorie de Volta pour expli- ( "-5 ) quer une foule de faits nouveaux. Dans mon Traité d'Électricité, tout en «l'exprimant d'une manière aussi explicite sur la théorie du contact , j'ai avancé néanmoins que lorsque deux corps, ayant de l'affinité l'un pour l'autre, étaient en contact, sans qu'il y eût combinaison, il pouvait arriver que l'action des forces chimiques, commençant à agir, troublât l'équilibre des molécules et mît en liberté une très-petite quantité d'élec- tricité, qui n'était pas capable de produire des courants électriques con- tinus. Une observation extrêmement curieuse m'avait permis d'en tirer celte induction. Voici, au reste, les principaux faits sur lesquels on s'appuie pour attribuer à l'électricité de la pile une origine chimique : » 1°. 11 n'y a pas d'action chimique sans un dégagement considérable d'électricité ; » 2°. Une pile de Volta , chargée avec un liquide n'agissant chimiquement sur aucun des deux éléments dont se compose chaque corps, ne se charge pas , c'est-à-dire qu'elle ne donne ni courant , ni électricité de tension ; uw des deux éléments est-il attaqué, même très-faiblement par le liquide, on a aussitôt des effets de courant et des effets de tension. L'action chi- mique devient-elle plus considérable, ces actions croissent en intensité. En un mot , l'intensité des effets électriques est en rapport avec l'énergie de l'action chimique. On voit donc que pour obtenir des effets électriques avec la pile, il faut détruire peu à peu l'un des deux métaux; de plus, le sens du courant dépendant de l'élément qui est le plus attaqué , on peut à volonté, dans une pile voltaïque, en la chargeant avec de l'eau acidulée ou une solution de sulfure alcalin , changer le sens du courant. Dans le premier cas , le pôle positif est du côté zinc ; ilans le second, du côté cuivre. » Ces faits généraux, joints à une foule d'autres particuliers que je ne puis rappeler ici , ont mis à même d'en tirer la conséquence que l'électricité dé- gagée dans la pile émane entièrement de l'action chimique. » Ce principe une fois établi , on a pu expliquer , en s'appuyant surtout , sur la théorie ingénieuse de M. de la Rive, confirmée par les expériences de M. Peltier, conunent il se fait qu'avec un seul couple on obtient les mê- mes effets décomposants qu'avec une pile de loo éléments, pourvu toute- fois que le liquide ou les liquides qui servent à le faire fonctionner, soient disposés de manière à recueillir le plus possible de l'électricité dégagée. Ces effets ne sauraient être expliqués dans la théorie de Volta, qui pose en principe que la quantité d'électricité flégagée au contact de deux corps est si faible, qu'il faut employer un condensateur pour en accuser la présence; ( .26) ce qui n'est pas le cas dans mes appareils, où il n'entre qu'un seul couple. » En présence d'un si grand nombre de faits favorables à la théorie élec- tro-chimique , les partisans du contact ne peuvent s'empêcher de re- connaître l'influence de l'action chimique dans la production de l'électricité de la pile; mais, voulant défendre néanmoins le terrain pas à pas, ils pré- tendent que l'action chimique n'agit qu'en donnant naissance à des pro- duits dont le contact avec les éléments de chaque couple est la cause des effets électriques. Cette oi)jection , sans être sérieuse, pouvait être sou- tenue cependant, et elle l'a été effectivement parDavy, à une époque où l'on n'avait pas analysé complètement les phénomènes électriques pro- duits dans les actions chimiques; mais il est facile aujourd'hui de la dé- truire complètement au moyen de l'observation suivante, due à mon fils Edmond. » Lorsqu'une substance agit sur une autre , sous l'influence de la lumière , il se produit des effets électriques , comme dans toutes les réactions chimiques, lesquels effets se manifestent tant que persiste cette influence. Vient-elle à cesser , il n'y a plus aucun signe d'élec- tricité, et cependant le contact des substances nouvellement formées avec les lames métalliques subsiste toujours, et rien n'est changé dans le circuit. Cette expérience, que je regarde comme fondamentale, et dont le détail se trouve dans mon Mémoire, montre donc qu'un contact qui n'est pas suivi d'une action chimique ne saurait troubler l'équilibre des forces électriques. On ne pouvait résoudre complètement la question qu'à l'aide de la lumière, qui permet de faire naître et disparaître à volonté l'action chimique, sans détruire le contact, condition qui ne peut être remplie avec les agents chi- miques ordinaires. «Les considérations précédentes démontrent donc la nécessité d'étudier avec soin les effets électriques produits dans les actions chimiques, si l'on veut se livrer avec fruit à des recherches électro-chimiques et aux appli- cations qui en découlent. Cette digression m'a paru utile à l'époque ac- tuelle, où quelques personnes essayent encore de faire revivre la théorie de Volta. Au surplus, la question est tellement complexe, qu'elle ne saurait être scindée; pour la traiter complètement, il faut l'envisager sous les rap- ports physiques et chimiques, sans quoi l'on ne peut qu'errer dans les con- séquences que l'on tire des expériences. M J'arrive maintenant au but de mon travail, c'est-à-dire aux recherches électro-chimiques que j'ai entreprises sur les corps simples, en commençant C'a?) par l'or , et en y rattachant les questions de chimie et de technologie aux- quelles elles m'ont conduit. De for. » La décomposition électro -chimique des dissolutions métalliques auri- fères, opérée de manière à séparer l'or des autres métaux, est le hut que je me suis proposé dans ce Mémoire ; mais, traitant la question sous le point de vue le plus général, j'ai dû m'occuper d'abord des différents moyens à l'aide desquels on retire ce métal de ses minerais, afin de les comparer entre eux et montrer en même temps la liaison intime existant entre l'électro-chimie , la chimie et ses applications aux arts. Ce plan est vaste, je l'avoue, et lors même qu'il ne me serait donné de le suivre que dans quel- ques-unes de ses parties, du moins la marche que j'aurai suivie et les ré- sultats auxquels j'aurai été conduit pourront, je l'espère, être utiles aux sciences physico-chimiques. » J'ai pris l'or dans les minerais les plus pauvres, je l'ai suivi dans les diverses préparations qu'on leur fait subir pour les enrichir; puis j'ai ex- posé succinctement quelques-unes des méthodes de traitement en usage , pour montrer les perfectionnements qu'on peut y apporter, et enfin j'ai traité la question électro-chimique et les applications aux arts. I) Sans parler des divers gisements de l'or, je me bornerai à dire que c'est principalement dans les sables aurifères ou détritus provenant de la dé- composition de roches dites aurifères, et qui occupent des espaces considé- rables, que l'on retire la plus grande partie de l'or qui entre journellement dans la circulation. » L'or étant souvent en quantités très-minimes dans ces sables, comme c'est le cas dans l'Oural, dans l'Altaï et dans d'autres localités, ce qu'il y a de mieux est de leur faire subir des lavages successifs, afin d'arriver àun schlick suffisamment concentré pour qu'il y ait avantage à le traiter soit par l'amal- gamation, soit par la fonte; car, en continuant le lavage jusqu'à l'or, comme on le fait encore dans un grand nombre de localités, on n'obtient que des paillettes et de petites pépites appréciables à la vue, tandis que l'on perd les parcelles de ce métal qui se trouvent dans les pyrites , ainsi que celles qui, en raison de leur ténuité, sont emportées par les eaux; d'un autre côté, l'expérience démontre que plus les minerais sont riches, plus la perte est considérable, toutes proportions gardées. Il y a donc nécessité de s'arrêter à un certain degré de concentration , si l'on ne veut pas éprouver de pertes grandes. Pour éclairer l'exploitant ;i cet égard, il faut évaluer la ( 128 ) perte d'or à différentes époques du lavage , soit dans les opérations en grand, soit dans les essais de laboratoire. » Les premières expériences sur une grande échelle ont été faites par M. Boussingault , notre confrère, pendant son séjour dans la Bolivie, et je dois à son obligeance la communication des résultats qu'il a obtenus. Dans l'impossibilité où je suis d'exposer ici les détails de ces expériences, qui se trouvent dans mon Mémoire, je rapporterai seulement les principaux résul- tats, qui sont significatifs. » i'* expérience. On a soumis au lavage 10,509 livres anglaises : » Ces 10,509 1. renfermaient, or pur . S^'^pgS. . argent pur, io^'^",824 w On a retiré i ogi. . id. ^16 » Perte totale du lavage, or a^-,go4. • argent. . . io^-,398 » On voit par là que dans un lavage exécuté avec le plus grand soin, on n'a retiré qu'un peu plus du tiers de l'or contenu dans les pyrites et environ le r5 de l'argent. Dans une 2* expérience, on a perdu un peu plus des | de l'or et le 7^ de l'argent. Dans la 3® expérience, la perte a été moins grande, puisqu'elle n'est montée qu'à un peu moins de la moitié de l'or et aux| de l'argent; mais il faut dire aussi que c'est la seule qui ait pré- senté une différence aussi faible. Ces résultats, et d'autres qui viennent à l'appui , donnent la limite des pertes d'or et d'argent que l'on fait clans le lavage des pyrites aurifères dans la Bolivie, lorsqu'on le pousse jusqu'à l'or. C'est à la suite de ces expériences que M. Boussingault sentit la nécessité de griller ces pyrites pour en séparer l'or , quand elles ne pouvaient pas être décomposées spontanément, comme à Marmato. Ces résultats me frappèrent tellement, que je résolus de faire une série d'expériences pour m'assurer si ces pertes, dans le lavage des minerais et sables aurifères de diverses localités, ne seraient pas en rapport avec celles trouvées par notre confrère. J'employai à cet effet des minerais de l'Oural et de l'Altaï, que le gouvernement russe m'avait envoyés, en assez grande quantité, pour des recherches électro-chimiques : ces minerais sont soumis dans les localités au lavage à la sébille. Leur envoi était accompagné d'un tableau des essais faits en Russie par la voie sèche et par la voie humide, essais qui ne se sont pas trouvés d'accord, à beaucoup près, avec ceux que j'ai faits ici, en sui- vant l'excellente méthode de M. Berthier, qui consiste à fondre les pyrites aurifères avec dix parties de litharge et deux parties de nitre. J'y ai ajouté quelques centigrammes d'argent , afin de ne point perdre dans la coupelle la très-petite quantité d'or qui devait s'y tiouver, la teneur de ces mine- rais ne s'élevant guère en moyenne au-dessus de o,ooooo5. [y£L ( 129 ) y> On croit généralement dans l'Oural que le grillage des pyrites aurifères, recommandé par M. Boussingault comme indispensaLIe avant le lavage et l'amalgamation, entraîne ordinairement perte d'or et d'argent. Cette opi- nion m'ayant paru reposer sur des expériences inexactes, j'ai voulu vérifier l'assertion eu en faisant de nouvelles sur une grande échelle; j'ai reconnu constamment que la teneur du minerai cru et celle du minerai grillé ne . présentaient jamais d'autre différence que celle résultant du poids. >> Ce premier point étant établi, je n'hésitai pas dans les expériences en grand que je devais faire sur les essais et le traitement, à griller le mi- nerai; mais avant j'ai voulu connaître comment l'or était réparti et quelle pouvait être la perte faite dans le lavage. J'opérai d'abord sur le minerai de Blagovejensk , fortement concentré par le lavage. I. Trois kil. de ce minerai, broyé et tamisé, mais non très-fin, puis sou- mjs au lavage par lévigation , ont fourni des parties grosses et des parties 'fines qui ont été essayées séparément avant ou après grillage. On a été con- duit à ce résultat que les parties fines ont luie teneur à peu près égale à celle des parties grosses, et que la teneur moyenne est beaucoup plus consi- dérable que celle indiquée dans le tableau envoyé. Les expériences ont été recommencées sur lo kilogr. du même minerai non concentré, et dont la teneur était d'environ 0,00001 , les résultats ont été semblables. On devait conclure de là que l'or y étant également réparti, devait s'y trouver dans un état de division extrême, et que pour en retirer le plus possible par le la- vage, il fallait bocarder et broyer à un degré de finesse convenable pour que les parties les plus fines ne renfermassent plus qu'une teneur insigni- fiante. En ne suivant pas cette marche, les pertes ne peuvent être que con- sidérables. » Je passe sous silence toutes les expériences que j'ai faites sur d'autres minerais, et dont les détails ne pourraient trouver place ici. Je dirai seulement qu'en comparant mes résultats avec ceux de M. Boussingault,quoique nous n'ayons pas suivi la même marche, on voit qu'ils sont à peu près les mêmes, c'est-à-dire que la perte de l'or dans le lavage est quelquefois les deux tiers, les trois quarts, et même au-delà de la véritable teneur, et que dès lors on doit faire subir aux pyrites aurifères et au minerai la préparation mécanique nécessaire pour diminuer cette perte. La manière d'opérer à Marmato devrait servir de guide à cet égard dans toutes les grandes exploi- tations. «Après avoir passé en revue les différents modes d'amalgamation des mine- C. B., 184a, i"SemL-stre. ,'T. XIV, N» 4.) '8 ( ,3o ) rais d'or, j'ai fait usage d'un procédé particulier d'amalgamation dont l'indus- trie pourra peut-être tirer parti et dont je vais essayer de donner une idée. » Quel est le but de l'amalgamation au moulin? c'est de diviser le mer- cure en gouttelettes, afin qu'il puisse saisir les parcelles d'or partout où il y en a; mais cette division ne peut jamais être assez grande, quelle que soit la durée de l'opération , pour qu'il se trouve du mercure dans tous les en- droits où il existe de l'or; de sorte que ce dernier ne peut jamais être re- . tiré en entier. Pour parer à cet inconvénient , j'ai substitué au moulin un mécanisme au moyen duquel on présente aux parcelles d'or une grande étendue de surface de mercure, afin qu'il y ait plus de chances d'enle- ver l'or et de perdre moins de mercure. » L'appareil se compose, i' d'une auge en bois, destinée à recevoir le minerai aurifère; 2° d'une masse parallélipipédique en zinc, évidée à l'ex- térieur, de manière à former quatre surfaces paraboliques. Cette masse, dont la surface est amalgamée, est portée par deux tourillons reposant dans deux gorges pratiquées dans deux faces parallèles del'auge; ainsi disposée, elle est mise en mouvement, plus ou moins rapidement, au moyen d'une manivelle. « On conçoit, d'après cette disposition, que lorsque le minerai , dans un état de division suffisant, est introduit dans l'auge avec du mercure et une certaine quantité d'eau, de manière à le transformer en pâte liquide, si l'on fait tourner le zinc, les arêtes des surfaces paraboliques prennent au fond de la caisse le minerai , qui s'étend sur les surfaces amalgamées et leur abandonne l'or qu'il renferme , ainsi qu'une portion du mercure; mais, comme le mouvement de rotation continue pendant un certain temps, toutes les parties du minerai touchant successivement le zinc amalgamé , aucune parcelle d'or ne doit échapper à l'action du mercure. » L'amalgame formé reste sur le zinc ou tombe au fond de la caisse, quand le poids en est trop fort; en outre, les gouttelettes de mercure, à mesure qu'elles se forment, sont enlevées par le zinc et retombent; ainsi de suite. Quand on juge l'opération terminée, on retire le zinc, on enlève de dessus la surface le plus possible d'amalgame, on lave le minerai, et l'on opère ensuite comme dans l'amalgamation. » Je crois en avoir dit assez pour faire connaître le mode d'action de l'ap- pareil avec lequel j'ai expérimenté. » Dans une expérience qui a duré dix heures , et dans laquelle on a opéré sur 2''',5oo du minerai de Blagovejensk concentré, dont la teneur était de 0,00012, je n'ai laissé dans les résidus que 0,00001. ( «3. ) » Eu réfléchissant à ce procédé, on ne peut disconvenir qu'il n'offre des avantages sur les moulins , car il vaut mieux présenter aux parcelles d'or, pour s'en emparer, de larges surfaces recouvertes de mercure, que des globules de ce métal. » L'appareil que j'ai décrit dans mon Mémoire aura besoin d'être mo- difié dans la pratique. On n'aurait pas besoin, par exemple, de faire l'agi- tateur en zinc plein ; il pourrait être en bois recouvert de lames de zinc, ou de cuivre, qui s'amalgame suffisamment pour l'opération. » J'ajouterai , en terminant, qu'il ne se détache qu'une quantité très- faible d'amalgame de zinc du corps de l'appareil. M Après avoir traité avec assez de développement ce qui concerne la préparation mécanique des minerais et leur traitement par le mercure, j'expose les recherches électro-chimiques que j'ai faites sur l'or et ses com- posés, recherches qui ont plutôt un but scientifique qu'industriel. » J'ai commencé par montrer le parti que l'on pouvait tirer de la chaleur produite par le passage d'un courant électrique très-intense, dans un fil de métal très-mauvais conducteur de l'électricité, tel que le pla- tine , pour faire des essais de minerais d'or ou autres, obtenir des effets de fusion, etc. M Si l'on prend un fil de platine d'un demi à un millimètre de diamètre, et même au-delà, et qu'on y fasse passer un courant énergique, ce fil de- vient incandescent dans son milieu. Mais si, au lieu de prendre un fil droit, on se sert d'un fil enroulé, dans sa partie moyenne, en spirale, dont les spires vont en diminuant, de manière à former un cône, ou bien qu'on l'enroule en hélice , la chaleur se concentre alors sur un espace très-restreint, et si elle est poussée jusqu'au rouge-blanc, on a alors dans l'espace circonscrit une température excessivement élevée , capable de fondre les substances les plus réfractaires. » La spirale est destinée à recevoir de petits creusets; l'hélice, des capsules ou de petites coupelles. » En opérant avec une pile à courant constant, dont je donne la des- cription dans mon Mémoire, on maintient la température au même degré pendant des heures entières. » Si l'on veut opérer avec des piles à très-grandes surfaces, on conçoit que l'on puisse alors obtenir de grands effets de fusion. Les creusets, sui- vant les effets que l'on veut produire, sont en métal , en porcelaine, en argile réfractaire; ces derniers doivent être en général, pour des piles ordinaires, à parois minces. On peut faire usage également de creusets en charbon; 18.. ( >32 ) mais il résulte alors une chaleur excessive de l'action combinée de la com- bustion du charbon et du passage de l'électricifé daus le fil. La cendre pro- venant de cette combustion se fond avec le flux et forme une enveloppe vitreuse, mince, qui enveloppe les spires du fil. Quand cette enveloppe n'est pas suffisamment épaisse, le bouton métallique se combine avec le platine. «Veut-on augmenter la température, on place sous la spirale, ou l'hé- lice, une lampe à alcool, dont la flamme enveloppe entièrement le creuset : la chaleur devient alors si intense, qu'elle fond quelquefois les fils, même d'un assez gros diamètre; mais l'appareil est tellement disposé, que l'on peut éloigner à volonté la flamme du creuset et régler ainsi la température : avec un peu d'habitude, on est averti par la radiation lumineuse si l'on est près ou non du point de fnsioji du fil. » Pour coupeller, on se sert de coupelles plates en cendres d'os, et l'on insuffle de l'air sur le bain métallique. » J'ai pu opérer la fusion de quelques décigrammes de minerai d'or, dont la teneur était de 0,00002. Le bouton de retour était visible. » Ce mode d'expérimentation, que j'ai décrit particulièrement en raison du principe, a l'avanlage de pouvoir opérer dans divers milieux; car il suffit de placer la spirale dans une cloche renfermant les gaz que l'on veut faire réagir sur les substances d'essai. » Je répète encore que, bien que mes expériences aient roulé sur de très-petites quantités de minerai d'or, si l'on opérait avec des piles d'une grande dimension , on pourrait agir sur des quantités plus considé- rables. » Mon but n'a point été de chercher à substituer aux modes d'essais en usage , et qui ne laissent rien à désirer, un autre mode fondé sur les pro- priétés calorifiques des courants électriques, mais bien de montrer tout le parti que l'on peut tirer de l'agent électrique dans toutes les branches de la chimie. » Mais s'il en est ainsi à l'égard de l'action calorifique de l'électricité, il n'en est pas de même de son action comme force chimique dans les essais par la voie humide, attendu qu'elle peut servir réellement , comme on va le voir ci-après, non-seulement pour les essais, mais encore pour les ana- lyses, même en opérant sur des quantités assez considérables. » Prenons d'abord une dissolution d'or et voyons comment, au moyen des forces électriques, on peut en déceler la présence, alors même que ce métal s'y trouve en très-petite quantité. On met cette dissolution dans un ( i33 ) entonnoir de verre, dont le bec est fermé, sur une étendue de i centimètre, avec de l'argile humectée d'eau salée, le bec étant coiffé avec un linge, pour empêcher celle-ci de tomber; le bec traverse la tubulure d'un bocal rempli d'une dissolution concentrée de s«l marin dans laquelle se trouve une lame de zinc décapée. On introduit ensuite dans un tube de verre uiv fil de platine qui dépasse l'extrémité de quelques millimètres que l'on soude; le bout soudé est plongé dans la dissolution d'or. Le bout libre du fil qui sort par l'autre extrémité du tube est mis en communication avec la' lame de zinc; au même instant, l'action électro-chimique commence par suite de l'action de l'eau salée sur le zinc. L'or se précipite peu à peu sur le très-petit bout du fil de platine qui plonge dans la solution d'or. Au bout de peu de temps , tout l'or se trouve déposé sur une très-petite étendue de surface. On coupe le bout, on pèse; on enlève l'or, on pèse de nouveau,- et la différence donne le poids de l'or. On peut ainsi recueillir et peser des quantités tres-minimes d'or renfermées dans une dissolution. J'indique dans mon Mémoire les précautions à prendre pour faire convenablement cette expérience. » J'ai cherché ensuite la solution de cette question : » Une dissolution quelconque, acide ou alcaline, renfermant de l'or et divers métaux, étant donnée, en retirer l'or dans un grand état de pureté. La solution de cette question exigeait l'emploi de principes nouveaux, que je vais exposer, et dont l'industrie pourra tirer parti dans plu- sieurs cas. » Supposons qu'un métal oxydable soit en dissolution , dans un liquide quelconque, avec un autre qui l'est très-peu ; si l'on veut séparer ce dernier de l'autre, en se servant de l'appareil décomposant formé d'un couple et d'un diaphragme en terre, cuite , on agira comme il suit : » On conçoit que si l'on verse dans la partie fermée par le diaphragme la di.ssolution métallique, et dans le vase où plonge ce diaphragme, une dissolution de même densité, et qui n'en diffère qu'en ce qu'elle ne ren- ferme pas le métal que l'on veut retirer, celui-ci étant en très-petite quan- tité, il n'y aura point d'endosmose , ou du moins elle sera excessivement faible; c'est en cela que consiste le succès de l'expérience : en effet, ppé- rons sur une dissolution renfermant de l'or, du cuivre, du fer. Commen- çons par une dissolution d'or et de cuivre dans l'eau régale. » On verse la dissolution, que l'on a rendue aussi neutre que possible, dans le diaphragme, que l'on place dans un vase renfermant une dissolution de cuivre au même degré de concentration , et dans laquelle plonge une" ( i34 ) . lame de cuivre; dans l'autre, une lame de platine : les deux lames sont mises en communication. Le cuivre est immédiatement attaqué avec for- mation de protochlorure; le courant électrique qui en résulte a une inten- sité suffisante pour décomposer le chlorure d'or et non le chlorure de cuivre, car s'il se précipitait du cuivre, il y aurait un contre-courant qui détruirait l'autre, ce qui ne saurait avoir lieu. » J'ai reconnu , d'une part , que l'or retiré par ce moyen était chimi- quement pur, et que , dans une expérience où la dissolution renfermait o^', o32 d'or, on en a retiré o*',o3i. On a donc perdu o«', ooi d'or dans la manipulation. » Dans une autre expérience la perte n'a été que de o^,ooo5; on doit donc l'attribuer à des erreurs presque inévitables dans des expériences de cette nature. » J'ai appliqué ce mode d'expérimentation à l'essai d'un minerai de cuivre du Chili, dont je connaissais la teneur en cuivre, lo grammes ont été traités par l'eau régale; puis, après filtration et lavage, on a chassé l'excès d'acide et l'on a dissous dans l'eau distillée. On a préparé une autre dissolution de chlorure de cuivre ayant la même densité, et l'on a opéré comme ci-dessus : la lame de platine a bientôt acquis la teinte de l'or; les pesées ont accusé à peu près o*',ooo5 d'or, qui est sensiblement la teneur trouvée par un essai. » Pour séparer i'or du fer dans une dissolution de ces deux métaux , on suit une marche absolument semblaLle. Les résultats ont été également satisfaisants, c'est-à-dire qu'on a retiré tout l'or contenu dans la dissolu- tion , sauf la perte faite dans les manipulations. )' Il n'a été question encore que de dissolutions ne renfermant que de l'or et un autre métal; mais s'il s'agissait de dissolutions renfermant plu- sieurs métaux, on pourrait se servir des mêmes principes pour opérer leur séparation. S'il .s'agit, par exemple, d'une dissolution de plomb, de cuivre, de fer et d'or, de laquelle on voulût retirer l'or, on préparerait une dissolution des trois premiers, dans les mêmes proportions, de ma- nière à avoir une dissolution à peu près de même densité, et l'on dispose- rait l'expérience comme ci-dessus , en opérant avec un couple platine et cuivre. Le courant produit dans cette circonstance a juste la force néces- saire pour décomposer le chlorure d'or seulement, car il ne saurait réagir sur le chlorure de cuivre et encore moins sur les chlorures des métaux plus oxydables que lui. » Pour retirer le cuivre sans toucher aux autres métaux, il faudrait rem- ( i35 ) placer la dissolution des trois métaux par une autre renfermant le plomb et le fer. Alors , en opérant avec un couple plomb et platiné , ou fer et platine, on aurait le cuivre. Lorsque la dissolution où se trouve le métal attaqué ne réagit que faiblement sur ce métal , on y ajoute un agent capable d'augmenter la réaction; mais alors il faut l'introduire également dans l'autre dissolution. » Après avoir étudié les principes précédemment exposés, et dont on a dû entrevoir immédiatement les applications à la métallurgie , j'ai dû m'occuper de la dorure sur métaux , en vertti d'actions électro-chimiques lentes, au moyen des appareils que je viens de décrire et en cherchant le moyen d'accélérer l'action sans employer une pile voltaïque. Un autre motif m'engagea à en agir ainsi. Suivant le plan que je me suis proposé, j'ai pris l'or dans les minerais les plus pauvres, je l'ai suivi dans toutes les transformations qu'on leur fait subir pour les traiter, en y faisant inter- venir autant que possible l'action électro-chimique. Je dois examiner maintenant son emploi dans les arts, sous l'influence de la même action. » M. de la Rive est le premier qui ait songé et ait réalisé l'idée d'ap- phquer l'or sur les métaux, en faisant usage de mes appareils électro-chi- miques simples; mais, comme cela se voit fréquemment , celui qui dé- couvre un art n'est pas toujours celui qui le porte à la perfection ; car c'est dans la pratique que l'on reconnaît les avantages et les inconvénients dont on a besoin pour le perfectionnement ; il faut pour cela le concours d'un grand nombre de personnes : en attendant , l'honneur appartient à l'inven- teur. Immédiatement après la découverte de M. de laRive, les physiciens et les industriels, en France, en Angleterre, en Allemagne, dans toute l'Eu- rope en un mot, se mirent à l'œuvre pour perfectionner ce nouveau mode de dorure , soit en opérant avec des dissolutions plus convenables que celles indiquées par M. de la Rive, soit en faisant intervenir un certain nombre d'éléments de la pile de Volta. Malheureusement peu de résul- tats furent publiés, parce que l'on cherchait plutôt à spéculer qu'à en faire un but de recherches scientifiques. Des brevets d'invention , dont la date étabht la priorité en faveur de M. Elkington, ont été pris; mais je n'ai pas à m'en occuper ici; je sais seulement que la publication la plus com- plète que la science ait enregistrée dans ses annales . est celle de M. de Ruolz, .après toutefois celle de M de la Rive, qui, pendant plus de dix ans, à ma connaissance, a cherché un procédé simple de dorure, sans l'in- termédiaire du mercure. Je dois dire cependant que M. Elkington est le premier qui ait fait connaître que l'on pouvait substituer, dans la dorure ( i36 ) par la voie humide, au chlorure d'or, un autre sel d'or, l'auralede potasse, ce qui était déjà un grand perfectionnement. » A peine la communication de M. de Ruolz eut-elle été faite à l'Aca- démie , que de toutes parts on apprit que différentes personnes étaient parvenues à dorer tous les métaux avec une assez grande perfection M. Elkington est un de ceux qui, sous ce rapport, revendiquent la priorité. Nous voyons aussi dans une Notice de M. Louyet, insérée dans le tome VIII des Annales de l'Académie de Bruxelles , une réclamation de priorité relativement à l'emploi du bisulfure d'or dans le cyaimre de potassium et d'éléments voltaïques. Suivant lui, ce procédé a été exposé, il y a huit mois , dans un cours public fait à l'école centrale de Bruxelles , par conséquent avant la publication de M. de Ruolz. Je me borne à indiquer ces faits, comme documents historiques, sans chercher à en discuter la valeur. Je dirai seulement que M. de Ruolz se distingue entre tous les pré- tendants à la découverte de la meilleure méthode pour la dorure au moyen de la pile, en ce qu'il a fait connaître le premier, à l'Académie, comment on pouvait appliquer avec facilité non-seulement l'or, mais encore un métal sur un métal quelconque. La question a donc été envisagée par lui delà manière la plus générale. » Du choix des dissolutions dépendait le succès de l'application des mé- taux ; sous ce rapport M. de Ruolz a été heureux, car celles dont il s'est servi sont les plus avantageuses qu'on ait encore trouvées jusqu'ici. » Le rapport rempli de détails intéressants de votre Commission, par l'organe de M. Dumas, n'a donc rien dit de trop à cet égard. » Le travail de M. de Ruolz y a été envisagé , comme elle le reconnaît elle-même, plutôt sous le point de vue technique que sous le rapport scientifique. C'est actuellement à la science à éclairer l'industrie naissante de la dorure électro chimique , qui ne connaît le courant électrique que par la propriété qu'il possède de décomposer les corps, et de transporter leurs éléments en certains points ou sur certaines surfaces appelées pôles. Mais le courant électrique est comme un torrent qui renverse indistinctement tout ce qui s'oppose à sou passage : il sépare, entraîne les parties dans deux directions différentes, suivant leur nature et les rapports chimiques qui les lient; et si l'on ne dirige pas son action, il agit pour ainsi dire tumul- tueusement en déposant d'un côté tous les corps qui jouissentdes propriétés acides, de l'autre tous ceux qui se comportent comme alcalis; car, notez-le bien, il n'y a pas décomposé chimique, organisé ou inorganisé, qui, obéissant à son action, ne se partage en deux éléments distincts, qui eux- ( ^37 ) mêmes se partagent en deux autres, ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on afi-ive aux éléments simples. » Pour obvier à ce dépôt tumultueux à chaque pôle , il faut savoir régula- riser la marche du courant, le forcer à prendre tel corps plutôt qu'un autre ; il faut que le dépôt se fasse régulièrement sur toute l'étendue de la surface et quela couche en soit égale partout; il faut enfin se rendre maître de son action. Voilà, cerne semble, ce que la science doit indiquer à l'industrie; et n'est-ce pas faute de connaissances précises à cet égard, que rien n'annonce encore qu'on ait pris les précautions nécessaires pour que l'or soit également ré- parti sur toute la surface et que la dorure sur bijoux , au moyen de l'élec- tricité, n'ait pas atteint le degré de perfection désirable, c'est-à-dire ce mat vif tant recherché. Ne serait-ce pas par hasard parce que l'on a opéré sur des dissolutions qui renfermaient encore quelques parties de fer et parce que l'action était trop rapide. Dans le premier cas, le courant amène sur la pièce à dorer, non-seulement l'or, mais encore le fer et les autres substances métalliques qui se trouvent dans la dissolution, quoique en petite quan- tité; dans le second cas, une action trop vive ne permettant pas aux molé- cules de se grouper régulièrement, empêche la production du mat vif. » Ce sont des questions que j'examinerai ci-après. » Il est facile d'expliquer aussi pourquoi certaines dissolutions d'or ne réussissent pas, tandis que d'autres produisent un excellent effet. Tout mé- tal oxydable qu'on plonge dans une dissolution neutre d'or la décompose plus ou moins rapidement; l'or se réduit sur la surface du métal : mais si on le rend suffisamment négatif, il n'est plus attaqué par la dissolution et sa surface reste brillante. Augmente-t-on cet état négatif, alors il décom- pose la dissolution, non plus en raison de son affinité sur celle-ci, mais à cause de son pouvoir électro-chimique. C'est précisément ce qui arrive quand on plonge dans l'eau de mer, comme Davy l'a fait, un couple fer et cuivre ; le fer, en rendant électro-négatif le cuivre, non-seulement le pré- serve, mais encore détermine une action électro-chimique, en vertu de laquelle l'eau et les sels qu'elle renferme sont décomposés, la soude et les bases se déposent sur le cuivre qui conserve son brillant. Il résulte de là qu'en opérant avec un courant électrique simple, si l'on étend suffisamment la dissolution d'or pour que la pièce à dorer qu'on plonge dedans soit assez négative pour ne plus réduire chimiquement le sel d'or, alors l'action électro-chimique décomposante commence. De même, en opérant avec un courant provenant d'une pile composée d'un grand nombre d'éléments, si la dissolution a une énergie suffisante pour réa- C. B., 184a, 1" Semestre. (T. XIV, K» 4.) ^9 ( i38 ) gir sur le métal à dorer, même lorsque ce métal est en communication avec le pôle négatif, l'action de celui-ci est alors paralysée et le sel d'or est décomposé par l'action chimique directe et non par le courant. Voilà pourquoi il n'y a qu'un petit nombre de dissolutions aurifères qui puis- sent être employées. Un des avantages de l'emploi de la pile dans la do- rure, comme le fait M. deEuolz, est de séparer la dissolution métallique aurifère de l'appareil qui fournit le courant; dans ce cas on n'a pas à crain- dre des pertes d'or. Il n'en est pas de même avec les appareils électro-chi- miques simples, tels que ceux employés jusqu'ici; mais on peut éviter en grande partie cette perte et arriver en même temps à un résultat semblable à celui de M. de Ruolz , en opérant toutefois avec des dissolutions suffisam- ment étendues; il faut alors plus de temps, mais aussi l'on arrive à la perfec- tion. C'est là toute la différence qui existe entre le mode d'action des appareils composés et celui des appareils simples. Il ne faut, pour tout cela , qu'invo- quer les principes précédemment énoncés. J'expose d'autant plus volontiers les recherches que j'ai faites à cet égard, que tout en pouvant être utiles, elles viennent à l'appui de l'opinion que j'ai émise il y a plus de quinze ans, qu'un seul couple formé d'un métal et de deux liquides différents, de deux mé- taux et d'un seul liquide, ou de deux liquides différents convenablement choisis, peuvent produire les mêmes effets qu'une pile composée d'un grand nombre d'éléments; seulement, avec plus ou moins de temps, selon le choix des substances employées, leur quantité et leur rapport. On peut ainsi, avec un seul couple, se passer dans un grand nombre de cas d'une pile, et même obtenir des effets que celle-ci ne peut donner, surtout quand on désire avoir des composés cristallisés. Il y a certes là un avantage, car la pile est d'un usage dispendieux et même incommode dans la science et dans la pratique : aussi tous mes efforts ont-ils tendu à la remplacer par un appareil simple que l'on emploie déjà dans les arts. M. de la Rive a suivi cette marche en faisant usage pour la dorure d'un appareil com- posé d'une plaque de zinc, de la pièce à dorer, d'un diaphragme en vessie contenant la dissolution neutre d'or où plonge cette pièce, et d'un bocal rempli d'eau acidulée dans laquelle plonge le zinc. Dès l'instant que le zinc communique avec le métal à dorer, la dissolution d'or est décomposée, l'or se précipite sur la surface du métal, qui devient noirâtre et légèrement do- rée. Il suffit alors de frotter la pièce à dorer avec un linge fin pour obtenir le brillant. Après plusieurs immersions et opérations semblables, la pièce est dorée avec un beau poli, à peu près de même que par la méthode dite d'application ; il est impossible d'obtenir par ce moyen le mat, comme le ( i39 ) donne la méthode de M. de Ruolz, ce qui restreint nécessairement ses ap- plications, car le doreur tire un parti avantageux du mat qu'il transforme en poli à l'aide du brunissoir. 11 est facile d'expliquer pourquoi il ne peut en être ainsi dans le procédé de M. de La Rive : la dissolution n'étant ni assez neutre, ni assez étendue, la pièce à dorer réagit chimiquement sur la dissolution d'or; il en résulte un courant électrique dirigé en sens in- verse du premier, de façon que l'on n'a que la différence d'action des deux courants. C'est pour ce motif que la pièce est en partie dorée par l'action électro-chimique et en parlie recouverte d'or réduit. En général, pour que l'action électro-chimique produite par le courant provenant de la réaction de l'eau acidulée sur le zinc soit à son maximum, il faudrait que la pièce à dorer ne fût pas attaquée par la dissolution aurifère : c'est ce qui a lieu pour le platine, qui se dore par ce moyen avec une grande facilité. » Dans la méthode de M. de la Rive, une partie de la dissolution d'or est décomposée par la vessie qui se recouvre d'or ; une autre ne tarde pas à passer au travers et est réduite par le zinc, dont l'action est alors diminuée, en raison des couples secondaires zinc et or qui se forment à sa surface. On est alors forcé de recueillir l'or disséminé et sur la vessie et sur le zinc. Déplus l'eau acidulée étant un bon conducteur pour l'électricité, il s'ensuit qu'une portion des deux électricités dégagées dans sa réaction sur le zinc se recombine dans le liquide même, ce qui diminue d'autant l'in- tensité du courant. » On peut néanmoins éviter les inconvénients du diaphragme en vessie , obtenir le mat avec les appareils simples, et une adhérence peut être en- core plus forte, de l'or qu'en employant la pile; mais alors il faut opérer dans d'autres conditions. » On a vu précédemment que lorsque deux dissolutions de même na- ture ayant même densité et ne différant entre elles qu'en ce que l'une renferme une très-petite quantité d'iui composé qui ne se trouve pas dans l'autre, sont séparés par un diaphragme de toile, de terre demi cuite, de porcelaine dégourdie ou d'argile humide, les phénomènes d'en- dosmose et d'exosmose ne se manifestent qu'à un faible degré et même n'ont lieu qu'après un certain laps de temps, lorsque la densité étant différente, ainsi que les composés, le diaphragme est formé d'une couche d'argile suffisamment épaisse, humectée de l'une des dissolutions. On peut se servir de ce principe pour l'application de l'or sur divers métaux et avoir le mat , en faisant usage des appareils simples. Le mat étant la con- séquence d'une très-forte adhérence de l'or aux métaux et de l'état d'agré-.- 19. ( ,4o ) gation de ses molécules, ne peut être obtenu qu'avec des dissolutions suf6- samment étendues; car si l'on opère avec des dissolutions d'une densité égale à celles de M. de Ruolz, on retombe dans les effets de M. de la Rive, dont on a parlé précédemment. » Les liquides employés sont le double cyanure de potassium et d'or, et la dissolution de cyanure d'or dans l'eau salée. » Une solution formée avec i gramme de chlorure d'or sec, jo grammes de cyano-ferrure jaune de potassium et loo grammes d'eau, ne donne qu'une couleur d'or sale, rejetée par l'industrie ; pour obtenir le mat , il faut étendre cette solution de plusieurs fois son volume d'eau. L'expérience suivante in- dique le dispositif le plus simple que l'on puisse employer pour des essais en petit. » On a pris un tube de verre de i centimètre de diamètre et de i déci- mètre de longueur; un des bouts a été fermé avec du kaolin en pâte un peu consistante, humectée d'eau salée et formant une espèce de tampon de I centimètre de longueur, et ce même bout fut coiffé avec du linge pour retenir le koalin. Il faut bien se garder de mettre aucune substance or- ganique dans l'intérieur du tube sur l'argile, attendu qu'elle serait ré- duite par le sel d'or. Le tube a été rempli dé la dissolution étendue de double cyanure d'or et de potassium. On a plongé ensuite dedans im cylindre de laiton, poli et parfaitement décapé, comme on le fait dans les arts, avec un mélange d'acide nitrique concentré et de suie, décapage qui se fait en frottant avec un linge humecté du mélange , plongeant immédiatement la pièce dans l'eau, replongeant de nouveau, et ainsi de suite, et essuyant bien quand le décapage est arrivé au degré voulu. Le tube a été placé dans une éprouvette remplie d'une dissolution à même densité de cyano-ferrure jaune de potassium, renfermant du sel marin, mais privée d'or, dans laquelle plongeait une lame de zinc que l'on mit en communication avec le cylindre de laiton, au moyen d'un fil de cuivre. La décomposition électro-chimique ne tarda pas à se manifester, l'or se précipita sur le laiton , et dix minutes après sa surface avait déjà un aspect mat. L'opération fut continuée jusqu'à ce que tout le cyanure d'or, et même une grande partie du cyanure de potassium fût décom- posée. On retira alors le cylindre qui était doré mat, comme par la mé- thode de M. de Ruolz. La dissolution contenue dans le tube était devenue très-alcaline , conséquence de l'action du courant sur les sels alcalins ; dans ce cas , le zinc étant attaqué par suite de la réaction du cyanure et du chlorure alcalin, il se forme un cyanure et un chlorure de ce métal ; ( i4i ) tandis que la soude est transportée sur le laiton , et , devenant libre , réagit sur le sel d'or, le décompose, sépare l'or, qui , étant attiré par ce même laiton , en raison de son état négatif, se dépose sur sa surface et y adhère d'autant plus fortement que l'action a été plus lente. Ce dépôt résulte donc de deux actions combinées , d'une action chimique et d'une action électro-chimique. C'est ce concours qui donne une puissance si grande aux appareils électro-chimiques simples, et qui leur permet de rivaliser avec les piles composées d'un grand nombre d'éléments. » Quand on s'aperçoit, parla lenteurdes effets produits, que le zinc est fai- blement attaqué par la dissolution mixte de cyanure et de chlorure alcalins, on augmente la proportion de celui-ci, et même on remplace entièrement la dissolution par une autre plus ou moins concentrée de sel marin; maisdans tous les cas, il faut bien se garder d'employer des acides, par les raisons ci-des- sus mentionnées. Les effets électro-chimiques dépendant del'épaisseiir du tampon d'argile, et de son état plus ou moins pâteux, on ne peut donner au- cune règle à cet égard. Quoique l'erulosmose soit très-faible, néanmoins elle finit par avoir lieu , si l'on n'a pas l'attention de changer de temps à autre la cloison en argile : il est bon aussi de la visiter quelquefois dans la crainte que quelques cristallisations, formées dans la masse, ne lui donnent trop de consistance, et ne s'opposent au passage du courant. Mais lors même qu'il passerait du cyanure d'or dans le bocal où se trouve le zinc, ce cyanure, qui ne s'y trouverait qu'en très-petite quantité, serait décomposé par le chlorure de zinc; il.se formerait un chlorure d'or qui serait décomposé par le zinc, et il se déposerait au fond du vase un précipité floconneux de cyanure de zinc. On recueille l'or en nettoyant le zinc avec un linge ; mais, je le répète, cette quantité est toujours très-minime, quand on prend toutes les précautions indiquées. Avant de soumettre une pièce à la dorure, il faut s'assurer que la dissolution est dans un état con- venable. A cet effet, on opère avec un fil parfaitement décapé, et si dans l'espace de quelques minutes il conserve son brillant métallique , alors on peut commencer les opérations avec toutes chances de succès. Comme il arrive quelquefois qu'on mêle à la dissolution de cyanure d'or et de po- tassium une solution de sel marin, il faut bien se garder d'en ajouter une trop grande quantité, car l'argent, quand le courant n'a pas assez d'é- nergie , est attaqué et devient noir. » Si l'on opère avec un cylindre de cuivre, dont la surface est parfai- tement décapée, on obtient absolument les mêmes effets. Un cylindre 1 ( ■4a ) d'argent à surface matte se dore également, mais moins promptement que lorsque la surface est polie. >) Voici les proportions qui m'ont donné les plus beaux effets : » Oii a fait une dissolution avec i gramme de chlorure d'or sec, lo grammes de cyano-ferrure jaune de potassium et loo grammes d'eau; on a filtré, pour séparer le cyanure de fer, puis on a ajouté encore roo gr. d'une solution saturée de cyanure jaune. Ce mélange, employé à la dorure, a donné un mat terne; en étendant la solution de son volume d'eau, et même de deux volumes, on a eu un mat clair. En général, le ton varie selon que la solution est plus ou moins étendue : il est d'autant plus beau qu'elle est plus étendue et qu'elle renferme moins de fer. La raison en est toute simple : dans le premier cas, les molécules n'étant pas précipitées tumultueusement , peu- vent se grouper régulièrement; dans le second, le cyanure de fer passe successivement à l'état de protocyanure de fer et de fer métallique, quand une grande partie du cyanure d'or a été décomposée; il résulte de la réunion de ces divers précipités une surface dorée sale; mais pour faire paraître le mat, il suffit de laver la pièce avec de l'eau acidulée par de l'acide sulfurique et de frotter légèrement avec un linge pour enlever les dépôts non adhé- rents. » Dans les expériences précédentes il n'a point été question du temps, attendu que pour obtenir les mêmes effets dans différents appareils, il faut plus ou moins de temps, suivant la densité de la dissolution, l'épaisseur de la cloison, la manière dont a été pressée l'argile humide, et suivant la quantité de solution qu'elle renferme elle-même, etc. » Je dirai seulement qu'avec les conditions les plus avantageuses , on aperçoit quelquefois le mat en moins de dix minutes ; mais , en général , à la température ordinaire, il faut plusieurs heures pour obtenir une dorure très-épaisse. Mais on verra ci-après , qu'à l'aide d'une faible chaleur, on peut en moins d'un quart d'heure obtenir une très-bonne dorure. La diffé- rence entre le mode d'action d'une pile composée d'un certain nombre d'éléments et celui d'un appareil électro-chimique simple, conforme au modèle précédemment décrit , ne consiste donc que"dans le temps, qu'il est possible, néanmoins, dans la plupart des cas, d'abréger à un point tel, que cette différence soit peu sensible. Les appareils simples dont on peut varier la forme à l'infini permettent de se passer des piles, toujours dispendieuses, en raison de la consommation du zinc et deÉ dissolutions qui servent à les charger, de la destruction assez rapide des sacs en toile à voile, indispen- sables pour avoir des effets constants. Les appareils simples sont, pour ainsi I ( .43 ) (lire, de nulle valeur; ils peuvent être placés partout sans inconvénient. Leur manœuvre est des plus faciles; enfin, leur volume peut varier depuis celui d'un tuyau de plume jusqu'à celui d'un tonneau, suivant les besoins de l'industrie. Ils fonctionnent en outre parfaitement à la température or- dinaire, et donnent alors avec un peu plus de temps une très-belle dorure. » Après avoir envisagé la question sous le point de vue scientifique, je vais le faire sous le rapport industriel. A cet effet, je me suis entouré des documents qui pouvaient m'éciairer le plus, en m'adressant aux artistes les plus habiles de la capitale. » Je commencerai par indiquer les dispositions qui m'ont paru les pJus convenables pour dorer les objets d'une certaine étendue. On peut prendre d'abord une cloche en verre ayant à sa partie supérieure une large tubu- lure que l'on remplit de kaolin ou d'argile ordinaire, privé de calcaire, re- tenue par une coiffe de linge, ficelée autour de la paroi extérieure de la tubulure, et, pour que la ficelle tienne, il est nécessaire qu'il y ait une gorge à la tubulure. On passe la cloche dans une ouverture pratiquée dans une planche, jusqu'à ce que son bord inférieur affleure le bord de la planche; on l'assujettit au moyen de coins en bois, après quoi la cloche est renversée; on la remplit de la dissolution d'or et on la plonge par la tubulure dans un seau de faïence ou autre contenant une solution plus ou moins saturée de sel marin , avec la condition que les deux solutions soient à la même hau- teur, afin d'éviter qu'une différence de pression ne tende à faire passer un liquide d'un vase dans un autre. On opère ensuite comme il a été dit ci- dessus. Quand l'épaisseur de la couche d'argile est de plusieurs centimètres, et qu'elle a été suffisamment tassée, on n'a pas à craindre d'endosmose, du moins d'une manière sensible, dans l'espace de plusieurs jours. « Quand on veut faire concourir l'action de la chaleur avec celle des forces électro-chimiques, il faut chauffer le seau de faïence au bain-marie. » On peut remplacer les cloches en verre par des cloches en faïence, munies de tasseaux également en faïence , et destinés à supporter la cloche et à la retenir sur la planche. » Ces deux indications suffisent pour diriger les industriels dans la con- struction des appareils. » Il faut bien se garder d'employer du zinc amalgamé , car, outre qu'en le manœuvrant il peut tomber du mercure dans la dissolution d'or , on a à craindre encore qu'il ne se forme de petites quantités de chlorure de mer- cure qui finissent par passer à travers l'argile, et de là dans la dissolution d'or, où elles sont réduites en même temps que l'or. ( i44 ) )i On peut encore prendre pour diaphragmes des vases cylindriques en porcelaine dégourdie, mais il ne faut en faire usage qu'autant que les deux dissolutions ne diffèrent que parla présence de l'or dans l'une d'elles; car sans cela l'endosmose est toujours assez marquée. liCS diaphragmes d'ar- gile humide sont dans tous les cas préférables aux vases en porcelaine dégourdie; néanmoins on obtient les mêmes résultats en opérant de la ma- nière suivante : » On prend un sac en toile à voile que l'on remplit à moitié ou aux deux tiers d'argile en pâte demi liquide, et l'on introduit dedans un cylindre à minces parois en porcelaine dégourdie, de manière qu'il se trouve au milieu du sac et que l'argile vienne au niveau du diaphragme, dont le diamètre doit être assez grand pour que l'épaisseur de l'argile soit partout de I à 2 centimètres. Au moyen de cette disposition, on a tous les avan- tages d'un diaphragme cylindrique et d'argile, attendu que l'action est uni- forme et qu'on n'a pas à craindre d'endosmose, du moins d'une manière assez sensible pour nuire aux résultats. » J'ai dit précédemment que pour que la dorure fût uniforme, c'est-à- dire que la couche d'or déposée fût sensiblement la même sur toutes les parties de la pièce, il fallait ne pas la placer d'une manière quelconque par rapport au zinc. Supposons que l'on plonge dans une dissolution quel- conque deux lames de platine en relation avec les deux pôles d'une pile, et que le courant exerce son action décomposante sur les parties consti- tuantes de la dissolution , les parties acides se déposeront autour de la lame positive, mais en plus grande quantité sur la surface qui se trouve du côté de la lame négative que de l'autre; il en sera de même des éléments alca- lins relativement aux deux surfaces de la lame négative. Ce n'est pas tout encore , le dépôt sera plus considérable dans la partie inférieure que dans la partie supérieure. On peut remédier à la vérité à cet inconvénient, en retournant d'abord les lames, puis les renversant. Mais cela ne suffira pas encore si cette manoeuvre se fait à des intervalles un peu éloignés; car la pile fonctionnant sans interruption , la dissolution sur laquelle on opère est de moins en moins saturée, de sorte que, pendant le même temps, il ne se forme pas un dépôt de même épaisseur sur les lames; on n'attein- drait donc pas l'uniformité désirable. » Ce court exposé doit faire sentir que pour dorer, même avec la pile, il ne faut pas se borner à prendre pour pôle négatif une lame de platine, et pour pôle positif la pièce d'essai, placée d'une manière quelconque p«r rapport à la lame de platine. ( i45 ) » Cela posé, voici les avantages des appareils simples, tels qu'ils ont été décrits. » Lorsqu'on emploie un cylindre de porcelaine dégourdie destiné à rece- voir la dissolution d'or et qu'on le plonge dans la solution d'eau salée , si on l'entoure d'un autre cylindre en zinc, plongeant danslasoliilionetmis en communication avec la pièce à dorer , il est bien évident que tous les points de la surface de la pièce seront également soumis à l'action du courant. Pour que le dépôt d'or soit parfaitement uniforme, on n'aura plus qu'à retourner le plus souvent possible la pièce : on sera assuré d'avoir alors une dorure aussi uniforme que possible. » Dans l'appareil où le cylindre en terre cuite est remplacé par une cloche en verre munie d'une tubulure remplie d'argile, l'action décom- posante du courant n'est pas à la vérité aussi uniforme ; mais si l'on opère comme ci-dessus , avec un cylindre de zinc qui entoure symétrique- ment la tubulure, les courants rayonnent alors symétriquement de tous les points de la surface du zinc sur la pièce à dorer, de sorte qu'en la renver- sant très-fréquemment on doit obtenir une couche suffisamment uniforme. » Passons à l'usage de ces appareils : j'ai soumis à leur action des pièces d'argent, des bijoux de même métal, et j'ai eu constamment de beaux effets de mat; après la mise en couleur, la teinte était rouge, jaune ou verdâtre, suivant que la couche d'or déposée était plus ou moins épaisse. La dorure commence d'autant plus rapidement que la surface de la pièce est bien polie et décapée avec une solution de potasse , puis lavée avec de l'acide nitrique étendu. Le mat agit plus lentement. » Une température de 20 à 25" au plus, abrège singulièrement la durée de l'opération, parce que le zinc est plus fortement attaqué. Il m'est arrivé plusieurs fois d'obtenir une bonne dorure en moins de dix minutes; mais elle n'est jamais aussi belle, sous le rapport du mat que celle qui est faite à la température ordinaire ; au surplus , c'est le propre des ac- tions lentes de produire un groupement plus régulier des molécules. Sous ce rapport, la méthode que j'indique ne peut avoir que de grands avantages. » La couche d'or supporte parfaitement le bruni et adhère tellement à l'argent qu'on n'en enlève aucune trace appréciable dans le poli au toqr. Des cylindres d'argent recouverts d'une couche épaisse d'or, se tirent par- faitement à la filière et donnent des fils d'argent doré : preuve que l'or est très-adhéreut. » Il restait une question assez importante à examiner , c'est celle relative C. R., 1845, i"- Semestre. (T. XIV, N^- 4.^ 20 ( «46 ) à la dorure des objets et bijoux en filigrane, qui a résisté jusqu'ici à tous les moyens employés pour l'obtenir d'une manière satisfaisante. Je me suis adressé à M. Christofle , l'un des plus habiles fabricants de bijoux de Paris , et qui excelle dans le genre filigrane. Je tiens de son obligeance, pour laquelle je le prie de recevoir mes remercîments , un certain nombre de pièces telles que corbeille, fleurs, divers bijoux, lesquels ont été sou- mis à la dorure électro-chimique, en vertu d'actions lentes. Le résultat a été satisfaisant, comme peut le voir l'Académie en jetant les yeux sur les pièces que je lui présente. La dorure en est un peu rouge, mais cela tient uniquement à l'épaisseur de la couche d'or déposée, qui est assez forte, attendu que l'appareil a fonctionné pendant plus de douze heures. Des ob- jets semblables mis en même temps en expérience et retirés à divers inter- valles de temps, présentent les teintes verdâtre, jaune et rougeâtre Les bijoux en filigrane dorés par les anciens procédés sont tellement malvenus qu'ils ne supportent pas la comparaison avec les mêmes objets dorés au moyen des actions lentes. «Les vases et objets divers en cuivre, en laiton et en bronze parfaitement décapés avec l'acide nitrique et la suie , comme il a été dit ci-dessus , se dorent quelquefois rapidement. J'ai obtenu de bonnes dorures en dix minutes, qui supportent parfaitement la mise en couleur et le bruni. Des cylindres de cuivre recouverts d'une couche d'or se tirent éga- lement bien à la filière. J'ai dû examiner ensuite s'il n'était pas pos- sible de fabriquer des bijoux eu cuivre après dorure par le procédé élec- tro-chimique, au moyen de la méthode de repoussé de M. Mourey , avan- tageusement connu pour ce genre de travail. Je me suis adressé à cei effet à lui , et il a bien voulu mettre à ma disposition non-seulement les objets dont je pouvais avoir besoin, mais encore ses ateliers pour les confection- ner. J'ai commencé d'abord par faire fabriquer deux bagues semblables , qui ont été dorées au moyen des actions lentes ; l'une a été terminée au re- poussé et l'autre est restée telle qu'elle était sortie de l'appareil. La pre- mière est très-bien venue et rivaHse avec tout ce qu'on a fait de mieux dans ce genre. On peut voir dans la bague et autres objets du même genre que je présente à l'Académie , que les ornements sont fouillés dans toute leur profondeur comme si le burin les avait sillonnés , et cependant la couche d'or était tellement adhérente au cuivre que le travail ne l'en a pas dé- tachée. Il est démontré par-là que la dorure électro-chimique peut être ap- pliquée avec avantage à la fabrication des b joux par la méthode de re- poussé après dorure. ( i47 ) » Telles sont les différentes questions auxquelles j'ai été conduit à m'occuper en étudiant les propriétés électro-chimiques de l'or; j'y ai rat- taché toutes celles qui avaient des rapports plus ou moins directs avec mon sujet. En effet, l'or a été pris dans les minerais les plus pauvres j on l'a suivi dans les diverses opérations effectuées pour concentrer ces der- niers en indiquant les méthodes les plus simples pour les retirer; après quoi l'on a étudié ses propriétés électro-chimiques, à l'aide desquelles on a indiqué un principe qui permet , quand ce métal est en dissolution , de le retirer de cette dissolution dans ungrand état de pureté; puis on a fait usage des mêmes principes pour dorer les métatix au moyen des actions élec- tro-chimiques lentes. «Comme je l'ai dit au commencement démon Mémoire, j'ai l'intention de soumettre successivement tous les corps simples au même mode d'investi- gation; déjà, pour quelques-uns, entre autres l'argent, le cuivre et le plomb, le travail est à pen près terminé. Les résultats que j'ai obtenus mettront encore en évidence des principes nouveaux qui pourront contri- buer, j'ose l'espérer, à l'avancement des sciences physico-chimiques, à l'étude desquelles j'ai voué ma vie entière. » M. Ghevrbul dépose sur le bureau une Note de M. P. Pimowt., de Rouen, sur le moyen de tirer parti de la chaleur des bains qui ont servi à la teinture. RAPPORTS. TÉLÉGRAPHIE. — Rapport sur un télégraphe de jour et de nuit présenté à l'Académie par M. Vilallongue. (Commissaires, MM. Babinet, Gambey, Séguier, Mathieu rapporteur.) « Le télégraphe, tel qu'il existe sur les lignes qui sillonnent la France , se compose de trois l)ranches mobiles dans un même plan vertical. La branche principale, nommée régulateur, porte à chaque extrémité une petite branche appelée indicateur. Le régulateur, soutenu par son milieu , se meut comme le fléau d'une balance: il est horizontal , vertical ou in- cliné de 45°. Chaque indicateur tournant autour de son extrémité est per- pendiculaire ou incliné de 45° sur le régulateur et prend six positions dif- férentes par rapport à ce régulateur. C'est à l'aide de ces diverses positions 20.. ( i48 ) des indicateurs et du régulateur que l'on produit le grand nombre de signaux qui servent à la transmission des dépêches. » Depuis quelque temps on a imaginé de fixer horizontalement le ré- gulateur 6t de remplacer ses quatre positions par celles d'un indicateur su- périeur nommé mobile, soutenu par son milieu et pouvant être horizontal, vertical ou incliné de 45°. Ce nouvel appareil , que le gouvernement a adopté et que l'on voit fonctionner sur une des tours de Saint-Sulpice, se compose : « T°. D'un régulateur horizontal et fixe ; » 2°. De deux indicateurs unis au régulateur par une articulation ; » 3". D'un indicateur supérieur appelé mobile. M M. Vilallongue s'est proposé de construire un télégraphe propre à pro- duire la nuit comme le jour les mêmes signaux que ce nouveau télégraphe à régulateur horizontal. Télégraphe de jour. ' 9 Concevons dans la face plane d'une tour, deux ouvertures circulaires de 2 à 3 mètres de diamètre , ayant leurs centres à la même hauteur. Chaque ouverture est fermée par un disque en bois ou en tôle , tournant dans son plan, autour de son centre. Sur chaque disque, couvert d'une couche noire comme la tour, on peint en blanc un rayon d'environ 2 dé- cimètres de largeur. Ces deux rayons , qui tournent avec les disques, for- ment les indicateurs du télégraphe de M. Vilallongue. Le régulateur est une barre horizontale fixe et peinte en blanc, qui réunit les centres des deux disques. » Une troisième ouverture circulaire, pratiquée au-dessus des deux autres, est aussi fermée par un disque noir sur lequel un diamètre peint en blanc, représente le mobile ou indicateur supérieur. » Si l'on fait tourner séparément ces trois disques , on obtient, par le mobile et les deux indicateurs, tous les signaux télégraphiques du nouveau modèle. ' M L'axe ou essieu qui fait tourner le disque situé à l'une de ses extrémités donne aussi un mouvement de rotation à un disque égal placé à l'autre extrémité et fermant une ouverture pratiquée dans la face opposée de la tour. » Le guetteur, en imitant sur une face de la tour, le signal de la station fen sa pféSehCé, reproduit le même signal sur la face opposée et en vue de la staiion suivante. Au lieu d'un signal unique surmontant la tour, on a ( «49 ) donc deux signaux parfaitement identiques sur les deux faces opposées ' de la tour, et la transmission peut s'effectuer d'une station à l'autre , comme avec le télégraphe ordinaire. » Dans ce système de télégraphe , tout le mécanisme est renfermé dans l'intérieur de la tour, à l'abri des intempéries et sous la main du guetteur, qui n'a pas à se déplacer pour réparer les avaries. » Un de nous (r) a assisté à des épreuves faites à Perpignan par l'auteur, avec un appareil réduit an tiers des dimensions des télégraphes ordi- naires et observé à 4000 mètres de distance avec une lunette grossissant environ trente fois. Ces épreuves ont parfaitement réussi ; mais il impor- tait (le les renouveler à 8000 mètres, qui forment à peu près la distance moyenne des télégraphes. A cette distance, une barre blanche de i3 dé- cimètres de longueur et de a décimètres de largeur, quoique plus petite qu'un indicateur ancien, se voyait nettement sur un fond noir avec une lunette grossissant quarante fois. » L'administration des télégraphes choisit les stations , autant que pos- sible , de manière que les bras des télégraphes se projettent dans le ciel sur lequel ils se dessinent en noir. Quand cette condition ne peut être rem- plie, on place souvent le télégraphe devant un mur noir sur lequel il se détache en blanc. Ce moyeu, auquel on a recours parfois et exceptionnel- lement, est celui dont M. Vilallongue fait constamment usage. Télégraphe de nuit. » Supposons maintenant que les bandes blanches des trois disques noirs deviennent des évidements garnis de glaces et que les murs blancs intérieurs de la chambre, soient fortement éclairés. Au dehors l'illumination intérieure n'est vue que par ces évidements, les bandes blanches du jour sont rem- placées par des bandes lumineuses à l'aide desquelles on produit les mêmes signaux par le mouvement des disques. » Ce système a aussi été essayé à Perpignan par l'auteur, en présence de l'un de nous. A la distance de 4000 mètres, et avec un éclairage ordinaire, les bandes lumineuses se voyaient très-bien, les signaux se transmettaient avec la plus grande exactitude, et l'on pouvait en deux minutes passer du système de jour au système de nuit. » Ces expériences ont été répétées à Paris en décembre dernier. On avait (i) M. Mailiien.. ( ï5o ) ■ménagé à la croisée fermée d'une maison de Meudon une ouverture rectan- gulaire de a décimètres de largeur et de 1 3 décimètres de longueur, garnie d'une glace. A l'Observatoire, éloigné de Meudon d'environ 8 kilomètres , on regardait, avec une lunette qui grossissait quarante fois, la lumière intérieure à travers cette ouverture. Elle était tellement affaiblie que l'on ne voyait plus une bande brillante comme dans les expériences de Perpi- gnan , faites à une distance seulement de 4 kilomètres. n II fallait donc avoir recours à un appareil assez puissant pour convenir également aux stations les plus éloignées. C'est alors que M. Vilallongue a reconnu la nécessité de remplacer la glace de son appareil par une portion de lentille à échelons. » M. François Soleil avait en sa possession des fragments d'une lentille de phare qui réunis formèrent une bande comme celle qui serait comprise entre deux barres parallèles appliquées sur une lentille à égales distances du cen- tre. Cette bande rectangulaire avait a décimètres de largeur et 1 1 à la dé- cimètres de longueur. On l'a établie dans la croisée de Meudon , et chaque jour d'expérience on plaçait au foyer, à g3 centimètres, une lampe ordi- naire brûlant à blanc. Après plusieurs essais faits dans des circonstances atmosphériques plus ou moins favorables et où la lumière était toujours visible à l'œil nu, la Commission a reconnu : » 1°. Qu'avec une bande lenticulaire à échelons de 3 à 4 centimètres de largeur on voit parfaitement, dans une lunette grossissant quarante fois, une ligne brillante et que la direction de cette ligne est bien déterminée ; » 2°. Qu'en cachant avec un écran la partie centrale de la bande lenticu- laire et en conservant aux deux extrémités une longueur de aS centi- mètres, on obtient deux points lumineux très-distincts. » Les deux points lumineux donnent une direction facile à reconnaître, et qui ne sera pas altérée par le jeu des réfractions, comme pourrait l'être une bande lumineuse. Si l'on s'en contente , on aura l'avantage de sup- primer la partie centrale des échelons lenticulaires, ce qui amènera une di- minution de poids et une économie considérable dans la dépense. )> L'intensité de la lumière produite par des rayons qui partent d'un foyer lumineux, va en diminuant, en raison du carré de la distance, à mesure qu'on s'éloigne du foyer. Mais cette diminution n'a pas lieu pour des rayons partis du foyer d'une lentille, puisqu'ils eu sortent parallèlement entre eux. On conçoit par cette remarque la grande supériorité de la lumière d'un appareil lenticulaire sur une lumière directe. » Une lampe placée entre deux disques opposés, réunis par le même ( i5i ) axe horizontal et au foyer commun des bandes lenticulaires enchâssées dans ces disques , éclairera des deux côtés de la tour. Trois lampes porteront donc à chacune des deux stations voisines les images bril- lantes des indicateurs et du mobile. Quant au régulateur , dont on pourrait se passer à la rigueur, on placera une bande lenticulaire hori- zontale dans la paroi de la tour, entre les circonférences des deux disques indicateurs et dans la direction de leurs centres. Cette bande, éclairée de chaque côté par une quatrième lampe, donnera la direction horizontale du régulateur par sa partie centrale. Quatre lampes ordinaires, que l'on pourrait encore réduire, si l'on voulait, par des combinaisons de miroirs, suffiront donc pour le télégraphe de nuit de M. Vilallongue. » Il importe d'ailleurs de remarquer que ces lampes sont, comme dans les phares , en repos et bien abritées dans une chambre fermée , sous les yeux et sous la main du guetteur, qui peut facilement les rallumer si elles s'é- teignent. Il n'en est pas de même des lampes extérieures , que l'on a proposé de suspendre aux branches du télégraphe ordinaire. Elles sont toujours en mouvement, exposées à toutes les intempéries, et difficiles avoir par le guetteur, qui ne peut les atteindre commodément. Conclusion. » En résumé, le télégraphe de jour de M. Vilallongue peut s'établir par- tout et nous parait , sous le rapport de la visibilité, dans les mêmes con- ditions que celui dont l'administration fait usage dans des localités parti- culières. » Quant au télégraphe de nuit, M. Vilallongue est arrivé, par un heu- reux emploi des bandes de lentilles à échelons , à un système qui a tout à la fois l'avantage de faire disparaître les justes objections qui se sont élevées contre les appareils proposés jusqu'à présent , et de donner pour la télégraphie de nuit une excellente solution. Nous proposons à l'Académie de lui accorder son approbation. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ÉCONOMIE KURALE. — Rapport sur une Lettre ^u Ministre de la Marine, relative à l'éducation des vers à soie dans les colonies. (Commissaires, MM. de Silvestre, de Gasparin rapporteur.) « Depuis que la France s'occupe des moyens d'abolir l'esclavage dans ses colonies , elle n'a pu perdre de vue les faits qui se produisaient dans les co- ( îSa ) îonies anglaises où cette abolition a déjà eu lieu, et le plus saillant de tous est sans contredit l'abandon ou du moins le ralentissement de la production du sucre , dont la culture pénible et assujettissante répugne aux nouveaux affranchis. » Mais la culture de la canne ayant envahi presque tous les terrains de nos possessions tropicales par des causes que nous nous dispenserons d'é- numérer, il était à craindre que le jour de l'affranchissement de la race noire ne fût celui de l'abandon complet de la culture et de la ruine des colons, si, trop confiant dans les mesures législatives qui tendront à assurer la conti- nuation du travail, on ne cherchait pas en même temps les moyens de remplacer par une culture plus facile et cependant lucrative, une partie au moins de celle de la canne , et surtout sur les terrains dequalité inférieure, où toute augmentation de frais la rendrait impossible. «Ces graves pensées préoccupent le gouvernement, et parmi ces nouvelles cultures qu'il voudrait introduire dans les colonies se trouve celle du mû- rier. M. Perrottet, à qui l'industrie séricicole doit déjà la précieuse intro- duction dtL mûrier des Philippines, a été attaché au département de la Ma- rine comme botaniste agriculteur, et chargé d'une mission ayant pour but principal d'examiner les moyens de propager aux Antilles l'industrie de la soie. «Mais ce botaniste a trouvé dans nos îles de l'Amérique les mêmes diffi- cultés qui, heureusement pour les producteurs européens, arrêtent les progrès de cette industrie au Bengale et dans tous les pays tropicaux. Si ces obstacles n'existaient pas, il ne faut pas douter qu'en peu d'années l'Italie et la France méridionale ne fussent privées d'une des principales sources de leur richesse , ayant à lutter contre des rivaux qui auraient la main- d'œuvre à bon marché, des terrains immenses à mettre en valeur et un climat où l'éducation peut aisément se renouveler plusieurs fois dans l'année. » C'est au gouvernement à mesurer l'étendue de ce danger, à examiner s'il ne fait pas aux Antilles des tentatives et des études qui profiteront principalement à d'autres qu'à nos colons; le devoir de la science est tout autre, messieurs: le médecin guérit son ennemi blessé, sans s'informer s'il n'aura pas à le combattre plus tard. L'Académie consultée doit répondre ce qu'elle sait, et peut-être aujourd'hui avons-nous à nous applaudir comme Français de ne pas être en état, comme savants, de résoudre complète- ment tous les problèmes posés par le Ministre de la Marine. ))M. Perrottet fait d'abord cette question : Pourquoi les œufs provenant ( i53 ) des vers à soie apportés de France aux Antilles, et qui ont vécu déjà sept à huit ans, n'éclosent-ils malgré la température constante de aa à aS de- grés centigrades dans laquelle ils vivent , qu'au bout de huit à neuf mois. »Ces faits que déploreM. Perrottet ne sont pas particuliers aux Antilles. Dans tous les climats, les œufs de la bonne race des vers à soie n'éclosent, sauf quelques exceptions individuelles, que huit à neuf mois après la ponte. Si l'on observe ce qui se passe dans l'intérieur de l'œuf, on voit que le fœtus commence à apparaître cinq jours après la ponte, sous forme d'une membrane mince et diaphane, qui annonce déjà par son élargisse- ment antérieur la forme de la tête de l'animal. Au milieu de l'hiver on distingue sa forme définitive, sa tête, ses pieds, les articulations de son corps. Mais à quelle époque cette forme a-t-elle achevé de se dessiner, c'est ce que l'on ne sait pas encore, les observations de M. Herold ne s'é- tant étendues qu'à une quinzaine de jours après la ponte et laissant ainsi une lacune de plusieurs mois pendant lesquels on n'a pas suivi les dévelop- pements de l'organisation du fœtus (i). Toujours est-il bien certain que la chaleur seule ne supplée pas au temps et ne hâte pas les progrès de celte organisation , et que c'est en vain qu'on soumet les œufs à la température de l'incubation quelques mois seulement après la ponte. Ainsi il ne se passe rien aux Antilles qui n'arrive aussi dans nos climats, et l'on sait que les œufs apportés de la Chine traversent la ligue et éprouvent une continuité de chaleur fort grande et suffisante pour les faire éclore quand ils sont arrivés à terme, et qu'ils arrivent pourtant intacts en France. » J'ai parlé de quelques exceptions , et , en effet , si l'on soumet à une température de aS à 3o degrés des œufs de vers à soie pondus depuis peu de temps , on obtient quelques éclosions, et c'est en continuant à choisir les vers de ces éclosions précoces et en les propageant que l'on est par- venu à créer cette race des Trivolinis, ainsi nommés parce qu'ils n'ont que trois mues au lieu de quatre, mais qui font des cocons petits et faibles. Aux Antilles , d'après M. Perrottet , on a créé cette race à trois mues par les mêmes procédés, et elle y présente les mêmes inconvénients. » Les œufs pondus aux Antilles et exposés pendant la durée de leur vie fétale à la température ambiante, qui est de 22 à aS degrés, présentent un phénomène qui leur est particulier; ils éclosent successivement, de jour en jour, et cela pendant six à sept mois consécutifs. (i) Disqiiisitiones de animalium vertebris carenlium in ovo formatione; explication des planclies VII. C. R., 1842, i"Sem«(rf.fT. XIV, W-î.) 2 1 ( i54 ) » Ce fait vient étayer un soupçon que nous avons depuis longtemps de la nécessité d'une basse température pour faciliter l'organisation fétale des vers. Ce qui l'a fait naître en nous, c'est le mauvais succès, même en Eu- rope , des œufs conservés pendant l'été dans des lieux trop chauds. Sous le tropique, oîi la température est uniforme, les œufs doivent éprouver cette contrariété qui résulte ici des appartements échauffés. » Ce qui le confirmerait, c'est que selon M. Perrotlet, si les œufs sont placés pendant quatre à cinq mois dans une glacière, ils éclosent alors tous ensemble, comme ils le feraient en Europe. Il parait que c'est moyennant cette précaution que les colons sont parvenus à obtenir des éclosions régulières. M L'auteur de la lettre nous demande encore quel est l'effet de la gla- cière sur les œufs? Est-il, comme le pensent quelques personnes à la Mar- tinique, de fortifier ou de donner de l'énergie à la chenille qui doit en provenir? » Nos doutes viennent de répondre à cette question autant qu'il est en nous. Aux Antilles , la glacière remplace l'hiver pour les œufs; elle leur procure cette basse température qui paraît nécessaire au développement régulier du fœtus. Pour nous, c'est encore autre chose; elle nous sert à mettre l'œuf à l'abri des chaleurs précoces et à retarder son éclosion jus- qu'à l'époque que nous lui fixons. C'est ainsi que l'on a pu obtenir des éducations automnales. » L'effet des bains alcalisés dont M. Perrottet désire savoir l'usage, et qui sont employés par les Chinois, servent à dissoudre la matière jaunâtre qui accompagne l'œuf à sa sortie de l'ovaire, se répand sur le linge où pondent ces animaux, et enduit l'œuf lui-même. Dans le midi, on lave les œufs avec du vin ou avec de l'eau pure; mais les éclosions parfaites, obtenues sans cette précaution et sur le linge lui-même où les œufs étaient restés attachés, nous prouvent qu'elle n'est pas indispensable, si ce n'est quand les œufs deviennent marchandise , car alors l'acheteur veut les voir propres et ne se soucie pas d'acheter au même prix une matière étrangère , inutile à leur succès. « Mais nos colons des Antilles ne sont pas encore au bout de leurs peines : ces vers conservés dans la glacière, qui naissent forts et vigoureux, restent tels jusqu'à la troisième mue. Mais à partir de là, entrés dans leur quatrième mue, ils deviennent languissants pendant quarante-huit heures, et périssent pour la plupart à la montée. Nous ne pouvons voir ici que le phénomène qui accompagne un développement abondant de gaz, prove- ( '55) nant de la température des vers et des litières ; car cette description s'ap- plique très-bien à ce qui accompagne l'état atmosphérique désigné dans nos climats sous le nom de touffe. Nous pensons donc que des soins hygié- niques, le délitement fréquent et des feux clairs aux diverses ouvertures qui excitent le mouvement de l'air, la ventilation à bras entre les claies , et surtout le saupoudrement avec la poudre de chaux éteinte à l'air, qui des- sèche les litières et prévient l'expansion des gaz délétères , combattront efficacement le mal , comme ils le font dans nos climats. » Les vers à soie des Antilles étant élevés sous des hangars et non dans des magnaneries construites selon tous les procédés de l'art, il ne peut être question de leur appliquer l'effet de nos ventilateurs. » La dernière question de^M. Perrottet est toute théorique, et elle est énoncée de la manière suivante : « Comment s'opère la fécondation de cette prodigieuse quantité d'œufs » (4 à 5oo), qu'une femelle de papillon bien constituée porte dans son » abdomen? Cette fécondation a-t-elle lieu dans l'intérieur du corps de » l'insecte ou bien à la sortie du corps par un organe particulier dans le- » quel le mâle, qui reste accouplé pendant vingt-quatre heures, aurait » injecté le fluide séminal et qui se répandrait sur chaque œuf au moraeiit « où la femelle fait des efforts pour le pousser dehors? Ce qui ferait croire » qu'il en serait ainsi, c'est que les œufs que l'on sort artificiellement du » corps de la femelle qui a reçu pendant vingt-quatre heures l'impidsion » du mâle, ne changent point de couleur et restent ainsi inféconds; tandis » que tous ceux, au contraire, pondus naturellement, un à un, après le » même temps de copulation, changent de couleur au bout de vingt-quatre » heures et sont toujours féconds. Cette dernière manière de considérer » la fécondation expliquerait jusqu'à un certain point l'irrégularité de » leur éclosion, puisqu'il est évident que la fécondation de cette manière, » n'atteindrait pas au même degré tous les œufs indistinctement; il en » résulterait au contraire, ce semble, que ceux qui se présenteraient les » derniers vers l'organe fécondateur (glande vésiculaire qui contiendrait » le fluide séminal) le seraient moins bien que les premiers qui arriveraient » au moment où l'organe serait plein. » » Ces doutes de M. Perrottet ont été transformés en certitude par la découverte de ce réservoir, observé déjà par Swammerdamm et autres, regardé par eux comme le réservoir de la matière agglutinante des œufs, et que M. Audouin a considéré comme un réservoir du sperme fourni par le mâle dans la copulation. Les œufs rangés en série le long des branches de ai.. ( ï56 ) l'ovaire sont d'autant plus gros qu'ils sont plus rapprochés de l'issue, et il serait difficile que la fécondation eût lieu, si elle devait s'opérer immé- diatement dans l'ovaire. Mais la vésicule dont nous avons parlé, à laquelle on a donné le nom de vésicule copulative, devient, après l'approche du mâle , une sorte de réservoir de semence , et il est probable que la fécon- dation n'a lieu dans l'oviducte que par l'intermédiaire de cette vésicule et pendant la ponte. w Votre Commission pense donc, messieurs, que sans prétendre remé- dier à tous les inconvénients qu'entraînent pour l'éducation des vers à soie les climats du Tropique , inconvénients qui se retrouvent au Bengale et à Java comme aux Antilles, on peut conseiller: » 1°. De faire chaque année, aux Antilles françaises, une nouvelle im- portation d'œufs de vers à soie venus d'Europe ; » 2°. De déposer les œufs arrivés d'Europe dans une glacière jusqu'au moment marqué par les convenances du climat pour l'éclosion; » 3°. De régulariser l'incubation au moyen d'une étuve et de ne pas s'en remettre aux influences variables de l'atmosphère; » 4'" De maintenir une grande propreté sous les vers , pendant l'édu- cation, par de fréquents délitements, de les saupoudrer de chaux éteinte, et de les ventiler activement. » Ces moyens pourront combattre une partie des fâcheuses influences du climat. » NOMIIVATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un Corres- pondant pour la place vacante, dans la Section d'Economie rurale, par suite du décès de M. LuUin de Châteauvieux . Le nombre des votants est de 4? > majorité il\. Au premier tour de scrutin , M. Girardin obtient 44 suffrages. M. Ridolfi 1 M. Burgher i Il y a un billet blanc. M. Girardin, ayant obtenu la majorité des suffrages, est déclaré élu. ( i57 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉTÉOROLOGIE. — Sur la hauteur du météore du 9 juin 1 841 ; par M. Petit , directeur de l'Observatoire de Toulouse. (Commissaires, MM. Bouvard, Mathieu, Liouville.) « Il est fort difficile, pour un observateur isolé , d'apprécier exactement la véritable direction de la trajectoire que paraissent décrire les météores lumineux. La comparaison des vitesses angulaires apparentes vers les deux extrémités de cette trajectoire pourrait, il est vrai, donner quelques indi- cations convenables , si le phénomène avait été prévu et si l'on avait eu le temps de se préparer à l'observation; mais comme ces circonstances favorables n'ont jamais lieu, et comme d'ailleurs la courte durée de l'appa- rition rendrait dans tous les cas les déterminations fort incertaines, on ne peut se faire une idée exacte des éléments qui doivent servir à déterminer la hauteur des météores lumineux au-dessus de la surface de la terre, que par l'ensemble et l'accord de plus de deux observations faites sur des méri- diens et sur des parallèles assez distants des uns des autres. » Sous ce rapport, l'observation faite à S'-Rambert, par M. Sauvanau, sur le bolide du 9 juin dernier, est extrêmement précieuse; car, indépendamment de l'exactitude que cette observation paraît avoir, la différence considérable de longitude entre S'-Rambert et les trois stations de Toulouse, de Bor- deaux et d'Angers, permet de donner aux calculs de parallaxe une grande précision , et même de déterminer avec assez de certitude les erreurs dont les observations doivent se trouver entachées. On en jugera par la compa- raison des résultats obtenus en combinant les observations deux à deux , et par la faiblesse des modifications qu'il feut apporter à chacune d'elles, pour faire concorder tous ces résultats. Mais aussi, en donnant une grande exactitude, les calculs deviennent, dans ce cas, fort longs, fort délicats et souvent très-difficiles. Les questions de physique céleste auxquelles ils se rattachent sont cependant assez importantes pour justifier l'emploi du temps que j'ai consacré à ces calculs. » La direction de la trajectoire exerce une très-grande influence sur les résultats obtenus pour la hauteur et par suite pour la vitesse, car de cette direction dépendent les longueurs des bases employées. C'est ainsi qu'en admettant la direction E.-O., j'avais trouvé 1 97556™,o pour la distance de la trajectoire à la terre , d'après les observations d'Angers et de Toulouse, ( i58 ) tanrlis qu'en partant delà directions. E.-N.O., indiquée par M. Sauvanau, j'avais vu que cette même distance pourrait se réduire à 94i37™,o; néan- moins j'avais remarqué en même temps que les observations de Bordeaux et de Toulouse étaient incompatibles avec l'hypothèse de cette direction S.E.-N.O., et depuis mon retour ici, je me suis livré à un travail qui m'a permis de satisfaire à l'ensemble des observations. » J'avais d'abord cherché à établir, dans ce but, les éqtiations de condition qui devaient me donner la véritable direction de la trajectoire. Ces équa- tions étaient au nombre de six ; mais l'inconnue à déterminer se trouvant engagée sous des lignes trigonométriques et des arcs de cercle, j'ai pré- féré recourir à une méthode d'approximations successives qui , bien qu'elle fût moins directe, me permettait d'apprécier à chaque pas le degré d'exac- titude des résultats que j'obtenais. » Pour cela , en regardant comme rigoureusement exactes les observa- tions de Toulouse et de S'-Rambert , j'ai calculé la position des plans passant par chacune de ces deux stations et parla trajectoire apparente, et j'ai trouvé que les traces ouest de ces plans sur les horizons de Toulouse et de S'-Ram- bert, faisaient avec les parties nord des deux méridiens des angles de (64°i9'39,",o\(75'27'2i",55). Il a été facile d'en conclure que la trajectoire n'était pas parallèle à l'horizon de S'-Rambert et qu'elle se rapprochait du parallélisme avec l'horizon de Toulouse. » En ramenant dès lors l'observation de S'-Rambert sur l'horizon de Toulouse, j'ai obtenu (6g°24') pour la direction de la trajectoire par rapport au méridien. Quoique ce nouveau résultat indiquât encore que la courbe décrite n'était pas rigoureusement parallèle à l'horizon de Toulouse, j'ai cependant calculé sa hauteur en adoptant les données suivantes : Hauteur angulaire, au-dessus de l'horizon de Toulouse, de la trajectoire vue de Toulouse du côte du nord. . . 37''i4'33",o =: H calculée. Hauteur angulaire , au-dessus de l'horizon de Toulouse , de l.i trajectoire vue de S'-Rambert du côté du midi. . 37.49 oo ,0 = H' calculée. Hauteur angulaire, au-dessus de l'horizon d'Angers, de la trajectoire vue d'Angers du côte' du midi 46-3o-oo >o = H" observée. Hauteur angulaire, au-dessus de l'horizon de Bordeaux, delà trajectoire vue de Bordeaux du côté du nord.. . 44-3o-oo ,0 = H" observée. Direction de la trajectoire par rapport au méridien 69.30.00 ,0 = D calculée. « Voici les résultats trouvés en tenant compte dans les calculs de la cour- bure de la Terre. ( '59 ) Distances ano- males de la tra- jectoire à la terre (A'). 273685 ,9 Distances à la Bases era- terre(A). ployées(B). (1) Parles obs. d'Angers et de Bordeaux. . i44M8"',i5 2746i5'",6 (2) Angers et Toulouse i6o453 ,00 348754 ,0 (3) Angers et S*-Rainbert.. . 899,7 (4) Toulouse et S*-Rambert. i35ooi ,00 358591 ,0 (5) Toulouse et Bordeaux . . 73127 ,0 (6) Bordeaux et S'-Rainbert. 11 7701 ,90 280982 ,0 Moyenne des quatre combinaisons (i), (2), (4),(6) 3935o"',85 ->> Les résultats erronés que présentent les combinaisons Angers et S'- Rambert, Toulouse et Bordeaux, sont dus en partie à la petitesse des bases et en grande partie à la position de la trajectoire située au S.O. des deux premières stations, au N. E. des deux autres. I! résulte de ces circonstances que la plus légère erreur sur les hauteurs angulaires observées altère con- sidérablement les résultats; mais en même temps ces anomalies ont l'avan- tage de montrer avec beaucoup de netteté quelles ont dû être les erreurs des observations. » Les calculs précédents m'avaient indiqué très-clairement que la trajec- toire n'était pas entièrement parallèle à l'horizon de Toulouse ; j'ai donc été naturellement conduit, après ce premier essai, à ramener les observations de Toulouse et de S'-Rambert sur l'horizon d'Angers, et les angles (66°! '2",! 2), (66°7'59",63 , que j'ai obtenus pour la direction de la trajectoire vue de ces deux stations par rapport au méridien , m'ont prouvé qu'en efïet , confor- mément à l'observation de M. Morren, cette trajectoire était très-sensible- ment parallèle au nouvel horizon auquel je la rapportais. J'ai donc eu à em- ployer, dans cette seconde hypothèse, les données suivantes, dont les trois premières sont rapportées à l'horizon d'Angers : H = 43° 7'47",53 calculée. H'= 36. 5.33 ,38 calculée. 11"= 46.3o.oo ,00 observée. 11"= 44*3o.oo ,00 observée. D = 66. 4-00 )Oo et j'en ai déduit ( i6o ) Valeurs de (A) ou des Valeurs de (B) ou des Valeurs de (A') ou distances à la terre . bases employées. des distaoces ano- males de la trajec- toire à la terre- Paria combinaison (i) i4o544"'>5o 67659a°',96 (2) 160945 ,25 3303^8 ,46 (3) 29843 ,80 "ji3^'^M (4) 14^456 ,00 3^0522 ,60 (5) 61069 >'® 4'97^^ fi*^ (6) i3i434 »55 304199 ,3o Moyenne " 145095,16 peu différente de la valeur trouvée plus haut. » Les combinaisons Toulouse et Bordeaux, Angers et S'-Rambert pré- sentent encore des anomalies comme dans le cas précédent; mais si , au lieu de (66*4') on adopte (64°o') pour la valeur de D, et (4i°3o') au lieu de (43''7'47") pour celle de H, on obtient Valeur8de(A). Valeurs de^B). Valeurs de (AO- (1) 138142,95 263229,10 (2) i5o4oi,oo 3i874i>32 (3) 47^21,50 111403,76 (4) 148240,25 377066,10 (5) 53702,38 254016,60 (6) 136494, 40 317685,87 Moyenne.... i434i9,65 les valeurs données par les combinaisons (3), (5), se sont rapprochées. » Une quatrième approximation avec D = 62"3o' H = 4i»oo' H' = 35. 3o H" = 46.3o H* = 44.30 donne Valeurs de (A). Valeurs de (B). Valeurs de (A'). (l) 136284,90 259798,35 (2) 144928,20 3ioo34,38 (3) 59797,10 132774, 85 (4)......... 148898,55 38i5o8,4o (5). 4^31 i,3o 209423,35 (6) 138717,90 327216,60 Moyenne .. . 142207,39 ( i6i ) ,. En parlant de D = ea^So', H = /io°3o', H' = 35°3o', H" = 46''oo', H"'= 45*00', on trouve pour cinquième approximation Valeurs de (A). Valeurs de (B). Valeurs de (A'). (i) i363i8,7o 259798,35 (2) 143680, 5o 3ioo34,38 (3) • 59797,10 138435,75 (4) i4843a,o5 38i5o8,4o (5) 483ii,3o 176522,80 (6) 139142,35 327216,60 Moyenne.... 141893,40 » Une sixième approximation avec D = 62°3o', H = 4o°oo', H' = 35°3o', H" = 46°oo', H"' = 45°3o', fournit les résultats suivants: Valeurs de (A). Valeurs de(A'). (0 137604,65 \ (a) 140818,55 I ^ , ■ „^ ,_. oo/o/sr e I Les valeurs de (B) restent 3) 138435,75 \ . \^ , ,> ,,c,f > les mcmes que dans le cas f4) .44674,25 (précédent (5) 154823,00 \ P'eceaent. (6) 140842,50 / Moyenne.... 140984,99 et en tenant compte des six combinaisons : moyenne = 142866,45. » Enfin, par une septième approximation avec D = 62°3o', H = 39''45', H' = 35°45', H" = 46''oo', H'" = 45-45', on trouve : Valeurs de (A). Valeurs de (A'). (1) 138216,90 (2) 140082,40 (3) i42o55,6o i42o55,6o l Les valeurs de (B) restent (4) 144733,70 [ encore les mêmes. (5) 1 455 1 4 , o5 1 455 1 4 , o5 (6) 142129,45 Moyenne.... 142122,02 c'est la valeur que l'on doit adopter pour la distance de la trajectoire à la terre, et qui du reste, il est bon de le remarquer, difiere très-peu des valeurs trouvées dans chacune des approximations précédentes par les combinaisons (i), (2), (4), (6). Quant aux erreurs des observations, elles sont indiquées par le tableau suivant. C. K. , <^l, i" Semestre. (T. XIV, N > 4.) 22 ( l62 ) Valeurs primitives. Valeurs corrigées. H = 43° ■7'47",53 H = 39045' H' = 36. 5.33 ,38 H' = 35.45 H" = 46.3o.oo ,00 H" = 46.00 H" = 44.30.00 ,00 H" = 45.45 D = 66. 4'00 ,00 D = 62.30 » Ainsi, il est prouvé que le météore du 9 juin i84i a brillé d'un éclat très-vif, hors des limites de notre atmosphère. » D'après M. Sauvanau , ce météore aurait parcouru , en 5" de temps, un arc de 77° 3o' qui correspondrait à 387552"',4 , et par conséquent à une vitesse relative autour de la terre de 775io'",5. » Mon estimation à Toulouse donnerait au moins 4o2go4"",7 pour le che- min apparent parcouru en i5"; d'où j'ai déduit, en tenant compte du mou- vement de rotation de la Terre , oblique par rapport à la trajectoire , le nombre 35go45'",4 en i5"; nombre peu différent de celui que M. Sauvanau trouverait correspondre à cinq secondes. » Or, en admettant une erreur égale de 5" en moins et en plus dans les deux observations, erreur que l'égalité presque complète des chemins parcourus dans les deux cas rend assez probable , on trouve 37722g°',885 pour la vitesse en une seconde autour de la Terre. » On en déduit pour la vitesse absolue dans l'espace le nombre 40902", 3'J!, un peu plus grand que celui qui exprime la vitesse de la Terre dans son orbite; on obtient également 35° 4'' • i">8o pour l'angle compris entre la direction de cette vitesse et le rayon vecteur du météore au soleil; on trouve enfin 55° 18' 12" entre la courbe que décrivait le météore et celle que par- courait la Terre. » En partant de ces données, il est facile de voir que l'action seule du soleil devait faire décrire au météore une ellipse dont voici les éléments déterminés au moment de l'observation par le rayon vecteur, la vitesse et la direction du mobile : Longitude héliocenlrique du nœud ascendant 79''oo' Longitude héliocenlrique du pe'rihélie dans l'orbite à partir du nœud ascendant 295''i'j'4o" Longitude héliocen trique du périhélie sur l'écliptique à partir de l'équinoxe 1 4. 3o . 5 Distance périhélie, celle de la terre au soleil étaut l'unité 0,30781 92 Excentricité 0,94 16270 Demi-grand-axe 5,2733i5o Durée de la révolution 4422^, 988 Inclinaison de l'orbite 7''48'53" Mouvement héliocenlrique direct. ( i63 ) » Mais comme l'attraction de la terre sur le météore , lorsqu'il fut ob- servé à Toulouse, était i55i fois plus forte que celle du soleil, si l'on fait abstraction de l'influence perturbatrice du soleil et de lalunesitués,le9Juin, dans le voisinage l'un de l'autre, et dont le météore tendait à se rapprocher, on trouve qu'en vertu de la vitesse acquise, ce météore devait décrire une hyperbole dont la Terre occupe le foyer, et dont le plan est élevé sur l'éqiiateur d'un angle de 52°4'6". Cette hyperbole perce l'équateur à 254''4 ''48" d'ascension droite pour le nœud ascendant; l'ascension droite du périgée = I99°43'a9"; la distance périgée =65o8322™; enfin l'excen- tricité ::=! 8,344 14» ^^ '^ mouvement géocentrique est rétrograde. Par rapport à l'écliptique on aurait : Inclinaison 39°36' 5o" Longitude géocentrique du périgée 173.25.00 Longitude géocentrique du nœud ascendant. 274- 2.35 Mouvement géocentrique rétrograde. CHIRURGIE. — Observation d'un cas de rétrécissement de l'œsophage , guéri par le cathétérisme ; par M. Gendron. i< La Note que je présente aujourd'hui , dit M. Gendron , fait suite à un Mémoire que j'avais adressé à l'Académie en 1837. Ce troisième fait de guérison d'une maladie le plus ordinairement mortelle me paraît devoir atttirer l'attention des praticiens sur l'efficacité du cathétérisme gradué et intermittent tel que je l'ai employé. Je demande, en conséquence , que l'ensemble de mes recherches sur ce sujet soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. » (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) PHYSIQUE APPLIQUÉE. — JVoticc sur les perfectionnements apportés à la forme des cheminées de lampes pour l'éclairage au gaz et à V huile ; par M. BuiSSONNEAU. (Commissaires, MM. Gambey, Regnault, Babinet. ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Noticc additionnelle à un précédent Mémoire sur une écluse à siphon alternatij'; par M. Girard. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) 22.. ( i64 ) ORNITHOLOGIE. — Mémoire sur une nouvelle classification des oiseaux; par M. J. T. Cornay. (Commissaires, MM. Duméril, de Blainville, Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire. ) ZOOLOGIE. — Histoire naturelle des animaux sédentaires ou de passage qui se trouvent à Vétat sauvage sur le sol de la France. — 1"* partie , Mammalogie ; par M. Braguier. Dans la Lettre jointe à ce manuscrit, l'auteur annonce que, se propo- sant de publier un ouvrage élémentaire sur la Zoologie de la France, il s'est adjoint pour collaborateurs plusieurs naturalistes dont il fait con- naître les noms : ce sont MM. Lesson , Guérin-Menneville , Chevrolat , Rousseau et V. Meunier. (Commissaires, MM. Duméril, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. ) ERPÉTOLOGIE. — lYoisième Mémoire sur l'incubation et autres phénomènes observés chez les ophidiens; par M. Iiumarre-Picqvot. Dans ce Mémoire, l'auteur revient sur les faits qu'il avait exposés dans ses précédentes communications , et confirme ce qu'il avait dit , relative- ment à l'incubation de certains grands ophidiens, par l'observation faite, il y a peu de temps en Transilvanie, d'un cas pareil à celui qu'il avait rap- porté. A l'occasion de cette présentation, M. Dcméril, qui avait rédigé le rap- port sur le premier Mémoire deM. Lamarre-Picguot^annonce qu'il se pro- pose de communiquer dans une prochaine séance de l'Académie un travail dans lequel seront discutées les observations reproduites aujourd'hui et celles de M. Valenciennes. (Le Mémoire de M. Lamarre-Picquot est renvoyé à l'examen de la Com- mission qui doit faire le rapport sur celui de M. Valenciennes.) MATHÉMATIQUES. — Divcrs problèmes de Géométrie ; par M. Gedoiiv. ( Renvoi à l'examen de MM. Puissant et Sturm qui jugeront si ce Mémoire est de nature à devenir l'objet d'un rapport. ) L'Académie reçoit un Mémoire adressé pour le prix proposé concernant le calcul des variations. ( Renvoi à la future Commission.) ( »65 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Aguiculture et du Commerce consulte rAcadémie rela- tivement à une proposition tendant à compléter notre système de mesures par l'établissement d'une unité pour l'expression de la force des machines. « La Société industrielle de Mulhouse , dit M. le Ministre , m'a adressé une proposition faite par M. Penot, l'un de ses membres, pour fixer la détermination d'une unité djnamiqi4e légale. Celte proposition a été sou- mise à l'examen du Comité consultatif des Arts et Manufactures, qui, dans sa séance du 27 novembre 1841, a émis un avis dont la copie est ci-joint. » En vous priant, M. le Président, de mettre sous les yeux de l'Académie des Sciences les pièces qui accompagnent ma dépêche , je désire que vous me fassiez connaître si la proposition dont il s'agit, qui tend à apporter des modifications aux dispositions faites tant par les lois constitutives du sys- tème métrique que par la loi du 4 juillet 1887, vous paraît de nature à être prise en considération et à recevoir la suite que les pétitionnaires réclament. Je vous prie également de vouloir bien prendre le soin de m'in- f'ormer des dispositions que vous jugerez convenable de provoquer à cet égard. » MM. Biot, Arago, Mathieu, Poncelet, Coriolis prendront connaissance des pièces adressées par M. le Ministre et soumettront à l'Académie lui projet de réponse. M. d'Hombres-Firmas adresse d'Alais une Notice ayant pour titre : Sou- venirs du J^ésuve. PHYSIQUE. — Extrait du Mémoire de M. Magnus, sur la dilatation des gaz, lu à l'académie de Berlin^ le 25 novembre 1 84 1 . «Depuis qu'on sait que l'air se dilate par la chaleur, ou depuis Drebbel qui, il y a deux cents ans, faisait usage de cette dilatation pour observer des différences de température, on s'est occupé de la mesurer. Pendant tout le siècle passé, les physiciens ont obtenu des résultats tout-à-fait op- posés; mais, au commencement de ce siècle, M. Gay-Lussaca trouvé que l'air sec se dilate entre o" et 100°, de 0,875 de son volume à 0% et il a dé- montré en même temps que tous les gaz et toutes les vapeurs se dilatent ( i66 ) de la même quantité. Un résultat semblable, indépendant de celui de M. Gay-Lussac, a été obtenu par M. Dalton , à Manchester. Il existe à peine en physique un autre nombre que l'on ait considéré comme aussi bien déterminé que celui-ci , car M. Gay-Lussac, si justement célèbre par l'exactitude de ses travaux, avait entrepris, sur le même sujet, deux séries de recherches qui l'avaient conduit au même résultat, et MM. Dulong et Petit , physiciens dont les beaux travaux méritent une égale confiance, avaient répété, comme ils l'ont dit eux-mêmes, les expériences de M. Gay-T^ussac, et après avoir trouvé le même résultat, ils l'ont pris pour point de comparai- son dans leur travail classique sur la chaleur. Personne ne doutait que ce travail ne fut juste , lorsque, il y a quelques années. M, Budberg, à Upsala, publia un travail sur la dilatation de l'air atmosphérique qui ne confirma point le nombre de M. Gay-Lussac , car ses observations donnaient o,3646. » Mais M. Rudberg ne s'est occupé que de la dilatation de l'air atmo- sphérique, et il n'a point examiné les autres gaz. Malheureusement la mort l'a empêché de compléter cette partie de ses recherches, et comme per- sonne, depuis lui, ne s'est occupé de ce sujet, on ne sait lequel des deux nombres précédents est exact, et l'on ignore, en conséquence, si l'une des lois les plus générales de la physique, la dilatation uniforme de tous les gaz, est vraie ou fausse. » M. Magnus a entrepris de nouvelles recherches sur ce sujet, parce qu'il croyait possible que les deux nombres, celui de M. Gay-Lussac et celui de M. Rudberg , pussent être justes. Car M. Gay-Lussac a observé la dilatation de l'air à pression constante, tandis que M. Rudberg l'a observé à volume constant et à pression variable. M. Magnus a employé la méthode de M. Gay-Lussac, espérant qu'elle fournirait le moyen de découvrir la véri- table cause de la différence entre les deux résultats. II est clair que M. Gay- Lussac ne croyait pas sa première méthode assez exacte , car sans cela , il n'aurait pas imaginé la seconde. C'est celle-ci que l'auteur a employée, presque tout-à-fait coinme elle est décrite dans le Traité de Phjsique <\e M. Biot, 1. 1, p. 182. La seule différence consistait en ce que M. Gay-Lus- sac avait calibré ses tubes de manière qu'il pouvait observer directement les volumes de l'air à 0° et à 100°. M. Magnus, au contraire, a marqué avec un diamant, l'endroit où le mercure se tenait à ces températures, et quand l'expérience était finie , il pesait les tubes vides, les remplissait alors de mercure jusqu'à la marque du diamant pour le volume de l'air à 0°, les pe- sait de nouveau , et les remplissait de mercure jusqu'à la marque pour le ( «67 ) volume à ioo°, et les pesait de même. Pour être sûr que le mercure avait la même température, quand il remplissait les deux volumes, on plaçait les tubes dans un grand bain d'eau qu'on maintenait à une température constante. Comme il s'agissait de savoir jusqu'à quel point cette méthode était exacte, on plaçait toujours deux tubes à la fois, l'un à côté de l'autre, aux deux températures de la glace fondante et de la vapeur d'eau bouillante. Mais deux expériences tellement égales ne donnaient presque jamais le même résultat. » M. Magnus s'est donné toutes les peines possibles pour éviter toutes les causes d'erreur, et il a changé les dispositions de la caisse en tôle dans laquelle il exposait les tubes à la vapeur d'eau. Il a aussi éloigné, autant que possible, les causes locales des abaissements de température qui au- raient pu avoir lieu, par la manière de chauffer, ou par d'autres circon- stances ; enfin, il a varié le calibre des tubes qu'il a employés. Mais, malgré tout cela , il lui a été impossible d'obtenir des résultats concordants. » La cause de l'incertitude de cette méthode dépend, à ce qu'il paraît, de ce qu'une goutte de mercure ne ferme pas complètement un tube, ce métal ne pouvant pas entrer dans les petites raies qui se trouvent sur les parois intérieures des tubes, et qui sont souvent si fines qu'il est impossible de les voir. Car si l'on plaçait les boules dans de la glace fondante, et plus tard dans les vapeurs de l'eau bouillante, et si on les refroidissait de nou- veau jusqu'à la température de la glace fondante, l'air n'occupait presque jamais exactement le même volume qu'au commencement. Tantôt ce vo- lume était plus petit , tantôt plus grand , suivant que l'air s'était échappé le long de la goutte de mercure, en refroidissant ou en échauffant la boule. » Les nombres suivants sont les résultats que l'auteur a obtenus par cette méthode , calculés pour la pression de 28 pouces P. à 0°: les nombres qui sont joints ensemble sont les résultats de deux expériences simulta- nées. S'il était permis de prendre la moyenne de ces nombres si peu cor- respondants, cette moyenne serait déjà bien plus petite que 0,376. ( 1 0,37386 ( 2 0,38269 !î 0,36607 6 0,36731 ( 9 0,36972 (10 0,37140 (13 0,36888 (14 0,36926 i 5 0,36912 ( 4 0,37654 7 0,36431 8 0,35985 ( 11 0,37062 (12 0,36903 (IS 0,36663 (16 0,36709 i 17 0,36569 (18 0,36229 21 0,36774 22 (25 0,38769 .(26 o,36o34 (29 0,37302 (30 0,37211 19 0,36673 (20 o,355oo (23 0,37254 (24 o,3635i (27 0,37885 (28 0,36712 31 o,368i5 32 0,37514 C iG8 ) » Comme cette méthode ne présentait pas assez de certitude, M.Magnus s'arrêta à celle de M. Rudberg , la regardant comme préférable à toutes celles employées jusqu'à ce jour. Il ne changea rien à celte méthode, et l'employa telle qu'elle est décrite dans les Annales de M. Poggendorff', tome XLIV, page iig, pour déterminer la dilatation de l'air atmosphé- rique, de l'hydrogène, de l'acide carbonique et de l'acide sulfureux. Pour calculer les résultats, il était nécessaire de connaître la dilatation du verre employé: l'auteur l'a déterminée de la même manière que MM. Dulong, Petit et Rudberg, c'est-à-dire par un thermomètre à déversement; il l'a trouvée = 0,002547 (moyenne de dix-huit expériences), MM. Diilong et Petit avaient trouvé o.ooaSSSg, et M. Rudberg 0,002 a^-f). M. Rudberg pen- sait que la différence entre les résultats de MM, Dulong et Petit et les siens tenait à ce que les verres français étaient à base de soude, tandis que le verre suédois était un verre à base de potasse. L'analyse du verre em- ployé dans ces recherches adonné: » Acide silicique 67,305 pour cent; alumine 1,5.58; chaux 11,892; po- tasse 12,404 ; soude 7,i4i- Ce verre contenait donc moitié potasse et moitié soude. » Pour calculer la température des vapeurs d'eau par l'observation du baromètre, M. Magnus a employé les corrections données par M. Egen dans les Annales de Poggendorff, tome XXVII, page g, qui s'accordent avec la formule pour la tension des vapeurs d'eau de MM. Arago et Dulong. Il a pris la température des vapeurs sous une pression de 28 pouces P. pour 100°. » Il est bon de remarquer que pour les huit expériences faites sur l'air atmosphérique, on a employé quatre tubes différents, et opéré quatre fois aussi sur des quantités différentes d'air. Pour les quatre expériences avec l'acide carbonique , on a employé trois tubes différents : l'acide était tou- jours retiré du bicarbonate de soude par l'acide sulfurique; et pour être sûr qu'il ne contenait pas de vapeurs sulfuriques , ou le faisait passer à tra- vers une dissolution de bicarbonate de soude. Pour le dessécher, on le fai- sait passer à travers un tube de trois pieds de longueur rempli de chlorure de calcium, ou bien on le laissait pendant quarante-huit heures en contact avec une quantité considérable du même sel. Pour les trois expériences avec l'acide sulfureux, on a employé trois tubes différents. Le gaz était toujours produit par de l'acide sulfurique et du mercure : afin de lui enlever l'acide iulfurique qu'il avait pu entraîner, on le faisait arriver dans une solution de sulfate de potasse et delà dans un tube de quatre pieds rempli de chlorure ( '69 ) de calcium- Dans une seconde expérience, le gaz fut conduit, non plus à travers une solution de sulfate de potasse, mais d'abord à travers un tube étroit de six pieds de long , maintenu à une basse température, et ensuite à travers le tube contenant le chlorure de calcium. Enfin la troisième quan- tité a été pendant quarante-huit heures en contact avec du chlorure de calcium. Voilà les résultats q^u'on a ojjtenus: L'air atmosphérique. Hydrogène. Acide carbonique. Acide sulfureux. 0,36724' 0,367899 o,36553o 0,3683 19 0,389761 o,365o3a 0,365984 0,365701 0,369078 o, 383884 o,366o33 0,366596 o, 365829 o,3684o4 0,383209 0,366164 0,367154 0,365577 0,370547 Moyenne o,3665o8 o, 365659 0,369087 o,3856i8 » Les différentes manières de dessécher les gaz sont, comme on le voit, sans influence sur les résultats. Mais la dilatation de l'acide carbonique est sans doute un peu plus grande que celle de l'air atmosphérique, et celle de l'acide sulfureux est encore plus grande que celle de l'acide carbonique. Celle de l'hydrogène parait, au contraire, être un peu plus petite que celle de l'air atmosphérique. Les différences ne sont pas bien considérables, mais elles se montrent dans chaque expérience. » On voit donc que la loi de la dilatation égale des gaz n'est pas rigou- reusement juste. L'auteur est de l'opinion que les petites différences qu'on observe à cet égard proviennent de ce que les gaz compressibles ne sui- vent pas la loi de Mariotte; car les écarts de cette loi se montrent non-seu- lement tout près de leur point de condensation, mais uussi à une pression qui est de quelques atmosphères plus basse, comme MM. OErsted et Des- pretz l'ont démontré, et comme l'auteur lui-même l'a trouvé en répétant leurs expériences. Cependant il est possible que les différents gaz se dila- tent différemment, et la différence entre la dilatation de l'hydrogène et de Vair atmosphérique paraît confirmer cette opinion. La détermination de la dilatation des vapeurs pourrait éclairer ce point, et l'auteur s'est proposé de faire des recherches sur cette question. » Tous les coefficients des différents gaz ne sont au reste que très-peu éloignés du nombre o,'66 que l'auteur a trouvé pour l'air atmosphérique, d'où l'on voit que le coefficient 0,^75 n'est pas juste. » M. Rudberg a trouvé la dilatation de l'air atmosphérique dans son premier travail = 0,364?) et dans le second = 0,86457 ; moyenne des deux C.R., 184a, i«f Semejrre. (T.XIV, N»4.) . ^^ ( 170 ) coefficients = o,36463. M. Magnus, au contraire, a trouvé o,3665, et le nombre le plus petit qu'il ait obtenu est encore o,365o. La différence entre les deux résultats devient encore plus grande si l'on réfléchit que le nombre de M. Rudberg est la dilatation de 0° jusqu'à la température de l'eau bouil- lante, sous une pression de 760 millimètres , tandis que celui de M. Ma- gnus donne la dilatation jusqu'à la température de l'eau bouillante, sous ime pression de 28 pouces P. Mais ces deux températures sont différentes, et si l'on calcule le coefficient de M. Magnus pour la pression de 760 mil- limètres, il devient = 0,366782. » La différence entre ce résultat et celui de M. Rudberg , quoique très- petite, se répète dans chaque expérience. L'auteur n'en a pas pu trouver jusqu'à présent la cause, mais il espère qu'il réussira à la saisir en continuant son travail. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Lettre de M. Mallet sur son procédé pour la puri- fication du gaz d'éclairage. — Nouvel avantage résultant de l'emploi de ce procédé. « Dans la séance du 16 aoi'it dernier, M. Dinnas a fait à l'Académie un rapport sur les résultats obtenus dans l'usine au gaz de Saint-Quentin par l'emploi d'un nouveau procédé d'épuration dont je suis l'inventeur. » J'ai , depuis le rapport du célèbre chimiste , observé im résultat nou- veau du procédé eu question. Non-seulement le gaz est totalement privé de son ammoniaque et de son acide suif hydrique , mais aussi d'une portion très-notable de naphtaline et de produits empyreuniatiques. Voici com- ment j'explique ce fait : la naphtaline et autres corps pyrogénés produits par la distillation de la houille ( corps qui ne sont peut-être pas encore bien définis et parmi lesquels je pense qu'il existe de la créosote\ sont plus ou moins volatils , mais leur volatilité est augmentée par la présence de carbonate, suif hydrate et autres combinaisons très-volatiles d'ammoniaque qui existent avec eux dans le gaz. Il y a une véritable combinaison entre ces corps pyrogénés et une partie de la base des sels ammoniacaux dont les acides peu énergiques sont loin de neutraliser complètement l'am- moniaque , base puissante. » Par le passage du gaz à travers le chlorure de manganèse, les combinaisons ammoniacales sont dénaturées , l'ammoniaque se trouve fixée et la naphtaline, mise en liberté, est entraînée avec le précipité ou surnage la liqueur. Je joins à cette note un peu de précipité formé dans les lavmes, précipité composé en majeure partie de carbonate et de sulfate de manganèse, et dans lequel se trouvent englobés les corps pyrogénés dont l'odeur, si pénétrante et si désagréable , se reconnaît facilement. » Dans le système ordinaire d'épuration les acides carbonique et suif- hydrique , absorbés en partie par la chaux, laissent libre l'ammoniaque, qui retient alors la naphtaline avec une grande énergie. Oi' celte ammo- niaque qui reste dans le gaz est au moins la moitié de celle qui se trouve dans les eaux dites ammoniacales de condensation. On sait que la naphta- line a , outre son odeur, l'inconvénient d'engorger et d'obstruer les con- duites de gaz au bout d'un certain temps. » Je ne veux ni ne dois dissimuler qu'il reste encore au gaz, épuré par mon procédé, une odeur empyreumatique, mais cette odeur est bien moindre que celle connue généralement. » M. DE HuMBOLDT trausmct une Note imprimée, extraite d'un journal quotidien, relative à une observation de M. Bessel sur un phénomène de lumière atmosphérique qui n'était autre chose que la réflexion d'un incen- die sur des nuages probablement glacés. M. DE HuMBOLDT transmct également deux Mémoires de M. Dove : l'un sur les courants d'induction dans l'aimantation du fer par télectriciié , l'autre sur \e magnétisme des métaux réputés jusqu'à présent non magné- tiques. M. yirago se propose de rendre compte de ces recherches dans une prochaine séance. M. DE Caligny adresse une nouvelle Lettre relative à la déformation du tube du puits foré de l'abattoir de Grenelle, Lettre dans laquelle, en sub- stance, il fait remarquer que dans une de ses précédentes communications sur le même sujet, il avait déjà indiqué comme origine de l'écrasement la cause que M. Combe a, depuis, développée; savoir, une évacuation mo- mentanée du liquide par un mouvement de recul delà colonne ascendante. M. Anurauo adresse une Note relative au même accident. Les infor- mations qu'a reçues M. Audraud sur les circonstances qui ont précédé ou accompagné l'écrasement sont inexactes en plusieurs points, et ainsi ce n'est pas au phénomène tel qu'il a été observé que se peut appliquer l'explication proposée. 23.. ( 172 ) Éphémérides de la comète à courte période de Encke, calculées par cet astronome et communiquées à M. Arago par M. Airy. ÉLÉMENTS. Époque : 1842, 12 avril , à o h. de temps moyen de Berlin. Anomalie moyenne 359°58'34",3 Mouvement en uu jour sidéral I07o",6i433 Angle de l'excentricité 7) Équinoxe moyen du Longitude du nœud 334.39 i ,8f 12 avril 1842. Les ascensions droi tes et les déclinaisons sont rapportées à l'éq uinoxe du 1 2 avril i S^i. Temps moyen de nerlin o h. ASCENSION droite de la comète Mars 3 5 7 9 II i3 i5 •7 '9 21 33 25 27 3i Avril Mai 10 12 \i 18 20 22 28 3o 70 2'5l" 8.14. 6 9-27 37 10.43-39 12. 2.18 i3.a3.44 ij.4f. 4 ifj. 15.28 17.46. 2 19. 10. 5i 20.56.58 22.37.20 34.20 48 2(). 7. O 27, "i5. II 29 4^ 9 3i. 31.54 3 J. 15.24 34.50.12 36 10.22 37. 8.46 37.38 22 37, 33.. 57 36.53.55 35.40.4} 34. o. 5 3i.5q.io 29 45.38 27.25 26 25 22. 4i 4.15 l5.37 20 . 3 I . 57 18.24 36 16.24. 5 i4.3o.3i 12.43. o II. 1.20 9.24.36 CD temps. 0i'28miis8 0 • 32 . 56 , 0.37.50, 0.42.54, .34,9 .12,3 2. 19. 2.24, 1-22. 7,8 I.!3.3S,4 I. 5. .36,5 0.58. 1,4 0.5o.,52,0 0.44. 5,3 0.37.38,4 DIXLINAIS, delà comèlc 0" 5o' 39' I . 17.20 +11.44.39 3.12. 4 + 12. 39. 5g +i3. 8. Il 3 36.32 +■4- 4-5} +14.33. 5 + i5. o.5o + i5.37.5r i5.,53.4o + 16.17.46 + 16. 3() 32 + 1H.57.28 + 17.10.46 + 17. + 17 + 7. 16, i5. |3, II 9 6, + 4. + I — o, — 3, 5 17.38 i5. 17 1.30 32. 19 M' . 4:45 13. O I. 3 36.53 5.i5 3i.5o 58.32 33, 1 5 ,37. 0 7.41.41 9.36. 5 — 11.20.40 — 13.56. 16 14.23.53 II). 59. 33 LOGAHITHME de la distance de la comète O,23o84 0,22433 0,21736 209/2 0,2011 0 , 1 93i 0,18.133 0,17451 o,i6joi 0,15367 14041 0,13713 0,1 1368 0,09691 07962 0,06061 o,o3q64 o,oi65o !)>93'02 9,96325 9,93347 9,90241 9,87118 9,841 15 9,8i365 9,78.)68 9,76985 9,75438 9,74-'77 9,73483 9,72987 9,7^732 9,72658 9,72716 9,72866 9->3o74 9,-3316 73574 Tempi moyen de Berlin o h. 9,98237 9,9i55o 9,8325o 9,72841 9,60821 9,. 53775 9,60596 9,72610 9,83o04 9,9i4<"' ASt;E-N.SION droite de ta c-m.'tc n arc. en temps. Mai Juin 16 18 20 22 24 26 28 3o I 3 5 7 !) 1 1 i3 i5 '7 '9 21 23 35 27 7_''5i'55' 6.22.28 4.55.23 3.29.53 3. 5.12 0.40.35 359. |5.21 357.48.51 Juillet 7 9 1 1 i3 i5 '9 21 33 35 27 29 356 354 353 35i. 349- 348. 346. 344. 3+2. 340. 3,i8. 336. 333. 33i. 339. 30.27 .40.34 1D.40 38.16 .56.57 11.2', 31 21 »6.39 37. 16 23.17 .4.54 2.26 46.18 37. 4 5.24 336.43. 7 324.18. 5 331. .54. 12 319. 3t. 28 317. 10 .5o 314.53.15 312.39 3i 3io.3o.26 308.26.37 3o6.38.33 304. 36 35 3o3 5i. o 30r.i1.54 399. 39. 31 1,i3.i7 o''3i'"3jS7 0.25.29,9 0.19.41 ,5 o. i3..59,6 o. 8 30,8 o. 3.42,3 23.57. ',4 23,5i.i5,4 23 45 23. 3q 23.33 23.36 23.10 23. n 33. 5, 22. .57, 22.49 22.41, 22.33 22. 2 '1 21. 1.5. 22. 5, 21. .56. 21.46. 21.37. 21.27. J1.18. 21. 8. 20.59. 20. 'lO. io.42. 20.33 20 35. 20. 18. 20 . 1 I . 20. 4 ■9.5s. 19.53 21,8 18,3 ■47,8 .45,6 ,25,4 ■46,' 59 !6 9,: . .'î,2 48, 31,6 48,5 12,3 36,8 5,9 43:3 33,0 38,1 46!^ 54,3 26,3 3i,„ 47.6 I LOGAHlTHÎdE DÉCLINAIS. <•« '" ilislance de la delà comète. -180 9' 34" — 19. i5.36 —20. 18.25 — 21 . 18.39 —23.16.53 -23.13.34 —24. 9. 6 -2:), 3.48 — 35 . 57 . 53 -26.5i.-)o -27.44. '(3 -2S.3;.3i -29. 21).. 52 — 3o.3i .36 — 3i.i2.2q — 3-1. 2. iS — 32 . 5n . 36 -.i3.37.io —34. 2 1. 35 — 3i. 3.29 -35. .12 28 —36 18, 12 -36 5o.22 -37.18.43 -37.4*. 1 -38. 3. 9 -38.19- 3 -38.3;>.46 -38.38.24 -38.42. 9 -38 43.14 -38 38.. 59 -38 32.43 -38.33 47 -.38.13.32 -37.. ',9. 18 -3;-44-24 -37 28- 9 à la Terre. 9,73834 9, 7408b 9.74329 ;), 74554 9,74763 9,74954; 9,75i3o (),^52g2'o,o3')58 9,98115 , 1 2357 9,75595 9.7-5743 9.75897 o, 03338 9,76064 9,76248 9,76458 9,76698 9,769:6 9,77298 9,77668 9,78092 0,1.5871 9,78574 9,79"7 9' 79721 9,80397 0,18978 9,81 i36 9,f;i942 9,82s 12 9,8.37(50,21756 9,847381 9,85786 9,86886 9,88o32 0,'!;i359 9,83220 9>9<'4i3| 9,9'697 9,92.()77 9,94378 9,95596 ,36541 ( «73 ) M. Dklvttre écrit qu'il est parvenu à combiner l'iode et le phosphore avec le sélénium. Avant de faire connaître les circonstances dans lesquelles la combinaison s'effectue, nous attendrons que i'auteur ait pu étudier les composés produits. M. CASIMIR DucROS présente une Note ayant pour titre : Solution du pro- blème de la course des voitures à vapeur et des convois entraînés sur des chemins de fer décrivant des courbes d'un petit rajon. M. Berriat, maire de la ville de Grenoble, et au nom de la municipa- lité de cette ville, prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission qui a été chargée de faire des recherches sur la perte de tem- pérature qu'une certaine masse liquide pourrait éprouver en coulant sous terre dans une longueur donnée de condidts . M. BiVNcni , opticien à Toulouse, écrit qu'il est parvenu à obtenir des iiTutges photographiques d'objets transparents et d'objets opaques éclairés par une lumière artificielle. M. NoTHOMB annonce qu'il a trouvé de l'avantage à substituer dans les opérations photographiques le protochlorure de mercure au mercure cou- lant employé daiis le procédé de M. Daguerre. M, Maratueii prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de constater les effets d'une méthode de traitement qu'il dit avoir essayée avec succès contre la morve des chevaux. M. Maratuelî sera invité à exposer sa méthode dans un Mémoire qu'on renverra alors à l'examen d'une Commission. M. Ai'GUSTiN Yanes annonce l'envoi prochain d'observations météo- rologiques qu'il a faites à Barcelone. MM. FicnET et Lacaze écrivent d'Orléans pour demander quelques éclaircissements relatifs à l'emploi de Yaréomètre dans la détermination de la densité du vinaigre, produit qui est pour la ville d'Orléans l'objet d'une importante fabrication. M. Durand adresse une réclamation de priorité relativement à quelques- unes des idées émises dans une communication récente de M. Lamé. La séance est levée à cinq heures. A. ( '74 ) (Pièces de la séance dw 17 janvier.) MËniOIRES LUS Recherches sur la composition des gaz des hauts -fourneaux ; par M. Ebelmen. (Commissaires, MM. Thenard , Chevreul , Berthier.) « Je me suis occupé dans ce travail de déterminer la composition à diffé- rentes hauteurs du courant de gaz qui circule à travers le haut-fourneau , en s'élevant depuis la tuyère jusqu'au gueulard. Ces recherches avaient un double but : chercher à apprécier, à l'aide des variations observées dans la nature du courant gazeux à diverses hauteurs, les réactions qui se passent dans l'ap- pareil; en second lieu, déduire des analyses la quantité de chaleur et la tem- pérature produite dans la combustion de ces gaz, ainsi que l'influence de la soustraction d'une partie plus ou moins considérable du courant sur la mar- che du haut-fourneau. " Dans un travail publié en iSSg (i), M. Bunsen avait déterminé, par les procédés ordinaires de l'eudiométrie, la composition des gaz jusqu'à une cer- taine distance du gueulard, mais ses résultats ne conduisaient à aucune con- clusion théoi'ique. » Des mélanges gazeux que j'avais à examiner pouvaient renfermer de l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone, de l'hydrogène pur ou carboné, enfin de l'azote. J'ai employé, pour en faire l'analyse, le procédé suivant : " he gaz était recueilli et mesuré dans une cloche graduée de i''*,6 de capacité, mobile de haut en bas dans une cuve cylindrique en fonte rem- plie de mercure; deux tubes recourbés, qui descendent jusqu'au fond de la cuve et remontent ensuite parallèlement à eux-mêmes jusqu'au-dessus du ni- veau du mercure , permettent d'introduire le gaz dans la cloche et de 1 en faire sortir. Un de ces tubes communique avec la source de gaz , l'autre avec les appareils qui servent à l'analyse. Des robinets permettent d'établir ou de supprimer à volonté la communication. » Le gaz était mesuré dans la cloche après avoir passé au travers d'un tube taré rempli de ponce imbibée d'acide sulfurique concentré; après le mesu- rage , il traversait successivement : i° un condenseur de Liebig, suivi d'un (i) Annales des Mines , tome XVI, 3* série. ( '75 > fube rempli dépotasse solide qui retenait l'acide carbonique ; 2" un tube pesé contenant de l'oxyde de cuivre et chauffé, qui changeait les gaz combustibles en eau et en acide carbonique; 3° un tube rempli de chlorure de calcium en petits fragments pour condenser l'eau produite ; 4" un second condenseur de Liebig, suivi d'un tube à potasse solide pour absorber l'acide carbonique formé dans la combustion. Enfin l'appareil se termine par une bouteille pleine d'eau et munie à sa partie inférieure d'une tubulure latérale traversée par un tube recourbé. iiLa différence entre les poids du tube à combustion, avant et après l'expé- rience, donnerait exactement le poids de l'oxygène absorbé, si l'on pouvait remplir tout l'appareil d'azote en commençant l'expérience et en la terminant. Je réalisai cette condition d'une manière très-simple , en intercalant entre le gazomètre et la suite des tubes à analyse , un robinet à trois branches au lieu d'un robinet simple. L'un de ces robinets communiquait avec un tube en por- celaine rempli de cuivre métallique réduit par l'hydrogène et placé sur un fourneau. En faisant écouler l'eau contenue dans la bouteille à l'extrémité de l'appareil, on aspirait de l'air qui traversait un flacon rempli de potasse, puis se dépouillait complètement d'oxygène en passant sur le cuivre métallique. On aspirait ainsi 3oo ou 4oo centimètres cubes d'azotç à travers l'appareil avant de commencer l'expérience. A la fin de l'analyse, on balayait tout l'ap- pareil en y faisant circuler une nouvelle quantité d'azote. >> Les nombres donnés par l'analyse font connaître : 1° la vapeur d'eau et l'acide carbonique contenus dans le gaz ; 2" l'hydrogène et le carbone de la partie combustible; 3° enfin l'oxygène qui les transforme en eau et en acide carbonique. Gomme on a le volume total du gaz , on dose l'azote par diffé- rence. On peut, au surplus, déterminer directement la proportion d'azote. Il suffit de comparer, pendant un certain temps, le volume du gaz qui sort de la cloche avec celui de l'eau qui s'écoule de la bouteille et qui représente exactement celui de l'azote, lorsque la distribution du gaz dans l'appareil est devenue constante. Pendant la durée d'une même combustion, on peut faire plusieurs dosages successifs d'azote ; ce moyen m'a servi de contrôle et de vé- rification dans une partie de mes expériences. » L'appareil était placé près de la source de gaz, toutes les fois que la disposition des lieux le permettait, et le tube d'aspiration plongeait alors dans le courant et communiquait avec la cloche à mercure par 1 intermédiaire d'un tube en U rempli de ponce imbibée d'acide sulfurique. Lorsqu'il n'était pas possible d'opérer ainsi, on commençait par remplir de gaz une bouteille de trois à quatre litres à tubulure latérale inférieure, qui contenait aupara- ( '76 ) ■ ' vant de l'eau recouverte d'une couche épaisse d'huile, puis on transpor- tait cette bouteille près de l'endroit où le gazomètre était établi. J'indique avec détails dans mon Mémoire les procédés que j'ai employés pour aspirer le gaz dans la bouteille et pour le transvaser dans le gazomètre. Au moyen des dispositions que j'avais adoptées, j'arrivais à chasser complètement l'air des appareils avant d'y introduire le gaz qui restait toujours séparé de l'eau par une couche d'huile dans son passage d'un appareil à l'autre. .l'ai constaté d'ail- leurs que ces mélanges de gaz pouvaient séjourner plusieurs heures dans la bouteille d'aspiration sans éprouver de changement dans leur composition. » Pour avoir un courant de gaz provenant de diverses hauteurs dans le fourneau , je faisais descendre par le gueulard une colonne de tuyaux en fonte qui s'enfonçait jusqu'à la profondeur voulue. Le gaz sortait du tuyau avec une vitesse d'autant plus grande qu'il provenait d'une profondeur plus considérable. Dans les parties inférieures du fourneau , on perçait des trous au fleuret à travers la maçonnerie , et l'on introduisait dans ces orifices des tubes de porcelaine qui donnaient issue au courant gazeux. J'ai éprouvé d'assez grandes difficultés pour prendre du gaz dans l'ouverture même de la tuyère. La chaleur produite dans cette partie du fourneau est tellement in- tense que des matières très-réfractaires, des tubes de fer forgé et de porce- laine, s'y fondent complètement en deux ou trois minutes. La disposition que j'ai employée me permettait de remplir de gaz la bouteille d'aspiration en quelques secondes. '> Cette série d'expériences a été exécutée dans des hauts-fourneaux, à Glerval et à Audincourt (Doubs). Les conditions de roulement de ces deux usines ne sont pas tout à fait les mêmes : l'une ne consomme que du charbon de bois, l'autre un mélange de bois et de charbon. Toutes les deux fondent des mélanges d'hydroxydes de fer argileux en grains avec des hydroxydes à pâte calcaire; mais à Audincourt on emploie en même temps une propor- tion très-notable de scories de forges. Les formes du vide intérieur sont très- notablement différentes d'un fourneau à l'autre. Tous les deux sont soufflés au vent chaud. Les résultats obtenus, par plus de quarante analyses, dans les deux usines conduisent à des conclusions théoriques. identiques, dont je vais indiquer les principales. » 1°. Les gaz à leur sortie du haut- fourneau marchant au charbon de bois , contiennent de la vapeur d'eau, de l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone, de l'hydrogène et de l'azote; on n'y trouve point d'hydrogène carboné. A 2 ou 3 mètres du gueulard , la vapeur d'eau a à peu près disparu. A mesure qu'on descend, la proportion de l'hydrogène et celle de l'acide carbonique ( »77 ) diminuent, tandis que celle de l'oxyde de carbone augmente. Lorsqu'on ar- rive à la naissance des étalages, l'acide carbonique a disparu, et l'hydropène est réduit au tiers du volume qu'il a au gueulard , et se maintient dans la même proportion jusqu'à la tuyère; il provient évidemment de la vapeur d'eau contenue dans l'air. Vis-à-vis de la tuyère on voit reparaître l'acide carbo- nique, mais à une très-petite distance il est complètement changé en oxyde de carbone. » 2°. Lorsqu'on emploie du bois mélangé au charbon , la carbonisation s'effectue complètement dans une zone du haut-fourneau très-peu élevée en hauteur, en même temps que l'expulsion de l'eau des minerais. A partir du point où cette distillation a lieu , les analyses de gaz conduisent aux mêmes conséquences que dans un fourneau marchant au charbon de bois seul. » Pour apprécier, d'une manière exacte, les modifications successives . qu'éprouve l'air en s'élevant depuis la tuyère jusqu'au gueulard, il faut com- parer la proportion de chacun des éléments qui entrent dans le mélange à une même quantité du seul élément invariable , J'azote , dont la masse totale reste la même, du bas en haut de l'appareil. Si l'on fait cette comparaison, on trouve, en tenant compte de la composition du lit de fusion : » 1°. Que le charbon, en descendant dans le fourneau depuis le gueu- lard jusqu'aux étalages, ne perd que les matières volatiles qui s'en dégage- l'aient par la calcination en vases clos. Dans toute cette partie du fourneau il ne s'opère aucune action chimique , entre le minerai et le charbon d'une part , et de l'autre entre le charbon et l'acide carbonique provenant de la réduction. )' 2°. Tout l'hydrogène dégagé par le charbon de meules dans sa distilla- tion se retrouve à l'état de liberté dans les gaz du gueulard, avec celui pro- venant de la décomposition de la vapeur d'eau contenue dans l'air injecté. Ce gaz ne concourt en rien à la réduction du minerai. » 3°. La réduction de l'oxyde de fer est en grande partie effectuée lorsqu'on arrive aux étalages. Elle est produite uniquement, sur toute la hauteur de la cuve , par la transformation de l'oxyde de carbone en acide carbonique , et s'opère, par conséquent, sans consommation de charbon. » 4°' La réduction de l'oxyde de fer s'achève dans la partie inférieure dn fourneau, mais elle a lieu, dans cet intervalle, avec production d'oxyde de carbone, et, par conséquent, avec consommation de combustible. Les silicates de fer, les scories de forges ne se réduisent que dans cette partie du fourneau. Cette circonstance explique pourquoi les minerais silicates, et ceux qu'un commencement de réduction amène facilement à cet é^at , occa- C. K., 1842, IT S.-rnesle. (T. XIV, N» 4) 2i\ ( '78 ) siounent dans leur traitement de plus grandes consommations de combustible que les minerais facilement réductibles. Le charbon consommé depuis les étalages jusque vers la tuyère, est à Glerval les ~-^, et à Audincourt les -^ du carbone total; c'est dans cette zone, où le gaz est essentiellement formé d'oxyde de carbone et d'azote, que s'effectue la carburation du métal. » 5°. La fusion des matières a lieu, d'après tous les métallurgistes, à une petite distance au-dessus de la tuyère. Les limites de la zone de fusion me pa- raissent devoir être les mêmes que celles de la zone où la transformation de l'acide carbonique en oxyde de carbone est complète. » Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter en i84o à l'Académie, j'ai montré que les expériences de Dulong sur les chaleurs de combustion, prou- vaient que la transformation de l'acide carbonique en oxyde de carbone était accompagnée d'une absorption considérable de chaleur latente. La combustion d'une moitié du charbon devant la tuyère développe une température extrê- mement élevée qui s'abaisse très-rapidement par la combustion de l'autre moitié. Cet abaissement brusque de température me paraît caractériser les fourneaux à cuve, et les distinguer nettement des fours à réverbères, où le maximum de chaleur se produit à la fois sur un assez grand espace. >i Les formes intérieures des hauts-fourneaux que l'on modifie d'après la pression du vent, la nature du charbon et des minerais , sont en rapport avec les limites de la zone de fusion , qui doivent varier avec les mêmes circon- stances. » Dans une dernière partie de mon ti'avail, je déduis, des résultats des ana- lyses comparés au roulement du fourneau : i" le volume total du gaz qui tra- verse une section donnée du fourneau dans l'unité de temps; 2" la quantité d'air atmosphérique nécessaire pour la combustion ; 3° la quantité totale de chaleur qu'elle peut produire; 4" enfin la température qu'elle permet d'attein- dre. Ce dernier nombre a été calculé pour tous les gaz en les supposant ra- menés , ainsi que l'air comburant, à la température zéro : il est par conséquent un minimum. » Les nombres obtenus sont réunis dans un tableau , et l'on peut en con- clure : 1 " que la proportion de gaz qui traverse une certaine zone du fourneau dans une minute, croît avec la distance de cette zone à la tuyère; 2° que la quantité de chaleui- produite par la combustion croît , à mesure qu'on s'éloigne du gueulard, jusqu'à une certaine distance au-dessus des étalages, à partir de laquelle elle diminue très-notablement; 3" que la température de combustion croît eu descendant jusqu'à une faible distance du grand ventre, à partir de laquelle elle reste constante. IjBS températures calculées varient entre i3oo° ( '79 ) et £900°. La combustion des gaz pris au gueulard développe une quantité de chaleur qui représente à Clerval les -f^g et à Audincourt les -f^ de la valeur calorifique du charbon et du bois employés. » L'emploi des gaz des hauts-fourneaux a reçu, dans ces derniers temps, une nouvelle importance par l'application qu'on en a fait à l'affinage de la fonte au four à réverbère. Dans ce procédé, on brûle le courant de gaz pris dans le fourneau à une certaine distance du gueulard , et qui arrive dSins le four à puddler un peu en avant de !a sole, par de l'air chauffé à 200" ou 3oo°, que l'on projette par plusieurs tuyères parallèles dans le même sens que celui du mouvement du gaz. Dans ce mode de combustion, le gaz est complètement brûlé à une faible distance de l'orifice d'arrière , et le lieu du maximum de température se trouve à peu près invariable, ce qui n'arrive jamais quand on laisse le mélange du gaz avec l'air comburant se faire natu- rellement. On se trouve donc dans les meilleures conditions pour obtenir le maximum d'effet indiqué par la théorie. " Après avoir comparé la quantité de chaleur donnée par la combustion des gaz des hauts-fourneaux avec celle développée par la houille nécessaire à l'affinage de la fonte produite par ce fourneau, j'examine, à la fin de mon Mémoire, s'il n'y aurait pas avantage à généraliser le procédé de combustion de M. Faber-Dufaur, et à substituer, dans la plupart des cas où l'on se sert de fours à réverbère , la combustion d'un gaz à celle d'un solide. » Dans les fourneaux à cuve on obtient, vis-à-vis de la tuyère, une tempé- rature extrêmement élevée, qui s'abaisse très-rapidement par la transformation de l'acide carbonique en oxyde de carbone. Dans les fours à réverbère l'air ne traverse qu'une faible épaisseur de combustible placé sur une grille , et l'on doit chercher à régulariser cette épaisseur, de manière que le courant d'air ne renferme après son passage, ni oxygène, ni oxyde de carbone en excès. Mais cette condition est presque impossible à réaliser dans la pratique, et il est facile de voir, en examinant ce qui se passe dans un four à réverbère aH- menté avec de la houille, que la combustion ne s'opère pas de la même ma- nière sur les différents points de la grille. En certains points il y a excès d'air, plus loin excès de gaz combustibles , et le mélange n'a lieu complètement qu'aune assez grande distance de la grille. Supposons, au contraire, que l'on puisse placer sur la grille une épaisseur de 2 à 3 mètres de combustible, que cette grille soit traversée par un courant d'air forcé, et que les gaz, en sor- tant de ce fourneau à cuve , et n'ayant rien perdu de leur chaleur sensible , soient brûlés inamédiatement par un courant d'air injecté à la fois par plu- sieurs orifices, il est évident que la température de combustion sera la même ( i8o ) que celle produite dans la première période de la réaction de l'air sur un excès de charbon ; mais ici cette température pourra se développer sur utt grand espace, puisque l'acide carbonique fornié ne se transformera pins en oxyde de carbone. n Quelques essais Faits à Audincourt, de concert avec M. Jeanmaire, directeur de ces usines, nous ont prouvé qu'on pouvait chauffer au blanc un four à ré- verbère, y fondre et y puddler la fonte, en produisant et brûlant le gaz comme je viens de l'exposer. Nous avons constaté qu'avec de la braise et du fraisil de halle, c'est-à-dire avec un mélange de poussier de charbon et de matières terreuses, on arrivait à ce résultat sans difficulté. » Au lieu d'employer l'action de l'air sur un excès de charbon pour pro- duire un gaz combustible, on peut se servir de vapeur d'eau qui donne, comme on sait, au contact du charbon incandescent, un mélange à volumes égaux d'oxyde de carbone et d'hydrogène. La chaleur de combustion de l'hydrogène est, à volume égal, d'après Dulong, la même que celle de l'oxyde de carbone, et l'on en déduit facilement que la décomposition de la vapeur d'eau par le charbon détermine une absorption de chaleur latente égale à celle que produisait la transformation d'un même volume d'acide carbonique en oxyde de carbone. >) Nous avons cherché à produire le gaz comliustible , i ° par la vapeur d'eau seule; 2" par un mélange d'air et de vapeur d'eau. » Pour produire un gaz combustible par l'actiQji de la vapeur d'eau sur le charbon, nous avions placé un cylindre en fonte rempli de charbon dans la cheminée du four à puddler; nous avons commencé par le faire rougir, puis on y a lancé de la vapeur d'eau. On obtenait immédiatement un dégage- ment très-abondant de gaz qui produisait une flamme intense devant la caisse à vent, mais l'action cessait au bout de quelques minutes. Il nous a paru évident que nous n'arrivions pas à restituer assez promptement au charbon contenu dans l'intérieur du cylindre la chaleur latente absorbée par la dé- composition, et la vapeur passait alors sans altération. Il aurait fallu, pour réussir, opérer sur un plus long développement de tuyaux et lancer de la vapeur portée à une haute température. Le degré de chaleur obtenu par la combustion d'un mélange d'oxyde de carbone et d'hydrogène serait encore beaucoup plus élevé que celui produit par le mélange d'oxyde de carbone et d'azote, tel qu'il résulte de l'action de l'air sur un excès de charbon. » En projetant à la fois dans le même foyer, de l'air et de la vapeur d'eau , on y abaisse la température de combustion," mais le gaz obtenu est plus riche en ( i8i ) oxyde de carbone et en hydrogène, et restitue en brûlant dans le four à ré* verbère toute la chaleur latente absorbée. » Ces essais , que, le temps ne m'a pas permis de continuer, m'autorisent pourtant, je crois, à présenter cette conclusion. Avec toute espèce de com- bustibles, même avec ceux qui renferment beaucoup de parties terreuses, on peut arriver à produire, par l'emploi simultané ou séparé de l'air et de la vapeur d'eau, un gaz dont la combustion donnera les températures les plus élevées dont on ait besoin dans l'industrie du fer. ». CORRESPONDANCE. M. le Ministre dk i'Instruction publique adresse ampliation de l'Ordon- nance royale qui confirme la nomination de M. Payen comme membre de l'Académie, Section d'Economie rurale. Sur l'invitation de M. le Président, M. Payen prend place parmi ses confrères. F. ( i«a ) BlJLLETI^ UIBLIOCRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie royale des Sciences; i*' semestre 1842, n° 3, in-4''. Traité des sections tendineuses et musculaires, dans le Strabisme, la Myopie, le Bégaiement, les Pieds-Bots, etc.; par M. Bonnet; i vol. in-8°, et atlas in-8°; Lyon, i84i. Traité des Maladies des Femmes; par MM. Blatin et NiVET; i vol. in-S". Du Diagnostic de la Grossesse par l'examen de l'urine; par M. Eguisier ; in-8°. Rapport présenté à la Faculté de Médecine de Montpellier, relatif à une nou- velle condition pour le Doctorat, sur laquelle M. le Mmistre de l'Instruction pu- blique demandait l'avis de la Faculté; par M. le professeur d'Amador; i84i; in-4''. Études des. changements moléculaires que le Sucre éprouve sous l'influence de l'eau et de la chaleur; par M.. E. Soubeiran; broch. in-S". Mémoire au Roi, en son conseil des Ministres ; par M. Letourneur , capi- taine de vaisseau ; in-4°. Annales de la Chirurgie française et étrangère ; janvier 1842, in-8°. . Paléontologie française; 3S' \i\r.,m-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; janvier 1842; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; ]a.n\ier i842;in-8°. Z,'-^^ncu/86 ) était employée à soulever le poids de la charge , à une hauteur telle que la composante de la pression de l'essieu, dirigée suivant la tangente à la boîte , égalait l'excédant de la résistance due au frottement de l'arête de contact, sur la composante du tirage parallèle à la même direction. Il résulte de cette combinaison que plus l'effort qui doit vaincre les résis- tances de h» voue est grand , plus la force qu'il faut lui ajouter pour que la fusée glisse sur la boîte, est petite; et aucune addition de force ne serait nécessaire, si cet effort égalait ou surpassait la résistance due au frottement de l'essieu. Dans ce dernier cas, la pesanteur agit dans le même sens que le frottement sur la fusée, pour faire équilibre à la force motrice, dont l'intensité ne dépend plus alors de celle de la résistance que l'essieu éprouve à glisser sur la boîte. Ces résultats montrent combien est fautive, surtout dans ce cas, la méthode d'évaluation du tirage qui consiste à faire la somme des efforts capables de surmonter les différentes résistances prises isolément. On voit également le faible avantage qu'on peut attendre, dans les cas de fortes tractions, des rouleaux, galets et autres mécanismes compliqués , qu'on a essayé d'employer à différentes époques , pour di- minuer le frottement des essieux. » Ce qui précède indique évidemment la cause des changements de position de l'arête de contact, lorsque la roue passe du repos au mouve- ment, ou rencontre des obstacles, et toutes les fois qu'il se produit des variations dans les résistances qu'elle éprouve; c'est à ces changements qu'il faut attribuer les augmentations brusques de résistance qui nuisent au développement de l'effort de traction des moteurs et qui peuvent même en annuler complètement l'effet, pour peu qu'elles rendent le tinige supé- rieur à cet effort, lors même que celui-ci serait suffisant pour entretenir le mouvement uniforme dans des circonstances semblables. Pour produire ces variations, il suffit d'un léger changement dans la position de l'arête de contact en arrière du plan vertical passant par l'axe de l'essieu; la transmission de la force motrice et celle de la pression de la charge se fai- sant de l'essieu à îa roue , par celte arête , la résultante de ces deux forces , qui doit nécessairement passer en avant de l'axe instantané de rotation de la roue, pour que celle-ci puisse tourner en avant malgré la résistance du sol , éprouve ime réduction dans son moment, par rapporta cet axe, d'autant plus grande que le contact se trouve plus en arrière de la nouvelle position de stabilité qui lui convient ; l'intensité du tirage doit donc s'élever au-delà de ce qui serait nécessaire pour opérer le roulage dans les circonstances or- dinaires, tant que l'arête de contact ne s'est pas avancée jusqu'à la position ( i87) qu'elle «loit conserver; ce mouvement ne pouvant avoir lieu que [>ar une accélération dans la vitesse de l'essieu, ou par une diminution de celle de la roue, il ne peut s'accomplir que dans un temps d'une certaine durée, pendant lequel les résistances réunies agissent avec nn excès d'intensité. a 11 serait d'une très-grande importance pour la pratique de remédier aux inconvénients inhérents au mode actuel de roulage; car, indépendam- ment de la force motrice employée inutilement , les saccades que le ti- rage éprouve fatiguent les moteurs animés et détraquent les machines. Pour y parvenir , il suffit de rapprocher quelques observations aux- quelles les discussions précédentes ont conduit. On a vu que le chan- gement obligé de l'arête de contact ne pouvait s'effectuer que par le roule- ment des surfaces de la fusée et de la boîte l'une sur l'autre, à moins de faire un effort égal à la résistance due au frottement de première espèce, qui résulterait du glissement; il est donc nécessaii-e que l'une de ces deux surfaces tourne pour que le contact change, mais la roue ne peut tourner tant que les résistances qu'elle éprouve ne sont pas surmontées , ni l'es- sieu qui est fixé aux roues, ou au corps de voiture. Ainsi il faut rendre mobile une partie du système, qui puisse servir d'intermédiaire aux deux précédentes, et dont la rotation en soit complètement indépendante; ces fonctions peuvent être convenablement remplies par l'essieu , en chan- geant son mode de liaison actuel et établissant une seconde rotation ana- logue à celle qu'il possède déjà. » Cette nouvelle disposition ne présenterait aucune difficulté d'exécu- tion dans la pratique, si on l'adoptait pour les voitures ordinaires et les waggons des chemins de fer. L'essieu sans cambrure aurait des fusées très- peu coniques, tournant dans des boîtes de roues, et serait adapté au corps de voiture au moyen de coussinets qui recevraient des collets ou parties tournées , situés , suivant l'espèce de véhicule , soit sur le corps d'essieu , soit aux extrémités des fusées. » Par l'effet de cette double rotation de l'essieu, l'élévation du centre de gravité de la charge et le déplacement des arêtes de contact pourraient avoir lieu sans mouvement de la roue; mais pour résoudre complètement le problème, et de la manière la plus avantageuse à la pratique, il faut connaître la condition qu'il est nécessaire de remplir, pour qu'il n'y ait tendance au glissement, ni dans les boîtes, ni dans les coussinets. La géométrie conduit à cette condition qui consiste en une certaine relation entre les dimensions de l'essieu, delà boîte et des coussinets, analogue à celle qui a été déterminée § fil , relativement aux rapports entre les arcs déve- 25.. ( i88 ) loppés sur la boîte et sur la bande de roue, les rayons de la boîte et de la fusée, lors du roulement de ces deux dernières surfaces, dans les voi- tures ordinaires. On voit, en effet, que l'axe de l'essieu, ou celui des fusées et des collets, ne deviendra stable, vu sa mobilité, que lorsqu'il sera arrivé à une position déterminée par rapport à celle des axes des boîtes et des coussinets. Pendant le repos , tous ces axes et les arêtes de contact de leurs surfaces se trouvent dans un même plan vertical; mais aussitôt que les coussinets , liés invariablement au corps de voiture, sont sollicités à se porter en avant , ils entraînent l'essieu dans le même sens; leurs arêtes de contact se portent en arrière, et le roulement des deux surfaces l'une sur l'autre , tendant à les faire tourner toutes les deux, il fautque l'une d'elles cède pour qu'il n'y ait pas glissement. Comme chaque coussinet se meut, ainsi que la voiture, parallèlement au sol , c'est l'essieu qui tourne en se portant en avant, à la manière des rouleaux ordinaires, et la surface de la fusée se développe sur celle de la boîte de roue, les contacts de ces surfaces, deux à deux, restant toujours les uns dans le plan des axes au coussinet, et les autres dans le plan des axes à la boîte. Ces deux plans se confondraient ensemble dans toutes leurs po- sitions, si le poids de l'essieu était nul, ou très-petit, par rapport à celui dont le collet est chargé ; alors la résultante de la pesanteur et du ti- rage, qui passe par l'arête de contact du coussinet et du collet de l'essieu, rencontrerait leurs axes, comme étant normale aux surfaces, puisque, par hypothèse, il n'existe aucune tendance au glissement; la même résul- tante serait également normale aux surfaces de la fusée et de la boîte de roue, et passerait par leurs axes , car aucune nouvelle force ne change sa direction primitive. On trouve facilement que , pour remplir cette con- dition des plans des axes, les angles décrits par les arêtes de contact sur le coussinet et sur la boîte doivent être égaux; comme les arcs de dé- veloppement sur le coussinet et sur le collet, sur la boîte et sur la fusée, sont respectivement de même longueur , deux à deux , il en résulte que le roulement des quatre surfaces ne peut se faire simultanément , sans tendance au glissement , la boîte et le coussinet ne tournant pas , qu'au- tant que le rapport des rayons de la boîte et du coussinet est égal à celui des rayons de la fusée et du collet. » Lorsque cette condition est remplie, toutes les circonstances du mou- vement sont déterminées pour ce cas ; le chemin horizontal parcouru par la voiture est égal au sinus de l'angle du plan des axes avec la verticale, ou de l'arc parcouru par le contact sur la boîte ou sur le coussinet , multiplié par ( «89 ) la somme de leurs rayons diminuée de celle des rayons de la fusée et du col- let, ou par la moitié du jeu qui existe à la boîte ajoutée à la moitié de celui du collet. L'élévation verticale de la charge est égale au chemin horizontal, mul- tiplié par le sinus verse de l'angle du plan des axes avec la verticale. Quant au tirage, il est égal au poids dont le collet est chargé, multiplié par la tan- gente du même angle, ou par le rapport du chemin horizontal à la racine carrée de la différence des carrés de ce chemin et de la moitié du jeu de la boîte,ajoutéi;à la moitié du jeu du collet. » Le mouvement se complique lorsque la roue commence à se mouvoir, à moins que le frottement de la bande contre le sol ne soit assez faible pour qu'elle glisse sans tourner, car dans ce cas les axes resteraient dans les mêmes positions relatives; mais ordinairement cela n'a pas lieu : la roue tourne dès que le moment des résistances qu'elle éprouve, par rapport à son axe instantané de rotation, est dépassé par celui de la résultante de la pesanteur et du tirage. L'essieu continue alors à tourner, son collet se dé- veloppant toujours sur le coussinet; mais comme la boîte tourne avec la roue, ce mouvement ralentit d'abord celui du contact avec la fusée, qui s'éloigne de plus en plus de la normale parallèle à la résultante des forces, et finit par rétiograder ; l'arête de contact du collet continuant à descendre, dépasse la normale parallèle à la même résultante, de manière à se trouver aussi en dessons. La tendance au glissement qui naît de ces déplacements des arêtes du contact, augmente jusqu'à ce qu'ils soutendent des angles égaux à celui de frottement ; alors l'essieu , suivant le rapport des diamètres de son collet et celui de la boîte , glisse sur la boîte, sur le coussinet, ou sur tous les deux à la fois; de telle sorte que les arêtes ^de contact prennent leur position de stabilité, comme dans le roulage ordinaire à essieu fixe et à essieu tournant, et le mouvement devient uniforme. » Lorsqu'on est obligé de tenir compte du poids de l'essieu, le plan des axes au coussinet ne se confond plus avec celui des axes à la boîte • le pre- mier fait avec la verticale un angle plus grand que le second , et le tirage est égal soit à la tangente de l'angle du premier, multipliée par le poids qui presse le collet , soit à celle de l'angle du second multipliée par le même poids augmenté de celui de l'essieu, ou par celui qui presse sur la boîte. On a ainsi la relation qui existe entre ces deux angles. Pour que les surfaces se développent les unes sur les autres deux à deux, simultanément et sans tendance au glissement, on trouve qu'il faut que ces angles soient dans le même rapport que les diamètres du collet et de la fusée, divisés respecti- vement par le jeu que ces pièces ont dans le coussinet et dans la boîte. ( '9" ) L'ensemble de cette relation et de ia précédente établit une condition entre les poids et les rayons des différentes parties, qui doit être satisfaite indépendamment des grandeurs des angles que les plans des axes peuvent faire avec la verticale; dans la pratique ces angles sont ordinairement assez petits poiîr que les arcs soient à peu près proportionnels aux tangentes: la condition du roulement sans tendance au glissement se réduit alors à l'égalité du rapport des poids sur le collet et sur la boîte, à celui des diamètres de la fjisce et du collet, divisés respectivement par le jeu que ces pièces ont dans la boîte et dans le coussinet. Comme les surfaces qui roulent les unes sur les autres ne pourraient glisser qu'autant que les angles des plans des axes différeraient de ceux qui sont fixés par cette condition , d'une quantité égale H l'angle de frottement, on a dansla pratique une certaine latitude pour les dimensions de l'essieu , des boîtes et des coussinets, auxquels il n'est pas toujours possible de donner exactement, dans l'exécution, le jeu ri- goureusement fixé par les relations qui précèdent. » Ces relations conduisent immédiatement à l'expression du tirage qui est analogue à celle qui a été trouvée pour le cas où l'on négligeait le poids de l'essieu; quoiqu'elle soit plus compliquée, sa valeur ne diffère pas beau- coup de celle de l'autre dans les circonstances ordinaires, où le poids de l'essieu est toujours une faible partie de celui de la charge. Elle part de même de zéro, croît d'abord très-lentement et s'élève graduellement jus- qu'à ce que son moment par rapport à l'axe instantané de rotation de la roue au départ, égale celui de la résistance au roulement: alors la roue com- mence :i se mouvoir, mais l'essieu ne glisse pas encore et son frottement n'entre pas dans l'expression du tirage qui est moins fort que pour les voi- tures ordinaires placées dans les mêmes circonstances, de toute la valeur d« l'effort nécessaire pour élever le centre de gravité de la charge, ainsi qu'on l'a vu, § IV; il en est de même tant que l'arête de contact de la fusée n'a pas rétrogradé jusqu'à la position qu'elle devra occuper lorsque le glisse- ment commencera, et c'est précisément pendant cette période que les rési- stances sont le plus considérables. Les mêmes effets se reproduisent d'une manière analogue pendant le mouvement, dans toutes les circonstances où les résistances de la roue augmentent, de sorte que la double rotation de l'essieu diminue le tirage dans tous les cas de maximum, ou quand il s'é- lève accidentellement au-dessus de sa valeur moyenne, comme au départ de la roue, à ia rencontre des obstacles et en général dans tous les chan- gements de mouvement. La diminution qui en résulte est égale à l'effort )(jui serait nécessaire pour opérer le tirage des voitures ordinaires sur un ( '9t ) sol dur, à la même époque du mouvement. Il est facile de concevoir com- ment celte diminution de tirage a lieu, si on remarque que la transmis- sion de la force motrice à la roue se faisant tangentiellenient à la boîte, par l'arête de contact, qui, au moyen de la nouvelle disposition de l'es- sieu, est placée plus en avant que dans les voitures ordinaires, la direc- tion de l'effort transmis est plus relevée par rapport au sol et, par suite, plus avantageuse pour vaincre la résistance du terrain au roulement, dans le rapport de l'augmentation de la distance de cette direction au centre instantané de rotation de la roue. § Vil. Avantages des essieux à double rotation. « La propriété des essieux à double rotation, de diminuer les efforts de traction au départ et à la rencontre de tous les obstacles que les routes présentent, rendrait leur emploi avantageux dans les voitures de transport et surtout dans celles qui étant obligées de s'arrêter souvent, fatiguent beaucoup les chevaux; il en serait de même pour les voitures qui se meu- vent habituellement sur le pavé, dont chaque joint forme un logement pour la roue. Dans le roulage sur les routes unies et compressibles, les avan- tages de ces essieux seraient moins prononcés, attendu que l'économie de force qu'ils procureraient ne serait qu'une faible partie du tirage ; mais ces avantages augmenteraient à mesure que les routes seraient plus accidentées ou moins compressibles; ils deviendraient considérables sur des chemins à voie ou à ornières en pierre, comme il en existe dans certains pays. Mais ce serait surtout pour les chemins de fer, sur lesquels les résistances éprouvées par les roues sont faibles et l'influence du frottement dé l'essieu très-grande, que les essieux à double rotation conviendraient. En effet , l'effort de trac- tion du nouveau modèle de waggon étant réduit d'une manière notable au départ, dans les accélérations de vitesse, ainsi que dans le parcours des parties déprimées des rails, soit par la flexion entre deux chairs lorsqu'ils sont trop faibles, soit par suite du tassement des terres, on pouri'ait écono- miser une partie de la force motrice et diminuer le poids des locomotives. Les pertes de temps que les convois éprouvent à chaque station pour re- prendre leur vitesse ordinaire, seraient moins grandes. » La construction des chemins de fer serait moins dispendieuse, attendu que l'établissement de la voie et des rails exigerait moins de solidité, les inconvénients des flexions et dépressions étant réduits considérablement; le matériel résisterait plus longtemps et les réparations seraient moins ur- gentes, lors même que les dégradations seraient plus fortes. Le tracé de ces ( Ï92 ) voies de communication pourrait aussi être exécuté de manière à réduire les dépenses, parce que les changements de pente ne présenteraient plus autant d'inconvénient qu'à présent, où l'on est obligé de garder le plus long- temps possi!)le les mêmes inclinaisons à l'horizon, au risque de tomber dans des déblais et des remblais d'une hauteur considérable, qu'on évite- rait en grande partie en pliant davantage le chemin aux formes du terrain. L'indépendance des deux 'roues, fout en laissant à l'essieu la faculté de tourner sur ses extrémités pour diminuer les résistances el les inconvénients dus à un trop grand jeu de la boîte, dispenserait de la sujétion où l'on est de les appareiller deux à deux et de tourner leurs bandes rigoureusement au même diamètre ; on éviterait aussi les frottements énormes et l'usure des rebords ou saillies des bandes contre les rails, surtout dans les parties courbes du chemin, dont les rayons pourraient être beaucoup diminués sans inconvénient. Le mouvement de lacet prononcé qu'il est difficile d'éviter maintenant, et qui est si pénible pour le moteur, le voyageur et les voi- tures, ne se présenterait plus. » En rendant les roues mobiles autour des essieux actuels des waggons de chemins de fer , leur construction ne serait pas plus dispendieuse; car si elle demande un peu plus de main-d'œuvre , par contre elle exige beaucoup moins de précision dans l'exécution ; les roues s'useraient moins vite et pour- raient être employées à un état de dégradation plus avancé, sans qu'il fût nécessaire de les ajuster et de les appareiller. » En définitive, les avantages des essieux à double rotation sont assez pro- noncés dans beaucoup de circonstances, pour devoir attirer l'attention des constructeurs de voitures en général, et surtout celle des ingénieurs char- gés de l'établissement des chemins de fer, qu'il est si important dans ce mo- ment, sous le point de vue poUtique et industriel , de rendre d'un tracé plus facile et d'une construction moins dispendieuse. » {Kote). — Dans les paragraphes de ce Mémoire relatifs à l'évaluation de l'effort nécessaire pour vaincre le frottement de l'essieu, on a employé, pour abréger le discours, la désignation de rayon de la boîle, qui convient au cas où la surface intérieure de cette partie de la roue est cylindrique; lorsque celte surface est conique, comme dans les voitures ordinaires, la même désignation n'est plus assez précise, et il est nécessaire de donner quelques explications. Le frottement de la fusée s'exerce le plus sou- vent sur les deux extrémités de la boîte, ainsi qu'on le voit à l'usure du métal, qui est bien plus prononcée dans ces parties que dans les autres ; mais comme elles ne sont pas également pressées, ce n'est pas leur rayon moyen qui représente celui de la ( ^93) boite , ainsi qu'on le suppose ge'ne'ralement ; la pression de l'essieu se re'parlit sur cha- cune de ces extre'inite's, en raison inverse de sa distance à la verticale élevée au point d'appui de la roue sur le sol. Si cette ligne passe entre les deux bases du cône delà boîte, le résultat de la répartition des pressions sur ces points est le même que si la charge n'agissait sur la boîte que dans la partie située sur la verticale, et c'est le rayon du cercle qui y correspond qu'on peut considérer comme rayon unique de la boîte. Lorsque la verticale passe en dehors de la boîte , soit du côté du gros bout, soit du côté du pe- tit bout , les pressions de la fusée ne s'exercent plus dans le même sens , sur ces deux ex- trémités: ce n'est plus leur somme , mais leur différence qui est égale au poids de la charge. Le rayon qu'il faut prendre alors, dans les applications numériques , est plus grand que celui du cercle de la boîte prolongée jusqu'à la verticale, de deux fois le rayon de la base du cône la plus éloignée , divisé par le rapport de la longueur de la boîte à la distance de son extrémité la plus rapprochée de cette )iiènie verticale. Les résistances et l'usure des parties frottantes augmentent avec une grande rapidité, lorsque les boîtes sont trop courtes , ou mal placées par rapport aux plans qui comprennent entre eux la couronne formée par l'ensemble des jantes de la roue. PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur le développement de la chaleur dans les œi/Js des serpents, et sur l'influence attribuée à l'incubation de ta mère; par M. DumÉril. « J'avais été chargé, en i83a, de faire un Rapport, au nom d'nrie Com- mission, sur un Mémoire de M. Lamare-Picquol relatif aux serpents de l'Inde et à leur venin. Ce Rapport n'avait point été imprimé ; mais trois ans après, M. Lamare-Picquot vous fit distribuer une brochure de 64 pages sous le titre de Réponse et de réjulcCtion aux opinions et à la critique du rapporteur. Alors je fis insérer ce Rapport de deux pages, dans les Annales des Sciences naturelles. » J'avais, en effet, cru devoir relever en particulier ces deux opinions avancées par l'auteur : 1° que les serpents peuvent téter les vaches ; 2° qu'ils peuvent développer de la chaleur pour couver leurs œufs. Voici ces pas- sages : « 1". La couleuvre Demnha, parvenue dans les étables près des vaches, » se livre au goût qui lui est propre de se nourrir de lait. Les mamelles des » vaches, dont elle a sucé les pis, se tarissent, soit par l'effet des bles- » sures occasionnées par les dents , soit par celui de l'impression que peut » recevoir l'animal pendant que le reptile travaille à se fournir ce liquide » dont il est très friand. » » J'avais dit dans le Rapport : « Il suffit au naturaliste de connaître la structure générale des parties de la bouche d'un serpent, le mode et les C. R., 18 ja, i"Semislre. (T. XIV, N" 8.) 26 ( '94) voies de sa respiration , pour savoir que cet animal ne peut opérer l'action de téter. En effet , le vide ne peut se faire dans sa cavité buccale, en raison de l'absence des lèvres charnues, du trop court trajet des narines, du dé- faut d'un voile au palais, et d'une épiglotte sur la terminaison buccale de la trachée; enfin par la présence, la disposition, la longueur et la forme des dents, toutes courbées , à pointes aiguës, dirigées en arrière, de manière à produire l'effet utile de crochets ou d'hameçons destinés à retenir la proie vivante, mais qui , dans le cas rapporté, adhéreraient au pis des vaches, de telle sorte que le serpent lui-même ne pourrait se détacher de la place, lorsque ses dents auraient pénétré dans la peau. » » Je ne puis changer d'opinion à cet égard: j'ai vu, étudié, et je puis faire voir les dents de plus de cent cinquante têtes de serpents, d'espèces différentes, préparées dans ce but; il suffit d'y jeter un coup d'œil pour concevoir le fond de cette objection et sa réalité. Je n'y donnerai pas de suite. M 2°. Quant à la chaleur que le serpent développerait pendant qu'il est tapi sur ses œufs, l'auteur l'attribuait à la mère, qu'il comparait à une poule tourmentée d'une fièvre chaude, à l'époque de l'incuLation. Nous présentions quelques objections, et voici comment nous les exprimions : « On sait que le mode de la circulation et de la respiration des serpents les soumet à une température variable, comme celle du milieu dans lequel ils sont plongés; et que, dans cette circonstance en particulier, plusieurs œufs écrasés, l'eau et les matières des déjections de l'animal répandues sur le foin de la litière, ayant déterminé une véritable fermentation , l'air con- tenu dans la caisse et l'animal lui-même ont dû manifester une chaleur bien notable. Il n'est donc pas établi que le serpent ait développé de la chaleur et par suite qu'il ait réellement couvé ses œufs. » » Nous ajoutions:» Les doutes que nous venons de soulever ne portent réellement que sur les opinions émises par M. Lamare-Picquot, car les faits dont il a été témoin présentent beaucoup d'intérêt», et nous en rela- tions plusieurs. » Cette polémique en était restée là, qnnnd M le professeur Valen- ciennes est venu lire dans cette assemblée un Mémoire sur l'incubation d'un python, qu'il a observée au Jardin du Roi, et sur le développement de la chaleur que produit ce serpent femelle quand il est placé sur ses œufs. Comme ce Mémoire a été inséré en entier dans les Comptes rendus de vos séances , avant que le Rapport en ait été fait par les Commissaires désignés pour son examen , il ne m'a pas été possible de vous présenter quelques ( '95 ) réflexions à ce sujet. Cependant M. Lamare-Picquot, profitant de cette cir- constance, vous a écrit pour vous prier de faire faire un nouveau Rapport sur son premier Mémoire. Voilà pourquoi j'ai demandé à l'Académie la permission de lui communiquer par extrait un des chapitres inédits du sixième volume de \' Erpétologie générale, que je publie avec M. Bibron, dans lequel je traite de la génération des serpents, de leurs œufs, et du phénomène du développement de la chaleur qu'ils manifestent et que j'at- tribue non à la mère qui les recouvre, mais au\ germes ou aux embryons encore contenus dans leur coque. » Voici cet extrait : » Les organes générateurs et la fonction reproductrice dans les serpents ont la plus grande analogie avec ceux des tortues et des lézards. Leurs sexes sont distincts, et les mâles, généralement plus petits, plus sveltes, plus vifs, plus actifs, sont mieux colorés que les femelles. > On conçoit que ces animaux n'aient aucun besoin d'être réunis par couples, ou en monogamie prolongée au-delà de l'époque à laquelle doit avoir lieu la réunion des sexes. En effet , ils n'avaient pas de nid à construire, d'incubation corporelle, chaleureuse et nécessaire à opérer, d'aliments à fournir ou à préparer d'avance, d'éducation première à donner. L'instinct seul et la nécessité impérieuse que la nature a imposée à tous les animaux de chercher à conserver, à propager leur race, porte le mâle à faire tous ses efforts pour se rapprocher de sa femelle et celle-ci à aller à sa ren- contre; mais quand la fécondation est opérée, les deux individus se sépa- rent, s'éloignent et semblent se fuir pour tout le reste de la saison, car il n'y a ordinairement qu'une seule ponte chaque année. » Le mâle ne s'occupe en aucune manière de sa progéniture, et les œufs vivifiés restent longtemps dans le ventre de la mère; lorsqu'ils n'y éclosent pas, ils sont pondus en une seule fois, mais le germe, dans l'intérieur delà coque, subit un travail de développement jusqu'à ce que l'œuf donne issue au petit serpent qu'il contenait. Seulement la mère a soin de déposer ses œufs dans un lieu convenable. Tantôt ils sont isolés ou distincts, tantôt réunis à la suite les uns des autres par \n\e membrane glaireuse, qui prend plus de consistance en se desséchant; ils forment alors une sorte de chaîne ou de chapelet. La mère les dépose et les cache sous des débris de végé- taux humides ou dans le sable, de manière à leur faire éprouver et conser- ver l'action indirecte de la chaleur du sol et celle de l'atmosphère. Dans quelques cas même les femelles réunissent leurs œufs en tas en se roulant 3fi.. ( '96) autour après les avoir rapprochés les uns des autres (i). Plusieurs ont été trouvées en observation dans les environs du lieu auquel elles avaient confié ce dépôt précieux, pour épier, en sentinelles vigilantes, le moment où les œufs viendraient à éclore, afin d'être à portée de protéger la faiblesse de ces petits êtres, qui jouissent de toutes leurs facultés en sortant de la coque, et pour soigner leurs premiers mouvements en leur indiquant un refuge, ou en leur fournissant, dit-on, un abri dans son propre corps, ainsi que Palissot-Beauvois et Moreau de Saint-Méry, le rapportent pour l'avoir observé chez inie femelle de Crotale qui, dans le danger et avant de fuir, ouvrait la gueule et y recevait ses petits, qui s'insinuaient dans son large oesophage, pour n'en sortir que lorsqu'il n'y avait plus rien à craindre. » La fécondation des serpents a lieu le plus souvent au printemps dans nos climats; mais les œufs vivifiés ne quittent les oviductes que trois ou quatre mois après; et même, dans quelques cas, les petits éclosent dans le ventre delà mère, successivement et à plusieurs jours d'intervalle. On dit alors que ces serpents sont vivipares. Telles sont nos vipères, dont le nom a été emprunté de cette particularité, qu'on avait d'abord observée chez elles, mais qui a été reconnue depuis reproduite dans plusieurs autres es- pèces de serpents de genres très-différents. » Nous omettons ici la description très-détaillée des organes génitaux et tous les détails relatifs au rapprochement des deux sexes, qui dure des demi-journées. Ces derniers faits étaient connus des anciens, et ils ont donné lieu à des préjugés. Ainsi, Aristote, dont nous citons le texte, avait dit, en parlant de l'accoupleineut des serpents : « Leur entrelacement est si » intime, qu'ils paraissent ne former qu'un seid corps, ou un seul serpent à » deux tètes. » Et Pline a répété : « Coeunt complexa , adeo circum voluta sibi ipsa, ut una existimari biceps possit. » Mais il a prétendu, et cette er- reur persiste encore chez le vulgaire, que souvent la femelle, immédiate- ment après avoir été fécondée, dévorait le mâle, et que c'était par suite d'un excès de jouissance. « Vipera mas caput inserit in os^ quod illa abrodit voluptatis dulcedine. » » M. Herholdt a communiqué en i836, à l'Académie des Sciences de Copenhague, un Mémoire sur la génération, le développement et la nais- sance des serpents. Nous en donnons une analyse, parce qu'il nous fournit (i) Buvdacli, Trailé de Physiologie, \.ya.i\w:.\.\on àe ionrA^n , tome II, page 377. ( '97 ) quelques observations curieuses relativement à des points de physiologie sur lesquels la science est encore incertaine. » Ses observations ont été faites sur les œufs d'une couleuvre à collier, quatre-vingt-seize heures à peu près depuis qu'ils lui avaient été remis. Jamais il n'a reconnu de vide ou de chambre à air dans la coque. Ces œufs, perdaient chaque jour un peu de leur volume et de leur poids. L'air sec et trop chaud les flétrissait; alors ils se desséchaient, et l'embryon mourait. Déposés dans l'eau, au contraire, ces œufs se gonflaient, augmentaient de poids, et la vie cessait; l'application d'un vernis sur la coque produisait le même effet, ce qui établit qu'il s'opère à travers les membranes de la coque une absorption et une exhalation. Pour éclore, ces œufs ont dû être placés dans une atmosphère humide et chaude, entre 26 et 9° centigrades. L'au- teur a suivi leur développement pendant un mois. Ses observations ont été consignées dans un tableau qui indique la date des jours où il a observé les températures , la plus élevée de 20",6 et la plus basse de 6°,4 ; le poids de l'œuf, qui a été en diminuant de 76 grains à 60, tandis que celui de l'embryon a été en augmentant de 4 à 36 grains, ainsi que sa longueur, de 9 lignes à 90. » Malheureusement l'auteur n'a pas indiqué la température des œufs. jjM. Herholdt a suivi le développement et le travail intérieur de l'em- bryogénie. Il résulterait de ses observations que le blastoderme servirait pour ainsi dire de placenta , ou de moyen de communication par ses vais- seaux avec les agents extérieurs, pour en recevoir les influences cosmiques, et tenir lieu de la respiration , tandis que la nourriture serait fournie par le jaune et par l'eau de l'amnios. » Ces faits, ainsi que ceux que M. Ratke a insérés dans l'ouvrage de Bur- dach (i) et ceux observés par M. Dutrochet, que je cite (2), éclairent un point important de la physiologie. On conçoit, en effet, l'action physique et chimique qui peut être produite à travers la coque perméable de l'œuf sur les vaisseaux du blastoderme, quand, à l'aide d'une température un peu élevée, le germe d'un œuf vivifié vient à se développer. Alors les veines absorbent par endosmose, et le sang qu'elles contiennent s'imprègne de certains principes de l'air, en même temps qu'il s'opère une exhalation , constatée par la diminution du poids de l'œuf et par la transformation des ( i) Tome III, chap, "VIII, page 181. {_■}.) Dutrochet, Mémoires, 1837, lome II, page 229 et suivantes, sur \'œufdes ophidiens. ( '98 ) liquides en un corps vivant et solide, parfaitement organisé pour exister désormais par lui-même. Ces faits résultent des observations que nous ve- nons de rapporter. » Les graines ou les semences des végétaux ont le plus grand rapport avec les germes des animaux ovipares. Elles renferment, comme eux, sons des enveloppes protectrices et organisées, des embryons destinés à être mis ultérieurement en rapport avec les nouvelles circonstances de leur vie extérieure, et dès-lors indépendante de celle des êtres qui les ont produits et à l'existence desquels ils participaient.^Comme eux , ils en ont été sépa- rés avec Tme certaine provision d'aliments, appropriés d'avance à la fai- blesse ou au peu d'énergie de leurs organes. Dès-lors ils ont pu se déve- lopper par eux-mêmes, sous l'influence de la chaleur, de l'humidité; ils ont été soumis aux agents généraux qui régissent les milieux dans lesquels ils ont été déposés pour un temps limité, afin de continuer leur vie indi- viduelle et pour persister dans leur existence, au moins jusqu'à l'époque où ils auront perpétué leur race. » De même que les graines des végétaux ont besoin pour se développer d'éprouver l'action de la chaleur, de se trouver en contact avec l'humidité du sol, avec les éléments que l'air et l'eau leur transmettent; quand une fois cette excitation de la vie végétative a été produite, elle paraît se con- tinuer par une action interne qui ne peut s'arrêter qu'au détriment de l'existence. » C'est ainsi que les œufs fécondés d'une poule, soumis à l'action d'une douce température factice, ont conservé ou développé le même degré de chaleur après qu'on eut interrompu pendant plusieurs heures, et même pendant ime demi-journée, cette température artificielle. Burdach avait laissé vingt-quatre heures au grand air, pendant toute une nuit de juillet, dans une chambre exposée au nord et dont les croisées étaient restées ouvertes, des œufs qui précédemment avaient été soumis pendant cinq jours à l'incubation artificielle , et jamais ces embryons n'ont péri. Cette expérience a été répétée par hasard au Collège de France. Des œufs , cou- vés artificiellement pour étudier le développement successif des germes, avaient été posés sur une planche pendant deux jours, exposés à la tem- pérature de la chambre; au troisième jour on trouva les embryons vivants et développés au même degré, et aussi bien que s'ils fussent restés soumis à l'action constante de la chaleur. » Les anomalies qui se présentent dans certaines circonstances de la reproduction chez les ophidiens , pourraient recevoir leur explication par ( '99 ) les faits précédemment exposés. Tels sont la génération ovovivipare, le dé- veloppement de la chaleur animale dans les œufs fécondés qui ne sont soumis, dans le plus grand nombre de cas, à aucune incubation corpo- relle, puisque leurs parents ne pouvaient guère communiquer les effets d'un calorique propre excédant celui de la température ambiante, et eiifin les monstruosités qui sont assez communes chez les serpents, par l'inclu- sion fortuite de plusieurs germes dans un même œuf ou sous une seule enveloppe. » Nous avons dit que plusieurs espèces de serpents de genres fort diffé- rents conservaient leurs œufs fécondés dans l'intérieur du corps, que leurs germes s'y développaient et venaient à éclore successivement dans l'inté- rieur des oviductes qui les contenaient. Ces canaux membraneux ont des parois très-minces; ils se prolongent et s'étendent dans la direction des sacs à air ou des dilatations des poumons. On peut croire que ces œufs sont là médiatement en rapport avec l'air qui se renouvelle dans ces sacs par l'acte respiratoire de la mère , et que par endosmose il s'y opère, à l'aide des vaisseaux du blastoderme, une absorption qui produirait ainsi un effet analogue à celui de l'hématose ordinaire, comme elle a lieu média- tement dans le sang veineux des poumons. Cet air, par l'oxygène qu'il contient, modifie le sang vénoso-artériel, le colore autrement, le revivifie, produit la chaleur et tous les phénomènes des sécrétions. De sorte qu'il y aurait là une sorte d'action produite par le sang de la mère sur les vais- seaux du blastoderme, et que ce mode d'hématose correspondrait à l'acte circulatoire qui s'exerce dans le placenta de l'utérus chez les animaux mammifères. » Nous venons de rappeler que sous l'influence de la vie indépendante, lorsqu'elle se manifeste dans les semences des végétaux fécondées, mûries et déposées dans des circonstances favorables à la germination, il se produi- sait des phénomènes physiques et chimiques qui se ralliaient et venaient en aide à l'action vitale intérieure pour préluder aux premières fonctions des organes, en particulier à l'absorption. Examinons-les séparément : et d'abord, un certain degré de chaleur appréciable paraissant être le résultat de l'effet électro-chimique qui accompagne les décompositions et les syn- thèses nouvelles qu'éprouvent les fluides ambiants et intérieurs. Une fois qu'elle est commencée, cette opération vitale continuelles hquides se solidifient, car, en passant dans les tissus de l'embryon, ils abandonnent le calorique qui, s'échappant, devient sensible en se répandant dans l'atmosphère environnante. Faible et à peine perceptible dans chacune des ( 200 ) "raines isolées, lorsqu'elle est soumise à la germination, cette chaleur devient sensible et évidente quand un plus grand nombre de semences se développent toutes à la fois dans un espace limité. » De semblables phénomènes se produisent dans les ruches et dans les fourmilières où la respiration de chaque insecte, s'opérant chez un grand nombre d'individus, détermine et fait persister une élévation très-notable dans la température de leur habitation commune, quoique chaque abeille ne manifeste pas de chaleur propre. Swammerdam, Réaumur, Huber ont consigné ce fait. Réaumur, en particulier, a constaté que les abeilles d'une ruche avaient fait monter la liqueur de son thermomètre à 3i degrés, chaleur qui est à peu près celle que prennent les œufs sous la poule qui les couve ; il a trouvé aussi pendant l'hiver , époque oîi les abeilles sont sans mouvements dans leur ruche, une température constante de 24 degrés. » Les œufs des serpents sont à peu près dans les mêmes conditions que les graines des plantes. Leurs enveloppes extérieures, quoique destinées à être évidemment protectrices du germe qu'elles contiennent, sont ce- pendant perméables aux agents, généraux de la nature. Ces œufs, comme nous l'avons vu, absorbent les liquides dans lesquels on les plonge. Tant que le germe séjourne dans la coque, avant d'éclore et pendant la durée de cet espace de temps qu'on peut nommer germination, incu- bation {i),fotus, l'œuf diminue notablement de poids, il s'y opère une exhalation et très-certainement aussi une absorption, car l'individu vivant qu'il renferme ne tarde pas à périr, si on le soustrait à l'action de l'air atmosphérique, ou si on l'expose à une température par trop basse ou trop élevée. » Ces données peuvent, selon nous, servir à expliquer autrement le résultat des observations que M. le professeur Valenciennes a faites pen- dant l'incubation d'une femelle de Python et les conséquences qu'il en a tirées (2). lia constaté que les œufs de ce serpent acquéraient et conservaient (i) Ce nom d'incubation, ou l'action de couver , applique' plus particulièrement aux oiseaux, suppose le développement et la communication de la chaleur aux œufs. Peut-on l'employer dans le même sens pour les femelles qui , placées sur leurs œufs ou les portant au dehors, ne leur communiquent pas de chaleur, tels que la Cochenille et les autres gai- linsectes, le Perce-oreille , les Cloportes , les Écrevisses , les Monocles, les Alytes, les Tipas, les Syngnathes. (2) Voyez les Comptes rendus de F Académie des Sciences de Paris pour i84i, t. XIII, page 136. ( 20I ) une température supérieure à celle de l'atmosphère dans laquelle ils étaient plongés; mais il a attribué à la mère, qui les recouvrait de son corps et qui les protégeait sous une sorte de dôme ou de voûte formée par ses cir- convolutions en spirale, dont les tours étaient très-rapprochés et immo- biles, la chaleur que toute cette masse paraissait avoir reçue de la mère, ou plutôt développée, selon nous. » Voici l'analyse de cette observation intéressante : On conserve et on nourrit avec soin, dans la ménagerie du Muséum, plusieurs serpents d'une grande dimension : ce sont des Pjthons à deux raies. Le i" janvier on trouva l'un des mâles accouplé avec une femelle. Il y eut ensuite plu- sieurs autres copulations, jusqu'à la fin de févrfer. Nous avons même été té- moins de l'un de ces rapprochements, dont nous aurons occasion de parler. Depuis le i février, époque à laquelle cette femelle avait avalé 3 à /(kilogr. de chair de bœuf avec un lapin , elle ne prit aucun nourriture jusqu'au 6 du mois de mai, jour où elle commença à pondre. Dans cet intervalle, son volume s'était accru considérablement. Sa ponte tlura trois heures et demie et produisit quinze œufs. Ces œufs, d'abord allongés, se raccourcirent en grossissant; ils étaient distincts, ou tout à fait séparés les uns des autres. » Cette mère était renfermée seule avec ses œufs dans une caisse de bois , placée sur des couvertures de laine, soutenues par une planche de bois mince, percée d'un grand nombre de trous et chauffée en dessous au mojen de grandes boîtes de cuivre remplies d'eau chaude qu'on renou- velait au besoin. La femelle rassembla ses œufs en tas et se plaça dessus en s'enroulant sur elle-même, de manière à les couvrir complètement pour former une voûte peu élevée, au sommet de laquelle se trouvaitsa tête. Elle resta ainsi sur ses œufs pendant l'espace de deux mois , du 5 mai au 3 juillet, époque à laquelle eut lieu leur éclosion. » C'est pendant que la mère était placée sur ses œufs que M. Valen- ciennes se livra à diverses reprises et à plusieurs jours d'intervalle, à des observations thermométriques, au moyen desquelles il s'est assuré que les œufs et la mère avaient une température à peu près constamment élevée de lo à 12° centigrades, au-dessus de celle de l'air contenu dans la caisse et même des couvertures de laine sur lesquelles toute cette masse reposait. Quelquefois, cependant, quand le thermomètre placé au-dessous des cou- vertures avait marqué 35'*,5 , les œufs et la mère indiquaient 4 1°,5 seu- lement. a Nous avons dit que nous ne partagions pas tout à fait l'opinion que C. E. 184a, i" Semestre ÇV. XIV, ^^ S.) 27 ; ( 202 ) M. Valenciennes a émise en attribuant complètement au serpent la chaleur rendue évidente dans cette circonstance. Nous croyons que cette élévation de température pouvait dépendre soit de la conservation du calorique transmis antérieurement, soit des germes et de l'action vitale qui s'exerçait dans l'intérieur de ces œufs, et qui se distribuait d'une manière égale dans toute la masse, quoique ces œufs fussent superposés et que chacun d'eux produisît bien peu de chaleur en excès. Voici d'ailleurs quelques motifs à joindre à ceux que nous avons précédemment fait connaître : » Il a été constaté par l'observation directe et par les investigations aua- touiiques que les reptiles en général, et par conséquent les ophidiens, d'après la structure et le jeu des organes de leur circulation et de leur respiration, ne peuvent pas développer de chaleur par eux-mêmes, au moins d'une manière notable. Cependant il nous est arrivé, au premier printemps et par un temps froid, de trouver des couleuvres au bas de très- hautes murailles, alors à l'ombre, mais qui avaient été exposées aux rayons du soleil ; au moment où nous saisissions ces reptiles, leur contact nous faisait éprouver la sensation d'une chaleur au-dessus de celle de nos mains, et souvent en prenant, pendant l'été, des lézards sur des terrains échauffés par le soleil, nous les avons trouvés brûlants. Il est donc probable que ces animaux admettent, recueillent et conservent, pendant un assez long es- pace de temps, la température à laquelle ils peuvent avoir été soumis anté- rieurement. » On sait en effet qu'aucun reptile ne couve, ou plutôt et mieux ne chaude ses œufs, et que tous sont à cet égard dans les mêmes conditions que les pois- sons, dont le corps admet et perd le calorique, suivant la température du milieu qui l'enveloppe. Dans le cas particulier que nous venons de faire connaître, les germes contenus dans les œufs, qui avaient été échauffés arti- ficiellement, s'y sont évidemment développés ; leurs organes sont entrés en fonction : il s'y est opéré une solidification des liquides. Les phéiiomèues qui ont lieu pendant la vie s'y sont manifestés, à l'aide de la pénétration du calorique et peut-être de l'électricité; l'absorption de l'oxygène s'est pro- duite, ainsi que l'exhalation de plusieurs fluides. Très-probablement le corps de la mère qui les recouvrait s'est mis en équilibre avec leur température moyenne; elle a partagé leur chaleur naturelle. Cette chaleur a dû être éga- lement distribuée ou répartie entre eux, puisqu'ils étaient empilés ou placés les uns sur les autres, sous une sorte de voûte fermée de toute part et surtout dans la partie supérieure qui ne permettait pas à la matière de la chaleur de s'échapper de cette espèce de four. ( uo3 ) » Une expérience positive a même été faite à ce sujet : on disposa une couverture de laine, contournée sur elle-même, de manière à former et à laisser un vide intérieur. Cet ensemble a été placé dans l'une des cages ou boîte en bois chauffée parle bas, au moyen de caisses métalliques rem- plies d'eau chaude et dans le même appareil que celui qui avait servi aux observations de M. Valenciennes. Au bout de quelques heures, deux thermomètres furent placés dans la même caisse, l'un au dehors de l'es- pace où était disposée la couverture en dôme, l'autre dans le vide intérieur de cette sorte de four, et ce second thermomètre indiqua lo degrés cen- tigrades de température de plus que le premier qui était placé dans l'inté- rieur de cette caisse, dont l'air s'était refroidi. » Nous supposons donc que les œufs du python dont nous venons de parler avaient reçu d'abord la chaleur artificielle ; secondement que cha- cun d'eux en a produit un peu , et troisièmement que la mère et ses œufs ont dij être mis, passivement et uniformément, en équilibre de tempéra- ture, et par conséquent que le python n'a pas plus développé de chaleur animale que ne peuvent le faire les autres reptiles. 1) Nous traitons ensuite du développement des serpents et des particu- larités que nous ont présentées les huit jeunes pythons qui ont aujourd'hui trois ou quatre fois la longueur qu'ils avaient en sortant de l'œuf et qui était o,52. Nous présentons dans un tableau le nombre des mues ou chan- gements de peau que chacun d'eux a subis à des jours indiqués. Six en ont eu cinq, et des deux autres, l'un quatre, l'autre trois. On a tenu note de leur poids total et de celui de leur nourriture, ainsi que de sa quantité et de sa qualité à diverses époques, avant et après le bain qui facilitait en général leur mue et semblait exciter leur appétence pour la nourriture. » Nous terminons ce chapitre par l'historique et la nature des mons- truosités auxquelles les œufs des .serpents ont donné lieu. » M. Dumas, l'un des commissaires pour le Mémoire de M. Valenciennes, fait remarquer qtBl serait à désirer que le Mémoire de M. Duméril fût im- primé dans les Comptes rendus^ pour que la Commission pût mettre à profit les observations qu'il renferme. Il lui avait paru que M. Valenciennes s'était entouré de toutes les précautions convenables pour garantir l'exac- titude de ses observations, mais les remarques de M. Duméril devront pro- voquer un nouvel examen. 27.. ( ^-o4 ) « M. Regnault rappelle à l'Académie que le temps n'a pas permis à M. Pelouze de lire dans la dernière séance le travail de M. Magnus, sur la dilatation des gaz, et que par suite il n'a pu lui-même développer quelques observations qu'il avait à présenter sur le même objet. » Il fait remarquer que les causes indiquées par M. Magnus, comme rendant très-incertaines les déterminations au moyen de l'appareil employé anciennement par M. Gay-Ijussac, sont les mêmes qu'il a annoncées lui- même à l'Académie dans sa séance du 1 3 décembre, et qu'il avait reconnues par une série d'observations directes. » M. Regnault fait observer que le nombre o,3665 qu'il a donné, comme résultat moyen de ses expériences sur l'air, a été indiqué par lui à plusieurs membres de l'Académie depuis plus d'un an, et que dans le Compte rendu de la séance du 1 2 avril 1841, tome XII , page 66 j , on trouve cette phrase : a M. Regnault saisit cette occasion pour annoncer à l'Académie qu'il lui » présentera très-prochainement une nouvelle série d'expériences directes » sur la détermination du coefficient de dilatation des gaz et sur la com- » paraison du thermomètre à mercure avec le thermomètre à air. Les » nombres qu'il a obtenus pour le coefficient de dilatation de l'air sec s'é- » loignent très-peu de celui adopté par Rudberg : ils sont cependant con- » stamment un peu plus forts. » » M. Regnault fait ensuite la communication suivante, qui se rapporte à la dilatation de quelques gaz autres que l'air atmosphérique. K L'ancien coefficient admis pour la dilatation de l'air se trouvant inexact de-^, il est évident que l'on ne peut plus regarder comme démontré que tous les gaz ont le même coefficient de dilatation ; de nouvelles expériences sont nécessaires pour décider si cette loi est rigoureusement vraie, ou si elle n'est qu'approchée. i> J'ai fait des expériences sur l'azote, l'hydrogène, l'oxyde de carbone, l'acide carbonique, l'acide sulfureux, le cyanogène, le protoxyde d'azote, l'acide chlorhydrique et l'ammoniaque. Le plus grand nombre de ces expé- riences ont été faites par le procédé II; quelques-unes cependant ont été faites avec le procédé IV. ^ » J'ai réuni dans ini seul tableau les résultats obtenus par la deuxième méthode sur les différents gaz. ( 2o5 ) i. Azote S Oxygène 3 Hydrogène 4. Oxyde de carbone 5. Acide carbonique 6. Cyanogène .... ^ ....... . 7. Protoxyde d'azote 8. Acide sulfureux 9. Gaz acide clilorhydrique. 10. Ammoniaque ,36675 ,36686 ,36685 o o ,36692 ,3668?. ,36677 ,36662 ,36647 ,36686 ,36844 ,36981 ,36gi3 ,36848 ,36792 ,3685o ,36768 ,36780 ,36742 ,36738 ,36667 ,36645 ,36734 , 36800 ,36825 I ,36682 I ,06678 1,36667 1,36896 I ,36821 I ,36763 I ,36696 I , 368 I 2 M J'ajouterai quelques mots sur la manière dont chaque gaz a été préparé. » 1°. Azote. — Ce gaz a été obtenu en enlevant l'oxygène à l'air, en faisant passer celui-ci à travers im tube de verre renfermant de la tournure de cuivre et chauffé au rouge; le tube était en communication avec la pompe pneumatique. Le vide étant fait dans le ballon, on ouvrait le robinet petit à petit; l'air en passant sur le cuivre incandescent abandonnait son oxy- gène et déposait ensuite son humidité dans les tubes à dessiccation. » 2". Oxjrgène. — J'ai fait plusieurs expériences sur le gaz oxygène, mais elles m'ont donné des nombres tellement variables qu'il a été impossible d'en tirer parti. Le mercure ne peut pas être laissé en contact avec le gaz oxygène , même pendant un temps assez court , sans absorber une certaine quantité de ce gaz; sa surface présente bientôt les caractères du mercure oxydé et laisse des traces sur le tube de verre. » I^a même chose se présente pour le mercure qui reste en contact avec l'air, mais l'altération est dans ce cas beaucoup plus lente; il faut un contact de plusieurs semaines pour qu'elle devienne sensible. ( 206 ) » L'oxygène avait été préparé par la calcination du chlorate de potasse. » 3°. Hjdrogène. — Ce gaz était préparé en traitant le zinc par l'acide sulfurique étendu; il traversait, avant de se rendre à la pompe et à l'ap- pareil à dessiccation, deux tubes de i mètre de long remplis de ponce imbibée d'une dissolution de potasse caustique, et un troisième tube rem- pli de ponce imbibée d'ime dissolution de sulfate d'argent. Le gaz sortait ainsi privé de loule odeur. L'interposition des deux tubes remplis de ponce imbibée d'une dissolution de potasse, est essentielle pour retenir la petite quantité de vapeur huileuse odorante que le gaz hydrogène entraîne toujours, et qui est suffisante pour altérer d'une manière sensible la dila- tation du gaz. Eu effet, dans une expérience où le gaz hydrogène traversait simplement un flacon laveur renfermant de l'eau, j'ai trouvé pour son coefficient de dilatation le nombre o,3686; une seconde expérience , dans laquelle le flacon laveur renfermait une dissolution de potasse, a donné le nombre 0,3679. » 4"- Oxyde de carbone. — Préparé en décomposant l'acide oxalique par l'acide sulfurique concentré; le gaz traversait un flacon renfermant une dissolution de potasse caustique pour absorber l'acide carbonique, puis un long tube rempli de ponce imbibée d'une dissolution de potasse; de là il passait dans l'appareil à dessiccation. » 5°. Jcide carbonique. — Obtenu en décomposant le marbre blanc par l'acide chlorhydrique étendu. Le gaz traversait un flacon laveur renfer- mant de l'eau, et se rendait de là dans l'appareil à dessiccation. « G°. Cjanogène. — Ce gaz était préparé eu décomposant par la chaleur du cyanure de mercure placé dans une petite cornue eu verre ; il traversait un flacon muni d'un tube de sûreté, et rempli d'acide sulfurique concentré qui servait à régulariser l'introduction du gaz. » 7°. Protoxjde d'azote. — Le protoxyde d'azote était préparé en décom- posant par la chaleur du nitrate d'ammoniaque renfermé dans une cornue. Le gaz , avant d'arriver aux tubes de dessiccation , traversait un flacon la- veur renfermant une dissolution de protosulfate de fer. M 8°. Acide sulfureux. — Ce gaz était préparé en chauffant du mercure avec de l'acide sulfurique concentré , le gaz traversait un flacon laveur rempU d'acide sulfurique concentré, puis l'appareil ordinaire de dessic- cation. M 9°. Gaz acide chlorhydrique. — Obtenu en traitant le sel marin par l'acide sulfurique concentré, il traversait un flacon rempli d'acide sulfu- rique concentré , puis les deux tubes remplis de ponce sulfurique. ( 207 ) » Les expériences sur le gaz acide chloihydrique n'ont rien présenté de particulier. Le mercure a conservé sa surface brillante. Cependant je ne puis pas avoir une confiance entière dans les résultats obtenus. En effet, le mercure ne parait pas attaqué par le gaz acide chlorhydrique seul, mais il l'est très-promptement aussitôt que ce gaz est mélangé avec l'oxygène. Or, on conçoit que quelques millièmes d'air mélangés avec le gaz acide chlorhydrique dans le ballon, suffiront pour produire une absorption très- sensible de gaz, et par suite pour troubler la dilatation. » io°. Gaz ammoniac , préparé en chauffaut doucement une dissolu- tion aqueuse concentrée de ce gaz. Il traversait un tube de i mètre de long rempli de potasse caustique concassée en petits fragments. » liC gaz ammoniac m'a donné les nombres les plus variables. Le mer- cure paraissait profondément altéré à sa surface, il faisait la queue: il y avait eu évidemment absorption de gaz; mais il m'a été impossible de me rendre compte de la réaction chimique qui a lieu en cette circonstance. » 3'ai trouvé successivement les nombres 0,870 , 0,871, 0,873, suivant que le gaz était resté plus ou moins longtemps en présence du mercure. » On voit par le tableau précédent que l'azote, l'hydrogène, l'oxyde de carbone ont sensiblement le même coefficient de dilatation que l'air, dans les circonstances où les expériences ont été faites , c'est-à-dire les gaz se trouvant sous la pression atmosphérique quand ils sont à la tempéra- ture de l'eau bouillante, et sous une pression deSSo™" environ quand ils sont à la température de la glace fondante. » L'acide carbonique , le protoxyde d'azote et le cyanogène présentent au contraire, dans les mêmes circonstances, xm coefficient de dilatation plus fort. » Le gaz acide sulfureux a donné des nombres un peu plus forts que ceux obtenus sur les premiers gaz ; mais la différence est tellement petite, que l'on ne sait si elle ne doit pas être attribuée aux erreurs inévitables des expériences. » Je ne parle pas du gaz acide chlorhydrique, parce que je regarde les nombres obtenus sur ce gaz comme peu certains. w Mes expériences semblent donc démontrer que les gaz n'ont pas, dans les mêmes circonstances, exactement le même coefficient de dilatation. Ce coefficient varie pour les gaz que j'ai examinés, et dans les circon- stances où les expériences ont été faites, depuis o,3665 jusqu'à o,3685. » Cette variation ne peut pas être attribuée à ce que certains de ces gaz se trouvent, à la température de la glace fondante et sous la pression de ( 208 ) o^jSSo, très-voisins de leur point de liquéfaction; car l'acide sulfureux est celui de tous ces gaz qui se liquéfie le plus facilement, et cependant son coefficient de dilatation est plus faible que celui de l'acide carbonique, qui à o° se trouve encore éloigné de plus de 90" de son point de liqué- faction. >> Cette modification, qu'il faudrait faire subir à une des plus belles lois de la physique, me semblait trop grave pour que je ne cherchasse pas à l'appuyer par d'autres expériences. » J'ai commencé par faire plusieurs déterminations par le procédé n° IV, en employant exactement le même appareil qui avait servi pour l'air. « J'ai obtenu sur le gaz acide carbonique les résultats suivants : ... ( 1, 36831 1" période < , ,36857 Moyenne = i, 36844 „. -■ . i 1,36846 =» P^"*"*^ i .,36866 Moyenne = i, 36856 » Ces expériences donnent à très-peu près le même nombre que celui qui a été trouvé par le procédé n" II. » Une expérience faite sur le protoxyde d'azote a donné : 1" période. .. . i + ioo« — 1,36701 a"" période. .. . i + looa = 1,36797 Moyenne = 1,36749 » La moyenne donnée par les expériences citées plus haut , et faites par le procédé n° II, est 1,36763. «Nous avons vu que le procédé n° II donnait pour le coefficient de dila- tation de l'acide sulfureux un nombre sensiblement égal à celui que nous avons trouvé pour l'air. J'ai voulu m'assurer si ce coefficient ne deviendrait pas plus fort en opérant sous des pressions plus considérables. » L'acide sulfureux m'a donné : Le gaz étant à o" sous la pression de A 100" sous la pression de 545°"", 67 742"'"', 08 1,36689 742 ,49 1010 ,49 1,36777 772 ,a8 I052 ,i4 1,36907 goi ,06 1234 ,35 1, 37413 Pressiou à o». Pression à 100". 554,89 ,56,52 555,4, 757,54 758,47 1034,47 759,10 1034,61 ( 309 ) » Le coefficient de dilatation de l'acide sulfureux va donc en augmen- tant d'une manière très-marquée , à mesure que la pression à laquelle le gaz se trouve soumis devient plus considérable. Il est probable que la même chose se présente pour tous les gaz composés sur lesquels on n'ob- serve pas rigoureusement la loi des volumes, ou qui ne suivent pas exacte- ment la loi de Mariotte. » Une variation semblable se remarque dans le gaz acide carbonique, quoique d'une manière beaucoup moins tranchée. Nous avons vu que le procédé n° IV appliqué à ce gaz avait donné : i,3683i 1,36857 1,36846 1,36866 » La différence n'est pas sensible; mais une expérience faite sous une plus forte pression a donné : Pression à 0°. Pression à 100°. 9oi'"'",o9 _ i23o°"°,37 » + ioo«= 1,36943 » Ainsi le coefficient de dilatation du gaz acide carbonique est devenu sensiblement plus fort. » J'ai disposé un appareil au moyen duquel on met immédiatement en évidence la dilatation inégale des gaz, et qui peut servir à la mesurer avec précision. Cet appareil est une espèce de thermomètre différentiel. » Une expérience comparative faite par cette méthode sur l'acide car- bonique et sur l'air atmosphérique a donné tJi = i'"",48, H = 757,20, par suite i'"°',48 A» = —= — =— = 0,002 environ ; 757,20 c'est-à-dire que le coefficient de dilatation du gaz acide carbonique est plus fort de 0,002 que celui de l'air , ce qui le porte à o,3685, et c'est en effet le nombre que nous avons trouvé plus haut. » Pour vérifier l'exactitude de l'appareil différentiel, j'ai rempli les deux ballons d'air sec; j'ai trouvé alors A^ = o°"»,b8. C. R., 184a, i"S«me4«re. fT. XIV, NOS.) ^8 ( 2IO ) » Cette différence tient probablement à ce que les tubes n'étaient pas ajustés d'une manière tout à fait exacte , mais elle est complètement négligeable. » Pour compléter l'exposition des expériences que j'ai entreprises sur la dilatation des gaz, il me reste à indiquer les expériences que j'ai faites sur la dilatation sous des pressions beaucoup plus faibles ou beaucoup plus fortes que la pression atmosphérique, et sur la comparaison du thermo- mètre à air avec le thermomètre à mercure. Ce sera le sujet d'un Mémoire que je communiquerai prochainement à l'Académie. » ZOOLOGIE. — Ostéographie et Odontographie des Mustelas ; par M. de Blainville. « Le nouveau Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est le dixième de mon Ostéographie comparée , récente et fossile. Com- posé de onze feuilles d'impression et de quatorze planches lithographiées par M. Werner, il est consacré au genre de mammifères carnassiers que Linné a désigné sous le nom de Mustela , parce qu'il renferme indubi- tablement l'espèce que les anciens désignaient sous ce nom et un certain nombre d'autres plus ou moins rapprochées de notre Martre. Nous com- prenons, en effet, dans ce genre linnéen tous les carnassiers de petite et rarement de moyenne taille, à corps allongé, plus ou moins vermi- forme, à membres ordinairement peu élevés, assez distants, plantigrades ou subdigitigrades, pourvus de cinq doigts , le pouce évidemment plus petit que les autres , avec des ongles de moins en moins fouisseurs, devenant même quelquefois demi rétractiles ; dont la tête, brève à la face, est plus ou moins allongée et surtout déprimée au crâne ; dont le système den- taire est plus carnassier que celui des Subursus en général, et surtout par un moins grand nombre de dents molaires tuberculeuses; dont le canal intestinal , pourvu d'une paire de glandes odoriférantes à sa termi- naison, est, au contraire, constamment dépourvu de cœcum ; dont le squelette offre à peine des rudiments de clavicules , mais presque constam- ment un os du pénis considérable, et dont l'humérus est aussi presque tou- jours percé d'un trou au condyle interne ; à quoi il faut ajouter que le sys- tème de coloration est constamment uniforme, quoique souvent de couleur différente et tranchée en dessus et en dessous, où elle est quelquefois en- (.1.) core plus foncée, et que les oreilles sont courtes et les moustaches peu dé- veloppées. » Nous comprenons dans ce genre , en les rangeant dans l'ordre sériai suivant, des plus rapprochées des Subursus aux pins voisines des Viverras, les Mouffettes, les Ratels , les Gloutons, les Mélogales , les Zorilles, les Grisons , les Putois , les Martres, les Loutres et les Bassaris. » Nous avons pris pour type , pour mesure la Fouine ( Mustela Foina, L.), parce qu'étant la plus commune, c'est elle qu'il est le plus fa- cile de se procurer. » Ainsi que dans nos Mémoires précédents, nous en avons décrit le squelette et les dents avec détail; puis nous lui avons comparé, sous ce double rapport, d'abord les espèces qui remontent vers les Petits-ours, et ensuite celles qui descendent vers les Viverras, genre qui doit suivre dans l'ordre sériai des carnassiers , établi d'après l'ensemble de l'orga- iiisation , traduit par le système digital , et non par le système den- taire. » Nous avons ensuite cherché les traces que des espèces de ce genre ont laissées dans l'histoire des hommes et dans les couches de la terre , afin d'en apprécier l'ancienneté, et nous en avons tiré les conséquences que la zooclassie, ou la classification des animaux et la géologie étiologique peu- vent en induire légitimement dans l'état de nos connaissances à ce sujet ; rappelant en effet que très-probablement nous sommes encore assez loin de connaître toutes les espèces vivantes de Mustélas, peut-être plus encore que dans tout autre genre de carnassiers, à cause de leur petitesse, de leurs habitudes nocturnes, et encore plus de connaître toutes celles qui ont existé anciennement et dont quelqties indices ont pu être conservés dans le sein de la terre. » Je demande à l'Académie la permission de lui lire le résumé de mon Mémoire. RÉSUMÉ. * 1°. Sur la distribution méthodique des espèces. » Le petit nombre d'espèces de Mustélas, à peine connues des anciens, devait nécessairement être réuni sous un nom commim aussitôt que ce nombre serait notablement augmenté; c'est, en effet, ce qui eut lieu- par suite des travaux des naturalistes du Nord : aussi fut-ce Ray qui , le* pre- mier, rassembla toutes les espèces en un genre distinct, sous le nom de a8.. ( 312 ) Genus mustelinum, que bientôt après Linné changea en celui de Mus- tela. Mais depuis lors les zoologistes , en ayant égard à quelques particu- larités assez peu importantes , et surtout au nombre, à la forme et à la pro- portion des dents molaires , eu ont partagé les espèces , qui montent à peine à une trentaine, en vingt genres au moins, que nous allons énumérer par ordre de dates : » Mustela. — Par Linné, en lySô, pour neuf espèces, y compris deux Viverras. >' Lutra. — Par Linné, en 1748, pour deux espèces (i), L. vulgaris et Brasiliensis. » Gulo. — Par Klein, en 1751 , pour une espèce, M. Gulo (Erxleb.). » Mellivora. — Par Storr, en 1781, pour une espèce, M. Capensis ( Schreib. ). )) Mephitis. — Par Buffon , en 1765, et par MM. G. Cuvier et Geof- froy , en 1 7g5 , pour trois espèces confondues avec le M. Putorius. » Putorius. — Par M. G. Cuvier, en 181 5, pour neuf espèces connues, M. Putorius et autres. >» Pusa. — Par M. Oken , en i8i4 > pour une espèce de Loutre ( M. Lutris ). )) Latax. — Par M. Gloger, en 1817 , pour la même espèce. » Enhjdris. — Par M. Fleming, en 1838, pour la même espèce de Loutre. » Aonyx. — Par M. Lesson , en 1827, pour une espèce de Loutre, L. Ca- pensis on Inunguis , déjà connue. » Baisaris. — Par M. Lichtenstein , en 1827, pour inie espèce nou- velle. ^> Mélo gale. — Par M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire , en 1829, pour une espèce nouvelle très-voisine du Gulo Orientalis d'Horsfield. a Helictis. — Par M. Gray, en i83i , pour la même espèce. » Ursitaxus. — Par M. Hogdson,en i835, pour une espèce particulière «le Ratel , de l'Inde. » Ratehis. — Par Bennet, en i836, pour le Ratel du Cap; u Galictis. — Par M. Bell, en 1887, pour deux espèces anciennement connues, M. Barbara et M. Galera. (i) Pour Ray, les deux espèces de Lutra sont, avec beaucoup d'autres Carnassiers, renfermées dans 1« Genus caninum. ( 2l3 ) » Pteronura. — Par M. Gray, en iSSy, pour une espèce de Loutre déjà connue? L. Sandbachii. » Conepatus. — Gray, en 1837, London's Mag., pour le Meph. conepalt, Desra. ; C. Humboltii, Gray, du détroit de Magellan. » Marputius. — Gray, en 1887, ibid. pour le Meph. Chilensis. n Rhabdogale. — Par M. Muller, en 1 838, pour une espèce anciennement connue, M. Zon7Z<ï(Schreb. ). » Huro. — Par M. Isid. Geoffroy, en 1889, pour deux espèces ancienne- ment connues, type du G. Galictis de M. Bell. » Eirara, en 1841, par M. Lund , pour deux espèces anciennement con- nues, M. Galera et M. Barbara. 2". Sous le rapport odontologique. » Les espèces de Mustélas diffèrent peut-être moins encore entre elles que celles des Subursus. » Les incisives, toujours terminales et disposées transversalement, sont : les supérieures constamment au nombre de trois paires; les inférieures, en même nombre, si ce n'est dans la Loutre de mer, qui n'en a que deux paires par manque de la première, toujours plus petite dans tous les au- tres Mustélas, qui ont aussi la seconde plus rentrée. » Les canines sont en général courtes, robustes, coniques, et plus ou moins en crochet, jamais carénées. » Les molaires, sous le rapport du nombre, de trois en haut comme en bas de chaque côté qui est le minimum, savoir : une avant-molaire, une prin- cipale et une arrière- molaire, peuvent monter jusqu'à cinq en haut et six ,en bas, mais point au delà; trois avant- molaires, une principale et une ou deux arrière-molaires; mais tous les degrés intermédiaires, ^, 4, J, j, existent dans certaines espèces. » Les avant-molaires sont au nombre de trois, quand elles sont com- plètes; mais quand il n'y en a qu'une, c'est l'analogue de la troisième, et quand elles sont réduites à deux, ce peut être la première et la troi- sième, et plus souvent la seconde et la troisième, et cela aussi bien en haut qu'en bas. » La principale d'en haut est toujours la plus forte de la série et car- nassière, mais jamais complètement, parce qu'elle est constamment pour- vue d'un tubercule interne, plus ou moins large et plus ou moins avancé, et surtout d'un talon en arrière. ( 2l4 ) I) Celle d'en bas ressemble plus ou moins à la troisième avant-molaire qui la précède ; elle est toujours simple, quoiqu'à deux racines , mais quel- quefois pourvue à son bord postérieur d'un double denticule. » Dans toutes les espèces, une seule exceptée, il n'y a à la mâchoire su- périeure qu'une arrière-molaire transverse ou ronde , et , dans ce cas , quelquefois fort grande. C'est sur les particularités de forme et de propor- tions de cette dent que repose la distinction des espèces. » Quand il y a deux arrière-molaires , elles sont toutes deux triquètres, la dernière étant la plus petite , et elles ont trois racines et trois alvéoles. )i La première (fort rarement la seule) arrière-molaire d'en bas, est toujours carnassière, mais à des degrés fort différents, pouvant en effet n'être composée que de deux pointes externes plus ou moins tranchan- tes, sans pointe interne ni talon postérieur, ou bien être pourvue de celle-là d'une manière plus ou moins prononcée, et même de celui-ci, formant une partie notable de la dent, alors devenue à moitié tuber- culeuse. » Quant à la dernière, presque toujours beaucoup plus petite, ronde et uniradiculée , elle est complètement plate ou à peine tuberculeuse à la couronne. Dans le Bassaris seul , elle a une forme triquètre comme celle qui la précède. "Le système dentaire du jeune âge est de même nombre que dans l'adulte pour les incisives et les canines, seulement bien plus grêles et plus espacées; mais pour les molaires, le nombre en est toujours réduit à trois: une avant- molaire, petite ou uniradiculée; une principale carnassière en haut, simple en bas, et une arrière-molaire triquètre en haut et fort carnassière en bas. 3°. Sous le rapport ostéologique. »Le nombre des vertèbres ne varie guère plus dans les espèces de ce genre que dans les Subursus, et les différences un peu notables ne portent également que sur la queue. » Les vertèbres céphaliques et cervicales sont toujours en même nombre comme dans tous les mammifères, pour les premières, et dans presque tous pour les secondes. » Les vertèbres troncales, c'est-à-dire dorsales et lombaires, sont, à la seule exception près du Bassaris, qui n'en a que dix-neuf, treize au dos et six aux lombes, au nombre de vingt, mais un peu différemment réparties. » Dans les Martres, les Fouines, les Putois, les Belettes, les Tairas et les (2,5) Loutres ordinaires, il y en a quatorze dorsales et six lombaires; mais dans les Zorilles, les Mouffettes, les Gloutons, les Ratels et certaines Loutres, comme la Saricovienne et celle du Cap, il y en a quinze au dos et cinq seu- lement aux lombes, et enfin, dans le Grison, il y en a seize au dos et quatre seulement aux lombes, comme dans l'Hyène. » Quant aux sacrées, elles ne sont jamais au-dessus de trois, ni même au- dessous , quoique dans certaines espèces la troisième ne se soude que fort tard aux deux autres. Mais les coccygiennes varient de quinze à vingt-six. » Dans la tête, en totalité, on peut remarquer la brièveté du museau, la forme allongée et déprimée du crâne, et surtout sa grande saillie en arrière, au delà du canal auditif externe, et son élargissement au-dessus de ce canal; enfin, dans les appendices, l'étroitesse de la cavité glénoïde à son entrée par la saillie recourbée de ses bords. » La série des os inférieurs au canal intestinal n'offre rien de bien carac- téristique dans l'hyoïde; mais les sternèbres , dont le nombre ne dépasse pas dix, en y comprenant le xiphoïde entièrement cartilagineux, sont en gé- néral fort grêles et allongées. '> Les côtes, variables pour le nombre, puisqu'elles peuvent être de : » Treize dans le Bassaris seulement; » Quatorze dans toutes les Martres, les Putois, les Belettes, les Tairas; » De quinze dans les Zorilles, les Mouffettes, les Gloutons, les Ratels; » De seize dans le Grisou ; » Sont, en générai, fort grêles et surtout dans leur partie cartilagi- neuse. » Dans les membres antérieurs: » La clavicule n'existe osseuse que dans les Loutres, et encore est-elle extrêmement rudimentaire ; » L'omoplate, qui n'a jamais de traces d'apophyse coracoïde, est constam- ment pourvue d'une sorte d'apophyse récurrente avant la terminaison de l'acromion; » L'humérus, généralement court, ou tout au plus médiocrement allongé, est toujours percé au condyle interne d'un trou oblique, si ce n'est dans les Mouffettes, et presque jamais au-dessus de la poulie articulaire, si ce n'est dans le Ratel et un peu dans le Glouton. L'olécrâne du cubitus est presque toujours large, court et recourbé en dedans en une sorte de cuiller, et son apophyse odontoïde est également large et forte. » Il n'y a jamais ni plus ni moins que sept os au carpe, trois à la pre- mière rangée , et quatre à la seconde , mais sans compter le sésamoïde du ( 2l6) long adducteur du pouce. On ne connaît encore dans ce genre aucune exception pour le nombre des doigts, qui est toujours de cinq; mais le premier, notablement plus court, même que le cinquième, et les pha- langes onguéales longues, droites, assez peu arquées dans les premières espèces, deviennent plus courtes, plus comprimées, plus élevées dans les dernières, à l'exception des Loutres, qui les ont fort petites. » Aux membres postérieurs : » L'os des hanches, articulé avec une ou deux des trois vertèbres sacrées, est encore assez large dans l'iléon , mais surtout dans le trou sous-pubien ; M Le fémur ne manque de la fossette pour le ligament rond que dans la Loutre duRamtschatka, et il est toujours droit et un peu déprimé dans son corps ; » Le tibia et le péroné, bien complets, forment inférieurement une cavité malléolaire assez profonde et serrée ; » Le tarse est médiocre , pourvu d'un astragale un peu élevé dans sa poulie, et assez avancé dans sa tête, d'un calcanéum, dont l'apophyse est en général courte et épaisse, et d'un premier cunéiforme encore assez étendu ; » Les cinq os du métatarse ne sont encore que médiocrement allongés : le premier plus petit même que le cinquième , et les phalanges sont assez courtes. » Parmi les os qui n'appartiennent pas au squelette proprement dit, la ro- tule est , en général, ovale et assez mince; » L'os pénien , sauf dans les Mouffettes, où il n'existe pas, est toujours fort développé, surtout en longueur. 4''- Sur la distribution géographique actuelle. » On trouve quelques espèces de ce genre dans toutes les parties du monde, à l'exception de la Nouvelle-Hollande et de toutes les îles de la mer du Sud. » Les espèces les plus répandues sont celles de la division des Loutres, dont quelqu'une se trouve dans les climats les plus chauds comme dans les plus froids, dans l'Ancien comme dans le Nouveau-Monde, en Europe, en Afrique, dans l'Asie continentale et insulaire, dans l'Amérique du Sud comme dans celle du Nord, à l'est comme à l'ouest de la chaîne de mon- tagnes qui la traverse d'une extrémité à l'autre. » La division des Martres, et surtout celle des Putois et des Belettes, est à peu près dans le même cas; mais les espèces, et surtout les individus de ces ( 217 ) espèces, sont plus nombreuses au nord de l'ancien et du nouveau continent qu'au sud; aussi l'Afrique en nourrit-elle beaucoup moins que les trois autres parties du monde. » Le Glouton vient ensuite , puisqu'il se trouve aussi bien dans le nord de l'Europe que dans celui de l'Asie et de l'Amérique. » Les espèces des autres divisions sont beaucoup plus circonscrites : les Mouffettes exclusivement en Amérique, les Zorilles en Afrique; le'Ratel, également en Afrique, mais aussi dans l'Inde, et enfin les Bassaris, en Amé- rique, au Mexique seulement. » Ainsi la partie du monde qui renferme le plus d'espèces de ce genre est l'Amérique, et de toutes les divisions, à l'exception de celles des Mélogales, des Zorilles et des Ratels. » L'Asie vient au second rang, comme offrant des espèces de Loutres , de Martres, de Putois, de Belettes, ainsi qu'une espèce de Mélogale et de Ratel. » L'Afrique nourrit aussi des Loutres, une espèce de Putois- au moins, et de plus des Zorilles et une espèce de Ratel , qui sont ici , jusqu'à un certain point, les analogues des Mouffettes et du Grisou de l'Amérique. » Enfin l'Europe ne possède aujourd'hui que des Martres, des Putois, des Belettes et des Loutres, c'est-à-dire des espèces de trois sections seu- lement. 5°. Sur l'ancienn elé des espèces à la surface de la terre. » Les anciens ne nous ayant laissé que des renseignements fort incom- plets sur les espèces de Mustelas qu'ils connaissaient, il est impossible de résoudre à posteriori, et d'une manière positive, la question de savoir si celles qui existent de nos jours étaient celles qui vivaient de leur temps. Seulement la Mosaïque de Palestrine semble nous indiquer que du temps d'Adrien , les bords du Nil nourrissaient des Loutres qu'on n'y trouve plus aujourd'hui. L'étude des ossements fossiles nous a conduit à un résultat plus satisfaisant. >' On a trouvé des preuves malérielles de l'ancienneté des espèces ac- tuelles dans le diluvium des cavernes, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, ainsi qu'en France, et même dans la Sud- Amérique, Les espèces dont provenaient ces os étant celles qui habitent encore aujourd'hui le pays où leurs ossements ont été trouvés fossiles : » Les Mouffettes et les Tairas dans les cavernes du Brésil ; C. R., 1843, i" Semestre. (T. XIV, N" S.) 20 » Le Glouton dans celles de Baiiman , de Gaylenreiith, de Sundwich, en Allemagne (r) ; » La Martre, dans les cavernes des environs de Liège, ainsi qu'en Au- vergne; » La Fouine , également dans celles de lÀége et dans les brèches de Bail- largues, où M. de Christol a trouvé un squelette presque entier; » Le Putois, dans les cavernes de Gaylenreuth et de K.œstritz, en Alle- magne; de Liège , eu Belgique; de Burrington, en Angleterre; de F.unel- Viel, dans le midi de la France ; » La Belette encore dans les grottes des environs de Liège, de R.irkdale, eu Angleterre ; » Enfin, des restes fossiles de Loutre commune dans la caverne de l/unel- Viel, etdans les tourbes de la Belgique. >) On a également découvert, en Europe, des traces d'espèces de Mustélas, qui n'existent plus aujourd'hui dans nos contrées, et qui peut-être même ont disparu tout à fait du nombre des êtres vivants ; mais alors elles ont été trouvées dans des terrains plus anciens et constamment d'eau douce ; » Dans le célèbre dépôt de Sansaus, quelques fragments d'une espèce de Mustéla, se rapprochant probablement nu peu des Viverras, et que nous avons nommée, n cause de cela M. Genettoides ; » Dans celui non moins célèbre de l'Auvergne, dans le bassin de l'Allier, des os plus nombreux d'une autre espèce , ayant également quelque chose des Viverras, pour le système dentaire, et des Mélogales pour la (t) M. Scli:iierling citt; un f)s innominé et nn fomnr de Glotiton trouvés par lui dansLi civeriii! de Cliokier.aux environs de Licf[e ; mais quoiqu'il soit possible qu'anciennement le Glouton ait habité la forêt des Ardennes , je n'ose assurer que ces os soient bien dts os de Glouton. 11 est en effet bien difficile de distinguer des os séparés de Glouton de ceux de Blaireau adulte et de bonne taille. Or M. Sclunerling n'avait probablement à sa dispo- sition ni pareil squelette de Blaireau ni squelette de Glouton. M. Marcel do Serres, dans son tLmiméralion des ossements fossiles trouvés dans la ca- verne de Joyeuse, département de l'Ardèche , cite bien aussi le Glouton , d'après une simple assertion de M. de Malbos ; mais sur quel os et quelles preuves ? Le même M. Marcel de Serres fait plus, car il cite comme trouvés dans la caverne de Chokier, auprès de Liège, deux os AaCrison : au lieu de Glouton, sans doute par une erreur involontaire , mais fort grave , parce que si celui-ci habite encore le nord de l'Eu- rope, celui-là est un animal de Cayenne, de l'Amérique méridionale. ( 219 ) forme singulière de la tête , nommée par MM. de Laizer et de Parieii , M. Plesictis. » Enfin, dans ces mêmes terrains, nous avons constaté l'existence an- cienne d'espèces de Loutre; l'une, désignée par M. l'abbé Croizet sous le nom de L. Clennontensis , et l'autre du dépôt de Sansans, L. Duhia. ■) On a encore cité des traces de Loutre dans un terrain plus ancien , par exemple, dans cette formation de Meudon, touchant à la craie et dé- signée sous le nom de calcaire pisoolithique; mais nous pensons que la dent considérée comme d'une Loutre, doit plutôt être rapportée à un genre (le Viverra , que nous désignerons par le nom de Palœonictis. » Ainsi nous arrivons à une conclusion générale analogue à celle qui termine la plupart de nos mémoires précédents , c'est-à-dire que dans le genre des Mustélas , il y a des espèces fossiles dans les terrains diluviens qui ne diffèrent en aucune manière de celles qui vivent aujourd'hui dans les lieux où elles ont été trouvées; mais qu'il en existe d'autres dans des ter- rains plus anciens qui semblent avoûr disparu de la nature vivante , et qui viennent combler les lacunes que nous remarquons aujourd'hui dans la série de l'ordre des Carnassiers, sans cependant y former aucune coupe, même sous-générique, nouvelle. Du reste, ces espèces perdues, si elles le sont réellement, existaient comme aujourd'hui avec des animaux de diffé- rents genres et de différentes classes: des Singes, des Insectivores aériens et terrestres , des Ours, des Petits-ours , des Felis, des Canis , des Viverras , des Rougeurs, des Pachydermes, des Ruminants à bois et à cornes, des Oiseaux, des Tortues, des Lézards, des Serpents , des Crustacés, des Mollusques terrestres et d'eau douce , c'est-à-dire dans une harmonie un peu différente , sans doute , et surtout plus complète , mais bien voisine de ce qui existe encore aujourd'hui dans nos climats. » M. Dumas présente la seconde édition de V Essai de Statique chimique des êtres organisés, avec des documents numériques. M. IsiDOBE Geoffr»y-S mitt-Hilaire met sous les yeux de l'Académie un squelette fossile presque entier d'oiseau, provenant des carrières de Pan- tin, et recueilli par les soins de M. le docteur Hoffmann. Ce fossile a été trouvé sous le fort de Romainville, à 33 mètres au-dessous du sol, dans Va couche connue sous le nom de gros hanc. Il paraît se rapporter à l'une des espèces, encore incomplètement connues, qu'a décrites G. Cuvier, d'après divers débris provenant des carrières à plâtre de Montmartre 39" ( 220 ) RAPPORTS. MM. Larrey et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire avaient été chargés de voir s'il y aurait lieu de donner suite à la proposition faite par M. Fidrit, de soumettre à l'inspection de l'Académie un prétendu monstre marin , péché, dit-on, dans les mers de l'Inde. M. Isidore Geoffroy déclare que ce prétendu monstre est un objet factice , et ne mérite nullement de fixer l'attention de l'Académie. A l'occasion de ce Rapport verbal, M. Dumérii, demande la parole et s'exprime ainsi : « J'ai eu occasion de voir à Paris, il y a quelques années, un monstre fac- tice composé de plusieurs parties de grands poissons si artistement disposées et réunies , que le tout imitait un animal que l'on donnait pour une sirène, et que, pour reconnaître la véritable origine des diverses régions ainsi ras- semblées, il eût été nécessaire de les faire ramollir. On possède dans les ga- leries du Muséum, de prétendus dragons de mer, que des cénobites des bords de l'Océan fabriquaient avec la plus grande adresse , en se servant d'une jeune raie mâle dont ils arrangeaient les parties véritablement continues, de manière qu'en se desséchant elles offraient l'apparence des êtres les plus fabuleux. » MÉMOIRES LUS. ANATOMiE COMPARÉE. — RecliercJies sur l'appareil respiratoire des uéscidiens; parM. Goste. (Commissaires, MM. de Blainville , Flourens, Milne Edwards.) L'auteur , en terminant son Mémoire , résume dans les termes suivants les résultats des recherches qui s'y trouvent exposées : « Tous les faits que nous venons d'exposer sont d'accord pour démon- trer que les espaces ovalaires du sac branchial des Ascidiens sont occupés par une membrane plus ou moins diaphane, selon les espèces, et que, par conséquent , ces espaces ne peuvent plus désormais être considérés comme des ouvertures à travers lesquelles l'eau introduite par la bouche pourrait passer dans la chambre péribranchiale, et de cette chambre par ( "I ) l'anus. Le mécanisme de la respiration n'est donc pas ce qu'on l'a sup- posé ; et si , après avoir servi à accomplir cette importante fonction , l'eau parvient jusqu'à l'ouverture anale, c'est assurément par une autre voie que celle des prétendus stigmates dont nous venons de faire connaître la véritable signification. Dans un prochain Mémoire , nous ferons con- naître le résultat de nos recherches sur la circulation des Ascidiens. Ce que nous voulions démontrer aujourd'hui , c'est que les espaces ovalaires du sac branchial ne sont point des ouvertures ou des stigmates, et nous tenons à la disposition des Commissaires que l'Académie nous fera l'hon- neur de nommer, des préparations qui , nous l'espérons , leur paraîtront aussi décisives qu'à nous-même. » Quant aux Ascidiens composés, l'organisation de leur sac branchial est si rapprochée de ce qui a lieu chez les Clavelines, qu'il ne peut y avoir de doute à leur égard. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PALÉONTOLOGIE. — ■ Considérations zoologiques et géologiques sur les Rudistes; par M. A. d'Orbigny. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « M. d'Orbigny commence par rappeler que, dès 1822, il s'occupait de recueillir des Rudistes; que depuis il a successivement parcouru toutes les parties de la France où ces fossiles se rencontrent; qu'il a réuni dans sa collection quelques milliers d'échantillons de ces restes organisés balottés ju squ'ici par les auteurs, et qu'il est arrivé, par une multitude de faits, à reconnaître que ce ne sont pas des Lamellibranches, comme le croyaient MM. Lamarck et Deshayes, mais bien, ainsi que le pense M. Goldfuss, de V éritables Brachiopodes, si voisins des Cranies, qu'il est même difficile d'en séparer les Kadiolites et les Hippurites. Après avoir décrit leurs caractères généraux de contexture, il dit que les Brachiopodes peuvent être divisés en deux ordres : les Brachiopodes réguliers, pour les coquilles libres ; les B r achiopodes irréguliers , ou Rudistes, i^our celles qui sont fixes. Le second ordre lui paraît devoir être divisé en deux familles, les Hippuridées et les Caprinidées , dont il donne les caractères distinctifs. Dans la première fa- mille il place les genres Hippurites, Radiolites et Crania; dans la seconde, les genres Caprina et Caprotina. ( 222 ) » A.U commencement de àes considérations géologiques, l'auteur fait re- marquer que les Rudistes, loin d'être disséminés au hasard au sein des couches terrestres, sont disposés par bancs formant des horizons géolo- giques d'autant plus remarquables, qu'on peut les suivre sur une surface immense du continent européen, et que les Rudistes, dans ces bancs, comme il l'a vu dans les Corbières, n'ont éprouvé aucun dérangement, et sont dans la position naturelle où ils devaient être durant leur existence. » Les Rudistes, jusqu'à présent inconnus dans les terrains inférieurs à la formation crétacée, se sont montrés, pour la première fois dans cette for- mation, au milieu de l'étage néocomien. Cette zone, déjà indiquée depuis longtemps par M. Elie de Beaumont sous le nom de calcaire à dicérates, forme une couche épaisse qu'on peut suivre sur le pourtour du bassin méditerranéen, depuis Martigues jusqu'à Chambéry ; elle renferme quatre espèces distinctes. En laissant cette zone, on ne rencontre plus de Ru- distes dans l'étage du gault, tandis qu'à la partie inférieure de la craie chloritée du sud-ouest de la France, on trouve un autre banc de Ru- distes composant la deuxième zone de Rudistes de M. d'Orbigny ; elle contient quatorze espèces, toutes différentes des espèces de la première zone. En remontant toujours, après avoir traversé des couches assez puis- santes, on trouve la troisième ■zjone de Rudistes, qui s'étend dans les bas- sins pyrénéen et méditerranéen, et peut se suivre jusqu'en Egypte, en Bosnie, en Morée et en Autriche. Cette zone renferme vingt-cinq espèces, toutes différentes des espèces des autres zones. Au-dessus , après avoir traversé plusieurs couches, on trouve dans le bassin pyrénéen sa quatrième zone de Rudistes. Elle occupe la rive droite de l'embouchure de la Gi- ronde, et les environs de Bergerac (Dordogne); cette zone renferme huit espèces encore distinctes des autres. Dans la craie blanche du bassin pa- risien, en Belgique et en Suède, se trouve la cinquième zone de Rudistes de M. d'Orbigny. Non-seulement elle contient neuf espèces différentes des autres zones , mais encore ces espèces appartiennent au genre Crania, in- connu dans le reste du système crétacé. » Après avoir détaillé tous les faits , et avoir passé en revue tous les bas- sins géologiques et les différents étages par rapport aux Rudistes qui s'y trouvent, M. d'Orbigny fait ressortir les conséquences suivantes, qu'il re- garde comme très-importantes, soit dans leur application aux grandes questions de la Zoologie, soit pour la reconnaissance et la classification des époques géologiques des terrains. » 1°. Les Rudistes, au lieu d'être disséminés dans la masse, forment des ( aa3 ) dépôts successifs , des bancs (lout l'horizon est tranché; ils peuvent dès lors être considérés comme les meilleurs jalons qu'on puisse prendre pour limites des couches. » 3". Ces zones distinctes de Rudistes déposées au sein d'un même bassin, et dans une succession de couches peu disloquées, ainsi qu'on le voit à l'ouest du bassin crétacé pyrénéen , pourraient prouver qu'il n'y avait pas besoin de grandes commotions locales, pour amener dans un même lieu, des faunes différentes , mais qne, sans doute, d'autres causes influaient sur ce remplacement successif d'une faune par une autre. » 3°. Les Rudistes ont paru cinq fois à la surface dti globe dans le sys- tème crétacé, chaque fois sous des formes entièrement différentes , sans qu'il y ait de pa.ssage zoologique dans les espèces, ni de transport des in- dividus d'une zone géologique clans l'autre. Ainsi les faunes respectives des cinq zones de Rudistes, soit dans des étages distincts, soit dans les cou- ches d'un même étage, ont été successivement anéanties et remplacées par d'autres tout à fait différentes, ce qui n'annoncerait, dans cette série d'êtres, aucun passage ni dans les formes, ni dans les couches qui les ren- ferment. » 4°. Les Rudistes, divisés par zones bien tranchées au sein des terrains crétacés , y forment des horizons plus ou moins étendus et toujours dans une même position respective par rapport aux autres fossiles. Dès-lors la répartition des êtres, dans les couches terrestres, ne serait point due au hasard , mais, comme M. d'Orbigny l'a déjà trouvé pour les Céphalo- podes (i),elle serait le résultat de la succession, dans un ordre invariable , de faunes plus ou moins nombreuses, dont la connaissance parfaite est destinée à donner, par la suite, l'histoire chronologique de la Zoologie ancienne du globe. » M. d'Orbigny présente en outre un tableau, également relatif à ses recherches paléontologiques, et qui a pour titre : Application de la Zoo- logie à la classification par étages et par zones des terrains crétacés de la France, basée principalement sur l'étude des Bu listes et des Cépha- lopodes. (Renvoi à la Commission nommée.) (i) Paléontologie française. ( 224 ) cuisttE ORGANIQUE. — JVote siir la nicotine ou alcali du tabac; par M. Barral. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) « Depuis longtemps je m'occupe d'un travail général sur le tabac, que je me propose de soumettre au jugement de l'Académie lorsqu'il sera com- plètement terminé. Cependant, comme il vient de paraître dans le journal de M. Liebig un Mémoire de M. Ortïgosa sur l'un des produits du tabac , la nicotine , je communique à l'Académie les résultats auxquels je suis arrivé, et que M. Pelouze connaît depuis plus de deux mois. )> La nicotine, découverte par \'auquelin en 1809, a été étudiée par MM. Porsel et Rissmann en 1828; ces chimistes ont donné quelques-unes de ses propriétés, mais ils n'ont pas déterminé sa composition. M. Orti- gosa ne l'a pas obtenue pure, mais il a fait l'analyse des sels doubles qu'elle donne avec les chlorides de platine et de mercure, et il trouve que sa com|)osition est représentée par la formule C'^H'^Az*, qui s'accorde com- plètement avec mes expériences. » J'ai obtenu environ \(fi^- de nicotine pure en opérant sur 20 kilog. de feuilles sèches de tabac d'Alsace. Je fais digérer ces feuilles, préalablement hachées, avec de l'eau aiguisée d'acide sulfurique; après trois jours, je les porte sous une presse. Je renouvelle ce traitement jusqu'à ce que les feuilles aient pei'du leur âcreté. Je distille sur de la chaux la liqueur éva- porée à moitié. L'eau distillée entraîne la nicotine , que je lui enlève en partie en l'agitant avec de l'èther. » Je traite de nouveau le résidu jusqu'à ce qu'il ne soit plus acre avec l'eau de la distillation précédente. » J'obtiens ainsi une dissolution brune de nicotine dans l'éther; j'enlève l'èther, l'eau et tous les corps étrangers plus volatils que la nicotine, en la maintenant durant quinze jours à des températures successivement croissantes jusqu'à 140°. » Alors je distille sur de la chaux éteinte la liqueur ainsi concentrée au milieu d'un courant d'hydrogène sec dans une cornue placée dans un bain d'huile chauffé à ] qo° environ , et dont le col recourbé et effilé plonge dans un petit flacon sec. La nicotine , préservée ainsi des altérations que cause- rait le contact de l'air ou une chaleur trop intense, passe légèrement co- lorée; une nouvelle distillation la donne incolore et tout à fait pure. Elle ne contient pas d'ammoniaque, car, traitée par une dissolution de chlore, elle ne donne pas la moindre trace d'azote. ( 225 ) » C'est un liquide transparent, incolore, assez fluide, anhydre, s'altérant, devenantbrunets'épaississantau contact de l'air; d'une odeurâcre, ne rappe- lant que peu celle du tabac; d'une saveur brûlante. Je n'ai pu la congeler en l'exposant à un froid de — lo". Elle se volatilise à aSo" environ , en laissant un rësidu charbonneux » C'est un poison d'une extrême violence. Un chien de moyenne taille meurt en moins de trois minutes, si on lui place sur la langue une goutte de nicotine de moins de 5 milligrammes. w Elle bleuit le papier rouge de tournesol humide; elle se comporte comme un alcali fixe. Ainsi elle se combine en dégageant de la chaleur, avec les acides, et elle précipite de leurs dissolutions l'alumine et tous les mé- taux. » Elle se comhine directement avec les hydracides. Ses sels simples cris- tallisent difficilement , parce qu'ils sont déliquescents; les sels doubles qu'elle donne avec différents métaux cristallisent mieux. Tous ces sels sont insolubles dans l'éther. » En brûlant 0^,867 ^^ nicotine avec de l'oxyde de cuivre , j'obtiens 0,692 d'eau et 2,343 d'acide carbonique. » En brûlant de même 0,466 de nicotine, j'obtiens 65*'''',6 d'azote à la température de i6°,2 et à la pression de 0,770;"). » Je conclus de là que la composition de la nicotine est la suivante: D'après l'expérience. D'après la théorie. Carbone 73,33 73, ©4 750,00 = C" Hydrogène 9,4a ' 9,73 99,84 = H'^ Azote '7504 '7)24 '77)04 = ^^^ 99,1^9 100,00 1026,88 » Cet alcali ne contient donc pas d'oxygène et a, par rapport aux autres bases organiques, une capacité de saturation très-grande. Cette capacité a été vérifiée par les analyses du chlorhydrate simple, et du chloroplatinate de nicotine. » Le chlorhydrate est très-déliquescent à l'air; mais on l'obtient cris- tallisé en longues fibres, et anhydre en le formant avec de l'acide hydro- chlorique sec et le portant sous le récipient de la machine pneumatique. Il est blanc, plus volatil que la nicotine, insoluble dans l'éther, très-soluble dans l'eau et l'alcool. En en traitant oS',7 33 par le nitrate d'argent , j'ai obtenu 0,860 de chlorure d'argent , d'où il résulte pour sa composition : C. H., 184a, l" Semtstre. (T. XIV, K" 8.) 3o ( 2a6 ) D'après l'expérience. D'après la théorie. Acide chlorbydiique. . 29,74 455, la 455,i2 = Ch'H" Nicotine 70,26 1075,21 1026,88 = C^H'Uz» 100, 00 i53o,33 1482,00 » Le cbloroplatinate de nicotine s'obtient en poudre jaune et grenue en précipitant la dissolution de chloride de platine par la nicotine. Il est soluble dans l'eau bouillante et trcs-soluble dans un léger excès de nicotine. » En calcinant 2^^763 de ce sel, j'ai obtenu 0^,961 de platine en éponge, ce qui donne 34,25 de platine pour 100. » En brûlant i^^, loo de ce sel avec de l'oxyde de cuivre, j'obtiens 0,293 d'acide carbonique et o,3i3 d'eau. » Eu brûlant i^',.55o du même sel , j'obtiens Sg"" d'azote à la température de i5' et à la pression de 0,765. » De ces trois analyses , il résulte pour,le cbloroplatinate la composition suivante : Carbone . 21,12 O" Pt Ch+ = an8,4o Hydrogène 8,22 H'' Ch» H' .= 455, 12 Azote 4,81 Az' C"B'5Az' — 1026,63 Chlore 36, 60 Ch* 36oo,i5 Platine 34,25 Pt 100,00 » On obtient de même des chlorures doubles de nicotine avec les chlo- rides de mercure , d'étain et de fer. Le sel double de mercure et de nicotine est blanc, ainsi que celui d'étain; celui de fer est jaune-brun. » Toutes les réactions qui précèdent montrent que la nicotine que j'ai obtenue est un alcali bien défini. Je n'ai pu encore analyser les sels qu'elle donne avec les oxacides. Il me reste de plus à faire voir quelle espèce d'al- tération elle éprouve au contact de l'air , et d'une chaleur suffisamment élevée. J'espère dans le Mémoire que je soumettrai à l'Académie joindre aux solutions de ces questions, l'explication de la formation de la nicotine dans le tabac. » ZOOLOGIE. — Sur la classification des animaux en séries parallèles ; par M. Bbullé. — IP et IIP Partie. Dans la première partie de son travail , l'auteur ne s'était occupé que de deux classes d'animaux articulés, les Insectes et les Arachnides; dans la ( 227 ) seconde partie, il s'est proposé de montrer comment les autres classes peuvent également se prêter à ce mode de distribution; enfin, dans la troisième, il s'efforce de l'étendre aux classes comprises dans les trois au- tres embranchements. « M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaibe , à l'occasion de cette présenta- tion, fait remarquer que les divers travaux de classification qu'il a faits de- puis plusieurs années, sont parfaitement conformes, dans leurs principes et dans leurs résultats généraux, à ceux auxquels M. BruUé se livre en ce moment. Après quelques essais partiels, M. Isidore Geoffroy a énoncé, dès i832 (i), ses vues sur la possibilité de considérer les diverses espèces d'un genre, les divers genres d'une famille, les diverses familles d'un ordre, et de même encore, les divers ordres d'une classe, comme réductibles à un cer- tain nombre de séries parallèles entre elles. M. Isidore Geoffroy, ne s'est point borné depuis lors à insister, dans son enseignemenlt et dans ses ou- vrages, sur les avantages, très-grands, selon lui, qu'offrent les classifica- tions paralléliques , pour l'expression des rapports naturels des groupes des divers degrés; il a suivi, jusque dans leurs dernières conséquences, les idées qui viennent d'être rappelées, et les a soumises à l'épreuve d'une applica- (i) « Les diverses espèces d'un genre , les djyçjrs genres d'un,e famille , Ijbs diverses » familles d'un ordre, et de inêtne encore les divers ordres d'une classe (et il en serait en- » core ainsi des groupes d'un rang plus élevé), forment presque constamment, d'après » des recherches que j'ai déjà pu étendre à quatre classes (les trois premières des « vertébrés et des crustacés), des séries manifestement parallèles à celles qui les pré- » cèdent et à celles qui les suivent, comprenant des êtres fort analogues à ceux que ren- » ferment celles-ci, mais étant cependant, dans leur ensemble, inférieures aux premières, » supérieures aux secondes. La série supérieure et l'inférieure ont en effet, si je puis em- » prunter cette ex pression à la langi^e des mathématiques, beaucoup de ter^nes communs. » Mais les premiers termes de la série supérieure n'ont point d'équivalents dans l'infc- » rieure , et les derniers de l'inférieure sont également sans analogues dans la supérieure. » Ainsi (et peut-être ces idées un peu abstraites paraîtront-elles moins obscures expri- » mées sous cette forme), si la première série est représentée par 'les lettres a , b ,c , d, e » (la lettre a indiquant les êtres les plus élevés en organisation, et e ceux qui sont pla- » ces le plus bas dans l'échelle animale), la seconde le sera par b, c, rf, e,f, la troisième » par c, d, e,f, g, et ainsi de suite. Il est évident que ce seront là autant de séries, se » composant en partie de termes communs , et pouvant être dites parallèles, mais aux- » quelles on peut cependant assigner des rangs inégaux , puisque chacune s'é}ève moins » haut et descend plus bas que celle qui la précède. » [Considérations sur les caractères » employés en ornithologie, dans les Nouvelles Annales du Muséum, t. I.) 3o., ( .28 ) tion rigoureuse, non-seulement aux espèces normales, mais aux êtres anomaux eux-mêmes. En effet, la classification des monstres unitaires et celle des monstres composés , qu'il a exposées dans les deux derniers vo- lumes de son Histoire générale des Anomalies, sont, aussi bien que ses nou- velles classifications des mammifères et des oiseaux (i), des classifications essentiellement paralléliques. » \ Sur la demande de l'un des Commissaires précédemment désignés pour l'examen du travail de M. Brullé, M. Isidore Geoffroy-Sain t-Hilaire est adjoint à la Commission, qui se composera ainsi de MM. Duméril, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire et Milne Edwards. M. SoREL rappelle qu'au mois de décembre 1 840 il avait présenté à l'Aca- démie des objets de fer recouverts , au moyen de l'appareil voltaïque, d'une couche de zinc qni avait pour objet de les préserver de l'oxydation. « Au- jourd'hui , dit-il, je viens annoncer que dans l'application en grand de mes procédés, je fixe le zinc sur le fer instantanément et à l'état de métal bril- lant. Parmi les échantillons que je mets aujourd'hui sous les yeux de l'Aca- démie se trouvent des objets en fer forgé, et d'autres en fonte de fer; il y a même des objets non décapés qui sont parfaitement recouverts, ce qui montre la possibilité d'une grande économie dans la main-d'œuvre. » Je ferai remarquer encore que dans mes procédés ce sont les sels de zinc les moins chers que j'emploie , le sulfate et le chlorure, et non point des solutions alcalines ou des cyanures qui coûtent très-cher et agissent très-lentement. » La note de M. Sorel et les objets qui l'accompagnent sont renvoyés à l'examen de la Commission des Arts insalubres, déjà chargée de s'occuper de divers procédés dans lesquels on fait intervenir l'électricité pour le dorage , l'argentage, etc., des métaux par la voie humide. A l'occasion de cette présentation, M. Arago fait remarquer qu'il a depuis longtemps mis sous les yeux de l'Académie des objets en métal qui avaient été zingués par M. Perrot, de Rouen, au moyen de l'action des (i) Par des motifs que M. Isidore Geoffroy a ailleurs exposés (£waif rfe ^oo/og'j'e g-e- ne'ra/e, p.48i),il n'a point publié lui-même ses classifications ; mais elles ont été recueil- lies et publiées par divers zoo'ogistes , notamment par MM. Guérin-Méneville, Victor Meunier, Charles d'Orbiguy et Gervais. ( 229 ) courants électriques. Ces objets sont encore en dëpôt au Secrétariat; ils seront remis à la Commission chargée de constater les résultats des divers procédés galvanoplastiques. M. TniÉB\i!T DE Berheai'd rappelle, à l'occasion d'une communication récente de M. Jaume Saint-Hilaire sur le Thjion de Théophraste, les re- cherches qu'il a lui-même présentées autrefois sur ce sujet, recherches qui se trouvent mentionnées dans le Rapport fait à l'Académie sur les progrès des sciences physiques pendant l'année 1 8 r4- La conclusion à laquelle était arrivé M. Thiébaut dans ces recherches , et celle qu'il croit encore aujourd'hui devoir soutenir, c'est que le thyion de Théophraste (Citrus de Pline) ne doit plus être cherché dans les régions continentales que lui ont assignées pour patrie les i\eu-x. naturalistes anciens, et qu'il ne s'est conservé que dans les îles voisines. Le thyion serait en effet, selon lui, le Pinus canariensis de Broussonet, et non, comme l'ont prétendu M. Jaume Saint-Hilaire et quelques autres écrivains, le Juniperus phœnicœa. (Renvoi à la Commission chargée de l'examen de la Note de M. Jaume Saint-Hilaire.) M. L. Laureiït demande que des Mémoires sur divers points d'anatomie et de physiologie comparées qu'il a soumis depuis iBSg au jugement de l'Académie, et qui n'ont pas encore été l'objet d'un Rapport, soient admis à concourir pour le prix de Physiologie expérimentale. (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale, fondation Montyon ) L'Académie reçoit un Mémoire adressé pour le concours au prix extraor- dinaire proposé pour diverses questions relatives à la vaccine, prix qui doit être décerné, s'il y a lieu, en 1842. Conformément aux dispositions prescrites par le programme, le nom de l'auteur est sous pli cacheté. (Renvoi à laConmiission nommée.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre des Finances accuse réception du Rapport fait à l'Aca- démie sur les procédés nouveaux introduits dans l'art du doreur par ( 23o ) M. Elkington et M. de Ruoh, et demande qu'un certain nombre d'exem- plaires de ce Rapport soient mis, s'il est possible, à sa disposition, afin qu'il puisse les faire distribuer à plusieurs de MM. les directeurs du ministère i\fis finances. M. le Directeur DES Douanes adresse un exemplaire de VÊtatdu cabotage pendant l'année 1840. Cet ouvrage forme le complément au Tableau du commerce de la France pour la même année , Tableau qui a été envoyé à l'Académie au mois de novembre dernier. M. GiBAUDiN , de Rouen , adresse ses remercîments à l'Académie qui l'a nommé, dans une des précédentes séances, l'un de ses correspondants pour la Section d'Économie rurale. ZOOLOGIE. — Sur les mœurs des chauve-souris. — Extrait d'une Note de M. PoccBET, présentée par M. Isidore Geoffroj-Saint-Hilaire. « Durant une excursion que je fis dans les souterrains d'une ancienne abbaye du département de la Seine-Inférieure, je trouvai les voûtes garnies d'une telle abondance de chauve-souris fer-à-cheval { P^espertilio Jerrum equinum)^ que, dans certains endroits, celles qui y étaient accrochées paraissaient presque se toucher. » Effrayées et mises en mouvement par la présence des élèves qui m'ac- compagnaient, et par la lumière des flambeaux, ces chauve-souris, pen- dant leurs efforts pour fuir, laissèrent tomber des' petits qui vinrent en partie choir sur nous et s'accrocher à nos vêtements , et en partie tom- ber sur le sol de la caverne qu'ils jonchèrent dans toute son étendue. La longueur de ces jeunes animaux était de i centimètre environ. Toutes les mères qui furent prises avaient déjà laissé tomber leurs petits ; ainsi je ne pus m'assurer cette fois comment elles les portaient dans le vol. » Cette année, ayant pénétré dans les mêmes souterrains, j'ai été plus heureux à cet égard. Pendant la chasse active que je fis faire aux chauve- souris, on ne trouva que deux petits sur le sol, et l'on prit quatre mères qui avaient encore chacune un petit cramponné à son corps. Alors il m« fut très-facile de reconnaître le procédé par lequel celui-ci y adhérait et résistait aux mouvements brusques qui ont Reu dans le vol de ces mam- jmifères. M Chaque femelle ne portait qu'im seul petit, et celui-ci adhérait for- (:.3i ) ternent à sa mère , à l'aide des pattes de derrière et dans une position renversée. Il l'embrassait même si étroitement, qu'au prenuier aspect les deux animaux, dont les formes étaient en quelque sorte confondues, offraient la plus étrange configuration. Leur groupe examiné avec soin faisait découvrir que le petit était cramponné à sa mère à l'aide des ongles acérés de ses pattes de derrière , dont chacune était accrochée sur les par- ties latérales du tronc, au-dessous des aisselles ; de telle manière que le ventre du jeune individu était (?n contact avec l'abdomen de la femelle qui le portait. La tête du jeune nourrisson regardait en arrière et dépas- sait la membrane qui s'étend des pattes à la queue. La mère, pour faciliter celte suspension avait probablement ses tarses passés au-dessojis du pli de l'aile de son petit. » L'adhérence de ces jeunes chauve-souris à leur mère était telle, que les plus brusques secousses ne les en détachaient pas. n Les chauve-souris que nous observâmes offraient 60 millimètres de longueur de la nuque à l'origine de la queue, et pesaient 20 grammes, tandis que leurs petits, qui paraissaient loin de pouvoir encore abandonner leur mère, avaient déjà 45 millimètres de longueur et pesaient 1 2 grammes. Du reste , le surcroît de force que la mère doit dépenser pour sa loco- motion aérienne durant l'allaitement de son petit s'explique facilement par l'énorme volume proportionnel des muscles dont l'action opère le vol, car les deux muscles grands pectoraux pèsent 3 grammes, ce qui fait presque le sixième du poids total de l'animal. Les autres muscles qui ont aussi pour fonction de servir au mouvement des bras, tels que les muscles petits pectoraux, deltoïdes et scapulaires , pèsent ensemble 4 grammes 3o centigrammes; de manière que les seuls muscles affectés au mouvement du vol s'élèvent à 7 grammes 3o centigrammes, ce qui fait beaucoup plus du tiers du poids total de l'individu. » Je pense que tandis qu'elle vole, la mère ne s'occupe nullement de son petit, excepté peut-être lorsqu'il est un peu grand et qu'alors, comme nous l'avons dit, elle passe ses tarses postérieurs sous ses ailes. Cela ex- plique pourquoi, durant ma première excursion, je trouvai bientôt un grand nombre de petits sur la terre , tandis que durant la seconde tous adhéraient fortement à leur mère. Dans la première circonstance ils étaient beaucoup plus jeunes, et, ayant moins la force de se cramponner, ils se détachaient fa- cilement du corps de leur nourrice durant les brusques mouvements qu'elle opérait dans sa fuite; mais lors de ma seconde visite, ils adhéraient forte- ment :i leur mère et n'en pouvaient être détachés que lorsqu'on employait beaucoup de force. ( 232 ) » Les chauve-souris de cette espèce ne paraissent pas avoir beaucoup d'affection pour leur progéniture, car lorsqu'elles sont capturées et que leur petit les gêne par ses mouvements, elles le mordent avec rage. » Du reste, lorsque les chauve-souris sont en repos et accrochées aux voûtes des cavernes, le petit, très-probablement, est dans une situation dif- férente et sans doute inverse pour que la tète soit en contact avec les ma- melles ; il ne prend la position que nous avons décrite que pendant le vol de la mère, à la surface de laquelle il se meut avec la plus grande facilité en s'accrochant à sa peau , à l'aide des griffes de ses pattes et de ses ailes. On en voit qui, durant que leur nourrice captive a les ailes étendues, passent au-dessous d'elle, montent derrière son dos et se fixent à volonté sur toute la périphérie de son tronc. Mais les mouvements du petit ne se font pas sans qu'il enfonce profondément ses ongles acérés dans la peau de sa mère, et la douleur de celle-ci se manifeste par ses cris ainsi que par les morsures qu'elle fait au jeune animal pour arrêter sa singulière pérégrination sur son corps. » M. GcYON, ancien chirurgien en chef de l'armée d'Afrique, adresse une Note sur la piqûre des scorpions de l'Algérie. <( Nous ne possédons jusqu'à ce jour, dit l'auteur de la Note, aucun fait avéré de mort chez l'homme par suite de la piqilre des scorpions de l'Algérie; cependant les habitants des contrées du sud , depuis les Biskris à l'est jusqu'aux Mozabites à l'ouest, assurent que la piqiire de leurs scorpions, qui sont plus grands que ceux de la côte, est quelquefois suivie de la mort. Les scorpions, très-nombreux dans ces régions, comme l'a déjà fait remarquer Victor d'Utiqne, paraissent appartenir presque tous à une espèce voisine du Scorpio occitanus, dont elle n'est peut-être qu'une va- riété; d'autres, que j'ai reçus du même pays, appartenaient à l'espèce du Scorpio maurus (Hipp. Cloquet), et quelques-uns enfin à celle du grand Scorpion d'Afrique , Scorpio afer. » Nous comptons, dans le nord de l'Algérie, quatre espèces de Scor- pions , savoir : deux espèces européennes , le Scorpio europœus et le Scor- pio occitanus, et deux espèces propres au pays , le Scorpio maurus et une petite espèce, de couleur noire, non encore décrite , à ce que je sache du moins. De ces quatre espèces , la plus répandue est le Scorpio occitanus, et c'est la seule dont j'aie pu jusqu'à présent observer la piqûre, qui s'est souvent présentée dans le cours des expéditions militaires auxquelles j'ai pris part en Algérie. ( 233 ) » Je rappelle , en passant , que c'est l'espèce dont s'esl servi Mauper- tuis pour ses expériences, faites dans le midi de la France. «Les accidents produits par la piqûre du Scorpio occitanus, en Algérie, se bornent toujours à des accidents locaux qui se dissipent ordinairement dans les vingt-quatre heures; il est rare qu'ils se prolongent au-delà. Les choses se passent de la même manière chez les animaux qui se rappro- chent le plus de l'homme sous le rapport du volume, soit en plus, soit en moins. Mais il en est autrement chez les animaux d'un petit volume, tels'que le chien, le chat, le lapin : là, aux accidents locaux viennent se joindre des accidents généraux qui peuvent devenir assez graves pour que la mort s'ensuive. Cette terminaison est fréquente chez les animaux d'un moindre volume encore que ces derniers , tels que la souris , l'allouette , le moineau ordinaire, et je viens d'en observer un nouvel exemple chez un cochon d'Inde que j'avais fait piquer par un scorpion non encore par- venu à tout son développement. » Les détails de celte expérience, ainsi que la nécropsie du sujet, sont donnés dans la Note de M. Guyon. La mort eut lieu une demi-heure après la piqûre. M., Guyon adresse également une Note sur le bouton d'Alep, Habbat-el- Senna. « Le bouton d'Alep, ^dit l'auteur, peut attaquer les différents points de la surface du corps, mais il s'observe plus particulièrement à la face, et plus fréquemment sur le côté gauche que sur le côté droit. Il détruit profondé- ment les parties où il établit son siège , ainsi que l'attestent les traces pro- fondes et indélébiles qu'il laisse partout où il passé. Il n'est pas rare de ren- contrer, en Syrie , des individus qui ont perdu , les uns les yeux , les autres les testicules, par suite du bouton d'Alep. » Le vulgaire distingue la maladie en mâle et en femelle : elle est dite mâle lorsqu'il n'y a qu'un seul bouton ;yé;7jeZ/e lorsqu'il y en a plusieurs, ce qui est le cas le plus ordinaire. L'un de nos interprètes, M. M , a connu une personne qui en avait , pour me servir de ses expressions, une quantité innombrable, disposés autour du corps, sous forme de ceinture. » Le bouton d'Alep sévit sur les étrangers comme sur les indigènes, mais sur les premiers à un plus haut degré. Les indigènes l'ont le plus souvent à la face, et les étrangers sur les membres, où il affecte particulièrement le pourtour des articulations. » Un très-court séjour dans le pays suffît pour y contracter la maladie. C. R., 1842, i"Seme4i/e(T. XIV, N"»). 3l ( 234 ) Un officier supérieur d'artillerie, qui avait un commandement à Bone, en 1 836 , n'était que depuis deux mois à Bagdad lorsqu'il en fut atteint. I) La durée du bouton d'Alep est habituellement d'un an , ainsi que l'ex- prime le nom vulgaire qu'il porte dans le pays, Habbat-el-Sana , qui veut dire bouton d'un an. En général, la maladie fait des progrès , croiï, comme on dit, pendant six mois; puis décroît, comme on dit encore, c'est-à-dire marche vers la guérison , pendant six autres mois. » Le bouton d'Alep, ou le bouton d'un an , s'observe dans toute la Syrie et même au-delà. On s'accorde assez généralement, dans ces pays, à l'attribuer à la nature des eaux. A Alep on en accuse l'eau d'une fontaine dont la source est à deux lieues de la ville. D'ailleurs cette croyance ne paraît pas fondée, et, il faut le reconnaître, la véritable cause de l'endémie syrienne est à trouver. » CHIMIE. — Sur les acides chlorophénisique , chlorophénusique et chlorindoptique , par M. A. Laurent. « Dans le dernier Mémoire que j'ai eu l'honneur d'envoyer à l'Académie, j'ai fait voir les singuliers rapports qui existent entre les deux séries du phényle et de l'indigo; j'ai surtout insisté sur l'analogie de mon acide chloro- phénisique avec l'acide chlorindoptique de M. Erdmann. Ces deux corps se ressemblent au plus haut degré, et cependant l'analyse du premier se re- présente par C'^Cl^H^O, et celle du second par C*^C1^H'^. En traitant ce dernier par le chlore, M. Erdmann l'a converti en \\n nouveau corps qu'il a nommé acide chlorindoptique chloré, et dont la formule se- rait (?*C1'°, formule qui représente l'acide chlorindoptique — 4 atomes d'hydrogène +4 atomes de chlore. En reprenant ce sujet, je me suis assuré que l'acide de M. Erdmann n'est autre chose que mon acide chlorophéni- sique , et que l'acide chlorindoptique chloré devait se représenter par C'* Cl'°0; ce serait donc l'acide chlorophénusique de la série du phényle. » J'apporte aujourd'hui un nouvel appui en faveur de cette idée, que les corps obtenus par substitution sont, en général, isomorphes avec ceux qui leur ont donné naissance. Je viens de m'assurer que les cristaux de l'acide chlorophénusique ont les mêmes angles que ceux des acides chlorophé- nisique, nitrophénésique, nitrophénisique, etc. Sur un nouveau type de cristaux, » Tous les cristaux connus jusqu'à ce jonr peuvent se rapporter à six types ou systèmes qui sont: lecnbe, le rhomboèdre, et quatre prismes ( 235 ) droits ou obliques. En combinant trois axes de toutes les manières pos- sibles, en faisant varier leur longueur relative et leur inclinaison, on tombe toujours sur un de ces six types, excepté dans le cas où les trois axes sont inégaux , inégalement inclinés , mais dont deux seulement sont perpendi- culaires entre eux. » Je viens de découvrir im nouveau corps, l'isatosulfite de potasse, dont les cristaux ne rentrent dans aucun des systèmes connus, et qui se rap- portent au cas que je viens de mentionner; j'en envoie un échantillon. » M. RoBisoN, dans une Lettre adressée à M. Flourens, donne quelques explications relatives à la méthode de traitement employée par le docteur TnrnbuU dans certains cas de surdité. « Je ne me rappelle pas exactement, dit M. Robison, les termes dont je me suis servi pour exprimer le degré de raréfaction de l'air qu'il convient d'obtenir au moyen de l'appareil pneumatique. Mais ce que j'ai voulu don- ner à entendre, c'est que cette raréfaction est celle qui suffirait pour faire monter, de 4 pouces dans un cas et de 8 dans l'autre, le mercure dans un tube vertical mis en communication par son extrémité supérieure avec l'ap- pareil pneumatique et plongeant par l'autre dans un bain de mercure. On a, il est vrai , porté dans certains cas la raréfaction au double j mais habituel- lement il a suffi de la tenir dans les limites que j'indique ici. » MM. Flahaut et Noisette adressent, pour prendre date, un Mémoire qui leur est commun et qui concerne diverses questions d'agriculture. Ce Mémoire est réservé, à la demande des auteurs, pour être lu dans une des prochaines séances. L'Académie reçoit deux Lettres sur des questions concernant la physique générale et le système du monde. Ces Lettres, signées, l'une deLosLlanosMontanos, l'autre Subotowiez, ne paraissent pas de nature à fixer l'attention de l'Académie. M. Durand , qui avait adressé dans la dernière séance une réclamation de priorité à l'occasion d'un Mémoire lu récemment à l'Académie par M. Lamé, envoie aujourd'hui divers opuscules imprimés qui lui paraissent pouvoir servir à établir ses droits. (Renvoi à la Commission chargée de l'examen du Mémoire de M. Lamé.) M. CosTE adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. F. 3i.. ( 236 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu daas cette séance les ouvrages dont voici les titres .: Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; I*'' semestre 1842, n° 4? inVj". Annales des Sciences naturelles; décembre i84i ; in-B". Exercices d'Analyse et de Physique mathématique; par M. A. GauCHY; tome II, 17' livraison; in-4''. Essai de Statique chimique des Etres organisés; Leçon professée par M.DxjM AS; 2° édition, in-8*>. Annales des Mines; tome XX, 4° liv. de i84i, in-8°. Administration des Douanes. — Tableau général du mouvement du Cabotage pendant l'année i84o, in-4°. Traité élémentaire d'Anatomie générale descriptive et physiologique; par M. E. Rambaud; 1842, in-S". La Musique simplifiée dans sa théorie et dans son enseignement; par M. RusSET; ï" partie. Mélodie ; 2'"° partie, Harmonie; 2 vol. in-B". Mémoires de la Société Ethnologique; tome l", i84ij in-8°. Présenté par M. Milne Edwards, au nom de son frère .... Histoire ou origine des Foulahs, ou Fellans; par M. G.-D. Eschthal. (Extrait des Mémoires de la Société Ethnologique.) In-8°. Présenté au nom de l'auteur par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg ; tome II, 2° livr. avec planches. Code des Créations universelles et de la vie des Etres; par M. DuRAN ; Bor- deaux, 1841, in-S". Esquisse d'une théorie sur la Lumière; par le même; in-S". Rapport à S. E. le Ministre de l'Instruction publique sur l'organisation de la Médecine en Allemagne ; par M. H. ROGER. (Extrait du Moniteur universel.) In-8°. Rapport présenté à la Faculté de Médecine de Montpellier ; par M. le profes- seur d'AmaDOR, relatif à une nouvelle condition pour le Doctorat; i84i, in-4''. Théorie des Centres d' attraction ; par M. Los Llanos Montanos ; i84i, in- 12. Médecine physiologique : sixième Lettre; par M, L.-F. Bigeon; in-S". ( 23? ) Précis statistique sur te canton de Neuilly-en-Thelle , arrondissement de Sentis (Oise). (Extrait de V Annuaire de 1842.) In-S". Précis statistique sur te canton de Noailtes, arrondissement de Beauvais (Oise). (Extrait de r^nnuaire de 1842.) In-S". Mémoire sur tes accidents qui peuvent succéder à l'ingestion des Boissons froides lorsque le corps est éctiauffé; par M. A. GuÉRARD , 1842, in-S". Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pliarmacolocjie ; 10* an- née, janvier i842;in-8''. Revue des Spécialités et des Innovations médicales et cfiirurgicales; 'jan\ier 1 842, in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; janvier 1 842 , in-8°. Bulletin général de Ttiérapeutique médicale et cfiirurgicate ; i5 — 3o jan- vier 1842; in-S". " Jrcliives de ta Médecine belge; mai et août i84i, in-8°. Conchologia Conchyliologie systématique ; par M. Lovell Reeve ; Londres, in-4°. Natural Histoire naturelle de l'Homme; par M. J.-G. Truchard; Lon- dres, 1842 , 1" liv., in-8°. The Geologist. ... Le Géologue , journal mensuel des rectierches et décou- vertes relatives à la Géologie et à la Minéralogie , et tes s ciences qui s'y ratta- cltent; i"^" liv., janvier 1842, in-8*'. Tiie London. ... Journal de Botanique de Londres; publié par M. W. F. HoOKER, directeur du.Tardin botanique de Kew, n" 1 ; janvier 1842, in-S**. The Edinburgh... Nouveau Journal pfiilosopfiique d'Edimbourg; octobre i84i à janvier 1842; in-8°. Rendiconto Compte rendu des Travaux de l'Institut de Melelo , depuis sa fondation jusqu'à ta fin de 18^0; par M. RiDOLFi. (Extrait du Giornale agrario Toscano; n** 60.) Florence ; in-8°. (M. de Gasparin est chargé de rendre un compte verbal de cet ouvrage.) Délie difficolta. . . . Des difficultés qui s'opposent à l'établissement des Obser- vatoires météorologiques ; par M. A. Bellain; Milan, i84i; in-8''. (Extrait du Giornale dell' L R. Istituto Lombarde di Scienze.) Gazette médicale de Paris; 1842, n" 5. Gazette des Hôpitaux; n" 1 1 — i3. L'Expérience, journal de Médecine; n" 23g. L'Eclio du Monde savant; n°* 699 et 700. L'Examinateur médical ; tome II, n° 5. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 FÉVRIER 1842. présideuce de m. ponœlet. MEMOIRES ET COIVUMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Réclamation de M. Despretz contre un passage de la Lettre deM. Magnus, insérée dans le Compte rendu ^«»4 janvier 1843, p. 16g,. ■ Ce passage est ainsi conçu : «. ..Car les écarts à cette loi (loi de Mariotte) se montrent non-seulement » près du point de condensation , mais à une pression qui est de quelques » atmosphères plus basse , comme MM, OErstedt et Despretz l'ont démontré » et comme l'auteur l'a trouvé en répétant leurs expériences. » » Il serait sans doute fort honorable pour moi, de voir mon nom associé à celui d'un physicien aussi éminent que M. OErstedt; mais, dans cette oeca- sion, l'association n'est pas juste. » M. OErstedt a trouvé que, sous une pression de deux atmosphères, le gaz acide sulfureux se comprime tantôt plus , tantôt moins que l'air atmo- sphérique, et que c'est seulement dans le voisinage de la liquéfaction que le gaz se comprime constamment plus que l'air. {Bulletin des Sciences de M. Férussac, t. V, p. 333.) 1) Mes expériences n'ont pas eu pour objet les anomalies qu'on doit C. R., 184a, 1" Semeiire. fT. XIV, N» 6.) 32 ( a4o ) nécessairement observer près d'un changement d'état quelconque , mais la recherche des voUimes d'une certaine masse de gaz, pendant tout le cours de la compression qu'elle supporte, depuis une atmosphère jusqu'à la ré- duction du gaz en liquide. » J'ai pris pour terme de comparaison l'air atmosphérique, qui, d'après les expériences de MM. Arago et Dulong et d'après celles de MM. OErstedt et Suenson, obéit à la loi de Mariotte à toutes les pressions auxquelles on a pu expérimenter avec exactitude. » Je citerai une de mes expériences. Le gaz hydrogène sulfuré (acide hydrosulfurique), qui ne se liquéfie que sous une pression de i8 atmosphères environ , présente déjà sous 2 atmosphères une plus grande compressibi- lité que l'air, c'est-à-dire que, pour une égale pression, il subit une plus forte diminution de volume. La différence existe dans le même sens pendant tout le cours de la compression jusqu'à la liquéfaction. Ici l'écart n'est point à une distance de quelques atmosphères de la liquéfaction , comme le dit M. Magnus, mais à une distance de 16 atmosphères. » M. de Wrède a récemment constaté à Stockholm, dans le laboratoire de M. Berzélius, que l'acide carbonique s'écarte de la loi de Mariotte à peu de distance de la pression moyenne. Cependant le gaz ne prend l'état liquide que sous une pression de 36 atmosphères. Le savant suédois a même pu corriger la densité de l'acide carbonique prise par lui et qui était la mérne que celle qu'ont trouvée MM. Dumas et Boussingault, et arriver ainsi à un nombre pour le poids atomique du carbone, très-peu différent de celui que des expériences directes ont donné à MM. Dumas et Stas. Les expériences de M. Wrède fortifient encore le principe que j'ai cru pouvoir établir en 1 827; savoir, quêtons les gaz (l'azote, l'oxygène et l'hydrogène exceptés) sont plus compressibles que l'air depuis la pression ordinaire jusqu'à la pression de leur liquéfaction. La science sera même peut-être assez avancée un jour pour montrer que l'air et les trois gaz cités ne suivent pas la loi de Ma- riotte; mais les écarts présentés par ces derniers gaz seront nécessairement très-petits et au-dessous des erreurs des observations d'aujourd'hui. » « M. Dumas demande, à l'Académie de vouloir bien compléter la Com- mission chargée de l'examen du Mémoire de M. Valenciennes et de celui du travail de M. Lamare-Picquot. Jusqu'ici , cette Commission composée de deux membres, MM. Edwards et Dumas, pouvait suffire à l'objet pour lequel elle était formée. » Mais les. remarques de M. Duméril auront peut-être pour résultat d'en- gager la Commission à élargir la base de la discussion. (24l ) » Il s'agit, en effet, d'étudier un point de physiologie du plus haut in- térêt, car il serait permis de conclure des observations de MM. Lamare-Pic- quotet Valenciennes, que certains animaux à sang froid peuvent, en des circonstances déterminées, devenir des animaux à sang chaud; de même que certains animaux à sang chaud , les animaux hybernants, deviennent, dans des circonstances données, de véritables animaux à sang froid. » II s'agit donc d'éclairer ce point de physiologie et de s'assurer, si de même que quelques animaux à sang chaud peuvent perdre en grande partie la faculté de produire de la chaleur et supporter un abaissement de température sans périr, quelques animaux à sang froid pourraient produire et supporter une élévation de température égale à celle des oiseaux sans que leur vie fût en danger. » Cette question exigera de nouvelles recherches , et nous venons , M. Edwards et moi, vous proposer d'augmenter le nombre des commis- saires. » MM. Flourens, Becquerel, Breschet, Regnault, sont adjoints à la Com- mission. « M. Flourens, à cette occasion , annonce qu'il a fait , il y a déjà plu- sieurs mois, en commun avec M. Becquerel , des expériences sur la tem- pérature des animaux à sang froid. » Ces expériences ont été faites sur plusieurs reptiles, sur des lézards, des serpents, des batraciens, etc., sur plusieurs insectes, sur des poissons. » La température a été prise, sur tous ces animaux, par deux moyens comparés: savoir, l'appareil thermo-électrique de M. Becquerel , et un thermomètre très-délicat, en sorte qu'on peut regarder les résultats obte- nus comme étant d'une grande exactitude. » Le résultat le plus général de ces expériences est que les animaux, dits à sang froid, ont une température propre ou supérieure à la température extérieure, du moins quand celle-ci est basse, en sorte qu'en réalité ils sont animaux à sang chaud : seulement ils le sont à un degré beaucoup plus faible que les animaux proprement dits à sang chaud. » La température des lézards est plus élevée que celle des batraciens, etc. On trouve même une différence de température sur le même animal, selon qu'on explore telle ou telle région du corps. "Par exemple, la température, prise sur une couleuvre, est sensible- rnent plus élevée près du cœur que dans la région de la queue. 3a.. ( 242 ) » M. Flonrens ajoute "que M. Becquerel a rédigé depuis longtemps la partie physique de ce travail. M. Flourens va s'empresser d'en rédiger la partie physiologique et de présenter le travail entier à l'Académie. » «M. Duméril déclare qu'il a traité, dans son ouvrage sur l'Erpétologie, les questions relatives à la température propre des reptiles et à leur engour- dissement par le froid et par la chaleur^ en exposant toutes les circonstances anatomiques et physiologiques qui expliquent ces phénomènes et qui sont liées aux modes de la circulation et de la respiration de ces animaux ; mais il ne croit pas que ce soit aujourd'hui l'occasion d'en entretenir l'Aca- démie. » M. Warden fait hommage à l'Académie du 17* volume de VArt de vérifier les Dates , contenant la description de quatre des États de l'Union , la Louisiane, la Virginie , le Massachussets et le Maine, depuis leur première découverte jusqu'à l'établissement de la constitution dans chacun d'eux. JVOMIIXATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'une Commis- sion pour le prix extraordinaire concernant {'application de la vapeur à la navigation. Cette Commission doit être composée de cinq membres. MM, Poncelet, Dupin, Séguier, Arago, Coriolis réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède , également par la voie du scrutin , à la nomination d'une Commission de cinq membres qui sera chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le prix de Mécanique àe la fondation Monlyon. Commissaires, MM. Piobert, Séguier, Poncelet, Coriolis, Dupin. MEMOIRES LUS. cHinuHGiE. — Mémoire sur l'appréciation de la mjotomie appliquée au trai- tement des déviations latérales de l'épine dorsale; par M. Bouvier. (Commission nommée pour un premier Mémoire de l'auteur sur le même sujet.) « Les faits et les considérations contenus dans ce travail peuvent, dit l'auteur, se résumer comme il suit : (243) » 1°. La contracture des muscles du dos est une affection rare , tout à fait distincte de la déviation latérale de l'épine qui produit la gibbosité; » 2°. Celle-ci diffère anatomiquement des difformités par contracture, en ce qu'elle consiste, dès le principe, en une déformation des vertèbres et des disques intervertébraux, et non en une inflexion articulaire due au raccourcissement de certains muscles; » 3°. La déviation de l'épine qui produit là gibbosité ne résiste pas au redressement en vertu de la brièveté des muscles du dos qui , à l'état de relâchement, ne se montrent ni tendus, ui résistants pendant les efforts exercés sur les courbures; » 4°- La section de ces muscles sur le cadavre n'influe en aucune m* nière sur le redressement de la déviation , tandis que la section des liga- ments permet d'effacer les courbures malgré la présence des muscles; » 5". Les déviations rachidiennes qui produisent les gibbosités ne se dé- veloppent pas sous l'influence des mêmes causes que les difformités par contracture ; » 6°. Les lésions nerveuses ou musculaires, qui amènent ces déviations dans certains cas , agissent en changeant les conditions du développement du rachis, et non en donnant lieu à une rétraction permanente de ses muscles; » 'j". Les irrégularités de l'action des muscles qui concourent, dans ces circonstances et dans d'autres, à la déformation de l'épine, n'ont rien de commun avec les contractures musculaires; » 8°. L'expérimentation clinique fait voir que la section des muscles du dos est tout à fait sans influence sur le redressement de la courbure laté- rale de l'épine qui produit la gibbosité, et que tout le résultat obtenu doit être mis sur le compte du traitement mécanique consécutif; » 9°. D'après tout ce qui précède , la myotomie n'est point applicable au traitement de ce genre de difformité. » M. RozET présente un supplément à son « Mémoire sur quelques irré- gularités de la structure du globe terrestre. » Dans ce Mémoire, M. Rozet examine quelle différence il y a, sur le ré- seau de triangles dont la France est couverte, entre les latitudes géodésiques et astronomiques. Il recherche quelle a pu être la cause géologique de ces inégalités, et eu tire diverses conséquences sur la constitution phy- sique du globe. L'auteur imagine aussi avoir trouvé, dans ces irrégularités de forme, la ( 244 ) cause des hauteurs inégales que marque le baromètre dans différents lieux de la terre. (Commission précédemment nommée.) M. Papadopoulo Vreto lit une Note sur la manière de fabriquer l'espèce de cuirasse en feutre de lin qu'il désigne sous le nom de Pilima. Il s'ef- force de prouver que l'emploi de ce feutre pourrait aussi être fait avec succès à bord des vaisseaux de guerre; enfin il cite différents passages des auteurs anciens qui montrent qu'avant l'invention des armes à feu plu- sieurs hommes de guerre ont eu l'idée de substituer au fer, dans la fa- brication des armes défensives, une sorte de feutre, soit en lin, soit en laine. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Mémoire sur le gisement de la houille dans le bassin de Saône- et-Loire; par M. Am. Bun\T. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Élie de Beaumont, Ad. Brongniart, Dufrénoy.) « Le but de ce Mémoire est de signaler les formes toutes spéciales affec- tées par les gisements de houille du bassin de Saône-et-Loire. Ces formes diffèrent tout à fait du gisement en couches stratifiées qui est ordinairement attribué à la houille; elles dépassent en épaisseur toutes les puissances des couches connues , mais sont aussi moins continues que partout ailleurs dans le sens de la direction et de l'inclinaison : enfin elles se confondent quel- quefois avec le gisement en amas. 1) Les recherches de houille doivent donc, en ce cas, suivre d'autres indications que celles de la stratification et n'être entreprises qu'après s'être formé une idée aussi exacte que possible de la forme des bassins où se trouve la houille. Ces bassins paraissent subordonnés au bassin prin- cipal qui les renferme et lui être semblables , c'est-à-dire avoir la même direction, et à peu de choses près la même proportion entre les axes, en tenant compte de l'inclinaison des couches. » Quelques considérations relatives à la composition des houilles du ( 345 ) bassin de Saône-et-Loire peuvent expliquer ces formes particulières, en précisant le mode de génération de la houille. Il n'y a qu'un seul type de houille subdivisible en deux variétés : cette houille type est mélangée d'ar- gile ordinairement disposée en filets déliés, suivant le sens de la stratifi- cation , et en analysant cette structure on est conduit à supposer que les houilles ont été formées par une végétation sur place , détruite périodi- quement par des élévations du niveau des eaux. » Les houillères auraient donc été des plaines basses, dont la végétation probablement annuelle était détruite par des inondations périodiques. Cette hypothèse s'adapte encore aux détails de forme des amas et des cour ches du bassin; enfin elle est confirmée par les débris de végétaux fossiles que l'on trouve dans les houilles rayées, lorsqu'on obtient les cassures dans les veines schisteuses qui alternent avec celles de houille pure. Ces végétaux en place sont petits, et diffèrent par leurs dimensions des végétaux char- riés dont les impressions se trouvent dans les grès et les schistes. Enfin, cette hypothèse permet encore de discuter les formes probables de ces plaines ou vallées dans lesquelles se formait la houille, et d'arriver à des conclusions utiles pour l'exploitation et les recherches. » GÉOLOGIE. — Études sur la Jorination crétacée des versants sud-ouest et nord-ouest du plateau central de la France; par M. d'Archiac. (Commissaires, MM. Alex. Brongniart, Cordier, Élie de Beaumont.) « Ces recherches, dit l'auteur, font suite à celles que j'ai publiées en i836 et en i83g, sur la formation crétacée en France; elles ont pour objet prin- cipal de limiter plus exactement que je n'avais pu le faire, à l'époque de mes premières publications, les divers étages que j'avais reconnus dans cette formation, de préciser leur position relative, et enfin de déterminer les analogies et les différences que présentent ces deux systèmes de dépôts contemporains. » Mon Mémoire se divise naturellement en deux parties. » Dans la première je traite successivement des divers étages de la for- mation crétacée qui s'appuient contre le versant sud-ouest du plateau central ; je compare, d'une manière détaillée, leurs caractères pétrographi- ques et, d'une manière plus générale, leurs caractères paléontologi- ques; je recherche s'il existe un système de couches qui, sous le rapport zoologique, puisse être assimilé au groupe inférieur (néocomien ou véal- ( a46 ) cUen), puis je signale les failles et les soulèvements partiels qui, sur cer- tains points , ont dérangé la position de ces couches. » Dans la seconde j'examine sous le même point de vue la zone crayeuse du nord et du nord-ouest. Je mets en parallèle les divisions que j'y établis avec celles de la zone sud-ouest, tant sous le rapport de la puissance et de la position relative des couches que sous ceux des caractères pétro- graphiques et paléontologiques. Et enfin, du résultat de ces comparaisons, j'essaye de déduire quelques considérations générales sur les circonstances qui ont pu donner lieu à des différences aussi remarquables entre les deux zones d'une même formation, prises à des distances aussi rapprochées et sous le même méridien. » M. le D' ScHENCK adresse, pour le concours extraordinaire concernant la vaccine^ un Mémoire écrit en allemand. (Renvoi à la Commission nommée.) M. Chrétien présente une Note sur un composé qu'il désigne sous le nom d' Oropholite , destiné à préserver des effets de l'humidité. L'oropholite peut être disposée sous forme de lames, et dans cet état elle présente une souplesse suffisante pour pouvoir être employée dans les cas où l'on em- ploie d'ordinaire le plomb ou le zinc laminé ; ainsi elle est propre , suivant l'auteur, à être employée à la couverture des toits et au doublage des bas- sins en maçonnerie destinés à contenir de l'eau; elle peut être substituée au dallage en pierre ou en brique; enfin, appliquée comme enduit sur les murs humides des rez-de-chaussée , elle s'oppose à tout suintement. (Commissaires, IVIM. d'Arcet, Pelouze, Pelletier.) M. V\i,tÉ prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de l'examen d'un procédé qu'il a imaginé pour empêcher que, dans les tableaux à l'huile, l'enduit ne se fendille ou ne se détache par écailles, comme il arrive trop fréquemment aujourd'hui par suite de la décomposition plus ou moins rapide des matières dont on sert pour l'encollage. (Commissaires, MM. de Silvestre, Dumas, Pelowze.) M. DuMouTiER, chirurgien attaché à l'expédition de l'Astrolabe et de la Zé- lée, met sous les yeux de l'Académie les résultats des premiers essais qui ( Al ) ont été faits pour reproduire, par la lithographie, les pièces de la collection anthropologique qui a été formée par ses soins dans le cours de ce voyage. Les têtes représentées sont de grandeur demi-nature; pour assurer la jus- tesse des contours, si importante en pareil cas, M. Dumoutier a imaginé d'obtenir d'abord par les procédés photographiques l'image des tètes mou- lées qu'il a rapportées. Le calque de l'image daguerrienne est ensuite trans- porté sur la pierre, et le lithographe^ qui n'a plus à s'occuper du trait, dont l'exactitude lui est garantie, éprouve peu de difficulté à terminer la copie du dessin sur plaqué qui lui sert de modèle. (Commissaires , MM. de Blainville, Ad. Brongniart, Milne Edwards.) M. McTi adresse un Mémoire ayant pour titre: Fragments cosmologiques. Dans ce Mémoire, l'auteur s'occupe principalement des causes qui ont pro- duit les grandes inégalités que l'on remarque à la surface du globe terrestre, causes qu'il croit différentes de celles qu'ont indiquées les géologues qui se sont occupés de cette question. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont , Dufrénoy.) M. Lenskigne présente une Note intitulée : Composition chimique de l'azote et simplicité élémentaire de l'acide suljiirique et de l'ammoniaque. (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Berthier, Dumas.) CORRESPONDANCE. Puits foré de l'abattoir de Grenelle. M. Arago demande la parole et s'exprime à peu près en ces termes; «M.lePréfet de la Seinea nommé uneCommission qui doit s'entendre avec M. Mulot, sur les précautions à prendre pour le tubage définitif du puits foré de Grenelle. Cette Commission est composée de MM. Al. Brongniart, Poncelet, Élie de Beaumont, membres de l'Académie; de MM. Galis, Len- quetin, Sanson-Davilliers , Arago, membres du Conseil municipal; de MM. Mary, Lefort, ingénieurs de la ville; de M. Trémisot, chef de bu- reau. » Dans sa réunion d'hier, cette Commission a appris avec étonnement C. R., 184a, i""- Semestre. (T. XIV, ^o C.) 33 ( 248 ) qu'une partie du public s'étant laissé tromper par des articles vraiment in- croyables qui ont été insérés dans certains journaux, manifeste des préoc- cupations sur de prétendues catastrophes dont ce grand travail menacerait divers quartiers de la capitale. Il n'a fallu rien moins que cela pour décider la Commission à donner à un de ses membres la -mission de réduire au néant des allégations sans base réelle, quelquefois burlesques, et qui, en vérité, ne semblaient pas mériter une réfutation sérieuse. » On a écrit, on a imprimé : La question se complique de plus en plus ; elle s'embrouille. — On est dans un ordre de phénomènes ignorés et il est difficile de prévoir comment on en sortira. — En dépit de toutes les prévi- sions et de tous les calculs scientifiques , on ne sait pas d'où vient Veau. — Le puits de Grenelle paraît destiné à déjouer toutes les combinaisons de la science et à résister aux procédés les plus ingénieux de l'art. — // ne s'agit de rien moins, entre autres suppositions plus ou moins probables, plus ou .moins absurdes que l'on pourrait faire, que de savoir s'ilj a réellement danger qu'un vaste et profond éboulement ne s'opère par suite du creusement des eaux dans les sables, ou de voir un beau matin les eaux delà Seine s'in- filtrer par quelque fissure et disparaître dans ce gouffre; et s'il arrivait que la prudence exigeât que l'on mît obstacle à l'écoulement des eaux, que l'on fermât le puits de Grenelle, comme il en a été sérieusement question, quel serait le meilleur mojen d'arrêter cette colonne d'eau, dont le cou- rant est capable de surmonter de puissants obstacles? » Rien de plus facile que de répondre à cette inqualifiable série d'asser- tions. J'en suis vraiment peiné, mais je serai forcé, même sur les points de fait , de procéder par des dénégations formelles, catégoriques. » La question , loin d'être obscure , est d'une telle clarté, que les diva- gations répétées de certains écrivains ne sont pas parvenues à l'embrouiller. » Les prévisions de la science, quant à l'ordre de superposition des cou- ches de diverse nature dont le terrain se compose, quant à la tempéra- ture du liquide, à la force ascensionnelle du courant, se sont admirablement vérifiées. » On sait parfaitement d'où vient l'eau. Pour le découvrir il fallait simplement se livrer à une étude géologique des régions qui entourent !e bassin de Paris; il fallait chercher sur quels points la couche de sable perméable , inférieure à la craie , se présente à la surface du sol par sa tranche , sur quels points elle peut recevoir les eaux pluviales et leur ouvrir en quelque sorte la voie pour pénétrer dans les entrailles de la terre. ( '-49 ) Il n'y avait là ni matière à prévision , ni surtout matière à calculs scienti- fiques ; a. ce sujet, aucune science, aucun géomètre n'ont eu à éprouver le plus léger dépit. » Jamais les personnes appelées à donner un avis sur les travaux du puits de Grenelle n'ont conçu, ni de loin , ni de près, la pensée de le fermer. En supposant qu'une idée si absurde leur fût venue, on va voir que le moyen d'arrêter l'eau les aurait peu embarrassés; qu'ils n'auraient pas eu besoin pour cela de recourir aux combinaisons de la science et aicx procédés les plus ingénieux de l'art. Leur méthode eût simplement consisté à faire placer sur le trou une pierre pesant looo kilogrammes ou lo quintaux métriques : une pierre du poids d'un mètre cube d'eau aurait amplement suffi. «Qu'on nous montre donc les combinaisons de la science que les travaux de Grenelle ont déjouées. Partout où le sondeur a percé la craie, les eaux jaillissantes sont d'abord venues au jour , troubles, chargées de sable et de glaise. Il a toujours fallu un certain temps pour qu'elles s'éclaircissent. A Paris ce temps a dû être plus long, à cause de l'extrême abondance de la source. Lorsque M. Mulot commença à faire descendre dans le trou une grande colonne de tuyaux eu cuivre, l'eau n'était pas encore limpide. On pouvait , cependant, espérer que son écoulement continuerait à s'effec- tuer librement, aussi bien par l'intérieur de la colonne de tuyaux en ques- tion, que par l'espace annulaire compris entre les parois extérieures de cette colonne et les tubes de retenue. En cela, et en cela seulement, on a commis une erreur : l'espace annulaire s'est engorgé; les pressions in- térieures et extérieures ne se sont plus trouvées dans des conditions né- cessaires d'égalité , ou de presque égalité; il est arrivé un moment où la pression de dehors en dedans a surpassé la pression en sens inverse, et le tuyau s'est écrasé. »0n sait aujourd'hui, d'après une expérience directe faite à la presse hy- draulique, quel a dû être l'excès de la pression extérieure sur la pression intérieure pour produire les déformations que les tuyaux de cuivre ont éprouvées. Cet excès est de i ^ U U U Q^ Q^ 3 3 3 3 3 3 000000 U U U U U U bO-O 3 S 3 >: s es es rt s 3 3 3 60 > " 3 ««UOOQJOOOO^-t-^OOOOl'*'-— D Sb.ïï s 1) « 3 .-T3 3-2 5 o 00- 3 3 3 « c8 rt 3 S S s*-, >» ^ 000 s c s o o 05 - o f ; OOîOOOO-OPI'^ 0130 o « ^TOO en o ^;r o -^îTO fO ooo o> o >o O) t^co ooO'-o-'OOOfl>-r--<0i0ir^«t0«000i:^0<0 o o OCO^*OfO«0>0^^«fO «fOfO «V3--CO O OcO^0 O 00 VO »0 0 o -«O^ïl-MtÛtûX ^*<0 ;0 CO « CI - OOOOCOMva-wcOOOO I + I I I I I I I M II ++++++++++ I +++++++ Oi « « co o - 1 + es -rt - 00 - - v3- « ^0 vd-» o O Ma0'O<^cO00CO -^C cOCO»omoO MsOco « - o - « -30 OinXco c^ a^in r^ro O c^ t-^vo 01^* PI - Oiv* r» r^ 01 O o>^* VD »0 10 r^ r^ r>» CO co O •uioJUAH o O 00 ^*CO C^OlOCÛ 0)W O-sO ■ » « CO 00 00 ^«j-^*;o ^* « »o t^co - tO « O O VT^* O ^a-lO lO ^^-CO CO « CO CO - VI- - O O O M o 0 >0 CO « I II I I I I I I I I I++4-4- +++++ + +I +++++I - t^OO fO o - I ++ o c«30 o c^Oî-mosoo^ja-' mOO Oir^Oic^-OO ^*'sO f) ^ 00 o C-.10 CO 01 '- O CO O I--COCOC0 Oio o>o'o;£i — r> C! sO -vO « es r>. c^ - o es — V* 0> cî M CO 050 v!t--,o av-o ^* « 0~. - »rt o ----- ,_ - -- --.r^ r^co to 10 30 00 « c< v-^t-io lO O »n CO co 00 O oi^=i- •sO >o »o r»- r^ r^- O 05 •uiojSjCh ^O -^r r^ « O "--i-vo O noom esco tr^o^jr-coioioe*5-,û oto^=rcs'.£) 00000 o o ^*^* OcotO'sOVjcovj-es «CO -V--0 o o o ei - o 'O CO fl -• O ! I I I I I I I I I I I + + + + I + + + + + + I + + +++ I CO « o ++ tn -^r'sO — CO «tOOOOOCO — ' 00 sD f CO CO es CT! r^«5 o CO ■M o a^ c^ r^ VTCO 0)00 O! 0)co - v^ - O es (soo -»n 0>>-c»io vï-.^ m CO w es o O es c^ ir^co CO O "sO ^-r-.£! 0)>0 lO - n Oî- r^-OOOcotO r^ O;» ^* O :o v* o ^^10 ce es ^* ■sO ^O «o »o m 10 O <£ '-O '-C 10 ta T) >.T «n lo vo vo !0 >o io O vg-ir> vn-to '-'5 'n m ô lO r^ i^ r^ t^ C-* c^ r-» r^ 1^ c^ c^ r» r^ r-» c^ c^ c^ r^ i-« r^ r- c^ [^ £->• t^ r^ i-^ i^ t^ L--t r^ lo O es O M co o O ^ît- sO o lo Ci CO 00 in •uio.i3aji 5 S 0C035 OiO [-•« O'-Oî-OCO^ri-esootO O O es es M Os---i-nO es co ~a-«o - eo ^* "• tO c^SO r^ -^ r-^* - « o o ~ O O O O O o CO o o I I I I ! I II 1 I 4-+++I + 1 4-1 + ! I+++++I I I + siora np 8.mof 20 Ov — CO o '.o — O-.co Oici es i:^- esaO^OCOcomiO estn mvtcs escoioinco CO ^TT-^ >- 05VJ- Oî^^co ^a--^ CO VO c>1 vt-»0 ^^ CO O tO CO « « v3-*0 - Oi^^^a- 02 ^-7 o to ^-1--X! 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Aussi n'est-ce pas là l'objet de la prompti- tude que nous avons mise à notre communication ; cette promptitude a pour but de ne pas laisser compromettre, par des aperçus vagues , une question déjà si controversée dans la science, à cause peut-être du cercle trop étroit dans lequel on la renfermait. » En élargissant ce cercle, en appliquant à l'étude du phénomène de la coloration des os par la garance les données que pouvaient nous fournir les progrès de la chimie , ceux de l'application du microscope à la structure du système osseux , ceux non moins remarquables du développement des êtres organisés, nous sommes arrivés à une explication toute différente de celle que pouvaient fournir les seules expériences physiologiques. Les anato- mistes et les physiologistes en jugeront la valeur, après avoir apprécié celle des procédés et des expériences qui nous y ont conduits. » N'ayant été informés que samedi soir de la nécessité où nous étions de faire notre communication dans la séance d'aujourd'hui, je prie l'Académie de permettre que la lecture du résumé de nos expériences soit faite par mon savant collaborateur M. Doyère. » Lecture de M. Dotère. « Aucun sujet, peut-être, n'a fixé l'attention d'un plus grand nombre d'hommes éminents; aucun n'a fourni des résultats plus précis et plus dé- ( 29' ) cisifs, en apparence, que la coloration des os chez les animaux soumis au régime de la garance; mais comment eussions-nous conservé toute notre confiance première dans ces résultats, le jour où nous avons vu, à n'en pouvoir douter,. que ce beau phénomène n'avait réellement pas subi l'é- preuve des moyens d'observation les plus siirs et les plus rigoureux que possède la science. Deux auteurs seulement, Rutherford et Gibson (i), ont cherché dans la connaissance de la chimie, les bases d'une explication (i) Nous ne croyons pas avoir à mentionner ici les titres des auteurs qui nous ont pré- cédés. M. Flourens l'a fait avec tout le soin et toute l'impartialité possibles, dans le tra- vail qu'il vient de publier sur cette matière , mais nous devons dire quelques mots de Rutherford et de Gibson , les seuls qui nous paraissent avoir échappé à la savante analyse qu'il a faite des recherches antérieures aux siennes. Rutherford est le premier qui ait dit que le phosphate de chaux est chimiquement combiné dans les os rougis avec le principe colorant , et y constitue une laque. Quant à la manière dont cette combinaison s'opère, c'est, suivant lui , au moment où la molé- cule de phosphate de chaux tenue en dissolution dans le sérum du sang , se précipite pour prendre place dans l'os; c'est, en un mot, dans et par l'ossification même; la coloration est un phénomène de nutrition ; seulement la nutrition, dans ce cas, est un phénomène chimique.. Gibson, au contraire, pense que la coloration a lieu dans le tissu tout ossifié; que ce n'est pas autre chose qu'un phénomène de teinture dans le quel le phosphate joue le rôle d'un mordant. C'est entièrement là l'opinion que nous adoptons , ainsi que la suite de ce Mémoire va le faire voir. On peut dire sans hésiter que l'opinion de Gibson n'a laissé aucune trace dans la science, ou du moins qu'elle n'a pas pénétré dans la science française , fait facile à expliquer d'ailleurs pour quiconque a lu son Mémoire. Gibson n'apporte en preuve qu'une seule expérience qui lui appartienne , et cette expérience est mauvaise ; dans tout le reste , il s'appuie sur les expériences des autres, que non-seulement il n'a pas répétées , mais dont il ne paraît pas même avoir toujours compris les résultats. Ainsi l'un de ses arguments les plus puissants est celui-ci. « Les os se colorent compléiement en six jours; et d'un » autre côté , tous les observateurs .s'accordent à dire qu'iVyài// moins d'une semaine » pour qu'ils soient compléiement décolorés ; ce serait donc cinquante-deux renou- » vellements complets que l'os éprouverait dans une année; etc., etc. » Or, il suffit de lire les travaux de Duhamel, et ceux de M. Flourens, pour apprécier à leur juste valeur les deux assertions sur lesquelles ce raisonnement s'appuie, et pour prononcer que si Gibson a fait rougir des squelettes par l'alimentation colorante , du moins n'a-t-il pas étudié le phénomène de leur décoloration lorsqu'on remet les animaux au régime ordi- naire. Nous ne connaissons le travail de Rutherford que par celui de Gibson. {Mém. de Man- chester, 2' série, t. I, i8o5, p. i46) 39,. ( 29a ) simple de ce fait, que seuls jusqu'ici ils ont voulu faire descendre de ces régions élevées de la physiologie où il semble à peine possible que l'expéri- mentation directe puisse atteindre. Mais personne encore ne paraît avoir soumis au microscope, ni même observé à l'aide d'une simple loupe, un fragment d'os rougi par cette expérience, du moins dans le but d'en étu- dier la nature intime. Dès lors il était évident qu'il y avait là une voie pour parvenir à de nouvelles, et peut-être à d'importantes découvertes, et c'est là une des causes qui nous ont déterminés à entreprendre le travail dont nous allons avoir l'honneur de mettre les résultats sous les yeux de l'Aca- démie. » Dans le but de réduire cet exposé à de moindres proportions, nous lui donnerons la forme d'un petit nombre de propositions, appuyées seule- ment sur les faits qui nous ont paru les plus décisifs; et d'un autre côté, nous nous sommes proposé de ne tirer de ces faits que leurs conséquences les plus immédiates. I. De la coloration des os, dans sa nature. » Si l'on prenait à la lettre les expressions des observateurs, on devrait croire que dans un animal tué après quelques jours d'un régime énergique, les os seuls présentent une teinte due en tout ou en partie aux principes colorants de la garance. Ce n'est point là sans nul doute ce qu'ils ont voulu dire : car il est à peu près impossible qu'ils n'aient pas observé au moins quelques-uns des phénomènes suivants ( i) : (1) Le chien est l'animal sur lequel nous avons principalement expérimenté, et c'estde lui qu'il s'agira dans tout ce que nous allons dire, à moinsd'indicatlon contraire. Lorsque nous ànons fortement rougi, coloration intense, il s'agira de la coloration qui se produit par une alimentation dans laquelle la jjarance n'entre qu'à une dose assez médiocre, mais qui a été prolongée de huit à quinze jours. Les mots régime énergique désignent, au contraire une alimentation dans laquelle la garance entre en plus grande abondance , mais qui ne peut se prolonger au-delà de quelques jours. On nous demandera sans doute d'établir des proportions, de donner des nombres exacts; nous serions obligés de ré- pondre que cela est impossible ; car ce que nous pouvons dire , c'est que l'effet colo • rant est en raison composée de la dose de garance, de la durée du régime et de la plus grande jeunesse de l'animal; mais les effets toxiques croissent suivant une proportion beaucoup plus rapide encore. Donner peu de garance en commençant, augmenter par degrés en évitant d'eu donner assez pour provoquer des vomissements ; museler fortement l'a- nimal pour l'empêcher de vomir, si l'on veut en donner davantage; telles sont à peu près ( =^93 ) » Le tissu cellulaire et les aponévroses sont teintés en rose , que l'action de l'ammoniaque fait virer au pourpre. » Il en est de même des membranes séreuses et des fluides qu'elles con- tiennent. » La teinte rose offre une intensité toute particulière dans le tissu adipeux sous-cutané; c'est même à l'abondance de la matière colorante dans ce tissu qu'est due une couleur pourpre très-manifeste que prend, dans l'a- nimal vivant, la peau nue du ventre et de l'intérieur des cuisses. Chercher la cause de cette particularité nous eût semblé d'un grand intérêt. M Elle n'abonde pas moins dans le foie , puisque la couleur si foncée de cet organe en est altérée. La bile a totalement perdu sa couleur caracté- ristique (i). » En un mot, la substance blanche du cerveau , les cartilages et les ten- dons sont les seuls tissus dans lesquels l'absence de la coloration rose nous ait paru incontestable. » Mais ce qui distingue la coloration de ces divers tissus , par rapport à celle des os, c'est beaucoup moins la vivacité et la densité de celle-ci, cir- constances secondaires, que sa stabilité. Elle est fixée dans le tissu osseux; de longues macérations, ni l'action chimique de certains dissolvants des prin- cipes colorants de la garance , ne la font point disparaître , tandis qu'il suffit d'un simple lavage ou d'un séjour un peu prolongé dans l'eau pour l'enlever complètement aux autres tissus. En un mot , c'est que , dans ceux-ci, la coloration appartient encore à la partie fluide du sang qui les baigne, tandis que dans l'autre, le principe colorant a quitté la partie fluide du sang pour devenir une partie du tissu lui-même. » Nous parlons de la coloration comme ayant son principe dans le sang, c'est là une proposition dont la preuve paraîtra surperflue sans doute; rien ne serait , au reste, plus facile que de l'établir jusqu'à l'évidence. Il les seules règles que l'on puisse assigner .i ralimentation tolorante, du moins relative- ment aux animaux que nous avons choisis. (i) L'urine est fortementcoloree, fait bien connu, (juiapermis d'apprécier letempsque met le principe colorant à passer de l'estomac dans les résultats de la sécrétion urinaire. Les excréments nous ont fourni l'occasion d'une observation assez curieuse. Après un certain temps, chez certains de nos animaux, ils ont perdu la couleur foncée qui leur est propre , pour devenir d'un blanc coloré de la même teinte rose que les os. Nous avons remis à M. Dumas, qui les conserve, quelques-uns des résultats de cette observation, qui mériterait peut-être que l'on y donnât quelque suite. ( 294 ) sufBrait de saigner un animal , et de laisser reposer le sang pendant vingt- quatre heures. Après ce temps, on observe ce qui suit : » Le sérum qui surnage est revêtu d'une pellicule très-mince; en la re- cueillant, on verra que c'est une matière aussi riche pour les yeux, en coloration , que le serait une couche de laque de garance du commerce. Nous n'en avons point étudié la nature. » Le sérum lui-même est d'une belle couleur rose-pourpre. » La couenne , lorsqu'elle existe , est assez fortement colorée pour que des yeux inexercés pussent la confondre avec le caillot dans cer- tains cas. » Quant au caillot lui-même , on n'y saisit que sa couleur propre; mais qu'il soit desséché, broyé, jeté et agité dans l'acide sulfurique concentré ; que l'acide soit ensuite décanté avec soin , étendu d'eau et saturé par l'ammoniaque, et l'on y verra apparaître la couleur pourpre dans laquelle les alcalis transforment la teinte rose ou rouge de la purpurine et de l'alizarine. » Maintenant quel est le principe spécial au tissu osseux, dont la présence puisse expliquer la fixité de la teinte que prennent les os sous l'influence de l'alimentation colorante? C'est le phosphate de chaux. » Le phosphate de chaux des os est basique et insoluble : à ce double titre , il partage avec les autres sous-sels insolubles , la propriété de se combiner aux matières colorantes, et de constituer avec elles un composé insoluble appartenant à ce genre de composés que l'on a désignés sous le nom de laques. C'est là un fait parfaitement connu des chimistes et dont il est facile à tout le monde de se convaincre. Ainsi : » Que l'on verse successivement dans une dissolution aqueuse de garance filtrée, du chlorure de calcium et du phosphate de soude, il se précipitera une laque de phosphate de chaux, mais d'une couleur fort im- pure, parce que l'alizarine et la purpurine sont très-peu solubles dans l'eau, et que la dissolution aqueuse était presque exclusivement colorée par les principes solubles. » En versant une dissolution acide du phosphate de chaux des os dans une solution alcaline obtenue de la garance après l'avoir traitée par l'acide sulfurique et le carbonate de soude, on obtiendra une laque beau- coup plus belle. » Celle que l'on précipite d'une dissolution alcoolique de purpurine ne le cède en rien à la coloration que prennent les os dans le phénomène physiologique qui nous occupe. ( 295 ) ■ « Enfin on peut obtenir un précipité de la plus belle teinte dans le sérum coloré lui-même ; mais cette teinte est toujours légère , parce que la précipitation du phosphate de chaux est toujours accompagnée d'une précipitation abondante de flocons albumineux. » Tels sont , en quelque sorte , les prolégomènes des propositions qui voQt suivre ; voyons maintenant ces propositions elles-mêmes. » Proposition I". — Sans être extérieure au tissu osseux, la coloration n'j pénètre pourtant qu'à une profondeur tellement peu considérable, que la minceur de la couche colorée suffirait seule pour enlever au phénomène une grande partie de son importance phjsiologique. » Cette proposition contredit si fortement les faits généralement reçus, qu'elle paraîtra d'abord tout à fait inintelligible ; mais nous espérons qu'un très-petit nombre d'explications la rendront vraie pour tout le monde. » Lorsque l'on scie transversalement, dans son milieu, le corps d'un os long, et que l'on regarde la section, on voit une teinte continue rose qui s'enfonce, en s'affaiblissant dans la profondeur de l'os: c'est là la co- loration apparente; la portion de l'os qu'elle envahit est ce qu'on a appelé la virole colorée. » Mais observons cette même surface de section avec une loupe un peu forte, et déjà nous verrons cette teinte continue se décomposer en un semis de points dispersés sur un fond blanc. »Au lieu d'une loupe grossissant vingt fois, employons un microscope grossissant de deux à trois cents fois, et chaque point deviendra un cercle coloré entourant un trou pratiqué dans la substance osseuse, et la com- paraison de la section transversale avec une section longitudinale du même tissu aura bientôt prouvé : » 1°. Que le trou est un canalicule, et que ce canalicule est le lieu d'un vaisseau capillaire d'autant plus délié que l'animal approche davantage de l'âge adulte ; » 2*. Que le cercle coloré n'est autre chose que la coupe transversale d'un cylindre creux coloré qui constitue la paroi immédiate du canalicule. Ce cylindre creux a pour substance 1^ portion colorée du tissu osseux, il est en continuité absolue avec le reste, qui demeure incolore. 1) Voilà pour l'épaisseur de la virole colorée. Sa limite extérieure offre de même une couche colorée d'une minceur tout à fait comparable à celle qui enveloppe les canalicules les moins profondément situés. ( 396 ) » La coloration ne se produit d'ailleurs qu'au contact immédiat des ramifi- cations artérielles et capillaires du tissu osseux lui-même ou du périoste , et nous avons été d'autant plus frappés de ce résultat, que, par une circons- tance qui nous était spéciale, nous attendions positivement une coloration générale du tissu osseux dans sa profondeur. Nous demandons à l'Académie la permission d'arrêter un instant son attention sur un fait qui n'est pas étranger aux recherches dont il s'agit ici, et qui intéresse certainement l'histoire physiologique du tissu osseux. «Tous les observateurs ont vu ce que l'on appelle les corpuscules osseux. Ce sont de très-petites taches que Leeuwenhœck et Malpighi avaient déjà signalées, que Purkinje et Retzius ont décrites dans une certaine partie du tissu dentaire. Beaucoup d'auteurs ont cru que c'étaient les sels calcaires des os qui se montraient là sous forme de dépôts et libres de toutes com- binaisons chimiques avec les principes organiques, et M. Miiller lui-même, dans ses Éléments de Physiologie ( i), s'attache seulement à prouver que ces corpuscules ne constituent pas la plus grande partie des sels calcaires. Or nous avions déjà observé depuis quelque temps que ces prétendus corpus- cules ne sont que des cavités microscopiques que rattache un réseau cana- liculaire considérablement plus délié que les systèmes capillaires les plus déliés que nous connussions , et nous n'avions pas hésité à croire que ce nouveau système de conduits pouvait être l'organe de la nutrition intime du tissu , organe qu'aurait seulement alimenté le système capillaire. wRien de plus simple d'ailleurs que de prouver le fait que nous annon- çons, relativement à la nature des corpuscules osseux. Il suffit d'étudier avec un peu d'attention la manière dont ils se comportent lorsqu'on plonge une lamelle extrêmement mince de tissu osseux sec, dans un bain d'huile. Pour cela, il faut placer cette lamelle au foyer du microscope, entre les deux verres minces d'un compresseur, et y faire passer une goutte d'huile. Les prétendus corpuscules prennent instantanément l'aspect de taches opaques et noires, avec un point brillant à leur centre, entourées d'un inex- tricable réseau de lignes infiniment déliées; et quiconque aura étudié la réfringence des corps plongés dans les liquides, comme moyen d'observa- tion microscopique, prononcera immédiatement que, du moins dans le tissu osseux sec, la matière des corpuscules doit être une substance d'un indice de réfraction extrêmement différent de celui de l'huile ; ou plutôt il (i) Page 392 de la traduction anglaise, 2' édition. ( 297 ) jugera de suite qu'un gaz seul peut produire l'effet optique qu'il a sous les yeux. D'ailleurs, pour que sa conviction à cet égard se change en certitude, il lui suffira de prolonger l'observation, car bientôt les lignes noires dis- paraîtront, les plus déliées d'abord, les plus grosses et les points d'anasto- mose ensuite; les angles des corpuscules s'arrondiront; le corpuscule lui-même ne sera bientôt plus qu'un ovoïde microscopique , puis une petite sphère dans laquelle tout le monde reconnaîtrait une bulle d'air. Enfin la bulle d'air elle-même finit par disparaître. » Que contiennent pendant la vie ces cavités et le réseau de canaux qui les fait communiquer entre elles? Un fluide, sans aucun doute; mais l'é- tude des phénomènes de la coloration des os vivants par la garance , ne nous autorise pas à croire qu'ils soient, comme nous l'avons pensé, le siège d'une circulation quelconque en rapport avec la circulation du sang; jamais et par aucun moyen nous n'avons pu y saisir aucune trace de la pénétration d'un fluide provenant du système artériel ou capillaire. «Ainsi, une couche en contact avec le périoste, et une couche entou- rant les vaisseaux capillaires de la virole colorée, voilà ce qui , selon nous , constitue la coloration vraie du tissu osseux, dans les animaux rougis par le régime de la garance. » Or, nous ne croyons pas pouvoir évaluer en moyenne l'épaisseur de ces couches à plus d'«« à deux centièmes de millimètre. C'est là l'épaisseur réelle de la coloration vraie du tissu osseux, même après l'action d'une ali- mentation énergique ou longtemps continuée (i). " Et comme la distance des canalicules entre eux est généralement plus grande que le double de cette quantité, il est évident que même dans la virole osseuse dont la coloration apparente est la plus intense, la majeure partie du tissu osseux sera demeurée blanche. » Ainsi il faut rayer de l'histoire du phénomène que nous étudions, ces mots qu'il était permis d'employer à une époque où l'on ne s'était pas encore servi du microscope; ces mots auxquels on avait donné tant de portée et dont il semblait en effet permis de tirer des conséquences si affir- (i) Cependant nous devons dire que le temps nous a manqué pour prendre un aussi grand nombre de mesures que nous l'eussions de'siré. Nous ne mettons pas en doute que , danscertainscas, l'épaisseur de la couche ne puisse atteindre le double de celle que nous lui assignons, ou même peut-être davantage. C. R., 184a , i" Sfmeslre. (T. XIV , N" 8 ) 4^ (^98) matives touchant la nature de l'intussusception et de la nutrition intime des tissus : Que la coloration se fait dans la profondeur du tissu osseux. » Et nous n'avons plus affaire à un phénomène se passant dans la pro- fondeur la plus intime du tissu le plus dense de toute l'économie, mais bien à un phénomène ayant pour lieu une surface matérielle plus ou moins poreuse, plus on moins perméable, et dont l'effet ne peut se mesurer que par les fractions du miUimètre les plus petites qu'il soit possible d'employer à la mesure des objets, même avec l'habitude la plus grande des instru- ments grossissants. » Or eji partant de cette connaissance du siège de la coloration, nous disons : » PiiOPOsiTioN II. — Que cette coloration n'est qu'un phénomène de teinture. » Ici toute preuve directe est impossible, puisqu'il s'agit d'actions exclusi- vement moléculaires; les seules bases sur lesquelles une conviction puisse être établie sont donc des inductions purement analogiques, tirées de faits dans lesquels la nature du phénomène soit évidente pour tout le monde. Voyons jusqu'où nos expériences nous permettront de pousser l'induction analogique. a Première expérience. — Un fragment d'os plongé dans une dissolution de garance, se colore. Sa coloration est aussi fixe , elle pénètre au moins aussi profondément que celle qui est la conséquence de l'alimentation colorante. Elle se conduit de la même manière avec les alcalis , les acides et tous les réactifs chimiques dont nous avons étudié l'action sur les os colorés physiologiquement; son apparence sous le microscope n'offre rien qui la distingue. » Deuxième expérience. — Nous enfonçons dans les muscles pectoraux d'un pigeon déjà sous l'influence d'un régime colorant énergique, des fragments d'un os ou d'une dent de mammifère, de reptile ou de jxîisson, taillés en aiguilles; nous les retirons après vingt-quatre à trente heures, et ils sont colorés (par places), de la même teinte que le squelette de l'oi- seau lui même. De semblables aiguilles colorées depuis deux ans sont sous les yeux de l'Académie. » Troisième expérience. — Ne serait-il pas possible d'arriver à produire la coloration générale du squelette, telle que la produit le régime de la ga- rance? Oui. Il suffit pour cela d'injecter dans le système artériel des disso- lutions colorées convenablement choisies. » Celle qui nous a le mieux réussi a pour dissolvant l'eau alcalinisée par une proportion de trois à cinq millièmes de soude. La seule prépa- ration que nous eussions fait subir à la garance avait consisté dans lui r 299 ) traitement assez imparfait, par l'acide sulfurique, et c'est probablement à cette circonstance que nous devons attribuer Ja légère différence de teinte que présente notre coloration artificielle. Deux à trois jours ont suffi pour donner au squelette d'enfant que l'Académie a sous les yeux, une teinte notablement plus forte que celle de ce jeune cochon, jiourri pendant dix- sept jours d'aliments mêlés de garance. » Nous avons réussi sur des chiens , en les injectant immédiatement après les avoir tués, et sur des cadavres d'enfants, en les injectant vingt-quatre ou trente heures après leur mort; mais les résultats de la coloration artifi- cielle se rapprochent peut-être un peu moins de ceux de la coloration natu- relle dans le premier cas que dans le second. »Le désir de nous rapprocher autant que possible des produits de la colo- ration parle régime, sous le rapport de la beauté de la teinte, nous avait conduits à injecter la purpurine en dissolution, soit dans l'alcool, soit dans la solution d'alun; mais ces essais ne nous ont donné aucun résultat, et nous ne les avons pas répétés. » Quatrième expérience. — Un os long étant dépouillé de son périoste et gratté avec soin pour qu'aucune portion molle n'en revête immédiate- ment la surface, et l'animal mis à un régime énergique, après que l'on a fermé la plaie ; la portion dépouillée et grattée se colore comme celle dont le périoste est demeuré intact. «Cette expérience a d'ailleurs été variée de plusieurs manières; ainsi, l'os se colore encore lorsqu'on interpose entre le périoste et sa surface une lame de platine; la teinte n'en parait pas même affaiblie, au moins dans le plus grand nombre des cas. » Dans une de ces expériences, exécutée sur la face supérieure du crâne d'un chien d'assez grande taille, la lame de platine dont nous nous sommes servis n'avait pas moins de 5 centimètres sur 3. » Ici nous croyons avoir conservé aux conditions du phénomène chi- mique tout ce qu'elles ont d'essentiel , tout ce qui le constitue dans les expériences précédentes; et cependant nous avons agi sur un tissu vi- vant, encore susceptible de reprendre toutes ses fonctions, car bientôt un nouveau périoste s'organise pour le remplacement de la lame enlevée. Aussi Ti'avons-nous pas cru devoir pousser nos expériences plus loin , tant il nous eût semblé difficile d'établir un rapprochement plus complet entre le fait chimique, d'une part, et le fait vital de l'autre (i j. (i) Nous avons prévu une objcclion qui est celle-ci: "Comment dire qu'un phéno- 4o.. ( 3oo ) » Rutherford, tout en affirmant que le phénomène de la coloration était, de sa nature, purement chimique, y voyait en même temps un phénomène de nutrition et d'accroissement, car il admettait que la molécule de phos- phate calcaire se colorait par précipitation au moment même où elle quit- tait le sérum pour se fixer dans l'os en se combinant avec la substance organique. C'est là une vue que, après de longues réflexions, nous n'avons pu admettre. Car la coloration est en rapport direct sous le triple point de vue de la promptitude avec laquelle elle se produit, de la profondeur à laquelle elle pénètre et de l'intensité de sa teinte, avec l'énergie du ré- gime colorant, énergie déterminée par la proportion de garance que l'on mêle aux aliments. Quelques heures suffisent ( cinq d'après une des cu- rieuses expériences de M. Flourens) pour colorer fortement tout le sque- lette. Si la coloration traduisait l'accroissement et la nutrition, et ce serait là une conséquence rigoureuse de l'hypothèse de Rutherford, il faudrait donc admettre que la nutrition et l'accroissement sont en raison directe de la quantité de garance qui constitue la partie active de l'alimentation colorée. Or, comment croire qu'une substance qui est pour les animaux un purgatif violent, un poison véritable, qui, même lorsqu'on la donne » mène préparé dans un animal vivant, par un tel cortège d'actions physiologiques , )> actions digestives,absorption, circulation, etc., est un phénomène purement chimique?» Mais ce serait confondre le fait que uous voulons expliquer, avec les faits physioloijiques qui le préparent. Le sang d'un animal soumis au régime de la garance, ainsi que les fluides qui en émanent pour baigner les tissus , sont , au bout de quelques heures de ré- gime , chargés des principes tinctoriaux ; et, lorsqu'ils sont portés au contact immédiat des surfaces osseuses, et qu'ils y pénètrent par imbibitioa à la profondeur que nous con- naissons maintenant , il se produit un phénomène de teinture. Nous avions néanmoins songé à une série d'expériences qui devaient avoir pour résul- tat d'éliminer du phénomène une grande partie des actions vitales que l'on nous oppo- sera dans l'objection précédente. Elles eussent consisté à porter immédiatement dans le torrent circulatoire d'un animal vivant, soit l'alizarine ou la purpurine en poudre im- palpable, tenues en suspension dans l'eau, soit une dissolution faiblement alcaline de ces mêmes principes, soit enfin d'autres matières colorantes sous différentes formes. Mais la dépense de temps que ces expériences devaient nous coûter, nous a paru hors de toute proportion avec l'importance de l'objection qu'il s'agissait de combattre. Si nous les reprenons, ce sera plutôt dans le but de vérifier un résultat d'induction qui nous paraît fort probable, à savoir que beaucoup de matières colorantes produiraient les mêmes ré- sultats que celles de la garance , si l'absorption les faisait passer comme elles dans le torrent circulatoire. ( 3o. ) à des proportions assez faibles , les conduit en un petit nombre de jours au dernier degré du marasme et à la mort, puisse être en même temps l'élé- ment de nutrition le plus actif, celui dont les effets sont le plus en rapport avec la quantité pondérable introduite dans le canal alimentaire. Ajoutons queRutherford croyait à la nutrition et à l'accroissement comme se produi- sant dans la profondeur intime des tissus, et que son opinion se fût pro- bablement modifiée s'il eût connu l'épaisseur réelle de la couche colorée. II. De la marche générale que suit la coloration dans le tissu compact, et de quelques conséquences qu'il est permis d'en tirer. » Ce que les observateurs précédents ont annoncé touchant la marche générale de la coloration dans le tissu compact, peut se résumer dans la for- mule suivante : « Dans le corps d'un os long la coloration se produit d'abord à la surface » externe, et elle marche, de cette surface vers l'axe, de dehors en dedans.» >i On a ajouté : « Elle procède du périoste. » » Or, ces deux formules doivent être modifiées. » D'abord il n'est pas exact de dire qu'elle procède du périoste, car s'il en est ainsi , la surface externe de l'os devra être colorée sur toute son éten- due, puisque sur toute son étendue elle est en contact avec le périoste. Or cela n'est pas. Toute table de tissu compact, qu'elle appartienne à vm os plat ou à un os long (i), est bordée par une zone incolore, quelle qu'ait été l'énergie du régime et sa durée. « D'un autre côté, la règle d'après laquelle la coloration marcherait de dehors en dedans, ne rend point compte de la plupart des faits que montre l'emploi du microscope. » Ainsi : » Certains os longs sont colorés presque exclusivement par leur inté- rieur, et il est très- facile de vérifier que le décroissement delà coloration s'y fait de dedans en dehors : tel est le péroné , par exemple (2). (i) Nous nous servons du mot table pour le tissu compact des os longs , comme pour celui des os plats, parce que le tissu compact des os longs a d'abord cette forme, et n'est point dans les animaux jeunes un cylindre creux : c'est une lame courbée , entourant une partie d'autant moins considérable de la diaphyse que l'animal est moins âgé. (2) Nous croyons pouvoir avancer que le système de coloration intérieur tend d'autant 1^ ( 302 ) » Mais, en général, un os long présente à qui l'étudié attentivement deux systèmes de coloration distincts : l'un procédant de dehors en dedans, l'au- tre , au contraire, de dedans en dehors. «Pour s'en convaincre, que l'on étudie une section transversale d'un fémur coloré physiologiquement, on verra que le bord correspondant.! la face antérieure de l'os est occupé jusqu'à une certaine profondeur par une bordure colorée dont la forme est celle d'un croissant fort allongé, et il suffit d'examiner cette bordure avec quelque attention pour reconnaître que la teinte y va diminuant de dehors en dedans. Du côté opposé, qui est celui de la ligne âpre, un semblable croissant existe , mais il a pour limite concave le bord intérieur de la section, et le microscope montre que la co- loration y va diminuant, au contraire, de dedans en dehors. Ces deux croissants colorés sont tournés l'un vers l'autre ; le premier, prolongé jus- qu'à former un cercle, envelopperait le second , qui forme souvent un cer- cle complet ; ils sont séparés par une portion de cercle incolore. M Or une étude très-attentive , qui prendra pour point de départ ces trois apparences de la section transversale du cylindre diaphysaire , conduira à reconnaître que ce cylindre, loin de présenter ce système de coloration simple que l'on avait formulé comme nous venons de le dire, se trouve réellement décomposé en trois couches ou demi-viroles plus ou moins in- complètes, s'enveloppant , dont la coupe transversale peut être une cou- ronne circulaire, mais est en général un croissant. » Une demi-virole blanche sépare les deux demi-viroles colorées exté- rieure et intérieure, et c'est elle qui, en émergeant à la surface entre les deux, y produit la zone incolore périphérique de la table compacte. » Nous avons choisi le fémur parce qu'il se prête mieux à la description, mais de tous les os longs , c'est le cubitus qui nous a paru montrer les deux systèmes dont il s'agit le mieux isolés l'un de l'autre et le plus re- connaissables. » Il y a d'ailleurs un rapport entre la direction de ces demi -viroles con- centriques et la position du système artériel général dans la sphère d'action duquel se trouve placé l'os que l'on étudie; mais nous ne croyons pas devoir plus à prédominer sur l'extérieur, que l'os est plus avancé dans son déTeloppemeni. Dans des animaux adultes soumis à l'aliinpiitation coloiante, nous avons trouve le sque- lette incolore à l'exlérieur, tandis que chaque os pris isolément était legèrenient coloré en rose à son intérieur. Mais il y encore là, pour nous, comme sur une foule d'autres points du même sujet, une élude à faire. ( 3o3 j nous engager ici dans l'exposition de résultats que nous regardons nous- mêmes comme encore beaucoup trop incomplets. » Il nous faut chercher maintenant la raison de l'existence simultanée de ces deux systèmes de coloration, et celle de l'espace incolore qui les sé- pare. Or c'est ce que nous croyons pouvoir faire d'une manière satisfai- sante. » Établissons d'abord la proposition suivante. » Proposition III. — Le tissu pwpre du périoste oppose un obstacle mé- canique au contact immédiat de la surface osseuse qu'il recouvre et des jluides colorés qui pourraient s'exhaler de ses vaisseaux sanguins. » La zone blanche périphérique de la table compacte nous a mis sur la voie de ce résultat, que nous avons vérifié de la manière suivante: » Avec la pointe d'un scalpel , nous avons décrit sur une face du tissu compacte d'un os long deux cercles concentrifjues; puis nous avons enlevé la couronne circulaire ainsi obtenue, en réservant avec le plus grand soin la rondelle désormais isolée que cette couronne entourait. Puis nous avons mis l'animal à un régime énergique pendant vingt-quatre heures. Après ce temps, nous l'avons tué, et l'étude de l'os sur lequel nous avions opéré nous a montré : » i". La portion que recouvrait la couronne enlevée, rouge comme le reste de l'os, ainsi que nos expériences précédentes nous donnaient le droit de l'attendre; » a°. La portion recouverte par la rondelle périostique , blanche. » Et, ce qui rend ce résultat encore plus frappant peut-être, c'est que les expériences à l'aide desquelles nous l'avons obtenu ont été faites sur des pigeons, et que la rondelle isolée, étant nécessairement fort exiguë, devait nous sembler perméable dans tous les sens. » Si l'animal est laissé au régime beaucoup plus de vingt-quatre à trente heures, l'espace d'où l'on a enlevé la couronne se remplit bientôt d'un tissu plastique; des rapports vasculaires se rétablissent entre la rondelle précédemment isolée et le reste du périoste, et la coloration se produit alors sous la rondelle comme sur he reste de la surface osseuse. » Nous lisons dans une de nos notes : « Cautérisé le périoste par le ni- » trate d'argent. Après soixante heures , le tissu osseux sous-jacent est » coloré, bien qu'il ait été atteint par l'agent chimique. » Ce fait semblerait indiquer que l'imperméabilité dont il s'agit n'appartient qu'au périoste vivant; mais la durée de soixante heures est trop prolongée. Nous regret- tons de n'avoir p«i donner suite à cette expérience. V . ( 3o4 ) » Proposition IV. — Le système capillaire des os a une double origine artérielle^ et c'est à cette double origine qu'est due la dualité' du système général de coloration. » Le périoste reçoit ses vaisseaux par sa face extérieure. Lorsqu'on l'étudié après l'avoir injecté aussi complètement que possible, et de manière à péné- trer jusque dans ses ramifications les plus déliées, on voit que ce système se ramifie de dehors en dedans , et qu'il se continue rigoureusement dans la table compacte. En comparant une section transversale de cette table à une autre section menée par l'axe de l'os long, on voit que les capillaires lon- gitudinaux y sont disposés par couches réticulaires concentriques autour de l'axe, mais que, dans chaque couche, chaque vaisseau longitudinal décrit une courbe à concavité extérieure, et va émerger à la surface de l'os pour se continuer sans interruption dans le périoste. » D'après cela, la première couche réticulaire de la table compacte, la plus extérieure, est débordée par la seconde, laquelle est débordée elle- même par la troisième, et ainsi de suite. Les réseaux de la couche blanche sont les plus étendus de tous; ils émergent avec cette couche et la quit- tent pour passer dans le périoste. » Mais, ce qui est le plus important, c'est que, en réunissant la table compacte et le périoste, nous n'avons plus qu'un seul système vasculaire extérieur ou périostique, dans lequel les couches réticulaires sont simple- ment concentriques et ne se débordent plus. » Il est inutile de dire que ces couches communiquent entre elles, de même que les vaisseaux d'une même couche réticulaire, dans tous les sens, et de la manière la plus complète. » D'un autre côté, des artères traversent l'épaisseur du cylindre diaphy- saire pour aller s'épanouir dans la moelle et dans le tissu spongieux et toutes ses dépendances, en un système vasculaire intérieur, dans lequel la ramification générale et la marche du sang procèdent de l'axe vers la péri- phérie. » Ces deux systèmes, l'extérieur, ou périostique, et l'intérieur, ou me- dullaire, se rencontrent et s'abouchent par leurs derniers réseaux capil- laires, et nous devons considérer la virole blanche comme leur limite res- pective. Le sang n'arrive dans les capillaires de cette couche blanche, soit qu'il vienne de l'une ou de l'autre face, qu'après avoir traversé les capil- laires situés plus près de l'origine de l'un ou de l'autre système, et ce fluide y circule assez lentement pour s'y dépouiller à son passage de toute la matière colorante qu'il contient. C'est par cette hypothèse de la stagna- ( 3o5 ) tion du sang dans les capillaires du tissu compact , et par cette hypothèse seulement, que nous sommes arrivés à concevoir le décroissement rapide en épaisseur des cylindres colorés capillaires de l'un et de l'autre système, et l'absence de coloration de ceux de la couche blanche. Cette stagnation serait d'ailleurs tout à fait en rapport : » 1°. Avec l'exiguité du diamètre des capillaires qui doit opposer à l'é- coulement un obstacle considérable ; » 2°. Avec l'abouchement des deux systèmes; car le réseau capillaire général qui en résulte doit jouer le même rôle qu'un canal unissant les deux bras d'une même rivière, et recevant de chacun une impulsion égale. » Nous ne croyons pas que , relativement à l'abouchement et à l'anta- gonisme de ces deux systèmes, ni relativement à la stagnation du fluide circulatoire, aucun doute soit possible pour quiconque aura observé avec soin tous les faits qui précèdent; et pourtant nous signalerons encore une circonstance qui nous paraît les mettre en relief d'une manière assez remar- quable. liOrsqu'ou enlève une lame du périoste sur la face extérieure de la table compacte, et que l'on met l'animal au régime colorant , la portion dé- nudée se colore, avons-nous dit, comme le reste de la surface extérieure, par l'accès des fluides dans la plaie ; mais ce que nous devons ajouter, c'est que la partie correspondante de la surface intérieure se colore très-vivement, ainsi que la partie du réseau capillaire qui les sépare. On conçoit en effet, que l'enlèvement du périoste à la face extérieure a eu pour résultat de faire cesser l'obstacle opposé dans ce point par l'abouchement des deux systèmes, à l'écoulement des fluides du système intérieur; c'est comme si, dans le canal dont nous avons parlé, on supprimait l'action mécanique de l'un ou de l'autre Mais un aréomètre ainsi construit, et propre à éprouver les densités des liquides plus denses et moins denses que l'eau, serait d'un usage incom- mode, si ce n'est dans les cas assez rares oii les densités seraient voisines de celles de l'eau. On ne conserve guère sur l'échelle les degrés qui s'y rapportent, et l'on préfère n'y comprendre que ceux qui répondent à des densités comprises entre des limites données. » L'auteur expose la théorie très-simple qui permet de lester l'instru- ment, de manière à ne marquer sur la tige que les degrés dont on a besoin. Si l'on ajoute un second poids m' produisant l'enfoncement h', la graduation portée par le niveau que doime le premier poids m, sera la valeur précédente de h', et entre ce niveau et celui que produit le second poids m', le nombre de degrés compris sera -, 100 7m' ( 330 ) et si l'on veut qu'un point donné de la tige marque A", on lestera l'instru- ment jusqu'à ce qu'il pèse M grammes, M = I + 0,01 h"' M' étant le poids total de l'aréomètre pour que le niveau d'affleurement dans l'eau soit au point donné de la tige qui devra marquer h°. » M. Francœur donne le moyen de faire des aréomètres à édielles mul- tiples, de sorte que les instruments sont tels, que leur tige semble doublée ou triplée de longueur. » M. Francœur fait l'exposé des imperfections de l'aréomètre de Baume, et montre que l'aréomètre centigrade en est tout à fait exempt, outre qu'il est rigoureusement propre à donner les poids spécifiques de tous les li- quides, du moins avec la précision dont un instrument de ce genre est sus- ceptible. Ainsi : » 1°. Le mode de division de l'échelle centigrade est rationnel et uni- forme pour toutes les densités j » 2°. On ne se sert pour la construire que de l'eau et d'une balance; » 3°. Chaque physicien peut vérifier lui-même si son instrument est bien divisé; » 4°- Les erreurs qu'on peut commettre dans la fixation des niveaux de l'eau, au lieu de s'ajouter lorsqu'on veut des degrés éloignés de zéro, sont atténuées par le fractionnement du module en loo parties, le module seul se trouvant légèrement altéré par l'erreur du niveau; » 5*. Il ne pourra jamais arriver qu'on ait des tables discordantes entre elles pour fixer le chiffre des poids spécifiques qui répondent aux degrés aréométriques , parce que ces poids et ces degrés ne sont plus donnés par des expériences , mais par des calculs. Le poids spécifique d'un liquide qui marque h" à l'aréomètre centigrade , est 100' P = loo" + h' ' on prend h' négatif quand les degrés sont au-dessous de zéro. » Des tables de ce genre sont calculées pour les graduations de l'aréo- mètre centigrade, celui de Baume, etc. » Plusieurs autres aréomètres sont employés, surtout en Angleterre , où le système de perception des droits, établi sur la richesse alcoolique des ( 33i ) liqueurs, est la base adoptée par le fisc. M. Francœur donne la théorie ana- lytique de ces divers instruments, et les relations entre leurs graduations et celles des aréomèlres centigrade et de Baume. Les uns de ces instruments sont à poids constants, les autres à poids variables, et même à volumes dif- férents : ces systèmes sont successivement le sujet de l'examen de l'auteur, qui a eu pour objet d'établir toutes les relations entre les divers aréomètres en usage, et de fixer d'une manière expérimentale le rapport entre les den- sités des liquides et les numéros de graduation de leur échelle. >• PHYSIQUE. — Études sur la cristallisation des sels; par M. Longchamps. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas, Pelouze, Babinet.) « Les recherches que j'ai faites sur la cristallisation des sels, et dont les résultats sont l'objet de ce Mémoire, m'ont conduit à poser, comme une des lois qui régissent la matière, que les corps, en passant de l'état liquide à l'état solide , prennent de l'expansion, c'est-à-dire se dilatent. » Comme conséquence de cette loi, et par des observations qui appuient cette conséquence , je montre que la cristallisation n'est pas le résultat de l'attraction des molécules, mais qu'elle est , au contraire, le résultat de leur répulsion. » Enfin j'établis qu'il n'existe point d'eau combinée dans les sels, si ce n'est dans ceux que l'on nomme halhydrates, et que cette eau combinée, que l'on appelle plus particulièrement eau de cristallisation, n'est que de i'eau-mère qui est retenue interposée dans les alvéoles capillaires des sels, alvéoles dont la capacité est toujours en rapport avec le volume salin , ce qui explique la relation atomique que l'on a observée entre l'eau et les composants du sel. » J'ai opéré sur des sels d'acides différents , de bases différentes ; avec ou sans eau de cristallisation ; enfin dans des systèmes cristallographiques dif- férents. » Ij'expansion n'apparaît pas toujours, il faut savoir la mettre à décou- . vert , et par conséquent la débarrasser des effets de la contraction que le li- quide éprouve par la perte de la chaleur et qui dissimulent l'expansion. A cet effet, j'ai comparé la marche ihermométrique d'une dissolution saline qui cristallise et celle de I'eau-mère de cette même dissolution qui se refroi- dit. Outre l'expansion du sel qui a été mise ainsi à découvert, il en résulte C. R., 1842, 1" Semestre (T. XIV , N» 9.) 4^ ( 332 ) pour la science la connaissance de la dilatation de huit dissolutions salines par différents degrés de chaleur, et par conséquent la marche de huit ther- momètres à dissolutions salines. » Voici mon mode d'opérer : » Je prends un matras dont le col est fort étroit, je le remplis d'eau dis- tillée jusqu'à un certain point du col, et je prends le poids de cette eau; puis j'y ajoute le liquide gramme à gramme, en marquant chaque volume sur le col. Un des matras qui m'a servi contenait jusqu'au premier trait igS^'* d'eau, et au dernier trait il en contenait 204, et l'espace entre ces deux traits était de 210,4 millimètres; on pouvait donc observer facilement,- à la simple vue, une contraction ou une dilatation de i,4ooo dans le volume du liquide. » Je remplissais ce matras d'une dissolution saline saturée à 90 ou g5 degrés centigrades , et je le plaçais dans un bain-marie bouillant que je main- tenais à 100 degrés pendant quinze à vingt minutes; puis je mettais un ther- momètre à mercure dans ce bain-marie, et j'observais la marche que la dissolution et le mercure suivaient dans leur refroidissement. » Ce refroidissement étant complet, je prenais le poids de la dissolution dans le matras; je faisais écouler l'eau-mère, et je prenais le poids du sel restant. » Je prenais la pesanteur spécifique de l'eau-mère , dont je remplissais le matras jusqu'à une certaine division, et au moyen du bain-marie chauffé à 100 degrés, j'amenais cette eau-mère à la même température; puis un thermomètre à mercure était plongé dans le bain-marie, et j'observais la marche comparative des deux liquides dans leur refroidissement. » On avait donc la pesanteur spécifique de l'eau-mère, la pesanteur spé- cifique du sel et son volume dans un volume donné de dissolution. » T^a comparaison que je faisais ensuite entre la contraction de la disso- lution saturée et la contraction de l'eau-mère, me faisait connaître l'expan- sion produite par la cristallisation du sel. » Voici actuellement les résultats obtenus : » Parmi les sels essayés, le sulfate de soude, l'altu), le sulfate de cuivre, et le nitrate de baryte, sont les seuls qui donnent une expansion apparente au moment de la cristallisation. » Sulfate de soude. — L'expansion apparente a été de 1,2 volume; l'expansion dissimulée de 1,2; par conséquent l'expansion totale a été de 3,3, ce qui donne en définitive pour l'expansion de 100 de sulfate de soude 2,71 , ( 333 ) mais que l'on devra certainement porter à 3, à cause de l'eau-mère que retenait le sel pesé, et dont on ne pouvait pas le débarrasser dans le matras où il était contenu. » Nitrate de soude. — 11 n'y a aucune expansion apparente. Celle qui a été constatée par la comparaison de la marche thermoraétrique de la disso- lution et de celle de l'eau-mère est de 1,42 pour 100, que l'on peut porter en nombre rond à i,5, à cause de l'eau-mère retenue. » Alun. — Toute l'expansion se manifeste au moment de la cristallisation du sel; elle est de 4>o4 pour loo. » Chlorure de potassium. — Il n'y a point d'expansion apparente. L'ex- pansion dissimulée est de i,5 pour 100. )) Nitrate de potasse. — Il n'y a pas d'expansion apparente. L'expan- sion dissimulée est , en nombre rond, de 4 pour 100. » Sulfate de cuivre. — L'expansion apparente et l'expansion dissimulée donnent, en nombre rond, un total de 4 pour 100. » Nitrate de baryte. — La somme de l'expansion apparente et de l'ex- pansion dissimulée est de 18 pour 100; c'est-à-dire qu'elle est deux fois et demie plus forte que celle de l'eau passant de l'état liquide à l'étal solide. » Sulfate d'ammoniaque. — Ce sel n'a donné ni expansion apparente ni expansion dissimulée; il y a même eu une légère contraction. Cette ano- malie tient-elle à la nature du sel? Le sulfate d'ammoniaque dissous n'est- il point le sulfate d'ammoniaque cristallisé? » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Mémoire sur les indices de réfraction ; par M. Deville. ( Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Arago, Becquerel, Dumas, Babinet.) a Dans mon Mémoire j'établis d'abord que l'on doit considérer l'indice de réfraction des corps comme un caractère physique qu'il est bon de ne pas négliger surtout en quelques circonstances que la chimie moderne a rendues moins rares par la découverte de l'isomérie. Je discute ensuite la question de l'approximation avec laquelle il est convenable de déterminer l'indice donné comme caractère spécifique. Ma conclusion, à ce sujet, est que le troisième chiffre décimal est le dernier que les conditions physiques et chimiques des 45.. (334) expériences permettent de retrouver sensiblement le même, lorsqu'on opère dans des circonstances et sur des échantillons différents. » Je donne ensuite le procédé dont je me suis servi , et enfin le détail de mes expériences, dont voici les principaux résultats. » J'ai observé les indices de réfraction de mélanges d'eau et d'alcool dont les richesses en alcool décroissent régulièrement. » J'ai remarqué que ces indices , à partir de celui de l'alcool absolu, plus grand que l'indice de l'eau, commencent à croître avec les proportions d'eau jusqu'à une valeur maximum correspondant sensiblement à une compo- sition d'un équivalent d'eau avec un équivalant d'alcool. Les quantités d'eau augmentant encore, les indices décroissent en repassant par la valeur qui convient à l'alcool absolu, et qui alors correspond à l'alcool à 3 atomes d'eau pour se rapprocher de plus en plus de l'indice de l'eau pure. » J'ai fait ensuite des observations analogues sur l'esprit de bois. J'ai trouvé: » 1°. Que la densité de l'esprit de bois et celle de l'alcool sont sensiblement les mêmes, comme l'avait déjà vu M. Dumas ; » 2°. Que pour les solutions d'esprit de bois , il y a un maximum de con- traction égal sensiblement à celui de l'alcool et qui correspond à une com- binaison de 3 équiv. d'eau avec i équiv. d'esprit de bois; » 3°. Enfin , que les solutions d'esprit de bois ont un maximum d'indice qui appartient à la même combinaison. La courbe qui représente la loi des indices, en fonction des richesses des solutions, est, dans presque toute son étendue, symétrique de part et d'autre de l'ordonnée maximum ; » 4°- Enfin j'ai observé que des solutions d'acide acétique ont un maximum d'indice correspondant au maximum de densité. L'acide acétique pur et la solution qui a la même densité que lui n'ont pas le même indice. » J'ai l'espoir que des nombres semblables déterminés pour des so- lutions à proportions variables d'un corps dans un autre , pourront servir à établir les compositions de ces solutions qui semblent correspondre à des combinaisons à proportions fixes. » PHYSIQUE DO GLOBK. — Note SUT Us eaux thermales d' Ham-atn-escoutin {Algérie). — Extrait d'une Note de M. Combes. « A une heure environ sud-ouest du camp de Mjetz-ammar, situé lui- même à 3o lieues de Bone, sur les bords d'un ruisseau que nous appelons Raz-el-akba, du nom de la montagne qu'il traverse, on voit des sources d'eaux ( 335 ) thermales où les Romains avaient fait un bel établissement, ainsi que l'at- testent des ruines encore parfaitement conservées. Après avoir traversé la - Seybouse et les collines qui entourent le camp, on voit s'étendre à droite une petite plaine bordée par un ruisseau dont il faut remonter le cours. Tout-à-coup la végétation cesse, le sol est blanc, dur, retentissant, et comme formé par une couche de plâtre dans une étendue de plus de 60 mètres de côté. Sur cette sorte de plate-forme on voit s'élever, éloignés de 4 ou 5 mètres les uns des autres, environ trente cônes blancs de grandeurs di- verses, mais dont les plus élevés n'ont pas moins de 4n'iètres de hauteur; ils affectent exactement la forme d'un pain de sucre. Ces cônes sont pleins, mais ils sont percés à leur sommet d'un trou qui semble être l'orifice d'un canal intérieur par lequel coulaient les eaux qui les avaient formés en déposant par couches successives les sels qu'elles tenaient en disso- lution. Ces sources sont taries; le sol est sec et retentissant comme la Serrasse d'une maison maure. Bientôt le plateau finit brusquement, et, de l'anfractuosité qui le borne, s'élèvent des nuages d'une fumée épaisse qui porte une odeur fortement sulfureuse. Déjà sur le bord on voit sourdre à fleur de terre des sources abondantes et nombreuses dont les eaux s'é- lèvent en bouillonnant et se répandent ensuite en nappe sur les concrétions qu'elles ont déposées autour d'elles. D'espace en espace, on voit , dans l'éten- due de 3o mètres à peu près, s'élever des petits cônes au sommet desquels bouillonnent encore dans un petit cratère des eaux parfaitement limpides, et qui marquèrent à un thermomètre que nous avions apporté du camp 80° Réaumur. M. le D' Guyon a adressé à l'Académie, dans sa séance du 7 janvier i83g, une Note dans laquelle il dit avoir trouvé 78° Réaumur, l'air ambiant étant à 35° Réaumur. A quoi tient cette différence? Ce qu'il y a de bien positif et facile à reconnaître, c'est que l'eau est en ébuUition. » Ces eaux se répandent en nappe vers la partie déclive du ravin, en cou- lant sur des couches salines qu'elles ont déposées. On voit, en approchant encore ,-tout le flanc de la colline, taillée à pic et haute de 18 à 20 mètres, parsemé de sources semblables à celles qui sont plus élevées , et qui , avant de tomber en nappes brûlantes, remplissent des coupes de diverses grandeurs, mais dont les moyennes peuvent avoir i mètre de long sur 4o à5o centi- mètres de large, et qui se détachent gracieusement de la montagne comme des bénitiers à coquille. Ces petits bassins, formés parles sels que l'eau dé- pose chaque jour, sont d'un beau poli et d'une blancheur éblouissante. Ce n'est que de bien près qu'on peut voir à leur partie inférieure des ( 336 ) appendices cristallisés qui ressemblent à la surface des calculs muraux. Par- venues au bas du ravin , ces eaux se mêlent à celles d'un petit ruisseau très- rapide qui va se jeter dans la Seybouse. C'est après ce mélange , et à deux ou trois cents pas de leur chute, que les eaux ont une température convenable pour le bain ordinaire. Tout le cours de ce ruisseau est marqué par une riante végétation de lauriers-roses, d'arbousiers, de vignes sauvages et de plantes rampantes ou parasites dont la verdure éternelle contraste avec l'aspect aride et désert des terres voisines brûlées par un soleil ardent. » J'ai l'honneur d'envoyer à l'Académie des Sciences quelques fragments des sels que déposent les eaux d'Ham-am-escoutin, » M. Arago observe, à l'occasion de cet envoi, qu'il serait intéressant de faire l'analyse du dépôt calcaire laissé par les eaux , afin de voir si de nouvelles recherches confirmeront le résultat d'une première analyse qui indiquait dans les eaux thermales d'Ham-am-escoutin la présence d'une' petite quantité d'arsenic. (Voyez Compte rendu, t. IX, p. 602.) L'échantillon de sédiment adressé par M. Combes est remis à M. Regnault, qui est prié d'eu faire l'analyse. M. Bonnet, qui précédemment avait présenté, pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, un travail sur les sections tendineuses et musculaires dans le traitement du strabisme et de la myopie, adresse aujourd'hui, conformément à une des conditions imposées pour ce concours, une analyse de son travail, dans laquelle il signale les points qui lui paraissent le plus neufs et le plus faits pour attirer l'attention de la Commission. CORRESPONDANCE . M. le Ministre de l\ Guerre adresse un exemplaire du Tableau de la situation des établissements français dans V Algérie, en 1840. Cette publi- cation fait suite à celle que M. le Ministre avait envoyée à l'Académie le 3i juillet i84o. M. GiRARDET écrit relativement à ua procédé de grai>ure en relief sur pierre , soumis par M.Tissier au jugement de l'Académie. « Il y a dix ans, dit M. Girar- det, que j'ai obtenu un prix pour ce procédé , et il y a huit ans que j'ai mis (337) en relief sur pierre, pour être clichés et imprimés en typographie, une grande quantité de caractères chinois pour une publication faite par un membre de l'Institut, M. Stanislas Julien, qui a mentionné ce fait dans sa préface. » Cette Lettre est renvoyée à la Commission chargée de faire un rapport sur les produits présentés par M. Tissier, Commission qui se compose de MM. Séguier et Piobert. M. Gannal adresse une nouvelle Lettre relative à l'emploi de la gélatine considérée comme substance alimentaire. (Renvoi à la Commission de la gélatine.) M. KoRiLSKi écrit de nouveau relativement aux causes de l'écrasement du tube intérieur du puits de Grenelle. M. DE RuoLZ adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. F. {Pièces dont il n'a pu être donné communication à la précédente séance.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PAPIERS DE SURETE. — Papier S ttus fin JlUgraué ; vignette délébile imprimée dans Vacte même de la fabrication; par MM. Knechx et Zuber. « L' .académie des Sciences s'est occupée, dès i83i, de la recherche des moyens les plus propres à empêcher les faux en écritures publiques ou privées, ainsi que le lavage frauduleux du papier timbré. Ses travaux une fois arrivés au point où il ne s'agissait plus que d'essayer une fabrication en grand d'après le système qu'elle avait proposé, M. le Ministre des Fi- nances a ouvert un concours pour la fabrication de 5oo rames d'un papier remplissant le mieux les conditions voulues. » Ce concours, auquel chacun de nous avait été admis séparément, est fermé aujourd'hui; et après trois années d'efforts et d'essais aussi pénibles ( 338 ) que dispendieux, notre premier devoir est de faire hommage à l'Académie des Sciences du résultat de nos travaux. » Les échantillons que nous avons l'honneur d'offrir à l'Académie se composent : » D'une part, de ceux fournis par chacun de nous au concours, et d'autre part , d'essais que nous avons entrepris collectivement après la clô- ture du concours. » Nous avons pensé, en effet, une fois la lutte terminée, qu'en réunissant nos procédés de fabrication et notre expérience, nous arriverions , si pos- sible, à un résultat plus complet encore que par suite de nos efforts isolés , et nos prévisions paraissent, à cet égard, s'être pleinement réalisées; car nous croyons pouvoir affirmer que si l'administration veut aujourd'hui profiter de la fusion de nos différents moyens de fabrication , elle pourra y trouver, avec économie, la solution du problème dans toute son étendue; elle consisterait dans les dispositions suivantes : » 1°. Fabrication mécanique d'un papier d'après le système de J. Zuber et compagnie, qui permet de produire un papier sans fin, filigrane, à pâte longue et collé à la gélatine, réunissant ainsi à une fabrication plus régulière , les conditions de durée du papier fait à la main ; .1 2°. Impression au cylindre et sur la machine à papier même, d'une encre identique avec l'encre ordinaire de l'écriture, sans aucun épaisissant ni mélange, d'après les procédés réunis de MM. Rnecht et Zuber j » 3°. Emploi d'un cylindre en relief dont la durée très-considérable assure la conservation du type, d'après le procédé de M. Knecht; » 4*'- Choix d'une vignette gravée à la machine avec la plus grande per- fection , au moyen de la machine Neuber, cédée à MM. Zuber et Knecht. » (Renvoi à l'ancienne Commission des encres de sûreté; M. Babinet y remplacera feu M. Dulong. ) « M. Dt'MAs prend occasion de cette communication pour faire remarquer que le concours ouvert par M. le Ministre des Finances pour la mise en pratique des propositions de l'Académie est clos depuis longtemps. Les pro- duits que MM. Zuber et Knecht présentent aujourd'hui ayant été obtenus après la clôture du concours, la commission ministérielle a hésité à s'en occuper. Après miir examen, toutefois, la commission a été d'avis qu'elle ne devait pas se considérer comme dissoute , de sorte que les fabricants qui croiraient avoir apporté, depuis l'époque de la clôture du concours, ( 339 ) quelque perfectionnement notable aux procédés précédemment connus, pourraient toujours réclamer son intervention, en s'adressant directement au Ministre des Finances. La Commission dont M. Dumas a l'honneur d'être le rapporteur désire que cet avis obtienne la plus grande publicité. » M. SoREt met sous les yeux de l'Académie le modèle d'un nouvel appa- reil voltaique pour Jixer le zinc sur le fer, appareil _qui convient également , suivant lui, pour la galvano-plastique et pour la dorure galvanique, l'argen- ture , etc. « Cet appareil, dit M. Sorel, est composé d'un vase en cuivre, au milieu duquel est placé, sur un pied isolant, qui peut être de bois ou de verre, un petit cylindre de zinc amalgamé superficiellement; il est important que l'élément cuivre ait du côté du zinc une surface au moins dix fois aussi grande que celle du zinc. Le liquide conducteur qui m'a paru préférable pour cet appareil, est de l'eau acidulée par l'acide sulfurique, à trois ou quatre degrés de l'aréomètre; ce liquide a l'avantage de peu salir le zinc, d'où il résulte que l'appareil marche longtemps sans que l'on soit obligé de nettoyer le zinc. »Ija cause principale de la force constante de cet appareil tient à ce que le zinc, en s'appauvrissant de mercure par l'action de l'acide, devient de plus en plus attaquable , ce qui compense l'affaiblissement de l'eau acidulée. »Cet appareil , ajoute M. Sorel, possède tous les avantages de la pile à courants constants de Daniell, sans en avoir les inconvénients, et n'exige pas, comme cette dernière, l'emploi de sacs ou de diaphragmes perméables aux courants électriques; il n'exige pas non plus l'emploi dispendieux du sulfate de cuivre.» (Commissaires, MM. Becquerel, Dumas, Séguier.) MM. Hamman et Heupei, mettent sous les yeux de l'Académie un nouveau compas pour tracer des ellipses par un mouvement continu, et présentent une description de cet appareil. On sait qu'on peut engendrer une ellipse par le mouvement d'un point qui tourne autotir d'un second, lequel, à son tour, tourne avec une vitesse sous-double autour d'un point fixe. C'est sur ce principe qu'est construit le nouvel instrument. (Commissaires, MM. Puissant, Sturm.) C. R,, 184a, 1" Semeslre.(T. XIV, N" 9.) 4^ c 340 ) M. SïLBEnMANN présente la description et le modèle de deux appareils d'optique imaginés par lui et exécutés par M. Soleil. Ces appareils sont destinés à donner la distance focale principale des lentilles convergentes, ainsi que des miroirs convergents. Le Rapport sur ces deux instruments devant être fait prochainement, nous nous bornerons ici à annoncer leur présentation. (Commissaires^ MM. Biot, Arago, Pouillet, Babinet.) M. V\w Beek adresse un Mémoire ayant pour titre : «Sur la propriété des huiles de calmer les flots, et de rendre la surface de l'eau parfaitement transparente. » Ce Mémoire se compose principalement de recherches historiques sur ce curieux sujet. (Commissaires, MM. Arago, Beautemps- Beaupré, Roussin, DutBochet, Pouillet.) A l'occasion de la présentation de ce Mémoire , M. DuTROcnsT annonce que dans un ouvrage qu'il a en ce moment sous presse, il traite de la ques- tion qui fait l'objet du Mémoire de M. Van Beek. Il croit devoir faire cette remarque dans le cas où il se trouverait entre les explications ou les expériences contenues dans les deux ouvrages quelque chose de commun. M. E. Robert soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : nSur des dents et coprolites de sauriens , sur des ossements de pachy- dermes j de chéloniens , etc., brisés et rongés par d'autres animaux atité' diluviens , avec graines de chara^au milieu du calcaire grossier de Passy; suivi de nouvelles considérations relativement à l'origine de ce gisement ossi- jere , ainsj^ que de celui de Nanterre. » Ce Mémoire est accompagné de figures. (Commissaires, MM. de Blainville, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) M. AuTOt'RDE adresse un Mémoire sur la rectification de quelques poids et mesures de France. Ce Mémoire est transmis par M. de Barante, sotis-préfet de Boussac (Creuse.) (Commissaires, MM. Puissant , Mathieu.) ( 3/,i ) M. Michaux présente pour le concours au prix cte Mécanique un nouvel hjdiwnètre. (Commission du prix de Mécanique, fondation Montyon.) CORRESPONDANCE. M. le MiMSTRE DU Commerce adresse le XLIIl* volume des Brevets d'in- vention expirés. M. ScHULTZ , en adressant à l'Académie ses nouvelles recherclies de physiologie ve'gétale (voir le Bulletin bibliographique de la séance du 21 février), fait connaître, dans la Lettre suivante, les principaux sujets qu'il y a traités : '< Le nouvel ouvrage que j'ai l'honneur d'adresser contient le résultat des observations faites depuis la présentation du Mémoire sur les vaisseaux laticifères qui a eu l'honneur d'obtenir de l'Académie le grand prix de Physique. On y trouvera : » 1°. Des recherches nouvelles sur la généralité des globules du latex dans les diverses familles des plantes; sur la grandeur, !a forme et la quan- tité des globules, circonstances desquelles dépend la couleur laiteuse ou non laiteuse. Les sucs deviennent de plus en plus laiteux, à mesure que la quan- tité et la petitesse des globules augmentent; ils deviennent plus clairs à mesure que les globules sont plus grands et en moindre quantité. Ainsi le latex du Musa paradisiaca , qui est presque clair, a les plus grands globules que je connaisse; ces globules, figurés PI. XXXII de l'ouvrage, soiit comparables aux grandes vésicules du sang des batraciens. » 2°. Des recherches sur le siège des diverses jnatièrcs chimiques dans le latex. Les globules contiennent une matière adhpo-cirense, que j'ai nommée Sajtfett ; cette substance , mêlée avec d'autres parties consti- tuantes qui n'étaient pas bien séparées, principalement avec la substance oï'ganique des globules épuisés, constitue ce qu'on avait nommé jusqu'ici cire , galactine, et résine. «Les globules nagent dans un liquide plastique, coagulable, diaphane (que je uomme plasma) et qui contient du caoutchouc, de la gomme , du sucre et des sels. Le caoutchouc se forme par la coagulation du latex de toutes les plantes, soit laiteux ou non laiteux, mais en quantité diverse. Sa 46.. ( 342 ) formation tient à ce que, pendant la coagulation, une partie considé- rable des globules se sépare du suc par l'absorption d'une substance poreuse. Néanmoins le caoutchouc du commerce contient encore beau- coup de globules qu'on reconnaît dans une lame mise sous le microscope. Le caoutchouc des figuiers (jP. elastica) ne vaut rien, parce que la séparation des globules se fait imparfaitement , de manière qu'ils restent mêlés en grande quantité avec le caoutchouc, et le rendent tenace, visqueux , moins élastique. J'ai fait mes expériences avec du lait du Pa!o de Vaca , que j'ai reçu de Caracas, avec le lait des Euphorbes, du Ficus elastica, de VAsclepias syriaca, avec le latex clair du Musa paradisiaca , etc. » 3°. Des recherches sur la transformation de la sève en latex. Au com- mencement, la sève contient de la gomme, qui se transforme plus tard en sucre de raisins; le sucre de raisins devient sucre de canne. Il y a des plantes où la gomme se transforme peu et prédomine toujours, comme dans la vigne; d'autres où la métamorphose des matières ne va pas au delà ,de la formation du sucre de raisins, comme dans le bouleau; d'autres où la plus grande partie de la gomme devient bientôt sucre de cannes, comme dans les érables. Mais dans la sève des érables se trouve d'abord une grande quantité dégomme, beaucoup en automne , et très-peu au printemps. Ainsi il existe toujours une partie de sucre de raisins auprès du sucre de canne. » La gomme et le sucre restent dans le latex, et leur solution forme le liquide fondamental du plasma , dans lequel se forment les globules après la respiration du suc. La sève, vers le temps de l'épanouissement des boutons, a une grande tendance à former des globules. La gomme du latex est, comme celle de la sève, semblable à la gomme de l'amidon; le sucre du latex est toujours du sucre de raisins. » 4°- D'"' nouvelles observations sur les vaisseaux du latex et leur genre. Dans des plantes où l'acide (qui se trouve dans le latex de toutes les plantes) est l'acide gallique, comme dans le Musa paradisiaca, on peut distinguer, sans aucune préparation, la distribution des vaisseaux laticifères en mettant une partie vivante d'une feuille dans une solution aqueuse d'un sel de fer qui rend noire la trace des réseaux de vai.sseaux, après avoir pénétré le tissu jusqu'au latex. » 5'. Des observations sur l'évolution des vaisseaux laticifères dans les couches corticales des arbres. Il y a des arbres qui forment plusieurs couches dans un été; d'autres qui ne forment dans plusieurs aimées qu'une couche, qui augmente graduellement d'épaisseur; d'autres où chaque année forme une couche. ( 343 ) « Il y a une grande différence entre la formation des couches ligneuses et corticales. » 6°. Des observations sur la distribution du latex dans les vaisseaux contractés, dans le parenchyme cellulaire de la moelle, de l'épiderme, des poils, etc. » ACOUSTIQUE. — Études expérimentales sur les tuyaux d'orgue. — Extrait d'une Lettre de M. Cavaillé. « J'ai eu l'honneur de vous adresser, le i5 février 1840, pour être soumis à l'examen de l'Académie, un Mémoire dans lequel j'ai consigné diverses observations d'acoustique. Ce Mémoire, résultat des étudeS expérimentales que j'ai dû faire dans l'exercice de ma profession de facteur d'orgues , traite : » i". Des tuyaux à bouche ou à fliite, du principe sonore de ces tuyaux j » 2°. De considérations sur la flûte traversière et sur la flûte à bec; » 3°. Des dimensions des bouches des tuyaux dans leur rapport avec l'intonation des mêmes tuyaux. » Sous ce premier titre, nous croyons avoir démontré d'une manière plus évidente qu'on ne l'avait fait encore, la véritable fonction du premier moteur du son dans l'embouchure des tuyaux à flûte, moteur que nous assimilons à une anche libre aérienne; nous en déduisons plusieurs consé- quences sur la qualité du son, et nous faisons remarquer l'analogie qui existe entre le principe sonore des tuyaux à flûte et celui des tuyaux à anche. » Nous présentons, sous le deuxième titre, des considérations qui ex- pliquent l'embarras qu'éprouvent certaines personnes pour acquérir une bonne embouchure sur la flûte traversière, et la différence de qualité de son entre celle-ci et la flûte à bec. Nous indiquons ensuite une amélioration dont la flûte à bec serait susceptible. » Enfin, sous le troisième titre, nous faisons remarquer l'analogie qui existe entre les vibrations transversales des lames vibrantes d'air, et celles des lames vibrantes solides analysées par Daniel Bernoulli, et que nous supposons régies par la même loi. Nous en déduisons des données positives sur la hauteur à donner aux bouches des tuyaux, en rapport avec les into- nations des mêmes tuyaux et la force élastique de l'air qui les anime. » La Commission qui avait été chargée de l'examen du travail de M. Ca- vaillé étant devenue incomplète par suite d u décès de M. Savart , M. Duha- mel est désigné pour remplir la place vacante. ( 344 ) PALÉONTOLOGIE. — Stir îu présencede pattcs chcz Ics trilohites. — Extrait (l'une Lettre de M. de Castelnau. « On sait que ces fossiles remarquables qui, depuis si longtemps, ont disparu de la surface du globe ont été rangés par les naturalistes, tantôt parmi les crustacés, et tantôt avec les Oscabrions, et ils semblent en effet, sous bien des rapports, se lier à la fois aux uns et aux autres. » L'absence de pattes chez les trilobites semblait si bien prouvée (t), qu'un anatomiste dont la science déplore encore la mort récente chercha , dans les annales des sciences physiques de Bruxelles, tome VIII, p. 264, à prouver que non-seulement ils étaient privés de ces appendices, mais qne, d'après leur organisation , ils ne pouvaient pas en avoir. Cependant des échantillons que j'ai rapportés de l'Amérique du Nord , et qui seront 50ns peu déposés au Jardin des Plantes, prouvent de la manière la plus complète la fausseté d'une telle opinion. Les individus que je possède appartiennent au Caljmène Bufo de Green, et proviennent des bords du Potomac, en Virginie ; ils laissent voir distinctement une rangée de pattes de grandeur moyenne, très-minces, lamelleuses et attachées de chaque côté au segment moyen du corps. » On peutégalement distinguer parfaitement sur eux,queceque l'on con- sidère comme les lobes latéraux ne consiste qu'en des appendices minces s'enroulant facilement, tantôt recouverts d'une membrane et tantôt libre comme dans beaucoup à'Asaphes. Ces organes étaient probablement des- tinés à porter des branchies, et dans quelques espèces, appartenant princi- palement au dernier genre que nous venons de citer, l'on voit souvent sur la roche qui entoure l'animal une sorte d'expansion en forme d'arbuscules qui pourrait bien en être la trace. Ce point d'organisation les rapprocherait un peu des Oscabrions, parmi lesquels ils ont été rangés par M. Tillesius et par d'autres; mais l'ensemble de leurs caractères ne permet pas de les re- tirer de la classe des crustacés, avec lesquels M. Brongniart les a si bien classés. » Les pattes dont nous venons de parler ne nous ont encore paru visibles (i) Je sais que M. Goldfuss publia, dans les Annales des Sciences naturelles , an- née i8a8, la figure de quelques appendices qu'il considère comme des pattes, mais les détails de cette planche sont trop obscurs pour que le fait pût être considéré comme prouvé. ( 345 ) que dans les espèces tlu calcaire compacte et principalement chez celles ayant l'habitude de s'enrouler, ce qui a dû nécessairement les protéger; quant ;i celles du schiste et des calcaires lamellei-ix elles ont sans doute dis- paru lors de la formation par couches de la roche ambiante. w Un individu du Calymène que j'ai déjà nommé m'a aussi offert un fait assez remarquable, c'est la preuve que le lobe médian ou antérieur de la tète était mobile et pouvait, lorsque l'animal s'enroulait, s'abaisser et se placer sous l'extrémité de l'abdomen. » MÉTÉoRoioGiE. — Lumière zodiacale, le \o février 1842. — Extrait d'une Lettre écrite de Lyon à M. Jragn par M. Bravais. « J'ai observé tout récemment la lumière zodiacale. Le 10 février 1842, par un ciel très-pur, elle s'étendait de l'horizon O. jusque vers 4o° de longitude, entre 7*" y"* et 7''52'" du soir f temps moyen); sa base renfermait Mars et co Poissons, et plus haut elle occupait l'espace compris entre 0 et « Poissons; son éclat égalait celui de la voie lactée. I-e 12 février, à 7'' 40" (temps moyen), je l'ai revue moms distincte; le ciel était moins pur, et son extrémité orientale ne paraissait guère dépasser le signe du Bélier. Depuis les années i83;î et t833 où je vis cette lueur, en septembre, à Alger, je ne l'avais plus revue, pas même en février ou mars, dans l'hiver que j'ai passé près du cap Nord, lorsque toutes les nuits j'étais attentif aux moindres signes des lueurs célestes. Je remarque, en passant, que le 10 février, la Terre vient de dépasser, depuis trois ou quatre jours, par l'un des deux nœuds de la nuée météorique du 10 août. La clarté lunaire m'empêche en ce moment de continuer à observer cette lueur. » M. Arago a présenté les tableaux des observations roétéorolt^iqucs faites, en i84i » à Marseille, par M. Valï, et, à Cherbourg, par M. le ca- pitaine de vaisseau Lamarcue. MM. JoLY et BoisGiRAUD prient l'Académie de vouloir bien hâter le tra- vail de la Commission qui a été chargée de faire un rapport sur un Mémoire qu'ils ont présenté en commun au mois d'avril 1 841 , mémoire dans lequel ils ont eu pour objet de réfuter, au moyen de nouvelles expériences , les idées théoriques émises par M. Dutrochet, relativement au mouvement du camphre à la surface de Veau. A l'occasion de cette I^ettre , M. Dutrochet annonce que , dans l'ouvrage ( 346) dont il a déjà parlé à l'occasion de la communication de M. Van Reek, il discute les expériences de MM. Joly et Boisgiraud, et montre qu'elles ne détruisent en rien les explications qu'il a données des mouvements du camphre et d'autres phénomènes qui se rattachent à la même cause d'action. M. In6.4rd adresse une Note ayant pour titre : Formule de Newton à vérifier, M. H\LL\Rr présente des conjectures sur les causes de la déjormation du tube intérieur du puits artésien creusé à l'abattoir de Grenelle. M. Vebgé et LoisEAu adressent le premier numéro d*un Compte rendu mensuel des séances et des travaux de l'Académie des sciences morales et politiques. (Voir au Bulletin bibliographique, page 32 1.) La séance est levée à 5 heures. A. ERRATJ. (Séance du ai février i84a.) Page 3i6, ligne i6," au lieu ^e d'autant plus, /«e2 d'autant moins Ibid., ligne ai , au lieu de une autre de platine, lisez un arc de platine. 347 ) BULLETIN UIRI.IOGK/lPnIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus liebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; I*'' semestre i84?-, n° 8, in-4°- Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnaolt; T série, tome IV, janvier 1842; in-8°. Annales des Sciences naturelles ; '^emwier 1842; in-S". Ministère de la Guerre. — Tableau de la situation des établissements français dans V Algérie en i84o; in-4''. Annales de la Chirurgie française et étrangère ; février 1842, in-8°. Mémoires de la Société royale des Sciences, Lettres et Arts de Nancy; i84o; in-8». Traité de la Mort apparente, par M. ViGNÉ; j84i ; in-8°. (Adressé poui- le concours au prix concernant les Morts apparentes.) Anatomie microscopique; par M. le D' Mandl; 6" livraison {i" série, 4° livraison). Appendices tégumentaires (i™ partie); Paris, i84i ; in-fol. Le chevalier Bayard, héroïde; par M. LaCOUR; brochure. Le Mans; in-8*'. L'Amour matei'nel; par le même; broch. in-8*'. Bulletin de la Société Géologique de France; tome XIII ; feuilles i à 5 ; in-8°. Treizième Lettre à M. Bonafous sur la culture du Mûrier et sur les éducations de Fers à soie; par M. A. Carrier DE RODEZIN; in-8*'. Lettre relative à ta Théorie des centres d'attraction; par M. DE Los Llanos MontanoS; brochure in-i 2; Paris. Paléontologie française ; 38° livr. ; in-S"; Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; tome XXII 3" et4Mivr.;in-8°. Journal des Connaissances utiles; février 1842; in-8''. L'ami des Sourds-Muets; 4' année; novembre et décembre i84i, in-8°. Médecine physiologique ; Lettre par M. BiGEON; i feuille in-8°. Lettre à M. le docteur John Davy, au sujet des accidents de peste survenus tant au lazaret de Kouléli qu'à l'île de Proti; par M. A. Pezzoni; Constan- tinople, 1841; in-8''. (Présenté par M. Becquerel.) Proposition pour un Congrès scientifique composé d'Ingénieurs et Architectes -C. R., 1343, l«r Semestre. (T. XIV, M» 9.) 4 7 ( 348 ) européens; esquissée par le chevalier DE WlEBEKiNG, conseiller intime, etc.; Munich, in-4'', une feuille d'impression. Philosophical . . Transactions philosophiques de la Société royale de Lon- dres, pour l'année 1842; partie 2"; Londres, i84i; in-4°. Proceedings . . . Procès-Verbaux de la Société royale de Londres; n" 5o, novembre i84i ; in-8°. Letter adressed. . . Lettre adressée aux Membres de la Société royale de Londres; par M. le marquis DE NORTHAMPTON , président; in-S". (Extrait des Procès- Verbaux de la Société royale de Londres.) Researches in. . . Recherches sur la Théorie des Machines; par M. MosELEY; Londres, i84i ; in-4°. (Extrait des Transactions philosophiques.) A Memoir . . . Mémoire sur une portion de la mâchoire inférieure de l'Igua- nodon; par M. Mantell; Londres, i84i; in-4°. (Extrait des Transactions philosophiq ues.) The London. . . Journal des Sciences et Magasin philosophique de Londres, Edimbourg et Dublin; vol. XIX, n" 127 ; vol. XX, n° 128; in-S". The Annals. . . Annales d'Electricité, de Magnétisme et de Chimie, sous la di- rection de M. W. SturGEON; vol. VIII, n" 38 à 42; août à décembre i84i , in-8''. The quarterly Review; n" iSy, décembre i84i; in-8°' The Athenœum Journal ; décembre i84i, in-4°- Catalogue . . . Catalogue des Livres de littératures diverses de la Bibliothèque de la Société royale de Londres; Londres, i84i ; in-S". Nieuwe . . Nouveaux Mémoires de la première classe de l'Institut royal Néer- landais; tome VIII; i" et 2° partie, tome IX; Amsterdam, iSSg et i84o; 3 vol. in-4°. Verhandeling . . . Mémoire sur les lois de la Force vitale; par M. Ontijd ; Amsterdam, i84o; in-8*. Academia . . . Académie médico-chirurgicale de Ferrare : programme du concours pour l'année i84o; une feuille 10-8°. Gazette médicale de Paris; tome X ; n° 9. Gazette des Hôpitaux; n° 23 — 26. L'Echo du Monde savant; n°' 707 et 708. L'Expérience, journal de Médecine; n° 243. L'Examinateur médical; n° 9. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 MARS 1842. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉCONOMIE HURALE. — Reckerckes sur la culture du Madia sativa , faites à Bechelhronn j pendant les années i%/^oet 18.41, par M. Boussingault. « Depuis quelques années on a fait d'assez nombreuses tentatives dans le but d'introduire dans la culture une nouvelle plante oléifère , le Madia sa- tiva. Les résultats obtenus jusqu'à présent sont entièrement contradic- toires: les uns considèrent le Madia comme une acquisition précieuse, les autres pensent que cette plante est bien loin de répondre aux espérances qu'elle avait d'abord fait concevoir. Cette divergence d'opinions de la part de praticiens habiles, s'explique naturellement par les circonstances dissem- blables dans lesquelles les observations ont été recueillies. » Le Madia appartient aux cultures d'été; sa végétation est très-rapide , et, par ces raisons mêmes , il était facile de prévoir qu'il serait moins productif que le colza et la navette d'hiver , cultivés dans des conditions favorables de sol et de climat. Aussi n'est-ce pas à ces deux oléifères qu'il convient de comparer le Madia, mais bien à l'œillette et à la navette d'été. La culture du pavot n'est pas sans inconvénient, et le Madia semble offrir sur la ca- méline certains avantages au nombre desquels se place, en première ligne , C. R., 1842, I" Semeslre.(T. XIV, N" 10.) 4^ ( 35o ) la qualité supérieure , le goût plus agréable de l'huile qui en provient. D'un autre côté la culture du colza est loin de réussir partout; elle est exigeante pour le sol et dans un grand nombre de localités de l'Alsace elle manque fréquemment , et c'est beaucoup si l'on compte une année productive sur trois. Les hivers , particulièrement ceux pendant lesquels il tombe peu de neige , exercent la plus fâcheuse influence sur le colza, et dans nos terres un peu fortes le rendement s'élève rarement au-dessus de i6 hectolitres par hettare. » C'est sans aucun doute à ces divers motifs qu'il faut attribuer l'em- pressement avec lequel le Madia a été accueilli, là où le colza se trouve le plus exposé aux chances désavantageuses. Nous rencontrant précisément dans cette condition , nous avons dû essayer la culture de cette plante. Ce sont les résultats obteruis dans les deux dernières années que je me propose de faire connaître. » Dans l'assolement invariablement suivi à Bechelbronn , la place du Ma- dia était naturellement indiquée dans la première sole fumée, remplaçant ainsi la pomme de terre et la betterave. Ces deux cultures devaient donc nous servir de points de comparaison. » Le cycle de végétation de la nouvelle plante étant d'environ lao jours, et l'époque de la cueillette arrivant vers la fin d'août, on ne pouvait son- ger à la cultiver seule; car, en agissant ainsi, on eût laissé la terre impro- ductive pendant les mois de septembre et d'octobre. Aussi, dans les cultures essayées en Alsace, le Madia a été généralement associé à la carotte, semée à la même époque et dont la récolte s'effectue tout à la fin de l'année agri- cole. On sait qu'une semblable culture mixte est fort souvent adoptée pour la même cause, dans les localités où l'on plante le pavot. Culture mixte du Madia en i84o. » Le 22 avril on a semé le Madia et la carotte sur une terre qui avait reçu 54 000 kilog. de fumier de ferme par hectare. Les terres qui ont porté les pommes de terre et les betteraves avaient la même dose d'engrais. Toutes comportaient les façons convenables qui seront détaillées plus bas. » La cueillette du madia a eu lieu le 27 août; la durée de la culture a été par conséquent do 127 jours. On a obtenu sur un hectare: 21,60 hecto- litres de graines, semences déduites. L'hectolitre a pesé 5i kilog. ; le poids total de la graine récoltée 1 1 o i ,6 kilog. Les fanes desséchées que nous avons utilisées comme litière en les mêlant avec de la paille, pesaient 35oo kilog. «Les 2t,61iectog. de graines ont donné 323,57 litres d'huile de très-bonne ( 35. ) qualité; on a 14,98 litres par hectolitre de semences. L'hectolitre d'huile ayant pesé 89,20 kilog. , le poids de l'huile fournie par un hectare planté en Aladia s'élève, en 1840, à 289 kilogr. J^e poids des tourteaux a été de 775,8 kilogrammes. n Ainsi 100 kilog. de graines ont donné: Huile 26,24 Tourteaux 70,42 Déchet 3,34 w Nous avons payé au pressoir 2 fr. 70 c. par hectolitre de graine. » Les carottes cultivées simultanément avec le Madia ont été récoltées dans les premiers jours de novembre. Détachées de leurs fanes , elles ont pesé i463i kilog. Les deux plantes sarclées cultivées comparativement ont donné par hectare: ^Betteraves i35i8 Pommes de terre. i4520 »Le loyer de la terre et la valeur de l'engrais étant les mêmes pour les trois cultures, on peut se borner, pour la comparaison qu'il s'agit d'établir, à in- diquer les forces dépensées dans les façons particulières à chacune d'elles. J'exprime les forces employées en journées d'hommes et en journées de cheval. Nous estimons ici le travail d'un homme pendant un jour à o'',go; la journée de cheval à 2 fr. (i). » Le transport et la distribution des engrais, les labours et les hersages, sont des opérations communes à toutes les cultures; mais ces opérations peuvent exiger un emploi de forces très-variable, selon la distance des par- celles cultivées au domaine , l'état des chemins et la ténacité du sol labouré. » J'ai pris pour les journées employées, des nombres moyens déduits de l'ensemble de travaux analogues , exécutés sur une grande surface de ter- rain, pendant l'année agricole i83g-i84o. Enfin j'ai réuni dans un pre- mier tableau (n° i) les journées de travail exigées par les différentes façons propres à chaque culture. Dans un deuxième tableau (n° 2) le travail est exprimé en argent. (i) Nous ne sommes pas encore définitivement fixés sur le prix de la journée du cheval. 48 ( 352 ) TABLEAU N" I Cultures comparées de la betterave, de la pomme de terre et du Madia sativa semé avec carottes , par hectare. NATURF. DES TRAVAUX. Chargement du fumier. ... Transport du fumier Distribution du fumier Labour Ouverture des sillons Semaille , posage , repiquage Hersage Binage, sarclage Buttage Rccolte Rentrée, placement en silos. Battage du Madia liETTEKiVE. Journées. 6,3 3,6 4.' 4.9 4,9 29,4 » 24,5 33,0 a, 6 cheval. ii3,3 '4,5 » 8,3 8,3 4,3 35,4 POMME DE TERRE. Journées. 6,3 3,6 4,' 4,9 » 5,3 )j 20,3 16,3 55,3 3,0 116,1 '4,5 8,3 3,5 26,3 MADIA BT CAROTTE (« Journées. 6,3 3,6 4,' 4-9 M 0.7 0,5 C.29,2 M. 7,0 n c.17,2 M.23,7 C. 2,0 M. 6,9 M. 12,0 118,1 '4,5 w 8,3 4,0 6,6 34,4 (*) C indique les jouroites au compte (le la- carotte ; M les jouroéus au compte du Madia. Les journées sans ind. Sont communes aux deux plantes. n TABLEAU N° IL CULTURE. Betteraves Pommes de terre Madia, carottes,, JOURNEES. ii3,3 "9,7 118,2 35,4 37,3 34,4 TRAVAUX fr. c. 172,80 162,35 175,20 ( 353 ) » Dans la culture de Bechelbronn , la première sole fumée fournit des fourrages qui passent ensuite aux engrais , presque en totalité. Nous de- vons, par conséquent, évaluer la quantité de substances alimentaires donnée respectivement par chacune des récoltes que nous comparons , la plus avantageuse pour le cas particulier où nous sommes placés, étant précisé- ment celle qui produit le plus de matière nutritive. A la vérité, dans la cul- ture du Madia, la carotte et le tourteau sont les seuls aliments récoltés; mais il est toujours possible d'estimer sous la même forme les fanes sèches de Madia, qui, en étant utilisées comme litière, permettent d'employer à la nourriture directe la paille de froment, à laquelle on les a substituées. L'huile est un produit marchand, et dès lors on peut représenter sa valeur parla quantité de fourrages dont elle permettrait l'acquisition. En i84o, l'huile de Madia se plaçait à 1 12 francs les 100 kilogrammes. Les 289 kil. produits par un hectare valaient 323fr.68 cent. Déduisant pour frais d'extraction et transport au pressoir. 5i. 58 Reste 2'ja. ro » Une suite d'observations pratiques sur l'alimentation , que je ferai connaître dans un travail particulier, m'autorise à admettre les équivalents nutritifs suivants : 10 de foi» nourrissent comme 28 de pommes de terre, 40 de betteraves, /^o de carottes, 5o de paille de froment, 2,6 de tourteau de Madia (i). » Après les récoltes de 1840, les prix des fourrages qu'on rencontrait sur le marché étaient, pour 100 kilogrammes: foin, 10 francs; pommes de terre, 5 francs. L'équivalent en pommes déterre de 100 kilogrammes de foin eût coûté 14 francs. C'était l'acquisition de ce fourrage qui devenait le (1) Ces observations se continuent : l'équivalent du tourteau estpurement théorique. Nous donnons bien à nos vaches 2,6 de tourteau pour 10 de foin, mais le tourteau entre pour une proportion trop faible dans la ration pour qu'on puisse se prononcer sur son effet. La paille de froment des environs de Paris paraît plus nutritive que celle que nous récoltons ici. Une paille qui entre dans les fournitures militaires des chevaux de troupes, examinée sur l'invitation de M. le Ministre de la Guerre, m'a présenté un équivalent égal à 3o. ( 354 ) moins favorable. Les 272 '"• lo*^- réalisés par la vente de l'huile représen- tent, employés à l'achat du foin, 27, 2 quintaux de cette matière. Trans- formant en ce même fourrage les produits obtenus dans les trois récoltes, on a : Culture du Madia: Tourteaux 776 kil. équivalent à 2985 kil. de foin Fanes supple'ant à la paille 35oo 700 Foin résultant de la vente de l'huile. 2720 Carottes 14322 3520 9925 kil. de foin. Culture de la pomme de terre : tubercules. i4520 kil. équivalent à 5 186 kil. de foin. Culture de la betterave : racines i35i8 338o » Il résulte de là qu'en 1840, des surfaces égales fumées à la même dose, supportant à très peu près les mêmes frais de façon , ont procuré à l'établisse- ment, par les cultures du Madia uni aux carottes, des pommes de terre et de la betterave, des quantités de fourrage qui sont entre elles comme les nombres 99, Sa et 34- » Dans la rotation de cinq ans, suivie à Bechelbronn, les avantages ou les inconvénients d'une nouvelle culture faite en première sole fumée ne peuvent pas se déduire uniquement des produits de la récolte ; il faut con- naître en outre l'Influence qu'elle exercera sur la céréale qui doit lui succéder. Il pourrait arriver, par exemple, qu'une récolte très-abon- dante de la plante sarclée fût suivie d'un rendement extrêmement faible en froment ou en avoine, et, dans les localités où l'on est intéressé à la production des céréales, il est à présumer que les bénéfices se trouveraient diminués. Pour ces motifs, j'ai cru devoir déterminer avec précision, eu i64t , quel a été le produit en grain sur la sole qui avait porté le Madia en 1840. » Après l'enlèvement des betteraves et des carottes venues avec le Ma- dia, la saison se trouvait trop avancée pour semer des grains d'au- tomne. On a semé de l'avoine en 1841. Les soles de pommes de terre ayant pu recevoir du froment, leur produit en grain ne peut entrer dans la comparaison que nous allons établir. » En 184 ï on a obtenu par hectare, sur l'ancienne sole de Madia : Avoine 46,0 hect. à 47 kil. = 2181 kil. Paille 5977 ( 355 ) » Sur l'ancienne sole de betterave : Avoine 4' »5 hect. à 47 kil- = '949 '^il- Paille 479' » On voit que le produit en avoine obtenu sur Madia et carotte a été sensiblement plus élevé que celui recueilli sur la betterave. Ainsi, malgré la plus forte quantité de matière organique sèche venue dans la première de ces deux cultures, la terre paraîtrait avoir été moins épuisée. Si un résultat déduit d'une seule expérience n'était pas toujours suspect, celui- ci indiquerait, d'après les principes que j'ai posés dans un précédent Mémoire , que le Madia prélève plus de matières élémentaires sur l'at- mosphère que ne le fait la betterave, plante que l'on considère d'ailleurs avec raison comme très-épuisante. » Un résultat aussi avantageux que celui fourni par le Madia sativa en 1840 était fait pour nous encourager à étendre sa culture; c'est ce que nous avons fait, j'ajouterai de suite, à notre plus grand dommage. C'est surtout en agriculture que les années se suivent et ne se ressemblent pas. En 1841, la terre ayant été fumée comme l'année précédente, l'hectare a produit: Graine 9,14 l»ect., l'hectolitre pesant 5i kilog. La re'colte en poids e'gale. ... 47' *^'l' Les fanes ont pesé 3488 Les 47< Ii^il- 4 i3,65 «6,9 18,. .4,85 '9,5 i5 i3,55 '4.75 21 ,o5 .6,85 '7,45 i6 i3,55 .4,6 21,7 .7,0 '6,9 •7 Il ,o5 i5,. 21,35 '9,25 17,0 i8 i3,i .4.2 20,3 '7,' .5,45 >9 ,4,i5 .3,35 17,8 22, i5 .3,55 20 ïS,9 i3,7 «7,5 '9,95 .7,25 ai .... 10,1 16,75 '7,95 '9,0 22 i5,7 8,i5 21 ,o5 '7,95 20,5 23 i5,65 11, o5 20,4 .6,55 22, 1 5 24 i5,4 ..,4 i5,7 .8,6 19,0 25 16,3 «4,95 11,1 '7,35 '9,45 26 17,85 i4,85 .2,8 18, 25 21,25 27 17,0 11,55 .4,5 .5,o5 21 ,25 28 17,75 .7,3 l5,2 16,0 21,8 29 19,25 20,2 17,0 18,3 22,5 3o 18,95 .6.75 i5,6 '9,8 21,0 3i i5,5 .18,8 20,1 Moyennes 12,5 i4,8 18,0 17,5 '9,2 C. R., 184a, 1" Semesiie (T. XIV, ^'' 10.) 49 (358 ) 1841 AVRIL. MAL JUIN. JUILLET. AOUT. I 2° 45 i8'>o 20">75 16° 2 i4">o 2 7,o5 •9.8 20,75 .5,3 '4.5 3 7,o5 21,5 20,9 •7-65 .5,75 4 7,55 18, 85 •9.7 16,0 .6,25 5 7>45 •9.95 20,35 22,5 .8,5 6 6,95 20,5 i6,5 22,0 20,0 7 7,25 17,85 '2,9 18,75 • 8,4 8 7,25 •7.7 ,2,45 '7.85 20,7 9 6,6 i3,5 ,0,3 '5,9 •9.8 10 4,95 12, i5 .1,65 .6,35 •7.55 1 1 7.2 >7.^ ■ 3,o5 i3,35 .7,0 12 6,0 •7.45 -4,25 .3,5 .5,35 i3 8,. 15,45 .4,65 î5,7 .6,0 4 8,5 11,75 11,8 i3,25 •7.4 i5 9.5 «3,7 12,65 16,0 •7.7 i6 10,25 i5,i5 12,6 18, 25 ,7,45 '7 9.3 18,3 12,9 •7.35 ■9.25 i8 12,3 19,25 .5,7 18,5 17,0 •9 10,9 17,0 •4.4^ •7,' •9.8 20 II ,0 .6.4 12, i5 .6,5 22, i5 ai ia,i '7.45 '5,95 .8,95 22,0 22 i5,5 18,2 0 ,8,95 16,35 20,8 23 12,6 21 ,25 18,8 i5,i 20,35 A i3,o 23,75 •7.6 .8,8 '7.7 25 16,7 22,85 20,4 •7.35 '4.6 26 17,3 23.45 18,35 '7.85 • 4.4 27 '9.4 24,0 22,55 '9.5 •17,95 28 19.9 27,85 .5,7 '9.5 '9.95 29 '9.45 23,5 •7.' ■7.5 21,65 3o 20,3 20,2 .5,0 •4.5 22,55 3i — 20,8 .... '4.7 22,35 Moyennes 11,0 18,9 16,6 17,0 .8,4 (*) La plus forte chaleur de l'année 1841 a été observée le a8 ma i à 2 heures et demie de l'après- midi. Le thermomètre marquait 350,4. Le même jour, au lever du sole il , il avait indiqué 2o°,3. i=i^^===-=B====l=^S^=S========S=== (359) •Observations sur la pluie, faites pendant la culture du Madia, en i84o et i84i- =— =s= EAU EAU JOURS JOURS MOIS. tombée en i84o. tombée en 1841. de pluie en 1840. de pluie en 1841. REMARQUES. Avril. . . ceotim. 0,00 centim. 6,10 0 9 En 1841 le Madia a été semé le 2 mai. Mai 6.94 5,60 i3 7 Juin . , , 3,57 18,00 i3 >4 Juillet. . 8,8o 9,20 .6 i5 Août. . , 3,95 10, 5o 6 10 La culture de 1840, terminée le 26. centim. 23,26 cenUa.. 49.40 48 55 » Les observations de M. Mûller montrent que pendant la culture favo- rable de 1840, la température moyenne des 127 jours a été de i7°,2. La température moyenne des 132 jours qui comprennent la culture défavo- rable de i84i a été de i7'',6. Ce n'est donc pas à une saison moins chaude qu'il faut attribuer la mauvaise récolte faite en dernier lieu, comme le pensent sans aucune preuve les cultivateurs du pays ; mais il ressort à la première vue des tableaux dressés par M. Millier , que l'abondance des pluies en 1841 a pu influer de la manière la plus fâcheuse. On voit en effet que durant la culture de cette année, il est tombé environ deux fois la quantité d'eau qui avait été jaugée pendant la culture de l'année antérieure. Il est remarquable que le nombre de jours pluvieux ait été à peu près le même dans les deux années; il y a eu deux jours de pluie de plus pendant la période où il est tombé le moins d'eau; car, bien que le tableau de 1841 porte 55 jours où il a plu, il faut en retrancher les 9 jours qui appar- tiennent au mois d'avril , le Madia n'ayant été semé que le 2 mai. Restent par conséquent, pour la culture de i84' , 46 jours de pluie et43''*"*s4 tl'eau. » En présence de deux résultats aussi opposés que ceux obtenus avec le Madia, dans les deux essais qui viennent d'être tentés, il devient assez em- barrassant de décider si l'on doit abandonner ou continuer la culture. Pour 49- ( 36o ) savoir à quoi s'en tenir relativement à notre climat, il convient, je crois, d'examiner quelles sont les circonstances météorologiques moyennes des mois pendant lesquels s'effectue la maturité de cette plante. Les précieuses observations faites à Strasbourg par M. le professeur Herrenschneider peuvent nous fournir les éléments de cet examen. Suivant ce savant obser- vateur, on a pour les mois qui nous intéressent : TempérBtHre moyenne. Pluie. Jours du pluie. Mai iS"! 7,68 12 Juin 16,8 7,87 II Juillet 18,6 8,46 12 Août 18,1 6,68 10 Moyenne 17,2 Somme 80,69 4^ » Comparant avec les observations des deux dernières années, on a: Cultures très-favorables. .. . 1840 17,2 23, 3o 4^ Cultures (rès-défavorables. . 1841 17,6 43>4'' 4^ » Les circonstances favorables à la culture se rapprochent le plus des circonstances moyennes. Sur 17 années d'observations que j'ai sous les yeux, je ne trouve que trois années dans lesquelles il est tombé en mai , juin , juillet et août, une quantité de pluie qui approche de celle recueillie pendant, les mêmes mois en 1841. Ce sont : i8i3 Eaujauge'e 4o,3centim. 1816' ^0,6 1824 48,7 »> Les observations des autres années indiquent ou une quantité d'eau tom- bée inférieure à celle reçue durant la culture de 1840, ou un nombre qui diffère de la moyenne 3o''*'"*',7. » En admettant que l'abondance de la pluie a été la cause la plus influente sur le résultat fatal de 1841, et je ne vois réellement pas d'autre cause , on peut présumer qu'année moyenne la culture du Madia sativa sera profi- table dans les départements de l'est. « J'ai dit que l'huile de Madia possède des qualités qui , pour certains usages, doivent la faire préférer à celle de colza et de navette. J'ajouterai que M. Braconnota fait avec cette huile un savon solide analogue au savon ( 36, ) d'huile (l'olive ; j'ai eu l'occasion de confinner l'observation du célèbre chimiste de Nancy. » Je me suis également occupé de l'examen des acides gras contenus dans l'huile de Madia; j'en ai retiré un acide solide et un acide liquide. L'acide solide est probablement de l'acide palmique ; il fond exactement à 60°. Il contient : Carbone 74 1^ Hydrogène 12,0 Oxygène i3,8 100,0 « » L'acide liquide à la température ordinaire a été préparé par la mé- thode de Gusserow ; ses propriétés rappellent celles de l'acide oléique dé- couvert par M. Chevreul; cependant il m'a semblé sensiblement siccatif . Sa composition n'est pas exactement celle de l'acide oléique. » Il contient, d'après quelques analyses : Carbone 76,0 Hydrogène 11,0 Oxygène i3,o 100,0 » Je suis à peu près certain que cet acide ne doit pas renfermer d'acide solide; mais il est possible que ce soit de l'acide oléique mélangé de ces acides liquides qui font partie des huiles siccatives, acides qui n'ont pas en- core été étudiés. » a M . Beautemps-BeacprÉ présente à l'Académie un ouvrage intitulé : Pilote français, cinquième partie, comprenant les côtes septentrionales de France, depuis Barfleur jusqu'à Dunkerque, levées en i833, 1834, «835 et 18 36, par les ingénieurs- hydrographes de la marine, sous les ordres de M. Beautemps-Beaupré, ingénieur-hydrographe en chef, membre de l'Aca- démie royale des Sciences et du Bureau des Ix)ngitudes , commandant de la Légion-d'honneur. Publié par ordre du Roi, sous le ministère de M. le baron Duperré, amiral, pair de France, secrétaire d'État au département de la Marine et des Colonies. » Cet atlas contient : 5 Cartes générales, 18 Cartes particulières, 8 Plans, 62 Tableaux de marées. » ( 36a ) NOMINATIONS. L'Académie nomme, au scrutin, une Commission qui aura à préparer une liste de candidats poiir la place d'associé étranger vacante par suite du décès de M. de Candolle. Cette Commission doit se composer du président de l'Académie et de six membres pris par moitié dans les Sections de sciences physiques et dans les Sections de sciences mathé- matiques. MM. Arago, Gay-Lussac , Poinsot, d'ime part, et de l'autre MM. de Blainville, Dumas et de Mirbel , réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. MÉCANIQUE ANIMALE. — Mémoire sur la station des animaux; parM. Maissiat. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Duméril, Breschet, Piobert, Babinet.) « Le Mémoire que je soumets au jugement de l'Académie , a pour but la théorie physique de la station chez l'homme et chez les animaux. » Si l'on étudie avec soin la manière dont les auteurs rendent compte de la station des animaux , et de celle de l'homme en particulier, on s'aperçoit que la question n'a point été explorée à fond. Je laisse les objections de détail pour n'indiquer que deux difficultés majeures : » 1°. On suppose une contraction musculaire incessante, ce qui rendrait la station aussi peu longtemps endurable que l'action de tenir le bras tendu : or l'expérience de chaque instant prouve le contraire ; «a". Les physiologistes sont unanimes à dire que l'attitude naturelle à l'homme posé debout, est de se tenir sur deux pieds: or les peintres et les statuaires ont fort bien observé (et Léonard de Vinci insiste là-dessus), que l'attitude habituelle à l'homme est de se tenir sur un seul membre. » On voit ce fait de station unilatérale j, non-seulement dans l'homme, mais encore dans nombre d'animaux susceptibles de pose en station ; c'est donc l'attitude naturelle : pourquoi ? » Mon travail consiste, au fond , à démontrer que la manière de concevoir ( 363 ) la station de l'homme admise jusqu'ici, ne s'applique qu'aux animaux qui usurpent momentanément la pose de station bipède relevée, qui ne leur est point naturelle; mais que l'homme jouit en propre, pour cette pose relevée (et c'est ce qui la lui rend naturelle), d'un mécanisme particuher, fort élégant, qui lui permet d'y rester dans certaines attitudes, en équilibre sufBsamment stable , sans qu'il ait besoin de l'action continue d'aucun muscle. » Il y a lieu alors chez lui à un de ces états d'équilibre que les phy- siciens désignent sous le nom dH équilibre mobile, parce qu'il tend incessam- ment à se troubler, et qu'il se rétablit sans cesse, par le fait même du mouvement, dès que ce mouvement commence. » On parvient à l'intelligence de ce mécanisme par la considération de torsions qui ont lieu, durant la station, dans certaines jointures; c'est-à- dire qu'il y survient alors des tractions sur divers "ligaments connus et décrits; mais la clef de tout est dans une bande fibreuse qui n'est connue jusqu'ici que comme portion plus résistante de l'aponévrose fascia-lata. Ce serait un vrai ligament articulaire tendu pendant la station. » Cette bande fibreuse, assez mal terminée par ses bords, est d'une lar- geur variable entre 4 6t 8 centimètres environ. Elle naît de la crête iliaque à son point le plus saillant, en dehors; de là elle descend verticalement sous la peau, touche au grand trochanter sur lequel elle est mollement assu- jettie, puis, longeant la cuisse, atteint le tibia et s'y fixe en dehors du genou. On pourrait la nommer bande ilio-trochantéro-tibiale , des noms partiels de ses deux points d'attache extrêmes et de son point assujetti, qu'il est indispensable de faire entrer dans" le nom de cettebaude, car tout son jeu dépend de cette disposition. )> La méthode que j'ai employée pour faciliter la discussion, consiste à considérer successivement , de haut en bas , les divers groupes des parties du corps mobiles ensemble; ainsi, j'ai d'abord dit un mot de l'équilibre de la tète sur la colonne vertébrale supposée fixe -, puis j'ai pris à la fois la tête, le tronc et les membres supérieurs comme un seul groupe, et j'ai cherché les conditions d'équilibre de son centre de gravité sur les fémurs, con- sidérés à leur tour comme fixes. Et ainsi de suite, j'ai ajouté les cuisses, puis les jambes, et enfin les pieds. Par une même raison de méthode, j'ai, pour tous les centres de gravité partiels , considéré les mouvements pos- sibles séparément, dans deux directions coordonnées, l'une d'avant en arrière, l'autre latéralement. » Mais le geste, etc., amenant des déplacements dans ces divers centres de gravité partiels, j'ai discuté pour chacun les limites entre lesquelles^ ( 364 ) ces déplacements peuvent avoir lieu , sans rupture de l'équilibre gé- néral. » [1 ressort de cette discussion que la station sur les deux membres exige encore , pour être maintenue, l'action continue de deux muscles au moins, laquelle action supprimée, l'attitude symétrique en question tend à se con- vertir en une autre non symétrique, sur un seul membre, attitude natu- relle, parce qu'elle est suffisamment stable sans l'action continue d'aucun muscle. » J'ai pu prendre alors le cas général de la station considérée dans son ensemble, c'est-à-dire quand les mouvements, étudiés d'abord par abstraC' tion, séparément, selon deux directions coordonnées, se composent comme il arrive dans la réalité. » Pour donner, en deux mots , à l'Académie une idée des détails, je dirai que, pendant la station en attitude naturelle, sur un seul membre, » r. D'avant en arrière, l'équilibre est stable à l'articulation coxo-fémo- rale, parce qu'un plan vertical passant par un axe transversal de torsion qui V existe , laisse en arrière le centre de gravité des parties supérieures , d'où il suit que ce centre de gravité ne peut se mouvoir ni en avant, car il de- vrait en même temps remonter , ni en arrière , car la résistance à la torsion s'y oppose. I/équilibre est pareillement stable à l'articulation du genou, parce qu'un plan vertical mené par son axe de torsion laisserait en avant le centre de gravité des parties supérieures , d'où il suit que ce centre de gravité ne saurait se mouvoir ni en arrière sans remonter , ni en avant sans forcer les ligaments croisés, etc., qui déjà résistent suffisamment. Sur l'axe tibio-tarsien l'équilibre n'est guère qu'instable : là quelques contrac- tions musculaires rares, moyennement alternatives, deviendront néces- saires et suffiront. » 2°. Équilibre latéralement : dans ce sens , tant que l'homme se tient sur deux membres , l'équilibre n'est qu'instable sans l'action continue de cer- tains muscles. Le genou étant latéralement inflexible, on peut considérer, pour ce sens, le tibia et le fémur , ensemble , comme une seule tige rigide , et , sommairement, les deux membres comme deux tiges verticales, paral- lèles , unies en haut transversalement par le bassin. Le bassin compléterait ainsi , avec le sol , une sorte de cadre rectangulaire sur lequel serait posée la masse du tronc. Mais il reste aux quatre angles de ce cadre idéal , c'est- à-dire aux articulations coxo-fémorales et aux pieds , une certaine mo- bilité trop facile encore pendant l'attitude sur deux membres: par suite, l'équilibre n'y est passivement possible que pour la position exactement ( 365 ) symétrique de tout le système, et n'est évidemment qu'in&table. Au moin- dre dérangement des masses , à droite ou à gauche , le mouvement conti- nuerait angulairement , en s'accélérant , jusqu'au sol, si les angles pou- vaient indéfiniment varier. Mais celui des deux angles supérieurs qui devient aigu , c'est-à-dire celui du côté du membre sur lequel passe le centre de gravité du tronc, ne devient aigu que par torsion. Cet angle, en effet, sera bientôt empêché de diminuer par la résistance de la bande ilio-tro- chantém-tibiale de son côté , et des autres ligaments dont la distension augmente successivement. Cette résistance à la torsion deviendra enfin in- vincible près de la position où la verticale du centre de gravité du tronc passerait par le pied qui porte , et l'on démontre facilement qu'il y a lieu dès lors à im état stable d'équilibre mobile. » On peut vérifier tout ceci par une expérience sur soi-même : si l'on s'a- bandonne au repos dans l'attitude sur deux membres, un mouvement, à droite ou à gauche , ne tarde guère à survenir ; on le sent s'accélérer d'a- bord comme pour une chute latérale, mais bientôt il se rencontre une cause d'arrêt dans le système, puis un léger mouvement de retour se laisse perce- voir, et enfin un nouveau repos se manifeste. » Mais, dès lors, tout est changé: la taille a perdu de sa hauteur , on n'est plus dans l'attitude sur deux membres, on est tombé dans une autre. Celle-ci en effet n'est plus symétrique, et c'est l'altitude véritablement naturelle à l'homme que d'être ainsi posé sur un seul membre, l'autre res- tant partout un peu fléchi et souple, comme, par exemple , on le voit dans l'Apollon du Belvédère. On observe bien encore quelques oscillations légères des groupes partiels du système les uns sur les autres, mais ces oscillations se corrigent d'elles-mêmes, sans attention de notre part , entre certaines li- mites elles sont ime conséquence de l'espèce d'équilibre qui a lieu. Aussi Léonard de Vinci proclame-t-il l'attitude sur un seul membre comme le caractère de la pose naturelle de station chez l'homme. » Dans cette attitude naturelle , le plan de symétrie du tronc reste ver- tical et passe sensiblement par le milieu du pied qui porte. C'est encore là un fait observé par ce même auteur, et, en général, toutes les remarques qu'il fait sur la station concordent avec la théorie que je soumets ici. » J'ajoute qu'elle ma paru avoir des applications à l'étiologie et au trai- tement de certaines maladies chirurgicales telles que le pied plat, la luxa- tion congéniale du fémur, sa luxation accidentelle, ses fractures. » Enfin ce même travail tient à des questions philosophiques très-rele- vées, car il en ressort pour l'homme un caractère qui me semble jusqu'à C. R., 184», i" Semestre. (T. XIV, N" 10.) 5o ( 366 ) présent exclusif. Et même on arrive à ce point de pouvoir dire que le mé- canisme de la station nécessite, dans les animaux qui en sont doués, la symétrie des parties du corps dans les limites qu'on y observe. On sent toute la gravité de cette conséquence , car ce serait là le principe de la loi de Bichat. Mais cette symétrie est exigée plus rigoureusement encore par le mécanisme de la locomotion strictement lié au précédent, et s'étend, sous ce second point de vue , à la généralité des animaux qui en jouissent. Ce n'est donc qu'après avoir discuté la locomotion que je pourrai cher- cher à appuyer cette seconde proposition spécialement : aujourd'hui , je me borne à en prendre date devant l'Académie. » PHYSIOLOGIE. — De l'origine des globules du sang, de leur mode de formation et de leur fin; par M.. At. Donné. (Extrait par l'auteur.) ( Commissaires , MM. Magendie, Floureus , Dumas , Milne Edwards, Payen.) « Il existe dans le sang trois espèces de particules : i° les globules rouges ou sanguins proprement dits ; 2° les globules blancs qui n'ont été bien connus que dans ces derniers temps; 3" les globulins du chyle. ))Les globules rouges sont plats dans toutes les espèces de sang; ils sont circulaires dans le sang des mammifères , et elliptiques dans celui des oiseaux, des poissons et des reptiles. » Les globules elliptiques sont les seuls qui présentent une substance solide dans leur intérieur ; on ne peut pas démontrer l'existence d'un noyau dans le centre des globules circulaires. » Le contact de l'eau transforme tous les globules sanguins en petites sphères , et c'est à cette circonstance , ignorée des anciens observateurs , que l'on doit attribuer l'opinion de quelques-uns d'entre eux sur la forme sphérique des globules du sang des mammifères et sur la forme également sphérique que l'on admettait dans les globules du sang des oiseaux , au moment de leur formation dans l'embryon ; cette forme n'est que secon- daire et déterminée par l'action de l'eau dont on se servait pour étendre le sang ou pour préparer l'embryon de l'œuf. » Les globules sanguins proprement dits des mammifères, ou les glo- bules circulaires , sont solubles dans l'acide acétique sans laisser de résidu ; » Les globules sanguins proprement dits des oiseaux, des poissons ou des reptiles, ne sont qu'en partie solubles dans l'acide acétique ; la substance interne ou noyau résiste à l'action de cet agent. «Tous les globules sanguins, quelle que soif leur forme et la classe à (367) laquelle ils appartiennent, sont solubles dans l'ammoniaque et insolubles dans l'acide nitrique. » En résumé , les globules sanguins proprement dits , ou les globules rouges, paraissent formés d'une vésicule aplatie, contenant une sub- stance solide ou noyau dans les globules elliptiques et une substance fluide dans les globules circulaires. » L'anomalie que l'on a signalée dans les globules sanguins de la famille des chameaux , ne porte que sur la forme et nullement sur la structure intime; celle-ci est tout à fait semblable à celle des globules sanguins des autres mammifères. » Les globules blancs sont incolores, sphériques, légèrement frangés dans leurs contours, et comme granuleux ; ils existent dans le sang de tous les animaux, et on peut les voir circulant avec le sang dans l'intérieur des vais- seaux ; leur nombre est bien plus considérable qu'on ne le pensait ; l'eau les désagrège, l'ammoniaque les dissout, l'acide acétique les contracte; ils pa- raissent formés d'une vésicule contenant dans son intérieur trois ou quatre granulations solides. » Les globulins sont de petits grains n'ayant pas plus de y^ de milli- mètre de diamètre , et en tout semblables aux globulins du chyle. » On ignorait jusqu'ici l'origine , le mode de formation et la fin des glo- bules sanguins; voici ce qui résulte de mes recherches sur ce sujet : « Les globules du sang ne sont pas tous identiques , ni au même degré de formation ; ils ne résistent pas tous de même à l'action des agents chimiques, et la différence de leurs propriétés indique qu'ils ne sont pas tous au même état de développement. » Les globulins sont le produit du chyle incessammment déversé dans le sang ; ces globulins se réunissent trois à trois ou quatre à quatre , et s'enveloppent d'une couche albumineuse en circulant avec le sang; ils constituent de cette manière les globules blancs. j> Les globules blancs une fois formés, changent peu à peu de forme ; ils s'aplatissent, se colorent, et la matière intérieure granuleuse devient ho- mogène ou se dissout; ils se transforment enfin en globules sanguins pro- prement dits ou en globules rouges. » Les globules sanguins rouges n'ont eux-mêmes qu'une existence passa- gère; ils se dissolvent dans le sang au bout d'un certain temps et consti- tuent ainsi le fluide sanguin proprement dit. » Certaines substances sont susceptibles de se transformer immédiate- ment en globules sanguins par leur mélange direct avec le sang. 5o.. ( 368 ) » Le lait qui , par sa constitution organique, par l'état de ses principaux éléments et par ses propriétés physiologiques, a la plus grande analogie avec le sang, est surtout propre à démontrer cette transformation. » Les injections de lait dans les veines des animaux, en certaines pro- portions, ne produisent en effet aucune action délétère, et la nature des globules de ce liquide permet de le suivre et de le reconnaître partout. » Or l'observation démontre que ces globules injectés dans les vaisseaux se transforment directement en globules sanguins , par le même mécanisme qui fait passer les globulins du chyle à l'état de globules blancs et ceux-ci à l'état de globules rouges. » La rate jxiraîtétre spécialement chargée d'opérer cette transformation; c'est du moins dans cet organe que l'on trouve le plus grand nombre de globules blancs à tous les degrés de formation. » L'examen de la circulation dans les organes les plus vasculaires ne montre en aucun point les globules sanguins sortant de leurs vaisseaux pour aller se combiner aux organes ou aux éléments organiques; mais la partie fluide du sang transsude au travers des parois vasculaires , et c'est là probablement le fluide essentiellement organisateur. » Enfin les jeunes animaux nourris avec d'autres substances que le lait s'élèvent et se développent beaucoup moins bien que ceux auxquels on conserve le lait de leur mère, et l'influence d'une nourriture mal appro- priée peut aller jusqu'à altérer sensiblement la forme et la nature des glo- bules du sang. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE DU GLOBE. — Méinoirc siir les marées des côtes de Fraftce , et pa7- ticulièrement sur les lois du mouvement de la mer pendant qu'elle s'élève et qu'elle s'abaisse; par M. Cbazallon. ( Commissaires, MM. Arago, BeautempsBoaupré, Mathieu, Roussin.) L'auteur , dans une Lettre adressée à M. Arago , résume de !a maniéré suivante les résultats des recherches qui font l'objet de ce Mémoire. « I". Le niveau moyen n'est pas constant (abstraction faite de la pres- sion barométrique); à Goury, près le cap la Hague, il varie d'environ 70 centimètres; » 2°. Les marées ne sont pas dans un rapport constant avec celles de Brest; à Dieppe, ce rapport varie de i,3 à 1,8; ( 369 ) • : » 3°. La différence des heures des pleines mers de deux ports n'est pas constamment égale à la différence des établissements de ces ports; » 4'- La loi suivant laquelle la mer s'élève et s'abaisse, s'écarte beau- coup de la loi donnée par I^aplace : ainsi la durée du flot, bien loin d'être égale à celle du jusant, en diffère quelquefois de a** iS"; » 5°. L'expression analytique donnée par Laplace pour calculer les hau- teurs de la mer est incomplète, car, outre l'ondulation semi-diuine (dont la période est ^ jour lunaire) et la petite ondulation diurne qui constituent sa formule, il existe d'autres ondulations qui produisent des marées consi- dérables, et dont la somme s'élève, dans certains ports, au quart de la marée semi-diurne; » 6°. Ces ondulations, dont personne ne semble avoir soupçonné l'exis- tence (à l'exception peut-être de M. Savary),ont une période de |, ^, i, -j^,etc., de joiu-; » 7°. En complétant la formule de Laplace au moyen de ces ondulations, on représente, avec une précision admirable, le mouvement ascensionnel et descensionnel de la mer, dans tous les ports pour lesquels il m'a été pos- sible d'avoir des observations , et pour lesquels j'ai construit graphiquement près de 4oo courbes. » J'ai l'espoir que ces résultats paraîtront dignes de quelque intérêt, et je crois que l'on peut même déjà en tirer parti pour la pratique. Ainsi, dans un ouvrage récemment publié sur les travaux du Havre, M. Frissard, ingénieur en chef, repousse les projets de barrage de la Seine, en disant (p. 280) : «M. Lamblardie a démontré que le barrage déversoir ferait perdre au Havre cette propriété si belle et si utile de garder son plein. » » Il me semble qu'après avoir parcouru mon Mémoire, on aura la con- viction que la Seine n'entre absolument pour rien dans ce phénomène , qui résulte simplement de la grandeur de la marée quart-diurne et semi-tiers diurne, et du point où leur minimum vient se greffer, pour ainsi dire, sur l'ondulation semi-diurne. Cette tenue, d'ailleurs , est bien plus considérable en pleine cd/e^ vers l'entrée de l'Orne. » Tous les résultats précédents ont été obtenus sans employer de diffi- ciles calculs, mais j'ai patiemment épié la nature, et, d'induction en in- duction, en m'appuyant alternativement sur le calcul et sur l'observation , je suis remonté à la source des diverses anomalies. » Mon travail, monsieur, ajoute l'auteur de la Lettre, est assurément loin d'être complet, mais en vous l'adressant j'ai été mû par l'espoir que vous ( 370 ) prendrez fait et cause pour l'organisation définitive des observations des marées, car jusqu'ici mes efforts ont été complètement impuissants. Je n'ai pas oublié d'ailleurs le discours dans lequel vous fîtes si bien sentir la nécessité de remplacer par une machine, le mode d'observation , si incer- tain et si incomplet, employé jusqu'ici. » GÉODÉSIE. — Mémoire sur quelques-unes des irrégularités que présente la structure du globe terrestre,- par M. Rozet. Dans ce Mémoire , l'auteur a refondu et coordonné les diverses commu- nications qu'il avait faites sur le même sujet à l'Académie. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. DE GiRiuiD adresse un supplément à une Note qu'il avait précédemment présentée sous le titre de : « Description d'un nouveau météorograpke. ■» Cette Note additionnelle, qui est accompagnée d'une figure, est ren- voyée à l'examen de la Commission déjà nommée. M. PiNETTK présente un Mémoire ayant pour titre : a Considérations sur la gymnastique moderne et sur le parti qu'on en peut tirer pour le redres- sement des déviations de la taille. » (Commissaires, MM. Larrey, Double, Breschet, Babinet. ) M. E. Net, chargé d'affaires de France à Turin, transmet un Mémoire de M. Ratneri sur la direction des aérostats. (Commissaires, MM. Coriolis , Piobert, Séguier.) M. Perrot transmet un extrait certifié des registres de l'Académie royale de Rouen (classe des Sciences , séance du 23 janvier) constatant que dans cette séance on a présenté en son nom divers «objets en métal recouverts d'une couche d'or très-belle et très-solide , au mojen d'un procédé électro- chimique, » procédé dont la description d'ailleurs n'a pas été donnée dans cette séance. Sur la demande de M. Perrot , cette pièce est renvoyée à l'examen de la Commission concernant les Arts insalubres. M. Lecomtb présente, au nom de M. de Beurges, des échantillons de pa- ( 371 ) piers de sûreté fabriqués pour le concours ouvert par M. le Ministre des Finances, et qui avaient été, suivant lui, signalés par la Commission comme approchant de très-près du but proposé. M. Lecomte, dans la lettre d'envoi, répond à quelques objections qui avaient été faites par MM. les commissaires, et discute en outre le plus ou moins d'efficacité des garanties qu'offrent les procédés des autres concur- rents, notamment ceux de MM. Knecht et Zuber. (Renvoi à l'ancienne Commission des encres et papiers de sûreté.) M. Marceschea.u adresse, pour la Commission chargée de l'examen de son Mémoire concernant un système nouveau de locomotion pour les pentes des chemins de fer, une Note additionnelle ayant pour objet de prouver que dans ce système il n'y a pas seulement une question industrielle , mais aussi une question scientifique qui est tout à fait du ressort de l'Aca- démie. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) L'Académie reçoit, pour le concours au prix concernant les morts appa- rentes, deux Mémoires inscrits sous les n°^ 2 et 3 ; Et pour le concours au prix concernant la Vaccine , un Mémoire ins- crit sous le n° 12. Ces trois Mémoires portent, conformément au programme, une épigraphe et le nom de l'auteur enfermé sous pli cacheté. CORRESPONDANCE. MÉCANiQDE CÉLESTE. — Calcul de dcux perturbations d'Uranus qui sont de l'ordre du carre' de la force perturbatrice ; par M. Ch. Delaunay. (Extrait par l'auteur.) « M. Hansen, de Gotha, dans une Lettre qui vient d'être insérée dans le Journal de M. Schumacher, annonce qu'il a trouvé dans la longitude d'U- ranus deux termes de perturbations inconnus jusqu'ici. Ces deux termes répondent , l'un à une période d'environ 1600 ans , et l'autre à une période à peu près égale à la durée de la révolution d'Uranus : leurs arguments dé- pendent à la fois des trois moyens mouvements de Jupiter, Saturne et Uranus. Enfin, M. Hansen a trouvé les coefficients de ces termes égaux à 3i",5, et ( 37a ) r 7",6 : mais il ne donne pas ces nombres comme rigoureusement exacts; il ne croit pouvoir en répondre qu'à 2" près. » M. Liouville m'ayant engagé à faire les calculs nécessaires pour re- trouver ces termes, et constater principalement la grandeur de leurs coefficients, je me suis occupé de ce travail, et c'est le résultat de mes recherches que je présente dans ce Mémoire. » Si l'on nomme «, n', «", les moyens mouvements sidéraux de Jupiter, Saturne et Uranus, on sait que la grande inégalité de Jupiter et de Saturne dépend de l'argument (5«' — 2n)t; d'un autre côté la quantité 3«" — 6n'-\-in est très-petite relativement à re" (à peu près comme 1 : 19), comme il est facile de s'en assurer. On conçoit donc que si l'on prend les termes prove- nant de l'action de Saturne sur Uranus qui dépendent de l'argument (3«" — n')t, et qu'au lieu d'y considérer les éléments de Saturne comme constants, on tienne compte des grandes inégalités de ces éléments, on pourra trouver, dans la théorie d'Uranus, des termes de perturbations sen- sibles. C'est en effet ainsi q»ie se produisent ceux annoncés par M. Hansen. » J'ai dû commencer par déterminer les grandes inégalités des éléments de Saturne : mais comme je ne me proposais que de vérifier approximati- vement les résultats de M. Hansen, j'ai calculé ces grandes inégalités en négligeant les termes du cinquième ordre relativement aux excentricités et aux inclinaisons, et ceux qui sont de l'ordre du carré de la force pertur- batrice. Au moyen des valeurs ainsi trouvées, j'ai pu calculer les inégalités des éléments d'Uranus qui dépendent de l'argument (3«" — Gn' -\~9.n)t. En posant et appelant i, «', «" les longitudes moyennes de Jupiter, Saturne et Uranus à l'origine du temps (lySo), e" l'excentricité d'Uranus, et tir" la longitude de son périhélie, j'ai trouvé i-e" = 32",io sin[(3n" — 6n'-f-2n)< + 3." — 6i'+.2« -}-22"i3'52"], <^e" = — 3",45 cos[(37i"— 6n'-f 2n)t + 3i"— 6.'-f-2e-|-57«3i'56"], é'i^"= — 3'',45 sin L(3m" - 6«' -f- 2n)< + 3e" — 6/4-21 -J- 57031 '56"]. » Si l'on représente par v" la longitude d'Uranus , on a , en négligeant e"*j Il ,'/ I "I ««// „;., / " 1 II ii\ . » = p -f- e -f- 2e sin(f -f- e — ijs ) : on en déduit, en négligeant «Té" devant cTpJ' (ce qu'on ne pourrait pas faire ( 373 ) dans un calcul plus exact) , i)," = /•p" -f. 2 sill («• f -J- i" — •sr") ^e"— 2 COS («" < -I- «" — ît") e" .J'Tîr" H- ae" COS (n"/ + i" — sr"). 76 de Cherbourg 1 43 ,44 Retranchant de chacun de ces nombres, iiy^jôo pour avoir la hau- teur du zéro du pont de la Tournelle au-dessus du niveau moyen de la mer^ on trouve : Par Cancale 26*° , 24 Par Brest 27 ,16 Par Cherbourg. 25 ,84 Par une opération directe de nivellement dirigée par M. Poirée et rapportée au Havre 2$ ,76 Moyenne 26°',25 Tel est définitivement la cote adoptée pour exprimer la hauteur du zéro rfu ppnt de la Tournelle au-dessus du niveau moyen de la mer. M. Passot prie l'Académie de hâter le travail de la Commission chargée de faire un rapport sur son Mémoire concernant la « détermination de la variable indépendante dans l'analyse des trajectoires courbes. » (Cette Lettre est renvoyée à la Commission chargée de faire le Rapport.) M. Landbin écrit que se trouvant , dans la nuit du i3 au i4 novembre, aux houillères de Riba de Sella (Asturies), il a eu occasion d'observer les étoiles filantes pendant une heure (de 3''ïà4'*-ï), et dans une espace très- circonscrit du ciel. Dans la première demi-heure il a observé seulement six de ces météores, dont un très-brillant ; quatre se dirigeaient du S.E, au N.O,; les deux autres du S.O. auN.E. Dans la seconde demi-heure, neuf étoiles filantes se dirigèrent également du S.E. au N.O, j la dixième avait la direction du S.O. au N.E. M. JANMA.RD présente des conjectures sur la cause d'un fait signalé ré- cemment par M. Nasmith, savoir, que les rails des chemins de fer s'oxydent beaucoup plus rapidement quand ils sont parcourus en deux sens par les waggons, que quand ils le sont toujours dans une seule et même direction. ( 375 ) M. Hervieux adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. A quatre heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. A. ERRATA. (Séance du a8 février 184.1.) Page 3a8, ligue 20, au lieu de concours de 1842, lisez de 1841 Page 346, ajoutez : A quatre heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. 5i.. (376) BtXtETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance 4es ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; !*'■ semestre 184?., n° 9, in-4°. Pilote français ; 5' partie, comprenant les côtes septentrionales de France depuis Barfleur jusqu'à Dunkerque, levées en i834-36 par les ingénieurs hy- dror/raplies de la marine, sous les ordres de M. Beautemps-Beaupré, ingénieur hydrographe en chef ; un volume grand in-fol. Annales maritimes et coloniales; l'f année, février 1842; in-S". Bulletin de l'Académie royale de Médecine; février 1842; in-S". La Médecine en mer, ou Guide médical pratique des capitaines au long cours; par M. DuTOUQUET; Paris, 1842; in-S". Expériences sur le tirage des Voiturçs; par M. MoRIN; Paris, 1842 ; in-8'*. Manuel de Philosophie moderne; par M. Renouvier; 1842; in-12. Rapport de M. Brunet de la Grange à M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce. (Extrait des Annales de la Société séricicole.) i84i; in-S". Traité de la Cataracte, moyens nouveaux de la guérir sans opération chi- ncrgicale; par M. Grimaud, d'Angers; Paris, i84a; in-8°. Mevue zoologique; 1842; n° 2; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mars 1842; in-8°. /ournal des Haras, des Chasses, des Courses de chevaux; mars 1842; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; mars 1842; in-8°. Journal des Usines; par M. VlOLLET; février 1842; in-8°. Atlas des planches contenues dans le Journal des Connaissances médico-chir rurgicaks; 2" semestre i84i ; in-4". Bibliothèque imiverselle de Genève; décembre i84i, in-S". De punctis singularibus curvarum algebraicarum simplicis curvaturœ disqui- sitio; auctore P.-N. Ekmanj Parisiis, 1842; in-8°. On the corpuscles. . . Sur les Globules du sang; par M. Barry; i", 2* et 3* partie, et un atlas de planches. (Extrait des Transactions philosophiques.) 1 84o, i84i, in-4''. Supplementary . . . Note supplémentaire à un Mémoire intitulé : Recherches d'Embryologie, 3" série; par le même; in-8*'. ( 377 ) On the Corda. . . Sur la Corda dorsalisa ; par le même. (Extrait des Tran- sactions philosophiques. ) 1 84 1 ; in- 4°. On the theory. . . Sur la théorie et la construction d'un Seismomètre, in- strumentpour mesurer les secousses des tremblements de terre; par M. .T. Forbes. (Extrait des Transactions de la Société royale d'Edimbourg.) i84i ; in-4''. Supplementary. . . Rapport supplémentaire sur la Météorologie; par le même. ( Extrait du Rapport de l'Association britannique pour l'avancement des Sciences, année i84o.)In-8». On a remarkable . . . Sur une remarquable structure observée dans la glace • des glaciers; par le même; in-8°. (Extrait du Journal philosophique d'E- dimbourg; janvier 1842.) TheLondon... Journal des Sciences et Magasin philosophique de Londres, Edimbourg et Dublin ; février 1842; in-8°. The royal . . . Liste des Membres de la Société royale'de Londres; 3o novem- bre i84i; in-4°. The Athenœum Journal; février 1 842 ; n" 1 69 ; in-4°. Gazette médicale de Paris; tome X ; n" 10. Gazette des Hôpitaux; n" 26 — 28. L'Echo du Monde savant; n°' 709 et 710. L'Expérience, journal de Médecine; n" il\^. L'Examinateur médical; n" 10. ( 378 ) 10 El z a ■a S O 6 a w fe a o" ad M i/à c/a cQ c/a i/î c/3 1/3 i/i U H 2:; O a a c/i w d a" a" '/i a a ï4 vj c/à e/j c/i o c/j o c/3 t/j g m a: u IStf + H > o o o; O u - Ë a ++++ I +++++++++++ I + I +++++++++ + + + O in c^ o t^OO -«o - O^M ov*-o «sirsco o M «5 00 00 Mi-m Oi « ■- to - o « 'sD X vr M »n va-o m - .-o m in « o a5>n r^m -xi un o ly-.xi tr> oo oo -« !^ \o -O 1^ ■-£> "O >o lo lo '-0 '-O '-û t£> r-- 1^^ ^oyO'-O'oioinforo vj-^rrvTfo r^OO 00 ir^ O 00 O îO 'sC c^ r^ r^ 00 ^- uiOjS^H I vT « tO vj-PO roiX)oOO««aî OOO c^^c^OftO-i-OI Oï» Ci " I+ + ++ + +++++++++++++ I 4-+++++ +++ « o - to i-' o + + + «£) + o o « •£) « vi->n o CT) o VO O vr -■ O 00 O^ ©"oo 00 CTs c^ M I + + + + + + + + + + + + + + + + + + I 1+ + + + + + + + 00 tO fO ^«f (75 +++ + v3- Oiva- oin>o - o -«ooooooo CTi-,o o o^^^fo Cicn m (r> - oo o « CTi o v^ao r^ « 00 vi-vo V) a>fo mmô^ ^"O to '-û tn O «O v^W) vï-VTi-io JO 1-^00 »o r^ c-^ r» •sO va- m ■uioaSiu C^'.û_ ^ "^ '^ v-rco vd-OtO -t^ o r^« Cr~D vr O) o a".fO 00 »0 - « o O --tso-fi«vi-Minoot£>«o>nflcooo-{s«va- c~-^o >o in «o o + + -!•+ I ! ++4-+ + -f + + + + I I I 1 +++++++ + »n «00 lO r^ o c^tn lO lO M « o vrfio c^ro r^^d- MfO O'O Oi-O o ts> Ojv^va- o o r-~iO O r^0^C5«00»O OCT> r^OO o O 00 va- r^ - av r^.-O Ci O^va-co 00 en oiva-ta m oo ro to 'xi o — o r^-xi oo o o vj-vd oo va->o en n o ^o «û tû t^ »o m m «n m to to Xi t^ t^ r^'Xi to ô iO vj «n va-fo vj-va-in >o >- c^ OO va-v> ta ex» Ci o - (S fo vd-m to r^oo cd o - « co v^>o to c~qo 00 to 00 " eîin +++ fO + siom np sjHOf o - v-a- Oi.-O - ., (par 54°,i5 latitude Nord et a»,? loii-) _„ ,- ,5»aprèsmm., 3 août, jP ^.^Jj^ ^^ ^^ p^^.^ .'.... J "^« III. Analyses de l'air pris sur la côtepar lèvent de mer, à 35 pieds au-dessus du niveau de la mer, au château de Kronborg, à 12 lieues de Copenhague. * Sur loooo d'air en poids. g*" So" du matin , 18 février, ciel nuageux, vent N. 0 2802 oxygène. id. id, 23oi id. id. 23o2. 52.. ( 382 ) «Ainsi, l'air pris à Copenhague est le même qu'à Paris ;rair de ia mer est moins oxygéné, et la différence est tellement considérable et tellement cons- tante, qu'il n'y a pas lieu de supposer la moindre erreur. Enfin, cette diffé- rence de composition paraît bornée à une tranche d'air voisine de la surface de la mer, puisque en prenant l'air à la côte, par un vent de rfier, à 35 pieds du niveau de la mer, on obtient la même composition qu'à terre. » C'est ce que démontrent les moyennes des trois séries d'expériences qui précèdent : Moyenne de l'air à Copenhague 2299,8 Moyenne de l'air pris en mer 2257, 5 Moyenne de l'air de la côte aSoi ,6 )' Il faut espérer que ces premiers résultats seront bientôt contrôlés par l'analyse de l'air recueilli dans quelque voyage de long cours, à de grandes distances de tout continent. » 1^. DuTROciiET, en offrant un exemplaire de son ouvrage intitulé : Recherches physiques sur la force épipolique, s'exprime ainsi : « Les phénomènes physiques dont cet ouvrage ofïre l'étude ne sont point nouveaux dans la science, quoique je désigne sous un nom nouveau la force à laquelle je les attribue. Les effets de cette force ont été souvent observés, mais on les a rapportés à des causes diverses et hypothétiques. Mon travail a consisté à réunir par un lien commun des faits nombreux dont on n'apercevait point l'analogie, et à faire voir que des phénomènes divers de mouvement attribués à des causes différentes, dépendaient de l'action d'une même force. Cette force se développe au contact de tout liquide mis en contact avec la surface d'un autre liquide, ou avec la surface d'un corps solide poli; ainsi elle est une propriété particulière des surfaces polies. C'est d'après cette considération que je lui ai imposé le nom de force épipolique, dérivé du mot grec ivriTro^ii, sur/ace. » Les liquides hydrogénés combustibles sont ceux qui sont les plus propres aux expériences destinées à mettre en évidence l'existence et le mode d'action de la force épipolique. Je choisis ici l'alcool pour offrir la spécimen de quelques-unes de ces expériences. »Une goutte d'alcool étant déposée sur une lame de verre ou sur la sur- face d'un métal poli, elle s'y étend par un mouvement centrifuge, et elle se porte presque en entier vers la circonférence de l'aire circulaire qu'elle ( 383 ) envahit; elle forme là un rebord épais. On dirait qu'elle est propulsée circulairement par une force venant du centre. Ce phénomène n'a point lieu sur un verre dépoli. On l'observe en déposant la goutte d'alcool sur la surface du mercure, sur la surface d'une huile fixe ou essentielle, ou bien encore sur la surface d'une couche d'eau étendue sur un solide poli ; enfin le même phénomène s'observe, quoique d'une manière moins facile, en déposant la goutte d'alcool sur la surface de l'eau. Dans toutes ces cir- constances, il existe un courant centrifuge qui entraîne la goutte d'alcool sur la surface du solide poli ou sur la surface éminemment polie du liquide sur lequel elle est déposée. Je regarde ce courant comme produit par le développement de la force motrice particulière que je désigne sous le nom âejbrce épipolique. » Si l'on enduit d'une couche mince d'alcool une lame de verre ou la sur- face d'un métal poli , et qu'on dépose une goutte d'eau sur cette couche d'alcool, on voit cette goutte d'eau augmenter de volume, en conservant, pendant un certain temps, sa convexité; elle est alors le centre des courants centripètes par lesquels l'alcool environnant la presse de toutes parts, en pénétrant dans sa masse. » Ainsi , lors du contact de l'alcool et de l'eau , il s'établit un courant épipo- lique qui porte l'alcool vers l'eau, en sorte que ce courant est centrifuge lorsque l'alcool est déposé au centre de la surface d'une couche d'eau , et que ce même courant est centripète lorsque c'est l'eau qui est déposée au centre de la surface d'une couche d'alcool. «Les courants épipoliques dont l'alcool vientd'offrir iciplusieursexemples, s'observent également, mais d'une manière souvent moins marquée, en employant d'autres liquides aux expériences du même genre; on les observe au contact de tous les liquides hétérogènes, lorsqu'ils sont placés sur la surface de solides polis. Ce sont ces phénomènes qui ont été trop brièvement indiqués par Bénédict Prévost, il y a plus de quarante ans, et qui n'ont point été étudiés depuis par les physiciens. Un hquide déterminé étant étendu en couche mince sur une lame de verre, un autre liquide déterminé, déposé sous forme de goutte sur celte couche, y produit un écartement cir- culaire. Voilà le phénomène que Bénédict Prévost a indiqué en disant que le second de ces liquides repousse le premier, expression impropre, car il n'y a point là de répulsion dans le sens que l'on attache en physique à ce mot, il n'existe véritablement dans ces expériences qu'un courant propul- seur des liquides, courant centrifuge ou centripète, suivant la'position res- pective des deux liquides mis en contact. J'ai répété , en leur donnant une ( 384) plus grande extension, les expériences de Bénédict Prévost. Les tableaux suivants offrent les résultats de ces expériences toutes faites en disposant l'un des liquides indiqués dans la première colonne en couche mince sur une lame de verre, et en déposant sur cette couche une goutte du liquide qui lui correspond dans la seconde colonne. Dans toutes ces expériences, le liquide déposé sous forme de goutte produit un courant centrifuge , en vertu duquel le liquide disposé en couche mince sur la lame de verre, est pro- pulsé circulairement et semble ainsi être repoussé. Production du courant épipolique centrifuge par l'emploi des liquides alcalins et acides, et de l'eau. UQUIDE disposé en couche mince sur une lame de verre. Eau Eau Eau Eau Eau Eau , Eau Eau Eau Eau Acide phospUorique, densité i,i5. . . . Acide sulfurique concentré ,'Vcide nitrique concentré Acide clilorhydrique concentré Acide phosphorique, densité i ,25. . . . Solution d'une partie de potasse caustique dans 10 parties d'eau Même solution Même solution Même solution Ammoniaque liquide Solution d'une partie de potasse caustique dans 5o parties d'eau LIQUIDE déposé sous formede ^uttesorle liquide précédent. Ammoniaque liquide. Solution de potasse caustique. Solution de soude caustique. Acide nitrique. Acide chlorliydrique. Acide sulfurique. Acide acétique pur. Acide sulfhydrique liquide. Acide oxalique en solution. Acide tartique (action très-faible). Eau. Ammoniaque liquide. Ammoniaque liquide. Ammoniaque liquide. Ammoniaque liquide. Acide nitrique concentré. Acide sulfurique concentré. Acide chlorhydrique. Acide acétique concentré. Acide acétique concentré. Solution d'une partie de potasse causti- que dans 10 parties d'eau. » On voit, par les faits exposés dans ce tableau, que les liquides alcalins et les liquides acides déposés sous forme de goutte sur une couche mince I ( 385 ) d'eau placée sur «ne lame de verre y produisent également un courant épipoliqiie centrifuge. Il n'y a d'exception à cet égard que pour l'acide phos- pliorique, lequel donne lieu à la production d'un phénomène inverse. » Une remarque importante ne manquera pas d'être faite par chacun à la vue de ces résultats j cette remarque est que les états électriques particu- liers, pris par chacun des deux liquides au moment de leur association ou de leur combinaison, sont complètement étrangers à la production de la force épipolique qui se développe dans cette circonstance. On sait que lors de la combinaison d'un acide avec un alcali le premiei- prend l'électricité positive et le second l'électricité négative; que l'eau pure dans son asso- ciation aux alcalis, joue à cet égard le même rôle qu'un acide, et que, dans son association aux acides, elle joue le même rôle qu'un alcali. Or nous voyons dans les expériences exposées ci-dessus, que tous les alcalis et presque tous les acides se comportent de la même manière, ou produi- sent le même mode de mouvement lors de leur association avec l'eau, ce qui se trouve en contradiction avec l'état inverse de leurs électricités res- pectives; nous voyons que presque tous les acides, lors de leur association avec l'ammoniaque liquide, se comportent d'une manière inverse de celle qu'ils présentent lors de leur association avec les solutions aqueuses d'al- calis fixes, quoique dans ces combinaisons les électricités respectives des acides et des alcalis soient les mêmes. Il est donc bien certain que la force épipolique, à laquelle sont dus ces phénomènes de mouvement, n'est pas l'électricité, telle du moins que nous la connaissons. ( 386 ) Production du courant épipolique centrifuge par l'emploi des solutions salines et de l'eau. LIQUIDE disposé en couche mince sur une lame de verre. Chlorure de sodium Chlorhydrate d'ammoniaque Sulfate de soude , Sulfate de potasse , , Sulfate de cuivre Sulfate de fer , Sulfate de zinc , Sulfate acide d'alumine et de potasse. . . , Nitrate de potasse Sulfate de potasse Sulfate de soude Nitrate de potasse Nitrate de potasse Chlorure de sodium Chlorhydrate d'ammoniaque Sulfate de cuivre, \ du poids de la solution LIQUIDE déposé sous forme de goutte sur le liquide précédent. Eau. Eau. Eau. Eau. Eau. Eau. Eau. Eau. Eau, Sulfate de soude. Sulfate de cuivre. Sulfate de cuivre. , Sulfate de soude. Nitrate de potasse. Sulfate de cuivre. Sulfate decuivre,-jij du poids de la solution. n On voit par les observation.s dont ce tableau offre l'exposé que l'eau déposée sous forme de goutte sur une couche mince d'une solution saline quelconque étendue sur une lame de verre y produit un courant épipolique centrifuge, effet inverse de celui qui est produit dans la même circonstance, en employant les liquides acides ou alcalins en remplacement des solutions salines. Ainsi, sous ce point de vue, les acides et les alcalis, ou les deux éléments solubles dans l'eau de la composition des sels, offrent une action semblable, tandis que les sels offrent une action inverse de celle qui est produite par leurs éléments composants. Il n'y a d'exception à cet égard que pour l'acide phosphorique qui, dans ces expériences, se comporte comme une solution saline. (387) Production du courant êpipolique centrifuge par l'emploi des liquides combustibles, des solutions de diverses substances organiques et de l'eau. , LIQUIDE disposé en couche mince sur une lame de Terre. LIQUIDE déposé sons forme de goutte sur le liquide précédent. Eau Alcool. Méthylène. Éther. Huile volatile ou essentielle. Huile fi.xe. Eau camphrée. Eau phosphorée. Eau de savon. Eau albumineuse. Eau gélatineuse. Eau gommée. t Solution de dextrine. Eau. Eau albumineuse. Eau gélatineuse. Eau gommée. Eau sucrée, densité 1,04. Eau camphrée. Eau camphrée. Eau camphrée. Alcool. Alcool. Alcool. Eau Eau Eau Eau Eau Eau Eau, • • Eau •• Eau Eau : . Eau Eau sucrée , Eau suc rée Eau sucrée Eau sucrée Eau sucrée, densité i , 1 3 Acide sulfurique concentré. / Acide nitrique concentré Ammoniaque liquide .... Huile essentielle de térébenthine » On remarquera dans ce tableau que la production du courant êpipo- lique centrifuge a constamment lieu lorsque la surface du verre étant enduite d'une couche d'eau , on dépose sur cette couche une goutte d'un liquide hydrogéné combustible quelconque, ou une goutte d'eau qui tient en dissolution, soit un principe combustible, soit une substance organique. Je n'ai trouvé d'exception à cet égard que relativement à l'eau sucrée qui, à l'inverse de toutes les autres solutions aqueuses de substances organiques, produit le courant êpipolique centrifuge lorsqu'elle est étendue en couche mince sur une lame de verre €t qu'on dépose sur elle une goutte d'eau. c. R.,i84i, i^-Se/nw/re. (T. XIV, N- ILI v'î3 ( 388 ) L'eau sucrée se comporte ainsi dans ce genre d'expériences comme le ferait nne solution saline. » On remarquera encore comme un fait singulier que la faible propor- tion de camphre que peut dissoudre l'eau suffit pour intervertir complè- tement le rôle qu'elle joue dans ce genre d'expériences lorsqu'on l'associe aux acides sulfiirique et nitrique concentrés et à l'ammoniaque liquide. Le courant épipoliqiie, en effet , est dirigé des substances ci-dessus vers l'eau pure, tandis que ce courant est dirigé de l'eau camphrée vers ces mêmes substances. » Ces expériences conduisent directement à l'étude des mouvements du camphre sur l'eau ; lui fragment de cette substance déposé sur l'eau s'en- vironne à l'instant d'eau camphrée qui produit à la surface de ce liquide un vif courant épipolique centrifuge. Le fragment de camphre placé à l'origine de ce courant se meut par un effet de réaction. » Les mouvements du camphre à la surface du mercure dépendent éga- lement de la force épipolique. Une goutte d'huile essentielle déposée sur la surface du mercure y est rapidement étendue par un courant centrifuge. La vapeur seule de cette huile, en se condensant sur la surface du mer- cure, y produit le même courant. Or, le camphre n'étant qu'une huile essentielle solidifiée, sa vapeur, en se condensant sur le mercure, y pro- duit de même un courant épipolique centrifuge, lequel meut, par réac- tion, le camphre placé sur la surface de ce métal. » Toutes les substances qui , à l'état de solution et déposées , sous forme de goutte sur une couche d'eau qui enduit une lame de verre , y produisent un courant épipolique centrifuge, se meuvent sur l'eau lors- qu'elles y sont placées flottantes à l'aide de procédés particuliers. Ainsi les alcalis et les acides tenus flottants sur l'eau , à l'aide de fragments de liège, offrent des mouvements spontanés sur ce liquide. Ce phénomène n'est point offert par les sels neutres, et cela parce que ces sels, en se dissolvant à la surface de l'eau, y produisent lui courant épipolique cen- tripète qui ne peut les mouvoir par réaction. » Les mouvements du potassium et du sodium , et de leurs alliages à la sur- face de l'eau ou à la surface du mercure recouvert d'eau, ont été attribués à l'émission rapide du gaz hydrogène résultant de la décomposition de l'eau. Je prouve dans mon ouvrage que ces mouvements dépendent du courant épipolique centrifuge produit par la dissolution continuelle de la potasse ou de la soude caustiques autour du potassium ou du sodium qui s'oxydent. C'est à la même cause qu'est dû le mouvement rapide d'un f 389. ) cristal de chlorure de sodium à la suiface du mercure recouvert d'eau. Ce chlorure se décompose, le chlore s'unit au mercure, et la soude caus- tique se dissout dans l'eau autour du cristal, ce qui donne naissance au courant épipolique centrifuge, lequel meut le cristal par réaction. » J'ai rattaché aux phénomènes généraux , produits par la force épipo- lique, les mouvements si remarquables qui sont produits par l'électricité voltaïque dans les liquides aqueux qui recouvrent le mercure. J'ai fait voir que l'électricité agit ici en localisant, sur le mercure, la production des agents chimiques qui résultent de la décomposition de substances dissoutes dans le liquide qui recouvre le mercure; en sorte que ce sont ces agents chimiques qui , déposés continuellement sur une place déterminée de la surface du mercure, y produisent les courants épipoliques auxquels sont dus ces mouvements. Je ne puis exposer ici les preuves «le cette assertion. Je renvoie, à cet égard, à mon ouvrage. » Enfin, faisant l'application à la physiologie des principes fournis par l'observation relativement aux causes productrices de la force épipolique, je fais voir que cette force motrice des liquides existe chez tous les êtres vivants végétaux et animaux, et que c'est à cette force qu'est dû le mouve- ment circulatoire chez les chara » Je termine mon ouvrage en faisant voir que l'endosmose est due à l'action des courants épipoliques produits par le contact des deux liquides hétérogènes dans les canaux capillaires de la cloison qui sépare ces deux liquides. » Cet ouvrage est destiné à compléter et à rectifier en quelques points le travail que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie au commencement de l'année dernière. « RAPPORTS. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — RappoH sur deux Mémoires de M. Blanghet, relatifs à la propagation du mouvement dans les milieux élastiques cris- tallisés, et en particulier à la délimitation des ondes, (Commissaires, MM. Sturm, Liouville , Duhamel, Augustin Cauchy rapporteur. ) « L'Académie nous a chargés, MM. Sturm, Liouville, Duhamel et moi, de lui rendre compte de deux Mémoires de M. Blanchet, relatifs à la pro- pagation du mouvement dans les miheux élastiques cristallisés , et en par- 53. (390) ticulier à la délimitation des ondes dans les mouvements vibratoires Les équations aux dérivées partielles que l'auteur a considérées dans ces deux Mémoires, sont semblables pour la forme à celles que fournissent les principes établis par l'un de nous dans le tome IIP des Exercices de Ma- thématiques ,<\)2i^e i88, c'est-à-dire à celles qui représentent les mouve- ments infiniment petits d'un système de molécules agissant les unes sur les autres à de très-petites distances, et très-peu écartées de leurs positions d'équilibre, dans le cas où l'on rend ces mêmes équations boraogènes, en conservant seulement lés dérivées du second ordre des trois inconnues différentiées par rapport aux variables indépendantes. C'est en appliquant à la discussion des intégrales générales de ces équations un des premiers théorèmes du calcul des résidus, que l'auteur est parvenu à résoudre la question importante qu'il s'était proposée. Entrons à ce sujet dans quel- ques détails. » L'intégration d'un système d'équations linéaires aux dérivées par- tielles et à coefficients constants se ramène facilement à l'intégration d'une seule équation linéaire qu'on peut nommer l'équation caractéristique. Su^- posons que ces équations se rapportent à un problème de physique ou de mécanique, et que l'espace auquel elles s'étendent reste indéfini. Alors, pour rendre plus facile l'étude des phénomènes qu'elles représentent, il convient d'obtenir les intégrales de ces mêmes équations, et par suite aussi l'intégrale de l'équation caractéristique , sous une forme telle que les fonctions arbitraires expriment les valeurs initiales des inconnues et de leurs dérivées prises par rapport au temps. La solution de ce dernier problème, soit pour les équations qui représentent les mouvements infi- niment petits d'un système de molécules, isotrope ou non isotrope, soit même pour une équation caractéristique quelconque , a été mentionnée ou développée dans divers Mémoires dont, pour aiiréger, nous nous dispenserons de donner ici l'analyse. Le cas où l'équation caractéristique devient homogène est l'objet spécial d'ini Mémoire que renferme le Bul- letin des Sciences de M. de Férussac, pour le mois d'avril i83o. On y dé- montre que les valeurs des inconnues généralement représentées par des intégrales définies sextuples peuvent être réduites, dans le cas énoncé, à des intégrales quadruples; puis, l'auteur conclut de son analyse que les phénomènes sonores, lumineux, etc., représentés par des équations ca- ractéristiques homogènes, donnent naissance à des ondes qui ne laissent pas de traces de leur passage, et dont les surfaces se trouveni représen- tées par des équations qu'il apprend à former. ( -'59' ) » Au reste , le Mémoire quç uou$ venons de rappeler déterminait seule- ment la limite iatérieure des ondes représentées par des équatiqns ca,raçp téristiques homogènes. Il restait à déterminer leur limite extérieure. À l* vérité, cette limite pouvait se conclure des formules déjà connues, Iprs-. qu'il s'agissait d'un système isotrope; elle pouvait même se conclure, à l'égard des ondes lumineuses propagées dans les cristaux à deujç axes, des formules obtenues par l'auteur des Exercices dans les Mémoires du 12 janvier 1829 et du 7 mars i83o. Mais il importait de faire ressortir dans tous les cas cette délimitation des formules générales propres à re- présenter les vibrations d'un milieu élastique. Déjà, dans un précédent Mémoire, approuvé par l'Académie, sur le rapport de MM. Poisson et Sturm , M. Blanchet était parvenu à simplifier les formules dont il s'agit, et avait appliqué les- intégrales quadruples présentées sous une forme nouvelle à la recherche des lois de la propagation des ondes curvilignes, après avoir substitué à l'une des variables, dans ces intégrales, l'inconnue de l'équation du troisième degré qui détermine la vitesse de propagation des ondes. En combinant les formules contenues dans le Mémoire que nous venons de rappeler avec les principes du calcul des résidus, et en transformant une somme d'intégrales en une autre somme de même es- pèce, par une analyse qui a quelque rapport avec celle dont l'un de nous fait usage dans un Mémoire que renferme le Compte vendu de la séance du 14 juin dernier, M. Blanchet est parvenu à démontrer que, dans un système moléculaire, dont les mouvements infiniment petits sont repré- sentés par des équations homogènes, la limite extérieure de la portion vibrante est déterminée par la plus grande nappe de la surface des ondes, de même que la limite intérieure est déterminée par la plus petite. » Toutefois, pour arriver à ces conclusions, dans le premier des deux Mémoires dont nous rendons compte à l'Académie, M. Blanchet avait supposé que les diverses nappes de la surface des ondes ne se rencontrent pas. Dans le second Mémoire, l'auteur a examiné le cas où ces nappes se rencontrent; et, en ayant recours à la considération d'intégrales du genre de celles que l'un de nous a nommées intégrales singulières, il est parvenu à fixer encore, dans ce dernier cas, la limite extérieure des ondes pro- pagées. i> En terminant le second Mémoire , M. Blanchet indique la possibiUté d'appliquer les principes qu'il vient d'exposer aux intégrales données par l'un de nous pour les systèmes d'équations aux dérivées partielles d'un ordre quelconque. ( 392 ) » A notre avis , le résultat obtenu par M. Blancbet est l'un des beaux tbéorèmes que présente l'analyse appliquée aux questions de physique mathématique. Nous croyons, en conséquence, que les deux Mémoires de M. Blancbet sont très-dignes d'être approuvés par l'Académie, et insérés dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. Notes ajoutées au Rapport qui précède ; par M. Auc. Caucht, rapporteur. NOTE PREMIÈRE. Sur V intégration des systèmes d' équations linéaires aux dérivées partielles etàcoejfficienis constants. L'intégration d'un système d'équations linéaires aux dérivées partielles et à coefficients constants, peut être ramenée à l'intéijration d'une seule équation linéaire que nous désignerons sous le nom d'équation caractécistique. On trouve cette remarque spéciale- ment appliquée aux équations qui représentent les mouvements infiniment petits d'un système de molécules , dans un Mémoire sur la théorie de la lumière , présenté à l'Aca- démie des Sciences, par l'auteur Ae% Exercices de Mathématiques, le 3i mai i83o, et pu- blié par extrait vers cette époque, dans le Bulletin des Sciences de M. de Férussac, puis diins les Mémoires de V Institut. D'ailleurs ce problème, dans lequel on se propose d'in- tégrer une seule équation linéaire aux dérivées partielles et à coefficients constants , a été résolu; et les intégrales particulières et générales de semblables équations , exprimées , soit à l'aide de sinus ou de cosinus , soit même par des sommes d'exponentielles réelles ou imaginaires, ont été données depuis longtemps par divers géomètres. On doit surtout remarquer le beau Mémoire d'Euler, lu à l'Académie de Saint-Pctersbour;; , le 28 octobre •779 (*^> Mémoire qui a pour titre : Integralio œqualionum dijferentialium linearium cujuscumque gradus et quotcumque variabiles involventium) et dans lequel Euler repré- sente par une somme d'exponentielles l'intégrale générale d'une équation linéaire aux dérivées partieljes et à coefficients constajits d'un onlre quelconque. Ajoutons que les soinmesd'cxponenlielles, quand on les compose d'un nombre infini de termes tellement choisis que deux termes consécutifs diffèrent infiniment peu l'un de l'autre , se trans- forment en intégrales définie» du genre de celles qui ont été indiquées par divers auteurs, et que CCS intégrales définies représentent encore les intégrales générales des équations linéaires au.x dérivées partiellts et à coefficients constants. Toutefois, préserttées sous les formes que nous venons de rappeler, les intégrales gé- nérales des équations linéaires ne suffisaient pas encore généralement à la solution des problèmes de physique mathématique. Il manquait à cette solution la détermination des constantes que renferment en nombre infini les sommes d'exponentielles, ou, ce qui .revient au même, la détermination des fouclions arbitraires renfermées sous le signe / (") Ce Mémoire a été imprimé dans le tome IV des Acta nova de l'Académie de Saint-Pétersbourg. c 393 ) dans les intégrales définies, et inii'oduites par l'intégration. Pour effectuer cetle dèiei'* mina tien, il était d'abord nécessaire de trouver une formule qui pût servir à transformer une fonction donnée en une somme d'exponentielles composée d'un nombre finiou inlini de termes. La première formule de ce genre a été donnée parLagrange dans le tome III des anciens Mémoires de Turin, publié en 1776. Cette formule conveitit une fonction d'une seule variable en une somme d'exponentielles imaginaires, seulement pour toutes les valeurs numériques de cetle variable inférieures à une limite représentée par le nombre 1. Mais il suffit de changer l'unité à l'aide de laquelle on suppose les variables exprimées, pour que la limite i se trouve remplacée par une limite quelconque , qui peut croître indéfiniment et devenir infinie. A l'aide de cette seule observation, on peut, de la formule de Lagrange et d'une formule analogue donnée par Euler, tirer celles que M. Fourier a obtenues dans son premier Mémoire sur la théorie de la chaleur. D'autres formules du même genre, mais qui, pour la plupart, peuvent aisément se déduire de celles de M. Fourier, ont été successivement établies par les géo- mètres, et appliquées à diverses questions de physique mathématique. On peut voir en particulier à ce sujet, les Mémoires de MM. Poisson et Cauchy sur la théorie des ondes, un Mémoire de M. Fourier sur les vibrations de plaques élastiques, le xix' cahier Ayx Journal de l' École Polytechnique, divers articles insérés dans le II* volume des Ex(ircices de Mathématiques, etc. Dans les problèmes de physi(|ue et de mécanique, et dans le cas où l'espace auquel s'étendent les équations du mouvement reste indéfini, la question à résoudre était gé- néralement la suivante. Etant donnée entre une inconnue et plusieurs variables indépendantes, qui ordinaire - ment représentent trois coordonnées et le temps, une équation aux dérivées partielles et à coefficients constants, avec un dernier terme fonction des variables indépendantes, intégrer cette équation de manière que les valeurs initiales de l'inconnue et de ses déri- vées prises par rapport au temps, se réduisent à des fonctions connues des coordonnées. Tel est le problème que l'auteur des Exercices s'est proposé et a résolu dans ses Mé- moires du 8 octobre 18211 et du 16 septembre 1822. (Voir le Bulletin de la Société phi- lomathiqueei le xix' cahier du Journal de l'École Polytechnique.) Il a prouvé, dans ces Mémoires, qu'à l'aide des formules de transformation ci-dessus rappelées , et relatives aux fonctions de plusieurs variables, ou plutôt à l'aide d'une formule du même genre qui renfernje sous le signe y" une seule exponentielle trigonométrique, on pouvait ramener la solution du problème général au cas oîi le temps est la seule variable indépendante , c'est- à-dire au cas où l'équation aux dérivées partielles se trouve remplacée (.ar une simple équation différentielle. La détermination des fonctions arbitraires s'est ainsi trouvée réduite à une détermination de constantes arbitraires qui exigeait quelques arti- fices de calcul dans le cas où l'équation auxiliaire offrait des racines égales , mais que l'auteur a fini par rendre très-facile dans tous les cas et même par supprimer entière- ment, à l'aide du calcul des résidus. C'est ainsi qu'en perfectionnant de plus en plus la méthode exposée dans les Mémoires de 1821 et de 1822, l'auteur des Exercices est par- ven u à une formule très-simple et facile à retenir, qui sert à exprimer par une intégrale définie multiple la valeur de l'inconnue propre à vérifier une équation linéaire aux dé- rivées partielles et à coefficients constants, dans le cas même où cette équation contient un dernier terme fonction des variables indépendantes. (Voir le Mémoire sur iapplica- ( 391 ) tion du calcul des résidus aux questions de physique maihémalique , publié en 1827.) La mélhode dont il s'a^;it, applitiuée aux équations qui représentent les mouvements infiniment petits d'un système de molécules, fournit les intégrales mentionnées ou dé- Vieloppées par l'auteur des Exercices dans divers Mémoires présentés à l'Académie en 182g et i83o(*}, e.\ces intégrales , comme ilest dit dans le Mémoire du 12 janvier 1829 (tome IX des Mémoires de V Académie) ^fournissent le moyen d'assigner les lois suivant lesquelles un ébranlement, primitivement produit en un point donné d'un sjsthme de molécules j se propage dans tout le sjrsteme. On voit par le texte même du Mémoire de janvier 1829 [ibid.), que dès cette époque l'auteur avait déjà traite non-seulement le cas où l'élasticité du sjsleme reste la même en tous sens autour dun point quelcon- que, et où le système est en conséquence isotrope, mais aussi le cas oii l'élasticité du système reste la mente en tous sens autour de tout axe parallèle à une droite donnée. ïl avait même reconnu que, dans ce dernier cas, les coefficients renfermés dans les cquë- tions aux dérivées partielles, et dépendants de la nature du système, peuvent avoir entre eux des relations telles que la propagation d'un ébranlement, primitivement produit en un point du système, donne naissande à trois ondes sphériques ou ellipsoïdales ; puis, (?/i faisant abstraction de celle des trois ondes qui disparaît avec la dilatation du volume quand l'élasticité du système reste la même en tous sens , il avait vu les surfaces des deux ondes restantes se réduire au système d'une surface sphérique et d'un ellipsoïde de révolution , C ellipsoïde ayant pour axe de révolution le diamètre de la sphère; et, après avoir constaté V accord remarquable de ce résultat avec le théo- rème d' Huyghens sur la double réfraction de la lumière dans les cristaux à un seul axe , il avait conclu que les équations du mouvement de la lumière sont comprises dans celles qui expriment le mouvement d'un système de molécules très-peu écarté d'une position d'équilibre. Au reste, comme on peut le Voir dans les 7* et 8* livraisons des Exercices d'analyse et de physique mathématique, les intégrales que fournit la méthode exposée dans le XIX* cahier du Journal de l'École Polytechnique et dans le Mémoire *«r l'application du calcul des résidus aux questions de physique mathématique, coïncident, dans le cas par- ticulier où le système est isotrope, avec les intégrales que renferme un Mémoire de M. Oslrogradsky, lu à l'Académie de Saint-Pétersbourg le 10 juin 182g, cité pàt M. Poisson en octobre i83o et publié en i83i dans le tome i" des Mémoires de cette (*) Ces Mémoires sont : 1°. Un Mémoire sur le mouvement d'un système de molécules qui s'attirent ou se repoussent à de très- petites distances, et sur la théorie de la lumière, présenté à l'Académie le 12 janvier 182g, et inséré par extrait dans le tome IX des Mémoires de l'Académie; 2". Un Mémoire sur l'intégration d'une certaine classe d'équations aux différences partielles, et sur les phénomènes dont cette inté);ration fait connaître les lois dans les questions de physique mathématique, présenté à l'Acatlémie le 12 avril i83o, et parafé par M. G. Cuvier, secrétaire perpétuel. (Le i" para- graphe de ce Mémoire a été imprimé dans le XX* Cahier du Journal de l'École Pol^rlechnique.) 3°. Divers Mémoires sur la théorie de la lumière, présentés à l'Académie les ij et 3i mai i83o, para- fés par M. G. Cuvier, secrétaire perpétuel, et publiés par extrait dans ]e Bulletin des Sciences de M. de Férussac, puis dans le tome X des Mémoires de l'Académie ; 4°. Le Mémoire sur la dispersion de la lumière, présenté à l'Académie les 19 juillet et 9 août i83o, pa- rafé par M. Arago, secrétaire perpétuel, et publié d'abord par extrait dans le Bulletin des Sciences de M. de Férussac de juillet i83o, puis en totalité, dans le format des Exercices de Physique mathématique . ( 395) Académie. Elles sonl analogues aux intégrales que renferme un Mémoire présenté par M. Poisson àrAtadémie des Sciences le 1 1 octobre i83o, et même à celles que ce géo- mètre avait données le 24 ■"'O^^^l^rc 1828, mais dans lesquelles la détermination des fonctions arbitraires était demeurée incomplète. Dans le cas général où l'élasticité du système n'est la même en tous sens , ni autour d'un point quelconque, ni autour de tout axe parallèle à une droite donnée; les valeurs des inconnues, fournies par la méthode générale que nous avons rappelée, se trouvent représentées par des intégrales définies sextuples. Maison peut, à l'aide d'un changement de variables indépendantes, réduire les intégrales sextuples à des intégrales quadruples, dans le cas où l'équation devient homogène. Cette dernière proposition a été donnée par l'auteur des Exercices dans un Mémoire que renferme le Bulletin des Sciences de M. de Férussac pour le mois d'avril i83o (page 2^3). Dans ce Mémoire , l'au- teur conclut de son analyse que les phénomènes sonores, lumineux, .... représentés par des équations homogènes aux dérivées partielles, donnent naissance à des ondes sonores, lumineuses, etc. , qui ne laissent pas de traces de leur passage, et dont les surfaces se trouvent représentées par des équations qu'il apprend à former. D'ailieurs , comme le même auteur l'observe dans le tome X des Mémoires de f Académie (Mémoires des 3i mai et 7 juin i83o), les surfaces des ondes ainsi déterminées sont précisément les surfaces courbes qui ont pour enveloppes les ondes planes dont il a donné la théorie dans les Exercices de Mathématiques . Ajoutons que, dans le cas particulier où l'on considère un système de molécules dont l'élasticité reste la même en tous sens , les vitesses propres des molécules, mesurées à de grandes distances du centre d'ébranlement, offrent, dans les deux ondes propa[;ées, les mêmes directions qu'elles offriraient si ces deux ondes étaient rigoureusement planes. Ces vitesses sont donc alors dirigées suivant des tangentes ou suivant des normales aux surfaces des ondes. En d'autres termes, les vibrations des mo- lécules, mesurées loin du centre d'ébranlement, sont aXors ou longitudinales on. trans- versales par rapport aux rayons vecteurs. M. Poisson, qui avait d'abord révoqué en doute les vibrations transversales, a fini par les admettre lui-même , et par tirer de ses formules la proposition que nous venons d'énoncer. En effet, ces vibrations transversales, admises parFresnel, puis données par l'auteur des Exercices comme résultat du calcul et spécialement comme une conséquence de la théorie des ondes planes, dans les Mé- moires des 3i mai et 7 juin i83o , se trouvent déduites des intégrales générales du mou- vement d'un système isotrope, à la fin du Mémoire que M. Poisson a îu à l'Académie des Sciences, le 11 octobre i83o. NOTE DEUXIÈME. Intégration d'une équation linéaire aux dérivées partielles et à coefficients constants , avec un dernier terme/onction des variables indépendantes. Considérons , pour fixer les idées , quatre variables indépendantes qui pourront être censées représenter trois coordonnées rectanfjulaires et le temps. C. B., .84a, i" Semeslre.(T. XIV, N» II.) ^4 L ( 396 ) Soit F(x, j-, i, i) une fonction de ces variables, entière, du degré n par rapport à / , et dans laquelle, pour plus de simplicité, nous supposerons le coefficient de t" réduit à l'unité. Supposons d'ailleurs que, ir étant une fonction inconnue, et f(x, J-, z. I) une fonction donnée des quatre variables ar, _/, z, t, on assujettisse l'inconnueo- à vérifier, 1° quel que soit t, l'équation aux dérivées partielles (1) F(D,, D,, D,, D,)^ = ({x,j, z, t); 2° pour / = o, des conditions de la forme (2) 'ta = 'm^{x,j, z), D,-5T = ar, (a:,j-, «),..,, 0,"""^- = a-„_, (x,j-, «)• Enfin concevons que, 0{u,C,y) et f{x, j, z) désignant deux fonctions des variables «, C, y et X, y, Z, on. pose , pour abréger, comme dans le deuxième volume des Exercices (page 167) , (3) ipC«, ^, y)/(ï,3'. z) — les limites de chaque intégration étant réduites aux deux quantités — oo, +00. Alors, en vertu de la formule (3ii) du Mémoire sur l'application du calcul des résidus aux questions de physique mathématique , on trouvera ' (4) , 'TB — (f(«v-~i, •^'— 1,«)), s — v{x,j,z) "^/n ^(t.. ..— ^./-^ — -7^==—:\-^{^,y,',-^)dT. 0 (F(«V'— .,ÊV/-l,yV''_I,i)), " Il est bon d'observer que, dans la formule (4), l'intégrale relative à r disparaît quand on a Ajoutons qu'après avoir développé, dans le premier des tenues que renferme la valeur ( 397 ) de on a ge'nëralenient (a* volume des Exercices de Mathématiques , page i68) (5) f> (», C, y) [x (« , ^, y) /(^) J, ■»)] = [?>(«, ^ , y) /. (», e , y]]f{.v, j., i). Observons encore qu'en vertu d'un tbéorème donné par M. Poissqu dans, le Mémoire du 19 juillet 1819, on a généralement (6) rj cos (-' 4- ?» + y-r n'.f (i , J, ~z) dt r= I /'air rii -7—1 I t sia p [ {x -{- ai cos p, j- -i- m un p cas q , z i- iits'iap siaq) dp dq. De plus, on peut de l'équation (6) tirer celles que l'auteur des Exercices de Mathéma- tiques a données dans plusieurs Mémoires présentés à l'Académie en i83o, ou, ce qui revient au même, on peut de l'équation (6) déduire la formule (7) / cos (cta" -i-OC' -f cy " -f- 7.diy ■+■ leyj. -f ■2fa.Qyt.f{x,'j, z) dt = ' P" C" tzïnuffx I ^""^P ^,'i!Ii£i2i^ ts\npsmq\dfjdq dans laquelle on a (8) $' =: ^(cosp, sinp cos y, sin p sin^), en supposant (9) ^{x,j,z) = ax» + l>y" + tz' ^- adyz -f atzx -j- afxy , et les constantes a, b, c, d, e, f liées aux constantes a, b, c, d, e,f, de telk sorte que les équations -aa: H- /j- f (Z = X, fr -f bj + dz ~ y, ex + dj + cz = z , 54.. ( 398 ) entraînent les suivantes ax + fy -h ez = x, fx + by + dz = jr, ex + dy 4" c^ = *• Pour montrer une application des formules qui précèdent , considérons un cas parti- culier traité par l'auteur des Exercices non-seulement dans le Bulletin des Sciences d'avril i83o, mais aussi dans les Mémoires des 12 avril et i 7 mai de la même année ; et supposons que , le second membre de la formule (i) étant réduit à zéro , on pose, dans cette formule, F(x, j-, z, 0 = '* — («a:* + bj^ -f- c*' + idjs -\- %etx + ifxjr): cette même formule deviendra (10) D,'« = (aD^ -I- ôDj + cD; -\- arfDyD» + zeD^D^ + 2/D^Dy)ar. Cela posé , si l'on désigne par V {X, y, z) et n (X, jr, z) les valeurs initiales des fonctions ■a- et Dj-îT-; si d'ailleurs, en attribuant à 9 une valeur positive déterminée par le système des for- mules (8) et (g) , on pose pour abréger cos u , siu p cos (f . sin p sin g (11) X^X + t-J^. fc = jr + t—L^-^, ,=,+ f— ilp_I, et de plus 1 (la) © = {abc — ad" — be" — ep + ^deff, QH trouvera (£M//e»n d'avril i83o) (.3) - = ^ flj^, '«'"/'" (^' ^' '> ^ Si les fonctions "'{XyX, i). U{x,jr,z) n'ont de valeurs sensibles que pour de très-petites valeurs numériques de x, jr, z, les intégrales définies que renferme le second membre de la formule (i3} n'auront de va- ( 399 ) leurs sensibles que pour des valeurs de x,jr, a, t, propres à vérifier sensiblement les for- mules' A = o, ^ = o, » = o, ou , ce qui revient au même , les formules t cos V , t sin p ces a , t sin p sin g X H ^ = o, y '\ ^ ^ =0, z + ^ i = o. Or de ces dernières, jointes à l'équation (8), on tirera ou , ce qui revient au même, (i^) /' = z.x" + ly' + cz' + i&yz -\- zezx -f- ^fxy. Donc la formule (i3) conduira aux conclusions que l'auteur des Exercices a énoncées dans le Mémoire du 12 avril i83o (voir le xx* cahier du Journal de l'Ecole Polytech- nique ) , et que nous allons reproduire. Supposons que l'équation DV = (aDx + 6D; 4- cDl + a^D^D» -j- aeD^D, + 2/D,Dy)*r se rapporte à une question de mécanique ou de physique dans laquelle l représente le temps et x,y,z des coordonnées rectilignes ; supposons d'ailleurs que les valeurs ini- tiales de B- et de 'D,' suite la vitesse du son ou de la lumière, mesurée suivant le rayon vecteur r de cet ellipsoïde, /• sera la quantité représentée par le rapport - . NOTE TROISIÈME. Intégration des équations qui représentent les mouvements infniment petits d'un système isotrope de molécules. Soient, dans un système isotrope de molécules, X, j", a les coordonnées rectangulaires et initiales d'une molécule rn, correspondantes à. un état d'équilibre ; ( 4oo ) ^, 1, C les déplacements de la même molécule, au bout du temps t, mesurés parallè- lement aux axes coordonnés , et la dilatation du volume. La valeur de » sera déterminée par une équation delà forme (I) D<\ ^ a'(ï)i 4- d; + d:)», et les valeurs de Ç, ij], Ç par des équations de la forme (2) [or - nî(Di 4- d; 4- d:)] ? = (H" — a'jD^u. (Voir les Exercices de Mathématiques pour l'année 1828, pages 180 et 211.) La ques- tion se réduira donc à intégrer deux équations aux dérivées partielles et à coefficients constants , dont l'une offrira un second terme représenté par une fonction donnée des variables indépendantes. Si d'ailleurs on nomme ?(x,J,2), x(x,j,z), ■ir{x,jr,z), C(ar,jr,2), X(x,j;z), ir (x, j; z), les valeurs initiales de |, », K, ' D,Ç, D,,, D,Ç, et si l'on pose , pour abréger, f (.r, r, =; = n^ ip (x, y, z) -f D, x (^, ;', z) -{-T)^-]> (.r, j, z) , ,f {3-, r. z) Dx i- (-r , jr. z) -f- D, X {X, j, z] -H D, + (x, y, s) , les fonctions f{x, y, z), ^(x, y, z) représenteront les valeurs initiales de L'équation (i) est entièrement semblable à celle qui détermine la projection du son dans l'air. En vertu de la formule (4) de la Note II , elle aura pour intégrale (3) ( . = cos(.t' 4- S' 4- y-yat.f{x,y,l) } 4- f cos(«' 4- C 4- yyiltJ{x, y, i) dl. Ajoutons qu'en vertu de la même formule, la valeur de f déterminée par l'équation (2) sera de la forme (4) ç = 2 4- n,«, (8}. ( 4oi ) la valeur de S étant ( E = C08(«' 4- e- -f- y'Y il^l.<^Çc,}~z) (5) { r* ' _ _ _ j +y^ co8(«' -î- ^' + y'j^-+JHyTCr/(i,>,i) ^r rfr. D'ailleurs, en posant pour abréger («'■+e'+y')î=p, on a identiquement ,^, ^ > /' „ . r fisinpfiï — fisinpfit (a' — n/) ; cospn, (t — r).cospfir«.T = ^- '- — î— ^ i/o p = / (o'cospa^ — a 1" nos (1 a ^t)di, ,„, ^..r* ^ . ^ C'' j j cosfi,/ — cospiît (fi' — n*)/ COSpiï (t-r) I COSpnTrfT(/r = ^ !l •>' 0 J o P = 1 I (fi'cosiJfii — C/cospn^t)rf, qui donne l'amplitude , primées par^. des variations du thermomètre aux profondeurs ex- Valeurs dcK. Dans lo trapp Dans le sable Dans le grès de CaUon-Hill. du jardin de la carrière Oïpéiimentul. de Craigleith. ObserA'ations de 1837. ... 1,164 1,176 1,076 i838. ... 1,173 i,ai7 1,114 1889. . .. 1,086 1,182 ».o49 1840. . .. 1,073 i,i55 1,044 Valeurs de B. Dans le trapp. Dans le sable. Dansleirèa. Observations de 1837 . . . . 0 , 0545 0,0440 0,o3l6 i838. . .. 0,0641 0,o5l7 0,0345 1839.. .. o,o5i6 0,0498 o,o3o5 1840.. .. o,o55o 0,0470 o,o3o8 » 2*. Profondeurs auxquelles les variations annuelles de température se réduisent à o°.,oi centigrade. Dans le trapp. Dans le sable. Dans le grès. Observations de 1887 .... 58, i pieds de Fr. 72,2 pieds de Fr. 97,3 pieds de Fr. i838... • 49.3 61,8 9'>o 1839... • 59,2 63,5 100,0 1840... . 55,9 67,1 98,8 » 30. Vitesse de la propagation de la chaleur dans l'intérieur du sol. MàXIMA. Dans lolrapp. Dans le sable. Dans le grès. Obs. de 1837 '\ un pied /■ 7,5 jours. 7,1 jours. 4,9 jours, i838 (de France \ 6,8 6,8 3,6 1839 i parcouru j 7,8 1840 ) en \ 6,6 7.'» 4.6 5,95 3,5 MINIMA. Dans le trapp. Dans le sable. Dans l€0rès. Obs. de 1837 \ un pied /... • • • ■ • • i838 ( de France j 6,5 jours. 5,8 jours. 3,6 jours. 1839 [ parcouru j 6,0 5,. 3,6 1840 j en (6,1 5,7 3,o5 C. B. , i84a, i«' Semestre. (T. XIV, N» H.) 56 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Hauteuis clc quelques points des départements de l'Isère et des Hautes- Jlpes , au-dessus de la Méditerranée. — Extrait d'une Lettre de M. le professeur J.-D. Forbes à M. Élie de Beaumont. « Ces hauteurs sont exprimées en mètres. Elles ont été déterminées à l'aide du baromètre en employant comme observations correspondantes celles faites à Marseille par M. Yalz*, elles résultent de deux voyages exé- cutés, l'un en iSSg par M. Forbes, l'autre en i84i par MM. ForbesetHeath. M. Forbes, MM. Forbes et Heatb, iSSg. 1841. S" La Feriière (près d'Allevard) 90 Les Sept-Laux (les sept lacs) 2187 AUeniont 827 Le bourjj d'Oysans 744"° Venos-en-Oysans ■ ioo5 984 La Bérarde 1717 1680 Saint-Chiistophe-eu-Oysans 1461 i463 Le col de Sais 3i t6 La Chapelle-en-Val-Godeinard 107a Le col du Celar 8070 La ville de Val-I^uise 1 160 Guiilestre ,000 La Chalpe 1696 Le col des Hajes 25i4 Briançon - 1 384 .... Le Moiiestier de Briançon , 1 5og .... Le col de Lautaret 2068 .... La Grave-en-Oysans i5i5 .... GÉOLOGIE. ~ Sur les surfaces polies et moutonnées de quelques vallées des Alpes. — Extrait d'une Lettre de M. E. Desor à M. Èlie de Beaumont. «... Il n'est presque pas une vallée , dans le centre des Alpes bernoises , où l'on n'ait signalé , dans ces derniers temps, des roches polies et striées. Les vallées composées de roches cristallines en sont même souvent af- fectées sur de très-grandes étendues; les vallées calcaires eu montrent bien moins , et cela est d'autant plus remarquable que les plus belles ro- ches polies du Jura sont sur du calcaire. A mesure que le domaine des roches polies s'agrandissait , une foule d'endroits , qu'on n'eût pas osé citer comme concluants dans l'origine, devaient acquérir une valeur réelle par leur liaison avec d'autres localités mieiix caractérisées. C'est ainsi que l'on fut conduit à accorder une importance capitale à ces singulières formes de roches que de Saussure appehit roches moutonnées. On ne saurait, en effet, contester que ces roches moutonnées ne soient intimement liées aux roches polies. Tous ceux qui ont visité la Hellepïatte ( entre le Grimsel et la cas- cade de Handeck) ont pu voir que les magnifiques polis, qui sont au bord de la route , passent plus loin , à droiie, à gauche et au-dessus, à des formes moins lisses, mais cependant arrondies et sillonnées de la même manière. La même chose se voit au Grimsel, dans le val de Lebedur , dans la vallée de Gadmen et dans une foule d'autres endroits. Ici, c'est évidemment la même cause qui a produit les roches polies et les roches moutonnées. Or, ce sont précisément ces roches moutonnées, avec leurs sillons toujours parallèles, qui méritent, de la part des géologues, la plus grande attention , parce qu'elles accompagnent partout, dans les Alpes, les glaciers. On peut même dire qu'elles en sont les précurseurs, car il est bien peu de val- lées dont on ne trouve les parois moutonnées et polies à deux, trois, quatre lieues et plus des glaciers actuels (témoins le Hassli, le Valais, la vallée d'Uri, la vallée de Zermatt, le plateau d'Albrun, entre Formazza et Binnen, etc.). Mais ce n'est pas seulement à cause de leur fréquence que ces roches moutonnées sont importantes; ce qui n'est pas moins inté- ressant, c'est leur niveau. Déjà, pendant le séjour que nous fîmes sur le glacier de l'Aar, au mois d'août 1841, M. Agassiz et moi, nous crûmes remarquer que les surfaces moutonnées arrondies et sillonnées ne dépas- saient pas une certaine limite, tandis qu'au-dessus de cette limite la* roche était ordinairement délitée , éboulée et hérissée de vives arêtes. » Cette différence est aussi des plus tranchées sur les parois des rochers qui entourent l'hospice du Grimsel. M. Lobauer, professeur de stratégie à Berne, qui a publié un récit du combat qui eut lieu sur le col du Grimsel en 1 799 , insiste d'une manière toute particulière sur ces roches moutonnées qu'il appelle des sectiojis de cjlindre, et qui sont très-lisses, tandis qu'au-dessus tous les rochers sont anguleux. Il faut que la chose soit bien frappante pour avoir été remarquée par un homme entièrement étranger aux études géologiques. » Nous observâmes, M. Agassiz et moi, une limite semblable entre les formes arrondies et les roches à vives arêtes, sur le Sidelhorn, à un ni- veau qui correspondait à peu près à celui des roches moutonnées qui se 56.. ( 4'/'. ) volent près de ÏHôtel des Neiichdtelo'.s. Je signalai ces faits dans une notice qui fait suite à la reialion que j'ai publiée de notre séjour sur le glacier, dans la Bibl. univers, de Genève. Pendaiit le séjour de cinq semaines que nous avons fait l'été dernier siu' te même glacier de l'Aar, nous nous sommes particulièrement appliqués à poTirsni\re ce singidier phéno- mène; nous avons commencé par étudier, dans ce but , les parois du gla- cier que nous habitions et celles de ses ûcu\ grands afllucnts, le glacier de Finstcr-Aar et celui de Lauter-Aar , et nous avons reconiui (pie la ligne des roches moutonnées et polies est limitée à une certaine hauteur relati- vement à la surface du glacier , hautetu' qu'elle ne dépasse en aucun en- droit; et si on ne la remanjue pas toujours, c'est qu'elle est interrompue -^ en une foule d'endroits par des glaciers latéraux et des éboulements. Ordinairement le poli est plus parfait en bas qu'en haut, mais il arrive aussi que l'inverse a lien, c'est-à-dire que le poli est très-beau près de la limite supérieure des roches moutonnées, tandis que les surfaces arrondies inférieures sont rugueuses et âpres. (Antre preuve que c'est à la même action mécanique qu'il fautattribuerces deuxformes.) Maisc'est surtout en remon- tant le glacier supérieur de l'Aar i^Ober-^ar- G Ictschei) , pour nous rendre au glacier deViesch , que nous avons eu la preuve la plus éclatante de cette régularité de la limite des roches moutonnc'es. A l'extrémité de ce glacier, les roches moutonnées atteignent lesommetdcs massifs de la rive gauche {Zin- ken-SlGck)., c'est-à-dire qu'elles s'élèvent à une hauteur de 800 pieds (260 mè- tres) au moins au-dessus de la surface actuelle du glacier. Nous mîmes cinq heures à remonter le glacier jusqu'à l'ciulroit où le col d'Ober-Aar le sépare du Nc'vJ deViesch; et, à mesure que nous montions, nous vîmes la li- mite des roches moutonnées (qui était toujours aussi distincte qu'à l'ex- trémité inférieure) se rapprocher peu à peu de la surface du glacier, jus- qu'à ce qu'elle vînt se perdre, sous le Ncvé , à une lieue du col, à une "hauteurabsolue d'environ 9000 pieds (2934 mètres), formant ainsi un angle aigu avec la surface du glacier. Au-delà du point de rencontre il n'y a plus de roches moutonnées; tous les pics qui surgissent du milieu des neiges sont profondément déchirés et anguleux. Les roches moutonnées ne repa- raissent, du côté du Valais , qu'à plusieurs lieues du col , près du Roth- Horn, à une hauteur de 8 à 9000 pieds (2600 à 3ooo mètres). » M. Escher de la Linth a poursuivi le même phénomène dans les Alpes Pennines, et a trouvé la limite des roches moutonnées d'une régu- larité et d'une continuité frappantes le long du Geispfad, qui va du Mes- serthal dans le Devertsul. La roche est ici de la serpentine, tandis que c'est du gneiss aux glaciers supérieur et inférieur de l'Aar.» Note (le M. Eue de 1ÎEVLM0^T. '< Ayant remonté l;i vallée de l'Aar et traversé le col du Grimàcl le 20 août 1 838, j'ai été frappé, de mon côté , de la grandeur de l'échelle sur laquelle les surfaces polies et arrondies se déploient dans cette partie des Alpes. Je crois devoir extraire des notes que j'ai prises sur les lieux, quelques dé- tails qui pourront contribuer à faire mieux concevoir le phénomène. » La route qui conduit du lac do Brienz au Valais remonte le long de l'Aar jusqu'au Grimsel; mais ici elle quitte cette rivière qui fait un coude considérable et qui descend des glaciers qui l'alimentent dans une toute autre direction. Avant de montera l'hospice du Grimsel, on passe une der- nière fois l'Aar sur un pont de pierre qui conduit sur sa rive droite, [nimé- diatcment après !e pont commence le sentier raccourci qui conduit à l'hos- pice; en face de ce raccourci le flanc gauche de la vallée de l'Aar, très-rapide dans sa partie inférieure, est composé de surfaces rocheuses arrondies en forme de sacs de laine ÇrocJies mouloiniécs). Ces surfaces présentent des cannelures et des stries qui ^e croise/U sous des angles de quelques degrés , et ce qu'il y a ici de singulier, c'est qu'iuie grande partie de ces caïuielures et «le ces stries paraissent aller en remontant l'ers la partie inferieuie de la vallée. j) L'hospice est situé au bord d'un petit lac dont le niveau se trouve à une. certaine hauteur au-dessus de celui l'Aai-, et qui est divisé en deux parties presque séparées. » Au-dessus de l'hospice et du lac, vers le N. N. E., entre le lac et l'Aar, s'élève un mamelon de gneiss à surfaces arrondies en forme de sacs de laine {roches moutonnées). » On monte de l'hospice vers le col du Grimsel au milieu de grandes sur- faces polies sur lesquelles ruissellent des fdets d'eau qui n'y ont produit, jusqu'ici , aucune dégradation sensible. Le plan du col est un champ de grandes surfaces polies: elles s'élèvent encore de part et d'autre du col, jus- qu'à une certaine hauteur. rt En montant au col on voit des surfaces polies du même genre se des- siner d'une manière extrêmement frappante sur les bases de toutes les mon- tagnes qui entourent l'élargissement que présente la vallée de l'Aar à l'en- droit où elle se coude et qu'on peut appeler le bassin du Grimsel. Elles paraissent s'y élever à peu près à la même hauteur que sur les deux côtés du col, et leur limite s'y dessine même avec plus de netteté, particulière- ment sur le cap qui forme la rive gauche de l'Aar au nord de l'hospice et (4«6) autour duquel tourne cette rivière. Les roches dentelées qui constituent les cimes de ce cap ne sont nullement arrondies, mais les surfaces arrondies s'étendent depuis le lit de l'Aar jusqu'à leur pied , sur une hauteur que j'ai cm pouvoir estimer à la vue de 4 à 5oo mètres. C'est à ce point que vient aboutir la limite supérieure des roches moutonnées dont M. Desor décrit ci-dessus le prolongement jusqu'à une lieue du col d'Ober-Aar. » Le lac à l'issue duquel se trouve l'hospice du Grimsel est pour ainsi dire sur le point de verser ses eaux dans l'Aar par l'extrémité opposée; il n'y a là qu'un seuil très-peu élevé. Lorsqu'on regarde le bassin du Grimsel des pentes qui conduisent au col, il est visible que la voie suivie par le convoi mystérieux des blocs erratiques a eu ici une double ligne de fond , d'un côté le lit du lacet de l'autre le lit de l'Aar plus étroit et plus enfoncé. Le point où les sillons erratiques vont en remontant, près du pont de l'Aar, correspond précisément à l'endroit où le véhicule erratique a rencontré un obstacle dans le mamelon de gneiss, situé au N. N. E. de l'hospice, qui sé- pare les deux talweg et a dû éprouver une modification dans son mouve- ment avant de tourner et peut-être même de tournoyer dans le coude élargi en forme de bassin que présente la vallée. » M. MoRiit fait hommage à l'Académie d'un ouvrage qu'il vient de faire paraître sous le titre de « Expériences sur le tirage des voitures et sur les effets destructeurs quelles exercent sur les routes. » a Cet ouvrage contient l'ensemble de toutes les expériences que l'auteur a exécutées sur Iç tirage des voitures et sur les effets destructeurs qu'elles exercèrent sur les routes pendant les années iSSy, i838, i84o et i84'. La plus grande partie de ces résultats a été soumise à l'examen d'une Commission nommée par l'Académie, et qui a fait un Rapport favorable. Mais depuis cet examen , M. Morin a joint à ses premiers Mémoires la dis- cussion des expériences nouvelles qu'il a été chargé d'exécuter en iS/ji par le Ministère des Travaux publics. « IjB but spécial de ces dernières recherches était de déterminer expé- rimentalement les chargements qu'il convient de laisserporter à des voi- tures à roues de dimensions diverses pour que le transport d'un même poids de matière par ces différents véhicules produise les mêmes dégra- dations sur les routes en empierrement. Il s'agissait, en un mot, de trouver lés poids que l'on peut appeler chargements d'égales dégradations pour des largeurs des jantes et des diamètres différents des roues. » C'est ce que l'auteur est parvenu à obtenir, en comparant les dégra- ( 4i7 ) dations produites sur les routes soumises à l'expérience par des voitures diversement chargées et proportionnées par la mesure de l'intensité du tirage et par celle des matériaux employés à réparer les ornières pro- duites. » Sans entrer dans le détail des expériences, on ^e bornera à dire que les chargements d'égales dégradations ont été obtenus dans chaque série d'ex- périences pour les largeurs extrêmes des bandes égales à o^ia et o°',07, soitpour deschariots, soit pour des charrettes, et pour des diamètres de i^joo et i^jSo à l'avant-train , et de i™,65 et 2'",oo au train, de derj^jère, pour les chariots et pour ceux de i'°,65 et 2™,oo pour les charrettes. „ . ,, » De ces expériences , l'auteur a conclu des tableaux des chargements d'égales dégradations pour les voitures , selon leur espèce eit les propor- tions de leurs roues. » Outre ces expériences, l'auteur en rapporte d'autres qui ont eu pour objet de comparer entre elles, sous le rapport de lafaciUté des transports, les routes de Paris h Amiens, à Nancy et au Mans, sur toute leur étendue, à l'aller et au retour. A l'aide du dynamomètre à compteur, on a obtenu, soit pour toutes les journées d'étape, soit pour telle fraction de route qu'on a voulu , la quantité de travail développée par les chevaux attelés à un fourgon ordinaire de roulage. » Ces expériences, exécutées en septembre et octobre dernier, à la fin de la belle saison, ont signalé, dans l'état des routes entretenues avec des matériaux de bonne qualité, des différences telles que dans certaines parties bien en- tretenues le tirage n'était que -^ ^^ même -~ du poids total transporté, tandis que dans d'autres il s'élevait à ^7 , c'est-à-dire au double. De telles différences montrent quelle est l'influence des bonnes méthodes d'entretien sur l'état des routes et quel tort immense on cause à l'industrie quand on ne les emploie pas. » L'auteur en conclut qu'il ne suffit pas de faire des lois, de réglemen- ter l'industrie des transports , et qu'il faut en même temps s'efforcer d'a- mener graduellement les routes à toute la perfection dont elles sont suscep- tibles et dont elles sont encore si loin pour la plupart. » M. E. Robert, à l'occasion d'une communication récente de M. Baiily sur les rapports qui existent entre les produits du puits artésien de l'hôpital militaire de Lille et les mouvements de la marée, écrit qu'il a eu occasion, pendant son séjour en Islande , d'observer plusieurs phénomènes du même ordre : ainsi près de Buder, sur la côte occidentale, il existe des sources (/k8 ) d'i-au (îonce qui montent cl descendent suivant le flux cl le reflux delà mer. ÏCy'^ l'nétnél d'après Olafsen et Paulsen, dans le district de Skoga-Fiôrdur, des sources thermales dont les orifices sont toujours à sec aux époques des plus basses marées. Enfin plusieurs voyageurs ont pensé que le grand Geyser, quoique éloigné d'une quinzaine de lieues environ de la mer, serait en com- munication avec elle. Quoique les faits sur lesquels on se fonde pour soutenir cette dernière opi- nion ne paraissent pas à M.Robert être bien concluants, il pense cependant qu'il serait intéressant de vérifier si les éruptions du geyser, qui offrent une certaine périodicité, ne seraient pas en rapport avec les marées. Une des personnes qui étaient attachées à l'expédition du Nord, M. Angles, doit retourner prochainement en Islande et se chargerait volontiers de faire à ce sujet les observations que lui indiquerait l'Académie. Une Commission, composée de MM. Arago et Bal)inet,est chargée d'exa- miner s'il y a lieu de donner à M. Angles quelques instructions à ce sujet. Deux communications, l'une de M. Dvcis , sur l'état de ï atmosphère à sa limite; l'autre de M. l'abbé Faton, sur la théorie de l'écoulement des Jluides , ont donné lien à une discussion détaillée. ' A quatre heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à cinq heures et demie. A. •«CQcVOSSx»- "•.yu (4i9) BILLETIN DIBMOGR/VPUIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1842, n" 10, in-4°. Recherches physiques sur la Force épipotique; par M. DuTROCHET; 1842; in-S". Nouvelles Annales des Voyages; février 1842; in-S". Recueil de la Société polytechnique ; janvier 1842 ; in-8°. Annales des Sciences géologiques; par M. Rivière; février i84'2; in-B". Du Strabisme et de son traitement ; par M. BoiNET; Paris, 1842; in-S". Mémoire sur le Phosphate ammoniaco-magnésien; par M. GuiBOURT; Rouen, i84i;in~8". , Lettre sur la race de Bêtes à laine anglaises, dite de New-Kent, et sur ses croisementsavecplusieursraces françaises; par M.Malingie-Nouel; x 842 ; in-8°. Développements sur plusieurs points de la Théorie des perturbations des Planètes; par M. Le Verrier ; n" i et 2. Communication verbale sur la ptérologie des Lépidoptères; par M. Lefebvre. (Extrait de la Revue zoplogique, publiée par la Société Cuviérienne.) In-8°. Mémorial encyclopédique ; décembre 1 84 1 ; in-S". Lettre à MM. les Membres des Académies royales de Médecine et des Sciences de Paris; par M. BoNHOURE ; Roissy près Gonesse ; brochure in-S". L'AgriaUleur praticien; mars t842; in-S". Le Technologiste ; mars 1842; in-8''. Histoire naturelle, générale et particulière des Insectes névroptères; première monographie , famille des Perlides; par M. PiCTET ; 6* livr.; in-8°. lUustrationes planiarum orientatium; par M. le comte Jaubert et M. Ed. Spach; I '* livraison ; février 1842; in-4°- Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER ; n" 442 ; in-4°- Saggio. . . Essai sur la réalité de la science Immaine; par M. V. DE Grazia; vol. I; Naples, iSSg; ia-8°. C. R.,i*'42, ■"'Scmcj/rff.C T. XIV, NO 11.) ' 57 ( 420 ) Il Filocamo, journal médico-scientifique, et journal d'éducation; tome II, n" 3 ; in-4'' ; Malte. Revista. . . Revue de l'Espac/ne et de l' Étranger; par M. F. -G. MOREN; feuilles lo à 12; in-S". Gazette médicale de Paris; tome X ; n" 1 1. Gazette des Hôpitaux; n" 29 — 3i. L'Echo du Monde savant; n°' 71 1 et 712. L'Expérience, journal de Médecine; n" 245. L'Examinateur médical; n 11. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 MARS 1842. PRÉSIDENCE PE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE": « Après la lecture du procès-verbal , M. Libri reproduit les observations qu'il avait cru devoir faire dans la dernière séance, et qui n'ont été men- tionnées ni dans le Compte rendu, ni dans le procès-verbal. M. Libri rap- pelle que n'ayant pas assisté au comité secret où la section d'Astronomie a demandé que l'on ajournât la nomination à la place vacante par suite du décès de M. Savary (comité dans lequel , comme on le sait , ne se trouvaient qu'un petit nombre de membres de l'Académie), il a dû s'informer auprès de ses confrères de ce qui s'était passé. Les personnes qu'il a interrogées à ce sujet lui ayant répondu qu'on avait voté sur l'ajournement indéfini, il a cru devoir provoquer quelques explications à cet égard; et il est heu- reux d'apprendre que les renseignements qu'on lui avait donnés n'étaient pas parfaitement exacts, et que, dans le délai voulu par les règlements, l'Académie sera appelée à décider de nouveau s'il y a possibilité de rem- placer M. Savary. » A propos de ces observations , M. Arago a avancé que M. Libri mcw/- pai« l'Académie d'avoir voulu violer le règlement. M. Libri demande qu'on ne déplace pas ainsi la question, et qu'on ne cherche pas à donner le change C. K. ,184a i^Semejt/e.fT. XIV, N" 12 ) 58 ( 42» ) à l'opinion. Ses observations ne tendent nullement à inculper l'Académie, elles ont un tout autre but, qu'on saisira facilement. Parfois, sans violer expressément le règlement, on le fait taire, on le laisse dormir. Pour ne pas sortir du cas actuel, il suffira de rappeler que, d'après le règlement, un mois après la notification d'une vacance, l'Académie doit délibérer sur la question de savoir s'il y a lieu ou non à procéder au remplacement, et que pourtant, après la mort de M. Savary, ou a laissé passer plus de six mois avant de procéder à cette délibération. » M. Libri fait remarquer aussi que, contrairement aux usages de l'Aca- démie, la délibération dont il s'agit n'a pas été mentionnée dans le Compte rendu (\e. la séance du 7 mars 1842, réiiigé par M. Arago. Ce sont toutes ces circonstances qui ont motivé les observations de M. Libri. « «M. AnAGO déclare ne point s'opposer <à l'insertion au procès-verbal des observations deM. Libri, pourvu que cet académicien veuille bien se char- ger de les rédiger lui-même. M. Arago ne voit, en effet, aucun motif sé- •rieux, aucun prélçile qui puisse légitimer une réclamation. Le règlement est clair et formel : six mois après un ajournement, l'Acadéujie doit déli- bérer de nouveau. Il était complètement inutile de le rappeler. Prétendre qu'on a entendu voter un ajournement iiulefini, c'est inculper l'Académie; c'est lui supposer très-gratuitement l'intention arrêtée de violer son règle- ment. M. Arago ne suivra pas M. Libri sur ce terrain. » M. le Président clôt le débat en remarquant que tout , dans la délibé- ration de l'Académie, a été parfaitement régulier, parfaitement conforme aux règlements et aux usages. « M. Ad.Brosciviart présente, de la part du prince de Svlm-Dyck, fa qua- trième livraison de sa Monographia gencrum Jloes et Mesemhryanthemi , ouvrage accompagné des figures de toutes les espèces de ces deux genres. RAPPORTS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un moulin à venl se gouvernant lyi- même, inventé et exécuté par M. A. Duhand. (Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Séguier rapporteur.) a L'appareil sur lequel nous appelons aujourd'hui votre attention n'est pas le fruit nouvellement éclos d'un cecveau inventif, c'est l'œuvre porsé- (4^3 ) vëraiite d'un constructeur habile qui n'a désiré obtenir pour sa machine le liant témoignage de votre approbation qu'après lui avoir fait subir pen- dant de longues années la rude épreuve d'une expérience pratique. » Avant de vous faire la description de l'ingénieux moulin de M. Amédée Durand , nous croyons devoir énoncer sommairement le but qu'il s'est proposé. » Frappé de l'abandon qu'on semblait faire généralement de la plus éco- nomique des forces motrices, la puissance du vent, M. Amédée Durand en a recherché les causes; il pense les avoir trouvées dans l'inégalité de ce moyen d'action , dans l'extrême difficulté d'en régler l'application. Le vent souffle trop ou trop peu, parfois même il ne souffle pas du tout; l'énoncé le plus bref des inconvénients inhérents à cette force motrice, c'est d'ex- poser celui qui s'en sert à ces trois alternatives: trop de force, pas assez de force, pas de force du tout; trouver le moyen de se débarrasser de l'excès de la force, tirer tout le parti possible de cette force lorsqu'elle faiblit, c'est presque faire disparaître deux des trois inconvénients que nous venons de signaler ; une étude pratique a bientôt prouvé que le dernier même de ces inconvénients, l'absence de vent, la durée du calme plat, dont il semblait impossible de triompher, car comment d'une puissance nulle faire une force motrice utile , était beaucoup plus restreint qu'on ne l'avait jusqu'ici supposé. » Nous sommes fondés à raisonner ainsi sur des expériences dont lés ré- sultats ont passé sous nos yeux, que nous avons été à même de contrôler et de vérifier, et qui nous ont donné la conviction que les moulins dont nous allons avoir l'honneur de vous entretenir tournent moyennement seizje heures sur vingt-quatre. » Les solutions que M. Amédée Durand s'est efforcé d'atteindre sont les suivantes: » i". Construire un appareil capable île recueillir aux moindres frais pos- sibles la force utile du veut; » 2°. Approcher le plus possible de la régularité do marche en affran- chissant la machine de toute surveillance, soit pour son entoihire, soit pour sou orientation ; » 3". Oiitenir la plus grande somme de travail dans un temps donné en maintenant constamment le moulin dans le vent sous Son maximum d'en- toilure; » 4°. Réaliser les effets utiles avec une machine d'une construction simple, économique, de réparation facile, portant eu elle-même des conditions de 58,. ( 4^4 ) durée, n'exigeant aucune surveillance spéciale. En somme, M. Amédée Du- rand s'est proposé la construction d'un moulin qui utilisât la force du vent dans tous les degrés où elle se développe, qui pût se mouvoir sous l'im- pression du vent le plus faible, tout en restant capable de résister au vent le plus fort, sans s'écarter d'un maximum de vitesse susceptible d'être réglé d'avance; enfin il s'est efforcé de doter l'agriculture et l'industrie d'une ma- chine qui prît constamment au vent la totalité de sa force utile en se suffi- sant à elle-même dans toutes les circonstances atmosphériques. Décrire fidèlement le moulin soumis à votre examen, sera vous faire successivement connaître comment les problèmes posés ont été résolus. » Le moulin de M. Amédée Durand est du genre de ceux qui reçoivent le vent par derrière; cette disposition a été adoptée de préférence comme celle qui fournit la méthode la plus simple, la plus sûre, d'une bonne et constante orientation. » Un support en forme de T porte l'arbre moteur et sert de pivot à tout le système pour l'orientation. A l'une des extrémités de l'arbre sont les ailes ; la manivelle qui transmet l'effort est fixée à l'autre extrémité L'action du vent, en frappant les ailes par derrière, s'exercesur un point situé au delà du centre de pivotement de tout le système; le support de l'arbre, en cédant à l'impression du vent sur les ailes, place l'arbre auquel elles sont fixées dans une direction parallèle avec le courant d'air; les ailes se trou- vent ainsi constamment maintenues à angle droit avec le vent , changeant de position à mesure qu'il varie lui-même d'incidence pour reprendre tou- jours la position à angle droit, la seule où la force d'impulsion se faisant équilibre à elle-même sur toutes les ailes, ne leur permet plus qu'un mou- vement de rotation autour de leur axe commun. » Les ailes sont au nombre de six, dont chacune présente d^ins son en- semble un triangle acutangle de l'^j.'So de base sur 2'",5o de hauteur ; l'en- vergure totale est de 6°,go , celle de la partie entoilée de 6'°,3o; les sur- faces sont composées de toile commune, comme dans les moulins anciens, mais avec cette différence qu'elles sont fortement tendues dans tous les sens et ne présentent dès lors aucun pli qui s'oppose au glissemen: du vent ; elles ne sont pas non plus supportées, comme à l'ordinaire, par des châssis en forme d'échelle, elles sont tout simplement attachées à la manière des voiles de vaisseau. Il résulte de cette disposition que trois morceaux de bois sans tenons ni mortaises, savoir, une anteime, une vergue et une pièce diagonale dite livarde, forment seuls , avec deux légères éclisses, tout le bâti d'une aile; cette combinaison offre les moyens de manœuvre poiu- ( 4*5 ) - soustraire les ailes à la trop grande violence du vent dès qu'il en est temps et dans la seule proportion convenable pour continuer une marche ré- gulière. L'installation, que nous allons décrire, a pour but de mettre en rela- tion constante la surface des ailes avec la force du vent, afin d'obtenir une quantité moyenne d'action sensiblement uniforme, malgré les variations dans la puissance à laquelle cette action est empruntée. » La manœuvre qui permet aux ailes de se soustraire à la violence du vent pendant les ouragans, sans cesser jamais de recueillir la force conve- Uiible pour que le moulin continue à produire son maximum d'effet, n'est pas sans analogie avec ce qui se pratique en marine. On sait que pour qu'une voile s'efface au vent il faut filer l'écoute, c'est-à-dire laisser tourner autour du mât la vergue qui supporte la voile en mollissant le cordage qui retient l'extrémité de la vergue : la voile arrive ainsi à la position d'un drapeau qui se place toujours parallèlement au courant d'air dont il subit l'influence; c'est un effet semblable qui est opéré dans le moulin dont nous vous entrete- nons; le résultat est néanmoins obtenu par un stratagème tout différent. «Qu'on suppose une barque s'avançant sous l'action d'un vent arriéré gonflant une voile tendue sur une vergue fixée à un mât : si pendant la marche de la barque la vergue venait à rencontrer par l'une de ses extré- mités un point fixe, on la verrait tourner autour du mât pour se placer parallèlement à la longueur de la barque; la voile ainsi effacée cesserait d'être une cause d'impulsion : ce mouvement est précisément celui quis'o"- père dans les ailes de l'ingénieux moulin de M. Amédée Durand. Les ailes mieux appelées lesvoiles, sont tendues chacune sur une-vergue fixée à une antenne. Toutes les antennes sont implantées dans un moyeu commun; le moyeu peut glisser sur l'arbre qui le porte et l'entraîne malgré cette pos- sibilité de glissement. Chaque voile est encore traversée diagonalement par une livarde unie avec l'un des bouts de la vergue par l'une de ses extrémités , tandis que l'autre est liée à l'arbre même chargé de tout l'appareil récep- teur. On comprend dès lors qu'il suffit d'un changement de relation entre le moyeu qui porte les antennes et l'arbre au bout duquel toutes les hvardes sont amarrées, pour faire effacer lesvoiles. Cet effet est le résultat de la di- rection imprimée à la vergue par la livarde poussée par l'antenne qui se déplace en prenant sur elle un point d'appui : pour mieux caractériser cette manœuvre, disons que, dans ce cas, pour larguer la voile ce n'est plus l'é- coute qui est filée, c'est le mât au contraire qui change de place. » La position du moyeu sur l'arbre est réglée dans la construction de ma- nière que les ailes offrent toutes leurs surfaces tant que l'action du vent ( 4^6 ) inukipliée par leur superficie totale est inférieure à la pesanteur d'un contre- poids qui tend constamment à les ramener à cette position normale; dès que l'équilibre entre la pression du vent sur les ailes et la pesanteur du contre-poids est détruit par la trop grande violence du vent, le contre- poids est soulevé , le moyeu se déplace sur l'arbre , le pivotement des li- vardes autour des antennes efface les voiles d'une quantité suffisante pour permettre une continuité de mouvement sans accélération sensible. Le poids, par son action incessante, ramène constamment les ailes à leur posi- tion normale; il empêche ainsi le moulin de s'arrêter tout court pendant ou après un violent coup de vent qui aurait fait complétemment effacer les ailes. On conçoit, par suite de ces dispositions, combien il est facile de ré- gler à priori la vitesse du moteur, puisqu'il suffit d'opposer à l'action du vent qu'on veut utiliser un poids correspondant au maximum d'impulsion qu'on désire obtenir. » Le système d'ailes mobiles sur elles-mêmes devait être supporté à peu de frais à une hauteur suffisante pour aller prendre le vent au-des- sus des obstacles qui pouvaient en arrêter l'effet utile. M. Amédée Durand a rempli cette condition en échafaudont son arbre moteur sur l'extrémité d'une pyramide dont quatre pièces de bois forment les arêtes; il suffit de prolonger les pièces de bois pour qu'elles atteignent toutes les hauteurs voulues sans nuire à la solidité de la construction, les rapports de base et de hauteur restant les mêmes. )) Il importe de faire remarquer sous le rapport de l'économie que ces pièces de bois, tout en formant les points d'appui du moulin, peuvent encore recevoir une autre destination utile, en devenant la charpente d'une construction agricole obtenue par la seule addition de cloisons or- dinaires. )> La puissance de ces moulins est attestée d'une manière authentique par le procès-verbal de réception du moulin communal de Villejuif. M. l'irigénieur des ponts-et-chaussées Homherg constate que , par un vent moyen, le moulin fourni par M. Amédée Durand à cette commune, élevait d'une profondeur de i5 mètres trois litres d'eau par coup de piston; le nombre des coups de piston était de trente à la minute. Il est bon de faire remarquer que cette évaluation est moins celle de la force réelle du moulin que celle de son produit en eau élevée par l'intermédiaire d'une pompe. Si l'on fait la somme du travail de ce moulin pendant 44 heures, on voit qu'il pourrait, en supposant un vent moyen con- stant pendant celte durée de service, élever d'une profondeur de i5 ( 437 ) mètres, une masse d'eau égale à 129,600 litres. Le travail équivaut à i,944>ooo litres élevés de la profondeur de i mètre dans le même ternpsj une telle masse d'eau répartie sur le terrain couvrirait sur i centi- mètre d'épaisseur une surface de plus de ig hectares. Ce moulin a déjà fourni un service régulier de plus de cinq années, et n'est pas le seul ayant donné des résultats analogues. M. Amédée Durand en a placé à Van- vres, à Châtenay, à Meiidon, à Neuilly-sur-Marne, à Brie-Comte-Robert. D'autres encore, sur des points plus éloignés de la capitale, supportent également avec succès depuis plusieurs années les chocs du vent ; un certificat, dressé par le maire et les conseillers-municipaux de Villejuif, étabUt que, depuis son érection, le moulin de leur commune 3 supporté, sans avarie, les plus violents coups de vent; i! a résisté notamment dans Je cours de r83gà des ouragans qui causèrent cette année de déplo- rables sinistres; il résulte de ce document qrie l'entretien de ce moulin se borne au renouvellement de la toile de ses ailes, et à la petite quantité d'huile nécessaire pour graisser ses frottements métalliques peu nom- bretrx; la plupart des pièces dont il se compose, étant articulées avec du cuir, n'ont besoin d'ancim graissage. La dépense annuelle pour ces divers objets n'a jamais josqu'ici dépassé la très-modique somme de 35 francs. » Les avantages que présentent les petits moulins à six ailes s'orientaiil d'eux-mêmes, réglant seuls leur enfoihire, sont incontestables quand on les compare aux moulins ordinaires; ils proviennent évidemment de ce qu'ils n'éprouvent aucun chômage pour le réglage de leur entoilure, et que suivant d'eux-mêmes les variations d'incidence du vent, ils se main- tiennent toujours, sans attendre le fait d'un surveillant, dans la meilletwe condition d'action: la faculté qui leiu- est propre d'effacer leure ailes sous l'impression d'un vent trop violent leur permet de porter toujours , sans imprudence, leur maximum d'entoilure; ils sont arrssi toujours prêts à se motivoir at» moinùre vent à cet égard , grâce à la légèreté et à l'exiguifé de tontes leurs parties; ils sont dans des conditions bien phis favorables que les autres grands moulins, dont les lourds organes ne peuvent rece- voir d'impulsion que d'un vent continu et siiflîsarament puissant. Toujours entoilés en maximum , ces nouveaux moulins obéissent à la moindre im- pulsion; la somme de toutes leurs actions successives, lorsque le vent ' faible ne souffle qae par intermittence , présente encore un certain travail utile, alors que les autres moulins de construction ordinaire n'ont pu même sortir de leur inaction. » Si par des vents modérés ils jouissent d'une réelle supériorité, leor ( 428 ) triomphe est bien plus complet par les vents violents, portant en eux- mêmes dans le contre-poids qui ramène leurs ailes au vent la mesure et la force qu'ils lui empruntent; leur maximum de vitesse est toujours réglé en vue du produit et sans égard pour le vent. Dans de telles occurrences, les grands moulins ne peuvent exposer que des surfaces assez réduites pour que dans ses plus grands écarts la violence du vent ne puisse les briser. « Le risque d'une altération des produits par un excès de vitesse, oblige de les tenir constamment très-éloignés du maximum qu'ils pourraient at- teindre ; ainsi, alors qu'ils pourraient faire sans inconvénients quatorze tours par minute, n'en font-ils généralement que neuf ou dix; une fois leur toile réglée, la limite de vitesse pour les grands moulins est dans le vent; les meuniers sont astreints à une extrême prudence , à une continuelle prévoyance, s'ils veulent éviter que leurs moulins ne s'emportent. Dans les moulins de M. Araédée Durand, la limite est dans le contre-poids, aussi peuvent-ils en toute sécurité tourner, abandonnés à eux-mêmes , comme des êtres intelligents doués du sentiment de leur conservai ion. » Les petits moulins n'éprouvent aucun chômage, ni pour leur orien- tation, ni pour le réglage de leur toile; ils puisent encore dans ces pro- priétés une augmentation de travail utile dont les grands moulins sont privés, non -seulement pendant le temps employé à réduire leur toile dans une prévision d'augmentation dans la force du vent, mais le plus souvent par le fait du ralentissement qui suit cette diminution d'entoilure , lorsque la bourrasque, supposée à la vue de quelques nuages, n'a été qu'une vaine appréhension. » C'est de l'ensemble de toutes ces circonstances que résultent les incontestables avantages des petits moulins de M. Amédée Durand, com- parés aux autres moulins ordinaires; et, sans accepter entièrement l'assu- rance donnée par l'un des propriétaires de ces moulins, qui soutient qu'à Autun sa machine travaille vingt heures sur vingt-quatre, il nous est per- mis d'affirmer que moyennement la durée de leur action s'élève jusqu'à seize heiires sur vingt-quatre, c'est-à-dire au double du travail des mou- lins ordinaires. Et si Cloulomb, dans ses considérations sur la puissance du vent, estime que la durée d'action d'un tel moteur n'est guère que de huit heures sur vingt-quatre, c'est qu'il apprécie la durée de la puissance par la somme du travail, considérant le problème dans les solutions alors existantes, c'est-à-dire qu'il assigne une telle limite à la durée du vent, ijion pas en la mesurant directement, mais en la déduisant du travail des ( 4^9 ) moulins ; n'oublions pas que les machines qu'il prend pour base de ses calculs, pour être préparées à subir sans avaries toutes les augmentations possibles dans la force du vent, ne peuvent porter qu'une surface de toile restreinte, qu'elles sont exposées à de fréquents chômages et pour leur orientation et pour le réglage de leur toile; qu'elles tournent enfin la plupart du temps dans des conditions d'orientation qui ne sont pas les plus favorables. " La perfection à laquelle M. Amédée Durand a amené ses moulins est le résultat d'un long et persévérant travail ; la solution du problème in- téressant d'un moulin se réglant, s'orientant lui-même, a été pour lui, depuis longues années, l'objet d'incessantes recherches; avant d'arriver à la construction qu'il vous soumet avec cette confiance que donne une expérience longtemps prolongée, il en avait expérimenté d'autres moins parfaites pendant plus de treize années : c'est donc sur le mérite d'une œuvre consciencieusement étudiée que vous avez à prononcer ; aussi nous n'hésitons pas, messieurs, à vous proposer de lui accorder votre complète approbation. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. CHIMIE. — Rapport sur plusieurs communications de M. le docteur Leroy b'Etiolles, relatives à la dissolution des cojicrétions urinaires. (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Pelouze rapporteur.) a Les tentatives de guérison de la pierre par des boissons et d'autres remèdes internes remontent à une époque fort ancienne; cette guérison, regardée comme impossible par les uns , considérée par les autres comme facile et définitivement acquise à la médecine, a été traitée, d'après un point de vue intermédiaire, par quelques observateurs qui, sans nier la possibilité de la dissolution ou de la désagrégation des calculs urinaires, re- gardent ces cas de guérison comme fort rares et n'ayant pas été, pour la plupart, suffisamment démontrés. » Parmi les médecins qui partagent cette manière de voir, il en est un surtout, M. Leroy d'ÉtioUes, qui a cherché à la faire prévaloir par un grand nombre de raisonnements et d'expériences. L'Académie, à laquelle il a présenté diverses communications sur cet objet important, nous a chargés, M. Gay-Lussac et moi, de lui en rendre comptç. C. R., iB4i, 1" Samtsire. (T. XIV, N- li.) 5g (43o) » M. Leroy d'Étiolles rappelle qu'aux temps antérieurs à la connaissance de la nature chimique des calculs, le nombre des remèdes dits lithon- triptiqiies, empruntés indistinctement aux trois règnes de la nature, était infini, et il ajoute que cette multitude même de panacées attestait suffi- samment l'absence d'aucun dissolvant réel de la pierre, car s'il en et'it existé un seul d'une efficacité bien démontrée, il serait resté dans la pratique comme toutes les choses bonnes et sanctionnées par l'expérience. » Le plus célèbre de ces remèdes fut celui de mademoiselle Stephens; les coquilles d'oeuf et le savon en formaient la base principale. Il fut ac- cueilli avec une espèce d'enthousiasme en Angleterre, et la renommée le répandit rapidement en France. L'Académie des Sciences chargea Morand de lui faire connaître la valeur de ce dissolvant, dont le Parlement anglais venait de récompenser largement l'auteur. " Le rapport de ce célèbre chirurgien , consigné dans les Mémoires de r Académie pour les années 1740 et \']^i, ne fut pas aussi favorable que celui des médecins anglais; parmi un grand nombre de cas d'insuccès, il n'admettait que quelques rares guérisons. » Le nombre même de ces guérisons devint de plus en plus rare; les symptômes de la pierre reparaissaient chez des malades jugés guéris, et chez d'autres, tel que le ministre anglais Walpoole, des calculs étaient trou- vés dans la vessie, après la mort. » Le remède de mademoiselle Stephens, tant prôné à son origine, tomba peu à peu dans l'oubli, et à la place d'une dissolution désormais trop dou- teuse des calculs, dut succéder de nouveau l'opération plus sûre de la taUle. » A cette époque, la véritable nature des concrétions urinaires était en- core inconnue : un traitement rationnel de la pierre était impossible. » Plus tard, Scheele, Bergmann, Fourcroy, Vauquelin , Wollaston, Marcet, firent connaître la composition chimique des calculs de la vessie; leurs travaux réveillèrent de nouvelles espérances ; s'appuyant dès lors sur une base véritablement scientifique, quelques chimistes furent conduits à proposer de nouveaux agents de dissolution des calculs. » Fourcroy et Vauquelin s'occupèrent beaucoup de ce sujet important. Témoins de l'extrême lenteur avec laquelle agissent les réactifs dans l'état où il est seulement possible de les employer, c'est-à-dire en dissolution dans une très-grande quantité d'eaù, ils furent conduits par l'expérience à conclure que l'introduction des réactifs dans le corps humain , par les bois- ( 43i ) sons, serait insuffisante, et qu'il fallait les mettre en contact directement avec les calculs, à l'aide d'injections dans la vessie. » De plus, ils conseillèrent de modifier la nature des dissolvants lithon- triptiques d'après la composition des calculs : c'est ainsi que pour les phos- phates et les oxalates, au lieu d'alcalis ou de sels alcalins particulièrement destinés à dissoudre l'acide urique , ils préféraient l'emploi des acides ni- trique et hydrochlorique. Leurs moyens curatifs supposaient donc la con- naissance de la nature de la pierre, puisqu'ils devaient varier avec la com- position de celle-ci. » Pour arriver à cette connaissance, ils proposaient de faire des injections et d'examiner chimiquement l'urine des malades et les liquides qui avaient servi à l'exploration des calculs. Mais, pour appliquer avec succès ces moyens d'ailleurs extrêmement délicats d'exploration et de guérison des calculs, il aurait fallu l'intervention de la chirurgie, et les hommes qui la cultivaient alors ne partageant pas sans doute les espérances des deux célè- bres chimistes, ne tentèrent aucun essai sur l'homme vivant. » II y a quelques années, lorsque la lithotritie commença à devenir une opération fréquente, plusieurs médecins et chimistes publièrent des obser- vations nouvelles sur l'efficacité des eaux minérales alcalines, non-seule- ment contre la gravelle, ce que l'on admet généralement , mais encore contre les véritables calculs qui, désagrégés ou dissous, disaient-ils, par l'usage de ces eaux, étaient ensuite expulsés naturellement de la vessie avec les urines. « Cette assertion n'était pas neuve, il est vrai, mais elle revêtait, en quelque sorte, un caractère d'exactitude plus net, en s'appuyant sur les nouvelles données delà science, relativement à la nature chimique de ces eaux minérales et à celle des calculs. » On affirma que le mucus qui sert de lien et en quelque façon de ciment aux calculs, ramolli par l'action des carbonates alcalins, permettait une dissolution ou une désagrégation rapide des concrétions de la vessie, alors surtout que celles-ci étaient composées d'acide urique. On crut également que les boissons alcalines avaient la propriété d'empêcher la formation de nouveaux calculs, et on en administra aux malades des quantités beaucoup plus considéiables qu'on ne l'avait fait jusqu'alors. >i Toutefois, il faut le dire, on ne cita qu'un très-petit nombre de cas de dissolution de calculs proprement dits, c'est-à-dire de concrétions urinaires d'un volume un peu considérable. Le plus souvent on n'avait constaté ni la présence ni la grosseur de la pierre , et, si l'exploration avait été faite avant 59.. ( 432 ) le traitement, le malade, une (ois soulagé ou guéri, se refusait à être de nouveau sondé. «Nous ne parlerons pas de ces cures plus ou moins anciennes, et dont nous n'avons pas d'ailleurs été témoins; nous avons cru plus convenable de chercher les éléments de notre jugement dans des expériences et dans des observations faites par nous ou en notre présence. » Ces expériences sont de deux ordres : les unes ont été faites au labora- toire, les autres sur des malades. Depuis deux ans nous n'avons pas pour ainsi dire interrompu nos tentatives de dissolution, et pendant ce long laps de temps nous avons recueilli des malades mêmes sur lesquels nous avons expérimenté, de nombreux renseignements qui auront nécessairement leur place dans la question importante de la dissolution des calculs. » Les dissolvants lithontriptiques les plus employés, et dans lesquels les praticiens ont le plus de confiance, sont les bicarbonates alcalins. Les expé- riences faites au laboratoire nous ont appris que dans un grand nombre de cas l'action de ces sels s'exerce plutôt sur le mucus et les matières ani- males qui servent à souder entre elles les particules des calculs que sur ces calculs mêmes, fussent-ils composés d'acide urique. Le degré de du- reté et de cohésion de la pierre apporte, bien plus que sa nature chimique , un obstacle à sa désagrégation ou à sa dissolution. » Les carbonates alcalins attaquent avec une extrême lenteur les calculs d'acide urique, même alors que la dissolution est concentrée, et à une température de 4o°- Quand ils sont décarbonatés, la dissolution fait des progrès incomparablement plus rapides, même alors que la dissolution est relativement beaucoup plus faible. Cette remarque n'est pas nouvelle : Scheele avait signalé la grande difficulté que présente la décomposition des carbonates alcalins par l'acide urique. » Des expériences faites à l'une des sources de Vichy sur la dissolution d'un grand nombre de fragments de calcul , ont présenté des résultats sem- blables, et, sauf quelques exceptions, la dissolution a suivi la même mar- che pour les calculs de la composition la plus diverse. Nos résultats, à cet égard, sont sensiblement les mêmes que ceux obtenus, il y a quelques an- nées , par M. le D"" Petit, qui les a consignés dans son ouvrage sur le Trai- tement médical des calculs urinaires. » Une caisse percée de trous et divisée en un grand nombre de compar- timents, a été abandonnée pendant deux mois dans une des sources de Vichy; elle renfermait de nombreux fragments de calculs. Tous ces frag- ments ont diminué de poids, souvent dans des proportions considérables, ( 433 ) mais aucun n'a été complètement dissous ni désagrégé; tous présentaient encore un volume beaucoup plus considérable que le diamètre du canal de l'urètre, encore bien que chacun d'eux ne pesât pas plus de lo grammes avant l'expérience. » Nous n'insisterons pas davantage sur ces essais de dissolution des cal- culs dans les eaux de Vichy, parce que nous ne les considérons pas comme ayant beaucoup d'importance. Nous ferons seulement observer que le pro- grès de la dissolution, quoique très-lent dans ces .eaux, est cependant plus marqué que dans des dissolutions de carbonates ou de bicarbonates alca- lins; cela nous paraît tenir surtout à ce que les eaux thermales de Vichy laissent dégager sans cesse de grandes quantités d'acide carbonique qui agit mécaniquement sur les calculs, et tend en conséquence à bâter leur dissolution ou leur division. » Les expériences de dissolution directe avec les réactifs et au laboratoire, ne pouvaient présenter quelque intérêt qu'en les multipliant beaucoup. » Nous avons, pendant une année entière, abandonné des calculs uri- uaires nombreux et de composition diverse, au contact de dissolutions de carbonates et de bicarbonates de potasse et de soude contenant depuis lo grammes jusqu'à 20 grammes de sel par litre d'eau. La température de ces liqueurs était le plus souvent celle du laboratoire, mais quelquefois nous rélevions jusqu'à 35 et 4o°' Aucun de ces calculs ne s'est dissous; quel- ques-uns paraissaient avoir conservé leur volume primitif. La perte qu'ils ont éprouvée a varié depuis le quart jusqu'à la moitié de leur poids. » Plusieurs débris de calculs du poids de 5 grammes à 10 grammes, placés dans le fond d'un entonnoir de verre , ont été lavés, pendant trois mois con- sécutifs, avec 5oo litres environ d'eau contenant un vingtième de son poids de carbonate de soude. Le volume de la plupart de ces fragments n'a pas diminué d'une manière bien sensible, mais tous sont devenus plus fria- bles. La perte de poids qu'ils ont éprouvée a varié depuis 10 jusqu'à 60 centièmes. » Des fragments très-petits, du poids de 2 décigr. à 1 gramme, résistent eu général plus d'un mois à l'action de l'eau saturée de carbonate de soude et élevée à la température de 3o à 4o°. » La résistance de la plupart des calculs vésicaux à la dissolution est telle, que des débris de calculs de la grosseur d'une noisette ne sont désagrégés ou dissous qu'après plusieurs jours d'ébullition dans de l'eau contenant 60 grammes par litre de bicarbonate de soude. « Nous avons substitué aux carbonates alcalins les borates de soude et de ( 434 ) potasse d'une part, et d'une autre part les acides nitrique et chlorhydrique : les mêmes difficultés se sont présentées dans la dissolution des calculs ; elles ont cependant paru un peu moindres avec le borax. » Ces expériences montrent combien est longue et difficile la dissolution des calculs, même alors que les réactifs agissent sur eux en dehors de la vitalité. En faisant la concession la plus large possible aux dissolutistes , en admettant que la dissolution ne soit pas plus entravée dans la vessie que dans un vase inerte , que toute tendance à la production ou à l'accrois- sement des calculs cesse sous l'influence d'un régime alcalin, on voit combien de difficultés encore il y aurait à vaincre avant d'arriver à la dis- solution. » La seconde série d'expériences dont nous allons maintenant parler a été faite sur des malades. Elle offre par conséquent un intérêt beaucoup plus direct. »La plupart de ces malades, avant de subir l'opération de la lithotritie , avaient essayé , pendant plus ou moins de temps, quelquefois pendant plusieurs années l'action dissolvante des eaux minérales alcalines ou celle des bicarbonates de potasse et de soude. On conçoit en effet que le cal- culeux ne se remet entre les mains des chirurgiens que lorsque l'espérance de voir sa pierre dissoute l'a abandonné. » Nous ne voulons pas contester les heureux résultats que la thérapeu- tique peut retirer de l'usage des eaux alcalines, nous sommes également éloignés de nier tous les cas de dissolution signalés par quelques méde- cins; mais ce qui nous semble hors de doute, c'est que très-fréquemment l'administration des remèdes alcalins ne produit point la dissolution des calculs vésicaux , et nous croyons que ceux-là se sont fait illusion , qui ont annoncé que des calculs volumineux avaient été dissous en quelques se- maines ou même en quelques mois sous l'influence d'un régime alcalin. » Non-seulement M. Leroyregarde le traitement alcalin parles boissons et les bains comme généralement insuffisant, mais il pense encore qu'on ne saurait impunément forcer les reins à sécréter une urine alcaline pendant des années entières. En cela il est d'accord avec quelques médecins , et en particulier avec M. Prunelle , inspecteur des eaux de Vichy. Ce médecin aperçoit même de tels inconvénients dans l'emploi à haute dose de ces eaux , qu'il n'hésite pas à déclarer les dangers à courir et les douleurs à éprouver beaucoup moindres eu subissant la lithotritie. » Mais nous ne voulons pas aborder cette question, qui est tout à fait en ( 435 ) dehors de notre compétence; nous nous bornerons à disenter les points qui sont particulièrement du domaine de la chimie. » M. Leroy apporte contre le régime alcalin à haute dose ou plutôt il renouvelle une objection trcs-gravesignalée par Marcet et par Proust , c'est que les phosphates terreux tenus en dissolution dans 1 urine à la faveur des acides libres qu'elle renferme, doivent se précipiter par la neutralisation de ceux-ci, et donner parfois naissance à des calculs de phosphate et de carbo- nate de chaux et de magnésie. » Ces cas se sont présentés, d'après l'auteur, chez des personnes atteintes de catarrhe vésical , chez lesquelles l'urine était altérée et retenue dans la vessie par un obstacle à son cours. Il ne les a pas remarqués dans d'autres circonstances, et, suivant lui , la diathèse phosphatique qui se manifeste alors est une suite même de l'état inflammatoire de la vessie. » Le docteur Marcet cite, dans son ouvrage sur les affections calculeuses, un malade dans la vessie duquel la sonde avait indiqué un calcul ; ce ma- lade s'étant mis pendant un grand nombre d'années à l'usage des carbonates, le calcul, qui était formé d'acide urique, s'usa peu à peu sans toutefois se dis- soudre; le malade rendait quelquefois des graviers phosphatiques, et à sa mort on trouva dans la vessie une partie du calcul d'acide urique avec plusieurs petites concrétions de phosphates terreux. » Les changements qui ont lieu spontanément dans la nature de la sécré- tion calculeuse pourraient bien être dus à une cause semblable ; sous l'in- fluence de l'urine devenue ammoniacale par suite de l'état inflammatoire de la vessie, la diathèse de la maladie change et les concrétions d'uriques qu'elles étaient, deviennent phosphatiques; de là ce grand nombre de calculs alternants qui, d'après le docteur Prout, forment plus du quart des con- crétions urinaires. » Quoi qu'il en soit , il est certain que plusieurs malades de M. Leroy, après avoir subi l'opération de la lithotritie et s'être vus débarrassés de calculs d'acide urique, s'étant mis à un régime fortement alcalin, dans l'espoir d'empêcher la formation de nouvelles concrétions, ont été atteints de nouveau par une affection calculeuse pendant laquelle se sont dévelop- pés des calculs formés principalement de phosphates terreux; chez plusieurs de ces malades il s'est formé jusqu'à trois, quatre et cinq fois des calculs alternativement uriques et phosphatiques. » Un malade de la vessie duquel M. Leroy avait extrait un volumineux calcul d'acide urique , se mit, un an après l'opération qu'il avait subie, à un régime fortement alcalin , qui lui fut conseillé pour combattre une vive ( 436 ) irritation de la vessie. Au bout de quatre mois il fut sondé par M. Leroy , qui lui trouva un nouveau calcul très-gros, mais très-friable, à cause sans doute de la rapidité avec laquelle il s'était formé: c'était du phosphate de chaux et de magnésie , mêlé d'une petite portion d'acide iirique et de car- bonate de chaux. » Ces faits sont très-importants ; ils appellent toute l'attention des mé- decins sur l'action thérapeutique des eaux alcalines. Envisagés au point de vue des théories chimiques , ils trouvent une explication simple et natu- relle dans la composition de l'urine. » Nous terminerons ce que nous avons à dire des propriétés des boissons alcalines , en rappelant un fait qui a été signalé par plusieurs médecins et particulièrement par M. le docteur Prunelle. Il y a des malades qui, presque aussitôt après avoir été soumis au régime des eaux alcalines, rendent une quantité très-considérable de graviers et de poussière d'acide urique. Quelques-uns en rejettent avec leurs urines une quantité telle que, d'après M. Prunelle, si on voulait les supposer tous formés dans le rein, il faudrait que celui-ci eût une capacité plus grande que l'estomac. Nous ne regardons pas comme impossible que l'usage des eaux alcalines détermine chez quel- ques malades la sécrétion anormale d'une quantité considérable d'acide urique, et, si le fait que nous rapportons est exact, il n'est pas sans exemple en chimie. On sait que, dans un grand nombre de circonstances, la présence d'un alcali développe la formation des acides. » Nous nous garderons bien de tirer des observations que nous venons de rapporter, la conclusion que les eaux minérales alcalines doivent être lejetées de la thérapeutique , soit dans le traitement de la gravelle , soit dans celui de la pierre. » Nous répétons seulement, avec le docteur Marcet et avec un ancien membre de l'Académie, avec le célèbre Proust, et en nous appuyant sur plusieurs nouveaux faits observés par M. Leroy d'Etiolles, qu'il parait bien certain que les boissons alcalines peuvent, dans quelques circonstances, dé- terminer des dépôts calculeux dans la vessie. » Nous ajoutons en outre, mais ici c'est une simple hypothèse que nous faisons, que les calculs alternants sont peut-être le produit d'une sécrétion alternativement acide et alcaline. » Puis, en dernier lieu, nous ne regardons pas comme impossible qu'un régime fortement alcalin sollicite une sécrétion anormale d'acide urique. » Nous avons dit que l'action directe des réactifs sur les calculs, dans des vases inertes, ne se manifestait qu'avec une extrême lenteur, et nous avons ( 437 ) cru pouvoir conclure de nos expériences que la dissolution des calculs de- vait être encore beaucoup plus difficile dans la vessie chez l'homme vivant. Nous n'avons en conséquence tenté aucun essai sur des calculs entiers, nous avons préféré agir sur des débris laissés à dessein dans la vessie par l'opération non encoreachevée de la lithotritie. Nous présumions bien que, dans ce dernier cas même, de graves difficultés nous attendaient. » Aux voies lentes et détournées de l'absorption , nous avons préféré les injections et les irrigations dans la vessie, parce que d'une part rien ne vient ici entraver l'action chimique, et que d'une autre part on peut mettre en contact la pierre avec des quantités bien plus considérables de réactifs. » Les substances dont nous nous sommes servis sont encore les carbo- nates et les bicarbonates alcalins, les alcalis caustiques, le borax, et les acides hydrochlorique et nitrique. Nous avons fait des dissolutions de ces diverses matières dans de l'eau distillée, et nous les avons employées en irrigations , à une température de 35 à 4o°. « A l'aide d'une sonde à double courant, nous avons introduit depuis aS jusqu'à 25o litres de liquides dans la vessie des mêmes malades. Quelques- uns n'en ont éprouvé ni douleur, ni fatigue; chez d'autres, en plus grand nombre, la vessie s'irritait, et nous devions bientôt cesser les irrigations: une seule fois nous avons vu les débris de calcul disparaître et se dissoudre dans une eau contenant quatre à cinq centièmes de son poids d'acide ni- trique. Ces débris étaient formés de phosphate de chaux et de phosphate ammoniaco-magnésien mêlés avec une petite quantité d'acide urique. » Plusieurs fois nous avons remarqué une diminution considérable de cohésion dans les calculs. » Chez un malade dont la vessie était saine et peu irritable, nous em- ployâmes de fortes irrigations d'eau alcaline contenant \5 grammes de bi- carbonate de soude par litre d'eau. Nous savions que nous avions affaire à des débris de calculs d'acide urique ; nous en avions déterminé la nature et mesuré le diamètre. Nous fîmes passer dans la vessie de ce malade aoo litres de liqueur tenant: en dissolution 3 lui. ^Go gram. de bicarbonate; malgré l'énorme masse de liquide qui avait ainsi lavé les fragments de calcul, le volume de ceux-ci n'avait pas diminué d'une manière sensible : seulement , à mie très-grande dureté qu'ils présentaient avant l'expérience, avait succédé uncfriabilité telle qu'une très-légère pression de l'instrument suffit pour les briser dans la vessie. » Dans la plupart des autres épreuves que nous avons tentées , les malades n'ont pu continuer les irrigations, ou bien celles-ci n'ont produit aucun ré- <:, R., ji^a, l« Semestre. (T. XIV, N" 12.) 6o ( 438 ) sultat. Les débris de calcul ne paraissaient pas avoir subi la plus légère at- teinte de la part des réactifs; ils n'avaient rien perdu de leur dnreté ni de leur volume primitif. » Les liquides qui avaient servi aux irrigations , examinés avec soin, ne contenaient que des proportions insignifiantes des éléments des calculs. La composition de ceux-ci, que nous avions soin de déterminer, nous dirigeait sur les meilleurs dissolvants à tenter. » En somme , nous avons été peu satisfaits de nos tentatives de dissolution par le moyen des irrigations : le borax, qu'on a beaucoup recommandé, il y a peu de temps, comme un dissolvant plus énergique que les carbonates alcalins, ne nous a pas donné de meilleur résultat que ces derniers sels. Nous en dirons autant des autres réactifs que nous avons mentionnés ci- dessus. » Quand des difficultés aussi grandes se présentent avec des débris de calculs de quelques millimètres de diamètre, on se demande s'il est vraiment permis d'espérer la dissolution de ces mêmes calculs lorsqu'ils sont entiers, compactes, volumineux, comme cela arrive souvent. » Il y a quelque temps, on a annoncé en Angleterre que l'acide benzoïque pris intérieurement à la dose de quelques grammes, en mélange avec une faible dissolution de borax ou d'un carbonate alcalin, se décomposait en acide bippurique qu'on retrouvait dans l'urine. Nous avons été curieux de vérifier l'exactitude de cette assertion, mais les résultats auxquels nous sommes arrivés ont été négatifs. Nous n'avons pas trouvé dans les urines la plus faible quantité d'acide hippurique. Plusieurs fois nous avons observé que ces urines présentaient une odeur alcoolique agréable, dans laquelle personne ne pouvait reconnaître celle qui caractérise ordinairement cette sécrétion. Elles offraient en outre cela de particulier, qu'elles se conser- vaient pendant plusieurs jours sans aucune altération apparente. » Les observations que nous avons mentionnées dans ce Rapport, les ex- périences qu'a faites M. Leroy d'Étiolles, celles que nous avons tentées nous-mêmes , seuls ou de concert avec lui , ne sont pas neuves pour la plu- part; elles ont été indiquées plus ou moins explicitement par divers auteurs; mais M. Leroy d'Etiolles a fait preuve d'une grande persévérance et de beaucoup d'babileté en coordonnant ces observations, en les multipliant et en appelant de nouveau l'attention des médecins et des chimistes SHr le traitement des maladies calculeuses. » Cet habile chirurgien nous semble avoir bien fait ressortir l'exactitude des conclusions suivantes : ( 439 ) » 1°. Certains réactifs acides et alcalins exercent sur les concrétions uri- naires une action destructive. Cette action porte moins encore sur les prin- cipes qui forment ces concrétions que sur la matière animale qui leur sert de lien. Elle est toujours très-lente, même en dehors de la vitalité. » Elle peut être entravée par de nouveaux dépôts dont il faut sans doute reporter la production à la saturation des acides libres ou des sels acides de l'urine. Ces dépôts se réunissent quelquefois, acquièrent de la cohésion et constituent de nouvelles concrétions. » 2°. Sans nier absolument la possibilité d'obtenir quelques guérisons , on peut dire, en thèse générale , que si la pierre n'est pas très-petite, il est probable qu'elle ne sera pas détruite par les réactifs agissant d'une manière indirecte, c'est-à-dire pris en boissons et en bains. » 3°. L'action directe des réactifs introduits dans la vessie en injections et en irrigations est certainement plus puissante que celle qui s'exerce par les boissons et les bains, mais dans l'application on rencontre des difficul- tés et des entraves qui allongent le traitement au point de rendre son suc- cès problématique, et la vitalité des organes dans lesquels il faut agir donne lieu quelquefois à des réactions, à des accidents inflammatoires dont le danger n'est pas, comme dans la lithotritie, suffisamment compensé par la rapidité de la destruction de la pierre. » 4°- Il ^st évident que la combinaison de la lithotritie avec la dissolution serait favorable à cette dernière en multipliant les points de contact de la pierre avec les réactifs ; mais en admettant qu'il y ait des circonstances aux- quelles cette combinaison soit applicable, comme par exemple l'existence de cellules dans la vessie, ou tout autre vice de conformation, il serait peu convenable de l'adopter comme méthode usuelle, attendu que le premier morcellement de la pierre étant pour l'ordinaire ce qu'il y a de plus difficile et de plus pénible dans la lithotritie, abandonner celle-ci après que le prin- cipal obstacle est surmonté pour entrer dans une voie beaucoup plus lon- gue et dont l'issue est moins connue, serait peu sage et peu rationnel. » Telles sont les conclusions auxquelles M. Leroy d'Étiolles a été conduit. Nous croyons très-dignes d'intérêt les faits qui leur servent de base. Nous espérons qu'en montrant toutes les difficultés dont la dissolution des cal- culs est entourée, loin de décourager des tentatives dont le succès est si désirable, les observations de l'auteur appelleront de nouvelles recherches sur cette question importante. » Nous avons l'honneur de proposer à l'Académie de remercier M. le 6o.. ( 4\o ) docteur Leroy d'Étioiles de ses communications, et de l'inviter à poursuivre ses recherches. » Les couchisions de ce Rapport sont adoptées. ANALYSE MATHÉMATiguK. — Rapport sui' un Mémoire de M. J. Bi.xet, relatif à la théorie de la variation des constantes. (Commissaires, MM. Poinsot, Sturm, CorioUs, Liouville rapporteur.) « L'Académie nous a chargés de hii faire un Rapport sur un Mémoire de M. J. Binet intitulé: Mémoire sur la variation des constantes arbitraires dans les formules générales de la Dynamique , et dans un système d'équa- tions analogues plus étendues. L'auteur de ce Mémoire s'est proposé de simplifier et de généraliser une grande théorie que Lagrange a fondée, que M. Poisson a perfectionnée en quelques points, et dont M. Hamilton et sur- tout M. Jacobi ont lire dans ces derniers temps un parti nouveau et inat- tendu. Les équations qu'il considère sont, quant à la forme, semblables à celles de la Mécanique analytique, mais la fonction particulière que La- grange désigne par Z et qui lui sert à donner aux calculs toute la simpli- cité possible, se trouve maintenant remplacée par une fonction quelconque des variables dont elle dépend. M. Binet prouve que le principe des forces vives et celui de la moindre action ont ici encore leurs analogues. Les for- mules fondamentales pour la variation des conslatites continuent aussi à subsister. En suivant en effet avec un peu d'attention l'analyse de La- grange, on voit que cette analyse ne suppose à la fonction Z aucune forme particulière, en sorte qu'elle s'étend d'elle-même au cas où la fonction dont il s'agit cesse d'avoir la forme propre aux équations de la dynamique et prend une autre forme quelconque. Cette remarque néanmoins méri- tait d'être faite explicitement, et lés géomètres sauront gré à M. Binet de l'avoir développée le premier. » Quand on prend la variation des constantes pour point de départ dans la théorie des approximations successives, on est conduit à chercher les va- leurs de certains coefficients qui dépendent des constantes et dont le cal- cul est fort long. M. Binet avait montré depuis longtemps dans ses leçons au Collège de France comment on peut abréger ce calcul : il reproduit dans le Mémoire dont nous rendons compte, son procédé qui a l'avantage de four- nir en une seule fois tous les coefficients demandés et qui se rattache d'une manière très-heureuse à l'équation de la moindre action. Il examine ensuite certains cas particuliers dans lesquels les coefficients se réduisent soit à o, ( 4^1 ) soit à=i= r, de telle façon que les formules qui déterminent les perturbations des constantes devenues variables ne contiennent plus qu'un seul terme dans leurs seconds membres On rapprochera avec intérêt les résultats obtenus par M. Binet de ceux que M. Jacobi a indiqués dans un de nos Compta /Y?«rf«^ (séance du 17 juillet tSS/). » Dans la dernière partie de son Mémoire, M. Binet traite une ques- tion intéressante dont M. Poisson s'était occupé sans en publier la solution. Il s'agit de résoudre le problème si connu du mouvement d'un corps atlsiré par un centre fixe , en partageant la force centrale en deux parties dont l'une soit considérée comme force principale et l'autre comme force pertur- batrice. Comment la théorie de la variation des constantes appliquée à la détermination des effets dus à cette dernière force reproduira-t-elle les formules que d'après la marche ordinaire on aurait pu poser immédiate- ment? Rechercher ainsi dans un groupe de formules compliquées des ré- sultats connus d'avance n'est pas sans utilité pour l'analyse. Le succès dépend en effet le plus souvent d'artifices délicats auxquels on est conduit par la connaissance même que l'on a a priori de la vraie forme du résultat final, et qui peuvent ensuite être appliqués à des problèmes d'un genre différent. » Vos Commissaires pensent que le Mémoire de M. Binet mérite l'appro- bation de l'Académie et qu'il doit être inséré dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOxMINATIOIVS. L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection d'un candidat pour la place de professeur adjoint à l'École de pharmacie de Montpellier (chaire de physique et de chimie). La liste présentée par les Sections réunies de Physique et de Chimie ne porte qu'un seul nom, celui de M. Manzini : au- cune autre personne n'avait annoncé l'intention de se mettre sur les rangs pour la place vacante. Le nombre des votants est de /(.£. Au premier tour de scrutin , M. Manzini obtient 38 suffrages. ; Il y a 3 billets blancs. M. Manzini, ayant obtenu la majorité des suffrages, sera présenté à M. le Ministre de l'Instruction publique, comme le candidat de l'Académie. v (44^ ) MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Recherches sur les acides métalliques; par M. E. Fremt. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul , Dumas, Regnault.) <■ En soumettant les acides métalliques à un examen général, j'ai trouvé de nouvelles combinaisons des métaux avec l'oxygène et obtenu de nou- veaux sels remarquables par leurs belles formes cristallines. On peut diviser les acides métalliques en deux classes : dans la première se placent ceux qui résultent de la combinaison immédiate des métaux avec l'oxygène et qui se dissolvent à froid dans les alcalis ; dans la seconde , les acides qui se forment lorsqu'un oxyde métallique est exposé à l'influence simultanée d'un alcali et d'un corps oxygénant. » Les acides métalliques qui sont produits par ces deux procédés pré- sentent dans leurs propriétés des différences essentielles. Les premiers sont en général stables et peuvent former avec les bases des sels bien définis et cristallisables ; les seconds, au contraire, sont faciles à décomposer et per- dent une partie de leur oxygène sous de faibles influences. » Pour donner un exemple des acides de la première classe, j'ai choisi le dernier degré de combinaison de l'étain avec l'oxygène, qui a reçu le nom d'acide, stannique; et pour caractériser les acides de la seconde série, j'ai étudié une nouvelle combinaison du fer avec l'oxygène, que j'ai nommée acide ferrique. En prenant pour exemple des acides métalliques apparte- nant à des métaux importants, j'ai voulu indiquer l'existence de combi- naisons semblables pour les métaux moins connus. ). C'est par l'examen de l'acide ferrique que j'ai commencé. J'expose d'a- bord avec détail, dans mon Mémoire, les différents procédés que j'ai em- ployés pour préparer les ferrâtes. Je démontre que l'on peut obtenir des combinaisons de l'acide ferrique avec les bases , par voie sèche et par voie humide. Les procédés par voie sèche reviennent tous à calciner du per- oxyde de potassium avec du sesquioxyde de fer dans un vase qui n'exerce aucune action sur le ferrate. Le procédé par lequel on obtient le ferrate de potasse par voie sèche avec le plus de facilité, cotisiste à jeter sur de la li- maille de fer que l'on a fait préalablement rougir, du nitre desséché et ré- duit en poudre: on doit employer 5 grammes de fer et lo grammes de ( 443 ) nitre ; on obtient ainsi une masse rougeâtre qui conlient de grandes quan- tités de ferrate de potasse. J'ai préparé du ferratede potasse par voie humide en mettant à profit les belles expériences que M. Berlhier a faites sur l'ac- tion que le chlore exerce sur les oxydes métalliques. C'est en faisant passer du chlore dans de la potasse très-concentrée qui tient en suspension de l'hydrate de peroxyde de fer, que je produis le ferrate de potasse par voie humide. J'entre à cette occasion dans quelques détails sur l'action que le chlore exerce sur la potasse très-concentrée; je démontre que dans ce cas particulier il ne se forme pas de chlorate et de chlorure de potassium comme on le croit généralement , mais bien un composé particulier auquel je donne le nom de potasse chlorée, qui a la propriété de se décomposer, par luie faible élévation de température, en chlorure de potassium , en oxygène et en potasse : c'est ce corps qui , en réagissant sur l'hydrate de peroxyde de fer, le transforme en ferrate de potasse. J'insiste dans mon Mémoire sur le parti que l'on peut tirer de la potasse chlorée pour produire de nouvelles combinaisons d'acides métalliques avec les bases. Je cite quelques applica- tions, et je prouve par exemple que l'oxyde de cuivre se transforme, sous ^'influence de la potasse chlorée, en une combinaison de potasse avec un acide métallique nouveau que j'ai nommé acide cuprique. » Du reste mon but n'était pas d'étudier d'une manière spéciale l'action que le chlore exerce sur les alcalis; c'est luie question qui appartient de droit aux chimistes qui, dans ces derniers temps, ont publié sur cette par- tie de la science des Mémoires si intéressants. »Je passe ensuite à l'examen des propriétés des ferrâtes; je prouve que la chaleur, la présence des substances organiques, des corps divisés, peu- vent décomposer les ferrâtes, et je rapproche ces réactions de celles que présente l'eau oxygénée dans les mêmes circonstances. Je donne la compo- sition de l'acide ferrique qui est représentée par la formule FeO'; cet acide vient donc se placer à côté des acides chromique, manganique, sulfu- rique, etc. Je démontre,pardes analyses, que les ferrâtes obtenus par voie hu- mide et par voie sèche ont exactement la même composition , mais que ces derniers sont souvent mélangés à des nitrites qui, au moment de la dé- composition des ferrâtes, absorbent une certaine proportion d'oxygène pour se transformer en nitrates. » Je rapporte enfin toutes les expériences que j'ai faites dans le but de produire soit un acide plus oxygéné que l'acide ferrique, soit un oxyde correspondant au peroxyde de manganèse et au bisulfure de fer; je parle alors de l'action que le bioxyde de barium exerce sur le sesquioxyde de ( 444 ) fer, et je prouve que dans ce cas il paraît se former une combinaison de fer et d'oxygène intermédiaire entre le sesquioxyde de fer et l'acide fer- rique. Telles sont les différentes questions que j'ai traitées dans la première partie de mon Mémoire. La seconde partie est consacrée à l'examen de l'a- cide stannique. » Je commence par rappeler les différents travaux qui ont été publiés sur cet acide , et j'insiste surtout sur les expériences remarquables qui sont dues à M. Berzélius et sur les observations si justes que M. Gay-Lussac a faites à cette occasion. Je parle aussi d'une Note que M. Graham a insérée dans le Journal de M. Liebig pour expliquer les modifications de l'acide stannique qui avaient été signalées par M. Berzélius. Les premières expériences que j'ai faites sur l'acide stannique ont eu pour but de reconnaître le véritable rôle que joue cet acide dans les combinaisons. L'opinion des chimistes est encore partagée à cet égard : doit-on en effet considérer l'acide stannique comme un acide, ou comme une base, ou bien peut-il jouer alternative- ment le rôle d'acide et le rôle de base? Telles sont les questions que j'ai examinées. » Toutes les épreuves auxquelles l'acide stannique a été soumis , m'ont démontré que cet acide ne peut dans aucun cas être considéré comme une base. Lorsqu'on le retire par exemple du chloride d'étain en décomposant ce corps par im carbonate insoluble , on précipite un acide qui présente des propriétés acides bien développées, et qui peut même dans cet état rougir la teinture de tournesol. Le chloride d'étain traité par le carbonate de potasse ne laisse pas précipiter de l'acide stannique, mais du stannate de potasse, qui devient insoluble dans cette circonstance. En examinant ensuite les combinaisons de l'acide stannique avec les acides , je prouve que ces composés ne doivent pas être considérés comme des sels de peroxyde d'é- tain , mais bien comme des combinaisons d'acide stannique avec les acides; on sait que la chimie offre de nombreux exemples de combinaisons d'acides entre eux formant des acides doubles. Je rappelle enfin les expériences de M. Chevreul qui sont concluantes ; M. Chevreul a prouvé que l'acide stan- nique mis en contact avec la matière colorante du bois de Campêche, se comporte comme un acide, tandis que les oxydes métalliques proprement dits et même le protoxyde d'étain agissent comme des bases. Le dernier dé- gré de combinaison de l'étain avec l'oxygène doit donc toujours être consi- déré comme un acide. » Après l'examen de ce premier point de l'histoire de l'acide stannique , jfi passe à l'étude des propriétés de cet acide. Les premières expériences que (445) je décris servent à reconnaître la cause des modifications que présente l'a- cide stannique. Cette question s'appliquant à d'antres acides métalliques, devenait importante à résoudre, à cause de sa généralité et des travaux de M. fterzélius auxquels elle a donné lieu. «Mes expériences démontrant que les deux modifications de l'acide stan- nique constituent des acides particuliers, j'ai donné à ces acides des noms difTérents. J'ai conservé à l'acide qui se produit par l'acide nitrique le nom d'acide stannique, et j'ai donné à celui que l'on retire du chloride d'étain le nom d'acide métastannique. » En déterminant comparativement les quantités d'eau contenues dans ces deux acides isolés, j'ai reconnu que l'acide métastannique était plus hydraté que l'acide stannique. Comme ces deux acides ne diffèrent que par certaines proportions d'eau , on comprend qu'une légère dessiccation puisse transformer l'acide métastannique en acide stannique; en appli- quant à ces acides les idées ingéïiieuses que M. Grabam a émises sur l'acide phosphorique , je devais penser que les stannates ne devaient différer des raétastannates que par leur proportion de base; c'est ce que l'analyse a démontré ; car en représentant d'une manière générale les stannates neu- tres par la formule Sn'O^MO, les métastannates ont pour composition Sn'O', 3 MO : ainsi dans cette hypotlièse, que je discute longuement dans mon Mémoire, l'acide stannique doit être considéré comme un acide mo- nobasique et l'acide métastannique comine un acide tribasique. La relation qui existe entre la composition des stannates et celle des métastannates, explique un fait curieux que j'ai observé ; c'est que les stannates chauffés avec un excès d'alcali , sont immédiatement transformés en métastannates. On obtient les stannates en dissolvant à froid dans des alcalis l'acide stan- nique préparé en faisant rougir de l'acide nitrique sur de l'étain. Les méta- stannates peuvent se produire par deux procédés différents : i° en dissolvant dans des alcalis de l'acide métastannique retiré du chloride d'étain par im carbonate insoluble; 2° en calcinant au creuset d'argent de l'acide stannique avec un excès de base. Les métastannates de potasse et de soude cristal- lisent facilement. Ces composés ne le cèdent en rien aux sels les mieux dé- finis, et représentent peut-être les plus belles combinaisons cristallines de l'étain. » L'étude de l'acide stannique m'a fait découvrir une combinaison d'étain et d'oxygène intermédiaire entre le protoxyde et l'acide stannique, qui ne doit pas être confondue avec lesesquioxyde d'étain que M. Fuchs a récem- ment découvert. Ce composé s'obtient en traitant à froid l'acide stannique C. R,, '843, i"S Le plus grand nombre des champignons provient d'un Mycélium qni paraît être un mode particulier de végétation ou d'évolution des spores. » Ce Mjcelium se présente sous quatre formes principales; il est souvent vivace et la vie peut y être suspendue pendant un temps plus ou moins long et reparaître sous l'influence de circonstances favorables. Jouissant de cette propriété , il est manifeste que la nature se l'est réservé comme un moyen de reproduction et de conservation des espèces. » Le Sclerotium n'est qu'inie de ces formes; on ne doit pas le considérer comme genre. Il en est de même des Acrospermum, Rhizoctonia, Fibril- laria, Himantia, Âthelia, Hjpha, Rhizomorpha, Mesenterica, etc. » Tous ces champignons et tous ces tissus mycétoïdes sous tel aspect qu'ils se présentent ne sont que des individus naissants ou arrêtés dans leur développement. » Ces productions sont loin d'être parfaitement connues. Le temps n'est pas encore venu de les effacer de l'histoire des champignons; au contraire , elles méritent plus que jamais de fixer l'attention des botanistes, parce que ce sont des expériences naturelles dont on peut obtenir des résultats inat- tendus sur la reproduction des champignons. » Enfin il ne faut créer des genres qu'avec la plus grande circonspection, et ce serait rendre lui véritable service à la science que d'en revoir plu- sieurs qui ont été établis sur des caractères plus hypothétiques que réels: un semblable travail amènerait une diminution dans leur nombre, ainsi que dans celui des espèces, et rendrait en même temps la mycologie plus facile et moins fastidieuse à étudier. » ZOOLOGIE. — Note monographique sur les genres Lymnadia, Estheria, Cyzicus et Isaura , faisant suite au Mémoire sur Z'Isaura cycladoïdes ; par M. JoLLT. (Commission nommée pour l'examen du Mémoire sur Y Isaura cjrcla- doïdes. ) « Cette Note, dit l'auteur, a pour objet de prouver : » 1°. Que la Lymnadia tetracera de M. Krynicki n'est point une Lym- nadie : » 2°. Que le genre Cyzicus proposé par M. Audouin est identique avec le genre Isaura; » 3°. Qu'il en est de même du genre Estheria, établi par Riippell et décrit par M. Strauss-Durckheim ; ( 449 ) » 4**- Enfin que le genre Isaura se compose dès à présent des trois es- pèces suivantes: » A. Isaura cjcladoïdes , nob.; C j zicus Bravaisii, KuAovnn; » B. Isaura tetracera , nob. ; Lymnadia tetracera, Krinicki; » C. Isaura Dahalacensis , nob. ; Estheria Dahalacensis, Strauss-Dur- ckeim. » M. Magendie présente au nom de l'auteur, M. G. Rainey, un Mémoire écrit en anglais et ayant pour titre : « Observations relatives aux effets de la position sur la fréquence du pouls , prouvant que le cœur est le seul organe qui fasse marcher le sang dans les veines, les liquides sécrétés dans leurs canaux, et la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques; suivies de déductions concernant l'usage des anastomoses, le mécanisme des sécré- tions et la cause de l'inflammation et des hydropisies. » (Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Breschet. ) Un second Mémoire du même auteur est relatif aux « causes de l'ascen- sion de la sève, et en général de la circulation dans les végétaux. » (Commissaires, MM. de Mirbel, Adolphe Brongniart, Richard.) M. Lebrun adresse une Note supplémentaire au Mémoire qu'il avait précédemment présenté, concernant un pont monolithe en béton. Depuis l'époque de la présentation du premier Mémoire, le pont en béton construit par M. Lebrun a servi constamment au passage des voi- tures de transport dont la circulation est très-active dans ce canton , surtout à l'époque des récoltes; il a subi l'épreuve des gelées de deux hi- vers et des chaleurs d'un été, sans avoir éprouvé aucune altération appa- rente: c'est ce qui résulte d'un certificat délivré par M. le maire de Gri- solles, ville dans le voisinage de laquelle se trouve la nouvelle construction. (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour le premier Mémoire.) M. Perreau adresse la description et le modèle d'un nouveau bateau sous-marin. (Commissaires, MM. Beautemps - Beaupré, Roussin, Piobert, Séguier.) M. BE RuoLZ présente un échantillon de tuyaux en fer laminé qu'il a ( 45o ) zingués au moyen de ses procédés galvano-plastiques. Ces tuyaux sont destinés au tubage du puits foré de l'abattoir de Grenelle. (Renvoi à la Commission des Arts insalubres, chargée de l'examen des diverses communications relatives à la galvanoplastique. ) M. Darlc demande l'ouverture d'un paquet cacheté qu'il avait adressé en date du aS octobre 1840. Le paquet est ouvert, et une Note sur la télégra- phie nocturne, qui y était contenue, est renvoyée à l'examen de la Com- mission qui a fait le rapport sur le télégraphe de nuit de M. Vilallongue. L'Académie reçoit un Mémoire adressé pour le concours au grand prix de Mathématiques de 1842. Ce Mémoire est inscrit sous le n" 2. - (Renvoi à la future Commission.) L'Académie reçoit également cinq Mémoires adressés pour le concours au prix concernant la vaccine et inscrits sous les numéros i3, 14, i5, 16 et 17. (Renvoi à la future Commission.) M, Raynaud écrit qu'il a envoyé à l'Académie de Médecine un Mémoire qui était destiné pour le même concours. M. Bouteille annonce avoir constaté que la truffe comestible croît dans les environs de Lagny; il adresse quelques-uns des tubercules qu'il a recueillis dans ce canton , et des échantillons de la terre dans laquelle ils croissaient. La Lettre et les différents objetsqui l'accompagnent sont renvoyés à l'exa- men de M. Ad. Brongniart. {Pièces de la séance du 21 mars. ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Pallas adresse une Notice concernant les expériences qu'il a faites pour constater « l'influeîice de la fructification sur les phénomènes nutritifs de certains végétaux, et en particulier du maïs.» (Commissaires, MM. de Mirbel, Richard.) ( 45i ) M. ScHwiGKARDi présente un Mémoire ayant pour titre : « Traité sur la nourriture et les effets qui y ont rapport, contenant l'explication des résultats obtenus avec la gélatine, et les moyens de la rendre nour- rissante. » (Commission de la gélatine. ) (Pièces de la séance du 14 mars.) CORRESPONDANCE. PHYSIOLOGIE. — Note sur le système osseux; par M. Ghossat. « La question intéressante qui s'est débattue devant l'Académie des Sciences, dans sa séance du lundi 21 février, m'engage à lui faire part, d'une manière anticipée, il est vrai, et pour prendre date seulement, du résultat sommaire d'expériences sur le même sujet, dont je m'occupe de- puis près de deux ans. » Les physiologistes qui, dans ces derniers temps, se sont occupés de la nutrition du système osseux, ont tous suivi la marche tracée par Duhamel, savoir, celle de rechercher les modifications qu'apporte dans l'apparence du tissu osseux l'usage d'une alimentation plus ou moins chargée de ga- rance. La méthode que j'ai adoptée est absohiment différente; elle attaque la question plus directement. 3'avais eu l'occasion de m'assurer, dans mes expériences sur l'inanition, du besoin qu'ont les pigeons d'ajouter une cer- taine quantité de substances calcaires à celle que leur aliment habituel ren- ferme naturellement. Ce besoin, peu prononcé d'abord, devenant ensuite assez impérieux, j'ai vu là une indication à suivre et je me suis mis à étu- dier les effets qui résulteraient de la privation de cette quantité addition- nelle de principes calcaires. J'ai été conduit ainsi à des faits qui me parais- sent très-dignes d'intérêt. » Ces expériences sont d'une durée très -prolongée; il en est qui se sont étendues jusqu'au dixième mois, et celles que j'ai actuellement en voie d'exécution paraissent devoir se prolonger bien plus longtemps encore. C'est même là, pour le dire en passant, ce qui m'a empêché jusqu'à présent d'obtenir le nombre d'expériences nécessaire pour motiver mes conclusions comme je désire qu'elles le soient. ( 450 B Mes pigeons n'ont été nourris que de blé, et d'un blé soigneusement trié grain par grain, afin de le débarrasser soit de petites pierres qui s'y rencontrent, soit encore de tout grain étranger ou gâté qui pourrait altérer la régularité de l'alimentation. Je leur ingérais chaque jour un poids fixe et déterminé de ce blé, et je leur fournissais de l'eau à volonté. «Ces animaux supportaient d'abord très-bien et sans inconvénient appa- rent ce mode d'alimentation; seulement ils picotaient leur cage plus souvent qu'ilsne l'auraient fait sans cela. Ils commençaient, en général, par engraisser et par augmenter beaucoup de poids. Mais au bout de un , deux ou trois mois de ce régime, l'animal augmentait ses boissons et les portait successi- vement à deux, trois, quatre, cinq, six et même sept à huit fois leur quan- tité normale et primitive; les fécès, de solides qu'elles étaient en commen- çant, devenaient de plus en plus molles et diffluenles; une diarrhée s'éta- blissait, d'abord modérée, énorme ensuite; le poids du corps s'abaissait graduellement; et enfin, l'animal finissait par succomber entre le huitième et le dixième mois , à dater du début de l'expérience. C'est là une diarrhée qu'on pourrait Appelar par insuffisance de principes calcaires^ maladie dont on retrouved'assez fréquents exemples chez l'homme, surtout lors du travail de l'ossification, mais dont la cause a été méconnue jusqu'à présent. Elle se prévient et se guérit par l'usage des préparations calcaires. » Mais le résultat le plus remarquable de ces expériences , c'est l'altération du système osseux qui en a été la conséquence. En effet, la privation pro- longée des substances calcaires (je parle de la portion de ces substances que nos animaux ajoutent instinctivement à leurs aliments) finissait par rendre les os tellement minces, que même pendant la vie ils se fracturaient avec une grande faciUté. Ainsi, chez l'un de mes pigeons, j'ai trouvé tout à la fois le fémur gauche et les deux tibias fractiués. Peut-être l'animal avait-il engagé ses pattes entre les barreaux de sa cage; mais ceux-ci étant placés à un intervalle d'au moins 2 centimètres les uns des autres, il aurait pu faci- lement les retirer. Quoi qu'il en soit, cet animal dès lors cessa presque entiè- rement de boire et de digérer, et la mort survint quelques jours après par suite de sa triple fracture. C'était vers le commencement du huitième mois de l'expérience. » Après la mort, j'ai retrouvé la même fragilité des os. Ainsi chez un autre pigeon, ayant cherché à étendre avec précaution la cuisse qui s'était refroidie dans la flexion, j'ai fracturé également le fémur. » Chez ce même animal, le sternum était aussi singulièrement altéré. Avant de commencer l'autopsie, je trouvai la crête de cet os mobile, ( 453 ) presque comme si elle était devenue cartilagineuse; l'ayant examinée après l'incision du corps , la substance osseuse avait disparu en beaucoup d'en- droits, et ne paraissait remplacée que par le périoste. Après la macération, l'os s'est trouvé très-aminci, perforé d'un grand nombre de petits trous; il est devenu txés-cassant, en sorte qu'il s'est divisé en un certain nombre de fragments minces et irréguliers, et qu'il se brisait même quand on es- sayait de le nettoyer avec la barbe d'une plume. Au reste, je tiens celte pièce à la disposition de l'Académie, et je suis prêt, si elle le désire, à la soumettre à son examen. » J'ai soumis des animaux à l'usage du carbonate de chaux et à celui du sous-phospliate de chaux: je n'entre dans aucun détail sur ces expériences, soit parce qu'elles ne sont point encore assez multipliées, soit parce que je suis encore loin d'avoir parcouru tout le champ que je me propose d'examiner. Il me suffira de dire que jusqu'à présent il résulte de mon travail : » 1°. Que les sels calcaires déposés dans le tissu osseux peuvent être ré- sorbés dans une très-forte proportion; » 2°. Que cette résorption a lieu quand l'animal ne trouve pas dans l'aliment qu'on lui donne une quantité de principes calcaires suffisante; » 3". Que jusqu'à présent cette résorption s'est toujours faite d'une ma- nière lente et graduelle; » 4°- Que par là le système osseux s'atténue insensiblement, et qu'en général les animaux finissent par tomber dans l'état dit de fragilité des os; » 5°. Enfin , que ces mêmes animaux peuvent être maintenus dans ut4 état de nutrition qui paraît à tous égards complet, en ajoutant à leur blé un peu de carbonate de chaux. » J'ajouterai en terminant que ces expériences expliquent quelques-uns des faits très-intéressants obtenus par la Commission de la gélatine, en montrant à quoi peut tenir l'absence de propriétés nutritives absolues dans beaucoup d'aliments qui d'ailleurs peuvent soutenir la vie pendant un certain temps. Car si de deux animaux nourris de mêmes quantités du même blé, l'un dépérit au bout de quelques mois quand on se borne à cet aliment, tandis que l'autre prospère de la manière la plus complète, lors- qu'à ce même aliment ou ajoute seulement un peu de carbonate de chaux: c'est que dans le dernier cas le système osseux se nourrit, tandis qu'il s'i- nanitie dans le premier. » Je ne terminerai point cette Note sans annoncer à l'Académie que C. R., 1842, i" Semestre. (T. XIV , N» 18.) (ja ( 454 ) j'ai enlevé aux os une partie de leurs principes calcaires par le moyen de la pile galvanique; que j'aurais probablement pu les en dépouiller entière- ment si j'avais poussé l'expérience suffisamment loin; et qu'enfin je pense appliquer ce moyen au traitement de la nécrose pour accélérer la destruc- tion des séquestres osseux, destruction dont la lenteur entraîne si souvent la mort des malades, par les suppurations interminables qu'elle occa- sionne. » M. Bouissoiv adresse des observations sur les caractères microscopiques de la bile et sur les applications qu'on peut en faire au mécanisme de la formation des calculs biliaires. « Pour bien constater les caractères microscopiques de la bile humaine , ou celle d'autres animaux supérieurs, il faut, dit M. Bouisson, l'examiner à un grossissement de aSo diamètres, et lorsque le liquide est dans un cer- tain état de concentration. La bile cystique d'un sujet ayant supporté une longue abstinence , est celle qui se prête le mieux aux observations. » Le microscope fait découvrir trois sortes d'éléments : i" des plaques de matière colorante d'un jaune légèrement verdâtre, de dimension varia- ble, ordinairement irrégulières; 2° des corpuscules à forme géométrique, d'apparence cristalline en nombre moins considérable que les grumeaux de matière colorante, avec lesquels ils sont quelquefois unis. Ces corpus- cules sont de la cliolestérine à l'état de suspension. Je m'en suis assuré en traitant par l'éther la bile dans laquelle on les découvrait; ils disparais- saient sous l'influence de ce dissolvant; en ajoutant artificiellement à la bile de la cliolestérine réduite en parcelles très-ténues , et en l'examinant au microscope, l«s nouveaux fragments cristallins présentaient un aspect . identique avec celui des corpuscules déjà signalés. Ayant eu l'occasion d'é- tudier au microscope la bile d'un sivjet qui portait un grand nombre de calculs biliaires formés de cholestérine, j'ai retrouvé à l'état de suspension dans ce liquide des paillettes cristallines en nombre beaucoup plus consi- dérable que dans l'état naturel. 3° Des globules en quantité variable, tantôt disposés en petites masses cohérentes , tantôt associés à des grumeaux de matière colorante, auxquels ils semblaient servir de moyen d'union. Ces globules appartiennent au mucus de la vésicule biliaire; on peut en dé- pouiller la bile en précipitant le mucus par de l'alcool. On observe alors à l'état d'isolement la cholestérine et la matière colorante. » La constatation de la forme soiis laquelle la matière colorante et la cholestérine existent dans ce liquide, rend la formation des calculs bi- liaires beaucoup plus facile à expliquer que par les théories proposées jusqu'à ( 4^5 ) ce jour. Le plus grand nombre de ces calculs est composé de matières qui se trouvent dans la bile à l'état d'isolement, et dont l'agglomération peut être provoquée par des causes physiques très-simples. Chaque sujet dans l'état sain porte une infinité de petits calculs biliaires; les calculs volumi- neux et qui constituent un état pathologique résultent de l'union de ma- tériaux préexistants. » M. QuiNET demande à soumettre au jugement de l'Académie les procédés qu'il a imaginés pour la fabrication d'un papier de sûreté. Il fait remarquer que ses procédés, bien que présentés au concours ouvert par M. le mi- nistre des Finances, n'ont point été examinés par la Commission ministé- rielle qui était chargée de décerner le prix. M. Dumas fait remarquer que la présentation de M. Quinet n'a eu lieu qu'après la clôture du concours, de sorte que la Commission ministé- rielle ne pouvait en prendre officiellement connaissance. La Lettre de M. Quinet est renvoyée à l'examen de la Commission des encres et papiers de sûreté. M. Arago annonce que M. de Beurges se propose de répondre à une objection qui a été faite contre les papiers qu'il a présentés à l'Académie. En supposant qu'on pût, comme on l'a dit, dédoubler ces papiers afin de soustraire à l'action des réactifs la vignette délébile, les deux lames une fois séparées ne conserveraient plus les mêmes dimensions et ne pourraient être réunies sans que la fraude parût. M. de Beurges, au reste, enverra des échantillons de ces papiers dont il ne croit pas le dédoublement possible. M. Mabtivs, secrétaire de la Classe mathématico-physique de l'Acadé- mie royale de Munich, exprime, au nom de cette classe, le désir de recevoir les Comptes rendus hebdomadaires que publie l'Académie des Sciences. Dans la même lettre, M. Martius donne une idée des principaux travaux qui occupent en ce moment les membres de la classe mathématico-physique de l'Académie de Bavière. M. le secrétaire perpétuel rappelle qu'en vertu d'une décision de la Com- mission administrative, l'Académie de Munich est comprise dans le nombre des corps auxquels est adressé le Compte rendu hebdomadaire de l'Aca- démie des Sciences. On prendra dès informations sur les causes qui ont empêché que l'exemplaire qui lui était destiné ne parvînt à son adresse. 6a.. ( 456 ) M. DE RoYS présente quelques considérations sur le refroidissement gra- duel du globe terrestre et sur les effets qui en doivent résulter quant à la forme de l'enveloppe solide. M. KoRiLSKi prie l'Académie d'intervenir auprès de M. Arago à l'effet d'ob- tenir qu'il fasse connaître sou opinion sur les causes de l'accident survenu au tube intérieur du puits foré de Grenelle. M. le Président déclare, à cette occasion, que dorénavant il ne sera plus donné communication des Lettres qui ne s'adresseraient pas à l'Aca- démie, mais uniquement à tel ou tel de ses membres. (Pièces de la séance du 21 mars.) CORRESPONDANCE. CHIMIE. — ■ Sur le poids atomique du chlore; par M. Juw«Rvr. « Depuis la détermination du nouveau poids atomique du carbone, plusieurs chimistes ont paru disposés à revenir à cette opinion , que les poids atomiques de tous les corps sont des multiples de celui de l'hydro- gène. Les plus légers (oxygène, azote et carbone) paraissent être en effet des multiples du nombre i2,5o. J'ai voulu voir s'il en serait de même pour le chlore. Tout le monde sait par quelle suite d'opérations et de pesées M. Berzélius est arrivé au nombre 2 2i,3o pour le poids atomique de ce corps. Répéter toutes les opérations de M. Berzélius, cela eût exigé une habileté trop peu commune. J'ai employé une méthode très-simple, qui re- • pose seulement sur la détermination exacte du poids atomique du carbone. » J'ai analysé l'hydrochlorate de chloronaphtalise, qui est un des plus beaux corps et des mieux cristallisés que la chimie puisse olTrir. Voici les résultats que j'ai obtenus. (Après avoir fait passer un courant d'oxygène sur l'oxyde de cuivre, on a eu soin de le chasser à l'aide d'un courant d'air sec et privé d'acide carbonique.) O" i5oo,o H'* 87,5 Cl*° 22l3,0 38oo,5 Calculée. Calculée. Calculée. 39,468 i5oo,o 39,088 i5oo,o 39,73 2,302 87,5 2,280 87,5 3,32 58,23o 9.25o,0 58,632 2187,5 3775,0 ^7.95 100,000 3837,5 100,000 100,00 ( 457 ) I. II. ni. Moyenne. Expérience C 29,47 39,41 39,89 89, 4» H 2,3i a,3o 2,33 2,3i Cl 58,22 58,29 58,28 58,27 100,00 100,00 100,00 100,00 » Le premier calcul est basé sur te poids atomique de M. Berzélius 221,3 Pour le second calcul, on a adopté le nombre . aaS =36 fois 6,25. Pour le troisième 218,95 = 35 fois 6,25. » Les trois expériences s'accordent d'une manière, parfaite avec le poids atomique de M. Berzélius, et elles présentent une différence de 3,i à 3,3 millièmes sur le charbon, avec les calculs basés sur tes nombres 225 et 2 18,75. » M. Gharhière présente divers instruments de chirurgie et de coutellerie qu'il a dorés au moyen des procédés galvanoplastiques. ^^'7* mvA)» .f-vùty. a Les instruments tranchants que j'ai soumis à des épreuves réitérées sur le cadavre, n'ont été endommagés, dit M. Charrière, ni dans la qualité du tranchant, ni dans la dorure; et les instruments à pression ont conservé toute la résistance donnée par la trempe. Je me suis assuré que les instru- ments dorés par ce procédé ne sont point sujets à s'oxyder, ce qui est, comme tout le monde le sentira, vm grand avantage pour les pièces des- tinées à séjourner dans nos tissus pendant un temps plus ou moins long. » M. Passot s'adresse de nouveau à l'Académie pour la prier de hâter le travail de la Commission chargée de faire un rapport swr le Mémoire qu'il a présenté. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés pré.sentés, l'un à la séance du 14 mars par M. Maivdl, l'autre à celle du 21 par M. Phiquepai, d'Arusmont. La séance est le vée à cinq heures un quart. F. ERRJTJ. (Séance du 14 mars i84-j.; Page 397, ligne 21, au lieu de i{x,jr,z), lisez, ^(x,y,.z) Pai;e 899, ligne 7, au lieu de 'P{x,j,z), lisez ^{x,j,z) Page 4o2, ligne 11 , au lieu de =, lisez •+■ Ibid., ibid., au lieu de f, lisez ^^ ( 458 ) BUELETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 'L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes j'endus hebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; i*' semestre 1842, n° 11, in-Zj". Annales des Sciences naturelles; février 1842; in-8°. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; février 1842; in-S". Annales de la Chirurgie française et étrangère ; mars 1842, in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n° 78; in-8°. Abrégé élémentaire de Chimie; par M. LaSSAIGNE; tomes I et II, 10-8°; et planches in-8°, 3* édition; 1842. Deuxième Lettre à l Académie de Médecine, sur la dissolution des calculs uri- naires, et leur traitement chimique; par M. Leroy d'Étiolles ; 1 84 1 ; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; mars 1842; in-8°. Journal de Médecine pratique de Bordeaux, année i84i ; in-S". Notice des travaux de la Société de Médecine de Bordeaux; par M. BuRGUET ; Bordeaux , 1 84 1 ; in-8°. Programme des prix de la Société de Médecine de Bordeaux; séance publique annuelle du 20 septembre i84i ; in-8°. Du Strabisme et de son traitement, précédé de quelques recherches anatomi- ques sur les muscles de l'Œil; par M. le D' BoiNET; brochure, 1842; in-8°. (Renvoyé comme pièce à consulter à la Commission du Strabisme.) Journal de Pharmacie et de Chimie; mars 1842; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; mars 1 842 ; in-8°. Annales de la Propagation de la Foi; mars 1842 ; in-S". Lettre à M. A. Cauchy, de l'Académie des Sciences; par M. F. PaSSOT; une feuille in-4°. Monographies d'Echinodermes vivants et fossiles; par M. Agassiz; 3* et 4* livr. in-4'', avec planches in-fol. ; Genève. Monographia generum Aloes et Mesembryanthemi; auctore JoSEPHO, principe de Salm-Reifferscheid-Dyck ; fascicul. 4; D"sseldorpii; in-4°. Gonchologia . . . Conchyliologie systématique ; par M. Reeve; part. 5, com- plétant le j" vol. ; in-4'*. ( 459 ) Natural. . . Histoire naturelle de l'Homme; par M. J. CowleS-Prichahd ; 3* livraison, in-8°. The London. ... Journal de Botanique de Londres; 3* numéro; mars 1842, in-80. Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER ; n° 443 ; in-4". Auszug. . . Observations microscopiques sur l'Anatomie et la Physiologie du Brancbiostoma lubricum , Costa (Amphioxus lanceolatus , Yarrell) ; par M. MuLLER. (Extrait de r^na/^se des Mémoires lus à l' Académie des Sciences de Berlin et destinés à la publication.) In-8°. Bericht iiber. . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin et destinés à la publication ; décembre i84i et janvier 1842; in-B"^ Gazette médicale de Paris; tome X ; n° 12. Gazette des Hôpitaux; n" 32 — 35. L'Echo du Monde savant; n°' '713 et 714. L'Expérience, journal de Médecine; n° 246v L'Examinateur médical; tome XI ■,11' 12. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SÉANCE DU LUNDI 28 MARS 1842. PRÉSIDEKCE DE M. PONCELET. AIEMOIRES ET COMMIIIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Après la lecture du procès-verbal, une discussion s'est élevée, à l'occa- sion d'un article du dernier Compte rendu , entre M. Abago d'une part , MM. Flourens et Libri de l'autre. Il nous semble inutile de donner d'au- tres détails sur cet incident de la séance. RAPPORTS. CHIMIE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Mémoire de M. Ebelmen ajant pour titre : Recherches sur la composition et l'emploi du gaz des hauts-four- neaux. (Commissaires, MM. Thenard, Berthier, Chevreul rapporteur;) « Depuis qu'un maître de forges français, M. Aubertot, imagina des constructions propres à être chauffées par la flamme perdue de ses hauts- fourneaux, et depuis surtout l'année i8i4 où M. Berthier, en les faisant connaître, appela l'attention publique sur toutes les conséquences que pou- vait avoir l'emploi d'une source de chaleur qui avait élé négligée jusque-là, C. R., 184a, i"' Semestre.iT, XIV, N» 130 ^^ (4G2 ) on peut s'étonner de la lenteur avec laquelle on a profité du travail du praticien et des vues du savant, qui dès l'origine en avait apprécié toute rimportance, principalement pour la France, si intéressée à économiser le combustible dans la préparation du fer. »En effet, c'est depuis peu d'années seulement que l'industrie du pays pa- raît sentir les avantages d'une découverte qu'il a vue naître et que la science de ses ingénieurs s'est constamment efforcée de développer; mais si le doute était permis encore, s'il fallait de nouveaux arguments en faveur de cette découverte pour porter la conviction dans des esprits qui ne sont point convaincus de sa grande utilité, les recherches auxquelles s'est livré un jeune professeur de l'École des Mines de Paris , M. Ebelmen, sur la compo- sition et l'emploi du gaz des hauts-fourneaux, dissiperaient toutes les incer- titudes tendant à prolonger l'ajournement des conséquences du travail de M. Aubertot. C'est sans doute ce que pensera l'Académie après avoir en- tendu le rapport qu'elle nous a chargés de lui faire sur les recherches dont nous parlons; mais, avant d'en commencer l'examen, il ne sera pas inutile de rappeler la distinction des diverses parties composant la capacité d'un haut-fourneau et la marche que suivent les matières qui y réagissent. » La capacité d'un haut-fourneau comprend quatre parties distinctes continues, et ayant une verticale pour axe commun ; elles sont, en com- mençant par le haut: » I '. Ija cuve ; » 2°. Les étalages ; » Ces deux parties ont la forme de deux troncs de cône réunis à leur grande base, mais la hauteur de la cuve est à celle des étalages comme 2 |, 3 1^ est à I . M 3". L'ouvrage : capacité prismatique dont la partie inférieure reçoit la tuyère ou les tuyères des machines soufflantes qui -amènent l'air dans le fourneau ; » 4"- Le creuset : capacité située au-dessous de la tuyère ou des tuyères, dans laquelle tombent les laitiers et la fonte provenant de la réduction des minerais de fer. » C'est par le gueulard, ouverture supérieure de la cuve, que l'on intro- duit dans le haut-fourneau le combustible, le minerai et le fondant, et c'est par la base de l'ouvrage qu'afflue incessamment l'air nécessaire à la com- bustion. » Le charbon joue un triple rôle : une portion développe la chaleur né- cessaire à l'action chimique et à la fusion des corps qui doivent se liquéfier; ( 463 ) une autre portion, en enlevant l'oxygène du minerai, ramène le fer à l'état métallique; enfin une troisième, en s'unissant au métal réduit, le change en fonte fusible. » Il est évident, d'après cela, qu'il y a dans un haut-fourneau en activité deux colonnes en mouvement, l'une ascendante et l'autre descendante; la première, absolument gazeuse, provenant originairement del'air atmosphé- rique pourvu de sa vapeur d'eau, est formée à sa sortie d'azote, de toutes les matières volatiles qui ont pu se déj^ager du minerai, du fondant et du com- bustible, enfin des produits de la combustion : la colonne descendante, for- mée de matières solides à son origine , l'est en définitive de matières liqué- fiées , lesquelles se séparent en laitiers ou scories et en fonte. » Les recherches de M. Ebelmen, dont nous allons parler maintenant, forment, par leur étendue, un livre plutôt qu'un Mémoire proprement dit. Elles ont eu pour objet trois points principaux : » 1°. De reconnaître par l'expérience directe la composition chimique de la colonne ascendante, depuis sa sortie par le gueulard jusqu'à son ori- gine inclusivement devant la tuyère; » 3°. D'établir la théorie des hauts-fourneaux sur la coordination des faits déterminés par lui d'une manière précise, avec les faits déjà connus concernant particulièrement la colonne descendante; » 3°. D'exposer quelques résultats d'expériences sur l'emploi des gaz combustibles de la colonne ascendante, et quelques vues sur le moyen de tirer parti , pour le travail du fer, d'un combustible quelconque à base de carbone et d'hydrogène. » Il suffit sans doute du simple énoncé de ces recherches pour justifier auprès de l'Académie les détails dans lesquels nous allons entrer, afin de lui mettre sous les yeux les éléments mêmes du jugement que nous allons porter sur le travail de M. Ebelmen. § I". De la composition chimique de la colonne ascendante du haut-fourneau. » M. Ebelmen a eu des obstacles à vaincre avant de pouvoir puiser avec certitude les gaz qu'il voulait analyser dans les diverses parties du fourneau que parcourt la colonne ascendante, depuis la tuyère jusqu'au gueulard; il y est parvenu en laissant plonger dans chacime de ces parties, pendant un temps convenable, un tuyau aspirateur, dont la matière était choisie en ayant égard à la température qTi'elle devait supporter: ainsi au gueulard, dans la cuve et au-dessous, il pouvait puiser le gaz par l'intermédiaire d'un tuyau de fonte, tandis qu'à la tuyère , il fallait recourir à un tube de por- 63.. r 464 ) celaine luté, préservé de l'action immédiate du feu par une double enve- loppe de fer et de terre réfractaire, et avec cette précaution était-on encore obligé de ne donner qu'une portion du vent normal. » Le tube aspirateur se trouvait toujours en communication avec un tube rempli de ponce imprégnée d'acide sulfurique destiné à retenir la vapeur d'eau, et à en faire connaître le poids: mais tantôt le gaz desséché était transmis directement dans un gazomètre à mercure de 1600 centimètres cubes; tantôt il était recueilli préalablement dans un récipient de verre rempli d'eau recouverte d'une couche d'huile suffisamment épaisse pour* préserver le gaz de tout contact avec l'eau. Dans les deux cas le gaz parfai- tement desséché était soumis, dans un système de tubes de verre, à une série d'opérations au moyen desquelles : » i". Il cédait son acide carbonique à la potasse; » 2'. Il éprouvait l'action comburante de l'oxyde de cuivre, s'il contenait du carbone et de l'hydrogène à l'état de combustible; » 3". On recueillait l'acide carbonique et l'eau ainsi produits; » 4°' On pouvait déterminer directement l'azote, résidu des opérations précédentes. » Avant d'introduire le gaz du fourneau dans l'appareil, celui-ci avait été soumis à un courant d'azote, susceptible d'en expulser tout l'air atmo- sphérique. » On opérait dans chaque analyse sur 1 i litre de gaz, et la combustion, par l'oxyde de cuivre , durait une heure. La quantité de la matière analysée, et la durée de la combustion dans un appareil bien imaginé d'ailleurs, don- nent toutes les garanties désirables sur l'exactitude des résultats. » C'est par ce procédé que M. Ebelmen a pu s'assurer que le gaz des liauts-fourneanx est formé dans son plus grand état de complexité, de vapeur d'eau, d'acide carbonique , d'oxyde de carbone, d'hydrogène non carburé, d'azote, et, lorsqu'on fait usage de bois, d'acide acétique, d'oxy- carbure ou de carbure d'hydrogène; ces composés sont absorbés par la ponce sulfurique. » M. Ebelmen a fait deux séries d'expériences : dans l'une il a examiné les gaz du haut-fourneau de Clerval (département du Doubs), qui marchait au charbon de bois avec un air chauffé de 176 à 190° s'échappant d'une buse de o™,o65 de diamètre sous une pression de o™,oi5 à o^jOiS de mercure; » Dans l'autre , il a examiné les gaz du haut-fourneau d'Audincourt (dé- partement du Doubs), qui marchait au charbon et au bois avec de l'air ( 465 ) chauffé à aSo" s'échappant d'une buse de Sa centimètres carrés sous une pression de o^oyo à o"',074 de mercure. Première série. — Examen des gaz du haut-fourneau de Clervalj gaz pris à ras du gueulard. » Ces gaz, comme on pouvait le prévoir, dépourvus d'oxygène libre, étaient représentés, terme moyen, par Acide carbonique ,.i,., 12,88 Oxyde de carbone a3,5i Hydrogène 5 ,8a Azote. ^7 1 79 M Quant à la vapeur d'eau correspondante à 100 volumes de gaz sec, elle variait de i4,38 à 9,42volumes, suivant que les gaz étaient puisés lorsque la charge du fourneau s'élevait au niveau du gueulard ou qu'elle se trou- vait au-dessous. » I^a proportion de l'hydrogène et celle de l'azote étaient à peu près constantes. » La somme des volumes du gag: acide carbonique et du gaz oxjrde de carbone était constante; mais il y avait quelque variation dans leur pro- portion respective. Gaz pris dans l'intérieur de la cuve. » M. Ebelmen, en analysant des gaz puisés à i'",^'i , a^jôy, 4°'>oo, S^jSS du gueulard , a vu » i". Que de i^jSS à 2'",67 la proportion de vapeur d'eau diminue rapi- dement, tandis que les autres principes du mélange sont en proportions peu différentes ; » 2°. Que de 2"',6-j à 5'",67, la proportion de l'oxyde de carbone augmente; celles de l'acide carbonique et de l'hydrogène diminuent. Gaz pris au bas de la cuve ou au sommet des étalages. » Leur composition doit fixer l'attention; d'abord à catise de sa constance et ensuite par l'absence de l'acide carbonique et de la vapeur d'eau ; ils sont représentés par Oxyde de carbone 35, 01 Hydrogène , i ,92 Azote 63, cj ( 466 ) » Il faut remarquer que l'oxygène excédant la quantité d'oxygène atmo- sphérique qui est donnée par l'azote, dont la quantité reste invariable (i), a diminué, en allant du gueulard au bas de la cuve, de loà i : il faut donc que le minerai ait perdu de l'oxygène dans la cuve. Gaz pris au bas des étalages. «Leur composition n'a pas la constance de celle des gaz précédents; mais M. Ebeimen en indique une cause très- probable. Quoi qu'il en soit, leur composition moyenne est de Acide carbonique o,3i Oxyde de carbone 4 ■ i^g Hydrogène 1,42 Azote 56,68 Gaz pris sous la lympe, ouverture par ou sortent les laitiers, un peu au-dessus de la tuyère. » Ces gaz étaient formés de : Oxyde de carbone 5i,35 Hydrogène i,25 Azote 4? >4o » On voit que l'oxygène de l'oxyde de carbone excède d'une quantité notable l'oxygène atmosphérique représenté par l'azote, et celui provenant d'une décomposition d'eau représentée par i,25 d'hydrogène. Nous re- viendrons sur ce résultat; mais , quoi qu'il en soit, // faut déjà remarquer l'absence de tout acide carbonique dans la colonne ascendante prise à peu de distance de la tuyère. Gaz pris à l'ouverture de la lujrere. » Ces gaz ne présentent que de l'air atmosphérique dont quelques cen- tièmes d'oxygène ont été convertis en acide carbonique. » D'après ce résultat, il serait difficile de ne pas admettre que l'oxygène atmosphérique, en se portant directement sur le carbone, produit du gaz acide carbonique; mais il est bien important de remarquer, d'après l'ana- lyse des gaz puisés par l'ouverture de la tympe, que le gaz carbonique est {i) Voir à la page 468, § II, Théorie des hauts-fourneaux , i" alinéa. ( 467 ) rapidement changé en gaz oxyde de carbone^ sous l'injluence du charbon en excès et de la haute température développée dans le l'oisinage de la tuyère, température telle qu'un canon de fusil qu'on y expose est calciné et fondu au bout de i à 2 minutes, qu'un tube de porcelaine s'y fond s'il n'éclate pas à la première impression de cette chaleur. Deuxième série. — Examen du gaz du haut-fourneau dAudincourt, 1) Ce fourneau, ainsi que nous l'avons dit, marchait au charbon et avec du bois qui représentait en pouvoir calorifique le tiers de son volume de charbon. » M. Ebelmen , ayant voulu savoir à quelle profondeur de la cuve le bois était réduit en charbon , s'est assuré que le bois qui séjournait ~ d'heure à 3 mètres de profondeur du gueulard , dans la cuve de ce fourneau qui a 8 mètres de hauteur, y conservait son aspect, et que le minerai qu'on y avait mêlé y conservait son humidité, tandis qu'à i mètre au-dessous, c'est-à-dire à 4 mètres du gueulard, une exposition de 3 heures ^réduisait le bois en charbon parfait et le minerai en oxyde magnétique. » L'analyse des gaz du haut-fourneau d'Audincourt, s'accorde parfaite- ment avec celle des gaz du haut-fourneau de Clerval , sauf que dans la moitié supérieure de la cuve d'Audincourt les gaz contenaient à peu près deux fois plus de vapeur d'eau, conséquence toute simple de l'emploi du bois qui se dessèche dans cette partie du fourneau; enfin que les gaz ren- fermaient de l'acide acétique et des oxycarbures ou carbures d'hydrogène condensables par l'acide sulfurique; mais il était remarquable que l'hy- flrogène qui échappait à la condensation de cet acide était pur de tout carbone; il ressemblait donc, par son état chimique, au gaz d'un hautr. fourneau chauffé exclusivement avec le charbon. » Enfin M. Ebelmen, ayant été mieux servi par les circonstances au fourneau d'Audincourt qu'au fourneau de Clerval, pour puiser le gaz de la colonne ascendante dans la région de la tuyère , a observé alors d'une manière certaine la production du gaz acide carbonique par l'action de l'air sur le carbone précédant la formation de l'oxyde de carbone. Il a pu se convaincre d'un fait important, c'est que Voxjgène atmosphérique un peu au-dessus de la tuyère, se retrouve dans l'acide carbonique et l'oxyde de carbone produits, de sorte qu'il faut reconnaître que dans cette partie du fourneau il ne se brûle pas de quantité notable de fer sous ïinfluence de la clialeur et de l'air. ( 468 ) » Enfin M. Ebelraen s'est assuré que dans un cubilot de i'°,67 de hau- teur marchant au coke, les gaz puisés à o°', i de profondeur du gueulard ont donné Acide carbonique i2, 1 1 Oxyde de carbone 1 1 ,98 Hydrogène... 0)95 Azote ^......... 74) 96 d'où il suit que la colonne de coke n'est pas suffisante pour convertir tout l'acide carbonique en oxyde de carbone, et qu'il y a en outre une cer- taine quantité d'oxygène qui se porte sur le fer et le scorifie , résultat bien différent du précédent. § II. — Théorie des hauls-Jburneaux. " Pour suivre facilement les modifications de composition qui survien- nent dans la colonne ascendante gazeuse du haut-fourneau, il faut prendre une quantité définie d'azo.te pour terme de comparaison, par exemple 100 volumes, lesquels représentent a6"'',a6 d'oxygène atmosphérique; dès lors, comme l'azote entré par la tuyère, représenté par 100 volumes, est encore représenté par ce même nombre à sa sortie par le gueulard, il est aisé en y rapportant la composition de chaque tranche de la co- lonne ascendante, de suivre les changements qui surviennent dans la proportion respective des gaz constituant la colonne. » IjCS analyses de M. Ebelmen démontrent bien que la composition de la colonne à une hauteur déterminée est constante, toutes les fois que la durée de l'aspiration des gaz à cette hauteur est suffisamment prolongée, et que d'ailleurs le courant d'air lancé de la tuyère est constant. » Cependant l'analyse des gaz ne peut donner la composition moyenne de la tranche gazeuse qui se trouve dans l'ouvrage à quelques décimètres de la tuyère ; et c'est ici le lieu de rapporter l'explication de M. Ebelmen que nous avons annoncée plus haut (pages 464 et 465), pour expliquer la forte proportion d'oxyde de carbone indiquée par l'analyse dans les gaz puisés à cette partie du fourneau. » Suivant M. Ebelmen, les matières qui recouvrent le bain de fonte dans le creuset, celles qui adhèrent aux parois intérieures de l'ouvrage , renfer- mant du silicate de fer à l'état pâteux et du charbon, il y a en consé- quence une réduction incessante d'oxyde de fer, qui donne lieu à de l'oxyde de carbone, lequel est aspiré en forte proportion, en même temps que (469) le gaz de la colonne ascendante, par le tuj'au qui sert à recueillir ce dernier. » Suivons la transformation de la couche d'air pénétrant par la tuyère dans le fourneau et en sortant par le gueulard; son oxygène, converti d'a- bord en acide carbonique , est bientôt changé en oxyde au moyen d'une quantité de carbone égale à celle de l'acide carbonique ; le volume de l'oxy- gène se trouve ainsi doublé. Cette conversion s'opère dans un espace très- rapproché de celui où l'acide a été produit. » En même temps la vapeur il'eau atmosphérique introduite avec l'air est réduite en oxyde de carbone et en hydrogène pur. » S'il ne se produisait pas de silicate de fer , si l'on n'avait pas ajouté au minerai qu'on passe au haut-fourneau des scories qui sont d'une réduction difficile, la tranche arrivée au haut des étalages serait représentée par loo d'azote, 52,5 d'oxyde de carbone, plus la quantité d'oxyde de car- bone produite par l'oxygène de l'eau , plus l'hydrogène de cette eau. B De la base de la cuve au gueulard l'acide carbonique reparaît et augmente jusque vers le milieu de la cuve, où la proportion en devient constante; en même temps la proportion d'oxyde de carbone diminue, parce qu'il se produit de l'acide carbonique à ses dépens, et dans le quart supérieur de la moitié inférieure de la cuve, il ne se passe pas d'autre phénomène chimique que cette conversion, laquelle donne lieu à une augmentation d'oxygène séparé de l'oxyde de fer du minerai de 12,7 à 17. M L'hydrogène augmente depuis les étalages jusqu'à \'",33 près du gueulard. D II est entendu que c'est dans la moitié inférieure de la cuve que l'eau, l'acide carbonique , en un mot les matières volatiles du minerai , du fon- dant et du combustible se dégagent. » En tenant compte de toutes les matières réagissant dans un haut- fourneau, M. Ebelmen arrive aux conclusions suivantes : » 1°. La cuve d'un haut-fourneau est un appareil où le charbon perd son humidité , de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone, où le bois perd son humidité, de l'hydrogène et laisse dégager de l'acide acétique , des oxycar- bures et des carbures d'hydrogène, où lacastine et le minerai se dépouil- lent de leur humidité et de leur acide carbonique; » 2°. Il n'y a aucune action chimique entre le charbon et le minerai; » 3". Il n'y aucune action chimique entre le charbon et l'acide carboni- que, soit celui qui provient de la castine, soit celui qui a été produit par le combustible et l'oxygène du minerai. , C. E., 1841, I" Semestre. (T. XIV, N' 15.) ^4 ( 4-0 ) » 4°« La seule action chimique dont la cuve soit le théâtre est la conver- sion du minerai en fer ou en oxyde magnétique par la réaction de l'oxy- gène du minerai et de l'oxyde de carbone produit dans les régions inférieu- res du fourneau ; » 5°. L'hydrogène provenant de la distillation du combustible, aussi bien que celui qui résulte de la décomposition de l'eau hygrométrique de l'air introduit par la tuyère , ne parait exercer aucune action chimique dans le haiit-fourneau ; » Ce résultat est parfaitement d'accord avec les expériences de M. W. Henry , qui démontrent que l'oxygène en présence de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone s'unit de préférence à celui-ci , soit sous l'influence de l'éponge de platine , soit sous l'influence de la chaleur (i). » Il s'accorde encore avec ce qu'où sait de l'influence de la masse chi- mique de deux corps susceptibles de s'unir isolément à un troisième, et qui sont en proportions très-différentes relativement à ce dernier, c'est le corps le plus abondant qui entre en combinaison de préférence à l'autre. Eh bien! c'est le cas de l'oxyde de carbone relativement à l'hy- drogène dans la colonne ascendante; le premier y est bien plus abondant que le second. » 6°. La quantité de carbone consommée depuis les étalages jusqu'à l'endroit où les dernières portions d'acide carbonique sont transformées en oxyde de carbone, est de 6 p. loo du carbone total. » 7°. Le minerai perd, dans la cuve, les j| de son oxygène par la réac- tion de l'oxyde de carbone , et perd les -^ restant depuis les étalages jus- qu'à la tuyère, par l'action directe du carbone. 11 est probable que le fer commence à se carburer dans la moitié inférieure des étalages , et il est certain que c'est à o™,3 au plus de la tuyère que s'opère la fusion du laitier et de la fonte. » Suivant M. Ebelmen, l'espace du haut-fourneau où se développe le maximum de chaleur est très-petit, et cela à cause de la rapidité avec laquelle l'acide carbonique devient oxyde de carbone en s'emparant d'une quantité de carbone égale à celle qu'il contient. a Or, M. Ebelmen , en s'appuyant des expériences de Dulong , établit un résultat bien extraordinaire au premier abord, mais qu'il est difficile de ue pas admettre, c'est que la conversion de l'acide carbonique en oxjde de (0 Philos, magaz., mai i835et novembre i836. Annales des Mines, t. X[, p. 383. Bibliothèque de Genève, tome VI, page 383. ( 4v ) carbone doit être accompagnée d'un refroidissement considérable; dès lors l'espace du maximum de chaleur doit être très-peu étendu, et, à partir de cet espace , l'effet calorifique de la colonne ascendante sur la colonne descendante doit être bien plus faible qu'il aurait été si l'acide carbonique de la première ne se fût pas changé en oxyde. 1) En effet, 2 litres d'oxygène atmosphérique, en produisant 2 litres de gaz acide carbonique, développent une température de aaSa", tandis qu'en produisant 4 litres d'oxyde de carbone, ils ne développent que 780°. Il y a donc une cause agissant incessamment pour abaisser la température de 2 232* à 780°. » Il est évident que l'oijservation précédente conduit à distinguer, d'une manière toute particulière, les fourneaux à cuve où la matière à traiter est mélangée avec une quantité de combustible suffisante pour changer l'acide carbonique en oxyde de carbone, des fourneaux à réverbère où le combustible est sur une grille, en couche mince, séparée de la matière à traiter. » Si nous poursuivons , avec M. Ebelmen , la recherche des causes qui rendent nécessaire à la préparation du fer la haute température développée dans un haut-fourneau, nous voyons d'abord que le poids du minerai, du fondant et du combustible qui y entrent, n'est que la moitié du poids de la colonne ascendante qui en sort, et ensuite que la chaleur spécifique des trois matières précitées de la colonne descendante est bien inférieure à celle du gaz de la colonne ascendante; par conséquent ce n'est point réchauffement du minerai, du fondant et du combustible qui rend raison de la nécessité du maximum si élevé de la chaleur du haut-fourneau. » Les causes principales du refroidissement de la colonne ascendante dans la cuve, sont la dessiccation du minerai, du fondant et du combustible; l'expulsion de l'acide carbonique du carbonate de chaux de la castine. » D'un autre côté, nous avons vu combien la conversion de l'acide carbonique en oxyde a d'influence pour refroidir la partie supérieure de l'ouvrage. » Maintenant il existe une troisième cause de refroidissement de la co- lonne ascendante, c'est la chaleur qui doit disparaître par le fait de la réduction du fer, ou, en d'autres termes, par le transport de l'oxygène de son oxyde sur l'oxyde de carbone et sur le carbone, effets qui ont lieu successivement dans la cuve d'abord , ensuite dans les étalages, et surtout dans l'ouvrage. » Dulong ayant démontré que i litre d'oxygène , ea se combinant au fer, 64.. ( 472 ) développe 6216 calories, il faudra que cette chaleur soit restituée lors de la réduction de l'oxyde. Maintenant, sachant que i litre d'oxygène, en brûlant 2 litres d'oxyde de carbone, développe 6260 calories, on arrive à ce résultat remarquable, que dans la cuve oà l'oxjde de carbone se change en acide carbonique aux dépens de l'oxjgène du minerai de fer, il y a compensation presque exacte entre la cause qui tend à faire devenir latentes 6216 calories, et la cause qui tend à en développer 6260; consé- quemment, dans la cuve le fer se réduit sans effet calorifique sensible de la part de l'oxyde de carbone. y> Dans la partie inférieure, où la réduction du fer oxydé s'opère en donnant lieu à une formation d'oxyde de carbone, 1 litre de vapeur de carbone, en s'unissant à i litre d'oxygène, ne produisant que i SgS calo- ries, tandis qu'il en faut 6216 pour séparer l'oxygène du fer, il est évi- dent qyi il faudra obtenir de la combustion directe de l'oxygène et du carbone les ^\Ç>\% calories manquant. » Ces considérations font voir qu'il y a tout à gagner à réduire par l'oxyde de carbone l'oxyde de fer dans la cuve, plutôt qu'à le réduire dans les étalages et l'ouvrage par l'action directe du carbone, et par conséquent elles font sentir l'avantage qu'il y a d'opérer sur des minerais très-divisés , dont la réduction peut avoir lieu par l'oxyde de carbone , plutôt que sur des oxydes natifs anhydres , et à plus forte raison sur des silicates de fer, qui no sont pas réductibles par l'oxyde de carbone, du moins à la température de la cuve. » Les recberchcs de M. Ebelmen l'ont conduit à donner une explication satisfaisante de la convenance de la forme intérieure du haut-fourneau avec sa destination , explication qui n'est pas certes dénuée d'intérêt, puisqu'elle fournit la preuve çwe la pratique, après de nombreux essais sans doute , est parvenue à construire l'appareil pyrotechnique le mieux approprié à la réduction des minerais de fer qu on y traite, bien entendu en brûlant les combustibles dont on fait usage aujourd'hui. » En effet , l'air lancé horizontalement par les machines soufflantes jus- qu'au contrevent, s'élève ensuite verticalement dans l'ouvrage en en occu- pant toute la largeur, et la hauteur de cette partie du fourneau doit être d'autant plus grande que la propriété réfractaire des minerais exige plus mipérieusement une température plus élevée et répartie plus uniformément. » Dans les étalages où l'on peut supposer que commence la carburation du fer et la réduction par le charbon, le contact du gaz avec les matières de la colonne descendante n'étant plus aussi nécessaire que dans l'ouvrage, (473 ) on voit comment l'évasement de cette partie du fourneau se trouve justifié. » Enfin, le minerai perdant la plus grande partie de son oxygène par le contact de l'oxyde de carbone dans la cuve, on voit comment la forme d« cette partie du fourneau, en tronc de cône dont la grande base est en bas, resserre les gaz de la colonne ascendante et, les forçant à un contact plus intime et plus prolongé avec le minerai, favorise par là l'action réductive de l'oxyde de carbone sur l'oxyde de fer. § ni. — Emploi des gaz du haut-fourneau comme combustible, nDeux circonstances distinctes se présentent lorsqu'il s'agit de tirer parti du gaz des hauts-fourneaux comme combustible. » hapremière €st celle où l'on veut élever à des températures moyennes des masses dont la surface a plus ou moins d'étendue, ainsi que cela a lieu lorsqu'il faut chauffer l'air des machines soufflantes, l'eau d'une machine à vapeur, sécher des minerais, des combustibles, torréfier des bois, réduire en chaux du carbonate calcaire , cuire des briques, etc. » La seconde est celle où l'on veut développer une température considé- rable, telle que l'exige l'affinage de la fonte et le travail du fer affiné. » Dans cette dernière circonstance, les gaz doivent être autant que pos- sible privés de vapeur d'eau, et affluer d'une manière constante, aussi bien que l'air destiné à les brûler, dans un espace très-rétréci et voisin de l'ori- fice d'entrée, afin que la température de cet espace soit constamment très- élevée. » C'est surtout pour les usages relatifs à la première circonstance que M. Aubertot a tiré parti, dès 1809 à 181 1, des gaz combustibles de ses hauts-fourneaux. » L'emploi des mêmes combustibles dans l'affinage de la fonte et le travail inférieur du fer affiné, conséquence naturelle du travail de M. Au- bertot, fixe maintenant sérieusement l'attention des sidérurgistes, et c'est pour le généraHser , pour l'éclairer des lumières de la science , que M. Ebelmen a consacré à cet objet la dernière partie de ses recherches. » Après avoir donné un aperçu de l'appareil établi par M. Faber-Dufaur, à Vasserhalfingen , pour le puddlage de la fonte, il applique les données de ses analyses aux effets calorifiques résultant de la combustion des gaz du haut-fourneau de Clerval et du haut-fourneau d'Audincourt, en puisant ces gaz au gueulard et dans les diverses parties de la cuve, jusqu'au sommet des étalages iuclusivement. ( 474 ) Haut-fourneau de Clerval. » Les quantités de chaleur développées par minute , en brûlant les gaz supposés secs pris au gueulard, seraient : 8849,5 calories donnant i36o degrés centigrades. A 2'°,6'j au-dessous 8483, a calories donnant 1463 A 4 au-dessous 9484»^ calories donnant 1687 A 5 ,33 au-dessous 10765,0 calories donnant i8a6 A 5 ,67 au-dessous io247,o calories donnant 1882 Haut-fourneau d' Audincourl. » Les quantités de chaleur développées par minute, eu brillant les gaz supposés secs pris au gueulard, seraient : 189 10,0 calories donnant 1298 degrés centigrades. A 3", 33 au-dessous i39a3 calories donnant 1698 A 4 ,33 au-dessous '499" calories donnant 1782 A 5 ,5o au-dessous 14^29 calories donnant i85o A 6 ,67 au-dessous 16080 calories donnant i85o A 8 ,o4 au-dessous i5o84 calories donnant 1877 » M. Ebelmen arrive à un résultat bien remarquable , c'est que les gaz combustibles qui se trouvent clans la colonne ascendante à la sortie du gueulard renferment une quantité de combustible qui, dans le haut-four- neau de Clerval représente 62 de chaleur et dans le haut-journeau d'Au dincourt en représente 67^ le combustible employé en représentant 100. Ainsi V effet utile du combustible consommé dans le haut-fourneau d'Au- dincourt est réduit au tiers de sa valeur réelle. » Ce résultat est plutôt un minimum qu'un maximum , par la raison que le haut-fourneau d'Audincourt est construit d'après un bon modèle; que dans ses calculs M. Ebelmen a supposé à zéro la température initiale de l'air qui entre dans le fourneau, comme celle des gaz inflammables de la colonne ascendante; qu'il n'a pas tenu compte des matières combustibles dégagées du bois à l'état de composés condensables par l'acide sulfurique. D'après cela, il est évident que la fonte étant liquéfiable à 1200°, la tem- pérature produite par la combustion des gaz du haut- fourneau sera suf- fisante pour sou affinage et pour l'étirage du fer affiné. » Mais où puisera-t-on les gaz dans le haut-fourneau? Les prendre dans la moitié inférieure de la cuve serait s'exposer à déranger l'allure du four- neau, et les prendre près du gueulard aurait l'inconvénient de perdre ( 475 ) une portion de leur effet utile. M. Ebelmen pense qu'il serait préférable de les puiser à ce dernier endroit, mais qu'alors il faudrait introduire dans le fourneau des minerais préalablement calcinés à Soo". En adoptant ce procédé on pourrait encore en augmenter le bon effet en mélangeant les minerais divisés avec de la sciure de bois, du poussier de charbon, qu'on moulerait en briquettes, pour les griller ensuite, ainsi que l'un de nous (M. Berthier) a conseillé de le faire depuis longtemps. » M. Ebelmen , après avoir conduit ses recherches au point où nous sommes arrivés, s'est posé cette question: ne serait-il pas avantageux, dans beaucoup de cas de métallurgie, de brûler des combustibles à Vétat gazeux plutôt qu'à [état solide ? » Ainsi, la limite de température que l'on peut atteindre dans des foyers est, en brûlant du charbon par de l'air en excès, aaSa" si celui-ci est à zéro, et 25i8°s'il est à 3oo°, Mais cette tem[>érature est restreinte à un petit espace, à cause de la rapidité avec laquelle l'acide carbonique produit dans un premier instant , est converti en oxyde de carbone dans l'instant suivant. » Dès lors, quand on brûle le charbon sur la f^rille d'un four à réverbère au moyen d'un courant d'air forcé, si la couche du combustible est épaisse, il n'y a qu'un très-petit espace près de la grille où la température s'élève, l'acide carboniqiie, bientôt converti en oxyde de carbone, donnant lieu à un refroidissement; si, au contraire, la couche de charbon est mince, il est bien difficile d'éviter l'excès de l'air; alors cet excès abaisse la tempé- rature résultant de la formation de l'acide carbonique. En définitive, on voit donc, par la difficulté d'éviter ces extrêmes, combien il est difficile d'obtenir tout l'effet utile du charbon. » C'est en partant de ces considérations que M. Ebelmen a construit un petit fourneau au moyen duquel l'oxyde de carbone produit par l'oxy- gène atmosphérique qui avait traversé une couche de charbon suffisam- ment épaisse, a été brûlé ensuite, pourvu encore de toute sa chaleur sensible, dans un four convenablement construit où affluait de l'air chaud: la température ainsi développée suffisait pour liquéfier la fonte. » Enfin M. Ebelmen, après avoir reconnu l'impossibilité de brûler avec avantage le charbon d'un haut- fourneau avec l'eau, parce que dans la réac- tion des corps il y a trop de chaleur qui devient latente, a imaginé de faire arriver immédiatement au-dessus de la grille du petit fourneau précité un courant de vapeurd'eau pendant que de l'air arrivepar-dessousla grille; à l'aide de cet artifice, il a obtenu un mélange d'oxyde de carbone et d'hydrogène f476) dont la combustion a développé assez de chaleur pour liquéfier la fonte. Mais le fait que ce dernier essai révèle ^ c'est la possibilité de développer la chaleur nécessaire au travail du fer en employant des anthracites , des houilles sèches et terreuses de mauvaise qualité , dufraisil des halles , du poussier de charbon , des tourbes , etc. , qui ne peuvent l'être , du moins avantageusement , dans les procédés ordinaires de combustion. » Il est à désirer que M. Ebelmen continue ces essais; si le succès les cou- ronnait, ce serait un beau complément de l'idée première qu'on a eue d'em- ployer la flamme perdue des hauts-fourneaux. Il est à désirer encore que M. Ebelmen puisse se livrer aux expériences qu'il projette sur la détermi- nation des températures des diverses parties du haut-fourneau, car, quelle que soit la probabilité de l'exactitude de température qu'il leur a assignée, en partant des données les plus exactes que la physique possède aujour- d'hui, cependant un contrôle expérimental ne peut être qu'extrêmement utile , quels qu'en soient les résultats. » Telles sont les recherches qui ont été renvoyées à notre examen. L'é- tendue du compte que nous venons d'en rendre est justifiée sans doute auprès de l'Académie par l'importance du sujet, les difficultés qu'il présen- tait, l'habileté avec laquelle elles ont été surmontées, et la précision des résultats obtenus. Grâce à ces recherches, nous avons maintenant une idée juste de ce qu'est réellement un haut-fourneau; nous savons que la tempé- rature élevée de la moitié inférieure de l'ouvrage , n'est développée qu'à la condition d'un grand abaissement de température, résultant de la trans- formation de l'acide carbonique, premier produit de la combustion, en oxyde de carbone, et nous savons de plus que, par une sorte de compensa- tion , cet oxyde gazeux est capable de réduire dans la cuve les | du minerai; enfin nous savons qu'il y a moins que le tiers de la chaleur développée qui soit employée utilement, et dès lors nous sommes en mesure d'apprécier toutes les conséquences utiles de l'heureuse idée qu'a eue M. Aubertot, de tirer parti de la flamme perdue de ses hauts-fourneaux. , » M. Ebelmen, en se livrant à ses recherches, nous semble avoir parfai- tement compris les obligations que lui imposaient ses titres d'ingénieur des mines, de professeur de docimasie et de savant. Nous pensons que des travaux comme le sien ne peuvent être trop encouragés , non-seulement par l'administration qui y préside, et dont ils deviennent un des titres les plus recommandables à l'estime publique, mais encore par l'Académie, car l'application des éléments théoriques aux grandes opérations des arts offre un excellent moyen de contrôler ces éléments, en même temps qu'elle peut ( 477 ) conduire à des découvertes purement scientifiques , par l'occasion qu'elle fournit souvent d'apercevoir des phénomènes qui ne peuvent être prévus dans le cabinet, ni se manifester à l'observation dans un laboratoire. » En terminant ce rapport nous croyons faire une chose juste et conve- nable en nommant ici M. A. Bouchot , l'un des propriétaires des usines de Clerval, et M. Jeaiimaire, directeur de la compagnie d'Audincourt, à cause de l'empressement qu'ils ont mis à donner à M. Ebelmen tous les moyens qui étaient en leur pouvoir de faciliter ses recherches, et de les conduire à bonne fin. Conclusions. « Si le travail que nous venons d'examiner n'avait pas été le résultat d'une mission donnée à l'auteur par M. Legrand, sous-secrétaire d'Etat, directeur général des ponts-et-chaussées et des mines, et si. à cause de cette circons- tance, il ne devait pas faire partie des publications de l'administration des Mines, nous en aurions demandé l'impression dans le Recueil des Savants étrangers; mais le motif que nous venons d'exposer s'opposant à ce qu'il soit l'objet de cette distinction, nous avons l'honneur de proposer à l'Académie quelle veuille bien l'approuver et engager M. Ebelmen à continuer ses recherches. » l.es conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Sur les terrains tertiaires de la Toscane; par M. H. de CoLLEGNO. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Cordier, Élie de Beaumont. ) «J'avais cherché, dans deux Mémoires que je présentai à l'Académie en 1 836 et en i838 (i), à faire connaître les relations des diverses formations tertiaires dans le nord-ouest de l'Italie, et j'étais arrivé à conclure que des trois étages tertiaires admis généralement aujourd'hui , le moyen et le supérieur se trouvaient seuls représentés en Piémont et en Lombardie; et que l'étage moyen reposait immédiatement sur la partie supérieure de la formation crétacée qui paraît au jour à Gassino et sur quelques autres (i) Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, t. II, p. 64 ; t. IV, p. 819 et t. VII, p. 232. 0. R., 184a, i" Semestre. (T. XIV, ^o 13.) 65 ( 478 ) points des collines de Superga. Ces conclusions ont été attaquées par divers géologues : On a dit que la séparation des terrains tertiaires de Superga en deux étages n'était pas suffisamment motivée par les caractères paléonto- logiques de ces deux étages; on a dit encore que rien ne justifiait l'âge que j'assignais au calcaire à nummulites deGassino, et que ce calcaire devait être compris dans l'état tertiaire moyen. » J'ai dij en conséquence chercher de nouvelles preuves à l'appui de ce que j'avais énoncé; j'ai visité de nouveau les localités que j'avais étudiées en i833 et i836,et les observations que j'ai faites en 1841 dans le nord- ouest de l'Italie m'ont démontré non-seulement que les terrains tertiaires y appartiennent à deux étages distincts, mais encore qu'une partie des mollasses qui s'appuient sur le revers méridional des Alpes doit être rap- portée à la formation crétacée. Telles sont les mollasses de la Brianza, dont la liaison avec les poudingues à hippurites de Sirone est incontestable, et qui d'ailleurs contiennent à J^igano des fucoïdes crétacées extrêmement abondantes. » En 1841, j'ai visité de nouvelles localités, et l'étude des terrains de la Toscaae m'a paru confirmer de tout point les idées que j'avais émises il y a quelques années sur la distribution des terrains du nord-ouest de l'I- talie. En effet , on reconnaît en Toscane un calcaire nummulitique faisant indubitablement partie de la formation crétacée; un poudingue à cailloux serpentineux identique avec celui de Superga , et des marnes bleues qui reposent en stratification discordante sur les poudingues serpentineux. La fin de la période tertiaire moyenne a été signalée en Toscane par l'appa- rition des filons granitiques et métallifères de l'île d'Elbe et des maremmes. Après le dépôt des marnes bleues subapennines, le sol de la contrée a été disloqué suivant une ligne dirigée du nord 5" ouest au sud 5° est. L'âge récent de cette ligne de fracture est prouvé par les communications qui s'y sont conservées avec l'intérieur, aux lagoni de Montecerboli, aux bains de Morbo, etc. La direction de cette ligne de dislocation est parallèle à celle du système duTénare de MM. Boblaye et Virlet, système auquel MM. Du- frénoy et É. de Beaumont rapportent les soulèvements qui ont fait naître les évents volcaniques du littoral du sud-ouest de l'Italie. » PHYSIQUE. — Sur les lois de l'induction des courants par les courants; par M. Abbia. 3" Mémoire. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Ce Mémoire renferme les résultats auxquels je suis arrivé en étudiant ( 479 ) les phénomènes d'induction à l'aide du galvanomètre. On mesure alors très- probablement, ainsi que M. Henri l'a remarqué, la quantité totale d'élec- tricité induite, et l'on trouve qu'elle' varie en raison directe du nombre des éléments du système inducteur et de leur quantité d'électricité. Sous ce rapport et sous celui de l'influence qu'exerce la distance, les consé- quences s'accordent avec celles que l'on déduit du procédé d'aimantation. » Elle est aussi proportionnelle à la section du fil induit et varie en rai- son inverse de la longueur réduite du circuit parcouru par l'électricité in- duite. On n'observe pas alors de réaction entre les diverses parties du sys- tème induit, comme ceci a lieu lorsqu'on analyse les mêmes phénomènes par le degré de magnétisme développé ou par les secousses. » Lorsqu'un courant voltaïque est rompu, il exerce une induction sur son propre conducteur : à l'aide d'un appareil très-simple, j'ai pu recueillir sous forme de courant l'électricité induite, et j'ai observé que l'effet d'induction du courant primaire sur un conducteur voisin diminue lorsque le courant induit dans son propre conducteur peut s'établir : l'intensité du courant in- duit dans le conducteur traversé par le courant voltaïque n'est pas influencée par le fil secondaire, que ce dernier soit ouvert ou fermé. Ce résultat et ceux que j'ai rapportés dans mon dernier Mémoire sur la réaction de plu- sieurs spirales induites s'expliquent facilement dans l'hypothèse qui attribue les phénomènes d'induction à un mouvement vibratoire émané du fil induc- teur : il me paraît très-difficile d'en rendre compte dans celle où les forces émanées du fil dépendent uniquement de la distance. « GÉOLOGIE. — Mémoire sur le gisement et l'exploitation de l'or au Brésil ,• par M. A. Pissis. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Berthier, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) « Ce Mémoire est divisé en deux parties, l'une entièrement consacrée à déterminer la position géologique des roches aurifères, l'autre renfermant un exposé des méthodes actuellement employées pour le traitement de ces minerais. Il résulte des faits qui y sont exposés, que les terrains aurifères occupent au Brésil un espace considérable, s'étendant du nord-est au sud- ouest sur une longueur de plus de quatre cents lieues ; ils viennent tous se terminer à une chaîne de montagnes connue sous le nom de Serra-da-Man- tiqueira, qui en forme la limite orientale. La limite occidentale n'est pas encore déterminée, ces terrains s'éttindant jusque dans la province de Matto-grosso , couverte de forêts et à peine connue. 65.. ( 4fio ) » Les roches qui constituent ces terrains se rapportent presque toutes à la période primitive, les unes occupant la partie supérieure du grand étage des gneiss, les autres se rapportant à l'étage des talcites phylladiformes. Les seules roches qui n'appartiennent pas à cette période sont le tapanhoa- cango et les cascalhos; elles sont évidemment formées des débris des cou- ches primitives, et l'or qu'elles renferment doit se rapporter à la même époque. " La partie de l'étage gneissique, où l'or commence à se montrer, pré- sente un ensemble de caractères qui permet toujours de la distinguer de celle qui , plus inférieure , s'étend à l'est et au sud-est de la chaîne de la Maîitiqueira. Le gneiss y alterne fréquemment avec de puissantes couches de quarzite à gros grain et quelquefois avec des talcites. On y Irouve en outre beaucoup d'oxyde de manganèse, de la tourmaline et des pyrites, substances presque inconnues dans la partie inférieure du même groupe. L'or se montre uniquement dans des couches de quartz compactes ou des amas lenticulaires de la même substance qui alternent avec le gneiss. Il est disséminé dans toute la masse quarzeuse ou dans les pyrites plus ou moins altérées qui l'accompagnent. » Dans l'étage des talcites phylladiformes les roches aurifères sont plus variées; vers la partie inférieure occupée par des talcites rougeâtres, ce sont des couches de quartz compactes entièrement semblables à celles du groupe gneissique, où l'or se trouve le plus souvent associé à des pyrites arsenicales et de la tourmaline. Les quarzites talcifères qui viennent reposer sur ces premières couches alternent également avec des quartz compactes; mais l'or se montre aussi dans le quarzite lui-même, où il occupe des espèces de niches formées à la surface des strates, et offrant beaucoup d'analogie avec celles des surfaces luisantes et ondulées qui se rencontrent dans les schis- tes de la formation carbonifère. » L'élage le plus riche en or est celui des itabirites qui succèdent immé- diatement aux quarzites talcifères Parmi les nombreuses couches que forme cette roche sur les versants des principales chaînes de la province de Minas-géraës , il en est quelques-unes où l'oxyde de manganèse a pres- que entièrement remplacé l'oligiste; ces couches, beaucoup plus tendres que les autres et d'un gris foncé , ont reçu le nom de jacutiuga. Ce sont les seules qui renferment l'or; elles alternent avec des quartz compactes où ce métal occupe de petites cavités; mais la majeure partie se trouve dans des veines de jacutinga beaucoup plus tendres que le reste de la roche et ( 48i ) dans lesquelles il est disséminé soit en petits grains qni affectent Souvent des formes cristallines, soit en dendrites ou en petites lames dont l'épaisseur dépasse rarement deux ou trois millimètres. » Les it;ibirites forment la limite supérieure des roches aurifères, et dans les couches qui les recouvrent, telles que les talcites friables, les quarzites talcifères et les calcaires, l'or cesse entièrement de se montrer. On ne le rencontre plus à partir de ce point que dans le tapanhoacango , espèce de brèche formée de gros fragments d'itabirite. Elle se produit partout où cette dernière roche esta découvert, et renferme conséquemmenl les mê- mes espèces minérales. » Quant aux cascalhos.ee nom est indifféremment donné par les mineurs brésiliens à tout amas de galets , soit qu'ils existent à une certaine élévation au-dessus du lit actuel des rivières, soit qu'ils se trouvent au même niveau. Dans tous les cas ils ne sont jamais l'objet de grande exploitation , et la presque totalité de l'or du Brésil provient des roches en place. » OPTIQUE. — Troisième Mémoire sur la théorie de Vœil; par M. Vallée. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Le Mémoire que présente aujourd'hui M. Vallée se compose de deux chapitres , qui forment les 5" et 6" de l'ouvrage entier. «Dans le 5^ il compose l'œil, à priori, en supposant l'humeur vitrée ho- mogène. Il discute les chiffres obtenus par les physiciens et les anatomistes; il les compare, et il appHque le calcul à ceux qui ne lui paraissent pas exacts Il admet d'abord, § 20, § 21 et § aa les dimensions de l'œil décrit par Sœmmering, et dans le § 23 celles que le docteur Kranse a prises sur l'œil désigné par lui sous le n° i . M Dans le § 20, après avoir discuté les indices de l'humeur aqueuse et du corps vitré, tel qu'on l'a considéré jusqu'ici, M, Vallée calcule l'indice moyen du cristallin, pour que le foyer soit sur la rétine, et il trouve cet in- dice égal à 1,4376. Euler, par des expériences directes, l'a trouvé de i,38/|. M. Vallée examine les causes qui pourraient expliquer cette différence de chiffres, toujours dans l'hypothèse d'un corps vitré homogène. «Dans le § 21, il compose le cristallin successivement d'un noyau enve- loppé de quatre couches; en tout neuf milieux , et d'un noyau et de deux couches ; en tout cinq milieux. Comparant les indices obtenus par M. Chos- C 482 ) sat, pour l'homme et pour plusieurs animaux, il parvient à des indices qui lui paraissent satisfaisants, et conclut du calcul que les couches du cristallin n'ont pas pour objet de rendre la vision nette à des distances différentes, et que, pour la vision dans la direction de l'axe optique, ce corps agit comme s'il était homogène. » Dans le § 22, M. Vallée détermine l'étendue que prennent les images quand on passe de la distance o",25, pour laquelle il a combiné l'œil, à la distance infinie. Il fait le calcul pour le bleu, le rouge et le vio- let. Les résultats s'accordent à peu près avec ceux du premier Mémoire , qui avaient été obtenus par des considérations différentes. Tout ce qui concerne l'augmentation de courbure de la cornée , le déplacement du cristallin et l'allongement de l'œil pour produire la vision nette à des distances diffé- rentes, est ensuite examiné à l'aide du calcul. » L'œil décrit par Sœmmering et l'œil n° i décrit par le docteur Kranse ayant des dimensions entre lesquelles sont comprises celles de la plupart des yeux, M. Vallée fait les mêmes calculs pour ce dernier œil et trouve des ré- sultats presque pareils; le résultat de celte discussion le conduit ainsi à conclure contre la théorie qui , admettant l'homogénéité de l'humeur vitrée, prétendrait fonder la vision sur les déformations du globe oculaire et le déplacement du cristallin. » Dans le chapitre 6, l'auteur s'attache d'abord à démontrer que l'hu- meur vitrée n'est pas homogène; il développe ensuite la théorie qu'il a présentée en 1821 et dans laquelle l'œil est supposé invariable de figure. Les couches de l'humeur vitrée étant de plus en plus denses en appro- chant de la rétine, les rayons la traversent en lignes courbes, et le pinceau de rayons réfractés correspondant à un point rayonnant présente une pointe extérieurement et longitudinalement concave. Ce pinceau réunit donc les rayons, bien qu'ils soient de couleurs différentes. Le foyer du violet, dans les réfractions de la cornée et du cristallin, s'éloigne de plus en plus de ce- lui du rouge ; dans les réfractions de l'humeur vitrée, au contraire, il s'en approche de plus en plus, ce qui donne un premier moyen d'achromatisme par voie de compensations de réfrangibilités. Un second moyen est fourni par la forme curviligne des pinceaux; en effet, dit M, Vallée, il fallait deux moyens d'achromatisme pour que l'œil à toutes les distances donnât des images non irisées. » En 1821 il n'avait pas les données nécessaires pour vérifier par des cal- culs les avantages de sa théorie. Il a pu , à l'aide des données qu'il a mainte- ( 483 ) nant, faire ces calculs qui ont eu pour résultat de lui prouver que, tout en fournissant une explication de l'achromatisme, la théorie de 1821 était en- core très-imparfaite. » M. Vallée a été amené par ces considérations, et par un théorème qu'il a démontré directement dans le deuxième Mémoire, à admettre les chan- gements de figure de l'œil. » Il expose sa nouvelle théorie dans le § 36. Il revient d'abord sur les variations de densité des diverses parties de l'humeur vitrée, et, après avoir discuté la figure des couches, il calcule les déformations nécessaires pour que la vision s'opère nettement de la dislance de o'°,25 jusqu'à l'infini. Il' trouve qu'une diminution du rayon de la cornée deo'",349, "" déplacement du cristallin d'arrière en avant de o°"",3oo, et un allongement de l'œil de o°"",278, quantités bien petites, sufh'sent aux besoins de l'organe. «Dans le § a8, M. Vallée explique comment la seule action de l'iris, abstraction faite du secours des muscles, secours qui sera examiné dans le quatrième Mémoire, peut produire les déformations dont il s'agit. Les parties externes des procès ciliaires étant affaissées par le gonflement de l'iris, le rétré- cissement de la prunelle et le resserrement de l'œil , le corps ciliaire se porte en arrière dans l'humeur vitrée, et le cristallin se trouve poussé d'arrière en avant. L'iris semble donc avoir une très-grande action dont l'examen oc- cupe les paragraphes 27 et 28. L'utilité de l'iris n'étai»t pas bornée à rétrécir et ouvrir la prunelle, mais encore à allonger l'œil et à le raccourcir, c'est pour cela, selon M. Vallée, qu'il est composé de deux feuillets superpo- sés. Ces feuillets et les vaisseaux flexueux circulaires et rayonnants qu'ils présentent paraissent être en effet tels qu'il convient qu'ils soient pour agir sur la prunelle et pour pouvoir en même temps soutenir le globe ocu- laire contre l'action qui rétrécit la prunelle, ou le laisser céder entièrement à cette action. L'auteur appuie son opinion sur plusieurs faits, et notamment sur la difficulté de voir quand on entre le jour dans un lieu tout à fait obscur. Ce phénomène ne peut pas résulter de la nécessité d'oublier une impression vive, car sa durée n'excéderait pas 8 tierces. M. Vallée pense que l'iris est chargé de beaucoup de sang pour fonctionner dans un lieu très- éclairé, et qu'il ne peut pas en expulser une partie par les veinules sans un temps un peu long, pendant lequel la vision est gênée dans un lieu obscur. » • aiOtM: ( 48/, ) CHiKURGiE. — Mémoire sur une nouvelle opération d'urétroplastie; par M. Ségalas. Ce Mémoire est accompagné de la lettre suivante : « La nouvelle opération à'urétroplastie , qui fait l'objet du Mémoire que j'ai l'honneur d'adresser aujourd'hui à l'Académie a eu le résultat que j'en attendais, la guérison du malade qui en était le sujet; et cela sans le moindre accident, sans le plus petit mouvement de 6èvre. » D'abord, sous l'influence d'une sonde introduite dans la vessie par le périnée, les parties que je voulais réunir sont restées à l'abri du liquide sécrété par les reins, et l'autoplastie a réussi à l'urètre comme elle réussit ailleurs; ensuite, de même que chez le malade dont j'ai publié l'histoire daus ma lettre à M. Dieffenbach, une fois que le canal a été restauré anté- rieurement, et qu'en arrière l'ouverture artificielle n'a plus été maintenue par le corps étranger, celle-ci n'a pas tardé à se fermer complètement. » Ainsi, voilà une troisième urétroplastie faite par mon procédé, c'est- à-dire, en écartant provisoirement l'urine de sa voie naturelle, à Vaide aune sonde portée dans la vessie par le périnée. J'ose espérer que MM. les com- missaires qui m'ont été désignés par l'Académie voudront bien constater l'état présent de l'individu qui a été soumis à l'opération. C'est dans le but d'aider à leurs souvenirs que j'ai l'honneur d'adresser : » r. La relation de ce que j'ai observé avant, pendant et après le trai- tement; .'> 2°. Trois dessins exécutés sous mes yeux, savoir : » Un premier représentant l'état des parties avant toute opération; » Un second montrant leur aspect après l'établissement d'une sonde dans l'urètre ; » Un troisième indiquant les conditions de ces mêmes parties après la guérison. » Le travail que je présente aujourd'hui fait suite à ma Lettre à M. Dief- fenbach, qui est admise au concours Montyon ; c'est la raison pour la- quelle j'adresse cette nouvelle notice avant le i" avril. Néanmoins, je dé- sirerais fort que la Commission spéciale nommée pour observer le malade dont il s'agit voulût bien faire à son sujet un rapport spécial. » Cette Commission, qui se compose de MM. Larrey, Magendîe et Bres- chet, sera invitée à constater l'étal actuel de l'individu qui a été soumis à l'opération. ( 485 ) CfiiRDRGiE. — Mémoire sur la lithotritie dans les cas compliqués de rétention d'urine , et sur un nouveau moyen d'extraire lesjiagments de la vessie y par M. Mercieb. (Commission nommée pour un précédent Mémoire.) « liC nouveau moyen que je fais connaître , dit M. Mercier, consiste dans l'emploi d'une sonde à double courant construite d'après des principes tout autres que celles dont on a fait usage jusqu'à présent. Mon instrument , dont je donne la description et la figure, remplit autant que possible, si je ne m'abuse , le but que je me suis proposé ; et si l'Académie veut bien me dé- signer des commissaires , je me ferai un devoir d'en faire sous leurs yeux l'application. Je l'ai déjà employé avec le plus grand succès sur trois mala- des, dont deux étaient affectés d'une rétention d'urine presque complète. » M. BoissoNNEAu adresse un Mémoire ayant pour titre : De la recuite des cristaux et de leur densité. (Commissaires, MM. Brongniart, Berthiei.) M. Thilouier présente une Note relative à l'appréciation de lajorce dy- namique résultant de la compression et de la dilatation des gaz. (Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis , Piobert.) M. Coulvier-Ghavier adresse de nouvelles observations sur la direction des étoiles JilanteSj qu'il considère comme pouvant indiquer quelque temps à l'avance certains changements de temps. (Commission précédemment nommée.) M. CouRBEBAissE envoic une addition à sa Note sur \a navigation par la vapeur. (Commission précédemment nommée.) M. Modeste Claudel adresse une nouvelle démonstration du théorème concernant la somme de trois angles d'un triangle. (M. Sturm est prié de prendre connaissance de cette Note.) C. R., 1842 i"' Srmcslte.'V. XIV, N» 15.) - 66 (486) M. DE Be^rges adresse des échaatillons de son papier de sûreté, afin de mettre les membres de la Commission en état déjuger si le dédoublage de ce papier peut, comme on l'a avancé, s'exécuter sans qu'il reste de traces de cette manœuvre. M, QuiNET adresse les résultats des épreuves auquelles il a soumis plu- sieurs des papiers qu'on a présentés comme papiers de sûreté, résultats qui proiuvent, suivant lui, que ces papiers sont loin d'offrir les garan- ties que leur attribuaient les inventeurs. M. Quiqet, dans sa lettre d'en- voi, fait quelques remarques concernant l'époque à laquelle il avait présenté ses propres papiers au concours ouvert par M. le ministre des Finances. (Les pièces adressées par M. Quinet et celles qui l'ont été par M. de Beurges, sont renvoyées à l'examen de la Commission des papiers de sîireté.), L'Académie reçoit plusieurs Mémoires adressés pour différents concours , savoir : Pour le concours au PruT extraordinaire concernant la vaccine, quatre Mémoires inscrits sous les n"' rg, 20, 21 et 22; Pour le concours aux Prix de Médecine et de Chirurgie, année 1842, deux Mémoires inscrits sous les n°' 5 et 6 ; Pour le concours au Piix concernant les morts apparentes, un Mémoire inscrit sous le n" 5; Pour le concours au Prix de Physiologie expérimentale, un Ménaoire inscrit sous le n°2 ; Pour le concours au P rix concernant les Arts insalubres „ un Mémoire inscrit sous le n" 1. CORRESPONDANCE. M. Pariset prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi ceux qui seront inscrits sur la liste des candidats pour la place d'académi- cien libre vacante par suite du décès de M. Costaz.M. Pariset annoace d'ail- leurs que, cette fois, son intention n'est point de faire concurrence à un ( 487 ) candidat qui, présenté précédemment, avait réuni un grand nombre de suffrages. (Renvoi à la Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place vacante.) MÉOAMQUE CÉLESTE. — Note SUT Ics inégalités introduites dans la longitude des planètes, par les variations à longue période de leurs éléments ; par M. Le Verrier. « Je travaille depuis longtemps à revoir scrupuleusement la théorie des perturbations périodiques des principales planètes. Sur plusieurs pcrints mes recherches sont achevées, et j'aurai l'honneur de les soumettre in- cessamment à l'Académie. Je me suis appliqué à multiplier les vérifications de manière à ce que totite chance d'erreur disparaisse, et j'ai tâché surtout que ces vérifications fussent de nature à être mises sous le.s yeni du lecteur. «Une des plus importantes, parce qu'elle embrasse tous les calculs j consiste en ce que si {in — i'n) est une petite quantité par rapport à h (n et n' désignant les moyens mouvements de la planète troublée et de la planète troublante), il n'en saurait résulter dans la longitude aucun terme d'ordre supérieur, dépendant de l'argument {i-i-i)n — i'n'. Je vois cependant, dans le Compte rendu de l'avant-dernière séance de l'A- cadémie (page 4o6), que M. Delaunay annonce un terme de cette espèce dans la longitude d'Uranus. Il dépendrait de l'argument /^h"->—n', l'angle 3«" — ■ n" étant fort petit. On peut, ce me semble, démontrer simplement qu'un pareil terme n'existe pas réellement. » Soit in' — i'n' un petit diviseur dont l'ordre est égal à la quantité po- sitive i — i'. On sait, par la théorie du VI' livre de la Mécanique céleste j et par celle des constantes arbitraires, que les inégalités de la longitude qui dérivent de ce diviseur, ne peuvent provenir que de la variation de l'excentricité et de celle du périhélie. On les obtient par les formules Sv = 2 cTe sin ( H< -f- ê — i^ , ■ -i i i i \ d'sr^ —. T-:-sm(m« — int-{-ii — li — -A, — htff), r 2anhe''~' M . ,/■ \ -i i , /■ n •■/ l /i \ t à V = ^ — _ ., , sm [(î — i)nt — i nt-\-[i — \)t — i i — vf- — {h — i/'SrJ; et l'on voit que cT v ne renferme aucun terme dépendant de l'argument ii-\-i)n — i'n'. Ce terme s'évanouit, à cause de la forme particulière du développement de la fonction perturbatrice , et de celle des expressions différentielles des variations de l'excentricité et du périhélie. » Vers la fin de i838, l'erreur croissante des tables d'Uranus s'élevait à 70" pour la longitude. J'avais d'abord espéré que les perturbations nou- vellement annoncées feraient disparaître ces erreurs, après qu'elles au- raient été introduites dans la détermination des éléments. Mais l'une d'elles n'existe pas; et il a été tenu compte de celle dont l'argument est 27^" — n" dans la construction des tables. Les perturbations indiquées par M. Hansen ont dû, à cause de la période de 1600 ans de l'inéga- lité du moyen mouvement, se confondre avec la détermination du moyen mouvement elliptique, et l'erreur qui en peut résulter sur la longitude actuelle de la planète est insensible. » PHYSIOLOGIE. — Sur les phénomènes électriques de la torpille. — Extrait d'un Mémoire lu par M. Zintedscdi, au congrès scientifique de Florence, le 3g septembre 1841. « L'Académie des Sciences de Paris, à propos des expériences faites par M. Matteucci sur la torpille, exprima le désir de voir ces expériences répétées par les physiciens qui étaient en position de le faire. [Comptes rendus, t. V, page 797.) J'ai l'honneur de lui adresser, en conséquence, un résumé des expériences que j'ai faites sur 36 de ces poissons ( Torpédo Galvani) , dans ( 4% ) les années 1840 et iS.'îi. J'ai employé dans mes expériences un galvano- mètre ordinaire de Nobili; les deux extrémités du fil du galvanomètre étaient soudées à deux lames de platine fixées à deux manches en bois. » i». Torpille vivante; A. Sans contractions et décharge sensible y » a. Tous les points du dos de la torpille sont positifs par rapport à tous les points du bas-ventre. » b. Tous les points de la peau du dos, qui sont le plus rapprochés de la tête de la torpille , sont le plus positifs par rapport à ceux qui en sont plus éloignés ; de même les points du ba.s-ventre les plus rapprochés de la tête , sont le plus négatifs relativement aux points qui en sont plus éloignés. Dans ces expériences les déviations sont de 5° à 6** ; » B. Lorsque la torpille se décharge, les résultats sont encore les mêmes , mais les déviations sont très-grandes , ce qui est conforme aux observa- tions de M. Matteucci. » Quand l'animal est doué d'une très- grande vitalité, la décharge se fait sentir, quel que soit le point touché de son corps ; mais au fur et à mesure que la vie s'affaiblit, comme l'a bien observé M. Matteucci, la région dans laquelle la décharge est sensible se réduit aux points correspondants aux organes électriques. I^es décharges se renouvellent quelquefois avec une très-grande rapidité, et c'est alors, comme M. Matteucci l'a observé, que les déviations sont très-grandes. » Les signes de la décharge peuvent s'obtenir au galvanomètre sans que les extrémités en platine touchent directement l'animal; on les obtient éga- lement, quand ces extrémités plongent dans l'eau salée dans laquelle se trouve la torpille, et enfin on les obtient encore quand la décharge a lieu en tou- chant avec la main les deux faces du poisson. Tous ces faits ne font que prouver ce que M. Matteucci a dernièrement découvert et publié dans les x\rchives de M. de la Rive, sur la diffusion extraordinaire de la. décharge électrique de la torpille. J'ai complètement vérifié les résultats de M. Mat- teucci , qui prouvent que la torpille ne peut pas diriger la décharge où elle veut. Les contractions musculaires de la torpille ne sont pas dans tous les cas suivies de décharges électriques , ce qui peut aisément se constater sur la torpille affaiblie, et ce qui prouve que la manière de fonctionner des organes électriques de ce poisson n'est pas celle que Volta avait supposée. La direction de la décharge de la torpille est constante , même quand les Ai>0* 4- AgO. » Le bisulfite d'ammoniaque dissout l'isatine et donne un sel cristallisé dont la formule est C^'H-Az^O* -+- aSO^ + H«Az'0. Avec les sels d'argent et divers réactifs, il ne se comporte pas toujours comme le sel de potasse. » Le chlorisatinase et le bisulfite de potasse forment un sel dont la com- position est analogue à celle de l'isatosuUite de potasse. Sa formule est C3>H8Cl"Az"04 + 2SO' + KO. » Le chlorisatinèse et le bisulfite de potasse , ou bien le chlorisatinèse de potasse et l'acide sulfureux donnent naissance à un composé analogue, C^'WCVkz'Oi 4- aSO" + KO. » Le bromisatinèse donne de même C^-H'BHAz'Ot + aSO" + KO. » Le sulfite neutre de soude dissout l'isatine, tandis que le sulfite neutre de potasse est sans action. » Le phosphite neutre de soude dissout également l'isatine. » Tous les composés formés par l'acide sulfureux prouvent, de la ma- nière la plus évidente, que les idées que j'ai émises sur le rôle que le chlore, le brome, etc., jouent dans les substitutions sont exactes, et que la constitu- tion moléculaire des corps chlorés, bromes, etc., est la même que celle de ceux dont ils dérivent régulièrement. L'isatine, le chlorisatinase et le chlori- satinèse se comportent absolument delà même manière avec tous les réactifs; il en est de même de tous les autres composés auxquels ils donnent naissance lorsqu'il n'y a pas de substitution équivalente. ( 490 » Ainsi l'isathyde, le chlorisathydase, le chlorisathydèse, etc., se res- semblent entre eux autant que l'isatine, le chlorisalinase et le chlorisatinèse se ressemblent. » La suifésathyde C'''H'"Az*0'S', mise en présence du bisulfite d'ammo- niaque, se comporte autrement que l'isatine, parce que sa constitution mo- léculaire n'est pas la même. Elle se représente en effet par de l'isatine plus de l'hydrogène sans perte équivalente. On obtient plusieurs produits, quelquefois un peu d'indine et un corps que je nomme îsatane, et tou- jours une quantité d'un nouveau sel bien cristallisé , le sulfisatanite d'am- moniaque, dont la composition peut se représenter pardel'isatane plus du bisulfite d'ammoniaque C3'H''Az'03 + 2SO- -f H«Az»0 + 2Aq. » Ce sel se comporte avec les réactifs, autrement que l'isatosulfite de po- tasse. Ainsi, il ne dégage pas d'acide sulfureux lorsqu'on y verse de l'acide chlorhydrique; le chlore ne donne pas d'acide sulfurique. Il paraît que l'on peut obtenir l'acide sulfisataneux en traitant le sel ammoniacal par le chlo- rure de platine. La composition de cet acide se rapproche beaucoup de cette formule C3'H'»Az'0' + 2S0' + 2H'0. On pourrait encore le représenter par de l'acide hyposulfurique plus de l'indine, C^'H-'Az-O* 4- S^O» -f 2H'0. » L'isatane, qui est une poudre blanche cristalline, se trouve ordinaire- ment mêlée avec le sulfisatanite de potasse. Sa formule est C3'H'"Az'0'. » L'indine et la nitrindine, i'isathyde et le chlorisathydase paraissent former des sels analogues aux précédents en s'unissant au bisulfite d'am moniaque; mais la petite quantité de ces substances que j'avais à ma dispo- sition ne m'a pas permis de poursuivre ces recherches. » ERPÉTOLOGIE. — Sur les mœurs de certains ophidiens; par M, F. DE CaSTELNAU. « L'étude des mœurs des reptiles étant encore peu avancée, j'ai pensé que l'Académie me permettrait de lui soumettre quelques observations de ( 493 ) ce genre^ que j'ai eu occasion de faire pendant mes voyages dans l'Amé- rique du Nord. La première tendrait à prouver l'existence d'un phénomène que j'étais jusque-là tr^s-loin d'admettre; je veux parler de h propriété de fascination. » Dans l'automne de i836, je venais un soir de pénétrer dans des bois très-épais, sur la frontière de la Géorgie et de la Floride, lorsque mon attention fut excitée par le caquetage d'tm grand nombre d'oiseaux. J'en distinguai bientôt un groupe nombreux et composé d'espèces diverses, qui entouraient un écureuil alors perché sur une branche à environ vingt pieds de terre. Ce dernier semblait immobile, tenant sa queue redressée au-dessus de sa tête; bientôt je le vis sauter ou plutôt se laisser tomiier sur une branche inférieure, suivi de son escorte ailée, qui continuait à l'accompa- gner de ses cris variés; un autre saut le conduisit encore plus près de terre. Étonné de cette singulière manœuvre, je m'approchai sans bruit et distin- guai bientôt un gros Serpent noir , Coluber constrictor, arrondi en spirale et tenant sa tête élevée dans la direction de la pauvre victime , qui bientôt , par un dernier bond, tomba à environ un pied du reptile. Sur-le-champ je déchargeai sur lui mon fusil chargé de plomb et le mis en pièces; les oiseaux s'envolèrent et je ramassai le pauvre écureuil, qui, immobile et raide, me parut d'abord mort, mais qui revint bientôt à lui, et qu'en moins de dix minutes je vis avec plaisir s'élancer dans les branches. «Puisqu'il est question du Serpent noir, j'entrerai dans quelques détails sur ses habitudes. Il se trouve communément dans les bois et se retire dans les trous et les cavité^ de la terre ; sa taille est souvent considérable, et j'en ai vu de six à sept pieds de long. Bien qu'il ne soit nullement venimeux, il est très-différent de la plupart des ophidiens, qui fuient à l'approche de l'homme : pour peu qu'on l'inquiète, il l'attaque et même le pour- suit. Comme sa morsure n'est pas à craindre, les nègres se font un jeu de l'irriter; le serpent se redresse et leur donne chasse : s'il les atteint, il s'enveloppe autour de leur corps et cherche à les mordre, mais la nature a fort heureusement rendu sa furie peu redoutable. Je ne sais du reste si cette disposition belliqueuse subsiste dans tous les individus; ou si elle est propre à la femelle sous des circonstances particulières ; ce que je puis dire, c'est qu'ayant disséqué deux individus que j'avais vus combattre avec courage, j'ai reconnu qu'ils appartenaient à ce sexe. » Le même reptile est encore remarquahle par son hostilité contre le Crotale (Serpent à sonnettes), qu'il attaque avec furie, et ne semble nulle- ment craindre; il l'étouffé au moyen de la supériorité de s5 m .» j Épheméride^ i6°3i'35",7 Déclinaison i4" 9' 54",o ' ' I Observation i6.3i.36,7 14.10. 8,8 Différences + i",o + i4",8 Nous donnerons plus tard l'ensemble des positions et des diamètres. CHEMINS DE FER. — M. RoBERT Mallet, ingénieur et membre de l'Aca- démie d'Irlande, écrit à M. Arago qu'il a entrepris une série d'expériences précises sur l'oxydation des rails, soit inactifs, soit en action , soit parcourus toujours dans un sens ou successivement en sens opposés. Les opinions adoptées à ce sujet se fondent stir de vagues aperçus. M. Mallet, quant à présent, ne croit pas à la réalité des résultats annoncés. On a pris, sui- vant lui, de simples apparences pour la réalité. Il annonce ime communi- cation prochaine et détaillée. M. A. Colin prie l'Académie de hâter le travail de la Commission char- gée de faire le rapport sur une Notice qu'il a précédemment adressée, con- cernant une machine à vapeur de son invention. (Cette Lettre est renvoyée à la Commission précédemment désignée.) M. Eteill\rd, qui est sur le point de se rendre dans la province de Para (Amérique méridionale), où il est envoyé en quahté de consul de France, se met à la disposition de l'Académie pour les observations météorologiques et magnétiques qu'elle jugerait utile de faire faire dans ce pays. M. P.-E. MoRiN fait hommage à l'Académie de divers opuscules qu'il a publiés (voir am Bulletin bibliographique); il appelle particulièrement l'attention sur une Notice imprimée en 18 19, et dans laquelle, suivant lui, se trouve exposé le même système de physique que M. Lamé a déve- loppé dans un Mémoire lu le 3 janvier dernier. ( 5oo ) (Cet opuscule est renvoyé, comme document, à la Commission chargée de faire le rapport sur le Mémoire de M. Lamé. ) M. Vallot, en adressant une Notice imprimée sur les insectes nuisibles à la vigne (voir au Bulletin bibliographique ) , expose ses idées sur la méthode au moyen de laquelle on peut classer et déterminer les espèces du sous- genre ^ble. Sa méthode est fondée sur la considération de l'appareil den- taire pharyngien chez ces poissons. M. DE Maisonseul, officier de la Marine royale, adresse^ la formule d'un baume qu'il dit avoir vu employer avec succès en Espagne dans les cas d'hémorragie des gros vaisseaux. M, Lafono écrit relativement à un procédé qu'on pourrait , suivant lui , appliquer avec succès pour prévenir [ts Jalsifications des écritures et le laçage des papiers timbrés. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés, l'un par M. Maissi vt , l'autre par M. Doyère. A quatre heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. A. ERRATUM. (Séance du ai mars 1842.) Page 4^0, ligne 19, au /zen rfe Lagny , /wez Magny. ( Soi ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; I ^•'semestre 1843, n° 12, in-4°. Rapports et comptes rendus des opérations de la caisse d'Epargne de Paris pendant l'année i84i ; in-4''. Rapport sur les opérations de la caisse d'Epargne pendant l'année i84i ; par M. B. Delessert; in-S". Forage dans la Russie méridionale et la Crimée; exécuté en 1837 sous la di rection de M. DÉMIDOFF; 8* livraison; in-fol. Histoire naturelle et Iconographie des Insectes coléoptères ; par MM. Dela- PORTE, comte de Gastelnau et Gory; 5i et 52' livr;, in-B". Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome XllI, octobre, novembre et décembre i84i ; in-S". Précis analytique des travaux de l'Académie royale des Sciences, Belles- Let- tres et Arts de Roueri, pendant l'année i84i ; Rouen, 1842; in-8°. Mémoire sur cette question : Quelle est la nature de la matière éthérée ou ré- pulsive remplissant l'univers? Comment déduire de ses propriétés l'équilibrée de l'univers, la formation de la lumière, de la chaleur, de l'électricité et du magné- tisme? La force de cohésion ne serait-elle pas le résultat de l'attraction des molé- cules attractives des corps sur leurs molécules répulsives; par M. P.-E. MORIN, ingénieur des ponts-et-chaussées ; Paris ; broch. in-8°. Mémoire sur cette question : Peut-on arrivera prévoir le temps, au moins un mois à l'avance? Dans le cas de l'affirmative, quels sont les progrès faits en mé- téorologie qui tendent à le faire croire, et quelle marche doit-on suivre pour- y arriver? par le même. (Extrait du Compte rendu de la huitième session du Con- grus scientifique tenu à Besançon en septembre i84o). Broch. in-8°. Mémoire sur cette question : Ne faut-il pas rejeter en géologie le système des soulèvements et n est-il pas plus probable que les divers terrains se sont formés à mesure que la hauteur de la mer diminuait par le refroidissement du globe? lu au Congrès scientifique tenu à Besançon le j septembre i84i j par le même; broch. in-8°. Mémoire sur une méthode spéciale de traitement pour quelques Surdités; par M. PÉTREQUIIN ; in-B". Traité pratique de l'Amaurose ou goutte sereine ; par le même; in-8". C. R., i84a, i" Semestre. (T. XIV, N» 13.) 68 ( 5o2 ) Mémoire pour servir à l'Histoire des Insectes ennemis de la vigne, et à [indi- cation des moyens propres à prévenir leurs ravages; par M. Vallot; Dijon; in^". Du Diluvium ; Recherches sur les dépôts auxquels on doit donner ce nom, et sur la cause qui les a produits,- par M. Melleville; Paris, 1842 ; in-8°, avec une carte in-fol. Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk (mont Oural), gouver- nement de Perm , du i" octobre iSSg au 3i décembre i84o; Paris, 1842; in-S". Journal des Sciences militaires, des armées de terre et de mer; par M. J. CORRÉARD; 3* série, tome IX; n° 26; février 1842; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques; par MM. Terquem et GÉRONO ; janvier et février 1842 ; in-8''. Compte rendu de l'inauguration de la statue de Broussais au Val-de-Grâce à Paris, le 21 août 18^1 ; in-8°. Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; i5 — 3o mars 1842; in-8°. Journal d' Agriculture pratique, de Jardinage et d'Economie domestique; mars 1 842 ; in-8°. Treizième autographie, deuxième brochure sur l'Electricité magnétique; par MM. Précorbin et Legris ; 1842; in-8''. Cinquième Lettre à M. d'Arcet; par M. Bergsma ; ^ de feuille; Utrecht; in-8°. The mathematical. . . Miscellanées mathématiques, publiées par M. GiLL; New-Yorck, i836, 1839; n*'' i à 8. (Cette publication n'a pas été continuée.) ln-80. Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n° 444 ! in-4°. Revista. . . Revue de l'Espagne et de l'Etranger; numéro du i5 mars 1842 ; in-8°. Gazette médicale de Paris; tome X; n° i3. Gazette des Hôpitaux; n" 35 — 3'j. L'Écho du Monde savant; n"" 7 1 5 et 716. L'Expérience, journal de Médecine; n° 2^']. L'Examinateur médical; tome XI; n" i3. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 AVRIL 1842. PRÉSIDENCE DE M. POKCELET. MEMOIRES ET COMMUN ICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUE CÉLESTE. -^ Sur uti Ctts particulier du problème des trois corps; par J. LiouviLLE. (Extrait.) « Quoique les géomètres soient loin d'avoir résolu d'une manière com- plète et générale le problème des trois corps, ils en ont obtenu cependant des solutions particulières dont on peut faire usage quand les coordonnées et les vitesses initiales remplissent certaines conditions. Lagrange et La- place en ont donné divers exemples, que l'on trouve réunis et démontrés d'une manière simple dans le chapitre VI du X™* livre de la Mécanique céleste. En voici un digne d'attention : Considérant trois masses rangées en ligne droite, Laplace prouve que si, après avoir établi entre ces masses et les distances qui les séparent une relation convenable, on imprime à deux d'entre elles autour du centre de la troisième des vitesses parallèles l'une à l'autre et proportionnelles à leurs distances au centre, les trois masses sous l'influence de leurs actions mutuelles resteront par la suite constam- raeût en ligne droite, la droite qui les contient étant bien entendu mobile- les vitesses et les distances pourront changer avec le temps, mais le rapport C. R., 1843, i<" Semestre. (T. XIV, K" 14.1 69 ( 5o4 ) des vitesses et celui des distances seront égaux et invariables; la loi du mouvement de chaque masse sera d'ailleurs la même que pour un point matériel attiré vers un centre fixe. » On sait que, dans notre système, les planètes dont la distance au Soleil est la phis grande se meuvent aussi le plus lentement, et que les carrés des temps des révolutions augmentent à peu près comme les cubes des grands axes des orbites. Dans le système particulier que nous venons d'indiquer les choses ne se passeraient point ainsi. Quelle que soit en effet celle de. nos trois masses que l'on veuille prendre pour centre du mouvement, les deux autres qui doivent rester en ligne droite avec elle accompliront né- cessairement leurs révolutions *dans un temps égal, malgré l'inégalité des distances. C'est là assurément un théorème fort remarquable; mais n'ou- blions pas qu'il suppose, qu'il exige certaines conditions spéciales, et sur- tout une relation convenable entre les masses et les distances. Étant don- nées trois masses quelconques, on peut du reste toujours faire en sorte que la relation dont il s'agit ait lieu. Pour fixer les idées, admettons que les trois masses soient celles du Soleil, delà Terre et de la Lune, et nous re- connaîtrons avec Laplace que cette relation serait satisfaite en plaçant la Lune sur le prolongement de la droite qui joint le centre du Soleil au centre de la Terre , à une distance de cette dernière planète égale à très-peu près à la centième partie de la distance de la Terre au Soleil : une modification légère dans la valeur de la masse de la Terre rendrait le nombre cité (un centième) rigoureusement exact. Cela étant, Laplace en conclut que si, à l'époque arbitraire prise pour origine, la Lune s'était trouvée en opposi- tion avec le Soleil à une distance de cet astre représentée par loi, celle de la Terre étant représentée par loo, et que les vitesses relatives de la Terre et de la Lune autour du Soleil eussent été aussi à cette époque parallèles et dans le rapport de lOO à loi, la Lune serait toujours restée en oppo- sition avec le Soleil, de manière à ne jamais cesser d'éclairer la Terre pen- dant les uuits. » L'illustre auteur reproduit cette assertion dans VExposition du Sys- tème du Monde : « Quelques partisans des causes finales ont imaginé, dit- » il, que la Lune a été donnée à la Terre pour l'éclairer pendant les nuits. « Dans ce cas la nature n'aurait point atteint le but qu'elle se serait pro- » posé, puisque nous sommes souvent privés à la fois de la lumière du » Soleil et de celle de la Lune, Pour y parvenir, il eût suffi de mettre à » l'origine la Lune en opposition avec le Soleil dans le plan même de l'é- » cliptique, à une distance égale à la centième partie delà distance de la " ( 5o5 ) » Terre au Soleil, et de donner à la Lune et à la Terre des vitesses paral- » lèles et proportionnelles à leurs distances à cet astre. Alors la Lune, sans » cesse en opposition au Soleil, eût décrit autour de lui une ellipse sem- » blable à celle de la Terre; ces deux astres se seraient succédé l'un à l'au- » tre sur l'horizon, et comme à cette distance la Lune n'eût point été » éclipsée, sa lumière aurait constamment remplacé celle du Soleil. » » Pour l'exactitude absolue de la proposition énoncée, il faut qu'à l'o- rigine du temps la relation entre les masses et les distances et la propor- tionnalité de ces dernières aux vitesses aient été rigoureusement vérifiées, ainsi que le parallélisme des vitesses; il faut de plus qu'aucune cause per- turbatrice ne vienne par la suite troubler le niouverpent, ce qu'on ne peut |)as admettre. A la vérité, si le système que nous considérons est un système stable qui tende à résister aux perturbations et à revenir de lui-même à son état régulier de mouvement, cette remarque aura peu d'importance. Il faudrait sans doute avoir égard aux petits dérangements occasionnés par les diverses causes dont l'effet n'est pas insensible, mais cela n'em- pêcherait pas la Lune d'être toujours à très-peu près sur le prolongement de la droite qui joint le Soleil à la Terre. Or, en tenant compte de la réfrac- tion, on voit qu'un certain écart de la Lune à cette droite ne l'empêche- rait pas d'éclairer la Terre pendant la totalité de chaque nuit. Au con- traire, si l'état de mouvement dont nous avons parlé plus haut est in- stable, s'il tend à se détruire de lui-même de plus en plus dès qu'il a éprouvé de légers dérangements (et c'est en effet ce qui a lieu , comme on le verra dans mon Mémoire) , alors il faudra reconnaître que ce genre de mouvement ne peut pas exister d'une manière permanente dans la nature. La vraie question, on le comprend donc, est celle de la stabilité. Se con- tenter de dire avec l'auteur d'une dissertation imprimée à Rome en iSaS (*), que le système de nos trois masses doit éprouver des perturbations de la part des autres planètes et qu'ainsi l'opposition de la Lune au Soleil ne peut pas subsister à toute époque mathématiquement, d'une manière ab- .solue (scrupulosisshne), c'est énoncer une vérité évidente, triviale, et non pas faire une objection sérieuse. Quelle théorie en effet serait à l'abri d'une semblable objection? » Le problème qu'il fallait résoudre et que je traite dans mon Mémoire (*) En voici le titre : Paucis expenditur cl. Laplace opinio de illorum sententid qui liijam condilam dicuntutnoctu l. llurem illuminet. ( 5o6 ) est le suivant : Trois masses étant placées non plus rigoureusement , mais à très -peu près dans les conditions énoncées par La place , on demande si l'action réciproque des masses maintiendra le sjstème dans cet état par- ticulier de mouvement ou si elle tendra au contraire à l'en écatter de plus en plus. Pour le résoudre d'après la méthode ordinairement suivie dans les questions de stabilité, j'ai dû considérer des équations différentielles linéaires qui se sont d'abord trouvées être à coefficients variables, même en négligeant, comme on pouvait le faire ici, l'excentricité de l'orbite ter- restre. Une transformation simple m'a conduit ensuite à des équations à coefficients constants que j'ai pu intégrer. L'intégration terminée , j'ai re- connu que les effets des causes perturbatrices, loin d'être contrebalancés, sont au contraire agrandis d'une manière rapide par les actions mutuelles de nos trois masses: cette conclusion subsiste quels que soient les rap- ports de grandeur des masses. Si la Lune avait occupé à l'origine la posi- tion particulière que Laplace indique, elle n'aurait pu s'y maintenir que pendant un temps très-court. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Quelqucs réjlexions sur les explosions de chaudières à vapeur; par M. Séguier. « Depuis moins de deux mois trois explosions de chaudières de ba- teaux à vapeur viennent de faire de nombreuses victimes. Le aS janvier de cette année, le bateau dit le Nivernais à Nantes, le 19 février le Mohi- can à la Nouvelle-Orléans, le 20 février le Télégraphe sur la Clyde, ont eu, par suite d'explosions, leurs coques gravement fracturées, leurs passa- gers horriblement mutilés. A la lecture de tels sinistres, comment ne pas s'adresser ces douloureuses questions : «Les immenses avantages de la navigation à la vapeur doivent-ils donc être achetés au prix de la vie de tant de personnes ! Cette admirable application d'une des plus belles conceptions de l'esprit humain est-elle condamnée à sus- citer de continuels regrets? s'il est encore si difficile de prévenir et d'éviter les explosions, ne peut-on pas dès à présent en restreindre les fatales consé- quences ? Sommes-nous réduits, messieurs, à laisser ces questions sans réponse? Nous ne le pensons pas : des expériences nombreuses, répétées avec une chaudière d'une puissance déjà importante (vingt chevaux), nous donnent, l'intime et consolante conviction qu'il est possible d'adopter et de suivre dans la construction des chaudières des principes tels que, dans le cas extrême d'une explosion, le danger soit circonscrit dans les étroites ( 5o7 ) limites de la cabine où est la chaudière, et que, dans ce cas encore, les personnes peu nombreuses qui s'y trouvent ne courent dans cette cabine d'autres risques que ceux résultant de l'échappement de la vapeur et de la projection de l'eau bouillante. Ces principes de construction sont simples; il n'entre pas dans notre projet de les développer aujourd'hui devant vous. Nous nous bornons à vous en présenter le résumé; ils consistent dans l'observation fidèle de trois conditions principales qui embrassent le liquide à vaporiser, l'appareil vaporisant , le mode d'application du calorique pour la conversion de l'eau en vapeur. Nous indiquons ici sommairement ces conditions : sous le premier point de vue, il convient de diviser l'eau à va- poriser, ainsi que la vapeur formée, dans de nombreuses capacités distinc- tes, toutes séparées en cas de rupture, quoique toutes solidaires pour l'effet utile; en second lieu, il est indispensable d'assurer la résistance des parois en ne construisant que des récipients de faible diamètre, ce qui per- met l'emploi de feuilles de métal minces qui ne perdent pas pendant le travail une partie de leur ténacité. Il importe de ne donner aux vases que des formes qu'une pression intérieure ramène à l'état normal, c'est-à-dire la forme sphérique, cylindrique ou conique. » Il faut enfin n'appliquer le calorique qu'à la partie supérieure des ca- pacités remplies d'eau , afin que dans le cas de leur rupture la totalité de l'eau ne soit point projetée par le développement subit de la vapeur for- mée au contact des surfaces de chauffe. Des trois conditions que nous in- diquons ici , deux ne sont certes pas nouvelles, car nous les voyons scru- puleusement suivies dans un très-ancien projet de bateau à vapeur à haute pression , déposé dans les archives du Conservatoire des Arts et Métiers. Nous ne pouvons assigner une date précise à ce curieux dessin, sans nom d'auteur; mais son origine, incontestablement antérieure à la Restauration , remonte au moins au delà de 1792. Le drapeau blanc, dont la poupe du navire est pavoisée, ainsi que les fleurs de lis qui le décorent, attestent ce fait. On y voit avec un vif intérêt que l'auteur du projet , comprenant Lien tout le danger d'une force élastique accumulée dans un seul récipient , avait eu la très-prudente et très-prévoyante pensée de diviser et l'eau et la vapeur dans une série de réservoirs cylindriques d'un faible diamètre; sa prévision, allant jusqu'aux moyens de ménager la meilleure combustion > lui avait fait adopter l'emploi d'un ventilateur pour activer le tirage. Le bateau projeté était ainsi débarrassé de l'énorme et incommode tuyau de cheminée qui dépai'e nos bateaux modernes. Un examen attentif de ce plan nous conduirait à cette bizarre conclusion, que les premiers projets de ba- ( 5o8 ) teaux à vapeur, sous le point de vue du générateur de la puissance, étaient plus parfaits que nos constructions actuelles, ou bien encore à cette re- marque pénible, que certaines inventions récentes, regardées comme des perfectionnements, ne sont que la reproduction de vieilles conceptions restées ignorées ou tombées dans l'oubli. Nous aurions même tort de dire que les premiers bateaux à vapeur proposés n'étaient supérieurs à ceux exécutés de nos jours que par le générateur , car l'organe d'impulsion figuréaudessin retrouvé est encore identiquement semblable pour sa cons- truction, pour son mode d'action et pour son application, à celui actuelle- ment présenté comme le progrès le plus récent , nous voulons dire la vis en hélice. » Nous n'avons pas voulu laisser passer cette occasion de rappeler les constructeurs à la réalisation pratique d'idées qui ne sont pas nouvelles ; et si, dans notre bonne foi , nous avons cru être des premiers à en recom- mander l'adoption, notre amour-propre ne souffre point en nous voyant dès longtemps devancé , puisque nous acquérons ainsi la conviction que nos théories se sont présentées en même temps que l'invention elle-même à l'esprit de ceux qui, les premiers, ont eu l'heureuse et utile pensée de faire avancer les navires par l'action de la vapeur. » RAPPORTS. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Rapport sur Une Note de M. Passot, relative à la détermination de la variable indépendante dans l'analyse des courbes. (Commissaires, MM. Coriolis, Piobert, Cauchy rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Coriolis, Piobert et moi , de lui rendre compte d'une Note de M. Passot, relative à la détermination de la variable indépendante dans l'analyse des courbes. Avant d'exprimer notre avis au sujet de cette Note, nous pensons qu'il est convenable de rappeler les motifs qui ont engagé son auteur à la produire. » M. Passot a fait précédemment à l'Académie diverses communications, qui ont été l'objet d'un Rapport lu à la séance du 3o novembre i84o. Il est dit, dans ce Rapport, que les expériences entreprises par M. Passot constatent certains faits que l'on doit considérer comme nouveaux; mais les Commissaires, en admettant ces faits, n'ont point admis les explications qye M. Passot en avait données. C'est, dans le dessein de faire prévaloir ses ( 5o9 ) opinions théoriques, que l'auteur a 'rédigé la Note dont il s'agit en ce moment. Les propositions nouvelles que cette Note renferme nous ont paru, dès le premier instant, inexactes; et, convaincus de cette inexac- titude, nous aurions désiré que l'auteur nous dispensât d'en fournir la preuve. Mais l'insistance avec laquelle il réclame un Rapport nous en- gage à rompre le silence , et à entrer ici dans quelques détails. » Nous commencerons par convenir franchement et sans détour que, malgré les importants travaux des géomètres modernes , la solution exacte des problèmes de Mécanique rationnelle laisse encore beaucoup à désirer. Ainsi, en particulier, l'application des principes généraux de la Mécanique à la théorie des machines, ou même simplement à la théorie des liquides ou des fluides, présente quelquefois des difficultés réelles, soit parce que les méthodes de calcul ne sont pas encore suffisamment perfectionnées, , soit parce que dans chaque question l'on peut craindre d'avoir omis quel- ques données, soit enfin parce que la loi des actions moléculaires, dans les corps liquides ou fluides, n'est pas connue et définie avec assez de préci- sion et d'exactitude. Mais ces difficultés sont complètement étrangères aux principes généraux de la Mécanique et du calcul infinitésimal, établis sur des bases solides. En conséquence, elles ne peuvent devenir des motifs d'abandonner ces mêmes principes; et l'on doit même observer que, dans les questions plus simples auxquelles ceux-ci peuvent être appliqués plus facilement et plus rigoureusement, les résultats du calcul sont, pour l'or- dinaire, conformes aux résultats de l'expérience. » Les remarques que nous venons de faire nous ramènent tout natu- rellement à la Note de M. Passot. En effet, les difficultés que peut offrir l'explication de certains phénomènes dans les machines à réaction, n'ont aucun rapport avec la question agitée dans cette Note, et qui consiste à savoir si, dans les problèmes de Mécanique, il est ou non permis de prendre le temps pour variable indépendante. Ainsi la Note de M. Passot, fût-elle démonstrative à l'égard des propositions qu'elle contient, ne rem- plirait pas le but que l'auteur s'était proposé. Mais nous allons plus loin, et quelques réflexions bien simples suffiront pour montrer que ces propo- sitions sont inadmissibles. » Lorsque plusieurs variables sont liées entre elles par diverses équa- tions, quelques-unes de ces variables peuvent être considérées comme fonctions des autres qui prennent le nom de variables indépendantes. Supposons, en particulier, deux variables liées entre elles par une seule équation, c'est-à-dire, deux variables liées entre elles de telle sorte que, ( 5,o ) l'une étant donnée, l'antre s'en déduise. L'une des deux variables sera une fonction de l'autre considérée comme variable indépendante. Mais il est clair que le choix de la variable indépendante sera entièrement arbitraire. Ainsi, par exemple, dans la Mécanique, l'espace parcouru par un point matériel qui se meut, et le temps employé à parcourir cet espace, sont deux variables dont l'une dépend de l'autre, et dont l'une quelconque peut être prise pour variable indépendante. Effectivement, on peut de- mander, à volonté, ou quel sera l'espace parcouru pendant un temps donné, ou quel sera le temps employé à parcourir un espace donné. » Concevons à présent que l'on passe du système de deux ou de plu- sieurs variables au système de leurs différentielles. Ces différentielles ne seront autre chose que des quantités dont les rapports seront équivalents aux dernières raisons des accroissements infiniment petits que peuvent prendre simultanément ces mêmes variables. En vertu de cette définition , les différentielles des fonctions dépendront à la fois des variables indé- pendantes, et des différentielles de ces variables. D'ailleurs, ces dernières différentielles pouvant être choisies arbitrairement , il sera non pas né- cessaire, mais convenable, de les réduire, pour plus de simplicité, à des constantes , c'est-à-dire à des quantités indépendantes des variables dont il s'agit. On admet généralement cette réduction , et nous ne ferons ici au- cune difficulté de nous conformer à cet usage. » S'il s'agit de deux variables liées entre elles par une équation , l'on pourra considérer comme constante la différentielle de l'une ou de l'autre variable, suivant que l'on prendra l'une ou l'autre pour indépendante. Il peut d'ailleurs arriver que, pour une valeur particulière de la variable indépendante, la différentielle de la fonction devienne infiniment petite par rapport à la différentielle de la variable. Mais, dans ce cas même, il faudrait bien se garder d'affirmer que la différentielle de la fonction sera toujours nulle, et d'en conclure q»ie la fonction devra changer de rôle, c'est-à-dire, se transformer en variable indépendante. En effet, non-seule- ment une variable, dont la différentielle s'évanouit toujours, cesse d'être variable, et à plus forte raison variable indépendante; mais en outre la différentielle d'une fonction est généralement une quantité variable, dont les valeurs particulières doivent être soigneusement distinguées de la valeur générale. Si M. Passot n'avait pas omis cette distinction îi la page 2 de sa Note, il ne serait pas arrivé aux diverses propositions qu'il a énon- cées; par exemple, à cette assertion, que, dans les problèmes de Méca- nique , le temps ne peut être pris pour variable indépendante. C5n) » Les Commissaires regrettent que les motifs qu'ils viennent d'expliquer ne leur permettent pas de proposer à l'Académie l'approbation de la Note soumise à leur examen.» NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'une Com- mission chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'acadé- micien libre vacante par suite du décès de M. Costaz. Cette Commission doit être composée de sept membres, savoir : du Président de l'Académie, de deux membres pris dans les Sections des sciences mathématiques, de deux autres pris dans les Sections des sciences physiques, et de deux acadé- miciens libres. Au premier tour de scrutin, MM. Arago et Poinsot, de Blainville et de Mirbel , Séguier et de Bonnard réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. chimie:. — Mémoire sur l'emploi du fer dans l'appareil de Marsh et sur /'hydrogène ferré, nouvelle combinaison métallique de rhjdrogène ; par M. Alpu. Dcpasquieh, professeiu- de chimie à Lyon. (Extrait par l'auteur.) (Ancienne Commission de l'appareil de Marsh.) « Dans les publications les plus récentes où l'on parle de la recherche de l'arsenic par l'appareil de Marsh, même dans celles qui ont eu lieu de- puis la lecture du Rapport fait à ce sujet à l'Académie royale des Sciences, il est dit : Qu'on peut employer le zinc ou le fer pour obtenir un dégagement d'hydrogène , pourvu qu'on se soit assuré par un essai préalable, que ces métaux ne donnent pas de taches arsenicales. L'usage d'employer le zinc a toutefois prévalu, sans qu'on se soit bien rendu compte des motifs de cette préférence. » Mais cette latitude laissée par les ouvrages spéciaux de médecine légale et d'analyse chimique, d'employer le zinc ou le fer, est-elle bien fondée? Ne pourrait-il pas résulter des inconvénients et même des erreurs de la substitution du fer au zinc, substitution possible, dans le cas, par exemple, où des experts viendraient à manquer de zinc suffisamment pur? » Telle est la question qu'il m'a paru nécessaire de résoudre par l'expé-^ C.R., 184a, i''' Semeshe (T. XIY , N» 14.) 7O ( 5l2 ) riraentalioii. Les résultats obtenus ont prouvé qu'elle n'était pas sans quel- que importance. Des recherches que j'ai faites à ce sujet, on peut tirer les conclusions suivantes : » 1°. Quand on fait dégager de l'hydrogène au moyen de i'acide sulfurique ou de l'acide chlorhydrique et du fer (petits clous, pointes, fil ou limaille), ce gaz, dont l'odeur est alors métallique et alliacée, brûle avec une /lamme jaune à la circonférence, verte au centre, et donne des taches de couleur de muille, quelquefois rougedtres, souvent avec reflet métallique irisé, ana- logue à celui du fer, et cela, aussi longtemps que l'acide continue à réagir sur le métal. Ces taches sont généralement un peu plus faciles à obtenir avec l'acide chlorhydrique qu'avec l'acide sulfurique. » a°. Les taches fournies par le fer ne sont pas simplement, comme Ta penséM. Liebig, le résultatde la décomposition par l'hydrogène des goutte- lettes de sel ferreux mécaniquement entraînées par le courant de gaz , car elles se produisent aussi abondamment, et le gaz, toujours fétide, continue à brûler avec une fla;nme jaune et verte , quand il a été lavé dans quatre fla- cons de solution de potasse, qu'il traverse en outre un tube rempli d'amiante, et qu'on s'est bien assuré d'ailleurs par divers moyens qu'il n'entraine pas la moindre trace de sulfate ou de chlorure de fer. » 3". Les taches fournies par le fer sont produites par la combustion de V hjdrogène ferré (r) et ;le ['hydrogène phosphore (\m se trouvent mélangés à l'hydrogène pur, et sur lesquels la potasse est sans action, tandis qu'elle retient complètement l'hydrogène sulfuré, quand il s'en forme , et les traces de sel ferreux entraînées par le courant de gaz : en faisant passer, pendant (i) L'existence de l'hydrogène ferré a e'te' soupçonnée , mais jamais on ne l'a déinon- Iréepar l'expe'ritnentalion. Fourcroy admetlait, mais par siinple analogie, que l'hydro- {;ène peut se combiner avec beaucoup de métaux. Vauquelin, comme l'a rappelé M. Pelouze, a dit que le fer peut être dissous par l'hydrogène, mais voici le seul fait sur lequel il appuyait cette opinion : Lorsqu'on a reçu, A\lVaM(\\xe\'\.Q, pendant quelquf. temps, du gaz hydrogène préparé avec le fer, dans Veau d'une cuve pneumatique, elle prend une saveur sensiblement aLramenlaire, et ensuite sa surface se couvre d'une pelli' cule irisée qui devient bientôt une véritable rouille. (Journ. de la Soc. des Pharmaciens de Paris, 2= année , p. 7.4' •) La saveur atramentaire de l'eau dans laquelle on fait dégager, pendant quelque temps, de l'hydrogène obtenu au moyen du fer, et la couche de rouille qui se forme à la surface de ce liquide, pouvaient être plus naturellement attribuées à des traces de sulfate de fer, mécaniquement entraînées par le gaz et dissoutes pendant son lavage. C'est là, du moins, l'opinion qui a prévalu jusqu'à ce jour. ( 5i3 ) plusieurs heures, le gaz lavé à la potasse dans de l'acide azotique concentré à 45°, on trouve ensuite dans le liquide un peu de fer et de l'acide phospho- rique. » 4°' I-a formation d'un hydrogène ferré est d'ailleurs établie par d'autres preuves : ainsi, le gaz lavé à la potasse est sans action sur les réactifs du fer, même quand on l'y fait dégager pendant plusieurs heures; ainsi, les taches dissoutes soit par l'acide azotique, soit par le seul contact du chlore gazeux qui les fait disparaître instantanément, laissent un résidu sec que le cyano- ferrure de potassium colore en bleu et le sulfhydrate d'ammoniaque en bruni ainsi, l'on retrouve encore le fer, mais en très-petite quantité, comme il était naturel de le supposer, dans les solutions des sels métalliques qui sont décomposés par l'hydrogène ferré et par l'hydrogène phosphore, de même que dans celles de chlore, de brome et d'iode, qui exercent aussi une action décomposante sur ces gaz. 0 5". L'hydrogène ferré et l'hydrogène phosphore, mélangés à l'hydrogène dégagé par le fer, se comportent en effet avec les solutions métalliques, avec le chlore, le brome et l'iode, comme les combinaisons hydrogénées d'arsenic et d'antimoine; ainsi, par exemple, ils décomposent l'azotate d'argent, le chlorure d'or et les sels mercureux, en précipitant l'argent, l'or et le mercure à l'état métallique,- ainsi , ils font passer à l'état à'hjdracide le chlore, le brome et l'iode. «G". Le bichlorure de mercure décompose complètement l'hydrogène ferré 'et l'hydrogène phosphore, avec formation d'un précipité blanc ou blanc jaunâtre. Le gaz lavé dans une solution de ce sel est sans odeur, brûle avec une Jlamme légère à peine jaunâtre, n'exerce plus aucune action, même au contact de la lumière, sur l'azotate d'argent, le chlorure d'or, et ne donne plus de taches: c'est de Vhjdrogène pur. En supprimant un instant le lavage au bichlorure, le gaz reprend tous ses caractères pri- mitifs, pour les reperdre dès qu'on rétablit le lavage. Ce lavage au bi- chlorure de mercure constitue donc un moyen très -simple d'obtenir de l'hydro- gène pur; celui fourni par le zinc ne l'est jamais complètement, je démontrerai bientôt pourquoi : il peut, du reste, être purifié par le même moyen. Les azotates d'argent et de merpure exercent luie action ana- logue à celle du bichlorure de ce dernier métal. » 7°. En employant de l'acier (fil d'acier anglais) au lieu de fer, les résultats sont un peu difterents : le gaz briîle avec une Hamme jaune sans nuance de vert; il donne moins facilement des taches, et celles-ci ont beaucoup plus l'apparence métallique du fer. L'odeur du gaz est, dans ce cas, plus empy- 70.. (5i4) reumatique que métallique, et nullement alliacée. Elle persiste avec le caractère empyreumalicyie bien tranché, malgré le lavage au sel d'argent et de mercure. Le gaz doit évidemment ces caractères à la formation d'un carbure d'hydrogène. » 8°. Il résulte, de ce qu'il y a formation constante d'un hydrogène ferré quand on fait réagir l'acide chlorhydrique ou l'acide sulfurique sur le fer, qu'il ne faut jamais emplojer ce métal dans l'appareil de Marsh. • g". Cette exclusion du fer est encore nécessitée par ce fait, que les taches dues à ce métal , donnent, après leur dissolution , à la vérité difficile et imparfaite par l'acide azotique , une réaction que des experts peu exercés pourraient confondre avec celle produite par les taches d'arsenic, quand on traite leur dissolution nitrique par l'azotate d'argent ammoniacal. » lO". Enfin, il est surtout de la plus haute importance de repousser absolument le fer de l'appareil de Marsh, par cette raison, que ce métal s'oppose à peu près complètement à la formation de Vhjdrogène arsénié et de l'hjdrogène antimonié. En effet, quand on se sert d'acide sulfurique ar- sénifère , ou qu'on ajoute quelques gouttes d'une solution d'acide arsénieux (quantité qui donne de fortes taches, ou un anneau d'arsenic avec un appareil au zinc), on n'obtient que des taches rouillées et point d'anneau d'arsenic. En faisant la même expérience avec addition de 20, 3o, 40 et même 5o centigrammes d'acide arsénieux en solution dans l'eau , on obtient pendant deux ou trois minutes quelques taches d'apparence un peu arse- nicale , mais après ce premier moment de réaction , le gaz ne fournit plus que des taches ferrées et phosphorées, et ne donne nulle trace d'anneau d'arsenic. Malgré le contact du tube fortement chauffé à la flamme de l'alcool, le gaz brûle à l'extrémité avec ses caractères ordinaires. » L'addition d'un sel d'antimoine dans l'appareil au fer, donne des résul- tats analogues. » MÉMOIRES PRÉSENTES. GÉOLOGIE. — Notice sur la jormation néocomienne du Jura; par M. Jules Itier. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) « Après avoir exposé brièvement la disposition orographique de la partie méridionale de la chaîne du Jura qui est comprise dans le département de ( 5.5 ) l'Ain, M. Itier montre qne la formation iiéocomienne occupe le centre des vallées longitudinales de la chaîne, et qu'elle en a exhaussé le sol par des dépôts successifs; ses diverses couches vont, en s'amincissant, s'appuyer le plus ordinairement au nord-ouest, sur le troisième étage jurassique, tandis qu'au sud-est elles buttent contre les couches brisées de l'étage moyeu. Ce fait fournit à lui seul la démonstration la plus complète des changements considérables qui se sont produits à la surface de cette partie de la terre, entre l'époque du dépôt du dernier terme de la série jurassique et celle de la formation néocomienne. » Les croupes allongées des montagnes qui séparent les vallées longitu- dinales du Jura, constituaient au milieu de la mer néocomienne, ou , à parler plus généralement, au milieu de l'océan de la période crétacée, un archipel d'îles ou de presqu'îles étroites; les côtés de ces îles, au sud-est, formaient des plages basses et des hauts-fonds, tandis qu'une mer profonde baignait les escarpements à pic du nord-ouest. On retrouve encore sut une foule de points les traces évidentes des rivages de la mer crétacée; la plupart de ces rivages sont dans un tel état de conservation, qu'il semblerait que la mer lésa quittés de nos jours. La localité la plus remarquable que cite l'auteur sous ce rapport, est le versant de la montagne qui domine au nord-ouest le Valromey. On observe, dit-il, au-dessous de Charancin et jusque auprès de Ruffieux, une ligne inclinée aujourd'hui au nord, mais qui était certai- nement de niveau avant la faille transversale qui a escarpé le pied du mont Colombier; cette ligne, où le flot de la mer crétacée apportait pêle-mêle, avec les fragments de la roche qu'il battait, de nombreux débris de co- quilles, d'os de poissons et d'une foule de zoophytes, habitants ordinaires des rivages peu profonds, tels que les coraux, les fexplanaria, les achilleum, les scyphia, les manon; cette ligne, disons-nous, est marquée par une multitude d'huîtres adhérentes au rocher de formation jurassique qui constituait le fond de cette mer, comme aussi par une suite de trous que ce même rocher a conservés, et qui sont dus à des mollusques litho- phages dont on retrouve encore le test dans les alvéoles creusés par ces animaux. » Après avoir cité les diverses localités où se montre la formation néoco- mienne, et dont la plus remarquable est la vallée du Rhône, et dans cette vallée le lieu dit la perte du Rhône, où l'étage de grès vert, qui appartient aussi à la période crétacée, repose en stratification concordante sur les couches supérieures de la formation néocomienne, M. Itier se livre à une description détaillée de l'ensemble de cette formation ; il lui assigne une ( 5i6 ) puissance de 3oo mètres environ dans le département de l'Ain. Pour en faciliter l'étude, il la divise en trois groupes ou étages : » L'étage supérieur, qui se compose d'un nombre indéterminé d'assises de calcaire blanc ou gris-blond clair , tour à tour subcrayeux ou compacte, analogue au calcaire à Chama ammonia d'Orgon (Provence), et contenant dans certaines parties des fossiles dont les principaux sont : Disceras , Hj- purites, Chama ammonia, Astrea, Tubulipora, Meandrina, Pholadomjra Langii ; » L'étage moyen , qui est souvent composé à sa partie supérieure d'oolithe blanche et jaune parfaitement caractérisée , et qui est formé partout ailleurs de calcaires jaunes et de diverses autres couleurs, quelquefois mi- roitant, pénétré fréquemment de grains de silicate de fer hydraté, qui lui donnent un aspect verdâtre, et contenant en outre des boules de quarz géodiques; les fossiles les plus remarquiibles sont : Pectenquinque-costatus , Spatangus retusus, Exogyra sinuata, Exogjra Couloni, Exogyra columba, Terebratula depressa, Citherea plana , Ptjcomya astrea, Serpiila socialis, yimmonites. » Enfin l'étage inférieur, qui offre des marnes bleues et grises, à nodules calcaires, lesquelles sont schistoïdes ou bien arénacées, et alternent avec des calcaires jaunes et bleus compactes : les principaux fossiles sont : Pecten quinque-costatus , Spatangus retusus, Trigonia costata, Exogyra aquila, ISautilus elegans, Belemnites dUatatus. » A l'appui de ses descriptions, M. Itier donne quatre coupes à l'aide desquelles on peut vérifier l'exactitude de ses observations. » M. Itier termine ce Mémoire par un rapprochement entre les caractères du système néocomien du Jura et ceux de la même formation dans le reste de l'Europe; il établit l'identité des divers terrains qui ont été décrits sous ce nom, et il en déduit l'étendue que l'ancien Ooéan a occupé dans toute cette partie de la terre, après la révolution qui a mis lin aux dépôts jurassiques proprement dits.» GEOLOGIE. — Considérations, générales sur le grand système tertiaire des Pampas; par M. d'Orbigny. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Elle de Beaumont, Dufrénoy.) « Ce Mémoire, résumé de mes observations géologiques sur la partie orientale de l'extrémité méridionale de l'Amérique du sud, ne contient que les résultats principaux auxquels je suis arrivé. ( 5.7 ) )i Dans un premier paragraphe, je fais connaître la circonscription du bassin, ses limites et sa superficie. Ce dépôt tertiaire paraît s'étendre de la province de Chiquitos (17° lat. sud) au détroit de Magellan, étant borné à l'ouest parles contreforts des Andes, à l'est par les collines pri- mitives du Brésil. Ainsi circonscrit, le bassin tertiaire des Pampas s'étendrait en longueur sur 35° ou 875 lieues, et en largeur 1 1° au plus, c'est-à-dire sur une surface trois fois plus grande que la France , ou égale en étendue à la France, l'Espagne, le Portugal et l'Angleterre réunis. « Le second chapitre comprend la composition. Je divise le terrain en trois séries de couches: la plus inférieure, que j'appelle tertiaire guaranien, comprend une série de grès et d'argile sans fossiles; la seconde, que je désigne sous le nom de tertiaire patagonien, renferme des couches ma- rines contenant des coquilles fossiles d'espèces perdues, et quelques dé- bris d'ossements et de végétaux; la troisième est V argile pampéenne , qiii forme à elle seule les Pampas proprement dites : elle n'est pas stratifiée et ne recèle que des restes de mammifères. » Le troisième chapitre est consacré aux résultats généraux. Je passfe d'abord en revue toutes les époques géologiques qui ont précédé le dépôt des Pampas, et je crois reconnaître, par l'examen de leur composition, que les couches tertiaires marines n'ont souffert de dérangements que pos- térieurement à leur entière formation; j'arrive aux argiles pampéennes, et je trouve que tous les faits concourent à prouver qu'il y a coïncidence par- faite entre 1° l'époque à laquelle les Cordillères ont pris leur relief; 2" la destruction complète, sur le sol américain, des grandes races d'animaux qui ont peuplé ce continent avant la création actuelle ; et 3" le grand dé" pot argileux à ossements du Pampas. Ainsi ces trois grandes questions, qui sont d'une importance immense pour la géologie américaine et pour l'his- toire chronologique des Faunes, pourraient se réduire et se rattacher à une seule et même cause , l'une des époques de soulèvement des Cordillères^ cause à laquelle on pourrait peut-être attribuer plusieurs des grands phé- nomènes observés dans notre Europe. » M. le docteur Guyon adresse une Notice ayant pour titre : «Du Haschis^ préparation en usage parmi les Arabes de l'Algérie et du Levant.» La préparation connue sous le nom de Haschis ou Haschisch, s'obtient, comme on le sait, des feuilles d'une espèce de chanvre qu'on croit commu- nément être le Cannabis inrlica , mais qui, suivant M. Guyon, serait notre chanvre commun d'Europe. C'est du moins cette espèce qu'il a vu employer- ( 5.8 ) dans l'Algérie, où l'on ne se sert que des feuilles provenant d'in'lividiis femelles. La préparation la plus usitée dans ce pays est une sorte d'électuaire qu'on obtient en fViisant bouillir avec du miel des feuilles de chanvre pul- vérisées, et aromatisant le mélange, quand il a acquis la consistance conve- nable, avec une poudre composée de cannelle, de muscade, de gingembre et de plusieurs autres épiées. La dose de cet électuaire varie suivant le sexe, l'âge, l'habitude plus ou moins ancienne; quelques personnes en prennent ime pilule grosse presque comme une noix. C'est presque toujours au repas du soir que l'on prend cette drogue désignée sous le nom de Madjonne , et l'on a coutume d'en favoriser l'effet par une tasse de café. Le Madjonne produit une excitation de quelques heures qui se mani- feste par une tendance au\ mouvements musculaires, et par des idées gaies, souvent bizarres; il agit aussi comme aphrodisiaque. Les Arabes qui font usage à l'intérienr du haschis sous différentes formes, fument aussi en général des feuilles de chanvre, mais en les mé- langeant avec les deux tiers ou les trois quarts de tabac. Les efiets produits ainsi sont à peu près les mêmes, quoique en général moins pro- noncés. Le haschis étant aujourd'hui d'un usage très-commun dans les contrées où vivait Homère, M. Gnyon incline à croire que c'est avec les feuilles du chanvre plutôt qu'avec le suc du pavot, comme on l'a souvent supposé, qu'on préparait le Nepenthes , boisson à laquelle le poète et plusieurs écrivains d'un âge postérieur attribuent «le pouvoir de bannir les chagrins.» (Cette Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. de Mirbel, Ad. Brongniart, Richard.) GÉOGRAPHIE. — Mémoire sur la Floride du milieu ; par M. de Castelnau. (Commissaires, MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Elle de Beaumont, de Gasparin.) « Cet Essai, dit l'auteur, est divisé en trois sections : dans la première, je traite de la description géographique; dans la seconde, du climat, de la formation géologique, de la température, de l'agriculture et des prin- cipales productions végétales et animales; la troisième est consacrée à l'é- tude de la race humaine qui se présente, en cette contrée, sous les trois va- riétés blanche, noire et rouge; à la dernière appartiennent les nombreuses ( Srg ) tribus d'Indiens qui toutes sont des branches de la grande nation des Sémi- noles. » M. Constant adresse un nouveau Mémoire sur un « système d'essieux » brises applicable à toute espèce de voitures pour le service des routes or- » dinaires, ainsi qu'aux locomotives et aux waggons employés sur les ché- ri mins de fer. » (Renvoi à la Commission qui avait été chargée de rendre compte d'un premier Mémoire de l'auteur sur le même sujet.) L'Académie reçoit sept nouveaux Mémoires adressés pour le concours au prix extraordinaire concernant la vaccine. Mémoires inscrits sous les nu- méros 23, 24, aS , 26, 27, 28 et 2g. L'Académie reçoit aussi un Mémoire pour le concours au prix jondé par M. Manni , concernant les morts apparentes. Ce Mémoire est inscrit sous le numéro 6. CORRESPONDANCE. M. le MiNiSTUE DE l'Instruction publique transmet une ampliation de l'Ordonnance royale qui autorise l'Académie des Sciences et l'Académie des Sciences morales et politiques à accepter une somme de dix mille francs, lé- guée par M. le baron de Morogues , correspondant de l'Institut, pour ser- vir à \^ fondation d'un prix quinquennal à décerner alternativement par chacune de ces Académies. M. le Ministre du Commerce accuse réception du Rapport qui lui a été adressé par ordre de l'Académie, sur les nouveaux procédés introduits dans l'art du doreur par MM. Elkington et de Ruoiz. PHYSIQUE. — M. Arago a présenté à l'Académie un appareil de rotation à l'aide duquel on va faire l'expérience ayant pour but de décider, si la lumière se meut plus vite dans l'eau que dans l'air. Cet appareil a été imaginé et exécuté par un jeune artiste qui porte dignement un nom jus- tement célèbre, M. Breguet fils. Les artifices ingénieux auxquels M. Breguet a eu recours, devant être très-prochainement l'objet d'une communica- tion détaillée, nous nous contenterons de dire aujourd'hui que le mi- C. R. , 184a, i" Semestre. (T. XIV, N" 14.) 7 * ( 520 ) roLr rotatif fait plus de 2 000 totU'S par seconde, sous l'action d'rine force extrêmement modérée ; que les engrenages , les tourillons résistent parfai- tement malgré cette excessive vitesse; enfin, qu'aucun glissement n'étant passible , le nombre de tours du miroir peut être déterminé sans aucune incertitude. PHYsroLOGiE EXPÉRIMENTALE. — Essai surquelques expériences relatives à l'action, de la garance dans la coloration des os et du test calcaire des œufs des poules, etc. ; par M. Marc Paouni. « Cette dissertation renferme trois parties distinctes. Dans la première, l'auteur présente un résumé historique des principales expériences faites avec la garance sur les animaux vivants, en commençant par les recherches de Belchier, Bazzani et Duhamel, et arrivant jusqu'à celles qu'a faites tout récemment M. Flourens; l'ensemble des résultats obtenus lui fournit l'in- dication des parties qui ont, jusqu'à ce jour, été reconnues susceptibles de se colorer en rouge par l'action de cette substance. En répétant ces expé- riences, il a vu se teindre en rouge, outre les os, la partie osseuse des dents, les tendons osseux qui descendent le long des pattes des oiseaux, les petits os de leur larynx, les anneaux de la trachée-artère, la partie osseuse de leur membrane sclérotique, et même les ossifications morbides et anor- males, et les noyaux osseux du cal dans les fractures. Quant aux li- quides, il remarque que Lister affirme, contre l'opinion de Haller, avoir vu le chyle coloré en rouge chez les animaux nourris avec la garance ; que Barbier et Mussey assurent avoir observé le même phénomène dans le sérum du sang ; que Duhamel , Parmentier et quelques autres ont vu le lait se teindre de la même couleur, et qu'enfin non-seulement les ex- créments , mais l'urine elle-même ont offert une couleur rouge à plusieurs des physiologistes qui se sont occupés de ce sujet. » La seconde partie du travail de M. Paolini est relative à la coloration observée dans la coquille des œufs pondus par des poules soumises au ré- gime de la garance. Plusieurs de ces poules cessèrent de pondre après avoir donné deux ou trois œufs d'apparence naturelle; d'autres continuèrent à pondre pendant quelques jours encore en donnant des œufs dont le test calcaire fut teint en rose, tantôt plus, tantôt moins, mais toujours unifor- mément. La coloration n'était pas seulement superficielle, elle s'étendait à toute l'épaisseur du test , dont la surface intérieure présentait la même nuance, tandis que la membrane de la coque, l'albumen et le jaune cùn- ( 5^1 ) servaient leurs caractères physiques habituels. Chez les pmiles qui furent tuées pendant qu'elles étaient nourries avec de la garance , la muqueuse de l'oesophage était teinte en rouge dans l'espace de quelques lignes tant au- dessus qu'au-dessous du jabot, lequel était lui-même fortement coloré à sa face interne. L'intérieur du gésier montrait aussi sa surface teinte d'une cou- leur rouge pcrarpre; et cette coloration du jabot et du gésier se conserva encore assez manifeste après des lavages multipliés. Le cloaque lui-même avait contracté une légère teinte rosée. Pour ce qui concerne le squelette et toutes les autres parties qui, dans ces animaux , finissent par s'ossifier, M. Paoliniaété à même de confirmer tout ce qui a été observé depuis les re- cherches de Belchier jusqu'à celles de M. Flourens. Il vit, en effet, toutes ces parties teintes d'une belle couleur rouge de carmin, laquelle, très-apparente à la périphérie des osplats et dans les épiphyses des os longs, allait en dimi- nuant d'intensité vers leur partie moyenne ou centrale, c'est-à-dire là où, le travail de l'ossification étant terminé, le tissu est plus dense et plus com- pacte; il observa la coloration rouge dans les tendons osseux qui longent le tarse, dans les points ossifiés de l'os hyoïde, dans la plaque osseuse an- térieure du larynx qui correspond au cartilage thyroïde des mammifères, de même que dans les parties ossifiées des anneaux de la trachée-artère , et principalement des trois ou quatre premiers et des quinze ou vingt der- niers, en se rapprochant de la biftrrcation d«s bronches. » Dans le cadavre d'une poule nourrie d'abord, pendant 55 jours , avec de la garance, puis mise ensuite au régime habituel pendant 23 jours, il trouva que l'œsophage, le jabot et le gésier avaient repris leur couleur naturelle. Les os plats paraissaient au premier coup d'oeil teints d'une couleur rouge uniforme; mais, en les regardant avec un peu plus d'attention, on y remar- quait çà et là des vides, de petits espaces rayonnants de couleur naturelle, et "■ dans les os longs on notait ceci de particulier, que la coloration était pres- qu'en entier limitée à leurs extrémités articulaires. » Une autre poule nourrie d'abord de garance pendant 38 jours, puis tenue pendant 22 jours au régime ordinaire, et soumise enfin, de nouveau, pendant un même nombre de jours., au régime de la garance, lui présenta les faits suivants : en observant les os de l'avant-bras et du tarse, surtout vers leur partie supérieure, il eut occasion de constater que la substance de la moelle, laquelle conservait ses caractères naturels, était entourée d'un cercle rouge d'une certaine épaisseur, enveloppé Juimême d'une couche blanche dont la surface extétieure présentait les indices manifestes d'une coloration commençante. 71.. ( 522 ) » En ce qui concerne les fluides, l'auteur nie la présence de la garance ou de sa matière colorante dans la sérosité du sang des animaux soumis aux expériences ; il affirme néanmoins avoir vu le chyle des vaisseaux lactés d'une couleur jaune rougeâtre due probablement à la garance ; il pense que l'urine peut également en être colorée. » La troisième partie contient quelques considérations physiologiques sur les résultats des expériences répétées par l'auteur. » Relativement aux os, il croit pouvoir établir qu'ime des conditions nécessaires à leur coloration , c'est qu'ils soient pénétrés par un nombre plus ou moins grand de vaisseaux sanguins, ou, en d'autres termes, que leur coloration plus ou moins vive dépend de leur plus ou moins grande vascularité. En effet, les os prennent d'autant plus promptement une belle couleur rouge, que les animaux sont plus rapprochés de la nais- sance, et chez les adultes ce sont les parties qui n'ont point encore acquis le complément plastique de l'ossification, qui se colorent le plus aisément. M. Paolini a eu aussi l'occasion de confirmer les expériences et les doc- trines de Duhamel et de M. Flourens sur l'accroissement des os longs en grosseur au moyen de couches superposées les unes aux autres, et sur leur texture laminaire, ce qui corrobore ce qui a été publié sur ce sujet, d'a- bord par Malpighi, puis par Medici. Il termine en disant que l'on peut vraisemblablement attribuer le curieux phénomène de la rapide coloration des os, tant au dépôt qui s'opère en eux de nouvelles molécules terretises déjà colorées en rouge par la garance, qu'à l'attraction qu'exerce sur cette substance le phosphate calcaire préexistant dans les os eux-mêmes en vertu d'une affinité chimico-organique particulière. ». PALÉONTOLOGIE. — Sur Ics cuvemes et. les brèches à ossements des environs de Paris ; par M. J. Dcsnovers. « Parmi les différents gisements de mammifères fossiles qui caractérisent plus particulièrement les dépôts meubles postérieurs aux terrains tertiaires, ceux des cavernes et des brèches osseuses n'ont point encore été positive- ment constatés et étudiés dans le bassin de la Seine. » Les géologues ne pouvaient méconnaître néanmoins un phénomène très-analogue dans les puits naturels qui sillonnent et traversent en tous sens les couches solides des terrains parisiens : la forme de ces cavités, la nature des dépôts meubles dont elles sont remplies, offraient de pre- - ( 523 3 uiiers traits de ressemblance; déjà même, sur quelques points, on y avait trouvé des ossements, mais en trop petit nombre ou trop mal conservés pour qu'on pût y distinguer des espèces caractéristiques et en conclure une parité d'origine et une contemporanéité d'âge. » Il manquait, pour rendre cette analogie indubitable, de rencontrer dans quelqu'une de ces fentes un amas d'ossements de mammifères terres- tres , comparable pour le nombre , pour les espèces et pour le mode d'en- fouissement, à ceux des brèches et des cavernes. Le hasard m'a présenté , à l'appui de cette identité présumée , un fait décisif et tout à fait propre en même temps à confirmer des opinions encore combattues sur l'intéressante question des cavernes, si bien étudiée en d'autres points, et qu'il n'était pas inutile de transporter sur un tViéâtre nouveau. » Ayant rencontré, dans le fond d'un des puits si nombreux et si remar- quables du gypse exploité à la base de la colline de Montmorency, au milieu d'un limon avgilo-sableux semblable à celui des cavernes, et qui pénétrait latéralement dans une foule de canaux sinueux, une quantité con- sidérable d'ossements de mammifères terrestres parfaitement conservés, je parvins à y distinguer près de vingt espèces, presque toutes nouvelles pour la paléontologie du bassin de la Seine; je fus alors conduit à rechercher des faits analogues dans d'autres localités, d'abord sur tout le pourtour de la même colline, puis succes.sivement sur d'autres points, dans un rayon de six à huit lieues aux environs de Paris; je ne tardai pas à reconnaître que Les nombreuses anfractuosités des terrains solides n'y étaient point un phénomène isolé, qu'elles se rattachaient à un système général de disloca- tions habituellement en rapport avec le relief du sol, et que, sous le point de vue des espèces de mammifères fossiles, des circonstances particidières de leur gisement, de la forme des cavités elles-mêmes, on pouvait regarder la formation et le remplissage de ces anfractuosités comme parfaitement analogues aux phénomènes des cavernes et des brèches osseuses qui ont entre elles tant d'analogie. » Au retour à Paris de M. Constant Prévost, mon ami et mon beau- frère, je m'empressai de lui faire part de cette petite découverte et des con- séquences que j'en avais tirées; je ne fus pas surpris d'apprendre qu'il avait lui-même remarqué plusieurs faits à peu près analogues sur d'autres points du bassin de Paris, dont il fait depuis longtemps une étude si consciencieuse, et qu'il en avait tiré les mêmes conséquences. Nous nous communiquâmes mutuellement nos observations, nous les discutâmes; nous fîmes ensemble plusieurs nouvelles courses; nous rassemblâmes ainsi; ( 5a4 ) un si grand nombre de matériaux, qu'il nous parut pouvoir être utile d'en faire l'objet d'un travail spécial. En attendant que nous puissions le pu- blier avec tous les détails et les coupes que nous avons recueillis, nous demandons à l'Académie la permission de lui soumettre les principaux ré sultats auxquels nous sommes jusqu'à présent parvenus. » i". Les nombreuses anfractuosités intérieures ou superficielles qui di- visent dans tous les sens et sous toutes les formes les couches solides des terrains des environs de Paris, sont, comme dans la plupart des pays les plus riches en cavernes, le résultat de dislocations du sol et de l'action éro- sive des eaux. » 2°. Les dislocations, cause principale, sont elles-mêmes de deux sortes: les unes, générales, se rattachant à un système indépendant de la confi- guration actuelle du sol; les autres, évidemment partielles, résultant de tassements et d'ébouiements locaux au bord des plateaux et au pourtour des collines. » 3° La plupart de ces anfractuosités , soit verticales, soit horizontales, ont été traversées, corrodées et agrandies par des eatix d'origines diffé- rentes , les unes très-probablement acides , venant de l'intérieur du sol et déposant des travertins et autres produits chimiques, les autres su- perficielles, qui y ont entraîné de tous les points culminants et environ- nants, des matières de diverse nature, généralement analogues aux dé- pôts meubles recouvrant la surface du sol extérieur, tels que des sables, des graviers, des galets, des blocs de roche, des marnes, des argiles, aux- quels se sont joints fréquemment des fragments arrachés aux parois des roches sillonnées. » 4°- Les matériaux, soit ceux charriés par les eaux, soit ceux éboulés par suite des fractures et des tassements, alternent souvent eux-mêmes avec des dépôts calcaires cristallins, ou avec des concrétions de différentes substances métaUiques , particulièrement de fer et de manganèse , formés par les sources minérales, eu qui annonce que le remplissage n'a point été instantané , mais successif, et qu'il n'est pas dû à une cause unique et uniforme; circonstance analogue à celle des couches des stalagmites des cavernes et au ciment calcaire des brèches osseuses. » 5°. Les eaux qui entraînaient ces débris avec les ossements, étaient des eaux douces provenant de la surface du sol, soit continûment, soit d'une manière intermittente ; c'est ce que prouvent les nombreuses co- quilles terrestres et lacustres bien conservées, et les ossements de petits Batraciens qu'on trouve fréquemment dans ces dépôts. ( 525 ) » 6". C'est au milieu de ces matériaux divers, et jusque dans les rami- fications les plus profondes et les plus étroites de ces cavités, que se sont rencontrés les ossements de mammifères terrestres, tantôt épars , tantôt réunis en squelettes, tantôt groupés en petits amas d'espèces diffé- rentes. Les espèces recueillies par nous dans plusieurs cavités, appartien- nent surtout à des ruminants, à des rongeurs et à de petits carnassiers. » 7°. La localité la plus riche jusqu'ici , celle de Montmorency, a pré- senté dans une seule caverne, dont la capacité était à peine de quelques mètres, plus de deux mille ossements (parmi lesquels un grand nombre de crânes j, appartenant à plus de trois cents individus et à près de vingt espèces, la plupart de petite taille , et cependant dans l'état de conserva- tion le plus parfait. Voici un aperçu général de l'ensemble de ces ossements fossiles : Caiinassiëbs iNSECTivoKiis.. Musaraigne. 'l'aupe . Carnassiers carnivores.. Rongeurs. . Deux espèces à dents colorées en rouge, l'une, tout-à-fait analogue à la Musarai- gne Carrelet (.?. lelragonurus) , l'autre à la Musaraigne de Daubenlon; toutes deux ont déjà été trouvées fossiles dans les brèches de Corse et de Sardaigne et dans les cavernes de la province de Liège. (As- sez abondante. ) . . L'espèce vul[jaLre, trouvée dans les mêmes cavernes, dans celles de Kirkdale, du Saint' Macaire, et dans les ricbes dépôts de SatLsan et de Perriers en Auvergne. (Abondante.) (Blaireau \ Ces quatre .genres sont représentés par un ^Belette I très petit nombre d'ossements qui n'of- \Pulois ? l'rent pas de différences avec les espèces vi- i Marie. .,,,.. 1 vantes encore dans nos pays. Campagnol . ■ . Quatre à cinq espèces, dont deux de grande taille analogues uu Schermaus et au Rat d'eau, et une autre assez analogue au petit Campagnol commun. C'est l'un des genres dont les débris sont le plus com- muns dans cette cuverne;ona fait la même remarque pour les brèches osseuses de la Méditerranée, pour la caverne de Kirk- dale, et pour celles de Liège. . Une espèce de grande taille, qui ne paraît Hamster. , ( 526 ) pas différer de l'espèce répandue depuis l'Alsace jusqu'en Sibérie, mais qu'on ne connaît point vivante plus à l'ouest. (As- sez commune. ) Spermophile (Citillus). Les espèces vivantes de ce genre voisin des Marmottes {Arctomjrs), sont confinées dans les régions septentrio- nales de l'ancien et surtout du nouveau continent : on n'en connaissait encore de fossiles qu'un seul crâne incomplet, trouvé par M. Kaup dans le gisement d'Eppelsheira , célèbre par les débris de Dinotherium, de Mastodonte et d'autres grands mammifères de races éteintes. L'es- pèce de Montmorency, dont j'ai trouvé plus de douze crânes presque intacts, avec une quantité considérable d'autres osse- ments, paraît être tout à fait analogue à celle d'Eppelsheim , que M. Kaup a nom- mée i/jermo/jAtVus superciliosus. L'espèce vivante dont elle se rapproche le plus est le Spermophilus Hichardsonii de l'A- mérique septentrionale. Lièvre. ...... Une espèce de grande taille dont le crâne est bien plus large et plus aplati que dans l'espèce commune. On sait que des ossements de lièvre se retrouvent dans presque toutes les cavernes, confondus avec les os d'ours et d'hyènes , et qu'ils sont aussi très-communs dans les brèches osseuses de la Méditerranée. Lagomys Deux espèces, dont l'une de la taille du Lagomjs ogotona, et l'autre du L. pu- sillusj la plus petite espèce connue. La présence de ce genre parmi les ossements de mammifères fossiles des environs de Paris est peut-être le fait le plus curieux de ce nouveau gisement, puisque les dé- bris de Lagomys sont les plus caractéris- tiques des brèches de Corse et de Sardai- gne, et qu'on n'en connaît plus d'espèces vivantes que dans l'Asie septentrionale. (Assez rare.) ( 5^7 ) Pachydermes Sanglier, Dents. (Rare.) SoLiPÈDES Cheval Une mâchoire presque entière, une grande partie d'un squelette. Les ossements de chevaux se retrouvent dans presque tous les gisements de mammifères fossiles pos- térieurs aux terrains tertiaires. Ruminants Renne Bois et ossements d'une espèce analogue au Renne fossile d'Étampes, et dont les dé- bris se sont retrouvés dans une foule de localités de France et de Belgique. Cerf. Ossements d'une espèce de taille moyenne. » 8'. Cette liste, quelque incotnplète qu'elle soit encore, suffit pour éta- blir, sous le point de vue zoologique, une analogie évidente avec les brè- ches osseuses de la Méditerranée, et pour indiquer, par les petites espèces, des ressemblances avec les dépôts des cavernes où elles se trouvent réunies aux ours et aux hyènes, que nous ne tarderons sans doute pas à rencon- trer aussi dans les environs de Paris, et dont nous avons déjà quelques indices. » 9°. Sans nous arrêter définitivement encore sur l'âge à assigner aux ossements enfouis dans les cavités du sol parisien , et tout en admettant qu'il doive y en avoir de plusieurs âges, nous les regardons cependant, pour la plupart , malgré la ressemblance générale de l'ensemble avec les espèces encore vivantes et surtout avec les espèces du Nord , comme aussi anciens et peut-être même comme plus anciens que les ossements d'éléphants, de rhinocéros, et autres grands pachydermes et ruminants du gravier diluvien des vallées et des plateaux du bassin de la Seine. » lo". L'ensemble de ces observations nous paraît appuyer fortement l'opi- liion que les mammifères, dont les ossements sont enfouis dans les cavernes , y ont été presque toujours entraînés par des cours d'eau, non pas à une seide époque, mais successivement. Ce phénomène est expliquable par les causés agissant encore actuellement, et dont nous trouvons de nombreux exemples non-seulement dans des faits empruntés à des contrées éloignées, mais en- core dans des observations qu'on peut vérifier chaque jour aux environs de Paris, sur le plateau même de Montmorency, oîi existe , dans une gorge de l'intérieur de la forêt, une large cavité dans laquelle s'engouffrent, depuis des siècles, toutes les eaux torrentielles des environs, entraînant les sables, les graviers, les limons, les ossements d'animaux , les débris de végétaux qu'elles rencontrent sur leur trajet et qu'elles déposent dans les anfractuo- C. R., i?42, l'^r Semestre. ;T. XIV, N» 14.) J2 ( 5i8 ) sites du gypse, donnant ainsi l'explication la plus simple et la plus naturelle du remplissage de la plus grande partie des anciennes cavernes. » GÉOLOGIE. — Sur les traces d'anciens glaciers dans les Pyrénées. — Extrait d'une Lettre de M. N. Boubée. i< Je viens de passer près de deux ans dans les Pyrénées, et j'y ai fait, relativement à la question des glaciers, quelques recherches dont je m'em- presse de soumettre à l'Académie les principaux résultats. » Comme je l'avais pressenti en visitant les Alpes en compagnie de JM. Agassiz, j'ai retrouvé dans toutes les Pyrénées les mêmes traces qui se montrent si bien dans les premières de ces montagnes, et ce nouveau point de similitude entre les deux chaînes m'a vivement frappé. Ainsi dans les grandes vallées pyrénéennes, soit sur le versant espagnol, soit sur le ver- sant français, on reconnaît sans peine des roches polies et striées, portant ainsi des traces incontestables de l'action de glaciers qui ont cessé d'exister avant toute tradition historique ; et l'on y retrouve également de grandes moraines qui s'avancent jusqu'en dehors de la chaîne, et démontrent su- rabondamment que non-seulement ces montagnes en entier, mais encore la plaine environnante sur plusieurs points, sont restées longtemps cou- vertes de glaces, comme les Alpes, comme nos régions polaires. »J'ai reconim Aes surfaces polies et striées dans les vallées de la Pique, du Lys, du Larboust, ^Aran, de Vénasque , de Lourou, de Gavarnie, etc., et des moraines anciennes non-seulement dans toutes ces vallées, mais dans plusieurs autres où je n'ai pas rencontré des surfaces polies. » Je dois faire remarquer qu'il est beaucoup plus facile de retrouver les anciennes moraines queles roches polies et striées, car l'incessante érosion des agents extérieurs dénudant peu à peu les montagnes sur tous les points, fait disparaître de jour en jour leurs surfaces anciennes. Les moraines, au contraire, qui barrent les vallées et en obstruent le fond, ne peuvent échapper à l'exploration même la plus rapide; et de même que, dans les Alpes, on retrouve partout de ces grandes moraines, on en reconnaît aussi dans les Pyrénées à chaque pas , plus ou moins intactes , plus ou moins démantelées par les courants. » MÉDECINE. — De l'action des eaux alcalines dans les affections calculeuses. -^Extrait d'une Lettre de M. Petit, inspecteur-adjoint des eaux de Vichy.. « Dans une des dernières séances de l'Académie, il a été fait un Rapport ( 5^9 ) sur plusieurs communications de M. le D' Leroy d'Éliolies, relatives à la dissolution des concrétions urinaires. Ayant em])loyé les eaux de Vichy comme moyen dissolvant de ces concrétions chez un assez grand nombre de calculeux, je crois devoir vous adresser, à l'occasion de ce Rapport, le résultat de mes observations , afin de mieux fixer l'opinion sur le degré d'efficacité, dans ce cas, des boissons alcalines » Je n'ai jamais prétendu que l'on dût toujours réussir complètement dans le traitement des maladies calculeuses par l'usage des eaux de Vichy et en général des boissons alcalines; mais je suis convaincu que toutes les fois que les calculs ne seront pas très-volumineux, ni d'une très-grande dureté, il y aura de très-grandes probabilités de pouvoir les détruire com- plètement par ce moyen. Bien entendu que je n'entends pas parler ici des calculs d'oxalate de chaux qui, lorsqu'ils seront purs, résisteront proba- blement toujours à cette médication. » M. Leroy d'ÉtioIles renouvelle contre l'emploi des boissons alcalines une objection soulevée d'abord par Proust et par Marcet; c'est que l'usage longtemps continué de ces boissons, et à doses élevées, peut, en neutra- lisant les acides libres de l'urine, favoriser la formation de calculs de phos- phate et de carbonate de chatix et de magnésie. La théorie a pu faire naître une semblable crainte; mais cette crainte n'a jamais été justifiée par la pratique. Ainsi M. le D"^ Lucas qui , pendant trente-deux ans , a admi- nistré les eaux de Vichy à un très-grand nombre de malades, a répété souvent qu'il n'avait jamais observé de calculs d'aucune espèce chez les malades qui venaient habituellement à Vichy. D'un autre côté , ne .sait-on pas que les ouvriers qui passent une grande partie de leur vie dans les fabriques de soude , et qui ont presque toujours l'urine alcaline, se por- tent parfaitement et n'ont jamais la pierre? Si je consulte ma propre ex- périence, je puis assurer que je connais un très-grand nombre de malades qui font un usage habituel, et déjà depuis bien des années, soit d'eau de Vichy naturelle , soit de bicarbonate de soude, et que, quoique quelques- uns d'entre eux fussent graveleux ou calculeux auparavant, non-seulement ils n'ont plus eu ni gravelle, ni pierre, mais que leur urine est toujours dans l'état le plus satisfaisant, et que même leur santé générale paraît s'élre sensiblement améliorée sous l'influence de ce moyen. » CHIMIE. — Notice sur un nouveau compose' coloré j produit par Vunion de l'albumine avec le bioxfde de cuivre hydraté et les alcalis ; par M. LassaiCNe. '»lji>irtf>ii? I Uv.!rx:'.\i\-A 'Av a Dans un Mémoire présenté en 1840 à l'Académie royale des Sciences, 7a.. ( 53o ) nous avons déjà démontré que l'albumine animale, dans son action sur les sels métalliques, s'unissait à ces composés et formait des combinaisons qui présentaient plusieurs propriétés remarquables. »En reprenant l'examen de quelques faits que nous avions signalés à cette époque, nous avons été conduits à étudier d'une manière particulière les composés solubles que l'albumine peut produire avec plusieurs oxydes hydratés sous l'influence des alcalis, composés déjà entrevus par MM. Ber- zelius et Schùbler, mais non encore examinés sous le rapport de leurs pro- priétés et de leur composition. » L'objet de cette Note est relatif à la combinaison que forme le bioxyde de cuivre avec l'albumine et la potasse. Albuminaie de cuivre et de potasse. 0 Nous proposons de désigner sous ce nom le composé soluble que l'on forme directement en traitant à la température ordinaire du bioxyde de cuivre hydraté délayé dans une solution aqueuse d'albumine ou de sérum du sang, et y versant peu à peu une solution de potasse faible. L'addition de cet alcali opère la dissolution du composé d'albumine et d'oxyde de cuivre qui s'est d'abord formée, et il en résulte une combinaison colorée en beau violet. «Ce composé, remarquable par sa couleur, se produit aussi en versant peu à peu de la potasse dissoute sur le précipité blanc bleuâtre que forme l'albu- mine ou le sérum du sang dans les sels de bioxyde de cuivre. Dès que le précipité est touché par la solution de potasse , il est rendu soluble et colore immédiatement la dissolution. » Cette combinaison , que nous avions entrevue en 1840, en faisant agir de l'eau de chaux et de baryte sur les composés d'albumine et de sels de bioxyde de cuivre, se prépare surtout à l'état de pureté par le premier procédé, c'est-à-dire par action directe de la potasse sur un excès d'hydrate de bioxyde de cuivre délayé dans une eau albumineuse. Le composé qui s'est produit est ensuite séparé par la filtration , et sa solution doit être évaporée dans le vide sec sous le récipient de la machine pneumatique. A. — Propriétés de l'albuminate de cuivre et de potasse. » Ce composé, desséché dans le vide pendant vingt-quatre heures, se présente en plaques transparentes et cassantes d'une belle couleur violette. Exposé à l'air, il en absorbe lentement l'humidité et se ramollit un peu. #•" (53i ) L'eau froide le fait gonfler et le dissout ensuite en totalité, en se colorant eu violet ou bleu-pensée. Cette solution ne présente pas de saveur bien sensiLle ; en cela elle diffère des solutions des sels debioxyds de cuivre, qui ont une saveur styptique désagréable. » Chauffée jusqu'à -4- loo", cette solution ne se décolore et ne se coagule point; sa teinte s'affaiblit seulement un peu si l'on soutient l'ébullition pendant quelques minutes; après ce laps de temps, elle se trouble sans se décolorer totalement, et laisse déposer une petite quantité de protoxyde de cuivre hydraté, sous forme d'une poudre jaune-orangé. » Cette action que le calorique exerce sur cette solution en la décompo- sant en pkrtie, montre qu'il est important de l'évaporer dans le vide, si l'on ne veut en opérer l'altération. C'est par ce moyen que nous avons pré- paré le composé solide sur lequel ont porté nos expériences. B. — Action des acides sur l'albuminale de cuivre et de potasse. «'Tous les oxacides et beaucoup d'acides végétaux décomposent la solu- tion d'albuminate de cuivre et de potasse, et la décolorent instantané- ment. Ils agissent tout à la fois sur l'albumine qu'ils précipitent en flocons blancs en s'y unissant, et reforment des sels avec le bioxyde de cuivre et la potasse. Quelques hydracides, tels que les acides chlorhydrique et bromhydrique, se comportent de la même manière; mais l'acide suif hy- drique lui fait perdre sa couleur violette et lui en communique une d'un brun jaunâtre par suite du deutosulfure de cuivre qui a été formé et qui reste dissous dans l'albumine et le sulfure de potassium. » Lorsque la solution d'albuminate de cuivre et de potasse est décom- posée par un acide, on peut la reproduire à l'aide d'un peu d'alcali (po- tasse ou soude) qui redissout le précipité albumineux et remet en liberté le bioxyde de cuivre. » L'analyse que nous avons faite d'une portion de cet albuminate double, desséché dans le vide, nous a donné le résultat suivant ; Albumine 89,40 Potasse , 7 > 56 Bioxyde de cuivre 3, ©4 100,0» C. — Albuminate de cuivre et de chaux ; albuminate de cuivre et de baryte. » Les solutions de chaux et de baryte agissent de la même manière qiw ( 532 ) la potasse sur le bioxyde de cuivre en présence de la solution d'albumine; elles forment des albuminates doubles qui, à l'intensité de la couleur près, se rapprochent par tous leurs caractères de l'albuminate de cuivre et de potasse. » La magnésie mise en contact avec de l'hydrate de bioxyde de cuivre et de l'albumine liquide, ne forme, sans doute en raison de sa très-faible solubilité, qu'un composé insoluble , d'une légère couleur lilas. » Les carbonates neutres et les bicarbonates à base de soude et de po- tasse rendent soluble dans l'eau le deutoxyde de cuivre hydraté combiné à l'albumine. Mais les sulfates et borates des mêmes bases sont sans action. » La Bbrine, rendue soluble par sa macération dans une solution de ni- trate de potasse, se comporte à l'égard des sels de bioxyde de cuivre comme la solution d'albumine , ce qui établit un rapport de plus entre les pro- priétés chimiques de ces deux principes isomères, comme l'ont établi les expériences de MM. Liebig et Denis. » La gélatine en solution jouit aussi de la propriété , sous l'influence de la potasse, de dissoudre le bioxyde de cuivre hydraté et de former une combinaison soluble, d'un bleu foncé, analogue à celles produites avec l'albumine et la fibrine. » M. ScwiCK.ARDi demande qu'un Mémoire sur les aliments en général et sur la gélatine considérée comme substance alimentaire, adressé par lui il y a quelques séances, soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. Cette Lettre est renvoyée à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. M. BouRGEBY fait hommage à l'Académie de son Iconographie d'anatomie chirurgicale et de médecine opératoire ( voir au Bulletin bibliographique), et demande que ce grand ouvrage soit admis à concourir pour le prix de Médecine et de Chirurgie. Conformément à une disposition du règlement concernant ce con- cours, M. Bourgery adresse une indication des parties qui, dans son livre, lui paraissent être le plus neuves et le plus propres à contribuer aux pro- grès de l'art de guérir. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Marcesche/M] prie l'Académie de hâter le travail de la Commission ( 533 ) chargée de faire un Rapport sur son « nouveau système de locomotion rapide. » Celte Lettre est renvoyée à la Commission précédemment nommée. M. KoRiLSKi adresse une nouvelle Note relative aux causes qui, suivant lui , auraient amené l'écrasement du tube intérieur du puits foré de Grenelle. M. Letmerie écrit relativement à divers Mémoires qu'il a successivement adressés , et sur lesquels il n'a pas encore été fait de Rapport. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par MM. Beau, Mavrhas et Magomty. A quatre heures et demie l'Académie se forme en Comité secret. COMITÉ SECRET. La Commission qui avait été nommée à cet effet, présente la liste sui- vante des candidats pour la place d'associé étranger, vacante par le décès de M. de Candolle. En première ligne, M. Œrsted, et par ordre alphabétique, MM. Brewster, Faraday, Herschel , Jacobi , Liebig , Melloni , à Copenhague; à Saint-Andrew (Ecosse); à Londres; à Slough; à Kœnigsberg; à Giessen; à Naples; Mitscherlich, à Berlin; Tiedemann, à Erfurt. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la séance prochaine. MM. les membres en se- ront prévenus par lettres à domicile. La séance est levée à 6 heures. ( 534 ) BILLETIN DIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie royale des Sciences; i"semestre 1842, n" i3|, in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnault; 3' série, tome IV, février 1842; in-8°. Mémoire sur la variation des constantes arbitraires dans des formules géné- rales de la Dynamique, et dans un système d'équations analogues plus étendues; par M. BiNET; in-4''. Voyage dans l'Inde; par M. V. JacquemonT; 38" et 39* livraisons; in-4°. Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques; mars i84a; in-8°. Annales maritimes et coloniales; i-f année, mars 1842 ; in-8°. Médecine opératoire ; par MM. BoURGERV et Jacob; 2 vol. in-fol., texte et planches. Traité des Névralgies ou affections douloureuses des nerfs ;par M. Valleix; in-S". Du traitement des Névralgies par les vésicatoires volants; par le même ; broch. in-8«. De quelques Médecins mentionnés dans les écrits de Saint-Augustin , évêquc d'Hippone ; par M. le docteur GuYON; broch. in-8°. Réponse aux principales objections dirigées contre les procédés suivis dans les analyses du Sang et contre l'exactitude de leurs résultats; par MM. Andral et G AV ARRET; Paris, i84a; in-S". Révolutions de la Mer; par M. Adhémar ; in-8°. Recueil de la Société polytechnique; février 1842; in-8°. Histoire naturelle des îles Canaries; par MM. Webb et Berthelot ; 62* livraison ; in-4°. Paléontologie française ; par M. A. d'Orbigny ; 39' et 4o® livr.; in-S". Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome XIII, janvier et février i84i ; in-8°. Rulletin de l'Académie royale de Médecine; i5 — 3i mars 1842; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; avril i842;in-8°. ( 535 ) Journal des Connaissances médico-chirurgicales; avril 184^; in-S". Journal des Connaissances utiles; mars 1842; in-8°. Journal des Haras, des Chasses, des Courses de chevaux; avril 1842; ia-8°. Transactions. . . Transactions de la Société géologique de Londres; 2* série ; vol. VI, partie i'®; Londres, i84i; in-4°. John Hunter's. . . Observations de John Hunter sur le développement des Animaux, avec la description faite par M. OWEN, des figures de Hunter, relatives au développement de l'oiseau dans iœuf; Londres, i84i; in-fal. Soluzione . . . Solution dun problème très-important dans la Zoologie : examen du flux et du reflux de la mer; par M. L. PORTA; Naples , 18 89; in- 12. Sulla crescenza . . . Sur la croissance de différents arbres observée pendant un espace de vingt années; par M. BONAFOUS; Turin, broch. in-8°. Il Filocamo , journal médico-scientifique, et journal d'éducation; tonie II, n°4;in-4°; Malte. Gazette médicale de Paris; tomeX; n° i4- Gazette des Hôpitaux; n" 38 — 4o. L'Echo du Monde savant; n°' ■717 et 718. L'Expérience, journal de Médecine; n° 248. C. R. , 1841 , i" Semestre. (T, XIV, N» M.) 7'-î ( 536 ) O -yic/jc/ji>igu3c/j-/jddc/oc"i/5z '■àiiôoci diziàaidc«dz d 6 d i/â iLi oo- iOO J «^ p c«d i 5 t: r o 4> H u s» > 3 '3 d 3 O — O O > 3 U H U u O a- O u Z Ou g O;:,: sa 3 d Z 3 a. a< « H, rt Cj 3 rî ' 3 3 5 3 3. O. 3 3 0) -j sa a •.' > > 3 3 3 O O O u u u b u ■ ■•-.'«Ci. « "j ,: ■ u î) 1 D 3 3 .2? ta 3 3 -p 3 00«JiUOO."0 u u a M u u Hçj - H - L.I 3 W « S" a > — c > 3 « 3 o o « - «en 3 3 3 « iS « 3 3 3 >-, >-i >-> o o o s o-.^o « + + + + 4-I- + + + + + + + + + + + + + + ++ 1 I l+-f++++ « co fO +++ + ^* - « - r^CO 0--0-lOfO-fO vj«iX) r^-c o Oi-GOVltO^^O o o co « [■^m ^^^r c^ o o «o tû lo fo + + + + + + + + + + + f-t-f-+-f + + ++ + + + + 4- + + ++ + + - 00 o + + + ■tuo.i3Xfj «30 '-O OVO O OtO»0 013m<0 o M ^^-O T> T) OlO'0>OCO«-/'vOCO fco ~o 3^. c^io CO C5 « CO ro va-va- « o «n'X) - OïO (^ i:+±i +±±±+ -f- + ++ ^ + + + +++ + + 4-4- -f- + ++ 4- + + VO G c^ r^CO •-£> 4-4- + -t- vO ^ ^erlO - c^io O 30 « O 30 « X c^aO 05 r^ CT> t'' t^*^ "^ ^*»n Cr> CT: O vO o ro o r~30 OiCTiS « c-^t^M Oî- r^ r>-o »o c^ M r^ O-.vtI-VO X CO - ^-rX >n ^T«o '-C o o c^ r^ c^ c^ c- r^ c^ r- [:'■ r>* c^ r~* t^ r-- r^ r^ r^ c^ r^ t^ t^ r~» r^ r^ c^ i^ r^ r^ r^ r^ t^^ ' r^ r^ r^ •tuojSÀu ^d- M 'O O Oi CTî fi ^^ — f» o r^ c^ O o oa O V:*- Ci o ro ^*m -< co c^co m v:f ^* r^ ca o vrhm vj- - 4-4-4-4- )- + 4- 4 4-4-+ 4 + + + 4-4-4-4-4-4- 4- 4- 4- 4-4- + + 4- f 4- •xi fo -^r o - oa + 4 + o + 'O OiX ^^ ■ OV-D o CI - V.-7-10 1^ ^ Oa^-a-ro ^-r is — -H r^ r^^^a- -* *n oaco « ^— ro i o ' ir^cn- ritom ciinxvaxa -• c^o c^--j3ox.'0 - ox -<■ ro r-O c^OVî - r^v^vr)-_ ;; ^,io t^ro o ^^X fO - CO m - O (J-.PO >/^ X X ^* va-x lO ^Ttn o »n -JD o ua «a O '-O ^^'^ra m »o ua «a t lo o «n * ^ "^ ' '- • ^ c^ i ■* r^ c^ c^ 1 - c^ cr- r~» c^ c» c^ r^ r^ r^ r^ I-- r- c-* c - r^ r^ [^ i"^ r^ r^ r» l^ • c^ c^ L^ c^ • iuoj3.o O^-X ^TUa "O O I+ + + + + + + + +4-+4+ + + + -H + + + + 4 + + + + + + + + + «a to r^ o - X +++ + X Oax M i-^- — ^-f c- r^co « -<:rm -^ i-ro -o ^rro o S Oa^* r^ o X o c ^^ro co 05 Oi ci c~>ro Ci VT o^*o^"43 -to — 0;--0 - OiVD «O - ^* i-'X - fO i^. c^ ^ — ^-rO r^ '-û OiO CO oa - Oi o ^^co X ^a- es ci oxmx^-r«io oact — c-m — — o ro m x x c^ ^*x '~0 ^*'o '-£) va ç£) in >c ^-rio ua to •£> m îo 'js to 'X) 'O v^i-va-io Ka«acû--û'oioioin«a«n m in m '^ t^ c^ c^ r^- r^ c^ t~* c-^ r^ r* t^ t^^ r^ c-- r^ i^ r^ r^ r^ r~^ i~^ r^ r^ t^ r^ t^ t:^ r^ r^ v^ i r^ c^ r' •mojBÀu o cl Ci cico'^ ci^-roa ir^x r^oaouax ci^T' o^cox CXX 0".(£) O - O lo - -X) r^ f t^ ci X ^si-'O »n O c^ t^^O -XXO ir^Oa-X t^iO fO co O co c^tû O co o Oi + + + + 4--^4--f 4--4-4-4^4--l- + 4-4-4-+-<-4+-4-4+4 4-4-4- + 4- X x;o +++ + siolu np sjnof X o — ro X 'su i^X O — o ^r^ O *o 3"; c^'-X — tnro r^O -X*OroXca O r^'-^ L-'O - Oiir^O p!fO f — "O - Ga O'.X C! lO r-»0 Oi cl O CJ cl ^^^a — X - co O .2. 2 « 0;X Jû co Oico c^co o X ^*x r^ Ci m o ri - ca^^r - d o m ^^rx cr. o ^ttjs js >o lo lo in v3-in ^*',£> x wa ;û '>0 '^ ^ va >o ^^rua »n«a",o?û«a>o»0 î£) ira >n lo lo r^ t^ r^ I r^ « co ^*tn tO r^x oa o ci co v^>o -O r^X CT! o --c----.--.Ci Cl co ^^^in "Xi (S M Ci M Ci -X I Ci o> O - c. co co COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 11 AVRIL 1842. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. AIEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Recherches sur la composition de l'eau; par M. Dumas (i). (Extrait.) «J'ai communiqué à l'Académie des expériences entreprises avec M. Stas, qui fixent la composition de l'acide carbonique; nous avons donné, M. Boussingault et moi, des analyses de l'air qui établissent la composition de l'atmosphère sur des bases rigoureuses ; je viens faire connaître mainte- nant le résultat des recherches que j'ai poursuivies sans relâche sur la véritable composition de l'eau et de l'ammoniaque, ce qui complétera les déterminations nécessaires aux spéculations de la physiologie générale. » L'eau est formée d'oxygène et d'hydrogène, et l'on a essayé de définir le rapport exact suivant lequel ces gaz s'unissent soit en les mesurant, soit (i) Ces recherches devaient être exécutées avec la participation de M. Stas; mais sa nomination à la chaire de chimie de l'École polytechnique de Bruxelles ne lui a pas per- mis d'assister à d'autres expériences qu'à celles que nous regardions comme prépara- toires. Je dois donc assumer sur moi seul toutes les fautes commises dans l'exécution de ce travail. (7. D.) C. R., 1842, i« Semestre. (T. XIV, No 18.) 74 _ ( 538 ) en les pesant. Ces deux méthodes mises en pratique par MM. Berzéliiis et Dulong, les ayant conduits exactement au même résultat , celui-ci a été admis , sans discussion, comme l'expression de la vérité. » Je viens montrer que cette coïncidence fortuite provient d'une double erreur dont la connaissance eût difficilement échappé à la critique des chi- mistes, sMIs ne s'étaient dès longtemps habitués à admettre sans discussion les poids atomiques adoptés par M. Berzélius. » Il résulte de mes recherches que l'eau est formée en poids de looo parties d'hydrogène pour 8000 d'oxygène, c'est-à-dire que ces corps se combinent dans le rapport simple de 1 à 8. » MM. Berzélius et Dulong ont admis le même rapport à peu près, car ils regardent l'eau comme étant formée de 1000 parties d'hydrogène pour 8008 d'oxygène. Si ce chiffre exprimait véritablement le résultat de leurs expé- riences, il faudrait regarder comme insignifiante la correction que je pro- pose aujourd'hui, et comme inutile la longue, dispendieuse et pénible sé- rie de recherches à laquelle je me suis livré. » Mais quand on remonte aux expériences mêmes de mes illustres devan- ciers, on trouve qu'ils se sont basés sur des déterminations fautives des densités de l'hydrogène et de l'oxygène; car il est bien prouvé, mainte- nant, que la densité de l'oxygène n'est pas représentée par 1,1026, et je vais faire voir que celle de l'hydrogène ne peut pas l'être par les nombres 0,0688 ou 0,0687 entre lesquels hésitent MM. Berzélius et Dulong. » En effet, quand on suppose que l'hydrogène et l'oxygène s'unissent dans le rapport exact de 2 : i en volumes et qu'on essaye d'en déduire la composition en poids de l'eau , d'après la densité de ces deux gaz, en partant de la densité de l'hydrogène de MM. Berzélius et Dulong et de la densité de l'oxygène que nous avons déterminée, M. Boussingault et moi, on trouve non pas le rapport de 1000 à 8000, ni celui de 1000 à 8008, mais bien le rapport de 1000 à 8040, qui est évidemment inadmis- sible. Cependant, comme tout porte à croire que l'hydrogène ne diffère pas sensiblement de l'oxygène par la manière dont ces deux gaz se com- portent sous diverses pressions, et que leur coefficient de dilatation ne peut exercer aucune influence appréciable sur le rapport qui nous occupe, il faut que la densité de l'hydrogène de Dulong soit inexacte ou que la loi de M. Gay-Lu3sac sur la comhinaison des gaz ne soit qu'une approximation. » En tout cas, il était donc indispensable de vérifier la densité de l'hy- drogène, et l'on ne pouvait rien conclure, quanta la composition exacte de l'eau, des densités de gaz connues jusqu'ici. ( 539 ) » Mais M. Berzélius a déduit la composition de l'eau d'une expérience plus directe. Il a réduit de l'oxyde de cuivre au moyen de l'hydrogène, et, recueillant l'eau formée par une quantité d'oxygène connue, il a pu en tirer la composition de l'eau. »M. Berzélius a fait trois expériences de ce genre qui, en moyenne, lui ont donné pour looo d'hydrogène 8008 d'oxygène. Un chimiste anglais, le docteur Prout, avait déjà émis l'opinion que l'eau pourrait bien contenir j 000 d'hydrogène pour 8000 d'oxygène, mais on lui opposa le résultat de ces expériences comme propre à démontrer que de tels rapports étaient des jeux d'esprit qui ne méritaient aucune considération. ■) Pour montrer à quel point on s'est laissé influencer par une confiance exagérée dans la manière d* procéder pour les déterminations de cette nature, il suffit de comparer les chiffres résultant des trois expériences de M. Berzélius : 1" expérience, looo hydrogène = So/fa oxygène, a' expérience, looo hydrogène = 7936 3* expérience, 1000 hydrogène := 8o53 Moyenne 8010 » De ce qu'on avait trouvé les nombres 8o5. . . . 804 et 798, dont la moyenne est 801, rien n'autorisait certes à conclure que le véritable nom- bre n'était pas 800. II ne faut pas répondre de g4^, quand on n'a fait que trois expériences qui différent entre elles de j^, et ce n'est pas avec des expériences dont les nombres s'écartent de ^ qu'on est autorisé à repous- ser cette correction de -g^ qui suffisait pour mettre la moyenne d'accord avec les vues du docteur Prout. » N'hésitons pas à dire que, jusqu'ici, les vues du docteur Prout n'ont point été soumises à cette discussion sincère et approfondie que leur haute importance méritait. J'ignore si ces vues sont vraies dans toute leur éten- due , mais, pour le savoir, il faut reprendre la détermination des poids ato- miques sur une grande échelle, par des moyennes fondées sur des e3|pé- riences nombreuses et en ne négligeant aucune des corrections que la physique enseigne. » Si ces corrections eussent été introduites dans l'expérience de M. Ber- zélius, les résultats, déjà si éloignés de la moyenne admise, s'en seraient écartés bien davantage. » La première correction à faire au résultat brut de l'expérience , con- 74.. ( 54o ) sistait à ramener au vide le poids de l'eau formée pour en avoir le poids absolu. Cette correction ne s'élève pas à moins de lo à 12 milligrammes sur le poids de l'hydrogène, dans des expériences où l'on a cru pouvoir compter sur une précision de i milligramme. » Par la même raison, il faut ramener aussi au vide le poids de l'oxygène employé. » D'un autre côté, la dessiccation de l'hydrogène exige des précautions bien autrement minutieuses que celles que M. Berzélius a mises en usage. 11 a supposé , en effet , qu'un courant de gaz arrive à la sécheresse abso- lue en parcourant rapidement un tube rempli de chlorure de calcium. L'expérience et le raisonnement prouvent qu'il n'en est rien. Or, le gaz qui disparaît en se transformant en eau présentait à la vapeur un espace qui, en s'anéantissant, détermine sa condensation. Ainsi , toute l'eau hygro- métrique du gaz consommé s'ajoute à l'eau provenant de l'expérience, quand le gaz hydrogène brûlé n'est pas sec. >; Enfin , en supposant les poids réduits au vide et les gaz parfaitement secs, les expériences de M. Berzélius laisseraient encore beaucoup de doute sur la véritable composition de l'eau , par cela seul qu'elles ont été faites sur 10 à [ 2 grammes seulement. » Ces expériences sont donc trop peu nombreuses; elles ont été faites sur une trop faible échelle ; on n'y a pas introduit des corrections indis- pensables qui dénatureraient complètement les chiffres qu'on en a dé- duits ; tous ces motifs devaient me déterminer à les reprendre. » Mon premier soin a consisté à me procurer de l'hydrogène parfaitement pur. A cet égard, je crois n'avoir rien laissé à désirer par l'emploi de moyens très-simples que j'ai vus généralement approuvés et adoptés par les chimistes qui, depuis longtemps, ont pu prendre connaissance de mes expériences (i). -* » Les impuretés de l'hydrogène obtenu par le zinc , l'eau et l'acide sulfu- rique, peuvent consister en oxydes d'azote, acide sulfureux, hydrogène arseniqué, hydrogène sulfuré. » Les oxydes d'azote proviennent de l'acide sulfurique impur; il faut toujours s'assiu'er de sa pureté avant de l'employer. » L'acide sulfureux se trouve quelquefois dans l'acide sulfurique qu'on a essayé de purifier de combinaisons nitreuses par un courant d'acide (1) Les procédés que j'ai employés pour la synthèse de l'eau, ont été présentés dans mon cours de l'École de Médecine, de l'année dernière. ( 54r ) sulfureux. Entraîné par l'hydrogène, il passerait avec lui et causerait de graves erreurs. » L'hydrogène arseniqué et l'hydrogène sulfuré se montrent presque constamment dans ces expériences , le dernier surtout. » Il faut donc faire usage d'acide sulfurique pur et diriger le gaz au tra- vers de quelques réactifs propres à lui enlever les traces d'hydrogène sul- furé ou d'hydrogène arseniqué qu'il renferme. Une dissolution de nitrate de plomb arrête l'hydrogène sulfuré ; une dissolution de sulfate d'argent arrête l'hydrogène arseniqué à son tour. Je place ces dissolutions dans des tubes en U remplis de verre en morceaux, ce qui donne aux liquides un développement de surface convenable à l'action qu'ils sont destinés à exercer. » Ordinairement, à la fin de l'expérience , dans les tubes qui ont près d'un mètre de longueur, la partie colorée forme une zone qui ne dépasse guère trois ou quatre centimètres. » Le gaz passe ensuite dans des tubes semblables pleins de pierre ponce humectée par une dissolution de potasse concentrée; de là dans un tube qui renferme de la potasse en morceaux ordinaire , puis dans un autre qui contient de la potasse caustique qui a été chauffée au rouge. « L'hydrogène qui a subi ces purifications est parfaitement inodore. Il m'est souvent arrivé d'en dégager une centaine de litres sans apercevoir la moindre odeur. » Mais ce gaz n'est pas encore sec , et j'ai employé pour le dessé- cher tantôt l'acide sulfurique concentré, tantôt l'acide phosphorique anhydre. » L'acide sulfurique convient très-bien quand on opère en hiver, ou bien qu'on a soin de maintenir les tubes desséchants à zéro, en les entourant de glace. Mais j'ai souvent employé l'acide phosphorique anhydre comme dessicant. Dans ce cas , je le divise au moyen de gros fragments de pierre ponce. » L'hydrogène pur et sec est perdu pendant quelques heures , afin de balayer tout l'air des appareils. » L'oxyde de cuivre est placé dans un ballon en verre très-dur, où il peut éprouver la chaleur rouge pendant une journée entière, sans que le ballon s'altère dans la forme ni même dans l'éclat de sa surface. J'ai employé pour le chauffer des lampes à alcool à double courant d'air, d'une construction nouvelle, où je maintiens l'alcool à une température basse au moyen d'une enveloppe d'eau. » Les ballons que je devais employer à ces expériences m'ont été fom-nis par M. le baron de Rlinglin, qui, dans sa belle verrerie de plaines de Valsch et de Valeristhal , obtient tous les objets en verre dur dont les chimistes peuvent avoir besoin. Ce sont des globes ou boules à deux cols, l'un court par oîi arrive l'hydrogène, l'autre beaucoup plus long par où se dégage l'excès de gaz et l'eau formée. Les difficultés singulières qui se pré- sentaient pour la fabrication de ces pièces nous ont causé mille contrariétés, mais on a fini par les surmonter. » Nous avons eu en définitive des ballons assez bien recuits pour résister à tous les changements de température , assez durs pour supporter une chaleur rouge prolongée sans perdre leur brillant, et munis d'une pointe longue d'un mètre où s'opérait le refroidissement et la condensation de la -vapeur aqueuse formée. » L'oxyde de cuivre étant introduit dans le ballon , on ajuste sur le petit col un robinet, et l'on ferme le côté opposé au moyen d'un dé eu caout- chouc. Après s'être assuré que le système garde le vide', on dirige dans la boule un courant d'air desséché par l'acide sulfurique , et on chauffe la boule au rouge. Lorsqu'on a fait passer ainsi quinze ou vingt litres d'air, on retire la lampe et on laisse refroidir l'appareil pendant qu'il y circule encore quinze ou vingt autres litres d'air bien sec. » Toute humidité accidentelle étant ainsi écartée, le ballon étant par- faitement refroidi, on y fait le vide et on le pèse. Le vide vérifié, on le pèse de nouveau. » Ou met alors le ballon en communication avec l'appareil d'où l'hydro- gène se dégage. » On ajuste les appareils destinés à recueillir l'eau liquide, et les tubes dessicants qui doivent retenir l'eau hygrométrique de l'excès de gaz. Ces tubes sont toujours disposés exactement de même que ceux qui précèdent l'oxyde de cuivre. » Ils ont été pesés d'avance, de sorte qu'en les pesant de nouveau après l'opération, on connaît le poids de l'eau formée. » L'oxyde de cuivre étant chauffé au rouge sombre, la réduction com- mence, et l'eau ruisselle bientôt en abondance; mais au bout de quelques heures la formation d'eau se ralentit, et ce n'est qu'après dix ou douze heures que l'opération est terminée. Il n'est pas facile, par conséquent, de consacrer moins de seize ou dix-huit heures à l'exécution de chaque expé- rience, abstraction faite des dispositions préliminaires, qui m'ont constam- ment coûté deux ou trois jours de soins. ( 5/,3 ) » Si j'ajoute que j'ai obtenu dans mes diverses expériences plus dlin kilogramme d'eau , que je mets sous les yeux de l'Académie ; que c'est le produit de dix-neuf opérations, dont les nombres sont réunis dans le tableau suivant; qu'enfin , en comptant celles qui ont échoué par accident, je n'ai pas fait moins de quarante ou cinquante expériences semblables, on pourra se faire une-juste idée du temps et de la fatigue que cette détermi- nation m'a coûtés. » Il faut même ajouter que la durée nécessaire de ces opérations, en m'obligeant à prolonger le travail fort avant dans la nuit, en plaçant les pesées vers 2 ou 3 heures du matin dans la plupart des cas, constitue une cause d'erreur réelle. Je n'oserais pas assurer que de telles pesées méri- tent autant de confiance que si elles avaient été exécutées dans des circon- stances plus favorables et par un observateur moins accablé de la fatigue inévitable après quinze ou vingt heures d'attention soutenue. Sjnihhse de l'eau. NATUHE des corps desséchants. Acide siilfurique... . Id Id Acide phosphorique. Acide sulfurique .... Id .. U Acide phosphorique. Id Acide sulfurique. . . . Acide phosphorique. Id Acide sulfurique . . Id Id Acide phosphorique. Id. . Id Id POIDS du ballon vîde d'air contenant l'oxyde de enivre. api ,g85 344,548 316,671 6a5,8i9 804,546 533,726 661 ,915 fil 2, 6-25 904 ,643 642, 3i5 587,645 673,280 660,855 642,^25 937,845 756, 3:" 2 747,652 POIDS du ballon vi<3e d'air contenaDt le cuivre réduit. 278,806 324,186 296, 175 568,825 728,182 490,155 627 , I 04 566,738 844,612 590,487 535 , I 37 613,492 598,765 590,487 881 ,362 719,563 720,000 7^7,632 716,825 POIDS des vases pourrccueil- Ur l'eau 480,807 488,227 439,711 884,190 887,331 867,159 839,3o4 824,624 822,660 741,095 874,832 931,487 682,374 74'.0!)7 1064,762 878,640 887,817 888,662 877,862 POIDS d« vaset OXYGÉN. contenant consommé l'eau. 495,634 5 i 1 , I 32 462,764 948,323 973,291 916,206 878, ',8a 876,244 890,246 799. 4<7 933,910 99"^, 700 7.52,273 799.435 1128,319 92o,o3o 926,375 924,837 912,539 i3,i79 20, 36a ao ,495 57,004 76,364 43,57. 34,811 45,887 6o,o3i 5i ,838 5ï,5o8 99.789 62,090 5 1,838 56,483 36,789 34, i6a 32. i33 30,827 EAU obtenue. 14,827 22 , ;)o5 23,o53 64,044 85,960 44,047 39.178 5i ,623 67 ,586 58,320 .59,078 67 ,282 69,899 58,36o 63,577 4' ,390 38,?i58 36,175 3i,fi77 EQUIV. brut de rbydro- gène. Moyeiinos. i25o,5 1249,0 1248,1 i2,'5o,6 1256,2 iî56,3 1254,6 I25o,o i2a8,3 I25o,4 I25l ,2 1253,3 1257,7 n58,i 1255,8 I250,fi 1357,3 1257,5 1248,8 iii53,3 EQUlV. de l'hydro- gcne corrigé pour l'air contenu dans l'acide sulfurique employé. 1249,6 1248,0 I'j47,2 12l9,0 ■254,6 I '255,0 1253,3 1249,0 1 255 , , 1248,9 1249,0 i25o,8 1254,8 1256,2 1252,2 1249,1 1255,1 1254,7 1248,0 i25i ,5 ( 544 ) » J'ai fait de mon mieux , et en retraçant ici toutes les circonstances de mes expériences, je n'ai qu'un seul but, celui de mettre tous les chimistes en état d'en apprécier la valeur, et de faire la part des chances d'erreur de tout genre qu'elles peuvent comporter. » Si l'on pensait que ces expériences peuvent être abrégées, oh verrait bientôt qu'il n'en est rien, en parcourant le résumé des opérations dont elles se composent: >i i". Dégagement d'hydrogène dans l'appareil pour en balayer l'air; » 2°. Pesée du ballon plein d'oxyde de cuivre et vide d'air; w 3°. Pesée des appareils destinés à recueillir l'eau; » 4°- Ajustement de l'appareil; » 5°. Réduction; )> 6*. Refroidissement du ballon, le courant d'hydrogène étant maintenu ; » n". Pesée du ballon froid et vide d'hydrogène; » 8*. Balayage de l'hydrogène des appareils qui renferment l'eau, au moyen d'un courant d'air sec, pour en expulser l'hydrogène; » g°. Pesée des appareils qui renferment l'eau ; » En supposant, bien entendu, que la journée de la veille a été com- plètement consacrée à faire passer l'air sec sur l'oxyde chaud et à pré- parer toutes les pesées. » A la vérité, on pourrait abréger ces expériences en diminuant la quantité d'eau qu'on veut produire à chacune d'elles, mais il faut faire attention à une circonstance particulière , pour apprécier jusqu'à quel point cette diminution est permise. w De toutes les analyses qu'un chimiste peut se proposer, celle de l'eau est celle qui comporte le plus d'incertitude. En effet, i partie d'hydrogène se combine avec 8 parties d'oxygène pour former de l'eau, et rien ne serait plus exact que l'analyse de l'eau, si l'on pouvait peser l'hydrogène et peser l'eau qui proviendrait de sa combustion. » Mais l'expérience n'est pas possible sous cette forme. Nous sommes obligés de peser l'eau formée et l'oxygène qui a servi à la produire, pour en déduire, par différence, le poids de l'hydrogène qui en fait partie. Ainsi, une erreur de -^ sur le poids de l'eau, ou de -g^ sur le poids de l'oxygène, affecte d'une quantité égale à ^ ou à ^ le poids de l'hydro- gène. Que ces erreurs étant dans le même sens viennent à s'ajouter, et l'on aura des erreurs qui iront à ~. » Il ne faut donc pas s'étonner si MM, Berzélius et Dulong n'ont réel- lement déterminé le poids atomique de l'hydrogène qu'à -^ près. Ce qui ( 545 ) surprend seulement, c'est qu'ils aient pu croire que cette détermrnalion atteignait une précision de 7—7 environ. " Je m'estimerais fort heureux si l'avenir prouvait que les expériences que j'ai exécutées donnent le poids atomique de l'hydrogène à -^ près; j'aurais bien voulu arriver Hj~-, nnaisje ne l'ai pas pu et je laisse à de plus habiles le mérite d'y parvenir II m'est arrivé qu'à mesure que j'augmentais le poids de l'eau formée et la durée des expériences, des causes d'erreur diverses venaient compliquer les pesées et en diminuer la précision. » Quoiqu'il en soit, le poids atomique de l'hydrogène ne peut guère être au-dessous de i2,5o quand on représente l'oxygène par 100. » Mes expériences le placent entre i 2,5oet 1 2,56, et si elles peuvent laisser quelque chose à désirer au point de vue philosophique, elles suffisent sur- abondamment à tous les besoins de la pratique. » En considérant l'eau comme formée de i d'hydrogène pour 8 d'oxygène, jamais un chimiste ne sera exposé à commettre une erreur dans ses expé- riences ou dans ses calculs, puisqu'on a trouvé qu'elle renferme 8 d'oxygène et i d'hydrogène. 80 id 10 800 td roo 8000 id looi ou ioo3. » Je sais maintenant quelles causes d'erreur j'ai rencontrées et quels moyens il faudrait employer pour les éviter. Peut-être un jour reprendrai-je cette recherche que je regarde comme une des plus délicates et des plus importantes de la philosophie naturelle. » En effet, si les molécules des corps élémentaires sont toutes des mul- tiples de la molécule de l'hydrogène, comme l'a supposé le docteur Prout, personne ne peut prévoir quelles seront les conséquences auxquelles une relation de cette nature conduira les chimistes , quand elle sera bien cons- tatée et qu'ils oseront s'y confier. » La densité de l'hydrogène ne peut rien nous apprendre à ce sujet de plus que ce que nous pouvons déduire de l'analyse de l'eau elle-même. Nous avons trouvé, M. Boussingault et moi, que cette densité est comprise entre 0,0691 et 0,0695, nombre sensiblement plus élevé que celui de MM. Berzé- lius et Dulong qui est, évalué comme on sait, de 0,0687 ^ 0,0688. » Les densités degaz prises par MM. Berzélius et Dulong sont gcnérale- 'ment trop faibles, l'azote excepté. Il est probable que cela tient à quelque C. R., '«43 l'fAemwi/e. (T. XIV, NO 18) ']5 ( 546 ) faute sur la mesure de la température du gaz et au mélange fortuit de l'air avec le gaz pesé. » Si l'on pouvait déterminer la densité de l'hydrogène de manière à ré- pondre de la quatrième décimale, cette détermination serait d'une grande importance dans la discussion qui nous occupé; mais il faudra pour y par- venir un grand nombre de pesées, et jusqu'ici nous n'avons pu en exécuter que cinq. Plus tard nous ferons connaître la marche suivie pour les exécuter et la moyenne des résultats qu'elle nous auront fournis. » Ce que je veux établir aujourd'hui, c'est que les déterminations de poids atomiques de M. Berzéliuset sa synthèse de l'eau en particulier laissent indé- cise la question soulevée par le docteur Prout : je n'ignore pas qu'en Angle- terre, M. Turner a examiné, ri y a quelques années, si les poids atomiques de M. Berzélius étaient plus conformes à l'expérience que ceux qui résultaient des vues du docteur Prout, et qu'il a conclu son investigation en donnant raison aux tables de M. Berzélius; mais je doit ajouter que M. Turner n'a pas fait usage de méthodes assez délicates pour trancher la question. » Je puis conclure de mon expérience personnelle que, le poids de la mo- lécule d'hydrogène étant i , celui de la molécule de carbone est 6 , celui de la molécule d'azote 7 et celui de la molécule d'oxygène 8 Ces rapports ne comportent que des erreurs à peu près insignifiantes, » Pour vérifier leur exactitude ou pour contrôler les autres poids ato- miques , il faut entrer dans la voie ouvertepar la nouvelle analyse de l'acide carbonique; c'est-à-dire faire des analyses ou des synthèses sur une grande échelle, en opérant des réactions très-simples sur des corps très-purs. »A ce titre, je vais donnerici l'analyse du spath d'Islande comme exemple. Celui sur lequel j'ai opéré avait été recueilli par M. Eugène Robert, qui a bien voulu en faire le sacrifice en faveur de mes recherches. «D'après une analyse faite sur 3o grammes, il renfermait Carbonate de cliaux 39,991 9997)" Silice 0,004 '>3 Peroxyde de fer o,oo5 t ,7 Magnésie trace. trace. Oxyde de manganèse trace. trace. 3o,ooo 10000,0 «Soumis à la- calcination jusqu'à ce que son poids ne change plus, ce spath a fourni les résultats suivants dans trois expériences, en ramenant les (5f7 ) vide : Poids du spath. Poids de lu chay):. Chaux p. lûo, 49r-,9iG 28,016 56,12 5o ,497 a8,3o5 56,04 64 ,5o8 36,167 56, 06 » Si ces expériences très-simples , faciles à répéter , sont confirmées par i, calculi, soit sur le sable, c'est-à-dire sur la table cou- verte de poudre, dont se servaient les Anciens. C'est dans ce sens que Tertullien désigne TpSirprimus numerorum arenarius celui qui enseif»nait les premiers éléments du calcul aux enfants. (V. De Pallio liber; t. I, p. 47 de l'édition de Lacerda, Paris 1624, in.folio.) Wallis, en donnant au livre d'Archlniède le titre Arenarius, se servait dans son coin- ( 55i ) » Je trouve que c'est aussi sous ce point de vue que l'antiquité l'a apprécié. » On lit drfns Silîus Italicus (Hv. xiv, vers 35o) : Non illuin mundi numerasse capacis arenas Vana fides. » Cepassage, que l'on ne paraît pas avoir suffisamment r(;marqué, s'ap- plique évidemment au Uvre,£>e numéro arence^ et en indique parfaitement l'objet. » On connaît ces vers par lesquels commence l'od^ d'Horace à Ar- chytas : Te maris ac terrse nuiueroque careutis arena Mensorem cohibent, Arcliyta » Faut-il les considérer comme un document historique qui prouverait qu'Archytas avait fait, près d'un siècle avant Archimède, ce même calcul des grainsde sablePou bien faut-iln'y voir, de lapartdu poète, qu'une expres- sion propre àcaractériser le grand géomètre, expression (jne/isor arence) dont il aura pu se servir d'autant plus volontiers , qu'elle formait une sorte d'an- tithèse avec la prière d'Archytas, philosophe pythagoricieîi demandant «« peu de sable {i)? » Cette dernière interprétation me paraît la plus problable, parce qu'elle s'accorde avec les paroles bien précises d'Archimède et avec le passage de Silius Italicus. » Quoi qu'il en soit, le but que s'est proposé Archimède en écrivant 1'^- 7'e«a/re est bien tel que jeraiannoncé,et non pas de simplifier la numération grecque , comme on l'a cru. On ne peut pas même dire que le calcul des grains de sable était pour Archimède un prétexte pour avoir à enseigner la manière lueDledre de l^expressioii De numéro arence : « Hune Arcb'unedis De numéro arence, n libellum recensere vistUneSl... Hoc ipso, De Arenœ nurherà, iractaia. » {Opéra nïùth.., t. 111, p. 537.) Mais ensuite on n'a plus employé que les mots Arenarius, Arénaire, qui ont pu oon- tribaer à faire perdre de vue l'objet du livre. (1) Ces vers d'Horace sont cités par Heilbronnér {Historia Malheseos, p. 142), mais sans commentaire. Delambre s'est borné aussi à en faire mention dans sa Notice sur Arcbytas {Biographie universelle). Montucla, qui les rapporte, dit seulement qu'Ho- race paraît avoir eu eu vue les connaissances d'Arcliylas en géométrie et en astronomie. {Uisl. des Math.j t. I, p. i44-) M. Lacroix avait bien voulu me signaler ce passage d'Horace comme offrant un point d'bistoire matbéinatiquc qui méritait examen. ( 552 ) d'exprimer les grands nombres , puisqu'il avait traité antérieurement cette question de numération dans un ouvragé spécial (qu'il appelle plus loin le Livre des Principes), d'où il extrait le procédé par lequel il exprime le nombre des grains de sable. » Quant à cette question, de calculer le nombre des grains de sable , bien qu'elle s'appliquât à une opinion vulgaire qu'il importait peu à la science de rectifier, néanmoins elle avait une haute portée scientifique, car elle touchait au système du monde, sur lequel elle donnait des notions plus exactes , et sa solution exigeait des considérations géométriques et des observations astronomiques délicates tendant à déterminer le diamètre du Soleil. » Aussi Archimède est-il cité avec éloge pour cet ouvrage dans l'his- toire de l'Astronomie (i), où, du reste, il tient sa place à d'autres titres encore (2). Analjrse de la partie arithmétique du livre De numéro arense. » Les considérations arithmétiques dont Archimède fait usage sont em- pruntées d'un autre de ses ouvrages qu'il appelle le Livre des Principes^ et qu'il cite plusieurs fois. Malheureusement ce livre ne nous est pas parvenu. Les procédés arithmétiques qu'Archimède en a extraits , pour s'en servir dans le livre De numéro arenœ, où ils ne se trouvent (qu'incidemment, n'ont pas pour objet de simplifier la numération grecque dans les limites de ses usages vulgaires, ni même de la modifier, comme on l'a cru. Au contraire, Archimède conserve cette numération intégralement, avec d'autant plus de raison qu'il écrit pour détruire une opinion vulgaire. » Ce qu'il emprunte au Livre des Principes, c'est simplement une addi- tion à la nomenclature du système grec ; c'est un rtioyen particulier de dénommer les grands nombres. » Archimède s'exprime encore à ce sujet avec une précision qui semble ne pas permettre le doute. Après avoir conclu de son observation du dia- mètre du Soleil , le diamètre de la sphère du monde , et avoir fait une hy- (i) Voir Bailly, Histoire de l' Astronomie moderne, t. I, p. 20, 44- — Moiitucla , His- toiie des Maihémutiques, t. I, p. 227, 22b. — Lalande, jlstronomie, i.\ , ^. ^. — Delambre, Histoire de l' Astronomie moderne, t. 1, p. ici, 102. (2) Je ue sais si l'on a remarqué que Ibn Joiinis, le célèbre astronoine arabe, cite plusieurs fois, dans sa Table Hnkémile , Arclitmè'le , avec Hipparque et Ptoléniée,~ .xoniine ayant laissé des observations astiononiiques. C 553 ) pothèse sur le nombre des grains de sable que contiendrait le volume d'une graine de pavot , il ajoute : « Il est nécessaire à présent d'exposer la nometi- » ciature des nombres ; si je n'en disais rien dans ce livre , je craindrais » que ceux qui n'auraient pas lu celui que j'ai adressé à Zeuxippe ne tom- » bassent dans l'erreur » On a donné des noms aux nombres jusqu'à une myriade ; et au » delà on répète une myriade jusqu'à une myriade de myriades. » » Ces noms de nombres dont parle Archimède étaient unité, dixaitie , centaine, mille et myriade. Au delà on considérait la myriade comme une nouvelle unité, et l'on disait dixaine de myriades, centaine de myriades , mille myriades et myriade de myriades. Ces dénominations étaient géné- ralement suffisantes; mais s'il fallait aller au delà , on prenait la myriade de myriades pour une nouvelle unité qu'on répétait jusqu'au! myriades de myriades de myriades, et ainsi de suite (i). » Voilà quelle était la nomenclature numérique au temps d'Archimède. Cette nomenclature , il la conserve , il s'en sert, mais seulement dans les li- mites de l'usage vulgaire , c'est-à-dire jusqu'à une myriade de Myriades; et pGUi* exprimer de plus grands nombres, tels que ceux qui se présentent dans ta question qu'il a à traiter , il imagine de nouvelles unités plus grandes que les myriades, myriades de myriades , etc. » C'est là la véritable innovation arithmétique due à Archimède. » Pour bien fixer les idées sur ce point et préciser la conception d'Ar- chimède, considérons la progression décuple lO", lO', lO*, lO^, lO^, 10^ lo* c'est-à-dire : Unités, dixaines, centaines, mille, dixaines de mille, centaines de mille, mille-mille , etc. (i) Archimède se sert plusieurs fois des expressions myriade de myriades, myriade de myriades de myriades. Apollonius , comme on le voit dans le second livre des Collec- tions mathématiques de Pappus, avait abrégé cette nomenclature en évitant la répétition du mot myriade, au moyen des expressions myriade double, myriade triple, etc. Il dési- gnait ces nombres par ftft , fuift, etc. On trouveanssi cette notation dans Diophante. (Voir livre III, proposition 22.) On se sert du mot myriade pour exprimer, au figuré, un nombre immense , une mul- titude innombrable. L'emploi de cette locution dans le langage moderne me paraît pro- venir de la répétition même de ce mot dans l'ancienne numération grecque. C. E,, i34a, i" Semestre. (ï. XIV, N" 18.) 76 ( 554 ) » Lu nomenclature grecque reposait sur la division de cette série en tran- ç^hes de quatre termes. Ainsi les quatre premières tranches appartenaient aux unités, les quatre suivantes aux myriades j les quatre ensuite aux mj- riades de myriades ; et ainsi des suivantes. « Archimède a imaginé des tranches de huit termes, qu'il a appelées oc- tades ; et il a dénommé de la manière suivante les nombres exprimés par ces octades. Il a appelé nombres premiers , les nombres de la première oc- tade; nombres seconds, ceux de la seconde octade ; nombres troisièmes, ceux de la troisième octade, et ainsi des autres, en conservant aux tranches de chaque octade les dénominations usitées, savoir, unités, dixaines , cen- taines, etc. » Archimède dit qu'on poussera l'usage de ces octades jusqu'à celle du rang mjrio-mjrionième , ce qui fera une myriade de myriades (cent millions) d'octades ou tranches de huit chifTres (i); et que, quoique ces dénomi- nations soient suffisantes pour renonciation de tous les nombres connus, on peut aller au delà. Pour cela, dit-il, on appellera prem.ière période cette série d'une myriade de myriades d'octades, et le dernier nombre de cette période, c'est-à-dire une myriade de myriades de nombres du rang myrio-myrionième, s'appellera unité des nombres premiers de lAseconde période. On continuera ainsi la nomenclature des nombres de la seconde pé- riode, jusqu'à une myriade de myriades des, noxnhre?, mjrio mjrionièmes , laquelle myriade de myriades formera une unité des nombres premiers de la troisième période ; et ainsi de suite, jusqu'à la myriade de myriades des nombres myrio-myrionièmes de la période myrio-myrionième. » Telles sont les dénominations proposées par Archimède. Elles produisent des nombres énormes. Car, par exemple, l'unité des nombres premiers de la deuxième période est lo' (^ 1,0000,0000) élevé à la puissance myrio- myrionième, c'est-à-dire lo''""""""""; c'est donc l'unité suivie de 8,0000,0000 {huit cent millions) de zéros. » Plusieurs commentateurs, et Peyrard notamment, n'ont pas compris le passage qui se rapporte aux périodes de cent millions d'octades, et en ont tout à fait changé le sens (2). Delambre l'a passé sous silence dans son Mé- (1) Sic seinper pi'oeeiJenles numeri uoiiiinasoniantur usque adiuyrio-iuyresiinorusn iiumtToi uni myriadem luyriaduuj. (Wallis; Opéra, t. III, p. 5ai.j (2) Ils u'out pas compris l'expression myrio-mjreiiTnorum, fcupiaKia-fcopioi-ây. Parexeniple, la phrase citée dans la note précédente se trouve ainsi traduite par Peyrard: « Con- ( 555 ) moire sur l'arithniétique des Grecs, et n'a donné ainsi qu'une idée incom- plète du livre d'Archimède. Wallis paraît être le seul qui ait compris le Vé- ritable sens de ce passage, l'un des plus intéressants de l'ouvrage. '- '' ' » Après avoir exposé les dénominations qu'il emprunte du livre des Prin- cipes pour exprimer les grands nombres , Archimède considère la progres- sion écrite ci-dessus, dont la raison est lo et qui a pour premier terme l'u- nité; il dit que les huit premiers termes de cette série renferment les nom- bres qu'il appelle nombres premiers; que les huit termes suivants, formant tine seconde octade, sont les nombres seconds , et ainsi de suite. Puis il ajoute, et c'est là un autre point remarquable de son livre, que si l'on mul- tiplie deux termes de la progression , le produit sera un autre terme de cette même série, dont le rang après l'unité (premier terme de la série) sera marqué par la somme des rangs de ces deux termes après le premier. Cette règle sert à Archimède pour déterminer immédiatement le produit de deux termes de la série sans effectuer la multiplication. » Ces considérations qui forment toute la partie arithmétique du livre De numéro arencB , étant admises, Archimède passe au calcul des grains de sa- ble, véritable et seul but quil s'est proposé. Il prend pour les nombres qui lai servent de base, des nombres ronds qui sont des termes de sa progres- sion , ou des multiples simples de ces termes; et comme il n'a que des mid- tiplications à effectuer, lesquelles se font sans aucun calcul , au moyen de la propriété démontrée de celle progression, il s'ensuit qu'il arrive, sans avoir eu besoin d'effectuer aucun calcul, à ce résultat , que le nombre des grains de sable que contiendrait la sphère du monde est plus petit que le hui- tième terme de la huitième octade; c'est-à-dire que mille myriades des nom- bres huitièmes; ce qui est la conclusion de son livre. » Voilà l'usage qu' Archimède a fait de sa manière d'exprimer les grands nombres; mais, ce qu'on néglige ordinairement de remarquer, et ce qui a ici de l'importance, c'est qu'il dénomme les nombres d'une autre manière, savoir, /jar le rang qu'ils tiennent dans la série des unités décuples. Ce mode dedénomination est employé dans toutlecoursdeson ouvrage. Parexemple, il dit que le nombre des grains de sable cherché est plus petit que le soi- » tiauons de donner des noms aux nombres suivants, jusqu'aux myriades de myriades B de nombres composés de myriades de myriades des nombres troisièmes. » Cette tra- duction ne se rapporte nullement au texte. Ensuite, dans le tableau joint à ses commen- taires, Peyrard fait la première période de huit octades seulement, au lieu de cent millions d'octades. • ( 556 ) xante-quatrième terme de la progression. Nous dirions aujourd'hui que ce nombre est plus petit que l'unité suivie de soixante-trois zéros. Il est bien évident que ces deux locutions sont identiques. » D'après cette analyse du livre d'Archimède , on voit que les seules notions arithmétiques dont il a fait usage pour résoudre sa question du nombre des grains de sable , sont : » 1°. Les propriétés de la progression géométrique i, lo, loo, looo, loooo, etc., concernant la multiplication des termes de cette série; » Et 1°. Trois manières de dénommer les nombres dans la numération grecque; » La première par leur rang individuel dans cette progression ; » La seconde par tranches de quatre termes appelées myriades, my- riades de mjrriades, myriades de myriades de myriades, etc. ; » En6n la troisième, \>aiT octades ou tranches de huit termes, appelées nombres premiers, nombres seconds, etc. , et par périodes, ou tranches de cent millions d'octades. » On avait négligé , généralement, jusqu'ici , de remarquer dans cet ou- vrage d'Archimède, sa manière de dénommer les nombres par leur rang dans la progression décuple, et aussi la manière de les dénommer par tran- ches de quatre chiffres et par la répétition du mot myriade (i) , et l'on n'avait pas toujours bien compris la valeur des périodes, et l'immense ex- tension qu'elles donnent au système d'Archimède. Comparaison entre le livre d'Archimède et le sjrs tente de l'Abacus. » Maintenant que nous sommes bien fixés, et sur l'objet véritable du livre d'Archimède, et sur la question de numération qui s'y trouve inci- demment, on reconnaîtra, sans aucun doute, que l'auteur n'a eu absolu- ment rien à emprunter du système de l'Abacus, et conséquemment qu'on ne peut pas dire qu'il n'a pas connu ce système. » En effet, Archimède n'a eu à se livrer à aucuns détails de calculs; ce n'est donc pas sous ce rapport qu'il eût pu se servir du système de l'A- bacus; il n'a eu qu'à dénonuner des grands nombres; et pour cela il a (i) Delauibre, a'ayant pas aperçu cette liénoiutnation par myriades, dans l'Arénaire, et n'y ayant remarqué que les octades, l'a attribuée à Apollonius , et l'a considérée comme un perfectionnement et un acheminement vers notre arithmétique actuelle. Il semble i^ue le savant auteur a méconnu le véritable mé|||te des grandes unités imaginées par Archimède. (557) substitué aux tétrades ou tranches de quatre chiffres , qui exigeaient la répétition du mot myriade, des octades ou tranches de huit chiffres qu'il a appelées nombres premiers, nombres seconds, etc. » Or dans le système de l'Abacus , la nomenclature procédait par tran- ches de trois chiffres seulement, et consistait dans la répétition indéfinie du mot mille; c'est-à-dire que ces tranches s'appelaient imités, mille, mille- mille, mille-mille -mille, etc. (i), de sorte qu'Archimède eût dit, dans ce système, que le nombre des grains de sable était inférieur à mille-mille- mille-mille ■ mille , etc., le mot mille étant répété vingt- et-une fois. » Assurément ces dénominations procédant par tranches de trois chif- fres étaient moins propres encore que les myriades du système grec, pour exprimer de très-grands nombres, et conséquemmeat Archimède ne pou- vair les adopter, puisqu'il voulait, avec raison, procéder par de plus grandes unités. » Ainsi, dans son livre De numéro arenœ , Archimède n'avait à faire aucun usage du système de l'Abacus. En effet, pour les calculs, il n'en avait aucun à exécuter; et quant à la dénomination des nombres, la no- menclature usitée dans le système de l'Abacus eût été insuffisante. Et au- jourd'hui même, si nous avions à dénommer ces nombres énormes qui procèdent par périodes de huit cent millions de chiffres, aurions -nous autre chose à faire que d'emprunter le procédé d'Archimède? à moins que nous ne nous contentions de les désigner par leur rang dans la progression décuple en disant, par exemple, que l'unité des nombres premiers de la seconde période est l'unité suivie de huit cent millions de zéros, ou de les ex- primer par nos exposants, en disant que lenomjjre est 1 0?'°°°°'"°°°. Mais nous n'avons point d'expressions spéciales pour dénommer ces grands nombres dansnotre langage arithmétique. Eh bien, Archimède a dénommé lesnombres (i) CeUe nomenclature , fondée sur la re'pétitiou indéfinie du mot mille, a été la seule cri usage dans tous les traités de l'Abacus composés aux x' et xi' siècles, et dans les nombreux traités A'algorisme (arithmétique avec le zéro) composés dans tout le cours du moyen-âge depuis le xii* siècle , et continués jusqu'au xvit*, époque où l'on a com- mencé à introduire les termes millions , billions, trillions., etc., à ta place des expressions mille-mille, mille-mille-m.ille, etc. Ainsi nos tranches de trois chiffres dérivent du système de l'Abacus. A la Renaissance, quelques auteurs avaient cherché à éviter la répétition du mot mille en dénommant les nombres par tranches de six chift'res, auxquelles ils donnaient des noms particuliers. ( 558 ) par le rang qu'ils tiennent dans la série des unités décuples, et a imaginé, en outre, des dénominations spéciales tenant lieu de nos exposants. » Voilà sa véritable conception arithmétique. » On îpeut en induire, si l'on veut, qu'il ne connaissait pas la notation des exposants, qui, en effet, n'appartient qu'aux Modernes; mais com- ment y voir qu'il ne connaissait pas le système de l'Abacus ? » Archimède a pu faire mention de ce système dans son livre des Prin- cipes, qui paraît avoir eu pour objet les principes ou éléments des sciences mathématiques; mais assurément il n'avait pas à en parler dans l'Arénaire; et je n'ai pas besoin, je pense, d'invoquer à l'appui de mon opinion ce caractère général que présentent tous les ouvrages du géomètre de Syra- cuse , de ne jamais contenir que ce qui est nécessaire pour ses démonstra- tions et son but actuel. Conclusion. » Je crois avoir démontré, par les considérations qui précèdent: » 1°. Que c'est une erreur de penser que le livre De numéro arence n'a d'autre but que de simplifier la numération des Grecs, parce que, en réalité, il a un but spécial tout différent; » 2°. Qu'il n'y a pas lieu de dire que si Archimède avait connu le système de l'Abacus , il n'aurait pas composé son livre , ou qu'il l'aurait fait diffé- remment; » 3°. Et enfin, ce qui me paraît plus concluant encore, qu'aucune des considérations arithmétiques qui se trouvent dans cet ouvrage n'autorise à penser qu' Archimède n'a pas connu le système de l'Abacus. » J'avais déjà émis cette proposition dans mon Aperçu historique, en cherchant à démontrer, par avance, que les objections qu'on voudrait tirer du livre d'Archimède contre mon explication du passage de Boèce, se- raient sans fondement (i). Elle indiquait le point où devait se porter une critique rationnelle: car quel qu'ait été l'objet du livre de l'Arénaire, pour en induire qu'Archimède n'a pas eu connaissance du système de l'Abacus, il faut préciser quel parti il eût tiré de ce sjstème; — dans quels passages de son livre il en eût fait usage ; — quels avantages, quelles simplifications (i) « Ces considé ratio as n'étaieat pas au-dessus du ge'nie d'Archimède , mais rien , j> ce me semble , ne doit nous autoriser à dire qu'il n'a pas pu en puiser le principe dans » la connaissance du système de l'Abacus ; ou bien que, s'il avait connu ce système, il eût » Jaît autrement dans son Arénaire. » {Aperçu historique, p. 476 et 558.) • ( 559 ) en seraient résultés. Il faut, en quelque sorte, refaire le livre De numéro arenœ , en s'y servant du système de l'Abacus, et faire mieux qn'Archi- mède, bien entendu. C'est une tâche où le succès ferait honneur à un géomètre ; mais aucun ne l'entreprendra après avoir lu l'ouvrage d'Ar- chimède. » M. Flourens fait hommage à l'Académie de la seconde édition de ses Recherches expérimentales sur les propriétés et les Jonctions du système nerveux dans les animaux vertébrés. « L'ensemble des faits que j'ai réunis dans cette seconde édition peut être, dit-il , divisé en trois parties. wLa première est la reproduction des faits déjà rassemblés dans ma pre- mière édition. Ces faits ont prouvé que la masse cérébrale se compose de quatre organes essentiellement distincts : les lobes ou hémisphères céré- braux, siège exclusif de l'intelligence; le cervelet, siège du principe qui coordonne les mouvements de locomotion; la moelle allongée, siège du principe primordial du mécanisme respiratoire; et les tubercules bijumeaux ou quadrijumeaux , siège du principe des mouvements de l'iris et de l'ac- tion de la rétine. » Dans la seconde partie se trouvent les faits que j'ai publiés depuis ma première édition, et qui, pour la plupart, ont été imprimés dans les Mé- moires de l'Académie. Ces faits ont eu successivement pour objet la déter- mination du mécanisme selon lequel agissent les épanchements cérébraux ; la détermination du mécanisme selon lequel se forment les exubérances cérébrales; la détermination du rôle particulier, et si singulier, des canaux semi-circulaires , e\.c, , e^ic. » La troisième partie ne se compose que de faits entièrement nou- veaux. » J'examine d'abord à quoi tient le privilège singidier qu'ont certains reptiles de survivre à la décapitation, et je trouve la raison de ce privilège dans la position An point de la moelle allongée en lequel réside le principe du mécanisme respiratoire. Ce point qui, dans les animaux à sang chaud, est placé assez avant dans l'intérieur du crâne, est placé tout à fait à l'arrière du crâne et presque hors du crâne dans les reptiles. )) Je cherche ensuite la cause physique du mouvement du cerveau, et je la trouve dans le reflux du sang veineux; non du sang veineux contenu dans les veines jugulaires et vertébrales, comme on l'a dit jusqu'ici, mais du sang veineux contenu dans les sinus vertébraux. ( 56o ) a M' occupant, dans un chapitre particulier, des conditions fondamen- tales de l'audition^ je sépare le nerf du limaçon du nerf des canaux semi- circulaires, et les fonctions du limaçon des fonctions de ces canaux : le limaçon , ou plutôt le nerf du limaçon , est le vrai siège du sens de l'ouïe ; les canaux semi-circulaires , ou plutôt les nerfs de ces canaux, sont 1* siège d'un ordre nouveau de forces, des forces qui agissent sur la direction des mouvements. » Je cherche enfin et surtout, à rattacher les effets des canaux semi- circulaires à l'action de l'encéphale , et je les y rattache par les nerfs mêmes de ces canaux. » Le nerf des canaux semi-circulaires, confondu jusqu'ici avec le nerj du limaçon, en est très-distinct : » Il forme une paire nouvelle , une paire de plus à joindre aux autres paires de nerfs crâniens ou encéphaliques ; » Il est doué de la propriété singulière d'agir sur la direction des mouvements ; » Et cette propriété , il la tire des fibres de l'encéphale, desquelles il naît; M Ces fihres de l'encéphale , desquelles il naît, ont en effet cette même propriété d'agir sur la direction des mouvements. » Il y a donc dans ces fibres de l'encéphale , il y a dans les nerfs des canaux semi-circulaires qui en naissent, \\n ordre nouveau de forces. J'appelle ces forces nouvelles forces modératrices des mouvements. » Le dernier chapitre de mon ouvrage a pour objet l'examen de la mé- thode expérimentale que j'ai employée dans mes recherches. » RAPPORTS. MINÉRALOGIE ET MÉTA.LLDRGIE. — Rapport sur dcux Mémoires de M. Domeyko ayant pour titre : i^Noticesur les minerais d'argent duChili et les procédés qui sont employés pour leur traitement ; 1° Sur les mines d amalgame na- tif d'argent d'Arqueros au Chili. Description d'une nouvelle espèce miné- ralogique et du traitement par la méthode américaine. (Commissaires , MM. Berthier, Élie de Beaumont , Dufrénoy rapporteur.) « M.Domeyko, ancien élève de l'école des Mines, professeur au collège de Coquimbo, a déjà présenté à l'Académie un Mémoire sur les mines de cui- ( 56r ) vre du Chili; aujourd'hui il complète ses recherches sur la province de Coquimbo en nous faisant connaître la position géologique des mines d'ar- gent , leur nature, leur richesse, ainsi que les différentes méthodes de trai- tement auxquelles on les soumet. Ce travail comprend en outre la descrip- tion d'un amalgame natif d'argent, différent par sa composition du mercure argental, et formant une nouvelle espèce minérale, d'autant plus intéres- sante qu'elle constitue la base principale des exploitations si productives d'Arqueros. Pour donner à l'Académie une idée complète des recherches de M. Domeyko, nous suivrons dans notre analyse la marche même de l'auteur. » Les différentes mines du Chili occupent une zone étroite qui s'étend du nord au sud, parallèlement à la côte, sur une longueur de plus de 1 5o lieues, depuis les environs de Saint- Jago, jusqu'au delà de Copiapo ; les plus riches existent principalement entre cette dernière ville et la vallée de Coquimbo. Cette bande étroite, relativement à sa longueur, dessine partout la pente des Andes; en effet on ne connaît que quelques filons d'or sans suite dans la chaîne même, et les exploitations ne commencent qu'à dix ou douze lieues de la côte, là où le terrain s'élève déjà à une certaine hauteur. Cette distri- bution des gîtes métallifères du Chili, remarquable sous le rapport géo- graphique, l'est bien davantage sous le rapport géologique; elle marque presque exactement la séparation des terrains, et elle vient confirmer ce que toutes les observations faites en Europe nous ont appris, sur l'abondance des minéraux, le long de la ligne de jonction des différentes roches cristallisées ou au contact de ces roches et des formations de sédiment. La nature des minerais est en outre en rapport avec celle des roches. » Le calcaire compacte appartenant aux formations crétacées fournit un horizon géognostique remarqua'ole pour des différentes mines du Chih.Ce calcaire, qui se montre ordinairement vers la moitié de la hauteur des Cor- dillères, forme une bande parallèle à la côte. Les couches de ce calcaire, fort contournées en effet , présentent une double pente , plongent d'abord vers l'est en s'appuyant sur des masses de granité et de syénite delà partie basse du Chili, puis elles se redressent contre les granités de l'axe de la chaîne; cette bande calcaire, située à dix ou douze lieues de la côte, dessine la ligne d'af- fleurement des mines d'argent placées presque rigoureusement sur la lisière du calcaire et des roches granitiques. Ainsi, en partant de Coquimbo et en marchant vers le nord, on trouve successivement dans cette position, d'a- bord les mines d'argent d'Arqueros, celles de Tunas, de Agua Araarga et C. a., i84a, 1" Semestre. (T. XIV, ^» IS.) 77 ( 56a ) (le Carisa, dépendantes du district du haut Huasco, plus au nord les mines de Chanaveillo , deLadrillos, enfin celles des environs de Copiapo. » Cette ligne de plus de loo lieues de long fait un partage presque exact entre les autres gisements métallifères de cette partie de l'Amérique méri- dionale. A l'ouest sont les mines de cuivre, à l'est celles de plomb, de sul- fures et arséniures multiples, toutes argentifères, mais aucun gisement d'ar- gent proprement dit. » Ces deux dernières classes de mines sont encore soumises aux lois de contact des roches. Les minerais de cuivre enclavés dans le terrain cristallin de la côte forment une seconde bande parallèle à celle dessinée par les mi- nes d'argent; elle est remarquable par l'abondance des diorites, et c'est constamment à la séparation de ces roches amphiboliques et même sous forme de calottes enveloppantes que se présentent les filons cuprifères. » Les galènes et les différents minerais argentifères des Cordillères qui forment la bande de l'est s'élèvent dans la haute région; elles sont placées le long (le la seconde ligne de contact du calcaire et des roches porphy- riques: c'est dans cette position qu'existent les mines de Los Porotos, de Machetillo, de Cerro Blanco et presque toutes les mines de plomb des dé- partements du haut Huasco et de Copiapo. » Enfin les mines d'or n'échappent pas à cette symétrie de disposition, seulement ces derniers minerais, essentiels aux roches granitiques, cons- tituent deux séries de gisements placés l'un à l'est, et l'autre à l'ouest des mines d'argent; ils forment également des bandes parallèles à la côte, et simulent de loin les salbandes des filons argentifères. Les mines d'or de l'ouest sont enclavées dans les granités de la côte, tandis que celles à l'est le sont dans les granités de l'axe des Cordilières. Ces filons, toujours fort irréguliers, sont accompagnés d'une gangue de quarz. » Les mines d'argent d'Arqueros, qui font spécialement l'objet d'un des Mémoires de M. Domeyko, ont été découvertes en i825 par un muletier qui allait faire du bois dans la montagne. Il trouva par hasard des blocs d'argent natif roulés : à la première nouvelle de cette découverte, des mi- neurs se transportèrent en foule à l'endroit indiqué et ramassèrent pour plus de lo ooo piastres de pierres roulées recueillies à la surface. Bientôt après on reconnut le gîte même, dont la richesse répondit aux premières espérances, et depuis cette époque jusqu'en iS/jO, il adonné annuellement 3o ooo marcs d'argent environ (trois millions de francs). Ces mines sont exploitées sur deux filons qui courent du S.-E. au N.-O., et s'enfoncent presque verticalement avec un léger plongementau S.-O. L'allure de ces filons ( 563 ) est Irès-régulière, leur largeur seule n'est pas constante, elle varie entre o"°,65 et o'°,95. Souvent ces filons se ramifient en veines qui ne s'éloignent jamais beaucoup du filon principal et viennent toujours s'y réunir; quoique placés à la ligne de jonction des terrains calcaires et des roches porphy- riques, les filons d'Arqueros sont situés cependant exclusivement dans une roche euritique composée d'une pâte compacte tantôt rougeâtre tantôt gris bleuâtre, dans laquelle on ne voit que quelques cristaux blanc rougeâtre et lamellaires qui ont tous les caractères de l'orthose. Près des raines , les cristaux disparaissent complètement, et la roche, qui devient alors bréchi- forme, ressemble à du tuf. Du reste, toutes ces roches, soit euritiques, porphyriques , compactes, terreuses ou bréchiformes, font plus ou moins effervescence avec les acides et sont imprégnées de carbonate de chaux nianganésifère. Un morceau retiré de la roche encaissante de la mine la plus riche d'Arqueros, mine de las Mercedes ^ a donné près de ao pour loo de carbonate de chaux, de fer et de manganèse. Le mélange de carbonate annonce évidemment la postériorité de la roche euritique et sa pénétration intime dans le calcaire, qui, du reste, est marquée, ainsi qu'on le verra quelques lignes plus bas , par l'alternance de masses de tufs et de couches de calcaire. 10 Les mines d'Arqueros ne contiennent qu'un très-petit nombre d'espèces minérales; on remarque surtout dans la masse feldspathique qui en forme la base, l'absencedu mica et du quarz, gangue habituelle des filons aurifères ; l'amphibole, si répandue dans le système des Andes, et qui accompagne ordinairement les mines de cuivre, manque également. La baryte sulfatée est la seule substance abondante; elle constitue la gangue des minerais et forme une infinité de veines, de filons et de noyaux dans toute l'étendue de la montagne; c'est aussi la baryte sulfatée qui sert d'indice aux mineurs pour la recherche des minerais. » Le terrain stratifié au contact duquel se trouvent les filons, se compose, dit M. Domeyko, « de bancs de conglomérats, de tufs et de brèches por- » phyriques alternant avec des strates minces d'un schiste argilo-siliceux et » d'assises d'un calcaire compacte. » » Cette indication générale, sur la composition des terrains d'Arqueros n'offre aucun moyen d'établir de comparaison avec les terrains de l'Europe. Mais l'étude de quelques échantillons que M. Domeyko avait adressés à l'École des Mines il y a deux ans, réunis au petit nombre de roches en- voyées à l'appui du travail dont nous rendons compte dans ce moment à l'Académie, nous permet d'assurer que les calcaires d'Arqueros appar- 77.. ( 564 ) tiennent à la partie inférieure des formations crétacées, et se rapprochent beaucoup de celle désignée sous le nom de terrain néocomien. En effet, au-dessus des conglomérats, dont nous ne possédons pas d'échantillons, se trouvent successivement : » I ". Un grès à grains fins siliceux, à ciment calcaire légèrement schisteux : ce grès est analogue, par son aspect et sa nature, à celui qui forme des couches nombreuses dans le terrain crétacé des Pyrénées. B 2°. Des couches minces d'un calcaire cristallin et dolomitique sont su- perposées à ce grès ; la présence de beaucoup de grains de quarz dans ce calcaire nous paraît indiquer un passage insensible entre ces deux roches, qui, du reste, ne diffèrent entre elles que par la proportion des éléments; » 3°. On trouve au-dessus de ces couches de calcaire sableux et cris- tallin, un grès argilo-calcaire très-coquiller, sans que nous puissions indi- quer s'il y a superposition immédiate ou s'il existe d'autres couches intermé- diaires. Nous ne possédons pas d'échantillons proprement dits de cette cou- che, mais on peut juger de sa nature par l'examen de la roche formant les moules intérieurs des coquilles; » 4°- Enfin, plus haut dans la série, existe un calcaire compacte un peu argileux, remarquable par la présence d'un grand nombre de petites Hip- purites si caractéristiques de la partie inférieure des formations crétacées du midi de la France. Ces Hippurites sont trop engagées dans le calcaire pour qu'on puisse déterminer d'une manière précise l'espèce à laquelle elles se rapportent; mais l'échantillon envoyé par M. Domeyko ressemble, à s'y méprendre, à ceux que nous avons rapportés des terrains crayeux des Cévennes, des Pyrénées et de la Provence. » Quant aux fossiles qui existent dans le grès marneux, ils sont jusqu'à présent exclusifs au continent américain : une espèce seule a été décrite par M. de Buch, c'est le Pecten alatus ; les autres appartiennent à des espèces nouvelles. M. Âlcide d'Orbigny, qui a eu la complaisance d'exa- miner avec nous ces fossiles, en publiera incessamment la description. Nous donnons en note les noms qu'il leur a imposés ( i ) et les considéra- tions géolo;^iques qu'il en a déduites. A'o/e de M. d'Orbigny. (i) L'es fossiles recueillis par M. Ignacio Domeyko sont les suivants : 1°. Nauiilus Domejkus, à'Oib. (espèce nouvelle) , a". Turritella Andii , d'Orb. {Pleurotomaria Humboldtii , de Buch); 3°. Oslrea hemisphœria , d'Orb. (espèce nouvelle) ; 4°. Pecten alalus , de Buch; ( 565 ) » Les fossiles envoyés par M. Domeyko ne sont pas exactement compa- rables à ceux, des terrains crétacés de l'Europe; cependant ils affectent des formes particulières à ces formations, qui ne laissent aucun doute sur le rapprochement que nous venons d'établir. En effet, lesPectens, quoique nouveaux, sont analogues par leur forme inéquivalve auPecten quinque-cos- tatus : ces fossiles viennent donc à l'appui des Hippurites pour fixer l'âge du calcaire de CoquimLo. » Déjà les détails communiqués par M. Gay sur les calcaires des Andes du Chili, avaient porté l'un de nous à les rapprocher du terrain néoco^ mien (i). » Les fossiles rapportés par ce naturaliste, et qui sont déposés au Muséum d'Histoire naturelle, appartiennent en effet, comme ceux de M. Domeyko, à la formation crayeuse : ces faits ne sont au reste qu'une confirmation de l'opinion ém'ise tléjà par M. de Buch sur le terrain calcaire du Chili. Cet illustre géologue, dans une description qu'il a donnée en 1889 des pétrifi- cations recueillies en Amérique par MM. de Huniboldt et Charles de De- genhardt, ajoute : « Les différentes parties de la formation de craie y pré- » sentent un grand développement. » » Les observations de M. Domeyko nous la montrent effectivement for- mant une bande continue de plus de i5o lieues de longueur, depuis Saint- Jago jusqu'au delà de la vallée de Copiapo. 5". Pecten Dufrenoji , d'Orb. (espèce nouvelle) ; 6°. Hippurites (espèce indéterminable) ; •j°. Terebraiula œnigma, d'Orb. (espèce nouvelle, voisine de la Terebratula concinna); 8°, Terebraiula (espèce voisine de la Terebraiula omilhocephale). Sous le rapport zoologique, les fossiles recueillis par M. Domeyko pifrent le plus grand intérêt: presque tous sont nouveaux ; ils augmentent au moins d'un quinzième le nombre des espèces connues sur le sol de l'Amérique méridionale. Sous le rapport de la distribution géographique des êtres fossiles, ils sont également fort importants , en ce qu'ils nous donnent pour la première fois, sur le sol de l'Amé- rique du Sud, deux séries zoologiques qu'on n'y avait pas encore signalées", les Hippu- rites et les Nautiles. Du reste, l'ensemble des objets envoyés par M. Domeyko est entièrement différent de celui des fossiles américains que nous avons déjà pu étudier. La présence des Hippurites, exclusivement propre, en Europe, aux terrains crétacés, et la forme inéquivalve du Pecten Dufrenqyi , analogue à celle du Pecten quinque- cos- latus, nous permettent d'assujer que le terrain qui les contient apparlienl à la forma- tion crétacée, sans toutefois que nous puissions fixer d'une manière précise la position qu'il occupe dans cette formation. (i) Foir la Uote de M. Élie de Beaumont insérée dans les Comptes rendus de l'Aca- démie des Sciences, tome VI, page 918. ( 566 ) » Deux Térébratules voisines de la Concinna et de YOmithocephala , qui font partie de l'envoi de M. Domeyko, et désignées sous les numéros 7 et 8 de la note de M. d'Orbigny, sont les seuls fossiles qui ne sont pas habituels du terrain de craie ; leur présence ferait même présumer qu'il existe du calcaire jurassique dans les Cordilières du Chili. Cette formation secondaire n'ayant pas encore été signalée dans l'Amérique méridionale, nous indiquons ce rapprochement sans l'affirmer d'une manière positive, afin d'attirer l'atten- tion de M. Domeyko sur cette question d'un haut intérêt pour la géologie de cette contrée. » Le groupe de mines d'Arqueros contient des arséniates, du cobalt ar- gentifère, des sulfures multiples et cuivreux, de l'argent natif, enfin des chlorures et des amalgames natifs de ce métal. Ces différents minéraux n'y sont pas mélangés d'une manière indistincte ; leur distribution mérite d'être signalée, quoiqu'on ne comprenne pas au premier abord les causes qui peuvent y avoir présidé. « Les têtes des filons qui percent la partie stratifiée du terrain (surtout » au contact ou au voisinage des couches calcaires) produisent les chlo- » rures. » Au chlorure s'associe ordinairement l'argent métallique, qui, de pré- » férence, naît dans les masses non stratifiées, immédiatement au-dessous » des premières. » L'argent métalHque est accompagné par le cobalt, le mercure et sur- » tout par l'arsenic. » Au-dessous de ces substances, dans les parties inférieures des filons, » ou bien en allant de l'ouest à l'est, c'est-à-dire eu s'approchant des Cor- » di!ières,on trouve les arséniures et les sulfo-arséniures. u Dans les localités oîi ces minerais manquent, on voit apparaître l'ar- » gent rouge antimonifère qui, du reste, est fort rare. » Lorsque ces différentes espèces sont réunies dans un même filon , elles » sont constamment disposées dans cet ordre, jamais il n'est inversé, et » j'on ne connaît pas une seule exploitation dans laquelle l'argent natif soit » au-dessus des chlorures, ni les arséniures au-dessus de l'argent natif , ce » métal occupe toujours la partie centrale des filons. » » Les différents minerais que nous venons de citer ne jouent qu'un rôle bien secondaire dans les mines d'argent d'Arqueros: la principale espèce, celle qui constitue presque exclusivement leur richesse , est un amalgame natif d'argent composé de six atomes d'argent et d'un atome de mercure, composition qu'aucun minéral analysé jusqu'à présent n'avait présentée. ( 567 ) Cette substance, dont la composition est constante, se trouve en dendrites et en petits cristaux octaèdres ; son admission au nombre des espèces mi- nérales ne laisse aucun doute, puisqu'elle est basée sur sa composition et ses caractères cristallographiques. » Cet amalgame , d'un blanc d'argent comme le mercure argental de Mos- chel-Landsberg, en diffère entièrement par sa malléabilité; il s'étend sous le marteau et se laisse couper au couteau; du reste les proportions de mer- cure et d'argent qui sont de 86,5 d'argent et i3,5 de mercure pour le mi- nerai d'Arqueros, et de 36 d'argent et de 64 de mercure pour celui de Mos- chel-Landsberg , établissent d'une manière distincte la différence entre ces deux espèces. » Après avoir fait connaître les caractères minéralogiques de cette nou- velle substance, M. Domeyko décrit les procédés qu'il a suivis pour en dé- terminer la composition, ainsi que les différentes méthodes d'amalgamation employées au Chili pour le traitement des minerais d'argent, méthodes que nous ne connaissions qu'imparfaitement; les détails circonstanciés qu'il donne sur l'amalgamation pratiquée avec la machine de Cooper, pourraient surtout devenir utiles à l'industrie. » M. Domeyko a joint à cette description un examen chimique de la plu- part des minerais argentifères de la province de Coquimbo, ainsi que des produits minéralurgiques que l'on obtient dans leur traitement; cette étude, qui donne la clef des différentes opérations auxquelles on soumet ces minerais , pourra en outre servir de guide pour les changements à apporter aux méthodes d'amalgamation suivant la composition des minerais et leur richesse. « Nous ne suivrons pas l'auteur dans cette partie importante de son tra- vail, parce qu'un simple extrait n'en donnerait qu'une légère idée et ne présenterait aucun intérêt ; nous dirons seulement qu'il a fait preuve d'un esprit d'observation remarquable, de connaissances étendues en chimie, et de beaucoup d'habileté dans les manipulations. » Nous ajouterons que les procédés d'analyse par la voie humide ont tou- jours été insuffisants pour séparer complètement l'argent du mercure; c'est seulement au moyen d'un essai par la voie sèche , fait dans des condi- tions particulières, que M. Domeyko a pu obtenir les proportions exactes du minéral nouveau qu'il a fait connaître , et pour lequel nous proposons le nom à'arqiierite. » L'un de vos commissaires, M. Berthier, qui a vérifié une partie des analyses de M. Domeyko, a reconnu dans les minerais d'argent de Ghana- ( 568 ) veillo , désignés sous les noms de pacos et de collorados, le bromure d'ar- gent, qu'il a découvert dans les minerais du Pérou. La proportion de bromure est très-variable, elle est cependant au moins égale à celle du chlorure ; ainsi cette espèce nouvelle joue un rôle important dans la richesse minérale du Chili et du Pérou. » Il résulte des détails que nous venons de donner à l'Académie sur les Mémoires de M. Doraeyko, que ce professeur nous a fait conuaître avec exactitude la position des mines principales du Chili , la nature des mine- rais qui y existent, et les différentes opérations minéralurgiques auxquelles ou les soumet pour en extraire l'argent. » A cette description intéressante, qui fixe nos idées sur la constitution géologique du terrain métallifère du Chili, M. Domeyko a ajouté la déter- mination d'une nouvelle espèce minérale importante par le rôle qu'elle joue dans les raines d'argent du Chili , et par la place qu'elle occupera dans la classification orytochnostique. » Nous pensons en conséquence que M. Domeyko mérite d'être encou- ragé dans son travail ; aussi avons-nous l'honneur de proposer à l'Académie de lui adresser des remercîments , en l'engageant particulièrement à con- tinuer ses recherclies sur la constitution géologique du Chili. » Nous proposerions même à l'Académie de voter l'insertion des deux Mémoires de M. Domeyko dans le Recueil des Savants étrangers , si nous n'avions l'assurance qu'ils seront incessamment imprimés dans les Jnnales des Mines. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à l'élection d'un associé étranger qui remplira la place devenue vacante par suite du décès de M. de Candolle. Le nombre des votants est de.46; majorité 24. Au premier tour de scrutin , M. OErsted obtient 87 suffrages. M. Brewster 3 M. Jacobi a M. Ehrenberg i M. Melloni i M. Tiedmann 1 Jl y a un billet blanc. ( 569) M. OEnsTED ayant réuni la majorité absolue des suffrages , est proclamé associé étranger de l'Académie. Sa uominatioii sera soumise à l'approbation du Roi. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Delvigne présente un travail très-considérable sur les ingénieuses carabines qui portent son nom, et sur une nouvelle forme qu'il vient de donner aux balles: cette forme est cylindro-conique. Les nouvelles expé- riences auxquelles la carabine et la nouvelle balle de M. Delvigne ont donné lieu, paraissent établir leur immense supériorité sur toutes les armes et tous les projectiles de cette nature qui avaient été essayés jusqu'ici. Une Commission, composée de MM. Arago. Poncelet, Piobert et Sé- guier, est chargée de faire un Rapport sur le Mémoire de M. Del- vigne. L'Académie reçoit deux nouveaux Mémoires destinés à concourir pour le prix extraordinaire concernant la vaccine. Ces Mémoires sont inscrits sous les n°' 3i et 3a. L'Académie reçoit également un Mémoire destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montjon, Mémoire inscrit sous le n° 14. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de la Guerre rappelle qu'il a invité l'Académie à lui transmettre une copie du Rapport qui serait fait sur un travail de M. Petit, de Maurienne , concernant les « habitations envisagées sous le double rapport de la salubrité publique et privée. » Ce Rapport n'ayant pas encore été lu, et le retard pouvant dépendre de l'étendue du travail de M. Petit, M. le Ministre exprime le désir que la Commission se borne dans un premier rapport à envisager seulement la partie de la question sur laquelle le département de la guerre a le plus besoin de renseigne- ments, c'est-à-dire celle qui est relative aux bâtiments militaires , tels que casernes, hôpitaux, prisons, écuries, etc. Cette Lettre est renvoyée à la Commission précédemment nommée. Le Président l'invite à hâter son travail. C. R., 1842, \" Semestre. (T. laV , N" iS.) • 78 ( 570 ) M. Dumas met à la disposition de la Commission les résultats des expé- riences entreprises dans son laboratoire sur la respiration et sur l'air vi- cié des lieux habités. M. Leblanc, qui s'est chargé de poursuivre tout ce qui concerne l'étude de l'air altéré par la respiration , se propose d'en communiquer les résultats à l'Académie aussitôt qu'elle pourra lui accorder la parole; mais dès à présent ses résultats numériques pourront être utilisés par la Commission. cHCMiE APPLIQUER A. LA METEOROLOGIE. — Nouvellcs analjses de l'air. « M. Stas, professeur à l'école militaire de Bruxelles, annonce que dans douze analyses de l'air faites par les procédés recommandés par l'Aca- démie, il a obtenu, à douze époques différentes, des nombres compris entre 23o,4 ) j, . j ,, . - Q > d oxygène en poids pour 1 000,0 d'air. » Mais deux fois, sans cause d'erreur appréciable, cette quantité s'est élevée à iZ\ ,1 23l,4 » Ainsi, M. Stas a trouvé l'air composé à Bruxelles comme à Paris, à Genève et à Copenhague, et il a confirmé l'observation faite à Paris, de ces variations brusques qui paraissent de temps eu temps et sans cause connue encore modifier la composition de l'air par zones. » CHIMIE. — Observations sur les poids atomiques du chlore, de Vargent et du potassium. — Extrait d'une Lettre adressée de Genève à M. Dumas, par M. DE Marignac. « J'ai cherché quelque temps à vérifier le poids atomique de l'azote, mais après quelques essais qui avaient mal réussi, je les ai interrompus et me suis occupé du chlore. J'ai d'abord voulu réduire le chlorure d'argent par l'hydrogène et doser l'acide chlorhydrique formé, mais je n'ai pas réussi. Il faut une température trop élevée; les tubes cassent pendant le refroidisse- ment du chlorure fondu. D'ailleurs le principe de cette méthode est faux en ce qu'il fait calculer l'équivalent du chlore par celui de l'hydrogène qui est trente-six fois plus faible. Voici le procédé qui m'a réussi : » Il consiste à décomposer le gaz chlorhydrique en le faisant passer sur de l'oxyde de cuivre, à une température voisine du rouge. La décomposition ( 571 ) •est instantanée et complète; l'eau que je recueille est parfaitement pure, elle ne trouble pas l'azotate d'argent et n'exerce aucune action sur la tein- ture de tournesol. D'ailleurs il est très-facile de la recueillir sans en rien per- dre , puisqu'il ne passe pas une seule bulle de gaz permanent pendant toute la durée de l'opération. Il est inutile de chauffer bien fortement l'oxyde de cuivre, la décomposition de l'acide chlorhydrique est toujours complète, et l'on voit la chloruration avancer peu à peu avec la plus grande régularité. J'arrête le courant d'acide chlorhydrique quand je vois le chlorure appro- cher de l'extrémité du tube; c'est alors seulement que j'élève la tempéra- ture jusqu'au rouge, pour bien détruire les dernières traces de cet acide, au cas où il pourrait s'en combiner avec le chlorure du cuivre. Ensuite je fais passer un courant d'azote sec dans le tube, pour entraîner toute la vapeur d'eau; quand l'appareU est refroidi complètement, je fais passer de l'air sec pour déplader l'azote. » J'ai préparé l'acide chlorhydrique avec du sel marin que j'ai purifié par cristallisation, et de l'acide sulfurique concentré par une longue ébullition. » Je dessèche le gaz en lui faisant traverserneuf tubes en U, longs d'un mètre chacun; sept renferment de la ponce imbibée d'acide sulfurique, deux du chlorure de calcium en très-petits fragments; un dixième tube à ponce sulfurique, pesé au moment de commencer l'expérience et après qu'elle est terminée, me montre qu'il n'absorbe plus aucune humidité. » Le tube de verre , dans lequel le gaz chlorhydrique est décomposé, est rempli de cuivre très-tassé; grillé dans le même tube par un courant d'air, il est pesé avant et après l'expérience, après y avoir fait le vide. L'extrémité de ce tube par laquelle l'eau sort est étirée en longue pointe, en sorte que, lorsque l'expérience est terminée, je sépare à la lampe la pointe du tube, afin d'éloigner toute erreur que pourrait causer une trace d'humi- dité qui serait adhérente au robinet et à sa garniture en caoutchouc. Ce robinet est pesé avec l'appareil dans lequel je recueille l'eau, puis je le des- sèche avec soin et le pèse séparément. )) Pour ahsorber l'eau , je dispose un premier tube en U vide; l'eau se rassemble dans la courbure et y reste pendant toute l'opération, jusqu'au moment où je fais passer le courant d'azote; un deuxième tube en Uavec ponce sulfurique est uni au premier et pesé avec lui; un troisième tube, également avec ponce sulfurique, est pesé séparément; il varie à peine de poids. » Je n'ai pas besoin de vous dite que l'opération ne commence que lors- que 1 air est entièrement expidsé de l'appareil jusqu'au tube à oxyde de 78,. ( 57a ) cuivre. C'est très-long, mais il est impossible de commettre une erreur à cet égard, puisqu'il suffit d'attendre que le gaz s'absorbe complètement dans l'eau. J'ai observé à ce sujet un fait qui m'a assez étonné au commencement, tant qu'il reste de l'air dans l'appareil, le gaz chlorhydrique se dégage ac- compagné de chlore , en sorte qu'il décolore le tournesol. Lorsque l'air est entièrement chassé , le gaz peut être absorbé indéfiniment sans exercer aucune action sur cette teinture , une fois qu'il l'a rougie. Ainsi l'acide chlorhydrique est décomposé par l'oxygène de l'air en présence de l'acide sulfurique concentré , à la température ordinaire. C'est un phénomène bien remarquable. » J'arrive maintenant aux résultats de trois expériences : » i"^. Poids du chlore absorbé, diminué du poids de l'oxygène corres- pondant : I. n. m. gr. sr. gr. 23,201 38,269 5o,63i » Poids de l'eau obtenue 7,44^ 12,590 16,246 » Mais il faut ajouter au poids de l'eau obtenue directement celui de l'air qu'elle déplace, car je ne fais pas le vide dans les tubes où elle se con- dense 3 avec cette correction on trouve : F* F- S'- Eau 7>4^7 i2,3o4 16,266 et par suite Acide chlorhydrique analysé 3o,658 5o,573 66,897 » Eu adoptant ii2,5o pour l'équivalent de l'eau, on trouve pour celui du chlore i" expérience 4So>o* ) fe* expérience ... . 45", n > Moyenne 45°>0'3 3" expérience 449 >9' ) » Ainsi je trouve exactement le nombre 45o, et il me semble impossible que ce soit par hasard que trois expériences me donnent un résultat aussi constant. D'ailleurs il me semble qu'il y a bien peu de chances d'erreur dans ce procédé, et j'ai opéré sur des quantités assez considérables pour rendre insensibles les erreurs de pesées. » Je remarque, 1 " qu'en admettant ce nombre 45o, et partant de la com- ^ ( 573 ) position du chlorure d'argent déterminée par Berzélius,on trouve 1874,0 pour l'équivalent de ce métal : c'est bien près de iSyS; » 2*. En admettant ces deux poids (45o et i375), on trouverait pour le potassium 49^»^» ce qui est bien près de 5oo. » M. Dumas fait remarquer qu'en prenant l'hydrogène pour unité, ou aurait, d'après ces expériences : Chlore 36, 00104 ou bien 36 Argent 109,920 no Potassium 39,88 ^o M. BissoN présente plusieurs images photographiques qui , après avoir été obtenues par les moyens ordinaires, ont été ensuite recouvertes, à l'aide des procédés galvanoplastiques, d'une mince couche d'or destinée à en assurer la conservation. Cette superposition qui ne nuit point à la netteté de l'i- mage, aurait, suivant M. Bisson, l'avantage de la rendre moins miroitante. Une autre image, présentée également par M. Bisson, a été obtenue sur une lame de cuivre non pas plaquée d'argent, comme celles que l'on emploie communément, mais simplement argentée au moyen des pro- cédés galvanoplastiques. M. Arago a rendu un compte verbal détaillé du second Recueil d'obser- vations publié par les astronomes de l'Observatoire romain. M. DE RuoLz adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. A quatre heures et demie l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ 'secret. La Commission nommée dans la séance précédente présente la liste sui- vante de candidats pour la place d'académicien libre vacante par suite du décès de M. Costaz ; 1°. M. Francœur; 2°. M. Pariset; 3». M. Corabœuf. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. MM. les membres en se- ront prévenus par billets à domicile. (574) La Section de Minéralogie et Géologie présente la liste suivante de candidats pour une place de correspondant actuellement vacante : Parmi les géologues .- MM. d'Ornalius d'Halloy, à Namur; Murchisou, à Londres; de Charpentier, à Bex; Sedgwick , à Cambridge; de la Bêche, à Londres; Greenough, à Londres; Lyell, à Londres. Parmi les minéralogistes: MM. Andréa del Rio, à Mexico; Karsten , à Berlin; Naumann, à Feyberg; Faurnet, à Lyon; Sefstrom , à Fahiun. Ia séance est levée à 5 heures. ( ^75 ) Bl LLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. I/Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; 1®* semestre 1843, n° i4, in-4°. Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux dans les Animaux vertébrés; par M. FlourenS; Paris, 1842 ; in-S". Annales de la Société entomotogique de France; 4* trimestre i84i; in-S". Recherches sur l'opération du Strabisme; par M. BOYER; 1842; in-8**. Théorie géométrique des Engrenages ; par M. Th. Olivier; in-4''. L'Univers expliqué par la Révélation, ou Essai de Philosophie positive; par M. Chaubard; Paris, i84i ; in-8°. Nouvelle théorie de l'Univers, poème didactique en douze chapitres; par M. J. AÙBURTIN ; Paris, 1842; in-4*'. Séance publique de la Société d' Agriculture , Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, année i84i ; in-8°. Annales de la Société royale d'Agriculture de Paris; mars 1 842 ; in-8°. Mémorial. — Revue encyclopédique; février 1842; in-8°. Note explicative de la distinction entre les Forces statiques et les Forces dy- îiamiques ; par M. Passot ; ^ feuille in-4''. Recherches d'Anatomie comparée sur le Chimpanzé ; par M. Vrolik; Amster- dam, i84' ; in-fol. The Annals... Annales d'Electricité, de Magnétisme et de Chimie; vol. VIII, janvier et février iS^2; in-8°. The London. . . Journal des Sciences et Magasin philosophique de Londres, Edimbourg et Dublin; mars 1842; in-8"'. Proceedings . . . Procès-Verbaux de la Société royale de Londres; n" 5r, in-8". Proceedings... Procès-Verbaux de la Société électrique de Londres; i" avril 1842; in-8°. On the . . . Sur le poison Upas ou Ipoh, employé par quelques tribus indi- gènes de la Péninsule malaise; par M. Newbold. (Extrait des Transactions philosophiques pour 1837.) In-4''. Tlie Athenœum Journal ; février 1842; u° 170; in-4''. ( 558 ) Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER ; n° 445 ; in-4". Nieuvve . . . Nouveaux Mémoires de la première classe de l'Institut royal des Pays-Bas pour les Sciences, les Belles-Lettres et les Beaux-Arts ; 7' vol. , parties I à 3; Amsterdam, 1837 et i838; 10-4°. Programme de la première classe de l'Institut l'oyal des Pays-Bas pour les Sciences, les Belles-Lettres et les Beaux-Arts, pour l'année 1 837 ; \ feuille in-4''- Revista... Bévue de l'Espagne et de l'Etranger; tome P"^, 3i mars 1842; in-8°. Gazette médicale de Paris; tomeX; n" i5. Gazette des Hôpitaux; n° 39 — 4 1, 4 2 et 43. L'Expérience, journal de Médecine; n° 249. L'Écho du Monde savant; n" 719. L'Examinateur médical; tome XI j n° i4- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 18 AVRIL 1842. PRÉSIDKKCE DK M. POKCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. DuTROCHET , à l'occasion de la présentation de la brochure intitulée Nouvelles recherches sur les mouvements du camphre et de quelques autres corps placés à la surface de l'eau et du mercure, par MM. Joly et Boisgi- raud aîné, s'exprime ainsi : a Dans V Avertissement qui se trouve en tête du Mémoire imprimé que MM. Joly et Boisgiraud présentent aujourd'hui à l'Académie, ces auteurs prétendent que l'ouvrage que j'ai publié dernièrement contiendrait plu- sieurs de leurs idées empruntées par moi à leur Mémoire pendant qu'il était manuscrit et confié à l'Académie , à laquelle il a été présenté dans sa séance du 19 avril i84'- Us publient aujourd'hui ce Mémoire afin, disent-ils, de revendiquer leurs droits et de réparer l'oubli que j'aurais fait d'indiquer la source où j'aurais puisé les idées dont ils réclament la propriété. » MM. Joly et Boisgiraud n'ont point spécifié les emprunts qu'ils pré- tendent que je leur aurais faits, et je déclare qu'il m'est impossible de les deviner. Je leur demande donc de spécifier ces emprunts prétendus. L'ac- cusation qu'ils dirigent contre moi dans cette circonstance , quoique revê- tue de formes très-polies , n'en est pas moins grave. Académicien , j'aurais abusé d'un dépôt confié à l'Académie. C R., 183, l" Semcitrc (T, XIV, ^" IC.l 79 ( 57& ) » MM. Joly et Roisgiraud ne peuvent se dispenser de s'expliquer catéf^o- riquement à cet égard, et cela devant l'Académie des Sciences, puisque ce serait dans ses bureaux et par un de ses membres qu'aurait été commise l'action dont ils se plaignent, et qu'ils se contentent de qualifier poliment du nom à" oubli d'indiquer la source où j'aurais puisé des idées. » Je dois prévenir qu'étant à la veille de m'absenter de Paris, je ne connaîtrai les explications de MM. Joly et Boisgiraud que par les Comptes rendus de nos séances : ma réponse , par conséquent , ne pourra parvenir à l'Académie que dans la séance qui aura lien quinze jours après celle où les explications de MM. Joly et Boisgiraud lui seront parvenues. » « M, Flouiiens ne croit pas que la phrase qui a blessé M. Dutrochet, dans l'écrit de MM. Joly et Boisgiraud, ait le sens que lui attribue M. Du- trochet. Il est convaincu que les deux auteurs, hommes d'un mérite dis- tingué , n'ont voulu parler que des emprunts qui auraient pu être faits à ce qui a été imprimé de leur Mémoire dans les Comptes rendus. En cela, ils se sont trompés sans doute; mais c'est une simple erreur. M. Flourens connaît particulièrement l'un des deux auteurs, M. Joly; et il ajoute : M. Joly est trop honnête homme pour imputer une act ion blâmable à qui que ce soit, et surtout à un savant aussi vénérable que M, Dutrochet. » M. DcMAS prie son honorable confrère, M. Dutrochet, d'être bien con- vaincu que M. Boisgiraud, dont le caractère est aussi élevé que le talent, pas plus que M. Joly, n'a pu vouloir exprimer la pensée qui a excité sa susceptibilité, et qui résulte certainement de quelque vice de rédaction. M. DuvERNOY fait hommage à l'Académie du deuxième fascicule de ses « Leçons d'Histoire naturelle professées au Collège de France. » (Voir au Bulletin bibliographique.) M. MoLLEVAUT, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-I^ettres, fait hommage d'un opuscule qu'il vient de publier et qui a pour titre : a Pensées en vers », troisième édition. NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un acadé- micien libre en remplacement de feu M. Costaz. (579) Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5", M. Francœur obtient 49 suffrages. M. Pariset i M. Corabœuf 3 Il y a un billet blanc. M. Francœur, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. L'Académie procède ensuite , également par la voie du scrutin , à la nomi- nation d'un Correspondant pour la Section de Minéralogie et Géologie. La lecture de la double liste de candidats insérée au dernier Compte j-endu, donne lieu à une discussion à laquelle prennent part MM. Che- vreul, Thenard, Al. Brongniart, Arago, Flourens et Gay-Lussac. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44» M. d'Omalius d'Halloy obtient. 34 suffrages. M. Fournet 4 M. de Charpentier 2 M. Murchison i M. Andréa del Rio i t Il y a deux billets blancs. M. d'Om.vuds d'Hai.iot, ayant réuni la majorité des suffrages,- est déclaré élu. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE CÉLESTE. — Réponse aux observations de M. Le Verrier, sur la théorie des perturbations dUranus; par M. Ch. Delaunay. ( Commission nommée pour le Mémoire de M. Le Verrier. ) « M. Le Verrier a adressé à l'Académie, dans sa séance du 28 mars, une Note dans laquelle il cherche à prouver que l'une des deux inégalités que j'avais annoncées précédemment n'existe pas réellement: je me propose de faire voir aujourd'hui que M. Le Verrier s'est trompé en attribuant à ces inégalités une cause tout autre que celle qui les produit. » Voyons d'abord si l'auteur île la Note a raisonné juste, dans l'hypothèse où les inégalités en question auraient l'origine qu'il leur suppose, c'est-à-dire 79" ( 58o ) dans l'hypothèse où elles seraient produites par des termes de «Te" et de é'^iff", dépendant de l'angle (3«" — n')t, introduits dans le terme 2e"sinCre". » L'acide sulfurique n'est pas le seul liquide qui communique à un vase de verre la propriété de retarder l'ébullition de l'eau. La potasse concentrée produit le même effet, quoique à un degré moindre. J'ai cru même aperce- voir que le simple réchauffement d'un ballon de verre neuf jusqu'à la tem- pérature de trois à quatre cents degrés produisait un effet analogue : au moins, par ce procédé, ai-je réussi dans une expérience à retarder l'ébulli- tion de l'eau jusqu'à io5°. L'eau n'est pas non plus le seul liquide qui pré- sente ce retard dans l'ébullition ; l'alcool présente im phénomène du même genre. C'est ainsi que de l'alcool de la densité de 0,810, placé dans un ballon qui avait contenu de l'acide sulfurique, a pu être porté jusqu'à la température de 82°,5 , tandis que ce même alcool entrait en pleine ébul- lition dans un ballon ordinaire à ^9°. » Ne voulant pas abuser davantage de votre temps, je me bornerai à re- marquer, en terminant, que la plupart des phénomènes ci-dessus me parais- sent trouver leur explication dans l'adhésioîi moléculaire de l'eau pour le verre ,adhésion qui varie singulièrement suivant l'état de cette substance, et qui augmente d'une manière notable lorsqu'on parvient à la débarrasser de toute impureté ou matière étrangère. C'est par suite de cette adhésion, qui se trouve portée au plus haut degré lorsque par l'action de l'acide sul- furique ou de la potasse on est parvenu à débarrasser le verre de celte espèce de vernis ou poussière impalpable qui adhère le plus souvent à ses molécules avec une grande force, que l'eau et l'alcool peuvent être portés à une température notablement plus élevée qu'on ne l'avait cru jusqu'ici, sans que le thermomètre atteigne ce point stationnaire qui caractérise l'ébullition. J'ajouterai que l'expérience ci-dessus réussit également bien si, au lieu de se servir d'une lampe à alcool , on réchauffe le ballon d'eau distillée dans un bain d'huile qu'on porte graduellement à une température voisine de l'ébullition. » GÉOLOGIE. — Observations sur les dépôts diluviens du F'ivarais ; par M. J. DE MvLBOS. Nous extrairons de cette Notice quelques passages relatifs aux cavernes à dépôts diluviens, qui sont en grand nombre dans le Vivarais, et dont cent-quarante environ ont été visitées par l'auteur. « C'est dans ces grottes, dit M. de Malbos, qu'on peut faire des obser\a- tions très-curieuses sur les effets des courants diluviens, les influences at- mosphériques et les travaux des hommes ayant peu dérangé la structure primitive des dépôts; les hommes à différentes époques ont fait leur séjour de ces cavernes, mais j'ai remarqué qu'ils ne s'y enfonçaient jamais pro- fondément, et les stalactites, seul travail qu'y opère la nature, ne font que recouvrir ces dépôts. « Des argiles seules sont amoncelées dans quelques-unes, et souvent c'est la variété jaune-brun, dure et à cassure conchoïde; des quartz roulés, des sables qui y sont souvent mélangés , agglutinés par les infiltrations cal- caires, et forment des voûtes feuilletées où se trouvent des ossements d'élé- phants , d'ours, de cerfs , etc. » Très-souvent ces argiles ont disparu, ainsi que les voûtes , dont il reste quelques portions suspendues, ou les empreintes sur les rochers qui les entouraient, et l'on trouve beaucoup de leurs fragments amoncelés au fond des grottes ou dispersés dans le sol. » Dans quelques cavernes, et je citerai surtout celle de la Piidelle et celle de Tharaux , si remarquable sur les bords de la Cèze, on voit vers le fond un véritable amas de fragments calcaires angulaires des montagnes voisines; ces dépôts ont une pente très-rapide : celui de Tharaux a près de 32 mètres de hauteur, » On serait porté à croire qu'il y a eu deux cataclysmes : un qui charria les argiles et les cailloux roulés qui eurent le temps de s'agglutiner au moyen des sucs calcaires , et celui qui vint briser ces voûtes, laissant sus- pendus beaucoup de fragments restés en l air. » Je pénétrai avec une échelle dans la partie supérieure du dépôt dilu- vien de la grotte de la Padelle; dans les cavités qui étaient vers la gauche aucune stalactite des passages étroits n'avait été dérangée, et j'étais par conséquent la première personne qui les eût visitées; sur la droite, un homme, y avait pénétré il y a sans doute des milliers d'années ; il avait brisé plusieurs stalagmites qui s'étaient formées sur le dépôt diluvien et les avait dispersées autour de lui. » Mais une de ces concrétions, que je conserve dans ma collection, attira mon attention : elle avait été renversée sur place, et le suintement de la voûte qui la forma avait élevé un nouveau cylindre perpendiculaire sur sa base; la nouvelle stalagmite, de la même grosseur que l'ancienne (environ 3 poucesj, a i4 pouces de longueur, et l'ancienne 22, ce qui prouve (si la formation a été régulière) que l'on avait pénétré dans cette partie de la caverne il y a plus du tiers du temps écoulé depuis le déluge. » Dans une autre grotte , une stalagmite renversée dans les mêmes con- ditions offrait à peu près les mêmes proportions. (59t ) » En cassant des stalagmites, j'ai trouvé de-s morceaux de charbon ren- fermés à un tiers environ de leur sommet. » J'ai découvert des fragments de poterie à 1 5 et 20 pouces au-dessous de stalagmites dans la grotte des Barres et dans une autre n° 1 2 1 ; en exami- nant l'accroissement des stalagmites de nos jours, je crois que l'on peut faire remonter au moins à quatre mille ans le premier séjour de la race hu- maine dans les cavernes. » Faisons donc la proportion i4 '. 22 :: 4^00 : 6286; il y aurait ainsi six à sept mille ans que ce cataclysme aurait bouleversé nos contrées, et ce calcul serait plus approximatif encore si les conditions des terrains supé- rieurs aux cavernes et les influences atmosphériques avaient toujours été les mêmes.. . . ■ M. Ed. Gros adresse une Notice sur Y introduction de la première machine à vapeur en France. Dans cette Notice, qui doit faire partie d'un ouvrage sur les mines de houille du département du Nord, l'auteur a réuni les do- cuments destinés à prouver que ce n'est pas, comme on l'a dit et souvent répété, eu 1 749, dans une houillière de Litry, qu'a été établie la première ma- chine, mais en 1 782 à Fresnes , dans l'arrondissement de Valenciennes. Elle y fut construite pour servir aux épuisements. Pour tirer l'eau des galeries d'une seule houillère, il fallait alors, avec la machine à molette, 20 hommes et 5o chevaux marchant jour et nuit. Une fois la machine montée, 2 hommes suffirent pour enlever dans 48 heures toutes les eaux d'une semaine. M. BoDicHON envoie d'Alger, une Note sur un cas ai empoisonnement par le hi-oxalate de potasse. Cette substance, qui avait été par méprise donnée, au lieu de tartrate de potasse, à la dose d'une demi-once, produisit la mort dans huit à dix minutes, au milieu d'atroces douleurs et d'effrayantes con- vulsions. M. Eyries prie l'Académie de hâter le travail de là Commission chargée de faire un Rapport sur l'appareil de sauvetage présenté par M.F^iaudj d'Har- fleur, des expériences en grand devant être faites prochainement si l'Acadé- mie juge que l'invention présente des chances d'ntihté. M. WiESECRE annonce avoir imaginé un appareil au moyen duquel on peut, suivant lui, constater dans les affections de la vue, le siège du mal à son début, les effets progressifs de son développemeut et les résultats obtenus par le traitement. Ce moyen consiste dans l'emploi d'un instrument d'op- tique qui permet au malade lui-même de voir dans ses yeux le mouvement des humeurs aqueuses et vitrées. M. Wiesecke voudrait , avant de soumettre celte invention au jugement d'une Commis.sion, obtenir de l'Académie la déclaration que rien de pareil n'a encore été proposé. L'Académie ne peut donner suite à cette demande. L'auteur anonyme d'un Mémoire adressé pour le grand prix des Sciences mathématiques, envoie son nom sous pli cacheté, avec la répétition de l'épi- graphe que porte son manuscrit. Le secrétaire rend compte des expériences que M. Hugoeny, de Dijon, vient défaire, pour démontrer l'existence des in^orférences en acoustique. M. Despretz annonce qu'il a commencé un travail sur le même sujet. L'Académie reçoit deux communications , l'une sur le mouvement perpé' tuel, par M. Verger; l'autre sur la trisection de l'angle, par M. de Menezes. Ces communications ne peuvent, d'après un arrêté de l'Académie relatif à ces deux questions , devenir l'objet d'un Rapport. L'Académie accepte le dépôt d'un paquet cacheté' adressé par M. Raymond. A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. A. ERRATJ. (Séance du 4 avril 1842.) Page 533, ligne 26, M. Tiedemann à Erfurth, lisez à Heideibeig. (Séance du 11 avril 1842.) Page 548, li^ne 11, au lieu de : « Car il a presque toujours été plus ou moins graves», lisez: «Car, bien que beaucoup d'écrivains, et même des plus distingués, s'en soient occupés et en aient signalé avec beaucoup de justesse certains points, néan- moins cet ouvrage n'a pas été le sujet d'une analyse complète et spéciale, parce qu'elle n'entrait pas dans le but des auteurs, et souvent il a donné lieu à diverses erreurs plus ou moins graves. » Page 556, ligne 19, après le mot décuple (i), ajoutez la noie suivante : (i) Cette remarque n'a pas échappé à M, Biot, qui, en signalant le point de vue sous lequel le livre d'Archimède se rattache à la grande invention de Neper , dans l'histoire des Logarithmes , s'exprime ainsi : « Dans tout ceci la simplicité résulte de ce qu'au lieu de considérer les nombifes mêmes avec la multipli- « cité des caractères qui les expriment, on les désigne seulement par leur rang dans la progression indéfinie, » rang qui est toujours bien plus court & exprimer. » (Notice sur Neper, Journal des Savants, année t835, page 263.) Page 5^3, ligne 10, M. Bisson présente plusieurs images photographiques, lisez MM. BissoN et Nicolesco pi-ésenteut. ( 593 ) BLXLETIN BIBUOGUAPniQUE. fiAcadémie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; 1 *'' semestre 1842, n° 1 5 , in-/|.°. Annales des Sciences naturelles; mars 1842; in-S". Pensées en vers, suivies d'une Ode à la Postérité; par M. Mollevaut; 3" édition, in- 16. Leçons sur l'Histoire naturelle des corps organisés, professées au Collège de France par M. DuvERNOY; 2" fascicule ; in-8°. Compendium de Médecine pratique; par MM. MoNNERET et Fleury; tome IV; iG" livraison; in-8*'. Bulletin de la Société géologique de France; tome XIII; feuilles 6 à lo; in-8°. Œuvres complètes de John Ilunter, traduites de l'anglais par M. RiCHELOT; 1 6" livraison , in-8°, et planches in-4°. Nouvelles recherches sur les mouvements du Camphre et de quelques autres corps placés à la surface de Veau et du mercure; par MM. JoLY et BoiSGiRAUD aîné; Paris, 1842; in-8°. Description d'un utérus bilobé, et considérations physiologiques qui s'y ratta- chent; par M. F.-M.-P. Isidore Dumas ; Montpellier, 1842 ; in-8°. Annales de la Chirurgie française et étrangère ; avril 1842, in-8°. Précis analytique sur le Cancer de l'estomac, et sur ses rapports avec la Gas- trite chronique; par M. le D" Barras; iu-S". Journal de Pharmacie et de Chimie; avril 1842; in-8°. Le Technologiste ; avril 1842; in-8°. L'Agriculteur praticien; avril 1842; in-8". Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; avril 1842; in-8°. Journal des Usines; par M, Viollet; mars 1842; in-8°. De l' Ophthalmie qui règne dans l'armée Belge; par M. GouzÉE; Bi'uxelles, 1842; in-8''. Bulletin du Musée de l'Industrie; par M. JOBARD (spécimen) ; Bruxelles , i843;in-8°. C. R., 1843, i-^'Seniciiic. (X. XIV, K" 16.) , 8l C 594 ) Gonchologia Conchyliologie systématique; par M. LOVELL - Reeve ; part. 6; in-4"; Londres, 1842. The Journal. . . Journal de la Société royale de Géographie de Londres; vol. XI, 1841; part. i''«;iu-8<'. The Edinburgh... Nouveau Journal philosophique d'Edimbourg, janvier à avril 1842; in-8°. The London. ... Journal de Botanique de Londres; 4* numéro; avril 1842, in-8». The natural. . . Histoire naturelle de l'Homme; par M. J.-G. Prichard ; n» 4; in-8°. Geologische. . . Observations géologiques sur les phénomènes et sur les for- mations volcaniques dans la basse Italie et l'Italie moyenne; par M. Abich ; Brunswick, i84i; in-8"; avec atlas in-fol. oblong. Beschrijving. . . Exposition de l'amélioration apportée à ta nourriture des indigents d'Utrecht, par l'introduction de la gélatine des os dans le régime alimentaire; par M. C.-A. Bergsma; Utrecht, 1842; in-8''. Introduzione. . . Introduction à l' Ichthyologie italienne, in-fol. (4 feuilles). Gazette médicale de Paris; tomeX; n" i6. Gazette des Hôpitaux; n" 44 à 46- L'Écho du Monde savant; n"^ 720 et 721. L'Expérience, journal de Médecine; n" aSo. L'Examinateur médical; tome XI; n°' 1 5 et 16. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2S AVRIL 1842. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Recherches sur la dilatation des gaz; deuxième Mémoire; i par M. V. Regnault. ( Extrait. ) a Dans un premier travail , je me suis occupé de la détermination des coefficients de dilatation de l'air et de quelques autres gaz , entre les points fixes du thermomètre, et sous des pressions peu différentes de la pression atmosphérique. Je me propose, dans ce second Mémoire: » 1°. D'étudier la dilatation des gaz entre les mêmes limites de tempé- rature, mais sous des pressions très-différentes; » 2°. De suivre la dilatation de l'air dans les hautes températures me- surées au moyen du thermomètre à mercure, ou, en d'autres termes, de faire la comparaison du thermomètre à air avec le thermomètre à mercure. PREMIÈKE PARTIE. — De Id dilatation des goz SOUS différentes pressioks. '* M Les physiciens admettent généralement que la dilatation des gaz est constante entré lès mêmes limites de température, quelle que soit la pres- sion à laquelle ces gaz se trouvent soumis; par conséquent qu'elle est entièrement indépendante de la densité primitive du gaz; mais il est diffi- C. a., iSja, 1" Semestre. (ï. XIV, IN" 17.) 82 ( 596) cile de citer des expériences concluantes sur lesquelles cette loi se trouve établie. Plusieurs observateurs ayant trouvé la même valeur au coeffi- cient de dilatation de l'air sous les différentes pressions barométriques, en ont conclu que le coefficient de dilatation des gaz restait le même sous toutes les pressions. Mais les variations barométriques dans une même lo- calité ont lieu entre des limites trop peu étendues, pour qu'il soit permis de tirer de cette observation une conséquence aussi générale; elle prouve seulement que pour des variations aussi faibles de pression, les change- ments du coefficient de dilatation sont insensibles. » H. Davy est le seul physicien qui ait étudié la dilatation des gaz sous des pressions très-différentes. [Transactions philosophiques, 1 823 , tome II , page 204.) Il annonce qu'il a trouvé la même dilatation à l'air pris avec les densités i, 5, j, i et 2; mais les expériences n'ont pas été faites par un procédé assez délicat pour que l'on puisse regarder les résultats comme suffisamment précis. » J'ai fait des expériences sur l'air sous des pressions plus faibles que la pression barométrique, et d'autres sous des pressions beaucoup plus fortes. » Elles ont donné les résultats suivants : PRESSION à o». PRESSION à 100». DENSITÉ à 0° de Pair supposée i à o" sous la pression de 760""°. I -i- 100 u. mm. 109,72 mm 149, 3i 0,1444 I ,36482 174,36 237,17 0,2294 i,365i3 a66,o6 395,07 o,35oi 1 ,36542 374,67 5io,35 0,4980 1,36587 375,53 5io,97 0,4987 1,86572 760,00 ...... 1 ,0000 1,3665 1678,40 2286,09 2 , 2084 I , 86760 1692,53 23o6,23 2,2270 I , 36800 2144,18 2924,04 2,8218 1,36894 3655,56 499^.09 4,8100 1,87091 « La troisième colonne du tableau renferme les densités du gaz à la tem- pérature de la glace fondante; on voit que ces densités ont varié depuis (597 ) o,i444 j^^^T''^ 4'^'oo, c'est-à-dire depuis i jusqu'à 33,3, et pour une va- riation aussi considérable dans la densité, le coefficient de dilatation du gaz n'a changé que de o,3648 à 0,3709. » Les expériences précédentes montrent par conséquent que la loi ad- mise par les physiciens, savoir que l'air se dilate de la même fraction de son volume à 0°, quelle que soit d'ailleurs sa densité, n'est pas exacte. L'air se dilate, entre les mêmes limites de température, de quantités qui sont d'autant plus considérables que la densité du gaz est plus grande, ou, en d'autres termes, que ses molécules sont plus rapprochées. ' » En résumé , mes expériences ne confirment pas les deux lois fonda- mentales de la théorie des gaz, admises jusqu'ici par tous les physiciens, savoir : » 1°. Tous les gaz se dilatent de la même quantité entre les mêmes limites de température; » 2°. La dilatation d'un même gaz, entre les mêmes limites de tempéra- ture, est indépendante de la densité primitive du gaz. » Faut-il conclure de là que ces lois doivent être à l'avenir bannies de la science. Je ne le pense pas. Je crois que ces lois, de même que toutes celles qui ont été reconnues sur les gaz, la loi des volumes, etc., etc., doi- vent être considérées comme vraies à la limite^ c'est-à-dire qu'elles s'ap- procheront d'autant plus de satisfaire aux résultats de l'observation que l'on prendra les gaz dans un plus grand état de dilatation. » Ces lois s'appliquent à un état gazeux parfait, dont les gaz que nous présente la nature s'approchent plus ou moins, suivant leur nature chi- mique, suivant la température à laquelle on les considère et qui peut être plus ou moins éloignée des points où il y a changement d'état; enfin, suivant leur état de moins ou de plus grande compression. DEUXIÈME PARTIE. — De la comparaison du thermomètre à air avec le thermomètre à mercure. » La table donnée par Dulong et Petit pour la marche comparative du thermomètre à air et du thermomètre à mercure ne peut plus être admise, puisqu'elle a été calculée d'après un coefficient de dilatation de l'air inexact. On peut croire au premier abord que rien ne doit être plus simple que de faire subir à leurs résultats la correction dépendante du changement du coefficient, et il en serait en effet ainsi, si ces illustres physiciens nous avaient transmis toutes les données de leurs expériences • malheureusement on ne trouve dans leur Mémoire que la table suivante, qui renferme quei- 82,. ( 598 ) ques nombres déterminés au moyen d'une formule d'interpolation calculée sur leurs expériences, mais qui sont tout à fait insuffisants. TEMPÉRATURES indiquées par le thermomètre à mercure. VOLUMES correspondants d'une même masse d'air. TEMPÉRATURES indiquées par le thermomètre à air et corrigées de la dilatation du verre. — 36= o,865o — 36° o 1,0000 0 lOO 1,3750 100 i5o 1 ,5576 148,70 200 1,7389 197,05 25o '.9'89 245,08 3oo 2,0976 292,70 36o 2, 3 135 35o,oo » De nouvelles expériences sont nécessaires pour décider la question. » J'ai montré dans mon premier Mémoire (annales de Chimie, tome IV, pages 67 et 58) que la dilatation du gaz acide sulfureux allait en augmentant très-rapidement avec la pression , même dans le voisinage de la pression barométrique ordinaire. Une expérience sur le gaz acide carbonique (p. 5g) a rendu cette augmentation de la dilatation avec la pression également très-sensible. Il m'a paru intéressant dé poursuivre cette étude sur le gaz acide carbonique sous des pressions de plusieurs atmosphères. Les résultats obtenus se trouvent dans le tableau suivant : PRESSION ào«. PRESSION à 100». DENSITÉ du gaz à 0". 1 -t- 100 X. mm. 758,47 mm. 1034,54 1 ,0000 1 ,36856 901,09 i23o,37 '.'879 1 ,36943 1742,73 2387,72 2,2976 1 ,37523 3589,07 4959,03 4,7318 ,,38598 ( 599 ) » On voit que la dilatation du gaz acide carbonique va en augmentant beaucoup plus rapidement avec la pression que celle de l'air atmosphé- rique. - » Il est important de remarquer que dans toutes ces expériences la dila- tation du gaz est déterminée d'une manière indirecte j nous mesurons direc- tement l'augmentation de force élastique que le gaz, ramené à un volume constant, reçoit par le fait de l'élévation de température, et nous en con- cluons la dilatation en nous fondant sur la loi de Mariotte. Maison peut ob- jecter qu'il n'est pas démontré que cette loi soit absolument exacte, et par suite que les différences signalées dans les dilatations sous différentes pres- sions peuvent tenir à ce que la loi de Mariotte n'est pas rigoureusement vraie. » Cette objection ne me paraît pas fondée, par plusieurs raisons. MM. Dulonget Arago n'ont trouvé, dans leurs belles expériences, aucune anomalie constante, même sous des pressions qui s'élèvent jusqu'à 27 at- mosphères, ce qui démontre au moins, qu'entre les limites de pression de I à 27 atmosphères, la loi de Mariotte est à peu près exacte; d'où l'on peut conclure qu'elle doit être rigoureusement exacte pour des différences de pression aussi petites que celles que nous observons dans nos expé- riences sur le même gaz à 0° et a 100°. 11 est évident que s'il existait déjà une anomalie sensible pour des différences de pression aussi faibles, cette anomalie ne pourrait manquer de se révéler d'une manière bien prononcée pour les grandes différences de pression dans des expériences faites avec soin. » Je ferai observer ensuite que mes expériences se font précisément dans les circonstances les plus favorables à l'exactitude de la loi de Mariotte, puisque c'est le gaz échauffé à la température de 100°, par conséquent au moment où il est le plus éloigné de son point de liquéfaction, qui se trouve soumis à la plus forte pression. » Enfin il convient d'observer que dans les expériences comparatives faites sur la compressibilité des divers gaz sous une même pression , on a reconnu que les gaz qui ne suivent pas la loi de Mariotte présentent une plus grande diminution de volume que celle qui devrait avoir lieu d'après cette loi. Ainsi, dans mes expériences, en négligeant les changements sur- venus dans les forces moléculaires par le fait delà différence de tempéra- ture, le volume du gaz à 100° devrait être plus petit que celui qui suivrait exactement la loi de Mariotte. De sorte que l'anomalie dans la loi de ( 6oo ) Mariette tendrait à diminuer le coefficient de dilatation avec la pression, au lieu de l'augmenter, comme nous le trouvons dans nos expériences. » Au reste, pour ne laisser aucune objection sans réponse, j'ai fait de nouvelles expériences dans lesquelles le gaz reste sous la même pression à o° et à 100°, et dans lesquelles on mesure immédiatement le changement survenu dans le volume; ces expériences ne sont pas encore assez com- plètes pour que je puisse en donner maintenant les résultats. » Mes expériences montrent que le thermomètre à air s'accorde à peu près exactement avec le thermomètre à mercure entre o et 100°; ce qui confirme les anciennes observations de M. Gay-Lussac. 11 convient cependant de remarquer que le thermomètre à air, dans mes expériences , présente constamment un retard de o',2 environ sur le thermomètre à mercure vers le milieu de l'échelle, ce qui semblerait annoncer qu'il y a réellement entre les points fixes une petite différence dans la marche des deux thermomètres: mais cette différence est trop petite pour qu'il soit nécessaire d'y avoir égard; elle tombe d'ailleurs dans les limites d'incerti- tude qui dépendent du déplacement du zéro du thermomètre à mercure. » Au-dessus de 100°, le thermomètre à mercure marche sensiblement d'accord avec le thermomètre à air jusqu'à la température de aSo" environ; à partir de ce point, le thermomètre à mercure prend l'avance sur le • thermomètre à air. A Soo", la différence est de 1° environ; à SaS", elle s'élève à i°,75; enfin à 35o°, il y a environ 3° de différence entre la tem- pérature indiquée par le thermomètre à air et celle donnée par le thermo- mètre à mercure. » Il est important de remarquer que les résultats qui précèdent ne con- viennent que pour la marche comparative du thermomètre à air corrigé de la dilatation du verre, et d'un thermomètre à mercure construit avec des tubes de verre de nos fabriques françaises , en un mot, identiques avec ceux qui ont servi dans mes expériences. Les tables de correction pour- raient être très-différentes, si les thermomètres à mercure étaient construits avec des verres de nature diverse. » On admet généralement que deux thermomètres à mercure qui s'ac- cordent pour le zéro et la température de l'ébuUition de l'eau, s'accordent également pour tous les autres points de l'échelle; rien n'est plus faux que cette proposition : il peut y avoir des différences de plusieurs degrés dans les hautes températures, si les deux thermomètres ne sont pas construits exactement avec la même espèce de verre. » Pour mettre ces différences de marche nettement en évidence , j'ai ( 6o, ) fait (les expériences sur trois thermomètres à mercure à déversement, formés, le premier avec un petit ballon de verre soudé à un tube ther- mométrique , le second par une boule de verre ordinaire soufflée sur un tube thermométrique, le troisième par une boule de cristal soufflée sur un tube de cristal. Les boules avaient toutes les trois sensiblement le même diamètre, les tubes thermométriques le même calibre et la même longueur; en un mot, les trois thermomètres étaient aussi semblables que possible. Ils furent placés sur un petit support en laiton, qui lui- même était disposé dans une cuve rectangulaire remplie d'huile. Les ther- momètres avaient été préalablement bien purgés d'air et d'humidité, et l'on avait eu soin de déterminer par une expérience directe le poids du mercure sorti de ces appareils, à partir de o jusqu'à loo". Un gros fil de cuivre, attaché au support de laiton, permettait de retourner l'appareil dans le bain et de donner à chacun des thermomètres toutes les positions possibles, de sorte que l'on ne peut pas dire que les différences signalées tiennent aux températures différentes qui ont lieu dans les diverses par- ties de la cuve. L'huile était d'ailleurs continuellement brassée au moyen des agitateurs. » Voici les résultats obtenus : I. u. III. TUBE PETIT TUBE DIFFERENCES de verre ordinaire ballon de verre de cristal entre I et m. ■oufHé en boule. ordinaire. souillé en boule. 0» 0» 0° 0° lOO 100 100 0 190,51 190,84 191 ,66 + i,i5 246,68 247,02 249,36 + 2,68 a5i,87 253,06 354,57 4- 2,70 279,08 279,31 282,50 ■+■ 3,42 810,69 3ii , i4 3i5,a8 + 4.59 333,72 333,76 340,07 + 6,35 » Les thermomètres I et II ont marché sensiblement d'accord ; le n° II a présenté cependant constamment un peu d'avance sur le n*I. Le ther- ( 6o2 ) niomètre n° III , formé par un réservoir de cristal , présente au contraire une marche beaucoup plus rapide que celle des deux premiers. A. 33o°, le thermomètre en cristal a plus de 6' d'avance sur le thermomètre en verre ordinaire. 11 résulte de là que les diverses espèces de verre non-seulement ont des coefficients de dilatation absolue différents, mais qu'elles suivent même des lois différentes dans leur dilatation. Les verres qui ont le plus petit coefficient de dilatation paraissent éprouver un accroissement moins rapide de dilatation avec la température. » Ainsi, à l'avenir, il conviendra que les thermomètres à mercure em- ployés pour des expériences précises et comparables , soient comparés non-seulement pour les points fixes de l'échelle, mais encore à des tem- pératures supérieures. En négligeant cette précaution , on peut commettre des erreurs très-considérables. » RAPPORTS. GÉOMÉTRIE. — Rapport sur un compas propre à tracer toutes sortes d'ellipses. (Commissaires, MM. Sturm, Puissant rapporteur.) « L'Académie a renvoyé à l'exameti d'une Commission, composée de MM. Sturm et de moi, un petit compas en cuivre construit par MM. Hamann et Hempel, pour tracer des ellipses de dimensions données. » Quoique l'on connaisse depuis longtemps plusieurs moyens pour dé- crire ces courbes par un mouvement continu, il est souvent préférable, dans certaines circonstances, de les déterminer par points; mais l'instru- ment dont nous allons rendre compte à l'Académie nous paraît être d'un emploi beaucoup plus commode que tous ceux qui ont été imaginés jusqu'à présent. » La construction de ce nouvel instrument est fondée sur une propriété connue de l'ellipse, savoir: si du centre de cette courbe on décrit deux cercles qui lui soient, l'un inscrit, l'autre circonscrit, et que par un point quelconque de ce second cercle on mène un rayon et une ordonnée au grand axe de l'ellipse , ces deux droites couperont respectivement le cercle inscrit et la circonférence de l'ellipse en deux points qui seront sur une même parallèle au grand axe. » Il suit de là que l'on peut concevoir une ellipse engendrée par le mou- vement d'un point qui se meut circulairement autour d'un autre, tandis ( 6oH ) que celui-ci tourne eu sens contraire avec une vitesse sous-double autour d'un point fixe. » Pour produire ce double mouvement sur le papier, MM. Hamann et Hempel placent verticalement au point pris pour centre de l'ellipse à tracer, une pièce cylindrique d'un assez grand diamètre à sa base, et cou- ronnée d'une roue dentée à laquelle s'adapte le manche de l'instrument, lequel en tournant sur son axe imprime à une crémaillère horizontale un mouvement de va-et-vient. Cette crémaillère glisse dans les gorges de deux roulettes qui, au moyen de ressorts, la pressent constamment sur la roue dont il s'agit et sur un pignon denté, d'un rayon moitié plus petit, placé à l'extrémité d'une tige de cuivre qui traverse perpendiculairement le manche de l'instrument, et qui s'y fixe à l'aide d'une vis de pression. » Au centre de ce pignon est un anneau qui embrasse et serre une petite verge d'acier disposée horizontalement, et à l'extrémité de laquelle est attaché, dans le sens vertical, un porte-crayon ou tui tire-ligne. La longueur de cette verge se compte à partir du centre du pignon jusqu'à la pointe du crayon, et doit représenter la moitié de la différence des demi- axes de l'ellipse à décrire. Quant à la distance du centre du pignon à l'axe du manche de l'instrument, elle doit être égale à la moitié de la somme de ces demi-axes. Lors donc que le compas est réglé de la sorte , et que son pied est bien fixé au centre de l'ellipse, il suffit de faire tourner le manche sur lui-même eu achevant une révolution, pour que le crayon ou le tire-ligne, de quelque point qu'd parte, décrive exactement cette ellipse. » Il est cependant à remarquer que l'idée d'un instrument propre à transformer ainsi eu un mouvement elliptique deux mouvements circu- laires , se trouve clairement exprimée dans une Note que M. Michel Léninn a lue le 22 février 1889 à l'Académie de Saint-Pétersbourg, et qui est in- sérée dans le Bulletin scientifique de cette compagnie (tome V,n"^ 23, 24) ; mais cet ellipsographe, dont un dessin fait parfaitement connaître le méca- nisme, est, sans aucun doute, d'une construction plus compliquée que celui qui fait l'objet de ce Rapport, puisque la liaison des deux mouve- ments circulaires s'y opère au moyen de deux pignons et de i\enK roues, tandis qu'elle a lieu bien plus simplement dans l'instrument de MM. Ha- mann et Hempel. » Nous pensons donc que celui-ci présente dans la pratique des avan- tages que sauront apprécier les dessinateurs et les architectes, lorsqu'ils voudront tracer rapidement et avec exactitude toutes sortes d'ellipses dont- C. B., i84î, 1" Semestre. (T. XIV, N" 17.) 83 ( 6o4 ) les dimensions, cependant, ne seraient pas très-pelites ; et c'est ce qui nous engage à proposer à l'Académie de remercier MM. Hamann et Hempel de leur communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. A l'occasion du présent Rapport, M. Puissant communique, au nom de M. Chasles, qui n'a pu assister à la séance, la Note suivante : Noie. L'instrument de MM. Hainann et Heinjicl peut servir à décrire l'ellipse d'une seconde manière, savoir: par un stylet fixe qui imprimerait sa trace sur un plan mo- bile, comme dans le tour à tourner, où l'outil est fixe et l'ouvrage mobile. Ce plan mobile serait celui du cercle mobile dans l'instrument de MM. Hamann et Hempel. Mais il faut alors que la vitesse angulaire du cercle autour de son centre soit moitié de sa vitesse angulaire autour d'un point fixe. On obtiendra cette condition en donnant an cercle mobile un rayon double de celui du cercle fixe. NOIttINATIONS. - L'Académie procède, par voie de scrutin , à la nomination de deux Com- missaires pour la révision des comptes de l'année i84i- MM. Thenard et Puissant réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède, également par la voie du scrutiri, à la nomination d'une Commission de cinq membres, qui sera chargée de l'examen des pièces envoyées au concours pour le prix extraordinaire concernant la vaccine. MM. Double, Magendie, Serres, Breschet et Duméril, réunissent la ma- jorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. ÉCONOMIE RURALE. — De lu substunce crasse du lait , des modifications quelle subit, et du rôle quelle joue dans la nutrition; par M. de Rom vnet. (Commissaires, MM Dumas, Boussingault, Payen.) Dans ce Mémoire, l'auteur s'est principalement proposé d'établir, relati- vement au phénomène de la formation du beurre, les propositions sui- vantes : « 1°, Au moment de l'émission du lait, les globules de dimensions di- ( 6o5 ] vefses que le microscope fait voir clairement dans ce liquide, et qui tendent plus ou moins, en raison de leur pesanteur spécifique, à s'élever vers la partie supérieure, contiennent le beurre à l'état parfait; » 2°. Ces globules contiennent tous du beurre et ne contiennent que du beurre; » 3°. Cette substance s'y trouve sous forme de pulpe enveloppée d'une pellicule blanche, translucide, mince, élastique et résistante; » 4°- L'action du barattage n'est autre chose que l'atténuation par le frottement, la rupture mécanique de ces pellicules qui enveloppent la pulpe butyreuse et la mise à nu de cette pulpe; » 5°. Si le beurre se forme presque tout d'un coup, après un certain temps de barattage, c'est parce que cette action mécanique s' exerçant de la même manière, et à peu près pendant le même espace de temps sur tous les globules que peut atteindre l'instrument de percussion, le déchirement, des pellicules doit s'opérer à des instants très-rapprochés les uns des autres ; » 6°. Ce sont les débris de ces pellicules qui troublent et blanchissent le liquide qu'on nomme lait de beurre, ainsi que les eaux dans lesquelles on lave le beurre qui vient d'être réuni. » 7°. L'acidité qui se manifeste constamment dans le liquide qu'on nomme lait de beurre, à l'instant où le beurre se forme (quelque fraîche et alcaline qu'ait été la crème lorsqu'on l'a mise dans la baratte), est due au contact immédiat du beurre et des piincipes acides dont M. Chevreul a signalé la présence dans cette substance , contact dont le liquide se trou- vait préservé tant que les particules de beurre étaient renfermées dans leurs enveloppes. » M. Anoral commence la lecture d'un Mémoire qui lui est commun avec MM. Gav ARRET et Lafokd, et qui a pour objet la détermination des quan- tités relatives des éléments du sang chez quelques-uns de nos animaux do- mestiques. Cette lecture sera continuée dans une prochaine séance. 83. ( 6o6 ) (Pièces dont il n'a pu être donné communication à la précédente séance.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ÉCONOMIE AGRICOLE. — Mémoire sur un insecte et un champignon qui ravagent les cafiers aux Antilles; par MM. Guérin - Méneville et Perrottet. (Commissaires, MM. Duméril, Miliie Edwards, de Gasparin.) Dans une lettre jointe à ce travail, qni a été fait par ordre de M. le Ministre de la Marine, les auteurs en donnent l'analyse dans les termes suivants : « La première partie de notre Mémoire a ponr objet de faire connaître la nature des ravages causés dans les plantations de cafiers par la chenille d'un papillon nocturne très-petit; nous montrons comment les innombra- bles légions de ces chenilles s'introduisent dans l'épaisseur de !a feuille, en rongent le parenchyme sans attaquer les deux épidermes, et causent sa dessication en tout ou en partie. » Les feuilles attaquées se couvrent de taches noires ou rougeâtres, et deviennent impropres à puiser dans l'atmosphère les éléments nécessaires à la végétation. Les cafiers dépérissent, leurs fruits ne parviennent pas à maturité ou sont rabougris ; enfin , la récolte est plus ou moins compro- mise, quand l'arbre ne périt pas. » Le papillon produit par cette chenille est à peine long de i milli- mètres et demi , d'une couleur argentée très- brillante. Il appartient à la famille des nocturnes et au genre Èlachiste des auteurs, genre formé avec les plus petits des lépidoptères, et dont on ne connaissait que des espèce* européennes. Il forme donc une espèce nouvelle que nous décrivons et figurons sous ses divers états, et que nous nommons Èlachiste du café. )i Ce lépidoptère se multiplie d'une manière elTrayante, car, sous le climat brûlant des Antilles, il se reproduit tous les quarante à quarante- cinq jours, comme cela a lieu pour le ver à soie. Cette immense multipli- cation nous fait craindre que sa destruction ne soit très-difficile, sinon impossible; mais nous croyons aussi que la nature a dii placer près de lui quelque parasite destiné à modérer sa propagation. Dans tous les cas, l'intervention de l'homme est très-nécessaire, et nous proposons divers (6o7) procédés pour essayer de détruire cet ennemi, d'autant plus terrible qu'il échappe par son excessive petitesse. Nous appelons surtout le concours des propriétaires de caféteries, afin que, guidés par la connaissance que nous leur donnons de leur ennemi, ils cherchent, pour le détruire, quelques autres moyens, praticables en grand, et dont les frais seraient amplement compensés par une suite de récoltes abondantes. » A la suite de ce travail, nous présentons les observations que l'un de nous a été à même de faire sur une maladie non moins dangereuse, causée aux cafiers par un champignon qui infecte la terre dans laquelle ils sont plantés, et finit par causer leur mort. Les moyens de remédier à cette grave maladie sont exposés avec détail, et nous pensons qu'ils doivent jêtre efficaces, si on les exécute avec intelligence. » PALÉowTOLOGtE. — Considérations sur les céphalopodes des terrains crétacés; par M. A. n'OnBiCNY. (2° Mémoire.) (Commission précédemment nommée.) L'auteur, en terminant cette seconde partie de son travail, expo.se dans les termes suivants les résultats qui s'en déduisent relativement à la répartition des Céphalopodes par bassins, au .sein des anciennes mers crétacées : « 1°. A l'époque inférieure des terrains néocomiens il existait en France deux grands bassins distincts : le bassin méditerranéen et le bassin parisien, chacun ayant leur faune particulière bien tranchée, tout en possédant assez d'espèces communes pour qu'on ne puisse douter de leur contemporanéité. On pourrait dire aussi que. durant cette première période, les couches se sont déposées tranquillement et sans remaniement. » 2°. Lors du dépôt des couches appartenant au teriain néocomien supérieur, les conditions respectives des deux mers et de leurs faunes sont restées les mêmes. » 3°. A l'époque du gault inférieur, ces deux mers sont restées encore dans les mêmes conditions; mais, pendant cette première période, les grands effets des courants, marqués par le transport des espèces, et provenus sans doute de dislocations partielles, ont vraisemblablement ouvert de larges communications entre les deux mers, puisqu'aux couches supérieures du gault, on trouve un bien plus grand nombre d'espèces communes, entre les bassins, qu'il n'en existait aux époques néocomiennes. » 4°- A l'étage de la craie on voit, dès les couches de craie chloritée , ( 6o8 ) toiit changer d'aspect dans les mers crétacées. Les deux premiers bassins sont restés, relativement à la distribution des espèces de céphalopodes et à leurs proportions, ce qu'ils étaient à l'époque du gault supérieur; mais au bassin parisien s'est joint le golfe du Gotentin et peut-être le golfe de la Loire, jusque alors étrangers aux terrains crétacés; et l'étage de la craie en- vahit en même temps l'immense bassin pyrénéen. Ainsi, vers cette époque, ces mers avaient pris en France, et dans toute l'Europe, une extension du double au moins de celle qu'elles avaient à l'instant où elles se sont mon- trées, pour la première fois, avec les terrains néocomiens (i). » 5°. A la fin de la période de la craie chloritée, les mers se modifient de nouveau, à l'instant où presque tous les céphalopodes cessent d'exister. La craie blanche la recouvre et forme une époque nouvelle à laquelle, au moins jusqu'à présent, le bassin méditerranéen ne paraît pas avoir participé. Le bassin parisien tout entier, le golfe de la Loire et du Gotentin, une partie de la Belgique et une petite surface du bassin pyrénéen se couvrent, à la fois, de la faune de la craie blanche, où les céphalopodes sont réduits à un très-petit nombre d'espèces. » 6°. Enfin, il résulterait de tous ces faits: que cinq fois, pendant la période des terrains crétacés il y aurait eu extinction et renouvellement presque complet des céphalopodes, et que trois fois , la fainies de circons- cription des mers crétacées se serait notablement modifiée ou aurait com- plètement changé sur le sol de la France. » PHYSIQUE. — yippareil destiné à augmenter la sensibilité des aiguilles du multiplicateur sans altérer leur magnétisme; par '^. RcHMRonFP. (Gommissaires, MM. Arago, Becquerel, Pouillet, Bahinet.) « L'idée de cet appareil , dit M. Ruhmkorff, m'a été suggérée par l'in- dication que j'ai trouvée dans un Mémoire récent de M. Melloni, relative- ment à un moyen propre à augmenter la sensibilité d'un système d'aiguilles presque asiatique. » Ce moyen consiste à placer à quelque distance du galvanomètre, entre les deux pôles des aiguilles, un barreau aimanté horizontal, afin (i) Comme je m'y aUendais , les conclusions générales auxquelles m'amène l'ensemble des céphalopodes des terrains crétacés, sont presque identiques à celles qu'ont amenées les amnioriiies seulement {vojez page 455); il y aurait alors entière confirmation des résultats. ( 6o9 ) d'affaiblir le magnétisme de l'aiguille prédominante; alors , le système étant plus asiatique, l'appareil devient plus sensible. Pour parvenir au même but plus commodément et plus sûrement , j'ai pris deux petits barreaux aimantés de 8 centimètres environ de longueur , mobiles autour d'un axe situé au centre d'un arc de cercle divisé; les pôles de nom contraire sont en regard, de sorte que lorsque les deux barreaux sont verticaux, leur action est nulle à quelque distance , et l'axe coïncide avec le fil de sus- pension. » Cet appareil se place au-dessus du galvanomètre (de la cloche de verre), de telle façon que les extrémités libres des deux barreaux étant au bas, leur position soit verticale, que son plan soit le même que celui des aiguilles, et que les pôles des petits barreaux aimantés soient en regard des pôles de nom contraire de l'aiguille supérieure si c'est elle qui prédomine, ou in- versement si le contraire a lieu. » En donnant un plus ou moins grand écartement à ces barreaux, on augmente plus ou moins la sensibilité de l'appareil; une fois l'appareil retiré, le galvanomètre reprend la même sensibilité qu'avant l'expérience: cette sensibilité peut être augmentée de telle sorte qu'un courant qui ne faisait dévier l'aiguille que de i5°, la fait dévier, lorsqu'on se sert de mon petit instrument, de 60° à 80". Ainsi cette sensibilité est peut-être 20 ou 3o fois plus considérable. » Cet appareil peut se placer sur tous les galvanomètres , mais il ne doit être employé que lorsque le galvanomètre n'a pas la sensibilité voulue pour des recherches délicates. J'ai été aidé, pour faire ce petit perfectionnement par les bons conseils de M. Silberman. » MÉDECINE. — Nouvelle communication sur une maladie connue au Brésil et dans quelques autres parties de l'Amérique tropicale, sous le nom de Bicho; par M. Guyon. (Commission précédemment nommée.) M. Larret, qui présente cette seconde partie du travail de M. Guyon , y joint une Note qui prouve que le Bicho règne aussi en Afrique et s'y an- nonce de même par le sphacèle de la membrane muqueuse du rectum. M. BuTEL'x soumet au jugement de l'Académie un travail fort étendu ayant pour titre : « Esquisse géologique du département de la Somme. » (Commissaires, MM. Gordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy. ) ( 6io ) M. LwNEr. fils adresse la description et la figure d'une machine à faucher. (Commissaires, MM. de Silvestre, Payen, Séguier, Francœur.) M. Werdet soumet au jugement de l'Académie du papier qu'il considère comme papier de sûreté, et qui est préparé avec la sanguine et l'acide oxalique. (Renvoi à la Commission des encres et papiers de sûreté.) M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une Note de M. Walsh, relative à des règles pour trouver le nombre des racines réelles et imagi- naires d'une équation quelconque. (Commissaires, MM. Sturm, Liouville.) L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le prix extraor- dinaire concernant la vaccine, et inscrit sous le n" 33. (Ce Mémoire est parvenu au secrétariat avant le terme fixé pour la clôture du concours.) L'Académie reçoit également un Mémoire ayant pour \.\\re: «^ Recherches sur le calcul des variations , » Mémoire adressé pour le concours sur la question relative aux maximum et minimum des intégrales multiples. (Pièces de la séance du 25 avril.) MEMOIRES PRÉSENTES GÉOLOGIE. — Sur les révolutions géologiques des parties centrales de l'Amérique du Nord. — Extrait d'une Note de M. oe Castelnau. (Commissaires , MM. Al. Brongniart. Élie de Beaumont , Dufrénoy.) « L'époque sur laquelle je me propose d'appeler l'attention est celle qui correspond à la révolution géologique à laquelle les parties limitro- phes des États-Unis et du Canada doivent leur configuration actuelle, c'est-à-dire celle qui forma les grands lacs Ces lacs du Canada forment une série qui s'étend de l'ouest vers l'est. Le lac Michigan seul semble former une exception à cette règle, sa direction étant du nord au sud avec une légère déviation vers l'ouest. Au sud de la pointe méridionale de ce lac s'étendent les vastes prairies des Illinois, qui vont rejoindre l'Ohio d'une part et le Mississipi de l'autre. Ces prairies sont entièrement formées (6ii ) d'un sol alluvial et profond recouvrant des calcaires anciens. En quelques endroits seulement on rencontre de nombreux blocs erratiques apparte- nant aux roches primitives et qui par conséquent ont dû être amenés d'une distance d'au moins cent lieues. » Tout indique que cette vaste région était autrefois le bassin d'un lac infiniment plus considérable que ceux qui existent encore dans ces mêmes contrées. En s'approchant du Mississipi les preuves de ce phénomène de- viennent encore plus frappantes et ont déjà été observées par le célèbre voyageur Schoolcraft : « A une ancienne époque, dit-il, il y eut quelque » obstacle au cours du Mississipi, près de Grand- Tower ^ qui pro- » duisit une stagnation des eaux et les porta à une élévation d'environ »4o mètres au-dessus de leur ligne ordinaire.» Il est certain que partout où les roches présentent un front abrupte vers la rivière, elles offrent à une élévation de Sa mètres une série de lignes d'eau parallèles ou allant légère- ment en s'inclinant vers le nord. » Si actuellement nous portons nos regards vers la formation géologique des parties septentrionales et occidentales du lac Huron, nous verrons qu'elle vient coïncider avec cette manière de voir : elle présente le caractère d'une vaste formation silurienne, mais avec des traits particuliers qui m'ont engagé à en former une sous-époque particulière que je propose d'appeler formation huronienne; sous le rapport minéralogique , elle est généralement composée de calcaires magnésiens ayant souvent l'apparence de grès; et sous le point de vue géologique , elle se distingue par ses fossiles, parmi lesquels on doit remarquer les Actinoceras de Stokes, sortes à' Orthocérates à organisation très -compliquée, et ses Huronia ; là aussi abondent les singuliers polypiers du genre caténipore, mais les trilobites paraissent au contraire être très-rares dans cette formation; ces terrains, que l'on commence à trouver dans les îles de la rivière Sainte-Marie, qui joint le lac supérieur au lac Huron, s'étendent vers la chaîne des iles Manitou- lines, puis, suivant le lac Michigan, pénètrent dans les Illinois et se re- trouvent dans la vallée du Mississipi, jusque dans les états de Rentucky et de Tenessee. » Voici maintenant quels sont les changements géologiques que cette région me semble avoir éprouvés. » Suivant moi; le lac supérieur déversait autrefois ses eaux dans le lac Michigan, qui lui même aboutissait à un immense bassin indiqué sur ma carte sous le nom de grand lac Silurien, et qui probablement jetait lui-même le trop plein de ses eaux dans la mer Mexicaine, laquelle devait alors couvrir C. R., i}'4a i«' .Vemcjïre. . T. XIV, N" 17.) 8.( (6,2) toute la partie occupée aujourd'hui par les formations tertiaires et d'allu- vion. Mais une révolution survint qui arrêta le passage des eaux à l'endroit qui forme aujourd'hui l'extrémité du lac Michigan, et produisit le soulève- ment de l'espace occupé par le grand lac Silurien et connu aujourd'hui sous le nom d'iUinois. Cet événement peut être facilement prouvé parla succes- sion de plages soulevées que présente encore la partie sud-est de l'extrémité du lac Michigan ; ces plages sont rangées en amphithéâtre, et j'en ai compté jusqu'à quarante-deux les unes au-dessus des autres. Ce fait a du reste déjà été indiqtié par le professeur Sheppard dans \ American Journal oj Scien- ces, mais ce savant n'en tire aucune conséquence. Les lignes d'eau placées à une grande élévation sur les collines adjoignant le Mississipi, et dont nous avons déjà parlé, seraient ainsi expliquées, car ces roches formaient pro- bablement la rive occidentale du lac, et la hauteur des lignes au-dessus du niveau actuel montre la profondeur des eauK qui baignaient leur base. Voyons actuellement quel fut le résultat naturel de ce soulèvement: les eaux du lac Supérieur cherchèrent pendant quelque temps à suivre leur cours accoutumé vers le sud ; mais leur passage étant obstrué, elles s'éten- dirent partout où elles le purent et formèrent la grande baie Verte; elles durent alors s'accumuler, dans cette partie, à une hauteur considérable, et formèrent probablement ces immenses amas de'gravier que l'on remarque en tant d'endroits sur le lac Michii;an et les îles qu'il contient, et particuliè- rement au banc appelé ihe Sleeping hear {l'Ours endormi), sur la côte orien- tale du lac et aux îles du Castor et du Manitou; dans la première de ces localités ils atteignent une élévation de 3^ mètres ; partout cette formation se présente sons l'aspect d'immenses dunes d'un sable très-blanc. » Les eaux revinrent enfin sur elles-mêmes, et nous pouvons juger de leur violence en voyant les déchirements qu'a éprouvés l'île de Michilima- kimac, qui se trouva sur leur passage, pendant qu'elles se creusaient un pas- sage vers l'est où elles formèrent le lac Huron. Ici elles furent encore arrêtées et cherchèrent successivement à passer par la baie de Péie'qnantachine et parcelle de Saganaus^a^n elles parvinrent à se forcer un passage parla rivière Saint Clair et celle du Détroit. Là elles s'étendirent dans le bassin qui forme le lacÉrié; puis, arrêtées de nouveau, elles se formèrent, avec une force incroyable, une route à travers les roches du Niagara et s'étendirent ensuite paisiblement dans le bassin du lac Ontario jusqu'au moment où , trop resserrées dans leur lit, elles se creusèrent enfin un passage vers la mer par le moyen du Saint- Laurent. (6i3) » Dans mon hypothèse, le soulèvement des Illinois aurait été autrefois beaucoup plus considérable qu'il ne l'est aujourd'hui, et il ne serait pas même impossible que l'abaissement proi;ressif ne se continuât encore de nos jours; dans ce cas, il se pourrait que les eaux reprissent à une époque quelconque leur ancien cours. » CHIMIE. — Action de la naphtaline sur les corps gras. — Asparanide dans le suc de betterave. — Nitrate d'ammoniaque dans le Bouillon blanc. — Extrait d'une Note de M. J. Rossignon. (Commission précédemment nommée.) « Lorsqu'on abandonne à l'action de l'air un mélange à parties égales i\'axonge et de naphtaline^ pendant plusieurs semaines, une singulière décomposition a lieu : l'oxygène absorbé par le composé et l'oxygène du corps gras se fixent sur une partie de la naphtaline qui passe à l'état d'acide (naphtoléique), en même temps qu'il se forme un carbure beaucoup plus hydrogéné que la naphtaline et possédant alors la propriété de brûler sans répandre de fumée. Pendant tout le temps que dure cette décomposition, il se dégage une petite quantité d'acide carbonique, et le composé devient noir; pour isoler du nouveau carbure d'hydrogène (dans lequel le carbone est à l'hydrogène comme 2 est à 1 ^: bicarbure d'hjdrogène sesqui-hjdro- ge'né), il faut employer l'éther sulfurique qui ne dissout pas le bicarbure et dissout en partie l'acide naphtoléique,- on répète plusieurs fois le lavage à l'éther et l'on achève de purifier le bicarbure en le comprimant entre des doubles de papier à filtre à l'action d'une douce chaleur. L'alcool à /(0° Cartier bouillant dissout le bicarbure; par le refroidissement celui-ci se dépose sous forme de lames épaisses d'un blanc soyeux tirant un peu sur le gris, douces au toucher et se ramollissant facilement entre les doigts. En répétant plusieurs fois les dissolutions de ce corps dans l'alcool, on par- vient à le blanchir. » Lorsqu'au lieu de faire un mélange de naphtaline et d'axonge à par- ties égales, on n'emploie que 1 du premier corps et 2 du second, la dé- composition est plus lente, il y a également formation d'acide naphtoléique et de bicarbure , mais il reste une portion de graisse non décomposée , mais moins oxygénée et beaucoup plus solide. » A.vec le suif^ les résultats sont les mêmes , mais on peu plus longs à obtenir; avec le suij d'os, idem; avec les huiles, mêmes résultats; le bicar- C6i4) bure obtenu est demi fluide avec les huiles non siccatives, et de la consi- stance d'un savon résineux avec les huiles siccatives. Leur point de fusion varie également de 80° à i5o°. Tous ces carbures varient peu dans leur composition. » Quanta la composition de l'acide naphtoléique, la moyenne de plu- sieurs analyses m'a donné : Carboue 65,65o Hydrogène 14,220 Oxygène 2o,i3o 100,000 » L'acide naphtoléique est demi fluide, jaunâtre et transparent, d'une odeur empyrenmatique qui rappelle celle de la naphtaline brute; il brûle à la manière des huiles ordinaires; il rougit le papier de tournesol, saponi- fie les bases alcalines et forme des naphtoléates insolubles avec la baryte, la strontiane, la chaux, l'oxyde de plomb, l'oxyde de cuivre et l'oxyde d'argent. Ces sels sont incristallisables. » Chauffé, l'acide naphtoléique devient tout à fait fluide à 20* centigr. et se réduit en vapeur d'une odeur acre et rance à 75° centigr., en se dé- composant en partie; à une température voisine du rouge obscur , il s'en- flamme spontanément en laissant un léger résidu de charbon, » La deuxième partie de la Note de M. Rossignôn est relative à l'exis- tence de Yyésparamide dans le suc de betteraves. Une troisième partie enfin a pour objet des recherches chimiques rela- tives au Z?o«î7/o« blanc (F'erbascum) , plante dans laquelle l'auteur a dé- couvert le nitrate d'ammoniaque en quantité très-considérable. GÉOMÉTRIE. — Sw lu vulcur d'appUcatioTi de la solution d un problème de géométrie, lorsque les inconnues j prennent des formes imaginaires; par M. Makie. (Commissaires, MM. Sturm, Liouville.) M. Reville adresse du Havre une Note sur Yemploi des tissus de coton pour la voilure des navires. A cette Ndte M. Reville a joint : 1" une copie des attestations délivrées par des marins qui ont fait l'essai des voiles en coton; 2° la copie de deux ( 6i5 ) articles publiés à ce sujet dans le journal de l'arrondissement du Havre; 3° (ies échantillons neufs et usés de toile à voiles en coton. (Commissaires, MM. Roussin, Dupin, de Freycinet.) M. Maréchal soumet au jugement de l'Académie une proposition tendant à l'établissement de mesures légales pour les surfaces planes et pour les volumes. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour l'examen de diverses communications relatives à notre système métrique.) M. Blehée adresse, à l'occasion d'une communication récente de M. Del- vigne, une réclamation de priorité relative à l'invention des balles cjlindro- coniques. (Renvoi à la Commission chargée de rendre compte du Mémoire de M. Delvigne.) M. Costa transmet une Note imprimée en italien de M. P, Greco, sur la fabrication de Vindigo dans les environs de Reggio , et demande que ce tra- vail devienne l'objet d'un Rapport. (Voir au Bulletin bibliographique.) (Commission nommée pour diverses communications relatives à l'indigo extrait du Poljgonum tinctorium.) L'Académie reçoit des Recherches statistiques sur l'hjrgiène et la morta- lité de la ville de Rennes. Le nom de l'auteur se trouve sous pli cacheté. ( Commission des prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon.) (Pièces de la séance du 18 avril. ) CORRESPONDANCE. M. Flovrens met sous les yeux de l'Académie plusieurs dessins repré- sentant le tissu de la rate vu au microscope, dessins exécutés d'après les pré- ( 6i6 ) parations de M, Tîourgery, et destinés à accompagner un travail que l'auteur doit prochainement soumettre au jugement de l'Académie, mais dont il présente par avance les principaux résultats , dans les propositions sui- vantes : « i". La rate se compose de deux appareils différents : l'un vésicuJaire, l'autre glanduleux, scindés par petits organules et partout juxtaposés, élément à élément, dans toute l'étendue de ce viscère. Le volume de la rate étant supposé divisé en six portions, l'appareil vésiculaire semble y figurer comme 3 et l'appareil glanduleux comme 2, les vaisseaux compo- sant à peu près le dernier sixième. » 2°. Néanmoins, si l'appareil vésiculaire a plus d'étendue, l'autre est plus compacte et plus ramassé, en sorte que l'on peut considérer leurs niasses organiques fonctionnelles comme étant à peu près égales. » 3°. Les deux appareils, vésiculaire et glanduleux, se ressemblent en ce point que chacun d'eux est formé par une chaîne .sans fin des éléments qui le composent, continus entre eux dans toute l'étendue de la rate. »4°. 11! appareil vésiculaire, ou la succession des vésicules ^ continues entre elles par leurs orifices de communication, comprend, outre les veines spléniques qui peuvent être assimilées au chapelet vésiculaire, les glan- dules et le champ granulo-capillaire. C'est, si l'on veut, comme une vaste poche milliloculaire, ou mieux, un long canal, incessamment replié sur lui-même, qui aurait été divisé par des étranglements vasculaires, en my- riades de petites cavités, pour augmenter les surfaces. La texture des vési- cules et la nature du liquide qu'elles renferment permettent de les consi- dérer comme un appareil d'élahoration sanguine. » 5°. \! appareil glanduleux se compo.se des glandes et des vaisseaux que uous avons reconnus pour appartenir au système lymphatique. Il ne se présente comme une chaîne tortueuse de trajets cloisonnés, qu'en raison de son interposition entre les ampoules vésiculaires, qui, elles-mêmes, devaient être fermées pour retenir le liquide qui s'y dépose. On peut con- sidérer cet appareil comme une vaste glande lymphatique du volume en- viron du tiers de la rate, qui s'est fractionnée en petites glandes microsco- piques, unies par des cordons de même substance, pour se répandre dans toute l'étendue de la rate et environner partout les vésicules, comme s'il était nécessaire que ces deux appareils fonctionnassent en commun. Cette opinion, du reste, est en quelque sorte prouvée par l'arrivée, dans les (6.7) glandes, des vaisseaux lymphatiques provenant des glandules et du champ granulo-capillaire. » 6°. Les vaisseaux capillaires revêtent, dans la rate, des formes spé- ciales qui les distinguent des formes générales qu'on leur connait dans l'ensemble de l'appareil circulatoire. » 7°. Les veines, par les modifications de texture qu'elles éprouvent, font partie du tissu de la rate et participent à ses fonctions. » Les vaisseaux lymphatiques sais&x ne semblent pas seulement des canaux de transport d'un liquide, mais en même temps des organes chargés d'une élaboration. M Nous verrons, dans la suite de ces études, les modifications de texture des vaisseaux, pour s'approprier aux organes et participer à leurs fonc- tions spéciales, s'étendre et presque se généraliser dans l'organisme. » 8". Les éléments anatomiques de la rate sont les mêmes dans tous les mammifères. Toutefois il existe, sous ce rappprt, entre l'homme et l'ani- mal, des différences considérables que ne me paraissent pas offrir au même degré d'autres viscères, le poumon ou le rein par exemple. Il est remarquable a quel point, dans la rate humaine, tous les détails sont pré- cis, multipliés, finis; si bien que les rates d'animaux, relativement beau- coup plus simples, ne semblent, en comparaison, que des rudiments ou des ébauches d'organisation. » 9". Quant à l'analogie à laquelle nous sommes amenés entre la rate et les glandes lymphatiques, si, en raison de sa structure anatomique, on peut définir la rate une vaste glande lymphatico-sanguine, d'un autre côté les glandes lymphatiques de la circulation générale, si fournies de vaisseaux sanguins, peuvent être considérées, jusqu'à un certain degré, comme des chapelets de petites rates, répandus sur divers points de l'appareil circu- latoire lymphatico-sanguin. Nous verrons, en traitant de la structure intime de ces glandes, comment l'opinion de la conformité entre ces deux espèces d'organes, évidente quant à l'appareil glanduleux splénique, peut se trou- ver fortifiée par les analogies d'organisation des canaux intérieurs des glandes lymphatiques, avec l'appareil vésiculaire de la rate. » M. Bou&os écrit d'Athènes, relativement à une pluie colorée, tombée dans la nuit du il\ au a5 mars, dans les environs d'Amphissa. Un échan- tillon de la substance pidvérulente rougeâlre que cette eau a déposée, se trouve joint à la lettre de M. Bouros; M. Dufrénoy est invité à en faire l'examen. Un passage de la lettre de M. Bouros est relatif à un œuf renfermant ((J.S) un autre œuf, pondu par une poule qui avait déjà donné lieu à une obser- vation semblable. M. Reiv4u écrit relativement aux causes de ]d phthisie tuberculeuse, ma- ladie qu'il croit due à la présence d'animalcules microscopiques. (Pièces de la séance du 25 avril.) CORRE SPON D A]\ CE . M. le Ministre de l'Instruction purlique transmet ainpliation de l'or- donnance royale qui confirme la nomination de M. Francoeur à la place d'académicien libre qui était vacante par suite, de la mort de M. Costaz. M. Oma.lius d'Hvlloy, récemment nommé à une place de Correspondant pour la section de Minéralogie et de Géologie, adresse à l'Académie ses re - mercîments. CHIMIE. — Examen chimique de Phuile de foie de raie (Raxa. clavata et R. bâtis); par MM. J. Girardin, correspondant de l'Académie, et F. Preissier, professeur de chimie à Rouen. « L'huile de foie de morue et l'huile de foie de raie sont employées , de- puis fort longtemps déjà, dans le nord de l'Europe, et surtout en Belgique et en Hollande, pour le traitement des affections goutteuses et rhumatis- males, des scrofules et du rachitisme. On les a aussi essayées à l'extérieur en frictions sur la peau contre la phthisie laryngée. La Société des Sciences d'Utrechta mis au concours, en iSaS, diverses questions relatives à l'huile de foie de morue et a demandé son analyse chimique. » Le docteur Kopp, de Hanau, soupçonna le premier l'existence de l'iode dans cette dernière espèce d'huile, et Hopfer de l'Orme, pharmacien de la même ville, constata, en effet, en iS'dj, la vérité de cette supposition. Hausmannde Atens, dans le Oldenbourg, de son côté, et à la même époque, arriva au même résultat (i). Depuis, L. Gmelin,en i84o (2^, et W.Stein, (1) Anncdender Pharmacie, vol. XXI, cah. i, p. 78, et vol. XXII, cali. 1 1, p. 170. (?) Id. vol. XXXI, caljier 3 , page Sai. ( 6i9 ) en 1841 (i)> ont confirmé cette découverte par de nouvelles expériences, et, d'après Gmelin, l'iode existe dans l'huile de morue à l'état d'iodure de potassium. Aucun des chimistes précédents n'a, du reste, déterminé dans quelles proportions existe l'iode dans cette sorte d'huile. » L'huile de foie de i-aie, qui paraît posséder les mêmes propriétés médi- cales que l'huile de morue, et qui lui est même préférée par plusieurs mé- decins de la Belgique et du nord de la France, n'a point encore été examinée chimiquement. L'occasion nous a été offerte de le faire, par notre confrère M. le docteur Vingtrinier, médecin en chef des prisons de Rouen, qui emploie cette huile dans sa pratique depuis quelques années et qui en a obtenu d'excellents effets. L'étude de cette huile nous a paru d'autant plus nécessaire, que, moins repoussante à prendre que l'huile de morue, sa substitution à celle-ci dans la pratique médicale serait un avantage réel. » L'huije de raie que nous avons examinée, nous a été remise par le doc- teur Vingtrinier, qui l'a préparée, lui-même, en faisant bouillir dans l'eau le foie de la raie. L'huile vient bientôt nager à la surface de l'eau; on la décante, et on la clarifie par le repos et de nouvelles décantations. y> Caractères de l'huile de joie de raie. — Cette huile a une couleur d'un jaune clair; son odeur rappelle celle de l'huile de baleine ou de sardine fraîche. » Sa densité est de 0,928; elle ne rougit pas le papier de tournesol. » Par son exposition au contact de l'air, elle laisse déposer une matière blanche concrète. Séparée de cette matière par la filtration, l'huile claire en fournit bientôt une nouvelle quantité. Après quatre ou cinq filtratious successives, l'huile ne se trouble plus sensiblement; elle est alors devenue beaucoup plus limpide, et son odeur est moins prononcée. » Cette matière blanche, déposée par l'huile de raie, a les mêmes carac- tères que celle qui se sépare des huiles de baleine du commerce. Nous nous proposons d'en faire l'étude approfondie, car, jusqu'à présent, on ignore complètement sa nature. » L'huile de raie ne cède rien à l'eau. 100 grammes d'alcool à 89° cen- tésim. dissolvent, à la température de -f-io°, i^',5 d'huile, et le même alcool bouillant en dissout i4'', 5. » Elle est beaucoup plus soluble dans i'éther. 100 parties d'éther bouil- (i) Journal fiir praklische Chemie, vol. XXI, cah. 5, page 3o8. C. R., i8:ia, i" Semestre, (T. XIV, N» 17.1 gg ( ^2o ^ lanl dissolvent 88 parties d'huile, dont la majeure 'partie se dépose par le refroidissement. » Le chlore gazeux, qui colore si rapidement en bnm foncé les huiles animales de baleine, de sardine, de morue, n'exerce aucune action sem- blable sur l'huile de raie. Celle-ci conserve sa couleur jaune, même après une demi-heure de contact avec un courant de chlore; elle garde son odeur, mais elle laisse déposer plus promptement la matière blanche con- crète dont nous avons parlé plus haut. » L'acide sulfurique concentré colore l'huile de raie en rouge clair; en agitant le mélange après un quart d'heure de contact, il acquiert une cou- leur violette foncée. L'huile de morue prend rapidement une teinte noire, par l'action d'un peu d'acide sulfurique froid. •» L'acide azotique ne change pas sensiblement la nuance de l'huile de raie, tandis qu'il colore en brun-orangé l'huile de morue. » L'huile de raie clarifiée forme, avec le potasse caustique, un savon mou jaunâtre, très-soluble dans l'eau. La dissolution, traitée par l'acide tar- trique, laisse surnager des acides gras solides, margarique et oléique; la liqueur filtrée retient beaucoup de glycérine et d'acide phocénique d'ime odeur fort désagréable. » Dans l'huile de foie de raie , de même que dans l'huile de morue , il existe de l'iode à l'état d'iodure de potassium; mais ce sel est en proportions plus fortes dans la première de ces huiles. » Nous avons essayé plusieurs procédés pour isoler l'iode de ces deux huiles. » Au moyen d'un courant de vapeur d'eau traversant l'huile pendant long- teuips, il est impossible de lui enlever l'iodure qu'elle renferme. » On n'arrive pas à un meilleur résultat en battant l'huile avec de l'al- cool et laissant un contact pendant plusieurs jours. Ces faits indiquent que l'iodure est retenu par l'huile avec une grande énergie et que probablement les deux corps sont clans ini état tout particulier de combinaison. » Si l'on dissout dans l'eau le savon d'huile de raie, et qu'on le décom- pose par un acide, puis qu'on filtre et qu'on évapore la liqueur saline à sio- cité, le résidu cède à l'alcool rectifié de l'iodure de potassium en proportions très-appréciables par les réactifs. » La méthode suivante est celle qui nous a le mieux réussi. » i5o grammes d'huile de raie ont été saponifiés par une solution de soude caustique à aS" eu excès, en faisant chauffer sans bouillir jusqu'à combinaison parfaite et en évaporant le tout jusqu'à siccité. Le savon a été (621 ) cliarbonné avec précaution dans un creuset fermé, et vers la fin de la car- bonisation, on a ajouté assez de carbonate d'ammoniaque pour carbonater l'excès de soude caustique contenu dans le mélange. Le résidu charbon- neux a été épuisé par de l'alcool à qG-^ bouillant, et les liqueurs alcooliques, évaporées à siccité, ont laissé un léger résidu salin, déliquescent à l'air, con- sistant en iodure de potassium pur. » L'huile de raie nous a donnéo*', i8 d'iodure de potassium par litre, tandis que l'huile de morue ne nous en a fourni que o^', i5. » L'huile de morue sur laquelle nous avons agi comparativement , avait une odeur repoussante et était colorée en brun foncé. Comme de toutes les espèces d'huile de morue, c'est la plus foncée en couleur qui est la plus riche en iode, ainsi que les expériences de Hausmann et les nôtres le dé- montrent, on peut donc conclure de nos recherches que l'huile de raie renferme toujours plus d'iode que celle de morue, et que par conséquent on doit la préférer dans l'usage médical, d'autant plus qu'elle est infiniment moins désagréable à la vue , au goût et à l'odorat. » Comme l'huile de raie ne contient, d'ailleurs, aucun autre principe ac- tif différent de ceux qui constituent essentiellement les divers corps gras, il n'y a aucun doute que ce ne soit à l'iodure de potassium qu'il faille rap- porter son action thérapeutique , bien que la proportion de ce sel soit très-faible. Mais la grande division de cet iodure dans la masse de l'huile , l'état particulier de combinaison dans lequel il se trouve, doivent singuliè- rement faciUter son absorption par les tissus, et peuvent ainsi contribuer, plus que la proportion absolue du sel , aux effets marqués que l'huile exerce sur l'économie animale. » MÉuEctiVE. — De l'iisage des eaux minémles alcalines considérées par rapport aux affections calculeuses. — Extrait d'une Lettre de M. Lonc- CHAMP. « Dans lui Rapport qui a été fait récemment à l'Académie sur des com- munications relatives à des concrétions urinairesj MM. les Conmiissaires pa- raissent croire avec plusieurs chimistes, et avec M. Leroy d'Éfiolîes, «que par le régime alcalin les phosphates terreux tenus en dissolution dans l'u- rine à la faveur des acides libres qu'elle renferme, doivent se précipiter par la neutralisation de ceux-ci, et donner parfois naissance à des calculs de phosphate et de carbonate de chaux et de magnésie » (page 345). C'est contre cette assertion , bien faite pour effrayer les malades auxquels on pres- 85.. ( 622 ) crit l'usage des eaux alcalines, que je crois devoir m'élever aujourd'hui. » Depuis plus de deux siècles que les eaux de Yichy sont en grand renom, pourquoi n'aurait-on pas signalé quelques exemples des mauvais effets qu'on les suppose capables de produire ? On n'en cite point cepen- dant 5 et rien ne vient justifier les craintes que l'on témoigne. » Mais je dis que, bien loin de favoriser jamais la formation d'un calcul de phosphate de chaux, une dissolution de bicarbonate de soude conte- nant de plus de l'acide libre, en opérera plus ou moins la dissolution dans un temps donné; mais il est évident qu'il faut du temps et beaucoup de temps, car l'action est lente; je dis, de plus, que la dissolution sera plus ou moins complète, car le calcul ne contient pas seulement du phosphate de chaux, mais encore une matière animale qui en lie les molécules, et sur laquelle le sel alcalin n'a aucune action. Peut-être serait-il nécessaire de faire pendant quelques jours, après une certaine période, des injections d'acide phosphorique : outre que ce corps dissoudra parfaitement la ma- tière animale, puisqu'il était primitivement son dissolvant, les parois delà vessie sont accoutumées à son action. » L'usage séculaire des eaux alcalines ne justifie pas les craintes émises, et je pense que la chimie ne les justifie pas davantage. Si dans une disso- lution de sous-phosphate de soude qui a une réaction alcaline, on verse un peu en excès une dissolution neutre d'un sel calcaire, on a une eau surnageante qui non-seulement n'a plus la réaction alcaline, mais qui, au contraire, a une réaction acide. Cela tient à ce que le phosphate de chaux a une tendance à se partager en un sel basique qui est insoluble, et en un sel acide qui est soluble ; et cette tendance à la formation du sel acide est tellement forte, que les eaux de lavage sont toujours acides, jusqu'à ce qu'enfin la niasse prépondérante de la base finisse par s'opposer à un nou- veau partage : c'est ce que j'ai prouvé dans mon travail de 1823. Or, quelle conclusion faut-il tirer de ce fait ? C'est qu'il est impossible qu'un bicarbo- nate alcalin , contenant de plus un excès d'acide carbonique libre, puisse jamais précipiter la minime quantité de phosphate acide de chaux que contient l'urine; car l'acide carbonique libre s'opposerait toujours à la for- mation d'un sous-phosphate de chaux insoluble. Et d'ailleurs, dans quel état du corps prend-on les eaux? C'est le matin, après avoir évacué les urines qui ont été sécrétées pendant la nuit; c'est à jeun, et par consé- quent ce n'est pas l'urine de la digestion qui arrive dans la vessie, mais bien l'urine de la boisson, qui ne contient pas d'une manière sensible les matières qui se trouvent dans l'urine de la digestion ; et quand le sel alcalin ( 623 ) est passé dans la circulation, alors l'urine n'est plus acide, et par con- séquent le bicarbonate ne peut pas décomposer un sel qui n'existe pas. » M. Pelouze fait remarquer que l'argumentation de M. Tjongchamp repose sur la supposition que le bicarbonate de soude passe dans les urines sans se décomposer, ce qui n'est pas conforme aux résultats de l'observation. cniMiE. — Nouvelles recherches cristallographiques sur les oxalates. — Extrait d'une Lettre de M. de la Provostaye. « Bien qu'il soit établi par plusieurs analyses, et récemment encore par celles de M. Graham, que les divers oxalates de potasse et d'ammoniaque ont la même composition et renferment la même quantité d'eau, les qua- droxalates correspondants présentent seuls la même forme cristalline. C'est une particularité digne de remarque que je me contente de signaler ici. » Le bioxalate de potasse d'une part, et d'autre part l'oxalate double de potasse et de cuivre à deux atomes d'eau, sont, d'après M. Graham, cons- titués de telle manière que, dans le second, l'oxalate de cuivre remplace l'oxalate d'eau du premier. T/eau et le cuivre, dans cette circonstance comme dans plusieurs autres , paraissent donc chimiquement isomorphes. Ij'examen de ces deux substances m'a prouvé qu'elles ne possèdent pas l'isomorphisme cristal lographique. » M. Leclerc adresse un très-bel échantillon d'une coquille fossile (Po- dopsis tnincata) provenant du terrain crétacé de la rive droite de la Loire, et trouvée un peu au-dessous de la ville de Tours. M. Bergsma écrit relativement à quelques expériences qu'il a faites sur l'homme et sur des animaux, relativement à l'emploi, comme aliment , de la gélatine extraite des os. M. Deliiomme, à l'occasion de la communication récente de M. Bre- guet sur un appareil destiné à donner un mouvement de rotation très-ra- pide, présente des considérations sur l'emploi qu'on pourrait faire, suivant lui , dans le même but, de ['engrenage naturel. M. L.iPiE écrit relativement à un serpent qu'on aurait vu tétant une chèvre. ( 6^4 ) M. Pelmer adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. A quatre heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures. F. ERRATUM. (Séance du 18 avril 1842.) Page 585, dernière ligne, au lieu de Tables pour servir au calcul du jour de Pâques, lisez pour connaître la date d'une nouvelle lune d'un mois quelconque et d'une anne'e passée ou future. ( 625 ) 8LXLETIN BlBLtOGRAPBIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie royale des Sciences; i" semestre 1842, n° 16, in-4°. Société royale et centrale d' Agriculture. — Rapport sur le projet de colonisation de l'Algérie, ou des fermes du petit Atlas de M. l'abbé Landmann, curé de Gonstantine; par M. le vicomte Héricart de Thury; in-8°. Statistique minéralogique et géologique du département des Ardennes; par MM. Sauvage et Buvignier; Mézières, 1842, in-8°. L Hydropathie , méthode rationnelle de Traitement par la sueur, l'eau froide, le régime et [ exercice ; par M. le docteur Baldou; 1841, in-8°. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome XIV, mars et avril 1842; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; avril 1842; in-S". L'ami des Sourds-Muets ; janvier et février 1842, in-8°. Revue de [Instruction publique en France et dans les pays étrangers; première année, n" i à 4 , in-4''. Pièces relatives aux nouvelles Toiles à voile en coton de la fabrique rouennaise de MM. DE Laroche et IjELONg ; brochure in-4''. Bibliothèque universelle de Genève; février 1842, in-8°. Monotremata . . . Les Monotrémes; par M. R. OwEN. (Extrait du Cyctopœdia ofAnatomy and Physiology.) Londres, 1842, in-8''. Marsupialia Les Marsupiaux ; par le même. (Extrait du même ouvrage.) In-80. Report on British. . . . Rapport sur les Reptiles fossiles de la Grande-Bretagne ; parle même. (Extrait du Rapport fait à la Société Britannique pour t avancement des Sciences pour Cannée 1 84 1 •) Londres , 1 84 1 , in-8°. Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n° 446 ; in-4''. SuUa coltura. . . . Sur la culture de l'Indigo ferra argentea, et sur l'extraflion de l'Indigo; par M. Greco ; Reggio, i84o, in-8°. ( 626 ) Gazette médicale de Paris; tome X; n° 17. Gazette des Hôpitaux; n° 4? à 49- L'Écho du Monde savant; n°' 722 et 723. L'Expérience, journal de Médecine; n" 25 1. L'Examinateur médical; tome Xï ; n° 17. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU MARDI 3 MAI 1842. PRÉSIDENCE' DE M. PONCELET. MEMOIRES LUS. MÉDECinE. — Recherches sur la composition du sang de quelques animaux domestiques , dans l'état de santé et de maladie; par MM. Andral, Gavarret et Delafond. ( Extrait par les auteurs. ) (Commission précédemment nommée.) M Ce Mémoire a pour but d'exposer quelles sont, dans le sang de quel- ques espèces d'animaux, à l'état de santé ou de maladie, les proportions diverses de la fibrine, des globules, des matériaux solides du sérum, et de l'eau. Il est la continuation du travail sur le sang de l'homme publié en 1840 par MM. Andral et Gavarret. » Les auteurs établissent , comme conséquence de leurs recherches , que les chiffres qui représentent, dans le sang des animaux, l'état normal de k fibrine et des autres principes ci-dessus nommés, diffèrent sensiblement d'une espèce à une autre. » Ainsi la fibrine a donné sept moyennes différentes, comprises entre les chiffres a,i et 4*6. C R., i84a, l«' Semestre. (X. XIV, ^" 18.; 86 ( 628 ) • » La moyenne de fibrine a été Chez les jeunes porcs (race anglaise ) 4)^? Chez les chevaux entiers ... . ^,o. Chez les bêtes bovines 3,7, _, , , . . ( espèce niérine 3,o, Chez les betes ovines . . < '^, , . ^. , , \. ( espèce anglaise, race Uishley. 2,0, Chez les chèvres 3,o, Chez les chiens ^i > > » Ainsi, pour la fibrine, l'homme tient à peu près le milieu entre les ani- maux qui possèdent beaucoup de fibrine dans leur sang, et ceux qui en ont peu. Chez ces animaux on trouve, pour l'état physiologique, des maxima et des minima de fibrine qui, chez l'homme, ne se rencontrent que dans l'état de maladie. Ainsi, la santé du cheval est compatible avec un sang qui contient 5 en fibrine, et celle du chien l'est avec un sang qui ne fournit plus que 1,6 de ce principe. » On ne saurait juger de la quantité des globules contenus dans le sang d'un animal par celle de la fibrine qu'il possède; ces deux éléments, relati- vement à leur quantité, restent en effet dans une complète indépendance l'un de l'autre. Les animaux qui ont le plus de fibrine ne sont pas ceux qui ont le plus de globules, et vice versa. » Ainsi la moyenne des globules a été Chez les chiens 148, Chez les porcs i o5 , Chez des chevaux de trait '04) Chez des chevaux de poste 1 01 , Chez les chèvres loi, „, , , , ( espèce niérine loi , Chez les betes ovines . . < '^, , . r^- 1 1 ,- ( espèce anglaise, race Dishley . . 90, Chez les vaches ici , Chez les boeufs 97 . » Il n'y a donc que le chien dont le sang contienne plus de globules que celui de l'homme; tous les autres animaux lui sont inférieurs sous ce rapport. » La force de la constitution entraîne chez les différents individus d'une même espèce une augmentation très-appréciable du chiffre des globules. » En améliorant les races par le croisement, on fait augmenter dans le sang le chiffre des globules. ( 629 ) » En analysant le sang de Irès-jeiines agneaux , les auteurs oht trouvé que ce sang était remarquable par la petite quantité de sa fibrine, et par la surabondance de ses globules : ils ont vu, au bout de la quatre-vingt- seizième heure après la naissance, la fibrine s'élever rapidement au chiffre qui représente sa moyenne à un âge plus avancé. » L'analyse comparative du sang de brebis et de vaches pendant la ges- tatiou d'une part, et après la mise bas d'autre part, au moment où existe la fièvre de lait, montre que, dans les derniers temps de la gesta- tion , la fibrine et les globules s'abaissent au-dessous de leur moyenne physiologique, tandis qu'au contraire ces principes augmentent de quan- tité après la mise bas. L'accroissement de la fibrine a été plus considérable chez les vaches qui ont eu une fièvre de lait plus prononcée que les brebis. » La moyenne des matériaux solides a varié, chez les différentes espèces, de 75 à 92, et celle de l'eau de 774 ^ ^i^^- » Une fois ces différents faits physiologiques bien connus, on peut aborder, sans chances d'erreur, l'étude des faits pathologiques. » En analysant le sang de divers animaux atteints de phlegmasies aiguës très-variées, les auteurs ont retrouvé constamment la loi de l'augmenta- tion de la fibrine, constatée chez l'homme. Cette augmentation a même été, dans certains cas, plus considérable que chez l'homme, i3 une fois chez une vache, 12 iine autre fois chez un mouton. » Mais la maladie qui a été l'objet le plus spécial des recherches consi- gnées dans ce Mémoire est la maladie connue sous le nom de cachexie aqueuse, ou de pourriture des moutons. » Dans cette maladie, le sang s'est trouvé modifié de la manière sui- vante : » La fibrine avait conservé son chiffre normal; les globules avaient subi une diminution des plus remarquables, étant descendus jusqu'aux chiffres 3o, 25, 14. Les matériaux solides du sérum , et par conséquent l'albumine , qui en fait la plus grande partie, avaient également diminué de quantité. L'eau s'était considérablement accrue. Les auteurs ont constaté gSo parties en eau sur i ,000 parties de sang. » La cachexie aqueuse chez les moutons et l'albuminurie chez l'homme sont les deux seuls cas pathologiques dans lesquels on voie s'abaisser d'une manière aussi notable le chiffre de l'albumine du sérum. Cependant les moutons atteints de pourriture n'ont pas d'albumine dans l'urine; mais ils ont des milliers de douves dans le foie et des hydatides dans les poumons. 86» ( 63o ) » L'existence de cette maladie, même un à haut degré, n'empêche pas les moutons d'être pris de phlegmasies aiguës très-caractérisées ; si alors on examine leur sang, on trouve que leurs globules sont restés à leur chiffre inférieur; mais la fibrine s'est accrue, et, nonobstant la faiblesse générale des animaux et l'extrême appauvrissement de leur sang , on voit ce principe s'élever, comme si l'état phlegmasique était survenu dans toute autre cir- constance. Du reste, les auteurs ont vu des inflammations aiguës atteindre des chevaux qu'ils avaient très-abondamment saignés au point d'abaisser les globules aux chiffres 48 et 38, et chez ces animaux l'invasion de l'in- flammation ne se marquait pas moins par une augmentation subite du chiffre de la fibrine, comme si leur sang eût encore conservé sa composi- tion normale. » ZOOLOGIE. — Mémoire sur les Edwarclsies (Edv/ardsïix A. de Q.), nouveau genre de la Jamille des Actinies; par M. A. de Quatrefages. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. de Blainville, Isidore Geoffroy, Milne Edwanls.) « Les Actinies qui font le sujet de ce travail ont été trouvées par M. de Quatrefages dans les iles de Chausey, qui forment un petit archipel situé dans la Manche, en face de Granville. L'auteur a dédié ce nouveau genre à M. Miliie Edwards, qui avait déjà visité cette localité, et y avait fait, en commun avec M. Audouia, des travaux bien connus des naturalistes. Voici la caractéristique du genre proposé par M. de Quatrefages : » G. Edwardsie {¥jàv!ârà?,[a.): corps libre , vermijbrme; partie moyenne couverte d'un épiderme plus ou moins épais et opaque; partie antérieure portant les tentacules, translucide ; partie postérieure entièrement trans- parente, arrondie, terminée par un pied à peine marqué; toutes deux ex- sertiles et rétractiles. » Tube digestif droit , maintenu par des brides mésentériques interrom- pues, s' ouvrant largement en arrière dans la cavité abdominale; Jormé de deux paities distinctes, dont la postérieure renferme huit replis ou demi- cloisons auxquelles sont attachés les ovaires ; cloisons se prolongeant jus- que dans la partie postérieure du corps. » Le Mémoire de M. de Quatrefages est divisé en trois parties : la pre- mière renferme la description et l'histoire naturelle des Edwardsies , dont l'auteur décrit trois espèces auxquelles il donne le nom de E. de Beautemps, E. timide et E. de Harrnsse. Toutes trois ont été trouvées à Chausey, où ( 63. ) elles vivent dans les sables vaseux, entièrement libres, et jouissant d'un mode de locomotion analogue à celui des Siponcles, avec lesquels il est .d'ailleurs facile de les confondre au premier coup d'œil. M. de Quatrefages les a conservées longtemps vivantes dans l'eau de mer, et il a remarqué, à cette occasion, que ces zoophytes, loin de vicier rapidement le liquide où ils vivent, comme certaines Actinies et les Acalèphes, semblent au contraire entretenir sa pureté, à la manière des végétaux. Pendant près d'un mois M. de Quatrefages a conservé plusieurs de ces animaux, il a observé chez quelques-uns une véritable mue qui s'étendait à toutes les parties du corps. L'auteur entre ensuite dans de nombreux détails sur leur manière de vivre, de se mouvoir par reptation j sur les essais qu'il a faits pour s'assurer du développement pliis ou moins considérable de leur sensibilité et de leur impressionnabilité par les sons, la lumière. En parlant de la contractilité externe de leurs tissus , il indique l'empoi- sonnement par l'opium comme propre à la diminuer, et à favoriser par conséquent les recherches anatomiques. » La seconde partie traite de Tanatomie et de la physiologie de ces zoophytes; l'auteur y passe successivement eu revue: i* les téguments; 2° le tronc; 3" les organes de la digestion ; 4° ceux de la génération; :>" en- fin l'appareil respiratoire. » Dans la troisième partie de son travail , M. de Quatrefages examine les affinités zoologiques des Edwardsies, et signale quelques considérations gé- nérales qui ressortent de l'étude qu'il a faite tant de ces Actiniaires que de la Synapte de Duvernoy. Il discute les rapports plus ou moins éloignés qui rattachent lesEdwardsies aux Siponcles, aux Holothuries par lintermédiaire des Synaptes, et s'attache à prouver tju'elles sont un véritable uitermé- diaire entre les Actinies vraies et les Alcyoniens. » M. de Quatrefages n'a trouvé dans les Edv^fardsies ni système nerveux ni appareil circulatoire. » Le tissu musculaire des Edwardsies,! dit en terminant l'auteur, m'a présenté les mêmes faits de dégradation progressive déjà signalés dans mon Mémoire sur la Synapte. Des tissus où je ne distinguais aucune fibre, m'ont également, montré une contractilité qui rappelle celle des muscles. Le faible diamètre des fibres musculaires et le peu d'épaisseur des mus- cles m'a permis d'observer à plusieurs reprises le phénomène de la contraction sous de forts grossissements. Je me suis convaincu que dans un muscle Ces cryptogames ont beaucoup d'analogie avec les sporotrichium , dé- crits par quelques botanistes. C. K. , 1842, I" Semestre. (T. XIV, N' i8.) 87 ( 636 ) » Comme ils sont très-fragiles , ils se détachent par suite des mouvements qu'exécutent les organes tapissés par la muqueuse buccale, et se mêlant aux aliments, ils sont ainsi portés dans le canal digestif dont ils finissent souvent par recouvrer une grande étendue ; les eufants chez lesquels cette extension du mal est considérable , tombent dans le marasme et ne tardent pas à succomber. Comme nous n'avons trouvé constamment dans la sub- stance blanche du muguet que les végétaux et les cellules de l'épithélium et aucune production d'inflammation, nous croyons être en droit de conclure que le muguet n'est autre chose qu'une plante cryptogame végé- tant sur la membrane muqueuse vivante. » Ces cryptogames offrent une grande analogie avec les mycodermes de la teigne faveuse , mais ils en diffèrent par les caractères suivants : » 1°. Les mycodermes de la teigne faveuse sont contenus dans des capsules propres; les cryptogames du muguet, au contraire, se développent sur la surface de l'épithélium et n'ont pas de capsules ; » 2°. Dans les mycodermes, les branches en chapelet se transforment en sporules , tandis que dans le muguet les sporules prennent naissance sur les côtés des branches ; » 3°. Les cellules des mycodermes ne sont pas bien développées et n'offrent pas de noyaux intérieurs; au contraire les cellules de muguet ont des noyaux très-distincts ; » 4°' Les branches des mycodermes sont courbées, tandis que celles de muguet sont rectilignes; » 5°. Les branches des mycodermes n'ont pas de cellules dans l'endroit où elles sortent des tiges , tandis que celles du muguet en présentent. « Exposés à l'air atmosphérique, les cryptogames se dessèchent, leurs cellules deviennent un peu rugueuses et plus transparentes; en les dessé- chant avec l'épithélium dans lequel ils se sont développés, on peut suivre les racines jusqu'à leur extrémité; dans l'eau ils se gonflent; dans le lait ils peuvent être conservés comme dans l'eau, sans d'ailleurs se développer davantage; par la macération dans l'eau ils ne se changent pas; après la mort de l'individu ces végétaux ne changent pas de nature jusqu'au temps où les infusoires se développant les détruisent peu à peu. « CHIMIE. — Rectification du nombre proportionnel du zinc ; par M. V -A. Jacquelain. (Extrait.) (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas, Regnault.) « Les mines de zinc oxydé silicifère et de zinc carbonate sont les plus (637 ) répandues et les plus abotidantes, en même temps qu'elles partagent le même gisement et semblent appartenir à toutes les formations. Ces deux espèces minéralogiques, le plus communément exploitées, se trouvent ordinairement accompagnées de sulfures de zinc, de fer, de enivre, d'ar- gent ; d'oxydes de fer, de manganèse. Mais par cette raison que la réduction des minerais de zinc opérée soit dans les creusets, soit dans les cylindres, résulte d'une réaction chimique entre la calamine grillée, le charbon de bois, le sel marin et souvent même une petite quantité de potasse introduite à dessein, j'ai dû soupçonner d'abord dans le zinc du com- merce l'existence du fer, du plomb, du cuivre, du cadmium, de l'étain , de l'arsenic , du soufre et peut-être aussi du potassium ou du sodium , soit à cause de la volatilité de quelques-uns de ces corps, soit à cause du transport mécanique de quelque autre, soit enfin par suite de l'action simultanée du zinc et du charbon à une température élevée sur le silicate de potasse et de soude, qui peuvent se produire en cette circonstance. Ceci posé, voici la description des expériences analytiques. » I. On a traité 36 grammes de zinc ordinaire par de l'acide sulfurique affaibli et purifié par le soufre; la réaction étant terminée, on a étendu la solution d'un litre d'eau distillée, afin de la précipiter par un léger excès d'hydrosulfate d'ammoniaque. » Après un certain nombre de décantations, toutes les liqueurs de la- vage réunies ont été soumises d'abord à la concentration dans une capsule de porcelaine, puis acidifiées successivement par de l'eau régale, de l'a- cide chlorhydrique, jusqu'à disparition d'acide azotique, et enfin évapo- rées à siccité dans un vase de platine. » Élevant alors suffisamment la température pour volatiliser et décom- poser tous les sels ammoniacaux, il n'est resté au fond du vase que des traces de sulfate de chaux provenant des huit à dix litres d'eau distillée employée au lavage. » J'ai poussé la précaution jusqu'à essayer isolément par évaporation à siccité , de l'acide sulfurique , de l'hydrosulfate d'ammoniaque et de l'eau distillée en quantités égales à celles dont je m'étais servi pour cette ex- périence. Aucun réactif n'a pu déceler dans le résidu la présence de la moindre quantité de potasse. » II. loo grammes de zinc étant attaqués par del'acide sulfurique pur, on a encore étendu la solution d'un litre d'eau, laissant alors déposer l'al- liage de plomb, fer et carbone, jusqu'à hrapidité parfaite du liquide sur- nageant ; on a siphoné. 87.. ( 638 ) » m. Dès que l'alliage fut complètement lavé , on l'a dissous dans de l'eau régale , car l'acide azotique l'oxyde difficilement. Évaporant ensuite à sic- cité les deux chlorures , reprenant par l'eau et précipitant par le sulfate de soude , on a dosé le plomb à l'état de sulfate dès que celui-ci fut bien exempt de sulfate de soude et de chlorure de fer. On a obtenu i,oo5 sul- (ate de plomb =o,685 plomb métallique. » 3'ai essayé l'action d'un courant d'acide sulfhydrique sur la dissolu- tion de sulfate de zinc qu'on avait m^se à part, mais elle est restée incolore et transparente, »> H ne s'était donc pas formé de traces de sulfate de plomb, ce qui peut arriver quand l'acide sulfurique contient de l'acide azotique. » IV. Il n'existait donc pas non plus de cadmium dans le zinc analysé. » V. Pour ra'assurer que l'alliage de plomb, fer et carbone, ne renfermaitn i étain, ni cuivre, j'ai redissous loo grammes de zinc afin de recueillir comme précédemment l'alliage insoluble et de le convertir en chlorures, puis en azotates par un excès d'acide azotique. » Évaporant alors à siccité,ils'en est suivi un résidu entièrement soluble dans l'eau; précipitant cette solution par l'ammoniaque, chauffant pour chasser l'excès d'alcali , filtrant pour séparer les oxydes de plomb , de fer , puis évaporant à sec et décomposant le nitrate d'ammoniaque, il n'est rien resté au fond du vas>4^9 » En soumettant à une deuxième distillation le zinc provenant de cette première opération , j'ai pu m'en procurer qui ne renfermait plus que i.Qo'o^ors ^6 plomb. En effet, 33,5 de ce zinc ont fourni o,oo6 sulfate de plomb , c'est-à-dire 0,0042 de plomb. Dans cet état de pureté, il faut i^h. pour attaquer à froid 6 grammes de zinc par l'acide sulfurique. )) Récapitulation faite, le zinc dont je me suis servi pour toutes mes ex- périences contient : Carbone o,oo3 Fer 0,142 Plomb 0,685 Zinc 99>'9o 100,000 Comme produit d'industrie, c'est un métal d'une grande pureté. » En parlant de la purification du zinc, je n'ai fait qu'énoncer le prin- cipe d'une opération; je reviens à dessein sur les détails, parce qu'indé- pendamment de sa facilité d'exécution, cette expérience peut rendre quel* ques services à la chimie de précision. C'est ainsi que j'ai préparé d'autres métaux purs, entre autres du cadmium, du bismuth, de l'antimoine et du plomb. «L'appareil se compose d'un flacon de Woolf à deux tubulures : l'une porte un tube droit pour l'introduction de l'acide sulfurique purifié par le soufre et le chlore ; l'autre est surmontée d'un tube coudé, dont la branche horizontale porte deux petites boules et s'adapte au moyen de caoutchouc (640) à un tube laveur chargé de potasse en dissolution; celui-ci est à son tour suivi de deux tubes en U très-grands remplis de chlorure de calcium ré- cemment calciné. » Vieiït ensuite le tube à porcelaine, contenant quatre nacelles, dont les deux premières sont remplies de zinc fondu et les deux autres restent vides. Enfin l'extrémité postérieure s'adapte à un dernier appareil desséchant, ter- miné lui-même par un tube à un angle qui plonge à différentes profon- deurs dans de l'acide sulfurique , selon qu'il est nécessaire d'augmenter la force élastique à l'intérieur de l'appareil. » Au moyen de ces dispositions, l'hydrogène perd d'abord la presque to- talité de la vapeur d'eau qu'il avait emportée; passant ensuite sur le zinc eu fusion, il se sature de vapeurs métalliques, à la manière d'un gaz, au con- tact d'un excès de liquide, et les dépose enfin sur les parois du tube en por- celaine trop refroidi pour maintenir l'état de vapeurs du métal. » Quant aux précautions à prendre pour conduire à bonne fin cette opération, elles consistent à distiller, sous la pression ordinaire, lorsqu'il s'agit de vapeurs très-pesantes comme celles de l'antimoine, à augmenter au contraire la pression intérieure lorsqu'on distille un métal plus volatil tel que le cadmium, à maintenir le dégagement d'hydrogène jusqu'au re- froidissement complet du tube de porcelaine. En procédant ainsi l'on isole les métaux volatils de ceux qui sont fixes, pour la température à laquelle on opère. On peut également enlever à un métal fusible le peu de soufre et d'arsenic qu'il contient, ainsi que je l'ai fait pour l'antimoine du com- merce et le plomb pauvre des essayeurs. » Comparons maintenant les résultats de l'oxydation directe du zinc pur avec ceux du zinc commercial dont j'ai donné plus haut l'analyse. i". lo*''- zinc ordinaire ont fourni i2,4o8 oxyde. 2°. 9,809 zinc purifie' par trois distillations 12, 180 oxyde. » En prélevant sur le zinc de l'expérience n° I le fer et le plomb décèles par l'analyse, et faisant la même correction à l'égard de l'oxyde, les nom- bres qui précèdent se changent en ceux-ci : i". 9,917 zinc pur = i2,3i38 oxyde pur i 0^0 (^ 2°. 9,809 zinc pur = 12,1800 oxyde pur \ "' " d'où l'on tire 2,3968 : 100 :: 9,917 : x = 4'3,7, 2,3710 ; 100 :: 9,809 : x = 413,7. ( Hy ) » Cette oxydation directe s'est faite comme il suit : » On a pris un poids connu de zinc ordinaire, et après l'avoir dissous dans l'acide azotique faible, on a concentré à siccité dans un «creuset de platine, puis calciné jusqu'à ce que le poids fût constant trois fois de suite, avec la précaution toutefois de placer le vase dans un creuset en terre dont les bords bien dressés coïncident parfaitement avec la surface apla- nie de son couvercle. » L'oxyde ainsi préparé ne contient pas trace de principes azotés. » Malgré la concordance absolue de ces expérience et la constance par- faite du poids de l'oxyde après chaque calcination nouvelle, j'ai dû m'as- surer, par une autre marche, de la fixité de cette combinaison. » On a donc pesé loo grammes de zinc ordinaire que l'on a convertis en sulfate, de'manière à obtenir un litre de dissolution. » Le poids de celle-ci étant de i24'j^',7, "^" ^" P"* successivement 4o grammes et 3o grammes qui , après évaporation et calcination avec les précautions ci-dessus mentionnées , laissèrent constamment un oxyde tout à fait exempt d'acide sulfurique, et sulfureux. » Cet oxyde, comme il est aisé de s'en rendre compte , n'a dû supporter que la déduction relative à l'oxyde de fer, car dans l'action de l'acide sulfu- rique sur le zinc, le plomb reste en totalité au fond du vase. » Ainsi , contrairement à ce que nous enseignent les ouvrages de chimie, le sulfate de zinc est complètement réductible en oxyde par la chaleur rouge d'un fourneau de laboratoire. » Yoici le nombre de ces expériences : 3o«'- dissolutioii = 2,45o zinc ordinaire = 2,983 oxyde. ^o^'- dissolution ::= 8,224 zinc ordinaire =: 3,974 oxyde. Ce qui donne , tout corrigé , 2,398 zinc pur = 2,978 oxyde pur | ^'^g^ „"' d'où l'on tire 97 Zn. Ox. 3,197 rinc pur = 3,968 oxyde pur ) ' "' o,58 : 100 :: 2,398 : x ~ 4i3,5, 0,771 : 100 :: 3,197 : x =: 4i4r^- 4i4 est donc le nombre proportionnel du zinc déduit de ces quatre ex- périences. » ( 64^ ) CHIMIE. — Purification de Vacide sulfurique à un atonie d'eau, pour analjse de précision et recherches de médecine légale; par M. V.-A. Jacquelain. (Commission précédemment nommée.) «. . .Je mélange l'acide sulfurique purifié par le soufre distillé avec une faible quantité de solution aqueuse de chlore, et pour chasser ensuite la totalité de ce dernier ainsi que l'acide chlorhydrique produit en cette cir- constance, je porte le mélangea l'ébullition pendant quelques minutes. » Quand l'acide sulfurique a passé par ces épreuves, il est complètement privé d'acides azoté, sulfureux et chlorhydrique. » Voici maintenant les expériences confirmatives de ce que j'avance. » loo gr. d'acide sulfurique délayés dans 5oo gr. d'eau distillée n'ont rien perdu de leur limpidité par l'azotate d'argent. » lOo gr. de zinc distillé ont été convertis en azotate, et la dissolution suffisamment étendue d'eau ne s'est nullement troublée par le chlorure de barium. » Ceci posé , j'ai attaqué 70,96 de ce même zinc par 200 gr. d'acide sulfurique (passé au soufre et au chlore). J'ai fait usage d'un appareil la- veur composé en une seule pièce de 7 boules communiquant entre elles haut et bas par des courbures assez rapprochées. L'appareil renfermait une solution de chlorure d'or; et le gaz hydrogène, après avoir traversé la so- lution de toutes ces boules, n'a pas réduit la plus petite quantité de sel d'or. j) Pour donner à ce résultat le caractère de certitude le plus grand, j'ai répété l'expérience avec une égale quantité du même zinc et 200 gr. d'acide sulfurique purifié par le soufre seulement ; à peine 60° ' de gaz hydrogène avaient-ils traversé le chlorure d'or de mon appareil , que je vis se former dans la première boule un précipité noir de sulfure d'or réductible au bout d'un jour ou deux en or métallique, à cause du chlorure d'or excé- dant. A la fin de l'opération je démontai l'appareil, puis essayant la solu- tion de chlorure d'or par du chlorure de barium, j'obtins en effet du sulfate de baryte insoluble malgré l'addition d'un peu d'acide chlorhydrique. » Concluons de tout ceci qu'il n'existait ni soufre dans le zinc, ni acide sulfureux, ni acide chlorhydrique dans l'acide sulfurique purifié par le soufre et le chlore dont je viens de faire usage. » Je donnerai maintenant le résumé des conclusions qui découlent des expériences très-précises consignées dans le tableau ci-joint. ( 643 ) » 1°. Le protosulfate de fer en dissolution est un réactif d'une sensi- bilité extrême pour accuser, dans l'acide sulfurique, des traces d'acides azotés (voilà le fait vrai que nous devons à l'observation de M. Desbas- sayns); mais ce n'est pas là un moyen spécial d'analyse quantitative, attendu que les acides azotique, hypoazotique, les azotates, se comportent de la même manière en présence de l'acide sulfurique et du protosulfate de fer. De plus, la combinaison de bioxyde d'azote et de protosulfate de fer dont s'est occupé M. Pëligot, jouit ainsi des mêmes caractères de co- loration quand on la mélange peu à peu à de l'acide sulfurique tout-à- fait pur; » 1". Au contraire, lorsqu'il est question dé reconnaître des quantités notables d'acides azotés libres ou combinés, l'acide sulfurique et le proto- sulfate de fer doivent être remplacés de préférence par l'acide chlorhy- drique et la feuille d'or, portés à l'ébuUition avec la liqueur suspecte , sauf à faire intervenir ensuite le protochlorure d'étain ou la solution d'indigo. On arrive également à de bonnes indications, quand on chauffe légèrement de la tournure de cuivre en contact avec de l'acide sulfurique concentré, dont on aide l'action par une petite quantité d'eau à laquelle on a mêlé la substance à examiner. » S'il arrivait que les vapeurs nitreuses, par ce procédé, ne fussent pas très-apparentes, on n'aurait qu'à les diriger, par un appareil aspirateur, dans de l'acide sulfurique concentré, renfermant à l'avance quelques gouttes de protosulfate de fer en dissolution. » Quant au sulfate de cuivre, il n'exerce, dans les mêmes conditions que le sulfate de fer, aucune action , même au bout de douze heures, ni sur le bioxyde d'azote, ni sur les acides oxygénés de l'azote ou leurs dérivés salins; si M. Desbassayns a observé une coloration , c'est qu'infailliblement son sulfate de cuivre n'était pas exempt de fer; c'est que la cloche rem- plie de bioxyde d'azote n'avait pas été purgée d'air par des lavages au bioxyde d'azote, et que ses dissolutions n'étaient pas privées d'air par une élévation de température convenable; » 4°- Enfin la sensibilité du protosulfate à l'égard d'un acide sulfurique mélangé à des acides hypoazotique, azotique ou des nitrates métalliques, accuse jusqu'à — o-^ï^^ tle ces composés. C.R, i84a, \" Semestre (T. XIV, N" 18.) 88 (644 ) / hypoazotjque, } azotique , ou 10,000 part. SO'H'O et ■jd'ac./ , . , ■ ' r ; \ son équivalent ^ en azotate . . . Rouge vineux intense par le proto- sulfate de fer. Rouge intense avec la narcotine. f ,000,000 1,000,000 1,000,000 1,000,000 5,000,000 i Rouge manifeste avec le protosul- fate. Jaune d'ambre par la narcotine. ( Rouge affaibli avec le protosulfate . " ' ( Jaune d'ambre par la narcotine. / Coloration rouge sensible avec le plus 4 < protosulfate. f Jaune d'ambre par la narcotine. / Rose très-affaibli avec le protosul- plus 3 ) fate . f Jaune d'ambre par la narcotine. , ( Coloration rose à peine sensible. plus» i ^ ,, , '^ , ' ■ ( Jaune tt ambre par la narcotine. . i Coloration équivoque. "^ \ Jaune d'ambre par la narcotine. o A la première inspection de ce tableau on s'étonne , avec raison , de ne pas voir la narcotine présenter des colorations de plus en plus dégra- dées à mesure que les proportions d'acides azotés s'affaiblissent. » Il est à remarquer, en outre, que les nuances des liquides traités par la narcotine, se foncent considérablement en quelques heures, tandis que celles des liqueurs essayées par le protosulfate de fer s'effacent de plus en plus. » Malgré cette opposition de résultats entre les deux réactifs, il est facile de faire un choix au moyen de l'expérience suivante : si l'on prend de l'acide sulfurique purifié par le soufre et le chlore, et si l'on y ajoute, avec les précautions indiquées plus bas, du protosulfate de fer, rien ne se produit; tandis qu'en faisant tomber de la narcotine pulvérisée à la sur- face d'une même quantité d'acide sulfurique recouvert de quelques gouttes d'eau, et faisant le mélange lentement, on obtient encore une teinte jaune d'ambre qui passe au rouge orangé au bout d'une heure environ. B II fautdonc proscrire ce dernier réactif comme infidèle, et conserver le protosulfate de fer. n Voici maintenant les précautions qui se prêtent le mieux au succès de l'expérience : ( 645 ) » Opérer sur 5o grammes au moins d'acide sulfurique, verser à la surface 0*^,5 d'eau distillée, laisser dissiper la chaleur produite par le con- tact des deux liquides, puis ajouter une dixaine de gouttes de protosul- fate de fer, et faire le mélange avec lenteur, pour éviter une élévation de température capable de détruire le composé violet qui prend naissance lors de l'existence d'un acide azoté dans l'acide sulfurique. » M. Jacqdel\in dépose sur le bureau des produits extraits de diverses matières tinctoriales et en particulier de la garance, du bois de Brésil , du curcuma , etc. 11 dépose également divers produits de l'action de l'acide nitrique sur les matières animales neutres. Ces produits sont accompagnés de Notes et Mémoires à l'appui. CHIMIE. — Sur un procédé d'analyse applicable aux sels de baryte, potasse et soude à acides organiques; par M. Gaultier de Claubrt. (Commissaires, MM. Thenard, Pelouze.) « L'analyse d'un sel d'argent ou de plomb à acide organique ne présente aucune difficulté particulière, la base ne pouvant retenir d'acide carbonique à une température élevée. » Il en est tout autrement pour les sels de potasse , soude ou baryte , les carbonates de ces bases pouvant se former à une chaleur rouge, et ceux des deux premières résistant mieux à la température la plus élevée que nous puissions produire. » Il en résulte qu'alors que l'on analyse un sel de potasse, de soude ou de baryte à acide organique, on est obligé, pour doser le carbone, de calculer la proportion d'acide carbonique que retient la base. » Dans un travail sur une série de nouveaux sels dont je m'occupe avec M. le docteur Brame, et dont nous avons déposé les principaux résultats à l'Académie, ne pouvant analyser les sels de plomb ou d'argent , à cause de leur peu de stabilité, il nous a fallu opérer sur ceux de potasse et de soude, (\\ù nous ont offert des anomalies que je n'ai pu attribuer qu'à l'é- tat de la hase après l'opération , et j'ai alors été conduit à rechercher si l'acide carbonique n'y serait pas retenu en plus ou moindre proportion suivant la température et le temps qu'aurait duré l'opération, et le moyen de faire disparaître cette cause d'erreur. » L'emploi d'un acide fixe se présentait tout naturellement à l'esprit , et 88.. ( 646 ) parmi ceux qui pouvaient être mis en usage, j'avais d'abord adopté l'acide borique, dont j'ai indiqué l'effet dans un paquet déposé à l'Académie le Il octobre dernier sous le n" i (i). « Cet acide, employé en proportion un peu plus forte que l'équivalent de l'acide organique, offre cependant des inconvénients qui m'ont fait renon- cer à son action; c'est particulièrement la dureté que prend le produit et l'empêchement que cet état physique apporte quelquefois à la combustion complète du carbone. » L'acide stannique ne m'a pas fourni des résultats plus exacts. » l.e bichromate de potasse peut donc être employé pour les sels de potasse, mais il ne paraît pas se prêter à fournir des résultats constamment exacts. » On pourrait se servir aussi de borate de cuivre ou de sulfate; mais dans le premier cas on retomberait dans les inconvénients signalés pour l'acide borique^et dans le second on compliquerait l'opération par la présence du gaz sulfureux. » A l'exception du dernier sel , il m'a semblé qu'aucun des corps dont j'avais essayé l'action ne pouvait remplir complètement le but que je me proposais, parce que les acides n'étaient pas assez puissants, ou étaient trop facilement décomposés à la température que nécessite l'opération, et sous l'influence désoxygénante de l'hydrogène et du carbone, ou enfin comme l'acide silicique surtout, parce qu'ils donnaient naissance à des produits trop compactes pour être facilement pénétrés par les gaz provenant de l'opération. » Partant alors de cette donnée que les sulfates alcalins peuvent fournir, lorsqu'on les décompose par la chaleur, des poly- ou des mono-sulfures, sui- vantla température à laquelle a été élevé le mélange, l'acide étant plus facile- ment décomposable que l'oxyde, j'ai pensé que le phosphate de cuivre, qui en dernière analyse fournit du phosphure par l'action de l'hydrogène et du carbone, pouvait, dans des circonstances données, fournir du pro- toxyde de cuivre ou du cuivre et de l'acide phosphorique; fait qui s'est réalisé dans les conditions mêmes où se trouvent placés les corps dans une analyse organique, et dont j'ai tiré parti pour dégager tout l'acide carbo- nique dans la combustion d'un sel de baryte, potasse ou soude. (i) Le paquet n° a renferme des résultats rtrangcrs à ce travail et dont je désire que le (li'pôi soit encore conservé. ( 647 ) » Ainsi quand on soumet du phosphate de cuivre à l'action d'un excès de carbone ou d'hydrogène, à une température élevée, il est tout entier transformé en phosphure; mais si l'on en mélange un excès avec une sub- stance organique, et qu'on élève la température, le cuivre est plus ou moins complètement réduit, et le résidu renferme de l'acide phosphorique libre. M II devenait alors sinon certain , du moins extrêmement probable qu'en employant le phosphate de cuivre pour analyser un sel de baryte , potasse ou soude à acide organique , la base ne pourrait retenir d'acide carbonique. Ce nouveau fait s'est complètement vérifié, mais l'état physique du sel influe beaucoup sur les résultats obtenus, et l'analyse peut être manquée lorsqu'on l'emploie à un trop grand état de cohésion, sa décomposition ne pouvant alors avoir lieu qu'en fournissant du phosphure. » Il en résulte qu'il n'est pas bon de chercher à déterminer en même temps, quand on se sert de ce sel, l'hydrogène et le carbone d'une substance organique, parce que, pour avoir le phosphate de cuivre parfaitement exempt d'eau, il faut le chauffer trop fortement, auquel cas il acquiert trop de cohésion et se décompose trop difficilement. < » Le meilleur état sous lequel on puisse le mêler avec lé sel organique est celui qu'il offre quand on le chauffe dans une capsule jusqu'à ce qu'il devienne vert jaunâtre; avant ce moment, il retient souvent de l'eau qui occasionne des projections dangereuses pour l'opérateur; plus loin il ac- quiert trop de cohésion. » On mêle le sel organique avec cinq ou six fois soft poids, au moins, de phosphate; on lave à plusieurs reprises le mortier et le pilon avec une nouvelle quantité de sel et ensuite avec de l'oxyde de cuivre, et l'on con- duit l'opération à l'ordinaire. » Elle marche avec beaucoup de facilité et exige seulement , pour les sels de baryte surtout, une température plus élevée à la fin de la combustion que lorsqu'on analyse des sels de plomb ou d'argent. » Le mélange de phosphate et du sel organique fond presque constam- ment, et laisse un vide considérable dans le tube. » La tournure de cuivre oxydée m'a paru le meilleur oxyde pour ce genre d'analyse. » Je fais toujours passer à la fin de l'opération un courant d'oxygène dans le tube, soit au moyen d'un gazomètre, soit en adaptant à l'appareil une cornue renfermant du chlorate de potasse mêlé d'oxyde de cuivre, et je place constamment après le tube à potasse, un tube à chlorure de calr- cium, dont le poids augmente de i à 5 ou 6 milligrammes » ( 648 ) CHIMIE. — Résumé des recherches sur les combinaisons du sucre de canne avec les bases ; par M. Soubeiran, professeur à l'Ecole de pharmacie. (Commissaires, MM. Thenard , Dumas, Pelouze.) « Les analyses des chimistes fixent la composition du sucre de canne à 4^,16 de carbone et 57,84 d'eau. L'équivalent du sucre fut déterminé par M. Berzélius d'après l'analyse du composé de sucre et d'oxyde de plomb ; il regarda la combinaison comme formée par 2 atomes d'oxyde de plomb et I atome de sucre. M. Péligot fut amené à doubler le poids atomique du sucre. Pour lui le sucre anhydre devint C** H^* O'*, capable de s'unir à 4 atomes d'eau dans le sucre cristallisé, et à 4 atomes de base dans ses au- tres combinaisons. » M. Péligot avait séché la combinaison de sucre et d'oxyde de plomb 3170°. Des doutes s'élevèrent sur le véritable état du sucre dans le corps qu'il avait analysé; ils étaient d'autant plus naturels, que les autres combinaisons étudiées par M. Péligot retenaient toutes une proportion d'eau plus forte : ces doutes prirent plus de consistance lorsque M. Berzélius eut annoncé n'avoir pu retirer qu'un sirop incristallisa!)le du composé de plomb séché à 170". Cependant M. Péligot lit voir qu'une température de 100° était suffi- sante pour débarrasser le sucre plombique de toute l'eau ; il put d'ailleurs en extraire du sucre de canne en cristaux. » L'analyse dusaccharate de baryte donnée par M. Péligot, devint l'ob- jet des critiques de quelques chimistes allemands : ceux qui avaient manié ces sortes de matières devaient avoir peine à admettre que M. Péligot eût pu brûler tout le carbone au moyen de l'oxyde de cuivre. En outre , ce chimiste n'avait tenu compte ni de l'eau ni de l'acide carbonique restés nécessairement en combinaison avec la baryte dans le tube à combustion. M. Liebig, en partant des analyses de M. Péligot, et en corrigeant par le calcul cette cause d'erreur, préféra à la formule de M. Péligot C»* H* 0" + BaO, la formule C"H*°0"'-<-Ba O, qui contient i. atome d'eau de moins (i). Cette correction se trouva bientôt appuyée par une analyse de Stein , faite (i) M. Péligol, en analysant les combinaisons de sucre et de baryte, avait basé sa formule sur le dosage de la baryte toujours très-exact, et il n'avait donné le carbone, qui n'était dosé qu'à peu près, que comme une vérification. C'est donc par erreur que M. Liebig a rectifié la formule de M. Péligot d'après le dosage inexact du car- bone, sans tenir compte de celui de la baryte , le s^l qui fût correct. (J . D.) (649) au moyen du chromate de plomb. Cette analyse de Stein laissait elle-même quelque chose à désirer: elle ne donnait que 3i,o34 à 3i,o3 de baryte, tandis qu'elle aurait dû en fournir 32,09 pour cadrer avec la formule théo- rique. Cette perte de I pour 100 snr la baryte méritait d'autant plus d'at- tention que M. Péligot avait trouvé 3i de baryte, et que par conséquent la proportion réelle de baryte semblait exactement déterminée. »M. Liebig, dans son Traité de Chimie, a adopté le poids atomique ancien du sucre de canne (2137,37). S'il ne dit pas les motifs qui l'ont empêché d'accueillir le poids atomique double proposé par M. Péligot , il est à sup- poser que dans le travail de M. Péligot, la combinaison du sucre decanne avec le sel marin pouvant seule rendre obligatoire l'adoption de ce poids atomique double, le chimiste de Giessen n'a pas accordé une valeur déter- minante à l'analyse d'un corps que l'on n'obtient qu'à grand peine au mi- lieu d'une liqueur visqueuse et qui n'avait pu être purifié par des cristalli- sations répétées. » Cet exposé suffit pour montrer pourquoi, malgré le travail de M. Pé- ligot, M. Soubeiran a cru nécessaire de faire de nouvelles recherches sur les combinaisons du sucre de canne avec les bases. Dans l'examen de ces com- binaisons, les obstacles naissent principalement de la difficulté que l'on éprouve à brûler le carbone. M. Soubeiran est parvenu à obtenir une com- bustion complète au moyen du chromate de plomb qu'il a employé en grande proportion, et qu'il a mélangé avec un peu de chromate acide de potasse pour éliminer du tube à combustion jusqu'aux dernières parties d'eau et d'acide carbonique. » Les combinaisons du sucre avec la baryte , la chaux , l'oxyde de plomb et la soude, ont été successivement analysées. L'examen des combinaisons de chaux a amené un résultat important. En outre du composé qui contient 14 pour 100 de chaux, et sur lequel M. Péligot avait porté son attention sans en faire une étude suivie, la chaux peut former une autre combinai- son avec le sucre; celle-ci contient 5 de son poids de chaux ; elle a ceci de remarquable, qu'elle a le plus de tendance à se former. On l'obtient chaque fois que le sucre est mis en contact avec un excès de chaux. Cette combi- naison est importante pour la théorie, car elle nous offre uii composé dans lequel 3 atomes de base alcaline sont combinés avec 1 atome de sucre. Les combinaisons de soude et de potasse offrent aussi sous ce rapport un intérêt particulier. Un atome de sucre y est combiné avec un seul atome de base. ( 65o ) » Les recherches de M. Soubeiran l'ont amené à établir la série suivante : Sucre anhydre. C"< H'^ 0'« = Su Sucre cristallisé Su + 4-^1 Sucre quadriploinbique. . .•. Su + 4PbO Sucre tricalcique. Su + < . " Sucre bicalcique Su + < . "^ l 2Aq «..,.. c . i 2(BaO + Aq) Sucre bibary tique Su + < ^ ^ Sucre potassique Su + KO et probablement Su + { ^''^^'î^ 3Aq c . 1 • c , $ NaCl' Sucre et sel mann Su + < _ . ( 3Aq « » Il est fort remarquable que tandis l'oxyde de plomb élimine toute l'eau basique du sucre, les combinaisons avec les oxydes alcalins retiennent toute l'eau que le sucre cristallisé contenait, et peuvent être tout aussi bien représentées par une combinaison de sucre cris,tallisé avec les bases que par la série précédente, pour laquelle il faut admettre que le sucre s'est combiné avec ces bases, sans pouvoir en éliminer l'eau. Cette dernière théorie, fort simple, a été admise par M. Péligot; il se pourrait cependant que les faits observés tinssent à la constitution intime de la molécule de sucre et à la différence qui en résulterait dans l'action d'oxydes différem- ment réductibles. » En résumé, les expériences de M. Soubeiran confirment les conclu- sions du travail de M, Péligot, sur la constitution du sucre; elles font dis- paraître les causes d'incertitude que ce chimiste n'avait pas évitées, et elles appuient les résultats sur des données nouvelles et plus certaines. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Noiiveau sjstème de régulateur à force centri- fuge, réglé par un mojen mécanique, et appliqué à l'horlogerie; par M. Auguste Jacot. (Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Francœur.) « Trente années de persévérance et d'assiduité dans l'art de l'horlogerie, m'ont complètement convaincu de l'impossibilité de construire un chrono- ( 65. ) - mètre parfait avec le système suivi jusqu'à ce jour : je veux dire l'échap- pement, le spiral et la compensation. Voyant avec peine l'insuffisance des résultats obtenus, et sentant vivement toute l'importance d'une marche plus parfaite, surtout pour la marine, j'ai tenté, par un moyen mécanique, d'obvier à des difficultés insurmontables jusqu'à ce jour. » Pensant aux avantages que devait avoir un mouvement de rotation continu sur celui de va-et-vient causé par le spiral , j'ai adapté sur le régu- lateur de ma montre un appareil excentrique et un effet de force centri- fuge réglés par un procédé de mon invention. Dix ans d'un travail non interrompu et d'observations journalières, m'ont convaincu de toute la supériorité de ce procédé , et les résultats que j'ai obtenus me prouvent une régularité de marche supérieure à celle des instruments connus. » Tous les mécaniciens qui se sont occupés de la construction d'instru- ments de précision ont dû se convaincre que l'usure est beaucoup moins sensible dans le mouvement de rotation continu que dans le mouvement alternatif; de plus, l'huile y conserve sa limpidité mieux que dans celui qui n'agit qu'instantanément. » Je n'ignore pas toutes les objections qui pourront m'étre faites sur la difficulté de régler un mouvement de rotation continu, si l'on raisonne dans l'hypothèse d'un équilibre entre la force motrice et le régulateur, mai]8 je ne suis nullement dans ce cas. " » Voici comment je procède : I^orsque je construis une machine quel- conque , après avoir déterminé le nombre de tours que devra faire le volant ou régulateur, je calcule quelle devra être la puissance de la force motrice; cette puissance connue, je l'augmente d'un quart pour vaincre la résistance causée par les frottements, et alors je suis assuré d'un moteur capable de surmonter les obstacles qui tendraient à donner du retard à la marche; mais cette force nécessaire à la sûreté de l'instrument est trop grande pour avoir un mouvement uniforme sans le secours d'un régu- lateur. » Pour vaincre cette difficulté, j'ai imaginé l'appareil déjà cité, et qui consiste, comme il a été dit, en un effet de force centrifuge, établi sur le régulateur même. » La puissance de cette force centrifuge n'étant due qu'à la vitesse d'un mouvement quelconque, il est constant que si, par un procédé mécanique, je puis la faire agir avec sûreté de manière à établir un point de résistance tel que le régulateur ne puisse, dans aucun cas, dépasser le nombre de tours déterminés à l'avance, sans être ensuite forcé de perdre ce qu'il aurait C. R., 1842, i" Semestre. (T. XIV, N" 18.) 89 ( 652 ) gagné, il est constant, dis-je, que j'obtiendrai un résultat exact malgré l'irrégularité presque continuelle du mouvement. Cette irrégularité est, du reste, si peu sensible, que l'œil le plus exercé ne saurait l'observer sur l'ai- guille des secondes : c'est aussi sur elle que je fonde l'espérance d'obtenir des résultats exacts, bien convaincu que la parfaite uniformité dans la marche d'un rouage est la cause qui tend le plus à le faire passer d'un côté ou de l'autre du point exact. » Le régulateur consiste en une petite barre d'acier enarbrée sur le pi- gnon qui engrène à la dernière roue; à chacune de ses extrémités est fixée une fraction de cercle taraudée , dont l'une porte des poids destinés à établir l'équilibre; sur l'une de ces extrémités est aussi ajusté un levier mobile qui obéit à la force centrifuge. Un bras d'acier fixé au centre porte un ressort qui appuie contre ce levier, à l'autre extrémité duquel est ajusté un poids plus ou moins lourd, selon la puissance que l'on veut donner à la force centrifuge. Si le régulateur vient à dépasser le nombre des tours déterminés par le calcul , la masse fixée sur le levier tend naturellement à s'écarter du centre , ce qui fait obéir le ressort. Celui-ci en rentrant vers le centre ren- contre une levée à double effet, fixée sur la platine, et la résistance qu'il en éprouve lui fait perdre de la vivacité de son mouvement. Tous les chan- gements de température sont sans effet sensible sur ce mode de régula- teur; je me trouve donc, par sa construction, dispensé d'avoir recours à aucun moyen de compensation artificielle. » M. Novgarède adresse un Mémoire ayant pour titre ; « Considérations sur la constitution intime des corps. » (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas, Regnault.) M. E. Robert présente une scie à deux Jèuillets, destinée principalement pour les usages de la Chirurgie. Lorsque, par suite d'un rapprochement des parties déjà divisées, la lame d'une scie ordinaire se trouverait gênée dans ses mouvements, la double lame de la nouvelle scie se divise , un des feuillets demeure immobile et fait l'oflice de coin , l'autre continue à fonctionner et est désormais soustrait à la pression qui tendrait à arrêter sa marche. M. Robert avait déjà présenté à l'Académie, au mois de février dernier, une scie construite dans le même but; mais celle-ci est d'une construc- tion plus simple, et, suivant lui, d'un usage plus facile. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) ( (m ) M. Petit, de Maurienne, qui avait présenté pour un concours de Fa fon- dation Montyon plusieurs Mémoires concernant les « habitations considé- rées sous le double rapport de la salubrité publique et privée », adresse au- jourd'hui, conformément à une décision prise par l'Académie relativement à ces concours, un résumé de son travail avec l'indication des parties qu'il considère comme neuves et comme méritant d'attirer plus spécialement l'attention de MM. les Commissaires. (Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) <^ >■ M. Lecomte , en qualité de fondé de pouvoirs de M. de Beurges, adresse un exposé des expériences qui ont été faites par quelques-uns des fabri- cants admis à concourir pour la fourniture d'un papier de sûreté demandé par M. le Ministre des Finances. (Renvoi à la Commission des encres et papiers de sûreté.) MM. LiVALLÉE-DcpERROBx ct Leforestier adressent la description et la figure d'un appareil destiné à indiquer de jour et de nuit aux navires qui ont besoin d'entrer dans un port, la hauteur de l'eau dans la passe. Il existe déjà, sur plusieurs points de nos côtes, des appareils construits dans le même but, mais dont les indications en général ne sont données que pen- dant le jour, et sont toujours sujettes aux erreurs que peut commettre l'homme chargé de changer les signaux à mesure que la marée amène des variations notables dans la hauteur des eaux. Dans le sy.stème proposé par MM. Lavallée et Lejorestier, ces erreurs ne seraient plus possibles puisque le mouvement de l'indicateur serait déterminé par celui d'un flotteur montant et descendant avec la marée. (Commissaires, MM. Mathieu, Beautemps -Beaupré, Roussin.) M. Marie adresse une addition à un Mémoire qu'il avait présenté dans la dernière séance sur V interprétation de la solution algébrique d'un problème de géométrie quand les valeurs des inconnues j prennent des formes ima- ginaires. (Renvoi à la Commission nommée.) M. DuMOisTHiER soumet au jugement de l'Académie deux modèles d'armes 89.. ( 654) destinées principalement aux besoins de la marirte militaire et dont chacune esta la fois une arme à feu et une arme blanche. Ces modèles, fort bien exécutés, ont été mis sous les yeux de l'Académie. (Commissaires, MM. Roussin, Piobert, Séguier.) L'auteur d'une pièce adressée au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon , transmet quelques explications concernant l'appareil chirurgical qui fait l'objet de son Mémoire. (Commission chargée de l'examen des pièces présentées au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Leymerie envoie comme documents pour la Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours' pour le prix concernant la vac- cine ^diverses considérations qui lui sont propres, et la traduction deplu- sieurs fragments des écrits de Jenner sur le même sujet. (Renvoi à la Commission du prix de vaccine.) CORRESPONDANCE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur l'usûge du cttlcul des variations pour l'intégration des équations à dérivées partielles du premier ordre , renfermant un nombre quelconque de variables indépendantes; par M. J. BiNET. « L'intégration de l'équation à dérivées partielles du premier ordre a offert de grandes difficultés aux analystes : quand les dérivées partielles n'y entrent que sous la forme linéaire, la méthode de Lagrange ramène l'in- tégration à celle d'un certain système d'équations différentielles ordinaires, et l'usage à faire des intégrales de ces formules y est prescrit avec précision et ne laisse aucune incertitude. Il n'en est pas ainsi de l'équation générale: les recherches de Lagrange, de Legendre, et celles que M. Lacroix rap- porte d'un ouvrage inédit de Charpit, ont fourni des équations différen- tielles ordinaires dont les intégrales doivent concourir à la composition de l'équation primitive demandée; mais il est resté de graves incertitudes sur les combinaisons à faire de ces intégrales, pour arriver régulièrement à la solution complète; et au delà du cas de deux "variables indépendantes, le ( 655 ) problème était très-incomplétemeut résolu quand M. Pfaff publia de pro- fondes recherches sur cette matière , considérée comme application d'une théorie plus étendue sur les équations différentielles linéaires. Un autre principe a conduit M. Cauchy à traiter l'équation du premier ordre à dif- férences partielles et à former l'intégrale générale avec fonction arbitraire. [Bulletin de la Société Philomatique, année 1819.) Dans ce Mémoire on voit clairement que le seul système des équations différentielles de Charpit, pour un nombre quelconque de variables, résout complètement le pro- blème sur lequel l'auteur annonce devoir fournir d'autres développements concernant la méthode de Pfaff. » Une découverte de M. Hamilton, relative à des formules de la Dyna- mique, a dû attirer fortement l'attention des analystes, dans ces derniers temps, sur le mode de formation d'une équation à dérivées partielles parti- culière, provenant d'équations différentielles ordinaires. Cette découverte, amenée par le principe de la moindre action, a été, pour M. Jacobi, l'occa- sion de vastes recherches qui, selon son expression, engrènent profondé- ment dans la science analytique; et il en a déduit pour la méthode de Pfaff, appliquée à l'équation à dérivées partielles, un perfectionnement inespéré. A juste titre il le regarde comme fondant une théorie nouvelle pour cette branche difficile du calcul intégral. '» J'exposerai rapidement, dans cette Note, un procédé fourni par le calcul des variations combiné avec les considérations ingénieuses de M. Ha- milton, et qui conduit presque immédiatement à la composition du système des équations différentielles ordinaires, que l'on n'a obtenue jusqu'à présent que par des théories plus compliquées: la formation de l'équation à déri- vées partielles devient une conséquence naturelle du caractère des inté- grales complètes de ce système d'équations différentielles ordinaires. Un simple renversement dans l'ordre des opérations montre la marche à tenir pour l'intégration : ainsi la suite des transformations se présente partout avec précision, sans ambiguïté, et de telle sorte qu'il ne reste rien d'arbi- traire dans l'office à remplir par chaque équation , pour la composition de l'intégrale, complétée par autant de paramètres qu'il y a de variables indé- pendantes. Cette voie nouvelle pour traiter une théorie importante, qui a longtemps paru fort épineuse, me semble pouvoir intéresser les géo- mètres, à raison de sa simplicité relative : la même analyse m'a déjà servi à intégrer l'équation qui ne contient que les dérivées partielles de la fonction principale sans renfermer la fonction elle-même [Journal de V École Polj- technique, tome XYÏll), et je complète ici le cas général que je n'avais ( 656 ) pas réussi à soumettre à cette méthode. Mais je répète, sans détour, que les travaux de l'illustre M. Jacobi avaient aplani la plupart des diflficultés et avaient répandu beaucoup de clarté sur le sujet de cette Note , où il s'agit de trouver l'intégrale complétée par des constantes arbitraires. Il sera plus amplement exposé dans un Mémoire spécial dont je m'occupe actuellement. » Je désigne par X, J?, , j:,,. . ., or, , m, , «,,. . .,«, des fonctions d'une va- riable indépendante j? , et leurs dérivées le seront par X', a:,', etc. : on les suppose d'abord liées par l'équation différentielle l X.' = u,x[ + u,x' + . . . + «„j:; ( H- F(X, a:, a:,,. . . , jr„, M,,.. ., tt„)|j en sorte que les dérivées X', x\ n'entrent qu'au premier degré dans cette formule, où F est une fonction quelconque des quantités X,iC, j:,,. . ., i<,. La variation par S' de cette formule, où x ne reçoit pas de variation, sera J^X'=2«,J'a:; + 2[^;-f-F'(«,)]ertt,-t-2F'(a:,)cra:.4-F'(XyX; les F' (a:,), etc. sont des dérivées partielles. On obtiendra la variation «TX que doit donner cette équation , en la multipliant par Xdx et en intégrant par parties les termes qui renferment des S'x'i dx^ etc. , selon les procédés ordinaires de Lagrange; on forme donc sur-le-champ l'équation A«rX — KS.u.Sx = f[dA-{- dxKf (X)] J X + 2 [A F' (x.) dx — d{x «,) ] j'x, + 2 [A F' («,; dx + Xdx,] cTf/. ; la variation JX est engagée sous le signe /; mais on peut disposer du facteur A en posant ^ + AF'(X) = o, et l'équation fournit alors l'expression de cTX : elle devient remarquable et délivrée du signe^ lorsqu'on dispose des variables x, et «,, qui sont en nombre 2/î, de manière à satisfaire aux équations de cette forme X¥'{Xi)dx — d{hUi) = o, F'{u,)dx-\-dXiZ=o. Ces équations répondent aux premières conditions à remplir pour que la C657 ) fonction X devienne un maximum ou un minimum, parla détermination à donner aux fonctions x, et m.; mais ce n'est pas la considération dont nous voulons suivre les conséquences. En éliminant dK de la première formule à l'aide de sa valeur, on a l'équation «; = F'(a:,) + tt,F'(X): ainsi en déterminant les X, a",, m, qui sont au nombre de \ -\- lu par les équations dérivées du premier ordre iX' = 2 UiX[ 4- F (X, X, X,,..., x„, u,,..., «„), «; =¥'(x,) +«,F'(X), x;=:-F\u.), où l'on emploiera pour /tous les entiers i, 2,. . ., nj les fonctions prove- nant de l'intégration complète des équations (2) satisferont à l'équation (3) A(J^ X — 2 M.cTa:.. ) = constante = A»(J'X° — 2 w^cTar?), formule dans laquelle on dénote par X°, x% u% les valeurs des variables répondant à une grandeur donnée j? = O"' de l'indépendante x. » Les équations (2) étant intégrées, fourniront toutes les fonctions va- riables à l'aide de 2/2 -j- i constantes arbitraires a, a„. . ., a„, et de x, et spécialement les fonctions X, a:, : en posant, dans ces w+i fonctions, x = x°, on aura X", et les x° par i-f- ra équations : de ces an -j" a formules on éliminera les a, a,,. . .,«,„, et l'on obtiendra enfin une expression de X (l'une composition particulière, et formée à la manière de M. Hamilton , savoir : ' i \o 'r-° t" t" laquelle étant différentiée par $^ qui laisse toujours x invariable , donne J^X = 24' (x,) cTa:, H- 2 4' {x^^i^x". + 4' (X") «TX». . Cette valeur de cTX, substituée dans l'équation (3), permettra la comparai- son des termes affectés des mêmes variations, et il en résulte des équations de la forme j 4' (^.) - «. = o, A4' (a:°) H- À««? = o, (^^ . A4'(X0-A° =0, (658) • ::::.... ou bien, par l'élimination de —, (5) 4'(a-,) — «, = o, ^^'(a:°;+«J4'(X•) = o. On' reconnaît aiséinentque les 2« égalités obtenues en écrivant i=i, 2,.. ,n, jointes à X = -xl., tiendront lieu du système des intégrales complètes des formules (2); et elles peuvent être prises pour ces intégrales elles-mêmes : les an + i paramètres arbitraires seront X° et les x% u]. Mais et l'on a, en différenciant par doc l'équation X = •>/., dX =. 4' ix)dx + 7.-\>'ix)dx, == {^\ dx + S.wx'Jx = X'dx. Cette valeur de X', substituée dans(i), donnera, après avoir enlevé la par- tie 2 u,x/, commune aux deux membres, TV V dans cette équation on remplacera les u, par des ( n— j; cela donne l'éqi tion à dérivées partielles (6) Q=F[x,.,.„...,i..(-). (g) (g)], à laquelle satisfait la valeur — ^ (x-, <,..., i: i' jointe à celles des X; que donnent les formules celles-ci contiennent, en effet, les a-,, avec les n+i paramètres X*, x° , et de plus n autres paramètres m,°. Ces dernières arbitraires u° montrent facile- ment que l'équation à dérivées partielles sera vérifiée indépendamment de (659) toute relation entre les o", et x, c'est-à-dire, absolument comme si lésa:', avaient toujours été des grandeurs indépendantes entre elles; il en résulte que la valeur X zs-vl^, qui contient n -f- i paramètres arbitraires, et où l'on traitera les x, x^, jr, , comme des quantités indépendantes, satisfait à l'équation à dérivées partielles , et qu'elle en est une intégrale complète, dont on pourra ensuite déduire des intégrales générales avec des fonctions arbitraires selon les procédés enseignés par Lagraiige. «Lorsque l'on donne l'équation à dérivées partielles (6), on peut aisément retrouver le système des équations dérivées du premier ordre (2); pour cela il suffit d'y rétablir les lettres «, à la place des fx-)» et de l'écrire sous la forme ou bien X'=2M,.r; + F (X, j:, X, , . . . , x,„ «„ . . . , u,) ; et de lui adjoindre les in formules différentielles (a) ^/ = -F'(m,), «; = F'(^,)-f-«,F'(X), où les F' (m,), F' (x,) sont des dérivées partielles de la fonction donnée F. Ayant ce système des équations (2) , on procédera à son intégration géné- rale avec2n-f-i constantes arbitraires, en regardant, provisoirement, les M, et les Xi comme fonctions de l'indépendante x; après quoi l'on formera, ainsi qu'il a été expliqué ci-dessus, la valeur de X , exprimée par les variables x,Xt,x^, ...,x„, et par les paramètres X", x\,xl, . . . , a?° , savoir, V I ) ^) -^l ) ^%l • • •> "^n Ce sera une solution complète de l'équation à dérivées partielles du premier ordre, a n-\- i variables indépendantes. » Cette méthode exige que X soit réellement une fonction de x et de 2n+ I constantes arbitraires a,a,, . . ., a„, et à cet égard le cas de l'é- quation linéaire à dérivées partielles semble demander à être traité à part: la méthode de Lagrange l'a complètement résolu. " » On a supposé que l'équation (6) était résolue par rapport à la dérivée C. R. , 184a, i" Semestre. (T. XIV, N» 18.) QO ( 66o ) partielle ( — j = u; lorsque l'équation sera donnée sous la forme O (X, X, x„ . . ., X,, u, u„ . . ., mJ = o; on devra substituer dans les équations (a) les valeurs suivantes , à la place des dérivées F'(X), F'(j:,) , etc. : ^W=-^J. ^'(-') = -V§y r'(".-)=e.c.; et l'on pourra mettre le système des équations dérivées , à intégrer complè- tement, sous cette forme dx dx, dxi — dui rfX *'(«) *'(",) ■■■ *' (Wi) ' (Xi) + Uj *' (X) ■■■ SUi *'(«,)■ Dans le dernier terme 2 u,- O' (m,) = u 4>' (m) + u^ ^'''>'''< 'if9«x«a!.' -s'nfi tn;^i '^b iuMml ;,iii ,lfi9molusa>i;hjo/ M. Larrey annonce son prochain départ pour l'Algérie, oii il se rend par ordre de M. le Ministre de la Guerre, qui l'a chargé de l'inspection mé- dicale de l'armée d'Afrique. M Larrey se propose de recueillir, pendant son séjour dans ce pays, des observations sur les points qui lui paraîtront de nature à intéresser l'A- cadémie, et si elle avait quelques indications à lui donner,à cet égard, 41 ^'efforcerait d'y satisfaire. BOTANIQUE. — Notc sur ufi nouveau mais; par M. Bonafous. iir > .lii « Parmi les nombreux maïs cultivés dans le jardin de naturalisation que je dirij^e, il en est un qui mérite d'être l'objet d'une Note supplémen- taire à mon Histoire naturelle, agricole et économique de cette céréale. ( 684') Son épi, un peu plus long que celui du maïs quarantain [Zeamayssub- prœcox) , se distingue par la forme de ^on s^rain terminé en pointe re- courbée. J'avais d'abord présenté ce maïs , il y a quelques années , à la , Société royale et centrale d'Agriculture comme une simple variété, sous le nom de mais à bec (Zen majs rostrata) , lorsque j'appris que M. Robert Brown possédait, dans son cabinet carpologique , un épi parfaitement sem- blable, travaillé en pierre dure avec beaucoup d'art. Ce maïs, trouvé dans une rivière au Pérou , fut envoyé à cet illustre botaniste comme une vé- ritable pétrification , mais il fut bientôt reconnu pour ce qu'il était vérita- blement. M. Robert Brown conclut de cette découverte que ce maïs devait étie connu bien anciennement des Péruviens , ce qui m'a déterminé à en constituer une espèce : Zea roslrata , seininibus mucronatis. n Aussi précoce et plus productif que le quarantain, ce maïs, qui se perpétue sans variation toutes les fois qu'on le sème isolément , mérite en même temps l'attention des botanistes et des cultivateurs. » M. Flourens, en mettant sous les yeux de l'Académie la Réponse de MM. JoLY et BoisGiRAUD aîné à une réclamation de M. Dutrochet, insérée dans les Comptes rendus des séances de l'académie des Sciences t. XIV, p. 577, fait reinarquer que les auteurs de cette Note, ainsi qu'ils Ia disent eux-mêmes dans I3 Lettre d'envoi, n'ont eu aucunement l'in- tention de porter une accusation contre M. Dutrochet, et qu'ils ont voulu seulement, en rappelant ce qu'il semblait y avoir de commun dans leur travail et celui du savant académicien , faire constater leurs droits à la priorité. Note de MM. Joly et Boisgir/\ud. ^ «' Après àVôir pris connaissance du nouveau livre de M. Dutrochet, ih- titulé : Recherches physiques sur lajorce épipolique, nous avons dit que noïis croyons ne pas être étrangers aux modifications importantes que ce savant académicien a fait subir à ses anciennes théories sur la cause des mouvements du camphre et de la circulation àw Chara fragilis. Nous avons même avancé que M. Dutrochet nous a fait assez souvent l'honneur d'adopter nos idées, sans indiquer toutefois la source où il les a puisées. Cet habile phy- siologiste déclarte aujourd'hui qu'il lui est impossible dèdeviner cesemprunts prétendus, et il nous demande de les Spécifier. Obligés, quoique à regret, ( 685 ) de répondre à sa réclamation, et désireux de terminer le plus tôt possible un débat où les personnes pourraient paraître plus intéressées que la science elle-même, nous chercherons à rendre nos explications tout à la fois courtes, claires et précises. « Nous avons démontré, ce nous semble, q,ue la plupart des erreurs com- mises par M. Dntroctiet, étaient dues uniquement au défaut de propreté des appareils dontii s'était servi. Nous avons insisté longuement et à plusieurs reprises sur cette cause de si mince valeur en apparence , et cependant si importante par les résultats auxquels elle avait conduit le savant auteur de la découverte de l'endosmose. Enfin, nous avons indiqué et recom- mandé une foule de précautions minutieuses, mais tout à fait indis- pensables à la réussite complète de ce genre d'expériences. » Cependant, à en juger par les expressions de M. Dutrochet, ce serait lui-même qui aurait découvert la cause de ses erreurs, car il dit, page 24 de ses Recherches sur lajorce épipolique : « Pour ce qui est de l'arrêt des » mouvements du camphre lorsqu'on touche l'eau avec certains corps so- » lides , l'expérience apprend que cet arrêt n'a lieu que lorsque ces corps » sont gras ou enduits d'une couche, même imperceptible , de graisse ou » d'huile, qu'ils peuvent tenir, par exemple, du contact des mains. » » Et plus loin, page g'6 : « J'ai reconnu que jamais l'immersion d'un corps » solide, quel qu'il soit, dans l'eau sur laquelle se meut le camphre, n'ar- » réte le mouvement de ce dernier, à moins que ce corps ne soit gras ou 1) enduit d'une matière grasse souvent inaperçue. » » Nous demanderons à M. Dutrochet s'il s'agit, dans le premier de ces passages, de ['expérience qu'il a lui-même acquise , ou des expériences que nous avons faites longtemps avant lui pour prouver que : M 1°. Les corps solides plongés dans l'eau, n'arrêtent le mouvement du camphre qu'autant qu'ils sont imprégnés de matières grasses; )) 2°. Ils ne possèdent jamais le pouvoir tantôt stimulant, tAntôl sédatij, que M. Dutrochet leur avait attribué dans son premier Mémoire ; » 3°. Les doigts de l'homme eux-mêmes n'ont pas à cet égard plus de puissance que tous les autres corps ; M 4°- ^i l'eau , ni les vases qui la contiennent ne possèdent une activité propre, dont le camphre serait, en quelque sorte, le révélateur; )) 5°. Le camphre, dans quelque circonstance qu'il soit placé, ne pré- sente jamais le phénomène physiologique de l'habitude ; » 6°. Enfin, moyennant les précautions que nous avons recommandées. ( 686 ) le camphre se meut à la surface de l'eau (et du mercure) quelles que soient la nature, la profondeur des vases et la manière dont le liquide y est versé. M IjCS deux passages cités plus haut suffiraient à eux seuls pour faire pen- ser que notre illustre adversaire s'est laissé influencer à son insu, si ce n'est par la lecture de notre Mémoire , du moins par celle de nos conclusions in- sérées dans les Comptes rendus, tome Xll, page 690. » Aussi, pleins de confiance dans la justice du tribunal devant lequel M. Dutrochet a jugé à propos de nous faire comparaître, nous nous gar- derions bien d'abuser plus longtemps de l'attention de l'Académie, si l'auteur de la réclamation ne nous imposait l'obligation de spécifier tous les passages qu'il appelle des emprunts prétendus. Nous nous bornerons toute- fois à citer naturellement ceux qui nous ont paru mériter le moins cette dé- nomination. Et d'abord nous demandons à l'Académie la permission de transcrire ici ce que nous avons dit, dans notre Mémoire, à propos des soins de propreté sans lesquels les expériences relatives aux mouvements du camphre ne donnent jamais des résultats exacts. « La surface des vases et des différents objets qu'on emploie pour ces » expériences est généralement recouverte d'une légère couche de substance » étrangère, très-probablement de nature grasse pu huileuse. Des lavages » répétés à l'eau froide ou chaude ne suffisent pas pour les nettoyer entiè- » rement : il faut avoir recours à des moyens plus énergiques. Nous avons » obtenu de très-bons effets des acides sulfurique et nitrique étendus ou » concentrés , à l'emploi desquels nous faisions succéder le lavage à l'eau » froide. Nous avions soin d'essuyer nos appareils avec un linge blanc de » lessive, qui ne servait qu'à cet usage et que nous renouvelions souvent, » parce que, imprégné des émanations des doigts, il salissait nos vases au 5J lieu de les nettoyer. Quelquefois même, après avoir essuyé nos appareils, » nous étions obligés de les laver à grande eau, afin d'éviter, autant que » possible , toutes les causes d'erreur. Nous apportions surtout l'attention w la plus scrupuleuse à ne pas les toucher avec les doigts , dont les émana- » tions, comme nous l'avons déjà fait observer pour le linge, auraient dé- » truit l'effet du nettoyage. Toutes ces précautions étaient rigoureusement M indispensables , lorsque nous nous servions de vases ou de tubes de verre ; » car il est extrêmement difficile de rendre ces vases entièrement propres. » Ce n'était qu'au moment où l'eau en mouillait uniformément les parois » que nous nous décidions à commencer nos diverses expériences. Te l est (€87) » en effet, le signe auquel .oa) reconiuaît que le \ierre est à peu près etitiè- » iwuient débarrassé fies nxatières grasses ou h.uileoses qui le salissaient. » Ck\ peut encore nettoyex les vases vilr<îux ou aiétailiques enles soumettant » à une haute température , qu'il est quelquefois nécessaire (le porter jus- }) qu'au rouge. « (Ployez noire Mémoirt' , p, to.) » Dans ses Mémoires sur les mouvements dn campJire, Bénédict Prévost lui-même avait déjà fait pressentir la «écessifé de nettoyer avec soin l«s vases employés pour ses expériences. // lavait avec de la lessive ceux dont il se servait. Mais, tout en citant les travaux de cet illustre physicien , M. Dutro- chet avait négligé les précautions qu'il indique, il est vrai, sans s'y appe- . santir. C'est donc notre Mémoire, et non ceux du professeur de Montauban, qui paraît avoir mis M. Dutrochet sur la voie des rectifications qu'il a fait subir à ses anciennes idées j c'est à nous, ce nous semble, qu'il a emprunté les détails qui vont suivre : » Nous lisons, page 27 des Recherches sur la force épipolique : « Les » surfaces de verre, telles qu'elles sont généralement à notre disposition, » ne sont jamais neuves... Très-.souvent elles ont reçu un enduit gras par » le contact des mains de l'homme ou autrement. 11 est essentiel de les » débarrasser de cet enduit étranger pour les employer aux expériences » relatives à la force épipolique. Pour cet effet, il faut laver la .surface du » verre, d'abord avec de l'acide sulfurique concentré, ensuite laver » cette surface à grande eau, puis la laisser sécher dans une situation » inclinée , afin que la majeure partie de l'eau qui la mouille puisse » s'écouler. » » M. Dutrochet est aujourd'hui tellement convaincu de la nécessité d'o- pérer avec des appareils d'une propreté parfaite, que, pour obtenir des surfaces exemptes de tout enduit gras, des surfaces neuves, comme il les appelle , il brise des vases de cristal à parois épaisses, et porte le scrupule jusqu'à éviter de toucher les Jragments avec un lingesec et en apparence bien propre ( p. 26). » Nous avons dit, p. 21 de notre Mémoire, que pour salir des tubes de verre, et pour arrêter par leur contact avec l'eau les mouvements du cam- phre, il suffit de frotter ou de toucher simplement ces tubes avec les doigts, quelquefois seulement de les essuyer avec des linges propres, du moins en apparence. » M. Dutrochet s'exprime ainsi, p. 26, à propos de l'influence des éma- nations organiques : « On peut penser que des émanations organiques, tou- C. B., 184a, i«r Semestre. (T. XIV, N» 191 94 ( 688 ) » jours répandues dans l'air des appartements habités , s'étaient condensées » et fixées, d'une manière inaperçue, sur ces surfaces de verre, et leur » avaient fait perdre leur force épipolique naturelle. » « La poussière et les émanations de toute espèce qui sont mêlées à l'air » des appartements, disions-nous, page 12 de notre Mémoire, suffisent » pour introduire dans les expériences des causes graves d'erreur. » « Il suffit, ajoute M. Dutrochet, page 89, que le vase qui contient l'eau, » surtout si ce vase est petit, ait ses parois enduites, d'une manière tout à M fait inapercevable , par des matières grasses, et même généralement par » des matières animales, pour que le mouvement du camphre ne puisse » avoir lieu sur l'eau contenue dans ces vases. Cette excessive facilité avec » laquelle sont arrêtés les mouvements du camphre sur l'eau , est une cause » d'erreur très-difficile à éviter dans l'appréciation des circonstances dans » lesquelles ce mouvement peut ou ne peut pas avoir lieu. « » Si l'on compare le paragraphe qui précède avec ce que nous avons dit, page 21 et suivantes de notre Mémoire imprimé, on sera peut-être étonné de voir entre les idées de M. Dutrochet et les nôtres une ressemblance au moins si singulière. » Afin d'abréger cette discussion, à notre avis déjà beaucoup trop longue, nous nous contenterons maintenant d'indiquer les passages du livre de M. Dutrochet où nous avons cru nous retrouver nous-mêmes. Les voici : » Page 22, ligne 27 : « Prenons pour exemple, etc. » » Page 26, ligne 20 : « J'ai conservé dans un tiroir, etc. » » Page 28, ligne 1 : « La surface des métaux polis, etc. » » Page 64, ligne 16 : « Je ferai observer, etc. » « Page 92 , ligne 2 : « Je dois dire que le vase , etc. » » Tels sont les passages sur lesquels nous nous sommes basés pour rap- peler à M. Dutrochet qu'il avait oublié de mentionner la source où il avait puisé. Quelle que soit la valeur qu'on attribue à ces emprunts qualifiés de prétendus j il n'en reste pas moins démontré à nos yeux que notre illustre adversaire a complètement abandonné ses anciennes théories. Notre but serait atteint si l'auteur des Recherches sur la force épipolique n'avait pas aujourd'hui recours à des principes que nous ne saurions non plus adopter, et qui nous paraissent d'autant plus dangereux qu'ils ont l'appui d'un nom plus imposant. » ( 689 ) PHYSIOLOGIE. — Sur le mécanisme des mouvements du cœur et sur les causes du bruit précordial. — Extrait d'une Note de M. Ghoriol. « J'ai été amené par l'examen comparatif du cœur chez l'homme et les quadrupèdes, et par la disposition des fibres musculaires de cet organe, à cette conclusion, que le cœur tournait sur lui-même, ou plutôt se tordait dans la systole et se détordait dans la diastole; cette prévision, j'ai pu la constater définitivement , i* sur les animaux, en mettant le cœur à nu et y implantant de longues aiguilles : à chaque contraction, on voyait leurs extrémités libres décrire des quarts de cercle; 2° sur l'homme , et principa- lement sur des personnes maigres, ayant une hypertrophie du cœur, en plaçant l'index de chaque main sur la région précordiale, à l'endroit où l'on sent les battements du cœur, car alors le doigt le plus rapproché du sternum ressent toujours le premier l'impression. » Les mouvements du cœur se composent : i° d'un mouvement de tor- sion de droite à gauche, d'ascension de la pointe d'abord dans le même sens, ensuite directement de bas en haut; 2" d'un mouvement de dé- torsion de gauche à droite , et d'abaissement de la pointe. » La partie musculaire des ventricules peut et doit être considérée comme un seul et même muscle. Je l'ai appelé biceps du cœur, car il a deux têtes. Il est tout entier à la systole ou torsion. Une seule partie, la portion de la couche ou spirale externe comprise entre la base des ventricules et chaque sillon produit la dyastole en ramenant le cœur à sa place ; ceci est remarquable en ce qu'on retrouve là cette prédominance des fibres muscu- laires si facile à constater dans les membres, et en rappoi-t, dans tous les cas, avec le besoin de forces plus grandes, nécessaires ici pour pousser le sang jusque dans les plus petites artérioles. » Les modes d'occlusion et de dilatation des cavités ventriculaires sont les mêmes que ceux qu'on observe en tordant et détordant un doigt de gant que l'on a saisi par l'extrémité, et dont on tient l'ouverture béante au moyen d'un anneau : pendant la torsion la cavité est obstruée, elle se dilate pendant le mouvement de détorsion. » Le ventricule droit, dans la systole, se roule en partie sur le gauche, et les deux systoles ont lieu en même temps : elles ne peuvent pas être sé- parées par un intervalle; seulement, s'il existe un obstacle à un des orifices S4- ( 6^o ) aortiques, le ventricule où le sang trouve un libre passage se vide le pre- mier,, et celt« circonsfcttice entraîne une modification dans le tic-tac; elîe donna lieu aa bruit qu'en nomme le rappel. » Les parois internes du cœur s'appliquant avec force les unes contre les autres, produisent, au moment où elles se touchent, un bruit qui est le premier temps du tic-tac normal, et, lorsqu'elles se séparent, unisecoud bruit, qui est le deuxième temps. Voici comment on peut le constater. » Si l'on mouille' l'rndex ou le médius et le pouce de l'une de ses deux mains, qu'on place celle-ci le dos appuyé contre une de ses oreilles, et qu'alor» on applique brusquement le pouce contre le médius, et qu'on les sépare brusquement l'un de l'autre, on prodliira deux bruits : le premier, sourd, long et prolongé , exactement comme le premier du cœur; le second , clair , sec, comme le second' temps du tic-tftc. On peut, en mettant le même in- tervalle entre chaque mouvement, et en prenant quelque précaution pour la vitesse et la force du choc et de la séparation, imiter le bruit précor- diai assez exactement pour qu'on s'y méprenne, car on peut le simuler tel qu'il s'entend dans le plus grand nombre des cas, surtout si l'oreille n'est pas appliquée sur le point où chacun dé ses temps a la plus grande intensité; w CetJle' expérience, exécutée la tête et la main étant plongées dans l'eau, donne lés mêmes résultats; par conséquent, la présence du sang ne peut pas la contredire. » Les cavités des oreillettes ne s'oblitérant complètement que dans leur auricule , donnent lieu à un bruit tellement faible, qu'il n'est pas perçu dansl'état ordinaire; mais il devient manifeste dans certains cas anormaux, et alorsil précède le premier temps. » Le jeu des valvules auriculo-ventriculaires et sygmoïdes, peut aussi donner lieU' à quelques bruits extrêmement faibles et très-reconnaissables dans quelques- ci reon stances, chez les femmes chlorotiques. Une oreille très-exercée peut cependant assez souvent lès reconnaître et lès séparer des autres bruits, car ce sont eux qui sont la cause de la très-légère différence du tic-tac normal et du tic-tac artificiel que je produis dans l'expérience que j'ai relatiée ci-dessus. » f 69^ ) cfiiSfiE ORGANIQUE. — Obseivalions sur la faculté que possèdent les diverses espèces de sucre, et plusieurs autres principes immédiats neutres , de dis- soudre, en présence des alcalis, certains oxjdes métalliques ; par M. Las- SAIGNË. L'aioteur, en terminant son Mémoire, présente, comme se déduisant d.es faits qu'il y a exposés, les conséquences suivantes : « I**. Un certain nombre de principes immédiats neutres retirés des végétaux, tels que les diverses espèces de sucre, jouissent de la propriété de rendre solubles dans l'eau, à la faveur des alcalis, plusieurs oxydés métal- liques hydratés; » a". Plusieurs des composés qui en résultent ont Une couleur analogue à celle que présentent les solutions des sels de ces mêmes oxydes: » 'i°. Ces composés solubles peuvent, être assimilés à des sels doubles dans lesquels la matière organique joue vraisemblablement le rôle d'acide ; » 4"- Parmi, ces composés, ceux qui ont pour base le deutoxyde de cuiv*e se détruisent peu à peu spontanément ou par l'application directe de la chaleur. Dans cette réaction le' deutoxyde de cuivre est ramené à l'état de protoxyde qui se sépare ouj combiné à- l'eau ou à l'état anhydre, snivarit la concentration de la solution. >» cHirtïÊ oROAmiQtJÉ. •-^- Sur ûH procédé au Moyen duquel on obtient directe- ment des étliers d'acides organiques. — Lettre de M. Gaultier de Glaubry à M. Dumas. « Jusqu'ici on n'avait reconnu qu'à quelques acides inorganiques et à l'acide acétique , la propriété de transformer l'alcool en éther, les acideâ inorganiques en produisant l'éther hydrique, l'acide acétique en donnant' naissance à l'éther acétique; ce dernier ne peut d'ailleurs déterminer la transformation que par une suite d'actions successives, et dont le nombre dépend de la rapidité avec laquelle on conduit l'opération. M» Relativement à ce dernier acide, il y a peu de différence ehtrè l'action de l'acide cristallisable et de celui qui renferme une plus grande proportioù d'eau. «Eif réfléchissant au genre d'action qui peut déterminer l'éthérification , j'ai pens'é que si au lieu de distiller des mélanges d'alcool et d'acides orga- niques! dont aucun n'a jusqu'ici été regardé comme susceptible de fournir ( 692 ) directement des éthers, et sans avoir besoin de faire intervenir les acides suifurique ou cblorhydrique , au moyen desquels on obtient les éthers composés, on cbauffait ces acides jusqu'au point où ils commenceraient à se décomposer, et qu'on y fît tomber l'alcool par gouttes , ayant perdu de l'eau et se trouvant en grand excès relativement à l'alcool, ils pourraient déterminer la formation de l'étber; c'est ce qui est arrivé, en effet, au moyen de divers acides. » Le premier sur lequel j'ai opéré est l'acide oxalique , qui m'a paru se prêter mieux que tous les autres à ce genre d'action. » Si l'on fait cbauffer, dans une cornue tubulée, de l'acide oxalique jus- qu'au point où il commencera à donner des vapeurs blanches d'acide à un seul atome d'eau, l'alcool que l'on y fait tomber par gouttes s'éthérifie en très-grande partie au contact, et l'étber se distille avec une portion d'al- cool inaltéré. On peut facilement ainsi obtenir une grande proportion d'éther oxalique. Les acides benzoïque, succinique et citrique m'ont également fourni, dans des circonstances analogues , des éthers en assez grande proportion. Je n'ai pu déterminer encore si celui que l'on obtient avec le dernier est de l'éther citrique, itaconique, citraconique ou aconitique; je m'occupe en ce moment de rechercher sa véritable nature. » Avec les acides mucique,tartrique, galliqueet tannique, je n'ai pas en- core obtenu de résultats nets; on sait, au surplus, que les trois derniers éthers n'ont pas encore été obtenus. » La trop faible proportion d'acides kinique , pyrotartrique, malique, que j'avais à ma disposition , ne m'a pas permis de constater d'une manière certaine s'il y avait éthérilication de l'alcool; quant aux acides gras, je n'ai pu régulariser encore les opérations de manière à en tirer quelques consé- quences. » L'esprit de bois, placé dans les mêmes conditions que l'alcool, ne m'a pas encore fourni de résultats nets; est-ce par suite de sa plus grande vo- latilité ou d'une difficulté plus grande à s'éthérifier? C'est ce que je ne puis encore dire ; mais j'espère qu'il sera facile de lever les difiicultés que j'ai éprouvées jusqu'à ce moment avec ce corps. » M. FoNTAN avait adressé à l'Académie, en 1840, un travail sur les eaux minérales de Bagnères-de-Luchon ; travail qui lui était commun avec M. François : le Mémoire de M. François a été l'objet d'un Rapport, (^93) M, Fontan prie l'Académie de vouloir bien se faire également rendre compte du Mémoire dont il est l'auteur. M. Passot adresse quelques remarques à l'occasion du Rapport qui a été fait dans la séance du 4 avril , sur sa Note relative à la détermination de la variable indépendante dans l'analyse des courbes. M. Passot proteste que son idée n'a jamais été qu'il fût permis de prendre le temps pour va- riable indépendante, de sorte qu'en supposant que les expressions qu'il a employées pussent être prises dans ce sens , ce serait seulement l'effet d'une mauvaise rédaction. L'Académie accepte le dépôt Ae paquets cachetés présentés par MM. Roux et RossioNON , Ganquoin et Millardet, Tavard, Xataiis Guillot. La séance est levée à 5 heures. F. ( 694 ) MLLETIN OIBUOGR AFRIQUE. L'Acadéjttie a reçu daas cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; i" semestre 1842, n° 18, in-4°. De l'application de Iq VentikUion forcée aux Magnaneries; par M. d'Arcet; in-S". (Extrait du 4' puméro des Annales de la Société séricicole.) Nouvelles ^annales des Voyages et des Sciences géographiques; avril 1842; in-8°. Annales maritimes et coloniales; 27* année, avril 1842; in-S". Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation; année i84o; in-8°. Seizième supplément du Catalogue des spécifications des Brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation ; année i84o; in-8''. Etudes géologiques sur le département de l'Orne; par M. Blavierj Alençon; inS". Histoire naturelle agricole des Animaux domestiques de l'Europe. — Races de la Grande-Bretagne; par M. David Low; 1842 ; in-4''. Bulletin de V Académie royale de Médecine; n" i4, 3o avril 1842; in-S". Société d'Agriculture, Sciences et Belles-Lettres de Rochefort; 29 décembre i84oà 4 août i84i; in-S". Journal d'Agriculture pratique, de Jardinage et d' Economie domestique; avril 1842; in-8°. Journal des Haras, des Chasses, des Courses de chevaux: mai 1 842; in-8''. Revue zoologique; 1842; n" 4; in-S". Gélatine. — Quelques erreurs à son égard. Lettre par M. Laine ; in-4^. Flora batava; 123" et 124* livraison; in^". SuUe funzioni.. . Sur les fonctions de la Rate; par M. CMaggiorani; Rome, 1842; in-8°. (M. Floureus est invité à en faire l'objet d'un rapport verbal.) Nosologia. . . Nosologie positive ; par M. V. Lanza; tome P''; Naples, i84i; in-B". ( 695 ) Nuovo . . . Nouvelle Méthode pour découvrir te Fer dans les eaux minérales ; par M. .T. GiULJ. (Extrait du tome VI des Nouvelles Annales des Sciences nn turelles de Bologne.) Broch. in-S", sans date. Gazette médicale de Paris; tome X ; n' 19. Gazette des Hôpitaux; n" 53 à 55. L'Echo du Monde savant; n°' 726 et 727. L'Expérience , journal de Médecine; n° 253. L'Examinateur médical; tomeXÏ;n° 19. C. R., 184a, i" S^^slie'. {T. XIV, K» 10.) 9^ C G96) H «5 tf t: . . daziaaidaaaaMaa'a'aaMafcJaajgr/jdgj w ^i d «^ a rm o S cT « •3 3 ■_ < ■a g - T^ a o > > •333 § s 3 Q, u u Cû o a M sa 3 « « 0 = 1 3 d ci « 3 3 O o ^ >* ?, î^ Qj >. bp 5^ 3 i " S o o 3 o 3 3 3 rt ta fl 5J U - 3 a 3 3 C3 rt 3 o s sc"2J y u 1) i; §:^ 3 S; X 3 3 ; mœ«casa»s3uSt>uE-'Z o o o 333 B tS es 000 s s s a 3 a'.~- + + + • uio iSXjj ^-l' Oi'-a-QO « »=r r^ « ^^',0 vr- rttO OVO c-- —xo « o e< CSOO ovrr^o 4-4- + 4-4- + 4-4-4- + 4 + 4 4- + 4-4-4-4-4- + " 4-4- + + -1- + 4-4- f^fO to + + + ^f 32 Oi 02^* es O yj O 10 Oi M OvfO ro o (s 02 (S o 00 ^^^n- O 02 r« VO '-jS 'j2 02 fO " T) ^^--^^^CO O 02 o c^^^<£> OlO OC OD VO r^CO X> iO CO OjIO 00 --^OO - CO ^-f 02^^ - - OiOX es csvaco estr>fo0 30CO'-ûiov^e<2 ■-* m 10 f2 o 3D ro 02 ^t'^tto sO <~o ^^lO '0!£ioioio«n«n4nioio - S i^ — u £ ^ ^ f S = \ M .a X ÏO fO ft^ « - ^*00 r^'-O 'O sO 02^^35 O m io o - ^rrio co f! - 0233 es ^^ --- - ---eSfi«sMes«es--M(N + -H + + + + +4- + + + + + ++4-+ + 4- + + + + + + -f 4-+ + + CO V3-CO 00 - es - es + + + — - en o 02^* M O.^TfO 10 0V21OC0 es -(OO 02 02^0 rO CO CO 020 — ■« 30 03 O 000 eNtneooO ^-3- ri CO 3 lO .'^ O m 02^^10 ^^ « — -o ^^ — c^iO fo G2r'2 I v:r t^ 02 r- r^ 3 ce es - c^rn - es^ro es esen.-c r- r->vO ^=r^*ro e«-. v--^*ro fO CO ^-rCO en •■^m o vo >o ^rr»o ^oO'0»o»0'nmoin»ninioio 020evîro ---.-MeieSi-îM-fiescs + + 4- + ++4- + + + + + + + + + 4-+ + + + + +-+ + +++ + + vr'vO 00 ce 02- + + + S ^ - 00 02 i~>co 02 o c- c^io o ^a-v^t£) m ^-t - C2 ox — t-^vj-m co o 'j^ t- ■ - « ^^lO 02» C2 O'.O 00 en o Vî -5 02 Ir^.-O 0220 -• 02»n C2 o ^^ 0210 - 02 c-' 02C0 ^^ ro tO m - ev2 tr^^^en « en fO 00 CO t^io in ro v-r^l-tO -^fO 00 tO 02 00 es 00 O '-0 -O m m »o r- r^ r^ •uioa3.ÎH CO ^^lo 00 es CO c^ es ^^^^rco c« c^oo es 02 c^cjO f)02 0^.N02csOeso ^* - O M ^îJ-^=i-!Û ir^ o to fO ^*co ^=riO yo f^fO 02 02 M ^t1-C0 O 00 CO r^t^ VD Oî 02 + + 4-4-+ + + + + + +4-4-++ + + + + + + + + -T+4-^+_+4- ci 00 00 + + + es o es - vrf v^ es OîX «cnpo es esco 0(û»0 02-" e< -O r^'^l- - ^~ f 00 "^ t^ r^<0 a> es CO 02» r~. 02>n Oî.-O es o 00 O t-» « i^Xi O tO 00 Oi c- M O — «O 02 r^iCO 10 r-'VO " --r 02^3-co CI -sf^* O-.OO 0210 'O lO "^MO '-O "^S-co CO c^ O ^Ti-va-^-i-in «^ >o ^rt-io tD;0>o>oio«2m»nio»o»o>omm»o»o'oio'rtiOioio r-* r-» r^ r-* r^ r-* c-* r-* r-» r-*t^ir-*r-»r-"C-*r^r-»c-^r-r^r^r-*r-»r-* r- r- ir- c^ r- r-* es ^Tt- O tO fO CO mmuT) i"^ c^ r^ siotu iip sjno£ es CO '^*n '-C r^OO 02 O « CO vj-irt iD t^M 02 O ti fo vi-»o O r- CO 02 o esoesMcseicsfico COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 MAI 1842. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. ftlEMOlRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Président annonce que le X^'III* volume des Mémoires de l'^cadé- mie des Sciences est en distribution au secrétariat. MINÉRALOGIE. — Exameu cristallographiijue et chimicjue de la P^illarsite; par M. DuFBÉNOY. (Extrait.) « M. Bertrand de Loni, auquel la minéralogie doit déjà plusieurs décou- vertes intéressantes, a recueilli récemment, dans le gisement de fer oxy- dulé de Traverselle , en Piémont , une substance minérale qui lui a paru , d'après l'ensemble de ses caractères extérieurs, devoir être considérée comme nouvelle. M. de Lom a eu la complaisance d'en mettre plusieurs échantillons à ma disposition , afin que je puisse en étudier la composition chimique et les formes cristallines. «Cette substance, que j'ai désignée sous le nom de fillarsite, en l'hon- neur du minéralogiste qui a donné une histoire naturelle du Dauphiné, est disséminée dans le filon de fer oxydulé de Traverselle 5 elle est accompagnée C, B., i84a, i«» Senieitrt. (T. XIV, iN" 9fy.) 9^ ( 698 ) de dolomie laraelleuse, de mica, de quarz et de cristaux dodécaèdres de fer oxydulé; elle forme des petites veines cristallines qui courent d'une manière irrégulière dans le filon, et lorsqu'il y existe des géodes, on y ob- serve alors des cristaux assez nets pour être mesurés; plusieurs de leurs faces, surtout celles de la base, sont très-miroitantes. » La villarsite est d'un vert jaunâtre , Sa cassure est ^^ue } cette sub- stance est fort analogue, par sa texture et sa couleur, à certaines chaux phosphatées d'Arendal. » La forme primitive de la villarsite est an prisme rhomboïdal droit sous l'a'igle (le i fg^Sg'. Les cristaux de cette substance que j'ai été à même d'examiner affectent la forme d'un octaèdre rhomboïdal tronqué au sommet. » J'ai trouvé pour la composition de cette substance : Oxygène. Rapport. Silice 39,60 20,67 *0>57 — 4 Magnésie 47>37 '8,37 ^ Protoxyde de fer 3,69 0169 f Protoxyde de manganèse. 2,4* o,53 l "'' Chaux 0,53 o»'4 / Potasse o ,46 Eau 5,80 5>>4 ^>i4 — ' 99>77 » La comparaison des quantités d'oxygène contenues dans la villarsite donne une relation très-simple : elle montre que cette substance est un monosilicate de magnésie représenté par la formule 4MgS-f- Aq. » Sans l'eau qu'elle renferme, la villarsite aurait la même composition que le péridot. Mais, outre que la proportion de l'eau est trop forte , pour être regardée comme accidentelle, les caractères extérieurs, les caractères chimiques et les caractères cristallographiques de ce minéral s'opposent éi;a- lertient à ce rapprochement. La villâï^ite présente donc, par la simplicité de ïia composition, un certain intérêt; sa détermination comme espèce, fondée à la fois sur les deux principes qui doivent autant que possible être consultés pour la spécification des minéraux, lui assigne une place bien dairenrtent définie dans la classification oryctognostique. tt Je ferai remarquer que cette substance fournit un nouvel exemple d'un nfitnéral associé aux roches Cristallines produites par les phénomènes plu- toniques et contenant cependant de l'eau de cristallisation : déjà quelques atMllyses flous oht révélé la présence de l'eaa dans des roches évidemment f 699) volcaniques ; je ne crois pas dès lors, qu'il soit nécessaire d'avoir recours à la théorie des infiltrations, pour expliquer la présence des zéolitesau milieu des basalte» , des trachytes et mêine des trapps. » RAPPOUTS. MÉTÉOROLOGIE. — RappoH suv uH Mémoire de M .ÉiDoviViD Bidt ayant pour titre : Catalogue des météores observés en Chine entre les aTfTfées 687 et i^'jS de notre ère. (Commissaires, MM. Arago, Babinet rapporteur.) « Le grand intérêt qui s'attache aux observations des étoiles filantes depuis qu'on a reconnu l'origine cosmiquji de ces météores et que l'ensemble de ces petits corps disséminés dans l'espace que parcourent les planètes a pris rang parmi les masses plus imposantes qui circulent autour du Soleil , donne au travail de M. Edouard Biot une importance réelle, car il ren- ferme de précieux documents sur l'éclat , la forme, la vitesse, la direction- de ces météores observés en Chine , pendant la longue période indiquée dans le titre, mais surtout dans la deuxième partie du Mémoire, qui com- prend la période où ces observations ont été faites le plus régulièrement, savoir, de l'an 960 à l'an layS de notre ère, sous la dynastie Soung. C'est dans les annales de cette dynastie (section de l'état du ciel), que M. Edouard Biot a trouvé plus de treize cents observations qu'il a traduites entièrement ^ en y joignant les noms modernes des étoiles désignées par les observateurs chinois. » Vos Commissaires ne sont pas compétents pour juger de la fidélité de la traduction des documents qui s-oiit mis sous les yeux de l'Académie, mais ils pensent que M. Edouard Biot offre d'ailleurs toutes les garanties d'un écrivain très-instruit, très-laborieux et très-consciencieux, et que, pour la synonymie de la nomenclature chinoise des constellations et des étoiles, comme pour la description des météores, sa traduction doit faire autorité. w En mettant à part la récapitulation qui termine chaque partie de sou travail, l'auteur n'a eu pour but que de livrer à la science les documents eux-mêmes que contiennent les observations chinoises, sans les dénaturer en aucune manière. On y trouve pour un grand nombre d'étoiles filantes, et surtout pour les plus brillantes, des particularités curieuses. » Sur leur éclat qui illumine la terre, qui les assimile à la planète VèuMs; 96.. ( loo ) » Sur leur grandeur apparente qui est égale à celle de Vénus , de Jupiter, au contour d'une tasse, d'une éciielle,'d'un boisseau ; «Sur leur couleur rouge, jaune, bleue, blanche ou même sur l'ensemble de ces teintes, probablement successives; »Sur les traînées lumineuses que plusieurs de ces météores laissent sur leur trace , et sur la forme serpentante, l'étendue , la couleur ou les couleurs variées de ces appendices; » Sur la direction et la marcbe des étoiles filantes au travers des étoiles et des constellations, ou bien rapportées aux points cardinaux de la localité des observateurs ; » Sur la vitesse remarquablement grande ou petite de plusieurs de ces météores ; » Sur le nombre de ceux qui brillèrent simultanément, lequel, mais très- rarement, fut observé de plusieurs dixdines (en général les observateurs ne notaient que les plus brillants météores) ; » Sur le bruit qui accompagna quelquefois le phénomène lumineux, le- quel est comparé au mugissement d'un taureau ou au bruit du tonnerre ; » Enfin sur diverses circonstances curieuses de ces apparitions qui ont eu lieu parfois en plein jour et qui assez souvent ont percé les nuages ponr se montrer au-dessous. X A la lecture du Mémoire on s'aperçoit, comme nous l'avons indiqué, que les observateurs chinois ne tenaient compte que des principaux globes de feu ou étoiles filantes, car il est rare que la même nuit fournisse plu- sieurs apparitions, et un très-grand nombre des météores décrits laisse après lui une traînée lumineuse, ou illumine la terre. Les petites étoiles filantes, même quand leur grand nombre aurait dû appeler l'attention, sont tout à fait négligées, excepté dans le cas où elles sont voisines d'un grand météore dont elles semblent faire partie. Rien n'indique une pluie d'étoiles filantes comme celles qui ont été plus récemment observées. Il y a aussi très-peu de données sur la distance de ces météores, sur leur sé- paration en plusieurs parties et sur leur arrivée jusqu'à la surface de la terre. » Le travail de M. Edouard Biot se termine par une récapitulation qu'il a extraite de sa traduction et qui offre pour chaque mois, dans chaque an- née , le nombre des observations d'étoiles filantes que contient le catalogue chinois, tant pour la première partie du Mémoire que pour la seconde. En fractionnant ce tableau, qui contient plusieurs siècles, on pourra peut- être rechercher, du moins pour les plus brillants des météores de cette ( 70I ) nature, s'il est possible de reconnaître des perturbations dans l'époque mensuelle de leur plus fréquente apparition, ou, en d'autres termes, dans la position du système de corps qui leur donne naissance. Citons en termi- nant le résultat général auquel parvient M. Edouard Biot. Récapitulation par mois entre les années 960 et 12^5, qui comprennent l'époque oie l'observation des météores s'est faite le plus régulièrement en Chine. » (Cette récapitulation est faite en appliquant la correction grégorienne » aux observations.) Janvier 65 Février .' . 54 Mars -ji Avril 65 Mai 88 Juin 97 Juillet i85 Août 1 55. Septembre .....' laS Octobre 208 . Novembre. i55 Décembre 85 » I^e mois d'octobre et le mois de juillet sont ceux qui présentent le » plus grand nombre d'observations, w Conclusions. » Vos Commissaires vous proposent d'approuver le travail de M. Edouard Biot et d'en ordonner l'impression dans le recueil des Mé- moires des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MEMOIRES LUS. MÉCAMQDE APPLIQUÉE. — Note à toccusion de la catastrophe survenue au chemin de fer de Versailles {rive gauche), le 8 mai 1842 ; par M. A. Per- DONKBT, ingénieur des Mines. (Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Coriolis, Séguier.) « L'Académie, dans sa dernière séance, a entendu le rapport de M. Combes sur l'effroyable accident du 8 mai , et les observations de plu- (702) -sieurs de ses membres, MM. Cordier, Biot, Élie de Beaumont, sur cette catastrophe. Sous l'impression pénible et bien naturelle cependant qu'a produit cet affreux événement, le public et quelques savants même ont tranché un peu trop tôt peut-être des questions dont la solution est encore incertaine aux yeux des praticiens. Mais aujourd'hui que les esprits sont plus calmes et que les causes du sinistre sont mieux connues, je viens, dans l'intérêt de tous, en appeler d'un premier jugement. 11 appartient à l'Académie aussi bien qu'an Gouvernement de se livrer à de sérieuses in- vestigations, afin de prévenir le retour de pareilles calamités. » Étranger depuis près d'un an à l'administration du chemin de fer de Versailles (rive gauche), je ne viens pas aujourd'hui défendre une respon- sabilité qui ne pèse en aucune manière sur moi. Mais la compagnie, à la suite du terrible accident du 8 mai, ayant cru devoir consulter son ancien ingénieur dans le but de savoir jusqu'à quel point les reproches qui lui étaient adressés en ce qui concerne le service des machines étaient mérités, jusqu'à quel point elle pouvait être compromise par les actes des agents qu'elle avait préposés au service du matériel, j'ai dû me poser les trois questions suivantes : » Les machines locomotives à quatre roues sont-elles réellement plus dangereuses que celles à six roues? » Lorsqu'on attèle ensemble une machine locomotive à quatre roues et une à six roues en tête d'un convoi, est-il dangereux de placer la locomo- tive à quatre roues la première, vaut-il naieux la placer la seconde ? u L'usage des grands convois sur un chemin comme celui de Versailles (rive gauche) fait-il courir aux voyageurs de plus grands dangers que celui des petits convois multipliés? » C'est le résultat de mes recherches sur cette matière que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie. J'ose espérer qu'elle voudra bien me prêter quelque attention; elle ne saurait être indifférente lorsqu'd s'agit de si graves intérêts. La science peut d'ailleurs, en venant en aide à la pra- tique, lui suggérer les moyens lesplas efficaces pour prévenir les accidents; et plus que personne je dois solliciter son concours, car ayant accepté la mission de réorganiser le service sur le chemin de la rive gauche , je ne dois négliger aucune précaution pour ramener la confiance chez le public juste- ment effrayé. » J'aborde mon sujet et je trait«rai d'abord des avantages respectifs des locomotives à quatre et à six roues, eu égard aux chances d'accident avec l'une et l'autre espèce de machines. ( 7o3 ) Sur les avantages respectifs des locomotives à quatre et à six roues. » Les personnes qui croient que la supériorité des machines à six roues sur celles à quatre roues est tiémonlrée, sont dans l'erreur. En Angleterre, les ingénieurs sont partagés sur cette question; quelques-uns, parmi les plus Lahiles, emploient exclusivement les machines à quatre roues, d'au- tres celles à six roues, d'autres enfin emploient indifféremment des ma- chines à quatre roues et des machines à six roues. Une controverse s'est élevée dans \e Railwaj- Times sur les avantages respectifs de ces deux es- pèces de machines; de nombreux articles ont été pubUés dans ce journal par les ingénieurs les plus expérimentés, et il est résulté de cette discussion que les machines à six roues ne sont pas moins dangereuses que celles à quatre roues. Une enquête a eu lieu devant le parlement, ayant pour but de déterminer les précautions à prendre pour éviter les accidents sur les chemins de fer, et elle n'a eu en aucune manière pour résultat de faire proscrire l'usage des machines à quatre roues. » Les machines à quatre roues sont beaucoup moins que les machines à six roues sujettes à sortir de la voie dans les courbes, c'est là un très-grand avantage. M L'essieu de devant venant à se briser aux deux extrémités, ainsi que cela est arrivé le jour du terrible accident, la machine à quatre roues tombe et sort de la voie; mais, ainsi que nous le prouverons un peu plus loin , la machine à six roues, dans un cas semblable de rupture de cet essieu , tombe et sort également de la voie. » Si c'est au contraire l'essieu coudé qui se rompt, comme la rupture a presque toujours lieu auprès de la manivelle et comme cet essieu est main- tenu par des coussinets en six points différents, deux auprès de chaque manivelle, deux aux fusées, les roues ainsi que les portions d'essieu restent en place , et la machine continue à marcher sur les rails, sans qu'il y ait renversement. L'expérience l'a démontré maintes fois sur le chemin de Londres à Birmingham, sur celui de Montpellier à Cette, et sur celui de Liverpool à Manchester. » Notis avons dit que la machine à six roues, tout aussi bien que celle à quatre roues, tombait et sortait delà voie lorsque l'essieu de devant cassait aux deux extrémités. Cela tient à ce que dans ces machines la portion du poids de la machine qui porte sur cet essieu est toujours prépondérante. » Ce qui prouve parfaitement combien peu Stephenson, le plus habile constructeur et ingénieur de machines en Angleterre, compte sur l'essieu ( 7o4 ) ' du milieu et sur le second essieu extrême, pour soutenir la machine dans le cas de rupture de l'essieu de devant daus une machine à six roues, c'est qu'il supprime dans ces machines le rebord des roues de l'essieu du milieu, et rend ainsi inévitable le déraillement de la machine en cas de rupture de l'essieu de devant. » Nous appellerons plus particulièrement l'attention de l'Académie sur ce fait; il nous paraît d'une grande importance. » Les machines à six roues enfin , peuvent, dans certains cas, lorsque les rails sont courbes, ne reposer que sur quatre roues, les deux autres se trouvant, pour ainsi dire, suspendues. Dans ce cas elles brisent souvent les rails par leur énorme poids, ce qui devient une nouvelle cause de déraille- ment. Les machines à quatre roues reposent toujours sur le rail par quatre points ou par trois au moins, et comme elles sont beaucoup plus légères que celles à six roues, leur pression sur la voie en fer est moins forte. Aussi est-il généralement reconnu que la rupture des essieux est plus fréquente dans les machines à six roues que dans celles à quatre. » Disons enfin, comme preuve irrécusable de tout ce que nous venons d'avancer, que sur le chemin de Londres à Birmingham, où l'on emploie exclusivement les machines à quatre roues, et sur celui de Liverpool à Manchester, où l'on emploie concurremment les deux espèces de ma- chines, les accidents n'ont été ni plus fréquents ni plus graves que sur les chemins où l'on ne se sert que de machines à six roues. » Si donc quelques ingénieurs, et nous sommes du nombre, préfèrent les machines à six roues, ce n'est en aucune manière parce qu'elles se- raient moins dangereuses que les autres, c'est qu'elles sont plus puissantes que les machines à quatre roues, et sous ce rapport plus convenables dans certains cas, surtout lorsque le chemin présente de fortes pentes. C'est aussi parce que ces ingénieurs les considèrent comme exigeant moins de petites réparations, et qu'elles consomment, proportion gardée, moins de com- bustible. Sur le mode d' attelage de deux machines qui a été adopté au chemin de la rive ■gauche, et qui consiste à placer la machine faible à quatre roues la première. » Admettant, comme nous venons de le prouver, que les machines à quatre roues sont tout aussi sûres que les machines à six roues, et leur reconnaissant surtout cet avantage d'être moins dangereuses dans les .courbes, il était naturel que sur le chemin de la rive gauche, où les courbes ( 7o5) sont multipliées, on plaçât en avant la machine à quatre roues, afin que le convoi fût plus sûrement guidé. » L'habile mécanicien George l'avait lui-même conseillé, et la raison q(ie nous venons de donner pour motiver ce mode d'attelage, toute puis- sante qu'elle est, n'était pas la seule à faire valoir. » L'effort, au moment du départ, doit être gradué, faible d'abord, afin de tendre successivement les chaînes qui réunissent les waggons les uns aux autres, plus grand ensuite pour entraîner le convoi. Il est convenable, par conséquent, que la machine de tête, que l'on met en marche la pre- mière, soit la plus faible. Sur la question de savoir sh'l vaut mieux marcher par petits convois que par grands convois. » T/emploi de plusieurs machines pour traîner de grands convois est en usage sur un grand nombre de chemins de fer. Je ne saclte pas que l'on y ait jamais trouvé jusqu'à ce jour d'inconvénients graves. » Convenons cependant immédiatement que la force vive d'un grand convoi étant plus grande que celle d'un petit, l'accident est par cette raison plus grave avec ces grands convois qu'avec les petits. Mais il ne faut pas voir la question sous une seule face. Si sous ce rapport les grands convois sont dangereux, sous d'autres ils offrent plus de sécurité. » Sur les chemins des environs de Paris , le service avec de petits convois très-rapprochés, les jours de fête, serait à peu près impossible. Le temps manquerait pour les manœuvres dans les gares; il y a plus, ce service, comme nous allons le prouver, multiplierait les chances d'accidents. M Sur les chemins de Versailles, les grands convois partent toutes les de- mi-heures •, il faudrait donc que les petits convois partissent au moins tous les quarts d'heure. S'il y avait retard dans la marche d'un des convois, soit par suite d'un dérangement de la machine, soit par suite d'un arrêt pro- longé aux stations , les convois qui se suivent pourraient se rejoindre. Un accident assez grave est arrivé de cette façon sur le chemin de Saint-Germain, à la station d'Asnières , lorsque les convoispartaient tous les quarts d'heure. » Les convois rapprochés sont surtout dangereux sur un chemin où les passages de niveau sont aussi multipliés que sur celui de la rive gauche. A chaque instant les convois marchant en sens contraire ou dans le même sens, traversant des passages de niveau, les voitures auraient à peine le temps dépasser, et si l'une d'elles, comme cela est déjà arrivé, venait à être C. E., ■.84s, 1" Semestre (T. XIV, N» 20 ) 97 ( 7o6 ) arrêtée sur cette partie de la voie et que le signal d'alarme ne fût pas immédiatement donné, un choc deviendrait inévitable. » Considérés sous un autre point de vue, les grands convois semblent présenter encore moins de dangers que les petits convois. Que l'on sup- pose effectivement un convoi de trente waggons traîné par trois machines : si un essieu se brise sur la seconde ou la troisième machine, il est possi- ble que la première machine conlinnanf à traîner les deux antres, les voya- geurs en soient quittes pour un simple choc; si an contraire le grand con- voi de trente waggons est divisé en trois petits convois, composé chacun de dix waggons entraînés par une machine, s'il arrive un accident à l'une quelconque des machines, un certain nombre de voyageurs devra nécessai- rement en souffrir. »M. Elie de Beauniont a dit qu'avec deux machines il y avait double cause d'accident : sans doute il y a double cause d'accident; mais aussi il y a deux fois autant de vraggons remorqués, el les voyageurs qui se trou- vent sur la moitié du convoi placée en arrière ne courent aucun danger en cas de déraillement des machines. Si le convoi était divisé et que les ma- chines fussent séparées, il y aurait pour la seconde moitié du convoi sépa- rée de la première moitié et traînée alors par la seconde machine, même danger que pour la première. Le savant géologue a dit aussi que les ma- chines étaient inintelligciites et qu'il était difficile de les faire marcher d'ac- cord. Un parfait accord n'est pas nécessaire , et si d'ailleurs les machines ne sont pas intelligentes, les mécaniciens le sont et ils règlent et contien- nent mieux leurs machines que des postillons ne règlent et ne contiennent leurs chevaux. /) Une seconde machine pourrait cependant, dans certains cas, j'en con- viens, Contrarier les mouvements de la première; mais, dans d'antres cas, elle lui prête une utile assistance. Supposez, par exemple, qu'on ait aperçu inopinément un obstacle sur la voie, une voiture embourbée à un passage de niveau : il eût été plus facile d'arrêter le convoi descendant de Versailles à Paris avec deux machines qu'avec une seule ; on dispo.sait de cette ma- nière d'une force double ; l'impulsion du convoi pouvait être maîtrisée par deux machines et ne l'eût pas été par une seule. Il ne faut pas considérer seulement le cas particulier qui s'est présenté. » Je conclus euHn, messieurs, et je dis : » Les machines à quatre roues ne sont pas plus dangereuses que celles à six ; elles sont mêmes plus sûres dans les courbes ; ( 707 ) » Lorsqu'on attèle eusenible une machine à quatre roues et une machine à six roues, il convient de placer en avant celle à quatre; » Les grands convois n'exposent pas à plus de dangers que les petits con- vois multipliés : il faut seulement en modérer la vitesse. » Ces conclusions, penserez-vous, ne sont pas rassurantes; elle ne mi- Jitent pas en faveur de l'établissement des chemins de fer; car si l«s voya- geurs courent autant de risques avec les machines à six roues qu'avec celles à quatre, si les petits convois sont aussi dangereux que les grands, faut- il donc se résigner? et, pour me servir d'une expression triviale mais juste, faut-il faire son testament avant de monter dans les waggons. » Non , messieurs, il ne'faut pas se résigner; les chemins de fer ne sont pas un moyen de communication aussi dangereux que pourrait le faire suppo- ser l'épouvantable accident du 8 mai , et c'est en combattant cette opinion que je terminerai cette Note. » Et d'abord observons qu'il a fallu, pour produire cet accident, une réu- nion tout à fait extraordinaire et qui probablement ne se représentera ja- mais. «Il a fallu que l'essieu brisé appartînt à la première machine, que ce fût l'essieu de devant, qu'il se brisât instantanément aux deux extrémités; qu'à une petite distance la machine rencontrât les contre-rails d'un passage de niveau ; il a fallu enfin que le combustible des machines vînt se répandre sur le lieu même où les waggons furent renversés. » Supposez l'absence d'une seule de ces causes et l'accident n'avait pas lieu ou était beaucoup moins grave. Plusieurs fois, sur d'autres chemins de fer, l'essieu de devant s'est cassé, mais à une autre extrémité, et le mécaiu^ cien a eu le temps d'arrêter sa machine. Un quart de minute de plus et le 8 mai le convoi eût cessé de marcher. Déjà le mécanicien de la deuxième machine avait eu le temps de renverser la marche; déjà un coup de sifflet avait prévenu les conducteurs de waggons de serrer les freins. Ce quart de minute se fût passé certainement avant que la première machine ne dé- raillât, si, par le plus grand des malheurs, le passage de niveau ne se fût trouvé à quarante-cinq mètres du point où l'essieu s'est détaché. » Deux fois, sur le chemin de Montpellier à Cette, le mécanicien Du- pin , qui a péri avec George sur le Mathieu-Mtirray , s'était trouvé sur une machine à quatre roues parfaitement semblable. L'essieu coudé avait cassé et il avait pu arrêter la machine sans accident. » Le petit nombre de malheurs arrivas jusqu'à ce jouf sur les chemins de fer où l'on se sert des machines actuelles avaieut inspiré, nous devoas 97- ( 7o8 ) l'avouer, trop de sécurité aux ingénieurs et directeurs de chemins de fer. I Aujourd'hui que leur attention est éveillée, ils trouveront, n'en doutons pas, avec le concours des savants, des moyens de rendre les accidents pour ainsi dire impossibles. 1) La question des précautions à prescrire est grave et plus difficile qu'on ne le suppose. M. le Ministre des Travaux publics nommera sans doute , pour l'examiner, une Commission composée de savants, d'ingénieurs qui ont exécuté des chemins de fer, de constructeurs de machines, et il ap- pellera peut-être devant cette Commission des ingénieurs étrangers plus expérimentés que nous dans la construction des chemins de fer et des lo- comotives. » Le travail d'une pareille Commission peut seul fixer l'opinion. Je dirai seulement, et principalement dans le but de rassurer le public : » Que l'on emploie , aux États-Unis, des locomotives à huit roues qui pa- raissent offrir toute sûreté. Si ces locomotives n'ont pas encore été adop- tées en France, c'est qu'on n'avait , jusqu'à ce jour, aucun exemple d'acci- dents aussi effrayants que celui du 8 mai, produits par la rupture d'un essieu, et que d'ailleurs elles sont moins propres aux grandes vitesses que les machines anglaises. » Que déjà l'opinion des praticiens est d'accord avec celle du public pour indiquer certaines mesures telles que : » L'emploi du crochet mentionné par M. Biot dans la dernière séance de l'Académie, crochet qui serait fort utile dans certains cas; » L'emploi des procédés fournis par la chimie pour rendre le bois des waggons incombustible ; w L'addition de waggons chargés de matières inertes à l'avant et à l'arrière du convoi ; » Enfin la rédaction d'un programme d'épreuves à faire subir aux hom- mes qui doivent remplir des fonctions presque nouvelles en France, celles d'ingénieurs mécaniciens, directeur du matériel des chemins de fer et de conducteurs de locomotives. » Quant à la troisième de ces mesures, l'addition de waggons chargés de matières inertes à l'avant et à l'arrière du convoi, je dois faire observer dès à présent qu'elle sera très-onéreuse pour l'exploitation sur les chemins où l'on ne transporte pas de marchandises et où les pentes dépassent cer- taines limites. Elle augmentera outre mesure le poids improductif. » La quatrième , celle qui consisterait à faire subir aux ingénieurs-méca- niciens directeurs du matériel et aux conducteurs de locomotives certaines f 709 ) épreuves à la suite desquelles on leur tiélivrerait un diplôme, me paraît l'une des plus importantes. Je fais des vœux pour que l'Académie juge con- venable de la conseiller au Gouvernement. » MÉDEciJNE. — Influence du climat de Rome sur le développement des fièvres intermittentes simples ou pernicieuses; par ^l. Folucault. (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Double.) a Les observations que j'ai recueillies en Italie montrent l'action des agents physiques sur les fonctions de la peau, dans la production de ces maladies; elles viennent confirmer mes recherches expérimentales sur le rôle que joue cette membrane dans une foule d'affections déterminées par les anomalies de ces agents. L'Italie offre un vaste champ à l'observateur qui étudie les effets de ces perturbations sur l'économie. Sur les hautes montagnes qu'elle nous offre régnent les affections aiguës des contrées sep- tentrionales; ses plaines fertiles, ses vallées, ses marais présentent les ma- ladies des pays méridionaux et des contrées insalubres. Les inégalités du sol , les grandes vicissitudes atmosphériques donnent la raison de la fré- quence et de la gravité de ces diverses affections. » Les mêmes causes déterminent les mêmes effets dans les marais pon- t?ns, dans la campagne de Rome et dans les montagnes qui l'environnent au nord, au nord-est et au nord-ouest. Les fièvres intermittentes régnent, en général, dans ces lieux à la fin de l'été et en automne; leur fréquence et leur gravité s'accroissent à mesure qu'on s'éloigne des montagnes pour se rapprocher des marais et du littoral de la mer; elles sont en raison directe de la chaleur, de l'humidité , de la déclivité du sol et des vicissitudes atmo- sphériques. Ces fièvres acquièrent le caractère pernicieux lorsque le con- traste entre la chaleur des jours, le froid et l'humidité des nuits est porté à son maximum; on les voit diminuer de fréquence et disparaître lorsque ces inégalités sont peu considérables, et que l'on n'observe, dans cet intervalle, qu'une différence de 6 ou 7 degrés de température. Sous ce rapport, mes observations sont conformes à celles de MM. Santarelli, Folchi , Barau, Mi- chel et de quelques médecins distingués qui ont fait les mêmes observations dans le royaume de Naples, en Grèce, en Espagne, dans la Caroline du Sud et dans d'autres contrées ofi l'on ne trouve point de marais. » Toutes les causes qui portent leur action sur la peau, qui troublent ses fonctions, et consécutivement celles du système nerveux, peuvent déter- miner des fièvres périodiques. J..es hommes qui couchent, à Rome , sur le ( 710 ) parvis des églises ou des temples, dans les vignes ou dans les villa que l'on trouve dans son enceinte, sont le plus souvent atteints de ces affections; elles épargnent, dans le plus grand nombre de cas, les Romains qui vivent dans l'aisance, et qui évitent avec soin tout refroidissement , après l'exer- cice ou le travail , surtout lorsqu'il a excité la sueur. On trouve le berceau de ces fièvres dans la campagne de Rome, qui est sèche et aride au moment de la moisson, et qui n'offre, d'ailleurs, aucune partie marécageuse. Les moissonneurs, exposés toute la journée à un soleil ardent, exténués de fa- tigue et couverts de sueur, se couchent sur le sol, où ils passent la nnit, éprouvant les effets du froid et de l'humidité. La soustraction rapide du calorique organique, la suppression subite de la sueur, suffisent pour pro- duire ce défaut d'équilibre dans l'action nerveuse et dans les autres fonc- tions qui caractérise les fièvres périodiques les plus graves; c'est à la même influence que l'on peut attribuer les engorgements profonds des viscères abdominaux qui compliquent ces maladies. » Dans les marais poiitin;, dont la plus grande partie est livrée à la cul- ture et offre de riches moissons, on éprouve avec plus d'intensité les con- trastes de la chaleur «t d'une humidité froide et pénétrante; aucune classe n'est préservée des atteintes de la fièvre endémique, elle règne dans les villes comme dans les villages; mais elle attaque plus souvent les ouvriers dans les champs, et qui éprouvent un refroidissement lorsque la peau est en sueur. J'ai fait la même observation chez les ouvriers renfermés dans le fort Saint- Ange, chez les forçats au bagne de Civita-Vecchia lorsqu'ils vont se livrer au travail. Ou peut traverser impunément les marais pontiris et la campagne de Rome pendant la nuit, en évitant de s'endormir sur le sol, de se refroidir après la marche. Celui qui travaille dans ces marais, qui s'en éloigne ensuite, en favorisant la sueur par le mouvement , et qui évite par conséquent tout refroidissement de la peau , peut se préserver ainsi , dans beaucoup de cas, des fièvres intermittentes endémiques. w En résumé, ces affections se développent principalement dans les années humides, remarquables par des pluies intermittentes et par des perturba- tions atmosphériques ; elles sont rares dans les années où la chaleur est vive , prolongée et uniforme. Le vent du sud, le siroc ou le vent du sud est, les lieux bas et humides, ont la plus grande influence sur leur développe- ment. On remarque leur fréquence dans les parties basses et humides de Rome, de Sabine , d'Alhano et de quelques autres villes du Latium; mais elles apparaissent à Civita-Vecchia, à Frascati, à Palestrina, à Tivoli même, à Terni et dans d'aïrtres lieux inaccessibles aux effluves marécageuses. Oq ( 71' ) peut faire la même remarque dans la Sabine et dans l'Ombrie, sur les bords du lac de Trasimène, comme dans les lieux où l'on ne trouve ni lacs , ni marais, ni eaux stagnantes. «Ces faits démontrent donc, en définitive, toute la puissance des causes physiques agissant sur la peau, dans la production des fièvres intermit- tentes simples ou pernicieuses et des engorgements chroniques des viscères abdominaux. La fréquence et la gravité de ces engorgements sont aussi en raison directe de l'humidité et de la déclivité du sol. » MEMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Défense des locomotives à quatre roues. — Note de M. Maiiby. (Commission nommée pour le Mémoire de M. Perdonnet ) « Le Moniteur de mercredi i t courant, en rendant compte de votre séance de lundi, cite le paragraphe suivant comme faisantpartie du Rapport de MM Combes et Senarmont : «Sans entrer dans la discussion des causes « diverses qui ont concouru à cet épouvantable désastre, et des mesures » qu'il conviendra de prescrire pour en prévenir le retour, il est évident » pour tout le monde que la petite locomotive à quatre roues placée en tête » du convoi a été l'origine du mal, et que l'usage de ces locomotives devrait » être prohibé par l'administration.» « Cette phrase est faite pour préjuger une des questions les plus graves qui aient rapport aux chemins de fer; j'espère que l'Académie, qui a en- tendu l'attaque, voudra bien écouter la défense des locomotives à quatre roues. » Quoique ce soit mon opinion que la locomotive à quatre roues est sous tous les points de vue supérieure à la locomotive à six roues, je n'au- rais jamais cherché à faire prévaloir mon opinion si les ingénieurs du Gou- vernement n'étaient venus trancher la question sans la discuter, et par une phrase, condamner l'opinion des ingénieurs des chemins de fer de Londres à. Birmingham, Eastern-Counties , Midland- Counties , North- UnioJi , Lancaster et Preston, Manchester , Bolton et Burj Railwajs , où les locomotives à quatre roues sont exclusivement employées, et de bien d'autres chemins où elles sont préférées. » Je suis sûr que MM. Combes et Senarmont s'empresseront de rétracter ( 7''^- ^ l'assertion que la fracture de l'essieu de devant âhine locomotive à quatre roues amène des résultats plus graves que la fracture du même essieu dans une locomotive à six roues, car l'expérience a prouvé et le bon sens dé- montre que toutes les fois que le premier essieu d'une locomotive à six roues se brise, il faut que la tête de la locomotive plonge en terre, et si l'on veut considérer le cas d'un convoi traîné par une seule locomotive, on devra conclure que l'accident sera moins grave avec une locomotive à quatre roues qu'avec une à six roues, car ce premier système ne pèse guère que deux tiers du second, et le choc serait proportionné au poids. » Si l'on examine les systèmes des divers fabricants de locomotives à six roues, on trouvera que leur centre de gravité est de 60 centimètres à 1 mètre en avant de l'axe coudé , et que le poids sur l'axe de devant est de 2000 à 4.000 kilogr. plus grand que sur l'axe de derrière. Mais la gravité n'est pas la seule cause qui ferait tomber l'avant d'une locomotive à six roues; les ressorts des roues de derrière se détendront avec une force égale au poids dont ils sont déchargés par la fracture de l'axe de devant , et imprimeront un mouvement vertical à l'arrière delà locomotive; d'un autre côté, la force d'émission de vapeur et de fumée par la cheminée , qui acquiert quelquefois une vitesse de lao mètres par seconde, occasionne inie pression considérable sur l'avant de la machine , et enfin si , la fracture ayant eu lieu , on arrête la machine, le convoi, quia une très-grande vitesse acquise, vient frapper le tender qui pousse la locomotive par l'intermédiaire de la tige d'attache; cette tige a pris une position diagonale, et l'extrémité qui tient à la locomotive est alors beaucoup plus élevée que l'autre, de sorte que la force d'impulsion agissant en dessous de la galerie (Joot plate), la sotdève, fait porter l'extrémité antérieure de la locomotive plus fortement en terre, et si le momentum est très- considérable, le devant du tender peut se trou- ver soulevé à son tour, et, renversant premièrement la locomotive sens dessus dessous, la tige d'attache se rompra, et le tender passera par- dessous la locomotive. Il y a tout lieu de croire que ceci a eu lieu avec la locomotive à six roues et son tender , dans l'accident dont il est question. » Il s'ensuit que quand même il serait possiI)le de construire une loco- motive à six roues de manière à ce que les roues de devant ne fussent pas plus chargées que les roues de derrière , dès que les roues de devant ne supporteraient plus la locomotive, les trois dernières causes que je viens (7.3) d'énumërer seraient suffisantes pour faire tomber le devant de la locomotive à terre. » On peut dire que toutes les fois que le premier essieu d'un convoi se cassera et que les roues se détacheront, que cet essieu appartienne soit à une locomotive d'un système quelconque, à un tender ou à un waggon, le devant du tr^in tombera à terre, et le convoi sera brusquement arrêté; mais ce n'est pas une fois sur mille qu'une coïncidence de circonstances tout à fait extraordinaire amènerait des résultats aussi désastreux. » Dans certaines locomotives à quatre roues, d'une construction parti- culière, la fracture de l'axe de devant n'aurait pas amené la chute des roues, et l'accident se serait réduit à un choc violent et lui moment de re- tard, » Il ne faut donc pas attribuer la cause du mal au nombre des roues des locomotives: la cause de l'accident est simple, le remède est facile et a tté depuis longtemps discuté par les fabricants de locomotives; si l'Académie veut mêle permettre, je lui soumettrai la semaine prochaine des données sur les accidents semblables qui sont arrivés en Angletene ou en Amérique, ainsi que les remèdes qui ont été proposés ou adoptés. » L'Académie renvoie à l'examen de la Commission nommée pour le Mémoire de M. Perdonnet vingt-deux Notes et Lettres qui lui ont été adres- sées, également à l'occasion de la catastrophe du 8 mai, parMM, Franchot, DE JOUFFROY, DULAURIER, SOREL, BoQUILLON, LeROY, MimCB , ChEVALLIER , MllHARD, DOBEZ, Ph. MaTHIEU , ChES! froUeiment compris, 29. 4^ livres par pouce carré, avant détente. » Cela posé , les expériences offraient les résultats suivants : Pression effective dans la cbau- , dière 16. 5 Expérience III („ „ • , , ,• . VRapporti. ' Pression eliective dans le cyimdre, ' avant détente, a très-peu près. 16, 5 Pression «ffective dans la cbau- , dière 4'' • ^4 1 „ Expérience II < ^^ . , , ,. , )Rapporto.4i ' Pression effective dans le cylindre, j avant détente i6.5o ] Pression effective dans la chau- , dière 4° • " i Expérience I ( „ . „.,,,• j )Rapporto.74. ' Pression clIective dans le cylindre, 1 avant détente 29.48] » Ces expériences prouvent assez que toute supposition d'égalité, ou même d'un rapport constant quelconque, entre les deux pressions, est nëcessairement inexacte; mais pour qu'il ne puisse rester aucun doute à cet égard, nous citerons encore quelques preuves tirées des machines de Cor- nouailles, ou des tracés d'indicateur obtenus dans ces machines. On sait que cet instrument , inventé par Watt, et formé d'un ressort comprimé par la vapeur, trace sur une carte mobile, au moyen d'un crayon fixé à l'extré- mité du ressort, une courbe qui indique la pression de la vapeur dans le cy- lindre, en chacun des points de la course du piston. Il est donc facile de comparer la pression de la vapeur dans le cylindre , avec la pression qui existe au même instant dans la chaudière. Or, en examinant les tracés obte- nus par ce nooyen, on trouve une différence très-grande et très- variable entre les deux pressions; et l'on en aura la preuve en consultant les tracés consignés par divers ingénieurs anglais, et dans un autre but , dans les deux premières planches du volume III des Transactions de l'Institution des Ingénieurs ciwls de Londres. On y observera les rapprochements suivants : ( 7^3 ) Pression effective dans la chau- dière, en livres, par pouce carre' 6i ,8 I. Machine de Huel'Towan\ Pression effective maximum, dans ) Rapp. 0.44 le cylindre, pendant sa commu- nication avec la chaudière 27 . o Pression effective dans la chau- dière 36 8 JI. Machine de East-Crinnis{ Pression effective maximum , dans ) Rapp. o63. le cylindre, pendant sa commu- nication avec la chaudière 23 i Pression effective dans la chau- dière 26. 3 IM . Même machine ( Pression effective maximum, dans ) Rapp. 0.^6. le cylindre , pendant sa commu- nication avec la chaudière 30.0 » Tous les tracés d'indicateur représentés dans la planche 4 du volume II du même ouvrage, offrent des résultats entièrement semblables; et nous citons à dessein ces e.\emples , parce que chacun peut les vérifier directement. » Il résulte donc de ces observations , que dans les machines^a^e*, la va- peur subit des réductions de pression tout aussi considérables , et tout aussi peu proportionnelles à la pression dans la chaudière, que dans les machines locomotives; et comme, dans les locomotives, les passages de la vapeur se font de ^ à 77 de l'aire du cylindre, et que dans les machines soiunises plus haut à l'expérience, ces passages avaient -^ et 7^ de l'aire du cylindre, ce qui est plus qu'il n'est d'usage de leur donner dans les machines fixes, où on ne les fait ordinairement que de ^ de l'aire du cylindre , on voit que les effets observés ne peuvent être attribués à des dimensions trop faibles poin- les passages de la vapeur. Par conséquent, dans les machines fixes, comme dans les locomotives, il est impossible de calculer la pression de la va- peur dans le cylindre, pour en concliu-e l'effet utile de la machine, au moyen d'un coefficient constant quelconque, appliqué à la pression observée dans la chaudière. » Dans un prochain Mémoire, je me propose de montrer que l'établis- sement de ces différences très- variables de pression , qui se produisent dans le travail normal des machines à vapeur, n'est qu'un effet très- naturel, et qu'on aurait pu prévoira priori. » 99- ( 7^4 ) CHIMIE. — Sur la nature du résidu que laisse le zinc du commerce , traite par l'eau et Uacide sulfurique. — Lettre de M. G. Barruel. . « M. Jacquelain , à la suite du travail qu'il a entrepris pour la rectification du nombre proportionnel du zinc, a examiné le résidu non dissous par l'acide sulfurique étendu , le résultat de son analyse a été o, 1 4^ de fer, 0,439 de plomb, et o,oo36 de carbone. B M. Berzélius, d'après le travail qu'il fit sur ce résidu, a déclaré que c'était un oxyde particulier de zinc. » Enfin, M. Houton-Labillardière trouva par ses expériences que c'était de l'étain. » M. Barruel, de la Sorbonne, ayant une assez grande quantité de ces résidus, qu'il avait recueillis avec soin, les traita, il y a déjà quelques années, dans un creuset brasqué; son résultat fut un culot bien fondu, blanc grisâtre; le temps lui ayant manqué, je me suis chargé de l'examiner. Il était peu malléable; sa cassure indiquait sa iion-homogénité. J'y ai trouvé : étain 58,6, plomb 34,5, soufre 5,5, plus des traces de fer, de man- ganèse, etc., que je n'ai pas dosées. » Voulant vérifier si tous les zincs donneraient de l'étain , j'ai traité une assez grande quantité de ces résidus par l'eau, aiguisée d'acide sulfurique, pour me débarrasser du zinc qui aurait pu y rester, et j'ai facilité la réaction par l'ébullition. Le lendemain, je trouvai le fond de la capsule rempli d'ai- guilles métalliques , blanches, très-brillantes, enchevêtrées comme celles de l'argent dans l'arbre de Diane : c'était de l'étain. » La diversité de ces résultats semble montrer que tous les zincs du com- merce n'ont pas une composition identique ; il paraîtrait cependant , d'après la similitude des résultats obtenus par M. Labillardière il y a plus de vingt ans , et par moi sur le culot obtenu il y a dix ou douze ans , comme sur les résidus d'opérations de cette année, que le résidu stannique est le plus fré- quent.» M. Arago a donné l'analyse d'un excellent Mémoire de M. Petit, sur le climat de Toulouse. M. Petit avait trouvé pour la température moyenne de la ville dont il dirige l'Observatoire : En 1839 i4°,i5 En 1840 i3,o6 1841 lui a donné i3 ,3o o n Moyenne 1 3°, 00 (7^5) Ce nombre est, à ce qui parait, un peu plus élevé que celui que donne- ront les fontaines de la ville. M. Petit sera invité, au nom de l'Académie, à continuer ses utiles et laborieuses recherches. M. Arago a présenté, de la part de M. le capitaine de vaisseau Bérabd, un manuscrit intitulé : Observations météorologiques et autres , jàites dans le golfe du Mexique , à bord du Voltigeur, pendant les années i838 et i83g. Lorsque le temps nous l'aura permis , nous insérerons dans les Comptes re« 1. Dans ma réclamation, insérée au Compte rendu de la séance de l'Académie des Sciences du 18 avril 1842, je me suis élevé contre une accu- sation que MM. Joly et Boisgiraud ont portée contre moi dans {'avertisse ment placé en tête de leurs Nouvelles recherches sur les mouvements du camphre. lis m'ont accusé d'avoir emprunté leurs idées sans avoir in- diqué la source où je les aurais puisées; je les ai sommés de s'expliquer à cet égard ; c'est ce qu'ils ont fait dans la Note à laquelle je réponds ici. Dans la Lettre d'envoi qui a accompagné cette Note , ils ont déclaré qu'ils n'avaient eu aucunem.ent l'intention de porter une accusation contre moi. Je dois apprécier cette absence d'intention, mais le fait subsiste. C'est à leur accusation d'abord nettement exprimée, et aujourd'hui appuyée sur ce qu'ils regardent comme des preuves, que je vais répondre. Nous al- lons voir quels sont ces droits à la priorité <\vi'\\s revendiquent. ■ C. K , iSia, i" iemsiire. (T. XIV, N» 21.) , 'ÔO . ( 73» ) » 2. Je dois faire remarquer d'abord que. dans mon ouvrage, j'ai fait connaître que j'avais lu le Mémoire manuscrit de MM. Joly et Boisgiraud ; ce qui eût été de ma part une grande maladresse, si j'avais effectivement fait des emprunts à ce Mémoire. J'ai pris connaissance de ce dernier le 20 avril i84i, lendemain du jour où il a été présenté à l'Académie des Sciences : depuis ce jour je ne l'ai pas vu ; il a siîrement été envoyé , comme c'est l'ordinaire, au président de la Commission nommée pour l'examiner. J'avais gardé le souvenir des faits principaux que contenait ce travail, mais les faits de détail étaient coniplétemetit sortis de ma mémoire, lors- que, un an environ après, j'ai écrit mon ouvrage intitulé: Recherches sur la force épipolique. Je fais cette déclaration uniquement dans l'intérêt de la vérité, et non pour m'en prévaloir contre l'accusation d'avoir fait des emprunts au Mémoire dont il s'agit. Je dois ici me placer dans les condi- tions les plus défavorables pour moi , et supposer que j'avais ce Mémoire sous les yeux lorsque j'ai écrit mon ouvrage » 5. J'ajouterai, pour terminer ces observations préliminaires, que j'étais si loin de penser que MM. Joly et Boisgiraud pussent trouver dans mon ouvrage des sujets de plainte ou de récrimination contre moi, que c'est moi-même qui leur en ai adressé un exemplaire aussitôt qu'il a été imprimé. Actuellement j'entre en matière. » 4. La Note dans laquelle MlM. Joly et Boisgiraud ont spécifié les . emprunts qu'ils prétendent que j'ai faits à leur Mémoire, a confirmé plei- nement mes prévisions, en me faisant voir que leurs prétentions à cet égard sont entièrement dépourvues de fondement. Pour arriver à cette démonstration, je commence par définir ce que c'est qu'une propriété intellectuelle. On ne doit doruier ce nom, dans les sciences , qu'aux idées originales et aux découvertes de faits. Toutes les idées vulgaires, tous les faits qui n'ont point de propriétaires connus, appartiennent au domaine scientifique public. Lorsque, dans des ouvrages scientifiques sur les mêmes sujets, deux auteurs se rencontrent dans l'emploi des mêmes expressions, il n'y a rien là que de très-naturel, et supposé qu'il y eiit emprunt de ces expressions par i'un de ces auteurs à l'autre, il n'y aurait rien là que de très-licite, lorsque ces expressions empruntées sont nécessaires pour exprimer les idées, et que leur emploi n'entraîne point l'usurpation d'une idée originale. Il k'cu est |)as des sciences comme des lettres, où la pro- priété intellectuelle consiste dans l'éloquence du langage, dans l'harmonie du discours en prose ou en vers, dans le piquant des idées , piquant qui ' ( 73. ) résulte souvent du choix de l'expression, etc. Ceux qui cultivent les sciences physiques se trouvent dans le domaine de V académie des choses, et non dans celui de Yacadémie des mots, pour me servir de l'expression spi- rituelle d'un membre de l'Institut, et pour donner un exemple du cas où l'usurpation d'une expression serait un véritable plagiat. Dans les sciences, le plagiat consiste dans l'usurpation d'une idée scientifique ori- ginale ou d'une découverte. Armé de ces notions préliminaires, je vais examiner si j'ai emprunté à MM. Joly et Boisgiraud des idées originales ou des découvertes , au sujet desquelles ils puissent revendiquer leurs droits à la priorité. » o. Ces auteurs se plaignent de ce que , en parlant de l'arrêt des mou- vements du camphre sur l'eau par l'immersion des corps qui ont un en- duit gras, je me suis contenté de dire, Vexpéiience apprend, sans avoir dit que cette expérience leur appai-tenait. C'est que, dans le fait, cette idée originale ne leur appartient pas; elle appartient à Venturi, qui même semble avoir été précédé , à cet égard , par Lichtemberg. Romieu avait prétendu que le mouvement du camphre sur l'eau était suspendu par l'immersion dans ce liquide d'im corps cl)nducteur de l'électricité , effet que ne produisait pas un corps non conducteur Dès 1787, Lichtemberg a expérimenté, cpntradictoirement à ces assertions, qu'un fil de laiton plongé dans l'eau, sur la surface de laquelle se mouvait le camphre, n'arrêta point le mouvement de ce dernier, et que si l'immersion de la boule de verre d'un thermomètre dans cette même eau arrêta le mou- vement du camphre, cela provenait de la malpropreté de cette boule. Venturi, en 1797, fut bien plus explicite à cet égard, car il dit formelle- ment que l'immersion dans l'eau à'un corps quelconque, conducteur de l'électricité ou non, n'arrête point le mouvertient du camphre, pourvu qu'il soit bien nettojé de toute substance huileuse (1). Ainsi, Vidée origi^ nale appartient incontestablement ici à Venturi. MM. Joly et Boisgiraud semblent le reconnaître, puisqu'ils indiquent, sans toutefois le citer textuellement, le passage ci-dessus du Mémoire de Venturi. Us n'ont donc point à prétendre à la propriété de cette idée originale ou de cette décou- verte; ils ont cultivé la propriété intellectuelle de Venturi , et voilà tout. » 6. J'en dirai autant par rapport à la réclamation de MM. Joly et Bois- giraud relative à l'arrêt du mouvement du camphre lorsque l'eau sur la- ( I ) Annales de Clumie , t. XXI , l'ag€ 268. 100. ( 73^ ) quelle il est placé se trouve dans un vase dont les parois sont malpropres. Ces auteurs reconnaissent ici que B. Prévost les a précédés dans la décou- verte de la cause de cet arrêt de mouvement , et qu'il a indiqué , dans ce cas , la nécessité de nettoyer les vases avec une lotion alcaline. Vidée originale ou la découverte appartient donc ici à B. Prévost ; c'est ?,& propriété intellec- tuelle: elle a été cultivée par MM. Joiy et Boisgiraud qui, par une culture soignée, en ont obtenu ym fruit nouveau, ce que je me suis empressé de consigner dans mon ouvrage, ainsi que je vais l'exposer tout à l'heure. Il n'en reste pas moins certain que Vidée originale n'a point cessé d'appartenir ici à B. Prévost. MM. Joly et Boisgiraud n'ont donc encore ici aucun droit pour réclamer la priorité. Quant à moi, dans ce cas comme dans le pré- cédent (5), je n'ai pu leur faire (^emprunt dans une matière dont ils ne sont ^As propriétaires , car on n'emprunte qu'à celui qui possède. » 7, Deux, mois environ avant la présentation du Mémoire de MM. Joly et Boisgiraud à l'Académie des Sciences, mon confrère àl'AcadémieM. Bous- singault m'avait prévenu sur l'existence inaperçue des substances grasses à la surface des corps solides et spécialement des métaux les plus propres en apparence. 11 avait obtenude leur analyse, dans certaines expériences, des quantités très-notables de gaz qui devaient leur origine à ces substances organiques. Il me conseilla de nettoyer complètement les métaux que j'em- ployais à mes expériences , pensant que l'arrêt du mouvement du camphre sur l'eau, par leur immersion dans ce liquide , provenait de la présence de cette couche inaperçue de substance grasse. Je suivis ses conseils et je vis qu'ils étaient parfaitement fondés. J'eus regret alors d'avoir fait trop peu d'attention aux expériences de Venturi et de B. Prévost. Je m'abstins dès lors de publier une quatrième partie de mon Mémoire que j'avais annoncée (i). Je me proposais de revenir sur les erreurs théoriques auxquelles je m'étais laissé entraîner lorsque je publierais l'ouvrage déjà projeté que je viens de faire paraître, ouvrage qui nécessitait de ma part des recherches nouvelles et fort étendues. .MM. Joly et Boisgiraud m'ont prévenu par la présentation de leur Mémoire à l'Académie des Sciences, le ig avril 1841- » 8. Tout ce qui précède prouve bien que MM. Joly et Boisgiraud n'ont rien à prétendre relativement à la priorité pour Vidée originale qui fait dépendre l'arrêt des mouvements du camphre sur l'eau de la malpropreté inaperçue des corps solides qui sont en contact avec ce liquide. Il me reste à (1) Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences , t. XII , p. i5o. ( 733 ) dire pourquoi je me suis exprimé d'une manière vague à cet égard dans mon ouvrage, où j'ai évité de dire à qui appartenait ïidée originale dont il est ici question, mais cependantsans mel'attribuerà moi-même, comme MM. Joly et Boisgiraud pensent qu'il paraîtrait que j'aurais voulu le faire. Le Mémoire encore inédit de ces auteurs était soumis au jugement d'une Commission de l'Académie; je n'avais point le droit de publier les expériences contenues dans ce Mémoire inédit; les convenances les plus délicates m'interdisaient d'imprimer les observations critiques que je viens de faire sur le droit pré- tendu des auteurs de ce Mémoire à la propriété des idées originales qu'ils considéraient comme leur appartenant. J'ai écarté toute difficulté à cet égard, en ne nommant point les propriétaires de ces idées originales et en me contentant d'employer les formules, Y expérience apprend, '] ai reconnu, expressions qui annonçaient l'existence dans la science des faits auxquels elles s'appliquaient et dont je reconnaissais la vérité. Ces résultats de l'ex- périence étaient publiés dans les ouvrages de B. Prévost et de Venturi ; ils étaient reproduits dans les conclusions du Mémoire de MM. Joly et Bois- giraud, conclusions imprimées dans les Comptes rendus des séances de l'jdcadémie des Sciences près d'une armée avant la publication de mon ou- vrage ; il est donc bien évident que je ne puis être soupçonné d'avoir voulu m'en attribuer la propriété. y> 9. Ainsi ces deux premières réclamations de MM. Joly et Boisgiraud sont aussi mal fondées qu'elles sont mal adressées , car d'une part la priorité qu'ils réclament ne leur appartient pas, et d'une autre part je n'ai cherché en aucune façon à m'en emparer. Ces droits à la priorité appartiennent à B. Prévost et à Venturi. Ce qu'il y a de remarquable ici, et ce qui prouve bien que MM. Joly et Boisgiraud ne se sont point fait une idée juste touchant In propriété en matière scientifique , c'est qu'il leur paraît, disent- iis, que c'est leur Mémoire et non ceux du projesseur de Montauban iB. Prévost), qui m'aurait mis sur la voie des rectifications que j'aijait subir à mes anciennes idées. Eh bien, quand cela serait vrai, ce qui tonte- fois n'est pas, cela changerait-il l'état de la question? cela enlèverait-il à B. Prévost la propriété de son idée originale? et parce qu'ils ont reproduit cette idée originale, peuvent-ils admettre qu'on la leur ait empruntée au détriment de son seul possesseur? N'est-il pas dans le sens commun que l'on ne peut emprunter qu'à celui qui possède ?" n 10. J'ai dit plus haut (8) que , par sentiment de convenance, j'avais dû m'abstenir de parler des expériences contenues dans le Mémoire alors iné- dit de MM. Joly et Boisgiraud, surtout quand j'avais des observations cri- ( iM ) tiques à faire. Le premier de ces motifs a dû céder, dans mon esprit, de- vant im sentiment que chacun appréciera. J'ai trouvé dans leur Mémoire des expériences ingénieuses qui prouvaient mon erreur; j'ai dû me permettre de les publier. J'ai dit plus haut (6) que ces auteurs avaient obtenu un fruit nouveau de la culture soignée de Xsk propriété intellectuelle ou de Vidée ori- ginale de B.Prévost. J'indique, parce langage métaphorique, les expériences tout à fait nouvelles par lesquelles ces auteurs ont prouvé que j'avais com- mis une erreur en attribuant à la lente élévation de l'eau dans un vase l'absence du mouvement du camphre à la surface de ce liquide. Or, j'ai re- connu hautement avec eux que ce phénomène n'avait lieu que lorsque le vase était enduit d'une manière inaperçue par des matières orgaiûques qui étaient détachées de plus en plus de ses parois par l'élévation graduelle et lente de l'eau, ce qui n'avait pas lieu lorsque l'eau était versée brus- quement. Cette déclaration avait un autre effet, celui de reconnaître leur droit d'antériorité sur moi, sinon leur droit de priorité absolue, par rapport aux expériences qui sont relatives à l'arrêt des mouvements du camphre sur l'eau contenue dans des vases dont les parois sont mal- propres. J'expose enfin, dans ce même endroit, que ces auteurs, dont le travail est antérieur au mien, nettoyaient soigneusement les vases dont ils se servaient pour leurs expériences avec de l'ammoniaque, pour leur enle- ver tout enduit gras qui aurait pu salir leurs parois. Ces déclarations si explicites devaient suffire pour éloigner d'eux toute idée que j'avais voulu être injuste et encore moins usurpateur à leur égard; elles devaient suffire pour leur interdire les réclamations dont j'ai fait voir d'ailleurs plushaut (6) le défaut de fondement relativement au droit de priorité. » H. Les réclamations de MM. Joly et Boisgiraud auxquelles je viens de répondre paraissent suffisantes à ces auteurs pour prouver que je leur ai fait des emprunts , et ils ne se décident à poursuivre l'énumération de ces emprunts prétendus (que je qualifie ainsi à bien juste titre) que pour répon- dre à la sommation que je leur ai faite de les spécifier tous. Ici je dois faire une observation importante. » 12. Dans leur Mémoire, MM. Joly et Boisgiraud ne s'occupent que des mouvements du camphre sur l'eau et sur le mercure. Je me suis occupé du même sujet dans mon ouvrage, qui offre en outre l'étude de bien d'autres phénomènes. Or c'est dans les parties de cet ouvrage qui sont étrangères à l'étude des mouvements du camphre que sont puisés, à l'exception d'un seul, tous les sujets des réclamations de MM. Joly et Boisgiraud auxquels il me reste à répondre, circonstance que ces auteurs ont oublié de men- ( 73.^ ) tionner. Ainsi, dans le chapitre où j'étudie ie phénomène de rextension"^ spontanée de divers liquides en couches extrêmement minces sur la surface des solides polis, je suis conduit à parler de la nécessité de nettoyer ces surfaces, et entre autres la surface du verre, de tout enduit gras. J'indique à ce sujet, comme moyen de nettoyement, l'emploi des liquides alcalins et des acides concentrés. Or, MM. Joly et Boisgiraud ayant indiqué les mêmes moyens de nettoyement par rapport aux vases destinés à contenir l'eau sur la surface de laquelle le camphre doit se mouvoir, réclament à cet égard leur droit de priorité. Ainsi il n'est plus question ici de rivalité d'expérien- ces, il ne s'agit que de la priorité de l'emploi des moyens propres à enlever un enduit gras de dessus la surface d'un corps solide, quel que soit d'ailleurs le but de ce nettoyement. La nature grasse, ou plus généralement orga- nique de cet enduit, indique trop suffisamment l'emploi des moyens géné- ralement connus qui sont propres à le détruire, pour qu'il soit besoin de recourir à cet effet au Mémoire de MM. Joly et Boisgiraud. Ces moyens sont l'emploi des alcalis, de certains acides concentrés, de la chaleur portée jusqu'à l'incandescence. Tout cela est connu, je ne dirai pas seulement des savants, mais du vulgaire. Comment donc MM. Joly et Boisgiraud ont-ils pu avoir l'idée de m'accuser deleuravoiremprunté ces moyens de nettoiement, et de réclamer à cet égard la priorité ? Autant vaudi-ait pour eux réclamer la priorité sur la cuisinière qui nettoie ses vases culinaires en y faisant bouillir de l'eau rendue alcaline par la cendre , ou qui , dans certains cas , les fait rou- gir au feu pour leur faire perdre leur enduit gras. Quant à l'emploi des acides concentrés, parmi lesquels j'ai choisi l'acide sulfurique, ne sait-on pas généralement que cet acide décompose et détruit les substances orga- niques? c'est là un fait dont la découverte n'appartient à personne de connu; il est dans le domaine scientifique public, oii tout le monde a droit de puiser : il n'est donc pas besoin, pour employer ce moyen de nettoiement, de l'empruuter à MM. Joly et Boisgiraud. Ici je puis les laisser se débattre avec M. Marcel , de Genève , dont une lettre à M. Arago est insérée aux Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, tome XIV, page 586, même séance que celle dans laquelle a été présenté le Mémoire imprimé de MM. Joly et Boisgiraud. Dans cette lettre, M. Marcel rapporte les curieuses expériences qu'il a faites touchant l'iniiuence qu'exercent les substances organiques adhérentes, «l'une manière inaper- çue, aux parois des vases de verre, sur le degré de la chaleur à laquelle parvient l'eau au moment de son ébullitiou. Pour détruire cette couche inaperçue de manière organique, M. Marcet se sert de l'acide sulfurique ( 7'^^ ) sans avoir pu , à coup sûr , emprunter ce moyen de nettoiement à MM. Joly et Boisgiraud , et à coup sûr aussi sans avoir la prétention , à leur exemple, de revendiquer des droits à la découverte de ce moyen. Cette prétention exorbitante de MM. Joly et Boisgiraud tient à la fausseté des idées qu'ils se sont faites touchant le plagiat, ou, pour parler poHment comme eux , touchant les" emprunts en matière scientifique. Ce qui appar- tient au domaine scientifique public , chacun a le droit d'en user, sans s'em- barrasser si un autre en a usé avant lui. Si MM. Joly et Boisgiraud avaient trouvé un moyen nouveau de détruire ou de dissoudre les matières orga- niques, et qu'en faisant usage de ce moyen je n'eusse point indiqué la source où je l'avais puisé, ils auraient eu pleine raison de revendiquer leurs droits à la priorité , mais ce n'est pas ici le cas. » 13. J'arrive à un passage de la Note de MM. Joly et Boisgiraud dont une expression offre un sens douteux. Ils disent: « M. Dutrochet est » tellement convaincu de la nécessité d'opeVer avec des appareils d'une pro- » prêté parfaite , que pour obtenir des surfaces exemptes de tout enrluit » gras, des surfaces neuves ^ comme il les appelle, il brise des vases de » cristal à parois épaisses et porte le scrupule jusqu'à éviter de toucher les » fragments avec un linge sec et en apparence bien propre. » Que veut dire ici ce mol opérer? Tout le monde comprendra, à coup sûr, qu'il s'agit ici de la rivalité des expériences faites par MM. Joly et Boisgiraud et par moi sur les mouvementsdu camphre, expériences pour la réussite desquelles il est nécessaire que les appareils soient d'une propreté parfaite. Eh bien, il n'en est rien; il s'agit ici d'expériences qui me sont propres, d'expériences totalement différentes par leur nature, comme par leurs résultats, de celles qui ont trait aux mouvements du camphre sur l'eau. MM. Joly et Boisgiraud ont arrêté le mouvement du camphre sur l'eau en touchant ce liquide avec un tube de verre qui avait été essuyé avec des linges propres , (lu moins en apparence. Dans les expériences totalement différentes qui me sont propres, j'ai touché la surface de la cassure récente d'une masse de cristal avec un linge sec et en apparence bien propre. Après ce contact, une goutte d'eau déposée sur cette surface ne s'y est point étendue en couche mince, comme elle l'eût fait sans ce contact antécédent; elle y a conservé sa forme hémisphérique. Les résultats obtenus ici par MM. Joly et Boisgiraud et par moi, résultats aussi différents que le sont nos expé- riences, ont un seul point de ressemblance : ils ont indiqué également que le linge propre en apparence ne l'était pas effectivement. Est-ce ce résultat plus qu'insignifiant que MM. Joly et Boisgiraud regardent comme un em- ( 737 ) ■ prunt que je leur aurais fait et pour lequel ils réclament la priorité? On serait tenté de le penser en les voyant souligner avec intention les mots qui sont soulignés ci-dessus, mots que j'ai employés comme eux. Je ne leur ferai pas l'injure d'admettre une pareille supposition. Non, il est évident qu'ils se sont laissé entraîner ici, comme ci-dessus (12), par cette fausse idée qu'im emprunt leur est fait lorsque fortuitement, et même nécessaire- ment, on se trouve appelé à employer quelques expressions semblables à celles dont ils ont usé , et cela même quand il s'agit des idées les plus vul- gaires et les moins scientifiques. » 14. Dans le cours de mes expériences étrangères au mouvement du camphre et dont je viens de parler, j'ai vu que la cassure récente d'une masse de cristal étant demeurée exposée à l'air, dans un tiroir bien propre, pendant quelques jours, elle cessa d'être apte à opérer l'extension rapide d'une goutte d'eau déposée sur elle; que cette goutte y conserva sa forme hémisphérique. Ce fait me prouve que la surface vitreuse avait acquis, par le contact prolongé de l'air , une qualité qu'elle ne possédait pas auparavant, et je fus porté à induire de là que des émanations organiques , toujours ré- pandues dans l'air des appartements habités, s'étaient condensées et fixées d'une manière inaperçue sur ces surfaces île verre. MM. Joly et Boisgiraud n'hésitent point à indiquer que je leur ai encore fait ici un emprunt, parce que, dans leur mémoire, en parlant des précautions qu'il faut prendre pour avoir des vases parfaitement propres, afin que le camphre se meuve sans obstacle sur l'eau qu'ils contiennent, ils ont dit : La poussière et les éma- nations de toute espèce qui sont mêlées à l'air d'un appartement suffisent pour introduire dans les expériences des causes graves d'erreurs. MM. Joly et Boisgiraud ne font encore ici aucune mention de la différence fonda- mentale qui existe entre leurs expériences et les miennes , en sorte que le lecteur est nécessairement conduit à penser que ce sont, départ et d'autre, les mêmes expériences qui sont dites être influencées par les émanations organiques répandues dans l'air et fixées sur la surface du verre. Or on vient de voir, par mes explications, qu'il n'en est rien. J'écarte le fait trop vulgaire de la souillure des corps par les poussières qui s'y attachent; il ne reste donc ici qu'un seul fait qui soit exprimé simultanément par ces auteurs et par moi : c'est celui du dépôt sur la surface du verre des substances orga- niques répandues dans l'air sous forme de vapeurs, fait qui n'est même nettement exprimé que par moi. Or, je ferai observer que l'assertion de MM. Joly et Boisgiraud à cet égard est vague et sans expériences à l'appui; elle est hypothétique, tandis que dans mon ouvrage cette même assertion C. R., i84î, i" Semeitre, (T. XIV, 1\" 2i.) lOI ( 738 ) se déduit naturellement d'un fait expérimental. Il est évident, dès lors, que je n'ai point emprunté à une hypothèse ce qui m'était , D,z = q, elle deviendra (2) Y{x, X, 2, p, q) =: o. Soit maintenant (3) ,z=/(x, j, «, O une valeur de z qui, renfermant deux constantes arbitraires a, Q, ait la double propriété de vérifier l'équation (i), et de se réduire, pour une va- leur donnée 0 de la variable x, à une certaine fonction de y, a, Q repré- sentée par ï{jr,a, C), en sorte qu'on ait identiquement f{^> J» «> ^) = f^J> «> S)' ^ L'équation (3), différentiée par rapport à ^, donnera (4) q = D,/(^, X, a, €). Cela posé, concevons que des équations (3) et (4), résolues par rapport à a, ^, on tire (5) et = u, € = i>. ( 742 ; M, i> étant des fonctions déterminées de x, jr, z^ q; et nommons U, V ce que deviennent u et v pour x=^. Les valeurs de a, S, tirées des équations seront précisément (7) - a ^ U, g = V. D'ailleurs, en considérant z et q comme des fonctions de .r, j^, détermi- nées par les équations (3) et (4), ou, ce qui revient au même, par les formules (5), on tirera de la seule équation CL = u, différentiée successivement par rapport à .r et par rapport à y, D^M -|- D,zD,M -f- D,yD,tt = o, Dy« -f- D,zD,M + DyçDjM = o; puis, en ayant égard .uix formules D,r = p, DjZ = q, l\q = Dyp, on trouvera D,M H- pD^u ■+• BypD^u = o^ ^ ' ( D,a + qï),u ■+• Dy^D^u = o. Enfin, si l'on désigne par X, Y, Z, P, Q les dérivées partielles de la fonction F {x, J, z, p, q), différentiée successivement par rapport à ^, J, z, p, q; ( 743 ) alors , en considérant toujours z, p,q comme fonctions de x, f, on tirera de la formule (2) , différentiée par rapport à f, (9) Y H- ^Z + PD,;; + QD,7 = o, et de cette dernière, fcomblnée avec les formules (8) , (.0) PDiM-^QD^K + (P/? + Q7)D.M — (Y4-^Z)D,« = o. » Si l'on suppose que p soit éliminé du premier membre de la for- mule (10) à l'aide de l'e'quation (2) , ce premier membre se réduira simple- ment ou à zéro, ou à une fonction déterminée ^{^, j, ^, q) de X, J, z, q. Mais celte dernière hypothèse est inadmissible; car, si elle se réalisait sans que la fonction ^{x, y^z^q) se réduisît identiquement à zéro , l'équation ^(^, J, 2, ?) = o' établirait entre X, jr, z, q une relation qui devrait subsister pour la valeur 0 de x ; et par suite > l'équation , ^(?» y, z, ?) = o établirait une relation entre les valeurs de ^, j^ qui peuvent être choisies arbitrairement, et les valeurs de zq tirées des formules (6). Or, c'est là précisément ce que l'on ne saurait admettre, attendu que les formules (6) peuvent être rempltfcées par les équations (yj, et que celles-ci peuvent être regardées comme propres à fournir les valeurs des constantes arbi- traires a, ê, correspondantes à des valeurs données quelconques de j-, z, q. Donc la fonction ^ [x , j,z,q) doit se réduire identiquement à zéro ; et lorsqu'à l'aide de la formule (2), on élimine p de l'équation (10), cette dernière devient une équation linéaire aux dérivées partielles, à laquelle doit satisfaire «, considéré comme fonction des variables X, y, z, q. (744 ) Donc, en définitive, la fonction de x , f, z, q représentée par m, est une intégrale particulière de l'équation linéaire aux dérivées partielles (il) PD,«4-QD,« + (Pp-|-Q9)D.«--(YH-9Z)D,« = o, dans laquelle on suppose p déterminé par la formule (a) ; et cette inté- grale particulière est celle qu'on obtient quand l'inconnue « est assujettie à prendre la valeur U pour ^=^. On prouvera de même que la fonc- tion V est encore une intégrale particulière de l'équation linéaire (ii), savoir, l'intégrale qu'on obtient quand l'inconnue « est assujettie à prendre la valeur V pour x=:^. En conséquence, on peut énoncer la proposition suivante. » i" J'^eorè/we. Supposons qu'étant donnée l'équation aux dérivées par- tielles du premier ordre, et à deux variables indépendantes, F(x, j, z, D.z, Dyz) = o, on cherche l'intégrale particulière qui vérifie, pour x:=^, la condition f(^, a, C) désignant une certaine fonction de la variable indépendante^ et des deux constantes arbitraires a, S. Soient d'ailleurs a = \], € = y, les valeurs de a, S, déduites des équations simultanées z = f(jr, «, S), q = ^,Hj, », ^)- u , V seront généralement des fonctions déterminées des trois variables J, z, qs et, pour résoudre la question proposée, il suffira d'éliminer q entre les formules u z=. u, 6 =: V, dans lesquelles u, i>, désigneront deux valeurs particulières de l'inconnue d'une équation linéaire aux dérivées partielles du premier ordre et à quatre variables indépendantes Si l'on représente par les dérivées partielles de prises par rapport à ( 745 ) X, jr, Z, q. Y, Z, P, Q F{x,j, z, p, q) J", 2, p, g, l'équation linéaire dont il s'agit sera ce que devient la suivante PD,« + QD,« H- (Pp + Qq)B.H — (Y + îZ)D,« = o, quand on élimine p à l'aide de la formule F(-a^i JK, z, p, q) = o; et les deux valeurs particulières «, t' de l'inconnue « seront celles qui se réduisent l'une à U, l'autre à V, pour x = ^. » La méthode et les raisonnements, à l'aide desquels nous avons établi le théorème qui précède, peuvent être appliqués dans tous les cas à l'inté- gration d'une équation aux dérivées partielles du premier ordre, quel que soit d'ailleurs le nombre des variables indépendantes^ et l'on se trouve ainsi conduit au théorème général que nous allons énoncer. » 2* Théorème. Soit «ar une fonction inconnue des n variables indé- pendantes assujettie à la double condition de vérifier, 1° quel que soit t, l'équation aux dérivées partielles du premier ordre »i * 4 i.-j j- . F (ar, ^, z,. . ., t, ^^"■, «» ^, y^■^ ■, fl), C. E., 184a, 1" demeure. (T. XIV, N» 21.) I02 ^- ( 746 ) dans laquelle a, €, y, . . ., ^, désignent des constantes arbitraires dont le nombre est égal à celui des variables x, j, z,. . ., t. Posons d'ailleurs, pour abréger, et soient a = U, g = V, y =zW,..., les valeurs de et, C, y,- . ., tirées des formules 'S' = f(x, j, z,..., a, C, y,.. ., 9), 7 = Byi'(.x,j, z,..., a., C, y,..., 6), r = Dj(a-, j, z,..., a, ^, ^, . .., 9), etc. U, V, W, . . . représenteront des fonctions déterminées des 2« — i quan- tités variables x,jr, z,..., -Tir, p, 7, r,...; et, pour résoudre la question proposée, il sufBra d'éliminer p, q, r,... entre les formules dans lesquelles u, V, w.. . , désigneront n valeurs particulières de l'inconnue d'une équation linéaire, aux dérivées partielles du premier ordre, et à 2n variables indépendantes. Si l'on représente par X, Y, Z,..., T, n, P, Q, R,...,S, les dérivées partielles de ¥{x, y, z,..., t, (HT, p, q, r,..., s) ( 747 ) prises par rapport à X, j, z,. .., t, (sr, p, q, r,..., s, l'équation linéaire dont il s'agit sera ce que devient la suivante !i PD,« + QD,« + RD.« -1- . .. -f- SD,« -h (Pp + Qq + Rr +...+Sa)D^« — (X + pn D,« — (Y + 9n)P7« — (Z-hrn;D,«— ...=o, quand on éliminer à l'aide de la formule J^i^i J, z,...,t,'sr,p,q,r,...,s) = o; et les n valeurs particulières u, i>, w,. . . de l'inconnue « seront celles qui se réduisent respectivement à pour < = T. » Puisque l'intégrale générale d'une équation aux dérivées partielles du premier ordre peut immédiatement se déduire d'une intégrale particulière qui renferme autant de constantes arbitraires qu'il y a de variables indé- pendantes, le 2* théorème réduit évidemment l'intégration d'une équation quelconque aux dérivées partielles du premier ordre, à l'intégration d'une équation linéaire du même ordre, dans laquelle le nombre des variables indépendantes est doublé. On peut d'ailleurs, comme l'on sait, réduire l'intégration d'une équation linéaire du premier ordre à l'intégration d'un système d'équations différentielles. Mais cette seconde réduction conduit rarement à des équations différentielles intégrables; et, au lieu de l'opérer, il sera généralement plus avantageux d'appliquer directement à l'intégra- tioi\ de l'équation linéaire les formules générales que j'ai données dans un Mémoire lithographie de i835. En effet, posons, pour abréger, w 'i^'? 102.. ( 748 ^ et V» = — Ç U^dt. L'équation linéaire, que le 2* théorème substitue à l'équation proposée, deviendra D,a = — D « , et l'on tirera successivement de cette dernière P = V + vV + v*V + ..., etc. . . . On obtiendra ainsi directement les valeurs de développées en séries qui, dans plusieurs cas, pourront être sommées, et qui d'ailleurs pourront toujours être employées tant que la valeur numé- rique de la différence t — t ne deviendra pas assez grande pour que ces sé- ries cessent d'être convergentes. » Dans d'autres articles je donnerai de nombreuses applications des principes que je viens d'établir, et je montrerai comment ces principes peuvent être étendus à des équations d'ordre supérieur au premier, ou, ce qui revient au même, à des systèmes d'équations simultanées aux dé- rivées partielles du premier ordre. » M. LÉON DcFOUR dépose sur le bureau un Mémoire manuscrit ayant pour titre : « Histoire comparative des métamorphoses et de l'anatomie des Cetonia aurata et Dorcus parallelipedus. » Note de M. Flourens. « M. Flourens, eu faisant le dépouillement de la correspondance de ce jour, a remarqué, parmi les questions proposées par l'Académie royale des Sciences de Bruxelles pour les prix de l'année i843, la question suivante : « Le gonflement et l'affaissement alternatifs du cerveau et de la moelle » épinière, isochrones avec l'inspiration et l'expiration, ne sont pas en- » core suffisamment expliqués. L'Académie demande : 1* Quelle est la » cause immédiate de ce phénoinène? 2° Quelle est, en général, l'itifluence » de la respiration sur la circulation veineuse? » ( 749 ) » M. Flourens croit devoir rappeler, à cette occasion, que la question dont il s'agit se trouve traitée, et, s'il ne se trompe, résolue, dans la se- conde édition de ses Recherches expérimentales sur le sj^stème nerveux j édition qui vient de paraître, et dont il a eu l'honneur de présenter un exemplaire à l'Académie dans la séance du 1 1 avril dernier. » M. Flourens croit avoir prouvé : i° contrairement à Haller, qu'il n'y a qu'un seul mouvement du cerveau, pris en masse, mouvement qui ré- pond au reflux du sang veineux ; » 2°. Contrairement à Richerand, que le mouvement des artères de la base du cerveau ne va point jusqu'à soulever cet organe ; » 3°. Que le mouvement du cerveau produit par le reflux du sang vei- neux pendant l'expiration, est plus encore un gonflement qu'un soulève- ment ; » 4''- Que ce mouvement n'est pas dû au seul reflux du sang veineux contenu dans les veines jugulaires et vertébrales, comme l'avait dit Lamure ; » Et 5° que la principale source du sang veineux qui , en refluant vers le cerveau pendant l'expiration, le smilève et le gonfle, est dans les grands sinus des vertèbres. » Au reste, voici les conclusions mêmes par lesquelles se termine le XXP chapitre des Recherches expérimentales sur le système nerveux^ chapitre qui a pour titre : Mouvement du cerveau. « 1°. Les mouvements alternatifs dégonflement et d'abaissement du cer- >) veau répondent aux mouvements de la respiration; » 2°. Le cerveau s'élève pendant l'expiration, il s'abaisse pendant l'ins- » piration ; » 3°. Ce qu'on appelle Vélévation du cerveau est un gonflement bien plus » qu'un soulèvement; » 4°- Des deux causes qui concqurent au gonflement du cerveau, l'afflux » du sang artériel et le reflux du sang veineux, le reflux du sang veineux » est la principale; » 5". Ce sang veineux qui, pendant l'inspiration, reflue dans le cerveau et » le gonfle, ne vient pas seulement des veines jugulaires et vertébrales, » comme on l'avait cru jusqu'ici ; il vient surtout des sinus vertébraux (i). » (i) Voyez l'ouvrage cité, page 336. ( 75o ) RAPPORTS. ÉcosoMiE AGRICOLE. — Rapport sur uu Mémoi 16 de MM. Guérik-Mékeville et Peurottet, relatif aux ravages quejont dans les caféieries des Antilles une race dinsectes lépidoptères et une espèce de champignons. (Commissaires, MM. Milne Edwards, de Gasparin, Dtiméril rapporteur.) « L'Académie a chargé MM. Milne Edwards, Gasparin et moi, de lui ren- dre compte d'un Mémoire de MM. Giiérin-Méneville et Perrottet concer- nant les ravages que font sur les cafiers des Antilles, certaines larves d'in- sectes et une espèce particulière de champignons. »Ce Mémoire a été brièvement analysé dans le Compte renc?M de la séance du 25 avril dernier sous le rapport de l'histoire naturelle ; mais comme il renferme des détails importants, nous croyons devoir en entretenir de nou- veau l'Académie. » Les larves dont il est question sont de très-petites chenilles qni pro- duisent des insectes parfaits ayant beaucoup d'analogie avec les lépidop- tères nocturnes que l'on désigne ordinairement sous le nom de Teignes. 11 est difficile de les découvrir quand elles sont sous leur première forme, surtout lorsqu'on ignore l'instinct astucieux qui les dérobe à la vue; car elles se logent sous l'épiderme des feuilles de l'arbrisseau dont elles rongent le parenchyme , et elles se mettent ainsi à l'abri des intempéries et de l'ar- deur de l'atmosphère, en même temps qu'elles soustrayent leur corps très- mou à la voracité des oiseaux et des insectes qui pourraient les détruire. » Les entomologistes qui ont fait une étude spéciale des lépidoptères dans ces derniers temps, et en particulier M. Duponchel, ont désigné sous le nom d'Élachiste, le genre auquel ils ont rapporté une trentaine d'espèces euro- péennes, évidemment analogues par les formes et les habitudes : ce nom , pro-. posé d'abord par M.ïreitschke, peut indiquer leur extrême petitesse. D'ail- leurs ces lépidoptères ont pour caractères une conformation particulière des palpes, des antennes et des ailes , et nous devons dire que les individus qui ont été soumis à l'examen de vos Commissaires sous les trois états de che- nilles, de nymphes et d'insectes parfaits conservés secs et dans la liqueur, leur ont présenté la plus grande analogie avec les espèces de France et en parti- culier avec celles dont l'histoire et les mœurs ont été si bien indiquées par ( 75i ) Réaumur (i). Ce sont de véritables chenilles mineuses se pratiquant non des galeries , mais une tente dans l'épaisseur d'une feuille dont elles ron- gent le tissu parenchymateux ^ en ayant soin de ménager artisteraent l'épi- derme de manière à se garantir de la sécheresse et à y trouver cet abri pro- tecteur, cette loile mince qui les cache pendant toute cette époque de leur première existence; mais à peine ont-elles acquis leur entier accroissement, que, filant chacune un petit cocon, toute la feuille attaquée se dessèche, se recoquille, noircit et ne participe plus à la vie , car elle ne remplit plus se* fonctions : de là le mal et le tort réel que ces insectes font aux planteurs. » L'histoire et les mœurs de ces larves d'élachistes ont été parfaitement étudiées sur les lieux par M. Perrottet, et M. Guérin-Méneville a décrit avec soin et figuré toutes ces particularités ; il y a joint en outre des détails cu- rieux sur leur conformation. Les objets même en nature et les dessins , exécutés sur des préparations faites avec talent, ont été mis sous nos yeux ; ils nous ont paru très-exacts et bien propres à éclaircir cette histoire parti- culière qui ne pouvait être mieux élucidée que par l'association de deux naturalistes observateurs aussi habiles chacun dans leur genre, l'un comme agricvdteur, l'autre comme dessinateur et entomologiste fort instruit. » M. Perrottet avait été consulté aux Antilles sur la cause de ces sortes d'altérations que les colons lui faisaient remarquer sur les feuilles des ar- brisseaux qui donnent le café. Ces arbres rabougris végétaient avec peine et donnaient très-peu de fruit. Le peu de feuilles qu'ils avaient encore por- taient de grandes taches noires; niais la plupart étaient desséchées, et, quoique mortes, elles restaient sur les branches. L'action vivifiante de l'at- mosphère ne pouvant plus s'exercer sur ces arbrisseaux, leur existence était très-compromise. Les cultivateurs attribuaient ces dégâts à diverses circonstances hypothétiques , car ils ignoraiejit la véritable cause de cette maladie , qu'ils appelaient la rouille. » M. Perrottet reconnut bientôt la nature et la véritable cause du mal, et son origine. Il expliqua ainsi les effets désastreux que produisent ces insectes. Comme les Pyrales de la vigne, ces petits papillons de nuit font plusieurs pontes dans l'année, et la race se reproduit à des intervalles de quarante à quarante-cinq jours. Sous forme de chenilles rases et colorées par la chlorophylle, elles se nourrissent ainsi déguisées pendant quinze à vingt jours; puis elles se filent chacune une petite coque. Réunies au (i) Tome III, Mémoire I". ( 75a ) nombre de trois ou quatre sous une même tente , elles y passent environ une semaine sous la forme de chrysalides, et lorsque l'insecte a acquis des ailes, qu'il est parfait, il vole le soir, les sexes se rapprochent, la ponte s'opère, la femelle allant déposer ses œufs sur les feuilles les plus tendres. » MM. Perrottet et Guérin proposent divers moyens ou procédés ra- tionnels pour détruire en grande partie cette race d'insectes nuisibles; mais ces tentatives, pour être très-efficaces, exigeraient un ensemble de volonté et une harmonie d'efforts simultanés qu'il sera toujours difficile d'obtenir des cultivateurs sans le concours de l'autorité. » Le premier serait de sacrifier pour une année les branches des cafiers dont les feuilles sont le plus altérées, en ne laissant sur tiges que les rameaux dont les pousses sont le moins attaquées, en détruisant même les feuilles malades, tle manière cependant à conserver de la vie et de l'activité à la sève. Ce serait une opération qui devrait être faite à une même époque dans tou- tes les contrées. On choisirait le moment de l'année où, après l'hivernage, la température est la plus basse, parce que les chenilles et les papillons sont alors engourdis, et parce que l'éclosion des chrysalides se trouve retardée. » D'autres procédés, moins efficaces peut-être, sont également proposés aux planteurs. Ainsi, à l'époque où les pluies sont très abondantes, ils pourraient faire secouer les branches dont le dessous des feuilles abrite les insectes parfaits; ceux-ci , mouillés par une seule goutte d'eau qui colle les franges de leurs ailes, ne peuvent plus voler ni se relever de terre, où ils ne tardent pas à périr. » Ou bien encore, à des époques déterminées, on allumerait, pendant la nuit, des feux brillants sur un très-grand nombre de points à la fois. Ces insectes, attirés par la lumière, viendraient se précipiter et se brûler dans les flammes. » Enfin, comme le disent les auteurs du Mémoire, les colons, maintenant plus instruits sur la véritable cause du mal, seront sur la voie des recher- ches et des moyens qui seront le plus convenables pour s'opposer à la pro- pagation d'un ennemi aussi dévastateur. » Nous pensons, en effet, qu'il en doit être de la pathologie des végétaux comme de celle des animaux. Lorsqu'on a pu reconnaître l'origine ou la véritable cause d'un mal qui est constamment le même, dont on a observé la marche, les effets et la terminaison, s'il n'est pas toujours au pouvoir de l'homme de le guérir, on peut au moins, dans quelques cas, en arré- ( 753 ) ter les progrès et souvent employer avec succès une médecine préser- vative. » Nous croyons que les observations de MM. Guérin et Perrottet méri- tent quelque intérêt de la part de l'Académie, et nous vous pioposerions de les faire publier avec les dessins qui sont déjà gravés, si ces messieurs ne nous avaient fait connaître l'intention où ils étaient de les déposer dans un recueil spécial. » Quanta la seconde partie du Mémoire, dans laquelle M. Perrottet fait connaître les dommages considérables que produit dans les caféiries le dé- veloppement rapide et immense d'une espèce de champignon, l'auteur n'ayant indiqué d'autre remède qu'un écobuage généra! et l'application des feux de broussailles sur les terres ainsi remuées et refournées, nous croyons que ce moyen n'est guère praticable en raison du travail qu'il exigerait dans un pays où la main-d'œuvre est si dispendieuse. » MEMOIRES LUS. MALACOLOGIE. — Mémoire sur deux genres nouveaux de céphalopodes fos- siles, les Conoteuthis et Spirulirostra, offrant des passages d'un côté entre la spinale et la sèche , de Vautre entre les bélemnites et les oinmas- trèphes; par M. A. d'Orbigny. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Flourens, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards.) o L'auteur commence par faire ressortir l'importance des découvertes qui tendent à établir des passages entre les êtres exceptionnels et ceux parfai- tement connus, afin de détruire à leur égard toute idée d'anomalie, et de les faire rentrer dans les séries animales généralement admises. » Il cherche à démontrer ensuite la distance qui sépare la spirule pour- vue d'une coquille interne multiloculaire élégamment contournée en spi- rale, et les calmars, les sèches, munis d'un osselet interne si différent par sa forme. M. d'Orbigny annonce qu'un rostre fossile des terrains lerliaires subapennins lui a offert, dans sa section, une série de loges aériennes percées d'un siphon, en fout analogues à celles de la spirule, et dès lors il croit avoir trouvé un passage entre la spirule et la sèche, puisque ce corps, 4iont il fait le genre Spirulirostra, réunit à la fois le rostre crétacé de la C. R , 1842, i" ^iemeslre. (T. .\1V, ^° 21.) 1 o3 ( 754 ) sèche et la coquille de la spirule, ou mieux, une coquille de spirule logée dans l'intérieur d'un rostre analogue à celui de la sèche. » La bélemnite, par son osselet composé d'une lame cornée, de loges aériennes et d'un rostre terminal, forme anomalie parmi les céphalopodes. Dès 1839, dans sa Paléontologie française , M. d'Orbigny avait rapproché ce genre des ommastréphes, d'après des considérations de forme de l'os- selet interne. La découverte du nouveau genre Conoteuthis fossile, du terrain néocomien de l'Aube, vient complètement confirmer ces prévi- sions, en offrant un osselet en tout semblable à celui des ommastréphes, et pourvu, dans son intérieur, d'une série de loges aériennes identiques à celles de l'alvéole de la bélemnite. Ainsi, d'un côté M. d'Orbigny aurait trouvé un intermédiaire entre la spirule et la sèche, et de l'autre entre la bélemnite et les ommastréphes. » Dans une autre partie de son Mémoire, l'auteur cherche à expliquer les fonctions de l'osselet interne des céphalopodes dans l'économie ani- male , suivant ses modifications de formes. Il croit ses fonctions de trois espèces : i° lorsque l'osselet est corné, il sert tout simplement à soutenir les chairs : il remplit alors les fonctions des os de mammifères; 2° lorsqu'il contient des parties remplies d'air comme l'alvéole des bélemnites, non- seulement il soutient les chairs, mais encore il sert d'allégé , en repi^sen- tant, chez les mollusques, la vessie natatoire des poissons; 3° lorsqu'il s'arme postérieurement d'un rostre crétacé, aux deux fonctions précédentes va se réunir celle de résister aux chocs dans l'action de la nage rétro- grade, et c'est alors un corps protecteur. » Des considérations sur ces trois fonctions font croire à M. d'Orbigny que le plus ou moins d'allongement des osselets est toujours en rapport avec la pui.ssance de natation des animaux qui les renferment, les plus allongés appartenant toujours aux meilleurs nageurs; que le rostre posté- rieur annonce un animal côtier, puisque ce corps protecteur serait inutile au sein des océans, et que d'ailleurs la sèche, qui en est pourvue, est le plus côtier de tous les céphalopodes. Il finit par déduire de ses observa- tions, comme conclusions, que : « i*. Le 5/JîraZiVoJfrfl^ à en juger d'après la forme raccourcie de l'osselet, par le volume d'air des loges, devait avoir des formes massives, lourdes; qu'il était mauvais nageur, tandis que la force de son rostre prouve que ce devait être un animal plus spécialement côtier que la sèche ; » 2". La forme allongée de l'osselet du Conotheutis dénote un animal étroit, cylindrique, dès lors excellent nageur; d'un autre côté, le manque ( 755 ) de rostre, protecteur de l'alvéole, indique des nioetirs pélagiennes; ainsi le Conoteuthis aurait été excellent nageur et habitant des hautes mers; « 3". La forme très-allongée de l'ensemble de l'osselet de la bélemnite annonce un céphalopode élancé et bon nageur. I^a présence du rostre indique en même temps un être dont les habitudes étaient côtières; ainsi la bélemnite joindrait une nage très-prompte à des mœurs rive- raines. » Les résultats tout différents auxquels M. d'Orbigny a été conduit pour les trois osselets fossiles, prouvent qu'en procédant logiquement on peut, par la comparaison des faits bien constatés appliqués aux corps que ren- ferment les couches terrestres, non-seulement juger de la forme des ani- maux perdus, mais encore arriver à c dm naître quels pouvaient être les grands traits caractéristiques de leurs habitudes, » MÉnEciNE. — Recherches sur le cancer; par M. Tanchou; r® partie. ( Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Double, Serres, Breschet.) « Dans ce premier Mémoire M. Tanchou traite la question de la contagion du cancer , et la résout négativement d'après des expériences qu'il a faites sur des animaux, avec du pus provenant de plaies can- céreuses. M. Tanchou examine ce pus comparativement avec celui qui provient d'autres sources, comme d'un vésicatoire, ou d'un érésypèle fleg- moneux, etc. Placés sous la peau, sur des tissus vivants et susceptibles d'ab- sorber , ils présentent tous la même innocuité. Cependant ces produits , lorsqu'ils sont conservés pendant plusieurs jours et sans doute putréfiés, déterminant, comme l'a reconnu M. Tanchou, de l'inflammation et même un peu de suppuration, il n'ose affirmer que leur contact soit absolument sans effet secondaire ou tertiaire sur l'économie. Il rappelle à cette occasion les accidents qui surviennent fréquemment dans les amphithéâtres quand on dissèque des cadavres trop avancés. » M. Tanchou conclut de ses premières recherches : i" que le cancer n'est pas le résultat d'une humeur ou d'un principe acre, comme on l'a cru pen- dant fort longtemps ; 2° que ce n'est pas parmi les antidotes qu'il faut eu chercher le remède, mais bien dans les agents susceptibles de modifier l'éco- nomie et surtout le système vasculaire ou nerveux, qui paraissent être le point de départ de cette maladie. » io3.. w ( 756 ) M. Pranchot lit une Note sur un appareil destiné à atténuer la violence (les chocs entre les waggons d'un même train lorsque , par ime cause quel- conque, la locomotive vient à s'arrêter brusquement. Cet appareil, désigné sous le nom de parachoc, consiste en un système de parallélogrammes arti- culés qui se place entre la locomotive et le premier waggon. Pendant la marche, chaque parallélogramme est allongé autant que possible dans le sens horizontal, et le syst<'ine entier agit comme une chaîne qui lie le train de wraggons à la locomotive. Quand celle-ci vient à s'arrêter, les waggons, continuant à s'avancer en raison de la vitesse acquise, tendent à faire changer de forme à chacun des parallélogrammes articulés, à dimi- nuer le diamètre horizontal en augmentant le diamètre vertical. Mais pour chaque parallélogramme un ressort oppose à ce changement de forme une résistance qui augmente à mesure que le diamètre horizontal diminue. M. Franchot met sous les yeux de l'Académie un modèle de son appa- reil , exécuté au dixième de la grandeur, et plusieurs pièces détachées offrant diverses combinaisons de ressorts qui, les uns comme les autres, auraient pour effet d'opposer une résistance croissante au raccourcissement d'avant en arrière des parallélogrammes articulés. (Renvoi à la Commission nommée.) M. DE JouFPROT lit également une Note sur les moyens propres à pré- venir les effets funestes des chocs auxquels sont exposés, dans un train de waggons, tous ceux qui suivent le premier véhicule qui s'arrête, locomotive tender ou waggon. Le moyen proposé par M. de Jouffroy consiste dans un système d'enrayage qui doit avoir lieu pour chaque voiture, indépendam- ment de toute action du conducteur, du moment où cette voiture cesse d'être attirée par la voiture précédente, c'est-à-dire du moment où la chaîne qui les unit cesse d'être tendue. M. de Jouffroy, dans un dessin joint à son Mémoire, a figuré le dispositif au moyen duquel il pense que l'effet désiré peut être sûrement et instantanément obtenu. (Commission précédemment nommée.) ( 7^7 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE APPLIQUÉE. — De l'uTialjse des eaux \ minérales suljureuses , naturelles ou artificielles ; par M. Geudy. (Commissaires, MM. Thenard, Dumas, Peloiize.) « Appelé par ma position à constater les principes minéralisateurs con- tenus dans l'eau d'Uriage, qui est en même temps sulfureuse et fortement chargée de chlorure de sodium, de sulfates.de soude et de magnésie, j'ai promptement reconnu que l'analyse des eaux sulfureuses offrait des dif- ficultés fort embarrassantes et que les moyens jusque alors employés ne pouvaient suffire pour tous les cas. S'agit-il, par exemple, d'une eau con- tenant beaucoup de chlorures; si l'on y verse du nitrate d'argent, il se pré- cipite beaucoup de chlorure d'argent en même temps qu'un peu de sul- fure, et lorsqu'on fait agir l'ammoniaque pour dissoudre le chlorure, comme il faut en employer beaucoup et laver à plusieurs reprises, le sul- fure se dissout aussi en partie, et le résultat est tout à fait infidèle. Je sais Ijien qu'on a dit que l'ammoniaque ne dissolvait pas le sulfure d'argent, et je l'avais cru sur parole; mais j'ai constaté, par expérience, que ce sul- fure mêlé à une grande quantité de chlorure, disparaissait en partie dans la dissolution, et qu'il fallait, par conséquent, renoncer à ce moyen en pareil cas. D'ailleurs, la chimie ne nous a pas encore donné de moyens satisfaisants pour apprécier les hyposulfites et les polysulfures, très-étendus dans une eau minérale, et il y a certainement des uns ou des autres dans plusieurs eaux. » Lorsque M. Dupasquier, de Lyon, pubUa son procédé suif hydromé- trique, je fus tout d'abord convaincu que ce nouveau moyen, si commode et qui serait si avantageux, s'il était exact, ue pourrait parer à toutes les difficultés. Je le mis en pratique et il me fut facile de m'assurer que mes prévisions à cet égard ne m'avaient pas trompé. En effet, d'une part le suif hydromètre pont indiquer du soufre là où il n'y en a pas, ou bien en indiquer plus qu'il n'y en a; et, d'autre part, il peut ne pas indiquer tout le soufre contenu dans une dissolution et susceptible d'agir sur l'économie comme principe sulfureux. Ainsi, versez de la teinture d'iode dans une dissolution de potasse, de soude ou d'ammoniaque, et vous verrez, malgré l'addition de l'eau d'amidon, la teinture se décolorer à mesure qu'elle arri- vera en contact avec le liquide. Il en est de même, quoique d'une manière ( 758) moins prononcée, pour les carbonates alcalins, de même pour des cyanu- res, le cyanure de potassium , par exemple , etc. ( i). Or , comme il y a dans plusieurs eaux minérales sulfureuses des alcalis libres ou des carbonates alcalins, par cela même déjà ce procédé perd beaucoup de sa valeur; il est possible encore que des principes contenus dans certaines eaux, indépen- damment des matières azotées qui s'y trouvent, altèrent aussi parfois les résultats. D'ailleurs, la teinture d'iode n'indique nullement la présence des hyposulfites, et, dans les polysulfures, elle n'indique qu'une portion du soufre. Ce moyen ne peut donc pas être employé d'ime manière générale; il ne peut donc pas être employé seul pour apprécier la présence et la quantité des principes sulfureux dans une eau minérale. Mais il peut être utile pour séparer les divers principes sulfureux quand il y en a plusieurs; il peut être utile pour apprécier les variations d'une eau minérale dont la composition serait d'abord connue; et à ces titres il mérite les éloges qu'il a reçus. » Restait donc la difficulté tout entière de saisir tous les principes sul- fureux », monosulfures , polysulfures, hyposulfites, sulfites, acide sulfhy- drique , qui peuvent se trouver dans une eau minérale. L'eau régale et le chlore peuvent bien convertir une portion du soufre contenu dans cer- taines eaux minérales, en acide sulfurique, qui est ensuite dosé facilement; mais ce n'est là qu'un résultat fort incomplet. Pour arriver au but, j'ai ex- périmenté sur des sulfures et des hyposulfites artificiels, à divers états de concentration , après avoir d'abord déterminé la quantité de soufre qui s'y trouvait, par des procédés qui ne sont pas, ou du moins pas toujours, ap- plicables aux eaux minérales. La quantité de soufre contenue dans un hy- posulfite soluble s'apprécie facilement, comme on lésait, parle nitrate d'argent, qui transforme la moitié du soufre en sulfure, l'autre moitié en acide sidfurique. C'est le procédé que j'ai suivi. Quant aux polysulfures, j'ai pu en doser exactement le soufre, en versant sur un polysulfure so- lide ou en dissolution très-concentréè de l'acide nitrique en assez grand excès. Il se fait immédiatement une vive effervescence produite par un fort dégagement d'acide nitreux, beaucoup de soufre se précipite, et une partie passe à l'état de sulfate. Il est facile ensuite de séparer le soufre, puis de précipiter l'acide sulfurique par le chlorure de barium, et d'apprécier la (i) J'ai constaté encore le même résultat en versant la teinture d'iode et l'eau d'anu- don dans l'urine , au moment où elle vient d'être rendue. ( 7^9 ) quantité de sulfate existant préalablement dans le sulfure, en versant dans une certaine quantité connue de ce sulfure dissous, du chlorure de barium tout seul. Si l'on ne mettait pas assez d'acide azotique, il se dégagerait de l'acide suif hydrique, et l'on perdrait ainsi une portion du soufre. » On peut encore doser le soufre, à cet état de dissolution concentrée, par un autre procédé qui m'a réussi également, mais qui est peut-être un peu moins sûr : il consiste à faire, avec le sulfure liquide et du bioxyde de baryte en poudre, une pâte que l'on expose, dans une capsule de porce- laine, à la flamme d'une lampe à alcool. En modérant convenablement la chaleur, j'ai pu transformer ainsi tout le soufre en sulfate de baryte. » Quoi qu'il en soit, après avoir ainsi apprécié le soufre de mes sulfures et de mes hyposulfiies, je les ai étendus d'une plus ou moins grande quan- tité d'eau, en les laissant isolés ou en les réunissant, et j'ai fait des eaux minérales artificielles. Puis j'ai essayé, par divers procédés, d'analyser ces principes sulfureux d'une manière exacte et certaine. Le nitrate d'ar- gent étant rejeté à cause de la présence possible des chlorures et des polysuifures, les sels de cuivre rejetés à cause de la présence possible des hyposuifites et des polysuifures, la sulfhydrométrie par les raisons que j'ai indiquées plus haut, il fallait trouver un moyen applicable à tous les cas. » Parmi les divers moyens que j'ai mis en usage sans succès, il en est un que je mentionnerai, parce qu'il m'a presque conduit au but que je cher- chais, et que peut-être trouvera-t-il d'autres applications. Dans une disso- lution sulfureuse étendue ,, mais plus concentrée encore que ne le sont les eaux minérales naturelles, j'ai ajouté de l'iode à l'état solide et du bioxyde di' barium, dans l'intention d'obtenir un hydriodate de baryte, probable- uient avec un iodate , et d'acidifier le soufre par l'oxygène séparé du bioxyde réduit à l'état de protoxyde. Je laissais la réaction s'opérer dans des flacons bouchés à l'émeri pendant plusieurs heures, puis je faisais bouillir ce mé- lange en y ajoutant de l'acide azotique et de l'acide chlorhydrique succes- sivement ; l'iode était précipité de la dissolution et chassé par l'ébullition; et il me restait en définitive du sulfate de baryte en quantité presque égale à celle que devait donner le soufre contenu dans le sulfure. Mais, malgré toutes les précautions que j'ai pu prendre, je ne suis jamais arrivé à l'exac- titude parfaite , et je n'ai pas employé ce procédé sur des eaux sulfureuses naturelles. ( 7^0 ) » Mais enfin je suis parvenu à trouver un moyen d'analyse qui me pa- raît applicable à tous les cas. Si l'on verse dans une dissolution de poly- sulfure quelques gouttes de cyanure rouge de potassium et de fer, le liquide blanchit immédiatement, et présente en suspension des flocons d'un blanc jaunâtre, combinaison de soufre et de cyanure, à ce qu'il m'a paru; si l'on ajoute du chlorure ferrique, immédiatement il se forme un abondant précipité de bleu de Prusse. Il suffit alors, pourvu que le liquide contienne , sur 1 5 ou 20 grammes , 3 ou 4 centigrammes de soufre en com- binaison, de le faire bouillir pendant une heure ou deux avec le quart de son volume d'eau régale , pour transformer tout le soufre en acide sulfu- rique; puis de filtrer et d'ajouter un sel de baryte dissous, pour avoir, en sulfate de baryte , très-exactement la même quantité de soufre. Seulement, comme le liquide est très-acide, il faut le laisser déposer et le décanter, pour faire ensuite bouillir le précipité avec de l'eau distillée, pour filtrer ensuite et passer le sulfate après avoir brûlé le filtre. Sans cela, on serait obligé de laver le filtre très-longtemps pour enlever tout le nitrate de ba- ryte, et l'on perdrait du sulfate. » Si le liquide contient une moindre quantité de soufre, on n'obtient plus ainsi une quantité de sulfate de baryte équivalente au soufre du sul- fure. Il faut alors filtrer le liquide où l'on a versé les cyanure et chlorure de fer, sans ajouter d'eau régale et sans employer la chaleur , puis chauffer le filtre chargé du bleu de Prusse dans l'eau régale, jusqu'à ébullition, pendant une heure; traiter également à chaud par d'autre eau régale, ou tout sim|)iement reverser sur l'eau régale, qui a bouilli avec le filtre, le liquide préalablement séparé par filtration, et le faire bouillir à son tour, pour obtenir, en filtrant de nouveau, un liquide qui contient tout le soufre à l'état de sulfate. » Si la quantité de soufre est moins considérable encore, qu'il y en ait seulement, par exemple, i centigramme dans 5oo grammes d'eau, alors l'eaii régale ne réussit plus. Mais on arrive au même résultat plus simple- ment encore, en faisant passer à travers le liquide dans lequel vient de se former le bleu de Prusse, un courant de chlore, ou en y ajoutant du chlore dissous en excès. Il suffit alors de laisser le liquide pendant deux heures, en l'agitant quelquefois, pour que la réaction soit complète, sans employer la chaleur ; puis on filtre , et le liquide filtré coiKtient tout le soufre à l'état d'acide sulfurique. Mais il faut laver le filtre un bon nombre de fois, pour enlever tout le sulfate de fer qui s'y trouve. Le chlore me paraît ainsi pou- ,voir être substitué à l'eau régale dans tous les cas, ce qui simplifie le procédé ( 76. ) et demande beaucoup moins de temps. Mais il en faut ajouter une assez grande quantité, jusqu'à ce que le liquide, après avoir été bien agité, laisse encore dégager du chlore d'une manière très-sensible. » Si le liquide contient, au lieu d'un polysulfnre , du gaz sulfhydrique ou un hyposulfite, les phénomènes et les résultats sont les mêmes, si ce n'est que le liquide ne se trouble et ne précipite qu'après l'addition du chlo- rure ferrique. D'ailleurs, lorsqu'il y a de l'acide sulfhydrique, il faut verser du chlorure de fer en excès, pour saisir tout cet acide. » Du reste , dans toutes ces réactions on peut substituer au chlorure de fer le nitrate de cuivre. Il se précipite alors un cyanure de cuivre, et dans ce cas comme dans le précédent, le soufre se trouve en partie dans le liquide surnageaut, en partie dans le précipité. La réaction et les résultats sont absolument semblables; cette modification même me parait offrir quelques avantages, parce que le cyanure de cuivre passe moins à travers le filtre que le cyanure de fer, qui peut exiger parfois une double filtration. D'autres sels métalliques pourront sans doute aussi être substitués au chlorure de fer et au nitrate de cuivre. » En résumé, parce procédé on pourra apprécier avec certitude les mo- nosulfures, polysulfures , hyposulfites, et l'acide sulfhydrique, qui peuvent se trouver isolés ou réunis dans les eaux minérales, ce que l'on ne pouvait pas faire, dans tous les cas, parles procédés jusque alors connus. Si l'on veut ensuite isoler ces divers principes, lorsque deux ou trois sont réunis, il sera facile de les reconnaître et de les évaluer séparément, en faisant usage des divers procédés. Je dirai seulement ici que l'acide iodique m'a paru indiquer assez bien la présence des hyposulfites, en donnant, par addition d'eau d'amidon , une couleur bleue caractéristique , pourvu qu'il n'y ait point de sulfure ou d'acide sulfhydrique dans le liquide. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Procédé pour faire du bleu d'outremer. — Note de M. J. DE TlIIEHON. (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul , Dumas, Regnault.) « Le procédé pour faire du bleu d'outremer que j'ai l'honneur de pré- senter à l'Académie, ne diffère de ceux qu'on a publiés jusqu'à ce jour que par l'addition d'une certaine quantité d'arsenic au soufre employé seul dans les dosages que l'on a fait connaître. Sans entrer dans le détail des essais et des inductions qui m'ont conduit à faire usage d'un peu d'arsenic , C. Bv 184a, I" Semeitre. (T. XIV , N» 21.) I O^ r / ( 702 ) je décrirai immédiatement lé procédé qui a seï'vi à préparer l'échantillon de bleu joint à cette Noté. Dosage. Argile d'abondant crue, en poudre passée au tamis loo Alumine en gelée, représentée par alumine anhydre 7 Carbonate de soude desséché 4oo ou cristallisé 1076 Fleur de soufre. 221 Sulfide arsénieux. . 5 Le mélangé de ces substances doit être fait aVec le plus grand soin. » Dans lé carbonate de soude liquéfié dans son éau de cristallisation , on jette le sulfide arsénieux en poudre, et quand cette dernière substance est en partie décomposée, on ajoute au mélange l'alumine en gelée. (Cette alumine provient de l'alun du commerce précipité par du carbonate de solide; le précipité recueilli sur un filtre n'a été lavé qu'une fois avec de l'eau de rivière.) Puis on ajoute l'argile et la fleur de soufre préalable- ment mêlées. Ce mélange, réduit par la chaleur, est mis dans un creuset cou- vert, que l'on chauffe avec précaution pour chasser ce qui reste d'eau, puis on le porte au rouge. Le feu doit être conduit de manière que le pro- duit soit agglutiné sans être fondu. Après refroidissement on chauffe le produit pour en chasser le plus possible de soufre, puis on le broie et on le délaye dans l'eau de rivière. La poudre en suspension dans l'eau est recueillie sur un filtre. Quand le mélange a été bien fait, tout peut être employé; mais dans lé cas où le mélange était imparfait, on trouve bien des particules incolores; et quand le feu a été porté jusqu'à fusion com- plète, on trouve des fragments colorés en brun, particulièrement quand le creuset est de mauvaise qualité et a été fortement attaqué. Ces résul- tats ne se produisent jamais quand l'opération est conduite avec soin. On laisse égoutter le filtre sans le laver, puis on le dessèche. Le produit est alors d'un beau vert tendre déjà bleuâtre. » On le chauffe alors dans im têt Couvert, en le remuant de temps en temps. On peut élever la température jusqu'au rouge sombre. L'échantillon joint à cette Note a été chauffé un peu plus de deux heures à une chaleur inférieure au rouge. Il a été préparé au mois de mai 1840. » . ( 763 ) CHiRURQjE, — Mémoire sur les rétrécissements organiques de l'urètre; par M. GiviALE. (Commission précédemment nommée.) « Les nouvelles recherches que je soumets aujourd'hui au jugement de l'Académie, dit l'auteur dans la lettre d'envoi, ont pour but spécial les lésions organiques qui constituent les rétrécissements urétraux , et celles qui en sont la conséquence. Jusqu'à nos jours gn s'était peu occupé de ce qu'apprennent les ouvertures cadavériques, qui elles-mêmes étaient piCu nombreuses et souvent incomplètes. Cependant c'est par les données qu elles fournissent qu'on peut le plus sûrement distinguer les diverses espèces de rétrécissements, et arriver au traitement rationnel qu'ils ré- clament. J'ai réuni dans ce Mémoire un très-grand nombre de faits qui me paraissent propres à élucider les plus importantes questions des coarctations urétrales, et à mettre sur la voie d'une réforme dans la thé- rapeutique de ces maladies si fréquentes et si graves. Ces faits d'ailleurs mettent en évidence l'inutilité, les inconvénients et même les dangers de divers moyens nouveaux ou renouvelés, qu'on 3 présentés à tort comme possédant une grande efficacité, et que l'expérience n'a pas sanctionnés. » L'un des points qu'il importait le plus d'éçlaircir, est relatif aux diffi- cultés qiie présente le cathétérisme, et aux désordres qu'il entraîne , surtout lorsque les coarctations urétrales sont compliquées de lésions de la prostate et du col vésical, par suite desquelles la partie profonde de l'urètre se trouve déviée, déformée. L'examen d'un grand nombre de pièces patholo- giques démontre que par le procédé et par l'emploi de la sonde généra- lement en usage, il est presque toujours impossible d'arriver dans la vessie sans s'écarter de la voie naturelle; c'est ce qui rend raison du nombre prodigieux de fausses routes qui ont lieu dans ces cas, et dont les musées fournissent tant de preuves affligeantes. En dévoilant ces malheurs, les faits nombreux que j'ai exposés dans mon Mémoire mettent sur la voie, .sinon de les éviter entièrement, du moins de les atténuer, à l'aide d'instru- ments et par des procédés dont une expérience déjà longue a démontré les avantages. » Un autre point non moins important, qui n'avait cependant pas assez attiré l'attention, se trouve éclaircipar les faits nouveaux que j'ai consignés dans ce travail : je veux parler des désordres que produisent les coarctations urétrales, derrière le point où elles ont leur siège dans rurètt;e. La con- 104.. ( 7^4 ) naissance de ces désordres aura une grande portée dans le diagnostic des rétrécissements urétraiix, elle mettra le praticien à même de les prévenir, en attaquant la maladie à son début. J'ai signalé, relativement à la pro- duction de ces désordres vers la partie profonde de l'urètre, une parti- cularité qui avait échappé à l'observation : c'est l'influence qu'exercent les contractions vésicales, suivant que ce viscère est à l'état d'hypertrophie ou d'atrophie. » MM. GouTT, Mercier, Servielle, Leroy d'Etiolles, Janniard, Girard, CouLiER et Art€s adressent des Notes relatives à divers moyens imaginés pour prévenir les accidents résultant du choc des waggons sur les chemins de fer. Ces six Notes, et une septième dont l'auteur ne s'est pas fait con- naître, sont renvoyées à l'examen de la Commission nommée dans la pré- cédente séance pour lesdifférentes communications relatives à la catastrophe du 8 mai. M. Artus, dans la Note mentionnée ci-dessus, fait en outre cotuiaître les résultats qu'il a obtenus dans des expériences faites à Brest sur les moyens de préserver de l'oxydation le fer des caisses à eau des bâtiments. Malgré tout ce qui a été fait et dit pour prouver l'innocuité du zinguage des parois intérieures de ces caisses, beaucoup de personnes répugnaient à faire usage de l'eau restée longtemps en contact avec le zinc; or, comme le pouvoir préservateur de ce métal est dû principalement à l'action électrique, M. Artus a pensé qu'il suffirait d'en garnir les parois extérieures des caisses, et la justesse de cette conjecture a été prouvée par des expériences dont la durée a été de treize et de quatorze mois. Au bout de ce temps l'intérieur des caisses était exempt de toute oxydation , et l'eau qu'elles contenaient était fort belle et très-bonne. M. Reville adresse, comme pièce justificative à joindre à sa Note sur l'emploi des tissus de coton pour la voilure das navires, un nouveau certifi- cat sur le résultat d'un essai fait par le capitaine du bâtiment français la Fortune du Havre, dans trois voyages consécutifs entre le Havre et la Guadeloupe; la voile mise en expérience n'a encore besoin d'auciuie répa- ration pour le quatrième voyage qui va se faire prochainement (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. L. Masure , qui s'est adressé l'an passé à l'Académie pour revendiquer ( 765 ) une part dans l'invention d'un appareil typographique présenté par M. Gau- bertj écrit aujourd'hui que depuis l'époque où il a cessé de travailler de concert avec son premier associé, il a continué à s'occuper des perfection- nements dont était susceptible l'appareil en question, et qu'il croit l'avoir amené au point où il peut le soumettre au jugement de l'Académie. Il de- mande, en conséquence, que la Commission quia récemment pris connais- sance des résultats obtenus par M. Gaubert veuille bien constater égale- ment ceux auxquels il est arrivé de son côté. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. FouRCAULT demande que le Mémoire qu'il a lu dans la séance précé- dente, et qui fait suite à ses travaux sur les désordres produits par toute altération dans les fonctions de la peau, soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. A quatre heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. Becquerel, au nom de la section de Physique, présente la liste suivante de candidats pour une place vacante de correspondant : MM, Forbes, à Edimbourg; Wheatstone, à Londres; de Haldat, à Nancy; Amici, à Florence; Erman , à Berlin ; Matteucci, à Ferrare; Weber, à Gœttingue. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la séance prochaine: MM. les membres en se- ront prévenus par lettres à domicile. La séance est levée à 6 heures. F. (Pièce qui a été omise dans le Compte rendu de la séance du i6 mai^) M ÉTÉoROLOGiE. — Gouttcs de pluiB par un temps serein. — Note de M. Babinet . « Le lundi i mai, à neuf heures du soir, le ciel était parfaitement pur, d'une teinte de bleu foncé ou plutôt noire , sans aucun mélange de blanc. ( 766 ) l'air tout à fait caime, l'horizon au couchant , chose rare à Paris, entière- ment dépourvu de vapeurs ; j'ai senti des gouttes de pluie très-fines sur les mains et au visage. Le phénomène a duré environ dix minutes. Je l'ai ob- servé dans presque tout le trajet de la place de l'Institut aux Tuileries, en suivant les quais et traversant le pont du Louvre. Ces gouttes de pluie ne mouillaient pas sensiblement le parapet du quai ni le trottoir recouvert de bitume, ini même les habits. Les gouttes étaient très-fines et très-froides; mon compagnon de promenade, que j'arrêtai un grand nombre de fois pour lui faire remarquer le phénomène, ne voulut jamais admettre que ce fût une vraie pluie (suivant son expression), d'après l'état du ciel très-pur et de la terre non mouillée. Les étoiles n'offraient pas la moindre scintillation. Oe soir ià même , un peu plus tard , j'observai les deux étoiles ff et t de la constellation du Cygne, lesquelles font avec la célèbre 61°* un triangle rectangle isoscèle qui sert à trouver cette dernière à l'œil et au télescope. Je ne pus Jamais apercevoir la 61™*, quoique l'éclat des deux autres semblât indiquer une transparence suffisante pour qu'on put la distinguer facilement : la cause en était au manque absolu de scintillation, car, d'après la théorie de ce phénomène si heureusement rapportée aux interférences par M. Arago, l'éclat d'une étoile doit être alternativement supérieur et inférieur à l'éclat moyen qui aurait lieu sans la scintillation. \J invisibilité constante des étoiles faiblement brillantes devient donc un indice de calme absolu dans l'air. Je ne doute aucunement qu'en comparant les intermittences de visi- bilité des petites étoiles avec les indications de l'appareil de M. Arago pour mesurer la scintillation, on n'obtienne une confirmation entière de cette nouvelle donnée météorologique , savoir : que l'invisibilité constante des étoiles de cinquième et de sixième grandeur, tandis que celles de qua- trième sont constamment visibles, prouve un grand calme actuel dans toute la profondeur de l'atmosphère. » (7«7) BllLLETIIN BIBLIUGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance ïes ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1842, n° 20, in-4°. Carte géologique du département des Ardennes; par MM. Sauvage et Bdvi- 6NIER; 5 feuilles grand aigle. (Pour joindre à une description de ce départe- ment adressée au concours pour le prix de Statistique.) Voyage en Islande et au Groenland, sous la direction de M. P. Gaimard : Minéralogie et Géologie; 1" partie; par M. E. Robert; in-8°. Navigation à la vapeur. — Description d'un nouveau ^système de Rames verti- cales pour remplacer les roues à aubes des bâtiments à vapeur; par M. IjESNAHD; 1842; in-4*. Société Linnéenne de Lyon, année i84i ; in-8°. Prvposilion publique d'un perfectionnement applicable aux Chemins de Fer; par M. IjÈPtJEL ; in-S". Etat actuel du puits de Grenelle; destination qu'il refuse, celle quil réclame; Théorie des Volcans; par M. AzAÏS; in-S". Bulletin de l'Académie royale de Médecine; i5 mai 1842 ; iu-8°. Annales de la Chirurgie française et étrangère ; mai (842, in-8°. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome XIV, juillet i84i ; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; mai 1842; in-8°. ±1- Mémoire sur les fonctions de la forme fx' ^'' ' F(j:^)[R(x'')] ''', q, r,... par l'équation (1), soit à l'intégration de l'équation caractéristique ^^> i ^ (XH-pn)D,« — (Y+7n)D,« — (z-H/-n)D,«— ... = 0. C 77' ) » Si, en particulier, l'on désigne par u, V, M',... n fonctions déterminées de a:, j, z, . . . t, -nr/p, q, r, dont chacune , étant prise pour valeur de «, vérifie l'équation (3), et par a, S, y, . . ., & n constantes arbitraires , il suffira , pour obtenir une intégrale de l'équation (i), d'éliminer p, q> r,..., entre les form ides (4) a = u, € ~ V, y — Wy.., pourvu toutefois que les valeurs de '^i p, q-, r,. .., tirées dé ces formules, se réduisent, pour une valeur donnée t de la va- riable i, à des expressions de la forme iff— f(.r, j, z,..., a, ^, >,-.., â), p = D,f(x, j, z,..., a, ^, >,..., 6), q = Dyf(ar, j, z,..., a, €, >-,..., G), r = D. f(x, j, z,..., a, ^, T',..-, G), etc. Or, pour que cette condition soit remplie, il suffit évidemment que les va- leurs de '^ i p, îi '','• ■> tirées des formules (4), vérifient, pour t = T, les suivantes (5) ^ssB^-Zèr, q = î),^, r=D,'Jïr,. , ,j et comme, eu supposant qu'il en soit ainsi, les formules (4) fourniront, avec une valeur de -ar propre à représenter une intégrale particulière de l'équation (i) , les dérivées p,q, r,. . . de cette intégrale prises par rapport à x,^, z,. . •; nous devons conclure qu'en vertu des équations (4), les conditions (5) seront vérifiées pour une valeur quelconque de «, si elles se vérifient pour la valeur particulière t=T. io5.. ( 772 ) » D'autre part, si l'on regarde les équations (4) comme propres à dé- terminer «r, /j, ^u + T)^uT)^ 4- D,« D^q ■+■ B,u D^r + . . . = o, Dxi' + Tf^v D,^ + D,i> D^j? H- D,c; D,ry + D,P D,r + . . . = o, D,M' + D^cpD,^ + D^wD^p 4- D,wD,<|f + I),îvD,/' + . . . = o, etc. , et par suite ^ S (, rt Dot « Dp t- D, If . . ) ' chacune des sommes représentées à l'aide du signe S étant une fonction alternée dont les divers termes se déduisent les uns des autres, par un ou plusieurs échanges opérés entre les seules lettres u, v,w,, . .. Comme d'ailleurs l'équation (6) devra continuer de subsister quand on échangera entre elles les lettres X et jr, p et q, u et v, ou bien les suivantes X et z, p et r, u et w, etc.; il est clair que les conditions (5) pourront s'écrire comme il suit : s (dz Dx!/Dpf D,iv. ••) P S (±: Darub^t' U,iv. S (n: D^kD,k Dpw. ■•)' î S (^: D^i'D,!/ DpW. ..)' (7) etc » Désignons maintenant par 3G, g", %,..., a, 9, ^, ,R,... les valeurs de « qui, étant propres à vérifier l'équation (3) , se réduisent respectivement à x,y, z,..., -ar, p, q, r,..., ( 773 J pour t=sr. Les intégrales des équations (a) seront de la forme ^, n, Ç". . . •>«, ^,X, 4'-— étant des constantes arbitraires propres à repré- senter les valeurs initiales de a:, ^, z,. .., «Eêr, /),(/, r,. . .; et si, entre les seules équations (9) ^ = x, 77 = g-, ^ = %,..., io = a, on élimine pyq,r,. . ., on obtiendra une équation résultante (lo) K c= o, dont le premier membre K renfermera uniquement les quantités variables X , y, z,. . ., t^tsr avec les constantes arbitraires Cela posé, pour savoir si l'équation (lo) représentera ou non une intégrale particulière de l'équation (i), il suffira, d'après ce qui a été dit ci-dessus, d'examiner si les formules (j) sont ou ne sont pas identiquement vérifiées, lorsqu'on réduit les fonctions aux fonctions Xff a f S) , . . . , Al. y il suffira même d'examiner si, dans ce cas, les équations (7) deviennent ou non identiques pour une valeur particulière de t, par exemple pour la valeur < = T. Or c'est là en effet ce qui arrivera, comme on peut s'en assurer en attribuant à t non pas précisément la valeur t = r^ pour laquelle les derniers membres de la formule (7) se présenteront sous la forme -, mais une valeur très-voisine de t. Entrons à ce su_iet dans quel- ques détails. » Si l'on pose , pour abréger, D,«— . Q^^ 1. 1 '^ + . • • + s)\K^ X -{-pn S D,. y + yn 8 D, 8 - Z -f rn S ( 774 } et V« = — j Qvdt; alors, en attribuant à la différence t — t un module assez petit pour que les séries demeurent convergentes , on aura .X=x-f-Vj:4-v*jr-f-..., 3'=jr4- VJ + V*j4--» «= z+yz+v'^H-' • • i D'ailleurs, si l'on considère la différence t — t comme une quantité très- petite du premier ordre, on pourra en dire autant de l'intégrale _ ru^dt = — (< — V) n« -{- rj (t — T)^,U^dt, qui se réduira sensiblement à — (« — t) n«, et les divers termes d'une série de la forme seront respectivement des quantités du premier, du second, du troisième... ordre. Cela posé, en se bornant à écrire, dans les développements de X, ^T, 2>,. . . ., £2, les termes du premier ordre, on aura X=x—{t—T)Ux+..., ^z=j—{t—r)nj+..., 5S.=z — (< — T)nz+..., ou , ce qui revient au même, 5(; = j:— |(«— t)+..., ?T=jr— |(«— t)+..., 3b = z — |(< — t)+..., a — 'sr— (5/)4-§7 + s^ + -.-+j)(<— t) + .. . Donc les formules (9) pourront s'écrire ainsi qu'il suit >=a?-|(<-T)+..., «=j-|(«-t)4-.., C=2-|(<-^) + ---, co^-f-QD^ + RD,r+...+ SD^ = o, ou, ce qui revient au même, (18) |D,p + |D^ + |D,r4-... + D,i=o; et, en vertu de cette dernière formule jointe aux équations (i5), on aura, pour < ï= T, Donc l'équation (16) donnera simplement {19) B^'^=p. Donc, dans l'hypothèse admise , et pour t= t , l'équation (6) se trouvant réduite à la formule (19), la première des formules (7) se réduira elle-même à une équation identique p = p. La même remarque étaht applicable à chacune des équations (7), il en résulte que l'équation (10) sera, comme nous l'avions annoncé, une intégrale particulière de l'équation (1). » Il est bon d'observer que de l'équation (i) , jointe à la formule (2) , on déduit immédiatement la suivante dx dy dz dt dre dp dq dr ds , O) ; P Q R S~P/> + Qy-+.Rr->-...+S. dont les intégrales seront de la forme ^ = .X, n =z= ?T, C = 5b,. . ., «> =ir il, (-) [1= ®, X= ^,4= ^,--M Ç — S, ( 777 ) X, ^, %,,... ., il, *, ^, •*i^,. . ., « désignant des fonctions déterminées de X, jr, z,. .., t, -iir , p, q, r,. .., s, et les constantes arbitraires étant liées entre elles par l'équation (23) F(^,)l,Ç,...,T, û>,(p,%, 4,..., f)=o. Si des équations (21) on élimine J etç, à l'aide des équations (i) et (22), on retrouvera, 1° les formules (8); 2° une équation qui se déduira de ces mêmes formules. On peut donc aisément revenir des formules (21) aux formules (8) et par conséquent à l'équation (lo). H y a plus: pour obtenir cette dernière équation , il suffira toujours d'intégrer les équations diffé- rentielles comprises dans la formule (20) de manière que l'on ait , pour (23)a- = 0, j = )i, z = ^,..., ^ = a),/> = , 7, r,.. ., ;y, f, z=C.""» 'ar = f(^, ^Ç,...); et l'élimination de ^, «, ^,... entre ces dernières formules produira la sui- vante (27) iarz={(x,jr,Z,...). » Donc l'équation (10) a cela de remarquable, que de cette dernière équation, jointe à la formule (24), on tire précisément l'intégrale générale présentée sous une forme telle que la valeur de l'inconnue «zst, fournie par cette intégrale , se réduit à la fonction f(x,/, z,...), pour une valeur don- née T de la variable t. » Appliquons maintenant les principes que nous venons d'établir à quel- ques exemples. » Supposons d'abord l'équation (i) réduite à la suivante (28) pqrs — xj^zt = o. Alors, en multipliant tous les rapports qui composent les divers membres de la formule (20) par le produit (29) pqrs = xjzt , on verra cette formule se réduire à pdx = qdy = rdz = sclt sz= ^d'or = xdp =jdq = zdr =stds; ( 779 ) puis on en conclura dp _K_dx dÇ __ djr dr dz ds dt p X ' q ~~' r ' r z ' s / ' P par conséquent /o„\ p f ? X. r 4- j s 2* 7 d'sr:=^jcdx = - rdr = jzdz = - tcft; par conséquent (3 . ) i {^- a,) =? (x--e')=f (r- 1') =^(2--c-)=;(<--T-) ; Enfin, eu ayant égard à l'équation (aa) ou, ce qui revient au même, à la formule (3») ^X4? = 0^'^' on tirera de la formule (3i) (33) ("-py = f^«_f) (^•-.») (z«-C-) (^'-O. Or, il est facile de s'assurer que, dans le cas où l'on regarde les lettres 0,>i,^,(D comme désignant des constantes arbitraires , la formule (33) représente une intégrale de l'équation (28) ou (29). Car on tire de cette formule , en la dif- férentiant par rapport àx, j*, z ou t, après avoir pris les logarithmes des deux membres, a a: 2 ^2 z 2 t ir—t,P x" — f^' 75- — *^ J-'— u" -TT — *'" z" — Ç" ' ar — •"* <' — r" par conséquent l"!" = ^7=^' (,.-{■) (^_,.| (.--{•) «•-^) = ^-^" » Si maintenant ou veut obtenir l'intégrale générale de l'équation (28), 106.. ( 780 ) savoir, la valeur de ^zir qui se réduit pour t = T à une fonction donnée {(x, y, z) des trois variables .r, y^ z, il suffira de poser dans la formule (3:)) puis d'éliminer 0, yi, Ç devenues variables entre l'équation (34) j- — fCl>'>.OJ ^ (x--?») (r-x') (^*-C-) (<--T'), et les trois dérivées de cette équation successivement différentiée par rap- port à chacune des trois quantités 0, », ^. » Si l'équation donnée étant de la forme (35) pqr...s s= xj-z...t, renfermait n variables indépendantes, alors en opérant comme dans l'exemple précédent, on verrait l'équation (10) se réduire à (36) [?(*-«)]"= (x'-Ç«) (r-yi') (Z--Ç*)- • •(<*— T'). » Si l'équation donnée était de la forme (37) F(p, q, r,..., s) = o, alors P, Q, R,.. ., S seraient seulement fonctions dep,q, r, . . ., s, et de l'équation (20) réduite à dx dj- dt dt dz dp dq dr ds """ o o o * ' ■ o ' on tirerait p = (p, q = X, r=: 4,..., j= ^, /oo\ X — ( J' — l » — C t — r m — «r K^OJ p _ Q _ j^ ~S~-p/, + Qy+Rr+... + S/ Alors aussi, pour obtenir l'équation (10) , il suffirait d'éliminer;), q, r, ( 7»' ) entre les formules (38) jointes à l'équation (Sy). Ainsi, par exemple, si l'équation (37) se réduisait à l'équation (10) deviendrait (4o) ('HT — ^Y — {X — lY + (jr — >))• H- (z - ç/ H". ■ . + ( < — t). » Dans un autre article je comparerai les résultats des deux méthodes d'intégration exposées, d'une part dans cette ISote, d'autre part , dans le Bulletin de la Société Philomathique deiSig. Cette comparaison montre qu'il existe entre les fonctions et les fonctions *, ^, A,. . . des relations qui pourraient encore se déduire des principes établis dans un Mémoire de M. Jacobi, combinés avec les propositions que nous a%ons obtenues. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sw Ics chemifis de fer; par M. Séglieii. «On se rappelle avec douleur que c'est à la rupture de l'essieu de devant de la locomotive à quatre roues qui précédait le convoi, qu'est due la ca- tastrophe à jamais déplorable du 8 mai. » Parmi toutes les causes possibles de la rupture de cet essieu, celle qui nous semble, à nous, la plus probable, ne nous paraît cependant pas en- core avoir été signalée par personne. Nous demandons la permission à l'A- cadémie de lui exposer très-brièvement quelques considérations que nous croyons nouvelles, sur l'effort très-variable que supporte cet essieu pen- dant son service. Dans une locomotive à quatre roues, la charge est inéga- lement répartie, les roues motrices supportent les deux tiers du poids total de la machine, les roues libres n'ont à soutenir que l'autre tiers : or ce sont les roues libres, c'est-à-dire les moins chargées, qui marchent les premières: la nécessité dans les constructions actuelles de placer les chauffeurs à por- tée du tender chargé du combustible exige qu'il en soit ainsi ; pour qu'il en fût autrement et que la voiture pût tirer en entamant le chemin sur les roues motrices, il faudrait l'atteler au convoi du bout opposé; le tender poussé en avant, devrait alors nécessairement ouvrir la marche; mais l'ex- f 782 ) ■ périence a déjà démontré combien il est dangereux de pousser, à cause des chances de déraillage bien plus grandes dans ce cas que dans celui de la traction. «Nous disons donc que par la force des choses et l'usage, tout convoi traîné par une locomotive à quatre roues entame le chemin par les deux roues libres de la locomotive, et nous répétons que ces deux roues ne portent que le tiers du poids de l'appareil. Les choses se passaient ainsi le 8 mai. » Eh bien , nous croyons qu'une des causes les plus naturelles de la rup- tnre de cet essieu est le c hoc continuel qu'il éprouvait par des pressions extrêmement variables contre les rails, et ici nous développons tonte notre pensée ; nous prions l'Académie de nous suivre dans notre raisonnement. » L'effort de la locomotive s'exerce par l'adhérence des roues sur le rail dans un plan tangent à la circonférence des roues motrices; la translation de la machine se transmet au convoi par des points d'attache de la machine au tender, du tender aux waggons, dans un autre plan horizontal placé au- dessus du premier de tout le diamètre des roues; or il résulte de cette dis- position des choses la conséquence forcée que le plan dans lequel s'exerce la résistance tend, pendant l'effort, à s'approcher de celui dans lequel s'exerce la traction ; c'est-à-dire que toute la masse de la locomotive a une tendance à être renversée en arrière en tournant autour d'un point qui est le centre de la roue motrice. » De cette tendance il résulte que pendant la translation , l'essieu de de- vant, déjà moins chargé, se trouve encore déchargé d'un poids égal à la force d'adhérence de la locomotive sur le sol par les roues motrices; di- sons-le avec l'expression triviale, la voiture a une tendance continuelle à aller à cul ; mais si brusquement, et par suite de ces intermittences qui n'ar- rivent que trop souvent dans les convois, celui-ci, au lieu d'être tiré par la machine, vient à la heurter et à la pousser avec toute la vitesse acquise, non- seulement alors toute la partie de la charge que l'essieu de devant supporte en repos lui est restituée , mais encore il reçoit un choc violent qui est dû à la position même où viendra buter le convoi contre la locomotive; l'effet inverse à celui que nous avons signalé se produit, et l'essieu de devant sup- porte alors le choc d'une partie de la masse en mouvement du convoi , dans un certain rapport avec l'inertie de la propre masse de la locomotive. » Nous croyons que ce sont ces alternatives brusques d'augmentation et de diminution de charge, qui ont occasionné la rupture simultanée de c«t essieu dans les extrémités du corps à la fois. La seule conséquence que nous (783) voulons tirer, quant à présent, de ces réflexions, c'est qu'il est possible', en installant le mécanisme différemment sous la locomotive, de convertir lesroues de devant enroues motrices, et d'éviter ainsi les inconvénients que nous venons de signaler. Un tel arrangement aurait en outre l'avantage de faire entamer le chemin par les roues qui tirent : on éviterait ainsi d'avoir même une seule paire de roues poussées. » Les observations que nous avons faites pour expliquer la possibilité d'une rupture, s'appliquent a fortiori & la possibilité d'un déraillage, on conçoit combien il faut peu d'effort pour faire sortir de la voie un train de roue qui repose à peine sur elle, qui parfois même peut en être écarté par la résistance du convoi. Nous ne voulons pas pousser plus loin ces réflexions, et nous jeter dans la discussion de la délicate question de savoir si les voi- tures à quatre roues sont plus ou moins dangereuses que celles à six roues, nous nous bornons à dire que nous croyons qu'il est possible d'atteier les locomotives à quatre roues d'une façon beaucoup plus siire. Nous communiquerons plus tard aussi, mais à la Commission, comment nous croyons possible, par une application du principe de l'encliquetage recti- ligne de Dobo, de trouver, dans le poids même des masses mises en mou- vement, le moyen le plus efficace de détruire progressivement leur vitesse acquise; pour aujourd'hui, nous n'abuserons pas plus longtemps de la bienveillante attention de l'Académie.» CHIMIE ORGANIQUE. — Note suK Ics viMières grasses de la laine; par M. Chevrecl. a Dans un Mémoire lu à l'Académie il y a plusieurs années, j'ai signalé dans la laine en suint lavée à l'eau distillée , l'existence de deux matières grasses différant l'une de l'autre par la fusibilité. J'ai nommé stéarérine celle qui est molle à 45 et bien liquide à 60° , et élaïérine celle qui est li- quide à i5°. Ces deux matières correspondent, par cette différence de fu- sibilité, à la stéarine ou à la margarine et à l'oléine des graisses animales; mais j'ai fait observer qu'elles en différaient beaucoup sous le rapport de l'action des alcalis, puisqu'en les tenant pendant 60 heures sur le feu avec le double de leur poids de potasse dissoute dans l'eau, on ne parvenait point à les réduire en savon soluble, comme cela a lieu pour la stéarine, la margarine et l'oléine, mais en émulsion, laquelle, décomposée par un acide, ne paraissait point avoir éprouvé de grand changement, du moins à en juger par sa fusibilité. Mais en insistant sur ces différences, je ne consi- dérai point les résultats de mes expériences comme assez précis pour livrer ( 784 ) inon Mémoire à Timpression, avanl d'être revenu sur l'étude de la réaction des matières grasses de la laine et de la potasse. n Si je ne suis pas en mesure de le faire encore aujourd'hui, par suite d'un accident qui m'a privé de plusieurs décagrammes de stéarérine pu- rifiée, provenant de recherches qui remontent à douze ans , cependant je suis arrivé à des résultats propres à distinguer les matières grasses de la laine de tous les corps gras actuellement connus. » 1°. La stéarérine et l'élaïérine, digérées pendant i25 hetu-es avec l'eau et le double de leur poids de potasse dans une capsule exposée à l'air, ne produisent jamais de solution , ainsi que cela arrive à la stéarine , à la margarine, à l'oléine traitées de la même manière pendant quelques heures seulement ; » 2°. r^a stéarérine et l'élaïérine éprouvent cependant un changement no- table dans leurs propriétés, mais on ne peut guère s'en apercevoir si l'on n'agit que sur quelques grammes de matière, et surtout si on se borne à observer la fusibilité de matières grasses séparées par l'acide phosphorique de la potasse avec laquelle on les a fait digérer. » 3°. Mais si l'on distille le liquide ac|ueux acide d'où la matière grasse a été séparée, ainsi que l'eau avec laquelle cette matière a été lavée, on obtient un acide volatilàont l'odeur est celle de l'acide phooénique que j'ai retiré de l'huile de dauphin (i). » 4°- L'acide volatil à odeur phocénique se développe dans le dégrais- sage de la laine par le carbonate de soude. >i Je l'ai retrouvé dans le suint que l'eau distillée enlève aux laines surges. » Cet acide diffère d'un autre acide également volatil, dont l'odeur se retrouve à un haut degré dans le suint. Cet acide se trouve à l'état latent dans plusieurs matières que j'ai extraites de la laine. » 5". La matière insoluble dans l'eau, séparée par l'acide phosphorique de l'alcali qui a digéré avecl'élaïérine ou la stéarérine, est formée : j> 1°. De deux acides au moins, inégalement fusibles, dont l'un corres- (i) Je compte étudier cet acide comparativement : i° avec l'acide phocénique, pour savoir si les deux acides sont identiques ou seulement analogues ; 2°. Avec l'acidevalérianique, qui nie paraît, d'après les propriétés qu'où lui a attribuées, avoir de grands rapports avec l'acide phocénique ; 3*. Enfin avec utt acide provenant de la putréfaction des matières aiotées, que j'ai si- gnalé il y a plus de vingt ans, et dont je possède aujourd'hui des sels en cristaux volu-r- niineux. ( 785 ) pond à l'acide stéariqne ou à l'acide margarique, et l'autre à l'acide oléique; mais ils n'ont pas de caractères distinctifs aussi faciles à reconnaître sous le rapport de la fusibilité , de la cristallisation , etc. , que ces derniers. » Les combinaisons des deux acides des matières grasses de la laine avec les alcalis solubles, ressemblent beaucoup plus aux savons résineux qu'aux savons préparés avec les graisses animales. » i". D'une ou de deux matières grasses neutres, que je n'ai point encore obtenues parfaitement pures. Conclusions. » I. Il y a deux matières grasses neutres dans la laine, lesquelles diffèrent par leur fusibilité. » II. Par la saponification opérée avec le contact de l'air, elles se ré- duisent : X 1°. En un acide volatil soluble dans l'eau, dont l'odeur et plusieurs autres propriétés rappellent celles de l'acide phocénique; V a°. En deux acides insolubles dans l'eau , qui ont plus de ressem- blance avec les acides dits résineux, qu'avec les acides stéarique, mar- garique et oléique ; » 3°. En une ou deux matières non acides, insolubles dans l'eau. Conjectures. » Si l'air n'a pas eu d'influence dans la réaction de la potasse et des matières grasses de la laine, celles-ci ne seraient-elles pas représentées par trois espèces de corps neutres ? » Chacune de ces espèces ne serait-elle pas caractérisée par un des trois acides nouveaux que j'ai signalés, qui se développerait par l'action des alcalis, en même temps qu'une matière grasse neutre ? » Ce rapprochement, s'il est fondé, établirait une relation remarquable entre les corps gras de la laine d'une part, et la cétine d'une autre part. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Reckerches sur la cause de la décomposition des murs et des rochers à diverses hauteurs au-dessus du sol; par M. Fleu- RiAu DE Bellevue. (Extrait.) «■ J'ai remarqué de tous côtés, particulièrement dans les départements des deux Charentes, des Deux-Sèvres et de la Vienne, ainsi qu'à Paris C R., iSjî, l" Semestre. (T. XIV, N" 22.) IO7 ( 786 ) même, que les murs des vieilles maisons construites en pierres de taille calcaires sont singulièrement altérés ou cariés à des hauteurs spéciales. Cette altération ne commence, pour l'ordinaire, qu'à un demi-mètre au- dessus du sol, et s'étend communément jusqu'à 3'",5o au-dessus de ce point, tandis que le surplus des façades, qui est composé des mêmes pierres, se conserve presque intact pendant plusieurs siècles. » On ne trouve en général que de faibles exceptions à cet égard, et seulement sur quelques pierres, qui probablement sont de mauvaise qua- lité, ou qui sont exposées à une action réfléchie des vents d'ouest. Ainsi une bande de 3 mètres à 3",5o de hauteur, élevée d'environ o^jSo au-dessus du sol des rues , se décompose presque toujours beaucoup plus facilement que les autres parties de l'édifice. Je désignerai cette bande sous le nom de zone d'altération. » Les pierres dont il s'agit sont extraites pour la plupart des carrières de craie, mais le même effet a lieu, plus ou moins, sur quelques marbres d'une ancienne origine; enfin, mais beaucoup plus lentement, sur quelques espèces de granités. » C'est ordinairement au milieu de cette zone, à la hauteur de 2 à 3 mètres au-dessus du sol, que se trouve le maximum de décomposition. Là, toute la partie la moins solide du milieu de chaque pierre disparaît jusqu'à une profondeur de 2 à 3 centimètres et parfois bien davantage; les parties les plus spathiques se trouvent plus ou moins en relief, et comme vermi- culées, mais avec cette circonstance singulière que la décomposition est bien moindre sur les arêtes de ces pierres de taille que sur le reste de leur surface; le peu de mortier de chaux qui séparait ces pierres ayant disparu avant leur altération, ce sont ces arêtes qui, quoique attaquées alors sur les deux flancs , se trouvent cependant les parties du mur les plus saillantes i les baguettes de sculpture et de faibles moulures même résistent à cette influence plus que le milieu de la pierre. » Cet effet a lieu quelle que soit l'exposition des façades, et presque autant dans une rue large que dans une rue étroite; seulement il est plus prompt et beaucoup plus remarquable au midi et à l'ouest qu'au nord. Il est en général plus fréquent et bien plus prononcé dans le voisinage de la mer que dans l'intérieur des terres; cependant on en voit aussi des traces suffisamment reconnaissables à Paris même, notamment à la plus ancienne façade du midi de la galerie du Louvre, sur l'aile du couchant de l'Hôtel de l'Institut, à la Bibliothèque du Roi, à l'ancien Hôtel des Finances, et sue beaucoup d'autres édifices. ( -787 ) » Ce n'est pas uniquement près de la terre qu'on observe cet effet , on le voit aussi paraître sur des perrons élevés de plusieurs mètres au-dessus du sol. Je citerai particulièrement les colonnes de l'Hôtel de la Préfecture de La Rochelle, qui sont placées sur un perron de près de 2 mètres de hauteur et soutiennent une terrasse à l'exposition du couchant. Ces colonnes ont été rongées sur 2 mètres et au delà de hauteur, à partir d'un demi- mètre au-dessus du sol du perron , et ont été tellement dégradées, qu'il a fallu , pour les conserver, les revêtir d'une espèce de stuc. » Des balcons mêmes montrent cet effet , quoique moins fortement et sur une moindre hauteur; on voit entre autres ceux de l'ancien évéché de cette ville , élevés de 7 mètres au-dessus du sol, dont les balustres sont éga- lement cariés, tandis que les dalles qui soutiennent ces balustres et les tablettes que ceux-ci supportent sont demeurées presque intactes. Là le mur de façade est aussi altéré vis-à-vis les balustres et à peu près à la même hauteur qu'eux. On voit aussi ce même effet sur quelques parties de murs qui sont supérieures aux grandes corniches des bâtiments, enfin sur ceux qui surmontent des terrasses, même celles des clochers. » Ce n'est donc pas seulement au-dessus du pavé des rues que cette dé- composition se manifeste; elle se montre plus ou moins à une hauteur quelconque, dès qu'une masse de pierres saillantes reçoit de la pluie ou seulement qu'elle peut conserver de l'humidité plus longtemps que les parties verticales, latérales et supérieures à cette masse. Il paraît ainsi que la hauteur de la zone d'altération est en quelque sorte proportionnée à la saillie et à l'étendue de cette masse. » Enfin on remarque encore cet effet même sur les pieds-droits d'an- ciennes voûtes qui ont quelque élévation, telles que des portes de villes; t;es pieds-droits sont cariés, tandis que le plus souvent l'intiados de ces voûtes est demeuré intact. » Quelle est la cause de cette altération, qui est bien plus considérable encore sur les murs bâtis en certains moellons que sur ceux qui sont en pierres de taille?. . Il paraît qu'on ne peut l'attribuer qu'à une action chi- mique de l'atmosphère analogue à celle qui donne lieu à la formation du salpêtre, action qui ne s'exercerait d'une manière complète et dans toute son énergie qu'à deux ou trois mètres du sol et sur les parties humides de îa pierre. Cette dernière condition expliquerait ainsi pourquoi les arêtes des pierres de taille, lesquelles se dessèchent toujours plus promptement que le milieu des surfaces, résistent à cette influence et demeurent souvent en saillie sur les façades très- altérées. » 107.. ( 788 ) : : NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un Corres- pondant pour la Section de Physique. Le nombre des votants est de 3o ; majorité, i6. Au premier tour de scrutin , M. Forbes obtient 22 suffrages. M. Amici 3 M. Wheatstone 2 M. Weber 2 M. Erman i M. de Haldat i M. Forbes, aj'ant réuni la majorité absolue des suffrages , est déclaré élu. L'Académie procède ensuite , également par la voie du scrutin , à la no- mination d'une Commission de cinq membres , qui sera chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le grand prix de Mathématiques de 1843. MM. Cauchy, Liouville, Sturra, Poinsot et Duhamel réunissent la ma- jorité des suffrages. . MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Notice sur le tripoli des enviwns de Privas, département de l'Ardèche ; parM. J. FouB^ET. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy.) « Le plateau de la France centrale renferme différentes formations ter- tiaires qui n'ont pas été suffisamment étudiées; il faut ranger au nombre de celles-ci , les masses de silice farineuse ou de tripoli dont M. Faujas a re- connu l'existejnce dans l'Ardèche, près de Roche-Sauve, et dont j'ai retrouvé les analogues chimiques aux environs dePontgibaud etde Randanneen Au- vergne. Ces deux dépôts étant décrits , il est inutile d'y revenir; mais il en est d'autres sur lesquels je n'hésiterai pas à donner de nouveaux détails ( 78j ) qui auront pour résultat de faire mieux apprécier leur importance géologi- que. Ceux dont je veux parler ici sont surtout développés dans les envi- rons de Privas, au Bartras, à Creysseilles et au mont Charray, près de la route du col de l'Escrinet, et comme j'ai lieu de croire qu'ils se présentent tous avec des caractères analogues, je ne me suis attaché qu'à l'explora- tion de ce dernier. » Le dépôt du mont Charray repose visiblement en stratification discor- dante sur les rampes des étages supérieurs du calcaire jurassique. Il est recouvert lui-même par un lambeau basaltique, et cet ensemble dessine un escarpement très-abrupte , dont on peut saisir tous les détails, à l'exception des parties inférieures, qui, étant masquées par les éboulis, seront passées sous silence dans l'énumération suivante de la série des couches. Celle-ci ne commencera donc qu'en un point dont la hauteur au-dessus du calcaire jurassique, quoique indéterminée, ne peut guère être de plus de 4 à 5 mètres, en sorte qu'il est très-probable qu'aucun fait essentiel ne nous a échappé. A Système inférieur. Épaisseur inconnue; ou y a foré un puits de B^jOo environ de profondeur sans le traverser complètement; ce travail a fait de'couvrir les de'tails suivants de bas en haut. B Système moyen. C. Système supérieur. Série de couches de grès brunâtre à grains de moyenne grosseur, les unes i". Couches inférieures inconnues à la base et composées de tripoli au-dessus ; 2°. Conglomérat à fragments volcani- ques, dont quelques-uns atteignent la grosseur du poing; ils sont mêlés de gra- viers et sables : le tout est cimenté par la terre tripoléenne; épaisseur o°" , 3o environ ; 3°. Tripoli; 4°. Couche d'ocre de o",io à o'",20 d'épaisseur; 5». Tripoli. La couche d'ocre est à peu près au mi- lieu de la masse du tripoli. 1°. Lignite feuilleté avec une apparence généralement irès-bitumineuse, s'exfo- liantà l'air et contenant çà et là du bois simplement fossile; puissance o",io à o^.So; 2°. Veinule d'argile formant le toît du lignite. 1°. Banc de grès homogène ; 2°. Banc de grès schisteux ; 3° . Banc de grès homogène ; 4°. Silice impure ; ( 790 ) massives, les autres schisteuses planes ou contourne'es. Dans le milieu de cette se'rie se trouve un petit banc de silice impure de o^jio de puissance. L'e'paisseur totale de ces assises s'élève à 6* environ. 5°. Grès schisteux ; 6". Grès homogène; 7°. Grès à feuillets contournés ; 8°. Grandes assises degrés brun massif, contribuant surtout à dessiner l'ensemble de l'escarpement à cause de leur épaisseur; puissance a^joo ; 9°. Masse de grès incohérent dans un état de décomposition kaolinique avancé. » Au-dessus vient le système basaltique, qui commence par une couche de terre bolaire provenant probablement de l'altération intime des parties inférieures du basalte ; elle est suivie par des bancs de basalte rubané et dans un état de désagrégation avellanaire. Enfin vient le basalte supérieur, auquel se trouve associée de la pouzzolane rouge convertie en koalin. Cet ensemble, abstraction faite du basalte, offre donc une puissance d'au moins i6",oo dont la silice forme à peu près la moitié; c'est sans doute peu de chose en comparaison de l'énorme extension de certaines formations plus anciennes, cependant il n'en donne pas moins lieu à une série de considé- rations et de détails dignes d'attention. » Si l'on envisage la forme escarpée de ce dépôt étage sur la déclivité du calcaire jurassique, on est amené naturellement à penser qu'il a été ef- fectué dans un bassin assez étendu , qui a été morcelé depuis par les cou- rants diluviens dont les traces sont si évidentes dans toute l'Ardèche. Il se- rait, je crois , difficile de concevoir d'une manière différente sa disposition en lambeau isolé, fixé à une assez grande hauteur au-dessus des profondes vallées environnantes, et il est même assez probable que le dépôt du mont Charray se rattachait dans le principe aux autres dépôts analogues qui se trouvent autour de Privas et autour de Roche-Sauve. » Quoi qu'il en soit de cette généralisation , qui réclame de nouvelles études, la seule considération du lambeau du mont Charray fait voir que dans ce bassin local, si l'on veut, affluaient des eaux de nature bien dif- férente. » Les unes provenaient de sources minérales et déposaient chimique- ment de la silice; les autres étaient des eaux de rivière et amenaient méca- niquement des cailloux, des sables , des débris végétaux; enfin le tout a été recouvert par une de ces coulées volcaniques si largement étendues sur toute l'Ardèche. Mais la composition des conglomérats inférieurs fait voir que déjà, antérieurement à celte dernière coulée, il y avait eu dans le pays ( 791 ) d'autres épanchements basaltiques plus anciens; en sorte qu'on peut affir- vner que la source a existé pendant les dernières périodes des grandes érup- tions pyroxéniques qui ont si longtemps agité le sol de la France centrale. » Les deux grandes subdivisions du dépôt sédimentaire font en outre voir que, dans le principe, les eaux minérales ont joué le rôle principal, et qu'ensuite l'amoncellement occasionné par les ea^ux fluviales est devenu tel qu'il a en quelque sorte oblitéré complètement l'action chimique. Ainsi donc, à un calme assez profond et prolongé a succédé un grand trouble, et en cela cette formation, quoique pour ainsi dire microscopique, n'en a pas moins été soumise aux mêmes lois d'alternance que nous découvrons dans les grands dépôts des formations plus anciennes. » Cependant, même durant l'acte du dépôt chimique inférieur, l'affluence des eaux courantes dans le bassin n'était pas annihilée ; elle est décélée par les feuilles d'arbres qui sont intercalées, pour ainsi dire, entre chacun des feuillets de la terre; par les conglomérats qui sont renfermés dans sa par- tie inférieure, et enfin par la structure feuilletée du tripoli C'est surtout la comparaison de la structure complètement schisteuse du tripoli du mont Charray avec la structure purement amorphe de la farine fossile de Ceyssat, près de Pontgibaud en Auvergne, qui conduit à reconnaître dans la pre- mière l'influence d'une eau courante, tendant constamment à façonner des couches, tandis que dans la dernière localité, l'eau minérale, abandonnée tranquillement à elle-même, n'a pu donner lieu qu'à un de ces dépôts con- fus qui se manifestent dans toutes les précipitations des laboratoires. Le gîte de Ceyssat est d'ailleurs dépourvu de ces feuilles nombreuses qui ren- dent l'autre si remarquable ; il est aussi privé de ce grand amoncellement de débris végétaux qui, réunis en masse à la surface de la silice et compri- més par les grès et par les basaltes supérieurs, ont pu se convertir en li- gnite bitumineux. On remarquera enfin que l'affluence extraordinaire' et finale de portions de plantes a été le prélude du mouvement tumultueux qui a donné lieu à la formation du grand dépôt sableux des grès supérieurs. ))ll est d'ailleurs presque superflu de cherchera démontrer que le dépôt silicieux tripoléen inférieur est le produit de quelques anciennes sources minérales, car ce fait est suffisamment établi par la composition comme par les incrustations des eaux minérales acidulés actuelles de la France cen- trale, et leur examen a depuis longtemps démontré à M. Berthier que le dégagement de leur acide carbonique est constamment suivi de la mise en. liberté de la silice et de quelques autres substances minérales qu'elles tiennent en dissolution. Mais à côté de cette modification purement super^- ( 792 ) . ficielle, occasionnée par le dégagement de l'acide carbonique, il faut en ranger une autre plus essentielle, en ce qu'elle tient à un changement in- time dans la composition même des eaux de la source. Celui-ci est survenu pendant une certaine période, et il se décèle par la surcharge en hydrate de peroxyde de fer qui a produit le banc d'ocre intercalé dans les strates siliceux. Il nous offre une nouvelle preuve à l'appui du fait de variabilité de certaines sources minérales, circonstance dont j'ai déjà donné plusieurs exemples dans une Notice qui remonte à l'année 182g, et c'est ainsi que se généralise de plus en plus un phénomène dont la cause première nous sera d'ailleurs toujours inconnue, parce qu'elle prend naissance dans les profondeurs souterraines. » L'étude des feuilles conservées entre les feuillets du tripoli des environs de Roche-Sauve a conduit MM. Desfontaines, Lamarck, de Jussieu et Thouin à reconnaître les espèces suivantes : Fagiis castanea. Lin. Acer pseudo-plalanus , Lin. Acer monspessulanum , Lin. Tilia europœa , Lii«. Populus alba, Lii». Populus tremula , Liu. Pin us picea , Lin. Pinus sjlveslris, Lin. •» M. Faujas y a en outre trouvé quelques insectes, et entre autres VHj- drophileus Caraboïdes de TJnnée. »Mon collègue, M. Seringe, a reconnu dans le dépôt analogue et très- voisin du mont Charray, des feuilles qu'il rapporte aux espèces suivantes : Corjrlus avellana. Alnus , espèce indéterminable. Sorbus aucuparia. Carpinus belulus. Persica vulgaris. Acer (peut-être) pseudo-plalanus. Rhamnus calharticus. IJlmus , espèce inde'termiuable. » Les espèces indiquées comme douteuses étaient trop fracturées pour permettre un plus grand degré d'approximation. » Ces restes démontrent que pendant la durée des éruptions volcaniques de la France centrale, la température de l'Ardèche était la même que de nos jours : les conditions atmosphériques se trouvaient dès lors appropriées à l'existence des diverses races humaines; mais il fallait encore que la surface terrestre eût reçu sa dernière façon sous l'action des courants diluviens; car, comme l'a dit Buffon : « L'homme n'est venu prendre le sceptre de la terre » que quand elle s'est trouvée digne de son empire. » Ici je sens à quel point je m'expose en attribuant à des courants diluviens ces actions érosives qui ( 793 ) ont démantelé les roches du pays et encombré le fond de ses vallées avec d'énormes convois de démolitions. Nous ne manquons pas de géologues partisans d'un refroidissement démesuré du globe, qui, appelant au secours la pression des glaciers, entailleront mieux encore toutes ces masses et pousseront devant eux les moraines de leurs débrisj prêta adopter l'idée (le ce mécanisme, je ne suis arrêté que par la complication de ses rouages et par la difficulté de trouver de quelle manière ils ont pu fonctionner. Com- ment ont été amenées sur nos montagnes et étalées sur nos plaines tant d'eaux congelées? Comment ont-elles pu cheminer au milieu de cet hiver intense, tandis que M. de Charpentier nous apprend que dans une pareille saison les glaciers sont parfaitement immobiles ? Comment, et par quel sin- gulier hasard enfin, la terre est-elle revenue, après ces froids, exactement à sa température antérieure, ainsi que cela est établi thermométriquement par l'identité des végétaux du tripoli avec ceux de la période actuelle? En un mot, n'y a-t-il pas dans tout cet échafaudage quelque chose de trop en dehors de la majestueuse simplicité de la nature pour que nous dus- sions soumettre immédiatement notre intelligence à de pareils caprices d'i- magination. » Avant de terminer, je dois encore rappeler que ces terres siliceuses sont douées d'une excessive légèreté; aussi Fabroni et Faujas ont essayé d'en faire des briques susceptibles de flotter sur l'eau. Je me suis aussi occupé de la question en Auvergne, et si jamais il devenait nécessaire de munir nos vaisseaux de ces matériaux si mauvais conducteurs du calo- rique, on en trouverait les éléments avec abondance dans la France cen- trale. Au premier aspect, la farine de l'Ardèche est un peu plus dense que celle de Ceyssat; mais cet effet n'étant qu'un simple résultat de la com- pression qu'elle a éprouvée sous la charge des i^rès et des basaltes, il suffit , pour la ramènera son état normal, d'une trituration, d'un délayement dans l'eau et d'une décantation. » En dernière analyse, on doit voir que ce dépôt tertiaire offre un cer- tain intérêt sous le rapport industriel , sous ceux de son mode de formation et des indications qu'il fournit sur les changements qui peuvent survenir dans la composition des eaux minérales ; il provoque différentes considé- rations sur la température de l'époque qui nous a précédés, et sur la question tant débattue des courants et des glaciers; il fait connaître quelques nou- veaux chaînons de cette série organique, tant végétale qu'animale, qui rattache notre période à celle des temps anciens; il mérite donc notre attention, et dans une autre occasion nous chercherons à généraliser les G. a. , 184a, i«' Semestre. (T. Xï\, N» 88.) 1 08 ( 794 ) résultats qui surgissent de son étude , en le comparant avec les masses sili- ceuses contemporaines des éruptions porphyriques. » ANATOMiE coArPARKE. — Suv Veinbrjon des Syngnathes ; par M. ob Quatre- FAGES. (Extrait par l'auteur.) (Commission nommée pour un précédent Mémoire.) « Ou sait que les œufs des Syngnathes subissent en général une véritable incubation dans une poche placée à la face inférieure du corps de leur pa- . reiit (mâle ou femelle), poche qui se fend pour laisser sortir les jeunes entièrement développés. Il n'en est pas tout à fait de même chez la vipère de mer : ici les œufs sont simplement collés contre la paroi externe de l'ab- domen et pressés les uns contre les autres de manière à former une espèce de gâteau à cellules hexagonales, dont l'extrémité libre est baignée par l'eau de mer (i). Chacune de ces cellules renferme un petit Syngnathe dont à l'œil nu on ne distingue que les yeux sous la forme de deux points noirs. » En ouvrant ces œufs on peut observer le jeune Syngnathe, qui continue à vivre pendant plusieurs heures dans l'eau de mer. Cette circonstance, jointe à la parfaite transparence de ces embryons, m'a permis de les étudier avec détail. J'ai examiné successivement: i° les caractères extérieurs et les téguments; 2° le squelette; 3° les muscles; 4° les organes de la nutrition; 5° ceux de la circulation ; 6° le système nerveux et les organes des sens. » 1°. La forme générale des jeunes Syngnathes est très-différente de celle de l'adulte. Ce qui la distingue surtout, c'est la position de la face, qui, au lieu de se trouver à peu près sur le prolongement de l'axe du corps, est placée bien au-dessous, et de telle sorte que son plan de position soit à peu près parallèle à cet axe, au lieu de lui être perpendiculaire. Il résulte de là qu'à cette époque les Syngnathes ont im angle facial de près de 80° centé- simaux, et que la face doit décrire un angle de 100° avant d'occuper sa po- sition normale. » 2°. L'étude du squelette nous rend compte des faits signalés ci-dessus. Le (i) Je n'ai vu cette observation consigaëe nulle part; mais uyaut eu occasion lie la communiquera M. Bibron , ce naturaliste m'a dit avoir observé des faits semblables chez plusieurs espèces de Syngnathes, et avoir employé ce caractère comme propre à distin- guer une des sous-divisions établies par lui dans la famille desSyn^jnatlies, dans une mo- nographie encore inédite. ( 795 ) crâne présente à cette époque une prédominance très marquée sur la face. Les os de la mâchoire sont, il est vrai , déjà formés ; mais ceux qui doivent entrer dans la composition du museau tubuleux qui caractérise les Syng- nathes, n'ont pour ainsi dire pas encore paru: ce sont eux qui, en se déve- loppant porteront la bouche en avant et en haut. « 3". On ne distingue à cette époque aucun muscle isolé : ceux du tronc forment une couche mince, étendue d'une extrémité à l'autre, et dont les fibres élémentaires présentent les stries transverses qu'on observe chez tous les vertébrés. » 4°- La sphère vitelline est l'organe immédiat de la nutrition pour les em- bryons d'ovipares. Elle est très-forte à cette époque chez nos Syngnathes, et l'on distingue très-bien sa double enveloppe. L'externe, toute couverte de pigment, se continue avec les téguments; l'interne se rétrécit et forme un goulot largement ouvert dans un intestin droit et encore imperforé. La ma- tière du vitellus est jaunâtre, opaque, et l'on y distingue un grand nombre de globules d'un aspect oléagineux (gouttes d'huile des auteurs allemands), » 5°. L'oreillette, le ventricule et le bulbe aortique sont très-distincts, pla- cés à la suite l'un de l'autre et séparés par de profonds étranglements. Du dernier partent deux troncs vasculaires latéraux et un troisième médian : celui-ci forme les carotides. Les deux autres se recourbent en arrière , se divisent en quatre branches , qui représentent la petite circulation , et se réunissent presque aussitôt pour aller se rejoindre plus bas et donner nais- sance à l'aorte. Il résulte de cette disposition que la léte ne reçoit que du sang qui n'a pas traversé les branchies. Cette disposition ne pouvant persis- ter chez l'adulte, il est probable qu'il se forme plus tard des communica- tions entre les veines branchiales et les carotides, c'est-à-dire qu'il se passe ici quelque chose d'analogue à ce qu'on a observé chez les batraciens. Mais pendant la vie embryonnaire la respiration se faisant à la surface du vitellus, «lit le corps reçoit le même sang, et de là résulte un développement imi- forme dans toute son étendue. »6°. Le développement des centres nerveux est en rapport avec celui de la boîte qui les renferme. Le cerveau , les lobes optiques et le cervelet sont très-volumineux; l'œil et l'oreille sont déjà bien formés: lepremicr présente des dimensions très-considérables; la seconde renferme deux otolytes, qui, à I cette époque, ne paraissent renfermer encore aucune trace des sels cal- caires. » En comparant les faits que j'ai décrits avec ce que Carus nous a appris io8.. ( 796 ) sur le développement du Cjrprinus dobula, on trouve que la période pen- dant laquelle j'ai observé ces Syngnathes correspond à peu près au sep- tième ou huitième jour. » MÉTALLURGIE. — Note sur les modifications moléculaires qui se produisent, par l'em,ploi, dans les pièces de résistance et spécialement dans les essieux, sur- la fabrication de ces pièces , et sur les moyens de combattre ces modifications ; par M. Jules François, ingénieur des Mines. (Commissaires, MM. Elle de Beaumont, Dufrénoy.) « L'éttide directe du travail du fer, combinée avec l'analyse chimique et l'examen microscopique des matières premières et des produits consécutifs, montre que dans la calcination et le grillage des minerais, ainsi que dans la réduction des oxydes métalliques, la liquation des terres tend toujours à s'opérer à l'état de silicate midtiple neutre. Ces silicates neutres sont ordinairement cristallisés, et ils présentent, comme la tourmaline et plusieurs autres substances minérales cristallines, l'excitation et la pola- rité thermo-magnétique, suivant leur axe de symétrie. Des expériences directes et répétées m'ont assuré que ce fait préexiste à la formation des cristaux , dans la masse métallique en fusion • il préside au grou- pement des particules de fer à l'état naissant , qui toujours s'opère au voisinage et sur la ligne des pôles des cristaux. J'ai cherché à établir, dans un ouvrage sur le gisement et sur le traitement direct des minerais de fer dans les Pyrénées, soumis en ce moment à M. le sous-secrétaire d'État des Travaux publics, que les phénomènes d'agrégation moléculaire que je viens de citer tiennent à des lois constantes, en rapport avec les propriétés thermo-magnétiques. «Il résulte de mes observations, qu'une masse de fer brut pendant le cin- glage, et surtout au moment où elle s'allonge et prend la Forme prisma- tique, accuse une forte excitation magnétique. Si, après le cinglage, on la soumet au recuit, cette excitation s'efface; alors la pâte métallique, vue au microscope, présente une pâte amorphe, vitreuse de silicate neutre d'un blanc légèrement olivâtre, noyant des particules de fer métallique qui , dans leur ensemble, affectent une structure pseudo-réticulaire. » Mais que, du moment où l'on soumet la pièce de fer à l'une quelcon- que des actions qui suivent : » 1°. La trempe, ou un changement subit de température; ( 797 ) » 2*. Une chauffe inégale, ou un soudage suivant la longueur; » 3». Les chocs successifs, les frottements de toutes sortes; » ^o. Les décharges électriques; » 5". L'action d'un courant électrique, ou d'une armature aimantée; » 6°. L'abandon au voisinage delà surface du globe, et notamment dans une position perpendiculaire au méridien magnétique ; » Alors la structure moléculaire subit, suivant l'énergie de ces actions et suivant la température à laquelle on agit, les modifications suivantes. » La pâte du silicate neutre n'est plus amorphe, la structure des parties métaUiques n'est plus pseudo-réticulaire. On observe surtout, suivant l'axe de figure de la pièce de fer, des cristaux bacillaires de silicate neutre. Ces cristaux présentent plusieurs clivages faciles, mais principalement suivant im angle peu incliné sur l'axe du prisme. En outre, les parties métalHques ne sont plus également réparties dans la pâte vitreuse; elles offrent une tendance marquée à se grouper en fuseaux suivant l'axe des pôles des cris- taux. Alors la pâte métallique offre un phénomène de cristallisation avec empâtement, analogue, jusqu'à un certain point, au fait de cristallisation rhomboédrique du grès de Fontainebleau. » Si l'on examine, après emploi , la structure des pièces de résistance, et notamnjent d'un essieu de malle-poste, ou bien de gros camion, originaire- ment de fer nerveux, on reconnaît bientôt, suivant l'axe de figure, et sur- tout sur le milieu et à la naissance des fusées, des cristaux bacillaires de silicate empâtant des parties fusiformes de fer métallique , groupées surtout parallèlement à leur axe. De là les phénomènes de structure à facettes que présentent à la rupture les essieux, les arbres de couche, et en général les pièces de résistance. » Pour les combattre, je me suis attaché : » 1°. A réduire par un fort ressuage à la houille la quantité relative de pâte vitreuse qui, dans les fers ordinaires , va souvent jusqu'à 0,007 ^^ poids total ( I ) ; » 3". A lutter contre les forces qui provoquent la structure prismatique et fusiforme suivant l'axe de figure; » 3°. A détruire ultérieurement toute modification de structure molécu- laire, résultant du travail au feu et sous le marteau, par un simple recuit (i) Aussi recherche-t-on pour les essieux, les vieux fers et les riblons dans lesquels la quaniite' de silicate est généralement moindre que dans les fers ordinaires. ( 798 ) au rouge sombre, dont l'effet immédiat est de ramener la masse vitreuse à l'état amorphe, et de rétablir la structure pseudo-réticulaire dans les par- lies métalliques. » Cette dernière opération peut être employée comme remède toujours efficace pour rendre leur solidité primitive, aux pièces dont la texture a été modifiée par l'usage. » OPTIQUE. — Recherches expérimentales sur la vision; par M. de IIaldat. (Extrait par l'auteur.) (('ommission nommée pour divers Mémoires de M. Vallée sur le même sujet.) « Comme notre œil nous procure une image distincte d'objets représen- tés par des rayons parallèles convergents ou divergents, et qu'aucun ins- trument ne jouit d'une telle propriété s'il n'éprouve des modifications dans l'arrangement de ses parties, on demande quelle peut être la cause d'une si merveilleuse propriété. Telle est la question qui , réduite à son expression la plus simple, forme le sujet de ce Mémoire. Le plus grand nombre des physiciens qui s'en sont occupés, considérant l'œil comme un instrument d'optique, ont pensé que pour donner les résultats qu'on en obtient, il de- vait éprouver dans l'arrangement des parties qui le composent, des chan- gements analogues à ceux qu'on introduit dans les instruments d'optique. Mais tandis que les uns ont cru trouver la cause du phénomène dans les changements qu'ils supposent avoir lieu dans la forme de la cornée trans- parente, d'autres l'ont attribuée au déplacement du cristallin. I" partie. — Fondions de la cornée transparente. » L'auteur a d'abord examiné l'hypothèse des variations dans la forme de la cornée et en a montré l'inexactitude dans l'impuissance des muscles que l'on considère comme les agents par lesquels on la suppose opérée. Cette impuissance est prouvée, i" par l'incompressibilité presque absolue des hu- meurs contenues dans le globe oculaire et la ténacité des membranes qui les renferment; 2° par l'insertion peu favorable de ces muscles et l'absence complète de point d'appui contre lequel la pression pourrait être opérée; 3° on la tire encore de l'examen de la masse musculaire de ces agents qui représente généralement la force de cette classe d'organes, examen qui ne donnerait à ces muscles qu'une force égale à la pression de 5oo grammes ( 799 ) environ, tandis que pour opérer le plus faible changement clans la forme tonnes en arrière, sur celle qui a lieu en avant, et qui est de i tonnes diminuées du poids de l'essieu et des parties tombées sur la voie. Nous ne parlons pas de la pression produite sur les roues de devant par l'échappement de la vapeur par la cheminée, parce qu'elle est de peu d'importance en comparaison des poids réels. Ainsi, en donnant un rebord aux roues du milieu, et plaçant en outre, devant ces roues, une garde, comme celle qui existe en avant de la machine, pour écarter les objets qui seraient tombés sur les rails, la machine pourra con- tinuer son mouvement pendant quelque temps sans tomber. Alors, en séparant le train de la locîomotive , an moyen du crochet en usage sur le chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, on pourra arrêter le train, pen- dant que la machine continuera de s'éloigner, jusqu'à ce qu'un choc ne soit plus à craindre entre elle et les diligences. » Pour arrêter le train , après sa séparation de la locomotive , on pourra se servir des freins ordinaires ; mais M. Arago nous ayant à ce sujet fait part de son idée d'un frein résultant de la résistance de l'air, nous avons essayé de faire le calcul de l'effet qu'il pourrait produire dans le cas dont il s'agit. » Les moyens employés jusqu'ici pour arrêter les convois sur les che- mins de fer sont de deux espèces : ceux qui servent à arrêter la machine et son tender, et ceux qui servent à arrêter le train lui-même, ou les dili- gences attachées à la machine. » Pour arrêter la machine, à la rencontre d'un obstacle imprévu, il y a deux moyens: d'abord arrêter la vapeur et renverser le mouvement, et ensuite enrayer le tender en serrant le frein. Le premier de ces moyens est très-rapide; il produit un frottement énergique de la bande des roues de la machine sur les rails. I^e second exige le temps de tourner la ma- nivelle du frein , et fait frotter les roues du tender sur les rails. Ces deux ( 8o6 ) effets ensemble, ou même l'un des deux, sont capables d'arrêter non-seu- lement la machine, mais le train qui la suit; car en prenant le poids moven de la machine et de son tender à i6 tonnes, et évaluant le frotte- ment du fer sur le fer à -i du poids du corps traîné , on voit que la résis- tance ainsi créée s'élèvera à 320o kilogrammes, qui est une force très-con- sidérable sur un railway où les frottements ordinaires sont très-faibles. » Pour arrêter le train lui-même, on serre les freins des diligences. Ce moyen est plus long que les précédents; il exige le temps de faire entendre le signal d'arrêt aux conducteurs, qui peuvent n'être pas attentifs, et le temps nécessaire pour tourner la manivelle des freins. Mais il est très-puis- sant, et peut arrêter le convoi en très-peu d'instants, parce que pour un train de 5o tonnes par exemple, il crée une résistance de loooo kilo- grammes, tandis que le train n'exigeant qu'une traction de 2.70 kilo- grammes par tonne , ne représente , outre la résistance de l'air, qu'un poids de i35 kilogrammes en mouvement. Ce n'est donc pas l'énergie qui manque aux moyens en usage; mais la rapidité du mouvement qui entraîne le con- voi, le temps nécessaire pour serrer les freins, et le sang-froid que cette opération exige dans les conducteurs, en rend l'exécution peu assurée en cas d'accident, et c'est un inconvénient que n'a pas le frein de M. Arago. » Ce frein. consiste en un corps de waggon à plate-Jorme , portant, vers chacune de ses deux extrémités, deux montants à coulisses, entre lesquels tombe une sorte de jalousie en tôle de fer. \a chute d'un contre-poids, décroché par un levier à la portée du machiniste, détermine la chute ins- tantanée du rideau, et peut en même temps dételer le train, au moyen du crochet d'attelage mentionné plus haut. Il peut y avoir un waggon sem- blable en tête du train et un autre derrière. » Pour se rendre compte de l'effet qu'on en peut attendre, qu'on sup- pose deux waggons de ce genre portant chacun deux rideaux qui , lors- qu'ils sont développés par la chute du contre-poids, présentent une surface résistante additionnelle de 10 mètres carrés chacun. Qu'on suppose encore, pour prendre un cas moyen , un train de 9 diligences, pesant 45 tonnes et marchant à la vitesse de 5o kilomètres par heure, et qu'il s'agisse de l'arrê- ter. On détachera le crochet d'attelage, et les deux rideaux de chacun des waggons tomberont. Ce sera donc 4o mètres carrés de surface présentés à l'air. Mais comme, d'après les expériences de M. Thiébault, le second rideau de chaque waggon , en partie masqué , ne produira que les \ de la résistance du premier, cette surface de 40 mètres carrés se réduira à 33 mètres carrés effectifs. Cette surface, à la vitesse de 5o kilomètres par heure, si elle était ( 8o7 ) la tête d'un corps prismatique allongé, comme un train ordinaire de waggons, produirait {^Traité des Locomotives , p. i5o à i54) une résistance de 4i 8 kilogrammes. Mais comme c'est une surface mince , la résistance de l'air augmentera dans le rapport de i .40 à i , on sera de 585 kilogrammes. D'un autre côté , la résistance de l'air contre le train , et le frottement des diligences s'élèvent à la somme suivante : Frottement des 9 diligences, 45 tonnes à a""'"» , ■jo par tonne 122 kilog. Résistance de l'air contre les 1 1 voitures, surface effective i5""'' ""■**, 4o. . . 196 » Ainsi , dans le moment de la séparation de la machine, la résistance du train en mouvement est de 3i8 kilogrammes; et à l'instant de la chute des rideaux, elle augmente de 585 kilogrammes, ou devient 908 kilogrammes, qui est le triple du premier nombre. Il se produira donc immédiatement un ralentissement du train, puis en même temps les conducteurs commence- ront à serrer les freins ordinaires des diligences, et le train, ralenti d'a- bord , pourra être arrêté sans choc. » Cela posé, reportons-nous à ce qui a été dit plus haut au sujet des lo- comotives à six roues, et supposons que dans un accident semblable à celui du 8 mai, l'essieu de devant de la machine vienne à se rompre, et que les roues s'échappent. Dès que cette rupture aura lieu, le machiniste s'en apercevra aux oscillations de la machine, qui tendra à soulever le ten- der. Qu'au même instant donc il appuie sur le levier du frein, et détache ainsi à la fois le crochet d'attelage et fasse tomber le frein, en laissant tou- jours courir la machine, et arrêtant seulement en partie la vapeur; il se produira immédiatement un intervalle entre la machine et le train. Celui-ci, soumis auparavant à une résistance de 3i8 kilogrammes, en supportera instantanément une de go3 kilogrammes, en frappant contre l'air qui est un corps élastique. Son mouvement se ralentira donc aussitôt, sans cependant créer un choc dangereux, comme celui qui pourrait résulter de l'enrayage simultané de toutes les diligences. En même temps, les conducteurs auront le temps de serrer les freins pendant que la ma- chine s'éloignera , et le convoi s'arrêtera sans catastrophe. Il est à re- marquer, du reste, que la fuite de la machine est tout aussi nécessaire à la sûreté des machinistes qu'à celle des voyageurs, car si les machinistes arrê- taient la machine, ils seraient écrasés par le train. » Nous croyons donc que ces moyens pourront faire éviter des accidents, et il semble en effet que ce n'est pas en arrêtant subitement le train et la machine, mais en faisant au contraire continuer la machine et ralentir le train , qu'on pourra empêcher les accidents de se produire. » ( 8o8 ) MÉCAKiQui: APPLIQUÉE. — Déjeuse des locomotives à quatre roues; deuxième partie. — Note de M. Mamby. (Commission des chemins de fer.) « Dans les discussions qui occupent le public sur la sécurité relative des macLines à quatre et à six roues, on s'est plu à confondre sous la déno- mination générale de machines à. quatre roues , un système depuis longtemps abandonné, qui consiste en quatre roues maintenues par un châssis extérieur (que nous avons été les premiers à condamner), avec le système que nous avons adopté, qui est celui à châssis intérieur. » Pour poser la question sous son vrai point de vue, nous nous décidons à offrir quelques détails sur l'histoire de la machine à vapeur appliquée aux chemins de fer, et à exposer les raisons qui , après la longue expé- rience d'une carrière exclusivement dévouée à la construction de loco- motives et à l'organisation de leur service, nous ont conduits à préférer les machines à quatre roues avec le châssis intérieur à tous les autres systèmes que nous ayons vu mettre en pratique. » Le chemin de fer de Liverpoo! à Manchester fut le premier à faire usage de la vapeur comme moteur, pour le transport des voyageurs avec grande vitesse, et la première machine locomotive fut construite pour cette belle et grande entreprise, en 1828. Étant à six roues, cette machine néan- moins ne réimissait par tous les suffrages. Une prime de r 3 5oo francs fut offerte par les administrateurs pour le meilleur système de machine loco- motive, et, après des essais réitérés, elle fut accordée à une locomotive à quatre roues. » Toutes les locomotives à quatre roues de cette époque avaient leurs châssis àrextérieur(commeleMathieu-Murray),etfonctionnèrent ainsi sur le chemin de fer de Liverpool à Manchester pendant quatre à cinq ans sans donner lieu à d'autres objections que celle d'une perte considérable en con- séquence des fractin-es réitérées d'essieux. On fit plus tard des essais dans le but de démontrer qu'une grande économie de combustible résulterait de l'adoption d'une plus grande boîte à feu, mais cetle partie de la machine devint si lourde, qu'il fallait la supporter, et l'on en revint à se servir du troisième essieu auquel on avait renoncé comme étant très-nuisible au bon fonctionnement des locomotives sur les courbes. Jusqu'alors les construc- teurs de locomotives n'avaient aucun système de fabrication à eux , ils étaient tenus de se conformer aux plans des ingénieurs des compagnies, et n'en- ( 8o9 ) traient pas dans l'examen des avantages du système de construction qui leur était commandé. C'est à cela que nous attribuons que les machines loco- motives furent pendant plusieurs années construites presque universelle- ment avec les cliâssis en dehors des roues, avec la grande boîte à feu et avec les six roues. » Nous eûmes l'avantage d'être les premiers à faire introduire dans la construction des locomotives le système à quatre roues combiné avec le châssis intérieur, l'axe coudé et les cylindres placés dans la boîte à fumée, système au moyen duquel on évite les défauts inhérents aux six roues et surtout aux châssis extérieurs. I.,a pi-emière machine faite sur ces principes sortit de nos ateliers en 1829, avant l'époque de l'ouverture définitive du chemin de fer de Liverpool à Manchester. Depuis que les avantages de no- tre système se sont fait connaître, plusieurs modifications ont été faites aux anciennes locomotives à six roues, et nous voyons avec satisfaction que dans le dernier perfectionnement d'un de nos célèbres ingénieurs, notre système de châssis intérieur a été adopté et la grande boîte à feu supprimée. » Ayant donné cet apperçu de l'histoire des divers systèmes de locomo- tives, il nous sera permis d'expliquer les motifs qui nous ont fait tenir avec autant de persévérance à notre système de machines , qui consiste : » 1° En quatre roues au lieu de six; » a". A placer le châssis en dedans des roues et immédiatement au-des- sous des chaudières; » 3°. A n'avoir que deux portées sur l'axe coudé au lieu de cinq ou six; » 4°' En une boite à feu ronde et sans garniture, au lieu d'une boîte à feu carrée avec des garnitures qui empêchent la circulation de l'eau et di- minuent le pouvoir d'évaporation; » 5°. En un arrangement beaucoup plus simple de la rnachine propre- ment dite. » Ce système a, suivant nous, l'avantage d'être plus fort et moins sujet aux accidents, d'avoir moins de tendance à sortir de la voie sur les courbes, de consommer moins de combustible et de demander moins de réparations que le système à six roues avec châssis extérieur. » Pour prouver ces différents points, nous ne pouvons mieux faire que de donner l'extrait suivant du Mémoire lu à rin.stitut des Ingénieurs, le i7marsi84o, etpublié dans leurs Transactions.ll contient l'exposé de notre raisonnement, et l'expérience de la dernière année nous en a confirmé l'exactitude. C. R., 1842, i«' Semestre. (T. XIV, N" 22.) HO ( 8.0 ) Exlrall des Transactiom de t Inslilul des fngénicurs civils , 1840, p. 3o5. « Dans la construction d'une locomotive, après une bonne chaudière » d'où dépend la formation économique de la vapeur, le châssis est, sans » contredit, la partie à laquelle on doit apporter le plus de soins; il doit, » par lin assemblage solide et bien entendu, lier ensemble toutes les parties » de la machine, les maintenir dans leurs positions relatives, et recevoir, » sans en souffrir, tous les chocs auxquels elles sont exposées. Sous ces » points de vue , le châssis intérieur possède un grand avantage sur le » châssis extérieur, en ce qu'il forme un assemblage plus direct entre le » cylindre, les coussinets des essieux et toutes les parties d'où dépend le » mouvement, et par conséquent supporte immédiatement tous les efforts » de la machine sans les rejeter sur la chaudière, ainsi que cela a lieu avec » le châssis extérieur. Pour donner plus de clarté à ces observations, nous M allons premièrement examiner les efforts auxquels le châssis est appelé » à résister. » L'effort le plus grand est celui causé par toute la force de la machine, » agissant directement sur la manivelle, quand il passe les points du centre. » Avec le châssis intérieur la distance du centre des coussinets où l'axe est ï> supporté dans le châssis, au centre de la bielle où l'effort a lieu, n'est " que de 10 pouces, et la distance totale entre les centres des deux cous- » sinets est de 4^ pouces et demi ; mais quand le châssis est placé en dehors » des roues, ces dimensions deviennent de 20 pouces et 72 pouces res- » pectivement, l'action de l'effort sur l'essieu est proportionné à ces dis- » tances entre les points d'appui et les points d'application de la force, » la tendance à la rupture serait donc avec les châssis extérieurs compa- » rativement aux châssis intérieurs, comme 18:14 environ. Par cette » raison, lorsque le châssis principal est placé en dehors des roues, on a » trouvé nécessaire d'eu ajouter d'autres en dedans pour empêcher la rup- » ture continuelle de l'axe coudé. Ces châssis intérieurs additionnels » causent non-seulement plus de frottement à l'essieu , mais produisent » un effort très-préjudiciable à la chaudière dont on est obligé de se ser- » vir pour rendre les deux châssis solidaires entre eu\ ; ainsi les châssis » intérieurs sont liés par leurs extrémités à la boite à feu et à la boîte à I) fumée, tandis que ie châssis extérieur est lié au corps de la chaudière. »La circonstance de la nécessité des châssis intérieurs comme auxiliaires i> du châssis principal ( ce qui occasionne cinq ou six portées sur un essieu V de 6 pieds de long), devrait suffire pour faire condamner ce système, car (8..) » tous les praticiens savent qu'il est impossible d'ajuster et de maintenir » six portées parfaitement en ligne quand la machine fonctionne; mais » quand même on pourrait arrivera ce degré de précision, la somme du » frottement sur les coussinets intérieurs serait beaucoup plus grande que » s'il était concentré sur deux coussinets seulement, parce que, dans le » premier cas , tout le frottement dû au poids de la chaudière est porté en » entier sur les deux coussinets extérieurs (car les autres coussinets peuvent » voyager verticalement dans des coulisses), et le frottement dû à l'effort n de la machine qui est transmis par la bielle, est exclusivement rejeté sur x les coussinets intérieurs, la pression sur les coussinets extérieurs est » verticale, et la pression moyenne sur les coussinets intérieurs est presque » horizontale, de sorte que quand les deux forces agissent simultané- » ment et sur les mêmes coussinets, au lieu d'avoir la sounne du frotte- » ment dû aux deux pressions , on n'a que le frottement dû à la résultante » de ces deux pressions. » Une autre des forces qui tendent à occasionner la fracture des es- » sieux, résulte de la pression et même du choc qui a lieu entre le rebord « des roues et les rails, lorsque la locomotive passe d'une ligne droite sur » une courbe; lorsque les coussinets sont au dedans des roues, celte force » tend à courber l'essieu, et le ^oids de la chaudière tend à le faire plier » en dos d'âne, de telle sorte que ces deux forces agissant en sens con- » traire, tendent à se détruire. Quand au contraire les coussinets sur les- » quels vient se porter le poids des chaudières sont en dehors des roues, j» alors l'effort qui a lieu contre le rebord des roues agit dans le même » sens que le poids de la chaudière, et ils tendent ensemble à briser » l'essieu: mais supposant l'essieu brisé dans les deux cas, alors la loco- » motive qui aura le châssis à l'extérieur sortira de la voie , car le poids » de la chaudière sur le coussinet tend à plier la roue sous la machine, » et il n'y a pas de rebord à l'extérieur qui retienne la roue sur le rail ; » avec le châssis intérieur, le poids de la chaudière force le rebord de la » roue contre le rail qui la retient. » Sur le chemin de fer de Londres à Birmingham, où l'on emploie » exclusivement des machines à quatre roues et à châssis intérieur, il est » arrivé plusieurs fois que l'axe ayant été rompu, non-seulement les roues » ont gardé les rails, mais encore le conducteur a pu faire marcher sa I» machine jusqu'à la station la plus rapprochée (i). (4) M. Charles Hood, dans les lettres qui ont été publiées dans le Railway's Times , 110.. ( 8i2 ) » La rigidité du châssis intérieur n'a pas le seul avantage de diminuer » l'usure et les frais de réparation; mais, par la manière peu compliquée » dont elle assemble tontes les parties de la machine, elle permet au » mécanicien conducteur d'examiner toutes les parties de la machine » sans quitter la galerie où il se tient, et aussi de s'apercevoir des causes » de dérangement. Il est évident que la boîte à feu circulaire présente » beaucoup d'avantages sur celle qui est carrée, offrant d'abord beaucoup » plus de force et de sécurité , étant formées de courbe d'égale résis- » tance dans presque tous les sens, tandis que îa boîte à feu carrée ne » résiste qu'en raison des nombreuses armatures dont elle est garnie; » d'autre part, dans les coins du foyer, la combustion est tellement lente, » qu'elle est comparativement inutile. Le bouchon en plomb est placé » au sommet du dôme de la boîte à feu circulaire, et par sa position fon- » dra avant qu'aucune autre partie soit à sec; et comme les tubes les » plus élevés sont placés à 2 ou 3 pouces au-dessous de ce bouchon, il » est évident que le feu du foyer serait éteint avant que les tubes ne fus- » sent détériorés, tandis que dans une boîte à feu carrée, dont la partie » supérieure est plane, le rivet de plomb ne fond pas avant que toute la » surface ne se trouve à sec et fortement détériorée. » On admet de toutes parts qu'une machine locomotive doit être aussi » légère que possible, sans pour cela perdre de vue la solidité que son » usage exige; il faut aussi qu'elle soit simple dans sa con.struction et » composée de peu de pièces, afin d'éviter le frottement qu'occasionne » toujours une grande complication de parties souvent nuisibles; sous tous » ces points de vue, le système à quatre roues est préférable à celui à six » roues, si elles portent la machine avec autant de sécurité. en traitant des locomotives à six et à quatre rouis (2 avril 1842, page S^a), démontre ceci parfaitement et ajoute : II n'est jamais arrive' qu'une locomotive à quatre roues et à cliâssis inte'rieur soitlombe'e ou ait quitte' les raiU par suite d'un axe cassé. Dans tous les cas où il y a eu fracture d'essieux dans ce genre de machine, ils ont continue' à fonc- tionner en parfaite se'curi té jusqu'à la prochaine station. Il est même arrivé qu'une machine ayant son axe coudé brisé, a continué à mener le convoi à une distance de '] milles. Lorsqu'au contraire, dans une machine à châssis extérieur et à six roues, il y a un essieu casse, elle devient incapable de fonctionner, et la facilité avec laquelle les essieux se brisent dans ce genre de machine nous fournit trop souvent l'occasion de nous en con- vaincre. ( 8i3 ) ' » L'origine des six roues est due à la nécessité de supporter les grandes » et lourdes boîtes à feu, dont le poids approchait quelquefois de celui » de la boîte à fumée; mais dans le système que le chemin de Londres à » Birmingham a adopté, cette nécessité n'existe pas, car le poids est divisé » également sur les roues de devant et sur celles de derrière, et non-seu- » lement l'emploi de deux roues additionnelles deviendrait inutile, mais » causerait un grand préjudice aux machines, surtout) lorsqu'elles marchent » sur des courbes. » Les machines à quatre roues, lorsqu'elles sont sur une courbe, ten- » dent naturellement à en suivre la tangente. Mais les roues sont coni- » ques, le plus fort diamètre de leur cône monte sur le rail extérieur, » tandis que le petit diamètre de la roue opposée porte sur le rail inté- » rieur, et cette différence entre la circonférence des roues correspond à » peu près à la différence de longueur entre les deux rails, et permettra » aux roues de faire leurs révolutions sans glisser ni frotter fortement » contre les rails. » Dans une machine à trois essieux, ceci n'a lieu que pour la première n paire de roues, la position des autres étant dictée par le châssis qui les » maintient. Une considération plus grande encore, c'est que l'angle que » fait la ligne du centre de la locomotive, qui représente la direction dans » laquelle elle marche, avec la tangente de la courbe sur laquelle elle se » trouve, et qui représente la direction dans laquelle elle tend à aller, est » beaucoup plus forte dans la machine à six roues que dans celle à quatre » roues, de sorte que dans cette première, le rebord de la roue presse avec « plus de force contre le rail que dans la seconde. La force qui pousse la » roue contre le rail extérieur provenant de cette cause , se trouverait en » proportion directe avec la distance qui est entre l'axe de devant et celui » de derrière de l'une ou de l'autre machine. Ainsi la première, comparée M à la seconde, serait comme lO : 6. Cette pression et ce frottement sont » encore augmentés par les roues du milieu, qui ont une tendance à passer » sous la même courbe que les roues de devant et de derrière; mais elles » sont maintenues par le châssis, qui leur fait prendre un mouvement laté- » rai entre la corde et la circonférence de la courbe, ce qui pousse encore » avec plus de force la machine contre le rail extérieur. Ainsi , dans la lo- » coraotive à quatre roues, le poids est mieux distribué sur les axes, elle a » moins de tendance à sortir des rails quand elle voyage sur des courbes , » elle est plus simple dans sa construction , et par conséquent nécessite » moins de frais d'entretien et de réparation, et elle coûte moins cher que (8,4) » la locomotive à six roues : tous ces avantages justifient assez la préférence » que lui ont accordée les administrateurs de plusieurs chemins de fer. » » A l'époque où ce Rapport fut lu à l'Institut des Ingénieurs civils, la lo- comotive à quatre roues était peu appréciée, parce qu'on s'imaginait, sans examiner la question , que la siireté d'une locomotive était en rapport avec le nombre de ses roues. Depuis ce temps, nos opinions ont acquis beaucoup de partisans , et nous .sommes heureux de pouvoir dire que les grands avantages du châssis intérieur, que nous avons tant préconisés, sont admis aujourd'hui par ceux de nos concurrents qui ont le plus d'ex- périence. » L'expérience et le raisonnement s'accordent à prouver que toutes . fois que l'axe d'une machine à châssis intérieur se brise, elle ne sort pas de la voie et qu'il n'en résulte aucun accident. » A l'égard des autres accidents auxquels l'exploitation d'un chemin est sujette, la locomotive à quatre roues présente beaucoup moins de danger que celle à six roues; ces accidents, soit qu'ils proviennent de déraillement, soit de la rencontre d'éboulements sur la voie, se résument dans l'arrêt plus ou moins brusque du convoi, et tout le mal qui s'ensuit dépend de la violence du choc occasionné par cet arrêt. » La violence du choc serait en proportion du poids total du convoi mul- liphé par la vitesse si l'on supposait l'arrêt instantané; mais comme ceci n'a jamais lieu, le choc devient proportionné à la résistance qui s'oppose à la marche du convoi : ainsi, qu'un train rencontre une voiture légère sur un passage de niveau, la résistance est faible et le choc peu important; si au contraire il provient du déraillement ou de la chute de la locomotive, le choc est très-violent, car alors c'est la locomotive elle-même qui arrête le convoi, et elle l'arrêtera d'autant plus brusquement qu'elle sera lourde: le poids moyen des locomotives à quatre roues étant de 9000 kil., tandis que le poids moyen de celles à six roues est de 14000 kil., la violence du choc Ô ) » C'est-à-dire que les accidents avec les locomotives à quatre roues sont aux accidents avec les locomotives à six roues comme 1 5 à 24, et si nous avions les données nécessaires pour comparer les accidents avec le montant des recettes ou avec les distances parcourues, nous démontrerions qu'ils ne sont pas la moitié aussi fréquents avec les locomotives à quatre roues qu'avec celles à six roues, car sur le chemin de fer de Londres à Birmingham, qui fait un cinquième de ia totalité des recettes des chemins anglais, il n y a eu qu un accident au lieu de 40 qui seraient sa part , et sur ie chemin de Man- ctiester a Bolton et Bury il n'y en a pas eu du tout. » La plus grande sécurité n'est pas le seul avantage que nous réclamions pour notre système; il est encore : » 1'. Moins coûteux: les locomotives à quatre roues et châssis intérieur sont presque 3o pour 100 meilleur marché que celles à six roues, et les ponts tournants , hangars et ateliers de réparation doivent être bien moins importants avec notre système; » 2". Il consomme beaucoup moins de combustible : ainsi le chemin de fer d'Edimbourg à Gl;iscowa récemment reçu douze de nos locomotiveset douze locomotives à six roues d'un des meilleurs fabricants de ce système, dans le but de constater leur économie respective: les consommations des machines à quatre roues comparées à celles à six roues ont été comme ao : 35. » Sur le chemin de Londres à Birmingham, d'après la moyenne d'une an- née, pour transporter 1000 kilog. à un kilomètre, on consomme 0,21 kil. de coke; » 3°. Les frais de réparation sont beaucoup moins onéreux. Leur plus grantle simplicité le démontre du reste; mais comme document intéressant nous ajoutons une table des frais d'entretieu sur le chemin de Londres à Birmingham, comparativement au service que les locomotives ont fait. MOYEU «E de Sans. RÉPARTI SUR LES LOCOMOTIVES AYAIÎT PARCOVHV Moins de 16000 kil. Plus de 16000 et moins de 32 000. Plus que 32 000 et moins de 48 000. Plus de 48000 et moins de 64000. Plus de 64 000 et moins de 90000. Par kilomètre parcouru. , fr. 0,232 fr. 0,095 fr. 0,l65 fr. 0, 26 fr. 0,243 fr. ' O,25o (8.6) » On voit que les réparations la première année ne s'élèvent pas à i o cen- times par kilomètre, et qu'au bout de deux ans elles se montent à aS cen- times pour un nombre d'années quelconques , car on les entretient toujours dans un état de réparation parfait. » 4". L'adhésion entre les rails et les roues est plus parfaite qu'avecles ma- chines à trois essieux, car avec ces dernières le poids sur les roues motrices varie avec chaque inégalité du chemin et à chaque jeu de ressorts; la machine absorbe beaucoup moins de sa force pour varier son propre frottement, et enfin il résulte de ces faits une bien plus grande régularité de service : ainsi, dans un relevé fait récemment à l'administration des postes, le chemin de liOndresà Birmingham n'a eu qu'un seul retard, tandis que le G reat-Western (que les partisans des locomotives à six roues citent comme un chemin modèle) en a eu quinze. » L'Académie reçoit vingt-trois autres communications relatives à divers moyens imagines pour diminuer les dangers des chemins de fer, et adres- sées par MM. Aubert, colonel d'artillerie; Aubert, ingénieur; A. Blum, Bourdon, BRiiNiER,BuESSARD, Gat, Chevallier, Gibus, Henri, Larue, Leroy d'JÈtiolles, Mvrtin, Pedretti, Pl.iut, Pussieux, Serveille, Sorel, et par trois anonymes. Toutes ces communications sont renvoyées à l'examen de la Commission des chemins de fer. M. Paret soumet au jugement de l'Académie lun Mémoire ayant pour titre : « De la chaleur animale; nouvelles considérations et faits remarqua- bles quelle présente. » (Commissaires, MM. Becquerel, Babinet, Despretz.) M. d'Archiac adresse un Supplément à son Mémoire sur la formation crétacée des versants S.~0. et N.-O. du plateau central de la France. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. l'abbé Vidal Brossabd présente un travail ayant pour titre : « Ob- servations sur les instruments employés par l'administration et le commerce, pour reconnaître la richesse alcoolique des liquides spiritueux. r> (Commissaires., MM. Babinet , Despretz, Francoeur.) (8i7 ) M. Gh4cfard adresse une Notice sur un bitume composé qu'il propose de substituer au brai ou goudron employé communément pour le cal- fatage des navires , et qui aurait sur cette dernière substance l'avantage de ne point couler par les temps chauds, et de ne pas devenir fragile dans les temps froids. A cette Notice est joint un échantillon du bitume composé et un morceau d'une toile à voile en coton, rendue imperméable au moyen de ce bitume. M. Chaufard adresse en outre divers certificats relatifs aux bons résultats que l'on a obtenus de l'emploi des toiles de coton pour la voilure. ( Renvoi à la Commission nommée pour une précédente comm^inication sur les toiles à voile en coton. ) M. AsAGomet sous les yeux de l'Académie un microscope construit par M. Lerebours,Qt garni de lentilles achromatiques d'une très -petite dis- tance focale exécutées par M. Nachet. Une de ces lentilles a été travaillée sur un bassin de un demi-millimètre de rayon. (Commissaires, MM. xirago, Fouillet, Milne Edwards, Babinet.) M. Arago met sous les yeux de l'Académie un baromètre portatif construit suivant un nouveau système par M. Tavernier. (Commissaires , MM. Arago , Becquerel , Babinet.) M Mareschal adresse des additions à laNotice qu'il avait précédemment présentée sur quelques questions relatives au système métrique, (Commission précédemmejit nommée.) M. Muzzio Mdzzi prie l'Académie de hâter le travail de la Commission chargée de l'examen d'une Notice qu'il a présentée sur les moyens de diri- ger les aréostats. (Renvoi à la Commission nommée.) M. Durand adresse une demande semblable pour une Notice relative à diverses questions àe physique générale. (Renvoi à la Commission nommée.) C. R., i84a, I»' Semestre. (T. XIV, N» 22.) I I I ( 8,8 ) M. Noîv.iT adresse plusieurs pages d'écriture tracée avec une encre de sa composition qu'il croit propre à prévenir les tentatives de faux et dont il fe- rait connaître la composition si le résultat des expériences était tel qu'il l'espère. (Renvoi à la Commission des encres et papiers de sûreté.) CORRESPONDANCE. M. MiLNE Edwards met sous les yeux de l'Académie une corne dont M. RouLiN vient de faire don au Muséum d'Histoire naturelle , et qui pro- vient du bœuf Gour {Bos gawus), espèce sauvage des régions montagneuses de l'Hindoustan. Cette corne, d'un gris jaunâtre et lisse dans ses deux tiers supérieurs,est très-rugueuse dans le tiers inférieur. Mesurée suivant sa cour- bure extérieure, elle a de longueur 75 centimètres: sa base, qui est ovale ou plutôt triangulaire, avec les angles fortement arrondis, a de contour 45 cen- timètres. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de Tiouvelles combinaisons chlorurées de la naph- taline, et sur l'isomorphisme et lisomérie de cette série; par M. A. Lau- rent. « Dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur d'envoyer à l'Académie, il y a deux ans, j'ai annoncé, pour la première fois, que je venais de découvrir que quelques composés dérivés de la naphtaline étaient isomorphes entre eux; mais j'ai signalé en même temps plusieurs anomalies à la loi que j'avais cherché à établir, et dont voici l'énoncé : Lorsqu'un composé change un nombre quelconque d'équivalents d'hydrogène contre le même nombre d'équivalents d'un corps négatif, comme le chlore, le brome, l'a- cide hypo-azotique , etc., les nouveaux composés sont isomorphes avec ce- lui qui leur a donné naissance. » En cherchant la cause de ces anomalies, j'ai découvert une vingtaine de nouvelles combinaisons chlorurées de la naphtaline, et une série défaits qui me paraissent être très-singuliers et très-intéressants. » Pour mieux exposer ces faits, je donnerai d'abord un tableau de toutes les combinaisons que j'ai trouvées. » L'ancienne nomenclature que j'ai donnée ne suffisant pas pour un ( 8'9 ) aussi grand nombre de corps, voici celle que j'ai adoptée; elle indique le nombre et l'arrangement des atomes. » Le nom de tout hydrogène carboné est terminé en um : ainsi je dis Tiaphium au lieu de naphtaline. » Lorsque le chlore, le brome, l'acide nitrique, l'acide sulfurique agis- sent sur le naphtum , l'hydrogène est tantôt enlevé, tantôt non. Il peut être enlevé avec substitution équivalente , ou remplacé pgr une plus petite ou une plus grande quantité que son équivalent. » Lorsque la substitution est équivalente, le nom est terminé par ase , èse, ise, ose et use , s'il y a i , 2 , 3 , 4 ^t 5 équivalents d'hydrogène enlevés; par ane, ène, ine, one et une lorsqu'il y a {, |, 1, |, f équivalents d'hydrogène enlevés; pour des nombres plus grands je dis : alanej alase, aline, alise, etc.... » » "> a J /• » Le chlore et le brome peuvent entrer ensemble dans un même com- posé; je dis alors chlom-bronaphtise, chloré-bronaphtose, ou broma-chlo- naphtise, bro/ne'-chlonaphlose, suivant que le chlore ou le brome est entré le premier dans la nouvelle combinaison; chlora indiquant 1 équivalent, chlore 2 équivalents de chlore, etc.. . » Je représente Az'O'^ par X, et SO' par S^. » Il existe un grand nombre de composés isomères: je les distingue par les lettres a, b, c, d, etc.. » Les mêmes lettres indiquent que les corps sont isomorphes , et les let- . très x,f que la forme du composé n'est pas encore déterminée. » Le premier tableau renferme les corps dérivés du naphtum par substi- tution régulière; » Le second ceux qui en dérivent irrégulièrement, mais qui renferment unradical qui en dérive régulièrement; » Le troisième ceux qui n'ont plus aucun rapport avec le naphtum. I. Naphtum C»'!!'^ Chlonaphtane C^" H'* Cl Naphtase CioE'-tQ Chlonaphlase C^"H"tCl' Bronaphtase C'f'H'^Br' Ninaphtase C^»H''t X Chlonaphtèse a C<''H"Cl" id b id. III.. C 820 ) id d id. id ... e id. id / id. id X id. Bronaphtèse b C ''H'•Br^ Winaphtèse .■ * C^-H' X' . Chlorébronaphtine. a O'H" BiCl^ Ninaphtinc x C»°H'>X ' Chlonaphlise a C<°H"'Cl« id b id id d id. Ninaphtise x C^» H'» X' id jr id. Chlora-bronaphtise b C4°H"'BHCI' Chloré-bronaphtise a C^»!!'" Br'CK Chlonaphtoue / C4»H9C1- Chlonaphtose a 0''WC¥ id b id. id c id. id e id, Bronaphtose. x C^'H'Br» Bromeii-clilonaphtose a O'EKl^Bt' Chloré-bronaphtose b CoH^Bria* Chlori-bronaphtose a C^-H'Br'Cl» Chlonapbtuse? a?0''ll^Cl"' Chlonaphtalane a C^'H^Cl" CUlonaphtalase a C^-'H^Cl"" II. Sous-chlorure de naplitum. . x D"!!'^ -j- CM Chlorure de naphtuni x C^'H'^ -\- Cl' Chlorure de chlonaphtane x Cl'H'^Cl + Cl* Chlorure de chlonaphtase x C^°H"tCl* + Cl» id. y id. id. i id. Chlorure double de naphtum et de chlonaphtase x C^oH'*^, Cl' + 3C<°H'4Cl", Cl* Sous-chlorure de chlonaphtèse x C^'H^Cl* + C|t Chlorure de chlonaphtèse .r C4°H"C1* -f- Cl' id. j id. id, z id. Bromure de chlonaphtèse x C^" H" CH + Br' Bromure de bronaphtèse x C'° H'" Br^ -f- Br' Sous-bromure de bronaphtise. ..... . x C4'»ir<'Br'' -f- Br4 Sous-bromure de chlouaphtise x C^°H"'C1^ -f Br* ( 821 ) Acide suinaphtasique :ç C''°H'^ S + §0', H'O Acide iiisulnaplitésique C-CH'^XS + SO', H'O Acide sulniiiaphtesique C^" H" XS + SO^, H'O m. Acide chlonaph tique O-H'Cl'O^ + H'Ô Chloroxiphtalose ... CHîFCl'O-? Oxychlorophtalose C» H« Cl^ O? Acide phtalique C'^H^O' -f- H*0 Phtalimide C'^HiO'Iiu Acide nitropthalique C'^ H^ X ^0' + H'O » On remarquera : » 1°. Que le naphtuni qui, jusqu'à ce jour, n'avait cédé que 8 atomes d'hydrogène au chlore, m'a enfin donné le chlonaphtalase qui ne renferme plus que 4 atomes d'hydrogène : je crois même avoir été au delà, mais mes recherches ne sont pas terminées; » 2°. Qu'il n'y a pas moins de 6 chlonaphlèses isomères, 3 chlonaphlises, 2 ninaphtises, 4 chlonaphtoses, 3 chlorures de chlonaphtase, 3 chlorures dechlonaphtèse; » 3°. Qu'il existe une série de composés a qui sont isomorphes, une série de composés b isomorphes , etc. » La série a est la plus remarquable. Tous les corps qu'elle renferme se ressemblent au plus haut degré, malgré l'énorme différence qu'il y a entre leur composition; il a fallu l'attention la plus soutenue pour les distinguer les uns des autres. Les angles des cristaux sont les mêmes, tous sont mous comme de la cire, tous se laissent sous-diviser parallèlement à l'axe prin- cipal en une multitude d'autres prismes semblables; tous sont indécompo- sables par les alcalis et par la distillation , même le chlonaphtalase, qui ne renferme pas moins de 12 atomes de chlore. On chercherait inutilement dans tous les corps connus deux corps qui se ressemblent autant sous tous les rapports. Ainsi se trouvent donc confirmées par l'expérience les idées que j'ai émises sur la constitution de ces composés, il y a cinq ou six ans, idées taxées d'exagération, regardées comme bizarres et monstrueuses par MM. Dumas, Berzélius et Liebig. » 4'- Q116 tous les composés du premier tableau, ceux qui renferment 16 atomes de chlore, brome et hydrogène, sont indécomposables par la distillation ou par les alcalis ; » 5°. Que tous les composés du second tableau, ceux qui renferment plus de 16 atomes de chlore , brome, etc., sont décomposés par les alcalis ou par la distillation, qui enlèvent, soit de l'acide hydrochlorique, soit du ( 822 ) brome, soit de l'acide hydrobroraique,mais en quantité telle que le nou- veau corps que l'on obtient renferme toujours 16 atomes de chlore , brome et hydrogène ; » 6°. Que la phipart de ces composés sont contraires à la loi des substi- tutions. Ainsi le naphtum , traité par le chlore, peut perdre directement 2 atomes d'hydrogène et en gagner 10 de chlore j le naphtum peut perdre 4 atomes d'hydrogène et en gagner 12 de brome; le chlorure de chlo- naphtèse peut perdre 8 atomes d'hydrogène sans substitution, etc. !> On remarquera, de plus, que les composés du second tableau ne sont pas des hydrochlorates , comme je l'avais autrefois supposé, afin de les faire rentrer dans la loi des substitutions ; il suffit, pour le prouver, de dire que le bromure de chlonaphtèse, soumis à la distillation , donne du brome pur et du chlonaphtèse. » 7°. Dans le second tableau on trouve trois acides ; ces corps n'ont pas une constitution semblable à celle des précédents, aussi possèdent-ils des pro- priétés tout à fait différentes. » On remarquera surtout deux acides isomères : l'un est produit par l'ac- tion de l'acide sulfurique sur le naphtum , puis par celle de l'acide nitrique, tandis que pour l'autre l'action a été renversée; on a d'abord traité le naphtum par l'acide nitrique, puis par l'acide sulfurique. Les formules que je donne expliquent suffisamment comment je conçois cette isomérie. 3'ai cherché à voir si, chose sans exemple jusqu'à ce jour, ces deux corps isomères ne seraient pas isomorphes; mes recherches n'ont rien pu m'ap- prend re de positif. » 8°. Le second tableau renferme des corps dont je ne donne pas encore la forme cristalline. Quelques-uns d'entre eux sont isomorphes; ainsi les chlorures de naphtum, de chlonaphtase, et le chlorure double de naphtum et de chlonaphtase , ont la même forme. Quant à ce dernier, je ne sais s'il faut le regarder comme un composé en proportion bien définie, analogue au carbonate double de calcium et de magnésium à un atome de chaque base , ou comme une dolomie qui peut renfermer des proportions quelconques de chaux et de magnésie. » 9°. Dans le troisième tableau sont les composés qui ne renferment plus un radical dérivé du naphtum; aussi n'ont-ils aucun rapport avec ceux des tableaux précédents. Parmi ces composés, deux ont une constitution semblable : ce sont les acides phtalique et nitrophtalique ; ils sont iso- morphes. » ( 823 ) PBYSiOLOGiE. — Observations sur la coloration de la rétine et du cristallin. — Lettre de M. Mellom à M. Jrago. « Dans la dernière séance de février, j'ai lu à l'Académie royale des Sciences de Naples un Mémoire où je crois être parvenu à expliquer d'une manière très-nette tous les faits nouvellement découverts sur la transmission, la diffusion et l'absorption des corps à l'égard des radiations calorifiques et chimiques. Ce travail, qui embrasse plusieurs autres sujets , et prouve l'identité des agents d'où dérivent les trois sortes d'actions déve- loppées par le rayonnement solaire, m'a conduit successivement à l'élude de certains phénomènes organiques; et ceux-ci sont venus confirmer d'une manière inespérée les principes que j'avais cru devoir adopter à l'égard de la vision. Je vous enverrai sous peu la traduction de mon Mémoire, qui s'imprime maintenant à Genève, en priant l'Académie de vouloir bien m'accorder quelques instants pour la lecture de la lettre qui en contiendra le résumé : aujourd'hui je lui demande la permission de l'entretenir de mes recherches physiologiques sur l'organe de la vue. Je regrette beaucoup que le départ précipité de notre illustre confrère le docteur Roux ne m'ait pas permis de lui remettre cette Note, et de lui témoigner toute ma reconnais- sance pour le vif intérêt qu'il a paru prendre au récit de ma petite excursion dans une des branches de la science d'où ses talents ont tiré de si utiles applications à l'humanité souffrante. » La vision , d'après les principes développés dans le Mémoire dont je parlais ton t-à-l'heure, se produirait en vertu des vibrations extrêmement ra- pides qu'éprouveraient les molécules nerveuses de la rétine sous l'action d'une certaine série d'ondulations éthérées. Ces vibrations, considérées par rapport aux diverses ondulations qui composent le spectre solaire, ne dé- pendraient pas de la quantité de mouvement, mais elles seraient dues à la facilité plus ou moins grande que les particules de la rétine éprouvent à suivre telle ou telle espèce de vibration éthéi'ée; ce serait, en termes d'a- coustique, une espèce de résonnance de la rétine, excitée par l'accord ou la relation harmonique qui existe entre la tension ou Yélasticité de ses groupes moléculaires , et la période de l'ondulation incidente. » Les ondulations placées hors des deux limites du spectre ne pourraient développer sur la rétine aucun mouvement vibratoire, et seraient ainsi invisibles, parce quelles manqueraient de toute espèce d'AccoRo avec l'élasticité MOLÉcuLiiRE de cette membrane de Vœil. Les ondulations pla- cées entre le jaune et l'orangé , où a lieu , d'après, Frauenhoffer, le ( 820 maximum d'intensité lumineuse, donneraient, au contraire, les vibrations PLUS HOMOGÈNES à ladite élasticité de la rétine, et communiqueraient à ses molécules le mouvement vibratoire le plus prononcé. » Il va sans dire que dans cette théorie , comme dans toute autre hypo- thèse imaginée pour rendre compte de la vue et des phénomènes optiques en général, la quantité de lumière dépend de l'intensité du rayonnement, qui dérive, pour nous, de l'étendue des vibrations moléculaires; car, à circonstances égales, le rayon bleu du spectre solaire, par exemple, pour- rait fort bien développer, à cause de son faible accord Ay^c la tension des molécules de la rétine, une quantité de lumière dix fois moindre que celle qui peut y être excitée par le rayon jaune ; mais l'action lumineuse des deux radiations deviendrait évidemment égale , si les atomes vibrants dans l'ondulation bleue parcouraient un espace dix fois plus grand que les ato- mes qui vibrent dans l'ondulation jaune. » Les rapports entre les intensités de ces différents mouvements vibra- toires de l'éther seraient fournis, d'après notre manière de voir, par les diverses températures que prend, sous l'influence des radiations, un corps theruioscopique bien recouvert de noir de fumée. Or, réchauffement du thernioscope est extrêmement faible sur la limite violette du spectre, et aug- mente graduellement à mesure que l'on descend dans les couleurs moins réfrangibles , jusqu'à l'extrémité opposée du rouge. Les deux éléments de l'intensité lumineuse marchent donc ensemble dans toutes les zones pris- matiques comprises entre le violet et le jaune. En effet, puisqu'en allant du violet au jaune, le développement lumineux croît avec la température, c'est-à-dire avec la quantité de moMW/ne/ii appartenant aux diverses zones colorées, il se pourrait aussi que l'accord des ondulations éthérées avec ['élasticité moléculaire de la rétine s'augmentât dans le même sens; je n'ose pas affirmer cependant qu'il eu soit réellement ainsi, car l'un des rayons élémentaires appartenant à ces coideurs du spectre, pourrait avoir avec la rétine la même consonnance que l'élément plus réfrangible qui le précède, et donner une plus grande quantité de lumière par le seul motif d'une plus grande quantité de mouvement. Ainsi, le principe énoncé de l'accord plus ou moins prononcé entre des ondulations éthérées et la tension des molé- cules nerveuses qui composent la rétine n'est pas indispensable pour con- cevoir le développement progressif de chaleur et de lumière dans toute la partie du spectre qui va du violet au jaune. Mais ce principe paraît absolu- ment nécessaire pour expliquer le décroissement d'intensité lumineuse qui- se fait remarquer depuis le commencement de l'orangé jusqu'au rouge ex- ( 825 ) tréme : comment pourrait-on concevoir sans cela qu'une augmentation dans la force du rayonnement produisît une diminution dans la vivacité de la perception lumineuse? En admettant, au contraire, que les ondulations orangées et rouges trouvent sur la rétine une consonruince moindre que les ondulations jaunes , on comprend parfaitement que les premières puissent donner une moindre quantité de lumière. L'hypothèse est d'autant plus plausible, que, suivie jusque dans ses dernières conséquences, elle con- duit, comme nous l'avons vu tantôt, à une explication extrêmement heu- reuse de l'invisibilité des radiations obscures, chimiques ou calorifiques ^ placées au delà des deux limites du spectre solaire j radiations où l'on a retrouvé dernièrement toutes les propriétés que possèdent les rayons lumi- neux par rapport aux substances colorées^ excepté la visibilité, qui n'est elle-même qu'une simple qualité accidentelle, comme je crois l'avoir mon- tré par des arguments irrécusables dans le Mémoire cité plus haut » Admettons, en conséquence , que les ondulations éthérées des diverses bandes colorées du spectre ont une aptitude différente à exciter les vibra- tions de la rétine, et que le maximum d'effet appartient à la couleur jaune. » Selon le principe général du mouvement vibratoire qu'éprouvent les molécules pondérables de la matière , par suite de l'accord existant entre leurs propres tensions et les périodes des ondulations incidentes(principe qui est dû, je crois, à Euler, et que j'adopte pour expliquer la diffusion et la coloration des corps), les substances qui vibrent avec la même facilité sous l'action des ondulations lumineuses d'une longueur quelconque sont blan- ches; les substances colorées, au contraire, sont celles qui vibrent avec plus d'intensité sous l'influence d'une ou de plusieurs espèces d'ondulations lumineuses, en se montrant moins sensibles aux autres. Ainsi un corps est rouge, vert ou bleu, selon que la tension de ses particules se trouve plus consonnante avec la période vibratoire des ondulations rouges, vertes ou bleues ; d'où il suit évidemment qu'une substance dont les particules vibrent mieux par l'action de telle ou telle autre ondulation lumineuse est nécessairement colorée. Or, nous disons que les ondulations jaunes pro- duisent par consonnance \e maximum d'effet sur la rétine; donc, si notre supposition est conforme à la vérité, la rétine sera jaune, et pas incolore, comme on l'a cru jusqu'à présent. » Avant de passer à la description des faits que j'ai recueillis sur cette question , je ferai remarquer que la conclusion où nous sommes parvenus par rapport à la couleur de la rétine, suppose évidemment une analogie C B., 184a, i" Semestre (T. XIV , N" 22 } ï ' ^ ( 826 ) parfaite de propriétés lumineuses entre cette membrane de l'œil et les sub- stances minérales. Cependant on concevra aisément que la force vitale pourrait communiquer à la rétine un degré d'excitabilité dépendant de la couleur du rayon; et qu'alors cette espèce A' excitabilité différentielle dis- paraîtrait nécessairement à la mort de l'individu; en sorte que si l'on trou- vait la rétine blanche véritablement, et pas jaune, comme il semblait d'abord qu'elle dût être nécessairement d'après nos conclusions, le principe de la plus grande sensation potir la couleur jaune n'en serait pas moins soute- nable. » Mais il faut croire qu'aucun observateur habitué aux applications les plus simples de l'optique n'a examiné cette précieuse membrane de l'œil avec un certain degré d'attention ; autrement je ne doute pas que les ana- tomistes ne se fussent accordés à reconnaître que la substance nerveuse dont la rétine se compose n'est pas du tout blanchâtre ou incolore, comme on l'affirme encore dans les écoles, mais douée, au contraire d'une teinte jaune très prononcée. » Et en effet , si l'on passe en revue les différentes parties de la rétine, on ne tarde pas à découvrir dans sa partie centrale , tout près du nerf opti- que et vis-à-vis du cristallin, un petit espace teint en jaune, qui porte im- proprement le nom de tache de Sœmmering , car il a été observé et décrit avant Sœmmering par un médecin italien nommé Bnzzi (i). La couleur de cette tache semble plutôt diminuer qu'augmenter avec l'intervalle de temps écoulé entre la mort et la dissection de l'œil; en sorte quetoutporteà croire qu'elle existe de même pendant la vie, et c'est aussi l'opinion unanime de tous les physiologistes. » Cela posé, que l'on regarde attentivement une coupe de la rétine , on trouvera que l'épaisseur de cette membrane augmente en allant des bords au centre, qui est occupé, comme nous le disions tantôt, par la tache jaune. L'observation n'est pas bien difficile à faire, et ne saurait soulever le moindre soupçon d'erreur, ayant été vérifiée, à plusieurs reprises, par Sœmmering, par Langenbeck, et par un des anatomistes les plus sévères de l'époque, M. Délie Chiaje. Cependant, pour mettre tout le monde à même de constater le fait, je vais indiquer le mode de préparation qui m'a paru le plus simple. L'œil doit être sectionné d'abord en deux parties, à une assez petite distance du cristallin, et perpendiculairement à l'axe (i) Buzzi , Nuove sperienze faite sulV occhio umano. Opuscoli scelti di Milano , per l'an no 1782. ( 827 ) optique. On met de côté la partie antérieure, et l'on presse doucement le globe postérieur, afin d'évacuer une partie de l'humeur vitrée ;^u\s ou soulève, avec beaucoup de délicatesse, la rétine, et on l'extrait, après avoir coupé le nerf optique , tout près de la choroïde : on ôte ensuite les por- tions, encore adhérentes, de pigment et d'humeur vitrée, par des la- vages répétés. La rétine étant ainsi bien purgée des matières hétérogènes, doit être partagée en quatre secteurs égaux ; de manière que les deux lignes de division passent par le milieu de la tache centrale : il faut enfin choisir le secteur qui présente la coupe la plus nette, et l'étendre sur une lame de verre, en dirigeant sa section parallèlement a l'un des côtés de la lame, et tout près du bord. Toutes ces opérations s'exécutent avec la plus grande facilité, par les personnes de l'art, en plaçant l'œil dans l'eau , et tenant successivement par des pincettes ses diverses parties que l'on perce , ou que l'on découpe avec des bistouris et des ciseaux re- courbés. La simple inspection de la rétine ainsi préparée, suffit pour se convaincre que cette membrane diminue d'épaisseur du centre à la cir- conférence. Mais comme on pourrait croire qu'une partie de l'effet dérive de rugosités que l'on ne parvient jamais à faire disparaître complètement de la partie centrale, il faut examiner la coupe de la rétine avec une loupe qui grossisse de 5o à 60 fois, et l'on verra alors très -distincte- ment que la rétine forme une grosseur considérable à la place occupée par la tache de Buzzi, au delà de laquelle il y a un décroissement assez rapide d'épaisseur, puis un amincissement doux et graduel , qui conti- nue jusqu'à la circonférence. Or on sait que les corps diaphanes et colo- rés paraissent tout à fait incolores s'ils se présentent sous forme de lames très-minces, et la plus grande partie de la rétine est précisément dans cette condition. Nous voilà donc tout naturellement amenés à la supposition que le jaune de sa partie centrale ne soit pas une tache, ou coloration circonscrite, mais la teinte même qui appartient à toutes les parties de la rétine ; laquelle teinte apparaisse au centre en vertu de la quantité assez considérable de matière qui s'y trouve accumulée, et soit invisible ailleurs, à cause de la minceur extrême des parois. C'est ainsi qu'en plongeant les extrémités de plusieurs tubes de verre dans une tasse de vin, ou de tout autre liquide coloré, on voit les colonnes soulevées par l'action capillaire tout à fait incolores dans les tubes dont le diamètre intérieur atteint un certain degré de capillarité. » Celte opinion devient de plus en plus solide étant appuyée par les observations suivantes. I la.. / ( 8a8 ) » La tache rie Btizzi ne se termine pas brusquement, mais par un con- tour moelleux, ainsi que cela doit arriver à une couche diaphane qui perd la couleur par une diminution aussi rapide, et cependant graduelle, de sa propre épaisseur. Malgré l'incertitude des contours, on peut toute- fois distinguer, par approximation, les Hmites de la teinte jaune, et les marquer, à l'encre ou au crayon , sur la lame de verre , lorsqu'on regarde le système dans une direction à peu près perpendiculaire. Cela fait, si l'on repète l'observation sous une grande obliquité, en plaçant vers l'œil la partie la plus épaisse de la rétine, on verra la limite apparente de sépa- ration entre le jaune et la partie incolore s'éloigner du centre, et outre- passer, par conséquent, la marque précédemment tracée sur le verre. La couleur jaune existe donc tout autour de la tache, et son invisibilité pro- vient uniquement de la petite quantité de matière traversée par le rayon visuel, » Des changements de couleur tout à fait analogues apparaissent sur la rétine lorsqu'on l'agite dans l'eau, afin de la débarrasser des humeurs qui lui sont adhérentes ; car alors on voit les limites de la tache jaune occu- per successivement plusieurs places : la variation est surtout appréciable dans les rides centrales, qui deviennent tantôt jaunes, tantôt incolores, selon la position qu'elles occupent successivement par rapport à l'œil. » On peut enfin montrer que la couleur existe aussi dans les parties les plus éloignées du centre, en les pliant sur elles-mêmes; car alors ces plis prennent une teinte jaunâtre. Pour bien réussir dans cette expérience, il faut avoir une rétine fraîche , parfaitement libre de toute espèce de mu- cosité, et qui n'ait pas séjourné trop longtemps dans l'eau : il faut aussi que les parties superposées se touchent exactement sur tous leurs points, sans interposition d'air ou d'autre matière hétérogène ; la raison en est fort simple : pour avoir l'augmentation de couleur, il faut nécessairement que la transmission de la lumière se fasse régulièrement; et les substances interposées, ou les mucosités superficielles détruisent la plus grande par- tic de l'effet, soit par des réflections et des réfractions multipliées, soit par une transformation de lumière directe en lumière diffuse. » Dans le cours de ses expériences , Buzzi eut l'occasion de disséquer les yeux de deux hommes morts avec tous les symptômes d'une jaunisse très intense : l'un d'eux ne s'était aperçu, pendant sa maladie, d'aucun changement appréciable dans les couleurs naturelles des corps; l'autre, au contraire, voyait, sur ses derniers jours, tous les objets fortement colorés en jaune : chez le premier individu la tache centrale de la rétine présentait (839) une augmentation à peine sensible dans la valeur de sa teinte habituelle; le reste de la membrane conservait encore sa blancheur apparente ; dans le second individu, toute la rétine était jaunie, et la tache centrale avait acquis une vivacité de coloration extraordinaire f i). w Ces deux observations s'accordent parfaitement avec notre opinion sur la coloration totale de la rétine, car l'apparition du jaune sur les parois minces est accompagnée d'un renforcement proportionnel de même teinte sur la partie de plus grande épaisseur; et lorsque le surcroît de la coloration jaune est trop faible pour produire un effet semblable sur les bords, où la membrane atteint sa moindre épaisseur, l'action se développe seulement sur la partie épaisse du centre. » Le cas du malade qui voyait les objets teints en jaune fournit en outre un argument de la plus haute importance pour notre théorie; car ce fait prouve que les rayons lumineux agissent sur la rétine comme sur tout autre corps coloré, et que la couleur jaune communique réellement à cette membrane vivante la faculté de percevoir le jaune avec une intensité supérieure à celle des autres couleurs du spectre. M D'après les idées que nous avons exprimées sur la nature de la lumière et la sensation qu'elle excite sur l'organe de la vue, la rétine est tm corps dont les molécules vibrent par suite de leurs consonnances avec certaines ondulations éthérées. Aussi peut-on comparer cette membrane de l'œil à un instrument à cordes qui donnerait des sons sans le frottement ou la percussion d'un corps solide, et qui vibrerait ainsi par pure réi'ownance, c'est-à-dire en vertu de la simple présence des ondes excitées dans l'air par un son extérieur. Or presque tous les instruments de musique per- dent peu à peu l'accord de leurs notes normales. La même chose a lieu pour les tons lumineux de la rétine. Effectivement, le jaune de la tache centrale, qui constitue pour nous la teinte naturelle de la rétine, pâlit et disparait peu à peu , à mesure que l'âge avance :. cette observation ne se trouve consignée dans aucun ,5 à 3o anSi : cette période passée, on le voit prendre une teinte jaune-paille extrêmement légère, qui se développe d'abord sur la partie centrale, atteint ensuite les bords, augmente progressivement de valeur, et devient enfin aussi fortement prononcée que la couleur de l'ambre jaune, chez les vieillards de yô à 80 ans. » Observons d'abord que la coloration du centre, pendant que les bords du cristallin se conservent tout à fait incolores, offre une image exacte de ce qui existe, selon nous , dans la ré(ine, excepté que clans le cas actuel, on a , pour ainsi dire , une démonstration palpable du principe, par l'exten- sion successive de la teinte à toute la masse du milieu. » Si l'on vient maintenant à considérer l'effet produit sur la vision par ce nouveau développement de couleur, on comprendra de suite que le jaune acquis par le cristallin est destiné à réparer le déchet de la même teinte sur la rétine. Pour montrer que la somme ; 1 4 ^'ol- in-8*. Rapport sur les travaux de la Société royale et centrale d'Agriculture, depuis sa séance publique du 26 avril 18^1; parM. SouLANGE-BODiN ; broch. in-8''. Rapport sur les cultures de M. Sageret; par M. PhiliPpar ; broch. in-8°. Rapport sur une culture de Pistache de terre ou Arachide ; par le même ; in-8''. Rapport sur le 11' concours ayant pour objet la substitution dun assolement sans jachère périodique de quatre années au moins , aux assolements avec jachères qui sont usités dans la plus grande partie de la France; par le même ; broch. in-S". De la création de la Richesse et des Intérêts matériels en France; par M. Schnitzler; 2 vol. in-S". Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 9' et 10' liv. ; in-S". Clinique iconographique de [Hôpital des Vénériens; par M. RiCORD; 3^ liv. ; in-fol. Mémorial encyclopédique ; avril 1 842 ; in-S". Aperçu général de la structure géologique des Alpes; par M. ^Ti^DV.^; précédé de quelques observations générales, par M. Desor. (Extrait de la Bibliothèque universelle de Genève.) Broch. in-8°. Coup dœil sur la Géologie de la Belgique ; par M. d'Omalius d'Halloy ; Bruxelles, 18^2 ; in-S". Coup dœil sur la constitution géologique des provinces méridionales du royaume deNaples; par M. P. de Tchihatchoff 5 Berlin, 1842 ; in-S". C. B., 1841, I*' Semestre. (T. XIV, K» 22.) "4 ( 840 Études critiques sur les Mollusques fossiles; par M. AGASSI z; 2^1iv.; 1842; in-4*. Womenclator zoologicus , continens nomina sjstematica generum animalium tam viventium quant fossilium ; par\e même; in-4°. Account of. . . Compte rendu de l'Observatoire magnétique de Dublin; par M. HuMPHREY Lloyd; Dublin, 1842 ; in- 4°. Report of . . . Rapport de la onzième réunion de l' Association britannique pour l'avancement des Sciences, tenue à Plymouth en i84i; in-S". A Cycle of . . . Cycle des saisons en Angleterre, pendant 18 années, d'après des observations météorologiques faites de 1824 à 1 84 1; par M. L. HowARD; in-8°. Report of . . . Rapport du Comité chargé, à la dixième réunion de l' Associa- tion britannique, de rechercher la meilleure construction d'un indicateur fixe pour les machines à vapeur. (Extrait du Rapport général de l'Association britannique de l'année 1 84 1 •) In-S" Proceedings. . . Procès Verbaux delà Société royale de Londres;n'' 62 ; in-8°. The London... Journal des Sciences et Magasin philosophique de Londres, d'Edimbourg et de Dublin; avril et mai 1842; in-8°. The Quarterly Revicw, n° 1 38 , mars 1842; in-S". The Athenaeum. . . L' Alhenœum ; mars et avril 1842; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n" 448 ; in-4°. Elément! . . . Eléments de Mathématiques; par André Garaffa ; partie 2 , Géométrie; trad. du latin par M. P. Volpicelli ; Rome, 1840; in-8°.(M. Libri est chargé d'en rendre un compte verbal.) Sopra . . . Mémoire sur deux nouveaux genres de plantes, Syncarpia et Don- zellia; par M. Michel Tendre. (Extrait du tome XXll de la Société italienne des Sciences de Modène.) \n-l\°. Intorno . . . Expériences faites sur des animaux relativement au Sulfate de quinine; par M. le D'' A. Desiderio; Venise, i84o; in-8°. Rivista . . . Examen critique de la Réponse faite par le professeur Giacomini , aux Observations relatives à un Mémoire sur la nature, la vie et les maladies du Sang; parM. Rizio ; Venise , 1 84 1 ; 10-8". Gazette médicale de Paris; tome X ; n" 22. Gazette des Hôpitaux; n" 62 à 64. L'Expérience, journal de Médecine; n° 256. L'Examinateur médical; tomeXl;n° 22. L'Écho du Monde savant; n°* '739 , •732 et 783. Catalogue des Livres, Dessins et Estampes de la Ribliothèque de feu M. HUZARD ; Paris, 1842; 3 vol. in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 6 JUIN 1842. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. I MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDAN-re DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Sur VécUpse totale de Soleil du 8 juillet 1842; sur les phénomènes qui devront plus particulièrement Jîxer l'attention des astro- nomes; sur les questions de physique céleste dont la solution semble devoir être liée aux observations qui pourront être faites pendant les éclipses totales de Soleil; par M. Arago. « Les éclipses de Soleil n'arrivent que le jour de la nouvelle Lune. C'est ce jour seulement que notre satellite peut s'interposer entre la Terre et le Soleil, et nous cacher des portions plus ou moins considérables de ce globe immense et radieux. » Quand, au plus fort d'une éclipse, la Lune ne semble empiéter que sur une portion limitée du disque solaire, on dit que VécUpse est partielle; » Quand, au plus fort d'une éclipse, la Lune nous dérobe la vue de la to- talité du Soleil, Yéclipse est totale; » Enfin , lorsque pendant la durée d'une éclipse il arrive un moment où C. R., 1842, i" Semestre. (T. XIV, N» 85.) 1 15 ( 814 ) la Lune se projeté en entier sur le Soleil sans le couvrir; où elle nous cache la portion centrale et laisse à découvert les régions voisines du limiDe;où elle apparaît comme un disque noir entouré d'un anneau lumineux, IV- clipse est annulaire (i). » La Lune et le Soleil n'étant pas à une égale distance de la Terre, des observateurs diversement placés ne projètent pas les deux astres sur les mêmes points du ciel. Voilà comment il arrive qu'une éclipse est totale en certains lieux et seulement partielle dans d'autres; voilà comment Paris, par exemple, n'a vu quelquefois aucune trace de telle éclipse partielle de Soleil qui a été apparente à Toulouse, et réciproquement.' » Pour qu'une éclipse puisse être totale, il faut qu'au moment du phé- nomène les lignes visuelles menées aux deux extrémités d'un diamètre de la Lune, comprennent un angle plus grand que les deux lignes visuelles menées aux deux extrémités d'un diamètre du Soleil; il faut (en prenant les expressions techniques) que le diamètre angulaire de la Lune l'em- porte sur le diamètre angulaire du Soleil. Or, ni le diamètre angulaire de la Lune, ni le diamètre angulaire du Soleil ne sont constants , car ils dé- pendent des distances, et les distances des deux astres à la Terre varient beaucoup. Ces diamètres angulaires se surpassent même alternativement l'un l'autre. Si le moment où la Lune devient nouvelle coïncide avec le moment où son diamètre angulaire est au minimum , ce qui met l'astre à son apogée, aucune circonstance de projection ne pourra donner lieu qu'à une éclipse de Soleil annulaire. Si, au contraire, dans le moment de la conjonction le diamètre angulaire de la Lune est au maximum (ceci revient à dire que l'astre est alors à son périgée ou à sa moindre dislance à la Terre), des circonstances favorables de projection amèneront une éclipse totale. » Ces notions composent tout ce que j'avais besoin de rappeler, pour qu'on ne demande pas pourquoi l'éclipsé prochaine du 8 juillet sera totale, tandis que, au maximum, l'éclipsé de i836 fut annulaire; pourquoi l'éclipsé du 8 juillet sera totale dans le midi de la France et seulement partielle à Paris. (i) Il est bon d'observer qu'en certaines occasions très-rares, une e'clipse peut être totale dans un lieu et annulaire dans un autre. Cela arrive lorsque les diamètres appa- rents du Soleil et de la Lune sont presque égaux. La Lune ne se trouvant pas à la même distance de tous les points de la surface terrestre , et les différences étant dans des rap- porls appréciables avec la distance absolue, les uns voient la Lune plus grande que le Soleil et lesautresplus petite. Le même effet peut résulter d'un rapide mouvement de la Lune vers l'apogée ou le périgée. ( 845 ) » Les Tables du Soleil et de la Lune prouvent que, terme moyen, on peut observer sur toute la Terre, 70 éclipses en dix-huit ans: 2g de Lune et 4i de Soleil. » Jamais dans une année il n'y & plus de sept éclipses; jamais il n'y en a moins de deux. n Quand le nombre des éclipses est réduit à deux dans une année, elles sont toutes les deux de Soleil. » Sur l'ensemble du globe, le nombre d'éclipsés de Soleil est supérieur au nombre d'éclipsés de Lune, presque dans le rapport de 3 à 2. Dans un lieu donné il y a, au contraire, moins d'écIipses visibles du premier de ces astres que du second (i). On ôtera à ce résultat son apparence paradoxale, en remarquant qu'une éclipse de Lune résulte d'une extinction complète de la totalité ou seulement d'une fraction de notre satellite; la partie éclipsée ne recevant plus la lumière du Soleil cesse vraiment de luire; l'é- clipse se voit donc de même partout où la Lune est sur l'horizon, c'est-à- dire à peu près dans un hémisphère de la Terre. Les éclipses de Soleil se voient, au contraire, dans une étendue bien moindre qu'un hémisphère. » Dans chaque période de dix-huit ans , il y a, terme moyen, 28 échpses de Soleil centrales, c'est-à-dire susceptibles de devenir, suivant les circons- tances, annulaires ou totales; mais comme la zone terrestre le long de laquelle l'éclipsé peut avoir l'un ou l'autre de ces deux caractères est très- étroite, dans un lieu donné les éclipses totales ou annulaires sont extrê- mement rares. » Halley trouvait, en 1 715, qu'à partir dii ao mars r 140, c'est-à-dire dans une période de 676 ans, il n'y avait pas eu à Londres une seule écHpse to- tale de Soleil. Depuis l'éclipsé de 1716, Londres n'en a vu aucune autre. A Montpellier, beaucoup mieux favorisé par la combinaison des éléments divers qui concourent à la production du phénomène, nous trouvons des éclipses totales : Le i" janvier i386; Le 7 juin i4i5; Le 12 mai 1706; sans compter l'éclipsé totale du 8 juillet 1842. (1) Faute d'avoir fait celte distinction, des compilateurs sont tombés dans la plus étrange bévue. Ils ont créé plus d'éclipsés de Lune que de Soleil, en appliquant, sans réflexion , au globe entier, une cliose vraie seulement pour chaque point en particulier. Sur l'ensemble de la Terre, on détermine à peu près le nombre moyen d'éclipsés de So- leil, ea augmentant de moitié le nombre d'éclipsés de Lune. ii5.. ( 846 ) » A Paris, pendant le xviii* siècle, on n'a vu qu'une éclipse totale de Soleil : celle de 1724; » Dans le xix® siècle il n'y en a pas eu encore et il n'y en aura pas. » Du Séjour trouvait par le calcul , en 1777: Pour la plus grande durée possible d'une ( le long de l'e'quateur 4''29'"44' I e'clipse ( sous le parallèle de Paris . . . S*" aô^Sa' Pour la plus grande durée possible de la ( le long de l'equateur i a" a4' phase annulaire ( sous le parallèle de Paris. . . 9"° 56' Pour la plus grande dure'e possible de l'ob- ( à l'e'quateur -f 58' scurité totale ( sous le parallèle de Paris. . . G"" i o' L'e'clipse totale de 1706 dura , à Montpellier 4"°'o' L'éclipsé totale de 1715 dura , à Londres S^Sj' L'éclipsé totale de 1 724 dura, à Paris a^iô' A bord du vaisseau V Espagne, l'éclipsé totale de 1778 dura 4°" o* L'éclipsé totale de 1806 dura, à Kinderhoot , en Amé- rique 4"'37" » Les historiens de l'antiquité ont fait mention de quelques éclipses to- tales de Soleil, vraies ou fausses; par exemple : » De l'éclipsé qui, suivant Hérodote, arriva pendant une bataille entre les Lydiens et les Mèdes 6o3 ans avant notre ère. (Elle n'est rien moins que certaine. Costard adopte la date de 63o.) » D'une éclipse prédite par Thaïes, pour. . . . 585 (C'est une autre date de l'éclipsé précédente.) » De l'éclipsé qui fit presque naître une ré- volte dans l'armée de Xerxès en 4^0 (Eclipse fort douteuse.) » De l'éclipsé qui eut lieu quand Périclès par- tit pour le Péloponnèse en 43* » De l'éclipsé qui coïncida avec la marche d'Agathocle contre Carthage en 3 10 » Postérieurement à J.-C, nous trouvons, dans les historiens, qu'on a vu : » L'éclipsé totale de la mort d'Agrippine, en 5g; les éclipses totales de 98; de 237, 36o,484, 787, 840, 878,957, ii33, 1187, 1191, 1241, i4'5, i485, i544» i56o, 1567, i6o5. » Les dates des éclipses annulaires les plus certaines sont : » L'année 44 > avant notre ère; dans notre ère, les années 334, '507, iSgS, 1601, 1737, 1748, 1764, 1820, i836. » Il y aura ime éclipse annulaire à Paris le 9 octobre 1847. ( 847 ) » Les témoignages concernant les éclipses totales n'avaient pas con- vaincu Tycho. Appuyé sur quelques mesures de diamètres angulaires faites à l'œil nu et qui lui semblaient établir que le diamètre de la Lune ne pouvait jamais paraître de la Terre aussi grand que celui du Soleil, il alla, en 1600, jusqu'à élever des doutes sur la réalité d'un phénomène qui avait alors encore des milliers de témoins vivants : il n'admit pas la rela- tion donnée par Clavius de l'éclipsé totale observée à Coimbre en l56o, ni même celle de l'éclipsé totale arrivée à ïorgau en i5g8. » Peu d'années suffirent pour montrer à quel point de fausses détermi- nations avaient induit Tycho en erreur. En i6o5, il y eut une grande éclipse de Soleil qui, à Naples, fut totale pendant quelques instants. De- puis on a observé, comme je le disais plus haut, des éclipses totales en 1706, en 1 715, en 1724, en 1778, en 1806. » Ainsi les astronomes ne courent point le risque de se tromper : l'éclipsé du 8 juillet prochain sera réellement totale dans toutes les villes pour les- quelles le calcul a donné cette phase. Si au xvii^ siècle certaines éphémé- rides indiquèrent pour Rome et le 12 juillet i684 une éclipse totale du- rant laquelle, en fait, les trois quarts seulement du Soleil disparurent, c'était la faute des tables , et aussi , quelque peu , celle des calculateurs. Aujourd'hui on n'est pas exposé à de semblables mécomptes; aujourd'hui les prédictions du commencement et de la fin du phénomène seront exactes à quelques secondes près, tandis qu'en 1706, suivant les observations de Montpellier, les tables de La Hire donnèrent encore des erreurs de 4 et de 5 minutes. De la couronne lumineuse dont la Lune est entourée pendant une éclipse totale de Soleil. » Il n'existe pas de relation moderne quelque peu détaillée d'une éclipse totale, dans laquelle il ne soit fait mention d'une couronne lumineuse dont la Lune paraissait entourée après la disparition entière du Soleil, et qui contribuait à tempérer l'obscurité. « Je ne sais si cette couronne ne fut pas la cause de la clarté crépus- culaire que signalent les relations de l'éclipsé totale de 98. Plutarque disait: «La Lune laisse déborder autour d'elle, dans les éclipses, une I) partie du Soleil, ce qui diminue l'obscurité. » Ces derniers mots portent à penser qu'il parlait alors plutôt des éclipses totales que des éclipses annu- laires, pendant lesquellesiln'yaréelleraentqu'un affaiblissement de lumière. ( «4* ) « Des observateurs inhabiles avaient classé l'éclipsé de 1567 parmi les éclipses annulaires, par la raison que la Lune, au plus fort du phénomène, parut entourée d'un anneau lumineux. Kepler en fit une éclipse totale. L'anneau lumineux, suivant l'illuslre astronome, pouvait s'expliquer de deux manières : ou en admettant que l'éther était enflammé dans le voi- sinage du Soleil , ou en supposant que certains rayons partis des bords du grand globe , arrivaient à la Terre après avoir subi une réfraction dans l'air de la Lune. » Répler développa ces idées à l'occasion de l'auréole remarquée à Torgau pendant l'éclipsé totale de iSpS. » L'éclipsé de i6o5 hit certainement totale à Naples pendant quelques instants. La Lune s'y montra, toutefois, comme un nuage noir entouré d'une auréole resplendissante qui occupait une grande partie du ciel. » Jusqu'à présent nous n'avons découvert dans les anciens ouvrages, que des relations imparfaites et sans précision de l'auréole lunaire. L'éclipsé de 1706 nous fournira une description du phénomène vraiment scientifique : « Dès que le Soleil fut entièrement éclipsé, disent Plantade et Clapiés, » on vit la Lune environnée d'une lumière très-blanche, qui formait » autour du disque de cette planète une espèce de couronne de la largeur » d'environ trois minutes. Dans ces bornes cette lumière conservait une j) égale vivacité, qui se changeant ensuite en une faible lueur, formait au- » tour de la Lune une aire circulaire d'environ quatre degrés de rayon et se » perdait insensiblement dans l'obscurité. » » Les lecteurs seront satisfaits, je pense, de trouver^ici une traduction littérale des lignes que Halley écrivait en 1716, à l'occasion de la couronne lumineuse lunaire : « Quelques secondes avant que le Soleil fût totalement caché, on aper- » çut autour de la Lune un anneau lumineux d'une largeur égale au dou- » zxème, ou peut-être même au dixième du diamètre de ce dernier astre. » Sa teinte était le blanc pâle, ou, si on l'aime mieux, le blanc de perle. // » me sembla légèrement teint des couleurs de l'iris. Son centre me parut » coïncider avec celui de la Lune , d'où je tirai la conséquence que l'anneau » était l'atmosphère lunaire. Cependant, comme la hauteur de cette atmos- » phère serait de beaucoup supérieure à celle de l'atmosphère terrestre ; » comme, d'autre part, des observateurs trouvèrent que la largeur del'an- » neau augmentait à l'ouest de la Lune à mesure que l'émersion appro- » chait je parle de mon résultat avec moins de confiance; je dois même » confesser que je ne donnai pas à la question toute l'attention nécessaire.» » Pendant cette même éclipse totale de 17 15, Louville, de l'Académie des (849) Sciences, qui s'était rendu à Londres, vit aussi la couronne lumineuse, » Elle lui parut couleur d'argent. La luuiièreétait plus vive verslebordde la Lune et diminuait graduellement d'intensité jusqu'à sa circonférence ex- térieure. Cette circonférence, quoique très-faible, était assez bien dessinée. Dans le sens des rayons la couronne ne paraissait pas également lumineuse partout : on y remarquait diverses interruptions, ce qui lui donnait quelque ressemblance avec les gloires dont les peintres entourent la tète des saints. » Louville reconnut que la couronne lumineuse avait exactement le même centre que la Lune. Si elle se fût trouvée concentrique au Soleil , le bord de la Lune en eiit couvert la moitié occidentale au commencement de l'obscurité, et la moitié orientale à la fin. Louville croyait que de pa- reilles variations ne lui auraient pas échappé. » Gan!ons-nous d'oublier que vers la fin de i'éclipse totale de 171 5, Louville vit autour du limbe de la Lune, pendant qu'il se projetait encore sur le Soleil, M« cercle d'un rouge trh-vij. L'académicien de Paris s'assura, dit-il , que cette couleur persistait quand le cercle se peignait au centre même de la lunette, et qu'elle ne pouvait dès lors être attribuée à l'absence (l'achromatisme. » En 17.24» Maraldi trouva que la couronne lumineuse n! était pas concen- trique à la Lune. Au commencement de l'éclipsé, elle paraissait plus large à l'orient qu'à l'occident. A la fin, au contraire, elle sembla plus grande vers l'occident qu'elle ne l'était à l'orient. Maraldi remarqua encore que la largeur au bord septentrional, surpassait la largeur sur lebord opposé. » Pour rencontrer, après l'observation de 1724, quelque chose d'utile sur la couronne lunaire, il nous faudra franchir un intervalle de 5f\ ans. A la date de 1778, Don Antonio de Ulloa nous apprendra que dans I'éclipse du 24 juin, la couronne avait une largeur égale au sixième du diamètre de l'astre; que sa circonférence intérieure était rougedtre, qu'un peu au delà se voyait un jaune pâle, el que ce jaune allait graduellement en s'affaiblis- sant jusqu'au bord extérieur, où la teinte paraissait entièrement blanche. M La couronne de 1 778, dit l'amiral espagnol , était à peu près également brillante dans toute sa largeur! Elle se montra cinq ou six secondes après l'immersion totale du Soleil j elle disparut quatre ou cinq secondes avant que le bord de cet astre émergeât de dessous le disque obscur de la Lune. De la couronne lunaire partaient, çà et là, des rayons lumineux percep- tibles jusqu'à des distances égales au diamètre angulaire de notre satellite; tantôt plus, tantôt moins. Le tout «semblait avoir un mouvement rapide » circulaire, pareil à celui d'un artifice embrasé , mis en jeu sur son centre! » » L'éclipsé totale de 1806 fut observée, en Amérique, par Bowditch et ( 85o ) Ferrer. Dans son Mémoire, Bowditch dit seulement que la Lune se montra entourée d'un anneau de lumière très-étendu. Ferrer, au contraire, est net et explicite. » L'anneau paraissait avoir /e même centre que le Soleil ; sa largeur s'éle- vait à six minutes; sa nuance était le blanc de perle. Il partait des bords de V AnneAU des rayons (\a\ s'étendaient jusqu'à 3 degrés de distance. C'est, comme on voit, [a gloire signalée par Louville et Ulloa, mais sur une plus grande échelle. De certaines irrégularités qui se manifestent au moment ou les bords de la Lune se trouvent intérieurement à de petites distances des bords du Soleil. » Au moment où le bord occidental de la Lune commence à se détacher intérieurement du bord occidental du Soleil, il paraît dentelé comme une scie. Les dents augmentent incontinent de grandeur et d'espacement, et leur nombre diminue. Bientôt les deux limbes ne paraissent plus réunis que par quelques traits rectilignes (8 à lo), larges , parallèles, complètement noirs et parfaitement définis. Tous ces traits , enfin , disparaissent subite- ment. Les choses se passent comme s'il existait entre les limbes des deux astres une matière glutineuse noirâtre , adhérente à certains points du So- leil , et que le mouvement de la Lune étirerait jusqu'à la rupture instantanée des ligaments. » Pendant le mouvement du bord oriental de la Lune vers le bord oriental du Soleil, les phénomènes se reproduisent en sens inverse : les lignes noires et parallèles naissent les premières et subitement; la forme de grande scie succède à ces lignes; enfin, avant l'entière occultation du Soleil, le limbe de la Lune est comme un chapelet composé de grains irréguliers, noirs et lumineux. » Ces diverses irrégularités noirâtres avaient été aperçues plus ou moins distinctement par d'anciens astronomes. M. Baily les a nettement observées en Ecosse pendant l'éclipsé annulaire du i5 mai i836, et il en a donné une description détaillée et intéressante dans le tome X des Mémoires de la So- ciété astronomique de Londres. » Comme si ces phénomèties n'étaient pas déjà assez extraordinaires, voilà qu'un observateur américain annonce, dans une Note récemment ar- rivée en Europe, que la dentelure, que les traits rectilignes et parallèles qui joignent les deux limbes, ne se voient pas quand on fait usage de ver- res verts, et qu'ils sont, au contraire, très-apparents à travers des verres rouges. L'auteur anonyme cite plusieurs circonstances et plusieurs villes où, suivant lui, le fait aurait été constaté. ( 85t ) Des lueurs observées sur la surface de la Lune pendant certaines éclipses totales de Soleil. » Louville rapporte que pendant la durée de l'obscurité totale, en 1715, il vil, à Londres, sur la surface de la Lune, des fulminations sem- blables à celles qui résulteraient de l'inflammation d'une traînée de pou- dre. Ces fulminations étaient instantanées et serpentantes, comme les éclairs terrestres ; elles se montraient tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre , mais surtout vers le bord oriental. » Halley remarqua aussi des lueurs, des éclairs dans tous les sens, mais particulièrement verj' le bord occidental , et quelque temps avant l'émer- sion. » Un autre astronome , dont le nom m'est inconnu , adressa à la Société royale de Londres une représentation graphique de l'éclipsé de 1715, dans laquelle les éclairs se prolongeaient y«i(jiM'aM centre de la Lune, « En 1724, les astronomes de Paris, parfaitement avertis par les Mé- moires de Louville et de Halley, ne parvinrent, cependant, à découvrir à la surface de notre satellite aucune sorte de lumière. » En i778,Ulloa, Aranda et Wintuisen virent sur la Lune, dans la ré- gion du nord-ouest , une minute un quart avant la réapparition du Soleil, un point lumineux qui brilla successivement comme les étoiles de qua- trième, de troisième et de seconde grandeur. » Enfin, en i8o6, Ferrer n'aperçut aucune lumière à la surface de la Lune. Le télescope, dans un certain moment, lui montra seulement une colonne déliée de fumée qui sortait de la région occidentale de l'astre. De l'obscurité pendant les éclipses totales de Soleil. » L'obscurité, pendant les éclipses totales de Soleil, n'est pas à beaucoup près aussi complète qu'il faudrait le croire, si on s'en rapportait à des rela- tions évidemment empreintes de l'exagération qu'enfante toujours la frayeur. » Les historiens de l'éclipsé de i56o, par exemple, ont été certainement au delà de la vérité, en disant qu'après la disparition du Soleil on ne voyait pas assez pour poser le pied; que les ténèbres étaient plus profondes que celles de la nuit. » Le meilleur moyen de caractériser l'obscurité qui régna pendant les anciennes éclipses totales de Soleil, est évidemment de citer le nombre et la grandeur des étoiles qui furent aperçues à l'œil nu. C B., 1842, 1" Semeslre. (T. XIV, ^l' 25.) I l6 ( 852 ) )) D'après ce critérium, l'éclipsé d'Agathocle, l'éclipsé de 3io avant Jé- sus-Christ, aurait été d'une obscurité exceptionnelle, car on rapporte que les étoiles apparaissaient de toutes parts. » Pendant l'éclipsé de 1706, Plantade et Clapiés virent, à l'œil nu, Vé- nus. Mercure, Saturne, Aldébaran et d'autres étoiles qui ne sont pas nommées. » En 1715, Halley aperçut à la simple vue et en regardant au hasard, Vénus, Mercure, la Chèvre et Aldébaran. On devait s'attendre à une appari- tion d'étoiles plus nombreuse, car la couronne lunaire répandait beaucoup moins de lumière que n'en donne la pleine Lune; car elle n'engendrait même pas d'ombres sensibles. Mais il y avait au loin , sur l'horizon de Lon- dres, des parties de l'atmosphère éclairées par le Soleil, lesquelles, à leur tour, jetaient, dans les régions de l'air avoisinantes, une clarté diffuse, un voile lumineux qui aurait pu faire croire à l'existence d'un brouillard, et dont la disparition des petites étoiles était, en tout cas, la conséquence. En regardant dans une direction où, à cause de la position du cône d'ombre , cette lumière secondaire devait exister en beaucoup moindre abondance , Halley aperçut jusqu'à vingt-deux étoiles. « Louville dit que pendant l'éclipsé totale de 1716 on ne voyait pas assez clair pour lire, quoiqu'on distinguât les lignes de l'écriture. Il aperçut quel- ques étoiles de seconde grandeur. » On se rappelle que, suivant Ulloa, 4 à 5 secondes s'écoulent entre le moment de la disparition totale du Soleil et celui de l'apparition de l'anneau lunaire. Le même astronome assure avoir remarqué que la disparition de l'anneau précède de 4 à 5 secondes l'instant de la réapparition du Soleil à l'Occident. Pendant l'existence de l'anneau, Ulloa ne voyait à l'œil nu que les étoiles de première grandeur. Il apercevait celles de seconde quand l'anneau n'existait pas. )) Ferrer jugea, en 1806, qu'il y avait dans l'air et sur la terre, après la dis- parition entière du Soleil, plus de clarté que n'en répand la pleine Lune. Coloration des objets terrestres lorsque l'obscurité provenant des éclipses de Soleil, est arrivée à un certain degré. » Quelques témoins de l'éclipsé totale de 840, disent que la couleur des objets terrestres changea. » Voici textuellement un passage du Mémoire où Plantade et Clapiés, sans connaître la remarque faite en 840, rendirent compte de l'éclipsé totale qu'ils observèrent à Montpellier, le 12 mai 1706 : ( 853 ) « On remarqua que suivant le progrès ou la diminution de l'éclipsé , les » objets changèrent de couleur. Au huitième doigt (quand les deux tiers du » diamètre du Soleil étaient sous la Lune), tant avant qu'après l'obscurité » totale, ils étaient cYun jaune orangé. Quand l'éclipsé fut parvenue à un » un peu plus de 1 1 doigts et demi (quand il n'y avait plus de visible que » la vingt-cinquième partie du diamètre du Soleil) , les objets parurent d'un » rouge tirant sur l'eau vinée. » n Malgré la netteté, la précision de ce passage, j'ai cru devoir chercher si d'autres observateurs modernes n'auraient pas aperçu aussi le change- ment de couleur signalé par Glapiés et Plantade. Le Mémoire de Halley sur l'éclipsé totale de 1716, m'a fourni les lignes qu'on va lire : « Quand l'éclipsé fut arrivée à 10 doigts (au moment où la Lune couvrit » les ff du diamètre du Soleil), l'aspect et la couleur du ciel commencèrent » à changer; le bleu d'azur devint une couleur livide, mélangée d'une » nuance de pourpre. » Des effets que le passage subit du jour à la nuit produit sur les animaux. » Riccioli rapporte qu'au moment de l'éclipsé totale de i4i5, on vit, en Bohême, des oiseaux tomber morts de frayeur. » La même chose est rapportée de l'éclipsé de i56o : «Les oiseaux, » chose merveilleuse (disent des témoins oculaires), saisis d'horreur, tom- » baient à terre.» » En 1706, à Montpellier, «les chauve-souris voltigeaient comme à l'en- » trée de la nuit. Les poules, les pigeons, coururent précipitamment se » renfermer. Les petits oiseaux qui chantaient dans les cages se turent » et mirent la tête sous l'aile. Les bêtes qui étaient au labour s' arrê- » tèrent. » » La frayeur produite chez les bêtes de somme par le passage subit du jour à la nuit, est constatée aussi dans le Mémoire de Louville relatif à l'éclipsé de 1716 : «Les chevaux, y est-il dit, qui labouraient ou » marchaient sur les grandes routes, se couchèrent. Ils refusèrent d'a- » vancer. » Réflexions et recommandations soumises aux observateurs. » La couronne lumineuse annulaire devra , par-dessus tout, Bxer l'atten- tion des observateurs. » Cette couronne est-elle centrée sur la Lune ou sur le Soleil ? A cet 116.. ( 854 ) égard, on a dû le remarquer , les relations sont contradictoires. Halley, I.ouville, trouvèrent que le centre de la couronne coïncidait aveccelui de la Lune. Suivant Maraldi et Ferrer, au contraire, le centre de la couronne serait toujours celui du Soleil. » Si la première de ces opinions est exacte , le cercle lumineux qui déborde le corps obscur de la Lune, ne sera pins l'atmosphère solaire, et il faudra chercher des preuves de l'existence de cette atmosphère dans- d'autres phénomènes. Établissons la vérité de l'assertion, afin de montrer combien la question est capitale. r> Si l'atmosphère du Soleil existe, il est probable qu'elle a la même lar- geur en tout sens. Il est particulièrement indubitable que dans les régions solaires équaloriales, à l'est et à l'ouest par exemple du disque appa- rent, cette atmosphère s'étendra de quantités égales au-tlessus des parties condensées et vivement lumineuses de l'astre. » Ceci convenu , donnons à la Jjune un diamètre angulaire supérieur à celui du Soleil (ce qui est de vérité nécessaire le jour d'une éclipse totale), et voyons-la se mouvoir dans l'espace, de l'occident à l'orient. » Le bord oriental de notre satellite atteint extérieurement le bord occi- dental du Soleil; l'éclipsé proprement dite commence. Après un temps assez long, le même bord oriental de la Lune atteint intérieurement , c'est- à-dire par sa portion concave, le bord oriental Avi Soleil : c'est le commen- cement de l'éclipsé totale. A ce moment le bord occidental de la Lune dé- borde le bord occidental du Soleil d'une quantité égale à la différence des diamètres des deux astres. Ainsi, à l'instant même où l'éclipsé totale com- mence , la Lune nous dérobe à l'occident la vue d'une portion de l'atmo- sphère solaire, tandis qu'elle ne nous cache absolument rien à l'orient. Le contraire a lieu quand l'écHpse totale finit. II faudra donc, au commence- ment et à la fin de l'obscurité totale, mesurer, à l'orient et à l'occident, et aussi dans les autres directions, la largeur de la couronne lumineuse. » Ces mesures pourront se faire avec des instruments à réflexion; avec des lunettes prismatiques de Rochon; avec des lunettes de grossissements modérés, portant au foyer un certain nombre de fils fixes, espacés de mi- nute en minute. Chacun de ces moyens d'observation pourra avoir ses avan- tages, suivant l'éclat de la couronne, suivant la netteté de son contour extérieur. » Est-il vrai, comme le dit Ulloa, que la couronne se montre cinq ou six secondes seulement après le commencement de l'éclipsé totale , et qu'elle • ( 855 ) disparaisse quatre ou cinq secondes avant la fin de l'obscurité? Cette double assertion exige d'autant plus d'être vérifiée, que Halley déclare avoir aperçu le phénomène avant l'entière disparition du Soleil. » Est-il vrai, comme Halley l'a reconnu en 171 5, qu'en plein air l'au- réole lumineuse lunaire ne forme pas d'ombre? )) La couronne a offert des couleurs à Halley, à Louville, à Ulloa. Cela doit faire supposer qu'elle est un phénomène de diffraction. Il sera donc important de caractériser nettement toute la série de couleurs visi- bles , et d'en déterminer l'étendue angulaire. Ces mesures, comparées à ceh les qu'on obtiendra en faisant naître, comme Delille , de l'Académie des Sciences, une couronne artificielle autour d'un globe opaque se projetant sur le Soleil et le débordant un peu, deviendront la pierre de touche qui dissipera tous les doutes. » La couronne offre-t-elle des ititerruptions, des rayons divergents qui la fassent ressembler aux gloires des saints? Usera très-utile de noter si le phénomène est régulier. Dans le cas contraire , et c'est le plus probable, il faudra voir où les rayons aboutissent sur le limbe de la Lune; il faudra re- chercher, autant que possible, si les points de départ de ces rayons cor- respondent à des vallées ou à des montagnes. » Il n'est nullement probable que la lumière de la couronne lumineuse lunaire puisse offrir des traces de polarisation. Il sera bon, cependant, de s'assurer du fait à l'aide d'un polariscope. » Après les observations destinées à décider si la couronne lumineuse lunaire est ou n'est pas centrée sur le Soleil , rien ne sera plus utile que d'étudier le mode d'apparition de la dentelure qu'offre la Lune aux époques des attouchements intérieurs des deux disques ; la manière dont les dents se confondent, changent de grandeur, de forme et s'évanouissent. Aujourd'hui on ne sait rien de précis sur le nombre de secondes qui sé- pare la naissance du chapelet, de la disparition des traits noirs parallèles. Ces données de l'expérience ne suffiront peut-être pas pour faire dé- couvrir d'ici à longtemps la cause physique de phénomènes aussi sin- guliers; mais il est évident que cette cause, fût-elle trouvée, serait tenue pour incertaine tant qu'elle n'aurait pas subi l'épreuve des vérifications numériques dont je demande de recueillir soigneusement les éléments. ( 856 ) » Les lumières serpentantes observées à la surface de la Lune, en 1716, par Louville et Halley; ces lumières que l'académicien de Paris considérait comme des éclairs provenant de plusieurs orages qui éclataient au moment de l'éclipsé en divers points de l'atmosphère de notre satellite , pourraient, ce me semble , être expliquées autrement. » Le Soleil est plus gros que la Lune et il en éclaire toujours plus de la moitié. Au moment même de l'éclipsé centrale, des rayons solaires pénètrent donc dans l'hémisphère tourné vers la Terre. Ne serait-il pas possible queces rayons arrivassent jusqu'à la portion de la Lune que nous apercevons, nous fussent renvoyés après des réflexions plus ou moins multiples opérées sur des flancs de montagnes volcaniques lunaires, et donnassent ainsi à la lumière unef apparence trompeuse de mobilité. Voilà pour les éclairs voisins des bords. Les éclairs du centre tiennent peut-être à une cause différente. Les rayons solaires se réfléchissent à peu près régulièrement sur les nappes liquides terrestres. Si en dehors de la région plongée dans l'ombre de l'éclipsé, une de ces nappes d'une étendue bor- née est disposée de manière que les rayons qu'elle réfléchit atteignent la Lune, ces rayons y opéreront un éclairement partiel; ils tomberont suc- cessivement sur divers points, à cause du mouvement de rotation de la Terre. N'est-ce pas là le caractère essentiel du phénomène. Je ne sais s'il ne serait pas possible de soutenir également que les éclairs de Halley, de Louville étaient dans l'atmosphère terrestre. S'emparer, pendant ces appa- ritions lumineuses, des circonstances qui pourraient permettre de choisir entre ces trois hypothèses , tel doit être le but principal des observateurs. Il est évident, par exemple, que la troisième de ces explications serait à jamais éliminée, si dans des lieux de la Terre un peu éloignés l'un de l'autre, tels que Perpignan et Digne, on avait vu les lueurs apparaître vers les mêmes régions. » 11 faudra jeter un coup d'œil attentif sur la partie nord-ouest de la Lune. UUoa la croyait percée d'outre en outre. Il imaginait que le point lumineux observé en 1778 était une très-petite portion du Soleil vue à travers une étroite ouverture. Lalande calcula que pour satisfaire à toutes les cir- constances de l'observation de l'amiral espagnol, l'ouverture devait se trouver à quinze lieues de la tangente au bord de la Lune passant par la Terre, résultat d'où il concluait ensuite qu'elle avait cent-neuf lieues de longueur. Ce ne serait donc que par un concours de circonstances extrêmement rares, que par des mouvements de libration très-particu- ( 857 ) liers, qu'un si long trou serait, un certain jour, dirigé exactement vers un lieu donné. Le peu de probabilité d'une pareille rencontre ne devra pas empêcher, je le répète, de regarder un instant avec attention le bord nord-ouest de notre satellite. » Il va sans dire qu'en chaque lieu on cherchera k déterminer le nom- bre et la grandeur des étoiles qui deviendront visibles à l'œil nu pendant l'obscurité totale. » L'impossibilité, jusqu'ici parfaitement constatée, d'apercevoir les ta- ches de la Lune à l'aide de la lumière que la Terre leur envoie pendant les éclipses totales de Soleil, est une sorte de définition intrinsèque de la clarté répandue dans notre atmosphère aux moments les plus sombres de ces éclipses. Cette définition n'est pas à dédaigner. Il ne sera pas difficile, en effet, d'y appliquer des nombres. Chercher à entrevoir les taches avec les lunettes qui les montrent ordinairement le mieux dans la lumière cen- drée, je veux dire avec les lunettes de nuit, ne sera pas une recherche sans utilité. » Si la très-courte durée de l'obscurité n'y mettait obstacle, on trouverait certainement des résultats curieux en dirigeant successivement un polari- mètre sur toutes les régions atmosphériques voisines du cône d'ombre. Mais tant d'observations ne sauraient être faites en 2°"^ ; il faudra se bor- ner aux plus importantes. » La légère coloration que l'atmosphère et les objets terrestres éprou- vent au moment où une grande partie du Soleil est cachée, semble impliquer qu'alors il nous arrive, avec une quantité de lumière blan- che, quelques rayons élémentaires (rouges, orangés et jaunes), isolés, séparés des autres. Cette décomposition de la lumière blanche peut s'opérer par voie de diffraction sur le bord de la Lune, et, dans ce cas, le limbe de l'astre observé directement doit paraître irisé. Ces iris existent-ils toujours? ne commencent-ils à être sensibles et à produire une coloration appréciable sur la Terre, qu'au moment où leur largeur est dans un certain rapport avec celle du segment du Soleil resté visible et blanc? C'est ce qu'il faudra décider. L'emploi de \erres colorés devra donc être totalement proscrit dans la future observation de l'éclipsé totale. Il sera indispensable que les astronomes aient recours aux combinaisons de verres qui laissent au Soleil toute sa blancheur naturelle. » Si absorbés par d'autres soius, les astronomes abandonnent à des ama- ( 858 ) teurs l'observation de la coloration des objets terrestres et de l'atmosphère, ils devront les tenir en garde contre les effets des contrastes. Il sera néces- saire qu'on soit bien averti que la présence de quelque lumière artificielle pourrait communiquer aux objets éclairés directement par l'auréole lu- naire et, secondairement, par l'atmosphère, des colorations sans réalité. A une époque où l'on semble prendre à tâche d'oublier qu'un objet blanc peut paraître coloré, par opposition ; devenir vert, par exemple, à raison du voisinage d'une lumière rouge intense, de pareilles recommandations ne sauraient être inutiles. » Pendant une éclipse, la Lune se projette en noir sur le Soleil et dans sa vraie forme. La région du Soleil restée visible est donc toujours limitée par deux portions de circonférence de cercle. Dans les points où ils se ren- contrent, ces deux arcs, l'un obscur, l'autre lumineux, forment des angles curvilignes qu'on appelle les cornes. A certains moments, les cornes peu- vent devenir très-aiguës , très-effilées. » Les rayons lumineux , provenant du Soleil , qui dessinent en clair le sommet même des cornes et les parties environnantes, ont rasé la surface de la Lune pour arriver à la Terre. Si la Lune est entourée d'une atmos- phère sensible, ces rayons auront été déviés; la forme circulaire du Soleil s'en trouvera altérée ; les cornes offriront des inflexions , des irrégularités locales sur lesquelles il sera très-utile que les observateurs portent leur attention. » Ce n'est pas seulement par l'observation des cornes qu'on peut espérer d'arriver à quelques notions plus ou moins précises touchant l'atmosphère de la Lune. Les gaz , les vapeurs arrêtent toujours une portion de la lu- mière qui les traverse. Si notre satellite a une atmosphère , la grande tache noire qu'il forme en se projetant sur le Soleil, doit être entourée parallèle- ment d'une sorte de pénombre, je veux dire d'une zone étroite correspon- dant à cette atmosphère. Dans toute l'étendue de la zone en question , la lumière solaire sera un peu affaiblie. On n'a pas assez profité, pour con- stater cet affaiblissement," des facules allongées dont la surface du Soleil est parsemée. Les facules allongées ont ordinairement un éclat uniforme dans toute leur étendue. Le bord de ia Lune se promène-t-il transver- salement le long d'une d'entre elles? Rien ne sera plus facile que de dé- cider si la partie voisine du disque noir a la même intensité que le reste. La moindre distorsion provenant d'une réfraction dans l'atmosphère de la Lune, deviendrait égalenient visible de cette manière. En un mot. ( 859 ) l'observation de certaines facules me semble devoir être recommandée de préférence à celle des noyaux des grandes taches , quoiqu'en général les as- tronomes s'en soient peu occupés. Mi* » Halley rapporte qu'en lyiS le segment oriental du Soleil qui resta le dernier visible, pouvait être impunément regardé dans la lunette sans verre coloré, et qu'il n'en fut pas ainsi, à la fin de l'éclipsé, du segment occidental qui reparut le premier. » Pour expliquer ce phénomène le grand observateur se montra disposé, comme de raison , à faire jouer à 1 œil le principal rôle. Ainsi il re- connaissait qu'à la fin de l'éclipsé, la pupille, plus dilatée qu'au commen- cement, devait donner passage à plus de lumière; mais une seconde cause lui semblait avoir dû influer. « La partie orientale de la Lune, disait-il, » venant d'être échauffée pendant une période égale à près de quinze de nos » jours, ne pouvait manquer d'avoir eu son atmosphère remplie des va- » peurs qu'une si longue action solaire avait dû élever. D'après les condi- » lions physiques de cette atmosphère orientale, elle devait donc affail.lir » sensiblement l'éclat des rayons solaires qui la traversaient. Le bord » occidental venait , au contraire , d'éprouver une nuit de même durée » (d'une quinzaine de jours), pendant laquelle les vapeurs soulevées dans » la période précédente s'étaient précipitées. Les rayons qui traversaient » cette seconde région atmosphérique plus pure, plus transparente, de- » vaient être très- vifs. » » Ceux qui croiraient encore ces conjectures dignes de vérification, trouveraient aisément, ce me semble, les moyens de sortir de l'incertitude qu'éprouvait Halley. Pour mettre de côté toute influence de l'ouverture de la pupille , ils n'auraient qu'à adapter à leur lunette un grossissement tel- lement puissant que la largeur du faisceau parallèle sortant de l'oculaire, fijt inférieure au diamètre que conserve la pupille dans ses plus fortes réductions. Les effets de l'éblouissement , de la fatigue seraient éliminés à leur tour, en consacrant h l'observation de l'immersion et de l'émer- sion du Soleil, l'œil constamment couvert qui n'aurait pas servi à l'étude des autres phases. Il résulte, en effet, si j'ai bonne mémoire, de diverses expériences de Du Fay, que l'éblouissement d'un œil ne se communique pas à l'autre. » Supposons le Soleil entouré d'une atmosphère. Les rayons qui nous viendront des bords de l'astre auront traversé cette atmosphère dans une G. R„ 184a, !«' Scmcstie. (T. XIV, N« 85.) 1 1? ( 86o ) plus grande^ épaisseur que léS fayoïis émanant du centre. Il n'est donc pas certain que les deux espèces de rayons seront^ parfaitement identiques. Par exemple, les iiandes de Fraunhofer ponrraient y démontrer des dis- semblances provenant des absorptions inégales que les faisceaux lumineux auraient subies en traversant des épaisseurs diverses de l'atmosphère so- laire. L'expérience a été faite avec un résultat négatif, pendant l'éclipsé an- nulaire de i836. Je ne propose pas de la renouveler. Il est inutile de con- sacrer la très-courte durée d'une éclipse à des observations «jur peuvent être faites tous les jours de l'année. » On a souvent espéré pouvoir décider, d'après la marche du thermo- mètre pendant la durée d'une éclipse, si toutes les parties du Soleil sont également lumineuses. Ce genre d'observation ne me semble pasy du moins cette fois, devoir prendre le temps des astronomes : le Soleil sera trop bas en France pour qu'on puisse espérer que la marche du thermomètre aura une grande régularité. D'ailleurs les intensilés comparatives, thermo- métriques ou photométriques , des divers points du disque solaire peuvent être établies directement. » Sénèque nous apprend que Possidonius vit une comète au moment d'une éclipse totale de Soleil. On a rapporté l'observation à l'année 462 avant notre ère. Cette aimée il y eut, en effet, à Athènes, une éclipse totale. » L'an 4 18 après J.-C, du temps de l'empereur Théodose, on aperçut aussi, dit-on, une comète pendant une éclipse totale de Soleil. » Je ferai donc une chose toute naturelle en recommandant aux obser- vateurs de la future éclipse, de s'entourer de personnes qui, pendant la durée de l'obscurité totale, chercheront si quelque comète ne serait pas sur l'horizon. » Nous rapporterons, en finissant, le tableau des principales circon- stances numéri(|ues de la prochaine éclipse, tel que l'a dressé M. Large- teau, membre adjoint du Bureau des Longitudes. I! n'y a rien que de très- légitime dans le scrupule qu'a eu l'habile astronome de pousser ses calculs jusqu'à la précision des secondes. Nos tables permettent, en effet, de répondre aujoiird'hui de quantités de cet ordre. Il n'en était pas de même dans les premières années du xvui° siècle. Alors on voyait, en effet, le commencement ou la fin d'une éclipse différer, en temps, de dix à douze minutes du résultat calculé sur les tables de La Hire. ( 86i ) Principales circonstances de l'àclipse totale deSoleiL visible dans le midi de la France dans la matinée du 8 juillet 1842. Lever Contmencement Oommencement Fin Fin Plus courte du de de l'éclipsé de l'éclipsé de distance • < ; SoWl. l'éclipsé. totale r'^- ■" totale.'^ l'éclipsé. des centres Perpignan. . . h. m. 4.81 Il . m . 1 . ,4 53.21. II. iU. 1>. 5.46.4 h. m S. 5.48.38, Il m. B. ' 6.45,47,1 1 1 • .' ". ■",8 Montpellier . 4.28 4.5^.53 5.51.20 5.53 .2 6.5i. 6 21 ,5 Marseille. . . 4.29 5. 3. 4 5.56.50 5 58.5o 6.57.12 i8,5 Difine 4.26 5. 7.12 6. I 8 6 3.28 7. 2. 3 ',4 » Les dates ci-dessus sont exprimées en temps moyen compté de mi- nuit et à partir du méridien inférieur de chacune des villes correspon- dantes. Si l'on voulait exprimer ces mêmes dates en temps Vfaî, il faudrait retrancher 4"" 34' des époques contenues dans le précédent tableau. » La première impression du disque lunaire aura lieu à l'occident et à 4i" de l'extrémité supérieure du diamètre vertical du Soleil. » M. Magendie fait hommage à l'Académie d'un ouvrage qu'il vient défaire paraître sous le titre de « Recherches physiologiques et cliniques sur le li- quide céphalo-rachidien ou cérébro-spinal. r> (Voir au Bulletin bibliogra- phique^ RAPPORTS. M. B.4BiNKrfait,ensonnom et euceluideMM. AragoetBecquerel,un Rap- |)ort sur plusieurs Mémoires, Notes, Communications et Lettres de M. Diiaand, de Bordeaux , relatives à toutes les sciences inorganiques et organiques. Ce Rapport est terminé par la conclusion suivante : " La Commis.sion est d'avis de n'approuver eu aucune manière les idées «t les théories de M. Durand. » Cette conclusion est adoptée. 117.. ( 862 ) NOMINATIOJVS. - ''17Àcadémie procède , par voie de scrutin, à la nomination d'un corres- pondant pour la Section de Physique. La liste présentée par la Section porte les noms suivants : i*. M. Wheatstone, à Londres; 2" M. de Haldat, à Nancy; 3* M. Amici, à Florence ; 4° M. Erman , à Berlin ; 5° M . Matteucci , à Ferrare ; 6* M. Weber, à Gœltingue. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 3g, M. Wheatstone obtient. ... 21 suffrages. M. de Haldat 8 M. Amici 6 M. Weber 3 M. Erman i M,. Wheatstone, ayant réuni la majorité des suffrages , est déclaré élu. MEMOIRES L€S. CHIMIE APPLIQUÉE. — Rccherches sur la composition de Vair confiné; par M. F. Leblanc. (Commissaires, MM. Dumas, Boussingault, Regnauit.) Après avoir passé en revue les diverses causes qui peuvent intervenir dans les effets d'altération de l'air d'une enceinte fermée, l'auteur expose les résultats de ses propres recherches , dont les chiffres sont inscrits dans le tableau ci-joint (page 869). Ses analyses ont été exécutées dans le laboratoire de M. Dumas ; dans la plupart des cas on a dosé à la fois l'oxy- gène , l'azote et l'acide carbonique, à l'aide des nouveaux procédés analyti- ques employés par MM. Dumas et Boussingault. Dans les autres expériences on s'est contenté du dosage de l'acide carbonique à l'aide d'un procédé qui, ( 863 ) à quelques modifications près, ressemble aux appareils connus d'aspiration de M. Brunner et de M. Boussingault. L'auteur présente ensuite, dans les termes suivants, quelques considé- rations générales et les conclusions pratiques qui lui semblent pouvoir se déduire des expériences qu'il a exposées. « 1°. Sans vouloir nier que diverses causes puissent concourir à rendre insalubre une atmosphère limitée, l'auteur annonce comme un fait d'ex- périence que la proportion , presque toujours appréciable , d'acide carbo- nique qui se trouve dans les lieux habités et fermés, croît avec le degré pro- bable d'insalubrité, et peut en fournir à peu près la mesure. Plus la dose d'acide carbonique s'élève , plus la nécessité du renouvellement de l'air doit être considérée comme prochaine. Lorsque , par les effets de la respiration, cette proportion atteint i pour loo, le séjour des hommes dans une atmosphère pareille ne saurait se prolonger sans exciter bien- tôt une sensation de malaise prononcé; la ventilation devient indispensable si on veut que la respiration retrouve ses conditions normales. » a". Les expériences de ventilation, indépendantes de toute idée théo- rique préconçue, assignent les nombres de 6 mètres cubes à io"'"-pour la ration d'air à fournir à un homme par heure, si l'on veut maintenir sa respiration dans les conditions accoutumées. C'est là le résultat de nom- breux tâtonnements faits sous la direction de M. Péclet, les assistants de i'enceinte ventilée étant eux-mêmes établis juges du manque ou de l'excès d'air sous l'influence de dosages variables. » L'analyse nous apprend qu'avec un système de ventilation basé sur une ration d'air de loà 20™"' par heure et par homme, l'air écoulé de l'en- ceinte peut encore présenter des proportions d'acide carbonique compri- ses entre 2 et 4 millièmes. Tel est le cas de la Chambre des Députés. » 3°. La pureté de l'air dans une enceinte ventilée peut ne pas dépendre uniquement de la quantité qui afflue dans un temps donné; le mode d'accès et de sortie de l'air, par conséquent sa distribution, doivent avoir une influence sur son état chimique ; le système de ventilation conçu sur les bases les plus larges, et qui opérerait la purification la plus com- plète, est celui où l'air expiré serait entraîné par un mouvement ascen- sionnel qui lui interdirait tout retour vers la zone de respiration. » Tel paraît être le principe qui a guidé les constructeurs anglais dans les dispositions propres à assurer une ventilation efficace à la Chambre des Communes de la Grande-Bretagne; les orifices d'accès et de sortie de l'air ( 864 ) ont été bien plus multipliés qu'ils ne le sont dans nos salles ventilées (i). » 4°- Comme on cherche, en genéral,à prendre à la température la moins sible, l'air destiné à la ventilation , on aurait intérêt, sous ce point^de vue, à l'aller chercher dans des caveaux situés au-dessous du niveau du sol. Lorsqu'il s'est agi de discuter les moyen* propres à assurer la ventila- tion de la Chambre des Pairs, M. Talabot avait même songé à amener l'air des carrières souterraines qui régnent sous le quartier Saint- Jacques; si cet ingénieur avait réalisé ce projet, on conçoit qu'il eût été très-important de s'assurer de la nature de l'air provenant d'une source semblable, et qui aurait pu déjà contenir trop d'acide carbonique. )) Je laisse à qui de droit le soin d'apprécier les perfectionnements dont les procédés de ventilation pourraient encore être susceptibles, et je me borne à signaler le parti qu'on pourra tirer, ce me semble, du dosage de l'acide carbonique pour apprécier à un instant et dans une position donnés l'état chimique de l'air : on aura ainsi une sorte de réactif pouvant fournir des indications de mesure utiles pour une ventilation bien entendue. » 5°. Les nombres admis par M. Péclet offrent un certain accord avec les résultats de M. Dumas sur la respiration derhomme;en effet, nous trou- vons par le calcul, d'après les données de M Dumas, S™'^' d'air anienés à 4millièmesd'acideCarbonique,ou6"'"'à2 millièmes par homme et par heure. «Mais la proportion d'acide carbonique n'est pas toujours réduite à ce chiffre en apparence dans la pratique , à cause de la distribution inégale de l'ail' frais dans les enceintes ventilées dont j'ai examiné l'air. » A la Chambre des Députés, la proportion d'acide carbonique dans l'air qui s'écoule par les cheminées d'appel , est double ou triple de celle qu'indi- querait le calcul en supposant l'air parfaitement pur à son accès, et admet- tant qu'il ne passe qu'une seule fois par les poumons. Cette proportion a été trouvée de o,oou5, la ventilation étant de i8 mètres cubes par personne et par heure. On pourra donc s'attendre à rencontrer jusqu'à 5 millièmes d'acide carbonique lorsque la ventilation sera à son minimum. Concluons (i) Lorsqu'il s'agit d'une salle disposée en gradins, quelques modifications deviennent peut-être nécessaires dans les procédés de ventilation; si la totalité de l'air afflue par la partie inférieure , il peut arriver qu'une partie des assistants se trouve inconiniodée par un courant trop vif, tandis que l'autre partie siégeant sur les bancs les plus élevés éprouverait quelque malaise , les produits de la respiration ne se trouvant pas expulsés d'une manière assez complète; des effets semblables se manifestent quelquefois à la Chambre des Députés, c'est du moins ce qu'il est permis de croire d'après les (âtonne- naents fréquents auxquels le chauffeur doit s'astreindre pour régler la ventilation de manière à satisfaire aux avertissements divers qui lui parviennent. ( 865 ) donc que la close de 5 millièmes d'acide carbonique accumulée dans une en- ceinte par l'effet de la respiration, est une limite qu'il ne faut pas laisser franchir. Pendant l'été, la température étant de 20" cent, dans la salle , il n'est pas rare que l'assistance trouve la ventilation de i6à iS"*"- à peine suf- fisante. » 6°. Lorsqu'il s'agit d'enceintes habitées et dépourvues d'appareils de ventilation ou de cheminées, l'expérience prouve qu'il ne faut pas compter sur nn renouvellement très-efficace de l'air à la faveur des jointures des portes et des fenêtres; le plus souvent ces effets réduisent tout au plus l'altération à la moitié de ce qu'elle serait , toutes choses égales d'ailleurs, dans une capacité rigoureusement fermée. Lorsque l'enceinlefermée ne sera pas ventilée, il conviendra donc d'en déterminer la capacité sur les mêmes bases que précédemment. Ainsi, un dortoir renfermant cinquante habi- tants et restant fermé pendant 8 heures, devrait avoir 6x8x5o=a4oo'"'*'% soit environ So""-"- par individu pour la nuit. Au bout de ce temps, la ven- tilation deviendrait nécessaire. \ ■a 7°. Il suffira d'un coup d'oeil jeté sur un tableau joint à notre Mémoire, pour reconnaître que plusieurs salles d'hôpitaux offrent une capacité qui est loin d'être en rapport avec leur population. Dans un dortoir mansardé à la Salpétrière, la ration d'air n'est que de i^-^jS par individu et par heure. Je pourrais citer un dortoir dans une prison où ce chiffre s'abaisse à o'°",7. Telles sont aussi les circonstances où se trouve placé l'amphithéâtre de la Sorbonne. En présence des résultats énoncés, la nécessité de l'établisse- ment d'appareils de ventilation paraîtra démontrée dans un intérêt de sa- lubrité, toutes les fois que les circonstances s'opposeront à des construc- tions publiques plus vastes destinées à contenir une population nombreuse. Au point de vue de l'hygiène des hôpitaux, le renouvellement continu de l'air vicié par des causes si nombreuses n'offrirait-il pas des avantages mar- qués sur cette ventilation périodique à laquelle on est forcé d'avoir recours et qui s'obtient par l'ouverture des fenêtres , quelle que soit la rigueur de la température extérieure ? » Les conditions de séjour des ouvriers dans un grand nombre d'ateliers et de fabriques fourniraient aussi bien des sujets de remarques pénibles. Que de tristes exemples de dégénérescence physiqtie et morale ne pourrait- on pas citer, dont la cause principale tient aux conditions funestes du mir lieu où l'homme est assujetti à vivre dans ces circonstances ? » 8°. Les questions qui se rattachent à la salubrité des écuries militaires oi\i depuis plusieurs années appelé la sollicitude du Gouvernement. Les résul- tats obtenus dans les analyses que j'ai rapportées dans mon Mémoire pa- ( 866 ) raissent auloiiser à conclure que les nombres proposés en dernier lieu pour la ration d'air nécessaire à un cheval sont réellement trop faibles. En appliquant à la respiration d'un cheval les considérations relatives à la res- piration de l'homme, et en partant des expériences, on serait porté à 6xer à 1 8 ou 20 mètres cubes la ration d'air qu'il convient de fournir par heure à un cheval dans une écurie close. Lorsque l'écurie n'est pas fermée, ces dimensions peuvent être réduites ; l'analyse de l'air pris dans l'écurie de l'ancien manège, à l'École militaire, prouve que celle-ci réalise à cet égard les meilleures conditions. »9". A l'égard de la présence des matières miasmatiques dans l'air confiné, les résultats des analyses ont été négatifs dans les circonstances où l'on a opéré; on n'a remarqué aucune coloration appréciable de l'acide sulfurique ou de la potasse, pas d'action sensible sur l'acétate de plomb; quant au gaz des marais, sa dose ne peut pas dépasser, si toutefois il existe dans ces atmosphères, la proportion contenue dans l'air ordinaire. » La détermination des principes miasmatiques présumés exister dans l'air, présente quelques difficultés d'exécution, indépendamment de l'aug- mentation à apporter dans la masse d'air en expérience; en effet, pour doser l'hydrogène à l'état d'eau , et le carbone à l'état d'acide carbonique , il faudrait opérer sur un gaz préalablement desséché et dépouillé d'acide carbonique: or, dans ce cas, l'acide sulfurique et la potasse absorberaient ou dénatureraient sans doute ces matières ; ce n'est donc qu'à l'aide de procédés spéciaux qu'on pourra espérer de réussir, et de plus à la condi- tion de mettre en circulation des masses d'air aussi considérables que celles que comptent atteindre MM. Dumas et Boussingault dans leurs nouvelles analyses de l'air. » 10°. Les analyses à' atmosphères ar. H "a "M ■- o t; « « « o « s - = o ^ > i£°3 ==.5 s 6 S e S s = ,. •a « 11 « ^ a u = = 5 A U o = ■;■•? 6-5 s . S iSSi . a. « ïi 7= ° eu - . . u d *i *« 2 ■o -. " o ■73 c « u „ji S S , .2 5 S 8 .2 O. . 2 "ti so ^ .il-û « - . « ^ « -.a O E ^ <^ I ^ « -v a . I 9 QO V •* ! -ÏÏ "s *■ 5 o ; ï « cB.t; ? P-n3 ; ■S 3 " SS 3 s.- s =- b .s 2..S = i -s s •= " 6^ o « S £ j: 6 « O 3 S en O H «tl >■ Si W n c «1 3 s 1- fl c 2 2 . 1^1 14 ^ « u -5 3 ;» D ;5 -s Sis» o; o w in ■'i fO o o PO o m o o àj 00 C^ M o o f« r^ co M g < ^ » £ en c5 fi^ Ci K o ■ta o o o ^ M o = Cj Cl Cï "-f o 8) 0) ^ tn (/: .■s c .- B j= c ^ c & o CL o -es ; -rt ; .2 -^.ï =• SO Ë ° '3 • rt • ai • « ■ B o 1-3 :a: ; • 3 '• ••3 • ! E S S S i Z '.s i^ :ï ' « .■^ «^ •- = ^ = a, en e3 «3 ,3; 73 5:i = ^ n 3 S S •= •- â a «.s u nS tu v > B ■ B P • ? Ci 1 o 2 E « s n3 c "^ ■= (y CJ 5J o en "* ^ *^ 72 l/! S 5" ^ S ■B £ " S" 2-5 0 „ es 'Oj S "ii^ g o co ~ (3 -2 =rô. ■S.-E.-S 00 H s » ?5 .ï -2 J3 a 3 ■W -M X « S > >5 >3 > > ( 870 ) ANATOMiE. — Recherches microscopiques sur la structure intime de la rate dans rhomme et les mammifères; par M. J.-M. Bourgery. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Flourens, Breschet, Milne Edwards.) « Quel que soit le plan suivant lequel on divise une rate injectée par les artères, et en partie par les veines, puis insufflée par ces dernières, on voit que la surface est entièrement occupée par des vésicules, communi- quant toutes les unes avec les autres, et par des cloisons remplies de glan- des liées entre elles par des cordons de même substance. De là deux sortes d'appareils, \\\n vésiculaire , Y Autre glanduleux , dans lesquels l'analyse anatomique signale dix éléments d'organisation. » Les vésicules communiquent les unes avec les autres par des orifices garnis de vaisseaux. Elles sont circonscrites par une membrane continue avec elle-même dans toute l'étendue de la rate , partout homogène , et for- mée par des granules et un épais lacis vasculaire, que l'auteur nomme en commun champ granulo- capillaire. Dans l'intérieur des cavités vésicu- laires s'ouvrent, par des orifices valvulaires,les veinides des parois, et appen- dent en grappes, à l'extrémité des capillaires sanguins et lymphatiques, des corpuscules flottants qui baignent dans un liquide particulier. Les corpus- cules sont formés par un noyau lenticulaire, d'où s'élancent, à l'état tur- gide, de petites aigrettes qui les font ressembler à des fleurs d'ombellifères. Le liquide sple'nique j dont l'aspect, sous le microscope, est celui d'un sang modifié, paraît être produit dans les vésicules et doit les faire considérer comme un appareil d'élaboration sanguine. » L'appareil glanduleux se compose des organules renfermés dans les cloisons, que l'auteur a reconnus pour des glandes lymphatiques microsco- piques et des vaisseaux de même nom, qui naissent partout à l'intérieur des vésicules, de la surface du champ granuleux et des corpuscules flottants. » Les deux appareils vésiculaire et glanduleux se ressemblent en ce point, que chacun d'eux est formé par une chaîne sans fin des éléments qui le composent. Quant à leurs rapports, ils sont scindés par petits organules et partout juxtaposés , élément à élément , comme s'il était nécessaire que ces deux appareils fonctionnassent en commun. » Enfin , il reste quatre éléments anatomiqiies communs à toute la texture de la rate : i" \es vaisseaux sanguins , divisés en trois ordres et remarqua- ( 87. ) Mes par plusieurs singularités : un aspect noueux non moins prononcé dans les artères que dans les veines; la projection de leurs rameaux corpus- culaires, et l'abouchement des veinules des parois dans la cavité des vési- cules; enfin la division des veines terminales en vésicules spléniques ana- logues à toutes les autres par leur organisation; 2' les iierjs; ils n'offrent en petit, sous le microscope, rien de plus que ce que l'on observe en grand à l'œil nu; 3° un tissu cellulaire, visible seulement dans l'épaisseur des cloisons, où il apparaît entre les glandes, sous forme d'une gelée grisâtre, sans distinction d'une trame quelconque ; 4° la membrane d'enveloppe de la rate en son entier, formée d'un feuillet profond cellulo-fibreux , et d'un feuillet superficiel, en apparence de textuie musculaire, tous deux unis par un tissu cellulo-vasculaire qui renferme aussi des granules. » Le résultat de ce travail est que la rate doit être considérée comme une glande double, lymphatico-sanguine, dont la texture offre la plus grande analogie avec celle des glandes lymphatiques proprement dites.» MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ASTATOMiE. — Mémoire sur la stiuclure intime du système nerveux ; par M. Mandl. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Milne Edveards.) « I. Les nerfs cérébro-spinaux sont composés de fibres transparentes, à bords parallèles plus ou moins ondulés, sans globules et sans plissures, et qui ne s'anastomosent jamais entre elles. A côté delà ligne externe qui in- dique le bord, on aperçoit une seconde ligne interne Nous appelons, en conséquence , ces fibres primitives des nerfs \esjibres à double contour. Leur diamètre varie depuis o,o5 jusqu'à 0,02 de millimètre. Les altérations pro- duites par l'action de l'eau, des réactifs, par la décomposition cadavéri- que, etc., prouvent que la ligne externe appartient à une gaîne, qui se plisse ou se renfle çà et là par la décomposition , et que la ligne interne in- dique le bord du contenu, primitivement transparent , mais se coagulant par les causes indiquées , et produisant alors un aspect globuleux. Cette altération a donné lieu de croire à la structure globuleuse des nerfs. » La substance blanche du cerveau consiste eu fibres élémentoires à double contour , qui sont la continuation des fibres élémentaires des nerfs ( 872 ) cérébro-spinaux, et dont le diamètre va toujours en diminuant à mesure que l'on s'approche de la substance grise. Les fibres les plus minces, qui n'ont que o.ooi à o,ooa de millimètre, ne présentent plus les doubles contours. La forme en chapelet, les globules, etc., ne sont que le produit de la destruction de ces fibres, qui sont très-molles. » 3. Les nerfs gris contiennent un grand nombre de fibres particulières, à simple contour , ayant o,oo3 à o,oo4 de millimètre, moins disposées à devenir variqueuses que les fibres à double contour. w 4' Une de ces deux classes de fibres ne constitue jamais exclusive- ment un nerf; elles se trouvent toujours mêlées ensemble ; toutefois , il existe une grande prépondérance de l'une ou de l'autre classe de ces fibres, selon le nerf que l'on examine. Les racines antérieures et postérieures ne présentent point des caractères distinctifs sous le microscope. » 5. La substance corticale de l'encéphale présente plusieurs éléments distincts : d'abord nous y rencontrons une substance grise amorphe^ demi- liquide, composée de molécules réunies ensemble. Ensuite il se présente une autre substance blanche amorphe ^ tenace, élastique, prenant volon- tiers la forme de gouttelettes, dont on trouve des traces jusque dans la substance blanche. Une troisième espèce d'éléments se présente sous forme de corpuscules ronds ou allongés, parfaitement transparents, à simple contour, pourvus d'un noyau excentrique ; ils deviennent troubles par la décomposition : nous les appelons les corpuscules gris. La substance grise amorphe, en se consolidant autour des corpuscules gris, produit une qua- trième espèce d'éléments facile à détruire par la compression; nous les re- trouvons plus solides dans les ganglions, et nous les désignons sous le nom de corpuscules ganglionnaires. Ces derniers n'existent que dans les cou- ches profondes de la substance grise. Enfin, la substance corticale contient encore des fibres extrêmement déliées, de o,ooi à 0,002 de millimètre. » 6. Les ganglions présentent des fibres à double et à simple contour, et en outre des corpuscules ganglionnaires^ solides, ronds ou allongés. Les gan- glions des animaux inférieurs et des jeunes animaux contiennent aussi les substances amorphes de la substance corticale du cerveau. " 7. La moelle épinière et la moelle allongée contiennent les mêmes éléments que l'encéphale : les fibres ont des diamètres plus considérables, mais elles s'altèrent facilement par la moindre compression. « 8. Il résulte de ces recherches que le système nerveux doit être consi- déré comme composé de deux portions, luie blanche et l'autre grise. Cha- cune de ces portions a une partie centrale et une périphérique, et constitue, ( 873) par conséquent, un ensemble particulier. La partie centrale de la portion blanche se trouve dans la substance blanche de l'encéphale et de la moelle épinière, et sa partie périphérique dans les nerfs cérébro-spinaux; la partie centrale de la portion grise est constituée par la substance corticale (grise) des centres nerveux , et sa partie périphérique par le système gan- glionnaire. De même que la portion blanche centrale contient les éléments que nous retrouvons, mais beaucoup plus développés, dans la partie pé- riphérique, de même la partie centrale de la portion grise contient les éléments, pour ainsi dire rudimentaires , qui se rencontrent plus parfaits dans la partie périphérique. Les deux portions du système nerveux ne sont pas absolument isolées l'une de l'autre, mais à chacune se trouve mêlée une quantité plus ou moins grande des fibres de l'autre portion. L'individualité des fibres de la portion blanche et de la portion grise explique l'individua- lité de sensation dans chacune de ces deux portions. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Deuxième Mémoire sur la cellulogénésie ; par M. J. ROSSIGNON. (Commissaires, MM. de Mirbel, Dumas, "Milne Edwards, Boussingault, Payen. ) L'auteur résume dans les termes suivants les conséquences qui , suivant lui, se déduisent de ses nouvelles recherches : « L'am.idon peut se convertir en cellulose sans passer à l'état de matière sucrée. Cette conversion est surtout hâtée par l'action de la lumière; la cel- lulose peut, à son tour, dans quelques cas (souches des Iridées), passer à l'état d'amidon. » Le tissu cellulaire provenant de la conversion de l'amidon en cellu- lose, croît toujours du centre à la circonférence. )i Les tiges souterraines , considérées quelquefois à tort comme des ra- cines, contiennent de la moelle. Cette moelle renferme de l'amidon qui passe dans les bourgeons de ces tiges à l'état de cellulose. Lorsque la tige souterraine a donné son contingent de feuilles et de fleurs, etc., elle fait alors seulement fonctions de racines (appareil d'adhérence et de succion), et ne contient plus de moelle. » Lçs racines bisannuelles renferment de l'amidon la première année; dans la deuxième période de leur végétation, l'amidon passe dans la tige à l'état de cellulose. ( 874 ) » La moelle contient de la fécule dans le plus grand nombre de cas; cette fécule sert à alimenter les bourgeons en passant à l'état de cel- lulose. » La moelle n'existe en grande quantité que dans les jeunes pousses; le canal médullaire disparaît dans les grosses branches et le tronc. » Dans les végétaux riches en matière médullaire, les boutons ne sont pas autant protégés que dans les végétaux où cette matière n'existe pas; la branche pourvue de moelle fait alors seule fonction de bouton. » La moelle renferme une substance végétative au plus haut degré; les rameaux des plantes médullaires (groseillers, vignes, osier) sont suscepti- bles de reprendre facilement par le marcottage. » M. DuPKKNOï présente à l'Académie, delà part de M. Thenard, ingé- nieur en chef des Ponts -et-Ghaussées dans le département de la Gironde , un procédé d'enrayage des waggons composant les convois des chemins de fer. M. Thenard fonde son procédé d'enrayage, comme M. de Jouffroy , sur le changement d'état de la chaîne qui unit les waggons, laquelle passe subitement, par la cessation de l'action du moteur, de l'état de tension à ce- lui de relâche. « Je suppose, dit-il, qu'à l'état de repos tous les waggons soient enrayés, c'est-à-dire qu'un morceau de bois soit serré par un poids à ressort contre la partie d'arrière de la circonférence des deux dernières roues de chaque waggon, comme cela se pratique pour les charrettes roulières. Dans cet état, il faudra une grande force pour faire rouler le convoi ; mais si la chaîne qui lie tous les waggons est disposée de m mière à tirer de quelques centi- mètres une ferrure horizontale à coulisse (qui s'arrêtera ensuite à un point Hxe) et à soulever tous ces poids, les ressorts, d'abord comprimés mais bientôt devenus libres, agiront pour éloigner des roues les bois d'enrayage, et les waggons se mettront en mouvement comme à l'ordinaire. » Puis, si par hasard, ou par la volonté du conducteur (qui devra tou- jours pouvoir détacher subitement le convoi delà locomotive), la tension de la chaîne cesse, tous les poids susdits réagiront immédiatement pour com - primer les faibles ressorts des bois d'enrayage , et rétablir, sur les circonfé- rences des deux dernières roues de chaque waggon , les frottements propres à arrêter le convoi , avant que les waggons ne puissent s'entrechoquer l't se briser. )> La vitesse, au départ, sera, il est vrai , légèrement diminuée parce ( 875 ) qu'il faudra d'abord, pour soulever les poids d'enrayage de chaque waggoii, une somme d'efforts perdus pour le mouvement; mais comme on pourra ré- duire à un minimum nécessaire chacun de ces poids, afin qu'ils remplissent leur btit> en n'oubliant pas de les graduer de telle sorte qu'ils suivent une pro- gression décroissante depuis le premier jusqu'au dernier waggon (attendu que l'effort de traction opéré sur le premier va en diminuant dans le con- voi, sur chacun de ceux qui le suivent), il en résultera que la somme des efforts perdus ne sera pas considérable. » Ainsi, en admettant que, pour un convoi de douze waggons, les deux poids d'enrayage du premier soient ensemble de 80 kilog., et que ces poids diminuent ensuite de 4 kilog. au deuxième, puis de 4 kilog. au troisième et ainsi de suite jusqu'au dernier waggon , on n'aura sur celui-ci qu'un poids d'enrayage de 36 kilog.; ce qui donnera un poids moyen de 62 kilog. par waggon, ou, pour douze waggons, un poids total de 696 kil., équivalant à g chevaux mécaniques et un quart. Je n'indique ces poids , sans le secours de l'expérience, que pour faire comprendre mon système; l'expérience ap- prendra s'il faut les augmenter ou les diminuer quelque peu. » Cette force ne sera perdue pour le mouvement que durant le premier instant où la locomotive n'aura pas développé une traction plus forte que 696 kilog. ; mais bientôt, tous les waggons étant désenrayés, la force tout entière de la locomotive sera employée, comme d'ordinaire, à tirer et à faire mouvoir le convoi, le frottement de l'enrayage n'existant plus. » Cette disposition, qui n'exigera pas au delà d'un demi-kiloj^. de force additionnelle par waggon , facilitera beaucoup le service des stations et sera surtout utile dans les descentes, en donnant un moyen de modérer la vitesse.» Cette Note est renvoyée à la Commission précédemment nommée pour les communications de cette nature. L'Académie renvoie à l'examen de la même Commission diverses Notes et Lettres également relatives aux mo/ens propres à diminuer les dangers des chemins de fer, et adressées par MM. Berault, général Dubourg, de Giac, Gibus, GuÉrin, et par un anonyme. Elle renvoie enfin à la même Com- mission une Note de M. Perdonwet, arrivée le 3o mai, mais qui n'avait pas été présentée à la séance de ce jour. A l'occasion de ces communications, M. Arago croit devoir donner une explication relativement à la Lettre de M. Prévost^ dont un extrait a été C. R , l84î, l" Remettre. (T. XIV, N» 25-) I '9 ( 876 ) inséré dans le Compte rendu de la séance précédente. Dans l'expérience faite par M. Bury sur les résultats de la rupture d'un essieu dans une loco- motive à quatre roues, le convoi se composait à la vérité de plusieurs wa;4gons, comnie dans les circonstances ordinaires, mais il ne portait d'autres pe;"sonnes que le directeur du chemin, l'ingénieur des travaux et les chauf- feurs. Les waggons étaient chargés de ferraille. M. PiMOPiT soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur un appa- reil qu'il désigne sous le nom de Caloridore , et qui a pour objet d'utiliser la chaleur des bains de teinture épuisés. Au moyen de cet appareil, dont l'établissement serait peu coûteux , l'au- teur estime que dans un atelier de garaticerie où la dépense en combustible est estimée à 2 2, 58 f' par année; on pourrait réduire cette dépense à t5,90i^ « Le procé lé, ajoute-t-il, aurait en outre l'avantage d'accélérer le travail, et permettrait d'augmenter les opérations d'un cinquième environ avec le même matériel. » (Commissaires, MM. Ghevreul, Pouillet, Despretz.) M. BouROS adresse d'Athènes de nouveaux renseignements sur un phé- nomène qui avait été déjà pour lui l'objet d'une première communication, c'est-à-dire sur une pluie qui est tombée en plusieurs lieux de la Grèce, dans la nuit du 1 2 au i3 mars dernier, et qui avait cela de remarquable que l'eau tenait eu suspension une proportion notable de» matière terreuse rou- geâtre. ( Renvoi à M. DuJrJnoy, précédemment chargé de l'examen du résidu ter- reux , dont un échantillon était joint à la première lettre de M. Bouros.) M\I. DupoxT et j£%\sELve présentent la description et la figure d'un fauteuil mécanique, destiné à l'usage des paralytiques. (Commissaires, MM. Roux, Séguier, Breschet.) CORRESPONDANCE M. FoRBES, récemment nommé à une place de correspondant pour la Section de Physique, adresse ses remercîments à l'Académie. M. DE Rovs, à l'occasion d'une communication de M. /?oèeri concernant la présence dnyé/'et du manganèse dans le bassin de Paris, rappelle qu'il "( 877 ) a fait à ce sujet, dès l'année 1837, une coiTimnnicatiori à ht Société géolo- gique de Paris. M. Tanchot; écrit pour faire remarquer que, dans son Mémoire sur le cancer, il n'a point dit que les expériences qu'il a faites dans le but de prouver la non-contagion de cette maladie aient été pratiquées datis le service de M. Manec, mais seulement qu'il doit à l'obligeance de ce chi- rurgien la matière dont il s'est servi pour inoculer des animaux. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cacAeïéy présentés, l'un par M. Ghaussenot , l'autre par M. Pastori. A quatre heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ .«ECRET. M. DufrÉnoy lit un rapport fait au nom dé ta Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour lé prix Motït^onde Sta- tistique de 1841. La Commission est d'avis : 1°. Que le prix de Statistique n'ayant pu être donné en 1840, il y a lieu de distribuer, pour le concours de r 841 «deux prix de valeur égale. 2*. Que l'un de ces prix soit décerné à M. Dur vu pour son ouvrage in- titulé: Traité de Statistique ou Théorie des lois d'après lesquelles se dé- veloppent les faits sociaux, suivi d'un Essai de statistique physique et morale de la population française ; 3°. Que l'autre prix soit décerné à M. Subïll, ingénieur des ponts et chaussées, pour l'ouvrage intitulé : Etudes sur les torrents des Hautes- Alpes ; 4°. Qu'une mention honorable soit accordée à la Statistique des conseils de révision dans le département de Maine-et-Loire, par M. Lachèse, mé- decin à Angers. Les conclusions île la Commission sont adoptées par l'Acailémie , qui dé- cide, en outre, qu'une somme de 5oo fr. sera accordée à M. Surell, ht titre d'indemnité, pour les voyages etdéplacemeiits nombreux auxquels l'a obli- gés l'exploration des torrents des Hautes-Alpes. M. Dumas, au nom de la Commission des arts insalubres, propot>e 119. ( 878 ) d'adopter les résolutions qui suivent relativement aux concurrents sur lesquels il avait été fait un rapport parla Commission précédente : 1°. Prix de 3,000 francs à M. de l4 Rive, professeur de physique à Genève, pour avoir, le premier , appliqué les forces électriques à la dorure des métaux, et en particulier, du bronze, du laiton et du cuivre; 1°. Prix de 6,000 francs à M. Elkington pour la découverte de son procédé de dorure par voie humide, et pour la découverte de ses procédés relatifs à la dorure galvanique et à l'application de l'argent sur les métaux ; 3*. Prix de 6,000 francs à M. de Ruolz pour la découverte et l'application industrielle d'un grand nombre de moyens propres soit à dorer les métaux, soit à les argenter, soit à les platiner, soit edfin à déterminer la précipita- tion économique des métaux les uns sur les autres par l'action de la pile. Relativement aux autres concurrents, la Commission propose d'ajouf- ner toute décision, faute de renseignements propres à établir une applica- tion suffisante par l'industrie, de leurs procédés ou produits. Ces conclusions sont adoptées. La section de Physique, par l'organe de M. Becquerel, présente la liste suivante de candidats pour une place vacante de correspondant. MM. de Haldat, à Namur; Amici, à Florence; Erman, à Berlin; , Matteucci, à Pise; Weber, à Gœttingue. La séance est levée à cinq heures. F. ERRATA. (Séance du 3o mai.) Page '588, ligne 6, au lieu de M. Forbes réunit 22 suffrages, lisez 21 suffrages. ( 879 ) BULLETIK BIBLIOGRVfHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; i^semestre 1843, n° 22, in-Zj". Recherches physiologiques et cliniques sur le Liquide céphalo-rachidien ou céré- bro-spinal; par M. Magendie; in-4°, avec pi. in-fol. Bulletin de la Société Géologique de France; tome XIII ; feuille 1 1 à 1 6 ; in-8°. Annales maritimes et coloniales ; mai 1842; in-8°. De la Cosmogonie de Moïse; par M. Marcel de Serres ; 2 vol. in-8°. Voyage dans la Russie méridionale et la Crimée, sous la direction de M. DE DéMIDOFF ; tome II, feuille 29 à 107, in-8°, avec une liv. de pi. in-fol. Annuaire du Journal des Mines de Russie ; année 1839, 1842, in-8". Recherches expérimentales sur le mécanisme de la Vision; i™ partie; par M. DE Haldat ; in-S". Séance publique annuelle de l'Académie des Sciences, Agriculture^ Arts et Belles-Lettres d Aix ; i84oeti84i; Aix, 1842, in-S". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; juin 1842; in-8°. Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne; août i84i, in-8°. Revue zoologique; par la Société Cuviérienne ; n° 5, 1842, in-8°. Journal des Connaissances utiles; mai 1842; in-S". Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; juin 1842; in-8°. L' Agriculteur praticien; juin 18^2 , in-S''. Le Technologiste ; in'm 1842, in-S". Journal des Hara^; juin 18^2, in-8°. Adress. . . . Discours prononcé à la séance annuelle de la Société géologique de Londres, le ig février 1 84 1 ; par M. le professeur BuCKLAND ; Londres, 1 842 , in-8». Report of.... Rapport sur le Temps qu'il fera dans l'année 1 843; par M. G. MàC- KENSIE, auteur du Cycle du Temps ;hTOch. in-8*', i feuille; Perth, 1842. North American — Erpétologie nord-américaine, ou description des Reptiles qui habitent les États-Unis; par M. J.-E. HOLBROOK; vol. I*""; Philadelphie, i836,in-4°. Popular — Leçons populaires de Géologie, traduites de l'allemand de ( 88o ] M. Leonhard par M. G-J. Morris, et publiées par M. le professeur S. Hall; Baltimore, i84 1, in- 1 2. (Ces deux ouvrages sont présentées par M. Warden.) Bericht liber. . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin et destinés à la publication ; mars i842; in-8°. Alghe. . . Algues d'Italie et de Dnlmatie; par M. le professeur Meneghini ; fas- cicule i"; Padoue, i84i,in-8''. Gazette médicale de Paiis; tome X ; n' 23. Gazette des Hôpitaux ; n" 65 à 67. L'Ectio du Monde savant; n°' 'j3^ et 7 3 5. L'Expérience, journal de Médecine; n" aSy. L'Examinateur médical j tome XI; n° 23. COMPTE RENDU DES SÉANCES .),, r. :■. Ill'Jfj M I i DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 13 JUIN 1842. PRÉSIDHNCE Dt M. PONCELi:T. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDAJSTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce la perte douloureuse que vient de faire l'Aca- démie dans la personne d'un de ses membres , M. Double, décédé le 1 2 mai an soir, après une courte maladie. CA.LCDL iNTJÉGRAL. — Addition aux deux Notes sur l'intégration d'une équation aux dérivées partielles du premier ordre; par M. Acgkstin C4UCUV. « Il ne sera pas sans intérêt de comparer les résultats obtenus dans ces deux Notes avec ceux qu'ont trouvés MM. Jacobi et Binet, ainsi qu'avec ceux que j'avais trouvés moi-même dès l'année 1819, dans le Bulletin de la Société philomatique (janvier et février). » Etant donnée une équation aux dérivées partielles du premier ordre, à un nombre quelconque des variables indépendantes, on peut toujours déduire l'intégrale générale d'une quelconque des intégrales particulières, C E., 184a, i" Semestre (T. XIV, N" 24.) I ÏO ( 88a ) que Lagrange appelle solutions complètes, et qui renferment autant de constantes arbitraires qu'il y a de variables indépendantes. Par suite, on peut se proposer, ou r,. . ., s des fonctions de •^îT"? ^> • • • > '1 ( 883 ) qui vérifient simultanément la formule (i) et l'équation (3) flftir = pdx -f- qdf -\-rdz-\-. . . -f- sdl. Lorsque les u variables x, j, z,...,t, restent indépendantes entre elles, l'équation (3) doit être vérifiée , quelles que soient leurs valeurs. Donc elle doit être vérifiée quand toutes ces valeurs, à l'exception d'une seule, de- viennent constantes, c'est-à-dire qu'alors l'équation (3) entraîne les for- mules (2). » Supposons maintenant que les « — i variables "^ i y^ ■2) • • • 5 deviennent fonctions de l et de constantes arbitraires. Les valeurs de qui vérifient les formules (i) et (3), pourront elles-mêmes être considérées comme des fonctions de t et des constantes arbitraires dont il s'agit. Dé» signons, dans cette hypothèse, à l'aide de la caractéristique «T, luie diffé- rentiation relative à une ou à plusieurs de ces constantes arbitraires , deve- nues variables, mais variant indépendamment de i. On tirera de l'é- quation (3) d r,... correspondantes à une valeur donnée t de la variable t; et ces intégrales elles-mêmes pourront être présentées sous les formes ^ (« = (P, ^= %, A= 4,..., les lettres X, Vf, 2.,..., n, «, ^, ^,... désignant des fonctions déterminées de x, y, 2,...., t, z,...., tir, p, q, r,..., sont déterminés , en fonctions de t et des constantes arbitraires, par les ( 886 ) formules (8) et (lo) j alors en posant, pour abréger, (12) © = eJ" , et intégrant la formule (4) considérée comme luie équation différentielle linéaire, on obtient , entre la valeur générale du polynôme J -SBr — p^x — qj^j — rifz..., et sa valeur initiale correspondante kt =sst une relation exprimée par la formule (i3) j^'ZB-— pj^x— çcTj— r<^z— ...= 0(trft'— (pcT?— xcT/)— ^^«^^..)• «Jusqu'ici nous avons supposé qi>e, dans les formules (10), les constantes arbitraires ?, H, Z,-.., 03, (p, X, 4^-> restaient indépendantes les unes des autres. Supposons maintenant qu'elles se trouvent assujetties à vérifier certaines équations de condition (i4) A=o, /^=o, ysso, etc., dont les premiers membres X, ytt, V,... représentent des fonctions données de 0, 1), C..., a, (p, X, 4.-. Si ces équations de condition sont telles que l'op ait la formule (i 3) donnera généralement (16) -) =0' si l'on en élimine les constantes arbitraires à l'aide des formules (lo), on obtiendra une autre équation de la forme /(3C,, ?r, %y..,a, 9, ^, A,...) = 0, qui établira une relation entre les quantités variables X, y, z,..., «, -ar, p, q, r,... » Concevons à présent que les équations de condition, c'est-à-dire les formules (i4), soient en nombre égal kn. Si l'on en élimine ^, >i, C,..., a, -j à l'aide des formules (lo), elles se transformeront en n autres équa- tions (17) <.=: o, 31V 1= o, % = o,..., qui ne renfermeront plus que X, j, z,..., t, tsr, p, 7, r,..., et pourront servir à déterminer «•, />, q, r,... en fonction de ^1 Ji ^yi ^' ( 888 ) Voyons maintenant dans quels cas les valeurs de tir, p, q, r,...., ainsi obtenues, et la valeur correspondante de s tirée de l'équation (i), vérifieront la formule (3). » Pour que les valeurs de x, jr, z,.. ., tar, p, q, r,.. .,s, tirées des formules (i) et (lo), et représentées par des fonctions détermi- nées de t, Ç, », ^,. . . û), (p. %, 4>- •• deviennent propres à vérifier les équations (17), il suffit que, dans ces va- leurs, les constantes arbitraires H' ". ?'• •• <"''' entraînent la formule (16), ou, ce qui revient au même, la formule (i5). Donc, si les constantes arbitraires 0, }i, Z,.. ., 0,(p, X, 4-- sont assujetties à vérifier n équations qui entraînent la formule ( 1 5), l'équa- tion (i), considérée comme une équation aux dérivées partielles du pre- mier ordre sera intégrée, c'est-à-dire vérifiée, en même temps que l'équa- ( 889 ) tion (3), par les valeurs de , , ,j ^ ■^j P, ^1 ff • ' tirées des formules (17). u En résumé, par la méthode précédente, l'intégration de l'équation dif- férentielle d'Txr = pdx + qdj- + rdz +. . .+ sdt, dans laquelle les 2n ■+• i variables ^,J, z,..., t, 'sr, p, q, r,...,s sont liées entre elles par la formule (1), se trouve ramenée à l'intégration de la seule équation différentielle «T^» = çS^ + xcT)! + .4 J^^ +.. ., qui ne renferme plus que an — i variables. D'ailleurs , en vertu de cette dernière équation , dont le second membre renferme les différentielles des seules variables a> ne peut être qu'une fonction de ces variables,, et rien n'empêche de sup- poser ces mêmes variables indépendantes. Or, dans cette supposition , k formule (i5) donnera (18) T>tOJ = {/,.. Si, pour fixer les idées , on représente par la valeur de e?, f (^, n, Ç,. . .) pourra être une fonction quelconque de ^, y\, ^,. . .,et les formules (18) donneront (»9) I ,p=Dgf(e,«,C,...), %=Df(^,r,,2:,...), 4=D^f(0,„,C,...),.... Ces dernières formules représenteront en effet les intégrales les plus g^éné- C. R., 184a, 1" Semestre. (T. XIV, N» 84.) ï 2 I ( Sga ) aux équations (i8), on pourrait réduire séparément à zéro chaque terme de l'équation (i5) en posant «TÇ = o , eTn = o , cTC = o , . . . , cTw = o , c'est-à-dire, en supposant indépendants des variables 3C, J, z, . ..,t, 10, p, q, r. ... Donc les seules équations (23) 5£=^, 9"=», 2,=^, ...,n = a), fourniront des valeurs de ^, /?, 9 , r, . . . , qui, étant exprimées en fonction de et de vérifieront simultanément les équations (i) et (^3), quand on continuera de considérer ^, n, Ç, . . ., a comme propres à représenter des constantes ar- bitraires. Si, entre les formules (23), on élimine p,q, r,..., on obtiendra une certaine équation (24) K = o très-distincte de la formule (20), et qui représentera non plus une solution complète quelconque de l'équation (i), mais la solution complète dont j'ai signalé diverses propriétés remarquables dans la séance du 3 mai. Cette solution complète sera encore celle dont l'existence a été constatée, dans mon Mémoire de 1819, pour les cas particuliers traités dans ce Mémoire, et pour tous les cas, dans les Mémoires de M. Jacobi et de M. Binet. » Les calculs ci-dessus développés deviennent plus symétriques, lors- ( 89.3 ) qu'aux divers rapports compris clans la formule (gX on joint le suivant : ds -(Y+*n)' qui équivaut lui-même à chacun des antres. Alors aux intégrales (lo) se joint une intégrale de la formule ^ étant une fonction déterminée de s, et ç une constante arbiti'aire liée avec les autres par la formule F(?> «.C»- • •» T, o, (p,x,4.,. ..,ç) = o. » Observons encore que l'on pourrait réduire à une constante donnée et non arbitraire, non plus la valeur particulière t de t, mais la valeur par- ticulière de l'une quelconque des autres variables indépendantes, ou même de l'inconnue fsr, ou bien encore d'ime autre variable liée à x,j;z,...,t,'ar par une équation donnée. Dans ces diverses hypothèses, en opérant tou- jours de la même manière, on obtiendrait, au lieu de la formule (i3j, d'au- tres formules qui seraient toutes comprises, comme cas particuliers, dans la suivante : j J' '^ — p à jc — qjj' — rJ'z — sj't ^"-^^ I =0(J^«— , — ^cTÇ— ... — ;d'T). Dans l'équation (aS), tout comme dans l'équation (i3), on peut supposer à volonté que le signe J indique des différeatiations relatives, soit à tout le système des constantes arbitraires, soit à une partie de ce système. D'ailleurs, si co, (p, %, -v!/,..., étant fonctions de ^, », ^,..., la formule (i3) se trouve une fois démontrée pour le cas où l'on fait varier une seule des quantités elle se trouvera démontrée par cela même, pour le cas où l'on fera varier toutes ces quantités simultanément. Cette simple observation suffit pour prouver que la formule (i 3) est une conséquence immédiate des équations ( 894 ) établies dans le Bulletin de la Société Philomatique (année 1819, pages i3eti8). » La formule (4) avait été donnée par M. Pfaff. En intégrant cette for- mule, on obtient l'équation (i3) qui est digne de remarque, et qui se tire immédiatement, comme on vient de le voir, des formules comprises dans mon Mémoire de 1819. La formule (i3) elle-même a été obtenue par M. Binet. Enfin, une formule analogue à l'équation (i3), et à laquelle on parvient, en posant, dans l'équation (21), cTû) = o, savoir , ^261 i ^ '^~ ^P^"" + r/jy + rcTz + + s^t) ' ^< =— ©i>/?+ xcr>i+4c^c-i- -f-ç<^T), a été donnée par M. Jacobi. Les principales différences qui existent entre l'analyse dont j'ai fait usage dans le Mémoire de 18 19, et les calculs em- ployés par MM. Jacobi et Binet, consistent , 1° en ce que je me suis servi de la formule (i 3), en supposant successivement la caractéristique cT rela- tive à chacune des constantes arbitraires Ç, n, Ç',.... pour établir l'équa- tion (20), tandis que MM. Jacobi et Binet se sont servis, l'un delà for- mule (26), l'autre delà formule (i3), pour établir l'équation (24). Ajoutons que dans la Note de M. Binet, comme dans les calculs qui précèdent, les différenciations sont relatives au système entier des constantes arbitraires, tandis que dans mon Mémoire de 1819 elles se rapportaient, pour chaque formule, à une seule des constantes arbitraires Enfin, dans mon Mémoire de 1819, les constantes arbitraires qui repré- sentent les valeurs initiales des diverses variables, étaient, comme on vient encore de le faire, immédiatement introduites dans les calculs, et non sub- stituées à d'autres constantes, comme dans les Mémoires des deux géomè- tres dont il s'agit.» OALCtJL INTÉGRAL. — Mémoire sur l'intégration des équations simultanées aux dérivées partielles; par M. Augustin Cauchy. « En augmentant le nombre des inconnues dans un système d'équations différentielles, ou aux dérivées partielles , d'un ordre quelconque, on peut toujours ramener l'intégration de ce système à celle d'un autre sys- ( 8ç)5 ) tème d'équations du premier ordre. On conçoit donc que le calcul intégral aux différences partielles peut être réduit à l'intégration d'équations simul* tanées aux dérivées partielles du premier ordre. En cherchant les moyens d'effectuer cette dernière intégration , je suis parvenu k des résultats qui me paraissent dignes de quelque intérêt, et que je vais indiquer en peu de mots. M On sait que l'intégration d'une équation aux dérivées partielles du pre- mier ordre, lorsque cette équation est linéaire par rapport à l'inconnue et à ses dérivées, ou même seulement par rapport aux dérivées de l'inconnue, peut se réduire à l'intégration d'un système d'équations différentielles. Je trouve qu'on peut en dire autant d'un système d'équations aux dérivées partielles du premier ordre, lorsque ces équations, étant linéaires par rapport aux dérivées des inconnues, peuvent servir à exprimer des fonctions h néaires semblables des dérivées de la première, de la seconde, de la troisième,... inconnue, à l'aide des diverses inconnues et des variables indépendantes. D'ailleurs, dans chaque fonction linéaire, le coefficient de chaque dérivée peut être une fonction quelconque de toutes les variables. » Lorsque des équations simultanées aux dérivées partielles du pre- mier ordre ne sont pas linéaires, on peut toujours ramener leur inté- gration à celle d'un système d'équations auxiliaires aux dérivées partielles du premier ordre, qui soient linéaires au moins par rapport aux dérivées, des inconnues, et qui offrent pour variables indépendantes toutes les va- riables comprises dans les équations données. Les équations auxiliaires étant intégrées, l'intégration des équations données sera réduite à celle d'un système d'équations différentielles. » Enfin l'on sait que l'intégrale générale d'une équation aux dérivées partielles du premier ordre peut se déduire immédiatement d'une intégrale particulière qui renferme autant de constantes arbitraires qu'il y a de va- riables indépendantes. On peut démontrer pareillement que les intégrales générales d'un système d'équations aux dérivées partielles du premier ordre peuvent se déduire immédiatement d'un système d'intégrales particulières dont chacune renferme autant de constantes arbitraires qu'il y a de va- riables indépendantes, chacune des constantes étant renfermée dans une seule de ces équations. Dans un prochain article, je développerai les di- verses propositions que je viens d'énoncer. » M. TiiENAUD propose à l'Académie de convoquer la section de Chimie à l'effet de pourvoir au remplacement d'un des correspondants de cette sec- ( SgQ ) lion, M. Arfwedson, dout le décès survenu depuis quelques mois a été an- noncé récemment à M. Pelouze par une Lettre de M. Berzelius. M. Abago fait hommage à l'Académie d'une Notice sur la vie et les tra- vaux d'Herschel, qui va paraître dans Vjdnnuaire du Bureau des Longi- tudes. NOMINATIONS L'Académie procède par voie de scrutin à la nomination d'un correspon- dant pour la section de Physique. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 38 M. de Haldat obtient 33 suffrages M. Amici i M. Erman i M. Matteucci i M. Weber r M. DE Haldat, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré, élu, M. l'amiral Rocssiiv, en qualité de membre de la Commission chargée de faire un rapport sur l'emploi des toiles de coton dans la voilure des na- vires, demande qu'un nouveau membre soit adjoint à cette Commission, devenue incomplète par l'absence de M. de Freycinet. M. Séguier est désigné à cet effet. MÉ3I01RES L€S. CHIMIE APPLiQuiÉE. — Mémoire sur l'empoisonnement par l'antimoine, et les complications que la présence de ce corps peut apporter dans les cas d'empoisonneme7it par l'arsenic; par MM, Danger e/ Flandiiv. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Chevreul , Pelouze, Regnault.) « Après un résumé historique sur l'antimoine, les auteurs indiquent un procédé de recherches pour déceler dans les matières animales les plus fai- bles proportions d'une préparation_antimoniale. Ce procédé n'est qu'une ( % ) modification de celui qu'ils ont fait connaître pour la recherche de l'arsenic, modification exigée par les propriétés chimiques de l'antimoine. Dans les cas d'empoisonuemeuts par l'arsenic compliqués par la présence de l'anti- moine, MM. Danger et Flandin pensent que leur méthode d'investigation abrège et facilite les opérations propres à séparer les deux corps. Ils rap- portent diverses expériences sur les animaux. Ils ont produit des empoison- nements, soit avec les préparations antiraoniales, soit au moyen d'un mé- laJig« d'émétique et d'une préparation arsenicale. Us signalent les symptômes difTérentiels de l'empoisonnement par le tartre stibié et l'acide arsénieux, et font voir que l'antimoine est plus facilement éliminé par la sécrétion ré- nale que l'arsenic. Ils pensent avoir démontré, au moyen des analyses chi- miques, que l'antimoine n'affecte pas indifféremment tous les organes. Ils l'ont retrouvé presque exclusivement dans le foie, et , si ce n'est dans cer- tains cas exceptionnels , ils disent ne l'avoir pas retrouvé dans les poumons, dans les systèmes oerveux, musculaire et osseux- Ce fait a conduit MM. Danger et Flandin à supposer que les substances inassimilables ne pé- nètrent pas dans l'organisme à l'instar d'un liquide dans une éponge, que l'absorption n'est pas un phénomène purement physique et que la vascu- larité des organes ne suffit pas à expliquer cet acte physiologique. En rai- son de sa nature chimique, tout poison leur paraît avoir une action sur les éléments médiats ou immédiats des organes; mais il y a de la part de ces éléments une action qui dépend et de la constitution intime des organes et de l'action vitale du sujet. » Le principe de la localisation des poisons ou substances inassimilables sert à MM. Danger et Flandin à étudier sous un nouveau point de vue plu- sieurs questions de toxicologie, de physiologie et de thérapeutique. » Voici les conclusions de leur Mémoire : » i". Il est facile de déceler Fantimoine uni en faibles proportions aux matières animales : nous sommes arrivés à le recueillir avec la même préci- siou que l'arsenic; » 2°. Le procédé qui nous a donné les meilleurs résultats est le sui- vant : désorganiser les matières animales par l'acide sulfurique; au moment de la liquéfaction et après le refroidissement, ajouter de l'azotate de soude; terminer la carbonisation et reprendre le charbon desséché par Teau aigui- sée d'acide tartrique. Le liquide est soumis aux investigations ultérieures propres à caractériser l'antimoine. » 3°. Dans les cas d'empoisonnements par l'arsenic compliqués par la pré- sence de l'antimoine, l'appareil que nous avons proposé pour la recherche C R., i84a, I" Semestre. (T. XIV, N" 24.) 1*2 ( 898 ) de l'arsenic nous a paru simplifier et faciliter les opérations propres à sé- parer les deux corps; » 4°- Contrairement à l'arsenic, l'antimoine est facilement éliminé par la sécrétion rénale. Dans les cas d'empoisonnement par les préparations anti- moniales, c'est dans le foie que l'on retrouve plus spécialement l'antimoine. On ne le retrouve pas dans les poumons, non plus que dans les systèmes nerveux, musculaire et osseux. » 5°. Le fait de la localisation des poisons est une donnée préciebse pour résoudre certaines questions médico-légales: les questions d'empoison- nements simulés, par exemple; i> 6". Ce fait nous paraît devoir ouvrir une nouvelle voie aux recher- ches physiologiques et thérapeutiques. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Remarques sur les chemins de fer, à l'occasion de l'accident du 8 mai; par M. Laignel. (Commission des chemins de fer. ) Dans ce Mémoire, l'auteur discute les effets que doit produire sur la marche des waggons et des locomotives, le système aujourd'hui générale- ment suivi pour la pose desrails. Suivant M. Laignel, l'inégalité de la résistance que les rails opposent à la pression , dans les points où ils sont soutenus par les traversines et dans les espaces intermédiaires, a nécessairement pour effet de faire galoper les voitures. Or ce galop , non-seulement les expose à sortir de la voie, mais encore, par les chocs incessamment répétés qu'il fait subir aux essieux, tend à en amener la rupture , puisqu'il a nécessaire- ment pour effet de changer la texture fibreuse du fer en une texture cristal- line. Le système adopté pour la pose des rails serait donc la cause de la plu- part des accidents qu'on a observés jusqu'ici, accidents qui, suivant M. Laignel, pourraient être presque toujours évités, au moyen des di- verses dispositions qu'il a proposées. Dans une dernière partie de sa Note, l'auteur fait mention de divers appareils qui lui paraissent pouvoir être uti- lement employés pour modérer les chocs, quand les voitures en tête du convoi s'arrêtent par une cause quelconque. ( 899 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. •PHYSIOLOGIE. — Histoire médicale et toxicologique du seigle ergote'; par M. RoNJEAN. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Magendie , Boussingault, Regnault.) « Le seigle ergoté doit être rangé dans la classe des narcotiques, car il détermine tous les symptômes relatifs à ce genre de poison. Les effets qu'il produit ont les plus grands rapports avec ceux que nous offre la morphine, bien qu'il ne contienne pas une trace de cet alcaloïde, ainsi qu'on l'avait à tort supposé. » D'après mes propres observations, le premier effet du seigle ergoté se manifeste chez les animaux parla perte d'appétit et une diminution notable dans leur agilité , qui va jusqu'à les rendre immobiles. Ils sont comme hé- bétés, leur regard est fixe et leurs yeux hagards. Immédiatement après qu'ils sont sous l'influence de ce toxique, les chiens poussent des hurle- ments affreux, qui ne s'apaisent que par les vomissements ou lorsque le poison a déjà produit ses premiers effets; dès lors ils restent presque toujours à la même place , et ils ne donnent plus de voix , si ce n'est quelques gémis- sements causés par la souffrance. Le cerveau est sans doute le premier organe qui subit l'action stupéfiante de l'ergot. Chez les poulets et les coqs, chose singulière, la crête et le jabot se noircissent dès l'invasion des pre- miers symptômes, et ces animaux ne tardent pas à succomber après une agonie qui est ordinairement assez longue. » L'action stupéfiante du seigle ergoté se trouve confirmée par l'identité des signes cadavériques observés chez les animaux dont l'autopsie a été faite par le docteur Chevallay, professeur de médecine à Chambéry. En effet, on ne rencontre généralement aucune lésion constante, bien mar- quée, bien décidée, qui puisse expliquer la cause de leur mort; seulement, ainsi que cela a lieu pour l'opium et les narcotiques en général, on re- trouve constamment un engorgement sanguin du côté de la tête , du canal rachidien et du système veineux. Ainsi, à l'instar de ces poisons, le seigle ergoté porte son influence délétère sur le cerveau et le système nerveux , paralyse leur action sur tous les organes, et détermine enfin la mort, qui en est la conséquence nécessaire. » Contrairement à l'opinion émise par M. Balme, l'ergot à cassure blanche est tout aussi énergique que l'ergot à cassure violette. Mais une 12a.. ( 9"o ) remarque importante que j'ai eu occasion de faire et qui explique parfaite- ment les mécomptes qui ont été souvent le résultat de son emploi, c'est que ce parasite, recueilli immédiatement après son développement , ne possède aucune action vénéneuse , administré du moins aux mêmes doses qui suffi- sent ordinairement pour donner la mort quand il est bien mûr ; son ac- tion toxique ne se développe que par la maturité, et six ou huit jours suffisent pour donner à l'ergot toute l'énergie qui le caractérise comme poison. » Le seigle ergoté vieux, piqué ou vermoulu , pulvérisé et exposé à l'air depuis longtemps, ne perd rien de ses propriétés médicales et vénéneuses , ce dont j'ai acquis la preuve par des observations pratiques et des essais toxicologiques dont les résultats sont de nature à faire disparaître tout doute à cet égard; il devient donc inutile de prendre tant de soins à sa conserva- tion. Si quelques praticiens ont eu à se plaindre de son défaut d'action; si l'on accusait ce parasite d'être à la fois inerte et dangereux, c'est qu'on l'administrait dans des cas où son emploi était contre-indiqué, mais il était toujours dangereux, parce que le poison était toujours là prêt à donner les preuves de sa présence redoutable. » La cuisson et la fermentation panaire diminuent toujours plus ou moins l'action toxique du seigle ergoté, et cette diminution est d'autant plus grande que le pain a été plus cuit ou desséché au four. » Les recherches les plus minutieuses n'ont pu nie faire découvrir dans l'ergot aucune trace d'alcaloïde j ainsi qu'On va le voir, ses propriétés mé- dicales et ses vertus délétères sont dues à d'autres corps plus complexes. Le seigle ergoté renferme deux principes actifs bien distincts, un remède et un poison. Le premier est un extrait mou, rouge-brun, très-soluble dans l'eau froide, et qui possède au plus haut degré les précieuses pro- priétés obstétricales et hémostatiques qu'on a depuis si longtemps recon- nues à l'ergot. L'autre est une huile fixe, incolore dans sa nature, très- soluble dans l'éther froid, insoluble dans l'alcool bouillant, et en qui seule résident toutes les vertus toniques du seigle ergoté. La nature différente de ces deux produits permet de les séparer facilement et d'obtenir le re- mède entièrement isolé du poison. Comme celui-là est tout à fait inoffensif, il en résulte cet immense avantage pour la pratique médicale, qu'on peut, au besoin, l'administrer à haute dose sans avoir à craindre aucun des acci- dents reprochés au seigle ergoté lui-même. Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est la rapidité avec laquelle cet extrait agit dans les hémorragies en gé- néral , ne bornant pas ses miraculeux effets aux perles utérines seule- C 90I ) ment. Quelle que soit la dose à laquelle on l'ait donné, il n'a jamais causé la moindre action nuisible. Plusieurs fois il a été pris à la dose de a gros (représentant g à lo gros de seigle ergoté), dans des cas de métrorragies foudroyantes, suites d'avortements ou autres, et qui cédaient immédiate- ment ou presque immédiatement à l'action d« ce remède. J'ai appelé ce pro- duit extrait hémostatique. » L'huile ergotée agit absolument sur les animaux comme l'ergot lui- même, et à des doses correspoiidafites à ce dernier, seulement ses effets sont ptus' prompts; ils sont inoumédiats chez les sujets faibles, tels que oi- seaux, poulets, que l'on endort facilement avec un gros de ce principe, équivalant à un peu moins de 3 gros de poudre d'ergot. Ces animaux suc- combent ensuite dans les vingt-quatre heures, sans être presque sortis de Pétat de stupenr où ce poison les a plongés. A la dose de 5 gros, j'ai obtenu chez un chien tous les phénomènes de l'ergotisme convulsif , tels que para- lysie complète du train postérieur, attaques convulsives violentes, etc. Pour obtenir cette huile avec toutes ses propriétés énergiques, il faut né- cessairement l'extraire par l'éther froid, et éviter, dans cette opération, toute action de la chaleur. Enfin, ce principe peut encore se trouver tout à fait inerte, s'il a été obtenu d'ergots non parvenus à leur maturité. L'huile est donc le poison, et l'extrait aqueux le remède du seigle ergoté, quoi qu'en ait dit M. le docteur Wright {Journal de Pharmacie ,']m\\tt i84i)) qui pense au contraire que l'huile est le principe qui arrête les hémor- ragies, ce qui se trouve contredit par pins de cinquante observations médicales, faites à mon instigation par des médecins éclairés de cette ville, et dans lesquelles mon exirait hémostatique ne s'est jamais démenti une seule fois dans sa puissante action anli-héraorragique. » OPTIQUE. — Mémoire sur la constitution du spectre solaire; par M. Edmond Becquerel. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Biot, Arago, Babinet.) « Je crois avoir résolu dans ce Mémoire plusieurs questions relatives à l'action des rayons chimiques et phosphorogéniques sur les substances qu'ik impressionnent. Ce travail est divisé en quatre parties: » I^a première comprend les notions connues sur la constitution du spectre lumineux et quelques développements sur les raies qui traversent le spectre. ( 902 ) » Dans ia deuxième partie, j'ai montré que pour tous les spectres chi- miques résultant de ia réaction des rayons solaires sur les différentes subs- tances impressionnables, les raies sont les mêmes que celles du spectre lumineux, pourvu que l'on ne considère que les rayons de même réfrangi- biiité. On appelle spectre chimique l'ensemble des rayons qui agissent sur une substance sensible donnée. Généralement les spectres chimiques s'é- tendent au delà de l'extrême violet jusqu'à une distance qui est quelquefois égale à la moitié de la longueur du spectre lumineux; il s'ensuit qu'il se trouve au delà des rayons lumineux une infinité de raies nouvelles qui font suite à celles que Fraunhofer avait observées. Je les ai dessinées avec soin sur une planche que je présente en même temps à l'Académie. » Dans la troisième partie, est exposée l'action des rayons solaires sur les corps qui deviennent lumineux sous leur influence, c'est-à-dire sur les corps phosphorescents par insolation. On a reconnu que les spectres phos- phorescents possédaient les mêmes raies que les spectres chimiques et lumineux. Les substances qui ont été employées dans ces expériences sont les sulfures de calcium et de barium (c'est-à-dire les phosphores de Can- ton et de Bologne), regardés comme étant les plus impressionnables. En constatant les effets, j'ai été conduit à la. découverte d'autres rayons qui agissent sur ces substances uniquement pour détruire la phospho- rescence produite. Si l'on fait agir par exemple le spectre solaire sur le sulfure de calcium, on observe un spectre phosphorogénique ayant deux maxima d'action, l'un vers l'extrême violet, l'autre au delà; l'ac- tion s'arrête dans les rayons les moins réfrangibles vers la raie G; mais, à partir de cette raie, c'est-à-dire de la limite du bleu et de l'indigo jusque bien au delà du rouge, il se trouve un spectre de rayons dont l'effet est de détruire complètement la phosphorescence produite par l'action des autres rayons, et même d'empêcher ce sulfure d'être phosphorescent par la chaleur. •• Le sulfure de barium soumis aux mêmes recherches, présente les mêmes résultats, si ce n'est que le spectre des rayons phosphorogéniqiies n'a qu'un maximum d'action situé au delà de l'extrémité violette. » Ces faits montrent donc que des rayons situés au delà des rayons visibles, c'est-à-dire des rayons obscurs, produisent de la lumière, puisque ces sulfures deviennent phosphorescents sous leur influence, et qu'ensuite, en faisant tomber sur eux des rayons lumineux, rouges, orangés, jaunes, verts, bleus , on détruit cette faculté et ces corps redeviennent obscurs. » Enfin la quatrième partie de ce travail renferme quelques idées théori- iquçs touchant l'action des rayons solaires sur les corjw. ( 9o3 ) » Je n'ai pas encore rësolii complètement la question relative à la chaleur rayonnante et à la détermination des raies du spectre calorifique; mais je m'en occupe actuellement, et j'espère pouvoir publier incessamment tous les résultats auxquels ces recherches m'auront conduit. » En présentant le travail dont on vient de lire l'analyse, M. Arago rappelle qu'à l'époque où, de divers côtés, on attaquait la découverte de M. Daguerre, il signala les expériences que M. Becquerel vient de faire, avec tant de succès, sur l'existence des stries dans le spectre chimique, comme une des applications auxquelles les nouveaux réactifs se prêteraient parfaitement. M. Arago indique aussi diverses modifications importantes, que les expériences déjà faites pourraient recevoir dans l'intérêt des théo- ries de la lumière. Le secrétaire s'est cru également obligé, pour rendre hommage à la vérité, de réclamer en faveur de M. Seebeck , de Berlin, la découverte de la propriété singulière dont certains rayons lumineux sont doués, d'éteindre la lumière phosphorique des corps. Voici le passage dans lequel le physi- cien allemand consigna ses observations : nLe rouge jaunâtre tue les phosphores de Marggraff' et de Canton ^ le bleu les ranime (i). » Les j)hosphores de baryte , préparés d'après la méthode connue de Marggraff, luisent d'un rouge jaunâtre ; les phosphores de sulfate de stron- tiane répandent une lumière verte (vert de nier) , quelquefois bleue; les phosphores de Canton (sulfures de chaux, coquilles d'huîtres) luisent en rouge des roses ou en violet très-pâle. » En les exposant aux coideurs prismatiques, les phosphores luisaient fortement dans le bleu et le violet ; ils devinrent même lumineux au delà du violet, où à peine on voyait encore de la couleur. Ils s'affaiblirent dans le vert, plus encore dans le jaune : ils devinrent le plus faibles dans le rouge. Lorsque l'ouverture par laquelle passait la lumière était rétrécie de 6 lignes à 2 , les phosphores devinrent luisants dans le bleu et le violet^ mais aucune- ment dans le rouge. » Je plaçai dans l'ouverture un verre bleu foncé si épais, qu'à peine ou distinguait encore à travers des objets fortement éclairés. Le soleil donnant par l'ouverture, le phosphore de Bologne devint de suite lumineux, répan- (i) Goethe; Farbenlchre, t. 11, p. 708* ( 9^4 ' dant comme d'ordinaire une lueur rougeâtre. Je remplaçai le verre bleu par uiJ verre rouge jaunâtre si peu épais, qu'on reconnaissait à travers les objets très-facilement. Aucun de mes phosphores ne devint lumineux, quoiqu'on les exposât très -longtemps à la lumière rouge jaunâtre. » Un phosphore fut rendu luisant à la pure lumière du soleil. On observa le temps dans lequel il s'éteignait de lui-même: c'était lo minutes. Je le rendis de nouveau luisant au soleil , et je le plaçai rapidement dans la lu- mière qui traversait un verre rouge jaunâtre. Ce phosphore s'éteignit en- tièrement et dans un temps plus court qu'à l'obscurité. Après une ou deux minutes on ne voyait aucune lueur. Plus le ciel était pur, et plus le verre rouge jaunâtre éteignait avec force. » Je confirmai ces contrastes entre le bleu et le rouge par les expériences suivantes : je plaçai une lentille de 4 pouces dans la lumière qui avait tra- versé un verre rouge jaunâtre. Le phosphore placé au foyer (c'était un phos- phore qui répandait la plus vive lumière) fut éteint sur-le-champ; c'était comme un charbon jeté dans l'eau : il n'était pas même nécessaire que le phosphore fût entièrement au foyer de la lentille. On substitua au verre rouge jaunâtre, un verre bleu très-épais. Des phosphores terreux qui ue luisaient pas furent placés au foyer; ils devinrent sur-le-champ aussi lumineux qu'ils le deviennent au soleil sans interposition de verre. » CHIMIE. — Recherches sur Facide nitrique; par M. E. Millon. (Extrait.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) « La purification ordinaire de l'acide nitrique consiste principalement à en séparer les acides hydrochlorique et sulfurique. Mais les procédés qu'on emploie n'en séparent point l'acide nitreux. Cet acide y existe cependant , lors même que l'acide est très-dilué et tout à fait incolore. Pour montrer l'influence de cette portion nitreuse, je dirai qu'il suffit que l'acide le plus affaibli eu contienne des traces pour qu'il précipite l'iode des iodures , le soufre des monosulfures; pour qu'il colore les protosels de fer en brun et le cyanoferrure de potassium en vert; tandis que le même acide, s'il est parfaitement pur, décompose les monosulfures sans les troubler, ne dé- place point l'iode de sa combinaison avec les métaux alcalins et ne colore ni les protosels de fer, ni le cyanoferrure de potassium. » J'ajpute encore que le bleu d'indigo qui est décoloré par l'acide nitri- ( 9o5 ) que nitreux dans un certain état de dilution, conserve sa couleur au con- tact de quantités très-considérables d'acide nitrique pur, et que la cou- leur verte très-intense qui est communiquée par l'acide nitrique k certaines urines dans lesquelles on soupçonne la présence de la matière colorante de la bile, est uniquement due à l'acide nitreux. «L'acide nitrique à i équivalent d'eau ne se distille pas sans se décompo- ser; aussi me parait-il difficile qu'on l'ait obtenu par les procédés qui ont été indiqués jusqu'ici. Ils ne m'ont jamais fourni que des acides très- nitreux d'une hydratation variable. Aussi ai-je été obligé de recourir à de nouveaux moyens pour le préparer. Il est parfaitement blanc et ne se co- lore à la lumière qu'autant que celle-ci s'accompagne d'une température de -{- 30° à 4. 40°. » 3'ai mis le plus grand soin à établir tous les hydrates que la distillation pouvait fournir, et le regret que j'ai ressenti de ne trouver que fort peu de détails dans les auteurs qui se sont occupés de ce sujet, m'a fait dé- crire, dans le Mémoire dont je donne ici un extrait, avec un soin minu- tieux toutes les circonstances dans lesquelles j'ai opéré. C'est d'ailleurs sur cette détermination exacte des hydrates que reposent les principaux résultats que j'exposerai. » Je suis arrivé à obtenir, indépendamment l'attaque avec une violence extrême. Continue-t-on d'affaiblir l'acide, de manière à l'amener à une densité de 1,108, le métal se conserve. Il faut le concours de la chaleur ou du deutoxyde d'azote pour que l'action commence; une fois engagée, elle subit de la part du sulfate de fer et du mélange réfrigérant les mêmes influences que le cuivre. « L'étain ne diffère que très-peu du bismuth. Le zinc possède une marche qui lui est propre. lies acides à i et à a équivalents ne l'attaquent pas au mi- lieu d'un mélange réfrigérant, dont la température doit être exactement à — 18°, si elle n'est inférieure. Le métal se recouvre d'une couche d'un blanc légèrement jaunâtre, qui le préserve d'une action ultérieure tant qu'il est au milieu du mélange réfrigérant, mais qui devient sans doute soluble avec un accroissement de température; car, lorsqu'on sort le tube du mélange d'action, il se développe avec violence, et tout le métal se trouve dissous. » Dans l'acide à 4 équivalents, à 4 t, et même dans un acide encore plus hydraté, le zinc, qui s'attaque avec une extrême vivacité à une tempéra- ture voisine de 0°, conserve au contraire son brillant métallique dans les mêmes acides refroidis. Mais vient-on à reprendre doucement la tempéra- ture ambiante, l'action parait avec toute son énergie. » Enfin, les acides affaiblis attaquent tous le zinc, malgré l'abaissement de température. » On voit que cette oxydation suit des phases presque toujours inverses de celles de l'étain et du bismuth. » Ce n'est qu'après avoir soigneusement étudié tontes les réactions que je viens de signaler, que j'ai osé m'arrêter à celle du fer; je la trouvais décrite avec tant de circonstances minutieuses et bizarres, que je l'ai reprise bien des fois avant de croire à toute la simplicité que j'y découvrais. Il est inutile de dire que je me suis tenu dans le cercle des phénomènes que j'examine, laissant de côté les effets de contact et les phénomènes électriques , dont je n'ai jamais pu obtenir même les principaux indiqués poiir le fer; ce qui tenait sans doute à ma grande inexpérience de ces sortes de recherches. » De petites boules de fer, très-bien polies, déposées dans l'acide nitrique, à I et à 2 équivalents d'eau, se sont recouvertes d'une couche tantôt noire. ( 9'o ) tantôt bleue, tantôt bleue nuancée de jaune, en donnant naissance à quel- ques bulles de gaz qui se dissolvaient. Ces nuances rappelaient tout à fait l'aspect du recuit. Le fer, aiusi revêtu, n'est plus attaqué par aucun acide faible ou concentré, à moins qu'on n'en élève la température. Cette couche présente sensiblement les caractères du protoxyde de fer, que j'ai en effet, trouvé inattaquable par tous les acides nitriques, soit qu'on l'obtienne par la combustion du fer dans l'oxygène, ou par le passage d'un courant vol- taïque énergique à travers des fils de clavecin, soit encore que l'on recuise simplement les mêmes petites boides que j'employais. B Ily avait dansée premier cas analogie avec le zinc, qui n'est préservé dans l'acide concentré cju'à la faveur d'une couche jaunâtre que j'ai signa- lée , mais qui se trouve soluble dans l'acide nitrique , pour peu que sa tem- pérature s'élève ou bien qu'il s'étende d'une plus grande quantité d'eau. » L'acide à 4 équiv., à 4 t, et même l'acide un peu plus faible, conserve au fer tout son brillant métallique; mais l'attaque se développe énergique- ment dès qu'on chauffe. » Ce deuxième cas met encore le fer dans une analogie parfaite avec le zinc. » Enfin je pris un acide très-affaibli, ou bien j'ajoutai de l'eau à l'acide dans lequel le fer conservait son éclat métallique, et je vis aussitôt l'action commencer, mais sans violence, et en produisant le nitrate vert que M. Thenard a signalé le premier. » On voit donc que l'analogie se poursuit dans tous les cas entre le zinc et le fer, avec une simple différence de température qui établit constam- ment la facilité de l'oxydation à l'avantage du zinc. » L'antimoine et l'arsenic se séparent de tous les métaux que je viens d'examiner. » L'arsenic n'est attaqué à la température ordinaire (-f-20°) par aucun acide pur ou nitreux, quelle que soit sa concentration. » L'antimoine ne s'attaque que par les acides les plus concentrés, mais doucement, sans effervescence gazeuse. » Un mélange d'acide nitrique et d'acide hjdrochlorique n'attaque pas davantage ces métaux , tant que les deux acides ne réagissent pas l'un sur l'autre, ce qui exige soit leur concentration, soit l'application de la cha- leur, quand on part de corps parfaitement purs. Mais prend-on au con- traire le mélange de ces deux acides, dans un état de dilution extrême, et après y avoir mis, soit de l'antimoine, soit de l'arsenic, vient-oi^à ajouter quelques gouttes de nitrite; aussitôt la réaction se propage comme pour le cuivre et le bismuth. (9" ) » Le mélange des acides nitrique et hydrochlorique, tant qu'ils ne sont point assez concentrés ou assez chauffés pour fournir de l'eau régale, de- meure donc sans action. C'est inutilement qu'on y fait passer un courant de chlore gazeux ; il faut l'addition d'un uitrite ou bien la formation de l'eau régale, c'est-à-dire encore la présence de l'acide nitreux. L'acide hydro- chlorique fournit en même temps un dissolvant et un agent de décompo- sition , pour arriver à une production d'acide nilreux. » Il en est du platine comme de l'arsenic et de l'antimoine, mais il faut pour son attaque une température plus forte. Cependant, même à la tem- pérature ordinaire de l'atmosphère, dans un mélange d'acide hydrochlo- rique et nitrique trop affaiblis pour fournir de l'eau régale, le platine, sous l'influence du nitrite de potasse, s'attaque assez pour fournir une liqueur chargée de platine et de cristaux abondants de chlorure double de platine et de potassium qui tapissent le verre. Mais cette réaction demande deux ou trois jours, et plusieurs additions successives de nitrite de potasse. » J'ajoute encore deux faits qui achèvent, ce me semble, d'élucider cette théorie de l'eau régale : « 1°. Delamousse de platine abandonnée vingt-quatre heures au contact du bichlorure d'hydrogène qui fournit incessamment du chlore et de l'acide hydrochlorique, n'a pas perdu i milligramme de son poids; » 2°. De la mousse de platitie, en présence du chlore à l'état naissant et de l'acide nitrique, à une température de -|- 120°, conditions que réalise l'action de l'acide nitrique sur le chlorate de potasse; la mousse de platine, dansées conditions, ne se dissout pas, ne s'oxyde pas, ne perd pas i miUi- gramme de son poids. » En résumé, acides nitrique et hydrochlorique réunis, acide nitrique et chlore réunis, acide hydrochlorique et chlore réunis n'attaquent pas le platine: mais le deutoxyde d'azote intervient-il, en présence d'un dissol- vant, à une température suffisante, le platine est attaqué. Mêmes principes, mêmes inQnences pour la dissolution du platine, de l'arsenic, de l'anti- moine et des autres métaux. Mais quel est le produit qui résulte de l'action du deutoxyde d'azote sur l'acide nitrique? Car, on le voit, c'est là que ré- side le dernier terme du problème. Une expérience bien simple résout la question. » Si l'on fait passer du deutoxyde d'azote dans l'acide nitrique, et qu'on porte ensuite la liqueur dans un mélange réfrigérant, on peut la saturer par un alcali ou son carbonate, sans qu'il se dégage aucune trace de deutoxyde d'azote; il se produit un nitrite. Le deutoxyde d'azote en présence de l'acide ( 9»2 ) nitrique constitue donc une combinaison et non pas une dissolution. C'est cet acide nitreux qui, aune température variable, dans'des conditions con- venables pour Insolubilité, produit l'oxydation des métaux. On comprend qu'ainsi le platine s'attaque en même temps que l'argent lorsqu'on vient à traiter leur alliage par l'acide nitrique. Quant à la marche générale des oxydations que j'ai décrites, elle s'explique sans peine: l'acide nitreux forme des nitrites de cuivre, de mercure, d'argent qui sont détruits par l'acide nitrique à mesure qu'ils se forment; cette destruction donne nais- sance au deutoxyde d'azote , qui , retrouvant de l'acide nitrique , refait de l'acide nitreux; d'où résulte une nouvelle attaque et une nouvelle destruc- tion. Ainsi ces phénomènes de propagation, si singuliers à leur premier as- pect, rentrent dans le cas bien simple d'un acide composé d'azote et d'oxy- gène cédant son oxygène aux métaux, et n'appellent pour leur explication que les principes les plus ordinaires de l'affinité chimique. » MiiCANiQUE APPLIQUÉE. — Note sur uTi appareil propre à donner une vitesse constante à l'écoulement des fluides gazeux ; par^. Rigollot. î^ Commissaires, MM. Arago, Dumas, Payen.) L'auteur delà Note met sous les yeux de l'Académie, un modèle de son appareil , et le fait fonctionner, comme régulateur pour le gaz d'éclairage. Cet essai , dans lequel on a fait varier rapidement la pression dans le gazo- mètre, montre que ce changement n'en produit aucun dans la longueur de la flamme, ni dans l'intensité de la lumière des becs munis du régu- lateur, tandis que dans un bec voisin alimenté par le même gazomètre, mais indépendant de l'appareil régulateur, une différence de pression en plus ou en moins allonge ou raccourcit aussitôt la flamme. On conçoit que du moment où l'on est parvenu à rendre constant l'é- coulement du gaz, quelle que soit d'ailleurs la pression, il suffit de con- naître le temps pendant kquel le bec est resté ouvert, pour savoir quelle a été la dépense en gaz. Or le temps de l'écoulement se mesure très-exacte- ment, et sans possibilité de fraude de la part du consommateur, au moyen d'un compteur déjà imaginé depuis quelque temps, et disposé dételle ma- nière que le mouvement qu'on fait pour ouvrir le robinet du tube con- ducteur, met en marche un pendule qui s'arrête dès qu'on ferme le robinet. M. Gaudin transmet le résultat des observations qu'il a eu occasion de ( 9»3 ) faire sm- l'état des rails du chemin de jer dans le point (vù a en lieutia catastrophe du 8 mai , et sur la position des deux locomotives : « ...M'étant trouvé sur les lieux, une heure après l'accidetit ,j'ai vu, dit-il, les deux locomotives pour ainsi dire debout , €t non couchées sur le flanc , comme il est dit dans le rapport, etc. Ce ne sont cependant pas ces ques- tions de détail qui me font rompre le silence , mais bien une circonstance capitale, que je ne vois ntdle part mentionnée, à mon grand étoimement. Voici le l'ait : A quelques mètres au delà de l'endroit où gisait l'essieu rompu, les rails avaient été brisés, et avec une telle violence, qu'il y en avait des fragments dont la longueur ne dépassait pas un décimètre: c'est le rail droit, de Versailles à Faris, qui avait subi cette rupture violente; et ce qui me frappa encore plus, ce fut de trouver le rail gauche ployé en S dans le plan vertical.» (Renvoi à ta Cora«jisi»ion des chemins de fer.) L'Académie renvoie à la même Commission quatorze communications relatives aux moyens de rendre les chemins de fer moins dangereux, com- munications adressées par MM. Bucaillc, CxnnÉ, Cuavagnecx, Cdksmeaijx, Dklevaux, Dericquehem, FtEuiiEAU, Lefuel, Lortet, Mabguiim, Paul, Ri- cor», et par deux anonymes. M. Passot adresse une Note ayant pour objet , dit-il, la démonstration df la proposition suivante : « Chacun des éléments d'une trajectoire décrite en vertu d'une impulsion primitive et d'une force centrale constamment dirigée vers le même point, est parcouru avec une vitesse rigoureusement uniforme. » (Commissaires, MM. Cauchy, Coriolis. ) M E. Robert adresse, comme supplément à un Mémoire de géologie qu'il iivait présenté dans le mois d'avril dernier, quelqi4«s remarques rela- tives aux réclamations de priorité élevées à l'occasion de ce Mémoire par M. TItoinas et [)ar M. de Roy s, « Je n'ai jamais prétendu, dit M. Robert, signaler comme un fait «ouveau la présence du ïtx et du joanganèso dans notre terrain tertiaire; j'ai même eu soin de rappeler dans mon travail, ainsi que je le devais , que le premier de ces métaux avait été indiqué depuis longtemps par M. Al. Brongniart, dans son ouvrage classique sur le bassin de Paris, et que le second l'avait C. rt. , i84a, 1" Semestre. (T. XIV, N" 24.) 1 ^4 (9i4) été par M. Malaguti : la priorité appartient donc à ces savants. Dans le Mé- moire que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie, je me suis borné à étudier sous les rapports géologique, minéralogique et métallurgique, 1° un minerai qui a tous les caractères du fer pisoolithique, et que per- sonne avant moi, que je sache, n'avait envisagé de cette manière; 2° un autre minerai de manganèse, qui, par son gisement et sa structure, n'a aucune espèce de rapport avec celui que M. de Roys a reconnu dans la mon- tagne de Train. » M. Baudouin appelle l'attention de l'Académie sur un phénomène d'a- coustique qu'il a eu occasion d'observer pendant le jeu de la machine à sécher le linge établie dans la blanchisserie d'Ivry. La machine, en tournant sur son axe, projette autour d'elle l'eau dont le linge était chargé, et les gouttes qui s'échappent de tous côtés viennent frapper une enveloppe ex- térieure.en métal. Il se produit ainsi un son dont l'acuité croît avec la ra- pidité de la rotation : or, suivant l'auteur de la Note, ces changements de son , au lieu d'avoir lieu par degrés insensibles, se feraient entre certaines limites, par le saut brusque d'une note à une autre. M. Baudouin assure que le fait a été constaté plusieurs fois, et il ajoute que le propriétaire de l'établissement est disposé à mettre l'appareil à la disposition de l'Acadé- mie, si elle jugeait nécessaire de faire répéter l'expérience. (Commissaires, MM. Arago, Puissant, Duhamel.) M. Feemomt adresse un lemme sur lequel il a fondé une nouvelle théorie des parallèles qu'il se propose de soumettre ultérieurement au ju- gement de l'Académie, M. Sturm est invité à prendre connaissance de cette Note. M. Maheschal adresse un supplément à un Mémoire précédemment pré- senté , concernant le système métrique. (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) M. Coulvier-Gravier présente une nouvelle série d'observations relatives aux étoiles filantes considérées comme pouvant indiquer, par leur direc- tion générale, les changements de temps qui devront survenir quelques jours plus tard. M. BERRiAT,qui avait précédemment consulté l'Académie, au nom de la ( 9^5 ) municipalité de Grenoble, sur les moyens à prendre pour conserver aux eaux d'une source thermale qu'on se propose d'amener jusqiie dans cette ville, une grande partie de la chaleur qu'elles ont près de la source, adresse aujourd'hui les résultats d'expériences qui ont été faites dans ce but, sur une substance que l'on représente comme mauvais conducteui' de la chaleur. (Commission précédemment nommée.) M. ViAu prie l'Académie de hâter le travail de la Commission chargée de l'examen d'un appareil qu'il a proposé pour soulever du fond les navires submergés. (Cette Lettre est renvoyée à la Commission chargée de faire le Rapport.) CORRESPONDANCE. ACOUSTIQUE. — Recherches expérimentales sur l'influence de V élasticité dans les cordes vibrantes ; par M. N. Savart. a II résulte de nos recherches, dit l'auteur en terminant son Mémoire, que pour avoir le nombre de vibrations que produit une corde tendue, il faut considérer cette corde dans deux états différents. Ou la suppose d'abord non élastique, mais soumise à la tension; on la suppose ensuite non tendue, mais élastique. La somme des carrés des nombres de vibra- tions pris dans chacune de ces hypothèses, est égale au carré du nombre de vibrations qu'exécutera la corde quand elle sera à la fois élastique et tendue. Il en est de ce dernier nombre comme de la résultante de deux forces perpendiculaires entre elles. I) Cette loi restant invariable pour toutes les tensions, depuis celles qui sont nulles jusqu'à celles qui rompent la corde, il s'ensuit qu'elle ne peut servir à faire connaître le moment où les forces moléculaires sont sur le point de céder. Tout ce que nous avons pu remarquer à cet égard, c'est que les vibrations deviennent de plus en plus faciles, et produisent un sou d'autant plus intense et plus pur, que les charges sont plus fortes. Ainsi ces quahtéà se trouvent à leur plus haut degré au moment où la rup- ture va se faire. » Cette observation donne lieu à la conjecture qui suit. Lorsque la charge est très-considérable, l'élasticité n'ajoute plus qu'un petit nombre de vibra- ia4- ( 9'6 ) tions à celui que fournit la tension; elle n'est plus, relativement, qu'une force extrêmement faible, et c'est alors seulement que le son acquiert toute sa pureté, comme nous venons de le dire. On sait,, d'un autre côté, que les verges fout entendre aussi des sons très-purs; et dans ce cas, au con- traire, l'élasticité seule est en jeu. Ne serait-il donc pas permis de penser que la nature du son dépend de la combinaison des deux forces, et (jn'elle (îst d'autant plus parfaite qu'une de ces deux forces a moins d'influence? S'il en est ainsi, il faut, pour obtenir des sons purs avec les cordes, em- ployer celles qui ont le moins d'élasticité possible et qui, en même temps, l^euvent être fortement tendues. Les cordes à boyau sont dans ce cas, et produisent en effet des sons d'un timbre beaucoup plus doux que celui des fils de métal.» PHYSIQUE nu GLOBE, — Suv quelquBS résultats obtenus dans des forages récents. (Extrait d'une Lettre de M. Deogosée à M. Arago.) « J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que le puits que j'ai entrepris à l'bôpital général de Lille, à i.'ïoo'" environ de celui que j'avais précé- demment exécuté à l'hôpital militaire de cette ville, présente les mêmes variations de produit que le premier. Il en diffère en ce que les eaux s'é- lèvent moins haut, quoique la surface du sol soit parfaitement hori- zontale. » A l'hospice civil comme à l'hôpital militaire , j'ai rencontré l'eau jaillissante dans le calcaire carbonifère à 120™ de profondeur. Mais, pour obtenir une ascension plus forte, j'ai, sans quitter cette formation, poussé le sondage jusqu'à 170'°. N'ayant rencontré aucune fissure, le niveau de l'eau n'a pas varié par ce stipplément d'approfondissement, que je me propose de continuer encore 1 u". )' Le plateau, qui part de Lagny et se prolonge avec des découpures jus- qu'à la forêt d'Arminvillers, s'élève, au moidin de Saint-Léonard-Ln- Cha- pelle, jusqu'à 1 10'° au-dessus de la Marne. Entre les châteaux de Belle- Assise et de Ferrières se trouve dans le terrain un pli, inférieur au point culminant de So", et de 80™ au dessus de la rivière. J'y ai exécuté le mois dernier trois forages de 3 et 9" de profondeur. Chacun d'eux donne de l'eau jaillissante au-dessus du sol. Ils sont placés à /jo" de distance l'un de l'autre. Depuis quinze ans que j'exécute des sondages, c'est le premier résultat obtenu sur un point aussi culminant. "Chargé récemment par le prince de Hesse Hombourg de faire des son- dages dans la chahie du Taunus, j'ai obtenu dans les argiles schisteuses, '- 9»7 ) à 68, 90 et 1 20 mètres de profondeur , trois fontaines , l'une gazeuse et les deux autres minérales. » Je termine cette Note en vous adressant les résultats acquis par plu- sieurs sondages, exécutés à Paris et aux environs sur le gisement de la craie. A la petite Villette, n" 84, la craie se présente à. ... 167 mètres. Dans le fossé N. 0. du château de Vincennes lo?. „. , . 1 Au faub. St.-Antoine, au coinde la rue ileMontieuil. qq Rive droite î , „ • „ .,r . . „ . / Aux Katignolles 85 Au bazar du boulevard Bonne-Nouvelle 80 Aux Bains rhinois 80 A Auleuil 11 A Boulogne 8 A Creleil 78 incires. Rue du Jardin du Roi, à Paris 48 Barrière d'Italie 65 Au val Fleury. . . .-. • 18 Rive gauche. .. M. Degousée transmet de plus une lettre qui lui a été adressée du grand oasis de Thèbes, par Aime-Bey , directeur des mines d'Egypte, occupé (;n ce moment du projet de rétablir quelques-uns des puits forés ouverts par les anciens au pied de la chaîne lybique. « Chargé par le pacha de la direction des fabriques de produits chimiques » et des travaux relatifs aux mines, j'ai dû, dit Aitne-Bey, créer des établis- « sements dans des lieux où souvent l'eau potable manque. Dans divers » oasis de la chaîne lybique , il n'y a ni sources ni rivières et il n'y pleut » jamais. Si ces pays ont aujourd'hui quelques habitants , bien peu noin- » breux comparativement à leur ancienne population, c'est qu'il y existe » encore quelques fontaines forées faites il y a plusieurs milliers d'années; » mais le plus grand nombre de ces fontaines est en ruines, et le peu qui » en reste se détériore journellement, ce qui, avec le temps, doit éloi- » gner forcément toute population de ces contrées si l'on n'y porte re- » mède; par ce motif, j'ai fait faire divers sondages pour reconnaître les n terraitis qu'il y aà traverser pour arriver jusqu'à la masse d'eau qui, de » temps immémorial, alimente ces fontaines. Aujourd'hui je suis hxé sur » ce point w MÉTÉOROLOGIE. — Suiun uéroUthe tombé aux environs de Bernas (Lozère). — Exirait d'une Lettre de M. J. de Malbos à M. Élie de Beaumont. « Le i5 juin 1821, environ 3 heures après midi, j'aperçus un globe de ( 9»8 ) feu qui tombait avec une vitesse extraordinaire du côté d'Entraigue, à g lieues de distance de Berrias; cette marche si rapide, dans une direction presque verticale, me fit présumer que c'était un aérolithe, et une explo- sion semblable au bruit d'un tonnerre lointain, qui se fit entendre environ quatre minutes après, me confirma dans cette opinion. » J'écrivis à Aubenas pour que l'on fît des recherches, et au bout de quelques jours, un aérolithe de 225 livres fut trouvé à Juvinas, à 5 pieds de profondeur, dans un sol très-pierreux; un fragment considé- rable se voit à Paris, au Muséum d'Histoire naturelle; j'envoyai à M. Biot un rapport très-détaillé, qui fut lu à l'Académie des Sciences par M. De- lambre. »> Avant-hier 3 juin , à g heures 5 minutes du soir, j'aperçus un globe de feu l'ougeâtre, ayant à peu près la grandeur apparente de la Lune, qiti tombait à l'ouest dans la direction des montagnes de la Lozère. » A sa marche si rapide je jugeai, comme en 1821, que c'était un aérolithe. D Tous les objets étaient vivement éclairés. » Je me rendis de suite à l'extrémité d'une prairie , où , loin du bruit , je pouvais mieux entendre l'explosion : après environ six minutes un roule- lement semblable à celui d'un tonnerre lointain , retentit dans la direction de Villefort, à droite de la montagne de Bares, au delà de laquelle le globe de feu avait disparu. » Je ferai observer que le bruit produit par l'explosion de l'aérohthe de» 821 était aussi semblable au roulement du tonnerre, et qu'il fut ré- pété par l'écho produit par les montagnes du Coiron. » Comme il était nuit, je n'ai pu observer la vapeur qui se forme sans doute à l'endroit où se produit l'explosion ; dans l'aérolithe de 1821, un long ruban d'environ 6 pouces de largeur apparente, se dessina à quel- ques degrés au nord du zénith, où j'avais commencé à apercevoir l'aéro- lithe qiù resta plus d'un quart d'heure k s'évanouir. » Comme en 1821, le vent du nord-est soufflait, et quelques nuages rares traversaient l'horizon. » MÉTÉOROLOGIE. — Sui uji météore lumineux observé le 3 juin à Mende {.Lozère). — Extrait d'une Lettre M. P. de Mondesir, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, à M. Ârago. « Je m'empresse de vous adresser quelques renseignements sur un phé- ( 9'9 ) nomène dont vient d'être témoin la ville de Mende (département de îa Lozère ). » Hier soir, 3 juin, à neuf heures moins quelques minutes, un coup de vent violent et instantané passa sur la ville venant du nord-est. Une mi- nute après environ, nous aperçûmes à peu près à notre zénith, un bolide ou globe de feu extrêmement brillant, qui traversait resjjace avec rapidité, sui- vant la directipn du nord-est au sud-ouest. Ce météore n'atteignit pas l'ho- rizon ; nous l'avons vu se dissiper dans les airs et se résoudre en plusieurs petits globes lumineux qui s'éteignirent successivement. Cette disparition du météore a eu lieu , par rapport à la ville de Mende, sur une ligne incli- née d'environ 30" sur l'horizon. Son diamètre apparent était au moins aussi considérable que celui du Soleil; sa forme étail un peu allongée, et il paraissait précédé dans sa marche d'une espèce de queue. M La lumière qu'il projeta dans la ville en passant au-dessus de nos têtes était si vive, que nous aurions pu nous croire en plein jour pendant envi- ron dix secondes. » Environ deux minutes après l'extinction du météore, un bruit sourd et lointain s'est fait entendre, répété par les échos des montagnes et analogue au bruit du tonnerre. Le son venait précisément de la direction dans la- quelle nous avons vu le météore s'éteindre. Chose remarquable, et que tous les habitants pourraient constater, c'est qu'en ce moment il n'y avait pas le plus petit nuage au ciel. » Le coup de vent violent et instantané, l'apparition rapide d'un corps lumineux et la détonation lointaine, sont trois effets qui appartiennent sans doute au même phénomène et qui paraissent avoir été produits par la chute d'un puissant aérolithe. » Dans cette hypothèse, d'après les données rapportées ci-dessus et la vitesse du son, on est porté à conclure que la détonation a eu lieu à une distance d'environ 4o kiloni., au moment où le météore s'est séparé en plu- sieurs parties, et que l'aérolithe a dû tomber à 8 ou lo lieues de Mende, dans la direction du sud-ouest. » Si je parviens à recueillir ultérieurement d'autres données sur ce phé- nomène si remarquable, j'aurai l'honneur de vous les adresser. « MÉTÉOROLOGIE. — Sur UH météore lumineux observé^ le 3 juin, à Saint- Beauzire {Haute-Loire ). — Extrait d'une Lettre de M. Deydier à M. Ârago. * Votre zèle si cortnu pour tout ce qui peut intéresser la science, me ( 920 ) fait prendre la liberté de vous écrire pour vous faire part d'un phénomène dont j'ai été témoin ici , ainsi que plusieurs autres personnes. C'était ven- dredi dernier, à juin , à 9 heures du soir. >i Toutes les persennes qui étaient hors de leurs maisons furent tout à coup frappées par une grande lumière, qui, au premier abord, faisait l'effet de celle de la lune, lorsque celle-ci est pleine. » C'était un méléore présentant une surface d'une grandeur au moins égale à celle qu'offre la lune à l'oeil, lorsqu'elle est dans cette phase. » Dans la position où je me trouvais alors , il paraissait s'élever presque perpendiculairement de la terre, à environ 5o mètres loin de moi. '» Sa direction était du nord au sud. Arrivé à sa plus grande élévation, tout à coup une lumière éblouissante sort de son centre, et, traversant la partie du diamètre qui se trouvait du côté du nord , va former, sans faire perdre au météore sa forme ronde, une queue d'environ un mètre de lon- gueur. » C'est dans cet état que le météore parut s'abaisser à terre, à un quart de lieue pnviron de l'endroit d'où il avait paru s'être formé, répandant, jusqu'à ce qu'il fût entièrement évanoui , une lumière à laquelle on ne peut comparer que celle du soleil en plein midi, sur lin espace de cent à cent cinquante pas environ de l'endroit qu'il traversait et de celui où il a dis- paru. » M. Delà RUE adresse un tableau des observations météorologiques faites à Dijon pendant le mois de mai, et un ré.sumé mensuel des observations faites dans l'année précédente. M. Da.rld écrit relativement à un système de télégraphie noctumequ'H a soumis précédemment au jugement de l'Académie. M. Jean-Maibe adresse un procès -verbal des expériences faites à Caen sur une machine à vapeur à mouvement rotatij continu, inventée et cons- truite par lui. M. CoLRBEBAissE, qui avait adressa précédemment un Mémoire sur un nouveau procédé d'application de ta vapeur à la navigation, annonce qu'il transmettra prochainement le résultat d'expériences entreprises dans le but de constater l'efficacité de ces procédés, et demande que la Commission à ( 921 ) l'eKamei» de laquelle a été renvoyé son travail, n'en fasse l'objet d'dn Rap- port qu'après avoir reçu ces nouveaux documents. M. OE tA Roquette , ancien consul de France en Norvège, annonce qu'un obsenatoire va être construit à Drontheiin, et que la Société des Sciences de cette ville a pris les dispositions nécessaires pour qu'on y fasse un en- semble d'observations météorologiques et magnétiques. Sous les auspices de la même Société vont être publiées prochainement nne Géologie, une Flore et une Faune de la Norvège. M. BoNAFOus écrit qu'à l'occasion des fêtes du mariage du prince hérédi- taire de Savoie, M. Conuischi a fait à Turin une ascension aérostatique , dans laquelle, s'il n'y a pas eu quelque erreur dans l'observation du baro- mètre, M. Comaschi se serait élevé à g474 mètres au-dessus du niveau de la mer; la différence de température observée entre les stations inférieure fi supérieure, semblerait indiquer une moindre hauteur. M, EvRVT, directeur du matériel de l'administration de la guerre, écrit relativement à un Rapport qu'il suppose avoir été fait récemment à l'Aca- démie sur un nouveau système de ventilation proposé par M. Leblanc , pour l'assainissement des casernes, prisons, écuries, etc. Le travail de M. Leblanc n'a pas encore été l'objet d'nn Rapport, et est relatif, d'ailleurs , non pas au moyen de renouveler l'air dans les lieux habi- tés, mais à celui de constater l'altération que cet air subit par suite de la respiration de l'homme et des animaux, de la combustion, etc. M. DcMAs annonce que le Mémoire de M. Leblanc, où se trouvent réelle- ment des indications qui peuvent êlre utiles à l'administration, sera im- primé prochainement, et que l'auteur s'empressera sans doute d'en adresser , un exemplaire à M. le directeur du matériel de l'administration de la guerre. L'Académie a reçu les observations de diverse nature que M. Bocbet- d'Héricourt a faites dans son voyage de Paris à la mer Rouge. MÉCAJNiQCTE APPLIQUÉE. — Sur uu nouvcou Système de compensation dans les horloges. — Extrait d'une Lettre de M. Oltramare à M. jérago. « L'emploi du balancier compensé entraîne, dit M. Oltramare, plusieurs C. R., ..'■'4a i"SeTnci(;c. (T. XIV, N0 24.) 135 ( 922 ) inconvénients dont les principaux sont de n'être pas toujours d'équilibre aux diverses températures auxquelles il est exposé , d'être déformé par la force centrifuge, de déplacer l'air ambiant par ses masses. De là l'invention du ré- gulateur à tourbillon, et des divers échappements à remontoir ou impulsion constante, moyens très-compliqués, et qui ne sont pas eux-mêmes exempts d'inconvénients. C'est pour y remédier que dans le chronomètre que j'ai exécuté, j'ai employé un balancier d'une seule pièce, et appliqué la com- pensation au ressort régleur sans changer sa forme ni sa longueur; par conséquent sans altérer sa propriété de rendre isochrones les oscillations du balancier d'étendues différentes. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les phénoTtiènes crépusculaires; par M A. Brav.ais, professeur d'Astronomie à la Faculté des Sciences de Lyon. (Extrait par l'auteur.) « Dans le but de comparer certains phénomènes météorologiques des contrées boréales avec ceux qu'on avait observés sur de hautes montagnes , nous avons séjourné, M. Martins et moi , du 17 juillet au 5 août i84i,sur le sommet du Faulhorn , qui s'élève à 2083 mètres au-dessus de la mer. L'étude des phénomènes crépusculaires nous a occupés dans les rares soirées où nous pûmes les étudier. Ces observations, réunies à celles d'autres météorologistes et soumises au calcul, m'ont conduit aux résultats suivants : » La coloration en rose de l'atmosphère commence avant le coucher astronomique apparent du soleil, lorsque le centre de cet astre est environ à i" de hauteur au-dtssus de l'horizon. L'arc qui limite cette lueur rouge (arc anti-crépusculaire de Mairan) se lève à l'horizon au moment du cou- cher apparent, passe au zénith, dans nos climats, 25 à 3o minutes après, et emploie le même temps pour atteindre l'horizon occidental. » La coloration rose peut se prolonger accidentellement au-delà de l'heure du coucher de cet arc; cette seconde coloration est alors une réver- bération de la première. » Le pouvoir de réfléchir vers l'observateur les rayons rouges qui tei- gnent l'atmosphère au coucher du soleil, n'appartient qu'aux couches infé- rieures de l'atmosphère, jusqu'à une hauteur verticale d'environ 1 0,000 mè très. Cette limite est plus basse vers les cercles polaires, et probablement plus élevée vers l'équateur; elle mesure la hauteur du segment anti-crépus- culaiie; l'angle de ce segment est émoussé par l'effet de la forte absorption ( 923 ; qu'exercent sur les rayons solaires les couches atmosphériques les plus basses. Cette réflexion des rayons rouges provient tle la vapeur d'eau qui se trouve mélangée avec l'air, probablement sous forme de globules aqueux ou d'aiguilles de glace flottants çà et là , et non coordonnés en nuaj^es. » En ce qui concerne le crépuscule astronomique ordinaire, je trouve que la courbe qui limite la région atmosphérique directement éclairée par le soleil, et la sépare du premier crépuscule, est plus distincte sur les mon- tagnes que dans la plaine: on peut même, pendant les nuits sereines des hautes montagnes, suivre les phases de rotation de la deuxième courbe cré- pusculaire, de celle qui sépare le premier crépuscule du second. Les hauteurs de l'atmosphère conclues de l'observation de ces deux ordres de phénomènes sont sensiblement égales entre elles. » M. Legius adresse le modèle d'une pépite d'or, ou plutôt d'un lingot du poids de ^-^i^^mS, trouvé en iSSg dans un champ de blé, dans la commune de Reterre (Creuse). M. Gaubert écrit de nouveau relativement à l'appareil typographique dont l'invention fait, entre lui et M. Mazure, le sujet d'une discussion . M. Archigènes, médecin attaché à l'ambassade ottomane, demande, au nom à'Emin-Pacfia, directeur de l'École militaire de Constantiiiople, si la science a quelque explication à donner du calme qu'on dit régner constam- ment dans l'atmosphère au moment qui précède un tremblement de terre. M. l'Hermite demande à reprendre un Mémoire qu'il avait précédem- ment adressé , et sur lequel il n'a pas encore été fait de rapport. M. l'Hermite est autorisé à reprendre son Mémoire au secrétariat. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par MM. Gaznaud, Faure et IVoseda. La séance est levée à cinq heures. A. 135.. ( g^i ) ERRJTJ. fSéancedu 6 juin.) Page 864 , lignes 3 et 4 , au lieu de la moins sible , lisez la inoin!! élevée possit)le. Au tableau, page 869, analyses XV et XVI, 4* colonne, supprimez Sooo*"-*^- ,0. 9 Id. , colonne 5, au lieu de écurie fennée à l'Ecole luili taire, cbev. légfi», lisez chevaux. fd. , Hu lieu de air aspliyxiable par la combustion da ciiai^bon. — Acide carlionique 3, i , lisez 3 1 ,0. Id , colonne 3, au lieu de oxygène sur loooo, ^««aoxygèin; sur 1000. Id , colonne 6, atinosphère.s artificielles, au /feu t/e hydrogène carboné , lisez hydrogène carboné sur 1000. Pai;e 878, ligne 21, M deHaldat, i JNanmr, //.fez à Nancy. ( 9»5 ) «VlXETIjy BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes fendus hebdomadaires des séances de [Académie royale des Sciences; !"■ semestre 1843, n" 23. Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie royale des Sciences ; 3" semestre 1 84 1 ; 1 vol. in-4°. Annales de Chimie et de Physique; 3°" série, tome IV; avril 1842 ; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome VIII, n°' 16 et 17 ; in-8°. Recueil de la Société polytechnique; avril 1842; in-8°. Matériaux pour servir à Chypsométrie des Alpes apennines; parM. Ch. Mar- TINS; in-4''. Annales des Sciences géologiques ; avril 1842; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des candidats aux Ecoles Poly- technique et Normale ; par MM. Teiîquem c(Gf,rono; mai i84^;in-8''. Marine à vapeur; par M. LÉON DU Parc; i feuille in-S". Rapport adressé à [Académie des Sciences sur un problème de Météorologie ; par M. RuLLANDDE Saint-Jean -d'Angely-j demi-feuille in-4'', avec un tableau d'une feuille. Année agrico-météorologique de i84i ; parle même; i ^ feuille in-4''. Chemins de fer . . . Rapport de la Commission des procédés nouveaux pour les^ chemins de fer, présidée par M. Teichmann , sur les courbes à petit rayon {système Laignel), courbe établie près de Malines; ia-j". Tlie journal . . . Journal de la Société royale de Géographie ;\o\. II, partie -i; iu-8°. KritiscLe. . . Exposition de [étatactuelde la Lithotritie;parM.\ .S\ k^CBXCH; Vienne, 1842; iu-8°. As(ronomische... Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 449; ui-4 . Ubcr das . . . Sur l'Albumine des végétaux; par MM. Schleiden et VOGEL; (Extrait des Actes de [Académie Léojjoldine des curieux de la nature.) Beitrage . . . Essai sur l'Anatomie des Cactes; par M. Schleiden, avec 10 planches coloriées; in-4°. (Extrait des Mémoires de [Académie royale deg Sciences de Saint-Pétersbourg.) ( 9^6 ) Sulle. . . Sur les fonctions de ta Rate; par M. G. Maggiorani; Rome, 1842; iu-8°. Il Filocamo . . . Journal médico-scientifique et d'éducation ; n° 5 à 7, in-4*. Gazette médicale de Paris; a' 24. Gazette des Hôpitaux; n" 68 à 70. L'Expérience ; n" 258. L'Examinateur médical; n° 24. L'Echo du Monde savant; n°' 736 et 737. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 20 JUIN 1842. PRÉSIDENCE DK M. PONCELET. MEMOIRES ET COAIMUJVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Sur les combinaisons du chlore avec les bases ; par M. Gay-Lussac. a La plupart des chimistes avaient adopté l'opinion de Berthollet, que le chlore, en arrivant dans une dissolution alcaline, se combine directement avec la base et forme un chlorure d'oxyde qui se maintient jusqu'au moment où l'insolubilité, rendue active par la saturation de la base et une concen- tration suffisante de la dissolution , détermine son partage en chlorure mé- tallique et en chlorate. » M. Berzélius a le premier ébranlé cette opinion, en faisant voir qu'une dissolution de carbonate de potasse, saturée de chlorure de potassium, dans laquelle on dirige un courant de chlore, laisse bientôt déposer, sans aucune apparence d'oxygène, du chlorure de potassium qu'il suppose nouvelle- ment formé. Ce résultat semblerait prouver en effet qu'en même temps qu'il se précipite du chlorure de potassium , il a dû se former un com- C. R., it<4a !«' Semeslie. (T. XIV, K» 2».) I26 C 928 ) posé oxygéné qui reste en dissolution. Cependant on peut se demander si la précipitation de chlorure de potassium ne doit pas être attribuée plutôt à une perturbation de solubilité, survenue dans la dissolution par l'admis- sion du chlore, qu'à la formation d'une nouvelle quantité de ce sel. Au moins est-il certain que l'expérience de M. Berzélius, tout intéressante qu'elle soit, n'est pas assez nette pour démontrer que le chlore reçu dans une dis- solution de potasse y forme non une combinaison directe avec cette base, mais bien, simultanément, du chlorure de potassium et un sel de potasse différent du chlorate , puisqu'il possède un pouvoir décolorant très-éner- gique. » On doit à M. Soubeiran deux expériences qui fortifient et rendent même très-probable la théorie de M. Berzélius (1). Cet habile chimiste a dé- composé une dissolution de chlorure de chaux par du carbonate d'ammo- niaque, et il a obtenu un liquide décolorant qui, s'il n'est pas trop con- centré, se maintient sans décomposition sensible à une température ordinaire. Or, une dissolution de chlore et d'ammoniaque se décomposant instantanément dans les mêmes circonstances, il doit paraître assez pro- bable que dans le prétendu chlorure d'ammoniaque, et conséquemment dans le chlorure de chaux avec lequel on l'a produit , le chlore n'est com- biné ni avec la chaux ni avec l'ammoniaque , et qu'il doit y exister à l'état d'un acide particulier, d'un véritable chloracide (2). » L'autre expérience de M. Soubeiran est bien plus décisive. En évapo- rant une dissolution de chlorure de soude dans le vide, à une basse tem- pérature, il a obtenu des cristaux de sel marin et un résidu qui, ramené en l'étendant d'eau au volume primitif de la dissolution, en avait conservé sensiblement la force décolorante. Conséquemment, il faut que ce résidu décolorant renferme tout l'oxygène de la portion de soude qui a été con- vertie en sel marin; et cet oxygène, d'après toutes les analogies, doit être combiné avec le chlore et non avec la soude. » Il était donc devenu très-probable qu'au moment où le chlore se réunit à une oxybase, il se forme un composé oxygéné de chlore. Mais quelle en était la nature? Car ni l'expérience de M. Berzélius ni celles de M. Sou- beiran n'apprennent rien à cet égard. (1) annales de Chim. et de Phjs., vol. XLVIII, page 1 13. (2) Oa pourrait remarquer avec raison que, quoique l'ammoniaque soit de'compose'e au contact immédiat du chlore, il ne s'ensuit pas qu'elle doive l'être dans l'expérience de M. Soubeiran. Les circonstances ne sont plus réellement les mêmes. ( 929 ) » M. Berzélius était disposé à admettre que cette combinaison oxygénée du chlore était celle découverte par le comte Stadion, à laquelle les expé- riences de H, Davy et les miennes avaient donné pour formule CIO'*. Mais l'illustre chimiste, préoccupé de la pensée que la série d'oxygénation du chlore devait être i, 3, 5, 7, s'est créé des doutes sur cette formule et a adopté instinctivement CIO'. M. Soubeiran, cédant à une opinion aussi puissante, a également admis la même formule. » Quoiqu'il en soit, que le composé de chlore et d'oxygène découvert par le comte Station fût bien CIO' au lieu de C10+, il n'en restait pas moins toujours à démontrer son existence dans les chlorures d'oxyde, et même sa composition désormais mise en doute par des analogies théoriques. » Tel était l'état de la question, lorsque M. Balard a fait connaître ses belles Recherches sur la nature des combinaisons décolorantes du chlore {Annales de Chimie et de Physique, t. LVU, p. 220). Cet habile chimiste, en traitant par le chlore l'oxyde rouge de mercure délayé dans l'eau , a obtenu un acide particulier, formé d'équivalents égaux de chlore et d'oxy- gène, auquel il a donné le nom iXacide hj pochloreux , par suite de l'analogie qu'il a cru lui reconnaître avec l'acide hyposulfureux. Le chlore est absorbé par l'oxyde de mercure avec inie grande rapidité. Il se forme, suivant M. Balard, de l'hypochlorite et l'oxychlorure de mercure, et, en chauffant, l'acide hypochloreux abandonne l'oxyde de mercure et se volatilise avec l'eau. Mais M. Balard est parvenu à l'en séparer et à le recueillir sous la forme gazeuse, au moyen du nitrate de chaux desséché qui s'empare de l'eau. » Ce composé remarquable a la même couleur que le chlore , seule- ment un peu plus foncée. Son odeur, quoique rappelant celle du chlore affaibli, est tout à fait particulière. Il est peu stable, se décompose en quelques minutes à la lumière solaire sans détonation. L'eau en dissout au moins cent fois son volume; la dissolution est incolore et éminemment dé- colorante. Il dégage avec effervescence l'acide carbonique des carbonates, déplace même l'acide acétique, et forme, avec les alcalis, des composés dé- colorants qui ont tous les caractères de ceux obtenus avec le chlore. Son action sur les corps est des plus énergiques, et, tant par sa facile décom- position que par l'aftinité propre à chacun de ses éléments, le chlore et l'oxygène, il l'emporte sur l'acide nitrique même par l'énergie de son action. C'est ainsi qu'il acidifie le brome et l'iode, qu'il convertit immédia- tement le sélénium en acide sélénique. Enfin M. Balard a reconnu qu'il était formé de 2 volumes de chlore et i d'oxygène, et que, de même que pour 136., ( 93o ) l'eau , la condensation était un tiers du volume total de ses deux éléments. » Ces propriétés de l'acide liypochloreux ne peuvent laisser le moindre doute sur sa nature, comme nouveau composé particulier; mais sont-elles assez probantes, d'après les circonstances de sa formation, pour décider nettement que c'est cet acide qui se forme au moment de la combinaison du chlore avec les bases ? » M. Berzélius, qui a publié plusieurs volumes de la nouvelle édition de ses Éléments de Chimie postérieurement aux recherches de M. Balard, en parle en effet simplement, sous forme d'addition, dans le cinquième vo- lume de la traduction allemande, page44o, sans les discuter ni en tirer aucune conséquence, attendant sans doute de nouvelles lumières avant de se prononcer. » M. Marfens, professeur de chimie à Bruxelles, auquel on doit une dissertation intéressante sur les combinaisons du chlore avec les bases (^Annales de Chimie et de Physique, tome LXI, page 2(33), après avoir discuté les expériences de M. Balard , n'en persiste pas moins à penser que les chlorures décolorants sont des combinaisons directes du chlore avec les bases, et non des hypochlorites. » Enfin, récemment, M. Milon (^Journal de Pharmacie, tome XXV, page 595), tout en admettant les chlorures d'oxyde, a prétendu que le chlore qui se combine avec les hases monoxydées était complémentaire de tout l'oxygène qu'elles pouvaient prendre pour se suroxyder; qu'ainsi la potasse, dont le peroxyde contient 3 équivalents d'oxygène, devait prendre et prenait en effet 1 équivalents de chlore, tandis que la soude n'en prend qu'un; son peroxyde, d'après les expériences récentes qu'il avait faites, ne contenant que a équivalents d'oxygène. » Cette théorie de M. Milon n'est que l'application aux combinaisons du chlore du principe général que les corps de propriétés très- rapprochées, comme le chlore et l'oxygène, peuvent former des composés analogues dans les mêmes proportions, et se remplacer mutuellement en totalité ou en partie; mais elle ne se réalise point ici, et aucini fait ne vient lui prêter son appui. Il serait donc sans intérêt de s'y arrêter plus longtemps , et je dois m'empresser d'arriver aux observations qui me sont particulières. Je dois le dire, pour les justifier, M. Balard n'a laissé qu'à glaner, et je devrai m'estimer heureux si, dans la tâche que je me suis imposée, je parviens à dissiper les dernières incertitudes qui sont restées dans l'esprit de quelques chimistes sur la véritable nature des composés décolorants que forme le chlore en s'unissant aux bases. ( 93i ) » Le chlore, ainsi que je l'ai déjà rappelé, agit sur l'oxyde de mercure (i) délayé dans l'eau avec une étonnante rapidité. En employant des propor- tions convenables, il ne se forme que du chloride de mercure et de l'acide hypnchloreux de M. Balard , qui restent l'un et l'autre en dissolution dans l'eau. Avec un excès d'oxyde on obtiendrait aussi de l'oxychiorure de mer- cure j mais le chlore l'attaquerait ensuite comme l'oxyde, et les mêmes résultats seraient obtenus. » L'analyse de cette expérience peut se faire d'une manière aussi simple que satisfaisante. On prend une dissolution aqueuse de chlore, d'un titre connu, et l'on y verse par petites parties de l'oxyde de mercure très-divisé, délayé dans l'eau (2). Une légère agitation fait disparaître l'oxyde ; rien ne se dégage, et la liqueur devient parfaitement transparente. Aussitôt qu'elle reste légèrement trouble et jaunâtre par un petit excès d'oxyde qui reste en suspension, on la laisse s'éclaircir parle repos. Essayée alors au chloro- mètre, on lui trouve exactement le même titre qu'à la dissolution de chlore, en tenant compte de la petite augmentation de volume que lui a fait éprouver l'addition de l'oxyde de mercure. » Un volume donné de cette même liqueur mercurielle, distillé aux cinq .sixièmes environ, donne un produit qui, ramené au volume primitif en l'étendant d'eau, a précisément le titre de la liqueur avant la distillation. » Enfin, pendant la distillation, la liqueur mercurielle ne laisse point déposer d'oxyde de mercure , et le résidu est du chloride de mercure très- pur cristallisable en belles aiguilles. » De ces faits il résulte : premièrement, que l'acide hypochloreuxj pro- venant de l'action du chlore sur l'oxvde de mercure, reste entièrement libre dans la liqueur, sans contracter d'union avec cet oxyde; car, si elle avait eu lieu, la distillation, en détruisant la combinaison, aurait néces- sairement déterminé une précipitation d'oxyde de mercure. » Secondement, que, puisqu'il s'est formé du chloride de mercure, sans qu'il se soit dégagé d'oxygène, il faut nécessairement que la liqueur chlorée ait acquis l'oxygène équivalent au chloride formé. » Troisièmement, que, puisque le pouvoir décolorant n'a pas éprouvé (i) Au lieu d'oxyde de mercure , on peut employer les résidus de sulfate de inen-ure qu'on obtient si fréquemment dans les laboratoires . (2) L'oxyde provenant de la décomposition du chloride de mercure jiâr lapolasse remplit très-bien cette condition. ( 932 ) d'altération, malgré la soustraction de chlore, il faut que la perte de titre qui devrait résulter de cette soustraction soit exactement compensée par le pouvoir décolorant de l'oxygène acquis. » Quatrièmement enfin, que, puisque l'acide hypochloreux est libre, dans la liqueur , de toute combinaison , il doit renfermer le chlore employé , diminué de celui du chloride de mercure, et l'oxygène, abandonné par le métal entré dans ce tlernier composé. L'analyse de l'acide hypochloreiîx se réduit donc à connaître le chlore avant la saturation par l'oxyde de mer- cure; à décomposer par un alcali , la potasse par exemple, le chloride de mercure formé, et à recueillir exactement l'oxyde précipité. Cet oxyde donnera à la fois et le chlore soustrait et l'oxygène qui le remplace. Voici les données d'une expérience : Dissolution de chlore 205 '• '• Titre de cette dissolution 319°, 5 (i). » Elle contient conséquemment 265' c-x -^^^^^ = 58i'-«-,7de chlore. 100 ' Oxyde de mercure recueilli 2", 855 dont l'oxygène en volume est égal à i46'-*- et repre'sente un volume de chlore 292 "■ '■ » Ainsi, il a été employé 58i°"°*,7 de chlore; on en retrouve, par l'oxy- gène de l'oxyde de mercure, aga*'"*, ou, très-sensiblement, la moitié; l'autre moitié du chlore s'est combinée avec i46*'*'* d'oxygène, qui sont, à très- peu près, son équivalent. Il est donc clair que, dans l'action du chlore sur l'oxyde de mercure, le chlore se partage en deux parties égales, dont l'une se combine avec le mercure de l'oxyde, et l'autre avec son oxygène, pour former l'acide hypochloreux, qui se trouve par là contenir des équivalents égaux de chacun de ses éléments. M. Balardlui assigne pour formule Cl*0*; mais nous prouverons qu'elle doit être modifiée. » M. Balard est parvenu à se procurer l'acide hypochloreux sous forme gazeuse, en en mettant une dissolution concentrée avec du nitrate de (i) Une dissolution à 100" contient exactement une fois son volume de chlore à o", et sous la pression de o",76o; à 2t9'',5 , elle en contient ^''"' , igS autant. ( g^^M ^ chaux très-sec sur le mercure; mais ce procédé, que j'ai répété plusieurs fois, ne m'a jamais réussi que très-imparfaitement; et, si j'en juge par la couleur jaune, plus foncée que celle du chlore, que M. Balard donne pour caractère à l'acide hypochloreux gazeux , tandis que l'acide que je prépare par un procédé différent est toujours incolore, il ne doit lui-même l'avoir obtenu que très- impur. » Ce procédé , d'une très-facile exécution , consiste à mettre en contact du chlore et de l'oxyde de mercure bien desséchés. On remplit de chlore un flacon à l'émeri de loo à i5o*'**'' de capacité, dont le bouchon est légère- ment suiffé dans le tiers supérieur environ de son pourtour. Cette disposi- tion a pour objet de fermer hermétiquement le flacon, sans que le chlore ou l'acide hypochloreux puisse arriver au suif et l'attaquer, » Le flacon de chlore préparé, on prend im tube de verre fermé d'un bout et pouvant entrer dans le flacon, puis on l'emplit aux deux tiers en- viron d'oxyde de mercure, et le tiers restant de sable fin desséché. On introduit alors le tube dans le flacon, le bout fermé en bas, et, après avoir posé le bouchon, on fait tomber, avec quelques secousses, le sable et l'oxyde de mercure. En quelques secondes d'agitation, la couleur du chlore s'évanouit, et l'opération est terminée. En ouvrant le flacon sous le mercure, il s'en emplit environ à moitié; avec l'eau, l'absorption est très-rapide et presque complète. » J'ai tenté plusieurs essais pour constater la contraction de volume des éléments de l'acide hypochloreux; mais ayant rencontré quelques dif- ficultés dues à l'action subséquente de l'excès d'oxyde de mercure sur l'acide, action qui en détermine successivement la décomposition avec pro- duction d'oxygène, j'ai cru inutile de m'arrêter à vaincre ces difficultés, en considérant surtout que M. Balard avait obtenu une contraction semblable à celle qui a lieu pour les éléments de l'eau, et que mes résultats marchaient dans le fnéme sens. » M. Balard, comme je l'ai déjà rappelé, attribue à l'acide hypochloreux gazeux une couleur d'im jaune plus intense que celle du chlore. Quant à moi, je l'ai toujours vu tout à fait incolore, même dans des dissolutions aqueuses ou alcalines qui contenaient plus de vingt fois leur volume. » Le caractère dominant de cet acide est d'être très-peu stable; ga- zeux, il fait quelquefois explosion, à une température ordinaire; en disso- lution dans l'eau, il a plus de stabilité; néanmoins il s'y décompose peu à peu spontanément. La lumière solaire accélère singulièrement sa décom- position , surtout quand il est concentré; il se rtsout en chlore, oxygène ( 934 ) et acide chlorique ; la dissolution contient aussi un peu d'acide hydro- chioriqiie , mais il est sûrement produit par l'action subséquente du chlore sur l'eau. » L'acide hypochloreux est très-soluble dans l'eau. Sans en avoir fait exactement l'expérience, je pense, avec M. Balard, qu'elle peut en dissoudre plus de cent fois son volume. M Un volume donné de gaz hypochloreux contenant un égal volume de chlore et un demi-volume d'oxygène, et ces deux corps ayant exacte- ment dans l'acide le même pouvoir décolorant, il en résulte que le titre d'une dissolution d'acide hypochloreux doit être attribué pour une moitié au chlore et pour l'autre à l'oxygène. Ainsi une dissolution ayant un titre de iioo", il en appartiendrait 55o° au chlore et 550° à l'oxygène; elle contiendrait cinq fois et demie son volume d'acide hypochloreux, ou cinq fois et demie son volume de chlore, et 2 | d'oxygène. Si l'on main- tient à la température du bain-marie bouillant une dissolution d'acide hypochloreux, elle se décompose comme à la lumière; il se produit de l'acide chlorique et un mélange de chlore et d'oxygène, dans lequel le chlore est dominant. Dans un essai, pendant le cours d'une expérience, j'ai trouvé le volume du chlore cinq fois plus grand que celui de l'oxy- gène. La décomposition de l'acide hypochloreux est assez rapide quand son titre dépasse goo a 1000°; au-dessous elle est de plus en plus lente. Cela permet de distiller l'acide hypochloreux au titre de 7 à 800° sans perte notable, en ne conduisant pas trop lentement l'opération. Un exemple sera utile pour en faire connaître la marche. On a pris un volume connu de dissolution au titre de 909°, et l'on a reçu le produit de la distillation en dix portions à peu près égales : i" portion ; elle avait pour titre aSoo" (1) 2' 1925° 3' 1470" 4' 943" 5'. 624° 6* 4oo» .j« aaa" 8* 106» 9' 30» 10' restée dans la cornue .• • • • **' 8220» (i) En distillant des dissolutions d'acide hypochloreux plus concentrée», les premiè- res portions qui passent à la distillation titrent jusqu'à 5ooo*. ( 935 ) Ce nombre 8220", divisé par 10, donne un titre de 822° seulement, au lieu de 909° qu'avait la dissolution employée; mais cette différence s'explique par la décomposition d'une partie de l'acide pendant la distillation. On ne doit être surpris que d'une chose, c'est de voir une dissolution d'acide hypochlo- reux se décomposer en partie par la distillation, et cependant donner des produits beaucoup plus concentrés que la dissolution elle-même , quoique dans des conditions plus favorables en apparence de décomposition. Pour- quoi cette différence ? » Il paraît difficile de répondre à cette question sans attribuer aux pa- rois des vases une très-grande influence sur la décomposition de l'acide hypochloreux. En l'admettant, l'effet est complexe , et voici comment on peut le concevoir. » Premièrement, le phénomène n'a lieu que pour les composés insta- bles, tout près du terme de leur décomposition; » Secondement, une masse liquide conçue libre dans l'espace , sans tou- cher des parois solides , se décomposerait plus tard, toutes circonstances d'ailleurs égales , que si elle en avait réellement le contact. C'est une as- sertion qui n'est que l'expression d'une expérience jotirnalière et qu'il faut admettre. » Maintenant, supposons la dissolution d'acide hypochloreux contenue dans un niatras de verre et tout près de son point d'ébullition; elle se dé- composera sur quelques points de la surface du verre avec dégagement de petites bulles de chlore et d'oxygène , sans qu'il puisse y avoir distilla- tion, et l'acide hypochloreux finira, avec le temps, par éprouver une dé- composition complète. L'effet , d'après la cause qui le produit , doit être nécessairement lent et successif. » Si la dissolution est, au contraire, portée à l'ébuUition , le premier effet de la chaleur sera toujours une décomposition de l'acide hypochloreux au contact de quelques points du verre, avec production de petites bulles gazeuses de chlore et d'oxygène; mais alors commencera un autre effet, ces petites bulles grossiront successivement de volume par les vapeurs d'eau et d'acide qui se réuniront à elles, et l'opération seia transformée en une véritable distillation , qui continuera de la même manière. Ainsi l'on con- cevra, d'une part, pourquoi la décomposition de l'acide hypochloreux est si lentement successive, au lieu d'être rapide comme elle devrait l'être nécessairement, si elle avait lieu dans chaque point de la dissolution; et, de l'autre part, pourquoi la distillation décompose une partie de l'acide, et en concentre une autre fortement. C.B., i84a, i" Semestre. (T. XIV, N» 2i$.) **? ( 936 ) » Le phénomène dont je viens de présenter l'explication se manifeste dans beaucoup d'autres circonstances, mais je me borne à remarquer qu'il n'est pas sans quelque analogie avec ceux qu'a observés mon savant ami, M. Therard , sur l'eau oxygénée. aSi l'on soumet à la distillation des dissolutions plus concentrées que celle qui vient de faire l'objet de nos observations, dont le titre soit, par exemple, de 12 à iSoo", la décomposition de l'acide sera considérable. Au contraire, avec des dissolutions de 6 à 'joo" , la perte sera très-faible. »I1 arrive quelquefois d'avoir en dissolution dans le même liquide, du chlore et de l'acide hypochloreux. On les séparera l'un de l'antre avec une précision suffisante, en tenant quelque temps le liquide au bain-marie ; le chlore seul se dégagera. Si la dissolution était trop concentrée , on aurait soin de la ramener en l'étendant d'eau à (i ou 700°. » L'instabilité de l'acide hypochloreux et l'énergie de ses deux éléments expliquent suffisamment l'action puissante qu'il exerce sur les autres corps. Tantôt elle est déterminée par l'affinité seule du chlore, tantôt par celle de l'oxygène, mais le plus ordinairement par le concours de toutes deux. M. Balard en ayant traité savamment dans son Mémoire, je ne dois pas m'en occuper ici; mais je porterai l'attention sur la constitution de l'acide hy- pochloreux. «IVL Balard a reconnu, et mes expériences le confirment, que cet acide, pour un volume de chlore, contenait un demi-volume d'oxygène; voici comment il en établit la formule. j) En appelant R le radical métallique se combinant avec un équivalent O d'oxygène, et Cl* deux atomes ou un équivalent de chlore, on a les for- mules suivantes : (R-}-0-f 2C1)2= RCl' + Cl'li, (R -t- 0 + 2 Cl) 3 = 2R CI' 4- Cb il , (R + 04-2Cl)4=:3RCl" +GÏ'R, (R + 0 + 2 Cl) 5 = 4R Cl' + CU R . « De ces différentes formules, dit M. Balard , la troisième a été préférée par » les chimistes, et l'acide chloreux (son acide hypochloreux) a été assi- » mile par sa composition, à l'acide nitreux et à l'acide phosphoreux. Mais » pourquoi ne pas admettre la seconde, certainement la plus simple, et » dans laquelle l'acide chloreux se trouve l'équivalent de l'acide hyposul- » fureux? Abstraction faite de toute preuve expérimentale, cette supposi- ( 93? ) » tion était bien plus naturelle que l'autre; car les circonstances au milieu » desquelles se forme l'acide chloreux ne ressemblent point du tout à celles » où l'on obtient les acides phosphoreux , nitreux , etc. , tandis qu'elles sont » identiquement les mêmes que celles dans lesquelles il se produit de l'a- » cide hyposidfureux. On sait, en effet,- que c'est en traitant les oxydes « alcalins par le soufre, avec le concours de l'eau, que l'on obtient des mé- » langes de i atome d'hyposulâte et de i atome de polysulfure. Si dans cette » réaction nous substituons le chlore au soufre, nous aurons i atome de » chlorite et 2 atomes de chlorure. La seule différence qui existera dans » les deux cas, c'est que le nombre qui exprime l'équivalent chimique du » chlore étant double de celui qui représente son atome, tandis que dans » le soufre ces deux nombres sont égaux, on aura pour formule de l'acide » chloreux Cl", tandis que celle de l'acide hypo.sulfureux sera S «Quelle dénomination doit-on maintenant assigner à ce composé? Il est » évident que celle d'acide chloreux ne peut guère lui être conservée, et » qu'il est bien plus convenable de l'appeler acide hjrpochloreux , nom qui » rappelle son analogie de constitution avec les acides hyposulfureux , » hypophospboreux, etc., formés, comme lui, de i équivalent de leur ra- » dical et de j équivalent d'oxygène. Ses combinaisons seraient appelées » hjrppchlorites. » » Il résulte donc des propres expressions de M. Balard que l'acide hypo- chloreux est composé comme l'acide hyposulfureux , qu'il a avec lui une analogie de constitution, qu'il se produit dans des circonstances identi- quement les mêmes, et qu'il doit être représenté par une formule sem- blable. «Cependant, si l'on examine attentivement cette assimilation que suppose M. Balard, on ne tarde pas à reconnaître qu'elle ne repose que sur des considérations purement théoriques, qu'aucune expérience directe ne justifie. » Je ne crois pas qu'il soit exact de représenter l'acide hyposulfureux par SO. Sa véritable formule, son équivalent, est S'O", qui exprime la quantité d'acide nécessaire pour saturer 1 équivalent de base; et si l'acide hypochloreux lui était analogue, il devrait aussi avoir pour formule Cl"0»(i). (1) Cl représente ici pour moi un équivalent de chlore. 127. (938) » Or, un hyposulfite, celui de potasse par exemple, composé d'après la formule S'O'RO, est parfaitement neutre, et une ëvaporation ménagée n'altère point son degré de saturation. Mais si l'on prend une quantité connue de potasse KO, colorée en bleu par le tournesol , et qu'on y verse peu à peu de l'acide hypochloreux dont le titre soit également connu, on reconnaît que la couleur bleue ne se maintient que jusqu'au moment où l'on a ajouté à très-peu près les neuf vingtièmes de Cl'O" (i). Celte expé- rience, sans être absolument décisive, est cependant bien loin de justifier la formule Cl'O" pour l'acide hypochloreux; et au contraire, elle est bien plus favorable à la formule CIO, car on conçoit sans peine que près du terme de la saturation , supposée avoir lieu avec CIO, la décoloration du tournesol commence à se manifester. De plus, une dissolution d'hypochlorite de po- tasse C1*0*KO, abandonnée dans le vide à une température ordinaire, à côté de deux vases contenant l'un de la potasse pour absorber les vapeurs d'a- cide chloreux et l'autre de l'acide sulfurique , perd la moitié de son acide et se comporte, non comme un hyposulfite, mais bien comme un sel neutre auquel on aurait ajouté un excès d'acide , et qui , par défaut d'alBnité , le laisserait se dégager par simple évaporation spontanée. M Remarquons enfin que si l'acide hypochloi-eux avait réellement pour équivalent Cl* O', tant qu'on n'aurait pas employé cette quantité d'acide pour saturer i équivalent de potasse KO, chaque portion ajoutée ne devrait produire d'autre effet que de saturer une portion égale de base; l'hypochlo- rite deviendrait seulement de moins en moins basique, et l'on n'apercevrait d'ailleurs aucune cause de perturbation , car l'hypochlorite neutre ou alcalin est extrêmement soluble. Eh bien , aussitôt que l'on a ajouté à la potasse un peu plus d'acide hypochloreux que la moitié de Cl'0*,ou un peu plus que CIO, le trouble est porté dans la dissolution , elle ne tarde pas à baisser de titre, et en même temps commence la transformation de l'hypochlorite en chlorate neutre. Cet effet est surtout remarquable quand , après avoir mis dans la dissolution de potasse la moitié de Cl*0*, on y ajoute du chlore au lieu d'une nouvelle quantité d'acide hypochloreux. L'équilibre chimique est bientôt rompu; le titre de l'hypochlorite tombe rapidement; de petites bulles d'oxygène se dégagent, et du chlorate de potasse se forme rapi- dement. (i) Il est à remarquer que si la potasse était carbonatée, les premières gouttes d'acide hypochloreux déW'uiraient la couleur du tournesol. (939) » La cause de la plus grande perturbation produite par le chlore est ici bien évidente. Ajouter en effet de l'acide hypochloreux à de l'hypochlorite neutre de potasse, ce n'est, après tout, que former un sel de plus en plus acide; mais en faisant intervenir le chlore, la base du sel elle-même, la po- tasse, est décomposée; il se forme, comme nous le prouverons plus loin, du chlorure de potassium et une nouvelle quantité d'acide hypochloreux, qui s'ajoutant à celle abandonnée par la potasse décomposée , tend à rendre l'hypochlorite restant beaucoup plus acide. La perturbation amenée par le chlore est donc beaucoup plus profonde que celle que peut produire l'acide hypochloreux, et cela suffit pour expliquer la différence d'action de ces deux corps sur l'hypochlorite. » L'action du chlore sur l'hypochlorite de potasse Cl OKO me paraît démontrer de la manière la plus satisfaisante que ce sel est bien vérita- blement neutre; car s'il ne l'était pas, que ce fût le sel Cl'O'RO, il est évident qu'une addition de chlore à, Cl OKO, d'un dixième d'équivalent par exemple, ne ferait qu'augmenter la quantité d'hypochlorite et ne pourrait produire la perturbation profonde dont je viens de parler. » Ainsi, d'après les considérations que je viens d'exposer et qui seront fortifiées de nouvelles ressortant de l'ensemble de ce travail, il est évident pour moi que les combinaisons formées par l'acide hypochloreux et les bases ne peuvent être assimilées aux hyposulfites et aux hypophosphites,et que leur véritable formule, en appelant R le radical métallique, est ClORO, et non Cl*0*RO. La dénomination acide hypochloreux cesse alors d'être exacte, et je propose de la remplacer par celle de acide chloreux: ses combinaisons salines seraient des chlorites. » Pour ne laisser aucun nuage dans cette discussion , je ferai encore lemarquer que la formule que M. Balard a adoptée pour son acide hypo- chloreux ne ressort point, comme il le pense, de la deuxième des quatre formules rapportées plus haut (page gSô); car l'acide oxygéné qui découle de cette formule en employant 3 équivalents de base et 3 de chlore, serait nécessairement formé de i équivalent de chlore et de a d'oxy- gène. 0 Quant à l'analogie de circonstances sur lesquelles s'est appuyé M. Ba- lard pour assimiler sou acide hypochloreux aux acides hyposulfureux et hypophosphoreux , je ne vois pas qu'on puisse en tirer d'autre conséquence que celle-ci : qu'il était très-probable que le chlore devait former un chloracide en agissant sur une base alcaline; mais quant à en prévoir la constitution chimique propre, il y a trop de différence entre le chlore, C 94o ) le soufre et le phosphore, pour que l'analogie soit un guide sur et ne puisse égarer. » Avant d'aller plus loin , il ne sera pas sans intérêt d'indiquer le moyen de mesurer l'acide chloreux. On y parvient en mesurant son radical , le chlore ; et comme l'acide chloreux est formé d'équivalents égaux de chlore et d'oxygène possédant le même pouvoir décolorant , le titre de l'acide divisé par 2 donnera le titre en chlore. » Or pour parvenir à connaître le titre du chlore contenu dans une dissolution, on a pris pour unité de force celle qui lui est propre à la température de 0°, et sous la pression de o^iyôo, sous le volume de 1 litre. Cette force est divisée en 100 parties égales ou degrés. Conséquem- ment 1° représentera lo centimètres cubes de chlore, et 100° représen- teront lOGo"-''-, ou un litre. Il ne s'agit plus que d'établir la relation de ces degrés aux degrés alcalimétriques. » D'après la base généralement adoptée depuis Descroizilles, 5 grammes d'acide sulfurique concentré, dissous dans l'eau au volume de 5o centi- mètres cubes, sont représentés par 100 degrés, et 6^',i364, équivalent de l'acide, par i22°,728. Chaque degré équivaudra donc en volume à un demi-centimètre cube (i). » Maintenant, le poids d'un litre de chlore à 0° et à o",76o de pression pesant 3^'', 1689, ^* l'équivalent du chlore 4^'',4265 valant, comme celui de l'acide sulfurique, i22°,7a8 degrés alcalimétriques, les 3^%i689 de chlore en vaudront 87*^,8609. » Donc le centième de 3^^1689, ou i° chlorométrique, vaudra 0°, 87 8609 alcalimétrique; c'est d'après cette base qu'a été dressée la table suivante: (i) Les degrés alcalimétriques sont donnés au moyen d'un tube divisé en demi-cen- timètres cubes, qui est connu sous le nom de burette. (94- ) TABLE doiinanl les rapports des degrés chlorométrùjues aux degrés alcalimélriques. DEGRÉS chloroméiriques dans I litre. DEGKliS alcalimélriques dans 5o'^'=- DEGRÉS aloalimétriqucs dans 5o<=<^- DEGRÉS chloromiStriques dans I litre de chlore. ch. I al. o.S'jSGog al. I iflSSlG 2 i.^S^aiS 2 2,27632 3 2,63582-; 3 3,4'448 4 3,5i4436 4 4,55264 5 4,393045 5 5,69080 6 5,371654 6 6,82896 7 6 , I 50263 7 7,96712 8 7,028872 8 9, io528 9 7,907481 9 10,24344 10 8 , 786090 10' M ,38i6o nJVota. Nous représenterons dorénavant i degré chlorométrique par i'"', et I degré alcalirnétrique par 1°'. » Supposons, comme exemple, qu'on veuille faire un chlorite neutre de potasse CIO, KO avec 200^ "^ d'acide chloreux, au titre de laGo'*" La potasse est au titre de 100''"; quel volume faut-il en prendre? » En portant le volume de l'acide chloreux de 200"^ ' à looo'* , son titre doit varier en sens inverse , et l'on a iooo'='- : aoo'-'- :: 1260''" : a:«''= 1260"'' ■ x -^^^ = 252'''. looo Ces degrés chlorométriques , convertis en degi'ésalcalimétriques, donnent, d'après la table , Pour 200''* 175»', 7218 5o 43", 9304 2 i''^,7572 25l^^- 221«',4094 I oo I 1 1 (94:^ ) » Ainsi, pour faire le chlorite neutre demandé, il faudra ajouter à l'acide chioreux a2i°',4o94 de potasse. Si au lieu du titre loo"'", elle en avait un de lia'', le volume en demi-centimètres cubes qu'il faudrait en prendre devrait être diminué dans le rapport de loo à 1 12, et serait conséquemment 2-2 i, 409 = 197,6 demi-centimètres cubes. » Il serait également facile de calculer le volume d'acide chioreux, d'un titre donné, qu'il faudrait prendre pour saturer une quantité déterminée de potasse. » Je ne me suis point attaché à une étude particulière des chlorites j ce- pendant elle ne serait pas sans intérêt. » L'acide chioreux est un acide très-faible, plus peut-être que l'acide carbonique, quoiqu'ils se déplacent mutuellement. Beaucoup d'oxydes ou ne se combinent pas avec lui, ou ne le saturent que très-imparfaite- ment, et l'abandonnent en partie par la simple distillation des dissolu- tions. Les chlorites ont très-peu de stabilité; ils se décomposent même à froid, s'ils ne sont pas tenus à l'abri de la lumière; à la température de l'eau bouillante, la décomposition est assez rapide ; ils se transforment en chlorates et en chlorures , et en même temps ils laissent dégager une quantité d'oxygène d'autant plus grande en général qu'ils sont plus basi- ques. Les oxacides, même l'acide carbonique, en dégagent l'acide chio- reux, et l'on peut l'obtenir isolé par la distillation. » Si le chlorite est mélangé d'un chlorure métallique en quantité suffi- sante , et qu'on ajoute de l'acide sulfurique en excès, le chlore se mani- feste aussitôt avec effervescence. Le métal du chlorure prend l'oxygène de l'acide chioreux pour se dissoudre dans l'acide sulfurique, et le chlore, tant du chlorure que de l'acide, devient libre et se dégage. » Mais si l'acide sulfurique est ajouté avec ménagement, et tout juste au plus pour ne décomposer que le chlorite, il ne se dégage plus alors du chlore, mais bien de l'acide chioreux. Cette expérience est capitale; nous y reviendrons à l'occasion des chlorures d'oxydes, dont nous allons nous occuper maintenant. » On a vu que l'oxyde de mercure délayé dans l'eau, en contact avec le chlore, produit du chloride de mercure e;t de l'acide chioreux qui reste libre de toute combinaison avec l'oxyde métallique. Cela ne doit pas sur- prendre si l'acide chioreux est un acide très-faible, comme en effet on ne peut en douter. L'oxyde de mercure est lui-même aussi une base très- peu énergique, et l'on sait que de tels corps très-souvent ne sont forcés à la combinaison que par un antagonisme puissant. Ainsi, l'acide carbo- ( 943 ) nique ne se combine ^ avec l'oxyde de mercure, ni avec l'alumine, et il contracte au contraire une union très-intime avec les bases alca- lines. On concevra donc sans difficulté que les circonstances dans les- quelles le chlore est mis en contact avec les bases alcalines sont les mêmes que lorsqu'il est mis en contact avec l'oxyde de mercure; qu'il doit se former de l'acide chloreux dans l'un et l'autre cas, et qu'il n'y a d'autre différence que celle-ci: que l'acide chloreux formé, au lieu de rester libre en présence des bases alcalines, comme cela a lieu avec l'oxyde de mercure, se combine au contraire très-bien avec elles. L'analogie parle donc ici très-haut j mais la certitude ne peut être acquise que par l'ex- périence. 1) Pour marcher à pas plus sûrs, il sera nécessaire de calculer dans chaque cas particulier les quantités de chlore et de base qui devront être combinées ensemble pour obtenir des degrés déterminés de saturation. Deux exemples suffiront : » On veut faire un chlorure neutre de potasse, ClK.O,avec 20o"' de potasse au titre de io8°; combien faudra- t-il de chlore? » Cette quantité de potasse représente io8° X -^tx = 432*', qu'il faut traduire en degrés chlorométriques. D D'après la table des rapports des degrés alcalimétriques aux degrés chlorométriques, page 941, on a Pour4oo«*.. 455''', 264 3o... 34 ,145 2... 2 ,276 432»'- = 49 1^»- ,685 » Supposons de l'oxyde de manganèse au titre de 85*''' , pour 5 grammes, on dira 85c»i. ; 5gr. .. 4g,-;b.,685 : x = 28«'-,9a. Ainsi il faudra prendre 28^,93 d'oxyde de manganèse et recevoir dans la dissolution de potasse tout le chlore qu'il pourra donner en le traitant par un excès d'acide muriatique, et l'on obtiendra du chlorure neutre de po- tasse. Cette opération demande un peu d'attention; il ne faut point perdre de chlore , et cependant éviter de faire arriver de l'acide muriatique dans la potasse, pour ne point altérer le degré de saturation du chlorure qu'on s'est proposé d'obtenir. C. R., 184a, i" Scmettrc. (T. XIV, N» 2S.) 1 28 ( 944 ) » Pour second exemple, nous prendrons la préparation d'un chlorure de potasse alcalin; mais nous commencerons par une remarque importante. w D'après l'analogie que nous avons prise pour guide et que nous cher- chons à constater, le chlore , au moment où il arrive en contact avec la po- tasse, forme du chlorite de potasse et du chlorure de potassium qui doivent rester passifs dans les divers degrés de saturation que l'on veut obteqir avec l'acide chloreux et la potasse. » Soit donc un volume de potasse de 200*^ "•, au titre de 1 o8°'- ; avec quelle quantité de chlore faudra-t-il le combiner pour obtenir i chlorite ^ ? » Le chlorure de potassium et le chlorite de potasse devant toujours con- tenir la même quantité de chlore , on aura la formule 3 Cl 3 CIO 3K"^4K0' » Gonséquemment, la potasse sera divisée en 3-|-4 = 7 équivalents, et pour cette quantité de potasse il ne faudra que 6 équivalents de chlore. » Or, nous avons aoo" " de potasse , au titre de 1 oS"^-, ou 432"'", qui repré- sentent nos 7 équivalents. En prenant les f de ce nombre, on aura Syo^'^S qui devront être transformés eu chlore. D'après la table citée , on aura : Pour 3oo"'-,o...34i'=''-, 448 70 ,0... 79 ,671 o ,3... o ,341 S^o»' ,3— 42i'^'' ,460 Il faudra donc 42i''''",46 degrés de chlore, et on les obtiendra avec 2^^'-,']g du même manganèse qui a servi dans l'expérience précédente. Le chlore reçu dans la dissolution de potasse donnera le chlorite |, mélangé seule- ment de chlorure de potassium. M Examinons maintenant les chlorures d'oxyde, et essayons de justifier les analogies que nous avons supposées entre ces composés et les chlo- rites. » Les caractères généraux sont les mêmes de part et d'autre. Pouvoir décolorant au même degré, même instabilité, même modification par l'ac- tion de la chaleur, et surtout mêmes produits quand on les traite par les acides. » Ainsi nous disions tout à l'heure que les chlorites décomposés] par de l'acide sulfurique en excès ne donnaient que de l'acide chloreux; mais ( 945 ) fju'aussitôt qu'ils étaient mélangés de chlorures métalliques on n'obtenait plus que du chlore; qu'enfin, malgré ce mélange, on reproduisait tout l'acide chloreux en n'ajoutant que l'acide sulfurique nécessaire pour dé- composer tout juste le chlorite. » Eh bien , les chlorures d'oxyde soumis aux mêmes épreuves se com- portent absolument de la même manière. L'acide sulfurique est-il ajouté en excès? ce n'est que du chlore qui se dégage. Ne sont-ils traités que par une quantité d'acide suffisante pour décomposer le chlorite qu'ils sont supposés renfermer, et à plus forte raison inférieure? il ne se dégage plus de chlore; c'est l'acide chloreux qui a pris sa place. Cependant, si un chlorure d'oxyde n'était qu'une combinaison directe d'oxyde et de chlore, la moindre quan-' tité d'acide sulfurique déplacerait aussitôt du chlore , ce qui n'est pas. Il est donc de toute nécessité, pour exphquer ces faits, que le chlore, en arrivant dans une dissolution alcaline, forme deux produits différents, l'un très-faible, qui se décompose le premier par les acides; l'autre plus stable qui ne se décompose qu'après , et ces deux produits ne peuvent être qu'un chlorite d'oxyde et un chlorure métallique. » Prenons pour exemple le chlorure neutre de potasse 2CIKO qui a dû se transformer en CIK. + ClORO. La quantité d'acide sulfurique à ajouter pour ne décomposer que le chlorite, sera la moitié de celle qu'il aurait fallu pour saturer toute la potasse employée. Avec un chlorure de potasse -^ pour la formation duquel il aurait fallu employer 18CI -4- iqKO = ^ -4- ^ „^. l'a- ^ ' '' • .-? gK lOKO' cide serait égal aux -i| de la quantité nécessaire pour saturer toute la potasse. Mais lorsqu'on ne connaîtra pas la composition du chlorure de potasse, on ne pourra plus en opérer la décomposition que par tâtonnement, en ajou- tant l'acide par petites parties, jusqu'au moment où le chlore commencera à se manifester par la coloration de la dissolution qui jusque-là était restée parfaitement incolore. )) La saturation du chlorure de potasse par l'acide sulfurique est une opération tout à fait facile; cependant je crois utile de dire la manière dont je l'exécute. » Je prends un bout de tube de verre d'environ i5 millimètres de dia- mètre, et je l'étiré à la lampe en pointe allongée très-fine. Ce tube ainsi effilé est destiné à faire l'office d'entonnoir, et à ne laisser écouler l'a- cide sulfurique qu'on versera dedans que très-lentement. Il traverse un bouchon qui le fixe au flacon contenant le chlorure, et doit arriver ia8.. ( 946 ) presqu'au fond. Le bouchon est d'ailleurs échancré pour laisser un libre passage au mouvement de l'air. » L'acide sulfurique destiné à la saturation du chlorure est étendu d'environ vingt fois son volume d'eau. On en verse dans l'entonnoir et pendant l'écoulement dans le chlorure , on donne au flacon un mouve- ment giratoire pour répartir instantanément l'acide dans toute la masse du liquide et prévenir une sursaturation locale qui aurait l'inconvénient de produire du chlore. On verse ainsi successivement dans le chlorure la quantité d'acide qui aura été calculée, ou bien on opérera par tâtonnement jusqu'à l'apparition du chlore. Il ne restera plus, pour obtenir l'acide chlo- reux, qu'à procéder à la distillation. i> Le chlorure de chaux, qu'on se procure si facilement dans le commerce, peut être employé à la préparation de l'acide chloreux, en le décomposant, avec les précautions indiquées , par de l'acide nitrique très-affaibli. » L'acide carbonique lui-même décompose les chlorures d'oxyde , mais il ne le fait que partiellement; l'acide chloreux, qui est très-soluble, reste dans la dissolution et unit par arrêter l'action de l'acide carbonique. jo Ainsi, 4oo'''" d'une dissolution de chlorure de chaux, au titre de 5o4''' , saturés d'acide carbonique et soumis à la distillation, ont donné un premier produitde75°°"au titre de 576°'"et un suivant de. loS"" titrant encore i lA'"". Le résidu saturé d'acide carbonique a donné une nouvelle quantité d'acide chloreux. » Le chlore lui-même décompose les chlorites, au moins en partie^ et en effet, la distillation du chlorite, après l'admission du chlore, donne cons- tamment de l'acide chloreux. 11 agit sur la base, la désoxyde et forme du chlorure métallique , et une nouvelle quantité d'acide chloreux qui s'ajoute à celle abandonnée par la portion de base décomposée. Mais l'action du chlore ne se borne pas à ce simple effet. Avec cette tendance à séparer l'oxy- gène de la base, il provoque une rupture d'équihbre qui s'effectue bientôt, et la plus grande partie de l'oxygène se concentre dans le composé plus stable ClO^ RO, c'est-à-dire que le chlorite se transforme en chlorate. Que l'on opère avec un chlorite ou avec un chlorure d'oxyde, le résultat est le même (i). (i) Je dois faire remaiH^uer que l'acide cliloreux attaque '.es chlorures à la tempéra- ture de iOD° et même au-dessous, et qu'il les transforme en chlorates, avec de'gagement de chlore et d'au peu d'oxygène. Quand ce dégagement de chlore a lieu , le chlorite est ( 947 ) » L'action de la chaleur sur les chlorites et les chlorures d'oxyde en dissolution est absolument semblable. Cette action est lente , successive et conséquerament énigmatique, comme tant d'autres. Elle détermine en gé- néral leur transformation en chlorates; mais un dégagement d'oxygène a constamment lieu , et il est d'autant plus considérable que le composé chloré est plus basique. On trouvera dans le tableau ci-après les résultats des expériences comparatives qui ont été faites simultanément , tant avec le chlorite qu'avec le chlorure de potasse à divers degrés de saturation. » Les dissolutions de chacun de ces sels ont été chauffées au même bain d'eau bouillante, pendant six à huit heures, dans des matrasdont la capacité variait de i4o à i8o centimètres cubes. Le col restait vide pour recevoir l'accroissement de volume qu'éprouvait le liquide par l'action de la cha- leur, sans lui permettre d'arriver au bouchon qui fermait le matras, et auquel était adapté un tube se relevant jusqu'au haut d'une cloche pour recueillir le gaz qui devait se dégager. Nous donnerons, un exemple de calcul d'une opération avec du chlorite de potasse neutre. Volume du chlorite i56' ' Son titre avant l'expérience 648 '' Son litre après sept heures de bain-marie 5 '' Donc perte de titre 643 ''' Oxygène dégage', volume corrigé 66'' » Supposons pour le moment que toute la perte de titre soit due au chlore, on aura son volume x par la relation suivante : 1 56'-'- X 643'=''- = I oo'''- X x ; d'où X = looS^-'^oS, lesquels représentent la matière décolorante. Ces looS^'^^oS se divisent en deux parts égales, l'une 5oi*'''',54 pour le toujours avec excès d'acide chloreux. C'est un autre moyen de constater sa neu- tralité. La transformation d'un chlorure en chlorate par l'acide chloreux fournit un moyen commode de préparer les chlorates. Il suffit de tenir au bain-marie bouillant, ou à la lumière , de l'acide chloreux dans lequel on a dissous le chlorure. On renouvelle l'acide quand il est trop affaibli , et pour cela on distille à sec , ou à peu près , la dissolution. Les premières portions d'acide qui se dégagent, concentrées par la distillation, peu- vent être employées de nouveau, ou seivir à la préparation de l'acide chloreux. En répétant ces opérations, le chlorure peut être entièrement converti en chlorate. (948 ) cTilore, et l'autre, pour l'oxygène, est représentée par — de ce gaz, attendu que 2 volumes du premier n'équivalent qu'à i volume du second. M Or comme la potasse du chlorite contient autant d'oxygène que l'acide chlorenx,la totalité de ce corps, contenue dans le chlorite, sera égale à Soi"' ,54 d'oxygène; c'est-à-dire, en règle générale, au volume du chlore contenu dans l'acide chloreux. «Ainsi, dans notre exemple, l'oxygène du chlorite étant de 5oi° ° ,54, et Ç\f\ l'oxygène dégagé ou perdu de 66° ', on aura g — g7 = o,i3 pour la perte d'oxygène que la chaleur fait éprouver au chlorite en le décomposant et le transformant en chlorate. Résultats de l'action de la chaleur sur des dissolutions de chloriles et de chlorures de potasse à divers degrés de saturation. GHLORITES ET CHLORURES. DEGRÉ de saturation. PERTE D OXYGENE, celui du chlorite ou du chlorure = i. Chlorure de potasse acide Chlorite id (Chlorure neutre Chlorite id Chlorure basique Chlorite id Chlorure • . Chlorite . , • Chlorure Chlorite Chlorure Chorite Chlorure Chlorite • Chlorure et oxyde de manganèse . . Chlorure sans oxyde de manganèse. _9_ 1 o 8 1 « J 10 7 I o _5_ 1 o 5 o,o3 0,07 o,o3 à 0,10 o, j3 o ,11 0,33 », i5 0,41 à 0,66 o, 12 o, i3 0,37 0,33 o,3o 0,36 0,67 à 0,80 0,35 » On remarquera d'abord que , à part quelques anomalies, les pertes ( 949 ) d'oxygène augmentent avec l'excès de base dans chaque espèce de sel. Les chlorites et les chlorures fS et 7-5 ont éprouvé des pertes qui ne s'élèvent que de 3 à 1!^ centièmes, taudis que les chlorites et les chlorures ba- siques -^ et 4: en ont éprouvé de 3o à 87 pour 000. » Les pertes d'oxygène pour un chlorite et un chlorure, au méuie degré de saturation, présentent quelques différences notables; et le plus souvent c'est pour les chlorites qu'elles sont plus grandes. Cepen- dant pour chaque titre ^, -^,-^, les pertes sont sensiblement égales. Je ne sais à quoi attribuer la discordance des résultats. Peut-être l'insta- bihté de ces composés en est-elle la principale cause. En ajoutant du per- oxyde de manganèse à du chlorure de potasse ~ô, qui seul n'avait éprouvé qu'une perte d'oxygène de 25 pour 100, elle s'est élevée dans une expé- rience 367, et dans une autre à 80. Une couleur rouge assez intense té- moignait de la présence de l'hypermanganate de potasse dans la dissolu- tion. L'oxyde brun de cuivre s'est comporté avec le chlorure de potasse comme le peroxyde de manganèse. Il est remarquable qu'une dissolution d'acide chloreux seul, et celles des chlorites et des chlorures, placées dans les mêmes circonstances, se décomposent d'une manière tout à fait sem- blable. L'instabilité de l'acide paraît bien peu diminuée par la présence d'une base; l'action est aussi très-lente, et les considérations que nous avons exposées à l'égard de sa décomposition par la chaleur pourraient peut-être trouver ici leur application. » Quoi qu'il en soit de la cause des discordances qui se manifestent quel- quefois dans la décomposition des chlorures et des chlorites par l'action de la chaleur, ces discordances n'étant pas d'ailleurs constantes, et se pro- duisant aussi entre les chlorites comme entre les chlorures, il n'en reste pas moins tout à fait probable, par la similitude des résidtafs généraux de cette action, que les chlorites et les chlorures doivent renfermer un composé commun, et que ce composé ne peut être que le même chlorite. » Une conséquence très-importante qui découle des faits que nous ve- nons d'exposer, c'est que, dans la fabrication des chlorures, il est nécessaire que la chaleur s'élève le moins possible. Deux effets sont produits par elle au détriment du chlorure, un dégagement d'oxygène et un abaissement de titre qui peuvent en amener la perte totale; tandis qu'en empêchant la température de s'élever, la perte reste insensible. » Mais indépendamment de la chaleur, il est une autre cause de perte dans la fabrication des chlorures , qui mérite une attention très-sé- rieuse. ( gSo ; » Tant qu'on n'atteint pas la neutralité, le chlorure se maintient sans altération à tine température ordinaire; au moins les progrès en sont-ils très-lents. Mais si l'on outre-passe la neutralisation, le titre du chlorure ne tarde pas à s'abaisser rapidement; de l'oxygène se dégage en petites bulles dans la proportion de deux à trois centièmes de tout celui contenu dans le chlorure, et il s'est formé du chlorate. Ces effets ont lieu pour le chlorure de chaux comme pour celui de potasse, et, dans certaines limites au moins, ils sont indépendants de leur degré de concentration: je dis dans certaines limites de concentration, car j'ai vu du chlorure neutre de potasse, titrant 900 à loofl""*"', perdre en huit jours, à la température de i5à 18° et à la lu- mière diffuse de mon laboratoire, plus des neuf dixièmes de son titre. » Ainsi , dans la préparation des chlorures comme matières décolorantes , ou obtiendra le meilleur résultat en empêchant la température de s'élever et en ne dépassant pas, en n'atteignant pas même tout à fait le terme exact de saturation. » Quant à la fabrication du chlorate de potasse, il est maintenant bien évident que la théorie de Beithollet ne peut plus être admise; car celle théorie, fondée sur le peu de solubilité du chlorate de potasse, suppose me tant qu'il n'est pas arrivé assez de chlore dans la dissolution alcaline pour que le chlorate qui pourrait se former ne puisse pas être tenu en dis- solution, il ne s'en forme réellement pas : conséquemment, qu'en prenant de la potasse très-étendue ou des bases ne formant que des chlorates très- solubles, comme la chaux , on n'obtient que des chlorures et jamais des chlorates. » Mais il est bien constant, au contraire, qu'une dissolution de potasse très-étendue, que la chaux, la magnésie, produisent des chlorates aussitôt que le chlore est en excès, qu'il se dégage un peu d'oxygène et que le titre baisse alors considérablement; tandis que tant que le chlore n'est pas en excès on peut obtenir du chlorure de potasse même très-concentré sans qu'il se forme de chlorate de potasse. Pour concevoir l'action d'iui excès de chlore sur un chlorite ou un chlorure, celui de potasse par exemple, il faut faire attention que le chlore agissant sur la potasse formerait du chlorure de potassium et une nouvelle quantité d'acide chloreux qui s'a- jouterait à celui abandonné par la portion de base décomposée ; que l'acide chloreux agirait lui-même sur le chlorure de potassium et le trans- formerait en chlorate*, que, conséquemment, il est bien plus naturel qu'à ce moment même de l'état naissant , l'équilibre se rompe et que le chlo- rite se transforme immédiatement en chlorate sans passer par des détours rrue la nature évite toujours. ( ç)5i ) » Cependant la conversion d'un chlorite en chlorate peut aussi avoir lieu sans un excès de chlore, par le concours seul de la chaleur. C'est que, alors, le chlorite est lui-même décomposé et que la combinaison immé- diatement plus stable qui peut résister dans ces nouvelles circonstances , se forme aussitôt. » C'est la rè;^!e générale : toutes les fois qu'il peut se former, avec les mêmes éléments, divers composés inégalement stables, mais pouvant exis- ter tous dans de mêmes circonstances données, c'est le moins stable qui se forme le premier. Si les circonstances changent et qu'il ne puisse plus se maintenir, le composé immédiatement plus stable lui succède, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on arrive à un composé éminemment stable, ou que les éléments du composé se séparent. On voit ainsi le chlore et la potasse produire du chlorite et du chlorure de potassium à une basse tempéra- ture ; le chlorite se change en chlorate à une température plus élevée , puis le chlorate en heptachlorate et finalement celui-ci en oxygène et chlorure de potassium. De même, le soufre et le phosphore en contact ' avec une base alcaline produisent d'abord de l'hyposulfite et de l'hypo- phosphite, et plus tard du sulfate et du phosphate. «D'après les résultats qui précèdent, la condition la plus favorable à la préparation de chlorate de potasse consiste à sursaturer légèrement la dis- solution alcaline de chlore. Alors, soit spontanément, soit par la chaleur au plus de l'ébullition, la transformation du chlorite en chlorate a lieu. «Lorsqu'on emploie à cette préparation le chlorure de chaux et le chlo- rure de potassium, il est également avantageux de sursaturer d'un petit excès de chlore. Après qu'il aura produit son effet, ce chlore pourra être recueilli et contribuer à la formation d'une nouvelle quantité de chlorure de chaux. «Ainsi dans la préparation du chlorate de potasse, on doit empêcher la température de trop s'élever avant le terme d.e la saturation par le chlore ; sursaturer légèrement de chlore la dissolution et l'abandonner au repos, ou bien la chauffer jusqu'à 80 et même 100 degrés; il n'y a plus alors d'in- convénient. En opérant même avec toutes ces précautions, on ne pourra pas éviter une perte d'oxygène, mais elle ne dépassera pas deux à trois centièmes. «J'ai obtenu l'acide bromeux gazeux par le même procédé que l'acide chloreux, mais c'est un champ que M. Balard s'est réservé de parcourir. a Je me borne pour le moment aux observations que je viens de présen- ter, tout imparfaites qu'elles soient. Engagé par quelques amis à en pres- C. R. , 184a, !««■ Semestre. (T. XIV. N» 2J$.) 1 29 ( 952 ) ser la publication, je remets à une époque peu éloignée, où j'espère être plus libre de ra'adonner aux travaux du laboratoire, à les rendre plus com- plètes , et particulièrement à étudier avec soin l'action de la lumière sur les composés décolorants du chlore. J'ajoute , en terminant , que M. Bour- son et surtout M. Larivière m'ont prêté leur concours avec un dévoue- ment qui me fait un devoir, en même temps qu'un véritable plaisir, de leur en témoigner ici ma reconnaissance.» CALCUL INTÉGRAL. — Remarques diverses sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du premier ordre; par M. Augustin Cauchy. « Dans la séance précédente, j'ai rappelé la méthode dont je m'étais servi en i8rg (^Bulletin de la Société Philomathique) pour intégrer complè- tement les équations aux dérivées partielles du premier ordre, quel que fût d'ailleurs le nombre des variables indépendantes, et j'ai comparé cette méthode à celles qui ont été données depuis cette époque par M. Jacobi et par M. Binet. Il m'a semblé utile d'examiner s'il ne serait pas possible d'appliquer à ces mêmes équations la méthode dont Lagrange et Charpit ont fait usage, de manière à lever les difficultés que cette application semblait présenter au premier abord. Tel est l'objet de la présente Note. En appro- fondissant le sujet, je suis parvenu non-seulement à faire disparaître les difficultés dont il s'agit, mais encore à déduire de mon analyse quelques propositions nouvelles, et en particulier la suivante : » Supposons que l'équation donnée renferme avec les variables indé- pendantes ^» X> ^»' ., t, dont l'une t peut représenter le temps, une inconnue «r, et ses dérivées partielles du premier ordre ' p, q, r,..., s relatives aux diverses variables indépendantes. Si les équations différen- tielles, que l'on substitue à cette équation aux dérivées partielles, sont in- tégrées, et si le système de leurs intégrales générales est décomposé en deux autres systèrnes qui offrent respectivement : i°les valeurs initiales àa X, jr^z,. . .; 2° les valeurs initiales des dérivées p, «y, r, . . ., et de l'in- connue inr, exprimées en fonction de ^1 II 2,.. ., t, isr, p, q, r,. . ., (953) on obtiendra une solution complète de l'équation aux dérivées partielles, non seulement en supposant les valeurs des dérivées p,q,r,... détermi- nées en fonction de jf, j, z, ...,«, -zet par le premier système d'intégrales eénérales, mais encore en supposant, avant cette détermination, une ou plusieurs intégrales du premier système remplacées par une ou plusieurs intégrales correspondantes du second système, savoir, l'intégrale qui ren- ferme la valeur initiale de x, par l'intégrale qui renferme la valeur ini- tiale de la dérivée relative à x; l'intégrale qui renferme la valeur initiale de j; par l'intégrale qui renferme la valeur initiale de la dérivée relative à ^, etc. D'ailleurs, les valeurs de p,q, r,. . . étant une fois déterminées en fonction de x, j", z,. . ., t,'W, on pourra, dans tous les cas, en déduire celle des, à "aide de l'équation donnée, puis celle de «zér, en intégrant la formule d-ar = pdx ■+■ qdj -f- rdz + . . . -f- sdt. » CA.LCtJL INTÉGRAL. — Mémoire sur les équations linéaires simultanées aux dérivées partielles du premier ordre; par M. Augustin Caucht. « Suivant une remarque énoncée dans mon dernier Mémoire, et plus an- ciennement dans un article de M. Jacobi que renferme le deuxième volume du Journal de M. Crelle, on peut toujours intégrer des équations linéaires simultanées aux dérivées partielles du premier ordre, lorsque ces équa- tions fournissent les valeurs de fonctions linéaires semblables des déri- vées des diverses inconnues. Dans ce nouveau Mémoire, je considère le cas général où deâ équations linéaires simultanées ne satisfont plus à la condition que je viens de rappeler, et je prouve qu'alors même on peut souvent réduire leur intégration à celle d'un système d'équations diffé- rentielles. J'indique les conditions qui doivent être remplies pour que cette réduction soit possible, et des transformations remarquables que peuvent subir les équations données, dans le cas où quelques-unes seule- ment de ces conditions se vérifient. Enfin je montre comment les principes établis dans ce nouveau Mémoire peuvent être étendus et appliqués à l'in- tégration d'équations non linéaires. » PHYSIQUE MATH ÉMA.T1 QUE. — Remarque à l'occasion d'une communication récente de M. le colonel Savart sur les cordes vibrantes. — Note de M. DunAHEL. « Dans U correspondance de la dernière séance, se trouve une Note lag.. ( 954 ) très-intéressante de M. le colonel Savart, sur les vibrations des cordes. Ses expériences ne lui ont pas donné les mêmes nombres que la formule ordi- nairement employée à cet effet; mais en introduisant dans les données du calcul les circonstances auxquelles M. Savart a eu égard, on trouve un ac- cord remarquable entre les résultats de l'analyse et ceux de l'expérience. Dans le problème des cordes vibrantes les géomètres ont fait abstraction de la rigidité, et ont supposé qu'il s'agissait d'un fil matériel parfaitement flexible; ils savaient très-bien, d'ailleurs, qu'ils n'avaient ainsi qu'une ap- proximation, et que dans le cas d'une corde métallique d'une petite lon- gueur, la toi mathématique trouvée s'écarterait beaucoup de l'expérience. L'objet que s'est proposé M. Savart a été de trouver la loi de ces écarts ; et c'est la voie expérimentale qu'il a suivie à cet effet. Des expériences très- multipliées l'ont conduit à une relation simple entre trois quantités qu'il avait en vue de comparer : ces quantités sont le nombre de vibrations que fait réellement la corde tendue, le nombre indiqué dans les mêmes circonstances par la formule, et le nombre de celles que ferait la corde dans le même temps si sa tension était nulle et qu'elle fût soumise aux seules forces produites par sa rigidité. Le carré du premier nombre s'est toujours trouvé égal à la somme des carrés des deux autres. » Or je vais démontrer que cette relation est précisément celle à laquelle conduit le calcul en introduisant la nouvelle condition de la rigidité. )) En effet, la formule démontrée par les géomètres est ï = KN'; T dé- signant la tension de la corde , N le nombre de vibrations qu'elle fait dans l'unité de temps, et K une constante dépendant de la longueur et de la masse de la corde. Désignons par N, le nombre que l'expérience donne au lieu de N, et par No celui qui correspond à une tension nulle. Si l'on supposait la corde parfaitement flexible et soumise à une tension conve- nable T», on pourrait lui donner le même mouvement qui provient de sa rigidité seule, et dans lequel elle fait un nombre N. de vibrations dans l'unité de temps. Or on se trouve alors dans le cas auquel s'applique la for- mule, et l'on aura par conséquent To=KN\ Il suflit actuellement d'ajouter à la corde flexible la tension ï pour se trouver dans le cas même de la corde rigide, puisqu'on remplace les forces provenant delà rigidité par celles qui proviennent de la tension T„, et dont l'effet est le même. On peut donc calculer N, d'après la formule ordinaire, en supposant la tension égale à ï+ï^; et l'on aura l'équation T-j-To = KN:, d'où résulte N:=N'H-N:, comme l'expérience l'a fait connaître à M. Savart. » Les résultats obtenus par cet habile expérimentateur offrent donc une ( 9^5 ) confirmation frappante de la théorie mathématique ; mais il ne faut pas oublier qu'on pourrait encore supposer la corde dans d'autres circon- st.mces où cet accord ne serait plus aussi exact, et où il faudrait intro- duire de nouveaux éléments dans le calcul. » J'ajouterai une dernière observation. Si cette question avait été traitée «l'abord par l'analyse, on serait arrivé immédiatement à la loi, qu'il n'aurait plus fallu que vérifier. Or on sait combien il est plus facile de vé- rifier que de découvrir. On voit donc ici un nouvel exemple de l'utilité de l'inalyse mathématique dans la recherche des lois des phénomènes natu- rels. » CHIMIE APPLiQDÉE. — Note sup Ics pouzzolaucs; par M. Vicat. « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie quelques faits chimiques qui me paraissent devoir dissiper un reste d'obscurité, couvrant encore certaines questions touchant la vraie nature des pouzzolanes et le fait de combinaison on de non-combinaison de celte substance avec la chaux grasse, dans la confection des bétons. » On sait que le nom de pouzzolane {pulvis puteolanus) fut donné par les Romains à une terre rougeâtre , d'origine volcanique , exploitée sur le territoire de l'ouzzolle, non loin du Vésuve. Il serait difficile d'assigner l'é- poque à laquelle ses propriétés commencèrent à être connues en Italie; Vilruve se lait sur ce point, mais il nous donne en revanche de grands dé- tails sur l'admirable parti que les architectes romains savaient tirer de cette substance pour toutes sortes de constructions hydrauliques, et notam- ment pour celle du môle ou digue à la mer. On voit qu'ils fabriquaient sur le rivage des blocs d'un volume énorme en les asseyant sur une base artifi- cielle que les flots pouvaient détruire ou respecter, au gré des construc- teurs; puis, quand la matière avait acquis le degré de cohésion jugé néces- saire , on livrait la fondation au choc des lames , et la masse ébranlée tombait dans la mer (i). On continuait ainsi de proche en proche, en poussant la digue au large jusqu'au point convenu. Vitruve connaissait parfaitement l'origine volcanique de la pouzzolane, mais l'explication qu'il essaye de (i) Le système si rationnel des grandes masses oppose'es aux {grands effets des vagues vient d'être tout récemment mis en pratique à Alger par M. l'inge'nieur Poirel. Il est étonnant que les anciens désastres e'prouve's à Cherbourg n'y aient pas fait songer plus tôt. (956) donner de ses propriétés est tout ce qu'elle pouvait être à cette époque , c'est-à-dire qu'elle n'explique rien , et nous devons d'autant moins nous en étonner que nos idées à cet égard n'étaient pas beaucoup plus claires il y a vingt ans. » Je dois rappeler que quelques chimistes, et notamment John, de Berlin, ont considéré les pouzzolanes comme des matières entièrement passives , n'ayant sur les sables ordinaires d'autre avantage qu'une certaine faculté d'absorption; que Chaptal et après lui presque tous les ingénieurs ont attribué en partie au peroxyde de fer la vertu hydraulique qui les carac- térise. >■ Ce sont là de graves erreurs, que l'on ne saurait trop signaler, dans un moment surtout où de grands projets de travaux maritimes s'élaborent, et où, conséquemment, il importe d'imprimer une bonne direction à l'étude des voies et moyens d'exécution. » Je dirai donc que tous les essais, que toutes les expériences que je viens de répéter pendant les années i8/io, 1841 et 1842 (expériences qui seront l'objet d'un Mémoire particulier), s'accordent à présenter comme terre à pouzzolane par excellence l'argile parfaitement pure, calcinée en poudre, pendant quelques miiuites au rouge un peu plus que brun, et de manière à perdre des 8 aux 9 dixièmes de son eau de combinaison. Conséquemment les argiles dites terre de pipe et autres , blanches, douces et fines, restant blanches après la cinsson , sont les meilleures terres à pouzzolane, et à mesure que la présence du fer ou du manganèse, du carbonate de chaux ou du sable, etc., les éloigne de ce degré de pureté, elles perdent propor- tionnellement aussi la faculté d'arriver par la calcination au degré d'excel- lence des argiles pures. II Ainsi la pouzzolane tjpe, je dirais presque la pouzzolane théorique, n'est autre chose qu'un silicate d'alumine rendu presque anhydre par un léger degré de cuisson , et ramené par là au point où l'affinité réciproque des deux principes silice et alumine est devenue la plus faible possible. » Quant à la question de combinaison ou de non-combinaison des pouz- zolanes avec la chaux grasse en pâte, voici des faits qui me paraissent de- voir lever tous les doutes. » Toutes les argiles crues, les mêmes argiles transformées en pouzzo- lanes , et enfin les pouzzolanes naturelles , n'abandonnent aucune trace pondérable de silice à l'acide muriatique bouillant. Il en est ainsi des mé- langes de chaux grasse en pâte et d'argiles crues, même après un an d'im- mersion. Mais au contraire tous les mélanges de chaux grasse et depouzzo- ( 95? ) lanes naturelles ou artificielles, après trois mois d'immersiou seulement, abandonnent déjà à la dissolution muriatique une telle quantité de silice , qu'au bout de quelques minutes d'ébuUitioii les liqueurs se prennent en gelée transparente. » Ainsi ce que la voie sèche produit en quelques heures sur la silice des mélanges artiliciels ou naturels de chaux et d'argile, la voie humide l'opère en quelques mois sur la silice des mélanges de chaux et de pouzzolane , puisque d'insoluble qu'elle était auparavant dans les acides, cette silice le devient après. . » Ce fait tranche toute difficulté sur la théorie de la solidification de celte classe de bétons; il s'opère évidemment une combinaison entre les prin- cipes mis en présence, et le corps solide qui en résulte est véritablement un hjdivsilicate d'alumine et de chaux ; type du béton par excellence quand les autres substances dont la plupart des argiles sont souillées ne viennent pas en altérer ou du moins en affaiblir la cohésion. » C'est sans exagération aucune, et par l'unique témoignage des chiffres qui expriment la résistance à la rupture ou au forage, que j'établis, dans le rapport moyen de 2 à i, la supériorité des bétons types sur les bétons à pouzzolane d'Italie de première qualité. » Les conséquences de toutes ces vérités ne sauraient être développées ici, mais elles ne peuvent manquer d'exercer une grande et économique influence sur la fabrication des pouzzolanes artificielles, et par suite sur l'exécution des travaux hydrauliques, dont la destination est d'être cons- tamment immergés. » Un travail inédit de feu M. Poisson, sur la théorie mathématique de la lumière, est adressé de Besançon par un des fils de l'auteur, M, Ch. Poisson , officier d'artillerie. Ce travail a pour titre : « Mémoire sur les apparences des corps lumineux en repos et en mouve- ment ; par M. Poisson ; ia k V Académie le ... . 1839.» L'intention de l'auteur était, comme on le voit, de présenter lui-même ce Mémoire; les progrès de la maladie à laquelle il a succombé ne le lui permirent pas. L'Académie décide que ce Mémoire, dernier travail d'un de ses membres les plus illustres, sera imprimé dans le recueil de ses Mé- moires , et que des remercîments seront adressés à M. Poisson fils , pour la communication qu'il en a faite. M. FiouBENS fait hommage au nom de l'auteur, M. de Gasparin , d'un opuscule ayant pour titre : Mémoire sur la valeur des engrais. ( 958 ) ■ MÉMOIRES LUS. A.MATOMIE COMPARÉE. — Des rapports des trompes avec les oi>aires chez les mammifères , et particulièrement chez les animaux domestiques ; par M. Raciborsri. (Commissaires, MM. de Blainville, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards.) Des faits exposés et discutés dans son Mémoire, l'auteur se croit autorisé à tirer les conclusions suivantes : « 1°. Au lieu d'attribuer d'une manière absolue les grossesses extra-uté- rinçs abdominales aux émotions éprouvées par la femme pendant l'acte de la génération , on procéderait plus rationnellement en en recherchant une cause physique dans la disposition anormale des pavillons des trompes. » 2°. Chez les animaux domestiques le péritoine ajoute aux trompes des appendices membraneux en forme de capsules ou de capuchons qui recouvrent à la fois et les pavillons et les ovaires lorsque ces parties se trouvent mises en contact , et empêchent ainsi les œufs de tomber dans la cavité du péritoine. Cette disposition parait être une des principales raisons de la rareté de grossesse extra-utérine abdominale chez ces ani- maux. » M. DE Lapoute lit un Mémoire ayant pour titre : « De l'attraction à la surface du globe. » (Commissaires, MM. Puissant, Elie de Beaumont, Liouville.) M. J. Morand lit un Mémoire ayant pour titre : « Sur les lois générales de l'univers et leur expression mathématique. » (Commissaires, MM. Mathieu, Babinet. ) (9^9 ^ MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCAjyiQUE APPLIQUÉE. — SurlaJlexioTi des pièces chargées debout ; recher- che de l'expression analytique qui donne la Jlèche , en Jonction de la cliarge, et permet de déterminer V effort correspondant aux limites du pouvoir élastique , dans la flexion des pièces chargées debout; par M. Lamarle. (Commissaires, MM. Coriolis, Liouviile , Poncelel.) « Des considérations que nous venons de développer, dit l'auteur en terminant son Mémoire, il parait résulter comme conséquences pratiques, applicables à l'emploi des pièces chargées debout, lorsque les forces qui les sollicitent agissent aux centres de gravité des sections extrêmes, ou que leurs points d'application ne peuvent être transportés hors de ces centres , sans qu'en même temps la réaction des appuis ne tende à les y ramener : » i". Que les charges que peuvent supporter, sans altération perma- nente, les pièces dont il s'agit, sont indépendantes de leur longueur, et simplement proportionnelles à leur section , tant que le rapport entre la longueur et la plus petite dimension de l'équarrissage n'atteint pas ime cer- taine limite; » 2°. Qu'au delà de cette limite, et pour tous les cas d'application, la charge maximum peut atteindre, mais non dépasser l'effort correspondant à la flexion initiale ; » 3°. Que la théorie qui permet d'établir à priori ces deux principes essentiels, et qui les rend applicables à l'aide de formules très-simples, se concilie d'ailleurs parfaitement avec les faits d'observation, lorsque l'on a pris les précautions convenables pour réaliser les hypothèses sur les- quelles elle repose. » M. DE SENARMOSiT présente une carte géologique très-détaillée des départe- ments de Seine-et-Oise et Seine-et-Marne ; cette carte est accompagnée d'un Mémoire descriptif. (Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) M. Letellier soumet au jugement de l'Académie de nouvelles Recherches sur la composition du lait. (Renvoi à la Commission nommée pour un Mémoire de M. de Romanet sur le même sujet.) C R., i84î, l«» Semestre. (T. XIV, N" 28.) l3o . ( g6o) MM. Laroche et Leloivg adressent de nouveaux documents sur l'em- ploi des tissus en coton pour la voilure des navires. (Voir au Bulletin biblio- graphique. ) (Commission précédemment nommée.) L'Académie reçoit diverses communications relatives aux moyens de di- minuer les dangers des chemins de fer, communications adressées par MM. Dehicquehem , Fusz , Grandjean , Hautcoeur, Korylsei, Lecomte, et par trois, anonymes. (Renvoi à la {Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE. « M. Augustin Cauchy présente à l'Académie, delà part de M. l'abbé Bainaba Tortolini, professeur de mathématiques transcendantes au collège de la Sapience à Rome , et professeur de physique au collège romain de la Propagation de la Foi, plusieurs Mémoires imprimés qui lui paraissent devoir intéresser les géomètres. » Les titres de ces Mémoires sont les suivants : » 1°. Un Mémoire sur quelques applications de la méthode inverse des tangentes, iSSg; » 2". Un Mémoire sur la quadrature de l'ellipsoïde à trois axes iné- gaux, 1839; » 3°. Un Mémoire sur les transformatiotis et les valeurs de certaines intégrales définies, 1840; » 4 • Un Mémoire sur les limites de quelques expressions imaginai- res, 1841 ; 1) 5°. Un Mémoire sur diverses questions de physique mathématique, et en particulier sur le mouvement d'un système de molécules sollicitées par des forces d'attraction ou de répulsion mutuelle; » 6°. Deux Mémoires relatifs au calcul des résidus, et formant ensemble un traité de ce nouveau calcul; )> 7°. Deux Mémoires sur l'appUcatioa du calcul des résidus à l'intégra- tion des équalious linéaires aux différences finies. »Dâ03 ces deux derniers Mémoires l'auteur a étendu, en les appliquant à l'intégration des équations aux différences finies , même partielles, les méthodes exposées et appliquées par M. Cauchy à l'intégration des équa- tions différentielles et aux dérivées partielles, dans \t?, Exercices d Analyse et de Physique mathématique. ( 960 M. Eue de Beadmont fait hommage, au nom de l'auteur, M.P^iquesnel) d'un ouvrage ayant pour titre : Journal dun voyage dans la Turquie cTEu- rope. « Cet ouvrage, auquel est joint une carte dressée par M. le colonel Lapie, est principalement destiné, dit l'auteur, à faciliter les recherches dans le livre publié sur la Turquie d'Europe par M. Ami Boiié, qui a visité ce pays en compagnie de M. Viquesnel. » « MM. Bouv ABD et Babinet présententà l'Académie , de la part de M. Dien , une carte relative à l'éclipsé prochaine du 8 juillet 1842. M. Dien y a tracé, d'aprèsdescalculstransmisàM.AragoparM.Lehmann,la marche de l'éclipsé au travers de toute l'Europe, savoir : 1° la ligne où l'éclipsé sera centrale et totale; 2° les limites nord et sud où l'éclipsé cessera d'être totale; 3° les lignes sur lesquelles on apercevra encore un millième ou un centième du diamètre du Soleil et les lignes sur lesquelles la phase sera la même qu'a Paris, c'est-à-dire de dix doigts et demi, laissant à découvert un huitiènje du diamètre solaire ; 4° le point où le disque du Soleil sera attaqué vers l'occident et au nord par le disque obscur de la Lune ; 5° l'aspect du Soleil éclipsé pour Paris; 6* une portion de carte céleste qui servira à chercher et à reconnaître les planètes et les étoiles qui pourraient être visibles, et donner la mesure de l'obscurité. Le Soleil, Mercure, Mars, sont figurés pour le moment de l'éclipsé dans leur vraie position au milieu des brillantes étoiles qui caractérisent la portion du ciel voisine des Gémeaux : Procyon, Sirius ^ Rigel , a d'Orion, Aldébaran et la Chèvre; 7° enfin, la hauteur du Soleil cal- culée par M Bouvard, pour le commencement, le milieu et lafinde l'éclipsé à Paris. » M, deHaldat, récemment nommé à une place de correspondant pour la section de Physique , adresse ses remercîments à l'Académie. « M. Dumas , chargé par M. Bouchardat de présenter à l'Académie le Mé- moire suivant, communique les résultats d'un travail auquel il s'est livré, conjointement avec M. GABOuns, sur la composition élémentaire des ma- tières azotées de l'organisation; ils ont trouvé par un grand nombre d'ex- périences: » 1°. Que l'albumine du sérum, que celle des œufs et que l'albumine vé- gétale ont toujours la même composition; »2°. Que le caséum offre la même composition que l'albumine, soit qu'on le prenne dans le lait, soit qu'il provienne des plantes; i3o.. ( 962 ) » 3°. Que la fibrine, tant celle du sang que celle des plantes, contient toujours plus d'azote et moins de carbone que l'albumine ou lecaséum; »4°- Qu'il existe dans les amandes, les pois, les haricots, etc., une matière analogue au caséum par quelques propriétés, mais encore plus azotée que la fibrine, et moins riche qu'elle en carbone. » Lorsque la fibrine a été dépouillée de tout principe soluble dans l'eau bouillante, elle laisse un résidu identique par sa composition avec l'albu- mine et le caséum , circonstance que les nouvelles et importantes remarques de M. Bouchardat expliquent parfaitement. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la compositioîi immédiate de la fibrine; sur le gluten^ l'albumine , le case'um; parM. Boucbabdat. « De la fibrine. — M. Chevreul a démontré que la fibrine contenait toujours delà graisse; mais ce produit, dépouillé de corps gras, est-il un principe immédiat pur? C'est ce qu'on admet généralement aujourd'hui. Je vais chercher à prouver que cette assertion n'est pas fondée, et que le corps que les chimistes désignent sous le nom de fibrine est un produit complexe formé de trois principes immédiats distincts. » Pour éviter toute équivoque, je commencerai par dire qu'il s'agira toujours ici de la fibrine extraite du sang soit par le battage de ce fluide, soit par le repos qui , dans certaines conditions , donne lieu à la forma- tion d'une pseudo-membrane connue des pathologistes sous le nom de couenne inflammatoire, ou hémaleucose de M. Hatin. r, Si l'on sépare la couenne inflammatoire du sang de malades atteints soit de pleuro-pneumonie aiguë , soit mieux encore de rhumatisme articulaire aigu; si on lu lave avec soin pour la dépouiller des globules; si on la laisse macérer pendant vingt-quatre heures au moins pour l'obtenir parfaitement blanche, en ayant soin de renouveler souvent l'eau de lavage pour la pri- ver de toute matière albumineuse soluble, on obtient alors une membrane opaque résistante d'une blancheur parfaite. « On avait considéré jusqu'ici ce produit comme de la fibrine humide contenant des proportions variables de graisse; mais voici une première expérience qui établit évidemment sa composition complexe. » Si l'on fait bouillir doucement cette pseudo-membrane humide avec trois ou quatre fois son poids d'eau justpi'à réduction de moitié; si l'on passe le décoctum bouillant, on obtient, par un refroidissement convena- ( 963 ) ble, ou bien un liquide d'une consistance épaisse, ou même une gelée tout à fait consistante. On peut liquéfier de nouveau cette gelée par une douce chaleur. Si l'on verse dans ce liquide de l'acide nitrique avec précaution, on ne remarque aucun précipité, ou un trouble à peine -sensible; si, au contraire, on y ajoute soit une solution de bichlorure de mercure, soit une solution de tannin , on y aperçoit aussitôt un précipité floconneux extrêmement abondant; si l'on y fait passer du chlore, on y remarque également la formation de flocons abondants. » Ces expériences démontrent que la fibrine extraite du sang contient de la gélatine. » Dans quels rapports se trouve dans la fibrine la gélatine proportion- nellement aux autres principes? Voilà une question que j'ai cherché à résoudre par des expériences nombreiîses, mais qui ne comporte point une solution rigoureuse; en effet, cette proportion est extrêmement varia- 1.1e: à l'état normal dans la fibrine de l'homme en santé, il est quelquefois difficile d'établir nettement la présence de la gélatine; mais dans les affec- tions inflammatoires des séreuses ou du tissu cellulaire, la proportion peut s'élever à un chiffre très-haut. On comprend d'ailleurs sans peine que les rapports de ces éléments organiques peuvent incessamment varier par des conditions d'alimentation ou de maladie. » La présence de la gélatine en proportion notable dans le sang des ma- lades atteints d'affections inflammatoires aiguës, des séreuses ou du tissu cellulaire, est un fait digne de fixer l'attention des pathologistes. » Outre la gélatine, la fibrine exempte de graisse contient encore deux autres substances; ce fait important peut être établi en faisant agir les acides extrêmement dilués sur la fibrine humide. Nous allons revenir avec détail .sur une expérience qui se trouve déjà relatée dans nos recherches sur la digestion. u Si l'on prend de l'eau contenant ^ millième d'acide chlorhydrique : à ce degré de dilution l'acidité est à peine sensible au goiit et l'action sur le pa- pier de tournesol très-faible. Si l'on plonge dans cette «au -^ de fihrine hu- mide, elle se gonfle immédiatement et se convertit eu une réunion de flo- cons gélatineux extrêmement volumineux; par une macération prolongée, les vésicules turgides se déchirent, la plus grande partie de la fibrine se dissout, mais il reste toujours une proportion bien manifeste d'un produit qui n'est point attaqué par un excès du dissolvant, et qui, outre la graisse , est formé d'une substance qui m'a paru identique avec la substance qui ( 964 ) forme la base soit de l'épiderme, soit des productions cornées ou pileuses. » fja proportion de cette substance indissoute, pour laquelle je propose le nom iVépidermose , est assez faible; il est bien difficile de la doser exacte- ment , car on ne peut la séparer de la substance dissoute que par la filtratiou , et cette opération s'exécutant sur une liqueur visqueuse essentieliement altérable, on n'arrive qu'avec peine à une détermination quantitative. » Je reviendrai ailleurs sur les propriétés de l'épidermose. » Nous allons nous occuper maintenant de la matière dissoute qui con- stitue la partie la plus importante de la fibrine brute. » La portion de la fibrine que l'eau si faiblement acidulée dissout avec tant de facilité, est une matière digne d'attention , car elle forme , comme nous le prouverons plus loin, la partie constituante essentielle des matières azotées les plus répandues, telles que l'albumine des œufs, du sang et des hydropisies , le caséum , enfin la partie dominante du gluten brut des céréales. » La solution acide de la fibrine rougit à peine le papier de tournesol; elle précipite abondamment par un excès d'acide cblorhydrique, nitrique, etc. ; un grand excès d'acide dissout le précipité formé; elle se trouble par la chaleur et fournit ainsi des flocons légers; mais la totalité de la matière n'est pas ainsi précipitée: la plus grande partie reste après iévaporation mé- nagée du liquide sous forme de pellicules minces , transparentes, flexibles , faiblement colorées. » La solution acide de fibrine précipite abondamment par l'addition d'une dissolution des réactifs suivants, bichlorure de mercure, prussiate de potasse, tannin. » Examinée avec l'appareil de M. Biot, elle dévie à gauche les rayons de la lumière polarisée; l'indice de rotation est toujours peu considérable, même dans un tube très-long, car les solutions sont toujours très-peu chargées de substances. Gomme le principe soluble de la fibrine qui n'est pas la gélatine est identique avec la matière dominante de l'albumine de l'œuf, je propose pour cette substance pure le nom A'albumuiose. » La solution acide de fibrine contient-elle uniquement de l'albuminose? Évidemment non; en effet, nous avons vu que la fibrine brute renfermait de la gélatine , et voici une expérience qui établit la solubilité de la gélatine dans le même dissolvant acide. » Si l'on prend de l'icthyocoUe en feuilles ou les membranes formant la vessie natatoire de V^cipenser Huso; si l'on place cette membrane sèche dans (965) de l'eau acidulée avec demi-millièine d'acide chlorhydrique; si l'on expose le tout à une température de 200 environ; le membrane se gonfle, se di- vise, se dissout pour la plus grande partie. Si l'on filtre après douze heures d'action, on obtient une dissolution qui, par un refroidissement de quel- ques degrés, se prend en une gelée consistante d'une transparence par- faite et ayant à peine une saveur acide. » Cette expérience démontre qu'il existe deux principes dans la fibrine brute que l'eau très-faiblement acidulée peut dissoudre, la gélatine et l'albuminose; la solution acide de fibrine contient ces deux principes. » Cette expérience prouve également la préexistence de la gélatine dans les tissus animaux, à moins qu'on ne veuille admettre que l'eau, dont l'aci- dité est assez faible pour rougir à peine le tournesol et pour n'être pas sen- sible au goût, suffise pour opérer à la température ordinaire cette transfor- mation qu'on a admise jusqu'ici. » Action des divers acides dilués sur la fibrine. — L'acide chlorhydrique extrêmement dilué n'est pas le seul acide qui exerce une action dissolvante sur la fibrine. Nous avons essayé comparativement des dissolutions tenant un demi-millième d'acides lactique, acétique, sulfurique, nitrique, phos- phorique et chlorhydrique, et nous avons vu que dans toutes ces dissolu- tions, la fibrine se gonflait de même et se dissolvait en partie; mais l'action dissolvante est plus rapide et plus complète dans la dissolution chlorhy- drique que dans les autres dissolutions acides : il n'en est pas moins établi que ce n'est pas une action spéciale à l'acide chlorhydrique extrêmement dilué, qu'elle s'étend encore aux autres acides au même degré de dilution, même à ceux qui précipitent les dissolutions albumineuses en formant avec elles des combinaisons insolubles. » Gluten. — Si l'on place du gluten extrait du froment dans de l'eau contenant de un demi à deux millièmes d'acide chlorhydrique, il se divise, se ilissout peu àpeu, et l'on obtient par la filtration une liqueur limpide, qui se comporte absolument comme la solution acide d'albuminose. Elle se trouble de même par l'ébullition, elle précipite de même par les acides chlorhydrique, nitrique, etc.; le précipité se redissout encore dans un grand excès des mêmes acides. Elle précipite par le bichlorure de mercure, par le prussiate de potasse et par tous les corps qui précipitent l'albuniine. » Le pouvoir rotatoire de cette substance est exactement le même que celui de l'albuminose de la fibrine, elle dévie les rayons dans le même sens; l'intensité de la déviation est beaucoup plus marquée : la solution peut, en ( 966 > effet, contenir une proportion pondérale de substance active beaucoup plus considérable, car on ne trouve pas dans le gluten brut cette substance que nous avons nommée épidermose , qui emprisonne l'albuminose dans les mailles de la fibrine, et qui ne permet pas d'obtenir alors des solutions concentrées d'aibnminose. » Albumine du sang et des œufs. — Si l'on prend du sérum du sang, si on le délaye dans de l'eau contenant un ou deux millièmes d'acide chlorhy- drique (en quantité suffisante pour maintenir un très-léger excès d'acide), on obtient une dissolution qui se comporte absolument comme la solution acide de l'albuminose de la fibrine, qui exerce sur la lumière polarisée la même déviation à gauche, comme M. Biot l'avait déjà remarqué. Si l'on délaye dans de l'eau pareillement acidulée de l'albumine de l'œuf, il se sé- pare des membranes qui ne sont point attaquées par ce dissolvant, et il se dissout une substance que nous avons déjà étudiée sous le nom â'albumi- nose, ou matière albumineuse pure. » Caséum. — On prit du lait caillé après quarante-huit heures de con- servation , on en sépara avec soin la crème; le caséum fut jeté sur un filtre et parfaitement lavé à l'eau froide; on le délaya encore humide dans de l'eau contenant un demi-millième d'acide chlorhydrique. Au bout de quel- ques heures tout le caséum était dissous, il ne restait que quelques traces de matières grasses qui troublaient la transparence de la liqueur, qui fut fil- trée. On obtint un liquide limpide très-faiblement acide, qui présentait tous les caractères de la solution d'albuminose : il précipitait comme elle par les acides chlorhydrique et nitrique ; les précipités se redissolvaient dans les acides concentrés; il précipitait également parle bichlorure de mercure, par le cyanure ferroso-potassique. J'ai examiné également le pouvoir rotatoire de ce liquide, j'ai encore observé qu'il déviait à gauche les rayons de lumière polarisée. Conclusions. » Les deux conséquences les plus importantes qui découlent des faits précédemment exposés , sont les suivantes : » I °. La fibrine exempte de matières grasses est composée de trois principes immédiats en proportions variables; une matière identique avec l'albumine pure, non coagulée, pour laquelle je propose le nom d'albuminose. Celte albuminose liquide est emprisonnée dans le réseau d'un tissu composé de (967) gélatine et d'un principe présentant toutes les propriétés de la formation épidermiqne, pour lequel, pour cette raison, je propose le nom dépider- mosc. » Je n'insisterai pas ici sur les conséquences qui découlent de cette com- position complexe de la fibrine, je me contenterai de faire remarquer que voilà deux principes fondamentaux des tissus des animaux, la gélatine et l'épidermose, dont on n'admettait pas l'existence dans le sang, et qui se trouvent dans ce fluide. »2°. Le principe fondamental qu'on trouve dans l'albumine de roeuf,dans le sérum du sang, dans le gluten des céréales, dans le c'aséum du lait des animaux est toujours identique: c'est de l'albuminose, mélangée ou com- binée, soit avec des matières terreuses, phosphate de chaux et de magné- sie, soit avec des sels alcalins, soit avec des matières grasses, qui en mas- quent les propriétés essentielles. Vient-on, par une proportion vraiment inappréciable d'acide, à détruire cette combinaison éphémère , la solution d'albuminose se présente alors avec des propriétés identiques, réactions chimiques exactement pareilles, action sjir la lumière polarisée s'exerçant dans le même sens, déviation à gauche constante, et dont l'énergie est, toutes choses égales d'ailleurs, proportionnelle à la quantité pondérale de sub- stance dissoute.» M. GoîVDnET adresse une Note relative à l'emploi thérapeutique de la flamme. « La flamme d'une allumette en bois ou en papier étant instantanément appliquée sur la peau , produit une douleur assez vive qui s'évanouit aussitôt qu'elle a été produite. » Presque toujours cette application dissipe assez promptement la dou- leur rhumatismale, goutteuse ou d'une autre espèce. Ce remède soulage immédiatement dans les différentes asphyxies, en attendant les autres re- mèdes appropriés à chacune d'elles. Plusieurs fois aussi j'ai plus ou moins complètement dissipé les douleurs et les contractions convulsives de \aura epileptica; par ce moyen j'ai empêché ou considérablement retardé l'invasion de l'accès épileptique. » Dans la Lettre qui accompagne sa Note, M. Gondret prie l'Académie de voidoir hâter le travail des Commissaires chargés de faire un rapport sur im Mémoire qu'il a précédemment adressé relativement à la pression atmo- sphérique. La Commission chargée de l'examen du Mémoire de M. Gondret étant C. R. , 184a, i." Semestre. (T. XIV, K" 28.) I 3 £ ( 968 ) devenue incomplète , M. Despretz est désigné pour y remplacer feu M. Savart. M. Fbancois écrit relativement à la présentation qui a été faite, dans l;i séance du 29 novembre 1841, d'une lentille à échelon destinée à servir d'appareil de combustion dans les cours de physique, u Celte lentille, dit M. François, a été construite et présentée par moi , et c'est par erreur que le nom de mon beau-frère, M. Soleil fils, a été prononcé en place du mien, w M. BoQuiLLON écrit qu'il a depuis longtemps présenté à l'Académie un régulateur des gaz d'éclairage construit sur le même principe que celui que M. Rigollot a fait fonctionner dans la séance précédente. « C'est le principe, ajoute M. Boquillon , que MM. Cavaillé-Coll appli- quent, avec un succès si remarquable, aux puissantes souffleries de leurs belles orgues. Ce principe, que j'ai consigné dans mes brevets d'invention, et dont je pourrais déjà citer un bon nombre d'applications très-diverses,. est tellement fécond , qu'on fait en ce moment des essais pour l'employer comme moyen de régulariser la dépense de l'air comprimé agissant comme moteur. » Cette Lettre est renvoyée à la Commission chargée de faire le rapport sur le régulateur de M. Rigollot. M. DosNÉ prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen de la Commission qui a été chargée de faire un rapport sur un Mémoire de M. de Roinnnet relatif à la composition du lait, un Mémoire sur le même sujet , qu'il a lu dans la séance du 16 septembre i83g. ( Renvoi à la Commission nommée pour le Mémoire de M. de Romanet. ) M. Faure adresse une Note sur une modification qu'il propose pour V opération du bec de lièvre. M. MuLLER prie l'Académie de hâter le travail des commissaires à l'examen desquels a été renvoyé un instrument de mathématiques présenté par lui l'an dernier, et qu'il désigne sous le nom de pantoscale. M. Perhevux, qui avait présenté, au mois de mars dernier, le modèle ( 969 ) d'un bateau sous^marin, annonce qu'il est prêt à faire, en présence de la Commission qui a été alors nommée, des expériences sur un bateau construit dans des dimensions convenables. M. DuRANo demande l'autorisation de reprendre diverses communica- tions sur lesquelles il a. été fait un Rapport dans la séance du 6 juin dernier. La Commission qui a fait le Rapport sera consultée touchant cette demande. A quatre heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. RAPPORTS. ASTRONOMIE. — PHx JoTtdé par M. de Lalakde. (Rapport sur le concours de l'année 1841.) (Commissaires, MM. Arago, Bouvard, Damoiseau, Liouville, Mathieu rapporteur.) «( La Commission est d'avis qu'il n'y a pas lieu de décerner cette année la médaille fondée par Lalande pour être donnée à l'astronome qui aura fait une observation importante ou un travail utile aux progrès de l'astro- nomie. » La séance est levée à 5 heures et demie. F. £'iîi?^ 71^. (Séance du 1 3 juin.) Page 881, ligne 9, M. Dooble, décédé le 12 mai, lisez le 12 juin. Page 89a, ligne 5 en remontant, dans la séance du 3 mai, lisez du 3o mai. i3ii ( 970 ) «iULLETl.\ BlBUOGUil'HIQlIE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1842, n° 24;in-4''- Mémoire sur la valeur des Engrais; par M. le comte DE Gaspakin. (Extrait des Mémoires de la Société royale et centrale d'Agriculture.) In-S". Recliercties sur la cause des phénomènes électriques de l'atmosphère et sur les moyens d'en recueillir la manifestation ; par M. Peltier; Paris, 1842; in-8°. Du Strabisme ; par M. A. Velpeau : in-8°. Anatomie microscopique ; par M. Mandl; ■y" livraison (i". série, S'' livraison), nerfs et cerveau, 2® partie; Paris, 1842 ; in-folio. Programme des prix proposés par la Société d'encouragement pour [Industrie nationale , pour être décernés de 1842 a 1847; in-4°. De l'état actuel de la culture du Tabac dans le département de Lot-et-Garonne, et de la prompte nécessité de remédier à ses souffrances; par M. J.-T.-A. Fabre; Paris, 1842; in-8''. De la nécessité d'introduire une réforme générale dans lafabrication des instru- ments d'agriculture en France ; par le même ; in-8''. Mémoires et observations présentés aux lords commissaires de l'amirauté an- glaise, sur l'usage des tissus nautiques ou Toiles à voiles en coton de la fabrique rouennaise de La Roche et Lelong, importés et patentés en Angleterre ; in-4''. Voyage dans l'Inde; par V. JaCQUEMONT, 4o* et 4i* livraison; in-4°- Journal d'un Voyage dans la Turquie d Europe; par M. ViQUESNEj. ; in-4*, avec carte. Société royale et centrale d Agriculture. . . Bulletin des séances, Compte rendu mensuel; par M. Soulange-Bodin ; in-8''. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; juin 1842 ; in-8*. Journal des Usines; mai 1842 ; in-8°. Bibliothèque Universelle de Genèye; juin 1842 ; in-8''. Etudes sur l'Homme; par M. Quetelet; Bruxelles, 1842 ; in-8". Lettres au professeur M. Serre, de Montpellier, sur l'emploi des verres de lunettes dans le traitement de quelques affections oculaires; par M. F. GuNiEH; Bruxelles, in-S". Trattato . . . Traité du calcul des Résidus, i" et 2° Mémoires (Extrait du Giornale arcadico, tomes LXIII et LXVII); parM. Barnabe ToRTOLiNl ; in-8°. ( 97' ) Meniorie . . . Mémoires sur l'application du calcul des résidus à Vintégration des équations linéaires aux différences finies , i " et 2° Mémoires ; par le même ; Rome, 1842; iii-S". Sulla . . . Sur la quadrature de l'EUipsoide à trois axes inégaux ; par le même (lixtrait du Giornale arcadico , tome LXXVIII) ; in-8°. Sopra. . . Sur les transformations et les valeurs de quelques intégrales définies qui se rapportent à la supeificie et à la solidité des volumes, 2' Mémoire; par le même; in-8°. Sopra. . . Sur quelques applications de la Méthode inverse des tangentes;' par le même; in-8°. Sui limiti. . . Sur les limites de quelques expressions imaginaires; par le même ; Rome, i84i; ia-8''. Analisi. . . Recherches analytiques concernant quelques questions de Physique mathématique (Extrait du Giornale arcadico, tome LXII);pcrr le même; in-8°. Gazette médicale de Paris; n" 25. Gazette des Hôpitaux; n" 71 à yS. L'Expérience; n" 269. L'Écho du Monde savant; n°» ^38 et ySg. L'Examinateur médical; 11" 26. irTTiT' ^G? fT*rrr — C 972 ) U3 H S ; wo u aîl^^ao^0^zic«Oîz^ly3 W aiziazaKaaat/idi^dc/îcAîoavid^ s 3 ■- - O U H ■a> g s o o • 05 ^ a. a- 9- • 5 S « g g : U I I I I M Q_ « CB « W3 3 «S --. ^^ « u - O X 3 1> B a o _; j J3 u es O' 0) V V 9 •- r a '^ o G V Q V ^'■'' '^ ^^ ■■^ im zi -^ V o i^ o '^ uaHuuuuca mjj >HHHHgagaauHuH > 33-3 00 — I u u o, 3 X ^ : O >. « o- 3 '3 > o eu 00- 3 3 3 is ca re 333 -S -O -^ 000 a 'S a Cl ^=r o o ro a~.^C> --O--«£i0 01O-OC0a0fO^cr 0)0 - Os o o 1:^ « « + + -h + + + + + + + ++ + + + + + + + + + + ++ + + + + i+ + »0 0303 co oo" o> + + + \ S (T.io 10 X O O «0000 ai-vj-«ro o o«o o o o o.vo « o « oiococo 0.0 00 ro 03V0 o r- o."- P) + + + • uio.iSXjj o M « PO « ^*iO 03^* C^ 0>'^ lO r^ M ^^IT) OC « OvOOOO C^OïOvrOCOrO tO r^vT'O PO M ^3" « >n - PO r^>0 ^^lO r^--rt- + ++ + + + + + - + 4-+ +• + + + + + + + + + + + + + + >-+ + + + + + -t •JO CTi^3-^*0O - Oi'-O - V) 0510 c-^'-^ r>» r^v;^ c^^tl-CO C^-^^ O O M r^io — ^ Oî — î^ PO ^^OO r^ « w PO OO -PO00V5 - c^O^Jl-O'sO OIOOO'O OOO C^OO r^O«-0!X)P! -MOO O PO PO m lo - r^io p« Oioroîû oi-^ 03 O;^* o«p)«popo>niniOoaoo« ^*-^ m »o lo o xo ^*m m >o vo «^ o lo 'jo tû lo 'o «o m lo o m lo o »n lo r^ r~» [r~« c^ C'. c^ c^ i^ c^ t^ r^ ir* c^ t^ i>- c-^ r-» c^ r^ c^ r^ r^ c - t^ r~* c^ r^ ir^ r^ r^ ir-* ■ lUOJ J -.{1 e 1-1 liT "Il c^ o oc PO CTi Oi c^ 05» Oi-O 00 VO VO tO « 0)ro tû -^^00 OOO^^p) O « « OC/OOO ■ 03 00 - 00 <0 c-^^*CO o « <0 Oi 03 r> o t> .-o a-, o ++++'i^ f -f^' + f f + ++++4-f + + +-++ + +•+ f 00 o PI - « - o. - « 00 o - r^ — M Cl - « « >- r - H- — CO "O c^" en ir^-^^-r;0 O)'^* r>. 0".iO -»nX) -OOijOOOpo !>■, 000^0 tr> r-»^d- c^ O Oi^* - es ^^ro «inoomcû O - - - O OiOcoco Ol- c^ OiOO O 00 ^O ^^ « « ^-f ^^"^ifl uo O c~> - vrin r>. 0> « O) c--p^ Oi « - - ^^i- « lO pO t^ r-OO t^ - j 00 lO O tr* c^ r^ r^ c-^ c^ c^-. i^ r^ c^ r^ r^ r-" c^ c^ r~« r~« f* c^ r^ r~» r- C"^ t^ r^ t"^ c^ t^ r^ r^ c^ I r^ C" c^ /•laoaBXfj is PO ^^ao «^ooo o. c^^«a3oo'sO^ rfi ei Oioo va- O: « - (^ o - '-o o>po ^o - «o Ci »0 r^ — ^* o O^ PI 00 ^ 03 - 00 ^Jr> imo ~.'-0 pi ■-£! ~*po lO v-t-^D c-- O) r^ - Oi.-o O P! 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(Extrait par l'auteur. ) « Un voyage long et pénible , une santé toujours languissante et de trop nombreuses occupations m'ont empêché d'achever les études organogra- phiques, physiologiques et organogéniques que j'ai entreprises , et dont les bases sont arrêtées depuis i833. » Ces motifs, joints à l'importante publication de la partie botanique du voyage de la Bonite, qui m'a été confiée par M. le Ministre de la Marine , me mettent même dans la nécessité d'attendre que cet ouvrage ait paru , pour donner la fin (la 3™" partie) de mon travail sur l'organographie. » Qu'il me soit permis, toutefois, de faire connaître ici, dans un résumé succinct, le plan que j'ai adopté dans tout le travail, la marche que j'ai suivie et les résultats que ces recherches semblent promettre à la science. n Dieu, après avoir créé le monde, a voulu le féconder d'éléments di- C. R , 184a , i« Semestre. (T, XIV , N» 2C.) * 3 a ( 974 ) vers. De sa maia puissante il a répandu des germes infinis, végétaux et animaux, qui sont allés peupler la terre et les eaux, depuis le sommet des plus hautes montagnes jusqu'aux plus grandes profondeurs des mers. » Toutes les puissances intellectuelles des temps anciens et modernes s'accordent à penser que les végétaux ont précédé les animaux, que la terre était couverte des premiers avant l'apparition des seconds, ce que d'ailleurs la théologie nous a transmis d'âge en âge, dans l'histoire des sept époques ou divines journées de la création. » Les philosophes de notre temps , les uns en prouvant que l'homme n'a pas laissé de vestiges dans les terrains primitifs, et les autres que les végétaux les plus simples ont précédé les végétaux les plus composés, sont venus de nos jours donner la consécration de la science aux grandes époques créatrices des premiers âges. » Chaque siècle amène ses progrès, et chaque progrès de l'esprit hu- main est une preuve nouvelle à l'appui des vérités éternelles. » La physiologie, comme tout ce qui est, date donc de la création. Les hommes de tous les temps ont dû s'en occuper. Et pourtant, qu'est-ce encore -aujourd'hui que la physiologie? Malgré les efforts de tous les hommes qui y ont consacré leur vie, leurs veilles et leur génie, quels en sont les éléments, les principes, les bases et même les vérités bien démontrées? M Telles sont, messieurs, les questions que je me suis faites dès mon entrée dans le domaine des sciences , dans celui de la zoologie d'abord et de la phjtologie ensuite. » Forcé par les circonstances , par mes goûts et aussi par le besoin de me restreindre à une spéciaUté, je me suis voué tout entier à l'étude des plan- tes. L'Académie sait quels sont les efforts et les sacrifices que j'ai faits pour arriver à quelques résultats utiles , et elle m'en a dignement récompensé. >; Elle a connaissance aujourd'hui du plan que j'ai formé et des deux premiers chapitres de mon travail. Le troisième, terminé eu très-grande partie, l'est depuis longtemps pour moi, dans ma pensée ; mais cela ne suffit pas : il faut, pour le présenter avec quelques chances de le faire adopter, l'entourer de preuves aussi nombreuses et aussi concluantes que celles qui ont été données à l'appui des deux premiers chapitres. » Ces preuves sont évidentes pour moi, mais elles ne seraient peut-être pas assez démonstratives pour tous, surtout pour ceux qui sont disposés à faire de l'opposition systématique , ou qui ont intérêt à soutenir des idées contraires aux miennes. ( 975 ) ■» Le temps m'a manqué pour réunir, dessiner, vérifier et décrire les faits nombreux destinés à étayer mes théories; mais ces théories sont arrêtées et ne sont que l'expression des résultats obtenus. » En attendant que je puisse achever cette partie de mon travail sur l'organographie , je vais jeter par anticipation im premier coup d'œil sur les deux autres divisions générales, la physiologie et l'organogénie des végétaux , afin de montrer le cadre que j'ai formé jadis et d'indiquer la plup'art des matériaux que je dois employer et les résultats que j'ai obtenus. » Cette manière de procéder n'est pas, je le sais, conforme aux usages de l'Académie, usages qui veulent avant tout qu'on arrive avec des faits démontrés et des théories appliquées à ces faits; mais je la crois utile dans ce cas ; et si l'Académie daigne remarquer dans quel état se trouve aujour- d'hui la physiologie des végétaux, et se rappeler que j'ai entrepris des re- cherches générales destinées à éclairer cette branche si importante de la science, elle me pardonnera la précaution que je prends de préparer les esprits à recevoir mes théories, de remuer pour ainsi dire le terrain avant de lui confier les germes nouveaux que je voudrais y voir croître; et si elle veut bien m'honorer d'un peu d'attention , elle reconnaîtra peut-être que ce premier aperçu, tout superficiel qu'il est, n'est cependant pas totalement dépourvu de vues nouvelles , de faits importants pour la science. De quelques idées générales sur la physiologie et l'organogénie végétales. » Lorsqu'en avril i835 j'ai déposé à l'Académie des Sciences un travail sur l'organographie végétale (i), j'ai annoncé que j'avais fait aussi des re- cherches sur la physiologie et l'organogénie du même règne, et que je ferais successivement connaître les données générales que j'avais recueillies sur ces parties. » Alors, comme aujourd'hui, j'étais intimement convaincu de la vérité et de l'importance de ces principes, nouveaux pour la plupart, et je pensais qu'il suffirait de les faire entrevoir pour qu'ils fussent à l'instant adoptés. » Je m'abusais, toutefois. L'expérience m'a démontré que, dans les scien- ces, ce n'est pas tout de multiplier d'heureuses et bonnes observations, et d'en déduire ensuite les théories qui en découjent naturellement; mais qu'il (i) Voyez Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. I , p. 522. j 3a.. ( 976 ) faut avant tout apporter les résultats positifs de ces observations et tous les éléments des théories arrêtées. » Je pense, du moins en grande partie, avoir atteint ce but, quant aux principes généraux d'organographie qui forment la première section de . mon travail. J'ai déposé au Muséum d'Histoire naturelle, dans les galeries de botanique, toutes les pièces qui peuvent éclairer et peut-être même résoudre les principales questions qui se rattachent à ce sujet. » Ces matériaux , qui doivent servir de base aux théories que j'ai aussi adoptées dès ce temps pouT la physiologie et l'organogénie , me semblent pourtant, vu l'état des idées sur ce point, ne pas être suffisants pour des démonstrations sans réplique , comme il en faut en pareille matière. » J'ai donc entrepris de nouvelles séries d'expériences. Mais comme la moindre expérience en physiologie végétale demande souvent des années, et que les résultats que j'ai tout lieu d'espérer peuvent encore se faire longtemps attendre, je viens demander à l'Académie la permission de lui présenter, sous le simple titre de probabilités et de suppositions , quelques principes généraux qui pourront n'être pas sans fruit pour la physiologie et l'organogénie générales, que je tâcherai plus tard de traiter avec tous les détails nécessaires, c'est-à-dire avec tout l'ensemble des expérimenta- tions. )i I^e travail soumis dès l'époque précitée au jugement de l'Académie, offrait le résumé de mes premières recherches sur i'organographie et l'a- natomie générales des dicotylédones et des monocotylédones , il fut jugé digne de partager le prix de physiologie expérimentale fondé par feu M. de Montyon. » Adoptant provisoirement les noms de organographie, physiologie et orgauogénie, ou mieux, organogénésie, qui sont aujourd'hui générale- ment admis dans la science, j'ai divisé mon travail en trois parties princi- pales désignées par ces mêmes noms. J'ai ensuite subdivisé chacune de ces parties en trois autres, traitant de l'un des trois grands groupes végé- taux établis dans le Gênera plantarum du célèbre Antoine-Laurent de Jussieu, c'est-à-dire les dicotylédones, les monocotylédones et les aco- tylédones. »Ce Mémoire agitait, en résumé, la question de I'organographie comme je la comprends, et spécialement celle des dicotylédones et des monocoty- lédones; il parlait en termes très-généraux, de leur anatomie, de leurs modes divers d'accroissement et des forces qui président à quelques-unes de leurs fonctions. ( 977 ) » Avant de communiquer à l'Académie le résultat de mes recherches sur les acotylédones, recherches qui, quoique nombreuses, sont loin encore d'être complètes, même pour mes convictions propres, je vais dire im premier mot sur la physiologie et sur l'organogénie, qui, d'après l'ordie établi, doivent former la seconde et la troisième partie générale de mnn travail, parties qui seront traitées à fond plus tard, dans l'ordre que j'ai adopté pour l'organographie. » La physiologie végétale peut-elle être comparée à la physiologie ani- male ? Je ne le pense pas. Dans les animaux les plus complets, et peut-être dans tous, il y a des organes très- prononcés dont le mécanisme est au- jourd'hui parfaitement connu, mais dont les fonctions, il faut bien le dire, le sont beaucoup moins. » Ainsi il y a un cœur, des artères et des veines pour la circulation du sang; des poumons pour la respiration; un estomac et des intestins pour la digestion ; un cerveau et des nerfs pour la pensée et les sensations. Des siècles d'expériences ont dévoilé la nature et les relations de ces organes et de leurs fonctions. » En a-t-il été ainsi pour la physiologie végétale ? et ne sommes- nous pas même encore réduits à nous demander quels sont les organes dans les végétaux , et de quelle nature en sont les fonctions ? » Peut-on dire qu'il y a dans les végétaux des fonctions physiologiques sans qu'il y ait en même temps fonctions organogéniques, et conséquem- noent organographiques ? Ces distinctions pompeuses généralement adop- tées , et que j'ai moi-même été forcé d'admettre provisoirement, ne sont- elles pas gratuites et désormais vides de sens ? » Peut-on dire quelle est la fonction qui commence la première (i) ? En admettant que ce soit la physiologie, que je nommerais de préférence physiogénie, peut-on dire où elle commence et surtout où elle finit, où est le poin t d e départ de l'organogénie et de l'organographie (2) ? Ne sont-ce pas trois parties d'un même tout, dépendantes les unes des autres, mais (i) La physiologie ne peut s'entendre que des fonctions organiques ; or, pour qu'il y ait fonction , il faut de toute nécessité qu'il y ait organe. Donc, à ce compte, l'organo- génie serait le premier effet organisateur après la combinaison des éléments primitifs : carbone, oxygène, hj-drogène, azote, etc. (2) En modifiant ce nom , je lui donnerai pour valeur la composition organique ou anatomique des parties végétales. Je réserverai le nom de morphograpViie à i.e qu'on nomme ordinairement organograpliie. ( 978 ) sans limites arrêtées ? des distinctions vagues qui sont de simples spécu- . lations de l'esprit, sans fondement, et rendant mal les phases de la vie vé- gétative qui naissent, marchent et finissent en même temps ? y> Quoi qu'il en soit, je continuerai l'exposition de mes recherches sur les phénomènes de la vie végétale dans l'ordre que j'ai primitivement adopté , quoique j'en reconnaisse d'avance l'inexactitude et l'insuffi- sance. » Je tâcherai, eu traitant de la physiologie, de me renfermer le plus possible dans les phénomènes généraux des fonctions des plantes , comme dans la première partie de mon travail je me suis borné à l'exposition des faits de leur organisation. » Il en sera de même des curieux phénomènes organogéniques par les- quels je compte terminer l'exposition de ce résumé de mes recherches et de mes découvertes. » Je vais donc, après avoir jeté en i835 un coup d'œil général sur l'or- ganographie végétale, examiner aujourd'hui la physiologie et l'organogé- nie, sans entrer toutefois dans les minutieux détails des expérimentations, et sans m'inquiéter des distinctions ou des rapports qui existent entre ces deux parties. » La première question physiologique qui me préoccupa dans ma jeu- nesse, quand , guidé par mon savant maître Lefebvre de Villebrune, je me livrai à l'étude des sciences naturelles, fut celle-ci : Les principes dits im- médiats ou particuliers des végétaux existent-ils tout formés dans la terre et y sont-ils puisés par les racines , ou bien sont-ils créés de toutes pièces , d'éléments puisés dans le sol , dans l'air et dans l'eau, par les organes qui les constituent et les recèlent ? » Les champs du Brésil et du Pérou, que j'ai visités depuis dans mes voyages, nourrissant, confondus ensemble, tant de végétaux énergiques divers, fournissent-ils la strychnine aux strichnos , la quinine et la cincho- nine aux cinchonas , l'émétine aux ipécacuanha {cephaelis), la narcotine et la morphine aux pavots, la jalapine au jalap, etc.; les gommes, les résines, le caoutchouc, la glu, les principes aromatiques, colorants, etc., aux autres végétaux? )' Laquelle de ces deux idées fallait-il adopter : ou que les principes immédiats qui caractérisent les végétaux sont absorbés tout formés par leurs organes vivants, ou que ces principes sont sécrétés, élaborés, orga- nogéniés par les tissus et créés par les organes ? »0u ces principes immédiats, primitivement formés et disséminés au sein ( 979 ) de la terre, sont absorbés par les racines et transmis aux organes spéciaux qui les recèlent ordinairement; ou ils sont puisés à l'état d'éléments dans le sol, dans l'eau et dans l'air, ou dans les trois à la fois, et convertis en ce que nous nommons principes immédiats par les organisations générales de chaque famille et spéciales de chaque genre, de chaque espèce. » Pour adopter la première de ces hypothèses, il eût aussi fallu recon- naître que les principales modifications organiques résident avant tout dans les racines qui, dans ce cas, jouiraient de la puissante faculté de choisir parmi les mille et mille éléments qui caractérisent les végétaux, ceux qui leur auraient le plus convenu, et de celle de repousser au con- traire tous les autres. «Mais alors comment admettre la localisation de ces mêmes prin- cipes, qui ne sont que fort rarement distribués d'une manière égale dans toutes les parties des plantes, et qui, au contraire, se trouvent com- munément relégués, les uns dans les feuilles, les autres dans les diverses parties des fleurs, des fruits, des écorces, des bois et des racines elles- mêmes; comment admettre cette localisation sans supposer encore que chaque partie, c'est-à-dire chaque organisme modifié par le milieu dans lequel il est appelé à remplir ses fonctions, possède la faculté d'attirer certaines substances, et conséquemment celle d'en repousser d'autres. » En admettant l'autre hypothèse, il fallait supposer que chaque famille naturelle végétale avait son organisation générale propre, plus ou moins modifiée dans chaque genre, dans chaque espèce, comme dans chacun de leurs organes. C'est ce que j'ai fait (i), après avoir reconnu toutefois que dans un très-grand nombre de végétaux, outre l'aspect général et la dispo- sition des organes, aspect et disposition qui sont si remarquables dans certains groupes , il y a encore des caractères anatomiques constants dans la composition des tissus. » Longtemps avant que je connusse le curieux et savant ouvrage du cé- lèbre Goethe sur les métamorphoses des plantes, j'avais reconnu, avec M. de Candolle et la plupart des botanistes français et étrangers, l'analogie qui existe entre les différentes parties dites appendicuiaires des végétaux, dont j'avais suivi avec une sorte d'admiration les phases si diverses d'ac- croissement et de transformation. » A ce sujet, je dirai en passant que le nom de métamorphose tel que nous (i) Archives de Botanique, décembre i833, p. i8. ( 98o ) le concevons aujourd'hui pour les animaux ne peut, selon moi, être applica- ble aux transformalions des appendices foliacés des végétaux. Dans les méta- morphoses des animaux il y a changement complet d'état, de nature. Quand le papillon, par exemple, passe de l'état d'œuf à celui de chenille, il se dépouille de sa coquille; la chenille qui en résulte, en passant à l'état de chrysalide, et la chrysalide à celui de papillon, perdent également leurs enveloppes organisées. Or, rien de tout cela n'arrive dans les métamorphoses des plantes; loin qu'il y ait soustraction de parties organisées quelconques, il y a au contraire, en général du moins, accroissement, modification et complication organique dans les tissus comme dans les fonctions vitales et dans les résultats , sans qu'il y ait déperdition départies, si ce n'est dans quelques cas rares, comme celui d'émission de pollen, lorsque certaines étamines toutes formées passent néanmoins encore à l'état de pétales après avoir donné leur poussière fécondante. C'est une des mille raisons qui m'ont fait considérer tous les appendices foliacés comme des êtres originairement similaires, mais dans des états divers d'organisation et de développement. » Ces miraculeuses transformations ou métamorphoses, vulgairement et si improprement regardées comme des monstruosités, ont été pour moi des sources inépuisables d'études et d'admiration. A elles seules, en effet, elles résument dans un fort petit cadre tous les phénomènes de la vie vé- gétative , ainsi que je chercherai à le démontrer. Mais , avant tout, qu'il me soit permis d'énumérer quelques-unes des métamorphoses que j'ai le plus étudiées afin d'en établir une sorte de classification provisoire dont je tire- rai plus tard quelque utilité d'application (i). » Après j'aborderai la question des causes qui produisent ces transfor- mations. » Je résumerai ainsi les principaux types de métamorphoses : » 1°. Calices en feuilles : ces transformations sont partielles ou générales dans beaucoup de végétaux; dans la rose particulièrement. Elles sont con- stamment partielles dans le mussenda frondosa et dans plusieurs autres espèces de ce genre ; » 2°. Pétales en feuilles ', » 3°. Pétales irréguliers en pétales réguliers : pélories ; (i) Depuis que ces Notes sont faites, M. Moquin-Tandon a publié un excellent livre où tout ce qui est connu sur les me'taniorphoses et modifications des parties végétales a été convenablement énuméré et souvent expliqué. ( 98i ) » 4°. Étamines en pétales : roses, pavots, fscholtia, etc.; » 5°. Étamines en ovaires ou carpelles : pavots, polémoines; » 6°. Carpelles séparés ou convertis en feuilies : oranger; » 7°. Ovules en feuilles, etc. ; » 8°. Écailles en feuilles et feuilles en écailles, etc.; 09°. Écailles en pétales; » lo* Bractées en pétales; » 11°. Feuilles , états divers , feuilles en fruits; » 12°. Folioles en fleurs, en fruits, en sporange. » La rose résume à elle seule toutes ces modifications. » Cet exemple est connu de tout le monde, et il suffira de rappeler que la rose sauvage, l'églantier, n'a, dans son état naturel, que cinq pétales, pour rappeler aussi à l'esprit de tous, la rose double, dite à cent feuilles, la plus belle de toutes les métamorphoses. » Viennent ensuite les roses prolifères, c'est-à-dire celles qui renferment plusieurs fleurs dans le même calice, celles dont les cinq lobes du calice se changent en feuilles, et les étamines en pétales, ce qui est le cas le plus or- dinaire; celles enfin où toutes les parties de la fleur, les lobes du calice, les pétales , les étamines , les pistils , les ovaires et les ovules se transforment, les unes en pétales, les autres en feuilles, ou même tous en feuilles, ce que j'ai rencontré plusieurs fois. » On sait que certains oeillets , Ijchnis, bellis, etc. , sont , à peu de chose près, dans le même cas. » Ainsi que chaque partie de la fleur, la feuille , organe principal de la vé- gétation, se modifie parfois, tantôt par défaut, et alors elle se réduit à l'état d'écaillé souvent fort petite, tantôt par excès, en passant de l'état d'écaillé à celui de feuille , de carpelle , de fruit. .. Le calice passe à l'état de feuille tlans le rosier, le mussenda j'rondosa et quelques autres espèces du même genre. Dans le dernier cas cité, la trans- formation en est partielle et généralement réduite à un seul lobe; ce qui arrive aussi, mais plus rarement dans le premier. » Ainsi donc les écailles des bourgeons, les lobes des calices (dont l'or- ganisation diffère peu de celle des écailles), et les pétales peuvent dans certaines circonstances se convertir en feuilles. Il en esf de même des car- pelles et des ovules; et les pétales qui proviennent des étamines sont aussi parfois soumis aux mêmes métamorphoses. » Mais les étamines sont de tous les organes ceux qui jouissent au plus C. R., l84a, \" Semenre. (T. XIV, ^° 26.) 1 33 ( 98^ ) haut degré de la faculté de se transformer, faculté qu'elles doivent sans doute à la simplicité de leur organisation primitive. » Aussi les voit-on dans le plus grand nombre de cas passer à l'état de pétales, changer de couleur, de nature et de fonctions; dans d'autres cas ces organes revêtent la forme de nectaires, "de disques, etc.; quelquefois en- core ils se convertissent en ovaires qui se chargent d'ovules et plus tard de graines; telles sont les papaver somniferum et bracteatum, le polenionium cœrulewn, etc. » J'ai nommé ces dernières transformations des étamines en ovaires , AlfDROGYNIlîS. » J'ai souvent vu ces ovaires androgyniens qui sont généralement libres, se réunir un à un, deux à deux, trois à trois, et tous dans quelques cas, en se soudant entre eux, par les bords, avec l'ovaire naturel , central, par leur partie antérieure, et constituer ainsi un second ovaire à l'extérieur du premier pour n'en plus former qu'un seul, à deux rangs circulaires concen- triques de loges. M. Adolphe Brongniart, à qui cette découverte est due, ayant fécondé quelques ovaires de ce genre dans \e polenionium cœruleum, a obtenu des ovaires extérieurs et intérieurs des graines mûres qui ont levé. » Dans le papaver somniferum, j'ai trouvé plusieurs de ces ovaires an- drogyniens réunis naturellement par leurs bords latéraux et ayant des ovules gymnosés. Mais j'ai vainement cherché à les féconder, puis à les greffer entre eux et sur le fruit intérieur. Les greffes n'ont eu lieu que par les sucs opiacés qui les ont détruites. >i Dans d'autres cas beaucoup plus rares, ce sont les carpelles qui se désunissent, pour former autant de fruits distincts, comme dans l'orange, le citron et spécialement dans l'espèce de ce genre qui est profondément lobée ou digitée et que les Chinois nomment pour cette cause, main de l'empereur. » Il n'est pas rare de rencontrer des roses converties en rameaux dont toutes les feuilles ont pour origine les lobes du calice, qui d'ailleurs restent ordinairement soudés par la base, les pétales, les étamines, les pistils et les ovules conservant tous encore quelques traces de leur première origine. » Mais tout le monde connaît ces sortes de métamorphoses, ainsi que celles des œillets qui renferment souvent les unes dans les autres plusieurs fleurs munies de leurs calices; et tous les botanistes ont plus ou moins complètement étudié ces transformations sous le rapport organographique. J'ai pensé toutefois qu'il était bon de les indiquer ici et de rappeler que le pavot, par exemple, offre communément deux sortes de modifications dans ( 983 ) ses étamines : i° celles qui se transforment en pétales plus ou moins fo- liacées : cas ordinaire; 2° celles qui se transforment en ovaires plus ou moins complètement chargés d'ovules: cas rare. X. J'ai dû mentionner les expériences infructueuses que j'ai faites pour souder (greffer) ces ovaires androgyniens fécondés, à l'ovaire naturel , inté- rieur, afin de signaler cette tentative aux expérimentateurs qui pourraient rencontrer le même phénomène et tenter de nouveau et plus heureuse- ment la fécondation et la greffe. Ce sera par approche seulement qu'il fau- dra opérer. » Le cas le plus remarquable de celte conversion des étamines en ovaires fertiles, et de l'application par soudure naturelle de ces ovaires extérieurs sur les ovaires intérieurs , est sans contredit, celui que je viens de citer et qui a été observé par M. Ad. Brongniart sur le poleinonium cœruleum. » Dans ce cas vraiment extraordinaire, les étamines sont naturellement et complètement changées en ovaires ; ces ovaires remplis d'ovides et réunis entre eux par leurs bords latéraux, le sont aussi avec l'ovaire central par leur bord interne, de manière à former, après la fécondation artificielle, deux rangs concentriques de graines qui mûrissent et germent ensuite. » Nous avons, pour ainsi dire, assisté,MM. Ad. Brongniart, Guillemin et moi, à la duplication de V eschscholtzia crocea, cultivé depuis peu d'années, dans les parterres du Muséum. Cette curieuse papavéracée, qui n'a com- mencé qu'en i833 à parer nos jardins du Muséum (et nos jardins publics) de ses belles fleurs d'un jaune rougeâtre, se multiplie de graines, et est ordinairement à fleurs simples, quadripétalées. Elle doubla, pour la pre- mière fois, dans l'été de i834, et nous offrit des fleurs à cinq, six, sept et jusqu'à dix pétales, de plus en plus réduits vers le centre; et, plus intérieurement encore, quelques étamines, en partie métamorphosées, déroulant pour ainsi dire leurs bords, et donnant par là passage au pollen tout formé qu'elles renfermaient. » Ce sont ces différentes parties des végétaux qui, prises dans leurs di- vers états de développement primitif, et suivies dans toutes leurs modifi- cations et associations naturelles et artificielles (les greffes) conduiront à la déduction des lois qui président aux changements de forme qui s'opèrent dans les tissus, puis dans les fonctions de ces tissus diversement modifiés, et à tenter, d'après ces études, et avec elles, une classification physiolo- gique de tous les faits connus. » Après l'étude des métamorphoses qui arrivent dans les corps dits appendiculés des végétaux, viennent tout naturellement celles qui ont lieu ( 984 ) dans les corps du centre des fleurs, lesquels, tout aussi appendiculaires selon nous, sont encore aujourd'hui, et bien à tort, considérés par beau- coup de botanistes physiologistes, comme des organes axifères. Je veux parler des ovaires qui deviennent des fruits, et donnent des graines. » Les différentes sortes de fruits ont été observées, sous le rapport des fonctions physiologiques et organogéniques qui s'opèrent dans leurs diffé- rentes parties, sous l'influence des agents météoriques. « Pour donner une idée de ce genre de travail, je citerai pour exemple les drupes, dont l'organisation est si remarquable. « J'ai cherché quelle est la nature originelle de la pellicule épidermoïde, de la pulpe, du noyau ou coque ligneuse, dure et de l'amande ou graine munie de ses enveloppes. Pour cela j'ai étudié anatomiqueraent les ovaires dans leurs degrés de croissance, et les ovules dans tous leurs états de dé- veloppement. » Des dissections et des macérations m'ont fait connaître le nombre , la nature et la disposition des faisceaux vasculaires qui constituent chaque fruit. J'ai suivi jour par jour, en quelque façon, les modifications qui se sont opérées dans les différentes parties de ces tissus, et, de même, les phases du développement de l'embryon. J'ai ensuite comparé tous les dru- pes entre eux, et spécialement ceux de l'amandier et du pécher, en cher- chant à remonter aux causes qui produisent les différences remarquables de texture existantes entre les fruits de ces deux arbres congénères. Ces comparaisons ont été faites d'abord dans les détails de ces fruits, puis dans les généralités. J'ai donc commencé mes études comparatives de ces deux sortes de fruits: » 1°. Par l'épiderme (épicarpe) des ovaires pris à tous les âges, jusqu'à la maturité des fruits, et j'ai procédé de la même manière pour la pulpe ( mésocarpe j, et pour le noyau (endocarpe). » J'ai suivi la même marche pour les graines prises à l'état d'ovules nais- sants, et suivies jusqu'à l'entier développement des embryons. » Par là, j'ai en quelque sorte assisté aux phénomènes occasionnant toutes les modifications qui ont eu lieu successivement depuis l'apparition des ovaires jusqu'à la parfaite maturité des fruits. » Telles sont, en résumé, les questions qui m'occupent depuis long- temps, et sur lesquelles j'ai pensé qu'il serait bon d'attirer l'attention des naturalistes. J'ai osé envisager toute l'étendue de cet immense travail , mais je n'ai point eu la téméraire idée de l'entreprendre à fond et de le terminer seul. Je sais trop bien que ce n'est que par le concours et les efforts de ( 985 ) tous que les sciences progressent et que s'augnientent les connaissances humaines. » Aussi , mon but ici a-t-il moins été de traiter cette question difficile , que de donner l'éveil, et, en quelque sorte, d'indiquer aux jeunes et laborieux expérimentateurs de notre temps, les directions diverses, nombreuses et peut-être nouvelles qui peuvent conduire au but où nous tendons tous, le perfectionnement de la science et l'agrandissement de l'esprit humain. » Les sciences, quoi qu'on en ait dit, ne se bornent pas seulement à l'ob- servation et à l'inscription des faits qui ressortent de toutes nos expérien- ces, à la coordination et à la simple contemplation des phénomènes de la nature. Leur mission est plus noble et plus élevée : elles doivent, après la généralisation de ces faits, sans laquelle elles n'existeraient pas, se livrer à la recherche des causes cachées, mystérieuses et trop souvent introuvables qui les produisent, et tendre par là à dirigernotre esprit vers la suprême intelligence qui ordonne tout l'univers. » L'analogie d'organisation primitive des différentes parties appendicu- lairesdes végétaux est donc suffisamment démontrée aujourd'hui par leur commune origine, par la facilité avec laquelle elles se greffent, s'unissent et se transforment, d'après certaines conditions, les unes ilaris les autres, pour que nous puissions dès à présent même tracer le plan des organisa- tions diverses, et établir les lois qui président aux associations. » Là, de nouvelles considérations scientifiques viennent s'offrir à la pen- sée, de nouvelles sciences, pour ainsi dire, apparaissent, se dévoilent, et nous montrent d'autres routes à suivre, d'autres récoltes à moissonner. » La tératologie végétale est une de ces sciences ; la dynaniologie en est une autre. » En effet , outre les phénomènes tératologiques qui viennent expliquer les nombreuses associations de ces corps dits appendiculaires (i) et leurs singulières modifications et transformations, il y a des forces, des puissances immenses, infinies, dont l'action est incessante, et qui pourtant sont à peu près restées inaperçues jusqu'à ce jour; je veux parler des forces diverses qui régissent le développement des végétaux et leurs fonctions. (i) M Dits appeniliculaires, » parce qu'en effet il n'y a d'appendiculaire dans !e pliy- ton que le pciiole (mérithalle péliolaire) el le limbe (niérithalle linibaire), ouïes repré- sentants de ces parties, tandis que la base (mérithalle tigellaire) est toujours en partie axifère comme on l'entend. ( 986 ) » Cette vérité une fois démontrée que chaque corps appendiculaire n'est en réalité qu'une partie d'un être à part, isolé dans la création (quoique généralement greffé dès cette époque dans toute sa base , chez les dicoty- lédones, par exemple), vivant avant tout de sa vie fonctionnelle par- ticulière, et plus tard de cette même vie spéciale et de la vie d'asso- ciation, ou vie générale qui anime les grands arbres des forêts, ces géants tératologiques continuellement, périodiquement ou annuellement vivifiés, selon les climats, par le développement partiel ou simultané de nouveaux individus, aussi variables dans leurs formes, leurs organisations, que dans leurs fonctions; individus qui, par leur superposition et l'adjonc- tion de quelques-unes de leurs parties, viennent accroître en hauteur et en largeur la masse de ces grands arbres, et augmenter ainsi leurs forces végétatives; une fois, dis-je, cette vérité démontrée, les lois de l'organo- graphie et de la physiologie végétales seront de beaucoup éclaircies , sim- plifiées et faciles à expliquer. » La dynamogénie vient après. Je veux parler des forces qiii se révèlent dans les végétaux, de celles qui président à leurs développements, à leuis fonctions, et qui sont produites par ces mêmes fonctions. » Chez les végétaux, comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas de cœur con- tractile, pas d'artères et pas de veines pour la circulation, pas de poumons pour la respiration; il n'y a ni estomac ni intestins pour la digestion, l'as- similation, la sanguification; point de cerveau, point de nerfs pour la pensée, la sensibilité, la volonté, et conséquemment point d'appareils pour la locomotion, pour la défense et la protection. a On leur accorde des appareils de reproduction, des organes généra- teurs, des sexes enfin j mais aujourd'hui moins que jamais les physiolo- gistes, tout eu admettant le phénomène de la fécondation, sont d'accord sur la nature des parties qui la produisent et sur letn-s véritables fonctions. » La vie, dans les végétaux les plus compliqués, n'exige donc pas cette multiplicité d'organes qu'on reconnaît aux animaux, même aux plus sim- ples ou aux moins bien organisés, puisqu'il est aujourd'hui complètement démontré qu'elle existe partout, dans la simple cellule isolée, dans le moindre fragment de plante, comme dans le plus grand des arbres. » Tant qu'un végétal entier ou ses parties réduites à l'état de simples fragments, se trouvent placés dans les conditions convenables de lumière, de chaleur, d'humidité et probablement d'électricité, ils conservent la vie. » Cette vie du végétal le plus composé comme du plus simple, et réduit ( 98? ) même à l'état d'embryon, de fragment d'embryon, ou même de simple cellule; cette vie, dis-je, est toujours fonctionnelle. » Mais ces fonctions des tissus isolés ou symétriquement groupés sont variables et relatives aux degrés de combinaison ou d'association de ces tis- sus, et selon que les conditions précitées d'exposition à la lumière, à ia chaleur et à l'humidité sont plus constantes, plus fixes, plus régulières. » Elles sont donc ou très-actives, comme on le remarque chez les grands végétaux, chez ceux surtout qui croissent sous les tropiques; ou lentes et en quelque sorte insensibles, comme on l'observe dans certaines produc- tions végétales à bourgeons latents, et surtout dans les embryons encore renfermés dans leurs graines, où elles sont arrêtées, mais où certainement elles ne sont pas éteintes. » Les forces vitales ou fonctionnelles des végétaux sont donc relatives aux conditions d'organisation, d'association, ainsi qu'à toutes celles que je viens d'énumérer. » Je vais être forcé, afin de mieux faire comprendre ces dernières pro- positions , de les éclairer par quelques suppositions qui forment la base fondamentale de cette partie provisoire de mon travail, suppositions qui seraient mieux nommées probabilités, et qui pour moi ont presque toute la force de vérités démontrées. » Mais, comme je l'expliquerai à la fin de cette Notice, j'ai pensé qu'il était plus convenable de conserver à tout ce travail la forme dubitative, parce qu'elle convient mieux à son allure systématique. Ce sont des faits qui m'ont conduit à des idées théoriques, mais ce sont des idées théoriques, appuyées de quelques faits généraux, sur lesquelles je veux avant tout dire ici un premier mot pour l'intelligence même des faits particuliers qui viendront après. PREMIÈRE SUPPOSITION. » Je supposerai donc, i" qu'une cellule vivante, isolée, provenant d'un végétal quelconque et soumise aux conditions qui sont le plus favorables à la végétation, peut continuer de vivre, de s'accroître, et enfin de se con- vertir en un végétal complet, c'est-à-dire eu un embryon ou un bourgeon qui appartiendra au groupe végétal d'où provenait cette cellule, et très- exactement à la même espèce, et sera aussi du même sexe si la plante était dioïque, ce qui n'a pas lieu dans les germes qui résultent de la fécon- dation , lesquels, dans ce cas, sont de l'un ou de l'autre sexe, sans qu'on ait pu jusqu'ici en indiquer exactement la cause. (988) » Mais, même dans cette cellule génératrice placée dans les conditions les plus favorables à son existence, la vie, tout active qu'elle est, parait lente ou arrêtée à peu prés comme dans l'embryon latent de la graine des- séchée. Toutefois, pour être ralentie et presque insensible, cette vie n'en marche pas moins sans cesse vers le but que lui a prescrit la nature, la conservation et la propagation de l'espèce , la perfection de son type natu- rel, le végétal type (la feuille, l'embryon, le phyton) dans son état le plus réduit. « Dans cette cellule isolée, vivant indépendamment de ses congénères ou ne leur prenant au contact (endosmose) que leur portion d'humidité sura- bondante, la vie fonctionnelle ne s'accroît dans son liquide organisateur qu'au moyen de sa membrane, qui est chargée d'absorber les fluides nour- riciers ambiants et de les élaborer. » Cette cellule est-elle originairement simple, double ou triple? Est-elle simple d'abord , puis double, puis enfin composée d'un plus grand nombre de membranes enveloppantes? C'est ce que je ne dois pas dire maintenant, mais ce qui sera très-positivement éclairci plus tard, quand je traiterai de l'organisation des tissus divers, des ovules, des embryons et de leurs déve- loppements successifs. » Un mouvement de rotation, de cyclose , de giration, conmie on vou- dra le nommer, résultant sans nul doute des combinaisons qui s'opèrent, des absorptions et des exhalaisons alternatives ou simultanées, produites par la membrane , est le seul phénomène physique appréciable. Nulle antre force que celle des élaborations (combinaisons organogéniques) n'y appa- raît encore. » Supposons que cette cellule animée, fonctionnant seule, isolément , soumise à l'influence des agents extérieurs et sous la plus faible puissance organique possible , celle de la membrane cellulaire enveloppante, simple ou double, élaborant les Huides qu'elle absorbe et qu'elle recèle, aspirant quelques fluides nourriciers et les exhalant après les avoir modifiés, en s'em- parant de quelques-uns de leurs principes et en leur en fournissant d'au- tres, tels que ceux qui résultent des combinaisons organiques et des fonc- tions physiologiques; supposons, dis-je, que cette cellule représente le végétal le plus simple , réduit à la condition d'œuf, et encore soumis aux seules forces physiques (ij, ne donnant d'autres signes de vie que par la (i) Le» forces dites d'absorption, d'exhalation; la combinaison lente des principe» organogéniques élémentaires, globules, globulins el globuligènes (ou cambium?) en inouveineut. (989) (lilatatioii de ses parois transparentes, sa turgescence toujours croissante fi ) par l'agitation peut-être régulière (le mouvement) de son liquide organi- sateur. » Supposons encore que ce liquide, d'abor Ces cellules ou utricules mûrissent , pour ainsi dire , se disjoignent après, et vont produire autant de végétaux analogues, c'est-à-dire , des glo- bules qui, à leur tour, iront accomplir les mêmes phénomènes organogé- hiques et physiologiques. » Si c'est un végétal de la deuxième division ou classe (cellulaires) ; si même c'en est un de la troisième, c'est-à-dire un végétal cellulo-vascu- laire ou subvasculaire , que précédemment j'ai nommé monocotylédoné par bourgeonnement, une fougère, par exemple, les globules cellulisés restent unis : c'est selon moi le premier état tératologique , globule à glo- bule , cellule à cellule. Mais la masse cellulaire produite se disgrégera aussi en donnant naissance à des sporules qui, eux, placés dans les conditions (995) convenables à leur végétation, ne reproduiront pas directement des géné- rations successives de globules, comme les précédentes, mais bien une masse cellulaire avec ou sans radicelles , au sein de laquelle un végétal vas- culaire, un véritable bourgeon (phyton) prendra naissance (i). M Ce bourgeon pourra être composé de plusieurs écailles, mais jamais que d'une setde feuille, puis d'une seconde, d'une troisième, etc. Le premier phyton en formera un deuxième, le deuxième un troisième, et successive- ment. De cette superposition d'individus ou feuilles , et de lagencement de leurs tissus divers, résulteront souvent des tiges limitées pour ch Si c'est un végétal de la quatrième division ou classe, c'est-à-dire un individu univasculaire ou monocotylédoné, une circulation réelle s'établira entre les cellules et produira presque aussitôt des canaux dans lesquels aura lieu une autre circulation. Cette dernière donnera bientôt naissance à de nouveaux canaux où s'organiseront de véritables vaisseaux fonction- nant à leur tour pour la circulation générale. » Cette circulation, qui n'a pas encore été observée, que je sache, mais qui sans doute ne tardera pas à l'être, peut se déduire a priori de la disposition spéciale qui s'observe généralement dans tous les tissus vasculaires; ce serait donc une sorte de cyclose simple ou composée en spirale; d'où sans doute les trachées et autres vaisseaux spiraux (2). «Dans cette classe et la suivante et peut-être aussi dans la précédente, (i) Gaudichaud, Organographie , pi. IV, fig. 10 à i5. (2) Quelle que soit la force qui sollicite l'ascension de la sève ou des sucs quelconques qui circulent dans les plantes; quel que soit le mécanisme de cette circulation, ou doit supposer a priori que cette force est décomposée par la forme des tissus vasculaires ; que les fluides qu'ils contiennent , s'ils marchent, doivent nécessairement tourner, et qu'en tournant ils tracent indubitablement leurs routes en labourant les matières schlé- rifères , les globulins et les globules qui se déposent incessamment sur leurs parois, par des causes que sans doute on n'a pas encore pressenties, qui ne se démontreraient peut- être pas , mais qui doivent exister, par l'attraction qu'exercent les cellules entre elles , par la faculté qu'elles ont de s'enlever mutuellement ou de se transmettre l'humidité qu'elles recèlent , etc. ( 996 ) ce sont toujours les premiers vaisseaux des tissus allongés qui se forment. Ils caractérisent le système ascendant des végétaux dits vasculaires, système que j'ai nommé mérithallieu , et qui donne naissatice au développement en hauteur. » La force qui les produit s'exerce manifestement de la base au sommet dans toutes les parties de l'individu ou organe {phjton). Je l'ai nommée force ascendante. » Dans ce cas il s'est formé un végétal monocotylédoné, c'est-à-dire n'ayant qu'un système vasculaire, ou dont le système vasculaire ne crée qu'un seul être, un seul phyton, une seule feuille avec ou sans appendice (pétiole-limbe). » Ces vaisseaux, qui s'organisent vers la circonférence de la masse cellu- laire, forment des lignes perpendiculaires, droites, parallèles, avec de lé- gères ramifications qui vont de l'une à l'autre, de manière à constituer un réseau à mailles très-lâches. Partageant la masse cellulaire primitive en deux parties inégales, concentriques, il forme le canal médullaire. Ils nous serviront de suite à distinguer les végétaux monocotylédonés dans lesquels ils restent unis, des végétaux dicotylédones où ils sont et seront de plus en plus séparés. » En effet, près des vaisseaux spiraux, des trachées, et pour ainsi dire dans le fluide qui les a produits, s'organisent presque aussitôt, peut-être en même temps, d'autres tissus aussi très-allongés qui les entourent presque entièrement, ou qui sont situés ordinairement plus à l'extérieur et parfois aussi à l'intérieur; ce sont, les uns les premières fibres de l'écorce, les autres le corona de Hill. Elles sont exactement disposées comme les vais- seaux dont elles semblent n'être qu'une dépendance et constituent avec eux, par leur réunion, le système ascendant ou mérithallien du bois et de l'écorce, bien différent du système descendant ou radiculaire dont je par- lerai bientôt, qui lui, sert à former les couches annuelles centrifuges du bois , et centripètes de l'écorce. » Ici (dans les monocotylédonés) ces deux sortes de tissus restent généra- lement unis par un mécanisme de développement que j'ai précédemment indiqué; ils se séparent presque immédiatement dans la plupart des dico- tylédones, OÙ il est encore facile de les reconnaître au bout de plusieurs années (i). (i) Aristolochia , Archives de Bolanique , t. II, p. ai, tab. 19, f. 3 (i833). ( 997 ) « Dans d'autres plantes, ils restent unis comme dans les monocotylé- dones. » Les végétaux primordiaux de la cinquième division diffèrent surtout de ceux de la quatrième, en ce que, au lieu d'un seul système vasculaire, ils en ont constamment deux opposés ou un plus grand nombre. Dans ces végé- taux, les vaisseaux primitifs forment, en effet, constamment deux systèmes distincts, ou plutôt deux phy tons ou individus vasculaires greffés par leur moelle ou tissus cellulaires intérieurs, deux feuilles conées comme dans les embryons dicotylédones. Résulteraient-ils de la greffe primitive de deux cellules, qui, dans ce cas, au lieu de produire un système vasculaire cylin- drique, en formeraient deux demi-cylindriques opposés par leur surface médullaire interne? Je ne le pense pas. Dans tous les cas, c'est le deuxième état tératologique, feuille à feuille, phy ton à phy ton. Le premier état téra- tologique est celui qui s'opère entre deux globules qui deviennent des cel- lules; le second, entre deux individus vasculaires de la cinquième section. » L'organisation, le mode de développement et l'aspect des végétaux de cette classe ne ressemblent nullement à ceux des monocotylédones. » Les végétaux de la troisième et de la quatrième division, les monoco- tylédones par bourgeonnement et les monocotylédones proprement dites, s'unissent bien aussi pour donner des végétaux complexes, mais comme ces unions ne sont que secondaires,nous leur refuserons le même rang, pour les placer après. » Dans les individus de ces deux classes, il y a bien greffe d'un second individu avec le premier, d'un troisième avec le second; mais lors même qu'ils se sont développés en même temps dans un bourgeon , on n'y doit voir que greffe secondaire, que deuxième état tératologique, parce que dans ce cas il y a superposition d'organes ou systèmes vasculaires , tandis que dans les autres il y a opposition plus ou moins complète ; parce que dans les végétaux monocotylédones, quel que soit le mode de développe- ment, il existe une succession d'organes qui se forment progressivement l'un après l'autre : une première feuille donne naissance à une seconde, cette seconde à une troisième, et successivement. Mais, dans ce cas, la deuxième a son système ascendant placé au-dessus de celui de la première et quelquefois même à distance; la troisième a le sien placé au-dessus de celui de la seconde et de la première. Il y a superposition plus ou moins apparente des systèmes ascendants , et union de ces systèmes ascendants par les systèmes descendants qui recouvrent plus ou moins complètement les systèmes ascendants et descendants des feuilles inférieures. Ainsi, le C. R., i!:4a, I" iemcitre. (T. XIV, N"> 26.) 1 35 ( 998 ; système descendant de la seconde feuille enveloppe le système ascendant de la première, et ainsi de suite. » Il faut pourtant convenir que dans beaucoup de cas les mérithalles tigellaires ou inférieurs sont si peu développés que les feuilles ont plutôt l'air d'être verticillées que superposées. Nous devons même ajouter que sauvent ces mérithalles étant tout -à -fait nuls, les seconds mérithalles (pétioles) de plusieurs feuilles partent réellement du même point mathé-- matique. Dans d'autres cas enfin , dans ceux où les développements sont irréguliers et en produisent d'autres que j'appellerais boiteux, les vaisseaux mérithalliens sont tellement mêlés qu'il est difficile et même impossible de leur assigner un point de départ. On ne peut guère y arriver que par le calcul. Mais ce ne sont pas les anomalies et les irrégularités qui doivent servir de règles quand on veut généraliser. Les exemples ici ne peuvent être choisis que parmi les végétaux chez lesquels le développement est normal et constamment régulier; les exemples comme les lois qui régis- sent viendront à leur tour. «Voici donc, dans la cinquième, la quatrième et même dans la troi- sième classe, des végétaux organisés, mais encore réduits à leur état le plus simple , à celui que (juelques physiologistes appelleront leur partie axifère , appellation vicieuse , s'il en fut jamais. » Mais laissons un instant de côté ce premier degré d'organisation des première , seconde et même troisième classes des végétaux dits acotylé- donés, subcellulaires, cellulaires et cellulo-vasculaires ou monocotylé- donés par bourgeonnement, sur lequel nous reviendrons bientôt, et poursuivons l'étude des phénomènes organogéniques et physiologiques dans la quatrième et la cinquième division, les monocotylédones vraies et les dicotylédones encore réduites au premier mérithalle, ou à l'axe, pour mieux me faire entendre de tous. «Nous avons vu que dans la quatrième classe (les monocotylédones) il s'est formé un seul système vasculaire dont les vaisseaux sont générale- ment disposés en cercle et enveloppent ainsi une partie de la masse cel- lulaire générale; et que dans la cinquième, tout en conservant la même disposition , ils se sont partagés en deux faisceaux ou systèmes hémicylin- driques rapprochés au centre par leurs bords, de manière à former ainsi un cercle interrompu. » En cet état ils représentent des bourgeons univasculaires ou bivascu- laires réduits à leur étal le plus simple, c'est-à-dire à leur axe primitif, ou premier mérithalle, ou mérithalle tigellaire des premières feuilles. Il ( S:i99 ) y a donc eu d^ns les mouocotylédones (la quatrième classe) formation d'un individu vasculaire, et de deux dans les dicotylédones (la cinquième classe). » Maintenant, donnons dès ce moment à ces individus vasculaires, des- tinés à se développer primiliveraent les uns seuls, les autres constamment et plus ou moins régulièrement deux à deux , ou plusieurs ensemble , un nom quelconqui-, celui de boui'geon, de plante ou plantulf, ou mieux peut-être celui de phyton; toujours est-il qu'ils forment des individus vasculaires qui, même dans les circonstances convenables exigées pour leur état de faiblesse, peuvent vivre, croître, se développer et finalement se reproduire et se multiplier. » Si, pris en cet état, ou dans un degré plus avancé de croissance, l'in- dividu double est partagé en deux au moyen d'une section faite dans la ligne de séparation des deux systèmes vasculaires, il en résultera deux individus qui, conservés dans les conditions favorables à leur existence, formeront dès ce moment deux plantes qui croîtront , se développeront et se multiplieront séparément. Mais dans ce cas, ces deux plantes seront dicotylédonées par leur organisation , quoique par la section longitudinale on ait complètement séparé les deux cotylédons qui constituaient le bourgeon bivasculaire primitif, ou, comme nous le prouverons bientôt, dicotylédoné, pour en former deux végétaux réellement univasculaires ou monocotylédonés, mais dans les tissus desquels le type dicotylédoné est imprimé. » Ici, comme partout ailleurs, la vie se perpétue par l'apparition d'un bourgeon axillaire du cotylédon , ou de l'une des feuilles déjà organisées de sa plumule , feuille qui serait dévolue par la section longitudinale de l'embryon à l'une ou l'autre de ses parties. » Cependant, ne nous arrêtons pas à ces faits, sur lesquels nous devons naturellement revenir; suivons toujours les individus primitifs à système vascidaire unique ou double ,. encore réduits à leur état le plus simple, et nous verrous qu'ils ne sont pas complets et qu'ils vont se parfaire en poussant à leur sommet des prolongements cellulaires qui forment les parties dites foliacées ou appendiculées (c'est-à-dire isolées de l'axe cel- luleux ) et de formes très-variables. » A mesure que ce développement cellulaire a lieu, que les cellules se symétrisent et se coordonnent régulièrement d'après le type organique originel , on voit apparaître des voies vasculaires humides qui se transfor- ment en vaisseaux , en trachées. » Ces vaisseaux, comme on le reconnaît bientôt par l'anatomie, sont de '^. i35.. ( lOOO ) même nature que ceux du premier mérithalle axifère , dont ils ne sont aussi en réalité que le prolongement par adjection successive. Mais ce pro- longement s'opère sur un plan alterne (i) , c'est-à-dire que chaque rameau du faisceau vasculaire du premier mérithalle , arrivé au sommet de ce premier mérithalle, se partage régulièrement ou irrégulièrement en deux, de manière à former une bifurcation dont les parties divergentes vont rencontrer celles des faisceaux voisins de droite et de gauche qui, comme tous les autres , subissent ce mode de division , d'où il résulte des mailles vasculaires analogues à celles du premier mérithalle, mais alternes avec celles du second mérithalle. M Cette disposition n'est pas aussi nettement exprimée dans tous les végétaux. » Cette partie de la portion appendiculaire formée représente le pétiole ou la queue de la feuille, c'est-à-dire le second mérithalle. M Dans beaucoup de végétaux, dans ceux qui sont monocotylédonés surtout, comme dans bon nombre de dicotylédones, cette partie foliacée diversement épanouie ou laminée (écaille, bractée, stipule, etc.) termine ordinairement le phyton; mais dans beaucoup d'autres il s'en forme une troisième, dans laquelle les vaisseaux et les mailles par conséquent rede- viennent perpendiculaires aux vaisseaux et aux mailles vasculaires du pre- mier mérithalle. C'est le limbe. » Très-souvent ces trois parties se développent en même temps. Si c'est un végétal vasculaire simple ou monocotylédoné qui s'est constitué, c'est-à- , dire s'il ne s'est créé qu'un seul système vasculaire, il n'y a en aussi de dé- veloppé qu'un seul appendice foliacé. Dans ce cas cet appendice est géné- ralement conique et enveloppant. Si on le coupe verticalement et horizon- talement, on trouve qu'il n'est formé en réaUté que d'un seul corps ap- pendiculaire et d'un seul système vasculaire enveloppant. Son centre (tout celluleux) ne contient aucune trace vasculaire. » Bientôt après il se forme une seconde feuille, puis une troisième, puis enfin tout un bourgeon composé d'appendices foliacés diversement em- boîtés les uns dans tes autres. » Si le végétal qui s'est constitué est composé, s'il appartient au contraire au groupe des dicotylédones, et qu'il y ait deux, trois, quatre, etc., sys- (i) Voye% les figures i à 6 de la pi. I de mon Or^anogrop/ije pour la disposition de ces vaisseaux. ( lOOI ) lèmes vascnlaires primitifs (s'il est double, triple, quadruple) ou un plus grand nombre, il se formera aussi un, deux, tro's, quatre, ou un plus grand nombre d'appendices foliacés. » C'est le type organique, originel, qui décide de tout cela. » Chaque bourgeon dicotylédoné primitif s'accroîtra ensuite (d'après des lois générales qui, les circonstances extérieures ne changeant pas, sont invariables) par l'adjection de nouvelles feuilles qui naîtront deux à deux, quatre à quatre ou verticillées six à six, huit à huit, dix à dix , mais avec des degrés de développement divers et souvent très-distincts. «D'où résultent les sortes de spirales successives dans lesquelles, par suite d'un mouvement de torsion imprimé par la croissance successive des parties, la dernière feuille recouvre en apparence la première, excepté dans les cas de développement forcé, où les verticelles , au lieu de se su- perposer, se suivent en une ou plusieurs lignes spirales continues, dont les rapports mathématiques, malgré de nombreux et très-savants travaux anciens et modernes, n'ont peut-être pas encore été bien établis. » Dans !e premier cas, les feuilles .seront opposées deux à deux, quatre à quatre, etc. ; dans le deuxième, elles offriront les rapports symétriques de trois à trois, cinq à cinq, sept à sept, neuf à neuf, et se succéderont ainsi de bouton en bouton, selon le climat, selon la place qu'elles occupent dans le bourgeon , et conséquemment dans l'ordre de développement, ou encore, d'après certaines conditions d'âge, de gisement, de position, d'époque, etc., des mêmes bourgeons; elles prendront les accroissements, les formes et les textures les plus diverses : d'où les feuilles réelles et toutes leurs modifications, les stipules, les bractées et toutes les parties des fleurs et des fruits considérées comme des organes similaires, mais dans des états divers d'association et de croissance. » Les grandes lois tératologiques, ces lois d'association et de groupe- ment des organes ont commencé leurs manifestations, dès qu'au sommet (centre?) de la première feuille ou du premier système vasculaire simple» il s'en est formé un second, un troisième, puis un gnind nombre générale- ment constant dans chaque végétal, lorsque, bien entendu, les circons- tances extérieures restent les mêmes. » Pour bien faire comprendre ces sortes d'associations, prenons un exemple choisi parmi les végétaux dont le développement est en général le plus régulier, le marronnier d'Inde, où tous les organes de la végétation (ceux des fleurs et des fruits exceptés) sont de la plus grande régularité. » Dans cet arbre, les dernières feuilles normales de la végétation anr ( 1002 ) nuelle, comme les premières, et même comme les écailles du bourgeon , sont uniformément opposées. » Si, par exemple, on suit l'évolution des différentes parties d'un bour- geon terminal, isolé, de ce végétal, on remarque les faits suivants : les écailles inférieures ou extérieures prennent généralement peu d'accroisse- ment, mais elles grandissent pourtant un peu. » Poussées de dedans en dehors par les feuilles intérieures qui s'ac- croissent, elles s'épanouissent en rosette, et finissent même par s'abaisser sur le rameau. Les écailles du centre se colorent en rouge obscur, gran- dissent manifestement, sans toutefois se séparer les unes des autres par le développement de leurs parties ligellaires ; elles restent ainsi appliquées les unes sur les autres. Les supérieures, une ou deux paires, forment des méritlialles de plus en plus longs; viennent après les feuilles réelles, petites d'abord, et portant trois, cinq, sept folioles seulement (ordinairement cinq), puis neuf au centre du scion ou rameau annuel, et de nouveau réduites à sept, cinq, trois, deux, et même quelquefois une an sommet, où elles finissent enfin par ne plus donner que des écailles aristées d'abord, puis arrondies; écailles qui, dans nos climats, sont destinées à protéger le bourgeon (l'axe médullaire) de l'année suivante. » Ces dernières feuilles, réduites à l'état d'écaillés, malgré cela, se char- gent quelquefois encore d'une à trois petites folioles très-exiguës, ou sont simplement ou diversement acuminées. » Les dernières feuilles donnent naissance aux écailles extérieures ou inférieures du nouveau bourgeon. Les écailles les plus intérieures ou supé- rieures sont de plus en plus herbacées , petites et arrondies au sommet. Les dernières , à l'époque de la végétation , grandissent beaucoup , et se chargent maintes fois de trois et cinq folioles rudinientaires. » De quelles parties se compose donc ordinairement le bourgeon dans le marronnier, au moment de son évolution? De quatre à six rangées d'écaillés (quatre à six paires) alternativement opposées deux à deux, plus, de quatre à six paires de feuilles également opposées et à peine ébauchées; ces écailles et ces feuilles appartiennent évidemment à la végétation de l'année antérieure, comme les nouvelles, celles qui se forment dans les bourgeons à la fin de l'été , lorsque la végétation se ralentit, appartiennent à l'année présente, bien que, dans nos climats, elles ne soient destinées à se développer que l'année suivante. » Ces bourgeons s'organisent sous l'influence des saisons et de la sève annuelle j mais cette sève excitée par ce qu'on appelle la force vitale, est ( ioo3 ) absorbée, épuisée parles feuilles existantes loules constituées et leurs ana- logues, pressées qu'elles sont en quelque sorte d'accomplir leurs fonctions. » Ce n'est donc ordinairement que lorsque les feuilles ont parcouru toutes les périodes de leur existence, lorsque les pétales ont voilé, gazé, protégé, parfumé les mystérieux phénomènes de la fécondation, lorsque le fruit a enfanté et nourri sesgraints,que les bourgeons peuvent s'accroî- tre et s'ouvrir. » Mais alors, dans nos climats tempérés du moins, la saison est avancée , le soleil s'éloigne graduellement et perd ainsi chaque jour de sa chaleur, conséquemmcnt de sa force excitatrice; et quelque affaiblis que soient les organes appendiculaires développés, ceux qui ont constitué la végétation apparente de l'année, il leur reste beaucoup plus de vigueur qu'à ceux des bourgeons qui viennent de naître, qui sont sans force d'absorption , sans puissance de végétation , et puisent au sein du végétal jusqu'aux dernières gouttes de la sève vivifiante qui s'y introduit ou s'y élabore. » Mais si à l'époque où la sève est encore activée par la présence du soleil, un accident arrive" aux feuilles d'un végétal vivace, avant l'époque naturelle de leur chute dans nos climats, avant qu'elles aient terminé le cercle de leurs fonctions, si le soleil les brûle , si le vent les froisse ou les détache, si les insectes les mangent , ou enfin si l'homme; les arrache ou les détruit, alors on voit les bourgeons préparés pour l'année suivante se développer, donner encore des feuilles, des fleurs ou quelquefois des fruits. » Si encore après un été brûlant dans lequel la végétation s'est rapide- ment accomplie, les chaleurs automnales se prolongent un peu ou revien- nent après de légers frimats, on voit quelques plantes hâtives, trompées en quelque sorte par l'apparence d'un doux printemps, montrer témérai- rement leurs jetines feuilles, et souvent leurs iieurs (œsculus). » Mais ces feuilles et ces fleurs ne tardent pas à être punies de leurs efforts imprudents : elles tombent sous les premiers souffles du nord , avec toutes les faibles productions herbacées du reste de la végétation. » Les feuilles, dans nos climats, selon le rang qu'elles occupent dans l'ordre de leur évolution, sont donc susceptibles de développements orga- niques divers , ce qui n'a pas lieu en général dans les régions tropicales, où les bourgeons écailleux à feuilles ne se forment pas ordinairement, et où les modifications organiques ne s'opèrent guère que dans les organes de la fructification. Dans ces régions , cependant, d'autres changements ont lieu , mais ils doivent s'opérer sous des influences différentes, pour parler des ( ioo4 ) feuilles polymorphes. Les forces qui président à ces développements mar- chent évidemment avec celles de la chaleur. Le soleil, en s'avançant vers nos climats, favorise, perfectionne et achève les organes végétaux, ainsi que par son éloignement il entrave, arrête et détruit leur accroissement. Cette force est d'une manière évidente une force de circulation. » Personne aujourd'hui ne doute que dans le marronnier, par exemple, l'écaillé la plus petite du bourgeon ne représente réellement une feuille, mais une feuille, bien entendu, réduite à un faible degré de dévelop- pement. » Eh bien, il en est de même de toutes les parties de la fleur, du calice, de la corolle, des disques, des étamines, des nectaires, des ovaires, comme des ovules et des appendices qui les forment. Mais quelles sont les causes de ces dernières modifications? » Ainsi que je l'ai dit, toutes ces parties, selon qu'elles se trouvent placées dans les conditions favorables de saison, de lumière, de chaleur, d'humi- dité et d'électricité, selon leur position surtout, se transforment compléte- mei'.t : les calices, les pétales, les étamines, les disques et nectaires, les carpelles, les ovules et leurs enveloppes en véritables feuilles ; les étamines en pétales, les filets qui représentent les carpelles en ovaires, tandis que les anthères, qui sont les analogues des styles et des stigmates, se pétali- sent ou se fanent et cessent leurs fonctions. » Si toutes les parties du bourgeon ordinaire sont des feuilles dans des états différents de développement, c'est-à-dire d'organisation, et si l'on admet que toutes celles d'un bourgeon à fleur sont diversement dans le même cas, on arrive naturellement à prouver que les organes dits appen- diculaires des végétaux , ne sont que des portions d'organes isorganiques susceptibles d'évolutions diverses par excès ou par défaut. » Je dis que ces différentes parties ne sont que des portions d'organes parce que, quelque faibles et peu prononcés que soient leurs mérithalles tigellaires, ils n'en existent pas moins à l'état d'axes, de tiges, de pédon- cules, de gynophores, d'androphores, etc., selon les organes auxquels ils appartiennent. » Ces nouvelles suppositions admises ainsi que les précédentes , nous allons aborder à la fois toutes les questions de physiologie, d'organogénie et d'organographie , par des exemples simples, vulgaires, et en quelque façon connus de tout le monde. >. Des recherches anatomiques faites sur les écailles des bourgeons, sur les lobes des calices , sur les pétales, sur les étamines, sur les ovaires et sur ( ioo5 ) les inorlifications extrêmes et si remarquables destissiis intérieurs et exté- rieurs (le ces parties, réduites à l'état de pistil ou arrivées à celui de fruit; sur les ovules, sur les feuillets divers qui les composent et les tissus qui les tapissent extérieurement et intérieurement; sur les arilles ou feuilles funi- culaires, comme sur les embryons; des recherches de cette nature, dis-je, m'ont montré qu'il y a analogie d'organisation entre ces différentes parties des végétaux, et m'ont permis d'établir toutes leurs distinctions générales. » Les principes généraux de l'organographie et de la physiologie sont donc assis sur ces simples données, savoir, que les organes dits appendiculaires qui se reproduisent normalement d'une manière immuable, peuvent, dans certains cas, passer d'un état à un autre, se métamorphoser, comme on dit ordinairement, et changer de forme et de couleur comme ils changent de fonctions. » J'ai indiqué quelques-uns des exemples les plus remarquables de ces transformations des sépales et des pétales en feuilles, des étamines en pé- tales, en carpelles, etc. » Je vais maintenant parler des effets produits par ces métatnorphoses et de quelques-unes des modifications organiques et physiologiques qui en résultent. » L'étude de l'étamine libre m'a démontré qu'elle est constamment un individu distinct, ayant normalement ses trois parties mérithalliennes. Considérée sous le rapport organique, elle peut être regardée comme for- mée d'un seul faisceau vasciilaire qui vient se terminera l'anthère, comme très-souvent le funicule et la raphé viennent finir à l'ovule, et le dernier vaisseau ou le dernier trajet vasculaire chalazien, à l'embryon, « Quels sont les changements organiques qui s'opèrent quand l'étamine devient pétale? Ces changements sont de plusieurs sortes et relatifs aux groupes végétaux auxquels les étamines appartiennent. La duplication est- elle uniquement due aux métamorphoses des organes appendiculaires? Les plantes les plus vulgaires vont me fournir des exemples remarquables et propres à éclaircir cette question , peut-être même à la résoudre. » Dans le premier cas, la métamorphose est rarement générale; elle est même parfois très-irrégidière par la ténacité des tissus de l'anthère qui se refusent à l'imprégnation ou injection des méats intercellulaires par les sucs vasculifères, et par suite à la transformation. » Elle est généralement plus complète dans les autres , ainsi que dans la plupart des plantes qui ont leurs anthères terminées par un conneclif plus ou moins épais. C. a. , i34a, i" Semestre. (T. XIV, ^o 86.) I 36 ( ioo6 ) » Dans tous les cas , le phénomène se produit par l'injection des fluides vasculaires ascendants, qui, après s'être pratiqué des canaux dans le tissu cellulaire de l'anthère ou plus ordinairement du filet, ou de ces deux par- ties, se convertissent en vaisseaux, en trachées, comme on le remarque dans le funicule et le raphé, où ils s'arrêtent souvent, ou dans un et plu- sieurs des feuillets de l'ovule, quand le raphé s'épanouit en chalaze et en- voie des ramifications jusqu'à l'extrémité des feuillets ovulaires (l'exostome et l'endostome), où l'un de ces vaisseaux chalaziens vient former et ali- menter l'emhryon (i). » Le phénomène s'opère ordinairement, pour la plus grande partie du moins, dans le bouton encore formé, mais il a également lieu, surtout dans les plantes de la quatrième et cinquième sections, après l'épanouisse- ment de la fleur et parfois lorsque les étamines ont accompli leur fonction fécondatrice, c'est-à-dire après l'émission du pollen, parce que ces éta- mines ont conservé, grâce souvent à leurs connectifs, une flexibilité qui permet aux sucs vasculaires de les injecter entièrement par une sorte de circulation exubérante dont les forces se développent seulement alors. Forces inégales. Règles. » Dans la rose, par exemple, l'étamiue, qui se composait d'un filet uni- vasculaire et d'une anthère totalement privée de vaisseaux, est devenue un pétale mince, diaphane, traversé de nombreux vaisseaux réticulés d'une seule nature. « Si ce pétale passe à son tour à l'état de feuille, on voit qu'outre les pre- miers vaisseaux ou trachées qui le caractérisent, trachées qui sont en quel- que sorte aux végétaux ce que le système nerveux est aux animaux, il s'en est formé d'autres, d'une nature différente, qui viennent s'adjoindre aux premiers et se placer postérieurement à eux en grossissant les nervures du limbe et surtout celles de l'onglet converti en pétiole, d'où ils s'étendent sur le pondécule, transformé en rameau, le tronc et jusque sur les racines. (i) Celte Noie, faite depuis i83o environ, est en opposition avec les théories de M. Schleiden, sans toutefois leur être opposée ici. Elle résulte d'expériences consciencieuses, mais peut-êU'e inexactes et que je ne puis vérifier maintenant. Je ne la donne donc pas ici comme étant le résultat de recherches nouvelles, mais comme une manière de voir arrêtée en i83o. {Voyez mes , Recherches sur l'Orgarwgraphie, la Physiologie et l'Organogénie, 1841, tabl. 6, fig. 26.) 1 ( I007 ) » Ces derniers tissus appartiennent au système descendant, et quoique généralement déroulables, ils diffèrent en totalité des trachées, qui consti- tuent le système vasculaire ascendant. » Quelques exceptions existent, dit-on, à la règle générale que j'ai éta- blie à ce sujet; mais, en admettant que cela soit, elles ne sauraient la dé- truire. On dit, par exemple, que beaucoup de tiges de phanérogames sont dépourvues de trachées et que plusieurs racines en ont. Cela est pos.sible, et je suis tout disposé à admettre ces exceptions dès qu'elles seront démon- trées; elles prouveraient que la règle n'est pas aussi générale que je l'ai supposé. Mais quand je connaîtrai tous les exemples cités à l'appui de ces assertions (des cycadées , des conifères , des caprifoliacées, etc.), je deman- derai si des causes physiologiques, la gomme des uns, la résine ou la glu des autres, ne s'opposent pas à la formation ou au déroulement de ces tra- chées, et si les groupes végétaux, chez lesquels ces vaisseaux sont moindres ou font tout à fait déHiut (en admettant, bien entendu, que cela soit, ce que j'ai pensé moi-même tout le premier), ne formeraient pas des classes végé- tales distinctes qu'il faudrait ajouter aux premières, déjà provisoirement indiquées? » D'ailleurs , pour couper net d'avance à toute discussion prématurée sur ce point, je déclare nommer système ascendant, dans ces plantes comme dans toutes les autres, tout ce qui sert à l'accroissement en hauteur, tout ce qui peut être dit mérithallien. J'affirme que les vaisseaux ligneux qui se créent dans ces parties sont bien plus facilement déroulables que tous les autres. » Disons maintenant un mot sur les phénomènes physiologiques et orga- nogéniques des métamorphoses. Celles que j'ai été à même d'ob.server et de suivre m'ont fourni les meilleurs éléments que je connaisse sur l'organogra- phie, la physiologie et l'organogénie générales. » En effet, j'ai remarqué qu'à mesure qu'une étamine de rose passait à l'état de pétale, et le pétale à celui de feuille, il s'opérait dans leur organi- sation des changements notables. » De nombreuses analyses sont venues me démontrer que l'étamine en devenant pétale s'est injectée de canaux qui se transforment promptement en trachées, et qu'à mesure que le pétale devient feuille, il s'y développe des vaisseaux qui n'existaient pas dans les deux premiers états. Il y a donc eu dans chaque changement d'état changement de forme et d'organisation , et conséquemment changement de fonction, de couleur et de produits. » De jaune qu'était l'anthère, dans son état normal, elle est passée au rose en devenant pétale, et au vert en devenant feuille parfaite. ii6.. ( looS ) » Le pollen (composition?) dans le premier cas a été remplacé par l'huile essentielle de /w^e (composition?), et l'huile essentielle, dans le deuxième cas , par de la chlorophylle on matière verte de Priestley (composition ? i. » L'odeur faible et généralement nauséabonde du pollen a été remplacée par l'odeur suave et pénétrante de la rose, et l'huile essentielle par de la chlorophylle, qui est inodore » C'est donc particulièrement sous l'influence de l'organisation qu'ont lieu les phénomènes physiologiques et organogéniques; c'est doncaux mo- difications des organes qu'il faut attribuer la formation des principes si divers qui caractérisent les végétaux et toutes leurs parties. » Ce fut à ce point de mes recherches, lorsque j'eus suivi de nombreux individus dans tous leurs développements, que j'eus fait l'analyse microsco- pique de leurs différents tissus à l'état naissant, fluide, mou ou solide, et que mes principes généraux d'organographie furent arrêtés ; ce fut alors que j'abordai les questions de la sève et du cambium. » Qu'est-ce que la sève? qu'est-ce que le cambium ? » Ces deux articles sont rédigés : je les publierai prochainemenl. «La nouvelle révolution qui semble s'opérer au jourd'hui dans la chimie générale doit nous faire espérer que nous pourrons bientôt observer sous un meilleur jour les phénomènes qui arrivent sous l'influence de l'organi- sation , et que la physiologie prendra enfin son rang parmi les sciences positives. » Des expériences pleines d'avenir pour la physiologie ont déjà été tentées par des moyens nouveaux et par de nombreux savants. » Que les lois modernes de la chimie viennent réaliser en partie des es- pérances qu'elles donnent; que l'air atmosphérique, cet élément principal de la physiologie , cesse d'être un simple mélange à proportions définies, presque invariables (i), que l'azote qui le constitue pour les quatre cin- quièmes et qui forme à lui seul la base des productions animales, ne soit plus regardé comme un corps inactif, inerte, ou comme un simple témoin des grands phénomènes de la vie végétative; que les phénomènes physico- chimiques qui président aux combinaisons organogéniques de l'oxygène (i) Ceci, bien entendu, n'est nullement en opposition aux belles et savantes recherches faites tout récemment sur la composition de l'air; recherches qui ont tout le degré d'exactitude qu'on devait attendre des progrès de la science et surtout du talent si reinar(|uable des savants qui les ont faites. ( 1009 ) avec le cai!)one et l'hyclrogène soient enfui trouvées et expliquées; quesous l'influence organique l'oxygène ne se combine plus directement et brus- quement comme clans un creuset Ou dans une cornue, avec l'hydrogène, pour produire de l'eau; avec le carbone, pour produire de l'acide carboni- que (acides à bases de carbone); que des combinaisons transitoires et plus lentes soient découvertes; que des actions et des réactions nombreuses aient lieu par substitution, sans effort, sans secousses, et nous entrerons enfin dans la véritable voie de l'observation et du progrès. » D'un autre côté, que des analyses exactes, comme celles qui se font aujourd'hui, de tons les tissus et des principes divers des corps organisés, viennent se grouper en tableaux comparatifs, pour nous montrer l'ensemble du jeu des combinaisons; que des expériences rigoureuses soient faites sur le tissu desétamines, sur le pollen , sur les pétales, en un mot sur les diffé- rentes parties des feuilles et des fruits, dans tous leurs états de développe- ment, et pris sur le même végétal, et l'on verra alors que ces recherches fondament;des unies aux études organographiques et organogéniques , viendront indispensablement jeter sur cette partie arriérée de la science tout le jour qui lui a manqué jusqu'à présent, et l'arracher aux épaisses ténèbres où elle erre depuis des siècles » En admettant que des cellules isolées, vivantes, placées dans les con- ditions d'humidité, de lumière et de chaleur propres à leur existence, peuvent poursuivre leur carrière végétative jusqu'à la période de reproduc- tion, je n'ai probablement fait qu'indiquer ce qui s'est originairement passé dans la nature. Toutes mes convictions sont arrêtées à ce sujet. )) Mais d'où proviennent ces cellules primitives? Comment ont-elles été engendrées? Se sont-elles formées sur un seul point du glohe pour se ré- pandre ensuite sur toute sa surface ? ou bien ont elles été créées simultané- ment sur tous les points connus qui se montrent aujourd'hiii favorables à leur existence, à leur développement, à leur propagation ? » Ce sont des (]uestions qui sous d'autres formes ont sans doute été bien des fois soulevées sans être résolues, et que l'on peut soumettre encore aux générations futures. » Je m'en suis déjà occupé (i) de 1819a 1826; c'est sous l'empire de mes premières et fortes impressions de jeunesse que j'ai surtout cherché à les résoudre d'après des principes qui, jusqu'à ce jour, oAt peut-être été mal interprétés. (i) Voyage de l'Uranie. — Botanique, p. 101. ( loio ) » Ces principes consistent à admettre avec la Genèse un seul point ori- ginel de création pour chaque espèce de plante, et à supposer que tous les moyens physiques ont pu servir à la dissémination des germes de cette plapte primitive et à ses modifications. » Ainsi, au nombre des causes qui ont pu coopérer à cette dissémination, j'ai fait intervenir l'action de la mer, de l'air, des vents, des ouragans, des hommes, des oiseaux, et surtout celle des nuages éleclrisés. » Depuis, en procédant par exclusion, en considérant que les plantes ont nécessairement précédé les hommes, et que la mer, en admettant qu'elle ait peuplé les plages, n'a pu apporter les germes de la végétation des hautes montagnes, qui diffère totalement de celle des plaines, dans les îles volcaniques, il n'est plus resté de plausible pour moi que les phéno- mènes aériens, les vents, les orages et les nuages, pour le transport des germes reproducteurs. » Enfin, conduit par l'étude et mes propres recherches, ainsi que par des suppositions, à reconnaître que les moindres fragments de plante, et même de simples cellules isolées sont également des germes reproducteurs, toutes me suppositions se fortifièrent et devinrent presque des réalités à mes yeux. )) En vain je voulus , avec quelques philosophes modernes, admettre qne les mêmes causes avaient pu produire les mêmes effets, et par conséquent reconnaître plusieurs centres de création spontanés, je ne pus jamais arriver qu'à ceci : certaines conditions de chaleur, de lumière et d'humidité étant nécessaires à la végétation de quelques plantes, les corpuscules de ces végétaux enlevés d'un point quelconque du globe et transportés dans toutes les directions parles agents météoriques, n'ont prospéré que là où ils ont trouvé leurs conditions de vie, leurs zones, leurs régions. » De là, selon moi, la dissémination presque générale de certaines es- pèces, qui se rencontrent partout où existent ces mêmes conditions de viabilité; ce qui a fait dire à plusieurs botanistes voyageurs que quelques plantes font le tour du monde, sous des régions données. Je suis allé, on peut le dire, aussi loin que possible dans cette difficile voie d'exploration raéditalive. » Condint de fait en fait et de supposition en supposition jusqu'au point de dérouler tout le tableau des phénomènes de la vie végétative; ayant sur- tout étudié sous cent climats différents tout ce qui a trait aux faits mysté- rieux de la vitalité, de la fécondation et de la multiplication des végétaux; enfin ayant passé pendant mes voyages et à la suite de mes longues études ' 1011 ) tlix années au moins à réfléchir sur les causes de la vie et de la mort, je me trouve aujourd'hui plus que jamais convaincu de cette vérité éternelle, qu'il n'y a jamais eu qu'une période de création pour les végétaux, tout en reconnaissant que la puissance suprême a bien pu , pour les plantes qui nous paraissent nouvelles, en avoir relardé la manifestation. » Ceci ne peut en aucune façon contredire l'opinion des savants qui ont démontré, par les fossiles, que l'air et les végétaux ont changé à certaines époques à la surface du globe. » Cette première supposition une fois admise que la cellule isolée peut végéter jusqu'à produire un végétal complet, un arbre immense (suppo- sition que je vais faire passer au rang des vérités démontrées, quand je traiterai du développement de l'embryon au sein des enveloppes de l'ovule), voyons comment se comportera la cellule animée située au milieu d'un tissu vivant, dont elle fait déjà partie. » Pour cela, choisissons des faits connus qui, lors même que nos sup- positions seraient un jour reconnues erronées , ne puissent toutefois que gagner à être envisagés sous ce rapport; cherchans les exemples qui peu- vent le plus éclairer cette question vitale et aider à jeter du jour sur cette partie si obscure de la science. » Lorsqu'on ouvre les pages de l'histoire des sciences et qu'on suit pas à pas le cours de leurs progrès depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; lorsqu'on voit l'esprit humain marchant tantôt vite, tantôt len- tement, mais avançant toujours vers la suprême intelligence ; lorsqu'on compte les hommes illustres, les Hippocrale, les Virgile, les Pline, les Galilée, les Touruefort, liS Buffon, les Linnée, les Jussieu, les Cuvier , qui, en passant, ont payé aux sciences leur tribut de labeur et de génie, on est tout surpris de voir que malgré tant de siècles, de travaux et d'in- telligence, la physiologie ne soit encore qu'un monument ébauché, qu'une nouvelle tour de Babel, où vont s'épuiser nos forces, où viendront mou- rir tous les efforts de la création, et qui ne s'achèvera jamais; idée triste et consolante à la fois : triste, puisqu'elle nous enlève l'espoir de rien terminer; consolante, en ce qu'elle assure aux générations à venir qui seront de plus en plus intelligentes et avides de science, un inépuisable aliment de jouissances pour la raison et pour le cœur. » Ces réflexions me sont suggérées parles faits mêmes qui vont me ser- vir d'exemples; ils sont connus depuis longtemps et néanmoins n'ont pas encore été expliqués, à ma connaissance du moins. » Ces faits, tout simples qu'ils sont, envisagés comme je vais le faire, ( I o I a ) vont acquérir une certaine importnnce, soulever et peut-être trancher des questions capitales , celles de la reproduction générale, de la vitalité dans les végétaux. «Mais, tout en les rappelant, reprenons le cours de nos suppositions, puisqu'elles sont si favorables au développement de nos théories. DEUXIEME SUPPOSlTIO^ GENERALE. » Admettons maintenant qu'une cellule, au lieu de s'animer isolément et de parcourir ainsi seule les périodes des premiers accroissements, soit située au sein d'une portion encore vivante d'un végétal quelconque, par exemple, sur un fragment de tige de cissus hydrophora (i), de cycas circinalis (2) , d'agave aineiicana, vulgairement nommé bois de pitre i^i)^ sur une feuille iVornithogalum thjrrsoides (4), de njmphœa (5), de pourpier (portulaca) (6), de cresson des prés (cardamine) (7), de dro- sera [8), ceratopteris (9), sur un sporule en germination (10), sur les bords inférieurs des plaies des végétaux (ii), dans l'aisselle des cicatri- cules des feuilles anciennes (12), comme dans toutes les autres parties des tiges , sur lesquelles il se forme ce qu'on appelle des bourgeons adven- tifs(i3). » Admettons encore, dans cette seconde supposition générale, que la vie réside dans une portion quelconque des plantes, quel que soit d'ail- (i) Gaudicliauil , Ami. des Se. nat., seplembie i836. (2) Gaudichaiid , Ac. des Se, octobre i8a5. — rojage de l'Vranie. — Botanique, p. 436. (3j Gaudichaud. Des tiges, cueillies depuis trois ans et desséchées au four, sont arri- vées en Franco eu i833, couvertes de bulbilles. (4) tm-piu, Ann. des Se. nat., t. XVI, p. 44; XVIII, p. 5, tab. i. (5) Gaudicbauil, Orgnnog., lab. 5, f. lo. (6) M Floureiis, Comptes rendus, l.YS. , p. 437, 7 octobre iSSg. (7) Cassiiii, Opi'.sc, II, p. 34o. (8) M. Auguste île Saint-Hilaire, M. Naudin, Comptes rendus l. IX, p. 43? (Dro- sera intennedia) . (9) Gaudichaud , branle, lab. 20. (10) Gaudichaud, Organog., tab. 4) ^- '3- (11) Gau(lich:iud, Organog., tab. 17, f. 8, a, b, f, d. (la) Gaudichaud, Organog., tab. 6, f. 54, e, i; lab. la, f. 17, b, b' . (i3) Gaudichaud, Organog., tnb. 17, f. 1, 7, 8 ( ioi3) leurs le degré de vitalité qu'elles ont conservé , que cette vitalité soit par- tout dans cette portion ou bien circonscrite à un ou plusieurs points isolés; dans tous ces cas la vie pourrait durer longtemps sans autre mani- festation que le maintien de la couleur, de l'humidité, selon la nature des tissus; sans qu'il y ait ni croissance ni décroissance. » Cependant elle finirait par s'épuiser et s'éteindre s'il n'y avait que cette vitalité passive des tissus , s'il ne s'y développait un organe excitateur, un phyton. Nous reconnaissons toutefois que tant qu'il y a vie, il y a fonc- tion, que les tissus, les circonstances étant favorables, peuvent accroître leurs dimensions en tous sens, c'est-à-dire grossir leurs cellules (les gran- dir) et même en augmenter le nombre sans qu'il y ait changement orga- nique, comme on doit l'entendre, sans qu'il y ait transformation d'organe. » Mais dès qu'une cellule s'anime et marche vers la création d'un ou plusieurs organes, comme pendant leur développement, la vie se réveille, en quelque sorte, dans les fluides ainsi que dans les tissus. Les fluides se transmettent et rayonnent dans toutes les directions autour de ce corps excitateur (le phyton) , avec lequel les autres tissus restent unis et vont par là perpétuer longtemps encore leur vie cellulaire, mais cellulaire seulement; car la vie organique, celle qui se manifeste dans un organe ou par un organe, ne peut jamais être dite que de celle qui anime un phyton, c'est-à-dire un être végétal entier quels que soient son développement, son âge , etc. » Ainsi, un fragment de tige, de racine, de fruit, de feuille ou de fleur ne peut plus vivre que de la vie cellulaire tant qu'une de ses cellules ne s'est pas convertie en phyton. » Les vaisseaux , dès qu'ils ont été lacérés , cessent de remplir leurs fonc- tions physiologiques propres et n'agissent plus , lorsqu'ils sont brisés ou obstrués à leurs extrémités, que comme de simples cellules modifiées. » Le végétal (phyton) une fois constitué , fournit généralement autant de racines (entières ou divisées) qu'il a donné de phy tons ou feuilles , et ces racines, douées au plus haut degré de la force hydroscopique , se dirigent vers les miheux les plus favorables et vont chercher au loin un aliment plus abondant et plus substantiel. Quant aux tissus qui l'ont produit, après avoir péniblement parcouru les phases de leur vie cellulaire, ils s'épuisent, se flétrissent et meurent d'ordinaire , lorsqu'ils ne lui sont pas entièrement greffés et qu'ils ne partagent pas en tous points son existence physiolo- gique, ce qui est rare dans la nature. » Ordinairement, le nouveau bourgeon (le simple phyton même) répand C R., 1842, \" Semestre. (T. XIV, ^"26.) ^^7 ( ioi4 ) la vie fonctionnelle dans des tissus qui, sans lui, n'auraient pu accomplir que la vie cellulaire. Les preuves ne manquent pas. Si , par exemple , on tronque un arbre en lui coupant transversalement le tronc au-dessous des rameaux, cet arbre mourra infailliblement, à moins qu'il ne donne promptement des bourgeons visibles ou latents » S'il en produit, la vie physiologique, un moment ralentie, se réveil- lera avec une nouvelle activité et l'on verra de vigoureux rameaux se former comme par enchantement, se couvrir et se couronner de feuilles dont les prolongements radiculaires iront s'étendre à la surface de tons les tissus li- gneux anciens du tronc (i). » Dans ce cas, les vieux tissus, selon leur nature organique, animés par les nouveaux, peuvent s'unir à eux par des greffes naturelles et exister longtemps encore de la vie organique qui leur est communiquée. » Les tissus vasculaires des uns vont chercher les tissus vasculaires des autres; ils s'organisent et se marient d'après les lois qui les régissent sous l'égide des cellules (fluides cellulifères) qui les cimentent, les protègent et les nourrissent. » C'est de cette façon que l'existence se perpétue dans les végétaux : de nouveaux individus viennent vivifier et nourrir les anciens, dont les organes sont usés et réduits à une faible puissance physiologique et n'auraient plus sans cela que l'existence annuelle des plantes herbacées. » Tous les phénomènes ordinaires de la végétation pourraient être pris comme exemples de ce fait, qui renferme à lui seul toute l'histoire de la bouture, de la greffe et celle des autres moyens artificiels de la multiplica- tion des plantes. Je me bornerai à signaler les plus concluants. » La tige tronquée sur laquelle se développent des botirgeons naturels ou greffés, les boutures de tiges, de racines, de feuilles et de lotîtes les autres parties végétales vivantes, sont spécialement les exemples qu'il me faut citer à l'appui de cette supposition. » Les boutures sans bourgeons et sans canal médullaire, celles surtout faites avec les racines du maclura, sont sans contredit les plus remar- quables. » Dans ces cas divers, les tissus ligneux ou radiculaires des nouveaux bourgeons vont chercher les tissus ligneux des années précédentes, aux- (i) Gaudichauil, Organog., tab. 17, f. 8. ( ioi5 ) quels ils s'unissent et se collent, tandis que ceux He la nouvelle écorce se greffent plus ou nnoins intimement avec ceux de l'ancienne. » Jusqu'àce jour j'avais aussi regardé la formation de l'embryon comme appartenant à cet ordre de faits; mais, d'après de récentes observations de M. Schleiden, il paraît que je me suis trompé (i). » D'ailleurs, il est bien entendu que cette seconde supposition s'applique aussi aux trois dernières classes de végétaux, aux pseudocotylédones, aux monocotylédones et aux dicotylédones. » Cette seconde supposition générale admise, les difficultés soulevées à la page loio, relativement à la dissémination des plantes à la surface du globe, vont cesser. » En effet, dès que nous admettons qu'une partie végétale quelconque, que le moindre fragment de feuille, par exemple, peut donner naissance à un nouvel être, tous les obstacles vont s'aplanir et disparaître aussitôt. » Rien ne s'opposera plus à ce que nous fassions voyager tous les végé- taux d'une limite à l'autre de la terre, puisque toutes les forces atmo- sphériques nous viendront en aide, et qu'il est démontré physiquement que, dans certaines conditions, les corps pesants peuvent être supportés par les corps rares, et qu'un fragment de plante, enveloppé de vapeurs nuageuses, peut voguer dans l'espace comme un corps poreux et pénétré d'air flotte dans l'eau. » La force impulsive des nuages électrisés et des vents réguliers ou ir- réguliers, expliquera le reste. Il ne faudra plus à la parcelle végétale, jetée sur une terre éloignée, que les conditions favorables précitées de lumière, de chaleur, d'humidité et d'électricité, pour enfanter de nouveaux individus typiques. TROISIÈME SUPPOSITION GÉNÉRALE. » La seconde supposition, celle qui admet qu'une cellule d'un tissu quelconque, placée dans des circonstances favorables, peut, encore unie aux autres cellules ses congénères, s'animer pour produire un végétal complet, nous conduit tout naturellement à la théorie des bourgeons nor- maux, axifères et axillaires ; anormaux ou adventifs, qu'on voit chaque jour se développer sur toutes les parties des tiges et des racines plus ou moins exposées au contact de l'air. (i) Voyez l'arlicle Fécondation. (Je le donnerai prochainement.) 1.37. ( ioi6 ) « Les bourgeons produits (lans ce dernier cas restent pour ansi dire dans le cadre de la seconde supposition, dont ils ne diflfèrent en effet que parce qu'ils se forment sur des individus entiers, animés par la vie nor- male, simplement cellulaire ou cellulo-vasculaire. Mais il n'en est pas de même des autres, de ceux qui se créent normalement aussi au sommet des rameaux, dans l'aisselle des feuilles, où ils s'échappent d'entre les faisceaux vasculaires, comme un enfant des bras de sa mère. » Quelles sont donc les conditions favorables qui président à l'animation d'une cellule, de celle qui commence un bourgeon axifère ou axillaire,par exemple? » Cette question m'est venue bien souvent à la pensée, sans que j'aie pu jamais en trouver ni même en entrevoir la solution. » C'est que tout ce que nous étudions est d'autant plus enveloppé de mystère, que nous pénétrons davantage dans les profondeurs de la science; c'est qu'il y a là, pour nous rappeler à la condition humaine qui nous est répartie, une insurmontable barrière que ne peut franchir notre intelli- gence bornée. Obéissons doue à notre destinée! Limitons nos vœux et con- tentons nous d'expliquer les faits auxquels nos lumières nous permettent d'atteindre. » Nous avons dit que le bourgeon axillaire est produit par la vitalité in- dividuelle du mérithalle tigellaire ou phytonien, et ce sont nos études sur la germination qui nous ont enseigné ce fait constant. » Là une cellule est normalement animée sans le secours de la féconda- tion, à moins qu'on ne veuille supposer que les sucs élaborés qui descen- dent du mérithalle immédiatement situé au-dessus jouissent de cette faculté, ou qu'on veuille admettre que des principes persistants de la fécondation , introduits par endosmose dans la circulation générale, sont dirigés selon certaines conditions vers les points turgides et avivés, ce que rien toutefois ne nous a encore prouvé. Mais, dans ce cas, comment expliquer la for- mation des bourgeons axifères et axtilaires, ceux de quelques embryons surtout, ceux des arachis par exemple? Plus j'ai réfléchi sur ce phénomène, et plus j'ai été porté à admettre que dans les cas divers de bourgeonne- ment, ceux de la fécondation compris, le phénomène de l'animation cellulaire ne peut être produit que par un effet d'endosmose et de nutrition exubérante. » Mais, nous l'avons déclaré en commençant, nous voulons bien plus sou- lever ici toutes les questions pour les mettre en évidence que les résou- dre toutes; nous voulons montrer cette partie de la science sous ses faces ( loi? ) diverses, afin qu'elle puisse être vue, étudiée et jugée par ceux qui cher- chent franchement la vérité. QUATRIÈME SUPPOSITION GÉHiRALE. » Après les trois premières suppositions, nous nous trouvons conduits à en admettre une quatrième bien plus évidente encore, et qui vient pour ainsi dire fortifier les précédentes, sinon en démontrer complètement la vérité. Je veux parler du développement de l'embryon. » Quels que soient les phénomènes de la fécondation (i) et les idées théo- riques qui se rattachentau développement de l'embryon (question quej'a- borderai bientôt ); que la vérité soit du côté des anciens ou des nouveaux physiologistes; que la cellule primitive constituant le germe émane des tissus adjacents ou ne soit que l'extrémité fermée en cœcum du boyau pollinique, comme le soutient M. Schleiden, ou résulte d'une cellule al- longée du placenta animée et en quelque sorte alimentée par un trajet vas- culaire ascendant, ainsi que j'ai cru le reconnaître depuis; toujours est-il que l'embryon commence par une cellule distincte, souvent isolée et sus- pendue à l'extrémité d'un long cordon ombilical (2). Les bons observa- teurs s'accordent tous en ce point. » Ce qui n'a peut-être jamais été dit encore, et ce que j'ai pourtant ob- servé bien souvent, c'est que cette cellule embryofère ne se forme et ne parcourt les phases de son développement, que sous certaines conditions organiques de l'ovule que je tenterai de faire connaître dans tous leurs dé- tails dès que je pourrai entrer à fond dans cette partie importante de la science. » Je dirai cependant par anticipation que ces conditions se lient à l'or- ganisation du funicule, du raphé, de la chalaze et des vaisseaux chalaziens, dont j'ai fait de miiuitieiises analyses que je crois propres à jeter quelque jour sur les mystérieux phénomènes de la fécondation, sur la formation et le développement de l'embryon, comme sur les causes de la stérilité de certains ovules, dans un grand nombre de végétaux d'ailleurs fertiles, mais chez lesquels une partie des ovules imparfaitement organisés restent sou- vent stériles (draccenaj scîlla, hjacinthus , etc.) (i) Sous peu de jours je donnerai une note sur ce sujet important. (2) Gaudicliaud , Organographie, pi. I, fig. i4; pi- VI, fi^. a6, 3», 34, 36, 38, 4© à 43, 47 '' 53. ( lorS ) » Ces analyses semblent, de prime abord, infirmer les nouvelles théo- ries de M. Schleiden sur l'origine de l'embryon, ou prouver au moins que, si cet embryon ne se forme pas au sommet d'un vaisseau ou d'un tPiijet vasculaire chalazien, ainsi que je le croyais avant le travail de ce savant, la présence de ces vaisseaux ou trajets, destinés à vivifier peut-être, à in- jecter et à rendre turgescents les tissus des feuillets ou enveloppes de l'o- vule, est du moins indispensable à la fécondation : ce qu'on admettra d'ail- leurs dans toutes les hypothèses. » Cette quatrième et dernière supposition générale qui admet la celhile e m bryofère isolée , suspendue par un fil souvent fort long, ne vient-elle pas confirmer les trois premières, et en faire reconnaître la vérité? » Chacun ne verra-t-il pas dans cette cellule suspendue à un fil micros- copique la démonstration des trois suppositions qui ont précédé celle-ci? » N'est-ce donc pas d'un côté un exemple pour ainsi dire évident de la cellule libre, isolée, vivant dans un milieu favorable à son développement; et de l'autre un exemple de la cellule dépendante, encore unie, par un seul fil, il est vrai, soit à la masse pollinique qui aurait envoyé le sac embryofère, d'après l'une des théories, soit une cellule allongée du pla- centa, comme je l'ai souvent observé (oranger) depuis deux ans, soit enfin aux tissus intérieurs des ovaires et des ovules, d'après moi et d'autres observateurs? » Cette dernière supposition étant admise, il ne nous restera plus d'en- traves à vaincre, car les observations directes et positives, les faits maté- riels et concluants commencent en ce point. » En effet, la cellule embryofère une fois reconnue, rien n'est plus facile que de la suivre dans ses phases de développement jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à l'état d'embryon parfait. C'est ce que j'ai fait du moins pour les embryons de quelques groupes végétaux , et spécialement pour ceux des cycadées, des gnétacées, des conifères, des nymphœacées et des pipéracées, . dans lesquels les cordons suspenseurs sont généralement très-longs et quel quefois rameux. » Ce que j'ai dit dans la première supposition pour le développement des cellules des quatrième et cinquième groupes, les végétaux monocotylédo- nes et dicotylédones, s'applique parfaitement aussi aux végétaux compris dans la troisième, qui concerne les végétaux pseudocotylédonés, auxquels on refuse des trachées, mais qui n'en ont pas moins pour cela un système ascendant. Ce sont les mêmes phénomènes qui ont lieu dans les trois der- nières suppositions. ( 'o»9 ) » Ainsi donc, que la cellule soit isolée, qu'elle fasse partie d'un fragment végétal encore vivant, d'un végétal entier, ou qu'elle soit suspendue dans un ovule, elle produira toujours un individu nouveau et tout à fait sem- blable à celui d'où elle prtjvient. » Vous l'avez déjà pressenti, messieurs, les faits que j'énonce ici sous forme de suppositions sont pour moi des vérités plus ou moins complète- ment démontrées. » Mais quand on se présente devant l'Académie des Sciences avec des théories tout rtablies, il faut aussi se présenter avec des preuves multipliées et irrécusables. » Il faut prouver les faits et les expériences qui sont à l'appui , en mon- trer les résultats et les présenter de manière à lever tous les doutes, à en- traîner toutes les convictions. » Or, les expériences que j'ai faites sont pour moi aussi nombreuses que concluantes; mais celles dont j'ai encore besoin pour satisfaiie entièrement quelques esprits peut -être prévenus sont si lentes à fournir leurs résultats , et ceux-ci, en général, sont d'une si difficile conservation, que je pense devoir attendre, ne me croyant pas suffisamment appuyé par les exemples positifs que je pourrais produire. Je travaille sans relâche à réuuir les faits les plus concluants; cependant, comme h moindre d'entre eux demande souvent des années d'expériences, il me faudra pe«t-«tre longtemps encore avant de pouvoir réunir les éléments que je compte offrir à l'appui des théo- ries que j'ai adoptées. En attendant, je prie l'Académie de vouloir bien ac- cueillir avec indulgence ce premier coup d'œil jeté sur ce sujet immense et si important, et de me pardonner la forme dubitative, si hors de ses ha- bitudes , que j'ai osé employer : je n'ai pas trouvé de meilleur moyen pour lui communiquer un aperçu de mes idées sur l'organographie, la physiolo- gie et l'organogénie des végétaux, et sur des théories qui doivent être dis- cutées et sanctionnées par elle, avant d'acquérir la force de lois scientifi- ques qu'elles auront peut-être un jour. 0 Par cette communication imparfaite, je compte abréger de moitié au moins la tâche que je me suis imposée, parce que si je suis parvenu à me faire comprendre, et si l'Académie vient à partager mes convictions, cha- cun se dirigera avec moi vers le même but indiqué, et tout me porte à penser que je ne serai pas alors le premier à l'atteindre. » Sous peu de jours, je donnerai les articles Sève, Cambium , "Nutrition , Fécondation , Germination, etc., et je terminerai ce résumé par des Re- cherches sur la vie des végétaux, m ( 1020 ) CALCUL INTÉGRAL. — Mémoire sur un théorème fondamental , dans le calcul intégral; par M. A. Cauchy. « Dans la théorie des équations, les géomètres ont avec raison consi- déré comme foruiamentale la question de savoir si toute équation a une racine. Pareillement, dans le calcul intégral, une des questions les plus importantes , une question fondamentale consiste évidemment à savoir si toute équation différentielle ou aux dérivées partielles peut être intégrée, et si un système de semblables équations peut l'être pareillement. Or, ce quia droit de nous surprendre au premier abord , c'est que, malgré les nom- breux travaux des géomètres sur le calcul intégral , cette question si im- portante ne se trouve nulle part résolue dans toute sa généralité. A la vé- rité l'existence des intégrales générales des équations différentielles, qui renferment une seule variable indépendante, se trouve maintenant établie par deux méthodes diverses que j'ai données, la première dans mes leçons à l'École Polytechnique, la seconde dans un Mémoire lithographie de i835. à la vérité encore l'existence des intégrales générales des équations aux dérivées partielles se trouve établie dans certains cas où l'on parvient à in- tégrer ces équations, par exemple, lorsqu'elles se réduisent soit à une seule équation du premier ordre, soit à des équations linéaires dans lesquelles les coefficients des inconnues et de leurs dérivées demeurent constants. Mais un système quelconque d'équations différentielles ou aux dérivées partielles admet-il toujours un système correspondant d'intégrales géné- rales? Tel est le problème dont la solution m'a paru digne de l'attention des géomètres Cette solution repose sur des considérations que je vais in- diquer en peu de mots. » Depuis longtemps les géomètres, en supposant, sans le démontrer, que toute équation différentielle ou aux dérivées partielles admet une inté- grale générale , ont regardé la formule de Taylor comme im moyen de dé- velopper cette intégrale en une série ordonnée suivant les puissances as- cendantes et entières d'un accroissement i attribué à une variable indépen- dante t, qui peut être censée représenter le temps. D'ailleurs, à l'aide d'un théorème général que j'ai donné en i83i , et qui est relatif au développe- ment des fonctions, l'on peut s'assurer que,dans le cas où la série obtenue est convergente, la somme de cette série vérifie, comme intégrale, l'équa- tion différentielle ou aux dérivées partielles, au moins pour des valeurs nu- mériques ou pour des modules de l'accroissement i, qui ne dépassent pas ( io:^i ) • une limite fixe. Il y a plus : la même remarque est applicable aux sommes des séries que l'on obtient, lorsqu'en admettant l'existence des intégrales générales d'un système d'équations différentielles ou aux dérivées partielles, on cherche k développer ces intégrales par la formule deTaylor. Mais, dans tous les cas, il restait à démontrer que les séries obtenues étaient conver- gentes, du moins pour des modules de / suffisamment petits. Or ce but peut être atteint à l'aide d'un théorème fondamental qui détermine non-seulement une limite en-deçà de laquelle le module de / peut varier arbitrairement sans que les séries obtenues cessent d'être convergentes, mais encore une limite de l'erreur qne l'on commet en arrêtant chaque développement après un certain nombre de termes. La démonstration de ce théorème fondamen- tal repose, comme on le verra ci-après, sur les principes du nouveau cal- cul que j'ai nommé calcul des limites , et sur un artifice d'analyse qui peut recevoir de nombreuses et utiles applications. ANALTSE. Sur les modules des fondions et sur les limites de ces modules. » Considérons d'abord une seule fonction u =J{x , j, z,. .., t) de diverses variables JT, j'', z, . , . , t ; attribuons à ces variables des accroissements imaginaires X , y, z , . . . , i dont les modules, représentés par X, y, z,. . ., t, soient tellement choisis que, pour ces mêmes modules, ou pour des mo- dules plus petits , l'expression /(.r + ^, jArJ^ z + z,...,<+Ô reste fonction continue des arguments et des modules des accroissements C. R., 1842, 1" Semestr: (T. XIV, N» 26.) ' 38 ( ro22 ) imaginaires enfin, soit (i) ^ = Aj{jc + x, j + J, z -hz,..., t + t) le plus grand des modules que puisse acquérir l'expression f(x-{-x, J + j, z + z,..., i +~t), quand on y fait varier les arguments des accroissements imaginaires X j J^f z,. . ., t , en laissant leurs modules invariables. On aura, d'après les principes du calcul des limites, non-seulement mod. /{x, j, z,..., t) < ^, mais encore (a) mod. I)lD';...B^f(x,j, z,..., 0 y ) z, . . ., V, ( loaS ) par — X, — y, — z,..., », on retrouvera évidemment le second membre de la formule (-i). En con- séquence, on peut énoncer généralement la proposition suivante. » i*' Théorème. Concevons que, dans une fonction donnée de diverses variables on attribue à ces variables des accroissements imaginaires dont les modules X, y, z,.. ., t soient tels que, pour ces modules et pour des modules plus petits, la fonction reste continue par rapport aux arguments et aux modules des accroissements imaginaires dont il s'agit. Soit d'ailleurs v le plus grand des modules de la fonctionriui correspondent aux modules X, y, z,.. ., t des accroissements. Si , avant de faire croître les variables on différentie une ou plusieurs fois la fonction donnée par rapport à une ou à plusieurs de ces variables, on obiendra une dérivée d'un certain ordre, et pour trouver une limite supérieure au module de cette dérivée, il suffira, i° de réduire la fonction donnée à un produit de la forme ax~^ j~' z~' . . . t-' ; a" de calculer, pour ce cas particulier la valeur de la dérivée, et d'y rem- placer le produit « = ax~' j-~' z~' . . .t~' pars ou, ce qui revient au même, la constante a par le produit vxj^z. . .t, puis les variables x, j, z,..., t par les modules - pris chacim avec le signe — . i38.. ( 1024 ) » La proposition que nous venons d'établir entraîne immédiatement le théorème fondamental dont voici l'énoncé. » 2° Théorème, Soient (4) I»> I.' 1«^- • • les divers termes d'une série ordonnée suivant les puissances ascendantes d'une certaine variable i\ et concevons que, dans cette série, les coefficients se réduisent à des polynômes composés de termes dont chacun soit le produit d'un nombre constant ou plus généralement d'une constante posi- tive par les dérivées de divers ordres de diverses fonctions M , P , W, . . . , ou même par des puissances de ces dérivées. Soienol'ailleurs • •*■> ^) z , . . . , t les variables qui entrent dans les fonctions m, y, tv, ... ; soient encore X, y, z.. . ., t les modules d'accroissements imaginaires attribués à ces variables, et tel- lement choisis que pour ces modules ou pour des modules plus petits, les fonctions , modifiées en vertu de ces accroissements, restent continues par rapport aux arguments et aux modules des accroissements dont il s'agit. Enfin soient les plus grands modules des fonctions m, i', w,... correspondants aux mo- dules X, y, z ... des accroissements imaginaires des variables. Pour obtenir des quantités positives ^01 =>,, 3,, . . . ^ respectivement supérieures aux modules des coefficients ( 1025 ) il suffira de calculer ces coefficients dans le cas particulier où chacune des fonctions u, f ,«•>,... devient le rapport d'un facteur constant «, ou a', ou a", ... au produit des variables qu'elle renferme, puis d'attribuer aux variables .r, jr, z, . . ., t et aux constantes a, a , a , les valeurs déterminées par le système des formules fK\ i x= — X, j = — y, z = —z, ...,< = — ^ W; i ,, — ,, ' " \ u — f, V — "• — f > w. » Corollaire i". Nommons i le module de i. Si la série (6) ' 3,, 5,i, 3,;V. . est convergente , on pourra en dire autant à plus forte raison de la série (4). Soient, dans cette hypothèse, (7) S = I. + l,î + I.i* +... et (8) ' 5 = 3, + 3,< 4- 5.'" +•.. Si, pour calculer les sommes S et s, on arrête les deux séries après un même nombre de termes, le reste de la série (4) offrira évidemment un module inférieur au reste correspondant de la série (6). D'ailleurs, si la sommes peut être présentée sous une forme finie, elle pourra évidemment se dé- duire d'une valeur particulière de la somme S, par l'artifice de calcul qui sert à transformer I„ en 3„ , et par la substitution du module < à la variable i. » Corollaire 2*. Les valeurs des inconnues qui doivent vérifier des équa- tions différentielles ou aux dérivées partielles se développent, par la formule de ïaylor ou de Maclaurin, en séries précisément semblables à la série (4). Donc les principes que nous venons d'établir s'appliquent à l'intégration de ces équations par séries, et, pour démontrer l'existence de leurs in- tégrales générales dans tous les cas, il suffit d'intégrer ces équations dans ( loaC ) le cas particulier où chacune des fonctions qui forment leurs seconds mem- bres devient réciproquement proportionnelle aux quantités varia])les dont elle dépend. C'est ce que nous expliquerons plus en détail dans les prochaines séances. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note suf Certaines solutions complètes dune équation aux dérivées partielles du premier ordre y par M. A. Cauchy. « Soit donnée, entre n variables indépendantes X j, z, . . . , t. et l'inconnue 'zs?, l'équation aux dérivées partielles du premier ordre (') F (j:, j, z, ...,<, <5r, /j, ^, /•,..., i-) = o, dans laquelle on a p = D^'zsr, q =z DyCJT, ;• = D.-ar, .. ., s = D.'Sr. Si les équations différentielles, que l'on substitue à cette équation aux dérivées partielles, sont intégrées de manière que, pour ^ = t , on ait X=^, J=r,, z = C, ^='M,..., p=(p, q = X. r = ^,...., les intégrales obtenues pourront être présentées sous la forme (2)' \'^' = ^^ ? = », ^ = (,..., a — w, I « = x> 4»--- Or on vérifie évidemment l'équation (4) en supposant constantes ou les quantités (5) ^, n, C,. .., », ou les quantités (6) (p, X, 4,..., « — ip? — %» — 4c — •••; ou bien encore en supposant constantes l'une des deux quantités ^, tp, avec l'une des deux quantités », X» «"^vec l'une des û^wii. quantités >^,-\,,. . ., en même temps que l'expression à laquelle se réduit le polynôme cà — )> — 4c» ••■» on conserve seulement ceux dans lesquels les premiers facteurs sont con- sidérés comme constants. Cette simple observation fournit immédiatement, et sans aucune intégration nouvelle, les diverses solutions complètes dont j'ai parlé dans la Note que renferme le Compte rendit de la dernière séance. Ainsi, en particulier, il en résulte que l'on obtiendra une solu- tion complète, en supposant les valeurs de l'inconnue «nr et de ses déri- vées/>, (/, 7', .. ., déterminées soit par le système des équations (f),soit par le système des suivantes : (7)« = ,)_^(5i — C)-.-= constante, et si dans ces diverses équations ou considère chacune des lettres 0, », ^,. . ., ç), %, 4,... comme représentant une constante arbitraire. » PHrsiQUE. — Obseivations relatives à l'action motrice exercée sur la surface de plusieurs liquides, tant par V influence de la vapeur de cer- taines substances que par le contact immédiat de ces mêmes substances; par M. DuTROCHET. « Les corps légers flottant à la surface de l'eau ou du mercure sont repoussés à distance par l'influence des vapeurs qu'émettent plusieurs sub- stances très-volatiles, telles que le camphre, les huiles essentielles, l'éther, l'alcool, le méthylène, l'acide acétique pur, l'acide nitrique et l'acide •chlorhydrique. Par quel mécanisme s'opère cette répulsion? Les physiciens admettent généralement aujourd'hui que cette répulsion consiste dans une impulsion donnée aux corps légers flottant par l'expansion rapide de la vapeur, laquelle agirait ainsi à la manière d'un joj^^fe. Les expériences que je vais exposer, infirmeront complètement cette théorie et feront voir, en même temps, que les phénomènes auxquels elle se rapporte, dépendent de l'action d'une force particulière, laquelle réclame toute l'attention des phy- siciens. ( 'f>29 ) » Pour faire les expériences que je vais exposer, je place suj' la surface des liquides des corps pulvérulents que ces liquides ne puissent pas dis- soudre et qui soient assez légers pour y flotter librement. Ainsi je me sers, suivant les circonstances, de râpure de liège, de poudre de lycopode, de noir de fumée, de fleur de soufre , etc. : je suspends à une tige de verre une goutte du liquide volatil qui doit donner du mouvement à ces corps légers flottant, et je la leur présente à peu de distance. Voici une partie des faits que j'ai observés. » La vapeur de l'ammoniaque repousse vivement les corps légers flot- tant sur la surface de l'eau ; elle ne les repousse point du tout sur la surface du mercure sec. On pourrait expliquer cela en disant que l'absence de la ré- pulsion sur le mercure proviendrait de ce que ce métal opposant plus de résistance que l'eau à la progression des corps flottants, la vapeur de l'am- moniaque n'aurait pas une expansion assez puissante ou un soujffle assez fort pour vaincre cette résistance qu'elle parviendrait facilement à vaincre sur la surface de l'eau; mais l'expérience suivante infirme cette explication. La vapeur de l'acide nitrique repousse d'une manière presque insensible les corps légers flottant sur la surface de l'eau, et cela seulemefit dans le pre- mier instant de l'approche de cette vapeur; elle n'y produit plus ensuite aucune action motrice. Si même l'eau n'est pas parfaitement pure, si elle contient des sels calcaires, ainsi que cela a lieu pour la plupart des eaux de source, la vapeur de l'acide nitrique ne repousse point du tout les corps légers flottant à la surface de cette eau. Or citte même vapeur repousse très-vivement ces mêmes corps flottant sur la surface du mercure. L'ex- plication ci-dessus , fondée sur la différence de la résistance qu'oppose- raient l'eau et le mercure à la progression des corps flottants, tombe évi- demment devant cette dernière expérience dans laquelle on voit une vapeur repousser les corps légers sur la surface du mercure, et les repousser à peine, ou même ne les point repousser du tout sur la surface de l'eau. Ce n'est donc point par leur expansion rapide, agissant à la manière d'un souffle, que les vapeurs des substances très-volatiles repoussent les corps léger.s flottant à la surface des liquides ; car on ne voit pas pourquoi , selon la nature de la vapeur, son souffle serait tantôt puissant au-dessus de l'eau et impuissant au-dessus du mercure, et tantôt, à l'inverse, serait puissant au-dessus du mercure et impuissant au-dessus de l'eau. Mais voici d'autres faits qui infirmeront encore davantage la théorie que je combats. » La vapeur de l'éther est celle qui a le plus de puissance pour repousser les corps légers flottant à la surface des liquides. Comme c'est aussi l25,la goutte d'aiumoniaque repousse, au contraire, ces corps légers. Lorsque la solu- tion de cet acide possède la densité moyenne h,o225, les corps légers flottant à sa surface ne sont ni attirés ni repoussés par la goutte d'ammo- niaque. J'ai fait ces expériences par des températures de -{- 18 et-f- 20° cent. w II résulte de ces expériences que la goutte d'éther ne produit d'attrac- tion que sur la surface du seul acide sulfuriqne. Je pense que cela provient de ce que cet acide seul est pourvu d'une densité suffisante pour pouvoir présenter ce phénomène. On vient de voir, en effet, que l'attraction produite par la goutte d'éther sur la surface de cet acide, n'a lieu qu'autant cpie sa densité e.st supérieure à i,54(J; or l'acide nitrique et la solution d'acide tartrique sont bien loin de pouvoir atteindre cette densité. On ne voit ( io33 ) point, toutefois, ce en quoi consiste ici l'influence de la densité de l'acide; mais cette influence est bien établie par l'expérience, tant par rapport à la goutte d'éther que par rapport à la goutte d'ammoniaque. » Je vais actuellement comparer les actions motrices produites sur la sur- face de l'acide sulfurique et de l'acide tartrique par l'approche d'une goutte d'éther ou d'ammoniaque, avec les actions motrices produites par le contact immédiat de ces gouttes avec la surface de ces acides. » La température étant à+ai degrés cent., j'ai mis en expérience de l'a- cide sidfurique concentré, sur la surface duquel flottait de la fleur de soufre. J'ai présenté au dessus et très-près une goutte d'éther sulfurique suspendue à une tige de verre, laquelle était fixée à une petite crémaillère, en sorte que je pouvais l'abaisser par un mouvement gradué. Le soufre pulvérulent fut attiré par cette goutte; j'abaissai alors la tige de verre j'usqu à ce que la goutte d'éther fût en contact immédiat avec la surface de l'acide. A l'ins- tant de ce contact, la Heur de soufre fut repoussée circulairement ; elle s'éloigna , par un mouvement centrifuge , du lieu où la goutte d'éther avait été déposée. Ainsi l'action à distance de la goutte d'éther sur la surface de l'acide sulfurique concentré, et le contact immédiat decettegoutte surcette même surface, donnent lieu à des phénomènes de mouvement inverses: dans le premier cas il y a attraction ou mouvement centripète , en considé- rant comme centre le point de la surface de cet acide qui correspond ver- ticalement à la goutte d'éther; dans le second cas il y a répulsion ou mou- vement centrifuge, en considérant comme centre le lieu où la goutte d'é- ther a été déposée. » Les mêmes phénomènes s'observent par la même température, ou par une température voisine, en employant de l'acide sulfurique étendu d'une quantité d'eau distillée suffisante pour que sa densité demeure au-dessus de 1,546, qui est la densité moyenne en-deçà de laquelle la goutte d'éther, par son action à distance, commence à repousser les corps légers flottants sur la surface de l'acide sulfurique. Il était curieux de savoir si, cet acide ayant une densité inférieure à la densité moyenne i,546, le contact immé- diat de la goutte d'éther sur sa surface offrirait une inversion de direction dans son action motrice, comme l'offre l'action à distance de cette goutte. La température étant à -)- 21 degrés cent., j'ai pris de lacide sulfurique amené, par l'atldition d'une suffisante quantité d'eau distillée, à la densité 1,204 *^* 1"' possédait la température ambiante: une goutte d'éther sus- pendue au-dessus et près de sa surface, repoussa les corps légers qui y flottaient. J'abaissai alors la tige de verre qui portait cette goutte jusqu'au ( io34 ) contact de celle-ci avec la surface de l'acide; à l'instant les corps légers se portèrent rapidement, et par un mouvement centripète, vers le point de la surface de l'acide sur lequel avait été déposée la goutte d'éther, et ils y de- meurèrent animés par un mouvement de trépidation très-rapide qui ne dura que pendant un instant. » Il résulte de ces expériences que le contact immédiat d'une goutte d'é- ther sur la surface de l'acide sulfurique exerce constamment sur cette sur- face une action motrice inverse de celle qui est exercée, sur cette même surface, par le contact de sa seule vapeur, ou, en d'autres termes, par l'ac- tion à distance de cette goutte. Lorsque la densité de l'acide est supérieure à 1,546, le contact de la vapeur de la goutte d'éther produit une action attractive sur cette surface, et le contact immédiat y produit une action répulsive. Lorsque la densité de l'acide est inférieure à 1,54*3, ces deux ac- tions motrices sont renversées , le contact de la vapeur de la goutte d'éther produit une action répulsive sur la surface de l'acide, et le contact immé- diat de cette goutte y produit une action attractive. »J'ai observé les mêmes phénomènes on employant des solutions d'acide tartrique , au-dessus de la surface desquelles je suspendais une goutte d'am- moniaque. Lorsque, par une température de -f- 1 8 à -f- 20 degrés, je faisais usage d'une solution de cet acide supérieure en densité à i,oa25 (5 par- ties d'acide cristallisé sur 100 parties de solution), la goutte d'ammoniaque suspendue au-dessus de la surface attirait les corps légers qui y flottaient, et le contact immédiat de cette goutte avec cette même surface repoussait ces mêmes corps légers. Lorsque, au contraire, j'employais une solution d'acide inférieure en densité à i,0225 et contenant, par exemple, une ou deux parties d'acide sur 100 de solution, l'action à distance de la goutte d'ammoniaque repoussait les corps légers flottant sur cette solution, et le contact immédiat de la goutte d'ammoniaque avec la surface de cette so- lution at! irait ces mêmes corps légers. Toutefois ce dernier phénomène, quoique sensible, était bien moins marqué que ne l'était le phénomène ana- logue que j'avais observé en employant l'acide sulfurique à faible densité et mis en contact immédiat avec une goutte d'éther. » Je n'ai employé les expressions iV attraction et de répulsion dans l'exposé des phénomènes ci dessus, que pour exprimer brièvement les deux modes opposés de l'action de la force qui produit ici deux mouvements en sens inverses; ce ne sont point, en effet, des attractions et des répulsions sem- blables àcelles que nous offrent l'électricité et le magnétisme, qui se montrent à nous dans ces phénomènes : ce sont des courants ou centripètes ou cen- ( io35 ) trifiiges que l'on observe sur lasurface des liquides, et ce sont ces courants qui entraînent les corps ii'gers flottants. Ainsi, par exemple, lorsque l'on voit les corps flottant à la surface de l'acide sulfuriquese porter, par une attraction apparente, vers la goutte d'ammoniaque suspendueau-dessus de la surface de cet acide, on distingue très-bien que ce ne sont point ces corps flottants qui reçoivent immédiatement l'action motrice, maisquec'est effectivement et seu- lement le liquide qui les porte; c'est lui qui les entraîne dans son mouvement centripète. Ce liquide devient alors plus élevé au-dessous de la goutte d'am- moniaque qu'il ne l'est tout autour. S'il n'y a sur sa surface qu'un seul corps léger flottant et qu'il soit un peu éloigné de la goutte d'ammoniaque, il s'en approche un peu et il s'arrête à distance, demeurant alors immo- bile , ce qui prouve qu'il n'est point attiré j car, s'il l'était, il continuerait de s'approcher du corps attirant. Si alors on enlève la tige de verre qui porte la goutte d'ammoniaque, il s'opère dans le liquide acide un vif et brusque reflux, lequel reporte le corps flottant à la place qu'il occupait précédem- ment: on dirait alors qu'il est vivement repoussé. Le fait est qu'il n'a reçu ni attraction dans le premier cas, ni répulsion dans le second cas; il n'a fait que suivre, dans le premier cas, le mouvement centripète du liquide, mou- vement qui a donné à ce liquide un exhaussement léger et constant de ni- veau au-dessous de la goutte d'ammoniaque; et, dans le second cas, il a suivi le mouvement brusque de reflux de ce liquide. J'insiste sur ces faits , parce qu'ils sont très-importants pour l'établissement de la théorie de ces phénomènes singuliers, dans lesquels il est évident qu'il n'y a aucune ac- tion motrice exercée directement sur les corps légers flottant, et que cette action motrice s'exerce tout entière et exclusivement sur le liquide, lequel communique son mouvement aux corps légers qu'il porte. Voilà pour ce qui a rapport à l'action à distance exercée par la goutte d'éther ou d'am- moniaque sur le liquide acide; voyons actuellement ce qui se passe lors du contact immédiat de cette goutte avec ce même liquide acide. » Lorsque s'opère le dépôt de la goutte d'éther sur la surface de l'acide sulfurique concentré, ou de la goutte d'ammoniaque sur la surface d'une solution très-dense d'acide tartrique, on observe l'extension circulaire et centrifuge de la goutte du liquide très-peu dense sur la surface du liquide acide très-dense, et c'est cette extension centrifuge qui chasse circulaire- ment les corps légers flottants , lesquels semblent ainsi être repoussés. Cela est surtout évident de la part de la goutte d'ammoniaque déposée sur la surface d'une solution d'acide tartrique qui contient , par exemple, 35 parties d'acide cristallisé sur loo de solution. On voit alors ( io36 ) l'extension centrifuge et superficielle de la goutte d'ammoniaque par le moyen des cristaux de tartrate d'ammoniaque tjui se disposent rapidement à la surface de la solution acide dans une aire circulaire dont la circonfé- rence s'agrandit en fuyant le centre, et dans laquelle les cristaux, dis- posés en aiguilles inclinées sur des axes centraux , comme le sont les barbes d'une plume sur leur tige , offrent ainsi des sortes de végétations dont les bases sont appuyées sur la circonférence de l'aire circulaire, et dont les sommets sont tous dirigés vers le centre. Cette cristallisation toute superlicielle , et qui ne tarde pas à se dissoudre dans l'acide sous- jacent, fait voir, clairement et à découvert, l'extension en couche très- mince de la goutte d'ammoniaque sur la surface de l'acide, extension cir- culaire par laquelle les corps flottants ont éprouvé une répulsion apparente, laquelle n'est véritablement qu'une y^/o/jw/j/ow. C'est évidemment de même par l'extension circulaire centrifuge de la goutte d'éther déposée sur la surface de l'acide sulfurique concentré que s'opère la répulsion apparente des corps légers flottant sur la surface de cet acide. Ce sont ces mêmes phénomènes d'extension centrifuge et superficielle que l'on observe lors- qu'on dépose uqe goutte d'huile iixe ou essentielle sur la surface de l'eau, ou une goutte d'alcool sur la surface d'une huile fixe. Les corps légers flottant sur ces liquides sont alors de même propulsés par le courant centrifuge de la goutte de liquide qui s'étend circulairement; ils semblent ainsi être repoussés. ■ Les phénomènes de mouvement que l'on observe dans mes expériences, ont ainsi le même mécanisme que celui des mouvements qui ont été ob- servés depuis longtemps, tant par rapport à l'action exercée à distance sur l'eau par le camphre, par les huiles essentielles, par l'éther, etc. , que par rapport au contact immédiat de ces substances avec l'eau. Il y a pourtant ici cette différence que l'action à distance de ces substances sur l'eau et leur contact immédiat avec ce liquide produisent sur ce dernier le même mode de mouvement, tandis que, dans mes expériences, il y a, en pareil cas, un renversement de l'action motrice. » Les physiciens attribuent presque généralement la répulsion apparente des corps légers flottant sur l'eau par l'approche d'une substance très- volatile, à l'expansion rapide de la vapeur de cette substance, vapeur qui agirait ainsi à !a manière d'un souffle. Quant à l'extension circulaire et en couche mince d'un liquide très-peu dense ou très-léger sur la surface d'un liquide plus dense , ils la considèrent comme l'effet de la force capillaire. Appliquera-t-on ces explications théoriques aux phénomènes évidemment ( io37 ) semblables que présentent mes expériences ? Il est évident que cela ne se peut pas. En effet , on peut conclure avec certitude dé mes expériences que c'est la même force qui produit les attractions et les répulsions appa- rentes qu'elles offrent à l'observation, puisque, en changeant seulement la densité du liquide acide, la goutte d'éther ou d'ammoniaque mise en rapport avec lui produit sur sa surlace, tantôt l'attraction apparente , et tantôt la répulsion apparente , tandis que les conditions physiques dans lesquelles se trouve la goutte d'éther ou d'ammoniaque n'ont point changé. Or si, sous l'influence toujours la même de cette goutte agissant à distance sur la surface de l'acide situé au-dessous, on observe tantôt l'attraction apparente et tantôt la répulsion apparente sur cette surface, il en résulte, de la manière la plus certaine , que le mode de l'action motrice exercée par cette goutte ne consiste pas dans l'impulsion mécanique qui serait produite par l'expansion rapide de sa vapeur, ainsi que l'admettent les physiciens; car cette expansion rapide ne pourrait produire qtie la ré- pulsion apparente en agissant à la manière d'un souffle. Je ferai un rai- sonnement analogue relativement aux actions motrices produites par le contact immédiat ou par le dépôt de la goutte d'éther ou d'ammoniaque sur la surface de l'acide; actions motrices qui sont opposées entre elles selon que l'acide possède une densité élevée ou une densité moins élevée, mais toujours extrêmement supérieure à la densité de la goutte d'éther ou d'ammoniaque qui est déposée sur sa surface, en sorte que cette goutte se trouve, dans l'un et dans l'autre cas, dans des conditions telles qu'elle peut flotter sur le liquide dense acide, et s'étendre circulairement en vertu de l'attraction capillaire. Or cette extension circulaire, qui s'opère par un mouvement centrifuge , n'a lieu que sur le liquide acide très- dense ; non-seulement elle n'a point lieu sur le liquide acide moins dense, mais elle y est remplacée par un mouvement opposé, par un mouvement centripète, par un mouvement inverse de celui qu'opérerait la force capillaire , laquelle possède cependant ici les conditions de son action. H est donc parfaitement évident que ce n'est pas la force capil- laire qui est ici en action ; car il n'est pas dans la nature de cette force de renverser sa direction selon les changements de densité qu'éprouve le corps sur lequel se trouve le liquide qu'elle meut. C'est donc une autre force qui agit ici , et cela de manière à imiter, mais dans un cas seulement, l'action de la force capillaire, ce qui fait qu'on peut la confondre, par erreur, avec elle. Il résulte de là que ce n'est point non plus la force ca- pillaire qui produit l'extension superficielle et centrifuge de l'huile sur C. E., i8.ja, i«f Semestre. (T. XIV, N» 86.J 1 4" ( io38 ) l'eau ou- de l'alcool silr l'huile; que ce n'est poiiit non plus, par consé- quent^ cette même force capillaire qui produit l'extension centrifuge de certains liquides déposés sous forme de goutte sur d'autres liquides éten- dus en couche mince sur une lame de verre, d'après les expériences faites, en premier lieu , par B. Prévost, expériences que j'ai suivies et multipliées. La force qui produit tous ces phénoniènes , est évidemment une force par- ticulière ; c'est elle que j'ai désignée sous le nom de force épipolique ; elle est très-probablement une modification de la force électrique; mais, ainsi que je crois l'avoir démontré (i), elle n'est point l'électricité telle que nous la connaissons. » Il me paraît fort probable que l'abaissement de la température amè- nera un changement dans le degré de la densité moyenne des acides sul- furique et tartrique, degré auquel ces acides , par une température de-j-i8 3 2 1° centigrades, n'offrent ni attraction ni répulsion à leur surface souB l'influence à distance d'une goutte d'éther ou d'ammoniaque. Je suis porté à penser ainsi par le rapprochement que je ne puis m'empècher de faire de ces phénomènes avec ceux que j'ai observés, il y a déjà longtemps, relativement à V endosmose des acides. J'ai fait voir, en effet (2), que les acides étant séparés de l'eau pure par un morceau de vessie , le courant d'endosmose est dirigé tantôt vers l'acide, tantôt vers l'eau, et cela selon le degré de densité de l'acide, dont une certaine densité moyenne ne pro- duit aucune endosmose. Or j'ai expérimenté que le changement de tem- pérature déplace le degré de cette densité moyenne de l'acide. Si l'expérience vient à prouver que le changement de température déplace également les degrés des trois densités moyennes des acides sulfurique, nitrique et tar- trique, degrés auxquels l'action à distance des gouttes d'éther ou d'am- moniaque ne produit aucune action motrice sur la surface de ces acides, il me paraîtra extrêmement probable que ces dernieis phénomènes de mouvement et l'endosmose reconnaisisent pour cause l'action de la même force, agissant dans des circonslances très-différentes sans doute, mais offrant cependant des points de similitude très frappants. On remarquera, en outre, qu'il y a, dans ces deux cas, nécessité de l'intervention d'un acide. » Voici une dernière expérience dans laquelle on observe encore des phénomènes successifs de répulsion et d'attraction sous l'influence de la (1) Recherches sur la force épipolique, p. 54- (9.) Collection de nies Mémoires, tome II, paye Sa. ( 'o39 ) même vapeur. Ici c'est sur la surface du mercure que l'on observe ces phénomènes, et c'est l'acide chlorhydrique qui les produit par son action à distance, en sorte qu'il y a toujours intervention d'un acide dans la pro- duction de ces phénomènes singuliers. Lorsqu'on présente une goutte d'acide chlorhydrique au-dessus de la surface du mercure parfaitement pur sur lequel flottent des corps légers, ces corps sont brusquement et vive- ment repoussés. Bientôt, par la condensation de la vapeur de cet acide sur la surface du mercure, celui-ci se couvre d'un enduit blanchâtre qui est, je pense, du chlorure de mercure; alors on n'observe plus la répul- sion qui était opérée précédemment par l'action à distance de la goutte d'acide, lorsque la surface du mercure était nette et brillante; il n'y a plus aucun mouvement de produit. Or il n'en est plus ainsi lorsque le mercure est impur et se trouve uni à une quantité même très-minime d'un autre métal, et spécialement du cuivre, à ce qu'il m'a paru. Alors, après la for- mation de l'enduit blanchâtre à la surface du mercure et la cessation de la répulsion opérée par l'action à distance de la goutte d'acide chlorhydrique, il se manifeste une attraction sous l'influence de cette même action. On voit les corps légers flottant à la surface du mercure et qui sont enchâssés dans la couche d'enduit blanchâtre, se porter avec cette cotiche vers la goutte d'acide. Il paraît que c'est la couche d'enduit blanchâtre qui seule obéit à cette force, en apparence attractive, et qu'elle entrahie avec elle les corps légers qu'elle enchâsse; car cette couche reçoit le même mou- vement lorsqu'il n'y a point de corps légers flottant sur le mercure. Ainsi l'on voit, dans cette expérience, l'action à distance de la goutte d'acide chlorhydrique produire une répulsion apparente lorsqu'elle s'exerce sur la surface nette du mercure, et produire, au contraire, une attraction ap- parente lorsqu'elle s'exerce sur la surface de l'enduit blanchâtre qui a re- couvert ce métal , qui doit être impur pour que le dernier de ces phéno- mènes ait heu. » On tentera peut-être d'expliquer les phénomènes opérés par l'action à distance des liquides qui se vaporisent rapidement, en les rapportant à l'électricité de tension qui peut être produite par l'évaporation. M. Pouillet a fait voir que la vaporisation de l'eau associée à l'ammoniaque produit de l'électricité négative. La goutte d'ammoniaque qui se vaporise, suspendue à une tige de verre , peut donc être considérée comme possédant une élec- tricité de tension négative. D'un autre côté, la vapeur de l'ammoniaque, en se condensant sur la surface de l'acide, agit chimiquement sur lui; dans ce cas l'acide prend l'électricité positive, électricité dynamique tou- 140.. ( lo/jo ) jours accompagnée d'électricité de tension. On concevrait donc comment la goutte d'ammoniaque et l'acide possédant des électricités opposées , il y aurait attraction entre ces deux liquides. Mais cette explication , qui paraît si plausible, tombe d'elle-même devant l'observation qui fait voir qu'il y a répulsion entre ces deux corps lorsque l'acide est diminué de densité à un degré déterminé, et cela quoique la goutte d'ammoniaque n'ait point cessé de posséder l'électricité négative, résultat de la vaporisation, et quoi- que l'acide, en continuant de se combiner avec la vapeur de l'ammonia- que, n'ait point cessé de posséder l'électricité positive. )) On voudra peut-être résoudre cette difficulté en revenant à l'hypothèse de l'impulsion donnée mécaniquement au liquide aci'82 Missouri 883 , 702 Arkansas 97,574 . Michigan 212,267 Florida-Territory 54,477 Wisconsin 3o,g45 lowa 43 , • "' District de Coloinbia 43) 7 '2 Marins des forces navales 6,100 Total 17,068,666 Population de mâles blancs et gens de couleur et esclaves compris dans le tableau ci-dessus, savoir: Mâles blancs libres 7 ,249,2761 , jg g Femelles blanches libres 6,989,942) ^' "' Esclaves mâles i ,246,408 ) /e a — femelles 1,2^0, 706 ) ' 'J " ' Gens de couleur libres , mâles 186,457 J „q^ ^^ — femelles. 199,778) '* I 7 , 062 , 566 Marins 6 , 1 00 17,068,666 ( io44 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Mémoire sur la position géologique des terrains de la partie australe du Brésil, et les soulèvements qui à diverses époques ont changé le relief de cette contrée ; par M. Pissrs. (Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) « Ce Mémoire , dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, renferme les princi- pales observations recueillies pendant les cinq années que j'ai employées à explorer le sud du Brésil : il se divise en deux parties, l'une destinée à faire connaître la composition de ces divers terrains, et l'autre les change- ments opérés dans leur position et la direction de leurs couches. » Il résulte de faits exposés dans la première partie, que les terrains qui forment le sol du Brésil entre le 12""* degré de latitude australe et le 27"*, et dans tout l'intervalle compris entre le Parana, le San-Francisoo et la mer, se rapportent à quatre époquesdifférentes. Les plus anciens, qui sont aussi ceux qui occupent la plus grande surface, comprennent les roches cristallisées de l'étage du gneiss et les talcites phylladiformes.Les couches inférieures sont formées par un gneiss porphyroïde qui passe souvent au granité. Cette roche, qui occupe toujours la même position sur une étendue de trois à quatre cents lieues, supporte de puissantes couches de leptynite ou de gneiss à grain fin, qui sont elles-mêmes recouvertes par d'autres gneiss con- tenant des couches subordonnées de quarzites et des couches ou amas de quarz compacte souvent accompagné de tourmaline, de braunite et de py- rites aurifères. » L'étage des talcites phylladiformes comprend, en outre de cette roche, des quarzites talcifères qui atteignent une grande puissance et présentent trois formations, dont l'inférieure repose immédiatement sur le gneiss; la moyenne, formée par des quarzites schistoïdes à grain très-fin, partage en deux la grande assise des talcites phylladiformes, recouverts par la der- nière, que l'on reconnaît facilement à la grosseur de son grain et à sa structure pseudo -fragmentaire. L'ytabirite se montre aussi en couches puissantes superposées aux quarzites moyens, dont il est quelquefois séparé par des calcaires talcifères qui manquent généralement, mais qui, sur certains points, atteignent une épaisseur de plus de 100 mètres. Enfin c'est à cet étage qu'appartiennent les mines d'or les plus remarquables du Brésil, les gisements de topazes, d'euclases et de tourmalines. ( io45 ) » A l'ouest des talcites phylladiformes et des quarzites qui atteignent leur plus grand développement dans la province de Minas-Geraè's, se montrent des grès quarzeuxqui entourent le massif des roches cristallisées depuis le Rio de Contas jusqu'au Parana-Panenia. Ces grès, que l'on doit rapporter à la partie inférieure de l'étage ampélitique, ou terrain silurien , alternent vers le haut avec des phyllades et des psammites scliistoïdes , et sont recouverts dans le sud par des calcaires tantôt compactes et renfermant alors des couches subordonnées ou des amas de silex, tantôt schistoïdes, tendres et argilifères. Ces derniers contiennent, dans les parties qui se rap- prochent du Tiété, une couche de schiste bitumineux qui passe au psam- mite et renferme de nombreux sphéroïdes d'un silex noir fortement chargé de matière bitumineuse. Les diamants que l'on exploite dans les provinces de Minas-Geraës et de Saint-Paul , appartiennent à cet étage et se trouvent très-probablement disséminés dans les grès qui en forment la partie infé- rieure. Il se présente, à partir de cette époque, une grande lacune dans la série des formations géologiques: aucun des terrains qui se trouvent com- pris entre te groupe carbonifère et l'époque tertiaire n'existe dans cette partie du Brésil. Des grès marins, des calcaires lacustres, des argiles ter- tiaires se montrent seuls dans la baie de Bahia, sur quelques autres points de la côte, et dans les vallées comprises entre la Cordillère maritime et la' Serra da Mantiqueira. Enfin des sables, des couches de galets souvent réunies par de l'oligiste terreux, forment le terrain diluvien et recouvrent la surface des plateaux de la province de Bahia, les plaines de San-Francisco et celles du Parana. » Les soulèvements qui sont venus, à diverses époques, changer le relief de cette contrée, sont au nombre de trois. Le plus ancien dont on retrouve des traces, paraît avoir eu lieu avant le dépôt du terrain silurien, suivant une direction moyenne de l'E. 38° N. à l'O. 38° S., direction qui se manifeste dans la plupart des chaînes qui s'étendent à l'est de la Manti- queira. Les roches, ainsi relevées, formaient dans l'Atlantique une île éle- vée, dirigée du nord-est au sud-ouest, et comprise entre le i6™* degré de latitude australe et le 27'°*; et les couches du terrain silurien se déposaient, à l'ouest, au fond des mers qui occupaient l'emplacement actuel des plaines du San-Francisco et du Parana. Ces premiers dépôts, qui renferment quel- ques débris de corps organisés, furent interrompus par de nouvelles com- motions, qui les élevèrent, sur quelques points, à 1000 ou iioo mètres au-dessus de la mer, déterminant sur d'autres de larges fentes dirigées de l'est à l'ouest, par où s'échappèrent des diorites, qui s'étendirent à la ma- C. R., 184a, i" Semestre. (T. XIV, K» 26.) ï 4 ' ( io46 ) nière des laves et modifièrent les roches qui se trouvaient sur leur passage. Les montagnes les plus élevées du Brésil, celles de la province de Minas- Géraés, l'Itacolumi, la Caraça, le Morro d'Itarabe, et les plateaux du sud deSan-Paulo, se rapportent à ce soulèvement, qui redressa les couclies, suivant une direction est-ouest, et donna à cette contrée la forme qu'elle présente aujourd'hui; car, à partir de cette époque, aucun mouvement ne vint imprimer de changement notable au relief du sol : le seul dont on retrouve des traces, et qui se rapporte à la fin de la période tertiaire, ne paraît avoir produit d'autre effet que l'émersion de quelques couches déposées dans le fond de la province de Bahia et un léger bombement des plateaux qui s'étendent entre le San-Francisco et la mer. » M. Peraire adresse de Bordeaux, pour le Concours aux prix de Mé- decine et de Chirurgie, fondation Montyon, six Mémoires ayant pour titres : 1°. Mémoire sur quelques réflexions sur le col utérin , placé aux points de vue physiologique et pathologique ; 2°. Mémoire sur la cautérisation et le pansement employés simultané- ment dans les ulcérations simples de la matrice; 5°. Mémoire sur les divers modes d'exploration du col utérin; 4°. Mémoire sur la cautérisation coup sur coup employée dans les ulcéra- tions simples et compliquées de la matrice ; 5°. Mémoire sur la cathétéronomie , le cathétérisme et l'emploi des sondes à côtes ; G". Mémoire sur le kélotome et la sonde tranchante , employés dans l'opé- ration de la hernie inguinale. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Gh\ussenot aîné adresse la description et la figure d'un indicateur de la vitesse des convois sur les chemins de fer. « L'appareil que je soumets au jugement de l'Académie, dit M. Chaus- senot, est destiné à rempHr les indications suivantes : » 1°. Donner au mécanicien , aux chauffeurs et aux conducteurs des con- vois la possibilité de connaître exactement et à chaque instant le degré de vitesse avec lequel ils sont entraînés; » 3". Avertir ces mêmes hommes de service lorsque la vitesse est près d'atteindre le maximum qui ne doit, dans aucun cas, être dépassé; ( io4^ ) » 3°. Forcer tous les employés aux convois, sans en excepter les admi- nistrateurs, (le rester constamment dans les limites de vitesse permise, sous peine d'être infailliblement accusés, par les indications de l'appareil, de l'infraction qu'ils pourraient commettre au préjudice de la sécurité publique.» (Renvoi à la Commission des chemins de fer.) L'Académie renvoie à l'examen de la même Commission quatre autres communications également relatives à des moyens que les auteurs suppo- sent propres à diminuer les dangers des chemins de fer, communications adressées par MM. Berger, Coassanc. , Frilley et Lecomte. M.oEBLAiivviLLe, en présentanlau nom de rauteur,M. le docteur Mayeh, professeur d'anatomie et de physiologie à l'Université de Bonn, un Mé- moire sur la vessie urinaire des oiseaux et sur un organe particulier du cloaque du Casoar de la Nouvelle-Hollande , fait remarquer que ce travail lui est parvenu il y a trois mois, et aurait dû être présenté dès lors à l'Académie. ( Commissaires^ MM. de Blainville, Flourens, Milne Edwards.) M. Perrottet adresse les résultats des observations météorologiques qu'il a faites pendant son dernier séjour à Cayenne , à la Martinique et à la Guadeloupe. (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet , Despretz. ) M. Faurk adresse une nouvelle Note sur une modification qu'il propose pour Vopération du bec de lièvre. (Commissaires, MM. Roux, Breschet ) M. RozE présente des échantillons d'un composé à l'état pulvérulent qui, dissous dans l'eau, donne une encre que l'auteur suppose indélébile. (Commission des encres et papiers de sûreté.) M. NoNAT qui, au mois de mai dernier, avait adressé une communica- tion relative au même objet, prie aujourd'hui l'Académie de considérer comme non avenue cette communication, qu'il se propose de renouveler i4i.. ( io48 ) rie manière à mettre la Commission plus à portée de juger de l'efficacité de sa préparation. M. Leukun soumet au jugement de l'Académie un flotteur disposé de ma- nière à pouvoir être appliqué autour du corps en forme de ceinture. Il dé- signe cet appareil sous le nom de nautile de sauvetage. M. Séguier est prié de prendre connaissance de cet appareil. CORRESPONDANCE M-Floureivs fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, M.SinAtJS- DuRCKHEiM, d'un ouvrage ayant pour titre: «Traité pratique et théorique d'anatomie comparative , comprenant l'art de disséquer les animaux de toutes les classes et les moyens de conserver les pièces anatomiques.» (Voir au Bulletin bibliographique. ) M. BoRT DE Saint-Vincent présente, au nom de l'auteur, M. Delastre , la « Flore analytique et descriptive du département de la Vienne. » M. l'amiral Roussinr écrit qu'étant dans la nécessité de s'absenter [)our quelque temps, il croit devoir prier l'Académie de le remplacer dans di- verses Commissions dont il faisait partie. Les travaux de la plupart de ces Commissions étant déjà suspendus par l'absence de quelques-uns de leurs membres, on ne pourvoira pas, pour le présent, au remplacement de M. l'amiral Roussin. M. d'Hombres-Firihvs écrit d'Alais qu'on a vu dans cette ville le météore du 9 juin. N'ayant pas eu occasion de l'observer lui-même, M. d'Hombres- Firmas a recueilli près des personnes qui avaient été témoins du phéno- mène des renseignements qui, malheureusement, comme il en fait la re- marque, ne sont pas exactement d'accord sur tous les points. Dans la même lettre M. d'Hombres-Firmas donne quelques détails sur les effets produits par un coup de foudre qui a frappé une magnanerie éloignée d'un kilomètre et demi d'Alais. ( 'o49 ) Aî(A.LysE MATHÉJiATiQUE. — Sur wi moyen facUe d'arriver à la transforma- tion découverte par Pfaff, pour Uinte'gration de l'équation dijférentielle linéaire à 3 n variables du premier ordre; par M. J. Biket. « J'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences, le 3 mai der- nier, une Note dont l'objet spécial est d'exposer une méthode déduite du cdcul des variations, et qui répand , ce me semble, quelque clarté sur la théorie de l'intégration de l'équation à dérivées partielles du premier ordre, considérée au point de vue où cette branche de l'analyse a été traitée par MM. Pfaff et Jacobi : plus récemment M. Cauchy a publié sur ces équa- tions à dérivées partielles de profondes recherches : Il les a d'abord ratta- chées ail principe de la méthode dont il s'était servi en 1819; et, en dernier lieu , au même principe que j'ai tiré de l'algorithme des variations. Dans la rédaction du Mémoire que j'ai annoncé sur cette matière, je n'avais ex- pressément à suivre qu'un cas particulier de la théorie générale abordée par Pfaff, qui traite de l'équation différentielle à 2 n variables oz=z'S.tdx^-\-^^dx^-\-i^Xc -f-X„^/jr„. Mais je viens d'appliquer à cette dernière équation le procédé dont j'ai fait usage pour l'équation à dérivées partielles; jene crois pas inutile d'annoncer aux analystes que, par cette méthode, on peut arriver avec une grande fa- cilité à une transformation découverte par l'faff, et qui est considérée par M. Jacobi, avec raison, comme une acquisition des plus importantes dans le calcul intégral. Si le procédé de Pfaff pour établir ce théorème était simple, le mien serait presque superflu. Mais il n'en est pas ainsi: M. Lacroix a jugé trop compliquée l'analyse de Pfaff pour la comprendre dans son savant et vaste Traité de calcul intégral, et M. Jacobi a trouvé utile d'en fournir une exposition plus claire et plus élégante (2" volume du Journal de M. Crelle.) On peut lire dans le Traité de M. Lacroix l'énoncé d'une proposition analogue à celle de Pfaff, extraite d'un Mémoire inédit de P. Binet, mon frère; je crois juste et convenable de déclarer que plusieurs fois il m'a énoncé, depuis 1814, ses résultats, mais sans me faire connaître son ana- lyse: je l'ai souvent engagé à la publier. » Je me borne en ce moment à indiquer l'origine de ma méthode, le calcul des variations: tout géomètre exercé pourra, sur cette indication, et en suivant les opérations de la Note du 3 mai , parvenir au résultat. Je sou- mettrai prochainement à l'/icadémie une nouvelle Note où la méthode sera plus ouvertement développée. « ( io5<> ) M. Glvge écrit qu'il a trouvé dans le sang des grenouilles un entozoaire voisin de ceux qui constituent le genre Proteus d'Ehrenberg. Cet animal, dont Valentin avait déjà signalé l'existence dans le sang du Salmo fario, a paru à M. Gluge subir, dans le sang de grenouilles avec lequel il circule, des métamorplioses comme celles qu'on a déjà annoncées pour d'autres entozoaires. Une seconde observation de M. Gluge est relative à un autre entozoaire qu'on sait se trouver souvent en grande abondance dans les poumons des grenouilles, V Ascaris nigrovenosus. M. Gluge a reconnu que l'organe, dont la présence s'annonce à l'extérieur par la bande noire qui a valu son nom à l'animal, n'est point, comme on l'admettait généralement, l'intestin, mais l'ovaire, dans lequel on peut distinguer l'œuf à divers états, et contenant même quelquefois un jeune animal replié sur lui-même. Ce n'est pas seu- lement dans les ovaires de l'Ascaris nigrovenosus que l'auteur de la Lettre a eu occasion d'observer ces œufs , il les a trouvés isolés dans les poumons de quelques grenouilles qui ne contenaient aucun de ces animaux à l'état parfait, ce qui le porte à supposer que c'est à l'état d'œufs que ces ento- zoaires pénètrent ordinairement, soit par la voie de la respiration, soit par une autre voie dans les organes des animaux aux dépens desquels ils vivent. M. R VDVANSZRY , cu qualité de vice-président de la réunion des natu- ralistes et des médecins de la Hongrie, annonce que la troisième réunion de la Société aura lieu à Neusohl et Szliacs , à dater du 4 août prochain; il exprime, au nom des membres de la future assemblée, le désir d'y voir assister quelques membres de l'Académie des Sciences. M. RoMANOwsKY prie l'Académie de hâter le travail des Commissaires chargés de l'examen de deux Mémoires qu'il a précédemment adressés, et dont l'un est relatif à la respiration, l'autre à Isl physiologie de l'inflam- mation. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, présentés, l'un par M. Gaoltier de Claubry, l'autre par M. Pater. A quatre heures et quart l'Académie se forme en comité secret. ( io5i ) COMITE 8£CnET. Rapport de la Commission chargée de l'examen des pièces em>ojées au concours pour h prix extraordinaiie concernant les perjectiomiements de la navigation par la vapeur appliquée à la marine militaire. (Commissaires, MM. Arago, Séguier, Poncelet, Diipin rapporteur.) « La Commission déclare que le prix ne peut pas être décerné; elle propose de remettre la question au concours; le priii sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de i844- Les Mémoires devront être remis avant le i*''" janvier 184/).» Cette proposition est adoptée. M. Begnavlt fait, au nom de la Commission chargée de l'examen des pièces présentées au concours pour \e grand prix des Sciences physiques, nn Rapport dont les conclusions sont : « 1". Qu'il n'y a pas lieu à décerner le prix; » 2°. Et que la question est retirée du concours. » 3°. La question proposée pour le prochain concours est la détermi- nation de la chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques. » Ces propositions sont adoptées. ( io52 ) M. Regnault, au uom de la Section de Chimie, présente la liste suivante de candidats pour une place de correspondant vacante dans le sein de cette section : S 1° MM. Liebig, à Giessen; ( Henri Rose, à Berlin; 2°. ex œquo J w^^\^,^ à Gœttingue; 3° Graham , à Londres ; 4° Dœbereiner, à Jena ; ÎKuhlmann, à Lille; Laurent, à Bordeaux; Malaguti, à Rennes; Persoz, à Strasbourg. Les titres de ces candidats sont discutés : l'élection aura lieu dans la prochaine séance; MM. les membres en seront prévenus par lettres à domicile. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ( io53 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQtje. li' Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie royale des Sciences; i*' semestre 1843, n° 25;in-4°. Institut royal de France {Académie des Sciences). Funérailles de M. Double. Discours prononcé par M. RouX; in-4''. Discours de M. le baron Ch. Dupin , dans la discussion cjénérale du projet de loi relatif à [établissement des grandes lignes des chemins de fer; in-8°. Second discours sur le même sujet; par le même ; in-8. Opinion de M. le baron Ch. Dupin, pour demander qu'on publie aux frais de l'Etat, non-seulement les Œuvres de Laplace, mais celles de tous les grands géo- mètres français ; in-8°. . Annales des Sciences naturelles; mai 1842 ; in-8''. Traité pratique et théorie dAnatomie comparative ; par M. Straus-Durgheim ; 2 vol. in-8°. De la Menstruation considérée dans ses rapports physiologiques et pathologi- ques; par M. A. Brièrk DE BoiSMONT ; in-8°. Flore analytique et descriptive du département de la Vienne; par M. De- LAISTRE; I vol. in-8°. Annales de la Chirurgie française et étrangère ; juin 1842; in-8°. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de [Auvergne; septembre et octobre i84i ;in-8°. Conseils aux nouveaux éducateurs de vers à soie; par M. F. DE BouLLENOis ; in-8°; 1842. Annales de la Société séricicole , fondée en 18.37 pour la propagation et l'a- mélioration de l'industrie de la soie en France; 5* n", année i84i ; in-8°. Relation de l'épidémie de Méningite encéphalo-rachidienne observée à la cli- nique médicale de la Faculté de Strasbourg en 1 842 ; par M. C. FoRGET ; in-S". Société d'Agriculture, Sciences et Belles-Lettres de Rochefort, séance du 26 janvier 1842; in-8''. Société d'Agriculture, Sciences et Belles-Lettres de Rochefort. Note sur le mou- vement de la population de Rochefort en 18^1; par M. ViAUD; in-8°. Mémorial encyclopédique ; mai 1842; in-8''. Bulletin de Thérapeutique médicale, n" 22 ; in-S". Journal de Pharmacie et de Chimie , juin 1842 ; in-8°. c. H. , 1842, t'-- Semestre. (T. XIV, K" 26.) 1 4^ I ( 'o54 ) Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; juin i S/p ; VAmi des Sourds- Muets ; mars et avril 1842; in-8°. I^ Laboureur breton, journal; i5 juin i842;in-8°. Académie royale des Sciences de Turin [classe des sciences physiques et mor- ttïématiques). Programme des prix proposés ; par M. le comte Pillet-Will; in-4°. Gonchologia. . . . Conchyliologie systématique ; par M. L. Reeve; 8* partie, in-4°, avec planches coloriées. Memoirs. . . Mémoires de la Société philosophique et littéraire de Manchester ; ■1 série, vol. VI; Londres 1842 ; in-8°. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n"' 45o et 45i;in-4". Tydschrift. . . Journal d'Histoire naturelle et de Physiologie , publié pnr MM. Vander-Hoeven et de Vrièse; IX' vol., i" n°. Gazette médicale de Paris; n" 26. Gazette des Hôpitaux; n° 74 à 76. L'Expérience; n" 26. L'Écho du Monde savant; n"' 740 et 741. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JANVIER JUIN 1842. TABLE DES MATIERES DU TOME XIV. Abi.es. — Détermination dos espèces de pois- sons comprises dans le sous-genre Able; Note de M. Yalloi 5oa Académie des Sciences horales et poutiqbes. MM. Vergé et Loiseau adressent le pre- mier numéro du compte rendu mensuel • des séances de cette Académie , qu'ils pu- blient sous la direction de M. le secré- taire perpétuel 346 Acide cbloracétiqce. — Note «ur cet acide; par M. Mclsens 1 14 ' Acioe CHLOROPHÉNisiQUB. — Sur les acides chlo- ropliénisique, chloropht'nusique et chlo- rindoptique; par M. A. Laurent 234 Agi ne ritriode. — Recherches sur cet acide; par M. Millon 904 Acide sulforique. — Purification de cet acide, à un atome dVau, pour les analyses de pré- cision; Note de M. Jacr/uelain 642 Aoides MÉTAiLiocEs. — Mémoire sur ces acides ; ]mr M. Frerny 44^ AcoïsTiQCE. — Etudes expérimentales sur les tuyaux d'orgue ; par M. Cavaillé 343 — Expériences de M. Hug^uenr relatives à l'In- terférence des ondes sonores Sga — M. Despreii annonce qu'il a commencé un travail sur le même sujet ibid. — Phénomène d'acoustique observé sur la ma- chine à sécher le linge de la blanchisserie d'Ivry ; Note de M. Baudouin 914 — ■ Recherches expérimentales sur l'influence de l'élasticité dans les cordes vibrantes ; par M. i¥. Savarl giS — Remarques de M. Duhamel à l'occasion C. K . , 184a, I " Semestre. (T. XIV. ) de ce Mémoire : accord do la théorie avec l'expérience gSj AEROSTATS. — Sur un nouveau procédé pour la direction des aérostats, imaginé par M. Muzio tluzzl 66 et 81 '^ — Note sur le même sujet; parM.fiarnerj'.. 3ro — Sur une ascension aérostatique faite h Tu- rin le aS avril 1842; Lettre de M. Borta- fous. gai AcmcoLTiRE."- Observations sur l'agricul ture ; par MM. Flahaut et Noisette a35 et 2-a — Recherches concernant l'influence qu'exerce, sur les résultats de la culture du Stadia saliva, le plus ou moins de pluie do chaque année; Note de M. Boussingault . 349 — Considérations pratiques sur l'agricul- ture; par M. Blot /^o^ Air atmosphérique. — Nouveaux résultats re- latifs à la compositiou de l'air atmosphé- rique, obtenus à Genève et à ('open- hague ; Communication de M. Dumas. . . 379 — A l'occasion d'une Lettre de M. le Ministre de la Guerre, qui demande l'opinion de l'Académie sur un travail de M. Petit, de Maurienne, concernant les habitations considérées sous le rapport hygiénique, ou du moins sur la partie do es travail qui concerne les bâtiments militaires, ca- sernes, hôpitaux, écuries, etc., M. Du- mas annonce que M. Leblanc a exécuté , dans son laboratoire, des expériences sur la composition de l'air de quelques lieux habités, et qu'il fera connaître à la Com- mission chargée de faire le rapport sur .4:5 ( io56 ) Pages, l'ouvrage de M. Petit , les résultats aux- quels ces rccherclies ont conduit 670 — M. Dumas communique les résultats ob- tenus par M. Stas dans de nouvelles ana- lyses de Tair. 5;o — Reclierchos sur la composition de Tair con- finé ; par M. Leblanc S62 — Lettre de M. Evrat , à Toccasion d'une an- nonce inexacte de ces recherches 911 — Remarques de M. Dumas à l'occasion de la lettre de M. Evrat ibid, Albimixe. — Sur un albuminate de cuivre; Note de M. Lassaigne 5 J9 — Sur la composition immédiate de la fibrine, sur le gluten, l'albumine, le caséum; Mé- moire Je M. Bouchaidat g6i Alcauses (Eakx). — De leur action dans les af- fections calculeuscs; Lettres de M. Pel:l5iS etCCG "— Sur l'emploi des eaux alcalines j Lettre de M. Longchamp 631 — Remarques de M. Felouze à l'occasion de ces Lettres (iaS et 666 Alcooliques (Liqiecbs). — Nouvelles recher- ches sur les produits alcooliques qu'on peut obtenir des baies du myrtile j par M. Chnssenon , . 112 — Sur les instruments employés pourrecon- naitre la richesse alcoolique des liquides spiritueux; Note de^.Vidat-Brossard.. 816 Alihents. — Mémoire ayant pour titre: « De ralimentalion et des effets qui s'y rap- portent ; Recherches sur les résultats ob- tenus avec la gélatine et sur les moyens delarcndrenourrissanteu; parM. Schwic- kardi , ^5o L'auteur de ce Mémoire demande qu'il soit admis au concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie, fondation Montyon. 53î Amidonnier (Art de l'). — M. Jl/<ïr(in,de Ver- vins, annonce que ses procédés relatifs à l'art de l'amidonnier ont reçu à Paris une application en grand; ildemandeen consé- quencequ'ils soient admis à concourir pour le prix concernant les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. . . . 28i AaMOxiAQUE. — Note ayant pour titre: « Sur la nature composée de l'azote et sur la simplicité de l'acide sulfurique et de l'am- moniaque M ; par M. Lcnseigne 2.^7 — Sur le rôle que joue l'ammoniaque dans la végétation; Lettre de M. Schatienmann à M. Dumas 2^4 Amputations. — Rapport sur un Mémoire de M. Sc'dillot relatif aux amputations de la cuisse ; Rapporteur, M. Lanejr i^ Analyse matuêmatiqce. — Note sur diverses tranformalions de la (onction principale qui vérifie une équation caractéristique P«5f ■ homogène ; par M. Cauchy .jj Additions aux Notes insérées dans les Comptes rendus des dernières séances de 184 1; par M. Cauchx 8 ■ Mémoire sur la fonction principale et sa dérivée du l'ordre n— 1 ; parM. Blanchet. 38 • M Ingard adresse Une Note ayant pour titre: « Formule de Newton à vérifier, a 34S Note sur la détermination de la variable indépendante dans l'analyse des courbofl; par M. Passât 66 Lettres de M. Passât a l'occasion de cette Note n8, 374ot 457 Rapport sur le Mémoire de M. Passât. . . . 5o8 ■ Lettre de M. Passât à l'occasion de ce Rap- port 6^3 ■ Rapport sur deux Mémoires de M. Blanchet relatifs aux lois mathématiques de I?. propagation du m mvement dans les mi- lieux élastiques cristallisés 38) Remarques de M. Cauchy sur ses propres travaux relatifs à la même question... . 392 Rapport sur un Mémoire de M. Binet con- cernant la variation des constantes arbi- traires t^\o Mémoire 4eM. Wa/sA sur des « règles pour trouver le nombre des racines réelles et imaginaires d'une équation quelconque.» fil o Note sur l'usage du calcul des variations pour I intégration des équations à dérivées partielles du premier ordre renfermant un nombre quelconque de variables indé- pendantes; par M. Binet 654 Notesur l'intégration des équations aux dé- rivées partielles du premier ordre; par M. Cauchy -40 ' Note sur un intégrale remarquable d'une équation aux dérivées pi.rtielles du pre- mier ordre ; par /e même 769 ■ Additions aux deux Notes précédentes; par le même 881 Mémoire sur l'intégration des équations simultanées aux dérivées partielles ; par le même Sq] ■ Remarques diverses sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du pre- mier ordre; par le même gli Mémoire sur les équations linéaires si- multanées aux dérivées partielles do pre- mier ordre ; par le même gS? Mémoire sur un théorème fondamental dans le calcul intégral ; par le même.... 1020 ■ Note sur cerlaines solutions complètes d'une équation aux dérivées partielles du premier ordre ; par le même loaG Sur un moyen facile d'ariiver à la trans- formation découverte par ij/n^ pour l'in- tégration de l'équation différentielle li- Déaire à a n variables du premier ordre ; Lettre do M. Binct '0'Î9 Voir aussi à Mécanique céleste. Phy- sique mathématique. Anàtouie comparative. — M. Flourens pré- sente, au nom de l'auteur, M. Straus- Burckheim, un ouvrage ayant pour titre; Cl Traité pratique et théorique d'Ana- tomie comparative » \ o^g AsevaisME. — Mémoire sur l'anévrismedu cœur; par M. Laney agg ArtTiMOiNE. — Recherches sur l'empoisonne- ment par Tantimoine, et sur les complica- tions que la présence de ce corps peut oc- casionner dans les «as d'empoisonnement par l'arsenic ; par MM. Danger et Flandin. 896 AiTAREiLS DIVERS. — Nolc Sur Une machine à coudre inventée par M. Madersperger, de Vienne 1 13 — Machines pour tailler les roues des engre- nages; par M. Th. Olivier 3io — Nouvelle communication sur le gazoscope, appareil destiné à annoncer la présence de l'hydrogène carboné dans l'air d'un ap- partement ou d'une galerie de mine, avant que le mélange ait acquis la propriété dedétoner; communication de M. Cnorr. 4:^6 — Description et figure d'une machine à fau- cher; par M. Luncl 610 — Appareil destiné à indiquer, de jour et de nuit, aux navires qui ont besoin d'entrer dans un port, la hauteur de la marée; Mémoire de MM. Leforestier et Lavallëe- Uuperroux , 653 — Notice sur la machine i réduire la sculp- ture; par M. Collas ri il — M. Yiaud prie l'Académie de IiAter le tra- vail da la Commission chargée de l'exa- men d'un appareil qu'il a proposé pour soulever du l'ond les navires submergés . . giS Voir aussi à Instruments de mathéma- tiques. Instruments de physique, etc. ARoaÉotoGiE. — Examen d'une opinion soute- nue sur l'antiquilé d'Hippocrate, d'Hé- siode et d'Homère; Note de M. Trachez. 65 Ahéométrie. — Mémoire sur l'aréométrie et sur l'aréomètre centigrade; par M. Fran- «««»• 328 ~- MM. Fichet et Lacaze écrivent relative- ment à quelques diliicultés qu'ils ren- contrent dans l'usage de l'aréomètre pour déterminer la densité des vinaigres. i^3 — .Sur les instruments employés pour recon- naître la richesse alcoolique des liquides ( 'o57 ) P«ge«. Pagcf. . 816 spiritueux ; Note de M. Vidal-Brossard. . Argent. — Rapport sur deux Mémoires de M. Domeyko, concernant les minerais d'argent du Chili et la manière de les trai- ter. 5Go — Observations sur lepoids atomique de l'ar- gent, du chlore et du potassium; par M. de Marîgnac 670 Armes a feo. — Mémoire sur les résultats ob- tenus avec la carabine Ueli'igne et sur une nouvelle forme de balles destinées pour cette arme 56() — Réclamation relative & la partie de cette communication qui concerne les balles; Lettre de M. B Mec 6i5 — Arme blanche et arme à feu réunies dans une seule pièce ; présentée par M. Dumon- thier 6.53 Artères. — Expériences relatives à la liga- ture sous-cutanée des artères ; par M. Ta- vignot '.184 AsciDiENS. — Recherches sur la respiration des Ascidiens ; par M. Caste aao Asparahide. — Existence de ce principe dans le sucre de betterave; Note de M. Rossi- gnon (il 3 AssociATios BRiTANSiQCE pour Vavancement des sciences. — MM. Murchison et Sabine annoncent que la douzième réunion de l'Association aura lieu à Manchester, à partir du 12 juin 1842 536 ASTRONOMIQCES (OBSERVATIONS). — M. AragO donne, d'après une publication récente de l'Observatoire romain, un compte ver- bal détaillé des principales observations astronomiques qui ont été faites dans cet établissement pendant l'année 1841 Sjli Atmosphère. — Note de M. Ducis sur les li- mites de l'atmosphère 4'8 Attraction. — Mémoire ayant pour titre : «De l'attraction à la surface du globe »; par M. de Laporte gSS Azote. — Note ayant pour titre : « Sur la na- ture composée de l'azote et sur la simpli- cité de l'acide sulfurique et de l'ammo- niaque ; i> par M, Lenseigne asjy Azotées (Matières). — M. Dumas, en présen- tant un Mémoire de M. Bouchardat sur la fibrine, le gluten, etc., communique les résultats d'un travail auquel il s'est livré, conjointement avec M.Cahours, sur la composition élémentaire des matières azotées de l'organisation g6i .43. C io58 ) B t^age». Balles. — Sur une nouTclle forme de balles (balles cyllndro-coniques) destinées pour la carabine Delvigne; Note deM. De/i'i^e 56t) — Réclamation de priorité faite à l'occasion de la communication précédente; Lettre de M. Blehée 6l5 Baromètres. — M. Arago met sous les yeux de l'Académie un baromètre d'une construc- tion nouvelle imaginée par M. Taveinier. 817 Bateadx. — Description et modèle d'un nou- veau bateau sous-marin; présentés par M. Perreaux 4i9 — M. Perreaux écrit qu'il est prêt à faire, en présence de la Commission qui lui a été désignée, des expériences avec le bateau sous-marin dont il a présenté précédem- ment le modèle 968 — Sur les moyens de diminuer le tirant d'eau d'un bateau quand il doit franchir un banc de sable; par M. Pancré 585 et jiS Bec-de-lièvre. — Sur une nouvelle modifica- tion apportée à l'opération du bec-de- lièvre; Note de M. Faure 968 et lo^J Betteraves. — Sucre de betterave. CV^oir au mot SccRE.) — Existence de l'aspatamide dans le suc de betterave; Note de M. Bos«gno;! 6i3 Bicuo. — M. Guyon adresse de nouveaux dé- tails sur la maladie qu'on nomme ainsi au Brésil , 60g — Remarques de M. Larrcy au sujet de cette Page». communication (-qq Bile. — Sur les caractères microscopiques de la bile ; Note de M. Bouisson ^i BcecFs. — M. Mil?ie Edwards met sous les yeux de l'Académie une très-grande corne de bœuf gour dont M. Boulin vient de faire don au Muséum d'Histoire naturelle 818 Botanique.— Mémoire sur le Thyon ouThya de Théophraste et le Citrus de Pline; par M. J aume-Saint'Hilaire 113 — ■ IVemarqucs de M. Thicbaud de Berneaud sur ce Mémoire 32g — Études phytologiques ; par M. de Tristan. ^iS — Becherclies générales sur la physiologie et l'organogénie des végétaux; par M. Gau- dichaud (2' et 3^ partie) Qja — M. Bory de Saint-Vincent présente au nom de l'auteur, M. Delastre , une o Flore analytique et descriptive du département de la Vienne » 1048 Bodton d'Alep. — Note de M. Giyon 283 Brècues. — Sur les brèches et les cavernes à ossements fossiles des environs de Paris; Note de M. Desnoyers Sua Brooillards. — Lettre de M. Lerond sur un brouillard sec et puant observé le 17 et le 18 mai 840 BOLLETIMS miil.IOGnAPBIQlJES. — !\^ , 76, IIQ, 182,236, 255, 285, 321, 347, 3;6, 4'9, 45s, 5oi , 534, 575, 593, 625, GGg.Cig), 726, 767, 841, 879, 925, 970 et 1053 Cafiers. — Mémoire sur un insecte et sur un champignon qui nuisent aux cafiers dans les Antilles ; par MM. Perrottet el Guc- rin-Méneville 606 — Rapport sur ce Mémoire jSo Calcaires (Matières). — Sur les effets qui ré- sultent, relativement au système osseux, * de l'absence de substances calcaires dans les aliments ; Note de M, Chossat. ..... 45' Calcul différentiel. Voir à Analyse mathéma- tique. Calculs crinaikes. — Rapport sur diverses communications de M. Leroy dÈliolles concernant la dissolution des calculs uri- naires 4^9 — De l'action des eaux alcalines dans les affec- tions calculeuses; Lettre de M. Petit, bii et 665 Calesdrier. — Tableaux pour le calcul de quelques époques mobiles du calendrier; par M. Lcvesque 585 Calomul. — Sur la préparation du calonvel très-divisé, appelé communément calo- mel à la vapeur; Note de M. Soubeiran. 665 Camphre. — MM. ioly et Boisgiraud prient l'Académie de vouloir bien hâter le travail do la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées leurs recherches sur les mouvements du camphre à la surface de l'eau 345 — M. Dutrochet annonce que, dans un ouvrage qu'il a sous presse, il discute les expé- riences de MM. Joir et Boisgiraud Uid. — Réclamation de M. Dutrochet à l'occasion d'un passage do l'Avertisssment du Mé- moire imprimé de MM. Joly et Boisgi- raud > 37? ( '039 ) Pages. ' — Remarques de M. Flourens et de M. Dunuu à Toccasion de cette réclamation ., 5^3 — Héponsedc MM. ioly et Bois^iraudii la ré- ^ clamition de M. Dutrochct 684 — Note de M. Duirochet en réponse à'cellodo MM. loly et Boisgiraud 72g (Voir aussi à Mouvement , Liquides, Force épipolitjue,) — Transformation de l'essence do valériane en camphre du Bornéo et en camphre des ' Lauriiiées ; Note do M. Ghcrardt 832 tlAHCEtt. — Expériences destinées à prouver la non-contagion du cancer; par M. Tanciou ^55 — M. Manec écrit qu'il ne s'est jamais prêté à ce qu'on fît, dans son service à la Salpé- trièro, des expériences sur l'homme, dans le l)ut de résoudre cette question SSg — M. Tanchou adresse quelques remarques sur la Lettre de M. Manec 877 ■ buccale dans la maladie des enfants con- nue sous le nom do muguet; Note do ' M.Gruby 634 Cuirasse. — M. Papadopoulo Yreto prie TAca- démie de faire constaterles effets produits '' par une cuirasse en feutre qu'il a proposée ' comme moyen de protection contre les balles 66 et 244 — Lettre de M. Graves, an sujet des expé- riences qui ont été faites en Toscane sur cotte cuirasse ^7 — Expériences faites dans le but de constater le degré de résistance que présente aur ' balles la cuirasse en feutre proposée par' ' M. Papadopoulo Yreto 679 Ci'iVRE. — Notesurun alburainatedecuivre; par M . Lassaigne 529 D ■tuii Décès. — L'Académie apprend la perte qu'elle '■ vient de faire dans la personne de M. Cos- tal, décédé le i5 février 323 — L'Académie apprend la perte qu'elle vient de faire dan» la personne de M. Double, membre delà Section deMédecine^ décédé le 12 mai 881 Décomposition des mars et des rochers à une cer- taine hauteur au-dessus du sol. — Note de M. Fleuriau de Bellevue ^85 Déviations de l'épine dorsale. y oit à Orthopédie. Digestion. — Recherches sur la digestion; par MM. Bouchardat et Sandras C80 Dilatation. — Nouvelles recherches pour la détermination du coefficient de dilatation des gaz; par M. afagnuj 118 et i65 — Réclamation de M. Desprets à l'occasion d'un passage de ce Mémoire 339 — Nouvelles recherches sur la dilatation des gaz ; par M. Regnault : 204 — Appréciation dé la force dynamique ré- sultajDt de la compression et de la dilata- tion des gaz ; Note de M. Thilorier 4*'-'' DiLCViuM. — Rapport de M. Ëliede Beaumont^^^ sur un Mémoire deM. flurocAer ayant pouf , ; titre : «Observations sur le phénomène diluvien dans le nord de l'Europe ». . ,. 5g et 78 Doreur (Art du). — MM. les Ministres de lt\^ ^j^ _ Guerre, des Finances et du Commerce ac- ,jj cusent réception du Rapport sur les nou-j^ veaux procédés introduits dans l'art du-|t( doreur par MM. Elkington et (fe I?uo/i.. ,^^4? '! — M. le Ministre des Finances demmàe qu'un certain nombre d'exemplaires de ce Rap- port soit mis à sa disposllioii^. *?S>„. — M. Louyet, en adressant de Bruxelles une^.^^.| Notice imprimée sur un nouveau procédé^ -.wjH pour le dorage des métaux , présente quelr.jj-( ' ques remarques sur l'époque à laquelle il „ a pour la première fois fait connaître -ce procédé dans des leçons orales ' • ; • , î '^ Voir aussi aux mots Çalvangphstigue, ^..y. Électricité. .. - E Eàu. — Recherches sur la composition de l'eau ; par M. Dumas 537 — Sur le degré d'dbuUition de l'eau dans de« vases de différente nature; expériences de M. Marcet ^ 586 Eac potable. — M. le Maire de Lyon prie l'Académie de vouloir bien lui faire donner communication des résultats de l'analyse C. a., 1842, i»' Semestre. (T. XIV.) des eaux de la Garonne qui avait été faite _'' ' par une Commission de l'Académàe 254 — Résultats obtenus d'un zingage, seulement extérieur, des caisses en fer destinées à la conservation de l'eau à bord des navires ; Note de M. Artus 764 Eaux minérales alcalines De l'usage de ces eaux considérées par rapport aux affee- / ( ' , , P»6< »• tiont calculeuses • &> i ËABï SULFUREUSES. — Sur un nouveau procédé pour l'analyse des eaux minérales sulfu- reuses ; par M. Gerdx 757 Eaux tueruales. — Notice sur les eaux ther- males fl'IIamam-escoulin; parM. Combes. 33^ — D'apiès une remarque de M. Arago sur la présence d'une petite quantité d'arsenic qu'ona dit avoir reconnue dans ces eaux, M. RegnauU est prié d'examiuer le sédi- ..,' ment qu'elles forment près de leur sortie, sédiment dont M; Combes a adressé un écliantillon , 336 EbulutiOn. — Expériences de M. Slarcet sur les variations dans le degré d'ébulUtion de l'eau, selon la nature des vases dans les- „ quels elle est chauffée 586 Éclipses. — Travail entrepris ht l'occasion de l'éclipsé solaire qui aura lieu le 8 juillet; Mémoire et carte de M. Lehmann 667 — Sur l'éclipsé totale de soleil du8 juillet i S42; sur les phénomènes qui devront plus par- ticulièrement fixer l'attention des astro- nomes ; sur les questions de physique cé- leste dont la solution semble devoir être liée aux observations qui pourront être faites pendant les éclipses totales du so- feil ; Communication de M: Arago. ...... 8^3 — M. Babinet et M. Bouvard présentent une Carlo sur laquelle .M. Dien a tracé ^a marche de l'éclipsé au travers de toute l'Europe. ....•• • 90' Écluses. — Addlftdn S'iiii précédent Mémoire sur une ëcïtfsfe' i^ si()'ho'a altëinatit; par , • M. G^«/vi. :!:;;■:';:; ;'.V...:..v"iti3et''253 Elajérixe; matière {^rksse' qu'on retire delà laine eu' suint; Mémoire de M. Chevreul. 783 Elasticité. — Récherches' expérimentales sur l'influence de l'Élasticité dans les cordes vibrantes j'paY W.l^.Savart 915 — M. Duhami mohtrb' comment les résultats do cetia expérience s'accordent aVôccouX, que pouvait irt diquer la théorie. ..'.... .. y53 Electricité. — Sur un nouveau moyen de faire varier à volon té la sensibilité des galvanomètres asiatiq ues j par M. Melloni, 5a — Des propriétés électro-chimiques des corps simples et de leurs applications aux arts; par M. Becquerel, i'^' Mémoire :de l'or. 77 et 121 — Mémoires de M. Dove sur les phénomènes éieclro-magnétiques ; présentés par M. ; Arago. ; 17' et tSi — Sur la loi d'induotioades épurants , 3'= Mé- moire; par M. Aifia ...f 478 Électricité a?iimai.e. — llachorclies su» lecou- jrant dts animaux, à saqg chaud; par M. iUa<£cuc^i,>^. .<»;.;..... ^. 3ioet 3i5a.. — Eipérieniiesjsur la torpille; par M. Zanie-, ri-- 064 ) Pas" descU 488 et 83j Embaumement. — Note suc la conservation des cadavres embaumés d'après le procédé de M. Gannal a84 Embrtoss. — Mémoire de M. Quatre/ages sur l'embryon des Syngnathes , -Aff Empoisonz^emexts. — Sur un cas d'empoison- nement par le bioxalate de potasse; Note de M. Bodichon 5<)i — Recherches sur l'empoisonnement par l'an- timoine, et sur les complications que la présence de ce corps peut occasionner dans les recherches de Médecine légale relatives à des cas présumés d'empoison- nement par l'arsenic; par MM. Danger et Ftandin S'fy E.NCRF.S. — M. Bezaiiger adresse une Notere- lative à un procédé économique de fabri- cation pour l'encre de sûreté dont la com- position a été indiquée par la Commission de l'Académie 3g — M. Nonat adresse plusieurs pages d'une écriture tracée avec une encre qu'il re- garcîe comme indélébile 818 — M. IVona( prie l'Académie de regarder cette communication comme non-avenue.... 10J7 — M. Roze adresse plusieurs échantillons d'un composé pulvérulent qui, étant dissolus dans l'eau, donne, selon lui, une encre indélébile. 10)7 Engrenages. — Nouvelle machine pour tail- ler les roues des engrenages ; par M. Th. Olivier.. ,.....'..., 3io — Sur l'emploi de l'engrenage naturel pour produire des mouvements de rotation très- rapides ; Lettre de M. Delhomme 6a3[ Entozoaires. — Sur la présence des œufs de VÀscaris nigrovenosus dans les poumons de plusieurs grenouilles qui ne contenaient aucun de ces eutozoaires à un état plu» , avancé do (lèveloppemeut; Note de M,,,,/; _ Gluge.'l ..'!... .....;..v to5o ÉpA.xcBEliÉNTS dans la cavité dés membranes ; icVêiiieiJ— M. Bfludens écrit qu'il a trouvé un moyen nouveau pour guérir ces épan- chements 33 Épipolique (Force}. Voyez à Force. Équations. VoiràAna/^je mathématique. Essieux. — Notice sur un nouveau système d'essieux à pointes aciérées 714 — Modifications moléculaires du fer par suitff" ' ' de petits^ chocs répétés : influence decettfe transformation sur la rupture des essieilx des locomotives; Note de M. François.. , '796 — Expériences sur les résultats de la rupture d'un essieu dans une locomotive à quatre roues; communication de M. Prévost, . . 798 — Romaréplés de M. Arago relatives à une \ ( io65 ) circonstance de ces expériences EsTOUAC. — Expériences faites dans le but do déterminer si les niouvemcntsdercslomac dépendent de la huitième paircou du grand sympathique; Mémoire do M. Longet... Etuers. — Sur un procédé au moyen duquel on obtient directement des étbers d'acides organiques; Lettre de M. Gaultier de Clauhiy' Etoiles filantes. — Sur les étoiles filantes mentionnées dans les ouvrages des an- ciens ; Lettre de M . A. l'erref — Sur la direction des étoiles filantes, consi- P.g«. 875 266 691 6e l'«Sl5 FaTemce. — Sur une nouvellecouvertequi ne contient pointd'oxydes métalliques et qui supporte bien le feu ; Note de MM. Hards- mulh 498 Factecil. — Description et ligure d'un fau- teuil à l'usage des paralytiques; par MM. Dupont et Jeanselme 876 Fer. — Sur l'emploi du fer dans l'appareil de Marsh, et sur l'hydrogèneferré, nouvelle combinaison métallique d'hydrogène ; IMémoire de M. Dupasquier 5i 1 _ — Recherches géologiques et métallurgiques sur des minerais de fer hydroxydés et sur un gisement remarquable de deut- oiyde de manganèse hydraté, observé à Meudon; Note de M. Jiobert 584 ''V 9'^ — Sur la présence d'un minerai de fer dans la forêt de Vhle Adam; Lettre do M.TAo- mas 664 — Sur les modifications moléculaires du fer ; par M. François 71)6 — Sur la présence du for et du manganèse dans le bassin de Paris ; Lettre de M. de Bars 8;f) Fermes enfante et enfer. — Note de M. /o- meau 585 FiBRiKE. — Sur la composition immédiate de laCbrine, surlegluten, l'albumine, le ca- séiun ; Mémoire de M. Bouchardat. ..... g6a FltvREs. — Influence du climat de Rome sur le développement des fièvres intcrmitteu- < tes, simples ou pernicieuses ; par M. Four- cauU 709 et 765 Fl«M(IE. — Sur l'emploi thérapeutique de la flamme; Lettre de M. Gondret 967 FtExiQs. — Mémoire sur la flexion des pièces chargées de bout ; par M. Lamarle j'ig Force épipoiique. — M. Dutrochet, en faisant hommage d'un ouvrage qu'il vient de pu- déréc comme moyen de prévenir, quel- ques jours d'avance, les changements de temps; communications de M. Coulvier- Gravier 66, 485, 68a et 91 \ — Etoiles filanlesdu 10 février ; observations de Marseille; par M. Brxivais 34 "i VxttOiXOW produites par le gaz d'i'clairage. — M. le Prifei de Police adresse copie d'tm ■ i/.i ' Rapport qui lui a été adressé sur l'explo^' sion survenue à l'un des éandélabres de la Madeleine. .............;-.. 65 ExPLOSioss des Machi es'à' vapeurs, Vojsi ^.i. Machines àvapeur,, ...."-Wuù 1 , : iti iiu' '1»^ — - - ' iiiirfo bller sous le titre de « Recherches phy-; siqucs concernant la force épipoUque», . .w_ donne une idée des questions qu'il a trai- tées dans ce livre 382 — Observations relatives à l'action motrice exercéesiirlasurfacedeplusieursliquides, tant par l'influence de la vapeur de cer- taines substances que par leçon tact immé- , diat de ces mêmes substances; Mémoire de M. Dutrochet , , loaS Voir aussi an mot Camphre. ■ _ Fossiles (Moi,i.csQiJEs). — Classification, par étages et pur zones, des terrains crétacés „ de la France, basée principalement snr l'étude des Céphalopodes et desRudistes ; ! Mémoires do M. d'Orhigny aaS et 607 — M. iec/(?rc adresse une coquille fossile pro- venantde la craie lufacéede la rivedroite de la Loire , au-dessous de Tours 623 — Sur deux genres nouveaux de Céphalopodes fossiles; par M. d'Orhigny -,53 Fossiles (Ossements). — M. Isidore Geoffrof- Saint-Hilaire met sous les yeux de l'Aca- démieun squelette fossile d'oiseau décou- vert dans une carrière des environs de Paris a j 9 — Sur des restes fossiles de vertébrés du cal- caire grossier marin de Passy; Note de M. Robert 340 — Sur des restes fossiles des cavernes des en- virons de Paris ; par M. Desnoyers Saa Foudre. — Observations sur quelques eflets do la foudre; extrait d'une Lettre de M. Boussingault à M. Arago 835 — M. d'Hombres-Firmas adresse quelques _ renseignements sur les elfetsd'un coup de foudre qui , le 11 mai , a frappé une ma- gnanerie située à peu de distance de la ville d'Alais 1048 144- ( l# ) .(i.,r (t ,, ' Tages. ixALVARûMETREs. — Sur un moyen de faire va- rier à volonté la sensibilité des galvano- mètres asiatiques ; Lettre de M. Melloni. 52 Galvakoplast/qces (Procèdes). — MM. les Ministres de la Guerre, des Finances et du Commerce accusent réception du Rapport r.o surlcsnouveaui procédés introduits dans Tart du doreur par MM. Elkington et de l^uolz ^o, 2a() et 5i9 — Emploi de la galvanoplastiqne pour obte- nir à peu de frais de^ limbes gradués ; Lettre de M. l'ej-ré jj — Application aux arts des propriétés électro- chimiques des mttaui; Mémoire de M. Becijuerel. i« partie : De l'or 77 et m — Note sur le zingage du fer au moyen des courants électriques ; par M. Sorel 228 — A l'occasion de celle Note, M. Arago fjp- pelle qu'il a depuis longtemps mis sous les yeux de l'Académie diverses pièces de fer linguées par M. Peiroc, de Rouen, au moyen des courants électrique» JUd. — Remarques de M. de Ruolz sur quelques passages de la lettre de M. Sorel 262 — Nouvelle disposition de l'appareil pour le zingage du fer; Note de M. Sorel 33g — M. Perroi transmet copiedu procès-verbal d'une séance de l'Académie royale do Rouen (22 janvier 1841), séance dans la- quelle on a présenté en son nom divers objets en métal, dorés par un procédé élec- tro-chimique qu'il n'a pas fait connaître. 3^0 — M. de Ituolz adresse un fragment de tuyau en fer laminé destiné au tubage du puits "'de Grenelle, et zingué par les procédé» galvanoplastiques /Jjg — M. Charrière présente divers instruments de chirurgie dorés au moyen des procédés galvanoplastiques 4^7 Garance. — Sur le mode d'action de la ga- rance dans la coloration des os; Lettrcde 51. Gabillot -x-jç) — Remarques do M. Flourens à l'occasion de cette communication 280 — M. Dumas annonce qu'on lui a cotnmuni- quédcpuislongtemps des recherches dont les résultats paraissent conformes avec ' ceux de M. Gabillot 281 — Recherches relatives à la coloration des os chez les animaux soumis au régime de la garance ; par MM. Serres et Dojrère. . . 290 — Remarques de M. Flourens à l'occasion de cette communication 3o8 — Réponse de M. Serres 3o-j — • Expériences concernant la coloration dos os chez les animaux nourris avec delà ga- rance, et la coloration des œufs pondus par des poules soumises à ce régime; par M. Paolini 320 Gaz. — Recherches sur la composition des gaz dcshanls fourneaux; parM.£te/mfn.iioet 174 — Rapport sur ce Mémoire 4^' — Nouvelles recherclies relatives à la délor- raination du cocITicicnt de dilatation des gaz ; par M. Magnuj 1 18 et i65 — Nouvelles recherches sur la dilatation des gaz; par M. Rcgnautt 304 et 695 — Appréciation de la force dynamique résul- tant de la compression et de la dilatation des gaz; Note de M. Thilorier 485 Gaz d'éclairage. — Note de M. tiallet sur de nouveaux effets obtenus de son procédé pour l'épuration des gaz d'éclairage 170 — Appareil destiné à annoncer la présence de l'hydrogène carboné dans l'intérieur des appartements ou dans les galeriesdo mines, avant que le mélange ait acquis la pro- priété de détoner; présenté pap M. Chuart. 44^ — Appareil destiné à donner une vilessecon- stante à l'écoulement des fluides gazeux ; Note de M. Rigollot, avec raodèled'appli- cation à Téclairage parle gaz 912 — Réclamation de priorité' pour l'application du principe sur lequel repose la construc- tion du régulateur présenté par M. Rigol- lot; Lettre de M. Bot/uillon cj()i Gélatihe. — M. Gannal transmet des lettres qu'il a reçues de plusieurs ministres, en réponse à des demandes qu'il leur avait adressées pour qu'on cessât l'emploi delà gélatine dans le régime alimentaire des hôpitaux 118 et SSj — Lettre de M. Lcymerie sur l'emploi de la gélatine comme aliment 254 — Sur les résultats obtenus de l'emploi de ia gélatincdans le régime alimentaire; Note de M. Schwickardi 45o et 532 — Note sur quelques expériences relatives à l'emploi de la gélatine dans le régime ali- mentaire ; Lettre de M. Bergsma 623 — M. I/aiW adresse , pour servir aux expé- riences de la Commission dite de la géla- tine, différents échantillons de gélatine extraite des os, et préparée sous plusieurs formes pour les usages alimentaires 6'8i Gékito-irinaires (Organes). — Mémoire sur diverses questions chirurgicales, relatives principalement aux affections des organe» ( 'o67 ) Pages. génito-urinaires, par M.Péraira 1046 GÉOGRAPniE PHYSIQUE. — Suf les cours d'eau (les dilTérentes formatioasdu Vivarais ; par M. /. de Malbos 64 — Sur les formes générales et caractéristiques do la surface de la terre; par M. Desma- drrl G5 — M. le Ministre des Affaires étrangères an- nonce qu'une copie du Rapport sur les travaux géographiques de M. Codatzi a étéremiseau gouvernemenide Venezuela, conformément au désir exprime par T^ca- démie TG — Supplément à un précédent Mémoire sur quelques-unes des irrégularités du globe terrestre; par M. Rozet 243 et 370 (iKOLOciE. — Classification par étages et par i zones des terrains crétacés de la France, ! basée principalement sur l'élude des Cé- phalopodes et des Rudistes; par M. dOr- 1 blgnr, tia3 et 607 | •^ Sur le gisement de la houille dans le bassin i de Saône-et-Loire; par M. Durât a44 — Sur la formation crétacée des versants sud- i ouest et nord-ouest du plateau de la ! France centrale; par M. d'XrcZii'nc 24^ 1 — Sur les causes qui ont présidé au soulève- 1 mont des grandes chaînes do montagnes j { par M. Sluti 247 ! — Rapport sur un Mémoire de M. Paillette I concernant lesgttes métallifères de la Ca- labre et du nord de la Sicile 3^3 j -— Sur les surfaces polies et moutonnées de quelques vallées des Hautes-Alpes; Note | deM.Desor 4'^ I — Additions aux observations de M. Desor; > par M. Élie de Ueaumont 4'^ I — Mémoire sur les terrains tertiaires de la i Toscane ; par M. de Collegno 4"? | — Notice géologique sur la formation néo- comicnne dans le département de l'Ain , et ' sur son étendue en Europe; par M. id'e/-.. 5l4 | — Sur le grand système tertiaire des Pampas ; par M. d'Orbigny ,. 5i6 — Considérations générales sur la Floride cen- trale; par M. de Castclnau 5i8 — Sur les phénomènes volcaniques de l'Au- vergne ; Note de M. lioiet 582 — Sur la composition géologique des terrains qui, en Sicile et en Calabre, renferment le soufre, le succin, le lignite et le sel gemme; Note de M. Paillette 584 — Rechorchos géologiques et métallurgiques sur des minerais de fer hydroiydés et sur un gisement remarquable de deutoxydecîo manganèse hydraté observé près de Meu- don ; par M. Robert Ihid. — Observations sur les dépits diluviens du P«g■ Sciences et l'Académie des Sciences mo- rales et politiques à accepter le legs fait par feu M. de Morogucs pour un prix quinquennal à décerner alternativement parées deux Académies 5iy Lentilles achromatiques à très-petite distance focale, exécutées par M. Nachet pour un microscope construit par M. Lerebours.. S17 — M. François écrit que c'est par erreur qu'une lentille à échelon, construite par lui, et mise sous les yeux de l'Académie dans la séance du 39 novembre 1841, a été attribuée à son beau-frère, M. Soleil fils. (;68 Lionites. — Sur la composition des terrains qui , en Sicile et en Calabro, renferment des lignites; Note de M. Paillette Ô4 Li.N. — Feutre de lin proposé pour cuirasse par M. Papadopoulo Yreto (;6 — Lettre de M. Graves, relativement aux ex- périences faites à Florence sur les cui- rasses en feutre de lin deM. Papadopoulo. 06; ( 1070 ) Pages. — Expériences faites par une Commission (le l'Académie dans le but de constater le degré de résistance qu'oppose aux balles cette cuirasse C79 Liquides. — Sur l'écoulement des liquides par desorificusàmînceparo i;KoledcM 7'<./on 4'8 — Observations relatives à l'action motrice exercée sur la surface de plusieurs liqui- des , tant par l'influence de la vapeur de certaines substances que par le contact immédiat de ces mêmes substances j Mé- moire de M. Dutrochet 1028 Voir aussi aux mois Camphre, Force épipolitjue. LiTHOTUiTiE. — Sur la lithotritie dans les cas compliqués de rétention d'urine, et sur un nouveau moyen pour l'évacuation des fragments; Mémoire de M. Mercier 485 Locomotives. — Défense des locomotives à qua- tre roues; Mémoire de M. Mamhjr, jii et 808 Voir aussi à Chemins de fer. Lumière (Théorie mathématique de la). — Un travail inédit de feu M. Poisson ayant P«g«. pour titre : « Mémoire sur les apparencrs des corps lumineux en repos et en mouve- ment, » est adressé de Besançon par un des (ils de l'auteur, M. Poisson, officier d'ar- tillerie q5^ Luxe. — Sur l'ensemble du globe, le nombre d'éclipscs deSoIeil est supérieur au nom- bre d'éclipsés de Lune; dans un lieu donné il y a , au contraire, moins d'éclipsés vi- sibles du premier de ces astres que du second. (Instructions pour l'observation de i'éclipse du 8 juillet; par M. Arago.). Sj') — Do la couronne lumineuse dont la Lune est entourée pendant une éclipse totale de Soleil . {Ihid.) 847 — De certaines irrogularitéB qui se manifes- tent au moment où, dans une éclipse, les bords de la Lune se trouvent extérieu- rement à de petites distances des bords duSoIeil. {Ibid.) 85o — Des lueurs observées sur la surface de la Lune pendant certaines éclipses totales de Soleil. [Ibid) 85t M Machines a vapeur. — Sur les causes des ex- plosions des machines à vapeur; Note de M. Jobard 60 — M. Boulignx adresse, à l'occasion de cette Note, une réclamation de priorité 283 — Nouvelle application de la vapeur à la na- vigation ; Note de M. Courbebaisse. 404 et 485 — MM. Romancé, Barré et comp. annoncent l'intention do soumettre au jugement de l'Académie une nouvelle machine à va- peur 498 — M. Crestin annonce l'envoi prochain du des- sin d'une nouvelle machine à vapeur ro- tative dont il est inventeur Ibid, — M. A. Colin prie l'Académie de hâter le travail do la Commission chargée de por- ter un jugement sur une machine à va- peur de son invention 499 — Notice sur l'introduction de la pre- mière machine à vapeur en France; par M. Gros 591 — Mémoire sur le règlement des tiroirs des machines à vapeur; par M. Clapeyron. , . 63a — M. Jobard prie l'Académie de donner le» indications auxquelles elle croira qu'on ' devrait avoir égard dans des expériences qui vont être faites en Belgique relative- ment aux causes des explosions des ma- chines à vapeur; plusieurs membres de ^Académie sont invités à se mettre, rela- tirement i ce point, en communication avec M. Jobard 666 — Mémoire sur deux appareils destinés à pré- venir les explosions des chaudières à va- peur; par M. Laurent J14 — Note sur la pression de la vapeur dans la chaudière et dans le cylindre des ma- chines à vapeur stationnaircs ; par M. de Pambour ji8 — Procès-verbal des expériences faites à Caea avec une machine à vapeur à mouvement rotatif continu de l'invention deî/l. Jean- maire • , , Q20 Madia sativa. — Influence qu'exerce sur les résultats de la culture de cette plante le plus ou moins de pluie de chaque année ; Note de M. Boussingault 349 Magnétisme. — Notes de M. Bove sur les cou- rants d'induction dans l'aimantation du fer par l'électricité, et sur le magnétisme des métaux jusqu'ici réputés non magné- tiques 171 et 25a Maïs. — Sur les changements qui s'opèrent , à l'époque de la fructification, dans la na- ture des sucs que contient la tige du maïs ; Notes de M. Pallas 4.5o et 68a — Note sur une nouvelle espèce de maïs ; par M. Bona/ous 683 Mammifiekes. — Zoologie de la France; i^' par- tie : fnammifères; par M. Braguier. . ■ , .. 164 ( 'o?' ) Page». — Considérations générales sur le groupe des Muslcla ; par M. deBlainvilh aie Manganèse. — Sur un gisement remarquable do deutoxydcde manganèse hydraléobservc près de Meudon ; Note do M. Robert. 684 et Q 1 3 — Sur d'anciennes observations concernant la présence du fer et du manganèse dans le bassin de Paris ; Lettre de M. de Roy s. 876 Manne. — Examen optique d'une substance ayant l'apparence de la manne , et intro- duite comme telle dans le commerce ; par M. Biot 49 Marcbantia. — Observations relatives à cer- taines circonstances de la fécondation du Marchantia poljrmorpha ; par Vi. Bouteille, 273 Marées. — Mémoire sur les marées des côtes de France, et particulièrement sur les lois du mouvement de la mer pendant qu'elle s'élève et qu'elle s'abaisse; par M. Chatallon 3G8 — Note de M. BaiZ^surdes variations obser- vées dans la dépense de l'eau du puits ar- tésien de l'hôpital militaire de Lille , et rapports entre ces variations et les mou- vements de la marée 3io — Influence des mouvements de la marée sur les mouvements de certaines sources en Islande; Lettre de M. fioierJ .. 4'7 Matbéhatiqi'es. — Éclaircissement sur le traité lie numéro arenœ d'Archimède'; Mémoire de M. Chasles 547 — M. Fonviellc adresse plusieurs opuscules imprimés ou manuscrits relatifs aux ma- thématiques 682 — M. Cauchy présente, au »om de l'auteur, M. TortoUni, divers opuscules de mathé- matiques gî'o Voir aussi aux mots Analyse mathéma- tujue, Géométrie, liécanique, etc. MÉCANIQUE. — M. Passât adresse une Note ayant pour objet la démonstration de la proposition suivante : «Chacun des élé- ments d'une trajectoire décrite en vertu d'une impulsion primitive et d'une force centrale constamment dirigée vers le même point , est parcouru avec une vitesse rigoureusement uniforme» giS Mécanique céleste. — Calcul des inégalités d'Uranus qui sont de l'ordre du carré de la force perturbatrice; par M. Delaunay . 371 "'• et4o6 — Notes sur les inégalités introduites dans la longitude des planètes par les variations à longue période de leurs éléments ; Notes de M. Le Verrier 4^7 ^' ^6" — Sur un cas particulier du problème des trois corps; Note de M. Liouiiille 5o3 — Réponse de M. Delaunay à des objections C. P.. i8')2, i" Semcj/re, (T. XIV.) P«g«»' présentées contre quelques parties de son travail par M. Le Verrier 679 Mesires légales. — Note sur la nécessité d'une unité légale pour le pouce du fon- tainier et pour le noeud du loch; par M. Maréchal 273, 6l5, 817 et 914 — Note ayant pour titre : « Rectification de quelques poids et mesures de France » ; par M. Aulourde 34o Métallifères (GItes). — Kapport sur un Mé- moire de M. Paillette concernant les gîtes métallifères de la Calabre et du nord de la Sicile Saî Voir aussi aux moii Argent, Fer, Man- ganèse. Météores lumineux. — Sur un météore observé dans la nuit du 29 au 3o décembre, près deSaint-Maixent; LettrcdeM.CAnwenon. 112 — Sur la hauteur du météore du 9 juin 1841 ; Mémoire de M. Petit 1 57 — Sur un météore lumineux observé à Agen le g février; Lettre de M. de Saint-Amand àM. Biot 282 — Etoiles filantes du 10 février; Lettre de M. Bravais 345 — Observations de météores lumineux faites en Galice dans le mois de novembre; Lettre de M. Landrin 374 — Rapport sur un Mémoire de M. Edouard Biot ayant pour titre : « Catalogue des météores observés en Chine entre les an- nées 687 et 1 275 de notre ère n 69;) — Sur un météore lumineux observé le 3 juin à Mende (Lozère) ; Lettre de M. de Mon- desir. , 918 — Observation du même bolide dans les envi- rons de Berrias (Lozère) ; Lettre de M. /. de Malbos 917 — Observation du même phénomène à Saint- Beauzire (Hante-Loire); Lettre de M. Dey- dier 919 — M. d'Hotnires-Firmas adresse lesVenseigne- ments qu'il a pu recueillir près des per- sonnes qui ont observé à Alais le météore lumineux du 9 juin , et sur les résultats d'un coup de foudre qui , le 1 1 du même mois, a frappé une mngnanerie placée à I kilom. et demi de cette ville 1048 Météorologie. — Tableaux mensuels des ob- servations météorologiques faites à l'Ob- servatoire de Paris : I Décembre 18^ 1 ^7 ■ "t Janvier 1842... 287 Février 378 Mars 536 Avril 696 Mai 97a — Observations météorologiques faites dans ( « Page! le butde constater une relation soupçon- née entre la direction dominante des (■toiles filantes et les changements de temps; par M. Coulvier^Gravier . . 66,485, 682 — Température moyenne d'Alger déterminée par M. Laugier au moyen des observations thermométriques de M. Aimé 72 — Phénomènes de mirage observés en Es- pagne; Lettre de M. Pinaud 76 — M. de Humboldt transmet une Note de M. Bessel sur un phénomène de lumière atmosphérique qui n'était autre chose que la réflexion d'un incendie par des nuages probablement glacés 17 < — M. Yanes annonce l'envoi d'observations météorologiques qu'il a faites à Barcelone. ijB — M. Bravais annonce avoir vu à Lyon, le 1 12 février, la lumière zodiacale Irès-bril- lante. — Étoiles fdantes du 10 février. . . 34.'» — Tableau des observations météorologiques faites à Marseille pendant l'année 1841 ; par M. Yalz Ibid. ^ Tableau des observations météorologiques faites à Cherbourg pendant l'année 1841, . par M. Lamarche Ibid. — ^ Ohseivations concernant la météorologie et la physique du globe, faites durant la . dernière expédition de VUranie, par M. ♦^' Bérard , Bjî — M. Eveillard offre de faire au Para (Amé- rique méridionale) les observations mé- téorologique» que l'Académie pourrait lui indiquer comme utiles .... 49!) — Observations faites à Nijne-Taguilsk et à V. , Vicimo-Outkinsk pendant le dernier se- mestre de 1841; adressées par M. De'midcj^ 66j — Observations météorologiques faites à Tou- louse ; par JA. Petit 724 — Observations de météorologie et de phy- sique du. globe , faites à bord du Volti- geur, par M. Bérard j25 i^! Observations faites à bord 4e l'Érigçite;, par M. Delamarche. . , . . . . 726 — Observations météorologiques faites à Di- jon ea i84t et 1842 , par M. Delarue. . . . 920 ~ Observations météorologiques faites de- puis Paris jusqu'à Cosseir, par M. Hochet d'Iféricourt. . . 02 1 - Observations de M. Bravais concernant las phénomènes crépusculaires.. , . . . ■ 923 — : Observations météorologiques faites pen- dant un séjour à Cayenne, à la Martinique ■' et à la Guadeloupe , par M. Perrottel.^ . io:j7 '^fi^RiOtr. (Système). — M. ie Ministre du Com- ,-'■ mercc et de V Agriculture transmet une de- mande qui lui a été adressée par \a Société 'V industrielle dé Mulhouse, à l'effet d'obten i r ~ que àotre système métrique soit conyjlptgj, 5 072 ) par l'établissement d'une unité dynamique légale Voir aussi au mot Mesures. Microscopes. — Microscope construit par M. Lerchours avec des lentilles achroma- tiques de très-petites distances focales exécutées par M. ISachet Mirage. — Observation d'un phénomène de mirage en Espagne ; Lettre de M. Pinaud. MoLLUsQCES. — Monographie des geai'es Lym- nadia, Estheriu et Qrzicus; par M. Joli)'. . Monstres. — M. Fidrit offre de soumettre à l'inspection de l'Académie un prétendu monstre marin apporté en 1829 de Madras. -<- M. Isidore Geqffroy-Saint-Hilaire annonce que ce prétendu monstre est un produit de l'art, un composé de parties prises à divers animaux , et assez maladroitement réunies — M. Duwéril rappelle à cette occasion d'aur très produits semblables, mais beaucoup plus habilement exécutés Voir aussi à Tératologie. MoNTACNEs. — Sur les causes qui ont présidé au soulèvement des grandes chatnos de montagnes ; Note de M. Muti Voir aussi à Géologie. Morts apparentes. — Mémoires adressés pour le concours au prix relatif à cette quesr tion 371, 486, Morte. — M. Maratueh annonce avoir trouvé une méthode elTicace pour le traitement de la morve des chevaux Moulins a vent. — Rapport sur un moulin se gouvernant lui-i^ême, inventé par M. A. Durand Mouvement. — Observations relatives à l'ac- tion motrice exercée sur la surface de plusieurs liquides, tant par linfluence de la vapeur de certaines substances que par le contact immédiat de ces mêmes sub- stances ; Mémoirede M. Dutrochet Voir aussi aux mots Camphre, Force épipolique. Mouvement perpétuel. — Note de M. Verger. . McGBET. — Sur les cryptogames qui se déve- loppent à la surface de la muqueuse buc- cale, dans le muguet des enEants; Note de M. Gruhr MpsiQUE. — Addition à un précédent Mémoire sur l'harmonie; par M. Cabillet Mbstela. — Considérations sur le groupe dos Mustelas; par M. de Blainville. ........ MvOTOMiE. — Mémoire sur l'appréciation de la rayotomie appliquée au traitement des déviations latérales de l'épine: par M. Bouvier , Métnoiççijur, la ra.j<)!tpmio rachiiiioniie; Pages. i65 817 75 448 40 Ibid. ■4/ 5i9 .73 422 1028 634 38 1i^'^ \, .'i/. :k, ^^ ( '073 ) Page», par M. /- Guénn 369 Explications données par M. Uilairet rela- tivement à quelques faits qu'il a consignés dans une Thèse sur la myotomie rachi- dienne 38a M. Bonnet adresse l'analyse d'un ouvrage qu'il a présenté pour le concours aux prix P.gM. de Médecine et de Chirurgie, et qui est relatif au traitement du strabisme et de la myopie par la section de muscles ou de tendons , 336 Myrtille. — Sur les produits alcooliques qu'on peut obtenir des baies de myrtille; par M. Chassenon 11a \ Napbtaline. — Action de la naphtaline sur les corps gras ; Note de M. Rossignon 61 3 — Mémoire sur de nouvelles combinaisons chlorurées de la naphtaline et sur l'iso- morphisme et l'isomerie de cette série; par M. A. Laurent 818 NATiiRAMSTEs(Reunions des). — M Radfanszky, en qualité de vice-président désigné de la future réunion des naturalistes et des mé- decins de la Hongrie, annonce que la troisième réunion aura lieu , à partir du 4 août prochain , à NeusohI et à Szliacs ; il exprime la satisfaction qu'auraient les membres de cette reunion à voir quelque membre de l'Académie des Sciences prendre part à leurs travaux ... io5o Navigation. — Sur un nouveau mode d'appli- cation de la vapeur à la navigation ; Mé- moire de M. Courbebaisse . . . 4o4> 4^5 ^^ 920 — Nouvel instrument à réflexion, à l'usage de la marine ; présenté par M. More/. 404 et 49^ — Mémoire sur la navigation à la vapeur ; par M. Scguier 5o6 Note additionnelle à un Mémoire précé- demment présenté, concernant un moyen pour diminuera volonté le tirant d'eau d'un bateau lorsqu'il faut franchir des bas-fonds; par M. Pancre 715 — Résultats obtenus d'un zingage , seulement extérieur, des caisses en fer destinées à la conservation de l'eau à bord des navires ; Lettre de M. Artus : 764 — Sur un nouveau goudron pour l'usage de la marine et sur la voilure en toiles de co- ton; Note de M. Chau/ard 817 Neige. — Sur le rayonnement de la neige; Lettre de M. Boussingauh 4o5 Nekfs. — Expériences faites dans le but de déterminer si les mouvements de l'esto- mac dépendent des nerfs do la huitième paire ou du grand sympathique; Mémoire de M. longet 266 — Sur le système nerveux des Cétacés ; Note de M. Bazin , 49>"> — M. Fleurent, en présentant un exemplaire de la nouvelle édition de ses « Recherches sur le système nerveux dans les animaux vertébrés, » donne une idée des questions qu'il a traitées dans cet ouvrage et des résultats auxquels il est arrivé 559 — Mémoire sur la structure intime du cerveau et des nerfs ; par M. Mandl 87 1 Nicotine. — Recherches sur la nicotine (al- cali du tabac) ; par M. Barrai 3^4 Nitrates. — Abondance du nitrate de potasse dans le bouillon blanc; Note de M. Rossi- gnon 6i3 Nominations — M. Gobert annonce avoir fait exécuter en grand des appareils destinés à prévenir les accidents les plus communs causés par les voitures, appareils dont il avait précé- demment présenté de petits modèles, ... 3^ — Sur les perfectionnements dont les moyens de transport sont susceptibles ; par M. Pio- berl i85 — Note sur le tirage des voitures ; par M. Mo- rin 4''' — Sur un nouveau système d'essieux appli- cable aux voitures ordinaires et aux wag- gons des chemins de fer; Note de M. Con^- tant 519 Volcans. — Souvenirs du mont Vésuve; par M. d'IIombres-Firmas l65 — Sur les phénomènes volcaniques de l'Au- vergne ; Noie de M. Rozet SSa — Conjectures sur les causes de quelques phé- nomènesvolcaniques;par M.ds los Llanos Montanos 84" Vue {Affections de la). — M. Wiesecke écrit relativement à un appareil au moyen du- quel , suivant lui , les progrès des affec- tions diverses de l'organe delà vue et les résultatsdutraitement peuvent être con- statés par les malades eux-mêmes Sgi Zinc. — Application du zinc sur le fer. Voir à Galvanoplastique. — Rectification du nombre proportionnel du zinc ; Note de M. Jaci/uelaii 636 — Sur les résidus de l'épuration du zinc ; Note de M. Barruel J24 — Résultats obtenus d'un zingage, seulement extérieur, pour prévenir l'oxydation des caisses en fer destinées à la conservation de l'eau à bord des navires; Lettre de M. Artus y64 146.. ( 1083 ) TABLE DES AUTEURS. 72 9'7 *1M. p,g„. ABRIA. — Sur la loi d'induclion des courants par les courants 4';8 AGASSIZ écrit à M. Arago qu^il se propose de sojoiirner pendant environ deux mois sur le glacier de l'Aar poury faire des ob- servations de température 8j7 AIME. — Température moyenne d'Alger dé- duite de ses observations météorologiques. AIME-BEY. — Sur des puits creusés par les anciens dans la chaine Libyque et dont îjuelques-uns donnent encore de Teau... A.MICI est présenté comme un des candidats pour une place de Correspondant vacante dans la Section do Physique 765 et 7^8 A^'DRAL. — Recherches sur la composition du sangdo quelques animaux domestiques en état de santé et de maladie (en com- mun avec MM. Gavai ret et Lafond). Go5 et 627 AKURAUD, — Lettre relative aux ( auses de l'écrasement du tube intérieur du puits de Grenelle 171 ANONYMES. — Communications faites à l'occasion de l'accident survenu le 8 mai au cheminde fer de Versailles (rive gauche),ot relatives à divers moyens proposés comme propres à diminuer les dangers des cho- ininsdefer.713, 7G4, 816, 8;3, 913,960 et 10^7 — Mémoires adressés, pour divers concours, par des auteurs dont les noms sont con- tenus sous pli cacheté; Mémoires qui, portant lo nom do leur auteur, n'ont été cependant indiqués aux Comptes rendus que sous un numéro d'ordre, en vertu d'une décision de l'Académie relativement à quelques-uns de ces concours : — Concours pour le grand prix de Sciences mathématiques . . . . 164, 45o, Sga, Gio et — Concours pour le prix extraordinaire con- cernant la vaccine, aag, 246, 37 1, 4S0, 486, 5ir), 5() ;, Gio et — Concours pour le prix extraordinaire con- 7.5 0,54 MM. Page», cernant les mo/(î o;)/;a/e7ito. 371,48601 519 — Concours pour le prix de Pli^siologie expé- rimentale /8G — Concours pour le prix concernant les Arts insalubres 486 — Concours pour les prix do Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon. 509,654, 7 15, 765 AUAGO donne des détails sur l'accueil favo- rable qu'a reçu du public et de l'Admi- nistration de Venezuela, le travail de M. Codazzi sur la géographie de cet État. 67 — Remarques à l'occasion d'une Lettre de VI. Passât iiij — M. Arago présente les éphéraéride» de la comète à courte période de Encke, cal- culées par M. Encke lui-même 112 — A l'occasion d'une note de M. Sorel sur le zingage du fer au moyen des courants électriques, M. Arago rappelle qu'il a de- puis longtemps mis sous les yeux de l'Aca- déuiie diverses pièces de l'er zinguées au moyen de l'électricité, par M. Perrot , de Rouen 228 — Communication relative au puits foré de l'abattoir de Grenelle 247 — Communication relative à deux Mémoires de M. Dove sur les phénomènes électro- magnétiques 252 — A l'occasion d'une Lettre par laquelle la Société des Sciences, de l'Agricul- ture et des Arts de Lille réclame l'in- tervention de l'Académie à l'effet do pré- venir les mesures qui menacent de des- truction la fabrication des sucres de betterave, M. ^l/'^^o déclare que, quel- que intéiêl qu'il puisse porter personnel- lejncnt à celle industrie , il ne croit pas que l'Académie doive prendre l'initiative auprès de l'administration relativement à celte question 319 — Remarques à l'gccasion de l'envoi d'un ccliaii- ( io83 ) MM. Page». tillon du sédiment déposé par les eaux thermales d'Hamam-Escoutin près du point où elles jaillissent du sol 336 — M. Arago communique des calculs servant & déterminer la hauteur deParis au-dessus du niveau moyen de l'Océan 373 — Remarques à roccasion d'une réclamation de M. Libri ayant pour objet l'insertion au Compte rendu des réflexions qu'il avait faites, dans une séance précédente, sur la décision prise par l'Académie d'ajourner la nomination à une place vacante dans la section d'Astronomie ^11 — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Libri insérée dans le Compte rendu de la séance du 25 mars 4*5' — M. Arago annonce avoir reçu une communi- cation de M. de Beurges en réponse bi une remarque qu'on avait faite sur la possi- bilité de dédoubler ses papiers de sûreté. 4^5 — M. Arago annonce que les astronomes at- tachés aux travaux do l'Observatoire ont de nouveau observé la comète de Encke. 493 — M. Arago met sous les yeux de l'Académie un appareil construit par M. Breguet fils et destiné à faire exécuter à un miroir des révolutions très-rapides autour d'un axe vertical 5 1 9 — M. Ara^o donne , d'après une publication récente de l'Observatoire romain, un compte verbal détaillé des principales observations astronomiques qui ont été faites dans cet établissement pendant l'année 1841 5^3 — Sur la proposition deM. Arago, l'Académie charge deux de ses membres de s'assurer s'il est vrai que M. Dumont-d'Urville sesoit trouvé sur le convoi qui a éprouvé l'ac- cident survenu le 8 mai au chemin de fer de Paris à Versailles, et de témoigner au savant voyageur, s'il a été assez heureux pour échapper à ce désastre, l'intérêt que ^ lui porte l'Académie 675 — M. Arago donne l'analyse d'un Mémoire de M. Petit sur le climat de Toulouse J24 — M. Arago présente, de la part de M. Bérard, des observations météorologiques faites dans le golfe du Mesique ^aS — M. A;ugocoramuniqueuneLeltredeM. De- lamarche , ingénieur hydrographe, em- barqué sur la frégate l'Èrigone ya5 — Suggestion d'un moyen d'enrayage instan- tané pour tous les waggons d'nn convoi dont la tête s'arrête ou sort de la voie. (Mémoire de M. de Painbour sur les dis- positions les plus propres à diminuer la < gravité des accidents sur les chemins de fer.) 801 HM. P'e"- — M. Arago met sous les yeux de l'Académie un microscope construit par M. Lerebours avec des lentilles achromatiques à très- court foyer exécutées par M. Nachet ^17 — M. Arago présente un baromètre d'une construction nouvelle Imaginée par M. Tavernicr îhid, — M. Arago communique l'extrait d'une Let- tre deM. Agassiz, qui annonce l'intention d'aller passer environ deux mois sur le glacier de l'Aar pour y faire des observa- tions de température 837 — Sur l'éclipso totale de soleil du 8 juillet 1842; sur les phénomènes qui devront plus p.irliculièrement fixer l'attention des astronomes ; sur les questions de phy- sique céleste dont la solution semble de- voir être liée aux observations qui pour- rontètre faites pendant les éclipses totales de soleil — Remarques à l'occasion d'une lettre de 1\1. Prévost relative à une expérience sur la rupture des essieux dans les locomo- tives — M. Arago faithomraage à l'Académie d'une Notice sur la vieetlestravauxd'Herschel, Notice qu'il va faire paraître dans l'An- nuaire du Bureau des Longitudes — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Ed. Becquerel, relative au spectre solaire M. Arago fait, d'après sa correspondance par- ticulière, des communications relatives aux sujets suivants : • — Sur les causes de l'écrasement du tube in- térieur du puits de Grenelle; Lettre de M. Combes , — Sur la comète de Encke ; Lettre de M. de Huniboldt — Sur une différence que l'on croit avoir re- marquée dans la rapidité avec laquelle s'oxydent les rails des chemins de fer, sui- vant qu'ils sont parcourus j)ar les wag- gons toujours dans le même sens ou al- ternalivemenl dans les deux sens opposés ; Lettre do M. /. Nasmxth — Sur le rayonnement de la neige; Lettre de M. BoussingauU — Observation de la comète de Encke à Mar- seille ; Lettre de M. Valz — Expériences sur le degré d'ébullition de l'eau dans des vases de différente nature; Lettre de M. F. Marcet — Expériences qui vont être faites en Bel- gique dans le but de jeter du jour sur les causes des explosions des machines à va- peur ; Lettre de M. Jobard — Observations sur la coloralion de la rétine 843 875 896 903 67 3.4 3i9 4o3 407 58(". («6 ( îo84 ) MM Pa,.». et du cristallin; Lettre de M. Uelloni.. . 8i3 — Obsenations sur quelques effets de la fou- dre ; Lettre de M. Boussingault 835 — Sur quelques résultats obtenus dans des fo- rages récents ; Lettre de M. Degousée. , . . 91G — Sur un météore igné observé le iSjuin à Mende (Lozère) ; Lettre de M. P. de Mon- desir 918 — Sur le même météore observé le même jour à Saint-Beauïire (Haute-Loire); Lettre de VI. Dcydier giQ — Sur un nouveau système de compensation dansleshorloj;es;LettredeM. Oltramare. 921 — M. Arago est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix extraor- dinaire concernant l'application de la va- peur à la navigation 242 — M. Arago est nommé membre de la Com- mission chargée d'examiner s'il convient de remettre au concours une question pro- posée pour sujet du grand prix de Sciences physiques, année 1841 266 — » M. Arago est nommé membre de la Com- mission chargée de décerner le prix d'As- tronomie pour l'année 18^2 328 Et de la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'as- socié étranger vacante par suite du décès de ^.deCandolle 3G2 ■^ M. Arago est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une liste MM. PajfS- de candidats pour la place d'académicien libre vacante par la mori de M. Costaz- . 5i i ARCHIAC (D'). — Sur la formation crétacée des versants sud-ouest et nord-ouest du plateau central de la France 245 et 816 ARCHIGÈINES écrit relativement au calme qu'on dit régner dans l'atmosphère au mo- ment qui précède un tremblement de terre 923 ARTUS. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer — Note sur les bons résultats obtenus d'un zingage, seulement extérieur, pourpréve- nir l'oxydation des caisses en. fer destinées à la conservation de l'eau à bord des navires AUBERT, colonel d'artillerie. — Communi- cation relative aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer 810 AUBERT, ingénieur civil. — Communication relative aux moyens de diminuer les dan- gers des chemins de fer Ihid. AL'DOUIN est remplacé dans la Section d'Economie rurale par M. Payen Sg AUTOCRDE. — Note ayant pour titre: «Rec- tification de quelques poids et mesures de France » 3.)0 AUXILION. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer ^'* 7f,4 Ibid. BABINET fait remarquer que le nom de M. Weissa été omispar erreur sur la liste imprimée des candidats présentés pour une place de correspondant vacante dans la Section de Minéralogie 679 Rapport surun Mémoire de M. £(i.Biof ayant pour titre: «Catalogue des météores ob- servés en Chine entre les années 687 et 1273 de notre ère » 699 Observation de pluie par im temps serein. ;6.ô Rapport sur divers Mémoires, Notes, com- munications et Lettres de M. Durand relatives aux sciences organiques et inor- ganiques •• 861 M.Babinet,en son nom et celui de M. Bou- vard, présente une carte sur laquelle M. d'en a tracé la marche de l'cclipse du 8 juillet 1842 à travers toute l'Europe. . . 961 BAILLY. — Variations observées dans la dé- pense du puits artésien de l'hôpital mili- ^ire de Lille, et dans les hauteurs de )a colonne d'eau quand on a interrompu l'écoulement î'" BARRAL. — Recherches sur la nicotine (al- cali du tabac) "4 BARRAUD, Romancé et compagnie annoncent l'intention de soumettre au jugement de l'Académie une nouvelle machine à vapeur. 498 BARRUEL. — Sur les résidus de l'épuration du zinc 724 BAXJDELOCQUE. — Dépôt d'un paquet ca- cheté (séance du 14 février) 284 B.4UDENS.— Sur un nouveau moyen de guérir les épanchements formés dans les cavités séreuses 38 — M. Baudens annonce qu'il est prêta entre- prendre , par ce procédé, le traitement d'un malade dont il désirerait que l'état actuel fût constaté par la Commission . . Il3 BAUDOUIN. — Phénomène d'acoustique ob- servé sur la machine à sécher le linge de la blanchisserie d'ivry , 914 ( io8 MM. Ph». BAZIN.— Sur le Bystèmc nerveux dea Cétacés. 4i/> BEAU. — ^ Oépdtd'un paquet cacheté (séance du 4 avril) 533 BEAUTEMPS-BEAUPRÉ fait hommaRe h l'Académie du 5" volume du Pilottfran- çais 36 1 BECQUEREL est nommé membre de la Com- mission pour le prix de Physiologie expé- rimentale ; '• 6o _ — Des propriétés électro-chimiques des corps simples et de leurs applications aux arts. !'■' partie : De l'or 77 et 121 — Expériences sur la température propre des animaux à sang froid, faites en commun avec M. Flourcns 241 — M. Bccijueiel est adjoint à la Commission chargée de faire un Rapport sur les com- munications deM. Lamarre- l'icijuot et de M. Valenciennes concernant la chaleur développée par les femelles de certains Ophidiens pendant qu'elles restent sur leurs œufs Ibid. — M. Bectjuerel est nommé membre de la Commission chargée d'examiner s'il con- vient de remettre au concours une ques- tion proposée pour sujet du grand prix des sciences physiques , année 1841 260 BECQUEREL (Edmond). — Mémoire sur la constitution du spectre solaire goi BÉRARD. — Observations de météorologie et de physique du globe faites dans le cours de la dernière expédition de il/rame. 3j3 — Observations de météorologie et de phy- sique du globe faites à bord du Voltigeur. yaS BEBAUD. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 7i3 BERAULT. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 876 BERGER. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 14 février) . 284 — Communication relative aux moyens de prévenir les accidents des chemins de fer (séance du 27 juin) 1047 BERGSMA. — Note sur quelques expériences relatives à l'emploi de la gélatine dans le régime alimentaire 6j3 BERRIAT rappelle la demande qu'il a faite à l'Académie, au nom de la municipalité de Grenoble , concernant les moyens de con • server aux eaux d'une source thermale qu'on veut amener d'une ossez grande dis- tance jusque dans l'intérieur de la ville, la chaleur qui est exigée pour leur emploi thérapeutique 173 — M. Be;Ti BROSSARl). Voir à Yidal-Brossard. BRULLÉ. — Deuxième et troisième Mémoires sur la distribution des animaux en séries parallèles. BRTJNIER. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 7i3e BUCAILLE. — Communication relative aux moyens do diminuer les dangers des che- mins de fer BXJESSARD. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer BURAT. — Sur le gisement de la houille dans le bassin de Saône-et-Loire BURDIN est présenté comme un des candidats pour une place de correspondant vacante dans la Section de Mécanique — Est nommé à la place vacante (séance du 9™»') — M. Burdin adresse ses remercîments k l'A- cadémie BURGHER est porté par la Section d'Écono- mie rurale sur la liste des candidats pour une place de correspondant vacante dans cette Section BUTEUX. — Esquisse géologique du dépar- tement de la Somme u. ■ 241 '261 604 568 ■7.3 4» 226 t 816 913 816 44 668 680 7.5 119 609 . B. , 1842, l" Semestre. (T. \IY.) j47 ( ro88 ) MM. Pagts. CABILLET. —Suite à un précédent Mémoire sur le principe de l'harmonie 38 CAHOURS. — M. Dumas communique les résultats d'nn travail sur la composition élémentaire des matières azotées de l'or- ganisation , auquel il s'est livré de concert avec M. CaUours 961 CALIGNY (De) écrit que, dans une de ses pré- cédentes communications relatives à l'é- crasement du tube intérieur du puits de Grenelle, il avait indiqué, comme ayant amené l'écrasement, une cause que M. Coni4e< a postérieurement développée. 171 CANQDOIN. — Oépât d'un paquet cacheté ( séance du 9 mai ) 69^ CARRE — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 913 CASTELNAU (De). — Sur la présence de pattes chez les Trilobites 344 — Sur les mœurs de certains Ophidiens 49^ — Considérations générales sur la Floride cen- trale 5i8 — Sur les révolutions géologiques des parties centrales de l'Amérique du Nord 610 CAT. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer 816 CAUCHY. — Notes sur diverses transforma- tions de la fonction principale qui vérifie uneéquation caractéristique homogène. . a — ^Additions à des Notes insérées dans le pié- cèdent volume des Comptes rendus 8 — M. Cauchy faithommage à l'Académie d'un Mémoire qu'il vient de publier sur la po- larisation rectiligne et la double réfraction. 77 — Rapport sur deux Mémoires de Ai. Bluti- chei, relatifs à la propagation du mouve- ment dans les milieux élastiques cristal- lisés, et en particulier à la délimitation des ondes 389 — M. Cauckx présente, à l'occasion de ces Mé- moires, et en dehors du Rapport, quelques remarques relatives à ses propres travaux. 39a — Rapport sur un Mémoire de M. Passai ayant pour titre : « Détermination delà variable indépendante dans l'analyse des courbes » 5o8 — Note sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du premier ordre. . . . y^o — Sur une intégrale remarquable d'une équa- tion aux dérivées partielles du premier ordre 769 MM. r„j,, — Additions aux deux Notes précédentes. . . . 881 — Mémoire sur l'intégration des équations simultanées aux dérivées partielles du premier ordre , , 894 — Remarques diverses sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du pre- mier ordre 952 — • Mémoiresur les équations linéaires simul- tanées aus dérivées partielles du premier ordre 953 — Mémoire sur un théorème fondamental dans le calcul intégral > loîo — Note sur certaines solutions complètes d'une équation aux dérivées partielles du premier ordre , . . . . loaG — M . Cauchr présente, an nom de l'auteur, M. Tortolini, professeur au Collège de la Sapîence à Rome, plusieurs opuscules de mathématiques 960 — M. CauchjrciX nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces envoyées an concours pour le grand prix dos Sciences mathématiques 788 CAVAILLE. — Etudes expérimentales sur les tuyaux d'orgue 34^ CAZNAUD. — Dépât d'un paquet cacheté (séance du i3 juin) 923 CHARPENTIER (De) est présenté comm« un des candidats pour une place do corres- pondant vacante dans la Section de Miné- ralogie et de Géologie 574 CHARRIÉRE présenta divers instruments de chirurgie, dorés au moyen des procédés galvanoplastiques 4''7 CHASLES. — Eclaircissements sur le traité d'Archimède , De numéro arenft 547 — Remarques sur un usage que l'on peut faire du compas à ellipses de MM. HammanH Hempell ï o4 CHA.SSAING. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 104- CHASSENON. — Nouveaux documents re- latifs à l'emploi des baies de myrtile pour la fabrication d'une liqueur alcoo- lique iij — Note sur un météore igné observé dans la nuit du 29 au 3o décembre près de Saint- Maixent (Deux-Sèvres) ni CHAUFARD. — Sur un nouveau goudron pour l'usage de la marine, et sur les voiles en tissu de coton 8 1 ' CHAUSSENOT. — Communication relative ( io89 ) MM. f'tt». 8UX moyens de diminuer les dangers des chemins de fer 1046 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 6 juiny 877 CHAVAGNEUX. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des chemins do fer 7l3 et 913 CflAZALLON. — Mémoire sur les marées des côtes de France, et particulièrement sur Ips lois du mouvement de la mer pendant qu'elle s'élèvo et qu'elle s'abaisse 368 ("HESNEAXJX. — Communications relatives aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer 7i3et gi3 CHEVALLIER. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer 7i3 et 816 CHEVREUL dépose sur le bureau une Note de M. Pimont, sur les moyens d'utiliser la chaleur dés bains de teinture épui- sés. .1 147 — Rapport sur un Mémoire de M. Ebelmen concernant la composition du gaî des hauts fourneaux I 4^' — Note Sur les matières grasses de la laine, 783 — M. CAci'reu/ est nommé membredela Com- mission pour le concours concernant les arts insalubres 1 lO CHOISELAT. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 3o mai) 840 CHORIOL Sur le mécanisme des mouve- ; ments du cœur et les causes dn bruit pré- cordial 689 CHOSSAT adresse des remerctments à l'Aca- démie qui, dans la dernière séance an- ^"' nuelle, a couronné ses «Recherches sur l'inanition » — Sur les effets qui résultent, relativement au système osseux, de l'absence de substances calcaires dans les aliments. , CHRETIEN.— Note sur l'oropholite, nouvel b enduit destiné à préserver d'humidité les murs (les habitations. 24^ CHUART. — Nouvelle communication sur le gazoscope, appareil destinéà annoncer la présence de l'hydrogène carboné dans l'in- térieur d'un appartement ou dans une ' ' galerie de mines, avant que le mélange n'ait acquis la propriété de détoner 44^ CIVIALE. — Mémoire sur les rétrécissements de l'urètre j63 CLAPE"ÏRON. — Mémoire sur le règlement des tiroirs dans les machines à vapeur.. 63ir CLAUDEL. — Nouvelle démonstration du théorème concernant la somme des trois angles d'un triangle 485 CODAZZI. —M. le MiniUre des Affaires étran- gères annonee ONSTANT. — Sur un nouveau système d'es- sieux applicable aux waggons des chemins de fer et aux voitures ordinoires Sig CORABOEUF est présenté comme un des can- didats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. Costaz. 573 CORDIER communique une Lettre de M. Combes relative à l'accident survenu au chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche), le 8 mai 1842 67 1 COKIOUS est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix extraor- dinaire concernant l'application de la va- peur à la navigation 1i^■x — Et de la Commission pour le concours au prix de Mécanique Ibid. CORN.AY. — Mémoire sur une nouvelle clas- sification des oiseaux 164 COSTA adresse une Note imprimée de M. Greco, sur la fabrication de l'indigo dans les environs de Reggio Ci5 COSTAZ est nommé membre de la Commis- sion pour le concours au prix de Statis- tique 110 — Son décès, survenu le i5 février 184a, est annoncé à l'Académio dans la séance du 28 du même mois 323 — Il est remplacé, comme Académicien libre, par M. Francœur, élu le 18 avril 578 COSTE. — Recherches sur l'appareil de la respiration des Ascidiens 220 — Dépôt d'un paq\iet cacheté (séance du 3i 147.. ( loQo ) MM. Pag"». janvier) 235 COULUiK. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 764 COULVIER-GRAVIER. — Plusieurs séries d'observations météorologiques faites à Reims, principalement dans le but de prouver que les changements de temps peuvent être indiqués quelques jours à Ta- vaiice par un changement dans la direction MM. PajM. générale des étoiles filantes. 66, 485,682 et 914 COTJRBEBAISSE. — Sur un nouveau mode d'application de la vapeur à la naviga- tion 404 . ^^5 et yio CRESTIN annonce l'envoi prochain de la fi- gure d'une nouvelle machine à vapeur ro- tative de son invention 49** CRUD est porté par la Section d'Economie rurale sur la liste des candidats pour une place vacante de correspondant 119 D DAMOISEAU est nommé membre delà Com- mission chargée de décerner le prix d'As- tronomie pour l'année 1842 328 UAiSGER. — Recherches sur l'empoisonne- ment par l'antimoine, et sur les complica- tions que la présence de ce corps peut oc- casionner dans les cas d'empoisonnement par l'arsenic (en commun avec M. Flandin). 896 DARLU demande l'ouverture d'un paquet ca- cheté déposé 16 2) octobre 1840. Ce pa- quet renferme une Note sur la télégraphie nocturne 4^° 8t 920 DECAISNE est présenté par la Section d'É- conomie rurale comme un des candidats pour la place vacante dans son sein , par suite du décès de M. Audouin 44 DEGOUSÉE. — Sur les résultats de quelques nouveaux forages artésiens gi6 — Extrait d'une Lettre d''Aime-Bejr sur des puits creusés par les anciens dans la chaîne Libyque, et dont quelques-uns donnent encore de l'eau 917 I)B; la BÉCIIE est présenté comme un des candidats pour une place de correspon- dant vacante dans la Section de Minéralo- gie et Géologie 674 DELARUE. — Observations météorologiques faites à Dijon en 1841 et 1842 920 DELAFONU écrit relativement à un moyen qu'il croit propre à prévenir la falsifica- tion des écritures et le lavage des papiers timbrés 5oo DELASTRE. — Flore analytique et descrip- tive du département de la Vienne. M. Bory de.Saint-Vincent fait, au nom de l'auteur, hommage de cet ouvrage à l'Académie.. . 1048 DELATTRE. — Note sur la combinaison du sélénium avec le phosphore et avec l'iode. 173 DELAUNAY. — Calcul des inégalités d'U- ranus qui sont de l'ordre du carré de la force perturbatrice 3^1 et ^06 — Réponse à des objections présentée^, pontre ce travail par M. Le Verrier, ^..f, ..,,.[. . • . 679 DELESSERT. — La 2"= livraison de son « leo- . nographie des coquilles décrites parLa- marckuest offerte en son nom à l'.\ca- démie par M. de Blainville , qui fait res- sortir l'importance de cette publication. . 3o() — M. Delesserl communique une Lettre d'un des principaux administrateurs d'un che- min de fer anglais, écrite à l'occasion de la catastrophe du 8 mai 715 DELEVAUX. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 9>3 DELHOMME. — Sur l'emploi de l'engrenage naturel pour produire un mouvement de rotation très-rapide 623 DELINEAU. — Dépût d'un paquet cacheté (séance du 10 janvier) 7.') DEL RIO (Andréa) est présenté comme on des candidats pour une place de coiTCspon- dant vacante dans la Section de Minéralo- gie et Géologie 574 et 668 — Est élu correspondant de l'Académie poiur la Section de Minéralogie. 679 DELVIGNE. — Mémoire sur les résultats ob- tenus avec la carabine Oelvigne, et sur une nouvelle forme de balles destinées à cette arme SC'9 DEMIDOFF. — Observations météorologiques faites à Nijne-Taguilsk et à Vîcimo-Out- kinsk pendant lederniersemestre de i8ji. 6()7 DERICQUEHEM. — Communications rela- tives aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer 9i3et 960 DESCURET adresse l'analyse d'un ouvrage sur la médecine des passions, présenté par lui pour le concours à un des prix Mon- tyon 1 1 3 DESMADRYL. — Sur les formes générales et caractéristiques des inégalités de la surface de la Terre 65 DESNOYERS. — Sur les cavernes et les brè- ches à ossements des environs de Paris. . Saa DESOR. — Sur les surfaces polies et mouton- . ( '09 MM. P.gM. née» deqiielques rallies des Hautes-Alpes 4"> DESPRETZ. — Réclamation à l'occasion d'une Note de M. Jtfo^u; insérée dans le Compte rendu du a4 janvier 184» 2^9 — A l'occasion de la présentation d'une Note deTjA. Uuguenx sur l'interférence des ondes sonores, M. Despreiz annonce qu'il a commencé un travail sur le même sujet. . 693 — M. Desprett est adjoint à la Commission chargée d'examiner le Mémoire de M. Gon- dret sur la pression atmosphérique 968 DEVILLE. — Mémoire sur les indices de ré- fraction 333 UEYDIER. — Sur un météore ignéobservéle 3 juin iSaint-Bcauzire (Haute-Loire). . ,. gu) niEN. — Carte offrant la marche de l'éclipsé du 8 juillet à travers toute l'Europe 961 DIRECTEUR DE L'ADMliNISTRATlON DES DOUANES adresse un tableau du mouvement du cabotage en Franco pen- dant l'année 18^0 33o DOMEYKO. — Notice sur les rainerais d'ar- gentdu Chili, et sur les procédés employés pour leur traitement. Sur les mines d'a- mal{;ame natif d'argent d'Arqueros au Chili. Description d'une nouvelle espèce minéralogique et du traitement par la méthode américaine. (Rapport sur ces deux Mémoires.) 56o DONNÉ. — Sur l'origine des globulesdu sang, leur mode de formation et leur fin 366 — M. Bonne demande qu'un travail surlelait, qu'il a communiqué précédemmentà l'A- cadémie , soit renvoyé à l'examen de la Commission chargée de rendre compte d'un Mémoire de M. de Romanet sur le même sujet g68 DOREZ. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer ni3 DOUBLE est nommé membre de la Commis- sion des prix de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon Sg — Et do la (Commission du prix de Vaccine. 604 — Son décès, survenu le 12 mai, est annoncé à l'Académie dans la séance du 1 3 du même mois , 881 DOUDEAUVILLE. — M. Cu^in fait hommage à l'Académie d'une Notice qu'il vient de publier concernant feu M. le duc de Dou- deauville li DOVE. — Note sur les courants d'induction dans l'aimantation dn fer par l'électricité. 171 et îSa — Note sur le magnétisme des métaux jus- qu'ici réputés non magnétiques Ibid. DOYERE. — Recherches relatives à la colora- tion des os chez les animaux soumis au I ) MM. p,j„. régime de la garance (en commun avec M. Serres) -jgo — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 28 mars). .. 500 DUBOURG. — Commmunication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de for. 875 DUCIS. — Sur les limites de l'atmosphère. . 418 DUCROS. — Note sur les moyens propres à diriger les waggons dans les portions cour- bes des chemins de fer 1 "3 DUFAU. — Son ouvrage ayant pour titre «Traité de Statistique, ou théorie des lois d'après lesquelles se développent les faits sociaux, suivi d'un essai de Statistique physique et moralede la population fran- çaise », est l'objet d'un des prix de Statis- tique décernes au concours de 1841.-... 8;7 DUFOUR (Léon). — Aperçu sur un ouvrage relatif à l'anatomie des insectes 67.5 — Histoire comparative des métamorphoses etdel'anatomiedes Cetonia auralaetDor- cus parallelipedus -ijj DUFRÉNOY. — Rapport sur un Mémoire de M. Paillette, concernant les gîtes métalli- fères des Calabres et du nord de la Sicile. .323 — Rapport sur deux Mémoires de M. Domeyho, ayant pour titre : 1° Notice sur les mine- rais d'argent du Chili et les procédés qui sont employés pour leur traitement; 2" sur los mines d'amalgame natifd'argent d'Ar- queros au Chili. — Description d'une nou- velle espèce minéralogique et du traite- ment par la méthode américaine 5(io — M. flu/renor présente , au nom de l'auteur, M.B/aPier,desnEtudes géologiques sur le département de l'Orne » (5S3 — Examen cristallographique et chimiquede la Villarsite ... (jg^ — M. Dufrénoj' présente, an nom de M. The- nard , ingénieur en chef des Ponts-et- Chaussées, une Note sur un procédé d'en- rayage des waggons composant les conviis des chemins de fer 874 — M. flu/îe'noj' est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix de Sta- tistique 1 10 DUHAMEL. — Remarques à l'occasion d'une communicationrécentede M. iV. Savard, sur les cordes vibrantes. gSS — M. flufcameiest nommé membrede la Com- mission chargée de l'examen des pièces envoyées au concours pour le grand prix des Sciences mathématiques 788 DULAURIER. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer 71^ DUMAS est élu , parvoie de scrutin, vice-pré- ( if>92 ) MM. _ P'i"- sidcot pour l'année 184a i — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Duméril sur le développement do la chaleur dans les œufs , et sur l'influenceat- tribuée à l'incubation do la mère lo3 — M. Dumas fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la deuxième édition de son (I Essai de Statiquechimiquedescorpsor- !>aniBéB » 3'9 — A l'occasion des doutes exprimés par M. Duméril relativement à l'exactitude des observations sur latempératuredu Boa fe- melle pendant le temps qui précède l'éclo- sion des œufs, M. Dumas demande que la Commission chargée de faire un rapport sur les observations de M. Lamarre-Pic- quot et sur celles de M. Yalencicnnes, re- latives à cette question, soit augmentée par l'adjonction de quelques physiciens et - marre-Picquot relative & une habitude at- tribuée à un serpent de l'Inde, le Uemnho, M. Duméril remarque qu'il serait im- portant de savoir si l'animal en question est bien le Coluher Korros, comme le croit M. Lamarre-Vicquot^ l'organisation con- nue de cette espèce ne paraissant pas lui permettre l'action attribuée au Demnha. 283 — Rapport sur un Mémoire de MM. Perrottet et Guârin-Ménevilîe concernant les ra- vages que font, dans les caféièfes des Antilles, une race d'insectes lépidoptère» et une espèce de champignons 760 — M. Duméril est nommé membre de la Com- mission pour les prix de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon 59 — Et de la Commission pour le prix de Phy - siologie expérimentale 60 — EtdelaCommissionpourleprixde Vaccine. 604 DUMONT-D'ORVILLE. — Sur la proposi- . tiondeM. Arago, l'Académie charge deux de ses membres de s'assurer s'il est vrai que M Dumont-d'Vrville se trouvât sur le convoi qni a éprouvé, le8 mai, l'accident survenu au chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche). MM. Adolphe Brongniard et Gaudichaud sont désignésii cet cfTetetporteront au savant navigateur, s'il a été assez heureux pour échapper à ce désastre, l'expression de l'intérêt do l'Académie 6^0 DUMONTHIER. - Armes destinées princi- palement à l'usage des troupes de mer, et qui sont & la fois armes blanches et armes à feu ^53 U U MOUTIER. — Emploi de la photographie pour obtenirdes images exactes d'objets relatif» à l'Histoire naturelle 246 OUPASQUIER. - Sur l'emploi du fer dans Vappareil de Manh, et sur l'hydrogène ferré, nouvelle combinaison métallique de l'hydrogène 5,1 UUPIN fait hommage à l'Académie d'un opus- cule qu'il vient de publier concernant feu M. de Doudeaaville 1 i — M. Dupin est nommé membre de la Com- mission chargée d'examiner les pièces «dressées au concours pour le prix con- cernant l'application de la vapeur à la navigation 24a — Et de la Commission pour le concours du prix de mécanique Jbid, — M. Dupin, au nom de la Commission char- gée de l'examen des pièces envoyées au concours pour le prix extraordinaire con- cernant les perfectionnements de la na- vigation par la vapeur appliqués à la 093 ) MM. P«|r^. marine militaire, déclare qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix cette année, et propose de remettre la question au con- cours pour 1844 loSi DUPONT. — Description et figure d'un fau- teuil k l'usage des paralytiques (En com- mun avec M. Jeanselme.) 876 DCPRE. — Note sur les quantités d'eau tom- béesàRennesdans les cinq premiers mois de 184 > 117 — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 3o mai) 840 DURAND adresse une réclamation de priorité concernant quelques-unes des idées émi- ses dans une communication récente de M. lamé 173 et 23.^ — Addition à un précédent Mémoire concer- nant diverses questions de Physique gé- nérale. ... SS'Î — M. Durand prie l'Académie de b&ter le travail des Commissaires à l'examen des- quels ont été renvoyées plusieurs com- munications qu'il a faites successivement sur différents sujets 8 r 7 — Rapport sur ces diverses communications. 861 — M. Durand demande l'autorisation de re- prendre les Notes et Mémoires qui ont élé l'objet de ce Rapport gGy DURAND. — Moulin à vent se gouvernant lui-même. (Rapport sur cette invention), 4'-^ DUROCHER. — Observations sur le phéno- mène diluvien dans le nord de l'Europe. (Rapport sur ces observations). ... 5.t) et 78 DUTROCHET. — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 28 février) ixi — A l'occasion d'un Mémoire de M. Yan Beek sur la propriété qu'ont les huiles pour calmer les flots, M. Dutrochei annonce que, dans un ouvrage qu'il a sous presse en ce moment, il s'est occupé de cette question ;i4o — M. Dutrochet annonce que, dans le même ouvrage, il discute le travail de MM. Jolr et Boisgiraud concernant les mouvements du camphre à la surface de l'eau 34^ — M. Dutrochet, on faisant hommage h l'Aca- démie d'un ouvr.Tge qu'il vient de publier sous le titre de : « Recherches physiques sur la force épipolique « , donne une idée des questions qu'il a traitées dans ce livre 382 — Réclamation à l'occasion d'un passage de l'avertissement du Mémoire imprimé de MM. /o/r et Boîs^iVaurfsur les mouvements du camphre et de quelques autres corps placés à la surface de l'eau et du mercure. '177 — Réponse à une Note de MM. Joly et Bois- giraud adressée à l'occasion de cette récla - MM. mation , — Observations relatives à Taction motrice exercée sur la surface de plusieurs liqui- des , tant par l'influence de la vapeur de certaines substances que par le contact ( 'O94 ) Pages. MM. Pajcl immédiat de ces mêmes substances loaS DUVERNOY fait hommage à l'Académie du deuxièmeiascicule de ses « Leçons d'His- toire naturelle professées au collège de France )i 578 E EBELMEN. — Recherches sur la composition des gaz des hauts fourneaux 1 10 et 1^4 — Rapport sur ce Mémoire ^6 1 EDWARDS ( Milne). — Rapport sur un Mé- - moire de M. de Quatre/âges concernant la Synapte de Duvernoy a63 — M. Hilne Edwards met sous les yeux de TAcadémie une très-grande corne de bœuf ffour dont M. Roulin vient de faire don au Muséum 818 EH.RENBERG est du nombre des savants qui obtiennent des suffrages pour la place d'associé étranger de l'Académie, vacante par suite du décès de î/l. de Candolle. .. . 568 ÉI,IE DE BEAUMONT. — Rapport sur un Mémoire de M. Durocher ayant pour titre : « Observations sur le phénomène diluvien dans le nord de l'Europe». 5;) et 78 — M. Élie de Beaumont est nommé membre de la Commission pour le concours au prix de Statistique 1 10 — M. Élie de Beaumont communique une Lettre de M. Forbes, sur la propagation, dans l'intérieur du sol , des températures extérieures 410 — Et une autre du même savant, sur la bau- te^^r de quelques points du département de Insère et des Hautes-Alpes au-dessus du niveau de la Méditerranée ^11 — Et uneLetire de M. Desor, sur les surfaces polies et moutonnées de quelques vallées des Alpes ii/rf, — Additions à des observations de M. Desor sur les surfaces polies et moutonnées de quelques vallées des Hautes-Alpes Aij ~ Remarques relatives à une communication de M. Combes sur l'accident survenu le 8 mai au chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche) 678 — M. Élie de Beaumont communique une Lettre de M. /. de Malbos, relative à un aérolithe tombe aux environs de Berrias. 917 — M. Élie de Beaumont fait hommage, au nom de l'auteur, M. Yiijuesnel, d'un ou- vrage qui est principalement relatif à la jéologie de la Turquie d'Europe 361 ELKINGTON. — Des copies du Rapport sur les nouevaux procédés introduits dans l'art du doreur par MM. Elkington et de Ruols, sont adressées, par ordre de l'A- cadémie, à MM. les Ministres de la Guerre, des Finances et du Commerce. 4" — L'Académie , sur la proposition de la Com- mission des arts insalubres , accorde à M. Elkington un prix i!e la valeur de 6000 fr. pour la découverte de son pro- cédé de dorure par la voie humide , et pour la découverte de ses procédés rela- tifs à la dorure galvanique et à l'appli- cation de l'argent sur les métaux 8;8 EMIN-PACH.A consulte l'Académie relati- vement à un phénomène qu'on dit avoir été observé dans les tremblements de terre, le calme parfait de l'air dans le moment qui précède la secousse i)i3 EMY demande à être porté sur la liste des candidats pour une place de correspon- dant vacante dans la Section de Méca- nique 117 ENCKE. — Ephémérides de la comète à double période de Encke, calculées par cet astronome. . , lyx ERMAN est présenté comme un des candi- dats pour une place de correspondant va- cante dans la section de Physique. r65 et 878 ÉVEILLARD , près de partir pour le Para (Amérique méridionale), où il se rend en qualité de consul , se met à la disposi- tion de l'Académie pour les observations météorologiques et magnétiques qu'elle jugerait utile de faire faire dans ce pays. . .•jgij EVRAT écrit relativement à un Rapport qu'il croit avoir été fait à l'Académie sur les moyens d'entretenir la pureté de l'air dans les lieux habités yji EYRIÉS invite l'Académie à hâier le travail de la Commission chargée de faire le Rap- port sur un appareil de sauvetage inventé par M. Viaud 5oJ EYTELWEIN est porté sur la liste des can- didats pour une place de correspondant vacante dans la Section de Mécanlqu« . . PGH ( '095 ) MM. P.gfs FATON. — Sur l'écoulement des liquides par des orifices à mince paroi 4'^ FARADAY est présenté comme un des' can- didats pour la place d'associé étranger vacante par le décès de M. de Candolle. . . 533 FAURE. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 1 3 juin) 923 — Note sur une nouvelle modification appor- tée à l'opération du bcc-delièvrc. 968 et 1047 FICHET écrit relativement à quelques difTi- cultés qu'il rencontre dans l'usage de l'aréomètre, pour déterminer la densité des vinaigres i-j\ FIDRIT offre de soumettre à l'inspection de l'Académie un prétendu monstre rapporté de Madras en 1839 4° FLAHAUT. — Mémoire sur l'agriculture (en commun avec M. Noisette) 235 et 272 FLAHAUT. -:- Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 3 janvier) 44 FLANDIN. — Recherches sur l'empoisonne- ment par l'antimoine, et les complications que la présence de ce corps peut occa- sionner dans les cas d'empoisonnement parrarsenic(encommunavec M. Danger). 896 FLEXJREAC — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins lie fer gi3 FLEDRIAU DE BELLEVUE. — Recherches sur la cause do la décomposition des murs et des rochers, à certaines hauteurs au- dessus du niveau du sol jSS FLEURY. —Réponse à un Mémoire de M. Ber- lulus concernant la nature contagieuse de la fièvre jaune cl du choléra in FLOURENS , à l'occasion d'une communi- cation de M. Dumas concernant des ex- périences à faire sur la température propre ' des animaux à sang froid , annonce qu'il s'est livré, de concert avec M. Becquerel , à des recherches sur ce sujet , recherches dont il espère pouvoir faire prochainement connaître les résultats 241 — Remarques à l'occasion d'une Lettre de , M. Gapillot sur le mode d'action de la garance dans la coloration des os ... . 280 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de MM. Serres et Dofère sur le même sujet 3o8 — Discussion relative a une Note insérée dans le Compte rendu de la séance du ti mars. Ifii — M. Flourens, en présentant à l'Académie C. R., 184, i«r Semestre. (T. XIV.) MM. Paee.. un exemplaire de la nouvelle édition de ses « Recherches sur le système nerveux dans les animaux vertébrés», donne une idée des questions qu'il a traitées dans cet ouvrage et des résultats auxquels il est arrivé :'. SSi) — Remarques à l'occasion d'une réclamation de M. Dutrochet concernant une publicatiph récente de MM. Jolr et Boisgiraud. H-8 et f)84 — M. Flourens met sous les yeux de l'Acadé- mie des figures dessinées d'après des pré- ~ parafions de M. Bourgery et représentant les divers tissus de la rate. fiiTi — A l'occasion d'une question proposée comme sujet de prix par l'Académie de Bruxelles, touchant le rapport existant en-' tre les mouvements d'abaissement et d'é- lévation du cerveau, et les mouvements delà respiration, M. Flourens rappelle , que , dans la nouvelle édition de ses « Re- cherches expérimentales sur le système nerveux», il a fait connaître des expérien- ces qui lui semblent offrir une explica- tion complète du phénomène j48 ^— M. Flourens présente, au nom de l'auteur, M. de Gasparin , un opuscule ayant pour titre : « Mémoire sur la valeur des en- grais » <)5j — I M. Flourens présente , au nom de l'auteur, M. Straus - Burckeim , un ouvrage ayant pour titre : n Traité théorique et pratique d'anatomic comparative » 1 048 — M. Flourens est nommé membre de la Commission pour le prix de Physiologie expérimentale 60 — M. Flourens est adjoint à la Commission chargée de faire un Rapport sur les com- munications de M. Litmarre-Picijuot et de M. Valenciennes j concernant la chaleur développée chez les femelles de certains Ophidiens pendant l'incubation des œufs. 2J1 FONTAN prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un Mémoire qu'il a précédemment présenté (jgu FONVIELLE adresse plusieurs opuscules, les uns manuscrits et les autres imprimés, relatifs aux mathématiques. i . 682 FORBES. — Résultats des observations faites à Edimb-jurg, sur la propagation des va- riations extérieures de température dans , l'intérieur du sol, pendant les années i837 à 1840. . .'..'.'; . . . . ;.'.'.'. ...•:. ...•.■.' ,v.'."r; 410 '»i-. . 968 LA. RIVE (De). — L'Académie, sur le rapport de la Commission des arts insalubres, lui accorde un prix de la valeur de 3,ooo fr., pour avoir le premier appliqué les forces électriques à la dorure des métaux , et en particulier du bronze , du laiton et du cuivre 878 LAROCHE. — Documents relatifs à l'emploi des tissus de coton dans la voilure des navires g6o LAROQUETTE. — Lettre concernant les tra- 00 ) MM. Paj«. vaux exécutés sous les auspices de la So- ciété des sciences de Drontheim 931 LARREY présente au nom de l'auteur, M. Gama, un ouvrage ayant pour titre: «Es- quisse historique du service de santé mi- litaire» 14 — Rapport sur un_ Mémoire de M. Sédillot, concernant l'amputation delà cuisse dans l'articulation coxo-fémorale Ibld. — Mémoire sur l'anévrisme du cœur 289 — M. Larrey, en présentant, au nom de l'auteur, M. Guyon, une nouvelle Note sur une maladie commune dans l'Amé- rique tropicale , où elle est connue sous le nom de Bicho, y joint des remarques qui prouvent que cette affection s'observe aussi en Afrique, et s'y annonce de même par le sphacèle de la membrane muqueuse du rectum G09 — M. Larrej esl nommé membre de la Com- mission pour les prix de Médecine et de Chirurgie (fondation Montyon) Sg — M. Larrey annonce son prochain départ pour l'Afrique 683 LARUE. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer... 816 LASSAIGNE. — Note sur un albuminate de «uivre Sag — Observations sur la faculté que possèdent les diverses espèces de sucre, et plusieurs autres principes immédiats neutres, de dissoudre, en présence des alcalis, cer- tains oxydes métalliques 691 LAUGIER. — Observation de la comète de Encke, et comparaison de la position ob- servée avec la position calculée ( en com- mun avec M. Mauvais) ^oG et 499 — Détermination de la température moyenne d'Alger, déduite des observations météo- rologiques de M. Aimé 7^ LAURENT. — Mémoire sur deux appareils destinés à prévenir les explosions des chaudières à vapeur 714 LAURENT (A.). — Sur les acide» chloro-pht'- nisique, chloro-phénusiqae et chlorindop- tique 234 — Sur le poids atomique du chlore 4'^ — Sur dfi nouvelles combinaisons de la série de l'indigo 49" — Mémoire sur de nouvelles combinaisons chlorurées de la naphtaline, et sur l'iso- morphisme et l'isomérie de cette série. . . 818 LAURENT (L.) demande que plusieurs Mé- moires d'Anatomie et de Physiologie com- parées, qu'il a présentés successivement, soient admis à concourir pour le prix da Physiologie expérimentale 129 ( <• MM. p«r«- LAVALLÉE-DUPERROUX. — Description et figure d'an appareil destiné à indiquer, de Jour et de nuit, aux naf ires qui ont be- soin d'entrer dans un port , la hauteur de la marée (en com mun arec M . Le/orestier) . 653 LEBLANC. — M. Dumas annonce que M. Le- blanc s'occupe de rcclierches sur la com- position de l'air de quelques lieux habités, r.70 — Rccherche&sur la composition cle l'air con- finé « 9&J LEBRUN. — Snpplérnent à un précédent mé- moire sur un pont monolithe en béton. . . 449 LEBRUN soumet au jugement de l'Académie une ceinture-flotteur qu'il désigne sous le nom de nautile de sauvetage. 1048 LECLERC adresse une coquille fossile prove- - nante de la craie tufacée de la rive droite de la Loire, au-dessous de Tours GaS LECLERC-THOUIN est préssnté comme un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Audouin 44 LECOMTE. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 960 et 1047 LECOMTE adresse des échantillons de papiers de sûreté fabriqués par M. de Beurges, pour le concours ouvert par M. le Minis- tre de» Finances 370 et 653 LEFORESTIER. — Appareil destiné à indi- quer, de jour et de nuit , aux navires qui ont besoin d'entrer dans un port, la hau- teur do la marée (en commun avec M. La- vallée-Duperroux) 653 LEFUEL. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 91 3 LEGRIS adresse le modèle d'une pépite ou d'un lingot d'or trouvé , en iSSg, dans un champ de blé des environs de Guéret. . . . ga3 LEHMANN.— Travail entrepris à l'occasion de l'éclipsé solaire qui aura lieu le 8 juillet. 667 LELONG. — Documents relatifs à l'emploides tissus de coton pour la voilure 960 LENSEIGNE. — Note ayant pour titre : « Sur la nature composée de l'azote, et sur la simplicité de l'acide sulfuriquc et de l'am- moniaque » 247 LEREBOURS. — Thermomètre garni de len- tilles achromatiques d'une très - petite distance focale, exécutées par M. JVacAe*. 817 LEROND. — Lettre sur un brouillard sec et puant observé le 17 et le 18 mai 8^0 LEROY D'ÉTIOLLES. — Communications relatives à la dissolution des calculs nri- naires.(Rapport sur ces eommunicatiofis.) 4^9 — Communications relatives aux moyens de diminuer les dangers des cherains de fer. . 7i3,764et 816 O, ) MM. Pa|„. LETELLIER. — Nouvelles recherches sur la composition du lait. qSo LEVAL , Marchand et Pezioni a nnoncenl l'en- voi prochain d'un travail qu'ils ont fait en commun ssr la peste et les mesures sanitaires 75 et 27.! LÉVEILLE. — Mémoire sur le genre Sclero- lium 446 — Observations faites en Corse re lativomcnt à la température anormale du moi» de juillet 1841 497 LE VERRIER.— Note sur les inégalités intro- duites dans la longitude des planètes par les variations à longue période de leurs éléments 487 et 66n LÉVESQDE. — Tables pour servir au calcul de diverses époques du calendrier SSI LEYMERIE. — Lettre sur l'emploi de la géla- tine dans le régime alimentaire, et «nr les quarantaines î54 — M. L^merie écrit relativement à différents Mémoires qu'il a successivement envoyés, et sur lesquels il n'a pas encore été fait de rapport 533 — Sur la vaccine et sur l'histoire de cette dé- couverte 654 et C8i L'HERMITE demande à reprendre un Mé- moire qu'il avait précédemment présenté, et sur lequel il n'a pas encore été fait de Happwt <^23 LIBRI demande l'insertion au Compte rendu des remarques qu'il avait faites, dans une séance précédente , relativement à la dé- cision prise par l'Académie d'ajourner l'éleetion pour la place vacante dans la Section d'Astronomie 41 1 — Discussion relative à une note insérée dans le Compte rendu de la séance du 21 mars. 46' LIEBIG est présenté comme un des candidats pour la place d'associé étranger vacante par suite du décès de M. de CandoUe. . . 553 — Et pour une place de correspondant va- cante dans la Section de Chimie to5>i LIOUVILLE. — Rapport sur un Mémoire de M. Binet concernant la variation des con- stantes arbitraires 440 — Sur un cas particulier du problème des trois corps 5o3 — M. Liouville est nommé membre de la Com- mission chargée de décerner le prix d'As- tronomie pour l'année 184^ 328 — Et de la Commission du grand prix d« Ma- thématiques -88 LLANOS MONTANOS (De los). — Lettre concernant diverses questions de Physi- que générale et de Cosmogonie 23.1 — Conjectures sur les causes de quelques phénomènes volcaniques 84«» I I02 MM. Pagn. LOISEAU et Vergé adressent le premier nu- méro d'un Compte rendu des séances de l'Académie des Sciences morales et poli- tiques 346 LONGCHAMP. — Études sur la cristallisa- tion des sels 33 1 — Sur l'emploi des eaui alcalines 621 LONGET. — Expériences faites dans le but de déterminer si les mouvements de l'es- tomac dépendent de la huitième paire ou du grand sympathique a66 LORTET. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- MM. V.gra. mins de fer giS LOUYET. — Note sur un nouveau mode de dorage des métaux ii3 LULLIN DE CHATEAUVIEUX est rem- placé, comme correspondant de la Section d'Economie rurale, par M. Girardin, de Rouen i56 LUNEL. — Description et figure d'une ma- chine à faucher 610 LYELL est présenté comme un des candidats pour une place de correspondant vacante dans la Section de Minéralogie et Géolo- gie 5:4 M • MACCOOK. — Note sur la quadrature du corde 76 MADERSPERGER. — Note sur une machine à coudre de son invention il 3 M4GEND1E présente, au nom de l'auteur, M. Rainer deux mémoires écrits en an- glais : l'uu relatif à l'effet de la position sur la circulation du sang et des autres li- quides , l'autre concernant les causes de l'ascension de la sève 449 — M. Magendie fait hommage d'un exem- plaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de «Recherches physiologi- ques et cliniques sur le liquide céphalo- rachidien ou cérébro-spiral )• 86t — M. Magendie est nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon Sg — Et de la Commission pour le prix de Phy- siologie expérimentale Po — Et de la Commission du prix de Vaccine. . 6o{ MAGNOS. — Nouvelles recherches relatives à la détermination du coefficient de dila- tation des gaz 1 18 et i65 MAGONTÏ . — Dépôt d'un paquet cacheté. (Séance du 4 avril.) 533 MAIGNIEN. Voir à Meignien. MAIRE DE LYON prie l'Académie de vouloir bien lui faire donner communication des résultats de l'analyse des eaux de la Ga- ronne, qui avait été faite par une Com- mission de l'Académie î54 MAISONSEOL. — Formule d'un baume em- ployé contre l'hémorragie des gros vais- seaux 50° MAISSIAT. — Mémoire sur la station des animaux 366 JJépôt d'un paquet cacheté (séance du 28 mars) 5uo MALBOS (De). ^- Mémoire sur les cours d'eau des différentes formations du Viva- rais 64 — Observations sur les dépôts diluviens du Vivarais 589 — Sur un météore igné observé le 3 juin aux environs de Berrias (Lozère) 917 MALLET. — Sur des nouveaux effets obtenus de son procédé pour l'épuration des gaz d'éclairage 170 MALLET annonce qu'il a entrepris une série de recherches relatives aux causes de la différence qu'on dit exister dans le plus ou moins de rapidité de l'oxydation des rails des chemins de fer, suivant qu'ils sont parcourus par les waggons, toujours dans le même sens, ou alternatirement dans les deux sens opposés 49!) MAMBY. — Défense des locomotives à qua- tre roues 7 1 1 et 8 08 MANDL. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 2 1 mars) 45? — Mémoire sur la structure intime des nerfs et du cerveau 87 1 MANEC écrit , à l'occasion d'un mémoire de M. Tanchou sur la non-contagion du can- cer, qu'il ne s'est jamais prêté à ce qu'on fit, dans son service à la Salpétrière, des expériences sur l'homme, dansie but d'ar- river à la solution de cette question .... 839 MANZINl est présenté comme le candidat de l'Académie pour la place de professeur adjoint de Physique et de Chimie, vacante à l'École de Pharmacie de Montpellier. . 44' MARATUEH annonce avoir découvert une méthode efficace pour le traitement de la morve des chevaux , 1 73 MARCEL DE SERRES. — Note sur la tripo- léenne , substance pulvérulente composée ( iio3 ) UH Pagei. en presque totalité de silice 64 MARCESCHEAU écrit pour prouver que, dons son système de locomotion pour les pentes des chemins de fer, il n'y a pas seulement une question industrielle, mais aussi une question scientifique 3^ 1 — M. Marcescheau prie l'Académie de hâter le travail de la Commission chargée de faire un rapport sur ce travail 53a MARCET. — Expériences sur le degré de Té- bullition de l'eau dans des vases de diffé- rente nature 586 MARCHAND, Peiconi et teval annoncent l'envoi prochain d'un travail qu'ils ont fait en commun sur la peste, les mesures sanitaires, etc ^5 et 973 MARÉCHAL. — Sur la nécessité d'une unité légale pour le pouce de fontainier et pour le nœud du loch -x-ji , 6i5, 817 et 914 MARIE. — Sur la valeur d'application de la solution d'un problème de Géométrie lors- que les inconnues y prennent des formes imaginaires 614 et 653 MARIE. — Communication relative aux ^ r moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 7'^ MARIGNAC (De). —Observations sur les poids atomiques du chlore, de l'argent et du potassium 5^0 MARIN. — Nouvelle théorie des parallèles.. 585 MARTIN. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 816 MARTIN annonce que ses procédés relatifs à l'art de l'amidonnier ont reçu une appli- cation en grand, et demande qu'ils soient TÉR1EUR annonce qu'il a commandé l'exécution d'un buste en m.irbrc de feu M- Sanary, buste destiné & l'Académie des Sciences ^o MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES annonce qu'une copie du Rapport fait à l'Académie sur les travaux géographiques et statistiques de M. Codatzi a été re- mise au gouvernement de Venezuela. ... G6 — Le même Ministre transmet une Notice sur une machine à coudre, inventée par M. Ma- dersperger , do Vienne- 1 13 MINISTRE DES FINANCES accuse récep- tion du Rapport fait à l'Académie sur les nouvc.iux procédés introduits dans l'art du doreur par MM. Elliington et de Ruolz, 4° — Le même Ministre demande qu'un certain nombre d'exemplaires de ce Rapport soit rois à sa disposition 219 MINISTRE DUCOIMMERCE ET DES TRA- VAUX PUBLICS accuse réception du Rapport fait par une Commission de l'A- cadémie sur les nouveaux procédés intro- duits dans l'artdu doreur par MM. El~ lington et de Ruolt l\o et 5ig — M. le Ministre du Commerce transmet di- vers documents relatifs à la question des quarantaines G6 et 63a — M. le Ministre du Commerce Iranamct à l'A- cadémie une demande qui lui a été adressée par la Société industrielle de Mulhouse, à l'effet d'obtenir que notre système mé- trique soit complété par l'établissement d'une unité dynamique légale l65 — M. le Ministre du Commerce adresse un exemplaire du XL1I1° vol. dos brevets d'invention expirés 34i -r M. le Minisire du Conunerce et des Travaux publics invite l'Académie à désigner trois de ses membres pour faire partie de la Commission chargi^e d'examiner les pièces de concours de MM. les Elèves de l'Ecole des Ponts-et-Chaussées 586 — M. le Ministre du Commerce adresse , pour labibliothèquode l'Institut, le XLIN *vol. des brevets d'invention expirés 683 MIRBEL (De). — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Stanislas Ju- lien relativement à une espèce de riz do . ( 11 MM. Pag». Mongolie qui se cullive k sec ^•À — til.de Mirhel,ix l'occasion d'une Lettre de la Société des Sciences , de l'Agriculture et des Arts de Lille, concernant les mesures qui menacent d'anéantissement la fabri- cation du sucre de betterave , déclare que , suivant lui, cette industrie a été l'oc- casion de progrès agricoles très nota- bles en divers points du territoire fran- çais 3l9 — M. de Mirbel est nommé membre de la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'associé étranger vacante par suite du décès Q MORIN. — Réclamation de priorité relative- ment à certains principes de physique gé- nérale exposés dans un Mémoire de M. Lamé ^99 MULLERprie l'Académie de hâter le Rapport des commissaires à l'examen desquels a été renvoyé un instrument de mathéma- tiques présenté par lui sons le nom de Pantoscale g68 MDRCIIISON est présenté comme un des can- didats pour une place de correspondant vacante dans la Section deMinéralogie et Géologie 5^4 — MM. Murchison et Sabine, au nom de l'As- sociation britannique pour l'avancement des sciences, adressent à MM. les mem- bres de l'Académie une invitation pour assistera la 12" réunion annuelle de l'asso- ciation , qui aura lieu à Manchester , à dater du i3 juin 184a • 58'3 MUTl. — Sur les causes qui ont présidé au soulèvement des grandes chaînes de mon- tagnes 247 MUZIO MUZL — Nouveau système imaginé pour la direction des aérostats 6C et 817 N NACHET. — Lentilles achromatiques d'une très-petite distance focale, exécutées pour un microscope construit par M. Le;e6ou;i 817 NASMYTH. — Sur le plus ou moins de rapi- dité avec lequel s'oxydent les rails des che- mins de fer, suivant qu'ils sont parcourus par les waggons alternativement en deux sens opposés ou toujours dans le même sens 3ig tiAUMANN est présenté comme un des can- didats pour une place de correspondant vacante dans la Section deMinéralogie et Géologie 574 et 668 h'ELL DE BREAUTÉ. — Note sur un nou- veau procédé imaginé par M. Bacine pour la vérification des horizons artificiels et des glaces planes destinées à former le toit d'horizons artificiels en mercure 408 NOISETTE. — Mémoire sur l'agriculture (en commun avec M. Flahaut),.. ...... 235 et 27a N0N.4T adresse plusieurs échantillons d'écri- ture tracée avec une encre qu'il regarde comme indélébile. 818 — M. Nonat prie l'Académie de considérer cette première communication comme non avenue, se proposant de la reproduire plus tard sous une forme q\ii permette mieux à l'Académie de juger s'il a, comme il le croit, résolu le problème relatif à l'in- débilité des encres "*47 NOSEDA. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du i3 juin) gaS NOTHOMB annonce avoir substitué avec avantage, dans les opérations photogra- phiques, le protochlorure de mercure an mercure coulant 173 NOUGARÊDE. —Sur la constitution intime des corps ....... j^^^.,,,,jf. 65a 149.. ( i.i>o6 ) 0 MM. Pajrs. OF.RSTEDTesi présenté en premièreligne sur lu liste de candidats pour la place d'associé étranger do l'Académie, vacante par suite du décès de M. de Candolle 533 — M. Œrstedc est élu associé étranger do l'Académie 5G8 — Ordonnance royale qui confirme sa nomi- nation 586 OLIVIER. — Nouvelle machine pour tailler les roues des engrenages 3lo OLTHAMARE. — Sur un nouveau système de compensation dans les horloges 921 OMALIUS D'HALLOY (U') est présenté comme candidat pour une place de cor- j , respoodant vacante dans la Section de Minéralogie et Géologie 5^4 — M. d'Omalius d'Hallay est nommé corres- MM. r«5e>. pondant de l'Académie, Section de Miné- ralogie et Géologie 579 — M. d'Omalius d'Halloy adresse ses remer- cîments à l'Académie 61 3 OKBIGNY (D'). — Considérations sur les Ru- distes 22 1 — Application de la zoologie ïi la classifi- cation, par étages et par zones, des terrains crétacés de la France , basée principale- ment sur l'étude des Rudistes et des Cé- phalopodes 323 — Sur le grand système tertiaire des pani- pas .5i6 — Considérations sur les Céphalopodes des terrains crétacés G09 — Sur deux genres nouveaux de Céphalapodes iossiles .......,,. 753 PAILLETTE. — Mémoire surlesgites métal- lifères de la Calabre et du nord do la Si- cile. (Rapport sur ce Mémoire.) 323 — Sur la composition géologique des terrains qui, en Sicile et en Calabre, renferment le soufre, le succin et le sel gomme .'J84 PALLAS. — Influence de la fructification sur les phénomènes nutritifs de certains vé- gétaux et en particulier du maïs . . . .45o et 68a PAMBOUR (De).— Note sur la pression de la vapeur dans la chaudière et dans le cy- lindre des machines à vapeur station- naires 718 , — Note sur les dispositions les plus propres à diminuer la gravité des accidents des chemins de fer , 801 PANCRE. — Sur des moyens de diminuer le tirant d'eau d'un bateau, quand il s'agit de passer des bancs de sable 585 et 7 1 5 PAOLINI. — Expériences concernant la co- loration des os chez les animaux nourris ' avec la garance, et la coloration de la co- ,. quille des œufs pondus par des poules soumises à ce régime 5ao PAPADOPOULO VRETO prie l'Académie de charger une Commission de constater l'ef- flcàcité d'une sorte do cuirasse eh feutre ■ qii'il a imaginée et qu'ilcroit propre à ré- sister à la balle ..,,'.... 65 — Note sur cette invention ''.T^, .■^.' 24} — Rapport sur des expériences faites pour constater le degré Je résistance que pré- sente aux balles la cuirasse en feutre pré- sentée pér M. Pnpadopoulo 679 PARET.— Nouvelles recherches surlachaleur animale 816 PARISET prie l'Académie de vouloir le com- prendre parmi les candidats pour la place d'associé libre vacante par la mort de M. Costaz 4^ — M. Parisel est porté sur la liste des can- didats pour la place vacante SyS PASSOT. — Note sur la détermination de la variable indépendante dans l'analyse des courbes . 66 — Lettres à l'occasion de cotte Note. 1 18, 374 et 457 — Rapport sur ce Mémoire 5o8 — Lettre à l'occasion de ce Rapport 693 — Note ayant pour objet de démontrer que : « chacun dus éléments d'une trajectoire décrite en vertu d'une impulsion primi- tive et d'une force centrale constamment dirigée vers le même point est parcourue avec une vitesse uniforme » 913 PASTORI. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 6 juin) 877 PAUL. — Communication relaliveaux moyens de diminuer les dangers des chemins do fer gi3 PAYEN est présenté par la Section d'Econo- mie rurale comme un des candidats pour la place vacante dans son sein , par suite du décès de M. Audouin . 44 — M. Pajren est nommé membre de l'Académie, 1 1 lO Section d'Économie rurale , en remplace- ment de feu M. Audouin Sg — Ordonnance royale qui confirme sa nomi- nation '8t PAYER. — Dépôtd'un paquet caclielé (séance du 27 juin) lo5o PEDRETTI. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 8l6 PELIGOT. — Recherches sur l'urane 714 PELOUZEest nommé membre de la Commis- sion pour le concours concernant les arts insalubres "o — M. Velouté annonce qu'il est chargé de présenter une Note de M. Slagnus, de Ber- lin , sur le coefficient de dilatation des gaz iiS — Présentation de la ISote annoncée t65 — Rapport sur diverses communications de M. Leroy-d'Éliolles relatives à la disso- lution des calculs urinaires 4^g — Remarques relatives à une communication j I de M. Longchamp sur l'emploi des eaux alcalines 623 — Nouvelles remarques siirle même sujet, à l'occasion d'une communication de M. Petit 666 PELTIER. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 25 avril) 624 PERAIRE Mémoires sur diverses questions chiruigicales relatives principalement aux afTections des organes génito-urinaires , . 1046 PERDONNET. — ^ote à l'occasion de la ca- tastrophe survenue au chemin de fer de V^crsailles (rive gauche) , le 8 mai 1842. 701 — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer. 876 PERREA.UX. — Description et modèle d'un bateau sous-marin 449 — i/l.Perreaux annonce qu'il est prêt h faire, devant la Commission qui lui a été dési- gnée, des expériences avec le bateau sous- marin dont il a précédemment présenta le modèle 068 PERREY. — Note sur les étoiles filantes mentionnées par les auteurs anciens. ... 69 PERROT. — A l'occasion de la présentation d'une Note de M. Sorel, M. Arago rappelle qu'il a depuis longtemps mis sous les yeux de l'Académie diverses pièces de métal zinguces, au moyen de procédés galvano- plastiques, par M. i'errof 2î3 — M. Perrol adresse copie du procès-verbal d'une séance de l'Académie royale de Rouen (22 janvier 1841), séance à laquelle on avait présenté en son nom divers ob- jets en métal , dorés par un procédé élec- tro-chimique qu'il ne faisait pas cou- 7) MM. Pag». naître 370 PERROTTET. — Mémoire sur un insecte et un champignon qui ravagent les caflers aux Antilles (en commun avec M. Gué- rin-Méneville) 606 — Rapport sur ce Mémoire 700 — Observations météorologiques faites pen- dant un nouveau séjour à Cayenne , à la Martinique et à la Guadeloupe 1047 PETIT. — Sur la hauteur du météore lumi- neux du 9 juin 1841 157 — Observations météororologiques faites à Toulouse 724 PETIT, — De l'action des eaux alcalines dans les affections calculeuscs 628 et 66C PETIT, DE Macrienne. —M. le Ministre de la Guerre demande à connaître l'opinion de l'Académie sur un travail de M. Petit, concernant l'hygiène des habitations. . . . Sfig — "yi. Petit adresse l'analyse de son travail sur l'hygiène des habitations 653 PEYRE. — Emploi de la galvanoplastique pour obtenir à peu de frais des limbes gradués 7} PEZZONI , Marchand et Levai annoncent l'envoi prochain d'un travail qui leur est commun, sur la peste et les mesures sa- nitaires 75 et 233 PHIQUEPAL. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 21 mars ) 4^7 PIMONT. —Sur le parti à tirer de la chaleur des bains de teinture épuisés.. . 147 et 876 FINAUD. — Phénomènes de mirage observés en Espagne 76 PINETTE. — Sur la gymnastique considérée comme moyen de traitement dans certains cas de déviation de la taille 370 PIOBERT. — Rapport sur un 2" Mémoire de M. Morin , concernant le tirage des voi- tures et les dégradations qu'elle» produi- sent sur les routes , 21 — Sur les perfectionnements dont sont sus- ceptibles les moyens de transport i85 — M. Piohert est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix de Mé- canique 242 PISSIS. — Sur le gisement et l'exploitation des mines d'or du Brésil 479 — Sur la composition géologique des terrains de la partie australe du Brésil et les soulèvements qui, à diverses époques, ont changé le relief de ces contrées 1 o4 j PLAUT. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins do fer 816 POINSOT est nommé membre de la Com- mission administrativcpour l'année 1842. 14 — Et de la Commission chargée de présenter ( iio8 ) nu. Pages. uas liste de candidats pour la place d'as- socié étranger vacante par suite du dé- cès de M . de Candolle 36a — Et de la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'a- cadémicien libre vacante par suite du décès de M. Costaz 5| I — Et de la Commission chargée de l'examen des pièces envoyées au concours pour le grand prix de Mathématiques j88 POISSON. —Un travail inédit de feu M. Pois- son , sur la théorie mathématique de la lumière, est oifert à l'Académie par un des fils de l'auteur. Ce travail, auquel M. Poisson a mis la dernière main très- peu de temps avant sa mort , a pour titre : n Mémoire sur les apparences des corps lumineux en repos et en mouvement ». . . gS^ PON'CELET, vice-Président pendant l'année i84t, passe aux fonctions de Président.. i — M. Poncelet est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix extra- ordinaire concernant l'application de la vapeur à la navigation 2^3 — Et de la Commission pour le concours au prix de Mécanique Ihid. POUCHET. — Note sur quelques-unes des habitudes des chauves-souris 23o PRÉFET DE POLICEadresse copie d'un Rap- port qui lui a été fait sur une explosion survenue à l'un des candélabres de la Ma- deleine 65 PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE annonce que le VII^ volume des Mémoires des Savants étrangers est en distribution au secréta- riat jj — Annonce la perte que vient de faire l'Aca- démie dans la personne d'un de ses asso- ciés libres, M. Costaz, déccdé le i5 fé- MM. p,j„: vrier .'j/j /WK . Saî — Et celle qu'elle vient de faire dans là per- sonne de M. Double, membre de la Section de Médecine et de Chirurgie, décédé le 13 juin 88i — M. le Président annonce que le XVIll* vo- lume des Mémoires de l'Académie des Sciences vient d'être publié 697 PREISSIER. — Sur la composition de l'huile du foie de raie (en commun avec M. Gi- rardin) 61 9 PREVOST, administrateur du chemin de fer de Londres à Birraingliam. — Lettre à l'occasion de l'accident survenu le 8 mai sur le chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche) yiS — Expériences sur les résultats de la rupture d'un essieu dans les locomotives à quatre roues . . 800 PROVOSTAYE (De la). — Recherches cris- tallographiques sur les oxalates 6a3 — Recherches crislallographiques pour faire suite au travail de M. l'eligotsur l'urane. 714 PUISSANT présente , au nom de M. le Direc- teur du dépôt de la guerre, la 6" livraison de la Carte de France, avec les tables des positions géographiques t4 — M. Puissant fait hommage à l'Académie du premier volume de la 3° édition de son iiii.dti>;t>-i l: i^L i3\— | : .ti'irii 'ii> ( "O9 ) R MM, P"6"- HACIBOBSKI. — Des rapports des trompes avec les ovaires chez les Mammifères , et particulièrement chez les espèces domes- tiques 958 RACINE. — Nouveau procédé pour la vérifi- cation des horizons artificiels et des glaces planes destinées à servir de toit aux ho- rizons à mercure 4°^ riADVANSZKI, en qualité de vice-président désigné pour la troisième réunion des na- turalistes et des médecins de Hongrie, annonce que la réunion aura lieu , à doter du 4 août, & Ncusohl et Szliacs , et ex- prime le désir que quelques membres de l'Académie y puissent assister io5o RAINEY. — Mémoire concernant les effets de la position sur la circulation et sur l'ac- tion du cœur pour faire marcher les li- quides dans les vaisseaux sanguins et les canaux propres du corps des vertébrés; Mémoire sur les causes de l'ascension de la sève 449 BAPHELIS prie l'Académie de se faire rendre compte d'un Mémoire qu'il lui a prccé- ' . demraent adresse sur la liquidation des intérêts composés Coo P.ATEL. — Dépôt d'un paquet cacheté. (Séance du 3omai.) 8^0 RAYMOND. — Dépôt d'un paquet cacheté. (Séance du 18 avril) Sga RAYTNAUD annonce qu'il a adressé, pour le concours au prix concernant la vaccin* , un Mémoire qui parait n'être pas parvenu à l'Académie 4^° RAYNERI. — Sur les moyens de diriger les aérostat» 370 lîEDMAN COXE. — Note relative aux pro- priétés atramentaires d'une espèce par- ticulière de champignons 06^ Rl'.GNAULT. — Nouvelles recherches sur la dilatation des gaz 30^ et 5()5 — M Regnault est adjoint à la Commission chargée do faire un rapport sur les com- munications de M. Yalenciennrs et de M. Lamarre-Picquol concernant la clia" leur développée chez les femelles de cer- tains Ophidiens, pendant qu'elles restent sur leurs œufs 241 ■— M. Regnault est nommé membre de la Commission chargée d'examiner s'il con- vient de remettre au concours une ques- tion proposée pour sujet du grand prix de Sciences physiques de 1841 2C6 •— M. Regnault, au nom do la Commission MM. P'isf!. chargée de l'examen des pièces présentées au concours pour le grand prix des Scien- ces physiques, déclare qu'il n'y a pas lieu à décerner le prix cette année io!J! — M. Regnault , au nom de la Section de Chi- mie, présente une liste de candidats pour une place vacante de correspondant.... io5i BENAtJ. — Sur la phthisio tuberculeuse et le» animaux microscopiques qui donneraient lieu au développement do cette maladie. 6if'' REVILLE. — Sur l'emploi des toiles en coton pour la voilure des navires 614 et 764 RICORD écrit relativement à un Mémoire, / sur l'urétroplastie, qu'il a précédemment adressé ?4° RICORD. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer gii RIDOLFI est présenté par la Section d'Eco- ' ' nomie rurale comme un des candidats pour une place vacante de correspondant, é 19 BIGOLLOT. — Nota sur un appareil propre h donner une vitesse constante à l'écou- lement des fluides gazeux q ROBERT. — Scie à trois lames, dont la moyenne peut continuer à agir quand le mouvement dfs deux externes est arrêté par la pression des corps que l'on scie. 273 et 6.')2 — Sur des restes fossiles de vertébrés du cal- caire grossier marin de Passy 34© — Influence des marées sur les mouvements de certaines sources en Islande 4 ' 7 — Recherches géologiques et métallurgiques sur des minerais deferhydroxydés, et sur un gisement de deutoxydode manganèse hydraté près de Meiidon 584 et 9'^ EOBISON. — Explications relatives à la mé- thode de traitement employée par le doc- teur Turnhull dans certains cas do sur- dité "^35 ROCAMIR DE LA TORRE. — Rapports entre la couleur des yeux des peintres et le ton général de leurs tableaux 65 HOCHET D'HÉRICOURT. — Observations météorologiques faites de Paris à Cosseir. 921 UœSSINGER. — De la direction et de la ré- gularité des forces vitales considérées du point de vue médical 65 ROQUETTE (De la). 'Voir àio Roquette. ROMANCÉ, Barraudel C, annoncent l'in- tention do soumettre au jugement de l'A- cadémie une nouvelle machine à vapeur. 4'j8 ROMANET (De). — De la substance grasse IIIO MM. P-gM. du lait, des modifications qu'elle subit, et du rôle qu'elle joue dans la nutri- tion 6o4 ROMANOWSKI prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyés deux Mémoires qu'il a précédemment adressés, l'un sur la respiration , l'autre sur la physiologie da l'inflammatiou lo5o ROSE (Henri) est présenté comme un des candidats pour une place de correspon- dant vacante dans la Section de Chimie. io5a ROSSIGKON. — Action de la naphtaline sur les corps gras ; asparamide dans le suc de betterave; abondance de nitrate de po- tasse dans le Bouillon blanc 6i3 — Deuxième Mémoire sur la cellulogénésie; conversion de l'amidon en cellulose et de la cellulose en amidon ; formation du tissu médullaire ; fonctions de la moelle. . 8;3 — Dépôt d'un paquet cacheté. ( Séance du 9 mai.) 693 ROUSSIN demande l'adjonction d'un nouveau membre à la Commission chargée de faire un Rapport sur l'emploi des tissus de coton dans la voilure des navires, Commission devenue incomplète par l'ab- sence de M. de Freycinet 896 — M. Roussin écrit qu'étant dans la nécessité de s'absenter pour quelque temps , il pria l'Académie de le remplacer dans les Com- missions dont il fait partie lo48 ROUX est nommé membre de la Commission des prix da Médecine et de Chirurgie, fon- dation Montyon 69 ROUX. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 9 mai) 693 ROYS (De). — Sur le refroidissement graduel du globe terrestre , et les effets qui en ré- sultant , quant à son enveloppe solide. . . . 4^ MM. p,g„. — Sur la présence du fer et du manganèse dans le bassin de Paris 876 ROZE adresse des échantillons d'un composé pulvérulent qui, dissous dans l'eau, donne une encre supposée indélébile. . . . io47 ROZET. — Supplément à un précédent Mé- moire sur quelques-unes des irrégularités de la surface du globe terrestre. . 243 et 870 — Sur les phénomènes volcaniques de l'Au- vergne 58a ROHMKORFF.— Appareil destiné à augmen- ter la sensibilité des aiguilles du multi- plicateur sans altérer leur magnétisme,. . 608 RUOLZ (De). — ,Des copies du Rapport sur les nouveaux procédés introduits dans l'art du doreur par MM. Elkinglon et de Ruolz, sont adressées, par ordre de l'Aca- démie, à MM. les Ministres delà Guerre, des Finances et du Commerce. ^o — Réponse de M. de BuoU à quelques alléga- tions contenues dans une lettre de M. So- rel sur le zingage du fer au moyen des courants électriques a5a — Dépôt d'un paquet cacheté. (Séance du iS février.) 337 — M. de Ruoh adresse un fragment de tuyau de fer laminé, destiné au tubage du puits de Grenelle , et zingué au moyen des pro- cédés galvanoplastiques 449 — Dépôt d'un paquet cacheté. (Séance du Il avril.) 57Î — L'Académie , sur la proposition de la Com- mission des arts insalubres, lui accorde un prix de la valeur de 6000 francs, pour la découverte et l'application industrielle d'un grand nombre de moyens propres, soit adorer les métaux, soit à les platiner, soit enfin à déterminer la précipitation économique des métaux les uns sur les au- tres par l'action de la pile 878 SABINE et Murchison annoncent que la dou- zième réunion annuelle de l'Association britannique pour l'avancement des scien- ces aura lieu à Manchester , à partir du la juin 184» 586 SAIIST-AMAJND (De). — Lettre à M. Biot sur un phénomène lumineux observé à Agen, le 9 février aSs SALM-DYCK (Le prince de). — Quatrième livraison de sa monographie des genres Aloès et Meiemhrxanthemum 4*^ SANDRAS, — Recherches sur la digestion , en commun avec M. Bouchardat 680 SAVARESSE. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer Ji3 SAVART. — Recherches expérimentales sur l'influence de l'élasticité dans les cordes vibrantes. 91$ SAVARY. — M. le Ministre de l'Intérieur an- uonce qu'il a commandé un buste en mar- bre de feu M. Savary, buste destiné à l'Académie des Sciences 4** SCHATTENMAKN. — Lettre à M. Dumas ( " MM. l'sgM sur le râle que joue l'ammoniaque dans la TOgétation 3^4 SCHF.NCK — Mémoire sur la vaccine adresse pour le concours au prix extraordinaire proposé par l'Acad<^mie î'|6 SCHULTZ. — Nouvelles recherches sur le latex 341 SCHWICKARDI. — De l'alimentation et des effets qui s'y rapportent.— Recherches sur les résultats obtenus avec la (;clatine et sur les moyens de la rendre nourris- sante 4^' ^^ ^^3 SÉDILLOT. — Sur l'amputation de la cuisse dans l'articulation coxo-fémorale. (Rap- port sur ce Mémoire.) i4 SEDGWICK est présenté comme un des can- didats pour une place de correspondant vacante dans la Section de Minéralogie et Géologie 5^4 SEFSTROEM est présenté comme un des can- didats pour une place de correspondant vacante dans la section de Minéralogie et Géologie 574 et 6G3 SÉGALAS. — Nouvelle opération d'urétro- plastie 4^4 SÉGUIER. — Rapport sur un moulin à vent segouvernantlui-même, inventéparM. Du- rand 4^'^ — Sur la navigation à la vapeur... 5o6 — Rapport sur des expériences faites dans le but de constater le degré de résistance qu'oppose aux balles la cuirasse en feutre proposéeparM. Papadopoulo Yreto 679 — M. Séguier est nommé membre de la Com- mission pour le concours concernant les arts insalubres iio — Et de la Commission pour le concours au prix extraordinaire concernant l'applica- tion de la vapeur à la navigation •i!^1 — Et de la Commission chargée do présenter une liste de candidats pour la place d'a- cadémicien libre vacante par la mort do M. Costaz 5u — Et de la Commission pour le concours au prix de Mécanique Ihid — Mémoire sur les chemins de fer 981 — M. Séguier est adjoint à la Commission chargée de faire un Rapport sur diverses communications relatives à l'emploi des tissus de coton dans la voilure 896 SÉGUIN est porté sur la liste des candidats pour une place de correspondant vacante dans la Section de Mécanique 668 It ) MM ■ Post»; SENARMONT (De) présente un travail sur la géologie des départements de Seine-et- Oise et Seine-et-Maruc g'iy SERRES est nommé membre de la Commis- sion pour les prix de Médecine et de Chi- rurgie de la fondation Montyon 5j — Et de la Commission du prix de vaccine. . 604 — Recherches relatives à la coloration des os chez les animaux soumis au régime de la garance (en commun avec M. Doj-ère). . . aç/) — Réponscàdes remarques faites parM. Flou- rcns à l'occasion de celte communication. Sog SERVIELLE. — Communication relative aux moyens de diminuer les dangers des che- mins de fer 96} et S16 SILBERMANN. — Instruments pour déter- miner la distance focale principale des lentilles convergentes et des miroirs con- vergents 3 (O SOCIÉTÉ DES SCIENCES, DE L'AGRI- CULTURE ET DES ARTS DE LILLE demande Tinlervention de l'Académie près de l'administration , à l'effet de préve- nir des mesures qui ruineraient complète- ment la fabrication des sucres de bette- rave 3iG SOREL. — Sur le zingage du fer au moyen des courants électriques 228 — Nouvelle disposition d'appareil voltaïque pour l'application du zinc sur le fer 33y — Communication relative aux moyens de di- minuer la fréquence ou la gravité des ac- cidents sur les chemins de fer. ... 713 et 81G SOUBEIRAN. — Recherches sur les combi- naisons du -sucre de canne avecles bases. 6^8 — Sur la préparation du calomel très-divisé qu'on appelle calomol à la vapeur 665 STAS. — Résultats obtenus dans de nouvelles analyses de l'air faites à Bruxelles 5^0 STRAUS-DURCKEIM. - Traité pratique et théorique d'anatomie comparative ; il est fait, par M. Flourens, au nom de l'auteur, hommage de cet ouvrage à l'Académie.. 1048 STURM est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des pièces envoyées au concours pour le grand prix de Mathé- matiques 788 .SCBOTOWIEZ. — Lettre relative à diverses questions de physique générale et de cos- mogonie a35 SORELL. — Ses « Études sur les torrents des Hautes-Alpes» sont l'objet d'un des prix de Statistique pour le concours de 1841 877 C. R. ,i84î, l" Semestre. (T. XIV.) i5o ( IIT2 ) MM. PagPS. TANCHOU. — Expériences destinées à prou- ver la non-contagion du cancer ^55 — Eemarquos à l'occasion d'une Lettre de M. Mancc sur les expériences do la nature de colles qui font le sujet de la Note pré- cédente 877 TAVARD. — Dépôt d'un paquet cacheté. (Séance du 9 mai.) 693 TAVERNIER. — Baromètre d'une construc- tion nouvelle 817 TA VIGNOT. — Expériences relatives à la section sous-cutanée des artères 284 THENARD est nommé membre de la Commis- sion pour le concours concernant les arts insalubres 110 — El de la Commission pour la révision des comptes de l'année i8}i 604 — M. Tlicnard propose de convoquer la Sec- tion de Chimie, à l'effet de pourvoir au remplacement d'un correspondant de cette Section, T\I. Arfwedson, dont le décès a été annoncé à M. Pelouse par une lettre de M. lierzélias SgS THENARD, ingénieur en chef des ponts-et- chaussées. — Note sur un procédé d'en- rayagedes waggons composant les convois des chemins de fer 874 THIÉBADT DE BERNEAUD. - Note sur le Thyion de Thcophraste, Cilrusia Pline, MM. Page!. et l'identité de cette e-spèce végétale avec lo Pinus canariensis 229 THILORIER. — Appréciation de la force dy- namique résultantde la compression etde la dilatation des gaz 4^'' THOMAS. — Sur la présence d'un minerai de fer dans la forêt de l'Isle-Adam 6G4 TIEDMANN est présenté comme un des can- didats pour la place d'associé étranger va- cante parla mort de M. de Cando lie. 5'i'iel SCS TIREMON (De). — Sur une modification apportée au procédé connu pour la fabri- cation de l'outremer artificiel 761 TORTOLINI. — Divers opuscules de mathé- matiques de M. Torlolini sont présentés par M. Cauchr, qui en fera l'objet d'un rapport verbal c^Ct) TRACHEZ. — Examen d'une opinion soute- nue sur l'antiquité d'Hippocrate, d'Hé- siode et d'Homère Cf> TRINQUANT propose une explication de la différence qu'on dit avoir remarquée dans la rapidité avec laquelle s'osydenl les rails des chemins de fer, suivant qu'ils sont parcourus par les waggons, toujours dans le même sens, ou alternativement dans les deux sens opposés 668 TRISTAN (De'. — Études phytologiques, troisième Mémoire 713 VALLÉ. — Sur un nouveau mode de prépa- ration des toiles destinées à recevoir des peintures à l'huile 246 VALLÉE. — Troisième Mémoire sur la théo- rie de l'oeil 4^' VALLOT écrit relativement à une pétrifica- tion qu'il considère comme provenant d'une portion de bras d'un Mollusque cé- phalopode 74 — Sur la détermination des espèces de pois- sons compris dans le sous-genre Able. . . .5oo VALZ. — Tableau des observations météoro- logiques faitesàMarseille pendant l'année 1841 345 — Observation de la comète de Encke à Mar- seille: comparaison de la position obser- vée avec la position calculée 4"? VAN BEER. — Mémoire concernant la pro- priété des huiles de calmer les Ilots et de rendre la surface des eaux parfaitement transparente... 340 VENTUROLI est porté sur la liste des candi- dats pour une place de correspondant va- cante dans la Section de Mécanique GCtJ VERGER et Loiseau adressent le premier nu- méro du Compte rendu des séances de l'A- cadémie des Sciences morales et poli- tiques 346 VERGER. — Mouvement perpétuel 5yj VIAU présente une Noticesur un appareil de sauvetage qu'il désigne sous le nom d'Hy- drostnt et qu'il propose d'employer pour remettre à flot les navires coulés dans une rivière ou une rade peu profonde. 4o3,59iet giS V^ICAT. — Sur la date de ses recherches re- latives au degré de cuisson nécessaire à la pouzzolane 374 — Note sur la pouzzolane QÔS VIDAL-BROSSARD. — Sur les instruments employés pour reconnaître la richesse ( "'3) MM. Poses. alcoolique des liquides spiritueux 8i6 V IL ALLONGtJE.— Télégraphe dejom et de nuit. (Rapport sur cette invention.) 147 VILLERAIS. — Sur un tremblement de terre ressenti à Athèncsie iSavril 1842 7^5 VILMORIN est présenté par la Section d'É- conomie rurale comme un des candidats MM. Pages. pour la place vacante par suite du décès de M. Audouin 44 VINCENT. — Sur un passage d'un auteur ancien qui indique que la valeur de posi- tion, pour l'expression des nombres, était connuedes Romains dès le troisième siècle de notre ère 4-^ w WALFERDIN. — Ncte sur le thermomètre métastatique 63 WALSH. — Règles pour trouver le nombre de racines réelles et imaginaires d'une équa- tion quelconque 610 WARDENfaithommage à l'Académie du sep- tième volume de l'Art de vcrif cries dates, qu'il vient de faire paraîfre et qui est re- latif à l'histoire d'une partie des étals de l'Union 24^ — Population des Etats-Unis en i84o, d'après le recensement olBciel exécuté en vertu d'un acte du congrès lo43 WARTMAN. — Dépôt de deux paquets ca- clietés (séance du 3 mai) 668 WEBERest présenté comme un des candidats pour une place de correspondant vacante ■.^ dans la Section de Physique ^65 et 878 WEISS. — D'après la remarque faite par M. Da- binct,an rétablit sur la lisledes candidats pour une place de correspondant vacante dans la Section de Minéralogie, le nom de M. Weiss qui avait été omis, par erreur, dans la liste imprimée au Compte rendu. WERDET. — Papier de sûreté préparé avec la sanguine et l'acide oxalique 610 WHEATSTONE est présenté comme un des candidats pour une place de correspondant vacante dans la Section de Physique. . . . — Est nommé correspondant de l'Académie. WIESECKE écrit relativement à un appareil au moyen duquel , suivant lui , les progrès des diverses affections de la vue et les ré- sultats du traitement peuvent être consta- tés par le malade lui-même 5;)i 679 765 86a citfOîtj »K> îhJ'j mi:i>n'i t'jfto-i YANES annonce ÏVnvèi d'observations météorologiques qu'il a laites à Barcelone. 173 iZA'JiraDÉSCkl. — Expériences sur la Tor- pille 488 et 839 ZÇBER et Knecht. — Papiers de sûreté à fili- granes délébiles et indélébiles imprimés dans l'acte même de la fabrication du pa- pier. 337 tV]>\l\ i5o.. ( 'i'4 ) Errata. (Tome XIV.) Pajjc 2.37, ligne 17, Hisiaire naturelle de l'homme; pav M. i.-C.TRi:cn\RT>, lisez patr M. Prichard. 261, 18, au lieu rfc inserlion , lisez injeclion. 3i6, 16, au lieu de d'autant plus, lisez d'autant moins. Ibid. , 21, au lieu de une autre de platine, lisez un arc de platine. 328, 20, au lieu rfe concours de 1842, lisez Ae i8.{.i. 346, ajoutez : k quatre heures et demie, l'Académie se forme en co- mité secret. 397, 21, nu lieu de ^{x,j, z), lisez -f (x, y, 7). 399, 7' 'î" ^"^" ^'^ l'\'-^ï Ji 2)1 ^'■'« ^[^t y> z}- 402, II, au lieu de =, lisez -f-, Ibid , ibid., au lieu de f , lisez ^. 45o, 19, au lieu de Lagny, lisez Magny. 533, 21, M. Tiedeniann à Eilurtb, /wez à Heidelberg. 548, 1 1 , au lieu de: « Car il a presque toujours été .... pinson moins graves. <> , lisez : «Car, bien que beaucoup d'écrivains, et même des plus distingués, s'en soient occupés et en aient si- gnalé avec beaucoup de justesse certains points, néanmoins cet ouvrage n'a pas été le sujet d'une analyse complète et .spéciale, parce qu'elle n'entrait pas dans le but des auteurs, et souvent il a donné lieu à diverses erreurs plus ou moins graves. » 556, 19, après le mot décuple (1), ajoutez la note suivante : (i) Celle reniaïqnc n'a pas c'chaiipc h M. Bioi, qui, en signalant le point de vue sous lequel le livre (l'Arehimèdc se rattache ii la grande invention de Kepcr, dans l'Iiisloire des logarithmes, s'exprime ainsi: « Dans tout ccri, la simpliciie résulte de ce qu'an lieu de considérer les nombres mêmes avec la niulii- » nlicitc des caractères qui les expriment, on les désigne seulement par leur rang dans la progression in- » définie, rang qui est toujours bien plus court à exprimer, u (Notii e sur Ncper, Journal clés Savants, année r835, page 263) 673, 10, M. BissoN présente plusieurs images photographiques, lisez MM. Bissoî* et NicoLF-sco présentent. . . . 585, dernière ligne, au lieu de Tables pour servir au calcul du jour de Pâques, lisez pour coimaître la date d'une nouvelle lune d'un mois quelconque et d'une année passée ou future. 5g7, après la fin de la phrase ou en d'autres termes que ses molécules sont plus rapprochées, aurait dû être placé tout le texte compris entre j'ai montré dans rron premier Mémoire {Annales de Chimie, t. IV) (page 598) et finissant ces expériences ne sont pas encore assez complètes pour que je puisse en donner main- tenant le! résultats (page 600). (.1,5) Pajje 625, avant-dernière ligne, au lieu de Indigo ferra, lisez Jndigoferra. ^65, 29, au lieu de t Pièce qui a été omise dans le Compte rendu de la séance du 16 mai », lisez de la séance du 9 mai. "388, 6, au lieu de M. Forbes réunit 22 suffrages, lisez 21 suffrages. 864, lignes 3 et 4 > «" Heu de la moins sible, lisez la moins élevée possible. 869, du i" tableau , analyses XV et XVJ, 4' colonne, supprimez 5ooo "•"'''•,0. Id., colonne 5, au lieu de écurie fermée à l'Ecole militaire, chev. légers, 9 lisez clievaux. Jd , au lieu de air asphyxiable par la combustion du charbon. — Acide carbonique 3 , i , lisez 3i ,0. Id., colonne 3, au lieu de oxygène sur 10000, //iez oxygène sur 1000. Id., colonne 6, du tableau relatif aux atmosphères artificielles, au //>« rfe hydrogène carboné, /wez hydrogène carboné sur 1000. Pige 878, ligne 21 , M. de Haldat , à Namur, lisez à Nancy. 881, 9, M. Doublt:, décédé le 12 mai, /tVez le 12 juin. 892, 5 en remontant, dans la séance du 3 mai, lisez du 3o mai. ahr» ji-^W ■diKt jaiù ,^'