Mi, La COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES nf a. a" Te AAA Ta" = Le Lan à > * ï » ' Niue ' 4 * # k “ + “ ) | + n “ 4 " ’ ! LT ", pe ñ " (PE 1 be . F + +3 + ln FU LE" + PET EE in " CE LS) à j PAT a VS Th A7 # à “y à us he COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L’'ACADÉMIE En date du 43 Juillet 1835, PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. —_— 9 —— TOME DIX-NEUVIÈME. JUILLET — DÉCEMBRE 1844. BACHE LIER , IMPRIMEUR-LIBRAIRE, - QUAI DES AUGUSTINS, N° 5. —"ç— 1844 D édomns si : RC à ! J Ni de: ” = ;œ h N 5 \ ’ LL i * + 24 ”, : rs , , t ’ À 4 nl L COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 1 JUILLET 4844 PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Réflexions sur l'intégration des formules de la tige élastique à double courbure; par M. JS. Bixer. « Le procédé employé par M. Wantzel, pour intégrer les équations de la tige élastique, à double courbure, repose sur un choix spécial de coordon- nées, qui offre l'avantage de simplifier considérablement les formules primi- tives. Or, si je ne me trompe, c'est uniquement dans cette transformation que réside le principe de la méthode que j'ai proposée : dès qu'on l'a effectuée ou supposée, la réduction des formules permet d’achever le calcul de diverses manières. En cette occasion, comme dans beaucoup d’autres qui ont offert des difficultés aux analystes, il n'existe qu'un seul système, ou un petit nombre de systèmes de variables adaptées à la nature du sujet, et propres à surmonter l'obstacle qui s'opposait à l'intégration. On pourrait en citer divers exemples, et notamment celui du mouvement de rotation d'un corps solide autour d’un poiat fixe, qui exige nécessairement des variables dé- pendantes des axes principaux du corps, et qui demande, de plus, que l’on emploie, pour achever la solution, le plan du couple principal. C.R., 1844, 2m Semestre (T. XIX, N° 1.) L (2) » En s'appuyant sur cette réduction, M. Wantzel dirige habilement, et avec simplicité, le calcul de l'intégration; il fait plusieurs remarques qui lui sont propres, et signale un cas spécial dans lequel la courbe restant à double courbure, toutes les intégrations n'introduisent que des fonctions elliptiques. Mais si, dans le cas général que j'ai traité, ses formules analytiques s'accordent, au fond, avec les miennes, je dois cependant faire observer que les dernières intégrations ne peuvent être considérées comme ramenées aux fonctions elliptiques, du moins dans la classification admise par les géomètres. Par exemple, j'ai trouvé que l’une des coordonnées à pour expression ue pdt Vi — €" UN ë HK cos[H — 4 (X)|, EE) (4106) où l'on représente par ®(k) la fonction elliptique ) ua (1 — = )Vop(e + gt)(x —€?) —(4+ 66) à l'aide de l'intégration par parties, cette variable £ peut pr endre la forme plus simple ï SL : 7 02 BhE + 20 — E= pr sin[H—9"(4)]+p [ dé so | ne d'(2)] : l'autre coordonnée v est susceptible d'une semblable réduction. Or, je ne crois pas que les analystes consentent à classer parmi les fonctions ellip- tiques les intégrales renfermées dans ces formules, ni même cette intésrale plus simple 1 dE! sin[®(#)l, ®’ (2) étant la fonction elliptique précédente, ou une autre fonction de cet ordre. C'est ce que j'ai voulu énoncer, pour le cas général, dans la Note du 17 juin, par ces termes : « Ces combinaisons ne me paraissent pas suscep- » tibles d'être réduites aux simples fonctions elliptiques. » » Quoi qu'il en soit, sous le rapport analytique, le problème sur lequel J'ai rappelé l'attention des géomètres me semble avoir reçu une solution, tout au moins confirmée par les recherches habiles, et rapides, de M. Wantzel. Après avoir traité le cas de la courbe plane, Lagrange ne pourrait plus (3) ajouter : « Jusqu'à présent, il ne paraît pas que l'on ait été plus loin dans la » solution générale du problème de la courbe élastique. » » Au point de vue mécanique, je suis loin de penser que le problème ne doive pas être repris par une analyse plus complète, et moins hypothétique, des efforts d’une tige ayant des dimensions transversales sensibles, quoique très-petites, relativement à sa longueur. En s'éloignant du cas abstrait, que nous avous traité, Poisson-et moi, pour aborder, ainsi que l’a déjà fait M. de Saint- Venant, la réalité physique, on rencontrera des formules plus compliquées qui réclameront de nouveaux travaux des géomètres. Il ne sera peut-être pas inutile de posséder, pour les cas les plus simples, une méthode d'’inté- gration, afin de s'élever aux problèmes plus épineux, ne fût-ce que par la voie des approximations. » RAPPORTS. CHIMIE. — Rapport sur plusieurs Mémoires de M. Esermex, concernant la métallurgie du fer et l'emploi des combustibles gazeux, fait par M. Che- vreul au nom d'une Commission composée de MM. Thenard, Chevreul, Berthier, Dumas et Repnault. « Tout le monde sait : » Que les minerais de fer mélés de fondants passés au haut fourneau donnent la fonte; » Que la fonte traitée à la forge ou au four à puddler donne le fer ; » Que le fer, pour être travaillé au marteau, aux cylindres étireurs, au laminoir, doit avoir été préalablement plus ou moins chauffé dans des fours particuliers. » Ces opérations exigeant des températures continues des plus élevées, et l'emploi du fer s'étendant tous les jours davantage avec les nouveaux besoins de la société, on conçoit la nécessité, pour y satisfaire, de se procurer et de travailler ce métal avec le minimum de combustible. Qu'on se rappelle main- tenant l'énorme quantité de chaleur dégagée avec les gaz des hauts fourneaux, avec ceux des forges et des fours à puddler; qu'on se rappelle les efforts que l'on a faits, que l'on fait tous les jours pour appliquer cette chaleur perdue à divers usages, au travail du fer particulièrement, et la sidérurgie va appa- raître sous une forme nouvelle, soit qu'on cherche le meilleur emploi possible des gaz, soit que, dans l'étude précise dont leur composition est l’objet, on I... (4) cherche un complément à nos théories de la réduction du minerai en fonte et de la fonte en fer. » L'importance des recherches dirigées vers le but d'employer utilement les gaz des fourneaux, ainsi établie d'une manière incontestable , nous dirons que les efforts tentés pour y parvenir portent principalement sur les cinq objets suivants : » 1°. L'emploi des gaz des hauts fourneaux chauffés au charbon de bois; » 2°, L'emploi des gaz des foyers d’affinerie chauffés au charbon de bois; » 3°. L'emploi des gaz des hauts fourneaux chauffés au coke; » 4°. L'emploi des gaz des fours à puddler chauffés à la houille; » 5°. L'emploi de gaz provenant de combustibles sans valeur ou de peu de valeur, pris à l’état solide. » Le 28 mars 1842, nous rendimes compte à l'Académie des recherches de M. Ebelmen sur le premier objet, Vemploi des gaz des hauts fourneaux alimentés au charbon de bois; nous indiquâmes les procédés à l’aide desquels il les avait puisés dans les diverses régions du fourneau, la composition quil leur avait trouvée et les conclusions auxquelles il était arrivé relativement à l'emploi qu'on peut en faire comme combustible. Enfin nous indiquâmes les résultats de quelques essais qu'il avait tentés sur le cinquième objet, la con- version de combustibles solides de peu de valeur en fluides élastiques inflam- mables. En même temps que l'Académie, conformément à notre proposition, approuvait ce travail, elle invitait l’auteur à le continuer, et c'est en con- séquence de cette invitation, et grâce à une seconde mission qui lui a été donnée par M. Legrand, sous-secrétaire d'État des Travaux publics, que de nouvelles recherches, dont l'ensemble ne comprend pas moins de quatre Mé- moires étendus, ont été entreprises et renvoyées à notre examen. Voici les titres de ces Mémoires : » Premier Mémoire. — Recherches sur la composition des gaz qui se dégagent des foyers d’affinerie ; » Deuxième Mémoire. — Recherches sur la production et l'emploi des gaz combustibles dans les arts métallurgiques ; » Troisième Mémoire. — Recherches sur la carbonisation du bois; » Quatrième Mémoire. — Recherches sur la composition des gaz pro- duits dans les opérations de la métallurgie du fer, etc. » Dans le compte que nous allons rendre de ces Mémoires, nous ne sui- vrons pas l'ordre chronologique de leur présentation à l'Académie ; nous di- viserons notre Rapport en cinq paragraphes correspondants aux cinq objets principaux que nous venons de signaler dans la sidérurgie, en ayant soin de (5) rattacher à chacun d'eux tout ce qui intéresse la théorie des opérations mé- tallurgiques : cette disposition des matières sera très-propre à faire apprécier l'étendue des travaux de l’auteur des Mémoires, la coordination des obser- vations et des expériences auxquelles il s’est livré, et comment il atteint son but, de diriger la pratique par la théorie, en transportant le laboratoire du savant au sein même des usines qu'il devait éclairer des lumières de la science. $ I. — De l'emploi des gaz des hauts fourneaux chauffés au charbon de bois, et théorie de la réduction du minerai de fer. » L'emploi des gaz des hauts fourneaux chauffés au charbon de bois, et la théorie de la réduction du minerai de fer déduite de la composition de ces gaz puisés dans les différentes régions du fourneau, ayant été l'objet du Rap- port du 28 mars, nous ne mentionnons les recherches auxquelles elles ont donné lieu que pour mémoire, et lier les nouveaux travaux aux anciens. $ II. — De la composition et de l'emploi des gaz qui se dégagent des foyers d'affinerie, et de la théorie de l’affinage de la fonte au charbon de bois. » La transformation de la fonte (œueuse) en fer au moyen du charbon de bois, par le procédé comtois, coûte plus que l'affinage opéré dans le four à puddler alimenté à la houille; et malgré cela, puisqu'on continue à le prati- quer, à cause de la meilleure qualité de son produit, on conçoit l'importance de toute étude qui tendra à en diminuer les frais d'exécution, et on aper- çoit dès lors la nécessité de connaître toutes les circonstances de l'opération, afin de les soumettre à une théorie capable d'expliquer les manipulations de l'ouvrier, et d'apprécier si l'emploi du combustible est le plus avantageux possible. » Les efforts de M. Ebelmen ont été dirigés vers ce double but; mais, avant de dire comment il l’a atteint, nous exposerons la théorie de l’affinage du fer opéré au charbon de bois telle qu'elle était lorsqu'il a commencé à s’en oc- cuper. » À. Affinage de la fonte au charbon de bois sous le point de vue théo- rique. — Une forge comtoise ou un foyer d'affinerie comtois est une cavité prismatique à base rectangulaire horizontale en fonte, limitée par quatre pa- rois verticales pareillement en fonte, dans laquelle on brûle du charbon de bois, afin de produire, sous l'influence de la chaleur, deux effets : 1° la décar- buration de la fonte; 2° V'échaufjement du fer provenant de cette décarbu- F6?) ration, nécessaire pour souder toutes les parties du métal, le forger et l'étirer en barres. » La combustion s'opère dans une forge au moyen de l'air atmosphérique froid ou chaud qui s'échappe de une ou de deux tuyères traversant celle de ses parois verticales appelée varme. La profondeur de la forge étant de 0,25, le museau d’une des tuyères se trouvera à 0",215 et l'autre à 0",228 environ du fond. Les jets d’air étant dirigés presque horizontalement, il est évident qu'au-dessous d'eux il y aura une quantité considérable de combus- tible qu'ils n’atteindront pas. D'un autre côté, lorsque la forge est chargée de charbon, celui-ci formant un amas de 0,35 à o",40 d'épaisseur environ au-dessus des tuyères, on voit comment l'acide carbonique produit par la combustion immédiate du charbon pourra se transformer en oxyde de car- bone si la température le permet, et comment il pourra se dégager du foyer d'affinerie, avec ce gaz combustible , du gaz hydrogène provenant de la dé- composition de la vapeur d’eau par le carbone, et de la distillation que subit le charbon avant d'être atteint par l'oxygène atmosphérique. Une consé- quence de cet état de choses est donc une grande perte de chaleur dans un foyer d’affinerie, si on ne tire pas parti de celle des gaz qui s'en dégagent à une température très-élevée, et si en méme temps on ne brüle pas par l'air , atmosphérique l’oxyde de carbone et l'hydrogène qu'ils renferment. » Avant d'aller plus loin, distmguons trois régions différentes dans une forge chargée de fonte et de charbon : la région moyenne, où s'opère la combustion par la projection de l'air sur le combustible; la région inférieure, où il n'y a pas d'atmosphère comburante, et la région supérieure, occupéé par du charbon et des gaz dépourvus d'oxygène; maïs remarquons que les limites de ces régions n'ont pas la fixité des plans limites horizontaux , qu'on peut imaginer partager l'intérieur du haut fourneau en trois régions corres- pondantes à celles que nous venons de distinguer dans la forge comtoise. Effectivement, dans le premier, la colonne descendante, formée du combus- tible, du minerai et du fondant, est d'une longueur considérable et invariable pour ainsi dire, et le vent comburant a généralement une vitesse constante ; dans la forge, au contraire, la hauteur du charbon, qui, comme la colonne descendante du haut fourneau, vient se brûler devant les tuyères, est très- variable dans le cours de l'opération, et la vitesse du vent l’est beaucoup : ajoutez à cela que la région supérieure n'est pas limitée par des parois ver- ticales comme l'est celle du haut fourneau, et vous comprendrez la différence existant entre les trois régions des deux appareils pyrotechniques que nous venons de comparer lun à l’autre. (87) » Lorsque la forge est en feu, l’affinage marche sans interruption, comme la réduction en fonte du minerai de fer opérée au haut fourneau, mais pour- tant avec cette différence que le minerai, une fois sorti du haut fourneau à l’état de fonte, n'y rentre plus, tandis que la fonte, qui est arrivée au fond de la forge à l’état pâteux, en sort plus tard à l'état de loupe, et que celle-ci est partagée en deux lopins de fer qui, frappés au martinet, y rentrent chacun deux fois pour être chauffés au rouge soudant , et deux fois en ressor- tent pour être forgés. » Partageons en deux périodes le temps qui s'écoule depuis que la fonte tombe dans la forge jusqu’à celui où elle en sort à l’état de loupe, ou, en d’autres termes, divisons en deux périodes la durée de la transformation en fer d'une quantité donnée de fonte. » Pendant la première période, la fonte se trouve à l'état pâteux au fond de la cavité en contact avec de l’oxyde de fer et du charbon ; les deux lopins, provenant d'une loupe préparée antérieurement, y sont chauffés ; la durée de cette période est de 1 heure à 1°15®; on consomme les {£ du combustible employé dans l'affinage. » Pendant la seconde période , la fonte est soulevée afin de la dessorner, c'est-à-dire de la séparer des sornes ou scories qui sont adhérentes au fond et aux angles de la forge. La fonte dessornée est présentée au vent de la tuyère, il se produit de l’oxyde de fer et un sous-silicate de cette base. La fonte, en partie affinée, retombe au fond de la forge, où la décarburation s'a- chève. C'est alors que l’ouvrier avale la loupe, c'est-à-dire qu’il réunit toutes les parties de fer affiné. La durée de cette période est de 25 à 30 minutes; on y consomme seulement du combustible nécessaire à l’affinage. » Quelle différence y a-t-il entre la fonte et le fer? Tout le monde s’ac- corde à dire que la première contient du carbone, tandis que le second, s’il n'en est pas absolument dépourvu, en retient infiniment moins que la fonte. L'affinage de celle-ci est donc une décarburation. Mais comment s'opère- t-elle? Longtemps on a pensé que le vent des tuyères brülait le carbone ; mais, dès 1820, l’un de nous avait fait remarquer (Dictionnaire des Sciences naturelles , tome XVIF, page 228) le peu de probabilité de cette opinion, d’après la double considération de la grande combustibilité du fer à la haute température qu'exige l'affinage, et de la quantité de carbone de la fonte trop faible pour qu'il ne se brûlât pas plus de fer que de carbone, non-seulement relativement aux quantités absolues de ces corps, mais encore proportion- nellement à leurs quantités respectives; c’est ce qui lui fit admettre ensuite Ja réaction de l’oxyde de fer sur le carbone de la fonte. Mais, quoi qu'il én soit (8) de cette opinion, la démonstration de la théorie de l'affinage par la voie expérimentale restait tout entière à donner. Il fallait définir les actions qui se passent dans les diverses régions d'un espace variable, dont la hauteur ne dépasse pas 0,6 et peut être réduite de moitié environ, et expliquer nette- ient, en définitive, comment la décarburation sopère par combustion au milieu du charbon sans que le fer, qui forme la loupe, s'oxyde et se carbure, et rendre compte conséquemment des manœuvres du forgeron qui arrive à ses fins sans avoir jamais été guidé par la science. » Exposons maintenant les résultats des recherches de M. Ebelmen à ce sujet, et, en examinant les deux périodes de l’affinage de la fonte , nous ver- rons comment il a atteint le but théorique qu'il s'était proposé. ». Première période. — Au moment où la fonte affinée, c'est-à-dire /a loupe, vient d’être retirée du feu, il n’y a plus dans la forge que du menu charbon. Les tuyères sont à découvert, et la gueuse, déjà chaude, placée vis-à-vis d'elle, au contrevent, est couverte des débris de fer, de scories, et plus tard on ajoute les parties qui se détachent de la loupe pendant le cinglage. Enfin on recouvre le tout avec un hectolitre de charbon, et on donne le vent, mais non la totalité; le foyer est constamment rempli de charbon. On évacue les scories pauvres de temps en temps. » C’est pendant cette opération que les deux lopins provenant de la loupe cinglée sont exposés à la température du blanc soudant vis-à-vis des tuyères et successivement, afin que les parties se rapprochant ou se soudant, on puisse ensuite les forger. » M. Ebelmen a constaté que dans la région moyenne, où le fer est exposé à la plus haute température de la forge, le charbon qui reçoit le jet d'air atmosphérique des tuyères est converti en acide carbonique. Voici, en effet, la composition des gaz puisés par aspiration au moyen d’un appareil analogue à celui dont il s'était servi pour puiser les gaz dans l'intérieur des hauts fourneaux , au niveau de la face inférieure des lopins : Acide carbonique. . . . . , . . . 15,73 13,51 Oxyde de carbone. . . . . , . . . 8,06 12,44 BRON Clos ir sd à 0,70 0,90 AOC IE E C e 75,51 73,75 ». En puisant les gaz à la hauteur de la face supérieure des lopins, on con- state la tendance de l'acide carbonique à passer à l’état d'oxyde par le contact du charbon, car ils sont composés de (9) Âcide carbonique. . . . . . . 7:70 Oxyde de carbone. .:. . . . . 20,31 Hydrogène, RE AE" 0,37 AZOTO RE Pl ve D 0 Be On voit, d'apres ces analyses, combien la région moyenne de la forge, celle où s'opère l’action immédiate de l'oxygène atmosphérique sur le carbone, est restreinte dans son étendue, et nous ajouterons combien il serait inexact de la considérer comme un espace limité par des plans parallèles. » Pendant le forgeage du :fer, la fonte se désagrége et tombe dans la ré- gion inférieure sur les sornes , essentiellement formées d'oxyde de fer et de silice ; elle doit ètre en grumeaux à l’état pâteux. » En examinantles gaz puisés dans le voisinage de la fonte placée au contre- vent, lorsque le premier et le second lopin provenant de l'étirage de la loupe sont exposés au feu, M. Ebelinen les a trouvés composés de Acide carbonique. . . . . 1,64 1,67 * 6,15 Oxyde de carbone. . . . . 29,20 27,85 24,11 Hydrogène. . . . . . . . 1,92 2,44 1,30 AZDLC NANTES AT 67,24 68,04 68,44 Il est évident que, dans ces circonstances, la fonte se trouve dans une atmo- sphère non oxydante ou très -peu oxydante, car il n'y a que l'acide carbonique capable de l'oxyder, et il n'est qu'en petite quantité. La décarburation s'opère donc alors, dans cette première période de l’affinage, par l'oxygène des sco- ries riches ou de l’oxyde de fer, et c’est alors que les manipulations du forge- ron consistent principalement à mettre les scories en contact avec la fonte; il peut y avoir action par cémentation et action par projection des scories contre la fonte, projection opérée par le vent des soufflets. » Lorsque la chaleur augmente, la fonte s’'échauffe davantage; mais alors M. Ebelmen n'a pu se procurer des gaz, le tube dont il faisait usage pour les puiser s’obstruant par la projection des scories. » La composition des gaz puisés immédiatement au-dessus des charbons lorsque les tuyères en sont couvertes, restait à examiner. » M. Ebelmen a trouvé les compositions suivantes aux gaz puisés, lorsque le charbon dépasse les tuyères de 0,3 et pendant le rechauffage des deux lopins : 15 minutes. 20 minutes. 25 minutes. Acide carbonique. . . . . 9,34 5,86 3,60 Oxyde de carbone. . . . . 16,68 22,76 24,76 Hydrogène. . . . . . . . 5,53 7,46 6,01 Azote. ARE 0 ADE RU 68,45 63,92 65,63 £.R,, 184%, 2M€ Semestre (T. XIX, N° 4.) 2 ( 10 ) » La proportion de f'oxyde de carbone augmente donc à mesure que l'o- pération avance; mais il y a un terme où la couche de charbon devenant moins épaisse, la proportion de ce même oxyde décroit pendant que celle de l'acide carbonique augmente. L'hydrogène va en décroissant, parce que le charbon qui va se brûler en a été, en partie, dépouillé par la distillation qu'il a subie dans la région supérieure. Les analyses suivantes prouvent ce que nous disons : Puisés 1 heure après le com- Après 1 heure 10 minutes. mencement de l’affinage. Acide carbonique. . . . . . . . . 10,14 12,86 Oxyde de carbone. . . . . . . . . 16,06 11,88 Hydrogène. . . . . . . Ur ot 2,51 AZOTEENRENE CRE 71,46 72,79 L'acide carbonique se change donc en oxyde de carbone dans la région su- périeure, et le charbon perd son hydrogène par la chaleur de plus en plus élevée à laquelle il est exposé, jusqu'au moment où, parvenu dans la région moyenne, il est réduit en acide carbonique par l'oxygène atmosphérique. » Telles sont les actions qui se passent dans la première période de l’aff- nage; parlons de celles qui s’'accomplissent durant la seconde. » Seconde période. — Pendant la seconde période, il n’y a plus dans la forge que la fonte et une petite quantité de charbon dont on maintient la proporlion en en ajoutant à mesure qu'il s'en consume; il se produit une gerbe brillante dans laquelle M. Ebelmen a puisé des gaz à quatre époques différentes (a, b, c, d). » (a) La seconde période s'ouvre par l'opération du dessornage, qui con- siste à soulever la fonte en partie affinée, afin d'en séparer les sornes ou scories riches. » (b) Après le dessornage, la fonte à l'état pâteux, en partie affinée, est présentée au vent des tuyères; la forge ne présente plus alors qu'une région moyenne et une région inférieure; la fonte s’affaisse et descend au-dessous du niveau des tuyères. Dans quelques usines on ajoute, à cette époque, 15 kilo- grammes de rognures de tôle, représentant environ + de la quantité de fer qui sera produite. » (c) La fonte, ou, comme on dit, la pièce , repose à demi plongée dans un bain de scories riches; le forgeron en soulève légèrement les diverses par- ties, afin de faire circuler l'air à l’entour aussitôt qu'il s'est assuré que l’affi- nage est opéré. » (d) I réunit toutes les parties de fer en une seule masse, c'est la loupe. (Er) Il refroidit les museaux des tuyères avec des battitures mouillées. Il arrête le vent et retire la loupe du feu. » Voici la composition des gaz correspondant aux quatre époques de la deuxième période : : 1rC époque. 22 époque, 3° époque 4° époque. Acide carbonique. . . : 11,97 12,42 10,25 9:36 Oxyde de carbone . . . 8,91 2,65 1,38 0,40 Hydropène M. 3,10 0,78 0,00 0,22 Oxygène. . . . .. Lobo Mae ir) © 4,10 6,52 6,95 AZOLE UE ES Ne AU 75,05 80,05 81,85 83,07 » Dans la seconde période, tout l'oxygène ne se porte donc pas, comme dans la première, sur le charbon; non-seulement une portion reste libre de toute combinaison, mais une autre encore se porte sur du fer et du carbone de la fonte pour produire de l'oxyde de fer, de l'oxyde de carbone et beau- coup de chaleur. Une portion d'oxyde de fer convertit les scories crues en silicate basique, et ultérieurément l'oxyde de fer décarbure les dernières por- tions de fonte. Sans doute l'oxydation de la couche extérieure de la fonte est l'obstacle qui empêche le carbone du combustible de pénétrer dans l'inté- rieur de la masse ferreuse, pendant que l'oxyde de fer contenu dans cette masse achève Faffinage de la fonte en réagissant sur le carbone. » On a essayé sans succès de remplacer le charbon de bois, dans l’affinage comtois, par le bois vert et le bois desséché. » B. 4ffinage de la fonte au charbon de bois sous le point de vue de l'appli- cation.— Les détails dans lesquels nous venons d'entrer expliquent bien, con- formément à la comparaison que nous avons faite entre le haut fourneau et la forge , pourquoi les gaz qui se dégagent de celle-ci n'ont point la constance de composition de ceux qui se dégagent du premier : ainsi, le vent de la forge est variable; dans la seconde période de l’affinage, l'acide carbonique produit ne traverse pas une couche épaisse de combustible, ainsi que cela a lieu dans la première période; et dans celle-ci même, l'épaisseur de la couche au- dessus de la région moyenne, et l'état du charbon, suivant qu'il est froid ou qu'il a déjà éprouvé l’action de la chaleur, influent sur la nature du produit gazeux des feux d'affinerie comtois. » La première conséquence à déduire de cet état de choses est l'impos- sibilité d'obtenir une température assez élevée et soutenue durant un temps suffisant pour opérer le puddlage de la fonte, comme on peut le faire avec les gaz dégagés d’un hant fourneau. Mais on tire aujourd'hui un très- bon parti de ces gaz pour échauffer des fours où Jon expose, soit des tôles 2. (12) destinées à subir un nouveau laminage, soit du fer destiné à être réduit en petit fer. Dans le premier cas, il suffit d'une chaleur rouge-cerise, mais en évitant que l'atmosphère du four soit oxydante ; dans le second cas, la tem- pérature doit être plus élevée et produite aussi rapidement que possible. D'après cette différence de condition de chaleur, les fours doivent différer les uns des autres dans leur disposition à recevoir les gaz combustibles et l'air nécessaire à leur combustion. » M. Ebelmen a analysé les gaz combustibles à leur entrée dans les fours annexés aux foyers d’affinerie. » Voici la composition des gaz des fours de tôlerie pendant la durée de l’affinage : Première période: Deuxième période. en —, a Acide carbonique. ........ 10,66 12,21 14,87 16,79 Oxyde de carbone......... 16,34 12,91 6,27 0,46 Hydropéne- = Het. 4,18 3,18 3,18 0,00 OxyrénerR Eee nee 0,00 0,00 0,90 1,45 A ZOO ne ME dec 68,82 71,70 74,73 81,30 » Si ces analyses ne peuvent représenter la composition moyenne des gaz dégagés des foyers d'affinerie, elles montrent les variations deleur composition à diverses époques de l'affinage. » Deux causes exercent de l'influence sur la nature des gaz des fours de petit étirage : 1° l'époque de l’affinage à laquelle ils se dégagent des foyers d'affinerie ; 2° le volume variable d'air qu'on introduit pour brler les gaz combustibles, volume réglé au moyen d’un registre placé à l'origine de la cheminée, et de manière à maintenir une petite flamme bleuâtre à bords orangés, sortant par la porte du four. Pendant la première période, le registre est ouvert Pendant la deuxième période, d’une petite quantité. le registre est fermé. Acide carbonique.............. 15,34 16,44 Oxyde de carbone............. 8,68 1,12 HYATOgÈnE pepe 3,66 0,17 OXYPENE EEE Terre 0,00 2,02 PATOLO Ne ee Le etes le le lahote ele ce T72,32 80,25 » On voit que, quand le registre est fermé, la composition du gaz est la même que celle du gaz du four de tôlerie dans la deuxième période de l'af- fiuage ; et que quand il est ouvert, au commencement de l’affinage, les gaz renferment moins de gaz combustibles que quand il est fermé. (15) » Dans les fours à registre surtout, la température est trés-variable. C'est au moment du dessornage qu’elle semble atteindre le maximum , et à partir de ce moment elle décroît très-notablement. Cependant il semble que ce serait plus tard, lorsque la combustion du gaz est la plus complète, que ce maximum devrait être atteint. M. Ebelmen explique cette anomalie appa- rente : dans la première période de l'affinage , la charge-du charbon se trouve telle, que les gaz dégagés du foyer sont brûlés par l'air atmosphérique à leur entrée du four à réchauffer, près du fer dont on veut élever la température. A mesure que le charbon se consume, l'espace compris entre sa surface et la voûte du four augmente, les parois du foyer s'échauffent, et les gaz par- venant au four à réchauffer, ayant le maximum de température au momert du dessornage, produisent le maximum d'effet par leur combustion ; mais peu à peu le charbon diminue, l'air atmosphérique devenant en léger excès rela- tivement au combustible, les gaz qui se dégagent parcourent un espace toujours plus grand avant de parvenir au four, et ne produisent plus le même dégagement de chaleur. » Une appréciation exacte du rapport de la quantité de chaleur perdue à celle qui est employée dans un foyer d'affinerie, est impossible à établir d'après la pure théorie, par la raison qu'il y a trop de chaleur perdue dans deux circonstances : lorsque l’ouvrier travaille devant une large ouverture de laquelle s'échappe beaucoup de chaleur rayonnante, et lorsqu'il retire la loupe du feu pour la forger. D'un autre côté, il est évident qu'on ne peut employer aussi utilement la chaleur des gaz des foyers d’affinerie, que si on chauffait directement le four annexé au foyer d’affinerie. Quoi qu'il en soit, M. Thirria a établi qu'en représentant par 100 le combustible nécessaire à l'affinage, on travaillera, aa moyen des gaz qui s'en dégageront, une masse de fer qui aurait exigé pour être travaillée à la houille, une quantité de ce com- bustible correspondant à -2- de celui qui est brûlé pour l'affinage. Résumé du $ YI- » Le maximum de température dans une forge à deux tuyères correspond à la région moyenne où l'oxygène de l'air et celui de la vapeur d’eau atmo- sphérique sont convertis en acide carbonique. » Dans la première période de l’affinage, la fonte perd du carbone et du silicium au moyen de l'oxygène de l’oxyde de fer qui y est mêlé ou ajouté. Il se produit alors de l'oxyde de carbone et de la silice, et il y a du fer réduit. Suivant M. Ebelmen , la chaleur développée par la combustion du carbone et (14) du silicium étant loin de compenser celle qui est nécessaire à la séparation de l'oxygène du fer, il doit y avoir refroidissement. ». Dans la deuxième période, lorsqu'il y a combustion du carbone, du sili- cium et d'une petite quantité de fer devant les tuyères , il y a un grand déve- loppement de chaleur; mais par la raison qu'il se produit en même temps dans la masse une réaction entre l'oxyde de fer et le carbone du fer encore carburé, une portion de la chaleur développée par la combustion redevient latente. » Enfin, dans la première période, les gaz dégagés étant avec excès de ma- tière combustible sans oxygène libre, sont d'un emploi plus avantageux pour chauffer les fours annexés aux foyers comtois, que ne le sont les gaz qui se dégagent dans la deuxième période, ceux-ci contenant de l'oxygène avec une moindre proportion de matière combustible. $ III. — De la composition et de l'emploi des gaz des hauts fourneaux chauffés au coke. » S'il existe une grande analogie entre la combustion du charbon de bois et celle du coke dans un haut fourneau , il y a pourtant quelques différences sur lesquelles M. Ebelmen insiste avec raison. » Ainsi , les deux combustibles dans la région des tuyères produisent de l'acide carbonique ; un peu plus baut, ce gaz est converti en oxyde de cârbone, qui se trouve mélé d'azote et d'hydrogène provenant de la décomposition de la vapeur d'eau; mais il y a cette différence, quele gaz provenant du coke pris à 0,24 au-dessus de latuyère contient une trace d'acide sulfhydrique, lequel est bientôt réduit en hydrogène par le fer et le calcium du fondant , qui s'em- parent du soufre pour constituer dela fonte sulfurée et un laitier renfermant du sulfure de calcium. Les gaz qui sortent du gueulard ne contiennent ni acide sulfureux ni acide sulfhydrique, mais une trace d'une vapeur sulfurée que l'acétate de plomb n’absorbe pas et qui paraît être du sulfure de carbone. » La température aux tuyères est assez élevée pour fondre le fer et la por- celaine presque instantanément ; mais on remarque, à partir destuyères, queles régions du haut fourneau chauffé au coke sont portées, relativement aux régions correspondantes du haut fourneau chauffé au charbon de bois, à une température plus élevée ; la différence est surtout sensible au gueulard , car la température y est dans le dernier haut fourneau, à charge haute, au-dessous de 112 degrés, et à charge basse, de 112 à 200; tandis que celle du haut fourneau chauffé au coke est, à charge haute, de 228 à 330 degrés, et à charge basse, de 360 à 430 degrés. » De la tuyère au ventre il ÿ a presque identité de composition entre la (15) colonne ascendante du haut fourneau au coke et celle du haut fourneau au charbon de bois. » Voici des analyses de gaz d'un haut fourneau de 11 mètres de hauteur, marchant au coke et à l'air chauffé à 130 degrés, qu'on peut comparer à celles que nous avons indiquées dans notre précédent Rapport : Vuisinage À 0,65 au-dessus Au grand ventre. de la tuyère. de la tuyère. Aeldelcar OUEN Ce 8,11 0,16 0,17 Oxyde de carbone... . . . . . . . . .. 16,53 36,15 34,01 Hydrogène. Kb MN INIe Me MANU) 0,26 6,99 1,35 zone AV tri : CU br 75,10 62,70 64,47 » On peut dire que la colonne ascendante arrivée aux étalages ne renferme plus d'acide carbonique, et il importe de remarquer que l'oxygène de l'oxyde de carbone est à l'azote dans le rapport où les gaz se trouvent dans l'air atmosphérique; il faut donc en conclure que le minerai de la colonne des- cendante, parvenue à la base de la cuve, a perdu déjà tout son oxygène; car autrement l'oxygène de l'oxyde de carbone de la colonne ascendante, par- venue au sommet des étalages, serait à l'azote dans une proportion plus forte que dans l'atmosphère. » La colonne ascendante, prise à la moitié de la cuve du fourneau à coke, présente à l'analyse: Acide carbonique. . : . . . . . . . . . 0,68 Oxyde de carbone. : = ="... . . . : : . 35,12 Eydronenc RC de 1,48 AZOIE Te este TOUR SUR, PARENTS 62,72 d'où il suit que, dans la moitié inférieure de la cuve, c'est à peine s'il y a eu quelque réaction entre la colonne ascendante et la colonne descendante, car le rapport de l'oxygène de l'oxyde de carbone à l'azote de la première est à peu près le même que celui de ces gaz dans l'atmosphère. Cela conduit donc à conclure que c’est dans la moitié supérieure de la cuve que la réduction du minerai doit s’opérer. En effet , les gaz pris au gueulard sont formés de : Aeidercarbonique nee 7 0. 715 Oxydesde carbone 7-1 0-05 0 1-0 28,37 HydropenetiE- NV RE, 2,01 (16) » Ilest donc évident, par la proportion de l'acide carbonique et par ladi- minution de celle de l'oxyde de carbone, que dans la moitié supérieure de la cuve, le minerai a perdu tout ou presque tout son oxygène par l'oxyde de carbone de la colonne ascendante. » Puisque la réduction du minerai s'opère en totalité dans la moitié su- périeure de la cuve, il faut bien que la température y soit suffisamment élevée. Mais si elle suffit pour la conyersion de l'oxyde de carbone en acide carbonique par l'oxygène du minerai, elle serait insuffisante pour la conversion de l'acide carbonique en oxyde de carbone au moyen du charbon. » Si nous comparons maintenant la colonne ascendante du haut fourneau chauffé au charbon de bois avec celle du haut fourneau chauffé au coke, nous verrons que la proportion de l'acide carbonique de la première augménte depuis le ventre jusqu'au milieu de la cuve (*), mais que, dans la moitié supérieure , le minerai n’a point encore perdu d'oxygène ; la colonne ascendante conserve douc sa composition, sauf la vapeur d'eau quelle recoit. » L'examen précédent démontre donc qu'il y a bien plus de chaleur deé- veloppée dans un haut fourneau au coke que dans un haut fourneau au charbon. Si nous ajoutons que pour obtenir 100 de fonte il faut brûler, dans le premier, 200 à 285 de coke représentant de 170 à 242 de carbone, tandis qu'il ne faut brûler dans le second que 100 à 150 de charbon de bois repré- sentant 90 à 135 de carbone, ou plus simplement que, dans un haut fourneau, 2 de carbone du coke équivalent à 1 de carbone du charbon de bois, on aura toute certitude de l'accord du résultat pratique avec les observations pré- cédentes. » La raison de ce résultat est que la disposition du carbone à produire, soit de l'acide carbonique en s'unissant directement avec l'oxygène, soit de l'oxyde de carbone en s'unissant avec l'acide carbonique, est, comme per- sonne ne l'ignore, bien plus grande dans le charbon de bois que dans le coke. e » Cette différence de disposition explique comment il arrive que la ré- gion du haut fourneau comprise entre la tuyère et la limite où la colonne ascendante ne contient plus d'acide carbonique, celui-ci s'étant transformé en oxyde de carbone, est plus étendue lorsqu'on brûle du coke que lors- (*) L’acide carbonique provient à la fois de la conversion de l’oxyde de carbone en acide par l'oxygène du minerai , et de la décomposition du carbonate de chaux de la castine. « (17) qu'on brûle du charbon de bois. Si nous considérons que la réduction du minerai est achevée à une grande distance de la tuyère, on comprendra que la fonte obtenue avec le coke, une fois arrivée dans la région de la tuyère, sera bien plus exposée à s’affiner et même à s'oxyder par la double action de l'oxygène atmosphérique et de l'acide carbonique, que ne l'est la fonte ob- tenue avec le charbon de bois, à moins qu'on ne corrige cette tendance en employant pour la fusion d’un même poids de minerai plus de coke que de charbon de bois. * » Parlons des conséquences qui résulteraient de l'oxydation du fer devant les tuyères par l'oxygène et par l'acide carbonique qui serait changé alors en oxyde de carbone. Rappelons les deux faits suivants : » Premier fait. — 1 litre d'oxygène, en brûlant du fer, développe 6216 calories; s’il est mêlé de 4 litres d'azote, celui-ci absorbant de la chaleur, la température du mélange n’est que de 2690 degrés. » Deuxième fait. — 1 litre d'oxygène mélé à 4 litres d’azote formant avec le carbone du gaz acide carbonique, produit un mélange dont la tempéra- ture est de 2200 degrés. » Si du fer s'oxyde devant la tuyère par l'oxygène atmosphérique, la tem- pérature de la colonne ascendante sera d'autant plus augmentée qu'il se brû- lera plus de fer relativement au carbone. » Si du fer s’oxyde devant la tuyère par l'acide carbonique, il faudra 2 li- tres de ce gaz pour produire l'effet de 1 litre d'oxygène, puisque l'acide carbo- nique, loin d'être complétement réduit, est converti en 2 litres d'oxyde de carbone. Or, si le fer dégage 6216 calories avec 2 litres d'acide carbonique, comme 2 litres d'oxyde de carbone en retiennent pour leur constitution 6260 à l’état latent, il s'ensuivra que la température de la colonne ascendante ne sera pas sensiblement changée par l’action comburante de l'acide carbonique sur le fer. Mais les 2 litres d'oxyde de carbone une fois produits, la colonne ascendante ne sera plus exposée à se refroidir, comme elle l'aurait été si les 2 litres d'acide carbonique, au lieu d'être changés en 2 litres d'oxyde de car- bone par le fer, eussent été, au-dessus de la tuyère, convertis en 4 litres d'oxyde de carbone par la réaction du charbon. » Enfin, lorsqu'il y a eu oxydation du fer devant les tuyères, l'oxyde est généralement, du moins en partie, à l'état de sous-silicate. Parvenu dans le creuset, il se trouve en contact avec le carbone de la fonte, avec des frag- ments de charbon mélés de laitier; dés lors il y a réduction d'oxyde de fer, formation d'oxyde de carbone et refroidissement. En effet, 1 litre de vapeur de carbone développant 1598 calories pour devenir 2 litres d'oxyde de car- C.R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, N° 1.) ‘3 ( 18) bone représentant 1 litre d'oxygène, il est évident que 1 litre de ce même oxygène développant avec le fer 6216 calories, il doit y avoir un abaïssement de température représenté par 6216 — 1598 = 4618 calories. » M. Ebelmen part de ces principes, tirés des expériences de Dulong, pour expliquer nn certain nombre de faits concernant ce qu'on appelle l'allure des hauts fourneaux. Ù » Appliquons les recherches de M. Ebelmen à l'emploi des gaz des hauts fourneaux marchant au coke, et remarquons, avant tout, que lorsqu'on perd dé 28-67 100 de la chaleur produite dans un haut fourneau chauffé au charbon, 1e , 82,6 is - 5 la perte s'élève à __ dans un haut fourneau chauffé au coke. Il y a donc plus de motifs encore pour employer les gaz de ce dernier, qu'il y en a pour employer ceux du premier. ». Dans ces derniers temps on a employé les gaz du haut fourneau marchant au coke, à chauffer l'eau, à la vaporiser, et surtout à échauffer des fours à ré- verbère propres au mazéage de la fonte, ainsi qu'on l’a pratiqué à Vasseralfin- ° gen, dans plusieurs autres usines, et comme le rapporteur l'a vu lui-même l’année dernière à Vienne, dans l'usine de M. Frerejean, où l’on a pris les dispositions suivantes. Les gaz combustibles sont puisés dans le haut fourneau, à 3,6 du gueulard : ils servent à chauffer l'air destiné à brûler le coke du haut fourneau et l'air du four à mazer. La prise des gaz ne dérange pas l'allure de ce fourneau, par la raison que, comme il y en a deux fois autant que dans un haut fourneau marchant au charbon de bois, si, à partir du grand ventre, on en soustrait la moitié de la colonne ascendante, il en restera, pour agir sur le minerai et chauffer la colonne descendante, autant qu'il y en a dans la colonne ascendante du haut fourneau chauffé avec le charbon de bois. 36 à 3 A . 0 ; nues 7 dé gaz combustibles qui font partie du courant que l’on a 100 soustrait à la colonne ascendante étant brûlés dans le four à mazer, produisent assez de chaleur pour qu'on puisse mazer, de 1"30% à 1" 45%, 400 kilogrammes 6à7 13 à 14 100 de fonte avec un déchet de seulement au lieu de qui aurait lieu dans un foyer de finerie. » Afin d'exposer tout ce qui concerne l'emploi des gaz combustibles pro- venant du coke, nous terminerons ce paragraphe par l'examen des gaz qui se dégagent des fourneaux cylindriques appelés cubilots, dans lesquels ou liquéfie la fonte soit pour la mouler, soit pour la purifier. » Le cubilot de Vienne, dans lequél M. Ebelmen a puisé les gaz qu'il a examinés, avait 3%,1 de hauteur; la tuyère était à 2",3 au-dessous du gueu- V … (19) lard. Il produisait 1 000 kilogrammes de fonte moulée par heure, en consom- mant 180 à 200 kilogrammes de coke. AcdeCANDONIQUE- ee ete == 20-00 le 14,25 927 11,42 (Ver deCATDONe LA ee Le de EU 9,73 17,82 14,92 Hydropene 0 TEMAMNRICENCRR RAS ENT 0,36 1,15 0,96 ATOME SENTIR RE EN ER dE 75,64 71,96 72,70 Oxygène correspondant à 100 d'azote. . . . . . 25,02 25,30 25,90 » Ces analyses nous apprennent que la proportion du gaz acide carbonique au gaz oxyde de carbone est assez variable, et que le premier, relativement au volume total, est en quantité assez considérable, puisqu'il s'y trouve depuis 0,09 jusqu'à 0,14. Quant à l'oxygène représenté par les deux gaz, sa propor- tion à l'azote est assez constante et assez voisine de celle où il se trouve dans l'air. » Le coke résistant beaucoup à l'action soit de l'oxygène, soit de l'acide * carbonique, on voit pourquoi les gaz du cubilot qui ne traversent pas une co- Jonne de combustible aussi élevée que celle du haut fourneau , et qui sont en outre plus exposés à se refroidir par la forme et la construction même de l'appareil, renferment la quantité d'acide carbonique que nous y avons signalée. Dès lors on conçoit que l'emploi de ces gaz, comme combustible, sera bien moins avantageux que celui des gaz des hauts fourneaux; aussi dans un four à réverbère n’a-t-on pu liquéfier la fonte, ainsi qu'on le fait si facilement avec les gaz des hauts fourneaux chauffés au coke. » Mais si le coke est moins disposé à convertir l'acide carbonique en oxyde de carbone, il est par là même d'un usage plus avantageux dans le cubilot que le charbon de bois; celui-ci, passant facilement à l’état d'oxyde de carbone, donne lieu à un refroidissement qui est rendu bien plus évident si l'on com- pare au coke consommé la quantité de charbon de pin sylvestre brûlé dans un cubilot pour liquéfier la fonte. Effectivement, 1 ooo kilogrammes de fonte sont liquéfiés, comme nous l'avons dit, par 180 à 200 kilogrammes de coke, tandis qu'ils exigent pour l'être de 600 à 800 kilogrammes de charbon de pin. Ainsi donc le coke est de trois à quatre fois plus avantageux que le charbon. » Si l’on se rappelle maintenant que dans le haut fourneau on brûle, pour produire une même quantité de fonte, deux fois plus de coke que de char- bon de bois, on voit comment les recherches de M. Ebeimen expliquent d'une manière simple des résultats qui seraient contradictoires sans la théorie. » Lesobservations précédentes expliquent encore pourquoi le coke est d'un meilleur emploi à la forge quele charbon de bois; car, relativement à celui-ci, cie (20 ) devant présenter une colonne plus haute pour que l'acide carbonique produit en premier lieu par le combustible soit changé en oxyde de carbone, et cette conversion donnant lieu à un abaissement de température, à égalité d'espace, le froid sera moindre avec le coke qu'avec le charbon de bois; mais il ne faudrait pas en conclure qu'à poids égal le coke donne plus de chaleur à - la forge que le charbon. SIV. — De l'emploi des gaz des fours à puddler chauffés avec la houille, et de ceux des fours à réchauffer le fer. » Les gaz que M. Ebelmen a examinés provenaient d'un four à puddler dans lequel 1094 kilogrammes de fonte donnaient 1 000 kilogrammes de fer puddlé, en consommant 960 kilogrammes de houille menue de Rive-de-Gier. » La couche de combustible s'élevait, au-dessus de la grille, de 0",20 à 0,25 : Apiès 15 minntes. 20 minutes. 35 minutes. Acide,carbomquef, OPEN CII EI CIE 13,09 16,23 15,45 Oxyde de carbone RE EE CE 0,18 1,49 0,48 Hydropene. PNR RE EN » 0,36 0,08 OXYRÈNE. Re A EE ee CT Ie 0 00 2,47 ABONE Fe Le! à (ele te een eine ee tee lee P ie ONE US 81,92 80,96 81,50 Air échappé à la combustion. . . . . . . . . . 22 4,5 1159 La combustion paraît être moins complète dans un four à réchauffer que dans un four à puddler; car M. Ebelmen a obtenu les résultats suivants, la grille étant couverte d’une couche de 0",25 à 0,30 de combustible : ACIdelCATbOMQUES ES NC ES 12,44 15,55 17, 35 Oxyde deicarbone . . . . . . . . . RC e 7,92 4,25 0,69 HydtTOgenC st sente ete deate Nele CACN 3,04 0,86 0,08 OxyPeDES 2 Ah Melanie eee CIN NN CEE 0,20 0,81 0,85 AZOLE NAME ALORS AMENER 76,80 78,53 81,03 Air échappé à la combustion pour 100 volumes. 1 3,9 3,9 Les proportions des gaz sont très-variables aux diverses époques de l'opéra- tion, par la raison surtout de la variation d'épaisseur de la couche du com- bustible placé sur la grille. » Là condition la plus favorable à la production de la chaleur serait la conversion complète du carbone et de l'hydrogène de la houille en acide carbonique et en eau, au moyen de la totalité de l'oxygène atmosphérique ; car l'oxyde de carbone, produit après cet acide carbonique par l'action de (21) ce dernier sur le carbone, est une cause de refroidissement , comme l’est en- core l'air qui échappe à la combustion dans une proportion qui a varié, pour 100 volumes, depuis 22 jusqu'à 1. On peut en fixer la moyenne de 7 à 8. Avec cette moyenne, il n’y a pas de combustible dans l'air des cheminées, mais au-dessous il'pourrait y en avoir. » La fumée noire qui apparaît quelques secondes après la charge du four, provient de la décomposition de carbures d'hydrogène volatils par la haute température de l'intérieur du four. » Si pour 100 volumes d'air il peut y en avoir 22 qui échappent à la combustion dans un four à puddler, cette quantité est bien inférieure à celle que M. Péclet à trouvée dans l'air dégagé du foyer des chaudières à vapeur; car il admet que cette quantité varie de moitié à un tiers, suivaht que le tirage est ordinaire ou fort. $ V. — De l'emploi des gaz provenant des combustibles solides sans valeur ou de peu de valeur. — Théorie de la carbonisation du bois par le procédé ordinaire des foréts. ‘ » Une conséquence qui se présente immédiatement à l'esprit de toute per- sonne qui croit aux avantages de l'emploi du gaz combustible des hauts four- neaux, est sans doute la conversion, en gaz inflammable, de combustibles solides de peu de valeur. Le premier auteur qui ait parlé de l'utilité de cette conversion paraît être M. Karsten; il appela l'attention des métallurgistes sur ce sujet au commencement de l’année 1841, et au mois d'octobre de cette même année, M. Ebelmen se livra à des essais dont il donna les résultats dans le Mémoire qu'il communiqua à l'Académie le 24 janvier 1842. En rendant compte de ce travail, nous insistâmes sur l'opportunité qu'il y avait à pour- suivre ce genre d'application; il nous reste à exposer comment M. Ebelmen s'est acquitté de cette tâche, en soumettant à ses recherches le charbon de bois, le bois, la tourbe et le coke. » Mais, avant d'aller plus loin , il faut voir combien il y a de chaleur per- due lorsqu'on brüle le bois ou la houille sur la grille d'un foyer annexé aux fours à réverbère servant à refondre la fonte ou à rechauffer le fer. » Ce désavantage tient à deux circonstances principales : » 1°. La première est la difficulté de brûler complétement le combustible ayec le minimum d'air atmosphérique, de façon à le convertir en acide car- bonique et en eau, et à obtenir ainsi le maximum de température qu'il est possible de produire avec l'oxygène mélé d'azote. Si la couche du com- bustible est mince et le tirage rapide, il ne se formera que de l'acide car- bonique et de l'eau, mais il pourra y avoir de l'air qui n'aura pas pris part ( 22 à la combustion ; si la couche du combustible est épaisse, l'acide carbonique se transformera en oxyde de carbone, en donnant lieu à un abaissement de température. Ajoutons que, suivant M. Péclet, dans les cas ordinaires , la moitié de l'air échappe au combustible, et que, dans les cas les plus favo- rables , la fraction n'est pas moindre que de + à +. » 2°, La seconde circonstance est l'éloignement du foyer de la matière qu'il s'agit de chauffer. Les gaz excipients de la chaleur, après avoir échauffé cette matière et la voûte du four, doivent avoir évidemment, à leur sortie, une température au moins égale à celle qu'on veut qu'ils communiquent. Cette circonstance explique donc bien la perte de 24 de chaleur dans les 100 fours à réverbère servant à refondre la fonte, et de 25 dans les fours à 100 réchauffer le fer. C'est donc principalement par leurs cheminées que se perd la chaleur; à la vérité, lorsqu'on veut chauffer de l’eau, on peut en em- ployer sur les 2 environ qu'elles laissent dissiper. » Cela posé, les avantages de l'emploi des combustibles gazeux dans des fours à réverbère seront démontrés quand on considérera que leur combus- tion s'opère dans un espace très-limité, très-près de leur entrée dans le four; qu'il est facile de régler le courant d’air nécessaire à leur conversion complète en acide carbonique et en eau, et que la combustion s’opérant sous pression, la chaleur qui reste au courant gazeux après qu'il a produit son effet sur la matière à chauffer, peut être employée à élever la tempéra- ture des tuyaux qui amènent dans le fourneau l'air et les gaz combustibles destinés à s'y enflammer. » Ces considérations prouvent bien l'utilité de toutes recherches qui ten- dront à substituer l’usage des combustibles gazeux à celui des combustibles solides dans les fours à réverbere. » Dans ses premières recherches, M. Ebelmen transformait en gaz inflam- mable des combustibles de peu de valeur placés sur la grille d'un foyer au- dessous de laquelle affluait de l'air sec; ou, s'il faisait usage d'air et de va- peur d'eau, celle-ci arrivait par une ouverture située au-dessus de la grille. Si ces manières d'opérer étaient préférables à la conversion en gaz et en charbon des combustibles chauffés dans des cornues ou des cylindres, ce- pendant elles avaient des inconvénients réels. C’est la raison pourquoi M. Ebelmen a préféré de charger un fourneau de combustible, et d'y faire passer, dans un temps donné, la quantité d'air convenable pour réduire l'acide carbonique et l'eau en oxyde de carbone et en hydrogène. » À. Examen des gaz produits avec le charbon de bois. — Le charbon de bois dont M. Ebelmen a fait usage était la braise et les menus des halles anxquels (23) on ajoutait 11,5 de fondants par hectolitre de combustible. Le générateur, dont la forme intérieure ressemblait à celle d'un haut fourneau, recevait l'air de deux tuyères. Les gaz combustibles arrivaient, avec une température de 400 degrés, dans un four à reverbère, où ils étaient brûlés par un courant d'air chauffé de 290 à 310 degrés. Quatre heures apres qu'ils avaient été enflam- més, des barreaux de fer se trouvèrent chauffés au blanc soudant, conséquem- ment on pouvait les forger, les souder et les étirer. On brûlait par heure dans le générateur 3 hectolitres de braise pesant 54 kilogrammes. » M. Ebelmen a trouvé les compositions suivantes aux gaz provenant du 28 générateur chargé successivement de braise et de fraisil tamisé : Braise. Fraisil. Acide carbonique. . . . . . 0,45 0,59 0,50 Oxyde de carbone. . . . . . 33,63 32,74 33,51 Hydrogène. . . . . . . . . 2,5 4,29 1,52 ATOIE SE ET 63,37 62,38 64,47 » La plus grande quantité de l’eau hygrométrique du charbon était dégagée. hors du fourneau. L’acide carbonique provenait de la distillation que le char- bon subissait avant d'être brûlé, et d’une petite quantité de carbonate de chaux qui y était mêlée. Enfin l'hydrogène résultait dela décomposition de la vapeur d'eau mélée à l'air atmosphérique, et surtout de la distillation du charbon; nous disons surtout, parce que la braise, plus hydrogénée que le fraisil, en a donné plus que ce dernier. Mais si l'on voulait faire usage de fraisil non ta- misé, il serait nécessaire de ne le brûler que séché; car s'il retenait une quan- tité notable d'humidité, il pourrait occasionner des explosions dangereuses dans le fourneau. » Deux circoustances extrêmes peuvent se présenter dans un four à rever- bère, relativement à la proportion de l'air et des gaz inflammables : ou l'air est en excès, ou bien ce sont les gaz combustibles. Excès d'air. Défaut d'air. Acide carbonique. . . 16,89 16,71 Oxyde de carbone... 0,45 5,77 Hydrogène. . . . .. 0,00 0,42 Oxygène. . . . . .. 2,63 0,00 Azote. .'. . . . . : - 80,03 77:10 » La première analyse démontre la possibilité de brûler complétement ou presque complétement les gaz inflammables avec un très-léger excès d'air atmosphérique. ( 24 » Les expériences dont nous venons de parler ont conduit à établir dans les usines de la compagnie d’Audincourt trois générateurs de gaz qui marchent aujourd'hui avec régularité en alimentant chacun un four à réverbere. L'un d’eux sert au réchauffage des tôles fines; on y passe 30000 kilogrammes de tôle par mois, en consommant 720 hectolitres de fraisil. Au moyen des deux autres, on peut porter au blanc soudant , c'est-à-dire à la température la plus élevée que l'on développe dans les foyers métallurgiques, des trousses compo- sées de barres de fer plates et pesant de 300 à 500 kilogrammes ; ces trousses servent à la fabrication de la grosse tôle. En brûlant, abs chaque générateur annexé à chacun de ces deux fours 90 à 100 hebralitres (1600 à 1800 kil.) de braise et de fraisil par vingt-quatre heures, on passe dans le même temps, dans chaque four, de 3800 à 4000 kilogrammes de tôle. La fabrication des grosses tôles d'Audincourt est fondée entièrement, depuis son établissement dans ces usines, sur l'usage des générateurs de gaz alimentés par des com- bustibles de faible ou de nulle valeur pour ainsi dire. » Lorsqu'on fait arriver dans un générateur dont la tuyère est portée au rouge blanc, de la vapeur d’eau sans que l'air cesse d'y affluer, la température de De tuyère s'abaisse au rouge, et les scories qui pouvaient être à l’état liquide, dans le voisinage, je ent pâteuses. La propriété refroidissante de la vapeur est donc TR ARPREUT AS » Voici la composition des gaz qui s'échappent d'un générateur, suivant que la combustion s’y opère avec de l'air sec ou de l'air mélé de vapeur d'eau : Air sec. Air et vapeur. Acide carbonique. . . 0,41 5,50 Oxyde de carbone. . . 33,04 27,20 Hydrogène. . . . . . 4,43 14,00 AzOEEn 20 QUE PO MGSNTS 53,30 » Il n'est pas douteux, d'après la première analyse, que la vapeur d'eau, en se portant sur le carbone, produit immédiatement de l'acide carbonique. » B. Examen des gaz ee avec le bois. — La conversion du bois en gaz, np un générateur semblable à celui où l'on avait opéré celle du charbon, a été une occasion de reconnaître l'exactitude de plusieurs observations im- portantes citées plus haut, ainsi que nous le dirons bientôt. » Les gaz produits avec de gros rondins de o",12 de longueur, et dont les trois quarts étaient d’essences dures, avaient au plus 12 degrés à leur sortie du fourneau; ils brûlaient avec une flamme éclatante, parce qu'ils renfer- maient un carbure d'hydrogène parmi des produits liquides dont le poids s'élevait par litre de gaz sec, et à la pression de 0",760, de 0f",442 à 0%,515. (25) » Voici la composition des gaz, abstraction faite de ces produits liquides - 2 heures, 9 heures, 12 heures aprèsla mise au feu. Acide carbonique. . . 9,55 6,67 7,80 Oxyde de carbone. . . 29,45 32,21 32,59 Hydrogène. . . . .. 9,46 10,39 10,13 A ZOTE NAS LOSAS ait 51,54 50,72 49,48 » Les gaz puisés à 0,45 au-dessus de la tuyère ne contenaient pas de matière condensable; ils étaient formés de Acide carbonique. . . 0,49 Oxyde de carbone. . . 33,70 Hydrogène. . . . . . 1,81 ZOO Re its 64,00 » Cette dernière analyse démontre que tout ou presque tout l'oxygène atmosphérique s’est porté sur le carbone, et que dès lors les choses se sont passées dans la région inférieure du fourneau comme si celui-ci eût été ali- menté avec du charbon. Cela posé, l'acide carbonique produit d’abord a été bientôt converti en oxyde de carbone; dès lors une partie de la chaleur déve- loppée par la combustion directe du carbone, ayant disparu pour constituer l'oxyde de carbone, la colonne ascendante n'ayant pu conserver de chaleur sensible que celle qui est représentée par la proportion de l’oxyde gazeux qu'elle renferme, la carbonisation du bois n’a pu être opérée que par elle; et il est de toute évidence qu’elle l'a été comme si le bois eût été chauffé dans une cornue. » Si maintenant nous rappelons que la température des gaz à leur sortie du générateur n’est que de 125 degrés, nous verrons pourquoi M. Ebelmen a posé en principe que la chaleur nécessaire à réduire en charbon le bois séché simplement à l'air, est à très-peu près égale à celle que donnerait ce même charbon , s’il était réduit par le gaz oxygène en oxyde de carbone. Cette conclusion est importante par le jour qu'elle jette sur la question de l'emploi du bois dans la métallurgie en général et dans celle du fer en parti- culier. - » Effectivement, qu'un haut fourneau travaille à l'air froid et au bois sim- plement séché à l'air, aussitôt que l'oxygène de la colonne ascendante sera changé en oxyde de carbone, celle-ci n'ayant que la chaleur nécessaire à la carbonisation du bois de la colonne descendante, il est évident qu'il n’en reste plus pour expulser l’eau et l'acide carbonique du minerai et du fondant, C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 1.) 4 (26) et porter les matières à la température nécessaire à la désoxydation du fer : par l'oxyde de carbone, à la liquéfaction du fondant et de la fonte. Si l'on objectait à cette conséquence que la chaleur sensible ou thermométrique se distribue indistinctement entre le bois, le minerai et le fondant, et non entre le bois seulement, nous répoadrions qu'il y aurait bientôt dans le fourneau, au-dessus de la région où l'acide carbonique vient de se convertir en oxyde de carbone, une limite à laquelle le bois, le fondant et le minerai cesseraient d'être échauffés, et que cette limite s’abaissant de plus en plus vers la tuyère, il y aurait un moment où le bois y parviendrait sans être réduit en charbon; il ne pourrait plus y avoir d'action mutuelle entre le minerai, le fondant et le combustible. La conséquence à laquelle nous venons d'arriver donne l'expli- cation de la suppression du bois vert dans la plupart des usines de la Franche- Comté, et la nécessité, si l'on voulait en continuer l'usage, de chauffer Fair assez fortement pour compléter la quantité de chaleur indispensable à la car- bouisation du bois, à la réaction de l’oxyde de carbone et du minerai, à la liquéfaction du fondant et de la fonte. » C. Examen des gaz produits avec la tourbe.—V'examen du gaz prove- nant de la tourbe {*)brûlée dans le générateur qui avait servi au bois, a conduit M. Ebelmen à desobservations intéressantes sur la différence qu'il y a entre ces deux combustibles brûlés de cette manière. En effet, lorsque les gaz provenant du bois renfermaient tout l'oxygène atmosphérique à l'état d'oxyde de carbone, les gaz provenant de la tourbe ne contenaient queles ? de l'oxygène atmosphé- rique à l’état d'oxyde de carbone, comme le montrent les analyses suivantes : Acide carbonique.......... 7:32 10,79 Oxyde de carbone......... 22,65 21,04 Hydropène tee 5,92 9,36 Aron IS AE 64,13 58,80 » Le litre de gaz sec à zéro et à la pression de 0,760, avait donné 0f',366 de produits liquides. » Il aurait donc fallu, pour convertir en oxyde de carbone tout l'acide car- bonique produit en premier lieu par l'action de l'oxygène sur le carbone de la tourbe, une colonne de cette dernière plus élevée que celle du bois. Et cette différence provient de ce que le charbon de tourbe est moins disposé # (*) Cette tourbe donnait à la distillation 70,4 de matières volatiles, 26,2 de charbon, et laissait un résidu formé de. 3,4 de cendres. (27) se changer en acide carbonique et en oxyde de carbone, quene l'est le charbon de bois. Sous ce rapport, il se rapproche donc du coke. » D. Examen des gaz produits avec le coke. — M. Ebelmen s’est assuré, en alimentant un générateur avec du coke, de la possibilité de produire des gaz capables de chauffer un four à réverbère demazerie. En brûlant 154 kilogr. de coke avec de l'air chauffé à la température de 160 à 180 degrés, on liqué- fait 300 kilogr. de fonte. » Les gaz étaient formés de Acide carbonique... ....... 0,73 Oxyde de carbone......... 33,54 HydrOPÈNE Re pere 1,47 AZOÏE SIN AN, Ho ELA .. 64,10 Hydrogène sulfuré......... 0,16 » Il est difficile d'expliquer l'existence de l'acide sulfhydrique à une tem- pérature aussi élevée que l’est celle des gaz au sein desquels il se trouve, si l'on n'admet pas qu'il est le résultat d'une combinaison produite à une tem- pérature inférieure à celle où se trouventles gaz danslarégion de la tuyère; car il ne serait pas absolument impossible qu'il existât à une température très- élevée du soufre et de l'hydrogène dans un état tel que, par un abaissement de température, ils s'uniraient ensemble. Peut-être les gaz contenaient-ils encore du sulfure de carbone. Quoi qu'il en soit, il est vraisemblable qu'au moyen de la chaux et des battitures de fer, on pourrait. dépouiller les gaz de leur soufre. Observations et expériences sur le carbonisation du bois par le procédé ordinaire. » Nous terminerons ce Rapport par l'exposé d'observations et d'expé- riences de M. Ebelmen sur la carbonisation du bois, opérée, non par distil- lation en vase clos, mais par le procédé ordinaire pratiqué dans les forêts. » Si la théorie du procédé par distillation est très-simple, parce qu'elle est un cas de la décomposition que les matières organiques fixes éprouvent lors- qu'elles sont soumises à une température capable de surmonter l'affinité mu- tuelle de l'oxygène, du carbone et de l'hydrogène qui constituent le ligneux dont le bois est principalement formé, il n'en est pas de même de la théorie de la carbonisation opérée par le procédé ordinaire des forêts. Il est donc tout simple que les recherches de M. Ebelmen l’aient conduit à traiter les questions suivantes : » La chaleur nécessaire à la carbonisation provient-elle de la combustion af (28) de carbures d'hydrogène gazeux par l'oxygène atmosphérique qui pénètre dans la meule, ou bien de la combustion d'une portion de carbone? » Le carbone, en brûlant, produit-il de l'acide carbonique ou de l'oxyde de carbone? » Enfin, comment l'air se distribue-t-il dans la meule, et comment la car- bonisation s'y propage-t-elle? » La solution de ces questions, en donnant la théorie de la carbonisation, intéresserait sans doute la pratique relativement au rendement le plus fort qu'on peut atteindre par le procédé ordinaire, et relativement à la possibilité de réduire le bois en charbon roux d'une manière économique, et aussi simple, qu'on le réduit en charbon noir. » Les expériences de M. Ebelmen ont été faites à Audincourt, où le bois est réduit en charbon par le procédé ordinaire, auquel on a fait subir les modifications suivantes : on a pratiqué une cavité, en forme de chaudière, au centre de l'aire où la meule doit être établie; les parois de cette cavité sont revêtues d'un mur en brique, et trois conduits souterrains, qui s'ouvrent à l'extérieur de la meule, partent de la chaudière en divergeant; on charge la chaudière de menu bois bien desséché; on la recouvre d’une plaque de tôle, et enfin on dispose dessus, et autour d'elle, la meule de bois. Chaque meule se compose de 5o à 60 stères de bois; la carbonisation dure de quatre à cinq jours. Autrefois, une meule se composait de 150 à 180 stères de bois, et la durée de la carbonisation était de douze à quinze jours. » Exposons mainténant les résultats des recherches de M. Ebelmen. » Il trouve que les gaz, puisés dans la meule à diverses époques de la car- bonisation, sont composés de la manière suivante : si, en partant du volume d'azote, on suppose que l'oxygène qui y correspond dans l'air ait été com- plétement changé en acide carbonique par la carbonisation, on trouve, en soustrayant cet azote et cet acide carbonique de la totalité du gaz, un reste d'acide carbonique, d'oxyde de carbone et d'hydrogène, dont les proportions mutuelles sont les mêmes que celles où se trouvent les mêmes gaz dans le produit gazeux du bois distillé en vases clos, et, pour les deux cas, la pro- portion de l'hydrogène s'accroît à mesure que la carbonisation tire à sa fin. ». On peut donc dire que, dans la carbonisation en meule, le bois se par- tage en deux portions: l'une est consumée pour fournir la chaleur nécessaire à la distillation de l’autre portion, et la combustion de la première portion résulte uniquement de l'union du carbone avec l'oxygène atmosphérique. ». Voyons ce qui se passe aprés que le feu a été allumé dans la chaudière. La plaque de tôle s'échauffe, et le combustible rnenu, placé au-dessus, ( 29 ) s'embrase; l'air qui le brûle sintroduit par des évents pratiqués à la base de la couche de terre qui recouvre le bois dont la meule se compose, et forme ainsi une sorte de fourneau. On creuse d’autres évents, successivement du sommet de la meule à sa base, en ayant soin d'attendre, pour en ouvrir de nouveaux, que la carbonisation soit opérée dans les parties correspon- dantes à ceux qui ont été ouverts en dernier lieu , et qui se ferment sponta - nément par l'affaissement de la terre que détermine le tassement du charbon placé au-dessous. Les évents d'admission de l'air pratiqués à la base de la meule restent ouverts pendant toute la durée de la carbonisation. Voici com- ment M. Ebelmen comprend la propagation de la carbonisation. Au com- mencement, le charbon produit occupe un espace conique dont l'axe se confond avec celui de la meule, mais avec cette différence que celle-ci affecte la forme d'un cône droit, c'est-à-dire d’un cône dont le sommet est en haut , et la base sur le sol, tandis que l’espace occupé par le charbon affecte la forme d'un cône renversé, dont le sommet pose sur le milieu de la plaque de tôle de la chaudière. À mesure que la carbonisation se propage, l'angle du cône de- vient de plus en plus ouvert, jusqu’à ce qu'enfin la carbonisation soit com- plète. Le charbon ainsi produit est soutenu par du bois incomplétement carbonisé, mais encore assez résistant pour ne pas se briser. Par la dessicca- tion et le commencement de distillation que les morceaux de bois ont déjà subis, il se produit un vide entre eux qui occasionne un appel de l'air exté- rieur par les évents pratiqués à la base de la meule. » On pourrait être surpris que l'oxygène atmosphérique se porte sur le charbon solide plutôt que sur les gaz combustibles auxquels la distillation du bois donne lieu; mais, en considérant que ces gaz sont mélangés de vapeur d'eau et d'azote, que leurs chaleurs spécifiques sont très-grandes, on verra que leur température est inférieure à celle où ils devraient être pour prendre feu. » 100 parties de bois séché à l'air, soumises à une distillation en vases clos convenablement conduite pour obtenir le maximum de charbon, en donnent 25; nous disons convenablement conduite, par la raison que le charbon pro- duit en premier lieu par la carbonisation des couches extérieures du bois dans une distillation rapide, serait en partie converti en gaz par la réaction des fluides élastiques provenant de la carbonisation du centre de ce même bois. » M. Ebelmen admet que la chaleur nécessaire à la carbonisation de 100 parties de bois séché à l'air est représentée par celle que dégageraient 17,5 par- ( 30 ) ties de carbone de ce bois qui passeraient à l'état d'oxyde de carbone. Or, comme les 100 parties laissent à peu près cette quantité de charbon, on peut dire que la chaleur nécessaire à la carbonisation du bois séché à l'air est à peu prés égale à celle qui serait fournie par la conversion, en oxyde de car- bone, du charbon produit par ces 100 parties. » L'économie dont l'exécution de la carbonisatiou en meule serait suscep- tible consisterait, suivant M. Ebelmen, a opérer le développement de la chaleur au moyen d'un charbon de peu de valeur, tels que le menu des halles et le bois trop mince pour fournir un charbon de vente. » Enfin, d'après la manière dont M. Ebelmen a envisagé la théorie de la carbonisation en meule, il lui paraît difficile d'appliquer avec succès ce mode d'opérer à la-production du charbon roux. » T'importance des Mémoires que nous venons d'examiner, le grand nom- bre des questions traitées par l'auteur, et l'intérêt qu'elles présentent au point de vue de la science pure, aussi bien qu'au point de vue de l'application, justifieraient sans doute l'étendue de ce Rapport, quand même nous n’aurions pas à faire remarquer que ces Mémoires ont été présentés à l'Académie sans être l'objet d'aucune lecture propre à donner une idée de ce qu'ils valent. Dans cette circonstance , la Commission appelée à les juger n'aurait pu, sans oublier sa mission, s'abstenir de faire connaître, d'une manière exacte et dé- taillée, des recherches poursuivies pendant plusieurs années avec autant de persévérance que de talent, et qui seront toujours citées honorablement comme un des premiers exemples où la science du physicien et du chimiste a concouru, avec le savoir de l'ingénieur, à éclairer et approfondir un des sujets les plus importants de la métallurgie. M. Ebelmen mériterait toute la reconnaissance des amis des sciences utiles si, en soumettant à une révision générale l’ensemble des matériaux qu'il a publiés successivement, il les coor- donnait dans un ouvrige spécial, de manière à donner plus de développe- ments qu'il ne l’a fait à quelques explications théoriques; sans doute il ren- drait l'exposé de ses importants travaux plus accessible à l'intelligence de ses lecteurs, par l’ordre rationnel auquel il les subordonnerait. » Les recherches dont nous venons de parler atteignent donc le but que s'était proposé M. Legrand, sous-secrétaire d'État des Travaux publics, lors- que , frappé des avantages que pouvait avoir l'emploi des gaz des hauts four- neaux, et autres foyers métallurgiques, il confiait à M. Ebelmen l'honorable (3) mission de les apprécier par la voie de l'expérience, ainsi que nous l'avons déjà dit. Mais l'État ne possédant aucune usine où l’on puisse se livrer à de pareils travaux , les ingénieurs chargés de les entreprendre sont dans la né- cessité de recourir à l’industrie particulière; dès lors, on conçoit la difficulté de trouver un établissement dont le chef consente à y admettre pendant plusieurs mois un étranger qui, non-seulement prendra connaissance de ce qu'on y fait, mais y sera encore une cause de dérangements par les travanx qu'il a mission d'entreprendre. Après les noms de feu Jeanmaire, directeur de l’usine d’Audincourt, de M. Bouchot , un des propriétaires des usines de Clerval , cités honorablement dans notre Rapport du 28 mars 1842, pour avoir donné à M. Ebelmen les moyens de faire ses premières recherches, nous mentionnerons aujourd'hui le nom de M. Frerejean, maître de forges à Vienne, pour l'empressement qu'il a mis à donner au Jeune ingénieur des Minesles facilités et les secours de tout genre qui étaient nécessaires à l’ache- vement de son travail. Conclusion. » Les Mémoires dont nous venons de rendre compte étant destinés aux Annales des Mines, nous ne pouvons, malgré le désir que nous en avons, pro- poser à l’Académie de donner à M. Ebelmen la plus grande marque d'estime qu'elle accorde aux auteurs des travaux qui lui sont présentés, l'insertion dans le Recueil des Mémoires des Savants étrangers ; en conséquence, nous bor- nons nos conclusions à demander son approbation pour les quatre Mémoires qui font l’objet de ce Rapport. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un membre de la Commission administrative. Le choix doit être fait dans les sections des Sciences physiques; le membre sortant peut être réélu. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 48, M. Beupanr, membre sortant, obtient 36 suffrages et est déclaré élu. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation d'un Correspondant pour la place de Minéralogie et de Géologie, en remplacement de feu M. le baron de Moi. (32) Le nombre des votants étant de 41, au premier tour de scrutin, M. Murchison obtient....... 27 suffrages. MÉAEOurne Eee re CEE 7 M. Sedgwick ........ TV M. Charpentier. ........... 2 M. Freiesleben..... CURE I M. Muncmison , ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu. MÉMOIRES LUS. MÉDECINE. — Mémoire sur le développement des fausses membranes à la surface interne de la vessie, sous l'influence de cantharides appliquées à la peau; par M. Moner-LavaLLée. (Commissaires, MM. Pelouze, Rayer, Velpeau. ) Daus ce Mémoire, M. Morel-Lavallée fait connaître , d’après ses observa- tions personnelles, quatre cas dans lesquels l'application sur la peau d'un emplâtre de cantharides a déterminé, à la surface interne de la vessie, la for- mation de fausses membranes qui ont été expulsées par l'urètre, se présen- tant sous forme de lambeaux à bords inégaux et de grandeur variable. Ces lambeaux, qui sortaient en petites pelotes ou en rouleaux, se dévelop- paient facilement et offraient alors la plus grande ressemblance avec les fausses membranes que détermine sur la peau l'application d'un vésica- toire ; la seule différence consistait en ce que ces dernières présentent à leur face interne une apparence ponctuée due à l'impression des papilles dermi- ques, tandis que celles de la vessie étaient également lisses sur les deux faces. L'irritation s'annonce dans ce cas, comme dans celui où elle reconnaît pour cause la présence d’un calcul dans la vessie, par une douleur que le ma- lade rapporte communément au gland. M. Morel-Lavallée n’a pas eu occasion d'observer la muqueuse vésicale des individus chez lesquels cet accident s'était montré, mais il soupçonne qu'il pourrait y avoir eu formation de fausses membranes chez une malade qui mourut d’une pleurésie, dont on avait cherché vainement à se rendre maître par l'application répétée de vésicatoires. Chez cette femme, dit M. Vidal de Cassis qui en a fait l’autopsie, « la vessie, à sa face interne, était rouge et » boursouflée comme la conjonctive dans l'ophthalmie blennorrhagique. » (35) À la vérité on ne dit point que des fausses membranes aient été rendues avec les urines; mais comme le fait n'avait pas encore été signalé, il aurait pu échapper à l'observation; on le concevrait d'autant mieux , que la largeur de l'urètre, chez la femme, et le peu de longueur de ce canal, eût rendu leur expulsion plus facile. L'auteur du Mémoire déclare d’ailléurs n'avoir jamais eu l'occasion de constater Ja formation de ces pseudo-membranes sur des femmes. M. Morel-Lavallée remarque que, dans un des cas qui ont été soumis à son observation , les urines ont laissé déposer de l'albumine. Il pense que l'on en trouverait fréquemment dans les cas où l'application de vésicatoires occa- sionne de l'irritation à la vessie, si l'on observait l'urine avec le même soin qu'on le fait quand il s’agit de reconnaître la maladie de Bright. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MM. Garner et Ferrer adressent de nouveaux documents relatifs aux résultats scientifiques de leur‘voyage en Abyssinie. Cet envoi comprend les pièces suivantes : Observations astronomiques, sept fascicules; Observations barométriques et thermométriques ; Carte du Tigré et du Semen ; Mémoire sur la construction de cette carte; Plans topographiques de diverses localités ; Description physique de l'Abyssinie; Vues de montagnes, costumes, scènes domestiques s Plantes d’Abyssinie (décrites par M. Delile) ; Insectes d’Abyssinie (décrits par MM. Reich et Marchal). M. Reich, dans une Note qu'il a jointe à sa description des espèces nou- velles, fait remarquer que cette partie de la collection , quoique peu nom- breuse en individus (les deux voyageurs n'ayant pu conserver qu'une petite partie de ce qu'ils avaient récolté), offre cependant un grand intérêt par la proportion vraiment extraordinaire des espèces nouvelles qui sy trou- vent : ainsi, sur cent quatre-vingt-huit espèces rapportées par MM: Ga- linier et Ferret, il y en a, suivant M. Reich, cent trente-huit qui étaient restées jusqu'à ce jour complétement inconnues aux entomologistes. Ces insectes ont été principalement recueillis dans le district d'Inteschaou, au royaume de Tigré, où MM. Galinier et Ferret furent contraints, par de graves maladies, de faire un long séjour. C.R., 1844, 2me Semestre, (T. XIX, N° 4.) 5 ( 34) « Comme on devait s'y attendre, dit M. Reich, l'entomologie de ce pays participe de celles de l'Égypte et du Sénégal; mais, ce qui est remarquable, c'est qu'elle a encore plus de rapports avec lentomologie du cap de Bonne- Espérance. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) CHIMIE ORGANIQUE. — Analyse de l’ergot, du seigle ; par M. Lecmr. (Commission précédemment nommée pour un Mémoire de M. Bonjean sur le même sujet.) Dans le travail qu'il soumet au jugement de l’Académie, l'auteur, comme l'indique le titre de son Mémoire, avait principalement pour but de faire connaître la composition chimique du seigle ergoté; cependant il a été conduit à essayer l’action thérapeutique de quelques-uns des produits ob- tenus dans le cours de ses recherches, et les résultats auxquels il est arrivé différent de ceux qu'annoncent avoir obtenu d’autres expérimentateurs. Ainsi une huile fixe qui entre pour un tiers environ dans la composition du corps analysé, et que l'on avait représentée comme douée d'une action toxique très-prononcée, a pu être administrée à haute dose à un jeune animal, sans produire aucun effet apparent. L’extrait alcoolique a été ensuite essayé, et a présenté la même innocuité. Dans une analyse du seigle ergoté, dont la publication remonte déjà à plusieurs années, on avait signalé la présence d’une matière cristallisant en paillettes (l'ergotine); M. Legrip annonce qu'il n'est pas parvenu à isoler cette substance, et exprime le regret de ce que l’auteur n’a pas fait con- naître le procédé opératoire au moyen duquel il l’a obtenue. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Æigure et description d'un bras artificiel ; par M. Van Prerenssen. (Commissaires, MM. Magendie, Gamhey, Rayer, Velpeau.) Dans la Lettre qui accompagne cet envoi, M. Van Peterssen annonce quil est en mesure de présenter à la Commission qui sera chargée d'exa- miner son appareil, deux personnes qui s'en servent aujourd'hui, et qui en retirent une grande utilité. M. Ducros adresse un nouveau Mémoire sur le rôle que joue l'électricité dans les phénomènes de la circulation à l’état sain et dans l’état de ma- (35) ladie , et sur les conséquences que l'on en peut tirer relativement au traite- ment des affections inflammatoires. (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) M. Guérnx prie l'Académie de vouloir bien lui désigner des Commissaires auxquels il soumettra un appareil qu'il emploie dans le traitement de certaines maladies des organes génito-urinaires chez les femmes. Cet appareil a pour objet de faire parvenir jusqu'aux organes malades les liquides de bains géné- raux. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau.) M. Laner adresse une Note sur des appareils qu’il emploie pour déterminer la pesanteur spécifique des corps solides et liquides, appareils qu'il considère comme plus simples et d'un emploi plus facile que ceux dont on se sert habi- tuellement. Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Séguier, qui fera savoir à l'Aca- démie si les procédés proposés peuvent être l'objet d’un Rapport. CORRESPONDANCE. M. Frourens présente à l'Académie, au nom de l’auteur, M. Mayer, de Bonn, un opuscule sur l'organe électrique de certains poissons et principa- lement de la torpille. Relativement à ce dernier animal, M. Mayer soutient que les derniers rameaux des nerfs qui se rendent à l'organe électrique se dis- tribuent réellement dans l'intérieur des colonnes prismatiques juxtaposées, et ne se bornent pas, comme on l’a dit récemment, à former des anses autour de ces prismes. Dans une partie de son Mémoire, M. Mayer s'occupe de ce qu'il nomme l'organe pseudo-électrique de certaines raies qui ne donnent point de com- motions; il en présente la figure pour la raie batis, et annonce l'avoir trouvée également dans la raie bouclée, la raie de Schultz et plusieurs autres. En terminant, M. Mayer donne une courte description de deux espèces d'hœmatozoaires qu'il a observées dans le sang de la grenouille commune, et qu’il considère comme nouvelles. M. Frourens présente, également au nom du même auteur, une dissertation sur les petits corps observés par M. Pacini à la plante des pieds et à la paume ee (36) des mains chez l'homme, et que M. Lacauchie a depuis observées dans le mésentère des chats. M. Mayer a vainement cherché ces organes dans le mésentère chez d’autres carnassiers ; mais quant à ceux des extrémités, il les a observés chez le blaireau et le renard. M. Sozeiz met sous les yeux de l’Académie un microscope polarisant qu'il a construit d’après les dessins et sous la direction de M. 4mici. M. Bamer donne sur cet instrument les détails suivants : « Le microscope polarisant de M. Amici, présenté par M. Soleil, offre le moyen de répéter toutes les expériences de polarisation sur de très-petits échantillons, et de reconnaître la structure des cristaux, les couleurs des verres trempés, comprimés, chauffés, courbés, etc. Avec l'addition d'un iuyau qui en fait une vraie lunette, où l'œil est placé près de l'objectif, et qui, par suite, possède un champ immense, on aperçoit d'un coup d'œil des systèmes d’anneaux très-écartés, par exemple ceux du mica ou de la topaze. L'instrument devient un utile auxiliaire pour des recherches impossibles avec tout autre appareil, Les expériences de Fresnel sur la polarisation circulaire avec les parallélipipèdes de verre s’y reproduisent très-commodément. Les anneaux colorés de toutes sortes;les hyperboles de compensation, les solutions cristallisées, les structures anormales, les systèmes organiques, enfin toutes les opérations où l’on doit explorer les propriétés des corps au moyen de la lumière polarisée, peuvent être facilement faites à la lumière du jour ou à celle d'une bougie. L'oculaire analyseur, qui est formé d’un simple rhombe de spath d'Islande, donnant à volonté les deux images complémentaires, est une heureuse innovation. » Le microscope polarisant de M. Amici (car le nom de polariscope ap- partient exclusivement à l’utile appareil de M. Arago pour reconnaître les moindres traces de polarisation) est un vrai progrès dans la science expéri- mentale, et l'exécution de M. Soleil ne laisse rien à désirer. » MÉCANIQUE. — Vote sur l’état d'équilibre d'une verge élastique à double courbure lorsque les déplacements éprouvés par ses points, par suite de l’action des forces qui la sollicitent, ne sont pas très-petits; par M. »e Sainr-Venanr. « À. M. Binet, et ensuite M. Wantzel, viennent de donner (Comptes rendus des 17 et 24 juin) les integrales des équations de la courbe élastique à double courbure provenant de la flexion et de la torsion d'une verge ou (37) d'une portion de verge cylindrique et primitivement droite, sollicitée à ses extrémités seulement. Ces intégrales s'appliquent à des déplacements des points aussi grands qu'on veut, pourvu, bien entendu, qu'ils n'aillent pas jus- qu'à altérer l’élasticité de la matière. Elles supposent admis ce théorème de Poisson : « que le moment qui tend à produire la torsion (ou le moment op- » posé qui y résiste dans l’état d'équilibre) est constant dans toute l'étendue » de la verge. » » D'un autre côté, j'ai donné, le 30 octobre et le 6 novembre 1843 (Comptes rendus, tome XVII), des équations et leurs intégrales, pour une verge élastique dont la forme primitive et le mode de sollicitation sont ab- solument quelconques et en tenant compte de plusieurs éléments nouveaux, mais seulement lorsque les déplacements restent très-petits, ce qui est le cas le plus ordinaire des applications. » Je me propose dans cette Note: » 1°. De donner les équations différentielles de l'état d'équilibre d'une verge élastique dans le cas le plus général et pour des déplacements quel- conques de ses points ; » 2°, De montrer dans quelles limites le théorème de Poisson est ap- plicable, ainsi que les équations dont il l'a tiré. » 2. Soient, pour l'état primitif de la verge, ou avant les déplacements ; P 5e» éprouvés, Los Jos Zo les Coordonnées rectangles, par rapport à trois plans fixes, d'un point M de l'axe de la verge, ou de la ligne courbe qui unit les centres de gravité des sections transversales, normales à ce même axe; s, la longueur de l'arc de la même courbe mesuré jusqu'en M; £o Son rayon de courbure aussi en M; ds, y : ‘ ; — l'angle de deux de ses plans osculateurs, en M et en un point à une dis- To tance infiniment petite ds, de M. » Soient, pour l'état d'équilibre que l'on cherche à déterminer, ds À nue À : æ, 7%, 8,0 et — les valeurs nouvelles des mêmes quantités, au même point matériel M de l'axe. » Soient encore, « la section transversale passant par. M; m un des points de cette section; 38 } du son élément en m; u, v les coordonnées du point m, par rapport aux deux axes principaux Mu, Mo de la section; A [77] = J VAo, Hi [ u? de les moments d'inertie de w autour de Mw, Lo} Le] Mo, et = Eee PRIE e l'angle formé primitivement, sur cette même section, par l'axe princi- pal Mv avec le plan osculateur, du côté du prolongement du rayon de courbure p,; e + « l'angle formé de même, après les déplacements, par la ligne Mo et par le nouveau plan osculateur, en sorte que : est le déplacement angu- laire du plan osculateur, ou du rayon de courbure par rapport aux points matériels de la section w; M,, M,,M, les trois sommes des moments, autour de trois lignes menées par M parallèlement aux coordonnées, de toutes les forces extérieures qui agissent, dans le second état de la verge, sur ses divers points entre la section w et l’une de ses deux extrémités; M,, M,, M, les trois sommes des moments des mêmes forces autour, 1° d'une tangente à l'axe de la verge en M; 2° et 3° des axes principaux Mu, Me de la section; E et G les deux coefficients numériques connus, dits d'élasticité, par lesquels il faut multiplier la proportion de la dilatation (positive ou négative) et du glissement transversal des parties d'un corps élastique (Compte rendu du 30 octobre) pour avoir, par unité superficielle, les résistances intérieures , S & . 2 opposées à ces mouvements (on a ordinairement G — 3 E); ? la proportion de la dilatation au point », dans un sens parallèle à l'axe ; & la torsion, ou &ds le petit angle dont ont tourné l’une devant l'autre, pen- dant les déplacements, la section w et une autre section w! faite à une distance ds de celle-ci. » Concevons, entre les deux mêmes sections très-voisines w et w!,-la verge divisée en fibres ou en petites portions cylindriques parallèles ou presque parallèles à l'axe, selon que ces sections sont égales ou légèrement iné- gales. Considérons la fibre qui a pour base l'élément d dont le centre est en 771. (39%) » Comme les deux sections étaient primitivement deux plans dont les prolongements se coupaient à une distance de l'axe égale au rayon de cour- bure p,, la longueur ds, de la fibre centrale était, à la longueur de la fibre dont nous parlons, comme p, est à ée même rayon augmenté de la distance du point » à une droite perpendiculaire à p,, tracée par M sur la section. Or cette distance est usine + vcose; donc la longueur de la fibre était dans l’état primitif (a) ds, (: — HER nEe) Après les déplacements des points de la verge, les sections sont devenues légèrement obliques à l'axe, et se sont changées en deux surfaces gauches : nous tiendrons compte, tout à l'heure, de l'influence du ganchissement sur le moment de torsion, mais nous négligerons dans cette Note son effet, ainsi que celui de l’obliquité de l'axe, sur l'allongement des fibres. La longueur de la fibre après les déplacements aura donc une expression semblable à (1), ou (a) Je Lr+ | ; P » On aura, pour la proportion de dilatation, l'excès de (2) sur (1) divisé par (1); mais, dans cette division, on peut réduire l'expression (Danse car les dimensions transversales d'où dépendent x et y sont supposées tou- jours petites par rapport au rayon de courbure Po: Nous négligerons aussi, pour simplifier, l'effet ordinairement peu considérable de la dilatation de ds 0% la fibre centrale, ou nous remplacerons a, Par 1. Nous aurons ainsi o D -aféti de), pee me) Nous supposerons encore que les pressions latérales des fibres les unes sur les autres sont nulles ou négligeables, en sorte que les fibres résis- tent à l'allongement comme si elles étaient isolées [*]. La résistance = Ze —— = 2 = [*] On tient compte facilement de toutes les quantités que nous négligeons ici, au moyen des considérations du Mémoire du 30 octobre, et du S IV de celui du 20 novembre. (Comptes rendus, tome XVII.) (40) de celle que nous considérons sera, d'aprés la définition même du coeff- cient E, (4) Ed.do. ». Quant à la torsion &ds, ou à la rotation relative de w et w, on l'expri- mera si l’on considère que & est la quantité dont la première de ces deux sections a tourné par rapport au plan osculateur en M, et que € + de est la quantité dont la seconde a tourné par rapport au plan osculateur mené à une distance ds de M; d'où il suit que si l’on ajoute à l'excès de ds ds la quantité — — —, To rapport à l’autre, on aura la rotation relative totale des deux sections. Donc, dont ces deux plans eux-mêmes ont tourné l’un par ds en négligeant toujours la différence entre — et l'unité, on a dsy ’ tds I I (5) TETE ’ ite quantité, multipliée par le coefficient G et par 2u” — che . Cette q , ESA pape devra être égale, pour l'équilibre, au moment M, des forces extérieures, car les considérations présentées à ce sujet le 30 octobre et le 20 novembre s’ap- pliquent facilement à des déplacements angulaires d'une grandeur quelcon- que. Les deux autres moments M,, M, des mêmes forces autour de Mu, Mv, devront être égaux respectivement aux moments, autour des mêmes axes, des résistances des fibres (4) pour tous les éléments do. Substituant pour à sa @ valeur (3), on aura ainsi, eu égard à ce que js uv dw — 0, les trois équa- Le tions d'équilibre M, — Eu [= (ee) __ cos ‘| P Po (6) Mer [+ 2H |, Sd fe P Po de M=2Gp| 5 + 1 = | 5. Si nous ajoutons les deux premières, multipliées respectivement par cose et sine, et si, ensuite, nous retranchons la seconde, multipliée par cose de la première, multipliée par sin e, nous avons les deux suivantes, où l'angle € se trouve moins engagé: (4) (7) Re Re: du MAS EN AM ee are Cr En AP PLAT EE Eu » On en élimine cet angle inconnu en élevant au carré et ajoutant; et, d.sin : comme de — ——, elles donnent aussi le moyen de l’éliminer de la troi- sième équation (6). On a ainsi ces équations, où € ne se trouve plus : ; P ds I 2 /M, LUS M,\? M, \? te ins Re RESTO au as Un ; POP Fe\EE Ey Ep d Me ce Mn à TN NE cu (8) Pr. Mons ge CAE Een / Er, (£pense+ pe si ) — + — —— sine po Ex Ep On a, de plus, AS FE » Ce sont les trois équations différentielles de l'intégration desquelles dépendra la détermination des coordonnées x, y, z d'un point quelconque de l'axe de la verge, après le. déplacement de ses parties, en fonction de ses coordonnées primitives, ou de l'une d'elles, x, par exemple, ou d’une autre variable indépendante, telle que l'arc s,. En effet, p, 7, ds, M,, M,, M. s'exprimeront en fonction des coordonnées nouvelles que l'on cherche, de leurs différentielles des trois premiers ordres, et de € qu'on en élimine à l'aide de l'équation (7), tandis que toutes les autres quantités s’exprimeront en fonction de la variable indépendante, au moyen de la connaissance que l'on a de la forme primitive de la courbe, et de la position initiale des axes principaux de ses sections. » 4. Ces trois équations, simultanées du troisième ordre et non li- néaires , se simplifient : » 1°. Lorsque la section transversale est partout un cercle, un carré ou une autre figure dont tous les axes sont principaux ; alors u—u =, et comme on peut prendre pour axe My la direction primitive du rayon de courbure sur la section , on peut faire e —o; mais € n’est pas nul, et les équa- tions paraissent toujours difficilement intégrables. . .,. . 1 » 2°. Lorsque la verge est primitivement droite. Alors D EU et comme AS le plan osculateur primitif peut être choisi arbitrairement en chaque point, on peut prendre pour tel, d'un bout à l’autre de la verge, un même plan pas- C. R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 1.) (42 ) sant par son axe rectiligne, ce qui donne aussi ra — 0; mas e subsiste ainsi ge :, et l'intégration paraît toujours difficile. M£e. se snpiient bien davantage, ainsi que nous avons dit, quand les RE X—X°, Y — Yo 3 — Z Sont trés-petits, ainsi que e; alors on peut mettre les Tonus anciennes au lieu des nouvelles dans les trois moments M; et comme les premiers membres deviennent linéaires, on ob- tient cette intégrale assez simple, où tout est exprimable en s ou s,, choisi pour variable, et où (y), (er), (Lr), (uz) (v2), (22) représentent les angles des axes de M,, M,, M, avec les y et les 2[*]: d' rue p M l Re f£ 2 ds ÎÉ= cos(uy) Dos (27) qe Mucos | ds Ep 2Gy = [+ do 4, ds [. [= cos (uz) per cos ( uz) Fe M,cos | Æ. Ep 2Gp On en a deux semblables pour y — ÿ5, z — Z, d'où il suit que les déplace- ments s'obtiennent par les quadratures. ‘» à, Elles se simplifient encore beaucoup lorsque les deux circonstances 1°) et (2°) du numéro précédent se réunissent, c'est-à-dire lorsque la verge est primitivement droite, et que la section a une figure pour laquelle tous les moments d'inertie u. sont égaux. » Alors, ce qu'il y a de plus commode est de choisir pour axe Mo la trace, sur chaque section, du plan osculateur de la courbe engendrée par les déplacements, ce qui donne es = 0, et de prendre, comme on a déjà dit, un plan osculateur unique pour toute l'étendue de la verge dans son état primitif. Les angles disparaissent des deux premières équations (6), mais celui € subsiste en tous cas dans la troisième. » Alors ces équations différentielles, en faisant, d (9) 2Gu(T +2) =—06, se réduisent à (10) EM o0=M,, —6—M, Si on les multiplie respectivement par les cosinus des trois angles que for- L [*] Formules (18) et (20) du Mémoire du 20 novembre, en effaçant les éléments négligés- ci-dessus, (43) ment, avec l'axe des x, la normale (Mu) au plan osculateur, le prolonge- ment (M) du rayon de courbure, et la tangente à la courbe, et si on les ajoute ensuite, le second membre ne sera autre chose que le moment M, des forces extérieures autour d'une parallèle aux x, menée par le point M; donc on a dy d°z — dz d'y (11) Ep SEEN Es Cette équation, et deux autres que l'on peut former de même pour les moments autour de parallèles aux y et aux z, sont celles de Lagrange, com- plétées au moyen de la théorie de M. Binet, qui a servi à y ajouter les se- conds termes, et dont Poisson a tiré, en les différentiant et les ajoutant, son théorème d8 —o ou M,— constante. Ce sont aussi les équations que MM. Binet et Wantzel ont intégrées lorsque y est également constant, et que les forces qui entrent dans les seconds membres n’agissent qu'aux extrémités ; leur analyse est bien applicable alors à la détermination de l’état d'équilibre de la verge, en y joignant l'équation (9). » 6. Mais, hors le cas un peu plus général énoncé au commencement de l'article 5, on peut dire que la constante nullité du moment M, des forces [ 2° équation (10)] autour du rayon de courbure n'aura jamais lieu. Ce mo- ment aura généralement une grandeur finie, tout comme le moment M} au- tour de la tangente à la courbe d’axe, et le moment M, autour de la normale au plan osculateur. Le théorème M, — constante, lié à M,— 0, n'aura donc lieu que dans ce cas-là (où la pièce était primitivement droite, et où l'on avait — pr), et les équations (10), (11) sont incomplètes dans tout autre cas. » Si Poisson semble établir ce théorème et les équations (11) d'une ma- nière générale, c'est qu'il omet , dans son analyse, ce troisième moment M,, qui tend à fléchir une verge courbe transversalement à son plan osculateur actuel si elle était déjà courbe , et, par conséquent, à changer le plan de sa courbure. Lagrange n'avait fait attention qu’au moment M,, qui tend à aug- menter ou à diminuer la courbure dans son plan actuel, ce qui suffit pour les courbes planes restant planes. M. Binet y a ajouté le moment M, , tendant à tordre, et cela suffit dans le cas particulier que nous venons dénoncer, lorsqu'on ne cherche que les équations générales de l'axe de la verge; mais, dans le cas général où la verge à double courbure était primitivement courbe , ou bien où, l'axe étant rectiligne, la section n’a pas une des formes donnant u=—, il est indispensable d'introduire aussi dans le calcul ce troisième moment M,, perpendiculaire aux deux autres, et qui tend à plier la verge 6.. ( 44 ) droite obliquement aux axes principaux de ses sections , ou à faire tourner le rayon de courbure sur le plan des sections de la verge courbe. Mais cela exige impérieusement que l'on introduise aussi l'angle € qui mesure cette ro- tation et dont la prise en considération est nécessaire , en tous cas, pour dé- terminer les déplacements des points hors de l'axe, et pour fixer même la valeur de certaines constantes des équations définitives de l'axe. » OPTIQUE. — Observations de M. Aura à l'occasion de la Lettre de M. Ad. Matthiessen insérée dans le Compte rendu de la séance du 17 juin 1844. « Quand M. le Secrétaire de l'Académie des Sciences lut, dans la séance du 17 juin dernier, quelques fragments d’une Lettre de M. Matthiessen, d’Al- tona, il parut que cette Lettre n'avait d'autre but que de protester contre une prétendue réclamation faite en ma faveur pour la priorité des idées qui l'ont dirigé dans la construction de ses objectifs microscopiques. Je déclarai verbalement que, n'ayant aucune connaissance des procédés suivis par M. Matthiessen, je n'avais aucun motif pour faire une réclamation. Mais, comme je trouve dans le Compte rendu de la séance la Lettre entière de M. Matthiessen, dans laquelle il fait entre mes microscopes et les siens des comparaisons qui me semblent inexactes, je suis obligé de vous prier de me permettre d'ajouter quelques lignes pour qu'on puisse juger de la valeur de ses observations et de ses assertions. » J'ai encore été conduit à rédiger cette Lettre, par la considération que la Lettre de M. Matthiessen étant publiée dans un Recueil très-estimé et très- répandu, et avec une note qui apprend que j'étais présent à la séance, on pourrait croire à l'importance de la Lettre de ce savant, et interpréter mon silence comme une adhésion à toutes ses assertions. » Dès l’année 1828, je n'aperçus que, lorsqu'on observe des objets mi- croscopiques sous des verres d’épaisseurs diverses, la netteté des images varie beaucoup, si l'angle du cône lumineux est considérable. » Je ne tardai pas à reconnaître la cause de cette aberration et à trouver différents moyens de la corriger. Mes microscopes et les Notes explicatives qui les accompagnent, existant dans les mains d'un grand nombre de savants, peuvent attester la vérité de ce que j'avance. 3 . » Je donnai la préférence à l'un de ces moyens de correction, c’est-à-dire à celui qui consiste dans la superposition d'une quatrième lentille an-dessus des trois lentilles achromatiques composant l'objectif. Cette lentille devait avoir une forme variable avec l'épaisseur de la lame de verre et avec l'aberra- (4) tion résidue de l'objectif. C’est pour cela qu'on voit dans mes différents sys- tèmes d'objectifs, dans lesquels la correction est nécessaire, une quatrième lentille, qui tantôt est une lentille simple concave ou convexe, tantôt une lentille composée de flint et de crown sans foyer, ou avec un foyer positif ou négatif; enfin quelquefois un ménisque en forme de verre de montre, tour- nant sa concavité ou sa convexité vers l'œil, selon les cas. » L'emploi de la lentille de correction avait déjà contribué au perfection nement de mes séries d'objectifs; mais quelques considérations théoriques faisaient présager des avantages plus grands en remplacant, dans la lentille intermédiaire, le flint de Guinand par un flint d'un pouvoir dispersif plus considérable. » M. Airy, à qui j'avais communiqué cette idée lors de son voyage en Italie, eut l’obligeance de m'envoyer un morceau de flint-glass composé exprès par M. Faraday. » L'expérience confirma mes prévisions, et je pus construire de nouveaux objectifs d’un grosssissement supérieur à tout ce que j'avais obtenu aupara- vant. » Quant au grossissement que ces objectifs peuvent supporter, avec la clarté et la netteté nécessaires, dans les plus délicates observations, j'en réfere au jugement des opticiens et des naturalistes les plus distingués de Paris, qui ont bien voulu examiner et comparer mes instruments. » M. Matthiessen m'honora, en 1839 et en 1842, à Pise et à Florence, de plu- sieurs visites; je m'empressai de lui montrer les résultats de mes recherches, déjà connues en Italie et ailleurs. Il acheta chez moi une série d'objectifs; c'est cette série qu'il a déclaré présenter à l'Académie pour prouver que sa construction est différente de la mienne; ce procédé est-il bien admissible pour juger tous mes travaux sur le microscope? Il me semblerait nécessaire, pour établir la nouveauté de la combinaison de M. Matthiessen, qu'on com- parâtses systèmes d'objectifs avec tous ceux que j'ai construits avant lui. » Peut-être M. Matthiessen reconnaîtraît-il, par un examen plus attentif. des analogies entre ses objectifs et les miens, mais jamais, suivant lui, une parfaite identité, puisque mes séries, dit-il, pèsent plus que les siennes. » M. Matthiessen ne se contente pas de faire des comparaisons sous le rap- port du poids, des diamètres et des surfaces des lentilles; il blâme mes mi- croscopes sous le rapport de l'usage; du grossissement et de la nature des matières employées. En résumé, il dit que la supériorité de ses objectifs tient à cinq perfectionnements , dont on ne trouve pas un seul dans les microscopes de M, Amici. (46) » Quelle confiance doit-on ajouter aux assertions de M. Matthiessen ? On le verra par le fait qui suit : il affirme positivement que j'obtiens la compen- sation de l’achromatisme et de l'aberration de sphéricité par le grand pouvoir réfringent du borate de plomb, lequel se ternit en quelques mois; or, je déclare que je ne me suis jamais servi de cette substance; j'emploie seulement, dans la lentille intermédiaire, le silicate de plomb, c’est-à-dire le flint de M. Faraday, verre tout à fait inaltérable à l'air. Pour les autres len- tilles, je me sers du flint de Guinand. » Quant à l’insinuation d’après laquelle mes microscopes ne peuvent sou- tenir qu'un grossissement de 50o fois, et ne peuvent pas servir aux obser- vations , même sous un verre très-mince, je pense que la meilleure manière de la réfuter sans réplique est de mettre mon microscope sous les yeux de l'Académie. » Cet instrument contient six séries différentes d'objectifs avec des len- tilles de correction de formes variées ou sans cette espèce de lentille. Il sera facile de constater, je l'espère, qu'il est propre à l'observation des objets placés sur ou sous des verres de différentes épaisseurs. » J'ose encore avoir la confiance que MM. les Membres de l'Académie qui voudront bien en faire l'essai trouveront que cet instrument, même sous un grossissement linéaire de 1500 fois, ne manque ni de lumiere ni de netteté dans les images. » Je pourrais enfin prononcer moi-même un jugement sur les objectifs de M. Matthiessen, et je ne manquerais pas de données pour lappuyer ; mais je ne crois pas à propos d'entrer dans une pareille discussion. » J'applaudirai aux efforts de M. Matthiessen, quand, au lieu de présen- ter isolément une série d'objectifs, il présentera un microscope complet, qui fera voir les objets les plus difficiles, et beaucoup plus nettement qu'on ne les a vus jusqu'à présent. » GÉOLOGIE. — Analyse des feldspaths de Ténérifje; Note de M. Ou. Devise. Parmi les espèces minérales, le feldspath est une de celles dont il serait le plus intéressant de fixer la nature et les caractères distinctifs. Les travaux de MM. Gustave Rose et H. Abich n’ont pas peu contribué, dans ces dernieres années, à Jeter quelque jour sur cette portion si difficile de la minéralogie, et ont permis de classer en groupes assez distincts , sous le double point de vue cristallographique et chimique , les nombreuses variétés qui étaient comprises sous la vague dénomination de feldspath. On ne peut cependant se dissimuler (47) qu'une grande incertitude règne encore dans cette partie de la science, et que le géologue éprouve de véritables difficultés à caractériser certaines roches ignées, soit anciennes, soit volcaniques. Il semble donc à peu près indispensable , dans l’état actuel de la question, de soumettre à l'analyse chi- mique les éléments feldspathiques des roches à décrire, en même temps qu'on cherchera, par la mesure des angles, à détérminer le système cristallin auquel ils appartiennent. Malheureusement, dans la plupart des cas, la té- nuité des cristaux et la difficulté de les isoler de la pâte s'opposent à la rigueur de ces deux déterminations. » J'ai soumis à l'analyse des cristaux isolés avec soin, et provenant de divers échantillons que j'ai recueillis moi-même dans une excursion récente à l’île de Ténériffe. M. de Buch, dont le beau travail sur les iles Canaries restera toujours comme un modèle de description, n’a pas publié d’études spéciales sur la nature des feldspaths du pic. M. Berthelot rapporte ces cristaux au rhyacolite, mais il n'indique point sur quelle détermination. » Les cristaux analysés appartiennent à trois localités représentant les divers âges de roches qui composent le massif du volcan : » 1°, Trachyte ancien formant, dans le ravin de F uente-Agria , Le revers dû grand cirque de soulèvement. Pâte grise ou verdâtre, compacte ; cristaux non mesurables, quoique présentant un grand éclat : trois clivages faciles, et stries extraordinairement fines conduisant au sixième type cristallin (prisme oblique non symétrique). Densité des cristaux : 2,503. » 2°. Fragments projetés par le volcan, et ressemblant parfaitement, par l'aspect des feldspaths, à la roche trachytique compacte que M. de Buch a si- gnalée sur le flanc et au sommet du pic. Pâte vitreuse, tenant de l’obsidienne et de la ponce; cristaux de 2 à 3 millimètres terminés nettement, faciles à isoler, mais fort peu réfléchissants. Les mesures douteuses que j'ai pu en faire conduisent à un prisme oblique irrégulier, mais dont les angles différent très- peu de ceux de l'orthose, de sorte que l'angle rentrant, dû à l'hémitropie, ne dépasserait pas 1°30’. Densité : 2,594. » 39. Lave moderne, à pâte vitreuse, prise sur Les flancs du pic. Cristaux feldspathiques très-nombreux, d'un grand éclat, mais non mesurables; les stries, dues au retournement suivant les faces M, sont plus distinctes que dans le n° r. Densité : 2,586. » Cinq analyses par le carbonate de baryte, l'acide hydrofluorique et le carbonate de potasse, diffèrent peu entre elles, et donnent la composition moyenne suivante : Rapport de l'oxygène. Silice rer 02:07 9,15 Alumine . ..... 22,29 2,096 Chanx ie ieette 2,06 Magnésie. ..... 0,54 ho Potasse........ 3,69 qui répond à la formule R Si HR Si » Le volcan de Ténériffe offre donc, comme M. Élie de Beaumont l'a éta- bli pour l'Etna, une identité remarquable entre les produits de divers âges dont il se compose. Seulement le labrador est ici remplacé par l'oligoclase. » C'est, du reste, la première fois que ce dernier feldspath est indiqué dans les terrains volcaniques, à l'exception peut-être de quelques-unes des grandes masses des Andes. Découvert par M. Berzelius dans le granit de Suède, dont il fait une partie constituante , à l'état mat, il existe à l'état cristallin, suivant M. Rose, dans les granits de la Silésie. M. Laurent l’a retrouvé dans les roches de l’Ariége : enfin MM. Hagen et Rosalès en ont analysé provenant d’Arendal. Ces analyses concordent bien entre elles, et conduisent à la for- mule précédente adoptée par M. Berzelius, en admettant toutefois que les bases à 1 atome d'oxygène se remplacent en toutes proportions. L’alcali dominant est toujours la soude. Quant aux densités, elles paraissent augmenter avec la proportion de chaux. Ce caractère ne serait donc pas absolu , et pourrait varier très-sensiblement pour des feldspaths ayant tous la même formule. »_ Si l’on applique le même principe à la famille entière des feldspaths, en admettant avec M. Regnault pour le triphane la même formule . .. 1 L Si + Al Si, et omettant l'anorthite, qui ne paraît pas devoir rester dans cette famille, on arrivera à distribuer les feldspaths en trois groupes, représentés par trois for- mules simples, se déduisant facilement l'une de l’autre, chacun de ces groupes se subdivisant en deux variétés suivant le système cristallin : Famille des feldspaths. Premier groupe. Deuxième groupe. Troisième groupe. CRC OL. | MAO tee AE ne Jeu 21015 RSi + K Si RSi + R Si RSi + À Si QE 5° type cristallin. G° type. 5° type. 6° type. 59 type. 6 type. Rhyacolite. Labrador. Manque. Oligoclase. Orthose. Albite. Triphane. Feldspath vitreux. Pétalite. ( 49 ) » Les proportions relatives d'oxygène contenues dans les bases à 1 atome, dans les sesquibases et dans la silice, seraient : 1920; = 9205 1:91, ou plus généralement 1:3:7n3. » M. Barruez adresse une Note sur les réactions qui s'operent sous pression. M. Barruel a voulu répéter, à l'occasion de la communication faite par M. Fournet sur la surfusion du quartz, quelques expériences citées dans le Mémoire de ce géologue, telles que celles de Hall, sur la fusion du calcaire sous une haute pression : il annonce n'avoir pas obtenu les résultats qui avaient été annoncés, mais il se propose de reprendre les mêmes expériences en modifiant son appareil. M. Leroy pe Cnampieny, qui avait adressé autrefois à l'Académie un manu- scrit ayant pour titre : Mémoire sur la polarité de tous les corps de la nature, demande l'autorisation de reprendre ce Mémoire, sur lequel il n’a pas été fait de Rapport. M. Prunnomme Dervin adresse une semblable demande pour un manuscrit qu'il avait présenté sous le titre de Guide du taillandier. L'Académie accorde à M. Leroy de Champigny et à M. Prudhomme Dervin l'autorisation demandée. M. Neveu prie l'Académie de lui désigner des Commissaires à l'examen des- quels il soumettra un nouveau système de chemins de fer. Comme M. Neveu annonce l'intention de prendre un brevet pour cette invention si elle était ap- prouvée par l’Académie, on lui fera savoir que le Rapport qu'il sollicite lui enlèverait le droit de prendre un brevet. M. Duran» prie de nouveau l’Académie de vouloir bien lui accorder pro- chainement la parole, et indique le sujet de la communication qu'il se pro- pose de faire. La séance est levée à 5 heures. F. C. R., 1844, 20€ Semestre (T XIX, N° 4.) SI (50) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 1 semestre 1844; n° 26; in-4°. Bulletin de la Société de Géographie ; 2° série, tome XX; in-8°. Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; 5o° livr.; in-8°. Résumé statistique des Recettes et des Dépenses de la ville de Paris pendant une période de quarante-quatre ans , de 1797 à 1840 inclusivement ; par M. MARTIN SainT-LÉON; 2° édition; in-4°. Nomenclature chimique française, suédoise, allemande et Synonymie ; par M. GARNIER. Paris, 1844; in-12. Notice sur les Salix stipularis et lanceolata de Smira; par M. MÉRar ; bro- chure in-8°. d Défense de M. ADOLPHE MATTHIESSEN , d'Aliona. — Description de ses Microscopes ; 1 feuille in-4°. La Clinique vétérinaire; juillet 1844 ; in-8°. Encyclographie médicale ; juin 1844; in-8°. Journal des Connaissances utiles ; n° 6; juin 1844; in-8°. Novorum actorum Academiæ Cæsareæ LEOPOLDINO-CAROLINÆ naluræ cu- riosorum voluminis undevicesimi Supplementum primum, sistens F.-J.-F. Meyeni1 Observationes bolanicas, in itinere circum terras institutas. Opus post- humum , sociorum Academiæ curis Supplementum ; cum Tabulis XIII. Bonn, 1843 ; in-/4°. De Organo electrico et de Hæmatozois; auctore C. Mayer. Bonn, 1843; in-4°. Die Pacinischen... Essai sur les Corps de Pacini; par le même ; in-4°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 506 et 5o7; in-4°. Gazette médicale de Paris; n° 26; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n® 74 à 76 ; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 50. L'Expérience; n° 350 ; in-8°. La Réaction; journal des maîtres de Poste; n° 1. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 8 JUILLET 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Syr la méthode logarithmique appliquée au développement des fonctions en séries; par M. Aucusrin Caucay. « Tout le monde est d'accord sur l'immense service que Néper a rendu aux calculateurs par l'invention des logarithmes qui permettent de remplacer, dans les calculs numériques, la multiplication par l'addition, et la division par la soustraction. Il m'a semblé que, dans la haute analyse, on pouvait retirer des avantages tout aussi incontestables de l'application des logarithmes au développement des fonctions en séries. Entrons à ce sujet dans quelques détails. » Concevons qu'il s'agisse de développer une puissance donnée d'une fonc- tion d’un certain angle en série de sinus et de cosinus des multiples de cet angle. On pourrait, à la rigueur, commencer par développer la fraction en une série du même genre, puis déduire ou de multiplications successives, ou même de la formule du binôme, le développement de la puissance don- née. Toutefois le calcul deviendra très-pénible et presque impraticable , si le degré n de la puissance dont il s’agit est un très-grand nombre fractionnaire , ou même un nombre entier très-considérable. Mais si, au lieu de commencer C. R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 2.) 8 (52) par développer la fonction proposée en série, on commence par dévelop- per son logarithme népérien, on obtiendra facilement le développement du logarithme de la n°" puissance de la fonction, puisque, pour y parve- nir, il suffira de multiplier le développement du logarithme de la fonction par l'exposant 2. Alors il ne restera plus qu'à revenir du développement du logarithme de la puissance au développement de la puissance elle-même. A la vérité cette puissance sera représentée par une exponentielle népérienne qui aura pour exposant le développement du logarithme de la puissance. Mais le développement de cette exponentielle en série paraît être, au pre- mier abord, une opération plus compliquée que celle qui consistait à élever à la n° puissance la fonction représentée par une série. Toutefois, en réfléchissant attentivement sur cet objet, je suis arrivé à une méthode qui permet de passer facilement de l'exponentielle à son développement, et que je vais indiquer en peu de mots. » Quand Le logarithme d'une fonction est représenté par une série con- vergente ordonnée suivant les puissances ascendantes d'une seule variable, on peut aisément déduire de cette série celle qui représente la fonction elle- même. En effet, il suffit de multiplier chaque terme de la première série par l'exposant de la variable dans ce terme, et de diminuer ensuite chaque exposant de l'unité, pour obtenir le développement de la dérivée loga- rithmique de la fonction; et de cette proposition, on conclut immédia- tement que les coefficients de la série cherchée sont liés entre eux par des équations linéaires qui permettent, comme l'on sait, de les déduire trés-aisément les uns des autres. Or, pour ramener à cette opération, déjà connue des géomètres, le problème qui consiste à développer une fonction d'un certain angle suivant les sinus et cosinus des multiples de cet angle, en supposant connu le développement du logarithme de la fonction, je consi- dère cette fonction conime équivalente au produit detrois facteurs qui ont pour logarithmes respectifs, dans le développement du logarithme de la fonction, 1° le terme constant; 2° la somme des termes proportionnels aux puissances positives de l’'exponentielle trigonométrique dont l'exposant est l'angle donné; 3° la somme des termes proportionnels aux puissances positives de la même exponentielle. Alors il devient facile de calculerséparément lefacteur constant et les deux facteurs variables qui doivent fournir un produit équivalent à la fonction cherchée. 11 y a plus : le développement de cette fonction se déduit immédiatement de la multiplication algébrique des deux derniers facteurs, et par conséquent ce développement se trouve construit définitivement, à l'aide d'un procédé analogue au procédé si simple qu'Euler a employé pour (53) développer une puissance négative d’nne fonction linéaire du cosinus d'un angle donné suivant les sinus et cosinus des multiples de cet angle. » La méthode de développement que je viens d'exposer, et qu’il est natu- rel d'appeler méthode logarithmique, puisau’elle repose principalement sur l'emploi des logarithmes, offre surtout de grands avantages dans le calcul des perturbations des mouvements planétaires. On sait que le calcul de chaque inégalité périodique produite dans le mouvement d’une planète »’ par l'action d'une autre planètè m, peut être réduit au développement de la fonction ‘ perturbatrice suivant les puissances entières des exponentielles trigonomé- triques qui ont pour exposants les longitudes moyennes des planètes, et que la détermination spéciale de l'une quelconque de ces inégalités se réduit à la détermination du coefficient numérique renfermé dans le terme proportionnel à deux puissances données de ces exponentielles. Lorsque le degré de ces puissances est élevé, la détermination, effectuée par les méthodes exposées dans la Mécanique céleste, exige beaucoup de temps et de travail, comme le savent très-bien les astronomes; et l’on ne doit pas s’en étonner, puisque alors les fonctions développées se transforment en séries multiples, et que le nombre des termes de ces séries croît dans une progression effrayante avec les degrés des puissances. Mais, lorsqu'on applique la méthode loga- rithmique au développement de la fonction perturbatrice, les séries mul- tiples dont il s'agit se trouvent remplacées par des séries simples que lon ajoute les unes aux autres, au lieu de les multiplier l'une par l’autre. Ainsi étendu, l'usage des logarithmes aura donc pour effet de remplacer, dans la haute analyse, tout comme dans les calculs numériques, les multiplications algébriques par de simples additions. ANALYSE. $ I. — Détermination d’une fonction dont le logarithme est représenté par une série ordonnée suivant les puissances entières d’une variable » Nommons f(x) une fonction de la variable x qui offre, au moins pour les valeurs de x que l’on considère, une partie réelle positive, et ad- mettons que le logarithme L f (x)de cette fonction, correspondant à une base quelconque, soit représenté par une série convergente ordonnée suivant les puissances entieres, positives, nulle et négatives de la variable x. On pourra en dire autant du logarithme népérien 1f(x), correspondant à la base e — 2,7182818..., (54 } et lié au logarithme Lf(x) par la formule Lf(x) L(e) On aura donc, par exemple, (1) If(x) = da +a x + a, x? +...+ a xt + ax? +, Ayy is days y, A2, désignant des coefficients réels ou imaginaires, et il s'agit de savoir comment on peut, de l'équation (1), déduire le développe- ment de f(x) en une série ordonnée suivant les puissances entières de x. » Si l'on pose, pour abréger, R (2) U = dj HAL + AL? +...+ ax + a, x? +..., l'équation (1) sera réduite à celle-ci, (x) =iE et l'on en conclura fer par conséquent PAS u u° u (3) Es À 219 F4 A la rigueur, on pourrait tirer de cette dernière formule le développement cherché, puisqu'à l'aide de multiplications successives, ou de la formule qui fournit la puissance n°” du binôme ou plutôt d'un polynôme quelconque, on peut déduire, de l'équation (2), les développements de w?, de u°,.…., et généralement de #”. Toutefois le calcul, ainsi effectué, devient très-pénible quand il s’agit de trouver dans le développement de f(x) le coefficient d’une puissance élevée de x ou de : Mais on peut résoudre facilement ce pro- blème en opérant comme il suit. » Décomposons la fonction f(x) en trois facteurs À, Ÿ, w, qui, étant le premier constant, les deux autres variables, soient déterminés séparément par les formules (4) AE; (5) l(6) = a,x + ax? (y) = a, x + a rt +... ( 55 ) La formule (4) donnera immédiatement (6) AIRE et l'on tirera de la première des formules (5) non-seulement (7) 0 —= eUL+ ATH. = + LE —+ etc…, mais encore (8) D,v = (a, + 2a,x + 3a,x° +...)v. Or la valeur de v, donnée par la formule (7), sera de la forme (9) v—=r1+b,xr+b,x? +.…, et, pour déterminer les coefficients b,, b,, b3,..., il suffira évidemment de substituer cette valeur dans l'équation (6). Car si, après cette substitution, l'on égale entre eux les coefficients des puissances semblables de x, on trou- vera 1B; (10) bar br = @ +, b, = ay + 24a:b, + ab; 3 à CLG:eee Ainsi, des coefficients b,, b,, b,,...le premier ne différera pas de la constante a,, et les suivants se déduiront sans peine les uns des autres, la valeur géné- rale de b, étant (R —1) an di + (r — 2)an-2 ba +... + & by (x1) DATE = A I De même, en remplaçant x par = et posant (12) DIT CT NE CAL + Me on tirera de la seconde des formules (5), AEICE 203 C + A C (3) ca, C—=@:+ = ; CO ss ——: etc., et généralement , (2 —1) a ny Ci+(2—2) G_n42 Cite. Hd ic à ñ (14) Cr — 4 + (56) D'ailleurs, apres avoir calculé, comme on vient de ledire, les coefficients que renferment les développements des facteurs v, w, on tirera des formules (0) et (12), (15) DE UE A MR EN ETES ET ON EE EC EP te CRE CT les valeurs générales de 4, et de #_, étant 6 { 4 UE 6 Ab CEE, 10 Re Cn + Cr D: te CDs -ose Après avoir ainsi formé les développements des facteurs v, w, et du pro- duit vw, on déduira immédiatement de la formule (a7) f(x) = Avw le développement de la fonction f(x), et l'on aura (18) f(x) = À + Ak, x + Ak x? +... + Ak,x + Ak, x +... La méthode que nous venons d'exposer est particulièrement utile dans le cas où la variable x, réduite à une exponentielle trigonométrique , se trouve liée à un certain angle p par une équation de la forme (19) œ = PT. Alors le développement de f(x) se trouve ordonné suivant les puissances entières de l'exponentielle e? 1, On peut d’ailleurs substituer à ces puis- sances les sinus et cosinus des multiples de p, attendu qu'on a généralement , pour des valeurs positives on même négatives de 7, (20) EP — cos np + Ÿ— 1 sin np. $ II. — Sur le développement de l'expression (1— 28 cosp +8). » Si l’on pose, pour abréger, s(s+r). (rx) = [s] 1.2...7 (57) la formule du binôme donnera (1) Q— x) = 1 fslx + [sh ax? +... On a d’ailleurs, en désignant par 9 un nombre que nous supposerons inférieur à l'unité, (2) 1 — 26 cos p + 62 — (1 — 0er") (1 — 9er"), par conséquent (3) (1 — 20 cos p + 82)* = (1 — Der") (1 — 0er TT), et des formules (1), (3), comme Euler en a fait la remarque, on tire (4) (1— 28 cosp + 6)" — 6, +0, de +@ er +, DCE NC SENS NE e CIC APE la valeur de @, étant déterminée par la formule . + . , G epuefi+ittesitetibes Il y a plus : si dans la formule (6) (1 — 0er") (1— 0e") = 8, + 20, (er + er) V= CRE CLIENT par I on remplace on en conclura (7) (1 — Cle TES EME F0 +209, (9e ap V1 +ô'e np V1 }, le signe Z indiquant une somme qui s'étend à toutes les valeurs entieres , nulle et positives de 7. Donc les deux produits 6,0" et 0,6" seront les coefficients des exponentielles NDS erP\—1 re npV=1 , dans le développement de l'expression (1 — et) (1 — Der 1) (58) D'ailleurs on a LE TRE 1 — Der mie = 16 EE, et par conséquent , = L'SNE 8) er = (in (ia), la valeur de } étant ; __ sl, (9) À = —5—; et de la formule (1), jointe à la formule (6), on conclut fee (ee ERP — (1 —6) [Cr Zi ET ee Lire PDA etc.|. Or, de cette dernière équation, comparée à la formule (7), s tirera 0,9" —(1— 0% ff], + [sl fs —4]n À + [s]a [s — 2h À +}, et ee (67 fs], + [has 2 ++ [hals +21). Donc à l'équation (5) on peut substituer la suivante (0 (10) de =fhhr la valeur de IL, pouvant être, à volonté, déterminée par l'une ou par l'autre des formules a) s(s + 1)(s—1)(s — 2) (11) Eee » 1.2 CEE AU SR fe SHnS—n—1 (sn)(s+n+r)(s—m—1)(s—7—2) (12) L=(1 +) [+ er — _ v+...|. » Les formules (11) et (12), dont la première était déjà connue, sup- posent PNEU (59) ou, ce qui revient au même , 5 1 I P<—, 0< — V2 V2 $ IL. — Sur le développement des puissances d'une fonction entière du sinus et du cosinus d’un 4 méme angle. » Concevons qu'une fonction réelle et entière du sinus et du cosinus de l'angle p soit représentée par la lettre x, et supposons que cette fonction reste positive pour toutes les valeurs réelles de p. On pourra la réduire à la forme (1) u —=k[1 — a cos(p — o)][1 — bcos(p — 6)]..., k désignant une constante positive, a, b,... d’autres constantes positives in- férieures à l'unité, et &, 8,... des angles constants. Soient d’ailleurs 4 ps. des nombres inférieurs à l'unité, choisis de manière à vérifier les formules I 2 I 2 (2) a+==?, b+s=pec., ou, ce qui revient au même, posons (3) a = tang(+arcsina), b — tang(+arcsinb),.... Posons, en outre, RÉ MOTS DER TES TI Ge) (+ 5). ou, ce qui revient au même, b h=<—...k. 24 2$ On aura encore (4) u = hr + 24 cos(p — à) + a][1 + 26 cos(p — 6) + 6°]... Donc, si l'on élève la fonction w à une puissance d’un degré donné, représenté par — s, on trouvera (G)us=h" {1 +2a cos(p— a)+ a°T[1 + 26 cos(p —6) + FF... C. R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, N° 2.) 9 (H6ok).. Si le degré dela fonction w est peu élevé, alors, en partant de l'équation (5), on pourra aisément déduire la valeur de # des formules rappelées dans le $ IL. Ainsi, en particulier, si & est du second degré seulement par rapport à chacune des quantités sin p, cosp, et si on nomme A OUR ce que devient la quantité précédemment désignée par @,, quand on rem- place 2 par 4 ou par f; alors, en ayant égard aux formules (f + 2acos(p—a)+ a)" =A + Y'A, [ert-2 15 + entra], (1 + 26cos(p—6)+ 16?) =B,+YŸB, [er tp—6) "5 + emPEN1 |, dans lesquelles le signe Ÿ s'étend à toutes les valeurs positives de 7, on tirera de l'équation (5) (6) = RSR, er" Retro PE Serie la valeur de K, étant (7) Re ME A, Biesfl et +, —nu V4 me e"* + À,4Bje tt . = BA + BASE Le WE AVE (ci +'B, ARE PETER... et la valeur de K_, se déduisant de celle de K, par un simple changement de signe du radical ÿ—1. » Au reste, dans tous les cas, et surtout lorsque x renfermera des puis- sances élevées de sin p et de cosp, on tirera immédiatement de la formule (5) 1(4) + fr —aer-2 75] 1[r — get] CR Cars His — per] Ir — fer] = eLC., et le développement de I(#*), suivant les puissances entières de er", se déduira immédiatement de la formule (8), jointe à la suivante (9) 1 = x) = — mt = etc. D'ailleurs, le développement de 1 (4°) étant formé, on en déduira le dévelop- pement de #* par la méthode exposée dans le & [<'. SIV. — Sur les inégalités périodiques des mouvements planétaires. » Le calcul des inégalités périodiques produites dans le mouvement d'une planète m par l’action d'une autre planète »r’, suppose que l'on a développé la fonction perturbatrice, et spécialement la partie de cette fonction qui est réciproquement proportionnelle à la distance : des deux planètes, en une série ordonnée suivant les puissances entières des exponentielles trigono- métriques dont les exposants sont l’'anomalie moyenne 7° de la planète m, et l'anomalie moyenne 7” de la planète m’. La question qu'il s’agit alors , : az NT r- : .. de résoudre consiste donc à développer — suivant les puissances entières po- 12 sitives , nulles et négatives des exponentielles er" T'Y ? € ° On sait d'ailleurs que l'anomalie moyenne 7°, d'une planète m, est liée à l’a- nomalie excentrique ,.et à l’excentricité « de l'orbite, par la formule (x) Y — esinb — 77. De plus, il est aisé de prouver que le coefficient e, de n TVA € ? dans le développement de l’exponentielle LV Er , suivant les puissances entières de e 7", se réduit à l'intégrale T FA Us T … e—" T1 ett"=1 TE Al fi em yV=A Çne sing V4 dy. DE re 27rn 27e } z u à , Ce coefficient sera donc le produit de = par le coefficient £,_, de l'expo- nentielle DV er L)y T (62 } dans le développement de l'expression ne (HOME) en =sing 1 — bp? : : . .: V4 suivant les puissances entières de e* et par conséquent on aura < ’ A (x) = > Ent les valeurs de €, et de €_, étant déterminées, pour des valeurs positives de /, par les formules (2) y =(—i)é,, (ne\ ? ne\? (ne 4 (3) MEN M on 2 Fe le En te PE TRERREE TA N D CIE 1.({+1) 1.2(/+1)(/+2) GG Enfin, après avoir déduit de la dernière formule deux valeurs de 3, cor- respondantes à des valeurs un peu considérables de /, on pourra aisément calculer les valeurs de 5, qui répondront à de moindres valeurs de /, à l’aide de l'équation 2 (4) AO rm O2 10 et ainsi on parviendra sans peine aux diverses valeurs de @,. Cela posé, if est clair que le développement d’une fonction de 4 en une série ordonnée suivant les puissances entières de e7*-", se trouvera réduit au développement de la même fonction en une série ordonnée suivant les puissances entières de er Concevons en particulier que l'on désigne par k, le coefficient de- ny V—1 Co , # , I . , + . dans le développement du rapport — en une série ordonnée suivant les puis- sances entières de e*'—*. Le coefficient À, de ' erTV— ? (63) dans le développement du même rapport en une série ordonnée suivant les puissances entières de e TY1, sera re n HI n +2 An = Éody — mn Cadnes + Exoby;) + EtC.... "= CEE TEear,, — etc... Ë Ë I . , °1 Pareillement, le développement de - suivant les puissances entières des deux > PP Er exponentielles HT NET e ’ ’ . , I . . on pourra se déduire du développement de = suivant les puissances entières des deux exponentielles el, ep, Il reste à montrer comment on peut construire ce dernier développement. » La valeur générale de +? est de la forme (6) 2 — h+ kcos(Y — 4 — x) — bcos(b — 6) — b'cos(p— 6) + ccos(d + W — y) + icos 24 + Tcos 24, h, k, b, b', c, i, i’ désignant des constantes positives, et &, 6, 6’, y des angles constants. On tirera d’ailleurs de l'équation (6) (7) —h(r +28), et, par suite, o Jmperes.) la valeur de & étant donnée par la formule k m — KR ANR R + CURE se eC (up —2) V1 b = b — Dar — be D eg 1 2 pr 17 EU —6) T1 (2-81 re V et) == V = ir (9) De 4e etu+ nr + arreter i 1 == 1 = i/ = => LEE nn foie e?? Vi+4E e—22 V1, (64) On pourrait, à la rigueur, déduire de cette dernière formule les valeurs successives de R?, R?, développées suivant les puissances entières des expo- nentielles V= UE PNR ENS : et les substituer, avec la valeur de f, dans le second membre de l'équa- tion (8). Ce calcul, qui serait fort long, peut d’ailleurs être abrégé par les considérations suivantes. » Posons es $e=h+kcos(y——x)—bcos(4—6)—b'cos(p—6)-+ccos(p+4"—7), (s=icos 24 + i’ cos2d”. La formule (6) donnera (11) À a — p+S; et d’ailleurs, en nommant a, a' les grands axes des orbites décrites par les pla- nètes 71, m', On aura = 2 QE EL EN 1—=S4E ;, L'= Sue” en sorte que, pour des excentricités qui ne surpasseront pas +, les valeurs de i, iseront généralement assez petites. Cela posé, on tirera de la formule (11) 1 : Fe CIRE (12) es Er v et, comme £ sera très-petit par rapport à p, on pourra réduire la série com- prise dans l'équation (12) à un petit nombre de termes. Il ne s'agira donc plus que de développer ces divers termes suivant les puissances entières des exponentielles et VE eL VTT Or, on pourra évidemment y parvenir à l’aide des formules établies dans les paragraphes précédents. On pourra, en particulier, développer le premier -1 . . terme p *, en opérant comme il suit. » Posons (13) vu = h+k cos(h — Ÿ — &), ( 65 ) et (14) 8 = bcos(y — 6) +b'cos(p" — 8) — c cos(p + y — y). On aura (15) p=U—8, (16) pri = uv" +éuet ve +. Posons encore, pour abréger, non-seulement [a es IH 1)... ((+n—:) CRU ë mais aussi l(l— 1)... .(— nr +: Gp penert, et a “e L'2 NI (1.2...2)(1.2..,#")(1.2...—n—n) Représentons, dans le développement de p-:, par %,,, le coefficient de l'exponentielle GT n'T)ÿ=s € ? et, en conséquence, par X_, , le coefficient de l'exponentielle eeT— nT)V=1 Supposons, pour fixer les idées, 7° > n, b' > b, et désignons, 1° par 2N le nombre pair égal ou immédiatement supérieur à 7» — n; 2° par 2N’ la quantité numérique qui, ayant pour valeur un nombre pair, est ou égale, ou supérieure d’une unité à la somme IN JS Mie ile En J: g J'; g' désignant quatre nombres entiers quelconques. Enfin, prenons k pre 1 1 == (7) 9 —tang (& arc sin s). = 5 et fé) 1, NN (66 ) : et nommons O,,r le coefficient de l'exponentielle et? = dans le développement de l'expression É (1 — 28 cosp + 6?) !+i. On aura = — ; [- æ (19) 1, = Re erto (5) te et (20) Cf = > (— 148" (f}n(ges pige € +818 1) 6 +67) VX, la valeur de ®,,,, étant déterminée, pour des valeurs paires de ie Lo par la formule “ Dp, g = (Ne (N — F — 8) Onnrs 2N+12N+3 (21) 2N + 2 2N ny À Gi 2h gCN one Le Gin +1 Ononprsf" + etc, et, pour des valeurs impaires de N — f — g + n° — f — g', par la formule N , he = _ : (N + 18 (N +1 — J — 8)v Onuinr-sb 29 2N+12N+32N+$ é Ga) HonpeaNcéant6 00 +35 (N+3—f—8)v +Onesn-p-26° + etc. D'ailleursles sommes indiquées par le signe Ÿ s'étendent, dans la formule (19), aux diverses valeurs entières et positives de f, g, et, dans la formule (21), aux diverses valeurs entières et positives de f’, g', qui vérifient nécessairement les conditions JP '= ou << one e (67) puisque (/f); et (g) s'évanouissent lorsque ces conditions cessent d’être remplies. | » Les formules (19), (20), (21), sont d’un emploi facile quand les nombres entiers 7, #’ sont peu considérables. Mais, dans le cas contraire, elles doi- vent être abandonnées, et il convient de leur substituer celles que l’on dé- duit de la méthode logarithmique, établie dans le $ I, comme nous l’expli- querons plus en détail dans un prochain article. » CALCUL INTÉGRAL. — Vote sur les intégrales eulériennes ; par M. Aucusrix Cavcury. « I semble qu'aprèsles travaux des géomètressur les intégrales eulériennes, et en particulier sur les fonctions F, il ny ait plus à s'occuper de celles-ci. Toutefois, je suis parvenu à établir pour l'évaluation de celles qui correspon- dent à de grandes valeurs de la variable, une formule nouvelle qui paraît digne d'être remarquée. D'ailleurs la méthode qui m'a conduit à cette for- mule pourra être appliquée avec succès à la détermination d’autres intégrales, et en particulier de celles que l’on rencontre en astronomie, comme je me propose de le faire voir dans un autre article. » On connaît la formule de Stirling pour la détermination approximative du logarithme d’une factorielle qui correspond à de grandes valeurs de la variable, et M. Binet est parvenu à remplacer la série non convergente qui représentait ce logarithme par une série convergente. J'ai été curieux de voir s'il ne serait pas possible de développer dans le même cas la factorielle elle-même en uné série convergente dont la loi fût immédiatement donnée. Ce problème me paraissait d'autant plus digne d'intérêt, que la série déduite par Laplace de sa méthode d’approximation pour la détermination des fonc- tions de très-grands nombres procède suivant une loi inconnue, en sorte que l’auteur s’est borné à calculer les deux premiers termes. En réfléchissant sur cet objet, j'ai reconnu que la difficulté du calcul tient ici à ce que l’auteur, en transformant les intégrales par un changement de variable, a supposé la va- riable nouvelle toujours représentée par une fonction linéaire du logarithme de la fonction sous le signe J- Je trouve un grand avantage à employer des substitutions plus simples, qui-permettent de passer facilement de l'ancienne variable à la nouvelle, et réciproquement. La seule condition à laquelle je m'astreins, est de développer la fonction sous le signe f en une série dont le premier terme soit sa valeur maximum ou.la valeur minimum d'un de ses facteurs, par exemple d’un facteur élevé à une très-haute puissance. Alors on C R., 1844, 2M€ Semestre, (T. XIX, N° 2.) 10 ( 68 ) parvient à déterminer plus facilement par approximation les fonctions de très-grands nombres, et à les développer en séries convergentes. C'est ce que je fais en particulier pour les fonctions T, et je me trouve conduit de cette manière à une série convergente dont la loi est connue, et de laquelle on peut aisément déduire les deux premières approximations obtenues par Laplace. ANALYSE. » Considérons en particulier l'intégrale ce e D(z)= 10 LHÉCRAUE, 0 que l’on peut écrire comme il suit œ (x) r()= f Tete 0 ’ DE : ; ; ; I Si l’on décompose la fonction sous le signe fe deux facteurs x"e-* et —, ñ T le premier variera très-rapidement avec x pour de grandes valeurs de #, et la valeur maximum du premier facteur sera celle qui correspond à x — n, savoir, le produit HOT Cela posé, concevons qu'à la variable x on substitue une nouvelle variable £ liée à la première par l'équation XVe" Aux limites o, æ de x répondront les limites — œ, æ de #; et comme on aura l'équation (1) donnera œ . (2) T () —, | 4e h e* Ga. dé. — : D'autre part, on a ( 69 ) et par suite, si l’on fait, pour abréger, t és 6) Ces Na 0 FE LS a ? l'on trouvera t? LÉ — (4) PT en etant Cela posé, l'équation (2) donnera (5) T(n)=n'e" 1m ea entdé, —œ et si l'on pose, pour plus de commodité, 12 api e en aura simplement D a 2 (6) TC (n) — np! he L e— 4° e7 T dt. — œ Pour déduire de cette dernière formule la valeur de T (7) représentée par une série dont la loi soit facile à constater, il suffit de développer l'exponen- tielle e=r 7} ) suivant les puissances de T°. On trouve ainsi (7) r (x) = n'eT (a Fa s À, + _ A: _ etc), la valeur de À,, étant donnée par l'équation Me (8) Lu à Te di. — © Il ne reste plus qu’à déterminer la valeur de l'intégrale (8). » Or, des équations connues (9) fer == Le ie te dt = 0, — œ KO \ (M0 +) on tire, non-seulement C2 Delreg È (10) Ji CRC RCE TL, LÉ read — 0, — æ —@ - l mais encore, en remplaçant t par { — 2 F L: | sn L -+ Ga Æ : T -i (11) ‘ eeltdt= Ta e ; Î te elt dt — LE LPS : — —@œ 2 puis on en conclut, en différentiant #2 fois de suite par rapport au para- : metre &, L Fu "e tm 2 el dt _ r°(—D,}" [a #| — @ . \ : La £ # m+A4 ,y—at? == r°l LUS TE 4e (15) [ reed = —(—D.) E e il 00 En conséquence, si l’on nomme f(#) une fonction entière de #, on aura gé- néralement 1 (14) [seed x" {(— 1) [+ #] et IE (15) fr ct(e)et et dt = TT f(—D,) [a+ F| Ces dernières formules offrent un moyen simple de calculer facilement la valeur de A,,. En effet, on tire des formules (4) et (8) Le Ed ENQUETE (16) af. (et—1-e-°) et dt. Posons, de plus, (19) SPEED (ef—i+e-£}er dt. (2 (@ >} 42) Pets , 5 A On pourra évidemment déterminer la valeur de —” +B A l'aide de la for- mule (15), et la valeur de —_— à l'aide de la formule (16). » Si, pour abréger, on pose É £2\m LÉ (ire) + (— t+— (18) 2 { 4 = 2 Om (£*), (++) (ie) orgues), on tirera des formules (16) et (17) AR, ce CET + (1) qn (= D,) [a et mn Du (DJ [a (20) nn __m(m—i) =. (1) xn(— D) [a +]. En combinant entre elles, par voie d'addition, les formules:( obtiendra immédiatement la valeur de À. On trouvera ainsi n|= ]. (n—1) Hen4s | + (nm—2} ne 10 — 2)X2(— D,) late Âge | 19) et (20), on (ga) » 2/1 s ? t ar — puis, en remplaçant a pa n \ jee EE (+Ÿ4) + (: + = 2) On aura donc (21) r(D= (#) n'e"(i+ a +aat+...), les valeurs de a,, a,, etc., étant n[ 2» x MS CAE 29) = De n° n 2n RL e—(2+i+ }e HGPPane } tre ñ A etc. Nous observerons en finissant que, si l'on substituait dans la formule (8) la valeur de T'tirée de l'équation (3), on obtiendrait non plus les valeurs .de A,,A,,A,,... en termes finis, mais ces valeurs développées en séries ordon- nées suivant les puissances de - . En opérant ainsi, on reconnaît que les pre- miers termes des rate de domi Ct dom sont respectivement représentés par les expressions 2m —1 TE 4 1,2...(2m—1) + Ep D Dre [a 5, et (7m) me .2m ce CD CS d qui se réduiront définitivement aux produits 2m—11.3...(6m—3) 1 (: 7e D Om) A NU und 2 ("à 0" 40 1.2... (2m—1) 61 7 PPT . , , . I # . Il en résulte que, si z devient tres-grand , et par suite - très-petit, les deux g 7 quantités ‘ c’est-à-dire de l’ordre m par MA à n. Si l'on pose en particulier m = 1, les premiers termes de ab tas seront respectivement I 5 8x 24n et leur différence | I 127 à ET STE sera le seul terme de premier ordre par rapport à =, que l'on rencontrera L/ dans le développement du polynôme DEN SAC SR AUDE CHIMIE ANIMALE. — Analyses comparées de l'aliment consommé et des excréments rendus par une tourterelle, entreprises pour rechercher s'il y a exhalation d'azote pendant la respiration des granivores ; par M. Boussinçauzr. (Extrait. ) Les recherches que Je vais exposer ont été faites dans le but de consta- ter si les granivores émettent, pendant l'acte de la respiration, de l'azote (74) provenant de leur organisme; en d’autres termes, on s'est proposé d’exami- ner si un oiseau adulte, nourri d'une manière régulière et dont le poids n’aug- mente pas, rend, dans ses déjections, la totalité de l'azote qui faisait partie des aliments qu'il a consommés. » Cette émission d'azote est assez généralement admise aujourd’hui, par suite des expériences de Dulong et de M. Despretz. Il y a quelques années, j'ai été conduit à une semblable conclusion en déterminant, par l'analyse élémentaire, la composition de la nourriture prise et celle des produits ren- dus par le cheval et la vache; néanmoins, comme dans l'application des pré- ceptes de la théorie à l'économie des engrais, il est d'une importance extrême de savoir s’il y a réellement une, partie de l'azote des fourrages consommés qui est perdue pour la production animale et pour le fumier, j'ai cru devoir étudier de nouveau la question en faisant porter mes recherches, non plus sur de grands herbivores, mais sur un oiseau qui, par son peu de volume et la nature de ses déjections, permettait d'espérer ün plus grand degré de pré- cision. La tourterelle que j'ai soumise, à l'observation était depuis longtemps nourrie uniquement avec du millet, elle a été mise dans une cage dont le fond, recouvert par une plaque de verre, laissait recueillir, sans aucune perte, les excréments. Le millet, donné comme nourriture, était contenu dans un vasé de porcelaine un peu profond , ayant une capacité sensiblement conique, la petite base du cône formant l'orifice de la mangeoire; à l’aide de cette dis- position, la tourterelle n'a pas laissé tomber un seul grain de millet dans la cage. ». Dès le commencement des expériences, le millet destiné à l'alimentation a été conservé dans un flacon bouché, afin que pendant toute leur durée, la proportion d'humidité qu'il contenait restat constamment la même. Chaque jour, à la même heure, on pesait une certaine quantité de graine que l’on mettait daus la mangeoire, après avoir enlevé et pesé celle qui restait de la ration donnée la veille. On connaissait ainsi avec exactitude le millet qui avait été consommé en vingt-quatre heures; et, bien que la nourriture ait été de la sorte donnée à discrétion, la tourterelle s’est rationnée elle-même avec assez de régularité. » Les excréments étaient recueillis tous les jours au moment où l’on don- nait la ration de inillet ; ils ont constamment offert la même apparence, la même forme sphéroïdalé, et leur consistance permettait de les enlever avec facilité; à la fin d'une experience, on détachait de la plaque de verre qui re- couvrait le plancher de la cage les quelques parcelles de matières qui étaient restées adhérentes. Les excréments rendus dans les vingt-quatre heures ont (75) d'abord été pesés humides ; immédiatement après la pesée, on les desséchait dans une étuve chauffée à 4o ou 5o degrés. On s’est astreint à dessécher à cette basse température, dans la crainte, probablement exagérée, de dissiper quelques principes volatils azotés. La température de la chambre dans la- quelle séjournait la tourterelle ne dépassa jamais 10 à 11 degrés; de sorte que les déjectious , avant de passer à l'étuve, se trouvaient à l'abri de toute fermentation qui aurait pu donner lieu à des vapeurs ammoniacales. » Les expériences ont été divisées en deux séries : la première série com- prend cinq jours d'observations, la seconde sept jours. Première série. — Cinq jours d'observations. EN VINGT QUATRE HEURES, — “mm POIDS ÉPOQUES. de la tourterelle. Excréments humides Millet consommé. = recueillis. a ———_—_—_—_——_—_— | ————————.…— ———— — — gr. gr- r Premier jour 15,45 7:19 187,90 Deuxième jour 15,53 71 Troisième jour 16,94 8,04 Qratrième jour 14,55 7,94 Cinquième jour 14,17 7:42 En cinq jours 76,64 37,30 Analyse du millet consommé dans les deux expériences. » Dessiccation. — 15,871 ont perdu, à la température de 130 à 135 , x ge 2 gr , ne 7 degrés, après un séjour dans le vide sec, 0%,263 d’eau; eau pour 100— 14,0. » Les 765,64 de millet mangé par la tourterelle dans cette première série, -contenaient réellement 655,91 de millet sec. » Cendres. — 2,880 de millet normal = 2£,477 de millet sec ont laissé 05,064 de cendres très-blanches et fortement calcinées; on a ainsi, pour 100 : dans le millet normal, 2,22 de cendres; dans le millet sec, 2,58. C. R., 1844, 20€ Semestre.(T. XIX, N° 2.) IT (76 ) Azote. Millet normal. Millet sec. Azote. Température. Baromètre Azote en Azote dans 100 de à o degré. poids. millet sec. gr gr C-c. o m gr I. 0,775 0,6665 17,8 11,0 0,7693 0,02134 3,20 3,30 I. 0,779 0,6704 19,1 13,5 0,7642 0,02282 3,40 t Carbone et hydrogène. Millet normal. Millet sec. Eau Acide Eau dosée(*). Dane Lo Me moTEtREc —— , contenue. carbonique. Cirbène Hydrogène gr gr à, gr gr gr I. o,567 0,4876 0,0794 0,822 0,357 45,97 6,29 IL. 0,636 o,5470 0,0890 0,930 0,309 46,17 6,30 Moyennes. ..... 46,07 6,295 Composition du millet consommé a l'état sec, Carbone. ....:.."" 46,07 Hydrogène. ....... 6,29 d Azote..... Hacto ct 3,36 Oxygène.......... 41,76 Matières salines.... 2,58 100,00 Analyse des excréments. » Première dessiccation. — Les 37,30 d’excréments humides pesaient à la sortie de l'étuve 165,220; la matière sèche a été broyée, introduite dans un flacon et mélangée intimement : c'est à cet état qu'elle a été analysée. » Deuxième dessiccation.— 2%",257 de la poudre précédente, après une dessiccation prolongée dans le vide sec et à la température de 130 à 135 degrés, se sont réduits à 25,093 — eau 05,164. Pour 100, eau 7,27. Les 375,30 d'excréments humides représentent par conséquent 158',04 d'excré- ments complétement desséchés. » Cendres. — 15,440 de matière desséchée à l'étuve, répondant à 1#°,3365 d'excréments entièrement secs, ont laissé 0,158 de cendres très-blanches, fortement calcinées. Pour 100 d’excréments secs, cendres 11,80. Azote. »_08,4775 de matière séchée à l'étuve — 0%',4428 de matière seche ont donné : (*) L'eau dosée renferme nécessairement l'eau contenue. Pour calculer l'hydrogène du millet sec, on a retranché la première de la seconde. (773 » Azote, 34°*:,1 ; tempér., 13°,0; barom: à o degré, 0",7692 — azote en poids, 05',0/092. " » Azote, pour 100, dans les excréments séchés à l’étuve, 8,57; dans les excréments séchés à 135 degrés, 9,24. Carbone et hydrogène. . ” # “ LD 8e . . BE # g° I. Matière séchée à l'étuve. 0,605 Acide carbonique. 0,812 Eau dosée. 0,292 I. À TA See nee 0,600 TANT 0,812 TA) NNMo,3T0 0,205 1,524 0,602 Humidité contenue, .... 0,088 0,088 Excréments secs....... 1,117 Eau dosant l'hydrogène. 0,514 » On a, pour la composition des excréments secs, Carbone: #41 4 39,65 Hydrogène... .... 5,11 Azotes a. SE 2 9:24 Ed Oxygène ..... DATE MES Matières salines. ... 11,80 100,00 Deuxième série. — Sept jours d'observations. EN VINGT-QUATRE HEURES. nn POIDS ÉPOQUES . de Ja tourterelle, Excréments humides Millet consommé. ES recueillis. gr- : gr. gr. Premier jour 17,174 8,26 186,97 Deuxième jour 15,31 9,05 186,17 Troisième jour 17,02 10,37 » Quatrième jour 16,82 8,14 » Cinquième jour 17,54. 9,07 187,27 Sixième jour 15,78 8,05 » Septième jour 17,41 9,45 185,47 En sept jours 62,99 (78 ) Analyse des excréments. » Première dessiccation. — es 62,99 d'excréments humides ont pesé, après la dessiccation à l'étuve, 265,176. » Deuxième dessiccation. — 25,738 de matière séchée à l'étuve, mis dans le vide sec à la température de 130 à 135 degrés, se sont réduits à 28°,517 — eau 08,221. Pour 100, 8,10. Les 628,99 d’excréments humides contenaient alors 245,056 de matières sèches. » Cendres. — 25,883 d'excréments séchés à l’étuve — 2£,6495 de ma- tière sèche ont laissé 05,284 de cendres parfaitement blanches. Pour 100, cendres, 10,72 dans l’excrément sec. Azote. » 0#,4755 de matière séchée à l'étuve = 08,437 de fiente sèche, ont donné : » Azote, 33°--,2; température, 13°,2; baromètre à o degré, 0",7667 — azote en poids; 08",03984 = azote dans 100 d'excréments secs, 9,12. Carbone et hydrogène. gr . = Matière séchée à l’étuve. 0,610 Acide carbonique. . . 0,835 Eau. . . 0,302 Eau contenue. . . . . . 0,0495 0,0495 Matière sèche. . . . . . 0,5605 Eau dosant l'hydrogène. . . 0,2525 Composition des excréments secs de la deuxième série. Carbone. . . . . 40,63 Hydrogène. . . . 5,00 AZOLEENCN RS RE 912 Oxygène... . . … 34,53 Matières salines. 10,72 100,00 . » Le résumé des deux expériences se trouve consigné daus le tableau sui- vant : (79) u 91°0 zY «6° pri &IG‘0 oi‘ 9 Ya‘ 19 8° 9€ °ttt""ounau ouh SUPP Jp QUOI) : *saanou ouenb-JButa u9 sourunjo sodtoutig -"sanof oztop uo soururtfo sadrouts rs-sanof jdos uo soutwi1o sodioutag A TU V gc'z oLgg1 ‘ouowuuwoo ny 19‘ “35 “4 *soutqus ‘2107 SOAON AT Eau "oouotnodxa,] sgude 10 quvav ATIAUALUNOL VI AA SAIOd ‘ouoJ0apÂt LL:6 09*9ÿ "18 a ‘euoquer) "LNANAUOXAUI SNVA LA ZNANITV,T SNVA SANALNON SAJIONINA YeG' ge Ly'ox Er] ‘anuaju09 nvs ggo‘ te gi‘10 “aa *005 AMI 6G‘x9 cg‘ Lit AA *[ULUAOU 719] \l *"SNpuor sJUaU DIX * :*"JWUUOSU09 JOIN “oouamodxe ,c — "sanol 1dos quppuod oyjotogunog oun 10d $npudi Siu9W919%9 39 SawtUOSUOD SJUOUN)F La ogr * °°" ""uy uv o6f Lgr 8 ‘ouauttwu09 ny ‘SOUIçUS ‘0107 SOA eh nouonodxo | soude 30 quuav a11AUALUNOL VIT 14 SAIOd Lefve gi‘ç aG‘ Le ah “eueJAxO ge‘ Ll'o gr‘ Eu ‘ou9804pÎt LAUTA 96°G Le LE a a — ‘ouoquv7) "LNANAUOXAUT SNVA LA ENANITV,T SNVA SANALNOD SAdIONIUd setensessesesessesenssses eçanof buto uo Soutturfo sodtoutuz dt‘ ca L: £ SLOË "anuojuoo nva OC e Yo‘cr 6: , 1459 208 FUAUI og‘£ to‘ oc 14 "qUuiou 1819, y snpuot SJUaWI9IOXT ** **OWWOSU09 30[[TN] “oouanodxe 1 — “sn0l bio quppuad Coyposoimor aun 10d snpuai SIUbWA1OND Jo SOUWOSUOD SIUOUNYF ( 8 ) 7 » En prenant la moyenne des résultats, on trouve qu'une tourterelle pesant environ 187 grammes brûle, en respirant pendant vingt-quatre heures, 55,10 de carbone; elle émet, en conséquence, dans le même es- pace de temps, 185,70 d'acide carbonique et 0%',16 d'azote; soit, en vo- lume : acide carbonique, 9",441; azote, o!,126; d'où il résulte que l'azote exhalé provenant de l'organisme est à peu près le 55, en volume, de l'a- cide carbonique produit, résultat conforme, quant au fait de l'exhalation de l'azote, à celui obtenu par Dulong et par M. Despretz, mais qui en diffère notablement sous le rapport quantitatif, en ce que l'azote exhalé, si on le compare au gaz acide carbonique, est en proportion beaucoup plus faible que dans les expériences de ces physiciens. Néanmoins, toute minime que soit cette quantité d'azote, elle constitue cependant le tiers de celle qui entre dans la ration alimentaire de la tourterelle; dans la condition de nour- riture où se trouvait placé ce granivore, les déjections ne renfermaient plus que les deux tiers de l'azote qui préexistait dans le millet consommé. » Ainsi, indépendamment des modifications que les aliments, ou plutôt le sang qui en dérive, subissent pendant la combustion respiratoire, on peut concevoir qu'une partie des principes azotés de l'organisme éprouve une combustion complète, de manière à donner lieu à de l'acide carbonique, à de l'eau et à de l'azote; à moins de supposer que sous certaines influences, l'azote des composés quaternaires peut être éliminé en partie, en donnant naissance, par cette élimination, à des composés ternaires. » En consultant le tableau qui résume les deux expériences, on s'apercoit que l'hydrogène et l'oxygène éliminés ne sont pas dans le rapport voulu pour constituer l'eau. En effet, l'oxygène dissipé dans un jour étant 45,69, exige- rait 08,636 d'hydrogène; par conséquent l'hydrogène excédant , qui est brûlé comme l’est le carbone par le concours de l'oxygène de l'air, est alors of',07. » En considérant la respiration comme un phénomène de combustion, les données précédentes indiqueraient qu'une tourterelle du poids de 187 gram- mes, respirant librement dans uue atmosphère à 8 ou 10 degrés centigrades, où elle brüle, en vingt-quatre heures, 5,1 de carbone et 0f',o7 d'hydro- gene, peut dégager assez de chaleur pour entretenir sa masse à une tempé- rature à peu près constante de 41 à 42 degrés, tout en volatilisant l'eau qui sort par la transpiration pulmonaire et cutanée; eau dont la quantité, comme on va le voir, s'élève à plus de 3 grammes. (81) Dans une première expérience, la tourterelle soumise au régime du millet a bu, en deux jours. . . . . . . . .. 12,60 d’eau distillée, Dans un autre expérience... "MUNIE IL. 12,70 En quatre jours. . . . . 26,50 ; par jour 6,378 » I est possible, maintenant, d'estimer approximativement la quantité d'eau que l'animal perdait par la transpiration : En douze jours la tourterelle a pris, avec les 194F,26 de millet con- ONG GENE | MERE re RETENUE DRE RO NEO 27,30 HanfbuE directement ENV (AE NES TE RNEN" AA 76,50 HAUEN tré ETS PES SR RE RE RC nd à 103,80 Eau contenue dans les 100%",29 d’excréments humides... . . . . . . .. 71,19 Différence ou eau sortie par la transpiration pulmonaire et cutanée. . . . 32 71 PP NS EE EN MR NE RAM RE Er ARTS Eau formée dans un jour par les 0,07 d'hydrogène excédant. . . . . .. 0,63 Eau totale éliminée en vingt-quatre heures par la transpiration... . . . . 3,36 MATHÉMATIQUES. — Mémoire sur les interpolations | contenant surtout 3 avec une exposition fort simple de leur théorie dans ce qu'elle a de plus utile pour les applications , la démonstration générale et complète de la méthode de quinti-section de Briggs, et de celle de Mouton , quand les in- dices sont équidifiérents ; et du procédé exposé par Newton, dans ses Principes, quand les indices sont quelconques; par M. Frén. Maurice. « La méthode des interpolations devait naître avec le calcul des grandes Tables de logarithmes, et c’est ce que les faits ont, en effet, établi. Après la mémorable découverte de Néper, lorsque, de concert avec Briggs, l'inven- teur eut reconnu quel avantage résulterait de l'adoption d'une autre base, ce fut Briggs qui se chargea avec intrépidité de l'immense travail que devait nécessiter le calcul de ces Tables fameuses qui virent le jour à Londres en 1624, et dont l'exactitude et l'étendue n’ont point encore été dépassées dans les ouvrages qui ont été publiés jusqu'ici. On sait pourtant que Briggs lais- sait dans ces Tables une lacune considérable, et qu'on n'y trouvait point les logarithmes des nombres compris entre 20 000 et 70 000; mais à peine ces premières Tables furent-elles imprimées, que Briges entreprit, avec une nou- velle ardeur, le calcul des logarithmes des lignes qu'emploie la trisonométrie, et il était au moment de terminer cette vaste entreprise lorsque la mort l’ar- (82) rêta; ce fut Gellibrand, son ami, qui acheva son œuvre, et la fit paraître en 1631. » Le service signalé que rendit aux sciences ce calculateur de premier ordre nese réduit pas à l’exacte détermination tant des logarithmes qu'il a cal- culés à un grand nombre de décimales, que de leurs différences de plusieurs ordres : Briges s’est montré surtout un géomètre d'une rare habileté dans la composition des deux savantes préfaces dont il a fait précéder les deux grands ouvrages que nous avous cités. Il y a développé une foule de moyens ingénieux imaginés par lui pour réunir la rigueur à la facilité dans ces im- menses calculs, et il y présente, dans ce but, plusieurs méthodes diverses, et toutes remarquables, qui lui permettaient de s'assurer minutieusement de l'exactitude de ses résultats. » Au nombre de ces méthodes, on peut surtout remarquer (ch. XII de la Préface de ses premières Tables, et chap. XII de celle des Tables trigo- nométriques) le singulier procédé qu'il expose pour intercaler quatre valeurs intermédiaires entre chacune de celles qu'on aura obtenues par un calcul direct , les unes comme les autres de ces valeurs répondant à des indices équidifférents. Il ajoute à cet exposé qu'en publiant, à 14 décimales, les logarithmes des 30 000 nombres compris entre 1 et 20 000, et entre 90000 et 100 000, il s'est proposé de donner, par ce procédé, des moyens faciles pour déterminer les 70 000 logarithmes qu'il reste à calculer pour avoir ceux des cent premières chiliades des nombres naturels; et l’on peut bien penser qu'il en avait déjà fait usage pour une partie des logarithmes conte- nus dans les précieuses Tables qu'il publiait. Nous parlons ici, évidemment, de celles des logarithmes des nombres, dont il fut lui-même l'éditeur , en 1624. » Cette méthode, qui est fort curieuse, et antérieure de près d'un demi- siecle aux recherches de Mouton et de Regnaud sur une interpolation ana- logue , se trouve présentée par son auteur sans aucune démonstration. Il ne fait que prescrire les règles fort compliquées de son procédé, et cela d'une manière bien dépourvue de cette clarté que, depuis les temps d'Euler, l'ana- lyse sait répandre sur la plupart des objets dont elle traite. Ajoutons que le procédé lui-même est bien plus singulier que facilement praticable : rien n'y semble guider le calculateur dans le choix de la limite des corrections aux- quelles il doit s'arrêter; et de plus, les différences, d'ordres divers, de la fonction considérée, se trouvant affectées d'indices différents, pourraient causer quelque embarras dans l'application. » faut croire que c'est au défaut que nous venons de signaler dans (83) l'exposition de cette méthode remarquable que doit être attribué le silence des géomètres sur une pareille invention. Aucun d'eux n'avait appelé l'attention sur le caractère d'originalité qu’elle présente, lorsqu’au bout de deux siècles Legendre en fit l'objet d'une savante Note dans les Additions à la Connais- sance des Temps pour 1817. Il y démontra, par une analyse rigoureuse, mais toute moderne, le principe des corrections prescrites par Briggs pour déduire les différences à employer dans l'interpolation, de celles qu'il nommait les différences moyennes : celles-ci ont, en effet, des relations nécessaires avec les différences qui se rapportent aux termes entre lesquels Briggs se propose d'interpoler. » Dans cetté Note, dont la brièveté est d’ailleurs à regretter, Legendre reconnaît que sa démonstration manque de simplicité; et, dans cette per- suasion , il énonce le vœu qu'on en trouve une qui se rapproche davantage de celle que l'auteur, sans doute , avait découverte , et qu'il aurait dû publier. On s'est proposé, dans ce Mémoire, de répondre à cet appel, ét l'on croit y être parvenu en n'employant aucun procédé , aucune opération de calcul qui ne fût pas connue des géomètres vivants à l’époque de 160, contemporaine de Képler et d'Harriot, et antérieure à Descartes et à Fermat. » Ainsi, avant que de passer à la démonstration, tont à fait élémentaire , du curieux procédé de Briggs , il a paru convenable de se rendre compte des moyens de calcul qu'il pouvait posséder pour la détermination des différences, à cette époque moyenne , du travail immense qu'il exécuta , et ce sera l’objet du premier de nos paragraphes ; dans le second, on exposera , d’après Briggs lui-même, ce procédé que Legendre a jugé si digne d'attention; et dans le troisième , on le démontrera complétement par des moyens purement arith- métiques , qui n'auront une apparence d'analyse moderne que par emploi des notations dont l'usage a de nos jours heureusement prévalu. » Nous avons opposé à cette méthode assez obscure celle qui est d’un usage aussi clair que commode, et que publia, en 1670, Mouton, prêtre lyonnais, auteur d'un ouvrage astronomique sur les diametres du Soleil et de la Lune, où se trouvent d'autres idées fort remarquables pour cette époque-là. Mais cette méthode, dont Mouton, pour ce qu'elle a de plus général, attribue le mérite à Regnaud, son compatriote et son ami, n'est que longuement expo, sée, sans démonstration. En 1767, Lalande se proposa, le premier, de la dé- montrer pour les trois premiers ordres de différences; et l’on en était encore là sur ce point, lorsque Lagrange, dans les Mémoires de Berlin pour 1792 et 1793, en publia une démonstration aussi générale que savante. Peu de temps après, Prony la prit pour base de l'immense travail exécuté sous sa direc- C.R., 1844, 2m Semestre. (T NIX, N°9.) 12 84 ) tion, pour le calcul des grandes Tables , dites du cadastre ; et développa, dit-on, dans leur préface, cette excellente méthode dans tous ses détails. Néanmoins, ces Tables, si supérieures en exactitude comme en étendue à toutes celles qui ont été publiées, n'existent encore que manuscrites dans deux exemplaires soigneusement séparés : en sorte que l'analyse de Prony n'a point vu le jour; et si feu Lacroix, dans le tome IL de son grand Traité, y a présenté en peu de mots le principe de la méthode et de sa démonstration , ce qu'il en dit est si peu élémentaire, que nous pouvons espérer qu'on ne ju- gera point inutile l'exposition plus simple et plus complète que nous en offrons dans notre quatrième paragraphe, où nous montrerons, de plus, que les mé- thodes de Brigos et de Mouton, malgré leur complète dissemblance, peuvent pourtant condtite identiquement aux mêmes résultats, non-seulement en nombres, mais encore dans ces expressions générales dont les nombres doi- vent résulter. Comme, d’ailleurs, nous n'avons pas négligé les détails utiles pour la pratique des interpolations, il sera évident que les procédés de Mouton, aussi clairs que faciles, offrent de rares avantages par la symétrie de toutes les opérations. Jusqu'ici nous n'avons considéré, en fait d'interpolation, que le cas des indices équidifférents. Mais ce cas ne se présente pas toujours. Si, par exemple, dans les observations de certains phénomènes, il arrive que leurs intervalles ne sont pas égaux, alors les diverses valeurs de la fonction cher- chée, qui représentent les phénomènes donnés par l'observation, sont rela- tives à des temps, pris pour ses indices, dont les différences sont inégales ; et le problème consiste à trouver, par les données de la question et pour une valeur de l'indice relative à un temps quelconque , la forme générale de l'ex- PRE de cette fonction. » Newton en donna la première solution dans un lemme de ses Principes, que, selon sa coutume, il ne s'arrêta pas à démontrer ; et Laplace, en adop- tant cette solution pour sa méthode de calcul de l'orbite des comètes, s’est borné, comme l'auteur, à sa simple exposition. Nous consacrons notre cin- quième et dernier paragraphe à la considération générale des cas de ce genre, et, après en avoir donné une solution qui repose sur les mêmes principes qui nous ont guidé dans tout cet écrit, et qui sont purement algébriques , nous parvenons à démontrer facilement la solution de Newton sous la forme que Laplace lui a donnée dans la Mécanique céleste. Enfin, dans un Æppendice qui termine notre Mémoire, nous avons traité plus particulièrement des procédés les plus usités en astronomie, et nous les avons également déduits des principes fort simples auxquels nous nous ( 85) sommes attaché constamment. On y pourra remarquer la manière dont nous traitons une formule que Stirling, dans son excellent ouvrage sur l'in- terpolation, n'avait obtenue que par induction, et ce que nous ajoutons sur ce que M. Bessel a déjà fait pour démontrer cette utile formule : la simpli- cité comme la clarté de tous ces calculs leur fera peut-être accorder quelque attention. » M. Anaco annonce que M. Mauvais vient de découvrir une nébulosité dont on n'a pas encore déterminé le mouvement propre, mais qui, suivant toute apparence, est une nouvelle comète (1). M. Araco fait hommage à l'Académie d’un Rapport qu'il a fait à la Chambre des Députés, au nom de la Commission chargée de l'examen du projet de loi portant allocation d'un crédit de 300 000 fr. applicable à divers établisse- ments d'intérêt général. MÉMOIRES LUS. MÉDECINE. — Vote sur l’ancienne et la nouvelle vaccine, et l'application de la vaccine naturelle par le moyen du virus repris sans cesse sur l'es- pèce bovine au moment méme de l’inoculation ; par M. Jauss. (Commission précédemment nommée. ) Dans ce Mémoire, l'auteur a pour objet de prouver que la méthode du re- nouvellement du vaccin à époques indéterminées et assez lointaines, est bien loin d'avoir les mêmes avantages que celle de la régénération du virus. « En effet, dit-il, quoique l'apparition spontanée du cow-pox chez la vache ne soit pas, à beaucoup près, aussi rare qu'on l’a prétendu, on n'est pas certain d’en 3 avoir au moment où le besoin s’en fait sentir, c’est-à-dire au moment où l’on soupçonne que le virus transmis de bras à bras a perdu sa force préservatrice ; d'une autre part, on sait que les premières inoculations faites avec le cow- pox exposent quelquefois à des accidents dont se sont plaints fréquemment les vaccinateurs de l'époque de Jenner. Ces deux inconvénients disparaissent dans la méthode dela régénération, méthode qui consiste à reporter, après un petit nombre de transmissions de bras à bras, le virus à des génisses, desquelles on le reprend ensuite pour le passer à une nouvelle série d'enfants. Ce moyen, . (1) L'observation de la nuit suivante a prouvé quec’est en effet une comète. ace ( & ) ajoute l’auteur, permet, comme le raisonnement l'indique et comme l'expé- rience l'a prouvé, de conserver constamment le vaccin au degré d'énergie né- cessaire pour qu'il garantisse sûrement de la variole, sans exposer aux acci- dents qui sont, pour ainsi dire, inévitables quand un vaccin est trop fort, comme l’est en général celui qu'on reprend directement à la source naturelle. La méthode de régénération du vaccin, dit en terminant M. James, ne peut manquer d’être, à la fin, reconnue comme préférable à celle du renouvel- lement; mais quand ses avantages ne seront plus contestés, j'espère qu'on n'ou- bliera pas que l'invention m'en est due, et qu'on me saura gré des persévérants efforts que j'ai faits pour la propager tant en France que dans nos colonies et dans les pays étrangers. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre DE LA Guerre transmet divers documents relatifs à des essais de culture qui se font en Algérie, et sur lesquels il désire avoir l'opinion de l'Académie. Ces documents se composent de : °. Un Rapport sur la culture du riz de montagne; par M. Hanpy, direc- teur a la pépinière centrale du Gouvernement ; 2°. Un Rapport sur une éducation de vers à soie faite à la pépinière cen- trale; par le méme ; 3°. Une Note sur l'installation de la pépinière de Philippeville, et sur la culture du mûrier parmi les colons; par le méme ; 4°. La copie d’un Rapport fait à M. le Ministre de l'Agriculture et du Com- merce, par la Chambre consultative des Arts et Manufactures de Saint- Quentin et la Chambre de Commerce de Lille, sur les cotons récoltés en Algérie; 5°. Enfin une Note de M. Amé, sur les cotons cultivés en 1837 à la ferme Regaia , à 32 kilometres Est d'Alger, dans la Mitidja. Ces diverses pièces sont renvoyées à l'examen d’une Commission composée de MM. de Mirbel, Richard et Payen. CHIMIE. — Recherches sur les gaz que l'eau de mer peut dissoudre en différents moments de la journée et dans les saisons diverses de l’année ; par M. Morne. (Extrait.) (Commission chargée des recherches relatives à la composition de l'air atmosphérique. ) « Dès que la science a possédé des moyens exacts d'analyse, la composi- (87) tion de l'air atmosphérique est devenue l'objet des recherches et de l'étude des physiciens'èt des chimistes; à partir de Lavoisier qui, la balance à la main , est venü ouvrir pour la chimie une ère nouvelle, l'air atmosphérique a été étudié avec une minutieuse persévérance. Nous ne nous ferons pas ici l'historien de ces recherches, il nous suffira de rappeler avec quel zèle et quelles ingénieuses précautionsles savants les plus remarquables de notre épo- quese sont occupés de cette question ; ils ont cherché, au moyen de procédés nouveaux et précis, à mettre dans l'analyse de l'air atmosphérique la scrupu- leuse exactitude que la science réclame aujourd’hui. Nous nous bornerons à citer, entre tous, MM. Dumas et Boussingault, en renvoyant, pour les résultats et les méthodes, aux Mémoires que ces savants ont publiés. Ce n'est que d'aujourd'hui que l’on peut espérer arriver à enregistrer dans la science la composition de l'air atmosphérique, de manière à ce qu'il soit possible, à ceux qui viendront après nous, de constater avec certitude si l'atmosphère est soumise ou non à des variations dans la quantité des éléments qui la com- posent; si cette composition doit aussi être rangée à côté de ces faits d'équi- libre établis avec tant de certitude par les sciences exactes, tels que la durée du jour sidéral , les temps des révolutions des planètes, les grands axes des orbites planétaires, etc., le refroidissement du globe terrestre, lesquels ou ne varient pas, ou oscillent entre des limites infranchissables et trés-variées , ou varient avec une lenteur plus que séculaire. » On conçoit, du reste, parfaitement bien l'intérêt et la popularité scien- tifique qui s’attachent à ces travaux. Quels sont, en effet, les êtres des règnes animal et végétal qui ne demandent rien à l'atmosphère? La moindre varia- tion que celle-ci viendrait à subir suffirait pour entraîner chez tous les êtres qui peuplent le globe, des modifications profondes, et souvent même : l'impossibilité d'exister. A côté de ces recherches si intéressantes, il en est d’autres, jusqu'à ce moment népligées, qui se rattachent bien étroitement aux précédentes ; elles sont, comme on le verra, indispensables pour rendre les premières complètes et permettre d'aborder les plus curieux phénomènes de la physiologie végétale et animale. De l'union de ces deux séries de re- cherches, il pourra jaillir des lumières nouvelles qui permettront peut-être de résoudre des problèmes que la science a aperçus, sans voir d'une manière assez nette l&s données et les faits qui pouvaient lui venir en aide. La géo- logie nous fait connaître que des végétaux en nombre immense, que des animaux ont paru sur le globe à des époques très-reculées..Ces êtres ont res- piré soit dans l’eau, soit dans l'air, et se sont assimilé des principes empruntés aux corps au sein desquels ils vivaient. De leur comparaison mutuelle, de leur comparaison avec les êtres qui aujourd'hui peuplent le globe, et enfin (88) de la connaissance plus approfondie des lois et des influences qui régissent les milieux où vivent les êtres de la création, il doit surgir des déductions qui avanceront considérablement l'étude de la physiologie du globe. » Tout le monde sait parfaitement que les eaux seraient inhabitables pour les végétaux et les animaux , si elles étaient privées des gaz qu'elles dissolvent dans leur état normal. Les eaux sur le globe se divisent en deux classes : les eaux douces et les eaux salées. Les êtres, végétaux où animaux, qui les habi- tent, sont fort différents. La plupart des animaux marins mis dans l’eau douce y sont promptement asphyxiés. La réciproque est vraie; on a peine à croire que l'absence des principes salins dans l'eau douce et que leur légère différence de densité suffisent pour produire cette mort presque immédiate. Une étude parfaitement approfondie de la constitution des êtres qui vi- vent avec facilité dans les mers et les rivières offrirait, nous n’en doutons pas, des données précieuses pour la science. L'impossibilité d'existence que nous venons d'indiquer doit se déduire, parmi d’autres circonstances sans doute, de la nature et de la quantité des gaz dissous, et ce qui vient donner presque la certitude d’un fait à cette conjecture, c'est la généralité et le développe- ment des appareils respiratoires chez la plupart des êtres des deux règnes qui vivent dans les eaux de la mer. S'il est prouvé que la qualité et la quantité des gaz dissous vont en augmentant à mesure que l'influence de la lumière devient plus énergique , ne deviendra-t-il pas du plus haut intérêt de recher- cher quelle variation ces faits produisent en différents lieux, surtout dans les régions les plus favorisées, sur les animaux et les végétaux? Voici donc les questions qué nous nous proposons de résoudre dans ce travail : » 1°. Quels sont et la nature et la proportion des gaz que peuvent dis- soudre les eaux douces et salées? »,2°. Ces proportions varient-elles avec les circonstances diverses de tem- panne de pression , de lumière et de climat où elles peuvent se trouver? » 30, D'où viennent les gaz que l’eau dissout ; que CARE lorsque l'expérience montre qu'il disparaissent ? » 4°. Peuvent-ils avoir de l'influence pour modifier accidentellement et par localité la composition de l'air atmosphérique? Cette dernière question se rapporte parfaitement, on le voit, aux résul- tats singuliers signalés par M. Lewy qui, dans un voyage du Havre à Copen- hague, reconnut dans l'air atmosphérique puisé près de la surface de la mer, une quantité d'oxygène différente de celle trouvée sur les continents, par MM. Dumaset Boussingault, et cela au moyen des mêmes procédés, remar- quables, je l'ai dit, par leur grande exactitude. Les conclusions à tirer des expériences nombreuses rapportées dans ( 89 ) mon Mémoire, et relatives à l'air extrait de l’eau de la mer prise sous dés influences variées près de Saint-Malo, sont faciles, au moins pour ce qui concerne l'oxygène et l'azote. Quant à l'acide carbonique, ce gaz, bien que beaucoup plus soluble dans l’eau, trouvant au-dessus du milieu dans lequel il est dissous, une atmosphère pauvre en acide carbonique, doit surtout, eu égard à la grande agitation des eaux de la mer, présenter des variations qu'on ne retrouvera pas pour les autres gaz, surtout si l'on retarde quelque peu l'analyse eudiométrique du gaz extrait. Nous reviendrons plus loin sur ce qui le concerne. » Le volume total du gaz extrait est exprimé en centimètres cubes; en le comparant à la capacité du ballon, 4,5, et en examinant les limites dans lesquelles le gaz extrait a varié, on trouve que les eaux de la mer dissolvent une quantité de gaz comprise entre -L et 4 de leur volume : c'est sensiblement moins que les eaux douces qui, dans leur état normal, en contiennent de +5 à -+ et même davantage, lorsqu'elles sont vivement aérées par l'influence, soit des végétaux, soit des animalcules qui s'y trou- vent. Les unes comme les autres n’en contiennent pas une quantité inva- riable, et pour les unes comme pour les autres, le volume de l'air dissous ne varie pas d’une manière indifférente. Le volume est toujours beaucoup plus considérable après l’action prolongée de la lumière. Cette quantité de gaz dissous a toujours été croissant » par suite de la succession non interrompue des beaux jours, jusqu’au 5 et 6 avril. A cette époque , le temps est devenu mo- mentanément froid , gris et pluvieux; aussi le volume qui s'était élevé à 150°°,00 est-il retombé à 113°-°:,20. Sans nul doute , sous l’influence plus énergique du soleil de juin , juillet et août , le volume total doit aller encore en augmentant. La nuit apporte aussi son influence, car ce n’est que pendant le jour que la quantité de gaz augmente; et comme, par un beau temps, l'effet du jour l'emporte sur l'effet de la nuit , il s'ensuit que chaque journée belle qui suit une journée semblable voit augmenter la quantité de gaz dissous , bien que, chaque nuit, cette quantité diminue. » L'oxygène, l'azote et l'acide carbonique varient-ils de la même manière dans leur volume, ou, en un mot, l'augmentation éprouvée par le volume total se porte-t-eile proportionnellement sur chaqne gaz? » Pour l'oxygène, la loiestla même; son augmentation est proportionnelle à celle du volume total, et l'on est sûr que lorsque celui-ci augmente, c’est principalement sur l'oxygène que s'est portée l'augmentation : c’est sous l'in- fluence dela lumière du soleil que cet effet a lieu. Ainsi le 27 mars et les jours précédents, la quantité d'oxygène était constante et à son minimum; vu Gaur) la constance du temps froid et pluvieux, elle était de 29,7. Des le 29 au matin, apres la journée du 28, qui avaitété fort belle, l'oxygène était monté à 33,99; à midi, il était de 35,6, et Le soir, de 38,6. Le lendemain 30 au matin, il était de 34,3, quantité moindre que la veille au soir, mais plus grande que la veille au matin; etle même jour 30 au soir, il était de 39,0. La journée suivante fut moins favorable, carl'oxygène étaitretombéà 33,3; aussi, le soir, n'était-il que de 37,3. Mais, le lendemain 1% avril, l'oxygène était, dès le matin, à 37,4; aussi, le soir, cette quantité était-elle portée à 41,3. Le 2 avril, l'oxygène, dans la nuit, était redescendu à 33,20, mais cependant il a pu s'élever, même dès midi, à 42,4, et le soir, à 45,0. La beauté de la journée m'avait engagé à faire une expérience intermédiaire, et l'on voit que c'était avec raison, puisque l'on pouvait dès ce moment juger ; par un temps favo- rable, ce que serait l'influence de la lumière. Le lendemain 3 au matin, l'oxygène était à 40,0; à midi, 41,6, et le soir, 44,0 ; le lendemain 4, au lever du soleil, le temps commence à changer, le ciel à se couvrir; le matin, loxy- sène est de 39,8, et le soir, seulement de 30,9. Ainsi , l'oxygénation n'a pas augmenté; mais vers le soir le temps se radoucit, le vent se remet au beau, et le lendemain 5, le temps est admirable de beauté. Dès le matin, l'oxygé- nation est de 40,0, et le soir, elle est de 53,6; en un seul jour l'oxygénation a fait un pas considérable. Le samedi 6 avril, l'oxygénation était de 33,6 seu- lement au matin; le soir, elle était 41,4, mais la journée avait été beaucoup moins belle, le temps moins pur que le jour précédent. Les autres journées présentèrent les mêmes résultats. Le 23 mai, après un jour pluvieux, l'oxygène était de 33,8 , le temps s'élève , devient superbe à midi, et, des le soir , il y a 46,0 d'oxygène. Il est donc de toute évidence que la lumière agit ici d'une manière très-puissante pour augmenter la quantité d'oxygène dissous par l’eau. » Quant à ce qui concerne l'azote, les résultats, ou plutôt le sens des variations est moins facile à apprécier, et cela se conçoit parfaitement. En effet, tout porte à croire que, dans ces phénomènes, c’est sur l’oxygène et l'acide carbonique que les causes mises en activité par la lumière agissent avec plus ou moips d'énergie. L'azote ne joue évidemment qu'un rôle passif, et, le dirai-je, presque d'entraînement mécanique; c'est-à-dire que lors- qu'un gaz, par exemple l'oxygène, dissous en trop grande quantité par l'eau, se dégage et vient rejoindre l'air atmosphérique, ce passage continuel des bulles d'oxygène doit de tonte nécessité entraîner de l'azote. De manière que les innombrables petites bulles qui viennent à la surface ne sont pas de loxygène-pur, mais bien de l'oxygène qui, dans son passage à travers un (Cor) liquide tenant de l'azote en dissolution, doit entrainer avec lui de l'azote. Supposons, d'un autre côté, que, sous l'influence de causes particulières, l'oxygène dissous par l'eau vienne à disparaître, enlevé par la combustion d'une substance organique, ou par telle autre cause que l’on voudra imagi- ner. L'eau, s'appauvrissant d'oxygène, doit nécessairement en enlever par sa surface à l'air atmosphérique qui la touche; cette couche très-mince d'air atmosphérique s'appauvrit à son tour d'oxygène ; sans nul doute le rempla- cement de celui-ci doit s'effectuer avec une excessive rapidité, eu égard aux lois qui président à la pénétration des gaz. Mais cependant on peut conce- voir que l’eau, dans un instant très-court, ayant au-dessus d’elle une atmo- sphère moins riche en oxygène, ou, ce qui revient au même, plus riche pro- portionnellement en azote, doit aussitôt dissoudre une plus grande quantité de ce gaz. On peut, je le sais, faire théoriquement des objections à cette manière d'expliquer l'accroissement de la quantité d’azote. Toujours est-il que l’on ne peut admettre, pour l'azote, que le rôle passif. » En consultant mes expériences, eu égard à la quantité de l'azote, on ne peut certainement rien apercevoir de clair et de précis ; la vive agita- tion de l'eau, les limites numériques assez rapprochées dans lesquelles ces phénomènes se passent, ne permettent pas de lire nettement la marche sui- vie par la variation de l'azote; mais heureusement que nous avons, pour nous éclairer, des ressources précieuses et des expériences bien intéressantes par les confirmations qu’elles viennent donner aux belles expériences de Saussure, Sennebier, de Candolle, etc., sur l’action de la lumière dans le développement et la manière d'agir des parties vertes des végétaux. » La mer, au moment des fortes marées d'équinoxe, offre, à Saint-Malo surtout, où la variation du niveau de l'eau est si considérable, un moyen d'expérience très-remarquable, et je suis véritablement surpris qu'on nait pas encore songé à l'employer. A l'époque des grandes marées, la mer est, à Saint-Malo, à son plein vers six heures du matin, et, commençant alors à descendre, ce qu'elle fait, dans ces époques, avec rapidité, elle laisse, sur les cavités des rochers, cavités quelquefois fort grandes, des quantités d’eau variables. Dans ces flaques de rochers, où l’eau séjourne habituellement, se développe une belle végétation d'algues marines. La mer vient deux fois en vingt-quatre heures balayer, nettoyer ces flaques, en y renouvelant , de la manière la plus complète, l'eau qui s'y trouve, et en y laissant à sa place une eau parfaitement belle et pure, dont l'oxygénation peut être parfaite- ment connue. Ces cavités, ou plutôt, car ce nom leur convient mieux , ces flaques sont libres et abordables vers sept ou huit heures; l'eau qui s’y trouve C.R., 1844, 2me Semestre. (T. XIX, N° 2.) 13 (9) ie communique plus avec la mer, et est séparément soumise à l'influence combinée de la lumière et de la végétation sous-marine. Celle-ci n'est pas en souffrance dans le changement d'eau qui s'opère, si le temps a été beau et la mer caline; car les vagues qui accompagnent le flux ne sont pas assez fortes pour briser et déchirer même les plus fragiles des algues qui se développent dans ces flaques. Il en serait tout autrement par un vent très-vif et une mer agitée. On peut donc, de deux à trois heures, et avant que la mer ne vienne de nouveau envahir ces flaques, prendre de l’eau et l’étudier avec soin, ainsi que les gaz qu'elle peut dissoudre. Ensuite la mer vient séjourner sur ces flaques jusque vers le soir sept à huit heures. La mer, en se retirant, laisse de l'eau pure et oxygénée, comme celle que je soumettais à mes analyses. La nuit, et avec elle l'obscurité, couvrait ces flaques jusqu’au retour de la mer vers trois à quatre heures du matin. Si, à ce moment, on puise encore de l'eau, on peut l'étudier avec les gaz qu'elle contient, et voir avec une extrême netteté l'effet produit soit par la lumière solaire, soit par l'obscu- rité sur les gaz que l’eau peut dissoudre. On se trouve ainsi dans les cir- constances les plus heureuses pour étudier et vérifier les faits observés et décrits par de Saussure, Sennebier, de Candolle, etc. » Le 2 avril, à trois heures du matin, j'ai donc été recueillir de l'eau dans une de ces flaques bien choisie; j'ai fait la méme chose à deux heures et demie après midi, puis j'ai recommencé le 3 avril les mêmes expériences, et elles ont été d’un effet tellement net et décidé, que je me suis borné à ces deux séries d'expériences que je place ici sous les yeux. EAU DES FLAQUES EAU DES FLAQUES EAU DES FLAQUES EAU DES FLAQUES le 2 avril à trois heures | le 2 avril à trois heures | le 3 avril à trois heures | le 3 avril à trois heures du matin, du soir, du matin, du soir, avant l’action solaire. après l’action solaire. avant l’action solaire. après l’action solaire, — |] TOTAL TOTAL TOTAL TOTAL + .,. . .. Composition. Composition. Composition. Composition. du gaz. du gaz. du gaz. du gaz. PORN) O 21,25 145,00 O 76,04 132,90 O 20,78 144,90 Az 67,32 Az 57,36 Az 69,59 Az 58,66 C 43,62 C 11,60 C 42,53 132,20 ( \ Il 132,20 145,00 132,90 144,90 (93) » Ces expériences consécutives, favorisées par le temps le plus convenable, confirment ce qui a été dit pour le volume total du gaz et l'oxygène qui s'y trouve; mais, de plus, elles sont, relativement à l'azote, très-concluantes. Il est bien évident ici que, si l’on considère ce qui s'opère depuis le matin jus- qu'à 3 heures, c'est-à-dire sous l'influence solaire, on voit l'oxygène se déga- ger (nous le démontrerons plus loin) sous forme de petites bulles qui sortent en petillant de toutes les parties de l'eau , bien que celle-ci, comme l'expé- riente le prouve, retienne considérablement de ce gaz; or, il est bien clair que l'oxygène entraîne mécaniquement avec lui le gaz azote dissous. Afin de rendre plus concluante encore cette expérience, j'ajouterai que je l'avais déjà faite sur des eaux douces, non pas riches en algues ou plantes aquatiques, mais parfaitement garnies de monadaires microscopiques de couleur verte, et que les résultats ont été, non pas seulement analogues, mais presque nu- mériquement semblables; on peut donc raisonnablement dire que les faits qui se passent ici sont identiques avec ceux que j'ai signalés dans l’eau douce. » On ne verra pas sans intérêt la même série d'expériences sur l'eau douce mise en regard des expériences sur l’eau de mer, d'autant mieux que dans le travail que j'ai publié et qui a été inséré dans les Mémoires de l'Académie de Bruxelles, les mêmes nombres, bien écrits dans les Annales de Chimie et de Physique, n'ont pas été convenablement disposés dans la publication belge (r\; les expériences avaient été faites sur un ballon de même grandeur, avec les mêmes précautions et en suivant les mêmes procédés. Le volume de l'air extrait le matin à 7 heures (un peu trop tard pour la comparaison que J'établis) était de91,2; il contenait 11,07 pour 100 parties d'acide carbonique; et le gaz restant, privé d'acide carbonique, contenait 28,90 d'oxygène. Le soir, à 4° 30%, le gaz extrait, égal à 140,8, contenait 5 pour 100 d'acide carbonique, et le gaz dégagé de cet acide contenait 56 d'oygène. D'après cela, on trouve, en les calculant, les résultats suivants inscrits dans le tableau comparatif suivant : (1) Je mai pu revoir les épreuves. 19: ( 94 ) EAU DU VIVIER EAU DU VIVIER à 7 heures du matin, à 4 heures et demie, presque avant l’action solaire. après l’action solaire. EE TOTAL 2e TOTAL Composition. : Composition. du gaz extrait. du gaz extrait. : Ü 7,50 O 74,70 Az 58 ,60 » Dans ce dernier tableau, on voit que la quantité d'azote ne varie pas sensiblement, tandis que dans l’eau de mer cette quantité marche de 57,36 à 65,32. Mais qu'on réfléchisse à ce fait, que, lorsque la nuit arrive pour l’eau du vivier, l'oxygène dissous est en quantité considérable, et l'eau n’est pas renouvelée comme dans le cas de la mer; par conséquent, la quantité d'acide carbonique qui, la nuit, augmente beaucoup, puisqu'elle passe de 5 pour 100 à 21 pour 100, peutse former au moyen même de l'oxygène que l’eau possède en abondance; tandis que, dans l’eau de mer, il ne peut se former d'acide carbonique qu'au moyen d'une absorption et dissolution successive de l'oxygène de l'air atmosphérique par l'eau des flaques, et que là, par l’action des végétaux , il est absorbé et sert à la production de l'acide carbonique. Cette évolution d'oxygène emprunté à l'air atmosphérique rend compte de la variation plus considérable de l'azote, qui est mécaniquement entraîné. Mais, dira-t-on, pour l'eau douce, où la quantité d'oxygène était presque numériquement la même que pour l’eau de mer, il paraît étonnant qu'on ne trouve au matin que 10,2 d'acide carbonique, tandis qu'on en trouve 43,62 dans l'eau de mer. Je répondrai que, dans l'eau douce, il ÿ avait non pas des végétaux, mais presque exclusivement des animalcules ou monadaires mi- croscopiques de couleur verte : Enchelis monadina virescens subsphærica (Bory) ; Monas pulvisculus hyalina margine virescente (MuLzer); Monas bi- color (Eur); Chlamidomonas pulvisculus (Exr.), ete.; tandis que, dans l’eau de mer, il n'y avait que les végétaux que j'ai fait connaître plus haut. La manière d'agir de ces différents êtres peut donc être très-différente sous le rapport de ———— (95 ) l'acide carbonique, sans que j'aie, pour le moment, à le rechercher. Jai dit que l'oxygène se dégageait de toutes les parties de l’eau de mer, lorsque celle- ci, dans les flaques , était convenablement riche en oxygène. Pour le prou- ver, il fallait recueillir les bulles microscopiques, mais très-nombreuses, qui arrivaient à la surface. Pour cela, j'ai eu recours au même moyen dont j'avais déjà fait usage pour l’eau douce : au moment où déjà l'oxygénation était très- grande, j'ai enfermé avec précaution, et opérant dans la flaque même, de! l'eau dans un ballon de 6 litres que j'ai placé soutenu le col en bas, la partie supérieure de la panse du ballon arrasant la surface de l’eau. J'avais placé au col du ballon un bouchon qui avait deux ou trois ouvertures assez fines pour que les variations de pression se fissent sentir parfaitement dans l’intérieur du ballon, sans que les bulles de gaz qui se dégagent du fond de l'eau pussent entrer par le col dans le ballon. Celui-ci a été placé dans l’eau à midi, et à trois heures nous retirions avec précaution le gaz qui,se dégageant dans l’in- térieur du ballon, est venu en occuper la partie supérieure. Le volume du gaz ainsi dégagé est de 21°:°:, 2, qui, analysé, a donné 2,01 d'acide carbo- nique, et le reste du gaz contenait 47,80 d'oxygène. Aussi ce gaz, qui est en abondance versé dans l'atmosphère, contient, au lieu de 20,8 d'oxygène, la quantité 47°°%, 80. Donc, lorsqu'on voit, sous l'influence solaire, l’eau petil- ler à la surface et au-dessus des végétaux marins qui se développent dans son sein, on peut assurer que c'est de l'air riche en oxygène qui devient libre. » Afin de vérifier ce fait d'une manière différente, mais tout aussi directe, j'ai pris un flacon à l'émeri plein d’eau, et je me suis doucement approché d'an vivier au moment où l'air était très-calme; puis, ouvrant le flacon dont la tête était plongée dans l’eau, j'ai doucement vidé l’eau du flacon, de manière à faire entrer dans son intérieur l’air qui touchait la surface de l’eau au moment où je savais que l’oxygénation de l'eau était la plus vive. J'avais choisi une flaque d’eau bien abritée, et un jour où le vent et les mouvements de l'air étaient insensibles. Je n’espérais pas que l'eudiomètre accuserait des diffé- rences dans l'air atmosphérique ainsi recueilli; je me trompais : car la moyenne de six expériences a été de 23,67 pour la quantité d'oxygène que cet air contenait, et aucune de ces expériences n’a donné moins de 23. Je puis donc assurer avec une complète certitude que, lorsque l'air est très- calme, il y a à la surface de l’eau, dans les circonstances ci-dessus détaillées, une quantité d'oxygène sensiblement plus grande que celle que contient l'air atmosphérique dans les circonstances normales (20, 8). » Cette série d'expériences sur les flaques d’eau laissées par la mer qui se retire vient jeter un grand jour sur les faits qui précèdent; mais de suite la ( 96 ) première question qui me sera faite sera celle-ci : Avez-vous trouvé dans l’eau de mer des animalcules verts ou rouges assez nombreux pour légitimer votre explication? » J'ai soumis l'eau de mer sur laquelle j'opérais, à des investigations micros- copiques aussi nombreuses que patientes , et je n'ai pas trouvé d'infusoires en quantité suffisante : bien plus, ils y sont très-rares, ce que tous les micro- graphes savent fort bien; car, pour trouver de ces animalcules en grande quantité, il faut prendre l'eau qui avoisine et touche les plantes marines, de l'eau calme et non soumise, comme celle que j'observais, à de grands mou- vements. Ce n'est donc pas en invoquant la présence et l'action des animal- cules qu'il me sera permis d'expliquer ces phénomènes, qui, certes, doivent avoir lieu sur une toute autre échelle dans les zones de l'Océan, où les quan- tités d'infusoires contenus dans l’eau de la mer sont tellement considérables, que non-seulement l’eau en est vivement colorée, mais qu'elle en perd quel- quefois une partie de sa liquidité (1). Là, l'oxygénation et la désoxygénation de l’eau doivent marcher d'une manière tres-rapide, et l'air atmosphérique qui recouvre ces zones doit contenir des quantités tres-variables d'oxygène et d'acide carbonique , suivant le moment où l'analyse viendra l’interroger. » Dans ces derniers temps, M. Boussingault a eu l'idée de comparer, . sous le rapport de l'acide carbonique, et au moyen des nouveaux procédés inventés par lui et M. Dumas, l'air atmosphérique pris dans Paris et pris près de Montmorency. M. Boussingault et son collaborateur, M. Lewy, n'ont pas trouvé de différence bien sensible; il en eût été tout autrement s'ils avaient analysé l'air pris à la surface d'une eau riche en animalcules verts ou rouges, ou en algues, telle, par exemple, que l’eau sur laquelle j'ai expérimenté à Saint-Servan , en choisissant pour des expériences comparatives les moments où les effets produits sont à leur maximum; ou telle encore que l’eau de l'Océan lorsqu'elle est colorée par des animalcules microscopiques. » Ce que je viens de dire pour l'acide carbonique, je le dirai aussi pour l'oxygène, et là j'ai pour moi les résultats mêmes trouvés par M. Lewy lors de son voyage du Havre à Copenhague. Il est vrai que, si l'on opère sur l'air pris à la surface de la mer en un moment où les circonstances atmosphé- riques seules, et non la présence d'infusoires, favorisent l'émission d'oxygène, il faudra employer le procédé de MM. Dumas et Boussingault ; l'eudiomètre (1) Voyage de la frégate la Vénus en 1839 (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, année 1841). (97) ne suffira plus, tandis qu'en opérant comme je l'ai fait dans les doubles cir constances favorables dont je viens de parler, et dans lesquelles je me suis placé, l'eudiomètre sera parfaitement suffisant. » 1°. Les eaux de la mer, sur les côtes de Saint-Malo, et à l’époque de l'hiver et du printemps , dissolvent moins d'air atmosphérique que les eaux douces. Pour celles-ci, la quantité de gaz dissous varie depuis 35 jusqu'à +, et même -£ de leur volume. Pour l'eau de la mer, la quantité varie de 5 à Aussi, par l’ébullition, les eaux douces abandonnent-elles plutôt que celles de la mer le gaz qu'elles dissolvent. » 2°. Dans les circonstances normales pour l'eau douce (que ce soit de l'eau distillée parfaitement aérée ou de l'eau limpide d'un fleuve suffisam- ment rapide), la quantité d'oxygène dissous est de 32 pour 100, celle de l'acide carbonique est plus variable, mais de 2 à 4 pour 100. Pour l’eau de mer dans les mêmes circonstances , et je suppose dans le premier cas comme dans le second un ciel toujours couvert, la quantité d'acide carbonique dis- sous est habituellement de 9 à 10 pour 100, et la quantité d'oxygène est de 33 pour 100. » 3°. L'eau de mer, sous l'influence de la lumière solaire et diffuse, même avec une mer agitée, tient une quantité variable, en volume et en composi- tion , des trois gaz suivants : acide carbonique, oxygène et azote. Ces faits sont plus prononcés lorsque la mer est calme. » 4°. Aprèsune succession de beaux jours, la quantité d'oxygène dissous va croissant. C’est pendant les Jours de plus vive lumière qu'elle atteint son maximum. » 5°. L'oxygène et l'acide carbonique marchent en raison inverse l’un de l'autre; mais les nombres qui représentent ces variations ne sont pas iden- tiques ; Ou plutôt ne forment pas une somme constante. » 6°. Les limites entre lesquelles varient les quantités d'oxygène dissous , du jour le plus sombre et le moins convenable au jour le plus propice, sont de 31 à 39 pour 100, si l'on n'examine que la composition de volume égal du gaz extrait dans les deux circonstances ; mais comme, par un beau temps, la quantité du gaz extrait augmente beaucoup , on peut dire, et avec plus d’exac- titude, que 5 1 litres d’eau de mer dissolvent, par un temps qui varie du mauvais au beau, ou de la plus faible à la plus forte influénce lumineuse, une quantité d'oxygène qui varie entre 29°%,70 et 53°-:,60, limites, comme on le voit, plus éloignées. » 7°. Sur les flaques, où séjourne l'eau de mer et où se développe une belle ( 98 ) vépétation, ces limites sont beaucoup plus éloignées, puisque , exprimées en centimètres cubes, elles sont pour l'oxygène de 20°:°:,78 et 76°-,04. » 8°. L'observation la plus attentive de l'eau de mer libre ne démontre la présence d'animalcules microscopiques qu'en nombre insignifiant. » 9°. Lorsque l’eau de mer est riche en oxygène dissous, ce gaz est versé dans l'atmosphère. » 10°. Sur l'eau des flaques, où la végétation est belle, le développement et le dégagement de l'oxygène dans l'air atmosphérique sont assez considé- rables pour que l’on puisse, au moyen.de l’eudiomètre de Volta, en choisis- sant un air très-calme et des circonstances lumineuses propices, trouver, dans l'air qui avoisine la surface de l'eau, une quantité d'oxygène plus grande que celle qui est habituellement dans l'atmosphère. » 11°, Les mêmes phénomènes, plus prononcés dans les eaux calmes, doivent se présenter à moindre profondeur que dans les eaux agitées par le vent ou les marées. » HYDRAULIQUE. — Expériences sur un moteur hydraulique à flotteur oscillant; par M. A. ne Careny. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Mon travail théorique a déjà été l'objet d'un Rapport favorable à l’Aca- démie des Sciences, le 13 janvier 1840, par une Commistion que j'ai eu l'honneur d'inviter à venir voir mes expériences en octobre 1843, et dans laquelle M. Coriolis a été remplacé par M. Lamé,. » Mon appareil était à peu près conforme à la description telle qu’elle est donnée dans le Rapport inséré dans les Comptes rendus, 1. X, p. 122. L'épure, jointe au Mémoire que je présente aujourd'hui, en fera connaîtreles dimensions. Il se composait d'un tuyau horizontal, couché sur le fond d'un des bassins de Chaillot, et se relevant verticalement par une de ses extrémités en partie hors de l'eau, dont le sommet supportait une bâche destinée à recevoir l'eau motrice versée par un gros robinet fixé à une grande cuve de jauge. La chute motrice, de 1",26, était formée par la différence entre le niveau de cette bâche et celui du bassin inférieur. L'eau entrait périodiquement de cette bâche dans le tuyau vertical, au moyeu d'une soupape annulaire for- mée de deux bouts de tuyau concentriques réunis par un fond annulaire. Au milieu de cette soupape, en partie équilibrée par un balancier, passait alternativement un flotteur , qui était périodiquement abandonné à son pro- pre poids, et relevé par une colonne liquide, oscillante dans le tuyau, qui, (99 ) en montant, soulevait la soupape faisant alternativement fonction de flotteur. Quand le tuyau, où la vitesse était graduellement accélérée, dé- bitait plus d’eau que l'ouverture de la soupape n’en pouvait fournir, il se présentait un phénomène particulier de succion, qui faisait tomber brus- quement l'espèce de colonne manométrique annulaire comprise entre la sou- pape et le flotteur. Alors la soupape, n'étant plus soutenue de ce côté, re- tombait sur son siége. La colonneliquide descendait dans le tuyau animée de force vive ; elle était suivie par le flotteur, qui agissait en descendant sur la résistance à vaincre, et rencontrait la colonne remontante qui le relevait. » La résistance industrielle était un mouton alternativement soulevé à une hauteur de 1",62, au moyen d'une corde passant sur deux poulies. Ce mode d'action étant le plus désavantageux de tous ceux de mon moteur, je n'ai mesuré ainsi directement qu'un effet utilede 60 pour 100, souventun peuplus, mais J'ai insisté dans le Mémoire sur des mesures d'une autre espèce, qui me permettent de l'évaluer plus approximativement, et j'ai vérifié, séance te- nante, que l'appareil fonctionnait avec une chute et une dépense d’eau no- tablement moindres, quand on considérait un nombre de périodes assez petit pour qu'elles fussent aussi régulières que si Le flotteur avait été guidé , ce que Je m'étais abstenu de faire dans un appareil d'essai , parce que cela aurait considérablement augmenté les frais de l'expérience. Dans ce cas, où l'on serait précisément si la machine était un peu solidement exécutée, je trouve de diverses manières que l'effet utile atteint 0,67 dans cette expérience. » Il y a encore une remarque essentielle à faire sur l'effet utile : à cause des imperfections de l'exécution, il fallait donner au flotteur une course et une vitesse plis grandes que si la machine avait été plus solidement construite. Cette machine a pour principe de faire naître et éteindre le mouvement du flotteur par degrés insensibles ; mais on pense bien que cela n’est pas possible quand on en recueille l'effet au moyen d’un mouton qui se décroche, et laisse alors le flotteur perdre inutilement sa force vive à la fin de sa course, au lieu de l'employer à augmenter cette course, comme il le ferait si la résistance était une pompe, une scie, un soufflet, une grande cisaille, etc. , ou tout autre Sys- tème dans lequel le décrochement alternatif ne serait pas de rigueur. La né- cessité de l’accrochement alternatif donne lieu à un inconvénient analogue, en obligeant à faire sauter le flotteur plus haut que cela n’est réellement utile. Enfin, pour faire mouvoir des outils tels que ceux dont je viens de parler, il n'est pas toujours nécessaire d'employer des renvois de mouvement tels que la corde et les poulies de mon expérience. » En combinant, au moyen de mesures directes, les diverses circonstan- C.R., 1844, 2m Semestre. (T XIX, N°9) 14 ( 100 ) * ces que je viens d'énumérer, je fais voir que si l'on mesure l'effet utile de mon moteur, non sur l'outil, mais sur son point d'application, de même que l’on apprécie l'effetutile d'une roue, non sur l'outil qu'elle fait mouvoir, mais sur son arbre, on trouve que cet effet ne peut pas être sensiblement moin- dre que 0,75 pour un fiotteur convenablement guidé. » Pour ne rien laisser à désirer, j'ai vérifié tout cela au moyen de mesures directes sur les résistances passives de la colonne liquide abandonnée à son libre balancement , quand on ôtait le flotteur, en avertissant d’ailleurs que ces expériences ne pouvaient pas servir à apprécier rigoureusement les coeffi- cients des résistances passives considérées d'une manière plus scientifique , à cause de plusieurs défauts du tuyau. J'ai conclu de cette vérification que si les tuyaux dont je me suis servi, parce qu'on avait bien voulu les mettre à ma disposition , avaient été faits dans le but de construire une machine de ce geure, un plus grand diamètre aurait considérablement augmenté l'effet utile, même en supposant qu'il y eüt quelque illusion dans les appréciations secondaires dont je viens de parler, et que cet effet utile aurait dépassé très- sensiblement 0,80 du travail moteur : j'espère qu'il aurait atteint 0,90 en- viron. » M. Corot, ancien élève de l'École centrale des Arts et Manufactures, employé dans les eaux de Paris, a bien voulu m'aider dans un grand nombre de ces expériences, que J'ai faites sous les auspices de M. Mary, ingénieur en chef des eaux de cette ville, et j'en ai étudié les détails avec plusieurs ingé- nieurs mécaniciens distingués. » En répétant que j'avais choisi la forme la moins dispendiense pour un premier essai un peu en grand, j'ai cru devoir dire que cette machine, con- venablement exécutée , pourrait être encore plus simple, et probablement présenter encore moins de pertes de force vive. On la disposerait non-seule- ment de manière à débiter de bien plus grandes masses d'eau , mais de maniére à pouvoir fonctionner plus facilement sous la glace. Enfin, j'ai fait voir que l’on pouvait supprimer toute espèce de soupape , €t ne conserver dans l'eau d'autre pièce mobile qu'un gros flotteur périodiquement aspiré dans le tuyau, et périodiquement lancé de bas en haut, en quelque sorte comme une bombe oscillante. » ( 1or ) CHIMIE. — Sur une méthode nouvelle pour l'analyse du sang et sur la constitution chimique des globules sanguins; par M. LE. Ficurnr. ( Extrait.) ( Commissaires, MM. Magendie, Dumas, Pelouze » Regnault. ) « Le principe de ce mode nouveau d'analyse repose sur un fait observé depuis plusieurs années par M. Berzelius. Ce chimiste trouva que si l’on ajoute à du sang défibriné par le battage une solution d’un sel neutre, comme du sulfate de soude , du sel marin ou de l'eau sucrée, on peut retenir sur le filtre la plus grande partie des globules ; tandis que, dans les conditions or- dinaires, le sang défibriné jeté sur un filtre, traverse le papier avec tous $es globules. Je suis parvenu, après plusieurs tâtonnements, à régulariser ce fait curieux de manière à le rendre applicable à l'analyse rigoureuse du sang. Ainsi, j'ai trouvé qu’en employant une dissolution de sulfate de soude mar- quant 16 à 18 degrés à l'aréomètre de Baumé €t en prenant 2 volumes de la solution saline pour 1 volume de sang, tous les globules restent à la sur- face du filtre, Si l'on examine en effet au microscope le liquide qui a traversé le papier , on aperçoit à peine cinq à six globules échappés à l’action du filtre, tandis que la couche restée sur le papier remplit le champ de l'instrament de globules pressés , ne laissant entre eux que fort peu d'intervalle. » D'après cela, l'analyse se résume dans ces quelques opérations fort simples. » L'opération du battage donne le poids de la fibrine. Le poids des glo- bules est obtenu en recueillant ceux-ci sur un filtre par l’artifice de la disso- lution saline; celui de l'albumine, en coagulant par la chaleur Le liquidé filtré. Enfin, la proportion de l’eau est déterminée par l'évaporation d’une petite quantité de liquide d’un poids connu. » On comprend sans peine tous les avantages d'une méthode qui permet d'isoler et de doser directement tous les éléments du sang : ses avantages res- sortiront d’ailleurs avec beaucoup d'évidence , si on la met en regard de la méthode universellement suivie aujourd'hui , et que nous devons à M. Dumas. Ceprocédé, que nousne pouvons rapporter ici , exige , comme on le sait, des opérations longues et assez nombreuses. Tel qu'il est cependant, il a suffi à MM. Andral et Gavarret pour enrichir la science des beaux résultats que lon connaît. Aussi je ne m'arréterai pas à discuter la valeur réelle des chances légères d'erreurs que cette méthode peut offrir. Les personnes quise sont imposé cette tâche oubliaient sans doute que l'analyse des matières com- plexes de l'économie ne peut aspirer à la rigueur de nos analyses minérales. 14. ( 102 ) » Toutefois, en ce qui touche la valeur comparée de ces deux méthodes d'ana- lyse , il suffit, je pense, pour faire ressortir la supériorité de celle dont je propose l'adoption , de dire que par son emploi tous les éléments du sang étant isolés et déterminés par des pesées directes, toute chance d'erreur semble écartée. On me permettra seulement d'ajouter qu'elle offre encore deux avantages particuliers. Le premier, c’est de n'exiger qu'un temps fort court et que des opérations très-simples; le second, et le plus remarquable, cest de permettre d'opérer sur une quantité de sang très-petite. Ainsi l'on verra que. 80 où 90 grammes de sang sont la quantité la plus convenable pour déterminer le rapport des globules, de l’albumine et de l'eau. Or, comme les maladies dans lesquelles l'étude chimique du sang offre le plus d'intérêt sont précisément celles dans lesquelles les malades sont le moins Saignés ( phthisie, scorbut, chlorose, ‘affections cancéreuses et dégénéres- cences organiques), on comprend que cette circonstance offre un assez haut degré d'intérêt. | ». La faible quantité de sang exigée par l'analyse permettra donc désormais de pouvoir le soumettre à un examen d'ün autre genre , et de rechercher si les altérations chimiques qui s’y produisent sous l'influence des maladies ne se traduiraient pas par l'apparition de substances nouvelles ou bien par une modification de nature survenue dans ses éléments habituels. » On sait que, par le procédé actuel, eette recherche n'est pas possible, attendu que la totalité du sang de la saignée setrouve consommée par l'analyse. ». Voici maintenant quelques détails nécessaires pour mettre le procédé à exécution. » Le sang fourni par la saignée est battu à sa sortie de la veine, comme dans le procédé de M. Dumas. La fibrine se sépare et vient adhérer aux petits brins du balai, On passe le liquide à travers un linge fin et serré pour séparer la portion de fibrine qui n’adhère pas au balai. Cette fibrine, lavée dans un courant d'eau , ensuite séchée à l’eau bouillante, est pesée après l'avoir traitée, si on le veut, par l'éther pour enlever un peu de matière grasse. ». En preuant le poids du sang total de la saignée qui a donné cette quan- tité de fibrine, on a le rapport de la fibrine aux autres éléments du sang. » On prend ensuite 80 ou go grammes seulement de ce sang défibriné, on l’étend avec deux fois son volume d’une dissolution de sulfate de soude marquant 16 à 18 degrés à l'aréomètre de Baumé, et on le jette sur un demi- filtre pesé d'avance et préalablement mouillé avec la dissolution saline. Avec ces précautions, le sérum filtre assez rapidement et avec une couleur jau- nâtre. Li ( 103 ) » On comprend que pour enlever aux globules restés sur le filtre la disso- lution de sulfate de soude dont ils sont imprégnés, on ne’ peut pas laver sim- plement le filtre, car celle-ci dissoudrait en partie les globules, et la liqueur passerait rouge comme du sang ; mais une propriété particulière aux globules permet de surmonter très-heureusement cette difficulté. Quand on les chauffe jusqu'à 90 degrés, les globules se coagulent en entier, et toute la masse se concrète sans céder à l’eaü presque aucune matière organique. Il n'y a donc qu'à plonger le filtre dans une capsule contenant de l’eau bouillante. Le sul- fate de soude est dissous, et l'eau n’enlève rien aux globules, car la liqueur est presque incolore et ne renferme pas de matière organique appréciable par le tanin ou le sublimé corrosif. ». Pour séparer l’albumine du sérum filtré, il suffit de le porter à l’ébulli- tion dans une capsule. L'albumine se coagule; on la rassemble dans un petit nouet de linge fin; on la lave et on la pèse après l'avoir séchée à l’eau bouil- lante. j » Enfin, pour déterminer la quantité d'eau contenue dans le sang, on en prend 20 à 25 grammes, que l’on évapore à siccité au bain-marie. Le poids du résidu indique le rapport de l’eau et dés éléments solides. » Les sels solubles de sérum sont représentés par la différence du poids du sang employé, et la somme de l’albumine, de l'eau, de la fibrine et des globules déterminés directement. » Les observations précédentes ont été faites à l'occasion de quelques re- cherches sur la constitution chimique des globules sanguins dont je dirai un mot en terminant. ». On sait que les opinions sont partagées sur la nature chimique des glo- -bules sanguins. Plusieurs chimistes adoptent l'opinion de M. Berzelius, qui regarde le globule du sang comme une matière chimiquement homogène et représentant l’hématosine ou la matière colorante du sang. » L'examen microscopique a conduit d’autres observateurs à regarder le globule du sang des. mammifères oug des autres animaux vertébrés, comme formé d’un anneau extérieur ou bien d'un noyau central qui diffère par sa composition de la matière colorante elle-même. » Je crois que l’on peut démontrer dans le globule du sang l'existence de trois matières bien distinctes : 1° la matière colorante ou l'hématosine ; ° l’al- bumine ; 3° une petite quantité de fibrine appartenant sans doute au noyau central admis par quelques physiologistes. » 1°, Si l'on traite en effet les globules séparés sur un filtre à l’aide de sul- fate de soude, par de l'alcool ammoniacal, on dissout très-facilement la ma- tière colorante du sang en laissant un Dial brun. ( 104) » C'est même là un procédé extrêmement facile pour obtenir sans aucune espèce d'altération la matière colorante du sang. L'évaporation de l'alcool fournit une masse d’un beau rouge de bistre offrant tous les caractères que M. Pekin a signalés dans NE °, Si l'on délaye dans l’eau les globules isolés sur le filtre, on obtient uue UE rouge de sang qui, filtrée, précipite abondamment par les acides et par l'alcool, et se coagule par l'ébullition (M. Berzelius à déjà indiqué la coagulation des globules par l'action de la chaleur). Gomme l'hématosine, dans sa dissolution dans l'alcool ammoniacal, ne se coagule point par la chaleur et n'est point précipitée par l'acide nitrique en excès, il est probable que dans le globule du sang il existe à la fois de l’albamige et de la matière colorante. 3°. Les globules du sang, isolés et délayés dans l’eau, laissent déposer, au bout de douze heures une matière rouge qui, lavée par décantation, pré- sente tous les caractères de la fibrite du sang. L'expérience est plus longue à exécuter avec les globules du sang humain, en raison de l'extrême petitesse de ses.globules ; mais le fait se constate promp- tement aussi avec le sang de grenouille. M. Muller a de plus montré que le sang de grenouille, défibriné et simplement étendu d'eau, laisse précipiter des noyaux semblables blanchissant par les lavages. » Il est donc probable que les globules du sang contiennent à la fois une petite quantité de fibrine, de l'albumine et de la matière colorante du sang. » Cette constitution était déjà soupçonnée par quelques micrographes. ». Je dirai en terminant que l'emploi du sulfate de soude ou des dissolu- tions salines pour isoler ou retenir sur un filtre les matières globulaires en suspension dans les liquides organiques, est susceptible de prendre, je crois, une extension digne d'intérêt et de s'appliquer avec succès sinon à l'analyse quantitative, ce qui n’est pas toujours nécessaire, du moius à la séparation des matières complexes qui constituent les liquides animaux, tels que le lait, je mueus, le chyle, la Iymphe. Ainsi le lait, traité comme le sang par le sul- fate de soude, laisse sur le filtre toute lg matière grasse; et le liquide , après un certain temps, passe, limpide et chargé de caséum susceptible d'être pré- cipité par l’action de l'acide acétique, à l'ébullition. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Vote sur une théorie nouvelle des révolutions du globe; par M. ve Boucarron. (Commissaires, MM. Arago, Dnfrénoy.) « L'auteur de cette communication, ayant été amené à appliquer aux grands faits des révolutions du globe deux points de vue nouveaux, sous le rapport { 105) physique et sous le rapport chimique, dont les conséquences non-seulement théoriques, mais géographiques, sont d'une grande précision, désire qu'avant de publier ses idées et leur application, il lui soit permis d'en adresser à l’A- cadémie le premier hommage , en lui communiquant un très-court résumé des principes qui ont fait l’objet de sa longue étude, et de leurs résultats les plus généraux. Cette première Note sera exclusivement consacrée au point de vue physique. » La régularité géométrique est le trait général le plus frappant de toutes les modifications physiques de la surface du globe, et c'est cependant, sans contredit, leur caractère le moins expliqué. Les chaînes de montagnes s'éten- dent sur la sphère en d'immenses alignements, qui ne sont autres que des arcs de cercle, représentation de la ligne droite sur la surface d'un eorps sphérique. Or personne n'est venu dire encore pourquoi ces protubérances de la terre et leurs ramifications sont ainsi constamment alignées, et non point arrondies ou sinueuses. Chacune de ces chaînes d'autre part est composée, dans son tra- vers, d'une série d'inflexions à axes rectilignes et parallèles; et, il ÿ a peu d'années, lun des éminents géologues de France, M. Élie de Beaumont, a donné à cette loi du parallélisme une extension bien plus importante encore, en établissant ce grand principe, que tous les mouvements instantanés du sol qui se sont produits entre deux périodes géologiques consécutives ont af- fecté une direction unique, variable à chacun de ces cataclysmes. Mais, ces faits admis, nul encore n'est venu montrer en vertu de quelle loi naturelle ce caractère géométrique du parallélisme s'ajoute à celui de la disposition recti- ligne pour former du phénomène de l'élévation des chaînes de montagnes, un des plus remarquablement et des plus larsement réguliers que l'étude de la terre nous présente. » Les mêmes propriétés de l'alignement et du parallélisme ont été recon- nues se plus longtemps encore dans les grandes fractures planes qui se rencontrent à chaque pas au travers des terrains, et qui, changeant aussi de direction à chaque à âge géologique, divisent ainsi en fragments réguliers toute l'enveloppe terrestre. La raison de ces lois régulières est tout aussi inconnue pour les fractures ou les filons que pour les montagnes. » L'application d’une idée nouvelle, ou plutôt l'extension d’une idée an- ciennement émise par un célèbre astronome, nous a donné le moyen, non- seulement de satisfaire à toutes ces questions, mais de parvenir en outre à des résultats géographiques et chronologiques singulièrement précis sur la for- mation des continents et des montagnes du globe, et sur les principaux faits climatériques de l'histoire de la terre, sujet demeuré si obscur malgré les tra. ( 106 ) vaux de Cuvier et d'autres grands naturalistes, et peut-être devenu plus obscur encore en raison même des résultats si remarquables de ces travaux. » Il y a déjà près de deux siècles, Halley, pour expliquer les mouvements de la mer qui, suivant les idées des anciens géologues, avaient porté les co- quilles marines jusqu'au sommet des montagnes, imagina que la vitesse de la terre avait été brusquement modifiée par le choc d'une ou même de plusieurs comètes; mais les conséquences géologiques de cette idée, demeurée ‘si vague depuis lors, ne sont aujourd'hui nullement admissibles ki puisqu'il est reconnu qu'en général les mouvements qui ont formé les montagnes résident dans le sol lui-même bien plutôt que dans les eaux de la mer. | » Ayant été amené par des considérations, soit climatériques, soit dyna- miques, qu'il serait beaucoup trop long d'indiquer ici, à reprendre l'hypo- thèse de Halley, avec cette condition que chacun des chocs ait dû produire un déplacement considérable des pôles et de l'axe de rotation de la terre, j'ai reconnu qu'en modifiant la portée de cette hypothèse, et en tenant compte d'une condition oubliée par tous les géomètres qui se sont occupés de cette question des chocs, elle conduisait, outre ses conséquences climatériques, à l'explication la plus claire et la plus complète de toutes les circonstances physiques des révolutions du globe, savoir, d’une part, l'élévation linéaire des chaînes de montagnes; de l’autre, les dislocations par fractures planes el Du . Gette condition oubliée est celle de la fluidité intérieure du globe ter- restre, où du moins celle de l'existence d'une partie fluide entre le noyau central solidifié par écrasement , et la pellicule extérieure solidifiée par le refroidissement. Ce résultat dérive immédiatement en effet des observations modernes sur l'accroissement de la température dans les profondeurs , et des recherches analytiques les plus récentes sur l'immense lenteur du mouvement calorifique dans l'intérieur d'un corps comme la terre, primitivement fluide. La viscosité des liquides métalliques et la compression due à la gravité même peuvent être regardées d’ailleurs comme des raisons suffisantes pour détruire l'objection des marées qui avait été avancée contre ce principe de ci fluidité intérieure. Or maintenant les conséquences de ce principe sont de la plus haute im- portance dans la question d’un changement de rotation de la terre. Indépen- damment de ce qu'il forme la condition nécessaire pour l'équilibre d'une ro- tation nouvelle, on voit facilement qu'il ne laisse plus au mouvement des eaux superficielles, considéré par Halley et depuis par Laplace, comme l'unique résultat physique du phénomène, qu'une portée très-secondaire, à cause du (107) parallélisme approximatif des deux surfaces fluides : au contraire, la pellicule solide en recouvrement sur le fluide intérieur subira dans cette révolution les mouvements les plus remarquables, origine réelle, selon nous, de ses frac- tures et de ses montagnes. » L’enveloppe solide, en effet, dépourvue de la mobilité moléculaire , su- bira l'influence des mouvements intérieurs : d’une part, elle sera brisée par l'expansion du fluide vers le nouvel équateur; d'autre part, devenue trop étendue aux nouveaux pôles et demeurée là sans appui, elle subira la réac- tion centripète due à son propre poids, ainsi que celle qui est produite par le frottement du liquide affluent vers l'équateur. Du premier de ces effets ré- sulteront les ruptures planes; du second les montagnes, et il n’est pas difficile de voir que tous ces accidents seront parallèles entre eux et au nouveau mou- vement de la terre. » Quant aux fractures, en effet, comme les forces qui les déterminent _s’exercent uniquement dans des plans perpendiculaires à l'axe de rotation et suivant la nouvelle loi des latitudes, il est évident qu'elles seront toutes pa- rallèles au nouveau plan équatorial; ce qui, pour le dire en passant, explique bien la forte inclinaison de quelques-unes d’entre elles sur la verticale. Leur disposition locale et par groupes, la formation des failles et des vallées, tien- nent d’ailleurs à un point de théorie tout particulier, qui fournit l'application numérique la plus frappante aux faits d'observation. » Quant aux montagnes, qui sont produites par la réaction du poids de l'enveloppe solide devenue trop étendue vers les pôles, leur loi de formation dérive de considérations plus délicates. La pesanteur du revêtement solide, et le frottement du liquide affluent vers l'équateur, sont des forces relative- ment peu considérables , si on les compare à l'expansion centrifuge du liquide intérieur, sur laquelle se concentre toute la puissance des masses : ces forces centripètes seront donc décomposées, elles céderont une de leurs compo- santes au mouvement dominant, parallèle à l'équateur , et il ne leur restera plus comme force effective que la seconde composante de la pesanteur, qui agira tangentiellement au méridien, puisque les anneaux solides ne peuvent quitter la surface du fluide intérieur. Or, une circonstance extrêmement re- marquable de cette décomposition, c’est que, quel que soit le sens relatif de la translation du fluide parallèlement à l'équateur, la composante de la pesan- teur tangentielle au méridien demeurera partout dirigée vers Le cercle équa- torial. Le poids de toute l'enveloppe solide se trouvera donc transformé ainsi en une série de. forces horizontales dirigées dans chaque hémisphère des pôles vers l'équateur, et qui doivent par conséquent produire vers cet équa- C.R., 1844,2M€ Semestre. (T: XIX, No 2.) 15 ( 108 ) teur un refoulement général, dont l'effet est d'y ramener les portions excé- dantes du revêtement solide par une série d’ondulations absolument analo- gues aux inflexions des terrains dans nos montagnes. Comme conséquence, ces ondulations montagneuses vont être soumises à deux grandes lois. » LE. De légale direction des forces pour tous les points situés à même lati- tude , il résulte d’abord que les ondulations seront partout alignées , paral- leles entre elles et au nouveau mouvement de la terre. » IE. Eu second lieu, la concentration de toutes les forces vers l'équateur doit y rassembler les plus grands ridements, et produire ainsi à chacun des chocs une ligne montagneuse principale , occupant le contour d'un grand cercle de la sphère : résultat inappréciable qui doit nous donner le moyen de retrouver la trace des équateurs successifs de la terre, si en effet sa rotation a varié à diverses reprises. » Convaincu par les changements brusques et permanents dans les espèces animales et dans la végétation, qu'à chacune des grandes époques géolo- giques devait correspondre une de ces révolutions extraordinaires, j'ai re- cherché en effet la trace de ces équateurs par les lignes circulaires de mon- tagnes et par la forme concordante des continents; mais je l'ai fait géologi- quement et non point d'une manière purement empirique, c'est-à-dire que J'ai cherché, par l'étude dés directions, à mettre en rapport l’âge de ces équa- teurs avec celui des soulèvements linéaires qui ont marqué dans nos contrées l'interruption de chacune des époques distinctes que les géologues y ont re- connues; étude où les belles observations de M. Élie de Beaumont ont dû nous servir de base, mais où nous avons dû toutefois introduire aussi des mo- difications qui nous sont propres. Le résultat de cette longue et sérieuse re- cherche a été d'une précision inespérée : les lignes montagneuses circulaires que l’on peut ainsi déterminer embrassent en effet toutes les chaînes de la terre, toutes les délimitations continentales ; et de plus elles sont précisément égales en nombre avec les époques géologiques, en direction avec les soulè- vements qui les caractérisent : l'étude géologique, en un mot, n'indique ici rie: de plus ni rien de moins que l'étude géographique. C'est ce qu'il est fa- cile de voir sur la carte que je mets sous les yeux de l'Académie, et où sont tracés ces différents cercles, ainsi que par le tableau qui l'accompagne, et qui présente le nom (emprunté aux chaînes principales), l’âge et les divers éléments d’inclinaison et de direction de ces équateurs successifs. » Leur ordre chronologique, indiqué déjà par les directions, reçoit en outre une vérification imposante par l'application d’un théorème particulier, qui consiste en ce que les ridenrents montagneux sur un équateur donné, (109) doivent se concentrer spécialement aux deux parties intermédiaires entre ses points de jonction avec l'équateur précédent ; avec des modifications particu- lières, toutefois, selon l'angle que forment leurs deux plans, c'est-à-dire selon les variations de la vitesse de rotation, variations dont le sens peut être d’ailleurs presque toujours constaté; de plus, par une sorte de paradoxe assez remarquable, c’est aux ralentissements de cette vitesse que doivent cor- respondre, sur le globe, les chaînes de montagnes les plus élevées et les plus étendues C’est en partie à cette dernière raison qu'il faut attribuer la faiblesse des indices géographiques qui marquent la trace de notre équateur actuel, car il appartient à une période d'accélération ; mais il faut l'attribuer aussi, par la même cause, à l'exhaussement du niveau des mers à l'équateur, qui jette un voile sur la plupart des accidents terrestres de cette région; enfin, une des principales chaînes de notre époque doit se trouver , d’après le théo- rème dont nous avons parlé, dans la partie encore inconnue du centre de l'Afrique. Quant aux équateurs antérieurs, toutes les vérifications dont nous venons de parler y sont exactement remplies. Ajoutons que les températures successives de chaque époque, dans l'Europe occidentale, températures mar- quées surtout par la nature de la végétation fossile, concordent bien avec les latitudes successives de nos régions, parmi lesquelles s’en retrouve une abso- lument égale à celle de nos jours. Le résultat enfin de toutes les comparaisons que ce nouveau point de vue amène, forme une sorte d'histoire géologique complete, dont tous les éléments principaux se vérifient réciproquement, mais dont je ne puis dérouler, dans cet extrait, la moindre partie. » L'hypothèse des chocs multipliés de la terre par des comètes, bornée ainsi à ses résultats physiques, quelle que soit leur précision, paraîtrait néan- moins d'une hardiesse extrême et peut-être, aux yeux de quelques-uns, d'une exorbitante invraisemblance. Mais elle puise dans la considération des lon- gues durées géologiques non-seulement une vraisemblance satisfaisante , mais en quelque sorte une preuve nouvelle. L'analyse attentive des phénomènes géologiques, en donnant une étendue démesurée aux temps depuis lesquels le mouvement organique s’est développé à la surface du globe, ouvre aux chances de probabilité un champ inexploré encore et des possibilités incon- nues. Je crois en effet pouvoir faire admettre, d'après l'épaisseur des dépôts calcaires, produit de l'entassement des coquilles et de l'action végétale; d’après celle des grès et des argiles, produit de l’ensablement fluviatil; d'après la formation des houilles, produit de la carbonisation des végétaux, et d'après d’autres faits encore, que chacune des treize périodes géologiques reconnues n’a pas duré moins d'un à deux millions d'années. Or maintenant le calcul 11: ( 110 ) des probabilités, en tenant compte de quelques circonstances du problème qui semblent être passées inaperçues jusqu'ici, m'a montré qu'en supposant seulement dix passages annuels de comètes dans les limites de l'orbe de la terre, c'est-à-dire peut-être l'arrivée au périhélie de six à sept comètes dans de telles conditions, toutes les chances de rencontre de la terre par un de ces astres devaient être atteintes approximativement en trois millions d'années; d'où résulteraient, pour notre hypothèse, toutes les conditions de certitude qui peuvent dériver de cette sorte de calcul. » Mais les détails de toute cette étude ne peuvent être ici donnés, ils feront partie d'un ouvrage qui dépasse de beaucoup les dimensions ordinaires d'un Mémoire, et que l’auteur se propose bientôt de publier. Il renfermera , outre ces principes généraux et la recherche des équateurs, des considérations par- ticulières sur les oscillations du niveau des mers à chaque variation de vitesse, sur le déplacement des glaces polaires et l'explication du phénomène des blocs erratiques d’après la position exacte de ces pôles à diverses époques; enfin, sur la climatologie de chaque époque, qui a dû varier dans son essence même par l'inclinaison diverse des équateurs sur l’écliptiqué, inclinaison dont on peut retrouver les limites approximatives et qui est à nos yeux le principe des différences si remarquables et si paradoxales qui existent entre les espèces organiques des divers âges. Nous donnerons ici une mesure de la portée de ce nouveau point de vue, en indiquant par exemple que l'équateur de l’époque si caractéristique du terrain houiller était absolument perpendiculaire à l’é- cliptique. » À cet ensemble des faits de la géologie physique, vient concourir et se lier une théorie, nouvelle aussi, des faits chimiques de la surface du globe, comprenant Ja question des granits, des volcans, des eaux minérales, des filons métallifères et celle de ces vastes échauffements signalés d'une manière in- termittente par la transformation des roches ; son exposé pourra faire l'objet d'une Note spéciale, si celle-ci n’a déjà point trop fatigué l'attention de l'Aca- démie. » Enfin, par suite de la précision et de l'opportunité de ces mêmes résul- tats géologiques, il était impossible de ne point aborder l'application du prin- cipe des chocs aux faits généraux de l'astronomie. S'il était démontré pour la terre, il devenait par là méme certain pour toutes les planètes, peut-être dans un autre ordre pour le soleil lui-même; et la concordance entre les mou- vements des satellites et la rotation planétaire indiquait que le même principe n'était pas étranger à la production même de ces corps. Nous avons dû abor- der conjecturalement ces questions, si élevées cependant au-dessus de nos (arr forces et de l’objet spécial de nos études; tout en y cherchant une précision que les hypothèses les plus accréditées ne nous paraissent point encore four- nir, nous ne les avons traitées qu'avec l’extrême défiance et la brièveté que notre insuffisance nous imposait : les savants pcurront juger bientôt si nous avons été heureux dans cette recherche, où l'imagination doit avoir encore, quoi que l’on fasse, une si grande part. » MÉDECINE. — Observation d'un cas de diabète sucrétraité et guéri par l'emploi des alcalis et des sudorifiques; par MM. Mrarne et Cowrour. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau , Rayer.) « M. F [.…., atteint d'une affection diabétique qui durait depuis un an et demi, offrait, il y a deux mois, époque à laquelle il nous fit appeler pour lui donner des soins , les symptômes suivants : » Prostration et amaigrissement extrêmes, appétit bon, soif des plus in- tenses, salive rare et acide, défécation difficile, urines très-chargées de sucre {plus de 45 grammes par litre). Les autres fonctions ne présentaient rien de notable, si on en excepte la vue qui était très-sensiblement affaiblie, et les forces viriles qui étaient anéanties depuis près d’un an. » Traitement. — Le traitement a été entièrement basé sur des vues théo- riques que l’un de nous a fait connaître dernièrement à l'Académie des Sciences. Ainsi, après avoir mis sans résultat M. L... pendant quinze jours à l'usage du chlorure de sodium, nous avons commencé l'emploi du bicar- bonate de soude et de la magnésie calcinée hydratée, et conseillé la flanelle et les bains de vapeur. Notre malade a pris d’abord 4 grammes de bicarbo- pate de soude par jour, puis 6 grammes, puis 8, puis 10, et enfin en ce mo- ment il en prend 12 grammes toutes les vingt-quatre heures. » Quant à la magnésie, il n’en a jamais pris plus de 1 gramme par jour, et même actuellement il n’en prend que de temps en temps. » Ce n'est que depuis un mois seulement qu'il fait usage de la flanelle et des bains de vapeur. Il n'a pris encore que six bains. » Sous l'influence des alcalis et des sudorifiques, la proportion de sucre rendu par les urines a été de jour en jour décroissante ; et aujourd'hui que M. L. se nourrit comme tout le monde, qu'il prend journellement un demi- litre de lait, qu'il mange environ 500 grammes de pain , quelques cerises, etc., aucune particule de sucre ne se montre plus dans ses urines. C’est que, sous l'influence des alcalis, l'assimilation du sucre est redevenue possible, résultat qui avait été prévu et indiqué par l'un de nous comme conséquence de ses recherches. Toutefois les effets du traitement ne se bornent pas là. ne) » Les forces sont revenues aussi florissantes que jamais et toutes les fonc- tions de l'économie, y compris les facultés viriles, s'effectuent comme il con- vient. » Reste maintenant à savoir si l'on pourra suspendre l'usage des sub- stances alcalinès, sans que les accidents se renouvellent, ou bien s’il faudra en continuer indéfiniment l'usage pour maintenir M. L... dans l’état de bien- être que notre médication lui a donné. » M. Ducros adresse une Note qui fait suite à ses précédentes communica- tions sur le rôle qu'il attribue à l'électricité dans certains phénomènes de la circulation du sang, et sur les conséquences qu'il tire de ces remarques relati- vement à la thérapeutique. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) PHYSIQUE. — M. Marrmiessen présente un Mémoire intitulé: Mémoire sur le spectre solaire optique; sur le lentiprisme perfectionné ; sur l'absorption du nouveau violet extréme par diverses matieres; sur la composition éle- mentaire du spectre solaire, et sur la structure de l'œil. « Je présente, dit l'auteur, des dessins du spectre solaire, vu par mon lenti- prisme perfectionné, lequel s'étend au delà du rouge extrême du spectre de Fraunhofer, et y ajoute une étendue violette, égale aux trois quarts de tout le spectre optique préalablement connu : cette nouvelle partie violette du spectre est couverte d'un grand nombre de raies obscures, pour la plupart remarquables par leur disposition régulière en groupes. » Non-seulement les instruments de M. Matthiessen augmentent l'étendue du spectre au delà des impressions photogéniques, obtenues jusqu'ici sur les matières chimiquement sensibles, mais ils montrent encore des groupes de raies distinctes là où la plaque iodurée ne produit que des bandes foncées et confuses. En attendant le Rapport des Commissaires, nous nous bornerons à ajouter que l’auteur a déposé sur le bureau du Président des appareils nombreux destinés à la vérification des expériences. (Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Babinet.) M. Corra soumet au jugement de l'Académie un Aygromètre de son inven- tion , dans lequel le corps hygrométrique est la semence d’un géranium.Cet instrument lui paraît, d'après les essais auxquels il l'a soumis, être moins (113 ) exposé à se déranger que ceux dont on faisait généralement usage; il le regarde ainsi comme pouvant être utile à diverses industries manufacturières et rurales dans lesquelles il serait très-avantageux de pouvoir apprécier le degré d'humidité de l'air (dans les éducations de vers à soie, par exemple), et où l’on a renoncé cependant à faire usage de l'hygromètre, par suite de la dit- ficulté que l’on rencontrait à le maintenir dans un état où il donnât des indi- cations fidèles. (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Despretz.) M. Marin présente un bras artificiel dans lequel les doigts sont ouverts et fermés au moyen d'un mécanisme très-peu compliqué, mis en jeu par le mouvement du court moignon que présente l'avant-bras chez la personne pour laquelle cet appareil a été construit. (Renvoi à la Commission nommée pour l'examen du bras artificiel présenté par M. Van Peterssen.) M. Lewssxy prie l'Académie de vouloir bien lui désigner des Commissaires à l'examen desquels il soumettra un nouveau moteur à air comprimé, appli- cable principalement à la navigation et aux chemins de fer. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert.) M. Durrénoyx est désigné pour remplacer feu M. Coriolis dans la Commission chargée de faire un Rapport sur le système de barrage mobile et sur l’écluse à grande ouverture que M. TuenanD, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, a soumis au jugement de l’Académie. M. Parora adresse une Note qui fait suite à son Mémoire sur lergot des graminées. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre De La Guerre adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire du Tableau de la situation des établissements français en Algérie, en 1842 et 1843. (Voir au Bulletin bibliographique.) M. le Ministre DE L'AGRICULTURE Er pu Commerce adresse le LI® volume des Brevets d'invention expirés. (114 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations sur la distribution de la température dans les couches terrestres’faites au puits de Monte-Massi. (Extrait d’une Lettre de M. Marreucar à M. Arago.) « Je me félicite de pouvoir vous donner des renseignements plus exacts et plus étendus sur les températures du puits de Monte- Massi, dont je vous ai parlé dans une autre Lettre. Le creusement de ce puits a été continué pendant toute l’année. Le 14 juin dernier, j'ai fait descendre dans ce puits M. Sbragia, mon aide, avec deux thermomètres de Bunten, qui avaient été vérifiés d'avance. La descente dans le puits a eu lieu à deux heures après midi ; je dois faire observer que le puits était sans ouvriers depuis quinze jours. La hau- teur du sol du puits de Monte-Massi est de 53 mètres au-dessus du niveau de la mer. La profondeur du puits est dans ce moment de 435,58 au-dessous du sol, et, par conséquent, est de 382,58 au-dessous du niveau de la mer. La température a été prise en introduisant la boule du thermomètre dans un trou fait dans le terrain du puits. Voici les observations : Température dans le puits à 11",60 du sol. . . + 24° cent. TOM a. ess 26°,3 22062/20..0-10.,15 SA AGO CNE 39° 38020 there: 30° 43608 ATEN Te gr » J'ai pris la température de deux sources à peu de distance du puits. Cette température était de 14 degrés centig. pour l’une et de 17 degrés pour l'autre. Je dois ajouter qu'il y a dans ce moment un peu d'humidité dans le fond du puits de Monte-Massi, et que le terrain qu'on creuse est un conglomérat ophiolitique. » ÉCONOMIE RURALE. — Effet des engrais ammoniacaux sur la végétation. (Extrait d'une Lettre de M. Senarrenmans à M. Dumas.) « En expérimentant les moyens pratiques les plus simples et les plus éco- nomiques pour saturer le carbonate d'ammoniaque des matières fécales, j'ai reconnu que le sulfate de fer mérite la préférence. Ce sel, en petits cristaux de qualité inférieure, ne vaut que 8 à 10 francs le quintal métrique, et ilest plus facile à transporter et à manier que les acides qui peuvent donner lieu (Cr) à des accidents entre des mains inexpérimentées. Mais le sulfate de fer offre un autre avantage remarquable qui doit déterminer la préférence de son emploi. » Les exhalaisons nuisibles et incommodes que répandent les matières fé- cales, proviennent principalement de la volatilisation du carbonate d'ammo- niaque et du gaz hydrogène sulfuré, qui fait même souvent des victimes en asphyxiant des vidangeurs de fosses d’aisance. En versant une dissolution de sulfate de fer dans les matières fécales, il y a immédiatement double décom- position: l'acide sulfurique du sulfate de fer se combine avec lammoniaque et le convertit en sel fixe; le fer se combine avec le soufre, et forme du sulfure de fer. Les émanations de vapeurs ammoniacales et de gaz hydrogène sul- furé disparaissent immédiatement, et les matières fécales ne conservent plus qu'une faible odeur qui leur est propre et celle des matières végétales qu'elles contiennent en petite quantité; mais cette odeur n'incommode pas et n'a rien de répugnant. Lorsqu'il y a dans les matières fécales assez de liquide, les excréments solides se dissolvent en grande partie, et ce qui en reste se précipite au fond et forme un marc noirâtre. La partie liquide est également noirâtre et se clarifie en la laissant reposer. » J'ai obtenu ce résultat en traitant de la manière susdite les matières fé- cales de la fosse d’aisance de ma maison. J'ai employé le liquide de 2 de- grés de force à des arrosages dans mon jardin, et le marc, peu volumineux, qui est restée comme résidu, a été employée sur les plates-bandes comme fumier, sans qu'il en résultât la moindre incommodité. » Les matières fécales saturées avec une dissolution de sulfate de fer peu- vent être enlevées de jour aussi bien que le fumier, sans incommoder per- sonne. Leur transport dans des tonneaux et leur dépôt peuvent ainsi avoir lieu aussi aisément que ceux du fumier. Comme les matières fécales sont un engrais très-riche, elles pourront être transportées à de plus grandes dis- tances que le fumier, et il sera facile de les étendre d'eau, au lieu de leur des- tination, pour en régler la force à 2 degrés , et pour en former un engrais li- quide excellent. » Les habitants de Paris souffrent beaucoup de l'évacuation des matières fécales et de leur dépôt à Montfaucon, qui infecte plusieurs quartiers. Il sera facile de mettre un terme à ce fléau, en saturant les matières fécales des fosses d’aisance avant leur enlèvement avec une dissolution de sulfate de fer. Cette mesure devrait être ordonnée par l'autorité dans l'intérêt de la salubrité pu- blique ; elle est encore commandée par celui de l’agriculture, afin de con- server à un engrais puissant toute sa force. En desséchant les matières fé- C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 2.) 16 ( 116 ) cales sans les saturer préalablement, le carbonate d'ammoniaque se volatilise, et l'on sacrifie ainsi l'élément le plus énergique de cet engrais. » La plus grande partie des excréments humains se perdent aujourd'hui, parce qu'on ne les recueille pas avec soin, qu'on ne les traite pas convenable- ment, et qu'enfin, dans leur état naturel, il y a une répugnance générale à les manier. Leur importance pour l'agriculture est cependant immense, On peut évaluer les excréments solides et liquides d’un homme, par jour, à 4 de kilogramme, soit à 287 kilogrammes par an, contenant 3 pour 100 d'azote; soit 8,43, quantité suffisante, suivant M. Boussingault, pour produire 400 kilogrammes de froment , de seigle ou d'avoine. En utilisant ainsi tous les excréments humains, l'agriculture pourrait se passer, sinon en totalité, du moins en grande partie, du fumier des bestiaux. Ce résultat serait fort im- portant, la production serait considérablement augmentée , les combinaisons de l'agriculture deviendraient libres pour les assolements et le nombre de bétail généralement insuffisant aujourd'hui pour produire le fumier néces- saire à la fertilisation des diverses cultures. » Les bornes d'une Lettre ne me permettent pas de m'étendre davan- tage sur ce sujet; mais je ne veux pas la terminer sans vous dire que les parties de prés que j'ai arrosées l'année dernière avec 2 litres par mètre carré d’une dissolution de sels ammoniacaux de 1 degré, présentent encore cette année la même végétation vigoureuse et qu’elles donneront au moins une récolte double en foin de celles des parties non arrosées des mêmes prés. Ce résultat favorable dépasse mon espérance , car je ne pensais pas que l'ac- tion d'une petite quantité d'ammoniaqne pût s'étendre à plusieurs années. Je ne doute plus aujourd'hui qu’elle ne se fasse sentir pendant trois années au moins. Les sels ammoniacaux du commerce pourront ainsi venir en aide aux contrées qui ne produisent pas assez de fumier. Car, en admettant que 400 kilogrammes de ce sel à 60 francs le quintal métrique, faisant 240 francs, fertilisent la culture d’un hectare pendant trois années, la dépense annuelle ne serait plus que de 80 francs, qu'une production plus abondante couvrirait avec usure. » PALÉONTOLOGIE. — Sur les ossements humains trouvés par M. F. Robert dans les environs d’Alais. (Extrait d'une Lettre de M. Marcez pe Serres à M. Arago.) « Les détails que M. Félix Robert, du Puy (Haute-Loire), vient de pu- blier sur la découverte d’ossements humains qu'il a rencontrés dans les envi- (se) rons d’Alais (Gard), au milieu des déblais du chemin de fer, m'obligent d'en entretenir l'Académie plus tôt que je n: l'aurais désiré. Je le dois d’au- tant plus, que mon témoignage et celui de la Faculté des Sciences à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir ont été invoqués. » Il y a peu de temps que M. Robert, passant à Montpellier, me montra un fragment de maxillaire supérieur et un second de la mâchoire inférieure, qu'il me dit avoir trouvés à quelques pas de distance de l’embarcadère du chemin de fer d'Alais. J'eus d’abord quelques doutes sur leur détermina- tion, ces débris osseux se trouvant empâtés dans des marnes d'eau douce tertiaire. Je balançais donc entre le singe et l'homme, par suite d'un acci- dent arrivé à l'une des dents molaires. Elle se trouvait, en effet, éraillée et taillée en biseau, ce qui la faisait ressembler à une canine d'un quadrumane. Ayant toutefois été autorisé à la dégager, mes doutes furent bientôt dissipés, et je reconnus, d’après l'ensemble de ses caractères, qu'elle appartenait à l'espèce humaine. Cette détermination fut confirmée par l'examen que je pus faire du second fragment. Celui-ci se composait d'une partie du maxillaire inférieur, sur lequel deux molaires se trouvaient encore : l’avant-derniere et la dernière du côté gauche. Auprès de cet os existait la base de l'apophyse coronoïde. » Comme je dois ces débris osseux à l'obligeance de M. Félix Robert, je m'empresserai de les mettre sous les yeux de l'Académie, si quelques-uns de ses membres désirent les examiner. » La présence d’ossements et des dents qui ont appartenu à l'espèce humaine, dans des marnes d’eau douce tertiaires, me paraît donc incontes- table. Mais ces restes organiques sont-ils contemporains du dépôt de ces marnes? Nous avouerons que nous n'osérions le supposer, et que l'inverse nous semble plus probable. » En effet, ces ossements sont moins altérés que ceux que l’on découvre dans plusieurs tombeaux romains. Ils contiennent une si grande quantité de matière animale, qu'il suffit de les exposer à la flamme d'une bougie pour les voir noircir subitement. Calcinés dans un tube ouvert, ils dégagent en abondance des vapeurs ammoniacales, exhalent une forte odeur empyreuma- tique, vapeurs qui ramènent au bleu le papier de tournesol rougi par les acides. : » Les maxillaires d’Alais ne diffèrent pas, sous le rapport de la matiere animale qu'ils renferment, des os frais. Ils ne peuvent être confondus avec les os humatiles, qui, pour la plupart, happent fortement à la langue, et encore moins avec les débris organiques fossiles, c'est-à-dire à ceux qui 16.. (118 ) sont ensevelis au milieu des couches tertiaires, secondaires ou de transition. » Étudions maintenant les circonstances du gisement de ces os humains. Nous aurons l'honneur de faire remarquer à l'Académie qu'il n'est pas pos- sible d'être fixé à cet égard, puisque ces os n’ont pas été rencontrés en place, mais seulement au milieu des déblais extraits des terrains tertiaires d’eau douce de l'étage moyen (miocène). Les marnes ossifères provenaient en effet des exploitations auxquelles on s’est livré pour le confectionnement du chemin de fer de Nimes à Alais. » Nous ignorons donc si la tête à laquelle avaient appartenu les deux maxillaires n'avait pas été entraînée dans une fissure par les eaux courantes, et si elle n'avait pas été emportée au milieu des marnes du terrain environ- nant. On le suppose d'autant plus que, d’après ce que m'en a dit M. Robert, ce qu'il a du reste répété dans la Note insérée dans le Courrier du Velay (samedi 1° juin 1844), la tête existait à peu près entière au milieu des déblais. Cette supposition est d'autant plus probable, que M. Robert, qui est retourné sur les lieux, n’y a plus rien rencontré, ainsi qu'il l'observe lui- même dans sa Lettre. » Je me suis adressé à M. Talabot , le principal entrepreneur des chemins de fer du Midi, ainsi qu'à l'ingénieur des mines d’Alais, pour avoir de nou- veaux renseignements à cet égard ; mais ils ne paraissent pas avoir été plus heureux que ne l’a été en dernier lieu M. Robert. C’est donc, jusqu'à présent, une seule tête qui a été rencontrée dans les marnes d’eau douce, probable- ment remaniées, du gisement desquelles on ignore les circonstances. » Il serait peut-être téméraire de regarder ces débris, incontestablement humains, comme de la même époque que les dépôts de sédiment dans les- quels ils ont été rencontrés. Ils nous paraissent plus récents que les ossements humains des cavernes à ossements du midi de la France, tels que ceux des cavernes de Bize, près de Narbonne. Ils appartiendraient donc à l'époque historique , quoiqu'ils aient été découverts au milieu des terrains géologiques. » Les ingénieurs d'Alais, dont l'attention avait été éveillée par ces obser- vations, se sont assurés que les ossements humains avaient été recueillis au milieu des déblais extraits au nord de la maison d'habitation de M. de Pèlerin, à la profondeur de 2 mètres. Ces déblais provenaient d'une petite tranchée qui se trouvait au bord de la nouvelle route royale. » Malgré les recherches les plus actives, on n'a plus rien découvert; J'ai, du reste, copié ces renseignements, que je viens de recevoir à l'instant même, laissant aux géologues le soin d’en saisir l'importance pour l'objet qui nous occupe. » ( 119 ) PHOTOGRAPHIE. — {Vote sur un procédé de gravure photographique ; par M. H. Fizeav. « J'ai eu l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie, dans sa séance du 13 février 1843, des dessins photographiques sur papier, obtenus par l'application des procédés de l'impression en taille-douce à une planche da- guerrienne, gravée par des agents chimiques sans le concours d'aucun tra- vail d'artiste. » Dès le mois de juillet 1842, j'avais montré à plusieurs personnes, et dé- posé dans quelques collections, des épreuves résultant de mes premiers essais. » Depuis cette époque, j'ai continué à m'occuper de ce sujet avec persé- vérance, en m'appliquant à compléter, et surtout à régulariser les délicates manipulations du procédé. » Je soumets aujourd’hui à l'Académie de nouveaux résultats obtenus sur une plus grande échelle, et qui me semblent devoir donner une idée de l’im- portance et des applications du nouvel art. » L'image daguerrienne, dont la perfection est évidemment nécessaire à la réussite de la gravure, avait été obtenue chez M. Lerebours; la transfor- mation de cette planche daguerrienne en planche gravée a été effectuée sans aucun travaik ni retouche d'artiste, mais par l’application seule du pro- cédé dont je vais décrire les principes en peu de mots; j'espère en soumettre prochainement à l'Académie une description détaillée. » Le problème consistait, comme on le sait, à traiter les images daguer- riennes par un agent qui creusât les parties noires sans altérer les parties blanches du dessin; en d’autres termes, qui attaquât l'argent en présence du mercure sans altérer ce dernier. » Un acide mixte, composé avec les acides nitrique, nitreux et chlorhy- drique (ces deux derniers pouvant être remplacés par du nitrite de potasse et du sel marin), jouit précisément de cette propriété, laquelle appartient également à une dissolution de bichlorure de cuivre, mais d’une manière moins parfaite. » Lorsqu'on soumet une image daguerrienne, dont la surface est bien pure, à l’action de cet acide, surtout à chaud, les parties blanches ne sont pas altérées, tandis que les parties noires sont attaquées avec formation de chlorure d'argent adhérent, dont la couche insoluble arrête bientôt l'action de l'acide. ( 120 ) » Une dissolution d'ammoniaque, employée alors, entraîne cette couche de chlorure d'argent et permet de soumettre de nouveau la planche à l'ac- tion du même acide, qui, agissant encore de la même manière, augmente la profondeur des parties noires. » En opérant ainsi en plusieurs fois, on parvient à transformer la planche daguerrienne en une planche gravée d'une grande perfection, mais généra- lement de peu de profondeur; de sorte que les épreuves imprimées sur pa- pier u’ont pas la vigueur convenable. » A cette première opération il a donc été nécessaire d'en ajouter une seconde qui permit de creuser plus profondément les parties noires de l'i- mage. » Cette seconde opération consiste à dorer les parties saillantes, ou les blancs de la planche gravée, et à laisser l'argent à nu dans les creux, ce qui permet d'en augmenter la profondeur par l'action d'un simple dissolvant de l'argent. » Pour obtenir ce résultat, la planche gravée peu profonde dont je viens de parler, est graissée avec une huile siccative, de l'huile de lin, puis essuyée à la manière des imprimeurs en taille-douce; de cette manière, l'huile reste dans les creux seulement, et y forme un vernis qui ne tarde pas à sé- cher. » Dorant alors la planche par les procédés électro-chimiques, on voit l'or se déposer sur toute la surface de la planche, excepté dans les parties creuses protégées par le vernis d'huile de lin. Après ce dorage, l'huile de lin est en- levée par de la potasse caustique. » Il résulte de là que la planche gravée a toutes ses parties saillantes pro- tégées par une couche d’or; ses parties creuses, au contraire, présentant l'ar- gent. à nu. » Il est dès lors facile, en traitant la planche par l'acide nitrique, d'atta- quer ces parties creuses seulement, et d'en augmenter ainsi à volonté la pro- fondeur. » Avant ce traitement par l'acide nitrique, la planche dorée est couverte par ce que les graveurs appellent un grain de résine, ce qui produit, dans le métal attaqué, ces nombreuses inégalités que l’on appelle grain de la gravure. » Il résulte de ces deux opérations principales que la planche daguer- rienne est transformée en une planche gravée tout à fait semblable aux planches gravées à l'aquatinte, et dès lors pouvant, comme elles, fournir par l'impression un nombre considérable d'épreuves. ( 121 ) » Cependant, l'argent étant un métal peu dur, le nombre des épreuves serait encore assez limité si un moyen très-simple ne permettait de sous- traire la planche photographique à l'usure déterminée par le travail de l'impression. » En effet, pour atteindre ce but, il suffit, avant de livrer la planche à l'imprimeur, de cuivrer sa surface par les procédés électro-chimiques; de cette manière, il est évident que la couche de cuivre supporte seule l'usure produite par le travail de l'ouvrier. Lorsque cette couche est altérée d’une manière notable, il est facile, à l'aide d'un acide faible, de la dissoudre en totalité sans altérer l'argent sur lequel elle repose; dés lors la planche peut être cuivrée de nouveau, et se trouve ainsi dans le même état que si elle n’a- vait pas supporté le travail de l’imprimeur. » MINÉRALOGIE. — Observations sur la disposition de certaines cristallisations des géodes ; par M. Fourxer. « Les géodes des filons présentent ordinairement une réunion de plusieurs espèces de cristaux: les uns sont ceux de la matière même dans laquelle la ca- vité s'est formée, les autres peuvent appartenir aux autres minerais du filon, ou même leur être étrangers. Les premiers, qui ne doivent évidemment être considérés que comme inhérents à la formation de la géode, sont plus ou moins fondus ou soudés ensemble sur une partie de leur longueur, de ma- nière à constituer une sorte d'écorce, tandis que leur extrémité libre forme des saillies dans le vide central; les seconds sont simplement couchés sur les cristaux précédents, dont ils embellissent ou salissent la surface, et l'on peut jusqu'à un certain point les considérer comme des productions adventives et parasites ; les spaths calcaires, les prehnites, les analcimes et les harmotomes recluses dans les boules d’agate en donneront une idée suffisamment nette. » Dans la plupart des théories, ces derniers cristaux sont considérés comme autant de formations postérieures, à cause de leur gisement sur ceux du corps de la géode; mais la revue suivante des différentes dispositions affectées par ces minerais étrangers va faire voir, de plus, qu'elles peuvent quelquefois guider dans le choix des idées sur le mode de formation des filons. » Admettons, en première ligne, le cas où ces produits sont disséminés dans tous les sens à la partie inférieure comme à la partie supérieure des géodes; ils sont alors fixés indifféremment sur les pointements ou dans les recoins formés par le groupement des cristaux de l'écorce géodique; ils adhèrent anssi bien à celles de leurs faces qui sont tournées vers le ciel qu’à celles qni (@r22h) regardent la profondeur ; ils peuvent enfin s’étaler sur la totalité de la surface interne en forme d'enduit mince ou en forme de croûte plusou moins épaisse, et dans ces divers cas d’indifférence de position, l'observateur est parfaitement libre de choisir telle ou telle explication, car rien en général ne motive une décision dans un sens plutôt que dans un autre: ainsi il pourra à volonté sup- poser que la géode étant une fois formée, un liquide saturé, ou un gaz, a pé- nétré dans la cavité et en a incrusté les parois; il pourra encore admettre qu'à l'époque de la solidification de la masse, des sécrétions ou des liquations ont amené, dansles soufflures ou dans les cavités de retrait, diversproduits quis'ÿ sont figés suivant l'ordre de leur cristallisabilité. Il est si vrai d’ailleurs qu'il y a, dans ce cas, liberté pleine et entière dans les opinions, que jusqu'à présent, par exemple, les raisons données de part et d'autre relativement au mode de formation des zéolithes n'ont point amené la conviction générale, et que les minéralogistes prudents se maintiennent encore dans un vague complet, faute de renseignements précis sur leur mode de disposition dans les géodes. » Le second cas est celui où les cristaux surajoutés sont tous adhérents aux faces inférieures des saillies de la géode; les idées à leur égard ont été mieux arrêtées, car on a généralement comparé ces additions à celles que les fumées produisent dans les cheminées lorsqu'elles tapissent d’une couche de snie fuli- gineuse ou métallique, pulvérulente ou cristalline, la partie des obstacles qui se trouve frappée directement par leur mouvement ascensionnel. On avait d'ailleurs un bel exemple à citer à l'appui de ce mode de formation dans la disposition des cristaux de fer oligiste produits par les sublimations volcani- ques; ceux-ci sont en effet accumulés, en forme d'essaim ou de grappes, contre la partie inférieure des pointes pendantes des stalactites de laves, et les partisans de la formation des filons par voie de sublimation peuvent faci- lement convaincre leurs adversaires, en leur montrant dans les géodes des exemples palpables d'orientation par rapport à un point du vent tourné du côté de la profondeur, comme il doit l'être de toute nécessité. Cependant, ayant cherché vainement de telles circonstances dans les nombreux filons de diverse nature qui ont passé sous mes yeux, il me sera permis de conserver provisoirement des doutes sur l’extension générale de la théorie en question, et l'on m'approuvera sans doute d’autant plus, que c'est précisément le résultat inverse que m'a fait observer en 1840 un excellent mineur, M. Daub, directeur des mines du Münsterthal dans la forêt Noire. » Dans cette nouvelle disposition, qui constitue le troisième et dernier cas, les aspérités des géodes ne sont recouvertes de cristallisations adventives que sur celles des faces qui regardent le ciel, les autres étant parfaitement nettes. (tWe3t) Elles forment sur leurs supports, soit une poudrure, soit un amoncellement , d'autant plus exactement comparables à celui que produirait une chute de neige, qu'il est même accompagné de l'espèce de bourrelet que celle-ci est sujette à former en avant de la bordure des toits, par suite de la manière dont les flocons s'accrochent les uns aux autres. Ce qui est encore digne de remarque, c'est que les cristaux du corps de la géode ont tres-souvent reçu deux chutes consécutives de ces neiges minérales , et, pour préciser les faits, il reste à dire que les géodes du filon de Teufelsgrund, dans lequel ce phénomène est surtout manifeste, se composent d'une chaux fluatée en cristaux cubiques dont la dimension des côtés varie entre 0",002 et 0",08 ; ils forment par conséquent des saillies très-prononcées dans le vide, et comme ils sont pla- cés de telle manière que leur diagonale est verticale, leurs faces supérieures dessinent parfaitement ces toitures auxquelles on a fait allusion tout à l'heure. C'est sur elles que se trouvent les autres substances adveutives, telles que la galène, la pyrite mamelonnée, la blende, le spath brunissant, le sulfate de baryte crêté et le réalgar, quelquefois seules ou bien les unes sur les autres ; et, dans ce dernier cas, il ÿ a encore un certain ordre dans leur superposition : ainsi la première chute a été barytique, et la seconde pyriteuse, ou en spath brunissant, etc., etc., tandis que l'inverse n’a pas lieu. » Si de pareilles circonstances étaient venues 4 la connaissance de M.Werner, il en aurait certainement tiré, en faveur de sa théorie du remplissage des filons à l’aide de dissolutions aqueuses ruisselant d'en haut, un argument bien autrement concluant que celui qu'il déduisait des rubanements, des stalac- tites et autres accessoires sur lesquels il s’est basé; car enfin qui pourrait, à la vue de ces échantillons, récuser une chute de produits divers incontesta- blement arrêtés dans leur mouvement descensionnel par les obstacles aux- quels ils adhèrent encore maintenant? » Aussi, loin de nier cette conclusion légitime, je ne contesterai que le mode de formation , et, faisant pour cela abstraction de toutes les objections déjà adressées à la théorie de M. Werner, je me bornerai à puiser, dans a structure générale du filon, les arguments en faveur de la théorie plutonique. » Ce filon vertical, dirigé sur H3, est connu sur une longueur de plus de 650 mètres ; encaissé dans le gneiss, il traverse aussi des bandes de porphyres quartzifères dirigées Hg, qui ne font que l’amincir et dévier dans son incli- naison; mais ces roches étant d’ailleurs traversées d'une manière franche et sans aucun changement de nature, il s'ensuit que ces accidents sont de simples effets de cassure , dont le résultat doit être bien différent dans les porphyres tenaces de ce qu'il peut être dans les gneiss plus ou moins compressibles ; il C. R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, No 2.) 17 ( 124) est accompagné en un point par une lentille de serpentine diallogique pla- quée entre son éponte et la roche encaissante, en sorte qu'on le regarde comme associé aux éruptions serpentineuses; enfin sa puissance, variable entre 1,00 et 2",00, S'élargit dans la profondeur, tandis qu'elle s'amincit vers le haut et du côté de l'extrémité connue. A cette manière d'être générale , ajoutons maintenant les particularités de structure: certaines parties sont rubanées d’une manière remarquable, et, dans ce cas, on peut le considérer comme formé d'une série de bandes qui se res à partir de l’une et l'autre salbande, dans l'ordre suivant : » 1°. Contre les parois, et souvent intimement soudée avec elles, se trouve une de quartz très-mince, quelquefois même insensible, à aspect cal- cédonieux , et n’acquérant une texture cristalline prononcée qu’autant qu’elle prend une certaine puissance. » 2°, Ruban de blende de 0",05 à 0",08 de puissance. 3°. Lame de baryte sulfatée avec mouchetures très-clair-semées de ga- lène et nœuds, gros rognons ou veinules de spath-fluor fondus avec la masse environnante. » Ces trois premières parties, quoique distinctes , ne sont cependant pas assez tranchées pour qu'on puisse les considérer comme des formations suc- cessives; aussi , dans une théorie de remplissage par intermittences, serait-il permis de les admettre comme contemporaines et comme formant le produit d'une première période. » 4°. Ruban de spath-fluor avec baryte sulfatée, beaucoup de galène, mais peu de blende; en outre, de l'arsenic , du réalgar, de l'argent natif, de l'argent rouge, de Cnbreuinel sulfuré capes du calcaire cristallin et du spath brunissant. » C'est le ruban métallifère par excellence, et les éléments divers en sont entremélés de telle manière qu'il est impossible de les séparer, quant aux époques de formation. :» 59, Ruban de baryte sulfatée, et spath-fluor aMélauetois infiltrés et veinés l'un dans l’autre; mais ce dernier se concentre principalement vers le centre du filon, et forme le corps des géodes dont il a été fait mention pré- cédemment. | Pour établir ce qui précède, on a choisi les endroits où le filon se pré- sente avec la régularité la plus parfaite, et, sous ce rapport, il peut rivaliser avec ce que la Saxe présente de plus remarquable en ce genre; aussi rien n'empécherait de le considérer comme formé par des incrustations succes- sives à la manière des concrétions qui tapissent les parois des grottes. Mais (195) cette symétrie ne se manifeste qu'en certains points seulement; car ailleurs ces bandes se confondent , s'embrouillent et envoient leurs produits respectifs dans les parties voisines; enfin il arrive qu’elles sont oblitérées de la manière la plus complète. Dans ce cas, le plomb se trouve en contact tantôt avec le fluor, tantôt avec la baryte; plus loin, c’est l'inverse qui a lieu, ou bien les divers minerais s'enveloppent réciproquement ; des brèches étrangères sont fixées principalement au mur, indifféremment dans la baryte, dans le quartz, dans les sulfures métalliques ; les géodes sont placées tantôt au centre, tantôt vers l'une des parois; enfin les parties productives forment, dans l’ensemble, des colonnes ou des lentilles oblongues, inclinées dans le plan même du filon. ÿ » Faisons observer, en outre, que le Teufelsgrund est croisé par un autre filon de même composition générale, nommé le schindler ; celui-ci non-seu- lement le coupe, mais il en courbe, en arcs de cercle tangents, les parties voisines de telle manière, que tout indique que le premier était encore dans ‘ un état de mollesse lorsque la masse du schindler est survenue; le gneiss en- caissant étant au contraire déjà solide, présente, autour de la bissection, une multitude de petites fractures normales à la courbure, et formant par cela même un contraste avec la flexibilité de la masse métallifère. Enfin la cristal- lisation du Teufelsgrund a éprouvé quelques perturbations par suite de cette violente intrusion, car le minerai de plomb s'y montre plus condensé et à grains plus fins que dans le reste. » En dernier résultat, ces détails sommaires sur la structure de ce gite re- marquable mettent en évidence une foule de circonstances impossibles à expliquer par les effets successifs de la vaporisation, ou par ceux que l'on de- vrait attendre des sources incrustantes; mais qui se conçoivent , au contraire, facilement par l'injection d'une matière fondue, douée d’un état de liquidité pâteuse, dont certaines parties ont été étirées par le mouvement, et que les effets de solidification et de cristallisation ont achevé de façonner. » Mais, dans toute masse complexe qui se solidifie en passant à l’état cris- tallin, il peut y avoir des contractions et des dilatations, suivant la nature des matériaux : ainsi l'eau , le sulfure d'étain, le bismuth, divers alliages et sels, se dilatent, tandis que d’autres corps se contractent; en outre les divers ma- tériaux d’une masse hétérogène ne se solidifient pas tous simultanément. Qu'arrive-til alors ? évidemment, si la contractilité générale est suffisante, il y aura formation de géodes; mais si ce retrait total se complique des dilatations partielles de quelques éléments, et si, de plus, ceux-ci persistent plus long- temps que le reste à l’état de fusion, il y aura expression ou liquation de ces 17. ( 126 ) matières liquides qui se trouveront transportées vers les vides des zéodes, et tendront à tomber ou à former des stalactites pendantes; c'est là ce qni est arrivé dans le filon de Teufelsgraud, et l’on peut d'autant mieux se hasarder à soutenir cette théorie que l’ordre’successif des chutes est en raison de la fusibilité des minerais; ainsi les premiers dépôts étant barytiques, les antres sont pyriteux, ou arsenicaux, ou en spaths calcaires, et personne ne contestera la plus grande fusibilité de ces derniers corps comparativement à la baryte sulfatée. » Cet exemple suffira pour faire concevoir combien il importe d’avoir égard au mode de reclusion des différents minéraux des géodes, en sorte qu'il nous dispensera d'entrer daus le détail des circonstances analogues observées dans plusieurs autres gites métallifères. » CHIMIE, — Examen de charbons produits par voie ignée à l'époque houillère : par M. À. Dausnée. « Le terrain houiller de Sarrebrück renferme dans plusieurs localités, entre autres près d'Altenkirchen, une substance noire et fibreuse qui a la plus grande analogie avec le charbon résultant de la calcination du bois. La ressemblance est souvent telle, qu'on pourrait croire que ces produits car- bonisés ont été récemment obtenus, si on les voyait dégagés de leur gangue. » Les fragments dont il s'agit se rapportent à deux variétés bien distinctes : les uns sont d'un noir pur, à fibres très-fines, et ne différent, dans leurs carac- tères physiques, du charbon de bois tendre que par une très-grande friabi- lité; ils sont de forme irrégulière., et ont des angles vifs ou faiblement arron- dis. Aucune espèce de transition ne s'observe entre ces charbons friables et la houille ou le schiste qui les enveloppe de toutes parts. M. Schimper, qui a rapporté de ces échantillons d’Altenkirchen, à bien voulu les examiner au microscope, et il y a clairement reconnu sur les fibres ligneuses les séries de pores circulaires caractéristiques de la famille des coniferes. » Il est dans la même localité d’autres débris charbonneux qui sont plus tenaces et beaucoup plus denses que le charbon de bois; leur couleur est d'un noir pen foncé; à part ces différences, ils se rapprochent du charbon végétal ordinaire, comme les échantillons de la première variété, par une structure ligneuse bien prononcée et par la forme anguleuse de leurs con- tours. Ils sont fortement agglutinés sous forme d'une brèche très-cohérente. Cà et là on observe, outre les fibres, de petits grains de pyrite de fer et des veinules très-déliées de houille à cassure brillante. Dans les échantillons que (127 ) Jai eu occasion de voir, la dimension linéaire de ces fragments ne dépasse pas 3 centimètres Cette variété de charbon lourd, soumise à l'examen chimique , m'a donné les résultats suivants : Chauffé dans un tube fermé, il abandonne d’abord une faible quantité d'eau à réaction acide; et, au rouge naïssant , des traces à peine sensibles d’une huile brane à odeur empyreumatique. Le résidu de la calcination de- vient d’un gris ne foncé, et renferme des parties altérables au barreau aimanté, ce qui n’a pas lieu avant la calcination. » Par incinération, on obtient un résidu rougeûtre dont le oh est de peu dinféenr au LEldirée du charbon employé. Le charbon ne cède aucune substance soluble à l’eau bouillante, si ce n'est une trace de matière organique. »_L'acide chlorhydrique l'attaque avec un fort dégagement d'acide carbo- nique, et dissout de la chaux, du protoxyde de fer, du protoxyde de manga- nèse et de la magnésie. Le résidu est noir foncé, et brûle lentement en lais- sant des cendres de teinte rose. » L'échantillon soumis à l'analyse renferme : MORE DOTE IDE SC AR ee Le Le te en ee ue anse ee Aie eue de O2 CHAUX een es à Us du ER EN ete Red are nt je Page er 0 17 ÉAERES IE D CRETE NE DUR GRO STE RR ENT D PIED MORE TRRRMESIE 68 Due ri tt 1. PE TEADENE, POSE AS YOTY SENTE DESSERTE DO RUEQTS LORS EPUSS MID ENT OBÉO Oxydesmansaneux/dinspiprauann-pshietate romand delai tite 0,06 Résidu insoluble dans l'acide chlorhydrique. . . . . . . . . . . . . . . ..... 0,07 Acide carbonique, plus une faible quantité d’eau et d’huile volatile (par différence). 0,31 1,00 Les quatre bases paraissent donc se trouver à l'état de carbonate neutre, et la substance est à considérer comme une matière analogue au charbon de bois qui est mélangée de près de trois fois et demie son poids du carbonate (Ca, Ma, Mg, Fe) C. Jusqu'à présent j'ai eu trop peu de charbon de la variété friable pour en faire aussi l'analyse quantitative; j'ai seulement constaté que, chauffé graduel- lement jusqu'au rouge dans un tube fermé, il abandonne une très-petite quan- tité d’eau à réaction acide avec accompagnement d’une faible odeur empy- reumatique. Le résidu de cette calcination ne change nullement de forme, même après une chaleur rouge; l'ayant soumis au microscope, j'y ai en eftet retrouvé tous les détails de leur structure ligneuse, et jusqu’aux pores circu- ( 128 ) laires des fibres qui, malgré leur délicatesse, s'étaient conservés avec une netteté parfaite. Cette dernière variété a donc tous les caractères du charbon de bois artificiel; quand on la chauffe dans un vase ouvert, elle brûle rapi- dement avec une vive incandescence, tandis que la combustion de la variété salifère est fort lente et n'a lieu qu'avec une incandescence peu prononcée. » On voit que ces substances n’ont aucune ressemblance avec les produits de la calcination de houilles ou de lignites que la pénétration des roches ignées dans ces couches de combustible y a fréquemment formés. La structure ligneuse n'a, en effet, jamais été observée dans ces sortes de coke naturel. » Elles ne paraissent pas non plus pouvoir résulter de la décomposition spontanée de certaines tiges végétales très-fibreuses ; car si leur origine était une altération analogue à celle qui a transformé les végétaux en houille, au lieu d’avoir la composition du charbon de bois, elles auraient à peu près celle de la houille qui les accompagne. Certains combustibles à structure acicu- laire paraissent, il est vrai, être dans ce dernier cas; tel est par exemple le lignite de Lobsann, où l'on rencontre souvent de longues fibres rectilignes très-fragiles, qui proviennent visiblement de l'altération d'une plante voisine des palmiers. Le tissu cellulaire qui entoure les faisceaux fibreux de cette famille de végétaux a disparu à peu près entièrement , de sorte que ces fais- ceaux sont maintenant bien plus apparents que dans les tiges vivantes. Mais ces masses sont bien différentes des charbons du pays de Sarrebrück : au lieu d’avoir des contours bien arrêtés, elles forment une transition au lignite; les détails de la structure ligneuse ne sont plus reconnaissables dans ces fibres dont la cassure compacte est identique à celle du lignite; elles en ont aussi la composition chimique, de sorte qu’elles ne sont autre chose qu'une variété de lignite fibreux. » Au contraire, les fragments de charbon de Sarrebrück rappellent tout à fait, par leurs contours, la forme des menus débris de charbon végétal, sub- stance qui se brise en général avec bien plus de facilité, et par suite sous une autre forme que le bois. Les pores microscopiques des fibres s'y sont con- servés comme il arrive aussi dans certains charbons de bois que l’on obtient journellement, et c'est sans doute parce que ces anciens résidus de carboni- sation n'ont pas subi de transformation chimique ultérieure, que les détails les plus délicats de leur structure ont été nettement conservés jusque aujour- d'hui. Ainsi, par leurs caractères physiques comme par leur composition, (1) Sremweer, Geognostische beschreibung des Landes swischer der Untern-Saar und dem Rein ; p. 72. (129) les fragments charbonneux d'Altenkirchen ont la plus grande ressemblance avec du charbon de bois produit par voie ignée, tandis qu'ils s'éloignent des houilles et des anthracites par leur faible proportion de matières volatiles et par leur tissu ligneux qui est inaltérable par la chaleur. » La proportion de cendres varie , dans les deux variétés de charbon, de- puis des traces jusque environ 70 pour 100. Il est donc extrêmement probable que les carbonates, bien que très-prédominants dans certains échantillons, ne s'y trouvent qu'à l’état de mélange accidentel. Or, les quatre carbonates sont assez abondants dans la formation houillère de Sarrebrück ; le sphérosi- dérite, sous forme de rognons , y constitue des assises nombreuses, et la chaux carbonatée magnésifère (braunspath) y a été signalée comme fréquente par M. Steininger (1). C'est donc aux eaux ambiantes que ces charbons paraissent avoir enlevé les sels dont ils sont quelquefois imprégnés. La propriété absor- bante de la substance qui a pu fixer environ trois fois son poids de sels étrangers, sans changer de forme, confirme dans la supposition qu’elle n’est autre chose que du charbon produit par la chaleur. » La variété de combustible désignée sous les noms d’anthracite fibreuse, de charbon fossile ; ou, en allemand, de mineralische holtzkohle (1), qui a été rencontrée dans les terrains houillers de la Saxe, de la Bohême, de la Si- lésie, de la Thuringe, de l'Angleterre et des environs de Valenciennes, me paraît, d'après sa description, se rapprocher beaucoup, dans certains cas ; des charbons du pays de Sarrebrück, et alors elle a probablement une ori- gine semblable. J'ai aussi trouvé de véritables charbons dans les schistes bi- tumineux de la houillère de Lalaye (Bas-Rhin). » Ainsi on a des preuves d'incendies qui auraient carbonisé certains mas- sifs d'arbres des forêts houillères. Il serait difficile de préciser la cause de tels incendies, d’après ce qui se passe de nos jours. On peut l'attribuer soit à l'ac- tion de la foudre, qui ne se borne pas toujours à déchirer, mais qui carbo- nise quelquefois aussi les arbres résineux, soit à des irruptions de roches Ignees. » CHIMIE. — Note sur la résine Icica; par M. F. Serie. « Cette résine était conservée dans les collections du Muséum du Jardin des Plantes, sous le nom de storax de Cayenne; mais elle n'a ni les carac- tères ni la composition du baume appelé généralement en France storax ou stirax calamite, qui s’extrait par incisions du stirax officinale. (1) Beupanr, Traité de Minéralogie , t. II, p. 265. (SO) » L'étude de ce produit m'avait été confiée par M. Dumas, auquel M. Adolphe Brongniart l'avait remis; les analyses que je vais en rapporter ont toutes été exécutées dans son laboratoire. » Elle se présente sous la forme de petites masses ou de grains opaques, d'un blanc jaunâtre, et mélés de quelques débris d'écorce. Leur odeur est douce et assez agréable, la chaleur ou la pulvérisation l'augmentent légère- ment. Ils sont friables, se brisent sous la dent, et ne présentent alors qu'une saveur peu sensible. Leur cassure est blanche, parsemée de quelques veines jaunâtres. Ils n'abandonnent rien à l'eau, et ne laissent dégager aucune sub- stance volatile, lorsqu'on les distille avec elle. » Elle est de toutes les résines la moins soluble dans l'alcool. Elle exige, pour étre tenue complétement en dissolution, 55 fois son poids d'alcool froid à 36 degrés, 15 fois son poids d'alcool bouillant, 3 À fois son poids d'essence de térébenthine à la température ordinaire. L'action de ces dissol- vants n'a lieu que d'une manière lente à froid; il faut les chauffer d’abord pour accélérer la dissolution, puis les laisser refroidir et en séparer la résine en exceés. » Elle présente à l'analyse trois résines particulières, se distinguant entre elles par leur composition et leur solubilité, mais présentant toutes les trois une neutralité complète. » On obtient séparément ces trois résines en ayant recours à leurs diffé- rents degrés de solubilité dans l'alcool. On commence par dissoudre com- plétement dans l'alcool bouillant la résine Icica pulvérisée; la dissolution, après avoir été filtrée à chaud pour la débarrasser des matières ligneuses en suspension, laisse cristalliser, en se refroidissant, la bréane, tandis que l'eau mère retient en dissolution l’icicane et la colophane. » Bréane. — Cette substance, séparée de l'alcool, cristallisée de nou- veau, et desséchée à 120 degrés dans le vide, a fourni à l'analyse par l'oxyde de cuivre et le courant d'oxygène, la formule suivante, exprimée en équiva- lents : CH“, 3HO (*), qui exige, en centiemes, Carbone...... 84,06 Hydrogène... 11,73 Oxygène . .... 4,2: 100,00 (C6 025 (Rro xt) » Îcicane. — Les eaux méres du produit précédent renferment encore des mélanges de bréane, d'icicane et de colophane. On les sépare les unes des autres en concentrant légèrement la liqueur, rejetant la première portion qui cristallise, c'est-à-dire la bréane impure, et décantant la liqueur alcoolique dont on retire de nouveau un produit cristallin par l'évaporation; c’est la se- conde résine, l'icicane, tandis que la colophane, beaucoup plus soluble, reste dissoute dans la dernière eau amère. =» L'icicane que l’on purifie de la substance incristallisable par quelques lavages à l'alcool, desséchée à 120 degrés dans le vide, a fourni à l'analyse, par l’oxyde de cuivre et le courant d'oxygène; la formule suivante : C's H707, qui exige, en centièmes, Carbone. . . . . 82,12 Hydrogène. . . 11,71 Oxygène . . . . 6,17 Cette formule se décompose en deux autres : CH 3H0 —+ CH 6HO. L'icicane peut donc être regardée comme un produit conjugué formé par l'association d’un hydrate d'hydrogène carboné multiple de l'essence de téré- benthine, et identique à la bréane étudiée ci-dessus, avec un autre hydrate du même multiple analogue à celui que MM. Dumas et Péligot ont obtenu de l'essence de térébenthine abandonnée à elle-même en contact avec l'acide nitrique dilué. » Colophane de la résine Icica. — Enfin la dernière eau mère du produit précédent, après avoir abandonné tout produit cristallisable, laisse déposer en petite quantité la colophane, substance amorphe, jaune, fusible au-dessous de 100 degrés, beaucoup plus soluble dans l'alcool et l’éther que les produits précédents. Sa dissolution alcoolique concentrée marque quelque acidité au tournesol; mais elle ne se dissout pas dans les alcalis, et possède tous les au- tres caractères des substances neutres. A l’état fondu et desséché, elle a fourni à l'analyse, par l’oxyde de cuivre et le courant d'oxygène, les résultats sui- vants : 0,436 de matière ont donné 0,420 d’eau et 1,246 d’acide carbonique; C. R., 1844, 200 Semestre, (T. XIX, No 2) 18 td (ra) ce qui représente, en centièmes, Carbone..." . 77303 Hydrogène. . . . 10,69 Oxygène. . . . . 11,48 100,00 es nombres se rapprochent de ceux qui représentent la colophane; ce der- nier produit serait donc exprimé par la formule de la colophane C: H0: ou CH: O:. En résumé, la résine Icica contient trois résines neutres, dont deux cristalli- sables, et la troisième incristallisable. » La première se range dans le groupe des sous-résines de Bonastre, pré- sente une composition identique avec celle de la cholestérine, et a déjà été trouvée dans un grand nombre de résines naturelles. » La deuxième, plus soluble, semble être une variété de sous-résine dif- férente de la précédente. Son existence simultanée n'a été jusqu'ici démontrée que dans la résine du palmier Ceroxy lon andicola et dans la résine du genre Icica de la Guyane. » Toutes les deux peuvent être représentées comme des hydrates de l’es- sence de térébenthine. » La dernière est incristallisable, beaucoup plus soluble, plus fusible que les précédentes. Sa composition se rapproche de celle de la colophane.» CHIMIE. — Mémoire sur la résine de gaiac ; par MM. Perrerrer et H. Devizcr. (Extrait par M. H. Deville. ) « J'ai l'honneur de présenter à l’Académie un travail que feu Pelletier et moi nous avons fait de concert sur une substance à laquelle les chimistes n'a- vaient pas encore donné beaucoup d'attention. Nos expériences ont été faites dans le but de déterminer nettement les analogies chimiques du gaïac, et par conséquent d'aider, par un élément de plus, à la classification des résines. » La composition de la résine brute purifiée, celle même du garïac sépa- rée en deux éléments distincts par l'ammoniaque , ne nous ont donné aucun résultat qui pût servir à caractériser ces substances d'une manière remarqua- ble. Mais nous avons trouvé, dans les produits de leur distillation, des corps dont les réactions nous permettent de rapprocher la résine de gaïac du ben- (133,) join et des baumes dont elle partage une partie dés propriétés caractéristiques. » Il serait aujourd'hui, à notre avis, difficile de classer les résines autre- ment que par la considération des huiles essentielles, desquelles on peut sup- poser que les résines proviennent par une modification variable d'ailleurs. Pour le gaïac, cette huile essentielle ne serait autre qu’une substance analo- gue par ses propriétés et sa composition à l'hydrure de salicyle, à l'huile de spiræa. Cette substance n'existe pas toute formée dans le gaïac: c’est un des produits de la distillation. Elle a pour composition, C?* H'° O#, qui ne diffère de celle de l'hydrure de salicyle que par 2 .équivalents d'hydrogène. Comme cet hydrure, elle se combine avec les bases, produit ainsi des sels cristallisés, qui, à l'air et à l'humidité, se transforment en un corps noir ana- logue à l'acide mélanique de M. Piria. Nous n'avons pu obtenir l'acide cor- respondant à l'acide salicylique. » Le brome et le chlore donnent avec le corps qui nous occupe des acides cristallisés dans lesquels la moitié de l'hydrogène est remplacée dans l'huile primitive par du brome et du chlore, équivalent pour équivalent. » Nous nommerons donc l'huile de gaïac hydrure de gaïacile, pour en rappeler les analogies. » Nous transcrirons ici une de nos observations qui conduira peut-être à une explication du phénomène chimique de la coloration à l'air et à la lu- mière de la teinture de gaïac. L'hydrure de gaïacile est parfaitement inco- lore et inaltérable à l'air lorsqu'il est pur; mais en contact avec de la potasse aqueuse et à l'air, il passe par les teintes diverses que prend la résine sous l'influence de l'air et de la lumière. Seulement ici, le phénomène marchant moins vite, on a le temps d'apercevoir une légère teinte rose qui précède celle vert foncé qui est la teinte définitive. La coloration s'effectue beaucoup plus rapidement lorsque la substance est impure. » L'hydrure de gaïac se purifie avec la plus grande difficulté et exige le même mode particulier de préparation que la créosote. Cette particularité nous explique la différence qui existe entre nos analyses et celles de M. So- bréro, qui s’est occupé après nous du même sujet (1). La substance encore (x) M: Sobréro avait désigné cette huile sous le nom d’acide pyrogaïque. Nous n’avons pas cru devoir conserver cette dénomination : 1° parce que nous démontrerons que la substance à laquelle elle s'applique n’a aucune analogie avec les huiles pyrogénées ou empyreumatiques ; 2° parce que le nom ne rappelle aucune analogie. Je saisis cette occasion de remercier M. Sobréro de la manière dont'il a répondu à la réclama- tion de priorité faite devant l’Académie pour quelques-uns des faits de ce Mémoire. 13. (134) impure sur laquelle a opéré ce chimiste nous a donné la méme formule C39H'5 O0 adoptée par lui, et qui ne nous a pas paru mériter toute con- fiance. La densité de vapeur de l'hydrure de gaïacile correspond parfaite- ment à la formule C?% H'°O*. Elle a été trouvée égale à 4,49 au lieu de 4,42. » Nous mentionnerons ici deux substances, l’une, le gaïacène, dont la for- mule est C?° H'5 0? (4 volumes de vapeur). Elle se déduit de l'acide gaïaci- que de M. Thierry C?* H!5 Of (1), de la même manière que l’acétone se dé- duit de l’acide acétique, la benzine de l'acide benzoïque, l’anisole de l'acide anisique, etc. L'autre substance cristallise en lames brillantes dont la nature acide est peu prononcée, mais se combine pourtant avec les alcalis caus- tiques. » Ces divers produits comparés à ceux de la distillation du baume de tolu, nous permettent de conclure que le gaïac et le tolu sont des résines qui, dans une classification de ces corps, occuperont des places correspondantes à celles des hydrures de benzoïle et de salicyle dans une classification des essences. » CHIMIE. — Recherches sur la créosote ; par M. H. Devrrre. « Des études sur les résines et les essences, que l'Académie a eu l'indul- yence d'encourager, m'ont fait penser qu'il fallait considérer l’action du feu sur ces dernières comme n'étant pas une action purement désorganisatrice. Cette action serait, au contraire, selon moi, inapte à changer d'une manière profonde l’état de combinaison des substances qui constituent un corps aussi complexe qu'une résine. Comme l'on admet généralement qu'une huile essen- tielle, homogène ou non , a donné naissance, par son altération dans le végétal, à la résine, l’action du feu sur celle-ci fournirait un produit principal identique à l'huile essentielle primitive , ou au moins isomérique avec elle. C'est ainsi qu'on pourrait retrouver, ou au moins reconnaitre les huiles essentielles d'où proviennent le benjoin , le gaïac et d’autres résines dans lesquelles ces huiles ont complétement disparu. » Cette hypothèse, applicable à un certain nombre de substances rési- neuses, je l'ai déjà vérifiée pour quelques-unes d’entre elles : la créosote me donne encore l'occasion d'y revenir. En effet, toutes mes expériences me portent à croire que la créosote n'est autre qu'une huile essentielle où son (1) J'ai fait l'analyse de cette substance, qui est très-belle et très-intéressante, sur un trés-petit échantillon que m'avait remis M. Thierry. J'en ai conclu la formule ci-dessus. (M5 50 ‘isomère produite dans la distillation des matières résineuses contenues dans le bois (1). On retrouverait ici les mêmes circonstances dans lesquelles l'hy- drure de gaïacile s'est formé au moyen du gaïac. » La créosote et l'hydrure de gaïacile ont des analogies qui ne se démentent jamais. Les mêmes réactions, les mêmes propriétés chimiques et physiques se correspondent d’une manière remarquable, maloré la différence de composition. Celle-ci est telle, que l'hydrure de gaïacile (C2? H'6 O‘) peut être considéré comme un oxyde de la créosote (C2#H'6 O2 , volumes de vapeurs). ! » La créosote colore en bleu une grande quantité d’eau contenant une trace d’un sel de fer au maximum ; pour l'hydrure de gaïacile, la coloration est brune. La créosote représente, par sa Composition , l'alcool de la série benzoïque. Le brome donne un acide cristallisé avec la créosote, dont la moitié de l'hydrogène se trouve remplacée par du brome, équivalent pour équivalent. » L'hydrure de gaïacile et la créosote, lraités par l'acide sulfurique et le chromate de potasse, donnent naissance à un sel de chrome analogue à l'acide tartrochromique. De l'acide produit avec de la créosote je retire une résine qui me semble avoir beaucoup d'intérêt pour la vérification de l'hy- pothèse sur laquelle je fonde la formation de la créosote dans la distillation du bois. » La créosote d'une pureté absolue ne se colore pas à l’air. Elle se combine aux alcalis et aux bases , Comme M. Reichembach l'avait vu, et sa dissolution se colore en bleu par les sels de fer. Toutes ces Propriétés la rapprochent de l'hydrure de salicyle, à côté de laquelle il faudra peut-être la placer, en dou- blant sa formule. » M. Araco a communiqué un Mémoire de M. Acrren Gaurree intitulé : Recherches relatives à l'influence que le nombre et La Permanence des 1a- ches observées sur le disque du Soleil Peuvent exercer sur les températures terrestres, et Ÿ UneNote de M. Darrusur la double queue de la comète du mois de mars r 843. Sur la prière da Secrétaire perpétuel, M. Marrmessen à consenti à retirer une Lettre qu'il avait écrite en réponse à une communication de M. Amici. M eme , .e N (1) On explique ainsi comment la créosote varie de composition avec la qualité des bois dont on l'extrait, comment certains bois n’en donnent pas. ( 136 ) On a considéré que la polémique devenait trop personnelle et que les deux microscopes sont maintenant dans les mains du public. M. Éue pe Beaumont communique des extraits d’une Lettre qui lui a été adressée de Gayaz (Brésil) par M. ne Casreznau, et dans laquelle ce voyageur rend compte sommairement des travaux de l'expédition, depuis le point de son débarquement jusqu'à celui d’où sa Lettre est datée, point qui se trouve à 120 myriamètres dass l'intérieur. Malgré la difficulté des transports, qui se font uniquement à dos de mulet, les instruments de météorologie sont tous parvenus en bon état, et ont servi pour des observations au nombre des- quelles M. de Castelnau signale particulièremant celles qui concernent le magnétisme terrestre. Les observations barométriques et thermométriques ont d'ailleurs été faites régulièrement pendant tout le voyage, ainsi que les observations géologiques qui seront appuyées par une double collection de roches, dont l’une est destinée au Muséun d'histoire naturelle , l'autre au ca- binet de l'École des Mines. La saison des pluies mettant pour le moment un obstacle à la continuation du voyage vers l’ouest, le temps qui s'écoulera jus- qu’au nouveau départ sera employé à faire une excursion vers le Rio-Tocantin, Reprenant plus tard sa route, l'expédition s'avancera vers Cuyaba, de là elle gagnera le Paraguay, puis, rentrant dans la province de Matto-Grosso , elle reprendra sa marche vers l'occident en se dirigeant vers Lima. M. de Cas- telnau a rencontré partout, de la part des autorités brésiliennes, un accueil très-bienveillant, et en a obtenu, à différentes occasions, des moyens de transport et des escortes quand le besoin s’en est fait sentir. M. Lonrer, au nom de la Commission hydrométrique de Lyon, remercie l'Académie de l'intérêt qu’elle a pris aux travaux qui se font sous la direction de cette Commission. Il adresse une carte du bassin du Rhône, sur laquelle sont marqués tous les points, tant en France qu'à l'étranger, où se font déjà les observations, et ceux dans lesquels on pense qu'il serait possible d'établir des instruments. La Commission a trouvé, dans les gardes du génie auxquels elle a confié les pluviomètres, des observateurs exacts, soigneux et pleins de zèle. M. Sicsenman, imprimeur, à Strasbourg, adresse quelques épreuves de tira- ges en couleur obtenus à l'aide de la presse typographique ordinaire, mais parun procédé qu'il regarde comme entièrement nouveau. Un deces spécimens est pris dans un tirage de 2,500 exemplaires, « tous , dit l’auteur de la Lettre, parfaitement identiques entre eux, et qui, en sortant de la presse , n'exigent (137) aucune retouche. » Ce petit tableau, qui offre douze couleurs différentes, a été tiré au moyen d'une seule planche; tandis que dans le procédé ordinaire d'impression polychrome, on emploie autant de planches que de couleurs distinctes. M. Anprau adre$se une Note ayant pour titre : Visibilité des molécules de l'air. M. »e Trisran envoie un Mémoire intitulé: Z'ableau des températures moyennes de chaque jour de décembre et de janvier, à Orléans, calculées d'après les vingt-cinq retours de ces Jours qui ont eu lieu depuis le 27 no- vembre 1818 jusqu'au 9 Jévrier 18/3. M. Bervan», secrétaire d'une Commission formée à Moutdidier, pour l'érection d'un monument à la mémoire de Parnientier, invite l'Académie à s'associer à cette œuvre qui s'exécutera par le moyen d'une souscription. (Renvoi à la Commission administrative.) A 4 heures et demie l’Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. Av. ERRATUM. (Séance du 1% juillet 1844.) Page 49, lignes 13 et 19, au lieu de M. Leroy De CHampiony, lisez M. Leroy DE CHax- TIGNY. ( 138 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 1%; in-4°. Chambre des Députés de 1844. — Rapport fait au nom de la Commission chargée de l'examen du Projet de loi portant allocation d'un crédit de 500 000 fr. applicable à divers Établissements d'intérêt général ; par M. ARAGO ; in-4°. Institut royal de France. — Académie des Sciences. — Funérailles de M. Geor- FROY-SAINT-HILAIRE : Discours de MM. Duméril, Chevreul, Pariset, Dumas, Serres; in-4°. Annales de Chimie et de.Physique; par MM. Gar- Lussac, ARaGO, CH£- VREUL, DUMAS, PELOUZE, BGUSSINGAULT et REGNAULT ; 3° série, tome XI; juillet 1844; in-8°. . Annales maritimes et coloniales ; juin 1844; in-6°. Annales des Mines; tome IV, 6° livr.; in-8°. Ministère de la Guerre. — Tableau de la situation des Établissements Jrançais dans l'Algérie en 1842; x vol. in-4°. Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'invention , de perfectionnement et d'importation ; tome VE; in-4°. Voyage dans l Amérique méridionale ; par M. A. D'ORBIGNY; 55° à 75° livr.; in-/°. ; Histoire naturelle des iles Canaries; par MM. BarkEer-WEBE el SABBIN BER- THELOT. {chthyologie, par M. VALENCIENNES ; in-{°. Annales de la Société entomologique de France; 2° série, tome If} 1° trimes- tre 1844, in-8°. Traité de Pathologie cérébrale ou des Maladies du cerveau ; nouvelles recher- ches sur sa structure, ses fonctions, ses altérations, et sur leur traitement théra- peutique , moral et hygiénique; par M. Pixez ; in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) Etudes sur l'Histoire de la Terre, et sur les causes des eobuions de sa surface ; par M. pe BOUCHEPORN. Paris, 1844 ; in-8°. Mémoires de la Société royale et centrale d'Agriculture ; année 1843; in-8°. Bulletins de la Société libre d'émulation de Rouen, pendant l'année 1842-1843; in-8°. Nouveaux Éléments de Photographie; par M. J.'THiERRY ; in-8°. .# (139 ) Code des Créations universelles et de la vie des êtres; par M. J.-A. Duran. Bordeaux, 1841 ; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; juillet 1844; in-8°. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale; n° 4; in-8e. Annales de la propagation de la Foi; juillet 1844 ; in-8°. Journal de Chimie médicale ; juillet 1844; in-8°. Le Technologiste; juillet 1844; in-8. Journal de Médecine ; juillet 1844 ; in-8°. Bulletin de la Société nationale de V'accine. (Extrait du journal de juin 1844.) In-8°. Bibliothèque universelle de Genève; avril 1844 ; in-8. Rapport annuel sur les travaux de la Société médicale du canton de Genève pour l’année 1843; par M. Marc D'ESPineE ; in-8°. Métallurgie pratique du fer. — Des Combustibles; par M. Rossi. Turin, 1844; in-8°. Métallurgie pratique du fer. — Des Combustibles gazeux; par le mênie. Turin, 1844; in-8°. Circulaire sur un nouveau système de Voitures pour les routes ordinaires ; par M. P. TAvVERNA ; 1 feuille in-4°. Turin. Flora batava; 139° livr. ; in-4°. An Essay... Essai sur les Météores solides et sur les aérolithes ou pierres mé- téoriques ; par M. P.-A. BROWKE. Philadelphie, 1843; in-8°. Det Kongelige. .. Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Danemark ; X° vol. Copenhague, 1843; in-4°. Oversigt.... Rapport sur les travaux de l’ Académie royale des Sciences de Danemark pendant l'année 1843; par M. OErsreDT. Copenhague, 1844 ; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 27; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n° 77 à 79 ; in-fol. L'Echo du Monde savant; n°% 51, et 1 et 2. L’'Expérience ; n° 366 ; in-8. La Réaction; journal des maîtres de Poste; n° 2. C.R., 1844. 2€ Semestre. (T. XIX, N6 0.) 19 + RS Én— -- se “ CG... aa Li "sou np onuofog :*‘|efzr+ c'es + 6‘gr+|11*9çl otre |pL*çcl çG‘oz+|91 ‘oçL c‘gri+|gc‘ocl çeg‘e ‘"ag| og ne 1e np “om *‘-[ç‘Yi+ lg pz+ c‘o1+|Lh‘eql 1éec+|09‘cçl G‘1e+|c6‘eçl ÿ'oc+loc‘egl| € rile vanop] 06 ne 11 np ‘og **‘|9*11+ lo ‘cc g‘oi+|10‘66L G‘oz+-|59*80L L<61+|01<6çL g‘Li+|ÿe‘6ql| & *somemnuooue emma] OI NE w1 np Lo ‘‘’ G‘o1+|61c+ g‘Gi+ Ye ‘oçl o‘oc—+ g0‘9çL G6tToOouUMTreE _. » Considérons enfin une série = à = Û (6) RUE Ce CU Ca la Case ordonnée à la fois suivant les puissances ascendantes et suivant les puissances descendantes de la variable x. Si l'on nomme a la plus grande des limites (149) vers lesquelles converge, pour des valeurs croissantes de #, l'expression (mod. a}, et a, la plus grande des limites vers lesquelles converge l'expression 1 (mod. a,)", les deux modules de la série (6) seront évidemment —1 pr ER NE et par suite la série (6) sera convergente si le module r de x vérifie les deux conditions PE —s Tr > a,; divergente si r vérifie les deux conditions I Te > 7? à ( << a,;, ou seulement l’une d’entre elles. » En résumé, il y aura généralement deux limites extrêmes, l’une infé- rieure , l’autre supérieure, entre lesquelles le module r de x pourra varier, sans que la série (5) ou (6) cesse d'être convergente. Soient PE ces limites extrêmes, k désignant la limite supérieure. D'après ce qu'on vient de dire, on aura, pour la série (6), (7) k — 4,;, k—*, à et par suite les deux modules de la série (6) seront k, r D'ailleurs k, devra être remplacé par zéro si la série (6) est réduite à la série (5). » Ajoutons que la quantité k sera certainement la limite extrême et supé- CR. 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 5.) 21 ( 150 ) rieure du module r si, la série étant convergente pour r < k, la somme de cette série devient infinie pour r — k, et pour une valeur convenablement choisie de l'argument p. » Pareillement k, sera certainement la limite extrême et supérieure du mo- dule r si, la série (6) étant convergente pour r>k, la somme de cette série devient infinie pour r— k et pour une valeur convenablement choisie de l'argument p. » En effet, une série ne peut acquérir une somme infinie sans devenir divergente, et par conséquent sans offrir un module égal ou supérieur à l'u- nité. » Lorsque les divers termes d’une série sont fonctions d'une certaine va- riable +, la nouvelle série qu’on obtient en substituant à chaque terme de la première sa dérivée prise par rapport à æ, doit naturellement s'appeler la série dérivée. Concevons, pour fixer les idées, que la première série se ré- duise à la série (5), dont le terme général est a,æx”, ou même à la série (6), dont les termes généraux sont ALT er LE alors la série dérivée aura pour terme général le produit NA ARE ou bien elle aura pour termes généraux les produits ee en Me D'ailleurs, comme on a na sat" nxr(a,x"), | nax '=nx) (a, 2x), on en conclut que les deux expressions 1 Ce) [mod.(—#a_,x"*")f", [mod.(na,x-)]" s'approchent indéfiniment, pour des valeurs croissantes de 7, des produits que l'on obtient quand on multiplie respectivement les quantités positives airmntiet an ’ ( 151 ) par les limites des expressions 7 I (nr), et (nr. Enfin ces deux limites, qui se confondent avec les limites fixes des rapports EP RU Ba ERA era ar r nr! Q CHE se réduisent l'une et l'autre à l'unité. Donc les limites des expressions (9) se réduiront simplement aux produits arr! et ar. Donc le module ou les modules de la série (5) ou (6) seront en méme temps le module ou les modules de la série dérivée. » Nous avons ici supposé que l’on différentiait une seule fois chaque terme de la série donnée (5) ou (6); mais, après avoir ainsi obtenu ce qu'on doit appeler la série dérivée du premier ordre, on pourrait former encore la dé- rivée de celle-ci, puis la dérivée de sa dérivée,.…, et l'on obtiendrait alors, à la place de la série (5) ou (6), des séries dérivées de divers ordres. Or, de ce que nous avons dit tout à l'heure il résulte évidemment que le module ou les modules de toutes ces séries seront précisément le module ou les modules de la série (5) ou (6). $ LI. — Sur les modules des séries produites par le développement de fonctions explicites | d’une variable x. Soit f(x) une fonction donnée de la variable réelle ou imaginaire RSS et représentons par f’ (x) sa dérivée du premier ordre, ou D, f(x). L On peut, comme je l'ai fait voir depuis longtemps, établir la proposition Suivante : » 1*% Théorème. Si f(x) et f’(x) restent fonctions continues de la va- riable x, c'est-à-dire fonctions continues du module r et de l'argument p de 21.. ("152 ) cette variable, pour toutes les valeurs du module r inférieures à une certaine limitel, la fonction f(x) sera, pour chacune de ces valeurs, développable en une série convergente (1) TRS ONE TS ONE Pros ordonnée suivant les puissances ascendantes de la variable x. » Il y a plus, cette proposition peut, suivant la remarque de M. Laurent, être généralisée, et l'on obtient alors le théorème dont voici l'énoncé: » 2° Théorème. Si f(x) et f(x) restent fonctions continues de x, pour toutes les valeurs du module r de x inférieures à une certaine limite 1, et su- périeures à une autre limite 1,, la fonction f(x) sera, pour chacune de ces valeurs, développable en une série convergente = = n 2 (2) ROUE mo ER ni pe CALE NTUU UE Cor ee ordonnée suivant les puissances entières, ascendantes et descendantes, de la variable x. » Au reste, des remarques faites dans le $ L°”, il résulte queles limites 1, ,, mentionnées dans les théorèmes (1) et (2), peuvent être distinctes des limites extrêmes k et k, entre lesquelles le module r de x peut varier sans que la sé- rie (r)ou(2) cesse d'être convergente; et ces limites extrêmes sont évidemment celles qu'il importe surtout de connaître. Or, on les déterminera , pour l'or- dinaire, assez facilement à l’aide de deux nouveaux théorèmes qui, se dédui- sant des deux précédents et des principes établis dans le SIT, peuvent s’é- noncer comme il suit : » 3° Théorème. Supposons que f(x) et f’ (x) restent fonctions continues de la variable Ne pour toutes les valeurs du module r de cette variable inférieures à une cer- taine limite k. Supposons encore que la fonction f(x) ou l’une quelconque de ses dérivées devienne infinie pour r—k et pour une valeur convenablement choisie de l'argument p; alors k sera la limite extrême et supérieure au-des- sous de laquelle le module r pourra varier arbitrairement, sans que la fonc- tion f(x) cesse d’être développable en une série convergente ordonnée suivant les puissances entières et ascendantes de x. » 4° Théorème. Supposons que f(x) et f’ (x) restent fonctions continues ( 168 ) de la variable æ = rer" pour toutes les valeurs du module r de cette variable inférieures à une certaine limite k, et supérieures à une certaine limite k,. Supposons encore que la fonction f(x), ou l’une quelconque de ses dérivées , devienne infinie, 1° pour r = k, 2° pour r—kK,, et pour des valeurs convenablement choisies de l'argument p. Alors k et k, seront les limites extrêmes inférieure et supé- rieure entre lesquelles le module r pourra varier arbitrairement, sans que la fonction f(x) cesse d’être développable en série convergente, ordonnée suivant les puissances entières ascendantes et descendantes de x. » Corollaire. I est clair que, si la fonction f(x) devenait infinie pour une seule des valeurs de r représentées par k, k,, on connaîtrait une seule des limites extrêmes du module r. » Pour montrer une application du 3° théorème, considérons d'abord les fonctions (1+x), arcsinx, arc tang x. Ces trois fonctions restent continues, tant que le module r de x reste infé- rieur à l'unité. De plus, leurs trois dérivées du premier ordre, savoir , si I I eee TRE TEE deviennent infinies, la première pour æ = —1, la seconde pour x = + 1, la troisième pour x = + VE par conséquent toutes trois deviennent infi- nies pour r — 1. Donc, en vertu du 3° théorème, l'unité sera la limite supé- rieure au-dessous de laquelle le module r pourra varier, sans que les trois fonctions (1+x), arcsinæ, arctangx cessent d'être développables en séries convergentes ordonnées suivant les puissances ascendantes de x. » Considérons encore la fonction représentée par le produit #1 Qi xÿ (2— x). Elle restera continue pour une valeur du module r inférieure à l'unité, et sa (154) dérivée deviendra infinie pour r—1. Donc, l'unité sera encore la limite supérieure au-dessous de laquelle le module r pourra varier arbitrairement, sans que cette fonction cesse d'être développable en série convergente ordonnée suivant les puissances entières et ascendantes de x. On ne pourra pas en dire autant de la fonction (2 —3 x + x}. Cette autre fonction, qui ne diffère pas du produit G=x}G>) mi dans le cas où le module de x reste inférieur à (3) , et offre nécessairement | dans ce cas le même développement, cesse d'être continue pour des va- 7 leurs du module de x supérieures à la limite () , Mais inférieures à l’unité. Elle cesse aussi alors d'être constamment représentée par le développement de la premiere fonction, quoique la série à laquelle se réduit ce développe- ment demeure convergente. ». Concevons maintenant que l’on désigne par X une fonction entière de æ qui offre une valeur positive, quand le module de x est très-petit. Soient d'ailleurs Pas 6360: les racines de l'équation . x 107 rangées d'après l'ordre de grandeur de leurs modules. On aura, pour de petites valeurs du module r, D nf) (-nf-ih h désignant une constante positive; et par suite, si l'on nomme s une con- stante réelle quelconque, on trouvera (4) X°— h° (2) GS) (2) Cela posé, réduisons f(x) au second membre de la formule (4), et prenons (n55n) en conséquence o fm(-s) (5-5 La fonction f{x) restera continue pour tout module de x inférieur au module de a; et cette même fonction, si s est négatif, ou, dans le cas contraire, ses dérivées d’un certain ordre, deviendront infinies pour x — 4. Donc, en vertu du 3° théorème, le module de a sera la limite extrême et supérieure, au-dessous de laquelle le module r de x pourra varier arbitrairement, sans que la fonction f (x), déterminée par l'équation (5), cesse d’être développable en série convergente ordonnée suivant les puissances entières et ascendantes de x. » Pour montrer une application du 4° théorème, supposons que P repré- sente une fonction réelle, entière et toujours positive, du sinus et du cosinus de l'angle p. On pourra mettre P sous la forme (6) P—h{r—acos(p — à&)] [1 — b cos(p — 6)] [1 — c cos(p — y)]..., h désignant une constante positive, a, b, c,.. d’autres constantes positives et inférieures à l'unité, que nous supposerons rangées de manière à former une suite décroissante , et &, 6, y, des angles réels. Posons maintenant er" On tirera de la formule(6) - = X. (7) P=h(r— axe") (ie) (1=— bref) (ie). et par suite, en nommant s une constante réelle, on aura, pour des mo- dules de x compris entre les limites a et _ (8) PS=h5(1 —axe“" 1)" ba), (r=bze"t ) (ie). Cela posé, réduisons f(x) au second membre de l’équation (8), et prenons en conséquence (9) f(x)=h°(1—axe*")s (: — ie) (1—bre-t) (: — sen). ZT . » J: , x I . . On conclura immédiatement du 4° théorème, que a et 3 sont les limites ex- ( 156 ) trêmes, inférieure et supérieure, entre lesquelles le module r de æ peut va- rier arbitrairement sans que la fonction f(x), déterminée par l'équation (5), cesse d’être développable en série convergente ordonnée suivant les puis- sances entières ascendantes et descendantes de la variable x. Donc cette fonc- tion, et par suite P°, seront développables en séries convergentes si l’on sup- pose, comme ci-dessus, Lier er c’est-à-dire si l’on réduit le module r de x à l'unité. Ajoutons que l'on aura, dans le cas présent, I k = 30 k, — À; en sorte que les deux modules k, r r? k de la série obtenue deviendront a ns a) a/ , et se réduiront tous deux à la constante positive a pour r=1. » Les conclusions auxquelles nous venons de parvenir sont particulière- ment utiles en astronomie; elles fournissent immédiatement les deux modules de la série qu'on obtient quand on développe la fonction perturbatrice sui- vant les sinus et cosinus des multiples de l'anomalie excentrique d'une pla- nète. $ IV. — Sur les séries produites par le développement des fonctions implicites d’une i variable x. » Supposons que LE) représente une fonction implicite de la variable réelle ou imaginaire æ= er", la valeur de # en x étant déterminée par une équation de la forme (x) Rx) No; (157) Comme je l'ai prouvé dans un autre Mémoire, si le module r de x varie par degrés insensibles, la fonction #, tant qu'elle restera finie, variera elle-même par degrés insensibles, et par conséquent elle ne cessera pas d’être fonc- tion continue de x jusqu’à ce que le module r acquière une valeur qui puisse rendre la fonction F (x, u) infinie ou discontinue, ou qui introduise dans l’é- quation (1), résolue par rapport à 4, des racines égales. D'ailleurs, dans cette dernière hypothèse, on aura (2) DRE 4) 0; et, par suite, la valeur de D,u, tirée de l'équation (r), savoir, D,F (x, u) (3) D,u = — D.F(x, u)’ deviendra généralement infinie. On doit seulement excepter le cas particu- lier où la valeur de x, qui introduit dans l'équation (r) des racines égales, vérifierait, non-seulement l'équation (2), mais encore la suivante (4) D 2)E= 10: Ces principes étant admis, on pourra évidemment appliquer les théorèmes 3 et 4 du paragraphe précédent, non-seulement aux fonctions explicites, mais encore aux fonctions implicites d’une variable x. » Pour donner une idée de cette application, supposons de nouveau la fonction x définie par la formule (ON — {: PP TEE. der PR Ne à On pourra regarder 4 comme une fonction implicite de x, déterminée par l'équation (6) u° — 3u — 2(1 — x?)— 0 et le développement du second membre de la formule (5), suivant Les puissances entieres et ascendantes de x, ne sera autre chose que la série qu'on obtient quand on développe , par le théorème de Lagrange, celle des racines de l’é- quation (2) qui se réduit au nombre 2 pour une valeur nulle de x. Cette série sera donc convergente, tant que la racine dont il s'agit restera fonction con- tinue de x. D'ailleurs, quand on substitue l'équation (5) à l'équation (r), c’est- C. R., 1844, 2e Semestre. (T, XIX, N° 5.) 22 ( 158 ) à-dire quand on pose (7) F{x, u)= u° — 3u — af — x*), F(x, 4) est une fonction toujours continue de x et de x. Alors aussi les équations (2) et (4) se réduisent, la premiére à (8) UL? M) —"0; la seconde à (9) TX = 0. D'ailleurs, de l'équation (6) jointe à l'équation (8), on tire, ou (10) = MT ou (11) DEN ET) Dans le premier cas, la valeur de D, , tirée de l'équation (5), savoir, 27 (12) D, u = — 3 —1) devient effectivement infinie, tandis que, dans le second cas, elle se présente sous la forme indéterminée ©. Enfin, il est clair que la fonction 4, déterminée par l'équation (5), se réduit, non pas à — +1, mais à 2 pour æ—0o. Cela posé, on conclura immédiatement des principes ci-dessus établis, et du 4° théorème du paragraphe précédent, que le développement de la fonction x, détermi- née par l'équation (5) en une série ordonnée suivant les puissances ascen- dantes de æ, reste convergent jusqu’au moment où le module de x? atteint la limite 2, et le module de x la limite ÿ2. On conclura encore que V2 repré- seute précisément la limite extrême et supérieure au-dessous de laquelle le _ module r de x peut varier arbitrairement sans que cette série cesse d’être convergente. Donc, puisque la série renfermera seulement des puissances en- tières de x?, le module de la série sera , ” as Or, ces conclusions s'accordent effectivement avec celles que nous avons ti- vées de la considération directe de la série elle-même. » ( 159 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur l'application de la méthode loga- rithmique à la détermination des inégalités périodiques des mouvements planétaires; par M. Aucusnn Caucar. « Comme je l'ai dit dans la dernière séance, la détermination des inéga- lités périodiques produites dans le mouvement d'une planète m par l’action d'une autre planète m', séparée de m par la distance +, peut être ramenée , I y , . . au développement du rapport - en une série ordonnée suivant les puissances à entières des exponentielles trigonométriques qui ont pour arguments les ano- malies moyennes 7°, 7”, ou même les anomalies excentriques 4, J’ des deux planètes. D'ailleurs, on peut aisément trouver le développement exact du 1 . y ’ . + ie E F F. 7 à 3 rapport = quand on sait développer les valeurs qu'on obtient pour ce rapport, en négligeant, dans le carré de la distance +, deux termes généralement très- petits dont l’omission réduit le carré dont il s’agit à une fonction linéaire des sinus et des cosinus des angles 4, ’. Enfin, à l'aide des formules rappelées dans un précédent article, on peut assez facilement développer la valeur ap- , . 1 pire prochée, et par suite la valeur exacte du rapport - en une série convergente T ordonnée suivant les puissances entières de l’une des deux exponentielles qui ont pour arguments Ÿ, d', par exemple, suivant les puissances entières de l'exponentielle et: Soient 8 le module de la série ainsi obtenue, et pret son terme général. Il ne restera plus qu'à développer A, suivant les puis- sances entières de et". Or, je prouve que toute la difficulté de ce dernier problème se réduit à développer le logarithme népérien du module 6 en une série ordonnée suivant les puissances ascendantes de e*"-1, Ce n'est pas tout; je démontre que la dérivée du logarithme népérien de 6, prise par rapport à Y, peut se décomposer en facteurs dont chacun est une puissance positive ou négative d'un binôme de la forme Es ae<®T LETR 22. ( 160 ) Donc on pourra développer immédiatement le logarithme de cette dérivée, suivant les puissances ascendantes de l'exponentielle et, pour effectuer ce développement, il suffira de recourir à la formule connue 2 c] l(1— x) = — (x+E ++.) On reviendra ensuite, par la méthode logarithmique, de ce développement à celui de la dérivée elle-même, et par conséquent au développement du lo- garithme du module de 9. Enfin, après avoir déduit de ce dernier développe- ment celui du logarithme de 4,,, on en tirera, par une seconde application de la méthode logarithmique, le développement même de 4,,. » Au reste, je donnerai dans un prochain article les résultats mêmes du calcul que je viens seulement d'indiquer, et je terminerai cette Note par une observation relative à quelques formules contenues dans mon dernier Mé- moire. » Comme je l'ai dit à la page 5, si l'on pose » _ S(s+1)..(s +n—1) [sh = 1.2...7 et = S+n S+nsS+n+I = Le lose SEA 2e EE — 04 +... Z [se Es hé n +2 QE L 9 étant un nombre inférieur à l'unité, on aura, non-seulement (1) G—a)S = 1 +fsle {sx +... mais encore CRM CU SE ni CT ES A eee LES le signe E s'étendant à toutes les valeurs entières et positives de x. Il y a plus: si, en supposant r < 9, on remplace, dans la formule (2), er ePY=1 par Y ( 167 }) on en conclura 9 —$ _—_ = Æ (3) (: ER er) (1—0re 21)" —@, + 56, (rer + rer), Donc les deux produits Or te O NT? seront les coefficients des exponentielles erPY4 np V1 2 2 e dans le développement de l'expression (1 = =C ht OC — fre PA)". D'ailleurs on a I TE ET LE T0 em DIN SABLE EE ARRET ep Yi et par conséquent , ’ 9 À 1 er (4) 1—6re PT = (1— 6) (isa En la valeur de À étant 6? 0 (5) - ter À et de la formule (1), jointe à la formule (4), on conclut (: = sen (bre ee 9 \= — —\— = (1-6) [(s = sep) "+ fshèrer ee ent) "+ etc. | Or, de cette dernière équation, comparée à la formule (7), on tirera 0,9 —{(1— 0% {[s], + [5] [s— 1] À + [sf [s — 1]? ++, et 8,07 = {x — GA fs], + [sl [s— 2 +1h + [slisfs — +2] 2 +..;, 9 ( 162 et l'on se trouvera ainsi ramené aux équations (10), (11), (12) de la page 58. Donc, si l’on veut rendre complétement rigoureuse la méthode que nous avons suivie pour établir ces formules, il suffira de concevoir que, dans le rapport JE a r) : ; = EE 0 = Ë l'exponentielle e?*" se trouve multipliée par un facteur = <1, qui peut d'ail- leurs différer aussi peu que l'on voudra de l'unité. » ASTRONOMIE. — Æléments paraboliques de l'orbite de la comète décou- verte à l'Observatoire de Paris par M. Vicror Mauvais. « J'ai l'honneur de présenter le résultat des calculs auxquels je me suis livré dans le cours de cette semaine, sur la comète que j'ai découverte le 7 juillet, et dont M. /rago a bien voulu entretenir l'Académie dans sa der- nière séance. » Malgré le mauvais temps, nous avons pu, en profitant de quelques éclaircies, faire cinq bonnes observations de cet astre ; J'ai choisi celles du 8, du ro et du 12 pour servir de base au calcul, et voici les éléments pa- raboliques que j'en ai déduits : Éléments paraboliques. Passage au périhélie, 1844 , octobre . . . . . 14,7681 t. m. de Paris. Logarithme de la distance périhélie. . . . . . 0,8817875 (q9—0,7617) Monsiiude/du périhele Ne Re 176° 35/42” Longitude du nœud ascendant. . . . . . . . 3503742” ECTS TEE ER DO 20 Sens du mouvement héliocentrique. . . . . Rétrograde. » On peut remarquer la grande distance qui nous sépare de l'instant du passage au péribélie ; ce passage n'aura lieu que dans trois mois, et il nya pas moins de 100 degrés d’anomalie à parcourir pour atteindre ce point. » La comète est en ce moment très-éloignée du Soleil ; sa distance est de 1,8, elle diminuera insensiblement à mesure que nous approcherons de l'instant du périhélie , la distance sera alors 0,76 seulement ; il y aura une époque intermédiaire où cette distance sera égale à 1 (égale à la distance de la Terre au Soleil); il y avait donc lieu de rechercher quelles doivent être les positions respectives de la Terre et de la comète à cet instant. » Si une rencontre pouvait avoir lieu, ce serait au moment du passage de (163 ) la comète par le nœud, quand elle traverse l'écliptique > Ce qui aura lieu fe 24 septembre prochain : alors sa distance au Soleil sera de 0,86 ; elle passera donc en dedans de l'orbite de la Terre à une distance de 0,14 seulement (4 millions de lieues environ), ce qui est déjà une distance très-considérable ; mais de plus, à ce moment, la Terre sera en un point de l'écliptique éloigné de 146 degrés de celui près duquel se trouvera la comète. Ainsi il n'y à au- cune possibilité de rencontre , les deux astres resteront toujours très-éloignés l'un de l’autre. » Nous avons lieu d'espérer que cette comète pourra être observée très- longtemps; peut-être même la reverra-t-on dans l'hémisphère austral après le périhélie. » Je joins à ces éléments les cinq observations que nous avons faites de- . puis Le jour de la découverte. TEMPS MOYEN ASCENSION DROITE de Paris compté de apparente midi. de la comète. DÉCLINAISON apparente. ————————— | — DAT R 247° 29/48 + 46° 14! 52” 11. 9. 32 246. 2.36 + 45.51.41 10.37. 9 242.59. 3 + 44.55.58 10.22. 5x 241.29.23 + 44.25.37 11.35. 36 239.56 .32 4351.21 RAPPORTS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un bäti à essieux convergents pour locomotives et wagons des chemins de Jer, présenté par M. Sermer pr T'ourNEroRT. (Commissaires, MM. Morin, Piobert rapporteur. ) « Les locomotives et les wagons employés sur les chemins de fer sont gé- néralement établis sur des trains à essieux parallèles, tournant avec les roues fixées près de leurs extrémités. Cette disposition très-simple permet de don- ner une très-grande solidité à toutes les parties du système ; malheureusement elle ne-peut convenir que pour le cas du parcours de la voie en ligne droite, ( 164 ) en vue duquel elle a été conçue; encore exige-t-elle, pour remplir ce but, que les rayons des roues accouplées ensemble soient parfaitement égaux , que non-seulement les axes des essieux soient parallèles, mais que, de plus, leur direction soit perpendiculaire à celle de la voie, lorsque les roues reposent sur les rails. Comme dans la pratique il est impossible qu'un matériel en service remplisse constamment toutes ces conditions, il a été nécessaire d'adopter quelques dispositions pour remédier au dé- faut de précision et pour permettre aux roues fixées sur un même essieu de parcourir les développements inégaux que présentent les deux rails, dans les parties qui ne sont pas tracées en ligne droite. Mais on sait que, par ces nouvelles dispositions, on introduit plusieurs inconvénients : la forme conique des jantes occasionne des mouvements latéraux dits de lacet ; le rétrécissement de la voie ôte aux voitures toute leur stabilité, et, malgré ces sacrifices, le système ne peut marcher sur les courbes, même de très-grands rayons, sans une augmentation considérable dans les résis- tances. Enfin, dans cette circonstance, un défaut bien plus grave résulte du parallélisme des essieux; c’est l'obliquité obligée du plan des roues par rap- port à la direction des rails, dont les côtés ou joues intérieures sont nécessai- rement rencontrés par le rebord ou bourrelet de la roue extérieure de devant, et par celui de la roue intérieure de derrière. A cause de la force centrifuge qui tend à porter tout le système du côté de la première roue, c’est son re- bord qui agit contre le rail ; l'effet qui a lieu entre ces parties est le même que celui qui se produit entre les mâchoires d'une cisaille qui mordent l'une sur l'autre, et l’on sait que ce mode d'action est des plus énergiques; on a, d’ail- leurs , la preuve de l'effort énorme exercé dans l'usure du bourrelet des jantes et dans la grande quantité de parcelles de fer enlevées aux rails à l'état incandescent. S'il existe un défaut sur la joue intérieure d’un rail, ou le plus léger ressaut à la jonction bout à bout de cette joue avec celle du rail suivant, cet obstacle s'oppose au glissement du rebord de la roue; celle-ci tend à monter sur le rail et à le franchir. Lorsque cet effet est produit, rien ne s'oppose plus au déraillement, tandis qu'alors la résistance éprouvée par la roue fait diriger la voiture de ce côté, et aide la force centrifuge à la lancer hors de la voie. Dans le cas d'une marche à grande vitesse, le choc de la roue peut être assez violent pour briser l’essieu, courber et enlever le rail; les grandes catastrophes éprouvées sur les chemins de fer n'ont souvent pas d'autre cause. On a plusieurs fois appelé l'attention de l’Académie sur ce su- jet, depuis que MM. Arago et Poncelet ont signalé les inconvénients du sys- teme à essieux parallèles fixés sur les roues; l’un de nous a aussi montré la (C1650) : grande économie que d'autres dispositions pouvaient apporter dans la force motrice et dans l'exécution du chemin (1). Malheureusement l'administration a cru ne devoir s'occuper que de la partie inerte des chemins de fer, de l’éta- blissement de la voie, pour laquelle elle s’est entourée de conseils, et a con- sulté tous les hommes de l'art; tandis que la construction de la partie mobile, celle dont les combinaisons peuvent avoir tant d'importance dans la loco- motion rapide des voyageurs, a été abandonnée à la discrétion des compa- gnies industrielles, dont l'intérêt particulier est de suivre les anciens erre- ments, quelque dangereux qu’ils puissent être, afin de se soustraire à toute responsabilité, relativement aux accidents qu'il est toujours difficile de pré- venir complétement dans les transports à grande vitesse. » Vos Commissaires, ayant eu plusieurs fois mission d'étudier les effets du mouvement et du choc de corps animés de vitesses encore plus grandes, re- connaissent trop combien le système actuel peut compromettre la sécurité publique, pour qu'il ne soit pas de leur devoir de signaler, en toute occa- sion, les dangers qu'il présente : par le même motif, ils croient digne de l'in- térêt de l'Académie toute proposition qui tendrait à diminuer ces dangers. » On a cherché, à différentes reprises, les moyens de faire converger les essieux des locomotives et des wagons vers le centre de courbure de la voie, afin qu'ils fussent toujours perpendiculaires à la direction parcourue; mais, bien que, jusqu'ici, les moyens présentés ne remplissent pas rigoureusement cette condition , surtout dans les changements de tracés, il n’en est pas moins à regretter que leur complication, nécessairement plus grande que dans le système actuel, si simple et si solide, ait empéché les compagnies de les ap- pliquer en grand. » Le dispositif présenté dans le même but, par M. Sermet de Tournefort, se compose de trois trains à essieux tournant avec les roues, comme dans le système actuel; mais l'essieu de devant et celui de derrière, au lieu d'être fixés au châssis, sont assujettis chacun à une pièce nommée porte-essieu, qui tourne autour d'une cheville ouvrière placée à égale distance de son essieu et de celui du milieu de la voiture. Chaque porte-essieu peut être fixé au châssis dans trois positions différentes, suivant qu'un verrou placé verticalement s’en- gage dans l'une ou l'autre des trois ouvertures qu'il présente. Dans l’une des positions, l’essieu est parallèle à celui du milieu; dans les deux autres, il ren- (1) Séances du 13 décembre 1841 et du 31 janvier 1842(Comptes rendus, t. XIII, page 1076, ett. XIV, page rot). C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 5.) 23 ( 1661) contre ce dernier à 100 mètres à droité ou à 100 mètres à gauche. Pour le passage d'une position à une autre, le verrou est soulevé par an rail saillant placé au milieu de la voie, à tous les raccordements de lignes droites et de lignes courbes, sur une longueur égale à trois fois celle de la locomotive; la’ liberté étant rendue aux trains à mesure qu'ils s'engagent sur cette détente, ils prennent, d’après l'auteur, la direction qui leur convient, et, à leur sortie, les verroux ne sont plus soulevés, descendent ou se referment en fixant suc- cessivement chacun d'eux dans la nouvelle position. » Comme il est nécessaire que les roues accouplées sur le même essieu aient des rayons tantôt égaux, pour parcourir les lignes droites, tantôt iné- gaux dans le rapport des longueurs des rails sur lesquels elles reposent res- pectivement dans les tracés en ligne courbe, l'auteur hésite entre deux moyens qu'il peut adopter : la forme conique donnée ordinairement anx roues, ou la double jante qui leur permet de rouler successivement sur deux circonférences de diamètres différents ; l’une et l’autre de ces dispositions ont leurs avantages et leurs inconvénients. » Comme on le voit, l'auteur n'est pas fixé sur le mode d'exécution de cette partie importante du système; il en est de même pour d'autres parties de son projet. Nous .ne pouvons donc l’examiner que dans son ensemble et d'une manière générale. I est d’abord à remarquer qu'il ne présente pas une solution géométrique du problème proposé, les conditions à remplir n'étant pas rigoureusement satisfaites au raccordement des voies droites et courbes; en effet, tout essieu engagé seul sur l’une d'elles ne peut pas lui être perpen- diculaire, tant que les deux autres essieux restent perpendiculaires à l’autre voie, à cause de la position obligée qui en résulte pour la cheville ouvrière, autour de laquelle le premier essieu doit pivoter. Aussi l’auteur a-t-il été forcé de rendre aux trains leur liberté pendant plus de temps qu'il ne le faudrait dans le cas d’une solution exacte, afin de permettre aux deux autres essieux de quitter leur position normale et de céder dans cette opposition de mou- vement ; mais alors, indépendamment du défaut de convergence de tous les es- sieux;il arrive encore que le mouvement de chacun des trains n'est pas déter- miné d'une manière certaine, et il serait à craindre que l'un des essieux ne prenant pas la direction convenable au tracé , au moment où il dépasse le rail central, le train ne puisse plus être fixé par la descente du verrou. L'auteur, au- quel cet inconvénient a été signalé, pense qu'il serait possible d'y remédier par un déplacement latéral du véhicule, qu'on obtiendrait en faisant conduiretous les essieux par le rail central qui s'engagerait dans une gorge formée sur leur milieu par deux collets en saillie : disposition qui, selon lui, ne donnerait lieu ( 167 ) qu'à de légers frottements pour obtenir la déviation exigée ; mais le moindre obstacle qu'une roue rencontrerait dans le moment critique de liberté des trains pourrait déranger cette combinaison et occasionner des accidents. » En résumé, le bâti à-essieux convergents pour locomotives et wagons des chemins de fer, qui a été présenté par M. Sermet de Tournefort, est dis- posé de manière à pouvoir parcourir les voies rectilignes et les cercles de 100 mètres de rayon ; mais ja liberté accordée simultanément à tous les trains pendant un parcours de plus de deux longueurs de locomotives, à chaque raccordement de lignes droites et courbes, est susceptible de donner lieu à des inconvénients dont l'expérience peut seule faire connaître la gravité. Vu l'importance dont serait la solution de la question, votre Gommission émet le vœu que l'auteur fasse les essais nécessaires pour arrêter définitivement toutes les parties de son projet, et elle a l'honneur de vous proposer de le remercier de sa communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. ÉCONOMIE RURALE, — Recherches sur l'influence de l'eau sur la végétation des forêts ; par M. E. Cuevannrer. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Arago, Chevreul, de Jussieu.) « Dans un Mémoire précédent, auquel l’Académie a bien voulu donner son approbation, j'ai démontré que 1 hectare de futaie de hêtre, dans les Vosges, et dans de bonnes circonstances locales, produit annuellement en moyenne 3 650 kilogrammes de bois exportable, dans lesquels l'analyse élé- mentaire constate la présence de 1 800 kilogrammes de carbone, 26 kilogrammes d'hydrogène libre, 34 kilogrammes d'azote, 50 kilogrammes de cendres. » L'indulgence avec laquelle ce premier travail a été accueilli me faisait un devoir de continuer mes recherches sur la production des forêts, sur les variations qu'elle éprouve et sur les causes qui peuvent les amener. Mais avant d'étudier celles de ces causes qui sont les plus générales, et qui ont fixé jus- qu'à présent l'attention à peu près exclusive des forestiers, j'ai voulu déter- miver quelle relation il pouvait exister entre la quantité des eaux sous l'in- 23... ( 168 ) fluence desquelles la végétation s'accomplit, et celle des produits obtenus. » En recherchant les opinions émises à cet égard, je n'ai trouvé que des idées vagues dont je ne pouvais m'aider dans mes appréciations, ou des idées plus précises, mais conçues à priori, et fondées sur des considérations géné- rales et non sur l'observation directe... » Pour éclairer convenablement ces questions, il était nécessaire d’étudier isolément la marche de l'accroissement sur un grand nombre d'arbres placés dans des conditions identiques de sol et de climat, mais dans des circon- stances variables relativement à l’action des eaux. » Tel est le but que je me suis proposé dans ce travail. » Avant d'exposer la méthode que j'ai suivie, je prie l'Académie de me permettre de lui soumettre les principaux résultats auxquels je suis arrivé dans une série d'observations sur des sapins coupés dans le grès des Vosges. Mais, avant d'énoncer ces résultats, je dois dire qu'ils sont déduits d’un grand nombre de faits particuliers, et qu'ils ne sont par conséquent vrais que comme expression des moyennes trouvées par l'expérience. » Si l'on représente par 1 l'accroissement annuel d'un sapin dans les ter- rains fangeux du grès vosgien, cet accroissement moyen correspondra, à très- peu de chose près, à 2 dans les terrains secs; il sera compris entre 4 et 5 pour les terrains disposés de manière à recueillir les eaux de pluie qui s'écoulent des chemins ou des pentes les plus rapides; et il sera un peu plus fort que 6 pour les terrains où l’infiltration des eaux des ruisseaux entretient une frai- cheur permanente. » Pour résumer ainsi la question en termes simples et généraux, il était nécessaire de ramener à une même espèce d'unités Les différentes parties de chaque arbre, qui, après l'exploitation , sont converties soit en bois de ser- vice évalué en mètres cubes, soit en bois de feu évalué en stères, soit enfin en fagots composés des menus branchages. » J'ai réduit le tout en kilogrammes de bois parfaitement sec au moyen de facteurs qui seront donnés dans les notes jointes à ce Mémoire, et je suis arrivé ainsi à représenter chaque arbre par un poids total, et son accroisse- ment moyen annuel par une fraction de ce poids, en faisant abstraction du développement relatif de la tige et des branches. » J'ai recherché, en outre, dans les forêts dont l'exploitation m'est confiée, toutes les localités où, dans le même sol et à des expositions pareilles, je trou- verais des arbres de même essence végétant dans des conditions différentes relativement à l’action des eaux. J'ai coupé un assez grand nombre de ces ( 169 ) arbres , en tenant soigneusement compte de leur âge et de toutes les circon- stances qui avaient pu influer sur leur accroissement... » En comparant des arbres quelconques de même âge et venus dans le même terrain, les différences d’accroissement , dues à l'action des eaux, sont constantes et toutes dans le sens des moyennes que j'ai énoncées en me bor- nant à considérer les sapins. » Voici les chiffres qui ont servi de base à ces moyennes, et qui expriment l'accroissement annuel d'un sapin en bois sec : Terrains fangeux......... drain 1,84; âge moyen des sapins coupés... 101,88 Terrains secs............. ses... 3,43; âge moyen des sapins coupés... 71,57 Terrains arrosés par les eaux depluie... 8,25; âge moyen des sapins coupés... 94,45 Terrains arrosés par les eaux courantes. 11,57; âge moyen des sapins coupés... 99,45 RC sn .. » Pour mieux faire ressortir de quel intérêt des considérations de cette nature sont pour tous les propriétaires de forêts, il me suffira d’ajouter à ces moyennes les chiffres qui, dans mes expériences, représentent les cas ex- trêmes. Ces chiffres sont, pour l'accroissement annuel de sapins, d'environ 100 ans, | Dans les terrains fangeux, moins de 1 kilogramme; Dans les terrains secs , moins de 3 kilogrammes; Dans les terrains arrosés, environ 20 kilogrammes; ce qui donne pour poids total d’un arbre de 100 ans: 100 kilogrammes correspondant à + de stère, 300 kilogrammes correspondant à 1 stère, ou 2000 kilogrammes correspondant à 7 stères, suivant les circonstances dans lesquelles cet arbre a végété. Et si l'on calcule la valeur d'un tel arbre, en tenant compte de la différence des prix des bois d'après leur.grosseur, on arrive à cette conséquence, qu'une semence de sapin pourra produire, au bout de cent années et suivant les quantités d'eau qui ont abreuvé le sol sur lequel elle s'est développée, un arbre valant sur pied 1%bo®:, ou 7 francs, ou 85 francs. » Ces rapprochements démontrent toute l'importance du sujet dont je m'occupe; ils font pressentir l'influence qu'une culture méthodique des forêts pourrait exercer sur la richesse publique, et ils conduisent à cette conclusion naturelle, qu'un système d'irrigation bien entendu peut augmenter considéra- (170 ) blement les produits des forêts, surtout dans les montagnes où la rapidité des pentes, l'exposition aux rayons du soleil, l’action des vents, et-enfin les dé- boisements excessifs amènent si fréquemment l'aridité plus ou moins grande du sol. j » Cesirrigations seront faciles à établir partiellement toutes les fois qu'un ruisseau descendra la pente des montagnes... », J'ai essayé d'y suppléer en utilisant sur place la totalité des eaux plu- viales, et je réclamerai encore pour quelques instants la bienveillante at- tention de l'Académie pour exposer la méthode que j'ai suivie... »._Si donc on arrête l’eau sur chaque point de la montagne, si on la force pour ainsi dire à s'y fixer, on aura réalisé une des conditions les plus favo- rables à la végétation. ». C'est ce que j'ai tenté de faire en établissant sur des pentes sèches des séries de fossés horizontaux, sans ouvertures, destinés à recevoir Les eaux et à les arréter. l » Ces fossés ont de 0",75 à 1 mètre de largeur et de profondeur; ils sont disposés de maniere à partager la montagne en zones horizontales, ayant en moyenne de 12 à 15 mètres de largeur; les eaux des pluies viennent s'y réunir et pénètrent plus ou moins lentement dans le sol. » De cette manière toute l’eau qui s'écoule d’une de ces zones profite à celle qui lui est immédiatement inférieure. Les eaux pluviales sont uniformément réparties sur toute la montagne: La zone la plus élevée elle-même reçoit par infiltration une partie des eaux qui tombent sur le sommet de la montagne, toutes les fois que celle-ci se termine par un plateau. » La dépense n'est pas tres-élevée ; je viens d'appliquer ce procédé, comme essai, dans les forêts de la manufacture des glaces de Cirey, sur environ 8 hectares, et les frais ont été de o"o7: par mètre courant, et en moyenne de 40 francs par hectare. » Ces fossés pourront presque toujours être facilement entretenus par les gardes. Indépendamment de leur avantage comme irrigation , ils mettront un terme à cet appauvrissement du sol des côtes rapides que les pluies entrai- nent aujourd'hui dans les vallées. En enmagasinant les eaux dans les flancs des montagnes, ils régulariseront leur débit et contribueront à diminuer ces débordements funestes qui suivent souvent les pluies trop abondantes. » Enfin, en ramenant la fertilité sur des revers aujourd'hui arides, en l'augmentant sur les autres, ils permettront l'amélioration successive des forêts, non-seulement par l'augmentation de leurs produits, mais aussi par la culture des essences les plus précieuses. » (rem ) BOTANIQUE. — Mémoire sur le phénomène de la coloration «es eaux de la mer Rouge ; par M. Mowracne. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Ad. Brongniart, Richard, Gaudichaud.) « M. Montagne consacre la première partie de son Mémoire à la discus- sion des diverses étymologies, qu'on a données du nom de mer Rouge ; il fait voir que tout ce que les anciens et les modernes ont dit à ce sujet ne peul sou- tenir l'examen , et il pense que le phénomène dont il va donner l'histoire est seul propre à rendre raison de cette dénomination. » Une algue recueillie dans le golfe Arabique par M. Évenor Dupont fut remise à l’auteur par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Examinée et trouvée digne d'intérêt, M. Montagne demanda quelques renseignements sur sa dé- couverte, et la Lettre suivante , adressée par le voyageur à son ami , ne tarda pas à lui parvenir : « … Le 8 juillet dernier (1843), j'entrai dans la mer Rouge par le détroit » de Bab-el-Mandeb sur le paquebot à vapeur l'4talanta, appartenant à la » Compagnie des Indes... Le 15 juillet, le brûlant soleil d'Arabie m’éveilla » brusquement en brillant tout à coup à l'horizon , sans crépuscule et dans » toute sa splendeur. Je m'accoudai machinalement sur une fenêtre de » poupe, pour y chercher un reste d'air frais de la nuit avant que l’ardeur » du jour l'eüt dévoré. Quelle ne fut pas ma surprise de voir la mer teinte » en rouge aussi loin que l'œil pouvait s'étendre derrière le navire! Je courus » sur le pont, et de tous côtés Je vis le. même phénomène. » J'interrogeai alors les officiers. Le chirurgien prétendit qu'il avait ». déjà observé ce fait, qui était, selon lui, produit par du frai de pois- » son flottant à la surface ; les autres dirent qu'ils ne se rappelaient pas » l'avoir vu auparavant. Tous parurent surpris que j'y attachasse quelque » intérêt. 1 » S'il fallait décrire l'apparence de la mer , je dirais que sa surface était » partout couverte d'une couche serrée, mais peu épaisse, d'une matière fine » d'un rouge de brique un peu orangé. La sciure d’un bois de cette couleur , » de l’acajou par exemple, produirait à peu près le même effet. » Il me sembla, et je le dis alors, que c'était une plante marine; personne » ne fut de mon avis. Au moyen d'un seau attaché au bout d'une corde, je fis » recueillir par l’un des matelots une certaine quantité de la substance; puis » avec une cuiller je l'introduisis dans un flacon de verre blanc, pensant » qu'elle se conserverait mieux ainsi. Le lendemain, la substance était devenne (172) » d'un violet foncé, et l'eau avait pris une jolie teinte rose. Craignant alors » que l'immersion ne hâtât la décomposition au lieu de l'empêcher, je vidai » le contenu du flacon sur un linge de coton (le même que je vous ai remis); » l'eau passa à travers, et la substance adhéra au tissu. Je dois ajouter que, le » 15 juillet, nous étions par le travers de la ville égyptienne de Cosséir; que » la mer fut rouge toute la journée ; que le lendemain 16 elle le fut de même » jusque vers midi, heure à laquelle nous nous trouvions en face de Tor, » petite ville arabe dont nous apercevions les palmiers dans une oasis au bord » de la mer, au-dessous de la chaîne de montagnes qui descend du Sinaï »_ jusqu'à la plage sablonneuse. Un peu après midi, le 16, le rouge disparut, et » la surface de la mer redevint bleue comme auparavant. Le 17 nous jetions » l'ancre à Suez. La couleur rouge s’est conséquemment montrée depuisle 15 » juillet, vers cinq heures du matin, jusqu'au 16, vers une heure après midi, » c'est-à-dire pendant trente-deux heures. Durant cet intervalle, le paque- » bot filant huit nœuds à l'heure, comme disent les marins, a parcouru un » espace de 256 milles ou 85 f lieues. » » Comme l’algue de la mer Rouge n'avait encore été inscrite dans aucun ouvrage général et que les classifications les plus modernes sur les Hyÿdro- phytes n’en faisaient nulle mention, elle fut tenue quelque temps pour nou- velle, jusqu’à ce que M. Montagne ait enfin reconnu quelle avait été déjà vue vingt ans auparavant dans la baie de Tor; que M. Ehrenberg, qui l'y avait observée, en avait fait, sous le nom de Trichodesmium, un genre nou- veau d'Oscillatoriée, et qu’enfin il avait publié ce genre, non dans un recueil de Botanique, mais dans les Annales de Poggendorff, journal allemand de Physique et de Chimie. » Après avoir donné une traduction du récit que fait M. Ehrenberg de sa découverte et des circonstances qui l’accompagnèrent, dont l’une des plus remarquables est une sorte de périodicité dans l'apparition de la plante, M. Montagne établit ainsi qu'il suit les caractères du genre Trichodesmium : » Fila libera, membranacea, tranquilla, simplicia, septata, fasciculata, fasciculis discretis muco obvolutis. » Aloæ sociales rubro-sanguineæ, demum virides, superficiei maris immenso grege innatantes. | » CHar. SPEC. — Trichodesmium Erythrœum, Ehrenb. Filis libere natan- tibus membranaceis ancipitibus? in fasciculos minutos fusiformes et muco involutos paralleliter conjunctis, articulatis, articulis diametro subduplo brevioribus, geniculis æqualibus constrictis aut exstantibus. » Les caractères physiques et naturels de cette algue sont ensuite exposés (78) avec détail, et sa place indiquée dans le système à côté du genre Microcoleus par l’auteur, qui communique enfin, dans un appendice , deux nouveaux faits propres à prouver péremptoirement que le phénomène de la mer Rouge est plus général qu'on ne se l'imaginerait au premier abord. Mais le premier de ces faits ayant été déjà publié dans les Recherches de Géologie de M. Darwin, il ne sera question ici que du second encore inédit, et que l’auteur doit à M. Berkeley. » M. le docteur Hinds, embarqué sur Le Sulphur, pour une exploration des côtes occidentales de l'Amérique du Nord, observa d’abord, le 11 février 1836, près des îles Abrolhos, la même algue sans doute qu'y avait vue M. Dar- win à la même époque. Cette algue se remontra plusieurs jours de suite. Quel- ques échantillons en ayant été portés à M. Hinds, il s’aperçut qu'il s’en échappait une odeur pénétrante qu'on avaitcrue jusque-là-provenir du navire; cette odeur ressemblait beaucoup à celle qui s'exhale du foin mouillé. Au mois d'avril 1837, le Sulphur étant à l'ancre à Libertad, près San-Salvador, dans l'océan Pacifique, M. Hinds revit une autre fois la même algue. » Une brise de terre la poussa pendant trois jours en masses très-denses autour du navire. La mer présentait le même aspect qu'aux iles Abrolhos ; mais l'odeur était encore plus pénétrante et plus désagréable ; elle détermina, chez un grand nombre de personnes, une irritation de la conjonctive, qui fut suivie d’une abondante sécrétion de larmes. M. Hinds en ressentit lui- même l'influence. L'algue en question constitue une espèce distincte du genre Trichodesmium , que l’auteur nomme 7°. Hindsü. Elle diffère de celle de la mer Rouge, et par ses dimensions et par son odeur. Conclusions. » De tous les faits, soit déjà connus, soit absolument nouveaux et encore inédits que contient ce Mémoire, on peut conclure : » 1°. Que le nom de mer Rouge, donné d'abord par Hérodote, puis par les Septante au golfe Arabique, tire vraisemblablement son origine du phé- nomène de la coloration (périodique?) de ses eaux ; » 2°, Que ce phénomène, observé pour la première fois en 1823 par M. Ehrenberg dans la seule baie de Tor, puis revu vingt ans après, mais avec des dimensions vraiment gigantesques, par M. Évenor Dupont, est dû à la présence d'une algue microscopique sui generis, flottant à la surface de la mer, et moins remarquable encore par sa belle couleur rouge que par sa prodigieuse fécondité ; » 3°. Que la coloration en rouge des eaux du lac de Morat, par une C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 5.) 24 ( 174 ) Oscillatoire qu'a décrite de Candolle, a les plus grands rapports avec celle du golfe Arabique , quoique les deux plantes soient génériquement bien dis- tinctes; » 4°. Que, comme on est en droit de le supposer, d’après les relations des navigateurs qui mentionnent des exemples frappants de la coloration en rouge des eaux de la mer, ces curieux phénomènes, pour n'avoir été observés que tout récemment, n'en ont sans doute pas moins existé de tout temps; » 5°, Que cette coloration insolite des mers ne reconnaît pas excelusive- ment pour cause, ainsi que semblent le croire Péron et quelques autres, sans doute parce qu'ils étaient surtout zoologistes, la présence de mollusques et d’animalcules microscopiques, mais qu’elle est due souvent aussi à la repro- duction, peut-être périodique, toujours très-féconde, de quelques algues infé- rieures et en particulier du singulier genre Trichodesmium ; » 6°. Enfin que le phénomène dont il s’agit, quoique restreint le plus ordi- nairement entre les tropiques, n'est pourtant pas limité , soit à la mer Rouge, soit même au golfe d'Oman, mais que, beaucoup plus général, il se mani- feste encore dans d'autres mers, dans les océans Atlantique et Pacifique par exemple, ainsi qu'il résulte des documents inédits de M. le docteur Hinds, communiqués par M. Berkeley. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Recherches sur le climat de la France; par M. Fusrer; deuxième Mémoire. (Extrait par l’auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Ce nouveau Mémoire a pour objet uniquement l’état du climat de la France à l'époque de la conquête de César, cinquante ans avant l'ère chré- tienne. La Gaule, à l'époque dont il s'agit, essuyait un froid intense, opiniâtre et long. Sans doute il est impossible, faute de mesures, d’assigner exactement le degré de ce froid; mais, suivant moi, il résulte de tous les témoignages contemporains: 1° que ce froid égalait celui de nos hivers les plus rudes; 2° que les descriptions que les auteurs anciens nous ont données de ce climat s'appliquent bien réellement au climat de la Gaule entre l'Océan et le Rhin; 3° que ces descriptions indiquent un état habituel. » Le commencement de la saison rigoureuse peut se conclure de l’époque à laquelle les troupes de César prenaient leurs quartiers d'hiver ; or cette époque devait correspondre habituellement à l'équinoxe de septembre, comme le prouvent directement ou indirectement plusieurs passages des Commentaires. Ainsi, dans le premier livre, César annonce l'entrée des troupes dans les (175) quartiers d'hiver un peu plus tôt que la saison ne l'exigeait (1); dans le troi- sième livre, il dit que quelques nations refusèrent de se soumettre, parce qu’elles comptaient sur l'approche de l'hiver, et qu'il s'engagea dans une nou- velle campagne, bien que l'été touchät à sa fin, parce qu'il espérait la ter- miner en peu de temps (2); enfin, dans le septième livre, il met ses troupes en mouvement aux approches de la fin de l'hiver, parce que la saison per- mettait de combattre(3). C'est la rigueur de la saison, notamment /e froid in- supportable et la violence des tempêtes (4), selon le texte des Commentaires, qui lui font surtout un devoir de faire rentrer ses troupes vers l'équinoxe d'automne. Il ne les retient sous les armes, passé cette époque et durant l'hi- ver, que dans les cas d'urgence. » La vigne et le figuier ne vivaient pas sous cette région. La vigne s'arrêtait derrière les Cévennes, en deçà du Vivarais et au-dessous du Dauphiné. Elle était ainsi bien loin de la hauteur qu’elle occupe aujourd'hui. La différence au profit de notre époque est de près de 4 degrés de latitude à l’ouest (sans compter qu'elle n'existait pas dans la région océanique au delà des Cévennes), de 4°,5 au centre et de 3 degrés au moins du côté de l'est. La culture du figuier était encore plus restreinte, puisqu'elle se trouvait reléguée au pied des Cévennes, à 5 degrés de latitude plus bas qu’à présent. ; » Après avoir cherché à établir la rigueur extrême du climat de la Gaule au temps de César, je m'attache, dans mon Mémoire, à montrer qu'il n'en pouvait être autrement, en raison des circonstances locales et de l’état des contrées voisines. » D'immenses forêts occupaient alors la plus grande partie de la Gaule. Des forêts non moins touffues couvraient au loin les contrées du voisinage; c'étaient : à l’est la forêt Hercynie (forêt Noire), au nord la forêt de la Thu- ringe, la forêt des Ardennes, les forêts vierges du Danemark, de la Suède et de la Norwége. » En outre, le sol de la Gaule, profondément imprégné d'humidité, pré- sentait une multitude d'étangs, de lacs, de marais et de marécages. Toutes les régions contiguës à la Gaule, le pays compris entre le Rhin, la mer Bal- tique et le Pont-Euxin, n'offraient également, du nord à l’est, que des terres incultes, des fleuve sujets à de fréquents débordements et des amas d’eau (1) $ 54. (2) S 27, 28. (3) $ 32. (4) Lib. VIE, $ 8; lib. VIN, 6 4, 5, etc. (176) stagnante; un immense marais cachait aussi presque en totalité les plaines devenues depuis les Flandres, la Belgique et la Hollande. Toutes ces eaux des terres basses étaient gelées aux premiers froids; et quant aux montagnes elles offraient aussi, sur divers points, d'immenses surfaces de glace. Il pa- raît, en effet, d'après les travaux récents de MM. Agassiz et Boubée, que les glaciers des Alpes et des Pyrénées étaient encore plus grands, plus nombreux et descendaient plus bas qu'aujourd'hui. Ces géologues ne doutent même pas que ces montagnes tout entières et les plaines des environs dans plusieurs points, ne soient restées longtemps , à une époque correspondante à celle-ci, couvertes de glaces comme les régions polaires (1). En dehors de la Gaule, au delà du Rhin, le continent de l'Europe, plus septentrional ou plus sau- vage, offrait à plus forte raison les mêmes dispositions locales. Ces gigan- tesques forêts, ces masses d’eau stagnantes, ces terres incultes, ces glaciers, communs à la Gaule et aux contrées voisines, expliquent, selon moi, les trois éléments essentiels du climat de l’ancienne Gaule : son froid excessif, l'abon- dance de ses pluies et la violence de ses tempêtes; c’est ce dont je crois avoir établi les preuves dans le Mémoire que j'ai aujourd'hui l'honneur de soumet- tre au jugement de l'Académie, » Je rappellerai en terminant que tout ce qui a été dit par les anciens du climat de la Gaule se rapporte aux régions du midi aussi bien qu'à celles du nord. Il n'y a d’excepté que la Gaule narbonnaise, composée exclusive- ment du Roussillon, du bas Languedoc et de la Provence. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. EMBRYOGÉNIE. — Anatomie et physiologie de l'œuf contenu dans l'ovaire, et du Corpus lateum chez la femme et les mammiferes; par M. Drscnawrs. (Extrait par l’auteur. ) ({Gommission du concours pour le prix de Physiologie expérimentale. ) « Il résulte de mes recherches que, chez la femme et chez les mammi- fères, l'œuf complet se compose de la vésicule de Graaf et de l'ovule de Baer. On‘trouve, à l'ovaire, presque tous les éléments constitutifs de l'œuf, tels que le chorion, le fluide albumineux ou le blanc de l'œuf, la mem- brane vitelline, le vitellus ou le jaune; c'est ce que je montre dans mon Mé- moire, où je fais connaître en détail ces diverses parties, ainsi que le mode (1) Comptes rendus, t. XIV, p. 528; t. XVI, p. 678, etc. D) de connexion de l'œuf avec l'ovaire, c'est-à-dire la trame cellulo-vasculaire qui, plus tard, devient le corps jaune. » Du corps jaune. — La présence de ce corps est, selon moi, l'indice certain de la réunion fructueuse des deux sexes; circonstance aussi impor tante à connaître pour la médecine légale que pour l’ovologie. Cet indice de la fécondation est passager, transitoire, tandis que la cicatrice qui résulte de la rupture du péritoine ovarique est un indice fixe et permanent , mais d’ail- leurs infidèle , en ce sens que les cicatrices menstruelles se confondent avec les: cicatrices de la fécondation. Chez une vieille femme morte avec les signes de la virginité, à la Salpétrière, les ovaires étaient criblés d'anciennes cica- trices qui indiquaient les époques menstruelles. Dans les ovaires des jeunes vierges qui succombent après la puberté, on trouve toujours les cicatrices menstruelles. Les expériences faites sur les animaux confirment, à cet égard, les observations faites sur la femme. J'ai élevé des lapines, des chiennes. des chattes, des truies, jusqu à la puberté, et je les ai tenues séquestrées, de façon qu'aucun mâle ne pouvait les approcher; or, à l'époque de la maturité des œufs, annoncée par le rut, j'ai vu les vésicules de Graaf rompues, les ovules engagées dans l'oviducte : il n’y avait jamais de véritable corpus luteum, et la cicatrice ovarienne apparaissait si je laissais vivre les femelles apres leur état de rut. » La formation du corps jaune est rapide. J'ai constaté l'apparition de cet organe ovologique quelques heures après la jonction sexuelle des vaches, des lapines et des brebis. » Le corps jaune, membrane caduque ovarique, résultant de la trame cel- lulo-vasculaire qui entoure le chorion, forme une petite masse globuleuse qui environne et isole l'œuf du parenchyme de lovaire. Ce corps isolant revient sur lui-même, après la sortie de l'œuf, pour s’arrondir en boule, à surface inégale, bosselée, jaunâtre, qui, croissant graduellement en diamètre, finit par acquérir des dimensions si considérables que, dans la vache parexem- ple, le tissu propre de l’ovaire’se trouve comme refoulé et atrophié. Dans la truie, le corps jaune, à lui seul, remplace un grain vésiculaire de la grappe. Les corps jaunes rentrent quelquefois au sein de l'ovaire, de sorte qu'à l'extérieur, leur existence se dérobe à nos yeux. Le corps jaune diminue len- tement de volume et ne disparaît que longtemps aprés la parturition. J'en ai constaté l'existence plus de huit mois après cette époque. La couleur jaune se modifie, avec le temps, dans une même espèce; j'ai trouvé les der- niers vestiges du corpus luteum, ayant une coloration rouge, rougeàtre ou briquetée, brunâtre, olivâtre et même noire. Ce corps se résorbe, (178 ) en général, de la circonférence au centre; de sorte que l'on trouve toujours les débris celluleux de la cavité centrale et ses irradiations celluleuses. » Si lon coupe le corps jaune, on trouve à son centre la cavité cupulaire qui renfermait l'œuf. Cette cavité contient du sang ou des caillots fibrineux , ou bien ses parois s’adossent, et sa trace dernière se révèle par des lamelles celluleuses agglomérées. Le tissu cellulaire central, plus proche de la péri- phérie de l'ovaire que du centre du corps jaune, présente des embranche- ments qui, sous forme de rayons, séparent le corps jaune en un certain nom- bre de lobules. Il existe toujours un sillon tortueux, quelquefois rectiligne, très-bien marqué, perpendiculaire à la surface de l'ovaire et qui résulte de l'oblitération du conduit émissaire de l'œuf : c'est par ce sillon inconnu que l'œuf s'échappe de l'ovaire... » Les vaisseaux sanguins parviennent jusqu’à l'œuf par les espaces ou sil- lons celluleux qui interceptent les lobules du corps jaune. » Chaque lobule est composé d’un tissu vasculaire, aréolaire et sécréteur qui renferme dans ses petites loges ou cellules, une substance globuleuse, granulée, colorée en jaune foncé comme de l'ocre. Les granules colorées ne s’'échappent pas par l'incision, en raison même de cette structure multilocu- laire de chaque lobule. Mais la couleur jaune se dissout dans l'eau de macé- ration et tache le papier et le linge. Telle est la mollesse et la flaccidité du corps jaune dans les ovaires de femmes mortes de fièvre puerpérale, qu’à la Maternité, je l'enlevais facilement et en totalité. Cependant il peut, même dans ce cas, acquérir de la solidité par la cuisson, l'alcool et les eaux aci- dulées. » À l'époque des menstrues et du rut; les vésicules ovariques hypertro- phiées, parvenues au delà d'une maturité normale, se brisent et versent pour ainsi dire l'ovule de Baer dans loviducte. Alors, il n'y a jamais for- mation de corps jaune, et la cavité de la vésicule de Graaf ou du chorion est lisse, unie, lubréfiée par la sérosité albumineuse. » De la gestation ovarique. — L'évolution des œufs à l'ovaire constitue le phénomène que je nomme gestation ovarique. » Resserrés dans l’organe destiné à les recevoir, les œufs des mammifères devaient se plier au petit espace qui leur était destiné. C'est pourquoi leur forme n'est pas toujours régulièrement ovoide; les uns sont ellipsoïdes, les autres aplatis, beaucoup sont amorphes. Dès que le développement d'un œuf commence, il prend la forme sphérique, globuleuse, chemine sans cesse vers la superficie de l'organe, à tel point que, avant la fécondation, l’hémi- sphère péritonéal de l'œuf fait un plus grand relief que l'hémisphère paren- ! (175 ) chymateux. Ainsi placés, les œufs périphériques acquièrent de grandes dimensions sans nuire aux œufs d’alentour ou centraux. Le nombre des œufs est très-variable, j'ai compté jusqu'à vingt-sept œufs développés à l'ovaire d'une femme adulte, » Les œufs n'arrivent que progressivement à cet état de maturité ou d'or- ganisation complète, qui les rend propres à être expulsés en totalité sous l'in- fluence de la fécondation, ou, en partie, par le simple jeu des organes géni- taux en érétisme aux époques de la menstruation et du rut. Je partage en trois époques les modifications appréciables qui arrivent dans la composition générale des œufs de l'ovaire. » Dans les fœtus (époque primitive ou fœtale), on aperçoit à la loupe de petits points opaques, amorphes, multipliés au milieu du parenchyme ova- rien ; ces petits points sont les rudiments des vésicules de Graaf. Ils ne com- mencent à être visibles que vers la fin du développement des fœtus. » L'intervalle compris entre la naissance et la puberté constitue une se- conde époque, pendant laquelle s'opère l’évolution des œufs. La superficie des ovaires reste lisse etsans traces de cicatrices, sa masse devient bombée et très- élastique. Les petits points opaques sécrètent à leur intérieur un liquide blan- châtre, puis de couleur citrine, qui les rend visibles à la simple vue. Leur volume augmente de plus en plus, et ils ne tardent pas à faire saillie à la pé- riphérie de l'organe. » Arrive enfin la puberté (époque menstruelle on du rut). C’est le moment de la formation complète des œufs. L'ovule de Baer sort de la vésicule de Graaf avec le fluide albumineux, et on le voit au microscope. L'œuf complet n'a pas plus de 2 millimètres à 2 £ millimètres. Les deux saillies de l'œuf, lune ovarique (hémisphère parenchymateux), l’autre péritonéale ou tubaire (hémisphère péritonéal), se prononcent. Alors, la connexion de l’œuf avec le tissu propre de l'ovaire est moins intime, elle à diminué de la moitié de la superficie de l'œuf : alors, au moyen de l’eau bouillante qui durcit les fluides intérieurs , on dissèque, on isole facilement le chorion de la cupule ovarique. L'œuf est à son état de maturité. » La fonction des ovaires s'établit et s'annonce par le rut et la menstrua- tion: Si l'acte de la fécondation n’a pas lieu en ce moment préparé par ia nature, l'œuf ne reste pas dans un état stationnaire; il augmente de volume, et fait un relief considérable à la surface de l'ovaire. » Avec l’âge, quelques vésicules s'hypertrophient, et d’autres restent sta- tionnaires. Les ovaires se crispent, se flétrissent, et la menstruation cesse aussi bien que le rut. A l'ovaire des oiseaux et des reptiles le vitellus domine, - ( 180 ) et l'œuf acquiert, en s'avançant dans l'oviducte, ses autres éléments constitu- tifs. L’œuf de la femme et des mammifères est complet à l'ovaire, et le blanc ou l'albumine se trouve l'élément dominateur. Ce fait, incontestable pour nous, prouve que la gestation ovarique s'établit en sens inverse dans les ovi- ie es et les vivipares. » De l'accouchement ovarique. — L'agent TRE de cet important sas est la fécondation, et les agents auxiliaires qui le favorisent sont le corps jaune, la cupule du tissu élastique de l'ovaire et de la trompe utérine. Rappelons ici que, lorsque la trompe de Fallope s'applique sur l'ovaire pour recevoir les œufs fécondés, ces œufs sont.contenus dans le corps jaune , et le corps jaune à son tour est renfermé dans une cupule de tissu fibreux ovarique. Or, les puissances à la fois érectiles et élastiques de l’ovi- ducte et de l'ovaire, sollicitées par l'acte de la fécondation, favorisent la sortie de l'œuf qui, abandonnant le centre du corps jaune, traverse le conduit émissaire et arrive dans le canal de la trompe de Fallope. Alors le pavillon frangé ou évasé se recoquille, se contourne sur lui-même, et l'œuf chemine promptement vers la cavité utérine. Tels sont les phénomènes que j'ai suivis sur deux chiennes de très-petite taille, auxquelles j'ai ouvert le ventre lorsque la jonction sexuelle existait encore. Au moment de l'accouchement ovarique, il survient une petite hé- morrhagie par la rupture des vaisseaux sanguins chorio-ovariques , et le sang s’amasse dans la cupule du corps jaune. » À l’époque des regles et du rut, les phénomènes ne se passent pas ainsi. Les œufs qui se séparent de l'ovaire sans la fécondation sont incomplets, car ils manquent de chorion. Dans plusieurs expériences de ligature des trompes et d’extirpation de l'utérus , j'ai vu les œufs se développer à l'ovaire et se rompre à l'époque de leur maturité, au moment du rut; le corps jaune n'existait pas. » La conclusion de mes recherches est donc qu'il y a un signe différentiel certain entre la sortie de l'œuf de l'ovaire par la conception et sa sortie par le retour périodique du rut ou de la menstruation. Dans le premier cas, l'œuf entier est expulsé de l'ovaire en suivant le conduit émissaire du corpus lu- teum, et de plus, il se forme un corps jaune; dans le second cas, il y a rupture de l'œuf, sans formation de corps jaune, et dans la séparation qui s'opere, la vésicule de Graaf (chorion) reste fixée à l'ovaire, tandis que l'ovule s'échappe seule par la trompe. » (age ÿ MÉCANIQUE. — Deuxième Note sur l'état d'équilibre d’une verge élastique à double courbure, lorsque les déplacements éprouvés par ses points ne sont pas très-petits; par M. pe Samr-Venanr. (Commission précédemment nommée.) « . Dans la Note insérée au Compte rendu du 1° juillet, j'ai fait remar- quer que le théorème de Poisson, consistant en ce que le moment de tor- sion (6 ou M,) est constant dans toute l'étendue d’une verge élastique (*), ne s'observe qu'à condition que le moment des forces autour du rayon de cour- bure soit partout nul. » Cette condition n’est remplie pour tous les systèmes de forces qui peu- vent agir aux extrémités de la verge, ainsi qu'à ses divers points, d’une ma- nière continue que lorsque l'axe est rectiligne dans l’état primitif, et que les sections transversales sont toutes des figures régulières (en appelant géné- ralement ainsi les figures où toutes les droites tracées dans leur plan par leur centre de gravité sont des axes principaux d'inertie). » On verra plus loin qu’elle peut encore être remplie lorsque l'axe primi- tif est une hélice, mais seulement pour des systèmes particuliers de forces. » Je me propose, dans cette Note, d'ajouter plusieurs observations à celles que contient la Note précédente, et de considérer divers cas où l’on peut déterminer facilement l'état d'équilibre de la verge pour des déplacements d'une grandeur quelconque. » 2. Nous appellerons : M,, M, les moments totaux des forces extérieures qui agissent, après les dé- placements, entre le point M de la verge et l’une de ses extrémités, au- tour : 1° du rayon de courbure de l'axe au point M; 2° d'une droite nor- male au plan osculateur. (En sorte que M,, —M, seront ce qui est désigné par M,,.M, au n° 5 de la Note citée, ces deux dernières désignations étant conservées pour les moments autour des axes principaux d'inertie de la section en M quand elle n’en a que deux.) X, Y,Z les binômes dy d?z — dzd°y, dz d°x — dx d?z, dx dy — dy d°x. On aura, M,, M,, M, étant toujours les moments autour de parallèles aux (*) Correspondance de l’École Polytechnique, 1816, ou Traité de Mécanique, 2° édition. C. R., 1844, 20€ Semestre. (T, XIX, N° 5.) 2 M, = M: + M, + ms M ET M es Pa BAT (r2) M = Merde +M, a das FA Mr da dx . dy dz - M = ds M:+ ds M, + ds 0 » Observons d'abord que, dans le cas général où le moment M, n'est pas nul, il se trouve lié avec celui de torsion M, ou 0 par une relation qui remplace le théorème 4M,— o de Poisson. Cette relation générale, que M. Wantzel a reconnue et m'a fait apercevoir, est (13) Te = En effet, si l'on différentie la troisième équation (12), on a, eu égard à la deuxième et à ce que à : da dy dz L 7 AM: + a dM, On 7 AM — Le) ( )E précisément la relation que nous venons d'écrire. » Observons encore que, dans tous les cas où la section est une Jigure régulière, on peut, comme au n° 5 de la première Note, supposer e + e— 0, ce qui réduit les équations (6) à Cat Mais, tant que M, ne disparait pas, l'intégration paraît toujours difficile. » 3. Le cas où M. Binet, et ensuite M. Wantzel, ont mtégré les équations, est TRE 1 1 ; celui où l'on a, non-seulement — = 0, — — 0, mais encore y constant, et Po To où les forces n’agissent qu'à l'extrémité de la verge, en sorte qu'en les rédui- sant à une seule force g, et à un couple k, perpendiculaire à sa direction, on (*) Foyez ce résultat aux n° 347, 318 de la Mécanique de Poisson, où ce que nous ap- pelons M, est désigné par X,+ P’+R(b— y) —Q(c—z), et ainsi des deux autres mo- ments. , | ' ( 183 ) a, celle-ci étant prise pour axe des 2 | NM or M, = — gx, M, —=#: » 4. L'intégration est encore facile dans le cas où la section de la verge peut varier de grandeur et même de forme d'un point à l’autre de l'axe primitive : ment rectiligne, mais sans cesser d'être régulière, et où lesforces se réduisent à des couples agissant dans des plans parallèles entre eux. » Alors y varie, le couple À peut varier aussi d'une manière continue, et l’on a, en prenant toujours l'axe des z perpendiculaire aux plans des couples, Ë M-=0, M,=o, M,—h, 0) QE Î © I Po Les équations (12) et (14) donnent moe pi de dE MAZUE hd M, — kT = const. Donc la courbe affectée par l'axe de la verge fait un angle constant avec le plan des couples. Appelons o cet angle; si l'on observe que px ds: dz M, —= M, mn M, ds? on a, pour déterminer x, y,zens, les trois équations différentielles d: : hds° (15) Fe Sin®, dx?+ dy? — ds? cos? 9, dxd?y — dyd?x — Fe cos? v. Elles donnent, en différentiant la seconde, Perl dydss dy lus Ep Ep et. en remplaçant, dans celles-ci, dy par Vds? cos? p — dx°, dx par — Vds? cos — dy?, elles s’intègrent, et l’on a, en Supposant $ — o pour z — 0, : hds hds = (16) æ=— cosg [ds sin IE 7=cosp fds cos Eu 4—5Ssing. 20 (184 ) Les équations de l'axe s'obtiennent donc par des quadratures qui dépendent de h ; de la manière dont Fe est fonction des. . À . 7 » D. sis est constant, elles deviennent (ec, c’, c”, c pe 72 étant des constantes arbitraires), Fr Eg cosy LINE = F7 COS (e+i): j—c"+ tes sin (c' + ne): Z — 5 Sin. Elles appartiennent à une hélice. » Déjà M. Wantzel, dans une communication faite le 29 juin à la Société Philomatique, a remarqué que la courbe à double courbure, affectée par une verge primitivement cylindrique, sollicitée par un couple, est néces- sairement une hélice. » C’est une généralisation du résultat d’Euler (*), consistant en ce que lorsque la courbe provenant de la verge, ainsi sollicitée, est plane, elle ne peut être qu’un arc de cercle. » 6. Si la verge est encastrée à l’une de ses extrémités , on peut prendre ce point pour origine des coordonnées, et un plan passant par la direction pri- mitive de la verge pour plan des yz. Les constantes doivent être déterminées . 2 dx de manière que pour $ —0, on ait æÆ—0, ÿ—0, 3—0, 7 —0, dy ; 5 5 = — cosy, et les équations de la courbe deviennent : $ Ep cosy Ey cosy hs Epcoss . As ; a — — — A . D ane APN ES F DE s sing » Le cylindre sur lequel l'hélice est enroulée a donc sa base parallèle au plan du couple; le centre de cette base est à une distance de l'axe primitif de Ey h son constante ® du filet de l'hélice sur la base est celle de l'axe primitif sur le plan du couple. la verge et du point d'encastrement, égale à son rayon — cos w, et l'inclinai- » 7. L'axe étant déterminé, si l'on veut connaître la position des points de la verge hors de l'axe, il faut déterminer les valeurs de l'angle £. On obtient d'abord facilement, au moyen des équations différentielles, (*) Methodus inveniendi, etc. , additamentum de curvis elasticis. ( 185) 1 __ hksiny. (17) es RER ‘d 1 . substituant dans 2G 4 EE + :) = M,= hsin y, on a mag Es À h ds et — Sc sin @ É, ? ou, lorsque _ est constant et que l’on fait passer par l'axe des x le plan os- culateur primitif et arbitraire de la verge droite, ce qui donne : — o au point d'encastrement, Lou E 4 kz 7 \2G Ep : Les droites matérielles qui, sur chaque section, se trouvaient primitivement dans ce plan, font maintenant ces angles e avec les plans osculateurs de l'hé- lice, ce qui détermine complétement les positions nouvelles des divers points des sections. ; : : x 2 M » On déterminerait facilement, de même, =: ete — If (- a — à ds dans EL le cas du n° 5, traité par MM. Binet et Wantzel. » 8. Observons à ce sujet que lorsquela verge, primitivement droite et à section régulière, est assujettie à une de ses deux extrémités seulement, et libre ou simplement appuyée à l'autre, le calcul de e n'est pas nécessaire pour déterminer les constantes de l'équation de l'axe. La forme de cet axe, et sa position, peuvent être déduites complétement, alors, des équations différentielles de Lagrange, complétées et intégrées par M. Binet. » Mais, ainsi que nous l'avons dit à la Note du 1° juillet, l'intervention de l'angle est indispensable en général, par exemple lorsque la verge, même droite et à section régulière, est assujettie en un second point où sa section doive observer, comme à celui d'encastrement, une certaine polarité, ainsi qu'il arriverait si une verge à section carrée devait, quelque Part, passer par un trou carré de mêmes dimensions que lasection. Alors > poùr fixer les va- leurs des forces indéterminées produisant l’assujettissement, et qui entrent nécessairement dans les équations différentielles, il faudrait poser la condi- tion que toutes les lignes matérielles de la section, en cet endroit, se sont conservées parallèles à leurs directions primitives : or, on Y parvient en ex- primant que celle de ces lignes qui faisait primitivement un angle nul avec le plan choisi pour plan osculateur, fait, avec le plan osculateur nouveau, ( 186 ) PT : { M 0 - Al 220 précisément l'angle —— — -)ds—e. C'est ainsi que nous avons déjà ÿ 2Gp T opéré (Mémoire du 6 novembre 1843, n° 26, Comptes rendus, t. XVII, p. 1026) pour déterminer la petite flexion d'un anneau encastré et sollicité par des forces perpendiculaires à son plan. » 9. Supposons enfin que la verge ait primitivement la forme d'une hélice. » La solution, donnée au Mémoire du 6 novembre, du problème de son allongement très-petit, prouve que l'hélice se déforme, et qu'elle ne resterait une hélice qu'autant que les points d'attache des forces seraient disposés de manière à annuler certaines constantes. Le problème serait compliqué, à plus forte raison, dans le cas de déplacements d'une amplitude quelconque, et on ne voit pas, d’ailleurs, comment on pourrait parvenir alors à une in- tégration générale des équations (14). » Mais on peut s'y prendre d'une manière inverse. On peut supposer, comme a fait M. Giulio, de l’Académie de Turin (Mémoires, année 1841) que la courbe d'axe, aprés l'action des forces, est encore une hélice, et cher- cher quel système de forces remplit cette condition. » Je ne donne pas le détail du calcul, que j'ai étendu au cas général où les sections transversales de l'hélice, toutes égales et semblablement placées par rapport à l'axe de son cylindre, ne sont cependant pas des figures régu- lières où telles que p = p'—p". J'ai trouvé que les forces devaient se réduire à une seule dirigée suivant l'axe du cylindre, et à un couple autour du même axe, et qu'il devait y avoir une certaine relation constante entre les moments M, et M,, en sorte que l'on obtient autant d'équations (non différentielles ) qu'il en faut pour déterminer le rayon et le pas de la nouvelle hélice. »_ Lorsque la section transversale est une figure régulière, on peut prendre M, pour M,, M, pour M,; la relation obligée dont je viens de parler se ré- duit à ME 10; qui donne E—107 en sorte que si l'on appelle g la force, 2 le moment du couple, R, le rayon du cylindre de l'hélice primitive, +, l'angle constant de ses éléments avec la base, R et les deux quantités correspondantes dans la nouvelle hélice, on a, pour déterminer celles-ci, la première et la troisième équation (14), ou ( 187) : à cos? p cos® gRsin ® + hcosg = Ep ( + set). . sin y cos sin COS%) — gRcoso + hsin o — >Gy( z 17 - 14 faciles à résoudre par rapport à R et o pour des valeurs numériques attri- buées aux quantités données g, k, R,, ©,, p. Ces formules s'accordent avec celles du Mémoire de M. Giulio , quand g et À ont entre eux une relation telle que l'hélice s’allonge ou se raccourcisse sans se tordre ou se détordre, ou réciproquement : elles s'accordent avec celles que j'ai données le 6 novembre lorsque X est nul, et queR—R,,9—9, sont trés-petits. La circonstance e—0o, et la supposition que les termes altérant la forme hélicoïdale s'éva- nouissent, rendent semblables les résultats de nos deux analyses, et les dif- férences que j'avais cru y apercevoir n'étaient qu'apparentes. » CHIRURGIE. — Extirpation du scapulum et d'une partie de la clavicule sur un homme âgé de cinquante et un ans; par M. Rrcau, professeur de clinique chirurgicale de la Faculté de Médecine de Strasbourp. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau.) « Un ancien grenadier de la garde impériale à cheval portait, en 1841, une tumeur de la partie supérieure du bras gauche, pour laquelle M. Rigaud dut faire l'amputation dans l'articulation scapulo-humérale. La plaie ré- sultant de l'opération guérit, et le malade fut bien portant pendant huit mois; mais, au bout de ce temps, on put constater dans la région axil- laire la présence d'une tumeur osseuse qui paraissait naître et qui naissait en effet, comme on put s'en convaincre plus tard, de l'angle antérieur du scapulum. M. Rigaud jugea, pour des motifs exposés dans son travail, qu'il était nécessaire d'enlever le scapulum tout entier avec l'extrémité externe de la clavicule, et, cette laborieuse opération ayant été exécutée avec un plein succès, dans le courant de 1842, le malade fut rétabli au bout de deux mois, et n'a pas cessé depuis de jouir d’une bonne santé. » M. Dexonvuuers, chef des travaux anatomiques de la Faculté de Paris, chargé par M. Rigaud de présenter ce Mémoire à l'Académie, dépose sur le bureau un modèle en plâtre de l'omoplate et de la portion de clavicule enlevées. M. Ducros adresse une Note dans laquelle il donne je résumé et les conclu- (188) sions des communications qu'il a faites successivement à l’Académie sur le rôle que joue l'électricité dans les phénomènes de la circulation. Cette Note et les Mémoires qu'elle résume sont renvoyés à l'examen d'une Commission composée de MM. Magendie , Serres et Rayer. L'invenreur pu Géorama prie l'Académie de vouloir bien charger une Com- mission de l'examen de cet appareil, qu'il considère comme propre à faciliter l'étude de la géographie, et à répandre la connaissance de cette science si utile et si négligée. (Commissaires, MM. Duperrey, Bory de Saint-Vincent.) CORRESPONDANCE. M. FLourexs, en présentant un nouveau volume des Transactions philoso- phiques (année 1843, 2° partie), fait connaître, d’après ce Recueil, les noms des savants auxquels la Société royale de Londres, dans sa séance annuelle, a accordé des médailles. La médaille de Copley a été décernée à M. Dumas, pour ses recherches sur la chimie organique et sur le poids atomique du car- bone et de divers éléments. M. Frourens fait hommage à l’Académie, au nom de l'auteur, M. Rorzey- Duxeuisos, d'un ouvrage intitulé : Auman Physiology. Cet ouvrage, imprimé à Philadelphie, présente, avec ordre et précision, les découvertes et les théories les plus récentes de la Physiologie humaine. M. Flourens est prié d’en rendre un compte verbal. M. Frouress présente un ouvrage de M. Gauzrier pe Crausry, sur l'identité du typhus et de la fièvre typhoïde (voir au Bulletin bibliographique). Cet ouvrage, dans lequel l’auteur a eu pour objet de prouver que les deux ma- ladies ne sont, sousle quadruple rapport de la sÿmptomatologie, de l'anatomie pathologique, de la condition pathogénique et du traitement, qu'une seule et même affection, est destiné au concours pour] les prix de Médébine et de Chi- rurgie de la fondation Montyon. PHYSIOLOGIE. — ÂWote sur la prétendue circulation dans les insectes; par M. Léon Durour. « Dans l'analyse que M. Flourens à donnée de l'Atlas d’Anatomie com- parée de MM. Carus et Otto ( Comptes rendus, t. XVIII, p.893), j'ai été heu- reux de lire ces mots : « … La circulation cesse entièrement dans l’insecte par- ( 189 fait , chez lequel la respiration se fait dans toutes les parties du corps. » C'est là un véritable triomphe pour moi qui n’ai pas cessé depuis vingt ans de ré- péter que le raisonnement et les faits repoussaient l'existence de cette circu- lation. Que dis-je? ce triomphe,est celui de mon illustre maître, du grand Cuvier. Il y a près d'un demi-siècle qu'il avait hautement déclaré l'incom- patibilité physiologique d'un système vasculaire avec un système trachéen aérifère qui porte dans tous les tissus le bénéfice de la respiration sanguine. Lorsque par delà le Rhin, et même en decà, on proclamait la circulation dans les insectes, lorsqu'on ne balançait pas à annoncer, à décrire, à figurer un cœur, avec toutes ses appartenances et dépendances, un'cœur,avec ses oreillettes , ses ventricules, ses valvules ; lorsqu'on allait jusqu’à parler d'ar- tères et de veines , ou de courants équivalents, j'étais seul à opposer, à ces assertions une dénégation formelle. Dans un Mémoire que je présentai, à l’Académie des Sciences, il y a trois ans, et dont elle daigna, l'année suivante, voter la publication, non encore réalisée, je crois avoir traité à fond cette question litigieuse, avoir victorieusement combattu les partisans de cette cir- culation, et motivé mon opinion négative, soit par des faits qui me sont propres, soit par des observations consignées dans les annales de la science. De nombreuses autopsies, dirigées depuis lors spécialement vers ce but, cor- roborent et confirment chaque jour ma manière de voir. Tout récemment en- core, je viens de constater dans le Zucanus, le Cossus, le: Platystoma et autres insectes parfaits de divers ordres, que le prétendu cœur ou vaisseau dorsal est sans issue à ses extrémités , et qu'antérieurement il;{s'insère à l’œso- phage sans pénétrer dans l'intérieur de ce conduit alimentaire. J'avais déjà, dans le Mémoire en question, cité plusieurs faits analogues. » MM. Carus et Otto, tout en déclarant que la circulation cesse, diadomi in- sectes parfaits , la maintiennent encore , quoique incomplète, dans les larves. Ces savants feraient ainsi, de ce premier âge des insectes, une organisation plus compliquée, conséquemment plus parfaite que celle de leur état adulte. Je m'inscris contre une semblable réserve. Indépendamment de ce que plu- sieurslarves , celles par exemple des orthoptères et hémiptères, ont les mêmes formes générales , le même genre de vie que les insectes parfaits; toutes les autres, sauf un très-petit nombre d'aquatiques, ont un système trachéen aussi répandu, aussi ramifié que celui des insectes parvenus à leur dernière métamor- phose; elles sont dans les mêmes conditions anatomiques et physiologiques sous le rapport de la nutrition et de l’absence d'un véritable appareil de circu- lation. » C R,, 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 5.) 26 ( 190 ) ZOOLOGIE. — Sur les Mollusques gastéropodes ; par M. ne Quarneraces. « Messine, 25 juin 1844. » En me confiant l'honorable mission que je remplis en ce moment, l'Académie me chargea spécialement d'étudier l'organisation du groupe des Mollusques pour lesquels j'ai proposé le nom de Phlébenterés. Je me suis occupé avec un soin tout particulier de rechercher ces animaux, dont la plu- part sans doute ont échappé jusqu'ici aux naturalistes, à cause de leur peti- tesse. Plus heureux que je n'aurais osé l'espérer, j'en ai recueilli vingt et une espèces nouvelles, dont un petit nombre seulement rentrera dans des genres connus. Toutes ces espèces ont été étudiées par moi dans les plus grands dé- tails, et je possède l'anatomie complète de presque toutes. En présentant à l'Académie quelques-uns des principaux résultats auxquels je suis parvenu, j'ajouterai que M. Milne Edwards, avec qui je parcours les côtes de la Sicile, a bien voulu vérifier mes observations. » EL Appareil digestif. — Cet appareil s’est montré presque toujours composé d'un orifice antérieur, en forme de fente verticale, suivi d’un court conduit aboutissant à une massé buccale considérable, armée d'une langue cartilagineuse, et quelquefois de dents de forme et de densité variables dans les différents genres. En arrière de la masse buccale se trouve un court œsophage; puis vient l'estomac, qui présente aussi parfois une armature particulière. L'intestin est, en général, très-difficile à apercevoir. Chaque fois que j'ai pu le distinguer nettement, il s'est montré comme un tube court, large, partant de l'estomac en arrière et sur la ligne médiane, ne formant que peu ou point de circonvolutions. La position de son orifice m'a sou- vent échappé. Lorsque j'ai pu le voir, je l'ai trouvé -placé tantôt à l’extré- mité du corps, tantôt au milieu, quelquefois au tiers antérieur du corps. Parfois aussi il est exactement sur da ligne médiane, d’autres fois il est un peu sur le côté. Dans tous les cas, je l'ai toujours vu dorsal. Chez aucun de mes Mollusques je n'ai trouvé le foie réuni en un seul organe distinct. Il paraît représenté, chez les Entérobranches, par les masses glandulaires qui entourent les cæcums branchiaux, et chez les Dermobranches, par la mem- brane granuleuse qui fait partie des parois des grandes poches intestinales. » IL Appareil gastro-vasculaire. — Cet appareil prend naissance des deux côtés et au-dessus de l'intestin. Chez les Entérobranches proprement dits , observés dans ces mers, je l'ai toujours vu consister en deux gros troncs qui se portent en arrière le long du corps, en donnant des branches d'où partent les cœcums qui pénètrent dans les appendices extérieurs du corps. (191) Dans quelques espèces, où les appendices très-multipliés remontent jusqu’à la tête, les troncs gastro-vasculaires envoient en avant un fort rameau. Chez les Actéons, ces troncs se divisent, se subdivisent presque à l'infini, et leurs derniers ramuscules tapissent toute la surface du corps, mais plus particu- lièrement les deux rames latérales improprement désignées sous le nom de manteau. Chez les Dermobranches, le système gastro-vasculaire se ré- duit à deux grandes poches latérales occupant la majeure partie de l’abdo- men, et n'envoyant au dehors aucun prolongement. » TL Æppareil circulatoire. — Cet appareil n'existe pas, même à l’état rudimentaire, chez le plus grand nombre des Phlébentérés. Dans une grande espèce, j'ai trouvé un cœur et des artères présentant la disposition que j'ai décrite chez l'Éolidine paradoxale. Dans quelques autres espèces, le cœur existait seul ; toute trace de système vasculaire avait disparu. » IV. Appareil de la génération. — Tous les Phlébentérés que j'ai.exa- minés sont hermaphrodites. Chez plusieurs, j'ai trouvé réunis des œufs et ‘des spermatozoïdes. La forme et la complication des organes, mâles ou femelles, varient. A l'époque de l’accouplement, il se développe chez quel- ques espèces des organes excitateurs très-compliqués dont on ne trouve aucune trace en d’autres temps. Dans la plupart des espèces, les deux Sys- tèmes d'organes destinés à la reproduction sont placés dans l'abdomen au- dessus de l'appareil intestinal et gastro-vasculaire. Chez les Actéons, les organes mâles seuls conservent cette position dans le corps proprement dit. Les ovaires pénètrent entre les deux lames des rames respiratrices latérales, et leurs ramifications se mélent à celles de l'appareil gastro-vasculaire, dis- position eutiérement semblable à ce qu'on voit chez certaines Planaires. » NV. Système nerveux. — Ce système est trés-développé chez tous les Phlébentérés, et quoique paraissant quelquefois varier dans des limites assez étendues, on ne l’en ramène pas moins avec assez de facilité à un méme type. Les masses ganglionnaires centrales tendent à se grouper à la face supérieure du corps. En général, elles présentent quatre gangliogs groupés deux à deux et réunis par une commissure; mais il existe quelquefois des ganglions sous-œsophagiens et des ganglions buccaux distincts. Les nerfs qui partent de ces masses centrales présentent presque toujours une dispo- sition analogue à ce que j'ai fait connaître pour l’Éolidine; mais chez quel- ques espèces, il existe des ganglions latéraux et antérieurs d’où partent plu- sieurs des nerfs céphaliques, quelquefois même les nerfs qui vont en arrière se distribuer au reste du corps. Enfin les nerfs tentaculaires présentent sou- vent, à la base de ces organes, un renflement considérable. 26... (192 ) » VE. Organes des sens. — Tous les Phlébentérés possédent des yeux et des organes auditifs. Les premiers sont toujours composés d'une poche réñférmant un cristallin entouré de pigment et une humeur vitrée. Le nerf optique! vient s'épater à la base de l'organe oculaire, et y forme une, ré- tine qui remonte quelquefois très-haut. L'organe, qu'avec M. de Sieboldr je regarde comme l'oreille, m'a toujours présenté deux capsules sphériques concéntriques ‘renfermant les otolithes. Le nombre de ces derniers varie. Dans quelques espèces, j'en ai compté plus de trente dans chaque organe. Le nerf acoustique est d'ordinaire très-court : le plus souvent même l'organe auditif semble immédiatement appliqué sur le cerveau. » VIL. Caractères extérieurs. — Par l’ensemble deleurs caractères ex- térieurs, les Mollusques dont nous parlons rappellent les Gastéropodes nudi- branches. Ils s'en distinguent par la tendance’ à la symétrie binaire latérale des organes extérieurs, et à la répétition en série longitudinale de ces niêmes organes. » NUL. Conclusions. — Le nombre des espèces de Phlébentérés que j'ai examinées vivantes avec le plus. grand soin est, aujourd'hui, de trente, dént vingt-neuf sont dés espèces nouvelles. Dans ce nombre, six appartien- nent à la famille des Dermobranches (Dermobranchiata, Nob.); six à la tribu dés Entérobranches rémibranches (Remibranchiata, Nob.); dix-huit à la tribu des Entérobranches proprement dits ( Enterobranchiata , Nob.). De cette étude, je crois pouvoir déduire les conclusions suivantes : »° 1°, Chez tous les Mollusques gastéropodes phlébentérés, la fonction de la digestion se’confond, pour ainsi dire, avec celles de la respiration et de la circulation. C’est là le caractère dominateur de ce groupe. » 5°, Gette espèce de fusion entraîne la disparition des organes de respi- ration proprement dits. Aucun Phlébentéré n’a de branchies dans l'acception ordinaire de ce mot. | » 3°, Par la même raison, l'appareil circulatoire se simplifie progressi- vement jusqu'à son annihilation complète. Aucun Phlébentéré ne possède dé veines; les artères et le cœur même disparaissent dans le plus grand nombre. Quand ils existent, ce ne sont plus que des organes destinés à agiter, à mélanger le sang. Ils n'ont pas d’autres fonctions que le vaisseau dorsal des insectes. ». 4°. Chez les Entérobranches, la division de l'appareil digestif entraîne le morcellement du foie ; chez les Dérmobranches, cette glande ne forme qu'une portion des parois des poches gastro-vasculaires abdominales. Chez aucun Phlébentéré, le foie n'existe Comme organe distinct. Dans l'embran- | | ( 193) chement des Mollusques, le caractère anatomique appartient, jusqu'à pré- sent, exclusivement au groupe dont nous parlons. ». 5°. L'appareil reproducteur est toujours asymétrique chez les Phlében- térés. À cette exception près, les organes, tant internes qu'externes, présen- tent une symétrie latérale binaire, qui serait entière si l'anus ne se portait quelquefois à droite de la ligne médiane. Ceux de. ces Mollusques qui possè- dent des organes extérieurs multiples tendent en outre à les répéter en série longitudinale. Ces deux tendances rapprochent les Phlébentérés du type des animaux annelés. Remarquons ici que, parmi les Gastéropodes nudibran- ches, il en est qui rappellent les Phlébentérés par la disposition symétrique de certains organes extérieurs. Les quelques Espéces qui, sous ce rapport, présentent de l’analogie avec nos Mollusques, s'en rapprochent en outre quelquefois par leur organisation intérieure, Ce sont des termes de tran- sition destinés à rattacher l’une à l’autre deux séries d’ailleurs parfaitement distinctes. » ZOOLOGIE. — ÂVote sur divers points de l'anatomie et de la physiologie des animaux sans vertèbres ; par M. DE QuarRerAGEss. « Capo di Milazzo, le 13 juin 1844 On n’avait encore signalé dans les téguments des Mollusques gastéro- podes d’autres corps solides que ceux qui sont connus sous lenom de coquilles. Dans deux genres voisins des Doris, toute la partie charnue du corps est par- semée en tous sens de spicules calcaires. Chez l'un d'eux, ces spicules sortent même au dehors, en sorte que l'animal a le corps tout hérissé de piquants. J'ai rencontré des spicules semblables dans le manteau d'une jéune Bulle. A une époque où, grâce aux travaux de M. Ebrenberg, l'étude des fossiles micros- copiques a pris un développement inattendu, ces faits peuvent avoir quel- que valeur en empêchant les zoologistes de rapporter à des infusoires des restes d'animaux appartenant à un groupe bien plus élevé. x! Spécialement chargé par l’Académie de continuer mes recherches sur les sexes des Annélides, j'ai examiné le plus grand nombre possible de ces ani- maux. Dans toutes les espèces que j'ai observées dans des conditions favo- rables, les sexes'se sont montrés séparés aussi bien que dans les Annélides de là Manche. J'ai, de plus, rencontré quelques faits nouveaux. Ainsi dans une éspèce pélagique très-commune à l’ouest du capo di Gallo, les quinze premiers anneaux, tres-différents des suivants’, renferment seuls des œufs ou des zoospermes. On voit qu'ici la disposition des organes reproducteurs est inverse de celle que j'ai signalée chez les Syllis::Dans une autre espèce, vivant ( 194 ) également en pleine eau et péchée à la torre dell’ Isola di Terra, j'ai trouvé des masses zoospermiques à tous les degrés de leur développement réunies dans un même individu. Cette circonstance m'a permis de reconnaître que ces masses, d’abord homogènes, subissent des divisions et des subdivisions suc- cessives jusqu'au moment où elles se résolvent pour ainsi dire en spermato- zoïdes. Ce mode d'évolution rappelle entièrement ce quise passe dansle vitellus lors de la première période de l'incubation. On voit que l'analogie tant de fois signalée entre les organes reproducteurs des deux sexes se retrouve jusque dans les produits de ces organes et jusque dans les phénomènes du dévelop- pement de ces produits. » Au reste, depuis que l'emploi du microscope, a fourni un moyen certain de distinguer les deux éléments de la génération, le nombre des animaux regardés comme hermaphrodites diminue de jour en jour, et la détermination des diverses parties de l'appareil reproducteur acquiert une certitude qui lui manquait il y a encore peu d'années. A l’aide de cet instrument, j'ai pu con- stater de la manière la plus positive que lessexes sont séparés dans l'Holothurie tubuleuse, dans l'Astérie rouge. Chez l'une et chez l’autre, les testicules sont entièrement semblables aux ovaires pour la forme et la position. La nature des produits peut seule les faire distinguer. J'ai fait des observations toutes sem- blables sur l’Actinie verte. Relativyement à cette dernière, j'ajouterai que je n ai pu confondre les spermatozoïdes avec les organes urticaux qui hérissent l'ovaire, et qui, pris pour l'élément fécondateur par quelques naturalistes, avaient fait regarder les Actinies comme hermaphrodites. Dans l’Actinie verte, les organes urticaux ne ressemblent en rien aux spermatozoïdes et ont un dia- mètre dix à douze fois plus grand. » Chez les Planaires, au contraire, les sexes sont bien réellement réunis comme l'avaient admis Baer et Dugès; mais ni l'un ni l’autre n'avait vu les sper- matozoides de ces animaux. Je les ai trouvés sur plusieurs individus qui por- taient également des œufs. L'existence de spermatozoïdes chez des animaux regardés comme présentant un exemple d'extrême simplicité d'organisation, offre par cela même un intérêt réel. » Les deux naturalistes que je viens de nommer n'avaient pas trouvé de système nerveux dans les Planaires, et Dugès paraît très-porté à les regarder comme privées de ce système. J'en ai reconnu l'existence chez plusieurs espèces. Dans toutes il s'est montré avec les mêmes caractères; il consiste en un double ganglion placé en avant de l'orifice buccal, et d’où partent plusieurs filets. » Voici encore un fait qui me semble assez intéressant pour l'histoire de la (195) génération. MM. Prevost et Dumas ont dit les premiers que, chez les animaux qui s'accouplent, la liqueur spermatique pénètre jusque dans l'ovaire, et que par conséquent l'œuf est fécondé sur place. J’ai constaté un fait entièrement semblable sur un Mollusque voisin de ceux que j'ai fait connaître dans mes précédents Mémoires. Ici l'ovaire consiste en un tube ramifié auquel s’atta- chent de grandes poches ovigères. Chez l'individu dont je parle, et qui fut pris sans doute peu de temps après l'acte de la copulation, ces poches ren- fermaient un nombre très-considérable de spermatozoïdes encore réunis en faisceaux et entièrement semblables à ceux que j'exprimais de la vésicule séminale. » Bien des naturalistes rejettent, lorsqu'il s’agit des animaux inférieurs, l'existence d'organes des sens analogues à ceux que l’on rencontre chez les animaux supérieurs. C'est ainsi que plusieurs d’entre eux regardent comme de simples taches pigmentaires, les yeux des Annélides, des Némertes, des Pla- naires, etc. D'autres naturalistes, au contraire, regardent les animaux , même les plus simples en organisation , comme pouvant avoir des organes spéciaux et distincts pour percevoir ce qui se passe autour d'eux. Voici quelques faits qui me paraissent propres à confirmer cette dernière opinion. » Dans les yeux d'une Planaire de grande taille j'ai trouvé un cristallin bien caractérisé , placé sous la couche de pigment. Chez plusieurs Némertes j'ai constaté la communication du cerveau avec les yeux, par des nerfs op- tiques distincts. Les yeux sont composés d'une couche de pigment, d’une poche renfermant une espèce d'humeur vitrée. J'ai même cru quelquefois distinguer un cristallin. Telle est aussi la composition des yeux chez les Anné- lides. Dans une espèce trouvée à la torre dell’ Isola di Terra, le cristallin était tellement considérable que, placé sur un porte-objet et regardé an mi- croscope, il a produit le même effet que l'appareil d'éclairage de M. Dujardin, et que j'ai pu mesurer la longueur de son foyer. » Dès l’année dernière, j'avais signalé l'existence d’un organe auditif chez une Annélide voisine de l’Amphicora de M. Ehrenberg. J'ai trouvé à Capo di Santo-Vito et à Favignana , une seconde espèce que je distingue de celle de la Manche en ce que chaque organe renferme plusieurs otolithes. Au reste, J'ai reconnu cette multiplicité des otolithes chez plusieurs Mollusques gasté- ropodes, que leur taille et leur transparence m'ont permis d'examiner vivants au microscope. » Dans un ver marin, voisin des Naïs, et que J'ai rencontré surtout à Fa- vignana et à Capo di Milazzo , on trouve à la tête trois yeux présentant chacun deux ou trois cristallins. De plus, chaque anneau du corps porte, à ( 196 ) côté des pieds, un œil semblable à ceux des Annélides, et communiquant . avec le système nerveux abdominal par un nerf très-gros et parfaitement distinct. Ainsi, comme l'a avancé le premier M. Ehrenberg, bien loin que les” animaux inférieurs soient dépourvus d'organes des sens, ces organes sont souvent plus multipliés chez eux que chez les animaux supérieurs, et peuvent être placés dans des parties du corps où ces derniers n'en présentent jamais. » Mme Jacousow, veuve du célebre anatomiste de ce nom, fait hommage à l'Académie d’une série des instruments imaginés par M. Jacobson pour dé- truire la pierre dans la vessie, par une forte pression, et sans perforation préalable. Cette série montre toutes les formes qu'a eues le lithoclaste, de- puis sa première construction jusqu'à l'état de perfection où l'a conduit l'auteur. En 1833, l'Académie décerna à M. Jacobson , pour cette invention, un prix de 4 000 francs; la même année , elle le nomma l’un de ses Correspon- dants. La veuve de cet homme illustre et si regrettable émet le vœu que l'instru- ment dont il a enrichi la chirurgie puisse être déposé dans les collections de l'Académie. Pour donner une nouvelle preuve de l'efficacité de la méthode dont il s'agit, on a cru devoir envoyer les fragments de plusieurs pierres extraites par M. Jacobson lui-même. Les malades auxquels ces fragments avaient appartenu, ont tous guéri. Des remerciments seront immédiatement adressés à M" Jacobson:! et l'instrument inventé par son mari sera placé dans la collection de lAca- démie. M. Paummer, à l'occasion d'une communication récente de M. Schatten- mann sur la désinfection et l'emploi, comme engrais, des matières fécales , donne quelques détails sur les manières différentes dont ces produits sont employés par les agronomes chinois, qui paraissent aussi avoir un procédé de désinfection, procédé sur lequel, au reste, les récits des missionnaires ne fournissent évidemment que des données incomplètes. M. Frourexs communique des extraits d'une Lettre qui lui a été adressée par M. pe Casrernau, Lettre dans laquelle ce voyageur reproduit tous les détails qui se trouvaient déjà dans sa Lettre à M. Elie de Beaumont (voir le Compte rendu de la séance du 8 juillet, page 136), mais où il est en outre question (Cax97 ) d'observations relatives à l’histoire des races humaines de l'Amérique du Sud, et à la connaissance des langues que parlent les indigènes du Brésil. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. ERRATA. (Séance du 8 juillet 1844.) Page 56, ligne 4, au lieu de 1, lisez ko Page 56, ligne 13, au lieu de À, lisez Ako — 0? 2 Page 58, ligne 6, au lieu de \— : mn? lisez 1 — É Page 58, ligne 11, au lieu de [s— 1]; , [s—2]1, lisez [s—1],,,, [s—2],,. 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Annales forestières; juin 1844; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° 87; in-8°. Annales de l'Académie de Reims; * vol., 1842-1843; in-8°. Bulletin de la Société d’'Horticulture de Caen; mai 1844; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; juillet 1844; in-8°. De l'identité du Typhus et de la Fièvre typhoide; par M. GAULTIER DE CLauBRY; x vol. in-8°. Histoire d’un petit Insecte coléoptère (Golaspis atra) qui ravage les luzernes du midi de la France, suivie de l'indication des procédés à employer pour le détruire ; par M. Joiy. Montpellier, 1844 ; in-9°. 5 Notice sur l’histoire, les mœurs et l’organisation de la Girafe ; par le même. Toulouse, 1844; in-8°. Types de chaque famille et des principaux genres de Plantes croissant sponta- nément en France; par M. PLÉE; 9° livr.; in-4°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; juillet 1844; in-8°, avec atlas du 1% semestre; in-4°. Annales des Maladies de la peau et de la Syphilis ; par M. CAZENAVE; juin 1344 ; in-80. L' Abeille médicale; juillet 1844; in-8°. Astronomical. . . Observations astronomiques faites à l'Observatoire royal de Greenwich dans l'année 184, sous la direction de M. J. BIDDEL-AIRY, astronome royal, publiées par ordre du Bureau de l’Amirauté. Londres, 1844; 1 vol. in-/4°. . Catalogue... . Cataloque des places de 1 439 étoiles, rapportées à la date du 1e janvier 1840, d'après les observations faites à l'Observatoire royal de Green- wich, depuis le 1° janvier 1836 jusqu'au 31 décembre 1841. Londres, 1843: in-/°. ( 199 ) Philosophical. .… Transactions philosophiques de la Société royale de Londres pour l'année 1843; 1° et 2° partie, et 1° partie de 1844; in-4°. The royal... Liste des membres de la Société royale au 30 novembre 1843; in-/°. Proceedings... Procès-verbaux de la Société royale de Londres; n°° 53 et 58; du 30 mars 1843 au 23 novembre 1843; in-8°. The medals. Les Médailles de la création, ou premières Lecons sur la Géologie et sur les restes organiques ; par M. G. MAnTELL; 2 vol. in-12. Londres, 1844. The Quaterly review, mars et juin 1844 ; in-8°. The Aithenœum ; mai et juin 1844; in-4°. Human Physiology... Physiologie humaine ; par M. RoBLey-DUNGLISON ; 5° édition, 2 vol. in-8°. Philadelphie, 1844 ; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScHuMACHER ; n° 508 et 509; in-4°. ÿ Gazeite médicale de Paris; n° 28; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n° 80 à 82 ; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 3. L'Expérience; n° 367 ; in-8°. 2 —— "me COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 22 JUILLET 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. BOTANIQUE. — Sur une excursion aux extrémités méridionales et occiden- tales de l'Algérie; par M. Borx pe Sainr-Vincenr. « Je dois communiquer à l’Académie quelques-uns des détails qui vien- nent de mêtre adressés par M. le capitaine Durieu de Maisonneuve à membre de la Commission scientifique d'Algérie, concernant les régions les plus reculées dans l’ouest de nos possessions africaines qu'a parcourues cet in- fatigable explorateur, de la mi-avril jusque assez avant dans le mois de Juin, c'est-à-dire pendant la saison printanière, après laquelle de très-fortes cha- leurs dévorant la verdure n'y font grâce qu’au feuillage persistant du petit nombre d'espèces d'arbres caractéristiques d’une région boisée particulière, qui s'étend précisément où l’on s'imagine que commence une mer de sable aride et mobile, laquelle n'existe cependant nulle part. » M. Durieu partit d'Oran accompagné d’un seul domestique arabe et se dirigea d'abord sur Tlemcen où il nous restait quelques observations à com- pléter. Il se mettait en route précisément à l'époque où s'élevait non loin de sa droite cet orage politique du Maroc qui cause au loin tant d'émoi, mais qui n'a pas un moment causé de sérieuses inquiétudes aux bons esprits à portée C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 4.) 28 { 202) de voir ies choses de près. Notre savant voyageur, ayant vu ce qu’il se pro- posait d'approfondir, se rendit à Mascara, dont les environs avaient été jus- qu'ici trop légèrement étudiés, et se dirigeant, quand il n'y eut plus rien à faire, droit au sud, il était parveuu le 20 mai bien plusloin que Ouizart et Saïda, aux limites extrêmes que la nature seule a pu jusqu'ici assigner à nos con- quêtes. Il s'y est élevé jusqu'au véritable désert, si désert il y a, le plus dans l'ouest possible, et plus méridionalement même que le parallèle de Biskara. Il n'était pas à moins de 20 myriamètres des côtes, et il a été fort surpris de tronver encore dans toutes les productions de la nature, à une si grande distance, le caraëètère méditerranéen le plus prononcé. Un certain nombre de plantes mentionnées dans le Flora atlantica, que j'avais recommandées à M. Durieu de retrouver parce qu'elles sont citées par Desfontaines, ne se sont pas présentées à lui, quoiqu'on les regardät comme propres au désert. Ce savant me fait remarquer qu'elles furent recueillies au fond des sirtes, et croit avec grande apparence de raison qu'elles devront être retranchées de notre catalogue de la végétation algérienne. » Planant pour ainsi dire du faîte d'un plateau qui, s'élevant de plus en plus à partir de Saïda, se termine par un long escarpement, l'intrépide voyageur put contempler tranquillement partie des limbes de ce qu'on appelle commu- nément, avec cette intrépidité que donne une vieille habitude, Le vaste désert, encore que le dépeuplement n’en soit que relatif, et analogue, seulement dans de plus grandes proportions, à celui de nos landes aquitaniques, où des espaces incultes, qui ne sont pas « un océan composé d'arène vagabonde, » séparent çà et là le territoire souvent très-fertile de lieux assez populeux. J'avais dans ma jeunesse souvent observé, dès la sortie de Bordeaux quand on se rend à la Teste, le phénomène du mirage, si longtemps considéré comme propre aux déserts africains; ce mirage, en effet bien plus prononcé, s'est offert ici, daus toute sa splendeur, aux regards de M. Durieu, qui a même pu jouir du merveilleux spectacle d'un mirage à deux étages, beaucoup plus distinct qu'on ne l'avait encore observé nulle part. » Avant d'arriver aux confins du désert et des sept à huit lieues au sud de Mascara, M. Durieu commença à rencontrer en plus grand nombre qu'il ne l'avait vu ailleurs, ce Callitris quadricocca appelé Thuya, articulata par Desfontaines. On ne rencontre cet arbre que cà et là dans quelques autres parties de l'Algérie, où il ne parvient guère à une grande taille. J'avais autre- fois eu occasion de reconnaître, quand nous enträmes pour la première fois à Cherchell, dans les fosses de la maison abandonnée d’un tanneur, que le feuillage de ce Callitris est employé dans la préparation des peaux. Au sud ( 203 ) de Mascara, sans jamais composer de forêts à proprement parler, ces arbres finissent par se rapprocher en plus grande quantité, pour occuper une zone fort étendue, où tous les individus, évidemment multiséculaires , semblent être contemporains et dater d'une seule et même époque. La plupart, dont le tronc est simple, acquièrent au delà de 4 mètres de circonférence; il en est de multiples qui sont encore plus gros, et ceux dont la cime n’a point été mutilée n'ont pas moins d’une soixantaine de pieds d’élévation. On ne trouve point d'individus dont les proportions soient intermédiaires, et pasun seul jeune pied dansles intervalles que les grands laissent entre eux. L’incendie serait-il la cause d'une telle singularité? Mais alors pourquoi les vieux individus ne seraient-ils pas aussi consumés, puisqu'il suffit de mettre Le feu à un seul point de l'écorce du Callitris pour que celui-ci brûle entièrement, tant le bois en est résineux? M. Durieu a vu des pâtres grossiers qui en allumaient de magnifiques pour se divertir, et sans autre motif que de les voir se con- sumer. » Quelques parties de cette région boisée se composent aussi d'oliviers sauvages, mais qui ne viennent pas aussi grands que la plupart de ceux qu'on admire pour leur taille dans la région riveraine. Le Chêne au Kermès (Quer- cus coccifera, L.), qu'ailleurs nous n'avons jamais vu de très-grande taille, atteint ici aux proportions des arbres forestiers, et il en est de presqu'aussi gros que des chênes ordinaires. Le Lentisque (Pistachia Lentiscus, L.) devient aussi fort grand et compose des massifs considérables. Quand on avance encore plus dans le sud, les Callitris deviennent de plus en plusnombreux et beaux, sans cependant jamais se presser en forêts épaisses. On en a évidemment fait en plusieurs endroits des coupes plus ou moins considérables. Son bois, étant absolument semblable, tant pour l'aspect que pour la qualité, à celui du Ce- dre, se transporta, à ce qu'il paraît, concurremment avec celui des forêts si longtemps ignorées du petit Atlas, dans les villes du littoral à l'usage de l'ar- chitecture. Nos ofliciers du génie l'ont abondamment employé pour les con- structions du camp établi au sud de Mascara ; et de là s'était accréditée l’idée qu'il existait aussi des forêts de Cèdres du Liban dans la contrée. On avait d’abord tourné en ridicule la pensée manifestée dès 1840, qu'il pût y avoir de véritables Cèdres en Afrique ; depuis qu'on ne peut plusnier qu'il en existe dans les environs de Sétif, sur les hauteurs de Dgigelli et dans le voisinage d'Alger même, on en veut trouver partout. M. Durieu a bien examiné la question et démontré la méprise, » L'Oxicèdre (Juciperus Oxicedrus, L.) est encore l’un des produits remar-. quables de la région boisée du midi de Mascara et de Saïda. Il y acquiert des 28. ( 204 ) dimensions que l'on ne lui voit pas autre part, et M. Durieu en a trouvé dont la tige avait plus de 1 mètre de circonférence et une certaine éléva- tion. » Pendant les deux mois durant lesquels notre intrépide explorateur a parcouru un pays où le voisinage de la guerre pouvait faire appréhender quel- ques défections chez les tribus dont il lui fallait traverser le territoire, il n'a pas, dit-il, entrevu l'ombre d'un danger. Il est douteux qu'on en pût dire au- tant si l’on entreprenait de faire nuitamment le tour de Paris d’un crépuscule à l’autre. Circulant paisiblement, sans être inquiété par qui que ce soit, en des lieux où quelques personnes ont l'habitude de dire que « le sang français » coule continuellement à grands flots sous le yatagan de l'Arabe impi- » toyable, etc. etc., » M, Durieu n’a eu à redouter que les ardeurs du siroco, qu'on pourrait appeler l'haleine du désert, et qui a sévi pendant quatre à cinq jours sans discontinuation. » L'excursion de M. Durieu , en ajoutant une multitude de faits importants aux résultats scientifiques obtenus précédemment, en complétant nos connais- sances botaniques et en faisant surtout connaître l’état forestier de l'Algérie, si longtemps réputée totalement dépourvue d'arbres, prouve encore que l'espèce humaine n'y est pas aussi féroce et fanatisée qu'on s'obstine à nous le repré- senter pour produire certains effets oratoires, dont la portée commence heu- reusement à s'user. Il suffit d'avoir bien convaincu les habitants, soit séden- taires, soit nomades, de l'Afrique, qu’on ne les redoutait pas et qu'en sachant les atteindre , on joignait l'esprit de justice à la force, pour qu'ils aient senti à quel point il était de leur intérêt d'être paisibles et même justes à leur tour. M. le maréchal ministre de la Guerre, auquel j'ai dû faire part des explora- tions de M. Durieu , convaincu, parce qu'il sait les choses comme elles sont, qu'on pouvait pénétrer partout dans nos possessions algériennes quand on se comportait de façon à n'y pas causer d'ombrage et qu'on n'y tente pas im- prudemment la cupidité, a, sur ma demande, prolongé la mission de ce sa- vant officier pour le mois prochain, où il est probable qu'il ‘'élèvera sur les points culminants du pays, la neige qui persiste quelquefois jusqu'au com- mencement des étés devant y être fondue. » M. Durieuétait de retour à Alger vers la mi-juin. Le soir même du jour de son arrivée, il en repartait pour aller donner un coup d'œil aux frontières de Tunis, et rechercher à la Calle des choses que nous y avions népligées. I m'écrit du 9 de ce mois qu'il y a retrouvé, dans le fond d'une mare, l’une des Isoëtes dont j'ai entretenu l’Académie dans l’une de ses dernières séances, et à laquelle j'imposai le nom spécifique de Z. longissima. Je ne signale ici ce ( 205 }) fait que parce qu'un singulier hasard vient lui donner la plus haute impor- tance en géographie botanique. » Je recevais, peu de jours avant la dernière communication de M. Durieu, une Lettre de Leipsick du savant professeur M. Kunze, auquel je me fais un devoir de communiquer tout ce que je crois nouveau en cryptogamie, et auquel conséquemment j'avais des longtemps adressé nos espèces africaines d'Isoëtes. Cet habile naturaliste m'écrit : « Je viens de recevoir une assez belle » collection de Californie ; l'une des premières plantes que j'y trouve est » votre /soëtes longissima de la Calle. Il n'y a pas le moindre doute à élever » sur l'identité spécifique. » » Il y a bien loin de la Calle à la presqu'île, qu’en séparent l'Atlantique et la mer Vermeille ; comment le même végétal se trouve-t-il au fond des eaux douces de l'un et de l’autre pays? Les vents, les oiseaux, les hommes ont-ils porté sa semence précisément en deux points si éloignés du globe et séparés par tant d'eau salée? ou l'/soëtes longissima s'est-il formé simultanément en ces deux sites? Je laisse la décision d'une telle question à de plus hardis que moi. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — ÂVote sur diverses propriétés remarquables du développement d'une fonction en série ordonnée suivant les puissances entières d’une même variable ; par M. Aueusrin Caucay. « Considérons une fonction donnée d’une variable x réelle ou imaginaire. Si cette fonction reste continue, du moins pour des valeurs du modale de la variable comprises entre certaines limites, elle sera, pour de telles valeurs, développable en une série convergente ordonnée suivant les puissances en- tières de la variable. Il y a-plus: les divers termes de ce développement joui- ront de propriétés remarquables, et qu'il paraît utile de signaler. » D'abord, la valeur d’un terme quelconque, pour un module donné de la variable, ne sera autre chose, comme on peut aisément s’en assurer, que la valeur moyenne et correspondante du produit qu'on obtient quand on multiplie la fonction ellemême par une certaine exponentielle trigonomé- trique.-Or, de ce principe on déduit immédiatement un théorème digne d'at- tention, savoir, que, dans le développement d'une fonction suivant les puissancés ascendantes d'une variable, le module d'un terme quelconque est, pour un module donné de la variable, toujours égal ou inférieur au plus grand module correspondant de la fonction dont il s’agit. » D'ailleurs de ce premier théorème on en déduit immédiatement plu- ( 206 ) sieurs autres qui permettent de transformer en méthodes rigoureuses divers procédés dont on s'était servi pour déterminer les valeurs approchées des coefficients que renferme la série. ANALYSE. » Soit {(x) une fonction donnée de la variable imaginaire (1) de rele, et supposons que cette fonction reste continue entre les limites inférieure et supérieure 4, et du module r de la variable x. On aura, en prenant r = 1, (a) F(e/)—=..a je PV Pa je PA Lo taie?" "+ a er", et plus généralement, en supposant r renfermé entre les limites 4,, 4, (3) f(x) = … ax? +a_,x Ha +ax+ dx +. la valeur de a, étant déterminée par la formule Or, cette formule, dans laquelle on peut supposer l'indice n positif ou négatif, et attribuer au module r l’une quelconque des valeurs comprises entre les limites k,, k, entraîne diverses conséquences dignes de remarque, et que nous allons indiquer. » D'abord, il suit de la formule (4) que le produit 4, r", c'est-à-dire le module du terme général du développement de f (x), est précisément la valeur moyenne de la fonction CTP EU (rer tt). D'ailleurs cette valeur moyenne offre nécessairement un module inférieur au module maximum de la fonction elle-même. On peut donc énoncer ce théorème très-général, et qui paraît digne d'attention. » 1 Théorème. Dans le développement d'une fonction suivant les puis- sances entières d'une variable, le module d’un terme quelconque est, pour une valeur donnée du module de la variable, toujours inférieur au plus grand module correspondant de la fonction elle-même. (207) » On peut évidemment tirer de la formule (4) une limite supérieure au module du terme général TR LEMNOU NAS, Le" de Îa série comprise dans le second membre de la formule (3). Veut-on, par exemple, obtenir une limite supérieure au module de an x”, n étant positif? On posera =; e désignant un nombre égal ou inférieur au module #. Soit d'ailleurs $ le module maximum de la fonction f (pe?) on une quantité positive infé- rieure à ce module. En vertu de la formule (4), dans laquelle nous rédui- rons r à p, le module de a, x” sera certainement inférieur au rapport Pareillement, si p, désigne un nombre égal ou supérieur au module 4, et $, le module maximum de la fonction 0e) où une quantité positive inférieure à ce module ; alors le module de D Ce sera certainement inférieur au produit = (y. r r Cela posé, si, dans le second membre de Ja formule (3), on conserve seu- $ . . I , lement les termes proportionnels aux puissances de x ou de => dont le degré est inférieur au nombre entier ñ, l'erreur commise offrira certainement un module inférieur à la somme CORSA ou, ce qui revient au même, à la somme do L C ê A æ (5) Jin nome de 1 1— £ r ( 208 ) Donc, si l'on attribue au nombre entier 7 une valeur assez considérable pour que la somme (5) devienne inférieure à une certaine limite d, on commettra sur la valeur de f(x) une erreur, dont le module sera inférieur à cette limite, lorsqu'à l'équation (3) on substituera la suivante (6), É(arh = as a HG ART lé GUN de A NRRE et par conséquent on pourra, sans craindre une telle erreur, ni sur la fonc- tion elle-même, ni sur aucun des termes qui renferment les coefficients Œnyyse ee) lys Ag Bises An4s déterminer chacun de ces coefficients, non plus à l’aide de l'équation (7) Am = _ em (re) dp, y | À mais à l’aide de la suivante 2miT dir y— _— — 1 zÉcr — 7 Ÿ L (8) An = De ACOMNEL Idésignantunnombre entier égal ou supérieur à 2n— 1, et lasomme qu'indique le signe > s'étendant à toutesles valeursentières de z qui restent inférieures à L. Or, substituer l'équation (8) à l'équation (7), c'est tout simplement appli- quer la méthode des quadratures à l'évaluation de l'intégrale que renferme le second membre de l'équation (7). C'est encore, si l'on veut, appliquer la méthode d'interpolatiôn au développement de la fonction f(x) en série. Mais, en opérant comme on vient de le dire, on transformera en méthodes rigoureuses ces méthodes dont les géomètres ont souvent fait usage, et dont javais moi-même, des l'année 1832, indiqué l'emploi comme pouvant être utile dans les problèmes d'astronomie. » Lorsqu'en supposant r — k et r = k,, on rend infinies des dérivées de f(x), alors, d’après ce que j'ai dit dans un autre article, Æ et k, sont les li- mites extrêmes entre lesquelles le module de x peut varier, sans que le dé- veloppement de f (x) cesse d'être convergent. Si d’ailleurs la fonction f(x) ne devient pas infinie avec ses dérivées, mais conserve, au contraire, une valeur finie pour r = # et pour r =, il sera utile de réduire, dans l’expres- sion (5), 9 à #,p, à k. Cette dernière réduction ne sera plus permise, si ( 209 ) f(x) devient infinie quand on pose r— k et r— k. Mais alors, pour dimi- nuer la valeur de l'expression (5), il pourra être avantageux, quand le nombre 7 sera considérable, de supposer p peu différent de k, et p, peu différent de 4,. » Au reste, dans le cas dont il s’agit, on peut souvent substituer à l'expres- sion (5) une autre expression du même genre, que l'on déduira de l'équa- tion (4), transformée d’abord à l’aide d'une ou de plusieurs intégrations par parties. En effet, concevons que f(x) devienne infinie pour une valeur & de x, dont le module soit 4; et supposons, pour fixer les idées, . fa) =(1 2) e0), l'exposant s étant positif; mais admettons en même temps que o(x) conserve une valeur finie pour x — E. Si l'on nomme à l'argument de ë, on aura E— keV", f(rer°=1), = Le — Zetpr®) sul o (rer*—1). On aura donc, par suite, APTE [r — el(Pro) EE o (ker*1); et l'on tirera de la formule (4), en y posant r = 4, RS fiat BP TES D Ver] (9) An — = f er Pa Îr eP + Lo (ker*-1) dp. rt Or, une ou plusieurs intégrations par parties, appliquées à cette dernière for- mule, feront croître l'exposant — s d’une ou plusieurs unités, de manière à ce qu'il se trouve remplacé par un exposant positif; et alors le module : : : 2 TE HANE maximum de la fonction sous le signe f, multiplié par le rapport (7) ; donnera évidemment pour produit une limite supérieure au module du terme a, &”. » Lorsqu'on applique les principes que nous venons d'exposer aux pro- blèmes d'astronomie, il est bon de se rappeler que l’on simplifie les calculs en substituant directement dans les intégrales dont les valeurs se déterminent par la méthode des quadratures, les anomalies excentriques aux anomalies moyennes. » C.R., 1844,2Me Semestre. (T. XIX, N° 4.) 29 ( 210) F GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Vote sur la courbure des lignes considérées comme provenant de l'intersection mutuelle de deux surfaces données ; par M. J. Biner. « Quand une ligne courbe est située à la fois sur deux surfaces f, f,, sa courbure, en un point déterminé R, dépend de la forme des deux surfaces et surtout des éléments de leurs courbures au point R. Je me suis proposé de re- connaître la participation individuelle, en quelque sorte, due à chacune des sur- faces dans la courbure de leur section commune, et J'ai été conduit à deux propositions géométriques qui emploient , pour leur expression , des considéra- tions distinctes, mais qui sont aisément conciliables. Je me bornerai ici à énoncer la plus simple de ces propositions : par la tangente à la section commune en R, conduisez un plan qui coupe la première surface f, et qui lui soit normal; déterminez le centre de cette section normale d'après le théorème d’Euler ; par la même tangente conduisez un second plan normal à la surface /,, et cherchez pareillement le centre de courbure de la ligne qu'il trace sur f,; vous joindrez, par une droite, les deux centres de cour- bure ainsi trouvés : ce sera la ligne des pôles de l'élément de la courbe pro- posée en R, selon la dénomination de Monge; et une perpendiculaire abaissée de R, sur cette ligne des pôles, sera le rayon de courbure , tant en grandeur qu'en position. Cette proposition se rattache naturellement au théorème de Meunier sur la courbure des sections obliques des surfaces. J'ai été informé, par M. Chasles, après la présentation de cette Note, que M. Hachette, membre de cette Académie, a donné une construction élégante qui renferme la même proposition : il l'a tirée de considérations ingénieuses sur les surfaces réglées et sur les projections, ainsi qu'on le voit dans la partie synthétique de son Traité de Géométrie, publié en 1817. » À. Soit p le rayon de courbure d'une ligne quelconque ; sa grandeur est donnée, pour le point R qui répond aux coordonnées rectangulaires x, 7, z, par la formule connue (1) 1 __ (dy d'z — did'y} + (dzd°x — dr d?z) + (dxd°y— dy d'x) De PAS MONET PIS NET PORT où l'on représente dx? + dy? + dz? par ds°, en sorte que ds est l'élément de la courbe. Le plan osculateur de la courbe forme, avec les plans des yz, zx, xy, des angles qui ont pour leurs cosinus à RE dy d?z — dz d'y dzd'x — dxd?z dx d'y — dy dx @) Ê EE raapres ds x ap ds © le rayon de courbure p se trouvant à l'intersection du plan osculateur et du LAN plan normal à la courbe, il en résulte que l’angle px, formé par cette droite avec la direction de l'axe des x, a pour cosinus 2 dz dz dx — dx d?z dy _ dxd'y — dy dx RP 0e ds3 mire ds° 2 ou bien ; A d°x (dx? + dy? + di?) — dx (dx d°x + dy d°y + dzd’z) G cp = mais dxd?x + dy d'y + dzd*z = ds.ds?; donc 2 dsd?x — dxd? dx cos px = p EE Æ des et semblablement ei dsd'y — dy d?s p dy (4) CORRE sr Pa de AN 0 dsd?z — dzd?s p EE been Cadran » 2. Cela posé, représentons par (8) z= f(x, y), z=f (x, 7) les équations de deux surfaces f, f, donnant, par leur intersection mutuelle, la courbe proposée ff, : les différentielles de ces équations seront (6) dz = pdx + qdy, dz=p,dx + q, dry; on en tire les rapports de dx, dy et dz, auxquels nous donnerons la forme suivante : (7) AL A Vi dz He D—g P—Pi Plug ds. tE nous remplacons ici par À la quantité /(q, —q} +{(p—p,) +{(pq: — gpi), et lon aura aussi A?=(p+q +1) (p?+qi+i) — (pp; +gqi+ 1). Nous devrons différentier de nouveau les équations (6) : représentons, pour 29.. (Cars) abréger, dp dx+dq dy, par B ds’; dp,dx + dq;dy, par B,ds?; par cette notation les différentielles des équations (6) seront p. Px+q y —dz=—-B ds, PaËx+q, dy —d'z= —B,ds; à ces deux égalités joignons encore dx dx + dy dy + dz d'z2= ds d?s, afin d'en déduire d°x, d?y, d°?z : remarquons que p(adz+ dy) — p,(qdz+ dy)+dx(q, —q)=— A? = — AS: et l’on obtiendra par l'élimination de LP: CPP + qq +1)—p (pi +qi + / ds? ÉR—IeS Ve ME Lun LP (pps +-qgu +3) — pi (p° + 9à + ( 1)] 1)] dy ds. P+ TR). = [gs Gps + qui +1) —q (pi +qi+ . ] B,[q (pps + qqa +1) — qu (p? + q° +1 Dep. me ln BI (pi+g+n— (pi+gi+i \ BR CPP RUE) — 0 (Pi y En De ces valeurs on déduit les suivantes, en ayant encore égard aux équa- tions (7), dy d?z — dzd y = © (Bp, — B, p), ddr — drd'z= . © (Bg —B); dxd'y — dy dx= —©(B —B,); substituant dans l'équation (1), on aura, pour déterminer le rayon p, ER B'(p?+q? +1) —2BB(pp+gq+i) + Bi(p+g +1). MN ERNEST CNE. (9) F5 et pour les angles qu'il forme avec les axes des x, des y et des z, d’après les ( 216: ) équations (4) et les valeurs (8), il viendra Pr £ B Lpi(ppi+qq+1) — p (pi+g?+1) CH B[p (pp + qqitr) — pi (p ++ 1)])" B Lg, (ppi+qqi +1) — ee + Bifg Cppi+gqi+r) — qi (ip + g +1)? cos pà =— À B [(ppi+qqi+1) — (pi +qi+1)] Ê A° + B (pp gg 1) — (pt + ge El Fs Go) {cos = 2 > » 3. Concevons, pour un instant, que, sans rien changer à la première surface f, on emploie un plan pour seconde surface. Soit 3— ax + br+e son équation, a, b,c étant des constantes données, il en résulte dz—adx + bd): ainsi p,=4, q,— bd, dp, — 0, dg,— o et la quantité B, ds? — dp, dx + dq,dy —0o, ou bien B, — 0. Admettons d’ailleurs que les coefficients constants 4, b soient égaux respec- tivement aux valeurs qu'avaient p, et q,, relativement à la seconde surface z= f, (x, 7), pour le point particulier, et qu'en outre le plan 'z=ax+ by +c passe par ce même point: cela revient à dire que le plan en question coïncide avec le plan tangent à la seconde surface f, au point R, et que la courbe plane résulte de la pénétration , dans la première surface, du plan tangent à la se- conde. Je désignerai par M cette courbe plane, et par {2 son rayon de cour- bure: si l’on voulait écrire ses équations, il conviendrait d'employer des coor- données courantes, X, Y, Z, autres que x, ÿ, Z, qui sont particulières au point R, et l’on aurait 2 = EN) 2 ppt qe — 4x Les différentiations devraient être exécutées relativement à X, Y,Z, et, après les avoir effectuées, on aurait à substituer æ, y, z à la place de x, v,z, pour déterminer, comme précédemment , ce qui concerne sa courbure au point R ; mais il est visible que nous aurons la valeur et la direction du rayon de cette courbe M en posant, dans les formules (9) et (10), B, = 0; il vient donc 1 BYpi+giri (x) 1 BWpirgt pe A (2154) Pas cospx = <.B[p:(ppi+qqi+1) — p(pi+qi+s)], (r2) cos pY — -B[q (pPi+ qq +1) — q(pi+q?+r)], cos uz = — À. B[(pp+qgi+1) —(pt+qi+1)] Désignons pareillement par M, la section que forme dans la deuxième sur- face z— f, (x, y) le plan tangent à la surface /, et par y, le rayon de cour- bure de cette ligne plane au point R; nous aurons par les mêmes formules (a) et (10), (13) Len RS COS, æ — me B [pps + qq + 2) — pi (p? + q° + 1), (14) À cos ÿ = MB, [9 Gppi + qq + 2) — qu (p° + g + 1], cos fu =— me Bi CPP: + qq + 1) — (p? + g + 1)] LS L'angle 1142, des rayons y: et j2, résulte la formule connue LPS AS LE PAS LT D cos [4 Hu, — COSZ ÆX COSE, X + COS pr J COS, Ÿ + COS [LL Z COS [1 2, à 4 FRE LS LS après avoir substitué pour cos px, cos y, æ, etc., leurs valeurs (12), (14), et ayant égard aux valeurs de j: et p., données par les formules (11), (13) Age PP +qqi+i COS Rp — VP + +i Vpi +ai+i ce qui était d'ailleurs assez visible, par les situations particulières de y et 1, dans les plans tangents des deux surfaces. Remplaçons B et B,, dans la va- leur (9) de p, par les expressions prises dans les équations (11), (13); cela donne L I 2 PP: + qi +1 u — — = — à 5e A pp? Bhm Vp'+gt+i Vpi+qgi+r ou bien ( 215) LA) (15) Ses Re És Lip He Hi On peut aussi introduire dans les formules(10), p et p1,, à la place de B et B,; elles deviendront Z I PSS 1 AO — COSÿ X—- COS px + — cos PT; P (2 pa 1 DS I DE RS (16) = cosp y — C0 D conne p 1 1 Cd I DT 1 LEUR Pi A Z— -Cosp Sn a0s Rs 2 | dl î A A An . 0 . Multipliant ces égalités par cosux, cos (17, cos uz, et ajoutant , il vient (17) AR au + son ff ue p SP FE pe pa FH; FRS ASS ADS on aura aussi, en multipliant par cos p,x, CoSp,Y, cos, 2, RS (18) E. COS P Pi— one + LE P 2 pi » Pour interpréter le résultat de ces recherches, il sera commode d'em- , . , x I ployer, selon l'usage de plusieurs géomètres, la grandeur 5 comme mesure de la courbure, en R, de la ligne proposée ff, : nous supposerons cette I , r . 3 . « courbure F représentée par une droite portée, à partir de ce point R, sur . . À 32: 1 la direction même de 5. Nous regarderons aussi -, — comme les courbures pe? bn de ces lignes planes M et M, que forme respectivement , dans chacune des ÿ AT) 1 1 : surfaces, le plan tangent à l'autre surface: ces courbures —, — seront aussi CT représentées par deux droites portées, à partir du point R, sur les directions A . . . I Li mêmes des rayons y et p1,. Ainsi, les trois courbures —, -, — seront des pp pa droites comprises dans le plan normal en R. Cela posé, les équations (15), . © 1 I . . , , (17) et (18) expriment que si, sur les courbures sAeheins représentées ; ( 216 ) vous construisez un parallélogramme, en employant ces lignes comme côtés contigus au sommet R, la diagonale, issue du point R, sera en gran- . . I deur comme en direction, la courbure -; le plan osculateur sera donc le P plan conduit par cette diagonale et par la tangente à la courbe. » 4. Il résulte de ce théorème que, si en conservant la même surface f, on la coupe par une surface z= f,(x, y ) qui change de forme, mais en restant toujours tangente au même plan en R, la courbe ff, conservera la même tangente en R, tout en modifiant sa courbure en général; mais la ligne plane M formée dans la surface f par le plan tangent à f, demeurant la même, il n'y aura de variable, dans les formules précédentes, que ce qui dépend de la seule grandeurp,, c’est-à-dire de la courbure de la li- gne M, tracée par le plan tangent invariable à la surface f, dans la surface variable f,. » Les formules qui ont fourni ce théorème offrent une analogie mani- feste avec celles qui, dans la Mécanique, concernent la force centrifuge ; elles expriment, en effet, que si un point mobile d'une masse égale à LEE - 2 5 p? l'unité parcourt la courbe ff, avec une vitesse v, sa force centrifuge — en R P 2 , . em pp sera la résultante des forces centrifuges —, — provenant, sur les courbes M p? pu et M,, du mouvement s, de deux mobiles égaux à l'unité de masse, et arri- vant ensemble au point R, où les deux courbes M, M, se touchent, quoique situées dans des plans différents. » 5. Considérons la section N formée, dans la premiere surface, par un plan qui lui soit normal, et qui touche l'intersection des surfaces f, f, au point R. Soit Z—z—=a(x—x)+b(x— y) l'équation de ce plan : devant être perpendiculaire au plan tangent Z—3—=p(x-x)+q(i — y), cette condition exigera que ap + bg + 1 = 0. I doit, en outre, contenir la tangente à l'intersection des deux surfaces, et les équations de cette tan- sente sont, d'après les formules (7), XD NN) 22 0, d—9 PP PT —gP (217) entre les coefficients a, b, on doit donc avoir cette autre équation a (qi —9)+ b(p — ps) — (pq — pig) = 0: De ces deux égälités on tire les suivantes, par l'élimination : a b P{PPi+ qi) —pi(p+g" +1) g(pritaqu+1)—q(p +9 +1) I (PPi+ qq +1) —(p°+ 9" +1) Les équations de la section plane N seront, en x, Y,Z, Z—J(K,;Y), Z=a(x-x)+b(G — +3; leurs différentielles seront dz = Pdx + Qdy, dz = adx + bdy, d?z = Pd?x + Q dx + dPdx + dOQ dx, d?z = ad°x + bd°1, où nous désignons par P, Q, des quantités composées en X et Y commep etq, n°2, l'étaient en x et y. Au moyen de ces valeurs et de la for- mule (9), on obtiendra le rayon de courbure » de la section N: pour cela il suffirait d'écrire de grandes lettres P, Q ,.… dans la formule (9); de rem- placer p,, q\, par a&, b; de poser dp, = 0, dq, —0; car a et b sont des constantes relativement aux variables X et y, c’est-à-dire que l’on devra poser B, — o. La quantité A”? qui entrera dans cette formule (9) deviendra (P?+Q + 1) (@+ 0? + 1) — (Pa + QD + 1). Or nous voulons évaluer le rayon de courbure » pour un point R de la courbe N, où X=x, Y= y, dx dx dx dy : P=p, Q=g, += 7 = x B'=B; et puisque ap+bqg+1=o, la quantité A’? se réduira à (p? + g? + 1) (a? + b? + 1). D'après cela, la for- __ B’(a+b+1) L . x mule (9) donnera 5 = ——;, et, en substituant à A'* sa valeur, I B x , nn : lp dx + dq d FD) = = -———, où B représente la première fonction RER EE © 4 VP° + g +1 ds ds? ds étant donnés en fonction de p, q, p,, q, par la formule (7): B s’exprimerait par des dérivées partielles du second ordre; mais cela n’est pas ici nécessaire. Le rayon y ayant la direction de la normale à la première surface, les cosinus C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, No 4.) 30 ( 218 ) des angles que forme sa direction avec les coordonnées sont (19) x _ cos 7 —_ cos ÿz : J SRE ET — a VA — à VP+g+r VP+g+r VP + g +1 c'est aussi ce que donneraient les équations (10), d'après les conditions précé- dentes. » Nommant encore », le rayon de courbure, pour le point R, de la section normale N, à la deuxième surface formée par un plan conduit par la même tangente à la courbe proposée ff; on aura semblablement I B, 2 — "" , Ainsi l'on pourra substituer dans la formule à la place Mers P (9), à la p VPEQEE an NP gi +1 » : de Bet de B,, les valeurs WI, THERE ,et l’on aura, pour dé- terminer p, l'équation I I É=É+s)(+g+i)(pi+ait+n) _2(pn+au+i) Vp+g + Vpi+gi+i v.vi Divisons par (p° + q° +1) (pi +qi+1), et remarquons que y": Phhuitinse "ol D seen. : (epi+ qu +1) (p+g+i) (pi+gi+i) CETERNTETEE SR) 2 La ; La) = 1 — COS? yy, — sin? yy,; l'équation, ainsi réduite, devient & LA) sin? »v, I 2 COS y, 1 (20) = = — Ses p y Avec les équations (10) formez la combinaison La La) La) La) La) A A COSPX COS VX + cos ey cos yy Ets COS pZ COSVZ — cospy, Re A A A en employant d’ailleurs pour cosvx, cos vy, cosyz, les valeurs (19), vous aurez A —P cos py — NÉeEs .B [(pps + qq + x)À Cp + q? + 1)(p; +? + 1)}, (219) ou bien, à cause de A? = (p? +q? + 1)(p? + q? +1) — (pp, + gg: + 1}, B I . , et de - = , il vient PANOV PAS GREEN FER COS py — *- v On aura semblablement LAN COS py, — £ : vi » Les trois droites que nous désignons par p, v, y, étant perpendiculaires à la tangente de l'intersection ff, des deux surfaces, et au même point R, sont comprises dans le plan normal à cette courbe. Si donc l'on joint les cen- tres des sections planes N, N,, et que l'on appelle 6 la distance de ces deux points, les droites v, », et 6 formeront un triangle dans lequel A ! LR : 82 — y? — oyy, cosyy, + v?. La surface du triangle sera la moitié du produit Q A . Q . LA æ »Y, Sin »y,, et la perpendiculaire abaissée du sommet R sur le côté 6 sera La) vi sin Vy: à Son carré égale CD , Pa v?y? Sin? y, sin * y, : A Nan ob Y? — 2 yy, COS UY, PE, I 2 COS vy, I rt VE 5. vi y? d'apres l'expression (20). Le cosinus de l'angle compris entre le côté » et la per- La pendiculaire p est ê, et c'est la valeur trouvée ci-dessus pour cos pv. Cette v perpendiculaire abaissée sur la direction de 8 est donc, en grandeur comme en position, le rayon de courbure £ de la courbe proposée. » 6. Ce théorème renferme, comme cas particulier, celui de Meunier sur la courbure des sections planes d'une surface courbe. Regardons, en effet, la première surface f comme coupée par un plan quelconque qui remplacera, en ce cas, la seconde surface ; le rayon de courbure », de la . . Ê I x 2 section normale de ce plan sera infini, et - — o. D’après cela, l'équa- Yi tion (20), qui donne la valeur de £, devient La) Sin * », 1 è ne G —— —=-, ou bien — y sin y, ; p° Y? 2 ? } . A g à mais le sinus de l'angle wy, des deux normales aux surfaces étant le même 30. ( 220 ) que le sinus de l'angle formé par le plan coupant et par le plan tangeni à la surface f, cette équation devient l'expression du théorème cité. Au reste, on pourrait aussi déduire du théorème de Meunier celui que nous venons d'énoncer; mais nous avons préféré arriver directement au théorème général qui a été donné par M. Hachette. » Eu partant de ces résultats, on retrouverait sans difficulté ceux que renferment les équations (15), (17) (art. 3 et 4). En effet, la section plane M de f a pour rayon de courbure ,.et pr est perpendiculaire Av, car il est situé dans le plan qui touche la surface /f,; il en résulte que "AS LPS TS s À e : : À L cos y — sin yy, — cos v,(1,. Mais, d'après ce qui vient d'être établi, A UN LR RTS cos py LI €0S 11Y I . Sin yy I Sin yy I CE, QD DIE pe y on ÿi y on vi si avec ces équations on élimine de la formule(20) » et v,, après avoir divisé par fn" Lai La sin? »,, on retrouve l'équation (15), en observant que cos pp, — — cosyy,. » 7. Ayant exprimé la manière dont le rayon p dépend de » et de »,; on aura encore à substituer les valeurs de » et de », fournies par le théo- rèéme d’Euler, en fonction des rayons de plus grande et de moindre cour- bures de chacune des surfaces f, f,, ainsi que des angles formés par la tangente en R à la courbe, avec les éléments des deux lignes de courbure appartenant à chacune des surfaces f, f,; cette substitution donnera les . “ I . relations complètes de la courbure Jrete les rayons des courbures prin- cipales des surfaces proposées. » « M. Duorrévoy fait hommage à l'Académie du premier volume d'un Traïté de Minéralogie qu'il publie dans ce moment. » Ce premier volume contient l'exposé de la cristallographie, ainsi que des différents caractères employés pour classer ou reconnaître les minéraux. L'auteur a ajouté à la suite de la cristallographie, des exemples numériques des méthodes de dérivation des formes secondaires, sur la forme dite primitive. » Le désir de rendre cet ouvrage entièrement pratique a, en outre, engagé M. Dufrénoy à adapter à la Minéralogie, la méthode de détermination que Lamarck a si heureusement introduite dans la Botanique, connue sous le nom de Dichotomique , qui consiste à mettre en opposition deux caractères con- tradictoires entre lesquels il est toujours facile de choisir; il a employé (aar) principalement , dans cette méthode , les caractères extérieurs plus faciles à saisir, et qui conservent à la Minéralogie son cachet de science naturelle. » M. Anaco fait hommage à l'Académie de deux Rapports qu'il a faits à la Chambre des Députés : l'un sur le projet de loi tendant à autoriser la con- cession d'un chemin de fer de Paris à Sceaux, pour l'application du système Arnoux ; l’autre, sur un projet de loi tendant à ouvrir un crédit pour un essai du système de chemin de fer atmosphérique. (Voir au Bulletin bibliogra- phique.) M. Cnasres fait hommage à l'Académie de deux volumes comprenant la lithographie de ses Leçons à l'École Polytechnique dans le cours de l’année 1843-44: premièrement, sur les Machines et la Mécanique appliquée; secon- dement, sur l'Æstronomie et la Géodésie. (Voir au Bulletin bibliographique.) M. Duvennoy fait hommage à l'Académie d’un Opuscule sur le développe- ment de la Pœcilie de Surinam. (Voir au Bulletin bibliographique.) MÉMOIRES LUS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Recherche des bases de l'établissement des scie- ries ; par M. Borrrau. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) « De toutes les machines opératrices, les plus répandues sont les scieries à débiter les bois. Le travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie est la première partie d’une série de recherches entreprises pour déterminer les bases de leur établissement. Cette question a déjà occupé, de diverses manières, plusieurs auteurs. Euler, dans un Mémoire (x) cité par M. Navier, l'a consi- dérée sous un point de vue géométrique. Laissant de côté toute considération physique et supposant connue la résistance de la matière à l’action de l'outil, il applique l'analyse au mouvement progressif de celui-ci dans le bois : de ses calculs, il résulte principalement que la longueur de la partie dentée d’une lame de scie ne doit pas être plus petite que la course de cette lame, augmen- tée de l'épaisseur de la pièce débitée, et qu'il n'y a aucun avantage à faire ac- quérir de la vitesse à l'outil avant qu'il commence à agir. (1) Académie de Berlin, année 1756. (2an?) » ‘Bélidor (1) conclut d'observations faites sur le travail journalier des scienrs de long, que le bois sec est plus difficile à scier que le vert, dans le rapport de 2 à 1 pour les cas ordinaires et de 4 à 3 dans le cas du chêne sec déjà vieux. Il paraît aussi résulter de ces observations que, tout étant égal d'ailleurs, la dépense de force qu'exige le sciage du bois blanc est à celle qu'exige le chêne, dans le rapport de 1 à 1,6 environ. » M. Navier, dans ses notes sur l'architecture hydraulique de Bélidor, fait ressortir la nécessité, pour l'établissement des scieries, de connaître les quan- tités d'action que le sciage du bois consomme, en même temps qu'il signale l'incertitude des données existantes à ce sujet. Il énonce d’ailleurs l'opinion que la résistance du bois varie avec la vitesse de l'outil. » M. Poncelet a fait, dans le but de déterminer ces quantités d'action ou de travail mécanique, un grand nombre d'observations relatives au sciage de différentes espèces de bois, soit parles moteurs animés, soit par les machines. De plus, afin d'obtenir une certitude suffisante dans les résultats, M. Poncelet a exécuté, en 1829, à l'aide du dynamomètre, quelques expériences directes d'où ressort la grande iufluence de la qualité de l'outil : ainsi, avec une scie à main ayant une voie constante de 1,5, les dents taillées en biseau pénètrent à chaque coup de 0"%,4. La quantité de travail mécanique nécessaire pour débiter 1 mêtre carré de chêne sec et très-dur était de 30 968 kilometres : avec une grande lame de scierie verticale, taillée irrégulièrement, la même quantité de travail était plus que double, quoiquele bois fût moins dur;et avec la scie à crochets des scieurs de long ayant une voie d'environ 4 millimètres et pénétrant à chaque coup de 0"",8, la quantité de travail relative à l'unité de surface était de 32071 kilomètres, pour du chêne sec de dureté moyenne. Partant des résultats de ses observations, M. Poncelet admettait, dans ses Leçons à l'École de Metz, que la quantité de travail mécanique dusciage était proportionnelle à la hauteur du trait et à son épaisseur, et que, pour une scie déterminée, la résistance du bois croissait-proportionnellement à la pression. » Enfin nous apprenons que M. Morin a fait, pendant l'été dernier, un grand nombre d'expériences, dont il faut espérer la prochaine publication, sur le travail des diverses machines employées dans les ateliers des Messageries royales , et principalement sur plusieurs scieries, tant droites que circulaires. L'attention donnée à cette question par tant d'hommes éminents suffirait pour en établir l'importance, si elle avait besoin d’être démontrée. sic 3 LE 2: - (1) Architecture hydraulique. (225 ) » Dans les recherches préliminaires que J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, je me suis proposé surtout d'étudier le mode d'action de l'outil . et de déterminer quelques-unes des lois générales de la résistance du bois à cette action. Les moyens employés sont de trois sortes : 1° des expériences directes, donnant en kilogrammes la valeur de l'effort moyen du sciage pour chaque coup de scie; 2° l'observation des phénomènes physiques; 30 l’exa- men géométrique du mouvement des dents ‘à travers la matière. La scie se mouvait verticalement, et le bois était poussé horizontalement pendant qu’elle opérait. Les expériences ont indiqué séparément la résistance du bois à son action verticale et à la pénétration horizontale des dents. Les chiffres repré- sentant ces résistances sont les moyennes d'un assez grand nombre de résul- tats obtenus dans des circonstances identiques, et aussi peu différents entre eux que le permet la constitution de la matière. Prenant ces moyennes pour ordonnées, et pour abscisses les valeurs des éléments variables dont j'étudiais l'influence, j'ai construit des lignes dont la continuité m'a permis d'admettre les indications. Ces indications se sont accordées en tout point avec les résul- tats obtenus par les autres moyens d'investigation précités. De l’ensemble de ces documents, J'ai déduit des Conséquences générales relatives aux bois dont la constitution est analogue à celle du Sapin, essence employée dans les expériences. Les principales de ces conséquences sont les suivantes : » 1°. La résistance à la pénétration horizontale des dents est proportion- nelle à la profondeur edu trait, correspondante à une course donnée du châssis et à la voie v de la scie, c'est-à-dire qu'elle est représentée par une fonction de la forme kve; kétantun coefficient indépendant de la vitesse de la scie, mais dépendant, pour un même outil, de la nature du bois, de son état hygromé- trique , et du sens de ses fibres Par rapport à la direction du sciage. Pour le sapin de coupe ancienne et très-sec, soumis à l'expérience , si l’on désigne par # la valeur de ce coefficient quand le bois est scié en long, et par 4” sa valeur quand le trait est perpendiculaire aux fibres principales, on a k'= 2,38.k". L'humidité du bois augmente beaucoup ce coefficient dans le premier cas, et paraît le diminuer un peu dans le second. » 2°. Dans le sens du mouvement de l’ontil , la résistance augmente aussi ‘avec la profondeur 4 de chaque trait, mais moins rapidement que la surface sciée; de sorte que, toutes choses étant égales d’ailleurs, la quantité de tra- vail mécanique correspondante à l'unité de surface débitée varie, entre des limites assez étendues, en sers inverse de cette profondeur. La résistance est plus grande dans le sciage en long que dans le sciage en travers : elle peut être représentée, quant à l'influence de la profondeur du trait dans l'an ( 224 ) et l’autre cas, avec une approximation suffisante pour la pratique, par la formule empirique dans laquelle Y est l'effort moyen à appliquer à l'outil parallèlement à sa lon- gueur, fe la surface du trait dû à chaque coup de scie, Z la longueur de la course du châssis, A et B des coefficients numériques dépendant de la na- ture du bois et des autres éléments du travail. » 3°. La résistance du bois augmente avec la vitesse de l'outil, mais cette augmentation devient très-peu sensible quand la profondeur £ de chaque trait est fort petite. On peut done, jusqu'au point où l'échauffement des la- mes devient nuisible, augmenter la vitesse de l'outil dans les scieries, pourvu qu’on diminue en même temps la quantité dont les dents mordent dans le bois. » 4°. Conformément à l'opinion précitée d'Euler, il n’y a aucun avantage à faire agir l'outil avec une vitesse initiale notable. De plus , il résulte de nos expériences que cette circonstance peut entraîner une perte d'effet utile. La partie de ces expériences qui se rapporte directement à l'influence de la vitesse sera d’ailleurs reprise et complétée dans des recherches subséquentes destinées à réunir, sous plusieurs autres rapports, toutes les données néces- saires à l'établissement des grandes scieries mécaniques. » b°, Quant au mode d'action de l'outil, il résulte de la discussion exposée dans le Mémoire ci-joint que les fibres du bois sont coupées, brisées ou arra- chées, quelquefois avec torsion. Ces trois manières d'opérer sont générale- ment réunies dans le travail des dents, mais suivant des proportions diverses, selon le sens du sciage. Ainsi, lorsque le trait est perpendiculaire aux fibres principales, la résistance à vaincre provient surtout de leur adhérence mu- tuelle; lorsque l'on scie parallèlement aux grandes fibres, la principale ré- sistance est celle du bois à la rupture. On voit aussi, par cette discus- sion, que le frottement de la lame doit être tres-faible dans le premier cas, et acquérir dans le second une valeur assez notable qui dépend de l'élasticité du bois. » 6°. Enfin, relativement au mouvement de l'outil à travers la matière, je fais voir qu’il résulte de la taille des dents en biseau, reconnue d'ailleurs pour la plus avantageuse, que, quand le rapport entre l'épaisseur de la pièce débitée et la dimension parallèle de chaque dent est tel qu'il y en ait un nombre impair engagé à la fois, le châssis prend , si la lame est solide et (Mob ) fortement tendue, un mouvement d'oscillations latérales qui donne une forme onduleuse à la surface sciée, et augmente la résistance ainsi que le déchet de matière. D'où il résulte qu'il est avantageux, sous ce rapport, de travailler avec un nombre pair de lames montées sur le même châssis, et taillées SY- métriquement deux à deux. Cette observation est indépendante de ia nature de la matière débitée. » PALÉONTOLOGIE. — ÂVote sur un bouc fossile découvert dans les terrains meubles des environs d'Issoire (Puy-de-Dôme); par M. A. Power. (Extrait.) Ù (Commissaires, MM. Al. Brongniart, de Blainville, Flourens, Isid. Geoffroy- Saint-Hilaire, Dufrénoy.) « … Je demande à l'Académie la permission de lui communiquer le ré- sultat de mes observations sur un Ruminant tres-curieux, dont je possède une portion de mâchoire, recueillie dans un atterrissement ponceux, à quelques kilomètres au sud-ouest de la ville d’Issoire et près du domaine de Malbatu. » Ge précieux débris renferme les quatre dernières molaires supérieures droites, dont les alvéoles ont disparu, excepté à la base interne de la troi- sième où l’on voit encore un fragment de maxillaire. Ces dents se font de suite remarquer par la longueur de leur fût et le peu détendue de leur dia- mètre transversal, surtout auprès de la couronne; ce qui les ferait assez res- sembler aux dents de la mâchoire inférieure , qu'on sait être beaucoup plus étroites qu'à la supérieure... » Le degré d'usure des molaires nous indique que l'individu auquel elles ont appartenu venait de perdre ses dents de lait et qu'il était bien près d'être adulte; car la troisième de remplacement a ses collines encore intactes, et la derniere des persistantes ne présente que de faibles traces de détrition. » La constance des formes que présentent les divers types de la famille si naturelle des Ruminants nous offrira quelques difficultés pour la détermi- nation du genre dans lequel notre animal fossile doit être placé; nous trou- verons cependant des différences assez Caractéristiques pour éliminer la plu- part d’entre eux. l » Ainsi nous pourrons d’abord exclure de la comparaison les Cerfs, dont les arrière-molaires ont des peintes coniques entre les convexités des cylin- dres, ou des crêtes autour de leur base. Le Renne (©. tarandus), qui fait quelquefois exception à la règle, a, comme tous ses congénères, des dents plus carrées et remarquables par la brièveté de leur füt : nous devons dire C.R., 1844, 2Me Semestre. (T. XIX, N° 4.) 31 ( 226 ) aussi que l'absence du tubercule ne s’observe, le plus souvent, qu'à la molaire postérieure. » Nous ne devrons pas non plus songer aux Girafes, dont les dents, privées de ces éminences à la mâchoire re , ont aussi leur fût très-court, et des particularités dans la disposition de leurs croissants. » Chez les Chameaux proprement dits, le fût est un peu plus long. Mais bien que les convexités des piliers soient simples, comme dans notre fossile, on trouve des différences dans l'épaisseur plus grande des dents et dans la forme de la dernière, qui a son croissant postérieur interne très-peu déve- loppé et comme tronqué verticalement. » Les Lamas sembleraient d’abord avoir beaucoup d’analogie avec notre animal ; les détails de la face extérieure se ressemblent assez, mais le rudi- ment de troisième cylindre manque à l'arrière-molaire; le diamètre trans- versal est plus grand, et la troisième dent de remplacement, dans un individu de même âge que le nôtre, n'a pas de fossette sur le croissant interne, mais bien deux lobes formés par un sillon qui s'étend jusqu'au milieu du fût. » Nous trouverons encore un caractère plus concluant dans le petit frag- ment de maxillaire, qui semble avoir été conservé exprès pour exclure tous nos doutes à cet égard ; on y voit la partie postérieure d’une alvéole destinée à recevoir une seconde molaire aussi développée que la troisième, et l’on sait que, comme les Chameaux, les Lamas, Alpacas et Vigognes n'ont souvent que quatre molaires en série, la première des cinq étant réduite à de très-petites dimensions, et les racines minces et peu profondes étant de bonne heure chassées de leurs alvéoles qui s'oblitèrent promptement. » Les Bœufs, qui ont des molaires à long fût, comme notre fossile, en dif- fèrent par une longue arête cylindrique placée entre les convexités des pi- liers; la dent a aussi un peu plus d'épaisseur. » Le Bison musqué de l'Amérique septentrionale a été séparé des autres espèces pour former un genre nouveau (Ovibos, de Blainv.}, à cause de l'ab- sence de lt petite colonne; mais ce caractère, vrai pour les molaires infé- rieures, ne se retrouve pas aux supérieures, où elle existe avec de plus pe- tites dimensions seulement. En outre, un trou, percé dans la longueur du fût à la réunion des deux croissants internes, différencie suffisamment cette es- pèce de notre animal fossile. » Les Antilopes, les Boucs et les Moutons forment un groupe assez naturel, dans lequel le système dentaire se fait aussi remarquer par la longueur du fût des molaires et le peu détendue de leur diamètre transversal. » Les formes de notre fossile sont assez différentes de celles des Antilopes (227) et des Moutons, pour que nous ne puissions le classer dans ces genres ; mais il n'en est pas de même pour les Boucs ; leurs dents présentent une identité de forme presque complète : on y trouve l'arête postérieure de la dernière molaire , une fossette sur le croissant interne de la troisième , une plus grande épaisseur au bord antérieur de celle-ci, et des convexités extérieures, moins développées que celles des Antilopes, et beaucoup plus que chez les Moutons. Leur épaisseur est aussi intermédiaire à celle des deux mêmes genres, et pro- portionnelle à celle de notre fossile; mais le tubercule de l’arête postérieure manque dans les divers boucs connus, et la largeur de la troisième molaire y est encore un peu plus grande vers la couronne qu'auprès de la racine. Quelques espèces ont leurs fûts plus droits que notre fossile , où ils se cour- bent légèrement de manière à avoir leur convexité en dehors. Toutes ces différences ne peuvent être regardées que comme spécifiques. » Une comparaison minutieuse de la forme des molaires dans les divers genres de Ruminants démontre donc que l'animal fossile de Malbatu devait avoir la plus grande analogie avec les Boucs, et qu'on peut le classer dans ce genre , dont il sera une forme nouvelle. » Cette dernière proposition nous serait très-facile à établir, puisque la taille seule suffirait pour caractériser le fossile et le différencier de ses conpé- nères connus. C’est à l'espèce domestique qu'il ressemble le plus par les pro- portions etles détails de la forme des molaires , les autres ayant leur fût un peu plus allongé et la convexité des cylindres un peu plus anguleuse. » Les plus grands boucs ne dépassent jamais une hauteur de 0,90 au garrot ; l'espace occupé par les quatre dernières molaires est alors 0,054 : cette dernière mesure est de 0,097 dans le fossile; ce qui donnerait 1",60 pour la hauteur au garrot. Cette taille surpasserait celle des plus grandes an- tilopes, et cependant le Canna a la série des molaires plus longue que notre animal. Cette différence tient aux formes plus trapues qu'on observe toujours dans les grandes espèces. Calculée d'après les rapports de proportions du Canna, cette hauteur est de 1,48 et devient plusrationnelle. La différence avec les boucs connus est encore considérable, et excède les limites de toutes les variations possibles ; il ne peut donc rester de doute sur la non-identité du fossile avec ses congénères... » Il demeure donc démontré que le grand bouc de Malbatu est une espèce qui a disparu de la génération vivante, comme la plupart de ses contem- poraines; nous la dédierons à M. Rozet, géologue connu par ses nombreux travaux, et qui nous honore de son amitié. On pourra la classer, dans les ca- talogues méthodiques, sous le nom de Capra Rozeti. JTE (6228h) » À côté de cette mâchoire, nous avons recueilli une portion de jambe postérieure, comprenant la moitié inférieure du tibia, le cubo-scaphoïidien et le métatarsien d’un Ruminant, plus trapu et plus fort que le Cert élaphe. Ce dernier os présentant à sa partie postérieure une gouttière caracté- ristique des Gerfs, nous avions pensé quil avait appartenu à une espèce très-trapue de ce genre ; mais lorsque nous eûmes trouvé la même forme dans le Pasau et le Caama, nous étendîmes la comparaison, et nous vimes qu'il avait pu appartenir à un animal voisin des Antilopes, par son épaisseur et l'é- largissement de ses poulies articulaires, caractères qui se retrouvent dans ce dernier genre et ceux des Moutons et des Boucs. Sa taille se rapportant assez bien à celle indiquée par le débris précédemment décrit, il pourrait avoir appartenu à notre Capra Rozeti; ce qui ferait un caractère de plus pour distinguer notre animal. Mais malheureusement nous n'avons pu faire de comparaison immédiate, et, par conséquent, nous assurer s'il n'aurait pas pu avoir appartenu à un cerf voisin du Canadensis, dont les débris sont enfouis dans la même couche. » Les divers débris que nous venons de décrire ont été recueillis par nous dans un atterrissement ponceux, près la maison de campagne de Malbatu. Dès 1827 on avait retiré de la même couche, en creusant une cave, deux défenses d’éléphant, des molaires semblables à celles de l'espèce indienne, et des fragments du squelette qui indiquaient un animal de très-grande taille; une mandibule de rhinocéros, rappelant les formes du thicorhinus ; des fragments du bois et divers os d'un cerf voisin de celui du Canada ; enfin des molaires et des ossements d'un cheval de taille moyenne. Ces débris ont été décrits ou figurés dans l'ouvrage de MM. Croizet et Jobert sur les fossiles du département du Puy-de-Dôme. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la cause la plus probable des explo- sions les plus fréquentes dans la fabrication des poudres de guerre et de chasse ; par M. Vrroxau», chef d'escadron d'artillerie, inspecteur de la poudrerie d'Esquerdes. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) Voici une des principales conclusions de l'auteur : « La cause la plus probable des explosions les plus fréquentes, dans la ( 229 ) 5 » fabrication des poudres de guerre et de chasse, tient à la fois et au pul- » vérin rebattu et à une atmosphère excitant l'électricité, indépendamment » de l'étincelle siliceuse, ou concurremment. » « À l’occasion de la communication du Mémoire de M. Vergnaud, M. Monn cite des expériences récentes, faites à la poudrerie du Bouchet près Arpajon, et dans lesquelles on a constaté que la présence d’une très-pe- tite quantité de grès ou de silice produisait presque infailliblement des explo- sions dans des moulins à meules et table en fonte. Il ajoute que la pierre calcaire, le plâtre, l’ardoise, des fragments de métaux n’ont pas occasionné d’explosions, tandis qu'on en a toujours obtenu avec le grès ou le verre. » Les meules de la poudrerie d'Esquerdes étant d'un calcaire compacte contenant un assez grand nombre de grains siliceux qui se détachent par l'user, il semble naturel d'attribuer à cette cause les fréquentes explosions de ces moulins. » PHYSIQUE. — Recherches sur l’élasticité : par M. G. Wexraem. Troisième Mémoire. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée. ) « L'objet de ce Mémoire est de rechercher si l'électricité etle magnétisme exercent une action quelconque sur l’élasticité des métaux. » La liaison entre Les forces moléculaires et électriques est prouvée par le grand nombre d'effets mécaniques que le courant électrique peut produire, tels que désagrégation des conducteurs , transport de matière, etc. Cette liaison est tellement intime, que plusieurs physiciens ne regardent l'élec- tricité que comme une certaine modification des forces moléculaires. I] était donc naturel de supposer que l’élasticité pouvait être altérée par l'électricité, mais aucune expérience directe n'a été tentée jusqu'ici. » J'ai fait passer des courants intenses, provenant d'une pile de six couples de Bunsen, à travers des fils de différents métaux et de différents diamètres . attachés par en haut et chargés de différents poids. L'intensité de ces con. rants fut mesurée à l’aide d’un galvanomètre à larges plaques, qui avait été gradué au moyen de la méthode du double courant , due à M. Peitier. On détermine le coefficient d'élasticité, comme à l'ordinaire, en tracant deux points de repère sur le fil, et en mesurant, au moyen du cathétomètre, la distance de ces deux points, d’abord sous l’action d'une forte charge, puis avec une charge suffisante seulement pour tendre le fil. J'ai ainsi déterminé ( 230 ) le coefficient d'élasticité de chaque fil dans son état naturel , puis pendant le parcours de courants de différentes intensités, et enfin après l'interruption du courant. La principale difficulté de ces expériences consiste dans l'élé- vation de température du fil. » En effet , l’élasticité peut être influencée de deux manières par le cou- rant électrique : directement par une modification des forces moléculaires, et indirectement par l'effet de la chaleur qui réagit sur elle. Il fallait donc distinguer ce qui était dû à chacune de ces deux causes ; or, les résultats des expériences contenues dans mon premier Mémoire donnent les coefficients de la variation du coefficient d'élasticité par l'élévation de température, et l'on trouve la température du filau moyen de la longueur qu'il atteint sous l’action du courant et sans charge ; on pouvait donc calculer le changement du coefficient d'élasticité dû à l'élévation de température , et, en comparant ces coefficients corrigés à ceux que l'expérience donne , il était facile de dé- cider si le courant exerce par lui-même une influence quelconque. » Pour contrôler les expériences précédentes, je me suis servi du son longitudinal de fils de 3 £ mètres de longueur; car tout changement du coefficient d'élasticité produit un changement analogue dans le nombre des vibrations longitudinales. En employant des fils de cette longueur et d'un diamètre suffisant et des courants assez faibles, on peut rendre l'élé- vation de température tout à fait insensible; et malgré cela, le son baisse à l'instant même où l'on forme le courant, et il remonte quand on l'inter- rompt. Cet abaissement est donc réellement dû à l’action propre du courant. » Ce Mémoire contient ensuite quelques expériences sur l'influence du courant , sur la cohésion, et enfin sur l’action que l’électro-magnétisme exerce. » Nous savons avec quelle facilité le fer s'aimante quand il est martelé, tordu, etc. M. Lagerhjelm a observé que le fer, et surtout le fer doux, devient fortement magnétique par la rupture. En un mot, les forces mé- caniques peuvent produire ou faciliter l'aimantation; mais réciproquement, quelle est l'influence de l’aimantation sur les forces moléculaires ? » Pour résoudre cette question et pour étudier séparément l'influence des deux magnétismes, les fils et les bandes de fer doux et d'acier soumis à l'expérience furent recourbés de facon à former des fers à cheval de 1 mètre de longueur. Les branches parallèles de ces fers à cheval furent placées dans deux tubes de verre de 8o centimètres de longueur, recouverts dans toute leur longueur d'une double hélice, composée de neuf cents tours d'un gros fil de cuivre. Ces hélices communiquèrent entre elles et avec la pile et le galvano- mètre. J'avais espéré d'obtenir ainsi une espèce de magnétisme sur chaque ( 231 ) branche; mais dans des fils aussi minces que ceux que j'ai dû employer pour produire des allongements suffisants au moyen des poids, l'effet ne s'étend pas beaucoup au delà de la partie contenue dans la spirale, de sorte qu'une branche fut séparément aimantée. Ainsi, quand on fait passer le cou- rant dans le même sens à travers les deux spirales, on obtient un fer à cheval aimanté ayant deux pôles homologues à ses deux extrémités. » Il faudrait donc pouvoir opérer sur un fer à cheval fait d'une grosse barre de fer doux et placé tout entier dans une hélice. Mais, malgré l'im- perfection de mon appareil, j'ai pu obtenir des données sur l’action des deux magnétismes, en faisant marcher le courant en sens inverse dans les deux hélices. » Toutes ces expériences conduisent aux conclusions suivantes : » 1°. Le courant galvanique produit une diminution momentanée du coef- ficient d'élasticité dans les fils de métal qu'il parcourt, et cela a lieu par son action propre, et indépendamment de la diminution qui provient de l'éléva- tion de température. Cette diminution disparaît entièrement avec le courant lui-même , quelque longue qu'ait été la durée de son action. » 2°, La grandeur de cette diminution dépend de la force du courant, et probablement aussi de la résistance que le métal oppose à son passage. » 3°. La cohésion des fils est diminuée par le courant; toutefois la varia. bilité de cette propriété ne permet pas de distinguer si cette diminution est due à une action propre du courant ou bien si elle provient seulement de l'élévation de température. » 4°. L'aimantation tant australe que boréale, excitée par le passage pro- longé du courant, produit une petite diminution du coefficient d'élasticité dans le fer doux et dans l'acier. Cette diminution persiste en partie même après l'interruption du courant. » PHYSIQUE. — ÂVote sur l'influence des basses températures sur l’élasticité des métaux ; par M. G. Werraem. (Extrait par l’auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Daus un premier Mémoire, que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Aca- démie, j'ai étudié l’élasticité des métaux aux températures de 15, de 100 et de 200 degrés; il me restait à compléter ces recherches par l'examen de l'élastioité à basse température : c'est ce que je viens de faire l'hiver dernier. » Un cylindre de verre de 73 centimètres de hauteur et de 8 centimètres de diamètre, fermé en bas et ouvert en haut, est placé au-dessous de l’étau ( 332 ) fixe dans l'appareil à extension que j'ai décrit dans le premier Mémoire; il est traversé dans toute sa longueur par une étroite coulisse en fer-blanc. Le fil dont on veut mesurer l'allongement passe à travers cette coulisse pour pouvoir être chargé de poids. » L'espace contegu entre le verre et la coulisse est rempli du mélange ré- frigérant, qui se composait, dans mes expériences, de deux parties de glace grossièrement pilée et d'une partie d'acide sulfurique étendu d'avance d'une moitié d'eau et refroidi séparément jusqu'à 3 et 4 degrés au-dessous de zéro. On obtient ainsi des températures de — 15 jusqu'à — 20 degrés qui restent longtemps constantes. » Il résulte de l'ensemble des expériences faites aux différentes tem- pératures : » 1°, Que les coefficients d'élasticité des métaux décroissent d'une manière continue quand la température s'élève depuis — 20 jusqu'à + 200 degrés; » 2°, Que le fer et l'acier font une exception : leur élasticité augmente de — 20 à 100 degrés; mais à 200 degrés elle est non-seulement plus petite qu’à 100 degrés, mais quelquefois même plus petite qu'à la température ordi- naire; donc, si l'on prend les températures pour abscisses, et les coefficients d'élasticité correspondants pour ordonnées, les courbes qui représentent la marche de l'élasticité du fer et de l'acier en fonction de la température ont un point d'inflexion entre 100 et 200 degrés; » 39, Que l'action des basses températures n'est pas tout à fait passagère; elles paraissent produire un effet permanent analogue à celui du recuit, mais en sens opposé. » M. Cn. Cuevazrer soumet au jugement de l’Académie une nouvelle lunette à objectif composé et à oculaire microscopique. Deux de ces lunettes, l'une de 0",04 d'ouverture et de o",15 de foyer, l'autre de 0",08 d'ouverture et de 0°,34 de foyer, sont déposées sur le bureau. (Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Babinet.) M. Larcwes adresse une réclamation de priorité relative à divers points du système de locomotion sur les chemins de fer, soumis par M. de Jouf- froy au jugement de l'Académie. M. Laignel indique la date des divers brevets d'invention qui constatent, suivant lui, ses titres à la priorité qu'il réclame. (Reuvoi à la Commission chargée de l’examen du système de M. de Jouffroy.) (0353) M. Scnarrenmanx prie l'Académie de lui désigner une Commission devant laquelle il fera toutes les expériences nécessaires pour constater l'efficacité du procédé qu'il a imaginé pour la désinfection des fosses d'aisance, procédé dont M. Dumas à fait l'objet d’une courte communication dans une des pré- cédentes séances. Commissaires, MM. Dumas, Boussingault, Payen. ) (a y M. Duméris est désigné, en remplacement de M. Milne Edwards, absent, comme membre de la Commission chargée de faire un Rapport sur les résultats scientifiques du voyage de MM. Galinier et Ferret en Abyssinie. CORRESPONDANCE. M. Cases sollicite les suffrages de l'Académie pour la candidature aux fonctions d'examinateur permanent d'Analyse et de Mécanique à l'École Polytechnique. M. Araco appelle l'attention sur trois pièces de la correspondance qui, parvenues séparément à l'Académie, offrent chacune un cas de morve aiguë développée chez l'homme par suite de rapports avec des chevaux morveux. La première pièce est une brochure de M. Pare, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Reims; elle contient la description de la maladie d’un pale- frenier (J.-N. Radière), âgé de 24 ans, mort le 16 avril 1844, sept jours après son entrée à l'hôpital. Un âne inoculé le 15 avec la matière provenant du flux nasal du malade, est mort le 23 avril, d'une morve aiguë bien caractérisée. Radière, avant l'invasion de la maladie, avait pris soin de trois chevaux moôrveux. M. Philippe donne les résultats de l’autopsie cadavérique. Le second fait, rapporté dans la Gazette médicale, numéro du 20 juil- let 1844, est une observation lue à l'Académie de Médecine, le 9 du même mois, par M. Lanpouzx. Le 19 décembre 1843, un vigneron de Verzy (Marne), qui soignait depuis plusieurs mois un cheval morveux, se frappa la tête contre les dents de l'animal en essayant de le faire boire, et se déchira la peau du front dans uñe étendue de 3 centimètres environ. Le 20, il est pris de ma- laise et de frissons ; le 26, la maladie, qui avait d'abord paru céder au traite- ment, prend un caractère qui ne permet plus de la méconnaître, et déjà l'écoulement par les narines commence à se montrer. Les symptômes de la C R., 1834, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 4.) 3 ( 234 ) morve aigué deviennent de plus en plus manifestes les jours suivants. Le malade expire le 2 janvier 1844. M. Landouzy, qui a vu le malade conjointement avec M. le docteur Mozer, dans les deux derniers jours de la maladie, a procédé à l'autopsie cadavérique avec l’aide de deux internes de l'Hôtel-Dieu de Reims, et fait connaître les résultat de cet examen. Le troisième cas de morve aigue chez l'homme, indiqué dans le Recueil de Médecine vétérinaire pratique, cahier de juin 1844, est relatif à un élève de l'École d'Alfort, M. A.-A. Coindet. M. H. Boulley, qui a consacré à ce malheureux jeune homme une courte Notice nécrologique dans le journal que nous venons de citer, la termine par les réflexions suivantes : « La mort de Coindet doit être pour tous ses jeunes camarades, et pour » tous nos confrères, un triste, mais profitable enseignement. Ce nouveau et » effrayant témoignage des propriétés contagieuses d’une maladie que les vé- »_térinaires étaient accoutumés à braver doit leur prouver le danger qu'en- » traîne le contact des animaux morveux, et les engager à prendre des pré- » cautions lorsque les nécessités de leur profession exigent qu'ils se mettent » en rapport avec eux. » ; ! Ces réflexions ont d’autant plus de poids dans la bouche du professeur d’Alfort, que déjà deux autres élèves de la même École, MM. Benoist et Perrin, sont morts antérieurement (1839) de la même maladie, après avoir été en rapport avec des chevaux morveux. M. AnaGo met sous les yeux de l'Académie un miroir plan en métal, qui a été rapporté de Chine par M. Ærosa, et qui offre un phénomème singulier de réflexion. Si l’on expose ce miroir au soleil, et qu'on reçoive sur une sur- face plane la lumière réfléchie, on voit, au milieu de l'image, la repro- duction, en traits lumineux, d'un dessin en relief que présente le dos du miroir. M. Arago est invité à rechercher l'explication de ce curieux phénomène. HISTOIRE SCIENTIFIQUE. — Remarques faites à l'occasion d'une publication récente sur l'exactitude d'une planche du grand ouvrage sur l'Égypte relative au temple de Denderah. (Extrait d'une Lettre de M: Deviens , inspecteur général des ponts et chaussées, à M. Ærago. ) « Depuis quelque temps on répand dans les avenues du palais de l'In- ( 235) stitut, ef peut-être même dans la salle de ses séances, une opinion qu'il est de mon devoir de combattre devant l'Académie des Sciences, et sous vos auspices. Il s’agit de l'inexactitude qu'auraient apportée les auteurs de la Description de l'Égypte dans les dessins des hiéroglyphes , parce que, sup- pose-t-on, ces auteurs n'y attachaient pas d'importance. La gravité du re- proche justifiera la liberté que je prends de vous en entretenir. » Qu'on affecte de ne rien dire de l'ouvrage de la Commission d'Égypte , bien qu'on y puise tous les jours, nous ne nous en sommes jamais plaint. Mais quand on l'attaque, nous ne pouvons garder le silence, malgré notre aversion pour toute polémique à ce sujet. » Perdrait-on de vue que la description de l'Éeypte est l'œuvre, en grande partie, d'élèves des premières années de l'École Polytechnique; que tous les écrits et les dessins , avant d'être admis à la publication , ont subi l'examen d'un comité présidé par Monge? Jamais plus de garanties d’une exactitude mathématique et consciencieuse ont-elles été données au public? Quels voyageurs ont été soumis aux épreuves dont nous avons triomphé , quand on a transporté en France des monuments que nous avions dessinés en Égypte ? » De faux hiéroglyphes, dit-on, se trouvent représentés sur les monu- ments; oui, sans doute , mais pourquoi et comment? Ne fallait-il pas donner aux architectes une idée de ces monuments, entièrement couverts de déco- rations ? Pouvait-on tout dessiner en Égypte , et ne doit-on pas nous savoir gré du grand nombre de modeles en ce genre que nous avons recueillis ? Toutes les fois que nous avons usé de cette liberté, nous en avons averti. Je voulais vous en donner les preuves , imprimées depuis longtemps, au moyen de nombreuses citations ; mais je me suis aperçu qu'il suffirait de renvoyer les personnes qui ont des doutes sur cela , à la lecture des descrip- tions des planches d’antiquités du premier volume seulement , où ces preuves abondent. Peut-être même suffit-il d'appeler leur attention sur la descrip- tion de la deuxième figure de la vingtième planche de ce premier volume. » M. Jomann fait remarquer que l'observation de M. Devilliers touchant de faux hiéroglyphes ne s'applique point au dessin accompagnant la grande figure contiguë au planisphère de Denderah. Les auteurs du dessin et de l’ex- plication ont averti, au contraire, que tous les signes avaient été copiés exac- tement, et qu'ils l'avaient été dans la prévision de l'importance qu'on pouvait attacher aux bas-reliefs astronomiques des Égyptiens. (Voir Description de l'Égypte, Appendice aux descriptions, p. 14, et PL IT; et vol. IV, ainsi que l'explication de la planche. 39. ( 236 ) Remarques de M. Pariser. « Il me semble que M. Champollion n'aurait point eu à regretter son premier travail sur le zodiaque de Denderah. J'ai vu sur place la moitié de ce zodiaque, je n'y ai pas vu de cartouche. Mais ce temple est, en dehors et en dedans, chargé d’hiéroglyphes ; et dans les caractères hiéroglyphiques ex- térieurs , J'ai lu très-distinctement ceux-ci : Autocrator Clots, c'est-à-dire Claude, empereur. Or, le règne de Claude a précédé immédiatement celui de Néron; d’où l'on voit que M. Champollion aurait commis la faute très- légère de rapporter à Néron ce qui appartient à Claude. » Du reste , le temple est comme tout neuf, on n’y voit aucune trace de vétusté. » HYDRAULIQUE. — Vote sur la dépuration des eaux potables; par M. Boucnarpar. « Hallé et Vauquelin, qui firent un Rapport sur les propriétés désinfec- tantes des filtres de charbon, remarquèrent que des eaux putrides, qui avaient perdu complétement leur odeur et leur saveur en passant sur des filtres de charbon et de sable, n'étaient point privées pour cela de toutes les matières organiques qu'elles conteuaient, et qu'elles se putréfiaient de nouveau après quelques jours. » J'ai fait, sur ce point important de la dépuration des eaux fétides, des expériences et des observations que je crois dignes d'être relatées. » En 1839, j'ai recueilli, pour des recherches que j'exécutais avec M. le docteur T. Ducommun, de l’eau dans l'égout Saint-Jacques; son odeur était infecte, sa saveur détestable; elle fut filtrée à travers un filtre ordinaire de sable et de charbon, l'eau fut dégagée de son odeur et de sa saveur putrides; mais, en l'examinant avec soin, on apercevait encore quelques flocons de matière organique nageant dans cette eau. Après douze heures, elle com- mença à se troubler; après vingt-quatre heures, elle avait repris en grande partie son odeur et sa saveur. Dans une seconde expérience, l’eau infecte fut dépurée par un filtre parfaitement monté de près d'un mètre de matières filtrantes; elle fut privée de toute odeur et de toute saveur putrides, et sa transparence était parfaite. Examinée après douze jours de conservation dans un flacon bouché à l’émeri, à une température variant entre 15 et 22 degrés centigrades, elle ne s'est pas troublée, et n'a pas repris son odeur et sa saveur primitives; cependant elle contenait encore en dissolution une | ( 237 ) grande quantité de matières organiques dont on pouvait facilement déceler la présence au moyen d'une dissolution de tanin ou de bichlorure de mer- cure. » Je reviendrai bientôt sur cette eau, que j'ai observée avec soin depuis cinq ans; mais je dois dès à présent insister sur un fait remarquable qui ressort de la comparaison de ces deux observations, et que mes recherches sur les ferments alcooliques ont montré être plus général. » Dans les deux expériences que j'ai rapportées, j'agissais sur la même eau : dans les deux cas, toute odeur et toute saveur putrides avaient été enle- vées par le filtre de charbon; dans les deux cas, l’eau contenait encore en dissolution une quantité très-notable de matières organiques azotées, et ce- pendant une de ces eaux s’est corrompue très-rapidement, et l’autre ne s'est point altérée. La seule différence, la voici : l'eau qui s’est bien conservée était d'une limpidité parfaite; les matières inertes du filtre avaient retenu toutes les substances organiques en suspension. L'eau qui s'est putréfiée de nouveau retenait encore des flocons de matière organique en suspension, qui ont agi comme de véritables ferments putrides. » Voici une expérience qui vient encore nous montrer l'influence des ma- tières organiques insolubles : » Je laissai se putréfier dans de l’eau des matières animales; quand cette eau eut acquis une odeur infecte et une saveur détestable, je la filtrai sur un filtre au charbon monté avec le plus grand soin; je la séparai dans deux fla- cons: dans l’un, je ne mis rien, et l’eau resta sans se corrompre ; dans l’autre, J'ajoutai une dissolution de tanin, et après quarante-huit heures, l’eau avait repris toute sa fétidité. Le tanin, en agissant sur les matières animales dis- soutes , avait déterminé la formation d'un précipité qui s'est comporté comme un véritable ferment putride. » Revenons actuellement à l'examen des divers échantillons d'eau que jai conservés dans des flacons de verre bouchés à l'émeri dépuis le 8 octobre 1839. 1°. J'avais, d'une part, de l’eau de l'égout de la rue Saint- Jacques, qui, avant la filtration sur les couches de sable et charbon, avait une saveur repoussante, après cette opération, sa limpidité était absolue, et sa saveur n'avait rien de désagréable; c'était de bonne eau potable, quoi- que retenant encore beaucoup de matières organiques en dissolution, qui resta plus d’un mois sans perdre sa limpidité. Peu à peu, il apparut dans cette eau quelques flocons d’une matière verdâtre, qui envahirent la plus grande partie du flacon, et qui se recouvrirent de bulles de gaz. J'ai re- connu depuis que ces flocons verdâtres étaient identiques à ceux qui ont : ( 238) été examinés dans des conditions analogues par MM. Auguste et Charles Moren; ils étaient formés par le Chlæmidonas pulvisculus (Ehrenb. ), par d’autres animalcules verts, et par des débris d'algues disposés symétrique- ment, sur lesquels ces animalcules reposaient J'ai constaté que le gaz qui se développait dans cette eau contenait 52 pour 100 d'oxygène. Elle est aussi bonne aujourd'hui que le premier jour après sa filtration. » 2°, J'avais, d'autre part, de l’eau qui avait pris une odeur infecte par suite de la macération de viande putréfiée. Elle fut filtrée avec le plus grand soin , sur le filtre de sable et de charbon; sa limpidité était absolue, et sa saveur n’était pas désagréable ; pendant les six premiers mois, elle resta lim- pide, quoiqu'elle contint beaucoup de matière albumineuse en dissolution ; il se forma peu à peu à sa surface quelques flocons blanchâtres, qui finirent par s'agglomérer en une membrane mucilagineuse demi-transparente, com- posée d'algues microscopiques, mélangées d'infusoires également microsco- piques. Aujourd’hui, après cinq ans de conservation, la saveur de cette eau n'est pas désagréable. 3°. Dans une dernière série d'expériences, j'avais fait macérer dans de l'eau de la chair putréfiée et des œufs. L'eau infectée qui en résulta fut par- faitement filtrée et dépurée sur un filtre sable et charbon; sa limpidité était également absolue; mais après deux mois de conservation, elle se troubla, il s'y forma peu à peu de fines membranes d'une couleur brune. Cette eau prit et possède encore aujourd'hui une odeur extrêmement intense d’hydro- sène sulfuré. » Les observations que je viens de relater prouvent que, lorsque des eaux infectes ont été dépurées au travers de filires de charbon, si la filtration n'est pas parfaite, s'il reste des matières en suspension en même temps que des substances organiques en dissolution, elles se corrompent de nouveau très-rapidement. Si, au contraire, la filtration est parfaite, s'il n'existe au- cune matière organique en suspension, les eaux peuvent, quoique retenant des matières organiques en dissolution, se conserver très-longtemps. » Les altérations que ces matières organiques éprouvent avec le temps pourront différer complétement de ce qu'elles étaient dans l’eau primitive; au lieu de ferment putride, il peut se développer, dans ces eaux, ces ani- malcules infusoires étudiés dans ces dernières années, qui, loin d’altérer l'eau, la purifient, parce qu'ils fournissent incessamment de l'oxygène qui, à l'état naissant, détruirait toutes les matières hydrogénées infectées. » La conséquence naturelle de tout ceci, c'est que, lorsqu'on voudra conserver des eaux dépurées, il est indispensable que la filtration soit par- ( 239 ) faite, et que ces eaux soient exemptes de toute matière organique en sus- pension. » ASTRONOMIE. — Observations de la comète découverte à l'Observatoire de Paris par M. Vicror Mauvais. « M. Scauwacuer, par une Lettre circulaire du 13 juillet, annonce que M. D’Arrest, jeune astronome de Berlin, a découvert la comète dans la nuit du 9 au 10 juillet, c'est-à-dire deux jours après la découverte de M. Mauvais. » Il donne la position suivante : Le 9 juillet, à 12*{6"50$ t. m. de Berlin. Ascension droite de la comète.. 244°25/28/,2 Déclinaison. : 4.4.4. 4.1.. + 45°23'14/,1. » M. Pranramour, directeur de l'Observatoire de Genève, à qui M. Mau- vais avait communiqué sa découverte, envoie une observation faite dans la nuit du 16 au 17 juillet. Le 16 juillet, à 10 35"415,4 t. m. de Genève. Æ de la comèête.... 234°26/55/,5 Déclinaison....... 41°28 9’,4. » Voici quatre observations qui ont été faites cette semaine à l'Observa- toire de Paris. ï TEMPS MOYEN ASCENSION DROITE de Paris compté de apparente midi. de la comète. DECLINAISON apparente. 11h28m 8 235° 43! 26” + 42° 4/28 9.53. 36 230.40.30 —+ 39.26.23 10.18.55 229.27 .55 + 38.42.47 9.57. 51 228.19.40 —+ 37.59.48 | » M. Varz, directeur de l'Observatoire de Marseille, envoie les éléments paraboliques provisoires de cette comète, et croit à son identité avec celle de 1796, malgré la différence sensible qui existe entre leurs éléments. » (240) MÉTÉOROLOGIE. — Observations faites pendant un orage dans les environs de Lyon, dans la nuit du 24 au 25 juin 1844 ; Note de M. A. Bravaiïs. « Dans la nuit du 24 au 25 juin 1844, vers 2% 40" du matin, un orage violent a éclaté sur la ville de Lyon. Cet orage se dirigeait du sud-ouest au nord-est, et il a été très-remarquable par la violence du vent du sud-ouest qui l'accompagnait, par la grosseur des grélons, et par la masse d'eau vérita- blement diluviale qui est tombée en quelques minutes. » Le vent a déraciné beaucoup d'arbres, arraché de grosses branches, cassé des peupliers d'Italie par le milieu, etc. Les grains de grêle que j'ai recueillis dans ma chambre étaient de la taille d'une noisette de moyenne grosseur ; enfin il est tombé 16 millimètres d’eau dans la nuit, et il est probable que cette chute correspond presque entièrement à l’époque du maximum d’in- tensité de l'orage , laquelle ne paraît pas avoir duré plus d’un quart d'heure. » Les éclairs se saccédaient presque sans interruption; ils étaient d'une lueur brillante, mais très-diffuse, sans point de départ perceptible; enfin, il est remarquable qu'ils n'étaient accompagnés d'aucun tonnerre. Tant que la pluie a tombé par torrents, il m'a été impossible, malgré l'attention avec laquelle je prêtais l'oreille, d'entendre aucun bruit suivre ces brillants éclairs ; mais lorsque la pluie a diminué, lorsqu'elle a pris l'allure d’une pluie ordi- naire, les éclairs ont été suivis par des tonnerres à roulement, dont le bruit, d’ailleurs, était assez faible. Le centre de l'orage avait alors dépassé le zénith de Lyon, et s'était porté dans le nord-est. La foudre a frappé sur deux ou trois localités de notre ville. » Voici donc un cas bien évident d'éclairs sans tonnerre, analogue à l'ob- servation faite par Deluc à Genève, qui est rapportée dans l’une des plus belles Notices de l'Annuaire du Bureau des Longitudes, la Notice sur le tonnerre et les orages. » OPTIQUE. — Observations de M. Marrmiessex D Azrona sur ses microscopes. « Ma réponse à M. Amici, du 8 juillet, était en effet trop développée pour être insérée dans les Comptes rendus. » Je l'ai retirée. Je prie néanmoins l’Académie d'accueillir ce court résumé : » M. Amici ne conteste, dans sa Lettre du 1° juillet, aucun de mes cinq perfectionnements du microscope, développés dans ma Lettre du 17 juin; il déclare , au contraire, comme il l'a fait publiquement dans la séance du 17 juin, n'avoir aucun motif pour formuler une réclamation. (241) » Je pourrais donc me passer de toute explication, si M. Amici n'avait parlé d’une lentille de correction imaginée par lui en 1828, dans le but d’anéantir l'aberration produite dans ses objectifs de microscope, par une lame mince de verre, placée sur l'objet. » Dans mes objectifs, ce défaut est éliminé radicalement par le principe de leur construction. La lentille de correction de M. Amici est une lentille achromatique de rechange; elle a un tout autre but que la mienne, et ne lui ressemble que par le nom. » J'ai développé mes assertions dans un imprimé que je ferai distribuer aujourd’hui à MM. les membres de l’Académie. » M. Sacey, ingénieur des Mines, annonce l’envoi prochain d’un travail sur le système atmosphérique appliqué aux chemins de fer. M. Leroy » Énorces place sous les yeux, de l’Académie un morceau de bois extrait de la vessie d’une femme : c'est une tige arrondie, longue de 93 millimètres, et qui a, dans sa plus grande épaisseur, de 10 à 11 millimètres de diamètre. La position en travers que cette tige avait prise dans la vessie a obligé de la couper en deux au moyen des instruments lithotriteurs, dans l'intérieur même de l'organe, avant de songer à en faire l'extraction. Les instruments dont M. Leroy d'Étiolles a fait usage dans ces deux parties de l'opération, sont au nombre de ceux qu'il avait précédemment soumis au jugement de l'Académie. M. Van pe Veuve fait hommage à l'Académie des cinq premières livraisons d’un ouvrage qu'il publie sous le titre de V’ues prises dans les Indes néer lan daises (voir au Bulletin bibliographique). L'ouvrage entier, dont la publi- cation sera terminée dans le cours de cette année, se composera de cin- quante planches lithographiées et d’une description pittoresque, géographique et statistique du grand archipel Indien. L'auteur prépare, pour faire suite à cette publication, une carte géohydrographique du pays et des mers envi- ronnantes. M. Excog écrit relativement à quelques précautions, au moyen desquelles il est parvenu à conserver à du thé qu'il avait récolté lui-même, cet arome qui jusqu'à présent ne se trouvait que dans les thés préparés en Chine. M. Lion Tarpu écrit à l’occasion du Rapport fait dans la précédente C. R., 1844, 2€ Semestre. (T, XIX, N° À.) 33 (242) LA séance, sur un Mémoire de M. Sermet de Tournefort concernant les chemins de fer. M. Tardieu réclame la priorité de l’idée d'un bâti à essieux conver- gents pour les locomotives èt les wagons, mais ne produit aucune pièce à l'appui de sa réclamation. M. Marière prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'exa- men de laquelle a été soumis un Mémoire précédemment présenté par lui sur quelques points de la £héorie de la chaleur. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par M. Bunan, par M. Tarcceptep DE LA GARENNE et par M. Vazzar. A 5 heures l’Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. A. ERRAT A. (Séance du 15 juillet 1844.) Page 181, ligne 11, supprimez la seconde virgule (après : ses divers points ). Page 153, ligne 12, au lieu de — const., lisez non constant. ( 243 ) BULLETIN BIB LIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 3; in-4°. Annales des Sciences naturelles ; juin 1844 ; in-8°. Bulletin de l’Académie royale de Médecine ; n° 19; 15 juillet 1844; in-8°. Chambre des Députés, session de 1844: — Eapport fait au nom de la Com- mission chargée de l'examen du Projet de loi tendant à autoriser la concession d'un Chemin de fer de Paris à Sceaux pour l'application d’un nouveau système ; par M. Ar4Go, député des Pyrénées-Orientales , séance du 10 juillet 1844 ; in-/°. Chambre des Députés, session de 1844. — Rapport fait au nom de la Com- mission chargée de l'examen du Projet de loi tendant à ouvrir un crédit pour un essai du Système de Chemin de fer atmosphérique; par le même, séance du 16 juillet 1844 ; in-4°. 2 Traité de Minéralogie ; par M. DUFRÉNOY ; tome I"; in-8e, Ecole Polytechnique, 1"° division 1844. — Cours d’Astronomie et de Géo- désie ; par M. CHASLes; 1 vol. in-4° autographié. Cours des Machines, 1843-1844; par le même: 1 vol. in-4° autographié. Illustrationes Plantarum orientalium, ou Choix de Plantes nouvelles ou peu connues de l'Asie occidentale ; par M. le comte JAUBERT et M. SPACH ; 11° li- vraison ; in-4°. Histoire naturelle des îles Canaries ; par MM. We et BERTHELOT ; 95° li- vaison ; in-/°. Observations pour servir à la connaissance de la Pæcilie de Surinam ; par M. Duvernoy; brochure in-8°. Défense de M. ADOLPHE MATTHIESSEN d’Altona. Description de ses Micros- copes. — Déclaration de M. Amicr; in-4°. Mémoire sur les Surfaces gauches à plan directeur ; par M. CATALAN; in-4°. Mémoire sur la possibilité de cultiver le Thé en pleine terre et en grand en France; par M. le docteur MÉRAT; in-8°. Note sur le Thé; par M. LEcOQ, membre de la Société royale d'Horticul- ture ; broch. in-8°, Réponses aux objections faites par M. Pissis à la Notice sur la disposition des terrains tertiaires des plaines de l'Allier et de la Loire ; par M. V. RauLIN. (Extrait du Bulletin de la Société géologique de France, 1 844.) In-8°. y (244) Annales médico-psychologiques; Journal de l'anatomie, de la physiologie et de la pathologie du Système nerveux ; par MM. BAILLARGER , CERISE et LONGET : juillet 1844; in-8°. Observation d'un cas de Morve aiguë chez l’homme; par M. A. Pairipre. (Ex- trait de la Clinique chirurgicale de l’Hôtel-Dieu de Reims.) In-8°. Annales forestières ; juillet 1844; in-8°. Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage ; juillet 1844; in-8°. Journal des Usines et des Brevets d’Invention; janvier à juin 1844; in-8°. Journal de Chirurgie; par M. MALGAIGNE; juillet 1844; in-8°. Bulletin de la Société nationale de Vaccine ; juin 1844; in-8°. The Electrical... Magasin électrique, publié par M. Wazker; vol. I", n° 5; juillet 1844; in-8°. The Edinburgh. . . Nouveau Journal philosophique d'Edimbourg, publié par M. JAMEssON ; n° 93; juillet 1844; in-8°. Memoirs and... Mémoires et Procès-verbaux des séances de la Société chi- mique ; part. VIT; in-8°. Bericht uber... Analyse des Mémoires lus à l’Académie des Sciences de Berlin, et destinés à la publication ; avril 1844; in-8°. Inteekening. .. Vues prises dans les Indes néerlandaises, comprenant les îles de Java, Sumatra, les Moluques, etc.; par M. C.-M.-W. VAN DE VELDE; 5° livr.; in-fol. Trattato... Traité du Magnétisme et de l'Électricité; par M. ZANTEDESCHI. Venise, 1844; in-8°. Metodo... Méthode originale italienne d'Électro-dorure, et Note sur quel- ques menstrues capables de dissoudre l'or; par M. G. GRIMELUI; broch. in-8°. Memoria. .. Mémoire sur le courant qui naît dans un fil métallique formant un circuit clos quand on suspend le courant voltaique qui passe parallèlement à une petite distance ; par M. MaRIANINI. Modène, 1844; in-4°. Risposte. .. Réponse de M. A. Fusinier: à M. B. B1zio sur différents points de Mécanique moléculaire. Padoue, in-4°. Suggestions, . . Suggestions de nouvelles Théories scientifiques ; par M. GirARD. Mobile, 1843; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 29; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n° 83 à 85 ; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 5 et 6. L'Expérience; n° 368 ; in-8°. QU COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU MARDI 30 JUILLET 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. # MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Nouveaux éléments paraboliques de l'orbite de la comète découverte à l'Observatoire de Paris, le 7 juillet 1844; par M. Vicror Mauvais. Passage au périhélie, 1844, octobre . . . .. 17,316106 t. m. de Paris. Distanceperinele MMA EU SOLE 0,8543846 (log — 9,93 16534) Longitude du périhélie. . . . . . . ..... 180°21/23/,7) Rapportées à l’équinoxe Longitude du nœud ascendant. . . . . . .. 31° 40’ bre de o juillet 1844. ONE EEE, PE TO DE 48° 36/ 40/',0 Sens, du mouvement héliocentrique . . . . . Rétrograde. « Ces éléments ont été calculés sur les observations du 9, du 15 et du 21 Juillet, corrigées de l'aberration et de la parallaxe. » J'ai comparé les positions de la comète, déduites de ces éléments, avec toutes les observations qui sont parvenues Jusqu'ici à notre connaissance; voici le résultat de cette comparaison. C.R., 1844, ame Semestre, (T. XIX, N°.) 34 (246) Erreurs des éléments. — Excès des positions calculées sur les positions observées. ERREURS LIEU en longitude réduites ERREURS de l'observation. en arc de grand en latitude. cercle. Paris. + 8"6 Paris. + 1,0 Berlin. 0,0 Paris. 1,9 Paris. 4,7 Paris. 2,2 Paris. 2,8 Genève. 4,7 Paris. 0,8 Paris. 7,3 Paris. Paris. Paris. Paris. Paris. Paris. » Ces éléments, comme on voit, sont déjà très-approchés de la vérité; cependant la constance du signe des erreurs montre, dès à présent, qu’ils devront encore subir de légères modifications; néanmoins, je n'ai pas cru devoir attendre une orbite plus parfaite avant de calculer des éphémérides qui permettront de suivre la marche apparente de la comète à travers les constellations pendant toute la durée de son apparition dans notre hémi- sphère; ces éphémérides pourront aussi fournir quelques éléments utiles pour la réduction des obserYations. Éphémérides de la comète découverte à Paris le 7 juillet 1844, 1,5209 1 ,4908 1,4518 1,4130 1,3746 1,3365 1 ,2088 1,2616 1,2250 1,1891 1,1540 1,1199 1,0869 1,0552 1,0250 0,9064 0 ,9698 0,9454 0,9234 comèle à la Terre. 1,4182 1 ,4029 1,3930 1,3882 1,3883 1,3031 1,4024 1,4157 1,4325 1,4525 1,4753 1,5003 1,5271 1,5552 1,5842 1,6137 1,6432 1,6725 1,7010 1,7285 1,7546 17789 1,8012 1,8212 1,8383 1,8525 1,8635 1,8710 1,8746 LONGITUDES géocentriq. 2310 2/4 224.42,2 219.33,1 215.24,1 212. 4,4 209.23,8 207.14,1 205.29 ,0 204. 4,5 202.55,5 201.59,7 201.14,4 200,37,9 200. 8,6 199.45,0 199.26 ,2 199.11,5 199. 0,0 198.51,0 198.44 1 198.38,9 198.35,0 198.32,1 198.29,7 198.27,8 198.26,0 198.24 ,2 198.22,2 198. 26,0 ( 247 ) paraboliques. LATITUDES géocentriq. + 67023/ 0 + 64.57,4 + 62.13, + 59.17,4 + 56.13,0 + 53. 4,6 + 49.55,r + 46.47,2 + 43.42,2 + 40.42,0 + 37.47,4 + 34.58,9 + 32.16,7 29.41 ,2 29.12,1 24.49,3 22.32,4 20.21,1 18.14,8 16.13,1 14.15,5 12.21,7 10,31,0 8.43,1 6.57,4 5.13,6 3.31,2 1-49,7 o. 8,8 ut AM TTEELEF+ETT ASCENSIONS droites apparentes- 249022 3 244.37,4 240. 6,0 235.51,6 231.57,0 210 208.40 ,6 207. 26,3 206.18,6 205.16,6 204.19,5 203.26,5 202.36,9 201.50 ,0 201. 5,4 200.22,5 199.40,9 199. 0,1 198.19,5 197.39,0 196.58,5 DÉCLINAISONS apparentes. —+ 46042! 0 + 45.26,5 —+ 43.54,9 + 42. 8,6 + 40. 9,7 38, 1,5 + 35.46,7 + 33.27,5 3r. 5,8 28.43,5 26.23 ,0 24. 4,0 21.48,0 19.35 ,4 17.26,6 15.21,8 13.20,8 11.23,8 9.30,3 7:40,3 5.53,4 4 9,5 2.28,1 0.49,1 0.48,1 2.18,9 3.57,7 5.31,0 7- 3,9 PRO Ed RP NN Ne calculées sur les éléments (248) » Les longitudes et les latitudes sont rapportées à l'équinoxe moyen du commencement de juillet 1844, tandis que les ascensions droites et les dé- clinaisons sont rapportées à l'équinoxe apparent. » On voit par le tableau qui précède, que la comète a déjà traversé une partie des constellations d'Hercule et de la Couronne; elle est en ce mo- ment au milieu de la constellation du Bouvier, et elle arrivera, au commen- cement de septembre, dans celle de la Vierge ; à partir de la fin de septembre, la comète cessera d'être visible dans nos contrées, mais on pourra encore l’observer longtemps dans les observatoïres de l'hémisphère austral. » Nous avons fait cinq nouvelles observations cette semaine, elles don- nent les positions apparentes suivantes : TEMPS MOYEN ASCENSION DROITE DÉCLINAISON DATES. x : de Paris. apparente. apparente. 22 quille ro 44e ME ra EM 2279 9! 59° | + 37°13/ 20” +. 36.26.59 + 35.43.42 i + 34. 8.11 + 31.49. 3 » Les étoiles qui ont été comparées à la comète pour obtenir les positions apparentes de cette dernière, passent au méridien en plein jour; il n’est donc pas possible de les observer en ce moment aux excellents instruments mé- ridiens de l'Observatoire : j'ai été obligé de les calculer sur les positions moyennes puisées dans différents catalogues. Des observations plus nom- breuses et plus précises indiqueront sans doute sur les lieux de ces étoiles, de petites corrections qui devront par conséquent être appliquées aux lieux correspondants de la comète: le tableau suivant contient les positions appa- rentes des étoiles telles que je les ai adoptées pour calculer les différentes observations de la comète qui ont été insérées jusqu'à ce moment dans les Comptes rendus. ( 249 ) Positions apparentes des étoiles comparées à la cométe. DÉSIGNATION DES ÉTOILES. ÆR APPARENTES. DÉCLINAISONS: “0 In 7 juillet Zone 419. ab 8,60 + 46° 55 5873 8 juillet Zone 419. 16,27. 8,60 + 46.55.58,5 10 juillet 2339 Groombridge. 16.20. 0,66 + 45.3. 0,4 11 juillet 14° Hercule. 16. 5.23,84 -14.22,7 2° Hercule. 15.49.209,03 14° Hercule. 16. 5.923,84 15.36. 4,63 15.41.41,30 6 y Couronne. 15.29.33,96 2201 Groombridge. 15. 7.41,76 12 juillet 2208 Groombridge. 19 10-907 21 juillet 51 y Bouvier. 15.18.38,53 Zone 415 n° 1. 15. 0.32,22 Zone 415 n° 2. 15. 5.59,64 23 juillet Zone 416. 15. 6.31,25 24 juillet 263 Piazzi Bouvier. 14.56.54,88 26 juillet 49 à Bouvier. 15. 9.15,02 Zone 413 n° tr. 14.34. 9,36 31.57.55,2 Zone 413 n° 2. 14.46.16,39 31.50.58,0 22 juillet 29 juillet ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Fragments sur Les orSanes génito-urinaires des reptiles et leurs produits; par M. Duvernoy. (Extrait par l’auteur.) « Je demande la permission à l’Académie de lui lire quelques observations détachées sur les sujets indiqués dans le titre général de ce Mémoire. » Celui de fragments que j'ai choisi fera comprendre suffisamment que ces observations peuvent être séparées et faire l'objet de plusieurs lectures. » Aussi ai-je eu soin d'indiquer , en tête des divisions de ce travail, par des titres particuliers , les divers sujets qui y sont traités. ( 260) PREMIER FRAGMENT. — Des pierres vésicales des Tortues molles , et plus particulièrement de l'espèce désignée par M. Lesueur sous le nom de Trionix spiniferus. » L'urine des Chéloniens est un liquide limpide, très-aqueux, peu coloré. » Plusieurs analyses faites, en premier lieu par Vauquelin , ensuite par MM. Lassaigne et Boissel , J. Davy, Stoltze, J. Müller et Magnus, signalent la présence de l'acide urique, et même de l’urée dans ce liquide excrémen- titiel, mais en petite quantité. » Quant aux concrétions urinaires des Chéloniens, elles ne sont encore dé- crites , que je sache , nulle part; seulement, Vicq-d'Azyr ayant recueilli un dépôt urinaire dans une vessie de tortue, ce dépôt fut analysé par Vau- quelin, qui y trouva du muriate de soude, du phosphate de chaux , une matière animale et de l'acide urique. » Mon ami Lesueur qui, dans les cinq parties du monde où il a séjourné, a cherché, avec son expérience éclairée, et saisi, le plus qu'il a pu, les occa- sions de recueillir les objets naturels propres à avancer la science , a décou- vert que l'espèce de Trionix de la rivière de Wabash, dans les États-Unis de l'Amérique septentrionale, qu'il a désignée sous le nom spécifique de spini- ferus (à), était sujette aux concrétions pierreuses de la vessie. » On sait que les espèces de ce genre sont carnassières et très-voraces. Aussi a-t-on donné le nom spécifique de ferox à celle de la Caroline et des autres contrées chaudes del’Amérique du Nord et de la Guyane. » M. Geoffroy-Saint-Hilaire, qui a reconnu le premier et établi ce genre uaturel avec l'espèce du Nil, appelée 7'estudo triunguis par Forster, raconte qu'elle dévore les petits crocodiles au moment où ils éclosent. » Deux des individus de Trionix spiniferus, LES., que M. Lesueur a eu l'occasion d'ouvrir, avaient chacun une pierre vésicale. » La plus petite de ces pierres que j'ai extraite moi-même de la vessie de l'un d'eux, qui était une femelle, avait une forme oblongue, 0",017 de long, o%,o11 de large, et pesait 08,730. Sa surface est inégale, un peu raboteuse par de légères saillies lamelleuses et comme criblées de trous ou de pores. » Sa couleur est jaune; sa densité, comparée à l'eau, a été trouvée de 1,780 à la température de + 6 degrés centigrades. » Cette dernière détermination est due à M. Lassaigne, qui a fait l'analyse de ce calcul au mois de février dernier. Sciée dans le sens de sa longueur et (1) Note sur deux espèces de tortues du genre 7rionix de M. Geoffroy-Saint-Hilaire ; par M. Lesueur. ({ Mém. du Muséum, t. LV, p. 257 etsuiv.) ( 251 ) de son axe, cette concrétion a montré dans son centre, une petite lame nacrée, fragment évident d’une coquille. » Ce fragment, séparé de la matière sédimenteuse qui a été soumise à l’a- nalyse, était jaune-verdâtre à l’une de ses faces, et blanc nacré à l’autre. » L'aspect de cette lame indiquait évidemment sa nature; ses réactions chimiques l'ont démontré surabondamment. » C’est un fragment de coquille ayant servi de noyau au calcul vésical, dont l'analyse a fourni les résultats suivants : » 100 parties de cette concrétion ont donné : Phosphate de chaux. . . . . . 64,70 Carbonate de chaux. . . . . . . 15,10 Matières organiques et eau. . . 20,20 Total.... 100,00 » M. Lassaigne a complété cette analyse en recherchant dans quel rapport la chaux et l'acide phosphorique se trouvent dans le phosphate de chaux, ou le degré de saturation de ce sel. « Après avoir dissous une certaine quantité de phosphate sec dans de l’eau » acidulée par la plus petite proportion d'acide chlorhydrique, il a préci- »._pité la chaux par l’oxalate d’ammoniaque. » L’oxalate de chaux qui s’est formé par cette réaction, recueilli, calciné » et transformé en sulfate de chaux anhydre, a montré la proportion exacte » de chaux qui saturait l'acide phosphorique. » Il résulte de cette expérience que sur 100 parties de phosphate, il y a Acide phosphorique. . . . .. HP R03:87 etre SEM te: BRAS LR 46,13 100,00 » Le phosphate calcaire de ce calcul diffère donc essentiellement du » sous-phosphate de chaux qui existe dans le tissu osseux, et se rapproche beaucoup du phosphate de chaux neutre tel que M. Berzelius en a établi la composition. » » Le second de ces calculs est plus considérable : il pesait 168,950; sa forme est ronde, un peu aplatie; sa couleur d'un blanc jaunâtre à l'exté- rieur, il est blanc à l’intérieur. On distingue dans son agrégation des couches concentriques, peu adhérentes entre elles, très-friables. Les plus extérieures ont montré quelques débris de coquilles. (29%) » Sa densité, suivant M. Lassaigne, qui en a fait également l'analyse, au mois de mai dernier, est de 1,875. » Sa composition chimique s’est trouvée très-analogue à celle du premier calcul. » 100 parties ont fourni : Phosphate de chaux............. nn 00:19 Carbonate de chaux...... DE Les à 3,04 Carbonate de magnésie.......... Trees. PL 10 Quartz en grains transparents. ............ 4,76 Sels et matières organiques solubles. ....... 1,91 Matière organique insoluble dans l’eau. ..... 13,00 Bates s-rerer--ercLeecrbe STONE 20,00 100,00 » Deux circonstances sont à remarquer dans les analyses et dans la com- position physique de ces calculs. » La première est l'absence de l'acide urique, qui fait partie cependant des urines de chéloniens, à la vérité dans de faibles proportions, ainsi que nous l'avons déjà dit, d’après les analyses de Vauquelin, de MM. Las- saigne et Boissel (1), de M. J. Davy (2) et de M. Stoltze (3). » MM. Lassaigne et Boissel indiquent même de l'urée, outre l'acide urique, dans l'urine de tortue des Indes qu'ils ont analysée; ils y ont encore décou- vert différents sels à base d'ammoniaque, de soude, de potasse et de chaux. » M. Stoltze a trouvé, dans l'urine d'émyde d'Europe, 3*%,30 de phos- phate de chaux, 15,15 de mucus animal mêlé avec de l'acide phospho- rique, de l'hydrocblorate de soude , de la potasse et de la chaux ; tandis qu'il n'y avait que 08,55 d'acide urique. » La seconde circonstance concerne la composition physique de ces cal- culs; je veux parler des corps étrangers, des très-petits fragments de co- quilles et des grains transparents de quartz que renfermaient les couches superficielles du plus grand, et du fragment assez considérable, ayant formé le noyau du plus petit. » Comment ces corps étrangers ont-ils pu pénétrer dans la vessie, et (1) Journal de Pharmacie, t. VIX, p. 381; 1821. (2) Transactions philosophiques pour 1818, p. 303. (3) Archives de Physiologie de Meckel pour 1820, p. 349. (253 ) quelle voie ont-ils dû suivre à cet effet ? La réponse à ces questions est toute anatomique et physiologique. La présence de ces corps étrangers pourrait servir à soutenir l'opinion que certaines tortues d'eau , les émydes par exemple, absorbent l’eau par l'a- nus, et que cette eau passe dans la vessie, qui serait encore considérée comme un organe de respiration accessoire, n'ayant pas entièrement perdu cette partie essentielle des fonctions de l’allantoïde, ou de ce poumon-vessie du fœtus dont elle est la suite permanente. On comprendrait facilement comment ces courants d’eau de l'extérieur à l'intérieur entraïîneraient et introduiraient dans la vessie quelques fragments de coquilles ou d’autres corps, qui s'y mêleraient aux concrétions calculeuses, et ÿ deviendraient même leur noyau. » Ces courants seraient probablement plus actifs chezles émydes qui ont des vessies lombaires ou accessoires indiquées par Perrault, figurées par Bojanus, sur lesquelles M. Lesueur a particulièrement fixé l'attention de l’Académie, dans sa séance du 7 octobre 1839 (voir les Comptes rendus, t. IX, p. 456 et suivantes), et que j'ai décrites en détail dans les nouvelles éditions des Leçons d’ Anatomie comparée, t. VII, p. 598 et suivantes. Mais ces vessies manquent, ainsi que l’a remarqué M. Lesueur, chez les Trionix, qui vivent cependant au fond des eaux douces. ‘ Pour concevoir le mécanisme de l'introduction de ces corps étrangers dans la vessie de ces animaux, il faut donc étudier les rapports de l’orifice de ce réservoir de l'urine dans le cloaque et l'organisation du vestibule génito- excrémentitiel. Dans l'exemplaire femelle, dont j'ai extrait le petit calcul, ce vestibule est un boyau cylindrique à parois musculeuses et élastiques, dont la struc- ture mérite d'être décrite particulièrement. » La muqueuse est marbrée d'un pigment noir dans toute la partie du cloaque qui renferme le clitoris, et un peu au delà. Plus en dehors, elle de- vient blanche. / Cette membrane forme des plis longitudinaux nombreux, serrés les uns près des autres, plissés eux-mêmes en travers et en zigzag, dont les angles sail- lants entrent dans les angles rentrants du pli voisin. Cette muqueuse est doublée par un tissu cellulo-élastique assez épais, dont l'organisation, observée au microscope à un grossissement de 250 de- grés, est très-remarquable. » Ilse compose de filets très-flexueux , très-contournés, qui ne se divisent pas en rameaux, lesquels se réuniraient pour former une sorte de réseau C. R., 1844, ame Semestre, (T. XIX, N° 5.) 35 (254) comme les filets des tissus élastiques ordinaires, mais qui forment comme un feutre soit entre eux, soit avec les filets beauconp plus fins du tissu cel- lulaire. » Cette organisation du tissu élastique est très-différente, pour le dire en passant, de celle que j'ai découverte dans la poche sous-mandibulaire du pélican. Ici ce tissu se compose de cordons principaux dirigés dans le même sens, desquels se détachent des filets plus petits qui se réunissent aux filets des cordons principaux les plus rapprochés. » Ce dernier type, très-analogue à ceux que M. Mandl a fait connaître dans son Ænatomie microscopique, en est cependant une modification (1) qui aurait pu servir à compléter cet exposé des tissus élastiques que la science a mentionnés. » La longueur de ce boyau est encore de a",1 10, quoiqu'il soit tronqué du côté de l'anus. » Les orifices des oviductes se voient de chaque côté, un peu plus en ar- rière que celui du rectum. 5 » Ils sont bordés par un prolongement de la muqueuse et de la cellulo- vasculaire qui les double, lequel prolongement est singulièrement plissé autour de chaque orifice, afin de le préserver de l'entrée des substances excrémentitielles qui passent par le cloaque. » L'orifice du rectum est aussi bordé d’un prolongement de la muqueuse et de la cellulense, formant dans le cloaque une saillie circulaire plissée'en manchette. » Cette disposition doit empêcher de même le reflux des matières fécales du cloaque dans le rectum. » Rien de semblable n'existe autour de l'orifice du col de la vessie, qui est percé au-dessous de celui du rectum, mais un peu plus en avant. » Cette disposition de l'issue de la vessie dans le cloaque fait comprendre que des débris de coquilles qui arriveraient dans le vestibule génito-excré- mentitiel par le rectum, avec les excréments, ou qui y pénétreraient du de- hors avec l’eau que l’on suppose pouvoir être pompée par ce vestibule, pour- raient, dans des cas rares, être refoulés dans la vessie, par les contractions des parois de ce vestibule. » Dans cette première partie de mes fragments, je n'ai été, pour ainsi dire, que simple historien. C’est à M. Lesueur qu'est due la découverte des (1) Première série, IX! livraison. (255) calculs urinaires des Trionix, et à M. Lassaigne leur analyse chimique, dont je viens de faire connaître les résultats. Mais cette connaissance se lie naturellement à ce que je vais dire sur les urolithes des reptiles. i DEUXIÈME FRAGMENT. — Sur l'existence des urolithes fossiles, et sur l'utilité que la science des fossiles organiques pourra tirer de leur distinction d'avec les coprolithes, pour la détermi- nation des restes fossiles de Sauriens et d'Ophidiens. » Je ne veux pas parler, dans ce second fragment, des conséquences qu'il est she de tirer des faits énoncés dans le premier , c'est-à-dire de l’exis- tence possible des pierres vésicales Jossiles des Chélonienk : et du moyen qu'on aurait de les reconnaître, malgré l'absence de l'acide urique; moyen fourni par l'analyse de M. Lassaigne, celui de l’état neutre dn phosphate de chaux qu'ils renferment , différant en cela de celui des os. » Mais je me propose de démontrer l'existence des fécès urinaires de cer- tains reptiles parmi les restes fossiles, et que ces fécès ont été confondus mal à propos avec les fécès alimentaires qui sont, à la vérité, beaucoup plus nombreuses. » L'urine des Sauriens et des Ophidiens est une pâte ductile, bien diffé- rente de ce liquide limpide très-peu coloré qui constitue l’urine des chélo- niens et des batraciens anoures. Cette pâte se durcit promptement à l'air, et prend la consistance de la craie. Cette singulière urine devrait produire souvent des pierres vésicales chez ceux des reptiles sauriens qui ont une vessie, ou des concrétions obstruant les uretères chez les Ophidiens proprement dits, qui sont tous privés du réservoir de l'urine. Cependant il n’en est rien; jusqu’à présent on n’a pas découvert, Fe je sache, de concrétions urinaires chez ces animaux. » Mais l éade de la forme et de la consistance que prend cette pâte ete en sortant du cloaque, et la possibilité de la conservation de ces fécès uri- naires parmi les restes fossiles, tout aussi bien que les fécès alimentaires, m'a paru devoir attirer l'attention des géologues. M. Dufrénoy, dans le Rapport qu'il a lu à l’Académie, le 29 mai 1843, sur deux Mémoires de Géologie de M. le docteur Robert, s'exprime ainsi : « La présence de ces corps singuliers (les coprolithes) parmi les fossiles » est une des découvertes les plus remarquables de M. Buckland. » » Le but de cette Note est de faire comprendre que , si les conséquences géologiques qu’on a tirées de cette découverte, relativement aux terrains Bb. (256) de sédiment, semblent incontestables, il était nécessaire de la compléter sous le rapport zoologique, afin d'arriver à une connaissance plus précise des ani- maux auxquels ces fécès ont appartenu ; et qu'il fallait, pour cela, que l'Ana- tomie et la Physiologie vinssent au secours de la Géologie. » Dès le mois de décembre 1834 et le mois de janvier 1835, j'ai fait deux communications à la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg, dans lesquelles j'ai manifesté l'opinion que, selon toute apparence, on avait con- fondu avec les coprolithes ou les fécès alimentaires, des wrolithes ou des féces urinaires ; et que la manière dont on avait expliqué la forme spirée de quel- ques-uns des premières, et les conséquences qu'on en avaittirées pour déter- miner la forme de l'intestin des animaux qui les avaient rendus, ne me pa- raissaient pas rigoureusement déduites, sous le double rapport anatomique et physiologique. » Voici comment je suis parvenu à cette manière de voir sur l'existence des urolithes, qui n'était alors pour moi qu'une simple présomption, et qui est devenue une certitude, depuis la découverte de M. Robert et le Rapport de M. Dufrénoy, dans lequel l'honorable rapporteur annonce l'existence d’une quantité notable d'acide urique dans ces prétendus coprolithes. » En décembre 1834, j'avais, depuis cinq mois, un caméléon dont j'ob- servais avec soin les allures. Je remarquai entre autres qu'il rendait ses fécès aliméntaires sous une forme cylindrique, de consistance variée, suivant la nature de ses aliments, dont ils renfermaient ordinairèment quelques débris reconnaissables : c'étaient des pattes, des fragments d’ailes où d'autres par- ties dures et cornées des insectes qui étaient devenus sa proie. » J'aperçus encore, outre ces fécès, des excréments d’un blanc jaunâtre , contournés en spirale comme une coquille de petit buccin, ayant la consis- tance de la craie, que je ne tardai pas à reconnaître pour l'urine de cet ani- mal, qu'il rendait séparément de ses fécès alimentaires. » La comparaison que Jj'eus l'occasion de faire de ces concrétions, avec celles qui se vendent chez les droguistes sous le nom d’excréments de boa, et qui sont presque entièrement composées d'acide urique, me confirma dans cette opinion. » Enfin, l'analyse que M. Persoz, professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg, et mon collègue à cette époque, voulut bien faire à ma de- mande, de ces excréments blancs du caméléon, me fixa définitivement dans ma première détermination. » Il les trouva composés d'une très-grande proportion d'acide urique, avec une faible quantité de phosphate et de carbonate de chaux. (257) » Je compris en même temps la cause de la forme contournée en spirale que prend cet excrément à l'instant même de son expulsion. » IT n'était plus possible, au moins dans cette circonstance, d'en attribuer la cause à l'existence d’une valvule spirale de l'intestin. » L’anus extérieur, chez ce caméléon, ou l’orifice commun des excréments et des produits de la génération , est une fente transversale, comme chez tous les autres Sauriens proprement dits et chez les Ophidiens; tandis que chez les Crocodiliens cette fente est longitudinale. » Cette différence de forme et de direction, dont les zoologistes ont tiré parti dans leurs caractères distinctifs, est d’ailleurs en rapport organique nécessaire, ce qui n'a pas encore été remarqué, que je sache, avec l’exis- tence de deux verges dans le premier cas, ou d'une seule verge dans le dernier. e » C'est par chaque commissure latérale de cette fente transversale que ces verges font saillie chez le mâle, ou s’introduisent dans le vestibule génito- excrémentitiel de la femelle; la disposition contraire ou l'ouverture longitu- dinale de ce vestibule ne donne jamais issue qu’à une seule verge, qui sort par la commissure antérieure de cette ouverture. » Des deux lèvres de cette issue, quand elle est transversale, la postérieure est la plus développée; elle forme une paroi résistante verticale, opposée directement aux fécès moulés et expulsés par les contractions des parois du cloaque. La partie moyenne de cette lèvre est la plus large; la partie corres- pondante de l’orifice est la plus profonde ; il devient de plus en plus super- ficiel à mesure qu'il se rapproche de chaque commissure latérale des deux lèvres. ' Rien de plus facile, d'apres ces considérations anatomiques et celle de la nature de l'urine de caméléon, que de comprendre la forme contournée en spirale de ses fécès urinaires, tandis que les fécès alimentaires restent cy- lindriques. » Ceux-ci ne sont pas ductiles et l'emportent le plus souvent, par leur consistance , sur l'obstacle que leur présente la lèvre postérieure de l'anus. Hs conservent leur forme cylindrique, où à peu prés, qui est celle du dernier intestin où ils ont été rassemblés, et celle du cloaque contracté à travers le- quel ils ont dû passer. » L'urine, au contraire, qui forme une pâte molle et ductile, après avoir été moulée en cylindre ou en cône par les parois contractées du cloaque, ren- contre l'obstacle perpendiculaire de la lèvre postérieure qui limite de ce côté ( 2:58 ) l'orifice de ce réservoir; elle se contourne vers l’une ou l’autre commissure, en glissant de dedans en dehors sur la pente oblique qui la conduit, sans obstacle, dans cette direction. » C'est par ce simple mécanisme que cette singulière urine, qui durcit bientôt après sa sortie et prend la consistance de la craie, forme ces concré- tions plus ou moins sensiblement turbinées. » Si l’on se rappelle, 1° en premier lieu, que les reptiles sauriens et ophi- diens sont les seuls animaux vertébrés qui rendent, séparément de leurs fécès alimentaires, une urine non liquide, mais sous forme d’une pâte épaisse et duc- tile; 2° si l’on fait attention, en second lieu, que cette urine concrète montre des traces plus ou moins évidentes de cette forme turbinée, chez tous les rep- tiles de ces deux ordres, dont l’orifice du cloaque est une fente transversale, on sera conduit à penser que les coprolithes de forme spirée ou turbinée, sont probablement, ainsi que je l'ai présumé dès 1834, du moins en partie, des urolithes de Sauriens ou d'Ophidiens. » Cette présomption deviendra une certitude lorsqu’à cette forme corres- pondra une composition chimique semblable ou analogue à celle de l'urine des reptiles ophidiens où sauriens vivants. » Les coprolithes découverts par M. Robert contiennent, suivant le Rap- port de M. Dufrénoy, du phosphate et de l’urate de chaux en abondance. » M. Robert lui-même les regarde comme presque entièrement composés d'urate de chaux (1). » Ceux qu'il a bien voulu me permettre d'examiner dans sa collection (et particulièrement un de ces fossiles qu’il m'a remis pour le faire analyser), sont composés d’une substance homogène assez serrée, de couleur jaune nankin sale intérieurement, et extérieurement d’une couche brune de même sub- stance, fendillée à sa surface. » Ce sont évidemment, d'après leur composition chimique, des urolithes ou des fécès urinaires et non des fécès alimentaires. » La quantité d'acide urique qu'ils renferment en est une preuve indubi- table. » Ces urolithes ne peuvent avoir appartenu qu'à des Sauriens ou à des Ophidiens. » Je vais plus loin dans ma détermination, et j'ajoute que ceux à forme » (1) Voir ses Recherches paléontologiques, etc. (Extrait du Bulletin de la Société géologique de France, p. 3.) ( 259 ) non spirée ont été rendus par des crocodiliens ; tandis que ceux à forme spi- rée très-prononcée doivent provenir de Sauriens Proprement dits ou d’Opkhi- _ diens , les seuls des animaux vertébrés, nous le répétons, dont l'urine sorte du corps séparément des fécès alimentaires, et prenne, immédiatement après, cette consistance pierreuse qui la rend susceptible d'être conservée comme fossile. » On voit à quel degré de précision l'observation de l'urine de caméléon et de sa forme m'a conduit pour la détermination des fécès fossiles. » Déjà Vauquelin avait fait connaître cette singulière urine chez les Ser- pents, et Schreibers (1) chez les Lézarcs et les Seps. Mais personne avant moi n'avait eu l'idée que sa consistance et sa nature la rendaient susceptible d'être conservée parmi les restes fossiles, et qu'une Partie des coprolithes de forme spirée pourraient bien être plutôt des urolithes de Sauriens ou d'Ophidiens. » J'espère que cette nouvelle Vote, fondée à présent sur des faits bien positifs d'analyse chimique, excitera l'attention et l'intérêt des géologues. » Sans doute la plupart des coprolithes bien déterminés sont réellement des fécès alimentaires. On peut en être certain quand, dans leur composition hétérogène, on trouve des restes de ces substances tels que desos, des dents, des écailles de poissons, ainsi qu'on l'a annoncé au commencement de cette année, pour un certain nombre des coprolithes de Passy, qui ne renferment d’ailleurs ancune trace d'acide urique (2). » Mais je pense que l'on peut affirmer, sans hypothèse (3) et avec certi- tude, que ceux dont la substance est homogène et contient une quantité notable d'acide urique, sont des urolithes de Sauriens où d'Ophidiens. » Quant aux fécès alimentaires que l'on présume avoir été moulés dans un intestin à valvule spirale, cela pourrait être, si cette valvule était dans le dernier intestin où se rassemblent les fécès. Mais l'exemple des squales et des raies que l'on a cité à l'appui de cette explication ne me paraît pas concluant. (1) Annales de Physique de L.- JF. Gilbert, t. XLIIT, P- 83; Leipsig, 1813. (2) Poir le journal l'Zrstitut, n° 526, 24 janvier 1844, P- 36, 2° cahier, On annonce qu'ils sont composés de : Phosphate de chaux. . . . .. 0,6225, Carbonate de chaux. . . . 0,1250, SIC A PEER Ne à 0,0025, Matière animale fétide, . . . . 0,2500. {3) Je réponds ici à la note 3 > Page 3, du Mémoire cité de M. Robert. ( 260 ) cette valvule étant dans l'intestin grêle et non dans celui où se rassemblent et se moulent, dans beaucoup de cas, les résidus plus ou moins solides de la digestion. » Aucun reptile connu ne m'a montré jusqu'à présent une valvule spirale dans son gros intestin, quoique j'aie décrit, dans un Mémoire sur l’'Organi- sation des Serpents , que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie en juillet 1832, et dans les Leçons d’Anatomie comparée , de singulières anfrac- tuosités qui compliquent irrégulièrement le canal du dernier intestin de plusieurs Ophidiens et de quelques Sauriens. » Je conçois cependant que, dans quelques cas, la forme spirée des co- prolithes ait pu provenir de la ductilité des fécès alimentaires; mais cette ductilité ne peut plus être admise pour les coprolithes qui comprennent des débris osseux. » Il faudrait alors supposer un gros intestin pourvu d’une valvule spirale, dans lequel les fécès se rassemblent. I faudrait encore supposer que ces fécès ont conservé la forme de leur moule, après la décomposition de celui-ci. » Ces coprolithes proviendraient tous d'animaux morts subitement et dé- composés , et non d'animaux qui les auraient rendus à l'état de vie. » Leurhistoirese trouverait ainsi intimément liée à celle des animaux dont on a découvert les restes dans certaines grottes, et à la question de savoir s'ils y ont vécu, ou si leurs restes seulement ont été entrainés dans ces grottes avec le limon dans lequel ils sont enfouis? » M. Duvernoy annonce à l'Académie, en terminant sa lecture, que dans la prochaine communication qu'il aura l'honneur de lui faire, il lui montrera un individu de la Salamandre commune, Salamandra maculosa, LAUR., complétement hermaphrodite. Cet individu a, d'un côté, un ovaire avec des ovules mûrs, et, de l’autre, un testicule rempli de spermatozoïdes; il était conséguemment à l'époque du rut, lorsqu'il a été pris. MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE.— Mémoire sur une opération d'entérotomie lombaire sans ouvrir le péritoine, pratiquée avec succès sur une femme âgée de cinquante-trois ans ; suivi de quelques considérations sur l'anatomie pathologique de l'in- testin colon lombaire ; par M. Auussar. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Madame B..., âgée de cinquante-trois ans, d’une forte constitution, ty ( 261 ) mère de plusieurs enfants, n'a éprouvé aucun dérangement notable dans sa santé jusqu'à l'époque où se sont développés les accidents qui ont nécessité l'opération. Il y a un an environ, les évacuations alvines sont devenues tres-diffi- ciles, et elles se sont accompagnées de la sortie de glaires et de sang. » Le 26 juin dernier, quatorze jours après la cessation absolue des fonc- tions du ventre, je fus appelé auprès de la malade par M. le docteur Sédil- lot, qui avait employé sans résultat tous les moyens capables d'amener du soulagement. » J'examinai avec attention la malade sous tous les rapports, et ne parvins pas à découvrir le siége et la nature de l'occlusion du tube digestif. » Le ventre était ballonné, distendu par des gaz, les coliques étaient très- vives, et des vomissements bilieux survenaient fréquemment. » Après avoir employé inutilement pendant plusieurs jours les douches ascendantes, les injections forcées, etc., et l’état de la malade s'aggravant beaucoup, on agita la question de l'établissement d'une voie artificielle , et cette opération ayant été jugée indispensable par plusieurs médecins appelés en consultation, entre autres par M. Crampton, de Dublin, elle fut pratiquée en présence de MM. Crampton , Macloughlin, Berthez, de Gray, L. Boyer, Filhos, A. Amussat et Levaillant, le 1° juillet, vingt jours après le commence- meht 4 accidents de la tympanite stercorale. Le colon lombaire gauche fut ouvert dans la région lombaire, sans intéresser le péritoine, et depuis ce temps les évacuations ont lieu par cette voie. » Aujourd'hui, trente jours après l'opération, la malade est dans l'état le plus satisfaisant. » Après avoir donné, dans mon Mémoire, la relation de ce fait, avec des détails qui seraient hors de place dans cet extrait, je présente quelques con- sidérations sur l'anatomie pathologique chirurgicale de l'intestin colon lom- baire; et je démontre que, si l'opération de l'anus artificiel dans la région lombaire avait été rejetée, cela provenait de ce qu'on examinait le gros in- testin dans l'état de vacuité, et qu'alors on ne jugeait pas exactement les li- mites du péritoine en arrière. Mais , comme dans toutes les maladies qui exi- gent l'établissement d'une voie artificielle, les colons sont distendus, soit chez les enfants imperforés, soit chez les adultes, on est assuré qu'il existe en ar- rière du colon un espace celluleux assez grand dans lequel on peut ouvrir le colon sans ouvrir le péritoine. Pour démontrer ce fait, je mets sous les yeux de l'Académie un dessin représentant le colon lombaire gauche d’une femme qui a succombé quarantessix jours après une obstruction complète du tube C.R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, N° 3.) 36 { 262 }) digestif, causée par un cancer de l'S iliaque. Dans ce cas, l'intestin était très- distendu , l’espace celluleux était très-large, et il eût été facile, en opérant, d'éviter la lésion du péritoine. » Enfin, je rappelle le résultat heureux de neuf opérations de ce genre que j'ai pratiquées avec succès, six fois sur des adultes, trois fois sur des en- fants imperforés, et j'insiste sur les avantages de l’incision transversale de la région lombaire que j'ai substituée à l'incision longitudinale. » En résumé, je crois avoir démontré par la triple voie de l’expérimenta- tion, de l'anatomie chirurgicale pathologique et du résultat heureux de mes opérations, que le fait de la possibilité d'ouvrir le colon lombaire, sans pé- nétrer dans le péritoine , est maintenant établi d’une maniere incontestable. » Je puis, en outre, ajouter que l’entérotomie lombaire a été tentée avec succès par plusieurs chirurgiens français et étrangers. » Cette opération , qui est aussi indispensable que celle de la hernie étran- glée, parce que l’une s'applique aux étranglements internes, tandis que l’au- tre s'applique aux étranglements externes, me paraît devoir être placée parmi les opérations que les chirurgiens sont appelés à pratiquer lorsque toutes les autres ressources de l’art ont été employées infructueusement. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ORGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Recherches sur le développement et la structure des Plantaginées et des Plumbaginées ; par M. F.-M. Banwéoun. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. de Jussieu, Richard, Gaudichaud.) « |. Plantaginées. — Si l'on suit la première formation de la fleur dans un épi naissant de Plantago lanceolata où de Plantago cynops long de 2 ou 3 millimètres au plus, on voit qu'elle est réduite d'abord à un simple mamelon pulpeux situé à la base d'une bractéole beaucoup plus longue qu'elle. Ce mamelon se fend ensuite ou se transforme en quatre lobes qui sont les folioles primitives du calice ; après la bractée et le calice, se mon- trent successivement la corolle, les étamines, l'ovaire, le style, les ovules et le stigmate. Le développement floral a donc lieu ici de l'extérieur à l'inté- rieur, contrairement à la théorie de M. Schleiden. » Ce qu'on nomme la corolle, est évidemment nn organe dégénéré, sec, scarieux, sans aucune trace de vaisseaux à l’état adulte, et d’une nature toute cellulaire. Mais, à sa première origine, elle se compose de quatre mamelons ( 263 ) libres , un peu arrondis, et dont la structure et la forme sont les mêmes que celles des anthères. Un peu plus tard, ces quatre mamelons s'allongent, s'a- platissent dans leur épaisseur, se soudent à la base pour former le tube, et présentent chacun, mais seulement sur la ligne médiane, un simple petit faisceau de trachées tout à fait analogue au faisceau trachéen du milieu du filet et de la suture de l’anthère. Ces vaisseaux spiraux, qui trabissent ici la nature dégé- néréede l'organe qui les renferme, s’oblitèrent peu à peu d'une maniêre tres- remarquable, et après l'épanouissement de la fleur, il n’en reste plus de ves- tiges. Pour nous, le tube et les quatre segments scarieux de la corolle des Plantains équivalent aux quatre Staminodes secs, souvent réunis en tube à leur base, des tribus des Gomphrénées, des Achyranthées et des Célosiées, dans la grande famille des Amaranthacées. Ces observations établissent un lien de plus entre ces dernières et les Plantaginées, comme le voulait l'im- mortel L. de Jussieu, dont le génie profond a si bien senti les rapports natu- rels des familles, et dont on a, très à tort, dans plusieurs cas, négligé les grandes vues. Le pollen se forme, dans des utricules meres, par la séparation d’une petite masse simple en quatre parties, qui sont symétriques, placées face à face, et deviennent chacune un grain de pollen. À l'état adulte, celui-ci s’onvre constamment par un seul boyau. Jamais nous n’avons pu apercevoir le mou- vement spontané des granules, maloré le secours de puissants grossisse- ments. » Nous avons observé les boyaux polliniques dans presque toute la longueur du style; mais la grande densité de ce dernier à sa base, et sa couleur très- brune, nous ont empêché de les suivre jusqu’à l’ovule. L'ovaire trés-Jeune pré- sente sur son milieu une ligne brune formée par les replis de ses deux car- pelles. C’est l'origine de la cloison. Ces replis, qui vont à la rencontre l’un de l'autre, ne sont encore que très-rapprochés sans être: totalement soudés: et par une léoère traction, au moyen d'aiguilles très-fines, on parvient sans peine à les séparer, et on voit chacun d'eux porter sur son bord un ou plusieurs ovules naissants. Du reste, la structure cellulaire de ces Jeunes replis est iden- tique avec celle du reste de l'ovaire. Il n'y à donc dans tout cela aucun vestige de corps axile pour la famille des Plantaginées (Plantago, Littorella). » L’ovule, dont le côté externe des téguments éprouve une courbure tres-prononcée, se compose d'une primine, d'une secondine peu saillante. d'une tercine verte, et d’une quintine qui devient le périsperme corné et mucilagineux , au milieu duquel se développe l'embryon droit et excentrique. Le raphé est Presquenul; mais le funicule, d'une forme discoïde, trés-aplatie, 4 une structure singulière. Ses cellules irrégulières sont toutes rayées. 36. (264 ) » Dans le ZLittorella lacustris , il existe dans l'ovaire peu développé une petite cloison médiane et deux ovules symétriques à sa base, dont l’un dis- paraît toujours avec la cloison bien avant la fécondation. » La déhiscence circumscisse de la capsule des Plantaginées de plusieurs Chénopodées, Amaranthacées, Solanées et Primulacées, tient à une double cause anatomique et physiologique provenant d’une structure cellulaire dif- férente, dans les deux parties de la capsule, de l’oblitération des faisceaux de trachées vers le point de scissure, de l'accumulation des sucs, et par suite de l’épaississemeut de l'opercule, tandis que la partie inférieure reste mince et membraneuse. » II. Plumbaginées. — Dans cette famille, comme dans la précédente, on voit les différents verticilles de la fleur se développer successivement de l'extérieur à l'intérieur. » La symétrie paraît anomale, puisqu'il n'y a qu'un seul rang d'étamines opposées aux pétales. Mais j'en ai découvert un second dans le Plumbago micrantha, entre les rudiments des pétales à peine ébauchés et en face de ceux du calice; il se développe fort peu, et s'atrophie rapidement avant la formation précoce du tube de la corolle. D'après cela, la symétrie des Plum- baginées devient géométriquement régulière, et leurs étamines adultes ap- partiennent à un quatrième verticille absolument de la même manière que celles des Primulacées. Les quatre grains polliniques s'organisant dans l'u- tricule mère, affectent constamment une disposition cruciforme. A la matu- rité, et au contact d'un liquide, le grain devient sphérique; la masse com- pacte de ses granules se divise tout à coup en trois faisceaux cunéiformes séparés par trois espaces clairs, et c'est par trois points symétriques corres- pondant chacun à la base de l'un de ces faisceaux, que font hernie au dehors trois boyaux dans lesquels s'agitent de nombreux corpuscules. » Maisil n'y a point encore ici de mouvement spontané. L'ovule est ana- trope, également à quatre membranes blanches; la secondine reste toujours saillante, et la quintine forme un vrai périsperme amylacé qui entoure l’em- bryon central. Plusieurs fois, j'ai rencontré deux ovules dans les Ærmeria, et ce qu'il y avait de plus intéressant , c'est que le bouchon, en venant à la rencontre des deux endostomes béants, présentait un commencement de bi- furcation à sa pointe. Il est certain que les boyaux polliniques arrivent par ce bouchon. » La gaîne des capitules d’Ærmeria, dont nous avons suivi toutes les phases de développement, n’est qu'une expansion cellulaire et vasculaire de la base des feuilles de l'involucre. ( 265 ) » Organes de la végétation dans ces deux familles. — Soit dans les fleurs, soit dans l'embryon en germination, les premiers vaisseaux qui se montrent sont de vraies trachées déroulables; les tiges offrent, en allant de l'intérieur à l'extérieur : 1° des trachées autour du canal médullaire; 2° des vaisseaux rayés, assez rarement; 3° des vaisseaux ponctués en grande abondance : voilà pour le bois. L'écorce n'offre que des vaisseaux fibreux. Quant aux lati- cifères , je n'ai rien pu voir de très-net. » Dans les grosses racines, même structure, à l'exception des trachées et du canal médullaire, qui manquent. Dans les petites radicelles, il n’y a que des vaisseaux ponctués. » Les stomates se montrent sur toutes les parties vertes extérieures, même sur les cotylédons qui sortent à peine de la graine. » GÉOLOGIE. — Recueil d'observations ou recherches géologiques, tendant à prouver , sinon que la mer a baissé et baisse encore «de niveau sur tout le globe , notamment dans l'hémisphère nord, du moins que le phénomène de soulèvement, depuis l’époque où il a donné naissance aux grandes chaïnes de montagnes, n'a plus guère continué à se manifester que d'une manière lente et graduelle ; par M. E. Rorser. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Cordier , Élie de Beaumont.) « D’après l'ensemble des faits exposés avec détails dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l’Académie, je me trouve conduit . à admettre : » 1°. Que la mer, depuis l'époque géologique tertiaire, a laissé dans l’in- térieur des terres et notamment près des côtes (depuis même les temps his- toriques pour ces dernières), des traces nombreuses et incontestables d’un séjour plus ou moins long ; » 2°, Que ce phénomène a dû se passer d'une manière tellement lente , gra- duelle et uniforme , que les traces qui s'y rapportent offrent presque partout une parfaite horizontalité, et que les dépouilles d'animaux marins qui les accompagnent, indépendamment de leur belle conservation, différent à peine de celles que la mer abandonne journellement sur ses bords; » 3°. Que ce phénomène est encore en activité sur une foule de points des mêmes côtes; » 4°. Que des blocs erratiques d'autant plus gros et plus abondants qu'on s'approche davantage des pôles , accompagnent les traces de la mer dans la plupart des cas ; ( 266 ) » 5°, Que des rochers ont été arrondis, polis , creusés et striés par la même cause. » D'où je conclurai que tous ces faits, si disparates en apparence , soit qu'on les considère comme le résultat d’un délaissement de la mer pur et simple, ou de soulèvements partiels et généraux, peuvent, à cause de l'in- time liaison qui existe entre eux, servir à caractériser la dernière période séologique ou quaternaire, celle dans laquelle nous vivons, bien que cette période paraisse avoir été interrompue par un violent cataclysme. » On pourra aussi en tirer la conséquence, qui, je crois, est de nature à intéresser Les âges futurs : que si tous ces faits sont réellement dus au phéno- mène des soulèvements , l'espèce humaine devra désormais être rassurée sur les grands changements qu'ils ont apportés jadis dans la surface solide du globe; car si l’homme est contemporain du surgissement brusque de quelques chaînes de montagnes qui auraient déterminé d'épouvantables cataclysmes dont il paraît avoir conservé un vague souvenir, il doit voir aujourd'hui dans l'exhaussement excessivement lent et graduel des côtes qu'il habite , la preuve la plus manifeste que l'écorce du globe achève de se consolider de toutes parts, et que les grands paroxysmes qui tourmentèrent son sein ne sont plus suêre à redouter. ». Dans l’état actuel des choses , je ferai cependant remarquer : » 1°. Que les traces en question ne paraissent pas être uniformément répandues sur le globe, en supposant même que les contrées qui en ont offert si peu jusqu’à présent, fussent aussi bien connues que celles qui en fournissent le plus. A peine avons-nous pu en citer dans l'hémisphère austral. » 2°. Que ces mêmes traces paraissent devoir être d'autant plus com- munes qu'on s'approche davantage du pôle nord, ce qui n’est peut-être que spécieux, attendu qu'on les remarque précisément là où l'espèce humaine, rare et privée de nos grandes ressources industrielles, a jusqu'à présent peu modifié la surface du pays qu'elle a choisi pour s’y établir. » 3°, Enfin, que les traces qui offrent le moins de prise à la contestation paraissent avoir atteint vers le nord leur maximum d'altitude (162 à 195 mètres), et à ce sujet il ne sera peut-être pas sans intérêt de faire remar- quer que si l’action soulevante a été dans ce cas-ci, et dès l'origine, de 45 pouces (1%,219) par siècle, aussi bien que l'ont reconnu les savants suédois, à l'instigation de Celsius, pour la côte orientale de Suède, iln°y aurait pas moins de 15 à 16000 ans que le dernier phénomène de soulèvement a commencé à se manifester en Scandinavie. » Cette grande série d'années, si elle est exacte, pourra peut-être nous ( 267 ) donner aussi le mot de l'énigme que nous présente , d'une part, la grande abondance de blocs erratiques répandus à la surface du sol vers les deux pôles, et, d'une autre, les circonstances rares dans lesquelles on voit les glaces flottantes en déposer de semblables. Serait-il alors déraisonnable de supposer que dansle cours d'un aussi grand nombre d'années , alors que la mer a couvert, à n'en pas douter, une grande partie de nos continents, les glaces flottantes, sollicitées sans cesse à se rendre vers des régions plus chaudes , par suite de l'échange de température qui se passe au sein des eaux entre l'équateur et les pôles, soient parvenues à charrier cette immense quantité de blocs de pierres dont la présence nous étonne tant lorsque nous cherchons à comparer leur transport à ce qui se passe de nos jours ? Faisons en outre remarquer, puisque le champ des hypothèses nous est largement ouvert , qu'à l'époque reculée où les glaces flottautes faisaient l'office de ra- deaux au pied des montagnes, celles-ci, fraichement soulevées , devaient être couvertes d’un plus grand nombre de débris qu'aujourd'hui , et que, par conséquent, leur charriage a toujours été en diminuant. » Quoi qu'il en soit , les différences que nous avons remarquées plus haut , dans le nombre des traces de la mer, rares dans le sud, communes vers le nord, et dans leur altitude, faible d’un côté, forte de l’autre , sont bien propres à nous rendre compte de la configuration qu'affectent les terres dans notre hémisphère , ou, en d’autres termes, de leur plus grande étendue que dans l'hémisphère opposé : autant dans le nôtre elles tendent à s'élargir , à se réunir , à s'exonder ; autant, dans l’autre, elles se rétrécissent, semblent simmerger ou s'éloignent les unes des autres pour se terminer en pointes, ainsi que l'avait du reste signalé Buffon dans ses immortelles Époques de la nature. Ajoutons que l'Océan paraît avoir une plus grande profondeur dans l'hémisphère austral que dans le septentrional (r). » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur l'assainissement des égouts au moyen d'une poudre désinfectante. (Extrait d'une Note de M. Srmer. ) (Commission précédemment nommée pour une communication du même auteur sur la désinfection des fosses d’aisance.) M. Siret, qui avait soumis l'an passé au Jugement de l'Académie un pro- (1) Suivant le capitaine Wedel, la mer est plus profonde vers le pôle austral que dans les régions boréales. Au milieu de l'océan Pacifique, on a sondé par 2000 et 3000 mètres sans trouver fond ; dans le voyage de la frégate a Vérus, on a filé infructueusement 2000 brasses (3248%,390). ( 268 ) cédé de désinfection pour les fosses d’aisance, procédé qui fut l'objet d’un Rapport favorable fait dans la séance du 10 juillet 1843, propose aujourd'hui d'appliquer à l'assainissement des égouts la même méthode, en y faisant quel- ques modifications exigées par les conditions différentes du problème qu'il avait cette fois à résoudre, « Comment en effet, dit-il, pourrait-on attendre quelque efficacité d’une poudre légère qui resterait nécessairement à la surface de l’eau dont le fond des égouts est presque constamment couvert, et qui serait emportée rapi- dement chaque fois que la pluie détermiuerait dans les conduits un courant rapide? » Apres plusieurs essais, je crois être parvenu à surmonter cette difficulté. Voici comment J'opère : » Pour 500 mètres d'égouts, je prends 75 kilogrammes d'une masse com- posée ainsi qu'il suit : Sulfate de fer. 200 kilogrammes Sulfate de zinc. . . . . 25 Charbon végétal . . . . 10 Sulfate de chaux. . . . 265 HO 500 Je mélange, avec une certaine quantité d’eau, ces substances , après en avoir opéré une union parfaite, pour en former une masse solide. » En ayant extrait 75 kilogrammes de cette masse compacte et que son poids retient au fond de l’eau, à l'entrée de l'égout, les eaux en font une dis- solution graduelle en passant par-dessus, et se trouvent ainsi désinfectées. On peut, avec les proportions indiquées, compter, de la part de la masse, sur une action désinfectante pendant quinze jours: tels sont au moins les résultats que j'ai obtenus à Meaux dans l'égout du Brasset, qui reçoit les eaux des mé- gisseries. » L'emploi du sulfate de chaux, qui rend compactes les poudres désinfec- tantes, ne les décompose nullement’; il en stimule plutôt les effets désinfec- tants que de les diminuer. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la construction et les usages d'un nouvel instrument , le compas polymètre; par M. Sawr-Ance Per. ( Commissaires, MM. Mathieu, Poncelet.) L'auteur joint à son Mémoire un modèle de l'instrament. | ( 269 ) M. Wenwer soumet au jugement de l'Académie deux nouvelles planches, encore inédites, de ses Tableaux élémentaires d’Anatomie humaine; V'une de ces planches est relative à la Syndesmologie, Yautre présente nne partie de la Wévrologie, l'axe cérébro-spinal et les nerfs de la face. Ces dessins sont renvoyés à l'examen de la Commission qui avait été dési- gnée à l'époque de la présentation des deux premiers tableaux (Ostéologie et Myologie), Commission qui se compose de MM. Serres, Flourens et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. M. Neveu écrit qu'il renonce à l’idée de prendre un brevet d'invention Pour son nouveau système de chemins de fer, et prie l’Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen d'une Commission le Mémoire qu'il lui a adressé sur ce Sujet, dans une précédente séance. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) M. Hérenr adresse un ouvrage sur les substances alimentaires, qu'il destine au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. Pour se conformer à la décision prise par l’Académie relativement aux pièces admises à ce concours, M. Hébert, en envoyant son livre, y a joint une Note indiquant les passages qui lui semblent devoir attirer plus particu- lièrement l'attention de la Commission. CORRESPONDANCE. M. le Movisrre pe La Guerre invite de nouveau l’Académie à lui présenter une liste de candidats pour la place d'examinateur de sortie vacante à l'École Polytechnique, par suite de la nomination de M. Duhamel à la place de Di- recteur des études. M. Frourexs, au nom de M. Wazokenarr, fait hommage à l'Académie du troisième volume de l'Histoire des Insectes aptères (voir au Bulletin bi- bliographique),. Les principales parties de ce volume, rédigé par M. P. Ger- vais, ont été déjà présentées sous forme de Mémoires à l'Académie, et ont été l'objet d’un Rapport très-favorable fait par une Commission dont M. Du- méril était rapporteur. M. Frourens présente, au nom de l’auteur, M. Naraus Guircor, un C.R., 1844, 2Me Semestre. (T. XIX, No 5.) 37 (270) ouvrage ayant pour titre : Æxposition anatomique de l'organisation du centre nerveux dans les quatre classes d'animaux vertébrés. « Dans ce travail, dit M. Flourens, l’auteur a toujours eu soin d'examiner les parties très-peu de temps après la mort de l'animal, et sous une tempé- rature assez peu élevée pour qu'il ne se produisit dans les formes aucune altération immédiate; il a rejeté en conséquence toute observation dans la- quelle on pouvait craindre des changements dus à un commencement de dé- composition cadavérique. Il s'est également gardé de mettre les centres nerveux qu'il étudiait en contact avec des substances capables de modifier leur structure. »... « Rien, en effet, remarque cet anatomiste, n’a plus con- »_tribué à répandre des notions erronées que certains modes de préparation » qui modifient complétement la matière, et peuvent aller jusqu'à la dé- » truire. Tel observateur, par exemple , soutient que l’encéphale est lamel- » leux, parce qu'il l'a fait auparavant bouillir dans le vinaigre qui, en effet, » y donne lieu à la formation de lamelles nombreuses; tel prétend qu'il est » fibreux, et, après lavoir fait macérer dans l'alcool, y découvre des appa- » rences de fibres; tel autre, voulant y démontrer une structure granu- » leuse, pourrait le faire bouillir dans l'huile et verrait certainement la ma- » tière se séparer en granulations irrégulières. Autant de procédés différents, » autant d'erreurs produites, ou pour le moins autant de doutes jetés à la » discussion. » M. Poxcezer présente, au nom du PRESIDENT DU COMITÉ DES FORTIFICATIONS, le XIV® volume du Mémorial de l'officier du génie. M. An. BronGniarr annonce la continuation d'une publication importante en botanique, la monographie des mousses européennes, et présente au nom des auteurs, MM. Brun et Scmmper, les livraisons XVI à XXII de cet ouvrage, ( Voir au Bulletin bibliographique.) CHIMIE. — De l'oxydation des substances organiques par l'acide iodique; par M. E. Miro. « L'acide iodique est un produit dont la constitution chimique fait pres- sentir un agent d'oxydation très-énergique; néanmoins on n'a guère fait usage de cette source d'oxygénation. On ne connaît bien, parmi les substances or- ganiques , que la morphine qui exerce sur ce réactif une réduction caracté- ristique. Si l'on ajoute à ce fait intéressant, découvert par Sérullas, la com- binaison de l'acide iodique avec quelques alcalis végétaux , on se trouve avoir ( 271 ) très-vite parcouru les rapports de cet acide minéral avec les substances orga- niques. L’acide iodique est un agent d'oxydation non moins puissant , non moins varié dans ses effets, que l'acide nitrique lui-même. Il offre en outre , dans la marche de son action , quelque chose de spécial qui permet de prévoir ce qu'on peut attendre de son intervention dans l'étude des métamorphoses organiques. Pour donner un exemple du caractère quilui appartient, je diraide suite que les différents termes d'oxydation auxquels s'arrêtent les autres agents oxydants, sont presque tous franchis par l'acide iodique. Ainsi, l'acide oxalique est con- verti en acide carbonique par une dissolution aqueuse d'acide iodique à la température même de l'atmosphère. Les acides formique et mucique sont en- tièrement brûlés par la même dissolution, à une température voisine de + 100 degrés. » Le sucre de canne est oxydé aussi à + 100 degrés d'une maniere si com- plète, que l'acide carbonique qu'on recueille représente rigoureusement le carbone du sucre. Cette expérience fournit, avec un peu de soin, toute la précision d’une analyse organique. Ou pourrait croire , à ces premiers résultats, que l'acide iodique est un agent d'oxydation qui doit conduire tous les éléments organiques à leur der- nier terme de combustion ; mais il n’en est rien. Tandis que les acides oxali- que, formique et mucique, aussi bien que le sucre de canne, sont entièrement détruits , la salicine ne brûle que Les trois quarts de son carbone, le sucre de lait n'en brûle guère que les deux tiers , et la combustion est en- core moins avancée avec les acides tartrique et citrique. » Les chimistes qui savent tout le prix qu'on doit attacher à l'étude des produits qui dérivent , par oxydation , des principales substances organiques; comprendront l'intérêt que présente un agent comburant facile à manier, et qui possède des tendances d'action sensiblement différentes de celles qui ap- partiennent aux autres réactifs de combustion. Les remarques suivantes nous semblent aussi propres à fixer l'attention. Dans presque toutes les combustions de l'acide iodique, c’est le carbone qui fait les frais de la-réaction. Dans le sucre, dans les acides oxalique et for- mique, le reste des éléments se sépare à l’état d'eau. Mais dans le cas d’un très-grand nombre de substances, de la salicine, des acides tartrique et citrique, de l’acétone, de l’amidon, du sucre de lait, de l'albumine, de la fibrine, etc., il n'en est pas de même, et il en résulte des produits d’oxyda- tion re la détermination m° occupe en ce moment. » L’essence d'amandes amères est la seule substance qui m'ait offert jus- 37. (272 ) qu'ici une exception à cette règle simple. Par son ébullition prolongée au contact d'une solution aqueuse d'acide iodique, elle se convertit en acide benzoique, et brûle ainsi r équivalent d'hydrogène sans rien céder de son carbone. »._ les combustions s'opèrent généralement avec une lenteur remarquable : ilne faut pas moins de vingt-quatre à vingt-cinq heures d'une action non inter- rompue et maintenue à + 100 degrés pour retirer de 1 gramme de sucre de canne tout l'acide carbonique qu'il peut produire,même en employant un excès d'acide iodique. L'acide citrique et le sucre de lait s’oxydent encore avec plus de lenteur. Le sucre de raisin purifié apporte une résistance extrême à l'oxydation. On peut arriver par là à des distinctions intéressantes : ainsi, tandis que le sucre mou des diabétiques se brûle très-rapidement, le sucre dur et cristallin secrété par les mêmes malades s'entame à peine. » Le tanin se distingue des autres substances organiques par une viva- cité d'action toute particulière. L'action se fait à froid , et l'acide carbonique s'accompagne de quelques centièmes d'oxyde de carbone. Jusqu'ici ce cas est le seul où la combustion du carbone se soit faite incomplétement. » Je n'ai pu rencontrer aucune substance alimentaire qui résistât à l’ac- tion de l'acide iodique : ainsi l’amidon, les différents sucres, l’albumine, la légumine, la fibrine, le gluten, la gomme se brûlent par l'acide iodique. » La gélatine résiste au contraire : l'acide acétique est dans le même cas; mais il contenait, dans tous tes échantillons que j'ai examinés, une petite - quantité de matière étrangère destructible par l'acide iodique. » L'acide prussique offre des phénomènes très-curieux. Je devais m'at- tendre à une réduction prompte, analogue à celle qu'exerce l'acide formi- que; mais il n'en est rien, il ne se produit aucune réaction apparente. Je pen- sai qu'il y aurait là un moyen assez simple de reconnaître la présence de l'acide formique dans l'acide prussique altéré. J'ajoutai donc un peu d'acide formique au mélange d'acide iodique et d'acide prussique; mais il ne se pro- duisit encore aucun phénomène de réduction. » L'expérience fut alors modifiée de la manière qui suit : un mélange d'a- cide iodique et d'acide formique, dans les proportions les plus propres à réa- gir énergiquement, fut séparé en deux parties égales; chaque moitié fut in- troduite séparément dans un tube de verre, et l’on ajouta dans l’une d'elles deux gouttes d'acide prussique affaibli. Les deux tubes furent ensuite plongés dans un bain-marie chauffé à +- 100 degrés. Dans le mélange d'acide iodique et d'acide formique, la réaction se termina en vingt minutes et fut accompa- gnée d'un dégagement abondant d'acide carbonique avec élimination de tout (273 ) l'iode contenu dans l'acide iodique. Dans le tube où le même mélange avait reçu deux gouttes d'acide prussique, il ne s'était encore produit aucune réac- tion après trois heures d'immersion dans l’eau bouillante. » Je ne tardai pas à reconnaître que l'acide prussique exerçait la même in- fluence sur Le sucre de canne et sur l'acide oxalique. Ces corps cessent d'être oxydés par l'acide iodique, dès qu’on ajoute au mélange quelques traces d’a- cide prussique. » Comme l'acide oxalique est brûlé par l'acide iodique à la température de l'atmosphère, j'ai cherché à prendre une idée de l'influence exercée par l'acide prussique, en disposant d'une manière comparative les deux expérien- ces que voici : 1° 20 grammes d'acide iodique solide dissous dans une petite quantité d'eau, et 10 grammes d'acide oxalique ont été mélangés dans un petit ballon, avec 50 grammes d'eau. L'action n’a pas tardé à s'engager assez vivement; de l'iode s’est produit en grande abondance, et de l'acide carbo- nique s'est dégagé. 2° D'un autre côté, pareil mélange a été fait et a reçu dix gouttes d'acide prussique bydraté contenant au plus 15 pour 100 d'acide anhydre, et malgré cette proportion, presque homæopathique, acides iodi- que et oxalique sont depuis plusieurs jours en présence sans réagir aucu- nemeéat. » J'ai voulu voir si les cyanures doubles exerceraient la même influence que l'acide cyanhydrique, mais les cyanures Jaune et rouge de fer et de po- tassium n’ont apporté aucun obstacle à la réaction. On sait que ces deux sels sont également supportés, à dose considérable, par l'économie animale. » PHYSIQUE. — Sur le moyen d'obtenir un courant constant avec la pile de Wollaston. (Extrait d'une Lettre de M. Dressorpeaux à M. llourens. « De tous les appareils galvaniques, le moins dispendieux est l’ancienne pile de Wollaston à éléments de cuivre et de zinc, disposés de manière à ce que le cuivre entoure le zinc. Dans cette construction, l'auge qui ren- ferme le liquide excitateur est séparée en autant de cellules qu'il y a de couples zinc et cuivre; et pour établir le courant ou en suspendre l’action, il suffit de les plonger dans cette auge ou de les en retirer. Mais excitée comme elle l’est ordinairement soit avec l'hydrochlorate de soude, soit avec l'acide sulfurique ou avec l'acide nitrique, elle présente l'inconvénient grave de ne point avoir un courant constant, et de ne pouvoir même fonctionner qu'autant que les éléments en sont fréquemment nettoyés. Aussi son usage est-il à peu près abandonné pour les opérations de la galvanoplastie. (274) » Peut-être n'est-il pas sans intérêt de faire connaître qu'on peut en ob- tenir un excellent service et en rendre le courant parfaitement constant, en l'excitant avec une solution suffisamment concentrée de sulfate de zinc à laquelle on ajoute un peu de sulfate de cuivre et d'acide sulfurique. Ainsi disposée, cette pile marche avec la même intensité pendant plusieurs jours de suite, et non-seulement n’a pas besoin d'être nettoyée, mais plus elle sert, plus sa marche devient réguliere, la solution de zinc se concentrant de plus en plus aux dépens des éléments qui la composent. Lorsque le courant com- mence à diminuer, il suffit d'ajouter de nouveau une petite quantité de sul- fate de cuivre et d'acide sulfurique. On peut ainsi user cette pile jusqu'à la fin sans renouveler le liquide excitateur. » M. Prrquix annonce qu'il a trouvé sur une plante monoïque, le Ricinus communis, L., des fleurs hermaphrodites, et il en adresse plusieurs échan- tillons qu'il a détachés d'un même épi. « En examinant ces fleurs, dit M. Pierquin, on verra que l'organe femelle est situé au centre des organes mâles, au point où se trouve habituellement le pistil. Comme c’est par suite d'une sorte d’avortement que les fleurs du ricin sont d'un seul sexe dans leur état normal, ne pourrait-on pas dire qu'une cause inconnue a empêché l'avortement dans les fleurs inférieures du ricin de mon jardin, fleurs qui ont ainsi conservé les organes des deux sexes’ Mais on pourrait supposer aussi que, dans ces fleurs inférieures (les seules qui aient été hermaphrodites, ét cela sur un pied), l'avortement s'est opéré comme à l'ordinaire, mais que des étamines se sont transformées en pistils. On con- naît déjà plus d'un exemple de pareilles métamorphoses, et mon condisciple M. Moquin-Tandon en a réuni de fort remarquables dans ses Éléments de Tératologie végétale. » M. Cnamrorcion-Ficrac écrit de nouveau relativement au succès qu'obtient M. Lavaud, imprimeur-lithographe, à Périgueux, dans les transports sur pierre des manuscrits de toutes les époques. Depuis le moment où M. Cham- pollion a fait à ce sujet une première communication à l'Académie, M. La- vaud a eu l'idée d’une nouvelle application qui paraît avoir de l'intérêt pour les voyageurs. Si l'on emploie un papier préparé pour décalquer avec le crayon ordinaire une inscription, un bas-relief, un monument dont l'image est reçue dans une chambre obscure, ce calque peut être ensuite reporté di- recteruent sur la pierre lithographique, M. Lavaud étant parvenu à donner aux traits du crayon le gras nécessaire pour que le transport se fasse avee facilité et d’une manière très-complète. - ( 375 ) M. Don écrit de Romorantin relativement aux vaccinations qu'il pratique depuis un grand nombre d'années dans le pays qu'il habite. Il suppose que ses persévérants efforts pour introduire la vaccine dans un pays où les pré- jugés et l'esprit de routine offraient de sérieux obstacles à son admission comme à celle de toutes les innovations, même les plus ntiles, et que les recherches fructueuses qu'il a faites à une époque déjà ancienne pour re- trouver le cow-pox naturel dans le but de régénérer le virus, pourraient paraître à l'Académie des titres suffisants pour qu'elle le fit participer aux récompenses que le legs Montyon fournit les moyens de distribuer chaque année. Cette Lettre, qui est accompagnée de plusieurs certificats destinés à con- firmer les assertions de l'auteur, est renvoyée à l'examen de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. A 4 heures et demie, l’Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. L'Académie, après avoir entendu le Rapport des Sections de Géométrie et de Mécanique sur la présentation qu’elle doit faire pour la place d'exami- nateur de sortie vacante à l'École Polytechnique, procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un candidat. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 38, M. Lamé obtient. . . . . 31 suffrages. M. Law sera, en conséquence, présenté au choix de M. le Ministre de la Guerre, comme le candidat de l’Académie. La séance est levée à 5 heures trois quarts. FE: ERRAT A. (Séance du 22 juillet 1844.) Page 214, ligne 12, au lieu de résulte la formule connue, lisez résulte de la formule connue. Page 228, ligne 32, ajoutez aux noms des Commissaires chargés de faire le Rapport sur le Mémoire de M. Fergraud, concernant les explosions des fabriques de poudre, le nom de M. Despretz omis à l'impression. 0 © 0 ——— (276) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 4; in-4°. Annuaire pour l'an 1844, présenté au Roi par le Bureau des Longitudes ; 2° édition, augmentée de Notices scientifiques, par M. ArAGo. Annales de la Chirurgie française et étrangére; juillet 1844; in-8°. Nouvelles suites à Buffon. — Histoire naturelle des Insectes aptères; par M. le baron WALCKENAER ; tome IL : Acères phrynéides, scorpionides , phalangides et acarides ; Dicères épixoiques, Aphaniptères et Thysanoures; par M. PauL GER- vals; 1 vol. in-8°, avec planches. Institut royal de France. — Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. — Funérailles de M. FAURIEL. Discours de MM. GuiGniauT et V. LECLERC; in-4°. Æxposition anatomique de l'organisation du centre nerveux dans les quatre classes d'animaux vertébrés ; par M. N. GuiLLorT; 1 vol. in-4°. Mémorial de l'officier du génie ; n° 14; in-8°. Des Substances alimentaires et des moyens d'en régler le choix et l'usage pour conserver la santé ; par M. HégerT. Rouen, 1842 ; in-8°. (Concours Montyon.) Mémoire descriptif et développement d'un Système proposé pour empêcher tout déraillement des Locomotives et des Voitures des chenuns de fer ; par M. Guk- RIN; in-80. Journal des Connaissances médicales pratiques; juillet 1844; in-8°. Le Mémorial. — Revue encyclopédique des Sciences; juin 1844; in-8°. La Clinique vétérinaire, Journal de Médecine et de Chirurgie comparées ; août 1844 ; in-8°. Journal des Connaissances utiles ; juillet 1844; in-8°. Bryologia europæa, seu genera Muscorum europæorum Monographia illus- trata ; auctoribus BruCH et W.-P. SoHiMPER; fasciculi 16 à 22, cum Tabulis; in-/4°. Proceedings... Procès - Verbaux de la Société géologique de Londres, session 1843-1844, vol. IV, n° 97; in- 8° avec planches pour l'intelligence des Mé- moires analysés. Magnetical... fnstructions sur l'usage des Instruments magnétiques portatifs construits pour les reconnaissances magnétiques et pour les observatoires de (277) campagne , el sur L usage des petits Instruments dont on se sert dans les observa- loires fixes; par M. J.-B. RiDDELL. Londres, 1844: in-8. Descriptions of... Descriptions d ‘Appareils et de procédés employés pour ob- tenir les Métaux des terres alcalines ; par M. R. Hare. (Extrait du VII vol. des Transactions de la Société philosophique américaine.) Philadelphie, 1840; in-4°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER ; n° 510; in-4°. Sagpgio... Essai sur les résultats que l’on peut déduire des Tableaux de la Sta- tistique médicale des Maremmes dressée par ordre de S. A. R. le grand-duc de Toscane ; par M. A. SALVAGNOLI-MarCHETTL Florence, 1844; in-4°. Giornale... Journal italien de Botanique, publié par la Section de Botanique des Congrès scientifiques italiens, sous la direction de M. PARLATORE ; tome [*, fascicules 3 et 4, mars et avril 1844. Florence; in-8°. Relazione... Compte rendu des séances de l Académie royale des Sciences , Lettres et Beaux-Arts de Modène, dans les années académiques 1840-1841 et 1841-1842. Modène, 1843; in-8°. (2 feuilles d'impression.) Gazette médicale de Paris; n#30; in-4°. Gazelte des Hôpitaux ; n°° 86 à 88 ; in-fol. L'Echo du Monde savant; n°° 7 et 8. L'Expérience ; n° 369 ; in-8. C.R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, N° 65.) 38 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 AOÛT 1844. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMONTI. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. M. Eure pe Braumonr, faisant les fonctions de Président, annonce la perte douloureuse que vient de faire l'Académie dans la personne de M. » Arcer, membre de la Section de Chimie, décédé le 2 août 1844. M. Araco annonce une autre perte que vient de faire tout récemment l'Académie, dans la personne d’un de ses associés étrangers, M. Dazrow, décédé à Manchester, le 27 juillet 1844. ASTRONOMIE. — Mémoire sur l'application de la méthode logarithmique à la détermünation des inégalités périodiques que présentent les mouvements des corps célestes; par M. Auceusrn Caucay. « Dans l’une des dernières séances, j'ai proposé, pour le développement des fonctions en séries, une méthode nouvelle qui se fonde sur la considé- ration des logarithmes, et que j'ai nommée pour cette raison la méthode lo- garithmique. Comme l'emploi de cette méthode offre surtout de grands avantages dans le calcul des perturbations que présentent les mouvements des planètes ou même les mouvements des comètes, J'ai cru quil serait C.R., 1844,2m€ Semestre. (T. XIX, N° 6.) 39 ( 280) utile de montrer comment elle s'applique à ce calcul. Cette application, qui peut intéresser à la fois les géomètres et les astronomes, a été seulement in- diquée dans une précédente Note. Elle sera l’objet du présent Mémoire. » Les amis des sciences verront, je l'espère, avec satisfaction, la nouvelle méthode s'appliquer aussi facilement à la théorie du mouvement des comètes qu'à la théorie des mouvements planétaires. .— Considérations générales. IT, — Considérations général » Comme je l'ai rappelé dans le Mémoire du 22 juillet, le calcul des iné- galités périodiques, produites dans le mouvement d'une planète m par l’ac- tion d'une autre planète #/, suppose que l’on a développé la fonction pertur- batrice, et spécialement la partie de cette fonction qui est réciproquement proportionnelle à la distance + des deux planètes, en une série ordonnée sui- vant les puissances entières des exponentielles trigonométriques dont les arguments sont l'anomalie moyenne 7° de la planète m, et l'anomalie | moyenne 7” de la planète m'. Le problème qu'il s’agit alors de résoudre : x 4 I . . . .,. consiste donc à développer - suivant les puissances entières, positives, 12 nulles et négatives des deux exponentielles et VE NE Soient effectivement À; le coefficient de e"T'i dans le développement de “et A, ,r le coefficient de 12 e"Tv—1 dans le développement de A, On aura non-seulement I T'Y () es PE rt la somme qu'indique le signe > s'étendant à toutes les valeurs entières, positives, nulles ou négatives de n', mais encore 2) LCR nT+ n'T!) = (2) 7 SPACE" ? ( 281 ) la somme qu'indique le signe > s'étendant à toutes les valeurs entières de ñ,n'; et, pour obtenir l'inégalité périodique correspondante à un argument donné, par exemple à l'argument TT n, n' étant deux nombres entiers donnés, il faudra rechercher les valeurs cor. respondantes des coefficients A», —nl) he n' des exponentielles 4 ! Es lat 2 me CC TRMUNEr emT=nT)Vr Soient d’ailleurs 4, 4’ les anomalies excentriques des planètes m, m', et nom- mons &,/ le coefficient de l'exponentielle == CUIR VE : 1 : o . ; dans le développement de = suivant les puissances entières de l'exponen- LA tielle Aie Une formule que j'ai rappelée dans le Mémoire sur la méthode logarithmique [voir la formule (5) de la page 63], et qui continue évidemment de subsister quand on passe de la planète m à la planète m', ramènera la recherche du coefficient A, à la recherche du coefficient &,r. Il reste à montrer comment on peut déterminer la valeur du coefficient 4, et développer cette valeur suivant les puissances entières de l’exponentielle EN E Cette détermination et ce développement seront l’objet des deux paragraphes suivants. Dans le dernier paragraphe, je ferai voir qu’en vertu d'une légère modification apportée à la marche du calcul, les formules obtenues devien- nent applicables à la théorie du mouvement des comètes aussi bien qu’à la théorie des mouvements planétaires. 39... ( 282) 6 II. — Développement du rapport de l'unité à la distance v de deux planètes m et m', en une série ordonnée suivant les puissances entières de l’exponentielle trigonométrique dont l'argument est l'anomalie excentrique de la planète m’. » Soient toujours 4, 4’ les anomalies excentriques des planètes m, m'; et « leur distance mutuelle. La valeur générale de +? sera de la forme 2—h+kcos (Ÿ— 4 —ax)— b cos (4 — 6) — b'cos (4 —6) G) + c cos(b+d — y) + i cos 24 +1 cos 2”, h,k,b, b’,c, i, i désignant des constantes positives, et &, 6, 6’, y des angles constants. Donc, en posant, pour abréger, _pe=h+kcos(4—"—ax)—bcos(p—6)—b'cos(4—6")+ccos(p+4—"), @) s=i cos 24 + i cos 24, on aura (3) 1 p+S. On en conclura DA (4) ==p ane ie M et, comme ç sera généralement très-petit par rapport à f; on pourra ré duire la série comprise dans le second membre de la formule (4) à un petit nombre de termes. D'ailleurs, les développements de ç, 6°,..., suivant les CE) " — ‘à Q C . ps puissances entières de e* VT', se déduiront très-aisément de la formule ç = i cos 24 + 1’ cos 24". , 1 . * . Donc, la recherche du développement de =. suivant les mêmes puissances, et en particulier la recherche du coefficient 4, correspondant à la puissance du degré n’, c'est-à-dire à l'exponentielle EAN: se trouvera réduite à la recherche des développements de p *,p *,.... Or, mn mme ( 283 ) 1 étant un nombre entier peu considérable, on développera aisément pm suivant les puissances entières de l'exponentielle ! = BE à l’aide des formules que nous avons déjà rappelées, et en opérant comme il suit. » La valeur de p, déterminée par la première des équations (2), peut être réduite à la forme (5) p=H+K cos(Y—w), H,K, o désignant trois quantités indépendantes de l'angle 4; et, pour effec- tuer cette réduction, il suffit de poser (6) H = h — b cos(y — 6), (7) K—=k v® w?, CNE Épare | (2 les valeurs de y, w étant fournies par les équations get ar) En PCT CN (8) LL. FO QLE ae Nr Se à Vi. ! En vertu de ces diverses formules, H et K? seront des fonctions entières des. deux quantités variables sin 4, cos 4, la fonction H étant du premier degré par rapport à chacune de ces deux quantités, et la fonction K? du second degré. Si d’ailleurs on pose (9) a — tang (+ arc sin 5) ; on en conclura h I =t(a+i), ( 284 ) et par suite l'équation (6) pourra être réduite à b (10) H= z% la valeur de x étant (11) u— 1 — 2a cos (4 — 6) + 42. Ajoutons que les valeurs de s, w fournies par les équations (8) peuvent elles- mêmes être présentées sous les formes _ Dee (: _ Gel VE) (a " FR _— (: es Rte À EM 6, c désignant des constantes positives, et y, des angles constants. » Posons maintenant (13) DE) et (14) @ — tang (£ arc sin v). On aura par suite 1 (6 + 3) Donc la formule (5) donnera (15) p= Slr+ 08 cos (4 — w) + 4], et l'on en conclura (16) Pal * = (EE) pu 28 008 — 0) + GT Cela posé, concevons que l'on développe les deux expressions Et 4 ES (1 — 20 cos 4'+ 0?) À Ge ( 285) en séries ordonnées suivant les puissances entières de l'exponentielle 7 Ant ÿ sera le module commun des deux séries; et, si l'on nomme ®,, n' Vo}, n! , les coefficients de l'exponentielle é" y V=x ‘ dans les deux développements, on aura IE ; sie (17) Vo, n = (— ne (&) Le ao Si d’ailleurs on pose, pour abréger, 17271272 et 9? = TT on trouvera non-seulement , on +2l+i 1.3 22 +241 27 +ol+3 \ I = 11,97 LEE TE 02 2 FA (18) Gu=1i+ 410" (1 + EE 67 + DER té ge), mais encore gr (19) O,,n! = [£ Sr 1x L, AIRE? « (1 — 6) °° la valeur de I, étant 214 1 21— 1) (21+ 1)(214+3) (21— 1)(21— 3) 2 2n+2 2.4 (22! + 2)(27' +4) ani (20) Ly—1+ Ajoutons que, si, dans la formule (17), on substitue à la place de K et de l'exponentielle e*Ÿ—" leurs valeurs, tirées des formules (7), on trouvera nel tri. ul pr (21) Wynt — Ce x) E ) Ont (:) Te" CAVE ko? w? ( 286) » Comme la valeur de @,,, fournie par l'équation (18), se compose de termes proportionnels à diverses puissances de 9, savoir, à Q1é., GRR il est clair qu'en vertu des formules (18) et (20), la valeur de 14, se compo- sera de termes proportionnels à ces mêmes puissances, multipliées par le produit G] Lea 5 œs ee Donc, pour développer 1, en une série ordonnée suivant les puissances entieres de l’exponentielle etv=r il suffira de développer en séries de cette espèce le produit (22) ; gu+l+i pit —l: mec), et ceux dans lesquels il se transforme quand on remplace successivement le nombre »’ par chacun des nombres # +1, n° +2, Or, si l'on veut ap- pliquer à ce dernier problème la méthode logarithmique, la question sera réduite au calcul des développements des logarithmes népériens de », w et 0. D'ailleurs, les développements des logarithmes de v et w se déduiront immé- diatement des équations (12) jointes à la formule c , \ T° x (23) Gi =a=-(x+T +7 +.) dans laquelle la lettre l'indique un logarithme népérien. Donc, la question pourra être ramenée à la formation du développement de 1(9), suivant les puissances entières de l'exponentielle et V1, » Considérons, en particulier, le cas où l’on se propose de calculer des per- turbations correspondantes à des puissances élevées des exponentielles qui ont pour arguments les anomalies moyennes des deux planètes m, m'. Alors, lenombre n' devenant considérable, les termes qui suivent le premier, dansle second membre de la formule (20), deviennent très-petits; et il est avanta- geux de remplacer la formule (18) par la formule (19), jointe à l'équation (20), ( 287 ) dont le second membre peut être, sans erreur sensible, réduit à un petit nombre de termes. D'ailleurs, on tire des formules (17) et (r9) NE Gni D (24) 7 Vn =(— 1) [1 + Sr L,, Re NENEE: LE: DER DV, EG-)x) Il y a plus : comme la formule (14) donne D Mt smmog Q e Rem Er Jamimt on en conclut (50) el et 1 VERS) Donc l'équation (24) peut être réduite à (5) Ben ("4 obus (He — Ra ED pu rt ? ou, ce qui revient au même, en vertu de la seconde des formules (7), à HG, 7 — — 1)" {7 1 Le H2—_K2ÿ :0+) (ci Dr AL Ch EEE n'= ( 2 w Donc, pour développer V,n' En une série ordonnée suivant les puissances entières de l’exponentielle 3 2 il suffira de développer en séries de cette espèce le produit w Mae BR KA) Doi PA) Os par conséquent le produit 1 : CRU et ce même produit successivement multiplié par les premières puissances entières de À. Or, si l'on veut appliquer à ce dernier problème la méthode logarithmique, la question sera réduite au calcul des logarithmes népériens C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 6) 40 ( 288 ) des développements de v, w, 6, H°— K?, et À D'ailleurs, comme on l'a déjà remarqué, les développements de I(v), I(5w) se déduisent immédiatement des formules (12) et (23). D'autre part, H? — K° est une fonction entière, et du quatrième degré, de cos 4, sin 4, qui offre une valeur toujours positive, et qui, pour ce motif, peut être épalée au produit d'une constante par deux facteurs V, W semblables à ceux dont les formules .(12) fournissent les valeurs. On pourra donc encore, à l'aide de la formule (23), développer aisément I(H? — K?) en une série ordonnée suivant les puissances entières de l’exponentielle DA" —t 7 et il ne restera plus qu'à développer en séries du même genre 1(4) et 1 (2). Enfin , comme des deux formules on tirera on en conclura 1Q)= 14h) +1(8) + £[L (6) + L(w) — L(H2 — K°)], et par conséquent la recherche du développement de 1()) se trouvera im- médiatement ramenée à la recherche du développement de 1(8). » Donc, en résumé, dans l'application de la méthode logarithmique au déve- loppement du coefficient 1, ,, et par suite au développement du coefficient by, Suivant les puissances entières de e* VE la principale difficulté con- siste à développer le logarithme népérien du module 8. ». Nous allons maintenant nous occuper de résoudre le dernier problème. $ LI. — Développement du logarithme népérien du module 9 suivant les puissances entières de l’exporentielle trigonométrique dont l'argument est l’anomalie excentrique de la pla- nète m. » Le module 4 est, comme on l’a vu dans le paragraphe précédent, déter- ( 289 ) miné par le système des deux équations (x) 0 — tang (£ arcsinv), v — = H, K° étant deux fonctions entières des quantités variables sin 4, cos, et ces deux fonctions étant, par rapport aux quantités dont il s’agit, la pre- mière du premier degré, la seconde du second degré. Or, comme on a gé- néralement dltang < = Let et darcsinx — Le : 2 Sin Z = 72 on tirera des formules (1) A TO ee à 4 ( ) uÿi—v? et par suite ( D'nee sens (2) 4 ( ) K'VH>—K: la valeur de U étant (3) U = HKD,K — K°D,H. De plus, comme la première des formules (7) du $ II donne ( K° = kw, les valeurs de v, w étant fournies par les équations (12) du même paragra- phe, la formule (2) pourra être réduite à 1 U 6) dé DORE De U : D'ailleurs, en vertu de la formule (3), U et j- Seront deux fonctions de sin 4, cos 4, entières et du troisième degré; par conséquent, deux fonctions entières et du troisième degré, de chacune des exponentielles NT WW Donc, pour développer D,1(8) en une série ordonnée suivant les puissances 40... ( 290 ) entières de l'exponentielle ei, il suffira de développer en une semblable série le rapport + I (0) à ) ow VH—K: Or, on y parviendra aisément en suivant la méthode logarithmique, puisque le logarithme de ce rapport sera égal et de signe contraire à la somme . Lo) + I(w) + LI (H? — K°?), dont chaque terme pourra être facilement développé, ainsi que nous l'avons CEE Then ” . . , DV— déjà reconnu , en une série ordonnée suivant les puissances entières de e*Y". 6 IV. — Des développements ordonnés suivant les puissances des exponentielles trigonomé- triques qui ont pour arguments les anomalies moyennes de deux planètes. » Les principes exposés dans les paragraphes précédents fournissent im- médiatement le développement de la fonction perturbatrice, et spécialement de la partie de cette fonction qui est réciproquement proportionnelle à la distance de deux planètes m, m' en une série ordonnée suivant les puis- sances entières desexponentielles trigonométriques qui ont pour arguments les anomalies excentriques 4, 4’ de ces deux planètes. Mais le calcul des inéga- lités périodiques exige que les développements soient effectués suivant les puissances entières des anomalies moyennes 7°, 7”. Voyons comment il est possible de substituer ces dernières anomalies aux deux premières. » Nommons toujours :+,, le coefficient de l’exponentielle e” (2 ÿ—i É ; 1 Asa ; À : dans le développement de = en une série ordonnée suivant les puissances entières dee*Ÿ—", À, se composera de diverses parties dont chacune, comme on l'a vu, pourra être facilement déterminée à l’aide de la méthode logarithmique. Soit F (4) une de ces parties, considérée comme fonction de l'angle 4. F(4) sera un produit de facteurs simples dont les logarithmes népériens seront immédia- tement développables en séries ordonnées suivant les puissances entières de (291 ) l'exponentielle er et la somme des développements ainsi formés fournira précisément le déve- loppement correspondant du logarithme népérien de la fonction F(4). Con- cevons maintenant qu'il s'agisse de développer F (4) suivant les puissances entières, non plus de l’exponentielle etv=1, mais de l'exponentielle CAGE et cherchons en particulier, dans ce nouveau développement, le coefficient de la puissance du degré n, c'est-à-dire le coefficient de T V—1 e” ; n désignant une quantité entière positive ou négative. Le coefficient cherché sera (1) Jde Mais, en nommant € l'excentricité de l'orbite décrite par la planète m , on a (2) T'= ÿ — esin y. Donc l'expression (17) pourra être réduite à celle-ci : G) Je cosg)F(ye- do dy Donc le coefficient el Ÿ—: 2 dans le développement de la fonction F (4), ( 292 ) suivant les puissances entières de TE CARS sera en même temps le coefficient de es V1 dans le développement du produit (4) (i—ecosq he" VE (4) suivant les puissances entières de en Donc, pour obtenir ce même coefficient à l'aide de la méthode logarith- mique, il suffira de développer suivant les puissances entières de et V1 Je logarithme népérien du produit (4), et par conséquent le logarithme népé- rien de ses divers facteurs. Or, par hypothèse, on connait déjà le dévelop- pement du logarithme népérien de la fonction F (4), et le logarithme népé- rien de l’exponentielle enesing Vi est tout simplement nesing ÿ—1 = —e*" — env 2 Il ne restera donc plus à développer, suivant les puissances entieres de e? Eu que le logarithme népérien du facteur 1 — ecos. On y parviendra très-aisément, en posant (5) n = tang(tarc sine). En effet, on tirera de la formule (5) x I 4 (n +:)=5 ( 293 ) par conséquent 6 DE EOSUI— Es — n2 (6) COSY = (1 — 2n cos 4 + n°), ou, ce qui revient au même, (7) Li = Er net) (1 2 pe 4), et il est clair que le développement cherché du logarithme népérien de 1 —ecosY se déduira immédiatement de l'équation (7), jointe à la for- mule (23) du $ I. » En résumé, à l'aide des formules que nous avons établies , on calculera aisément le coefficient de l’exponentielle TUE e n L à ou bien encore de l'exponentielle er TY—=1 dans le développement de la fonction 4. On calculera de la même manière les coefficients de la même exponentielle dans les développements des fonc- tions CPE hr, - 1 pis hontyppe.. ; et pour déduire de ces divers coefficients celui qui leur correspond dans le développement de la fonction À, il suffira d'observer que ce dernier se trouve nécessairement lié aux autres par une équation linéaire, semblable à celle qui lie entre elles les fonctions elles-mêmes, c’est-à-dire semblable à l'équation (5) de la page 63 (voir le Compte rendu de la séance du 8 juillet dernier). $ V: — Remarque sur les formules obtenues dans les paragraphes précédents. » Soient a, a’ les demi-grands axes des orbites décrites par les astres m, m', et nommons :, e les excentricités de ces mêmes orbites. Les valeurs de i, ;, dans le second nombre de l'équation (1) du $ 4, seront (x) i= ——, Ï 5 ( 294 ) Or, ces valeurs étant généralement très-petites dans la théorie des planètes, il est clair que, dans cette théorie, la valeur de ç déterminée par la formule (2) — icos24 + j'cos 2" est tres-petite elle-même, comparée à la valeur de ? que l'on peut supposer déterminée par l'équation (3) p=*— un ï { , . A Donc alors la valeur de - déterminée par la formule 12 + 1 : 4) RUN PSS nd ane se trouve représentée par la somme d'une série très-convergente. Il n'en est plus de même lorsque m, cessant d'être une planète, devient une comète, et alors des deux quantités i, j’, la premiere, i, cesse d’être très-petite. Mais, dans ce dernier cas, et même dans tous les cas possibles, on peut, en conservant sans altération les formules (3) et (4), substituer à l'équation (2) l'équation plus simple (5) ç = cos 24. Alors toutes les formules que nous avons précédemment obtenues, et les con- séquences que nous en avons déduites, continuent de subsister. Seulement les fonctions entières de sin D, cos 4, représentées par - H et H°—K!, sont, la première, du second degré; la seconde, du quatrième degré; ce qui n'empêche pas ces mêmes fonctions d'être décomposables en facteurs li- néaires. Cette remarque trés-simple permet évidemment d'appliquer la méthode logarithmique au calcul des inégalités périodiques qu'éprouvent les mouvements, non-seulement des grandes et des petites planètes, mais en- core les mouvements des comètes elles-mêmes. » ( 295 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur la volubilité des tiges de certains végétaux et sur la cause de ce phénomène; par M. Durnocuer. « Les tiges des végétaux volubiles enveloppent de leurs spires les arbres ou les autres appuis qui leur servent de supports, en s’enroulant sur eux dans la progression ascendante de leur accroissement. Cet enroulement s'opère ou de droite à gauche ou de gauche à droite, suivant les espèces végétales, Pour se faire une idée précise de ces deux modes d’enroulement spiralé, l'observa- teur doit se supposer au centre de la spirale formée par le végétal volubile. Cette spirale sera dirigée de droite à gauche si l'observateur, censé servir de support, voit, en idée, la tige spiralée du végétal volubile passer sur le devant de sa poitrine en montant de sa droite vers sa gauche. Si, au contraire, la tige spiralée est censée passer sur le devant de la poitrine de l'observateur en montant de sa gauche vers sa droite, la spirale sera de gauche à droite. » Lorsque j'eus découvert que les sommets des tiges du Pisum sativum , que les sommets des filets préhenseurs de plusieurs plantes grimpantes of- fraient un mouvement révolutif spontané, dirigé tantôt de droite à gauche, tantôt de gauche à droite (1), j'entrevis que la force intérieure et vitale à la- quelle était dû ce mouvement révolutif était aussi l'agent de l'enroulement spiralé des tiges des végétaux volubiles. Cependant il y a une différence très- remarquable entre ces deux phénomènes. Le mouvement révolutif est très- marqué dans la tige du Pisum sativum, et cependant cette tige n’est point vo- lubile ; elle ne conserve aucune des inflexions qu'elle subit tour à tour dans son mouvement révolutif, qui dure pendant plusieurs jours en diminuant gra- duellement de vitesse. Lorsque ce mouvement a cessé dans un mérithalle vieilli, ce mérithalle demeure droit. Dans les filets préhenseurs de la bryone ou du concombre , le mouvement révolutif n'existe que dans les premiers temps. Ces filets ne conservent aucune courbure permanente qui soit la suite de ce mouvement passager. Au contraire, l'enroulement spiralé de ces filets est permanent du moment qu’il est opéré. Il n’est point susceptible de s’effa- cer, de se changer en une autre courbure, comme cela a lieu relativement aux inflexions prises par ces mêmes filets dans leur mouvement révolutif. De même, dans les tiges volubiles, la force qui produit l’enroulement spiralé, agissant à mesure qu'elles s'accroissent en longueur, leur donne, de prime (1) Voyez les Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, séance du 6 novembre 1843. C. R., 1844, ame Semestre. (T. XIX, N° 6.) 41 ( 296 ) abord, la courbure spiralée qu'elles ne quitteront point. Ainsi, dans le mou- vement révolutif, on observe un état passager des courbures successives qui opèrent la révolution, laquelle a lieu dans une courbe fermée, tandis que dans le mouvement d'enroulement spiralé, on observe un état permanent des cour- bures qui operent ce mouvement. » Les filets préhenseurs de certains végétaux offrent successivement le premier et le second de ces phénomènes. Les tiges des végétaux volubiles semblent n'offrir que le second ; mais le premier n’y existerait-il pas aussi, quoi- qu'il n'ait pas encore été aperçu ? S'il y existait et que sa direction de droite à gauche ou de gauche à droite fût constamment la même que celle de la vo- lubilité ou du mouvement d’enroulement spiralé, cela ne prouverait-il pas que ces deux mouvements dépendent de l'action de la même force intérieure et vitale dont l’action est révolutive? J'ai entrepris de faire les expériences propres à résoudre ce problème de physiologie végétale. Il s'agissait d'observer les sommets fort jeunes, et non encore enroulés en spirale, des tiges des plantes volubiles, afin de voir si le mouvement révolutif y existait; il fallait voir si ce mouvement révolutif, supposé qu'il existât, s’'opérait constamment dans le même sens que celui de l’enroulement spiralé ou de la volubilité. » Ces expériences seraient difficiles à faire en plein air, où l'influence d’une vive lumière est un obstacle à l'existence du mouvement révolutif, ainsi que je l'ai fait voir dans mon Mémoire cité plus haut, et où l'agitation de l’atmo- sphère troublerait souvent les mouvements du végétal. J'ai donc été dans la nécessité de les faire dans mon cabinet. Pour cela, je prenais seulement le sommet en pleine végétation des végétaux volubiles, et je mettais leur partie inférieure coupée tremper dans l’eau contenue dans un flacon en l'y assujet- tissant convenablement. Des indicateurs correspondaient aux extrémités de ces tiges, pour pouvoir observer leur déplacement. » Avant d'exposer mes expériences, Je dois rappeler ici quelques-uns des faits que j'ai fait connaître dans'mes observations sur le mouvement révolutif chez le Pisum sativum. » Le mouvement révolutif ne se montre que chez les deux mérithalles qui précèdent le dernier, c’est-à-dire chez ceux qui, sans être trop jeunes, le sont encore assez pour posséder une flexibilité et une vitalité suffisantes pour l'exis- tence de ce phénomène. On ne l'observe pas encore chez les mérithalles trop jeunes ; on cesse de l’observer chez les mérithalles trop vieux. Or, cet état de vieillesse arrive d'autant plus vite que la température est plus élevée. Plus un mérithalle vieillit, plus son mouvement révolutif est lent; ce mouvement est accéléré par l'élévation de la température, il est ralenti par son abaissement. ( 297 ) » Il résulte de ces faits que l'appréciation de la durée d'une révolution n a de valeur qu’autant que cette durée est comparée à l’âge du mérithalle qui exécute ce mouvement, qu'autant que le degré de la température intervient dans l'appréciation de cette durée, qu'autant enfin que l’on peut déterminer quelle est l'influence qu’exerce, sur cette durée, la nature même du végétal. Or toutes ces observations comparées ne pouvaient point être faites dans les expériences que je vais exposer. Les végétaux coupés et trempant dans l’eau par leur base tronquée n'étaient point là dans leur état naturel; ils ne pou- vaient donc point être les objets d'expériences exactes. La seule chose impor- tante à observer dans cette circonstance, était l'existence et la direction du mouvement révolutif; peu importait la durée de la révolution. Cependant Je n'ai pas négligé de noter cette durée. » Voici le résumé de mes expériences, faites exclusivement sur les végé- taux volubiles indigènes. Liserons ( Convobwulus sepium , Convolvulus arvensis , XL. ). » Les tiges de ces deux plantes sont volubiles de droite à gauche; leur sommet m'a offert un mouvement révolutif dans le même sens. Chez le Convolvulus sepium, la durée de la révolution a été, dans deux expériences, de 15 heures et de 18 heures 30 minutes. Chez le Convolvulus arvensis, cette durée de la révolution a été de 9 heures et de 10 heures 15 minutes. Pendant ces expériences , faites simultanément, la température, dans mon cabinet, fut de 17 à 18 degrés centésimaux. Les tiges de ces deux plantes sont tordues sur elles-mêmes de droite à gauche, c'est-à-dire dans le même sens que celui de la volubilité, et que celui du mouvement révolutif. Haricot (Phaseolus vulgaris, L.). » La tige de cette plante est volubile de droite à gauche, elle est tordue sur elle-même dans le même sens. J'ai mis simultanément en expérience deux de ces tiges, par une température de 17°,50 à 18 degrés centésimaux. Ces tiges étaient tres-faibles et ne pouvaient se soutenir droites; leur partie supé- rieure était fléchie vers la terre, et c'est dans le milieu de leur antépénultième mérithalle qu’existait la flexion. Or ; C'est ce lieu de flexion qui était le siége principal des incurvations par lesquelles la partie supérieure et inclinée des deux tiges fut dirigée successivement vers tous les points de l'horizon. Ce mouvement révolutif s'opéra de droite à gauche, même sens que celui de la volubilité et que celui de la torsion de la tige sur elle-même. Dans l'une de ces tiges, la première révolution s’accomplit en 5 heures 30 minutes, et la 41. ( 298 ) seconde en 8 heures 30 minutes. Dans l’autre tige, la première révolution s'opéra en 11 heures 15 minutes, et la seconde en 13 heures. Cuscute (Cuscuta eurcpæa , L.). »_Les tiges filiformes de cette plante parasite sont volubiles de droite à gauche; mais comme cette volubilité n’est pas très-prononcée , on ne l'ob- serve pas souvent. Pour voir si les sommets des tiges de cette plante offraient un mouvement révolutif, j'ai coupé une tige de luzerne (Medicago sativa), sur laquelle elle vivait en parasite, et je l'ai mise tremper, par sa base, dans un flacon plein d’eau. La cuscute a continué de vivre.et de se développer. De cette manière j'ai pu observer le mouvement révolutif des sommets libres des tiges filiformes de cette plante, mouvement que j'ai vu affecter la direc- tion de droite à gauche. Dans quatre expériences faites simultanément par une température de + 17 degrés centésimaux, j'ai vu les révolutions s’accom- pliren r heure 15 minutes, en 1 heure 35 minutes, en 1 heure 4o minutes, et enfin, en 2 heures. Ces tiges filiformes ne sont point sensiblement tor- dues sur elles-mêmes. Houblon (Humulus lupulus, L.). » La tige du houblon est volubile de gauche à droite, et tordue sur elle- méme dans le même sens. J'ai mis en expérience deux sommités de tige de cette plante en pleine végétation, et cela par une température de + 18 de- grés centésimaux. J'ai observé le mouvement révolutif opéré par l’action du pénultième mérithalle; sa direction est de gauche à droite , direction sem- blable à celle de la volubilité et à celle de la torsion de la tige. La durée des révolutions a été tres-inégale dans ses diverses périodes. Ainsi, dans l'une des tiges, la première demi-révolution s'étant accomplie en 5 heures 30 mi- nutes , la seconde demi-révolution ne s'accomplit qu’en 17 heures 30 minutes, ce qui fit 23 heures pour la révolution entière. Dans l’autre tige, la première demi-révolution s'opéra en 5 heures, tandis que la seconde demi-révolution ne fut effectuée qu'en 15 heures, ce qui fit 20 heures pour la révolution entière. Cette différence extraordinaire provient, à mon avis, de ce que, au commencement de l'expérience, la plante possédait encore son énergie vitale naturelle, tandis qu'au bout de quelques heures, cette énergie se trouvait déjà altérée par le fait de la position anormale de la plante; il n'y eut point de révolution subséquente. Renouée des buissons ( Polygonum dumetorum , L.). » La tige de cette plante est volubile de gauche à droite, et légèrement ( 299 ) tordue sur elle-même dans le même sens. J'ai mis en expérience simultané- ment et par une température de + 17 à 18 degrés centésimaux , trois sommets de tige de cette plante ayant chacun quatre mérithalles. J'observai le mouvement révolutif de gauche à droite, c’est-à-dire dans le même sens que celui de la volubilité et que celui de la torsion de la tige sur elle-même. Les révolutions s’accomplirent en 3 heures 10 minutes, en à heures 20 minutes, et en 7 heures 15 minutes. Chévrefeuille des bois ( Zonicera perclymenum , L. ) » La tige du chèvrefeuille est volubile de gauche à droite, et elle est tordue sur elle-même dans le même sens. J'ai mis trois de ces tiges en expérience ; elles avaient chacune trois mérithalles. Les pénultièmes, longs de 5 à 6 cen- timètres, furent les siéges de l’action qui opéra le mouvement révolutif, lequel fut de gauche à droite , sens qui se trouva ainsi le même que celui de la volu- bilité et que celui de la torsion de la tige. Les révolutions, dans ces trois tiges, s'accomplirent en 3 heures 15 minutes, en 4 heures 20 minutes , et en 5 heures 30 minutes. Tamme (Tamus communis , L.). » La tige du Tamus communis est volubile de gauche à droite, elle est tordue sur elle-même dans le même sens. Par une température de + 18 degrés centésimaux , J'ai mis en expérience une sommité de tige contenant trois mé- rithalles ; elle m'offrit le mouvement révolntif dirigé de gauche à droite, sens le même que celui de la volubilité et que celui de la torsion de la tige sur elle-même. La révolution s’'accomplit en 9 heures 20 minutes. Cette révo- lution fut exclusivement due à l’action du pénultième mérithalle, lequel était long de 4 centimètres. Le dernier mérithalle, long seulement de 1 centi- mètre, n'offrait point encore ce mouvement. Morelle grimpante ( Solarum dulcamara , L.). » La tige de la morelle grimpante est faiblement volubile, aussi ne la trouve-t-on pas toujours dans cet état. Sa volubilité se manifeste lorsque ses tiges naïissantes et nombreuses se trouvent très-rapprochées ; alors elles s’en- roulent en spirale les unes sur les autres. On les voit de même s’'enrouler en spirale sur les tiges verticales d’autres plantes, telles, par exemple, que des orties, avec lesquelles elles peuvent se trouver en contact de manière à ne point être gênées dans leur mouvement d’enroulement. Lorsqu'elles croissent parmi les rameaux diffus et serrés des arbustes, leur volubilité ne se mani- feste point. ( 300 ) » Cette planteoffre cela de tout particulier, qu'elle est volubile dans les deux sens opposés, c'est-à-dire de droite à gauche et de gauche à droite. J'ai trouvé à peu près, en nombre égal, des tiges de cette plante qui étaient vo- lubiles dans ces deux sens. L'observation attentive de ce phénomène m'a conduit à la connaissance de sa cause. » On sait que, chez un grand nombre de végétaux, les feuilles, dans leur insertion sur la tige, représentent une spirale, et souvent il arrive que, sur le même individu végétal, il y a des tiges qui offrent cette spirale dirigée de droite à gauche, et d’autres tiges chez lesquelles cette spirale est dirigée de gauche à droite. C’est à Bonnet (1) que l'on doit cette observation. Cette double direction de la spirale des feuilles est très-remarquable chez la mo- relle grimpante, car il y a chez elle à peu près autant de tiges ou de rameaux chez lesquels on observe la direction de droite à gauche de la spirale des feuilles, qu'il y en a chez lesquels existe la spirale inverse. Or, j'ai observé que ces deux directions inverses de la spirale des feuilles se trouvent en rap- port avec les deux directions inverses de la volubilité qu'offrent les tiges de cette plante. Cela n'est pas toujours très-facile à constater, parce que les tiges volubiles sont toujours tordues sur elles-mêmes, ce qui fait que la direction naturelle de la spirale des feuilles ne peut plus se distinguer; mais, lorsqu'il n'y a qu'une partie, le milieu par exemple, d'une tige qui se soit trouvée à même de s'enrouler en spirale sur un support, on peut voir lé sens de la spi- rale des feuilles au-dessus et au-dessous de cette partie enroulée. Lorsque les tiges de cette plante sont éloignées de tout support, elles n'offrent pas le moindre signe de disposition à la volubilité; elles ne sont alors jamais tordues sur elles-mêmes, et l’on distingue ainsi sans peine le sens de la spirale des feuilles. » Après avoir constaté que le sens de la spirale des feuilles était le même que celui de la volubilité, chez la morelle grimpante, il s'agissait de recher- cher si le mouvement révolutif du sommet des tiges existait chez cette plante, et si la direction de ce mouvement était semblable à la direction de la spirale des feuilles et de la volubilité. Pour faire cette expérience, j'ai pris deux tiges jeunes, en plein développement, et qui, s'étant développées à l'ombre, avaient un faible degré d’'étiolement. Je savais, par mes expériences précé- + dentes, qu'un commencement d’étiolement favorisait l'existence du mouve- ment révolutif. De ces deux tiges, qui, développées loin de tout support, (1) Recherches sur l'usage des feuilles. ( 3or ) n'offraient aucun indice de volubilité ni de torsion sur ellessmêmes, l’une montrait la spirale des feuilles dirigée de droite à gauche, l’autre offrait cette spirale dirigée de gauche à droite. Je les mis en expérience dans mon cabinet, suivant ma méthode ordinaire. La température était, dans ce cabinet, fixée à + 19 degrés centésimaux. J'observai bientôt le mouvement révolutif; il fut inverse dans les deux tiges. Dans la tige dont les feuilles offraient la spirale de droite à gauche, le mouvement révolutif du sommet s'opéra également de droite à gauche, et la révolution s’accomplit en 4 heures 20 minutes. Dans la tige dont les feuilles offraient la spirale de gauche à droite, le mou- vement révolutif du sommet s'opéra de gauche à droite, et la révolution s’ac- complit en 3 heures 15 minutes. La courbe fermée, décrite par le sommet des tiges dans ces deux expériences, n'eut que 2 à 3 centimètres de diamètre. s » J'ai répété, deux autres fois, ces expériences par des températures de 19 et de 20 degrés; j'ai obtenu les mêmes résultats. Les ayant tentées de nou- veau par une température de 16 à 17 degrés, je n’ai plus observé de mouve- ment révolutif. » Je fais observer que, dans les cas où j'ai observé ce mouvement révo- lutif, ce n'a été que dans les huit ou neuf premières heures de l'expérience. Passé ce temps, les tiges demeurèrent immobiles ; leur vitalité avait été altérée par la position anormale où elles se trouvaient placées. Conclusions. » Les résultats suivants se déduisent des expériences ci-dessus exposées. » 1°. Le mouvement révolutif existe dans le sommet de toutes les tiges volubiles. » 2°. Le sens de ce mouvement révolutif est constamment le même que celui de la volubilité de ces mêmes tiges. » 3°, Le sens de la torsion de ces tiges volubiles sur elles-mêmes est le même que celui du mouvement révolutif de leurs sommets, et que celui de leur volubilité. Il existe, il est vrai, des exceptions relativement à ce dernier fait, mais ces exceptions, qui m'ont trompé autrefois, proviennent de ce que, chez une tige enroulée en spirale sur un support, les feuilles, en se portant toutes du côté le plus éclairé, produisent par ce mouvement, dans la tige qui les porte, une torsion qui est quelquefois en sens inverse de celui de sa torsion normale. » 4°. Le sens de la spirale décrite sur les tiges par l'insertion des feuilles ( 302 ) est le même que celui du mouvement révolutif du sommet de ces mêmes tiges. » De tout cela on est en droit de conclure que les phénomènes divers, ° du mouvement révolutif du sommet des tiges; 2° de la volubilité ou de l'enroulement spiralé de ces tiges sur leurs supports; 3° de la torsion de ces tiges sur elles-mêmes; 4° de la disposition en spirale des feuilles sur les tiges ; que tous ces phénomènes, dis-je, dépendent de la même cause, c'est-à-dire qu'ils sont produits par la méme force intérieure et vitale dont l'action est révolutive autour de l'axe central de la tige. _» Mais par quel mécanisme cette force produit-elle ces divers phéno- mènes? Est-ce en imprimant directement du mouvement aux solides orga- niques, ou bien est-ce seulement sur les liquides organiques qu’elle exerce sou action motrice, laquelle se communiquerait ensuite aux solides? C'est à cette dernière hypothèse que je suis conduit à m’arrêter par les considéra- tions suivantes, puisées dans l'étude de l’organisation des végétaux volubiles. Ces végétaux présentent, dans leur développement en grosseur, un phéno- mène très-remarquable qui consiste en ceci, que leurs tiges, au côté extérieur de la spirale qu'elles décrivent en vertu de leur volubilité, s’accroissent plus en grosseur et en longueur qu'elles ne le font au côté intérieur de cette même spirale, ce qui atteste, dans le côté extérieur, une nutrition plus active que dans le côté intérieur (1). Ces faits de nutrition plus active, et par conséquent ‘de plus grand développement au côté extérieur de la spirale formée par la tige qu'à son côté intérieur, donnent évidemment la cause immédiate de la flexion spiralée de cette tige; mais quelle est la cause de cette inégale nutri- tion? On peut admettre que le côté intérieur de la spirale formée par la tige étant appliqué sur le support cylindrique qu'elle embrasse, ce côté, soustrait aux influences atmosphériques et à l'action de la lumiere, serait privé, en partie, de l'action des causes extérieures qui favorisent la nutrition. Mais la disposition à l'enroulement spiralé existait, dans la tige volubile, avant que cet enroulement existât. On voit même souvent cet enroulement spiralé s’o- pérer sans que la tige soit en contact avec aucun support, en sorte que tous ses côtés reçoivent alors également les influences du dehors. Ainsi j'ai vu sou- vent des tiges eee de chévrefeuille des jardins (Lonicera caprifo- (1) Pour bien expliquer ici ma pensée, je dirai que si les spirales de la tige volubile étaient assez rapprochées les unes des autres pour se toucher, elles représenteraient un tube. Or, la surface extérieure de ce tube est ce que je nomme le côté extérieur de la spirale, et la surface intérieure de ce même tube est ce que je nomme le côté intérieur de la spirale. ( 303 ) lium, L.), qui n'étaient en contact avec aucun support, affecter cependant la. forme spiralée, et cela par l'effet d'une plus forte nutrition de la tige au côté extérieur de la spirale qu'à son intérieur. On voit très-bien le même phéno- mène d'inégale nutrition dans les vrilles les plus grosses de la bryone (Bryonia alba, 1.) , vrilles dont les spirales, alternativement dirigées de droite à gau- che et de gauche à droite, n’ont point de supports dans leur intérieur. » D'où provient cette différence dans la nutrition des deux côtés extérieur et intérieur de la spirale qu'affectent les tiges des végétaux volubiles? L'excès de nutrition du côté extérieur de la spirale qu'affecte la tige, même lorsque le côté intérieur de cette spirale, est exempt de contact avec un support, ne prouve-t-il pas que les liquides nutritifs sont dirigés en spirale et avec excès par une force intérieure vers le côté qui prend le plus de développement, côté qui devient, par cela même, le côté extérieur de la spirale? Or, comme il vient d'être démontré que tous les phénomènes de spiralisation et de révo- lution qu'offrent les tiges des végétaux dépendent de la force intérieure et vitale dont l’action est révolutive autour de l'axe central de la tige, il en ré- sulte que c’est cette force qui donne aux liquides nutritifs la direction spiralée en vertu de laquelle s'opère l'excès de nutrition du côté extérieur de la spi- rale qu affecte la tige de toute plante volubile. » Au reste, on ne peut nier que le contact des supports n'ait de l'influence pour déterminer les tiges volubiles à s'enrouler sur eux en spirale. C’est ainsi qu'on a vu plus haut que les tiges du Solanum dulcamara, lorsqu'elles vien- nent à toucher des supports, s’enroulent en spirale sur eux, tandis que lors- qu’elles croissent libres de tout contact, elles n'offrent pas le plus léger indice de volubilité. Le contact des supports agit très-probablement ici en inter- ceptant localement l'influence des agents du dehors, ainsi que je l'ai dit plus haut, mais cela ne déterminerait pas l'enroulement d’une tige non volubile quelque grêle, quelque flexible qu’elle soit: il faut que la disposition à la vo- lubilité existe. » . RAPPORTS. HYDRAULIQUE. — Rapport sur un barrage mobile inventé par M. Taenarr, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. = (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Dufréncy, Arago rapporteur.) « Tous les moyens de locomotion et de transport sont, depuis une qua- rantaine d'années, l'objet de recherches assidues et approfondies. Ajoutons que le succès a couronné presque constamment les efforts des ingénieurs. C.R., 1844, 2m Semestre. (T, XIX, N° 6.) 42 ( 304 ) Ainsi, la question du tracé des routes a été définitivement soumise à des principes mathématiques. Des expériences nombreuses ont fait connaître le rapport du frottement à la pression, sur les divers terrains naturels ou arti- ficiels formant en France la surface des principales routes. Les proprié- tés comparatives des véhicules à grandes ou à petites roues, à jantes larges ou étroites, sont maintenant nettes et définies. Des essais méthodiques, en- trepris sur une assez grande échelle, éclaireront bientôt l'administration , touchant les meilleurs systèmes de pavage; on saura ce qu'il est permis d'at- tendre du bois substitué au grès; des cylindrages exécutés à l'aide des rou- leaux compresseurs convenablement pondérés; de l'emploi de telle ou telle matière d'agglomération, suivant la nature des cailloux formant les chaus- sées d'empierrement, etc. | » I faudrait un grand nombre de pages pour signaler ce qui a déjà été réalisé concernant les chemins de fer, et les améliorations qui sont en cours d'expériences. » Cédant à des idées préconçues touchant les ondulations des liniiAess cé- Feel à la crainte de détruire les berges, personne n'exécutait jadis le balage sur les canaux, qu'au petit pas. Maintenant des bateaux rapides les parcourent avec la vitesse des chevaux de poste. Chaque jour la grande navigation à vapeur fait de nouveaux progrès; chaque jour apporte, en ce genre, des découvertes qui laissent bien loin der- riere elles les améliorations prévues et même les espérances des esprits en- thousiastes. Les ports les plus entourés d’écueils sont maintenant accessibles par tous lès vents, par tous les états de la mer. Des remorqueurs y con- duisent avec facilité, avec sûreté, de jour comme de nuit, les bâtiments de commerce et de guerre. Déjà certains steamers rivalisent en grandeur avec les immenses vaisseaux à trois ponts. Bientôt, peut-être, ils les surpas- seront en puissance militaire. La navigation fluviale n’est pas non plus restée stationnaire : mille ba- teaux à vapeur, remarquables par leur commodité, par leur élégance, par la rapidité de leur marche, et principalement par de très-ingénieuses ma- chines, sillonnent en tout sens les rivières des deux mondes. Que mauque-t-il dans notre pays, pour assurer à cette navigation fluviale une supériorité décidée sur les autres moyens de locomotion et de transport? Une seule chose, peut-être : des rivières à niveau moins variable, des ri- vières qui, en été, en automne, offrent dans leur chenal une profondeur d’eau de plus d'un mètre. ». Des barrages peuvent conduire à ce résultat. » Qui ne comprend, en effet, que si l’on établissait aujourd'hui, en face ( 305 ) d'Auteuil par exemple, de la rive droite à 14 rive gauche de la Seine, un barrage continu , haut de 2 mètres au-dessus du niveau de la rivière, l'eau ne commencerait à se déverser par-dessus la crête de ce barrage, qu'a- près avoir monté de 2 mètres, et que cet exhaussement se ferait sentir jusques dans Paris? Un barrage semblable exécuté entre le pont des Arts et le Pont-Neuf, élèverait notablement le niveau de la rivière jusqu’à Bercy, et ainsi de suite. En espaçant ces constructions d’une manière convenable, on aurait sur la rivière une série de nappes liquides échelonnées, où des bateaux d'un bon tirant d’eau pourraient naviguer même en temps de grande séche- resse. Le passage d’une nappe à la nappe immédiatement inférieure ou supé- rieure, le passage d’un échelon liquide à l'échelon voisin, se ferait commodé- ment par l'intermédiaire d’écluses à sas. Les barrages partiels, ceux qui au lieu de s'étendre d’une rive à l’autre de la rivière n’embrasseraient qu'une partie de sa largeur, occasionneraient aussi, en amont, un exhaussement du niveau des eaux; mais l'effet serait moins considérable que sous l’action des barrages complets. Rendre les rivières navigables en tout temps, même à l'époque des grandes sécheresses, serait une chose assurément très-utile; mais il est bon de songer à la saison des crues; il faut se rappeler que l'effet inévitable des barrages permanents, complets ou partiels, est de rendre les débordements plus fréquents et plus désastreux. Sous ce rapport, les piles des ponts elles- mêmes sont quelquefois fort nuisibles. » Voilà, en peu de mots, ce qui a conduit à l'idée des barrages suscepti- bles d'être facilement enlevés ou plongés au fond des eaux, des barrages ap- pelés mobiles, destinés à rester en place pendant la sécheresse, et à disparaître au moment des crues. » Le système de barrage que M. l'ingénieur en chef Thenard a soumis à Fatehates de l'Académie, appartient à la catégorie des barrages mobiles. Il a été déjà appliqué sur un des affluents de la Dordogne; sur une rivière, l'Isle, dont le débit est de 10 mètres cubes, seulement, par seconde, à l’ étiage ; de 85 mètres en eaux moyennes; de 242 mètres quand elle coule à pleins bords ; de 500 à 600 mètres dans les plus fortes crues. A5 pee par ses fonctions à diriger, à perfectionner la navigation d'une rivière si variable; n'ayant d’ailleurs à sa disposition que de faibles ressources, M. Thenard s’imposa ces deux conditions rigoureuses : Il faudra que l'abaissement et le relèvement du barrage s'operent en un petit nombre de minutes; un seul homme, le gardien de l'écluse, devra pouvoir faire la double opération sans courir aucun danger. 42. (306) » Essayons de caractériser d'une manière générale la conception de M. l'in- génieur Thenard. Nous nous occuperons ensuite, s'il y a lieu, de la construc- tion du barrage et des manœuvres; nous descendrons aux détails. » Concevons, de nouveau, que la Seine soit barrée d’une rive à l'autre à l'aide d’une porte en bois verticale, de 2 mètres de haut, liée par des char- nières en métal (par des gonds), à des longrines placéesles unes à la suite des autres au fond de la rivière. Les longrines seront fixées au radier en maçon- nerie dont il faut supposer que le fond de la Seine est recouvert. » La porte, d’après la disposition des charnières, ne peut s'abattre que d'a- mont en aval. Pour la maintenir dans la position verticale, pour l'empêcher de céder à la pression, au choc de l’eau d'amont, il faudra évidemment la soutenir vers l'aval par des arcs-boutants, par des jambes-de-force prenant leur point d'appui sur le radier. On se fera une idée suffisante de ce que peuvent être ces arcs-boutants, en se rappelant le petit mécanisme dont les ébénistes fontusage pour soutenir, sous des inclinaisons variées, certains mi- roirs de toilette et certains pupitres. » Veut-on maintenant que le barrage disparaisse ? » Ii suffira de soulever un tant soit peu les jambes-de-force, d'ôter leurs extrémités inférieures des entailles au fond desquelles elles arc-boutaient; aus- sitôt la pression du liquide fera tourner la porte, d'amont en aval , autour des charnières horizontales noyées, et la couchera sur le radier. » De prime abord, rien de plus simple, de plus satisfaisant que la ma- nœuvre qui vient d'être décrite; mais, cette première impression disparaît quand on réfléchit à l'obligation d'aller soulever, une à une, toutes les jambes- de-force. Est-ce en bateau qu'on ira faire l'opération? est-ce en amont? est-ce en aval? On ne peut songer à marcher sur l'épaisseur de la porte, puis- qu'elle est recouverte par la nappe liquide quise déverse d'amont en aval. De quelque manière qu'on envisage la question , on aperçoit difficulté et danger. » En fait de difficultés, la principale consisterait à ramener la porte couchée, de la position horizontale à la position verticale; à vaincre, par les efforts d'un seul homme, l'action impulsive de l'eau sur une si im- mense palette. Xl est vrai que, cette palette, on la pourrait fractionner, la diviser en un certain nombre de parties susceptibles d'être abaissées et rele- vées séparément. L’expédient serait assurément trés-utile; mais où l'éclusier irait-il prendre ses points d'appui pour opérer tous Les soulèvements partiels” » Supposons que d’après la disposition des charnières, au lieu de se ra- battre d'amont en aval,comme nous l'avons d’abord admis, la porte, conti-- nue ou fractionnée, ne puisse tourner à partir de la position verticale, ne ( 307 ) puisse tourner pour se coucher au fond de l'eau, que d'aval en amont. Les difficultés des manœuvres seront, pour la plupart, l'inverse de celles qui viennent de nous occuper. » Dans le premier cas, la porte une fois couchée au fond de l’eau vers l'aval, y restait par l'effet de la seule impulsion de la masse liquide descen- dante. Dans le second cas, il faudrait l'y maintenir par un mécanisme, lors même qu'à raison de ses ferrures elle aurait une pesanteur spécifique un peu supérieure à celle de l’eau; sans ce mécanisme, le courant soulèverait la porte en la prenant par-dessous. » La porte, susceptible de se rabattre d'amont en aval, ne se maintenait dans la verticale, ne résistait dans cette position à l'impulsion de l’eau des- cendante, qu'à l’aide des jambes-de-force dont il a été parlé. Rien de pareil ne serait nécessaire, quant à la porte qui se rabattrait d’aval en amont. Une fois amenée à la verticale, l'impulsion de l'eau tendrait à l'y maintenir, disons . mieux, à la faire passer au delà. Cette tendance à dépasser la position ver- ticale vers l'aval devrait même être combattue, soit à laide d’une disposition appropriée des charnières, soit, plus convenablement encore, avec une chaîne bifurquée attachée par deux de ses bouts à la porte, et par le troisième bout au radier, en amont. » Après le soulèvement partiel des arcs-boutants, la première porte se ra- battait d'elle-même ; il ne fallait d'effort que pour la relever. » La seconde porte, au contraire, se relèverait d'elle-même; un effort ne serait nécessaire que pour la rabattre contre l’action du courant. » Ce sont ces propriétés, comparativement inverses, dont M. Thenard a tiré ingénieusement parti: c’est en composant son barrage des deux systèmes accouplés; c’est en plaçant sur deux lignes parallèles, à quelques centimètres de distance, les portes susceptibles de se rabattre seulement en aval, et les portes susceptibles de se rabattre seulement en amont, qu'il a vaincu des difficultés très-graves inhérentes à chaque système, pris isolément. » La manœuvre du double système sera maintenant facile à décrire. » Le barrage est entièrement effacé; le gardien de l’écluse, à l'arrivée d’une crue, a couché toutes les portes. La crue est passée ; il faut relever les portes d’aval, celles qui, pendant les sécheresses, doivent exhausser le niveau de la rivière. » Écartons le mécanisme qui fixe les portes d'amont au radier. Le courant les soulève et les amène à la position verticale, position qu’elles ne peuvent pas dépasser, soit à raison de leurs talons , soit parce que chacune d'elles est ( 308 ) retenue, comme nous l'avons déjà dit, par une chaîne bifurquée, alors ten- due, dont deux des bouts sont fixés à la partie supérieure de la porte, et le troisième au radier. » Quand cette première série de portes barre entierement la riviere, les portes d'aval peuvent être soulevées une à une sans des tractions trop consi- dérables, car de ce côté et à ce moment le courant est momentanément sup- primé. Le gardien du barrage, armé d'une gaffe, exécute cette seconde opération en se transportant le long d’un pont de service qui couronne les sommités des portes d'amont. Au besoin , il s'aide d’un petit treuil mobile. Du haut de son pont léger, il s'assure que les jambes-de-force des portes d’aval sont convenablement placées, qu’elles arc-boutent par leurs extrémités inférieures, dans les repères du radier. » Ceci fait, le moment est venu d’abattre les portes d'amont : elles ne de- vaient, en effet, servir qu’à rendre la manœuvre des portes d'aval exécutable, qu'à permettre à un seul homme de les soulever. » Le gardien introduit l’eau par de petites ventelles, entre les deux séries de portes. Elle s'y trouve bientôt aussi élevée qu'en amont. Or, dans le liquide devenu à peu près stagnant, il doit suffire d'un effort médiocre pour faire tourner les portes d’amont autour de leurs charnières horizontales immer- gées, pour les précipiter d’aval en amont, de telle sorte qu'elles aillent frap- per le fond du radier et s’y loqueter. Les chaînes de retenue dont nous avons parlé contribuent, pour beaucoup, à faciliter ce mouvement. » On a pu légitimement se préoccuper des dangers que le gardien de l'écluse courrait, en allant et venant le long d’un pont de service reposant sur une série de portes qui, dans un certain moment, ne sont retenues, du côté d'amont, que par un courant d'eau d'une très-faible vitesse. Hâtons-nous donc de dire, qu'à mesure qu'une porte d'aval est soulevée et arc-boutée à l'aide de sa jambe-de-force, M. Thenard la fait lier par un long crochet à la porte correspondante d'amont, ce qui donne au système toute la stabilité désirable. : » Dans la description qu'on vient d'entendre, nous avons d'abord supposé le barrage rabattu; nous nous sommes occupés ensuite des moyens de le re- Lever : il nous reste à dire, en détail, comment on revient de cette seconde position à la première. » Les portes d'aval , nous l'avons déjà expliqué, s'abattent par l'action du courant quand les arcs-boutants sont relevés, où même seulement quand leurs extrémités ne correspondent plus aux étroites saillies en fer sur les- quelles ils butaient. ( 309 ) | » Voyons donc de quelle manière on peut donner à l'extrémité butante, le mouvement latéral qui la portera en dehors de la petite butée en fer. » Chaque arc-boutant est monté à charnière sur sa porte; il peut ainsi être soulevé indéfiniment, et recevoir, de plus, un léger mouvement gira- toire latéral. Ge mouvement giratoire, l’éclusier le donne à l’aide d’une sorte de crémaillère en fer, glissant sur le radier, un tant soit peu en amont des pieds des arcs-boutants, et pouvant, par l'intermédiaire d'une denture con- venable, être manœuvrée du rivage. Les redans de la barre mobile que nous avons appelée une crémaillère, sont espacés de telle sorte qu'ils ne dé- vient les extrémités des arcs-boutants, qu'ils ne les font échapper aux saillies en fer, aux butées, que les uns après les autres : les portes s’abattent donc successivement. Chaque porte d'amont est retenue au fond de l’eau, à l’aide d’un loquet à ressort fixé à sa partie inférieure et s’accrochant à un mentonnet en fer, attaché invariablement à une des longrines liées au radier. Le déloquetage de ces portes s'effectue aussi par l'intermédiaire d'une barre de fer glissante, armée de redans et manœuvrée dun rivage avec une manivelle et des roues dentées. Cette barre, en comprimant les ressorts qui tiennent les loquets en place, les décroche successivement, et chaque porte soulevée à son tour par le courant va prevdre la position verticale. » Pour bien apprécier le mérite de l'invention de M. Thenard, il faut, surtout, savoir avec quelle rapidité s'exécutent les manœuvres des deux séries de portes. Voici ce que nous trouvons, à ce sujet, dans un Rapport du mois de juillet 1841, rédigé par MM. Mesnager, Thenard, Vauthier et Kermain- gant : A Coly-Lemelette, sur la rivière Fisle, le barrage a 48 mètres de long , et les portes d’aval 80 centimètres de haut. Eh bien, 16 secondes suffirent pour abattre les portes d’aval, pour faire disparaître entièrement le barrage. En 20 secondes les portes d’amont furent relevées. Enfin, dans le court intervalle de 8 minutes, deux hommes abaissérent les portes d’aval; relevèrent les portes d'amont après les avoir successive- ment déloquetées; redressèrent les portes d’aval, remirent tous les arcs- boutants en place, et recouchèrent les portes d’amont, ce qui constitue la série entière des opérations. » Ici, le radier se trouvait à sec après le relèvement des portes d’amont, et les portes d'aval furent redressées à la main, par deux hommes qui, partis des deux rives opposées de la rivière, allaient à la rencontre l’un de l’autre, ( 310 ) en marchant sur la maçonnerie du radier. Cette expérience ne fait donc pas connaître ce que la manœuvre complète destinée à relever le barrage peut exiger de temps, lorsque l'éclusier agit sur les portes d'aval avec son petit treuil, transporté successivement en divers points du pont de service. Les documents, remis à la Commission par M. Thenard, nous permettront de combler cette lacune. » Le o juillet 1843, MM. Mesnager, Thenard, Spinasse, Silvestre et Vergne, tous ingénieurs des ponts et chaussées, constatèrent, au barrage mobile du Moulin-Neuf, sur la rivière l'Isle, que les sept portes d'aval, de r°,7 de haut et de 12,9 de large, étaient abattues en une demi-minute; que le relèvement des sept portes d'amont n'exigeait pas plus de temps; qu'un homme armé du petit treuil portatif et placé sur le pont de service, employait onze minutes à rele- ver les sept portes d’aval et à établir les arcs-boutants; que le même homme, enfin, recouchait et loquetait les sept portes d’amont en huit minutes. » 1 nous serait facile de trouver dans d’autres procès-verbaux, des exem- ples de manœuvres encore plus rapides. » L'Académie aura, sans doute, remarqué que les parties les plus déli- cates, dans le barrage mobile de M. Thenard, que les charnières des portes, les loquets à ressorts, les crémailléres glissantes, situées soit en amont, soit en aval, fonctionnent au fond de l'eau. On peut donc craindre que ces or- ganes essentiels du nouveau barrage se couvrent de vase, de gravier; que souvent ils agissent difficilement ; que même, dans certaines circonstances , on ne réussisse pas à faire glisser les crémaillères destinées à déloqueter les portes d’amont, et à pousser hors de leurs butées les extrémités des arcs- boutants des portes d’aval. » Cette difficulté nous a paru très-grave. M. Thenard, à qui nous l'avons soumise, a répondu : » Que les portes d'aval de son barrage ne sont jamais soulevées jusqu'à la verticale; qu’elles restent un peu inclinées; que les filets du courant qui vont les’ frapper, se relèvent le long des faces d'amont et entraînent avec eux le sable et même le gravier; que l'expérience a confirmé cette explication; que les chutes rapides de liquide qui s'opèrent au moment où la cloison du bar- rage disparaît, produisent des effets très-intenses; qu’elles entraînent même les grosses pierres, de telle sorte qu'il devient nécessaire de garantir le radier, en amont et en aval, contre les affouillements. » M. Thenard a d’ailleurs adapté à ses portes d’aval de petites ventelles qui peuvent être manœuvrées à la main, et à l'aide desquelles il fait chasse à volonté dans la direction même des coulisses des arcs-boutants et des butées dont nous avons si souvent parlé. Ar) » L'Académie vient d'entendre, quant aux portes d’aval, le résumé des observations de l’auteur du Mémoire. Des rapports que nous avons sous les yeux disent que les sables, les graviers, les herbes, les branchages n'ont jamais apporté d'obstacle sérieux à la manœuvre des portes d’amont. En pareille matière, les faits doivent évidemment tout primer; cepen- dant, nous l’avouerons sans détour, nous eussions désiré trouver dans le bar- rage, soit des dispositions mécaniques propres à empêcher les corps étrangers d'aller gêner l'action des principaux organes mobiles, soit des moyens directs et d'un effet non douteux, d'enlever la vase, le sable , le gra- vier qui pourraient, dans certaines circonstances, envahir les charnières des portes, les loquets, les deux longues barres plissantes armées de mentonnets, les glissoirs et les butées des jambes-de-force, enfin les engrenages. C'est ici, théoriquement du moins, le côté un peu faible du système; c’est la seule objection qui nous ait vraiment préoccupés. Nous espérons qu’elle disparaîtra bientôt: nous en avons pour garant l'esprit inventif de M. l'ingénieur Thenard. » Les barrages mobiles, essayés jusqu'ici, étaient plutôt des expédients que des mécanismes proprement dits. Personne ne pouvait les considérer comme des solutions définitives d'un des plus importants problèmes de la navigation fluviale. 11 serait donc superflu de les comparer à l'invention de M. Thenard. Qui n’a d’ailleurs remarqué, par exemple, que les portes pleines du nouveau système procurent une retenue des eaux presque parfaite, tandis que la fermeture à l’aide d’aiguilles juxtaposées, adoptée jadis dans certaines écluses et appliquée plus en grand depuis quelques années, laisse filtrer d'immenses quantités de liquide; qui n’a songé encore, qu'en cas de crue subite, les portes de M. Thenard peuvent être abattues en peu de se- condes, de jour comme de nuit, sans que l'éclusier coure aucun risque, tandis que l'enlèvement des aiguilles juxtäposées serait, dans certaines cir- constances, une opération des plus dangereuses, et, ne saurait vraiment être exécutée avec sûreté que par d'habiles et vigoureux acrobates. » Les chemins de fer ont déjà considérablement réduit, en Angleterre, le cabotage, les transports par les canaux et la navigation sur les rivières. Pareille chose arrivera probablement en France. Il semble donc que l'inven- tion de M. Thenard vienne trop tard, qu'elle ne puisse avoir aujourd’hui qu'un intérêt médiocre.” » Cette opinion serait très-controversable, même au point de vue strict de la navigation fluviale ; mais ne faut-il pas considérer que les barrages ren- draient les irrigations faciles, dans d'immenses étendues du territoire au- C.R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, N° 6.) 45 OT) jourd'hui privées de ce bienfait? Doit-on oublier qu'à l'aide d'irrigations convenablement dirigées, il serait possible, presque partout, de doubler, de tripler les récoltes? que les produits agricoles sont les éléments les plus précieux, les plus constants, les plus assurés de la richesse nationale ? » Fexhaussement graduel du lit des rivières est une des calamités contre lesquelles les hommes ont vainement lutté jusqu'ici. Procéder par curage ma- nuel, ce serait se jeter dans des dépenses sans terme. Les barrages mobiles sont un moyen d'opérer de fortes chasses, de les renouveler tant qu'on veut, de choisir les époques les plus favorables, et nous appelons ainsi les saisons, les mois, les semaines où les eaux sont limpides; ils paraissent donc appelés à jouer un rôle important dans la grande opération dont les affreuses inon- dations du Rhône et de la Saône n'ont que trop bien montré la nécessité et l'urgence. Conclusions. » Le barrage mobile imaginé par M. Thenard, offre, comme nous l'avons expliqué, des combinaisons nouvelles très-ingénieuses. Il a d’ailleurs fonc- tionné avec succès, pendant plusieurs années, sur divers points de la rivière l'Isle. La Commission n'hésite donc pas à proposer à l’Académie de lui accor- der son approbation. » Il nous paraît bien désirable que M. l'ingénieur Thenard soit mis en position d'essayer son système sur un de nos cours d’eau les plus larges. Ce vœu peut être justifié en quelques mots : » Les barrages de l'Isle ont laissé plusieurs questions indécises. » Personne, par exemple, ne connaît aujourd'hui la longueur maximum qu'il serait permis de donner aux crémaillères glissantes destinées à agir sur les portes d’amont et d’aval ; personne n'oserait affirmer catégoriquement, que les plus vastes barrages pourraient, comme le croit l'auteur du Mémoire, être partagés en intervalles de 40 à 5o mètres, séparés par des piles fixes en maçonnerie, et présentant chacun un mécanisme indépendant ; personne ne sait à quelle limite on devra fixer la plus grande hauteur des portes, et par conséquent des retenues, soit à raison des facilités de la manœuvre, soit afin d'éviter des chocs destructeurs au moment où les portes arrivent au terme de leurs mouvements; personne ne saurait dire d'avance quels seront les effets, sur taut de pièces submergées, des actions calorifiques , encore assez mal définies, qui donnent lieu dans les rivières à la production des glaces de fond , etc. , ete. » M. Thenard, mieux que tout autre ingénieur, pourra dissiper ces doutes. (313) Si de nouvelles expériences autorisaient à généraliser ce qui a si bien réussi sur l'Isle, d'immenses volumes d’eau que les nuages versent, en toute saison j sur les croupes dénudées des montagnes, n'iraient pas, comme aujourd'hui , se réunir aux flots de la mer, sans avoir, dans leur course, rien produit d’utile : le commerçant verrait ses marchandises circuler régulièrement Jusqu'au ceutre du royaume ; des chômages périodiques n’entraveraient plus ses opé- rations; le manufacturier trouverait dans des milliers de cascades artificielles, une force motrice puissante et économique; l’agricultenr, celui du Midi sur- tout, serait à Jamais soustrait aux influences ruineuses des sécheresses; ses récoltes deviendraient plus abondantes, et, ce qui doit figurer peut-être en première ligne, elles varieraient beaucoup moins.d'une année à l’autre, quelles que fussent d’ailleurs les perturbations udométriques que le cours des mêmes saisons présente dans nos climats. » Avec une si brillante perpective devant les yeux, l'administration pu- blique serait inexcusable, si elle ne se livrait point à des essais, même aven- tureux. Or, tel n'est pas, tant s’en faut, le caractère de l'expérience que la Commission appelle de tous ses vœux. On peut conjecturer, en effet, avec uue grande probabilité, qu’à l’aide de quelques modifications, les barrages éprouvés avantageusement en divers points du cours de l'Isle, réussiraient également sur nos plus grandes rivières. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Vote sur la formation des hydrogènes phosphoreés ; par M. Pauz Tuenarr. (Commission précédemment nom mée.) < Dans mon premier Mémoire , J'ai traité des causes de linflammabilité du gaz hydrogène phosphoré, j'ai montré qu’il devait cette propriété à une trés-petite quantité de vapeur d’un phosphure d'hydrogène liquide sponta- nément inflammable, et facilement décomposable en hydrogène phosphoré gazeux, et en hydrure de phosphore solide. » L'analyse des phosphures d'hydrogène et l'étude de leurs propriétés étant terminées, pour arriver à la théorie de leur formation , il me restait à examiner la nature et la composition du phosphure de chaux, dont jai toujours fait usage, ainsi que la production des produits très-variés qu'on obtient en traitant ce phosphure par l’eau ou par l'acide chlorhydrique. 43. (314) » 1°, Si l'on fait passer, soit sur des boulettes, soit sur des plaques minces de chaux incandescente, de la vapeur de phosphore, on obtient une aug- mentation de poids toujours proportionnelle; la chaux ne se sature donc pas plus à la surface qu’au centre, et la combinaison qu'elle forme avec le phos- phore est constante. » 2°, En calculant l'augmentation de poids que prend la chaux après la saturation, en observant la quantité d'oxygène qui s’unit au phosphure de chaux pour le transformer en phosphate ; enfin, en déterminant la nature de ce phosphate, on trouve, par trois méthodes différentes qui se contrôlent réciproquement, que le phosphure de chaux est une combinaison de 1 équivalent de phosphore avec 2 de chaux, P Ca*O*. » 3°, Cette formule n'est que l'expression brute de la somme des élé- ments qui entrent dans le phosphure de chaux; il est certain, à priori, qu'ils sont autrement combinés. » De savants chimistes ont adopté que le phosphure de chaux était une combinaison de phosphate et de phosphure de calcium ; ils ont admis que la chaux, en s'unissant au phosphore, se décomposait en partie: l'oxygène se portait sur du phosphore pour faire de l'acide phosphorique, et, par suite, du phosphate de chaux, et le calcium se combinait avec une autre quantité de phosphore pour produire du phosphure de calcium. Ce fait était devenu certain après un Mémoire de M. Gay-Lussac sur la formation des phos- phures et des sulfures alcalins; mais il ÿ avait un point important sur le- quel, peut-être, on n'avait pas assez insisté: la nature du phosphate, et sur- tout du phosphure, n'avait point été assez mise en évidence; seulement on avait admis en général, et par analogie, que le phosphate était neutre ou basique, ét que le phosphure correspondait au gaz hydrogène phosphoré; cependant il était essentiel de déterminer exactement la composition du phosphure de calcium pour être éclairé sur le mode de formation des hydro- gènes phosphorés; si on l'eût connue plus tôt, il est probable que la ques. tion de l'inflammabilité ne serait pas restée si longtemps dans le doute. » C'est en me rendant un compte exact de l’action de l'acide chlorhy- drique sur le phosphure de chaux que je suis arrivé à connaître la nature du phosphate et du phosphure de calcium qui le composent. » 1°, Eu projetant peu à peu du phosphure de chaux dans l'acide chlor- hydrique concentré, on dissout le phosphate de chaux existant, et l’on ob- tient, par la décomposition du phosphore de calcium, du gaz hydrogène phosphoré non spontanément inflammable, du phosphure d'hydrogène so- TS (86 ) lide, et du chlorure de calcium; quand la réaction est terminée, si l'on filtre “la liqueur et si l’on y verse de l'ammoniaque » On en précipite tout l'acide phosphorique à l’état de phosphate de chaux des os, qu'il est facile de re- cueillir et de peser. » Il est impossible, dans cette expérience, qu'en présence du phosphure d'hydrogène solide et sans production d'acide hypophosphoreux, il se forme de l'acide phosphorique; celui qu'on trouve préexiste donc dans le phos- phure, il a pris naissance au moment de l'union de la chaux avec le phos- phore. » 2°. Cependant il était important de déterminer les quantités de phos- phure d'hydrogène solide et gazeux qui se forment quand on traite le phosphure de chaux par l'acide chlorhydrique. J'ai donc repris l’ex- périence précédente ; mais au lieu de filtrer la liqueur Pour en séparer le phosphure d'hydrogène solide, Je l'ai transformé en acide phosphorique, en ajoutant de l'acide uitrique; et, dès lors, saturant la dissolution d'ammo- niaque, il s'est précipité précisément deux fois autant de phosphate des os que dans le premier cas: ce qui fait voir que 7 équivalents de phosphure de chaux contiennent 2 équivalents de phosphure à l’état d'acide phosphorique, et 5 à l'état de phosphure de calcium, et que ceux-ci, sous l'influence de l'acide chlorhydrique, se partagent pour donner 1 équivalent de phosphure d'hydrogène solide et 3 de phosphure d'hydrogène gazeux, comme s'ils provenaient du dédoublement de 5 équivalents du phosphure d'hydrogène liquide. » Mais, en appliquant les lois de la formation des phosphures alcalins, il est facile de voir que sur les 14 équivalents de chaux qui entrent dans 7 équivalents de phosphure de chaux, 10 sont décomposés; l'oxygène s’unit à 2 équivalents de phosphore pour faire l'acide phosphorique, et le calcium se combine avec le phosphore qui reste pour produire le phosphure de calcium. » En sorte que le phosphure de chaux est un mélange à proportion dé- finie de 2 équivalents de phosphate de chaux, et 5 équivalents de phosphure de calcium, tous deux Correspondants au phosphure d'hydrogène liquide, et non pas au phosphure d'hydrogène gazeux : 2PO*#{CaO + 5P Ca? — 7 PCa: O7. » Si l'on ajoute que le phosphure d'hydrogène solide, sous l'influence de l’eau et d’un alcali, se transforme À froid en hypophosphite, hydrogène phos- phoré et hydrogène libre ; si l'on remarque que l'acide chlorhydrique trans- ( 316 ) forme subitement le phosphure liquide en gaz hydrogène phosphoré et en phosphure d'hydrogène solide, il sera facile alors d'expliquer les phéno-" menes variés que présente le phosphure de chaux dans son contact avec l'eau et l'acide chlorhyärique. » 1°. [eau et le phosphure de chaux produisent d'abord du phosphure d'hydrogène liquide et de la chaux, presque sans l'apparence d'hypophos- phite : aussi la liqueur devient-elle très-:lcaline ; » 2°, Comme le phosphure d'hydrogène liquide est très-instable, surtout en présence de la chaux, il se transforme en gaz hydrogène phosphoré spontanément inflammable, et en phosphure d'hydrogène solide ; » 3°. À mesure que l'action se développe et que la quantité de chaux augmente, le gaz devient de moins en moins spontanément inflammable , et contient de plus en plus d'hydrogène, parce que le phosphure d'hydro- gene solide disparaît sous l'influence de l'eau et de lalcali ; » 4°. Dès lorsla liqueur, qui renfermait d’abord peu d'hypophosphite, en est très-chargée : on peut le recueillir en la filtrant et évaporant. » Les phénomènes que présente le phosphure de chaux avec l'acide hydroclilorique s'expliquent avec autant de facilité; ce phosphure est-il pro- jeté dans l'acide concentré, le phosphure d'hydrogène liquide est, partout où il se forme, décomposé tout à coup et transformé en gaz hydrogène phosphoré non spontanément inflammable, et en phosphure d'hydrogène so- lide qui se maintient, parce que le milieu est acide au lien d'être alcalin ; alors il n'y a ni dégagement d'hydrogene libre ni formation d'hypophosphite. » L'acide est-il très-étendu, alors le phosphure d'hydrogène liquide n'est plus décomposé aussi vite, et le gaz passe spontanément inflammable. En un mot, je ne crois pas trop m'avancer en disant que tous les phénomènes connus, du moins jusqu’à présent, peuvent recevoir une explication très-sa- tisfaisante au moyen des observations qui précèdent ; qu'on la trouve tout entière dans la composition du phosphure de calcium, dans la formation et la décomposition spontanée du phosphure d'hydrogène liquide, et dans l'action des alcalis sur le phosphore d'hydrogène solide. » CHIMIE. — Sur les acides amidés, chloramidés , etc., et sur la chloranilamide ; par M. Auc. Laurenr. « J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, il y a un an environ, une théorie sur les singulières combinaisons que forme l'ammoniaque anhydre (317) avec les acides, les chlorides, les bromides, les cyanides, .…. anhydres. Cette théorie a paru trop bizarre pour mériter d’être prise en considération ; d’ail- leurs, lorsque je l'ai émise, elle n'avait aucune preuve positive en sa faveur. Cependant je n’ai pas hésité à la publier, parce qu'elle groupait, d’une ma- nière très-simple, une foule de combinaisons qui, jusqu'à ce jour, ont été mal définies, mal interprétées, et parce qu'elle était une conséquence nécessaire d'un système plus général que j'ai émis sur les combinaisons organiques. » Aujourd'hui j'apporte des preuves irréfutables à l'appui de cette théorie nouvelle. Ces preuves paraîtront plus fortes si je dis qu'elles sont tirées de faits qui lui semblaient contraires; qu'à l'aide de cette théorie j'avais annoncé que ces faits étaient basés sur des analyses inexactes, en indiquant en même temps les corrections que ces analyses devraient subir pour qu'elles vinssent corroborer mes idées. » Voici la loi qui préside à ces combinaisons : » 1°, Toutes les fois que l’on met un anhydride (je désigne sous ce nom des composés que je ne considere pas comme des acides, et que l’on regarde or- dinairement comme des acides anhydres oxydés, chlorés on bromés,.….), toutes les fois, dis-je, que l'on met un anhydride en contact avec l'ammoniaque, il y a toujours au moins 2 équivalents de ce gaz qui se combinent avec l'anhydride ; » 2°, Un de ces équivalents joue le même rôle que l'eau, c’est-à-dire que le premier équivalent d’'ammoniaque forme un composé analogue aux véri- tables acides, dits hydratés, composé que je nommerai acide amidé ou chlo- ramidé. . .; » 3°, Le second équivalent d'ammoniaque se combine avec l’acide amidé pour former un sel d’ammonium analogue au chlorure , au nitrate, au sul- fate.… d'ammonium :; » 4°. Deux, trois, quatre,... équivalents d’auhydride peuvent se réunir en un seul groupe qui se comporte avec l'ammoniaque comme un seul équi- valent d'anhydride ; » 5°, Si l'anhydride absorbe plus de 2 équivalents d'ammoniaque, l'ex- cès de celle-ci jouera le rôle de l’eau de cristallisation dans les sels, à moins que l'acide amidé qui se forme ne soit polybasique. » Le tableau suivant permettra de saisir facilement cette théorie : » Soit BO* et BCE un anhydride oxydé ou chloré; représentons l'am- moniaque, jouant le rôle de l'eau, par HAd, analogue à HO; nous aurons d'abord avec un équivalent d’eau ou d'hydrure d’amide, (CRT) Acide anhydre.... B0°+HO —BH,0:.... Acide hydraté, 3 Acide anhydre.... BO° + HAd — BH, ral .. Acide amide. cr Chloride......... BCE + HAd = BH, Ad .- Acide chloramide. Avec le deuxième équivalent d'ammoniaque, on aura Acide hydraté.... BH,0* + H°Az — B(H'Az) + O‘.... Sel ordinaire d'ammonium. 0° 0° Le ; Acide amidé..... BH, dal + H° Az = B(H'Az) + st .. Sel amide d’ammonium. 3 CE Acide chloramidé. BH, nt + H°Az — B(H'Az) + Ad .. Sel chloramidé d’ammonium. Avec un plus grand nombre d'équivalents d'eau ou d'ammoniaque, on aura Sel ordinaire. . B(H'Az)O‘ “zxHO.... Sel ordinaire hydrate. Sel ordinaire... B(H'Az)O‘ <+zxHAd... Sel ordinaire amhydraté, OU iqé Sel amidé.. ... B(H Az) dE + HAd... Sel amidé amhydraté. 3 Sel chloramidé. (HA) y} + zHAd... Sel chloramidé amhydrate. » Si cette théorie est vraie, il faudra : » 1°, Isoler quelques-uns de ces acides amidés ou chloramidés ; » 2°, Combiner quelques-uns de ces acides avec d’autres bases que l’'am- moniaque ; » 3°, Faire voir que, dans les combinaisons à 2 équivalents d'ammoniaque, il y en a un qui y est sous une forme, l’autre sous une autre; ou, si l’on veut, | que l’un de ces équivalents ÿ est à l'état d'ammonium, tandis que l’autre y est | à l'état d'amide. » M. Erdmann, en traitant le chloranil par la potasse, a obtenu un sel | que l'on peut représenter ainsi | C'0* CE K:—C"05CE + 2 KO; cest le chlorauilate de potasse dont on pent séparer l'acide chloranilique hydraté — C'20° CP + 2 HO, ( 319 ) » Si, au lieu de traiter le chloranil par la potasse; on emploie l'ammo- niaque, on obtient un composé que M. Erdmann a nommé chloranilammon (par analogie avec le sulfammon). Sa formule est CO CP + 2H°Az; elle représente une combinaison de 1 équivalent d'acide chloranilique anbydre avec 2 équivalents d'ammoniaque. M. Erdmann ne considère pas ce composé comme un sel d'ammonium. Lorsqu'on le traite par l'acide hydrochlorique, la moitié de l’'ammoniaque est enlevée, et il reste du chloranilam C'°0°CE + H°Az, qui est une combinaison de 1 équivalent d'acide anhydre avec 1 équivalent d’ammoniaque anhydre. » Enfin, lorsque l’on verse du nitrate d'argent dans du chloranilam ou du chloranilammon , il se précipite un sel que l’on peut considérer comme du chloranilate d’argent C'?Of CI? + OAg, mais qui cependant ne possède pas les propriétés des véritables chloranilates. » Lorsque le Mémoire de M. Erdmann parut, j'ai dit que l'analyse du sel d'argent avait dû être mal faite , que l’on aurait dû y trouver de l'hydrogène et de l’azote, en un mot que sa composition devait être CO: CF AzH°Ag. Je viens de reprendre le travail de M. Erdmann; j'ai trouvé ses analyses exactes, excepté celle que j'avais soupçonnée, et je suis arrivé précisément au résultat que j'avais prévu. » J'ajouterai seulement qu'avec le sel d'argent j'ai régénéré le chloranilam, et qu'avec celui-ci et l’ammoniaque j'ai pu refaire immédiatement le chlora- nilammon. » Il en résulte donc : : » 1°, Que le chloranilam est un acide chloramidé libre, formé par l'union de r équivalent d'acide anhydre avec 1 équivalent d'ammoniaque ; » 20, Que le chloranilammon est un sel d’'ammonium formé par l’union de 1 équivalent d'acide anhydre avec 2 équivalents d’ammoniaque ; » 3°, Que le chloranilammon renferme un de ses équivalents d'ammo- niaque à l’état d'ammonium, qui, avec le nitrate d'argent, donne du nitrate d’ammonium et du chloranilate amidé d'argent, et qui, avec l'acide hydro- chlorique, forme du chlorure d'ammonium, tandis que le chloranilam ou l'acide chloranilamique est mis en liberté; C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 6.) 44 (Ron) » 4°. Que le chloränilam est un acide capable de se combiner avec l'ar- gent, le plomb ; etc., et que l'hydrogène et l'azote qu'il renferme n'y sont pas à l'état d'ammoniaque, mais d’amide. » Ces conclusions sont à l'abri de toute attaque, elles sont basées sur des faits et non sur des hypothèses. » Maintenant il nous sera facile de déterminer la constitution d’un grand nombre de combinaisons bizarres que l’on rencontre à chaque pas dans la chimie , telles que le sulfammon de M. Rose , le sulfammon de M. Jacquelain, le sulfaméthane, le carbonate auhydre d'ammoniaque, la bisulfamide, l'uréthylane, l'oxaméthylane, l'acide oxamique, le sulfate de chlorure de soufre ammoniacal, l'or fulminant, l'hydrocyanate hydrosulfuré d’ammo- niaque, les combinaisons des chlorides, bromides, cyanides, chlorocya- nides,... avec l’ammoniaque, etc. » Mais, avant de le faire, je crois devoir rappeler l'attention de l'Aca- démie sur deux combinaisons analogues au chloranilam que j'ai découvertes en faisant agir l'ammoniaque sur l'isatine et la chlorisatine. Ces deux der- niers composés peuvent être considérés comme les anhydrides des acides isatique et chlorisatique. » Lorsqu'on les met en contact avec l'ammoniaque, ils se doublent pour former 1 équivalent d'anhydride qui absorbe 1 équivalent d'ammoniaque, et donnent ainsi naissance à un acide amidé et chloramidé, l'acide isamique et chlorisamique. Ces acides peuvent se combiner avec toutes les bases, on avec un second équivalent d'ammoniaque pour former un sel d'ammonium. »._ Ainsi voilà déjà trois acides libres formés par l'union d'anhydrides avec l'ammoniaque. Si l'on n'en connaît pas un plus grand nombre, c'est parce que jusqu'à ce jour personne n’a songé à les isoler, ou bien parce que l'on à mal interprété les résultats obtenus. »_ Si l’on découvrait aujourd’hui l'acide oxalique anhydre , et si on le com- binait avec l’ammoniaque anhydre, on ne manquerait pas de donner au nou- veau composé le nom d'oxammon. Cet oxammon, traité par l'acide hydro- chlorique , perdrait la moitié de son ammoniaque, et le résidu se nommerait oxam. ; » Or ces deux composés, l’oxam et l’oxammon, existent, et si l'on n’en a pas méconnu la nature, c'est-à-dire si le premier a été considéré comme un acide et le second comme un sel d’ammonium, cela tient simplement à ce qu'on ne les a pas préparés directement avec l’acidé oxalique et lammoniaque, mais par des moyens tres-détournés qui ont masqué leur coñstitution. » En effet, l'oxam n'est autre chose que l'acide oxamique de M. Balard, / \ { 391 ) correspondant au chloranilam (ou acide chloranilamique), tandis que l'oxam: mon est l'oxamate d'ammonium correspondant au chloranilammon. » Le sulfammon de M. H. Rose correspond à l’isamate , à l'oxamate et au chloranilamate d’ammonium. Deux atomes d'acide sulfurique se groupent pour former 1 équivalent d’anhydride qui absorbe d’abord 1 équivalent d'ammoniaque pour donner naissance à un nouvel acide que l’on n'a pas cher- ché à isoler et que l'on pourrait nommer acide sulfamique. Celui-ci absorbe immédiatement un second équivalent d'ammoniaque pour former le sulfam- mon ou le sulfamate d'ammonium. » Le sulfammon de M. Jacquelain est un autre sel d’ammonium, mais l'équivalent de son anhydride est formé par la condensation de 4 équivalents d'acide sulfurique. » Enfin il paraît, d’après des recherches inédites et extrêmement inté- ressantes de M. Fremy, que 6 et même 8 équivalents d'acide sulfurique pourraient se condenser en un seul équivalent d’anhydride et former avec lammoniaque de nouveaux acides sulfamiques. » Nous retrouvons l'acide sulfamique dans d’autres combinaisons. » C’est évidemment lui qui forme le sulfaméthane. » En effet, l'oxaméthane est, comme on le sait, une combinaison d'acide oxamique et de méthyle; le sulfaméthane, analogue à l'oxaméthane, doit être une combinaison d'acide sulfamique et de méthyle. » L'acide carbonique forme aussi un acide amidé. Le carbonate anhydre d'ammoniaque ne peut pas renfermer de l'acide carbonique, puisqu'en le met- tant en contact avec l'acide hydrochlorique gazeux, il ne se dégage pas d'acide carbonique. C'est un carbamate d'ammonium. Nous retrouverons cet acide carbamique dans l'uréthylane qui doit être un carbamate de méthyle. » Il en est de même de l'or fulminant, qui n'est pas un aurammon ou an aurate d'awmoniaque, mais un auramate d'ammonium. » On trouvera peut-être que je pousse l'analogie trop loin en étendant ma théorie à toutes ces combinaisons et à toutes celles que l’on obtient en faisant agir l’ammoniaque sur les chlorides, fluorides,... volatils; en effet, toutes ces combinaisons ont été si peu étudiées, qu'il paraît impossible de voir si ma théorie peuts'y appliquer. Cependant il y a deux faits principaux très-singu- liers que l’on a constatés dans tous ces composés. M. Rose a remarqué avec étonnement que l’on ne pouvait plus démontrer la présence des anhydrides dans leur combinaison avec l'ammoniaque, et, de plus, que le chlorure de platine n'en séparait ordinairement qu'environ la moitié de l'ammoniaque 44. ( 322 ) absorbée. Ces deux faits sont la conséquence de ma théorie. En effet, le sul- fammon ne renferme pas de l'acide sulfurique, mais de l'acide sulfamique. L'oxammon ne renferme pas de l'acide oxalique, mais de l'acide oxami- que, etc.; et, comme je l'ai fait voir plus haut, il n'y a qu'une partie de l’'am- mouiaque qui soit, dans ces composés, à l'état d'ammonium. » Il est inutile de citer un plus grand nombre d'exemples. Les chimistes qui voudront faire des recherches dans cette direction trouveront facilement de nouveaux acides, et pourront doubler en peu de temps le nombre des sels connus. » Une conclusion importante me paraît résulter forcément de la théorie que je viens d'exposer, c'est que les sels ne sont pas des combinaisons d'acides anhydres avec les oxydes, ou, si l'on veut, que les acides dits hydratés ne ren- ferment pas d’eau. En effet , les acides chloramidés forment avec les oxydes des sels qui ne renferment pas d'oxygène , par conséquent pas d'oxydes ; puisque les acides chloramidés ne renferment pas d'eau, il en sera de même pour les acides amidés, et par conséquent pour les acides hydratés. On pourrait répondre que les acides amidés renferment de l’hydrure d'amide au lieu d'hydrure d'oxygène ou d'eau, et que par conséquent les acides ordi- naires contiennent de l’eau. Mais cette hypothèse serait contraire à l'expé- rience, qui démontre que les sels amidés ne renferment pas d'ammoniaque ou d'hydrure d’amide , puisque les acides , les bases ou le chlorure de platine ne peuvent pas déceler dans ces composés la présence de cette ammoniaque. » Tous les acides hydratés et les hydracides anhydres sont simplement des combinaisons d'hydrogène, qui, mises en présence des oxydes , réduisent ceux-ci en formant de l’eau qui se dégage, tandis que le métal vient prendre la place de l'hydrogène enlevé. » D'après cette définition, tous les sels à hydracide et à oxacide, les sels amidés et chloramidés, rentrent dans une même classe, et l'on n’est pas obligé pour cela de recourir à la théorie de Davy, qui encombre la science d'une quantité innombrable de corps hypothétiques. J'aurais d’autres raisons à faire valoir contre la présence de l'eau dans les acides , raisons tirées d’un autre ordre d'idées, des rapports numériques qu'offrent les atomes dans les acides anhydres et hydratés ; mais elles m'éloigneraient trop du sujet principal de ce Mémoire. Je terminerai cet exposé en donnant les propriétés d'un corps très-intéressant qui vient combler une lacune dela série chloranilique , et qui rapproche celle-ci de la série oxalique; je veux parler de l’amide de l'acide chloranilique , ou la chloranilamide. ( 333 ) » On la prépare en versant de l'ammoniaque alcoolique sur le chloranil. I] se forme, sous l'influence d'une douce chaleur, une bouillie d’aiguilles fines , d'un rouge brun bronzé, dont voici la composition : C': O0: CE H' Az. L'équation suivante explique sa formation : C! O0‘ CF + 4 H° Az — CO: Cl H' Az° + 2 (CI, H' Az). Chloranil. » La chloranilamide est indécomposable par les acides ; la potasse la dis- sout à froid sans la décomposer ; par l’ébullition, il se forme du chloranilate potassique, et il se dégage de l'ammoniaque. » Avec l'acide sulfurique, elle forme une dissolution rouge violacée : une goutte d’eau la fait passer au bleu , une plus grande quantité d’eay la ramène au rouge violacé , puis la chloranilamide se précipite sans altération. » Si l'on réunissait dans un seul tableau toutes les formules qui ont été pro- posées pour le sulfammon, la sulfamide, l’oxaméthane, les chlorides ammo- niacaux , etc., etc., on aurait l'image du chaos. Mais que l’on groupe ces corps d'après ma théorie, aussitôt les propriétés des corps se comprennent, leurs formules deviennent d’une simplicité remarquable, et entièrement sem- blables à celles des sulfates, des oxalates, etc.; pour le prouver, je me conten- terai d'établir un parallèle entre quatre ou cinq séries. PY PV OS Ts -(9) OpIUUJ[UR :S+PVPV 49|° °°° "eprurquu-oJins aNPy <0:6|°(6) ‘ou op Jin BY ASS 710 7 “)|-{e) ‘we,p es|,g+wuypy $9|°'(9) aeuwuqaeo-oyins Pv :S uyuy 40:S|'uouue,p 21eJqne ,S-uyury 0 /|"uoumurp ‘qir2-0J[ns uy PY “0.Sl'urue povwueyqng HPY ‘0.S|' ‘onbrueyins °2y apv Loluqu'uns ovl,s+ pv &9/-(0) ‘wrqueo-ojqus "0 VD He) A G) ‘Vos (+) “ouvpigowe]ins (6) HH “O:S| *apAq‘anyins 0y ,S+ HH %ol'angmsoiphy ‘dus ‘oy -(oz7) onbeuowuwep pauyqus-oupêy amwue£o-o1pây (8) 00 ‘0:S/'pâque"angqns -0y “oanpns-01pfq onbiuvfo-oupq eproy (£) ‘nuuoou (9) ‘eur S+ $$S %o/°°"enbiuoques spyins -vsemuy {G) “onbiuopuiqua no onbnesumt aptoy (}) ‘anuuoco en -uy (€) “ouepéquung (€) “onbeuouur,p o1pâque awuoque (1) “HADINAAINS AUS “HAdINOUUVI-OUINVATIS AIYAS “HN0INOAMVO-OATNS ALIAS ,0+ pv ev SO ,ul''epuuesuoqyo|,0+ pv pv &oul:°(6) opuueslO+PY PV “19:0u0|° ePrUeqUWOHOlO+ PV PV O1) |" "PIUEXO NO PV PV 2) (g) ‘opruvque) ‘M ,0+ 14 PY 40,9|-u2,p ‘wexo|,0+17 Pr 40|: (©) eme ‘wvquro :T | 0+uvypv 0 ul'uep *suouol,o-+ uv pv ou luue.p-wesil,o+wypy 19.040|°"owuwenumonmol,o+uvpy 0,0| wep ‘wexO|,0+mypv &)| (À) ‘urpoeurqeo ‘H 40+ HPY O4 wusmoquo ovlOo+ HPV qu'elle pourra, dans certains cas, demeurer croissante jusqu'à A;_,, ou même à A;, mais elle sera nécessairement décroissante depuis DA SAS 12 jusqu’à À, : l’origine du coefficient &, ainsi que des autres coefficients de la suite, sera expliquée dans le Mémoire. » Si l’on applique cette formule au cas de 7 — 9, on aura à I I L=log (10) — [06228 Ada 0 + ete. | or log (10)— 2,30258; il en résulte L— 1,807... Le nombre entier À con- sécutif à L étant 2, le terme A, est, dans cet exemple, A, ; c'est, en effet, celui à partir duquel les A,, A,,..., À, ne cessent de décroître dans la fac- T(x+10) L torielle T(z) que nous avons rapportée. ( 380 ) » Ainsi, lorsque l’on a formé le produit des nombres naturels 1, 2,3, ...,7, et que ce produit est A—1.2.3...n; que l'on a formé la somme A, des produits z—1 à n—1 de ces nombres; la somme des produits A, de ces mêmes entiers, pris 2 — 2 à z — 2, et ainsi des autres sommes A,, À, , etc.; la plus grande de toutes ces sommes, ou le terme principal, se trouve ré- pondre à un indice #, ou k—1, ou k—2, h étant à peu près l’entier supé- rieur à log (2) quand 7 est un fort grand nombre. » Dans la question de probabilités proposée ci-dessus, la plus grande des chances sur un nombre 7 d'épreuves répond donc à l'un des trois indices h—9,h— 1, ou h, le nombre étant déterminé par la formule que nous venons de rapporter ; et quand ce nombre d'épreuves est fort grand, À est presque égal à log(2), c’est-à-dire que la meilleure chance à choisir serait celle d’extraire la boule blanche dans les 7 tirages, un nombre de fois mar- qué par l’entier supérieur log (n) — «&, ou par l'un des deux entiers inférieurs : alors ces trois chances diffèrent peu l'une de l’autre. » On voit maintenant à quel point le résultat auquel nous arrivons sem- ble s'éloigner de ce qu'enseigne la première proposition de Bernoulli : cette proposition prouve que l'indice de la plus haute probabilité, dans les répé- titions très-nombreuses des épreuves à chances constantes , est proportionnel au grand nombre n des répétitions de l'épreuve; dans notre problème, où les chances varient sans cesse d'une épreuve à l’autre, l'indice de la haute probabilité est fourni par le logarithme hyperbolique du nombre des répé- titions, au lieu d'être proportionnel à ce nombre partagé selon le rapport constant des probabilités de l'épreuve simple. » Poisson a traité d'une manière très-générale les probabilités qui résul- tent de la répétition indéfinie des épreuves à chances variables, afin d'étendre les théorèmes de Bernoulli, ou plutôt de trouver la règle qui doit leur être substituée, quand les chances opposées de deux événements ne sont plus constantes à chaque épreuve : sous ce rapport, la question dont je viens de m'occuper semblerait rentrer dans la catégorie de celles que Poisson avait en vue; mais on remarquera aisément, en suivant l'analyse fort délicate de l'illustre géomètre, qu'elle suppose que la probabilité variable de l'un des événements dans les épreuves successives ne décroisse pas sans cesse, de manière à s'annuler si le nombre des épreuves est infini; l’auteur excepte formellement ce cas qui est précisément celui du problème que j'ai voulu résoudre. On remarquera, en outre, que toute l'analyse de Poisson repose expressément sur la supposition du nombre immense des répétitions, qu'il nomme 2, et quil entend traiter comme infini : dans mes spéculations, le (381) nombre z est supposé d’une certaine grandeur, de 8 ou 10, unités par exemple, et peut être ensuite indéfiniment augmenté. Ces circonstances du problème ont exigé une analyse qui diffère essentiellement de celle de Pois- son ; mais je me suis assuré que dans le cas du nombre infini des répétitions, ou du moins dans le cas de 7 immense, la proposition énoncée dans l’ar- ticle 95 de l'ouvrage Sur la probabilité des jugements en matière criminelle, pourrait fournir le même résultat que ma formule, en sorte que cette pro- position convient à un cas qui semblait hors des conditions de sa démons- tration. » ÉCONOMIE RURALE. — Expériences sur l'alimentation des vaches avec des betteraves et des pommes de terre ; par M. Boussicauzr. (Extrait.) « Dans ces derniers temps, M. Playfair a publié quelques observations qui sont de nature à faire supposer que la matière butyreuse du lait peut avoir pour origine, tout aussi bien le sucre et l'amidon , que les substances analo- gues aux corps gras qui font généralement partie des fourrages. Au premier aperçu, ces observations semblent concluantes. Malheureusement, M. Playfair, pressé sans doute d'arriver à une conclusion, a exécuté ses recherches avec une telle activité, qu'en quatre jours, il a essayé successivement l'influence de quatre régimes distincts sur la lactation ; et, dans son empressement, l’auteur s'est contenté d'analyser le lait, en négligeant la détermination des principes solubles dans l’éther qui existaient dans les aliments consommés. C'est ainsi que M. Playfair admet dans le foin 1 £ pour 100 de matières grasses , lors- qu'il est avéré aujourd'hui que ce fourrage en contient généralement plus de 3 pour 100. Aussi, en assignant aux aliments employés la proportion de substances grasses qui s'y rencontre le plus habituellement, on trouve que, sur les quatre expériences, il y en a deux qui justifient l'opinion qui attribue - l'origine de la graisse des animaux aux corps de nature grasse qui préexistent dans les végétaux alimentaires ; les deux autres expériences ont donné, tout au contraire, des résultats qui ne s'accordent plus avec cette manière de voir. » Dans ces deux expériences qui, ensemble, ont duré quarante-huit heures et pendant lesquelles la vache a reçu pour nourriture , dans un cas, du foin, des pommes de terre et des fèves; et dans l’autre, du foin et des pommes de terre seulement, le beurre contenu dans le lait recueilli en un jour excédait de près de 300 grammes la matière grasse que l’on pouvait supposer dans les fourrages. Si ces deux observations sont exactes, et je n’élève pas l'ombre d'un doute sur leur exactitude, il semble effectivement qu'on doive en con- ( 382) clure que la plus grande partie du beurre a été formée avec l'amidon des tu- bercules qui entraient pour plus de 12 kilogrammes dans la ration diurne. » Je ne crois pas cependant qu'une observation de quarante-huit heures soit suffisante pour tirer, je ne dis pas une semblable conclusion, mais une conclusion quelconque quand il s'agit d'une question d'alimentation. En res- treignant dans des limites trop étroites la durée des observations, on peut ar- river aux conséquences les plus fausses. Par exemple, M. Playfar a fait consommer à une vache 613 de foin, et 13“!,6 de pommes de terre, ration dans laquelle il entrait au plus 250 grammes de matières grasses, et on a obtenu 11Ki,5 de lait, renfermant, d’après l'analyse, 540 grammes de beurre; il ya eu par conséquent dans le lait 290 grammes de gras de plus qu'il ne s'en trouvait dans le fourrage. Mais l'intervalle de vingt-quatre heures est tellement court , que je suis persuadé que si l'on n'eût rien du tout donné à manger à la vache, que je suppose grasse et bien en chair, elle aurait encore rendu, malgré l'abstinence, 8 à ro kilogrammes de lait, contenant certainement 300 à 400 grammes de beurre. En concluerait-on que le beurre dérive de rien ? Non, saus doute, et on admettrait, comme on l’admet dans les expé- riences sur l'inanition , que dans cette circonstance un animal forme les pro- duits qu'il rend par la respiration et par les sécrétions, aux dépens de sa propre substance, en perdant de son poids? » A une époque où je n'attachais pas une bien grande importance à la pré- sence des principes gras dans les fourrages, j'eus l'occasion de reconnaitre l'effet défavorable que produit sur les vaches laitières une ration dans la- quelle il entre une trop forte proportion de pommes de terre. Une vache ra- tionnée avec 38 kilogrammes de tubercules, et qui mangeait en outre de la paille hachée, continua à donner le lait qu'elle rendait sous le régime du foin ; le lait diminua graduellement, comme il arrive toujours à mesure que l'époque du part s'éloigne. Sous l'influence de cette nourriture, qui ne comportait pas assez de matières grasses, la vache souffrit notablement, mais il fallut qu'il s'écoulât un certain temps pour s'apercevoir de l'amaigrissement qu'elle éprouvait ; si l'observation, qui s’est prolongée pendant onze jours, n'eût duré que vingt-quatre heures, le résultat fâcheux qu’on a constaté aurait sans doute passé inaperçu. » S'il était démontré que, dans l'alimentation des vaches, le sucre et l'amidon concourent directement à la production du beurre, et que, par conséquent, les racines et les tubercules peuvent être substitués sans incon- vénient au foin, aux grains, aux tourteaux huileux, la pratique retirerait tres-fréquemment, de cette substitution, des profits considérables. La ques- = (383) tion de l'influence d'un semblable régime sur la lactation ne saurait donc être trop examinée, et c’est en raison de son importance et en vue de son utilité, que je me suis décidé à nourrir deux vaches uniquement avec des betteraves et des pommes de terre. » Les deux pièces mises en expérience se trouvaient dans des conditions assez semblables. Galatée, âgée de sept ans (n° 5 de l’étable), avait fait son veau quatre-vingt-seize jours avant le commencement des observations. Waldeburge (n° 8)avait vêlé depuis quarante jours; on venait de lui retirer son veau. Ces deux vaches étaient au régime de l'étable, qui se composait, par tête et par vingt-quatre heures, de EO AC - 0. 0e CT KIOSTAMINES, Pommes de terre. . . . . . . 8,5 RELÉOrAVES ee DT ere T2 Tourteau de colza... ©. . . nu 7 Paille hachée à discrétion. Avec ce régime, la moyenne du lait rendu par chacune de ces vaches a été de 8 à 9 litres. » Comme il importait que les vaches ne prissent aucune autre nourri- ture que celle sur laquelle il s'agissait d'expérimenter, on les priva de litiére, et, afin qu'elles ne souffrissent point de cette privation, on établit dans leurs stalles une estrade en planches, sur laquelle elles reposaient commodément. » On peut juger, par l'ensemble des pesées exécutées dans ces recherches, de l'état d'amaigrissement auquel sont arrivées les deux vaches laitières par suite de l'alimentation aux racines et aux tubercules, et malgré le régime réparateur du regain qu'elles ont reçu dans l'intervalle des deux expériences extrêmes. Poids des deux vaches. Pendant l'alimentation normale , huit jours avant la première expérience. . . 1205 kil. Après avoir été nourries pendant quelques jours (/estées) avec des betteraves. 1161 Après dix-sept jours de régime aux betteraves. . . . . . . . . . . . . . . . 1074 Après avoir été lestées avec du regain de foin. . . . . . . . . . . . NT AN TUT/ Après quinze jours de nourriture au regain de foin.. . . . . . . . . . . . . 1156 Après avoir été lestées avec des pommes de terre. . . . . . . . . . . . . . . 1073 Après quatorze jours d’alimentation aux pommes de terre.. . . . . . . . . . 1040 Différence extrême. . : . . 165 kil. » On trouve, en définitive, que les deux vaches mises en expérience ont perdu, par tête, 82,5, par suite du régime aux betteraves et aux pommes C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T, XIX, N°8.) 22 ( 384) de terre. Cette énorme perte explique suffisamment l’état de maigreur dans lequel sont tombés ces animaux, auxquels il a fallu un temps assez long pour se rétablir. Le n° 5 n'a plus voulu recevoir le taureau; cette vache a repris de l'embonpoint, mais son lait a diminué constamment, jusqu’à dispa- raître presque entièrement. Waldeburge, le n° 8, a continué à donner du lait tout en prenant de la graisse; elle a été saillie et porte. » Ainsi, à compter de la fin de l'expérience faite avec les pommes de terre, les vaches mises d’abord au foin pendant quinze jours, et au trefle durant un mois, ont pesé : N°5 ... 575kilogr., ayantrendu 4 litres de lait par jour. IN SPA MOTO 5 Après deux mois de régime au trèfle : NCA ETF AE GTO Lait par jour, 2 NÉS PET RD 6 les deux vaches avaient repris leur poids initial. » Il résulte évidemment des faits qui viennent d'être exposés, que les betteraves ou les pommes de terre données seules sont insuffisantes pour nourrir convenablement les vaches laitières, alors même que ces fourrages sont administrés avec abondance , on peut même dire à discrétion, puisque trés-souvent les vaches ont laissé une partie de la ration qui leur était offerte. » Une ration alimentaire peut être insuffisante par diverses causes : 1° si la nourriture ne contient pas une quantité de principes azotés capable de réparer les pertes des principes également azotés qui sont éliminés de l'orga- nisme; 2° si les matières digestibles ne renferment pas le carbone nécessaire pour remplacer celui qui est brûlé dans la respiration ou rendu avec les sécrétions; 3° si les aliments ne sont pas assez chargés de sels, particulière ment de phosphates, pour restituer à l'économie ceux de ces principes salins qui en sont continuellement expulsés; 4° enfin, et d’après des vues qui ont été émises dernièrement, la ration sera insuffisante, si elle n'est pas assez riche en matières grasses pour suppléer à celles qui sont entrainées par le lait ou par les autres sécrétions. » Ges principes admis, il convient d'examiner si les régimes alimentaires auxquels les vaches ont été soumises dans le cours de ces recherches, rem- plissaient les diverses conditions qui, par leur ensemble, constituent en ali- ment complet. (385 ) POIDS des aliments PRINCIPES CONTENUS. ou des produits pour vingt-quatre Acide Matières heures. Coone: Viande. phosphorique (*).| grasses. Nourriture aux betteraves. Une vache a rendu : lait Excréments secs (**) Bettcraves consommées. ........,.... DIET EnCES --cee-cebee er e-e-t Nourriture aux pommes de terre. Une vache a rendu: lait Excréments secs Pommes de terre consommées Différences............ DHétrent 26 ce Nourriture au regain. Une vache a rendu: lait........ ... D EXCLÉMENES SELS LS ee en es ame els 191 Regain consommé........, DEEE Done 2 1177 Différences........... Me Saba : + 986 + 47 (*) Acide phosphorique formant des phosphates de chaux, de magnésie, de fer et de potasse. (**) D'après mes anciennes analyses, j’admets 0,40 de carbo ne. » On voit que les éléments que l’on considère généralement comme essen- tiels à la nutrition étaient abondamment représentés dans les régimes qui ont été étudiés. On sait qu'une vache brûle, en vingt-quatre heures, par la res- piration, 2 à 3 kilogrammes de carbone, en même temps qu'elle en émet 300 à 400 grammes par les urines. L’excès de carbone, qu'on remarque con- stamment dans les aliments, suffit évidemment pour subvenir aux pertes qui bo. ( 386) ont lieu par les voies que je viens d'indiquer. On reconnaît également que, dans les trois régimes, les substances azotées, les phosphates ont toujours été en grand excès par rapport aux mêmes principes qui existaient dans le lait dosé : cette quantité excédante a nécessairement passé dans les déjections. Ainsi, dans la nourriture reçue par les vaches, il y avait assez de sucre et d'amidon, assez de principes azotés, assez de substances salines pour suffire à la production de la chaleur animale, pour réparer toutes les pertes occa- sionnées par les sécrétions ; et cependant, sur les trois rations essayées , il en est deux, celle des racines et celle des tubercules, qui ont été réellement in- suffisantes. Ce sont précisément les deux rations qui contenaient une quantité de principes gras de beaucoup inférieure à celle qui faisait partie du lait et des déjections. » Les faits qui sont rassemblés dans ce Mémoire recevront sans doute di- verses explications. Cependant je crois que leur interprétation la plus natu- relle, celle du moins qui s'accorde le mieux avec l'ensemble des résultats pratiques que j'ai eu l’occasion d'enregistrer, consiste à admettre que les aliments des herbivores doivent toujours renfermer une dose déterminée de substances analogues à la graisse, destinées à concourir à la production du gras des tissus, ou à la formation de plusieurs sécrétions qui, comme le lait et la bile, contiennent des matières grasses en proportion notable. Si, malgré une dose insuffisante de principes gras dans les fourrages qu'elles consom- ment, des vaches continuent à donner les produits qu'on en obtenait sous l'in- fluence d’un régime alimentaire complet, c'est qu'elles contribuent à l'élabo- ration de ces sécrétions aux dépens de leur propre graisse. Chaque jour peut- être, pendant un temps limité, une vache, placée dans ces circonstances, rendra le même nombre de litres de lait. Il n'y aura pas diminution subite ; mais chaque jour aussi, comme je l'ai constaté, la vache perdra 1 à 2 kilo- grammes de son poids; et si l'on persiste à lui donner une nourriture incom- plète, quelque abondante que soit d’ailleurs cette nourriture , l'amaigrisse- ment qui en sera la conséquence pourra devenir tel, que l'existence de la va- che en soit sérieusement compromise. » « M. Duwas, après avoir donné lecture du Mémoire de M. Boussingault, ajoute qu'il vient de recevoir, en outre, une Lettre de son honorable ami, dans laquelle il lui donne les détails de l'expérience qu'il vient de terminer sur l'engraissement des porcs au moyen de pommes de terre. Les résultats en sont parfaitement d'accord avec ceux qui concernent la production du beurre. (387) » Deux porcs jumeaux ont fait l'objet de l'expérience. L'un pesait 6ok,5 et renfermait 15K,48 de graisse anhydre. » L'autre pesait 59*,5. Il a été mis au régime des pommes de terre pen- dant deux cent cinq jours. Il a, pendant ce temps, dévoré 1 500 kilogr. de tubercules renfermant 3 kilogr. de graisse anhyäre. Or, à l'analyse, cet ani- mal a donné 17,39 de graisse également anhydre. » Il est évident que ce résultat est tout à fait contraire aux opinions qui admettent la formation de la graisse par les herbivores, et qu'elle s'accorde avec celles qui ont été émises de concert par MM. Boussingault, Payen et moi, » M. Wan fait hommage à l'Académie du XVIII volume de [4/1 de vérifier les dates. - « Ce volume, dit M. Warden, contient une description géographique et historique de six provinces de l'Amérique du Nord, jusqu’à l'établissement .de leurs constitutions respectives, comme États indépendants; savoir, New-York, Pensylvanie, Maryland , les deux Carolines et la Georgie. » RAPPORTS. BOTANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Ducnarrre, docteur ès sciences, ayant pour titre : Observations sur l’organogénie de la fleur, et en particulier de l'ovaire, chez les plantes à placenta central libre. (Commissaires, MM. Ad. Brongniart, Ach. Richard, Gaudichaud rapporteur.) « La science des végétaux marche à grands pas vers une ère nouvelle , dont notre époque pourra se glorifier. » De toutes parts, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, etc., paraissent chaque jour des travaux remarquables sur l'organographie, l'or- . ganogénie et la physiologie, sciences importantes, surtout en ce qu'elles éclairent l'agriculture dans toutes ses parties, la botanique proprement dite dans toutes ses ramifications. --» La botanique, malgré les savants efforts et les lumières des hommes illastres qui l'ont pour ainsi dire créée, malgré les innombrables découvertes faites dans le dernier siècle, et celles peut-être plus remarquables de celui que nous parcourons, marche pourtant encore aujourd’hui d'un pas incertain, souvent même très-irrégulier, dans plusieurs des directions qu'elle suit. Et pourtant, messieurs, jamais l'analyse ne fut poussée aussi loin que de nos (388) Jours; jamais on n’étudia mieux les caractères de végétation et de fructifica- tion; jamais on ne pénétra plus avant dans les mystérieux caractères des fleurs et de leurs parties. » Quelles sont donc les nouvelles entraves qui viennent arrêter les bota- nistes dans leur élan progressif, dans leurs classifications et leurs systémati- sations déjà si avancées, et leur barrer pour ainsi dire le chemin qui mène à la vérité? » Ces entraves, les voici : » Il en est des parties des fleurs et des fruits, qui pour nous sont, comme les feuilles, des individus distincts, des phytons, comme des êtres de l'autre règne organique; ils naissent, se développent dans certaines limites, jusqu'au point qui constitue leur état adulte, en passant par une foule de modifica- tions, toujours subordonnées à leur nature, aux parties végétales sur lesquelles ils naissent tout greffés, et aux principes nourriciers diversement élaborés qu'ils reçoivent des tissus d'où ils procèdent. » Or, jusqu'à ces derniers temps, on attendait généralement pour étudier les fleurs et les fruits, que les unes fussent épanouies, parées de leurs nuances et de leurs parfums; les autres développés, mûrs et chargés de leurs sermes reproducteurs. » On voulait des êtres accomplis, et tels en effet qu'il les faut pour les bien apprécier physiquement et les caractériser de tout point, et l'on ne songeait pas que ces êtres avaient un commencement comme une fin; qu'ils étaient nés d'un germe reproducteur, d’un organe primitif spécial, chargé en quelque sorte de les créer, et qu'une fois engendrés, ils subissaient la loi commune des modifications organiques, et les phases de développement des êtres vi- vants, jusqu’à l'état normal où s'accomplissent les fonctions et qui précède la mort. » Et cela parce qu'on restait, sans s'en apercevoir, sous l'empire des fausses théories qui attribuaient l’origine des feuilles, des fleurs et des fruits, les unes à l'écorce, les autres au liber, à l'aubier, au bois et à la moelle, parce qu'on ne voyait dans ces parties qu'une sorte d'expansion à l'extérieur des divers tissus intérieurs du tronc qui, lui, jouissait de la faculté de les renou- veler d’une maniere incessante. » Ces théories sont à jamais bannies de la science. Mais en est-il de même des idées générales qui s'y rattachaient? » Non, messieurs, ces idées vivent encore et sont fortes, puissantes. Elles dominent presque tous les esprits, et planent sur les travaux les plus récents, méme sur ceux des hommes les plus éminents dans la science. ( 389 ) » Chaque jour encore elles se reproduisent, mais sous d’autres formes, et ces formes, toutes spécieuses qu'elles sont, ont une si grande autorité aux yeux de quelques savants, qu’elles leur empêchent de voir la vérité qui sort par tous les pores des végétaux. » L’organogénie seule pouvait nous tirer de ce chaos. ». De nombreux travaux ont déjà été faits dans cette direction scientifique, et tous ont porté et mûri leurs fruits. Mais, il faut bien le reconnaître, cette science est nouvelle et très-jeune encore, et n'a marché, jusqu'à ce jour, que d’un pas mal assuré, sans direction, et dans des routes incertaines ; parce que ceux qui se sont livrés à son étude ne l'ont fait que d'une manière accessoire et presque aventureuse , alors qu'il fallait s'y consacrer entièrement, en révé- ler les principes et en établir les bases. » Mais ce que nous et nos prédécesseurs n'avons pu faire, de nombreux savants l'ont entrepris et sauront l’accomplir; parce qu'il y a en eux, en outre de l’ardeur que donne la jeunesse, le talent et la foi scientifique qui sont les garants du succès. L'Académie trouvera la preuve de ce que j'avance dans les précédentes communications de M. Duchartre, spécialement dans celles qui concernent ses études sur la Clandestine d'Europe, sur l’origine de la fleur des Malvacées, etc. ; dans celles plus récentes de MM. Barnéoud et Planchon, sur lesquelles M. Auguste de Saint-Hilaire et moi avons appelé l'attention de l’Académie ; et surtout dans celle qui va former le sujet de ce Rapport, et qui est due encore à M. Duchartre. » Les principes de l'organogénie sont aussi simples qu'évidents. Nous les résumerons provisoirement ainsi : » 1°. Tout s'organise dans la cellule; » 2°. Toutorgane dit appendiculaire, de la végétation ou de la fructifica - tion , résulte d’une cellule animée ; » 3°. La cellule organisée produit un bourgeon à feuilles, à fleurs ou ovulaire; » 4°. Tout préexiste dans le bourgeon quelconque; rien d'organisé n'y monte, pas plus que dans la cellule; » 5°. L'ordre de succession des parties, dans les bourgeons à feuilles, à fleurs, ainsi que dans les ovules, a toujours lieu de la circonférence au centre. » Les anomalies qu'on observe souvent, et qui sont dues à l'excès ou au défaut de développement de ces parties, loin de se montrer opposées à nos principes, tendent au contraire à les démontrer et à prouver l’'individualité des phytons floraux. ( 390 ) » De ces sortes d’alternances, qui s'observent dans le développement des parties des bourgeons à feuilles, à fleurs et ovulaires , alternances qui sont régulières ou irrégulières, et variables sous tous les rapports, résultent les avortements, les anomalies, et toutes les métamorphoses qui caractérisent les feuilles, les fleurs, les fruits, les ovules et les graines de certains groupes végétaux. » Les exemples sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les mention- : ner ici. . » Nous possédons déjà d'assez grands travaux organogéniques sur les or- ganes de végétation; mais, il faut bien le reconnaître, nous n'en avons que très-peu sur Les organes de la reproduction. » A quoi cela tient-il, messieurs? À la direction imprimée aux idées et aux études; à l'imperfection de nos moyens d'investigation , et aussi à l'ex- trême ténuité des parties sur lesquelles il faut opérer, et qui, pour être bien étudiées, ne doivent généralement pas dépasser, dans leurs dimensions, quelques fractions de millimètre. » En effet, une cellule s'anime pour former une fleur; cette cellule, qui n'a pour étendue que tout au plus - de millimètre, se montre sous la forme d'une très-petite masse particulière, et plus ou moins circonscrite, de nouvelles cellules sans dimensions appréciables. Il en résultera, si l’on veut, la bractée naissante. » Une ou plusieurs des très-petites cellules de cette masse primitive s’ani- meront à leur tour pour former le calice, dont les lobes, des qu'ils seront vi- sibles avec nos moyens d'amplification les plus puissants, apparaîtront comme autant de petits globules plus ou moins ovoïdes et transparents : au centre de ceux-ci s'en montreront d’autres qui produiront les pétales; de plus intérieurs encore donneront les étamines; puis enfin viendront les pistils. Toutes ces parties, ainsi que les ovules qui naîtront plus tard, se montreront, dans l'ori- gine, comme autant de petits mamelons également ovoïdes et diaphanes. » Ces cellules de chaque verticille s’animent-elles ensemble ou séparé- ment ? » Il nous sera, je pense, assez facile de démontrer, malgré les immenses difficultés du sujet, qu'elles s'animent et se disposent séparément, dans l'ordre qui leur est assigné par la nature, pour se développer ensuite, régu- lièrement ou irrégulièrement, verticille par verticille, avec des inégalités de forces dans les parties qui composent chaque verticille, comme dans les ver- ticilles entre eux. » Ces phénomènes de succession des organes, de la circonférence au ( 397 ) centre, c'est-à-dire dont les plus extérieurs ou inférieurs sont toujours les pre- miers constitués, sinon les premiers développés , sont évidents pour tous les organes de la végétation, ou, autrement dit, pour les bourseons à feuilles. » Maisil ya, vous le savez, messieurs, deux grands types organiques dans les végétaux vasculaires, les monocotylés et les dicotylés. » Dans les monocotylés, les cellules ne s'animent jamais que les unes après les autres, les unes par les autres, pour produire des individus univasculaires distincts, qui sont soumis à une loi organogénique encore inconnue. Cette loi, qui préside aux déviations et aux agencements, produit ce que nous nommons des verticilles. » Les verticilles, dans ces végétaux , ont pour type de disposition le nom- bre 3 et-ses multiples, et non l'alternance distique des organes flabellés qui devrait être leur état normal. » Dans les dicotylés, les cellules qui ne s’animent aussi que les unes après les autres, pour produire des individus bivasculaires ou doubles, ont naturel- lement pour type normal les organes opposés, c’est-à-dire le nombre > et ses multiples. Eh bien , ce groupe offre dans ses verticilles toutes les mo- difications imaginables , dans lesquelles pourtant domine le nombre 5. » On se tromperait fort, selon nous, si l'on pensait, par exemple, que dans les monocotylés, les organes naissent trois à trois ou six à six; et dans les dicotylés, trois à trois, quatre à quatre, cinq à cinq, etc., disposés en spirales plus ou moins verticillées : les choses ne se passent pas ainsi. » Dans les monocotylés, les organes sont constamment simples, s'engen- drent toujours les uns après les autres, se symétrisent ensuite d’après leurs lois organiques propres, pour se développer plus ou moins directement ensemble. » Dans les dicotylés, les organes s'engendrent aussi séparément, sont constamment doubles, et se symétrisent d'une manière spéciale par l'effet de cette complexité organique. De l'égalité ou de l'inégalité de force des indi- vidus qu'ils constituent , résultent toutes les modifications organiques qu'on. observe dans les tiges, dans les fleurs, dans les fruits et dans toutes les parties qui les composent ; modifications qui sont ordinairement produites par la déviation, la greffe médiate ou immédiate , et l'avortement complet ou par- tiel de quelques-uns des phytons ou de leurs articles. Vous comprenez, mes- sieurs , que nous ne pourrons expliquer les mystères de ces avortements, de ces déviations et de ces agencements divers, dans les feuilles et dans les parties des fleurs et des fruits, que lorsque l’organogénie nous en aura dé- voilé les causes. C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX , N° 8.) 53 ( 392 ) » Ce que nous savions déjà du développement des bourgeons à fleurs nous prouvait que tout s'y passait de la même manière que dans les bourgeons à feuilles, et que la cellule précède toujours l'organe qu'elle engendre; ce que d'ailleurs l’analogie nous enseignait suffisamment. Mais nous n'avions pas assez de faits pour généraliser d’une manière vraiment scientifique , et la prudence nous conseillait d'attendre encore. 7 » Ces faits, quelle que soit la manière de les envisager, nous arrivent de toutes parts, nous les recueillons avec soin et les réunissons à ceux qui exis- tent déjà dans la science ; nous en formons un faisceau qui servira de base à la nouvelle doctrine organogénique que nous avons déjà indiquée et que nous nous proposons de soutenir , si nous ne sommes précédés en cela par les jeunes savants qui sont entrés avec tant de bonheur dans cette nouvelle direction scientifique. » Cependant , puisque la théorie du développement des organes partieu- liers, produits par des cellules spéciales , n'est pas encore entièrement dé- montrée aux yeux de tous les savants ; puisque les modifications organiques , intérieures et extérieures, qu'éprouvent ces cellules en s'animant , et en se convertissant en systèmes cellulaires distincts où protophytes, toujours greffés dès leur origine, par leur base, et plus ou moins par leurs côtés, ver- ticilles par verticilles, sont loin encore d'être démontrées et même connues ; nous ne considérerons provisoirement ici les verticilles floraux que comme des systèmes cellulaires concentriques distincts et diversement mamelonnés, continus entre eux, mais se formant ou s'animant les uns après les autres, de la circonférence au centre, par excès ou par défaut de vitalité individuelle de chaque verticille, ce qui ne formera pas un de nos moindres arguments en faveur de la théorie des mérithalles. » Ces considérations générales, dont votre rapporteur prend personnel- lement toute la responsabilité, nous ont paru devoir prendre place ici à titre d'introduction au Rapport que l'Académie nous a chargés de faire sur le Mé- moire de M. Duchartre. » Ce Rapport, le voici: » Plusieurs botanistes éminents se sont occupés, depuis quelques années, des plantes à placenta central libre, ou chez lesquelles la partie qui porte les ovules occupe le centre de la cavité de l'ovaire, sans se rattacher latéra- lement à ses parois. Néanmoins cette question importante n'est pas encore suffisamment fixée; peut-être même, comme va le prouver M. Duchartre, est- elle envisagée généralement d'une manière peu exacte. Cet habile botaniste a reconnu qu'il était un moyen assuré pour la décider d'une manière positive, ( 395 ) et que ce moyen consistait, non à faire des observations multipliées sur des fleurs à peu près adultes, ainsi qu'on l’a fait le plus souvent, mais à remonter à l'origine première des parties, à les suivre dans leur formation et leur dé- veloppement, en un mot à étudier leur organogénie. En effet, l'avantage que présente ce genre de recherches est facile à sentir, et l'on peut appliquer à toutes les parties importantes des plantes ce que dit M. Schleiden au sujet du pistil : « L'histoire du développement doit » être le seul guide, et elle conduira à une conclusion parfaitement sûre » aussitôt qu’on la connaîtra bien dans sa généralité. » Pénétré de cette vérité, et décidé d’ailleurs à remplir peu à peu le cadre de travaux organogéniques qu'il s’est tracé, M. Duchartre s'est empressé de profiter de la saison la plus favorable pour des recherches de ce genre sur la plupart des plantes à placenta central, et par là il est arrivé à des ré- sultats assez importants pour être soumis au jugement de l'Académie. L'un des travaux les plus remarquables qui aient été faits sur les pla- centas centraux libres est certainement celui de notre savant confrère M. Au- guste de Saint-Hilaire. Dans ce beau Mémoire, on trouve le passage suivant : « Si l'on observe, avant la fécondation, les placentas que je viens de dé- » crire, on les trouvera surmontés d'un filet assez ferme, un peu transpa- » rent, d'un vert jaunâtre qui pénètre dans l'intérieur du style; mais, après » l'émission du poilen, les ovules, prenant de l'accroissement, se pressent » autour du filet ; il se brise, et c’est alors seulement que le placenta devient » véritablement libre. Les ovules, en continuant à grossir, couvrent la place » qu'occupait le filet, et bientôt on n'en découvre plus le moindre ves- » tige. » » Le célèbre botaniste que Je viens de citer paraît avoir conservé jusqu’à ce Jour la même manière de voir; car dans sa Morphologie il s'exprime sinon dans les mêmes termes, du moins dans le même sens. L'opinion de M. Auguste de Saint-Hilaire a été adoptée par la plupart des botanistes. Ainsi M. Endlicher, dans l'énumération des caractères de la famille des Primulacées, dit : « Placenta basilari globosa, sessili vel sub- » stipitata, rarius Columnari, primum filis arachnoïdeis cum vertice ovarii » cohœrente, mox libera. » Ainsi encore, dans le volume du 2rodrome qui vient de Pine: M. Duby assigne un caractere semblable au placenta de le même famille : « Placenta centrali globosa, ap*se Jilo cum interna styli » substantia continua, mox libera. » » On voit par ces citations que, dans les ouvrages les plus importants, le re central des Primulacées est décrit comme ayant été d’abord rattaché Se ( 394 ) par son extrémité supérieure au sommet de l'ovaire ou au style, et ne deve- nant réellement libre que plus tard et par la rupture de ses filets de commu- nication. » L'auteur combat cette opinion, ainsi que celle de M. Lindley, qui semble rapprocher l'organisation des placentas des Primulacées de celle des Caryo- phyllées; puis il entre en matière, et décrit successivement les caractères organogéniques qu'il a observés sur le frais, dans le Primula veris, variété cultivée à fleurs simples; dans les Dodecatheon meadia, Androsace lactea, A. filiformis, Cortusa Mathioli, Lysimachia nummularia, L. nemorum, Lubinia spathulata, Anagallis platyphyllos, Samolus valerandi; et sur le sec, dans les Aottonia palustris, Anagallis tenella, Glaux maritima et Lysimachia ephemerum. » Ces plantes offrant, à quelques modifications près, les mêmes carac- tères, il nous sera facile de les résumer en peu de mots. ». A sa première apparition, la fleur des Primulacées se montre sous la forme d'un petit globule un peu déprimé, entièrement celluleux. En cet état, il est embrassé par la jeune bractée dont il occupe l’aisselle. » Bientôt, vers la base du bouton naissant, l'on voit paraître un léger bourrelet périphérique et continu, dont le bord libre ne tarde pas à se bos- seler en cinq petits festons. Ge bourrelet est le calice naissant, et les cinq petits festons, les cinq sépales organiqués déjà soudés entre eux. » Pendant l'apparition du bourrelet calicinal, le jeune bouton s'est un peu élargi, et bientôt on voit se dessiner sur la partie supérieure, entourée maintenant par le calice, cinq petits mamelons arrondis, alternes aux cinq festons de ce dernier. En peu de temps ces mamelons s'élèvent , se dégagent de la base commune, et se font remarquer comme cinq petits corps saillants, arrondis au sommet et sur les côtés, lésèrement comprimés de dehors en dedans. » On n'a aucune peine à y reconnaître les cinq étamines alternes aux. divisions du calice, et par suite opposées à celles de la corolle. » Le bouton possède donc, sous cet état si jeune, deux de ses verticilles, le calice et l'androcée. Ce dernier est déjà assez nettement dessiné, que rien encore n’y indique l'apparition de la corolle; mais dès que les étamines se sont dégagées sous la forme de petits corps distincts , si l'on enlève le calice, on ne tarde pas à remarquer, à leur naissance et du côté extérieur, un léger bourrelet qui suit leur base commune dans tout son contour, et qui forme, en dehors de chacune d'elles, un petit avancement assez marqué. Le léger bour- ( 395 ) relet est la corolle naissante, et les cinq petites saillies opposées aux étamines sont les cinq pétales organiques qui la constituent. » Vers le moment où le bourrelet corollin se montre à la base extérieure des jeunes anthères, l'organe femelle commence à manifester son apparition en une sorte de bourrelet circulaire continu, au centre duquel on aperçoit un petit mamelon arrondi. Le bourrelet n’est autre chose que le premier in- dice des parois ovariennes, et le mamelon que la première ébauche du pla- centa. Dès cette époque, le jeune pistil organise et développe ses deux parties parallèlement. » Le bourrelet périphérique, s'élevant de plus en plus, ne tarde pas à constituer une sorte de petite utricule à parois assez épaisses , tronquée et ouverte au sommet ; tandis que, de son côté, le placenta, s’allongeant et gros- sissant proportionnellement , forme un petit corps ovoide qui remplit exac- tement la cavité de ce jeune ovaire, mais sans montrer la moindre adhé- rence avec les parois. En cet état il ressemble à un jeune ovule solitaire. » Bientôt une nouvelle modification commence à se présenter et à se pro- noncer de plus en plus. La petite utricule ovarienne se resserre en s’allon- geant; par là son orifice se trouve en peu de temps élevé au sommet d’un petit cône tronqué , qui n’est que le commencement du style. En même temps le jeune placenta s’est un peu resserré vers son extrémité libre , de tellé sorte que sa forme est maintenant turbinée, et que sa pointe bouche en général l'ou- verture inférieure du canal stylifère. Sa surface qui, jusque-là, est restée ksse, ne tarde pas à se bosseler de petits mamelons arrondis qui commencent les ovules. Ces ovules, dans les Dodecatheon, Primula , Cortusa , sont nom- breux et disposés en spirales. » Ces faits, dont nous garantissons l'exactitude, prouvent suffisamment que, dans les Primulacées, le placenta a une origine basilaire; qu'il se développe comme un verticille intérieur sans aucune adhérence ni avec les parois ni avec le sommet de l'ovaire; qu'il est là, isolé comme un nucelle d'ovule, ou mieux comme un épi terminal, ce que prouve manifestement la disposition en spi- rale des ovules , et mieux encore une petite fleur terminale parfaitement constituée, observée dans le Cortusa Mathioli par M. Duchartre. » Nous nous arréterons là, messieurs; car si nous voulions signaler à l'Aca- démie tout ce que cet important Mémoire renferme d'observations délicates et de faits curieux , depuis la première apparition de la fleur jusqu’à son en- tier développement ; les modifications du placenta, qui tantôt reste libre et arrondi au sommet, tantôt se rétrécit en pointe stérile qui reste isolée, flot- tante, ou va pénétrer dans la cavité inférieure du style, et peut bien sy 396 ) greffer dans quelques cas etc., il ne nous resterait qu'un seul moyen, celui de reproduire tout le Mémoire de M. Duchartre. Le fait capital que nous nous empressons de signaler à l'attention de l'Académie, et dont nous ne saurions trop féliciter M. Duchartre, est celui du placenta central libre et tout à fait indépendant des parois et du sommet de l'ovaire, dont la démonstration ne nous laisse rien à désirer. » D’après ce que nous avons dit dans nos considérations préliminaires, nous aurions bien quelques remarques théoriques à faire, concernant le dé- veloppement de la corolle des Primulacées, et les conséquences que M. Du- chartre tire de ses observations; la nature des mamelons du calice, de l’an- drocée, etc.; mais pour le moment, et en attendant les nouveaux Mémoires que nous Doc M.Duchartre , nous devons nous borner à déclarer que tout ce qu'il a décrit et tout ce qu'il a figuré dans ses quatre planches d'analyses est de la plus incontestable vérité. » Par ces motifs, . » Votre Commission a pensé que le travail de M. Duchartre, dont mainte- nant chacun conçoit l'importance, mérite les encouragements de l'Académie ; c’est pourquoi elle a l'honneur de vous proposer de vouloir bien en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NAVIGATION. — M. Araco a fait un rapport verbal sur un ouvrage espa- guol qui lui a été adressé par non Cayeraxo Mono, ingénieur. Cet ouvrage est intitulé : Reconnaissance de l'isthme de Téhuantépec, effectuée durant les années 1842 et 1843, par les soins de la Commission scientifique nommée par don José de Garay, concessionnaire du travail destiné à établir une communication entre les deux Océans. Le travail de M. Moro et de ses collaborateurs, paraît avoir été fait avec tous les soins désirables, par les meilleures méthodes et avec d'excellents instruments. Le projet de communication entre le golfe du Mexique et l'océan Paci- fique, que ces ingénieurs ont étudié, aurait lieu à l’aide d’un canal à point de partage. À partir du goife on remonterait la riyière de Coatzacoalcos, dont le courant est peu rapide, car dans une étendue de 258 kilomètres (65 lieues), sa chute ne dépasse pas 40 mètres. Près de l'océan Pacifique on naviguerait dans des lacs naturels; le canal proprement dit occuperait une longueur d'environ 80 kilometres (20 lieues). En donnant au canal projeté les dimensions du canal Calédonien, ( 397 ) M. Moro trouve qu'il coûterait, dans les hypothèses extrêmes, de 60 à 80 mil- lions de francs. Le point de partage étant à 360 mètres au-dessus du niveau de la mer, il faudrait, pour racheter cette différence de niveau, 120 écluses dans une supposition ,et161 dans une autre. À Panama, la distance des deux Océans est de 65 kilomètres (16 lieues). A Nicaragua, cette distance s'élève déjà à 150 kilomètres (38 lieues). A Téhuantépec, la largeur de l’isthme est de 200 kilomètres (55 lieues). Ces chiffres semblent trancher la question contre Téhuantépec. Voici comment M. Moro combat cette première impression : Vers Panama, on ne trouve, des deux côtés de l'isthme, aucun port digne de ce nom. Le pays est un des plus insalubres du globe. Le canal coûterait au moins 200 millions de francs. Dans la communication par Nicaragua, la rivière de Saint-Juan joue un rôle capital; or, cette rivière présente dans son cours plusieurs bancs de pierre dont l'extraction serait très-coûteuse. À 28 kilomètres de l'océan Pa- cifique , existent des collines qui ne pourraient être franchies sans des travaux gigantesques. Le port de San-Juan du Sud a des dimensions beaucoup trop restreintes ; enfin la dépense serait de plus de 150 millions de francs. La communication par l'isthme de Tébuantépec, notablement moins dispendieuse que les autres, aboutirait à deux ports excellents et facile- ment accessibles; elle traverserait d’ailleurs une contrée remarquablement salubre. BOTANIQUE. — M. pe Jussieu, en déposant sur le Bureau un Mémoire pré- senté, dans une précédente séance, par M. Barnéoud, donne, au nom de la Commission qui avait été chargée de faire le Rapport sur ce travail, une explication conçue dans ces termes: « Un Mémoire de M. Barwéou», sur le développement des fleurs, la struc- ture générale et la classification des Plantaginées, a été renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Richard, Gaudichaud et de Jussieu. » Dans le même temps que ce Mémoire était présenté à l'Académie, il l'é- tait aussi à la Faculté des Sciences de Paris, comme devant servir de Thèse à l’auteur pour le doctorat. Cette Thèse a, en effet, été soutenue, et par con- séquent imprimée. Elle ne peut donc plus être l'objet d'un Rapport devant l’Académie. » La Commission a regretté que les recherches de M. Barnéoud n'aient pas été soumises à son examen en temps opportun, car elles ont été faites ( 398 ) avec une étude sérieuse et une connaissance réelle de l’état de la science, et n'auraient pu donner lieu qu'à un jugement favorable. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Sur les éthers siliciques; par M. Eserwex. (Commissaires, MM. Berthier, Dumas, Regnault.) « L'action de l'alcool absolu sur le chlorure de silicium vient de me per- mettre de préparer deux combinaisons bien définies de l'éther avec la silice. Voici dans quelles circonstances elles se produisent. » En versant avec précaution de l'alcool absolu dans du chlorure de sili- cium, il se produit une réaction très-vive, un dégagement très-abondant de gaz acide chlorhydrique, et un abaissement considérable de températuré. Lorsque le poids de l'alcool ajouté s'est élevé un peu au-dessus du poids du chlorure de silicium, on n'observe plus de dégagement de gaz, et la liqueur s'échauffe alors très-sensiblement. Si l’on.soumet le mélange à la distillation, il passe d'abord une certaine quantité d'éther chlorhydrique, puis la majeure partie du liquide contenu dans la cornue distille entre 160 et 170 degrés. On met ce premier produit à part, et l'on continue la distillation, qui ne se ter- mine qu'au delà de 300 degrés. Il ne reste dans la cornue que des traces in- signifiantes de silice. » Le produit, distillée entre 160 et 170 degrés, a été rectifié jusqu'à ce que son point d'ébullition devint fixe entre 162 et 163 degrés. On a obtenu ainsi un liquide incolore, d'une odeur éthérée et pénétrante, d'une forte saveur poivrée, dont la densité est de 0,932. L'eau ne le dissout pas et ne le décom- pose que très-lentement avec dépôt de silice. Il est tout à fait neutre au pa- pier. L'alcool et l'éther le dissolvent en toutes proportions. Les alcalis en solution alcoolique le décomposent rapidement, et lon peut, au moyen des acides, séparer la silice à l’état gélatineux. En en projetant quelques gouttes sur une capsule de platine rougie, il brûle avec une flamme blanche en dé- posant de la silice en poudre impalpable. » L'analyse de ce composé montre que le carbone et l'hydrogène s'y trou- vent dans les mêmes proportions que dans l'éther, et que la silice y contient larmême quantité d'oxygène que la base. Si donc l'on admettait, avec M. Ber- zelius et la plupart des chimistes, le nombre 277,32 pour l'équivalent du silicium, et SiO* pour la formule de la silice, on trouverait pour la formule ( 399 ) de l'éther S10: 3C: H° O. Si, au contraire, on prend le tiers du nombre précédent ou 02 our l’é- ) ? 9 ? P quivalent du silicium, et Si0 pour la formule de la silice, comme M. Dumas l'a proposé d'après la densité de vapeur du chlorure de silicium, la formule prop ; de l’éther silicique devient semblable à celle des autres éthers composés. et q poses, se trouve représentée par SiO C'H: O. » Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 7,18. Le calcul donne 7,234, en admettant que SiO C* H° O représente un volume de vapeur. Ce mode de condensation ne s'était pas encore présenté dans les éthers composés. » En fractionnant le produit qui distille entre 170 et 300 degrés, et l'ana- lysant, on trouve que le carbone et l'hydrogène s'y rencontrent constamment dans le même rapport que dans l’éther, mais que la proportion de silice augmente avec la température. Le liquide distillé au delà de 300 degrés est incolore, et possède une odeur faible et une saveur toute différente de celle de l’éther précédent. Sa densité est de 1,035. L'action de l'eau et des alcalis sur ce composé est tout à fait la même que sur l’éther SiO C*HSO; son ana- lyse conduit à la formule (Si0} C'H: 0. » L'acide silicique forme donc au moins deux éthers, et ce fait, unique jusqu'à présent dans l'histoire de ces sortes de composés, mérite d’être rap- proché de l'existence des nombreux silicates métalliques à divers degrés de saturation que nous offre le règne minéral. » La formation des deux silicates éthyliques dans la réaction de l'alcool sur le chlorure de silicium s'explique aisément d’après les deux formules suivantes : SiCI + C'H°0° — HCI + Si0 C'H°O, (SiClÿ" + 20° H° 0? — C‘H: CI + H CI + HO + (Si0} C' H‘O. On remarque effectivement que dans la réaction de l'alcool sur le chlorure de silicium, il ne se dégage que de l'acide chlorhydrique tant que le chlorure est en excès, et c'est seulement quand on a ajouté les dernières portions d’al- cool, qu'on peut obtenir de l’éther chlorhydrique. D’après ces formules, il faudrait, pour 535 de chlorure de silicium (1 équivalent), employer 575 C.R., 1844, 2m Semestre, (T. XIX, N° 8.) 54 ( 400 ) (1 équivalent) d'alcool. Telles sont effectivement les proportions des deux corps qui ont été mises en présence. » L'action de l'alcool sur le chlorure de silicium permet d'espérer que des expériences analogues, faites avec les divers alcools et les chlorures volatils décomposables par l'eau, pourront conduire à la découverte d'un grand nombre d'éthers formés par des acides minéraux, et qu'on n'a pu parvenir à préparer jusqu'à présent. J'ai déjà essayé l’action de l'alcool sur les chlo- rures de titane, d’étain, de phosphore, d’arsenic et de soufre, et J'ai obtenu avec plusieurs de ces corps des réactions intéressantes dont je poursuis l'exa- men, et que j'aurai l'honneur de communiquer plus tard à l'Académie. » ASTRONOMIE. — Mémoire sur la distance des étoiles et sur l'existence pro- bable d’une certaine illusion optique, liée à la constitution du système solaire ; par M. Bnerow, ingénieur des Ponts et Chaussées. (Commissaires, MM. Arago , Mathieu, Babinet.) « Dans toutes les recherches sur la distance des étoiles, on a supposé que la lumière des étoiles arrive jusqu'à l'atmosphère terrestre en ligne droite. D'apres cette supposition, qui n'est rien moins que certaine, on a observé une étoile de deux points opposés de l'orbite de la Terre, c'est-à-dire à six mois d'intervalle, et alors on a considéré la distance de l'étoile comme égale aux grands côtés d'un triangle dont on connait la base (le diamètre de l'orbe terrestre) et deux angles à la base donnés par l'observation. Ces angles étant ajoutés ensemble, ce qui manque à leur somme pour faire deux angles droits devait, disait-on, être l'angle du triangle rectiligne dont le sommet est l'étoile. C’est cet angle dont la moitié s'appelle la parallaxe annuelle de l'étoile. » La supposition d'une propagation rectiligne de la lumière depuis les étoiles jusqu'au voisinage du Soleil était presque forcée, quand on considérait la lumière comme une pluie de crépuscules lancés dans le vide, car un espace vide est nécessairement homogène; mais dans la théorie des ondulations, il n'y a plus de motif absolument déterminant pour supposer que les espaces interstellaires soient homogènes. Déjà même Poisson a donné des raisons puissantes qui font supposer dans les espaces où se meuvent les soleils, des régions inégalement chaudes, et les observations de certaines nébuleuses prouvent qu'il existe des soleils entourés à une très-grande distance d’une atmosphère lumineuse, assez brillante pour être visible. Les astronomes ( 4or ) admettent aujourd'hui que la lumière zodiacale de notre soleil doit le faire ranger parmi les étoiles nébuleuses. » Iln'est guère croyable que la lumière n'éprouve aucune réfraction eu entrant de l'espace interstellaire parfaitement transparent, dans l’espace né- buleux qui entoure plusieurs soleils; si notre soleil est entouré d’une nébulo- sité homogène qui s'étende beaucoup au delà de l'orbite terrestre, nous ne pouvons pas en avoir connaissance directement , puisqu'à nos yeux son effet doit se réduire à un éclaircissement uniforme de la teinte noire du ciel, qui se confondra nécessairement avec le bleu de l'atmosphère. Enfin les nuages ‘cosmiques rassemblés en vastes sphères autour des étoiles peuvent n'être pas tous sensiblement lumineux. » Il semble donc parfaitement rationnel d'admettre comme possible l'exis- tence d'une vaste atmosphère dont notre soleil occupe le centre, dont le rayon s'étend beaucoup au delà des orbites planétaires, et où la lumière des étoiles entre en éprouvant une petite réfraction. Voyons quelles doivent étre les conséquences de cette hypothèse, si elle est vraie. » Si l’on admet que le rayon de l'atmosphère réfrigente du soleil est très- grand en comparaison de celui de l’orbe terrestre, et que l'indice de réfraction surpasse très-peu l'unité, il est facile de reconnaître, par un calcul identique à celui des foyers des lentilles sphériques, que toutes les parallaxes des étoiles observées devront être inférieures d'une quantité constante à ce qu’elles seraient si la lumière marchait partout en ligne droite. Ainsi. en divisant le rayon de l'atmosphère réfringente par l'excès de l'indice de réfraction sur l'unité, on trouverait une distance, qu'on peut nommer distance focale, telle que la lumière partie d’une étoile éloignée de cette quantité passerait près du soleil en faisceau exactement parallèle. Alors les rayons observés à six mois d'intervalle donneraient une parallaxe exactement nulle, quand même l'étoile serait assez voisine de nous pour que sa parallaxe vraie fût mesurable. (Nous désignons sous le nom de parallaxe vraie celle qu'on trouverait si la lumiere n'éprouvait aucune déviation.) » Pour toute étoile située au delà de la distance focale, les rayons, en passant pres du soleil, au lieu de former un faisceau de lignes droites «/i- vergentes en partant de l'étoile, convergeraient au contraire vers le point du ciel opposé à l'étoile. Dans ce cas, l’observateur doit trouver, dans son triangle parallactique, deux angles à la base dont la somme surpasse un peu deux angles droits, c’est-à-dire que la parallaxe apparente doit étre négative. » Enfin, si les rayons partent d'une distance sensiblement infinie, ils doi- vent avoir, en passant près du soleil, une convergence égale à la diver- 54. ( 402 ) gence qu'ils auraient dans un espace exactement homogène, si leur point de départ était à la distance focale. » En un mot, tant que la réfraction est supposée très-petite, la parallaxe vraie est sensiblement égale à la parallaxe apparente, augmentée d'un petit angle constant que nous nommons la réfraction. La connaissance de cet angle ferait donc connaître la distance focale. » (Nous reviendrons sur cet objet quand les Commissaires auront fait leur Rapport.) M. Baurr-Rercer soumet au jugement de l’Académie une carte en relief de la France et de la Belgique, carte qui est à l'échelle dut pour les dimensions horizontales, et à celle du = pour les dimensions verticales. L'exagération des hauteurs a paru indispensable pour que les mouvements du sol fussent encore appréciables dans les parties basses du pays. « Le procédé de gaufrage (l'impression jointe à l'estampage) permet, dit M. Bauer-Keller, de donner à des prix très-modiques ces cartes qui sont à la fois solides et lé- geres. Le choix des couleurs qui varient suivant la nature des divers moyens de communication , permet de distinguer au premier coup d'œil les rivières et canaux, les chemins ordinaires et les chemins de fer. Les différentes teintes données au sol rendent, aussi, sensible à la vue, la division du pays en bassins principaux. » (Commissaires, MM. Araso, Beautemps-Beaupré, Élie de Beaumont, Bory de ( > #0) P pre, ; \ Saint-Vincent.) M. Passor, qui avait soumis précédemment au jugement de l'Académie un Mémoire touchant les forces centrales, sur lequel il fut fait un Rapport dans la séance du 14 novembre 1842, adresse aujourd'hui une nouvelle Note ayant pour titre : Conséquence immédiate de la théorie académique sur les forces centrales. Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission qui fit le Rapport ci-dessus mentionné. M. Passor adresse en même temps deux Lettres concernant certaines par- ties du Rapport fait, dans la séance du 23 octobre 1843, sur sa roue hydrau- lique. Il émet à cette occasion, des assertions qui paraissent ne pouvoir être que le résultat d'un malentendu. Renvoi à la Commission qui avait fait le Rapport, Commission composée de MM. Poncelet, Lamé et Séguier. ( 403 ) MÉTÉOROLOGIE. — ÂVouveau Mémoire sur les étoiles Jilantes ; par M. Courvien-Gravier. (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) CORRESPONDANCE. M. le Mousrre pes Finances rappelle à l'Académie, qu'elle a été consultée par l'Administration, sur diverses questions météorologiques dont il paraissait désirable d'obtenir la solution pour pouvoir se prononcer, en connaissance de cause, sur l'abrogation ou le maintien de l’article 219 du Code forestier, concernant le défrichement des bois de particuliers. Comme le délai fixé par cet article pour l'exécution des dispositions restrictives sur les défrichements doit prochainement expirer, M. le Ministre appelle de nouveau l'attention de l’Académie sur les questions dont elle avait été invitée à s'occuper, et lui té- moigne combien il attache d'intérêt à pouvoir s'éclairer de ses Iumières dans cette matière importante. M. le Secrétaire perpétuel fait remarquer que les questions sur lesquelles l'Académie a été appelée à se prononcer sont très-délicates. Il rappelle, en outre, que cette Commission, depuis l'époque où elle a été nommée, a perdu plusieurs de ses membres qu'il serait urgent de remplacer. En conséquence, MM. Boussingault, Dumas et Duperrey sont désignés pour faire partie de la Commission, avec les membres suivants : MM. Arago, Gay-Lussac, Sil- vestre et de Mirbel. ( 404 ) MÉTÉOROLOGIE. — Résumé des observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk, pendant l'année 1843, par les ordres de M. Déumorr. BAROMÈTRE THERMOMÊTRE en ponces anglais. Réaumur. —— 2 —————_ Moyenn.| Maxim.| Minim.|Différen.| Moyenne. | Maximum. | Minimum. | Différence. ER FN Î o o Le] 1,00 19,00 6,50 19,50 7:00 : 22,00 19,00 25 ,00 26,00 25,00 25,50 19,50 26,00 19,00 20 ,00 18,50 16,00 15,50 14,00 23,00 1,00 25,50 2,00 25,00 Janvier…| 29,45 | 30,12 | 28,84 | 1,28 | — 5,5: Février ...| 29,35 | 29,68 | 28,46 1,22 | — 2,70 29,10 | 29,47 | 28,69 | 0,78 2,26 29,24 | 29,60 | 28,94 | 0,66 5,014 29,26 | 29,54 | 28,35 | 0,69 12,51 29,08 | 29,30 | 28,52 | o,7 15,33 Juillet....| 29,02 29,38 | 28,50 0,88 16,13 Août. ....| 29,18 | 29,65 |: 28,82 | 0,83 10,12 Septembre.| 29,21 | 29,56 | 28,47 1,09 8,65 Octobre... 29,46 | 29,80 | 28,95 | 0,85 3,00 Novembre | 29,35 | 29,79 | 28,87 | 0,92 8,78 Décembre.| 29,02 | 29,62 | 28,18 10,93 L++++HE++ ++ Ann.1843.| 29,226] 30,12 28,18 1,94 3,381 + 26,00 53,00 DIRECTION DES VENTS. — ÎVombre de fois qu'ils ont soufflé. ( | .[E.N.E.| E. |E.S. E.{S. E.|S.S.E.|S. |S.S. O./S. O./0.S.0.|0.]0.N.0. N. O.|N.N.0.| Calme, 2 ONRIGSES GNU E D II 19 10 18 27 12 D D mr D I DE D D Æ D OQ1N O1 Qi 6 © Où Œ O1 = & oO NI QI HO Re GE D = D D © œ [=>] An 1843 (405 ) ÉTAT DU CIEL. — Phénomènes atmosphériques. Beau fixe. | Variable. [Nuageux. |Nébuleux.| Couvert. | Neïpe. | Pluie. Janvier.... Février... Septembre... Octobre... Novembre . Décembre... © © 12 © CO © = oo DO S m ND D VD & = © D à Qr JS Année 1843. M. Carisrorié adresse quelques considérations sur les fraudes auxquelles peut donner lieu l'emploi des procédés électriques pour l'application des mé- taux sur les métaux. M. Christofle annonce qu'il met à la disposition de l'Académie une somme de 2000 francs destinée à être donnée en prix à l'au- teur du meilleur projet de loi tendant à régler l'emploi industriel des forces électriques , et à prévenir, autant que possible, les fraudes qui peuvent jeter une grande perturbation dans une branche importante de commerce. M. Duwas remarque que les inconvénients auxquels fait allusion la Lettre de M. Christofle, n'ont point échappé à l'attention de la Commission qui a fait le Rapport sur les procédés de dorure et d'argenture de MM. de Ruolz et Elkington; c'est même parce qu'elle avait été vivement frappée des abus qui pouvaient naître du nouvel art, qu’elle demanda l'envoi du Rap- port dans lequel elle signale ce danger, à MM. les Ministres des Finances et du Commerce. M. Dumas ne doute point que l'Administration, dont la Commission a voulu ainsi éveiller l'attention, ne se soit déjà occupée des mesures à prendre pour prévenir le mal, autant que cela est en son pouvoir ; il ne voit d'ailleurs aucun inconvénient à ce que la proposition de M. Chris- tofle soit soumise à l'examen d’une Commission. (Renvoi à la Commission qui a fait le Rapport sur les procédés de MM. de Ruolz et Elkington.) A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. A. ( 406 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. [Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici lestitres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 7; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, ARAGO, CHE- VREUL, DUMAS, PELOUZE, BGUSSINGAULT et REGNAULT ; 3° série, tome XI; août 1844; in-8°. Bulletin de l’Académie royale de Médecine ; août 1844; in-8°. Chambre des Pairs, session de 1844. — Opinions de M. le baron CH. Durin, pair de France, pré ler de l’Académie des Sciences, sur la désignation aux plac es d’examinateurs et de professeurs à l° École Due et sur les Caisses d ‘Épargne, à l’occasion du Budget de 1845; + de feuille in-8°. L'Art de vérifier les Dates, depuis l'année 1770 jusqu'à nos jours, publié par M. le marquis DE FORTIA ; tome XVIIL, in-8°. Présenté par M. WARDEN. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spizberg et aux Feroë, sous la direction de M. GaimaRD : 22° livr. in-fol. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; juillet 1844 ; in-8°. Considérations sur l’Acclimatement et la Domestication; par M. S. BERTHE- LOT ; broch. in-8°. Collections de Tableaux polytechniques. — Questions choisies de Mathémati- ques élémentaires ; par M. GuiLmin. — Analyse infinitésimale, n° 1, par M. SERRET. — Résumé de Géométrie élémentaire ; par M. BLüM; F°* et Il° part. (2 tableaux). — Résumé d' Algèbre élémentaire ; par M. O. BONNET. — Résumé de Géométrie descriptive; par M. BERTAUX-LEVILLAIN. — Résumé de Statique ; par M. HERVÉ-MANGON. — Résumé de Géométrie analytique , n° 1, par M. Ca- BART. — Résumé du Cours de Physique de ! École Polytechnique, n° 2, par M. Capart. 21® Autographie. — Chemin de fer à tuyaux et à locomotives sur les bas côtés de toutes les routes ordinaires; par MM. WELBIEN et LEGRIS ; À feuille in-8°. Mémoire sur le Terrain jurassique du département de l'Aube ; par M. Ley- MERIE ; + feuille in-8°. L'Abeille médicale; n° 8, août 1844; in-4°. Gazette médicale de Paris; n° 33; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°% 94 à 96 ; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 13 et 14. L'Expérience; n° 372; in-8°. * és. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 AOÛT 1844. PRÉSIDENCE DE M. DUMAS. COMPLÉMENT DE LA SÉANCE DU 19 AOUT. La séance d'aujourd'hui a commencé par l'analyse de diverses pièces dont, faute de temps, il ne put pas être question lundi dernier. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. NÉCROLOGIE. — M. le docteur Prerer Crare, exécuteur testamentaire de M. Dalton , adresse à l’Académie une Note dont voici la teneur : « Je certifie que M. John Dalton, membre de l'Institut de France, etc., » est mort dans la matinée du samedi, 27 juillet 1844, âgé de 77 ans 10 mois » et22 jours. » M. Anaco présente, de la part du Bureau des Longitudes, la Connaissance des Temps pour l'année 18/7. M. Anaco rend un compte verbal de l'ouvrage de M. Srruve, sur les seize traversées à l'aide desquelles on vient de déterminer, par 81 chronomètres, la différence de longitude entre les observatoires de Poulkova et d’Altona. CR, 1844, ame Semestre. (T. XIX, N° 9.) 55 ( 408 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. HYDRAULIQUE. — Description d'un barrage à bateau-vanne inventé par M. Sartoris, et proposé pour barrer le petit bras de la Seine en aval du Pont-Neuf, par M. Many, ingénieur en chef des ponts et chaussées. (Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Dufrénoy, Piobert. ) « Le barrage à bateau-vanne est formé par un bateau à parois verticales, disposé de manière à pouvoir s'emplir d'eau et se vider au moyen de vannes qui sont adaptées aux faces longitudinales, et débouchent à fleur du fond. Ce bateau , placé perpendiculairement au cours de l'eau, est, ou appuyé sur des piles ou culées à avant-becs verticaux , ou amarré à des chaînes soli: dement ancrées à 25 ou 30 mètres en amont. A l'aplomb de la face d'aval doit être construit un seuil horizontal en charpente ou en maçonnerie, dé- fendu en aval soit par un radier dont le seuil fait partie, soit par un enro- chement capable de résister à la vitesse de l’eau. Le seuil doit être plus élevé que le fond de la rivière sous le bateau. » Pour donner de la force au bateau , on le consolide au moyen : 1° d'un pont placé à une hauteur telle que l'eau introduite dans le bateau ne puisse pas le surmonter ; 2° de croix de Saint-André placées, dans l’entrepont, de la paroi d'amont à la paroi d’aval; 3° de cloisons transversales qui divisent cet entrepont en compartiments égaux; 4° enfin, d’une ‘cloison longitudinale placée au milieu de l'intervalle entre les parois d’amont et d’aval. » Si l’on imagine un bateau ainsi disposé maintenu en amont duseuil, soit par des appuis, soit par des chaînes, on voit qu'en ouvrant les vannes d’a- mont on introduira l'eau dans l’entrepont, et que le bateau s’enfoncera à mesure que l’eau y entrera; il descendra donc jusqu'à effleurer le seuil, tandis que l’eau introduite s'élèvera dans l'entrepont un peu au-dessous du niveau d'amont. L'écoulement de l’eau sera ainsi intercepté et la retenue se formant, le bateau tendrait à remonter; on tiendra donc les vannes d'amont ouvertes jusqu'à ce que le niveau de cette retenue soit élevé à la hauteur prévue. Alors s'il n'existe pas de déversoir de superficie pour écouler les eaux, il faudra leur donner issue sous le bateau ; c'est à quoi l’on parviendra très-facilement en fermant les vannes d’amont et ouvrant les vannes d’aval, parce que le bateau , allégé d'une partie du poids de l’eau qu'il contenait, s'élèvera, et sera. facilement amené au point de débiter le volume fourni par la rivière. ( 409 ) » Si une crue survenait la nuit ou en l'absence du gardien, le bateau se soulèverait spontanément avec le niveau de l'eau d'amont, et offrirait ainsi un passage à la masse des eaux affluentes. » Pour effacer la retenue on ouvrirait en entier les vannes de la face d’aval, et les eaux du bateau s'écoulant plus vite que celles de la retenue, les orifices des vannes s'éleveraient bientôt au-dessus du niveau d'aval, de sorte que quand on les refermerait , le bateau se trouverait entièrement vide, plongeant seulement de son moindre tirant d’eau. » L’essai de ce bateau, inventé par M. Sartoris, a été fait par M. Mary, à Saint-Valery-sur-Somme, en 1826, pour fermer un passage de 6 mètres avec 1,20 de chute; cet essai a été répété, en 1827, à l’éclase de Saint-Maur, par MM. Belanger et Mary, sur une ouverture de 7",5o de largeur avec 2 mètres de chute. En ce moment, il en existe un petit modèle en expé- rience, aux bassins de Chaillot. Tous ces essais ont prouvé d’une manière incontestable la facilité et la parfaite sécurité de la manœuvre de ce barrage, pendant laquelle le barragiste, placé sur le pont dans l'enceinte formée par les bords du bateau, n’a autre chose à faire qu’à lever ou à fermer de petites vannes soumises à une faible charge. » Ce que nous avons dit de la construction du bateau et du seuil contre lequel il vient descendre, suffit pour faire voir combien il serait facile de construire un barrage de cette espèce; on comprendra également que l'on pourrait manœuvrer un de ces bateaux comme une porte, quand on l'aurait vidé pour effacer la retenue; en effet, il suffirait pour cela d'adapter à un des angles d’aval un poteau semi-cylindrique logé dans une rainure verticale de même forme, pratiquée dans une culée, et de tirer l'extrémité opposée du bateau par un treuil placé en amont. » Il est facile de voir que toutes les manœuvres à faire sur le bateau, soit pour produire une retenue, soit pour l'effacer, sont extrémement rapides. Leur durée est mesurée par le temps nécessaire pour vider l'entrepont ou pour le remplir. Si, par exemple, nous supposons une retenue de 1",50 formée par un bateau de 4o mètres de longueur, 5 mètres de largeur et 3 mètres de hauteur, comme celui dont le dessin est ci-joint, il faudrait en- viron 77 secondes pour vider l’entrepont en adaptant des vannes de 0",40 sur 0”,40 à chacun des compartiments. Aucun système de barrage connu ne se manœuvra certainement avec une pareille rapidité. » L'Académie invite MM. Arago, Beudant et Berthier à répondre à diverses questions qui ont été posées par M. le maire de Calais, à l'occasion du puits Ho (4ro ) artésien que M. Mulot creuse dans cette ville, et qui déjà est parvenu à une grande profondeur. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Un nouveau système de chemins atmosphe- riques de M. Cauanr», sera examiné par les Commissaires déjà chargés de rendre compte de l'invention de M. Hallette. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — {Vote sur une machine à composer; par M. le docteur Jures-Micuez FRraNQueLy. (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Séguier.) M. »e Pensicny adresse une nouvelle rédaction de la quatrième partie de son travail sur les pyramides d'Égypte. CORRESPONDANCE. PHYSIQUE. — Vote sur les lois du rayonnement de la chaleur; par MM. F. pe ra Provosraye et P. Desains. (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Babinet.) « Nous avons l'honneur d'offrir à l'Académie quelques-uns des résultats d'un travail commencé depuis plus de quinze mois et que nous avons l’in- tention de lui soumettre aussitôt que les calculs très-longs qui nous restent à faire seront entièrement terminés. » Dans ce travail nous nous sommes proposé d'examiner comment se font les échanges de chaleur entre un corps et une enceinte complétement fermée, maintenue à une température constante, qui peut être inférieure ou supé- rieure à celle du corps. La question du réchauffement n’a pas encore été étudiée , du moins sous des pressions différentes; celle du refroidissement a déjà été l’objet d'un admirable travail de MM. Dulong et Petit; mais ces illustres physiciens se sont bornés à rechercher ce qui se passe lorsque l’en- ceinte a un pouvoir émissif et absorbant absolu. Il était important d'examiner les changements apportés aux lois du refroidissement par un changement dans la surface de l'enceinte; ce qui, à notre connaissance, n'a été l'objet d’aucune recherche expérimentale. » Avant de nous occuper de cette dernière question, nous avons dû re- (Carr) prendre le travail de MM. Dulong et Petit ; voici quel a été le résultat de très-nombreuses et très-longues expériences. » La perte totale de chaleur d'un corps entouré d'un fluide gazeux , et placé dans une enceinte à température constante, inférieure à la sienne, est due, comme on sait : 1° aux échanges inégaux de chaleur qu'il fait avec l’en- ceinte; 2° à la chaleur qu'il cède au gaz, soit par rayonnement, soit au contact. Nous avons reconnu que la quantité de chaleur enlevée par l'air peut toujours être représentée par l'expression complexe indiquée par MM. Dulong et Petit, et que l'air enlève sensiblement la même quantité de chaleur aux corps, quel que soit l’état de leur surface. Du moins, la légère différence que nous avons cru reconnaître dans quelques cas, n'est pas telle que nous osions la regarder comme certaine avant d’avoir soumis la question à un nouvel examen. » La perte de chaleur éprouvée par un corps dans un espace vide, est la différence entre la quantité de chaleur qu'il émet et celle qu'il reçoit de l’en- ceinte. D'après MM. Dulong et Petit, elle dépend : 1° de la température absolue du corps; 2° de la température absolue de l'enceinte; 3° de la gran- deur et de la forme du corps; 4° de l’état de sa surface ou de son pouvoir émissif. L'expression de la vitesse de refroidissement dans le vide est affectée d'un coefficient qui varie avec les dimensions du corps et avec son pouvoir émissif. D'après les travaux des illustres physiciens cités, ce coefficient con serve une valeur constante à toute température pour un même état dela sur- face; d'où résulte la constance relative des pouvoirs émissifs du verre et de l'argent, seules substances sur lesquelles ils aient opéré. Nous trouvons, au contraire, que ce rapport demeure bien constant pour le verre et le noir de fumée, mais qu'il varie pour le verre et les surfaces métalliques telles que l'or etl'argent. Ce résultat nous paraît solidement établi par un grand nombre d'expériences. Nous avons observé successivement le refroidissement de deux thermomètres de dimensions et de formes très-diverses, l’un sphérique de 3 centimètres de diamètre, l’autre cylindrique de 7 centimètres de hauteur et de 2 centimètres de diamètre. L’enceinte était un ballon en cuivre de 25 centimètres de diamètre , complétement noirci à l’intérieur. » Plusieurs séries d'expériences avec ces thermomètres nus et noireis sous des pressions très-différentes, nous ont permis de déterminer tous les éléments de l'expression qui représente leur refroidissement. La boule de l'un d'eux a été ensuite revêtue d'une feuille d’or, puis la boule de l’un et de l'autre a été couverte d'une feuille d'argent, et dans ces divers états les mêmes séries (412) d'expériences ont été reprises. De tous ces essais il résulte que la valeur du coefficient ci-dessus désigné ne demeure pas constante, qu'elle varie avec la température du corps, et qu'elle devient notablement plus grande à mesure que la température s'abaisse. En admettant cette variation, les vitesses observées se représentent parfaitement par les formules, et la différence entre le calcul et l'expérience ne se manifeste le plus souvent que dans les deux ou trois centièmes, tandis que, dans l’autre hypothèse, il faudrait admettre des erreurs de -+ sur la valeur de la vitesse observée, ce qui est tout à fait inadmissible. si » Malgré tant d'expériences bien concordantes entre elles, nous ne nous sommes pas tenus pour satisfaits. Lorsqu'on observe le refroidissement d’un thermomètre , et qu’on l’assimile à celui d'une masse isolée, on commetune erreur qui peut n'être pas négligeable, car la tige intervient dans le refroidis- sement total. Lorsque la boule du thermomètre est vitrée et a de grandes di- mensions par rapport à la tige, on conçoit que les résultats, sans être iden- tiques, puissent ne pas différer d'une manière sensible. 11 n’en est pas ainsi quand la boule est argentée ; car le rayonnement de cette boule devenant six à sept fois plus petit pour un même excès de température, la chaleurrayonnée par la tige devient une fraction fort notable de la chaleur totale perdue par rayonnement. C'est, du reste, ce que l'expérience nous a démontré. D'après cela, nous avons cru devoir reprendre nos expériences en opérant avec des thermomètres complétement argentés dans la partie que contient l'enceinte. Nos résultats ont encore été les mêmes, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent se re- présenter exactement qu’en admettant la variation indiquée plus haut. Nous croyons donc que le fait est maintenant rigoureusement établi. » MM. Dulong et Petit n'ayant presque jamais cité les vitesses totales observées sous diverses pressions, nous n'avons pu comparer nos résultats aux leurs. Il faut excepter néanmoins quatre tableaux par lesquels ils établissent que l'effet de l'air est le même sur un thermomètre vitré et sur un thermo- mètre argenté. En examinant ceux de ces tableaux qui se rapportent aux observations faites avec leur petit thermomètre , et divisant les vitesses de refroidissement dans le vide du thermomètre argenté, par les vitesses du même thermomètre vitré à même température, on trouve des quotients variables qui vont en croissant à mesure que la température s'abaisse. Néanmoins nous ne savons quel fonds nous devons faire sur cette coïncidence : 1° parce que dans ces expériences particulières la vitesse de refroidissement était telle que la précision était bien difficile ; 2° parce que nous trouvons là une anomalie (415) dont nous n'avons pu nous rendre compte. D'après MM. Dulong et Petit, le rapport de ces vitesses pour un même thermomètre successivement argenté et vitré est toujours égal à L-. Or, d’après les nombres qu'ils citent dans ces tableaux, ce rapport est à peu près double. Si nous osions héarder une con- jecture , nous dirions que dans ce cas le thermomètre étant très-petit, la tige avait une part assez grande dans le rayonnement pour que l'effet produit par elle fût sensiblement égal à celui de la boule quand elle était argentée. » Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, si l'on prend pour mesure des pouvoirs émissifs relatifs du verre et de l'argent à une température donnée, le rapport des vitesses dans le vide d’un thermomètre vitré, et du même ther- momètre complétement argenté, on trouve des quotients qui varient régu- lièrement de 8 à 5,6 environ, entre 1 50 et 4o degrés. Ontrouve des quotients plus faibles lorsque la tige est vitrée, mais les variations sont presque aussi fortes. » Pour les reconnaître avec certitude, il faut de nombreuses séries d'expé- riences sous diverses pressions. Si l’on se bornait, en effet, à observer le re- froidissement dans l'air d’un thermomètre argenté , la partie de la vitesse de refroidissement due à l'air étant à peu près quintuple de celle due au rayon- nement, les variations que nous venons de signaler pourraient échapper , et c’est pour ce motif, sans aucun doute, que MM. Dulong et Petit ne les ont pas aperçues, quoiqu'ls aient attaché une grande importance à prouver la constance du rapport que nous croyons variable. » Le fait une fois bien constaté, si l'on cherche à s’en rendre compte au point de vue physique, il est facile de voir qu'une variation du pouvoir émissif avec la température n'est nullement impossible; bien plus, on re- connaît qu’elle se rattache d'une manière très-naturelle aux recherches de M. Melloni sur des sujets très-voisins. Refroidissement dans une enceinte dont le pouvoir absorbant n’est pas absolu. » Nous connaissions, d’après les recherches précédentes, le pouvoir émissif de l'argent en feuilles; nous savions de plus, par des expériences directes que le pouvoir émissif de l'argent en poudre est considérablement plus grand ; nous avons donc été conduits à recouvrir intérieurement d’une feuille d'argent le ballon qui nous servait d'enceinte ; puis nous avons repris toutes les expériences exécutées précédemment dans le même ballon noirci. Comme nous pouvions nous yattendre, la vitesse de refroidissement d'un thermomètre à boule nue est fort diminuée. L'effet de l'air demeure le même, mais les (414) échanges de chaleur entre le thermomètre et l'enceinte sont entièrement différents. En partant des idées généralement admises sur l'absorption et la réflexion régulières ou irrégulières de la chaleur, on arrive sans trop de peine à trouver par la théorie que la loi du refroidissement dans le vide doit être de méme forme, et cette conséquence se trouve vérifiée par l'expérience. On trouve de plus l'expression du coefficient qui dépend des pouvoirs émissifs, absorbants, etc.; mais ici l'expérience est venue nous prouver que très-pro- bablement on a négligé jusqu'ici, dans la théorie des échanges de la chaleur entre les corps , des éléments qui ne sont nullement négligeables. Ceci nous semble résulter clairement d'un fait qui paraît contraire à toutes les idées reçues, et qui pourtant est établi de la maniere la plus nette et la plus dé- cisive. » Lorsque le thermomètre est entièrement revêtu d'une feuille d'argent, | il se refroidit dans une enceinte argentée exactement comme dans une en- ceinte noircie. La perte de chaleur est rigoureusement la même dans le même temps pour un même excès de température, quelle que soit la pression. Voici quelques nombres qui pourront faire juger de l'identité complète des deux refroidissements. » Le thermomètre sphérique, dans une enceinte à 19°,7, a mis à passer du trait 1000 au trait 550, sous la pression 0,156, Dans le ballon noirci. Dans le ballon argenté. 4o ’ h 2 4o'’ 5 72 » Sous la pression 0,076, du trait 910 au trait 510, Dans le ballon noirci. Dans le ballon argenté. 55! 45" 55! 44" » Le trait 1000 correspond à peu près à 120 degrés, le trait 510 à 41°30. » Le thermomètre cylindrique , dans une enceinte à 14°,7, a mis à passer du trait 850 au trait 660, sous la pression 6 millimètres, Dans le ballon noirci. Dans le ballon argenté. 30" 32” 30’ 30” » Du trait 620 au trait 400, sous la pression 87"1:,8, Dans le ballon noirci. Dans lé ballon argenté. Ha5ou 51’ bo” Gus ) » Sur ce thermomètre le trait 850 correspond à peu près à 168 desrés, et le trait 400 à 4r degrés. » Ilest inutile de dire que nous avons suivi la marche des thermomètres de trait en trait dans toute l'étendue de l'échelle, et que l'accord se soutient dans toutes les parties. Les observations précédentes nous paraissent impor- tantes pour la théorie de la chaleur rayonnante. En admettant que la chaleur qui a traversé une feuille d'argent n'a éprouvé aucun changement dans sa na- ture et dans ses propriétés, il nous paraît jusqu’à présent impossible de rendre compte du phénomène observé. En admettant ce changement dans la nature de la chaleur lorsqu'elle traverse des corps athermanes, on est conduit à des conséquences que le temps ne nous a pas encore permis de vérifier. Réchauffement. ” Pour ne pas dépasser certaines bornes dans cette communication, nous nous contenterons de dire quelques mots sur le réchauffement. Nous l'avons observé dans un ballon noirci, maintenu à une température constante par de la vapeur d’eau bouillante. Nos résultats ne sont pas entièrement calculés , mais nous croyons pouvoir dire, d'une manière générale, qu'on peut repré- senter le réchauffement par l'expression qui fait connaître le refroidissement, pourvu qu'elle soit convenablement interprétée. » ASTRONOMIE. — Calcul des éphémérides de la comète découverte par M. Mauvais. (Extrait d’une Lettre de M. Pianrawour à M. Arago.) « Je ne veux pas tarder plus longtemps à vous envoyer les observations que j'ai pu faire jusqu'à présent de la comète découverte par M. Mauvais. Ces positions seront probablement un peu modifiées, lorsque les lieux des étoiles de Comparaison auront été déterminés plus exactement par des ob- Servations méridiennes. Dès à présent je peux corriger la première de mes observations, celle du 16 juillet que j'ai envoyée de suite à M. Mauvais, de l'erreur dans la position de l'étoile de comparaison, 54 + Bouvier, dont l’ascen- sion droite et la déclinaison moyennes, telles qu'elles résultent de sept ob- servations faites à notre cercle méridien, sont R —15h 39m 135,56, d —+ 4o°51/51/,1; tandis que la position, tirée des catalogues de Bradley et de Piazzi, était ÆR — 15h 32m 19,99, d — + 40°51/45",6. C.R., 1844, ame Semestre. (T. XIX, No 9.) 56 (416) » Mon aide, M. Brudener, a pu observer au cercle méridien trois autres des étoiles de comparaïfon, dont voici les positions : IR MOYENNE DÉCLINAISON MOYENNE: NOMBRE DÉSIGNATION DES ÉTOILES. : £ d'observations. au 1€ janvier 1844. | au 1°7 janvier 1844. DAMES 15.18.35,75 14.56.52,30 14.27.53,24 + 37°55 384 + 35.49.10,8 + 30.25.30,0 Bouvier. XIV 263 Piazzi. 28 « Bouvier. » Les positions des autres étoiles de comparaison, trop faibles pour pou- voir être observées de jour au méridien, ont été tirées des zones de Bessel, sauf la dernière qui a été prise dans le catalogue de Piazzi. » Voici maintenant les lieux de la comète que j'ai observés, à l'exception de celui du 25 juillet, pour lequel l'étoile de comparaison n’a pu être trouvée dans aucun catalogue. DECLINAISON ZÆR APPARENTE. apparente. hm:s. h. m. s. 16 juillet 10.35.41,39t.m. de Gen.| 15.37.48,26 20 juillet 9.56. 4,29 15.17.50,03 21 juillet 9.56.47,06 15.13.21,84 22, juillet 9.55.29,84 15. 8.54,32 23 juillet 9-56.45,58 15. 4.34,64 + 41°27/ 54/1 38.43.51,0 38. o.16,1 35.15.50,2 36.30.54,5 26 juillet 31 juillet 4 août 5 août 11. 4.22,19 10.14. 0,34 10.51.5/,80 10.21.27,54 9.40.49,70 14.52.18,07 14.34.59,10 14.28.4711 14.23. 6,23 14.20 .28,36 IE 1 34.10.30,9 30.16.24,6 28.40.46,1 27. 7:30;7 20022287 LHH+++ ++ » A l’aide de l'observation de Paris du 8 juillet, et de mes observations du 21 juillet et du 5 août, corrigées de l'aberration, j'ai calculé les éléments suivants, qui diffèrent peu des seconds éléments de M. Mauvais: (417) Passage au périhélie, 1844 , octobre . . . . . 17,29040 t. m. de Paris. Distance périhélie. . . . . . . . . .. 00 000,9020020 Longitude du périhélie. . . . . , . . . . . . 180°15/46”,0) rapportées à l’équinoxe Bonsitude) duynœud- 40-00 Nu 31° 43 RUN du 1° janvier 1844. BACS ONE EEE ce 1 1020708 :0 DIDUVEMENT ERP RMEN CN CE CIC IE Rétrograde. » Ces éléments ne représentent pas encore les observations d’une ma- nière satisfaisante, comme on peut le voir par le tableau suivant, qui donne les différences entre les longitudes et latitudes calculées, et les longitudes et latitudes observées : ERREURS LIEU ERREURS x en longitude en arc eu de lobservation. g en latitude. de grand cercle. 8 juillet 1844............, Paris. —"0/4 Genève. — 15,4 Genève. — 14,6 Genève. — 11,3 Genève. — 14,3 Genève. 4,7 Genève. 1,8 Genève. 24,3 Genève. 32,7 Genève. 4,4 Genève. 0,0 » Je crois qu'une grande partie de ces écarts vient de ce que, dans la po- sition du 5 août, qui m'a servi à calculer les éléments, il y a une erreur assez forte dans l'ascension droite de l'étoile de comparaison tirée du cata- logue de Piazzi, XIV, 97; en effet, d’après ce catalogue, j'ai pris pour l'ascension droite moyenne ramenée au 1* janvier 1844 : 215°26/ 40,5; or, l'ascension droite de cette étoile tirée de la 462° zone de Bessel, serait 215° 26’ 49",9. Si la différence entre les deux positions provient d'un mouve- ment propre de l'étoile, l'ascension droite, dont j'ai fait usage, serait trop faible de pres de 20 secondes. 56. ( 418) » J'ai prolongé jusqu'à la fin de l'année les éphémérides de la comète que M. Mauvais a présentées à l'Académie le 30 juillet, mais en ne les calculant que de dix en dix jours. DATES ; DISTANCES | DISTANCES : ASCENSIONS : à 9 heures, de la de la LONGITUDES LATITUDES cal DÉCLINAISONS 3 3 : 3 . : . roites temps moyen | comète |comète à| gcocentriques.| géocentriques. apparentes. RE apparentes. de Paris. au Soleil|la Terre. PP 1°" octobre. |o,9023|1,8726|198° 16’ 55”| — 1°33/55/ |196°15/25"| — 8°37/ 11 octobre..|0,8597|1,8396|198. 6.32 | — 7.14. o |193.61. —13.47. 21 octobre. .|o,8660|1,7572|197.55.41 | —13.12.11 |191.14. — 19.11. 31 octobre. .[0,8918|1,6296|197.49.12 | —19.4g9.x1 188.12. —25.11. 10 novembr.|0,0613|1,4693|197.50.43 | —27.36.41 |184.22. — 32.13. 20 novembr.|1,0556|1,2960|197.56.40 | —37.23.25 |178.41. —/0.52. 30 novembr.|1,16641,1364|197.50. o | —50.12.38 |168.18. —br.3re 10 décembre.|1,2895/|1,0260| 106.14. 1 | —66.49.41 |144.56. —62.30. 20 décembre.|r,4145|1,0029 168.25. 9 | —86.40.13 |100.12. —65.19. 30 décembre.|1,5446|1,0859| 34.11.18 | —74.28.52 | 67. 1. —55.27.45 » Ces éphémérides montrent que la comète sera en conjonction vers le 11 octobre. Son mouvement géocentrique sera, depuis le mois de septembre jusqu'au commencement de décembre, presque perpendiculaire à Vé- cliptique, près du pôle austral de laquelle elle passera vers le 21 ou le 22 décembre; elle sera en même temps en opposition. Comme à cette époque elle ne sera guère distante de la Terre de plus du demi-grand axe de l'orbite de la Terre, il est probable que dans l'hémisphère austral on la verra très- brillante, peut-être à l'œil nu. La comète redeviendra visible dans nos con- trées vers le milieu de janvier de l'année prochaine dans la constellation de l'Éridan. » PHOTOGRAPHIE. — M. Araco a déposé sur le Bureau, de la part de M. Tuiessow, un grand nombre de portraits remarquables exécutés au daguerréotype. M. Thiesson, présent à la séance, recoit les félicitations de M. le Président. Une Commission, composée de MM. Arago, Dumas, Regnault, Babinet, ira voir opérer M. Thiesson. (419) M. AraGo présente, de la part de M. Lorrer, le tableau des observations hydrologiques recueillies sur différents points du bassin du Rhône pendant le mois de juin 1844. MM. Thenard et Arago feront des démarches, au nom de l’Académie, auprès du Ministre de l'Agriculture et du Commerce, afin d'obtenir que les diverses stations, déjà établies, soient pourvues de baromètres et de thermo- mètres comparabies. D» ASTRONOMIE. — Observations d'étoiles Jilantes faites en Belgique. (Extrait d'une Lettre de M. Querezer à M. Arago.) « Nous n'avons vu le ciel que pendant quelques heures dans la soirée du 9 de ce mois; cependant ce court intervalle nous a permis de reconnaître que ces météores ont mieux répondu à l'attente générale que l'année dernière. » Pendant la première partie de la soirée du 9; l'état du ciel était très- satisfaisant à Bruxelles; mais des nuages se sont formés ensuite, et il n’a plus été possible d'observer, ni pendant cette nuit, ni pendant les nuits suivantes. Nous avons compté, M. Bouvy et moi, en observant alternativement du côté du midi, 29 étoiles filantes dans l'intervalle d’une heure (9"30" à ro!30m). Pendant ce temps M. Houzeau observait du côté du nord, et il a compté 48 étoiles filantes dans l’espace d'une heure et demie (9"30% à 11 heures) : Par conséquent 32 par heure. Plusieurs de ces étoiles filantes étaient très- belles et laissaient des traînées lumineuses après elles. Cette apparition ne se distingue pas seulement par le nombre des météores, qui a été quatre fois plus grand que pour des nuits ordinaires, mais encore par la direction gé- nérale des météorés, qui annonçait un point d'irradiation. » Parmi toutes les étoiles filantes, il en est une particulièrement remar- quable qui s’est présentée vers rob5", et qui doit avoir été remarquée encore dans d’autres localités. Elle marchait avec une lenteur extrême, en suivant une ligne sinueuse à travers la constellation de Pégase, et en se dirigeant du sud au nord, c’est-à-dire à peu près en sens contfaire du mouvement général. » À Gand, les étoiles filantes ont également été observées avec succès par M. Duprez, professeur de physique à l’Athénée royal. La moyenne du nom- bre des météores observés a été de 26,5 par heure, savoir : De 10 à 11 heures. . . . . .. 23 étoiles filantes. De znfà minuit.tuntn ss . à, 27. 1» » De minuit à 1 heure. . . . .. 30...» » ( 420.) « Le grand éclat de ces étoiles filantes, écrit M. Duprez, et la duréede » persistance des traînées lumineuses qui les accompagnaient, m'ont paru » surtout remarquables cette année : les plus brillantes apparurent de mi- nuit à une heure, et il était alors rare d'en observer une qui ne fût accom- pagnée d'une traînée lumineuse, dont le plus souvent se détachaient de vives étincelles.... La direction a été généralement du nord-est au sud- ouest; et c’est une chose bien remarquable que, des 80 météores obser- vés, pas un seul ne s'est dirigé entre le nord et le sud du côté de l’ouest, »_vers la partie opposée du ciel. » » À Bruges, les observations ont été faites par M. le docteur Forster, qui dit avoir compté un bon nombre d'étoiles filantes dans la soirée du 9 ; mais c'est dans la nuit suivante que leur nombre a été considérable. « Le » nombre total, dit-il, doit monter jusqu'à 700 à peu près : la moyenne » était de plus de 96 par heure. » M. Forster a reconnu également un point de convergence, mais il lui a été difficile de le bien préciser. » M. Varcor adresse une Note sur le ver du Fezzan. (A) (Pièces de la séance du 26 août 1844.) MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Sur la théorie de la fabrication de l'acide sulfurique ; par M. Euc. Pérrcor. (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Payen.) « Je me propose de faire connaître à l'Académie quelques expériences entreprises dans le but de confirmer une théorie de la fabrication de l'acide sulfurique à laquelle j'ai été conduit par les recherches sur l'acide hypoazo- tique et sur l'acide azoteux que j'ai publiées en 1841. » Presque tous les chimistes s'accordent à considérer les cristaux qui se forment, quand on met en présence l'acide sulfureux, l'acide hypoazotique et l’eau, comme jouant un rôle essentiel dans la production manufacturière de l'acide sulfurique. On sait que ces cristaux se produisent dans des circon- stances nombreuses, et qu'ils fournissent de l'acide sulfurique et un composé oxygéné de l'azote quand on les met en contact avec l'eau ; leur composition, restée longtemps incertaine, malgré les nombreuses analyses qui en ont été ne s.- ns (41) faites , a été fixée en 1840 par M. de la Provostaye, qui a signalé leur pro- duction au moyen des acides hypoazotique et sulfureux secs, sous l'influence l'une pression considérable. » Les faits observés par M. de la Provostaye l'ont conduit à introduire quelques modifications nouvelles dans la théorie de la fabrication de l'acide ulfurique ; sans contester le mérite et l'exactitude de ces faits, je pense que eur application à cette théorie laisse encore beaucoup à désirer, attendu que la production de l'acide sulfurique est tout à fait indépendante de l'existence et conséquemment de la nature de ces produits, auxquels on a donné le nom fort impropre de cristaux des chambres de plomb. » Il résulte, en effet, de l’observation journalière et du témoignage una- nime des fabricants d’acide sulfurique, que ces cristaux, auxquels les chi- mistes attribuent la production de cet acide, ne se forment jamais dans leurs appareils quand ils fonctionnent avec régularité; ils ne sont qu'un accident de leur fabrication, accident très-rare aujourd'hui par suite des perfectionne- ments qu'elle a recus. » Ces résultats constants de l'opération manufacturière ont sans doute conduit M. Berzelius à interpréter d’une autre manière les phénomènes qui se passent dans les chambres de plomb. « Lorsque le gaz oxyde nitrique entre en contact avec l'air, dit le célèbre chimiste suédois, il se convertit aux dé- pens de celui-ci en acide nitreux, qui, combiné avec l'humidité de l'air, pro- duit des vapeurs d'acide nitreux aqueux. Le gaz acide sulfureux enlève à l'acide nitreux , et l'oxygène dont il a besoin pour passer à l’état d'acide sul- furique, et l’eau nécessaire pour convertir celui-ci en acide sulfurique aqueux . et se condenser; quant à l'acide nitreux, il repasse à l’état de gaz oxyde nitrique qui exerce ensuite la même action sur de nouvelles quantités de gaz acide sulfureux et d’air humide (1). » » M. Mitscherlich adopte à peu près la même théorie ; il admet « que le deutoxyde d'azote, en se combinant avec l'oxygène de l'air, produit de l'acide nitreux, qui cède l'oxygène acquis à l'acide sulfureux pour former de l'acide sulfurique (2). » » Les opinions de MM. Berzelius et Mitscherlich, tirées d'ouvrages dont la publication est déjà ancienne , ont été probablement modifiées par les travaux récents qui ont été faits sur ce sujet : il n'est plus possible aujourd'hui (1) Traité de Chimie de M. Berzelius, édition française de M. F. Didot, 1830; t. Il, pag. 10. (2) Éléments de Chimie de M. Mitscherlich, traduits par M. Valerius, 1836 ; t. II, pag. 64. ( 422 ) d'admettre l'existence de l'acide nitreux aqueux; j'ai démontré, en outre, dans le travail dont j'ai rappelé le titre au commencement de ce Mémoire, que le bioxyde d'azote se transforme en acide hypoazotique (Az O") par son contact avec l'oxygène atmosphérique, et non pas en acide nitreux (AzO*), ainsi que le suppose cette théorie. On sait enfin que l'acide sulfureux n’a d'ac- tion sur l'acide hypoazotique que sous l'influence d'une forte pression. » La théorie que je vais exposer me semble expliquer, d'une manière simple et satisfaisante, tous les phénomènes qui se passent réellement dans la fabrication de l'acide sulfurique; elle repose sur les faits suivants : » 1°. L'acide sulfureux décompose l'acide azotique ; le premier se trans- forme en acide sulfurique, et le second en acide hypoazotique. » 0°, L'eau change ce dernier acide en acide azotique et en acide azoteux. » 3°, L'acide azoteux, sous l'influence d’une quantité d’eau plus grande, devient à son tour de l'acide azotique et du bioxyde d'azote. » 4°. Ce gaz, en contact avec l'air atmosphérique, reproduit de l'acide hypoazotique que l'eau transforme en acide azoteux et en acide azotique. L'acide sulfureux agit d'une manière incessante et exclusive sur l'acide azo- tique constamment régénéré dans ces différentes phases de l'opération. » Ces réactions excluent l'intervention d'aucun composé cristallisé ; elles sont nettement représentées par les formules suivantes : Az Of, Aq + So? — So*, Aq + Az O"; 2 Az O' + Aq = Az O? + Az O, Aq; 3 Az O* + Aq = 2 Az O*' + Az 0, Aq; Az O-20—A7z0"4,1..etc. » Les faits principaux qui servent de base à cette théorie sont établis par des expériences suffisamment précises pour qu'il soit superflu de les sou- mettre à de nouvelles épreuves; j'ai cru néanmoins qu'il était utile d'étudier avec soin l’action de l'acide sulfureux sur l'acide azotique à différents degrés de concentration et à différentes températures, et de fixer les limites aux- quelles elle cesse de se manifester. » L'appareil dont je me suis servi consiste en un matras contenant du cuivre et de l'acide sulfurique pour la production du gaz sulfureux, et en deux appareils à boules, de Liebig; le premier servant au lavage du gaz, l'autre renfermant l'acide azotique soumis à l'expérience. »_L'acide azotique contenant le moins d’eau possible, celui dont la densité est représentée par 1,51 est converti, par l'acide sulfureux sec, en une masse (423) de cristaux qui sont probablement identiques avec ceux qui ont été produits et étudiés par M. de la Provostaye. Ce fait ne touche en rien la théorie de la fabrication, puisque l’acide dont on fait usage est toujours à un degré de con- centration beaucoup moindre. » L'acide azotique du commerce, et celui qui marque de 24 à 28 degrés au pèse-acide, et qui contient de 27 à 34 d'acide anhydre pour 100 parties, est décomposé très-énergiquement par l'acide sulfureux; des vapeurs ruti- lantes d'acide hypoazotique se forment immédiatement dans la première boule de l'appareil de Liebig , et colorent le liquide en vert; la température s'élève beaucoup pendant toute la durée de l’action qui se manifeste de pro- che en proche, l'acide sulfureux étant absorbé en totalité tant que tout l'acide azotique n'a pas été employé à sa transformation en acide sulfurique; aussi remarque-t-on une coloration différente dans chaque boule; à mesure que l'action qui se produit dans la première diminue, la couleur verte du liquide qu'elle contient s’affaiblit, en même temps que celui de la seconde augmente en intensité; chaque boule prend alternativement une teinte verte foncée; le liquide devient ensuite d’un vert plus pâle, puis d'un jaune orangé; quand l'acide azotique est entièrement détruit, il redevient incolore. Si l'acide qu'on soumet à l'expérience est l'acide à 5 équivalents d’eau, entrant en ébullition à 120 degrés, la température s'élève tellement qu'elle s'oppose à la dissolu- tion de l'acide azoteux; aussi ne remarque-t-on pas de coloration. » Quand l'acide azotique est étendu d’une quantité d’eau plus considérable, on obtient la coloration en bleu indigo pur qui résulte de la dissolution de l'acide azoteux dans l'acide azotique faible, et qui se forme, comme on sait, par l’action même du bioxyde d’azote sur l'acide azotique étendu d’eau. » Lorsque l'expérience est terminée, l'acide sulfureux cessant d’être absorbé , on reconnaît, en employant les méthodes très-délicates qui consta- tent la présence des moindres traces d'acide azotique, que le liquide qui est resté dans les boules est de l'acide sulfurique hydraté, tenant en dissolution un excès d'acide sulfureux : il est absolument privé d'acide azotique, ou de tout autre composé de l'azote. En mettant, en effet, ce liquide en contact avec une dissolution incolore de sulfate de protoxyde de fer dans l'acide sul- furique concentré, et en opérant avec les précautions usitées pour que la température ne s’élève pas, aucune coloration en brun, en rouge ou en rose ne se manifeste; la moindre trace d'acide azotique ajouté à ce liquide pro- duit, au contraire, la coloration en rose. » On remarque d’ailleurs que le contact de l'acide sulfureux sur l’acide azotique détermine constamment la formation de vapeurs rutilantes d'acide C. R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 9.) 57 ( 424 ) hypoazotique des le commencement de l'opération, et sans l'intervention de l'oxygène atmosphérique ; cela résulte de l'action même de l'acide sulfureux sur l'acide azotique : plus tard, quand le gaz sulfureux agit sur le liquide vert ou Jaune qui résulte de cette première phase , les vapeurs rouges dispa- raissent en grande partie, car le produit qui se forme est du bioxyde d'azote. » Il était essentiel de contrôler l'exactitude des phénomènes successifs que je viens de décrire, et leur application à la théorie de la fabrication de l'acide sulfurique, en constatant que tout l'acide azotique soumis à l’action de l'acide sulfureux en excès se dégage finalement sous cette forme de bioxyde d'azote, quand l'oxygène atmosphérique n'intervient pas dans l'opération. Il suffit, pour constater ce résultat, de recueillir sous l’eau le gaz qui se dégage, après que l'opération a déjà marché pendant un certain temps. L'examen de ce gaz m'a prouvé qu'il consiste en bioxyde d'azote entièrement pur, absorba- ble sans aucun résidu par les sels de protoxyde de fer. » L’acide azotique, très-dilué, contenant par exemple 85 pour 100 d'eau (acide à 13 degrés du pèse-acide) , n’est pas altéré par un courant d'acide sul- fureux à la température ordinaire; mais en chauffant le liquide jusqu'à 60 ou 80 degrés, il se convertit en acide sulfurique. » La même expérience a été faite avec de l'acide azotique à 7°,5 et à 4°,5. L'action est nulle à froid; elle est sensible lorsqu'on chauffe le liquide à 80 de- gvés : elle fournit de l'acide sulfurique. » Il résulte donc de ces expériences que l'acide azotique, même tres- étendu d’eau, transforme l'acide sulfureux en acide sulfurique. » Ilest inutile de faire remarquer combien la théorie que je viens de dé- velopper se trouve confirmée par la pratique actuelle de la fabrication de l'acide sulfurique. On sait, en effet, que le procédé généralement adopté aujourd’hui par les manufacturiers consiste à faire arriver l'acide sulfureux dans une première chambre de plomb qui renferme des vases remplis d'acide azotique au degré commercial; il n’est pas douteux que l'action commence par la transformation de cet acide en vapeurs nitreuses qui se répandent , à cause de leur grande volatilité, dans toutes les parties de l'appareil dans les- quelles affluent l’eau et l'air, régénérant sans cesse l'acide azotique nécessaire à la conversion du gaz sulfureux en acide sulfurique. La quantité de vapeur d’eau qui arrive dans les différentes parties de l'appareil est trop considéra- ble pour que les réactions puissent se passer autrement, et pour que la for- mation des cristaux des chambres soit admissible. ». En considérant la faculté que possède le gaz sulfureux de détruire et de chasser complétement l'acide azotique dissous dans une quantité d’eau même (425) considérable, ainsi que cela résulte des expériences qui précèdent, on est conduit à admettre que l’acide sulfurique qui se produit sous l'influence d’un excès de gaz sulfureux doit être entièrement exempt d'acide azotique. Cette considération est très-importante pour la pratique; car on sait que l'acide sulfurique du commerce se trouve quelquefois souillé d’une proportion plus ou moins grande d'acide azotique dont la présence est nuisible pour certaines opérations, notamment quand l'acide sulfurique est destiné à la dissolution de l'indigo. » J'ai fait quelques expériences pour constater l'efficacité de cette réaction considérée comme moyen de purifier l'acide sulfurique. J'ai ajouté à de l’a- cide sulfurique du commerce, marquant 65 degrés, une petite quantité d'a- cide azotique, et je l'ai soumis à l'action du gaz sulfureux; l'acide azotique n’a pas été détruit, ainsi qu'on pouvait le prévoir, car cette destruction exige l'intervention d'une certaine proportion d’eau à l’état libre agissant sur les produits même de la décomposition de l’acide azotique. Il est vraisemblable que l'acide azotique qui se trouve dans l'acide sulfurique concentré y existe sous la forme des cristaux étudiés par M. de la Provostaye, lesquels sont solubles dans cet acide. Cette hypothèse rend compte du fait de la persistance de l’acide azotique dans l’acide sulfurique du commerce, dont la température a été portée pour la concentration jusqu'à 326 degrés; si l'acide azotique était libre , il se dégagerait à une température bien moins élevée; on sait, au contraire, que les cristaux de M. de la Provostaye n'entrent en vapeur qu’à la température de l'ébullition du mercure. » Les résultats sont très-différents quand on opère sur de l'acide sulfu- rique étendu d’eau ; on a ajouté à de l'acide sulfurique marquant 65 degrés au pèse-acide , un volume d'eau égal au sien. Le mélange marquait 47 degrés. On y a versé 5 centimètres cubes d'acide azotique à 38 degrés. Le gaz sulfu- reux, mis en contact avec ce liquide chauffé à 60 degrés, a déterminé immé- diatement la production de vapeurs rutilantes; employé en excès, il a fait disparaître entièrement l'acide azotique; car le liquide restant n'a produit aucune coloration par son contact avec le sulfate de fer dissous dans l'acide sulfurique pur. » La même expérience a été faite sur de l'acide provenant des chambres de plomb ; la densité de ce liquide était représentée par 1,530 (50 degrés au pèse-acide); il contenait de l'acide azotique qui a disparu entièrement sous l'influence de l’acide sulfureux en excès. » Ces résultats m'auraient conduit à proposer l’action du gaz sulfureux sur l'acide sulfurique faible comme un procédé manufacturier propre à fabri- 5q.. ( 426) quer de l'acide sulfurique dépouillé d'acide azotique, si M. Payen ne m'avait appris, depuis la rédaction de ce travail, que cette méthode de purification est déjà mise en pratique dans plusieurs usines. Ils montrent, dans tous les cas, combien il importe pour les fabricants d'acide sulfurique de produire leur acide des chambres sous l'influence d’un excès d'acide sulfureux. » CHIMIE. — Recherches sur les types chimiques; par M. Auc. Camours. (Premier Mémoire.) (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul , Dumas.) « Depuis longues années les études des chimistes sont dirigées vers la re- cherche de la constitution réelle des acides et des sels. » Deux hypothèses ont été émises à l'égard de ces composés par deux des hommes les plus éminents dont la science s'honore : Lavoisier et Davy. » Pour Lavoisier, un acide est une combinaison résultant de l'union de deux composés binaires qui sont, d'une part, de l'eau; de l’autre, une com- binaison oxygénée regardée par ce chimiste comme le véritable acide anhydre. Vient-on à mettre l'acide hydraté en présence d'une base, l’eau est éliminée et se trouve remplacée par cette dernière. On forme de la sorte un composé qu'on désigne sous le nom de sel. » L'acide hydraté serait donc le type salin du genre; en remplaçant l'eau par les différentes bases connues, on obtiendrait les espèces diverses qui appartiennent à ce genre. Ainsi, en appliquant cette manière de voir aux acides sulfurique, azotique, chlorique, etc., on aurait SO’, HO type du genre sulfate, S0?, HO + KO — HO + SO!, KO, Sulfate de potasse. SO’, HO + PbO — HO + SO, PbO, etc.; Sullate de plomb. Az0', HO type du genre azotate, Az20°, HO + KO — HO + AzO5, KO, Azotate de potasse. AzO5, HO + PbO — HO + AzO’, PbO, etc.; Azotate de plomb, CIO, HO type du genre chlorate, C0‘, HO + KO — HO + CIO’, KO, Chlorate de potasse, CIO‘, HO + PbO — HO + CIO, PbO, etc., Chorate de plomb. ( 427) Le sel neutre ne différerait alors de l'acide hydraté que par la substitution d'une molécule d’un oxyde de la forme MO à une molécule d'eau. » Ces vues, remarquables par leur simplicité, furent alors adoptées par le plus grand nombre des chimistes. Mais quand, plus tard, on découvrit des combinaisons formées d’un radical et d'hydrogène, et fonctionnant à la ma- nière des acides, on fut obligé d'établir deux groupes distincts, savoir : les oxacides et les hydracides. » Dans un Mémoire fort remarquable sur l’acide iodique, Davy essaya de ramener ces deux classes de composés à un même type; il considéra dès lors tous les acides comme des hydracides comparables à l'acide chlorhydrique. Dans cette hypothèse, la formation des sels s'expliquerait par de simples phénomènes de substitution. | » En formulant l'acide sulfurique monohydraté de la manière suivante : SO:, H tous les sulfates en dériveraient en effet par la substitution d'une molécule d’un métal quelconque à la molécule d'hydrogène qu'il renferme. » Les idées ingénieuses de Davy s’'accommodaient ainsi parfaitement aux différents acides connus; aussi trouvèrent-elles crédit parmi des chimistes fort distingués. » La découverte des acides polybasiques vint apporter des objections sé- rieuses à cette manière de voir; ainsi, pour les trois hydrates distincts d'a- cide phosphorique si bien étudiés par M. Graham, il fallait, disait-on, ad- mettre trois radicaux différents et inconnus; tandis qu’en partant des idées de Lavoisier, la constitution de ces composés s'expliquait d'une manière sim- ple; mais on peut facilement écarter ces difficultés en se laissant guider par les idées de M. Dumas. » Ce chimiste, donnant de l'extension aux idées de Davy, proposa de con- sidérer certaines molécules comme de véritables types, dans lesquels on peut remplacer certains éléments par d’autres, sans en changer les propriétés fon- damentales. » Considérés à ce point de vue, les trois hydrates d’acide phosphorique formeraient trois types qu'on pourrait formuler ainsi : PhH O'; | PhH°0'; PhH°0:. » Le premier pourrait échanger son équivalent d'hydrogène contre 1 équivalent de métal, et donnerait naissance aux métaphosphates. ( 428 ) » Le second produirait les pyrophosphates par la substitution de 1 ou 2 équivalents de métal à 1 ou 2 équivalents d'hydrogène. » Enfin, en remplaçant 1, 2 ou 3 équivalents d'hydrogène par 1, 2 ou 3 équivalents de métal, on obtiendrait les phosphates ordinaires. » Tous les acides dits polybasiques peuvent se formuler d’une manière analogue, et la formation de leurs sels s'explique d'une façon toute semblable. » C’est guidé par ces vues que j'ai entrepris les recherches qui vont suivre sur l'acide salicylique et ses dérivés. » Les propriétés curieuses et surtout inattendues dusalicylate de méthylène et de l’éther salicylique, avaient conduit M. Dumas, dans son Rapport sur mon Mémoire relatif à ces combinaisons, à considérer l'acide salicylique comme bibasique; on pouvait se rendre ainsi facilement compte du mode d'action de ces produits en présence des bases. Les faits que j'ai récemment observés, et dont je vais rendre un compte sommaire, prouvent d’une manière évi- dente que l'acide salicylique est un acide monobasique ou pour mieux dire un acide uni-moléculaire. » Mis en présence des bases, cet acide donne des composés cristallisables qui, pour la plupart, retiennent de l'eau, mais qui la perdent à une tempé- rature qui n'excède pas 200 degrés. Je n'ai pu obtenir ni de salicylate à deux bases, ni de salicylate avec excès de base. » L'acide salicylique est un véritable type qui peut échanger 1 équivalent d'hydrogène contre 1 équivalent d'un métal simple (potassium , barium, ar- gent, etc.), ou d'un métal composé (ammonium, méthylium, etc.), en don- nant naissance à une série de produits doués des propriétés fondamentales qui le caractérisent. » L'acide salicylique hydrogéné C“H: 0°, H l'acide salicylique kalié C“H 0°, K l'acide salicylique méthylié C'! H: O® C? H° forment des sroupements moléculaires qui donnent des résultats entièrement semblables lorsqu'on fait intervenir un même réactif. ( 429 ) “H:0', » Ainsi, qu'on prenne le type, le chef de famille fe a ou l’un de ses dérivés que nous avons formulé plus haut, et qu'on mette ces différents pro- .duits en présence du chlore ou du brome, et l’on obtiendra une série de composés qui présentent entre eux la plus parfaite ressemblance. » Tant que, dans une molécule chimique, on met à la place d’un élément un autre élément de nature analogue, les propriétés chimiques se trouvent conservées; c'est ce qui résulte de l'observation d'un très-grand nombre de faits. » Si l'on substitue, au contraire, à l'hydrogène des corps tels que l’amido- gène, la vapeur nitreuse, etc., qui en different essentiellement au point de vue chimique, la molécule-mère se trouve modifiée de telle sorte, qu'un réactif donné ne se comporte plus avec elle comme avec la molécule dérivée ; c'est ce que je prouverai dans l'examen comparatif de l'acide salicylique et de l'acide indigotique, ce qui fera l’objet d'un autre Mémoire. » En se dédoublant sous l'influence de la chaleur, l'acide salicylique et ses dérivés métalliques fournissent un même produit, l'hydrate de phényle; mais vient-on à soumettre au même agent les produits de la substitution du mé- thylium ou de l’éthylium à l'hydrogène, on obtient alors de nouveaux pro- duits qu'on peut considérer comme dérivés de l'hydrate de phéryle par la substitution du méthylium ou de l’éthylium à l'hydrogène, et qui appartien- nent au même type. » Ainsi l’on a C' H5 05 — 2 CO?’ — C'’H°0:, C' H5 O5 — 2 CO: — C'? H° 0°. C?H° C°H° » Si l'on remplace, dans l'acide salicylique, 1 équivalent d'hydrogène «par x équivalent d’ammonium , la moitié de l'hydrogène de ce composé, agis- sant comme corps réducteur, s'empare d’une quantité proportionnelle d'oxy- gène, et l'on obtient alors la salicylamide qui possède un groupement mo- léculaire différent : C' H5 Of — 2H O0 — CH: Oi. (Az H°) AzH° Salicylamide. Ce qui se comprend facilement, deux molécules d’eau se séparant dans ce dernier cas, tandis que dans les deux premiers, c’est de l'acide carbo- nique. » Sous l'influence du chlore et du brome, l'acide salicylique perd 1, 2 ou 3 (40 ) équivalents d'hydrogène qu'il échange contre un nombre égal d'équivalents de ces corps simples. Tous ces dérivés ne présentent pas le même degré de C' H: O5 C'' H: O5 et stabilité; les composés ae _ sont ceux qui en offrent le plus. » Les acides salicylique kalié et méthylié offrent des résultats parfaite- ment semblables : ainsi l’on a / CH, C'‘H: 0°. K CE : Br° Br Ce qui devait être nécessairement, ces produits appartenant au même type chimique. Sous l'influence de la chaleur, les composés C' H‘ 0, C'‘H: 0’, C' H: O!, CH: O° Br’ K cr K Br° CF se décomposent à la manière de la molécule primitive C'*H° Of d'où ils dé- rivent, et produisent également, par la perte de deux molécules d'acide car- bonique, des composés dérivés de l'hydrate de phényle par substitution. CH Of c'2 H: O° Le composé CH se transforme, au contraire, en bibromanisole C:H° Br° Br° C'? H: O0? qui correspond à l’anisole crée JÉCIVE lui-même de acide salicylique méthylié; l’hydrate de phényle, qui tend à se produire dans cette circonstance, devant nécessairement être modifié par l'introduction du méthylium à la place de l'hydrogène. » Les acides monobasiques se comportent tous d’une manière analogue, mais il n’en est aucun qui fournisse des résultats plus tranchés que l'acide sa- licylique; aussi son étude est-elle une des plus instructives que présentent les composés de la nature organique. » Doué d'une composition simple, il produit un grand nombre de dérivés liés à lui par des relations d'une extrême simplicité, et susceptibles de se dé- doubler sous des influences déterminées pour fournir des composés du même ordre. La formation de ces derniers s'explique de la manière la plus nette, en partant de la théorie des types établie par M. Dumas, théorie qui ne repose sur aucune hypothèse, et qui consiste à considérer un petit nombre de corps doués d'une existence réelle, comme des systèmes formés de molécules qu'on ( 431 ) peut remplacer par d’autres du même ordre en formant des composés ana- logues. | » Je dois signaler, en terminant, un fait d'un haut intérêt, savoir, la for- mation de l'acide salicylique au moyen de l'indigo pur : ce qui rend compte de la production de substances identiques, lorsque l'on fait agir certains réactifs sur des composés de la série indigotique et salicylique. Cette trans- formation s'opère, sous l'influence de la potasse solide, à une température supérieure à 300 degrés. L'expérience ne réussit pas toujours très-bien: si l'on dépasse la température convenable , la matière est détruite ,et l'on obtient une substance brune; si on ne prolonge pas suffisamment l’action, on n'ob- tient que de l'acide anthranilique. » En formulant l'indigo C'5 H° Az O° à la manière de M. Dumas C“H0?, C: Az on aurait pour la première action de la potasse hydratée C': H° 0° +2H0—C"“H O0: + H. C: Az C: Az Isatine. On aurait ensuite CH: O0‘ + 4 HO — C“H° 0‘ + CO: + H:. C: Az Az H° Acide anthranilique. » Ce dernier produit se détruisant ensuite, on aurait en dernier lieu CU HS 0‘ + 2H 0 — C“H°0° + Az. Az H° Acide anthranilique. Acide salicylique. Ce résultat, qu'on pouvait prévoir, établit un lien fort simple entre deux des familles organiques les mieux connues aujourd'hui, celle du salicyle et celle de l’indigo. » Ainsi, pour résumer les faits précédents, nous dirons que l'acide salicy- lique est un type qui peut échanger de l'hydrogène contre des métaux simples, en fournissant une série de composés dans lesquels les propriétés fondamen- tales sont conservées. Sous l'influence de la chaleur, ils donnent un produit identique, l’hydrate de phényle. C.R., 1844, 2e Semestre. (T. XIX ,N° 9.) 58 (432 ) » Si l'on met à la place de l'hydrogène des métaux composés, tels que du méthylium, de l’éthylium , ete., on obtient des produits du même ordre, mais qui se dédoublent sous l'influence de la chaleur, en donnant des composés qu'on peut considérer comme dérivés de l'hydrate de phényle, une molécule de méthylium ou d’éthylium remplaçant une molécule d'hydrogène. » Substitue-t-on de l'ammonium à de l'hydrogène, on obtient encore un composé analogue aux précédents; mais celui-ci, sous l'influence de la cha- leur, se comporte de telle sorte que la moitié de l'hydrogène de l'ammonium s'unit à une quantité proportionnelle d'oxygène qui se dégage, et l’on ob- tient pour résidu , de la salicylamide qui ne rentre plus dans le type phényle. » Si l'on substitue du chlore ou du brome à l'hydrogène dans l'acide sali- cylique et ses dérivés, on forme de nouveaux produits qui, sous l'influence de la chaleur, se comportent comme les précédents. » Enfin l'indigo, corps rapproché par sa composition de l’hydrure de sali- cyle et de l'acide salicylique, se transforme en ce dernier produit sous l'in- fluence de la potasse hydratée et de la chaleur. » Les faits qui font l'objet de ce travail ne sont pas isolés; l'acide anisique, qui se rapproche tant de l'acide salicylique par sa constitution moléculaire, se comporte d’une maniere entièrement analogue, ainsi que je le démontre- rai dans un prochain Mémoire. » CORRESPONDANCE. M. Frourexs présente à l'Académie, au nom de M. Lion Durour, membre correspondant, l'Histoire des métamorphoses et de l'anatomie du Piophila petasionis, publiée par ce naturaliste dans les Annales des Sciences natu- relles. (Foir au Bulletin bibliographique.) M. Frourexs fait hommage à l’Académie de l'éloge de Lours-Levx Ja- cosson, un de ses correspondants, par M. Escuricur. ( Voir au Bulletin bi- bliographique.) « Dans cet éloge, dit M. le Secrétaire perpétuel, se trouvent énumérés les principaux travaux de ce célèbre anatomiste, au nombre des- quels on doit citer : «Ses recherches, 1° sur la glande des oiseaux qu'il appela glande nasale latérale de Stenson; 2° celles sur les conduits singuliers dans la tête des raies et des squales, remplis d'un fluide épais, pellucide; 3° sa découverte d'une anastomose de nerfs dans la cavité du tympan de l'oreille, connue sous (455) le nom d'anastomose de Jacobson ; 4° sur un cours particulier du sang vei- neux des membres postérieurs de la queue et des parois de l'abdomen chez les reptiles; 5° son Mémoire sur la présence des glandes surrénales chez plu- sieurs poissons; 6° son autre Mémoire sur les vaisseaux lymphatiques chez les reptiles; 7° ses observations sur la fréquence de l'hermaphroditisme chez les grenouilles ; 8° ses observations sur ce fait, qu'après l’oblitération des veines, la circulation se rétablit par le même procédé qu'après l’oblitération des artères; 9° son invention de la méthode lithoclastique, qui lui valut en France la médaille du prix Montyon; 10° sa découverte de la nature végé- tale de plusieurs pseudohelminthes (Diceras rude). » M. Frourens fait hommage, au nom de M. L. Acassiz, correspondant de l'Académie, des deux premières livraisons de l'ouvrage de ce naturaliste intitulé : Monographie des poissons fossiles du vieux grès rouge (voir au Bul- letin bibliographique). « Dans ces livraisons, ajoute M. Flourens, M. Agassiz fait connaître plusieurs genres de la famille des Céphalaspides, tels que les genres Cephalaspis, Pterichthys, Pamphractus, Polyphractus, Coccosteus. Il décrit ensuite quatre genres de la famille des Acanthoïdiens qu'il distingue des Lépidoïdes auxquels il les avait d’abord réunis, ce sont ceux désignés par les noms de Cheiranthus, Diplacanthus, Cheirolepis et Acanthus. Enfin; la deuxième livraison se termine par la description des genres de la famille des Célacanthes, tout récemment établie, et qui, par ses formes variées et extraordinaires, peut être envisagée comme une des plus intéressantes de l'ichthyologie fossile; M. Agassiz s’est arrêté dans cette livraison au genre Ho- loptychius. » M. Froures fait hommage à l’Académie, au nom de M. Parrenuem, de Breslau, des ouvrages suivants dont ce physiologiste est l’auteur : 1° Étude de la digestion dans l'état sain et dans l'état malade; 2° Traité special de l'organe auditif d’après sa structure, son développement et ses maladies ; 3° Traité spécial de la structure de l'œil, suivi d'un Aperçu sur l'histoire de son développement (voir au Bulletin bibliographique). M. le Secrétaire perpétuel présente également à l’Académie, de la part du même physiolo- giste, un Mémoire manuscrit sur la structure de la matrice, accompagné de planches. « Dans ce travail, ajoute M. Flourens, M. Pappenheim établit que la structure de la matrice doit être étudiée sous trois raports : 1° l’or- gane est envisagé sous le point de vue de l’arrangement général de ses fibres, ou, pour employer l'expression du physiologiste allemand, ‘de l’idée totale 58. ( 434 ) qui existe dans l’arrangement des fibres; 2° on considère l'organe suivant ses régions spéciales ; 3° on étudie les parties les plus élémentaires de ce même organe. ». La disposition qu'affectent les fibres de la matrice est une spirale double qu'on voit chez les animaux vertébrés, et qui existe chez la femme dans la couche interne, durant la grossesse: mais chez la femme, il y a cela de par- ticulier, que deux autres couches, l'une moyenne et l’autre externe, environ- nent cette spirale. M. Pappenheim a fait connaître le caractère particulier de chaque région, par des planches représentant des coupes faites dans di- verses directions. Trois coupes transversales, pratiquées dans toute la largeur de la matrice, présentent les caractères les plus distincts de chacune des ré- gions. La coupe de la partie supérieure offre trois couches : l'externe a des ponctuations qui vont en décroissant du centre au bord ; la moyenne une sorte de réseau dont la trame est disposée en zigzag; la couche interne n’est formée que des extrémités des fibres les plus minces qui environnent les vaisseaux capillaires sanguins. » La coupe de la partie inférieure du corps présente les mêmes couches, mais avec cette différence que l'externe est plus petite, que la moyenne a des fibres circulaires, et que l'interne est très-épaisse et composée de fibres propres. » La troisième coupe, ou celle de l’isthmus uteri, n'offre guère que des fibres obliques. » Les parties élémentaires de la matrice sont des fibres musculaires con- stituant la substance propre (parenchyme). Ces fibres, très-minces avant la grossesse, deviennent plus grosses pendant cet état, après lequel elles dé- croissent, mais tout en restant cependant plus épaisses qu'auparavant. » D'après ces remarques, M. Pappenheim conclut que l'idée, en général, se montre non-seulement dans l'organe, ou le type d'un organe, mais encore dans les caractères qu'affectent ses diverses régions, ainsi que dans ceux que présentent ses parties les plus élémentaires. Ce’‘physiologiste a considéré tous les organes du corps humain sous les mêmes rapports, et il pense qu'une heureuse application de cette méthode d'analyse pourrait être faite dans les diverses branches de l'anatomie pathologique. » M. Frouress présente à l'Académie, au nom de M. Guirn-Minevizs, le texte explicatif de son Zconographie du Règne animal de G. Cuvier (voir au Bulletin bibliographique), ouvrage considérable, au sujet duquel elle a en- tendu un Rapport très-favorable de M. Duméril, fait sur le manuscrit. « C’est, - ( 435 ) ajoute le Secrétaire perpétuel, une série de 450 planches remplies de dé- tails étudiés avec un soin tout particulier, sous la direction de Cuvier et de Latreille, par un de leurs élèves les plus distingués ; et dessinées d’après na- ture par ce naturaliste lui-même, avec une grande précision. » M. Frourens présente à l’Académie un travail de M. Barkow, de Breslau, dans lequel cet anatomiste décrit un ganglion nouveau trouvé par lui chez l'homme, et qu'il appelle ganglion arytænoïdien. Le nerf laryngé inférieur envoie, de la partie latérale inférieure du cartilage cricoïde , un fil, ramus cri- coarytænoideus, qui, d’après les observations de M. Blandin , monte entre la face postérieure du cartilage cricoïde et le muscle crico-arytænoïdien posté- rieur, en se dirigeant en arrière et en hant, passant ensuite au-dessus de la marge supérieure du cartilage cricoïde et entrant dans les intervalles des f- bres du muscle arytænoïdein. A cet endroit le nerf, de chaque côté, se gonfle pour former un ganglion qui a à peine la dimension de 2 millimétres, et qui est d’une forme plus on moins oblongue ou arrondie. Des filets nerveux fins, partant de ce ganglion, se ramifient dans toutes les directions, et les plus in- ternes de ces filets pénètrent jusqu'à la muqueuse du larynx. M. Barkow n'a pu trouver ce ganglion chez le bœuf; il ne l'a pas cherché encore chez d’autres animaux. M. Verrgau présente, au nom de l’auteur, M. EL Gunerzr, les livraisons 2 et 3 du tome Il des Leçons théoriques et pratiques d'obstétrique (voir au Bul- letin bibliographique). M fait remarquer à l'Académie que cet ouvrage est le premier qui ait été publié en Italie, depuis une vingtaine d'années, sur la science des accouchements. M. Verreau fait hommage à l’Académie, au nom de l’auteur, M. Gouraun pére, de l'ouvrage intitulé : Etudes sur la fièvre intermittente pernicieuse, dans les contrées méridionales. (Voir au Bulletin bibliographique.) CHIMIE. — {Vote sur les acides amidés et sur La constitution moléculaire de divers composés organiques ; par M. J. Pensoz. « Je prends la liberté d'adresser à l’Académie quelques observations au sujet d'une Note de M. A. Laurent sur les acides amidés et chloramidés, Note qui se trouve consignée dans le u° 6 du t. XIX des Comptes rendus. » Après avoir discuté le résultat de plusieurs expériences fort intéres- L (436) santes, M. À. Laurent annonce que la théorie sur laquelle il s'est appuyé dans ses travaux, l'a mis à même de déterminer la constitution d'un grand nombre de composés bizarres, tels que la sulfamide, le carbonate d’ammo- niaque anhydre, l’oxaméthane, l'uréthane, l'or fulminant, etc., et l'a conduit à l'existence de l'acide sulfamique, qu'on n'a pas, dit-il, page 321, tenté d'i- soler. D'après l'auteur, l'ammoniaque existerait dans ces divers composés azotés sous deux états : sous celui d'amide, et sous celui d'ammoniaque, ou d'ammonium. « » Dès 1838, j'ai déterminé l'état particulier de Fammoniaque dans l'or ful- minant, dans l’oxaméthane et dans l'urétane. Aussi trouve-t-on dansmonintro- duction à l'Étude de la Chimie (Strasbourg, 1839, page 451), « Que lors- » qu'on fait agir lammoniaque sur l’oxyde aurique, il y a production de 1 » équivalent d'eau, et formation d'un composé Au?O? -- H‘N°?. Ce composé » étant capable de faire fonction d'acide, s’unit avec l’'ammoniaque, laquelle » base entre pour 1 équivalent dans la nouvelle combinaison, et constitue » Tor fulminant. » D'autre part, aux pages 857 et 858 du même ouvrage, j'assigne aux composés connus sous les noms d'oxaméthane et d'uréthane, une composition qui n'est.point celle qu'on leur connaissait alors. J'envisage le premier comme une combinaison de 1 équivalent d'éther oxalique avec 1 équivalent d'oxamide, et le second commeune combinaison de 1 équivalent d'éther carbonique avec 1 équivalent de carbamide, et je termine en disant: « Il n'est donc point nécessaire de faire de l’uréthane un carbonate double » d'hydrogène carboné et d'ammoniaque. Cette remarque n’est pas sans im- » portance, car ce composé, ainsi qu'on peut s’en assurer, ne renferme ni » acide carbonique, ni ammoniaque, ni alcool, et ce n’est que sous des in- » fluences particulières que ces corps peuvent être régénérés. Mais nous en » faisons le composé correspondant à l’oxaméthane, dans lequel l'oxamide » est remplacé par la carbamide, l'éther oxalique, par l'éther carbonique » proprement dit; de cette maniere, les anomalies disparaissent. » » Depuis l’intéressante découverte de l'acide oxamide, par M. Ballard, on a vu dans l’oxamétane l’éther de cet acide, mais je ne puis encore partager cette manière de voir que beaucoup de faits me semblent repousser. » Quant aux acides sulfamique et carbamique, non-seulement j'en ai conçu l'existence avant M. A. Laurent, mais encore je suis parvenu à les isoler, et, lors de mon dernier voyage à Paris, en mai dernier, je n'ai pas laissé ignorer ce résultat de mes travaux à plusieurs membres de l’Institut, notamment à MM. Thenard et Dumas. » Voici, en quelques mots, le procédé que J'ai suivi pour les mettre en (437) liberté. Après avoir broyé dans un mortier de porcelaine environ 5 parties de sulfatammon (H. Rose) avec 7 parties d’acétate plombique, jusqu’à ce que le tout se transformât en une bouillie claire, j'ai traité alors cette bouillie par une eau légèrement alcoolisée, dans le but de dissoudre l’acétate am- monique et l’excès d’acétate plombique, sans attaquer sensiblement le sulfa- mate plombique, résultat de la double décomposition des deux sels mis en pré- sence ; puis ayant filtré la liqueur et lavé avec précaution le sel plombique, j'ai décomposé celui-ci préalablement délayé dans l’eau, par un courant de sulfite hydrique. L’acide sulfamique ainsi obtenu rougit fortement la tein- ture de tournesol, et ne précipite les sels barytiques qu’autant qu’ils sont concentrés, ou qu’on y ajoute un excès de base. k » Ce même procédé est applicable à l'acide carbonique, il n’y a de diffé- rence que dans la manière de séparer cet acide du sulfure plombique, qui s’est formé par l’action du sulfide hydrique. » Sije n’ai pas cru devoir encore livrer à la publicité les expériences que j'ai faites à ce sujet, c’est que la découverte de ces acides, celle de l'acide carbamique surtout, doit jeter une trop vive lumière sur la constitution des composés organiques azotés, pour qu’il ne m'ait pas paru convenable d’en faire auparavant une étude approfondie. » Le composé que M. H. Rose considère comme formé d’équivalents égaux de gaz ammoniac et d’acide sulfurique anhydre SHSN° est, en effet, neutre aux papiers réactifs, tant qu'il n’est pas en contact avec l’acide qui lui enlève peu à peu, surtout à chaud, une partie de son ammoniaque, et le rend acide; mais il n’est ni un amide proprement dit, ni du sulfate d’ammoniaque ankbydre, ni enfin du sulfamame, comme on le prétend; c’est un véritable sel A formé par l'acide sulfamique uni à oxyde ammonique d’après l'équation 2H N°+ 28 —(N:H°S)$ + H'N°0. » Jusqu'à présent il ne m’a pas été possible d’étudier sous ce nouveau point de vue toutes les intéressantes combinaisons barytiques et plombiques qu'a obtenues M. Jacquelain , en répétant les expériences de M. Rose sur la sulfamide. Le composé que le premier envisage comme le véritable sulfa- mide, et auquel il assigne la composition 4 $'+ 3N°H°, nous paraît encore un sel formé par l'acide sulfamique dont il renfermerait > équivalents, en. sorte que sa formule serait 2(N°H'$ +S)+ N'H'0. ( 458 ) Cette tendance qu'ont certains acides à former des bisels avec l’'ammo- niaque est réellement digne d'attention. On sait avec quelle facilité le ben- zoate ammonique se transforme en bi-benzoate , et depuis les belles obser- vations de M. Robiquet , aucun chimiste n’ignore que l'acide gallique ne peut rester uni à l’'ammoniaque au contact de l'air, qu’autant qu'il est à l’état debi- gallate. L’acide sulfamique , qui possède la même propriété, offre un autre point d'analogie avec ces acides, c’est que, selon moi, il appartient à ce groupe d'acides que j'ai désignés sous É nom d'acides complexes, et qui prennent naissance par l'action mutuelle et toute spéciale de deux molécules d'acides (acides sulfurique, oxalique, carbonique, etc.), sur une molécule de matière organique (Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, octobre 1837). Dans une pareille circonstance, il y a toujours formation de 1 équi- valent d’eau aux dépens de 1 volume d'oxygène appartenant à l'acide, et de 2 volumes d'hydrogène appartenant à la molécule organique; celle-ci , en s'appropriant le radical composé de l'acide qui a été réduit, continue d'exister, mais, selon qu'elle est alcaline ou neutre, ou bien qu'elle est acide , l'acide complexe qu'elle engendre ne jouit pas de la même capacité de satu- ration. Dans le premier cas, il sature 1 équivalent de base, ainsi que le dé- montrent les exemples ci-après : ; L'alcool CH°G, traité par l'acide sulfurique, donne naissance à Kactde SO VINIQUE ER a Re CEE (CH' [es S) + F3 L'alcool CH , traité par l’acide oxalique, donne naissance à l’acide ORIOVIQUE PAPE OO I NEO RIRE NL (°C) ré L'alcool CH C , traité par l'acide carbonique, donne naissance à l’acide carboviInIqUEN ee eee lee ee Us Le 0 ele eee UN be Le (c:H° Ë C) EC: La benzine CH", traitée par l'acide sulfurique, donne naissance à lacide}Sulfohenzque EE PRIE I EAN PS EE RER TAC (cumvS) + S L'ammoniaque N°H', traitée par l'acide sulfurique, donne naissance à lACIde SUAMIqUEME 6 eme ed IDE de IC DRAC (NHIË) +S L’ammoniaque N°H°, traitée par l’acide oxalique, donne naissance à l’acide oxamique. . . . . . .. te TES 2 CPCPRROA DEEE) EM (N°H: ID de dE L'ammoniaque N°H°, traitée par l'acide carbonique, donne naissance à latide car banque RENE AE EU PEN A M AXE TES RARES (N'H'C) + C C'est évidemment de la même manière que se forment ( 439 ) Les acides benzoïque. . ( HNC) + C cinnamique. (C'°H' CCE to C Qi ( acétique. . . (C:H°C) + € camphorique (C*H“C) + (C éthionique. . (C*H°ÈS) +S Tous ces acides saturent 1 équivalent d'oxyde métallique M + O. » Enfin les acides sélénamique, telluranique, chromamique, ferrami- que, etc., une fois isolés, rentreront évidemment dans cette catégorie. Dans le second cas, la capacité de saturation de l'acide complexe est proportionnelle au nombre d’équivalents d'acides qui sont entrés dans sa mo- lécule sans perdre d'oxygène. L’acide benzoïque, traité par l’acide sulfurique , donne naissance à l’acide CÉHCN LC Sultbenzoique rt Mel Neutre UN EME ce Le S + S L’acide acétique, traité par l’acide sulfurique , donne naïssance à l’acide “ GHÉ\ + C ERRONÉE - 0 core déiolior ti EE SOLE ce 2e S + S Ces deux acides, ainsi que tous ceux du même genre, saturent 2 d'oxyde métallique M + O. » Mon but, en présentant ces observations à l'Académie, n'a été que de rappeler la priorité de mes travaux sur la question qu'a traitée M. A. Lau- rent, sans prétendre juger du mérite des théories et des vues émises par ce chimiste distingué. » équivalents MAGNÉTISME TERRESTRE. — M. Dusarnn, de Lille, annonce les résultats qu'il a obtenus en aimantant trois fers à cheval en fonte douce : « Ces trois fers à cheval, fondus sur le même modèle et du même jet, sont aussi identiques que possible. Je les désigne par les lettres A, B, C. A a été aimanté après avoir été blanchi à la meule seulement. B a été trempé au -rouge blanc, recuit jusqu’à la couleur bleue et aimanté. C a été trempé au rouge cerise, après avoir été saupoudré de-prussiate de potasse, puis recuit et aimanté. À porte une fois et demie son poids, B trois fois son poids et C quatre fois son poids. » Le modèle qui a servi pour fondre A, B,C est un aimant en acier qui porte sept fois son poids. » C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N°9.) 59 ( 440 ) PHŸSIOLOGIE. — Observations sur la vision. M. Onorrio Assats, de Naples, rend compte d’une expérience sur laquelle il appelle l'attention de l'Académie. Cette expérience l'a conduit à construire un instrument très-simple, à l’aide duquel il croit pouvoir observer la ré- tine, dans les différentes maladies de l'œil; il pense que l'on pourra s’en servir pour fixer avec plus de certitude les caractères des différentes ophthalmies, et que les indications que cet instrument fournira, guideront dans la fabrication des pupilles artificielles. (Commissaires, MM. Arago, Breschet, Velpeau.) M. G. Henssr, de Gœttingue, offre à l'Académie son livre sur les fonc- tions du système lymphatique (voir au Bulletin bibliographique). Le Secré- taire perpétuel fait observer que, dans ses études, M. Herbst a cherché à préciser, d'une manière plus nette qu'on ne l’avait fait jusqu’à présent , la des- tination et le rôle des vaisseaux lymphatiques. M. Flourens est prié de faire un Rapport verbal à l'Académie sur ce travail. M. OErrerncer, médecin de Biberach, prie l'Académie de vouloir bien faire un Rapport sur le Mémoire qu'il lui a soumis, touchant une mé- thode nouvelle de trouver la substance et la structure des organes du cadavre de l'homme. (Renvoi à la Commission chargée de l'examen de ce Mémoire, composée de MM. Serres, Flourens et Breschet.) M. Boquizcox écrit à l'Académie pour demander qu’une Note qu'il lui a adressée soit renvoyée à la même Commission que celle à laquelle a été sou- mise la Note de M. Christofle , relative aux fraudes commises à l'aide des procédés électroty piques. M. le Président décide que ce renvoi aura lieu. M. Mazs écrit à l'Académie pour la prier de hâter le Rapport qui doit être fait sur le nouveau système de bateaux à vapeur qu'il lui a soumis. (Renvoi à la Commission chargée de ce Rapport.) (44r) M. Cussneau réclame de l'Académie un Rapport sur le nouveau système de wagons qu'il lui a présenté. À l’occasion de cette réclamation, M. le Président invite la Commission chargée de ce Rapport à hâter son travail. M. Araco, membre de la Commission, répond que le grand nombre de Mémoires dont la Commission se trouve saisie a dû retarder jusqu'ici la pu- blication de son Rapport. Il fait remarquer que le Ministre ayant nommé une Commission chargée d'examiner les différentes inventions relatives aux chemins de fer, le travail de la Commission choisie au sein de l’Académie devient moins nécessaire, la première, composée en partie d'ingénieurs des ponts et chaussées, ayant à sa disposition des moyens d'expérience qui man- quent à celle de l’Académie. CHIRURGIE. — M. Ackermann adresse à l'Académie un résumé historique des différents moyens imaginés par la chirurgie militaire, pour porter des se- cours immédiats aux blessés sur le champ de bataille, depuis les ambulances mobiles de Percy et de Larrey. Ce travail forme le complément du Mémoire que M. Ackermann a présenté sur l'appareil portatif qu'il désigne sous Îa dénomination de sac chirurgical. M. E. Gaucrier pe Crausry écrit à l'Académie pour appeler son attention sur les principaux points de l'ouvrage qu'il lui a adressé , et qui est intitulé : De l'identité du typhus et de la fièvre typhoïde. (Renvoi de la Lettre à la Commission pour les prix de Médecine, fondés par M. de Montyon.) M. le docteur L. Baupecocque adresse à l'Académie une Note relative à deux cas d'imperforation du rectum, opérés par lui et guéris. Dans le pre- mier de ces cas, il y avait imperforation du rectum avec continuité du colon descendant; dansle second, il y avait imperforation du rectum, sans continuité ni contiguité du colon descendant. (Commissaires, MM. Roux, Breschet, Velpeau. ) CHIMIE. — M. Ewxe Mari présente un Mémoire manuscrit intitulé : Étude sur les proportions chimiques, contenant la détermination des vé- ritables équivalents en poids et en volumes, l'exposé d'une loi sur la capa- 59.. (442) cité des corps, basée sur le volume qu'ils prennent à l'état solide de combinaison, et une Table synoptique des volumes atomiques des corps sim- ples et de quelques corps composés. { Renvoi à une Coinmission composée de MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) M. Deraronre, aveugle aux Quinze-Vingts, adresse à l'Académie une des- cription abrégée d’une machine qu'il a imaginée pour élever les fardeaux. Renvoi à M. Piobert, pour un Rapport verbal. ; M. Laucier est désigné pour remplacer M. le baron Ch. Dupin (absent) dans la Commission chargée d'examiner le Mémoire de M. Schattenmann, sur l'emploi du rouleau compresseur pour le cylindrage des chaussées en emplerrement. L'Académie accepte les dépôts de deux paquets cachetés présentés, l’un par M. Asrna, l'autre par M. Grassr. À 4 heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures. F. ( 443 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2€ semestre 1844; n° 8; in-4°. Annales des Sciences naturelles ; par MM. Mizne EDWaARDS, AD. BRONGNIART et J. DECAISNE; juillet 1844; in-8°. Annales des Sciences naturelles , 2° série ; par MM. AUDOUIN, MILNE EDWARDS , AD. BRONGNIART et J, DECAISNE. — Table générale, alphabétique et raisonnée des matières contenues dans les 20 volumes de cette série, suivie d'une Table al- phabétique des auteurs dont les travaux y sont insérés. — Botanique et Zoologie ; 2 broch. in-82. Connaissance des Temps et des Mouvements célestes, à l’usage des Astronomes et des Navigateurs, pour l'an 1847, publiée par le Buréau des Longitudes ; 1 vol. in - 8°. Institut royal de France. — Académie royale des Sciences. — Funérailles de M. D'ARGET; Discours de MM. Dumas et PAYEN; in-/4°. Histoire des métamorphoses et de l'anatomie du Piophila petasionis; par M. L. Durour; broch. in-8°. (Extrait des Annales des Sciences naturelles; juin 1844.) Études sur la Fissure à l'anus; par M. CAZENAVE; broch. in-8°. Iconographie du Règne animal de G. Cuvier; livr. 46 à 50; EF et IIS part.; in-4° ; offert par M. GUÉRIN-MÉNEVILLE. Mémoires de la Société géologique de France ; 2° série , tome I, L" partie ; in-8°. Annales de la Société royale d’Horticulture de Paris; août 1844 ; in-8°. Études sur la Fièvre intermittente pernicieuse , dans les contrées méridionales ; par M. GOURAUD; in-8°. Études de Chimie philosophique; exposé des principes de Chimie d’une nou- velle école. X'° partie : Principes de Chimie d'une nouvelle école ; par M. MARTIN ; broch. in-8°. Annales forestières ; août 1844; in-8°. Journal de Chirurgie; par M. MALGaAIGNE; août 1844; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques; août 1844; in-8°. Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage ; août 1844; in-8°. ( 444) Annales des Maladies de la peau et de la Syphilis ; par M. CAZENAVE; juillet 1844; in-8°. Journal des Usines et des Brevets d'Invention; juillet 1844; in-8°. Trois Notices réunies, présentées à MM. les membres du Jury central de l'Exposition de 1844, sur les Instruments de chirurgie fabriqués par M. Cnar- RIÈRE ; broch. in-8°. Société libre d'Émulation de Rouen. — Programme des Prix proposés pour 1845,1846, 1847; in-8°. Monographie des Poissons fossiles du vieux grès rouge, ou Système dévonien (old red sandstone) des Îles Britanniques et de Russie ; par M. T.. Acassiz; 1° et 2° livr. in-4°, avec planch. in-fol. Éloge de Louis-Levin JacoBson; par M. Escaricur. Copenhague, in-8°. Das Lymphgefässsystem... Système des vaisseaux lymphatiques et leur con- stitution ; par M. G. HerBsT. Gœttingue, 1844; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScHuMACHER; n° 512 et 513; in-4°. Auszug.. . Coup d'œil sur les Travaux et les Transactions de la Société natio- nale de Silésie ; broch. in-4° ; 1843. Journal... Journal de Mathématiques pures et appliquées de M. CRELLE; XX VII: vol., 3° et 4° fascicules; in-4°. Zur Kenntniss. .… Etudes sur la Digestion ; par M.S. PaPpeNHEIM. Breslau, 1830; in-8° Die specielle. .. Traité spécial de l’organisation de l'Oreille; par le même. Breslau, 1840; in-8°. Die specielle. …. Traité spécial de l'organisation de l'OEil; parle même ; in-8°. Breslau, 1842. Osservazioni... Observations de l'abbé P. PizLoRt au professeur GAZZERI, au sujet des travaux de Galilée relatifs aux Satellites de Jupiter ; broch. in-8°. Lezioni... Leçons théoriques et pratiques d° Obstétrique ; par M. L GHERSI, tome IT, te. 2 et 3; in-8°. Gazette médicale Paris; n° 34; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n° 97 à 99; in-fol. L'Écho du Monde savant; n° 15 et 16. L'Expérience; n° 373 ; in-8°. NZ 0 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 SEPTEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. SERRES. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. WNOYAGES SCIENTIFIQUES. — Réduction des observations de l'intensité du magnétisme terrestre faites par M. de Freycinet et ses collaborateurs - durant le cours du voyage de la corvette YUranie ; par M. L.-E. Durerrey. « Dans son volume, publié en 1842 sous le titre de Magnétisme terrestre , M. de Freycinet, dont nous déplorons vivement la perte, n'ayant point effectué la réduction définitive des observations d'intensité magnétique qui avaientété faites sous sa direction pendant le voyage de la corvette l’Uranie qu'il commandait, j'ai cru devoir remplir cette lacune et consigner ici, dans l'intérêt de la science , les résultats que j'ai obtenus en soumettant au calcul ces belles et nombreuses observations auxquelles j'avais moi-même participé durant le cours du voyage dont il s'agit. » Les aiguilles employées sont désignées par les n° 7, 8 et 9. » L'aiguille n° 7 avait été faite exprès pour l'expédition de l’Uranie; le n° 8 avait appartenu à Coulomb, et le n° 9 à MM. de Humboldt et Gay- Lussac. Ces trois aiguilles avaient une forme prismatique rectangulaire; leurs C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 10.) 60. (446) oscillations se faisaient horizontalement, à l'extrémité d’un fil de soie sans tor- sion et à l'abri de l'air (x). » Les aiguilles n®% 7 et 8 ont été observées à Paris, sous les yeux de MM. Arago et Mathieu, au départ et au retour de l'expédition. » L’aiguille n° 9 n’a été observée à Paris qu'au départ. Cette aiguille, après les expériences faites le 22 juin à l'Ile-de-France, ayant été posée, par inadvertance , auprès d'un grand faisceau magnétique qui en a changé le degré d'aimantation, je la considère comme formant deux aiguilles distinctes, que je désigne, l’une par la lettre (a) et l'autre par la lettre (b). La première est celle qui a été observée depuis Paris jusqu'à l'Ile-de-France, et la seconde est celle qui l'a été de l'Ile-de-France à Rio-Janeiro inclusivement. » M. de Freycinet n'a point observé l'inclinaison de l'aiguille aimantée à Paris au retour de sa campagne; mais je trouve, dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes, le moyen de remédier à cet inconvénient. » L'inclinaison, observée par M. Arago, était à Paris : Le 11 mars 1819, de.....:.".. 68925! Etle 17 juin 1822, de... ...... 689%. Différence dans 39 mois....... 14 Ce qui fait pour 25 mois. ...,... 9 » L'on peut donc admettre, sans trop s'éloigner de la vérité, que, le 16 avril 1827, inclinaison était à Paris de 68°16', et faire concourir cette in- clinaison à la réduction des intensités magnétiques totales qui sera opérée d'après les éléments réunis dans le tableau suivant : es — = (1) Il importe de prévenir que, dans le volume de M. de Freycinet, les aiguilles d'inten- sités magnétiques ne sont pas toujours désignées par le numéro qui leur appartient et qui leur a éte restitué dans cette Notice. PS À d um cas je HE (447 ) % . Relevé des observations magnétiques faites durant le cours du voyage de la corvette VUranie. DURÉE DE 100 OSCILLA- NOMS POSITION GEOGRAPHIQUE. DIRECTION DU MAGNETISME. TIONS INFINIMENT PETITES | A ||) EE des bac Dans Moyennes à STATION: Latitude. | Longitude. | Décliraison. | Inclinaison. | l'ait | chaque des .| série. séries. Paris , avant le départ. [30 mars 1817.[48° 20! 15 N.| o° 0’ 0” + 68028 22” 1018/4 4 avril. 1019,6 101g"30 |} 28 avril. 30 mars. 4 avril. 28 avril. 29 avril. 29 avril. Le de Téuériffe... ..../26 oct. .]21. 3.55 N.O,. 26 oct. Rio-Janeiro, 1'e reläch. |23 déc. ; ñ 2.14.40 NE. 24 déc. 24 déc. 24 déc. 28 déc. 23 déc. | Cap de Bonne-Espér...|31 mars 1818.33. 55. 16. 3.45 E.[26.30.31 N.0, 23 mars. 23 mars. 26 mars. 4 31 mars. 477,9) 26 juin, 30 juin. 22 juin. 22 juin. 22 juin. 126 juin. 26 juin. 24 sept. 25.43.21. 110.59. 13 | 24 sept. 24 sept. 24 sept. . |r9 oct. 10. 9.55 121,15.22 — 32.52, 3 19 oct. 19 oct. 0 EIPAREFERES 31 déc. 0. 1.34 128.35. 5 1.29.52 N.E.|— 14.26.57 | 7 ; 31 déc. 7 721 16} 721,60 ; : 30 déc. 8 722,7 | 592,70 1eTjanv. 1819 9()| 337,4 l 1er janv. 9()| 337 il 337,43 17 janv. 9(8)l 337,6 (448 ) Suite du relevé des observations magnétiques faites durant le cours du voyage de la corvette l’'Uranie. DURÉE DE 100 OSCILLA- POSITION GÉOGRAPHIQUE. DIRECTION DU É . NOMS o TION DU MAGNÉTISMS. Dons INFINIMENT PETITES des KE a SES 7 STATIONS. Latitude. | Longitude. | Déclinaison. | Inclinaison. Île de Guam 25 mai 1819.l13027 51” N.|142028'50" E] 4039' 17" N.E.|+ 1204653 25 mai. 24 mai. 27 mai, Î Te Mowi 29 août. 20.52. ” 159. 2. 3 O.] 8.49.20 + 41.39.22 22 août. 21 août, 22 déc. 31.51.34 S. |148.48. o E. 9.14.36 22 déc. 10 déc, 10 déc. {Iles Malowines 11avril 1820./5r.35.18 60.26.52 O.119.25.41 ITavril. I1avril. Rio-Janeiro, 2€ reläch. | 22 août, 22.55.25 48.38.33 :. | 3.34.r2 22 août. 22 août. 22 août. 22 août. | Paris, au retour 16 avril 1821.48.50.15 N.| o. o: 16 avril. 16 avril, 1045 ,3 |1045,30 » Les observations qui précèdent étaient accompagnées d'indications ther- mométriques; néanmoins il n'a pas été possible de les ramener à une tempé- rature uniforme. Tout ce que l’on peut déduire de ces indications, c’est que les rapports d'intensité magnétique seront probablement un peu trop faibles dans les stations du voyage, comme ayant été obtenus à des températures généralement plus élevées que celle de Paris(r). (1) Si l’on parvient, comme nous l’espérons, à retrouver les aiguilles dont M. de Freycinet a fait usage durant le voyage de /’Uranie, nous nous empresserons de déterminer le coeff- cient dû à l'effet de la température sur leur intensité magnétique, et de faire connaître les résultats définitifs qui en seront la conséquence, résultats qui, au point de vue général, dif- féreront très-peu de ceux auxquels nous sommes arrivés dans cette Notice. ( 449 ) Intensités magnétiques totales. _» Nommons T et T les durées de 100 oscillations infiniment petites obser- vées dans deux lieux différents; m et m' les intensités horizontales respectives; M et M' les intensités totales, et enfin I et l’ les inclinaisons de l'aiguille ai- mantée, obtenues dans les mêmes lieux. » On a d'abord ais | a F- RE [A ({ — . ; ds cos, M cos L’? _ona donc aussi HO Mcos£ : M'cosl’ :: T2: TT. D ra par conséquent , ‘2 MT: cosI 1 — —_———— + Tr T° cos]’ »?Supposons actuellement que M soit l'intensité totale à Paris, au départ. Si nous faisons M — 1, nous aurons, pour les autres stations du voyage, T'cosl à M T2 cos l’ » C'est ainsi qu'ont été obtenus les rapports d'intensité suivants : (450 ) Rapports des intensités magnétiques totales non corrigées. Noms AIGUILLE N° 7. AIGUILLE N° 8. AIGUILLE N° 9 (a). des | A | —— sens Date. (Intensité. Date, Intensité. Date. Intensité. Paris, avant le départ....|15 avril 1817.| 1,00000 |15 avril 1817.| 1,00000 [29 avril 1817.| 1,00000 Ile de Ténériffe ......... mn " " " 26 octobre. | 0,93310 Rio-Janeiro, 17€ relàche. .|23 décembre. | 0,65472 |24 décembre.| 0,65728 |28 décembre.| 0,6465r Cap de Bonne-Espérance.|31 mars 1818.| 0,68681 [23 mars 1818.| 0,68399 [29 mars 1818 | 0,70379 Jle-de-France........... 26 juin. 0,80139 |30 juin. 0,78500 [22 juin. 0,80818 A ————_———_— AIGUILLE N° 9 (b). Ile de-France 7 " ” " 26 juin. 1,06087 Baie des Chiens-Marins... 24 septembre.| 1 ,03304 7 7 7 " 19 octobre. 0,85527 |19 octobre. 0,83663 |19 octobre. 1,04184 31 décembre .| 0,75608 [30 décembre.| 0,73999 [1 janv. 18r9.| 0,91747 Île de Guam ............/25 mai 1819. | 0,69657 [24 mai 1819..| 0,68245 [27 mai. 0,88014 DEMO" 22 août. 0,81184 |22 août. 0,79658 [21 août. 0 ,98845 SYANET eee [22 décembre. | 1,16366 |22 décembre .| 1,13967 [10 décembre. | 1,41856 Îles Malouines.......... 14 avril 1820. | 0,96-85 [11 avril 1820 .| 0,95014 [11 avril 1820.| 1,17052 Rio-Janeiro , 2€ relâche... [22 août. 0,63078 |22 août. 0,61861 [22 août. 0,74254 Paris, au retour... ....../16 avril 1821.| 0,945;2 |16 avril 1821.| 0,92504 " ” Corrections dues au changement d'intensité des aiguilles n° 7 et 8. » Les aiguilles n° 7 et 8 ont été observées à Paris, avant le départ, entre le 30 mars et le 28 avril 1817, ce qui fixe l'époque moyenne des observa- tions du départ au 15 avril. Ces mêmes aiguilles ont été observées à Paris, au retour, le 16 avril 1821; en conséquence, la durée totale du temps écoulé dans l'intervalle des observations s'élève à 1462 jours. On aura donc à Paris, d'après le tableau qui précède, Au départ, 15 avril 1817. . Aiguille n° 7. 1,00000 Aiguille n° 8. 1,00000 Au retour, 16 avril 1821. . id. 0,94572 id. 0,92504 Perte des aiguilles dans 1462 de PET MONA e id. 0,05428 id. 0,07496 Ce qui fait par jour... . . . id. 0,000037127 id. 0,000051273 » Telles sont les valeurs sur lesquelles j'ai spéculé pour ramener l'inten- sité totale 1,00000 observée à Paris, au départ, à ce qu'elle aurait été dans . le même lieu aux différentes époques, des observations faites dans les sta- (451) tions du voyage. Cette intensité, ainsi corrigée, ayant été prise pour unité dans chaque station respective, constitue les rapports d'intensité magnétique qui figurent dans la dernière colonne des tableaux suivants : Intensité totale conclue de l'aiguille n° 7e INTENSITÉ INDERVAURE à Paris | INTENSITE en ramenée à RAPPORTS CORRECTIONS, &2 dans les l’époque des stations. stations. NOMS des stations. d'intensité. Paris, avant le départ...|15 avril 1817. — 0,00000 1,00000 1 ,00000 1,0000 Rio-Janeiro, 17€ relâche. |23 décembre. ë 0,00936 | 0,99064 | 0,65472 | 0,6610 Cap de Boune-Espérance|3r mars 1818. 0,01299 | 0,987o1 | 0,68681 | 0,6959 Ile-de-France. .........126 juin. 0,01622 | 0,98378 | 0,80139 | 0,8146 Baie des Chiens-Marins.|24 septembre. 0,01957 | 0,98043 1,03304 1,0537 19 cctobre. } 0,02049 | 0,97951 0,85527 | o0,8732 31 décembre. 0,02320 | 0,97680 | 0,75608 | 0,7740 25 mai 1819. 0,02859 | 0,97141 0569657 | o,71971 22 août. 5 0,03189 | o,968rr 0,81184 | o0,8386 22 décembre. 0,03642 | 0,96358 1,16366 1,2076 11 avril 1820. 0,04054 | 0,95946 | o,96785 | 1,0087 Rio-Janeiro , 2€ relâche. |22 août. 0,04548 | 0,95452 | o0,63078 | 0,6608 Paris, au retour........|16 avril 1821. 0,05428 | 0,94572 | 0,94572 1 ,0000 Intensité totale conclue de l'aiguille n° 8. | INTENSITÉ INTERVALLE à Paris INTENSITÉ ramenée RAPPORTS ï en conRecrIONS. | pe dans les | ne T ie AS SEE e d'intensité. des stations. stations. Paris, avant le départ..|15 avril 1819. — 0,00600 1,00000 1,00000 Rio-Janeiro, 1€ reläche. [24 décembre. 0,01297 0,98703 0,65725 Cap de Bonne-Espérance|23 mars 1818. 0,01754 | 0,98246 | 0,68399 Ile-de-France. ........[30 juin. 0,02261 0,97739 | o,78500 Baie des Chiens-Marins. " "” " " octobre. 0,02830 | 0,97170 | 0,83663 décembre. p 0,03199 | 0,96801 | 0,73999 mai 1819. 0,03943 | o0,96057 | 0,68245 août. 0,04404 | 0,95596 | 0,79658 décembre. 0,05030 | 0,94970 1,13967 Îles Malouines...,.. .|1t avril 1820. 0,05599 | 0,94401 0,9901# Rio-Janciro , 2€ relâche|22 août. 0 ,0628r 0,93719 | 0,61861 Paris, au retour 16 avril 1821. ÿ 0,07496 | 0,92504 | 0,92504 ( 452) Correction due au changement d'intensité de l'aiguille n° 9 (a). » En prenant pour unité l'intensité obtenue à Paris à l’aide de l'aiguille n° 9 (a), cette aiguille donne immédiatement à l'Ile-de-France, avant la nou- velle aimantation, 0,8082. Or, il résulte des aiguilles n° 7 et 8, qu'après toutes corrections faites, le rapport d'intensité peut être représenté à l'Ile- de-France par Moyenne.,.... 0,8089 » On peut donc admettre les rapports qui résultent de l'aiguille (a), tels qu'on les obtient de prime abord, lesquels sont, d'après ce qui précède : Intensité totale conclue de l'aiguille n° 9 (a). NOMS RAPPORTS des stations. d'intensité. Paris, avant le départ....| 29 avril 1817. Ile de Ténériffe.. .......| 26 octobre. Rio-Janeiro, 1'€ reläche.| 28 décembre. Cap de Bonne-Espérance.| 29 mars 1818. Ile-de-France 22 juin. Correction due au changement d'intensité de l'aiguille r° 9 (b). En prenant toujours pour unité l'intensité observée à Paris, au départ, l'aiguille n° 9, qui donnait à l'Ile-de-France 0,8082 avant d'être de nouveau aimantée, a donné 1,06089 après cette nouvelle aimantation, mais elle n'a pas conservé cette énergie jusqu'à la fin du voyage : elle a d’abord beaucoup perdu entre l'Ile-de-France et Coupang; elle s'est assez bien maintenue entre Coupang et Rawak, a beaucoup gagné de Rawak à l’île de Guam, et, enfin, elle a de nouveau perdu, mais d’une manière régulière, entre l’île de Guam et Rio-Janeiro, où elle a été observée pour la dernière fois. » L'intensité à Paris, au départ, étant 1,00000, les aiguilles n°° 7, 8 et (a) ont définitivement donné pour l'intensité à l'Ile-de-France : AiguilletnoM7e 4. UE 0,8146 MO O8 SEC TOO 0,8032 HP Ge eee 0 ,8082 . Moyenne......... 0,8087 » L'aiguille n° 9 (b) donne dans le même lieu 1,06089; on aura par con- séquent, pour l'intensité x qu'elle aurait donnée à Paris à la même époque, 160089 = 9 8087; z Ÿ s d'où ___1,06089 en ob et 1,31 190. » La même aiguille (b) donne à Rio-Janeiro , 2° relâche, 0,74254, mais l'intensité dans cette-dernière station peut être représentée par Aiguille n° 7, 1'*°reläche...... 0,6610 2€ relâche...... 0,6608 Aiguille n° 8, 1'° relâche... ... 0,6659 2€ relâche...... 0,660or Aiguille n° 9 (a), 1'*relâche... 0,6465 Moyenne. .... 0,65886 » On aura, par conséquent, pour l'intensité x' qu'elle aurait donnée à Paris à cette dernière époque, , _ 074254 PP 5,65886 = ON) d’où l’on a x — x'—=0,18489 pour la perte que l'aiguille n° 9 (b) a éprouvée dans le temps écoulé entre Vle-de-France à Rio-Janeiro, c'est-à-dire dans 788 jours, ce qui fait, par jour, 0,00023463, valeur dont j'ai fait usage, dans le tableau suivant, pour ramener l'intensité 1,31190 à ce qu'elle a dû étre à Paris aux époques des observations faites successivement dans les stations comprises entre l'Île-de- France et Rio-Janeiro. C.R., 1844, 2e Semestre, (T. XIX, N° 10.) 6r ( 454) Intensité totale conclue de l'aiguille n° 9 (b). NOMS des stations. INTERVALLE en jours. Ile-de-France........ Coupang...... - Rio-Janeiro, 2° relâche. 26 juin ‘1818. 19 octobre. 1er janvier1819. 27 mai. 21 août. 10 décembre. 11 avril 1520. 22 août. —0 ,00000 —0,02698 —0,04435 —0 ,07860 —0,09878 —0,12482 —0 ,15368 —0,18489 CORRECTIONS. INTENSITE à Paris ramenée à Pépoque des stations. 1,31190 1,28492 1,26755 1,23330 1,21312 1 ,18708 1,15892 1,12701 INTENSITÉ dans les stations. 1 ,06089 1,0418/ 0,91747 o,88014 0,98845 1,41876 1,17052 0,74254 RAPPORTS d’intens. » On pourrait, à la rigueur, faire entrer dans la moyenne générale des résultats des trois aiguilles, les rapports d'intensité que donne l'aiguille n° 9 (4) à Coupang et à Rawak; mais il vaut mieux s'en abstenir, ainsi que nous l'avons fait dans le tableau suivant, qui résume tout ce qui précède : mvmiiate AL 2 PeaRé PETER ( 455 ) Es 0000°1 66ç9°0 | Ggçofr 9g00'1 | gorofr Gooc‘1 | egGt'x 6gcg'o | ghig'o £gr£‘o | gçi£‘o *(g) 6 ou era ry «69£‘o 1498‘0 Legotr Cgog‘o 98690 g£ço*o 18€6°0 0000! 1 uuo op “(e).6 ou 00001 | oooot1 1099°0 | go99°0 ggoo‘1 | gootr 000%‘1 | gLoz‘1 98€8° 0 LA TAN) gggg'o gor£‘o pol‘ o 01g9g0 *@ où ‘Lou erngry | puma | arrugry 0 ‘9189 gprcbhr AA L :CY'rg ca Gç'1ÿ gg'ob'er £ ‘eg cg ch'ec' bc gh'o ‘ce g ‘£'og Yraÿhr oÿ:9ç"4G 166 8Go8O *UOSIPUT[OUT ct'ÿc'e 1h°ca'Gx gg"pr°6 oz 6h: nas g£'8r 0 ÿ ‘gc'e 9c'9b'c1 ‘O'N1£ 0€"98 ‘q "ob ‘O'N,GGE ol& ui *UOSIEUIO9(T “aHSILIN9OVN Na NOILOAUIQ ONOUMO £egc'ep *O ©G 9c'0p ‘ao ‘gh'eh ‘0$ ‘& ‘Gr oç'gc chi G ‘Ge"gur GC'G1' 181 gr'Gç'or1 9ù 8 ‘GG "a gp'e ‘91 aç'gc' ch ‘O 8 ‘S£'er 1Q 10 00 *Nç1'oç"8p Ge'gg'ee gl'çe"1g S Vetigrrg L “cG'oc °N 1G'bc"çer GG'6 ‘or 1G" che 9ç'6 ‘oc g1'çG 6e *G 0 *GG'ec Gh'Lc'gc ‘N 1G1 ,0Go8} *IGRI [HTAY S 214999 *OC$1 [HAY * 1099 Cf ‘100ÿ :Gigt 1 * o1quo0p Cf ‘0140700 “oiquodog ‘umnf£ *GIQ1 SAN * AUOT ‘214090 Ligr jiay . € Ano0)94 nv sue OUIE[OI 5G ‘OXOUCF-O1Y SOUINOIUI SOIT + foupig SIMON OT *UBnX) 9p OI] DAT, DLANUNE ***:Suvdno) *SUTICIU-SU91U) S0p 2IUT street eooutax-0p-01] “aouvodsq-ouuog op den) *OUOE[91 ox! ‘OLOUEL-OTY ‘apMQU?L ep OIT “14ed9p oj quuae ‘ste *epniâuory opunuz ©) RS Re Cr p SAIVIOL SANÜILINOVR SHLISNALNI *HAAÜIHAVUIONY NOILISOG ’S3n00da "SOJUNSBID S1047 S9] 0000 S9JIDf SUONPALISQO S0p anjouoo anbouSnu PNSUOUT *su011u)S sop SWON Gr. ( 456 ) OPTIQUE. — M. Araco a rendu un compte verbal des nouveaux essais qui ont été faits à l'Observatoire, avec la lunette de M. Leresours de 38 centime- tres (14 pouces d'ouverture). L'étoile verdâtre du groupe y d'Andromède a été nettement dédoublée, comme à Poulkova. De temps à autre on a vu Saturne d'une manière très-sa- tisfaisante, même avec un grossissement de plus de 1000 fois. Enfin, ce même grossissement appliqué à l'observation de la lune, a fait voir que tout n'est pas dit, tant s'en faut, touchant la constitution physique de notre satellite. Les astronomes de Paris attendent avec impatience le moment où ce grand objectif sera établi sur un tuyau pouvant suivre le mouvement diurne, à l'aide de rouages convenables. HYDROGRAPHIE. — M. AraGo a présenté, de la part de l’auteur, M. le capi- taine de vaisseau Le Saurnier ne Vaumerro, les trois grandes cartes des sondes de la Manche quele Dépôt de la marine vient de publier. Ces cartes forment un digne complément de l'admirable ouvrage dont la marine est redevable à M. Beautemps-Beaupré et à ses collaborateurs du corps des ingé- nieurs-séographes. M. Parier fait hommage à l'Académie de deux opuscules qu'il vient de faire paraître, savoir : de son Éloge de Bourdois de Lamotte, et d'un ar- ticle sur la Peste. (Voir au Bulletin bibliographique.) RAPPORTS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur les expériences de cylindrage de chaussées en empierrements faites à Paris par M. ScnaTrENMANN. (Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Piobert, Laugier, Mathieu rapporteur.) « Les routes en empierrement, dans un bon état d'entretien, ont de grands avantages sur les routes pavées. Elles sont d’une construction moins dispen- dieuse, d’un parcours plus facile qui se prête merveilleusement aux grandes vitesses que l'on recherche tant de nos jours. Ces avantages expliquent assez l'abandon des routes pavées, la préférence ‘accordée aux routes d’empier- rement, qui forment maintenant en France la plus grande partie de nos voies de terre. Ea construction de ces routes est donc d'une grande impor- tance pour l'industrie des transports et pour les nombreux intérêts qui sy rat- (457 ), tachent. Aussi elle a été, depuis quarante ans, l'objet de nombreux et re- marquables perfectionnements qui ont beaucoup contribué à la diminution du prix des transports. » Nous venons aujourd'hui rendre compte à l’Académie des procédés que M. Schattenmann a mis en pratique dans les départements de la Seine et du Bas-Rhin, et des heureux résultats qu'il a obtenus. Mais auparavant, et en raison de l'importance économique de la question , nous croyons devoir entrer dans quelques détails sur les moyens qui ont été employés jusqu'à présent Pour construire les chaussées. » Dans les anciennes routes on posait sur le sol de larges pierres plates, Surmontées de grosses pierres placées de champ. Une couche de pierres cassées était répandue sur cette fondation et renfermée entre deux bordures paralleles en pierres de grandes dimensions. Le tout formait une chaussée très-dispendieuse à établir et à entretenir, et très-cahotante quand les pierres placées de champ étaient en partie découvertes par l’action du roulage. » Dans le système que l'on a généralement adopté en France depuis une vingtaine d'années, on a Supprimé, comme Mac-Adam, la fondation et les bordures; le corps de la chaussée se compose d'une seule couche de petites Pierres ou de cailloutis dont l'épaisseur s'élève de 15 à 30 centimètres. La fondation n’est pas nécessaire, parce que le sol est à l'abri des influences at- mosphériques, parce qu'il est soustrait à l'action des roues aussitôt que la chaussée forme une masse compacte et imperméable. Il en est de même des bordures; elles ont le grave inconvénient d'établir entre la chaussée et l'acco- tement en terre, une séparation qui donne fréquemment naissance à une or- nière très-pénante pour la circulation. L'économie provenant de la double Suppression de la fondation et des bordures compense bien au delà l'augmen- tation de dépense qui résulte du cassage de la pierre en petits fragments. Ces heureuses modifications ont fait disparaître les plus grands inconvénients des anciennes routes d'empierrement, tout en réduisant les frais de construction et d'entretien. » Les routes tracées et établies pour le roulage qui a de lourds charge- ments à transporter, pour les messageries qui ont besoin de marcher à grande vitesse, doivent permettre en toute saison une circulation facile, rapide, économique. Il faut pour cela que la chaussée empierrée soit dure, unie à sa surface, et que sa masse forme une couche compacte et imperméable. Par quels moyens peut-on obtenir une chaussée qui jouisse réellement de ces pro- priétés ? » La chaussée composée, comme nous l'avons dit, d'une seule couche de ,( 458 ) petites pierres, est à peine praticable. Les voitures ne peuvent la parcourir que tréslentement et avec une grande dépense de force. Les roues, qui sé- parent facilement les éléments mobiles de l'empierrement, tracent des frayés, creusent des orniéres, écrasent et broient une grande partie des matériaux, qui passent à l’état de poussière et de boue, et qu'il faut remplacer successive- ment par de nouveaux matériaux. Les ornières se reproduisent sans cesse, et ce n'est qu’à la longue, après des réparations continuelles , dispendieuses, que les divers éléments de la chaussée , mélés avec les détritus, finissent par selier et par former une masse résistante, compacte. Mais cette consolidation de la chaussée par l’action lente, irrégulière, destructive des roues peut s'opérer directement par des moyens simples et économiques. » M. Polonceau a publié, en 1829, un Mémoire sur les moyens qu'il avait employés, dans le département de Seine-et-Oise, pour perfectionner le système d'empierrement de Mac-Adam. Il remplace l'action incertaine des roues des voitures par la pression uniforme d'un lourd et grand cylindre. Pour opérer promptement la consolidation de la chaussée , il a recours au mélange des pierres dures avec des pierres tendres, avec des graviers liants, des détritus de vieilles chaussées. Cinq ans plus tard, en 1834, M. Polonceau appliquait ce procédé à la chaussée de son beau pont du Carrousel. Dans une seconde publication, il insistait de nouveau sur l'utilité du mélange des matières d’agrégation avec les pierres dures, et sur la nécessité d'une forte com- pression. Cette année(18/44) il est revenu sur ce sujet, dans la vue de constater et de prouver que c’est à la France, et non à la Prusse, que l’on doit les premiers exemples de l'emploi des matières d’agrégation et de la compression sur les chaussées en empierrement. Les bons effets de cette méthode ont été constatés en France et à l'étranger, toutes les fois que l'on a rempli la double condition d'une pression suffisante et d’un mélange convenable de matériaux qui peuvent se lier facilement. Cependant elle s’est répanduelentement; cen'est que depuis peu d'années que, dans un certain nombre de départements, on comprime les chaussées, soit avec un cylindre très-lourd à grand diamètre, soit avec un cylindre léger à petit diametre, que l’on nomme quelquefois rouleauprussien , et qui n’est que celni de M. Polonceau réduit à de moindres dimensions. » Les avis sont encore partagés sur les dimensions les plus convenables à donner au cylindre compresseur. M. Schattenmann est persuadé que le cylindre léger à petit diamètre agit sur l'empierrement d'une manière plus sûre, plus prompte, plus complète, que le cylindre lourd à grand diamètre. C'est pour faire constater les avantages et la supériorité du cylindre léger, qu'il a adressé à l'Académie le Mémoire qui nous occupe en ce moment. (€ 459 ): » La constitution définitive d’une route dépend de la forme de la chaussée, de la nature et du mélange des matériaux qui la composent; enfin, de leur consolidation en une couche compacte. Nous allons suivre l’auteur dans ces diverses opérations. M. Schattenmann donne aux chaussées une largeur de 5 à 8 mètres, suivant les circonstances, suivant leur destination. Il propose de supprimer ou, au moins, d'empierrer les accotements en terre, et de remplacer les fossés par des rigoles empierrées ou pavées. Il porte l'épaisseur de la chaussée dans son axe à 20 centimètres, avec un bombement de 6 centimètres par mètre. Le fond de la forme ou de l’encaissement qui doit recevoir les matériaux est aussi un peu bombé, environ 4 centimètres par mètre , afin que l’empierre- ment conserve une certaine épaisseur jusque sur les bords de la route. Le bombement réduit, auquel on arrive après la compression, est suffisant pour l'écoulement de l’eau quand la chaussée est unie; il est commode pour les voitures qui peuvent circuler sans crainte sur toute la largeur de la chaussée, et l'user à peu près uniformément. Avec un bombement exagéré, on n’a pas la même sécurité ; la chaussée s’use principalement dans le milieu, où se portent toutes les voitures. » L’empierrement peut s'établir sur un sol quelconque; peu importe sa nature, quand il est couvert par une couche compacte et imperméable. Cependant sil était par trop mou, on pourrait le raffermir un peu par un passage de rouleau compresseur. Un simple pilonnage suffirait dans les par- ties où il ne paraïîtrait pas assez résistant. » On place les matériaux, réduits par le cassage à 6 centimètres de dia- mètre, dans le fond de l'encaissement; ceux qui se trouvent plus petits sont réservés pour la surface. S'il en reste à la surface qui aient plus de 4 centi- mètres, on les casse sur place où bien on les enlève à la main. » Ces matériaux plus ou moins durs, plus ou moins liants, peuvent être rapprochés, enchevêtrés par une forte pression; mais cela ne suffit pas pour qu'ils forment immédiatement une couche compacte, imperméable. Il faut nécessairement incorporer dans l'empierrement une matière ténue pour rem- plir les vides et opérer la liaison de toutes les parties. » La consolidation des chaussées par le cylindrage repose sur ce double principe de la compression et du mélange des matériaux avec une matière d'agrégation. » Cette matière doit être de telle ou telle espèce, suivant la dureté des matériaux de l'empierrement et leur facilité à se lier. Avec des matériaux durs, sans liant, comme les pierres siliceuses, les granits, les quartz, etc., on : (460 ) prend, pour opérer l'agrégation, la marne, les calcaires tendres, toute espece de terre forte, etc., qui se lient facilement. Mais avec des calcaires d'une certaine dureté, on emploie du sable; il reçoit du calcaire le liant qui lui manque. » Les détritus des chaussées provenant de pierres dures ou tendres sont, dans tous les cas, une bonne matière agglomérante. ». M. Schattenmann, directeur des mines de Bouxwiller, avait eu souvent à s'occuper, comme membre du conseil général du Bas-Rhin, de la construc- tion des routes dans ce département. Il apprit, vers 1840, que dans la Prusse rhénane, à Sarrebruck, on employait depuis quelque temps un cylindre en fonte de fer pour comprimer les chaussées d'empierrements neufs,et que l'on obtenait de très-bons résultats. Il l'examina, le fit connaître et en recom- manda vivement l'usage. L'année suivante, en 1841, des circonstances par- ticuliéres l'ayant amené à construire lui-même des empierrements dans des rues de Bouxwiller, il se servit d'un rouleau appartenant au département et semblable au rouleau prussien,, sauf quelques modifications qui en rendent le chargement et le service tres-faciles. » Ce rouleau consiste dans un cylindre creux en fonte de fer de 1,30 de diamètre et de 1,30 de longueur. Aux extrémités de son axe en fer forgé sont placés deux coussinets qui supportent un fort cadre surmonté d'une caisse carrée qui peut recevoir, en pierres ou en pavés, une charge de 3 000 kilo- grammes. À l’aide de deux timons assemblés à la charpente du cadre, on peut atteler les chevaux devant et derrière, ce qui dispense de faire tourner le rouleau sur place. » Le poids de la charpente et de la caisse est de 1 000 kilogrammes, celui du cylindre est de 2000 kilogrammes, en sorte qu'à vide tout le système pèse 3000 kilorgammes et 6000 kilogrammes à pleine charge. » Quand la chaussée est préparée et chargée de petites pierres ou de cail- loutis, on procède au cylindrage , qui comprend deux opérations bien dis- tinctes: la compression des matériaux et leur agglomération. » 1°. La compression est produite par deux tours ou denx passages de rouleau à vide, avec la charge simple de 3 000 kilogrammes; par deux tours à mi-charge de 4 500 kilogrammes; par deux tours à charge entière de 6000 kilogrammes. , » Pendant ces six premiers tours de rouleau, on est obligé, dans une grande sécheresse, d’arroser les matériaux pour qu'ils glissent mieux les uns sur les autres et s'enchevètrent plus facilement. » 2°, agglomération s'opère en continuant de comprimer avec le rou- (461) leau à pleine charge; mais après chaque tour on étend , à la surface de la chaussée, une légère couche de matière liante, sèche, réduite en poudre et choisie convenablement suivant la nature des matériaux de l'empierre- ment. Le volume de la matière d’agrégation est d'environ 15 pour 100 du cube des matériaux qui constituent l'empierrement. Six tours de rouleau suf- fisent dans cette seconde période de la consolidation. » Le cylindrage, réduit au minimum de douze tours de rouleau , à douze passages dans chaque endroit, pourra, dans une journée, s'étendre à 200 ou 300 mètres de longueur, et couvrirune surface de 1 500 à » 000 mètres carrés ; mais, quand la consolidation marchera lentement, on sera parfois obligé d'augmenter un peu le nombre des passages du rouleau, et la surface cylin- drée dans un jour sera moindre. Ce travail s'exécute avec six chevaux sur des routes à pentes ordinaires ; on en emploie huit quand les pentes s'élèvent au-dessus de 4 à 5 centimètres par mètre, » Malgré la grande mobilité des pierres cassées et surtout des cailloux rou- lés au commencement de l’opération, l'attelage de six à huit chevaux de force moyenne peut sans effort faire marcher le rouleau à vide, et pesant seulement 3000 kilogrammes. À mesure que l'opération avance, le roulage devient plus facile, et l'on peut augmenter successivement la charge du cylindre Jusqu'à 6000 kilogrammes. Dans tous les cas, il faut que chaque cheval n'ait à exercer qu'une traction modérée ; s'il devait agir avec force, ses pieds bou- leverseraient sans cesse la surface de la chaussée. » Après une douzaine de passages du rouleau, la chaussée peut être livrée à la circulation, si l'opération a été bien conduite. » Le succès dépend principalement de la nature de la matière d'agrégation et de son introduction dans l'empierrement; elle doit remplir les vides qui restent entre les matériaux, et les envelopper en partie d’une espèce de gan- gue, qui se consolide en séchant. » Quand le rouleau marche pendant la compression, il s'enfonce peu dans l'empierrement, même au premier tour. On remarque seulement en avant une agitation analogue à celle qui a lieu dans un fluide refoulé. La pression de la surface se transmet de proche en proche, les pierres glissent les unes sur les autres; il se forme une espèce de feutrage. Les vides qui existaient d’abord se remplissent en partie par les matériaux eux-mêmes. L'ondulation en avant du rouleau diminue graduellement à mesure que les pierres se ca- sent et perdent leur mobilité: de là résulte, dans l'épaisseur de la chaussée, une diminution d'environ « pour la meulière cassée, mais moindre pour des cailloux roulés qui ne se touchent guëre que par des points. CR, 1844, 2m Semestre. {T. NIX, N° 40 ) 62 ( 462) » Le saupoudrage de la matière d’agrégation s'opère partiellement par couches minces pour qu’elle pénètre facilement dans l'empierrement. Pendant ce travail l'ondulation diminue vite; elle s'éteint bientôt et la matière d'agré- gation reste à la surface. C'est le signe certain que l’on peut cesser le cylin- drage, cela arrive ordinairement après une douzaine de passages. Alors on répand sur la matière d'agrégation restée à la surface de la chaussée une couche d'un centimètre de sable ou de gravier fin, pour couvrir les pierres, amortir l’action des pieds des chevaux, et empêcher les dégradations à la surface, et l'adhérence aux roues des matières grasses qui n'ont pas pénétré dans la masse. Dans cet état il faut encore que la chaussée soit mouillée par la pluie ou par un arrosage abondant. Alors elle peut être livrée à la circula- tion. Cependant elle n'est pas encore entièrement consolidée. Ce n'est qu'après une dessiccation d'environ deux mois que toutes ses parties sont bien liées et qu’elles forment une masse compacte et imperméable. Si après le cylin- drage il survenait des pluies continuelles et plus tard des gelées, la chaussée se consoliderait difficilement. Il ne faut donc pas entreprendre ces opérations en hiver ou à l'entrée de l'hiver. » Tels sont les procédés que M. Schattenmann a employés avec succes pour cylindrer des chaussées dans le Bas-Rhin et à Paris. Toutes ont été livrées immédiatement au roulage; aucune n'a souffert de la circulation la plus active. » Dans un empierrement cylindré depuis deux ans à Bouxwiller, M. Schat- tenmann a fait une tranchée d’où il a extrait un fragment qui a été présenté à l’Académie. On y voit une agglomération des matériaux en une masse com- pacte, solide, imperméable, de plus de 20 contimètres d'épaisseur. » On trouve les mêmes caractères dans les chaussées cylindrées à la fin de l'année dernière aux Champs-Élysées. La première expérience a été faite au Cours-la-Reine; l'empierrement était en cailloux siliceux roulés, non cassés, tirés des carrières des environs de Paris ; dans les deux autres expériences faites sur une seconde partie du Cours-la-Reine et à l'avenue Gabriel, les em- pierrements étaient composés d'une première couche des mêmes cailloux et d'une couche supérieure en pierres meulières cassées. Quoique M. Schat- tenmann ait opéré avec ses deux rouleaux dans des circonstances atmosphéri- ques très-peu favorables et que les pluies fréquentes qui ont suivi les cylin- drages aient beaucoup contrarié la consolidation de ces chaussées, nous les avons trouvées en bon état deux mois après leur achèvement. Elles résistaient parfaitement à un roulage actif, et nous avons pu en faire extraire des frag- ( 465 ) ments dont toutes les parties étaient déjà liées. Maintenant elles sont tout à fait consolidées et d’un parcours toujours facile. Cette année, deux de vos Commissaires ont pu suivre dans les moindres détails l'expérience faite dans le courant du mois d'août, par M. Schat- tenmann, sur le boulevard d’Enfer. L'ancienne chaussée, de 800 mètres de longueur et 9 mêtres de largeur, a été couverte de cailloux siliceux roulés, non cassés et tirés des carrières des environs de Paris. L'épaisseur de cet empierrement allait en augmentant d'un bout à l’autre de 10 à 25 centimètres. Le cylindrage a commencé le lundi 12 août, il a été contrarié plusieurs fois par la pluie, et cependant la chaussée était ouverte à la circulation le samedi matin. » Nous avions vu les ondulations du cailloutis diminuer devant le rouleau à mesure que la matière d'agrégation, composée de détritus de la vieille chaussée , pénétrait dans l'empierrement. Au bout de trois jours elles s'aperce- vaient encore dans la partie la plus épaisse de l’empierrement, mais elles étaient insensibles dans la partie la plus mince. Tout annonçait la fin du cylindrage, lorsqu'une pluie extrêmement abondante vint interrompre les travaux et entraîner dans l'empierrement les détritus qui se trouvaient à la surface. Le lendemain suffit pour préparer la chaussée au passage des voitures. » Une voiture de pierre de taille pesant 8 500 kilogrammes a parcouru la chaussée le samedi 17 août dans toute sa longueur sans occasionner la moindre dégradation. Dans beaucoup d’endroits nous apercevions à peine la trace des roues et la marque des pieds des chevaux dans la couche de détritus et de sable qui couvrait la chaussée. Ainsi les chevaux faisaient peu d'efforts et le roulage était déjà facile. On croit généralement que le cylindrage réussit difficilement avec un empierrement en cailloux roulés durs, et que si l'on parvient, à l’aide de tels matériaux, à former une couche compacte, ce n’est qu'avecune grande quantité de matière d'agrégation et une dépense bien plus forte que pour un empier- rement en meulière cassée. Voici à cet égard ce qui résulte de l'expérience du boulevard d'Enfer, d'après les documents communiqués à la Commission : la dépense, en comprenant le sable et la matière d'agrégation, s'est élevée à 1 176°,83 pour cylindrer 7 100 mètres carrés de chaussée, et à 0,165 pour un mètre carré. Ce chiffre se décompose comme il suit : 1° frais de sie D prent la traction et le répandage des détritus et du sable of 078 ; où ee de la matière d’ agrégation et du sable, o',087. » Ainsi, à Paris, où la main-d'œuvre est se chère, on peut cylindrer, pour 8 centimes, un mètre carré de l’empierrement le plus difficile à conso- 62. ( 464 ) lider (1). Quant au prix de la matière d'agrégation et du sable, on conçoit qu'il doit varier beaucoup d'un lieu à un autre. » Quelques jours avant cette expérience, les cylindres de M. Schattenmann avaient servi à comprimer, sur le chemin vicinal de Boulogne à Neuilly, un empierrement de 25 centimètres d'épaisseur. L'opération, commencée par l'administration, terminée par M. Schattenmann , a coûté, tout compris, 3 400 francs pour 16 707 mètres carrés de chaussée; ce qui fait o',203 par mètre carré pour le cylindrage et l'achat du sable et des matières d'agrégation. » Quand une chaussée empierrée est usée, ou réduite à une couche trop mince pour résister au roulage, il faut augmenter son épaisseur. On la recouvre d’une couche de matériaux , que l’on consolide au moyen du rouleau compres- seur, en suivant la même marche que pour une chaussée neuve; seulement, dès les premiers tours du rouleau, par un temps pluvieux ou à la suite d'un arrosage convenable, il faut saupoudrer avec la marne, le sable ou les détritus , pour lier promptement les parties de la nouvelle couche entre elles et à la superficie de l’ancienne chaussée. » Quelquefois on se sert d'un pic pour pratiquer, à la surface de la chaus- sée en réparation, des cavités où se logent les matériaux dont on la charge. Avec le rouleau compresseur , on lie parfaitement, sans repiquage, les deux couches superposées, et l'on évite la dépense d'une opération assez longue, qui a d’ailleurs l'inconvénient de désagréger les parties de l’ancienne chaussée. » L'avenue du Cours-la-Reine, aux Champs-Élysées, nous a offert un exemple de ces réparations. Elle était en mauvais état. M. Schattenmann, vers la fin d'octobre dernier, chargea une partie de la chaussée d’une couche de cailloux de 5 centimètres d'épaisseur. Deux mois après le cylindrage, nous en vimes extraire un fragment qui montre que la nouvelle et l’ancienne cou- che, que d'ailleurs on distingue l'une de l’autre, étaient parfaitement liées. (1) Avec un attelage de 8 chevaux, à 60 francs par jour, on a comprimé 7100 mètres dans huit jours (900 mètres carrés par jour); ce qui fait pour 1 mètre carré. . . . . . . of,066 Un journalier, à 3 francs, répand 10 mètres cubes de matière d’agrégation dans un jour, ou 1 mètre cube pour 0',30. Une couche de chaussée de 1 mètre carré de base et 20 centimètres d’épaisseur, ou de + de mètre cube, exige en répandage : 1°. 555 de; de mètre cube, ou -?- de mètre cube de matière d’agrégation, à 0f,30 le mètre cube, . . 1 CR TT € de Mr TA EVE 0f,009 2°. + de mètre cube de sable, à of,30 le mètre cube. . . . . . . OR ES CEE Dépense pour cylindrer et répandre les matières d’agrégation et le sable. . . . af,o78 ( 465 ) » Quand une chaussée n’a pas été parfaitement confectionnée, les traces, les frayés, les ornières qu'y laisse une circulation un peu active doivent être effacés sans cesse par les cantonniers. Ce dispendieux travail d'entretien a souvent le grave inconvénient de diminuer notablement l'épaisseur de la chaussée avant qu'elle soit parvenue à de bonnes conditions de viabilité. Mais quand une chaussée a été originairement bien établie par le cylindrage ou par tout autre procédé, les voitures les plus lourdes n’y laissent pas de traces sensibles qui puissent être suivies par d’autres voitures et devenir des or- nières. La circulation a lieu sans piste sur toutes les parties. L'office du cantonnier se réduit alors à une simple surveillance, et à enlever la boue peu abondante apportée par la circulation, ou provenant des parcelles en- levées à la chaussée. Cependant, à la longue, il se formerait un frayé sen- sible qui se convertirait même en ornière si les voitures suivaient toujours la même piste. » Quant à l'entretien accidentel, il se réduit à peu de chose. Il s'opère d’ailleurs par le damage, dont les résultats sont analogues à ceux du rou- leau compresseur. Cet entretien accidentel disparaissant en grande partie, on pourra, sur des routes bien cylindrées, réduire le nombre des cantonniers et des ouvriers auxiliaires, ce qui opérera une notable économie. » Les ingénieurs des ponts et chaussées qui ont fait usage du rouleau compresseur reconnaissent que la dépense d’entretien d'une chaussée cylin- drée est faible, tandis qu'elle est très-forte pour une route neuve, principale- ment jusqu’à l'époque où elle se trouve complétement consolidée. » Examinons ces deux questions importantes : Quelle est la pression exer- cée par le petit rouleau, et à quelle profondeur se fait sentir son action? » Le cylindre s'appuie sur l'empierrement, dans toute sa longueur de 1,30, sur une largeur de 20 à 25 centimètres. La pression, pour une zone de 1 centimètre de largeur, varie de 23 à 46 kilogrammes, quand la charge passe de 3 à 6000 kilogrammes, tandis que la pression des roues, par zone de 1 centimètre, varie de 100 à 170 kilogrammes. Ainsi, une pression trois à quatre fois plus petite que celle des lourdes voitures de roulage suffit pour opérer la consolidation d’une couche de cailloutis de 20 à 25 centimètres d'épaisseur. » M. Schattenmann, en opérant avec son rouleau sur une couche de 50 centimètres d'épaisseur, a reconnu que la compression a lieu jusqu’à 30 centimètres de la surface. L'action de ce petit rouleau peut donc se trans- mettre dans toutes les parties d’un empierrement réduit à l'épaisseur de 20 à 30 centimètres, regardée maintenant comme très-suffisante. L'échantillon de ( 466 ) 20 centimètres d'épaisseur qui a été extrait de la chaussée de Bouxwiller, et dont nous avons déjà parlé, ne laisse aucun doute à cet égard. » On avait cru d’abord qu'il fallait un grand poids pour comprimer les empierrements, et l’on fut conduit à employer des cylindres de 1",50 de longueur, de 2 mètres de diamitre, pesant 4, 5,6 000 kilogrammes à vide, et le double à pleine charge. La pression par zone de r centimètre est alors pres- que double de celle du petit cylindre, et cependant elle paraît moins efficace. M. Schattenmann soutient catégoriquement dans son Mémoire qu'un grand et lourd cylindre ne consolide ordinairement un empierrement que jusqu'à 6 ou 7 centimètres de la surface; à l'appui de cette opinion il cite des cy- lindrages opérés aux Champs-Élysées, et surtout celni qui a été fait l’année dernière près de Saint-Denis, par le génie militaire, avec le grand rouleau des fortifications qui exige un attelage de dix-huit à vingt chevaux. L'empier- rement de 20 centimétres d'épaisseur en cailloux, exécuté de cette manière, a été promptement bouleversé par le roulage. ». Nous ajouterons que cette année les mêmes officiers ont opéré dans une rue militaire près du canal Saint-Denis. L’empierrement se composait d'une couche de 20 centimètres d'épaisseur en cailloux siliceux, roulés, non cassés, tirés des carrières de Clichy. Le cylindrage, avec les rouleaux de M. Schatten- maun, a donné une chaussée qui résiste parfaitement depuis trois mois au plus gros roulage. A son ouverture elle a pu supporter une voiture à dix che- vaux chargée de pierres de taille. La dépense pour le cylindrage, la matiere d'agrégation et le sable, s'est élevée à 25 centimes par mètre carré. » En admettant que les empierrements se consolident aussi bien, aussi vite avec un grand cylindre qu'avec un petit, ce dernier aurait toujours l'avantage d'être d'un prix moins élevé, de n'exiger que six à huit chevaux, au lieu de dix-huit à vingt. Avec ce dernier attelage le tirage est irrégulier, et les che- vaux détruisent souvent, en piétinant, une partie du travail déjà fait. » M. Schattenmann s'est empressé de nous déclarer qu'en s'adressant à l'Académie, il n'avait eu en vue qu'une chose, le désir de faire connaître un mode de construction des chaussées empierrées qui lui paraît, sous tous les rapports, bien supérieur à Fancien. Quand il a employé le rouleau léger à petit diamètre, il n'en connaissait pas d'autre. À cet égard, il a été bien servi par le hasard. Il pense que c'est à M. Polonceau que revient l'honneur du premier emploi d'une matière d’agrégation et de l'action d’un cylindre dans la consolidation des empierrements ; il croit aussi qu'on ne s’est servi de ce procédé en Prusse qu'après la publication des Mémoires dans lesquels notre habile ingénieur rendait compte des résultats de ses premières épreuves. ( 467 ) » Nous venons de constater les bons résultats du cylindrage pour la con- Struction, la réparation et l'entretien des chaussées; maintenant nous som- mes naturellement conduits à examiner cette question d'économie publique. L'administration , quand elle a fait tous les frais d'établissement d'une chaus- sée , ne devrait-eile pas la consolider elle-même, et attendre qu'elle fût dans cet état pour la livrer à la circulation? Nous rappellerons ici que la consoli- dation d’une chaussée, par l’action irrégulière des roues des voitures, a le grave inconvénient , d’un côté, d'imposer une charge énorme à l’industrie des transports, et, de l’autre, d'entraîner pour l'État des dépenses continuelles de matériaux, de réparation, d'entretien. Les dépenses sont si considérables. que l'on trouverait de l'avantage à consolider les chaussées par le procédé économique du cylindrage, et à ne livrer à l'industrie privée que des routes réellement praticables. » En résumé, la consolidation d’une route en empierrement par le tra- vail lent et destructeur des roues des voitures impose, pendant plusieurs mois, une charge énorme au roulage, et au Trésor nn entretien très-dispendieux. Le plus ordinairement encore, après tant de sacrifices, on n'obtient que des routes assez médiocres. Au contraire, une chaussée bien cylindrée a immé- diatement l'avantage, pour l'industrie privée, d'être ferme et unie à sa sur- face et d'un parcours facile, économique ; pour l'État, de n'exiger qu'une très-faible dépense d'entretien. L'application régulière, bien entendue, du rou- leau compresseur à la construction et à la réparation de nos routes en empier- rement, aura donc des résultats économiques de la plus haute importance. Sous ce rapport elle doit fixer l'attention de l'administration chargée d’or- ganiser les voies de communication dans toute l'étendue du royaume. » Il nous paraît établi que les grands cylindres ne sont ni nécessaires ni même utiles; que la pression modérée d’un cylindre léger, à petit diamètre, traîné par 6 à 8 chevaux, suffit Pour comprimer dans toutes ses parties un em- pierrement de 20 à 25 centimètres d'épaisseur, et pour le transformer en une chaussée Compacte, imperméable, unie à sa surface et capable de résister immédiatement au roulage le plus actif; que le petit rouleau compresseur consolide également, sur une chaussée usée, une nouvelle couche de cail- loutis, même très-mince, et la soude parfaitement au sol ancien. » Conclusions.— L'Académie a déjà pu reconnaître que M. Schattenmann ne prétend nullement que le cylindrage des routes à empierrement ait été inventé par lui; mais il a incontestablement le mérite d'avoir propagé ces ex- cellents procédés, par son zèle, par son activité, par ses lumières; d’avoir ( 468 ) montré les avantages du petit cylindre à poids variable et pradué; d’avoir donné des notions précieuses sur les matières d'agrégation. Sous tous ces rapports, le Mémoire de M. Schattenmann nous paraît très-digne de l'approbation de l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Mémoire sur l’osmium; par M. En. Frewy. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Pelouze. ) « Les recherches que j'ai entreprises dans le but de démontrer que pres- que tous les métaux, en se combinant avec l'oxygène, peuyent former des acides métalliques, se divisent en deux parties. » Dans la premiere, qui comprend plusieurs Mémoires que j'ai eu l'hon- neur de communiquer successivement à l'Académie, j'ai examiné les princi- pales propriétés des acides métalliques formés par les métaux appartenant aux quatre premières sections de M. Thenard J'ai réservé, pour la seconde partie de mon travail, l'étude des acides que peuvent produire les métaux qui sont placés dans les dernières sections. » Le Mémoire que je présente aujourd'hui dépend de cette nouvelle série de recherches. » Parmi les métaux acidifiables appartenant aux deux dernières sections, un des plus remarquables est certainement l’osmium, qui se trouve en abon- dance dans la mine de platine, et qui, en se combinant avec l'oxygène, peut produire un acide volatil et cristallisable. ». Il était impossible d'examiner les principales réactions de l'acide osmi- que, sans reprendre en même temps l'étude de l'osmium; car, on le sait, l'histoire chimique de ce métal est encore incomplete. » Pour le prouver, je n'ai qu'à citer ici l'opinion de M. Berzelius, qui dit, à la fin de son important Mémoire sur les métaux qui se trouvent dans la mine de platine : « que les essais qu'il a rapportés ne peuvent être considé- rés que comme une esquisse de l'histoire longue et difficile de l'osmiam. » Si, depuis M. Berzelius, aucun chimiste ne s'est occupé, d'une manière sui- vie, de l'examen de l'osmium, c'est que peu de métaux présentent dans leur étude autant de difficultés réunies. » Eneffet, l'osmium est ordinairement combiné , dans la mine de platine, ( 469 ) à l'iridium, et cet osmiure est difficilement attaqué par les réactifs chi- miques. » Les combinaisons de l'osmium ont une telle analogie avec celles de l'iridium, que leur séparation est souvent incomplète et leurs caractères distinctifs insuffisants. Il faut reconnaître, en outre, que les vapeurs d'acide osmique qui produisent en peu de temps des ophthalmies douloureuses et des démangeaisons à la peau, rendent toujours ces recherches dangereuses. » J'ai pensé que, pour entreprendre un travail complet sur l'osmium , il fallait, en premier lieu, trouver un procédé qui permit d'attaquer facilement l'osmiure d'iridium , et obtenir ensuite un composé cristallisé qui ne dégageàt pas à l'air de vapeur d’acide osmique, et qui pût servir au besoin à préparer les principales combinaisons de l’osmium. C’est ce double but que je crois avoir atteint complétement. » J'ai déjà fait connaître à l'Académie le procédé qui me sert à retirer de la mine de platine tout l’'osmium qu'elle contient; j'ajouterai seulement ici quelques détails qui complètent ma première communication. » Les résidus de la mine de platine se présentent sous deux aspects diffé- rents : ils sont ordinairement en poudre noire, mais on les trouve aussi cristallisés en larges paillettes. « » Les résidus en poudre noire sont, en général, assez pauvres en osmium, et contiennent environ 20 ou 25 pour 100 d'iridium. » Lorsqu'on se propose d'extraire l’osmium, il est convenable d'opérer sur le résidu cristallisé en paillettes. En le calcinant avec 3 parties de nitre, on le transforme en osmiate et en iridiate de potasse. » Ces deux sels, traités par l'acide azotique, donnent immédiatement de l'acide osmique. » Pour retirer l’osmium qui reste à l'état d'oxyde, on traite le résidu de l’opération précédente par de l’eau régale; on précipite par le sel am- moniac, et le sel double est soumis à l’action de l’acide sulfureux. » J'ai dit, dans mon premier Mémoire, que l'iridium entrait, dans ce cas, en dissolution. » Il reste un sel rouge qui est un chlorure ammoniaco-osmique, qui donne de l’osmium pur lorsqu'on le calcine dans un courant d'hydrogène. » On obtient donc ainsi tout l'osmium contenu dans la mine de platine, d'une part, à l'état d'acide osmique, et, de l’autre, à l'état d'osmium métallique. C.R., 1844, 2€ Semestre (T. XIX, N° 10 ) 63 (470 ) Détermination de l'équivalent de l’osmium. » Les nouvelles combinaisons d'osmium qui seront décrites dans ce Mé- moire m'ayant permis de préparer, par des procédés différents, de los- mium pur, j'ai pensé qu'il serait intéressant de déterminer de nouveau l'équi- valent de ce métal. » On se rappelle que l'équivalent de l’osmium a été obtenu, par M. Ber- zelius, en réduisant à l’aide du gaz hydrogène le chlorure osmico-potassique anhydre. On adopte pour l'équivalent de ce métal le nombre 124,49. » En me fondant sur les expériences si précises de M. Berzelius, qui prou- vent d’abord que l'osmium se transforme complétement en acide osmique lorsqu'on le chauffe dans un courant d'oxygène sec, et que cet acide est entièrement absorbable par de la potasse caustique, il est évident qu'en brülant un poids connu d'osmium dans l'oxygène, et en déterminant la quantité d’acide osmique formée, j'avais les éléments nécessaires pour fixer l'équivalent de losmium. » On voit que ce procédé est semblable à celui que MM. Dumas et Stas ont employé pour la détermination de l'équivalent du carbone. » Ces chimistes ont brûlé du carbone pur dans l'oxygène, et ont pesé l'acide carbonique qui s'est formé. » J'ai brûlé de même de l'osmium dans de l'oxygène, et j'ai déterminé le poids de l'acide osmique qui s'est produit. » Je ferai remarquer que c'est aussi par une combustion directe de l'os- mium dans l'oxygène que M. Berzelius avait analysé l’acide osmique. » J'ai opéré la combustion de l’osmium dans un tube divisé en deux par- ties par l’étranglement du verre. J'ai placé l'osmium dans la première partie du tube, et, dans l’autre, des fragments de potasse. Un tube à potasse, placé à la suite de cet appareil, n’a pas changé de poids pendant l'expérience, et a prouvé que l'acide osmique était entièrement absorbé par le premier tube. » J'ai évité, dans la disposition de cet appareil, l'emploi des bouchons, qui réduisent immédiatement l'acide osmique. » Il résulte de plusieurs analyses, dont je donne les détails dans mon Mémoire, que, dans l'acide osmique, 4 équivalents d'oxygène sont combinés avec une quantité d'osmium représentée par le nombre 1247,8, qui ne dif- fère pas sensiblement de celui trouvé par M. Berzelius. » Quoique mes expériences s'accordent avec celles de M. Berzelius, je ne considère pas l'équivalent de l’osmium comme définitivement fixé. Je re- viendrai sur cette question dans un Mémoire particulier. (471) » Parmi les combinaisons de l'oxygène avec l'osmium, celle qui contient 4 équivalents d'oxygène est la seule qui ait été considérée , jusqu’à présent, comme un acide métallique. » L'acide osmique peut, en effet, se combiner avec les alcalis et former des sels dans lesquels les propriétés de l'acide se trouvent masquées. » Il m'a été, jusqu'à présent, impossible de préparer des osmiates cristal- lisés. Ces sels paraissent déliquescents, et sont en partie décomposés par l’eau. » Je ferai connaître ici une nouvelle combinaison d’osmium et d'oxygène, à laquelle je donne le nom d'acide osmieux, qui peut, en s'unissant aux bases, donner naissance à des sels parfaitement cristallisés. » Il existait dans la série d'oxydation de l'osmium une lacune évidente. M. Berzelius avait admis l'existence d’un chlorure représenté par la formule Os CF, mais l'oxyde correspondant à ce chlorure n'avait pas encore été pro- duit. » Les expériences que je vais décrire prouvent que le composé Os O* est un acide qui peut se combiner avec les bases et former des sels cristallisés. Préparation des osmites. » Les osmites se préparent d’une manière générale en désoxydant les os- miates. » C'est ainsi que, lorsqu'on verse dans une dissolution d’osmiate de po- tasse quelques gouttes d'alcool, la liqueur s’échauffe, dégage de l’aldéhyde, se colore en rose et laisse bientôt déposer un précipité cristallin d’osmite de potasse. Comme ce sel est insoluble dans l’eau alcoolisée, la liqueur se dé- colore complétement et ne retient plus d’osmium en dissolution. » Si un osmiate est mis en contact avec un corps qui peut absorber lente- ment l'oxygène, les cristaux d'osmite qui se déposent sont alors volumineux. Ciest ainsi que, lorsqu'on mélange de l'osmite de potasse avec un azotite, on peut obtenir de beaux cristaux d'osmiate de potasse sous la forme d’octaèdres. » Dans cette expérience, l'azotite absorbe une partie de l'oxygène de l'acide osmique et se transforme en azotate. » On peut encore préparer les osmites solubles en traitant un osmiate al- calin par du deutoxyde d'osmium, qui se dissout immédiatement. » La préparation de ces nouveaux sels ne présente donc aucune diffi- culté. Acide osmieux. » Il résulte de l'analyse des osmites cristallisés, que l'acide osmieux doit 63.. (472) être représenté par la formule OsO*; mais il m'a été impossible jusqu'à pré- sent d'obtenir cet acide à l'état isolé. » Les osmites traités par un acide faible, même par l'acide carbonique, sont immédiatement décomposés, produisent de l'acide osmique et du deut- oxyde d'osmium hydraté. » Ainsi l'acide osmieux, semblable à d'autres acides, n'existe qu'en com- binaison avec les bases. Osmite de potasse. » L'osmite de potasse doit être considéré comme un des composés les plus intéressants de l’osmium. » Ce sel prend naissance, comme je l'ai dit précédemment, lorsqu'un os- miate est mis en contact avec un corps avide d'oxygène. » La production si facile de l'osmite de potasse peut servir à déterminer la quantité d'acide osmique contenu dans une liqueur : on la sature , en effet, par de la potasse, on la précipite au moyen de quelques gouttes d'alcool; l'osmite est lavé à l'eau alcoolisée et desséché dans le vide. Son poids fait con- naître la proportion d'acide osmique que la liqueur contenait. » L'osmite de potasse est rose, il est soluble dans l’eau et complétement insoluble dans l'alcool et l’éther: il cristallise en octaèdres. Cette cristalli- sation ne peut pas être obtenue par les procédés ordinaires. L'osmite de potasse se décompose, en effet, rapidement dans l'eau pure. » Pour préparer ce sel cristallisé, on doit mettre de l’osmiate de potasse trés-alcalin en contact avec de l’azotite de potasse. Dans ce cas, l'osmite de potasse se forme lentement et cristallise en gros octaèdres; l'excès de potasse lui donne de la fixité et facilite sa cristallisation. » L'osmite de potasse est soluble dans l'eau froide, mais se décompose dans ce cas assez rapidement en osmiate de potasse et en deutoxyde d’osmium ; la décomposition est presque instantanée lorsqu'on porte la liqueur à l’ébul- lition. » Une dissolution d'osmite de potasse exposée à l'air absorbe l'oxygène et se transforme complétement en osmiate. Les matières organiques réduisent avec rapidité l’osmite de potasse. » L'action que la chaleur exerce sur l’osmite de potasse a été examinée dans des circonstances différentes. » Lorsqu'on chauffe de l'osmite de potasse dans un courant d'azote pur, ce sel perdson eau de cristallisation et devient anhydre. Il n’a pas éprouvé de (473) décompssition, car il peut se dissoudre dans l'eau et reproduire le sel pri- mitif. » Si on le calcine à l'air ou dans un courant d'oxygène, il se transforme en osmiate qui, en fondant, préserve une certaine quantité de sel de l’action oxy- dante. L’osmite soumis à l'influence de la chaleur dansun courant d'hydrogène est complétement décomposé ; il se forme dans ce cas de l’eau, de l'hydrate de potasse et de l'osmium métallique. » L'analyse de l’osmite de potasse, qui présentait de grandes difficultés, a été faite par le procédé suivant : » La perte que le sel éprouve lorsqu'on le chauffe dans un courant d'azote a permis de déterminer son eau de cristallisation. » Le sel anhydre, réduit dans un courant d'hydrogène, forme de l'eau qui indique la quantité d'oxygène contenue dans l'acide osmieux. Il est évident que la potasse retient 1 équivalent d'eau. » Pour déterminer la proportion de potasse, j'ai chauffé le sel avec l'acide azotique fumant; l'osmium passe à l'état d'acide osmique, et le nitre a été transformé en sulfate neutre de potasse. » Les analyses, dont je supprime ici les détails, démontrent que le sel anhydre a pour formule OsO*, KO, et qu'il peut cristalliser avec 2 équiva- lents d'eau. » L'existence d'une combinaison d'osmium contenant 3 équivalents d’oxy- gène devait m’engager à chercher un sulfure correspondant à l'acide osmieux. Lorsqu'on fait passer dans une dissolution d'osmite de potasse un courant d'hydrogène sulfuré , le sel est complétement décomposé; ilse forme un pré- cipité noir de sulfure d'osmium hydraté, et la liqueur retient en dissolution du polysulfure de potassium. » La production de ce polysulfure indique déjà que le sulfure qui se pré- cipite ne correspond pas à l'acide osmieux : c'est ce que prouvent les analyses qui se trouvent dans mon Mémoire. Ce sulfure a pour composition Os$?, 5HO. » Le chlorure d’osmium que M. Berzelius a obtenu en combinaison avec le sel ammoniac, et qui correspond à l'acide osmieux, n’a pas été isolé jusqu'à présent. J'ai reconnu que ce chlorure ne se forme pas lorsqu'on traite l’'os- mite de potasse par de l'acide chlorhydrique : il se dégage dans ce cas de l’a- cide osmique, et il reste dans la liqueur un bichlorure d’osmium. » Tous les acides décomposent l'osmite de potasse, produisent de l'acide osmique et un dépôt de deutoxyde d'osmium qui se dissout dans un excès d'acide. » L’acide sulfureux agit d’une manière particulière sur l'osmite de potasse; (474) il dégage d'abord, comme les autres acides, des vapeurs d'acide osmique, et forme rapidement un précipité d'un beau bleu d'indigo. Ce corps, signalé par M. Berzelius, et qui paraît être le produit final de l'action de l'acide sul- fureux sur tous les composés de l’osmium, est une véritable base qui se dis- sout dans les acides, et produit des sels colorés en bleu. » J'arrive maintenent à l’action remarquable de l’'ammoniaque et des sels ammoniacaux sur l’osmite de potasse. » Lorsqu'on verse de l'ammoniaque dans une dissolution d'osmite de po- tasse, la liqueur perd immédiatement sa couleur rose, et les réactifs démon- trent que l’osmite a été décomposé. Si la liqueur est soumise à l'action de la chaleur, elle brunit, l'azote se dégage en abondance, et l’oxyde d'osmium ammoniacal se dépose. » Lorsqu'on fait réagir à froid de l'ammoniaque sur de l’osmite de po- tasse, il se forme un composé intéressant qui a pour formule OsO?, AzH°. Ce corps est, comme on le voit, une combinaison d'oxyde d’osmium avec le radical AzH?, que MM. Thenard et Gay-Lussac ont obtenu pour la pre- mière fois en combinaison avec le potassium et le sodium. » Il est fort difficile de préparer, à l'état isolé, le composé que je nomme ici l'osmiamide, mais on peut l'obtenir facilement en combinaison avec d’autres corps. » C'est ainsi qu'en traitant de l'osmite de potasse par une dissolution de sel ammoniac, on obtient immédiatement un précipité d'un jaune citron, complétement insoluble dans l'excès de sel ammoniacal. » Ce corps, soluble dans l’eau, insoluble dans l’alcoo!, ne présente au - cun des caractères des osmites, mais se transforme en osmite par la potasse concentrée. » Les acides ne le décomposent que sous l'influence de la chaleur. » Lorsqu'on le chauffe dans un courant d'hydrogène, il produit de l'eau, de l'ammoniaque, du chlorhydrate d'’ammoniaque et de losmium pur. » Ce composé a pour formule OsO?, AzH° + HCI, AzH°; son analyse et la théorie de la production sont consignées dans le Mémoire. » En me fondant sur les réactions de l'osmite de potasse, j'ai trouvé un nouveau procédé de préparation de l'osmium que je ferai connaitre ici. » Je sature d'abord l'acide osmique par la potasse et je transforme le sel en osmite, au moyen de l'alcool. » L'osmite de potasse est précipité par le sel ammoniac, et le sel jaune, calciné dans un courant d'hydrogène, donne de l’osmium parfaitement pur ( 475 ) qui possède l'éclat métallique. Cette opération peut être faite en quelques heures. » Pour compléter l'étude de l'acide osmieux , j'ai dû examiner les autres combinaisons de cet'acide avec les bases. » L’acide osmieux peut se combiner avec la soude et former un sel rose semblable à celui de potasse , mais qui ne cristallise pas avec la même facilité. » Il m'a été impossible d'obtenir un osmite d'ammoniaque ; lorsque l'acide osmieux est en présence de l’'ammoniaque, il paraît être transformé immé- diatement en osmiamide. » Les autres osmites sont insolubles et peuvent être préparés par double décomposition. » Ces sels sont peu stables, car lorsqu'on précipite de l'osmite de potasse par des sels de chaux, de baryte, de plomb , etc., on forme des précipités blancs qui noircissentimmédiatement et dégagent des vapeurs d'acide osmique. » Tels sont les premiers résultats de mes recherches sur l'osmium; qu'il me soit permis de les résumer en peu de mots. » La découverte de l'acide osmieux, qui prouve que l’osmium peut former un acide intermédiaire entre le deutoxyde et l'acide osmique, complete d'abord la série d’oxydation de ce métal. » La préparation si facile de l'osmite de potasse permet de transformer immédiatement l'acide osmique en un composé stable et cristallisé, qui peut être considéré comme le point de départ de toutes les combinaisons de l'osmium, » Lorsqu'en effet on le traite par l'acide azotique, il reproduit d'abord l'acide osmique; si on le décompose par les acides étendus, il forme de . V'oxyde d’osmium, et ce dernier, en se dissolvant dans l'acide chlorhydrique, donne naissance au bichlorure d’osmium. » L'osmite de potasse peut, en réagissant sur le sel ammoniac, former une véritable amide qui , par sa calcination , produit de l'osmium pur. » Il est enfin une considération sur laquelle je me permettrai d'appeler l'attention des physiologistes; elle peut donner un nouvel intérêt aux com- posés qui ont été décrits dans ce Mémoire. » S'il ést vrai que certaines préparations vénéneuses peuvent , lorsqu'on les emploie à faibles doses, devenir des médicaments précieux, il serait peut-être important d'examiner l’action que les composés d'osmium peuvent exercer sur l’économie animale; j'ai constaté souvent sur moi-même que leur énergie n'a pas été exagérée. ( 476 ) » Je pense que l'osmite de potasse peut servir avec avantage pour examiner l'utilité thérapeutique des préparations d’osmium. » Je dirai en terminant que M. Cloëz a bien voulu m'aider dans ce travail avec un dévouement qui me fait un devoir de lui en témoigner ici toute ma reconnaissance. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Réclamation de priorité a l’occasion du Mémoire de M. Péligot sur la théorie de la fabrication de l’acide sulfurique; Note de M. Bauprimonr. (Commission nommée pour le Mémoire de M. Péligot.) « Dansle dernier numéro des Comptes rendus de l’Académie des Sciences, je trouve un Mémoire de M. E. Péligot sur la théorie de la fabrication de l'acide sulfurique. Ce chimiste admet, page 422, que l'acide sulfureux agit d'une manière incessante et exclusive sur l'acide azotique constamment ré- généré dans les différentes phases de cette opération. . ... J'éprouve le pro- fond regret d'être obligé de réclamer ce qui fait le fond de cette théorie, comme l'ayant publié, il y a un an, dans le premier volume de mon Traité de chimie générale et expérimentale ; en effet, si l'on ouvre ce volume à la page 585, on y peut lire: « L'inaction des gaz sulfureux et azotosique (hy- » poazotique) l’un sur l’autre, à la température ordinaire et lorsqu'ils sont » secs, la nécessité de l'intervention de l’eau, l’action de l’eau sur l'acide »_azotosique, qui donne immédiatement de l’azotate hydrique et du bioxyde » d'azote, la possibilité d'employer directement l'azotate hydrique dans la » préparation du sulfate hydrique, donnent lieu de penser que la formation » de l'azotate hydrique précède toujours celle du sulfate, etc. » » Toutefois, si nous sommes d'accord sur ce fait principal, nous diffé- rons sensiblement lorsqu'il s’agit d'expliquer la suite des réactions par les- quelles se forme réellement le sulfate hydrique et se reproduit l'azotate’ hydrique. » M. Péligot dit, page 422: 1° « L'acide sulfureux décompose l'acide azo- » tique; le premier se transforme en acide sulfurique et le second en acide » hypoazotique; » et 2°: « La formation de l'acide sulfurique est tout à fait » indépendante de l'existence et conséquemment de la nature des produits » auxquels on a donné le nom fort impropre de cristaux des chambres » de plomb. » ( 477 ) » Je n’admets point que, dans la fabrication de l'acide sulfurique, l'acide sulfureux réagissant sur l’azotate hydrique donne nécessairemeut lieu à de l'acide azotosique, qui, à l'exclusion de tout autre produit oxygénéde l'azote, doive régénérer l’azotate hydrique. Il est aussi très-probable que la formation du composé qui donne naissance aux cristaux des chambres de plomb n'est point étranger à la formation du sulfate hydrique, comme plusieurs chi- mistes l'ont pensé, et comme moi-même l'ai admis pendant quelque temps. » Quant à la première objection, je dirai, pour l'appuyer, qu'aucune des expériences de M. Péligot n’établit que l'acide azotosique soit un produit né- cessaire et essentiel de la réaction du gaz sulfureux sur l’azotate hydrique. Les vapeurs rouges qu'il a observées étaient en trop petite quantité pour qu'il en fût ainsi, et ces vapeurs étaient produites dans des conditions qui ne sont réellement point celles de la fabrication du sulfate hydrique. » Cependant, à la page 424, M. Péligot dit: « Tout l'acide azotique » soumis à l'action de l'acide sulfureux en excès se dégage finalement sous » cette forme de bioxyde d'azote. .... L'examen de ce gaz m'a prouvé qu'il » consiste en bioxyde d'azote entièrement pur, absorbable sans aucun résidu »,par les sels de protoxyde de fer. » » On lit, dans mon Traité de chimie, à la page 586 : « Si l’on fait passer » un courant de gaz sulfureux dans de l’azotate hydrique dilué, ou dans de » l’eau où l’on a ajouté de l'acide azotosique, ce qui est définitivement la » même chose, il ne se dégage que du bioxyde d’azote très-pur. » » Or, ces deux expériences, qui sont parfaitement conformes, ne démon- trent point la formation de l'acide azotosique. Je dirai plus: si l'on se place dans des conditions plus rapprochées encore de celles de la fabrication du sulfate hydrique, on n’observe nullement la formation de cet acide. En effet, Si l'on adapte à un grand flacon à trois tubulures, un appareil propre à donner de la vapeur d’eau, un autre appareil donnant du gaz sulfureux , un troisième donnant des vapeurs d’azotate hydrique, et enfin un tube ouvert pour éviter une explosion; si l’on remplit d’abord le flacon de vapeur d'eau, puis de gaz sulfureux , et si l’on y fait enfin parvenir de la vapeur d’azotate hy- drique, ilse forme du sulfate hydrique, et l’on n’observe pas la moindre trace de vapeur rutilante. X| est donc évident que l'acide azotosique n'est point un produit nécessaire de la réaction de l'acide sulfureux en excès sur l'azotate hydrique ; mais, dans la pratique des arts, cet acide domine toujours au com- mencement des opérations par le procédé intermittent, et à l'origine de l’ap- pareil par le procédé continu , et l'on sait que c’est dans ces conditions que le sulfate hydrique est produit en plus grande abondance. C.R., 1544,2me Semestre. (T. XIX N° 40.) 64 (478) » En négligeant les réactions successives, ou en ne tenant compte que des produits mis en présence et du résultat final, la production du sulfate hy- drique pourrait être représentée par cette égalité : 3S0; + AzO, + Aq — 3(S0,H) + Az O, + Aq (*). » Mais est-ce bien ainsi que se produit le sulfate hydrique? Le com- posé qui donne naissance aux cristaux des chambres de plomb estil réellement étranger à la formation de ce sulfate? Je ne le pense pas; mais ici je ne puis plus faire intervenir l'expérience, et je me trouve seulement guidé par des spéculations théoriques. Toutefois, l'acide azotosique nese produisant point comme M. Péligot le suppose, on peut être admis à faire valoir une autre théorie qui paraît plus en harmonie avec les faits. » On sait bien aujourd’hui que l'on n'observe pas de cristaux dits des chambres de plomb, dans une fabrication régulière, et plusieurs chimistes admettent depuis longtemps que leur formation n'est pas nécessaire à la pro- duction du sulfate hydrique; mais cette opinion n'est-elle point hasardée? et si l'on n'observe point le composé en question à l'état de cristaux, cela veut-il dire qu'il n'existe point un instant à l'état moléculaire, les molécules étant détruites par la présence de l’eau avant d’avoir pu s'agréger pour former des cristaux ? Cet état de combinaison n'est-il point nécessaire à la formation du sulfate hydrique ? Ce dernier produit ne peut-il être le résultat de réactions successives qui, passant de l’une à l’autre avec une extrême ra- pidité, donnent le produit final presqu'à l'instant même où les éléments né- cessaires à sa formation sont mis en présence ?.. Des réactions de ce genre sont observées dans une foule de circonstances, et si l’on n’admettait point la possibilité des réactions successives, on interpréterait fort mal leur production ; telle est celle du chlore dans la destruction des hypochlorites ordinaires (mé- lange d'hypochlorite et de chlorure) par le sulfate hydrique; celle de l'or mussif, celle des composés ammoniacaux dans le traitement des cyanures par les sels hydriques, etc. » J'ai longuement médité cette question et je ne pense pas que l’on ait dé- montré que la production du composé qui donne naissance aux cristaux des chambres de plomb soit étrangère à celle du sulfate hydrique. En effet, les expériences indiquées précédemment, la facilité avec laquelle se produit le composé cristallin dont il s'agit, sa rapide destruction par l'eau , (*) Aq indique que l’eau est prise en quantité indéterminée. ( 479 ) tout porte à penser qu'il se forme réellement, mais que son existence n'est qu'instantanée. Dans ce cas, ce n'est plus simplement l'acide sulfureux qui enlève de l'oxygène à l'azote hydrique, pour devenir sulfate hydrique ; ce sont leurs éléments qni s'unissent d’abord et donnent naissance à un composé qui se détruit par la présence de l’eau , en donnant du sulfate hydrique et de l'acide azoteux. Cette explication de la formation du sulfate hydrique con- duit même directement à faire admettre que les cristaux des chambres de plomb ont la composition trouvée par M. de la Provostaye, à cela près qu'ils ne sont point anhydres. En effet : SO;H AzO;H + 2S0,— 2 (S0.) Az O., HO ou plutôt SO, Az O.. » C'est ce composé qui , sous l'influence de l’eau , donne du sulfate hydri- que et de l'acide azoteux: SO.H } SO, Az DR AN AO » Enfin, l'acide azoteux, en présence de l'air et de l’eau, par une suite de transformations, donne naissance à de l’azotate hydrique, et de là, reproduc- tion de tous les phénomènes qui viennent d'être indiqués , et formation nou- velle de sulfate hydrique. » HYDRAULIQUE. — Lettre de M. Tuaenar», ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, à l'occasion d'un passage de la Note de M. Mary, sur le système de barrage de M. Sartoris. (Renvoi à la Commission nommée pour la communication de M. Mary.) « Le Compte rendu de la séance de l'Académie des Sciences du 26 août dernier comprend un Mémoire présenté par M. Mary, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, sur un nouveau système de barrage mobile des rivières dit bateau-vanne, Mémoire qui se termine par cette phrase: aucun système de barrage mobile connu ne se manœuvrera certainement avec cette rapi- dité. » Il y a, dans cette phrase, une grande erreur, qui serait préjudiciable à mon système de barrage mobile, sur lequel l’Académie a entendu un Rapport dans sa séance du 5 août dernier ; car M. Mary annonce qu'il lui faudrait 77 secondes pour effacer sa retenue, ou pour la former sur 40 mètres de lon- gueur et 1,50 de hauteur. 64. ( 480 ) » Or, j'ai remis à la Commission qui a examiné mon barrage, et qui doit examiner celui de M. Mary, un procès-verbal constatant qu'en 10 secondes un seul homme a effacé entièrement un barrage de 1",60 à 1°,70 de hauteursur 8, 36 de longueur, et que deux hommes, agissant à la fois aux deux extré- mités, n'y auraient employé que la moitié de ce temps, c’est-à-dire 5 secondes, ou, pour 4o metres, 24 secondes. j » Ce temps n'est pas le septième de celui qui serait nécessaire, avec le bateau-vanne, pour effacer une retenue de cette longueur et de cette hau- teur, car M. Mary ne tient compte que du temps pendant lequel se vide le bateau plein d'eau, et non du temps, plus long peut-être, qu'il faudrait pour manœuvrer les vannes d'écoulement. » Au surplus, la manœuvre d’un barrage mobile des rivières doit avoir pour résultat de donner passage non-seulement au liquide, mais encore aux corps solides entraînés par les eaux ; sinon, ceux-ci nageant pour la plupart, comme les arbres, souches, glaçons, bateaux, etc., s'accumuleraient en amont de ce barrage, dont ils rendraient souvent la manœuvre impossible. » Or, le bateau-vanne de M. Mary, flottant toujours lui-même et barrant la rivière, arrêtera inévitablement tous les corps flottants, poussés avec rapi- dité contre sa paroi d’amont par l'effet du violent courant qui passera dessous, surtout lorsque les eaux d’une crue l’auront soulevé. » Ce bateau-vanne ne peut donc point remplir l'office véritable de bar- rage mobile comparable au mien, qui, formant déversoir, laisse constamment passer les corps flottants et peut, en une vingtaine de secondes, par l'abattage des portes d'aval, livrer un passage entièrement libre aux eaux et à tout ce qu'elles porteraient, ou fermer ce passage par le relèvement des portes d'amont. » À la vérité, M. Mary parle d'un déversoir (latéral sans doute) qu'il pla- cerait à côté de son bateau-vanne; mais c’est là une disposition qui ne pourrait se concilier que très-rarement avec la disposition naturelle des lieux, et qui aurait pour effet de dévier nuisiblement les courants, en occasionnant des engravements, sans mettre, d’ailleurs, le bateau à l'abri du choc des corps flottants entraînés par les crues qui le soulèveraient et feraient passer dessous la plus grande partie des eaux; en sorte que la manœuvre lente et difficile, par laquelle on ferait faire à ce bateau un quart de conversion pour déboucher entièrement la rivière, après l'écoulement de la plus grande partie des eaux de la retenue dont le courant serait trop violent pour y faire mouvoir aucun bateau transversal, en sorte que cette manœuvre, dis-je, deviendrait souvent ( 48: ) impossible, lorsque des masses de glaçons accumulés en amont s’y oppo- seralent. Je saisis cette occasion pour faire remarquer, en outre, que le Rapport fait sur mon barrage mobile ne parle pas de l'un de ses accessoires les plus importants; je veux dire l’écluse à grande ouverture qu'il forme, de telle ma- nière que les bateaux à la remonte le franchissent sans s'arrêter sous une chute dé 1%,30 à 1°,50; néanmoins, j'ai fait manœuvrer pendant 20 jours avec succès, le modèle à grande échelle d’une telle écluse, entre les bassins de la pompe à feu de Chaillot, au même point où manœuvre le bateau-vanne susdit ; et MM. les Commissaires ont vu fonctionner cette écluse qui constitue, pour mon barrage mobile, un complément tel, que les bateaux descendants ou montants peuvent y passer non-seulement sans s'arrêter, mais encore en gagnant de la vitesse par suite de la rapidité des manœuvres, qu'aucun autre système de barrage mobile connu ne peut ni atteindre ni même imiter. » L'Académie renvoie à l'examen de la même Commission une Note de M. Cuanowy, sur un Nouveau système de barrage mobile pour les cours d'eau. PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur les températures de la mer Méditerranée; par M. Ari. (Les Commissaires chargés de rendre compte des aûtres travaux du physicien d'Alger.) Nous nous occuperons en détail de ce très-grand et important travail, dès que les Commissaires auront fait leur Rapport. Aujourd'hui nous nous con- tenterons de rapporter les principales conclusions :, « 1°. Près des côtes de la Méditerranée, la température à la surface de la mer est notablement plus haute qu'au large pendant le jour, et plus basse quelquefois pendant la nuit; près des côtes de l'Océan, la température à la surface de la mer est plus basse qu’au large ; » 2°. La température moyenne de l'année, à Ja tés est à peu pres égale à celle de l'air ; 3°. La variation diurne de la température cesse d'être sensible à 16 ‘ou 18 mètres, et la variation annuelle à 3 ou 400 mètres; » 4°. Le matin, après une nuit sereine et calme, la température de la surface est plus froide que celle des couches situées à quelques mètres au- dessous ; ( 482 ) » 5°. Les expériences connues jusqu'à présent, n'établissent pas que la température près du fond de la mer est aussi froide que celle indiquée par l'index à minima du thermométrographe ordinaire; j'ai proposé une méthode qui pourra décider la question; » 6°. Là où j'ai observé, la température minimum des couches profondes de la Méditerranée est égale à la moyenne des températures de l'hiver à la surface. Il semble donc que cette froide température du fond n'est pas entretenue par l'entrée des eaux de l'Océan dans la Méditerranée, mais seu- lement par la précipitation des couches supérieures pendant l'hiver. » M. Pawrowiez soumet au jugement de l'Académie un nouveau panto- graphe de son invention. (Commissaires, MM. Mathieu , Laugier, Mauvais.) PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la rotation des plans de polari- sation dans les substances solides, et sur l'influence de la forme non sphé- rique des molécules ; par M. Laurenr, capitaine du génie. (Commissaires, MM. Arago, Cauchy, Binet.) PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les mouvements infiniment petits d'une file rectiligne de sphéroïdes; par le même. (Commissaires, MM. Arago, Cauchy, Binet.) Ces Mémoires étaient accompagnés de la Lettre suivante, adressée à M. Arago. « Dans les Mémoires que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie, j'examine avec impartialité, du moins je le pense, les deux points de vue sous lesquels on peut envisager la rotation des plans de polarisation dans les substances solides. » Les substances solides actives, dans lesquelles les mouvements vibra- toires se propagent dans tous les sens suivant les mêmes lois, et qui, par con- séquent, ne présentent aucune trace de double réfraction, ne peuvent polariser circulairement la lumière réfractée que par réfraction. Comme il résulte des considérations que je développe, que le pouvoir rotatoire des substances so- lides non cristallisées est nécessairement ou nul ou très-faible, c'est princi- palement vers les substances solides cristallisées dont la forme primitive est le cube, que les recherches à cet égard doivent être dirigées. ( 483 ) » Quant au quartz, je reconnais loyalement que la lumière réfractée pa- rallèlement à l'axe optique peut être polarisée circulairement par une pro- priété particulière de la constitution moléculaire de ce cristal; mais dans ce cas les mouvements vibratoires s’éteignent nécessairement en se propageant. Onremarquera, d’un autre côté, que cette nature de polarisation d’agrégation, si l'on peut s'exprimer ainsi, suppose nécessairement une valeur sensible à un certain coefficient; or j'avoue que je n'ai pas pu parvenir à constituer à priori un système desphéroïdes qui conduisit à des équations du mouvement à coef- ficients constants dans lesquelles le coefficient particulier en question ne fût pas rigoureusement nul. Si effectivement il doit disparaître, en général, des équations du mouvement, la lumière réfractée par le quartz ne saurait être polarisée circulairement que par réfraction. » La conséquence principale des considérations que je développe dans ces Mémoires, et que j'avais spécialement en vue lorsque j'ai abordé la question de la polarisation mobile, c’est que les équations des mouvements vibratoires des fluides ne peuvent être déduites des équations d'équilibre d'un système de molécules. Effectivement, s'il pouvait en être ainsi, les conséquences aux- quelles j'arrive en ce qui concerne les corps solides non cristallisés seraient évidemment applicables aux fluides, ce qui serait en opposition directe avec les faits. C'est donc avec raison que Poisson a établi à cet égard une distinc- tion marquée entre les solides et les fluides. » Mais je ferai remarquer que la suite naturelle des idées conduit à une théorie des fluides qui diffère essentiellement, sous certains rapports, de celle donnée par le savant géomètre que je viens de citer, quoique présentant une certaine analogie avec celle-ci à d’autres égards. C'est pour cette raison que J'ai jugé indispensable de m'étayer des conséquences nécessaires qui me pa- raissent résulter des phénomènes de la polarisation chromatique dans le sys- tème des ondulations, avant d'aborder cette théorie. » CORRESPONDANCE. STATISTIQUE. — Sur la révision que paraissent exiger les Tables de mor- talité ; Lettre de M. le Ministre DB L'INSTRUCTION PUBLIQUE. « Monsieur le Secrétaire perpétuel, le Conseil général des hospices de Paris, en s’occupant de préparer un nouveau règlement pour l'institution Sainte-Périne, a reconnu que les Tables de capitaux pour les admissions à vie devaient être modifiées, et que, dans une circonstance aussi importante, il ( 484 ) était indispensable d'en appeler aux lumières de l'Académie des Sciences. Mon collègue, M. le Ministre de l'Intérieur, vient de m'écrire pour me prier de demander à cette compagnie savante qu'elle veuille bien examiné cette affaire et en donner son avis. » Je ne puis qu'approuver les intentions du Conseil général des hospices, et je m'empresse, monsieur le Secrétaire perpétuel, de vous transmettre les pièces ci-jointes, au nombre de six, en vous engageant à les communiquer à MM. les membres de l’Académie des Sciences. Je vous prie de me renvoyer ces pièces et de me faire connaître, en même temps, l'opinion que cette illustre compagnie aura émise sur cette intéressante et utile question. » Ces pièces sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Arago, Mathieu et Liouville. M. le Mivisrre pe L'InsrrucrION PUBLIQUE transmet une Lettre de M. le Ministre de l'Intérieur qui annonce qu'on va exécuter, aux frais de son dé- partement, un buste en marbre de feu M. Poisson, destiné à l'Académie des Sciences. : NOUVELLE COMÈTE. — M. ne Vico, directeur du Collége Romain, écrit à M. Mauvais, qu'il a découvert une comète dans le Verseau, le 22 août. Voici des positions approchées du nouvel astre (*) : Rome, 22 août; 14: 54m195,6. Asc. droite... 23: 26"b0o$. Déclinaison. .. 23°19/. (A.) 23 ele loalon. die 000 pc DOUDOU AO M RER RER CPE TE PUITS ARTÉSIEN DE CALAIS. — Il résulte de l'examen auquel M. Brupanr s'est livré, que la sonde se trouve maintenant dans le grès vert et non dans le grès houiller. Le grès vert, l'argile et le sable se sont offerts à Tours en di- verses couches superposées. Si ce mode de formation existe près de Calais, le forage atteindra une couche aquifère pouvant produire une colonne jail- lissante. Il résulte, en effet, et presque avec certitude, des sondes nautiques exécutées entre les côtes de France et d'Angleterre, que la formation de grès vert s'étend sans interruption, par-dessous la mer, d'un pays à l’autre. Les trois Commissaires, MM. Arago, Beudant et Berthier, sont d'avis que le forage doit être continué, Ii serait piquant que le puits de Calais fût alimenté par de l’eau venant d'Angleterre. (*) La comète du P. de Vico a été observée à Paris. Nous donnerons les résultats de ces observations dans le prochain numéro du Compte rendu. ( 485 ) M. Jomarn communique quelques détails sur la fête qui a eu lieu à An- necy , à l'occasion du monument élevé à la mémoire de Berthollet. CHIMIE. — Remarques à l’occasion d'une réclamation présentée à l’Académie par M. Persoz, dans sa séance du 26 août; Lettre de M. Auc. Laurewr,. « Jamais je ne me serais attendu, M. le Présideut, à recevoir une récla- mation au sujet de a théorie que j'ai exposée derniérement sur jes acides amidés. La Lettre que M. Persoz vous a adressée, dans la dernière séance, est si singulière, que l'on pourrait croire, d'apres ses citations, qu'il a voulu plutôt combattre mes idées qu'en réclamer la priorité. » Ce n'est pas en extrayant une phrase d'un ouvrage élastique, que l’on peut saisir nettement la pensée de l’auteur. J'ai donc lu avec soin tout ce que M. Persoz a écrit relativement à l'action que l'ammoniaque exerce sur les acides anhydres, les chlorides, les fluorides, etc., et je puis affirmer que ses idées n’ont aucune analogie avec les miennes. » Voici les seules lignes que j'aie trouvées sur ce sujet dans sa Chimie moléculaire (page 309): « Lorsqu'on fait agir l'ammoniaque sur un oxacide » anhydre, il y.a formation d'eau et combinaison du radical (simple ou » composé) avec H*Az°. Ce nouveau composé devient libre ou se combine » avec l'eau produite. » » Il est évident que cette phrase veut dire que Mamide 1:00 R,O + H°Az — R(H'Az) + HO qui se dégage. L’acide sulfurique. .. $,O + H°Az — $ (H' AZ) + H°0 qui ne se dégage pas. L’acide carbonique. . C,0 + H°A7 —= C(H'Az) + H:0 idem. » Quel rapport cela a-t-il avec ce que j'ai dit ? » Comment? M. Persoz a eu la même idée que moi, et il n'appelle pas d'une manière formelle l'attention des chimistes sur cette idée; il ne cherche pas à réunir tous les faits connus alors pour les discuter; il ne cite pas une seule fois le carbonate anhydre, le sulfite et le sulfate anhydres d'ammo- niaque, pour nous indiquer comment il conçoit leur constitution! Il ne dit qu'un mot sur les chlorides, fluorides,.… métalloïdiques, pour faire voir qu'ils peuvent se combiner avec l'ammoniaque, et former ainsi des composés qui ne passent à l'état d'amide que sous l'influence de la chaleur. (Page 308. ) » Je range dans une même classe le sulfammon et le sulfaméthane, l’oxam- C.R., 1844, ame Semestre. (T. XIX, No 40.) 65 ( 486 ) mon et l'oxométhane, le carbammon et l'uréthylane.... M. Persoz fait une réclamation par laquelle je parais avoir pris ses idées, et en même temps il combat ma manière de voir; il ne considère pas l'oxaméthane comme un oxamate d'éthyle. » M. Persoz cite la phrase suivante: « Lorsqu'on fait agir l’'ammoniaque sur l'oxyde aurique , il ÿ a production » de 1 équivalent d’eau et formation du composé Au? O* + H*Az°. Ce » composé étant capable de faire fonction d'acide, s'unit à l'ammoniaque, » laquelle base entre pour r équivalent dans la nouvelle combinaison, et » constitue l'or fulminant. » (Page 451.) » Si telle est la composition de l'or fulminant, je n'ai nullement à men occuper, puisque ce corps n'appartiendrait pas à la classe des composés dont j'ai essayé de donner la théorie. Il faudrait qu'il fût formé, comme le pense M. Figuier, de 1 équivalent d'acide aurique et de 2 équivalents d’am- moniaque sans élimination d’eau. « Quant aux acides sulfamique et carbamique, dit M. Persoz, non-seule- » ment j'en ai conçu l'existence avant M. Laurent, mais encore je suis par- » venu à les isoler. En mai dernier, j'ai communiqué mes résultats à MM. The- » nard et Dumas. » » Je ne contesterai nullement à M. Persoz cette manière de prendre date; j'admets donc très-volontiers qu'il a découvert en mai ces deux acides. Tout ce que Je puis dire, c'est que j'en suis enchanté; mais j'en avais annoncé l'existence depuis dix-huit mois, et ces acides se trouvent désignés sous les noms d'amapalasique et amasulfurique, dans un Mémoire que j'ai publié, il y a un an, dans la Revue scientifique. » Rien ne me prouve, d’ailleurs, que même au mois de mai M. Persoz avait les mêmes idées que moi. MM. Jacquelain et Balard ont découvert, avant lui, un acide sulfamique et l'acide oxamique, et cependant ces mes- sieurs ne viennent pas réclamer la théorie qui enchaîne tous ces faits. » En résumé, M. Persoz a publié, en 1839, des idées sur la combinaison de quelques anhydrides avec l'ammoniaque, et elles n’ont aucun rapport avec les miennes. » Il y a dix-huit mois, j'ai envoyé ma théorie à l'Académie; » Il y a un an, je l'ai fait insérer dans la Revue scientifique, et J'ai annoncé l'existence des acides sulfamique et carbamique ; » Il y a deux ans, j'ai découvert l'acide isamique ; » Il y a deux ans, j'ai annoncé l'existence des chloranilamates ; i | ( 487) » MM. Balard et Jacquelain ont ensuite découvert les acides sulfamique et oxamique; » [l y a six mois, J'ai découvert l'acide chlorisamique; » Il y a quatre mois, M. Persoz a découvert les acides sulfamique et carbamique ; » Il y a trois semaines, j'ai prouvé l'existence des chloranilamates ; » M. Persoz aurait pu faire sa réclamation il y a dix-huit mois, lorsque je n'avais aucun fait à l'appui de ma théorie; mais alors cette théorie parais- sait absurde: aujourd’hui c’est autre chose. » CHIMIE. — Recherches sur la cire des abeilles ; par M. Cuarces German. « J'ai eu l'honneur de communiquer l’année dernière à l’Académie quel- ques observations sur les produits de l’action de l'acide nitrique sur la cire, et, à cette occasion, J'ai proposé d'adopter pour ce corps et pour l'acide stéarique les formules suivantes : C'H#0, cerine de la cire des abeilles; C'H#O*, acide stéarique (*); C'’ (H” K)0!, stéarate de potasse. Mes expériences sur la distillation sèche de la cire viennent entièrement à l'appui de ces formules. J'ai observé en général les phénomènes qui ont déjà été indiqués par M. Ettling. Il se condense dans le récipient une matière so- lide, blanche et granulée, noyée dans un liquide huileux, et pendant toute la durée de l'opération, il se développe un mélange gazeux d'acide carbo- nique et d'hydrogène bicarboné. Les parties condensées se composent d'un acide gras, d'un hydrogène carboné solide et de plusieurs hydrogènes car- bonés liquides. » L'acide gras fond exactement à 60 degrés et est identique avec l'acide margarique, C'7H°* O7, ainsi que l'analyse le démontre. » L'hydrogène carboné solide, ainsi que M. Ettling l'a démontré , est de la paraffne. Ce corps, que je considère comme un homologue du gaz des ma- rais, renferme, suivant les analyses de M. Lewy, C?°H*? ou C?*H5°. S'il s'agit de donner la préférence à l'une ou à l’autre de ces deux formules, on peut, je crois, se baser sur le point d'ébullition de la paraffine, qui est près (*) G= 75, H — 6,25. D'après l’ancienne notation (C — 37,5), ces formules seraient C' HO? et Ce HO. Ge ( 488 ) de 400 degrés. J'ai indiqué, dans mon Précis, comment on peut contrôler les formules des hydrogènes carbonés à l’aide de leur point d’ébullition. Or, la formule C?*H5%° correspond à 402 degrés, tandis que C?° H*? correspond à 320 degrés; il n'y a pas à hésiter, ce me semble, Au reste, suivant la formule C?*H5°, la paraffine serait pour la cérose C?* H°°O, considérée comme un alcool, ce que le gaz des marais est pour l’esprit-de-bois. » Quant aux hydrogènes carbonés huileux, ils sont isomères et homolo- gues du gaz oléfiant; j'ai fait une expérience comparative en distillant du suif, et j'ai obtenu les mêmes hydrogènes carbonés, Le nombre et l'équiva- lent de ces hydrogènes carbonés varient suivant la température où l’on opere; jen ai eu entre les mains dont le point d’ébullition variait entre 180 et 240 de- grés (1); mais, je le répète, leur composition centésimale était toujours la même. Ils se comportent tous de la même manière sous l'influence du chlore, en fixant directement cet élément sans substitution, comme le fait le gaz oléfiant quand il se convertit en liqueur des Hollandais. C'est là d’ailleurs un point sur lequel je me propose de revenir dans un travail sur les homologues du gaz oléfiant. » Rien n'est plus aisé maintenant que de se rendre compte de la formation de ces produits, si l'on prend pour base la formule que j'ai proposée pour la cire. » Le premier produit, l'acide margarique, présente entre le carbone et l'hydrogène le même rapport 1 : 2 que la cire; mais comme cet acide contient > équivalents d'oxygène, tandis que la cire n’en renferme qu'un seul, il est évident qu'il faut an moins 2 équivalents de cire pour produire 1 équivalent d'acide margarique. Or, 2CVHSO = C' HO? + C'H°. Comme il passe aussi de l'acide carbonique, on remarque que la quantité d'hydrogène contenue dans la cire et correspondant au carbone de cet acide, devra devenir libre ou se fixer autre part, c'est-à-dire qu'on devra aussi ob- tenir, dans la distillation de la cire, un corps où il y aura plus d'hydrogène qu'il n'en correspond au rapport 1 : 2; ce corps est représenté par la paraffince. On a donc 2CH*#O = CO: + C“H: + CH". Pour chaque équivalent d'acide carbonique, il se développe done 1 équiva- 1 r) M. Ettliug en avait eu un qui bouillait déjà à 137 degrés. ( 489 ) lent de paraffine. En définitive, on a 4c'" HO — C’H“O + CO + C:“H° + C“HS® Em. 2 Te Let Lo sf Cire. Ac. margarique. Paraffine. Hyd. bicarbonés. C3#H5% est représenté dans la réaction par une série d'hydrogènes bicarbo- nés homologues. L'expérience fournit tous ces produits sensiblement dans les rapports indiqués par l'équation précédente. Ù » On voit donc que la cire des abeilles donne par la distillation sèche, ‘ comme par l’action de l'acide nitrique, des produits dont la nature et la com- position sont entièrement identiques avec ceux que l’acide stéarique et les corps gras ordinaires fournissent dans de semblables circonstances. » CHIMIE. — /dentité chimique de l'essence d’estragon et de l'essence d'unis ; par M. Cuarzes Gernarpr. « Il y a deux ans, je suis parvenu à établir l'identité des acides anisique et draconique, et conséquemment aussi de leurs dérivés, acides nitranisique et nitrodraconésique, anisole et dracole, etc. Cette identité m'avait conduit, à la même époque, à reprendre l'analyse de l'essence d'estragon; mes expé- riences m'ont donné exactement la composition de l'essence d’anis concrète. » J'avais hésité à admettre l'identité des deux essences, comme principes chimiques, avant d'avoir des preuves plus concluantes, basées sur les réac- tions de ces substances. Aujourd'hui, il ne me reste plus de doute à cet égard. » L’essence d'estragon donne, à froid , avec l'acide sulfurique et avec les chlorures, la substance soluble isomère de l’essence d'anis, et qui est connue sous le nom d’anisoïne. » Distillée avec du chlorure de zinc, l'essence d’estragon donne un nou- vel isomère, mais liquide, capable de se dissoudre dans l'acide sulfurique, et de produire des sels copulés. J'ai obtenu exactement le même composé avec l'essence d’anis; il est impossible de reconnaître, à l'odeur, laquelle des deux essences a servi à le préparer; de part et d'autre, mêmes propriétés, même composition C'°H!?0. » D'après cela, l'identité chimique de ces deux huiles essentielles me pa- raît avérée. Je m'ocupe, en ce moment, de l'étude de l’isomére liquide et de ses dérivés: » ; PHOTOGRAPHIE. — M. Arago a mis sous les yeux de l’Académie de très- belles épreuves sur métal, exécutées à Lyon par M. Thierry, et une nom- ( 490 ) breuse collection d'épreuves sur papier provenant des procédés de M. Fox Talbot. Les épreuves sur papier ont été faites à Edimburgh par les soins de MM. Adamson et Hill, et à l'aide d’une chambre noire exécutée sous la direction immédiate de sir David Brewster. En adressant ces épreuves à M. Arago par l'intermédiaire de M. Christie , professeur de dessin à l'Institut royal d'Edimburgh, M. Ary Scheffer les qualifiait de merveilleuses. M. Serres présente à l'Académie cinq portraits représentant deux naturels de l'Amérique du Sud (Botocudes), et pris au daguerréotype par le procédé de M. Thiesson. Il fait remarquer la netteté de ces épreuves, ainsi que l'exactitude avec laquelle sont reproduits les caractères qui distinguent cette variété humaine. M. Serres ajoute qu'une collection des diverses races humaines, repro- duites par ce procédé, serait du plus grand intérêt pour l'histoire naturelle de l’homme. M. Zawson: adresse une réclamation de priorité relative à une Note de M. Dujardin, de Lille, sur certains phénomènes d'induction. Cette Note a été insérée par extrait dans les Annales de Chimie et de Physique, numéro de mai 1844 ; mais, dès l’année 1833, M. Zamboni avait observé, au moyen d'un instrument qu'il désigne sous le nom d'électroscope dynamique univer- sel, des phénomènes semblables, et il en avait fait l'objet d'un Mémoire pu- blié dans les Annales des Sciences du royaume Lombardo-F'enitien, n° 5, page 293. Le mode d’expérimentation du physicien de Vérone diffère de celui de M. Dujardin, mais il serait difficile d'en donner une idée nette sans le secours d'une figure. MM. Hanmwois frères écrivent à l’occasion d'une communication déjà an- cienne de M. Hallette, sur un mode d'occlusion qu'il a imaginé pour le tube pneumatique des chemins de fer à pression atmosphérique (voir le Compte rendu, t. X VIT, séance du 5 février 1844, p. 226). Dans ce système, comme on le sait, la fermeture du tube à sa partie supérieure résulte de la juxtaposi- tion de deux boyaux gonflés d'air; M. Hallette pensait que des boyaux en toile, tels que ceux dont on sesert pour l’arrosage des jardins, pourraient être appli- qués tres-convenablement à cet usage au moyen d'une préparation qui les rendrait suffisamment imperméables à l'air. MM. Harmois frères croient que l'enduit s'écaillerait promptement, et rejettent, pour cette raison, les tuyaux en tissus qu'ils proposent de remplacer par des boyaux en cuir; ces derniers, (491) à la vérité, coûteraient plus de premier achat; mais comme ils dureraient bien davantage, il résulterait en définitivede cette substitution, une économie notable. Ce n’est pas, au reste, le seul changement que proposent les au- teurs de la Lettre; ils se sont préoccupés de la difficulté qu'on aurait à pré- venir absolument la fuite de l'air sur tous les points d'un long boyau, et ils ont voulu éviter cette difficulté en se servant pour gonfler les tuyaux, non plus d'un fluide élastique, mais d'un liquide gras, d'huile de morue, par exemple, ou d'huile de baleine, dont le suintement très-lent aurait encore l'avantage d'entretenir la souplesse du cuir. Ils croient, comme M. Hallette, qu'il serait nécessaire de renforcer, au moyen d’une bande de cuir, les deux boyaux contigus dans la partie qui est exposée au frottement de la tige rigide par laquelle le convoi est uni au piston, et ils proposent de fixer cette bande au moyen d'une suture avec de la corde à boyau , l'expérience leur ayant fait reconnaître que ces coutures sont d’une solidité bien supérieure à celles dans lesquelles on fait usage de fil. (Renvoi à la Commission des chemins de fer atmosphériques. ) M. Deranue adresse le tableau des observations météorologiques qu'il a faites à Dijon pendant le mois de mai 1844. M. Bons, pharmacien de la Marine, attaché à l'hôpital de Saint-Louis (Sénégal), offre à l'Académie ses services pour les observations qu’elle juge- rait utile de faire faire dans ce pays ; il annonce qu'il s'est déjà occupé de constater les propriétés thérapeutiques attribuées par les indigènes à un cer- tain nombre de plantes et d'en isoler les principes actifs; la plupart de celles qui ont été jusqu'à présent l’objet de ses recherches se trouvent décrites dans la Flore de la Sénégambie de MM. Perrottet et Leprieur ; cependant la ma- tière médicale des Marabouts comprend encore quelques végétaux que ces deux botanistes n'ont pas eu l’occasion d'observer, et dont M. Bories à re- cueilli des échantillons. Habitant un pays rarement visité par les naturalistes, et dont l'insalubrité bien connue éloigne sans doute la plupart des personnes qui pourraient l’explo- rer avec fruit, M. Bories tâchera de mettre à profit le séjour qu’il y doit faire, et ainsi il ne bornera pas ses investigations au règne végétal, mais il s’occupera encore du règne animal et du règne minéral, bien que ses études antérieures ne l'aient pas préparé autant qu'il le souhaiterait aujourd’hui à ce genre de re- - cherches. Si l'Académie croyait convenable de lui donner à cet égard quel- ques indications, il s'empresserait de s'y conformer. ( 492 ) M. Paur Goperroy présente le modele d'un piston articulé, dont il croit qu'on pourrait faire un utile emploi dans la navigation par la vapeur. M. Cuer demande l'autorisation de reprendre un Mémoire qu'il a présenté sur un appareil qu'il désigne sous le nom de métrotherme, et un modele de cet instrument qu'il a adressé en même temps. L'un des Commissaires, sans émettre aucune opinion défavorable au travail de M. Cliet, a exposé à ce médecin que le Rapport ne pourrait pas être fait prochainement. M. Cliet sera autorisé à reprendre ses pieces. M. Herran adresse une Note relative à un système de Cosmogonie qui lui est propre. La séance est levée à 5 heures. A. ERRAT A. (Séance du 19 août 1844.) Rapport verbal sur un ouvrage relatif au percement de l'île de Téhuantepec, page 397, ligne 3, « le point de partage étant à 360 mètres au-dessus du niveau de la mer, » lisez « etant à 200 mètres. » (Séance du 26 août 1844.) Page 440, substituez, au lieu du paragraphe qui commence à la ligne 23, la rédaction suivante : : « M. Boquixcon demande que la Note de M. CAristofle relative aux fraudes commises à » l’aide des procédés électrotypiques, soit renvoyée à la Commission qui a été chargée de » Vexamen d’une Note dans laquelle M. Boguillon s’est occupé des mêmes fraudes , et des » moyens de les prévenir. » EORET (00e € ( 493 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici jes titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 9; in-4°. Annales de la Chirurgie française et étrangère; août 1844; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; août 1844; in-8°. Fragment sur les Cartes géographiques; par M. JoMaRD ; broch. in-8°. Carte des sondes de la Manche, faites en 184o et 1841 par le bâtiment à va- peur le Flambeau , commandé par M. LE SAULNIER DE VAUHELLO ; publiée par ordre du Roi; 1844; r"°, 2° et 3° feuill. Recherches sur l'opération du Strabisme; par M. Lucien Boyer ; 2° Mémoire; broch. in-8°. Traité de Manipulation chimique. — Description raisonnée de toutes les opé- rations chimiques et des appareils dont elles nécessitent l'emploi, avec planches gravées et figures intercalées dans le texte ; par M. A. BORIERRE; 1844; in-8°. Exposé des Travaux de la Société des Sciences médicales de la Moselle; 1843. — Metz, 1844 ; in-8°. & De la Plique polonaise dans l’état actuel de la science; par M. SzokALSkI; broch. in-8°. Paris, 1844. Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et- Loire; n° 4 et 5; in-8°, N Fours aérothermes à cuire le pain; broch. in-1 2. Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; tome V, 52° livr.; in-8°. Revue zoologique de la Société cuviérienne sous la direction de M. Guérin- : MÉNEVILLE; n° 8 ; in-80. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale, et de Toxicologie; sep- — tembre 1844; in-4°. La Clinique vétérinaire; septembre 1844; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; septembre 1844 ; in-8°. Encyclographie médicale; août 1844 ; in-8°. Le Technoiogiste; septembre 1844; in-8°. Journal des Connaissances utiles ; août 1844 ; in-8°. Coloration de l’ Acide arsénieux, vulgairement Arsenic, ou Nouveau moyen “de prévenir les empoisonnements à L'aide de ce toxique; présenté au Gouverne- ment par M. GRIMAUD AINÉ, de Poitiers, en 1838. Tableau; + de feuille. C. R., 1844, 209 Semestre, (T. XIX, N° 10.) 66 ( 494 ) Bibliothèque universelle de Genève ; juin 1844; in-8°. Archives de l’Électricité. — Supplément à la Bibliothèque universelle de Ge- nève ; tome IV, n° 14; in-8°. Recherches microscopiques ,sur le Système nerveux ; par M. A. HANNOVER ; avec 7 planches. Copenhague, 1844; in-4°. Bulletin du Musée de l'Industrie; par M. JOBARD AINÉ, année 1844 , 2° live. Bruxelles, in-8°. The ut al... Journal de la Ce un péopraphiq Le es ; vol. XIV, part. fr, Londres, 1844; in-8 General index... Table générale des 10 premiers volumes de Le méme publi cation, rédigée par M. JACKSON, secrétaire de la Société. Londres, 1844; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 35; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°° 100 à 102; in-fol. L'Echo du Monde savant; n°° 17 et 18. L’'Expérience; n° 374; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 9 SEPTEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. SERRES. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. OPTIQUE MATHÉMATIQUE. — Vote sur quelques points d'optique mathématique; par M. Bio. « Le second volume de la troisième édition de mon 7raite d’ Astronomie devant paraître dans peu de jours, je demande la permission de faire con- naître à l'Académie diverses applications d'une nouvelle théorie mathéma- tique des instruments d'optique qui s’y trouve renfermée. » Le problème que cette théorie résout, consiste à déterminer, par des formules générales et explicites, le mouvement des rayons lumineux à travers un nombre quelconque de surfaces sphériques, réfringentes ou réfléchissantes, qui sont centrées sur un même axe, et séparées par des milieux à réfraction simple, de nature quelconque, lorsque les inflexions des rayons sur l'axe cen- tral sont très-petites. Cet énoncé comprend toutes les conditions auxquelles les instruments d'optique sont assujettis, dans les parties centrales du champ qu'ils embrassent , où leur perfection est la plus essentielle; et les formules explicites auxquelles je suis parvenu , servent à les établir directement par de C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX , N° 41.) } 67 ( 496 ) simples substitutions de nombres, pour chaque constitution donnée de l'in- strament que l’on veut considérer. » Dans mon premier volume, j'avais présenté ces formules dans toute leur généralité, et j'en avais tiré les conditions communes à toutes les classes d'instruments. Mais j'avais annoncé que, dans l'application spéciale aux sys- tèmes purement dioptriques, elles devenaient susceptibles d'une contraction qui, en leur laissant la même forme, rendait leur emploi numérique beau- coup plus simple. Il me restait donc à prouver la vérité de cette assertion, et à en développer les conséquences. » Pour cela, reprenant les formules générales que j'avais établies, je res- treins les systèmes auxquels je les applique à être composés d'un nombre quelconque de lentilles sphériques, centrées sur un même axe, et environ- nées d’un même milieu ambiant, à réfraction simple. Le retour périodique de chaque rayon à une même vitesse, de deux en deux surfaces, permet alors de contracter les formules générales de manière qu’elles se réduisent à un nombre de termes moitié moindre, pour un nombre total pareil de surfaces assemblées. Sous cette nouvelle forme, tous les effets d’un système dioptrique quelconque se trouvent encore uniquement dépendre de quatre coefficients principaux, liés entre eux par une équation de condition. Je ramène ces quatre coefficients , dans le cas général comme dans le cas contracté, à dé- river d'un seul d’entre eux par un simple procédé de différentiation; et j'ex- pose ensuite une règle analytique générale, par laquelle on forme directe- ment ce coefficient dont les trois autres dérivent. La marche des rayons dans un système optique quelconque se trouve ainsi complétement déterminée par les expressions explicites des quatre coefficients principaux, où il n'y a plus que des nombres à substituer pour chaque système de constitution assi- gnée. J'ai rassemblé ces résultats, relatifs aux systèmes purement dioptriques, dans un tableau qui exprime explicitement tous leurs effets, et dans lequel on peut introduire immédiatement toutes les conditions particulières aux- quelles on veut les assujettir. Ce tableau est annexé à la page 25 de mon ouvrage. » Je profite d'abord de ces expressions pour développer les conditions qui établiraient l'achromatisme rigoureux dans un objectif astronomique à deux lentilles. Comme on ne saurait les remplircomplétement sans avoir à redouter une complication excessive, j'analyse, d’aprèsleur forme explicite, leurseffets physiques, pour distinguer les plus influents, etconnaîtrele degré d'approxima- tion avec lequel il suffit d'y satisfaire. On voitalors, en premier lieu, qu'il y a beaucoup de danger à laisser entre les deux lentilles de crown et de flint un ( 497 ) intervalle intérieur sensible, ce que les considérations physiques faisaient facilement pressentir. De sorte qu'il convient de rendre cet intervalle nul , ou presque nul, comme le faisait toujours Fraunhofer. Lorsque cette restric- tion est opérée, on découvre la possibilité d'établir, entre les rayons des cour- bures, certaines relations qui, en laissant encore une très-grande liberté de choix pour la fixation de leurs valeurs, ont pour effet de rendre l’achroma- tisme stable quand on l'aura établi approximativement; c'est-à-dire qu'il se conservera sensiblement exact pour l'œil, quand même, dans l'exécution pratique , ou s'écarterait quelque peu des valeurs précises que ces relations supposent aux rayons des courbures. Cette remarque faite, je combine les conditions de l’achromatisme approximatif avec celles qui détruisent le pre- mier terme de l'aberration de sphéricité , pour former l'équation finale qui les compense simultanément; et comme elle laisse encore disponible le rap- port des rayons de courbure des deux surfaces qui se regardent , j'en extrais les valeurs réelles de ce rapport qui se rapprochent ie plus possible des rela- tions précédemment trouvées pour la stabilité de la compensation. Je trouve ainsi qu'il est restreint dans des limites extrémement étroites, depuis l'égalité des deux rayons qui mettrait la surface postérieure du crown en contact avec l'antérienre du flint, jusqu'à une très-petite différence de longueur, qui écarterait tant soit peu les bords des deux surfaces. Les combinaisons com- prises entre ces deux limites sont donc les seules qu'il convient de choisir , et elles paraissent devoir être à peu près équivalentes pour la bonté des effets, quand on se borne ainsi à éteindre le premier terme des deux aberrations. Toutes donnent le flint concave à l’intérieur et convexe extérieurement. C’est précisément la configuration que Fraunhofer avait adoptée, et qu'il a toujours combinée avec la nullité de l'intervalle des deux lentilles. Mais l'accord de la théorie analytique avec les combinaisons pratiques de ce grand artiste s'aperçoit bien plus intime encore quand on le suit jusqu'aux nombres. Car , en partant des mêmes données physiques qu'il avait employées pour la con- strüction d'un objectif de ce genre, dont il a lui-même indiqué numérique- ment toutes les particularités, non-seulement ii s'est trouvé compris dans les limites de relations assignées plus haut pour la stabilité de l'achromatisme ; mais, en adoptant la proportion d'inégalité que Fraunhofer avait établie entre les rayons des surfaces qui se regardent, les rayons des quatre courbures cal- culés par mes formules ont été numériquement presque identiques avec Îles siens. On peut donc espérer qu'en suivant la marche qué J'indique, on ob- tiendra directement, et à coup sûr, dans tous les cas semblables, les combi- 67. ( 498 ) naisons de courbures sphériques qui s'appliquéront avec le plus d'avantage aux données physiques assignées pour l'exécution. » L'objectif étantainsi complétement calculé, il faut pouvoir vérifier, parun calcul exact, si, en effet, les aberrations de sphéricité et d’achromatisme y sont suffisamment détruites, avec les combinaisons adoptées d’épaisseurs et de courbures pour la grandeur d'ouverture efficace qu’on veut lui donner. J'ex- pose pour cela une méthode de calcul trigonométrique par laquelle on obtient rigoureusement les valeurs de ces aberrations, dans les divers sens où elles s'exercent ; et comme l'équation de condition qui en détruit les parties les plus sensibles admet encore une légère inégalité dans les rayons des surfaces qui se regardent, on peut, en faisant varier ces éléments par une gradation lente, reconnaitre le sens ainsi que la grandeur des modifications qu'il faut y faire, pour rendre les valeurs finales des aberrations insensibles, ou du moins aussi petites qu'elles peuvent le devenir. Par ces corrections définitives, on devra obtenir, des courbures sphériques, tout ce qu'elles pourront donner de meil- leurs effets. » Après avoir développé cette importante application, je reprends les formules générales propres aux systèmes dioptriques, et je les emploie pour établir la théorie des oculaires appliqués aux objectifs achromatisés. Je les limite au cas usuel où les lentilles constituantes de ces appareils sont faites avec des verres de même nature; et J'en déduis les règles exactes de leur con- struction ainsi que toutes les particularités de leurs effets. J'applique ensuite les mêmes formules à l'analyse des lunettes de nuit employées comme cher- cheurs, à celle des lunettes de jour ou longues-vues, qui font voir les objets droits, et j'en déduis les meilleures conditions de leur construction. Je les emploie enfin à la discussion de l’héliomètre, devenu célèbre de nos jours par l'usage que M. Bessel a fait de celui qui a été construit par Fraunhofer pour l'observatoire de Kænigsberg. J'en déduis l'expression rigoureuse de ses effets , ainsi que les modifications qu’ils doivent subir sous l'influence de tem- pératures diverses, considération essentielle pour apprécier le degré de jus- tesse des mesures excessivement délicates qu'il est destiné à fournir. J'expose alors, concurremment, le procédé de duplication que M. Arago a imaginé pour mesurer les petits angles visuels célestes, et je le présente avec les der- niers perfectionnements qu'il y a récemment apportés. » Je ne me dissimule pas qu'un exposé aussi étendu de la théorie des in- struments optiques pourra paraître trop en dehors d'un traité spécial d'astro— nomie pour que je dusse l'y insérer. Mais j'ai été contraint à cette nécessité: sé is TÆ ( 499 ) lorsque, voulant présenter une analyse succincte, mais exacte, des effets de ces instruments, et des principes d'après lesquels on peut les régler, les rectifier, et apprécier leurs qualités ou leurs défauts, je me suis aperçu qu'après tant de travaux mathématiques faits sur ce sujet par les plus habiles géomètres, on ne possédait pas encore, même dans le cas des inflexions très-petites, une méthode analytique qui présentât les effets définitifs des systèmes optiques sphériques, sous une forme générale et explicite, où il n'y eût à substituer que des nombres pour en apprécier les résultats. De sorte qu'on était réduit à établir, pour chaque instrument, une discussion particulière, fondée sur des simplifications spéciales, dont, le plus souvent, on ne pouvait apprécier le degré d'exactitude, encore moins justifier la nécessité. Les seuls pas qu’on eût faits Jusqu'à présent vers ce bat, et qui, sans l'avoir complétement atteint, faisaient du moins pressentir la possibilité d'y parvenir, c'étaient, je crois, les beaux théorèmes de Côtes, quelques inductions généralisées d'Euler, et surtout l'indication remarquable que Lagrange avait donnée de l'emploi des diffé- rences finies, pour exprimer généralement les dérivations des effets produits par les surfaces successives. En suivant la voie que cet esprit lumineux avait ouverte, et la conduisant peut-être plus pratiquement, à travers les sinuosités des circonstances physiques, dont les particularités étaient étrangères à son génie, je suis parvenu à reconnaître, comme je l'ai dit plus haut, que, dans le cas des inflexions très-petites qu'il avait traité, et qui est le seul accessible, tous les effets des instruments d'optique quelconques résultent de trois coefficients indépendants, ayant chacun une signification physiquement saisissable, et pouvant être dérivés par la simple différentiation d’un seul d’entre eux, dont J'ai obtenu l'expression générale sous une forme explicite. Alors tous les détails propres à chaque instrument se sont présentés comme des déductions de cette forme générale, avec tant de simplicité et d’évidence que je n'ai pu me dé- fendre de les présenter ainsi. Les géomètres qui voudront bien jeter les yeux sur la table des matières, où j énumère la série des questions que cette méthode m'a servi à résoudre, m'excuseront peut-être de l'avoir exposée dans un ou- vrage qui en nécessitait du moins les résultats. » Ayant ainsi établi les détails des instruments d'optique dont l'astronomie fait un continuel usage, j'explique les autres appareils de précision qui ne lui sont pas moins nécessaires, tels que les procédés qui servent à subdiviser Les dimensions de l'étendue, les niveaux et les fils-à-plomb qui servent à régler lhorizontalité ou la verticalité des axes de rotation et des plans des limbes divisés, les horloges mécaniques qui servent à mesurer le temps. Ayant décrit les principes de ces appareils, et leur application pour régler les instru ( 5oo ) ments divisés, fixes ou mobiles, dont l'astronomie fait usage, je les fais con- courir dans l'étude du mouvement diurne du ciel, dont je démontre l’exacte circularité, et l’uniformité, par des observations rigoureusement calculées. J'arrive ainsi à substituer ce mouvement aux horloges mécaniques, comme donnant une unité bien plus parfaite du temps et de ses subdivisions. Pour aller plus loin, en suivant le plan de déduction logique que je me suis pres- crit, il aurait fallu aborder de nouvelles questions qui auraient donné trop d'étendue à ce volume, et je les ai rejetées dans le suivant. Alors, pour com- pléter celui-ci par des résultats dont les notions préparatoires s'y trouvaient déjà comprises, J'y ai joint, comme addition, l'exposé de la mesure du pen- dule à secondes par le procédé de Borda, et la discussion des expériences faites, tant par ce procédé que par les pendules de comparaison, pour déter- miner la loi suivant laquelle la pesanteur varie sur toute l'étendue du sphé- roide terrestre. » J'ai effectué seul les nombreux calculs numériques qui se trouvent rap- portés dans ce volume et dans le précédent. Quoique je les aie faits avec soin, et la plupart plusieurs fois, je ne puis répondre qu'il ne me soit pas échappé des fautes de détail. Mais le lecteur attentif, qui devra n'y voir que des exem- ples, trouvera lui-même sur sa route l'occasion de les corriger. Je devais redouter davantage les fautes qui auraient pu m'échapper dans les formules analytiques, à cause de l'influence générale qu'elles auraient pu avoir sur les applications. Mais une personne trés-versée dans l'analyse, et très-habile à découvrir les erreurs des expressions qu’elle emploie, M. Yvon Villarceau, a bien voulu revoir attentivement les formules que ce volume renferme , et m'in- diquer les inexactitudes que l'impression y avait laissées. J'ai fait rectifier celles qui étaient réparables, et qui auraient pu faire le plus aisément illu- sion. J'ai indiqué dans un erratum celles des autres, qui, malgré leur évi- dence, pourraient arrêter un moment le lecteur, priant instamment qu'on veuille bien prendre soin de les corriger avant de lire l'ouvrage, surtout avant d'en faire des applications. » ASTRONOMIE. — Éléments paraboliques de la comète découverte à Rome le 22 août 1844; par M. Gousox. Passage au périhélie 1844, septembre............ 1,932866 Log. de la distance périhélie.. 0,1053231 q = 1,274450 Longitude du périhélie....... 342°44/38",6 Longitude du nœud ascendant. 63°52/24/,4 Inclinaison...... HIDE Ste KoMo/fo 0 Sens du mouyement........, Direct. (M5) « Ces éléments ont été calculés sur trois observations méridiennes des 2, 3, 4 septembre; ils représentent l'observation moyenne à — 7”,2 en lon- gitude et à + 5”, en latitude. L'observation méridienne du 7 septembre est représentée à + 0”,3 en longitude et à + 29”,6 en latitude. » MM. Laucrer et Mauvais, en se servant des mêmes observations, après les avoir corrigées de l’aberration et de la parallaxe, sont arrivés, de leur côté, aux résultats suivants, qui indiquent une assez grande analogie avec la comète de 1585 : Comète de 1585, observée par Tycho et calculée par Halley. Passage 1844, septembre. _1,8915 1585, octobre 7......... 19! 30" Distance périhélie. ...... 1,27433 Distances ete 1 ,09358 Longitude du périhélie... 342°43/ 14” Longitude du périhélie.... 368°51/ 0” Longitude du nœud..... 63°657/ 30” Longitude du nœud...... 37°42! 30” Inclinaison ...... TRE 4° 2/27” IMCHTAISON EEE CPE 6° 4! o” Sens du mouvement. .... Direct. Sens du mouvement...... Direct. La comète a un noyau fort brillant qui La comète égalait Jupiter en grandeur; soutend un angle de 20” environ. La nébu- | mais elle avait moins d’éclat : sa lumière losité de 5’ ou 6’ de diamètre est en forme | était terne; on pouvait la comparer à la ne- d’éventail. buleuse de l’Écrevisse; elle n’avait ni barbe ni queue. » Ils ont aussi remarqué quelque ressemblance entre les éléments de la comète actuelle et ceux des comètes de 1678, de 1743 et de 1770. » M. Araco annonce la perte que vient de faire l'Académie dans la per- sonne de M. Bay, un de ses correspondants pour la Section d’Astronomie, décédé le 30 août 1844. M. Frourens présente un exemplaire de la deuxième édition du Z7raité de la Mécanique des Corps solides et du Calcul de l'effet des machines, par feu M. Corrours. M. Peclet, beau-frère de l’auteur, fait hommage de cet ouvrage à l’Aca- démie. M. Frourens présente, au nom de l'auteur, M. Waccrexarr, une Carte des Gaules à l’époque de la chute de l'empire romain en Occident (voir au Bulletin bibliographique). Cette carte est destinée à servir de complément à l’atlas de l'ouvrage intitulé : Géographie ancienne, historique et comparée, des Gaules cisalpine et transalpine, ouvrage que M. Walckenaer a fait paraître en 18309. ( 502 ) MÉMOIRES LUS. ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Rapport entre le sens du courant électrique et les contractions musculaires dues à ce courant; par MM. Loxcer et Cu. Marreucer. ( Extrait.) « Les physiciens ont étudié, jusqu'à présent, l'action du courant élec- trique, à direction différente, spécialement sur les nerfs lombaires et scia- tiques des animaux, c'est-à-dire sur des cordons nerveux qu'on appelle mixtes, parce qu'ils sont composés de filets dont les uns conduisent les im- pressions, et les autres, le principe de la contraction musculaire. » Cette étude a démontré que si, dans une première période, des con- tractions surviennent dans les muscles inférieurs, en fermant comme en ou- vrant le circuit, quelle que soit la direction du courant, il apparaît bientôt une autre période persistante, dans laquelle les contractions n'ont plus lieu qu'au commencement du courant direct, et à l’interruption du courant inverse. » Telle est l'unique loi générale, admise aujourd’hui, sur la relation du sens des courants électriques avec les contractions musculaires qu'ils excitent en passant dans les nerfs des animaux vivants ou récemment tués. » Nous avons voulu savoir si cette loi, établie par des expériences exécu- tées seulement sur des nerfs mixtes, serait applicable ou non à des parties du système nerveux dont l’action n'est que centrifuge ou exclusivement motrice; c'est assez dire que nos recherches ont dû être d'abord dirigées sur les ra- cines spinales antérieures et sur les faisceaux correspondants de la moelle épinière. » Dans ces recherches, il importe beaucoup de soumettre toujours la même racine antérieure au même courant; d'employer celui-ci d'abord telle- ment faible qu'il donne à peine lieu à des contractions ; de ne pas s'arrêter aux premiers phénomènes qui, à cause de la trop grande excitabilité de la racine, ne sont Jamais bien nets, mais de continuer l'usage du même cou- rant Jusqu'à ce qu'un effet durable et constant apparaisse; d'isoler surtout la pile (1) avec le plus grand soin : sans cette dernière précaution, il serait im- (1) La pile à auges est, dans ce cas, la plus commode, parce qu’elle permet de varier le rombre de couples autant de fois qu’on le veut pendant la durée de chaque expérience. ( 503) possible de connaître la direction du courant dans le nerf , et les résultats se- _raient équivoques. » La racine spinale antérieure a été soumise aux courants galvaniques direct et inverse, dans les quatre conditions suivantes : la racine antérieure et la postérieure correspondante étant intactes; l’une et l’autre divisées; la postérieure intacte et l’antérieure divisée; la postérieure divisée et l’anté- rieure intacte. » Dans tous ces cas, les contractions du muscle, ou des muscles animés par la racine antérieure sur laquelle on agit, se manifestent d’abord confusément au commencement et à la fin du courant, quelle que soit sa direction; mais, après un certain temps (un peu plus long si la racine antérieure adhère encore à la moelle), les effets deviennent nets et durables : les contractions n'ont plus lieu qu'au commencement du courant inverse et à l'interruption du cou- rant direct. » Cette complète opposition, avec ce qu'on observe sur les nerfs mixtes (le sciatique, par exemple, ou le nerf rachidien pris immédiatement au- dessous du ganglion intervertébral), nous a engagés à répéter les expériences un grand nombre de fois sur divers animaux : leurs résultats, constatés chez le cheval, le chien , le lapin et la grenouille, ont été invariables. » Mais, pour les reproduire avec certitude, chez la grenouille, il est in- dispensable (à cause du peu de longueur des racines, de l'extrême facilité avec laquelle l'excitation galvanique se transmet au delà du ganglion inter- vertébral, et par conséquent au nerf rachidien mixte), de prendre cer- taines précautions qui, quoique bien simples, ne se sont révélées à nous qu'après des essais longtemps réitérés. Après, avoir séparé la moelle de l’en- céphale, et ouvert le rachis du côté de la cavité abdominale, on glisse des languettes de taffetas vernis au-dessous des racines lombaires antérieures laissées adhérentes à une suffisante longueur de la moelle épinière; puis, ayant coupé tous les nerfs lombaires du côté opposé à celui de l'expé- rience, on applique l'extrémité d’un réophore sur la partie antérieure de la moelle, et l'extrémité de l’autre sur un point de la racine antérieure assez rapproché de cet. organe. Dans ce cas, les effets se manifestent bientôt d'une manière aussi tranchée que chez le chien, c'est-à-dire que les contractions du membre abdominal ne s'observent que dans deux cas, au commencement du courant inverse et à l'interruption du courant direct. Mais si, appliquant les deux réophores sur la racine antérieure elle-même, vous vous rappro- chez du ganglion intervertébral, et que l'excitation soit transmise au nerf mixte situé immédiatement au-dessous de ce ganglion, vous verrez les phé- C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, Ne 11.) 68 ( 504 ) nomènes se renverser, et apparaître tels qu'ils ont lieu avec les nerfs qui n'ont pas, comme les racines antérieures, une action exclusivement centrifuge. » Un fait digne de remarque, c'est qu’en continuant à faire passer un cou- rant dans les racines antérieures divisées (chez le cheval, le chien, etc.), on voit les contractions musculaires, excitées par le courant inverse qui com- mence, persister beaucoup plus longtemps que celles dues au courant direct qui cesse. » Nos expériences sur les faisceaux blancs antérieurs de la moelle épinière, exécutées sur des chiens, des lapins, des grenouilles et sur une couleuvre à collier ( Coluber natrix), nous ont démontré que ces faisceaux se compor- tent avec les courants direct et inverse à la manière des racines antérieures. nouvelle preuve de la mission exclusivement motrice de la partie blanche an- térieure de la moelle. » En résumé, l'influence du courant électrique diffère totalement quand elle s'exerce sur les nerfs exclusivement moteurs dont l’action n’est que cen- trifuge, ou sur les nerfs mixtes dont l'action est à la fois centrifuge et cen- tripète. Les premiers excitent les contractions musculaires seulement au commencement du courant inverse, et à l'interruption du courant direct; tandis que les seconds ne les font apparaître qu'au commencement du cou- rant direct et à l'interruption du courant inverse. Cette action différente et remarquable des courants électriques sur les nerfs seulement moteurs ou à la fois moteurs et sensitifs, nous paraît devoir fournir un moyen sûr pour dis- tingner ces nerfs les uns des autres , et pouvoir servir par conséquent à élu- cider une question qui divise encore aujourd'hui les physiologistes , celle de savoir s'il existe ou non des nerfs mixtes dès leur origine. » Quelques physiologistes allemands ayant regardé récemment la sub- stance grise de la moelle épinière comme indispensable à la transmission des impressions et du principe des mouvements volontaires, nous croyons de- voir déclarer, en terminant cette Note, que, chez le chien, nous l'avons constamment trouvée insensible et inapte à provoquer des secousses convul- sives, sous l'influence de l'électricité et des irritants mécaniques; que sa des- truction dans une longueur aussi grande que possible, à l'aide d'un stylet , n’a aucunement modifié la sensibilité des faisceaux médullaires postérieurs ou l’excitabilité des antérieurs. » Ajoutons enfin que, toute action reflexe ayant disparu dans le bout caudal de la moelle divisée, chez le chien , la stimulation des faisceaux pos- térieurs n'a jamais donné lieu à la moindre contraction musculaire, quel que fût d'ailleurs le sens du courant électrique. Il en est de même des racines « ( Go5 ) postérieures après qu'on les a séparées de la moelle. Au contraire, quand elles adhèrent encore à cet organe, que le courant soit inverse ou direct, c’est toujours en fermant le circuit qu’elles provoquent des secousses convulsives qui d’ailleurs ne sont dues évidemment qu'à une action reflexe sur les racines antérieures, puisque la section de ces dernières fait cesser à l’instant même toute contraction. » CHIMIE, — Mémoire sur les produits de la distillation sèche du sang-dragon ; par MM. À. Gzénan» et Cu. Boupaurr. (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Pelouze.) « Le sang-dragon, soumis à l’action de la chaleur dans une cornue, se fond d'abord, et jusqu'à 210 degrés n’abandonne que de l’eau, qui rougit le papier de tournesol et qui contient de l'esprit pyroacétique et un peu d’a- cide benzoïque. Au-dessus de cette température, la résine se boursoufle et entre en décomposition. Il se dégage de l'acide carbonique et de l'oxyde de carbone; de l’eau continue à se former, d’épaisses vapeurs blanches se ma- nifestent, et un liquide oléagineux rouge-noirâtre se recueille dans le réci- pient. Il reste dans la cornue un charbon léger, brillant et irisé qui repré- sente environ 40 pour 100 du poids de la résine employée. » Le liquide oléagineux que l’on obtient ainsi est un mélange de produits divers appartenant aux différentes phases de la décomposition de la résine. Nous en avons extrait deux carbures d'hydrogène que nous avons nommés dracy le et draconyle, de l'acide benzoïque, et un composé liquide qui donne de l'acide benzoïque quand on le traite par la potasse. Nous allons décrire ces différents corps dans l'ordre où la distillation les présente. ÿ I. — Dracyle. » Si l'on prend l'huile brute colorée, dont nous venons de parler, qu'on la distille de nouveau en élevant graduellement la température, et qu'on sépare tout ce qui passe au-dessous de 180 degrés, on obtient un liquide plus léger que l’eau, plus ou moins coloré, qui renferme tout le dracyle et tout le dra- conyle. En le distillant une ou deux fois avec de l’eau il devient tout à fait in- colore. Pour en extraire le dracyle, il faut distiller le mélange plusieurs fois seul à la plus basse température possible, sans jamais atteindre l’ébullition. Le draconyle, qui est fixe, reste en grande partie dans la cornue. Cependant, comme il est très-soluble dans la vapeur de dracyle, celui-ci en retient tou- Jours une petite quantité dont on ne peut le débarrasser par la simple dis- 68. ( 506 ) tillation; il faut le distiller sur des fragments de potasse ou bien le faire bouil- lir quelques instants sur des fragments de potasse et distiller après. En renouvelant cette opération plusieurs fois, on obtient le dracyle pur. » En cet état, il se présente avec les caractères suivants : c’est un liquide incolore , très-fluide, d’une odeur éthérée, semblable à celle de la benzine, d’une saveur brûlante; il est plus léger que l’eau; sa densité est de 0,864 à 23 degrés; il est très-volatil, et s'évapore complétement à l'air libre; il se maintient en pleine ébullition à 106 degrés; un froid de — 20 degrés ne lui fait subir aucun changement; il réfracte fortement la lumière; il est insoluble dans l’eau, mais lui communique son odeur; soluble dans l'alcool, l'éther, les huiles grasses et essentielles; il brûle avec une flamme fuligineuse. » Analysé avec l'oxyde de cuivre, il a fourni les résultats suivants : » EL. o8,3585 de matière ont donné 0f",283 d’eau et 1,200 d'acide car- bonique. » IE. 0%',360 de matière ont donné 05',285 d'eau et 15',205 d'acide car- bonique. » IL. 0%,408 de matière ont donné 0f",323 d'eau et 1£",365 d'acide car- bonique. » Ce qui fait en centièmes : ie IL. LIL. C — 91,28 91,27 91,23 H— 8,76 8,78 8,79 » Ces nombres conduisent à la formule C'*H5, qui donnerait en centièmes: G— 91,30 H=— 8,70 Densité de vapeur. Température de la balance, . . . .. 23° Pression barométrique. . . . . . . . 76omm Température de la vapeur... . . . . . 180° Volume du/ballon 1150-0970 HN COX Poids de la vapeur. . : + :. . ot',899 Poids d’un litre de vapeur. . . . . . 4 ,244 Densité rapportée à l'air, , . . . . . 3 ,264 » En calculant d'apres la formule C'*HF et en supposant que les éléments soient condensés en 4 volumes, on trouve que la densité serait égale à 3,246, ce qui s'accorde bien avec la densité expérimentale 3,264 et avec la formule adoptée ci-dessus. nm (507) » Le potassium est sans action sur le dracyle ; l'air et l'oxygène ne l’al- térent point, même à chaud. H absorbe le chlore avec dégagement de cha- leur. Il n’absorbe pas l'acide chlorhydrique. L’acide sulfurique ordinaire a peu d'action sur lui, mais l'acide sulfurique de Nordhausen le dissout en le colorant. L'acide nitrique ordinaire ne l'attaque pas à froid, et difficilement à chaud; mais l'acide aitrique fumant réagit très-énergiquement, même à froid. » L'action de l'acide nitrique fumant sur le dracyle donne lieu à des phé- nomènes remarquables, d’où résultent des produits qui différent entre eux suivant les proportions d’acide que l’on emploie, et suivant la température à laquelle la réaction s'effectue. Le premier de ces produits est le nitrodracy le qui s'obtient de la manière suivante. On verse goutte à goutte de l'acide ni- trique fumant dans du dracyle, en ayant soin d'empêcher le mélange de s'échauffer. Le dracyle se colore et se dissout dans l'acide en prenant une forte odeur d'essence d'amande amère; il ne se dégage ni vapeurs rutilantes ni acide carbonique. Lorsque le dracyle est complétement dissous, on cesse d'ajouter de l'acide uitrique, et l'on traite la dissolution par une grande quan- tité d’eau. L’acide nitrique en excès se dissout, et le nitrodracyle se sépare sous forme d'un liquide rouge qui tombe au fond de l'eau. On le lave à grande eau jusqu'à ce qu’il ne soit plus acide, et on le purifie par une distil- lation à l’eau. Ainsi obtenu, le nitrodracyle est un liquide plus lourd que l’eau, d'une couleur ambrée; il a l'odeur d'essence d'amande amère et de nitro- benzine; il a, comme cette dernière, une saveur très-sucrée ; il est insoluble dans l'eau, mais lui communique son odeur; soluble dans l'alcool et l'éther; soluble dans la potasse, d’où il est précipité par un acide. Il brûle avec une flamme fuligineuse en répandant une odeur de benjoin. Traité par la po- tasse, à l'aide de la chaleur, il donne de l'ammoniaque, et, de plus, de l'hy- drogène, comme l'essence d'amande amère. Le nitrodracyle est altérable par la chaleur; soumis à la distillation, il laisse toujours un résidu, et le produit distillé ne possède plus la même composition. En effet, nous avons analysé du nitrodracyle qui avait été distillé Plusieurs fois, et nous avons trouvé chaque fois des différences notables dans les Proportions relatives de car- bone et d'azote ; chaque distillation avait pour effet d'augmenter le carbone et de diminuer l'azote. Il ne faut donc pas distiller à feu nu le nitrodracyle, pour le purifier; il suffit de le distiller à l’eau et de le sécher ensuite sur du chlorure de calcium qu'il ne dissout pas d’ailleurs. » L'analyse de ce corps, purifié comme il vient d’être dit, donne la ( 508 ) formule C'‘ H:' Az O"'. » Le nitrodracyle serait donc le dracyle CH, dans lequel 1 équivalent d'hydrogène a été remplacé par 1 équivalent d'acide hypoazotique ; ce qui est in:liqué par l'équation suivante : C' H° + Az 0‘ — CH’ Az O0‘ + HO. » La composition du nitrodracyle justifie le choix que nous avons fait de la formule C'* H$ pour représenter 1 équivalent de dracyle. En effet, elle représente, d’une part, 4 volumes de vapeur, et, d’une autre part, c'est cette quantité qui, en perdant 1 équivalent d'hydrogène, gagne 1 équivalent d'acide hypoazotique. ; » Lorsqu'on traite le dracyle par une grande quantité d'acide nitrique fu- mant, et qu'on chauffe le mélange , une réaction très-vive se manifeste, d'où résulte un dégagement abondant d'acide carbonique et de vapeurs rutilantes. Si l’on distille le mélange jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le quart environ du liquide total, on obtient, par refroidissement , une masse cristalline qui , reprise par l'eau bouillante, lui abandonne un corps acide cristallisable, en même témps que du nitrodracyle se sépare et tombe au fond de la liqueur. Toutes les fois qu'on fait ainsi réagir de grandes quantités d’acide nitrique sur le dracyle, on donne lieu à cette réaction complexe qui fournit, d'une part, de l'acide carbonique et des vapeurs rutilantes , et, de l’autre part, du nitrodracyle et l'acide que nous avons nommé acide nitrodracylique. Aussi, comme l'analyse le démontrera , cet acide sort-il de la série dracylique par sa composition. » L'acide nitrodracylique obtenu ainsi n'est pas pur; il est imprégné d'une certaine quantité de nitrodracyle qui lui communique son odeur et l'em- pêche de cristalliser. On l'en débarrasse par plusieurs cristallisations dans l'eau. » A l’état pur, on le reconnaît aux caracteres suivants : il est blanc, bril- lant, cristallisé en petites aiguilles prismatiques fines, groupées en étoiles et tres-légères. Il est presque insoluble dans l’eau froide ; l’eau bouillante ne le dissout qu'en petite quantité ; à + 70 degrés il commence à cristalliser, et à + 60 la majeure partie est déjà déposée. Il est très-soluble dans l'alcool ; chauffé sur une lame de platine, il se volatilise en répandant une odeur forte et pénétrante, laissant un résidu charbonneux à peine sensible; il se sublime en aiguilles fines, légères et brillantes. ( 509 ) » Avec les:bases, l'acide nitrodracylique se comporte comme un acide - faible; il déplace l'acide carbonique; il est précipité de ces dissolntions salines par tous les acides puissants; si la décomposition a lieu dans les liqueurs concentrées, l'acide précipité se prend en une masse blanche, amorphe. » L’acide nitrodracylique, soumis à l'analyse, conduit à la formule . C“H°O' Az O!. » En comparant le poids atomique fourni par cette formule avec celui que donne la capacité de saturation de cet acide, il est facile de voir que la for- mule que nous adoptons est la plus probable. » En effet, 0%,3935 de sel de plomb cristallisé et parfaitement desséché ont donné 0,206 de sulfate de plomb tout à fait blanc qui représente 0,1515 d'oxyde de plomb et 0,242 d'acide sec, d'où l’on tire l'équivalent de l'acide = 2227. L'équivalent théorique serait 2252. Ces deux nombres sont peu dif- férents l’un de l’autre. » D'ailleurs, quelque changement que l’on veuille faire subir à la formule adoptée, soit pour l'azote, soit pour l'oxygène, comme nous l'avons essayé, on arrive toujours à des résultats dans lesquels l'expérience et la théorie s’éloi- guent tellement, que l'on revient nécessairement à la formule indiquée C!* H° O‘ Az O!. » En rapprochant l'acide nitrodracylique du carbure d'hydrogène C'*H qui lui a donné naissance, on voit que cet acide sort de la série dracylique. Le dégagement abondant d'acide carbonique, la production du nitrodracyle qui accompagnent constamment la formation de ce corps, nous rendent compte jusqu'à un certain point de ce fait, mais ne nous permettent pas de saisir nettement le lien qui rattache l'acide nitrodracylique au dracyle. II. — Draconyle. » Nous avons dit qu'en distillant jusqu’à 180 degrés le produit brut de la décomposition du sang-dragon, on obtenait un liquide qui contenait deux carbures d'hydrogène, le dracyle et le draconyle; nous allons maintenant faire connaître ce dernier corps. Lorsqu'on a distillé le mélange de ces deux substances au-dessous de son point d'éballition, et que, par conséquent, la plus grande partie du dracyle a été enlevée, il reste dans la cornue un liquide visqueux qui est le draconyle maintenu en dissolution par une petite quantité de dracyle. Pour séparer ces deux corps, on verse le mélange dans l'alcool qui dissout le dracyle, et le draconyle, qui est insoluble dans le véhicule, se précipite sous l'apparence d'une résine incolore et molle comme la térében- (@ibxo D thine; on le lave plusieurs fois avec de l'alcool, puis on l’expose dans l'étuve à une température de 150 degrés , afin de le débarrasser de toutes les sub- stances volatiles qu'il pourrait retenir, en ayant soin de le remuer souvent pour faciliter l'évaporation. » Le draconyle, d'abord mou au moment où on le précipite, devient tout à fait solide à mesure qu'il devient pur. Il est parfaitement blanc ; mais, pour qu'il soit ainsi, il faut que le mélange de dracyle et de draconyle ait été dis- tillé plusieurs fois à l'eau , et que la séparation en ait été faite presque aussitôt après. Car, si ces deux corps séparés sont inaltérables, il n’en est plus de même lorsqu'ils sont réunis. Leur mélange s'altère rapidement, même dans des flacons bien bouchés, et cette altération se manifeste par une coloration d'abord jaune, qui rougit et se fonce de plus en plus. Le draconyle qu'on retirerait d'un pareil produit serait fortement coloré. A l’état pur, le dra- conyle est solide, incolore, d'un aspect brillant et nacré; il brûle avec une flamme fuligineuse. Insoluble dans l'eau, dans l'alcool, l’éther, la potasse, il se dissout dans les huiles grasses et essentielles à l'aide de la chaleur, et s'en dépose par le refroidissement. » La composition du draconyle correspond à celle d'un hydrogène car- boné dans lequel, pour 1 équivalent d'hydrogène — 12,5, il y aurait 2 équi- valents de carbone — 1 50. En effet, en calculant la composition en centièmes d'après la formule C?H, on trouve Calculé. Analyse. C — 92,30 C=—.92,33 H= 7,70 H=— 7,93 Le draconyle serait donc isomere avec le quadricarbure de Faraday CH“, avec le benzène C'?H°, le cinnamène C'°H®. Nous n'avons pu en déterminer l'équivalent au moyen de la densité de vapeur, ce corps n'étant pas volatil. Mais l'étude de la combinaison qu'il forme avec l'acide nitrique nous a con- duits à lui assigner la formule C!*H7, » Le draconyle, bien que présentant la composition d’un hydrogène car- boné, ne possède pas l'ensemble de caractères généraux qui distinguent cette série de corps. Il n’est point volatil ; toutefois, il peut distiller à la faveur d'un autre hydrogène carboné. » L'acide sulfurique froid n'a pas d'action sur ce corps; mais à chaud , il le dissout en le charbonnant et en dégageant de l'acide sulfureux. L'acide chlorhydrique liquide n'a pas d'action. L’acide nitrique ordinaire ne l'attaque pas non plus. ( br ) » En chauffant le draconyle dans l'acide nitrique fumant , il se dissout en dégageant des vapeurs rutilantes. La dissolution traitée par l’eau pré- cipite un corps blanc cailleboté que nous désignons sous le nom de nitro/dtra- cony le. On le lave à grande eau pour enlever l'excès d'acide, et on le des- sèche. C'est un corps d'un aspect jaunâtre et pulvérulent, insoluble dens l’eau , l'alcool et l’éther, insoluble dans la potasse et les acides. Il fuse sur les charbons ardents et répand, en brûlant, une odeur d'amande amère. » En formulant sur ces données fournies par l'analyse, on trouve la com- position C'* H° Az O* qui indique que le draconyle, étant C'*H°, perd 1 équivalent d'hydrogène, et prend à la place 1 équivalent d'acide hypo- azotique. » Le nitrodraconyle parait être le seul produit de la réaction de l'acide nitrique sur le draconyle. Au moins ce corps résiste-t-il pendant des heures entières à l'acide le plus concentré, même alors qu'on fait intervenir une chaleur élevée. » Sous l'influence de la chaleur, le draconyle présente un nouveau cas de changement d'état isomérique. En effet, si l'on en chauffe quelques frag- ments dans un petit tube fermé aux deux extrémités, ils ne tardent pas à se transformer en un liquide volatil, jaunâtre, sans laisser de résidu apparent, et sans aucun dégagement gazeux. Cependant, quand on en distille une quantité un peu considérable à sec dans une cornue, la transformation n’est pas si nette; on trouve toujours un résidu, très-faible à la vérité, qui tient sans doute à l’inépale répartition de la chaleur dans la masse, et le produit liquide contient, dans tous les cas, plusieurs corps. En distillant une seconde fois ce produit, on obtient un nouveau carbure d'hydrogène qui a la même composition que le draconyle. Il est liquide, plus léger que l’eau , d’une odeur forte tout à fait différente de celle du dracyle ; il bout à 140 degrés comme le cinnamène, et il possède la même composition, ce qui nous fait supposer qu'il pourrait bien être identique avec ce dernier corps. En effet, à l'analyse nous avons trouvé 92,3 de charbon et 7,8 d'hydrogène. Nous re- grettons de n’en avoir pas eu une assez grande quantité pour l’étudier plus complétement. III. — Derniers produits de la distillation sèche du sang-dragon. » Nous connaissons maintenant les produits que fournit l'huile brute du sang- dragon jusqu'à la température de 180 degrés; il nous reste à parler de ceux qui distillent à une température plus élevée. En continuant la distilla- C. R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, No 44.) 69 (62 0) tion jusqu'à ce qu'il ne reste plus que du charbon dans la cornue, on obtient un liquide plus lourd que l'eau , d'une odeur forte et repoussante, et d’une couleur jaune qui ne tarde pas à passer au rouge, et finit par devenir tout à fait noire. Ce liquide est un mélange d'acide benzoïque et d’une huile oxy- génée. En le faisant digérer avec de la craie en suspension dans l’eau , il se forme un sel de chaux qui, traité par l'acide chlorhydrique, précipite abon- damment un acide cristallisable auquel nous avons reconnu toutes les pro- priétés physiques et toutes les réactions de l'acide benzoïque. On le débar- rasse ainsi de la plus grande quantité d'acide benzoïque qu'il contenait, et l'on achève de le purifier par plusieurs distillations. C'est alors un liquide in- colore assez fluide , d'une odeur forte, plus lourd que l'eau, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l’éther; il est très-altérable à l'air. Il bout vers 200 degrés. Ce corps est remarquable en ce que, sous l'influence de la potasse, il se change en deux autres corps, dont l’un est de l'acide benzoïque, et l’autre un composé liquide particulier. Cette réaction nous porterait à le considérer comme une sorte d’éther qui se déferait sous l'influence d'une base puissante. » Ce composé paraît analogue à celui que M. Deville a obtenu dans la distillation seche du baume de Tolu, et qu'il considère comme de l'éther benzoïque. Cependant l'analyse que nous en avons faite ne nous permet pas, jusqu’à présent, de le considérer ainsi. Nous lui avons trouvé environ 6 pour 100 de carbone de plus que n’en indique la composition de l’éther benzoïque. Ce serait donc une substance particulière qui mériterait d'être étudiée avec soin; mais la petite quantité de matière que nous avons obtenue ne nous a pas permis d'entreprendre cette étude. » En résumé, la distillation sèche du sang-dragon fournit de l'eau, de l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone, deux hydrogènes carbonés, le dracyle et le draconyle, de l'acide benzoïque, de l’acétone, et une huile oxygénée capable de donner de l'acide benzoïque sous l'influence de la po- tasse. Le dracyle est un carbure d'hydrogène C'*H% qui, sous l'influence de l'acide nitrique fumant, donne lieu au composé C'*H*AzO", et qui dans une autre phase de la réaction produit l'acide nitrodracylique C'*H°O“*AzO*. Le draconyle est une espèce de caoutchouc artificiel qui éprouve une trans- formation analogue sous l'influence du même acide, avec cette différence que la réaction s'arrête au premier terme. » Qu'il nous soit permis, en terminant, d'adresser nos remerciments très- sincères à M. Pelouze, notre savant maître, dont les conseils bienveillants nous ont guidés si souvent à travers les difficultés de ce travail. » (68 à) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Addition à une Note précédente sur un nouveau mode de propulsion pour les navires, au moyen de l'explosion de mélanges gazeux détonants ; par M. SeLricur. (Commission précédemment nommée.) « Je vous prie de porter à la connaissance de l'Académie la rectification que je dois faire à ma Lettre du 2 juin dernier, à cause de la remarque que j'ai faite que les divers mélanges du gaz hydrogène auxquels se trouve ajoutée la quantité d'air atmosphérique nécessaire pour les rendre explosibles per- dent, par la pression, leur pouvoir détonant, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous l’exprimer, le 27 août dernier, lorsque j'ai fait fonctionnermes appareils d'expérience devant vous et M. Boutron, et ensuite devant MM. Dumas et Gambey. » La rectification consiste en ce que j'ai exprimé, dans ma Lettre du 2 juin, une des trois manières que j'avais décrites dans ma spécification du 24 mai 1843, laquelle je n'avais pas été à même d'expérimenter et que je croyais infaillible à cette époque. Croyant que la pression ne devait avoir aucune in- fluence sur la faculté détonante des gaz lorsqu'ils étaient en proportion con- venable, j'ai donc dit que la partie supérieure des récipients d'explosion devait être, à bord des vaisseaux, à la hauteur de la flottaison; et dans ce cas il faudrait, après que l’eau aurait rempli toute la capacité du récipient d'explosion, introduire l'air et le gaz dedans, ce qui donnerait un huitième d’atmosphère de pression et empécherait l'explosion d’avoir lieu : le niveau de l'eau ne doit donc, dans le récipient d’explosion, monter qu’à une hau- teur telle qu'il reste une capacité libre pour l'air et le gaz. » En faisant fonctionner mes divers appareils d'essai, j'avais bien reconnu que dans certaines conditions il y avait des anomalies. Je les avais attribuées en premier lieu à l'azote resté; mais je n'ai pas tardé à m'apercevoir que ce n'était pas là la seule cause. Je n'avais, en 1843, effectué convenablement de détonations que dans un appareil où elles ont lieu régulièrement, où toutes les fonctions se font en temps utile : dans cet appareil le tube de détonation a une soupape à sa partie inférieure qui laisse, après chaque explosion, remonter l'eau au niveau de celle du bassin dans lequel le récipient d’'ex- 69.. (514) plosion est placé. Ce niveau d’eau laisse dans le tube l'air nécessaire, et il n'y a à y introduire que le gaz. A cet effet le robinet d'explosion a un robinet à fleur d’eau et un à sa partie supérieure qui s'ouvrent immédiatement après l'explosion et se ferment ensemble avant l'introduction du gaz. Dans ce cas, le gaz donnerait une pression égale à un huitième d’atmosphère, si la soupape du bas fermait hermétiquement; mais le contraire a lieu, et alors l'eau s’équi- libre dans le récipient et le bassin, de manière à ce que la pression ne soit que dans le rapport de 1,600 de surface du bassin à 798 centimètres de surface du récipient, ce qui ne fait plus que 5 millimètres de pression au lieu de 95, et alors les explosions ne manquent jamais. » Pour m'assurer des effets que la pression pouvait produire, j'ai fait fer- mer hermétiquement la soupape inférieure, et je l'ai remplacée par un robi- net; je n'ai pu faire de détonations que très-difficilement et après avoir plusieurs fois fait fonctionner le robinet d'inflammation du gaz, ce qui à chaque fois diminuait la pression de toute la capacité de ce robinet. Comme mon récipient d'explosion a la forme d'un siphon à branches égales, j'ai fait allon- ger la branche opposée à celle qui contient le gaz, de manière à pouvoir y mettre de l'eau pour donner jusqu’à un tiers d’atmosphère de pression. Voici les résultats que j'ai obtenus, en me servant, pour l'inflammation du gaz, de mon robinet d'inflammation qui laisse échapper à son centre un jet de gaz enflammé qui vient darder dans le récipient d'explosion quand je veux dé- terminer la détonation. »_ (Tous les gaz ci-dessous ont été mélangés en proportion convenable avec l'air atmosphérique, pour être rendus le plus détonants possible.) » 1°. Le gaz de houille, selon les proportions de sa composition, détone plus difficilement que les autres. Ainsi il ne détone pas régulièrement depuis la pression de 8 à 12 centimetres de mercure ; à 19 centimètres je n'ai pu le faire détoner. » 2°. En ajoutant au gaz de houille moitié d'hydrogène pur, il faut ajouter à la pression ci-dessus 2 centimètres de pression de plus, pour avoir les mêmes résultats. » 3°, Le gaz obtenu de la décomposition de l'eau est composé comme suit: 66 centièmes d'hydrogène, 28 centièmes de gaz oxyde de carbone et 6 cen- tièmes d'acide carbonique. Pour avoir les mêmes résultats que ci-dessus, il faut ajouter encore 2 centimètres de pression de plus qu’au n° 2; en sorte que c'est 12 à 16 centimètres de pression qu'il faut pour rendre les détona- tions incertaines, et 24 centimetres pour n'avoir point d’explosion. ( 515 ) » 4°. Le gaz hydrogène pur est le plus explosible, mais ne détone plus à So centimètres de pression. » Je pense qu'en mettant le gaz oxÿhydrogène à une pression d'une atmo- sphère, il ne conserverait pas sa propriété détonante; mais je n’en ai pas fait l'expérience. Je me propose de répéter toutes ces expériences en faisant détoner le gaz par l'étincelle électrique. Je crois que le résultat sera le même, car vous avez vu, monsieur, que mon robinet d'inflammation ne manque pas de fonc- tionner avec sûreté. » J'ai cru devoir vous signaler ce fait de la non-inflammation du gaz par la pression, que j'ai observé et qu'il n’est pas venu à ma connaissance que personne avant moi ait remarqué ou fait connaître, Dans le cas où d’autres personnes auraient fait des expériences de ce genre avant moi, mon obser- vation servira toujours à la confirmation du même fait dont l'importance ne vous a pas échappé. » CHIMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Pécicor, en réponse à la réclama- tion de priorité, élevée par M. Baudrimont, à l’occasion de sa théorie de la fabrication de l'acide sulfurique. (Renvoi à la Commission chargée de faire le Rapport sur le Mémoire de M. Péligot.) « ....Si M. Baudrimont avait connu mon Mémoire, tel que je l'ai lu, il n'aurait sans doute pas fait cette réclamation : il s’attribue, en effet, le fond de cette théorie, comme l'ayant publiée, il y a un an, dans le premier vo- lume de son Traité de Chimie, et ii cite un passage de ce livre dans lequel il établit, par des raisons judicienses, qu'il y a lieu de penser que la forma- tion de l'acide azotique précède toujours celle de l'acide sulfurique. Or, mon Mémoire, que M. Baudrimont ne connaît que par l'extrait qui se trouve dans les Comptes rendus, commence ainsi : « Je me propose de » faire conaître à l'Académie quelques expériences entreprises dans le but » de confirmer une théorie de la fabrication de l'acide sulfurique que je » donne dans mes cours depuis quelques années, et à laquelle j'ai été con- » duit par mes recherches sur l'acide hypoazotique.... » Il m'est facile de fournir la preuve de cette assertion. Je joins à cette Lettre quelques feuilles lithographiées du programme détaillé du cours de chimie générale que j'ai fait à l'École centrale des Arts et Manufactures, pendant l’année scolaire 1841 — 1842; ce programme est distribué aux élèves ( 516 ) au fur et à mesure des leçons; sa date est donc certaine. On y lit, pages 35 et 34 : « Cristaux des chambres de plomb, leur formation, etc. — Ces cristaux » ne paraissent pas indispensables à la production de l'acide sulfurique dans » les chambres de plomb. » Comme les acides azoteux et hypoazotique sont décomposés par l'eau et » l'air, de manière à produire constamment de l'acide azotique, la fabrica- » tion de l'acide sulfurique repose sur l'oxydation de l’acide sulfureux au » moyen de l'acide azotique, reproduit à chaque instant de l'opération. » » Cette théorie est identique avec celle qui se trouve consignée dans mon travail; je ne l'ai pas fait connaître plus tôt à l'Académie, parce que je vou- lais lui donner une sanction expérimentale dont je n'ai pu m'occuper que dans ces derniers temps. » Je ne connaissais pas d’ailleurs les opinions exprimées par M. Baudri- mont sur ce même sujet. » J'ajouterai que j'ai indiqué cette théorie à plusieurs fabricants et à plu- sieurs chimistes ; je l'ai communiquée notamment à M. Payen qui la donne depuis plusieurs années, en me l'attribuant, dans ses cours du Conservatoire et de l’École centrale. » Il est donc bien évident que la réclamation de priorité, faite par M. Baudrimont, n’est pas fondée. » Ce chimiste établit, dans la suite de sa Note, que ses opinions diffèrent sensiblement des mieunes « lorsqu'il s’agit d’expliquer la suite des réactions » par lesquelles se forme réellement le sulfate hydrique et se reproduit l’a- » zotate hydrique. » » Malgré la discussion à laquelle il se livre sur ces réactions, je persiste à croire que la théorie que j'ai communiquée à l’Académie repose sur des faits précis et bien observés. M. Baudrimont pense le contraire, et il admet une autre théorie. C’est aux chimistes qu’il appartient de prononcer entre nous. » M. Cawracénès soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur l’appli- cation des acides gras à l’éclairage. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Payen.) M. Marmeu adresse une Note sur l’oxyde de zinc, produit qu'il obtient, dit-il, à un état de pureté fort supérieur à celui des oxydes que fournit le (517) commerce, au moyen d'un procédé beaucoup moins coûteux. Il insiste sur l'importance de l’économie qui doit résulter de l'emploi de son procédé, en faisant remarquer que l'oxyde de zinc paraît destiné à remplacer, avant peu, le blanc de plomb dans beaucoup d'applications, et avec d'autant plus d'avantage, qu'il ne compromet pas la santé des ouvriers employés à le préparer. (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Rayer.) M. Gourze adresse un Mémoire ayant pour titre: Vouveau moyen de déterminer la latitude d’une manière simple et précise. M. Laugier est invité à prendre connaissance de ce Mémoire, et à faire sa- voir à l'Académie s’il est de nature à devenir l’objet d'un Rapport. M. Raser présente un Tableau synoptique d’une nouvelle méthode de lecture destinée à corriger les vices de la prononciation, à guérir le bégarye- ment , etc. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour l'examen de diverses méthodes de traitement du bégayement, Commission à laquelle est adjoint M. Pariset.) Les membres de la Commission chargée de faire un Rapport sur le sys- tème de chemins de fer de M. »e Jourrroy demandent que deux autres membres leur soient adjoints. MM. Binet et Cauchy sont désignés à cet effet. Une Commission, composée de MM. Poncelet, Piobert et Séguier, est chargée de faire un Rapport sur le piston articulé présenté par M. Gonsrroy dans la précédente séance. CORRESPONDANCE. + M. Anraco met sous les yeux:de l'Académie une image de Môser, adressée par M. Cu. Cuevauer. Cette image s'est formée à la face postérieure d'une glace qui avait recouvert pendant six ans un portrait peint au pastel. La glace a conservé sa transparence dans les parties correspondant aux ombres, et est comme ternie, dans les parties correspondant aux clairs, par un enduit (518) blanchâtre d'une grande ténuité. Comme dans un pastel le verre protecteur est nécessairement maintenu à une certaine distance de la peinture, la couche dont il vient d'être parlé ne peut évidemment être due à un contact, ce que l'on pourrait supposer être le cas pour certaines images formées devant des gravures au burin. M. Araco présente, au nom de M. Bernes, de Vienne, deux épreuves de gravures faites sur images photographiques. Des deux images qui ont été soumises à l’action des acides, l'une était une vue prise directement sur na- ture, l’autre la reproduction d’une gravure sur cuivre : cette dernière a été parfaitement rendue. M. Frourexs présente, au nom de l’auteur, M. Murzer , un Mémoire im- primé sur l’anatomie et la physiologie du Branchiostoma lubricum, Costa (Amphioxus lanceolatus, Yarrel). Ce Mémoire est écrit en allemand et ac- compagné de nombreuses figures. Après avoir rappelé les divers travaux des zoologistes sur ce singulier poisson que Pallas avait considéré comme un mollusque, M. Muller en fait connaître les caractères extérieurs : il donne quelques détails sur le genre de vie de l'animal, sur les lieux dans lesquels on le trouve; puis il décrit, avec sa précision accoutumée, les organes actifs et passifs de la locomotion, le système nerveux, les appareils de la respiration, de la circulation , de la nutrition, de la reproduction, et enfin il discute la place que l'animal doit oc- cuper dans la série ichthyologique. 5 planches, comprenant 38 figures, don- nent tous les détails graphiques nécessaires à l'intelligence du texte. M. Frourens présente ensuite, également au nom de l'auteur, un opuscule. imprimé de M. Pusz , ayant pour titre : Observation d’anesthésie de la moitié gauche du corps sans paralysie du mouvement. L'abolition de la vue et du sens du goût était, de ce côté, aussi complète que celle de la sensibilité des té- guments communs. Mais, à ce dernier égard, le point de démarcation entre la partie insensible et la partie douée de sensibilité ne coïncidait pas toujours avec la ligue médiane du corps, et il était tantôt en deçà, tantôt en delà de la ligne moyenne. La narine du côté gauche était, à l'intérieur comme à l’exté- rieur, complétement insensible an chatouillement ; on ne fit pas d'expérience sur le sens de l'olfaction, non plus que sur celui de l’ouïe. Cependant M. Puel s'est rappelé qu'il était obligé de parler plus haut pour se faire entendre de { 919 ) la malade, et ainsi il est probable que l'audition était aussi partiellement abolie. ANATOMIE. — Sur le système fibreux et sur les nerfs de ce système découverts par M. S. Parrexuemn. (Extrait par l'auteur.) « ..... Il me semblait très-curieux que, d'une part, il fût connu que les maladies des tissus fibreux sont douloureuses, et que, d'autre part, quel- ques-uns seulement des tissus fibreux fussent regardés comme possédant des nerfs. On connaissait les nerfs que j'ai découverts dans la cornée transpa- rente ; ceux qui viennent dans la dure-mère du crâne, des cinquième et qua- trième paires; ceux que j'ai trouvés dans toutes les parties de la dure-mère du crâne et dans celles du commencement du rachis. Fontana en avait décrit dans le tendon du diaphragme, et d’autres parlaient de nerfs dans les pé- riostes. (Voyez Cruveilhier.) Comme les exceptions aux règles de la nature ne sont pas si fréquentes, du moins si contradictoires, j'ai été désireux de trouver les causes de ces dispositions anatomiques. Pour avoir une connaissance complète de cette partie de l'histiologie, il m'a fallu étudier tout ce qu’on a appelé jusqu’à présent tissus fibreux et tendi- neux, même les os, dont l'enveloppe est fibreuse. Dans ce but, j'ai soumis à mes recherches microscopiques toutes les parties périostiques, tous les ten- dons du corps humain, avec leurs gaînes, tous les ligaments chez l’homme et quelquesanimaux vertébrés, les boursesmuqueuses, la sclérotique, la cornée, la dure-mère, la pie-mère, l’arachnoïde , dans toutes leurs surfaces et dans tous les points de leur épaisseur; le péricarde, le péritoine, la membrane in- terne du cœur, les membranes propres du foie, des reins, des capsules sur- rénales, les vaisseaux déférents, les uretères, la vésicule biliaire avec tous les vaisseaux hépatiques, la rate, etc. Toutes ces parties ont été soumises aux études microscopiques dans l'état frais, et traitées par l’acide acétique, et les observations ont été ie plusieurs fois. » Voici les résultats que j'ai obtenus : Il existe, outre les terminaisons tendineuses des muscles qu'on ne peut pas nommer périostes, deux genres de périoste : l'un est nu, l’autre couvert. Le périoste nu est de deux espèces, l'un est double, l'autre simple. Le double est composé d'une membrane fondamentale, sous-jacente, qui est jointe im- médiatement aux os; elle est épaisse, bleuâtre, composée de fibres larges, que je nomme irritables, et qui ressemblent beaucoup aux fibres de la peau, et d'une membrane externe enveloppante, très-mince, composée de C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 44, 70 ( 520 ) £ fibres très-grêles , transparentes, un peu jaunes, de tissus cellulaire et élas- tique (1). Le périoste nu simple est très-ferme , incolore ; il consiste en de très-petites fibres, fermes, sans couleur, dont la nature tient le milieu entre le tissu irritable et le tissu élastique (2). Ces deux espèces ont beaucoup de vais- seaux sanguins. Le périoste couvert est lisse et ferme, placé entre les fibres musculaires et les os. C’est pour cela que je le nomme perioste musculaire. » Quant aux nerfs, j'en trouve toujours dans les deux espèces du périoste nu, et jamais dans le périoste musculaire. » La nature de ces nerfs est différente, sous le rapport anatomique et sous le rapport physiologique. Ainsi, d’une part, les fibres sont à bords dou- bles ou simples, sans noyaux ou avec noyaux. D'autre part, j'ai observé dans le bras que les nerfs cutanés donnent quelques petits ramuscules; j'ai observé également que dans le fémur, le nerf crural donne des rameaux très-considé- rables pour le périoste, et comme on sait que le nerf sympathique se mêle, chez les grenouilles, au nerf sciatique, il en résulte que ces nerfs ont une origine triple, sensible, motrice et organique, ce qui explique les sensations et les douleurs des tissus fibreux, la faculté motrice des vaisseaux sanguins et la vie organique. » Le trajet des nerfs est très-remarquable; car on voit que les nerfs ou en- veloppent , ou accompagnent toutes les artères et jamais les veines capillaires. Il suit de là qu'on trouve des nerfs dans toutes les parties qui possedent des artères, et jamais dans celles qui en sont dépourvues. Mais je dois remar- quer pourtant que je n'ai pas observé de nerfs dans toutes les artères capil- laires. » Les nerfs sont toujours au milieu du tissu cellulaire ; et, lorsqu'ils s'en- foncent dans les fibres irritables, on les trouve encore accompagnés du tissu cellulaire qui leur forme une sorte de gaîne. » Les organes fibreux dans lesquels j'ai observé des nerfs sont : « » 1°. Le périoste nu : deux espèces; » 2°. La plupart des ligaments ; » 3°, Quelques bourses muqueuses ; » 4°. Quelques tendons; » 5°. Quelques enveloppes de tendons; » 6°. La dure-mère du crâne et de la partie supérieure du rachis; » 7°. Toute la pie-mère de la moelle épinière, mais jamais l'arachnoïde ; (1) On le trouve dans les extrémités des os longs. (2) On le remarque dans la partie moyenne des os longs. ( bar ) » 8°. La cornée transparente; » 9°. Quelquefois la sclérotique, la choroïde ; » 10°. Les périostes des vertèbres, du rocher, de l'orbite, des mâchoires supérieure et inférieure, etc. ; » 11°. La glande thyroïde et le thymus; » 12°, Le tissu des poumons; » 13°. Le foieet la rate; » 14°. La vésicule biliaire ; » 15°. Les reins; » 16°. Le capsules surrénales (dans ces organes les nerfs offrent des corps ganglionnaires ); » 17°. Les vaisseaux hépatiques, les uretères et les conduits déférents ; » 18°. Le conduit pancréatique ; » 19°. L’enveloppe péritonéale de la matrice; » 20°. Les ligaments ronds de l'utérus, les trompes de Fallope, les liga- ments des ovaires (toutes ces parties, durant la grossesse, se montrent pour- vues de nerfs nombreux); » 21°. La tunique albuginée; » 22°, L'intérieur des testicules; » 23°, La surface extérieure du cœur et peut-être l'intérieur; » ‘249. Le périoste interne de quelques os; » 25°. Les gaînes de quelques nerfs. » Comme toutes les artères des organes indiqués sont enveloppées de nerfs, et comme on peut remarquer que parmi ces nerfs il en existe presque tou- jours quelques-uns avec des bords simples, il faut admettre que ces nerfs forment un système propre, auquel je donne le nom de système nerveux sanguin. » La quantité de ces nerfs ne dépend pas seulement de l'étendue des tissus fibreux, car j'ai observé qu'il existe des ligaments très-considérables qui ne possèdent pas beaucoup de nerfs, mais elle provient aussi d’autres causes. En général, la quantité diminue avec la grandeur des organes et des animaux, de manière que plus un ligament devient petit et est dépourvu d'artères, plus un périoste est mince; plus sa surface devient petite, pauvre d’artères, plus il est profond, plus il est mince, plus il s'approche des apo- physes cartilagineuses, plus il est dépourvu de la membrane externe enve- loppante et plus alors les nerfs diminuent. » Les terminaisons de ces nerfs sont toujours des anses. La formation de plexus n'est pas rare. 70. ( 520 ) »._ Pour juger si un nerf appartient à un organe, il faut observer la marche de la fibre dans le tissu lui-même. » La marche des nerfs est parallèle à la direction des fibres, elle est rare- ment transversale. » On ne trouve pas ces nerfs chez tous les animaux; aussi faut-il se tenir en garde pour les conclusions à tirer relativement à leurs fonctions. » Quoiqu'il ait été beaucoup question des nerfs des vaisseaux, je crois néanmoins être le premier qui les aie observés dans tout le corps humain, et qui aie proposé de les considérer comme un système propre. » Quant à l'application de cette découverte, elle me paraît être d'une très-grande importance pour la médecine. On s'explique les observations de M. Bouillaüd sur la complication de la péricardite avec les inflammations rhu- matismales des articulations , on comprend le siége du rhumatisme, on conçoit les sympathies des articulations, les douleurs des organes. On conçoit qu'il existe des différences entre les inflammations du périoste externe et celles du périoste interne, car il est très-rare que le périoste interne possède des nerfs. On conçoit que les maladies de ces nerfs aient une influence sur les artères. On s'explique comment, dans lamputation, il faut prendre garde de ne pas détruire les membranes périostiques, et comment les résultats de ces destruc- tions différeraient beaucoup selon que l'amputation aurait été pratiquée sur la partie moyenne des os ou aux extrémités. On voit, d’après cela, que, dans les inflammations des organes, il ne faut pas seulement appliquer la méthode anti-phlogistique, mais aussi la méthode anti-nerveuse. » Quant à l'influence de ces nerfs sur les tissus osseux, j'ai reconnu que, dans leur inflammation aiguë, le périoste s'épaissit, et se remplit de corps granuleux, mais que la structure et la vie des os restent intactes. Pour ce qui est de leur inflammation chronique, elle semble toujours jointe à l'inflam- mation des muscles, et après quelque temps elle amène le dépôt d’une nou- velle substance dans le périoste externe qui peut enfin entrer dans l'intérieur des os. Cette substance, que j'ai observée quelquefois dans le crâne et dans l'humérus, est composée de petits corps lamelleux qu'on nomme cellules à noyaux, et qui sont, pour la plupart, de matière fibrineuse. Il me semble que la maladie qu'on nomme sarcome n’a pas d'autre cause qu'une inflammation aiguë du périoste et des parties auxquelles il est uni. De même, le steatome et le fongus médullaire ne semblent être autre chose que les conséquences d'une inflammation très-aiguë d'une membrane fibreuse. Les maladies de la cornée transparente, qu'on nomme fongus hæmatode, fongus médullaire, mélanose, etc., appartiennent toutes à ce même genre d'alté- ( 523) ratious, et exigent au premier abord une thérapeutique non-seulement anti- phlogistique, mais aussi antinerveuse. D'après quelques observations que J'ai faites sur certaines productions morbides de la cornée, il est possible de les diminuer par l'emploi de l'électricité. Enfin le cancer du foie est de la même nature, c'est-à-dire une inflammation très-aiguë du tissu fibreux, etc. » Comme il serait inutile de nommer toutes les parties dont j'aï observé la structure, je ne parlerai que des principales. I. — Nerfs du périoste. » C'est dansla mâchoire inférieure et supérieure, et dans les faces anté- rieure et postérieure du fémur, qu'ils sont le plus nombreux; c'est dans les doigts des mains et des pieds qu'ils sont le plus rares. Ici, on les observe en plus grande quantité dans la partie dorsale, en plus petite quantité sur les côtés, et ils manquent dans la partie palmaire où les muscles s'insèrent, c'est-à-dire où existe le périoste, nommé par moi musculeux. Parmi les os plats, on observe ces nerfs en plus grande quantité dans l'épaule et les os du crâne, en plus petite dans le bassin et les côtes. Dans le périoste nu des os ronds, on les trouve aussi, mais pas en grande quantité. Puisque , dans les parties où les muscles s’insèrent, on ne trouve jamais de nerfs, les nerfs sont rares aussi dans le périoste nu, où une pression est facile, par exemple dans la partie inférieure de l'humérus. On trouve une grande richesse de petits rameaux dans le périoste du tibia, où j'ai découvert dans une surface, deux cents fibres primitives. On en remarque très-peu dans les extrémités du pé- roné. Dans quelques-uns des plus petits os, je n'en ai pas encore trouvé ; mais comme quelques parties ne possèdent guère qu’une ou deux fibres pri- mitives, il en échappe facilement ; néanmoins la nature du périoste est telle, qu'on peut assurer qu'il existe en lui des nerfs. La rotule en est très-riche. IT. — Nerfs des tendons. » Observés la première fois dans le diaphragme par Fontana, et plus tard aussi par moi; dans le tendon d'un muscle, par Purkinje; découverts depuis deux ans et demi par moi, dans les tendons du muscle biceps cervi- calis de tous les oiseaux, où l'on peut observer non-seulement leur origine à l'œil nu, mais aussi leur distribution dans les tendons. UT. — Nerfs des bourses muqueuses. » Observés une seule fois, le fléchisseur commun des doigts. IV. — Nerfs des vésicules séminales. » Observés chez les cochons d'Inde. ( 524) V. — Nerfs de la cornée transparente. » Voir les Archives d'Ammon et Walther. VI. — Nerfs de la dufe-mère ct de la pie-mére. » Voir mon Anatomie générale des yeux. » Toutes ces recherches seront publiées dans un prochain Mémoire, ainsi que mes observations sur les nerfs que j'ai trouvés dans presque tous les ligaments vrais du corps humain. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l'origine de l'oxygène exhalé par les plantes sous l'influence de la lumière. (Extrait d'une Lettre de M. Scaurrz à M. Flourens.) à « Depuis quelques années je me suis occupé d'expériences sur la nourri- ture des plantes, expériences qui m'ont conduit à une nouvelle découverte dont je vous prie, monsieur, de vouloir bien communiquer à l'Académie les résultats principaux. » D'après Ingenhousz et de Saussure, on croyait jusqu'ici que l'acide car- bonique était la vraie nourriture des plantes, que l’engrais devait être dissous en gaz acide carbonique, et que l'oxygène qu’exalent les plantes sous l'action de la lumière venait de la décomposition de l'acide carbonique. » Mes expériences m'ont appris que l'acide carbonique n'est presque pas décomposé par les plantes, que l’engrais et l'humus ne se dissolvent jamais en acide carbonique, et que tout l'oxygène qu'exhalent les plantes ne vient pas de l’acide carbonique, mais d’autres acides végétaux contenus naturellement dans les sucs des plantes; acides divers dans les diverses espèces ou genres, comme l'acide gallique, les acides malique, lactique, tartrique, citrique, etc. Si l'on met du feuillage vivant dans l’eau distillée ou bouillie, mélée avec + à £ pour 100 d’acide tartrique, ou lactique, ou malique, lesfeuilles donnent, sous l'action de la lumière, du gaz oxygène à mesure que ces acides disparaissent. Plus d'oxygène se développe encore si l’on présente aux plantes, au lieu des acides que nous venons de nommer, quelques-uns des sels acides qui en dérivent. Ainsi la crème de tartre ou la chaux ma- lique acide donnent beaucoup plus d'oxygène que les acides tartrique ou malique purs. Dans le petit-lait acide, les feuilles donnent beaucoup plus d'oxygène que dans l'acide lactique pur. De même, les acides minéraux, comme l'acide phosphorique, les acides sulfurique, nitrique, muriatique, mélés dans la proportion de £ à £ pour 100 à l’eau distillée ou bouillie, sont ( 525 ) décomposés par les feuilles, et à mesure qu'ils disparaissent, l’oxygène est exbalé , et le soufre, le phosphore, etc., sont assimilés. Dans l’eau sucrée, les feuilles exhalent de même de l'oxygène à mesure que le sucre est absorbé; mais cette absorption ne se fait que par le moyen d’une transformation du sucre hors de la plante, transformation qui résulte de l’action des racines ou des feuilles sur la solution environnante: le sucre de canne est transformé d’abord en sucre de raisin, puis en gomme d’amidon, et enfin en acides. C’est de la même manière que s'élabore l'extrait d'humus qui fournit aux plantes, après une série de transformations, une portion de l'oxygène qu'elles exhalent. Jamais, pendant l’action des plantes sur les matières nutri- tives, il ne se forme d'acide carbonique; jamais l’eau n'est décomposée. L'hy- drogène des matières végétales est déjà contenu dans les matières nutritives et dans les acides produits par elles. La décomposition des acides malique et lactique provenant de la crème de tartre et du petit-lait se fait avec une telle facilité par les feuilles, qu'il y a bientôt exhalation d’une certaine quantité d'oxygène, même par un ciel couvert. Une quantité de feuilles pesant une demi-once est capable de donner 8 à ro pouces cubes de gaz oxygène dans l'eau sucrée ou le petit-lait. 6 » Ainsi les plantes n'absorbent pas de gaz acide carbonique, mais des ma- tières extractives du sol après les avoir transformées, par l'effet digérant de leurs parties absorbantes, en gomme et en acides qui sont différents suivant les diverses plantes. De cette action digérante des plantes sur les matières nutritives environnantes dépend la faculté des feuilles de coaguler le lait, faculté connue des l'antiquité pour le cas du Galium verum et du figuier. J'ai reconnu que cette propriété, loin d'appartenir exclusivement aux feuilles des deux plantes que je viens de nommer, se retrouve dans les feuilles vi- vantes de toutes les plantes, et même dans leurs racines. Ainsi les racines du Daucus carotaet de l'Apium petroselinumrendent acide le lait aussi bien que le feraient les feuilles. Cet effet des parties vivantes de la plante sur le lait s'opère pourtant lentement, et la coagulation n'est pas produite sur-le-champ, quoique toujours plus tôt que si le.lait est abandonné à lui-même, et que le lait, en contact avec des racines ou des feuilles, commence à s’aci- difier. L'acidification du lait se fait par la décomposition du sucre de lait qui est transformé, par l'action des plantes, en acide lactique. » J'ai trouvé aussi qu’à l'ombre et pendant la nuit, les feuilles des plantes rendent du gaz hydrogène mélé ou avec l'oxygène, ou avec l'acide carbo- nique exhalé; mais il serait trop long de décrire ces expériences dans une Bettre. » ( 526 ) M. Guxow adresse, comme pièce à l'appui d'un Mémoire sur les Cagots des Pyrénées, qu'il avait soumis précédemment au jugement de l'Académie, une série de figures représentant la conformation de l'oreille, qu'il considère comme un caractère distinctif de la race. « Ce caractère, dit M. Guyon, consiste dans un arrondissement de l'oreille résultant de l'absence de lobule. Ma première communication n'était accompagnée que d'une seule figure , dont le sujet était une jeune fille de Saint-Jean-Pied-de-Port. Aujourd'hui je mets sousles yeux de l’Académie, six figures prises au hasard parmi lesCagots de diverses localités. . .. .. J'appelle de nouveau l'attention sur ce fait, que les Cagots, que je considere, avec plusieurs voyageurs, comme continuant les Goths dans les Pyrénées, appartiennent à une race de taille élevée et parfaitement conformée, et que le goître et le crétinisme, dont un grand nombre de Cagots sont entachés, ne tiennent qu'à la nature des localités habitées par ces derniers. Ainsi, des six sujets dont je présente les oreilles figurées , les deux premiers seuls étaient goîtrés, un avec atteinte de cré- tinisme, » M. Conway écrit pour réclamer la priorité sur M. Gaultier de Claubry relativement à « l'identité du typhus et de la fièvre typhoïde, » et sur M. Gou- raud relativement à « l'emploi de l'écorce de quinquina dans les fièvres per- nicieuses, » À l'appui de cette réclamation il demande l'ouverture d’un pa- quet cacheté qu'il avait déposé à la séance du 27 mai 1844. Ce paquet ouvert, on y trouve un certain nombre de-propositions dont nous reproduisons ici les deux premières, les seules qui paraissentavoir quelque rapport avec la ré- clamation. à « La fièvre typhoïde, le typhus, la petite vérole, la suette miliaire, la » rougeole, la scarlatine, les autres fièvres éruptives, les fièvres perni- » cieuses, les fièvres intermittentes, ont pour causes ou les miasmes ou le » contact des matières putrides. » Jetraite sûrement ces maladies, qui ont une origine à peu près identique, »._ par le quinquina (surtout en sirop) et les toniques amers; je donne ce mé- » dicament dans toutes les périodes, même dans celle d'incubation, et celle » dite inflammatoire, avec un grand succès, » M. Vezrrau, à l'occasion de la communication précédente, présente les remarques suivantes : « En annonçant l'autre jour l'ouvrage de M. Gouraud, en parlant de ceux qui préfèrent, dans quelques cas, le quinquina en substance au sulfate de (527) quinine, je n'ai point entendu donner ce fait comme une chose nouvelle, ni en accepter la responsabilité. C'était là l'opinion des médecins d'une foule de localités il y a vingt ans, et c’est encore la manière de voir d’un certain nombre de praticiens. Il n'y a donc pas lieu d'en faire l'objet d’une discus- sion de priorité aujourd'hui. » M. Perner, en adressant un opuscule quil vient de publier sur la mé- téorologie électrique, donne quelques détails relatifs à l'orage qui a traversé, le 9, la plaine de Ruelle et Nanterre. « Vers sept heures, dit l’auteur de la Lettre, je vis deux sillons parallèles s'élever du sol et se prolonger jusqu’à la nue; vus à 5 kilomètres de distance environ, ces deux sillons ne paraissaient être qu'à 4 mètres de distance l'un de l’autre. C'est la premiére fois que je vois s'élancer deux faisceaux électriques aussi puissants et aussi rapprochés... Dans l'orage qui vient de traverser Paris (9 septembre), il n’y a eu de remar- quable , ajoute M. Peltier, qu'un roulement continu qui a duré 0 minutes sans interruption. Un électromètre élevé indiquait les séries nombreuses de * décharges partielles qui produisaient le roulement continu. » M. Passor prie l'Académie de hâter le travail des Commissions à l'examen desquelles ont été renvoyées ses dernières communications. M. le Président invite de nouveau MM. les Commissaires à se prononcer sur la valeur des opinions soutenues par M. Passot. La séance est Levée à 5 heures. F. ERRAT 4. (Séance du 2 septembre 1844.) Page 454, dernière ligne de la septième colonne du tableau, au lieu de 1,6589, lisez 0 ,6589. Page 455, dernière ligne de la neuvième colonne du tableau, au lieu de 1,6589, lisez 0 ,6589. C.R., 1844, 2m Semestre (T. XIX, N° 11 ) qu (45289) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. [Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 10; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, ARaGO, CHE- VREUL, DUMAS, PELOUZE, BGUSSINGAULT et REGNAULT ; 3° série, tome XII; septembre 1844 ; in-8°. Annales des Sciences naturelles; par MM. MIE Epwarps, AD. BRON- GNIART et DECAISNE; août 1844 ; in-8°. Traité de la mécanique des Corps solides et du Calcul de l'effet des machines ; par M. Conous; 2° édit. Paris, 1844 ; in-4°. Gallia tum cisalpina tum transalpina ejusque in provincias descriptio circa tempora eversi per Occidentem Imperii romani; auctore C.-A. WALCKENAER ; une carte en une feuille, grand aigle, coloriée. Annales maritimes et coloniales ; par MM. BAJOT et POrRÉE; 29 année ; août 1844 ; in-8°. Quelques mots sur la structure de l'Ellébore fétide et sur l'évolution de ses or- ganes floraux ; par M. IsiboRE Dumas. Montpellier, 1844; in-4°. Quelques considérations sur la Sphère génitale moyenne de la femme et des femelles des Vertébrés ; par le même ; in-4°. Traité pratique de Photographie; par M. A. GAuUDIN ; 1 vol. in-8°. Compendium de Médecine pratique ; par MM. Monwerer et L. FLEURY; 21° livr.; in-8°. Exposé des travaux de la Société des Sciences médicales de la Moselle. Metz , 1843; in-8°. Nouvelles recherches sur le Traitement des maladies appelées Typhus , Fièvre typhoide, Petite Vérole, Rougeole, Scarlatine , Suette miliaire; par M. Cor- NAY; in-12. Observation d’ Anesthésie de la moitié gauche du corps, sans paralysie du mou- vement; par M. Puez; broch. in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; septembre 1844; in-8°. Annales de la propagation de la Foi; septembre 1844 ; in-80. Journal de Médecine; septembre 1844; in-8°. at ( 529 ) Le Mémorial. — Revue encyclopédique des Sciences; juillet 1844; in-8°. Mémoire sur la Série de LAGRANGE; par M. MENABREA. (Extrait des Me- moires de l’Académie des Sciences de Turin.) Tome VII ; in-4°. Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève. — Archives de l’ Élect ri cité; par M. DE LA RIVE; tome IV, n° 14; in-8°. Transactions of... Transactions de la Société philosophique de Cambr idge ; vol. VIIT, part. F' et II° ; in-4°. Cambridge, 1844. Uber 4 bau... Sur l'anatomie et la physiologie du Branchiostoma lubri- cum, Costa (Amphioxus lanceolatus, YaRREL); par M. Muicer. Berlin, 1844; in-8°, avec 5 planches gravées. Gazette médicale de Paris; n° 36; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n® 103 à 105; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 19 et 20. L’Expérience; n° 395; in-8°. ( 530 ) 9g1 + ‘‘°°""stou np ouuoiopg : ‘gi + 1199 ‘uw, gcotL *-in09 "Soja pIUo u9 NE | 1OOSZZOCAAZOZOZÉRZ OA a & © z Oro S £ Soc 10] '0'S ‘0 -O'S (0) ‘0 TAN V SIN AGE Ly oo soro À “AS POP IO CRT go‘iql g‘oi1+ OF OGL 1<61+|06‘oçL cor l6c<1c| ce ce Re os IgéIGET [géliHl6rtigll lotLiiLotigll |G‘oi-+içotrçi| 1e REED AR A I MER ne Sie CT eue à signe fe ll] 0e G 1 |cc°09 o‘Lr+|ol‘og Gui |ce 10 )I Pan ARS ul Léger] LttieNitu] foérchprtse] qu THAT RS TE A) US grélgll gtbitigliegl| [e‘grtlprtogel |6Lr+lçtoc| Li : 18 RAR da NIET | Gr 96" LçL Lit igr'lcL 6‘çi+|ÿeocl L'Yi+]69GGL| 91 RE Ni à AAuo0 PRE rate DCE g‘gr+|gr'eÿl r‘gr+|cç'Lyl c'or+|Lb‘oÿL| cr HA nr 0 dde" ÉD Go" pl 1‘gi+|cgt1ÿl L'çi+|po cpl 9<91+|pe‘oÿL| Vi AVE eNONE VE ER OA QESS O7 6‘L1+|ob‘oçL 1‘gr+|çot1GL g‘or+ Le içel €r RC M RON ARE R CE SS Gctoçgl| |LéGitlobéghll Iyilcb‘oit) lotgr+|L6 ge] cr Re DR ES nee DIRE rien g0'eçl otoz+|ço'ecl Gi l6*ccL Y‘çi+l69‘egl| 11 *BÉRE Bo CRE Eur PA EME T ie G‘or+ co GhL g‘or+ Ge‘ LyL 8 “gr lge et leurs aires sont a, Fr ds dss : : 1 , x — + d.—. Formons, sur deux lignes droites numériquement égales à ces Q aires et normales respectivement aux deux plans, un nouveau parallélo- gramme : son premier côté aura les projections X, Y, Z, et sa diagonale 4X, dY, dZ sur les trois axes, et son aire, YdZ — ZdY, ZdX — Xd%, XdY — YdX sur les trois plans. » Ces binômes reviennent à dx, dy, dz multipliés par un même tri- nôme Xd5x + Ydÿ y + Zdÿz. L'aire non projetée est ds5 ds p° Donc 1 ds° 3 VE 743 =. —= Xd5x + Nd y + Zdiz. 12 [A » Cette équation, qui donne, se démontre encore plus directement si : : 2 x Y Z l'on considère que d°x ee + dy + d°z we est la longueur de la per- pendiculaire abaissée du point M” sur le plan MM'M", et que, divisée par la ds À : DES: À " à longueur ds -— de la perpendiculaire abaissée du même point sur l'inter- P ; Ë { ds 4 seetion MM” des deux plans, elle doit donner le sinus — de leur petit angle. ; t » On verra (quatrième partie) que presque tout ce qui regarde les lignes , ul . . I I dans l’espace peut s'exprimer en fonction de -; —- p 19 ; Pre TNT DEUXIÈME PARTIE, — Considérations sur —, —- © » 5. Mais les géomètres sont loin d’être d’accord sur les dénominations à 5 # ; . . I I , imposer à ces deux affections principales = is d'une courbe : les uns les ap- pellent première et seconde courbure; les autres, en aussi grand nombre 74. (#550h) tout au moins, les appellent flexions, ou bien, déniant la qualité de cour- x I . 0 . 0 bure à = seulement, la nomment soit flexion , soit torsion de la courbe. 6. Ces dénominations flexion, torsion, me paraissent devoir être ex- clues; car elles appartiennent à la mécanique, et elles y désignent tout autre TEL x me R chose que -; -, et même que les changements de #randeur de ces quantités. que =» =, 3 q Je l'ai fait remarquer dans d’autres occasions (*) : une verge courbe peut être contenue latéralement, de manière que son axe ne change pas de place quand on la fait tourner sur elle-même, en sorte qu’elle peut éprouver des torsions sans que les angles de ses plans osculateurs varient, et ses fibres peuvent être inégalement étendues ou contractées de manière qu’elle éprouve l'effet appelé flexion, sans que les tangentes à son axe changent d’inclinaison mutuelle. » 11 faut donc d’autres dénominations. 7. Celle de courbure convient parfaitement à : - : 1 , ; ; » Mais celle de seconde courbure, pour; est repoussée par plusieurs géo- mètres pour des raisons assez bonnes : elle n'a nul rapport avec l'expression courbes à double courbure, comme l’entendait Clairaut. Sa seule forme s'op- pose à ce qu'elle puisse être regardée comme définitive; elle peut tromper, et faire chercher quelque chose qui n'existe pas. Je suis arrivé d'ailleurs, dans un problème, à un résultat singulier qui peut se reproduire dans d'autres cas; c’est une ligne droite, limite d'une suite d'hélices, et pour laquelle il faut supposer une grandeur finie à cette . I . . . . DD affection = arbitraire, en effet, et non nulle pour la ligne droite en général. Si on l’ appelait définitivement courbure, on serait en contradiction avec la définition des lignes courbes, car il faudrait quelquefois attribuer une cour- bure à une ligne droite. Cet inconvénient disparaîtra si l'on fait usage d’un mot scientifiquement nouveau, en supposant même que sa signification vul-- gaire soit analogue à celle de courbure. 8. Je propose donc, pour le mot cambrure. Il se dit plus, comme on sait, des surfaces que des lignes, et même, étymologiquement , il se rapporte - surtout aux surfaces formées en ployant un plan; en sorte qu'il convient (*) Comptes rendus, séances des 30 octobre 1843 et 1 juillet 1844. (551) bien à cette affection des courbes non planes qu'elles empruntent à la sur- face développable formée de l’ensemble de leurs éléments prolongés. Il est expressif, sans équivoque ni contradiction; sa symétrie avec le mot courbure, et sa brièveté, compensent, dans le discours, la rudesse de prononciation qu'on lui reprochera peut-être. » La ligne p sera, comme dans les courbes planes, le rayon de courbure. Celle : pourra être appelée de même le rayon de cambrure, car elle sert bien de rayon à certains cercles osculateurs de la surface en question et à la base circulaire d’un cône osculateur dont nous allons parler. » Je ne donne pas d'extrait de la troisième partie; plusieurs résultats de calculs donnés à cette partie, sont cités ci-après. QUATRIÈME PARTIE. — Autres théorèmes et formules. ; . ds 5 » 9. Angle de courbure et cambrures composées.— Soit — le petit angle que font les directions des rayons de courbure en M, M’. » Concevons trois éléments consécutifs MM’, MM”, M’M", le plan des deux premiers et le plan des deux derniers. Du point M’ menons trois droites, savoir: dans le premier plan, une perpendiculaire au premier élément; dans le second plan, une perpendiculaire au second élément; enfin, dans le premier plan, une perpendiculaire au second élément. Si ces droites ont des longueurs égales à l'unité, leurs extrémités forment un triangle rectangle 5 : os ds dont l'hypoténuse, comprise entre les deux premières, est —, et les deux A Û 2 ds ds côtés de l'angle droit sont < =; donc ds NS: ds? ri p° 2 » 10. Cône osculateur. — Le cône oblique, ayant pour sommet un point de la courbe donnée, pour apothême une longueur p de la tangente, et pour base perpendiculaire à l’'apothême un cercle d'un rayon , tangent au plan osculateur, est osculateur lui-même de la courbe et de la surface de ses tan- gentes. » A1. Droites rectifiantes.—L'axe de ce cône est une de ces droites, per- pendiculaires à la fois aux directions de deux rayons de courbure, qui con- stituent les génératrices de la surface rectifiante de Fancret. On a, pour (552) l'angle H que cette droite fait avec la tangente en M, tang H — à dé à WW mm de £ dy dz / » Et si X°,Y:,Z, représentent les binômes de d? AE HAE Gi dz }, de dr y) dz dx y dy CAC 2 : d'rd nt et = dd PR rl) > 00 à, pour les cosinus de ses angles avec les æ, y,2, prX grY prZ NET 2 ds’ FT Comme on a : dx dy 1 dz ds 3 44 3 3 Pa X'd on VE ET GE RE d® l'angle de deux droites rectifiantes consécutives est val = —=— dH pire: » A2. Aréte de rebroussement de la surface rectifiante. — Ë,n,6 étant les coordonnées du point où ces deux droites vont se rencontrer à la distance Ads pee ds sin 5 #/1 RÉ Re d on a p° x! p° d'a p° Z' E—x —— , ? - ? sd? ds al ds'a 127 v et l’élément de l'arête, répondant à ds, a pour longueur L ds Vi+f rer al 2 » 15. Surface gauche des rayons de courbure, et sa courbe de gorge ou de striction. Plus courte distance de deux rayons consécutifs. — Va petite perpendiculaire commune aux deux rayons, les rencontrant tous deux, NET Te Ar pi Tobin NV (553) et mesurant sa plus courte distance, a pour longueur Le = ds cos H; p v elle partage le rayon p, à partir du point M, en deux segments proportion- nels à +? et p?. 1 » L'ensemble de ces points, où chaque rayon passe le plus près du sui- vant, forme la courbe de gorge de cette surface; chacun d'eux est un centre de courbure de la surface rectifiante. Cette courbe coupe le rayon sous un d.p sin°H ds cos H _» 14. Surface gauche des normales aux plans osculateurs menées par les points de la courbe donnée. — Elle a pour gorge la courbe donnée même. C'est une surface réglée d'un genre en quelque sorte opposé aux surfaces développables ; car, dans celles-ci, les angles de la courbe de gorge et des génératrices sont tous nuls. 15. Sphère osculatrice. — Soient R le rayon, et E,n, & les coordon- nées du centre de la sphère qui a un contact du troisième ordre, avec la courbe donnée au point (x, y, z), on a angle fini dont la cotangente est pd £ HAN EMEA SCENE ANS ARTE Ame as Po Most opel dE ZE, et Fous Verte) # Æ En sorte qu'on a le centre de cette sphère en portant sur la droite polaire, à ù d partir du centre de courbure, une longueur _ 16. Lieu des centres des sphères osculatrices. — L'élément de cette courbe a pour longueur correspondante à celle ds de l'élément de la courbe d, donnée ; Eds + dE + » En sorte que ses rayons de courbure et de cambrure sont Et il n'est pas exact de dire qu'il y a réciprocité entre les deux affections de (554) cette courbe et celles de la courbe donnée. M. Transon en avait fait la re- marque. » A7. Lieu des centres de courbure. — La première partie fas de l'élé- ment du lieu des centres des sphères représente la projection, sur la droite polaire, de l'élément du lieu des centres de courbure : la longueur de ce der- à 12 R : À : : nier élément est = ds. La tangente à cette même courbe fait, avec la droite polaire, un angle égal à celui que fait le rayon de courbure avec le rayon de la sphère osculatrice, et elle va couper le prolongement de ce dernier rayon sous un angle dont le complément est double de celui-là. » A8. Démonstration géométrique de divers résultats de calcul. — Si, d'un même point, on tire deux droites parallèles respectivement aux rayons pv ds d. ds de courbure en M et en M, et si l’on porte sur elles des longueurs a - Ca p - Ë Css F : le parallélogramme de ces deux droites aura une aire ne et les trois projec- tions de cette aire sur les plans coordonnés seront X’,, Y’,, Z/;. Donc KA + a+ gs de Us) Par PHP Ÿ Le carré de la diagonale fournit (comme au n° 2) cette autre équation : dx\? dy\? dz\?2 ds\20 ds 0x I TES PSS A ae | ie (a à) ca (a 2) Fe (« %) (a !) pe G 5) Et si l'on prolonge deux côtés, de maniere à les rendre égaux à l'unité, on a, our le carré de la petite ligne de jonction des extrémités, P P ( J 2 2 2 2 pe : pd os S = 2 LE Le" 2 PEN ES EN PET (+2) Le carré de la diagonale du parallélogramme infinitésimal du n° 3 donne, de même, dsi\2 ds*\? AXE dN2 47 2— (à) —- (a®) ; v et si l’on en prolonge les côtés, de manière à les rendre égaux à l'unité, les projections, sur les trois axes, de la ligne de jonction des extrémités, donnent (555) ces équations : ds® . ds” ds? FA 4 t Les projections, sur les axes, des trois côtés du petit triangle rectangle du n° 9 donnent dx dy dz d—— enr AUS _&rx ds dx Pas LR A as las FRERES NES dir EN Les trois faces de la pyramide triangulaire, dont ce petit triangle est la base, ; QUES 4 1 p° donnent, étant projetées surles plans yz, zx,xy, donnent, en divisant par = LC ds? x. ES = (x 2 2), l'A Le = (3 is 2æ), A =} (z se Æ. p [7 r! T «2 Si l’on projette successivement la grande face sur chacune des deux autres, on obtient ces autres équations : ds° dx d dz ds’ XX, + VV, + Ze © RÉ SS RÉ En sorte que des considérations de projections fournissent l'interprétation géométrique d'une foule de formules relatives à la théorie des courbes dans l'espace. » VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Observations de météorologie, de magnétisme terrestre , de physique du globe, etc., faites durant la campagne de l'Érigone; par M. Deramarone. (Commissaires, MM. Arago, Duperrey. ) Les importantes recherches de M. Delamarche devant être très-pro- chainement l'objet d’un Rapport, nous nous contentons de les annoncer ici. A l’occasion de cette présentation, M. Araco rappelle qu'un des officiers qui ont le plus activement coopéré aux travaux scientifiques exécutés pen- dant la dernière campagne de l’Astrolabe et de la Zelée , M. Courvenr-Dss- sois, vient d'être grièvement blessé à l'attaque de Mopador. En raison de cette circonstance, et attendu que le Rapport sur l'ensemble des résultats C.R., 1844,2me Semestre, (T. XIX, N° 49.) 75 . (556) obtenus dans le cours de l'expédition ne pourra pas être lu très-prochaine- ment, M. Arago demande si l'Académie ne jugerait pas convenable de se faire rendre compte des travaux particuliers de cet officier et de lui témoi- gner ainsi tout l'intérêt qu'elle lui porte. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Recherches sur la série de Lagrange; par M. Co, Férix. (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) MÉCANIQUE CÉLESTE. — Mémoire sur la détermination de l'orbite des comètes dans des circonstances données; par M. An. Hopurr. (Adressé de Washington, Louisiane, États-Unis d'Amérique.) (Commissaires, MM. Mathieu, Laugier, Mauvais. ) M. Merum adresse de Monza un Mémoire écrit en italien, sur la prépa- ration des papiers de sûreté. (Renvoi à l’ancienne Commission des encres et papiers de sûreté.) M. Arimerr soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur un four aérotherme continu. Ce Mémoire est accompagné d'une figure et de divers documents destinés à prouver que l’auteur est le premier qui ait employé, pour la fabrication du pain, un appareil dans lequel la cuisson s'opérât en vertu de l'introduction dans le four d'air échauffé et non du rayonnement des parois, comme c'est le cas dans les fours ordinaires. ({ Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Francœur. ) M. Oun, curé de Bouron, soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur un nouveau système de chemins de fer, système qui, suivant l’auteur , doit mettre à l'abri des plus graves accidents auxquels expose ce mode de transport. (Commission des chemins de fer.) CORRESPONDANCE. M. le Mivisre 0e L'Acricucrure er pu Comuerce transmet le LAT° volume des Brevets d'invention expirés. ( Voir au Bulletin bibliographique. ) 3 < (557 ) ASTRONOMIE. — Les journaux quotidiens ayant commencé à s'occuper des recherches de M. Brssec sur les mouvements propres de Sirius et de Procyon, et sur les changements de latitude de Koœnigsberg , M. Arago a cru ne pouvoir plus se dispenser de communiquer à l'Académie ce que des amis d'outre-Rhin lui avaient transmis à ce sujet, sous le sceau du secret. Il serait inutile d'analyser aujourd'hui une communication qui reposait exclusi- vement sur des oui-dire, puisque dans peu de jours nous aurons dans les mains les Mémoires de l'illustre astronome prussien. ASTRONOMIE. — Rapprochements entre la seconde comète de 1844 et plusieurs anciennes comètes; par MM. Laucrer et Vicron Mauvais. « On trouve, dans le Catalogue général, plusieurs comètes dont les élé- ments ont quelque analogie avec ceux de la dernière comète; nous les avons réunies en un même tableau. COMÈTE DE. ..,...... 1678. | 1745. 1770. Passage au périhélie. . .... 1678,65 | 1743,03 1770 ,62 Distance périhélie.. ...... 1,2380 | 0,8380 0,6744 Longitude du périhélie. .. 327° 46’ 92°58 |.356° 15 Longitude du nœud...... 161.40 68.11 131.55 Inclinaison............. à 3.04 2.16 1.34 45400 Direct. Direct. Direct. » En comparant les instants du Passage au périhélie, on arrive, comme on le voit par le tableau suivant ; à une période de 02: PASSAGE : NOMBRE URE SÉqAe DIFFÉRENCE. ; 4 x RS. au périhélie. de révolutions. des révolutions, es 92,88 9,288 1743,03 1770,62 1844 ,67 64,38 9,197 27,59 9197 74,05 9,256 (558) » En recherchant, dans les Cométographies, les détails relatifs à ces dif- férentes comeètes, on trouve que celle de 1743 a été considérée, par M. Clausen et par plusieurs autres astronomes, comme pouvant être identique avec celle de 1819, dont voici les éléments : Passage au périhélie. . . . . . . . . 1819,91 Distance périhélie.. : . .. . . .. 0 ,8926 Longitude du périhélie. . . . . .. 67° 19 Longitude du nœud. . , . . . . . 77° 14! EnCLIRAISON FE eee te 9° 1 Sens du mouvement . . . . . . .. Direct » En introduisant cette comète dans la série précédente, on est conduit aux résultats suivants : PASSAGE ES NOMBRE DURÉE TE DIFFÉRENCE . >: >; ’ , au périhélie. de révolutions. des révolutions. 1585, 77 ans ans 188 Ë 1678,65 Sa 4644 64,38 4,599 Nat 27,59 4,596 1770,62 Le 49,29 4,929 4,952 1819,9r / © ,76 844,67 1 » Malgré la singulière concordance de cette série, il nous a semblé que les longitudes du périhélie des comètes de 1743 et 1819 étaient trop diffé- rentes pour qu'on pût, sans hésitation , considérer ces deux comètes comme identiques avec les autres. On sait, d’ailleurs, que les variations de cet élé* ment sont, en général, moins fortes que celles du nœud pour de petites inclinaisons : cette dernière considération permet d'admettre l'identité des autres éomètes de notre tableau, malgré les différences assez considérables que l'on remarque entre les longitudes des nœuds. Du reste, la suppression de ces deux comètes n’entraîne nullement le rejet de la période; les comètes de 1585, 1678, 1770 et 1844 suffisent à elles seules pour établir une série très-concordante (*). » (a) Nous avions communiqué ces rapports à M. Le Verrier, qui, depuis quelque temps, (559) ASTRONOMIE. — Vote sur les perturbations de plusieurs comètes ; par M. U.-J. Le Vernier. « Nous ne pouvons observer les comètes que dans un arc peu étendu de leur orbite, vers leur passage au périhélie. Elles ne sont point alors soumises à l’action perturbatrice des grosses planètes, ce qui rend leur théorie des plus simples. Toutes les observations se représentent par le mouvement dans une même section conique. Les éléments de l'orbite ainsi obtenue sont inscrits dans le catalogue des comètes ; et l’on a lieu d'espérer que cela suffira pour reconnaître l’astre , s’il vient un jour à reparaître. » Cependant, si dans l'intervalle de deux retours, la comète éprouve des perturbations notables, le catalogue deviendra incertain. Je me suis laissé engager, à ce sujet, dans des recherches fort étendues, et que j'espère pou- voir bientôt publier. Les nombreuses comètes découvertes depuis plusieurs années donneront à plusieurs parties de ce travail un intérêt immédiat. J'en extrais aujourd’hui quelques résultats, en me bornant à leur énoncé. » On satisfait aux observations de la comète de 1770, dans les limites de ‘leur exactitude, au moyen des éléments suivants. Je suppose que le jour com- mence à minuit. Demi-grand axe, 14 août 1770. . . . . . . . . 3,163384. Longitude de l’époque. . . . . . . . . . . . . 356° 166" Excentricité AN. 40... A, Up. 0,786839 Longitude du périhélie. . . . . . . . . . . . - 36° 16/27" DE NE SNEME CEE PP SEE LEE RS 1° 34/31” Longitude du nœud ascendant ; . . . . . .. 131°59/ 34” » Si, en partant de ces données, on calcule les perturbations que Jupiter a fait éprouver à la comète dans les années 1776, 1777, 1778, 1779 et 1780, on trouve que celle-ci, après être passée au delà de Jupiter à une distance égale à quatre fois la distance du quatrième satellite, a dû affecter autour du Soleil l'orbite elliptique dont les éléments sont les suivants : Durée de la révolution. . . . . . . . . . . .. en 92 Passage au périhélie. . . . . . . . . . . . .. 1844,38 Distance périhélie. . . . . . . . . .-. .0, MI 1,268 Longitude du périhélie. . . . . . . . . . ... 338°38. s'occupe spécialement des perturbations de la comète de 1770; nous avons appris, avec plaisir, que pour ce qui concerne cette dernière comète, le résultat de ses calculs était très- favorable à l'identité que nous avions admise. ( 560 ) » Toutes ces données vont à la comète de M. de Vico, pour laquelle la longitude du périhélie est de 342°30' et la distance périhélie est de 1,274. Les plans des orbites ne different, d’ailleurs, que de quantités fort miuimes. Gardons-nous bien, toutefois, d'en rien conclure sur l'identité des deux astres, avant de savoir si la nouvelle comète se meut dans une ellipse. C’est ce que nous ne pourrons tarder à connaître. Les observations se font à la lunette méridienne et au cercle mural. Dès qu'on ne parviendra point à y satisfaire avec la plus entière précision au moyen de la parabole, il faudra rejeter cette courbe. Un scrupule pourrait peutêtre encore ar- rêter les observateurs. Pendant tout le mois de septembre, la comète est à une distance de la Terre inférieure à 0,3. N’aura-t-on point à craindre que la première déviation observée, par rapport au mouvement parabolique, dé- viation qui sera nécessairement très-petite, ne provienne de l’action pertur- batrice de la Terre? Pour lever toute difficulté à cet égard, j'ai calculé rigoureusement les perturbations du rayon vecteur, de la longitude et de la latitude héliocentriques de la comète; et en partant du r* septembre 1844, j'ai trouvé les résultats suivants : 6 septembre... . Te 5 MIEL. » Les perturbations peuvent donc être négligées, pendant le mois de septembre, sans erreur appréciable sur les positions géocentriques de la co- mete; elles acquerront peut-être dans les mois d'octobre et de novembre une valeur sensible. Mais j'attendrai, pour les calculer, que le mouvement de la comète soit mieux connu. » ASTRONOMIE. — Première approximation des éléments elliptiques de la seconde comète de 184%; par M. Faye. « Les éléments paraboliques de M. Goujon , publiés dans un des numéros ( 561 ) du Compte rendu, montrent que cet astre parcourt une région de notre SyS- tème planétaire qui semble, plus particulièrement que les autres, consa- crée aux comètes à courte période : presque toutes celles qu'on a pu cal- culer dans l’ellipse se meuvent dans cette région, lieu des centres d'’at- traction secondaires les plus puissants, et comme leurs orbites sont peu excentriques ; le désaccord des observations avec l'hypothèse parabolique se fait bientôt sentir. Toutefois, ce désaccord est masqué, pendant un temps plus ou moins long, par l'imperfection même qui est ordinairement in- hérente aux observations cométaires, et l'on est obligé d'attendre que les observations extrêmes comprennent un arc assez étendu pour que l'influence des erreurs cesse d’être prédominante. Dans le cas actuel, les circonstances sont exceptionnellement favorables: la comète a pu être observée aux in- struments méridiens armés de pouvoirs amplifiants considérables, et son noyau brillant offrait un point de mire assuré. Aussi les observations que l'état du ciel a permis de faire jusqu'ici à l'Observatoire de Paris sont-elles d'une grande précision, et la confiance absolue qu'elles méritent autorise des tentatives qu'il eût autrement fallu remettre à nne époque plus éloignée. » Surles positions de la comète observées le 2, le 4 et le 7 septembre, cor- rigées de l’aberration et de la parallaxe à l’aide d’une premiere ébauche, j'ai calculé avec soin une orbite parabolique; le 10 septembre, c'est-à-dire trois jours après, cette orbite présentait déjà des erreurs dix-huit fois plus fortes que l'erreur probable d’une de nos observations. L'espoir que j'avais déjà conçu, d’après des analogies plus ou moins justes, d'arriver à une orbite elliptique peu excentrique et à période courte, se trouvait ainsi légitimé, et j'entrepris immédiatement le calcul sur les observations du 2, du 7 et du 10 septembre, en y appliquant la belle méthode de M. Gauss. Cette méthode a l'avantage d'être absolument indépendante de toute hypothèse sur la na- ture de la section conique que l’astre décrit dans son mouvement autour du Soleil, en sorte qu’elle ne donne que ce qui est virtuellement contenu dans les observations mêmes. Voici le résultat. de mes calculs : La seconde comète de 1844 décrit une ellipse peu excentrique ; le temps de sa révolution est de 5 ans 46 jours environ. Temps du passage au périhélie. de D oN | 2,59961 Longitude du périhélie.......... RCE NS 1202301307 Longitude du nœud ascendant. . ... mr ne ..... 6342/6507 Inclinaison. ..... ROUE HPPEertrE RDS LEA 2051/46" Ekcen Cite eme as eee ER deiecte le ssiorbie 0,6019600 Demi-grand axe...,........... LEADER bec GA 2,9710986 Distance périhélie. .......,................. 11026161 ( 562 ) » Les distances de la comète à la Terre ont varié de 0,186 à 0,197, depuis le 2 septembre jusqu'au 14. » Cette orbite représente parfaitement les positions qui ont servi de base au calcul ; mais comme les corrections préalables d’aberration et de parallaxe que je leur ai appliquées ont été déduites de l'orbite parabolique, ces cor- rections seront actuellement mieux déterminées par l'ellipse elle-même; et, pour en tenir compte, il faudra faire subir aux éléments une légère modifi- cation. Le 14, l'état du ciel a permis de faire une nouvelle observation mé- ridienne qui, comparée à l'ellipse actuelle, donne 4”,3 pour l'erreur en ascen- sion droite, et 8’,2 pour l'erreur en déclinaison. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une anomalie extraordinaire dans les marées - d'un point de la côte orientale d'Irlande. (Extrait d’une Lettre de M. Amy à M. Miller.) « …. Je vous prie de présenter mes meilleurs compliments à M. Arago, » et de l'informer que je viens de découvrir un lieu situé sur la côte orientale » d'Irlande où la marée solaire est plus grande que la marée lunaire, » quoique des deux côtés de cet endroit particulier la marée solaire soit ». (comme de coutume) plus petite que la marée lunaire. Ce lieu est près d'un » nœud et la place du nœud n’est pas la même pour la marée solaire et pour » la marée lunaire... » …… Une marée quarto-diurne qui se montre sensible dans ma discussion » de toutes les marées des environs, n’est pas influencée par ce nœud, et, » conséquemment , y devient, dans les circonstances ordinaires , le phéno- » mène le plus frappant. Tout considéré , c'est la chose la plus étrange que » j'aie jamais vue. Demandez à M. Arago s'il désire un court extrait de mon » travail pour les Comptes rendus. » MÉTÉOROLOGIE. — ÂMouveaux thermometres à déversement de M. Ari. (Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Regnault.) « Ces deux instruments accusent, le premier, toutes les variations de tem- pérature quand elle augmente; » Le deuxieme, toutes les variations de température quand elle diminue. » Quand on les renverse ils n'indiquent plus rien. » Pour les faire servir à la détermination destempératures dela mer, on les place dans un cylindre en cuivre bien fermé et on les descend à une profon- (563 ) deur déterminée. On attend qu'ils prennent la température de la couche où ils se trouvent, puis on les retourne et on les retire. » Si la température augmente depuis cette couche Jusqu'à la surface, il n'y a que le thermomètre à maximum qui laisse échapper du mercure, l'autre conserve l'apparence qu'il avait avant son immersion. » Si la température diminue d’abord au-dessus de la couche où a eu lieu le retournement et augmente ensuite jusqu’à la surface, on remarque, quand on a retiré les thermomètres, que le déversement du mercure s’est effectué dans les deux appareils. » La température de la couche inférieure est égale à celle de la surface de la mer, diminuée du nombre de degrés indiqué par le thermomètre à maxima et augmentée du nombre de degrés indiqué par le thermomètre à minima. » La variation de température de l'un ou l’autre instrument est estimée par la longueur de colonne qu'occupe dans le tube du thermomètre le mer- cure déversé. » Après une opération, le mercure déversé est ramené dans le réservoir d'où il s'était échappé. » ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Mémoire sur la mesure de la force nerveuse dé- veloppée par un courant électrique; par M. Cu. Marreucer. (Extrait par l'auteur.) « L'auteur s’est proposé, dans ce Mémoire, de résoudre le problème sui- vant : Une certaine quantité de zinc étant donnée, si l'on vient à l’em- ployer dans une pile, déterminer quel est le travail mécanique développé par une grenouille dont les nerfs lombaires sont parcourus par le courant qui est engendré par cette quantité donnée de zinc. » L'épine d'une grenouille récemment préparée est serrée dans une pince métallique; on attache aux deux pattes de la grenouille un cer- tain poids qui porte un index; une échelle, divisée en millimètres, est fixée verticalement à côté de l'index; enfin, une aiguille de platine est introduite dans les muscles du bassin de la grenouille, tout près de ses cuisses. Si l'on fait maintenant passer le courant par la pince et l'aiguille de platine, on verra la grenouille se contracter, soulever le poids à une certaine hauteur, dans un certain temps. En faisant passer ce courant à des intervalles de temps très-rapprochés, on a une suite de contractions ou d'efforts musculaires qui peuvent être mesurés, le poids soulevé, le temps employé et l'espace parcouru par ce poids étant donnés par l'ex- C. R., 1844, Me Semestre. (T. XIX, Ne 19.) 76 Ç 564 ) périence. Dans le même temps, un voltaïmètre, compris dans le circuit, donne la quantité d'électricité qui est passée, et par conséquent la quan- tité de zinc qui s’est dissoute. Il n’est pas difficile de se faire une idée de toutes les difficultés de l'expérience, et l'on trouve dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, toutes les précautions que j'ai employées. Il fallait principalement n’opérer qu'avec un courant dont l’inten- sité ne fût pas supérieure à celle qui excite dans la grenouille le maximum de la contraction dont elle est susceptible. En opérant dans ces conditions, j'ai trouvé que l'effort musculaire était réduit à moitié, si Le courant était diminué de moitié; à un tiers, si le courant était réduit à un tiers; et ainsi de suite. Voici maintenant les nombres auxquels je suis parvenu dans la résolution du problème que je me suis posé : 3 milligrammes de zinc, dissous dans une pile pendant vingt-quatre heures, produisent un courant qui, passant à travers les nerfs lombaires d’une grenouille récemment tuée, donne une quantité de travail exprimée par 5f%:,5419 dans le même temps. Si l'on compare maintenant cette quantité de travail à celle qu'on aurait obtenue en brûlant les 3 milligrammes de zinc ou l'équivalent de charbon sous une machine à vapeur, on aura o*%-,83/, nombre beaucoup moindre; de même, en faisant agir le courant dans une machine électro-magnétique, on n'aurait obtenu que 0*"%:,06. » Il en résulte donc que la meilleure condition pour faire produire le maxi- mum d'effet mécanique à un courant électrique, c’est de le faire agir sur les nerfs d'un animal. Trompé par des souvenirs, j'avais cru que les expériences de MM. Dulong et Despretz conduisaient à prouver que l’animal cède au ca- lorimètre moins de chaleur qu'il n'en développe par la respiration; j'avais alors pensé qu'on pouvait, d'une manière tout à fait hypothétique, s'expli- quer la force musculaire en admettant la transformation de l'électricité dé- veloppée par une partie des actions chimiques de la nutrition en force ner- veuse. Mais, comme c'est précisément le contraire qui résulte des expérien- ces de ces physiciens, l'application dont j'ai parlé dans le Mémoire inséré dans les Annales de Chimie et de Physique, 3° série, tome XI, ne peut avoir lieu. » L'importance de la recherche qui fait le sujet de ce Mémoire nr'a fait dé- sirer des appareils plus exacts que ceux que j'ai employés jusqu'ici dans mes expériences. J'ai eu pour cela recours à M. Breguet, dont la bonne volonté est inépuisable, et dont le talent est toujours à la hauteur des questions dif- ficiles qu'on lui propose. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les appa- reils que j'emploierai désormais. La première amélioration très-importante (565) apportée à mon instrument est celle d'une aiguille d'ivoire trèsmobile, qui est poussée par l'index mis en mouvement pendant la contraction: cette ai- guille reste en place pour marquer l'espace parcouru par l'index. Outre cela, avec trois pointes métalliques fixées à la base du poids soulevé, pointes qui plongent dans deux capsules de mercure avant que la contraction ait lieu, et cessent d'y plonger lorsque la contraction arrive, on parvient à déter- miner avec un compteur l'intervalle entre deux contractions successives. Un électro-aimant temporaire est introduit dans le circuit, et, par une disposi- tion très-simple, vient à heurter contre le bouton du compteur. Ainsi, lorsque le courant commence; le compteur marque ; mais alors la contraction a lieu ; le poids est soulevé, le circuit est interrompu; l’électro-aimant se détache ; la contraction finie, le poids retombe, le circuit est rétabli, le courant passe, l'électro-aimant agit et le compteur signe. La seconde contraction a lieu dans le même temps; le circuit est de nouveau interrompu ; ainsi de suite. Je “rapporterai ici une seule expérience faite avec M. Brepuet, pour nous assurer de la marche de l'appareil. En opérant successivement sur différentes gre- nouilles, nous avons trouvé que, pour les dix premières secondes, l’intervalle entre deux contractions était 0”,25 ; dans les dix secondes suivantes , cet in- tervalle devenait o”,33, et puis o”,41, 0,58. Ce résultat est dû uniquement à l’affaiblissement de l’animal et à l'action du courant. » Je n'ai voulu rapporter ici ces expériences que dans le seul but de faire connaître à l'Académie les améliorations très-importantes que J'ai pu apporter à mes appareils par le concours de M. Breguet. Je me propose de continuer ces recherches, qui me semblent de quelque intérêt pour la physique et la physiologie. » MÉTÉOROLOGIE. — ÜVote sur le phénomène des bandes polaires, observé Le 23 juin 1844; par M. J. Fourner. « MM. Arago et Laupier ont publié une intéressante Notice sur le phé- nomène des bandes polaires qu'ils ont eu occasion d'observer à Paris dans la soirée du dimanche 23 juin (1). Ayant été témoin du même fait à Con- drieu, sur les bords du Rhône, j'ai pensé qu'il ne serait pas sans impor- EE (1) La Notice de M. Arago est publiée dans les Comptes rendus, tome XVIII, page 1168; une erreur d'impression a substitué le chiffre 24 au chiffre 23 qui est la date réelle du phéno- mène, puisqu'il eut lieu le dimanche ; cette erreur n'existe d’ailleurs pas à la Table des matières, (Note de M. Fournet.) 76. ( 566 ) tance de faire ressortir l'extension remarquable que le météore a acquise dans cette circonstance, et je vais en même temps donner le détail des diverses influences sous lesquelles il m'a paru se développer. » Depuis le 21 juin 1844, dans notre pays, le temps fut généralement beau, sauf une faible pluie qui tomba dans la soirée du 22 juin: le ciel ne présentait que des cirrhi et des camuli plus ou moins nombreux ; la chaleur était forte, et le vent, qui variait du sud-ouest à l’ouest, prit graduellement de la force, au point de devenir très-intense dans la journée du 93 juin. Ce fut alors que je partis dans la matinée avec M. Pigeon, ingénieur des Mines, pour faire la traversée du Pila, de Rive-de-Gier à Pelnssin, » On n'aperçut d’abord que des cirrhi, mais vers 10 heures du matin, à l’ouest et à environ 35 degrés au-dessus de l'horizon, il s'établit un cumulus isolé, qui, à en juger par la disposition de ses terminaisons en balayures, semblait soumis à un vent d'ouest, malgré le sud violent qui régnait au bas. Ce flocon, affectant une remarquable immobilité, persistait dans sa place originaire, et, durant l'après-midi, il s'atlongea simplement, suivant sa di- rection primitive de l’ouest à l’est, tandis que d’autres cumuli s'aggloméraient sur ses flancs; finalement, toute la région du Pila se trouva couverte d'un stratus condensé, dont l'aspect sombre et menaçant promettait un orage prochain. Quelques gouttes commencèrent même à tomber, mais le calme qui succéda à la tempête du jour, ainsi que léclaircie périodique du soir, mirent fin à cette crise atmosphérique, et la masse nuageuse fut bientôt assez raréfiée pour se laisser colorer d'une manière intense par les rayons rouges du soleil couchant. » Aucun autre fait remarquable ne fixa notre attention pendant la durée du crépuscule; nous arrivämes d’ailleurs à la nuit tombante à Condrieu, et ce fut seulement à ro heures 25 minutes du soir que M. Pigeon m'engagea à sortir avec lui pour visiter les bateaux à vapeur qui stationnaient sur le port. C'est alors que nous fûmes témoins de cette magnifique structure nua- geuse qui a fixé l'attention de M. Arago à Paris. Des colonnes d’une blan- cheur et d'une uniformité remarquables, nettement séparées les unes des autres, régulièrement espacées sur toute l'étendue visible du ciel, s’éten- daient en travers du bassin du Rhône, La partie ouest, plongeant derrière le Pila, fut invisible pour nous; mais vers l’est, les bandes convergeaient du côté des Alpes, en un point que son éloignement, ainsi que la sondure ap- parente des colonnes, rendaient confus. On admet, d’ailleurs, que cette con- vergence est le résultat d'un effet de perspective, et qu'en réalité ces arcs sont autant de lignes droites. ( 567 ) » Nous continuâmes à observer ce singulier spectacle jusque vers minuit, sans remarquer aucune perturbation dans son arrangement ; le lendemain, à 4 heures 30 minutes du matin, le faisceau était disloqué, on ne voyait plus que quelques rares cumuli; mais l'influence des vents méridionaux et occi- dentaux n'étant pas annulée, des cirrhi irréguliers se rétablirent dans la ma- tinée ; ils passèrent vers midi à l'état de stratus blanc presque opaque poussé par le sud-ouest; la chaleur fut accablante (33 degrés centigrades); le ciel devint sombre au soir par un vent sud tempêtueux, et enfin dans la nuit eut lieu le. violent orage accompagné de grêle et d'éclairs sans tonnerre, à l'oc- casion duquel mon collègue, M. Bravais, a déjà publié une Notice dans les Comptes rendus, t. XIX, p. 240. » En résumant actuellement ces observations, ainsi que celles qui ont été faites à Paris par M. Arago, on voit que le phénomène des bandes polaires a acquis en ce jour un développement remarquable. De Paris il fut entrevu d'abord vers le sud-sud-est, direction qui coincide avec l'observation de Condrieu, où le nuage médian paraissait stationner au zénith, tandis que ses parallèles se développaient latéralement, tant au nord qu'au sud ; la dis- tance de Paris à Condrieu est d’ailleurs de 94 lieues de 25 au degré. » À Paris, MM. Arago et Laupgier aperçurent au sud-sud-est la naissance du méteore vers 8 heures 30 minutes, parce que de leur position éloignée ils pouvaient voir ce qui se passait au-dessus du nuage bas du Pila; il est encore à croire que l'agitation singulière des nuages observée par M. Arago était en connexion avec l'acte de la dissolution de ce stratus orageux infé- rieur. » Les arcs noirs vus de Paris étaient les portions de la voûte céleste in- termédiaires entre les colonnes blanches nuageuses; c'est du moins ce que nous vimes parfaitement à Condrieu, et l'intensité de leur teinte n’est pro- bablement qu'un simple effet de contraste produit par l'éclat assez vif des bandes polaires. » Une des colonnes latérales s'éleva graduellement depuis l'horizon sud jusqu'au zénith de Paris, et disparut après 9 heures du soir; on a vu précé- demment qu'a Condrieu il y eut un stationnement qui persista jusqu'apres minuit, en sorte que le point fondamental du météore peut être considéré comme placé au zénith de cette dernière localité. » L’aiguille aimantée n'ayant manifesté aucune perturbation, je suis porté à ne voir dans le phénomène autre chose qu'un arrangement des nuages, déterminé par le vent d'ouest supérieur, qui se combina plus tard avec le sud inférieur pour former le sud-ouest orageux dont nous fûmes assaillis dans ( 568 ) la nuit du 24 au 25; il me paraît, de plus, indubitable que le petit flocon de la matinée du 23 n'était autre chose que le rudiment de l’arrangement ré- gulier qui s’effectua dans la nuit. » Avant de terminer, je ferai encore observer que si mon collègue M. Bra- vais a eu de nombreuses occasions d'étudier le phénomène des bandes po- laires dans les régions boréales, elles ne seraient pas moins fréquentes dans nos contrées, et surtout dans le midi de la France, où, d'après M. Hénon, secrétaire de la Société d'agriculture de Lyon, ces apparences seraient con- nues sous le nom d’arcs de Saint-André. Ge que je puis affirmer à cet égard, c'est que je les ai vus se produire à plusieurs reprises dans mes excursions vers Valence, Marseille et Montpellier. Cependant on n’en tient pas compte, parce que le phénomène se présente souvent à l'état rudimentaire; mais quand on a acquis quelque habitude, on le reconnaît malgré ses imperfec- tions, et l'on observe alors que ces ares ne sont pas toujours formés par des zones continues, de manière à passer d'un côté du ciel à l’autre; ils surgis- sent fréquemment d'un point plus ou moins élevé au-dessus de l'horizon, pour se fondre peu à peu vers le zénith, en sorte que l'on n'a alors que des demi-arcs ; il arrive encore qu’en regard de la portion précédente, il se ma- nifeste un second point de convergence à l'état naissant, duquel émanent des branches dirigées vers celles qui aboutissent au zénith, mais sans les joindre; la lacune ne serait-elle pas occupée par des nuages diaphanes ? » Les arcs ne sont d’ailleurs pas toujours formés de nuages nettement li- mités et continus en forme de barres; ils sont plus souvent diffus comme des balayures; et dans d'autres circonstances, ils sont composés de flocons ar- roudis et alignés suivant des axes déterminés, à la manière des grains d'un chapelet. » Ces bandes polaires ont généralement une marche tres-lente; mais il est facile de s'assurer, à l'aide d'un peu de patience, qu’elles sont presque tou- jours poussées par un vent dirigé dans le sens de leur longueur, quelle qu'en soit d’ailleurs l'orientation; l'épithète de polaire ne doit donc pas étre prise par rapport aux points astronomiques du même nom, mais seulement par rapport aux points de convergence qui deviennent, en quelque sorte, de véritables pôles dont les arcs seraient les méridiens. » Quelquefois elles cheminent dans un sens perpendiculaire à leur lon- gueur, comme c'est probablement le cas pour l'arc apercu à Paris; mais je les crois saisies par un vent inférieur: cependant, en général, leur élévation est telle, qu'elles ne sont nullement affectées par ces derniers, et l'un des plus beaux exemples que je puisse citer à cet égard se manifesta au-dessus de Va- —— a ( 569 ) lence: un mistral violent régnait dans le bassin du Rhône pendant que le météore stationnait avec une remarquable impassibilité, en élançant ses ra- mifications depuis le zénith des montagnes de l'Ardèche jusqu’à celui de la plaine ; ajoutons que sa régularité était parfaite, puisqu'il ne fut composé que de demi-arcs. » Enfin, ces bandes polaires peuvent apparaître à toutes les heures de la Journée ; mais les plus belles et les plus symétriques se manifestent aux heures du matin et du soir, lorsque les effets de la chaleur solaire n'ont pas encore produit, ou bien ont cessé de produire les courants ascendants qui paraissent Jeter de la perturbation dans le phénomène. » Le rapprochement de la production des bandes polaires du 23 juin avec le violent orage qui assaillit Lyon dans la nuit suivante, m'a porté à faire quelques recherches dans mes registres d'observations, pour voir si la conco- mitance en question ne serait pas habituelle; mais jusqu’à présent je n'ai trouvé aucun résultat assez manifeste pour que cette indication pût mériter d’être suivie. Cependant il arrive assez souvent de voir les nuages affecter cette dis- position quand le temps se gâte, et mieux encore quand il tend à s'améliorer après plusieurs jours de pluie. » Note de M. Anraco. En communiquant à l'Académie.la Note intéressante de M. Fournet, M. Arago a cru devoir combattre une des conséquences que le physi- cien de Lyon a tirées de ses observations. On lit dans la Note : « Les » arcs noirs, vus à Paris, étaient les portions de la voûte céleste intermé- » diaires entre les colonnes blanches nuageuses. » A cela il conviendra de substituer : « Les arcs noirs, vus à Paris, n'étaient certainement pas les » portions de la voñte céleste intermédiaires ehtre les colonnes blanches » nuageuses. » Comment, dans un observatoire, avec tous les secours qu’on y trouve; comment, aidés de la lumière crépusculaire et de celle de la Lune; comment, après avoir étudié le phénomène avec le secours de lunettes et de plusieurs instruments de polarisation, deux astronomes se se- raient-ils mépris à ce point de confondre des éclaircies avec des nuages? La supposition n'est pas soutenable ; on pourrait même la qualifier de risible. Les arcs de Condrieu et ceux de Paris n’avaient rien de commun. Le phé- nomène des bandes polaires se montre fréquemment. Celui de Paris est très-rare, si même, tout considéré, il serait possible d'en citer un second exemple, ( 570) CHIMIE. — Swr de nouvelles combinaisons azotées du benzile ; par M. Auc. Laurexr. « En jetant un coup d'œil sur les nombreuses combinaisons de la chimie organique, on ne tarde pas à remarquer que les plus complexes, celles dont le poids atomique est le plus fort, sont, en général, azotées; tels sont les alcalis organiques, l'amygdaline, la fibrine, l'albumine, la caséine , etc. » Cette complication dépendrait-elle de la présence de l'azote? De quelle manière cet élément agit-il pour produire un semblable effet? » Les expériences que je vais rapporter, ainsi que celles que j'ai faites sur l'essence d'amandes amères et sur l’isatine, pourront peut-être jeter un peu de jour sur ces questions. » J'ai fait remarquer, il y a quelques années, que les chimistes emploient, eu général, pour modifier les substances organiques, des agents qui les font converger vers des combinaisons de plus en plus simples. Ces agents sont or- dinairement les corps oxydants, comme l'acide nitrique, qui enlèvent du carbone et de l'hydrogène; le chlore, qui s'empare de l'hydrogène, et qui, souvent, sous l'influence de l’eau, élimine du carbone; la potasse qui en sé- pare de l'acide carbonique; la chaleur qui les réduit en eau, acide carboni- que, oxyde de carbone, charbon, etc. » Il existe un réactif qui paraît jouer, dans beaucoup de cas, un rôle tout opposé, je veux parler de l'ammoniaque. Dans les pénibles recherches que J'ai entreprises sur l’action que cet alcali exerce sur certaines substances or- ganiques, J'ai presque toujours vu que, non-seulement avec un même corps, il peut donner naissance à un grand nombre de composés très-divers, mais qu'il possède encore la singulière propriété de les forcer à se grouper pour former des combinaisons très-compliquées. » Le groupement ne doit pas sa formation à la présence de l'azote, mais à la constitution de l’'ammoniaque. » En effet, cet alcali renfermant un nombre impair d'équivalents d’'hy- drogène, et l'équivalent de l'eau étant H*O?(”), il en résulte que, dans toute réaction entre l'oxygène et l'hydrogène, il doit se dégager une quantité d’eau qui renferme un nombre pair d’équivalents d'hydrogène. Or, en faisant agir l’ammoniaque sur une substance organique, s'il y a réduction, il doit se dé- gager H*O*? ou un multiple. La quantité d'ammoniaque nécessaire pour pro- (*) Germanpr, Précis de Chimie organique. ; ( 471 ) duire cet effet peut être H°Az?; dans ce cas il reste H? Az? dans le nouveau 4 s composé, ou bien H*Az*; alors il ne reste que Az’ dans celui-ci. L'azote pos- 4 4 , sède 2 équivalents Az? et Az° (*). Lorsque c’est l'équivalent Az° qui réagit, il a une tendance à revenir à l'équivalent normal Az? ou à un de ses mul- tiples. S'il y revient, la substance avec laquelle il est combiné se multiplie nécessairement par 3, c'est-à-dire que son poids atomique devient trois fois plus fort. Ainsi, dans certaines circonstances, lorsque lon fait agir l'ammo- uiaque sur l'essence d'amandes amères, il se forme de l'azoture de benzène , 4 4! C2H°, 0: + H'Az° = CH Az ° + HO; ; dans d’autres circonstances, 1l se forme de l'amarine, 2 3(cH%, 0° + H'Az°) — CH A2 + 3H 07. Quelle que soit la manière dont on voudra expliquer ces résultats, le fait de la complication des substances organiques (et même minérales), sous l’'in- fluence de l'ammoniaque, n'en est pas moins certain; et les expériences sui- vantes pourront nous aider à concevoir la formation des alcalis organiques, de l’albumine, de la fibrine, etc. » Lorsque l’on fait passer un courant de gaz ammoniac dans une dissolu- tion alcoolique de benzile, il se forme au moins quatre substances diffé- rentes. 2 » 1°. De l’imabenzile. — C'est une poudre blanche, composée de cris- taux microscopiques qui sont des prismes droits à base rhombe, terminés par deux facettes triangulaires. » Sa composition se représente par CSH’'A7 0!, elle se forme par la réunion de 2 équivalents de benzile sous l'influence de 1 équivalent d'ammoniaque, avec l'élimination d'eau 2C#HO° + H°Az: — C“H0:Az! + H‘O:. Beuzile. (*) J'ai cherché à démontrer, dans un autre Mémoire, que les atomes des chimistes ne sont pas indivisibles, mais formés d’éléments plus petits, dont le nombre et l’arrangement constituent les différents équivalents que présente un même corps simple. C.R., 1544, 2m€ Semestre. (T. XIX , N° 49.) 77 (572) » La potasse lui fait éprouver un changement isomérique et la trans- forme en un composé qui est aussi un des produits directs de l'action de l'ammoniaque sur le benzile; c'est : » 2°, Le benzilime, qui est composé d’aiguilles soyeuses, groupées en sphères et dont la composition doit peut-être se représenter par une formule. double de la précédente; alors on aurait 4C*H'°0*? + 2 H° Az? = C2 H' O' Az! 2 H' O2. » 30, Ether benzoïque. — Sa formation s'expliquera à l’aide du composé suivant. » 4°. Benzilam. — Cette substance cristallise en très-beaux prismes droits à base rectangulaire; la potasse et l'acide hydrochlorique sont sans action sur elle; sa composition se représente par C??* H° O? Az; elle se forme par la condensation de 8 équivalents de benzile; il se dégage en même temps de l'acide benzoïque, qui passe à l'état d’éther : 10 CH! 0° + 4 H° Az° = C°* H° O* Az + 2 CH 0 + 5H: O7. Ac. benzoïq. » M. Zinin, en faisant agir l’ammoniaque liquide et l'alcool sur le bemzile , a obtenu une substance cristallisée et de l’éther benzoïque. La formule qu'il lui attribue doit être changée, parce qu'il s’est servi de l’ancien poids ato- mique du carbone. On pourrait, avec le nouveau poids atomique , adopter la suivante C!55 H5° Az* O0; sa formation s'expliquerait ainsi : 10 C* HO? + 2H Az? — CH Azi O° + 4 C HO + H' O°. Avec les dernières portions de la distillation de l’essence d'amandes amères et l'ammoniaque, j'ai encore obtenu un nouveau corps, que je nommerai stilbazide ; sa composition se représente par C°° H?° O* Az°. On peut expli- quer sa formation de beaucoup de manières différentes; il faudrait connaître le corps qui lui a donné naissance. On pourrait avoir CS HO: + Hf Az: — CH Az: + H°0, CS H2° 05 + H° Az’ — C'° H° Az’ + H°O;, CHE Of + He Az° — C‘ H° Az + H° O0. etc. Avec l'essence d'amandes amères et l’'ammoniaque gazeuse, j'ai fait voir qu'il se forme un grand nombre de composés différents. En voulant re- prendre cette étude, j'ai encore découvert sept à huit nouveaux corps. Apres avoir perdu un temps considérable pour les isoler, j'ai été obligé d’aban- (573 ) donner ce travail, parce que j'ai vu que, sous l'influence des dissolvants les plus inactifs, comme l'alcool et l’éther, ils se métamorphosaient incessam- ment les uns dans les autres, et parce qu'il m'était impossible de reproduire les mêmes corps en opérant, en apparence, dans les mêmes circonstances. » Ne pourrait-on pas entrevoir la possibilité de former les merveilleux composés que MM. Liebig et Wôbler ont obtenus avec l'acide urique, en employant des procédés semblables aux précédents? L’allantoine ne se for- merait-elle pas, dans l'économie animale, d'une manière analogue? » Pour mieux en faire voir la possibilité, je rappellerai les réactions va- riées que J'ai produites en mettant l'isatine en contact avec l’ammoniaque : SAUT CR C'’Az:H'"O:, Isatite d’ammonium. . . . . .. CAz:H"O' + H°Az:, Isatinate d’ammonium.. . . . . C**Az:H"O + HSAz + HO: Ismide PEN RNA C#Az:H'O' + H°Az — H‘O’, Autre isimide.n.. 20. eu 2C*#Az:H°Of+ HSAz — H'O:, TSANNAE NE e Plate lle teen 2C*Az:H"0' + 2H° Az — H‘0!, Acide isamique. . . . . . . . . 2C?Az:H'O' + H°Az!, Isamate d’ammonium. . . . . . 2C*Az:H"O4 + 2 H°A:, Autre isimide. . . . . . . . « . 3C7AzH°O' + 2H°Az: — H'04, Onsalners 474220 hr 14 GC Az’H'0' + 5 H° Az — HO: » La formation des produits de l'acide urique pourrait se faire à l’aide de l'acide oxalique et de l'ammoniaque; on aurait Acide oxalique. . . . . . . CIO! Oxalate d’ammoniaque. . . . . (C‘0*° + H°Az: + H°’0, Oxalate acide d’ammoniaque. . . 2C0° + H°Az: + H‘0!, Acide oxamique. . . . . . . . . 2C'0° + H°Az!, Oxamate d'ammonium. . . .. 2C*0° + 2H°Az:, OX EE RTS 2C0° + 2H°Az° — H‘0?, Acide alloxanique. . . . . . . . 2C‘O: + H°Az — H°0, Alloxanate d’ammonium. . . .. 2C0* + 2H°Az’ — H°0, Allan tOInE: 2-18 RTL. 2C'0: + 2H°Az? — H°O:, AIIOxANE- ES Ce 4 C0: + 2H°Az — H‘0?, Acide thionurique. . . . . . . . 4C'0: + 3H°Az — HO‘ + 2S0!, Acide mycomélinique.. . . . .. 8C:0: + 8H°Az — HO". » On sait avec quelle facilité les produits de l'acide urique passent les uns dans les autres, et se transforment en acide oxalique. » Une variété de guano ne m'a donné, à l'analyse, que des traces d'acide urique ,.et 25 à 30 pour 100 d'oxalate d'ammoniaque. » (574) CIE. — Vote sur la créosote ; par M. Auc. Laurenr. « La créosote a tant de rapports avec l'acide phénique, qu'il est difficile de distinguer ces deux substances l’une de l’autre. J'ai voulu voir s'il y avait aussi des rapports entre elles dans leur constitution intime, si le noyau phé- nique existait encore dans la créosote. Pour cela, j'ai traité celle-ci par le chlorate de potasse et l'acide hydrochlorique, et j'ai obtenu une matière jaune cristaliisée en paillettes; c'était l'oxychloride phénique, ou le chloranil. » Plusieurs chimistes ont étudié l’action que l'acide nitrique exerce sur la créosote. [ls ont constamment obtenu une résine brune, dont on n'a pu retirer aucun produit défini. » En reprenant ce sujet, j'ai vu qu'il se formait plusieurs acides et une matière brune. Parmi les premiers on rencontre les acides oxalique, nitrophé- nisique, et deux acides cristallisés nitrogénés. » Les chimistes qui voudraient exaininer ces produits pourront opérer de la manière suivante : » La créosote devra être attaquée par l'acide nitrique faible. La résine brune, bien lavée, sera traitée par l'ammoniaque, et le résinate ammonique sera dissous dans l'alcool bouillant. La dissolution, abandonnée à une évaporation spontanée dans une capsule, donnera des sels ammoniacaux cristallisés, peu solubles dans l'eau et dans l'alcool. L'eau mére, incristallisable, sera précipitée par l'acide nitrique; la résine sera traitée de nouveau par cet acide bouillant, puis par l'ammoniaque et l'alcool. On répétera le même traitement jusqu’à ce que la résine ait disparu. » Les dépôts cristallisés seront repris successivement par l'eau, pour subir une seconde cristallisation. On les décomposera par l'acide nitrique, qui donnera des précipités d'acides nitrophénisique et créosotiques. On repren- dra ces précipités par l'alcool bouillant, et par le refroidissement on les ob- tiendra cristallisés. » l'acide nitrophénisique donnera des prismes à six pans terminés par des sommets octaédriques. » Les acides créosotiques se présenteront, l’un , sous la forme de lamelles jaunes allongées, l'autre, sous celle de petites aiguilles jaunes. On obtien- dra sans doute d’autres composés en faisant varier l'action de l'acide ni- trique. » ( 575 ) CHIMIE ORGANIQUE. — ÂVote sur l'asparagine ; par M. R. Pr. « Vers la fin de l'hiver passé, M. le docteur Menici, pharmacien très-habile de Pise, me remit une matière cristallisée qu'il venait d'extraire des vesces étiolées, en me priant de l'exariner et d’en déterminer la nature par l'ana- lyse. Cet échantillon ne me parut pas assez pur pour être soumis à l'analyse ; la faible quantité de matière dont je pouvais disposer se prétant d’ailleurs mal à une purification convenable, j'ai pris le parti de préparer moi-même cette substance, afin de pouvoir la soumettre à un examen approfondi. » J'aisemé environ 5 kilogr. de graines dans une chambre fermée, dont le sol était couvert de terre végétale. La germination eut lieu à l'abri de la lumière, et les plantes s'élevèrent bientôt à £ mètre environ. Ayant alors récolté ces plantes, j'en ai exprimé le jus et je l'ai soumis à l'évaporation ; j'ai observé tout d’abord la coagulation d'une grande quantité d’albumine ; le liquide rap- proché, abandonné à lui-même, a déposé une assez grande masse de cris- taux de la substance en question. Les eaux mères évaporées ont fourni une nouvelle cristallisation. La matière brute avait une couleur brune et pesait environ 240 grammes. Purifiée par des cristallisations réitérées, et à l’aide du charbon animal, cette matière a fourni, en définitive, 150 grammes d'une matière blanche parfaitement cristallisée, sous forme de prismes volumineux semblables à ceux du sucre candi. » Les caractères de ce corps, et surtout la facilité avec laquelle il dégage de l'ammoniaque, sous l'influence des alcalis, m'avaient tout d’abord fait soupçonner son identité avec l'asparagine. L'analyse a confirmé cette préci- sion. J'ai obtenu en effet : (CENT ETIONS PRE EENE at 31,60 Hydrogène. . : . . . . . SR D 6,85 INA NENEE ARRETE 42,54 Oxygène. . de OO MEN de 18,80 » La pureté du produit ainsi obtenu, son abondance et la simplicité du procédé d'extraction me font croire que dorénavant la méthode de prépa- ration que Je viens de rapporter sera adoptée par les chimistes, comme pré- férable à toute autre. Indépendamment de la découverte de cette nouvelle source d’asparagine, il y a des questions importantes de physiologie chimique qui se rattachent à l'expérience que je viens de rapporter. On peut se de- mander, 1° si l'absence de la lumière est une condition indispensable à la production de l'asparagine; 2° si l’asparagine préexiste dans les graines, ou ( 576 ) bien si elle se produit dans l'acte de la germination; 3° enfin quel est le rôle que l’asparagine est appelée à jouer dans l’économie de la plante. » C’est dans l'espoir de jeter quelque jour sur ces questions, que je me suis livré à des recherches dont les principaux résultats font l’objet de cette Note. J'ai traité, par un procédé analogue à celui,qui a été décrit, des graines et des vesces provenant de la germination de celles-ci, sous l'influence de la lu- mière. Les graines ne m'ont pas fourni la moindre trace d’asparagine; les plantes m'en ont, au contraire, fourni abondamment. Enfin j'ai soumis au même traitement des vesces récoltées à l'époque de la floraison et de la fruc- tification; mais la liqueur, même très-concentrée, n'a pas fourni de cristaux ; seulement, à une certaine époque de l’évaporation, il s'est formé un dépôt abondant d'un sel de chaux dont l'acide m'a paru nouveau. On peut donc conclure que les graines des vesces ne renferment pas d'asparagine, et que cette matière se développe dans l’acte de la germination, soit à la lumière, soit dans l'obscurité, pour disparaître de nouveau à l'époque de la floraison de la plante. » La production de l'asparagine dans l'obscurité prouve que cette ma- tière n'emprunte pas ses éléments à l'atmosphère, comme cela arrive pour tant d’autres produits qui prennent naissance au sein des végétaux sous l'in- fluence de la lumière. Il est donc probable qu'il existe, dans les graines en question, une matière azotée (peut-être de la caséine) qui se transforme en asparagine et en autres produits pendant la germination. » Guidé par ces vues, j'ai entrepris des recherches comparatives sur la composition des graines et des plantes qui en proviennent à diverses époques de leur développement. Je ferai connaître les résultats de mes expériences aussitôt qu'elles seront terminées ; je publie pour le moment les principaux faits observés , pour prendre date. » L'asparagine, lorsqu'elle n'est pas douée d’une pureté parfaite, ne tarde pas à s’altérer au sein de sa dissolution aqueuse ; au bout de quelques jours, il s'établit dans la liqueur une espèce de fermentation qui entraîne la décompo- sition totale de l’asparagine, La surface du liquide se couvre de moisissures, et la liqueur exhale l'odeur insupportable des matières purulentes en décom- position. Le même mode d'altération se manifeste lorsqu'on ajoute à une dissolution d’asparagine pure une certaine quantité du jus extrait de la plante. Dans tous les cas, au bout de quelques jours la totalité de l’asparagine a dis- paru, et, chose remarquable ! à sa place on trouve du succinate d'ammoniaque. ». Ge dernier fait m'a paru assez important pour être confirmé par l'analyse. J'ai préparé une nouvelle quantité de succinate d’ammoniaque par le même ( 577 ) procédé et sur une plus grande échelle; je l'ai transformé ensuite en succinate e . de plomb: celui-ci, décomposé par l'hydrogène sulfuré, m'a donné une liqueur d’où j'ai extrait l’acide succinique, pur et cristallisé. L'analyse a donné : Trouvé. Calculé. 1. IL. Carbone... 40,27 40,4 40,67 Hydrogène. 5,28, 5,1 5,08 Oxygène... 54,45 54,5 54,25 » Pour expliquer la transformation de l'asparagine enssuccinate d’ammo- niaque, on pourrait supposer la préexistence de l'acide succinique dans l'as- paragine et sa production par un dédoublement provoqué par la fermenta- tion ; mais cette manière de voir me paraît peu probable. Je crois plutôt que l'asparagine cristallisée dont la formule ne diffère de celle du succinate d’am- moniaque que par 2 équivalents d'hydrogène, enlève cet hydrogène aux matières en putréfaction, en vertu d'une action analogue à la transformation de l'indigo bleu en indigo blanc sous l'influence réductive des matières orga- niques en putréfaction dans la cuve de pastel. » J'espère, au surplus, résoudre cette question par des expériences directes. » CHIMIE. — Recherches sur les éthers chlorés; par M. Maracurr. « En attendant que la seconde partie de mes recherches sur les éthers chlorés soit terminée, et que je puisse présenter à l'Académie un Mémoire complet sur ce sujet, je prends la liberté de lui rendre compte de la pre- mière partie de mon travail, à laquelle je crois n’avoir plus rien à ajouter. » L'éther sulfurique change son hydrogène pour du chlore: ce fait a été constaté par M. Regnault ; mais quelquefois, sous l'influence de la lumière d'été, l'éther se transforme en sesquichlorure de carbone de M. Faraday. Abs- traction faite des influences qui amènent cette transformation anormale de l’éther, je me suis demandé comment cette transformation s'effectue. Est-ce par une élimination pure et simple d’oxygène?.…. Sous quelle forme l'oxygène sen va-t-il”... Se forme-t-il deux ou plusieurs corps complémentaires? etc….. J'ai constaté que, dans le cas où l’éther sulfurique se transforme en sesquichlorure de carbone, cela a lieu par suite d’un dédoublement, et que le sesquichlorure de carbone est toujours accompagné proportionnellement par un nouveau corps complémentaire, liquide, volatil , fumant, bouillant entre 100 et 105 degrés centigrades, d'une odeur suffocante et insuppor- table, neutre, tachant la peau en blanc et la cautérisant à la longue. Ce li- ( 578 ) quide a la composition de l'aldéhyde, avec cette différence qu'il contient du chlore au lieu d'hydrogène; c'est à cause de sa composition et de ses pro- priétés chimiques que je l'appelle aldéhyde chloré = CCI O®. » L'aldéhyde chloré, versé dans l’eau , tombe au fond comme une huile éthérée, mais peu à peu il se dissout, en se décomposant, en acide chloracé- tique et en acide chlorhyärique, CCI‘ 0° + 2H0 — C:CI HO‘ + HCI. L'aldéhyde chloré, mis en contact avec l'alcool absolu, développe une grande élévation de température, et il y a formation d'éther chloracétique et d'acide chlorhydrique , C!CL 0? + C'H° 0° = CCE H° 0' + HCI. La production simultanée du sesquichlorure de cârbone et de l'aldéhyde chloré est expliquée par l'équation suivante, en supposant un dédoublement de l'éther perchloré, CCE, 2CCF O0 — con CiCrO:. » L'éther perchloré, exposé à une température de + 300 degrés envi- ron , se décompose, d'une manière très-nette, en sesquichlorure de carbone et en aldéhyde chloré. La théorie indique, pour 100 parties d'éther perchloré, 56,54 de sesquichlorure; l'expérience a donné 56,71. » En traitant par l’eau le produit brut de la décomposition ignée de l’éther perchloré, on a, d'un côté, du sesquichlorure de carbone, et, d'un autre côté, de l'acide chloracétique; on voit que rien v’est plus facile que la pré- paration de l'acide chloracétique. Que l'on traite l'éther sulfurique par du chlore sous l'influence de la lumière directe: si l’on obtient de l’éther per- chloré, on n'a qu'à distiller ce produit, traiter par de l'eau le produit de la distillation. D'après la théorie on obtiendra, pour 100 grammes d'éther per- chloré, 39 grammes d'acide chloracétique cristallisé; si, au contraire, on ob- tient du sesquichlorure de carbone, on n'a qu'à expulser le chlore en excès, traiter par l’eau le produit brut, pour obtenir une dissolution d'acide chlor- acétique et d'acide chlorhydrique , tous les autres produits bruts étant inso- lubles dans l’eau. Par l’action du vide, en présence d’acide sulfurique et de potasse, on obtiendra une belle cristallisation d’acide chloracétique. » Le potassium agit sur l'éther perchloré avec une violence extrême ; mais cela n'a lieu qu'à une température voisine de celle de sa décomposition. io ( 579 ) » Le chlore, le gaz ammoniac, les acides azotique et chlorhydrique sont sans action sur l'éther perchloré. » L’acide sulfurique agit avec une lenteur extrême, mais d'une manière remarquable ; à +240 degrés, il y a dégagement des vapeurs qui, condensées dans l'eau, produisent une dissolntion d'acide chloracétique , sulfurique et chlorhydrique. La théorie indique la réaction suivante : C'CEO + SHO' — CCI 0: + HCI + SO:. » L'éther perchloré, soumis à l'action du monosulfure de potassium, perd deux molécules de chlore, et il se forme un nouveau corps que j'appelle chloroxéthose, dont la composition est celle de l'éther perchloré, moins deux molécules de chlore — CC 0. » Le chloroxéthose est liquide, limpide, rappelant tant soit peu, par son odeur, la Spiræa ulmaria ; sa densité, déterminée à +21°, est égale à 1,654. ILentre en ébullition à +210 en se colorant un peu; il se conserve très-bien sous l'eau, mais point à l'air. » Sa formation est expliquée d'une manière très-simple : CCE O + 2SK — CCF O + 2CIK + 2$. » Le chloroxéthose, exposé dans une atmosphère de chlore à l’action de la lumière directe, se transforme de nouveau en éther perchloré; c'est par cette propriété si nette, et par beaucoup d'autres, que, dans mon Mémoire, jappellerai l’éther perchloré chlorure de chloroxéthose. » Le chloroxéthose, exposé à la lumière directe dans une atmosphère de chlore, sous une couche d’eau, se transforme de nouveau en éther perchloré, avec production d'acide chloracétique et d'acide chlorhydrique. Tout porte à faire croire que, dans ce cas, la formation de l’éther chloracétique est due à l’action de l’eau sur une portion de l'éther perchloré naissant, CCE O + 3H0 — CCE HO: + 2HCI. C'est ainsi que se comporte le chlorure de carbone ou chloréthose C*C/', lorsqu'on le met dans les mêmes conditions. Il résulte des expériences de M. Kolbe, de Marbourg, qu'il se forme du sesquichlorure de carbone et de l'acide chloracétique. » Le chloroxétose, mélé à du brome et exposé à la lumière solaire, se solidifie et prend la même forme géométrique de l’éther perchloré. La den- sité de ce nouveau corps, déterminée à + 18°, est égale à 2,500; il fond à +96 et se décompose à +180. L'analyse conduit à cette formule C*CF OBr?. C. R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 42) 78 ( 580 ) J'appelle ce nouveau corps bromure de chloroxéthose ou éther perchloro- brome. » C'est encore ainsi que le chlorure de carbone C*CF, ou chloréthose, se comporte lorsqu'on lexpose, avec du brome, à la lumière directe; il cris- tallise presque instantanément et donne naissance à un corps ayant la même forme cristalline que le sesquichlorure de carbone de Faraday, d'une densité égale à 2,3, à la température de + 21°, se volatilisant vers 100 et se décom- posant à 200 environ. Sa composition peut être représentée par C* CI* Br?. Je l'appelle bromure de chloréthose. » Ces deux nouveaux bromures se comportent d'une manière identique quand on les expose à une température élevée; c'est-à-dire qu'ils se décom- posent, l'un en chloroxéthose et brome, l’autre en chloréthose et brome. Ils se comportent également de la même manière lorsqu'on les soumet à l'ac- tion des sulfures alcalins: dans un cas, le chloroxéthose, et, dans l’autre cas, le chloréthose, sont mis en liberté. » L'analogie incontestable entre l'éther perchlorobromé et l'éther per- chloré me fait croire que le résultat de la décomposition ignée de ce der- nier corps est le produit d'une action secondaire, car je ne puis pas conce- voir que deux corps de constitution identique, soumis à la même action, donnent des résultats profondément différents. Je pense que l'éther per- chloré donne, par la voie ignée, du sesquichlorure de carbone et de l'al- déhyde chloré, par suite de l'action du chlore sur le chloroxéthose, qui se trouve, à l’état naissant, à la température de + 300 degrés, c'est-à-dire à 90 degrés environ au-dessus de son point d'ébullition. » Du reste, rien ne s'oppose théoriquement à concevoir cette réaction se- condaire : C:CFO + CE, C: CI‘ CF sesquichlorure de carbone, C:CFO + CF, C‘CIO? aldéhyde chloré. » Il n'en est plus de même de l’éther perchlorobromé, car ce corps se décomposant à + 180°, le chloroxéthose et le chlore, tous les deux à l'état naissant, se trouvent en présence à une température inférieure de 30 degrés au point d’ébullition de l'un d'eux. » Si l'on se rappelle tout ce qui a trait à l'histoire chimique du sesqui- chlorure de carbone de Faraday C*CI°, et au chlorure de carbone C* Cl", qui en est le radical, on trouvera une analogie frappante entre ces deux corps et l’éther perchloré G*CFO et son radical, le chloroxéthose CCF O. » Par suite des expériences de M. Regnault, les chimistes considèrent le ( 581 ) sesquichlorure de carbone de M. Faraday comme étant un chlorure d’un radi- cal, le chloréthose C*CI*,CP. D'après les résultats énoncés, il me semble indispensable de considérer l’éther perchloré comme un chlorure d'un ra- dical, le chloroxéthose C CFO, CE. » Tous les travaux que l’on a faits sur la constitution moléculaire de l’é- ther sulfurique ont abouti à trois ordres d'idées qui peuvent se représenter par trois formules C‘H:, HO, C‘H;, 0, CH: 0. » Aucune de ces trois formules ne rappelant celles dont les analogies ob- servées permettent d'affecter l’éther perchloré, il faut conclure que, dans l'état actuel de la science, on ne peut pas considérer l’éther perchloré comme étant doué de la même constitution moléculaire que celle de l’éther sulfurique, d’où il dérive par simple substitution. » Tels sont les résultats qui forment la première partie de mon Mémoire. Dans la seconde partie, je me propose de chercher, par l'expérience, si les éthers composés perchlorés renferment, ou non, de l'éther perchloré. Je pourrais déjà annoncer des résultats qui me paraissent décisifs, mais jatten- drai d’en avoir encore davantage approfondi l'étude. » PHYSIQUE. — Phénomène de la caléfaction observé dans un cas tout nouveau, le cas où la goutte liquide est projetée sur la surface d'un autre liquide convenablement chauffé. Existence accidentelle de la levitre dans certains liquides excrémentitiels. (Extrait d'une Lettre de M. Cuorox.) «..... Î nest pas à ma connaissance qu'aucun physicien, jusqu'à ce jour, ait annoncé qu'un liquide placé sur la surface d’un autre liquide convenablement chauffé puisse passer à l'état sphérique comme sur une plaque solide. Or, c’est là un fait nouveau que je viens de constater, et, de plus, j'ai retrouvé les mêmes températures que M. Boutigny. Ainsi, l'éther sulfurique prend l'état globuleux quand on le projette sur un bain d'eau, de mercure, d'huile à brûler et d'acide nitrique fumant, etc., tant que ce bain est à la température de 54 degrés comme l'a reconnu M. Boutigny. » Je ne partage, au reste, nullement l'avis de M. Boutigny qui pense que le principe de l'équilibre mobile des températures est en défaut lorsqu'il s'agit de se rendre compte du fait de la caléfaction des liquides. » Lorsque M. Gaultier de Claubry et moi nous nous sommes occupés 78... (15821) de l'extraction de l’indigo des feuilles du Polygonum tinctorium , nous avons eu l'idée de mettre les feuilles dans de l'urine pour activer leur fermentation. Nous avons complétement réussi, mais nous ne réussissions que quand mon urine servait à l'expérience. Frappés de cette singulière circonstance, nous nous sommes mis à analyser les urines de différentes personnes, et l'analyse ne nous a rien appris. Enfin, réfléchissant que je ne buvais que de la biere, tandis que les personnes dont l'urine était sans action sur le Polygonum n'en buvaient pas, nous avons été amenés à penser que la bière, et par suite la levûre, séparerait l'indigo des feuilles comme mon urine. On sait que notre procédé d'extraction consiste à mettre les feuilles en contact avec la levûre. » M. Bauperocque annonce qu'un enfant sur lequel il a pratiqué, il y a plusieurs mois, une opération d’entérotomie lombaire, pour remédier à une imperforation du rectum, continue à jouir d’une bonne santé. M. Beranp aîné prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur le mode de formation et de transport des blocs erratiques. M. Derarue adresse le tableau des observations météorologiques qu'il a faites à Dijon pendant le mois d'août 1844. M. Araco met sous les yeux de l'Académie un tube en verre mince adressé par M. Buwrex, tube dans lequel une fissure oblique, produite fortuitement, s'eslétendue en peu de temps, de manière à donner naissance à trente tours de spire. M. Passor demande de nouveau un Rapport sur une Note qu'il a adressée il y a quelques séances. (Renvoi à la Commission précédemment nommée, dans laquelle M. Bineé remplacera feu M. Coriolis.) M. Paurer adresse un paquet cacheté: L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. A. > © a — (583) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. [L'Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 11; in-4°. Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'invention de perfectionnement et d'importation, dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée ; publiée par les ordres de M. le MINISTRE Du COM- MERCE; tome LIT; in-4°. Voyage autour du Monde, exécuté pendant les années 1836 et 1837 sur la corvette la Bonite, commandée par M. VAILLANT ; publié par ordre du Roi. — Géologie et Minéralogie ; par M. E. CHEVALIER; 1 vol. in-8°. Traité philosophique d’Astronomie populaire ; par M. A. CoMTe; 1 vol. in-8°. Traité élémentaire de Chimie industrielle ; par M. A. DUPASQUIER ; tome |, in-8°. Dictionnaire des Arts et Manufactures. — Description des procédés de lIndus- trie francaise et étrangère ; livraison-prospectus ; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° 88; in-8°. Annales de la Société entomologique de France; 2° série , tomeIT; 1844; in-8°. Thèse pour le doctorat en Médecine. — Recherches sur la théorie élémentaire de la production des Tissus accidentels; par M. DESORMEAUX. Paris, 1844; in-4°. Types de chaque famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; par M. PLÉE; 11° livr.; in-4°. Annales médico-psychologiques, Journal de l'anatomie, de la physiologie et de la pathologie du Système nerveux ; par MM. BAILLARGER, CERISE et LONGET ; 2° année, n° 11; in-8°. Journal des Usines et des Brevets d’Invention; par M. VIOLLET ; août 1844; in-8°. L’ Abeille médicale ; 1° année, n° 9. Address to... Discours prononcé à la séance annuelle de la Société royale géographique de Londres (27 mai 1844); par M. R.-J. MurcissON, président de la Société. Londres, 1844; in-8°. The Annals... Annales d’Électricité, de Magnétisme et de Chimie ; février à juin 1844, tome X, n°® 56 à 60. Londres; in-8°. The Athenœum Journal, n° 189; juillet 1844; in-4°. (584) Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 514; in-4°. | Memorie... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Turin ; 2° série, « tome V. Turin, 1843; in-4°. Dell influenza. .. De l'influence qu'exercent, sur la végétation des Plantes et la germination des Graines, les rayons solaires réfractés par des verres colorés ; par M. ZANTEDESCHI. (Extrait des Mémoires de l'Institut vénitien des Sciences et Lettres.) Venise, 1843; in-4°. Gazette médicale de Paris; n° 37; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n° 106 à 108; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 21 et 22. L'Expérience; n° 376; in-8°. 1 # 2 er COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 23 SEPTEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. DUMAS. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. * ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Suite des fragments sur les organes génito-urinaires des Reptiles (x); par M. Duvennoy. TROISIÈME FRAGMENT. — Sur l'appareil de la génération chez les mdles, plus particulièrement, et chez les femelles des Salamandres et des Tritons. « Je diviserai, pour plus de clarté, ce troisième fragment, qui ne com- prendra que des glanures sur les divers sujets qui y seront traités, en plu- sieurs parties distinctes, qui seront elles-mêmes sous-divisées en para- graphes. PREMIÈRE PARTIE. Organes préparateurs de la semence ou glandes spermagènes des Salamandres et des Tritons. $ 1%. — Forme et structure intime de ces organes. Historique. » Il y a longtemps que les travaux de l’Académie des Sciences ont eu (x) Voir le Compte rendu des séances de l’Académie des Sciences, t. XIX, p. 249 et suiv. C. R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 45). 79 ( 586 ) pour sujet les Salamandres. Ses Mémoires pour 1727 comprennent (pages 27 à 32) des observations et des expériences sur la Salamandre terrestre, par de Maupertuis. Les premières constatent que cette espèce est vivipare et qu’elle porte à la fois de 42 à 54 petits. Les expériences ont eu pour objet, d'une part, de détruire le préjugé populaire, que les Salamandres vivent dans le feu; elles tendent, d'autre part, à démontrer que ces animaux ne sont pas venimeux. » Deux années après de Maupertuis, en 1729, Dufay communiquait à cette Académie des observations physiques et anatomiques sur plusieurs espèces de Salamandres qui se trouvent aux environs de Paris. Ces observa- tions sont très-remarquables pour l’époque où elles ont été faites: on y trouve, entre autres, qu'il y a beaucoup de variété dans les testicules des mâles. « Le plus souvent, dit cet auteur, il y en a deux de chaque côté, avec » une petite glande plus blanche, presque transparente. Quelquefois on en » trouve distinctement quatre, sans qu'on puisse expliquer ces différences » par l’âge ou l'époque de l’année. » » Cette singulière anomalie parmi les animaux vertébrés, dont la glande spermagene est toujours simple, sauf qu'elle a un épididyme, ce premier pelotonnement extérieur de ses canaux excréteurs, qui manque d’ailleurs chez les vertébrés inférieurs; cette singularité, dis-je, méritait d’être étudiée plus particulièrement. » C’est ce qu'a fait M. Rathke, dans un travail étendu, publié à Dantzick en 1820, sur le développement des organes génitaux des Batraciens uro- dèles de M. DUMÉRIL. » Voici, à ce sujet, le résultat des observations multipliées de ce savant scrutateur de la nature, sur quatre espèces de Tritons (1) et sur la Salamandre commune, qu'il a observées aux différentes époques de leur développement et de leur vie, jusqu à celle de leur propagation. La glande spermagène est, dans le principe de sa formation, une annexe du corps jaune ou de cette bandelette graisseuse qui est renfermée dans le même repli du péritoine. Elle se montre comme un trait à côté du corps jaune; c'est d'abord une bande solide et plate, qui se développe ensuite de dedans en dehors, et de- vient un cylindre creux. » À cette époque du développement, on ne peut distinguer la glande spermagène ou le testicule, de la glande ovigène ou de Fovaire; plus tard, (1) Les Triton tæniatus, igneus, palmatus, niger. (587) celui-ci continue à se développer, avec la même forme, en boyau; tandis que le testicule prend une forme plus compliquée. Les ovules ne tardent pas à se montrer, dans les premiers, comme des granulations rondes, trans- parentes. ». Dans les testicules, il se développe aussi des apparences de granulations. mais opaques et de couleur blanc de lait. » La forme des testicules n'est pas compliquée dans toutes les espèces. M. Rathke l'a trouvée simple dans le 7riton tæniatus, et de forme variable 4 rarement sphérique, plus souvent oblongue où bien ovale, ayant le gros bout en avant ou en arriere. Chez le Triton igneus, la glande spermagène est divisée en deux parties distinctes. M. Rathke en a trouvé trois dans le Triton niger, rarement deux ou quatre, dont la forme varie. » La Salamandre commune en a toujours deux bien distinctes, que des étranglements ou de profonds sillons sous-divisent en plusieurs autres , les- quels se distinguent encore par des nuances différentes. » Ces parties sont d’ailleurs unies entre elles par leur membrane propre, qui se continue en forme de canal de l’une à l’autre. » Quant à la structure intime de ces glandes, elle se compose, suivant le même auteur, de corpuscules ou de grains slanduleux , de forme et de volume différents, dont les uns sont sphériques, d’autres ovales, d’autres oblongs et en massue, disposés, dans ce dernier cas, dans le sens des rayons de la cap- sule, qu'ils remplissent par couches qui se succèdent de la circonférence au centre. » Il n'y a pas dans l'intérieur des tubes, toujours suivant le même auteur, d’autres moyens plus intimes de communication, qui lieraient les différentes parties du testicule, lorsque cet organe est divisé. » M. Rathke compare, avec raison, cette structure intime à celle que Swammerdam avait déjà signalée, depuis longtemps, dans les testicules des grenouilles. » Nous avions publié, en 1805, que la structure intime des testicules des Batraciens est différente de celle des autres reptiles, et qu'elle se compose d'une agglomération de petits grains blanchâtres, entrelacés de vaisseaux sanguins (x). » Sous ce rapport, les observations microscopiques de M. Rathke n'ont pas eu , il me semble, de résultats plus précis, sauf la circonstance de leurs (1) Zevons d'Anatomie comparée , t. N, p. 26. Paris, 1805. 79:- (588) différentes formes, et de la couleur de ces granulations ou de ces grains (c'est aussi ce dernier terme, Aærner, qu'emploie l'auteur), qu'il a trouvée blanc de lait, en tirant sur le jaune, ou même de couleur citron. Il a, de plus, ob- servé que ces grains sont disposés par masses de même couleur dans les dif- férentes parties du testicule, lorsque la coloration de ces parties n'est pas la même. » Il ne les a vus liés entre eux que par un tissu cellulaire muqueux, et il n'a pu découvrir, même avec de forts grossissements, des canaux de com- munication allant desuns aux autres. Il ajoute cependant que ceux qui touchent à la membrane propre du testicule adherent immédiatement à cette mem- brane, ou par l'intermédiaire d’un fin pédicule, suivant qu'ils ont une forme sphérique ou ovale. » Le canal excréteur de la glande ou le canal déférent s'avance bien au delà du testicule, suivant le même auteur, et reçoit par les côtés les canaux séminiferes, dont il n’a pu reconuaître que deux, et dans un seul cas, mal- gré ses nombreuses recherches; il conservait même la crainte d’avoir peut- être pris des nerfs ou des vaisseaux pour ces canaux. Ce n'est que dans le Triton tæniatus qu'il indique un épididyme comme une bandelette paral- lèle au testicule. 6 II. — Mes propres observations sur les Tritons et les Salamandres. » J'ai étudié la forme et la structure intime de la glande spermagène, pro- prement dite, chez les Triton cristatus, LAUR., et alpestris, BECHST., et dans les Salamandra maculosa, LAUR., et atra, SCHREIS. » Chez le Triton à crête les glandes spermagènes se voient sous les reins et en avant de ces organes, dans un large repli du péritoine, auquel est encore suspendu le ruban graisseux jaune doré, dont l'existence paraît intime- ment liée à celle des organes préparateurs mâle ou femelle de la génération. » Chaque glande se compose de deux, trois et même quatre parties, non compris l'épididyme. » Ces parties varient en apparence, suivant que l'époque du rat est plus ou moins avancée, ainsi que le développement des spermatozoïdes. » Dans un individu adulte chez lequel ce développement n'était pas ter- miné et dont le testicule était divisé en trois parties, la première était gris de perle, rougeâtre, injectée de vaisseaux sanguins très-apparents (r). (1) C’est cette petite glande ‘plus blanche, presque transparente, que Dufay avait distin- ( 589 ) » Elle tenait par un ligament au dernier tiers du sac pulmonaire. » Cette liaison singulière entre le testicule et le poumon est générale, pour le dire en passant, dans toutes les espèces de cette famille que nous avons observées. Elle avait déjà été remarquée par Dufay. Elle existe, de même, entre l'ovaire et l'organe de la respiration. » La seconde partie du testicule était oblongue, de couleur jaune clair, opaque. » Une troisième, la plus petite, était sphérique et opaline comme la pre- mière, mais les vaisseaux sanguins n'y paraissaient pas injectés. » Son pédicule, qui l'unissait à la seconde partie, était un peu contourné en spirale. » Ayant recherché avec soin le contenu de ces trois parties, je n’ai trouvé de spermatozoïdes que dans la seconde. » Les deux autres ne renfermaient que des vésicules sphériques conte- nant des granules ou des spermatozoïdes en germe. » Ces divisions singulières d’un même organe, ainsi que leurs apparences différentes de couleur, et l'injection plus ou moins forte des vaisseaux san guins de leur capsule, indiqueraient donc une sorte d'indépendance et de succession dans leur développement et dans celui de leur contenu; ce déve- loppement étant moins avancé dans les parties de couleur gris de perle, plus avancé dans celles de couleur blane de lait. » J'en ai été convaincu par l'examen de ces mêmes parties chez des in- dividus en plein rut, chez lesquels j'ai trouvé des Spermatozoïdes dans ces trois parties, qui étaient toutes blanc de lait. » À travers les deux enveloppes du testicule, la péritonéale ou l’interne , et la membrane Propre, restées transparentes, on distingue les petits sacs glanduleux qui composent uniformément la structure intime des différentes parties de cet organe, quel que soit leur degré de développement relatif. » Dans un individu de la même espèce, qui n'était pas en rut, le testicule n'était divisé qu'en deux parties. » Ces deux parties étaient remplies, comme à l'ordinaire, d'un grand nombre de petites poches glanduleuses, qui en renfermaient d'autres, sphé- riques, contenant des granules. guée en 1729 chez les individus ayant, avec cette glande, deux testicules de chaque côté. MM. Prévost et Dumas ont reconnu, en 182/, que cette partie gris de perle, semi-transpa- rente, ne présentait pas d’animalcules Spermatiques, tandis qu’ils en trouvaient constamment dansla partie jaunâtre. ( 4rnales des Sciences naturelles, tome I, page 281, et PI. XX, Sig. 4.) Cr { 5go ) » Dans un autre individu de la même espèce, complétement en rut, le testicule droit était divisé en quatre parties, et le gauche en trois seulement. » Ces trois parties étaient remplies de petites poches, la plupart sphéri- ques, de 0"%,82 de diamètre, renfermant chacune un assez grand nombre de pelotons de spermatozoïdes ou d’écheveaux de spermatozoïdes repliés sur eux-mêmes, comme s'ils étaient encore contenus dans leur capsule généra- irice, mais sans que l'on puisse apercevoir les parois de cette capsule. Plu- sieurs de ces écheveaux étaient même déployés, comme si aucun obstacle ne s'opposait plus à cette disposition progressive dans leur développement. Les quatre parties du testicule droit, observées de même avec soin, m'ont offert la structure intime suivante : » La première se composait de capsules glanduleuses sphériques et oblon- gues. Ces capsules renfermaient des parties transparentes et d’autres opaques; les parties transparentes étaient des gouttes d'huile, les antres des paquets pelotonnés de spermatozoïdes. Ces paquets étaient bien distincts les uns des autres, sans qu'on aperçût les poches sénératrices dans lesquelles ils s'étaient développés. ». Dans la deuxième partie de ce même testicule, les capsules glanduleuses étaient oblongues, coniques, cylindriques; elles renfermaient des paquets toujours pelotonnés, mais plus serrés, quoique très-distincts, d'innombrables spermatozoïdes. » Enfin dans la troisième et la quatrième de ces parties, la plupart des capsules étaient sphériques et contenaient de même des pelotons serrés de spermatozoïdes. ». Dans un autre exemplaire de la même espèce, qui était en plein rut, la glande était sous-divisée en six et même en sept portions; mais ces divisions n'étaient évidemment que des parties d'un même tout, plus ou moins dis- tinctes. Les étranglements qui les séparaient étaient un peu contournés ou tordus. Leur surface était comme chagrinée par les petites vésicules dont cet organe est composé. » Entre ces deux degrés de développement, l'un hors de l’époque du rut, qui n'a montré aucun spermatozoïide, et l’autre en plein rut, dans le- quel toutes les parties du testicule en sont remplies, il faut placer le déve- loppement incomplet, dont j'ai déjà parlé en premier lieu, dans lequel une seule des trois parties du testicule avait des spermatozoïdes. ». Dans le Triton alpestre (Triton alpestris, BECHST.), le testicule, à l'épo- que du rut, a un grand développement; il occupe plus du tiers où près de la moitié de la longueur de la cavité thoraco-abdominale. (591 ) » Sa forme est oblongue, irrégulière , plus épaisse en arrière, un peu aplatie et même enfoncée du côté interne d’où se détachent les veines et par laquelle arrivent les artères spermatiques. » C'est de ce côté que lui est annexé le Corps graisseux de couleur jaune citron, de forme cylindrique, et qui le dépasse un pen en longueur. ». Sa face supérieure est concave:; elle répond au canal déférent. » Toute sa surface montre des capsules de forme assez irrégulière, arron- dies cependant, qui renferment, vues à la loupe, des granulations. » J'ai étudié de même la structure intime des testicules, et d’abord leur forme générale et les différences qu'elle présente, hors et durant l'époque du rut, dans la Salamandre commune. » Dans un individu qui n'avait pas encore atteint l’âge adulte , j'ai trouvé chaque testicule séparé en deux parties. L'antérieure était de forme cylin- drique, la plus grande se terminant en avant en une grande pointe; l’autre, beaucoup plus petite, de forme conique, avait sa base tout contre Ja première. » Le long du bord interne de cet organe, régnait une bandelette de sub- siance graisseuse qui s'avançait jusque près de l'extrémité de Ja partie effilée du testicule. » On apercevait de même, à travers la membrane péritonéale et la mem- brane propre de cette glande, les petits sacs glanduleux oblongs , ronds ou polygones qui aboutissent à cette surface , où ils sont entourés d’un réseau vasculaire et contenus dans des cellules rappelant, par leur arrangement et leur forme, celles d’une ruche d'abeille. Dans un des individus que j'ai sous les yeux, le bord extérieur de ces cellules est garni d'un vaisseau sanguin (veineux) injecté, qui en suit les contours et les dessine admirablement. Les parois de ces cellules doivent être fournies par la membrane propre du tes- ticule ; elles répondent au corps d’highkmor des maminifères, servant à sou- tenir les vaisseaux séminiferes efférents. » Dans un individu adulte le testicule était plus grand. Les deux parties se joignaient de même, et la postérieure, toujours la moins grande, était sous-divisée en trois. La bandelette graisseuse était à proportion plus petite. » Dans la Salamandre noire des Alpes, le testicule est long , cylindrique, tout d'une pièce et non divisé. On observe à travers ses enveloppes, les vé- Bicules glanduleuses qui composent sa structure intime. » On trouvera dans cette forme différente, une confirmation de la diffé- rence spécifique de cette espèce d’avec la commune. ( 592) » M. de Schreiber avait déjà indiqué comme caractere différentiel , entre ces deux espèces , le développement extraordinaire d'un seul fœtus par ovi- ducte, dans la Salamandre noire; il avait fait la singulière observation que ce fœtus unique n'atteignait son développement définitif qu'après avoir fait périr et absorbé ou dévoré les autres œufs ou les embryons de la même portée (1). $ III. — Corps graisseux. » Le même ligament large qui comprend et fixe le testicule , s'étend au delà pour envelopper dans son bord libre an corps graisseux considérable, dont nous avons dit que le testicule semblait une annexe, à l'époque de son développement. » Ce corps jaune, qui s'étend bien au delà du testicule à l'époque du rut, prend à cette époque un volume considérable. » Sa forme varie d’ailleurs beaucoup avec son volume, suivant les époques de la vie et les espèces où on l'observe. » Nous l'avons fait représenter dans le Triton à crête en rut, où il était très-volumineux, et dans la Salamandre commune , où il était à proportion beaucoup plus petit et formait une bande étroite et longue. » Ici nous avons pu observer ses vaisseaux sanguins veineux et leurs rap- ports avec ceux du testicule. Ils forment dans cette bande adipeuse un réseau analogue à celui qui se dessine à la surface de la glande, mais à mailles beau- coup plus nombreuses et beaucoup plus fines. Et ce qu'il y a de plus remar- quable, c’est que les rameaux principaux de ces deux réseaux se réunissent dans des branches communes, de manière qu'il y a unité dans le système san- guin de l’un et l’autre organe. » Cette disposition fait comprendre la dépendance de ces deux organes; elle montre combien la matière huileuse a d'importance dans le développe- ment et la nutrition des spermatozoïdes, importance qui est encore démontrée par la présence des gouttes d'huile dans la partie du testicule où ce dévelop- pement est moins avancé. Elle rappelle le rôle que la même substance bui- leuse joue dans le développement des ovipares et pour la germination des plantes. (1) Voir l'Erpétologie générale de MM. Duméril et Bibron, t. VIII, p. 242; et les fragments zoologiques sur les Batraciens, par M. Vander-Hoeven. ( Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg , PI. I, fig. 5 , 6, 7.) ( 593 ) $ IV. — Des canaux efférents séminiféres, de l’épididyme, du canal déférent et de sa termi- raison dans le cloaque. » La semence, avec son énorme proportion despermatozoïdes, arrive dans le canal déférent par les canaux efférents séminifères soit directement, soit par l'intermédiaire d’un canal pelotonné, dont l'ensemble forme comme un ruban parallèle au testicule; c'est l'épididyme. Les canaux séminifères ontsans doute leur origine dans les capsules primaires ou glanduleuses du testicule qui renferment les capsules génératrices des spermatozoïdes. Cependant ce n'est encore qu'une présomption. Jusqu'à présent nous n'avons pu découvrir les canaux séminifères qu’à leur sortie du testicule. » L'épididyme n'a pas encore été décrit ni même nommé dans les espèces de Salamandres ou de Tritons, une seule exceptée, le Triton igneus, où M. Ratbke n'a fait que l'indiquer comme une bande parallèle au testicule. » On ne peut l’apercevoir dans le Triton à crête qu’en plein rut. On voit alors les canaux séminifères partir de la face supérieure et du bord interne du testicule, et se diriger par paires ou isolément, au nombre de huit ou dix, jusqu'à vingt, transversalement en dedans, à la rencontre de l’épididyme. » Celui-ci est une chaïnette composée d’un ou plusieurs canaux très-fins, qui règne parallèlement au testicule et au-dessous de lui, depuis le rein jus- qu'à la partie la plus avancée de cet organe, où elle se change en canal dé- férent. » Il forme un paquet considérable en arrière; puis un autre paquet plus grêle, en massue, dans la partie la plus avancée de l'épididyme, de laquelle se détache un canal qui va, plus en avant encore, se changer en canal déférent. » Le canal excréteur de la glande spermagène, ainsi constitué définitive- ment, se porte alors d'avant en arrière, et chemine parallèlement à l'épidi- dyme. » Je l'ai vu recevoir encore plusieurs canaux séminifères séparés, qui viennent directement de cette partie et se réunissent successivement au déférent, à des intervalles assez longs. Il se distingue d’ailleurs par son plus grand diamètre, son opacité, sa couleur blanche, et par les replis courts, pressés les uns vers les autres, qu'il forme dans la première portion de sa lon- gueur. » Dans le Triton alpestre, c'est aussi de la face interne et supérieure du testicule que se détachent les canaux séminifères qui vont à l’'épididyme. Celui-ci se voit contre la colonne épinière, en dedans de l'extrémité antérieure C.R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, Ne 15.) 80 ( 594 ) du canal déférent. Il se compose d’un assez gros canal, à parois transparen- tes, sinueuses, dont l’ensemble forme une sorte de chaïînette située au-dessus de l'extrémité antérieure du testicule et au delà. Son extrémité, aplatie en ruban et transparente, se continue avec la partie la plus avancée du défé- rent. Celui-ci prend très-promptement un diamètre considérable, et s’avance, plissé en festons nombreux et réguliers, jusqu’à sa terminaison dans le cloa- que; il forme encore, outre ces plis, plusieurs anses dans sa première moitié. Il paraît très-distendu par le sperme, qui lui donne une couleur blanc de lait. ». Dans la Salamandre des Alpes, le canal déférent est fort long et très-re- plié, et d'un diamètre proportionnel considérable. » Il recoit ia semence par l'intermédiaire d'un long épididyme, qui dé- passe le testicule en arrière et en avant, et dont les canaux très-repliés se détachent en avant au nombre de trois, qui n’en forment bientôt qu'un seul, lequel se coude et augmente subitement de diamètre, pour se changer en canal déférent. » Dans la Salamandre commune, j'ai trouvé, comme dans les Tritons, un épididyme assez considérable , quoique difficile à distinguer lorsque l'animal n'est pas en plein rut. » Ici, il ne dépasse pas en avant l'extrémité du testicule. On arrive à la découvrir en suivant la partie la plus avancée du canal déférent, qui forme un coude pour se continuer dans l’'épididyme. » Cet organe est parallèle au canal déférent annexé à ce canal, qui n'est pas sinueux dans sa première partie, qui répond à l'épididyme. Celui-ci envoie successivement au déférent plusieurs canaux séminifères. » Le canal déférent , dans cette espèce, se distingue par la couleur noire du péritoine qui l'enveloppe. ILest droit, sans repli dans la plus grande partie de son étendue , et n’a que quelques sinuosités entre l’épididyme et le paquet des uretères. SV. — Spermatozoïdes des Tritons et des Salamandres. » Les spermatozoïdes du Triton à crête ont peut-être la plus singulière conformation qui ait été observée dans ceux de tout le règne animal. Étudiés d'abord par MM. Meyer, Wagner et Valentin , c'est à M. Siebold et surtout à M. Dujardin qu'on en doit une connaissance à la fois plus exacte et plus complète. » Ge que nous allons en dire d'après nos propres observations n'ajoutera ( 595 ) rien d'essentiel aux découvertes de ces savants. Nous prions le lecteur de le considérer simplement comme une introduction au paragraphe suivant. Ces spermatozoïdes ont leur partie principale en forme de long fil, comme ceux des Batraciens anoures. Îls sont même encore plus longs et s'en distinguent en ce qu'ils ont une première partie dont le diamètre excède sen- siblement le reste, qui a comme un col effilé en avant , paraissant quelque- fois terminé par un léger renflement en bouton. On dirait même que ce bouton est une ventouse au moyen de laquelle le spermatozoïde se fixe dans Erin cas, tandis que tout son corps reste mobile. » La partie la plus épaisse de cette machine animée, ou le corps, se con- ma subitement dans une portion plus longue et Le grêle, _extrêmement amincie à sa dernière extrémité. Cette seconde partie se distingue encore parce qu'elle est entourée , à a par un fil extrêmement délié, contourné en spirale et fixé en appa- rence au commencement et à la fin de cette seconde portion de la partie principale. À un grossissement de 350 diamètres, on voit cette spire se mouvoir ré- gulièrement et très-rapidement, d'avant en arrière, tandis que la partie principale exécute des glissements ou des mouvements de flexion qui s'opè- rent, avec lenteur, en sens opposé. Ce phénomène extraordinaire a paru, aux premiers observateurs . MM. Meyer, Wagner et Valentin, l'effet de cils vibratiles. J'avais eu moi- même cette illusion dans mes premières observations, et je lui trouvais beaucoup de ressemblance avec les mouvements dat l'apparence d'une roue qui tourne chez les rotifères ; mais lorsque l'animal est mort, on aperçoit facilement la continuité du fil en spirale. J'ai été à même de recon- naître cette continuité, dans un cas où le corps d’un spermatozoïde sans mouvement était traversé par un spermatozoïide à spire encore mobile. Le corps du premier était soulevé et abaissé alternativement par les parties saillantes et rentrantes de la spire, à mesure qu'elles passaient sous lui. M. Siebold a reconnu, le premier, cette continuité; mais il avait cru voir l’extrémité caudale du spermatozoïde se replier autour du corps pour former cette spire, tandis que M. Dujardin a démontré qu’elle formait une partie accessoire très-distincte de la partie principale (r). (1) Voir Froriep neue Notizen, etc., t.1, n° 46 , année 1837; Comptes rendus de l’Aca- démie des Sciences pour 1837, et Annales des Sciences naturelles, 2° série, t. X, p. 28 et suiv, , année 1838. 80.. ( 596 ) » Nous avons trouvé ésalement cette partie accessoire dans les spermato- zoides de la Salamandre commune. | nous a fallu, pour cela, un grossisse- ment de 450 diamètres au moins. Avec jun grossissement plus faible nous avions cru qu'elle n'existait pas. Elles ont 0,27 à 0"%,30. » La partie principale est également en forme de long fil; ses deux ex- trémités sont amincies, et sa partie antérieure, formant un peu plus du tiers de la longueur totale, est plus épaisse et plus opaque. Cette première partie se continue brusquement dans l’autre. $ VI.— Développement des spermatozoïdes, et structure intime de la glande spermagène. : » Les spermatozoïdes n'existent pas dans la glande spermagène, hors de l'époque du rut, et leur développement, à cette époque, est successif et non simultané, dans les différentes parties dont cette glande se compose : c'est, du moins, ce que nous avons constaté chez le Triton à crête (SIT) et dans la Salamandre commune. L » Nous avons déjà vu qu'une seule de ces parties contenait, dans un cas, des spermatozoïdes. Elle se distinguait par sa couleur blanc de lait; tandis que celle qui n'avait que des granulations était gris de perle, demi-transpa- rente et très-injectée de vaisseaux sanguins. à » Le testicule, outre sa membrane péritonéale et sa membrane propre, se compose des replis de celle-ci qui forment des cloisons interceptant de petites cellules, comme celles d’une ruche d'abeilles. C’est dans ces cellues de l’al- buginée que sont contenues les petites poches glanduleuses dans lesquelles se forme la semence et se développent les spermatozoïdes. Ces poches glan- duleuses, que j'appellerai capsules primaires, s'aperçoivent à travers les deux enveloppes de la glande, dans toute l'étendue de sa surface. » Leur diamètre moyen est de 0"%,5, mais elles varient beaucoup pour le volume comme pour la forme. La plupart cependant sont sphériques, il y en a de plus ou moins allongées. » Ces capsules en renferment de plus petites, que je distinguerai sous le nom de capsules secondaires ou de capsules génératrices. Celles-ci ne con- tiennent, hors du rut, que des granulations opaques, mélangées de molécules huileuses transparentes. On distingue alors très-bien leurs parois membra- neuses. , » Le diamètre de ces capsules génératrices est de 0"®,025. A l'époque du rut elles sont remplies d’un écheveau de spermatozoïdes, roulé en une pelote sphérique. Les plus avancées dans leur développement ont évidem- (597) ment rompu les parois de la capsule génératrice qu'on ne distingue plus, et l'écheveau commence à se déployer. Les capsules primaires ne semblent remplies, lorsque l'animal est en plein rut, que de pelotons de spermatozoïdes; ces pelotons restent bien dis- tincts les uns des autres, quoiqu'on n'aperçoive plus leur enveloppe gé- nératrice. Entre l'époque où l’on ne trouve dans les capsules génératrices que des granules et celle où elles sont remplies de pelotes de spermatozoïdes com- piétement formés, nous avons vu un développement intermédiaire dans la Salamandre commune. Chaque glande spermagène était divisée en deux ou trois masses dis- tinctes, tenant ensemble par un assez long cordon. Les deux premières de ces divisions principales étaient sous-divisées en deux parties: lune conser- vant un peu de transparence et l’autre blanc de lait. Celle-ci avait des sper- matozoides aussi développés que ceux du canal déférent. La première en renfermait aussi, mais on ne voyait à la plupart que le corps plus ou moins con- tourné; quelques-uns seulement avaient un filet rudimentaire pour la queue, c'est-à-dire plus court et d'un plus petit diamètre que dans l’état parfait, et l'on n'apercevait autour aucune spirale. Le corps avait 0"%,08 et 0,00. « » Je crois pouvoir en conclure que, dans la Salamandre commune, Von peut observer des degrés différents de développement dans les spermato- zoïdes, ainsi que M. Lallemand l'avait annoncé pour ceux des raies, d’après des observations faites conjointement avec M. Milne Edwards (r). J'ajouterai que ceux que j'ai extraits des différentes parties du testicule, immédiatement après la mort de la Salamandre, n'avaient aucun mouvement ; tandis que ceux du canal déférent étaient extrêmement vifs et vivaces, leurs mouvements continuant encore vingt-quatre heures après la mort de l'animal. $ VII. — Mélanges des produits de la génération et des organes urinaires chez les mâles des Tritons àrcréte. J'ai extrait de la vessie urinaire d’un individu en rut de cette espèce, des spermatozoïdes pleins de vie. » Dans un autre individu, que je conserve et dont j'ai fait figurer l'appareil : ARAERAESS la vessie renferme un dépôt considérable de spermatozoïdes mélés entre eux et mélangés de granulations, et non plus disposés en éche- veaux réguliers. . L 1) Annales des Sciences naturelles, 2° série, -t. XV, p. 257. ? P- 297 (598 ) » Je ne fais qu'indiquer ici ces observations , me proposant de traiter plus en détail, dans le fragment suivant, des rapports entre les organes urinaires et ceux de la génération. $ VIII. — Conclusions ou résumé des faits énoncés dans les paragraphes précédents. ». Voici les conclusions que je crois pouvoir tirer des observations précé- dentes, sur la glande spermagène des Salamandres et des Tritons, son orga- nisation intime et le produit de sa sécrétion : » 1°. Cette glande n'est jamais multiple, comme plusieurs anatomistes l'ont cru, mais elle peut être divisée plus ou moins profondément en deux, trois parties et plus, suivant les espèces. » 2°, La Salamandra atra de SCHREIRER ne l’a pas divisée. » 3°. Elle est toujours divisée, à l'âge adulte, dans la Salamandra macu- losa, LaUR. : nouvelle preuve que ces deux espèces sont réellement distinctes. » 4°. Chez le Triton alpestris, BEcsT. , la glande spermagène n’est pas divisée. » D°, Elle est divisée en trois parties, au moins, hors de l’époque du rut, dans le Triton à crête; ses divisions se multiplient jusqu'au nombre de sept, lorsque l'animal est en plein rut; mais plusieurs sont peu profondes , résultant d'étranglements jieu prononcés dans le sens du diamètre transversal de la glande, et ne sont pas des séparations réelles. D'autres n'ont plus entre elles qu'un canal tordu , ou contourné en spirale, formé par la membrane pro- pre de la glande, revêtue du péritoine , et ne contenant aucune capsule glanduleuse (aucun granule, comme le disait M. Rathke déjà en 1820). » 6°. Les divisions des testicules peuvent varier pour la forme et pour le nombre chez le même individu, non-seulement suivant qu'il est hors du rut ou à cette époque, mais encore d'un testicule à l'autre; de sorte qu'il y a, dans quelques cas, sous ce rapport, dans ces organes pairs, une complète asymétrie. » Ces différences dans la forme n'étonneront pas si l'on réfléchit que le testicule est un organe de sécrétion , ou un organe chimique , ainsi que je l'ai dit du foie (dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie, le 6 octobre 1835); que la forme générale d’un organe de cette nature peut va- rier sans changer sa fonction, qui dépend uniquement de son organisation la plus intime; tandis que dans les organes physiques, tels que l'œil, les muscles, les os, employés comme leviers, la forme est essentielle, eg ne peut varier sans modifier où même sans empêcher entierement le jeu de la fonction. ( 599 ) » 7°. La structure intime de ces organes de sécrétion est la circonstance or- ganique qui ne varie point; elle se compose : » a. De cloisons polygonales, qui paraissent un prolongement de la mem- brane propre du testicule, et dont l’ ee doit être analogue à celui du corps d he des mammifères; » b. De capsules primaires ou de poches glanduleuses de différentes Eue sphériques, oblongues, coniques, qui remplissent le sac plus ou moins distendu , formé par la membrane propre du testicule ; » €. De capsules secondaires ou génératrices des spermatozoïdes, rem- plies de leurs écheveaux contournés en pelotes, à l'époque du rut, ou de simples granules hors de cette époque. » Cette structure est entièrement analogue à celle des glandes sperma- gènes des raies, dont nous avions décrit, en 1805, les principales circon- stances organiques, mais que MM. J. Müller, Stannius et surtout M. Hall- mann (1) ont exposées plus en détail; ce dernier, en faisant connaître à la fois le développement le plus circonstancié de leurs spermatozoïdes, que M. Lallemand étudiait presque en même temps (2). 8°. J'ai constaté que le développement des spermatozoïdes chez les Tritons et les Salamandres, à l'époque du rut, n'était pas simultané, mais successif, dans les divisions principales de la glande spermagène; et que c'est cette circonstance qui donne des apparences différentes de couleur aux par- ties dont se compose la glande spermagène dans le Triton à crête. » La division du testicule où les spermatozoïdes sont complétement formés dans leurs capsules génératrices, prend une couleur blanc de lait; tandis que celle où ces capsules ne renferment encore que des granules et des gouttes d'huile est gris de perle; elle a ses vaisseaux sanguins très-injectés. » Cette partie n'est donc pas une glande particulière, comme l'avait rap- porté M. Dufay. Elle devient semblable aux autres par suite de son dévelop- pement, et renferme à son tour des spermatozoïdes, contrairement à lopi- nion des physiologistes qui avaient pensé qu’elle n'en renfermait jamais. Ces spermatozoïdes n’y acquièrent pas de suite leurs proportions et leur com- plication organique ; il y a des degrés dans leur développement. » 9°. J'ai découvert l'existence d’un épididyme considérable chez les Tritons à crête et alpestre, dans la Salamandre noire et la commune, et j'ai (x) Archives de T. Müller pour 1840, pages {1 et 207. (2) Annales des Sciences naturelles, 2° série, t. XV, p. 257; Paris, 1841. ( 600 }) reconnu et décrit les canaux séminifères qui s'y rendent, sa structure vascu- laire et sa terminaison dans le canal déférent. Ce sont autant de faits nou- veaux pour l'anatomie comparée. » Ce corps, intermédiaire entre les testicules et le déférent, paraît donc exister chez toutes les espèces de Tritons et de Salamandres ; mais il ne de- vient évident qu'à l'époque du rut. » On peut en conclure que la glande spermagène est aussi compliquée chez ces reptiles que dans les animaux supérieurs. Seulement la partie de la glande chargée de la sécrétion se compose de capsules au lieu de canaux. » 10°, La découverte que j'ai faite d’un amas de spermatoïdes dans la vessie urinaire de deux Tritons à crête, à l'époque du rut, qui y paraissaient en dépôt comme dans leur réservoir naturel, et conservaient , dans l'un de ces animaux que j'avais eu vivant, toute l'activité de leurs mouvements, constate de nouveau l'innocuité de l'urine pour ces machines animées, et montre à la fois les rapports plus ou moins intimes qui existent entre les or- ganes génitaux et les organes urinaires. » M. Anraco présente, au nom de l'auteur, M. Bror, un exemplaire du deuxième volume du Traité élémentaire d' Astronomie physique, troisième édition. (J’oir au Bulletin bibliographique.) M. Duveroyx fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son Mémoire sur les dents des Musaraignes. RAPPORTS. MÉCANIQUE. — Rapport sur une Note de M. Passor relative aux forces centrales. (Commissaires, MM. Cauchy, Piobert, Binet rapporteur.) « Nous avons été chargés, MM. Cauchy, Piobert et moi, de prendre con- naissance d’une Note adressée le 19 août dernier à l’Académie, par M. Passot, et de faire un Rapport sur cette Note. Elle est intitulée : Conséquence im- médiate de la théorie académique sur les forces centrales. » L'Académie peut se rappeler que des Rapports favorables ont accueilli des communications de M. Passot, sur des expériences d’hydraulique rela- tives à une espèce de turbine, ou roue à réaction, d'une construction particu- lière : malheureusement M. Passot a souvent accompagné ses communications ( 6or }) de considérations purement théoriques, dans lesquelles des propositions de dynamique ont été attaquées, de manière à prouver que la partie de la science du calcul qui est indispensable pour ces théories n'était pas bien comprise par M. Passot. Un grand nombre de Lettres, écrites avec une précipitation fâcheuse pour l'auteur, et plusieurs pièces imprimées, renferment la preuve évidente, pour les géomètres, que les discussions théoriques de M. Passot sont habituellement incomplètes et inexactes. Sa nouvelle Note reproduit des assertions et des calculs que l’on ne saurait admettre , et qu'une première Com- mission a dû improuver. En conséquence, l'opinion de vos Commissaires est que la Note présentée le 19 août ne mérite pas l'attention de l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. Anaco a fait un Rapport verbal détaillé sur les travaux relatifs à la météorologie, au magnétisme terrestre et à la physique du globe, qui ont été exécutés pendant la longue campagne de l’Astrolabe et de la Zélée, par MM. Vincexon-Duuouun et Courvenr-Dessots; nous reparle- rons de ces travaux à l'occasion du Rapport écrit qu'une Commission de huit membres doit présenter. MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Mémoire sur les fermentations benzoïque, salygénique et phorétinique ; par M. Boucnanpar. (Extrait par l’auteur.) (Commission précédemment nommée. ) « Dans la séance du 9 octobre 1843 , et dans celle du 19 février 1844, j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie une suite d'expériences et d'observa- tions sur le pouvoir moléculaire rotatoire des alcalis végétaux et de substances diverses. Dans la séance du 17 juin dernier, j'ai lu un Mémoire sur les fer- ments alcooliques : le travail que je présente aujourd'hui est la suite de ces deux ordres de recherches. » J’ai vu que l'amygdaline, de même que la phoridzine et la salicine , exer- caient une action assez énergique sur la lumière polarisée. Dans une prochaine communication je caractériserai l’action de l’amygdaline, de même que celle de l'acide amygdalique, dont l'étude optique m'a offert des remarques in- téressantes. » Dans les trois fermentations dont je me suis occupé dans le présent Mémoire, trois matières complexes {amygdaline, salicine, phoridzine), déviant à gauche les rayons de ia lumière polarisée , se dédoublent sous l'in- C.R., 1344, 20€ Semestre, (T. XIX, N° #5.) 81 ( 6o2 }) fluence d'une très-petite proportion d'une matière azotée, en substances diverses, inactives sur la lumière polarisée, et en sucre exerçant la rotation vers la droite, et non intervertible par l'action des acides étendus. » La synaptase réagit d'une manière à peu près semblable dans les trois cas; son action sur la salicine a été étudiée par M. Piria ( Comptes rendus , t. XVII, p. 186). Il convient, il me semble, comme cela a déjà été fait pour la transformation de l'amygdaline, de ranger ces curieuses transfor- mations dans le cadre général des fermentations ; car on voit une substance azotée, la synaptase, intervenant en quantité infiniment petite, et dédoublant à la température ordinaire des substances organiques en dissolution dans l'eau ; mais on se tromperait fort si l’on rapprochait ces réactions d’une ma- nière absolue des fermentations alcooliques. » En effet, les fermentations alcooliques sont liées à l'existence de globules “organisés et vivants, et il en est tout autrement dans les fermentations saly- génique , phorétinique et benzoïque. Dans la fermentation salygénique nous voyons, il est vrai, apparaître des globules, mais ils agissent moins énergi- quement que la synaptase; et puis voici, sur cette question importante , des observations décisives. Si l'on fait intervenir dans la réaction de l'acide cyanbydrique, la transformation de la salicine n’en est point entravée, et il ne développe pas de globules. I en a été de même lorsque j'ai ajouté dans les liquides réagissants du sulfate de cuivre ou du cyanure de mercure; dans ces deux derniers cas il s’est formé, il est vrai, un dépôt, mäis le microscope n'y indiquait pas de globules organisés. Les fermentations alcooliques dépendent si bien de la vie des globules, que toutes les substances, comme les sels de mercure, de cuivre , l’éther sulfurique, les essences, la créosote, l'acide cyanhydrique , etc., dont j'ai démontré la fächeuse influence sur les plantes ou sur les animaux qui vivent dans l'eau, arrêtent presque immédiatement ces fermentations alcooliques, et ils n’ont que peu ou pas d'influence sur la marche des fermentations benzoïque, salygénique, phorétinique. Ces diffé- rences nous montrent qu'il ne faut point être exclusif dans les théories sur les fermentations. » La théorie des globules organisés et vivants, si facile à vérifier pour les fermentations alcooliques, n’est plus exacte ici, tandis que tout me porte à croire que l'opinion que M. Liebig a cherché à généraliser est, pour ces faits, l'expression de la vérité. » Je dois ajouter, en terminant , que l'appareil de polarisation de M. Biot m'a permis de suivre, avec la plus grande facilité, les différentes phases des transformations dont je m'occupais, et d'apprécier*avec exactitude l'influence ( 603 ) des substances diverses sur la marche de ces fermentations. En effet, ce sont toujours des principes exerçant la déviation vers la gauche qui, par leur dé- doublement, donnent des matières inactives et une substance exerçant la ro- tation vers la droite. Le changement dans le sens ou dans l'intensité de la déviation me permettait d'apprécier à chaque instant les progrès des trans- formations. » ANATOMIE. — Mémoire sur les masses comparatives que présentent, dans l’homme et quelques animaux mammifères, les différents organes qui composent le système nerveux ; par M. Bourcery. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. de Blainville, Serres, Flourens.) « Partant de ce principe, que j'ai posé ailleurs , que le système nerveux, agent de toutes les fonctions, les représente toutes matériellement, l'objet essentiel de ce travail est de déterminer les rapports du système nerveux avec luimême, par la comparaison des divers appareils dont il se compose. » Eu voici les principaux résultats : Poids comparatifs de l’encéphale et de ses différentes parties dans l’homme et quelques mammifères. Pa He Couches Encéphaie rachidien RS Hémisph. et isthme ptiq Cervelet. en son GE et cérébraux. À corps striés. eutier. l’encéphale. 2 Homme adulte 0,028 0,057 Poids moyens de deux chevaux.| 0,051 0,064. Chien de moyenne taille. . 0,008 0,009 Petit chien de 2 ans 0,0045 0,005 Chat de 1 an.,.........!.. po 0,003 0,003 Veau pesant 76 kilogrammes. ..| 0,028 0,034 Mouton 0,010 0,010 » Les hémisphères cérébraux sont au reste de l’encéphale (tige céphalique de la moelle et cervelet) : 81. ( 604 ) Dans l’homme. . . . :: 1 : 0,20 le chien. US-O1S le, cheval... + °°: 1,.:,0,47 le chat.. NT: 1000 le veau. DOTENOS O0 lemouton 0-0 06 » D'où il résulte que les hémisphères, qui forment cinq fois en poids le reste de l’encéphale dans l'homme, en font seulement un peu plus du double dans le chien et le cheval, le double dans le chat et moins du double das le veau et le mouton. » Un deuxième rapport est celui des hémisphères cérébraux dans l'homme 5 et les animaux. » Leur poids, qui est de 1095 grammes dans l'homme, étant pris pour unité, ces hémisphères sont, à ceux des animaux, Pourtle cheval ONE PER MEMNS PTE NO; 278 letyeau REMONTER EN O1 0 le chien de moyenne taille. . :: 1 : 0,075 le mouton. . bon Eee LS 04 000 le petit chien de 2 ans.. . . :: 1 : 0,034 lerchat de tan 0 2" ln 0 010 » Pour un troisième rapport, si l'on fait un même groupe des hémi- sphères cérébraux et du cervelet, qui semblent inséparables, et qu'on les compare, dans l'homme et les animaux, avec la tige céphalique de la moelle épinière, on obtient : POIDS POIDS RAPPORT des hémisphères de de la tige encéphalique et du cervelet la tige aux hémisphères réunis. encéphalique, et au cervelet réunis. Homme....... 12365 Chien (le petit)....... Chien de moyenne taille. Veau: 50 Mouton .... ( 605 ) » Il est évident, par ce tableau, que la proportion de la substance des centres encéphaliques, par rapport au prolongement de la moelle épinière, diminue graduellement du chien au mouton. » Un quatrième rapport, dans l'homme et les animaux, a pour objet le poids du cervelet comparé avec celui des hémisphères cérébraux pris pour unité. Il est: dans l’homme........ ...... 3010 M0; 129 le chien de moyenne taille. :: 1 : o,140 le petit chien.......... NES ATLRO, 106 lescheval Sms eh. ES MANDAT fe) eNchats =. secte ENT MO 7220 leve tee RTE MO 2/10 lemouton.........."." AM AON2TO » On voit que dans l’homme, et après lui le chien et le cheval, le poids du cervelet, par rapport au cerveau, se soutient beaucoup plus fort que dans les autres animaux. Parmi ces derniers, par une singularité qui n'existe que pour le cervelet, le mouton semble l'emporter sur le chat et le veau ; maïs il est évi- dent que cela ne tient pas à la masse plus considérable du cervelet, mais au contraire à l'infériorité relative du cerveau. » Un cinquième rapport montre, dans l’homme et les animaux, le poids de la tige céphalique de la moelle épinière (bulbe rachidien, protubérance, pédoncules cérébraux, couches optiques et corps striés) comparé avec celui des hémisphères cérébraux : Dans l’'homme.... .......... = 11:10,070 le chien de moyenne taille.. :: 1 : 0,236 le petit chien de 2 ans. ..... Re 0200 letcheval "Pere Ce eme 0 20 letehatidetran. 27... = 00,300 IE SEANCES US AA :: 1 : 0,298 Jeimoutons-- 4... . (SNTLUOT DE » D’après ce tableau, l'homme est le seul qui offre une supériorité si grande du poids du cerveau sur celui de la tige céphalique représentant les organes des sens, de la sensibilité générale et du mouvement. La pro- portion décroît ensuite assez régulièrement du chien au mouton, sauf le veau; mais peut-être cette apparence de supériorité relative de ce dernier sur le chat ne dépend-elle que de ce que la tige céphalique n'avait pas pris encore tout son développement proportionnel, eu égard à celui du cerveau. ( 606 ) Conclusions. » De l'ensemble de ce travail il me paraît que l’on peut tirer les conclu- sions suivantes : » 1°. De même que, dans l'homme, comme il ressort de tous les travaux de la science moderne, l'étendue et la variété de l'intelligence sont généra- lement en proportion de la quantité de la substance cérébrale, sauf les con- ditions physiologiques de la texture; de même aussi, chez les animaux, le développenient de l'instinct paraît en rapport avec la quantité de la ma- tière cérébrale dans chacun d'eux, sauf également la question de qualité entre les individus d’une même espece. » 2°, La somme des instincts, chez les animaux comparés entre eux, est d'autant plus grande que le poids proportionnel des hémisphères cérébraux, et peut-être aussi du cervelet, est plus considérable par rapport à celui des centres nerveux de l'axe cérébro-spinal. Ce sera l'objet d'un autre Mémoire, de montrer que le rapport est le même pour la somme des facultés psychi- ques chez l'homme. » 3°. Le système nerveux, l'agent matériel de la vie, exerce trois sortes de fonctions: les premières spontanées ou propres à l'être vivant et qui ne peu- vent ressortir uniquement de l’action des lois générales de la nature; les se- condes physiques, les troisièmes chimiques, qui se nuancent d'un groupe à l'autre par des fonctions mixtes intermédiaires. Les fonctions spontanées in- diquent la destination de l'être vivant; les autres établissent pour l'entretien du corps matériel ses rapports avec les lois de la chimie et de la physique générales. » Ces conditions posées : » En dehors de toute question de Ja qualité relative de substance ; » 1°, Une masse nerveuse cérébrale, qui est quatre fois celle de tout le reste des organes encéphalo-rachidiens, est exigée pour les manifestations psychologiques de l'homme; » 2°. Les instincts de l'animal, sortes d’intermédiaires, à ce qu'il semble, plus rapprochés de l’action physique des sens que de l'intelligence de l'homme , ne requièrent que cinq ou six fois moins de la substance nerveuse qui leur est propre. » Au-dessous, la quantité de substance nécessaire aux organes, pour leurs fonctions, diminue graduellement dans cet ordre: » 3°. Les sens et les nerfs de la sensibilité générale, organes de physique vivante; ( 607 ) » 4°. La fonction physique du mouvement; » 5°. La fonction physico-chimique de la respiration. » Puis, parmi les fonctions chimiques : » 6°. La digestion; » 7°. Les élaborations organiques; » 8°. L'assimilation. » Tels sont les résultats qui ressortent de la détermination en poids de la substance nerveuse. Mais pour arriver à une conclusion rigoureuse, il fau- drait pouvoir ajouter à la quantité anatomique la qualité physiologique, et quelque chose encore de plus essentiel, mais indéfinissable, qui imprime un si grand caractère aux manifestations psychologiques de l’homme. C'est que, de même que pour tous les tissus, qui different dans les animaux, il y a aussi une substance nerveuse propre à chacun d'eux et, avant tous, à Thomme. Gardons-nous donc d'assimiler entre eux des organes dont les ma- nifestations physiologiques , loin d’être généralement analogues, sont partout si profondément différentes. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Bawer adresse la deuxième partie de son Mémoire sur les perturbations dans les mouvements célestes dues à la résistance de L'éther. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Parnor soumet au Jugement de l'Académie une Note ayant pour titre : Coup d'œil sur lendosmose, Note dans laquelle il rappelle des expériences faites par lui, en 1805, sur les conditions qui président au mélange de deux liquides d’inégale densité, séparés par une cloison organique perméable; il adresse, en même temps, une Dissertation inaugurale dans laquelle il avait, à la même époque , signalé ces phénomènes et quelques-unes de leurs appli- cations à la physiologie et à la pathologie. (Joir au Bulletin bibliographique.) Dans la Lettre qui accompagne cette Note, M. Parrot présente quelques remarques qui lui ont été suggérées par une communication récente de M. Fournet sur l'Influence de la pression dans les phénomènes géologico- chimiques. La Note sur l'endosmose est renvoyée à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Dutrochet, Despretz, Regnault. ( 608 ) M. Guxox adresse d'Alger une Note sur les anciens Maures du nord de l'Afrique. Dans cette Note l’auteur s'attache à distinguer, par leurs caractères phy- siques, les peuples qui du temps des Romains étaient désignés sous le nom de Maures, de ceux qui étaient connus sous celui de Numides. Il ne trouve plus ces anciens Maures dans la Mauritanie, mais il pense les reconnaître dans certaines tribus du Sénégal, et il pense, en outre, que la race a iaissé, dans quelques îles de la Méditerranée, des traces du séiour qu'elle y a fait; il lui semble, par exemple, reconnaître dans le Maltais des caracteres qui résul- tent d'un croisement avec les anciens Maures. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour d'autres communi- cations du même auteur relatives à l'anthropologie.) L'Académie reçoit, pour le concours au prix concernant la Vaccine, un Mémoire écrit en italien et dont l'auteur n'a pas fait connaître son nom qui est contenu sous pli cacheté. (Renvoi à la Commission du prix de Médecine qui décidera si cette pièce est arrivée assez à temps pour qu'on puisse l'admettre au concours.) M. A. Vincenr soumet au jugement de l'Académie trois Notes ayant pour titres : l'une, Nouveau système de défense des côtes; l'autre, Projet d'un nouveart canon se chargeant par la culasse; et la dernière, Moyen d'empé- cher les embarcations sous voile de chavirer. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Duperrey) (1). M. Cnorweaux adresse la figure et la description d'un nouveau moteur des- tiné pour la navigation. (Renvoi à la Commission nommée pour de précédentes communications du même auteur.) M. Desacneaux adresse une Note pour faire suite à celle qu'il avait précé- demment envoyée sous le titre de Perfectionnement du thermomètre et du baromètre. (Renvoi au Commissaire précédemment nommé.) (1) Ces trois pièces, présentées à la séance du 16 septembre 1844, ont été omises par suite d’une erreur dans le Compte rendu de cette séance. ( 609 }) CORRESPONDANCE. CHIMIE. — Sur un nouveloxyde de chrome ; par M. Euc. Peucor. « Mes recherches sur l'uranium m'ont conduit à étudier les produits de l'action simultanée du chlore et du charbon sur plusieurs corps oxydés doués d'une grande stabilité et qui ne perdent leur oxygène que sous l'influence réunie de ces deux corps. L'Académie se rappelle que cette même action a seule permis de constater l'existence de l'oxygène dans l'urane, oxyde qu'on considérait comme étant un corps simple métallique. » Je me propose de faire connaître dans cette Note, afin de prendre date, quelques faits relatifs aux produits qui résultent de la décomposition de l'oxyde vert de chrome par le chlore et le charbon : je présenterai bientot à l'Académie un travail détaillé sur ce sujet. » On sait qu'en faisant passer un courant de chlore sur un mélange d'oxyde de chrome et de charbon, on obtient un chlorure qui se sublime en belles écailles de couleur violette. Ce composé correspond au sesquioxyde de chrome Gr? O*; sa composition, ainsi que j'ai pu le constater par de nou- velles analyses, est représentée par la formule Cr? CF. » Mais ce produit n'est pas le seul corps chloré qui prenne naissance dans cette opération; sa formation est précédée de celle d'un autre chlorure qui paraît avoir échappé à l'attention des chimistes, et qui se présente sons la forme de cristaux très-fins, blancs et soyeux, habituellement mélangés avec du charbon et de l'oxyde de chrome; ces cristaux verdissent immédiatement quand on les expose au contact de l'air, et se changent en peu d'instants en une liqueur verte; ils absorbent tout à la fois de l'oxygène et de l’eau à l’at- mosphère. Les analyses que j'ai faites de ce chlorure ne laissent aucun doute sur sa nature; il est composé de 1 équivalent de métal et de 1 équivalent de chlore Cr Cl; il correspond par conséquent à un degré d'oxydation du chrome CrO inconnu jusqu'à ce jour. » Ce même corps prend naissance quand on fait passer un courant d'hy- drogène sur du chlorure de chrome violet chauffé au rouge sombre; il se dé- gage de l'acide chlorhydrique, et il reste une masse cristalline blanche ; en opérant à une température plus élevée, cette masse entre en fusion et pré- sente, après sou refroidissement, une texture fibreuse. Un chimiste alle- mand, M. Moberg, a étudié, en 1843, l'action de l'hydrogène sur le C. R., 1844,2m€ Semestre. (T. XIX, N° 45. 82 ( 6ro }) chlorure de chrome violet; il a méconnu d'ailleurs la nature du com- posé qui résulte de cette action, et qu'il n'a pas obtenu à l'état de pureté. Mes expériences sur le protochlorure de chrome produit par le chlore, l'oxyde de chrome et le charbon sont de 1842, ainsi que je puis l'établir par le témoignage de plusieurs chimistes auxquels j'ai communiqué, dès cette époque, les résultats de mes analyses. » Le protochlorure de chrome, préparé par l'un ou l’autre de ces procédés, offre les propriétés suivantes : mis en contact avec l’eau, il se dissout immé- diatement; si l'eau est aérée et si l'on opère en présence de l'air, la dissolu- tion est verte ; elle est bleue lorsqu'on évite entièrement l'influence de l'oxy- gène. » Je ne connais aucun corps qui soit altéré plus rapidement que ce com- posé par le contact de l'oxygène; aussi, pour étudier ses réactions, faut-il opérer constamment avec de l’eau privée d'air par l'ébullition et dans une atmosphère d'acide carbonique. » La dissolution verte qui résulte de l’action de l'air et de l’eau sur le pro- tochlorure de chrome possède la singulière propriété de dissoudre, avee grand dégagement de chaleur, une quantité considérable de chlorure de chrome violet; ce dernier corps, quand il est pur, est entièrement insoluble dans l'eau et dans les acides; cette propriété du chlorure blanc, lequel ac- compagne habituellement le chlorure violet, quand celui-ci est préparé par la méthode ordinaire, a jeté beaucoup d'incertitude sur les véritables caractères de ce dernier corps, que certains auteurs considèrent comme très-soluble dans l'eau et comme produisant une dissolution verte, tandis que d'autres lui contestent avec raison cette solubilité. » Quand le protochlorure de chrome a été préparé par le sesquichlorure et l'hydrogène, on remarque que sa dissolution dans l'eau est accompagnée d'un dégagement d'hydrogène; cette décomposition de l’eau , qui d’ailleurs est peu considérable , semble indiquer l'existence d'un sous-chlorure qui résulterait, comme le sous-chlorure d'uranium, de l'action prolongée de l'hydrogène sur le protochlorure. » La potasse donne, avec ladissolution bleue de protochlorure de chrome un précipité brun qui est probablement l'hydrate de protoxyde, correspon- dant à ce chlorure ; l'am moniaque donne un précipité de même nature; un excès d’ammoniaque fournit une dissolution bleue qui, sous l'influence de l'air, devient violette et finit par acquérir une couleur rouge. » Le monosulfure de potassium précipite en noir la dissolution de proto- chlorure de chrome. ( 611 ) » En versant dans cette même liqueur bleue une dissolution d'acétate de soude ou de potasse, on voit apparaitre immédiatement de petits cristaux rouges et transparents, qui se réunissent rapidement au fond du vase. Ces cristaux se détruisent quand on les expose pendant quelques instants au con- tact de l'air; mais il est possible, en employant des précautions minutieuses que j'indiquerai dans mon Mémoire, de les obtenir dans un état de pureté trés-satisfaisant ; leur aspect, quand ils sont secs, rappelle celui du protoxyde de cuivre. » Ce corps est l'acétate de protoxyde de chrome, dont la composition, d'aprés quatre analyses qui s'accordent très-bien entre elles , est représentée par la formule C'H0', CrO,H0O. » La détermination du carbone de ce sel, que j'ai faite avec un soin extrême, m'a permis de soumettre à une épreuve rigoureuse le nombre qui représente le poids atomique du chrome ; j'ai tout lieu de penser que ce nombre n'est pas exact; il est notablement trop fort; je communiquerai très-prochaine- ment à l'Académie les résultats qui m'autorisent à émettre cette assertion. » J'ai analysé un autre sel de protoxyde de chrome dont l'existence semble devoir jeter beaucoup de lumière sur la nature de cet oxyde: c’est un sulfate double de protoxyde de chrome et de potasse dont la composition est repré- sentée par la formule SO’, KO + $0°, CrO+6H0, qui est celle d'un grand nombre de sulfates doubles. Le protoxyde de chrome est probablement isomorphe avec la magnésie et plusieurs oxydes de même constitution, le chrome offrira donc le caractère remarquable d’un triple isomorphisme: celui de son protoxyde CrO avec ces oxydes; de son ses- quioxyde Cr? Of avec l’albumine, le peroxyde de fer, etc.; de l'acide chro- mique Cr O* avec l'acide sulfurique. » CHIMIE. — Vote sur la fabrication de l'acide acétique; par M. Mersens. « D’après M. Thompson (Liebig, Traité de Chimie organique, t. L), on ob- tient un acétate acide de potasse contenant 6 équivalents d'eau de cristalli- sation. » M. Detmer (Philosophical Magazine, juin 1841) a constaté la formation de l’acétate acide de potasse, lorsqu'on fait passer un courant de chlore dans une dissolution d’acétate neutre. Il ne donne pas l'analyse de ce sel, son Mé- moire étant fait dans une autre direction. 02. (612) » J'avais, en 1839, trouvé et analysé un acétate acide d'une composition autre que celle qui lui est assignée par M. Thompson. Je n'ai pas cherché à reproduire le sel du chimiste anglais, quand j'ai vu qu'en dosant le potassium dans trois ou quatre cristallisations successives, j'obtenais toujours environ 25 pour 100 pour ce corps, tandis qu'un sel à 6 équivalents d’eau en donne- rait moins de 20 pour 100. » Le bi-acétate de potasse, tel que je l’obtiens en sursaturant de l'acétate de potasse par de l'acide acétique distillé, évaporant et laissant cristalli- ser, me parait mériter, à plus d'un titre, l'attention des chimistes. » Il se présente sous divers aspects, d'après la concentration, le degré d’acidité et la température à laquelle il se dépose. On l'obtient à l’état d’ai- guilles prismatiques ou de lamelles qui, desséchées entre des doubles de pa- pier, présentent l'aspect nacré. » Quand on le fait cristalliser lentement, il se dépose sous la forme de longs prismes aplatis qui, d'après quelques mesures faites par M. de la Pro- vostaye, paraissent appartenir au système prismatique rectangulaire droit. » Ces cristaux sont très-flexibles, on peut les enrouler, ils se clivent dans tous les sens. | » Exposés à l'air, ils se liquéfient. Ils sont cependant beaucoup moins dé- liquescents que les cristaux d’acétate neutre ou d’acétate neutre fritté. » L'alcool anhydre les dissout mieux à chaud qu'à froid; une dissolution concentrée se prend presque en masse par le refroidissement. Les vapeurs alcooliques sont acides quand on chauffe le sel dans ce véhicule. » Quand on l'a desséché dans une atmosphère d’air sec, on peut le chauffer à 120 degrés daus le vide; il ne perd que deux ou trois millièmes de sor poids par cette opération. » À 148 degrés environ, il fond et perd quelques traces d'acide, sans doute par l'intervention de l’eau hygrométrique de l'atmosphère; il se prend en masse cristalline par le refroidissement. Il n'entre en ébullition que vers 200 degrés; mais au fur et à mesure qu'il perd de l'acide acétique cristalli- sable, son point d'ébullition s'élève jusqu'à 300 degrés, température vers la- quelle l'acétate neutre qui reste dans la cornue fond et se décompose. » Ce sel se représente par la formule brute H: 8 L C K 2 ou GE 0! + GH'O. | | L ( 613 ) » L 0f,976 d'acétate acide de potasse, desséché dans le vide sec, ana- lysés par un mélange d'oxyde de cuivre et d'oxyde d’antimoine, ont donné : 0,379 d’eau, d’où H= 4,35, 1,052 d’acide carbonique, d’où C — 29,6. »_08",633 du même sel ont donné : 0f",348 de sulfate de potasse, d’où K — 24,8. » IL 1#,119 d'acétate acide de potasse, desséché à 120 degrés dans le vide, analysés comme précédemment, ont donné : ofr,441 d’eau, d’où He 15,223 d’acide carbonique, d’où C — 29,9. » 0f,925 du même sel ont donné : 0,519 de sulfate de potasse, d’où K — 25,2. Expérience. Calcul. I. LL. C. 48,00 30,3 29,6 29,9 æ.. 7:00 4,4 4,3 4,4 KA 39,25 24,8 24,8 25,2 OF 64,00 40,5 158,25 100,0 » La formule que je viens de donner se confirme par la décomposition que ce sel subit par la chaleur; aussi était-il important de faire l'analyse de l'acide brut obtenu en décomposant le bi-acétate. » 16,056 d'acide brut recueilli entre 250 et 280 degrés, ont donné : 0f",641 d’eau, d’où H— 6,7, 18,545 d’acide carbonique, d’où C — 39,9; ces nombres correspondent au calcul Calcul. Expérience. CPE 24, 40,0 39,9 H' 7% 4 6, 7 6 , ÿ] (DHMSEE 32 53,3 60 100,0 » Ce moyen de se procurer de l'acide acétique chimiquement pur sera (614) sans doute préféré dans leslaboratoires à l'ancien procédé; il fournit en acide acétique environ le tiers du poids de l’acétate acide de potasse employé. » Ce procédé de fabrication de l'acide acétique pourrait, avec quelques modifications qui rendent inutile la préparation du bi-acétate, devenir un procédé industriel. » En effet, lorsqu'on soumet à la distillation un excès d'acide acétique , qui ne soit pas trop étendu, sur de l’acétate neutre de potasse , une portion de l'acide se fixe sur la potasse, tandis que l'autre , devenue plus aqueuse, passe à la distillation. Mais au fur et à mesure qu'on chauffe , l'acide qui dis- ille s'enrichit de nouveau, et enfin on obtient de l'acide cristallisable pur, si l'on prend la précaution de ne pas dépasser la température de 300 degrés, époque vers laquelle l'acide qui distille commence par prendre une teinte légèrement rosée d'abord, et ensuite sent l'empireume et l'acétone, ce qu'il est très-facile d'éviter. ». Voici l'analyse d’un acide obtenu de la sorte ; je m'étais contenté de le purifier par une simple distillation, en rejetant les premieres et les dernières portions. » 18,984 d'acide, bouillant vers 119 degrés, ont donné 18,198 d’eau, d'où :.:...... H— 6,7 2,880 d'acide carbonique, d'où € = 39,6 Ces nombres correspondent sensiblement à la formule de l'acide mono- hydraté. » L'industrie mettra probablement un jour ces faits à profit. ». Dans une fabrique d'acide pyroligneux , en effet, qui débite des acides à divers états de concentration , un appareil monté pour distiller l'acide acé- tique sur lacétate de potasse pourrait les fournir sans que jamais ce sel se détruise. Au moyen de proportions, convenablement étudiées et appropriées au besoin , d'acide étendu et d’acétate de potasse, on obtiendrait divers hy- drates et environ + (37,9 pour 100) du poids de l'acétate neutre de potasse employé en acide cristallisable. » Très-probablement la consommation de l'acide acétique monohyd raté augmenterait , si sa valeur commerciale actuelle diminuait. » 1] constitue un dissolvant précieux quand il s’agit de séparer des résines des cires et des matières grasses. » Il y a cependant une limite de dilution pour l'acide étendu , dont on pourra partir dans une fabrication de ce genre; elle est basée sur l'expérience suivante : ( 615:) » Quand on fait passer un courant de vapeur d’eau dans de l’acétate acide, l'acide acétique, qui déplace l’eau de l’acétate de potasse neutre, est déplacé à son tour par l'eau quand celle-ci se trouve en excès. » PHYSIOLOGIE. — Lésion d'une partie des lobes antérieurs du cerveau, sans altération des facultes intellectuelles. (Extrait d'une Lettre de M. Braquiine.) « Dans le quartier San-Pablo, à Mexico, vivait, en 1843, une famille dont le chef était officier de cavalerie; un des enfants de cet homme, âgé de 12 ans, jouait imprudemment avec un des pistolets d'arçon de son père, d'un calibre égal aux nôtres (la balle, de dix-sept à la livre); son jeune frère, de 4 ans et demi, se présenta de profil au-devant du canon, le coup partit, traversa la tête d’une tempe à l’autre, et la balle s'amortit en s'apla- tissant dans le plâtre de la muraille opposée. » Si la mort ne fût arrivée que peu de jours après l'accident, un fait déjà si rare, accompagné des circonstances ultérieurement relatées, eût pu passer inaperçu; mais la prolongation de la maladie, sans aucune altération dans les facultés intellectuelles du jeune blessé, fixa l’attention du chirurgien qui lui donnait ses soins, et un grand nombre de médecins de la capitale furent appelés à vérifier le fait, qui avait déjà vingt jours de date. » Ce jour, comme les suivants, nous trouvames le petit malade encore ecchymosé aux paupières, assis sur son lit, s'amusant de ses jouets, deman- dant avec instarces plus d'aliments qu'on ne lui en accordait, sans fièvre, assez gai, excepté quand on procédait à son pansement, qui lui causait plus de contrariété que de souffrance, et jouissant de tout l’ensemble des facultés intellectuelles que son äge comportait. » Ainsi, la mémoire entière, le jugement sain, le caractère moral entie- rement égal à ce qu'il était avant l'accident ; fonctions sensitives intactes au- tant que les fonctions corporelles; seulement le sommeil était moins profond, moins complet que d'habitude, sans doute à cause du défaut d'exercice. » L'appareil levé laissait voir l'entrée et la sortie de la balle, situées toutes deux à environ 4 centimètres perpendiculairement au-dessus de la commis- sure externe de chacun des yeux, et selon une ligne transversale à l'axe de la tête. » Six jours se passèrent ainsi sans autre variation dans l’état déjà décrit du jeune sujet , qui fut visité chaque jour, et alternativement, à heure du pan- sement, par un grand nombre de médecins mexicains ou étrangers. (616) » Enfin, la scène changea: des symptômes non équivoques d'inflammation se développèrent, et deux jours après, c'est-à-dire au vingt-neuvième jour de l'accident, le petit malade succomba. ! » L'autopsie fut faite par notre savant confrère le docteur Jecker, de Paris, et en présence de plusieurs de ceux qui avaient suivi les dernières phases de la maladie. » L'ouverture du crâne, à l'entrée de la balle, était plus étroite et mieux faite qu'à la sortie, comme il arrive toujeurs ; la partie antérieure des deux hémisphères cérébraux était trouée par le passage de la balle, et ce trajet en suppuration. À sa partie supérieure la substance grise était encore intacte; au devant, la substance blanche offrait une épaisseur de 15 à 18 centimètres, jusqu'à la table postérieure du coronal. Les ventricules n'avaient pas été atteints. » Voilà le fait en substance; de plus grands détails anatomiques ou pathologiques ne pourraient rien ajouter à sa signification ni rien en re- trancher : je m'en abstiendrai. Il ne m'appartient d'ailleurs que comme témoin ; tous ces détails seront un jour consignés dans nos Annales. J'ai pris l'avance, parce que son importance m'a paru m'en imposer la loi. » En effet, si les vivisections donnent des conséquences qui ne doivent être admises qu'avec une grande réserve chez l’homme, il faut bien, en re- tour, que les faits pathologiques humains servent de contre-épreuve à la phy- siologie comparée dans ce qu’elle nous donne d'utile et de vrai. » Haller et Zinn ont déjà signalé l'impassibilité des hémisphères céré- braux. M. Flourens, en leur attribuant d'être, en masse, le siége de la volition et des facultés intellectuelles et sensitives, a ajouté que: « une » portion assez restreinte des lobes cérébraux suffit à l'exercice de leurs » fonctions. » Le fait précité me paraît une démonstration de ces assertions appliquées à l'homme. » Est-il nécessaire d'ajouter, comme corollaire, que la science, ou plutôt le système qui prétendait localiser les facultés intellectuelles et morales de l'homme, ne saurait espérer de se maintenir devant un fait unique , il est vrai, mais aussi concluant que celui que je viens de relater; car ce sont précisément les circonvolutions les plus importantes qui ont été impunément broyées et anéanties. » M. Jocy adresse, en son nom et celui de MM. E. Dumas et J. Trissur , une Note concernant les résultats de l'exploration qu'ils ont faite en commun, d'une localité dans laquelle M. E. Robert avait trouvé des os humains qu'il (617) considérait comme fossiles. (Voir le Compte rendue l Académie des Sciences, séance du 3 juin 1844, t. XVIIL p. 1059.) Cette investigation fut faite pour répondre au désir exprimé par plusieurs membres du congrès scientifique alors siégeant à Nîmes. M. Robert, qui assistait à cette réunion, voulut bien accompagner MM. Joly, Dumas et Tessier au lieu dit le Colombier, où il avait découvert les ossements en question. De nouvelles fouilles pratiquées dans le voisinage des premières ne tardèrent pas à faire découvrir divers fragments osseux : un crâne brisé, des dents, des côtes, des vertèbres, une tête de fémur, un humérus, etc. « Ces débris, disent les auteurs de la Note, étaient enfouis à une profon- deur d'environ 0,80 dans un terrain composé comme il suit ,en procédant de haut en bas: » 1°. Une couche de terre végétale de 1 à 2 décimètres d'épaisseur; » 2°, Une couche marno-sableuse de 8 décimètres de puissance, provenant de la décomposition de la roche sous-jacente ; » 3°. Un calcaire argilo-sableux, de 1 mètre de puissance ; » 4°. Un poudingue calcaire d'épaisseur inconnue. » C’est dans la deuxième couche que les ossements ont été découverts ; quelques fragments de paille non encore décomposée les accompagnaient. L’altération de tous ces os était beaucoup moins avancée que celle qu'on ob- serve sur les ossements retirés des tombeaux de l'époque romaine. » La Note se termine par les conclusions suivantes : « 1°. Les ossements trouvés par M. Æ. Robert, près d'Alais, au lieu dit le Colombier , appartiennent à l'espèce humaine. » 2°. Ces ossements ne sont pas fossiles, c'est-à-dire contemporains des espèces qui ont disparu de la surface du globe aux époques géologiques. » M. Lesauvace prie l’Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission à l'examen de laquelle ont été renvoyées différentes pièces relatives à une question de priorité débattue entre lui et M. Coste, concernant le mode de développement, l'organisation et la disposition de la membrane caduque. M. Gaurrier ne Causry, en réponse à une réclamation de priorité adressée récemment par M. Cornay, remarque que, loin de s'être cru le premier qui ait signalé l'identité de la fièvre typhoïde et du typhus, il a dit positivement le contraire dans l'ouvrage qui a donné lieu à la réclamation en question. Ainsi on y lit, page 488, « que Cullen, il y a plus de soixante ans, a consi- C.R., 1844, 29 Semestre. (T. XIX, N° 15.) 83 (618) déré le typhus proprement dit et le synochus (fièvre typhoïde de nos jours) comme n'étant qu'une seule et même maladie. » Ce que M. Gaultier réclame ? donc comme sien, ce n’est pas d’avoir indiqué cette identité, mais de l'avoir démontrée. M. Bracuer écrit relativement à une communication récente de Li M. Souleyet. ; (Renvoi à la Commission chargée de faire le Rapport sur les communica- tions de M. Souleyet.) M. Bazzy adresse un paquet cacheté. ‘ L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. F. * ERRAT 4. (Séance du 16 septembre 1844.) Page 531, ligne 5, au lieu de présidence de M. Serres, lisez présidence de M. PonceLer. Page 548, ligne 7, au lieu de qui est distant de. .., lisez qui en est distant de... Page 550, ligne 5, au lieu de ls lisez e LE prX Page 552, ligne 6, au lieu de 2 ? PE Page 552, ligne 10, au lieu de “df, lisez “af. Page 553, ligne 14, au lieu de soient R le rayon, lisez soient Æ le rayon. Page 555, ligne 7, effacez donnent (au commencement de la ligne). ( 619 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici lestitres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 12; in-4°. Traité élémentaire d'Astronomie physique ; par M. Bior ; 3° édition, tomell, in-8°, avec atlas in-4°. Bulleun de l’Académie royale de Médecine ; tome IX, n° 23; in-8°. Sur les dents des Musaraiqnes , considérées dans leur composition et leur struc- ture intime, leurs rapports avec les mächoires, leur développement et leur suc- cession ; Mémoire lu à l’Académie des Sciences en 1842, par M. Duvernoy; in-4°. Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk (monts Ourals), gouver- nement de Perm, année 1842. Paris; in-8°. Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; tome V, 53° livr.; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; septembre; in-8°. Journal de Chirurgie; par M. MALGAIGNE; septembre 1844; in-8°. 22° Autographie. — Chemins de fer à tuyaux et à locomotives sur les bas-côtés de toutes les routes ordinaires ; par MM. Wisgien et LEGRIS ; II partie ; + feuille in-8°. Ueber... De l'influence de la Physique et de la Chimie sur l'art de la Méde- cine ; publié en 1803. Dissertation inaugurale ; par M. G.-F. PARROT; broch. in - 4°. Investigazioni. .. Recherches préliminaires pour la science de l'Architecture civile ; par M. NICOLAS D'APUZ20, architecte; ouvrage présenté par M. le duc DE Luyxes; 1 vol. in-8°. Naples, 1844. Gazette médicale de Paris; n° 38; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n° 109 à 1113 in-fol. L'Expérience; n° 377 ; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 SEPTEMBRE 1844. ca PRÉSIDENCE DE M. DUMAS. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE. — Æecherches sur la Jormation des os ; par M. Frourens. « Les pièces que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie me semblent dé- montrer aux yeux les trois propositions sur lesquelles repose ma théorie de la formation des os (r). » De ces trois propositions, la première est que l'os se forme dans le pé- rioste; la seconde, qu'il croît en grosseur par la superposition de couches ex- ternes; et la troisième, que le canal médullaire s'agrandit par la résorption des couches internes de l'os. » Première proposition. — L'os se forme dans le périoste. » Les expériences sur lesquelles je m'appuie aujourd'hui pour démontrer cette proposition ont été faites sur des chiens. » On a retranché, sur plusieurs chiens, uue portion de côte, en n’enle- vant que l'os proprement dit et en laissant le périoste. 1 (1) Voyez mes Recherches sur le développement des os et des dents, 1842. C.R., 1844, 2e Semestre (T. XIX, No 44 ) ( 622 ) » Au bout de quelques jours, il s'est formé dans le périoste, laissé entre les deux bouts de côte, un petit noyau osseux. Peu à peu ce noyau osseux s'est développé, et il a fini par rejoindre l’un à l'autre les deux bouts de côte. » La pièce n° 1 provient d'une expérience qui a duré sept jours. On voit, dans le milieu du périoste (1), laissé entre les deux bouts de côte, un petit noyau osseux, parfaitement déterminé, circonscrit, et, ce qui est ici le point essentiel, exactement placé dans le milieu du périoste. » La piece n° 2 vient d'une expérience qui a duré dix jours. » [l y a aussi au milieu du périoste, laissé entre les deux bouts de la côte, un noyau osseux (2), mais beaucoup plus développé que dans la pièce pré- cédente. Cependant ce noyau osseux, quoique beaucoup plus développé, est encore parfaitement limité, circonscrit, placé au milieu du périoste, et com- plétement séparé des deux bouts de la côte. » La piece n° 3 vient d'une expérience qui a duré vingt et un Jours. Ici le noyau osseux, placé dans le périoste, touche presque aux deux bouts de la côte; et néanmoins il est parfaitement séparé encore de l’un et de l'autre par une lame de périoste modifié ou de fibro-cartilage (3). » Enfin, dans la pièce n° 4, pièce pour laquelle l'expérience a duré quatre mois, le noyau osseux a complétement atteint les deux bouts de la côte, et les a rejoints l'un à l’autre: toute la portion d'os enlevée a donc été repro- duite, et la continuité, la restitution de la côte est parfaite. » Je pourrais multiplier beaucoup le nombre des pièces que je présente, car ma collection en est pleine. Celles-ci suffisent pour donner une idée des autres. » On voit donc que l'os nouveau se forme dans le périoste ; qu'au moment où il s’y forme, il y est complétement isolé, séparé de l'os ancien; et que ce nest que par son développement successif qu'il atteint enfin les deux bouts de l'os ancien, et les réunit, les rejoint l'un à l’autre. » Deuxième proposition. — L'os croît en grosseur par la superposition de couches externes. » Les expériences qui suivent ont été faites sur des lapins et sur des chiens. (x) Énormément gonflé ou épaissi, comme il arrive toujours en pareil cas. Voyez mes Recherches déjà citées. (2) 11 y en a quelquefois plusieurs qui se réunissent plus tard en un. (3) Voyez mes Recherches ci-devant citées. | # ( 623 ) » On a commencé par mettre à nu, sur chacun de ces animaux, l'un des deux tibias; le périoste a été ensuite incisé; et l’on a fait passer enfin un an- neau de fil de platine entre le périoste et l'os. » L'os a continué de croître; et, à mesure qu'il a crû, il a recouvert de ses nouvelles couches l'anneau de platine. » Dans la pièce n° 5, on voit l'anneau de platine sous le périoste même, c'est-à-dire entre le périoste et l'os; et dans les pièces 6 et 7, on le voit déjà recouvert par quelques lames osseuses. » Les 1rois pièces dont je viens de parler sont des tibias de lapin. » La pièce n°8 est le tibia d’un jeune chien. Ici tout l'anneau est recouvert par des couches osseuses, et même , en prenant l'anneau pour point de dé- part, les couches qui recouvrent l'anneau sont déjà beaucoup plus épaisses que celles que l'anneau recouvre. » Les quatre pièces qui suivent sont encore des tibias de très-jeunes chiens. » Dans la pièce n° 9, l'anneau ne recouvre plus que quelques lanies os- seuses. Presque tout l'os actuel est par-dessus l'anneau. » Dans les pièces 10 et 11, l'anneau, du côté externe de l'os, est déjà tout à fait dans le canal médullaire. » Enfin, dans la pièce n° 12, l'anneau tout entier est dans le canal médul- laire. » L'os croît donc en grosseur par couches externes et superposées , puisque l'anneau , qui primitivement entoure ou recouvre l'os, est successi- vement et continuellement recouvert ensuite par de nouvelles couches osseuses. | » Troisième proposition. — Le canal médullaire s'agrandit par la résorp- tion des couches internes de l'os. », Je reprends les pièces de la série qui précède. » Dans la pièce n° 5, l'anneau est encore sur l'os; dans les pièces 6 et 7, il est déjà recouvert, et de plus en plus, par l'os; dans la pièce n° 0, il ‘st beaucoup plus près du canal médullaire que de l'extérieur de l'os; dans les pièces 10 et 11, il est déjà dans le canal médullaire par un de ses côtés ; et dans la pièce n° 12, il est tout entier dans le canal médullaire. » Ici, dans cette pièce n° 12, le canal médullaire a toute la grandeur, tout le diamètre qu'avait primitivement l'os lui-même : l'anneau, qui d’abord en- tourait l'os, est maintenant entouré par l'os; l'os, qui d'abord était contenu dans l'anneau, contient maintenant l'anneau; le canal médullaire s’est donc agrandi, et beaucoup agrandi. Comment cela s'est-il fait? 84. ( 64 ) » Cela ne peut s'être fait que de deux manières. Ou bien l'os s’est étendu, s'est rompu et s’est rejoint ensuite par-dessus l'anneau, et c'est ainsi que Duha- mel expliquait les choses; ou bien, à mesure que los croissait, d'un côté, par l'addition de couches externes , le canal médullaire s'agrandissait, de l'autre, par la soustraction des couches internes, et c’est là ce que pensait Hunter. » Hunter avait raison. » Les pièces que je mets sous les yeux de l’Académie montrent, avec la dernière évidence, que los ne s'est point étendu, qu'il ne s'est point rompu, qu'il ne s’est point rejoint par-dessus l'anneau. » Les couches internes de l'os ont été successivement résorbées, et cette résorption successive est le ressort qui a produit, et qui a produit seul, Pa- grandissement du canal médullaire. » L'agrandissement du canal médullaire tient donc à la résorption des couches internes de l'os. Expériences sur la résorptior de portions d'os étrangères. » La résorption des portions d'os mortes est un fait sur lequel j'ai déjà pu- blié un grand nombre d'expériences (1); mais, dans ces expériences , il ne s'agissait que de portions d'os mortes appartenant à l'animal même sur lequel l'expérience était faite. » Voici des expériences d'un autre genre. » On a commencé par faire un trou à l’un des deux tibias d'un chien, puis on à introduit dans le canal médullaire de ce tibia une petite côte de lapin, et puis on a laissé vivre l'animal. » La membrane médullaire s'est beaucoup gonflée, l'os a beaucoup grossi; enfin l'on a sacrifié l'animal , et l'on a extrait de son tibia la petite côte qu'on y avait introduite. » Les pièces n°13, 14, 15 et 16 sont quelques-unes de ces petites côtes de lapin qui avaient été introduites dans le canal médullaire du tibia de'dif- férents chiens. » La petite côte n° 13 montre déjà des traces très-manifestes d'érosion , d'usure, de résorption; ces traces sont plus manifestes encore dans la côte n° 14, et plus encore dans les côtes n°® 15 et 16. » J'ajoute que, pour qu'on puisse bien juger de l'érosion de ces petites côtes de lapin, j'ai fait placer près de chacune la côte correspondante, ou de l'autre côté de l'animal , conservée intacte. (1) Voyez mes Recherches ci-devant citées, | : { 625 ) » Les pièces n°% 17 et 18 sont deux tibias de chien dans lesquels on a laissé TE par côtes qui y avaient été introduites. ». Dans la pièce n° r7, on voit les filaments de la membrane médullaire e se portent sur la petite côte et s’y enfonceut pour la résorber. Dans la pièce n° 18, la petite côte introduite est presque entierement résorbée. Je répète que je pourrais multiplier beaucoup le nombre de mes faits, et par conséquent celui de mes preuves; mais je ne veux pas abuser des mo- ments de l’Académie. Je conclus que l'os se forme dans le périoste, qu'il grossit par couches externes et superposées , et que la résorption des couches internes de l'os est le vrai mécanisme de l'agrandissement du canal médullaire. Je m'en tiens ici à ce court exposé de mes idées sur la formation des os; on trouvera toute ma théorie beaucoup plus amplement développée dans un nouvel ouvrage que je prépare et que je publierai bientôt (1). » M. Durrévoy présente, au nom de M. Mrrscuerricu, des échantillons qui fournissent des preuves directes du métamorphisme des roches; ces échan- tillons appartiennent au terrain de transition des environs de Christiania en Suëde ; ils ont été recueillis à 3 milles de cette capitale, presqu'au contact de Ja mantene de granit appelée Paradiesbächen. » Le terrain de transition se compose, dans cette localité, de petites cou- 7 de schiste quartzeux de 2 centimètres environ d'épaisseur, séparées par des couches de calcaire de même dimension; la puissance totale du terrain est de plus de 320 mètres. Il existe donc une alternance de plus de douze mille couches de schiste et de calcaire; de nombreuses encrines sont disséminées dans le calcaire qui est ordinairement compacte, tandis que le schiste est ter- reux. On remarque qu'en approchant du granit, la texture de la roche change, sans que sa stratification soit altérée ; à une certaine distance, la roche est cristalline et contient encore des fossiles; au contact même du gra- uit, le calcaire, entièrement lamellaire, n'offre plus les caracteres paléon- tologiques qui lui sont propres. Les échantillons présentés à l’Académie appartiennent à cette partie moyenne. Le calcaire en est complétement cristallisé, le schiste siliceux est devenu quartzeux, mais des fossiles qui y existent encore, dévoilent la for- ’ (1) Voyez, pour les premiers développements de cette théorie, mes Aecherches déjà plus d’une fois citées sur le développement des os et des dents. (626 ) mation sédimentaire de la roche. Ce terrain a donc été soumis à une double action : déposé en couches minces, par la voie neptunienne, il est devenu cristallin, par la température élevée qu'ila supportée postérieurement à sa for- mation ; outre le changement de texture de la chaux carbonatée et du quartz, il s'est développé à la surface de contact des couches siliceuses et calcaires, plusieurs espèces de cristaux ; les échantillons présentés à l'Académie contien- nent des grenats verts et de l'amphibole grise bien cristallisés. Il est à remar- quer que le grenat vert est à base de chaux, et qu'il en est de même de l'am- phibole grise ; en même temps donc que les couches de schiste siliceux et de calcaire cristallisaient par la chaleur, il se formait au contact des cristaux résultant de la combinaison de la silice et de la chaux. » A l’appui de cette communication, M. Dufrénoy soumet également à l'Académie des échantillons de schiste argileux des forges des Salles près Pon- tivy, qui contiennent des macles et des fossiles, exemple semblable à celui de la montagne de Paradiesbächen; les macles de cette dernière localité présentent une circonstance remarquable, qui s'ajoute à l'existence des fossiles pour prouver le métamorphisme du terrain des environs de Pontivy; c’est que la partie noire qui en occupe le centre est schisteuse. La dimension des macles, qui ont près de 4 millimètres de diamètre, rend cette circonstance facilement appréciable; il en résulte donc nécessairement que les macles sont faites aux dépens du schiste, et qu'une portion de :ette roche non transformée est restée au centre de ces cristaux. » À la suite de cette communication, et comme preuve de la formation des cristaux par la chaleur, M. Dufrénoy montre des échantillons de cristaux ar- tificiels recueillis ou obtenus par M. Mitscherlich; ce sont de la b/ende en grande masse lamelleuse, du fer oxydulé en cristaux octaèdres de 3 ou 4 millimètres de côté, de beaux cristaux de feldspath, dont quelques-uns sont hémitrophes comme ceux de Baveno, des cristaux de péridot de plus de 2 centimètres de côté, enfin des cristaux de diopside. Ce dernier échantillon, d’une pureté remarquable, a été obtenu en commun par M. Berthier et M. Mitscherlich dans le laboratoire de ce dernier savant à Berlin. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les conséquences qui paraissent devoir résulter de la comparaison des températures observées en divers lieux de la Terre; par M. Pen. « En discutant les observations météorologiques faites à Toulouse en 1839, 1840, 1841, 1842 et 1843, j'ai pensé quil pourrait être intéressant de ( 627 ) comparer les températures moyennes, que j'avais calculées de cinq en cinq jours, à ces mêmes températures obtenmes par les observations de Paris. Je désirais savoir si les mêmes irrégularités se manifesteraient également sur les deux courbes représentant ces températures moyennes, et il m'a paru assez remarquable qu’à une légère exception près, correspondant au 11 décem- bre, le parallélisme se soit maintenu , malgré les nombreuses sinuosités for- mées par les deux courbes. Aux maxima et aux minima de la courbe de Tou- louse correspondent toujours, abstraction faite du 11 décembre, des maxima et des minima dans la courbe de Paris. Quand l'une de ees courbes s'abaisse, l'autre s'abaisse également; quand la première se relève , la seconde se relève aussi. Jamais ces deux courbes ne se rencontrent; celle de Paris reste con- stamment au-dessous de l’autre. » Les ondulations parallèles de ces courbes me paraissent devoir être at- tribuées à une cause générale dominant les causes accidentelles qui peuvent modifier la marche régulière des températures d&ns deux points aussi éloi- gués que Toulouse et Paris. Il est remarquable que l'influence des astéroïdes du ro août et du 11 novembre se manifeste dans une série de si peu d’an- nées, non-seulement, comme l'a déjà reconnu le premier M. Erman, par un abaissement de température très-sensible vers le commencement de février et vers le commencement de mai, mais aussi par deux maxima bien marqués dans les premiers jours d'août et de novembre. Ces minima d'un côté, et ces maxima de l’autre, occasionnés par les mêmes courants d’astéroïdes, s'expli- queraient tres-bien par la position desnœuds en dedans de l'orbite de la Terre aux époques de février et de mai, époques où les astéroides ne se montrent pas en effet , et sur cette orbite aux époques d'août et de novembre ; car lors- que les astéroiïdes envelopperaient la Terre, ils diminueraient le rayonnement de cette planète vers les espaces célestes, et lui renverraient une partie de la chaleur qu'ils reçoivent eux-mêmes du soleil. » On peut aussi remarquer que le milieu d’avril et le milieu d'octobre ont été signalés, par quelques observateurs, comme appartenant à des époques d'apparitions d'étoiles filantes; et précisément ces deux époques, qui cor- respondraient aux deux nœuds d’une même zone d’astéroïdes, se trouvent aussi très-remarquables par la forme des courbes de température qui, après avoir eu l’une et l’autre un minimum très-sensible du 10 au 15 avril, s'élèvent très-rapidement, soit à Toulouse, soit à Paris, du 15 avril au 5 mai, et qui présentent aussi un maximum , ou un ralentissement très-notable du 7 au 12 octobre.La position des nœuds très-près de l'orbite de la Terre, mais un peu en dedans ou un peu en dehors, suivant les cas, suffirait à l'explication de ( 6:58 ) ces anomalies, et ferait comprendre aussi pourquoi les apparitions d'étoiles filantes qui devraient leur correspondre n'ont pas toujours lieu. » Des remarques analogues aux précédentes pourraient s'appliquer aux époques du 5 au 10 juin et du 5 au 10 décembre, à celle du 2 janvier, etc., qui ont été signalées aussi comme appartenant à des époques d’apparitions pério- diques d'étoiles filantes ; mais malgré le parallélisme des courbes de Toulouse et de Paris, et la probabilité que ce parallélisme indique l'élimination d'une grande partie des causes accidentelles , il est nécessaire de réunir des obser- vations plus nombreuses , avant de pouvoir en tirer des conclusions suffi- samment justifiées. Cependant on peut remarquer des ce moment, à l'appui de l'opinion que les causes accidentelles sont presque entièrement éliminées, que la courbe des températures données pour Paris dans l'/nnuaire der8or, et qui est basée sur quinze années d'observations, dont la moyenne corres- pond à l'année 1813, conserve, à très-peu près, les mêmes sinuosités que les courbes données par 18s observations des cinq dernières années , et que ces sinuosités se trouvent seulement un peu moins rapides. C’est ce dont il est facile de s'assurer par la construction de cette courbe; seulement, les divers maxima et minima qu'elle présente sont avancés de dix à quinze jours environ par rapport à la courbe de 184r, et cette circonstance mérite encore d'être signalée , car elle s'accorderait assez bien avec l’opi- nion émise par M. Chasles, que les nœuds des astéroïdes pourraient bien avoir sur l'écliptique un mouvement progressif d’un mois environ par siècle ou par cent vingt-cinq ans. » Quoique ces particularités ne doivent être acceptées par les météorolo- gistes qu'avec une extrême réserve, cependant il m'a paru convenable de les signaler à leur attention; car des discussions faites sous ce point de vue, soit par le calcul d'un grand nombre d'observations en masse, soit par le calcul de ces observations groupées en diverses périodes, pourront jeter quelque lumière sur l'existence de zones frigorifiques et calorifiques de l'espace, à travers lesquelles passerait la Terre aux diverses époques de l'année, et qui seraient dues sans doute elles-mêmes à des courants d’asté- roïdes, comme celles déjà constatées du mois de février et du mois de mai. M. Arago faisait remarquer, dans une circonstance , combien il serait pi- quant de prouver que la Terre est une planète, par les étoiles filantes dont l'inconstance est proverbiale. Ne pourrait-on pas ajouter à cette remarque qu'il serait sans doute aussi très-piquant de démontrer le mouvement de notre globe , l'existence de diverses zones de petits astres invisibles tou- Re Lo PAS pré da ( 629 ) jours pour nous, et la marche des nœuds de ces astres par les anomalies de température observées à la surface de la Terre? Voici les températures moyennes calculées pour Toulouse et pour Paris, de cinq en cinq jours. IL sera facile, avec ces températures, de construire les courbes qui les représentent. Moy. MOIS. Paris| des mois. du 3o juin au 4 |17,68 | 9 (18,41 Janvier. Juillet. A TIrE 18,03 19 |19,59 2 24, |r9,25 29 |17,54 Février | | | d D du3ojuill.au 3 |r8,23 | an 8 |20,20 50 ) À 13 |r9,11 « Août … RER er 24 : 23 |18,09 28 |18,98 du 29soût au 2 |20,40 7 12 [du 24 fév. au 1er du i7au 6 Mars. Septem 17° 22 25 D Si R RQ DS (EN SQOUIN Avril. LP) 22 27 " L= du 1 au ? du 28 oct. au 1°r 6 : ; Novem. ce | , du 1° au : du 28 sept. au2 7 12 , d: Octobr. 0 16 21 26 du 31 maiau £ s du 27 nov.auitr 6 II Jui F4 Décemb. 6 21 26 du 27 au 31 | Moyennes de l’année... C.R, 1844, 20€ Semestre. (T.XIX, N° 44.) 85 (630 ) » Indépendamment des résultats généraux déjà énoncés, on peut déduire quelques autres conséquences de ce tableau et de la comparaison des nom- bres qui sy trouvent avec des nombres connus. Ainsi, la température moyenne de l’année à l'observatoire de Toulouse (163 mètres au-dessus de la mer) est 13°,18, plus haute de 2°,26 que la température moyenne de Pa- ris, et beaucoup plus basse que celles de Montpellier, d'Avignon, de Marseille, de Toulon, de Nice, de Lucques, de Florence, etc., qui sont à peu près sous la même latitude; que celle de Bordeaux, dont la latitude est cependant plus élevée, etc. Cette température moyenne 13°,18 dépasse de 1 degré à peu. près la température moyenne 12°,39 de neuf heures du matin. Le mois le plus chaud de l’année est le mois d'août, comme à Paris; le mois le plus froid est le mois de janvier. La plus grande chaleur a lieu du 3 au 23 août, et elle est représentée par la température moyenne 22°,33. Le plus grand froid ar- rive du 5 au 15 janvier, et il est exprimé par 2°,07. » Je placerai ici, en terminant, un second tableau qui donne les tempé- ratures extrêmes de chaque mois à Toulouse : JANVIER « FEVRIER. MARS. AVRIL. MAI. JUIN. — A, |, ce | ee a — Minim. | Max. [Minim.| Max. [Minim.| Max. | Min. . [Minim.| Max. 1839.1 — 4,3 | 14,3 | —5,0 | 14,0 18,0 1840.] — 6,0 | 15,0 | —5,0 | 13,0 17,7 1841.) — 6,5 | 15,0 | —5,8 | 15,5 25,0 1842.) —11,0 | 10,0 | —3,0 | 18,2 20,0 1843] — 4,3 | 13,9 | —2,6 | 14,8 20,3 Moy. — 6,42 EG OO JUILLET. AOÛT. SEPTEMBRE. OCTOBRE. NOVEMBRE. DÉCEMBRE. Ts | | a Minim,| Max. [Minim.| Max. IMinim.| Max. | Min. x. [Minim.| Max. [Minim.| Max. 1839. 11,4 10,0 | 37,0 17,4 1840. 9,9 | : 13,4 | 35,8 5 11,4 11,70|#32,3 14,2 12,9 | 34,0 î 13,0 13,1 ) 11,9 D'où il résulte qu'en moyenne, les températures extrêmes du mois de janvier (2657 ) et du mois de juillet sont, à Toulouse, — 62,42 et + 35°,02; ce qui donne, pour la différence entre la plus basse et la plus haute température de l’année, + n°44. » ASTRONOMIE. — ]Vote sur la position astronomique du nouvel observatoire de Toulouse ; par M. F. Per. « En attendant que les instruments méridiens soient placés au nouvel observatoire de Toulouse, J'ai déterminé la position de cet établissement au moyen d'une opération géodésique qui l’a rattaché à l’ancien bâtiment. Cette opération, dans laquelle une erreur de quelques mètres était complétement indifférente, a été faite et vérifiée au moyen de diverses bases que j'ai prises dans le canevas trigonométrique de la ville de Toulouse, donné par M. Bellot, géomètre en chef du cadastre, et qu'il ne m'a pas paru nécessaire de me- surer de nouveau, à cause de l’habileté bien connue de cet ingénieur. La trés-petite différence que J'ai trouvée entre les résultats, et qui correspond pour la plus grande erreur à 1 mètre environ, peut être due en partie à ce que l'église de la Dalbade, dont le méridien a servi de point de départ à M. Bellot, n’a pas de flèche à son clocher, qui est entré cependant dans un de mes triangles. » Voici les résultats de mon opération. (Le nouvel observatoire est au nord et à l'est de l’ancien.) Distances horizontales entre la coupole de l’ancien observatoire et la fente méridienne placée à l’est et sur la Différences Différences face sud du nouveau. de latitude. de longitude. 2436,456 1/5”,61 1/0”,61 — 45,04 entemps. 2436%,643 1'5”,64 1'0",56 — 4°,037 Moyennes... 2436",549 1508 1/0”,53 — 45,04 Longitude de l’ancien observatoire, Latitude de l’ancien observatoire. Par rapport au méridien de Paris. 43°35/ 40” 0°53/47" ouest. 105263 107 031est. Longitude de la fente méridienne Latitude de la face sud du nouvel placée à l’est et sur la face sud observatoire. du bâtiment. 43°36'45",;63 nord, 0°52/46/,47 ouest, ou, en nombres ronds, 43°36/46” nord. ou, en nombres ronds. 0°52/46" ouest. 85. ( 682 ) On peut provisoirement adopter ces résultats, dont l'exactitude dépend de la précision avec laquelle avaient été déterminées la latitude et la longi- tude données dans la Connaissance des Temps pour l'ancien observatoire. La hauteur au-dessus de la mer a été obtenue à l’aide d’un nivellement géodésique et d'un nivellement barométrique, au moyen desquels j'ai relié les deux -observatoires. Les distances zénithales ont été prises de l’une des deux stations seule- ment (ancien observatoire), et la différence x de niveau a été calculée par la formule connue Tr =ROur (—0,f20) in (: —0,92C) dans laquelle 3 exprime la distance zénithale observée, R le rayon de cour- ÿ bure du point moyen entre les deux stations, et C l'angle compris entre les normales aboutissant à ces deux stations. Les résultats ont été vérifiés par cette autre formule, Csin 1” 2 — RG SM (= + ot) Trois doubles distances zénithales étaient observées à chaque opération. Toutes réductions faites, j'ai trouvé pour la différence de niveau entre la cuvette du baromètre à l’ancien observatoire et le seuil du nouveau, les nombres suivants : 32",0884 32%,0884 32",6262 Moyenne. . . 32",26435 » Par huit observations barométriques faites avec deux baromètres de Fortin qui avaient été soigneusement comparés, j'ai obtenu pour la même différence... ... MEN CIRE EN ONE eee » Différence par le ro Ru géodésique. ....... HEAR Un 392,964 MOYENNE EEE EE ETES PR EAN NE 392,82/49 » D’après une Note qui m'avait été remise par M. Daubuisson, la hauteur du seuil de l’ancien observatoire au-dessus de la mer serait de... AOEIE EN PRE RTE PRE MEn es ; 146",63c » La les de la cuvette du baromètre RL RUN du Jon est ag. AE SO ANA A PNA OO A 16,045 (633) » Hauteur du seuil du nouvel observatoire au-dessus du baromètre de l'ancien. ....................... LA ARE 337,062! » D'où : hauteur du seuil du nouvel observatoire au-dessus D LE nn OR Dan ie se 100100 » Un second nivellement que M. PE ee Arc Fa ponts et chaussées, a bien voulu exécuter à ma demande depuis la retenue de l'écluse Bayard jusqu’au seuil du nouvel observa- toire, donnait pour la différence de niveau entre ces deux points. A cd en Ge = At ete alt OO » La ue de la retenue de l’écluse au-dessus de la Médi- terranée est d’ailleurs de................ RTE RRTE TT 0T/49239 » D'où : hauteur du seuil de l'observatoire au-dessus de la Diéditerranée 4m en pue tire DA D Tee 0 D ANGERS » Les derniers nivellements ont donné, d’après M. Borrel, ingénieur des ponts et chaussées, entre l'Océan et la Méditer- ranée , une différence de.........,....... AE 3e à AE : 07,637 » Et par conséquent : hauteur du seuil de l'observatoire au- dessus de l'Océan........ soda tea c bol os oui PRÉ ATRIO2 20717 » Hauteur conclue du premier procédé................ 195",499 Moyenne. ....... PAROI ER Ur ne 194,238 « M. Perix présente une méthode analytique pour la détermination de la parallaxe et de la trajectoire des bolides. Après quelques détails histo- riques sur les recherches des géomètres et des astronomes qui l'ont précédé dans cette voie, il donne d’abord, dans cette méthode, des formules qui permettent de calculer la vitesse d’un bolide et la distance des divers points de sa trajectoire, soit à l'observateur, soit à un point quelconque de la sur- face de la Terre. Il corrige ensuite les observations de l'effet produit par le double mouvement de translation et de rotation. Après ces premières re- cherches auxquelles s'étaient arrêtés Olbers et de M. Boguslawski, qui s'en étaient occupés les derniers, M. Petit fait remarquer, en rapprochant les apparitions du 17 juin 1777 et celles du 6 juin 1839, du 9 et du 12 juin 1841, du 3 juin 1842, etc., des apparitions du 12 décembre 1833 et du 16 dé- cémbre 1838, que très-probablement l'écliptique est coupée vers les points correspondants à ces deux époques par une zone renfermant des astéroïdes moins nombreux, mais aussi plus volumineux, ou du moins passant plus près (634 ) de nous que ceux des zones correspondant aux mois d'août et de novembre. Il en conclut qu'il importerait, pour pouvoir assigner à ces bolides leur vé- ritable caractère astronomique, pour savoir, par exemple, s'ils étaient ou s'ils ont pu devenir des satellites de la Terre, si les plans de leurs orbites pri- mitives étaient parallèles, si ces orbites primitives étaient des courbes sém- blables, ayant les mêmes excentricités, les mêmes périhélies, etc., de dé- terminer non-seulement la parallaxe, la vitesse relative ou absolue, etc., mais encore les éléments des orbites décrites autour du Soleil avant que les astéroïdes eussent subi l'influence perturbatrice de la Terre, et les modifica- tions éprouvées par ces éléments à l’époque où les mêmes astéroïdes sortent de la sphère d'activité de notre planète pour rentrer dans celle du Soleil. Les formules que donne M. Petit dans son Mémoire permettent d'atteindre ce but. » MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Mémoire sur l'alcool amylique ; par M. Baranr. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Dumas.) « La culture de la vigne a pris dans le midi de la France un si grand dé- veloppement, l'extraction de l'alcool des vins s'opère sur de telles masses et donne lieu à des transactions commerciales d'une si grande importance, que les travaux qui tendent à améliorer les produits de cette industrie, tout à fait nationale, m'ont toujours paru dignes d'exciter à un haut degré l'intérêt de ceux qui s'occupent de sciences. » Il y a quelques années que mon attention fut appelée sur les eaux-de-vie de marc, sur les causes de la saveur désagréable qu'elles présentent, et qui, les faisant désigner sous le nom d'esprits mauvais goût, apportent à leur prix une dépréciation notable. » En examinant l'huile qui me fut remise et que l’on peut extraire de ces alcools par une rectification bien entendue, je constatai que c'était une matière hétérogène et qui, entre autres composés, contenait principalement de l’éther œnanthique , et le composé huileux décrit sous le nom d'huile de pommes de terre et placé alors dans la classe des camphres. » Un examen plus approfondi de ce produit, et la découverte notamment de l’éther chlorhydrique et des sels viniques, me prouvèrent qu'il devait être au contraire rangé dans la classe des alcools, vérité, du reste, qui fut mise dans pan NL ter Je "— +2 ( 635 ) tout son jour par les intéressants travaux que publia M. Cahours pendant que j'essayais d'étendre et de compléter les miens. » Occupé d’autres recherches, je laissai là mes premiers résultats, que je reprends aujourd'hui pour tracer une histoire à peu près complète d’un com- posé que ses propriétés, mes analyses, la densité de sa vapeur, prouvent être bien identique avec l'huile de pommes deterre, malgré une origine qui semble d’abord bien différente. » Mais il ne faut pas le méconnaître cependant, avec une diversité appa- rente, cette origine se présente néanmoins comme identique en réalité. Tant qu'on a vu cet alcool ne se produire que dans la fermentation de l'ami- don de pommes de terre, et qu'on a ignoré son identité avec un des principes de l'huile de marc, on a pu admettre que ce produit préexistait dans la couche extérieure des globules de l'amidon, dans l'enveloppe du raisin, et ne voir, dans la fermentation alcoolique et dans la distillation, qu'un moyen de le sé- parer des milieux qui le contenaient tout formé. Mais sa présence à la fois dans les produits de la fermentation du moût de vin, du moût de bière, des melasses de betteraves, du sucre de fécule, ne permet pas de douter aujour- d'hui, que ce ne soit là un produit artificiel, formé probablement aux dépens du glucose lui-même, par suite d’une fermentation qui a cessé d’être franchement alcoolique, et que la présence des matières azotées en excès a déviée de sa marche normale. » Si l'alcool provient de la décomposition du glucose lui-même, comme l'acide butyrique , la mannite, qui se produisent parfois aussi aux dépens de ce corps, on sent dès lors combien est peu rationnelle la dénomination d'alcool amylique sous laquelle il est connu ; cependant, pour éviter ces ré- formes partielles de nomenclature qui me paraissent plus nuisibles qu'utiles à la science, je lui conserverai, dans ce travail, le nom par lequel il est déjà désigné. » Parmi les produits divers auxquels l'alcool amylique peut donner nais- sance, il en est un que j'avais obtenu en premier lieu, et de la préparation duquelje mesuis occupé d’une manière plus spéciale; c'est l’éther hydro-chlora- mylique. Les affinités si énergiques du chlore qu'il renferme me faisaient es- pérer que ce composé me permettrait d'en obtenir plusieurs autres : cette espérance n'a pas été trompée. Pour préparer cet éther, j'ai eu recours à la méthode directe; ce mot la caractérise suffisamment. Avec cet éther j'ai pu obtenir l'éther amylique, correspondant à l'éther ordinaire de l'alcool du vin. » Le composé de l'alcool amylique , analogue à l'éther proprement dit, ( 636 ) avait, depuis longtemps, attiré mon attention. J'avais tenté de l'isoler, en faisant réagir, sur l'alcool amylique , les acides sulfurique et phosphorique, l'acide fluoborique, fluosilicique et le chlorure de zinc; mais je l'avais tenté vainement. La production simultanée de carbures d'hydrogène, d'une volati- lité variable, n'avait pu que m'autoriser à soupçonner son existence. Pour la démontrer, je devais donc, renonçant à l'emploi de ces moyens empiriques en quelque sorte, et qui, dans ce cas, ne pouvaient me faire atteindre mon but, chercher un procédé rationnel qui manquait encore à la science. » Quand un chimiste, en effet, veut extraire l’éther d’un alcool donné, c'est uniquement aux agents de déshydratation qu'il s'adresse, et notamment à l'acide sulfurique. Mais la réaction n'est pas simple, bien s'en faut; d’autres produits se forment, même en opérant avec l'alcool et l'esprit-de-bois , et si l’éther de ce dernier corps n'était pas gazeux, si l'hydrogène bicarboné était liquide, on peut supposer que les éthers méthylique et vinique parfaitement purs seraient peut-être encore à découvrir. On sait d'ailleurs avec quelle dif- ficulté on parvient à obtenir de l'éther vinique bien purgé de ces composés compliqués connus sous le nom d'huiles douces du vin. Or, si ces méthodes ne réussissent déjà -qu'imparfaitement quand on opère sur ces alcools d’une constitution simple, on peut en quelque sorte prédire avec certitude qu'elles échoueront dans le traitement d'un composé du même ordre, mais à poids atomique plus élevé. » Ce but, au contraire, on pourra, je Fespère, l’atteindre toujours . au moyen de l'action s’exerçant à chaud de la solution alcoolique de potasse sur l'éther chlorhydrique d’un alcool donné, espèce de composé que l'on peut presque toujours se procurer en faisant réagir le chlorure de phosphore sur l'alcool lui-même. » Cette solution alcoolique réagissant à chaud et par conséquent dans des vases clos sur l’éther chlorhydrique de l'alcool du vin, produit de l’éther or- dinaire; avec l'éther hydrochloramylique , elle m'a aussi donné l’éther amy- lique. Quoique je n’aie pas encore étendu mes recherches dans ce sens, tout porte à croire que ce mode d'action est général, et que l'histoire de l'alcool cétique, par exemple, pourrait s'enrichir, par cemoyen, de la connaissance du monohydrate de cétène qui, comme on le sait, est encore à découvrir. » De l'éther chlorhydrique on passe, comme on le voit, à l’éther ordinaire sans difficulté. La réciproque est-elle vraie? Peut-on, au moyen de l'acide chlorhydrique, remplacer par du chlore l'oxygène de l'éther ordinaire ? C'est ce que, dans son Traité de Chimie organique, M. Liebig affirme pour l’éther vinique, c'est ce qui me parait aussi avoir lieu pour l’éther amylique qui , sa- ( 637 ) turé de gaz acide chlorhydrique qu'il dissout en grande abondance, et exposé dans un vase clos à l’action de l’eau bouillante, régénère un composé chloré. » L'éther chlorhydrique et l'éther ordinaire passent donc de l’un à l’autre par les mêmes causes qui, dans la chimie organique, transformeraient un chlo- rure en oxyde, un oxyde en chlorure. il est dès lors difficile de ne pas regar- der ces deux composés comme des combinaisons correspondantes, des corps du même type, et cependant l’un donne 4 volumes, l’autre 2 volumes de vapeur. Je ferai le même rapprochement entre l'éther chlorhydriqueet l’éther sulfhydrique, qui lui aussi ne donne que 2 volumes de vapeur, quoiqu'il se déduise de l’éther chlorhydrique par une doubie décomposition tout aussi simple que la précédente. » Ces faits, il me semble, constituent un argument sérieux contre l'opinion des chimistes qui, n’admettant pas, dans les volumes des vapeurs des corps composés, des contractions variables, voudraient déduire, du rapport des poids de ces vapeurs, les rapports des poids des molécules elles-mêmes. » Il est aisé de pressentir que si la solution alcoolique de potasse permet de substituer de l'oxygène au chlore dans l’éther chlorhydrique, l’action d'une solution alcoolique de sulfure de potassium permettra d'échanger du chlore pour du soufre. L'expérience confirme, en effet, cette supposition. » J'ai pu ainsi obtenir un éther sulfhydramylique donnant, comme le composé analogue, de l'alcool du vin qu'a découvert M. Regnault, et qui rappelle à un si haut degré l'odeur et l’arrière-goût de l'oignon, qu'il y a lieu à rechercher, ainsi que je vais le faire, s'il n'y aurait pas identité entre cet éther et l'huile sulfurée que l'on extrait de ces bulbes. » Cetéther hydrochloramylique, réagissant à chaud et dans des vases clos sur le sulfhydrate de sulfure de potassium, m'a fourni un composé analogue au mercaptan qui forme aussi des mercaptides, et donne 4 volumes de va- peur. L'action du même éther sur le cyanure de potassium donne aussi lieu à la production d'un éther cyanhydrique, analogue à celui dont on doit la découverte à M. Pelouze. » Les éthers sulfhydramylique et le mercaptan ne sont pas les seuls com- posés sulfurés de l'alcool amylique que j'aie obtenus. En traitant une solution de potasse dans l'alcool amylique par du sulfure de carbure dissous aussi dans le même alcool, j'ai obtenu un sel analogue à ceux que Zeïize a dé- signés sous le nom de xanthates, et constaté la similitude parfaite de propriétés et de nature qui existe entre ces deux groupes de composés. » L'alcool amylique, que je viens de montrer si apte à produire des éthers C.R., 1844, 2me Semestre. (T. XIX, N° 14) 86 (638 ) à hydracides, forme aussi des éthers à oxacides nombreux. La méthode di- recte réussit pleinement pour l'éther oxalique. » Quand on chauffe l’alcoo! amylique avec de l'acide oxalique, celui-ci se dissout et on obtient une liqueur qui, saturée par le carbonate calcaire, fournit un sel soluble; c’est un oxalamylate de chaux qui m'a servi à préparer des composés analogues de potasse et d'argent. » La liqueur , si on la distille, donne, à la température de 262 degrés, un composé liquide à odeur de punaise, qui est de Féther oxalamylique donnant 2 volumes de vapeur. » Cet éther, traité par l'ammoniaque liquide, donne de l'oxamide; avec ‘’ammoniaque anhydre il donne un composé, l’oxamylane, qui se transforme par l’eau bouillante et les solutions alcalines, en cet acide oxamique dont j'ai traité l'histoire il y a deux ans, et dont la découverte, comme je le disais alors, paraît renfermer implicitement celle de la véritable nature des com- posés que forme l'ammoniaque avec les acides anhydres. » L’éther oxalique, dont l'acide est énergique et dont la température d'é- bullition est élevée, peut servir à obtenir d’autres éthers amyliques par double décomposition. » Parmi les sujets qui devaient attirer mon attention, se trouvait naturel- lement l’action des agents d'oxydation sur l'alcool amylique; je l'ai étudiée avec quelques détails. » On connaît les belles recherches par lesquelles MM. Dumas et Stas sont parvenus à changer cet alcool en acide valérianique. Il y a ‘longtemps que J'ai aussi réussi à produire la même transformation ; mais c'est aux agents d'oxydation ordinaires, au mélange de bichromate de potasse et d'acide sul- furique, que j'ai eu recours. L'action de ce mélange sur l'alcool amylique donne lieu à de l'acide valérique et à de l'éther valéramylique d'apparence huileuse, que MM. Dumas et Stas avaient déjà observé et regardé comme de l’aldéhyde amylique, mais qui n’est que de l’éther valéramylique, dont la composition est d’aillenrs la même que celle de l'aldéhyde amylique elle- même. Du reste, cette aldéhyde proprement dite se produit probablement dans plus d'une circonstance; les faits que j'ai observés me permettent de le soupçonner, mais ne m'autorisent pas encore à l’affirmer pleinement. L'action du mélange de bichromate de potasse et d'acide sulfurique me paraît être d'ailleurs le meilleur moyen pour obtenir en grandes proportions cet acide valérianique, dont l'étude présente aujourd'hui tant d'intérêt. » C’est qu'en effet, outre les applications que l’on commence à en faire à la médecine, on verra, sans aucun doute , se multiplier les circonstances naturelles ( 639 ) de sa production. On sait que c’est lui qui communique à la valériane son odeur et ses propriétés médicales; c’est encore lui qui donne évidemment aux vinasses de vin qui se putréfient l'odeur tout à fait caractéristique qui ac- compagne leur altération. M. Chevreul l’a trouvé dans l'huile de marsouin, dans les baies de J’iburnum opulus. J'ai lieu de croire que certaines sécrétions animales en renferment aussi, et j'espère le démontrer plus tard. J'ai pu enfin en extraire de certains fromages dans un état d’altération très-avancé. La ràclure des croûtes de celui de Roquefort, connue et conservée dans le midi sous le nom de rhubarbe, m'a en effet fourni, par la distillation avec de l'acide sulfurique affaibli, un acide organique qui avait toutes les pro- priétés de l'acide valérianique , maïs que je n'ai cependant pas analysé. » Jene dois pas, à cet égard, passer du reste sous silence un rappreche- ment curieux : il est certaines qualités d'eau-de-vie qui éprouvent sur les marchés une dépréciation causée par une odeur et un goût de fromage qu'y constatent les dégustateurs. Il est difficile de ne pas croire que l'acide valé- rique et l'éther valéramylique ne soient les causes réelles du mauvais goût que présentent ces produits. » Au nombre des agents d'oxydation que l'on peut faire agir sur l'alcool amylique, il ne faut pas oublier l'acide azotique lui-même. Cet acide, qui n'agit pas à froid, donne lieu, par une légère élévation de température, à une réaction trés-intense, de laquelle résultent de l'acide valérique, de l'éther valérique de l’aldéhyde amylique, de l'acide cyanhydrique, et enfin de l'éther azoteux, de l'alcool amylique, que l'on peut isoler à l’état de pureté, ou obtenir directement par l’action des vapeurs nitreuses sur l'alcool amylique. » Parmi les agents de déshydratation que j'ai fait agir sur l'alcool amylique, le chlorure de zinc est celui qui exerce l’action la plus nette. Par l’action de la chaïeur et de ce chlorure de zinc, on décompose l'alcool amylique en trois carbures inégalement volatils, isomériques entre eux et avec l'hydrogène bicarboné. » Le plus volatil bout à 30 degrés; il a pour formule C‘°H'°. L'autre, qui bout à 160 degrés, a la même composition, mais une densité de vapeur double, et pour formule C?°H?°; la portion qui distille entre 250 et 270 degrés aune densité de vapeur qui, sans être le double de la précédente, s'en rapproche beaucoup. Il paraît être dès lors formé en grande partie d’un carbure à den- . sité de vapeur quadruple, d'une odeur fort agréable , qui contraste ainsi avec l'odeur de choux aigris du carbure plus volatil , ou avec l'odeur légè- rement camphrée du carbure qui bout à 160 degrés. 86. ( 640 ) » Ainsi, sous l'influence de la chaleur, la molécule de carbure d'hydro- gène mis en liberté par les agents de déshydratation, non-seulement se double, mais se quadruple même, et le point d'ébullition s'éleve graduel- lement. » Maintenant une question se présente : de ces hydrogènes carburés, à poids moléculaire simple, double, quadruple, quel est celui qu'il faut assi- miler au gaz oléfiant? c'est évidemment le carbure le plus volatil : ce serait celui-là qui devrait porter le nom d'amylène; les deux autres devraient être désignés par les noms de paramylène et de métamylène. » Les carbures ne sont, du reste, peut-être pas étrangers à ces com- posés que l’on obtient avec l'alcool, composés dont l'histoire est encore si ob- secure et que l’on appelle huiles douces du vin. Quand on songe àl’exiguité deleur production, quand on réfléchit qu'ils ressemblent, par un grand nombre de propriétés, à ceux que j'ai extraits de l'alcool amylique , on est disposé à croire qu'ils proviennent principalement de la décomposition de cet alcool amylique que les alcools ordinaires contiennent toujours. Ce qui tend, du reste, à con- firmer cette opinion, c'est que M. Masson, ayant essayé de reproduire ses huiles douces en utilisant l'alcool qui avait été une première fois traité par le chlorure de zinc, n'est plus parvenu à obtenir ses premiers résultats avec cette matière ainsi purifiée. » Dureste, la présence de l'alcool amylique dans l'alcool ordinaire, surtout aux doses faibles auxquelles on l'y rencontre ordinairement , n'exerce qu'une faible influence sur la saveur des alcools. La principale cause du mauvais soût qu'ils présentent est l'éther œnanthique, qui cependant, malgré son odeur forte et sa saveur désagréable, commence à être employé dans certains cas, comme bouquet propre à masquer la saveur plus désagréable des eaux-de- vie de grains. » En résumé, les faits les plus saillants contenus dans ce Mémoire sont les suivants : » L'huile d'eau-de-vie de marc est une matière complexe; ellecontient à la fois de l'éther œnanthique et de l'alcool amylique. » Cetalcool paraît être un produit constant de la fermentation alcoolique. » Îl existe dans tous les alcools du commerce, en proportions plus ou moins grandes. Certains produits connussous la dénomination d'huiles douces du vin, paraissent lui devoir leur origine. » Les produits de son oxydation expliquent à la fois le goût de quelques eaux-de-vie, l'odeur toute spéciale des vinasses qui se putréfient, etla saveur de certains fromages dans un état de fermentationtres-avancée. palin. pe Ar nom 2 f del on Éd TT # (641) » L'hydrogène carboné que renferme cet alcool peut éprouver, par l'influence de la chaleur avec le concours des agents de déshydratation , des condensa- tions successives qui lui font acquérir un poids atomique double et quadruple. » L'action de la solution alcoolique de potasse sur un éther chlorhydrique offre un moyen rationnel pour obtenir l’éther simple d'un alcool donné. » L'alcool amylique donne naissance à des composés nombreux; la série des corps qu'il peut fournir devient presque aussi complète que celle des composés de l'alcool proprement dit, grâce à la connaissance de 13 com- posés nouveaux analysés et décrits dans mon Mémoire, et dont je joins ici le tableau : Nouveaux composés de la série amy lique qui sont décrits dans ce Mémoire. Formules. Volumes de vapeur. Éther amylique. . . . . . .. : GLuH'10) 2 volumes. Éther sulfhydramylique. . . . . . C'H'"'S, 2 volumes. Mercaptan amylique. . . . . . . CUHES?, 4 volumes. Éther cyanhydramylique. . . . . C'H''Cy, 4 volumes. Xanthamylate de potasse. . . . . 2CS + C"H''O, KO. Oxalamylate de chaux. . . . . . 2C:0° + C''H'O + Ca. Oxalamylate d’argent.. . . . . . 20° + C°H''0 + AgO. Éther oxalamylique. . . . . . . . C:0° + C‘H'O, 2 volumes. Oxamylane (oxamate d’amyle). . C‘O*Az°H° + C°H'O. Éther valéramylique. . . . . . . CH°0° + C'H'O, 4 volumes. Éther azoti-amylique. . . . . . . CFO: + C'H'O. Ai CS SEE PIE ASE Go 4 volumes. MIÉPANIY CRE ee au à Le prae Merde CU, 4 volumes. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un nouveau système de chemins de fer atmosphériques ; par M. Cnamweroy. (Commission nommée pour le Mémoire de M. Hallette. ) « M. Chameroy dispose, de la manière suivante, ses appareils locomo- teurs appliqués à un chemin de fer à double voie : » Il place entre deux voies une conduite formée de tuyaux en tôle et bi- tume, éprouvés par une forte pression. » Cette conduite, qui est d’un diamètre proportionné à la force d'im- pulsion que l’on veut obtenir, est enfouie dans le sol sur toute son étendue, et à des distances déterminées sont établis des embranchements qui vien- ( 642 ) nent aboutir au centre de chaque voie ; ces embranchements sont composés d'un tuyau cylindrique, auquel est soudé un robinet dont la clef porte un pignon à engrenage; sur ce robinet est fixé verticalement un cône creux, aplati, divisé intérieurement par une cloison transversale ; ce cône est sur- monté d'un tube cylindrique aspirateur placé horizontalement et parallèle- ment à la voie ; le diamètre de ce tube est moitié moins grand que celui de la conduite; il est divisé en deux parties égales par une cloison transversale qui ferme hermétiquement ; sa longueur est de 1 mètre environ. A chacune de ses extrémités est adaptée une garniture extérieure et un cône creux percé d'une certaine quantité de trous; sur l’un des côtés de l'embranche- ment est rapportée une coulisse dans laquelle glisse une tige verticale; l’ex- trémité supérieure de cette tige est munie d'un galet, et l'extrémité infé- rieure, d'une crémaillère qui engrène avec le pignon fixé au robinet. » L'inventeur fait voyager sur ces embrancheménts un tube articulé qu'il attache sous les wagons au moyen de ressorts et de chaînes; la longueur de ce tube est celle du convoi; son diamètre est égal à celui de la conduite; il présente une ouverture longitudinale fermée par une soupape à deux parois parallèles et juxtaposées ; chaque extrémité de ce tube est évasée et armée d'une soupape avec levier. Sous le premier et le dernier wagon sont fixées deux pièces d'appui mobiles placées obliquement et parallèlement aux wagons. Description de la fonction de cet appareil. » Des moteurs fixes à vapeur ou hydrauliques sont établis à une distance de 10000 mètres les uns des autres sur toute l'étendue de la ligne que l'on veut exploiter; ces moteurs servent à faire fonctionner des machines pneu- matiques.qui sont mises en communication avec la conduite posée entre les deux voies. » Lorsqu'on veut faire voyager un convoi, on attache sous les wagons un tube remorqueur; une des soupapes placées aux extrémités de ce tube est ouverte, tandis que l’autre reste fermée, et la partie du tube remorqueur qui porte la soupape ouverte doit être engagée préalablement sur un tube aspirateur : ces dispositions étant prises, et après avoir opéré le vide dans la conduite, on ouvre à la main le robinet de l'embranchement sur lequel le remorqueur est engagé; la communication s'établit aussitôt entre le tube remorqueur et la conduite par l'intérieur de l’embranchement et par le tube aspirateur ; la pression atmosphérique s'exerce à l'instant même sur la cloison transversale fixe du tube aspirateur formant le point d'appui, elle s'exerce en ( 643 ) même temps sur toute la surface extérieure de la soupape fermée du tube remorqueur qui forme le point de résistance; cette pression détermine le mouvement du tube remorqueur qui glisse sur les garnitures adaptées au tube aspirateur; en même temps la soupape longitudinale du tube remor- queur s'ouvre à son passage sur l'embranchement, pour se fermer immédia- tement après. Aussitôt que l'extrémité postérieure du convoi arrive sur cet embranchement, une pièce d'appui fait fermer le robinet, et en méme temps une autre pièce d'appui, fixée en tête du premier wagon, fait ouvrir le robinet du deuxième embranchement , en pressant la tige à crémaillère ; dans cet instant le vide cesse d'être communiqué au tube remorqueur par le premier embranchement, tandis qu'il est produit par le deuxième; la sou- pape du tube remorqueur s'ouvre alors pour passer en glissant sur le premier tube aspirateur. Cette soupape se referme presque instantanément par son propre poids ; la pression atmosphérique agissant de nouveau, le tube remor- queur entraîne le convoi auquel il est attaché. » Pour suspendre la marche du convoi , on évite d'ouvrir les robinets en soulevant les pièces d'appui. » Pour arrêter, on neutralise la vitesse par l'emploi des freins. » Pour rétrograder, il faut ouvrir la soupape du tube remorqueur qui est fermée, et fermer l’autre soupape qui était ouverte. Principaux avantages de ce système. » Une seule conduite en tôle et bitume coûtera moitié moins qu'une en: fonte. » Elle fera le service pour un chemin de fer à deux: voies. » Cette conduite, qui est enfouie dans le sol, est à l'abri de la mal- veillance. , » Son entretien intérieur et extérieur est nul. » Cette conduite forme un vaste réservoir qui sert à contenir l'élément de la force locomotrice, dont on dispose à volonté, soit pour imprimer aux convois chargés la plus grande force locomotrice ou la plus grande vitesse possible, soit pour monter les rampes. » On pourra rétrograder, diminuer ou neutraliser cette force pour des- cendre les rampes, ou pour arrêter la marche des convois; enfin, cette force ne sera dépensée qu'utilement. » Pendant les temps d’arrêt comme pendant la marche des convois, les machines pneumatiques fonctionnent et emmagasinent constamment dans la: conduite la force locomotrice. (644) » La conduite étant fermée et essayée à une forte pression lors de son éta- blissement , or n'aura point à redouter les rentrées d'air. » Sa position dans le sol permettra de franchir les passages de niveau. » Il sera possible de lancer plusieurs convois sur la même ligne, et, par conséquent, d'envoyer des wagons de secours. » La disposition du tube remorqueur avec articulations permettra de franchir les courbes de 300 mètres de rayon, et le mouvement de lacet des wagons sera neutralisé par le tube remorqueur. » cumie. — Note additionnelle au Mémoire sur l'empoisonnement par le cuivre, lu à l'Académie le 24 juillet 1843; par MM. Dancer et FLannin. (Commission précédemment nommée. ) « Dans la série de nos travaux sur les poisons métalliques, nous avons été conduits à mettre en doute la présence à l'état normal dans le corps humain, et de l’arsenic, et du cuivre, et du plomb. Nous avons annoncé être arrivés à cette négation, non-seulement par des analyses chimiques directes, mais par des expériences physiologiques, dont il nous a paru logique d'induire (sans tirer d'inductions absolues en physiologie), que l'existence dans le corps humain d'une matière toxique est incompatible avec l'état normal. » L'Académie se le rappellera peut-être, voici quelles avaient été ces ex- périences : » On avait, durant plusieurs mois, soumis des animaux à prendre chaque jour, avec leurs aliments, des doses graduellement croissantes d'acide arsé- nieux ou arsénique , d'acétate ou de sulfate de cuivre. Par un effet que la physiologie attribue à l'habitude, mais dont la chimie donnera peut-être un jour une explication plus satisfaisante, on était parvenu à faire digérer avec innocuité à des chiens des doses considérables de l’un ou de l'autre de ces poi- sons. Aprèsun intervalle de sept mois, par exemple, un chien de taille moyenne avait fini par prendre chaque jour, sans aucun accident, 1 gramme d'acide arsénieux mélé à des aliments liquides et solides. Alors qu'il était à supposer que la matière toxique avait pénétré tout l'organisme , que les divers systèmes en étaient en quelque sorte saturés , on avait sacrifié les animaux et recherché l’avsenic et le cuivre dans chacun de leurs organes, et en particulier dans la chair musculaire et dans les os. Toutes les analyses n'avaient donné que des résultats négatifs, et cependant c'était par 30 et 4o grammes qu'il fallait apprécier les quantités d’arsenic ou de cuivre qu'avaient ingérées les ani- maux. (645 ) » Depuis la communication à l'Académie de notre Mémoire sur l'empoi- sonnement par le cuivre, en juillet 1843, nous avons, sur l'invitation de quelques membres de ia Commission chargée de l'examen de nos travaux, repris l'expérience relative à l'alimentation mélée de composés cuivreux, et l'avons suivie jusqu’à ces derniers jours, c'est-à-dire pendant quatorze mois. Dans cet intervalle, un chien de moyenne taille, déjà précédemment empoi- sonné par absorption cutanée avec le sulfate de cuivre, mais guéri de cet empoisonnement, a pris et digéré avec ses aliments 60 grammes ou près de 2 onces de ce sel préalablement dissous dans l'eau : nous disons préalable- ment dissous, afin qu'il soit compris que nous avons administré le sel de cui- vre sous l'état le plus propre à en favoriser l'absorption. Sur ce nouvel ani- mal on n’a pu, en raison sans doute de l’état liquide du poison, dépasser en une fois, et par vingt-quatre heures, la dose de 18 à 20 centigrammes (5 à 4 grains). Plusieurs fois, en tentant d’aller au delà, on a provoqué des vomis- sements, et, par suite, du dégoût pour les aliments. Faut-il le faire remarquer, il est nécessairement dans ces sortes d'épreuves, et relativement à l'animal, et relativement à la substance toxique, une dose maximum que l'on ne peut franchir sans donner lieu à des accidents prompts et pour ainsi dire immé- diats. » Du commencement à la fin de l'expérience, l'animal n’a rendu le cuivre que par les selles; il ne nous est pas arrivé d'en saisir des traces manifestes dans les urines. » Après quatre jours d'interruption dans l'administration du poison, afin de laisser évacuer celui que contenaient les intestins, on a tué le chien et pratiqué peu après l’autopsie. On a trouvé la muqueuse intestinale rouge ou fortement injectée dans presque toute son étendue; par places même, cette membrane a paru ramollie et comme réduite en une pulpe molle : en aucun point, toutefois, on n’a signalé de solution de continuité ou d'ulcération dans son tissu. L'œsophage n’a pas présenté les mêmes traces d'hyperémie, et tous les organes d’ailleurs ont paru parfaitement sains. » On a procédé aux analyses chimiques, d'après la méthode que nous avons indiquée dans notre Mémoire, et qui, la Commission s’en est assurée, conduit avec certitude à retrouver le cuivre mélé aux matières organiques dans la proportion de o,00001 (1 cent-millième). é » Voici les résultats que l’on a obtenus : C. R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 14.) 87 ( 646) Dans le foie. . . . . . . . . . des traces faibles, mais manifestes de cuivre; Dans le cœur.. 4: . . . . . . . rien; Dans les poumons. . . . . . . rien; Dans le cerveau. . . . . . . . rien; Dans les reins et les urines. . . rien; Dans la chair musculaire dont on a analysé oo grammes. . rien; Dans les os (500 grammes). . . rien. Sur la demande qui nous en a été faite, nous avons remis avec empres- sement à M. Chevalier oo grammes d'os et une partie des chairs musculaires de l'animal. Ce chimiste, non plus que nous, n’y a trouvé aucune trace de cuivre. Nos propres opérations ont eu pour témoin un membre de la Com- mission , M. Pelouze. C'est une remarque qu'il faut faire : à la suite de nos premières expé- riences, on n'avait pas trouvé de cuivre ou d’arsenic même dans le foie, et, par l'épreuve nouvelle, on a signalé la présence du cuivre dans cet organe. Tirera-t-on de ce faitla conséquence que nous avions formulé antérieurement une proposition trop hardie, en disant que la présence d’une matière toxique dans les organes de l’homme est incompatible avec l'état normal? Nous ne le pensons pas, et l’Académie aura sans doute mieux compris notre pensée que ne l'ont interprétée ceux qui avaient intérêt, à la fausser pour la combattre. Ainsi que nous l'avons dit, ce ne sont pas des principes absolus que l'on peut poser en physiologie, mais des vues générales, et parfois des règles dont la nature ne s'écarte que par exception. Nous ne voulons faire ici que cette ré- serve, sans dire que l'animal surchargé de cuivre n'était peut-être plus dans les conditions rigoureuses de l’état normal. Ce que montre incontestablement notre dernière expérience , d'accord en ce point avec les deux autres, c'est que, dans les circonstances les plus propres à favoriser l'absorption ou l'assi- milation des poisons , l'organisme vivant ne s’en pénètre pas nécessairement et également pour chaque ordre de systèmes; c'est que le cuivre en particu- lier n’est pas porté par la circulation dans tous les organes où l'on avait cru le voir, ainsi, du reste, que l’arsenic que personne n'y retrouve plus aujour- d'hui. » Pour rappeler le point de départ de nos recherches et mettre à son véri- table jour la controverse que nous avons provoquée, car on a déjà cherché à la transporter là où elle n’est pas, nous demandons à l'Académie la permission de transcrire ici, pour elle, divers passages des écrits des auteurs qui font le plus autorité en toxicolopie légale : ( 647 ) » Tome IT, page 532 d’un Traité de Médecine légale, théorique et pra- tique, publié en 1840, on lit ce qui suit : « Le 19 avril 1838, je fis une nouvelle expertise chimique avec MM. Orfila » et Ollivier (d'Angers), dans laquelle nous retirâmes des cendres du canal » digestif de la dame L... une certaine quantité de cuivre. » Le 2 août suivant, pareille opération ayant porté sur le tube intestinal du » sieur R..., jobtins encore du cuivre des cendres. » Cette coïncidence me frappa, et comme je m'occupais alors, avec » M. Hervy, de recherches sur les cendres de l'estomac et des intestins, » notre attention fut naturellement appelée sur ces métaux, et nous recon- » nûmes bientôt que, dans tous les cas, on obtenait une proportion notable » de cuivre, de plomb et souvent de manganèse. Des circonstances parti- » culières ne nous ayant pas permis de poursuivre nos recherches en com- » mun, je continuai mes investigations , et Je ne tardai pas à retirer le cuivre » et le plomb de tous les organes et même du sang... » Depuis l'époque de mes recl'erches, il n’est pas une analyse médico- » légale que j'aie faite, et où je n’aie pas retrouvé le cuivre et le plomb » toutes les fois que l’analyse a porté sur des individus qui avaient été peu » de temps malades. » J'ai dû multiplier mes investigations, et m'adresser à des sujets de » tous les âges, à des sujets sains comme à des sujets malades , et, dans tous » les cas, le résultat a été le même : ..» » Comme résultat de ses dernières recherches, l'auteur a publié le tableau suivant : Tableau de la pondération de quelques essais ayant pour but la recherche du cuivre et du plomb dans les organes. Enfant nouveau-né. Canal intestinal: sulfate de plomb. . . . . . . . . of,oo1. Sulfate de cuivre... of,oo1 Enfant de huit ans. Estomac : sulfate de plomb. . . . . . . . . . . . o0f,004. Sulfate de cuivre. . of",005 Enfant de quatorze ans. Canal intestinal : sulfate de plomb.. . . . . . . . 0ë",025. Sulfate de cuivre.. 0f",030 Adultes. — Femme saine. Estomac : sulfate de plomb, . . . . . . . . . . . of",020. Sulfate de cuivre.. 0%",025 Intestins : ET NN EN An RATE 0 ,030. Idem. . . . o ,035 Intestins : TE 8 EP OR 0 ,040. Idem. . . . 0 ,046 (648 ) Hommes. Intestins (calcination à grand feu) : sulfate de plomb. of,025. Sulfate decuivre. . 0,037 Intestins (calcination à feu doux), idem 101,030. Idem. . . . o ,040 Vésicule du fiel , idem. . . . 0 ,003. Idem. . . . 0 ,002 Femmes malades. Intestins ( phthisique): sulfate de plomb.. . . . , of",oro. Sulfate de cuivre... of,o10 Cerveau (500 grammes), idem... . . . . . . 0 ,006. Idem. . . . © ,org » On voit, dit l’auteur, par le tableau qui précède, qu'il existe dans l’es- tomac, les intestins et tous les organes de l'économie , des traces de cuivre et de plomb ; » Que la proportion dans laquelle se trouvent ces métaux augmente avec l’âge ; ainsi, qu'elle est extrêmement faible chez l'enfant nouveau-né, qu'à trente ans elle est quatre et cinq fois plus grande ; » Que ces métaux sont en proportion Yariable dans l'estomac ei les intes- tins de l'homme et de la femme adultes; que cette proportion ne dé- passe pourtant pas 46 millièmes pour les intestins à l'égard du cuivre et 4o millièmes à l'égard du plomb. » »._ Dansle tome [, page 643 de la dernière édition d’un Traité de Toxico- logie, publié en 1843, on dit, d'autre part: « On est en droit de se demander si, à raison de l'existence naturelle du cuivre dans les tissus de nos organes, et dans certains aliments, l'expert ne se trouvera pas £oujours dans l'impossibilité de décider que le cuivre qu'il aura obtenu en analysant une matière suspecte provient d'un empoisonne- ment, et sil n'y a pas lieu de déclarer qu'il faut renoncer à éclairer la jus- tice dans toutes les espèces de ce genre ; en d’autres termes, peut-on recon- naître que le cuivre recueilli à la suite d’une expertise n'est pas celui qui existe naturellement dans les organes de l'homme ou dans les aliments dont le malade avait fait usage, et qu'il a été au contraire fourni par une pré- paration cuivreuse ingérée comme poison et comme médicament ? Je puis répondre d'une manière précise par l’affirmative pour ce qui concerne les organes ; en disant que le cuivre qui existe dans le canal digestif ou dans tout autre viscère, par suite d'un empoisonnement par une préparation cuivreuse ou de médication par un compose du méme genre, peut étre ob- tenu par des procédés à V'aide desquels on ne parvient jamais à extraire le cuivre naturellement contenu dans ces organes; ine s'agit donc que de ( 649 ) » suivre ces procédés pour être à méme de conclure que le métala été ingéré ” comme poison ou comme médicament. » La preuve de cette assertion importante ressortira évidemment des dé- » tails qui vont suivre sur la nature des procédés qu’il faut mettre en usage » pour retirer le cuivre normal de nos organes.; » et l'auteur indique ces procédés, qui ont été suffisamment appréciés. » Déjà, sur la question que nous avonsportée devant l'Académie, M. Che- vreul a par deux fois exprimé son opinion qu'il a bien voulu dire conforme à la nôtre : c’est pour nous l'assurance que la savante compagnie voudra mettre un terme à des incertitudes qu'une polémique cherchant parfois l'équivoque n'a cessé d'entretenir, et qui se reproduiraient indubitablement encore, pré- judiciables à lascience et peut-être à la justice, au jour d'un procès criminel en cour d'assises. » CHIMIE. — Recherches sur la constitution chimique des acides et des bases 5 par M. E. Muzon. (Extrait.) (Commission précédemment nommée. ) «Le travail dont j'ai l'honneur de présenter les conclusions à l’Académie fait suite à d'autres recherches ( Annales de Chimie et de Physique, 3° série, tome IX), dans lesquelles j'ai déjà eu lieu d'insister sur quelques arrangements moléculaires propres aux bases, et sur le rôle de l'eau combinée. » Dans le Mémoire que je rappelle, j'avais été conduit à soupconner, 1° que certaines bases s'accompagnent d'un ou de plusieurs équivalents d'eau qu'elles tendent à conserver toujours, même après leur combinaison avec les acides; 2° que plusieurs équivalents d'un même oxyde pouvaient s'ajouter l'un à l’autre, se superposer en quelque sorte, et se comporter ensuite dans les combinaisons qu'ils contractent, comme un seul équivalent. » Ces faits généraux, si propres à modifier les idées qui représentent au- jourd’hui la constitution des composés minéraux et organiques les plus nom- breux, me semblaient surtout ressortir de l'examen des sels de magnésie et d'oxyde de cuivre. J'ai soumis les sels formés par la première de ces bases à une nouvelle étude. » Ces recherches m'ont permis de confirmer mes premiers résultats, et d'en étendre les principales conséquences. » J'exposerai, dans un travail étendu » les procédés de déshydratation que Jai dû mettre en usage pour saisir les conditions les plus délicates de la ( 650 ) constitution hydrique des sels; aujourd'hui je me borne aux faits essentiels et aux conclusions générales. » Voici d’abord ce que l'analyse apprend sur la constitution des sels de magnésie, et sur leur modification à la suite de l'application méthodique de la chaleur. Sulfate de magnésie. » Le sel cristallisé contient 7 équivalents d'eau, ainsi que l'indiquent les recherches anciennes et récentes. » La première perte d'eau peut s'effectuer à + 4o degrés, dans une atmo- sphère saturée d'humidité : le sel perd alors 2 équivalents d’eau et devient SO, MyO, 5HO. Dans une atmosphère sèche, la perte va beaucoup plus loin, même par une température qui ne dépasse pas + 30 degrés à + 35 degrés. Le sel aban- donne alors 5 équivalents d'eau et se trouve représenté par SO', MgO, 2H0. Pour soustraire l’eau dans les deux conditions qui viennent d’être indiquées, il ne faut pas moins de vingt-cinq à trente jours; mais si la température est constamment maintenue à + 100 degrés, il suffit d'un jour : dans ce dernier cas, on arrive aussi au sulfate à 2 équivalents d’eau. » De 110 degrés à 115 degrés, il s'échappe encore un demi-équivalent d’eau; ce sel renferme alors HO S0*, Mg0, HO, — De + 140 degrés à + 180 degrés, la perte d’eau s'accroît encore; ce sel devient S0*, MgO, HO. À + 200 degrés, la perte est complète, et le sel anhydre résiste à l'applica- tion de la chaleur que peut produire une bonne lampe chauffée à l'alcool. » Si la température est portée au rouge-blanc et maintenue ainsi pendant plusieurs heures, le sulfate de magnésie laisse de la magnésie pure. » Ce dernier résultat ne s'obtient qu'en agissant sur 2 ou 3 grammes de sulfate de magnésie; mais alors il est très-net, et fournit les résultats ana- lytiques les plus satisfaisants. (651) » Ainsi, le sulfate de magnésie subit les transformations suivantes : S0*, Mg0, 7H0; SO, MgO, 5HO; SO, Ms0, 2H0; SO, Mg0, HO, _ SO, Mg0, HO; SO’, MgO; MgoO. Carbonate de magnésie. » Le carbonate de magnésie cristallisé, qui se dépose d'une dissolution de magnésie dans l'eau chargée d'acide carbonique, a été exprimé rapide- ment entre des feuilles de papier joseph. Il a constamment donné à l’ana- lyse la composition suivante : Al CO, Mg, 4HO. 6 Le même sel, abandonné dans une atmosphère sèche jusqu'à ce que son poids fût invariable, a perdu 1 + équivalent d’eau : il se représente ainsi par HO CO’, Mg, 2H0, Dr Lorsqu'on applique ensuite la chaleur à ce dernier produit, il se fait une perte extrêmement lente d’eau et d'acide carbonique. Il est impossible de distinguer aucune phase jusqu'à + 280 degrés. La perte s'arrête alors à un produit de constitution fixe qui donne à l'analyse 2C0° + 3MgO + HO. Je rappellerai ici que la magnésie blanche a pour formule 3C0° + {MgO + 4 HO. Je discuterai plus loin la formule de ces carbonates ; je les résume ici : CO:, Mg0, HO; CO’, Mg0, 2H0, = 3C0°+4{Mg0 + {H0; 2C0°+3Mg0 + HO. Chlorure de magnésium. ” Le sel cristallisé a été décrit récemment par M. Graham avec 6 équi- ( 652 ) valents d'eau. Malgré des préparations assez variées, j'ai constamment trouvé un demi-équivalent d'eau de plus que M. Graham. » Ce chlorure aurait ainsi pour composition HO CIMg + GHO + — Il est efflorescent dans une atmosphère sèche et devient CIMg + 5HO. Chauffé à + 280 degrés, il perd le tiers de son acide chlorhydrique et se représente alors par 2 Mg Cl + MgO + HO. À une température que le thermomètre ne permet pas de suivre, il se fait une nouvelle perte d'acide chlorhydrique égale à la première; et le dernier tiers de chlore ne s’en va qu'après une calcination au rouge longtemps pro- longée. » On a, en définitive, trois formules pour le chlorure de magnésium : CIMg + 6 HO + _ CIMg + 5 HO; 2CIMg + MgO, HO. Nitrate de magnesie. » Le nitrate de magnésie contient 6 équivalents d’eau, ainsi que M. Gra- ham l'a observé; il en perd 2 équivalents par une température de + 100 de- grés, prolongée durant plusieurs jours, ou bien après une très-longue expo- sition dans une atmosphère sèche, par une température de + 30 degrés à 35 degrés; il devient ainsi : AzO°, Mg, 4 HO. À + 250 degrés, il subit une nouvelle perte, mais celle-ci ne consiste pas uniquement en eau, comme l'avait cru M. Graham, et le sel ne devient pas AzO*, MgO, HO. » A unetempérature un peu supérieure à +100 degrés, il se fait une perte d'acide nitrique et d'eau; en se maintenant deux ou trois jours à + 250 de- grés, le sel a abandonné un tiers de son acide et retient encore une quantité d'eau assez notable. La formule qui représente le mieux sa composition s'ac- corde avec 2 AzO® + 3MgO + 5HO. (653) On a, en définitive, Az O5, MgO + 6HO; AzO°, MgO + 4 HO; 2Az0° + 3MgO + 5H0O. » Je rappellerai ici que l’iodate de magnésie m'a fourni, dans un tra- vail précédent, les formules suivantes : 10°, MgO + 4H0; 10°, 3MgO + 210°. Ge dernier sel a été rapproché du triiodate de potasse, avec lequel il offre de remarquables analogies qu'il serait trop long de reproduire. » Si l’on rapproche les sels à base de magnésie fournis par les acides carbonique, nitrique, chlorhydrique et iodique, on remarque sans peine que les nombreux états d'hydratation qu'ils présentent peuvent s'expliquer en admettant que le magnésium forme quatre bases distinctes : MgO,6HO; Mg0, 4H0O; MgO, HO; 3MgO. Il faut admettre, en outre, que les sels de même acide contenant ces diffé- rentes bases ont une extrême tendance à se combiner l’un à l’autre. C’est un principe que la constitution des sels ammoniacaux et de plusieurs sels miné- raux à depuis longtemps forcé d'accepter. » On représente alors très-simplement tous ces sels par les formules sui- vantes : Carbonates. TOME SO CE RATE EE CO’ + MgO, 4H0O; 2°, 2 (cor, Mg0+2H0+ +) = (C0° + Mg O, 4 HO) + (CO: + MgO, HO); FE SÉCOOT RB o m CO’, HO + CO’, 3Mg0 (bicarbonate de la base 3MgO); 4°. 3C0° + {MgO + 4 HO (ma- gnésie blanche)............, (C0? + Mg 0, {HO) + (2C0° + 3MgO). MWitrates. 200400 dec ARE 22 MARNE CR AzO*, Mg 0, 6H0 ; EL CHLORE CMP TETE RS Az0*, MgO, 4HO; 5°. 2Az0°, 3MgO, 5HO....... —Az0*, 5HO + Az0;, 3Mg0O (binitrate de la base 3MgO). CR. 1844, 2e Semestre. (T. XIX, N° 44.) 88 ( 654 ) Jodates. HSE O 08 0 rene 105, Mr O0, AHO; CARPE Sd cine mo do OR 105, 3MgO + 210: (triiodate de la base 3MgO). Chlorhydrates. 1°, 4 (mea bros F: SAR D NS EN PRESENT HCI, MgO, 4 HO. )..=s(me, Mg 0, 6H0) + (HCI, Mg O, 4 HO); 20e Il faut se rappeler ici que les bases kydriques (c'est ainsi que je désignera celles qui retiennent une quantité d’eau constante) se combinent intégrale- ment à l'acide chlorhydrique sans que l'oxygène de l’oxyde se porte sur l'hydrogène de l'acide. Ce sont donc de véritables chlorhydrates. J'ai déjà fait une semblable remarque au sujet des chlorhydrates de baryte et de chaux. D Btoudsodbadaocedideobcot . 2MgCl + MgO, HO. Ici 2 équivalents d'acide chlorhydrique ont provoqué l'élimination de 2 équi- valents d'eau, et ont amené la formation d'une variété particulière d'oxydo- chlorure. » Je citerai encore les formules des sels suivants, analysés dans différents travaux : Carbonate double de potasse et de magnésie. 2C0° + KO + HO + 2(C0° + #50, 4H0); Carbonate double de magnésie et d’ammonia- que, récemment décrit par M. Favre..... CO’, AzH°, HO + CO’, Wg 0, 4H0; Fumarate de magnésie............... ... C'H0’, Mg, {HO (Rieckler); Chlorate de magnésie................... C10*, Mg O, 6H0 (Waechter); Maléate de magnésie.................... C'H:05 + 2(Mg 0, 4 HO) (Buchner); Hyposulfite de magnésie................. S:0: + Mg O0, 6HO (Rammelsberg }; Hyposulfite double de potasse et de magnésie. S20:, KO+S:0:, MgO, 6 HO (Rammelsberg). Les borates et les silicates naturels deviennent aussi d’une formule très- simple en y admettant la base 3Mg0O. Je ferai remarquer, au sujet de cette dernière base, qu’elle possède une tendance manifeste à se combiner à plu- sieurs équivalents d'acide. Cest une base polyatomique. Elle correspond, dans ses tendances d’affinité, aux acides polyatomiques qui se combinent, on le sait, à plusieurs équivalents d'oxyde. Cette remarque se reproduit au sujet d'un oxyde polyatomique tout à fait analogue que forme le cuivre 3Cu O. (655) » J'ai laissé en dehors de la discussion précédente, les sulfates de ma- gnésie. Il est facile de voir que plusieurs ne concordent pas avec les diffé- rents sels qui viennent d'être rapprochés; mais, chose remarquable, cette concordance s'établit aussitôt que l’on supprime, dans chaque formule, 1 équivalent d’eau. » On a, en effet, en prenant les formules diseordantes, SO5, MgO, 7H0 = S0;, HO + MgO,6H0; SO:, Mg 0, 5HO — $0, HO + Mg0, 4 HO; S0:, Mg0, 2H0 — $0:, HO + MgO, HO. On se demande, en examinant les trois formules précédentes, s'il n'est pas possible que l'acide sulfurique transporte dans sa combinaison une certaine quantité d’eau qui tendrait à demeurer constante. En d’autres termes, n'exis- terait-il pas des acides hydriques correspondant aux bases hydriques? » Dans les combinaisons de l'acide sulfurique avec l'acide iodique, cette permanence de l’eau combinée primitivement à l'acide sulfurique m'avait déjà frappé. J'ai, en effet, rencontré les combinaisons suivantes : 10: + 3(S0°, HO), 10; + 3(S0°, 3HO). Le sulfate d'ammoniaque présente 1 équivalent d'eau qu'il faut sans doute rapporter à l'acide sulfurique, S0*°, HO, AzH;, HO, » M. Pelouze a décrit un sulfate de potasse qui se représente par SO HO + KO. Le sulfate de chaux contient 2 équivalents d'eau qu'il convient, sans doute, de disposer ainsi : $0, HO + CaO, HO, puisque’ CaO, HO constitue une base particulière très-différente de la base anhydre CaO. ; » Îlest impossible de conserver le moindre doute sur cette classe nouvelle d'acides hydriques en jetant les yeux sur les oxalates; on y retrouve constam- ment la permanence des deux hydrates d'acide oxalique : €0:, HO; et - C°0:, 3H0. » Je ne me livrerai pas ici à la discussion des formules qui représentent 88. ( 656 ) les oxalates. Ge serait dépasser les proportions dans lesquelles j'ai täché de restreindre cette communication. Je dirai seulement que, pour appliquer aux oxalates ou à toute autre série saline le principe que je développe, il faut se rappeler que l’acte de la combinaison tend généralement à une élimination d’eau; de sorte que, pour comprendre la constitution des oxalates, il faut y admettre les trois formes suivantes : C0; C:05, HO, C:0’, 3H0. Ces trois formes se présentent même simultanément dans le quadroxalate de potasse , seul exemple que je donne ici : C?0',KO + C:0’, HO + 2(C°0°, 3H0). » Je résumerai maintenant en peu de mots les conclusions auxquelles conduisent les faits et les considérations qui précèdent. ù » Il existe trois classes de bases : » 1°. Les bases monoatomiques, découvertes les premières et admises au- jourd'hui dans toutes les combinaisons salines ; elles sont pourtant fort rares, et l'argent est le seul métal qui, en toute circonstance, produise un oxyde mo- noatomique, AgO. Les autres bases, telles que la baryte et l'oxyde de plomb, exigent des conditions particulières pour fournir des oxydes monoatomiques, BaO et PbO. » Ces bases résultent de 1 équivalent de métalet de 1 équivalent d'oxygène. Elles se combinent à 1 équivalent d'acide et constituent ordinairement les sels neutres. » 2°, Les bases polyatomiques. — Elles résultent de l'union de plusieurs équivalents de métal et d'oxygène ou bien autrement de l’union de plusieurs équivalents de bases monoatomiques qui se superposent et se comportent dans leur combinaison aux acides comme un seul équivalent. Ainsi 3MgO constitue un seul équivalent de base polyatomique : il en est de même de 3Cu O, et sans doute aussi de 3HÿO, 3Pb O, etc. » Ces bases tendent ordinairement à former des sels acides. » 3. Les bases hydriques. — Elles résultent de l'union d’une base mono- atomique à un ou plusieurs équivalents d'eau: ainsi MgO, H0; M30,4H0; CuO,H0; CaO,HO; BaO,HO constituent autant de bases hydriques. Elles tendent à entrer dans les combinaisons avec toute leur eau. Cette eau se conserve surtout en présence des acides faibles. » Les bases hydriques tendent à former des sels neutres. Leur umion aux. (657 ) acides hydriques donne lieu aux différents états de l'eau saline désignée sous le nom d’eau d'hydratation, de cristallisation , de constitution, etc. » Ilexiste trois classes d'acides : » 1°. Les acides monoalomiques. — {ls résultent de l'union d’un métal ou d'un métalloïde à l'oxygène, SO*, CrO*, 10, etc. Ils se combinent aux bases dans une proportion simple; l'acide contient ordinairement 1 équivalent de métal ou de métalloïde, tandis que la base contient aussi 1 équivalent de métal si elle est monoatomique. » 2°, Les acides polyatomiques. — Cette classe contient les acides de la constitution la plus variée. Elle comprend d'abord les acides minéraux ou organiques qui résultent de l'union de plusieurs acides différents, et qui ont été désignés sous le nom d'acides bibasiques et polybasiques. » Cette classe renferme encore les acides minéraux de constitution assez irrégulière qui se rattachent à un même métal ou à un même métalloïde. » Pour comprendre la constitution de ces derniers acides, il faut admettre, ainsi que je l'ai montré dans plusieurs travaux, qu'il existe pour chaque métal, pour chaque métalloïde, une combinaison primitive, unique, qui renferme la plus forte proportion d'oxygène: ainsi, l’acide sulfurique pour les acides du soufre SO’, l'acide perchlorique pour les acites du chlore CIO, etc. Cette combinaison primitive est un acide monoatomique. » Elle est ordinairement en rapport avec un acide dérivé, également monoatomique, dans lequel le métalloïde remplace l'oxygène en proportion équivalente; ainsi CIO est en rapport avec CIO* par la substitution de # équivalent de chlore à 1 équivalent d'oxygène, CIO? — C10°, CI = 2 CIO; SO —S0?, .S'— 25207. La combinaison ainsi modifiée par substitution s'unit à la combinaison primi- tive et donne naissance à une série d'acides polyatomiques très-variés, dans lesquels on trouve toujours le même métalloide ou le même métal unis à des proportions variables d'oxygène. » 3°. Les acides hydriques. — Ces acides sont susceptibles d'entrer dans les combinaisons salines, avec un ou plusieurs équivalents d’eau qui se trouvent conservés dans le sel. L'acide hydraté forme ainsi un composé bien distinct, même après la combinaison, de l'acide anhydre. C’est de la sorte que l'acide sulfurique à 1 équivalent d’eau forme un acide différent de SO® et transporte son équivalent d’eau dans plusieurs sels. L’acide oxalique présente de même deux acides, C20* HO et C? 0", 3HO, qui peuvent entrer l’un et l'autre dans les combinaisons , en conservant leur eau tout à fait intacte. » (658) MINÉRALOGIE. — Études sur les gites mctalliferes de l’ Allemagne ; par M. Burar. (Commission précédemment nommée.) « Les gîtes métallifères de l'Allemagne ont été décrits il y a plus de trente ans par M. Héron de Villefosse ; mais depuis cette époque la science géolo- pique a été en quelque sorte créée, et les exploitations, stimulées par les con- currences étrangères , aidées d’ailleurs par les progrès des arts mécaniques, ont été considérablement développées, mettant en évidenceun grand nombre de faits nouveaux. La connaissance théorique et pratique des gîtes métallifères n'a cependant pas marché en raison de ces éléments, et l’on a lieu d’être sur- pris que la géologie soit ainsi restée presque stationnaire dans ses applica- tions les plus importantes. Je me suis proposé de constater l'état des connais- sances actuelles sur les gîtes de l'Allemagne, et, les mettant en parallèle avec ceux que J'ai précédemment étudiés et décrits en Toscane, de préciser les règles et les formules pratiques qui pouvaient être déduites des observations faites jusqu'à ce jour, pour la recherche et l'exploitation des mines. » Cette étude démontre que les gîtes de l'Allemagne, même dans les dis- tricts où ils affectent le plus de régularité, ont, dans la plupart des cas, des relations non moins intimes avec les terrains ignés, que les gites essentielle- ment irréguliers de la Toscane et de l'ile d'Elbe. Il y a même, en plusieurs points, identité entre les roches ignées de ces contrées et leur rapport avec les minerais. » Les filons qui ont été d’abord considérés comme la seule expression ra- tionnelle des phénomènes métalliféres, ne sont réellement pas assujettis aux règles rigoureuses qui leur avaient été assignées par Werner ; entre le filon le plus régulier de la Saxe et le gite le plus irrégulier de la Toscane, il y a une série d’autres gites qui établissent des passages et démontrent que tous sont des expressions différentes de faits analogues et d'une influence identique. Il ne suit pas de là que les gites métalliféres ne soient assujettis à une règle de gise- ment et que l'exploitation n'ait aucune utilité à tirer des études géologiques ; mais beaucoup de ces règles sont locales, d'autres n'appartiennent qu'à cer- taines classes de gites qu'il faut d'abord distinguer. Les différents degrés de rapport, ou liaison de gisement, qui existent entre les gites métallifères et les roches ignées, fournissent d’ailleurs des enseignements précieux qui n'avaient pas été appréciés du temps de Werner, et qui dans l'exploitation peuvent rendre des services aussi réels que les regles applicables aux filons. ({ 659 ) » J'ai cherché à faire ressortir les conditions si diverses des gîtes, et à préparer leur classification en catégories distinctes, en précisant les faits constatés au Harz, en Saxe, dans le pays de Siegen et de Limbourg, en dé- gageant ces descriptions de toutes les répétitions de détails qui les rendent souvent obscures. » Les filons forment dans chaquedistrict des groupes distincts, et cesgroupes, concentrés dans certaines circonscriptions qu'on peut appeler les champs de fracture, sont chacun dans des conditions spéciales pour la puissance et l’al- lure des fractures du sol, pour la nature et la répartition des gangues et des minerais. Au Harz, par exemple, les filons de Clausthal et Zellerfeld n'ont aucune analogie, dans leurs détails de forme et de composition, avec lesfilons d'Andreasberg. Les indices qui peuvent servir à déterminer la position des parties riches ne sont pas les mêmes dans les deux groupes, bien qu'ils déri- vent de faits analogues. Ainsi on recherche à Clausthal les parties où les filons, se divisant, donnent lieu à des branches parallèles où la somme des écartements est toujours plus considérable que dans les parties où la fracture est nette et bienréglée. À Andreasberg , les points les plus riches sont princi- palement indiqués par des rameaux contemporains qui se détachent presque perpendiculairement des artères principales. La composition est aussi diffé- rente que la forme des filons dans ces deux groupes pourtant si rapprochés, et liés aux mêmes roches éruptives. » En Saxe, dans le groupe de filons des environs de Freyberg, les faits sont encore plus spéciaux, et l'expérience du mineur du Harz y serait compléte- ment inutile pour tout ce qui a rapport aux conditions d'allure et de compo- sition. C’est dans les croisements de filons d'époques différentes et dans les filons croiseurs, quese sont trouvées les principales accumulations de minerais, qui semblent avoir été ainsi déterminées par l'influence de la roche encais- sante et non par les variations de formes. » Certains pîtes, comme ceux du Rammelsberg et du Stahlberg, offrent des exemples remarquables d’accumulations puissantes concentrées près de la surface, et en beaucoup de points ne communiquant avec l’intérieur que par des canaux étroits et même obstrués : l'examen de ces gites démontre pour- tant que les matières métalliferes n'ont pu y arriver que de bas en haut, et probablement par des sublimations qui ont suivi ces évents rétrécis et se sont condensées dans des cavités voisines de la surface et formées par l'écroulement des époutes. Les minerais du Rammelsberg et du Stahlberg sont remarquables par l'absence presque complète des gangues. Certains gîtes analogues sont métamorphiques, c’est-à-dire formés par des sublimations qui, au lieu de se ( 660 ) concentrer dans des cavités, ont en quelque sorte imbibé les terrains sédi- mentaires, et le plus souvent suivant les plans de stratification des couches relevées, c'est-à-dire suivant les clivages naturels du terrain. Les gîtes cala- minaires du Limbourg, les fers carbonatés et les cobalts arsenicaux des envi- rons de Siegen sont des exemples remarquables de cette catégorie. » Enfin il y a des gites véritablement éruptifs , et l'erzgebirge en présente à Altenberg et Zinnwald qui ne sont pas moins significatifs que ceux de la Toscane. » Il résulte de ces études que la théorie des gîtes métallifères peut être considérée aujourd’hui comme fixée, par l'existence de faits nombreux et identiques, dans toutes les parties du globe; mais les conditions pratiques , c'est-à-dire celles qui règlent l'allure et la richesse, sont locales et variables. Ainsi point de formules générales; c'est uniquement par l'étude pratique d’un grand nombre de mines et par l'étude lue de toutes les autres, qu'un ingé- nieur peut arriver à de bons principes d'exploitation. Amené sur un gite nouveau, il peut alors en faire le diagnostic, apprécier les analogies, puis enfin adopter une marche qui lui est enseignée par tous les gîtes placés dans les mêmes conditions de gisement. » D'après les descriptions consignées dans mon Mémoire, on verra qu'a- vec le Cornwall, le Harz et la Saxe sont encore les terres classiques des gites métalliféres , par la diversité de ceux qu'ils présentent, par ce qu'on peut ap- peler la vive expression de leurs caractères, enfin par le développement immense des travaux qui facilitent leur étude. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Supplément à une Note précédente sur l'influence de la pression relativement à la détonation des mélanges gazeux explosibles; par M. Serucus. Û (Commission précédemment nommée. } « J'avais fait diverses expériences avec mon robinet de détonation, en y ajoutant, pour plus de sûreté, une seconde flamme, c'est-à-dire que j'avais, dans l’état de repos, une flamme montante et une flamme descendante, toutes deux perpendiculaires. J'avais fait les trous très-petits , afin de donner beau- coup de pression au gaz qui alimentait ces petites flammes , de manière à ce que cette pression fût supérieure à celle de l'appareil. Lorsque je faisais tourner le robinet, une des flammes se portait directement dans le récipient d'explosion, et l’autre lui était naturellement opposée; alors.le tube du gaz, placé intérieurement, du robinet qui alimente ces flammes, par son dia- " ( 661 ) metre protégeait la flamme qui se trouvait opposée à l'orifice du récipient d'explosion ; et dans ce cas, à supposer que la pression dudit récipient eût soufflé la flamme qui passait par son orifice , il ne pouvait en être de même de la. flamme qui lui était opposée. Par cette disposition, j'ai eu plus de sûreté d'inflammation ; les seules variantes que j'ai remarquées tiennent à ce que l'arrêt d'inflammation est plus tranché. » Jusqu'à présent je n'ai rien aperçu qui puisse me faire juger d’une manière positive que l'inflammation des mélanges de gaz détonants doive se faire autrement que dans les limites de pression que j'ai déjà signalées, en opérant avec l'injection d’une seule flamme. » Il faut remarquer que si la cause de la non-détonation provenait de ce que la flamme serait éteinte par le gaz du récipiéht , dont la pression aus- mente la vitesse de sortie lorsqu'il se précipite dans le centre vide du robinet au moment où l'on tourne la clef pour que la flamme soit en face du récipient d'explosion ; si c'était, dis-je , cette cause, comment se ferait-il que cet effet eût lieu à des pressions très-différentes, selon la nature du mélange des gaz employés ? Ainsi, le gaz de houille et le gaz hydrogène présentent une dif- férence tres-grande dans la pression qui empêche leur détonation. » J'ai essayé de faire détoner le gaz de houille avec l’étincelle électrique. La détonation du gaz avait lieu avec plus d'une atmosphère de pression ; mais j'ai reconnu de suite que ce n'était pas d’après la méme loi. Ainsi, avec la flamme , la détonation se fait dans un espace de temps très-court à la vérité, mais appréciable pour un observateur exercé : ce n'est pas, sil faut rendre mon idée, une inflammation de toutes les parties à la fois ; l'inflammation gagne de proche en proche le mélange détonant, mais seulement avec une grande vitesse ; avec l'étincelle électrique on dirait, au contraire, que toutes les parties du mélange recoivent en même temps le contact de l’étincelle ; la détonation se fait en un temps qui ne peut être apprécié, et ne laisse rien dans l’idée de divisible. Aussi je veux poursuivre mes expériences en me servant, pour l'inflammation des mélanges détonants, des courants voltaïques pour l'ignition d’un fil de platine , ainsi que je l'avais fait il y a tres-longtemps pour M. dela Rive père, dans le but d'expérimenter la décomposition de l’eau et sa synthèse en faisant détoner les deux gaz aprés les avoir réunis dans le même appareil. J'aurai l'honneur de faire part à l'Académie des expériences que je vais faire au moyen de l'ignition du pla- tine, car il y a de l'inconnu dans les effets relatifs aux gaz détonants. » Ces expériences sont en dehors de mon système de moteur; car, le robinet fonctionnant parfaitement, je me garderais bien de me servir de C.R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, N° 44.) 89 ( 662 ) l'étincelle électrique ou des courants voltaiques qui seraient sujets à anomalies, tandis que j'ai du gaz pour alimenter mes flammes de robinets de détonation. J'ai donc vu que rien dans mes dispositions d'appareil, comme propulseur pour la marine , ne pouvait m'arrêter; car, après avoir consulté les travaux faits sur la propulsion des vaisseaux , au moyen des palmes articulées de M. Janvier, officier de marine distingué , l'ouvrage de M. Lesnard , ingé- nieur, sur le remplacement des roues à aubes par des rames verticales , un Mémoire sur l'emploi des pistons à l'arrière des vaisseaux pour la navigation sans voiles, et enfin l'ouvrage de M. Campaignac, ingénieur-constructeur naval , il demeure constant pour moi que je peux remplir toutes les con- ditions que l'on cherche, qui sont d'avoir pour la marine un propulseur dont les organes agissant contre l’eau, soient placés au-dessous de la flottaison ; qu'il ne soit besoin de rien démonter de l'appareil pour faire marcher le vaisseau avec ses voiles; que les appareils du propulseur en dehors de la carène ne puissent pas retarder la marche du navire sous voiles ; qu'il soit possible d’avoir à bord du combustible pour plusieurs mois ; que le poids de l'appareil soit peu considérable ; que l'appareil soit simple, et que l’eau de la mer ne le détériore pas; enfin qu'il soit facile à faire fonctionner. Je crois remplir, avec mes appareils à détonation des gaz, toutes les condi- tions que je viens d’énoncer. » On m'objectera peut-être que la vitesse de mes chocs, qui sont directs contre l'eau , donnera un mouvement par saccade au vaisseau : je répondrai que la masse du vaisseau est suffisante pour empêcher cet effet, et que je peux , au lieu de faire une détonation toutes les deux secondes, en faire une chaque seconde en diminuant la force choquante, et que la surface agissant directement contre l'eau n’a pas, comme on pourrait le supposer, un effet sec et dur. Je l'ai très-bien remarqué dans mes nombreuses expériences. »_ D'après tous les essais qui ont été faits jusqu'à présent, les auteurs pa- raissent tous regretter que les agents mécaniques ne leur permettent pas de donner une vitesse assez grande aux surfaces choquantes et dans le sens direct du mouvement. Les pistons, les palmes articulées, les roues verticales, tous ces moyens agissaient plus où moins bien, mais demandaient une puissance proportionnellement plus forte que les roues à aubes, mues par deux ma- chines à vapeur qui diminuent de moitié le point mort. Dans ces diverses manières de remplacer les roues à aubes, les agents mécaniques pour la fonction des rames, pistons, etc., sont toujours des manivelles ou des bielles agissant alors sur des leviers à angle droit; en conséquence, la force et la vitesse de la marche de la surface choquante se trouvent décomposées, tant ( 663 ) par l'agent moteur mécanique que par la surface choquante suspendue au bout d'un levier qui ne se présente direct au mouvement que sur la perpen- diculaire; d'où il résulte que la vitesse de la surface choquante est bien moins grande au commencement et à la fin de chaque course , soit rames ou piston, et qu’elle n’est en pleine vitesse que sur la perpendiculaire, de sorte qu'il se produit une décomposition de la force , Surtout à la fin de la course, puisque la vitesse et la surface deviennent décroissantes. » Dans ces agents, le retour des rames ou pistons, etc., à la première po- sition , est toujours égal à la course et présente une résistance qui peut être égalée au quart de l’effet obtenu par la surface choquante. » Généralement, d'après les auteurs de ces divers systèmes, ce qui à la mer ne permettait pas de se servir avec avantage de leur invention, était qu'il y avait trop de force perdue, comparativement aux roues à aubes, et que les agents mécaniques étaient plus compliqués que dans les bateaux à vapeur ordinaires , et par conséquent trop délicats dans leurs fonctions à la mer, les surfaces choquantes étant obligées de faire un quart de tour à chaque extré- mité du mouvement pour ne présenter, dans la marche en avant , que leur tranche, et, dans la marche en arrière, que leur surface, ce qui perdait un cin- quième de la course. » Quant à mon système , il est constant que mes appareils sont de la plus grande simplicité, qu'il n'y a de fonctions mécaniques que pour régler les détonations, ce qui ne demande l'emploi que d’une force insisnifiante en comparaison de la force produite ; » Que les surfaces choquantes contre l’eau agissent directement d'un bout à l'autre de leur course ; » Que leur retour s'opère vite et sans aucun secours mécanique, le vide fait et l'eau rentrante suffisant Pour remplir cette fonction avec une vivacité qui est toujours très-supérieure à la plus grande vitesse qu'un vaisseau puisse prendre ; ! s » Que la force que j'obtiens est directement appliquée aux surfaces choquantes ; ' » Que les surfaces choquantes étant articulées , lorsqu'elles sont au repos, si le sillage du vaisseau a lieu par l'emploi seul de sa voilure, ne présentent pas le vingtième de leur surface totale de résistance , ce qui n'augmenterait la force nécessaire pour vaincre le frottement de la carène tout au plus que de 56 kilogrammes Pour un vaisseau de 200 chevaux vapeur; » Enfin , que les appareils sont faciles à installer à bord et tiennent fort 89.. ( 664 ) peu de place comparativement aux appareils à vapeur, et qu'il y a une grande économie. » M. Verrrau, à l'occasion d'une Lettre adressée par M. Lesauvace dans la séance précédente, fait remarquer que, comme les communications sur les- quelles l'auteur de la Lettre demande un prochain Rapport impliquent une question de priorité qui ne pourra être résolue qu'après l’examen des Mémoires de M. Coste sur l'ovologie, il paraîtrait convenable que les travaux de ces deux anatomistes fussent jugés par une seule et même Commission. L'Académie, conformément à cette représentation, décide que les mem- bres désignés pour examiner les travaux sur l'ovologie de MM. Coste et Le- sanvage seront réunis en une Commission unique. CORRESPONDANCE. M. Araco met sous les yeux de l'Académie le tracé d'une triangulation de l'Inde, due aux travaux successifs de feu M. le major Eamerox et de M. le lieutenant-colonel Everesr. La chaîne des triangles, dirigée dans le sens du méridien, s'étend du cap Comorin aux monts Himalaya. M. Araco communique l'extrait d’une Lettre de M. Boussineauzr relative à l'installation prochaine d'un observatoire magnétique dans la ferme d’Anti- sana. Îl avait paru intéressant d’avoir une série complète d'observations faites dans ce point, qui est, de tous les lieux habités connus, le plus élevé au- dessus du niveau de la mer. En conséquence, M. Boussingault adressa une demande à ce sujet au général Flores, président de la République de l'É- quateur (Amérique du Sud). La réponse ne s'est pas fait attendre ; nous en extrayons le passage suivant : « Conformément à votre recommandation, qui est pour moi d'un grand poids, écrit M. le président à M. Boussingault, j'ai offert à M. Agnirre de mettre à la disposition des personnes qu'il jugerait capables de faire les importantes observations dont vous me parlez, tous les secours nécessaires. » Je ne doute donc point que M. Aguirre, profitant des facilités que je lui offre, ne prenne promptement les mesures nécessaires pour l'exécution de » l'entreprise à laquelle vous et M. Arago attachez un tel intérêt. » M. Anaco communique des extraits d’une Lettre de M. Esry, qui se féli- cite de nouveau de l’encouragement qu'il a trouvé dans l’Académie des ( 665 }) Sciences pour ses recherches sur la théorie des orages. Le Rapport favo- rable qui a été fait sur ses travaux a, dit-il, contribué puissamment à le placer dans une position où il peut se procurer les renseignements dont il a besoin. Aujourd'hui, il extrait de sa correspondance météorologique, qui est fort étendue, l'indication d'un fait déjà ancien, mais qui lui semble digne d’at- tirer l'attention. Ce fait est consigné dans une Lettre que M. Morcan W. Brown lui a adressée de Nashville (État de Tenessee), en date du 4 avril 1843. Nous en extrayons le passage suivant : « En l'année 1808, vers le 1° juin, on ressentit, dans l’est de l'État de » Tenessee, un ouragan remarquable par sa violence et son étendue... Il » avait pris naissance près de la ville de Kingston, et s'étendit jusqu'aux » montagnes qui séparent l'État que je viens de nommer de la Caroline du » Nord, ravageant tout sur son trajet, qui fut de plus de 80 milles au moins ; » et sur une largeur qui variait de 600 à 100 yards... Il avait commencé » vers midi et finit vers 3 heures environ; sa vitesse, d'après les renseigne- » ments que J'ai pu recueillir, était d'environ 30 milles à l'heure... Dans » la partie septentrionale de son trajet, il tomba beaucoup de grêle et de » pluie; et, chose remarquable, il tomba en même temps des feuilles vertes » et des branches qu'il avait arrachées auparavant, et qui étaient toutes » recouvertes d’une couche épaisse de glace. Tous ces corps, emportés par le » vent, étaient devenus les noyaux d'autant de grélons.... » ASTRONOMIE. — Seconde approximation des éléments de l'orbite elliptique de la comète récemment découverte à Rome; par M. Faye. « Le calcul de cette deuxième orbite est fondé sur les observations méri- diennes faites à l'Observatoire de Paris le 2, le 10 et le 19 septembre, com- prenant un arc héliocentrique de plus de 16 degrés, tandis que l'arc compris entre les observations extrêmes employées au calcul de la première orbite n'était pas de 8 degrés. L'ellipticité de l'orbite de la seconde comète de 1844 est si décidée, les observations faites à l'Observatoire de Paris ont une pré- cision telle, que les premiers calculs fondés sur un intervalle de huit jours seulement, ont pu déjà donner une idée fort exacte de la nature de sa trajec- toire. Pour s’en assurer, il suffit de comparer les premiers éléments ( Comptes rendus, t. XIX, p. 560) aux éléments n° II que voici : ( 666 ) Passage au périhélie. 1844, septembre... 2,519608 Longitude du périhélie ............... 342°31/55/,5) Équinoxe moyen du Longitude du nœud ascendant.......... 63°48' 56" + 1 septembre 1844. Tachinaison EPA LR ce deoLe 100205341040 Excen ie EEE eee 0 00002010 Demi-grand axe.. ............ ce 00 ,0800200 Distance périhélie................. . MT, 1043380 À » Le temps de la révolution est de cinq ans trois mois dix jours; la diffé- rence entre cette détermination et la précédente est donc au-dessous de deux mois. Les changements qu'ont subis les autres éléments n’ont pas plus d'im- portance. » Je m'occupe actuellement de la réduction et de la discussion de toutes les observations que l'état du ciel a permis de faire jusqu'ici à l'Observatoire de Paris, et de les comparer aux éléments n° IE, afin de préparer les maté- riaux des calculs ultérieurs. » ASTRONOMIE. — Perturbations du mouvement elliptique de la seconde comète de 1844; par M. Le Vernier. « Nous devons à M. Faye la détermination des éléments du mouvement elliptique de la seconde comète de 1844. Bien que les premiers calculs aient été faits sur des observations très-voisines les unes des autres, les éléments qui en sont résultés n’ont pas laissé de satisfaire aux observations ultérieures. Ils sont donc suffisants pour la détermination des perturbations que la comète éprouvera de la part des planètes, pendant la durée de son apparition. » Comme les astronomes rapportent habituellement leurs calculs à l'in- stant du passage au périhélie, je prends pour orbite normale celle que la comète décrivait le 1°* septembre 1844, à midi moyen ; et je donne, de dix jours en dix jours, jusqu'à la fin de décembre, les altérations des éléments de cette orbite. La Terre, Vénus et Jupiter sont les seules planètes dont l'in- fluence soit sensible : on trouvera dans les tables suivantes les perturbations des éléments de la comète, dues à chacune de ces trois planètes, et ensuite leur somme. Le déplacement du plan de l'orbite n’est produit que par la Terre. Les perturbations des angles sont exprimées en secondes sexagésimales. Les variations du demi-grand axe et de l'excentricité sont rapportées à la septième décimale prise pour unité. » Je vais, au reste, lever toute ambiguïté, relativement à l'emploi des Tables que je donne, en calculant successivement, dans l'ellipse invariable et dans ( 667 ) l'ellipse troublée, la position héliocentrique de la comète pour le 30 dé- cembre 1844 à midi moyen. Il serait inutile, dans cette comparaison, de tenir compte de la précession. » Soient a le demi-grand axe de la comète; z son moyen mouvement diurne; e son excentricité; ® l’inclinaison de son orbite sur l’écliptique ; £ son anomalie moyenne; s et 8 les longitudes du périhélie et du nœud. Les calculs de M. Faye donnent, en les réduisant au 1° septembre 1844, à midi moyen : 2,971 0986 0,601 9600 692”,8368 2°51/ 46" 342.35.36 63.42.50 359.41.31,7; HEnUHUHA a e n ? rs 0 ë d'où l'on conclut, au 30 décembre 1844, l'anomalie moyenneë=—22°47 19”,10. Ces éléments fournissent les valeurs suivantes du rayon vecteur r de la co- mète, de la longitude v dans l'orbite et de la latitude À : r = 1,790 605 v— 67° 342,7 NE—-Mo-To. 110,02 » Pour obtenir les positions troublées, je prends dans la première et dans la seconde Table les variationstotales des éléments pour le 30 décembre, et jeles ajoute aux éléments précédents. Désignant d'ailleurs les résultats par les mêmes lettres que ci-dessus, mais affectées d’un accent, je trouve : a! = a + da — 2,9710986 — 0,0008096 — 2,9702890 e! = e + de — 0,6019600 — o0,0001001 — 0,6018599 =? + — 26146" + 0",78 — _2°51°46",78 a = 5% + da — 342.35.36 — 9,96 — 342.35.26 ,44 0" — 0 + 9 — 63.42.50 — 33,39 — 63.42.16 ,6r CG — 6 + d — 22.47.12,12 + 36,54 — 22.47.48 ,66. Reprenant ensuite, avec ces éléments, le même calcul qu'on a déjà eftectuc avec les premiers, on trouve les expressions troublées du rayon vecteur r’, de la longitude v’ et de la latitude 1 : r — 1,790 540 v! 67° 3/ 47,1 14 0:10..43 ,99: CR { 668 ) » Il est peut-être plus commode dans la pratique, et quand on a un grand nombre de positions à comparer, d'employer la Table IF, qui donne directe- ment les perturbations dr et dv du rayon vecteur et de la longitude, ainsi que la partie 02 de la variation de la latitude, due au déplacement de l'or- bite. Ayant calculé le rayon vecteur et la longitude dans l'orbite primitive, on trouve immédiatement : | 1 = r + dr = 1,79060 — 0,000 064 — 1,190 547 DD OP — 67°3'42",7 _— 41,4 — 67°3'47”,1. Quand on suit cette marche, qui est celle de toutes les Tables astronomi- ques, on calcule d’abord la latitude avec la longitude troublée v' et avec la valeur primitive 8 de la longitude du nœud. On y ajoute ensuite la correc- tion dà. On trouve ainsi XV — o°10/1/,83 + 1”,792 — 0°10/3/,55, résultat conforme au précédent. » Il me paraît important de faire remarquer qu'il est toujours prudent de calculer les perturbations du mouvement d’une comète, même pendant le temps de son apparition, et quoique les principales planètes en soient as sez éloignées, quand on tient à donner à la détermination de ses éléments la der- nière précision. Car si la variation de la longitude héliocentri que n'est, au 30 décembre, que de 4”,4, on le doit à ce que l'influence de Jupiter a ba- lancé, en partie, celles de Vénus et dela Terre. On déduit du troisième ta- bleau que les trois planètes ont produit respectivement dans la longitude de la comète les perturbations suivantes : Vénus... + 0,85 avrerre ne + 10/,29 Jupiter ....... — 67,68; en sorte que si l’action de Jupiter eût été de même sens que les précédentes, et c'est ce qui pouvait arriver, la longitude héliocentrique eût été troublée de 17,8. » Enfin, le moyen mouvement s'accroît de 0”,284 depuis le 1°° septembre jusqu'au 30 décembre. ( 669 ) Table I. — Perturbations du demi-grand axe, du moyen mouvement diurne ct de l’anomalie moyenne. PERTURBAT. DU DEMI-GRAND AXE,ÏPERTURBAT. DU MOYEN MOUVEMENT EE Vénus. | Jupiter. | Somme. Terre. | Vénus. | Jupiter. —2822 —4199|—8096! Table II. — Perturbations de l’excentricité, des longitudes du périhélie et du nœud, DATES. Octobre. Novemb. Décemb. 291|—1882 — 80|—2604 — 575|—3379 —1150|—4189 —1771|—5020 —2406|—5846 —2032| —6646 —3633|—7400 " " —0,000|—0,000 —0,001 —0,001 5o1|—1216 0,001 0,005 0,009 0,014 0,019 0,024 0,028 0,032! 0,035| 0,038 © Somme.| Terre. " " 0,000] —0,00 —0,012| 0,007] —1,05 —0,018| 0,022] —1,49 —0,018| 0,042]—1,32 —0,010| 0,C66|—0 ,77 —+0,003| 0,091] —0,04 0,020| 0,118|+0,79 0,040! 0,146] 1,70 0,062! 0,156] 2,68 0,084| 0,204] 3,74 0,106| 0,232] 4,87 0,127] 0,258] 6,09 0,147| 0,284] 7,38 Vénus. | Jupiter. 0 ,00 0,30 0,48 9:77 1,38 2,50 4,16 6,39 9,18 12,45 16,14 20,16 24, 41 PERTURBAT. DE L'ANOM. MOYENNE. |} A" st — |} clinaison. et de l’in- PERTURBATIONS DE L'EXCENTRICITÉ. EE 7 Terre. | Vénus.|Jupiter.|Somme. — 147 — 211] — 760 —275| — 847 — 336| — 928 — 394] —1001 PERTUR£. DE LA IONGIT. DU PÉRIHÉLIE, EE © Jupiter. |Somme.[Terre. Terre. | Vénus. 25,76|— 0,52 25,80|— 1,14|— 34,22] — 9,56 PERT, DE L'INCL PERT. DU NOEUD . Terre. C. R., 1844, 20° Semestre. (CT. XIX, N° 44) 90 ( 670 ) Table IL. — Perturbations du rayon, de la longitude et de la latitude. PERTURBAT. PERTURBATIONS DU RAYON. PERTURBATIONS DE LA LONGITUDE. de la latitude, D Terre. | Vénus. | Jupiter. | Somme.| Terre. | Vénus. | Jupiter. | Somme. | Terre. Septembre 0,00 0,00 0,06| 0,14 0,03| 0,16 Octobre. ,1 0,12| 0,29 0,39| 0,58 0,74] 1,04 1,34| 1,54 Novembre. 3 FCO ES 2,99| 2,62 3,89! 3,19 Décembre 4,85| 3,67 É 5,73| 4,16 6,68] 4,46 CHIMIE, — Sur un moyen dobtenir certains métaux parfaitement purs. (Extrait d'une Lettre de M. E. Pericor à M. Dumas.) « L’échantillon de fer, que je vous prie de vouloir bien mettre sous les yeux de l'Académie, résulte de la décomposition du protochlorure de fer par l'hydrogène pur et sec; ce chlorure a été obtenu par la voie humide; il est, par conséquent, dépouillé du carbone que le fer du commerce renferme toujours en petite quantité. » Le fer qui a été produit par ce procédé est dans un état de pureté qui me parait digne de fixer un instant l'attention des chimistes et des physiciens. Il est en partie sous la forme de cristaux octaédriques très-brillants, en partie sous celle de lames flexibles et malléables; on remarque, en outre, dans une de ces lames, qui a conservé la forme du tube de verre dans lequel elle s’est produite, des filaments métalliques qui témoignent de la décom- position des vapeurs de chlorure de fer par l'hydrogène. » Le protochlorure de manganèse n'étant pas décomposable par l'hydro- gène, ainsi que j'ai pu le vérifier, le fer obtenu par ce procédé est exempt de manganèse. » La fusibilité des chlorures offre un moyen de préparer, à l’aide de leur décomposition par l'hydrogène, les métaux en masses cristallines et homo- gènes. J'ai obtenu, par l'emploi de ce même procédé, le cobalt en feuilles (671) flexibles douées de l'éclat métallique. Cette méthode permet seule de prépa- rer à l’état de pureté les métaux qui, comme le fer, le cobalt, le nickel, etc., sont à la fois tres-oxydables et peu fusibles. » Quoique ce moyen ne soit pas nouveau, je ne pense pas qu’on ait jamais obtenu le fer doué de tous ses caractères métalliques dans l’état de pureté que présente l'échantillon que vous voulez bien mettre sous les yeux de l’Académie. » « M. Dumas fait remarquer que la facilité avec laquelle on peut obtenir des chlorures purs, soit en les faisant cristalliser, soit en les sublimant, rend très-précieux le moyen d’en extraire le métal par l'hydrogène pur. Au mo- ment où des doutes légitimes se sont élevés sur le véritable poids atomique de quelques métaux, il est très-heureux qu'on mette à la disposition des chimistes des procédés qui fournissent des métaux parfaitement purs. Les oxydes métalliques, à raison de leur insolubilité, sont presque toujours ob- tenus par précipitation et à l'état amorphe, ce qui rend généralement difficile de constater leur pureté. » On arrive done, avec les oxydes et le charbon, à produire des métaux presque toujours carburés, et avec les oxydes et l'hydrogène, à obtenir des métaux qui retiennent toujours quelques traces des alcalis employés pour la précipitation des oxydes eux-mêmes. Ces inconvénients disparaissent avec l'emploi des chlorures. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les étoiles Jilantes des nuits des 9 et 11 août 1844. (Extrait d'une Lettre de M. Querecer à M. Arago.) « Je m'empresse de vous transmettre quelques nouveaux renseiguements au sujet des étoiles filantes du mois d'août dernier; ils vous prouveront que le phénomène dont j'ai eu l'honneur de vous parler dans ma Lettre précédente a été observé aussi en Amérique. » Je dois ces renseignements à l'obligeance de M. Ed. Herrick. Les observa tions ont été faites le 9 et le 11 août, sur un des édifices publics de Newhaven dans le Connecticut, par MM. H.-C. Birdseye, F. Bradley, J.-A. Danu, J.-C. Mullikin, E. Norton, Ed. Raymond, W.-M. Smith, J.-B. Walker, W.-J. Weeks, et Ed. Herrick. Voici les résultats: » 1844, 9 août. Le ciel était entièrement couvert jusqu'à 11"20" du soir; à partir de cette époque jusqu’à minuit, c'est-à-dire pendant l'espace de 40 minutes, on observa 43 étoiles filantes. De minuit à r heure, le nombre 90. C6 ) des météores observés fut de 88 (les ? du ciel étaient couverts pendant la pre- miere demi-heure, puis le £ seulement). Le tableau qui suit indiquera mieux la distribution des météores quant au temps et aux régions du ciel. Nord. Est. Sud. Ouest. Total. De/riiheures à minuit. . 130 C6 GUUUTS 43 De minuit à 1 heure. . . . . 20 TON ON 88 Derrheure à 2... 30 27 45 37 139 (Ciel couvert, +). Der heures 413 0 3 OS 26 ET MTS 97 (Ciel couvert, +). 106 78 85 98 367 » Le 11 août, le ciel était pur. Cinq observateurs explorèrent le ciel, et, pendant quelque temps, quatre seulement. N.-E. S.-E. S.-0. N.-0. S. Total. De 9! 50°! à 10 heures. . . . 4 3 2 3 » 12 De ro heures à 11... 29 18 19 18 » 84 De 11 heures à minuit. . . . 51 (*) 23 18 13 » 105 De minuit à 1 heure. . . . . 45 33 25 15 » 118 Défiheure aa 0er 0 er ir: 47 45 30 29 » 151 Desiheures À 35m0n 0e Net à 39 48 24 20 21 152 215 170 118 98 21 622 » Le point d'émanation n'était point parfaitement prononcé, cependant la grande majorité des trajectoires se rencontrait près de la tête de Persée. Il est à remarquer que l'on observa cette nuit une légère aurore boréale, phé- nomène qui, depuis quelque temps, est devenu plus rare qu’autrefois, dans les États-Unis d'Amérique. Il résulte donc de ce qui précède que les observa- tions de Newhaven ont donné 92 étoiles filantes par heure pendant la nuit du 9 au 10 août, et plus de 120 pendant la nuit du 11 au 12. » M. Araco remarque , à l’occasion de cette Lettre, qu'à Naples, grâce à la sérénité habituelle du ciel, on avait pu également s'assurer que la nuit du 10 au 11 août avait été marquée par un accroissement notable dans le nombre des étoiles filantes. (*) Nord par ouest à l’est. ( 673 ) VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Observations géologiques sur la constitution de quelques parties du Brésil. (Extrait d'une Lettre de M. E. n'Osrry, ingénieur au corps royal des Mines, à M. Élie de Beaumont.) « Cidada de Goïaz , 24 avril 1844. » Partis de Rio-Janeiro le 20 octobre de l’année 1843, nous ne sommes entrés dans la ville de Goiaz que dans les derniers jours du mois passé : nous avons donc mis près de six mois à faire environ 200 myriamètres, qui me paraissent représenter assez bien la longueur du chemin que nous avons parcouru. DATE Dans les cinq ou six points où nous nous sommes arrêtés plusieurs jours , nous avons fait des séries complètes d'observations , destinées à dé- terminer , aussi exactement que possible , les éléments du magnétisme ter- restre : déclinaison , inclinaison et intensité. » Nous avons tâché aussi de fixer quelques positions géographiques. Malheureusement, pendant la saison qui vient de s’écouler, et qui était celle des pluies, il nous a été bien rarement permis d'apercevoir le soleil, le temps étant continuellement couvert. Depuis un mois environ, nous jouissons d’une atmosphère plus sereine , et j'espère que la position de Goiaz (longitude et latitude) pourra être donnée par nous avec une certaine exactitude. » Nous n'avons pas négligé de mesurer les largeurs des principales rivières que nous avons traversées , leurs vitesses de courant, et, quand nous l’avons pu, leur pente. » Nous avons recueilli un certain nombre d'observations hygrométriques et thermométriques. »._ Nous avons eu le bonheur d'amener jusqu'ici un de nos baromètres, et, par conséquent, nous pourrons présenter la série des hauteurs absolues de tous les points où nous nous sommes arrêtés, c'est-à-dire à peu près de 12 kilomètres en 12 kilomètres sur toute notre route. »_ Pour ce qui est de la géologie, j'ai entrepris un travail qui pourra peut- être offrir des résultats intéressants : je fais en route un croquis du chemin, et je note sur ce croquis la nature du terrain traversé, autant qu'il m'est permis de le reconnaître par l'observation des éboulements ou des coupes de ravins et de lits de ruisseaux. » De Rio-Janeiro à Ouro-Preto (Villarica), la route va toujours en mon- tant. On franchit d'abord la serra d'Estrella, chaîne de montagnes qui court de l'est à l'ouest , et qui est exclusivement formée de granit : ce n'est qu'en ( 674 ) arrivant sur le bord de la Parahyba, de l’autre côté de la chaîne, que l’on trouve des gneiss plongeant nord-ouest de 15 à 20 degrés, gneiss qui ont été évidemment relevés par le soulèvement même de la serra. Le gneiss paraît ensuit à découvert jusqu'à la Parahybuna. Aussitôt que l'on a passé cette rivière pour entrer dans la province des Mines, on rencontre de nouveau le granit qui règne presque sans interruption jusqu'à 4o kilomètres de la ville de Barbacena. Il faut alors franchir la serra de Mantiqueira qui court du nord-est au sud-ouest, et où l'on ne voit à nu que des gneiss bien stra- tifiés à peu près horizontaux au sommet même, et plongeant le long des versants. » Tout indique, en cet endroit, un désordre considérable arrivé après le dépôt du gneiss. Quant aux campos des environs de Barbacena , ils sont formés d'une terre rougeûtre très-argilo-ferrugineuse et qui vraisembla- blement repose sur le gneiss. ». Au delà de Barbacena, on voit encore pendant quelques lieues des lam- beaux de gneiss. Puis, on passe la ligne de partage des eaux qui vont au San-Francisco et de celles quise rendent à la Plata. Alors commence un ter- rain qui joue un grand rôle dans la portion de la province des Mines qui avoisine Ouro-Preto et qui est composée de sidéro-christe et d'itacolumite. La serra d'Ouro-Branco , qui est à peu près à mi-chemin entre Barbacena et Ouro-Preto, est entièrement composée d'itacolumite , et c'est encore cette roche-qui constitue exclusivement le pic d'Itacolumi, et la base de toute la formation comprise entre Ouro-Preto et Sabara. » C'est dans un énorme filon de quartz, qui coupe l'itacolumite , que se trouvent les richesses aurifères de la mine de la Catta-Branca ; c'êst dans des phyllades et des schistes argileux superposés à cette roche, et. dans le voisinage de la roche même, que sont placés les gîtes topazifères de Capaô et de Caxambu; l'amas de pyrites aurifères de Monovelho, les riches ardoises aurifères de Taquaril, enfin la formation si extraordinaire et si curieuse de Jucotingua, d'où sont sortis les lingots d’or de Gongo-Soco. » Quant au sidéro-christe, il offre une infinité de variétés, depuis les quartzites à peine ferrifères, jusqu'à des masses presque compactes de fer oxydé pur. Il me semble même que l'itabirite, qui forme l'éruption ferrique du pic d'Itabiri, devrait être considéré comme une dégénérescence de cette roche. Quoi qu'il en soit, les masses ferrugineuses accumulées autour d'Ouro- Preto y sont si considérables , qu'elles changent tout à fait l’état du magné- tisme terrestre en ce point : l'inclinaison est beaucoup plus considérable que ( 675 ) celle qui résulterait de la position d'Ouro-Preto par rapport à l'équateur ma- gnétique ; et la déclinaison est si anormale, que le pôle nord de l'aiguille est à plus de 5o degrés à l’est du méridien géographique. » On trouve aussi auprès d'Ouro-Preto, et ensuite sur beaucoup d'autres points de la route de Goïiaz, une roche qui me paraît toute particulière, et que les Brésiliens appellent Canga. Elle affecte la forme d'une coulée ferru- gineuse fortement boursouflée : elle me paraît appartenir aux roches ignées, bien que M. d'Eschwege, et les Allemands à sa suite, aient voulu y trouver la représentation du quadersandstein. J'en ai recueilli plusieurs échantillons. » En quittant Sabara, nous nous sommes dirigés sur ie rio San-Francisco, sur la route de Petangui. C'est un sertao à peu près plat, mais trés-élevé encore au-dessus du niveau de la mer, et où l’on ne rencontre à peu près que des schistes argileux traversés par des filons de quartzite et de diorite, et présentant quelquefois des strates très-voisins de l’itacolumite. » Le San-Francisco coule au milieu de ces schistes, qui règnent encore pendant une grande étendue jusqu'auprès de Rio-Pelnahyba, lequel sépare la province de Minas-Geraës de la province de Goiaz. Là reparaît l'itaco- lumite , et au-dessous des micaschistes et des gneiss; et le Pelnahyba coule au milieu de ces dernières roches. Depuis ce point jusqu’à Goiaz, pendant près de 400 kilomètres, on ne voit plus que des gneiss, des micaschistes et des itacolumites, passant de l’un à l'autre par des degrés pour ainsi dire insen- sibles. Les variétés les plus voisines du gneiss sont plus près de la Pelnahyba ; celles qui sont plus rapprochées de l'itacolumite augmentent en proportion à mesure que l’on approche de Gioaz. » La serra des Pyrénées, qui passe à 30 ou 4o kilomètres au nord de Meia- ponte, est entièrement formée d'itacolumite, et l’on y trouve même d'im- menses plaques de la variété flexible. La serra d’Aruda , qui court du sud- ouest au nord-est et qui passe à 12 kilomètres au sud de Goiaz, est aussi entièrement de la même qualité de roche. Celle-ci arrive jusque dans la ville même, où elle passe à une variété talqueuse, puis au tale pur, et où on la voit en contact avec des granits qui l'ont évidemment soulevée et fait ployer vers le sud. » Je n'ai point encore observé de formation calcaire, ni l'ombre d'un fossile, dans tous les terrains que nous avons traversés. Au nord de Sabarà, vers la partie septentrionale de la province des Mines, et dans la direction de Paracatu, s'étend une vaste couche de calcaire noir, que je n'ai point été à même de voir. M. Clausen, que nous avons rencontré à Ouro-Preto, a eu l'obligeance de m'en donner quelques échantillons; il a bien voulu égale- ( 676 ) ment nous montrer sa collection d'animaux fossiles, qui est des plus cu- rieuses, et qui nous a encore fait regretter davantage de ne pouvoir nous rendre à Mequinez. » Les cavernes d'où ont été extraits ces ossements fossiles sont creusées dans le calcaire dont je viens de parler. J'ai tout lieu de croire, également, que d'autres calcaires qui regnent , me dit-on, au nord de Meiaporte et de Goiaz, et se prolongent vers les parties septentrionales de la province, se rat- tachent à la même formation. » M. d'Osery donne aussi des détails sur les collections géologiques assez nombreuses qu'il a recueillies , et qui ont déjà été en partie expédiées pour l'Europe. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur l'accident du Haut-Flenu, pré- senté à M. le Ministre de l'intérieur du royaume de Belgique; par M. Jorar», directeur du Musée de l'Industrie. Suivi d'un nouveau mode d'essai des chaudières à vapeur, et d'une Note sur les explosions fou- droyantes. 3 « L'accident arrivé le 14 août 1844 à une des chaudieres de la Société des pompes du Haut-Flenu n'est point une explosion, comme on l'entend ordinairement; ce n’est qu'une déformation de la paroi intérieure d’une grande chaudière cylindrique annulaire qui a donné lieu à un aplatissement, suivi d’une large déchirure de la tôle, et à la sortie impétueuse de toute l'eau qu'elle contenait par les deux extrémités de la chaudière, sans que l'enveloppe extérieure en ait souffert, sans qu'elle ait été ébranlée sur son siége. ». On peut se faire une idée de l'effet produit, en se représentant un canon sans culasse se déchargeant par les deux bouts. Il ne peut ÿ avoir d'autres personnes atteintes que celles qui se trouvent dans la direction de cette double décharge. Malheureusement il s'en trouvait deux ici qui ont péri, et deux autres qui ont été atteintes. » La chaudière à laquelle est arrivée cette hernie intérieure fait partie des six vaporisateurs destinés à faire marcher la plus grande machine d’épuise- ment qui ait été construite jusqu'ici sur le système de Cornouailles. Son cy- lindre travailleur a 2",45 de diamètre et 4 mètres de hauteur; sa force moyenne est de 315 chevaux, avec l'expansion d'un tiers. Les chaudières ont 9",25 de longueur, 2 mètres de diametre; le foyer intérieur a 1,15, et Le tube bouilleur suspendu au centre a 65 centimètres de diamètre. L'épais- (677) seur de l'enveloppe extérieure est de 13 millimètres ; celle de l'enveloppe in- térieure de 10 millimètres. Ces chaudières présentent une grande surface de chauffe, et sont parfaitement nettoyables dans ces grandes dimensions. » Nous avons examiné avec soin l’état de la chaudière déchirée, et nous nous Sommes convaincus que la théorie de la résistance des voûtes à l'écrase- ment ne peut s'appliquer aux cylindres à parois minces, à moins de leur sup poser des qualités que la pratique ne saurait garantir : égalité d'épaisseur, égalité de résistance , _homogénéité de la matière, perfection de la forme géo- métrique, et, par-dessus tout, préservation de tout choc ou pression locale susceptible de déterminer l’altération de la forme cylindrique. » Ce n’est qu'à ces conditions qu'une enveloppe métallique mince peut ré- sister à une forte pression de dehors en dedans. Il n’en est pas de même de la pression de dedans au dehors, la résistance de l'enveloppe n’a pour bornes que la ténacité de la matière, et sa forme géométrique tend incessamment à se perfectionner par la pression. Il existe entre ces deux sortes de résistance la même différence qu'entre l'équilibre stable et l'équilibre instable. » Déjà plusieurs accidents par écrasement sont arrivés sans qu'on se soit bien rendu compte des causes qui les amenaient, tant est grande la confiance des savants dans les lois de la théorie pure. » L'écrasement du tube du puits de Grenelle, dont on a recherché si long- temps la raison, n’a pas eu d'autre cause. Il a suffi d’un commencement de déformation à la partie inférieure du tube pour que l’aplatissement se soit continué sur une très-grande longueur. » L'accident de la chaudière du Haut-Flenu doit être une grande lecon pour les constructeurs; ils doivent être très-circonspects à l'endroit des tubes soumis à la pression du dehors, et se rappeler que le danger croît en raison directe du carré des diamètres, à moins qu'ils n'augmentent l'épaisseur des enveloppes jusqu'à perdre tous les avantages d’une bonne chauffe, et à tomber dans les inconvénients dé la brûlure des couches trop éloignées de l'eau. » Les chaudières à tubes et à foyers annulaires sont cependant fort avan- tageuses à l'économie du chauffage; ce serait un malheur de devoir les pro- scrire. M. Péclet, qui s'était d'abord prononcé contre ces chaudières, les recommande vivement dans son dernier Traité de la Chaleur. Elles sont en usage dans les Cornouailles, et celles qui fonctionnent au Mainbourg depuis dix-huit mois, et dans le pays de Liége depuis cinq ans, se comportent fort bien; mais il serait bon que les deux enveloppes fussent réunies par un Certain nombre de boulons ou tirants qui les rendissent solidaires, ou par des CR, 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, Nv 14.) QU ( 678 ) arcs-boutants intérieurs en fonte, car la fonte ne se met pas en fusion aussi facilement qu'on le suppose dans l'intérieur des foyers de chaudière, surtout si on l'incruste de terre à porcelaine, comme les grilles de Galy-Cazalat. » Il faudrait en outre que toutes les chaudières dont la paroi intérieure subirait, à l'essai, la moindre déformation, fussent rejetées. Celle qui vient de se déchirer avait été essayée à l'eau froide, la veille, à 9 atmosphères, et s'était déformée de plus de r décimètre, en s’ovalisant précisement à l'endroit où le déchirement a commencé le lendemain après avoir été mise à feu, et après qu'elle eut travaillé pendant deux heures et demie sans être alimentée, de l'aveu du chauffeur lui-même. » On peut supposer que la partie supérieure où le pli s'est effectué se trou- vait découverte d'eau, bien que le plongeur marquât encore, dit-on. La flamme aura pu suréchauffer cette partie de la tôle émergée, et déter- miner l’aplatissement commencé par la presse hydraulique, bien que la pression n'ait pas dépassé 3 atmosphères, limite du manomètre à air libre, dont le mercure n’a pas été projeté; les soupapes mêmes n’ont pas sifflé avant l'accident. » L'examen des tôles présente deux circonstances assez singulières : dans la fracture horizontale, ce sont les rivets qui ont résisté et la tôle qui s'est dé- chirée à 5 centimètres de la clouure; dans la fracture verticale, c’est la ligne des rivets qui a manqué. » À de fortes épaisseurs, les grandes plaques de tôle sont souvent feuille- tées, c'est-à-dire composées de lames mal soudées, soit par la mauvaise qua- lité d'un fer rouverain, soit pour n'avoir pas été réchauffées convenablement pendant le laminage; c'est ce qui occasionne ces loupes, quelquefois très- nombreuses, qu'il est facile de distinguer à la couleur de fer calciné qu'elles conservent au milieu de la surface noire générale du foyer. » L'air interposé entre les deux lames de tôle mal soudées se dilate par la . chaleur, et fait ordinairement crever la paroi exposée au feu , parce que l'eau n'étant pas en contact immédiat avec ces parties soulevées, elles S'OXY- dent et se détruisent très-promptement. Souvent la lame intérieure, quoique trés-mince, résiste assez longtemps: mais il est prudent de ne pas s’y fier, et nécessaire de remplacer la feuille défectueuse. Le Gouvernement devrait peut-être surveiller la fabrication des tôles, et les faire essayer aussi bien que les chaudières. Inconvénients du système actuel d'essai. » Tous les constructeurs et même les ingénieurs du Gouvernement sont ( 679 ) bien convaincus que le mode d'essai actuel des chaudières est parfaitement défectueux. L'épreuve au triple de la pression à laquelle doit travailler la chaudière tend évidemment à énerver le métal, ou à'altérer la forme des bouilleurs, auxquels il suffit ensuite d’une moindre pression pour se rompre, surtout quand, après l'essai à froid, on vient avec le feu distendre la fibre du fer par la dilatation qui produit une action d’une tout autre nature sur le fer. » Il n'est personne qui ne condamne aujourd'hui le mode d'essai par exagération , imaginé par des hommes de théorie pure, aussi bien pour les canons , les ponts, les essieux et les câbles, que pour les chaudieres. Si l'on essayait les wagons et leurs ressorts à trois fois la charge qu'ils doivent porter, il en est peu qui résisteraient. » L'épreuve au double est déjà quelque chose de plus que suffisant ; il sera nécessaire de s'arrêter là. Les épreuves à outrance ont été assez souvent répétées pour que l’on soit édifié sur la résistance des matériaux de toutes les dimensions. Les temps d'école doivent avoir un terme, l'expérience de nos prédécesseurs doit nous servir à quelque chose. Il n’est pas nécessaire de sa- tisfaire la curiosité de chaque génération de jeunes ingénieurs qui sont singu- lièrement enclins à répéter des essais déjà répétés cent fois sur la résistance des matériaux de l'industrie. » Nous allons démontrer que l'essai actuel des chaudières ne vaut rien, qu'il se fait mal et qu'il peut préparer de graves accidents en poussant la désagré- gation des molécules du fer jusqu'au dernier degré de sa résistance totale moins un. » L'eau, chassée à tours de bras par une et souvent par plusieurs pompes, soulève tout à coup une soupape pesamment chargée; cette masse, en retom- bant sur l’eau qui remplit son logement, doit faire l'effet du bélier hydrau- lique ét causer un ébranlement général dans la fibre du métal. C'est ce choc, dont Montgolfier n'avait pas calculé la puissance, qui s’est opposé longtemps à la construction en grand de l’ingénieux appareil qui porte son nom. » Cette force vive, dont les effets sont insaisissables au manomètre, dépasse peut-être de plus de moitié l'épreuve exigée par la loi. Ce qui le prouve, c’est la rupture subite de six boulons qui réunissaient la paroi intérieure à la paroi extérieure d’une des chaudières du Flenu. Ces boulons en fer fort avaient 3 centimètres carrés de section, ils étaient distancés de 30 centimetres. Il n’a pas fallu moins de 72000 kilogrammes pour les briser par arrachement, et cet arrachement a été produit par les ressauts de la soupape sur son siége à 9 atmosphères de pression. » Qui ne reconnaïitrait là l'effet du principe de Pascal, si bien appliqué 91. ( 680 ) par Bramah dans sa presse hydraulique? C'est surtout contre les effets de cette force vive (qu'on pourrait appeler force latente, parce qu’elle ne se ma- nifeste pas aux yeux des essayeurs de chaudières) qu'il faudrait se prémunir. » La pompe d'injection devrait être petite et maniée très-prademment vers la fin de l'opération. Les soupapes à ressort éloigneraient une partie du danger que nous venons de signaler, mais il serait plus prudent de condamner les soupapes et de s’en rapporter pour les essais au manomètre hyperbolique à air comprimé de l'ingénieur Delaveleye. Nous allons d’ailleurs signaler un nouveau mode d'épreuve qui éloignerait tous ces inconvénients, et qui ne saurait manquer d’être adopté dès qu'il sera connu. » Pour donner à tout le monde une idée approximative du poids que doit supporter une chaudière de la grandeur de celles du Flenu essayée à ro at- mosphères, c'est-à-dire obligée de supporter une pression de 10 kilogrammes sur chaque centimètre de sa surface, il suffit de traduire ce caleul en convois de chemin de fer. » Chacun sait qu'un convoi de 100000 kilogrammes ou de 100 tonneaux est un fort convoi; eh bien, la chaudière qui vient de se rompre n’a pas sup- porté moins de cent convois, le jour de son essai; car elle a 100 mètres de surface à 10000 centimètres carrés par mètre dont chacun a été chargé de 10 kilogrammes, ce qui fait en tout 10 millions de kilogrammes. » C’est deux fois le poids du rocher de Pierre-le-Grand que cette chau- dière, en supposant sa tôle développée en nappe suspendue par ses bords, a dû supporter. » Comment un mode d’épreuve aussi violent n’a-t-il pas été réformé depuis que l’on sait calculer les effets de la presse hydraulique ? Proposition d’un nouveau mode d’essai des chaudières à vapeur. ». Nous avons pensé d’abord qu'il y aurait pleine sûreté pour les fabriques i, au lieu d'être essayées à froid au triple de la pression qu'elles doivent sup- porter, les chaudières étaient seulement essayées au double et à chaud. Mais on craint le danger, parce qu'on compare ce qui pourrait arriver quand toutes les soupapes sont neuves, que la chaudière est pleine, que le feu est bien conduit, que le manomètre fonctionne bien et que l’on est sur ses gardes, à ce qui arrive quand rien de tout cela n’est en ordre et que l'explosion sur- vient à l’improviste. » Cependant c’est un fait acquis pour nous qu'une chaudière entièrement ?l # ( 681 ) remplie d’eau, dont les soupapes seraient fixées, ne ferait que se déchirer sans éclater. » L'explosion avec projection n’a lieu que pour les chaudières remplies de vapeur, et elle est d’autant plus violente qu'il y a moins d’eau et davantage de vapeur, à plus haute tension. » Le Gouvernement pourrait ordonner un pareil essai sur deux vieilles chaudières, pour se convaincre de ce fait dont nous avons peut-être seul la certitude, par suite de nos propres expériences sur les gaz; car nous avons droit de penser que la vapeur contenue dans l’eau chaude doit se comporter comme le gaz acide carbonique contenu dans l’eau froide à la même pression. Or, une bouteille d’eau gazeuse se brise sans projection et sans bruit, tandis que pleiné de gaz, à la même pression, elle produit une explosion tres-forte et lance ses débris à de grandes distances. » S'il en est de même avec la vapeur, ce dont nous ne saurions douter, le mode d'essai que nous allons proposer ne peut manquer de réussir. Essai des chaudières par la dilatation de l’eau. » Il suffirait, pour essayer les chaudières, de les remplir entièrement d'eau froide et de faire un petit feu dessous. Avant que l’eau ait acquis 20 à 30 de- grés de chaleur, les soupapes se lèveraient, et le manomètre marquerait. » Il ne faut pas craindre que les pertes d’eau par filtration, qui sont si nombreuses dans les essais à froid, puissent s'opposer à la marche de l'épreuve à chaud; car, dès que le fer est} dégourdi et commence à se dilater par la chaleur, les petites fuites des rivures se ferment rapidement. D'ailleurs il faudrait que ces fuites fussent bien considérables pour laisser passer pendant le temps que doit durer l'essai un trentième environ de l'eau qui la remplit; car l’eau se dilate d'autant avant d'arriver à son point d’ébullition. » Il faudrait donc qu'il se perdit pendant l'essai une si grande quantité d’eau que, dans ce cas, la chaudière ne devrait pas être recue sans rébattage. » Le volume d’eau devient : À ‘10 degrés. : . -. 1,0002 ADO FACE SENS 1,0015 A BON NE AUTRE 1,0040 DÉSOPACMEM TN 1,0122 AUSOR AIMER FRE 1,0309 ATO00) Le rene 1,0466 c'est-à-dire qu'une chaudière remplie de r00 hectolitres d’eau devrait'en per- dre plus de 4 par ses soupapes avant d'arriver à l’ébullition. ( 682 ) » Il n’y aurait donc ni inconvénient ni danger à essayer les chaudières à chaud par la dilatation, sans qu'il fût nécessaire d'arriver à la vaporisation. Nous pensons aussi qu'on pourrait s'arrêter à 2 atmosphères au-dessus de leur travail habituel. Le manomètre portatif hyperbolique qui se construit au Musée de l'Industrie serait d’un excellent usage pour les essais de ce genre, car les divisions sont égales et même plus grandes dans les hautes que dans les basses atmosphères, contrairement aux manomètres cylindriques, et elles sont justes, puisqu'elles ont été graduées empiriquement, c'est-à-dire par expérience directe. » On pourrait avec ce manomeètre, qui semble fait exprès pour ce nouveau mode d'essai, se passer du jeu des soupapes; car nous connaissons les précau- tions que les fabricants emploient pour rendre les essais actuels illusoires. Le manomètre apporté par l’essayeur ne pourrait donner prise à aucune fraude de ce genre, fraudes presque excusables en présence de la rigueur inutile et dangereuse de l'ordonnance. » Nous pensons aussi qu'il ne faudrait qu'un seul essayeur habile pour tout le royaume, car il n’y a pas de sûreté à charger de cette besogne une multi- tude de personnes souvent étrangères à ces sortes d'opérations, ou qui, les faisant pour la premièré fois, ne savent pas toujours bien calculer les diffé- rents leviers, les poids et les soupapes. » I faudrait, en outre, que cet ingénieur fût un praticien assez instruit pour donner de bons conseils aux fabricants et aux chauffeurs dans le cours de ses fonctions, qui pourraient être continues, car il serait bien d'essayer les cliaudières tous les ans, puisqu'elles se détériorent par l'usage. Le fabricant lui-méme serait charmé d'en connaître l’état, si le mode d'essai ne donnait pas lieu à de grands dérangements; or, celui que nous proposons est si facile, que pendant l'intervalle d'un repos il pourrait s'effectuer. Il suffirait de rem- plir la chaudière complétement, en arrêtant le feu, de visser le manomètre sur la chaudière, de refaire le feu et d'observer l'instrument; après quoi l'ouverture serait refermée par un boulon qui recevrait le poinçonnage de l’essayeur. Si les mesures que nous proposons étaient adoptées, nous pensons que les accidents deviendraient tres-rares et fiuiraient peut-être par dispa- raître complétement. » Note. « Permettez-moi, monsieur le Ministre, d'ajouter à ce Rapport une ad- dition au Mémoire que j'ai publié dans le Bulletin du Musée de ! Industrie, et fait parvenir au Ministre de la Marine de France, sur les causes des explo- | ( 683 ) sions foudroyantes, à l'occasion de celle de Vieux-Waleffe. (Ce Mémoire se trouve inséré dans la première livraison du Bulletin du Musée de l'Industrie, année 1842.) Ce qui doit vous donner quelque confiance dans ma théorie, c’est que mon travail a reçu la sanction du comité des ingénieurs de la Marine de France, et que le Ministre m'a demandé l'autorisation de le faire imprimer pour le mettre dans les mains de tous les ingénieurs et mécaniciens des bâti- ments à vapeur du Gouvernement. Je ne vous fais connaître ces particula- rités, monsieur le Ministre, que pour obtenir votre attention sur l'explication suivante : On remplit sans cesse les chaudières d’eau qui s'évapore sans cesse; mais toutes les eaux entraînent une certaine quantité de matières végétales, animales et minérales. Ces matières, ne s’évaporant pas, ne font qu'augmenter chaque jour dans la chaudière; les sels minéraux se déposent au fond, mais les matières végétales surnagent et finissent par tapisser les parois en s'y dé- posant par couches, toutes les fois que l’eau baisse. Or, quand il arrive que la pompe alimentaire ne plonge plus dans l'eau ou se dérange, l’eau s’abaisse de plus en plus dans la chaudière, la flamme atteint les parois mises à sec, et il commence à s’opérer une véritable distilla- tion des sédiments végétanx et animaux, qui produisent du gaz hydrogène en assez grande quantité pour former un us explosif avec l'air atmosphé- ane injecté par la pape à défaut d’eau. » Il ne reste plus qu'a mettre le feu à cette espece de grisou pour avoir une ion foudroyante. Or, le charbon des matières végétales distillées doit s'embraser au contact de la tôle rougie. Il n’en faut pas davantage pour mettre le feu au mélange explosif, suréchauffé lui-même sous une haute pression. La présence d’une vapeur, sèche comme elle doit l’être dans une chau- dière rougie, ne saurait empécher le grisou de s’allumer ; peut-être même que cette vapeur raréfiée, unie au gaz hydrogène ou ammoniacal échauffé, peut donner lieu à quelque nouveau mélange explosif que la science découvrira plus tard. M. Berzelius affirme qu'un mélange explosif, dans lequel il entre du gaz hydrogène carboné, augmente considérablement la puissance de la détonation. D'ailleurs la plupart des matières animales et végétales sont susceptibles de devenir pyrophoriques, c'est-à-dire de s’'enflammer dans de certaines conditions, comme l’a démontré le professeur Van Mons. Je considère donc comme dangereuse l'introduction dans les chaudières, de toutes les matières végétales, telles que les pommes de terre, le tan et la sciure de bois. L'argile ( 684 ) de l'ingénieur Chaix n'aurait pas les mêmes inconvénients, parce qu'elle ne peut produire de gaz hydrogène comme les matières végétales. » Quand on connaît la violence des explosions de grisou à l'air libre, on peut se faire une idée de la détonation qui doit avoir lieu avec un mélange explosif comprimé à plusieurs atmosphères et porté souvent à la température de 150 à 160 degrés. Les effets de la poudre ne sauraient approcher de ceux d'un pareil agent; peut-être un jour sera-t-il employé à la guerre ou utilisé en industrie. En attendant , il faut faire tout ce qu'il est possible pour éviter sa formation dans les chaudières, et le meilleur moyen, c'est de ne jamais laisser abaisser leur niveau d’eau et de régler l'alimentation avec plus de soins qu'on ne le fait généralement. » Bien que les causes d’explosion soient, comme les causes de maladie, fort nombreuses et fort peu connues, il n’en est pas moins vrai que l'explosion fou- droyante étant la plus dangereuse de toutes, c'est de celle-là qu'il faut se pré- server avec le plus de soins. » Je crois maintenant avoir donné la meilleure explication de cette espèce particulière d'explosion, et indiqué le meilleur préservatif. Heureux si mon travail peut obtenir votre haute approbation et celle des ingénieurs instruits! » À 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et un quart. A. (685 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Acadénie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 13; in-4°. Annales de la Chirurgie française el étrangère; septembre 1844; in-8°. Voyage autour du Monde sur la Frégate la Vénus, pendant les années 1836- 1839, publié par ordre du Roi, sous les auspices du Ministre de la Marine; par M. Agez pu PETIT-THoUARS; tome I à VIE, in-8°, avec 2 livr. de planches et une carte. (Adressé par M. le Ministre de la Marinc.) Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feroë, sous la direction de M. GaïmarD; 23° livr. in-fol. Voyages en Scandinavie et en Laponie, pendant les années 1838-1840 , sur la corvette la Recherche, publiés par ordre du Roi, sous la direction de M. Gai- MARD. — Météorologie. T. 1%, 1° partie ; in-8°. Des Lésions traumatiques de la moelle de l'épine, considérées sous Le rapport de leur influence sur les fonctions des organes génito-urinaires; par M. Seca- LAS; broch. in-8°. Traité de Chimie organique ; par M. J. LiEBiG ; édition française, revue et considérablement augmentée par l’auteur, et publiée par M. GerHaRDr; t. IE, in-8°. Introduction à l'étude de la Chimie; par M. E. ROUSSEAU; in-12, in-8°. Notice biographique sur les DÉPARCIEUX, ONCLE et NEVEU; par M. D'Hom- BRES-FIRMAS; in-8°. Cause du Mutisme chez les sourds, communément désignés sous le nom de sourds-muets; par M. Dugois fils aîné; broch. in-8°. Avenir de la nouvelle Banlieue de Paris ; broch. in-4°. Paris, 1844. Société royale et centrale d'Agriculture. — Bulletin des séances, Compte rendu mensuel ; tome IV, n° 9, in-8°. Annales forestières ; septembre 1844; in-8°. Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage ; septembre 1844; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques; septembre 1844; in-8°. Journal des Connaissances utiles ; septembre 1844; in-8°. Académie royale de Bruxelles. — Recherches sur la Potasse à l'alcool ei le Carbonate de potasse; par M. Louyet ; broch. in-8°. C. ., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 44) 92 ( 686 ) Flora batava; 133° livr. in-4°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScHuMACnER; n° 515; in-4°. : Lehrbuch der... Traité de Chimie; par M. MiTscHERLICH; > vol. in-8°. Berlin, 1843 et 18/44. Beitrage..…. Contribution pour servir à la connaissance des Infusoires dans la ner Egée, l'Euphrate et les Bermudes , dans la partie voisine du pôle austral et dans la profondeur des mers; 2 opuscules ; par M. EHRENBERG. Berlin, 1844; in-8°. Uber drei lager... Sur trois couches de terrains d’Infusoires dans l’Améri- que du Nord; par le même. Berlin, 1844; in-8°. Algemene geschiedenis... Histoire générale du Monde, depuis la création jusqu'ànos jours; K* vol., 1, 2° et 3° part. Amsterdam, 1841-1843; et tome II, 1" partie; 1844; in-4°. Risposta... Réponse aux Questions proposées par l'Académie royale de France, relativemert au Vaccin; par M. le docteur A. Cusino. Milan, 1843; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 39; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°% 119 à 114; in-fol. L'Expérience; n° 378 ; in-8°. L'Echo du Monde savant; n° 24. | | € Ÿ | COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 OCTOBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. M. Beaurewrs-Braurré, en présentant à l'Académie, de la part de M. le baron ne Mackau, Ministre de la Marine, la sixième et dernière partie du Pilote des côtes occidentales et septentrionales de France, s'exprime ainsi : « Cet ouvrage, qui est dû au corps des ingénieurs hydrographes de la marine, a été commencé sous mes ordres, en 1816, dans les environs de Brest, et a été terminé, pour les travaux à la mer et sur les côtes, dans la campagne de 1838, et pour les travaux de rédaction, à la fin de l'an- née 1843. » Les six atlas contiennent 21 cartes générales, 65 cartes particulières, 31 plans de format grand aigle, 15 plans de format demi-aigle, 14 plans de format quart d’aigle, 279 tableaux de vues prises sur les principaux dangers des côtes occidentales et septentrionales de France, et de 184 tableaux des hautes mers et des basses mers observées pendant la durée des vingt cam- pagnes faites sur ces mêmes côtes. » Bien que le temps seul puisse révéler la valeur réelle de toutes les par- ‘ties d’un aussi grand ouvrage, nous dirons dès aujourd'hui que les marins C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX ,N° 43.) 9 ( 688 ) qui ont déjà fait un fréquent usage des cartes des environs de Brest et des autres parties des côtes occidentales de France se sont unanimement ac- cordés pour en louer l'exactitude. Nous sommes heureux de pouvoir ajouter que les naufrages ont considérablement diminué de fréquence sur nos côtes de l'Océan , depuis qu'un nouveau et admirable système d'éclairage des phares y a été établi et que les cartes du Pilote français ont été publiées. » Tout ce qui pouvait assurer le succès d’une aussi vaste entreprise que celle de la reconnaissance détaillée des côtes occidentales et septentrionales de France, nous a été accordé avec empressement par les divers Ministres de la Marine qui se sont succédé depuis 1816 jusqu'à ce jour; et nous avons trouvé dans les ingénieurs hydrographes, nos collaborateurs, ainsi que dans les officiers du corps de la marine militaire qui nous ont été adjoints dans neuf campagnes, un dévouement qui ne s'est jamais démenti. » La marine a mis en supplément, sous nos ordres, savoir : en 1819 et 1820, l’aviso le Joubert, commandé par M. Abel-Aubert Dupetit-Thouars, aujourd'hui contre-amiral; en 1821 et 1822, l'aviso le Joubert; en 1824 le brick l’Alsacienne, et en 1825 et 1826, le brick la Lilloise, commandés par M. Lesaulnier de Vauhello , aujourd'hui capitaine de vaisseau ; en 1837, le brick la Bordelaise, et en 1838, le brick le Saumon, commandés par M. Jéhenne, aujourd'hui capitaine de corvette. » C'est dans les campagnes qu'ils ont faites avec les ingénieurs hydrogra- phes, sur les côtes de France, que les officiers dont je viens de citer les noms ont acquis la pratique des remarquables travaux qu'ils ont exécutés de- puis dans différentes parties du monde. » Ce qui complète le bonheur que j'éprouve d'avoir réussi à amener à une heureuse fin un travail aussi considérable que celui dont je mets aujourd’hui les derniers résultats sous les yeux de l’Académie, c'est de n'avoir pas eu à déplorer la perte d'un seul de mes collaborateurs , par un accident de mer, dans le cours des vingt campagnes faites au milieu de l'immense quantité de dangers dont les abords de nos côtes de l'Océan sont encombrés! » L'Académie apprendra avec intérêt que la reconnaissance des côtes mé- ridionales de France a été faite, dans les campagnes de 1839, 1840, 1841 et 1842, par les ingénieurs hydrographes de la marine, sous la direction de l'ingénieur de première classe Monnier, qu'une mort prématurée vient d'enlever aux sciences. C'est M. Leboureuignon-Duperré, ingénieur de pre- mière classe et l'un des collaborateurs de feu M. Monnier, qui est chargé d'achever les travaux de rédaction de cet ouvrage. ( 689 ) » M. Béjat, ingénieur de première classe, à qui est due la partie géodé- sique de ce beau travail, a déjà publié le résultat de ses opérations dans un ouvrage spécial ayant pour titre : ». Exposé des opérations géodésiques relatives aux travaux hy drographi- ques exécutés sur les côtes méridionales de France, sous la direction de feu M. Momuer , ingénieur de première classe, officier de la Légion d'honneur. » Je suis chargé, par M. Bégat, de prier l’Académie d'agréer l'hommage d'un exemplaire de cet ouvrage. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Suite des recherches anatomiques et physiolo- giques sur quelques végétaux monocotylés; par M. ne Mhirsez. ( Second Mémoire.) « Qu'il me soit permis d'ajouter ici quelques lignes à ce que j'ai publié précédemment sur le Dattier. Elles prépareront l'esprit du lecteur à l’intelli- gence de ce que je dois lui dire touchant les développements et la structure du stipe du Dracæna. » M. Desfontaines, durant son voyage dans les Régences de Tunis et d’Al- ser, avait écrit que les filets ligneux du stipe du Dattier vont se serrant du centre à la circonférence. Esprit sage et circonspect, il s’abstint de tirer au- cune conséquence sérieuse de cette observation isolée. Toutefois elle ne resta pas stérile. Un jeune phytologiste, le plus distingué des élèves de Desfon- taines, et qui a laissé dans la science un nom aussi durable qu'elle, imagina de substituer à la division des végétaux phanérogames en monocotylés et di- cotylés, établie par Adrien Royen, il y a aujourd'hui un peu plus d'un siècle, celles des eudogènes et des exogènes. Or, voici sur quel raisonnement J'ingé- nieux novateur essayait de fonder cette réforme : les filets ligneux des mono- cotylés, disaitil, se portent, selon Desfontaines, du centre à la circonfé- rence; donc ils naissent au centre et vont vieillir à la circonférence, ce qui est contraire au développement des dicotylés, puisque dans ceux-ci, les couches ligneuses naissent à la circonférence et sont incessamment recou- vertes à l'extérieur par de plus jeunes; d'où il suit que, plus elles sont âgées, plus elles sont rapprochées du centre. Desfontaines s'abstint de prendre part à la discussion. Il écoutait, mais n'était pas convaincu. $es doutes n’ont fini qu'avec lui. ». Cependant il fallait résoudre le problème. Pour y parvenir, je pris des Dattiers de différents âges en pleine végétation , et me livrai à l'étude de l'or- 93. ( 690 } ganisation interne des racines, de la souche, du stipe et du bourgeon. Le résultat de ces recherches fut que j'acquis la certitude que le plus grand nombre des filets du stipe, si ce n’est la totalité, naît à la surface interne du phylophore, qu'une partie d’entre eux s’allonge et monte à peu de distance de cette surface, puis se courbe tout à coup vers la périphérie, et va joindre la base des feuilles qu'elle rencontre chemin faisant. Dans le même temps, l'autre partie des filets s'accroît en se rapprochant peu à peu de l'axe central et l’atteint; puis va plus haut s'attacher aux feuilles naissantes qui garnissent le côté opposé au point de départ. Ainsi le Dattier, tout monocotylé qu'il est, prend place parmi les exogènes en vertu de caractères non pas identi- ques, mais équivalents à ceux des dicotylés. En serait-il de même des autres arbres monocotylés que jusqu'à ce jour je n'ai pu me procurer? Prononcer sur cette question, en l'absence des faits matériels, serait de ma part preuve de plus de présomption que de savoir. Je me hâtai donc de chercher des exemples pour dissiper mes doutes. J'ai pris d'abord le Dracæna draco, puis le Dracæna australis. » Si je ne me trompe, les premières recherches sur l'organisation de ces arbres monocotylés sont dues au savant Aubert Dupetit-Thouars. Selon ce phytologiste, les filets ligneux qui s’'allongent dans le stipe partent, dans les Dracæna, non pas seulement de la base des feuilles, mais aussi de la base des spathes, des pédoncules, des enveloppes florales, des organes sexuels et des fruits. Aucun filet ne manque donc à l'appel. Telle était la doctrine que notre ancien confrère s’efforçait de propager et que j'ai combattue dès sa naissance, Je dois l'avouer, plus par sentiment que par expérience. Cependant je ferai remarquer, pour ma justification, que, dès 1814, j'avais reconnu dans le, Dracæna ce que j'appelais une double végétation. Le stipe, disais-je, croît en longueur par le développement des filets du centre. Cette assertion n’a- vait nulle valeur, Mais j'ajoutais que ce stipe croissait en épaisseur par le dé- veloppement des filets de la circonférence qui composaient, par leur rappro- chement, une sorte de couche ligneuse. Ainsi je croyais, dès cette époque, que le Dracæna pouvait, à juste titre, prendre place parmi les exogènes. Mais depuis lors, guère moins de trente ans se sont écoulés, et j'estime au- Jourd'hui que j'ai agi prudemment, en recommençant mes recherches, soit pour les compléter, s'il y avait lieu, soit pour les rectifier, si j'y trouvais à re- dire. » J'ai donc porté de nouveau toute mon attention sur le stipe du Dra- cæna, et pour aider à l'intelligence des faits, j'ai divisé les tissus en trois ( 691 ) régions organiques, savoir : la corticale, l'intermédiaire et la centrale, qui, jusqu'à certain point, pouvaient être comparées à l'écorce, au bois, à la moelle des dicotylés. De ces rapprochements, je concluais qu'il était pos- sible que les filets ligneux du stipe du Dracæna, de même que les couches ligneuses des troncs et des branches des arbres de nos climats, se dévelop- passent en couches concentriques du centre à la circonférence. Toutefois, je tenais compte de cette notable différence, que dans nos arbres dicotylés, les couches sont formées par des réseaux ligneux dont les mailles correspon- dent les unes aux autres, de manière à laisser passer les irradiations utricu- laires ; tandis que dans les Dracæna les couches, comme dans les autres monocotylés, sont composées de simples filets ligneux, plus ou moins rap- prochés les uns des autres et enveloppés de tissu utriculaire. Mais, après de nouvelles observations sur plusieurs Dracæna d'âges différents, je pensai que c'était uniquement sur ces arbres que je devais chercher les lois qui prési- dent à leur développement, sauf plus tard à faire ressortir les points de com- paraison entre les deux grandes classes des végétaux phanérogames. » Le stipe du Dracæna draco, comme celui du Dattier, est à peu pres cylindrique; cependant il arrive quelquefois qu'il se renfle irrégulièrement dans quelques parties de sa longueur. On sait que dans les contrées où il croit spontanément, il acquiert des dimensions colossales; son phylophore est un cône à sommet faiblement déprimé : c'est encore un trait de ressem- blance avec le Dattier. Ajoutons que ses feuilles, très-rapprochées les unes des autres, sont disposées en hélice, et que lorsqu'elles viennent à se déta- cher, elles laissent sur le stipe, comme fait le Dattier, des cicatrices qui ne s'effacent que longtemps après. Ce stipe, ainsi que celui des autres arbres honocotylés, se termine inférieurement par une épaisse et longue excrois- sance qui a reçu le nom de souche. » Je ne puis voir, dans la souche des arbres monocotylés, que l'équiva- lent de la racine pivotante des arbres dicotylés. La racine pivotante et la souche ont même origine; l'une et l’autre partent du collet de l'arbre et s'en- foncent verticalement dans le sol; l'une et l’autre donnent naissance à de nombreuses racines; l’une et l’autre représentent la radicule arrivée au der- nier degré de développement. Assurément la forme extérieure, et j'ajou- terai la structure interne, diffèrent à beaucoup d'égards; mais cela n’em- pêche pas que les deux organismes ne concourent aux mêmes fins. Ces con- sidérations suffisent pour écarter toute objection. Rien ne s'oppose à ce que J'en dise autant des stipes des monocotylés comparés aux troncs des dicotylés. ( 692 ) Apres l'examen des caractères extérieurs du stipe et de la souche du Dracæna draco, je pris pour sujet d'étude un Dracæna australis. Ma sur- prise fut grande en reconnaissant qu'il avait deux souches au lieu d’une. Jimaginai d'abord que cela devait être le résultat d'une superfétation acci- dentelle; mais ayant examiné plusieurs autres jeunes Dracæna australis, force fut que je reconnusse que la double souche était un caractère propre à cette espèce. Il est à remarquer que dans chaque individu les deux souches ne sont pas de nême force et longueur. Cette inégalité nous apprend que le développement de l’une devance toujours celui de l'autre; la plus agée des deux est la plus robuste et la plus grande. L'une et l’autre, en raison de leur vigueur, donnent naissance à des racines plus ou moins nombreuses. » On aperçoit à la surface des deux souches, et à distances à peu pres égales les unes des autres, des épaisseurs qui simulent des anneaux. Cette ap- parence provient de ce que l'écorce s'est cernée, coupée et quelque peu sou- levée du côté qui regarde l'extrémité inférieure de la souche. Mais je m'abs- tiens ici de m’étendre sur ce sujet, qui trouvera tout naturellement sa place dans les considérations physiologiques. Il n’est pas temps non plus d'appeler l'attention sur de très-jeunes sujets. De ceux-ci je parlerai quand il s'agira d'études organogéniques : pour le moment je me borne à signaler les tissus utriculaires et vasculaires parvenus à leur complet développement. » La région externe ou corticale est tout entière composée de tissu utri- culaire. La région intermédiaire offre le rapprochement d'un grand nombre de filets ligneux, quelquefois ramifiés, et ne laissant entre eux que de petits espaces remplis de tissu. La région centrale ne diffère de la précédente que parce que les filets qu'elle contient sont dans un espace donné beaucoup moins nombreux, et le tissu utriculaire beaucoup plus abondant. Pour concevoir une juste idée de ces trois différents organismes, ce n’est pas assez de ces brèves indications ; il fant en donner une description aussi complète qu'il est possi- ble. C'est ce que je vais tenter. » La région corticale est revêtue d’un épiderme composé de granules for mant, par leur union, une membrane continue. J'avais reconnu , l'année der- nière, l'existence de cette structure granuleuse dans l'Æelleborus fœtidus ; mais je dois dire que le mérite de cette découverte, qui remonte à plusieurs années, appartient à M. Adolphe Brongniart. » Dessous l'épiderme on trouve des couches d’utricules, tantôt courtes, tantôt longues, juxtaposées côte à côte et unies bout à bout. Un peu plus avant vers le centre, les utricules qui composent les couches s'élargissent et (695 ) se rapprochent de la forme cubique. Plus avant encore, sont des séries ver- ticales d’utricules arrondies, ou ovoïdes, ou pyriformes, les unes courtes, les autres allongées, régulières ou irrégulières. Beaucoup d’entre elles, si ce n’est toutes, m'ont offert de très-larges ouvertures circulaires ou elliptiques. Au moyen de ces percées, elles s’abouchent les unes aux autres. On ne saurait croire, si on ne l'avait vu, avec quelle précision les ouvertures se correspon- dent. J'ai douté d’abord qu'il y eût communication réciproque; mais à mesure que j'ai multiplié les observations , mes doutes se sont dissipés. » À ces faits j'en joins un qui n'est pas le moins remarquable. De petites utricules , ovoides ou sphériques, s'abouchent entre elles de manière à former comme un cordon noueux. Jusqu'ici il n’y a rien qui doive surprendre; mais ce qui paraîtra extraordinaire, c'est que ces petites utricules sont souvent emprisonnées deux à deux dans de grandes utricules, lesquelles aussi sont abouchées entre elles. J'ai fait une bien longue étude des tissus végétaux , et je confesse que, jusqu’à ce jour, je n'avais rien vu de semblable. » Tout n'est pas dit encore touchant l'organisation de la région corticale ; elle se termine, dans sa partie qui confine à la région intermédiaire, par un tissu que j'ai nommé générateur. Plus tard on saura ce qui m’autorise à le qualifier ainsi. Ce tissu transparent et délicat est formé d'utricules allongées et tétraèdres, lesquelles, réunies bout à bout et appliquées face contre face, composent une suite de lames régulières semblables les unes aux autres. » Enfin, puisqu'il s'agit de l'écorce, je ne saurais me taire sur les filets qui, venant de la région centrale, traversent horizontalement la répion intermé- diaire, puis pénètrent dans la région corticale, et se dirigent vers sa surface en suivant une ligne oblique ascendante pour aller joindre la base des feuilles. On conçoit que, sur la coupe transversale de cette écorce, les filets laissent des traces de leur passage. Chacun d'eux se compose d’un faisceau de trachées déroulables, contenues dans un étui de vaisseaux allongés. Partout où ces filets passent, on voit épars, à droite et à gauche, grand nombre d'utricules trés-petites renfermant des faisceaux composés de courtes et fines aiguilles d'oxalate de chaux. » Pour le moment, je n'ai rien à ajouter relativement à l'organisation de l'écorce du stipe, si ce n’est qu’elle s’étend sur la souche tout entière, telle que je viens de la décrire, sauf pourtant l'absence de filets qui vont aux feuilles, puisque la souche en est privée. Cela dit, je passe à la région intermédiaire. » Cette région rappelle jusqu'à un certain point les couches ligneuses des ( 694 ) dicotylés. De nombreux filets la composent. Ils sont serrés les uns contre les autres et liés ensemble par un tissu utriculaire. Dans cette alliance, ce sont les filets qui occupent le plus de place. Ils pressent le tissu et le contraignent à s’allonger dans la direction du centre à la circonférence. Ce tissu est criblé d'une innombrable quantité de pertuis, lesquels établissent la communication de cellules à cellules. Les filets, comme on peut s'en convaincre par des coupes transversales, sont, généralement parlant, de forme ellipsoïde ou cylindrique; mais il n’est pas rare que la pression qu'ils exercent réciproquement les uns sur les autres ne modifie plus ou moins leurs formes normales. » Que si maintenant nous voulons nous rendre un compte exact des carac- tères des éléments organiques qui entrent dans la composition des filets, rien n'est plus facile, à l’aide de l'anatomie et de l'observation microscopique. Chaque filet est composé en majeure partie de vaisseaux pertuisés, fendus, annelés, et de trachées tantôt simples, tantôt doubles. Ces divers vaisseaux, groupés ensemble, sont disposés de telle sorte qu'ils forment un étui dont la cavité est remplie souvent par un très-fin tissu de cellules allongées et quel- quefois par des trachées. » Je disais tout à l'heure que cette région intermédiaire rappelait à la mémoire les couches ligneuses des dicotylés. Il est un fait qui vient à l'appui de cette assertion. J'ai eusous les yeux, j'ai dessiné la coupe transversale dustipe d'un Dracæna. Cette coupe m’a offert assez nettement quatre ou cinq cou- ches épaisses de filets, superposées les unes aux autres. Ce n'était point une illusion. Ce que J'ai vu, d'autres l'ont vu comme moi, et pourraient en rendre témoignage. Cependant, je reconnais que, depuis, je n'ai eu sous les ÿeux rien de semblable. Ceci donnerait à penser que le fait dont il s’agit est accidentel. En effet, il se pourrait, comme il arrive quelquefois dans les arbres dico- tylés, que des causes climatériques eussent occasionné cette anomalie. Mais qu'il en soit ainsi ou autrement, il n'importe, car j'ai acquis la preuve si ce n'est de la parfaite similitude, du moins de l'évidente analogie du mode de formation des couches lignenses dans les dicotylés et les Dracæna. Le moment approche où je prouverai par des faits irrécusables ce que j'affirme ici. Mais avant d'aller plus loin, j'ai quelques mots à dire touchant la région centrale. » Dans un espace donné, le nombre des filets de cette région est bien moins considérable que dans un égal espace de la région intermédiaire. Mais le tissu utriculaire de la région centrale est beaucoup plus abondant. Quant à la forme et à la disposition des filets de cette dernière région, elles offrent de notables dissemblances avec celles des filets de la région intermédiaire. Ceux-ci, très- ( 695 ) voisins les uns des autres, s’allongent verticalement, tandis que dans la résion centrale, ils se portent indifféremment dans un sens ou dans un autre, pas- sant de droite à gauche et revenant de gauche à droite. La plupart d’entre eux offrent dans leurs développements une singularité des plus remarquables. Ils se renflent irrégulièrement en différents points de leur longueur, et, là même, ils se plient et replient en zigzag. Je me suis demandé à quelle fin ces anomalies, et je n'ai point trouvé de réponse qui püût me satisfaire (1). » Passons à une autre série de faits. Il ne s’agit plus des formes extérieures du Dracæna, ni spécialement de son anatomie. Sur ces deux points, j'ai dit tout ce qui me semblait devoir intéresser le lecteur. Il s’agit maintenant de lui faire connaître l’origine et les développements des différents organismes, travail physiologique d'un grand intérêt et sur lequel j'appelle toute son attention. » En vue d'atteindre le but que je m'étais proposé, j'ai choisi d’abord pour objet de mes recherches un jeune Dracæna australis. X avait, en tota- lité, 11 décimètres de long et un peu au-dessus de la jonction du stipe avec la souche, son diamètre mesurait 2 décimètres. Je l'ai coupé dans toute sa longueur en deux parties égales, de telle manière que le scalpel ne s’est pas écarté sensiblement du plan de l'axe depuis le mamelon terminal de la souche jusqu'au sommet du phylophore. Dans le dessin que je donne de ce très-jeune arbre, j'ai jugé qu'il était à propos de quadrupler ses dimensions, afin que les caractères fussent plus apparents. » Le collet, comme chacun sait, partage transversalement le végétal , soit monocotylé , soit dicotylé , en deux parties, l’une qui descend vers le centre de la terre, l'autre qui monte vers le ciel. Cette double tendance se mani- feste non-seulement à l'extérieur, mais aussi dans tout l'organisme interne. Ainsi nous voyons dans le Dracæna , comme nous l'avons vu dans le Dattier, la partie la plus jeune des tissus végétaux, et notamment celle qui constitue les filets , croître, s’allonger et monter jusqu’à l'extrémité du stipe, tandis que l'autre partie de ces mêmes filets croît, s’allonge et descend jusqu'à l’extré- mité de la souche. C'est pourquoi le physiologiste, à l'aide du microscope, peut pour ainsi dire, d'heure en heure, constater l'accroissement , les modi- fications , les métamorphoses des divers organismes dans le cours de leur existence, Et remarquons que cette loi n’est pas faite uniquement pour les (1) On sait que la croissance du Dracæna est extrêmement lente. Ne se pourrait-il pas que les replis multipliés des filets ne servissent à retarder les développements? C. R., 1844, 20€ Semestre. (T. X1X, No 45.) 94 ( 696 ) monocotylés ; elle s'applique aussi aux dicotylés, comme je m'en suis assuré par de nombreuses expériences ; d'où il résulte que dans les deux grandes classes, les formes et les agencements, soit externes , soit internes , diffè- rent, tandis que la puissance organisatrice est invariablement la même. » Maintenant, au lieu d'un jeune Dracæna, prenons un sujet dans toute la force de l'âge, et divisons son stipe en deux parties égales comme nous avons fait pour le précédent. Que verrons-nous dans la constitution de chaque filet ?... Je l'ai déjà dit et ne puis cependant me dispenser de le répéter. Nous y verrons des trachées simples et doubles, des vaisseaux à épaisses et fermes parois , les uns criblés de pores, les autres dans toute leur longueur, ouverts par des fentes transversales, et, finalement, tous ces éléménts orga- niques groupés en faisceaux de consistance ligneuse. Mais bien s’en faut que les filets soient nés tout à coup tels quenous les représentons ici. Dans l’origine, à peine étaient-ils perceptibles à l'œil armé des plus puissants microscopes. Rien de ce qui existe maintenant n'existait alors. Ces formes variées, cet agen- cement symétrique d'organismes divers, cette solidité des parties qui fait la force de l'arbre, sont l'œuvre du temps et de la nutrition. » Que si toutefois nous voulons prendre connaissance de ce que sont les filets ligneux , suivons-les de l'œil dans leur croissance. Il deviendra bientôt évident pour nous qu'ils se continuent précisément comme ils ont commencé. En effet , partons du collet soit pour aller joindre le sommiet du phylophore, soit pour aller joindre le mamelon terminal de la souche; les filets , étant de formation de plus en plus récente, se simplifieront de plus en plus sous nos yeux. Enfin, quand ils seront tout près d'atteindre la base des feuilles, ou l'extrémité dela souche, ils s'amenuiseront en filets grêles, composés de quel- ques utricules unies bout à bout et à peine perceptibles. Alors il ne sera plus question de trachées , de vaisseaux fendus ou poreux, de substance ligneuse ; tout se réduira pour le moment aux éléments primitifs et plastiques de l'orga- nisation végétale , savoir, aux granules et à l’utricule naissante. » Remarquons que, dans le stipe et la souche des jeunes Dracæna , les filets de la région centrale se portent incessamment vers la circonférence .et contribuent à former ainsi la région intermédiaire. On aperçoit déjà, dans bon nombre de ces filets naissants, les replis en zigzag que j'ai signalés dans la répion centrale. Ils ne contiennent encore ni trachées ni vaisseaux. Toute l'organisation se réduit, jusqu'à ce moment, à un très-faible tissu cellulaire. » J'ai dit précédemment que, plustard, je ferais connaître comment se for ment sur la souche du Dracæna les épaisseurs que j'ai comparées à des anneaux. Le moment est venu de m'expliquer sur ce point. Toutefois je ( 697 ) courrais le risque de n'être pas compris si Je ne faisais précéder l'examen de la question principale par l'exposition de quelques faits qui s’y rattachent et l'éclairent. » Malpighi, dans son beau travail sur l'anatomie des plantes, publié il y a maintenant plus d'un siècle et demi, nous enseigne que la radicule des grami- nées est renfermée dans une bourse, laquelle s'allonge en fourreau pendant la germination. J'ai revu ce fait et beaucoup d’autres analogues. La bourse et le fourreau ne sont autres, à mon sens, que l'écorce qui s'est séparée de la par- tie interne de la radicule et qui continue de se développer pendant quelque temps , puis se flétrit. Anciennement j'ai donné le nom de coléorhize à cette enveloppe, parce qu'elle recouvre la radicule naissante. Dans les embryons monocotylés en germination, la présence d’une coléorhize n'est pas rare, mais je n’en ai jamais trouvé plusieurs sur la même radicule. Ce fourreau et la ra- dicule qu'il renferme s’accroissent simultanément. Il s’en faut de beaucoup que les choses se passent ainsi dans la souche du Dracæna. C'est ce que l'observa- tion des faits va prouver. J'aborde la question principale. » Le mamelon qui termine la souche du Dracæna tend à s'allonger comme la radicule, et, de même qu’elle, ilest pourvu d’une coléorhize ; mais cette co. léorhize, n'ayant pas en elle la puissance de développement nécessaire pour suivre le mouvement de croissance de l'extrémité de la souche qui la presse incessamment, se déchire et livre passage au mamelon terminal. Ce mamelon continue de croître. Il ne tarde pas à se revétir d'une nouvelle coléorhize, la- quelle est bientôt remplacée par une autre, et celle-ci a également des suc- cesseurs. Enfin, après un temps assez long, de distance en distance, les vestiges de toutes ces coléorhizes se mortrent encore en relief sur la souche. Telle est l'origine de ces simulacres d’anneaux que j'ai signalés précédemment. » Un grand nombre de racines longues, grêles et cylindriques sortent de la souche du Dracæna. L'origine de cesracines ne diffère pas sensiblement de celle de la souche du Dattier. Dans l’un et l’autre arbre, des mamelons d'un fin tissu cellulaire se forment spontanément cà et là, à l'intérieur, puis s’allon- gent vers la superficie et netardent pas à s'ouvrir un passage à travers l'écorce pour s'enfoncer dans le sol. » Je viens à l'importante question de l’organogénie des filets, et c'est par là que je terminerai ce Mémoire. Depuis que j'ai porté mon attention sur le Dracæna, je me suis fort préoccupé de cette couche utriculaire mince, délicate, transparente, qui, d'un côté, tient à l'écorce, et de l’autre, à la ré- gion intermédiaire. Il me semblait qu'il devait y avoir là quelque chose qui méritait toute l'attention de l'observateur. Ce pressentiment ne m'a pas 94. ( 698 ) trompé. C'est à bon droit que j'ai donné à la mince couche le nom de tissu générateur. L'œil, à l'aide d’un puissant microscope, ne tarde pas à décou- vrir cà et là, dans la partie la plus excentrique de ce tissu, de très-petits es- paces vagues et nébuleux. Quelquefois aussi, dans certaines places, il semble qu'il y ait eu déformation ou même dissolution de membranes utriculaires. Là se produisent et s'accumulent confusément des granules d'une extrême petitesse. A cette espèce de chaos succèdent bientôt l'ordre et la symétrie. Les granules se meuvent, se rencontrent, s'ajustent ensemble comme si elles étaient animées, et, si je l’ose dire, bâtissent des utricules qui ne différent de celles qu'on voit communément que parce que leurs parois sont mame- lonnées, et il n’est pas rare que, dans cet état, ces utricules se groupent et se disposent de manière à former des filets. Peu après, les mamelons des granules s’effacent, et l'on ne voit plus rien qui distingue ces utricules des autres. » En cet état de jeunesse des filets, il suffit qu'entre eux il y ait contact pour qu'ils s'unissent et se confondent. Très-souvent il arrive que deux et même trois filets et peut-être davantage, paraissent n'en former qu'un. Mais il est facile de s'assurer du nombre des filets soudés ensemble en les coupant en travers, parce que chacun d'eux a son canal central!, lequel est rempli d'un tissu médullaire très-délicat. A mesure que les filets veillissent, les utri- cules, qui forment la paroi du canal, s’allongent, se mettent, par leurs extré- mités, en communication directe les unes avec les autres, se criblent de per- tuis, se fendent transversalement, ou bien se découpent en trachées tantôt simples, tantôt doubles. Et comme tous ces filets, que la nutrition et le temps grossissent et fortifient, accroissent la masse de la région intermédiaire qui ne peut reculer vers le centre, il s'ensuit que l'écorce s’amplifie et se porte en avant, de sorte que l'espace ne manque jamais au tissu générateur, qui repro- duit incessamment de nouveaux filets, lesquels vont encore épaissir la région” intermédiaire. » Que l'on se donne la peine de comparer le mode de formation des filets ligneux des Dracæna à celui des couchesligneuses de nos arbres dicotylés, sans doute on y verra des différences notables ; mais bien s’en faut qu'elles soient aussi absolues qu'on l'avait supposé. » Tout ce que nous savons du tissu générateur nous donne à la fois l’ex- plication de l'énorme volume et de la longévité de certains Dracæna des pays chauds, dont l'origine est si reculée, que nulle tradition n’en a gardé le souvenir. Soit par l'action du temps, soit peut-être aussi par la main des hommes, il se rencontre de ces arbres qui sont ouverts et creusés intérieu- ( 699 ) rement. Le tissu utriculaire et les filets ligneux de la région centrale ont dis- paru. La région mitoyenne, jointe à l'écorce, est réduite à une telle minceur, que Dupetit-Thouars n'hésite pas à la comparer à l'épaisseur d’une planche, de sorte que l’on peut dire sans exagération que ces arbres ont été vidés. Et pourtant ils ne cessent pas de végéter et de produire des rejetons jeunes et vigoureux qui donnent naissance à des feuilles , des fleurs et des fruits. A quoi donc attribuer cette merveilleuse fécondité, si ce n’est à la présence du tissu générateur qui travaille sans relâche à réparer les pertes de l'écor’e et de la région intermédiaire ? » La conclusion de tout ceci est que les Dracæna sont des arbres exo- gènes, et je ne vois pas pourquoi j'exclurais de cette catégorie le Phænix dactylifera, le Chamærops humilis, le Bromelia, et une foule d’autres mo- nocotylés dont les filets naissent de la partie interne de l'écorce. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — ÎVote sur l'application de la méthode logarithmique au développement des fonctions en séries, et sur les avantages que présente, dans cette application, la détermination numérique des coefficients effectuée à l’aide d'approximations successives; par M. Aucusrin Caucuy. « Dans de précédents Mémoires, j'ai fait voir avec quelle facilité la mé- thode logarithmique s’appliquait au développement des fonctions en séries , et, en particulier, dans les problèmes astronomiques, au développement de la fonction perturbatrice. Il convient d'abréper et de simplifier, autant que possible , les calculs résultant de ces applications. Or, j'ai reconnu que l’on parvenait effectivement à rendre ces calculs plus simples et plus concis, en déterminant par la méthode logarithmique les valeurs numériques des coef- ficients dans deux ou plusieurs approximations successives. Entrons, à ce sujet, dans quelques détails. » Concevons qu'il s'agisse d'évaluer numériquement le coefficient d’une certaine puissance positive ou négative d'une exponentielle trigonométrique dans le développement d’une fonction ordonnée suivant les puissances eu- tières de cette exponentielle, Souvent, d’après la nature même du problème qui exige cette évaluation, on saura quel est l’ordre de décimales auquel on doit s'arrêter dans la valeur numérique cherchée. Aiusi, en particulier, si cette valeur numérique doit représenter, en Astronomie, le maximum d'une certaine perturbation du moyen mouvement d'une planète, on saura quel est l'ordre de décimales auquel on doit s'arrêter pour que l'erreur com- ( 700) mise ne dépasse pas une limite déterminée, par exemple, une seconde sexagési male, Mais on ne saura pas à priori de quel ordre sera le chiffre le plus élevé de la valeur numérique cherchée. A la vérité, on pourra facilement obtenir une limite supérieure à cette valeur numérique, ou au nombre des chiffres significatifs à l’aide desquels elle devra être expri- mée, Mais il importe de connaître exactement le nombre même de ces chiffres; en d’autres termes, il importe de savoir si le rapport de la valeur numérique cherchée à l'unité décimale de l’ordre auquel on doit s'arrêter, reste compris entre 1 et 10, ou entre 10 et 100, Ou entre 100 et 1000 ,...- En effet, sans cette connaissance, on se trouvera exposé, par exemple, à conserver partout dans les calculs cinq ou six chiffres significatifs, tandis que deux ou trois suffiraient pour atteindre le degré d'approximation désiré, et l'on verrait ainsi le temps employé par le calculateur croître dans une proportion effrayante. On évitera cet inconvénient, si l'on détermine la valeur numérique cherchée à l'aide de deux ou de plusieurs approximations successives. Pour fixer les idées, on pourra déduire successivement de la méthode logarithmique, une valeur du coefficient demandé, qui soit ap- prochée à quelques centièmes près, puis une valeur qui soit exacte jusqu'au chiffre décimal dé l'ordre auquel on doit s’arrèter. » Ce qu'il importe surtout de remarquer, c’est que les deux approxima- tions successives, loin de présenter deux opérations distinctes et indépen- dantes l’une de l’autre, peuvent être liées entre elles, de telle sorte que la première rende la seconde beaucoup plus facile à effectuer. En effet, consi- dérons les deux facteurs variables qui, multipliés l'un par l'autre, et par une certaine constante, doivent reproduire une fonction dont le logarithme est développé suivant les puissances entières, positives et négatives, d'une même exponentielle trigonométrique. Il suffira, pour simplifier notablement la seconde opération, de considérer chaque facteur variable comme équivalent à sa valeur approchée multipliée par un nouveau facteur. D'ailleurs, pour obtenir le logarithme développé de ce nouveau facteur, il suffira de retran- cher du logarithme du premier, le logarithme de la valeur approchée, ou plutôt son développement, dont les coefficients se détermineront, avec toute l'exactitude que l'on recherche, à l’aide des équations linéaires em- ployées dans les applications de la méthode logarithmique. » Au reste, on ne s'étonnera pas de voir des approximations successives rendre plus facile le développement des fonctions en séries, si l'on songe que c'est précisément sur un système d'approximations effectuées l’une aprés l’autre, que reposent non-seulement la division arithmétique et l'ex- ( 701) traction des racines, mais encore la méthode de Newton pour la résolution des équations numériques. » ASTRONOMIE. — Éléments elliptiques de la comète de 1585 ; par MM. Laucrer eé Vicror Mauvais. « Dans la séance du 9 septembre dernier, en présentant les éléments pa - raboliques de la comète découverte à l'observatoire du Collése romain, nous avons signalé l'analogie frappante que nous avions remarquée entre cette co- mète et celle de 1585, observée à Uranibourg par Tycho-Brahé, et à Cassel par Rothmann, depuis le 18 octobre jusqu’au 22 novembre. Halley , le pre- mier des cométographes, avait déduit des seules observations de Tycho les éléments paraboliques qui figurent dans tous les catalogues; mais les différences entre les positions calculées dans cette parabole et les positions observées dépassent de beaucoup les erreurs probables d'obser- vation. La constance du signe de ces différences montre qu'elles peuvent être attribuées en grande partie aux éléments. Cette considération, et la précision qui caractérise toutes les observations de Tycho-Brahé, nous autorisaient à entreprendre le calcul direct des éléments de l'orbite ; Sans faire au- cune hypothèse sur la nature de la courbe, comme on le fait quelquefois lors- que l'on possède d'excellentes observations modernes: le résultat auquel nous sommes arrivés a pleinement justifié notre confiance. » Après une discussion détaillée des observations qui se trouvent dans les Lettres de Tycho (Tyc., Epist., p. 14 et 15), et dans la Cométographie de Pingré (t. E, p- 551 et suiv.), nous avons choisi, pour servir de base au calcul de l'orbite, la position de la comète dn 19 octobre donnée par Rothmann, celles du 30 octobre et du 2 novembre déterminées par Tycho. En appli-- quant la méthode de Gauss avec toute la précision qu’elle comporte, nous Sommes arrivés à une courbe dont la nature est parfaitement caractérisée, à une ellipse de Cinq ans et deux mois de révolution. Ce résultat remarquable nous semble mettre hors de doute l'identité des comètes de 1585 et 1844. On sait, en effet, que, pour cette dernière, M. Faye a trouvé une période de Cinq ans et trois mois ; l'excentricité est la même pour les deux comètes, et les autres éléments ont entre eux une grande analogie. » Cette période de cinq années environ rappelle naturellement à la mé- moire les comètes de 1743, 1766, r770, 1819 et d'autres encore, qui, d'a- prés des recherches directes, décrivent dans le même espace de temps des ellipses peu inclinées à l'écliptique. ( 702 ) Éléments elliptiques de l'orbite de la comète de 1585, calculés "sur les observations de Tycno-Brané et de ROTHMANN. Temps du passage au périhélie, 1585, octobre 8,09914 Distance périhélie. . . . . . . . . 1,064777 Demi-grand axe. . . . . . . . . . 2,990111 ExCEntNICEER E eee 0,64 39006 Mouvement moyen diurne. . . . . 686”,23916 Durée de la révolution. . . . . . . Bans Gai,27 Longitude moyenne de l'époque. . . 13° 0’50”,3 | lerg octobre à midi moyen, Anomalie moyenne de l’époque. . . 2° 4/40",6 temps de Paris. Longitude du périhélie. . . . . . . 10°56 9”,6 Longitude du nœud ascendant. . . 38°13/10",6 Enchnaïson. LR NI CHER 4°34! 8,3 Sens du mouvement héliocentrique. Direct. Erreurs des élements. Positions calculées moins positions observées. DATES. ERREURS DE L’ELLIPSE ERREURS DE LA PARABOLE 1585. OBSERVATEURS. —— "mm | OBSERVATIONS. Style grégorien en longit. |en latitude.[en longitude.| en latitude. 18 octobre. .| Rothmann. |+ 6/41” Rothmann. 0. o Rothmann. |+ 2. 4 Rothmann. [+ 5.11: Rothmann. |— 8.54:: Tycho. + 0.31 Tycho. — Douteuse. Très-douteuse L++++++t Rothmann. 1 novembr.| Tycho. 1 novembr.| Rothmann. Très-bonne. | + ACIER O0 |OMbEO Très-bonne. Rothmann. Tycho. Rothmann. Tycho. © © FOHFFFE TI HO ( 703) » Dans ce tableau que nous avons dressé des erreurs de nos éléments el- liptiques et des éléments paraboliques de Halley, on Peut remarquer combien, dans l'ellipse, les erreurs sont petites, surtout pour les Positions données par Tycho. Les observations de Rothmann du 24 et du 27 octobre sont indiquées comme douteuses, celles du 31 octobre et du 1° novembre sont notées très- bonnes; l'observation du 14 novembre diffère de 10’ de celle que fit Tycho- Brahé le même jour. » La plupart des lieux de la comète sont déduits de distances à quelques étoiles principales observées avec de grands instruments divisés et armés de pinnules; M. Arago a bien voulu nous faire remarquer qu'il y avait lieu de vérifier la Position de ces étoiles en partant des observations actuelles : nous nous CCCuperons incessamment de cette vérification. » MÉTÉOROLOGIE. — M. Araco avait trouvé, il y a déjà bien des années, dans la diminution facultative des chambres barométriques , le moyen d'exécuter à la fois des baromètres étalons pour les observatoires, et des baromètres portatifs à l'usage des voyageurs, sans rien sacrifier de la précision. Cette idée fut communiquée à M. Kupfer qui le reconnut loyalement, avant de l'appliquer à la construction des baromètres employés dans les nombreuses stations météorologiques dont on publie annuellement les observations à Pétersbourg. M. Arago ayant entendu récemment des savants étrangers attribuer ces nouveaux baromètres au célèbre physicien russe, en a pris oc- casion de montrer à l'Académie un de ces instruments construit jadis par M. Gambey. Ce baromètre se monte et se démonte facilement. Il est tout en fer, sauf la cuvette et l'extrémité supérieure du tube; toutes ses parties sont contenues dans une boîte de peu de volume; il n'y a plus de chances de rupture, la boîte tombät-elle de la hauteur d’un cheval. M. pe Brave met sous les yeux des membres de l’Académie, la tête fossile d’une grande espèce de Felis à canines falciformes, et lui demande de vouloir bien en faire l'acquisition. Cette proposition, appuyée par M. Fiowrens, est renvoyée par M. le Président à l'examen de la Commission administrative. CB, 1844, 2M6 Semestre, (T. XIX, No 48.) 95 ( 704 ) RAPPORTS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur la machine hydraulique a flotteur oscillant de M. ne Caucny. (Commissaires, MM. Cordier, Poncelet, Lamé rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Cordier, Poncelet et moi, de lui faire un Rapport sur la machine hydraulique à flotteur oscillant inventée par M. de Caligny. » Cette machine, soumise depuis longtemps au jugement de l'Académie, a déjà été l’objet d'un premier Rapport lu, le 13 janvier 1840, par M. Co- riolis. Le modèle que l’auteur avait présenté, trop petit pour que l’on pût évaluer son effet utile, suffisait cependant pour confirmer la possibilité de. son jeu; mais, afin d'apprécier complétement le nouveau moteur, il restait à l'étudier sur un appareil de grandeur convenable. Vos anciens Commissaires, jugeant que le moteur imaginé par M. de Caligny est basé sur une idée Juste et ingénieuse, émettaient le désir que l'inventeur fût mis à même, soit par l'administration des Travaux publics, soit par le secours de l'Académie, d'é- tablir sa machine sur une chute d’eau de la force de x à » chevaux. » Excité par ces encouragements, M. de Caligny a fait construire à ses frais un appareil de dimensions suffisantes, qu'il a pu disposer temporairement à l'établissement des bassins de Chaillot, et sur lequel il a entrepris (conjoin- tement avec M. Corot , ancien élève de l'École centrale des Arts et Manufac- tures, employé à la direction des eaux de Paris) une suite d'expériences, dé- crites dans son nouveau Mémoire. Nous n'avons à rendre compte que des épreuves faites en notre présence, pour apprécier directement le travail produit. » La machine de M. de Caligny , déjà décrite par M. Coriolis, se com- pose d'un large tube en forme de L, qui descend du niveau d'un réservoir, et se recourbe ensuite horizontalement au fond d'un bief inférieur. L'eau y tombe par intervalles, et cette chute périodique imprime au niveau du li- quide, dans la branche verticale, des oscillations qu'un flotteur d’un grand volume transmet à la machine qui les utilise. L'écoulement de l'eau est alter- pativement interrompu et rétabli par une vanne cylindrique, liée à un flotteur annulaire qui s'emboîte dans le tube. Quand le niveau oscillant est près d'at- teindre la fin de sa course ascendante, l'anneau flotte et la vanne s'ouvre; une portion de l'eau du réservoir pénètre dans le tube et le remplit ; cette (705 ) eau s'écoule ensuite, son niveau baisse, et l'anneau descend avec la vanne, qui se ferme. » Dans l'appareil établi à Chaillot, et par l'intermédiaire d'une corde et de deux poulies de renvoi, le flotteur oscillant soulevait périodiquement, de 1%,62, un mouton à déclic pesant 55 kilogrammes. Connaissant la hauteur de chute, le volume d’eau écoulé et le nombre de coups de mouton obtenus avec cette dépense, il était facile d'en conclure le travail utilisé ; toutefois, pour apprécier plus exactement l'effet du moteur, il eût fallu tenir compte des résistances passives du mécanisme additionnel, telles que le frottement des poulies, l'inertie du déclic, etc. En négligeant ces pertes de force, étran- gères au moteur hydraulique lui-même, les épreuves faites sous nos yeux ont conduit à un effet utile de 55 pour 100. » Nous nous empressons de reconnaître que ce résultat, obtenu sur un appareil dont la construction, dirigée avec une stricte économie, laissait beau- coup à désirer, ne doit être considéré que comme un minimum. On ne peut douter, en effet, que la machine hydraulique de M. de Caligny, employée plus avantageusement, construite avec plus de soin, et dans de nouvelles propor- tions, que les dernières expériences ont indiquées, ne puisse donner un effet utile notablement plus élevé. » Nous devons dire ici que M. Coriolis attribuait une importance réelle à l'invention de M. de Caligny; car, outre le Rapport favorable qu'il a rédigé, cet illustre savant saisissait toutes les occasions d'en parler avec éloge et d'en- gager les ingénieurs à utiliser la machine nouvelle. C’est ce que témoignent plusieurs lettres qui nous ont été communiquées. » D'après l'épreuve qu'elle a subie, la machine à flotteur oscillant ne pa- xaît pas inférieure à beaucoup de moteurs hydrauliques actuellement en usage, et l'on conçoit certaines circonstances où elle devrait leur être pré- férée. » En définitive, vos Commissaires ont l'honneur de vous proposer de re- connaître que la machine ingénieuse présentée par M. de Caligny peut être employée avec avantage, et de remercier l'inventeur pour les communica- tions qu'il a faites à l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( 706) MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Mémoire sur l'extraction des sulfates de soude et de potasse des eaux de la mer; par M. Baranr. (Commission précédemment nommée.) « L'eau de la mer a été, de la part des chimistes, l'objet de recherches nombreuses; l'importance du rôle qu'elle joue dans la physique du globe explique et justifie la direction de leurs travaux. Soit que l’on considère le liquide qui remplit le bassin des mers comme l'espèce d’eau mère de cette dissolution primitive au sein de laquelle se sont déposés nos continents, soit qu'on l'envisage comme recevant et accumulant à chaque instant ce que perd de soluble la surface du sol dont les eaux pluviales opèrent incessamment le lavage, une recherche minutieuse des principes que renferme cette eau a toujours excité mon intérét. On sait que c'est à la suite d’un travail entrepris dans ce but qu'a été découvert le brome, nouveau corps simple auquel l'Académie a bien voulu donner un nom. Mais en suivant, à cette occasion, la concentration des eaux de la mer dans les salines du Midi, et en constatant la quantité énorme d’eau qui s'évapore annuellement à leur surface, je fus amené à penser qu'il y avait là une force naturelle dont on avait méconnu jusqu'alors l'importance indus- trielle. Je lisais dans Murray qu'en Angleterre l’'évaporation de l'eau de la mer, exécutée en grand dans les usines, ne fournissait que peu ou point de sulfate de soude, et cependant mes expériences me faisaient espérer qu'on pourrait extraire de cette source des quantités presque indéfinies de ce produit. Wol- laston nous montrait la potasse contenue dans l’eau de la mer, mais en pro- portions Je dirai presque microscopiques, et néanmoins j'entrevoyais le moyen de multiplier assez ces quantités si exiguës, pour qu'elles pussent suf- fire à tous les besoins des arts; et tout cela me paraissait pouvoir être ob- tenu par les moyens les plus économiques, en tirant parti de simples varia- tions de température, en utilisant des surfaces jusqu'alors sans valeur, et assainissant, par le genre même de travail auquel on les rendait propres, les localités pour lesquelles elles sont une source constante d'infection. » Passionné, je dois en convenir, par l'importance des résultats que j" ’en- mr je me livrai dès lors avec ardeur à la solution d’un problème qui EE —— ( 707 ) finit par absorber peu à peu mon temps, mes forces, je dirai presque toutes mes pensées. » Quand on ne connaît les salines que par la description de celles de l'ouest, on se fait une idée bien imparfaite de l'étendue et de l'importance de quelques-uns de ces établissements. Il en est dans le midi de la France où la surface employée à l’évaporation s'élève jusqu'à 200 hectares. Sur ces sur- faces convenablement disposées, la quantité d’eau qui s'évapore, je dirai presque sans frais, est tres-considérable, et peut se déduire facilement de ces trois éléments: et de la salure de la mer, et de la surface du terrain, et de la quantité de sel récoltée dans un an. » La saline sur laquelle j'ai fait mes essais, avec une surface de 200 hec- tares, produisait annuellement 20 millions de kilogrammes de sel. Or, comme l'eau évaporée ne contient guère que 25 kilogrammes de sel par mètre cube, il en résulte que, dans le courant d’une année, il s'évapore, sur la surface de cette seule saline, la quantité énorme de 800 000 mètres cubes d’eau de mer, 4o centimètres de hauteur. » Privée, par suite de cette évaporation même, du sel marin qu’elle conte- nait, l'eau, en diminuant de plus en plus de volume, arrive à l’état d'eau mère. C'est là que se concentrent les matériaux que l’eau de la mer renferme en moindre proportion; parmi ces matériaux, figure aux premiers rangs le sulfate de magnésie, qui y existe en effet pour une quantité assez considérable. Ces quantités, je m'attendais, je l'avoue, à les trouver plus considérables en- core d’après les données fournies à la science par les analyses de Bouillon- Lagrange et Vogel que semblait avoir confirmées une analyse plus récente de l’eau de la Méditerranée. Je reviendrai bientôt sur ce sujet; il me suffit aujourd’hui de dire que la dose de ce sulfate, en le supposant transformé en sulfate de soude, n'a jamais été, d'après mes analyses, que le£ environ de celle du sel marin contenu dans ces eaux, au lieu d'en être plus que le +, comme semblaient l’établir les travaux antérieurs. » Quoique ainsi restreinte, cette quantité est encore considérable, et si l'on pouvait la transformer en totalité en sulfate de soude par des moyens simples, on conçoit tout l'avantage inhérent à ce genre d'exploitation, car le sulfate de soude vaut environ quinze fois plus que le sel marin lui-même. Mais la totalité du sulfate soluble que renferme l’eau de la mer ne se con- centre pas dans ces eaux mères; car la mer, on le sait, contient des sels cal- caires solubles qui, se déposant à l’état de sulfate de chaux dans le cours de l'évaporation, réduisent à un peu moins de { le sulfate qui se concentre dans les eaux. Cette quantité, ainsi restreinte, représente cependant, pour la sa- ( 708 ) line de 200 hectares qui sert de base à mes calculs, 2 500 000 kilogrammes de sulfate de soude. » La transformation de ce sulfate de magnésie en sulfate de soude, avec le concours du sel marin, me paraissait à priori très-facile à réaliser, en utilisant les faits observés par Grenn , et les renseignements précieux fournis à la science par le travail de M. Berthier, sur la saline de Moutiers. » Mais l'expérience ne tarda pas à me détromper. La réfrigération des eaux mères des salines donne en effet, quand elle a lieu à quelques degrés au-dessous de zéro, une certaine quantité de sulfate de soude; mais, outre que cet abaissement considérable de température est rare dans le midi de la France, ce sulfate ne se dépose des eaux mères qu'en proportion si faible, que je n'aurais certes rien eu à communiquer à l'Académie sur ce sujet, si je n'é- tais parvenu à apprécier, par des recherches sur la solubilité des sels dans les dissolutions salines, les moyens de me passer de ces températures si basses que je ne pouvais obtenir. J'extrais du travail que je publierai plus tard sur cette matière, les quelques principes qui sont nécessaires pour l'intel- ligence du sujet que j'étudie aujourd'hui. Je les développe dans mon Mémoire. Je dois me borner à énoncer ici que si, lorsque deux sels différent par leur acide et par leur base et qu'une double décomposition entre eux est possible, la présence d’un sel peut favoriser la solubilité d’un autre; quand ils ont, au contraire, le même acide et la même base, et que la double décomposition ne peut avoir lieu, la présence d'un sel dans une dissolution diminue au con- traire la solubilité d’un autre, sauf le cas, bien entendu, où la formation d'un sel double donne naissance à un composé nouveau, doué d’affinités spé- ciales. , » Ainsi, pour ne citer, parmi les exemples que j'ai observés, que ceux qui se rapportent au sujet que je traite, l'hydrochlorate de magnésie nuit à la solu- bilité du sel, parce que c'est un hydrochlorate; à celle du sulfate de magné- sie, parce que c'est un sel magnésien. [l favorise au contraire la solubilité du sulfate de soude, parce que, dans ce cas, la double décomposition s'effectue probablement. Là solubilité du sulfate de soude se trouve au contraire dimi- nuée par celle du sel marin en excès, ,car ce sel est, comme lui, à base de soude. » La conclusion pratique est facile à déduire de ces principes. Puisque, d’un côté, l'hydrochlorate de magnésie nuit à la solubilité du sulfate de magnésie et du sel marin, entre lesquels la décomposition doit se produire, et qu'il favo- rise au contraire la solubilité du sulfate de soude que l’on veut précipiter, il faut l'éliminer. Puisque le sel marin, au contraire, nuit à la solubilité du sulfate ( 709 ) de soude et favorise des lors la précipitation du produit que l’on veut isoler, il faut en ajouter. » Extraire du sulfate de magnésie des eaux mères, éliminer le chlorure de magnésium , ajouter du sel marin en excès, voilà tout le secret. » Ainsi préparée, cette solution complexe, qui fournit déjà du sulfate de soude à 10 degrés au-dessous de zéro, en donne à o degré les 0,8 de ce qu'on pourrait obtenir par une décomposition complète des sels en présence. Aussi quand, faite en été, et conservée jusqu'à l'hiver à l'abri de la pluie, elle est étendue sur les immenses cristallisoirs du salin en couche d’un décimetre de hauteur, il suffit d’une nuit pour déposer sur ces grandes surfaces quel- ques centimètres d'épaisseur de sulfate de soude cristallisé. » L'eau mère est alors écoulée rapidement, car, riche en hydrochlorate de magnésie, elle redissoudrait beaucoup de sulfate si la température venait à s'élever, et des ouvriers nombreux ramassent en tas, transportent et accumu- lent en masseconsidérable le sulfate de soude ainsi récolté sur le sol. » Lors, du reste, que le froid est rigoureux et qu'il communique aux eaux une température de quelques degrés au-dessous de zéro, ce n’est pas seu- lement la solution ainsi composée qui donne du sulfate de soude; l'eau de la mer, simplement concentrée à 16 ou 18 degrés du pèse-sel, fournit aussi des quantités considérables de ce produit. » Ge sel est hydraté, mais pur; il ne contient pas de sulfate de magnésie, et l'on conçoit que, par son mode de production, ilest d’ailleurs tout à fait exempt et de cet excès d'acide et de ces proportions de fer qui rendent souvent le sulfate des fabriques peu propre à certains usages. » On me dispensera de parler ici du prix de revient de ce produit; ce que . jen äi dit prouve que, abstraction faite des frais de premier établissement , la principale dépense de son extraction consiste dans les frais d’une récolte qui n'est, en quelque sorte, qu'un déblai et un remblai ordinaires. » Ainsi, les sulfates solubles de l’eau de la mer peuvent , comme je le disais en commençant, devenir une source extrêmement économique de sulfate de soude. » Mais il ne faudrait pas croire que le mode d'exploitation que je décris est nécessairement borné à l’utilisation des eaux mères du sel marin, et qu'il constitue une simple annexe de cette fabrication. Dans les localités bien disposées , et où les niveaux et l'imperméabilité du terrain permettent d’évaporer l'eau de la mer aux moindres frais, l'évaporation de ces eaux peut être industriellement exécutée avec beaucoup de fruits, abstraction faite de la valeur du sel marin lui-même. Dans les salines proprement dites, (@F75 10) le sel marin est le principal , les eaux mères l'accessoire ; ici, les eaux mères deviennent le produit important, et le sel marin un résidu presque inutile. Je dis seulement presque inutile, car dans l'exploitation du sulfate de soude, je l'ai cependant appliqué à un emploi. Ce sel devient pour moi une espèce de remblai qui, dissous par les eaux, va sans frais cristalliser sur les lieux où l'on veut qu'il se dépose , et niveler sans dépense les terrains où l’on veut opérer. J'en revêts en couches épaisses les surfaces où doit se déposer le sulfate de soude pendant l'hiver. Ainsi conditionnées , elles remplissent le double but , et de maintenir la dissolution qui les recouvre parfaitement saturée de sel marin, chose éminemment utile, j'ai déjà dit pourquoi, et de permettre, sur ce plancher d'une singulière espèce, de récolter du sulfate de soude débarrassé de matières terreuses, dans un état de pureté parfaite, et tel qu'on le voit ici. J'ai dit, il ya quelques instants, que dans une saline dont la surface d'évaporation est de 200 hectares, il devait se concentrer dans les eaux mères de quoi produire 2500000 kilogrammes de sulfate de soude. C'est, en effet, là le chiffre théorique en quelque sorte, déduit de la proportion du sel obtenu et de l'analyse des eaux mères par les sels barytiques; mais je dois me hâter de dire que le chiffre pratique, c'est-à-dire celui du sulfate réelle- ment récolté, est jusqu'à présent notablement moindre. Des causes diverses, dans le détail desquelles je ne puis entrer ici, et qui s’atténuent tous les jours, font que la récolte moyenne en sulfate de soude de cette saline de 200 hec- tares n'a guère été jusqu'à aujourd'hui que de 600000 kilogrammes, le quart seulement de ce qu'elle aurait dû fournir. On voit donc toute l’éten- due des améliorations que doit attendre de l'avenir cette industrie à peine naissante. Eh bien, c'est en la prenant même dans l’état incomplet où elle se trouve aujourd'hui, qu'il m'est facile de démontrer qu'elle peut largement suffire pour donner à la France tout le sulfate dont elle a besoin; car, pour fournir les So millions de kiloyrammes que notre pays consomme, qu'il transforme ou qu'il exporte annuellement, il suffirait d'employer à l’évaporation de l’eau de la mer 20000 hectares, dont une portion reçoit déjà cet emploi dans les salines existantes , et dont l'autre , quoique grande sans doute, ne représente cependant qu'une fraction petite de ce que, depuis Hyères Jusqu'à Perpi- guan, la France possède en étangs peu profonds, en plages nivelées et stériles que l’agriculture n’enlèvera que bien difficilement aux plantes mari- times dont elles sont en quelque sorte le domaine. (gr) » En faisant la part des améliorations probables, je dirai même certaines, que cette industrie doit recevoir, cette surface peut se réduire à 5 ou 6000 hectares, dent les salines du Midi représentent déjà une moitié. » Et, qu'on le remarque bien, dans ce compte je ne fais point intervenir les salines de l'ouest, qui verraient certainement leur revenu s’accroître par l'exploitation des eaux mères, si l'extrême division de la propriété permettait d'y faire l'application des procédés que j'ai décrits. » Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue que l'emploi de l'acide chlorhy- drique nécessitera toujours la fabrication d’une certaine quantité de sulfate de soude par les anciens procédés. » Qu'il me soit permis d'ajouter d’ailleurs que les fièvres intermittentes, si fréquentes dans les localités propres à cette exploitation, sont infiniment plus rares au centre même des salines , et, de plus, qu'en faisant ainsi la part de la mer , on ferait servir les espaces où s'évaporent les eaux comme des ouvrages avancés propres à rendre plus faciles la désalaison et l’atterrissement du reste. » Dans la fabrication du sulfate de soude naturel il faut, comme on le voit, deux conditions qui, sur les bords de la Méditerranée, paraissent op- posées au premier aspect : de la chaleur en été, et du froid en hiver. Dans le Midi, le premier élément ne manque jamais; mais j'ai dû, on le conçoit, me préoccuper sérieusement du second, et chercher le moyen ou de l'augmen- ter par des méthodes artificielles, ou de m'en passer tout à fait. » L'augmenter est chose facile en utilisant le froid qui accompagne la so- lution du sulfate de magnésie et du sel marin, et en opérant cette solution en hiver avec de l'eau refroidie, la température; s’abaissant de 5 degrés au- dessous du point qu’elle avait atteint, peut arriver au terme où le dépôt de sulfate de soude est abondant. * » Me passer tout à fait du froid était chose plus difficile; j'y suis parvenu, néanmoins, en utilisant une propriété singulière du sulfate de soude. Ce sel, on le sait, se déshydrate à chaud, au sein d’une dissolution saturée. Dans cet état naissant, il sunit avec d’autres sulfates, celui de chaux par exemple, et de là toute la théorie du schlottage. Eh bien, le mode d’action que le sul- fate de soude anhydre exerce sur le sulfate de chaux, il l'exerce sur le sulfate de magnésie, et une solution qui contient à la fois du sel marin et ce sulfate donne, par l'action de la chaleur, un véritable schlott magnésien, qui, se dédoublant par la dissolution à chaud et le refroidissement en sulfate de magnésie plus soluble, et en sulfate de soude hydraté qui cristallise, permet ainsi d'isoler ce dernier composé à l'état pur. » Ainsi, là où la température s’abaisse suffisamment, le froid; là où le froid C. R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 18.) 96 (712) ne se manifeste que d’une manière trop irrégulière, l'application du feu ;et par ces méthodes si diverses on atteint le même but, celui de transformer le sulfate de l'eau de la mer en sulfate de soude, sur le sol, sans appareils, sans fours, sans condenseurs, sans vapeurs d'acide chlorhydrique, sans l'emploi de l'acide sulfurique et du soufre, dont la composition va se trouver ainsi réduite de plus de moitié. » Des 23 millions de kilogrammes qui s'introduisent annuellement en France, 13 millions n'ont, en effet, pour objet que de transformer en sulfate le sel marin qui sert à fabriquer la soude, et sont rejetés comme inutiles, à l'état d’oxysulfure de calcium. Si jamais les essais qui ont été tentés pour ex- traire du soufre de ce composé avaient un plein succès, ce soufre suffirait pleigement au reste de la consommation , et l’eau de la mer viendrait ainsi, dans l'industrie, remplacer avec avantage les solfatares de l'Etna. » Maintenant que la fabrication de la soude artificielle est rendue si simple, et que cette grande découverte industrielle de notre siècle se trouve ainsi complétée, dire quelles seront les conséquences de l’abaissement du prix de cette matière alcaline serait chose aisée, mais complétement inutile. Ce n'est pas devant l’Académie qu'il faut faire ressortir l'augmentation de bien-être que doit apporter dans les masses l'abondance d’un produit qui , ser- vant à la fabrication du verre, du savon, au blanchiment de nos tissus, au lavage des laines, se lie de la manière la plus intime aux premiers besoins de la vie. » Aussi je prèfère employer les quelques instants qui me restent à prouver à l'Académie, par des chiffres et des résultats déjà obtenus, que l’eau de la mer peut fournir, presque sans frais, la totalité de la potasse que consomment certains arts. » Dans l'impossibilité d'extraire économiquement la potasse des combi- naisons inorganiques naturelles, les hommes ont, en quelque sorte, confié ce soin aux végétaux. Mais les progrès de la culture rendent tous les jours moins abondants et plus précieux ces collecteurs de potasse, qui ne nous la rendent sous la forme de cendre que quand ils sont détruits. La Russie se préoccupe de la diminution de ses bois, l'Amérique, de l'incendie de ses fo- rêts, et l'on peut prévoir une époque où ces deux pays cesseront de fournir avec économie ces qualités de potasse auxquelles ils ont donné leurs noms. » Mais si la potasse de la partie solide du globe commence à nous faire défaut, il n'en est pas de même de celle de la mer, qui nous en offre une mine inépuisable et d'une exploitation facile. C'est cette mine qu’on essaye d'exploiter d’une manière indirecte par la combustion des plantes marines, (713) et par l'extraction de la soude vareck; mais il est de beaucoup préférable d'utiliser une méthode directe, l'évaporation. » On n’a pas oublié ces eaux mères d’où je sépare le sulfate de magnésie pour le transformer en sulfate de soude. Eh bien, dans ces eaux mères se concentre toute la potasse que renferme l’eau de la mer, quantité qui, pour l'eau de la Méditerranée, est de 4 environ, en la supposant toute à l'état de sulfate de potasse. » L'évaporation de ces eaux, continuée toujours sur le sol à l’aide des seuls rayons solaires, laisse cristalliser en abondance un mélange salin d’où une simple dissolution peut extraire ce sel déjà connu des chimistes, sulfate dou- ble de potasse et de magnésie, à 6 atomes d’eau, et dont la saline de 200 hectares, sur laquelle j'ai exécuté mes essais, a fourni cette année même en- viron 200 000 kilogr., qui représentent 90 000 kilogrammes de sulfate de potasse pur. » Mais cette quantité, quoique considérable, n’est elle-même que la moitié de ce que l'analyse indique dans les eaux ; l’autre moitié reste dans les eaux mères: elle pourrait en être séparée par une évaporation exécutée au moyen du feu, qui la fournit à l'état de chlorure double de potassium et de magné- sium. On va pourtant essayer de l'utiliser par d’autres moyens. » Le possesseur d'une mine de sulfate d’alumine impur se procure du sul- fate de potasse; il fait cristalliser et purifie son sulfate d'alumine en le trans- formant en alun. Le possesseur d'une mine de potasse impure doit naturelle- ment faire l'inverse, et dans peu les mêmes tables salantes où se sont déposés successivement du sel, du sulfate de magnésie, du sulfate de potasse, du sul- fate de soude, vont se recouvrir d’alun. » Maintenant, du sulfate de potasse extrait des eaux de la mer en grandes proportions, il est facile de passer au carbonate de potasse par les mêmes pro- cédés qui servent à la fabrication de la soude factice, et le procédé est déjà exploité en grand dans les Vosges; aussi dans peu, j'en ai l'assurance, la fabri- cation de la potasse artificielle marchera parallèlement avec celle de lasoude, et remplacera dans l'obtention du salpêtre, de l’alun, du verre, un produit dont la disparition graduelle commencait à inquiéter plusieurs industries. » La potasse que la France consomme à l'état de sels divers, évaluée en sulfate de potasse, dépasse à peine 5 millionsde kilogrammes. Or, puisque 200 hectares peuvent en fournir 180 000, il faudrait, pour en obtenir 5 millions, consacrer à l'évaporation de l’eau de la mer 5 à 6000 hectares au plus; on voit donc que le jour où la France suffira à sa censommation de sulfate de soude par du sulfate naturel, elle produira quatre fois plus de potasse qu’elle n’en 96. (714) consomme elle-même, et que, les rôles étant ainsi changés, elle pourra bien en exporter en Russie et jusqu'en Amérique. » Ce jour n’est, du reste, peut-être pas éloigné : quelques grands proprié- taires de salines du Midi, après avoir expérimenté ces procédés nouveaux sur la saline de 200 hectares dont j'ai parlé, avec une lenteur, une prudence que je suis loin de blâmer, n'ont pas craint d'avancer des sommes considé- rables pour les mettre en pratique sur une surface de 2000 hectares, qui a déjà commencé à fonctionner un peu cette année, et qui sera en pleine activité l'été prochain. » L'Académie jugera, je l'espère, d’après cette étendue, que ce n'est pas d’espérances plus ou moinslégitimes, de tâtonnements plus ou moifñs heureux, que je viens l’entretenir ici, mais d’une industrie nouvelle qui, à peine nais- sante, grandit rapidement et commence déjà à porter ses fruits. » Mais tout cela a exigé de ma part, qu'il me soit permis de le dire, une grande persévérance etun temps bien long qui est loin cependant de me sem- bler perdu. » La science ne me paraît pas avoir seulement pour mission de satisfaire chez l'homme ce besoin de tout connaître, de tout approfondir, qui caracté- rise la plus noble de ses facultés; elle en a aussi une autre, moins brillante sans doute, mais peut-être plus morale, je dirai presque plus sainte, qui con- siste à coordonner les forces de la nature pour augmenter la production, et rapprocher les hommesde l'ésalité par l'universalité du bien-être. J'ai cru qu’en la faisant servir à créer, à perfectionner cette industrie nouvelle, je ne déviais pas pour cela de la voie que j'avais suivie jusqu'alors. Rentré maintenant et pour toujours dans ces études de science pure vers lesquelles me portent mes goûts, je ne regrette pas, je l'avoue, le temps que cette industrie m'a em- ployé. En absence complète de préoccupations d’un certain ordre, en moyens matériels de travail, en loisirs consacrés à la science, elle me rendra, je l’es- père, plus qu'elle ne m'a coûté. » Quant à la prospérité de notre pays, les chiffres suivants, par lesquels je demande à l'Académie la permission de terminer ce rapide exposé, mon- treront, Je l'espère, ce qu'elle a à y gagner. » La fabrication du sulfate de soude coûte à la France, en soufre et en sal- pêtre, 2 millions de francs environ : elle ne les dépensera plus. » Elle reçoit annuellement plus de trois millions de potasse : elle ne les re- cevra plus. » Il y a quelques années qu'un renchérissement artificiel et exagéré du (715) prix des soufres menaça de devenir, en Europe, une calamité industrielle : cette crise commerciale ne se reproduira plus. » La soude et la potasse provenant de l’eau de mer, sans y compter même ce que la France pourra exporter, entreront dans les transactions commer- ciales intérieures pour une valeur de 8 à 10 millions de francs, qui, fournis par ces pays en apparence déshérités, leur rendront ainsi une partie de cette prospérité que la nature semblait leur avoir refusée. » CORRESPONDANCE (1). M. Cs. Duorn présente , au nom de l’auteur, M. Fourcauzr, un ouvrage ayant pour titre : Causes générales des maladies chroniques, spécialement de la phthisie pulmonaire. ( Voir au Bulletin bibliographique.) M. Ar. Broncnrarr présente, au nom de l’auteur, M. CaruzLo, deux ouvrages et divers opuscules concernant la géologie des provinces vénitiennes. M. Araco met sous les yeux de l’Académie deux portraits photographiques obtenus par M. Tresson, au moyen du procédé qui lui est propre. M. Cuanié écrit que le 9 septembre, le même jour où un roulement con- tinu de tonnerre a été entendu à Paris (voir la Lettre de M. Peltier, Compte rendu de la séance du 9 septembre, p. 527), il a observé un roulement tout semblable à Corbigny, département de la Nièvre. MM. Grouvezze et Moucnop, à l’occasion d’une Lettre récente de M. Aribert sur les fours'à circulation d’air chaud, annoncent l'envoi prochain d’un travail sur les perfectionnements qu'ils ont apportés à ces sortes d'appareil, dont l'invention première remonte à Rumford. M. Varror adresse quelques détails sur les habitudes de la larve de la Phalène monoglyphe et sur les dommages qu’elle cause à la vigne. M. Passor adresse une réclamation contre le Rapport fait dans la séance du 23 septembre 1844, sur un Mémoire présenté par lui. (1) Toutes les pièces de la Correspondance, y compris le dépôt des paquets cachetés, appartiennent à la séance du 30 septembre, ct n'avaient pu, faute de temps, être communi- quées à cette séance, (716) M. le Présinenr fait remarquer que l'Académie ne peut entendre ces récri- minations contre les auteurs d'un Rapport dont elle a adopté les conclusions. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, adressés par M. Faure et par M. Ausias Turenne à la séance du 30 septembre. La séance est levée à 5 heures un quart. A. ERRATA. (Séance du 9 septembre 1844.) Page 527, ligne 8, au lieu de le 9 septembre, lisez le 8 septembre. (Séance du 30 septembre 1844.) Page 621, ligne 5, au lieu de présidence de M. Serres, lisez présidence de M. CHaRLes Dupin. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. ' L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 14; in-4°. Pilote français, 6° partie, comprenant les côtes septentrionales de France, de- puis les roches de Porsal jusqu'au phare des Heaux de Brehat, levées en 1837 et 1838 par les ingénieurs hydrographes de la marine, sous les ordres de M. BEAU- remps-BEAUPRÉ; publié par ordre du Roi; 1843; 57 feuilles format atlas. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, ARAGO, CHE- VREUL, Dumas, PELOUZE, BOUSSINGAULT et REGNAULT ; 3° série, tome XII, octobre 1844; in-8°. Bulletin de l’Académie royale de Médecine; par MM. Pariser, DuBois, BousQuET ; septembre 1844 ; in-4°. Exposé des Opérations géodésiques relatives aux Travaux hydrographiques exé- cutés sur les côtes méridionales de France, sous la direction de feu M. MONNIER ; par M. BéGar ; publié par ordre du Roi. Imprimerie royale, 1844; in-4°. Annales maritimes et coloniales; par MM. Baror et POIRÉE; septembre 1844; in-8°. Histoire naturelle des iles Canaries ; par MM. Wege et BERTHELOT ; 76° livr. ; Le) in-/ Gr) : Causes générales des maladies chroniques, spécialement de la Phthisie pulmo- naire, el moyens de prévenir le développement de ces affections ; par M. Four- CAULT; 1 vol. in-8°. Types de chaque famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; par M. PLÉE; 19° livr.; in-4°. Dangers des Inhumations précipitées ; exemples, ant anciens que récents, de personnes enterrées ou disséquées de leur vivant ; par M. LE GUERN ; 6° édition ; in-8°. Revue zoologique ; par la Société cuviérienne; n° 9; in-8°. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale, et de Toxicologie ; octo- bre 1844 ; in-8°. Encyclographie médicale; tome V, feuilles 32 à 37; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; octobre 1844; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; octobre 1844; in-8°. Le Technologiste; octobre 1844; in-8°. La Clinique vétérinaire; octobre 1844 ; in-8°. Journal de Médecine; octobre 1844; in-8°. Memoirs and... Mémoires et Procès-verbaux des séances de la Société chi- mique ; partie 9. Trattato. — Traité sur la constitution géognostico-physique des terrains allu- viens ou post-diluviens des provinces vénitiennes ; par M. T.-A. CATULLO ; nou- velle édition. Padoue, 1844 ; in-8°. Sulle Caverne... Sur les Cavernes des provinces vénitiennes; par le même. Venise, 1844; in-4° (avec quatre autres opuscules du même auteur sur des questions de Géologie). Teorica... Théorie de la formation des Recensements; par M. A. Emr- LIANI. Bologne, 1844; in-/°. Sulla... Mémoire sur la grande Comète apparue en mars 1843; par M.S. CaALANDRELLI. Rome, 1844; in-4°. Gazette médicale de Paris; n° 39; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n% 115 à 1173 in-fol. L'Expérience; n° 379 ; in-8°. L'Echo du Monde savant; n°° 25 et 26. (718) Ve. go6‘L ‘xx c6c‘G *‘inon *so1Qtu/iU09 9 e101Y San 4 AnOOZAAZOC2AZZZE So sara zzz OZ aa On ui di ZLañiidanz TOUR V SEA oc OI 1çi+|ch — 0,185761 = : E Proportion d'eau................ 28 DAME CO e=>= 0,814239 1 ,000000 » Ce système a été observé dans un tube de cuivre étamé dont la longueur était de 517 millimètres. Il n’a produit aucune trace de déviation dans les plans de polarisation des rayons lumineux, même étant examiné avec la plus minutieuse attention, dans un cabinet parfaitement obscur; ce qui est une condition indispensable dans toutes les expériences de ce genre où l’on veut obtenir des résultats précis. » Je spécifie à dessein la nature du tube, pour avoir l’occasion d’indiquer une précaution très-essentielle à prendre, quand on veut, comme ici, constater des effets qui ne pourraient être que très-faibles. Lorsqu'on emploie des tubes de verre à obturateurs libres, on peut tou- jours s'assurer préalablement que ceux-ci ont été assez soigneusement recuits pour n'avoir au- cun pouvoir de polarisation propre. Mais les obturateurs des tubes en cuivre étant sertis aux extrémités des bouchons métalliques , il est bien difficile que la pression de l'anneau qui les retient ne leur communique pas une très-faible action de ce genre, quelque minces qu’on les prenne. Ceux qui me servaient se trouvaient dans ce cas; et ils auraient pu produire une dé- viation de quelques dixièmes de degré dans les circonstances les plus favorables à la simulta- néité de leurs actions. Mais on peut obvier à ce défaut en étudiant d’abord le tube vide pour connaître l'effet propre des glaces qui le terminent. Alors, en tournant les bouchons autour de l’axe du tuyan, on trouve aisément les positions qu'il faut leur donner pour que ces effets deviennent individuellement nuls ou se compensent par croisement. C’est ce que jai fait ici. Toutefois il vaudrait mieux encore, pour des expériences très-délicates, faire en sorte que cette particularité n'existe point, ou se servir de tubes de verre à obturateurs libres, bien exempts d’action polarisante propre. » Voici maintenant le calcul de la déviation que produirait une solution aqueuse de tar- trate sodique neutre , faite dans les mêmes proportions que celle du paratartrate de M. Mit- scherlich, et observée dans des circonstances pareilles. » Soient € la proportion pondérale du tartrate dans chaque unité de poids de la solution, 3 la densité de celle-ci, Z la longueur du tube à travers lequel on l’observe, & la déviation qu’elle imprime dans ces circonstances au plan de polarisation d’un certain rayon de lumière simple, choisi comme type. Si l’on nomme [2] le pouvoir rotatoire spécifique du tartrate pour ( 725) le rayon considéré, on aura, par la théorie générale de ce genre de phénomène, (1) = si et inversement (2) a = [a] led. € La première équation sert pour évaluer [a], d’après l’expérience. Lorsque [«] est connu, la seconde sert pour calculer d'avance la déviation qui s’observera dans des circonstances don- nées. » La valeur de [&] propre au tartrate sodique a été déterminée numériquement dans mon Mémoire sur plusieurs points fondamentaux de mécanique chimique, inséré au tome XVI des Mémoires de l’Académie des Sciences, page 358, tableau n° g. En l’évaluant pour le rayon rouge et pour une épaisseur de 100 millimètres, j’ai obtenu : [a]. = 20°,6041 Pe Si l’on substitue cette valeur de [a] dans l’équation (2) précédente, conjointement avec celles de £, d et Z qui ont été réalisées dans l’observation du paratartrate, on aura la déviation &, que le tartrate sodique aurait produite dans les mêmes circonstances ; et en multipliant x, 30 +. à Ce à: 42 2 À par 5 On en déduira très-approximativement la déviation correspondante 2; qui s’applique- rait à la lumière jaune. Celle-ci est la même qu’on observerait à l’œil nu en s’arrétant à la teinte de passage bleue violacée ou gris-de-lin, qui suit le bleu et précède le rouge, dans le sens où s’opère la rotation. Voici le détail de ce calcul, où le décimètre est pris pour unité de longueur, comme dans l’évaluation de [x], : log[a]. = 1,31309544 log « — 1,2689546 log à — 0,0341032 log Z — 0,7134905 log &, — 1,3305027 De là on tire pour le rayon rouge... ... = + 210,4044 Et pour la teinte de passage à l’œil nu... ... 2j = + 27°,9188 Telles sont les déviations que produirait une solution de tartrate sodique neutre, faite dans les mêmes circonstances que celle du paratartrate, qui s’est montrée absolument sans action. » Lorsque les observations sont faites dans une chambre parfaitement obscure, où l’on n’admet que le seul trait de lumière qui traverse le tube, comme je l’ai recommandé, on peut constater les moindres traces d’action rotatoire, même de celles qui seraient trop faibles pour être appréciables par des mesures, sur le cercle divisé qui porte le prisme biréfringent. Pour cela il faut tourner successivement ce prisme, à droite et à gauche du plan de polarisa- tion primitif, à une très-petite distance angulaire. L'image extraordinaire très-faible, qui se produit alors, éprouve des changements de nuances qui décèlent une action dissymétrique exercée autour de ce plan toutes les fois qu’elle existe; et la nature de leur opposition montre même dans quel sens la rotation s’exerce. La délicatesse de cet indice est si grande, qu’on ne saurait s’en faire une idée exacte, à moins de l'avoir expérimenté. » ( 726 ) M. Araco annonce qu'il vient de voir, dans le journal intitulé The Fork courant, que M. Brewsrer a lu à l'Association britannique un Mémoire tou- chant la polarisation produite par les surfaces dépolies et les surfaces blan- ches dispersantes. Le journaliste ne donne aucun renseignement sur les ré- sultats obtenus par l'illustre phyiciens d'Edinburgh. M. Arago n'en a pas moins pensé devoir rappeler verbalement à l'Académie les expériences qu'il a faites lui-même depuis longtemps sur des sujets analogues. M. Arago se proposant de consigner ses résultats dans un Mémoire qui sera l'objet d’une communication écrite et détaillée, nous nous bornerons aujourd'hui à cette simple annonce. MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — De l'oxydation des substances organiques par l’acile iodique, et de l'influence des petites quantites sur les actions chimiques; par M. E. Mircon. (Extrait par l’auteur.) (Renvoi à la Section de Chimie.) « J’exposerai d’abord l'oxydation de l'acide oxalique par l'acide iodique. C'est un véritable type d'action dans lequel se dessinent avec sensibilité les influences intéressantes que subit la combustion iodique. Ainsi ce Mémoire comprendra : » 1°. L'oxydation de l'acide oxalique par l'acide iodique; » 2°. Les caractères généraux de la combustion des principes organiques par le même acide; » 3°, La discussion des phénomènes chimiques qui ont pour point de départ de petites quantités de matière, et qui influencent néanmoins des masses considérables. $ I. — De l'oxydation de l'acide oxalique par l'acide iodique. ». Lorsqu'on agit par une température de + 18 à + 22 degrés, l'iode ré- duit n'apparaît qu’au bout de trois à quatre heures, et la combustion de 1 gramme d'acide oxalique exige de quatre à cinq jours pour être complète. Mais si l'on apporte quelque variation dans la température, aussitôt l'oxy- dation de l'acide oxalique en reçoit une modification profonde. Ainsi, à + 10 degrés il ne s’était encore produit aucune action sensible après vingt beures de contact, tandis qu'à + 60 degrés l'oxydation est si rapide, qu'elle fait disparaître en quelques minutes 1 gramme d'acide oxalique. (727) » Quant à l’action de la lumière, elle se fait sentir si vivement, que le mélange d'acide oxalique et d'acide iodique fournit une sorte de photomètre qui se met en rapport avec les moindres variations des rayons lumineux. » Comme la rapidité ou le ralentissement de la réaction se traduisent par z volume d'acide carbonique qui se trouve toujours mesuré dans l'appareil indiqué plus haut, j'ai pu, en employant deux appareils Jumeaux, noter fa- cilement la part qu'il fallait faire à la lumière. »* Ainsi, en maintenant deux appareils à des températures égales et en les disposant de manière que l'un reçût l’action directe du soleil, tandis que l'autre en était abrité par du papier noir et des enveloppes métalliques, j'ai vu le premier se colorer par l'iode en quelques minutes, dégager bientôt de l'acide carbonique, et après trois heures en fournir jusqu'à 4o centimètres cubes, tandis que, du côté opposé, l'iode apparaissait à peine et ne s'était en- core accompagné d'aucun dégagement gazeux. Dans une autre expérience, deux appareils semblables réglés depuis plusieurs heures, à la lumière dif- fuse, par une température de + 19 degrés, ont été séparés; l’un a été exposé aux rayons solaires, l’autre a été maintenu à la lumière diffuse. La tempéra- ture fut maintenue au même degré des deux côtés. L'appareil exposé au so- leil produisit 72 centimètres cubes d'acide carbonique, tandis que l’autre n'en produisit que 6. Cette expérience avait été faite de 9 à 11 heures; la méme expérience faite de 11 heures à 1 heure, donna une différence plus grande encore : d'un côté, la quantité de gaz fut égale à 73 centimètres cubes, taudis qu’à la lumière diffuse, elle ne fut que de 4 centimètres cubes. » A la température de + 10 degrés, la lumière solaire suffit pour donner à la réaction une énergie égale à celle qu'on n'obtient à la lumière diffuse qu'avec une température de +25 degrés. Il semble ainsi assez facile de réaliser des conditions dans lesquelles l'oxydation de l'acide oxalique serait assez indépendante de la température et devrait être rapportée surtout à la lumière. » Une étude plus suivie des rapports de la lumière avec la réaction que Je signale ne pouvait se faire sans entrer dans un ordre de connaissances spéciales , qui s'éloignent beaucoup de la chimie proprement dite. Je me suis contenté d'indiquer les phénomènes principaux, afin qu'ils puissent, au besoin, prêter leur secours aux recherches photométriques. On comprend l'intérêt que présente, de ce point de vue, une réaction chimique qui traduit sa re- lation avec la lumière par un dégagement gazeux. A l'aide de l'appareil que J'ai indiqué, le gaz se trouve mesuré à mesure qu'il se produit. Comme la coloration que l'iode communique au mélange des deux acides impres- C. R., 1844, 2M€ Semestre. (T, XIX, N° 16) So) (728 ) sionnés par la lumière pouvait soulever quelques difficultés, j'ai cherché si d’autres réactions chimiques ne pourraient pas présenter, comme l'oxydation de l'acide oxalique, l'avantage de fournir, sous l'influence des rayons lumi- neux, des gaz mesurables. Après quelques essais, j'ai trouvé que l’eau oxy- génée pouvait satisfaire à ces indications. » I suffit, pour la rendre propre à cet usage, de dissoudre du bioxyde de barium dans de l'acide chlorhydrique très-dilué, jusqu'à ce que celui-ci renferme 3 ou 4 volumes d'oxygène. Il est inutile de séparer le chlorure de barium qui se forme en même temps dans la liqueur. L'eau oxygénée, ainsi obtenue, ne dégage pas une seule bulle de gaz, si le tube qui la contient est recouvert d’une enveloppe noire; tandis qu'un même tube, exposé à la lu- mière diffuse, donne naissance à un dégagement rapide d'oxygène, que la lumière solaire directe accélère encore beaucoup. » [action de la mousse de platine sur la dissolution d'acide iodique et d'acide oxalique continue dans un autre sens les analogies qui viennent de s'offrir avec l’eau oxygénée. À une température où les deux acides n'agissent pas lun sur l'autre, la mousse de platine provoque un dégagement presque immédiat d'acide carbonique. Lorsque deux mélanges sont disposés simulta- nément et arrivent à dégager l'un et l’autre la même quantité de gaz dans un même temps, si l'on ajoute d'uu seul côté de la mousse de platine, la pro- duction d'acide carbonique y devient vingt-cinq et trente fois plus forte. Il se fait, d’une part, de 2 à 3 centimètres cubes de gaz, tandis que, de l'autre, ils’en développe jusqu’à 60 et 90. J'ai calculé que la mousse de platine rendait l'ac- tion initiale soixante fois plus rapide. » J'ai cherché quelle pouvait être l'influence des surfaces dans cette action manifestement catalytique, et j'ai remplacé la mousse de platine par des feuilles de ce métal. J'ai introduit jusqu'à deux et trois feuilles très-minces , offrant chacune 84 centimètres de surface; mais le dégagement d'acide car- bonique ne fut pas sensiblement accru. Les feuilles se recouvrent d’une grande quantité de bulles qui s'étalent à leur surface ; mais l'acide carbonique ne se dégage pas en plus grande abondance. La quantité de mousse de platine em- ployée exerce une influence sensible sur la quantité de yaz; mais celle-ci n'est pourtant pas proportionnelle au poids. En employant, d'une part, 5 gram- mes , et, de l’autre, 10 grammes de mousse de platine, l'action a dû se repré- senter par 3 d'un côté et par 4 de l’autre. » Le charbon de bois exerce une accélération très-sensible sur l'oxydation de l'acide oxalique. Cette accélération est trés-vive au début, mais elle se ( 729 ) ralentit bientôt et augmente seulement du double la quantité d'acide carbo- nique qui se produit sous l'influence de son contact. »_ Le phénomène catalytique qui se produit ici sous l'influence de la mousse de platine offre un intérêt extrême, en ce qu'il s'accomplit au sein de l’eau. L'étude spéciale que nous avons faite, M. Reiset et moi, des actions de cette nature, nous portait à croire que la mousse de platine était surtout un corps de contact pour les opérations de la voie sèche. L'eau oxygénée offrait bien un cas particulier, mais on pouvait considérer jusqu'ici sa décomposition par la mousse de platine comme un fait exceptionnel. Lorsque la combustion de l'acide oxalique dissous par l'acide iodique en dissolution est provoquée ou accélérée à l’aide de la mousse de platine, on comprend quelle nouvelle extension peuvent encore recevoir les phénomènes chimiques dus an contact. » me reste à parler d'une influence toute particulière exercée par l'acide prussique sur l'oxydation de l'acide oxalique. 11 suffit de quelques millièmes d'acide prussique pour arrêter complétement la combustion de l'acide oxalique par l'acide iodique. On porte vainement le mélange des deux acides à une température de + 60 ou 80 degrés, à laquelle l'acide carbonique se dégage du mélange avec une véritable effervescence; l'acide prussique en- raye l'action. 20 grammes d'acide iodique, dissous dans une petite quantité d'eau, et 10 grammes d'acide oxalique ont été mélangés dans un petit ballon avec 50 grammes d'eau; il a suffi d'y ajouter 10 gouttes d'acide prussique, contenant au plus 15 pour 100 d'acide anhydre, pour arrêter entièrement la réaction durant quinze jours. Au bout de ce temps néanmoins, l'influence de l'acide hydrocyanique fut épuisée, et l'iode apparut. » Cette influence de l'acide prussique se manifeste dans le plus grand nom- bre des combustions organiques effectuées par l'acide iodique. Elle montre avec quelle puissance peuvent intervenir, dans les réactions chimiques, des substances indifférentes en apparence par leur nature et leur proportion. J'ai dû m’attacher à analyser une action aussi étrange , ‘afin de la rapporter, comme je me suis efforcé déjà de le faire dans plusieurs cas analogues, aux effets ordinaires de l'affinité. Voici ce que l'analyse du phénomène m'a permis de reconnaître. L'oxydation de l'acide oxalique par l'acide iodique se compose de deux actions bien distinctes : 1° l'oxydation par l'acide iodique seul, c’est l'action initiale; 2° l'oxydation par l'acide iodique avec le concours de l’iode. La première de ces actions est infiniment petite, et se produit même en présence de l'acide prussique; la seconde est, au contraire, très-active; mais elle ne peut se développer au contact de l'acide prussique, et cela se conçoit. Ce dernier fait disparaître, en effet, l’iode qui tend à se produire à la suite de 98. (730 ) la première action ; il se forme du cyanure diode et de l'acide hydriodique, et j'ai pu constater, non sans quelque surprise, que l'acide iodique n'agissait plus sur l'acide hydriodique en présence du cyanure d'iode. » Il était facile de prévoir que l'acide carbonique se produirait plus abon- damment aux dépens de l'acide oxalique, lorsqu'on commencerait la réduc- tion de l'acide iodique en précipitant un peu d'iode par quelques gouttes d'acide hydriodique. C’est un effet que l'expérience a réalisé. » Dans deux expériences comparatives, cette précipitation de l'iode au sein du mélange a donné, dans les huit premières heures de la combustion, deux fois et demie plus de gaz. $ II. — Caractères généraux de la combustion des principes organiques par l'acide iodique: » L'oxydation des substances organiques par l'acide iodique ne peut être tentée avec succès qu'autant qu'elles sont solubles dans Feau. Ainsi, il faut éliminer les corps gras, les résines et les essences. Les substances dont j'ai suivi la réaction se partagent en trois classes bien distinctes : 1° celles qui s'oxydent à la manière de l'acide oxalique, c'est-à-dire avec lenteur , et dans la combustion desquelles on reconnait l'influence bien tranchée de l'acide iodique agissant seul, ou bien de l'acide iodique agissant avec le concours de l'iode. Dans cette classe se rangent , à côté de l'acide oxalique, les acides for- mique, tartrique, méconique, citrique , lactique et mucique; là se trouvent l'amidon, la dextrine, le sucre de canne, le sucre de raisin, le sucre de lait, la salicine, la gomme; là se placent encore l'huile essentielle de pomme de terre et l'hydrure de benzoile. » L’oxydation des substances organiques qui appartiennent à cette classe est sensiblement influencée par la présence du platine, ou bien par l'interven- tion de la lumière. Si l'on excepte l'huile de pomme de terre et l'hydrure de benzoïle, dans toutes ces combustions il se produit de l'acide carbonique, et, le plus souvent, la combustion est complète. » 2°, Il convient de ranger dans une seconde classe les substances orga- niques qui soxydent malgré la présence de l'acide prussique. C'est à cette catéporie qu'appartiennent l'albumine, la fibrine , le gluten. Là se trouvent encore l'acétone, l'acide gallique , le tanin , la créosote et la morphine. Avec ces quatre dernières substances, la combustion est si rapide que l’on com- prend qu'elle ne puisse être arrêtée par la présence de l'acide prussique. Avec l'acétone , il se forme un produit huileux tout particulier, dont la naissance ne s'accompagne pas d'un dégagement d'iode ; là encore l'acide: prussique ne peut être d'aucune efficacité. C’est daus cette classe particulière (W3t ) que se présenteront d'abord les métamorphoses les plus curieuses à étudier. J'ai déjà tenté sur ce point quelques recherches qui me font espérer la dé- couverte de produits tres-dignes d'intérêt. » Il est nécessaire, dans toutes cés réactions, d'épuiser l'effet oxydant de l'acide iodique; on doit, pour cela, l'employer en excès; pour séparer ensuite la partie excédante , on ajoute de l'acide hydriodique tant qu'il se forme un dépôt d’iode. Les deux acides de l'iode se décomposent mutuellement , et la liqueur ne retient plus que le produit de nouvelle formation mélangé à l'iode que l’on sépare en filtrant et en chauffant ensuite quelques instants à + 100 degrés. » La manière dont l'albumine et le gluten réduisent l'acide iodique diffère sensiblement de la réduction exercée par la morphine , mais il n'en est plus de même quand il s’agit du tanin ou de l'acide gallique, et l'on peut dire que la réaction de trois substances , à savoir, le tanin, l'acide gallique et la morphine, se confond ici par l'aspect. Si l'on suit le rapprochement plus loin , on se rappelle que la coloration produite par la morphine sur les per- sels de fer est assez voisine de celle qui est obtenue avec de petites quantités d'acide gallique ou de tanin : ces trois principes peuvent, en outre, être dissous par l'alcool, bien qu’en proportion variable. Une dernière réaction caractéristique est fournie par la morphine , et pouvait la distinguer : on sait que cet alcali se colore fortement en rouge par l'acide nitrique; mais le tanin et l'acide gallique présentent encore une coloration analogue. Je ne voudrais certainement pas exagérer ces rapprochements, que je trouve déjà trop grands et trop nombreux; mais, tels qu'ils se sont produits, ils m'ont semblé tout à fait dignes d’être pris en sérieuse considération. » 3°. Dans la troisième classe se placent les substances solubles qui ne sont pas attaquées par l'acide iodique ; les acides camphorique , acétique et butyrique, ainsi que l’urée, sont dans ce cas : l'acide acétique contenait, dans tous Les échantillons que j'ai examinés, une petite quantité de matière étran- gère, destructible par l'acide iodique. Il en était de même de l'acide butyrique qui m'avait été fourni par M. Pelouze. La gélatine et le corps hyaloïde de l'œil ne s'oxydent pas non plus à + roo degrés par le contact prolongé de Facide iodique. Ce n’est pas sans étonnement que l’on voit ces deux substances séparées de l'albumine et de la fibrine. On doit remarquer néanmoins que, tandis que l’albumine et la fibrine doivent être modifiées dans l’économie par un acte de combustion physiologique, la gélatine et le corps hyaloïde sont disposés de manière à y résister et à s'établir dans une sorte de permanence. Quant à l'urée , bien que son carbone et son hydrogène puissent se brüler ( 932) dans quelques réactions énergiques, il est évident quelle a supporté l'effort de l'oxydation exercée par nos organes ; on peut en dire autant des acides butyrique et acétique. » En résumé, il est constant que les substances organiques se brülent par l'acide iodique avec lenteur, mais à peu pres complétement, comme par une oxydation vitale. Les produits de sécrétion de l'économie, les produits brûlés , ainsi que les produits stables de nos organes , échappent au contraire à la combustion iodique. Sans attacher une importance particulière aux mo- difications que l'acide prussique exerce également sur les phénomènes de la vie et sur la force oxydante de l'acide iodique, je crois qu'il ne faut pas re- pousser ce parallélisme qui s'établit de lui-même. . $ II. — De l'influence des petites quantités sur les actions chimiques. » Depuis que les règles simples de l’affinité tracent la marche des phéno- mènes chimiques, on s'est habitué à suivre l’action réciproque de masses qui offrent entre elles une certaine relation de poids ou de volume. C'est bien certainement entre des quantités constantes et d'un rapport simple que s’ac- complissent les opérations les plus saillantes de la chimie. On comprend que les regards se soient fixés tout d'abord sur les faits de cette nature; et l'on peut dire aujourd'hui que la détermination exacte des équivalents, bien qu'elle reçoive chaque jour des perfectionnements nouveaux, constitue l'œuvre la plus imposante de la statique chimique. Toutefois, à côté de l’action réciproque des quantités équivalentes, il est facile de distinguer d'autres actions dans lesquelles la masse infiniment grande subit la loi de quantités infiniment petites. Lorsqu'une influence de cet ordre s'exerce sur un fait considérable, les esprits s’attachent sans peine à la solution d'un problème qui s'y trouve caché : c’est ainsi que la combustion incandescente des substances organiques, qui commence par une étincelle et se propage ensuite incessamment, à été bientôt réduite par l'analyse chimique à un fait des plus élémentaires. Mais si le phénomène s'accomplit sur une échelle moins étendue, s'il se cache der- rière la réaction plus apparente des masses, l'analyse est moins prompte à y pénétrer et l'explication se fait désirer davantage. » Aujourd'hui les actions chimiques qui relèvent manifestement de quanti- tés très-petites sont peut-être innombrables, mais on se contente, pour ainsi dire, de les signaler. » Est-il donc impossible de faire pénétrer aussi l'analyse dans cette succession de phénomènes obscurs et délicats sans doute, mais d'une na- ture chimique incontestable? Je ne le pense pas. J'ai cherché, dans (738 ) i plusieurs travaux, à saisir les actions de cette nature, à en distinguer toutes les phases ; je me suis convaincu qu'on pouvait toujours les rattacher, par une analyse suffisante du phénomene, aux règles les plus simples de l'affinité. Ainsi, la conversion du chlorate de potasse en iodate par l'iode qui déplace le chlore, non plus à l'aide de la voie sèche, comme l’a fait M. Vœhler, mais en présence même de l'eau et à la faveur de quelques gouttes d'un acide énergique ; la production de l'éther nitrique, en prévenant par un peu durée la formation de l'acide nitreux ; l'influence de ce dernier acide surl'oxydation desmétaux par l'acide nitrique; l'actionoxydante del’acide iodique suspendue par quelques gouttes d'acide prussique : ce sont là autant d'exemples qui prouvent l'influence des petites quantités. Malgré la marche assez singulière de ces réactions, elles s'expliquent, elles s'enchaînent, elles se rattachent aux opérations normales de l'affinité. Je termine par un fait d'un ordre entièrement nouveau, qui montre que les petites quantités exer- cent leur influence dans les directions les plus variées. J'ai reconnu, en sui- vant des recherches dont je présenterai très-prochainement les résultats à l'Académie, qu'il existe bien certainement deux oxydes de mercure de même composition, mais de propriétés distinctes. Ces deux oxydes, l’un rouge, l'autre jaune, donnent naissance à deux séries très-étendues d'oxydochlorures isomères entre eux, et d'où l'on dégage facilement l'un ou l'autre oxyde. Dans l’une de ces deux séries on peut, à volonté, produire un oxydochlo- rure noir qui correspond à l'oxyde rouge, ou bien un oxydochlorure rouge de même composition, qui correspond à l'oxyde jaune. Ces deux oxydochlo- rures très-différents s'obtiennent avec les mêmes réactifs, employés dans la même proportion. Le ,mélange simple des réactifs produit constamment loxydochlorure rouge; mais ajoute-t-on une petite quantité d'oxydochlo- rure noir au mélange qui doit réagir, c'est l'oxydochlorure noir qui se forme à la place du rouge. » Cette marche particulière des phénomènes chimiques est tout à fait di- gne de fixer l'attention. Il faut considérer que les réactions ne s'exécutent pas seulement entre des masses équivalentes, mais qu’elles subissent encore la loi des petites quantités. Une petite quantité pousse à l’action des masse: énormes, ou bien les condamne à l’inertie. Il faut donc s'attacher à découvrir par quelle liaison chimique on prévient le développement énergique d'affi- nités secondaires, dès qu'on s'oppose à la réaction initiale. Il faut suivre pas à pas une action-petite, mais réitérée, qui transforme et soumet, avec le temps, une masse infinie. En se familiarisant d'abord avec ces réactions dans des circonstances simples où les termes , peu nombreux et bien définis, permeit- ( 734) tent d'attribuer à chaque réactif la part qui lui revient, on arrivera sans doute à découvrir, pour Les métamorphoses les plus obscures, l'enchaînement qui se perd aujourd'hui dans la complexité des phénomènes organiques. » CHIMIE. — Recherches sur le chrome; par M. Euc. Pericor. (Renvoi à la Section de Chimie.) L'histoire du chrome, malgré l'attrait qu'elle présente par la beauté des composés que fournit ce métal , laisse encore de nombreuses lacunes à com- bler; elle offre plusieurs particularités sur lesquelles la science n’a pas dit son dernier mot. Le gisement de son principal minerai , le fer chromé, l'isomor- phisme de son sesquioxyde avec le peroxyde de fer, semblent établir une cer- taine analogie entre ces deux métaux, tandis que l'absence, dans la série du chrome, d'un oxyde correspondant au protoxyde de fer, et la stabilité du ses- quioxyde de chrome et des composés qui y correspondent, rendent cette ana- logie douteuse et contestable. Le but de ce Mémoire est de faire connaître quelques nouvelles com- binaisons du chrome qui jettent une vive lumière sur l’ensemble des proprié- tés de ce métal, et qui lui établissent une étroite parenté avec le fer et le manganèse. ». On sait que lorsqu'on fait passer un courant de chlore sec sur un mélange de sesquioxyde de chrome et de charbon contenu dans un tube de porce- laine, il se sublime un chlorure en belles écailles de couleur violette qui cor- respond, par sa composition, à l'oxyde qui sert à le produire; celle-ci est re- présentée, par conséquent, par la formule CI Cr?. » Outre ce chlorure, il se produit le plus souvent, dans l'opération qui lui donne naissance, un autre corps chloré qui paraît avoir échappé à l'attention des chimistes et dont j'ai signalé l'existence dans la Note qui a été présentée à l'Académie il y a quelques semaines. La production de ce corps précède celle du chlorure violet : tantôt il se présente sous la forme de cristaux fins et soyeux, tantôt il se trouve en masses fondues, incolores, à texture fibreuse. Au contact de l'air il s'altère rapidement et il se CR en peu d'instants, en une liqueur verte. » L'action de l'hydrogène sur le sesquichlorure violet offre un moyen facile d'obtenir ce méme composé chloré en grande quantité et dans un parfait état de pureté. Elle se manifeste à une température peu élevée, car la préparation de ce corps se fait sans difficulté dans un tube de verre qui n'est pas même déformé par la chaleur nécessaire à la produire. Tant que (735 ) l'opération dure, il y a dégagement d'acide chlorhydrique. Il reste, après qu'elle est terminée, un produit blanc, feutré, qui conserve la forme pri- mitive des masses de chlorure violet employé à sa préparation. Ce produit se dissout dans l'eau avec dégagement de chaleur, et fournit une dissolution bleue qui verdit très-promptement quand elle est exposée au contact de l'air, car elle absorbe l'oxygène avec une excessive avidité, Cette circonstance rend assez délicate l'étude des réactions qui résultent de son contact avec les autres corps. » L'analyse du chlorure obtenu par l'un ou l'autre de ces procédés, m'a fourni des résultats qui conduisent à la formule suivante : Caleul. Expériences CI. . . . 442,6 57,4 58,4 FE A Cr... 328,0 42,6 39,4 42,7 42,0 770,6 100,0 97,8 99,4 99,0 Cette formule a été calculée avec le nombre par lequel je propose, ainsi qu'on le verra plus loin, de remplacer l'équivalent actuel du chrome, DT. D, qui serait trop fort, d’après toutes mes expériences. » Le chlorure CI Cr correspond au protoxyde de chrome CrO, qui man- quait Jusqu'à ce jour dans la série des composés de ce métal. » J'ai dit que la dissolution bleue de protochlorure de chrome absorbe très-rapidement l'oxygène atmosphérique et devient verte; Jai cherché à déterminer la quantité d'oxygène qui intervient dans cette action, et la nature du composé qui en résulte. En introduisant dans une cloche graduée remplie d'oxygène un poids donné de protochlorure , puis une certaine quantité d'eau pour le dissoudre, j'ai trouvé que un équivalent de protochlo- rure absorbe un demi-équivalent d'oxygène. Ce résultat a été fourni par trois expériences qui s'accordent très-bien entre elles. La formule du com- posé qui résulte de cette action est, par conséquent, Cl? Cr? 0O,. » On peut considérer ce corps comme étant au sesquioxyde de chrome Cr? O°, ce que l'acide chlorochromique CrO? CI est à l'acide chro- mique CrO*. » Parmi les propriétés remarquables et inattendues que présente le proto- chlorure de chrome, il en est une sur laquelle je ne crains pas d'appeler toute l'attention de l'Académie, et que je puis lui signaler comme un fait sans précédents dans les annales de la science ; je veux parler de l'action qui C.R., 1844, 2M€ Semestre, (T. XIX, N° 6.) 99 (736) résulte du contact de la dissolution de protochlorure de chrome avec le ses- quichlorure cristallisé du même métal. » Ce dernier chlorure, qui est celui que les chimistes connaissent depuis longtemps, qui se sublime, ainsi que je l'ai dit, en belles écailles violettes par l'action du chlore en excès sur un mélange d'oxyde vert de chrome et de charbon, est insolable dans l'eau. Quelques auteurs, à la vérité, lui attribuent une solubilité plus ou moins grande, plus ou moins rapide, et ils admettent qu'en contact avec l'eau, il fournit une liqueur verte; mais il est facile de se convaincre que ces assertions sont erronées, et que la cause de cette erreur se trouve dans l'ignorance même du phénomène dont j'ai à entretenir l'Académie. Il est constant que le sesquichlorure de chrome su- blimé est entièrement insoluble dans l'eau froide comme dans l’eau bouil- lante; il ne se dissout pas davantage dans l'eau chargée d'un acide quelcon- que; il n'est pas attaqué par l'acide sulfarique concentré et bouillant; enfin, l'eau régale elle-même est sans action sur lui. » Eh bien, ce corps, l'un des plus stables qu'on connaisse, l’un de ceux qui résistent le mieux à l'action des agents chimiques les plus énergiques , se dissout avec une merveilleuse facilité quand on le met en contact avec de l'eau contenant en dissolution du protochlorure de chrome. Le résultat de cette action est une liqueur verte , qui se produit avec grand dégagement de chaleur, et qui offre tous les caractères chimiques du sesquichlorure de chrome hydraté, qu'on obtient par la voie humide, en traitant, par exem- ple, l'acide chromique par l'acide chlorhydrique ou le chromate de plomb par le même acide et l'alcool. On comprend maintenant comment le proto- chlorure de chrome, qui se trouve habituellement mélangé avec le sesqui- chlorure, lors de la préparation de ce dernier corps, a pu faire croire à une solubilité qu'il ne possède pas quand il est pur. » Le dégagement de chaleur qui accompagne cette réaction, la rapidité avec laquelle elle se produit, semblaient indiquer la production d'une com- binaison particulière des deux chlorures, ainsi mis en présence sous l'in- fluence de l’eau. Aussi ai-je tenté de les mettre en contact dans le rapport des poids indiqués par leurs équivalents, jusqu'à ce que l’action dissol- vante et la chaleur qui l'accompagne cessassent de se manifester; mais je me suis bien vite aperçu qu'une très-petite quantité de chlorure blanc dissout un poids très-considérable de chlorure violet, que cette action n’a, pour ainsi dire, point de limites, et qu’elle est dépendante non pas d'un phénomène chimique, d'une combinaison, mais bien d'un phénomène essentiellement ( 737 ) physique, d’un changement moléculaire qui intervient dans la constitution du sesquichlorure de chrome. » Pour m'en assurer, j'ai mis des cristaux violets de ce chlorure en contact avec de l'eau contenant en dissolution un millième de protochlorure de chrome; ils ont instantanément disparu, et la liqueur est devenue verte ; quelle que soit la quantité de chlorure violet introduite dans cette dissolu- tion, l'action s'est toujours manifestée avec dégagement de chaleur; après quelques instants elle était terminée. » Désirant fixer la limite de cette action, j'ai préparé une liqueur conte- nant une partie de protochlorure de chrome et 10 000 parties d’eau. Cette liqueur a encore opéré la dissolution immédiate du sesquichlorure violet. Je n'ai pas cherché à aller plus loin, mais il n’est pas douteux que l’action ne se manifeste avec une quantité de chlorure beaucoup plus petite encore. » J'ai constaté d’ailleurs que le protochlorure de chrome qui a absorbé tout l'oxygène qu'il peut prendre, et qui a fourni par conséquent lui-même une dissolution verte, ne possède nullement la propriété de dissoudre le chlorure violet; il suffit, en effet, d’agiter pendant quelques instants, dans un flacon contenant de l'air, la dissolution de protochlorure pour que son action dissolvante soit anéantie; aussi, pour faire avec succes la dernière expérience que je viens de rapporter, est-il indispensable de dépouiller entièrement de tout l'air quelle contient la grande masse d’eau qui se trouvera en con- tact avec la quantité si minime de protochlorure qu’elle doit dissoudre. On remplit cette condition, soit en faisant bouillir cette eau pendant quelque temps, soit en y faisant passer, pendant qu'elle est chaude, un courant d'’a- cide carbonique. » Enfin, ni le sesquichlorure de chrome préparé par la voie humide, ni aucun chlorure autre que le protochlorure de chrome, n’opére la dissolution du chlorure violet. » On chercherait vainement, je pense, parmi tous les phénomenes que nous présente la chimie minérale, un fait qu'on puisse rapprocher de celui que je viens de signaler à l'Académie. Il s’agit là évidemment, non pas d’un simple phénomène chimique, mais d’un de ces phénomènes de contact que détermine , en dehors des lois de l’affinité, la présence de certains corps, phé- nomènes plus ou moins analogues à ceux que présente l’histoire si instruc- tive de l’eau oxygénée; avec cette différence, toutefois, que le résultat de l'action de ce dernier corps est presque toujours une décomposition, tandis ( 758 ) qu'il s'agit ici d'un changement moléculaire qui détermine ou qui accompagne la combinaison de l’eau avec le sesquichlorure de chrome. » Mais si la chimie minérale n'offre pas encore d'exemple d'une action de cette nature, la chimie organique nous en fournit plusieurs qu'on peut, ce me semble, en rapprocher. Ainsi, l’action dissolvante si remarquable de la diastase sur l’'amidon, la transformation du sucre ordinaire en glucose sous l'influence d'un ferment, la métamorphose de l’amidon en dextrine puis en glucose par le contact de l'acide sulfurique dilué, paraissent être des modifications moléculaires du même ordre que celle qui vient de nous oc- cuper. Quoiqu'il y ait, sans doute, quelque témérité à comparer entre eux des phénomènes qui se passent chez des corps de nature si différente, on est conduit à supposer que le protochlorure de chrome joue, à l'égard du ses- quichlorure, le rôle d’une sorte de ferment. Faut-il s'étonner d’ailleurs qu'après avoir tant emprunté à la chimie minérale, la chimie organique qui, depuis plusieurs années, absorbe, d'une manière presque exclusive, les labeurs des chimistes les plus habiles, vienne maintenant prêter à son aînée le secours de son expérience, et la guider, à son tour, dans la voie des ana- logies ? » Le dégagement de chaleur qui accompagne constamment la dissolution du sesquichlorure de chrome peut être attribué tant à la modification molé- culaire qu'il éprouve, qu'à la combinaison qu'il contracte avec les éléments de l'eau. On sait que les sels de sesquioxyde de chrome et les composés qui correspondent à cet oxyde présentent deux modifications isomériques qu'on distingue par deux couleurs différentes : l'une existe dans les composés de couleur verte, l’autre dans ceux qui sont violets ou de la couleur des fleurs de pêcher. Le sesquichlorure de chrome violet appartient sans doute à cette dernière modification , et c'est son passage à la modification verte que signale le dégagement de chaleur qui accompagne sa dissolution sous l'influence du protochlorure. On sait que l'oxyde de chrome offre un remarquable phéno- mène d’incandescence dans une circonstance semblable; enfin les expériences de M. Regnault nous ont appris que la transformation du soufre mou en soufre ordinaire est également accompagnée d'une élévation subite de température. » La liqueur verte qui résulte du contact du sesquichlorure de chrome violet avec une dissolution très-étendue de protochlorure fournit, par une lente évaporation dans le vide sec, des cristaux grenus qui, malgré leur grande solubilité, peuvent être facilement dépouillés de leur eau mère; leur composition est représentée par la formule Cr? CF + 12 HO, » Le même sesquichlorure hydraté, combiné avec une quantité d'ean moi- ( 739 ) | tié moindre, s'obtient en évaporant dans le vide la liqueur verte qui résulte de l'action de l'acide chlorhydrique et de l'alcool sur le chromate de plomb. Action de la potasse sur le protochlorure de chrome. » Lorsqu'on met la dissolution bleue de protochlorure de chrome en con- tact avec de la potasse caustique, on voit apparaître un précipité brun foncé qui prend, au bout d’un certain laps de temps, une teinte rougeâtre; le pré- cipité qui se forme d'abord consiste sans doute en protoxyde de chrome hy- draté, correspondant au protochlorure; mais cet oxyde, plus encore que ce dernier corps , est doué d'une singulière instabilité; car, à peine produit, il opère à la température ordinaire la décomposition de l'eau, et il se transforme en un oxyde intermédiaire entre le protoxyde et le sesquioxyde, qui corres- pond, par sa composition, à l'oxyde de fer magnétique. » La formation de ce nouvel oxyde de chrome auquel je donnerai, à défaut d'un nom plus conforme aux règles de la nomenclature, la dénomination de deutoxyde ou d'oxyde magnétique, est, par conséquent, accompagnée d'un dégagement d'hydrogène. Si l’on introduit, en effet, dans une cloche remplie de mercure, une dissolution de protochlorure de chrome, puis une dissolution de potasse, en même temps que l’oxyde brun se produit, l'hydrogène de l'eau décomposée se réunit au sommet de la cloche. » Mais l’action décomposante de l’eau n'est complète que sous l'influence de la température nécessaire à son ébullition. L’oxyde qui reste, après des la- vages suffisants au moyen de l’eau bouillante, présente, après sa dessiccation dans le vide, la couleur du tabac d'Espagne; il est peu attaquable par les aci- des. Chauffé, il perd d’abord de l’eau ; à une température plus élevéel, il entre subitement en incandescence, et il se transforme en sesquioxyde vert de chrome. Cette action, qui se manifeste dans un milieu qui ne contient pas d'oxygène , est accompagnée d'un dégagement d'hydrogène; elle est due à la décomposition de la portion de l’eau de l’hydrate magnétique qui est néces- saire à la suroxydation du protoxyde qu'on peut y admettre; car ce Corps, Gr° O*, de même que l'oxyde magnétique de fer, se comporte comme une combinaison des deux oxydes CrO + Cr”O#. » La composition de l'oxyde magnétique de chrome a été déterminée par plusieurs procédés : sa formule, quand il a été desséché dans le vide, est Cr’ O‘,HO. Acétate de protoxyde de chrome. » Ce-sel s'obtient en mettant en contact des dissolutions assez étendues de ( 740 ) protochlorure de chrome et d'acétate de soude; en employant ces deux corps dans les rapports indiqués par leurs équivalents, on voit naître rapidement, dans la liqueur rouge violacée qui résulte de leur mélange, de petits cristaux ee brillants , qui se précipitent au fond du vase dans lequel ils se forment. » Il est nécessaire que la filtration de la dissolution bleue de protochlorure de en se le mélange et l'agitation des liqueurs, la filtration etle lavage de l'acétate de protoxyde de chrome qui prend naissance, la dessiccation de ce sel, en un mot toutes les opérations qui le concernent, se fassent à l'abri du contact de l'air dont il absorbe l'oxygène avec une extrême avidité; on réunit ces conditions en les exécutant dans une atmosphère d'acide carbonique. La dessiccation de ce sel se fait dans le vide sec produit par une bonne machine pneumatique. Son analyse a été exécutée un grand nombre de fois et avec les soins les plus minutieux. Les premiers résultats numériques qu'elle a fournis ayant rendu probable la nécessité de modifier le nombre qui représente l'équivalent du chrome, j'ai cherché à déterminer ce nombre en faisant intervenir à la fois la quantité de carbone contenu dans ce sel et la quantité de sesquioxyde que fournit sa calcination. » Les résultats des analyses conduisent aux nombres qui suivent : L. IL. LIT. IV. AE VI. VIl. Carbone: 0 MA Ce. 24,9 AO 24,7 24,9 24,9 » 25,2 Hydrogène. ......... 4,4 4,3 4,4 4,2 4,3 » 4,3 Sesquioxyde de chrome. 39,7 38,8 40,0 39,9 40,3 40,4 40,2 Les quantités de carbone et d'eau contenues dans l'acétate de protoxyde de chrome desséché dans le vide montrent que la composition de ce sel est représentée par la formule suivante, quel que soit le nombre qui exprime l'équivalent du chrome: CH: O:, Cr O. En calculant cette formule avec l'équivalent 351,8 que M. Berzelius as- signe à ce métal, on obtient des nombres qui s'écartent trop des analyses pour que cet équivalent ne soit pas trop fort, si ces analyses sont exactes; cette formule indique, en effet, que l’acétate de chrome devrait laisser, par la cal- cination , 41,8 de Se » La moyenne des six analyses d'acétate de EHomes prise pour le carbone et le sesquioxyde de ce métal, permet sans doute de déterminer son équiva- lent avec de grandes chances d'exactitude. Mais je crois qu'il est encore (741) préférable de s’en rapporter aux nombres fournis par l'analyse n° VIT, qui a été faite surun produit d’une pureté irréprochable, préparé avec les soins les plus minutieux et avec l'expérience acquise dans les préparations et dans les ana- lyses des produits qui l'ont précédée. » La proportion suivante donne l'équivalent du sesquioxyde de chrome : 300 : x + 150 :: 25,2 : 40,2. » Cet équivalent est 4798, et celui du chrome 38. » Comme les diverses analyses que j'ai faites oscillent entre 325 et 335, je suis loin de considérer l'équivalent du chrome connme fixé d’une manièreirré- prochable. Il est évident néanmoins que les nombres contenus entre ces deux limites peuvent satisfaire dès à présent à toutes les exigences des analyses. » La découverte du protoxyde de chrome établit, comme je l'ai dit, une nouvelle et étroite parenté entre le fer et ce métal. Il suffira, pour le prouver, de rapprocher les caractères de ces deux métaux, dont les équivalents sont représentés déjà par des nombres très -rapprochés. Le chrome donne, avec l'oxygène, cinq combinaisons : » 1°. Le protoxyde GrO, qui est probablement isomorphe avec le pro- toxyde de fer, et qui, de même que ce dernier corps, présente une telle aff- nité pour l'oxygène, qu'à l'état d'hydrate il décompose l’eau avec dégage- ment d'hydrogène ; » 2°. Le deutoxyde Gr*O*, qui correspond à l'oxyde de fer magnétique, et qui se produit dans les mêmes ci-constances que ce dernier corps : on sait que le fer chromé (FeO, Cr?0*) est isomorphe avec ce même oxyde de fer magnétique (FeO, Fe O°), et qu'il se rencontre dans les mêmes terrains ; » 3°. Le bioxyde CrO?, qu'on peut considérer comme un chromate de sesquioxyde (GrO, Cr* O®), et qu'on obtiendra sans doute, dans la série du fer, en traitant le ferrate de potasse par un sel de sesquioxyde de fer : l'oxyde FeO? correspondrait d’ailleurs au bisulfure de fer naturel FeS?; » 4°. Le sesquioxyde Cr? 0”, qui est isomorphe avec le sesquioxyde de fer Fe?O*; » 50. [acide chromique GrO", dont l'isomorphisme avec l'acide ferrique sera sans doute reconnu quand les propriétés de ce dernier corps nous seront mieux connues. » Îlest, par conséquent , très-probable que tous les composés du chrome correspondent à des combinaisons du fer avec lesquelles elles sont toutes iso- morphes. La seule différence qui existe entre ces deux métaux se révèle dans la stabilité plus grande du protoxyde de chrome et du chlorure qui y (742) correspond, stabilité qui soppose à ce que le chrome métallique soit facile- ment obtenu à l’état de pureté. » J’ajouterai qu'en préparant ce métal, non pas par l'oxyde et le charbon, qui donnent un carbure analogue à la fonte de fer, ni par l'ammoniaque et le chlorure violet, qui donnent un azoture de chrome sur la nature duquel je re- viendrai, mais en décomposant le sesquichlorure de chrome violet par le po- tassium, on obtient un métal soluble avec dégagement d'hydrogène dans l'acide sulfurique faible, et produisant une dissolution qui offre les caractères d’un sel de protoxyde de chrome. » Je mentionnerai enfin une dernière ressemblance entre ces deux mé- taux. On sait que les sels de protoxyde de fer absorbent une grande quan- tité de bioxyde d'azote, à l'exclusion des sels de tous les autres oxydes. J'ai étudié, il y a dix ans, les composés qui résultent de cette action. Cette propriété qui, jusqu'à présent, était un caractère tont à fait distinctif des sels de protoxyde de fer, se retrouve dans les sels de protoxyde de chrome, qui acquierent également une couleur brune aussitôt qu'ils sont mis en contact avec ce gaz, dont ils dissolvent une quantité considérable. » Ces rapprochements établissent, entre le fer et le chrome, et aussi le manganèse, une ressemblance aussi grande que celle qui existe entre le co- balt et le nickel. Ils ouvrent une nouvelle voie de recherches, qui permet- tront d'adopter, pour ces métaux, une classification naturelle, et qui jetteront de nouvelles lumières sur les combinaisons très-nombreuses et parallèles qu'ils peuvent produire. Je suivrai cette voie avec un zèle que l'Académie connaît, qu'elle a souvent encouragé, et j'espère qu'il me sera possible de lui présenter bientôt un travail complet sur un sujet dont je n'ai pu traiter que quelques parties dans ce premier Mémoire. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE, — Vote sur quelques réactions propres au bichlorure de mercure ; par M. E. Miro. (Renvoi à la Section de Chimie.) « Le bichlorure de mercure n'est pas précipité par le bichromate de po- tasse, quelle que soit la concentration des deux solutions salines. Mais si l'on fait un mélange des deux sels dans la proportion d’un équivalent de chacun, et que l’on dissolve à chaud, il se fait, par le refroidissement de la liqueur, une cristallisation très-abondante d'un beau composé rouge, dur et assez (743 ) friable; ce sel peut être repris par l’eau et cristalliser de nouveau sans dé- composition. » Les cristaux se groupent ordinairement en étoiles et présentent isolément la forme d’un prisme droit rhomboïdal, terminé par les pyramides de l’octaèdre rhomboïdal : la poudre de ce sel est d’un jaune vif; la chaleur le décompose en volatilisant du bichlorure de mercure, la séparation qui se fait ainsi pourrait permettre de fixer la composition du sel : il se produit cependant une tres-petite quantité d'oxyde de chrome. » Mais l'analyse se fait de la manière la plus nette, à l’aide de l’éther qui laisse le bichromate de potasse intact. La forme des cristaux est même con- servée, bien qu'il n'y reste pas trace de bichlorure ; on trouve ainsi que lesel perd constamment 47,5 pour 100 de son poids, ce qui conduit à la formule suivante 2 (Cr 0°) KO + Hg CI. » L'alcool absolu exerce une action analogue à celle de l'éther. » On essaye vainement de produire une combinaison semblable avec les autres chlorures métalliques; le chlorure de potassium fournit bien une li- queur d'un brun noir, mais il est impossible d'en séparer aucun produit qui semble défini. » Cette combinaison particulière du bichlorure rappelle la manière tout à fait exceptionnelle dont le même composé se comporte avec les acides : ainsi l'on sait que l'acide sulfurique concentré ou affaibli ne décompose pas le bi- chlorure de mercure; il en est de même de l'acide nitrique, ausein duquel se forme du sublimé par l'addition de l'acide chlorhydrique. L'acide iodique ne précipite pas davantage le bichlorure, bien que l'iodate de bioxyde de mer- cure soit tout à fait insoluble. En un mot, le bichlorure de mercure, malgré sa solubilité, résiste à l'effet général des acides énergiques, qui agissent tou- jours sur les éléments des chlorures dissous, en prenant la base et en élimi- nant l'acide chlorhydrique. » Mais si le bichlorure de mercure résiste aux sollicitations de l’affinité dans le sens où elles s'exercent ordinairement; il y cède, par un contraste bien remarquable, dans un sens où il est rare que l’affinité des chlorures se déve- loppe. Ainsi, dans le bichlorure de mercure, c’est le chlore qui tend directe- ment à quitter le métal, et les éléments de l’eau n'interviennent pas dans la réaction, au sein méme d'une solution aqueuse; aussi la même tendance se manifeste-t-elle si l’on se sert de l'alcool absolu comme dissolvant. Je pourrais rappeler ici les décompositions organiques dans lesquelles le bichlorure de C.R., 1844,2mM€ Semestre. (T, XIX, N° 46.) 100 (7175) mercure se trouve réduit; mais le caractère que j'indique ne s'y décèle pas encore assez. L'action de l’iode sur le bichlorure de mercure signale très-clai- rement cette disposition spéciale du chlore et du mercure combinés. L'iode déplace en réalité le chlore, et forme en même temps du chlorure d'iode et de l'iodure de mercure. »._ On pourrait croire que cette décomposition, inverse de celle qui s'exerce à l'égard de tous les autres métaux, est due à l'insolubilité du bichlorure de mercure, mais il n'en est rien. La décomposition ne s'effectue précisément qu'en raison de la solubilité du bichlorure de mercure daus le milieu qui sert de dissolvant ; ainsi elle est presque insensible lorsqu'on emploie une solu- tion aqueuse de sublimé, tandis qu'elle peut être complète avec une solution alcoolique. On recueille, par l'évaporation del'alcool contenant de l'iode et du bichlorure dissous, de beaux cristaux rouges de biiodnre. Ce phénomène a induit M. Lassaigne en erreur, et lui a fait décrire (Ænnales de Chimie et de Physique , 2° série, t. LXIIE, p. 106) un composé trés-étrange de bichlorure de mercure et d’iode qui n'existe pas. Il avait fondé son existence sur une réaction, très-intéressante d'ailleurs, du bichlorure de mercure sur l'iodure d’amidon; ce dernier est décoloré par le sublimé qui lui enlève l'iode pour former du biiodure de mercure et du chlorure d'iode, tous deux sans action apparente sur l’'amidon; mais on fait tres-bien reparaître la coloration bleue par une goutte d'iodure de potassium qui réagit sur le chlorure d'iode et met de l’iode en liberté. » Cette disposition particulière faisait pressentir que l'iodure de mercure ne serait pas attaqué par le chlorure d'iode, et c'est en effet ce que l'expé- rience confirme. L'iodure de mercure fait exception, sous ce rapport, à tous les iodures métalliques. » M. François Salmi, dans une Note sur la solubilité de l'iode dansles liqueurs salines ( journal l’/nstitut , > janvier 1844), avait constaté que l'iode disparait dans une solution aqueuse de bichlorure de mercure, mais la nature tout exceptionnelle de la réaction ne l'avait point préoccupé. » Je dois ajouter néanmoins que l’'affinité de l'iode pour le mercure ne l'emporte plus sur celle du chlore dès que l'on abandonne les dissolvants. Ainsi, dans une atmosphère de chlore, si ce dernier est en grand exces, le biiodure de mercure est entièrement converti en bichlorure. » ( 745 ) CHIMIE. — Vote sur une combinaison nouvelle de soufre, de chlore et d'oxygène; par M. E. Mircon. (Renvoi à la Section de Chimie.) « En cherchant à produire un degré de chloruration da soufre supérieur à celui qui a été obtenu, j'avais remarqué, depuis plusieurs années, la for- mation d’un produit cristallin que je supposais uniquement formé de soufre et de chlore. Mais en reproduisant plusieurs fois cette combinaison, je finis par découvrir qu'elle ne se formait qu'autant que le chlore était légèrement humide et en grand excès. Dès ce moment, j'y soupçonnai la présence de l'oxygène : à l'aide d'une méthode de préparation particulière, je parvins à obtenir ce produit en quantité très-notable; j'en repris alors l'analyse, et j'y constatai, outre une forte proportion d'oxygène, certaines propriétés qui intéressent au plus haut point la transformation isomérique des composés minéraux. » On obtient immédiatement le composé nouveau que je signale en fai- sant tomber quelques gouttes de chlorure de soufre dans un flacon séché imparfaitement et contenant du chlore humecté par son passage dans un flacon de lavage. Une trop grande qüantité d'humidité détruirait instanta- nément ce composé, ou bien en arrêterait la production. Mais, dans les cir- constances qui viennent d'être indiquées, le flacon ne tarde pas à se recouvrir de cristaux incolores, transparents, qui se fixent sur les parois. On ne sau- rait toutefois détacher la combinaison étalée ainsi en couches minces que l'air bumide détruit rapidement. Pour préparer la combinaison en quantité notable , de manière à la soumettre à des expériences suivies, on procède différemment. » On remplit un flacon de 4 ou 5 litres de chlore humide, puis on y in- troduit d'abord de 20 à 30 grammes de chlorure de soufre, déjà saturé de chlore, et ensuite 2 ou 3 grammes d’eau. On agite et l’on tient le flacon en- iouré d'un mélange réfrigérant de glace et de sel marin durant quatre ou cinq heures. Il se fait un grand dégagement d'acide chlorhydrique; on rem- plit de nouveau le flacon de chlore humide, et on le reporte dans le mélange réfrigérant : on renouvelle cette série d'opérations jusqu’à ce que le chlorure de soufre se prenne en une masse cristalline abondante que baigne un excès de chlorure de soufre. Cette formation des cristaux disposés tantôt en ai- guilles fines, tantôt en larges lames rhomboïdales, est ordinairement précé- dée de la production d'un liquide jaunâtre, plus lourd que le chlorure de soufre , dont il se sépare à la manière d’une huile. 100. ( 746 ) » Lorsque les cristaux sont ainsi obtenus, on éprouve une extrême diff- culté à les séparer du chlorure de soufre qui les souille. On n'y parvient qu'en faisant passer dans le flacon, durant dix à douze heures, un courant de chlore desséché sur l'acide sulfurique. En même temps que le chlore sec tra- verse le flacon, on volatilise les cristaux en les faisant passer, à l’aide de charbons incandescents, d’une paroi à l’autre. Malgré ce travail pénible, les cristaux retiennent toujours un ou deux centièmes de chlorure de soufre que l'analyse y constate en proportion d'autant plus grande que le courant de chlore a été moins prolongé. » Il est à peu près impossible d'analyser ces cristaux immédiatement après leur production : ils sont, en effet, détruits avec une violence extrême qui les projette de tous côtés dès qu'ils viennent à toucher l'eau, ou l'alcool! ou les acides affaiblis. Mais j'ai mis à profit, pour déterminer leur composition, une propriété fort intéressante qui est la suivante : lorsque les cristaux ont été débarrassés de chlorure de soufre autant que possible, on les fait tomber dans un tube de verre bien sec, fermé à l’une de ses extrémités, et dont on effile promptement à la lampe l'extrémité ouverte; on voit, au bout de deux ou trois mois, ces cristaux se ramollir, devenir pâteux, s’humecter, et au bout de sept ou huit mois, se convertir en un liquide extrênrement fluide et d'une légère coloration jaune presque imperceptible lorsque le courant de chlore a été longtemps prolongé. Il ne s'est fait aucune absorption , aucun dédoublement du composé, qu'il est impossible de faire repasser à l’état solide par l'application d'un froid de — 18 degrés. C'est donc une transformation isomérique qui se montre non-seulement par le changement des propriétés physiques, mais encore par le changement des propriétés chimiques. Ainsi , le liquide projeté dans l'eau ne fait plus entendre le bruit de fer rouge subi- tement éteint que produisaient les cristaux ; il se laisse tres-bien traiter par les acides affaiblis, par l'alcool et par l'eau, au fond de laquelle il se dépose paisiblement sous forme d'une huile qui, à la longue, se change compléte- ment en acides sulfarique et sulfureux, et en acide chlorhydrique. » Cette transformation est tout à fait d'accord avec son analyse, qui con- duit à le représenter comme une combinaison de soufre, de chlore et d’oxy- gene dans les proportions suivantes : S: 0", Cl. C'est un composé différent, comme on le voit, de la combinaison chloro- sulfurique découverte par M. Regnault, SO?, CI, et du liquide analysé par ( 747) M. Henri Rose, et représenté, dans sa composition, par S20;, CI. Quant à l'analyse de la combinaison que je décris, et que l’on peut désigner sous le nom de composé hypochlorosulfurique, on comprend qu'elle n'offre aucune difficulté, du moment où elle porte sur la modification liquide. Il suffit, en effet, d'en remplir une ampoule pesée, que l'on casse dans un flacon contenant de l'acide nitrique nitreux. On modère la vivacité de la réaction en refroidissant le flacon : on dose ensuite facilement le soufre à l'état de sulfate de baryte , et le chlore à l'état de chlorure d'argent. » Les analyses offrent entre elles une concordance parfaite. » CHIRURGIE. — Sur un nouveau procédé de rhinoplastie appliqué avec un succès complet; Mémoire de M. Sénior. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Velpeau , Roux.) L'auteur donne.dans les termes suivants les principales conclusions de son Mémoire : “ On ne saurait espérer aucun résultat avantageux des opérations de rhi- noplastie dans le cas où les os du nez, le cartilage de la cloison et les tégu- ments ont été détruits en totalité. » La persistance des os du nez et du cartilage de la cloison, donnant un point d'appui suffisant au lambeau frontal destiné à reconstituer Forgane , permet d'obtenir de remarquables succès. .» Les conditions opératoires les plus heureuses sont celles où les parties latérales de l'organe ont été partiellement détruites, dans une plus ou moins grande étendue. ©» La méthode indienne, dans laquelle on emprunte un lambeau à la joue, est la plus avantageuse quand l'aile du nez manque entièrement, et l'on parvient, par le procédé dont j'expose les détails dans mon Mémoire, à re- produire, et la saillie d’origine de l'aile du nez, et la dépression latérale que l'on y observe. La vitalité et la solidité du lambeau sont assurées, et la diffor- mité se trouve parfaitement corrigée. » Le lambeau emprunté à la joue doit présenter des dimensions supérieu- res à la perte de substance, dans la prévision d'accidents de mortification. On prévient cette complication en se bornant à une demi-torsion du pédicule du lambeau, dont un des côtés doit se continuer sans interruption avec l’avi- vement du bord de la perte de substance. Les cicatrices sont ainsi moins ap= parentes , et le pédicule tégumentaire moins saillant. (748) » L'application de la suture entortillée nous paraît indispensable, et de simples moyens agglutinatifs seraient tout à fait insuffisants. Si la réunion primitive échoue, la réunion immédiate secondaire devient une ressource précieuse et réussit beaucoup mieux qu'on ne le suppose généralement. » Il n’est jamais nécessaire de replier la peau sur elle-même pour éviter des adhérences vicieuses, lorsque les parties en contact sont recouvertes d'une membrane muqueuse. La surface saignante du lambeau s'organise en se cicatrisant, et finit par présenter les caractères des tissus normaux dont elle occupe la place. » L'atrophie du lambeau anaplastique est moins fréquente que l'hyÿpertro- phie, et il ne faut pas tailler de prime abord le lambeau tégumentaire trop volumineux. » Dans aucun cas, on ne saurait promettre aux malades de les guérir en- tièrement par une seule opération. Il faut se réserver une période de perfec- tionnements, et les résultats définitifs ne sont appréciables que dans un temps assez éloigné. » L'opération dont je présente l'observation date de plus d'une année, et des moules en plâtre permettent d'apprécier l’état de la difformité à laquelle il y avait lieu de remédier, et l'heureux résultat qui a été obtenu. » CHIRURGIE. — Observation d'un cas de fracture du crâne et de blessure du cerveau , avec perte de substance ; Mémoire de M. Rouezze. (Commissaires, MM. Flourens, Roux, Velpeau.) L'individu qui a été le sujet de cette observation avait été frappé dans une rixe, sur le sommet de la tête, avec le manche d'un pesant rateau. M. Rouelle, qui le vit quatre heures après l’accident , reconnut une fracture comminutive de la partie supérieure du crâne. Une portion de la substance cérébrale était sortie à travers une plaie située vers l'union du coronal avec le pariétal droit. M. Rouelle estime que la portion de pulpe qui se montrait ainsi à l'extérieur représentait un volume égal à celui d'une pomme d’api. J1 n'y avait point cependant , à ce moment, de trouble dans les fonctions in- tellectuelles, et le malade répondit pertinemment quand on l'interrogea sur la douleur qu'il ressentait. Tout le côté gauche, d’ailleurs, était privé de mouvement, mais la bouche n'était point déviée. Malgré l'étendue du dés- ordre et la gravité des accidents qui se sont montrés à diverses reprises, un traitement soigneux et bien dirigé a amené une guérison presque complète. Le malade, an bout de six mois, avait complétement recouvré l'usage de la ( 749 ) jambe gauche. Le bras du même côté était cependant encore paralysé. Ce qui m'a frappé le plus dans cette observation, dit l'auteur du Mémoire, c'est de voir que de grands désordres peuvent exister dans le cerveaus ans que la mort s'ensuive, sans qu'il y ait trouble des facultés intellectuelles et même sans qu'il y ait de fièvre, car ici la fièvre n’a existé que lorsqu'il y a eu amas purulent; c'est de voir enfin que la sensibilité du cerveau est pour ainsi dire nulle. » MÉDECINE. — Expériences comparatives ayant pour but «de constater les caractères cdifférentiels de développement, de marche et de durée éruptive du vaccin de 1844 et de celui de 1836; par M. Fiarr. (Commission du prix de Vaccine.) L'auteur, en terminant son Mémoire, présente dans les termes suivants les conclusions auxquelles l'ont conduit ses recherches. Ce n'est pas, comme on l’a pensé jusqu'à ce jour, dans le développement plus ou moins considérable des pustules vaccinales, au huitième ou au neu- vième jour, qu'il faut voir la preuve essentielle de la dégénérescence de la vaccine, mais bien, comme me l'ont fait reconnaître des observations plus longues et plus complètes, dans la marche, et surtout dans la durée de l'é- ruption, durée qui diminue progressivement. L’appauvrissement des développements pustuleux s'accroît aussi progres- sivement, comme on l'a vu pour le vaccin de Jenner en 1836. Cet effet n’est bien manifeste qu'apres un plus grand nombre d'années, et, je le répète, c'est surtout, comme pour la varioloïde, par l'abréviation de la durée régu- lière de l'éruption, que se dénote l’atténuation ou la décroissance de ia force du virus recueilli sur l'éraption naturelle et spontanée de la vache, porté et entretenu artificiellement sur l’homme. » Des figures coloriées que je joins à mon Mémoire montrent très-fidele- ment les différences sur lesquelles je veux appeler l'attention. » Le tableau n° 1, dessiné d'après nature, montre le caractère vaccinal des pustules Pole sur un enfant par belton du cow-pox que j'ai recueilli le 1° mai sur une vache. » Le tableau n° 2, dessiné d'après nature aussi, représente les effets com- paratifs de développement, de marche et de durée du nouveau vaccin de 1844 et de celui de 1836 sur le même enfant au bras droit et au bras gauche. Il montre que jusqu'au huitième jour (comme cela a lieu pour la varioloïde et la variole), la différence est nulle ; mais à dater du neuvième jour, la dessicca- (750 ) tion des pustules de l’ancien vaccin commence; elle est complète du treizième au quatorzième jour. Le nouveau , au contraire, poursuit sa marche et son dé- veloppement pluslentement, et la dessiccation n'estcomplète que du seizième au dix-septième jour. C'est donc , entre ces deux vaccins, une différence de trois ou quatre jours. » Le vaccin de Jenner, après un séjour de trente-neuf ans sur l’homme , comparé en 1836 à celui de 1836, était tombé au point que sa dessiccation avait lieu le douzième jour, tandis que celui de 1836, comme celui de 1844, narrivait à la dessiccation complète que le dix-septième jour. Il y avait done une différence de cinq jours. » Celui de 1836, aujourd'hui, après huit ans de séjour sur l'homme, com- paré à celui de 1844, dont la dessiccation n'est complète que le dix-septième jour, arrive à cette dessiccation du treizième au quatorzième jour ; c’est donc trois ou quatre jours qu'il a perdu sous le rapport de la durée éruptive. »_Or, d'apres ce qui précède, il est évident que le vaccin de 1836, en huit aps, a subi aujourd'hui une atténuation. » Donc il faut le remplacer par le nouveau, puis se mettre en mesure pour opérer le renouvellement tous les cinq ou six ans. » ÉCONOMIE RURALE. — Résumé des travaux sur le maïs, et sur le sucre que l'on peut obtenir de cette céréale; suivi d'un exposé de nouvelles expériences Jaites en 1844; par M. E. Parxas. (Adressé pour le concours au prix Montyon.) « Il résulte, dit l'auteur en terminant son Mémoire, tant de mes précé- dentes recherches que de celles que je soumets aujourd'hui pour la pre- mière fois au jugement.de l'Académie: » 1°. Que le maïs contient incontestablement deux espèces de sucre, lun cristallisable, identique à celui de la canne à sucre, l'autre incristalli- sable, liquide, analogue au sucre de raisin; [ » 2°. Que l'enlèvement du fruit ou des fleurs femelles augmente dans la tige du mais la quantité de sucre cristallisable, de manière à convertir, par cette espèce de castration , la tige de la plante en véritable canne à sucre; » 3°, Que la castration peut être remplacée avec avantage par la section des feuilles faite en temps opportun; que cette opération, pratiquée avant la floraison, ainsi que la section du limbe, en laissant subsister la nervure prin- cipale de la feuille, peuvent compromettre l'existence de la plante; qu’en détruisant, au contraire, la nervure principale et laissant pendante la partie ns: (751) parenchymateuse du limbe, les plantes ne donnent pas de fruits, mais con- tinuent à croître, et la tige reste sensiblement sucrée; » 4°. Qu'il est indispensable, pour que l'ablation des feuilles produise un effet analogue à la castration, que l'opération soit faite au moment précis où les fleurs femelles présentent leurs pistils ; faite plus tôt, la section des feuilles donne une tige qui ne produit ni fruit ni sucre; trop tard, les épis diminue- raient dans la tige la quantité de matière sucrée : là où il y a enfin absence complète de fructification, la plante est inhabile à produire du sucre; » 5°. Que l’on peut aussi, dans une grande exploitation, obtenir tout à la fois du inaiïs le grain et le sucre; mais que le procédé réellement ma- nufacturable est celui qui consiste à extraire de l'épi, quinze à vingt jours après la fécondation, le jus dont il est pénétré, et à le convertir en alcool; que la tige alors, qui est restée plusieurs jours sur pied ainsi privée de son fruit, peut fournir une quantité de sucre cristallisable aussi considérable que les plantes qui ont été prématurément châtrées ou celles qui ont été rendues infécondes par la section des feuilles. » M. Ducros soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Emploi de la douleur et des sensations en thérapeutique, Mémoire qu'il résume dans les termes suivants : « 1°. La douleur occasionnée par les cautéres, par les vésicatoires, est utile dans les maladies névralgiques et rhumatismales; mais l'usage intem- pestif de ces moyens thérapeutiques dolorifères augmente souvent l'irritabi- lité générale et contribue à exaspérer l'affection névralgique. » 2°, L'emploi de la douleur par compression et par pincement sur deux points opposés, le long du trajet des nerfs qui se terminent en plexus ou en disposition plexiforme , est une médication des plus sûres et des plus inno- centes, qui peut remplacer d’autres médications endolorissantes jusqu'ici plus généralement employées. » 3°, Dans la migraine, dans le tic douloureux, dans la gastralgie, dans les douleurs du plexus aortique, dans celles du plexus du cœur, et dans la sternalgie, la compression exercée à l'avant-bras, le long du trajet du ert radial, enlève les douleurs, lorsque la compression est exercée pendant un quart d'heure, de manière à amener une rougeur érythémoïde. » 4°. La compression des nerfs faciaux à la région parotidienne enlève les douleurs névralgiques de migraine et les douleurs névralgiques rhumatis- males de tête. » 5°. L'hépatalgie peut être enlevée en exerçant une compression sur C.R., 1844,2m€ Semestre. (T. XIX , N° 46.) 101 (752 ) l'hypocondre droit endolori, et en pinçant la face antérieure de la cuisse pen- dant dix minutes; »_ 6°. Toutes les douleurs névralgiqnes, rhumatismales, non inflammatoires des diverses parties du corps , peuvent être atténuées et guéries par des pin- cements et des compressions en sens inverse. » 7°. La compression endolorissante du nerf facial à la région paroti- dienne retentit sur la portion molle de la septième paire, contribue à dé- gourdir le nerf auditif dans les surdités anesthétiques, et peut même enlever quelquefois instantanément les bourdonnements d'oreilles récents; en sorte que cette compression sert de diagnostic et de moyen de guérison. » La compression endolorissante sur la trompe d'Eustache, au moyen de l'index porté sur l’arrière-bouche, amène aussi une douleur dans l'oreille , et détermine à l'instant chez le sourd, dans la surdité torpide, une amélioration notable. » 8°. L'application de lammoniaque ou du nitrate acide hydrargyrique sur les trompes d'Eustache, au moyen d'un pinceau, produit un fourmillement très-prononcé dans les oreilles : dans la surdité anesthétique, le sourd entend mieux immédiatement apres l'apparition de cette sensation. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) MM. Carreaux et Cuarrrou soumettent au jugement de l'Académie plu- sieurs pièces d'anatomie artificielle. « Ces pièces , disent les auteurs, sont moulées sur nature au moyen d'un procédé particulier qui n'a pas, comme le moulage au plâtre, l'inconvénient d'affaisser les tissus privés dé résistance vitale. Le moule une fois formé, les épreuves sur cuir sont obtenues en nombre suffisant par l’ingénieux procédé du repoussage. Il nous eût été facile d'obtenir du même moule des épreuves en carton, mais cette substance ést facilement altérable par l'humidité, et d’ail- leurs elle est sujette à des retraits qui altèrent la pureté des formes primiti- ves. Le cuir, au contraire, se prête parfaitement bien au repoussage, il prend et conserve exactement la configuration qu'on lui imprime ; il est à la fois lé- ser, solide et très-durable, et il est apte à recevoir, après un encollage préa- lable, la couleur à l'huile et le vernis. Après avoir reçu ces dernières prépa- rations, nos pièces, comme on peut le reconnaître par l'inspection de celles que nous mettons aujourd'hui sous les yeux de l'Académie, reproduisent exac- tement les préparations anatomiques telles que le scalpel les a données. Nous croyons donc qu’elles pourront trouver utilement leur place dans les centres d'instruction, surtout dans ceux des contrées où les conditions de tempéra- 4 ÿ { & (#793 ) ture apportent un obstacle insurmontable aux études anatomiques. Nous croyons aussi qu'elles seront d’un grand sécours pour les praticiens éloignés des amphithéâtres. » Ces pièces sont renvoyées , d’après le désir exprimé par les auteurs, à l'exa- men de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon. M. Jacquezaix adresse un manuscrit ayant pour titre : « Réclamation au sujet de la communication faite par M. Peligot Le 30 septembre 1844, et Mémoire à l'appui de cette réclamation. » Le Mémoire annoncé dans le titre est relatif à la préparation du sesqui- oxyde de fer pur par deux procédés différents : du protochlorure et du per- chlorure de fer purs, du protochlorure de cuivre, du protochlorure de nickel pur, du protochlorure de palladium, et enfin à la préparation du plomb pur; le travail est terminé par des observations sur la réduction de quelques chlo- rures métalliques par l'hydrogène. « Depuis plusieurs années, dit M. Jacque- lain, je me livre à des recherches sur la préparation des corps purs simples ou composés, dans le but de reprendre la détermination de quelques équi- valents. La communication faite par M. Peligot dans l’avant-dernière séance me met dans la nécessité de présenter avant le temps les principaux résultats de mon travail. » (Renvoi à la Commission chargée de l'examen du travail de M. Peligot. M. Maxon fils adresse de Lausanne un supplément à son Mémoire sur us - CT A) x 2] - " : appareil destiné à préserver de l'asphyxie par submersion. . (Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée. ) CORRESPONDANCE. (Pièces dont il n’a pas été donné communication à la séance du T octobre.) MINÉRALOGIE. — Mémoire sur les feldspaths; par M. A. Fuvière. ñ (Extrait par l’auteur.) « On comprenait autrefois sous le nom de feldspath un certain nombre de minéraux qui, par l’ensemble de leurs caractères, et en raison de l’enfance de la science, étaient regardés comme ne faisant qu'une seule espèce miné- 101... (754) rale. Aujourd'hui, la plupart des minéralogistes regardent, au contraire, l'ancienne espèce feldspath comme formant un groupe d'espèces minérales distinctes : aussi les minéralogistes de notre époque sont-ils tombés dans l’ex- ces contraire à celui qu'on pouvait reprocher à leurs prédécesseurs. » Dans cette position, j'ai cru devoir employer une méthode différente de celle des autres minéralogistes, moins exceptionnelle et plus conforme aux lois de la nature, il me semble, pour reconnaître parmi les feldspaths les es- pèces qui pouvaient être regardées comme réellement déterminées, et celles à l'égard desquelles on ne possédait pas assez d'éléments, quelles que soient, du reste, les formules qui devraient les représenter. Ainsi, après avoir dis- cuté les formes cristallines, les clivages, etc., des feldspaths, j'ai réuni toutes les analyses qui pouvaient mériter un certain degré de confiance; j'ai groupé ensuite ces analyses, d’après les analogies de composition, de forme cristal- line, de texture, de gisement, et diverses autres considérations, afin de prendre des moyennes; et j'ai obtenu les résultats que j'exposerai bientôt. » La discussion approfondie dont je viens de parler m'a démontré que l'on pouvait avec certitude admettre les espèces orthose, albite, oligoclase, ryacolite et labradorite, autant que le mot espèce a de valeur en minéra- logie. » D'après différentes considérations, j'ai cru devoir diviser les feldspaths en deux catégories : la première comprend les feldspaths essentiels; la seconde, les feldspaths accidentels. » Les feldspaths essentiels, c'est-à-dire ceux qui jouent un rôle important dans la composition de l'écorce du globe, se réduisent à six : l'orthose, l'al- bite, l'oligoclase, la ryacolite, l'andésine, et peut-être même à cinq, l'andé- sine étant encore très-douteuse. Or, si l'on récapitule les formules respec- tives des feldspaths essentiels, en exceptant celle de l’andésine qui n'est pas définitive, on a Pour l’orthose. ..... 3A1S + (X, Na, Ca, Ma) Si; Pour l’albite ....... 3A1Si° + (Na, K, Ca, Ma) Si'; Pour l’oligoclase.... 3478Si° + (Na, Ca, X, Ma) Si’; Pour la ryacolite.... 34/8i + (X, Na, Ca, Ma)Si*; Pour la labradorite.. 34/8Si + (Ca, Na, X, Ma) Si. # ° 1? , . . . en L » D'un autre côté, si l'on récapitule les rapports qui ont fourni les formules précédentes, on a la série suivante : (y55:) Pour l’orthose. ..... 1, 3,123 Pour l’albite........ NES LE Pour l’oligoclase.... 1, 3, 9; Pour la ryacolite.... 1, 3, 9; Pour la labradorite.. 1, 3, » En jetant les yeux sur les formules précédentes, on voit qu'elles ont entre elles une relation simple, et de plus en plus simple depuis l’orthose jusqu’à la labradorite. La même observation s'applique à la série des rap- ports. Eh bien, cette série décroissante est conforme à la loi que dévoile la géologie relativement à la cessation de la formation des feldspaths essentiels ; car l'orthose, par exemple, qui a été produite la première, ne remonte pas très-haut dans l’échelle des terrains ; tandis que la labradorite se trouve en- core comme partie constituante dans les laves de notre époque. Ainsi les formules et les rapports sont d’autant plus simples que les feldspaths sont plus modernes. » Le tablean suivant, qui indique la richesse en silice et oxypène des feldspaths essentiels, ne conduit pas rigoureusement à la même loi, con- trairement à ce qu'avaient annoncé divers minéralogistes, notamment M. H. Abick. Espèces. Silice. Oxygène. Orthose. . ... 63,96 45,23 Albite...... 68,73 47,71 Oligoclase... 62,74 47,16 Ryacolite ... 64,69 46,35 Labradorite.. 53,36 45 À 82 » Mais, si la loi qui exprime l'ancienneté relative ou la cessation de la production des feldspaths essentiels n’est pas rigoureusement en rapport avec les teneurs respectives en silice et en oxygène de ces espèces, lorsqu'on les envisage seules, c’est-à-dire indépendamment de leurs associations en grand avec les autres minéraux, elle existe réellement quand on interprète d'une manière convenable le fait naturel. On découvre, en effet, la loi ou la relation qui existe entre l’ordre d'ancienneté et les teneurs en silice et en oxy- gène, si l’on considère, non l'élément feldspathique de chaque roche feldspa- _thique, mais bien l’ensemble des minéraux essentiels de chaque roche feldspa- thique; ensemble qui formait primitivement un bain à l’état igné, avant le départ des éléments chimiques, dont le résultat a été, par suite du refroidis- sement et de la cristallisation plus ou moins confuse de la masse, la produc- (°756-) tion des divers minéraux essentiels qui constituent la roche feldspathique. C’est donc la somme des teneurs en silice et en oxygène de chaque minéral qui entre essentiellement dans la composition de la roche feldspathique, et non les teneurs de l'élément feldspathique seulement, qu'il faut prendre pour trouver la loi énoncée. En suivant cette méthode, qui est la seule naturelle, on voit alors que les roches feldspathiques sont d'autant plus anciennes qu'elles sont plus riches en silice et en oxygène. » En admettant que les roches feldspathiques les plus anciennes sont les plus riches en silice et en oxygène, qu'en outre les proportions de ces sub- stances diminuent graduellement à mesure que lon considère des roches feldspathiques de plus en plus modernes, l’alumine, y compris ses isomorphes, suit généralement une proportion inverse dans les mêmes roches. » Si l'on examine dans les feldspaths les teneurs en potasse, en soude et en chaux, on trouve que l'orthose ou le plus ancien feldspath est à base de po- tasse, que l'albite est à base de soude, que l'oligoclase est à base de soude et de chaux, que la ryacolite est à base de potasse et de soude, qu'enfin la labra- dorite et l'andésine sont à base de chaux et de soude; c'est-à-dire que d’une manière générale, la potasse est la plus ancienne des trois bases, tandis que la chaux est la plus moderne. » Les densités des feldspaths sont : Pour l'orthose.. .... 582: 09166 Pounlalbite VON. 2e 2,61 Pour l’oligoclase. ....... 2,66 Pour la ryacolite. ....... 2,67 Pour la labradorite...... 2,71 » Or, ce tableau montre approximativement que les densités des felspaths sont d'autant plus grandes que ces minéraux sont plus modernes. Mais, pour rétablir dans son entier cette relation qui existe entre la densité et l'ordre d'ancienneté, il faut encore embrasser l'ensemble des minéraux qui compo- sent essentiellement chaque roche feldspathique. » La série des teneurs en silice et en oxygène des feldspaths essentiels! celles de leurs densités et de leurs fusibilités, ainsi que leurs associations avec les autres minéraux et leurs gisements habituels, montrent qu'il existe une sorte de parenté entre chaque feldspath essentiel, et les différents autres minéraux qui lui sont associés pour former les roches. » L'espèce d'affinité ou de parenté qui existe entre certains minéraux est d'un grand secours en géologie; car étant connues une ou plusieurs espèces ( 757 ) minérales qui constituent une roche, on peut en quelque sorte déterminer d'avance les autres, si leurs caractères sont masqués, et, par suite, arriver à la détermination de la roche et même de son âge. » PHYSIQUE. — Recherches concernant la chaleur qui devient latente dans le passage de l’état solide à l’état liquide ; Lettre de M. Person. « J'ai annoncé l'année dernière (Comptes rendus, tome XVII, page 495) que les substances simples on composées, ayant le même point d'ébullition , avaient aussi la même chaleur de vaporisation, et que, pour les autres, les chaleurs de vaporisation étaient exactement dans l'ordre des températures d’ébullition. Cette année, j'ai cherché s'il y aurait aussi quelque loi simple re- lativement à la chaleur qui devient latente dans le passage de l’état solide à l'état liquide. J'ai examiné d'abord le cas des mélanges réfrigérants. Pour ceux qui sont formés de glace et d'un sel quelconque, bien qu'ici la glace se fonde au-dessous de zéro, et par une action chimique donnant réellement lieu à un composé nouveau, la chaleur latente est précisément celle de la glace isolée et du sel se dissolvant dans l’eau qui en résulte. Il suit de là qu'a- vec ces mélanges on peut reformer plus de glace qu'on n’en emploie; j'ai vu, par exemple, que 70 grammes de glace et 20 grammes de sel ammoniac donnaient environ 90 grammes de glace quand le vase où se faisait le mé- lange était plongé dans de l’eau à zéro. Ces expériences viennent à l'appui de ce principe qu'on travaille maintenant à établir, qu'en partant du même point pour arriver au même résultat, la chaleur dépensée des produits est toujours la même, quelle que soit la marche que l’on suive. » J'ai été ainsi conduit à mesurer la chaleur qui devient latente pendant la dissolution des sels dans l’eau. J'ai reconnu que cette chaleur variait consi- dérablement, suivant les proportions de sel et d'eau. Il faut 22 calories pour dissoudre 1 gramme de sel marin dans 5o grammes d’eau ; 10 calories suffisent pour le dissoudre dans 4 grammes. Il en faut moins encore si l'eau est salée : par exemple, il ne faut que 3 calories si l'eau contient { de sel. » Un fait curieux qui résulte de là, c'est qu'il se produit du froid quand on étend d'eau certaines dissolutions salines ; on voit même, par les nombres cités plus haut, qu'il faut moins de chaleur pour dissoudre 1 gramme de sel marin solide que pour étendre d'eau sa dissolution. J'ai appris, par un des derniers numéros du journal l’/nstitut, que M. Graham, à Londres, avait aussi étudié le froid produit par la dilution des dissolutions salines. Mais M. Graham n'a pas mesuré les chaleurs latentes; il est même impossible de - (758 ) les déduire de ses expériences, puisqu'il n'a pas déterminé les chaleurs spé- cifiques des dissolutions. » Il est à remarquer que, malgré l'absorption de chaleur, il y a diminution de volume; j'ai constaté que la densité de la nouvelle dissolution surpassait la densité moyenne. » Les dissolutions de chlorure de calcium produisent toujours de la cha- leur quand on les étend d'eau; c'est donc tout le contraire de ce que nous venons de voir pour le chlorure de sodium. Le chlorure de calcium cristallisé produit toujours du froid; mais ce sel, avec lequel on fait des mélanges capa- bles de congeler le mercure, ne rend cependant pas latente une trés-rande ‘quantité de chaleur; ainsi, dans les proportions citées plus haut, qui, avec le sel ammouiac, fournissent 20 grammes de glace, il n’en donne que 5 { tout au plus. » J'ajouterai maintenant un mot pour la chaleur de fusion. Comme on voit une action chimique dans la dissolution d’un sel, et qu’en général, une action chimique produit de la chaleur, on serait tenté de croire que la cha- leur latente de dissolution doit étre moindre que celle de fusion. C'est ce qui a lieu en effet pour le chlorure de calcium, pour l’azotate de soude; mais c'est le contraire pour l’azotate de potasse, pour le chlorate de potasse. » J'ai trouvé qu'en prenant pour unité la chaleur nécessaire à la fusion de 1 atome de glace, on avait à peu près 6 pour le chlorure de calcium, 8 pour les azotates de soude et de potasse, 9 pour le chlorate de potasse : c'est l’ordre de fusion, mais la liste est encore trop courte pour rien conclure. » Dans ces recherches, ayant eu besoin de mesurer des températures su- périeures à celle de l'ébullition du mercure, j'ai prolongé le thermomètre d'environ 100 degrés; une pression de 4 atmosphères est suffisante pour maintenir le mercure sans ébullition dans un thermomètre jusqu'à 450 de- grés. Cette pression ne produit pas de dilatation qu'on doive ici considérer ; elle n’a pas même empéché le zéro de mon thermometre de remonter peu à peu de 2 degrés. Avec un autre dont la boule était, il est vrai, plus mince, ayant voulu aller jusqu'a 500 degrés, il s'est fait une dilatation notable et permanente ; la pression alors était d'environ 30 atmosphères. » M. E. Roserr adresse des Observations sur quelques genres d'altération qui surviennent, à la longue, dans la structure des pierres et ciments exposés à l'air. Le but que se propose l’auteur est, d'une part, de prouver que dans la plupart de ces altérations les causes auxquelles on a coutume de les rapporter (759 ) n'agissent que d'une manière secondaire, et, de l'autre, de déduire, dela con- naissance des causes principales, les moyens de conservation. Le premier mode d'altération qu'indique M. Robert est celui qu'on peut désigner sous le nom de désagrégation vermiculaire, parce qu'il rappelle en effet ce genre d'ornement que les architectes nomment #ravail vermicu- laire. « Cette désagrégation que présentent, dans les monuments de Paris, le calcaire grossier, et dans ceux d’une partie de la Normandie, la craie tufau, est, dit M. Robert, trop symétrique pour qu'on n'y voie pas le résultat d'un nouvel arrangement de molécules de calcaire de sable entre elles ; nous rapprochons de cette modification une autre non moins singulière , qu’on peut remarquer dans le ciment à la chaux et au sable des murailles , également exposées aux intempéries de l'air. » Depuis que M. AI. Brongniart a fait connaître la tendance de la silice hy- dratée à se convertir en orbicules, en anneaux siliceux, ou à devenir des solides à contours courbes, j'ai observé, poursuit M. Robert, dans le ci- ment calcaréo-sablonneux des murailles, une transformation qui me paraît devoir se rapporter à la même cause. Dans ces murailles, dans les plus an- ciennes principalement, on voit le ciment qui lie les pierres meulières entre elles, prendre une structure amygdalaire, et si l'on vient à briser les amandes qui s’en détachent , on les tronve composées de couches concen- triques que le moindre choc suffit pour isoler les unes des antres ; il n’est pas même nécessaire de recourir à ce moyen : par suite du gonflement qu'éprouvent ces amandes dans le nouvel arrangement moléculaire qui S'y passe, elles se divisent d’elles-mêmes, ou se désemboitent; le relief que forment les amandes en partie délitées, permet alors de voir facilement à la surface des murailles et dans les intervalles que laissent les pierres entre elles, la disposition en orbicules que je viens de signaler. » Lorsque les pierres de taille ne sont pas de nature à se désagréger faci- lement à l'air, et si ces pierres renferment de nombreux moules de coquilles univalves, on voit dans les monuments d’une époque plus ou moinsrécente (1), tous les vides qui résultent de la disparition des moules tombés pendant la taille de la pierre, occupés par une petite espèce d'araignée dont les toiles ar- rondies présentent de loin comme une foule de taches que l’on prendrait vo- lontiers pour des éclaboussures. Pendant longtemps ces petites toiles n’offrent (1) On peut en voir des exemples frappants sur le grand hôtel de la Cour des Comptes du quai d'Orsay, sur le nouveau corps de logis de la Chambre des Pairs , etc. CR, 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, No 16.) 102 ( 760 ) aucun inconvénient, mais à la longue elles simpregnent de poussière ; l'hu- inidité survient ; l'araignée, ne voyant plus fonctionner le rets qu'elle a ainsi disposé pour arrêter au passage les moucherons, déloge, et alors des cryp- togames (Lichen geographicus, saæatilis, etc.) ne tardent pas à s'emparer de leur demeure, et, en s'étendant , finissent par dégrader les pierres... » M. Onorrio Asare prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées ses communications sur les fonc- tions de la rétine et le diagnostic de certaines affections de l'organe de la vue. Pièces de la séance du 14 octobre. « M. Isinore Georrroy-Sainr-Hirarre présente, de la part de M. Paver, le premier volume d'un Cours d'Histoire naturelle fait en 17972, par Michel Adanson. Ce célèbre académicien , mort en 1806, dans un âge fort avancé , a laissé plusieurs ouvrages manuscrits, et particulièrement le second volume de son Voyage au Sénégal, une seconde édition de ses Familles natu- relles des plantes, un Cours complet d'Histoire naturelle, et un Cours de Botanique rurale. M. Adanson, neveu de notre ancien confrère, et au- Jourd'hui possesseur de ces précieux manuscrits, a eu la pieuse pensée et a pris la résolution de les publier, et M. Payer a accepté le soin de diriger cette importante publication. Le premier volume du Cours d'Histoire natu- relle renferme un Discours préliminaire qui donne une idée du plan et des vues d'Adanson, et les Leçons sur l'Homme, les Mammifères et les Oiscaux. Le second volume ne tardera pas à paraître, et sera précédé d’une Notice étendue et en grande partie nouvelle de M. Payer, sur la vie et les travaux d'Adanson. » M. Frourens présente, au nom de l'auteur, M. Pancuarre, des Recherches sur la structure et les mouvements du cœur (voir au Bulletin bibliographique), et donne, dans les termes suivants, une idée du plan et de l'exécution de cet ouvrage : « La structure du cœur à été étudiée par M. Parchappe chez l'homme, Le lapin, le dindon, l’anguille et la grenouille. Les mouvements de cet organe ont été observés sur la grenouille et le lapin. » L'un des principaux résultats des recherches de l'auteur se rapporte à la structure et au mécanisme des appareils valvulaires placés aux ouvertures auriculo-ventriculaires. (761) » Les colonnes musculaires qui font partie de ces appareils, et dont la disposition peut être ramenée à un type constant dans chaque espèce ani- male, prennent, surtout chez l'homme, une part importante à l’occlusion des anneaux valvulaires et des orifices auriculo-ventriculaires. Le rappro- chement de ces colonnes par suite de la contraction musculaire, rapproche- ment qui va jusqu à produire une sorte d'engrènement, ferme activement les orifices auriculo-ventriculaires. L’écartement des colonnes, résultat du relà- chement musculaire et de la pression du sang, ouvre passivenient ces orifices. » Le rôle actif des appareils valvulaires, prédominant chez l'homme, se restreint graduellement à mesure qu'on l'examine en descendant l'échelle des animaux vertébrés, pour disparaitre complétement dans les classes in- férieures. C'est ce qu'établit l'étude de la conformation de ces appareils, chez l'homme, le singe, le chien, le chat, le lièvre, le lapin, le cheval, le cochon, le mouton, le veau, le dindon , la grenouille et l’anguille. » Les recherches anatomiques de M. Parchappe sur le cœur de l'homme ont eu, en outre, pour but la détermination et la description plus exactes des divers ordres d’anses musculaires dont l'ensemble constitue le cœur. » CHIMIE. — De l'action que l'iode exerce sur quelques sels , et des produits qui en résultent ; par M. Firnor. « Il y a déjà plusieurs années que M. Berthemot produisit pour la pre- mière fois un composé d’iode et de plomb, d’une belle couleur bleue ; ce composé fut mentionné un peu plus tard par M. Denot; enfin, il a été étudié - dans ces derniers temps par M. Durand. » Pour établir sa composition chimique , j'étudie d'abord celle des solu- tions qui servent à le produire : cette premiére partie de mon travail ren- ferme l'étude de l’action que l'iode exerce sur les carbonates. Le résultat de mes expériences prouve que l'iode agissant à froid sur les carbonates alcalins forme du bicarbonate, de la base, de l'iodure et de l'iodate. » En étudiant l’action qu'une solution de biiodure de potassium exerce sur une solution d'acétate de plomb, j'ai réussi à produire un précipité d'un rouge violacé , très-instable ; ce composé, chauffé à 110 degrés, perd 26,66 pour 100, ou sensiblement 1 équivalent d'iode, et laisse un résidu formé de FPb + PhO. Si l'on a eu soin de ne pas dépasser 110 degrés, ce résidu est d'un beau vert ; mais si la température est élevée jusqu'à 130 ou 140 degrés, il perd sa couleur verte et devient d’un jaune pâle, sans perdre la plus légère trace d'ivde. 102. ( 762 ) » La composition de cette poudre rouge est telle, qu'on peut la considérer comme formée de biiodure de plomb combiné à de l’oxyde de plomb (21 +Pb)+ PbO, ou bien comme formée de Pb + I? PRO. » Traitée par de l'acide acétique en excès, cette poudre est décomposée; de l'iode est mis à nu, de l’oxyde de plomb se combine à l'acide acétique, et il reste pour résidu un nouveloxydo-iodure de plomb, formé de 2 Pb PbO. » Je prouve enfin, dans la dernière partie de mon travail, que cette poudre rouge constitue l'un des éléments du composé bleu dont j'ai déjà parlé, et qu'il suffit, pour produire ce dernier, de mettre la poudre ronge encore humide en contact avec du carbonate de plomb à l'état naissant ; ou mieux encore, de se servir d’une solution qui les produise tous les deux en même temps : la poudre bleue constitue un composé d'un nouveau genre , et je propose de lui donner le nom d'iodo-carbonate de plomb. » On l'obtient très-belle en se servant, pour précipiter une dissolution d'acétate de plomb, d'une dissolution formée d'une proportion de biiodure de potassium , et de quatre de carbonate de potasse. J » Enfin, je donne le moyen de transformer l'iodure de plomb jaune ordi- uaire en ue poudre d’un beau bleu. » L'analyse d'un bel échantillon de ce composé bleu m'a conduit à lui assigner la formule LPb+ I PbO +4 (C2OPbO). » CHIMIE. — ftecherches sur les produits résultant de l’action de l’ioile et de chlore sur l’ammoniaque; par M. A. Biveau. (Extrait par l’auteur.) Composé ordinairement désigné sous le nom d''iodure d’azote. «, Les difficultés que présente le maniement de l'iodure d'azote ont em- pêché jusqu'à présent d'en déterminer, au moyen de l'analyse, la véritable nature. À défaut de données expérimentales positives, des conjectures ont servi de bases à deux conceptions fort différentes, présentées successivement, à l'égard de sa composition. D'après la plus ancienne, émanant de M. Colin, l'azote et l'iode seraient les seuls éléments de la substance, et s'y trouveraient réunis dansle rapport de 1 volume du premier à 3 volumes de vapeur du second. Cette opinion a été récemment combattue par MM. Millon et Marchand. Voyant apparaître l'hydrogène à l'état d'iodhydrate d'ammoniaque parmi les produits de la détonation du prétendu iodure d'azote, ils en conclurent qu'il était nécessairement hydrogéné, et ils le regardèrent comme un iodure amide, dont la composition élémentaire serait représentée, en volumes aéri- ( 763 ) formes, par 1 diode, 1 d'azote et 2 d'hydrogène. On va voir que les épreuves analytiques ne sont venues justifier ni l'une ni l'autre de ces deux manières de voir. La substance à analyser ne se prêtant pas à une pesée directe, j'en ai pris, pour chaque opération, une quantité indéterminée, et j'ai cherché à évaluer les quantités relatives de ses divers éléments. » Une remarque de Sérullas aurait pu, étant approfondie, mettre sur la voie de la vérité; en effet, ce chimiste signala la production constante d’a- cide iodhydrique libre après la décomposition de l’iodure d'azote par l'acide sulfhydrique. N'ayant point apprécié la quantité de cet acide iodhydrique libre, il en attribua l’origine à une petite quantité d'iode resté à l’état de simple mélange avec l'iodure. Ceci s’accorderait parfaitement avec la pensée d'un iodure d’amide. Mais la proportion d’iode transformé dans cette circon- stance en hydracide libre est loin d’être insignifiante ; elle n'est pas moindre que la portion de cet élément qui passe à l’état d'iodhydrate neutre, même quand la matière soumise à l'expérience, ayant été préparée avec un grand excès d'ammoniaque, ne saurait être accompagnée diode non combiné. J'en ai trouvé la preuve dans les expériences que j'ai décrites. » On voit d’ailleurs qu'il faut rejeter la composition proposée dans ces derniers temps, aussi bien que la première admise, et y substituer la sui- vante : Azote. . . . . 1 volume de vapeur, oubien untripleéquivalent 175(*) ou 5,23 Tode.. . . . . 2-volumes. . .. . . . . . . . . . . 2 équivalents 3160 94,40 " Hydrogène.. . 1 volume. . , . . . . . . . . . . . 1 équivalent 12,5 0,37 3347,5 100,00 » La formule atomique Az? H ou Az? I‘ H?, qui représente cette compo- sition, se prête aux trois formes systématiques suivantes : H: 0 2 AzH + I; Az’H+Az°l: ou Az'H°+ 92A71°; Az’ + (*) La science se trouve enrichie maintenant d’un principe généralement adopté, auquel doïvent se rattacher, ce me semble, les vues que j'ai émises au sujet de l’équivalent de l'azote (Annales de Chimic et de Physique, 2° série, t. XLVII, p: 241). On admet, en effet, pour certains corps composés ce qu’on pouvait appeler des équivalents condensés, tels que, par exemple, la quantité C* H'°O'! d’acide citrique, qui est regardée comme saturant 3 équivalents de base, et qui, par conséquent, représente un triple équivalent d’acide. Pourquoi refuserait- on d'appliquer à l’azote des considérations analogues ? ( 764 ) » La première est le symbole de la théorie qui considérerait le produit détonant comme une combinaison d'iode et du composé hypothétique nommé émide par M. Laurent. Admettra-t-on ce radical, soit comme un produit qui doit se révéler un jour à l'état isolé entre les mains des chimistes, soit seulement comme un être d'imagination destiné à faciliter l'énoncé de la composition de certains corps ? alors l'iodure hydrogéné d'azote prendra le nom d’iodure d'imide. I serait à désirer, toutefois, que la dénomination d'imide fût remplacée par une autre dont la consonnance s’éloignât davantage du mot amide. » La deuxième formule à laquelle correspondra le nom d'iodure d'azote ammoniacal, calqué sur celui d'azoture ammoniacal de potassium, repré- sente un composé formé de 2 atomes d'iodure d'azote et de 1 atome d'ammo- niaque, composé analogue à beaucoup d’autres combinaisons admises. » Enfin, la troisième formule présente la substance dont il est question comme de l'ammoniaque dans laquelle aux deux tiers de l'hydrogène s’est substituée une quantité équivalente d'iode. La formule Az? (H?, L') aurait à peu près la même portée. La nomenclature de M. Laurent, appliquée à ce cas de substitution , fournirait le nom d'iotammoniaquese. Celui d'iodhydrure d'azote, quoique moins significatif, puisqu'il n'indique pas le rapport des éléments constitutifs, pourra paraître préférable à beaucoup de chimistes, comme plus en harmonie avec les règles de la nomenclature usuelle. Chlorure d'azote. » Plusieurs chimistes paraissant persuadés de la présence de l'hydrogène dans le chlorure d'azote aussi bien que dans la combinaison iodurée, un d'entre eux croyant même avoir acquis des preuves expérimentales décisives de la similitude de composition de ces deux produits, il m'a semblé utile d'é- tendre au chlorure les recherches qui m'avaient dévoilé la véritable nature du composé formé par l'iode. J'ai essayé successivement l'emploi de l'acide ar- sénieux, puis de l'acide sulfhydrique, et finalement du mercure. » Du chlorure d'azote, ayant été agité avec un excès d'acide arsénieux en dissolution dans l’eau, s'est changé en acide chlorhydrique, ammoniaque et azote libre, qui se dégageait peu à peu. Dans la liqueur ainsi obtenue, l'hy- drogène cédé aux éléments du chlorure d'azote a été évalné par un moyen pareil à celui qui fut mis en usage pour l'analyse de liodhydrure. Le chlore fut dosé à l'état de chlorure d'argent. Eufiu, pour connaître la proportion d'anmoniaque, je me suis servi d'un procédé dont j'ai constaté l'exactitude ( 765 ) par plusieurs épreuves, et qui m'a seul réussi pour la détermination de très- faibles quantités de cet alcali. Une portion de la liqueur était soumise à la distillation avec la chaux dans un appareil où l’'ammoniaque volatilisée était appréciée d’après l'acide qu’elle neutralisait. » J'ai été conduit aux résultats suivants, relatifs à 10 centimètres cubes de liqueur. Hydrogène cédé (*).. ...:.:...:..... . _of",00063 Ghlore (A) 27. RER MO à 0e 0006 OO I Azote passé à l’élat d’ammoniaque (***).. of',00089 d'où l'on déduit Hydrogène acidifiant le chlore .. ...... 0f",00044 Hydrogène existant dans l’'ammoniaque.. o%,00019 otale "tr 07,00063 » L'identité de ce dernier nombre avec le premier montre que la totalité de l'hydrogène trouvé dans les produits de la destruction du chlorure d’a- zote est étrangère à sa constitution : l'azote et le chlore en sont bien réelle- - ment les éléments uniques. » Pensant que la réaction de l'acide sulfhydrique serait assez forte pour ne laisser dégager que des traces négligeables d'azote, j'ai cherché à la mettre à profit pour la détermination du rapport de l’azote au chlore. » {jo centimètres cubes du liquide obtenu en agitant le chlorure d'azote (‘) 150 centimètres cubes d’acide arsénieux au titre nommé zormal par M. Gay-Lussac, ont été ajoutés au chlorure d’azote, et ont formé, avec ce produit et l’eau qui le recouvrait, un volume de 184 centimètres cubes; il y avait donc 8°-<-,15 de solution arsénieuse dans 10 centimètres cubes de liqueur. 60 centimètres cubes de cette liqueur ont détruit G6°-c:,79 de dissolution chlorée normale, soit 1°-:,13 pour 10 centimètres cubes. La différence 8,15— 1 ,13 ou 7°*°*,02, indique donc l'acide arsénieux consommé par la réaction du chlorure d’azote, et fixe le poids de l'hydro- gène cédé à 7,02 Xomillisr., 0805 — omillier-, 628, (**) 25 centimètres cubes de liqueur ont donné 05,156 de chlorure d'argent, contenant 0,0385 de chlore, soit 0,0154 pour 10 centimètres cubes. Ce résultat a été confirmé par un autre obtenu au moyen de l’azotate d’argent titré. 1"e expérience. 2€ expérience. (***) Liqueur traitée par la chaux. : : . . . . . . . . . 3ot--,00 30°-°*,00 Acide titré dans lequel a été reçue l'ammoniaque. . . B°:°:,72 6°-c:,28 (11 contenait par litre 115,275 d'acide chlorhydrique sédécihydraté, c’est-à-dire la valeur ( 766 ) avec de l'eau saturée de gaz sulfhydrique ont donné, après l'expulsion de l'excès de ce gaz, 0%",276 de chlorure d'argent, dénotant o,0171 de chlore pour 10 centimètres cubes. » De plus, par des essais semblables à ceux qui ont été mentionnés tout à l'heure, j'ai obtenu les quantités d'azote ci-après : milligr. 12,50 pour 6ot-,0, soit 2,09 pour 10 centimètres cubes. 4,19 pour 20,0, soit 2,10 5,87 pour 30,0, soit 1,95 3,86 pour 20,0, soit 1,93 10,53 pour 52°*°:,4, soit 2,01 Moyenne.... 2,02 d'où l'on déduit, pour le rapport du chlore à l'azote, 1,0171 0,00202 — 0,0: » Il s'est développé quelques bulles d’azote pendant le traitement par l'a- cide sulfhydrique. » Les données expérimentales fournissent un excès de chlore. La matière analysée avait été lavée abondamment à l'eau distillée, et l'azotate d'argent ne produisait qu'une légère opalinité dans les dernières eaux de lavage. Il est possible néanmoins qu’elle ait retenu du chlore en dissolution. Quoi qu'il en soit, les résultats de l'analyse ne laissent pas de prise à l'incertitude sur la constitution atomique de la substance. en grammes de + d’équivalent. Par conséquent, chaque centimètre cube devait saturer une à quantité d’ammoniaque renfermant + de milligramme ou omillisr:,875 d'azote.) Eau de chaux achevant de neutraliser l'acide qui avait absorbé l’ammoniaque : 3c:c,86 4s"c",78 (10 centimètres cubes d'acide titré exigeaient pour leur saturation 14°:°-,7 de cette eau de chaux.) L’acide neutralisé par l’'ammoniaque est donc 6 on 72 ty — 3°:c-,09 32209 et l’azote de l’ammonmiaque, pour 10 centimètres cubes de liqueur, _ X 0,875 — omillier go 0,885. ( 767 ) » Après avoir reconnu la dissemblance de composition des combinaisons azotées fulminantes du chlore et de l'iode, j'ai voulu analyser le produit ioduré produit par double décomposition, selon les indications de M. Millon, et, pour le préparer, je fis agir le chlorure d'azote sur une dissolution très- étendue d’iodure de potassium. Mais, placé apparemment sous l'empire inat- tendu de circonstances différentes, la poudre brune que j'obtins n’était autre chose que del’iode. En même temps qu'elle se formait, il se dégageait de l'azote. » En résumé : » 1°. La composition du produit que l’on nomma d’abordiodure d'azote, puis plus récemment iodure d’amide, est à la fois en désaccord avec l’une et l'autre de ces deux dénominations. Elle se représente par de l’'ammoniaque, dans laquelle les deux tiers de l'hydrogène sont remplacés par une quantité équivalente diode. » 2°, Avec l'appui de preuves nouvelles, je ne puis que persister à ad- mettre le rapport de 3 équivalents d'ammoniaque à 2 équivalents diode, dans le liquide résultant de l'absorption par l’iode du gaz ammoniac sec. » 3°. C’est à tort que la constitution du chlorure d'azote a été assimilée à celle de l'iodhydrure. L'opinion primitive doit rester dans la science. Le chlo- rure d'azote n'est composé que d’azote et de chlore, réunis dans le rapport de 1 volume du premier à 3 volumes du second. » À la suite des nombreux rapprochements que l’on a faits entre l'ammo- niaque et le gaz oléfiant, on peut en ajouter un autre, fondé sur la nature des produits de leur décomposition par le chlore et par l'iode. Nous les voyons en effet, tous les deux, donner avec le chlore, par voie de substitution, des composés binaires où l'hydrogène est totalement éliminé, tandis qu'avec l'inde, la métalepsie, toujours moins complète, ne donne naissance qu'à des combinaisons ternaires dans lesquelles une partie de l'hydrogène reste invinciblement engagée. » CHIMIE. — ÂVote sur la densité des vapeurs d'acide acétique, d'acide formique et d'acide sulfurique, concentrés; par M. A. Bineau. (Extrait par l’auteur.) Acide acétique. » Les résultats qu'a obtenus M. Dumas sur la densité de la vapeur d'acide acétique sont consignés dans le tome V de son Traité de Chimie. Leur sin- oularité suggéra d’abord à cet illustre auteur une supposition qu'on trouve mentionnée dars son ouvrage; mais, soumise par lui au contrôle de l'expé- rience, elle ne fut point vérifiée par l'analyse. C’est ce savant lui-même qui daigna m’engager à exécuter sur l'acide acétique de nouveaux essais, et à re- C. R., 1844, ame Semestre, (T. XIX, N° 16.) 103 ( 768 ) chercher s'il ne donnerait pas lieu à des incidents analogues à ceux que m'a présentés l'acide chlorhydrique hydraté dans la détermination du poids spé- cifique de sa vapeur. » La méthode de M. Gay-Lussac et celle de M. Dumas, employées suc- cessivement, m'ont donné à peu près le même résultat pour la densité de la vapeur de l'acide acétique concentré. Voici les données des deux expériences: I. Poids de l'acide contenu dans l’ampoule. . . . . of,306 Volume delavapeur. CC One Fempérature seen. 05.000 MON CN, 120? Hauteur'du baromètre. . . . . . :.. 0. 1108,707 Différence des niveaux du mercure. . . . . . . O",124 » Après le refroidissement de l'appareil et l'enlèvement du chlorure de calcium qui entourait la cloche, j'introduisis dans celle-ci de l’eau distillée, je la renversai avec précaution après l'avoir fermée avec une lame de verre dépoli, et J'essayai le liquide acide qu'elle renfermait au moyen d’une liqueur alcaline titrée : elle accusa 0%",295 d'acide acétique concentré (*). Densité déduite de la pesée directe. . . . . . 1-0 2:00 Densité déduite du résultat acidimétrique. . . . . 2,78 IT Ballon OUVERT: deal t 4 Je CEE . . 139f,783 Température au moment de la fermeture. . . . . 132° Hauteur du baromètre". 10e CN 000797 Ballon fermé contenant l'acide. . . . . . . . . . 1408,500 Température pendant la pesée. . . . . . . . . . 15° Hauteur du baromètre pendant la pesée.. . . . . 0",750 Ballon ouvert contenant l’acide. . . . . . . . . . 145,166 Capacité du ballon. . . AO 00S SE Densité dedaVapET Eee Ne eee 002; 00) » [acide ayant été mis en grand excès dans le ballon, et la chaleur étant toujours allée croissant, il ne devait point rester sensiblement d'air avec la vapeur, ce qui est d'ailleurs vérifié par les deux pesées du ballon renfermant l'acide. Avant d'évaluer la contenance de ce vase, je pris une partie du liquide qu'il renfermait pour en déterminer la capacité de saturation, et j'en évaporai une autre portion à siccité. La capacité de saturation se trouva à très-pen près au même degré que dans la matière primitive, et le résidu de l’éva- poration ne fut que de +. (‘) Alcali neutralisant l'acide, 10*-%,0. 2%*,218 d'acide chlorhydrique à 16 équivalents d’eau exigeaient 25°:°*,0 de la liqueur alcaline. ( 769 ) » Rappelons que les expériences de M. Dumas, exécutées vraisemblable- ment sur des acides d’une pureté plus complète, donnèrent pour expression de la même densité, de 2,7 à 2,8. » Ainsi, la concordance des résultats obtenus par les deux méthodes, la conservation de la capacité de saturation, l'exiguité du résidu laissé par l'é- vaporation de l'acide provenant de la seconde expérience, et avant tout cela l'analyse que fit M. Dumas du produit d'une opération semblable, tout con- court à établir d’une manière incontestable que les nombres obtenus se rap- portent nécessairement à l'acide acétique concentré C*H*O", dont l'équiva- lent doit par conséquent être divisé par 3 pour correspondre à la densité de la vapeur. Le nombre théorique serait 2,76. Acide formique. » Du formiate de plomb, purifié par des cristallisations réitérées et des lavages à l'alcool, puis desséché soigneusement, fut soumis, dans une cornue tubulée, à un courant de gaz sulfhydrique sec, auquel succéda un courant d'acide carbonique. La distillation fut ensuite effectuée dans un bain de chlo- rure de calcium, en rejetant les premières portions où l'odeur sulfhydrique se faisait légèrement sentir. Le produit obtenu servit aux expériences dont je vais donner les détails. I. Acide formique contenu dans l’ampoule qui fut introduite dans l'appareil deMAGAY EUSSACE NEC CU. 0,230 Volume de la vapeur.. . . . . . . . . . . .. 146°-c- HEMPÉRIUrE EE 5 © Date no Différence des niveaux du mercure. . . . . .. 0,135 Hauteur du baromètre... . . . . . . . . . .. 0,743 Densité de la vapeur... . . . . . . . . . . .. 2,125 11 Acide formique-Aa-- M 0 Ur 0,379 Volume de la vapeur. . . . . . 226% 226°-c- Température.. . . . . . . . OS 118° Différence des niveaux. . . . . 0,006 0,096 Hauteur du baromètre. . . . . 0,751 0,751 Densité de la vapeur.. . . . . 2,13 2,14 » Évalué d'après la capacité de saturation, le poids de l'acide formique serait 08,376 (*). (*) Eau de chaux nécessaire pour la neutralisatiôn — 116 degrés de la burette. 179,75 de la liqueur alcaline saturaient 0f,2255 d’acide chlorhydrique sédécihydraté, et auraient par conséquent neutralisé 0f',0575 d'acide formique concentré. 103.. (ro C'H‘0': ; , 3 serait 2,12. C'est donc le » La densité correspondant à la formule même mode de condensation que dans l'acide acétique. Acide sulfurique. » La détermination du poids spécifique de l'acide sulfurique concentré gazéifié a établi entre cet acide et les deux précédents un rapprochement auquel je m'attendais peu. Elle fut effectuée avec des ballons à pointe effilée, chauffés dans un bain d’alliage. I. Ballon ouvert (on y a introduit 176,0 d'acide). . 86‘,907 Ballon fermé plein de vapeur. . . . . . . . . . 865,954. Température de la balance... . . . . . . . . .. 21° Pression atmosphérique... . . . . . . . . . . . 0,747 ATTESTANT (SSÈGE Volume:tofal- 2 Ci Ce CC das: ». La témpérature de la vapeur fut indiquée par des tubes effilés à un bout, placés à côté du ballon, fermés en même temps que lui, puis ouverts dans la cuve à mercure, et pesés, 1° avec le mercure qui y entrait pendant que l'air restant était dans les mêmes conditions que l'air atmosphérique; 2° pleins de mercure; 3° vides. Volume des tubes, exprimé par le poids du mercure qui les emplis- date LE MEN OS ta ne ER AL EN PP 87°°°:,45 BD Volume de l’air resté, à 21 degrés, sous 0,747. 41°°°*,6 4o°-c-,7 Rapport (qui correspond à 343 degrés). . . . . 2,090 2,088 Densitét della ape CRE CE 2,28 I. Ballon ouvert (on y a introduit 8 grammes d’acide).. . . . . 1056",525 Ballon fermé plein de vapeur. . + : +. : . . : 105,530 TeMPÉTADITE ee de ce. Mare Ca ee 210 BarOMÉETE se de eee Me een here ER EN ENT LE 0,749 Airirestesne ete eee UTC IC PCR RC Re traces. Volume”. 1:40 CM CRCUS IDDN AN TELE 544e*e Rapport de dilatation donné par le thermomètre à air. . . . 2,167 Eau de chaux neutralisant = de J’acide du ballon (d’après : deux essais GOncordants) "1... MAD Quantité de la même eau de chaux pour neutraliser of",2255 d'acide chlorhydrique sédécihydraté, qui équivalent à of",0613 d’acide sulfurique concentré, . . . . . . . . . . 33c-c*,6 Poids de l'acide déduit de ces données. . . . . . . . . . . . ofr,642 Densité déduite des pesées seules... . : . . . . . . . . . . . 2,18 Densité déduite du poids de l'acide accusé par l’eau de chaux. 2,15 (771) » Le peu de différence de ces deux nombres montre que l'acide n’a exercé qu'une très-lépère action sur le verre. » La densité correspondant au À de l'équivalent, ou bien, en d’autres termes, calculée en supposant entre l’acide et l'eau une condensation de 4 à 3, serait 2,16. » Voilà donc trois acides monohydratés dans lesquels le poids de la va- peur comparé à l'équivalent offre un rapport inaccoutumé, tandis que les acides benzoïque et campholique présentent le rapport le plus ordinaire, celui d’après lequel la formule de l'équivalent représente 4 volumes de vapeur. » CHIMIE. — Recherches sur la densité de vapeur de l'acide acétique à diverses températures; par M. Auc. Canours. « M. Melsens, dans le travail qu'il vient de présenter récemment à l’Aca- démie, sur le biacétate de potasse, ayant indiqué une méthode facile et sûre de préparer de l'acide acétique à 1 équivalent d'eau dans un état de pureté parfaite, j'entrepris de reprendre la densité de vapeur de ce pro- duit , déjà prise bien des fois par M. Dumas, et qui lui avait constamment présenté une anomalie singulière. » Les expériences dont je vais rendre compte ont été faites, d'une part, avec de l'acide que M. Melsens a bien voulu préparer pour moi, et, de l’autre, avec de l’acide acétique cristallisable de la fabrique de Choisy, et que je pu- rifiai moi-même avec beaucoup de soin. » Une densité de vapeur prise dans les mêmes conditions où s'était placé M. Dumas, c'est-à-dire entre 150 et 155 degrés, m'a donné les résultats suivants : : Température de l’air.. . . . . . . 12° Température de la vapeur. . . . 152° Capacité du ballon. ....... DODERE Excès de poids du ballon. . . . . of,303 Barométre RO TN : 0,762 ATTESTANT ee EU 5 o On déduit de là le nombre 3,54 pour le poids du titre, et par suite, 2,72 pour la densité cherchée; ce qui correspond, ainsi que M. Dumas l’a déjà trouvé, à 3 volumes de vapeur. » En effet, on a 8 volumes de vapeur de carbone. . . . 3,368 8 volumes d'hydrogène. . . ...... 0,552 4 volumes d’oxygène.. . . . . . . . .. 4,424 8,344 (772) » M. Melsens ayant reconnu que l'acide acétique cristallisable préparé au moyen de l'acide pyroligneux, retient une matière analogue à l'acide butyrique, j'avais pensé que celle-ci pouvait se concentrer dans le ballon, et, produisant une vapeur plus lourde, augmenter le nombre déduit de l'expé- rience. Mais M. Dumas ayant fait l'analyse du produit resté dans le ballon, et l'ayant trouvé identique à l'acide acétique, cette opinion n'était plus ad- missible. Les résultats que je viens de rapporter, et qui ont été obtenus à l'aide d'un acide qu'on avait mis tous les soins à purifier, excluent aussi une semblable hypothèse. » Une densité de vapeur du méme produit, prise à 145 degrés, m'a donné le nombre 2,75. » Il demeure donc bien démontré que dans certaines limites de tempé- rature , la molécule d'acide acétique ne donne que 3 volumes de vapeur. » Je me suis demandé alors si l’anomalie observée par M. Dumas ne tiendrait pas à ce que cette densité aurait été prise à une température trop voisine du point d'ébullition de l'acide. » En effet, en déterminant la densité de vapeur de l'acide acétique à 100 ou 110 degrés au-dessus de son point d'ébullition , on trouve un nombre qui exprime que, dans ces conditions, la molécule de ce composé donne le même mode de division moléculaire que les autres acides volatils monohydratés. » Et, en effet, j'ai obtenu avec l'acide préparé par M. Melsens : Température de l'air. ......... 15° Température de la vapeur...... 2109° Excès de poids du ballon....... 0,087 Capacité du ballon............. 248°-c- Baromètre. .... JDE rec 707 AïrPrestants sente tee darts ao 0 d'où l'on déduit pour le poids du litre. . . . . . . . 2,830 Et, par suite, pour la densité cherchée.. . . . ... 2,17 » Une seconde expérience, faite avec de l'acide de l'usine de Choisy, que Yavais purifié avec soin, m'a donné : Température (de l'air. .... "7/4 Température de la vapeur...... 231° Excès de poids du ballon. ..... 0f,098 Capacité du ballon. ........... 34o°-°- Barometre. 4..." 0700 Air restant. ....... os codoasne o (773 ) d'où l’on déduit pour le poids du litre. . . . . . . . 2,76 Et, par suite, pour la densité cherchée.. . . . . . . 2,12 » Or, ces nombres correspondent , en effet, à 4 volumes de vapeur. » En effet, le calcul donne : 8 volumes de vapeur de carbone. ..... 3,368 8 volumes d’hydrogène. .............. 0,552 4 volumes d'oxygène. ..:............. 4,424 » On voit donc que l’'anomalie présentée par l'acide acétique disparaît complétement lorsqu'on prend la densité de vapeur de ce produit à une température convenablement élevée. » Aux températures où j'ai expérimenté, l'acide acétique n'éprouve aucune altération, et ne se colore même pas. » Reste à chercher, maintenant, ce que donnera ce produit lorsqu'on prendra la densité de sa vapeur à une température très-rapprochée de celle de son point d’ébullition; peut-être, dans ce cas, la molécule ne donne-telle que 2 volumes de vapeur : c'est ce que je me propose d'examiner d'ici à quel- ques jours. » CHIMIE. — Sur la formation d'un nouvel oxydo-chlorure de mercure. (Extrait d'une Note de M. Cu. Roucuer.) « .. L'action de l'acide chlorhydrique sur le bioxyde de mercure semble- rait, au premier abord , devoir simplement donner naissance à du bichlorure ; mais l'examen plus détaillé du fait m'a amené à reconnaître que toutes les fois que l'oxyde de mercure se trouve en excès vis-à-vis du bichlorure, les deux corps se combinent et peuvent donner naissance à plusieurs composés d'aspects très-divers ; parmi ceux-ci se trouvent, en premiere ligne, l'oxydo- chlorure noir, signalé récemment par M. Thaulow, 2Hg0, HgCl; puis un corps blanc jaunâtre, cristallin, se déposant toujours de la liqueur mercurielle en même temps que le bichlorure, avec lequel son aspect, aussi bien que son mode de production, ont dû souvent le faire confondre. » Le nouveau composé se sépare toujours, mais en quantité variable suivant les circonstances, d'une solution aqueuse de bichlorure qui a (774 ) bouilli sur un excès d'oxyde, et que l'on abandonne à la cristallisation par refroidissement. Le premier dépôt qui se fait dans la liqueur filtrée est un mélange confus d'oxydo-chlorures diversement colorés et sans forme bien définie; ceux-ci se précipitent en presque totalité à une température supé- rieure à 60 degrés. Le liquide décanté alors, s'il n'est pas trop concentré, laisse apparaître, entre 5o et 4o degrés, au milieu des cristaux de bichlo- rure, une infinité de cristaux plus ténus, isolés les uns des autres, moins transparents, et d’une tout autre forme que les premiers. Ce sont des prismes obliques à base rhombe tronqués sur deux arêtes verticales; vus en masse, ils offrent une teinte blanche tirant sur le jaune-paille très-clair. » On les sépare très-bien des cristaux de bichlorure, qui leur sont toujours mélés , à l’aide de l'alcool absolu, qui dissout les derniers et laisse l'oxydo- chlorure intact , en raison de son insolubilité dans ce véhicule. » La composition de ce corps, déterminée par le dosage de ses trois élé- ments, lui assigne pour formule HgO, 2HgCl. » Outre cet oxydo-chlorure, il se forme quelquefois, dans la liqueur qui le fournit, un autre composé également blanc, cristallin aussi, mais sous forme de paillettes nacrées très-légères et très-brillantes ; ces paillettes offrent cela de particulier, qu'elles sont altérables dans toute espèce de véhicule, si ce n’est le liquide au sein duquel elles ont pris naissance. L'alcool absolu les altère néanmoins avec moins de promptitude que tous les autres et les ramène à la composition du premier oxydo-chlorure blanc cristallin, en détruisant leur forme; ce qui fait fortement soupçonner qu'elles contiennent encore plus de bichlorure que ce dernier. » CHIMIE ORGANIQUE.— Sur la formation de l'asparagine, par suite de l’étio- lement, dans la Viscia sativa. (Extrait d'une Lettre de M. Gauzner De Crauznx à M. Dumas.) « M: Mon, pharmacien distingué de Livourne , m'a montré, ces jours-ci, une quantité considérable d’asparagine qu'il a extraite par un procédé dù au docteur Menici, de Pise, de la J’iscia sativa étiolée, qui en fournit une proportion telle, que ce pharmacien en a déjà livré une grande quantité, et se trouve en mesure d'en fournir pour toutes les demandes. ». Le produit obtenu est d'une parfaite pureté et parfaitement cristallisé ; je vous en envoie un petit échantillon. (775) » En cultivant dans l'ombre cette plante qui se développe avec beaucoup de facilité, il sera possible d'obtenir de grandes quantités d’asparagine; le docteur Menici a observé que, dans l'étiolage, l'amidon et quelques autres principes, tels que le sucre par exemple, se transformaient en asparagine. » ENTOMOLOGIE. — Lettre de M. ne QuarreraGss à l’occasion des objections qu'a présentées M. Souleyet contre son Mémoire sur les Mollusques phlébentérés. Dans une Note présentée, le 12 août, à l'Académie, M. Souleyet a avancé que les résultats auxquels m'avaient conduit mes recherches sur les mollusques phlébentérés étaient contraires à tous les principes, à toutes les analogies , à tous les faits acquis sur l'organisation des mollusques en géné- ral; enfin, qu'ils étaient contraires à tout ce qu'une étude plus attentive que la mienne lui avait appris sur l'organisation de ces mêmes Phlébentérés. A cette époque, absent de Paris, je ne pouvais répondre sur-le-champ. J'espérais d’ailleurs que, selon sa promesse, M. Souleyet ne tarderait pas à publier ses principes, et les faits si opposés aux miens, dans un Mémoire dé- taillé, Mais deux mois se sont déjà écoulés , et j'ai cru ne pouvoir plus long- temps différer ma réponse. Comme celle-ci renferme l'énoncé de quelques faits pour lesquels je désire prendre date, je prie l'Académie de vouloir bien en accepter le dépôt jusqu'au moment où elle pourra m'accorder la parole. » La Note jointe à la Lettre de M. de Quatrefages sera conservée sous pli cacheté jusqu’à ce que l’auteur en demande l'ouverture. M. Frourens, à l'occasion de la Lettre de M. de Quatrefages, annonce que M. Souleyet doit très-prochainement présenter le Mémoire qu'il avait an- noncé, Mémoire qui eût été soumis plus tôt au jugement de l'Académie sans la D ladie du dessinateur chargé de l'exécution des figures qui doivent l'accompagner. M. Demmiski prie l'Académie de hâter le travail de la Commission qui doit se prononcer sur la question de priorité débattue entre lui et M. Hallette re- lativement à un mode particulier d'occlusion pour le tube pneumatique des chemins de fer à pression atmosphérique. M. Dembinski ajoute qu'il est par- venu, en conservant sa forme de tube, à fermer la rainure au moyen d'un boyau qui ne contient plus ni eau ni air, et dont l'adhésion est plus complète, sans présenter la moindre résistance au passage du piston. M. Araco, l'un des Commissaires désignés, remarque que la Commission C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 46.) 10/4 ( 776 ) n'aura réellement à s'occuper de la question de priorité qu après avoir jugé l'invention en elle-même; or les épreuves nécessaires n'ont pu être faites jusqu'à ce jour, quoique tout porte à croire qu'elles pourront l'être très-pro- chainement. M. »E Caueny demande que son appareil hydraulique à flotteur oscillant, qui a été dans la précédente séance l'objet d'un Rapport favorable, soit admis à concourir pour le prix de Mécanique de la fondation Montyon. Cette demande est renvoyée à l'examen de la Commission du prix de Mé- canique. M. Passor rappelle que l’Académie, dans sa séance du 19 août, a renvoyé à l'examen de deux Commissions différentes des réclamations qu'il lui avait adressées : une de ces Commissions a déjà fait son Rapport sur la réclamation qui la concernait. M. Passot prie l’Académie de vouloir bien engager l’autre Commission à se prononcer à son tour le plus promptement possible. M. Louyer, dans une Lettre adressée à M. Dumas, fait connaître les résul- tatsauxquels il est arrivé dans de nouvelles recherches concernant l'absorption des poisons minéraux par les plantes. On avait annoncé récemment que des grains de blé chaulé avec l'acide arsénieux avaient produit des plantes dans lesquelles l’arsenic se retrouvait en quantité appréciable. Ce résultat étant op- posé à ce que M. Louyer avait observé jadis, il a jugé nécessaire de reprendre ces expériences en se plaçant dans les conditions les plus favorables à l'absorp- tion du poison minéral. Les résultats ont été exactement les mêmes que dans ses premières opérations, c'est-à-dire que dans les diverses parties de la plante à laquelle on avait cherché à faire absorber un composé arsenical, l'analyse la plus délicate n’a pu faire reconnaître aucune trace d’arsenic. M. Wawes adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures un quart. F. (0533 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 15; in-4°. Bulletin de l’Académie royale de Médecine; tome X ; n° 1 ; in-8°. Principales Tables de Mendoza, pour la très-prompte réduction des distances lunaires, revues, corrigées et complétées par M. RICHARD, capitaine de cor- vette en retraite. ( Extrait du Journal des Savants ; août et septembre 1844.) In-4°. Cours d'Histoire naturelle, fait en 1772, par MICHEL ADANSON, de l’In- stitut ; publié sous les auspices de M. ADANSON, son neveu, avec une Introduc- tion et des Notes par M. PAYER ; tome [®, 1844; in-12. Des Classifications et des Méthodes en Histoire naturelle; thèse par M. PAYER ; in-49. Les Chaudières à vapeur sont des machines électriques. Les moyens de sûreté actuels sont impuissants. Moyen de générer la vapeur sans aucun ‘danger. Ma- chine à pressions égales et constantes permettant l'emploi des réactions chimiques; par M. A. CHENOT ; broch. in-8°. Danger des Inhumations précipitées ; exemples, tant anciens que récents, de personnes enterrées ou disséquées de leur vivant; par M. LEGUERN ; 6° édition; in-8°. (Renvoyé au concours Manni.) Du Cœur, de sa structure et de ses mouvements; par M. PARCHAPPE ; brochure in-8°. . Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; septembre 1844; in-8°. Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; tome V, 54° livr.; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; octobre 1844; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; octobre 1844: in-8°. Journal des Usines et des Brevets d'Invention; par M. VIoLLET ; septembre 1844 ; in-8°. Mémoire sur la Série de LAGRANGE; par M. MENABREA. Turin, 1844 ; in-4°. Bibliothèque universelle de Genève; juillet 1844 ; in-8°. Report... Rapport de la douzième réunion de l’ Association britannique pour (778) l'avancement des Sciences, tenue à Manchester en 1842. Londres, 1843; in-8°. Theelectrical. . . Magasin électrique; publié par M. C.-G. WaïkeR , vol. E*. n° 6; octobre 1844 ; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScHuMACHER; n° 516; in-4°. Saggio... Essai d'Hæmataloscopie, ou Recherches chimiques et compara- tives sur le sang des animaux vertébrés ; par M. Tappet. Florence, 1844; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 4x1 ; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n% 118 à 120; in-fol. L'Écho du Monde savant; n°° 27 et 28. L'Expérience; n° 380 ; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 OCTOBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS | DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. M. Anraco a cru devoir prémunir les physiciens qui voudraient répéter ses expériences sur la lumière propre des corps, contre une cause particulière d'erreur qui lui donnerait, a-t-il dit, érop raison : les verres opalins fabriqués dans nos verreries , ont presque tous des axes de réfraction très-prononcés ; ils se comportent , relativement aux rayons polarisés qui les traversent, comme les lames douées de la double réfraction, et les dépolarisent dans les mêmes circonstances. La dépolarisation, seulement, dans les positions les plus favo- rables de ces verres, ne paraît pas aller, comme avec les cristaux ordinaires, jusqu’à donner deux images d'intensités parfaitement égales dans le cristal analysateur primitif. ASTRONOMIE. — Sur la parallaxe de quelques nouveaux bolides ; par M. Peur. « Il est à regretter que les observateurs apportent, en général, si peu de précision dans la détermination des points où se montrent les bolides; car les apparitions assez nombreuses qui sont mentionnées dans les divers vo- lumes des Comptes rendus suffiraient sans doute pour permettre de don- ner dès à présent la véritable clef de ces phénomènes. Malheureusement, les à ets du 9 juin 1841 et du 3 juin 1842 sont les seules dont il m'avait + C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. X1X, N° 47.) 105 ( 780 ) été possible, jusqu'à ce moment, de calculer les résultats avec une assez grande certitude. Un examen plus attentif des observations m'a permis d’ob- tenir, avec un degré d’exactitude que je crois aussi très-approché, la paral- laxe, la vitesse et le volume du bolide qui se montra dans la nuit du 4 au 5 janvier 1837. Je me propose d'entreprendre sur ces trois bolides quel- ques recherches nouvelles qui me permettront, j'espère, d'envisager leur théorie sous un point de vue susceptible d'un certain intérêt. Voici, en at- tendant, divers résultats relatifs au bolide du 5 janvier 1837 et à deux autres bolides. Ces résultats sont loin d’être tous également probables, car plusieurs des observations qui se rapportent aux deux derniers bolides sont beaucoup trop vagues; mais J'indique les éléments qui ont servi à mes calculs, et dans une question de cette nature, les approximations, même assez éloignées, peuvent être encore de quelque utilité. Bolide du 5 janvier 1837. » Aperçu vers 1 heure du matin dans la nuit du 4 au 5 janvier, à Vesoul, par M. Sallot, à Cusset, près Vichy, par M. Guiraudet, et à Niéderbronn, par M. Kahn. » D'après M. Sallot, la marche était lente et dirigée du nord-nord-est au sud-sud-est; l'apparition eut lieu à 60 degrés de hauteur, et l'are parcouru fut de 55 degrés. » À Cusset, la marche du bolide était dirigée du nord au sud, et sa hau- teur était de 45 degrés environ. » Enfin, à Niéderbronn, le bolide se mouvait presque exactement du nord au midi, en déviant un peu vers l’ouest; la durée de l'apparition fut d'une minute; le diamètre du bolide paraissait égal à celui de la lune. » On satisfait très-bien et avec une précision remarquable à ces diverses observations par les nombres suivants : Distance minima du bolide à la terre. ...... 272027 mètres ou 68 lieues de 4 kilom. Distance minima du bolide à Cusset....... 384706 Distance minima du bolide à Vesoul... .... 278620 Distance minima du bolide à Niéderbronn... 278910 Vitesse du bolide par rapport à la terre... 4835 mètres par seconde. Et par suite, Vitesse dans l’espace... ......,.... CE 32450 mètres, plus considérable, par conséquent , que la vitesse de la terre, qui était à ce moment de 30908 mètres. Angle compris entre les directions de ces deux vitesses... 14°11/. (781) Quant au diamètre du bolide, il était énorme ; l'observation de M. Kubn lui assigne une valeur de 2434 mètres environ. » Ce corps, dont j'essayerai plus tard de calculer les éléments primitifs ainsi que les éléments modifiés par l’action de la terre, et qui n'est probable- ment pas le plus considérable de ceux que l'on désigne, en général, sous le nom de bolides, établit un lien de continuité entre les divers corps célestes, entre les pierres ou même les poussières météoriques et les planètes ou les comètes. » Il est à remarquer que non-seulement les nombres précédents satisfont parfaitement à toutes les observations, mais même que, dans les cas les plus défavorables, des erreurs d'observation, supposées trèsconsidérables, n'altè- rent pas d'une manière importante les résultats. Si l'on admettait, en effet, pour avoir les cas extrêmes qui peuvent se présenter, que les observateurs de Vesoul et de Cusset ont commis chacun une erreur de 10 degrés, sur les hau- teurs observées, on trouverait les nombres suivants pour les distances à la terre et pour le diamètre du bolide : Distance à la terre. Diamètre du bolide. Cas de l’erreur prise dans un sens. ............ 153936 mètres. 1670 mètres. Cas de l’erreur prise en sens contraire........... 175507 1694 Cas où l’on ne ferait porter l’erreur que sur une seule observation. ........... dos sans 208820 2327 » Cette dernière hypothése, dont les résultats sont les plus voisins de ceux donnés par l'ensemble des observations, est aussi celle qui satisfait le mieux à la remarque de M. Kuhn, d'après laquelle, pour l'observateur de Niéder- bronn, le bolide, en allant du nord au sud, aurait dévié un peu vers l'ouest. La déviation calculée serait, en effet, ici de 14° 14' seulement, tandis que dans les deux autres hypothèses cette déviation s'éléverait successivement à 4o° 55" et à 29° 55. » En faisant observer que les hypothèses les plus défavorables ne dimi- nuent pas d'une manière importante les nombres obtenus, il n'est peut-être pas inutile d'ajouter que de faibles modifications, opérées dans des cas fa- vorables, suffiraient pour agrandir considérablement ces mêmes nombres. Ainsi, par exemple, si au lieu de supposer les hauteurs observées à Vesoul et à Cusset égales à 60 et à 45 degrés, on les supposait égales à 57°53 et à 47°28", on trouverait 2728 mètres pour le diamètre du bolide, 335060 mètres pour la distance minima à la terre, 6089 mètres pour sa vitesse re- lative, et 32958 mètres pour sa vitesse absolue. La déviation, à Niéderbronu, 105... ( 782 ) resterait de 7°27" vers l'ouest, et toutes les autres circonstances des obser- vations seraient également satisfaites. Seulement la déviation 7° 27 paraît un peu faible; il n'est pas très-probable qu'une si petite déviation eût été re- marquée. » Les nombres trouvés par l'ensemble des observations non modifiées me paraissent donc pouvoir être adoptés avec confiance. Le tableau suivant achèvera de les justifier en montrant comment ils satisfont à tous les détails des observations, qui n'ont pu être employés dans le calcul : A VESOUL, A CUSSET, A NIÉDERBRONN, Marche du bolide Marche du bolide Marche du bolide EE on ae M — observée calculée observée calculée observée calculée du N.-N.-E. au S.-S.-E. du N.-N.-E. auS.-S.-E. du N.auS. duN.auS. duN.auS. du N.aus. Déviation du bolide D observée calculée E un peu vers 17248" l'ouest. vers l’ouest. Bolide du 18 août 1841. » Observations incertaines et très-difficiles à accorder. Le bolide a été vu du boulevard Mont-Parnasse, à Paris, par M. Lher, vers 9 heures du soir. Marche du sud au nord; durée de 3 à 4 secondes. Parti de la constellation du Cygne, il disparut subitement entre et & de l’Aigle. » Pour M. Desdouits, à Bourg-la-Reine, il courait horizontalement entre l'Aigle et Cassiopée. Durée de 3 à 4 secondes; forme sphérique; grosseur plus considérable que celle de la lune. » Le même bolide a été vu par MM. Babinet et Serres, à Paris; il a été encore observé à Reims, par M. Tarbé de Saint-Hardouin, vers 8 45" du soir, à 30 ou 35 degrés au-dessus de l'horizon, dans la direction est-sud-est, diamètre moitié à peu près de celui de la lune. Le bolide parut immobile, mais on doit remarquer que l'observateur était en voiture. » Pour faire concorder aussi bien que possible les diverses observations, on est conduit aux résultats suivants: Distance du bolide à la terre au moment de l'extinction... 730400 mètres. Diamétrednbolide. 7"; 6 GORE Lee 3906 » Ces quantités sont énormes, et cependant elles sont la limite de celles qui peuvent faire concorder les observations dont les modifications résultent du tableau suivant : Juclinaison du plan de la trajectoire apparente sur l'horizon de Paris, Azimut du bolide calculée au moment par les observations de l'extinction : de Paris Inclinaison pour l’observateur Azimut Hauteur observée et de Bourg-la-Reine. corrigée. de Reims. corrigé. à Reims. 60° 5o° E.-S.-E. 20°du sud vers l’est. 45° » Les résultats précédents présentent beaucoup moins decertitude que ceux qui sont relatifs au bolide du 5 janvier. L'observation de M. Tarbé de Saint- Hardouin se rapportant d'ailleurs à un point unique de la trajectoire, il a fallu employer une méthode analogue à celle d'Olbers, qui peut laisser sou- vent une assez grande incertitude. Bolide du 9 février 1841. » Vu à Toulouse, à Paris, à Agen et à Carcassonne, vers 6" 45" du soir. A Pau, d'après le journal Observateur des Pyrénées, du 11 février, la durée de l'apparition fut de 2 secondes; la grosseur était celle d'un boulet de ca- non; la direction allait de l’est à l’ouest entre Orion et les Gémeaux. A Tou- louse, le bolide fut observé par M. le D' Dassier, qui m'a donné la position de la trajectoire apparente, dirigée du bouclier d'Orion vers 7 de la Baleine. Pas d'observations à Carcassonne. A Agen, d'après une Lettre de M. de Saint-Amans à M. Biot, il se mouvait horizontalement vers le sud-est, et dans une région assez élevée. » M. de Saint-Amans, auquel j'ai écrit, na pu me donner de renseigne- ments plus précis sur la hauteur angulaire. L'observation d'Agen eût été cependant très-importante par la position qu'occupait l'observateur. Faute de mieux, il a donc fallu interpréter arbitrairement ce que M. de Saint-Amans appelle une région assez élevée. Or, en supposant que la hauteur fût de 30 de- grés au-dessus de l'horizon, ce qui ne paraît pas exagéré, on ti@uve, pour la distance minima du bolide à la terre, 155404 mètres. Ce nombre dépend de l'observation faite à Agen. Un renseignement nouveau permettrait de le corriger très-facilement au moyen des données suivantes qui résultent de la combinaison des observations de Toulouse et de Pau, et qui, par conséquent, peuvent être considérées comme suffisamment bien déterminées. Inclinaison du plan de la trajectoire apparente sur l'horizon de Toulouse........ 4o° 3/ Azimut de la trace de ce plan par rappert au côté sud du méridien de Toulouse... 71°27" ; ( 784 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie de scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'4ssocié étranger, vacante par suite du décès de M. Dazrow. Conformément au Ré- glement, cette Commission doit se composer de trois membres pris dans les Sections des Sciences mathématiques, de trois pris dans les Sections des Sciences physiques, et du Président de l'Académie. MM. Arago, Poncelet, Poinsot, d'une part, et de l'autre, MM. Dumas, Élie de Beaumont, Serres, réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Recherches chimiques sur la maturation des fruits; par M. E. Freuv. (Extrait par l’auteur.) (Renvoi à la Section de Chimie. ) « Lorsque l’Académie des Sciences décerna, en 1821, un prix à M. Bé- rard , et une mention honorable à M. Couverchel , pour leurs Mémoires sur la maturation des fruits, tout en rendant justice à l'importance de leurs tra- vaux , elle exprima le vœu que leurs expériences pussent être continuées et étendues. » J'ai donc pensé que l'Académie accueillerait avec indulgence un nouveau travail sur la maturation des fruits, et que mon empressement à lui soumettre mes premiers résultats Jui prouverait le désir que j'ai de suivre une direc- tion qu'elle a depuis longtemps indiquée aux chimistes. » Avant de faire connaître la composition que présentent les fruits aux différentesgpoques de leur accroissement et de leur maturation, j'ai cru de- voir traiter d’abord quelques questions générales qui se rattachent aux phé- nomènes de la maturation : c'est cette première partie de mes recherches que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui. » J'ai voulu déterminer en premier lieu l'influence que les éléments de l'air peuvent exercer sur le développement des fruits. » Mes essais ont porté principalement sur les fruits à péricarpes charnus. J'ai fait, sur la respiration des fruits, un grand nombres d'expé- riences dont les détails ne pourraient trouver place ici; je dirai seulement qu'en opérant sur des fruits détachés de l'arbre , j'ai toujours reconnu que des (785) fruits placés dans de Pair atmosphérique transformaient rapidement l'oxy- gène en acide carbonique : mes expériences confirment donc complétement cette partie importante du travail de M. Bérard. » On sait que cet habile chimiste, dans le but de prouver que l’oxygene est indispensable pour la maturation, avait introduit des fruits dans des flacons remplis d'azote, d'hydrogène ou d'acide carbonique. » J'ai pensé que cette expérience , difficile à exécuter sur un fruit attaché à l'arbre, avait l'inconvénient d’altérer souvent le péricarpe, et de com- pliquer le phénomène en entourant le fruit d'un gaz étranger qui pouvait exercer une action directe sur lui. » Pour soustraire les fruits à l'influence de l'air atmosphérique, en les laissant dans des conditions à peu près normales , j'ai appliqué à leur surface des couches de gomme et de vernis résineux. » Mes expériences ont été faites sur des poires, des prunes et des gro- seilles ; elles ont eu pour résultat de prouver que le développement du fruit s'arrête toujours au moment où il est recouvert de vernis. » Faut-iladmettre, avec M. Bérard, que, dans la maturation des fruits, la production de l'acide carbonique est le phénomène essentiel, et que c'est le ligneux qui, en perdant du carbone, se transforme en sucre ? » Je ne connais, je l'avoue, aucun fait qui puisse confirmer cette théorie. » En enfermant des fruits dans des flacons, ou en les recouvrant de vernis, on a nécessairement arrêté leur transpiration , qui , d’après l'opinion des botanistes les plus distingués, exerce une certaine influence sur la circu- lation qui s'opère dans leur intérieur. » La seule conséquence importante à tirer des expériences qui précèdent, c’est que la respiration et la transpiration des fruits sont deux fonctions in- dispensables pour leur développement. » Pour ne négliger aucunes des questions qui se rapportent à la respiration des fruits , il m'a paru utile de déterminer la nature des gaz qui se trouvent dans les fruits; j'ai employé, dans ce but, un ballon en verre auquel était adapté un tube à dégagement : le ballon et le tube, au moment de l’expé- rience , étaient entièrement remplis d’eau saturée de sel marin. » J'introduisais alors dans le ballon les fragments du fruit ; en portant la liqueur à l'ébullition , le gaz se dégageait immédiatement ; il était facile alors de déterminer son volume et sa composition. J'ai soumis à ce genre d’expé- riences un très-prand nombre de fruits ; je citerai ici quelques-unes de ces analyses. Air d’une pomme mûre. I. Acide carbonique. 56 Azote:t. "15. ECO4 100 II. Acide carbonique . 56 AZOTENES AE 0 44 100 Air des coings verts. Acide carbonique... 70 AZOfe ere ice 26 Oxÿpene EE "4 100 Air des raisins noirs. Acide carbonique... 93 ( 786 ) Air d'une pomme verte. Acide carbonique. 56 Ariiobnon ados 39 Oxygène........ 5 100 Air d’une poire müre. Acide carbonique... 68 IVe opaboas ae 30 OXVRÉNEMA EEE 2 100 Air des raisins noirs. Acide carbonique... go LAND ToN 0 roee 10 100 Air d’une pomme ver.e. Acide carbonique. 31 ic todan onde 59 Oxygène........ 10 100 Air d’une poire verte. Acide carbonique... 68 A7ZOte... "me." 27 Oxygène.......... 5 100 Air des raisins verts, Acide carbonique... 95 100 » Ces résultats semblent confirmer les observations qui ont été faites sur la respiration des fruits. On admet généralement qu'un fruit vert dégage de l'oxygène sous l'influence solaire, en décomposant l'acide carbonique; tandis que les fruits mûrs, comme l'a prouvé M. Bérard , transforment, au con- taire, l'oxygène de l'air en acide carbonique. Or, il résulte de mes analyses, que les fruits verts contiennent plus d'oxygène que les fruits mûrs. » La quantité de gaz qui s'est dégagée dans les expériences précédentes n'a jamais dépassé la moitié du volume du fruit. » En voyant un fruit changer , en quelques heures , l'oxygène de l'air en acide carbonique, il était naturel de rechercher si cette transformation se faisait sous l'influence d’une espèce de ferment préexistant dans le fruit, ou si elle dépendait uniquement de l’organisation du péricarpe. » Pour m'en assurer, j'ai introduit dans une cloche remplie d'air atmo- sphérique, une poire qui, pendant plusieurs jours, a formé de l'acide car- bonique aux dépens de l'oxygène de l'air. J'ai alors broyé le péricarpe, de manière à rompre toutes les cellules, et j'ai vu qu'à dater de ce moment, la production de l'acide carbonique a été complétement suspendue. Plus tard , le sucre du fruit est entré en fermentation. » On se rappelle qu’une expérience semblable a été faite sur les feuilles, ( 787 ) par Th. de Saussure, et que ce célèbre chimiste a reconnu qu'elles ne dé- composent l'acide carbonique que quand leur organisation n’est pas dé- truite. » Le phénomène de la respiration des fruits n'est donc pas aussi simple quon pourrait le penser; il faut nécessairement admettre qu'à côté des réactions chimiques qui se produisent dans la maturation, il en existe d’autres qui dépendent évidemment de l’organisation des végétaux. » C'est ce point important que j'ai voulu établir d'une manière précise. Je n'insisterai pas ici sur les expériences que j'ai faites dans le but de décou- vrir, dans les fruits, un principe de la nature des ferments qui pût, en agis- sant sur le sucre, la pectine ou les acides des fruits, transformer l'oxygène en acide carbonique. Jusqu'à présent mes essais ont été infructueux. » Quelques chimistes ont avancé que les acides contenus dans les fruits étaient modifiés par l'acte de la végétation, et que l'acide malique pouvait se transformer en acide citrique ou en acide tartrique. » Cette opinion, que tous les chimistes sont loin d'admettre, est, je crois, fondée sur des expériences inexactes, dans lesquelles on avait cru repro- duire artificiellement les acides malique ou tartrique. » Pour traiter cette question, j'ai suivi le développement d'un fruit dont l'acide pût être facile à caractériser. Mes expériences ont été faites sur le raisin. » En examinant les grains de raisin à différentes époques de leur matura- tion, J'ai reconnu que l'acide tartrique, qui existe en si grande proportion dans le fruit mür à l'état de bitartrate de potasse, se trouve déjà d'une ma- nière appréciable dans un grain qui ne pèse que à milligrammes. Je crois donc pouvoir avancer que l'acide tartrique n’est pas un produit de la mo- dification d'un autre acide organique, et qu'il existe dans les plus petit grains de raisin, M. Pelouze était arrivé, de son côté, aux mêmes résultats. » On sait quà une certaine époque, le goût acide et astringent des fruits est remplacé par une saveur douce et agréable. » La production du sucre dans les fruits a été différemment expliquée par les chimistes. » D'après M. Couverchel , le sucre des fruits se formerait par l'action des acides organiques sur la gomme, la dextrine ou l'amidon qui se trouvent dans les fruits ou dans leurs pédoncules. » On peut faire à cette théorie une objection sérieuse, car M. Biot a dé- montré que le sucre qui se produit dans la réaction des acides sur lamidon n'exerce pas sur la lumiere polarisée la même action que celui qui se trouve C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 47.) 106 ( 788 ) dans le raisin. D'après ce célèbre physicien, ces deux sucres ne seraient donc pas identiques. » D'autres chimistes ont admis que c’est le ligneux des fruits qui se trans- forme en sucre; je dois dire qu'il m'a été impossible d'obtenir du sucre en faisant bouillir pendant longtemps le ligneux contenu dans le péricarpe des fruits avec des acides concentrés. » On voit donc que cette question n’est pas encore résolue, et qu'elle exige de nouvelles expériences. » Pour apprécier le rôle que jouent les acides dans la maturation, et l'in- fluence qu'ils exercent sur la production du sucre, j'ai essayé de saturer, par une dissolution alcaline pendant la végétation, l'acide que contient un fruit, et de l’analyser ensuite au moment de la maturation. » J'ai reconnu que certains fruits, pendant la première période de leur accroissement, ne contiennent que des quantités insignifiantes de sucre, et qu'à un certain moment, qui est indiqué par des changements physiques que tout le monde connaît, le sucre se développe en abondance; les prunes et les abricots sont dans ce cas. J'ai donc pensé qu’en introduisant dans de pareils fruits des dissolutions alcalines au moment où ils müûrissent, je pourrais peut-être apprécier l'influence des acides sur leur maturation. »._ J'ai arrosé un pranier chargé de fruits verts, avec une dissolution très- faible de carbonate de soude, au moment où le sucre commençait à se for- mer; l'arbre a pu supporter, pendant un certain temps, l'action d’une liqueur alcaline; les feuilles seules ont changé de couleur. » Les prunes se sont bientôt détachées de l'arbre; elles présentaient l'ap- parence de la maturité; elles étaient odorantes et colorées, et les cellules du péricarpe, examinées au microscope, se sont trouvées molles et transpa- rentes comme dans une maturation normale; mais les prunes étaient dépour- vues de toute saveur sucrée; il était évident que la production du sucre avait été suspendue. » J'ai répété cette expérience en plongeant dans des dissolutions de car- bonate de soude, de longues branches de prunier et d’abricotier chargées de fruits verts; la maturation s'est opérée comme dans le cas précédent, et les fruits sont restés complétement fades. » Je n'essayerai pas, à la suite de cette expérience, de présenter une théorie sur la production du sucre dans les fruits; car la disparition du sucre dans l'expérience précédente peut être attribuée à l'état de maladie dans le- quel l'arbre est arrivé sous l'influence des liqueurs alcalines. Je me contente seulement de constater ici un fait important : c'est qu'on arrête la formation ( 789 ) du sucre dans les fruits en arrosant un arbre avec des dissolutions alcalines. Cette expérience fait entrevoir, en outre, la possibilité d'opérer des réactions chimiques dans l'intérieur des végétaux sans détruire leur organisation. J'es- père démontrer bientôt que la chimie peut tirer un grand parti de ce genre d'expériences. » Tout le monde sait qu'à un certain moment les fruits perdent, en général, leur saveur acide pour prendre celle du sucre. Comment ce changement s'o- père-t-il ? C'est là peut-être une des questions les plus intéressantes de la phy- siologie végétale. » M. Bérard admet que l'acide qui se trouvait dans le fruit vert reste dans celui qui est arrivé à son état de maturité, et que sa saveur se trouve sim- plement masquée par celle du sucre et de la gomme qui se forment dans le fruit mûr. » Sans vouloir discuter ici le procédé d'analyse de M. Bérard, je dirai seulement que j'ai constaté un fait qui s'accorde difficilement avec la théorie de ce chimiste; c'est que des prunes et des abricots perdent leur réac- tion acide à mesure que la maturation s’avance, et qu'ils deviennent presque neutres au papier de tournesol lorsque leur maturité est complète. » J'ai analysé des poids égaux de péricarpe d'un même fruit desséché à 1 00 degrés, pris à différentes époques de la maturation, et qui ne contenait qu'un seul acide organique; en épuisant ces péricarpes desséchés par l’eau froide, j'ai obtenu des dissolutions qui, traitées par l’acétate de plomb, ont précipité des quantités à peu près épales de sel de plomb. » En supposant que ce mode d'analyse puisse comporter quelque exacti- tude, je me garderai de dire que l'acide contenu dans un fruit vert reste dans le même état et dans la même proportion lorsque le fruit est mûr; car il est évi ent que la réaction du suc acide disparaît pendant la maturation, et que le fruit perd ou reçoit, par son pédoncule, des quantités considérables de sels de chaux ou de potasse dont il est impossible de tenir compte. » En me fondant sur des analyses de pédoncules qui contiennent, comme je l'ai reconnu, au moment de la maturité, des quantités considérables de sels de chaux et de potasse, et sur la neutralité de certains fruits mûrs, je pense que, dans un grand nombre de cas, les acides des fruits se trouvent sa- turés par les bases qui viennent de l'arbre. La saturation des acides d’un fruit me paraît donc une condition indispensable pour sa maturité. » Qui ne sait, en effet , que lorsqu'un fruit a été détaché de l'arbre avant le temps convenable, il conserve toujours une saveur acide et astringente? Quelques chimistes pensent que les acides des fruits peuvent se transformer 106. ( 790 ) en sucre. Je suis loin de repousser cette opinion d’une manière absolue, mais je ne connais jusqu'à présent aucune expérience qui puisse la faire admettre. » Cette question me conduit naturellement à parler des changements qu'é- prouve un fruit lorsque, après avoir été cueilli, on le conserve pendant un cer- tain temps à une température de 15 degrés. » On observe à ce moment quelques modifications chimiques, qui sont indiquées dans la partie analytique de ce travail. Je parlerai seulement ici des altérations qu'éprouve le péricarpe. »_ À cette époque, que je considère avec M. Couverchel comme une période de décomposition, le fruit transforme rapidement l'oxygène de l'air en acide carbonique ; si on examine le péricarpe au microscope, on reconnaît que les cellules sont souvent flétries, et ont perdu leur adhérence. » Un fruitarrivé à cet étatressemble, jusqu’à un certain point, àces pommes de terre gelées qui ont été examinées par M. Payen, dans lesquelles les cel- lules ont perdu leur adhérence. » Les éléments de l'air exercent un grande influence sur cette période de la maturation; j'ai pu, en effet, la retarder en recouvrant les fruits de plu- sieurs couches de vernis, et l'accélérer, au contraire, en pratiquant, à la sur- face des fruits, de légères ponctions; on obtient un résultat semblable si on exerce, sur le péricarpe, une pression qui écrase quelques cellules et permet à l'air de pénétrer dans le fruit. » Lorsqu'on accélère, par des procédés artificiels, la maturité d'un fruit, on l'amène rapidement à cette période de décomposition qui est annoncée par une coloration jaunâtre. J'ai reconnu que, dans ce cas, le fruit dégage de l'acide carbonique; le sucre qu'il contient entre bientôt en fermentation, et les cellules du fruit, considérées au microscope, sont, en général, flétries. » M. Liebig, et principalement M. Chevreul, ont admis que les sels orga- niques contenus dans les végétaux peuvent se transformer en carbonates. » Je citerai ici quelques expériences qui confirment pleinement cette théo- rie. Comme la production des carbonates intéresse la physiologie végétale et animale, j'ai voulu déterminer d'une manière précise les circonstances qui peuvent opérer cette transformation. » Il résulte d’un grand nombre d'expériences, que toutes les matières azotées, d'origine animale ou végétale, peuvent, en se décomposant à l'air, sous l'influence d'une température de 25 degrés, transformer des sels organiques en carbonates. » C'est ainsi qu'un mélange de sang et d’acétate de chaux on de baryte (791 ) laisse déposer, en quelques jours, des petits cristaux de carbonate de chaux ou de carbonate de baryte. » Les substances azotées d’origine organique peuvent opérer cette trans- formation avec la même facilité. » Si l’on expose, en effet, à l'influence de l'humidité et de l'air, des feuil- les d'arbre qui contiennent une quantité considérable de matière azotée, elles se désagrégent rapidement; si, à ce moment, on les arrose avéc des dissolu- tions de malate acide de chaux ou de tartrate de potasse, ces sels ne tar- dent pas à se changer en carbonates. Ces transformations ont toujours été faites en présence de l'air atmosphérique. » L'expérience que je vais citer permet de constater toute l'énergie des matières azotées qui se décomposent. » On sait que les feuilles de tabac contiennent une substance azotée et du malate acide de chaux. » Lorsqu'on fait éprouver au tabac la première fermentation qui porte le nom de fermentation en masse, on altère la matière azotée du tabac et on la rend propre à opérer des décompositions de sels organiques; à cette époque le malate acide de chaux n’est pas encore décomposé: si on reprend alors les feuilles par l’eau , on dissout à la fois le sel de chaux et la substance azotée. » En exposant cette liqueur à l'air, elle reste claire pendant un certain temps, mais laisse bientôt déposer de beaux cristaux de carbonate de chaux. » C'est sur cette réaction importante que repose toute la fabrication du tabac ; la feuille ne devient ammoniacale que lorsqu'une partie du malate acide de chaux est transformée en carbonate. » Il est donc évident que les végétaux peuvent, en se détruisant, donner naissance à des agents assez énergiques pour entraîner dans leur décomposi- tion les corps les plus stables. On a vu, en effet, le malate de chaux se trans- former en carbonate de chaux sous la seule influence d’une substance azotée ; une température élevée n'aurait pas opéré une décomposition plus complète. » Cesréactions se rattachent évidemment aux forces encore inconnues qui déterminent, dans les végétaux, des changements si curieux. » La production du carbonate de chaux, dans les expériences précédentes, peut servir à expliquer la présence de ce sel dans certaines parties de l'orga- uisation végétale et animale. » On se rappelle, en effet, que M. Payen a prouvé que les concrétions pédicellées trouvées par M. Meyen, dans le tissu des feuilles de plusieurs figuiers , existaient dans d’autres plantes; et que ces formations de carbonate de chaux se développaient toujours en présence d’une matière azotée. ( 792 ) » La production du carbonate de chaux cristallisé sous l'influence d'une matière azotée ne peut-elle pas aussi expliquer la formation de ce sel dans certaines parties de l'organisation animale, et principalement dans les os? Cette question sera traitée dans un Mémoire spécial. » Lorsqu'on voit, dans la végétation, une base se combiner d'abord avec un acide organique, pour revenir ensuite à l’état de carbonate, on comprend qu'un arbre puisse croître pendant longtemps dans le même terrain sans épuiser les éléments inorganiques qui sont indispensables à son accroissement, puisqu'en perdant ses feuilles, il rend à la terre, à l’état de carbonate, une grande partie de la potasse et de la chaux qu'il lui avait empruntées. » _Tels sont les premiers résultats de mes recherches sur la maturation des fruits. Loin de considérer ce travail comme complet, je m'empresse, au con- traire, de reconnaître que les différentes questions relatives à la maturation exigent de nouvelles expériences que j'exécute en ce moment; je suis heu- reux d'annoncer ici que M. Decaisne a bien voulu se joindre à moi pour trai- ier cet important sujet. » CHIMIE. — Recherches sur deux nouvelles séries de sels ; par M. E. Frey. (Extrait par l’auteur.) (Renvoi à la Section de Chimie.) « J'avais fait connaître, dans un Mémoire précédent , deux nouveaux acides qui prennent naissance dans la réaction des acides sulfureux et azoteux sur les bases ; j'avais prouvé que ces acides, d’origine inorganique , présententune certaine analogie avec les corps organiques azotés, et dégagent, lorsqu'on les chauffe, des vapeurs ammoniacales. » J'ai cherché à étendre ces réactions qui m'ont paru intéressantes, et Je viens annoncer aujourd'hui que les éléments de l'acide sulfureux, de l'acide azoteux et de l'eau, peuvent se réunir en présence d'une base alcaline, dans des proportions différentes, pour produire quatre espèces de sels distincts, qui contiennent des acides formés d'oxygène, de soufre, d'hydrogène et d'azote. » Ce n'est donc pas un fait détaché que je soumets à l'Académie, mais un ensemble de réactions qui paraît constituer un ordre de phénomènes entière- ment nouveaux. » En examinant, d'une manière générale, l'action que deux acides peu- vent exercer sur une même base, j'ai reconnu que si, dans un grand nombre de circonstances, les acides se partagent la base pour former des sels diffé- a ( 793 ) rents, il peut arriver souvent que les deux acides s'unissent en présence de la base pour constituer une seule molécule d'acide. » Ce cas se présente surtout lorsque les deux acides peuvent se décom- poser réciproquement à l'état isolé. » Pour démontrer cette propriété importante, j'ai pris pour exemple les deux acides sulfureux et azoteux qui se transforment, comme on le sait, sous l'influence de l’eau, en acide sulfurique et en deutoxyde d'azote. » Si on fait arriver dans un azotite de potasse qui contient un excès d’al- cali, un courant d'acide sulfureux , la liqueur devient, à un moment, comme rélatineuse, et laisse déposer un sel blanc qui ressemble au stéarate neutre de potasse. » Ge composé ne présente aucun des caractères des sels formés par les acides de l'azote ou du soufre. Lorsqu'on le chauffe, il dégage des vapeurs rutilantes, de l'acide sulfureux et de l’'ammoniaque. » Il contient un acide nouveau, formé d'oxygène, de soufre, d'hydrogène et d'azote, que j'ai nommé acide sulfazoteux. » Cet acide ne peut exister qu'en combinaison avec les bases; lorsqu'on traite un sulfazotite par un acide, il dégage immédiatement du deutoxyde d'azote, et donne naissance à un sulfate. » L’acide sulfazoteux se combine avec toutes les bases ; je ne parlerai ici que du sulfazotite de potasse, qui peut servir à caractériser les autres sulf- azotites. Sulfazotite de potasse. » Ce sel est très-soluble dans l’eau , insoluble dans l'alcool, exerce sur les réactifs colorés une réaction fortement alcaline. Il se décompose brusque- ment par la chaleur, donne naissance à de l'acide sulfureux, de l’'ammo- niaque, des vapeurs rutilantes, et laisse un résidu de sulfate neutre de potasse; il dégage du deutoxyde d'azote sous l'influence des acides ; il est oxydé rapi- dement par le chlore ou l'acide azotique. » Ce sel peut être représenté par la formule suivante : 2S0ÿ, 2807, AzO', H:0° + 3KO. » En m'appuyant sur les précieuses observations que M. Chevreul a faites à l’occasion des formules rationnelles des corps composés, je me contente seulement de faire remarquer ici que l'acide sulfazoteux est formé de quatre éléments, qui peuvent représenter de l'acide sulfurique, de l'acide sulfureux, de l'acide azoteux et de l’eau. ( 794 ) » Tous les autres sulfazotites sont examinés avec détail dans mon Mémoire. ». Je passe maintenant à la seconde classe decomposés, qui prend naissance dans la réaction de l'acide sulfureux sur les azotites. ». Lorsqu'on traite le sulfazotite de potasse par une nouvelle quantité d'a- cide sulfureux en présence d’un excès de potasse, on le transforme complé- tement en un autre sel qui contient un nouvel acide que je nomme sulfazo- tique. » Cet acide, semblable au précédent, ne peut exister qu'en combinaison avec les bases; mais il forme des sels qui diffèrent entièrement des sulfazotites. Le sulfazotate de potasse caractérise immédiatement -cette nouvelle classe de composés. » Ce sel est remarquable, en effet, par sa belle cristallisation; il est soluble dans l’eau, et cristallise souvent en larges tables rhomboïdales; sa réaction est alcaline, et sa saveur est légèrement caustique. Les acides sulfurique et chlorhydrique ne le décomposent pas; cette propriété le distingue du sulf- azotite, qui est, comme Je l'ai dit précédemment , détruit par les acides. » Ce sel présente la composition suivante : 280, 3$0?, Az0', H°0°, 3KO. » En rapprochant cette formule de celle du sulfazotite, on reconnaît que les deux acides qui entrent dans ces sels ne different que par 1 équivalent d'acide sulfureux; on comprend alors que le sulfazotite se transforme en sult- azotate sous l'influence de l'acide sulfureux. » L'acide sulfazotique forme, avec les autres bases, des sels cristallisa- bles, et peut même donner naissance à des sels doubles. »_ Pour obtenir la troisième série de sels, il faut traiter le sulfazotate de potasse contenant un excès de base, par l'acide sulfureux. La liqueur, qui était d'abord parfaitement claire, laisse bientôt déposer de longues aiguilles soyeuses de sulfammonate de potasse. On se rappelle que ce sel , qui a été décrit dans un Mémoire précédent, est caractérisé par son insolubilité dans une liqueur alcaline , et sa transformation rapide en sulfate d’ammoniaque et en bisulfate de potasse, lorsqu'on le fait bouillir dans l’eau. » On peut représenter ce sel par deux compositions équivalentes : la formule 7SO*, Az H?, SO?, 4KO, fait comprendre sa décomposition en sulfate acide de potasse et en sulfate d'ammoniaque ; la formule 280", 6S0?, AzO*, H?, O?, 4KO établit an rapport entre le sulfammonate de potasse et les sels précédents, et démontre en outre que ce sel ne diffère du sulfazotate de potasse que par de l'acide sulfureux et de la potasse. ( 795 ) » Enfin, lorsqu'on traite le sulfammonate de potasse par de l'eau à 4o degrés, on enlève 1 équivalent de bisalfate de potasse, en donnant nais- sance aux nouveaux sels que j'ai nommés sulfamidates, et qui diffèrent, par toutes leurs propriétés, des sels précédents. » Tel est le résumé des principales réactions qui sont décrites dans mon Mémoire. » Les faits qui précèdent prouvent donc que les acides sulfureux et azo- teux, qui se décomposent si facilement dans l'eau, peuvent se réunir en présence de l’eau et de la potasse, pour former quatre espèces de sels dif- férents. » Ces corps ne sont pas seulement intéressants par leur production , mais encore par l’ensemble de leurs propriétés et la mobilité de leurs éléments, qui les rapprochent des substances organiques : je me suis assuré que ces nouveaux sels peuvent être modifiés par les agents chimiques sans être dé- composés complétement. » Je crois pouvoir annoncer ici, d’une manière positive, que d'autres acides peuvent, comme les acides azoteux et sulfureux, se réunir en pré- sence d'une base pour constituer une seule molécule d'acide; et que, par conséquent, cet ordre de phénomènes doit enrichir la science d'un grand nombre de composés nouveaux. » CHIMIE. — Recherches sur les acides volatils à 6 atomes d'oxygène ; par M. Auc. Canours. (Renvoi à la Section de Chimie.) « Lorsque MM. Liebig et Vôhler eurent démontré, dans l'huile volatile d'amandes amères, l'existence d'un composé ternaire qui se rencontre dans toutes les combinaisons benzoïques , et qu'ils considérèrent par cette raison comme le radical de ces combinaisons , tout le monde comprit l'importance d'un résultat qui permettait de grouper des faits nombreux , et bientôt, dans les mains d'observateurs habiles, la série benzoïque devint une des plus com- plètes de la chimie organique. » Depuis lors, la science s'est enrichie de plusieurs composés analogues , et la découverte de l'hydrure de salicyle par M. Piria a fait époque dans l'histoire des combinaisons organiques. » Aujourd'hui, je viens offrir à l'Académie le résultat de mes recherches sur un corps appartenant à ce groupe, et dont l'étude n'a permis de me rendre nettement compte de la production de l'acide anisique. C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 47.) 107 ( 796 ) » Dans un Mémoire publié en juillet 1841 sur l'essence d’anis et les composés qui en dérivent, J'avais fait voir que cette substance se convertissait, par l'ébullition avec de l'acide azotique à 24 ou 25 degrés, en un acide nouveau représenté par la formule C:? H'° Of ; que je désignai sous le nom d'acide anisique, en raison de son origine. Je fis voir encore, dans ce même Mémoire, qu'en faisant usage d’un acide plus con- centré, l'essence se convertissait tout entière en un acide azoté dérivant du précédent par la substitution de r équivalent de vapeur nitreuse à 1 équiva- lent d'hydrogène, et représenté par conséquent par la formule CH! 0° Az 0%. » J'avais remarqué que toutes les fois qu’on fait usage d'acide nitrique tres- affaibli, il se produisait, au commencement de la réaction, une huile pesante, de couleur rougeâtre , qui se précipitait au fond de la liqueur nitrique, et qui présentait à la température ordinaire la consistance d'une huile épaisse. Pensant que ce produit devait renfermer quelque substance moins oxygénée que l'acide anisique, et présentant avec lui quelque relation simple de com- position , je soumis cette huile à une distillation ménagée, après l'avoir toute- fois entièrement privée de l'acide nitrique en excès par de nombreux lavages à l’eau. J'obtins pour résidu, dans le vase distillatoire, une petite quantité d’un charbon caverneux et brillant; le produit condensé dans le récipient contenait deux substances distinctes : l’une, solide et cristallisable, présentait exactement la composition et les propriétés de l'acide anisique ; l'autre offrait l'aspect d'une huile jaunâtre , dont la pesanteur spécifique est supérieure à celle de l’eau. » La séparation de ces deux produits est facile à effectuer, au moyen d'une lessive faible de potasse, qui dissout l'acide et laisse l'huile intacte. Celle-ci peut ensuite, à l'aide de quelques rectifications opérées dans un courant d'acide carbonique, être obtenue entièrement incolore; mais elle prend bientôt une teinte jaunâtre qui fonce avec le temps. L'analyse assigne à ce produit la formule C:2 H'° O‘ ñ qui ne diffère, comme on voit, de celle de l'acide anisique, que par deux molécules d'oxygène. » Or, la transformation de l'essence d’anis, d’abord en cette dernière sub- ( 797 ) stance , puis en acide anisique, s'explique d'une manière fort nette, si l'on admet que la molécule de cette essence se scinde en deux groupes qui s'oxy- dent séparément sous l'influence de l'acide nitrique. On aurait donc CO HE 07 — C'H° + C2 HO. Essence d’anis. » Le carbure d'hydrogène CH se brûlerait en fournissant de l'acide oxa- lique et de l'acide carbonique dont j'ai constaté la production , quoiqu'à la vérité, en faible proportion , tandis que le groupe ternaire C*? H'O* fixe- rait d'abord O?, puis O*, pour engendrer l'huile pesante , puis l'acide anisi- que, dernier terme de l'oxydation. L’essence d’anis diffère donc ainsi d'une manière essentielle de l'essence de cumin, son isomère, qui, fixant directement deux molécules d'oxygène, donne naissance à l'acide cuminique. » L'huile pesante obtenue par l'action de l'acide nitrique sur l'essence d'anis, étant traitée par le chlore ou le brome, perd r équivalent d'hydro- gene, qu'elle échange contre 1 équivalent de l’un ou l’autre de ces corps. » L'ammoniaque caustique la transforme, par un contact prolongé, en une substance cristalline analogue à la salhydramide; enfin, lorsqu'on la laisse tomber goutte à goutte sur de la potasse en fusion , de l'hydrogène se dégage, tandis qu'il se produit un anisate aicalin. » Elle se transforme également en acide anisique, lorsqu'on l'abandonne au contact de l'air; dans ce cas, l’action est très-lente, mais finit par être complète. » L'ensemble de ces réactions montre clairement que le produit dont je viens de donner une description sommaire se rapproche des huiles d'amandes améres et de Spirea; aussi proposerai-je de le désigner sous le nom d’hydrure d’anisy le. » On aurait alors les combinaisons suivantes : C*H0', hydrure d’anisyle; x" Fc 0‘, chlorure d’anisyle ; H"“ Ë œe ,0', bromure d’anisyle ; r Li, C=H'Az*0*, anishydramide; C#H0' + 0°, acide anisique cristallisé. » La formation de l'acide anisique une fois expliquée, je me suis attaché à faire une étude comparative de ce produit et de l'acide salicylique, qui renferme , ainsi que lui, 6 atomes d'oxygène dans sa molécule. 107. ( 798 ) » Comme l'hydrure d’anisyle, dont il dérive, l'acide anisique peut échan- ger une molécule d'hydrogène contre une de chlore, de brome ou de va- peur nitreuse, en fournissant des composés qui présentent avec lui la plus exacte ressemblance. » L'acide anisique forme, en réagissant sur l'alcool et l’esprit-de-bois , des éthers qui ne possèdent pas la propriété de s'unir aux bases ; ce sont des composés d’une neutralité parfaite, et rentrant par conséquent dans la classe des éthers ordinaires. » Si donc l'acide salicylique, en s'éthérifiant, peut former des combi- naisous qui se comportent comme de véritables acides, il faut nécessairement admettre que cette propriété doit tenir au groupement particulier que pré- sentent ses molécules ; c’est donc un corps unique jusqu'à présent, mais dont on retrouvera sans doute des analogues. » Les éthers formés par les acides anisique et salicylique présentent ce résultat particulier, que lorsqu'on fait réagir sur eux soit le chlore, soit le brome, l’action se porte sur l'acide au lieu de se porter sur la base, comme M. Malaguti l'a si bien observé pour la plupart des éthers qu'il a soumis à son examen. Ces faits prouvent évidemment qu'on ne saurait généraliser ces sortes d'actions, qui doivent uniquement dépendre de la constitution mo- léculaire du corps considéré. » Les éthers chloranisique, bromanisique et nitranisique peuvent s’ob- tenir, soit par la réaction des acides sur l'alcool ou l'esprit-de-bois, soit directement, en faisant agir le chlore, le brome ou l'acide nitrique fumant sur l'éther anisique ou l’anisate de méthylène. » Les séries anisique et salicylique présentent des cas d’isomérie nom- breux et pleins d'intérêt: ainsi, tous les éthers que forment l'acide anisique et ses dérivés avec Fesprit-de-bois, possèdent la même composition que ceux qu'on obtient au moyen de l'acide salicylique et de l'alcool; ce qui doit être, puisque l'acide anisique ne diffère de l'acide salicylique que par C* H* en plus, et lesprit-de-bois de l'alcool par C*H* en moins. En effet, on a CHOC E=NC/HLO! + C H°O?+ C'H' — C‘H"0? — HO: — H' 0’ Anisate de méthylène. Ether salicylique. » De part et d'autre les produits peuvent être obtenus facilement à l'état de pureté; il sera curieux, dès lors, d'étudier d'une manière comparative leurs propriétés physiques; c’est ce que je me propose de faire. » ( 799 ) CHIMIE. — Remarques sur les éléments qui composent les substances organiques et sur leur mode de combinaison; par M. E. Muzrox. (Renvoi à la Section de Chimie.) « Lorsqu'on envisage le carbone dans ses combinaisons, on découvre sans peine qu’elles sont affectées d’un caractère particulier à la faveur duquel cet élément reçoit une puissance immense pour l’accomplissement des fonctions qui lui sont dévolues. Ce caractère du carbone se manifeste dans presque toutes les alliarices qu'il contracte; il est inscrit sur les produits organiques les plus simples, et se retrouve encore dans les produits les plus complexes. Néanmoins, il ne nous semble pas qu'on ait encore dégagé des cas innom- brables où ce caractère se révèle, une expression simple qui puisse en mar- quer la nature et l'étendue. » On peut formuler ce caractère en disant que le carbone s’unit intime- ment aux autres éléments organiques, et même au plus grand nombre des éléments inorganiques. Le rapprochement des combinaisons organiques et minérales fait comprendre bien vite ce que signifie cette intimité de l'union du carbone. » Chaque métalloïde, chaque métal se trouve, en chimie minérale, mar- qué par quelques traits qui reparaissent partout où se fixent le métal et le métalloïde. C’est ainsi que partout où se combine le chlore, on le déplace sans peine sous forme d'acide chlorhydrique, ou bien on le précipite par le nitrate d'argent à l'état de chlorure insoluble, ou bien encore on le met en liberté par l’action combinée d’un peroxyde et d’un acide. On peut en dire autant du soufre, de l'iode. Les acides minéraux se retrouvent facilement au sein des dissolvants, quels que soient les liens dans lesquels ils se trouvent engagés. Les bases aussi conservent, en présence des acides, des réactions in- variables. » Mais que l’on cherche à faire l'application de règles analogues au car- bone, elles se trouvent presque toutes en défaut. C'est ainsi qu’on tourmente vainement le chlorure de carbone par les réactifs ordinaires pour y recon- naître le chlore; le sulfure de carbone est inutilement mêlé aux solutions les plus propres à y déceler l'hydrogène sulfuré. Les carbures d'hydrogène peu- vent se dissoudre dans les solutions métalliques sans que l'hydrogène uni au carbone sollicite l'oxygène de la base, tandis que le carbone se porterait sur le métal. Tous les carbures métalliques connus jusqu'ici sont pourtant insolu- bles, et quelle que soit la combinaison de l'hydrogène, elle obéit à cette ( 800 }) règle de double échange. Le chlore, l'iode, le soufre , le sélénium , le tellure, le phosphore, l’arsenic, l’antimoine, suivent cette règle uniforme dans leur union à l'hydrogène; le carbone s’en affranchit. » Pour représenter, autant qu'on peut le faire par des mots, cette spécialité du carbone , on peut dire que, dans les combinaisons minérales, les éléments sont juxtaposes, tandis qu'ils se pénètrent dans les combinaisons organi- ques. Il semble que le mode naturel des êtres qui conduit à distinguer l'ac- croissement extérieur des minéraux et l'intussusception des animaux et des plantes, se trouve en corrélation avec le mode chimique des principes qui servent à construire les uns et les autres. » Voici maintenant les conséquences de la pénétration du carbone. Cet élément, associé aux autres éléments, forme avec eux un composé qui n'agit plus par les différentes pièces qui le constituent, mais par leur ensemble; cest comme un corps nouveau qui offre ses ressources à la production des êtres organiques. » On compreud que, par un abus de cette disposition, quelques chi- mistes aient été portés à construire une multitude de corps hypothétiques, formés par l'union du carbone avec l'azote, l'hydrogène et l'oxygène. On a douné à ces êtres, imaginaires pour la plupart, le nom de radicaux , et on leur a fait ainsi jouer, presque toujours en dépit des réactions, un rôle fort étrange; tandis qu'il eût suffi, dans ces différents cas, de signaler l'union parfaite de plusieurs éléments organiques, et d'indiquer, au gré des phéno- mènes, leurs tendances générales de combinaison ou de décomposition. » Je poursuis les conséquences théoriques de l'union particulière du car- bone ; les conséquences pratiques ne se feront pas attendre. » Si le carbone a la puissance d’enchaîner un certain nombre de molécules, de constituer avec elles un groupement d'une stabilité particulière, on com- prend sans peine que ce groupement puisse persister malgré un change- ment successif et même complet dans la nature des molécules. Ce change- ment détruirait tout autre arrangement chimique, appartenant, par exemple, aux combinaisons minérales. Ici la molécule organique s'ouvre à la substitu- tion, mais la permanence se retrouve dans le nombre. » L'isomorphisme de l'hydrogène et du chlore montre jusqu'où peut aller la permanence de certaines propriétés du groupement organique. On sait que ces deux éléments satisfont dans plusieurs cas aux règles de l'isomor- phisme. Faudrait-il en conclure que le chlore et l'hydrogène possèdent des analogies tres-étendues? Certainement non; ils sont isomorphes à la condi- tion de se trouver en présence du carbone. Le carbone, ce témoin nécessaire ( 8or aux relations isomorphiques du chlore et de l'hydrogène , imprime un carac- tère si puissant au groupement auquel il préside, que le remplacement d’un corps tel que l'hydrogène par un autre de nature très-opposée, tel que le chlore, ne change pas une des conditions essentielles de la combinaison, celle qui se traduit par la forme. » Ainsi, pour résumer ces premiers points de l'histoire du carbone, cet élément offre un mode de combinaison qui lui appartient en propre; il fait en quelque sorte passer à l’état latent les éléments auxquels il s'associe, il les groupe dans un certain ordre où il les retient par sa présence. Le grou- pement est si fort, tant que le carbone le domine, que les éléments de la na- ture la plus contraire se placent l’un à côté de l’autre, se substituent et sem- blent établis dans l'alliance la plus naturelle, lorsqu'ils sont peut-être enchaînés par un lien violent. » Il serait superflu d’insister sur l’azote, et de montrer qu'il se rapproche du carbone, qu'il se place avec lui sur cette ligne d’affinité organique où les éléments s'unissent, s'effacent et se préparent à satisfaire, par un ensemble parfait, aux besoins de l’organisation végétale et animale. » Mais si l’on s'élève à des composés organiques plus complexes, le même caractère de combinaison intime se reproduit et prend une extension consi- dérable. Ici le fait est palpable, et pour plusieurs cas particuliers, il se trouve déjà très-clairement défini. Ainsi, la combinaison des acides minéraux et de l'acide sulfurique en particulier à l'alcool, à la naphtaline, au sucre, à l'acide acétique, à la glycérine, aux corps gras, à l'indigo, à l'albumine, à la pro- téine, a très-bien appris que certaines substances minérales, en s'unissant aux substances organiques, perdaient la propriété de se déceler par les réac- tifs ordinaires. Les acides copulés ont conduit à une définition précise, mais très-restreinte, du principe que je développe; et, bien avant les acides copulés, les acides conjugués avaient présenté une vue délicate du même principe ex son application très-hardie(r). (1) H y a longtemps que l’on a remarqué que les combinaisons de l'acide sulfurique avec l'alcool, la naphtaline, le sucre, l’acide acétique, et l’on peut dire aujourd’hui avec le plus grand nombre des substances organiques, perdaient la propriété de se déceler par les sels solu- bles de baryte, de chaux, de strontiane et de plomb. M. Gerhardt a proposé de considérer ces composés sulfuriques comme le résultat d’une combinaison spéciale qu’il a nommée ac- couplement; il a admis, en outre, que la matière organique se distinguait, dans ce cas, en ce qu'elle ne saturait point l’acide et devait recevoir, à ce titre, le nom de copule. M. Gerhardt a ensuite étendu la faculté de se combiner par accouplement aux acides miné- 9 ( 802 ) » En admettant, ce qui est incontestable, que les acides sulfurique , ni- trique et phosphorique s'unissent aux principes organiques et s'absorbent dans une combinaison intime; en admettant que des acides organiques se sou- mettent au même régime, que les acides oxalique et acétique se dissimulent dans les acides tartrique et citrique, jusqu'où ce principe de combinaison intime s'étendra-t-il? Faut-il s'arrêter aux cas déjà bien nombreux qui vien- nent d’être signalés? Ce serait renoncer à mille rapprochements curieux que ce principe provoque. » C’est bien certainement ici qu'il faut placer les combinaisons si variées du cyanogène et des cyanures entre eux : le carbone et l'azote, ces deux élé- ments organiques par excellence, unis l'un à l’autre, mettent en pleine évi- dence le principe de combinaison intime. Sa puissance s'y développe, pour ainsi dire, sans limites. Tous les éléments, métaux et métalloïdes, viennent s’'absorber dans les groupements cyanurés, et y perdre, en quelque sorte, leur caractère individuel. » Tout à côté du cyanogène se place l’'ammoniaque; c'est presque la même puissance de combinaison intime, la même fécondité dans les productions organiques et minérales qui en dérivent. L'union de l’'ammoniaque à l'eau, aux oxydes métalliques, aux acides minéraux et organiques, montre avec quelle facilité elle s'associe pour former des groupements nouveaux, dans lesquels tous les éléments, rapprochés par le lien le plus intime, s'engagent simultanément dans les réactions ultérieures. » Il serait inutile de poursuivre plus loin les rapports des substances miné- rales et des substances organiques. Le mode d'union du carbone au chlore, au soufre, à l'hydrogène, se reproduit dans la combinaison du cyanogène Jaux et organiques; ainsi, les acides phosphorique, arsénique, carbonique, oxalique, tar- tique, peuvent recevoir l'addition d’une copule organique , et se comporter suivant les règles de l’accouplement, que M. Gerhardt a développées avec un soin tout particulier pour l'acide sulfurique. Cependant, il faut reconnaître qu’en désignant les acides tartrique et citrique sous le nom d'acides conjugués, et en les rattachant l’un et l’autre aux acides acétique et oxalique, M. Dumas avait le premier marqué très-nettement la voie dans laquelle M. Gerhardt s’est en- gagé plus tard. Bien que les acides copulés doivent, suivant M. Gerhardt, procéder d’une association directe, et se produire toujours avec élimination d’eau; bien que ces deux circon- stances ne s’observent point dans l’acide tartrique qui contient tous les éléments des acides acétique et oxalique, et qui, en outre, n’a pu se préparer jusqu'ici par l'union des deux acides, l’idée est la même de part et d’autre : elle suppose une combinaison de nature spéciale qui efface, ici, le caractère des acides sulfurique et phosphorique , là, les propriétés des acides acétique et oxalique. ( 803 ) et dé l'ammoniaque avec les substances minérales, et le même principe se continue, sans interruption, dans la combinaison de toutes les substances or- ganiques. Elles tendent toutes, dans leurs rapports avec les produits d’origine minérale, à l'union intime des éléments. » Mais un fait si général se bornera-t-il aux relations des éléments et des principes organiques avec les éléments et les principes minéraux! Les snb- stances organiques perdront-elles, les unes à l'égard des autres, la faculté de se combiner intimement, et de former, par l'union de groupements simples, des groupements complexes où toutes les pièces de l'assemblage concourent à une même réaction? Il répugne de croire qu'il en soit ainsi. Douées d’une faculté de combinaison qui leur appartient en propre, les substances organiques l'exercent nécessairement entre elles. C’est ainsi que j'ai déjà signalé la classe des acides conjugués, comme la première application du principe de combi- naison intime. » J'ai dû chercher si ce même principe pourrait pénétrer ailleurs. Pour le soumettre au contrôle de cette nouvelle et décisive épreuve, on comprend qu'il eût été tout à fait oiseux de détailler, d'une manière purement graphique, et de découper, en quelque sorte , un certain nombre de molécules organiques. Je me suis attaché, au contraire, à saisir, à la faveur du principe de combi- vaison intime , des relations nombreuses entre des corps éloignés jusqu'ici par le rang qu'on leur assigne. En me livrant à cette recherche, je n'ai pas tardé à reconnaître qu'il fallait admettre que certaines dispositions moléculaires persistent encore après l'élimination de l'eau ou de l'acide carbonique , et même après l'élimination simultanée de ces deux principes. C’est absolument ainsi que l'hydrate d'acide sulfurique et l'hydrate de potasse se combinent pour former un sulfate anhydre, dans lequel néanmoins ils transportent une sorte d'arrangement originel qui permet de retourner à la molécule acide ou à la molécule basique. C’est encore ainsi qu’on a tout intérêt à tenir le carbonate neutre de potasse très-rapproché du bicarbonate de la même base, dont il diffère cependant par une perte d’eau et d'acide carbonique (r). » Je me bornerai maintenant à quelques exemples. » Îl existe une catégorie de corps sur la constitution desquels on a jusqu'ici hésité à se prononcer. Ces corps son! désignés sous les noms de benzone, d'a- (1) Cette élimination d’un ou de plusieurs équivalents d’eau, très-fréquente en chimie mi- nérale, a probablement lieu dans un grand nombre de cas où on ne la soupconne pas. Il est fort possible que les acides monoatomiques dérivés , tels que S*O° par rapport à SO*, CIO’ par C. R., 1834, 2€ Semestre. (T. XIX, N° A7.) 108 : ( 804 ) cétone, etc.; ils renferment tous de l'oxygène dans leur composition, et se for- ment dans la distillation des sels organiques à base alcaline ou terreuse. Si l'on observe les circonstances de leur production, on reconnaît qu'elles sont très-voisines de la formation d'un carbure d'hydrogène qui dérive de ces mêmes sels. Entre le carbure d'hydrogène et le produit oxydé, aucune relation apparente au premier abord. La formule de la benzine C'? H° s'éloigne ma- nifestement de la formule de la benzone C!* HO; il en est de même du gaz des marais C?H", rapproché de l'acétone C° HF O. ». Mais si l'on consent à se représenter la benzone comme un produit ré- suitant de l'union de l'acide carbonique et de la benzine, avec élimination d’eau, on trouvera que ces produits sont dans un rapport très-simple : CH° + CO° — CSH°0 + HO. Benzine. Benzone. La benzone dérive par conséquent de la benzine et de l'acide carbonique, absolument comme la sulfobenzide et la nitrobenzide dérivent du même car- bure d'hydrogène et des acides nitrique et sulfurique : CE H° + SO' — C! H° SO: + HO; Benzine. Sulfobenzide, €" H5 + AzO', HO = C'°H° AzO' + 2H0. Benzine. Nitrobenzide. Maintenant on peut continuer le même ordre d'idées, en se tenant aux pro- rapport à CIO’, etc., résultent de la réaction de la combinaison hydrogénée du métalloïde sur sa combinaison oxygénée. Ainsi : SO: + SH = S°0° + HO; CIO’ + CIH = 2CI0: + HO; AzOS + AzH° — 2Az0 + 3H0. L’élimination d’eau est toujours proportionnelle à la quantité d'hydrogène contenue dans la combinaison hydrogénée. Dans les combinaisons du phosphore, l'élimination de l’eau ne paraît pas s'effectuer ; de là sans doute l’eau inhérente à la constitution des hypophosphites : PhO;, 3H0 + PhH° — 2 (PhO, 2H0 + HO). Acide hypophosphoreux. Le troisième équivalent d’eau de l'acide hypophosphoreux est basique. Le principe de combinaison intime serait ainsi quelquefois applicable aux combinaisons mi- nérales, et le signe de démarcation ne serait pas rigoureusement respecté. N’en est-il pas ainsi de tous les caractères appliqués aux classifications naturelles? ( 805 ) duits qui résultent de la distillation des benzoates. Que l'on admette un instant que la benzine et la benzone Peuvent se combiner entre elles, avec élimina- tion d'eau, et l’on arrivera à l'équation suivante : C'H° + C“H° 0 — C“ He + HO. Benzine. Benzone. Naphtaline. Ainsi la benzine et la benzone, qui s'uniraient en perdant 1 équivalent d'eau, donneraient un carbure d'hydrogène dans lequel le rapport des éléments serait semblable à celui qui s’observe dans la napbhtaline. » Si l’on se rappelle que la naphtaline se produit en même temps que la benzine et que la benzone; que la naphtaline donne naissance à des produits identiques avec ceux qui dérivent de la benzine, on comprendra quels rap- prochements inattendus Peut provoquer l'application du principe de combi- paison intime. » Quelle simplicité n’introduirait-on pas dans l’histoire des carbures d'hy- drogène, en montrant qu'ils se rattachent à trois ou quatre groupements pri- mitifs, modifiés suivant des règles simples et associés entre eux! » Quant à l’acétone, elle se rattache au gaz des marais par une interpré- tation semblable (r) : C'Hi + CO’ — Go + HO. Gaz des mar. Acétone. Que le gaz des marais et l'acétone aboutissent l'un et l'autre, dans des condi- tions analogues, à produire du chloroforme, cela s'explique sans peine à la suite de l'équation qui précède. » La liqueur fumante de Cadet, le protoxyde de cacodyle, paraît dériver, en vertu du même principe, de l'acide arsénieux et du gaz des marais : s C'H° + AzO® — C' H° Az0 + 2HO. Gaz des mar. Ac. arsén. Protox. de cacodyle. » Il serait tout simple, avec une telle origine, que les composés du caco- dyle pussent retourner, après quelques métamorphoses, à la série du mé- (1) M. Persoz a interprété les mêmes formules en Y introduisant l’oxyde de carbone, en remplacement de l'hydrogène; on sait que M. Persez construit un grand nombre de formules organiques en usant ainsi de l'oxyde de carbone comme radical. L'exposition du principe de combinaison intime montre suffisamment, je pense, qu’à part les faits qui restent les mêmes Pour toute discussion scientifique , les idées que je développe n’ont pas le moindre rapport avec celles qu’adopte M. Persoz. 108., ( 806 ) thylène. Quant à la production du protoxyde de cacodyle, on sent qu'elle devient ainsi un fait simple et facile à prévoir. En inscrivant ici tous les rapprochements organiques auxquels on peut arriver par une élimination simultanée d'eau et d'acide carbonique, la dis- cussion serait interminable. Cependant, comment résister à croire, en pré- sence des réactions caractéristiques et permaneutes de plusieurs séries de produits pyrogénés, des acides méconique et gallique par exemple, et de leurs dérivés, comment résister à croire qu'il existe, en dehors de l’eau et de l'acide carbonique éliminés, un groupement stable, qui persiste dans son arrangement comme dans la tendance de ses affinités? » Certainement de pareilles relations ne peuvent être admises qu'autant que les différents produits ÿ trouvent un lien naturel qui rapproche les parties essentielles de leur histoire. I faut que le mode de production et de décompo- sition, que la constitution et les réactions , que toutes les grandes circonstances chimiques en un mot, trouvent, grâce au principe de combinaison intime, un beureux enchaînement. C'est à cette condition seulement que ce principe recevra quelque valeur d'une application persévérante et réservée. S'il con- duisait (et j ai quelque espoir qu'il en sera ainsi) à réduire les agrégations mo- léculaires tres-compliquées à un petit nombre de groupements primitifs, qui se comporteraient ensuite et se modifieraient suivant quelques règles géné- rales, ce principe, je ne crains pas de le dire, serait le véritable cotylédon des affinités chimiques. » ZOOLOGIE. — Réponse aux observations présentées à l’Académie par M. Souleyet sur mes travaux relatifs aux Phlébentcrés; par M. À. »e Quarreraces. « J'étais absent de Paris lorsque M. Souleyet a présenté à l'Académie une Note dans laquelle il attaque tous les résultats que j'ai publiés sur un groupe de Mollusques gastéropodes, j jusqu’à ce jour confondus avec les autres Nudi- branches, groupe que j'ai proposé de distinguer par l’épithète de Phlében- térés. Selon M. Souleyet, ces résultats son{ contraires, non-seulement à tous les faits acquis sur l'organisation des Mollusques, mais encore à tous les principes admis et reconnus en zoologie (x). De plus, les faits que j'ai publiés sont, ou complétement inexacts, ou bien ils ont été interprétés d'une ma- (1) Expressions de M. Souleyet (voir la Note de ce naturaliste, Comptes rendus, t. XIX p- 355). ( 807 ) nière peu rationnelle. On voit que M. Souleyet m'attaque au nom des prin- cipes , au nom de l'analogie , au nom des faits, au nom de la logique et du raisonnement; je viens répondre brièvement sur ces quatre chefs. » I. Bien que M. Souleyet me combatte au nom des principes, il n'énonce aucun de ceux sur lesquels il s'appuie. On peut seulement soupçonner, d'a- près quelques-uns des reproches qu'il m'adresse, qu'au nombre de ces priu- cipes se trouvent les deux suivants : » 1°. M. Souleyet paraît admettre que, dans un groupe comme celui des Gastéropodes nudibranches, on ne peut, sans une préoccupation systéma- tique, voir de dégradation organique analogue à celle que j'ai signalée chez les Phlébentérés; » 2°, Ce naturaliste admettrait encore que, dans une famille où les genres ne diffèrent que par des caractères extérieurs souvent peu importants, il ne peut exister de différences organiques considérables. » Sur ces deux points, d'un si grand intérét pour la zoologie générale, Je suis en désaccord complet avec M. Souleyet ; ne pouvant développer ici mes idées sus ce sujet, je ne ferai qu'énoncer les principes contraires qui me sem- blent être l'expression de la vérité. » 1°. Si l'ensemble du règne animal ne formait qu'une seule série s'éten- dant, par des dégradations successives, des premiers mammiferes aux der- niers zoophites, ce serait en effet à l'extrémité seulement de cette série que l'on pourrait rencontrer des simplifications organiques importantes; mais il n'en est pas ainsi. Le nombre des séries qui composent ce grand ensemble est, au contraire, assez considérable; chacune de ces séries porte le cachet d'un type particulier ; chacune d'elles renferme des animaux qui présentent à un haut degré les caractères du type de leur série, et des animaux chez lesquels le type tend à s’effacer ; presque toutes se dégradent à leur extrémité inférieure. Or, lorsque l'on compare entre elles plusieurs de ces dernières séries , on reconnaît que la dégradation a toujours lieu par des moyens sem- blables ou analogues. Les deux embrauchements des Annelés et des Mollus- ques présentent, sous ce rapport , une sorte de parallélisme des plus remar- quables ; l'un et l'autre se décomposent en un certain nombre de groupes secondaires dont plusieurs présentent la simplification organique poussée , pour ainsi dire, jusqu à ses limites extrêmes. Dans tous les deux nous voyous la nature procéder à cette simplification graduelle par les mêmes moyens; dans tous les deux, les appareils les premiers modifiés, les premiers réduits, sont ceux de la respiration et de la circulation. Ces faits sont tellement non;- breux , tellement évidents, que la pluralité des séries animales et leur dégra- ( 808 ) dation n'est pour ainsi dire pas un principe; c'est purement et simplement un fait. » 2°, Dans chaque série animale, tant que le type est fortement carac- térisé, les formes extérieures et l’organisation intérieure paraissent assez in- timement liées, bien que cet accord soit loin d'être constant. Mais aussitôt que les animaux d’une série tendent à s'écarter de leurtype, on voit appa- raître une véritable confusion à cet épard. Alors les formes extérieures va- rient souvent, sans que l'organisation intérieure subisse de modifications notables; d’autres fois, au contraire, les formes extérieures demeurant sensiblement les mêmes, c'est l’organisation interne qui présente des va- riations parfois très-considérables. » En résumé, M. Souleyet paraît admettre l'unité de la série animale et la constance des groupes animaux secondaires. J'admets la pluralité des sé- ries et la dégradation organique de plusieurs d'entre elles. M. Souleyet sem- ble penser que la forme extérieure traduit rousours l'organisation inté- rieure. Je crois au contraire que, dans une infinité de cas, la forme générale du corps et l'organisation intérieure sont parfaitement indépendantes lune de l'autre. » Avant d'aller plus loin, qu'il me soit permis d'exprimer le regret que J'éprouve d’être entré dans une discussion où je suis forcé de combattre de simples déductions faites par moi-même ; mais les expressions souvent répé- tées dans la Note de M. Souleyet m'en imposaient l'obligation. Il fallait bien chercher à prouver que les faits et les résultats annoncés par moi n'étaient pas contraires à tous les principes admis et reçus en zoologie. Réduit à juger par conjecture de ceux qu'a embrassés M. Souleyet, j'ai pu, dans ce qui pré- cède, prêter à ce naturaliste des opinions qui ne sont pas les siennes. En ce cas, je serai le premier à reconnaître les erreurs dont il pourrait avoir à se plaindre; mais s'il juge à propos d'en relever quelques-unes, j'espère qu'il voudra bien s'expliquer aussi clairement que je viens de le faire sur les points suivants, qui touchent directement à la question actuelle : 1° l'existence d'une ou de plusieurs séries animales; 2° la dégradation de ces séries; 3° le mode général de cette dégradation ; 4° la valeur de la forme extérieure, comme tra- duisant toujours l'organisation intérieure. » IT. M. Souleyet ajoute que les résultats que j'ai publiés relativement aux Phlébentérés sont contraires à tous les faits acquis sur l’organisation des mol- lusques, contraires à toutes les analogies. Xci je me vois forcé de faire la même remarque que tout à l’heure. De tous ces faits acquis, M. Souleyet n'en signale aucun; de toutes ces analogies, M. Souleyet n’en indique aucune. Une seule ( 809 ) fois, pour justifier la détermination qu'il donne des cœcums qui pénètrent dans les appendices de l'Éolide, ce naturaliste s'appuie sur ce qu'on voit, dit-il, chez le Phylliroé. Mais les particularités anatomiques existantes chez ce dernier mollusque peuvent aussi s'interpréter autrement que ne le fait M. Souleyet. Ainsi le prétendu fait qu'il invoque n'est autre chose qu’une détermination toute personnelle, et dont il faudrait commencer par prouver l'exactitude. | » Quoi qu'il en soit, prenons les expressions de M. Souleyet telles qu’elles sont, et appliquons-les aux faits singuliers que présentent les Phlébentérés, sous le rapport des organes d'alimentation, de respiration et de circulation. Si, en faisant connaître les Phlébentérés, je les avais en même temps consi- dérés comme des mollusques ordinaires, on aurait pu, en effet, s'armer contre moi des faits acquis relativement à l'organisation de ces derniers ; mais je les présentais, au contraire, comme des animaux à organisation exception nelle sur plusieurs points. Dès lors l'analogie tirée des mollusques à organi- sation normale n'était évidemment pas applicable à ces particularités excep- tionnelles. » Ges particularités d'organisation isolent-elles tellement les mollusques phlébentérés, qu'ils soient sans analogues dans le règne animal ? Non certes. Mais il est évident que ce n'est pas dans le groupe dont ils tendent à s'écar- ter, qu'il faut chercher ces analogies, c'est dans des groupes parfois très-éloi- gués. Ici se présente l'application d'un des principes que j'ai formulés tout à l'heure. Le phlébentérisme (qu'on me passe cette expression) est un fait qui se retrouve et dans le règne animal considéré dans son ensemble, et dans piu- sieurs des séries secondaires ou tertiaires qui concourent à le former. Presque partout nous le voyons coïncider avec une dégradation manifeste de l’orga- nisme entier ; presque toujours il coïncide avec la disparition totale ou par- tielle des organes uniquement destinés à la respiration ; presque toujours il coïncide avec la simplification ou l’annihilation complète des organes de cir- culation. Mais cette question, trop étendue pour être traitée en passant, fera l'objet d'un Mémoire spécial. En attendant, les expressions générales dont je viens de me servir suffiront pour rappeler à tous les anatomistes bien des faits particuliers qui sont déjà dans la science, et pour leur prouver que l’ana- logie invoquée par M. Souleyet est tout entière en ma faveur. » On comprend que lorsque j'emploie les mots analogue, analogie, je n’entends nullement parler d’affinités, de voisinage. M. Souleyet paraît avoir confondu ces deux choses, bien différentes pourtant, lorsqu'il me reproche de rapprocher les Phlébentérés des Méduses. Il aurait pu s'étonner tout aussi { 8ro ) bieu de me les voir rapprocher en méme temps des Crustacés ordinaires , des Nymphons, des Entomostracés, des Annélides errantes, des Hirudinées, des Carbellariés, et en particulier des Planaires, etc. ; car j'ai également signalé les analogies existantes entre ces divers groupes d'animaux et les Phlébenté- rés. En tout cas, ce ne serait pas l'absence d'anus qui me les aurait fait rappro- cher des Méduses , mode de raisonnement que me prête M. Souleyet(r), puisque, bien loin de manquer d’anus, les Méduses en ont plusieurs. C'est, au con- traire. en m'appuyant sur ce dernier fait, que j'ai employé le raisonnement diamétralement opposé, à propos de quelques observations de MM. Alder et Ancock (2). » LIL. Passons maintenant à des considérations d'un autre ordre, et occu- pons-nous des faits. Selon M. Souleyet, presque tons ceux que j'ai avancés sont inexacts. Je ferai remarquer d'abord que, dans la plupart des cas, M. Sou- leyet se contente de dire que je me suis trompé ou bien que tel organe m'a échappé , mais sans nous faire part de ses observations personnelles. Le plus souvent alors ses critiques ne sont que la reproduction d'observations im- primées dans mes propres Mémoires. Ainsi, pour v’en citer qu'un exemple, M. Souleyet dit, en parlant des Phlébentérés en général: « Je me bornerai » à dire que, dans tous ces mollusques, l'intestin proprement dit a échappé » aux recherches de ce naturaliste (A. de Quatrefages); ce qui lui a fait as- » signer une position fausse à l'anus, ou l'a conduit à méconnaître l'existence » de cette ouverture (3). » » Or, voici ce que je disais dans mon Mémoire sur les Gastéropodes phlé- bentérés : « Dans aucune des considérations précédentes, je n'ai fait entrer » en ligne de compte l'absence ou la présence de l'anus, non plus que la »._ position de cet orifice. Bien que je croie être certain qu'il manque dans les » ZLéphyrines et surtout dans les Pavois et les Chalides, je suis le premier à » reconnaître qu'il peut exister quelque doute à cet égard. J'ai eu , en effet, » la plus grande difficulté à reconnaitre son existence dans les Actéons, les » Actéonies, etc. Il serait donc tres-possible qu'il m'eût échappé dans les » genres que je viens de nommer. » Plus loin j'ajoute : « La difficulté ex- » _trême d’apercevoir l’orifice anal, alors même qu'il existe bien réellement, » l'impossibilité où je me suis trouvé de distinguer la portion rectale de l'in- 1) Poir la Note de M. Souleyet; Comptes rendus, tome XIX, page 355. (2) Mémoire surles Gastéropodes phlébentérés. (Annales des Sciences naturelles, mars 1844, page 179.) (3) Foir la Note de M. Souleyet; Comptes rendus, tome XIX, page 355. ( 8rt » testin, nous apprennent au moins que cette portion doit être d'un très- petit calibre. » Et plus loin enfin, au sujet des observations que m'avaient faites MM. Alder et Ancock, je m'exprime ainsi: « Quoi qu'il en soit, j'ai déjà dit plus haut comment et pourquoi la question de l'existence et de la position de l'anus dans les Mollusques Eee me semblait devoir » être réservée jusqu'à plus ample informé (r). » On voit que ces passages de mon Mémoire et celui de la Note de M. Me se ressemblent beaucoup. On voit, en même temps, avec quelle réserve je présentais ces observations, avec quel soin j'appelais, sur les points qui me semblaient douteux, l’atten- tion des autres naturalistes. » Mais depuis la publication de ce Mémoire , j'ai envoyé de Messine une Note qui a été lue à l'Académie et insérée dans les Comptes rendus, bien avant la critique de M. Souleyet. Ici je pouvais être plus explicite, et je l'ai été. Voici en quels termes je m’exprime : « L'intestin proprement dit est, en gé- » néral, très-difficile à voir. Chaque fois que j'ai pu le distinguer nettement, » il s’est montré comme un tube court, assez large, partant en arrière du mi- » lieu de l'estomac, ne formant que peu ou point de circonvolutions. La po- » sition de l'anus m'a aussi souvent échappé. Lorsque j'ai pu le voir, je l'ai » trouvé placé tantôt à l'extrémité (2), tantôt au milieu, tantôt au tiers anté- » rieur du corps. Quelquefois aussi il est exactement sur la ligne médiane; » d’autres fois, il est un peu sur le côté ; mais dans tous les cas je l'ai toujours vu dorsal (3). » Si ce sont là les résultats que M. Soulevyet a voulu attaquer, il me sera très-facile de démontrer que c’est lui qui est dans l'erreur (4). On voit aussi, par ce passage, que mes idées sur le point en discussion avaient été complétées par les recherches que je faisais en Sicile. On com- prendra sans peine qu'il a dû en être ainsi pour bien d'autres. Le premier J'ai cherché à faire connaître avec détail les mollusques chez qui M. Milne Edwards avait découvert l'appareil gastro-vasculaire. À peine entré dans cette voie de recherches toute nouvelle, et où je manquais entièrement de termes (1) Mémoire cité, pages 176 et 177. (2) Ceci ne regarde que certains Actéons mollusques, que je considère comme appartenant à l’ordre des Phlébentérés , et que je comprenais dans ces rapides résumés. (3) Comptes rendus, t. XIX, p. 190. (4) Depuis la rédaction du passage que je viens de rappeler, je me suis assuré que dans l'Éolidine la dernière portion du tube digestif présente une disposition toute semblable à celle que je viens de décrire. Seulement l'intestin prend naissance plus en avant, et l’anus est placé sur le côté à droite, entre deux rangs de cirrhes branchiaux. C.R., 1844, 20€ @emestre. (T. XIX , N° A7.) 109 ( 812 ) de comparaison, je n'ai pas eu la sotte prétention d'avoir tout vu, je n'ai pas eu celle de ne mètre jamais trompe. Les travaux que je rapporte de Sicile compléteront mes premiers Mémoires sur bien des points, les rectificront aussi sur quelques autres. Ainsi, j'ai reconnu l'existence de deux orifices génitaux distincts chez une grande Vénilie de Favignana. J'ai reconnu que ces deux orifices, ou confondus en un seul, ou entièrement invisibles chez les Tergipé- déens en temps ordinaire, devenaient très-apparents à l’époque de la copu- lation. J'ai constaté dans la disposition des organes génitaux des différences très-considérables , les uns consistant en un simple tube ovarien et une poche testiculaire, d’autres présentant une grande complication, et l'accompagnant de poches et de vésicules accessoires. J'ai reconnu pour être une de ces po- ches un organe dont j'avais signalé l'existence chez quelques Phlébentérés de la Manche, que j'avais désigné sous le nom d'organe énigmatique (1), et dont je n'avais pu préciser les fonctions, l'appareil reproducteur n'étant pas à cette époque en activité. J'ai vu que je m'étais trompé sur un des points en discus- sion entre MM. Alder, Ancock et moi. Les appendices branchiaux sont per- forés à leur extrémité, comme les naturalistes anglais l'ont dit les premiers. Mais, d’antre part, je me suis assuré que ces orifices, au lieu d’être en quel- que sorte des anus supplémentaires, servent à l'émission de spicules sécrétés par la glande terminale, spicules qui ressemblent presque entièrement à ceux des Actinies, des Médusaires, des Synaptes, etc. » Je passe maintenant aux quelques faits précisés par M. Souleyet, et qui sont en opposition avec ce que j'ai vu moi-même. » 1°. Ge naturaliste affirme que les troncs ramifiés dont les cœcums pé- nètrent dans les appendices branchiaux, s'ouvrent toujours isolément dans l'estomac. Je n'ai jamais trouvé de disposition semblable soit dans les espèces que j'ai disséquées, soit dans celles que j'ai pu observer par transparence ; presque toujours j'ai vu, comme M. Milne Edwards l'avait observé dans les Calliopées, ces troncs ramifiés se réunir en deux grands troncs principaux qui débouchent l'an à droite, l'autre à gauche, dans l'estomac. Dans un Tergi- pédéentronvé à Favignana, il n'y avait qu'un seul tronc principal, médio- dorsal. J'avais déjà fait connaître une disposition analogue dans l'Éolidine. De nouvelles recherches faites récemment à Granville, et où j'ai employé tour à tour la dissection et l'observation par transparence, ont confirmé les (1) Organe énigmatique, organe indéterminé, telles sont les expressions dont je me suis servi. (Mémoire cité, texte et explication des planches.) ( 813) résultats imprimés dans mon premier Mémoire, J'ai toujours trouvé un tronc unique s'étendant de la poche stomacale, où son orifice est très-distinct, jus- qu'à l'extrémité du corps de l'animal, » 2°. M. Souleyet regarde les canaux ramifiés de l'appareil #astro-vascu- laire comme de simples canaux biliaires. Ceci est une interprétation que je combattrai plus loin; mais ce naturaliste ajoute qu'on les trouve presque toujours remplis d’une matière épaisse et brunâtre, qui a toute l'appa- rence de la bile. Ceci est un fait d'observation, et ce fait est inexact. Déjà M. Edwards avait trouvé dans l'intérieur de cet appareil, chez les Calliopées, des détritus organiques, des débris de conferves, de la matière verte, etc., toutes substances appartenant bien évidemment aux aliments dont se nour- rissent ces Mollusques. Depuis, j'ai fait des observations analogues sur une grande Vénilie de Favignana, et sur quelques-uns des Tergipédéens que J'ai trouvés en Sicile; mais il faut observer que, dans le plus grand nombre de ces animaux , le liquide qui remplit l'appareil gastro-vasculaire est fluide et incolore comme de l’eau, et qu'il renferme seulement une petite quantité de corpuscules en voie de digestion. J'ajouterai qu'on voit tres-facilement , ‘au microscope, ces corpuscules aller et venir de l'estomac dans les troncs de l'appareil gastro-vasculaire, pénétrer dans un cœcum, puis en sortir pour être entraînés dans un cœcum voisin.... Tous ces faits, d'une vérification facile sur le vivant, sont entièrement opposés à toute idée d'une simple sécrétion. » 3°. J'arrive aux faits relatifs à la circulation, faits sur lesquels M. Sou- leyet a donné quelques détails plus précis que sur les autres points en dis- cussion. Observons d'abord que j'ai le premier décrit le cœur et les artères de ces Mollusques dans mon Mémoire sur l'Éolidine. M. Souleyet n'a rien ajouté à cet égard. J'ai dit, depuis, que ces deux parties manquaient chez certains Phlébentérés, et je répète ici cette assertion. Dans mon voyage en Sicile, j'ai observé un très-grand nombre de ces animaux: chez les uns, le cœur existe, et alors il se distingue très-facilement. En général, ses contrac- tions sont très-visibles, même par simple réflexion, par suite des mouve- ments qu'elles impriment aux téguments. Mais, dans d'autres espèces qui présentaient une transparence égale, que j'examinais avec le méme soin, en employant de la même manière les mémes instruments, je n'ai rien pu dé- couvrir de semblable. La taille des individus soumis à mes recherches n'avait d'ailleurs aucune influence sur ces résultats. L'un des plus petits Phlébentérés que j'aie examinés est un Tergipédéen trouvé tout récemment à Saint-Malo, et dans lequel j'ai parfaitement vu et le cœur et les artères. Je suis donc 109.. (814) trés-convaincu que le système vasculaire manque entièrement dans un cer- tain nombre de phlébentérés(r). » 4°. Dans aucun des Phlébentérés que j'ai observés, je n'ai trouvé de veines : je pense qu'elles n'existent pas. M. Souleyet affirme qu'elles existent toujours. Ici, je ne puis que répéter ce que j'ai vu il y a déjà longtemps, ce que j'ai revu avec le plus grand soin depuis l'apparition de la Note de M. Sou- leyet. Sur des individus parfaitement transparents, les globules irréguliers du sang arrivent en arrière du cœur dans un grand sinus médio-dorsal. Là on les voit aller et venir, jusqu'à ce qu'ils soient poussés dans le cœur par l'afflux continuel du liquide. Dans plusieurs cas j'ai suivi ces globules depuis la partie antérieure de l'animal dans la cavité générale, jusqu'à leur retour vers le cœur. » 5°. M. Souleyet assure que jamais les injections qu'il a poussées dans le ventricule des Éolides n'ont pénétré dans la cavité générale du corps. Or, il est très-facile, avec un peu d'habitude de ce genre d'observations, de se convaincre que le sang, après avoir traversé les artères, lorsqu'elles existent, passe dans la cavité viscérale. On l'y retrouve avec les globules parfaitement reconnaissables , et l'on suit les mouvements irréguliers dépendant unique- ment des contractions générales du corps, ou de celles des appendices bran- chiaux. On les voit pénétrer dans ces derniers, entre le cœæcum gastro-vas- culaire et les téguments..…, ete. Ce ne sont point là des suppositions, des théories, comme le dit M. Souleyet; ce sont des faits d'observation très-faciles à vérifier. Au reste, il me sera possible de prouver, par la simple analogie tirée des Mollusques ordinaires, tout ce qu'a de hasardé l'assertion de M. Souleyet. Mais je dois attendre pour cela qu'un travail que je sais devoir être présenté sous peu à l'Académie, ait été publié. » Ces faits, ces résultats peuvent se résumer dans les termes mêmes em- ployés par M. Souleyet : Disparition partielle ou compiète des organes de la circulation ; dégradation correspondante dans les organes de la respiration. Sont-ils donc si contraires à tous les principes, à toutes les analogies? Bien loin de là : ils confirment ceux des premiers que j'ai énoncés plus haut (existence de plusieurs séries animales, dégradation de ces séries, par la simplification ou la disparition des appareils de circulation et de respiration) ; (1) Je ne comprends plus dans ce nombre la Vénilie décrite par moi sous le nom de Zéphy- rine. Le peu de détails que j'avais vus chez ce mollusque avaient été observés à l’aide de la dissection , et sa taille très-petite, jointe au petit nombre des individus que j'ai pu recueillir, m'empéchèrent de porter bien loin mes investigations. ( 815) ils montrent dans la classe des Gastéropodes, des faits entièrement semblables à ce qu'on voit ailleurs. Dans la classe des Crustacés, les Entomostracés; dans la classe des Arachnides , les Acariens reproduisent, on le sait, tous ces mêmes phénomènes. Il en est de même de certaines séries appartenant aux Mollus- ques. Depuis longtemps M. Milne Edwards a démontré l'existence d’une circulation toute interstitielle dans l'abdomen de quelques Ascidiens. Les Escharres , les Flustres, qui ne sont que des Mollusques dégradés , n'ont aucune trace d'appareil vasculaire. [l en est de même de plusieurs Annelés inférieurs. En présence de cette multitude de faits, l'absence de veines, de cœur et d’artères chez quelques Gastéropodes n'a plus rien d'étrange que d'être signalée pour la première fois. Ces mêmes faits répondent aussi large- ment à l’objection que M. Souleyet tire de la nécessité des organes circula- toires pour transporter le fluide nourricier dans les diverses parties du corps. Un simple coup d'œil jeté sur quelques-uns des animaux que je viens de nommer, suffit pour prouver que, pour la nature, ce n’est pas une difficulté. » Je dois ici faire une réserve importante. Il pourrait bien se faire qu'il existât, chez quelques-uns des Mollusques qui font l'objet de la discussion actuelle, un appareil vasculaire branchiocardiaque. Bien que je n'aie jamais rien vu de semblable, je comprends très-bien qu'il pourrait en être ainsi. En ce cas, cette disposition, si elle existait, confirmerait encore une des analogies sur lesquelles j'ai le plus insisté; car alors la circulation des Phlébentérés deviendrait entièrement semblable à celle des Crustacés, chez lesquels les vaisseaux branchiocardiaques existent en même temps qu’une respiration veineuse wniquement lacunaire. Ce serait d’ailleurs une preuve de plus que la forme extérieure demeurant sensiblement la méme, l'organisation inté- rieure peut présenter de très-grandes variations , un des principes énoncés plus haut. » IV. Il est tout simple que, partant de principes aussi radicalement op- posés que nous paraissons le faire, M. Souleyet et moi, nous ne nous rencon- trions guère dans la manière d'envisager le petit nombre de faits sur lesquels nous sommes d'accord. Aussi serai-je très-bref sur ce point. » 1°. Je ferai observer d’abord que M. Souleyet me semble n'a voirpas tres-bien saisi le sens de ce que j'ai dit relativement à la respiration chez les Phlébentérés. Ma manière de voir a pourtant été assez longuement exprimée, et dans mes Mémoires, et dans le journal l’Institut, à la suite de discussions qui eurent lieu à la Société Philomatique sur ce sujet. De mon côté, j'avoue n'avoir pas compris ce que ce naturaliste entend par les mots de respiration (816) diffuse appliqués à des animaux ayant des organes servant bien réellement aux fonctions respiratoires (1). » 2°, J'ai le premier, dans mon Mémoire sur l'Éolidine, regardé comme représentant le foie, la substance granuleuse opaque , tantôt plus ou moins diaphane, qui entoure les cœcums gastro-vasculaires. M. Souleyet adopte cette détermination ; mais il va plus loin. Pour lui, ces cœcums eux-mêmes ne sont autre chose que les canaux biliaires. Les faits que j'ai rappelés tout à l'heure, relativement à la prétendue bile qui remplirait ces canaux, suffisent pour démontrer que l'interprétation de ce naturaliste n'est pas exacte. Je reviendrai d'ailleurs sur ce sujet, dans mon Mémoire sur le phlébentérisme. Aujourd'hui je me bornerai à faire observer que la détermination que j'ai adoptée, après M. Milne Edwards, rend tout naturellement compte du mor- cellement du foie, qui n'est à mes yenx qu'une conséquence de la division de l'intestin. Tous 1 physiologistes savent, en effet, quelles relations intimes unissent ces deux organes, et il est tout nie de voir le foie suivre en quelque sorte les vicissitudes de l'intestin, dans lequel il doit verser le produit de sa sécrétion. Au contraire, M. Souleyet, pour expliquer le prolongement des prétendus cœcums hépatiques hors de la cavité viscérale , en est réduit à dire que chez les Éolides, ces cœcums poussent pour ainsi dire la peau devant eux, particularité, ajoute ce naturaliste, qui se rattache peut-étre à quelque circonstance biologique chez ces mollusques (2). Ces expressions me parais- sent d'autant plus obscures, que, d'après ce que nous à dit quelques lignes plus haut M. Souleyet, cette peau, repoussée par les canaux biliaires, forme un organe bien réellement respiratoire , et qu'il existe, ez méme temps, une tes diffuse. » V. M. Souleyet termine sa Note par un passage spécialement consacré à dan Ici j'ai de la peine à m'expliquer plusieurs de ses critiques, entre autres celle qui est relative aux organes génitaux. En effet, voici le passage que renferme la Note de M. Souleyet: « M. de Quatrefages n'a donné au- cun détail sur l'appareil reproducteur de l’Actéon ; mais il semble dire que la disposition de cet appareil est la même que celle qu'il indique dans son » genre Actéonie : dans ce cas, je pourrais encore affirmer que les organes (x) Voir la note de M. Souleyet, Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences , t. XIX, p. 355. Ou bien la respiration est réellement diffuse, c'est-à-dire se fail par la peau dans tout le corps, etalors il n’existe plus d’organe respiratoire spécial ; où bien ces organes existent, et alors la respiration est localisée, elle n’est plus diffuse. (2) Loc. cit. ( 817) » de la génération, dans l'Actéon, n'ont aucune analogie avec la description » qui est donnée par ce naturaliste. » Or, voici comment je m'exprime sur ce sujet dans la dernière communication que j'ai faite à l'Académie : « Chez » les Actéons, les organes mâles seuls conservent cette position dans le corps »_ proprement dit (1) (il s’agit de la cavité abdominale). Les ovaires pénètrent » entre les deux lames des rames respiratrices latérales. Leurs ramifications » se mélent à celles de l'appareil gastro-vasculaire, disposition entièrement » semblabie à celle qu'on observe chez certaines planaires. » Voilà, ce me semble, des détails assez précis, et l’on voit que rien ne rappelle ici les or- ganes générateurs de l’Actéonie, qui consistent en un sac testiculaire et un ovaire en forme de boyau unique replié sur lui-même dans la cavité abdo- minale. » Le peu de faits nettement exprimés par M. Souleyet relativement à ce qu'il affirme avoir vu de l'anatomie des Actéons, ne me semble pas plusexact que ses citations. Ce naturaliste parle d'un appareil respiratoire spécial ayant un orifice distinct en arrière de l'anus, c'est-à-dire d'un appareil aquifère. Or, cet appareil n'existe bien certainement pas chez les Actéons. Indépen- damment de ce que j'ai vu chez ces mollusques, dont je possède une anatomie très-détaillée, il me sera facile de démontrer que l’analogie seule peut faire rejeter comme inexacte cette observation d'un appareil destiné à porter de l'eau dans l'intérieur du corps. Mais je dois attendre, pour cela, que le tra- vail auquel j'ai déjà fait allusion ait été publié. » M. Souleyet affirme avoir trouvé dans l’Actéon un cœur, des artères, des veines. Je crois pouvoir assurer que rien de tout cela n'existe. On tronve bien en arrière du corps proprement dit une poche sphérique contractile, à parois musculaires très-épaisses. Une autre poche, à peu prés semblable, se trouve plus en avant et un peu à gauche dans la cavité abdominale. Serait-ce l'une des deux que M. Souleyet aurait prise pour le cœur? Mais la première est une vésicule copulatrice; l'autre, une vésicule séminale; je les ai trouvées pleines de spermazoïdes, comme aussi je les ai vues maintes fois se contrac- ter aussi bien que tout le canal de l’oviducte. Ces détails sont très-faciles à reconnaître sur les espèces d'Actéons que j'ai observées dans la Méditerranée, (1) J'ai le premier signalé la distinction à établir, chez les Actéons, entre le corps propre- ment dit et les lames respiratrices, regardées jusque-là comme un simple manteau. M. Sou- leyet ne s’explique pas sur cette distinction. C’est cependant le seul moyen de savoir quelle est la position qu’il assigne aux orifices extérieurs de l'intestin et des organes génitaux. Je ne puis donc discuter ces points avec lui. (818) car leur transparence est bien plus considérable que celle des espèces que J'avais trouvées sur les côtes de l'Océan. » Enterminant cette Note, je prierai l'Académie de vouloir bien excuser ce qu'elle peut avoir de trop personnel. Répondant à une critique très-vive et où il n'était question que de mes travaux, il n'était difficile de parler d'autre chose que de M. Souleyet et de moi. Ce sera d'ailleurs, j'espère, la dernière fois. M. Souleyet nous a promis, il y a plus de deux mois, un Mémoire dé- taillé et les preuves à l'appui. Il comprendra, je pense, que cette présenta- tion ne peut être retardée plus longtemps. Alors, mot aussi, je présenterai mes preuves, et l'Académie jugera. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la coloration des os dans les animaux mis au régime de la garance ; par M. Brurté. (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Flourens.) « Conduit, par l’enseignement dont je suischargé, à traiter du dévelop- pement du tissu osseux, j'ai trouvé les physiologistes divisés en deux camps. Les uns, avec Duhamel, regardent les os comme formés de couches qui se renouvellent rapidement; les autres nient ce renouvellement. Tous s'appuient sur les expériences faites avec la garance; mais, tandis que les premiers ad- mettent le recouvrement successif et rapide des os par des couches nouvelles, qui sont rouges ou blanches suivant le genre de nourriture que prend l'ani- mal, les derniers expliquent les phénomènes par l'arrivée ou le départ de la matière colorante au moyen des vaisseaux sanguins et des lymphatiques, sans l'intervention du renouvellement de l'os. Dans cette alternative, ne voulant pas avoir désormais à professer, à la suite l’une de l'autre, deux opinions aussi directement opposées, J'ai eru devoir consulter la nature elle-même. Jaitrouvédans M. Hugueny, professeur de physique au collége royal de Dijon, un collaborateur zélé et instruit. Voici les résultats auxquels nous sommes parvenus. » Duljamel ayant remis au régime ordinaire des animaux dont les os étaient devenus rouges par le régime de la garance, ces os lui parurent se décolorer et redevenir blancs. Une observation plus approfondie le détrompa. Dans les os étudiés par Duhamel, la couche rouge n'avait pas disparu ; seulement les couches rouges de l'os se trouvaient recouvertes par des couches blanches. Ainsi, les os de jeunes cochons lui offrirent alternativement des couches ( 819) rouges et des couches blanches; fait capital et première base de sa théorie sur le développement des os. (Flourens, Recherches sur les os et les dents, page 6.) Or, lorsqu'on regarde avec attention les couches alternativement rouges et blanches dans les os des animaux nourris de garance à différentes reprises, on reconnaît que les couches blanches ne le sont pas réellement. Voilà donc le fait capital de la théorie de Duhamel soumis nécessairement à une interpré- tation nouvelle. Il n’est donc pas certain que Duhamel se soit trompé d'abord en admettant une décoloration dans les os. D’autres auteurs après lui ont par- tagé cette même opinion; tels sont Dethleef, Gibson, M. Owen, M. Thomas Bell, etc. Nous aussi, nous avons remis au régime ordinaire des animaux dont les os avaient été rougis par la garance, et nous avons vu ces os se décolorer et redevenir blancs; mais nous les avons vus se décolorer dans certaines parties, etrester rouges dans d’autres. Nous les avons vus se décolorer d'autant plus, que le régime de la nourriture ordinaire avait été prolongé plus longtemps, et que le régime de la garance avait été plus court. Nous ne pouvons donc pas admettre que, dans les os colorés par la garance, la couleur rouge ne disparaisse qu'avec la substance osseuse elle-même, ni que les couches rouges de l'os soient uniquement recouvertes par des couches blanches nouvelles. » Duhamel examine les os d’un porc âgé de six semaines, qu'il avait nourri d'aliments mêlés de garance, et cela pendant un mois. Au bout de ce temps, l'animal fut nourri pendant six semaines à la manière ordinaire. Je sciai transversalement, dit-il, les os de ses cuisses et de ses jambes, et » j'eus le plaisir de m'assurer que j'avais bien prévu ce qui devait arriver. La » moelle était environnée par une couche d'os blanc assez épaisse; c'était la » portion d'os qui s'était formée pendant les six semaines que ce cochon avait » vécu d’abord sans garance. » » Or, Duhamel n'avait pas prévu ce qui devait arriver. Nous avons répété son expérience sur un cochon de six semaines environ, qui fut nourri dali- ments garancés pendant, vingt jours et remis à la nourriture ordinaire pen- dant vingt-huit jours. Au bout de ce temps, la section transversale des os longs montrait autour de la moelle une couche rose assez épaisse. Cette couche rose n'était donc pas nécessairement la seule portion d'os qui fût for- mée au moment où nous avons soumis l'animal à un régime d'aliments ga- rancés. » Duhamel continue : « Ce cercle d'os blanc était environné par une zone C. R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 47.) 110 ( 80) » aussi épaisse d'os rouge; c'était la portion d'os qui s'était formée pendant » l'usage de la garance. » » [ci encore nous sommes d’un autre avis que Duhamel. Dans notre ani- mal, on voit tres-bien, au milieu de l'épaisseur des os longs et autour de la couche rose, une zone circulaire d'un beau rouge. C’est l'intensité de la cou- leur de cette zone rouge qui fait paraître blanche la couche précédente. Mais si l'on examine avec un peu de soin la zone rouge, on voit qu'elle n'est pas régulière. Assez nettement limitée au dehors , elle présente en dedans une dé- gradation plus prononcée dans certaines portions. Cette dégradation établit un passage insensible à la conche rose, et sur cette couche rose se remarque le même phénomène que sur la couche rouge, € est-à-dire que l'on y découvre des stries ou raies concentriques, lesquelles sont seules colorées. Done, rien ne prouve que le cercle rouge soit la portion d'os qui s'était formée pendant l'usage de lagarance. « Enfin, continue Duhamel, cette couche rouge était recouverte par une » couche assez épaisse d'os blanc: c'était la couche d'os qui s'était formée » depuis qu’on avait retranché la garance à cet animal. » » Remarquons ici que la couche extérieure et blanche dont parle Duha- mel paraît plus nettement séparée de la couche rouge et médiane que la prétendge couche blanche intérieure. Cependant elle est encore sensible- ment rose dans certaines parties. Il n'y a donc pas de raison pour qu’elle soit entièrement de formation nouvelle, c'est-à-dire postérieure à l'alimentation par la garance. On y reconnaît, en effet, des portions de stries également rouges et concentriques à la couche rouge proprement dite. Il pourrait donc y avoir là tout à la fois des portions osseuses de formation nouvelle, car l'os s'accroît en épaisseur par des couches tres-minces, et d'autres portions de formation plus ancienne, c'est-à-dire produites pendant que l'animal vivait de garance ou même auparavant. » Mais il est essentiel de noter ici que ces alternances dans la coloration des os longs n'ont lieu que dans une portion de leur longueur; vers les extré- mités de la diaphyse, la coloration est rouge et uniforme. Il en est de même dans les épiphyses, et ce phénomène a lieu précisément dans les portions les plus tendres, dans les parties spongieuses de l'os. Aussi le retrouve-t-on dans toute l'épaisseur des os courts, où l'alternance est tout à fait insensible, tandis que, dans les os plats, tels que la mâchoire inférieure et l'omoplate, dans tous les os où le tissu est compacte, on retrouve l'alternance telle que nous l'avons décrite, et non pas telle que l'avait vue Duhamel. » On ne peut donc pas admettre avec lui que les os des animaux garancés ( 81 ) se couvrent de couches blanches. Cette proposition nous semble fausse, lors- qu'elle est énoncée d'une manière aussi générale. Mais on peut dire que le tissu compacte des os se recouvre peu à peu de couches blanches fort minces. tout en se décolorant, tandis que le tissu spongieux reste rouge plus long- temps. Que le tissu des os se décolore, c'est une conséquence rigoureuse des apparences que nous avons signalées; et que le tissu spongieux et en général le tissu moins dense de l'extrémité des 08 longs ne reste rouge, comme le prétend Duhamel , que parce que les couches qui le recouvrent pendant la vie ne sont pas encore ossifiées, c'est ce que l'examen des faits ne nous paraît pas justifier. » Quoi qu'il en soit, c'est sans doute pour avoir donné moins de durée à nos expériences avec la garance, que nous avons pu observer la décoloration d'une manière certaine. Dans les pigeons surtout, nous avons obtenu des ré- sultats fort remarquables, en leur donnant des doses de garance assez légères et en prolongeant fort peu le mode d'alimentation colorante. Dans tous les cas, on remarque deux faits bien distincts dans l'alternance des os colorés : le premier, c'est la décoloration des couches, de chaque côté d’une zone tout à fait rouge ; le second consiste dans l'addition de parties nouvelles à l'extérieur, et nécessairement aussi dans la résorption d’autres parties à l'intérieur. De ces deux faits, le premier, soupçonné en partie par Duhamel, fut abandonné par lui et par ses successeurs ; le second n’est pas à contester. » La théorie de Duhamel ne nous semble fondée que sur une simple hy- pothèse. Duhamel nourrit un animal de garance; il trouve que ses os sont devenus rouges. Plustard, Duhamel nourrit cet animal d'aliments dépourvus de garance; il remarque que ses os sont blancs; nous répétons qu'ils ne le sont qu'en partie, et que, sous ce rapport, son assertion nous paraît fautive. Mais passons. Duhamel remarque que les os sont blancs. Il pense d’abord que les os se sont décolorés; jusque-là il peut être dans le vrai, sauf la forma- tion des conches tout à fait récentes et qu'il ne soupçonne pas encore. Duha- mel s’avise alors de scier eu travers l'os de cet animal; il voit des alternances de couleur bien tranchées; c'est le fait apparent , mais non le fait réel. Ici vient l'hypothèse; elle vient d'un examen trop superficiel. » Puisque l'os me présente trois couches différentes, se dit-il, une couche rouge entre deux couches blanches, et puisque l'animal a subi trois modes alternatifs d'alimentation, il y a donc un rapport entre la nourriture et l'é- tat de l'os. Donc la couche blanche interne répond à la première alimenta- tion; la couche rouge à l'alimentation garancée; enfin la couche blanche ex- terne à la nouvelle alimentation sans garance. 110. ( 822 ) » Je borne ici ces premiers résultats de nos expériences, que nous publie- rons bientôt avec les figures à l'appui, et je passe sous silence les observa- tions que nous avons faites au sujet du cal et de l'accroissement des os en lon- gueur; J'omets aussi pour le moment les faits nombreux concernant la déco- loration des os des oiseaux , pour arriver aux conclusions de cette Note. ». Ces conclusions sont que les os s’accroissent en grosseur, comme l'a dit Duhamel, au moyen de couches qui s'emboîtent, mais ces couches sont ex- trémement minces et ne s'appliquent pas en même temps, ni d'une manière continue , sur toute la longueur de l'os; elles suivent, dans leur formation, un ordre que l’on n'a pas encore reconnu. Ce que nos recherches démontrent surtout avec évidence, c'est que les os se colorent par l'action de la garance indépendamment de leur formation ; c'est que les différents cercles colorés que l'on y remarque ne sont pas réellement les parties formées pendant les modes d'alimentation correspondants; c'est, enfin, que les os, une fois colo- rés, se décolorent, et ce fait de décoloration, soupçonné d’abord, puis aban- donné par Duhamel, renverse complétement la théorie du renouvellement rapide des os, qui avait prévalu depuis les travaux de ce célèbre académi- clien. » MÉCANIQUE. — Recherches expérimentales sur les glissements spontanées des terrains argileux, accompagnées de considérations théoriques et pratiques sur quelques principes de la mécanique terrestre; par M. À. Cour. (Commission du prix de Mécanique de la fondation Montyon.) CORRESPONDANCE. M. Le Minisrre pe L'Acricurrure er pu Commerce adresse le Catalogue gé- néral des brevets d'invention en vigueur au 31 décembre 18/2. M. Araco donne, d’après un Mémoire manuscrit de M. le colonel Everesr, présent à la séance, de nouveaux détails sur les opérations géodésiques qui ont été exécutées par cet officier et par feu M. le colonel Lamsrow, pour la construction de la grande carte de l'Inde. ASTRONOMIE. — Vote sur la direction de l'aiguille aimantée en Chine, et sur les aurores boréales observées dans ce méme pays; par M. Enr. Bior. « M'étant occupé à extraire des annales chinoises les indications d’aurores ( 823 ) boréales qui pouvaient s’y trouver mentionnées depuis les anciens temps jus- qu'à nos jours, j'ai senti que, pour tirer un parti utile de ces observations, je devais d'abord chercher à déterminer, autant que cela serait possible, quelle avait dû être la direction de l'aiguille aimantée aux mêmes époques, dans les lieux où ces phénomènes ont été observés. Je ne pouvais m'attendre à trouver dans ces textes des documents relatifs à l'inclinaison qui, même en Europe, n’a été mesurée avec exactitude que depuis 1750; mais la constance on la variabilité de sa déclinaison était un fait dont la discussion devait être plus accessible. J'ai donc commencé par examiner ce point. » On à, dans les écrits des missionnaires Gaubil, Amyot et autres, des observations précises de la déclinaison faites en divers points de la Chine, lesquelles remontent au commencement du xvin° siècle, et même à la fin du xvn®. En les comparant aux observations analogues qui ont été faites plus récemment, soit à terre, soit à la mer, par des marins ou des voyageurs dans ces mêmes parages, on voit que, depuis la fin du xvur° siècle jusqu'à nos jours, la déclinaison est restée nulle ou très-petite en Chine, où même plus généralement entre les parallèles de 59 degrés nord et de 7 degrés sud, et entre les méridiens de 102 à 130 degrés est de Paris. Telle est la conclusion que M. Duperrey a déduite d'un travail spécial qu’il a bien voulu me remettre à ce sujet. » Pour remonter à des temps antérieurs, j'ai consulté d'abord les mêmes ouvrages chinois que M. Klaproth avait explorés avant moi en rédigeant sa Lettre sur l'invention de la boussole, adressée à M. de Humboldt et imprimée en 1834. J'ai vérifié toutes les citations rapportées par M. Klaproth, et Jai même pu, avec l’obligeant secours de M. Julien, retrouver, dans les ou- vrages originaux, quelques passages importants dont M. Klaproth n'avait trouvé que des parties incomplètes dans des dictionnaires ou recueils ency- clopédiques rédigés à diverses époques par des savants chinois. J'ai pu ainsi traduire ces passages en entier, et, en définitive, voici les principaux faits historiques que je mettrai en évidence comme résultats de mes recherches. » Une tradition ancienne, mentionnée pour la première fois dans le Kou-kin-tchu de Thsoui-pao, auteur du 1v° siècle de notre ère, attribue à l’ancien souverain Hoang-ti, placé par la computation au xxviI' siècle avant Jésus-Christ, l'invention et l'usage d’un char muni d’un instrument qui indi- quait le sud. D’autres auteurs plus modernes que Thsouï-pao, entre autres les savants chinois qui rédigèrent, au xn° siècle, la grande compilation historique intitulée Thoung-kien-khang-mou, attribuent cette même inven- tion à Tcheou-kong, ce grand prince astronome du xi° siècle avant notre ère. { 824) Ils parlent d'un char indiquant le sud , qai aurait été douné par Tcheou-kong aux envoyés d’un prince étranger; mais ce récit n'est encore fondé que sur une simple tradition, bien que ces auteurs l’aient appuyé du nom du célebre Sse-ma-thsien, qui écrivait environ cent ans avant notre ère. La citation hi:- torique la plus ancienne , relative à ce char indiquant le sud, paraît être celle qui se trouve dans l'ouvrage d'Han-fei-tseu, philosophe de la secte du Tao qui vivait au milieu du 1v* siecle avant notre ère. Get auteur, cité par le re- cueil encyclopédique Fu-haï (1), dit: « Les anciens souverains établirent des » indicateurs du sud (Sse-nan), pour distinguer le côté du matin (l'orient), » et le côté du soir (l'occident). » Le commentateur d'Han-fei-tseu ajoute : « ÿse-nan, c'est le char pour indiquer le sud, Tthi-nan-tche. » J'observe- rai qu'actuellement encore ce nom de Sse-nan ou 7chi-nan est employé pour désigner la boussole sans y ajouter le caractère thin, aiguille. Quatre siècles après Han-feï-tseu, vers l'an 121 de notre ère, sous l'empereur Ngan- ti de la dynastie Har, parut un dictionnaire très-estimé , nommé Choue- wen, où se trouve le caractère Tseu, aimant, ainsi défini : « 20m d’une » pierre avec laquelle on dirige l'aiguille. » Lie rapprochement de ces deux passages, écrits à des époques peu distantes, dénote la connaissance de la boussole ou aiguille aimantée en Chine, an moins dès les premiers siècles avant notre ère, et l'usage d'observer son pôle sud au lien de son pôle nord s'est conservé parmi les marins chinois jusqu'à nos jours. Au milieu du in° siècle de notre ère (3° année Thsing-loung, l'an 235), les annales de Wei mentionnent des chars indicateurs du sud , confectionnés d’après le modèle de la dynastie précédente , celle des Han. Ces chars sont cités dans l’histoire officielle de la dynastie Tsin, qui régna de l'an 265 à l'an 419 de notre ère, dans celle du prince tartare Chi-hou qui occupa le nord de la Chine de l'an 335 à l'an 349; enfin, dans l'histoire officielle de la première dynastie Soung, qui régna dans le sud , de l'an 420 à l'an 477. Cette dernière histoire ajoute, après la mention des chars : « Sous la dynastie Tsin (265 à 419 de notre ère), » il y avait aussi des navires indiquant le midi. » » D'un autre côté , il est constant que les Chinois ont su , depuis une haute antiquité , tracer des lignes méridiennes et orienter leurs édifices par l'obser- vation suivie du soleil levant et couchant, et par l'observation de la Polaire de l'époque. Ces deux méthodes sont consignées dans l'article du Tsiang-jin (1) Zu-hai, à la section des chars ; art. Sse-ran-tche des Tcheou. Cet ouvrage existe à la Bibliothèque royale. ( 825 ) de la sixième section du Tcheou-li, section antérieure de plusieurs siècles à notre ère, et aussi dans le 7'cheou-peï, ouvrage dont la dernière rédaction ne peut être postérieure au 11° siècle de notre ère. Donc, puisque les Chinois savaient alors tracer des méridiennes par l'observation de la Polaire et des positions du soleil à son lever et à son coucher, et qu'en même temps ils employaient des instruments indiquant lesud , lesquels ne peuvent étre que des aiguilles ou barreaux aimantés , il s'ensuit que la déclinaison devait être ou nulle ou très-faible vers les époques mentionnées, c'est-à-dire dans les premiers siècles de l'ère chrétienne , comme elle l'est actuellement. Autre- ment, la différence des alignements donnés par l’un ou l’autre moyen n’eût pas échappé aux Chinois qui conservaient ces chars indiquant le sud dans le palais impérial, toujours régulièrement orienté en toutes ses parties. » Les chars indiquant le sud sont décrits de nouveau dans les annales chi- uoises, aux aunées de la période 806-820 de Jésus-Christ, sous Hien-thsoung de la dynastie Thang ; aux années 1027 et 1053, sous l'emjereur Jin-thsoung de la grande dynastie Soung ; mais on trouve daus un ouvrage intitulé 1/ung- khi-pi-than, composé vers la fin du xi° siècle (1), un passage extrémement curieux sur l'aiguille aimantée. Je rapporterai en entier ce passage dont M. Klaproth n’a donné que la première ligne, d’après la citation d'un dic- tionnaire encyclopédique, et il servira à confirmer le passage analogue, tra- duit par M. Klaproth du Pen-thsao-yen-i de Keou-thsoung-chi, ouvrage d'une époque presque ideutique (1111 à 1117 de l'ère chrétienne). Je rap- pellerai que Gaubil, page 100 de son Astronomie chinoise , avait déjà indi- qué ce second passage et les notions qu'il renferme sur l'aiguille aimantée. Mais il n’en avait pas donné la traduction. » Voici le passage entier du Mung-khi-pi-than, liv. 24, Thsa-chi : « Ceux qui font des prestiges frottent une aiguille avec la pierre d’aimant ; » alors elle peut marquer le sud : cependant, constamment elle décline un » peu à l'est; elle n'indique pas exactement le sud. Lorsque cette aiguille » flotte sur l'eau, elle est très-apitée : si les ongles des doigts touchent le » dessus des bords du bassin où elle flotte, ils peuvent faire qu'elle s'agite » très-fortement; seulement elle continue à glisser et tombe aisément. » Il vaut mieux la suspendre pour manifester sa vertu le mieux possible. » Voici la méthode : on prend un fil isolé au milieu d'un écheveau neuf de » coton; avec un peu de cire, gros comme un grain de moutarde, ou l'at- (1) Cet ouvrage existe à la Bibliothèque royale, dans la collection intitulée Tsir-tai-pi- chou. Je dois sa connaissance à la bienveillance de M. Stanislas Julien. ( 86 ) » tache au milieu exact de l'aiguille, et on la suspend dans un endroit où » il n'y a pas de vent; alors l'aiguille constamment montre le midi. Parmi » ces aiguilles, il y en a qui, étant frottées, marquent le nord. Nos faiseurs » de prestiges en ont qui marquent le sud et d’autres qui marquent le nord. » Cette propriété qu'a l’aimant d'indiquer le sud, comme la propriété qu'a le » cyprès d'indiquer l'occident, personne n'en a pu donner l'origine. » » Cette singulière tendance vers l'occident, attribuée au cyprès, est re- produite dans l’'Herbier médical, Pen-thsao-kang-mou, article Cyprès de l'Encyclopédie japonaise, liv. 82, et de même comparée à la propriété qu'a l'aimant d'indiquer le nord, mais sans plus d'explication. Quoi qu'il en soit, et en me limitant au sujet de cette Note, il résulte de la description précé- dente, que l'observation de la direction de l'aiguille flottant sur l’eau devait être fort incertaine à cause de l'agitation de l’eau et de la formation du mé- nisque près des bords du bassin, sil n'était pas très-large; en outre, l’ai- guille plissait par la force magnétique dans le sens de l’inclinaison ; et, comme le dit le texte chinois, on observait bien plus sûrement sa polarité, en la suspendant avec un fil de coton; alors l'aiguille marquait exactement le sud, et ainsi, vers cette époque, la déclinaison de laiguille aimantée était ou nulle ou très-peu sensible en Chine. C'est ce qui se conclut aussi du passage du Pen-thsao-yen-i, traduit par M. Klaproth, Lettre sur l'invention de la boussole, page 69. » Au xiv® siècle, dans la période Fen-yeou (1314-1320), on se servit d'un char indiquant le sud pour orienter le monastère de Fao-mou-ngan, et déterminer son emplacement. Ce fait est rap porté par l'Encyclopédie, San- thsao-thou-hoeï, liv. 5, fol. 10 (1); et, sans trop s'arrêter aux dimensions assignées par le texte chinois à la figure indiquant le sud, que portait ce char, il est évident, encore ici, que l’on ne se fût pas servi sans restriction de la direction donnée par cette figure indiquant le sud, pour l'orientation des murs, si cette direction se fût sensiblement écartée de la méridienne. L'emploi régulier de la boussole en Chine pour orienter les murs des mai- sons est constaté par le Miroir de la langue mantchoue, cité par Klaproth, page 109 de sa Lettre sur l'invention de la boussole, et par une Lettre du P. Amyot, tome IV des Mémoires des Missionnaires, page 2 , où il est dit que les Chinois placent les cadrans solaires avec la boussole , en admettant 2 de- grés de déclinaison à l’ouest. C’est précisément, d’après Gaubil, la déviation (1) Voyez la traduction par Klaproth; Lettre sur l'invention de la boussole ; page 92. ( 827) à l’ouest du mur oriental et du mur occidental de Pe-king, bâtis sous le second empereur de la dynastie Ming , dans la période 1399-1403 (x). » Gaubil dit, dans son Histoire abrégée de l’Astronomie chinoise , page 100, que Tching, prince de la famille impériale des Ming, qui fit, avant l’arrivée des jésuites, un ouvrage considérable d'astronomie, apprend à connaître la déclinaison de l’aimant par l'application de l'aiguille sur une ligne méridienne. Je n'ai pu retrouver cet ouvrage, que Gaubil possédait , suivant ce qu'il dit en note; mais M. Julien m'a communiqué un passage d'un ouvrage intitulé : Description de la boussole astrologique (Lo-king-kiaï), et publié en 1618, où il est dit que par jin (ouest £ nord) (2), et #seu (nord), per ping (est 5 sud) et ou (sud), on fait passer la ligne moyenne du ciel et de la terre, la direction précise du nord et du sud. « Le ciel, ajoute le texte. » est représenté par les vingt-huit divisions stellaires. Constamment il tourne » à droite (en regardant le sud ). En un jour, il fait une révolution , et chaque » révolution, dépassant de 1 degré, penche vers le point jin (ouest & nord). » Le ciel penche donc au nord-ouest; mais dans le système de l'aiguille, » elle doit pencher ou dévier vers le point ping (est £ sud); » ce que le texte explique par l’action du feu du midi sur le métal. Au travers des idées astro- logiques, que je n'entreprendrai pas d'expliquer, on voit encore ici que la déclinaison de l'aiguille est indiquée comme seulement de 1 degré, au com- mencement du Xvn° siècle, époque à laquelle remontent les premières ob- servations européennes faites sur le littoral méridional de la Chine. Ces observations donnent 1° 30’ vers l’ouest, à Macao, d'après la Table que m'a communiquée M. Duperrey. » En résumant toutes ces citations, on voit que l’on peut adopter, comme conclusion définitive, la constance approximative et la petitesse de la décli- naison de l'aiguille aimantée en Chine, depuis les anciens temps jusqu'à nos jours. » Quant à l'inclinaison, on a les observations faites par les Russes sur le méridien de Pe-king ou sur les méridiens environnants, et ces observations sont presque toutes des années 1830 et 1831. À Macao seulement, les obser- vations de Cook, en 1780, comparées aux observations récentes de 1837 et 1841, nindiquent que 3 degrés de variation pendant soixante années, (1) Gaubil, Description de la ville de Pe-king, page 8. (2) La boussole chinoise est ici divisée en vingt-quatre parttes, suivant sa division la plus ordinaire. Chaque quadrant contient alors six parties. (Voyez la Lettre de M. Klaproth sur la boussole. ) C. B., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 17.) TI ( 828 ) tandis qu'en Europe, d’après les observations de M. Arago, l'inclinaison a subi des changements très-considérables. Or, en examinant l'ensemble des phénomènes magnétiques sur les diverses positions du globe terrestre, comme l'a fait M. Duperrey, ce savant a pu établir que le méridien moyen de la Chine est aussi un de ceux sur lesquels l'inclinaison a dû le moins varier depuis beaucoup de siècles, de sorte qu’en prenant cet élément dans les ob- servations modernes pour les lieux situés sous les méridiens dont il s’agit, il ya une grande vraisemblance qu'on peut l'appliquer, sans beaucoup d'er- reur, aux temps plus anciens. » J'ai cherché à confirmer les deux résultats que je viens de poser, en examinant toutes les descriptions de phénomènes analogues aux aurores boréales que pouvaient contenir les ouvrages chinois. En effet, le méridien magnétique coincidant presque avec le méridien terrestre en Chine, depuis les temps anciens, le centre des grands ares des aurores boréales observées dans ce pays, et le centre de convergence de leurs jets lumineux ont dû être situés sur le méridien terrestre de chaque lieu d'observation. Dans l'espoir de vérifier ces deux faits, j'ai exploré toute la partie astronomique de la grande collection de Ma-touan-lin, intitulée : fen-hian-thoung-khao, et continuée par un supplément jusqu'au Xvn siècle de notre ère. J'ai recueilli ainsi la mention de plus de quarante apparitions dont l'identification avec les aurores boréales me semble non douteuse, et j'ai traduit le texte de ces ob- servations , en le comparant avec le texte original des annales dans lesquelles Ma-touan-lin a puisé. Mais ce texte est généralement peu précis, et les des- criptions sont assez vagues, bien qu'exemptes du merveilleux qui défigure les descriptions du même phénomène dans les chroniques de notre moyen âge européen. Je ne présume donc pas qu'il puisse être utile de publier toutes ces observations chinoises, et je me bornerai à présenter les conclusions qui peuvent se déduire de leur examen. » Premièrement, dans la grande majorité des observations, le phénomène est décrit comme une vapeur rouge, semblable à un grand feu, à l'éclat du soleil, on à la lueur qui colore l'horizon, lorsque la Lune va paraître. Cette vapeur se montre du côté du nord, et s'étend à peu près également vers le nord-ouest et le nord-est. » Plusieurs fois, les textes disent que cette vapeur rouge couvre le Pe- teou, qui correspond aux sept principales étoiles de la grande Ourse, ou encore l'enceinte du Palais bleu, qui correspond à peu près à l’espace en- touré, sur nos planiphères, par la queue du Dragon. L'heure de l’observa- tion n'est mentionnée qu'une seule fois. ( 829 ) » De ces deux sortes d'indications , il me semble résulter que le milieu du phénomène est au nord direct. » Presque toutes les apparitions mentionnées dans les annales chinoises ont été observées entre le 32° et le 35° degré de latitude nord. Dans ces lati- tudes peu élevées, elles n'ont généralement pas offert les diverses circon- stances caractéristiques qui accompagnent les belles aurores dans les hautes latitudes. Quelquefois, les textes notent que des jets lumineux (littéralement, flèches serpentantes) ont apparu dans le ciel et coulé vers le sud ou vers l'ouest. Ils mentionnent aussi l'apparition de grands arcs blancs, mais sans dire si ces arcs étaient complets ou non, sans indiquer nettement les points de l'horizon où ils aboutissaient. Ils citent quelques aurores au sud, au sud- ouest, à l’ouest. » Enfin, parmi les quarante apparitions que j'ai recueillies, j'en choisirai deux qui me semblent mériter d’être rapportées en entier, parce que le texte détermine le point de convergence des jets lumineux, et le place sur le méri- dien terrestre du lieu d'observation : ce qui s'accorde avec les résultats dé- duits de ma discussion sur l'aiguille aimantée. La première de ces apparitions est de l’an 616 de notre ère; la seconde: est de l'an 905. » 616, 20 octobre. — Sous Yang:ti, période 7a-nie, 12° année, 9° lune, jour wou-ou, des flèches serpentantes sortirent du groupe du Pe-teou (les sept principales étoiles de la grande Ourse); elles s'agitaient ensemble comme des serpents réunis, et coulaient vers le T'eou du midi (groupe formé par Ë, À,G,T7, 9 Sagittaire). » 905,12 avril. — Période T'hien-youen, 2° année, 3 lune, jour y-cheou, dans la nuit, on vit une grande étoile qui sortit du milieu du ciel; elle était grosse comme une mesure de 5 boisseaux. Elle coula vers le nord-ouest jus- qu'à une distance de la terre égale à 100 pieds environ, et s'arrêta. Au- dessus était un épi d'étoiles; il brillait comme une flamme rouge-jaunâtre, longue de 5o degrés, et allait en serpentant. Toutes ces petites étoiles se mouvaient et tombaient au sud-est comme une pluie; en un instant, elles disparurent. Ensuite, on vit une vapeur bleue-blanchâtre, semblable à un faisceau de bambous dont le point de réunion supérieur était au milieu du ciel, et dont l'éclat fatiguait les yeux. » Je rappellerai, en finissant cette Note, que la première mention posi- tive d'aurore boréale, dans les textes chinois, remonte à l'an 208 avant notre ère. » IIIe, ( 830 ) PHYSIQUE. — Sur la loi de l'absorption de la lumière par les vapeurs de l'iode et du brome. (Note de M. A. Eruan adressée à M. #rago.) « Toutes les fois qu'un faisceau de lumière blanche, en passant d’un milieu dans un autre , se divise en une portion réfléchie et une portion réfractée , la somme des pouvoirs éclairants de ces deux portions est moindre que l'intensité du faisceau primitif. L'acte même de la réflexion et l'acte du passage par un milieu quelconque amènent donc l’un et l’autre une perte de lumière dont la cause, dans les deux cas, est assez vagnement qualifiée d'absorption. Mais, faute d'en avoir étudié les détails, ce fait anssi simple, et qui paraît si intimement lié à la cause première de la vision, était demeuré sans explication, et on ignorait même sil viendrait à l'appui de l'une ou de l'autre des deux théories de la lumière. En effet, si, réfléchie à la surface , ou, ayant passé par une couche d'une substance donnée , la lumière nous revient à la fois affaiblie et forte- ment colorée, est-ce à une affinité chimique , ou en d’autres termes, à une prédilection inexplicable de cette substance pour certaines espèces de par- ticules lumineuses, qu'il faut attribuer ce phénomène , ou bien à des condi- tions purement dynamiques, qui, en calmant certaines ondulations du faisceau primitif , laisseraient subsister les autres? Poser cette question, c’est demander une théorie complete de ce que Newton a appelé les couleurs na- turelles des corps. Mais il est très-probable que cette même théorie expli- querait encore plusieurs cas où l'absorption affaiblit l'intensité de la lumière comparée, sans influer sensiblement sur sa teinte. Il suffirait, nommément , d'admettre que, dans ces derniers cas, l'absorption , sans différer de cause des absorptions décidément colorantes, ait porté sur un plus srand nombre d’es- pèces de lumière ; car, en effet, un assemblage discontinu de rayons doit s'identifier d'autant plus avec de la lumière continue ou blanche, quele nom- bre des lacunes entre ses parties constituantes augmente davantage. » ILest étonnant que la théorie des phénomènes d'absorption ait encore fait si peu de progrès, puisque la marche des recherches qui devaient y conduire était nettement indiquée d'avance. If me semble , en effet, que ces recher- ches doivent se borner, 1° à décomposer, à l'aide du prisme, la lumière sur laquelle l'absorption a agi; 2° à caractériser les rayons qui ont été éteints, par le seul moyen que l'optique nous fournit pour cet effet, je veux dire par la mesure des longueurs de leurs ondes, et 3° enfin, à voir si les longueurs d'ondes des rayons absorbés sont liées par quelque loi qui expliquerait leur disparition. ( 831 ) / » Cette méthode me paraît propre à l'analyse de toutes les absorptions, soit que la réflexion ou que le passage par un milicu les ait causées. Son ap- plication à l'examen des couleurs naturelles dues à la réflexion aurait cepen- dant un intérêt particulier, en ce qu'eile vérifierait de suite l'hypothèse que Newton a émise sur ce phénomène, il y a plus d'un siècle. L'interférence de la lumière réfléchie à la surface , avec celle qui, avant son retour et suivant la nature de la substance, y aurait plus ou moins pénétré ; voilà, traduite dans le langage de la théorie des ondes, la cause que Newton assignait à l’ori- gine de ces couleurs. Vérifier son hypothèse, c'est donc, comme on le sait, et comme le prouvera aussi l'analyse d'un cas analogue qui va nous occuper dans la suite, essayer si tout spectre formé par la décomposition d'une cou- leur naturelle contient une ou plusieurs bandes obscures, où minima d'in- tensité, et si, dans le cas de plusieurs minima dansun même spectre, les lon- gueurs d'onde qui leur répondent sont entre elles dans le rapport d’autant de nombres entiers et impairs. » De pareilies analyses des couleurs naturelles n'ont cependant pas été faites. Je me propose de m'en occuper incessamment, et je me borne, pour le moment, à exposer un travail sur deux cas d'absorption colorante par réfraction. » Voici d’abord l'énoncé de mes résultats : » Les couleurs que prend la lumière blanche en passant par des vapeurs d'iode ou par des vapeurs de brome, sont dues à l'interférence. » Cette interférence est, dans les deux cas, du genre que je propose de nommer interférence simple, c'est-à-dire qu'elle résulte de la séparation du faisceau primitif en deux faisceaux seulement. » Après le passage par l’iode , le retard de l’un des deux faisceaux sur l’au- tre est de 329 demi-ondulations d’un rayon dont l'indice de réfraction dans le flint est de 1,63208. Réduit au mouvement de la lumière dans le vide, ce retard équivant à un intervalle de 0,04 366 ligne de la toise du Pérou, ou de 077,09849. » Après le passage par les vapeurs de brome, le second faisceau est en retard sur le premier de 341 demi-ondulations d'un rayon dont l'indice de réfraction pour le flint est de 1,63246. Réduit au mouvement de la lumiere dans le vide, ce retard équivaut à un intervalle de 0,04509 ligne de la toise du Pérou, ou de o"",10172. » Les stries noires découvertes par Fraunhofer dans le spectre de la lumière solaire, et celle que M. Brewster a fait connaître dans le spectre d’une lu- mière quelconque qui a passé par l'acide nitreux, ont très-probablement la (1852) même origine. Mais il faut admettre que tant dans le passage par l'atmosphère, qui serait la cause du premier de ces phénomènes, que dans le passage par l'acide nitreux, le faisceau primitif se sépare en plus de deux portions diffé- remment retardées chacune. » Cette dernière hypothèse paraît d'autant plus admissible que, sous de certaines circonstances de température et de pression, les vapeurs d’iode et de brome opérent également une triplication du faisceau primitif, et l'inter- férence composée qui en est une suite. » Je passe à la description de l'appareil et des expériences qui m'ont con- duit à ces résultats. » Un excellent prisme de flint de l'atelier de Fraunhofer, fut fixé devant l'objectif de la lunette horizontale d'un théodolite de Munich. Un système de vis servait à placer ce prisme tellement que, son arête réfringente étant ver- ticale, il donnait la déviation minimum au rayon qu'il amenait dans l'axe op- tique du télescope. Le prisme une fois établi, la lunette lui communiquait ses mouvements, sans déranger sa position relativement à l'axe optique. La lu- mière sur laquelle l'absorption devait agir, s’introduisait par une fente verti- cale dont la largeur pouvait être indéfiniment réduite à l'aide d'une vis mi- crométrique. Les distances de cette fente d'entrée, au centre du théodolite et à l’arête du prisme, étaient connues à un dix-millième près. Je me suis servi, tantôt de lumière solaire irrégulièrement réfléchie sur un mur éloigné d'environ 20 mêtres, tantôt des rayons émanés d'une lampe à double courant d'air, et concentrés dans le plan même de la fente d'entrée, par un réfracteur cylindrique à axe vertical. Pour peu que le temps fût favorable, le premier mode d'éclairage m'offrait, dans le champ de la lunette, plusieurs centaines des stries dites de Fraunhofer. Les milieux dont le pouvoir absorbant devait être examiné se plaçaient, tantôt entre l'observateur et la fente d'entrée, tantôt au delà de cette fente, et an delà même du réfracteur, qui alors con- centrait le faisceau déjà influencé par lesdits milieux. Quant aux caractères essentiels des spectres qu'ils aident à produire, et nommément à leurs stries perpendiculaires, ces deux emplacements sont absolument identiques. Le dernier est cependant préférable, en ce qu'il amoindrit les stries horizontales dues à des endroits opaques ou à d'autres défectuosités accidentelles des vases qui renferment les absorbants. » Après avoir mesuré l'angle réfringent de mon prisme (il estde 45° 23'34), j'ai employé l'appareil que je viens de décrire à l'étude des absorptions opé- rées par : 1° l'atmosphère de la terre (en produisant dans le spectre les stries ou raies dites de Fraunhofer) ; 2° l'acide nitreux ; 3° les vapeurs de brome; (833) 4° les vapeurs d'iode; 5° enfin des lames minces à surfaces parallèles, soit de mica, soit aussi de verre soufflé. La plupart du temps, ces différents ab- sorbants furent interposés chacun pour soi ; mais j'ai aussi fait usage de deux à la fois, placés l'un derrière l'autre, sur le passage du faisceau lumineux. Je me suis pleinement convaincu par là que les rayons éteints dans un milieu ne sont jamais rétablis par un autre, et que l’action absorbante de chacun des milieux que j'ai examinés est entièrement indépendante des absorptions que la lumière a éprouvées avant d’y entrer. Dans toutes les parties de mes re- cherches, l'observation directe se réduisait à mesurer la déviation minimum imprimée par le même prisme à chacun des rayons éteints ou réduits à un minimum d'intensité. C'était, en d’autrestermes, déterminer la position angu- laire du milieu de chaque raie noire qui se présentait dans un spectre donné. L'indice de réfraction m, pour chaque rayon éteint, se déduisait alors de la formule connue . D+w+]J RE LR où Dj+ w désigne la déviation minimum observée, et J — 45°23 34" l'angle réfringent du prisme; ou bien, en substituant D = 32° 40’, et en désignant par M = 1,63207 l'indice de réfraction qui y répond, par la formule équi- valente D+J cos (1) m= M + — .sin 1/.# — 1,63207 + 0,00058565.1r. sin — ! 2 » On trouvera ci-après les valeurs de w, que des mesures répétées jus- qu’à treize fois sur une même raie, et en variant toutes les circonstances acci- dentelles qui pouvaient tant soit peu influer sur les résultats, m'ont offert dans le spectre de la lumière qui avait passé par des vapeurs d'iode et par celles de brome. Ces résultats prouvent suffisamment que la couleur de cha- cun de ces gaz, loin d’être un composé continu, se compose, au contraire, de teintes élémentaires choisies comme par fantaisie, et à tour de rôle, dans toutes les parties du spectre; mais, comme la marche des nombres w, et par- tant aussi la marche des m (des indices de réfraction pour les rayons éteints) qui en dérivent par l'équation (1), dépend essentiellement de l'angle et de la substance du prisme qui les a fournis, ces nombres ne sont que d'un faible ( 854 ) intérêt pour la théorie. Restait done, comme nous l'avons prévu plus haut, à traduire ces déviations observées dans les longueurs d'onde qui leur répon- dent; ou, en langage algébrique, si L et À désignent les longueurs des ondes lumineuses dans deux rayons auxquels conviennert respectivement , et pour le prisme en question , les déviations minima D et D + w, il restait à déter- miner la forme et les constantes de l'expression 1—=E(L,w). La condition À — L, pour w — 0, permet d'y substituer d'avance (2) À = L(r1 — ow + Bw? +...), et il est probable que cette expression se bornera à d'autant moins de termes que l'on resserrera davantage les limites de son application. ». Voici comment l'observation des raies noires, dans le spectre d'une lu- mière qui a traversé une lame de mica, m'a fourni la relation entre } et w. » Si un faisceau lumineux traverse à angle droit une lame à surfaces pa- rallèles et d’une substance quelconque, la portion de ce faisceau qui passe directement est suivie d'une autre dont l'intervalle de retard , réduit au vide, est égal au produit de la double épaisseur de la lame par son coefficient de réfraction. L'interférence de ces deux portions éteint comparativement, ou réduit à un minimum d'intensité, tous les rayons dont la demi-longueur d'onde, prise pour la substance de la lame, est comprise un nombre entier et impair de fois dans la double épaisseur de la lame. En langage algébrique, d'étant cette épaisseur et 7 un nombre entier quelconque, il y aura extinc- tion comparative de tous les rayons pour lesquels / pu NET (3) A rot Il suit de là que : » 1°. L'analyse par un prisme d'une lumière qui a traversé une lame de mica ou une autre plaque à surfaces parallèles, doit offrir dans le spectre autant de parties obscures, ou comparativement noires, que l'équation (3) comporte de vérifications pour l'épaisseur de cette plaque ; » 2°, Que ces bandes ou raies obscures seront d'autant plus nombreuses, plus serrées, et par là même paraîtront plus tranchées, que d sera plus grand. (835) » Il va sans dire que chacune de ces prévisions est pleinement vérifiée par l'expérience. On voit de plus que si, dans le spectre produit par une lame que lon a choisie au hasard, on marque de o la raie noire dont la déviation minimum D +W diffère le moins de D; de 1 la raie noire qui la suit immédiatement vers la partie violette du spectre, et ainsi de suite jusqu'à la raie marquée # et déviée de D + w, chaque mesure d’une valeur de w offrira une équation de la forme (4) (en +1)(1— aW+ BW? +...) = (on +120 + 1) (1 — aw + Bw?+...) dans laquelle, w et v étant connus par l'observation, il ne reste d’inconnus que n, W,a, £. » Quant au nombre de termes qu'il faut garder dans l'expression de } (équat. 2), et partant aussi dans chaque membre de cette équation (4), je remarque d'abord que l’hypothèse la plus simple, où À = L(1 — aw), & étant un nombre positif, est réfutée par chacune de mes nombreuses séries d'observations. En effet, en lui appliquant l'équation (4), on voit que la dif- férence entre deux valeurs consécutives de w devrait diminuer à mesure que v augmente: en d’autres termes, que, dans le spectre d'une lumière qui a traversé du mica, les distances angulaires de deux raies consécutives dimi- nueraient du rouge au violet ; or, vingt séries de mesures de ces intervalles, relatives à autant de lames d’épaisseurs différentes, m'ont constamment donné un résultat contraire. Les intervalles entre deux raies consécutives augmentaient du rouge au violet, et cet accroissement était d'autant plus sensible que la lame absorbante était plus mince. J'avoue même que, frappé de ce résultat inattendu, j'ai cru un instant à une valeur négative du nombre a. Cette hypothèse équivaudrait à admettre que, dans le mica, les ondes de la lumière violette seraient plus longues que celles de la lumière rouge. A l'appui de cette supposition éminemment paradoxale, il arrivait encore que, jointe à celle de v négatif, elle offrait une approximation, superficielle il est vrai, mais assez frappante au premier aspect, entre les valeurs de w calculées d’après l'équation (4) et celles qu'avait fournies l'observation. J'ai cru devoir mentionner ce fait, quoique je me sois convaincu depuis que x, positif et joint à une valeur sensible et positive aussi du coefficient B, forme la seule hypothèse admissible. On s'y arrêtera d'autant plus volontiers qu'elle satisfait C.R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, N° 47.) 112 (8%) pleinement, et mieux qu'aucune autre, à toutes les observations que l'on trouve ci-après. Ce serait seulement si l'on voulait étendre l'expression pré- citée à des w positifs plus grands que 40 minutes, que deux coefficients ne suffiraient plus: il faudrait alors leur ajouter un terme en w°. » Restreinte comme nous venons d'en convenir, l'équation (4) équivaut à celle -ci, VER V æ\ 2—+(on+i)pr (4 bis) Par 26 Te (&) 20-+ 97 LI 8 où p = aW — EW:. Que l'on répète maintenant la mesure des déviations w, non-seulement pour les raies marquées — s’, 0, ++ dans le spectre d’une lumière qui a traversé une lame choisie au hasard, mais aussi pour les systèmes analogues fournis par d’autres lames de différentes épaisseurs ; et soient respectivement y, p", ue le nombre des valeurs correspondantes de v et de w relatives à une de ces lames, il en résultera p + y +... + pu? équations de la forme (4) ou (4 bis), entre 29 +1 inconnues. Les tableaux suivants des observations de ce genre que jusqu à présent j'ai soumises au calcul, donnent p+u'+...+u = 96 et e = 5. Il y avait donc 96 équations entre 12 inconnues, réparties ‘en sorte que 10 d’entre elles, savoir, à de W et 5 valeurs de », n’entraient deux à deux que dans les équations fournies par une même lame, tandis que les deux autres inconnues, zet 3, dont la détermination formait le vrai but du calcul, se trouvaient l'une et l'autre dans chacune des 96 équations. "En résolvant ces dernières d'après la méthode des moindres carrés, j'ai trouvé 4 = 0,0056302, B = 0,00005680; ou bien {a relation entre les longueurs d'onde de différents rayons et les déviations minima (32° 4o' + w) qu'ils subissent dans un prisme de flint de Muriich de 45°23'34: (5) 1 = L(1— 0,0056302.1#v + 0,00005580.w?). Elle équivaut à la relation suivante entre les lougueurs d'onde et les quotients de réfraction (m), pour une réfraction quelconque opérée par du flint de Munich : (6) A—=L{1— 09,6137 (m —1,63207) +162,685 (m —1,63207)]. ( 837 ) observe , toutefois, que ces expressions ne doivent pas s'appliquer au delà des limites w — + 35° ou m —1,65258. .» Voici aussi, pour les cinq séries d'observations , les valeurs de W, de 7 et des épaisseurs d des lames qui les ont fournies : 57.L(1— Pour la série n° 1. W — — 0/,83, 72 —122, 9 — Sr —10"% 0297218 8: L(i— Pour la série n° 2. W = + 0,66, 2—= 40, d— Pet — 0%%,00 8053 ; 257.L(I1— Pour la série n° 3. W — — 0/,80, #—122, Ôd— Se LE 2) — 0"%,025717; 4 Pour la série n° 4. Wi—= — 0,71, nr — 95, Ô— serie = 0"",019142; Pour la série n° 5. W — — 1/,222, 7 — 12, Ôd— Sale — 0%%,025425; 4 où p représente la valeur variable d'une série à l'autre, de l'expression aW — BW°. Quant aux épaisseurs D, leur rapport suit immédiatement de mes observations, tandis que leur expression en millimètres repose sur la supposition approchée que, à égalité de rayons, les longueurs des ondes dans le mica et dans le vide sont comme 2 : 3; ce qui donne, pour le mica, L — 0%,00039917. » Arrivé à ces résultats , j'ai comparé ainsi qu'il suit, avec les observations, le calcul d'après l'expression ( 4 bis). [a 112. (838) Dans de la lumière décomposée après avoir traversé la lame de mica n° 1, RÉPONDAIZNT LES RAIES ; à la déviation ET À L'INDICE gr EE" de réfraction OBSERVATIONS. MOUEES observée calculée m2 w, m. | 329 40’ — 17 — 23,07 | — 22,89 1,61867 Les valeurs calculées résultent {de "6 — 22,12 | — 21,62 l'expression — 15 — 20,62 | — 20,36 À ANRT GA | — 14 — 18,82 | — 19,11 v£-V(s — 13 ob TONNES 17,25 lorsqu'on y substitue — 12 | — 17,10 | — 16,60 à RAGE ET enr p=— 2.0,831 — 8(0,831). —" 10 — 14,50 | — 14,06 610 — 13,27 | — 12,72 = — 12,49, |— 11,39 — 7 — 10,77 | — 9,65 — 6 — 9,20 | — 8,91 MEN 07, 630|1= 207; 60 — À — 6,18 | — 6,20 — 3 | — 4,97 | — 4,99 = — 2,97 | — 3,54 = à — 1,68 | — 2,18 0 — 0,12 | — 0,83 + CT + 1,37 | + 0,64 Sd + 2,83 | + 1,91 + 3 + 4,03 | + 3,32 = 4 3e 5,22 SE 4,73 + 5 | + 7,06 | + 6,18 HEC, + 8,37 | + 7,63 + 7 + 10,33 | + 9,14 ee + 11,793 | + 10,64 + 9 + 13,30 | + 12,22 + 10 + 15,21 | + 13,84 EN 1 + 16,56 | + 15,50 + 12 + 18,33 | + 17,24 RES + 20,22 | + 16,12 + 14 + 22,23 | + 21,01 | 2 19 + 23,87 | + 23,13 l + 16 + 25,58 | + 25,25 | + 17 + 27,60 | + 27,55 | + 18 | + 29,42 | + 29,86 | + roedrt 30,76 | + 32,95 Ne 5") + 33,30 | + 36,05 1,65317 ( 839 ) Dans de la lumière décomposée après avoir traversé la lame de mica n° 2, RÉPONDAIENT à la déviation ET À L'INDICE CEE marquées observée calculée La m. LES RAIES noires de réfraction OBSERYATIONS. 1,61322 Les valeurs calculées résultent de l'expression TEST) æ\? 2 +8ipr Wa 28) +8 p’ lorsqu’on y substitue p =+ «.0,658 — 8 (0,658). D Oo GO I o 1 2 3 4 5 RÉPONDAIENT à la déviation ET A L'INDICE EEE marquees observée calculée w, m. LES RAIES noires de réfraction OBSERVATIONS. 320 4o’ 15,76 | — 15,22 1,62316: Les valeurs calculées résultent de 14,29 ne 13,95 l'expression 12,05 | — 12,66 2 NV EEE T7 Fm appt LI ,97 11,37 28 | (£) - 2257 10,47 8,95 7:45 9,05 10,72 12,15 22,07 23,59 25,35 26,93 28,72 | 10:07 sa ous y substitue Le p=— a0,80{ — f (0,804). 739 9,20 10,81 21,13 29,22 25,31 27941 30,10 HHHHHHEHE+ I NN ETERES HHHHHHEHE I (840) Dans de la lumière décomposée aprés avoir traversé la lame de mica w° 4, RÉPONDAIENT LES RAIES é ÊRRE à à la déviation ET A L’INDICE noires SR ” « : s de réfraction OBSERVATIONS. EAP observée calculée 3 m. 320 19,38 15,27 1,62137 Les valeurs calculées résultent de 17, 34 16,57 l'expression 15,13 14,85 7 œ+igipr 13,27 13,14 Per VE) Er: eee) 2191 É? 11,40 11,41 lorsqu'on y substitue 9,80 9,66 7:58 7:90 5,55 6,14 19,80 17,76 22,10 20,23 24,23 22,87 26,43 25,75 28,85 28,93 30,97 32,56 p=— 00,905 — 8 (0,705). 0 EE Oo Das +HH++++ I ++++++ Dans de la lumière décomposée aprés avoir traversé la lame de mica n° 5, RÉPONDAIENT LES RAIES ; RE L à la déviation ET'A L'INDICE noires EE .É. . | de réfraction OBSERVATIONS. marquées observée calculée w, m. 320 40" 16,22 | — 15,59 1 ,62295 Les valeurs calculées résultent de 14,47 — 14,32 l'expression 13,23 | — 13,02 a PNEE Ee 12,17 11,78 v—2-V()- = Sen 0 10,88 9:87 6,90 8,35 9:93 11582 21,05 22,67 23,72 10,45 lorsqu'on y substitue 9:17 Pp =— 41,220 — À (1,220). 5,83 7,35 8,80 10,29 20,45 22,50 24,54 26,75 29,10 25,39 28,33 tH+tt+t++t) FE++++++ +) HH++H++++) ( 841) » Cette comparaison me paraît suffisamment confirmer la dépendance que j'admets, équations (5) et (6), entre les longueurs des ondes lumineuses et entre les déviations minima et les indices de réfraction qui leur répondent, les unes pour un prisme de flint de Munich de 45°23 34", les autres pour une réfraction quelconque opérée par ladite substance. Ce n'est que pour des déviations plus grandes que 33° 15‘, ou pour des indices qui surpassent 1,65252, que les résultats du calcul s’éloignent sensiblement de ceux de l'ob- servation, et qu’il faudrait, par conséquent, ajouter un troisième terme aux seconds membres des équations (5) et (6). Je n'ai pas cru, pour le moment, devoir m'arrêter à la recherche de ce terme, parce que les applications que nous allons faire des valeurs calculées de À n’excéderont pas les limites où l'expression que j'admets par cette quantité doit être restreinte. » Je passe à mes recherches sur l’action absorbante des vapeurs d'iode et de brome. Le raisonnement qui précède me permet de les exposer en peu de mots. Supposer, comme je le fais , que l’absorption opérée par chacune de ces substances équivaut à une interférence simple où de deux portions de fais- ceau lumineux , c'est prétendre que les valeurs correspondantes de W et de », offertes par l'observation des raies noires dans le spectre qne produit l'ab- sorption de chacune d’elles, satisfont à l’expression une œ STE 20 + (22 +1)p 1 n LS 12 HT 26 VS 20+2rR—+ 1 dE Egesre SU j et dans laquelle il n'y a plus d’arbitraires que les seules valeurs de W et de n. En effet, toutes les fois que cette relation se vérifie, il est prouvé que les longueurs des ondes lumineuses dont la réduction à un minimum d'inten- sité a produit les raies marquées — v’, 0, + v dans le spectre en question, sont respectivement dans le rapport des nombres on + 1 —2#", 2n+1, on +1+2v. Mais, cette dernière xelation établie, on ne trouvera guère pour l'expliquer une hypothèse plus satisfaisante que celle qui fait le sujet de cette Note. Or, voici à quel point la formule précitée satisfait aux dévia- tions minima (D +w) et aux indices (v) des raies que produit l'absorption des vapeurs de brome : (84) Dans de la lumière décomposée après avoir passé par des vapeurs de brome, RÉPONDAIENT | à la déviation ET À L'INDICE LES RAIES LE NOMBRE noires ques ——— — —— 3 : REMARQUES. ; ; E de réfraction| observat. marquées | observée calculce s * F. w, m, étant (*) 329 40 0,43 1,70 2709 3,70 4,90 5,88 6,93 8,32 © +H+++H++ | 1,63245 Les valeurs calculées résultent de la formule sé SV) Ÿ— 20+3fip 1 7 28 = ETS lorsqu'on y substitue eo p=+0u.0,653 — 8 (0,653)*. HHHHHHHEE © [eu © +10,78 2 3 4 5 6 7 8 9 o + + & D D © œ © +14,42 +15,55 +16,87 18,10 +19,12 +-20,12 +21,53 + 22,83 + ee + se + Be 2 ue + + + + + + + + Er == ae Ê : : ; ; 1 nl | (*) Je n’attribue aux visées sur les raies marquées o et 19 que les poids V: et VE, parce ( 3 : qu'elles sont moins distinctes que les autres et que, dans les circonstances de l’observation, la pre- mière n’était pas précédée et l’autre n’était pas suivie de raies bien prononcées qui eussent aidé à re- connaitre leur position angulaire. L'accord du caleul et des observations est d'autant plus parfait, que ces dernières reposent sur un plus grand nombre de visées. Il ne laisse à désirer que vers la limite prévue d'avance pour l'étendue de la formule; aussi, circonstance digne de remarque, l'écart qui s’observe près de cette limite est-il dans le même sens que pour des raies dont l'origine par interfé- rence est incontestable. Je conclus des valeurs Pr dut de n et de W ou p, que l’action absorbante des vapeurs du brome est identique avec celle EP) ñ — qu'exerce une feuille de mica de l'épaisseur om, 03300, (843) que, réduit au vide, l'intervalle de retard que cette substance établit entre les deux portions qu'elle forme du faisceau lumineux qui la traverse, est de 077,10172. » Voici encore le tableau analogue des résultats de mes observations sur l'iode. Dans le spectre d’un faisceau de lumière qui avait traversé des vapeurs d'iode, RÉPONDAIENT à la déviation ET A L'INDICE —— 7 ——— de réfraction LES RAIES LE NOMBRE i des a REMARQUES. observat. observée calculée me étant marqués (2 Les valeurs calculées résultent de l'expression D © 20+329p t ne, 20+-329 lorsqu'on y substitue P=+%.0,018— 8 (0,018). D Or Où Où Or Où Où Où Où Or Où Où Où Où Où Où &o © D D D D D D EHHEHÉEEEHEET C. R., 1844, 2m€ Semestre, (T. XIX, N° 47.) 113 ( 844 ) » L'accord du caleul avec l'observation est pour le moins aussi parfait que pour l'absorption par le brome, et les écarts, un peu plus sensibles pour les rayons fortement déviés, sont encore dans le même sens que dans les phénomènes incontestablement dus à l'interférence. Il suit des valeurs que nous venons de trouver pour 7 et pour W ou p, que l'action absorbante de l'iode équivaut à celle d’une lame de mica de et — 0%%,03283 d'é- paisseur, et que cette action établit entre les deux portions qu'elle forme du faisceau lumineux qui la traverse, un intervalle de retard , réduit au vide, de 0"®,09849. » Outre les raies d'absorption mentionnées jusqu'ici, et dont l'hypothèse d’un retard subi seulement par une portion du faisceau lumineux rend par- faitement raison, les spectres dus au passage de la lumière par Piode et le brome offrent encore, en de certaines circonstances, une ou deux bandes obscures, beaucoup plus larges, et qui paraissent alors se superposer aux raies ordinaires. Leur origine rentre tout aussi bien dans l'hypothèse des in- terférences, et elles résulteraient nommément d’une troisième portion du faisceau primitif, pour laquelle l'intervalle de retard ne contiendrait qu'un petit nombre de fois la longueur d'une onde lumineuse. En effet, les différents degrés d'intensité lumineuse que l'interférence de deux portions de faisceau établit dans le spectre du faisceau résultant , doivent, dans ce spectre, passer les uns dans les autres par une progression essentiellement ralentie dans le voisinage des minima et des maxima. Il s'ensuit que chacune des portions noires ou relativement obscures qui s'y présenteront, paraîtra d'autant plus large que l’intervalle angulaire entre deux parties de ce genre vient à augmen- ter. Ce qui paraît une raie noire de quelques secondes de diamètre, quand l'intervalle entre deux raies consécutives est d'une minute, formera donc une bande obseure de plusieurs minutes, quand cet intervalle atteint ou dépasse même les limites du spectre entier. Or, loin d'être purement hypothétique, cette dernière circonstance est de rigueur, toutes les fois que l'intervalle de retard qui produit l'interférence ne contient qu'un petit nombre de fois la longueur d'une onde lumineuse. Aduiettons, par exemple, que les longueurs des ondes qui, vers l'extréme rouge et vers l'extrême violet, sont les dernières visibles, soient comme 3 est à 2; c'est bien sûrement la plus forte différence que l'on puisse supposer, et néanmoins un minimum d'intensité qu'une inter- férence aurait produit vers le milieu du spectre, ne serait alors accompagné d'une autre à l'extrémité même du rouge ou à l'extrémité du violet, que si l'intervalle de retard était respectivement plus grand que onze fois ou plus ( 845 ) grand que quinze fois la longueur d'une onde moyenne! Restant au-dessous de cette limite d’étendue, un retard quelconque dans le faisceau que l’on dé- compose ne produira jamais dans tout le spectre qu’une seule bande, dont la largeur et l'aspect délavé ne laisseront pas de se montrer en raison de son isolement. 11 mérite encore d’être remarqué que, dans les vapeurs de brome aussi bien que dans celles diode, la séparation d'une troisième portion du faisceau lumineux (je veux dire celle qui n'est que faiblement retardée) devient plus ou moins sensible, suivant la température et la tension de ces vapeurs. Car, en effet, dans les spectres dus à leurs absorptions, les raies minces et serrées gardant invariablement et sous toutes les circonstances un même emplacement, les larges bandes grises s’y ajoutent et les recouvrent en partie, toutes les fois que la température ou la compression de l'absorbant s'élèvent l'une ou l’autre à une certaine limite. » PHYSIQUE. — Sur des expériences de transmission des courants électriques exécutées à Milan pendant la durée du dernier congres scientifique. (Note extraite par M. Marreucar de sa correspondance avec M. Bezzr.) « M. le professeur Belli m'a communiqué les résultats des expériences faites d'après ma proposition sur la conductibilité de la terre par le cou- rant électrique. Les deux stations étaient Milan et Monza. » Dans la première expérience, le circuit, tout métallique, était de 12 boo mètres à peu près. Dans la seconde le circuit était en partie mé- tallique et en partie en terre, c'est-à-dire 12 5oo mètres de fil et 12 5oo mètres de terre. Dans la troisième, le circuit était tout métallique, de 25 aoo mètres. » La pile était un seul couple à face constante. » Les intensités ont été dans les rapports de 30 : 27 : 17. » Il résulterait de là la confirmation de ce que j'avais trouvé à des dis- tances moindres. » Le premier circuit, tout métallique, qui donne 30, est la moitié du second en longueur. Ce second se compose du même fil et de la terre, et dans ce cas on trouve 27. La différence, trés-petite en comparaison du double de longueur du circuit, on l'aurait certainement trouvée à des moindres distances de terre, car elle est due au changement de conducteur. » Dans la troisième expérience, lorsque le circuit était tout métallique et de la même longueur que le second, la différence devenait très-grande. » Quand on emploie la terre à de grandes distances, non-seulement la résistance due à la longueur disparaît, mais on ne trouve plus celle eo ( 846 ) même du fil employé. Je doute toujours que ce résultat soit dû à des actions chimiques sur les plaques. Il serait très-important, pour la science et pour la télésraphie, de faire de plus grandes expériences. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un nouveau procédé d'extraction des rochers au moyen de la poudre ; par M. Counseraisse, ingénieur des Ponts et Chaussées. (Extrait.) « Le nouveau procédé d'extraction de rochers consiste à remplacer les petits trous de mines ordinaires qui sont cylindriques, et dont les dimen- sions ne pouvaient varier que dans d'étroites limites, par des mines d'une profondeur et d’une capacité variables, aussi grandes qu'on le voudra, ap- propriées à l'effet qu’on doit produire. » D’après le volume, la forme et la nature de la masse de rocher à ex- traire, un mineur expérimenté doit pouvoir déterminer, après un examen attentif, l'emplacement et la capacité les plus convenables des mines qui doivent opérer le déblaï. » Ces deux éléments étant déterminés, on aboutit à l'emplacement choisi pour chaque mine par un trou de mine cylindrique, vertical ou incliné, fait à la manière ordinaire par la percussion de barres à mine de plus en plus longues, et on crée à l'extrémité de ce trou la cavité voulue, par l’action de réactifs chimiques détruisant le rocher, ou par des moyens mécaniques. » Quel que soit d’ailleurs le moyen employé, on devra toujours arriver à loger une grande quantité de poudre, à meilleur marché que dans des petits trous cylindriques, et il faudra moins de faux frais pour bourrer et allumer que pour la même poudre logée en petits trous. » Enfin, la poudre en grande masse, sous une pression énorme, doit mieux brûler, produire plus de chaleur, et donner à poids égal plus de puissance. » Les essais que j'ai faits ont plus que justifié mes prévisions. Je les ai faits dans une roche calcaire où je créais la place de la poudre avec un agent chi- mique (l'acide muriatique), et le logement de la poudre était bien moins cher que dans les petits trous. ; » J'ai reconnu que les grandes mines ne dépassent pas la division utile qu'elles atteignent à peine, et qu'elles utilisent, pour cette division, toutes les fissures naturelles du rocher exploité. » Les masses détachées ayant augmenté dans un rapport plus considé- rable que la puissance et le volume de la poudre, ne sont plus projetées, mais seulement repoussées à une faible distance. ( 847 ) » Les gaz de la poudre, n'arrivant au dehors qu'après avoir produit toute leur expansion intérieurement, ne produisent pas de détonation. » Ainsi, à poids égal, logement de la poudre à meilleur marché, avec moins de faux frais et avec plus de puissance ; point de division inutile, de projection ni de détonation, et par suite, point de travail perdu : tels sont les avantages que j'ai prévus et reconnus par expérience dans les grandes mines. » Je n'ai point encore employé de moyens mécaniques pour élargir le bas de mes trous de mine. Dans les roches calcaires, je me suis servi avec succès de réactifs chimiques. » Le meilleur réactif pour attaquer les roches calcaires est l'acide muria- tique, à causede son bas prix et dela grande solubülité du produit de la réac- tion. » Le carbonate de chaux, qui forme les roches calcaires, demande, d'après sa composition chimique, 72 pou r100 de son poids d'acide chlorhydrique pour être décomposé, et si on emploie l'acide muriatique du commerce, d'une densité de 1,20, contenant 4o pour 100 d'acide pur, chaque kilogramme de carbonate de chaux consommera, pour sa décomposition, 1“!,80 de cet acide du commerce. » J'ai essayé le procédé sur des masses compactes de marbre très-dur et tres-lourd , d’une densité de 2",70; chaque litre de vide pouvant loger 1 kilo- gramme de poudre demandait donc pour sa création 2,70 X 1“/,80, ou 4K1:,86 d'acide; la quantité déduite de l'expérience s’est trouvée de 6 kilo- grammes, à cause des pertes de toute nature faites dans l'emploi. L'acide muriatique coûte de 10 à 12 francs les 100 kilogrammes sur les lieux de fabri- cation, à Rouen, Montpellier, Marseille, etc.; en supposant qu'avec le trans- port et l'emballage, il revienne moyennement à 20 francs, on voit que 1 litre de vide ne coûterait que 1',20 à créer, et près des lieux de fabrication d'acide 0',70 ou 0,80; la réduction mécanique en poussière, avec des barres à mine, de 1 litre de calcaire dur coûte de 1',50 à 2 francs. » J'exploite depuis huit mois ces masses de marbre, où je fais des tran- chées de 20 à 4o mètres de hauteur dans un défilé sur le bord du Lot; j'ai fait partir plus de quatre-vingts mines contenant de 4 à 30 kilogrammes de poudre par mine, et je puis parfaitement en apprécier les effets; je vais dé- crire rapidement la manière dont nous avons opéré, et les résultats que nous avons obtenus. » Nous déterminons avec soin l'emplacement et la quantité de poudre de chaque mine, d’après la forme, la nature et la masse de rocher à extraire, (848) ses fissures, son assiette, et le point où nous voulons faire tomber les déblais. » Nous aboutissons à l'emplacement choisi, par un trou cylindrique, le plus souvent vertical, percé avec des barres à mine ordinaire, que nous prenons seulement de plus en plus longues, et que nous allongeons avec des manches en bois, à mesure que le trou s'approfondit; on fait à peu près 1,50 de tron par jour, avec quatre ouvriers. » Lorsque le percement du trou cylindrique est terminé, nous devons créer au bas de ce trou un vide suffisant pour y loger la quantité de poudre convenable. Nouscommencons alors à employer l'acide; nous versons d’abord, pour nettoyer le trou, 1 litre d'acide et 2 litres d’eau; le liquide sort presque entier en mousse, et on enlève le reste; cette opération dure une demi-heure. » On verse ensuite 1 litre d'acide pur en trois fois, de quart d'heure en quart d'heure, en ajoutant chaque fois autant d'eau, et on laisse travailler pendant deux heures, puis on cure le trou; l'opération entière dure trois heures. » Le premier jour,on fait cinq fois cette opération, on use 6 kilopgrammes d'acide, et l’on crée 1 litre de vide. » On continue les jours suivants de la même manière, en augmentant toutefois progressivement, à mesure que letrou s'agrandit, la quantité d’acide et le temps de l'opération. » C’est ainsi, par exemple, que lorsqu'on a 30 litres de vide, on verse 2 litres d'acide pur suivis d'autant d’eau, un quart d'heure après 1 + litre avec autant d'eau, un quart d'heure après autant, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on ait rempli les deux tiers du vide: on laisse travailler trois ou quatre heures et on cure; l'opération dure quatre ou cinq heures, se renouvelle trois ou quatre fois par jour ; on use 0 litres d'acide , et l’on fait 7 à 8 litres de vide. » Voici le tableau approximatif du vide créé chaque jour, et de l’agran- dissement de la poche. On n’a soigné les trous que pendant le jour ; on pourrait faire marcher l'opération beaucoup plus vite en soignant les trous plus assi- dûment , et pendant la nuit. | ( 849 ) Marche de l'opération faite lentement, er ne travaillant que le jour. Vide du trou sur 1 mètre de hauteur. . . . . . . . . . 3 litres. Le 1‘jour on crée 1 litre de vide et la poche a . . 4lt,00 DER TOM Le lee eue 0 “DUE 20 HO co mme nm sto lon 16e nono) MÉRITE DER MU OO RE Ci C0, 00 FEMOME PS ER TE Ste à oO Nes Sete CSC) MENOUEEAE SSI Gare Au, PR L'iUSIQUER 91 Arr LAS LIT CLEMENT IE RENE 1e EU EACRS CENTS: NT PPNSRORER TL 19/t,90 LINE MOTTE HP Soie D: ire ICE qu 20 D GE Vo RON TON EN MONO DENON, ET ETS HERO ET 1. AUTOUR Re ec als ee OON.00 Hero EE MAO 00 2 7h ésbe) cho 661,00 » En pressant l'opération, et travaillant jour et nuit, l'opération marche- rait ainsi : Vide du trou sur 1 mêtre de hauteur. . . . . . . . . . 3litres. Le 1° jour, vide créé 3litres; vide total. . . . . nee 0 Lee OR IPAU. MAUS ECM ARENA RATE 14 Le 3° 20 LM CNE ec MU TIET SE 34 Le 4° se 4o 3 74. » Nous versons l'acide dans le trou avec un entonnoir de cuivre de 2 à 3 mètres de longueur; nous curons le trou avec de petits seaux à soupape de cuivre, ayant le diamètre du trou et des hauteurs de 12 à 50 centimètres, attachés à des ficelles et avec des torchons d'étoupes. » On ne doit enlever le liquide que lorsque l’action est terminée, ce qu'on reconnaît aisément en versant sur le rocher le liquide retiré qni ne doit plus agir sur lui. » Il arrive quelquefois que le trou perd le liquide par des fissures du rocher, soit au commencement, soit pendant la durée de l'opération ; la solntion de chlorure de calcium que nous retirons , devant nous donner le volume du liquide introduit, si l’on s’apercçoit à la diminution de ce volume que le trou perde, on y verse de l’eau plâtrée jusqu'à ce que les fissures , bou- chées par le plâtre qui s'y arrête, ne laissent plus passer le liquide ; nous avons ainsi toujours réussi à étancher ceux de nos trous qui ont perdu. » La poche terminée, on la vide avec les seaux: on lasècheavec des paquets d'étoupes qu'on y enferme, qu'on y retourne, et qu'on retire avec un tire- bourre emmanché au bout d'une longue perche. ( 850 ) » Pour charger, on verse la poudre, en la tassant avec une perche en bois, jusqu'aux deux tiers; on place la mèche (1), on y verse l'autre tiers de poudre , on remplit le trou de sable tassé avec une petite tige, et l'on met le feu. » L'explosion a lieu quelques minutes après (2), sans lumière , sans déto- nation, sans projection de matériaux; on n'entend qu'un bruit sourd prove- nant du craquement du rocher, et on ne voit qu'un tressaillement subit dans la masse qui, brusquement soulevée à une très-faible hauteur, retombe fendue et désorganisée dans tous les sens : tantôt les masses ainsi détachées sont précipitées avec fracas au bas du rocher; tantôt, lorsque l'assiette sur la- quelle elles reposent est assez large, elles sont seulement désorganisées , et restent à peu près en place comme un grand mur eu pierre sèche tout lé- zardé, qu'on déblaye avec la plus grande facilité, au moyen de petites mines, ou avec de fortes vis pouvant déplacer des poids énormes. » Nous avons eu , parmi les matériaux que nous avons ainsi précipités dans les pouffres du Lot que nous devions remblayer, des blocs qui cubaient jusqu à 4 et 5oo mètres cubes, » Nous avons varié la profondeur de nos mines de 2 ou 3 mètres à 9 ou 10 mètres, et la largeur du devant de 3 ou 4 mètres à 10 ou 12 metres ; l'action s'étend de chaque côté à une distance à peu près égale au devant qui charge le trou. » Le calcaire était si dur et de si mauvaise qualité, qu'il coûtait de 3 à 4 francs le mètre cube à l'extraction ordinaire , ou extraction au détail, faite avec tous les soins et l'économie possibles, et la moitié des matériaux était perdue par la projection dans le Lot, qui coule au pied du défilé, tandis que le rocher obtenu par l'extraction en grand , aumoyen de nos grandes mines, ne nous revient qu'à o',bo environ le mètre cube. » Je placerai ici le sous-détail du prix de revient d'une de nos grandes mines, contenant , par exemple , 5o kilogrammes de poudre à une profon- deur de à mètres, ayant un devant de 7 à 8 mètres. (1) Nous employons avec avantage des mèches fabriquées à Resan, par MM. Bickfort, par paquet de 10 mètres, coûtant 1 fr. le paquet; elles sont formées d’une corde dont l’âme est un filet de poudre continu , recouverte d’un ruban spiral et enduite de goudron. Nous trouvons ces mèches avantageuses, même pour les petits trous de mine ordinaires. (2) L’intervalle qui s’écoule entre l'allumage et l'explosion dépend de la longueur de la mèche. (851) Percement d’un trou de 5 mètres, à 4 fr. É metre M ce 20 fr. Façon de la poche, + de 10 journées , ou 2 + jours à CODEN MEN 0 4 282 kilogrammes d’acide, pour faire 47 litres de vide, à 6 er par litre, à 20 fr. les 100 kilogrammes. . . . . . . . . . . . . . .. 56!,40 Faux frais de toute espèce, eau plâtrée au besoin, étoupes, etc. . . . . 1f,60 Prix de la poche pour loger 5o kilogrammes de poudre. . . . 82 50 kilogrammes de poudre, à 200 fr. le quintal. . . . . . . . . . .. 100 Faux frais pour essayer et bourrer, 5 mètres de mèche à of,10, sable, ÉVONOS EE à bi v 0 0 à 0hd 2 Dpiben ble niouo coq oo 3 I Prix de la mine.. . . . . . 183 Déblaiement des masses détachées, division des blocs trop gros, cinq petits trous de mine, à 3 fr. l’un.. . . . . . . . . . . . . . . . .. 15 10 journées d'ouvriers, à 1{,50 l'une.. . . . . . . . . . . . . . . .. 15 Total. . . . .. 213 fr En nombre rond , 220 fr. Or, une pareille mine déblaye une masse de 5 à 6 mètres de profondeur, de 7 à 8 mètres de largeur et de 14 à 15 mètres de longueur, cubant moyen- nement boo mètres cubes; ce qui fait revenir le prix de l'extraction à 0',44 le mètre cube, ou, en nombre rond , à o',50 en plus, ou le + environ de ce qu'aurait coûté la même masse au détail. Je ne tarderai pas à essayer des moyens mécaniques pour créer les poches, afin de pouvoir établir une comparaison sûre entre les deux moyens. » MÉTÉOROLOGIE. — Mémoire sur les principaux ravages d'une trombe dans une commune des environs de Toulouse ( Escalquens), le 19 sep- tembre 1844; par M. l'abbé Gnawso, professeur de physique au grand séminaire de Toulouse. « Vers 11 heures du matin, le temps était menaçant; le vent d’autan (est-sud-est )soufflait avec force. Cependant, vers 11" 30", le vent d'ouest se lève à son tour. Sa violence est telle, qu'elle lui permet de lutter avec avan- tage contre l'autan qui, comme tout le monde sait dans nos pays, est ordi- nairement très-fort. Il s'établit donc une lutte terrible entre ces deux vents; le résultat est la formation ou au moins le mouvement giratoire d’une trombe sans pluie; elle se présente sous la forme d’un nuage en vaste cône renversé et sans cesse en rotation très-rapide. À la vue de cette masse effrayarte au milieu des airs, chacun tremble pour soi. Tout à coup elle s’élance sur un C.R., 1844, 2M€ Semestre (T. XIX, N° 47.) 114 ( 852) champ de maïs qu'elle renverse, coupe et disperse en tout sens. Dans sa marche progressive, qui est de l’ouest à l’est à peu près, elle paraît se relever pour revenir avec plus de fureur. Pour lors rien ne résiste à ses ravages. Les arbres sont déracinés, ou cassés, ou tordus. Toutes les tuiles canales qui couvrent la métairie de M. Ferradou sont enlevées, lancées au loin avec grand bruit, ou entassées en divers endroits. Dans le hangar qui présente le plus de prise, toute la toiture est emportée d'un seul coup; les poutres, les che- vrons, sont arrachés de leur place, brisés et dispersés dans les champs voisins jusqu'à une distance de 6 à 700 mètres : un des murs du hangar est renversé; une des portes à claire-voie est brisée en mille pièces que l’on ne retrouve pas; le foin est dispersé au loin; deux paillers considérables sont emportés et la paille est mise sous forme de corde. Un verrou d’une porte fermée est arraché. Une tige de fer, longue de 1", 5, qui surmonte le dôme du pi- geonnier, est aussi arrachée et portée à près de 200 mètres. Les soudures d'une boule en zinc au bas de cette tige, et d’an croissant fixé au milieu de cette même tige, sont en partie fondues; le dôme lui-même, tout en fer ou en zinc, est déraugé de sa place. Dans cette tourmente, toute la volaille de la métairie, entraînée par le courant, est tuée par le choc des tuiles canales, des planches et chevrons qu'entraîne la trombe dans les airs, peut-être aussi par des décharges électriques. Le fils du maïître-valet, jeune homme de 13 à 14 ans, pris par la trombe, est enlevé; vainement cherche-t-il à s'accro- cher aux branches des arbres autour desquels il tourne ; rejeté à terre, repris plusieurs fois, il est enfin laissé sans fâächeux accidents. Il n’en est pas de même d'un homme de 30 ans qui, pour fuir le danger, est sorti précipitamment du hangar; celui-ci, soulevé, roulé sur le sol, reçoit plusieurs coups de tuile canale et de débris de bois qui lui pleuvent sur le corps. » Après ces ravages à la métairie de M. Ferradou , la trombe , se dirigeant à travers champs, coupe et renverse une vigne, détruit le maïs dans un champ voisin, emporte la toiture des habitations qu’elle rencontre, et continue ainsi jusqu’à la métairie de M. Fieuzet, commune de Belberant, à 3 kilomètres au moins de la métairie de M. Ferradou. Cependant , dans sa marche, elle n'at- teint pas toujours également le sol; elle agit comme par ricochets. Pendant que cela se passe à Escalquens, sans une goutte de pluie, le tonnerre gronde à Toulouse et dans les environs (Toulouse est au couchant et à 10 kilomètres à peu près d’Escalquens); la gréle tombe en abondance, mais la pluie surtout est telle, que de mémoire d'homme, dit-on, on n’en vit jamais yne pareille dans le pays. » Tels sont les faits que nous avons pu recueillir sur le terrible phénomène (853) du 19 septembre. Nous avons vu, le lendemain matin, tous les ravages dont il a été la cause et que nous venons de relater. Nous avons interrogé soit ceux qui ont été pris par la trombe, soit ceux qui l'ont vue de près, soit ceux qui se sont trouvés plus éloignés. Tous ont été d'accord sur le bruit continuel, sourd et effrayant qui se faisait entendre. Il n’en est pas de même du feu, que les premiers assurent avoir vu dans la trombe, tandis que les seconds et les troisièmes sont partagés. Ceux surtout qui étaient plus loin prétendent n'avoir vu qu'une espèce de fumée épaisse, qui leur a fait croire que le feu était à la métairie. Cependant il paraît que ceux qui assurent avoir vu du feu sont en plus grand nombre. Le témoignage des deux qui ont été pris par la trombe est un peu infirmé par la frayeur qui s'était emparée d'eux; ils ne savaient ni ce qu'ils faisaient ni où ils en étaient. » Le verrou de la porte, l'appareil qui surmontait le pigeonnier, arrachés de leur place et offrant des poiats de fusion dans les soudures, nous paraissent des faits incontestables en faveur de la présence du fluide électrique dans le phénomène. Nous parlons ainsi avec d’autant plus de confiance, que les em- ployés de la compagnie d'assurance la France se sont montrés plus faciles à reconnaître les effets de la foudre, contre leurs intérêts, car la métairie était assurée. Il paraît même qu'ils ont reconnu les traces de la foudre ailleurs que dans le pigeonnier, à la cuisine par exemple. » Nous ne faisons que relater ici un semblable phénomène qui eut lieu, l'an dernier, entre Tarbes et Bagnère-de-Bigorre. Il y eut aussi beaucoup de désastres sur lesquels nous n'avons pas de détails. » GÉOLOGIE. — Recherches géologiques dans l’Oural. (Extrait d'une Lettre de M. Lwpray, ingénieur en chef des Mines, professeur de métallurgie à l'École royale des Mines, à M. Élie de Beaumont.) « Ekaterinebourg, 30 août 1844. » Au milieu des études métallurgiques qui ont occupé les neuf dixièmes de mon temps, depuis que je voyage dans l'Oural, je n'ai pas manqué, toutes les fois que j'en ai trouvé l'occasion, d'examiner, du mieux qu'il m'a été pos- sible, la constitution des principaux gites métallifères. J'ai souvent passé d'un versant à l’autre de la chaîne de l'Oural, pour visiter les forges qui dépendent de la même propriété, car vous savez que les concessions de l’Oural sont faites perpendiculairement à la chaîne : ordinairement les gîtes minéraux et les principales usines sont situés sur le versant asiatique ou oriental, mais toutes les concessions ont dû être étendues sur le versant opposé jusqu’à la 114. ( 854 ) Tchoussovaïa et ses affluents, qui offrent aux usines des moyens d'exporta- tion, faute desquels les ressources métallurgiques de cette contrée resteraient sans valeur. Chaque concession produit, en général, les métaux bruts à proxi- mité des mines, à la limite orientale du massif cristallin; puis elle les éla- bore à divers degrés, soit dans des usines plus ou moins avancées au mi- lieu des forêts qui s'étendent à l’est, jusqu'à la grande steppe de Sibérie, soit sur le versant occidental où les bois sont, à la vérité, moins abondants que dans la région orientale, mais où les métaux à élaborer se trouvent déjà tout transportés sur la route du port situé sur la Tchoussovaïa. » Indépendamment des grandes usines annexées aux gîtes de fer et de cuivre qui se trouvent à la limite commune de la formation cristalline cen- trale et des roches schisteuses adossées au versant oriental de la chaîne, il existe une deuxième ligne parallèle de hauts fourneaux, située à 80 kilomè- tres environ plus près de la grande steppe de Sibérie. Ces fourneaux fondent des minerais hydratés, situés dans les mêmes conditions que ceux que vous et M. Dufrénoy avez classés, avec raison, dans votre carte de France , à l'étage moyen des terrains tertiaires. Ces minerais sont géodiques; ils sont disséminés dans de grandes masses de sables argileux très-ocreux : l'ensemble de chaque gîte ferrifère est déposé dans de grandes cavités, creusées dans les masses de calcaire coquiller silurien. Le tout est recouvert par de grandes nappes d'argile et de sable non ferrifères, qui nivellent complétement les an- fractuosités des roches anciennes formant la base du sol. Cette région in- termédiaire entre l'Oural et la steppe de Sibérie présente déjà des condi- tions très-favorables à la culture : les champs cultivés, couverts de moissons de seigle, d'orge, d'avoine, de lin, de chanvre, se mélent, comme dans nos grands districts de forges de la Champagne, de la Lorraine, du Berry, de la Comté, etc., aux massifs boisés. Si donc cette seconde ligne de forges est grevée de frais de transports plus considérables pour amener les pro- duits marchands sur le versant européen de l'Oural, elle a, en revanche, l'avantage de trouver sur place les céréales que les forgerons de l'Oural doi - vent tirer de la steppe de Sibérie. C'est dans ces conditions que se trouvent situés les beaux établissements d’Alapacosk , de Régevsk , de Kamcosk, etc. » Les nombreuses excursions que j'ai faites de l’est à l’ouest dans les di- vers points de l'Oural compris entre Bogoslovsk et Ekaterinebourg, m'ont donné occasion d'étudier la constitution géologique de cette étendue, parti- culièrement dans la région centrale, la plus riche en métaux, comprise entre la Toura et la Neiva. Voici un très-court résumé de l'opinion que je me suis faite de la disposition des grandes masses minérales. (855) » L’axe géologique de la chaîne est formé par des syénites, des diorites et des serpentines qui semblent appartenir à deux révolutions essentiellement différentes : la syénite forme, en général , la partie la plus basse des régions cristallines ; c'est ainsi que le plus grand lac, formé dans le centre de la chaîne pour donner le mouvement aux roues de la forge de Tchevnoï (ce lac a 80 ou 100 kilomètres carrés), est entièrement encaissé dans la syénite. » Les plus grandes sommités ‘qui se trouvent dans les mêmes régions, à 600 metres au moins au-dessus des syénites de Tchevnoï, sont au contraire formées de diorites et de serpentines : sur les pentes se trouvent encore, beau- coup au-dessus du niveau des syénites , des masses puissantes de roches schis- teuses métamorphiques; celles-ci, qui composent la plus grande partie du relief principal de l’'Oural, doivent certainement ces reliefs à l’action des diorites et des serpentines. Elles sont d’ailleurs disposées avec une symétrie parfaite de part et d'autre, c'est-à-dire à l'est et à l'ouest du massif cristallin. » Ainsi en descendant vers l'ouest, et même en traversant la plupart des points de la ligne de faîte de l'Oural , on rencontre d’abord des schistes verts amphiboliques qui sont tellement riches en amphibole et en feldspath (ou plutôt albite, et, mieux encore, oligoklase, comme dit maintenant M, Gus- tave Rose), qu'on ne peut s'empêcher de les nommer diorites schisteuses. À chaque pas que l'on fait vers l'ouest, on voit les schistes métamorphiques perdre quelque chose de leur aspect cristallin, et se convertir en un schiste argileux qui, pendant longtemps encore, présente des retours aux types am- phiboliques talqueux, chloriteux; qui alterne souvent avec de vraies cou- ches de quartz gras hyalin, mais qui, enfin, à une distance de 20 kilomètres environ des roches cristallines, se convertit en un schiste très-terreux, fria- ble, alternant avec des grès argileux , micacés, avec des poudingues quartzeux fort recherchés comme matériaux réfractaires par les usines situées sur l’un et l’autre versant de la chaîne. Cette transition est surtout sensible à la hau- teur d'une bande calcaire très-puissante qui court parallèlement à la ligne de faîte, et que j'ai suivie sur une distance de plus de 100 kilomètres. Ce calcaire, qui contient beaucoup de polypiers, forme peut-être le commencement de la formation dévonienne de M. Murchison : je n'y ai reconnu bien distincte- ment que le Calamopora gothlandica, le Calamopora spongites et le Cala- mopora concentrica. Autant que je puis me le rappeler, ces espèces se trou- vent aussi bien dans le terrain dévonien que dans le terrain silurien ; en sorte que, de ce côté, la limite commune des deux formations ne serait pas nette- ment tranchée. » Enfin, à 3 verstes de la Tchoussovaïa, commence la formation carbo- (856 ) nifère parfaitement caractérisée par le Productus gigas, le Spirifer mosquen- sis, etc. Les fréquentes ondulations que fait la Tchoussovaia dans cette ré- gion sont toutes contenues dans quatre bandes successives de calcaire et de grès quartzeux et de quartzite qui appartiennent à cet étage. » Sur le versant oriental de la chaîne se trouve encore une bande de ro- ches stratifiées, composée surtout de schistes verts, talqueux, amphibo- liques, etc. » Il y existe aussi une bande très-puissante de calcaire que j'ai également observée sur une grande longueur, avec d'autant plus de soin, que c'est dans celle-ci ou à proximité de celle-ci que se trouvent les riches mines de cuivre et de fer qui forment pour ainsi dire l'axe métallurgique de la contrée. Ce calcaire est très-riche en fossiles qui établissent parfaitement son origine si- lurienne. J'ai fait explorer par un grand nombre d'ouvriers les nombreuses carrières ouvertes dans cette route, soit pour les besoins des usines, soit pour les recherches des mines, et je rapporte à l'École des Mines une quantité très-considérable de beaux fossiles, parmi lesquels dominent les Pentamères , les Murchisonia, les Térébratules, et un grand nombre d'individus qui me paraissent attendre un parrain. » En avancçant vers l’est, on ne voit pas la roche stratifiée reprendre le ca- ractère ordinaire des roches de sédiment ; loin de là, jusqu'à la limite de la grande steppe de Sibérie, sur une largeur moyenne de 150 kilomètres, les roches stratifiées sont littéralement criblées de roches cristailines qui en ont complétement modifié le caractère originaire. On y trouve encore de grandes masses de syénite et même de granite ; mais les masses dominantes, parmi les roches non stratifiées, sont composées de diorites, et surtout de serpentines. » Les gites de cuivre sont principalement concentrés, dans la bande calcaire orientale, dans les points où le calcaire qui la forme est en contact avec les roches cristallines du centre de la chaîne. On en trouve également sur la bande calcaire occidentale. Comme la plupart des gites métallifères, ils sont dans une dépendance également intime des terrains de sédiment dans lesquels ils sont contenus, et des terrains cristallins placés immédiatement au contact de ces derniers. » Les usines à fer de la région centrale sont surtout alimentées par les belles masses de fer oxydulé, dont les principales sont celles de Katchkanar, de Goroblagodat et de Vissokogorsk. Tous ces grands gites sont situés à proxi- mité de la bande calcaire ou des roches schisteuses qui y sont associées. Mais l'ensemble des observations très-multipliées que j'ai faites sur la sortie des sites me démontre que leur origine est entièrement indépendante des roches (857) de sédiment : je vois d’ailleurs, par une Lettre que j'ai reçue de M. Murchi- son, avant mon départ, qu'il continue à adopter la même opinion. Voici, en résumé, les principales raisons qui motivent cette opinion. » Les masses de fer oxydulé sont toutes comprises dans la roche cristalline proprement dite : le fer oxydulé y est tellement disséminé, qu'il forme partie constituante de la masse, comme le feldspath , l'amphibole, etc. Il n'existe rien dans les gîtes qui rappelle les dispositions en amas ou en filons, ou au moins les indices de cette disposition sont fort rares, et constituent des ex- ceptions. Il faut donc considérer les grands gîtes de fer oxydulé comme des masses cristallines composées principalement de feldspath et d'amphibole, et de divers silicates ferrugineux multiples qui me paraissent mériter un exa- men particulier. Si les deux grandes masses exploitées de Goroblagodat et de Vissokogorsk sont situées près des roches stratifiées (la carte de M. Murchi- son fait passer la limite de ces roches trop à l’est), ce n’est pas que les roches stratifiées soient pour quelque chose dans la formation des masses d’aimant presque contigués; cette circonstance tient surtout à ce que la proximité des roches stratifiées donne des conditions éminemment favorables à la fusion des minerais. Le Katchkanar , qui n’est pas exploité, bien qu'il présente en- core plus de minerai que les deux pîtes ci-dessus nommés, est plus loin de la zone des roches stratifiées. Enfin, j'ai observé dans toute la formation dio- ritique, dans les masses de chlorite qui y sont souvent associées, des quan- tités considérables de fer oxydulé, loin de toute roche stratifiée. Tantôt ce minerai forme de petits grains ou cristaux, partie constituante de la roche, et dans ce cas se trouvent des montagnes entières, qui, passées au haut four- neau, rendraient au moins 15 pour 100 de fonte; très-souvent aussi le fer oxydulé est assez concentré pour constituer de véritables mines. J'ai trouvé jusqu’à quatre grandes mines de fer oxydulé dans le centre des masses diori- tiques, dans une région fort circonscrite, à la hauteur du lac Tchernoï, et dans trois zones cristallines différentes. Chacune de ces mines, en ne lui tenant compte que de ce que montrent quelques recherches superficielles, alimenterait les plus grands hauts fourneaux pendant des centaines d'années. Leur exploitation au milieu de forêts presque impénétrables serait, pour le moment, une entreprise peu convenable. » Il est d’ailleurs digne de remarque que Vissokogorsk présente seul des masses de fer oxydulé exemptes des autres éléments de la roche cristalline : sous ce rapport, aussi bien que par l'excellente qualité des fers qu'il produit, ce pite est privilégié entre tous ceux qui existent dans l'Oural. » Les minerais proprement dits du Goroblagodat, du Katchkanar, ceux LA (858) que j'ai découverts dans les forêts inexploitées du centre de l'Oural, à la hau- teur du lac Tchernoï, sont une roche complexe, à pâte dominante de fer oxy- dulé, pénétrée de divers silicates ferrugineux, alumineux et magnésiens. Les minéraux qui forment dans les montagnes la masse dominante , et qui sont au contraire subordonnés dans le minerai proprement dit, se décompo- sent très-aisément , et donnent lieu à des kaolins, à des argiles ferrugineuses, et même à des ocres et à des hydrates de fer compacte.ll résulte de là que les grandes masses de minerai se détachent très-aisément des masses friables qui les entourent, et que le minerai lui-même a une grande tendance à se décom- poser ou plutôt à se déliter sous l'influence de l'air. C’est ainsi que je n'ai pas trouvé un seul échantillon solide dans des centaines de mètres cubes extraits depuis quelque temps de Goroblagodat Le minerai n'est pas transportable si on ne le grille immédiatement sur place. Au reste je rapporte, pour la collection métallurgique de l'École des Mines, et pour celle de Géologie, de nombreux échantillons provenant de tous ces gîtes, et qui parleront sur ce sujet plus éloquemment que toute description. ». Vous connaissez parfaitement le gisement de l'or en roche dans le prin- cipal terrain aurifère de l'Oural, par l'excellente description qu'en a donnée M. G. Rose: j'ai observé des gisements analogues plus au nord, aux environs de Reyevsk, de Chilorska, de Salda, etc.; j'ai étudié avec un vif intérêt plus de vingt laveries de sables aurifères : la plus grande partie des filons aurifères et des alluvions est concentrée à proximité d'une longue zone de serpentine qui se dirige sans interruption du sud au nord depuis Bérésof jusqu'à Nijni- Touva; sous le rapport métallurgique comme sous le rapport géologique, je ne connais rien de plus curieux que l’ensemble de cette région aurifere, où la dépendance mutuelle des alluvions et des filons peut s’observer à chaque pas, et où, sur une longueur de 400 kilomètres, il n'existe pas une vallée dont le sol ne recèle de l'or. » J'ai consacré avec un vif intérêt plusieurs jours à l'étude des alluvions et des laveries de platine; je crois avoir constaté le gisement du platine d'une maniere aussi précise qu'il est possible de le faire pour un minéral qui ne se trouve pas en filons, mais qui est certainement disséminé dans toute la masse d'une roche cristalline. La position de cette masse est clairement indiquée par la configuration des lieux, qui a été récemment mise en évidence par un très-beau travail topographique que le propriétaire de cette riche contrée a fait exécuter par un habile ingénieur anciennement attaché au travail de la carte de France. Toutes les alluvions platinifères sont concentrées dans de petites vallées rayonnant dans toutes les directions autour d'un massif formé ( 859 ) par une roche qui présente souvent un terme moyen entre une diorite com- pacte et une serpentine, mais qui, dans la plupart des points, est une serpen- tine très-caractérisée. Il n'y a pas une alluvion platinifère proprement dite qui ne se trouve dans une vallée partant de ce point central, et toutes les val- lées, au nombre de vingt au moins, y compris les ravins secs qui rayonnent autour de cé point, ont été exploitées pour platine avec plus ou moins de succès. » Dans une exploration minutieuse faite avec grand renfort de gens qui avaient reçu à l'avance mission d'atteindre par des fouilles nombreuses la ro- che cachée partout sous les épais débris d'une forêt vierge, nous n'avons pu trouver de platine visible dans la roche même, mais nous avons constaté les faits suivants : » 1°. La roche ne présente aucun indice de filons , en sorte que si, comme on n’en peut douter, la montagne en question est le gîte primitif du platine, ce minéral se trouvait disséminé dans la roche même. Il n’en est pas de même des alluvions aurifères, qui appartiennent à une région toute différente : par- tout la roche solide à proximité de la zone des alluvions présente de nom- breux filons de quartz : il n'y a rien de pareil dans le massif platinifère de la Marthiane, c'est le nom de la montagne que je décris, et qui me paraît digne d’une certaine célébrité. » 2°. Nous avons trouvé en beaucoup de points la serpentine littérale- ment criblée de petites particules de fer chromé; c’est le minéral dominant dans les schlichs platinifères concentrés par le lavage, comme le fer oxydulé domine dans le schlich des laveries d'or, et nous n'avons retrouvé cette parti- cularité en aucun autre point des masses de serpentine qui abondent dans la même contrée. » 3°. A la vérité, dans les milliers de fragments qui ont passé sous nos marteaux et sous ceux des nombreux mineurs qui nous assistaient, il ne s'est pas trouvé, ou du moins il n'a pas été observé de parcelles de platine natif ; mais il est essentiel de remarquer que dans une exploration beaucoup plus facile, dirigée sur les sables platinifères les plus riches en platine, on ne le rencontrerait pas davantage. Et cependant le platine y est disséminé, dans toute l'étendue de couches horizontales dont on voit des sections verticales, sur des milliers de mètres de développement. Ges alluvions, où des causes naturelles ont concentré le platine ; doivent être imcomparablement plus ri- ches que le gîte primitif; je n’ai jamais pu néanmoins y voir le platine engagé dans le sable , et le directeur habile dé ces exploitations n'y est parvenu que dans un petit nombre de cas, sur des points que l'exploitation signalait comme C.R., 1844,2mM€ Semestre. (T. XIX, N° 47.) 115 ( 860 } ayant une richesse inusitée. Je tiendrais volontiers le pari que la Société géo- logique, tenant sa réunion annuelle dans les vallées de la Marthiane, ne dé- couvrirait pas le platine natif dans les centaines de milliers de mètres carrés que présentent aujourd'hui à découvert les sables platinifères des groupes de la Marthiane. Cela tient à ce que les sables platinifères ne tiennent même, quand ils sont très-riches, que 1 partie de platine en poids sur 200000; et cependant, je le répète, ces sables doivent être incomparablement plus riches que la masse aux dépens de laquelle ils sont formés; et en second lieu, la portion de cette masse qu'il nous a été possible de voir avec de grands préparatifs est un infiniment petit, par comparaison avec la masse observable des allu- vions platinifères. [l eût donc été contraire à toute probabilité que nous trouvassions le platine même dans la roche: j'en étais convaincu à priori, et notre exploration avait uniquement pour but de constater la présence ou l'absence des filons, et, dans ce dernier cas, l'analogie de la masse centrale et des minéraux composants et subordonnés, avec ceux qu'on rencontre dans les alluvions mêmes. | » 4°. Je n'ai pas besoin de dire que les éléments des alluvions et tous les énormes blocs qu'on y rencontre sont absolument identiques avec la masse de la montagne où toutes les vallées ont leur origine. » 5°, On a trouvé, après de très-minutieuses recherches, faites pendant mon séjour sur les lieux, sur les sables concentrés par le lavage, de petits grains de platine encore adhérents à un peu de roche: cette roche est entiè- rement identique avec la serpentine imprégnée de fer chromé que nous avons trouvée en place sur la Marthiane; je rapporte des échantillons qui mettent cette analogie , ou plutôt cette identité hors de doute. » 6°. Entre les couches épaisses formées à la surface du sol de la Marthiane par les débris des forêts , et surtout par la décomposition des énormes troncs qui y sont entassés et qui rendent ce district impénétrable à des voyageurs non assistés par une grande quantité de pionniers ; entre cette couche, dis-je, et la roche solide, il existe toujours , même au sommet de la montagne, qui est élevée de 400 mètres au moins au-dessus des vallées adjacentes, une couche argilo-ferrugineuse. Celle-ci ne contient aucune trace des cailloux roulés qui forment la plus grande partie des alluvions dans le fond des ravins. Elle pro- vient évidemment de la décomposition de la serpentine, et se trouve à la place même de la roche qui en a fourni les éléments. Nous avons fait laver un grand nombre d'échantillons (100 kilogrammes environ) de ces argiles superficielles, dans la région où la roche inférieure était le plus riche en fer chromé : presque partout nous avons obtenu sur des tables dormantes bien | ( 86r ) établies, et avec l'aide d'ouvriers expérimentés, des paillettes et des grains de platine en quantité beaucoup trop faible pour payer les frais de lavage, mais assez forts pour qu'il ne puisse rester aucun doute sur la présence du métal précieux dans cette couche superficielle. Je vous montrerai à Paris les résul- tats principaux de ces nombreux essais; indépendamment des autres considé- rations présentées ci-dessus, ce seul fait me paraît établir d'une manière in- contestable la nature du gisement primitif du platine dans les chaînes de l’'Oural. » J'ajoute que le district où ces recherches ont été faites a fourni jus- qu'à ce jour au moins les 4? de la quantité totale de platine extraite du sol de l'Empire. » J'ai été assisté dans ces recherches par M. Schvetzoff, ancien élève de l'École des Mines de Paris, dont tous les voyageurs dans l'Oural, MM. de Humboldt, G. Rose, Murchison, de Verneuil, etc., ont apprécié le savoir et l'expérience. » HYDRAULIQUE. — Æxpériences sur les ajutages coniques divergents alternativement plonges dans l'air et dans l’eau; par M. À. ne Cauewry. « Les expériences que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie sont, je crois, les premières qui aient été faites dans le but de déterminer si le débit des ajutages coniques divergents augmente quand ils sont plongés dans l’eau ou dans un milieu de même nature que le fluide qui s'écoule. Il est même généralement admis qu'il n’en est pas ainsi. Or, il était indispensable de sa- voir un peu comment les choses se passent dans cette circonstance pour éta- blir la théorie de diverses machines hydrauliques, quand ce ne serait que celle des roues alternativement plongées. » J'ai eu simplement pour but, dans les expériences dont je vais donner une description succincte, d'étudier le phénomène dans ce qu'il a de plus essentiel, c'est-à-dire en ne considérant, abstraction faite de mesures pré- cises, que des différences considérables dans ses effets. Ainsi, au lieu de me servir d’un réservoir à niveau constant, je me suis contenté de mesurer à quelles profondeurs l’eau baissait dans un réservoir pendant une ou deux minutes pour les divers modes d'écoulement, en ayant soin que, pour les comparaisons à faire, le temps fût, bien entendu, rigoureusement le même. Ce réservoir était un vase en zinc à peu près cylindrique d'environ 0",67 de haut, et de 0",24 de diamètre, le niveau ne baissant jamais d’un tiers de sa bauteur pendant la première minute. HTO ( 862 ) » Les quatre ajutages dont je me suis servi successivement étaient des tubes coniques entièrement ouverts à leurs extrémités. Leurs plus petits dia- mètres étaient de o",o11 à o",o12 environ. Par cette extrémité, ils étaient soudés sans bavures à la paroi verticale du vase, aux plans tangents de la- quelle leurs axes étaient à peu près perpendiculaires. Ils étaient disposés à 0,02 ou 0,03 du fond, et à environ o",033 les uns des autres. Le dia- mètre extérieur de l’ajutage le plus ouvert était d'environ 0",053, son côté étant de 0,14. L'ajutage le moins ouvert avait 0",028 de diametre extérieur et 0,135 de côté. Les deux autres avaient 0,16 de côté : le diamètre exté- rieur de l'un était à peu près moyen entre ces deux premiers; le diamètre extérieur de l’autre était à peu près moyen entre ce dernier et celui de 0",098. Il nè faut pas oublier qu'on n'en fait jamais couler qu'un seul à la fois. » Les deux ajutages les moins ouverts coulent pleins sans qu'il soit né- cessaire de les faire déboucher sous l’eau, mais il faut que la charge soit suf- fisante. Cet effet vient de ce que la colonne liquide, entraînant de l'air par la communication latérale de son mouvement, tend à faire le vide autour d’elle, soit à l'origine de l'écoulement, soit quand elle se détache momentanément de l'ajutage, celui-ci, en définitive, coulant à peu près plein, par suite des agitations intérieures qui appliquent périodiquement la veine à la paroi sans jamais l'en détacher beaucoup. Pour ces deux ajutages, on ne remarque au- cune différence sensible dans le débit, quand ils débouchent sous l'eau on dans l'air, parce que dans tous les cas ils coulent à peu près pleins. Il est même assez (lifficile, pour ces angles de convergence, de faire en sorte que les ajutages ne coulent pas pleins au moment où ils sont débouchés quand la charge d’eau est assez haute. Pour y parvenir facilement, il a fallu commencer par ne verser d'abord qu'une petite quantité d’eau sur le fond du vase, en augmentant graduellement le volume jusqu'à ce qu'il fût plein. Mais il faut observer, et c'est une des choses qui caractérisent ce mode d'écoulement, que si l'on verse un seau d'eau brusquement dans le cas où l’ajutage en expé- rience est celui de 0",028 de diamètre extérieur, le vase étant à moitié plein, la veine qui ne remplissait pas l'ajutage le remplit brusquement et continue à le faire couler plein pendant qu'il se vide, tandis que c’est le contraire qui arrive pour l'ajutage de 0",033 environ de diamètre extérieur qui, après avoir été amorcé, cesse de couler plein quand on y verse un seau d'eau sur la même charge. Ainsi, le mouvement rapide imprimé à la veine quand l'a- jutage n'est pas trop ouvert, lui donne une force de succion latérale suffisante pour l'appliquer contre les parois, tandis que si l’ajutage est plus ouvert, de manière à ce qu'on ne puisse facilement l’amorcer qu'au moyen des phéno- (4 ( 863 ) mènes d'adhésion qui se présentent dans les petites vitesses, à moins de se servir de la présence momentanée d'un corps proéminent, la veine se dé- tache brusquement des parois. » J'ai disposé ensuite le vase dans un réservoir de dimensions telles par rapport à lui, que dans chaque expérience le volume d’eau écoulé par l'a- jutage faisait hausser le niveau de l'eau autour de ce vase, d’une hauteur analogue aux diamètres des ajutages, afin de considérer comment les choses se passeraient pendant le temps employé à les recouvrir. J'observais d'a- bord le mouvement de l’eau avant qu'elle remplit l’ajutage, le niveau exté- rieur ne s’élevant pas encore jusqu’à lui. Au commencement de l'expérience, la veine formait une nappe qui se pliait sur une portion plus ou moins grande de la paroi intérieure. Lorsque ensuite le niveau extérieur s'élevait devant la veine, celle-ci formait un remou de plus en plus brusque, sans que l’ajutage coulât plein, jusqu'à ce qu'il fût presque entièrement recouvert, du moins dans le cas où il ne contenait pas d’eau à l'époque où il avait été débouché extérieurement, le bouchon pénétrant jusqu'à son plus petit diamètre. Ces phénomènes dépendent du degré d'inclinaison de l'axe de l'ajutage ; les per- sonnes qui voudraient répéter les expériences en retrouveront facilement les détails secondaires. » Quand l'ajutage est suffisamment recouvert, le bruit que fait l'air, en- traîné ou mis en mouvement d'une manière quelconque par le liquide, cesse en grande partie, et l'ajutage se remplit brusquement. Le débit augmente d'une quantité considérable et qui, pour l'un des deux ajutages, est de plus de moitié en sus quand il est tout à fait sous l'eau, dont la hauteur diminue ce- pendant un peu la charge réelle motrice. » Quant au troisième ajutage, celui d'environ 0",039 de diamètre exté- rieur, lorsqu'il était entièrement plongé, il débitait plus d'eau que dans l'air ; mais comme je suis parvenu, il est vrai presque par hasard, à le faire couler à peu prés plein dans l'air, j'en conclus, en réunissant ce fait à ceux que j'avais déjà observés relativement aux autres ajutages, que l'augmentation de débit provenait dans tous les cas simplement de ce que les ajutages en- tièrement plongés présentent un écoulement parfaitement analogue à ce qui se passe dans l'air quand le liquide adhère à leurs parois. Je n'ai pu, en effet, observer d'augmentation de débit bien sensible pour l'ajutage le plus ouvert, par l'effet de la submersion; or, c'était précisément le seul que je n’eusse pu faire couler plein, dans l'air du moins, sous des charges un peu fortes analogues à celles sous lesquelles je mesurais l'écoulement. » Daus les deux ajutages les plus ouverts, la veine se détachant, en gé- ( 864) néral, de la partie supérieure de la paroi quand l'écoulement se fait à l'air libre, on observe, si les charges d'eau ne sont plus que de 0,1 à 0",9, qu’elle laisse échapper de chaque côté une nappe très-mince qui lèche la paroi conique intérieure. C'est le long de cette nappe que dans les petites vitesses la veine vient graduellement s'étendre, et finit par remplir l’origine de l'aju- tage , si l'extrémité de celui-ci n'est pas trop inclinée , quand les vitesses sont très-diminuées par la baisse de l'eau dans le vase. » L'aspect de la veine n’est pas le même dans ces deux ajutages avant l'é- poque où elle s’est ainsi relevée. Dans l’un et dans l'autre, lorsque le vase est plein, on ne voit point de partie lumineuse à l'intérieur de l'ajutage, du moins à l'œil nu, mais on en voit une bien distincte quand l’eau est baissée d'une petite quantité dans le vase. Dans l'ajutage le plus ouvert, on voit très-distinctement, au bout d'un certain temps, cinq anneaux lumineux pré- cédés par la veine qui sort avec sa couleur ordinaire. Le deuxième et le qua- trieme anneau sont très-brillants. On suit très-facilement de l'œil les mouve- ments intérieurs du liquide, et, par suite, les pertes de force vive qui doivent en résulter. C’est probablement des pertes de ce genre qui empêchent le débit d'augmenter sensiblement quand l'ajutage le plus ouvert coule plein sous l'eau, quoiqu'il soit bien positif qu'il y a une époque où il coule véritablement plein, c'est-à-dire dans tout son intérieur, comme on s’en assure, même avant qu'il soit tout à fait recouvert. Il y a un instant où le bruit de l'air en mouve- ment sur le remou cesse presque totalement, même pour cet angle de l’aju- tage , et où l’on voit la veine s'appliquer brusquement contre l’origine de l’ajutage, et sortir avec beaucoup plus de régularité sans produire un remou aussi brusquement relevé , bien que la partie extérieure soit encore loin d'être recouverte. Au même instant on cesse de voir la partie brillante de la veine. » On conçoit que les pertes de force vive dont il sait proviennent des mouvements intérieurs, que lon rend sensibles de plusieurs ma- uières, par exemple au moyen des frémissements d'un petit corps proémi- nent extérieur. Quand la partie extérieure de l'ajutage est convenablement relevée et que son origine est remplie d’eau dans les petites vitesses, la partie brillante de la veine n'apparait plus que comme un ovale dont le grand dia- mètre est horizontal, et l'on y voit encore les mouvements intérieurs en spi- rale longtemps apres la cessation de l'écoulement. » Ces ajutages étaient sans doute de trop petits diamètres pour que l'on pût en conclure des règles précises sur les angles de convergence qui con- viendraient à de grandes dimensions ; mais, par cette raison, même ils éta- blissent la limite de l'angle que l’on ne peat espérer même d'atteindre dans les applications, à cause des phénomènes de l'adhérence. ( 865 ) Conclusions. » Les ajutages divergents de petites dimensions débitent plus d’eau quand ils sont plongés qu'ils ne le font, toutes choses égales d’ailleurs, dans l'air libre, à moins cependant qu'ils puissent, accidentellement , couler pleins dans l'air, et fournir ainsi l'augmentation de débit que procure leur immersion. La limite de l'angle le plus ouvert est nécessairement moindre pour les ajutages divergents de grandes dimensions, bien que la succion provenant de la simple communication latérale du mouvement de la veine liquide soit, en général, la priucipale cause du phénomène de la dilatation dont il s'agit. » Nota. Les phénomènes sont tout à fait différents dans les mouvements oscillatoires, surtout pour de gros tuyaux dont le diamètre n’est pas trop petit par rapport à la course des oscillations du liquide. Il en résulte que les effets dont il s’agit se sont trouvés, en définitive, n'avoir que peu d'influence dans la machine hydraulique à flotteur. La perte de force vive qui en résulte étant alors assez faible , je n'ai pas cru nécéssaire de donner, pour le moment, plus de détails sur ces recherches, mais il m'a semblé devoir en dire quelques mots , parce qu'il n'en est pas question dans les Traités de physique. » A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. A. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 16; in-4°, Comptes rendus hebdomadaires des séances de ! “Académie royale des Sciences; Tables du 1° semestre 1844 ; in-4°. Cataloque des Brevets d “invention, d ‘importation et de perfectionnement , dé- livrés du 1° janvier 1828 au 31 décembre 1842, et encore en viqueur à cette der- nière époque ; dressé par ordre de M. CUNIN -GRIDAINE, Ministre de V'Agricul- ture et du Commerce; in-4°. Théorie des Machines à vapeur ; par M. DE PamBouR; 1 vol. avec atlas: in-/4°, ( 866 ) Annales de l’Académie de Reims; 1842-1843; 1°" vol. in-8°. Etude physiologique de l’Intestin chez l'homme et les animaux dans l'état sain et dans l’état maladif ; par M. GABILLOT ; in-8°. Mémoire sur le Suc gastrique et son rôle dans la nutrition ; par M. C. Ber- NARD; broch. in-8°. Recherches expérimentales sur les fonctions du Nerf spinal, étudié spéciale- ment dans ses rapports avec le pneumogastrique; par le même; in-8°. (Ces deux ouvrages sont renvoyés au concours pour le Prix de Physiologie expéri- mentale.) Résumé des Théories astronomiques ; par M. B. BuissON ; in-/°. Géologie de la France, avec cartes et coupes géognostiques de la France et des environs de Paris; par M. V. RAULIN; in-12. Annales forestières ; n° 10; octobre 1844; in-8°. L' Abeille médicale; n° 10 ; octobre 1844 ; in-8°. Lettre de M. PAssoT à M. le Président de l’Académie des Sciences. In-4°. Bibliothèque universelle de Genève; n° 104 ; août 1844 ; in-8°. Tableau général des Poissons fossiles; par M. AGassiz. Neufchâtel , 1844; in - fol. Essai sur la classification des Poissons ; par le même ; in-fol. Notice sur la succession des Poissons fossiles dans la série des formations géo- logiques; par le même; in-fol. A Dissertation. . . Dissertation sur le véritable äge du Monde, dans laquelle on détermine la chronologie de la période comprise entre la création et l'ère chré- tienne ; par M. WaLLACE. Londres, 1844; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScHuMAC&ER; n° 517; in-4°. Nuove... Nouvelles recherches sur la structure des Cistomes; par M. Gas- PARRINI. Naples, 1844; 1 feuille in-4°. Gazette médicale de Paris; n° 42; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°% 121 à 123 ; in-fol. L'Écho du Monde savant: n° 29 et 30. L'Expérience; n° 381; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. _ DO ——— SEANCE DU LUNDI 28 OCTOBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. ARITHMÉTIQUE. — {Vote sur la limite du nombre des divisions dans la recherche du plus grand commun diviseur entre deux nombres entiers ; par M. Laué. « Dans les traités d'Arithmétique, on se contente de dire que le nombre des divisions à effectuer, dans la recherche du plus grand commun diviseur entre deux entiers, ne pourra pas surpasser la moitié du plus petit. Cette limite, qui peut être dépassée si les nombres sont petits, s'éloigne outre me- sure quand ils ont plusieurs chiffres. L’exagération est alors semblable à celle qui assignerait la moitié d'un nombre comme la limite de son logarithme; l'analogie devient évidente quand on connaît le théorème suivant : » THÉORÈME. Le nombre des divisions à effectuer, pour trouver le plus grand commun diviseur entre deux entiers A, et B R;> R;,>r;_,, puisqu'on à r,= rx, +74 03 et que r; ne contient qu'une fois r;_,, R, moindre que r; ne contiendra qu'une fois R,_, qui est plus grand que r;_,; on aura donc R;—R,, +R, 2, etR;_, Riu > rx), ou bien (r,>R; > R;, = rx. Ainsi, les restes R seront distribués entre les termes de la série décroissante des r, de telle sorte qu'ils ne pourront être plus de deux dans un même iutervalle, et que tout intervalle doublé (ou ayant deux restes R) sera nécessairement suivi d'un intervalle vacant (ou sans reste R ) » Supposons qu'une des divisions successives, donnant les restes R, con- duise à un quotient plus grand que l'unité, que l’on ait, par exemple, R;—2R;,+R;,. Soient r;,, et r; les deux termes de la série des r entre lesquels tombe R;; on aura R;—2R;,>0o, 2r;—r;,, >0, et par suite 27; —R;4)— (Tr; — R;) > o; donc r; sera plus grand que R; 4. SUR, > déjà plus petit que r;, est aussi moindre que r;_,, l'intervalle (r;, r;_,) sera vacant. Si R;_, surpasse r;_,, puisqu'on a r;,,—927;_, +7; 2, R;=2R; ,+R;;, etR;< r;,4, il faudra que R; , soit moindre que r;,, c’est-à-dire que lin- tervalle (r;_,, r;_,) sera vacant. Ainsi, quand l’une des divisions qui condui- sent aux restes R donnera un quotient autre que 1, il y aura au moins un intervalle de la série des r qui ne comprendra pas de reste R ; et cette lacune ne sera pas compensée par un intervalle doublé. » Donc pour que le nombre des restes (R,, R;-,,...,R,, Rs), qui sui- vent B, puisse atteindre le nombre des termes qui suivent r,,, dans la série décroissante des r, il faudra que les quotients de toutes les divisions de B par R, de R,, par R,_., etc., soient tous l'unité, ainsi que le reste R,,. Alors la série des R se formera, à partir des deux derniers R, — 1 et R,, comme celle des r, à partir de r, —1 etr, — 2. Mais R, ne pourra être 2; car, si cela était, les deux séries seraient identiques, et l’on aurait B—7r,,,, ce qui nest pas, par hypothèse. Ainsi R, sera au moins 3, et la série des R, à partir de B, aura, vers la fin, un ou plusieurs termes de moins que la série décroissante des r, à partir de r,.,; c'est-à-dire que le nombre des restes R sera au plus égal au nombre des termes qui précèdent r, dans la série (1). De là résulte le théorème énoncé. » Soient pris, pour exemple, les deux nombres 1597 et 987 [16° et 116. ( 870) 15° termes de la série (1)]. La recherche de leur plus grand commun divi- seur se composera de 14 divisions. La limite assignée par le théorème actuel est 15. La limite adoptée dans les traités d'Arithmétique serait 493! » M. Cormier dépose un paquet cacheté. M. Duowas annonce quil communiquera dans la prochaine séance une Lettre de M. Boussieaurr relative à des expériences faites par cet académicien sur la respiration des plantes. RAPPORTS. VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Rapport sur les travaux exécutés en Abyssinie par MM. les capitaines d'état-major Gaumier et Ferrer. (Commissaires, MM. de Mirbel, Beautemps-Beaupré, Dumérii, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Élie de Beaumont , Arago rapporteur.) Histoire du voyage et Itinéraire. « Dans le courant de l’année 1839, M. le maréchal président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères, décida que deux officiers d'état-major, MM. Galinier et Ferret, seraient envoyés en Abyssinie pour étudier les mœurs, les usages, la religion, les institutions politiques et les ressources de toute nature des habitants de ce pays. Ils devaient aussi, pendant leur diffi- cile mission , favoriser autant que possible le commerce d'échange qu'un na- vire français, /’Ankober, désirait établir, sur les côtes de la mer Rouge, avec les négociants abyssins. » Animés d'un zèle digne d'éloges, MM. Galinier et Ferret résolurent de faire servir leur voyage aux progrès des sciences, et demandèrent à M. le Ministre de la Guerre les instruments qui , sous le rapport de l’'Astronomie , de la Géographie et de la Météorologie, pouvaient les conduire au but. Ces instruments leur furent immédiatement fournis. Nous irons certainement au-devant d'un désir de l'Académie, en plaçant ici le tableau des moyens d'observation dont nos jeunes compatriotes pouvaient disposer. » MM. Galinier et Ferret emportèrent de Paris : » Un cercle à réflexion , de M. Gambey, de 0",/49 de diamètre ; » Un horizon artificiel muni de deux niveaux à bulle d'air: » Un chronomètre de poche de M. Motel; (871) » Un théodolite de M. Gambey; » Une lunette astronomique de 60 millimètres d'ouverture , montée sur un pied convenable; » Deux boussoles dites de Burnier; » Trois baromètres: un à cuvette et deux à siphon ; » Dix thermomètres. » Avant de quitter le Caire les voyageurs se munirent d'un udomètre. » MM. Galinier et Ferret s'embarquèrent à Marseille, sur un des paque- bots de l'État, le 21 octobre 1839. Arrivés en Égypte, ils ne réussirent pas à trouver un drogman qui parlât à la fois le français et l'amhara, dialecte pé- néralement en usage dans l'Abyssinie. Joignant la patience à l’ardeur, les deux voyageurs se décidèrent à séjourner au Caire. En huit mois, ils avaient appris l'arabe. Ils purent, dès lors, espérer de se mettre en relations directes avec beaucoup de négociants abyssins; d’ailleurs, les interprètes qui connaissent les deux langues d'Afrique , l'amhara et l'arabe, ne sont pas rares. » Après avoir traversé le désert de Suez, les deux officiers prirent passage sur une barque non pontée, encombrée d'une foule de pélerins musulmans allant à la Mecque; ils avaient aussi pour compagnons de route MM. Bel et Rouget, qui se rendaient en Abyssinie, à leurs frais, dans le dessein d' recueillir des objets d'histoire naturelle. » Trente-trois jours après leur départ de Suez, nos voyageurs arrivèrent à Djeddah, sur la côte arabique. Ils y restèrent un mois entier ; mais ce temps fut loin d’être perdu, car MM. Galinier et Ferret l'employèrent à construire une carte des contrées, presque inconnues, de l’'Hedjaz et de l'Acyr. Cette carte se fonde sur un grand nombre d'itinéraires dus à M. Chédufeau, mé- decin en chef des troupes égyptiennes chargées de protéger les lieux saints, et à M. le colonel Mari, premier aide de camp d’Achmet-Pacha. Elle a été dé- posée aux archives du Ministère de la Guerre, et ne fait pas partie des do- cuments soumis à l'approbation de l'Académie. » MM. les officiers d'état-major, accompagnés des deux naturalistes, quit- tèrent Djeddab le 21 octobre. En neuf jours de navigation ils arrivèrent à Massawah, sur la côte orientale d'Afrique. Une modique somme payée au neyb d’Arkiko, leur ouvrit cette porte du continent; ils franchirent le désert de Samabr, atteignirent, le 23 novembre, Dixah, un des premiers villages de l’'Abyssinie du côté de la mer Rouge, et se rendirent sans retard à 4douah, capitale du 7° igré. Le roi Déjats- Oubié les reçut favorablement et leur per- mit de visiter ses États. » Depuis le mois de janvier 1841 jusqu'au mois d'octobre de la même (872) année, nos deux compatriotes explorèrent avec assez de sûreté une grande partie du Tigré. Plus tard, le roi de cette province et le chef de Gondær s'étant engagés dans une lutte terrible, toute lAbyssinie prit part au conflit; ce ne fut alors qu'à force de courage," de persévérance et toujours les armes à la main, que les opérations purent être continuées. Telle est ce- pendant la période durant laquelle MM. Galinier et Ferret portèrent leurs opérations géographiques dans plusieurs districts du Tigré et du Sémen, in- connus jusqu'alors aux Européens; dans les provinces du Waguera, de Gon- dœær, etc.; sur la côte orientale du vaste lac de Dembéa, jusqu'à 12 degrés de latitude nord. ». Les deux intrépides géographes étaient de retour à Gondær le 2 mai 1842. A cette époque, leur premier protecteur, le roi de Tigré, ayant été battu et pris, les provinces se révoltèrent et des partis armés se portèrent sur les routes pour intercepter les communications. En cet état de choses, il ne sem- blait possible ni de rien faire d'utile dans le pays ni de rejoindre les côtes de la mer Rouge. Cependant, MM. Galinier et Ferret tentèrent audacieusement de retourner à Massawah. Ils ne suivirent pas tous deux la même route, afin de ne point jouer sur un seul coup de dé, les fruits d’une laborieuse entre- prise. Celui des deux voyageurs qui prit par Dixah , vit ses porteurs arrêtés et pillés près du Tarenta. Heureusement les voleurs, ne faisant aucun cas des papiers, les dispersèrent sur leur chemin. On les retrouva tous, après plusieurs jours de recherches, à l'exception de quelques itinéraires et des observations de longitude faites à Gondœær. On perdit aussi, dans cette con- Joncture, des herbiers et des bocaux remplis d'insectes. » MM. Galinier et Ferret n’arrivèrent à Massawah que le 20 août 1842. Ils auraient bien désiré s'y reposer de leurs fatigues : une chaleur qui, dans les maisons, allait de 48 à 2 degrés centigrades à midi, rendait le séjour de cette ville insupportable. Nos jeunes compatriotes la quitterent donc de suite, et, après cinquante-deux jours de navigation sur la mer Rouge, ils débarquèrent à Cosseir. De là, nous les voyons traverser le dé- sert pour se rendre à Thèbes; puis, descendre le Nil jusqu'au Caire. Le 22 décembre, MM. Galinier et Ferret s'embarquaient à Alexandrie ; le 23 janvier 1843, ils arrivaient en France. » Le voyage dont nous avons à rendre compte, avait duré en tout trois ans et quatre mois. Le séjour en Abyssinie entre dans ce total pour vingt mois. » L'itinéraire que nous venons de tracer, donnerait une idée très-impar- faite des difficultés au milieu desquelles MM. Galinier et Ferret exécutèrent (87) leurs travaux. Nous ajouterons, pour disposer l'Académie à l'indulgence, au cas où sur quelques points l'indulgence deviendrait nécessaire, que dans plusieurs régions de l'Abyssinie le climat épargne rarement les Européens. La relation que nous avons sous les yeux ressemble vraiment à un nécrologe. » À peine entrés à Adouah , MM. Gälinier et Ferret durent voler au secours de M. Dilon, voyageur du Jardin des Plantes, qui était malade dans la province de Chiré. Xs n'arrivèrent que pour l'enterrer, ainsi que quatre de ses domestiques. » Dansle mois d'octobre une dyssenterie affreuse leur enlevait M. Rouget. » Huit jours plus tard, ils confiaient encore à la terre M. Schœfner, sous- officier d'artiilerie, qui s'était rendu en Abyssinie avec M. Lefèvre. » Et, comme si ce n'était pas assez des ravages de la maladie, deux coups de lance presque mortels condamnèrent M. Bel à un repos absolu et de très- longue durée. Travaux relatifs à la carte géographique du Tigré et du Sémen. » Le principal fruit de l'expédition de MM. Galinier et Ferret sera la carte d’une portion assez étendue de l’Abyssinie. Réduits, en général, par les circonstances, aux méthodes employées dans les reconnaissances mili- taires , ces deux officiers virent, judicieusement , que le seul moyen d'éviter les erreurs , souvent considérables , de ce genre de levé, serait de tout rat- tacher à des points fixés astronomiquement. Ces points sont les fondements réels de la carte. Il importe donc d'examiner avant toute chose, à quelle pré- cision on a pu atteindre dans la détermination de leurs latitudes et de leurs longitudes. » Nous trouvons dans les manuscrits de l'expédition, neuf points dont les latitudes reposent sur des observations astronomiques. Ces villes ou villages sont: » Adouah, Axoum, Adde-Casti, Intetchaou , Adde-Bahro , Faras-Saber, Add'Igrat, Tchélicot, Gondær. » L'examen des résultats partiels prouve que les latitudes de ces neuf points ont été déterminées avec toute la précision désirable. Cela ne nous a pas empéchés de chercher des vérifications dans les ouvrages de Bruce, deSalt, et, plus particulièrement encore, dans le voyage de Rüppell. Les latitudes de quatre villes, Axoum, Gondær, Tchélicot, Add'Israt, comparées aux ré- sultats de MM. Galinier et Ferret, présentent des différences d'environ une minute. On pourrait donc les attribuer , en grande partie, à un défaut d'iden- tité entre les stations choisies par les divers voyageurs, dans des enceintes ( 874) étendues portant un nom commun. Cette explication ne sauraît être admise pour Ædouah: la latitude donnée par Salt paraît évidemment trop forte. » Dans les points de l'Abyssinie déterminés astronomiquement en longi- tude, nous remarquons d'abord /ntetchaou. »_ La longitude d'Intetchaou se fonde sur de nombreuses séries de distances de la Lune au centre de Jupiter, observées à l'aide d'un cercle répétiteur à réflexion de M. Gambey. Ces observations, réparties sur dix jours compris entre le 30 mai et le 3 juillet 1841, donnent définitivement 2? 27" 31°. Le plus fort résultat partiel surpasse la moyenne de 1% 25"; le plus faible est in- férieur àcette même moyenne de Sgsecondes de temps. Ces nombres, trans- formés en arcs, deviennent respectivement : 21° 15” et 14° 45”. » Des erreurs de plus d'un tiers de degré autour de la moyenne semblent considérables. Voyons, cependant, à combien s'élèvent les discordances, dans des déterminations analogues obtenues par des observateurs renommés. Il ne serait pas juste de prendre ces termes de comparaison chez des astro- nomes de profession, ayant disposé d'instruments de grandes dimensions, solidement et commodément établis. Nous les chercherons dans le voyage de d'Entrecasteaux, parmi les longitudes dues à M. de Rossel et à ses collaborateurs. Après avoir cité de pareilles autorités, personne ne nous accusera d’avoir manqué de sévérité dans l'appréciation des travaux de MM. Galinier et Ferret. » À Amboine, nous trouvons, parmi les longitudesdéduites de distance de la Lune au Soleil, un résultat qui diffère de la moyenne de près de 24 minutes de degré. » Au Port dusudde laterre de Van-Diemen, une des longitudes diffère de la moyenne , de plus de 24 minutes. » A Tongatabou, nous voyons une longitude qui surpasse la moyenne de plus de 26 minutes. » Ces nombres sont la justification pleine et entière des discordances qui existent dans les séries de longitudes que MM. Galinier et Ferret ont obtenues à l’aide des distances lunaires. Il importe, en toute matière, de ne pas décourager par des exigences excessives les hommes consciencieux. On ne sortirait pas des limites de la vraisemblance, en supposant que de telles exigences ont, plus d'une fois, conduiti des voyageurs inquiets et vaniteux, à altérer leurs observations. » MM. Galinier et Ferret mirent à profit l'occultation d'une étoile du Tau- reau, qui arriva le 27 février 1841, pour déterminer la longitude de Ædde- Casti. Les calculs très-délicats de cette observation nous paraissent avoir été faits avec toute l'exactitude requise. ( 875) » La longitude d'Axoum repose sur l'observation destrois phases de l’éclipse de lune du 6 février 184r, et sur trois observations d'immersion ou d'émersion du premier satellite de Jupiter. » Les résultats déduits des phases de l’éclipse lunaire s'accordent entre eux tout autant qu'il était permis de l'espérer. Leur moyenne n'est inférieure que de 6 minutes de degré à la longitude fournie par les satellites de Jupiter. » Nous parierons des longitudes chronométriques rapportées à Zntetchaou, à Adde-Casti et à Axoum , pour dire seulement qu’elles ont été déterminées avec tous les soins commandés par l’état actuel des sciences géographiques. » Où est la source mystérieuse du Nil ? Cette question, depuis la plus haute antiquité, a beaucoup occupé les voyageurs et les géographes. Peut-être suffirait-ilde ja poser nettement, conformément aux strictes règles de la logi- que, pour découvrir qu’elle est complétement résolue; que le Soudan, que l’Abyssinie tout entière, et non telle ou telle localité circonscrite, doivent être considérés comme la source tant cherchée. Si l'on voulait remonter jus- qu'aux lieux où les eaux que roule le fleuve égyptien sortent de terre au pied de quelques rochers, les bifurcations nombreuses des rivières de l’an- cienne Éthiopie mettraient bientôt l'explorateur rigide dans l'embarras. Malgré ce qu'a dit le poëte (Lucain), il a été permis à l'homme de voir le IVil faible et naissant. » Quoi qu'il en puisse être de ces remarques, les travanx de MM. Galinier et Ferret concernant le système général des rivières de l'Abyssinie, conser- veront un véritable intérêt. » Une chaîne venant de l’isthme de Suez longe, pour ainsi dire, la mer Rouge et divise le pays qu’elle traverse en deux régions. L'une de ces régions porte ses eaux au golfe Arabique; l'autre, beaucoup plus vaste, les verse dans Je Nil égyptien, par un nombre considérable de rivières. » MM. Galinier et Ferret tracent à grands traits, d'après leurs propres observations, la ligne de partage des deux versants , depuis Suez où elle n'a que quelques mètres de hauteur, jusqu'aux immenses montagnes du Lasta, par 12 degrés de latitude nord. Ils prolongent ensuite cette ligne de faîte, en s'aidant de renseignements empruntés à d'autres voyageurs, et atteignent ainsi les montagnes Gara-Gorfou qui séparentle bassin du Wilde celui del Zouach. » Les rivières de l'Abyssinie avaient été très-imparfaitement tracées, MM. Galinier et Ferret feront subir, à cet égard, des rectifications impor- tantes aux cartes les plus estimées. C'est ainsi, par exemple, que l’Assam, c'est-à-dire la rivière qui baigne la capitale du Tigré, est représenté par nos compatriotes, se dirigeant au sud, tandis que leurs prédécesseurs, M. Rüppell | CR, 1844, ame Semestre. (T. XIX, N° 48.) 117 ( 876 ) excepté, la faisaient couler vers le nord. Le cours du Mareb , rivière beau- coup plus considérable que l’Æssam, n'était guère mieux déterminé; nos voyageurs ont remonté le Mareb jusqu'à sa source et fixé en longitude et en latitude la position de ce point important. Naguère, on ne connaissait l'Ouarié , le Guébah, \ Aroquoa que de nom; MM. Galinier et Ferret peuvent tracer ces divers cours d'eau avec une certaine précision, depuis leur origine jusqu'à la rivière qui les absorbe. » Le Tacazé, un des Nils de l'Abyssinie, si Von nous permet cette ex- pression, a été, comme de raison, l'objet d'une étude très-attentive de la part de MM. Galinier et Ferret. Ils. en déterminent le cours, soit d’après leurs propres observations, soit d’après les relations verbales qu'ils ont recueillies; ils prennent la rivière à sa source, et la conduisent jusqu’à sa rencontre avec le Nil proprement dit, dans le Sennaar. » Tout ce que nous avons rapporté jusqu'ici sur des longitudes, des lati- tudes, sur des cours d’eau, ne constitue pour la carte d’Abyssinie qu’un nombre très-borné de repères, de points de contrôle. Mais nos voyageurs ont présenté à l Académie une carte complète et détaillée des provinces du Tigré et du Sémen. Comment ce vaste cadre a-t-il été rempli? La réponse se trouve dans un Mémoire manuscrit que la Commission a eu sous les yeux, et où les deux officiers d'état-major développent la série de leurs opérations. Ce Mémoire commande la confiance. MM. Galinier et Ferret y exposent les méthodes trigonométriques qu'ils auraient désiré employer; les procédés ex- péditifs, mais moins exacts, dont ils furent réduits à faire usage; les divers moyens de vérification qu'ils réussirent à se procurer, soit en ordonnant les opérations d’une manière convenable, soit en recourant à des observations antérieures de notre compatriote M. d’Abbadie. Tout, dans cetravail, dénote la plus entière bonne foi ; le Mémoire explicatif sera le digne complément de la carte gravée. » Le membre de la Commission auquel était plus particulièrement dévolu le soin d'examiner les fruits géographiques de l'expédition d’Abyssinie , a eu dans les mains plusieurs des plans topographiques dessinés sur les lieux. L'é- tude de ces plans, les explications verbales données par les deux voyageurs, ne lui permettent pas de douter que les formes du terrain n’aient été rendues dans la nouvelle carte avec une grande vérité. La Commission, néanmoins, s'associe à M. Beautemps-Beaupré dans l'expression d'un regret : elle aurait désiré que des circonstances plus favorables eussent permis à MM. Galinier et Ferret de joindre à leurs croquis quelques vues développées sous forme de panoramas. Ces vues, lorsqu'on y inscrit les distances angulaires de tous les. (8571) points remarquables, observées au théodolite, et l'orientation exacte d'un de ces points, obtenue astronomiquement où avec une boussole, prévien- nent une foule d'erreurs occasionnées par l’ignorance des gvides, et ont, en outre, l'avantage inappréciable de pouvoir être consultées utilement dans tous les temps. Qu'on ne s'y trompe pas: cette remarque est beaucoup moins une légère critique du travail de MM. Galinier et Ferret, que la recomman- dation la plus expresse d’une méthode presque généralement népligée. » La Commission n’entrera dans aucun détail sur l'exécution matérielle de la carte de MM. Galinier et Ferret; elle fera mieux : la carte passera sous les yeux de l'Académie. Chacun pourra ainsi se former une idée exacte des pro- grès dont les méthodes topographiques sont redevables à notre corps d’état- major. Nivellement barométrique des principaux points du Tigré et du Sémen. » Au nombre des résultats les plus intéressants de l'expédition de MM. Ga- linier et Ferret, il faut ranger, sans contredit , la détermination barométrique de la hauteur de diverses montagnes de l'Abyssinie. Cette détermination ne reposant point sur des observations rigoureusement correspondantes, il ne sera pas superflu d'indiquer ici la méthode approximative à laquelle, dominés par les difficultés de leur position, nos deux voyageurs ont dû se borner. » Pendant leur séjour à ÆArkiko le 10 novembre 1840, MM. Galinier et Ferret déterminèrent la température de l’air et la hauteur du baromètre au niveau de la mer, à 11 heures, à midi, à 1 heure et à 2 heures. Cinq jours après, ils observèrent , aux mêmes époques de la journée, sur le Tarenta. Prenant les résultats du ro pour ce qu'on aurait trouvé, le 15, au bord de la mer, nos voyageurs calculent la hauteur du Tarenta; cette hauteur est de 2 539 metres. »_ À quelle erreur est-on exposé , sous le climat d’Abyssinie, par le manque de simultanéité dans les observations?’ MM. Galinier et Ferret abordent la question de cette manière : » Pendant le voyage d’Arkiko au sommet du Tarenta, on s'est arrêté suc- cessivement à Ouéha, à l'entrée de la vallée d’'Æammamo et au pied de la montagne. On peut donc décomposer la hauteur totale du sommet en quatre parties distinctes, en quatre échelons déterminables barométriquement à l'aide d'observations, sinon rigoureusement correspondantes, du moins sépa- rées par des intervalles de temps assez petits. La hauteur trouvée ainsi est de 2547 mètres; c’est seulement 9 mètres de plus que n'avait donné la compa- 117% ( 878 ) raison directe des observations du Zarenta avec celles du bord de la mer à Arkiko. Encouragés par cet accord si satisfaisant , nos voyageurs ont suivi la même méthode pendant toute leur opération de nivellement : chaque station S'y trouve invariablement rapportée à celle qu'on avait quittée peu de temps auparavant. » Dans le tableau circonstancié renfermant les altitudes déduites des ob- servations barométriques, nous trouvons divers résultats qui nous semblent devoir intéresser l'Académie. Ce tableau nous apprend : Que Adouah (capitale du Tigré.......... ..) est à 1 900 mèt. au-dess. du niv. de la mer. Que /ntetchaou (village du district decenom. }) est à 2150 Que Axoum (la ville aux grandes ruines. ......) est à 2170 : un ‘des premiers villages de l’Éthio- Que Dixah est à 2200 pie en venant de la mer Rouge Que 4dd’Igrat (capitale de l’'Agamé. ......... est à 2470 Que Atsbi (grand marché de sel dans! Agamé. ) est à 2700 » Dans le Sémen, nos jeunes compatriotes ont gravi une montagne re- marquable située par 13 degrés de latitude nord; elle s'appelle /e Detjem. Le Detjem a 4620 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer, suivant la détermination barométrique de MM. Galinier et Ferret. Le Detjem n'est donc inférieurque d'environ 200 mètres au Mont-Blanc des Alpes de la Savoie; il s'élève presque à la hauteur du mont Rose, et surpasse de 250 mè- tres le Finsterarhorn des Alpes bernoïises. Cédant à de simples aperçus, les voyageurs qui, avant MM. Galinier et Ferret avaient visité le Sémen, s'étaient grossièrement trompés sur la hauteur de ces montagnes. Les missionnaires jésuites affirmaient jadis que les Alpes, à côté des montagnes d’Abyssinie, paraîtraient de simples taupinieres ; de leur côté, quelques voyageurs modernes classaient le Detjem au-dessous des Pyrénées. Une mesure a fait justice de ces deux appréciations, erronées en sens inverse. Ce ne sera pas Îà son seul avantage: elle fera disparaître de la science de très-fausses notions sur la hauteur des neiges perpétuelles en Afrique. On peut conclure , en effet, des observations de MM. Galinier et Ferret, qu'il y a constamment des neiges sur le Sémen, tantôt sur le versant méridional , tantôt sur le versant opposé, et cela suivant les saisons. Le sommet de la mon- tagne affleure donc la région de la congélation perpétuelle. Nous n'irons pas plus loin, quoiqu'il y eût plus d'une considération à ( 879 ) signaler sur cet objet important, touchant l'influence des plateaux larges et élevés d’où s’élancent les pies des montagnes d’Abyssinie; touchant le rôle des pluies périodiques et des nuages dont le ciel est couvert à certaines épo- ques de l’année. Laissons le plaisir et l'avantage de discuter les observations, à ceux qui les ont faites au prix de tant de fatigues et de dangers. ». Nos deux géographes ont vu de loin, seulement, les montagnes de la pro- vince abyssinienne du Zasta. Ils les croient plus élevées que celles du Sémen. On doit désirer qu'une région aussi curieuse soit prochainement explorée par des voyageurs européens instruits , et pourvus de moyens d’ob- servation convenables. Météorologie. » La météorolopie se sera enrichie, par le voyage de MM. Galinier et Ferret, d'une série très-développée d'observations barométriques et ther- mométriques, faites à Adouah, à Axoum et à Intetchaou, depuis le 2 dé- cembre 1840 jusqu'au 9 août 18413; de la mesure de la quantité de pluie tombée dans le Tigré en 1841, à 2 15o mètres de hauteur au-dessus du ni- veau de la mer; de quelques observations isolées faites à Suez, à Djeddah et à Massouah, sur les bords de la mer Rouge. » Les observations de la variation diurne du baromètre, faites sur Les PLATEAUX d’Adouah, d'Axoum, d'Intetchaou , confirmeront, autant qu'on peut le déduire d’un premier aperçu, l'interprétation physique qu'un de nous a donnée de l'absence de variation diurne au Saint-Bernard. Les 78 centi- mètres d’eau recueillis à /ntetchaou, d'avril à septembre, expliqueront com- ment le Z'acazé qui, dans certaines saisons, n'a pas la profondeur de 1 mètre, s'élève, à d’autres époques, jusqu'à 5 ou 6 mètres au-dessus de son niveau ordinaire. La lecture attentive du registre météorologique montrera que la saison des pluies périodiques pourrait, à aussi juste titre, être appelée la saison des orages. » Le météorologiste veut-il, en compulsant les registres de l'expédition, re- connaîtresi le changement diurne dela température a de l'influence sur le grand phénomène des pluies? L'extrême régularité de ce phénomène le frappe : dans le mois de juillet il voit le soleiitous les matins; vers midile cielse couvre, pen- dant que les vents d’est ou de sud-est commencent à souffler ; vers 2 heures le tonnerre gronde, le ventaugmente de forceet la pluie tombe par torrents ; avant le coucher du soleil le ciel s'éclaireit et les nuits sont souvent très-belles. Pen- dant le mois d'août, cette régularité est déjà troublée : il pleut alors à toute ( 880 ) heure et quelquefois toute la journée; les pluies cessent à la fin de sep- tembre. » Veut-on savoir si, en dehors de la latitude astronomique des lieux, les montagnes d’une part, et le sol plus ou moins sablonneux de l’autre, exercent un rôle actif ou passif sur la production des pluies périodiques ? Le passage suivant, emprunté, aux registres de MM. Galinier et Ferret, tranchera la question : « Pendant que les pluies périodiques tombent avec violence en Abys- » sinie, un soleil brûlant darde librement ses rayons perpendiculaires sur » le Dankali, situé de l'autre côté de la ligne de faîte, entre la première » chaîne de montagnes abyssiniennes et la mer Rouge, et lui communi- » que une température insupportable. C'est seulement lorsque le haut » pays est suffisamment arrosé et rafraîchi, que quelques rares nuages vont » s'épancher sur une contrée qui semble maudite, et remplir des citernes » creusées au milieu des rochers, seule ressource des populations nomades, » pendant la longue saison de la sécheresse. » Le royaume d’Ædel n'a pas non plus de véritables pluies périodiques. Sous ce rapport, son climat ne con- traste pas moins avec celui des hautes régions de l'Abyssinie, que le climat du Dankal. » La température d’/ntetchaou, obtenue par les deux voyageurs à l’aide d'un thermomètre enfoncé dans la terre, sera un nouvel avertissement, tou- chant les erreurs auxquelles s'exposent les physiciens, quand ils essayent de déterminer, à l’aide d'observations faites sur des plateaux, la loi de dé- croissement de la chaleur pour l'atmosphère libre, » Les observations barométriques de Djeddakh , contrôlées sur un instru- ment comparé, serviront, malgré leur petit nombre, à décider dans quelle catégorie de régions terrestres les rives de la mer Rouge doivent être rangées, sous le point de vue de la pression atmosphérique. » Nous avions espéré un moment que les hauteurs barométriques de Suez pourraient servir à confirmer les idées reçues, touchant une différence de niveau entre la mer Rouge et la Méditerranée. Mais cette différence est trop petite pour ne pas exiger des observations rigoureusement correspondantes. Les physiciens, les chimistes et les géologues sauront gré à MM. Gali- nier et Ferret d'avoir profité de leur voyage à Tor, pour déterminer exacte- ment la température de la source chaude de Gebel-Pharaon. Gette tempé- rature était de + 68 degrés centigrades. Au milieu des vapeurs qui remplis- saient la grotte, le thermomètre marquait + 43 degrés. » Nous avons signalé, avec une satisfaction réelle, toutes les observations ( 881 ) relatives à la Géographie, à la Physique du globe, à la Météorologie, dont ie monde savant sera redevable à MM. Galinier et Ferret. Plus ces jeunes offi- ciers ont montré de courage, de zèle, d'habileté, et plus nous avons regretté de trouver dans leurs travaux une immense et déplorable lacune : l'expédi- tion d’Abyssinie ne fournira pas une seule donnée au magnétisme terrestre! Cependant, nulle part des observations d’inclinaison n'auraient été plusutiles pour compléter le tracé de l'équateur magnétique, pour substituer des déter- minations directes aux résultats de simples interpolations; cependant, des observations d'intensité et de variations diurnes, par de si grandes hauteurs au-dessus du niveau de la mer, par de si petites latitudes magnétiques, au- raient eu un immense intérêt. Mais, dans le programme du voyage, cette branche aujourd’hui si importante de la physique terrestre fut totalement oubliée : nos deux jeunes voyageurs ne reçurent, en partant, ni boussole de variations, ni boussole d'inclinaison! Puisse cette expression non désuisée des regrets de la Commission, prévenir le retour d'une faute qui sera si préjudi- ciable aux sciences! 0 Géologie. » La partie géologique du grand travail que MM. les capitaines Ga- linier et Ferret ont soumise au jugement de l’Académie, se compose d’une carte du 7'gré et du Sémen, coloriée géologiquement ; de neuf coupes de terrain, également coloriées, et d'un Mémoire intitulé : Description géolo- gique du Tigré et du Sémen. » Pour rédiger cette description d'une partie importante de l'Abyssinie ; pour dresser la carte ainsi que les coupes géologiques qui accompagnent , MM. Galinier et Ferret ont recueilli sur les lieux un grand nombre d’échan- tillons, actuellement déposés au Jardin des Plantes, relevé des coupes et formé une collection de Notes. Après le retour en France des deux voyageurs, M. H. Rivière a hier voulu s’associer à eux pour tout coordonner suivant les lumières de la science. » Ce travail, qui offre à un si haut degré le mérite de la nou- veauté , présente également celui de la méthode et de la clarté. Nous pen- sons qu'il sera lu par les géologues avec un véritable intérêt, comme donnant, dans un cadre resserré, des idées précises sur une contrée dont la constitution géologique était totalement inconnue avant le voyage de MM. Galinier et Ferret. » La constitution géologique de l’Abyssinie est trés-variée. Il résulte, en effet, des observations de nos deux compatriotes , élaborées avec soin et in ( 882 } telligence par M. Rivière, que le Tigré et le Sémen présentent des roches appartenant aux termes les plus divers de la série géologique. Ainsi, MM. Ga- linier et Ferret ont trouvé , dans le pays des Chohos, dans le Tigré, etc., 1° les terrains appelés primaires, représentés par des granites, des gneiss , des micaschistes , des protogines et des talcschistes ; 2° les terrains dits de transition, représentés par des phyllades , des grauwackes , des grès , des calcaires , etc. À la limite du Tigre et du pays des Taltals, nos deux voyageurs ont observé des terrains secondaires qui paraissent devoir être rapportés au #rias et au £errain jurassique. Enfin, les périodes tertiaires et modernes sont représentées sur les bords de la mer Rouge, dans le Tigré, dans le Sémen, dans le Chiré, etc., par des dépôts sédimen- taires variés et par de grands massifs de roches éruptives trachytiques et basaltiques, indépendamment des terrains en grandes masses qui forment la charpente du pays. MM. Galinier et Ferret citent encore un nombre con- sidérable de volcans éteints , de sources thermales, de mines de fer, de sel gemme (dontles Abyssins, par parenthèse , font une monnaie) ,de combustibles fossiles, ete. Leur attention s'est également portée surles différentssystèmes de soulèvements qui ont affecté le sol. En un mot, le travail que nous avons été chargés d'examiner, considère la constitution géologique de l'Abyssinie sous tous les points de vue. Cependant, ilest très-succinct, eu égard à l'étendue du pays et à la variété d'objets qu'on y trouve. C'est que les auteurs sesont inter- dit, avec raison, les développements qui les auraient exposés à sortir du cadre tracé par des faits exactement observés. Cette réserve est, à nos yeux, un mérite de plus. Pour analyser avec plus d'étendue la carte géologique de l'Abyssinie, il nous faudrait entrer dans des détails orographiques et topo- graphiques qui nous entraineraient trop loin. » Il est bien désirable que MM. les deux capitaines d'état-major Galinier et Ferret puissent faire convenablement graver leur intéressante carte géolo- gique du Tigré et du Sémen, etque M. Rivière trouve aussi dans cette publica- tion, la récompense des soins qu'il s'est donnés pour mener à bonne fin un si important travail. Orrithologie. » Nos deux compatriotes ne pouvaient guère espérer de faire des décou- vertes réelles en ornithologie, dans un pays qui, avant eux , avait été visité par M. Rüppell , un des plus célèbres zoologistes de l'Allemagne. On doit, néanmoins, féliciter MM. Galinier et Ferret, du soin qu'ils ont pris de re- cucillir un grand nombre d'oiseaux. et de les rapporter en bon état. La col- lection a été remise à MM. Guérin-Méneville et de Lafresnaye, qui en ont ( 883 ) dressé le catalogue. Le travail de ces deux naturalistes ; fait avec beaucoup de soin et d’exactitude, est purement relatif à la distinction et à la synonymie des divers oiseaux confiés à leur examen. Quelques espèces y sont seulement mentionnées. Îl en est d’autres que les auteurs du catalogue caractérisent, soit par une phrase latine, soit avec plus de détail. On remarque dans le nombre, des espèces qui avaient échappé à l'explorateur habile et zélé de l'Abyssinie, et quelques notions qu'on ne trouvé pas non plus dans les écrits de M. Rüppell. Plusieurs planches ont été mises sous les yeux de la Com- mission : elles sont d’une belle exécution. » Nous espérons qu'au moment de publier cette partie des travaux de l'ex- pédition, MM. Galinier et Ferret n'oublieront pas de l'enrichir des faits qu'ils ont dû recueillir, concernant les habitudes, les mœurs des oiseaux dont se compose leur collection. Rien ne pourrait suppléer à ces détails, rien ne sau- rait remplacer les notes écrites sur les lieux par nos deux voyageurs. Entomologie. » MM. Galinier.et Ferret ont également porté leur attention sur tout ce qui pouvait contribuer aux progrès des diverses branches des connaissances humaines. La collection d'insectes d’Abyssinie que la Commission a eue sous les yeux est fort remarquable. Elle a d'ailleurs été déjà l’objet d’un examen approfondi de la part de MM. Marchal, Reich et Spinola. M. Marchal a donné tous ses soins à la description des orthoptères et des lépidoptères. M. Reich s'est charge des coléoptères, et, avec la coopération de M. le mar- quis de Spinola, des hémiptères et des héminopieres. Ce travail a fait recon- naître cent quarante espèces tout à fait nouvelles. La description de chacuue d'elles est méthodique et complète, en latin et en français. Les genres aux- quels ces espèces sont rapportées, ne different pas, si ce n’est dans de rares exceptions, de ceux qu'adoptent les entomologistes les plus renommés et les plus modernes. Les figures , bien dessinées et exactement coloriées, forme- ront un atlas que les naturalistes consulteront avec intérêt et profit. » Ici encore nous aurions à signaler l'absence presque complete d'obser- vations sur les mœurs et les habitudes des insectes d'Abyssinie, si nous n'é- tions convaincus que MM. Galinier et Ferret possèdent, dans leurs notes manuscrites, les moyens de combler la lacune. Nous avons un garant certain de l'attention que nos deux voyageurs auront donnée à cette partie si inté- ressante de l'histoire naturelle : nous voulons parler des démarches actives qu'ils firent auprès des Abyssins de toutes les classes, dans la vue de tracer une histoire exacte de la fameuse mouche de Bruce ; de cet insecte, proba- C. R., 184%, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 18.) 118 ( 884 ) blement fabuleux, dont le voyageur écossais parlait en ces termes: « 11 faut » l'avouer, les monstres énormes des forêts, l'éléphant, le rhinocéros qui ha- » bitent l'Abyssinie, sont bien moins redoutables que la mouche. La vue de » cet insecte, que dis-je? son bourdonnement, répand plus de terreur et de » désordre parmi les hommes et les animaux , que ne le feraient toutes les » bêtes féroces de ces contrées, fussent-elles deux fois plus nombreuses » qu’elles ne le sont aujourd'hui. » Botanique. » Pour apprécier le tribut que l'expédition de MM. Galinier et Ferret ap- portera à la botanique, la Commission n’a eu sous les yeux qu'une Note des deux voyageurs et quelques remarques de M. Raffeneau-Delile. » On voit dans la Note, que le nombre des plantes récoltées s'élevait pri- mitivement à 600 ; mais, qu'après une fâcheuse rencontre sur le Tarenta et le pillage qui s’ensuivit, la collection fut réduite à 250 espèces, parmi lesquelles le savant professeur de Montpellier estime qu'on en trouvera 60 d’entière- ment nouvelles. » MM. Galinier et Ferret portèrent une attention particulière sur les plantes dont les habitants du Tigre et du Sémen tirent un parti avantageux. » Ces plantes, en les désignant par les noms qu'on leur donne dans le pays, sont: » 1°. Le Gotho, nouvelle espèce de sycomore, que MM. Galinier et Ferret ont désigné sous le nom de Ficus panificus, parce que l'écorce réduite en poudre sert à faire du pain. » 2°. Une espèce nouvelle de caféïer, dont le fruit est très-bon, très- estimé même des Arabes. Ce café est, en Abyssinie, l'objet d'un grand com- merce ; ses habitants le vendent dans les différents ports de la côte occiden- tale de la mer Rouge, d’où il est transporté en Arabie, et vendu ensuite dans le monde sous le nom magique de café de Moka. » 3°. L’Ændot, arbuste saponifère, haut de 1",3 à 1,6. Les fruits de l’En- dot, desséchés au soleil et réduits en poudre dans un mortier en bois, forment dans l'eau une pâte employée à laver le linge. Cette pâte produit une écume semblable à celle du savon d'Europe; elle blanchit très-bien les étoffes sans endommager les couleurs. Cet arbuste croîtrait trés-bien dans l'Algérie. » 4°. Un arbuste dont les branches sont mises en infusion dans un mé- lange d’eau et de miel. Le tout, exposé ensnite pendant deux jours à la cha- leur du feu ou du soleil, donne un hydromel extrêmement agréable à boire. » 5°. Le Belhelta. Ses graines, pilées et bouillies dans l’eau, constituent un ( 885 ) remède très-énergique contre le ver solitaire dont les Abyssins, hommes, femmes et enfants, sont presque tous affligés. Ils emploient la graine du bel- belta avec autant de succes que le Cosso, dont MM. Galinier et Ferret ont rapporté aussi plusieurs échantillons. » 6°. Le Tombough. Son écorce, réduite en poudre, sert également contre le ver solitaire. » 7°. L'Oungoulle. Le fruit de l’oungoullé, réduit en poudre et dissous dans l'urine de vache , sert à enlever le poil des peaux de bœuf. » 8. Une espèce de plante dont la bulbe se mange comme un fruit et est très-estimée des Abyssins. » 9”. Le Karos. L'écorce et les feuilles du karos, mélées à l'écorce et aux feuilles d’un arbrisseau appelé dans le pays Æmba-ambo, servent à teindre les cuirs d'un très-beau rouge. » 10°. Un petit arbrisseau appelé Tchaad , différent de celui de l’'Yémen. Les feuilies du tchaad remplacent assez bien le thé et prouuisent une exci- tation très-grande. » 11°. Une nouvelle espèce d'indigo que MM. Galinier et Ferret ont trou- vée dans le pays des Chohos, et qui paraît être très-riche en couleur. » 12°, Enfin, plusieurs échantillons d'arbres inconnus dans nos contrées, dont le port est majestueux, le tronc fort gros et le bois très-dur. L’A4yé, par exemple, nécessite pour être travaillé les instruments les mieux trempés. On pourrait l'employer très-avantagensement à faire les dents des roues d'engrenage. » M. Raffeneau-Delile s'est attaché à nommer exactement toutes les plantes de l'herbier de MM. Galinier et Ferret. Ce travail tire à sa fin. Vingt plantes choisies ont été dessinées avec une rare perfection. M. Delile a vu, dans les espèces confiées momentanément à son examen, les moyens de décider plusieurs questions intéressantes. Ses observations, par exemple, compléteront l'histoire du Poa abyssinica, graminée dont le grain est si petit qu'on le prendrait pour du sable fin. » Aucune contrée au monde ne se prête mieux que l'Abyssinie à des recherches sur la géographie botanique. En parcourant ses plateaux éche- lonnés; en s'élevant sur la croupe des montagnes, MM. Galinier et Ferret ont toujours marqué la hauteur et la température approximative de la localité où ils ramassaient une plante pour leur herbier. C’est aussi, le baromètre à la main, que ces infatigables explorateurs ont déterminé les limites supérieures où cesse la végétation des graminées, des arbustes, des arbres; et parmi 118. ( 886 ) ceux-ci, des acacias, des cossos, des genévriers, des colqualls, des sycomores , des dattiers, des baobabs, des tamarins, etc. » Les graines que MM. Galinier et Ferret rapportaient en France, ont été perdues dans un naufrage. Espérons que ce malheur sera bientôt réparé et qu'un second envoi, déjà ménagé par les deux voyageurs avant leur dé- part d’Abyssinie, arrivera cette fois à bon port. » La Commission s'est assurée que les collections de tout genre formées en Abyssinie par les soins de MM. Galinier et Ferret, seront scrupuleuse- ment déposées au Muséum d'histoire naturelle. Cette remarque ne paraîtra pas superflue, à une époque où tant de personnes, dit-on, oublient que les objets recueillis pendant les voyages exécutés aux frais de l'État, appartien- nent à l'État, toute réserve faite, néanmoins, relativement au remboursement des dépenses que des achats peuvent avoir occasionnées. Si les Commissions futures de l'Académie portent sur ce point capital une attention scrupuleuse et sévère, on cessera de voir de très-belles collections, écrémées dans cer- tains de nos ports, au profit d'amateurs en crédit ou de riches marchands; des pièces uniques et d’une valeur scientifique inestimable, ne sortiront plus de navires français pour aller directement dans des cabinets particuliers ou même à l'étranger; enfin, notre Musée national restera le premier de l'Europe. Conclusions générales. » Tous les chapitres du Rapport dont l'Académie vient d'entendre la lecture, offrent des preuves manifestes du courage, du zèle éclairé, de l'es- prit d'entreprise qui animaient MM. Galinier et Ferret pendant leur voyage en Abyssinie. Placés presque toujours dans des circonstances tres-difficiles, ces jeunes officiers ont fait tout ce que les sciences pouvaient attendre d'eux. Nous regrettons vivement que nos usages nous interdisent de provoquer une démarche directe, tendant à demander pour les deux hardis voyageurs, des récompenses qu'ils ont largement méritées. Nous avons, du moins, la certi- tude que l'Académie voudra bien appuyer sa Commission, lorsqu'elle émettra le vœu que des travaux si neufs, si intéressants, si utiles, si laborieuse- ment exécutés, soient mis, le plus promptement possible, sous les yeux du public. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( 887 ) BOTANIQUE. — Rapport sur les travaux de M. Harpy, directeur de la pépinière centrale en Algérie. (Commissaires, MM. de Mirbel, Richard, Ad. Brongniart, Payen rapporteur.) « M. le maréchal Ministre de la Guerre a désiré que l’Académie examinât les divers rapports de M. Hardy relativement à des essais de culture en Al- gérie, que les faits les plus intéressants fussent signalés, et qu’enfin l’Aca- démie indiquât les améliorations dont ces importants travaux seraient sus- ceptibles. » Ilest bon que l'on sache qu'en 1840 on comptait trois pépinières en Algérie. Elles étaient confiées à des mains inhabiles, et l'on doit dire qu'elles n'avaient qu'une existence nominale. Cet état de choses ne pouvait durer. Dés 1841, M. le maréchal Ministre de la Guerre reconnut le mal et s'em- pressa d'y porter remède. Il créa une pépinière à Philippeville, s’adressa à l'administration du Jardin du Roi pour avoir des jardiniers capables, actifs et dévoués. Quatre se présentèrent remplissant toutes ces conditions; ils furent admis : c'étaient MM. Hardy, Riquier, Pantin et Maubert. » Pour qu'il y eût de l'unité dans les opérations, il fallait nécessairement un chef. M. le maréchal, après y avoir mûrement pensé, nomma M. Hardy. La suite a prouvé qu'il ne pouvait faire un meilleur choix, et votre Commis- sion est persuadée que l'Académie sera de cet avis quand elle verra avec quelle active intelligence M. Hardy a su se conformer aux intentions de M. le maréchal. » Votre Commission a examiné avec beaucoup d'intérêt les pièces qui lui étaient soumises, elle les a rangées en quatre classes principales com- prenant : » 1°. Les pépinières et les essais de culture; » 2°. Les plantations publiques; » 3°. Les expériences sur la production de la soie; » 4°. Les récoltes et les essais des cotons. » L'origine et l'avenir de tous ces travaux se rattachent à la fondation et aux développements de la pépinière centrale, qui fut plus particulièrement l'objet des soins éclairés et laborieux de M. Hardy. » Ce n'est pas seulement une pépinière, telle qu'on l'entend dans l'accep- tion ordinaire du mot : l'établissement d'Alger ne borne pas, en effet, son utilité à propager et remplacer certaines espèces d'arbres dès longtemps ( 888 ) connues et appréciées dans les différentes localités de l'Algérie, il doit sub- venir, en outre, à des exigences variées. » Ïl s'agit non-seulement de fournir à l'accroissement des plantations existantes et aux plantations nouvelles d'arbres déjà répandus dans le pays, il faut, en outre, introduire, naturaliser et répandre les espèces et les va- riétés de végétaux susceptibles d'accroître les ressources que peut offrir la culture dans les différentes expositions du climat d'Alger. » Pour bien remplir un tel cadre, il a fallu former quatre exploitations distinctes : » La premiere comprend la pépinière proprement dite ; » La deuxième s'occupe de l'introduction et de la naturalisation des vé- gétaux; ». La troisième rassemble les espèces d'arbres fruitiers d'Europe convena- bles au climat du pays; ». La quatrieme s'applique aux plantes dites céréales, potagères, médici- nales, oléiferes, tinctoriales et textiles. » La pépinière occupe la plus grande partie du terrain : les Müriers blancs et les Peupliers suisses et d'Italie y dominaient en 1843 ; leurs plants de r, et 5 ans, s'y voyaient au nombre de 33 193 des premiers, et 20 468 des se- conds : parmi les autres essences on comptait 5905 Melia azedarach, 1606 Micocouliers, 1135 Triacanthos, 1000 Aylanthus glandulosa, 910 Platanes , 6oo Acacias blancs, des Diospyros kaki, Ormes, Chênes rouvres. Sterculiers, Catalpa, Melia sempervirens, Saules pleureurs, Sophora japo- nica, et Savonniers paniculés, dont le nombre total s'élevait à 67995; les semis et boutures ont augmenté ce nombre de 643 300 individus parmi les- quels se trouvent beaucoup de nos meilleurs arbres fruitiers et des arbres de nos forêts, les principaux Conifères de grande culture, des Pistachiers, Goya- viers, Orangers, Grenadiers, Jujubiers et Caroubiers, plus particulièrement appropriés au climat de l'Algérie. » À dater de l'automnef.1845, la pépinière pourra fournir de 150 000 à 200 000 pieds d'arbres annuellement; le Mûrier, dont le bel avenir paraît cer- tain dans notre colonie, doit figurer pour les 0,33 des livraisons. » Des 63000 pourrettes de frêne envoyées par M. Simon, de Metz, 53 000 ont bien repris à la pépinière centrale; 10 000 furent expédiées à la pépinière de Bone. » Parmi les neuf espèces ou variétés de Müriers existant à la pépinière (Moretti, Lou, Multicaule, Elata de Calabre, Blanc de Provence, et les Mû- ( 889 ) riers noir et rouge), le Mûrier blanc de Provence et le Mûrier rose de Lom- bardie sont les plus estimés pour la nourriture des vers à soie. » Les feuilles du Multicaule , très-minces, peu consistantes et trop altéra- bles sous les influences atmosphériques, ont paru ne pouvoir convenir à l'in- dustrie séricicole. Les Müriers rouge et noir sont utilisés surtout pour leurs fruits. » Le Micocoulier, l'Olivier, les Chênes-liéges, l'Yeuse et autres arbres indigènes occupent une large place dans les semis destinés aux plantations ; les Caroubiers et Jujubiers croissent avec une grande vigueur : ils enfoncent profondément leur pivot dans le sol, de sorte qu'on ne peut les transplanter sans rompre le plus grand nombre de leurs radicelles ; il faut donc, dans leur premier âge, les élever en pots; il en est de même des Conifères, notamment des Pins et des Sapins. » Un des arbres de ce genre qui, donnant de l'ombrage en toutes saisons, contribuent à varier les sites, le Cyprès horizontal, se développe rapidement, même dans les terrains très-secs ; il étend beaucoup ses rameaux, en conser- vant une tige droite qui atteint une hauteur de 15 à 18 mètres. » Parmi les arbres les mieux disposés à prendre possession du sol, suivant les observations de M. Hardy, on doit citer les Acacias de la Nouvelle- Hollande, et nous ne pouvons qu'applaudir aux efforts de cet habile direc- teur pour en récolter et répandre les graines. » Le Robinia pseudo-acacia se multiplie facilement par semis: son bois, formé de cellulose compacte, est moinsinjecté de matière ligneuse incrustante que la plupart des bois durs. Sa cohésion et son homogénéité le font résister, mieux que le Chêne, le Châtaignier, le Hêtre, et, à plus forte raison , que tous les bois légers, aux frottements et à l'influence de l'humidité. Il réunit des avan- tages qui, d'ordinaire, s'excluent réciproquement : sa dureté et sa résistance sont grandes, quoique son développement soit rapide ; aussi l'emploie-t-on fort avantageusement dans divers usages économiques, notamment pour confec- tionner les dents et alluchons des engrenages dans les machines industrielles et rurales, les jantes des roues et autres pièces de charronage ; les dents de herse, les piliers et traverses des boisages des mines, les bâtis et encoignures des caisses d'orangers , les cercles de tonneaux, les échalas des vignes, les tuteurs des jeunes arbres et arbustes, les lambourdes sous les parquets et boiseries, les longues chevilles appelées gournables dans les arsenaux de la marine. Cultures dites de naturalisation. » Ces cultures donnent lieu aux travaux les plus nombreux, et on le con- ( 890 ) coit ; car il s’agit ici d'observer la végétation, de déterminer les circonstances les plus favorables, de constater la nature et l'importance des produits, enfin de tenir note, tout aussi soigneusement, des insucces. » Des essais comparatifs sur la culture des Cotonniers avec et sans arrosa- ges ont appris que les irrigations, en favorisant la végétation, pouvaient retarder la fructification au point de compromettre la récolte. Des motifs semblables ont porté M. Hardy à donner la préférence aux espèces et variétés hâtives, notamment au produit de la graine de Fernambouc. En obtenant des résultats avantageux dans les terrains secs, il a bien auguré de cette culture sur les collines du Sahel. » Les semis de graines de la Guyane, le Castellamare blanc et rouge d'Italie; les Nankin ou Siam, Macédoine, vitifolium et religiosum, tirés d'Égypte, ont paru devoir réussir, ainsi que le Cotonnier-arbre, de Mostaga- nem. » En rendant compte des essais entrepris sur les produits des Cotonniers, nous indiquerons l'importance que pourrait avoir la récolte du coton en Al- gérie. Sésame (Sesamum orientale). » Cette plante annuelle, de la famille des Bignoniacées, doit prendre un rang élevé dans la culture algérienne. C’est l'opinion de M. Hardy, et nous la croyons fondée. Elle ne mérite pas, sans doute, la réputation qu'on lui a faite relativement à ses propriétés cosmétiques et médicales. Elle ne peut pas, comme aliment ou matière première des savons, soutenir la comparaison avec nos bonnes huiles d'olive, qui, à prix égal, obtiendront toujours la pré- férence. Cependant, les qualités et le bas prix de l'huile: de sésame ouvrent à ce produit un débouché immense. Elle vaut mieux, pour la fabrication des savons durs, que les huiles dites de graines. De là vient qu'on a construit des huileries considérables à Marseille, et que, pour les alimenter, on a importé d'Égypte, l'année derniere, 17 200 000 kilogrammes de graines de sésame. » La graine de sésame contient, suivant les analyses de l'un de nous, 0,51 à 0,23 d'huile, et donne de 46 à 48 pour 100 aux manufacturiers. MM. de Gasparin et Payen ont prouvé que le tourteau, résidu de l'extraction de l'huile, est un aliment tres-favorable à l'engraissement des animaux et à la production du lait des vaches. » Onse fera une idée de l'accroissement des industries qui s'exercent sur les huiles, en considérant que les importations de graines oléagineuses, Lin, Sé- same, Coton, etc., équivalant à moins de 1 500 000 kilogrammes en 1833, se sont élevées à plus de 60 000 000 de kilogrammes en 1843, sans que la cul- ( 891 ) ture indigène des plantes oléifères fût notablement diminuée. On ne sau- rait disconvenir, en tous cas, de l'intérêt que présenteront les essais de cul- ture ayant pour but de subvenir à ces énormes consommations. » Les recherches expérimentales à la pépinière d'Alger portent le produit d'un hectare de terre cultivé en Sésame à.................. 1475 » Cette graine, à 5o francs les 100 kilogrammes, représente une valeur de. ........ EN MR SRE ee re SO D ADU7 AT O0 » D'où déduisant les frais de culture..................... 259 ,00 ue produitmetsenmit des iii us eo 2e htaltr478 , 20 et le placement deviendrait d'autant plus facile que les nombreux bâtiments qui retournent à Marseille, sur leur lest, offrent un fret à bas prix. Tabac. » C'est encore une des cultures qui promettent d’être très-productives en Algérie, et qui offriraient des moyens d'échange tout naturels et fort impor- tants : en effet, les produits récoltés en France n’ont pas donné ces feuilles abondantes en sécrétions aromatiques , que les contrées plus chaudes sont en possession de fournir, et que l'on peut espérer du climat et des bonnes terres d'Alger. Déjà 10 000 pieds comprenant 36 espèces ou variétés distinctes ont présenté une belle et complète végétation; des porte-graines avaient été choisis avec soin parmi les plus francs. Les produits de la récolte des feuilles ont été confiés aux soins éclairés de M. Lebeschu, afin d'opérer la dessiccation et les emballages dans des circonstances favorables. » À ce sujet, nousdevons dire qu'il importerait beaucoup, non-seulement de comparer, toutes circonstances égales d’ailleurs, les produits de ces nom- breuses variétés, mais encore de chercher, par l'emploi d'engrais riches et de stimulants appropriés, les moyens d'obtenir les feuilles de la meilleure qualité : les conclusions à déduire des premiers essais à cet égard seront fa- ciles, car les feuilles auront d'autant plus de valeur, en général, que leur poids, à surface égale du limbe, sera plus considérable après la dessiccation. » On comprend, en effet, que le but à atteindre est bien moins le déve- loppement du tissu végétal que la production abondante des principes im- médiats utiles qu'il peut renfermer : à cet égard, des expériences, qu'il serait trop long de rapporter ici, prouvent que des différences considérables se peuvent manifester sous les influences des variétés, des engrais et de la cul- ture. Il ne serait peut-être pas hors de propos de répéter ultérieurement de semblables essais et de constater la valeur des produits en feuilles , mesurées GC. R., 1844, 2m Semestre. (T, XIX, N° 48.) 119 ( 892 ) et pesées au moment de la récolte, desséchées avec soin et envoyées à Paris. Canne à sucre. » C'était une culture abandonnée, l’ancienne plantation ayant épuisé le sol ; une nouvelle plantation de 5 000 pieds dans un terrain bien préparé et fumé convenablement, apprendra si les proportions de sucre cristallisable dans la plante venue à maturité sont suffisantes pour rendre son extrac- tion profitable. Il est bien permis d'en douter, d'après ce qu'on sait des cul- tures semblables en Espagne et dans la Louisiane. Peut-être même, dans le cas le plus défavorable, y aurait-il intérêt à obtenir du rhum ou de l'alcool en distillant après la fermentation le jus extrait de ces cannes. Indigo. » Les essais de culture des indigofères n'ont encore pu donner aucun ré- sultat définitif. Riz. » Les expériences sur le riz mutique, tiré de Lombardie, font espérer qu'il réussira dans un sol non submergé, mais seulement arrosé de deux en deux jours, au point de le maintenir suffisamment humide. » Il ne faudrait pas cependant se hâter d'en conclure qu’en usant de ce procédé on n'aura point à redouter l'insalubrité des rizières communes, car les terres submergées et certains marais ne développent, en général, leurs influences délétères qu'au moment où l'évaporation de la plus grande partie de l’eau laisse le sol à découvert. Phormium tenax. » La vigueur remarquable de cette plante cultivée avec les soins convena- bles permet de bien augurer de son avenir en Algérie. On connaît la grande ténacité de ses filaments. Il serait à désirer que des expériences fussent entre- prises et suivies avec persévérance, sur les moyens d'isoler économiquement ses fibres textiles, en les débarrassant des débris de tissu cellulaire et de ma- tières de couleur verte ou fauve qui masquent leur blancheur. Patate. » Les tubercules du Convolpulus batatas réussissent parfaitement en Algérie. [ls fournissent une nourriture saine, agréable et abondante. Les fanes sont données aux Ruminants, qui les mangent avec avidité. En somme, ( 893 ) les produits de cette culture paraissent dépasser de beaucoup ceux de la pomme de terre en ce pays. Banarñier. » La végétation active et toute tropicale du Bananier procure, outre l’as- pect élégant et le frais ombrage de ses larges feuilles, des ressources de plu- sieurs sortes: ses fruits sont succulents et salubres ; on peut extraire de la base des feuilles, des fibres textiles propres à la fabrication des cordages, des filets, etc., et le Musa textilis est un ceux qui conviennent le mieux sous ce dernier rapport. » Le Musa sinensis reçu du Jardin du Roi a parfaitement réussi. Il croît rapidement sans dépasser 1,20 de hauteur. Ses fruits sont plus beaux et plus nombreux que ceux des Bananiers déjà cultivés dans le pays. » On ne saurait trop encourager ces sortes de plantations en Algérie ; déjà la bananerie de la pépinière centrale est assez importante pour favoriser la propagation d'une plante aussi utile à plus d’un titre. Goyaviers. » La pépinière possède un nombre considérable de plants provenant des graines récoltées sur des sujets de l'établissement même. » Le Goyavier doune, en abondance, des fruits avec lesquels on fait d’ex- cellentes conserves. » Parmi les végétaux exotiques dont le succès est assuré, on doit citer les Ficus elastica et rubiginosa, qui se couvrent d'un beau feuillage toujours vert ; le Laurus borbonica, bel arbre de haute taille aux Antilles, et dont le bois est précieux pour l’ébénisterie : déjà il a donné des graines fécondes; » Le Casuarina equisetifolia, qui croît très-bien, et dont le bois, propre aux‘ constructions navales, a servi, pendant le voyage du capitaine Baudin, pour construire une corvette nommée Casuarina ; » Les Casuarina de la pépinière, qui viennent à merveille; ils ont déjà fourni des graines : le guadrivalvis, notamment, se développe plus rapi- dement qu'aucune autre espèce ; » Le Pin des Canaries, qui atteint une hauteur double de celle des Pins d'Alep et Pignon répandus dans le pays; le Pin à longues feuilles d’Amé- rique, dont le rapide développement ne laisse rien à désirer. » Plusieurs arbres tirés des collections du Muséum, notamment deux espèces de Pin du Mexique, un Araucaria Cuninghamii, deux Chênes du Népaul , un Cedrus deodora, se développent comme dans leur pays natal. Les 119. ( 894 ) Araucaria sont au nombre des plus beaux ornements de ces plantations. » Le Schubertia disticha croît avec rapidité dans les lieux frais; mais il faut craindre, pour cet arbre, l'influence des vents du sud. » Un assez grand nombre de végétaux utiles sont venus des colonies et de l'Ésypte; les principaux sont : » Cinq espèces d’Anones, vantées ponr la saveur de leurs fruits, et surtout le Kischta, dont un grand nombre ont bien levé; le Mammea americana (Abricotier des Antilles), dont le fruit est excellent, le bois dur et coloré, propre aux constructions et à l'ébénisterie; le Laurus Persea (Avocatier ), dont le fruit donne une substance grasse comestible; le Mangifera indica (Manguier), à fruit fort agréable; le Carica Papaya (Papayer); le Cas- suvium pomimiferum (pommier d’Acajou), et le Spondias mombin (Pru- nier mombin), qui produisent de bons fruits; le Pandanus utilis (Baquoi), dont les feuilles servent à tresser des nattes; le Carapa guyanensis, qui se plaît dans les lieux humides et donne un fruit oléifére; l'Acacia nilo- tica, qui fournit la gomme arabique, et plus de cent autres plantes, au nombre desquelles se trouvent douze espèces de Palmiers. » L'introduction de la plupart de ces plantes exotiques en Algérie exige de grands soins pendant les premières années : il faut les garantir des pluies torrentielles et des changements de température qu'elles braveront plus tard. Les succés déjà obtenus en font espérer beaucoup d'autres. Parmi les con- quêtes qu'il serait plus utile de tenter, M. Hardy signale les principales espèces de Quinquina qui croissent sur les hautes Andes du Pérou : sans doute les écorces de plusieurs d’entre elles ont une grande valeur, mais pour que les alcalis végétaux y soient abondants , que l'épaisseur et le poids des couches corticales, contenant ces principes, soient assez considérables, il faut probablement un temps très-long. Des données expérimentales à cet égard offriraient un grand intérêt pour l'humanité, la science ét le commerce. Ananas. » Les Ananas se cultivent à peu de frais en Algérie; il suffit de les abriter par des châssis en hiver : on peut ensuite les laisser exposés à l'air. Cafëier. » Plusieurs localités sembleraient lui convenir en Algérie : pour l'y intro- duire, il faudrait non des graines qui, desséchées, ne germent plus, mais bien des jeunes plantes. ( 895 ) »_ C’est ainsi qu’en 1720, à l'aide d'un seul sujet sorti des serres du Jardin du Roi, on est parvenu à introduire les Caféiers dans les Antilles et dans toutes nos colonies. Arbres fruitiers. » La culture des arbres fruitiers dans la pépinière centrale acquiert gra- duellement une importance réelle qui s’accroitra plus rapidement encore lorsque les moyens d'amélioration des fruits, les engrais, la greffe et la taille, qui donnent, aux environs de Paris, des résultats si remarquables, s'intro- duiront en Algérie avec les modifications indiquées par l'expérience et exi- gées par le climat et les diverses expositions. » Le jardin fruitier possède 418 espèces comprenant des Poiriers, Pom- miers, Pruniers, Cerisiers, Pêchers, Abricotiers, Amandiers, Noyers, Néfliers, Coignassiers et Figuiers ; des Orangers dont il a été fait de nombreux semis, et en outre 42 variétés de Vigne , dont il existe 8000 boutures. » Afin d'être plus promptement en mesure de satisfaire à toutes les de- mandes, 25 à 30000 pourrettes d'espèces diverses ont dû être achetées l'au- tomne dernier. Plantes potagères et économiques. » La culture maraîchère, favorisée par d'abondantes irrigations, semble devoir être très-profitable en Algérie , car presque toutes les plantes à feuilles et fruits comestibles se développent bien pendant les saisons tempérées, de- viennent monstrueuses, parfois, durant les pluies; mais elles souffrent beau- coup de la sécheresse et des chaleurs: alors les choux restent peu volumi- neux , les romaines et laitues montent subitement à graine , les pois s'arrêtent dans leur production, considérable jusque-là; les haricots ne réussissent, en général, qu'autant qu'ils sont nains. » Les racines tuberculeuses produisent beaucoup; malheureusement les pommes de terre perdent en tubercules ce qu’elles donnent en fanes trop abondantes. » 61 espèces ou variétés de Blés, Seigles, Orge, Millet, Maïs, sont cultivées avec succès. » Le Chanvre du Piémont s’est élevé à 2,30; l'Urtica nivœa, malgré sa belle végétation, ne paraît pas pouvoir rivaliser avec le Chanvre en Algérie; le Madia sativa s'est montré l’une des plantes oléifères les plus productives, mais il ne faut pas oublier que sa graine, à volume égal, ne donne que les 0,6 de l'huile que l'on obtient des bonnes graines oléagineuses, et que les | ( 896 ) frais d'extraction deviennent plus considérables à peu près dans le même rapport. » Une autre plante oléifère, le Guizotia oleifera, et deux plantes tincto- riales, le Polygonum tinctorium et le Pastel, présentent une végétation vigoureuse ; on n'a pas de données positives encore sur leur production éco- nomique. Récolte, nettoiement et conservation des graines. » Les plantes potagères de l'établissement central sont uniquement con- sacrées à la production des graines; c'est, en effet, une ressource précieuse pour les colons, qui éprouvent tant de difficultés à se procurer ces sortes de semences. » Cépendant, il faut bien le dire, cette ressource même, qui devrait être certaine, se trouve compromise malgré tous les soins de M. Hardy, car l’éta- blissement manque d'un séchoir et d'un conservateur; il en résulte que ces graines se détériorent. Une partie devient la proie des rats et des souris, et lors même que l’on pourrait prochainement disposer d’un local assez vaste et bien aéré pour y placer un casier solide clos à volonté, il faudrait encore attacher une personne intelligente, active et très-soigneuse, à cet important service. » Nous pensons qu'on rendrait les soins beaucoup plus faciles et plus effi- caces en adoptant, pour le classement, la dessiccation et la conservation, un appareil qui, par sa construction même, est merveilleusement approprié à cette destination complexe. » Nous voulons parler ici du grenier Vallery. Ce grenier mobile est di- visé, par des plans suivant l'axe, en huit compartiments qui se peuvent sub- diviser transversalement en un grand nombre de cases closes, ventilées à volonté, très-faciles à emplir comme à vider, car elles viennent toutes se présenter successivement à l'opérateur. » C’est que tout l'ensemble représente une capacité cylindrique tournant autour d'un axe. » On comprendra bien cette disposition simple et ingénieuse, à l'inspection de la figure ci-jointe. » Si nous ajoutons que, pour un volume égal de graines à conserver, ce grenier est moins dispendieux de premier établissement que les greniers or- dinaires à blé, on admettra sans peine qu'il serait bien plus économique encore comparativement avec les casiers à graines diverses. » L'économie de la main-d'œuvre, la parfaite conservation, lors même Fa ( 897 ) que les grains ont été emmagasinés humides et charançonnés , sont garanties par les expériences en grand et les Rapports, tous favorables, des Commis- sions, 1° de l'Académie royale des Sciences, 2° de la Société centrale d’Agri- culture, 3° du Jury central des expositions en 1839 et 1844, 4° de la Société d'Encouragement, 5° de la Marine, et 6° de l'Administration des Vivres de la Guerre. » Ainsi donc les avantages de ce grenier pour l'emmagasinement, la con- servation, le classement, la surveillance et la distribution des graines, nous paraissent assurés; construit à Paris sur des modeles faciles à démonter et transporter, Sa contenance varie entre les limites de 10 000 et 100 00o litres; il coûterait 6 à 7 francs par 100 litres et serait facilement approprié pour le nombre et la contenance des cases qu'indiquerait M. Hardy. S'il convenait de le déplacer ultérieurement, un simple démontage y suffirait. Extension de l'établissement. » Sous le titre de moyens d'exécution, un chapitre des Mémoires de M. Hardy démontre la nécessité d'augmenter la quantité de terrain consacrée à la pépinière proprement dite. Il serait indispensable, en effet, de porter l'étendue à 30 hectares, en ajoutant 12 hectares à la superficie actuelle, si l'on voulait être en mesure de livrer annuellement cent cinquante mille ar- bres, tout en tenant compte des assolements applicables pour utiliser succes- sivement le sol, à différentes profondeurs , sans l'épuiser. Grandes cultures expérimentales, école de vignes, école forestière. » Sans doute il ne serait ni facile ni convenable de chercher les moyens d'obtenir, sous le climat d'Alger, cette multitude de vins distingués entre ceux de toutes les nations, par leur arôme délicat, qui sont an nombre des plus précieux attributs du climat tempéré de la France ; mais tout porte à croire qu'en choisissant des plants appropriés aux meilleures expositions, adoptant les procédés de culture et de vinification perfectionnés, on parviendrait à créer des vins spéciaux de bonne qualité, se rapprochant plus ou moins des vins étraugers en réputation et qui proviennent de contrées méridionales. » Mais pour réunir ces conditions favorables , il faudrait les bien appré- cier; on devrait donc d’abord les étudier avec un grand soin. » On y parviendrait sans peine en ajoutant à l'établissement central quel- ques-uns des terrains en pente, à proximité; il s’y rencontrerait des calcaires et des roches schisteuses favorables à cette grande école des vignes de l'Al- ( 898 ) gérie, et certaines pentes rapides où la culture des vignes serait sans doute utilement praticable. » De cette intéressante culture expérimentale et de l'école forestière au dedans et en dehors de la pépinière, sortiraient un jour des données positives sur les seules exploitations , peut-être, à l’aide desquelles on pût convenable- ment utiliser les pentes du Sahel. ». L'école forestière permettrait de compléter un système d'ensemble pour effectuer les reboisements des crêtes et côtes médiocres, en réservant les ex- positions favorables et les meilleurs terrains pour les vignes. Essais de plantations sans défrichements. » Une grande et facile expérience se pourrait réaliser au dehors de l’éta- blissement central, mais sous son patronage, en se fondant sur une observation importante déjà bien constatée : on sait que les Müriers viennent parfaite- ment bien lorsqu'on les plante dans les espaces libres entre les Palmiers nains; si donc, sans attendre que le dispendieux arrachage de ces derniers fût ter- miné, on se contentait d’abord de défoncer, à 6 mètres d'intervalle, des sur- faces de 1 mêtre de rayon, on ne cultiverait ainsi que le terrain occupé, et la plantation se développerait pendant les trois ou quatre années que pourrait durer le défrichement. Il est fort à désirer que l'exemple soit donné sur d’as- sez grandes proportions pour préparer aux Müriers de la pépinière une des- tination bien préférable à celle qui leur a été réservée sur les bords des routes ou dans les camps. 1rrigations. » Ce serait encore un des plus utiles exemples à fournir que de préparer pour la pépinière des irrigations bien dirigées répartissant, à l’aide de norias, 500 mètres cubes d'eau pour l’arrosage de 1 hectare. On ne peut, à cet égard, que donner une entière approbation aux vues émises et aux moyens simples d'exécution proposés par M. Hardy. Main-d'œuvre. Une des difficultés sérieuses, dans les travaux de la pépinière comme dans tous les travaux de la colonisation algérienne, tient au manque d’ou- vriers actifs : les Européens sont en petit nombre et trouvent des occupations plus lucratives dans les villes. Le Mahonnais, assez laborieux et sobre, ne consent qu'à grand peine à exécuter des travaux en dehors de ses habitudes. Les Maures, plus dociles, sont tellement apathiques, qu'ils laissent leurs terres ( 899 ) -en friche pour aller gagner des journées, assez mal remplies, qu'on leur paye deux francs. Ceux des indigènes qui montrent le plus d'intelligence et d’acti- vité sont les Kabyles, d’ailleurs si nombreux, mais trop indépendants pour s'attacher à des travaux de longue haleine, bien qu'ils n'aient plus refusé, de- puis 1840, de prendre part à nos affaires commerciales. On comprend ces habitudes d'indépendance et d'irrégularité dans le travail en observant leur étonnante sobriété etune négligence parfois extrême dans leurs vêtements (1). Est-ce à dire que la difficulté de se procurer en Algérie de bons ou- vriers et des employés intelligents soit insurmontable ? Non sans doute; plu- sieurs moyens existent d'améliorer un tel état de choses, et l'un des meilleurs concourrait puissamment, nous en avons la conviction, à résoudre Les prin- cipales questions de la colonisation productive, et hâterait les progrès des cultures algériennes. Si, prenant pour base l'établissement central, on organisait un enseigne- ment pratique et graduellement plus théorique, transmettant toutes les no- tions expérimentales utiles, acquises déjà en grand nombre, peut-être devrait- on y appeler des élèves européens, les fils des colons, les jeunes Maures et Kabyles, montrant à tous la perspective de travaux et d'emplois lucratifs, d'in- térêts même dans les défrichements et les cultures diverses; bientôt, sans doute, on parviendrait à exciter une émulation générale, accrue encore chez les indigènes par le désir de se livrer aux habitudes plus confortables qu'ils apprendeent à connaître. » Une telle émulation, habilement entretenue, rendrait les travaux légers et r enseignement plus DROLE On y apprendrait à connaître les ustensiles aratoires propres à chaque sol, les soins à donner aux semis et aüx plantations, la taille et les greffes des arbres; les précautions qu’exigent les récoltes, la conservation et le transport des graines, des produits comestibles, comme des diverses substances tirées des végétaux et applicables à l'industrie. En répandant chaque année dans les fermes et les exploitations agricoles un personnel instruit par son active participation à tous les détails d’une pra- tique éclairée, on propagerait les cultures utiles et les bonnes méthodes, on détruirait enfin les préjugés et les pratiques routinières qui, variant dans cha- que localité les procédés de culture, ne laissent aucune règle générale s'établir et se répandre. (1) Cependant les Kabyles des environs de Bougie ont acheté de nos tissus , en 1840, pour une valeur de 16 900 francs qu’ils payèrent avec des cuirs et peaux brutes , matières pre- mières fort utiles à notre industrie. C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 48.) 229 ( 900 ) Lorsqu'on voudra réaliser cette conception utile, on consultera , avec profit, le projet détaillé que M. Hardy a présenté dans son Rapport. Installation de la pépinière de Philippeville. » Les résultats heureux déjà obtenus dans la pépinière centrale ont décidé M. le maréchal Ministre de la Guerre à établir, sur ce modèle, une deuxième pépinière à Philippeville. » M. Hardy rend un compte détaillé fort intéressant de la formation de ce nouvel établissement, dont l'ensemble couvre une superficie de 15 hec- tares, et dont la direction est confiée à M. Riquier. » Profitant de l'expérience acquise au Hamma, et des observations sur la végétation de la contrée , on s'occupe de propager d’abord les essences dont le succès est le mieux assuré, et surtout, en grand nombre, les arbres frui- tiers que les colons réclament de toutes parts. Tout est déjà THE pour for- mer un plant inépuisable de Müriers. » Déjà les propriétaires de Philippeville, bien convaincus de l'utilité des - pépinières, se sont empressés d'en établir plusieurs, afin d'être en mesure de planter les terrains de la plaine aussitôt que les concessions seront obtenues : sept d’entre eux possèdent ainsi 50000 Müriers de l'âge de 1 à 3 ans. On voit que l'exemple donné par la pépinière centrale n’a pas été stérile; il ne peut manquer de trouver bientôt de nombreux imitateurs. Plantatiors publiques dans la province d’Alger. » En même temps qu'il s'occupe de diriger les travaux nombreux et RER de la pépinière centrale, M. Har À dirige, avec un zèle soutenu, l'une des principales applications des produits de cet établissement. » Le service des plantations publiques sur les routes , chemins et places, s'est considérablement accru. On voit, par un Rapport très-détaillé, qu'aux plantations existantes 16093 arbres ont été ajoutés; ils comprennent les essences les plus convena- bles : on en exclut actuellement les Mûriers, qui se développent peu et figurent mal dans ces lieux publics, tandis qu'ils ont ailleurs une utilité réelle. » Ne pouvant obtenir encore de la pépinière autant d'arbres que ce service en réclamerait, M. Hardy a songé aux éclaircies qu'il pourrait faire en cer- taines contrées, telles que les oasis de la plaine , la vallée de Massafran , quel- ques ravins du Sahel. Calculant les produits de cette exploitation nouvelle, l'habile directeur ( gor ) a fait d'avance creuser les emplacements marqués, exposant ainsi la terre aux influences atmosphériques, si utiles pour la désagréger et l’aérer. » Près de 15000 trous préparés serviront à compléter les plantations publiques depuis Mustapha jusqu'à la Maison carrée; depuis l'Agha jusqu’à Birkadem; du bassin de Deli-Ibrahim à Baba-Hassem; depuis le poteau des Indigènes jusqu'à Douérah; et enfin de la route de Douérah jusqu’à Ouled- Fayet. » Ces grandes lignes continues de plantations concourent à rendre plus faciles et plus agréables toutes les communications en Algérie, qui déjà com- prenaient, en 1840, 1070 kilomètres de routes. » Il nous paraît fort désirable que M. Hardy puisse continuer d’avoir à sa disposition des moyens d'exécution et de surveillance proportionnés aux développements de ces utiles plantations, afin que les labours, arrosages ou irrigations , leur soient donnés à temps. Éducation de vers à soie dans la pépinière centrale. » M. Hardy attache, avec raison, un grand intérêt à la production de la soie en Algérie : la rapidité de la croissance du Mürier y est telle, en effet, qu'on voit fréquemment des écussons donner des jets de 4 à 5 mètres la pre- mière année; on rogne ces jets à 2 mètres de hauteur : l’année suivante, l'ar- bre est prêt à mettre en place; la circonférence de la tige atteint 12 à 15 cen- timètres ; à sept ans, il donne au Hamma jusqu’à 35 kiloyrammes de feuilles. » L'éclosion, malgré les soins qui la retardent, ayant lieu de bonne heure, il convient de faire entrer un certain nombre de Mûriers hâtifs dans les plan- tations : le Mürier moretti alimente les trois premiers âges, et les Mûriers blancs les deux derniers, qui correspondent à une consommation sextuple. » Quant aux multicaules , leurs feuilles minces se dessèchent trop vite, dit-on, en Algérie. Ce ne serait pas un motif suffisant pour y renoncer si l'emploi des feuilles mouillées avait en ce pays les avantages qui semblent se confirmer chez nous, si surtout cette addition d’eau, rafraîchissant l'air des magnaneries, pouvait contribuer à prévenir les graves inconvénients de la touffe. » Cette pratique, combinée avec des arrosages et une ventilation bien ré- glée, permettrait peut-être d'atteindre ce but important. » Ce serait, en tous cas, l’un des plus importants sujets d'observations et d'études que nous, puissions recommander au zèle éclairé de M. Hardy. » Malgré plusieurs accidents survenus durant une première tentative d’é- ducation , les résultats obtenus sous les rapports du nombre et du volume 120... ( 902 ) des cocons sont satisfaisants : ils permettent de fonder de belles espérances sur l'avenir de la production de la soie dans notre colonie. » À cet égard, comme en ce qui concerne d'autres productions, on a éprouvé quelques craintes sur les suites de la concurrence dont serait ainsi menacée l'industrie séricicole métropolitaine. » Ces appréhensions nous toucheraient si nous ne savions que notre indus- trie, dans cette voie, n'a cessé de marcher d'un pas plus rapide que la pro- duction de la matière première chez nous. » Et cependant, quelle industrie agricole fit jamais des progrès aussi re- marquables ? » Que l’on songe qu'en moins de vingt ans, cette production en France s'est créée, s'est élevée au point de donner annuellement à nos fabriques une quantité de matières premières dont la valeur se solde par 143 millions de francs. » Et cette énorme production se réalise en cinq semaines dans nos magna- neries | » C'est là sans doute un fait bien étonnant que l’on peut toutefois rap- procher d’un fait plus étonnant encore, en voyant l'industiie absorber dans son immense travail, avec ces 143 millions de matières premières , la matière première semblable qu'elle va chercher hors de nos frontières et qu'elle a payée au prix de 105 millions en 1841, tandis qu'elle n'en demandait en 1834 à l'étranger que pour une valeur de 51 millions, et plus anciennement encore de 45 millions seulement. ». Alors la transformation industrielle portait à 60 ou 68 millions la valeur des produits commerciaux dont elle livre aujourd'hui, d’après les estimations des rapporteurs du Jury central, 150 millions à la consommation extérieure et une valeur égale à l'exportation. » Notre agriculture algérienne trouverait donc ici, sans encombrer les approvisionnements de nos fabriques, un débouché plus grand que n'était autrefois la consommation totale de la France. Culture des Cotonniers. » Outre les observations intéressantes de M. Hardy sur ces cultures, M. le maréchal nous a transmis les notes détaillées de M. Aimé. Elles s'accordent à montrer les avantages de cette facile culture, source d'une abondante pro- duction. » Cette matière première, d'une si haute importance aujourd'hui pour nos fabriques, était sans emploi chez nous jusqu’à la fin du siècle dernier, car — = _— ( 905 ) alors nos filatures n'existaient pas : nos filatures qui, rapidement dévelop- pées, réclament annuellement 55 millions de kilogrammes de coton pour fournir l’équivalent de la consommation normale du pays. L'Algérie trouvera donc encore un vaste débouché national pour sa production en ce genre; mais obtiendrons-nous, de cette culture, la matière première convenable à la fabrication des fils les plus fins? On devait en douter avant les essais con- cluants entrepris dans la vue de résoudre la question. » M. le maréchal ayant, à cet effet, adressé en 1839 un échantillon à M. le Ministre du Commerce, la première tentative fut réalisée avec des mé- tiers destinés aux gros numéros par M. Crépet, de Rouen, qui parvint à pré- parer des fils du n° 58 et prouva, du moins, que eet échantillon était de meilleure qualité que les cotons de la Louisiane. » Un deuxième échantillon fut confié à la Chambre de Commerce de Lille, qui le transmit à M. Th. Barrois : cet habile manufacturier en obtint des fils atteignant les n° 140 et même 160, qui parurent à l'Exposition de 1844. » Un pareil résultat est encourageant, car il ne s'obtenait en fabrique qu'en employant le coton de Géorgie, dont le prix est toujours fort élevé. » On devra s'efforcer de réunir toutes les conditions favorables en choi- sissant les graines de cotons les plus estimés, les terres de l'Algérie les plus propres à cette culture, employant les procédés de récolte, d'égrenage et d'emballage qui donnent les meilleurs produits et assurent leur conserva- tion. » La récolte du coton semble donc devoir offrir prochainement un des principaux objets d'échanges abondants et productifs, capables d'alimenter à la fois l'activité de nos transports maritimes, le travail de nos filatures et le développement de notre commerce. Elle laissera comme résidu une graine oléifère dont l'Égypte nous fournit déjà des quantités assez considérables. » On sait que l'activité des affaires commerciales s'accroît rapidement en Algérie : la valeur totale des importations et exportations, doublée depuis 1839, représentait, en 1842, 83600 000 francs. » En présentant le tableau des travaux agricoles entrepris sous la direc- tion habile de M. Hardy, nous avons montré les résultats importants acquis déjà et les avantages plus importants encore qui se réaliseront ultérieure- ment. » Dans la vue de mieux assurer tous ces avantages de notre colonisation africame, et d'abord d'opérer en Alpérie les reboisements considérables appelés à embellir le pays tout en l’assainissant, M. le maréchal Ministre de: ( 904 ) la Guerre, voulant ajouter aux plantations faites dans le Sahel d'Alger, dans la plaine de la Mitidja et sur le territoire de Blidab, des plantations publiques sur une base de plus en plus large, a fait établir des pépinières semblables à celle du Hamma, non-seulement à Philippeville, mais encore à Bone, à Constantine, à Sétif, à Mostaganem, à Misserguin, près Oran; à Tlemcen, Mascara, Médéah, Orléansville et Miliana. » De ce vaste réseau de pépinières sortiront des plañts appropriés aux dif- férents climats, sols et expositions qui caractérisent les contrées dont ces villes sont les centres administratifs. » Us assureront , au moyen de plantations spéciales , la fertilité de terrains incultes , en les protégeant contre les vents de mer, en fixant les dunes qui s'étendent au fond des baies d'Alger, de Bone, de Stora et d’Arzew. » Les travaux de dessèchement et d'assainissement que l’on exécute dans les plaines de Bone , autour de Philippeville et de la Mitidja , se combineront heureusement avec ces systèmes de plantations. » Appelées ainsi à jouer le premier rôle dans nos travaux de colonisation, les grandes cultures sorties des pépinières déjà fondées, étendant encore leurs attributions, à l'exemple de l'établissement central, multiplieront les cultures expérimentales. » On parviendra de cette manière à connaître les productions les plus convenables aux climats de nos possessions, et à développer les moyens d'échanges commerciaux qui doivent assurer la prospérité de notre colonie , et augmenter la force et la richesse de la France. » Votre Commission a l'honneur de vous proposer d'adresser des remer- ciments à M. le Ministre de la Guerre pour la communication des Mémoires intéressants de M. Hardy. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. GÉOGRAPHIE. — Rapport sur le géorama. (Commissaires, MM. Duperrey, Bory de Saint-Vincent rapporteur.) « L'idée du géorama, pour n'être pas absolument nouvelle, n'en demeure pas moins toute française. L'établissement en fut tenté pour la premiére fois, de 1823 à 1824, par un M. Delanglard, employé au ministère des finances. » Ce M. Delanglard avait la passion des excursions lointaines; mais comme il ne pouvait s'éloigner du bureau qui le faisait vivre, il cherchait un dédom- magement à la condition sédentaire où le sort l'avait réduit, dans la lecture des relations de voyages dont il suivait les auteurs, pour ainsi dire, pas à pas, ( 905 ) sur les meilleures cartes qu'on possédât alors. Ces cartes, parfois d’un prix élevé, dressées à diverses échelles ou construites selon des projections diffé- rentes, n'étaient pas toujours à sa portée ou d’un usage qui lui fût commode ; aussi eût-il préféré voyager sur la mappemonde; comme il n’en existait pas d'assez grande pour que la multitude des détails qui donnaient leur principal mérite à ses livres de prédilection y pût être indiquée, il essaya de construire un globe immense dans l'intérieur duquel, pour en saisir d'un seul repard toutes les parties, il imagina de se placer, pensant voir ainsi l'univers se dé- velopper autour de soi, comme l'horizon entier se déroule dans un panorama pour celui qui en occupe le milieu. » Le baron de Humboldt, qui se trouvait en France quand M. Delanglard ouvrit son géorama, MM. Jomard, Walckenaer, Eyries, Letronne et autres savants de premier ordre, prodiguant les plus grands éloges à cette création, firent de louables efforts pour attirer sur elle l'attention des curieux et la pro- tection du Gouvernement. De tels suffrages semblaient devoir promettre au nouvel établissement un succès brillant ; malheureusement, l’auteur avait moins bien calculé l'échéance des effets qu'il avait dû souscrire pour se pro- curer les fonds nécessaires à l’entreprise, que les éléments scientifiques dont elle tirait un mérite incontestable, Les recettes sur lesquelles il avait compté pour faire face à des engagements trop lourds furent loin de suffire; d'im- pitoyables bailleurs de fonds, l'ayant poursuivi avec une sorte de fureur, le firent bientôt enfermer, et il vit son œuvre mise en pièces par le propriétaire du local, qui ne retira, pour se payer de quelques termes arriérés de loyer, que 3 ou {000 francs des débris de ce qui en avait coûté au moins 60 000. Le malheureux auteur étant mort de chagrin, il n’en fut plus question. A quelque temps de là, des essais du même genre, faits en petit, sans discer- nement et dans un esprit mesquin de spéculation, ne réussirent pas; enfin, après un quart de siècle à peine écoulé, M. Guérin, animé d’un zèle plus éclairé pour les progres de la géographie, entreprend de rajeunir l’idée de M. Delanglard , et vient prier l'Académie de jeter un regard bienveillant sur son œuvre, en ordonnant qu'il lui en soit fait un Rapport. » Le nouveau géorama est une vaste sphère de 10 metres d’un pôle à l'autre, à l'intérieur de laquelle le spectateur est introduit, au moyen d'un escalier qui s'élève, dans le sens de l'axe, sur une galerie répondant au plan de l'équateur et d'où se distingue à la fois la totalité des terres et des mers. Ce qui , dans le pompeux ensemble au centre duquel on est placé, représente le domaine des eaux, consiste en une étoffe de soie bleuâtre, assez transpa- rente pour que la douce lumiere qui la traverse éclaire les continents, les ( 906 ) archipels, les îles éparses et jusqu'aux moindres détails de la surface opaque où sont représentées les parties solides du monde. Les montagnes assez généra- lement rendues sans trop d’exagération ; les plaines et les plateaux qu’on n’a eu garde d’accidenter arbitrairement , comme le font trop souvent certains des- sinateurs passionnés pour les hachures ; les caspiennes et les lacs heureusement translucides; les volcans en activité rendus étincelants au moyen de lentilles de cristal empourprées; les glaces éternelles des points culminants et des ré- gions circompolaires pittoresquement exprimées; la teinte chaude répandue sur les contrées de la Torride; enfin, l'aspect verdâtre de ces déserts maréca- geux qui s'étendent sur l'extrémité de l'Asie et de l'Amérique du Nord, com- posent un ensemble harmonieux, dans l'étendue duquel chaque chose se trouve rigoureusement mise en sa place. » L'immense carte que nous avons été chargés d'examiner a été construite avec soin ,et les matériaux qui lui servirent de base sont judicieusement choisis. Elle nous a paru, plus qu'aucune autre , au niveau des connaissances de l’é- poque, et néanmoins susceptible de recevoir toutes les améliorations que devront y apporter les découvertes futures. Parmi ces améliorations très-faciles à obtenir et que nous désirons y voir introduire, il suffira de signaler celles que devront subir les proportions de ces chaînes monstrueuses qu’on suppose unir, par l’isthme de Panama , les deux Amériques, et qui, selon la vieille ha- bitude, demeurent excessives. Nous eussions épalement désiré qu'on n'eût pas omis de représenter dans le Chili un grand contrefort parallèle aux Andes, et dont on doit la connaissance à M. Gay, qui prépare, sur une contrée mal connue , bien qu'on en ait déjà tant écrit, un ouvrage important par le grand nombre de faits nouveaux qu'il doit contenir. A ces critiques, qui prouveront avec quel esprit d'impartialité nous avons examiné le géorama, nous ajoute- rons que nous eussions trouvé la galerie d'où le spectateur contemple à la fois l'ensemble de l'univers, plus convenablement placée si elle eût cor- respondu au plan du tropique méridional. L'œil se fût alors trouvé placé vers le centre du monde, d'où il eût mieux saisi les proportions et les rap- ports de chacune de ses parties. N'étant plus aussi élevé dans l'hémisphère boréal, et conséquemment trop éloigné du cercle polaire antarctique, l'ob- servateur ne serait pas contraint, pour distinguer les alentours de ce cercle, d’abaisser presque sous ses pieds des regards plongeants. Quelques per- sonnes, nous a dit M. Guérin, auxquelles nous avons fait part de l'obser- vation, ayant manifesté le désir qu'on pût, dans sa carte, voir l'Europe le plus près possible, il a cru devoir céder à leur exigence; mais il a bientôt senti la nécessité d'abaisser son parquet de 1 mètre au moins, et quand ce ( 907 ) perfectionnement aura été fait, le géorama touchera au plus haut point de perfection qu'une mappemonde de cette espèce puisse atteindre. » Nous nous rappelons avoir entendu dire à notre illustre confrère, M. de Humboldt , au sortir de l'ancien géorama : « Malgré le grand usage que j'ai » fait toute ma vie de cartes géographiques, je ne m'étais jamais, par » exemple, rendu compte de la figure et de l'étendue de la Polynésie, ni de » l'océan Pacifique. Ce que je viens de voir rectifie beaucoup des idées que » je m'étais forgées sur les rapports qu'ont entre elles les terres et les mers. » En effet, quelque habitude qu'on puisse avoir des cartes, il est une multitude de rapports de configurations et de distances dont la manière consacrée de représenter les choses ne saurait donner une idée Juste; quelque opération d'esprit est toujours nécessaire pour régulariser dans la mémoire ce que des nécessités de convention commandent dans la représentation, sur une surface plane, de ce qui est arrondi en réalité. Pourrait-on par exemple, sans sy être habitué par le raisonnement, se figurer comment sont faites les régions circompolaires, d'après une carte selon Mercator, qui les évase jusqu'à les disposer comme le côté d'un carré; ou sur une carte selon Ptolémée, qui les amincit en faisant coincider les méridiens au sommet d'un cône? Il n’en est point ainsi au géorama, où il suffit de tourner la tête et de promener les yeux autour de soi pour apercevoir, dans leurs proportions et leurs situations respectives, chaque chose correspondant exactement où la main même du Créateur les plaça. C’est au géorama qu'on peut comparer, sans le moindre effort d'imagination, les convenances qu'ont entre eux chaque empire, et se rendre compte des causes par lesquelles les plus étendus en surface pourraient bien n'être pas nécessairement les plus grands en réalité. Sous le point de vue politique, l'aspect d’une telle carte n’est donc pas moins utile qu’en géogra- phie naturelle; une séance d’une heure dans son milieu eût à coup sûr épar- gné de grandes fautes à plus d’un homme d'État des temps passés, et beau- coup de pages prétentieusement sonores à de beaux esprits du dernier siècle, qui espéraient faire époque dans les sciences physiques parce qu'ils en écri- vaient emphatiquement. Le cabinet d’un ministre de la Marine serait très- convenablement placé dans le géorama, où les leçons de géographie profite raient beaucoup mieux aux auditeurs les moins intelligents, que celles où le plus habile professeur disserte en face de cartes plus ou moins grandes, et sur lesquelles des topographes de profession semblent se complaire à perpé- tuer deserreurs notoires. La jeunesse surtout se gravera facilement et profon- dément dans le souvenir, en visitant le géorama, la physionomie du monde entier. Les personnes plus instruites doivent également s’y rendre pour re- C.R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, NS 48.) 121 ( 908 ) dresser les fausses notions que leur donnent les cartes sur lesquelles on est ré- duit à défisurer, plus ou moins, les accidents qui singularisent le terrain, les rapports et les distances. On a objecté que toutes ces choses apparaîtraient convexes dans la nature, tandis qu'elles deviennent concaves dans le géo- rama, et dit qu'une sphère de carton devrait donner des idées plus justes. Mais, dans une sphère opaque, on ne peut se faire une idée, en quelque sorte spontanée, de l'ensemble de tout ce qui sy trouve figuré, et il faut la faire tourner ou circuler soi-même tout à l'entour, quand on en veut dis- tinguer successivement la surface, dont l'opacité ne permet pas de discerner . comparativement les formes et les proportions des détails représentés. On est censé, pourrait-on objecter encore, n'y distinguer les choses que de dedans en dehors : qu'importe pourvu qu'on les voie respectivement en leur véri- table lieu; il ne sera jamais nécessaire que d’une opération d'esprit beaucoup moins laborieuse pour obvier à l’unique inconvénient du géorama, qu'aux inconvénients nombreux dont il est de la nature des représentations à plat d'être nécessairement viciées. Aussi devons-nous déclarer que nous avons tiré grand profit, pour notre propre instruction , de quelques heures passées dans ce que nous avions mission de juger. » Après nous être complu dans l'examen du géorama, nous avons en- gagé M. Guérin à compléter son œuvre en y indiquant, par quelques teintes plus foncées à travers les océans azurés, les courants, qui sont d’une si grande importance dans leur histoire, et que les navigateurs sentent la nécessité d'étudier mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'à ces derniers temps. Ces courants, au moins les principaux, représentés dans l'étendue transparente de la sphère, avec la même exactitude que le sont certains détails de géologie sur la partie opaque qui représente la croûte terrestre, y seraient d'un intérêt d'autant plus considérable, que la plupart y rendraient raison d'anomalies jusqu'ici inexplicables dans la distribution géographique des êtres organisés à la surface du globe, où plusieurs espèces d'animaux et de plantes, regar- dées comme propres à de certains climats, semblent s'égarer, comme par caprice, jusqu'en des régions lointaines, qui paraîtraient devoir être sou- inises à des influences atmosphériques fort différentes. » Quand cette addition sera faite, le géorama devra être considéré comme l'image la plus satisfaisante qu’on ait jamais donnée de la planète que nous habitons. Nous pensons qu'on y acquerra, en moins de temps et mieux que de toute autre façon, la connaissance suffisante d'une science géné- ralement assez mal comprise, et dans laquelle il nous semble réellement honteux de ne pas être d'une certaine force, à quelque classe de la société ( 909 ) qu'on puisse appartenir. Le géorama de M. Guérin doit donc puissamment concourir à la bonne direction, ainsi qu'à la généralisation des études géo- graphiques, et nous proposons à l’Académie de témoigner à l’auteur l'intérêt qu'elle porte à son établissement , en l'engageant à ne rien négliger pour le rendre de plus en plus digne de l'attention du monde savant, et de celle du public qui veut s'instruire. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. . CHiMiE. — Vote sur quelques cyanures métalliques ; par M. Bazar. (Renvoi à la Section de Chimie.) « L'étude des cyanures métalliques, quoiqu'elle ait fait l'objet des expé- riences de beaucoup de chimistes, laisse encore des points douteux à éclair- cir, des faits mal observés à rectifier. J'ai entrepris quelques recherches dans le but d'obtenir certaines combinaisons analogues au prussiate jaune, et d'éclairer ainsi les chimistes sur la véritable constitution de ce composé, par l'examen des combinaisons analogues. Elles m'ont amené à observer, sur les combinaisons du cyanogène avec le cuivre et le manganèse, quelques faits nouveaux dont je poursuis l'étude, mais dont je désire communiquer, dès aujourd’hui, les plus saillants à l'Académie. » Quand on traite l'oxyde de cuivre par de l'acide cyanhydrique, ou qu’on précipite un sel de cuivre par une dissolution de cyanure de potassium, il ya formation d'un précipité jaune que l'on a cru, jusqu'à aujourd'hui , être un cyanure d'une constitution correspondante à celle du bioxyde. » J'ai constaté que, dans cette réaction, il y avait élimination de cyano- gène, en proportions variables, et que, selon des circonstances à la recherche desquelles je suis encore, on obtenait tantôt du protocyanure blanc, tantôt le cyanure jaune, dont la constitution est intermédiaire entre celle du proto- cyanure et celle d'un cyanure correspondant au bioxyde; celui-ci reste à découvrir. » Ge composé jaune de cyanure et de cuivre est susceptible de se dissoudre aisément dans le cyanure de potassium; mais cette dissolution s'effectue avec une nouvelle élimination de cyanogène, et l'on obtient ainsiun cyanure double anhydre, du cyanure de potassium et du protocyanure de cuivre réunis équivalent à équivalent. 121. (gro » Ce cyanure double s'obtient aussi directement quand on dissout à chaud me protocyanure de cuivre dans du cyanure de potassium. » Ce composé présente une ressemblance très-grande avec le cyanure double que l’on obtient sous la forme de belles lames cristallines, en dissolvant du cyauure d'argent dans une dissolution chaude de cyanure de potassium. {a constitution de ce composé est la même que celle du composé précédent. Le cyanure de nickel peut aussi se combiner avec le cyanure de potas- sium, mais ce composé est jaune et contient 1 équivalent d’eau. » Le précipité que forment les dissolutions de cyanures alcalins dans les sels de manganèse ne se dissout pas sensiblement dans le cyanure de potas- sium en excès, et mes recherches pour obtenir un composé du manganèse analogue, ou prussiate jaune, ont été jusqu'ici infructueuses ; mais si l'on expose ce précipité à l'air, il se colore et se dissout alors abondamment dans le cyanure de potassium, et donne lieu, par le refroidissement ou l'évapora- tion de la liqueur, à de longues aiguilles cristallines qui présentent, avec le prussiate rouge de potasse , une analogie parfaite d'apparence et de nature Ce composé, qui établit ainsi entre le chrome et le fer un lien de ee : est beaucoup moins stable que le composé analogue du fer; il se décompose par l’eau et même l'alcool; la solution de cyanure de potassium est son vé- ritable dissolvant. Sa dissolution, versée dans les dissolutions métalliques , donne lieu à des précipités qui se décomposent aussi fort aisément et qui présentent des teintes diverses; parmi ces teintes, je signalerai celle d'un bleu de cobalt qu'il pro- duit dans les sels de protoxyde de fer, et la teinte rose que possède le préci- pité formé dans les sels de zinc. Cette teinte est absolument la même que celle que développe la même dissolution dans les sels de cadmium. Le sesqui- mangano-cyanure de potassium peut devenir des lors un réactif utile pour reconnaître les dissolutions de ces deux métaux. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la théorie des équations differen- tielles; par M. J.-A. Serrer. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) Des considérations particulières, dont on trouve le développement dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, m'ont conduit à quelques théorèmes généraux qui, je crois, jetteront quelque lumière sur la théorie des équations différentielles et de leurs solutions singulières. » Je me contenterai, dans cet extrait, de donner les énoncés de quelques- uns de ces théorèmes. (911) » 1% Théorème. Désignons par & et 8 deux constantes arbitraires, et sup- posons que les équations dy dry ( o (æ, JT lan? ==) = ©, dy de ( d (er 2 7) =; (1) soient deux intégrales premières d'une même équation différentielle de l'ordre m + 1, 8 = O0; on pourra toujours ramener l'intégration d'une équation de la forme (2) F(?, 4) = o à celle d'une équation de l’ordre m —1, et cela quelle que soit la forme de la fonction F. » Soit (3) (>, PRE _— &, 6) = 0 l'équation qui résulte de l'élimination de _ entre les équations (1): l'inté. grale générale de l'équation (3) fera connaître celle de l'équation (1); et de plus, à chacune des solutions singulières de l'équation (3), correspondra une solution singulière de l'équation (2). » 2° Théorème. L'équation (2) peut encore admettre d'autres solutions singulières que celles dont on vient de parler; celles-ci satisfont nécessaire- ment à une équation différentielle de l'ordre (m — 1) que l'on obtient en éli- minant & et 6 entre les équations F(«, 6)=0, dy dm—1 HE _— À, Tama? s 6) — O0, df df da _ dé ÆE - dE, da dê » Corollaire. Les théorèmes précédents fournissent quelques considéra- (912 ) tions nouvelles relatives à la théorie des développantes des courbes planes. Ils permettent, dans un grand nombre de cas, d’abaisser l'ordre des équations différentielles ; ainsi, par exemple, ils fournissent immédiatement, et sans in- tégration, l'équation, sous forme finie, des lignes de courbure des surfaces du second ordre. » 3° Théorème. Si gi, 92,..., On+1 Sont des fonctions de x, y, D 2% 9 dx den et que les équations 9, — constante, - ù » — Constante, On1 — CONStante, soient 2 -+1 intégrales premières d'une même équation différentielle, on pourra toujours ramener l'intégration de l'équation F(o,, Paye.) Ge) —I0 à celle d’une équation de l'ordre m — n, et cela quelle que soit {la forme de la fonction F; on peut également connaître les solutions singulières de l'équa- tion précédente. » 4° Théorème. Toute équation différentielle dy d'y Ar TE o et 4 étant des fonctions de x, y, assujetties à la condition que les équations @ — constante, d — constante, soient deux intégrales premières d'une même équation différentielle." » 5° Théorème. Une équation différentielle de l'ordre m, outre sa solu- tion générale, peut admettre 2”— 1 solutions singulières distinctes, mais elle ne peut en admettre davantage. » NE (913) CHIRURGIE. — Recherches sur les blessures des vaisseaux sanguins ; par M. Auussar; deuxième partie. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) L'auteur résume dans les termes suivants les conclusions qui se déduisent des recherches exposées dans son Mémoire : « 1°. Lorsqu'une artère, coupée en travers dans une grande plaie, cesse spontanément de donner du sang, c’est une erreur de croire que c'est par le spasme, l'éréthisme , la contraction de l'artère que ce phénomène survient, comme on le professe généralement ; » 2°. La cessation de l'hémorragie est produite par un obstacle physique, par un caillot sanguin qui ferme et obstrue complétement l'extrémité du vaisseau. » J'ai établi ce fait par des expériences directes sur les animaux vivants et même par des.observations recueiilies sur l'homme. » 3°. En observant une artère divisée complétement, on voit tout d'abord qu'elle donne à plein jet, et on distingue le bout du vaisseau saillant au-dessus du niveau de la plaie; bientôt on observe une saillie rouge, conique, et le jet diminue ; enfin il cesse entièrement et l’on aperçoit alors une petite saillie rouge, mamelonnée, une sorte de moignon qui est soulevé à chaque pulsa- tion du cœur. C'est le caïllot spontané où bouchon obturateur, que l'on ob- serve également sur l'homme comme sur les animaux. » 49. Ge caillot spontané n'est pas simplement un bouchon, comme je: l'avais d’abord supposé ; c'est une espèce de capuchon ou cône creux, soudé et faisant corps avec le rebord ou pourtour de l'ouverture artérielle, et parti- culièrement avec la membrane celluleuse. » Il résulte de cette disposition que le tube artériel se prolonge dans le caillot et se termine en cul-de-sac : si l’on coupe transversalement ce caillot conique , à différentes distances, entre son sommet et l'extrémité de l'artère divisée, on trouve un trou ou canal central dont le diamètre diminue à me- sure qu'on s'éloigne de la section du vaisseau. Ce fait explique parfaitement la diminution progressive du jet de sang et l'obturation complète de l'artère. » 5°. Le fait de la formation du caillot spontané obturateur est d'une grande importance pratique pour les chirurgiens; car, au lieu de chercher l'orifice béant d'une artère divisée, comme on l'enseigne dans les cours et dans les livres , ils devront chercher un caillot et non pas une lumiere artérielle, comme sur les cadavres après les manœuvres opératoires. (914) » 6°. Ladifficulté de trouver un vaisseau obturé par ur caillot, lorsqu'on n'a pas appris à le reconnaître sur les animaux vivants, et les accidents graves qui en résultent, doivent engager les chirurgiens à faire des études auxquelles on ne peut se livrer ni dans les livres, ni sur le cadavre, ni en opérant sur l'homme, mais seulement en ayant recours aux vivisections. » 7°. Enfin, mes expériences et les faits observés sur l'homme prouvent qu'il ne faut pas trop se hâter d'abandonner les recherches auxquelles on s'est livré pour trouver un vaisseau que l'on croit obturé définitivement, car des hémorragies graves peuvent survenir malgré la compression et le tampon- nement. Les faits malheureux abondent à l'appui de cette proposition. » CHIRURGIE. — Note sur l’heureux emploi du mucilage de gomme arabique et de la baudruche dans le traitement des plaies suppurantes; par M. Laucrer. ( Extrait.) (Commissaires, MM. Roux, Velpeau.) « J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que je viens de mettre en usage, à l'hôpital Beaujon , un mode de pansement des plaies suppurantes qui leur donne les avantages de la réunion immédiate, quel que soit l'écartement de leurs bords, et à l’aide duquel la cicatrisation est obtenue avec une remar- quable rapidité. » Le même pansement peut convenir aux plaies récentes dont les bords ne sont pas rapprochés, et tout fait présumer que, pour celles dont les lèvres peuvent être réunies, il est préférable aux moyens ordinaires de réunion im- médiate usités dans les hôpitaux, parce qu'il s'oppose plus exactement au contact de l'air et de tout corps nuisible. » Ce pansement est d'une grande simplicité, puisqu'il suffit, pour le faire, d'une solution épaisse de gomme arabique et d'un morceau de peau de bau- druche; appliqué à des plaies en pleine suppuration et déjà couvertes de bourgeons charnus , il semble arrêter, ou plutôt diminuer le travail de la sup- puration , et accélérer celui de la cicatrisation. » Une plaie de 30 millimètres en tous seus, couverte de granulations et de suppuration louable, n'avait plus, au bout de cinq jours, que 10 millime- tres de long sur 5 millimetres de large ; la cicatrice avait marché avec une telle rapidité, que les granulations recouvertes d'un épiderme fin étaient aussi nombreuses et aussi visibles qu'en pleine suppuration. On pouvait toutefois toucher cette cicatrice récente sans causer la moindre sensation doulou- reuse. (915) » Plusieurs malades, dans des conditions analogues , sont déjà guéris ou en voie de guérison rapide. J'ai appliqué ce pansement à la plaie d'une am- putation du sein , de 10 à 12 centimètres«le longueur sur 3 à 4 de profondeur, très-enflammée, couverte de suppuration abondante, et dés le lendemain, celle-ci avait beaucoup diminué sans qu'il y eût rétention du pus au fond de la plaie. La mamelle pouvait être pressée sans douleur, et la surface de la plaie visible sous la peau de baudruche sèche et adhérente pouvait être pal- pée dans toute son étendue sans douleur. Après quarante-huit heures, l’état de la plaie est le même; une petite quantité de sérosité purulente a suinté à l'extrémité externe de la plaie; l'état général de la malade est parfait. » Je me propose d'adopter, sous peu de jours, le même pansement pour la plaie d'une amputation de la cuisse que je vais pratiquer. » Je n'attribue à la gomme et à la baudruche aucun autre rôle que de cou- vrir plusexactement, et, si je puis le dire, plus hermétiquement la surface et les bords des plaies. Si l'on a cherché, jusqu'ici, à hâter la cicatrisation des plaies par la méthode des pansements tardifs, ou en les recouvrant avec des substances auxquelles on attribuait des propriétés spécifiques merveilleuses, on n'a pas entrepris, que je sache du moins, d'arrêter ou de modérer le tra- vail de la suppuration par l'application de substances aussi inertes que la so- lution de gomme et la baudruche. Les emplâtres simplement adhésifs ne sont pas d’ailleurs applicables aux larges plaies qui suppurent. » On sait bien déjà que certaines plaies, qui ne se réunissent pas par première intention, se cicatrisent sous des croûtes formées par le sang et la suppuration desséchés à leur surface (et je ne doute pas qu'avec le mode de pansement que je propose, on n'obtieune un résultat qui, au point de vue de la physiologie pathologique, puisse être considéré comme analogue); mais on sait que ces croûtes nese forment, en général, avec une solidité suffisante, que sur des plaies superficielles et de peu détendue; on sait qu’elles ne se forment pas sur les grandes plaies en pleine suppuration. Un seul exemple, je crois, cité par Hunter, prouve qu'à la rigueur cela n'est pas impossible. » Tel est le but principal de la méthode de pansement que je propose; elle permettra, je l'espère, de fermer aussi plus exactement qu'avec les emplâtres adhésifs, les plaies qui résultent des opérations sanglantes, une fois le premier suintement séro-sanguin arrêté, et de placer les solutions de continuité profondes faites à travers des plaies tégumentaires étendues dans des conditions très-rapprochées de celles qui se pratiquent par les méthodes dites sous-cutanées. Ce serait augmenter les chances de succès des grandes opérations de la chirurgie, C.R., 1844, 2Me Semestre. (T. XIX, N° 48.) 122 (916) » En m'arrêtant à ce résultat, j'aurais déjà, ce me semble, fait une acqui- sition précieuse pour la pratique chirurgicale; mais je dois ajouter que j'ai été conduit à ces essais de pansement par des vues théoriques très-générales sur la terminaison de linflammation par suppuration, et sur les usages du pus par rapport aux surfaces qui le fournissent. J'espère démontrer que, de- puis les immortels travaux de John Hunter, 6n a considéré d'une manière trop absolue la suppuration comme diamétralement opposée et contraire au travail de la réuniou des parties divisées, et au produit de l'inflammation adhésive. » PATHOLOGIE. — Sur la communication de la syphilis à des Quadrumanes, des Carnassiers et des Rongeurs; Note de M. Auzras Turenne. (Commissaires, MM. Serres, Roux, Rayer.) « L'administration éclairée du Muséum d'histoire naturelle, si bienveil- lante quand il s’agit d'encourager les travaux utiles, ayant mis à ma disposi- tion quelques singes, j'ai pu constater par plusieurs expériences la péssibilité d'inoculer la syphilis à ces mammifères. J'ai consigné le résumé de ces expé- riences dans un paquet cacheté dont j'ai prié l'Académie d'accepter le dépôt dans la séance du 30 septembre dernier. » Depuis cette époque, j'ai communiqué la syphilis au chat, au chien et au lapin. » Ces résultats ne sont que les prémices de recherches que j'ai entreprises, et que je me propose de soumettre, quand elles seront terminées, au juge- ment de l'Académie. Mais, comme il s’agit d’un fait important que Hunter et ses successeurs ont en vain essayé de produire, je prie l'Académie de vouloir bien, en le faisant constater par une Commission, m'honorer de son suffrage et deses conseils. » M. Lacaucnre soumet à l'Académie la première partie d'un travail ayant pour titre : Études hydrotomiques et micrographiques. « Dans ce Mémoire, dit l’auteur, je fais connaître quelques-uns des ré- sultats auxquels je suis arrivé à l’aide des injections continues d'eau , nouveau procédé pour les recherches anatomiques, que j'ai désigné sous le nom d’hydrotomie. ». En appliquant ce procédé à l'étude de l'estomac et des intestins gréles , j'ai pu bien déterminer la disposition des fibres musculaires longitudinales. Je crois être parvenu à démontrer que la tunique celluleuse est bien diffé- (917) rente de la tunique fibreuse , et à faire voir comment se comportent dans son épaisseur les vaisseaux sanguins et chylifères. » En traitant de lamême manière le gros intestin, j'ai vu la tunique in- terne s’en détacher avec une grande facilité. J'ai découvert dans cette tunique ua nombre infini de petites ouvertures irrégulières , dont je ne me rendais pas bien raison tant que mes recherches ne portaient que sur l'homme, mais que j'ai reconnues, en portant mes investigations sur le chien, comme les extré- mités ouvertes de tubes qui, par leur nombre, constituent un appareil sécré- teur très-puissant. Cet appareil, au reste, comme je m'en suis plus tard assuré, ne se borne pas au gros intestin, mais s'étend aussi aux parties supérieures du tube digestif. En considérant l'étendue et l'importance de cet appareil, je ne concevais guère qu'il eût pu échapper aux investigations des auatomistes, et, en effet, j'en ai trouvé bientôt l'indication dans un Mémoire de Galeati (Recueil des travaux de la Société de Bologne , année 1737). Cette découverte a dû passer inaperçue dans le grand débat qui avait lieu entre les partisans du système de Malpighi et du système de Ruisch. Cepen- dant le triomphe qu'ont obtenu les derniers n’est peut-être pas définitif, et je penche à croire que la vérité était du côté du grand anatomiste italien. J'ai cherché , dans mon Mémoire, à démontrer que la disposition cave de la membranule sécrétante de Malpighi n’est qu'une circonstance secondaire, et que la nature l'a fréquemment développée, non plus en la déprimant, mais en la projetant. Il est évident qu'avec les idées qu'on se faisait des glandes, on a dû souvent méconnaître celles qui se présentaient avec ce ca- ractère, et que je trouve surtout dans les cavités closes , les articulations con- tiguës, le péricarde, les plèvres, le péritoine et l’arachnoïde. » (Commission précédemment nommée.) M. Deverce soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Du cuivre et du plomb qui se trouvent naturellement contenus dans les organes de l’homme. « L'auteur annonce avoir eu pour but dans ce Mémoire : » 1°. De rappeler qu’il est, avec Hervy, l’auteur de la démonstration de l'existence de ces deux métaux dans les organes de l'homme; » 2°. De faire voir que si MM. Danger et Flandin nient l'existence de ces métaux dans ces organes, c'est qu'ilsse servent pour les rechercher d’un pro- cédé qui ne les met pas à nu; » 3°. De montrer que la présence de ces métaux dans nos organes coïncide avec les recherches antérieures faites sur un grand nombre de végétaux ; 122. ( 918 ) » 4°. De faire connaître le procédé qu'il a suivi pour démontrer l'existence du cuivre et du plomb; » 5°. De prouver que l'expression normal, employée pour les qualifier, est faussement appliquée et qu'il ne s'en est jamais servi. » (Commission de l’arsenic.) MM. Barse, Lawaux et Focux adressent une Note sur le même sujet. Déjà, dans une communication précédente, M. Barse annonçait avoir constaté la présence du plomb et du cuivre dans le foie et le canal intestinal de deux individus morts dans les hôpitaux de Paris, et citait, comme confir- matifs des résultats qu'il avait obtenus, ceux auxquels étaient arrivés de leur côté MM. Lanaux et Follin opérant sur les deux mêmes cadavres (voir le Compte rendu du 14 août 1843). Aujourd'hui ces trois chimistes, après avoir répété en commun leur travail, en agissant sur le cadavre d’un individu éga- lement décédé dans un hôpital de Paris, déclarent qu'ils persistent dans l'opi- nion qu'ils avaient précédemment émise, savoir : « que des experts chargés d'une investigation médico-légale peuvent trouver, dans les organes d’un individu qui aura succombé à une mort naturelle, des traces sensibles d’une substance réputée vénéneuse, du cuivre et du plomb par exemple. » Toutefois, ajoutent-ils, d'après des expériences qui ont été indiquées, et dont nous avons constaté l'exactitude, nous croyons qu'il est possible de reconnaître si le cuivre et le plomb trouvés dans un cadavre proviennent d'un empoisonnement qui a causé la mort, ou si ces métaux existaient dans l'économie à l’état constitutionnel. » (Renvoi à la Commission de l'arsenic.) M. Deusnski présente un nouveau Mémoire sur son mode d'occlusion du tube pneumatique dans les chemins de fer atmosphériques. Ce Mémoire est accompagné d'une figure. (Commission précédemment nommée.) CHIRURGIE. — Traitement de la gastralgie et des névralgies du plexus cardiaque, par l'ébranlement nerveux de la branche pharyngienne des nerfs pneumo-gastriques ; par M. Ducros. (Commission précédemment nommée.) M. Levarcranr, commandant de Philippeville et membre de la Commis- (919 ) sion scientifique de l'Algérie, adresse une Note relative à un Lotus (jujubier) qu’il considère comme appartenant à une espèce non décrite. « Par son port comme par ses feuilles, dit M. Levaillant, cet arbre diffère notablement de ses congénères. Son fruit, dont j'envoie quelques spé- cimens, est agréable au goût. Les indigènes lui attribuent des propriétés merveilleuses, et cette circonstance, jointe à d’autres qui résultent de nos observations personnelles, me porte à penser que cette nouvelle espèce pourrait bien être celle à laquelle se rapportent les fables si connues des anciens. » (Commissaires, MM. Ad. Brongniart, Gaudichaud.) M. Menicr envoie de Pise un Mémoire, écrit en italien, sur l'asparagine qu'on obtient de la J’escia sativa à l’état d’étiolement, et sur la source de l'azote que renferme la plante dans cet état. Les recherches de M. Menici avaient été déjà mentionnées dans une Note adressée à l’Académie, par M. Piria et dans une Lettre de M. Gaultier de Claubry. (Voir le Compte rendu de la séance du 16 septembre et celui de la séance du 14 octobre, pages 557 et 774.) (Commissaires, MM. Pelouze, Regnault, Payen.) M. E. Ronzrr se fait connaître comme auteur d’une Note, précédemment adressée, sur un moyen destiné à prévenir l’écrasement des wagons dans ke cas de choc produit, soit par l’arrét subit des wagons précédents, dans le cas de déraillement, soit par la rencontre de deux trains marchant en sens oppose. Lorsqu'elle. était parvenue à l’Académie, la Note n'était signée que des initiales de M. E. Robert et n'avait pu, d’après un article du règlement, être renvoyée à l'examen d'une Commission. (Commission des chemins de fer.) M. le Secrétaire PERPÉTUEL rappelle que parmi les pièces adressées pour le concours concernant la production de la voix, il en est une que l'auteur avait envoyée sous pli cacheté, avec prière de n’ouvrir le paquet que sur la demande qu'il en ferait : l'examen des pièces étant commencé, il est bon que l’auteur puisse savoir que s’il ne faisait pas connaître à temps son intention, son Mémoire serait considéré comme non avenu. ( 920 } CORRESPONDANCE. AGRONOMIE. — Lettre de M. le Mivisrre DE La Guerre concernant les essais faits par ses ordres en Algérie pour la culture du pavot et la récolte de l’opiumn. « Daus ses Rapports du 4 novembre 1843 et du 12 février 1844, l'Aca- démie des Sciences a constaté l'excellente qualité de l'opium récolté en Al- série, que J'avais soumis à son examen. Elle a émis, en même temps, l'avis qu'ane expérience prolongée était indispensable pour décider l'opportunité de cette culture sous le rapport économique. » Conformément aux conclusions des Rapports précités, j'ai donné des instructions à M. le directeur de l'intérieur pour que de nouveaux essais fus- sent tentés, tant à la pépinière centrale du Gouvernement que par les soins de M. Simon, sur un terrain que je lui ai fait remettre à cet effet. » Ce fonctionnaire vient de me transmettre les produits obtenus à la pépi- niere centrale, ainsi que le Rapport dans lequel M. Hardy, directeur de cet établissement, lui rend un compte détaillé de ses opérations et des résultats qu'elles ont donnés. » M. Hardy a récolté 2“!,350 d'opium. Les pluies continuelles et les vents froids qui, cette année, se sont prolongés jusqu'au commencement de juillet, ont été nuisibles à la récolte, et M. Hardy estime à un quart la perte qui a été occasionnée par le mauvais temps. » M. le directeur de la pépinière a, en outre, mis sous presse 1 décalitre de graines de pavot. Il a obtenu, d'une première pressée à froid, 1“!,972 d'une huile très-colorée, d'une saveur douce et agréable, et, par une se- conde pression, après avoir chauffé le tourteau et ajouté £ d’eau, 0“!,590 d'une huile plus âcre : ce qui porte le rendement total à 21,562. » J'ai l'honneur de vous envoyer ces échantillons divers, ainsi qu'une cer- taine quantité de graines de pavot; j'y joins une copie du Rapport intéressant adressé par M. Hardv, sur ce sujet, à M. le directeur de l'intérieur. » Je vous transmets également 525 grammes d'opium récolté par M. Simon (de Metz), d'apres des procédés qui lui sont propres, et qui paraissent être le fruit d'une intelligente étude et d'une longue expérience. » Je vous prie, monsieur le Secrétaire perpétuel, de vouloir bien commu- niquer à l'Académie iles Sciences le Rapport ci-joint, ainsi que les échau- tillons dont il vient d’être parlé, afin qu'elle en fasse l'objet d'un examen (g2r ) spécial dont j'aurai soin de faire publier les résultats. J'ai lieu d'espérer qu'elle trouvera dans ce nouvel examen l'occasion etles moyens de se fixer sur les avantages que la culture du pavot pourrait offrir aux cultivateurs algériens , et de me fixer moi-même sur le degré d'encouragement que je devrais lui accorder. » Le Mémoire de M. Hardy, et les produits qui accompagnent la Lettre de M. le Ministre, sont renvoyés à l'examen de la Commission qui a fait le Rap- port sur de précédentes communications relatives aux cultures de l'Algérie. + M. le Ministre DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE écrit relativement à la décou- verte qui vient d'être faite, dans une carrierc à plâtre de l'arrondissement de Saint-Denis, d’une pétrification que l'on désigne comme un anthropolithe. MM. Alex. Brongniart, de Blainville et Flourens sont invités à prendre connaissance de cette pièce et à en faire l'objet d'un Rapport à l’Académie. M. Frourexs présente, au nom de l’auteur, M. F. Dusannn, l'Histoire naturelle des Helminthes , et appeile l'attention sur les longues et laborieuses recherches qu'a dû exiger la composition d’un pareil ouvrage. Dans dix années d'une étude presque exclusivement consacrée à ce sujet, M. Dujardin, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même, a disséqué ou exploré plus ou moïns complétement, pour y chercher ces vers, 2 400 animaux vertébrés appartenant à 200 espèces environ, et 300 invertébrés; il arecueilli et étudié vivants plus de 250 espèces d'helminthes. « Rudolphi, remarque l’auteur, en avait vu ou trouvé 368 dans 476 espèces de vertébrés. Toutefois, la plu- part de ces helminthes avaient été à peine étudiés précédemment, et je pouvais-me croire assez riche de faits et d'observations nouvelles pour en faire le sujet d'une publication. Mais à mon arrivée à Paris, au mois de juillet, et lorsque déjà mon livre était sous presse, M. le professeur Valenciennes a bien voulu me confier tous les objets de la collection helminthologique du Mu- séum, comprenant deux envois faits par le Muséum de Vienne, en 1816 et 1841. Or, M. Valenciennes avait lui-même commencé, sur les helminthes, des travaux importants qu'il doit publier et que nous avons l’occasion de citer; je ne saurais donc le remercier assez de ce procédé généreux, pour le- quel je lui offre publiquement l'expression de ma profonde gratitude: . » M. Dessrrerz fait hommage, au nom de l'auteur, M. Ducneun Bois-dousse, d'un Traité élémentaire de musique. (Voir au Bulletin bibliographique.) M. Girou pe BuzarenGues écrit relativement à quelques observations quil . a faites sur la tendance des tiges de végétaux à se diriger vers la lumière, ( 922 ) et sur leur tendance à se diriger verticalement en haut quand elles sont tenues dans une obscurité complète, aussi bien que lorsqu'elles sont exposées à la lumière diffuse. caiMi. — Réclamation de M. Jacquezanx à l’occasion de la Note de M. Peligot intitulée : « Sur un moyen d'obtenir certains métaux parfaitement purs.» « Je regrette vivement que la communication de M. Peligot, adressée le 30 septembre 1844 à l'Académie des Sciences, m'ait imposé l'obligation de faire connaître avant le temps les principaux résultats des recherches entre- prises depuis quelques années sur la préparation de corps purs, simples ou composés, dans le but de reprendre la détermination de quelques équi- valents. » En effet, la précipitation dans le travail, et surtout dans la publication, entraîne à des inconvénients si graves pour la science, que jamais je ne con- sentirai à spéculer sur la fréquence des mentions ou des annonces, quand même il y aurait quelque dignité à suivre ce plan de conduite. » M. Peligot a donné à sa Note le titre suivant : Sur un moyen d'obtenir certains métaux parfaitement purs. I consiste à décomposer certains chlo- rures métalliques sous l'influence de la chaleur et d’un courant de gaz hydro- gène sec et pur; mais, de l'aveu de M. Peligot, ce procédé n'est pas nouveau ; puis il termine en disant: « Je ne pense pas que l'on ait jamais obtenu le » fer doué de tous ces caractères métalliques dans l’état de pureté que pré- » sente l'échantillon que vous voulez bien mettre sous les yeux de l'Aca- » démie. » » Il est si peu nouveau, en effet, que les ouvrages modernes en font men- tion (r); enfin, c’est par ce procédé que je préparai, en 1842 et 1843, avec des échantillons de divers chlorures métalliques tres-purs, les métaux qui leur correspondent. » Ces produits, pour la plupart connus de M. Dumas, je les ai montrés à M. Peligot et déposés sur la table de l'amphithéâtre, suivant l'opportunité de ses leçons. » Ceux que j'ai fait connaître à M. Peligot sont les chlorures de chrome, de nickel, de fer, de cuivre, l'iodure de cuivre, le fer pur réduit de l'oxyde et mis en lingot à froid, le fer en feuillets papiracés souples, brillants et d'apparence cristalline provenant du prochlorure anhydre réduit par Fhy- drogène; le cuivre, préparé dans les mêmes conditions, offrant des carac- (1) Poyez Taenan», t. IL, p. 29; et Dumas, t. IE, p. 137. ————_——— ( 923) tères tout à fait semblables à ceux du fer, si ce n’est qu'il présente en diffé- rents points la teinte purpurine due aux réflexions successives de la lumière sur les masses de filaments métalliques; le palladium, également réduit du chlorure. Toutes ces préparations ont été admirées de MM. Masson et Burat, professeurs à l'École centrale. » Je sais bien que l'oubli et l'ignorance d'un fait s'équivalent, dans les conditions de délicatesse où je me plais à placer M. Peligot; mais je n’en suis pas moins surpris, d’une manière fort étrange, de le voir si mal servi par sa mémoire. » Enfin, si quelques doutes pouvaient encore planer sur mes assertions, on conviendra sans peine que les échantillons variés mis sous les yeux de l’Académie , les procédés de préparation, la discussion des faits par l’ana- lyse et la rédaction, ne sont pas une œuvre improvisée en quinze jours. » Quant à la remarque pleine de justesse faite par M. Dumas, à Foccasion de la Lettre de M. Peligot, je m’estime très-heureux de pouvoir m'y asso- cier. C’est en vue de ces considérations, en effet, que je préparai en 1842, par un procédé nouveau je pense, du cadmium, du bismuth, de l’anti- moine, du mercure et du zinc, dont M. Regnault a pris la chaleur spé- cifique. (Je veux parler de la distillation de ces métaux dans un courant d'hydrogène. Foir mon Mémoire sur le zinc, 4nnales de Chimie et de Physique, 3° série, tome VIT, pages 203 et 204.) Ces produits sont égale- ment déposés sous les yeux de l'Académie. » A l'époque de cette présentation, la révision des équivalents devenait un travail non-seulement à l’ordre du jour, mais encore une tâche dont l’ac- complissement avait été jugé indispensable en France. » Cependant ces faits et ces préparatifs ne pouvaient pas être ignorés de M. Dumas, car jusquen 1843, les dix Mémoires que j'ai publiés lui ont toujours été confiés, pour savoir s'ils méritaient l'attention de l'Académie ; souvent même quelques points ont été corrigés par lui, et je l'en remercierai toujours avec bonheur. Je le répète à dessein, tout le monde peut com- mettre des oublis involontaires. Quoi qu'il en soit, ces métaux purs ont passé inaperçus, tout aussi bien que mon Mémoire sur le moyen d'ob- tenir le platine cristallisé. Pour me contenter d’effleurer le sujet, j'ajouterai enfin que le 3 mai 1842, les dix-neuf composés définis nouveaux (1) appar- (1) Voici les noms provisoires de ces composés : résine d’indigo, combinaison de brésiline, combinaison d’hématine, autre matière jaune de la garance, véritable purpurine, orella- C.R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, N° 48.) 123 ( 924) tenant au règne végétal et animal, déposés sur le bureau de l'Académie , avec Notes, analyses et Mémoires à l'appui, ont eu le même sort. » Si donc il y a quelque mérite à obtenir des corps simples purs, par des procédés connus, je crois avoir mis les chimistes en état de prononcer entre M. Peligot et moi, soit pour la priorité, soit pour le nombre des produits. » Réponse de M. Peucor à la réclamation de M. Jacquelain. Je ne comprends pas du tout le but de la réclamation de M. Jacquelain : ; Ce chimiste ne réclame pas, en effet, la priorité pour le procédé de AR des métaux par les chlorures et l'hydrogène , car ce procédé n'est pas nouveau, ainsi que je l'ai dit dans la Note qui accompagnait l'échan- tillon de fer cristallisé qui a été présenté à l’Académie : il l'établit lui-même en citant les pages des passages des ouvrages de MM. Thenard et Dumas où il est question de cette méthode. » I dit qu'il a montré à M. Dumas divers métaux obtenus par ce procédé, et qu'il a mis sur la table de mon amphithéâtre, pour mes leçons à l'École centrale , divers chlorures et « le fer pur provenant de l'oxyde, et mis en lingots à froid , le fer en feuillets papiracés, souples, brillants et d'ap- » parence sstdlline, provenant du protochlorure anhydre réduit par l'hy- n De SUR du cuivre préparé dans les mêmes conditions , etc. » Je me rappelle seulement avoir vu un bel échantillon de cuivre préparé par M. Jacquelain ; je n'ai pas vu Le fer en feuillets papiracés dont parle ce chimiste qui n’a, d'ailleurs, présenté à l'Académie que le chlorure qui doit servir à préparer ce métal: j'ai toujours ignoré la manière dont il avait obtenu ce cuivre, et je me suis bien gardé de le questionner sur ce point , sachant qu'il fait, en général, mystère de ses travaux, et redoutant, en outre, sa ten- dance à élever des réclamations de priorité qui, quelquefois, comme dans le cas actuel, ne reposent que sur des malentendus. M. Jacquelain ne dit pas d’ailleurs et ne peut pas dire , car son assertion seraitinexacte, qu'il m'a communiqué le procédé par lequel il a obtenu les métaux dont il fait mention. Ce procédé, je le répète , il ne le réclame pas, puisqu'il convient qu'il nest pas nouveau. Je ferai d’ailleurs remarquer qu'en supposant que ma mémoire me mine B', orellamine C/; curcumine, colle de poisson combinée , gélatine, albumine, fibrine, sluten , caoutchouc, combinés; coton, lin, chanvre, papier, formium alterés. ( 925 ) serve mal dans cette circonstance, le fer que j'ai présenté à l'Académie n'en est pas moins digne de fixer son attention, comme offrant des cristaux octaédriques très-nels et comme étant en grande partie sous la forme d’un tube métallique, homogène et malléable produit à la température du rouge naissant. » Il semble que M. Jacquelain réclame seulement parce qu'il suppose que j'ai cherché à obtenir des métaux purs, tandis que je n'ignorais pas qu'il s'oc- cupait du même sujet. On sait que j'ai été conduit d’une manière incidente à traiter cette question, mon but principal étant d'étudier l’action de l'hydro- gène sur certains chlorures pour obtenir des produits de la nature du pro- tochlorure de chrome et du sous-chlorure d'uranium. » Je n’attachais pas d’ailleurs une grande importance à cette communi- cation, car j'avais apporté à l'Académie l'échantillon de fer qui fait l'objet de la donble réclamation de M. Jacquelain, dans l'intention de le montrer seule- ment à quelques personnes qu'il pouvait intéresser plus particulièrement, notamment à M. Mitscherlich, à M. Regnault et à M. Dumas, qui ont pensé qu’il était digne d'être présenté à l'Académie. » M. Dumas rappelle qu'il a déjà déclaré, dans la dernière séance, avoir tou- jours ignoré que M. Jacquelain ait préparé du fer, en réduisant le chlorure de fer par l'hydrogène. M. Masson, qui est cité par M. Jacquelain dans sa Note, a prié M. Dumas de faire la même déclaration en son nom. CHIMIE. — Action de quelques bases organiques sur la lumière polarisée ; Note de M. Auc. Laurenr. « On sait, d'après les expériences de M. Bouchardat, que les alcalis orga- niques et leurs sels exercent une action sur la lumière polarisée. » Je venais de découvrir deux nouvelles bases artificielles, l'amarine et la lophine, lorsque M. Biot m'engagea à examiner si ces deux substances pos- séderaient aussi un pouvoir rotatoire. » Comme, jusqu'à ce jour, l'on n’a rencontré aucun corps artificiel doué de ce pouvoir, à moins qu'il ne vint d’une substance qui le possédait déjà, il était intéressant de chercher si les alcalis ordinaires comme la quinine, la morphine, etc., doivent leur action sur la lumière polarisée à leur pro- priété basique, et si, par conséquent, des alcalis artificiels auraient une ac- tion semblable. » M. Biot ayant bien voulu mettre ses instruments à ma disposition, j'ai 123.. ( 926 ) soumis à l'expérience des dissolutions alcooliques d'hydrochlorate de lophine et d'amarine. » On ne peut pas employer ces bases libres, parce qu’elles sont trop peu solubles dans l'eau, l'alcool et l'éther. J’ai même été obligé d'opérer sur une dissolution d'hydrochlorate de lophine saturée et chauffée à 6o degrés en- viron. » Ces deux sels n’ont imprimé aucune déviation appréciable au plan de polarisation. » Cette différence d'action entre les alcalis naturels et artificiels tient-elle à la composition de la lophine et de l'amarine qui ne renferment pas d'oxy- gène, tandis que toutes les bases observées par M. Bouchardat sont oxydées ? » Pour répondre à cette question, j'ai soumis à l'expérience deux autres bases organiques non oxydées, la nicotine et l’aniline, la première natu- relle (1), la seconde artificielle. » La nicotine avait été préparée par M. Barral; elle était parfaitement limpide, incolore en couche mince, mais jaunâtre sous une épaisseur de 07,100. » Voici les résultats de l'expérience : Longueur du tube. ...... DASÉ DE 0 70 .. 0,100 MeMperALUrE eee Ceceer er 100 Densité "cette MCOUONANTOS Déviation à travers le verre rouge » Il est à remarquer que parmi toutes les substances observées jusqu'à ce jour, il n'en est aucune qui possède un pouvoir aussi énergique. » L'hydrochlorate de nicotine dévie aussi le plan de polarisation, mais vers la droite. » J'ai ensuite examiné l’aniline ; cette base était très-limpide et elle pos- sédait aussi, en couche épaisse, une légère teinte jaunâtre. Contre mon at- tente, elle ne produisit aucun effet sur la lumière polarisée. Il en fut de même de l'acide phénique dont elle dérive. » Ge résultat doit surprendre, quand on considère que la nicotine et l'a- niline ont tant de ressemblance sous d’autres rapports. Leur composition est (1) La nicotine s'obtient soit en distillant le tabac, soit en le brülant lentement (le jus de tabac qui se condense dans le récipient des pipes allemandes en renferme beaucoup), soit en traitant le tabac par divers dissolvants. 11 est donc probable que la nicotine existe toute for- mée dans le tabac, soit libre, soit en combinaison. ( 927 ) resque la même, comme on peut le voir par les deux formules suivantes : PES ? Aniline. . . . .. C* H'‘ Az’, Nicotme rs. CH Az. Si les substances naturelles, ou quelques-uns de leurs produits de transfor- mation, possédaient seules un pouvoir rotatoire, il faudrait donc désespérer de reproduire la nicotine par des voies artificielles. Cependant rien ne sem- blerait plus facile que de préparer cet alcali avec un des composés suivants, qui ne sont pas connus, il est vrai, mais dont on pressent la découverte. » 1°. Le carbure d'hydrogène C?°H'?; par l'action de l'acide nitrique, puis par l'hydrogène sulfuré, il devrait donner de la nicotine. 2°. L'oxyde du carbure précédent C?°H*?+ O* ; il devrait donner le même produit avec l'ammoniaque. » 3, L'acide phénamique C** H'° Ad + O#; par la distillation avec la chaux, il se changerait en nicotine. » Si les chimistes dirigeaient leurs recherches de ce côté, ils pourraient découvrir une belle série de nouveaux composés, et voir si réellement, comme l'expérience semble le prouver jusqu'à ce jour, des substances artificielles ne peuvent pas posséder la propriété d'agir sur la lumière polarisée. » CHIMIE. — Vote sur les produits uriliques ; par M. Auc. Laurenr. Dans le Mémoire sur le benzile, que j'ai eu l'honneur de présenter der- nièrement à l'Académie, j'ai indiqué la manière dont on pouvait concevoir la formation des produits uriliques à l’aide de l’acide oxalique et de l'ammo- niaque. J'apprends que M. Millon , bien longtemps avant moi, a été conduit à expliquer la formation de ces produits de la même manière. Je m'empresse donc de lui restituer ce qui lui appartient. » ZOOLOGIE. — Lettre de M. Sourexer à l’occasion de la Note de M. de Quatrefages , insérée dans le Compte rendu de la séance précédente. « J'ai adressé à l'Académie (séance du 12 août 1844) une Note dans la- quelle j'ai attaqué des faits énoncés par M. de Quatrefages sur l'organisa- tion de certains Mollusques gastéropodes, faits sur lesquels ce naturaliste a établi des théories qui m'ont paru contraires aux véritables principes de la zoologie. Cette Note, dans laquelle je me suis borné à exposer fort succinc- tement les principaux résultats contradictoires auxquels j'ai été conduit ( 928 ) par l'observation des mêmes animaux, devait étre suivie, ainsi que Je l'ai annoncé alors, d'un travail détaillé sur le même sujet. Des circonstances tout à fait indépendantes de ma volonté ont un peu retardé la présentation de ce Mémoire; mais M. de Quatrefages n'ignorait pas, à la dernière séance de l'Académie, que cette présentation devait être très-prochaine, d’après ce que M. le Secrétaire perpétuel avait bien voulu dire à ce sujet dans la séance précédente. Je regrette donc que M. de Quatrefages n'ait pas cru devoir attendre encore quelques jours pour s’éclairer complétement sur les points qu'il me reproche de n'avoir pas développés suffisamment dans ma Note; il aurait pu éviter ainsi de combattre longuement les opinions hypo- thétiques qu'il m'a prétées, et, sur plusieurs points importants de la discus- sion, sa réponse eût été probablement plus précise et plus détaillée. Puis- qu'il n'en a pas été ainsi, la lecture faite, il y a huit jours, par ce natu- raliste, me met aujourd'hui dans l'obligation de lui répondre, et j'espère que l'Académie voudra bien, vu l'importance de la question, m'accorder la parole à ce sujet pour la séance prochaine. Je mettrai alors sous ses yeux les préparations anatomiques, les dessins, les descriptions détaillées que je dois produire à l'appui de mes assertions, assertions qui me semblent coïfirmées sur plusieurs points, bien plutôt que détruites par la réponse de M. de Quatrefages. » CHIRURGIE. — ÎNote sur la kératoplastie ; par M. Feromanx. « Je prends la liberté de présenter à l'Académie royale des Sciences une Note sur les résultats de deux expériences kératoplastiques que j'ai eu l'hon- neur de faire, en présence de M. le professeur Blandin, le 12 octobre 1844, au laboratoire de M. Flourens, qui a bien voulu continuer à favoriser ces tentatives expérimentales. » Ayant agi, dans mes expériences précédentes, d'après les divers modes opératoires qui ont été préconisés par les auteurs, je métais en quelque sorte considéré comme obligé d'examiner à son tour la méthode de M. Strauch, de Saint-Pétersbourg. Je me suis donc conformé à cette méthode dans la première des expériences actuelles. » M. Strauch avait proposé de commencer l'opération en faisant traverser par un fil toute la chambre antérieure de l'œil, de sorte que les deux bouts de ce fil restent pendants de chaque côté de la cornée; d'exciser ensuite le lambeau cornéal à l'aide d'un couteau particulier, lequel doit présenter la ( 929 ) forme de deux couteaux à cataracte adossés l’un à l’autre. L’excision faite. le fil étant ainsi mis à nu, on doit l’attirer hors de la chambre antérieure, et le diviser pour former, de chaque côté , une ligature séparée; puis il faut appli- quer les bouts nouveaux des deux fils à la cornée étrangère, et l'on termine par les ligatures. » Les avantages tirés de cette méthode devraient consister en ce que les deux ligatures sont appliquées avec grande facilité avant qu'on ait excisé la cornée; car on sait que l'application des sutures après l’excision est d’une difficulté extrême. Malheureusement la méthode de M. Strauch, si ingénieuse qu'elle soit, offre de tres-grands inconvénients. Voici ce qui arrive quand on opère sur un œil sain : En faisant passer le fil à travers la chambre antérieure de l'œil, on donne issue à une grande partie de l'humeur aqueuse; le fil qui est derrière la cornée s'y accole de suite, ainsi que l'iris, de manière qu'il n'y a plus moyen d'exci- x ser Le lambeau cornéal à l'aide du couteau particulier, sans risque de couper en même temps le fil ou de léser l'iris. Dans une expérience pareille que j'a- vais faite la veille, c'est-à-dire le 11 octobre, j'ai toutefois réussi à exciser un grand morceau de cornée , en me servant principalement des ciseaux. » Mais en opérant sur un œil malade, dont les parties antérieures sont parfaitememt opaques, on perd de vue le fil qui se trouve dans l'œil, et on risque , à chaque instant, de le couper, ce qui précisément m'est arrivé dans ma première expérience du 12 octobre. Le fil une fois coupé, sans l'avoir préalablement attiré par sa partie moyenne, tout l'avantage de la méthode fut perdu. Je fus donc obligé de continuer A 1e en m'en tenant à mon Lai opératoire ordinaire. » Du reste, cette expérience offre cette circonstance particulière, que l'œil opéré avait été soumis depuis trois mois à une préparation préalable. Je m'étais efforcé de déterminer un état morbide de la cornée; mais l'in- flammation artificielle ayant dépassé les limites voulues, ne laissa de l'œil qu'un moignon déformé, et cependant la transplantation d’une cornée de lapin sur cet œil mutilé de lapin a réussi. Il s’est fait donc avec succès la transplantation d’une cornée saine sur un œil dont les tissus avaient subi les changements les plus considérables. La seconde expérience consistait en une transplantation d’une cornée de chat sur l'œil d’un lapin. C'est dans cette expérience que j'ai suivi un bon conseil, que M. le pro- (930 ) fesseur Blandin a bien voulu me donner, savoir, d'exciser, d'après ma ma- nière, le lambeau cornéal à l'aide du couteau à cataracte et à l’aide des ciseaux, mais de séparer les deux temps de la section par l'application des ligatures, en profitant du lambeau cornéal formé par le couteau, pour fixer l'œil et pour faire saillir les bords cornéaux; et, en effet, l'application des ligatures a été beaucoup plus facile que quand on la pratique après l’excision complète du lambeau cornéal. La cornée de chat a pris sur l'œil du lapin. » Il se présente encore une différence entre les deux expériences que je viens de mentionner, en ce que, dans le cas de transplantation de la cornée de lapin sur un lapin, la vascularisation se développa plus rapidement que dans la transplantation de la cornée de chat sur l'œil d’un lapin. » HYDRAULIQUE. — ÂWote sur le jaugeage des eaux qui alimentent le lac de Genève par le fond et par la surface ; par M. Vaurée. I. — Jaugeage du Rhône à Saint-Maurice, en Valais. « Le jaugeage dont il s'agit a été fait au pont de Saint-Maurice, le 17 mai 1843, de à heures à 8 heures du matin. » La largeur de l'arche que forme le pont est de 35 mètres. Cette largeur a été divisée, à partir de la culée de la rive droite, en six espaces, les cinq premiers de chacun 6 mètres et le dernier de 5 mètres. Les profondeurs d’eau se sont trouvées contre les culées et aux points de division, à partir de la droite, de 1,50, 2,55, 1,88, 2,74, 2%,94, 3,95, et 1,50, ce qui donne pour la section 90",635. » Mais le courant ayant donné partout une certaine inclinaison à la corde au moyen de laquelle on opérait, cette section est trop grande. Si la corde avait été verticale, les hauteurs mesurées auraient été moins fortes ; en les réduisant seulement d’un vingtième, on aura la section w — 86",103. » J'ai placé deux jalons à 30 mètres de la tête d’aval du pont. Des flot- teurs, jetés au nombre de trois en amont de chacun des cinq points de divi- sion de la longueur du pont, et observés successivement dans le plan de la tête de ce pont et dans la ligne des deux jalons, ont parcouru la longueur de 30 mètres en 22, 22 et 23 secondes; 18, 19 et 19 secondes; 20, 20 et 18 secondes; 21, 19 et 21 secondes; enfin en 22, 22 et 23 secondes, ou en moyenne, en 20 secondes 6 dixièmes , ce qui donne, pour la vitesse moyenne de la surface, 1,50. » En réduisant cette vitesse, non pas de 20 = 15 2, mais de - seulement, on trouve, pour la vitesse moyenne de la masse entière, U = 1",24; d'où lon ( 931 ) voit que le produit oU du fleuve était, au plus, égal à 106,77; soit 110 mètres. A » L'échelle du pont de Saint-Maurice, divisée en pieds vaudois de 0",30, était à la cote 6 ?. Elle s'élève, en hautes eaux, au plus à 12 pieds, et elle descend à 3 pieds en basses eaux. La vitesse en hautes eaux, d’après quel- ques renseignements, paraîtrait excéder de moitié celle de 1",24 que nous avons trouvée : nous la supposerons double. Quant à la vitesse en basses eaux, elle est moindre que celle de 1%,24; toutefois j'admettrai cette dernière. » D'après cela, en augmentant et diminuant la section » des superficies respectives que présentent les rectangles correspondants aux hauteurs des hautes et basses eaux au-dessus et au-dessous de la cote 6 3 pieds, j'ai trouvé, pour le produit du fleuve, en hautes eaux, 350 mètres, et en basses eaux 58. chiffres qui, suivant ce qui précède, doivent être trop élevés (1). IE. — Alimentation du Léman. » Le Léman recoit le Rhône et trente autres cours d’eau, parmi lesquels la Dranse seule est un peu considérable. J'ai examiné ces cours d’eau , surla rive gauche, du 17 au 19 mai 1843, et deux mois apres je suis revenu en Suisse, dans l'intention de les jauger, ainsi que ceux de la rive droite. Le 23 juillet, nous sommes partis de Genève , M. O’Brien, ingénieur en chef des ponts et chaussées, M. Goux, ingénieur ordinaire, et moi; nous étions munis des instruments nécessaires pour opérer exactement, mais les pluies du 23 au 26 juillet, comme du 17 au 19 mai, ayant gonflé les affluents , ila fallu renoncer aux opérations soignées que nous avious désiré de faire. » Il résulte toutefois de nos observations , des mesures que j'ai prises et des renseignements que j'ai recueillis, que la Dranse , dans les temps chauds et dans les gelées d'hiver, donnerait au plus 12 mètres, et les autres affluents ensemble aussi 12 mètres, en tout 24 mètres. Si l’on ajoute à ce chitfe 6 mètres pour les affluents qui débouchent dans le Rhône, au-dessous de Saint-Maurice, on aura pour les produits d'alimentation du lac, dans les temps secs du mois d'août et dans les gelées d'hiver, savoir : » Hautes eaux, 350 + 30 — 380 metres; et le produit minimum du Rhône à Genève ( voir la page 88 de l'ouvrage intitulé : Du Rhône et du lac de Ge- nève), pouvant être évalué à 600 mètres, il faut reconnaître la nécessité d'une alimentation de fond d'environ 220 mètres. » Basses eaux , 58 + 30 — 88 mètres, et le produit maximum du Rhône (voir la page précédente) étant évalué à 200, l'alimentation de fond sera de 112 mètres. C.R., 1844,2m€ Semestre. (T. XIX , No 48. 124 (932) Eaux du 15 mai 1843. Lorsque j'ai fait mon jaugeage, le 17 mai 1843 au matin, il avait plu la veille et les eaux étaient troubles. Je conclurai de là que, le 15 mai, le produit était encore moindre que celui de ro7 mètres que J'ai trouvé. En portant ce produit à 110 mètres et en l'attribuant au Rhône, le 15 mai, jour où l'influence des pluies ne se faisait pas encore sentir, on aura donc un chiffre probablement trop fort. A la même époque, les affluents fournissent ordinairement beaucoup plus qu'en été; cependant il me semble, d'aprésles renseignements, en général bien d'accord entre eux, que j'ai eus, qu'ils ne s'élèvent pas à 5o mètres, ce qui donne en tout 160 mètres. Or, le limnimètre du grand quai, à Genève, était, les 12, 13, 14 et 15 mai, à 37 pouces, c'est-à-dire à 25 pouces (0",704) plus bas que le 24 septembre 1840, au moment où M. le colonel Dufour jaugeait le Rhône sue de la machine hydraulique (voir la page 82 de l'ouvrage précité). Le chiffre de ce jaugeage étant de........................... 424 Et la bande à retrancher de la section (voir la page 84 du même ou- vrage) se trouvant de 65 X 0,704 — 45",76, on a, pour le produit de cette bande par la vitesse 1°,71, un nombre 78,25 à retrancher du précédent \cis star #00. 60. UEL OR EN HR RE JR ON 78 Il existe donc pour le produit du Rhône à Genève, le 16 mai...... 346 erisitlon retranithe net 2e delle eiielee ee bte met let ee NIIO on aura pour le produit de l'alimentation de fond, au 16 mai....... 186 IT. — Conclusions. » Il résulte de ce qui précède que le Rhône donne, à Genève, par se- conde : provenant des affluents du Léman...... 380" En hautes eaux....... Goo" provenant des sources de fond......... 220 En eaux moyennes provenant des affluents.............. 160 346 comme celles du 16 mai 1843. provenant des sources de fond......... 186 À provenant des affluents... ..... LRU STNIESS En basses eaux....... 200 provenant des sources de fond......... 112 Ainsi, le produit des sources de fond serait, en hiver, les 56 centièmes, un peu plus de moitié du produit total qui s'écoule à Genève, et, en été, il en serait les 37 centièmes, ou un peu plus du tiers. (1) J'ai été secondé dans ces opérations par M. de Nacé, capitaine-inspecteur des fortifica- tions à Saint-Maurice, auquel j'avais été recommandé par M. le colonel Dufour. (93 ) » De là j'ai tiré, pour le phénomène des seiches, qui me paraît résulter tantôt d'une cause et tantôt d'une autre cause, une explication que j'aurai l'honneur de soumettre prochainement à l’Académie. » MM. Roserr-Larour et Cocrienox communiquent Îes résultats d'expériences qu'ils ont faites sur les animaux, dans le but de découvrir le Lien physiolo- gique par lequel s’enchaïne, à inflammation aiguë, l'excès de fibrine qui s'observe dans le sang obtenu par la phlébotomie. Les principales conséquences qui se déduisent de leurs recherches sont : d'une part, que l'augmentation de fibrine se manifeste dans le sang artériel aussi bien que'dans le sang veineux; d'autre part, que cette augmentation est l'effet et non la cause de la phlegmasie. Ainsi ils ont vu la proportion de la fibrine augmenter dans le sang d'un animal chez lequel ils avaient déterminé une péripneumonie en injectant dans la cavité des plèvres un liquide irritant. M. Decerrs adresse de Chartres une Note ayant pour titre: Observa- tion sur une scolopendre rendue vivante par le nez. Une personne âgée de 19 ans, et qui était en proie, depuis deux ans, à une névralgie sous-orbitaire dont la violence, malgré l'emploi des traite- ments en apparence les mieux appropriés, avait toujours été croissant, fut subitement guérie après un éternuement qui amena, dit-elle, la sortie d'un insecte vivant; l'insecte, présenté à M. Decerfs, qui donnait des soins à la malade, fut reconnu pour une scolopendre (Scol. electrica, Linn.). CHIMIE. — Sur la détermination de l'acide chlorhydrique dans une solution contenant du chlore libre (Extrait d'une Note de M. Koër, professeur à l'Université de Bruxelles.) ‘« On dissout dans l’eau la matière à essayer etune quantité suffisante de sul- fate monopotassique, pour que l'acide chlorhydrique qui va se former puisse, avec ce sel, donner naissance à du chlorure et à du bisulfate potassique ; en- suite on y fait arriver du chlore à l'abri de la lumière du jour, et lorsque ce métalloide a cessé d'agir, on en chasse l'excès au moyen d’un courant d'air, et l'on détermine finalement le chlore du chlorure au moyen de l’azotate argentique. » M. Rozwe adresse en même temps une Note ayant pour titre: Observa- tions relatives à la théorie de M. Peligot et a celle de M. Baudrimont, sur la fabrication de l’acide sulfurique. 124. ( 934 ) Cette dernière Note est renvoyée, comme pièce à consulter, à la Commis- sion chargée de l'examen des communications de MM. Peligot et Baudri- mont. M. Were, en adressant les 17° et 18° fascicules des planches lithographiées qu'il exécute pour lOstéographie de M. de Blainville, sollicite les encourage- ments de l’Académie pour son travail. (Cette Lettre est renvoyée à l'examen de la Commission administrative.) M. Morer-Lavarcée demande que trois opuscules chirurgicaux, qu'il a récemment adressés à l'Académie, et un qu'il lui présente aujourd'hui, soient admis à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. BauneLocQue, qui avait précédemment soumis au Jugement de l'Acadé- mie une Note sur diverses opérations d'entérotomie lombaire, demande qu'un enfant, sur lequel il a pratiqué avec succès cette opération pour remédier à limperforation du rectum, soit examiné par MM. les Commissaires chargés de rendre compte de son travail. M. Warenwe écrit relativement à des perfectionnements quil croit pos- sible d'introduire dans l’art du tanneur, mais qu'il n'a point expérimentés, et sur lesquels il désirerait avoir l'avis de l’Académie. Les usages de l'Académie ne permettent pas de prendre en considération des questions ainsi posées; on le fera savoir à l'auteur de la Lettre. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par M. Lenoy-n Enozces, par MM. Duvaruen et Perez, et par MM. Franaur et Norserre. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. F. ( 935 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : * Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 17; in-4°. Annales des Sciences naturelles; par MM. MINE EpwaRps, AD. BRON- GNIART et DECAISNE ; septembre 1844; in-8°. Nouvelles suites à Buffon. — Histoire des Helminthes ou Vers intestinaux ; par M. F. DuJARDIN ; in-8°. Études hydrotomiques et micrographiques; par M. A.-E. LACAUCHIE; 4° Mé- moire, avec 4 planches; in-8°. Méihode élémentaire de Musique, précédée d'un nouveau mode d'enseigne- ment; par M. DUCHEMIN Bois-JoussE, 1 vol. in-4°. Discours prononcé à la rentrée du Cours de Clinique chirurgicale de la Faculté de Médecine de Strasbourg ; par M. le professeur C. SÉDiLLoT , le 6 novembre 1843 ; in-8°. Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome XVI; août à décembre 1843; in-8°. Revue agricole ; 6° année, 73° livr. (2° série), septembre 1844 ; in-8°. Thèse sur les Rétractions accidentelles des membres ; par M. MorEL-LAVALLÉE; in-/4°. Journal de Chirurgie; par M. MALGAIGNE; octobre 1844; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques; octobre 1844; in-8°. Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage ; octobre 1844; in-8°. Annales des Maladies de la peau et de la Syphilis; par M. CAZENAVE; août et septembre 1844; in-80. A M. le Président de l Académie royale des Sciences. — Lettre de M. PAssor ; une feuille in-4°. Observations astronomiques faites à l'Observatoire de Genève dans l'année 1845; par M. PLANTAMOUR ; 3° série. Genève, 1844; in-4°. Résuliat des Observations magnétiques faites à Genève dans les années 1842 et 1843; par le même. Genève, 1844; in-4°. Transactions... Transactions de la Société philosophique américaine de Phi- ladelphie ; nouvelle série, vol. IX, partie 1"°; in-4°. (936 ) Proceedings... Procès-Ferbaux de la Société philosophique américaine ; n% 26, 28 et 29; in-8°. Abhandlungen... Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Berlin jour 1842. Ubeer... Sur l'Hermaphroditisme latéral dans l'espèce humaine ; par M. A.-A. BERTHOLD. Géœættingue, 1844; in-/”. : Die Entdeckung. .. Découverte du véritable mode de nutrition des Plantes ; par M. ScuLtz. Berlin, 1844; in-8°. Verzeichniss... Catalogues des Étoiles observées par BRADLEY, LALANDE el BEssEL, publiés par MM. BREMICKER et WOLFERS; feuilles 14 et 17, avec 2 cartes. Berlin, 1843; in-fol. Gazette médicale de Paris; n° 43; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°% 124 à 126; in-fol. L'Écho du Monde savant; n° 31 et 32. L'Expérience; n° 382; in-8°. COMPTE RENDÜ DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 NOVEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — ÂVote sur le nombre des divisions à effectuer pour obtenir le plus grand diviseur commun de deux nombres entiers ; suivie d’une remarque sur une classe de séries récurrentes; par M. Bnver. « Euclide nous a transmis la belle méthode qui conduit au plus grand diviseur de deux nombres entiers À > a. La multitude des divisions qu'elle oblige à exécuter peut effrayer le calculateur, quand le moindre des deux entiers, a, est fort considérable. M. Lamé vient de donner un théorème curieux d’après lequel le nombre de ces divisions ne peut surpasser cinq fois le nombre des chiffres de a : tout ce qui concourt à éclairer ou à per- fectionner les méthodes arithmétiques, me semble digne de l'attention et des efforts des analystes. » J'avais déjà cherché à rassurer les calculateurs sur la longueur de cette méthode, en prouvant que l’on pouvait arriver au grand diviseur de deux nombres À et a, par un système de divisions dont le nombre sera toujours moindre que 3 log (a) [voyez le tome VI du Journal de M. Liouville, C.R., 1844,2m€ Semestre, (T. XIX, N° 49.) 125 ( 938 ) page 454, année 1841]. Le logarithme tabulaire de a étant moindre que le nombre & de ses chiffres, il en résulte que le nombre des divisions requises 10 sera au-dessous de Z de La limite obtenue par M. Lamé est 59; ainsi : , e 5 û la mienne aurait de l'avantage, puisqu'elle est de 34 au-dessous. Foute- fois, nous devons remarquer que les deux limites ne se rapportent pas exac- tement au même système d'opérations intermédiaires. Dans le but d'obtenir de moindres diviseurs pour les opérations successives, j'ai proposé d'effectuer la division en excès (ou en dehors selon l'expression de Lagrange) toutes les fois que le reste positif de la division ordinaire surpasse la moitié du diviseur : il faut pour cela accroître d'une unité le quotient, et prendre pour résidu de la division l'excès du diviseur sur le reste positif, ce qui amène un résidu né- gatif moindre que la moitié du diviseur. Sans faire attention au signe, ce résidu sera employé comme diviseur dans l'opération suivante, pour conti- nuer la recherche du grand diviseur : cette modification au procédé usuel a l'avantage de faire nécessairement décroître les diviseurs dans une rapide progression. On va voir qu'elle donne aisément la limite du nombre des divisions qui procurent le grand diviseur. » Ayant divisé À par a, soit +a, le résidu: on divise a par à,, et l'on obtient un résidu + 4, , et l'opération continuée ainsi amène enfin un reste d, qui divise 4, , et qui est le grand diviseur. Par hypothèse, on a MSA, A > 20, per 21h; ou bien Anar Bit als OR. On a donc 2? < =, et en prenant les logarithmes tabulaires, P plog(2) < log (a) — log(a,); par suite, le nombre p des divisions effectuées sera tel que log (a) FES log (2) < + log (a), puisque l'on a log (2) = 0,30102999. . . _… Si est le nombre des chiffres de 4, et , celui des chiffres de a, , on aura (939) log(a) a — 1; ainsi log (a) — log(a,) > æ —4,+1; par l'inégalité précédente, on aura donc 10 pP<3(@—a+i) Le nombre &, des chiffres du grand diviseur est inconnu au début de l'opé- . . . . , . , . 10 . ration; mais cette formule indique néanmoins que la limite F4 doit sou- vent être fort en excès. » Dès qu'une première division a été effectuée, et que l'on connaît le nombre &, des chiffres du résidu à, , il ne reste plus que p — 1 divisions à faire et l’on a 10 VS < 3 Cu ou bien 10 P est un entier: ainsi l’on peut calculer g, par le nombre entier le plus voisin ï 1 + V5 TEA Es Se le logarithme tabulaire de cette expression étant du premier terme n[0,2078987...] + 0,0634905..., on retrouve la propriété remarquée par M. Lamé sur la série des g,, et d’a- près laquelle cinq termes consécutifs, au plus, ou bien quatre termes, au moins, admettent le même nombre de chiffres dans leur expression arithmé- tique. » Je montrerai ailleurs que cette forme, qui réduit à un monôme l'ex- pression du terme général d'une série récurrente, est applicable à un grand nombre de semblables séries : elle tient à ce qu'une certaine équa- tion algébrique, formée à l’aide des termes de l'échelle de relation, se trouve n'avoir qu'une seule racine réelle, supérieure à l'unité, les modules des ra- cines imaginaires étant d’ailleurs tous au-dessous de l'unité; c’est ce qui a lieu pour la série récurrente Br — En F Bn-2 + ns) et aussi pour Sn — En-1 = £Sn-2 + Sn-3 2e Sons 5 et ainsi des autres formées d'après le même type. » L’équation algébrique provenant de l'échelle de relation est | 6P — 6P-t + 6P-1 etc. + r; elle ne peut avoir qu'une racine supérieure à 1; et si p est pair, sa racine négative est numériquement au-dessous de 1. Quant à ses imaginaires, leurs modules sont moindres que l'unité. ( 941 ) » L'expression par un monôme est très-approchée de la valeur exacte de g,, quand 7 devient un grand nombre entier; elle pourra ne pas l'être pour de faibles valeurs de n, si les premières valeurs assignées aux g,, gi, Sr... sont des nombres considérables. Mais quand ils sont petits, la va- leur monôme peut même représenter des termes de rangs peu avancés dans la série, comme si elle était une simple progression géométrique. » M. Poucet, en présentant à l’Académie la quatrième édition de ses Éléments de Physique et de Météorologie, indique, de la manière suivante, les principales modifications qu'il y a introduites. « Cette quatrième édition aurait dû paraître il y a deux ans, mais des occupations de diverse nature m'avaient empêché de l'entreprendre; elle exigeait d'autant plus de soins que, dans ces dernières années, la science s’est enrichie d’un grand nombre de faits nouveaux dont il fallait tenir compte. » Les changements les plus considérables portent particulièrement sur la chaleur et l'électricité. » Dans la théorie de la chaleur j'ai dû résumer l’ensemble des recherches importantes qui ont été faites sur les dilatations, les changements d'état, le calorique rayonnant et surtout la calorimétrie; en même temps il n'a paru nécessaire de faire entrer dans l’enseignement de la physique les principes relatifs aux machines à vapeur, non plus d’une manière accidentelle, mais d'une manière tout à fait spéciale, en donnant tous les développements que me semble exiger une aussi grande application qui prend tous les jours un nouveau degré d'intérêt. » Dans le galvanisme et l'électricité, je ne pouvais me borner à une simple description des piles nombreuses et des appareils si divers qui ont été ima- ginés récemment; il était nécessaire d'entrer dans des discussions théoriques et dans l'examen des principes de l’électro-chimie: c’est un sujet vaste et dif- ficile; j'ai essayé de le résumer aussi clairement qu'il m'a été possible, en m'attachant surtout à séparer les résultats incontestablement acquis à la science de ceux qui me semblent encore douteux, soit par la manière dont ils ont été obtenus, soit par les interprétations diverses qu'ils peuvent recevoir. » Malgré ces changements essentiels, et beaucoup d’autres qui ont exigé moins d'espace, cette quatrième édition est en deux volumes seulement, comme la précédente; les quatre planches nouvelles que j'ai dû ajouter, tant pour les machines à vapeur que pour l'électro-chimie, ont été, comme celles des éditions antérieures , dessinées par M. Silbermann, qui s’est fait connaître ( 942 ) si favorablement à l'Académie par l'invention d'un nouvel béliostat et par d’autres communications intéressantes. » À 3 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. Dans le comité, en exécution d'une demande du Ministre de la Guerre, l'Académie a procédé à la nomination des trois membres qui, aux termes de l'ordonnance de réorganisation de l'École Polytechnique, doivent faire partie du Conseil de Perfectionnement. Les trois académiciens élus sont : MM. Tuexarp, Pornsor, Cnarzes Durn. Avant qu'on ne procédât au scrutin, M. Anraco s'était exprimé en ces termes : « L'Académie m'ayant constamment accordé ses suffrages , toutes Les fois » que, depuis quatorze années, elle a eu à nommer des membres du Conseil » de Perfectionnement de l'École Polytechnique, je crois pouvoir supposer » sans inconvenance , que plusieurs de mes amis sont encore disposés à me » faire le même honneur. J'accomplis donc un devoir en déclarant que, dans les circonstances actuelles , il ne me serait pas possible de siéger au Conseil » de Perfectionnement. » La Section de Chimie présente la liste suivante de candidats pour la place actuellement vacante dans son sein, par la mort de M. Darcrr: 1°. M. Fremy, 2°, M. Balard, 3°. M. Peligot, 4°. MM. Cahours et Millon , ex æquo. Les titres des Candidats sont développés et discutés. L'élection aura lieu lundi prochain ; les académiciens en seront prévenus à domicile. La séance est levée à 7 heures. A. ( 943 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’ Académie royale des Sciences ; tome X VIIL, 1° semestre 1844 ; in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 18; in-4°. Éléments de Physique expérimentale et de Météorologie ; par M. Pouiicer; 4° édition; 2 vol. in-8°. Bulletin de l’Académie royale de Médecine ; tome X, n° 2; in-8°. Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres; par M. DE LAMARCGK ; 2° édi- tion, revue et augmentée par MM. DEsHAYES et MiLNE EpWaRDs ; tomes IX et X ; in-8°. Mémoires et observations d’Anatomie, de Physiologie , de Pathologie et de Chirurgie; par M. RIBEs; tome III; in-8°. Tableaux de Population, de Culture, de Commerce et de Navigation , for- mant, pour l’année 1841, la suite des Tableaux insérés dans la Notice statistique sur les colonies françaises ; broch. in-8°. Des Fumiers considérés comme engrais ; par M. GiRARDIN ; 3° édition. Rouen, 1844; in-32. Séance publique de la Société centrale d'Agriculture du département de la Seine-Inférieure, tenue le 23 novembre 1843. — Discours d'ouverture, par M. GIRARDIN; broch. in-8°. Sur l'ancienneté de l'usage du cidre en Normandie; Lettre à M. le comte, DE GASPARIN ; par le même; broch. in-8°. Annales de l'Agriculture française ; novembre 1844; in-8°. Encyclographie médicale ; octobre 1844; in-8°. Journalde Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ;novembre 1844; in-8°. Le Technologiste; novembre 1844; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; novembre 1844; -in-8°. Journal des Connaissances utiles ; octobre 1844 ; in-80. Annales de la propagation de la Foi; novembre 1844 ; in-8°. A chronological. .. Introduction chronologique à l'Histoire de l’Église, con- tenant de nouvelles recherches sur les véritables dates de la naissance et de la mort ( 944 ) de Notre-Seigneur Jésus-Christ; par le révérend SAMUEL Farmar Jarvys. Londres, 1844; in-8°. CrANIA ÆGYPTIACA or Observations on... Observations sur l'Ethnographie égyptienne, basées sur l’Anatomie, l'Histoire et les Monuments; par M. S.-G. Morron. Philadelphie, 1844. In-4°. A Monograph... Monographie des Mollusques univalves d'eau douce des Etats-Unis; par M. HaLDEMAN. Philadelphie, 1842; in-8°. Bericht uber... Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin, et destinés à la publication; juillet et août 1844; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScHumACHER, n° 518; in-4°. Tijdschrift... Journal d'Histoire naturelle et de Physiologie, publié par MM. VANDER-HOEVEN et DE VRIESE; XI° vol., 1° et 9° livr.; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 44; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°% 127 à 128 ; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 33. he 2 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 44 NOVEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la respiration des plantes. (Extrait d'une Lettre de M. Boussnçauzr à M. Dumas.) « Dans l’une des dernières séances de l'Académie des Sciences, M. Schultz a communiqué les résultats de plusieurs expériences qui, s'ils se vérifiaient, renverseraient complétement les idées admises aujourd'hui sur le rôle im- portant que joue l'acide carbonique sur les phénomènes de la végétation. En effet, suivant M. Schultz, l'acide carbonique ne serait presque pas dé- composé par les plantes; l'oxygène qu’elles exhalent sous l'influence solaire waurait pas cet acide pour origine, mais bien des composés organiques contenus dans les sucs des végétaux, comme les acides tartrique, oxali- que, etc.; le sucre, le glucose, etc. Ainsi, des feuilles fraîches exposées au soleil dans de l’eau privée d'air, contenant de À à £ pour 100 de ces diverses substances, dégageraient du gaz oxygène. Les feuilles se comporteraient de la même manière en présence des acides minéraux très-affaiblis par l'eau. » Par une coïncidence des plus singulières, lorsque je reçus le Compte rendu du 9 septembre, j'étais précisément occupé à répéter les recherches C.R., 1844, 20 Semestre. (T. XIX, N° 20.) 126 ( 946 ) faites en Amérique par M. Draper. Cette circonstance m'avait donné maintes fois l'occasion d'opérer la décomposition de l'acide carbonique par les par- ties vertes des plantes, et de vérifier ainsi, au plus grand profit de mon instruction personnelle, les admirables observations de Bonnet, de Priestley, d'Ingen-Housz, de Sennebier et de Saussure. Je ne pouvais donc pas ad- mettre la réalité du fait énoncé par M. Schultz, à savoir, que l'acide car- bonique n'est que très-difficilement décomposé par les plantes éclairées ; et comme mon appareil était en permanence, qu'il se prête d'ailleurs à toutes les observations de ce genre, j'ai entrepris l'examen de quelques-uns des autres faits annoncés par cet observateur. Je regrette d'être obligé d'ajouter que je n'ai pu réussir à constater un dégagement d'oxygène, en soumettant des feuilles fraîches, exposées au soleil, à l’action des dissolu- tions renfermant les proportions indiquées d'acides organiques ou inorgani- ques, de sucre, etc.; tandis qu'exactement dans les mêmes conditions de température, de lumière et d'appareils, J'ai vu constamment les mêmes feuilles déterminer rapidement une émission d'oxygène, quand elles étaient plongées dans de l'eau imprégnée d'acide carbonique. Voici, au reste, le détail des expériences qui se trouvent consignées dans mon registre : 20 septembre, au Liebefrauberg. » Des feuilles de pêcher pesant chacune de 08,60 à 0f,65, ont été mises isolément dans de l'eau récemment distillée contenant 05",005, soit d'acide racémique (je n'avais pas d'acide tartrique), ou d'acide oxalique, de sucre, d'acide azotique, d'acide sulfurique, d'acide borique, de phosphate acide d'ammoniaque. Une feuille a été mise dans l'eau distillée, une autre feuille dans de l'eau imprégnée d'acide carbonique. » Les feuilles sont restées exposées au soleil depuis 11 heures jusquà 4 heures; le ciel était nuageux, peu favorable. Chaque feuille a donné : cent. cube. Dans la dissolution racémique, gaz.. . . . . - . . . . . . 0,2 Dans la dissolution oxalique.. . : . . . . . . . . . . . . 0,0 La feuillea jauni. Danslicauisugrée tr AMP. à NE 0102 Dans la dissolution borique. . . . . . , . . . . . . . . . 0,3 Dans la dissolution de phosphate d’ammoniaque. . . . . . 0,0 Dans l’eau pure. . HE. ON EAN OI. Dans l’eau LI RE FER MANN MES ce ME LA Les autres dissolutions n’ont pas donné de gaz. (947) 27 septembre, au Liebefrauberg. Lé temps a été des plus favorables, pas un nuage dans le ciel; le soleil a dardé sans interruption sur les appareils depuis 9 heures jusqu'à 4 heures. Chacune des feuilles de pêcher mise en expérience pesait environ 18,2. centim. cubes. feuille mise dans l’eau contenant 65,008 d’acide racémique a fourni : ob L8 Ce be oo CHAOS NOR LANCE "SONT LATE CUS OPEN HD feuille mise dans l’eau contenant 05,025 are oxalique...... 0,2La feuillea jauni. feuille mise dans l’eau contenant 0%",0200 d’acide borique. ..... 0,4 feuille mise dans l’eau contenant 0f,0005 d'acide sulfurique... ... 0,1 Feuille jaunie. feuille mise dans l’eau seule............. dedinberost os pi 0,3 = = = = 10 feuilles mises dans l’eau seule ont donné: gaz oxygène impur..... 3,1 10 feuilles semblables mises dans l’eau contenant 0%,005 de sucre, gaz HS O9 IL YEL Ed DUO à AD TE ONU c du ou ONE MATE 3,2 10 feuilles semblables mises dans l’eau imprégnée d’acide carbonique ont donné....,.... ee dan de ne à duietur ele Velo © sde 45,0 d'oxygène. 20 feuilles semblables dans l’eau imprégnée d’acide carbonique ont donné A Eten an ste a ole) eee een eleieie te nie te ae et als ous ns ea ete 87,0 d'oxygène. Ainsi, dans cette seconde série d'observations, comme dans la première, la dissolution de sucre s'est comportée à l'égard des feuilles exactement comme l'eau pure. 1% octobre, au Liebefrauberg. » L'état du ciel faisant présager une belle journée, je me mis en mesure d’essayer encore une fois l’action des feuilles fraîches sur l’eau sucrée. » Les appareils ont été exposés au soleil depuis midi jusqu'à 4 heures. 24 grammes de feuilles de carotte (Daucus carota) ont fourni : 1°. Dans l’eau distillée, gaz oxygène impur................. sem rouee T . Dans l’eau contenant 0 ,008 de sucre, gaz oxygèneimpur.............. 0,2 ‘i Dans l’eau imprégnée d’acide carbonique, gaz oxygène . ....…. NPC er 1020: 0 4°. 12 grammes de feuilles de pêcher, dans l’eau imprégnée d’acide Lalique: CEVÉDIE" Je. nédnidbo bon 07 260460 dobdbé co eatot MR RNEES FLUX 5R3S On voit, par l’ensemble de ces expériences, que dans les circonstances où elles ont été faites, les feuilles fraîches mises en présence de l'acide carbo- nique occasionnent un abondant dégagement de gaz Oxygène, tandis que les mêmes feuilles ne donnent lieu qu'à un dégagement gazeux tout à fait insignifiant quand elles sont plongées, soit dans l’eau pure, soit dans les dis- solutions qui ont été mentionnées ci-dessus. 126.. (948 ) » On a pu remarquer que mes observations n'ont duré que quelques heures. ILest, selon moi, indispensable d'en agir ainsi dans les recherches de cette na- ture, où l’on opère sur des organes qui s'altèrent avec la plus grande facilité et qui, par leur altération , donnent naissance à du gaz acide carbonique. Si, au lieu de borner, comme Jje l'ai fait, la durée d'une expérience, on la pro- longeait en laissant séjourner la plante dans l'eau , il surviendrait probable- ment une décomposition partielle, et il pourrait dès lors arriver que des feuilles qui n'auraient pas laissé dégager d'oxygène, immédiatement apres leur introduction dans un liquide, produiraient une certaine quantité de ce gaz, le jour suivant, après avoir passé une nuit dans le même liquide, et cela aux dépens de l'acide carbonique qui aurait été formé par le fait de la fermentation. » ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉES. — Fragments sur les organes génito- urinaires des Reptiles et sur leurs produits ; par M. Duovernoy (1). TROISIÈME FRAGMENT. — Sur l'appareil de la génération chez les Salamandres et les Tritons. « L'Académie, dans sa séance du 29 juillet dernier, ma permis de com- mencer la lecture de mes Fragments sur les organes génito-urinaires des Reptiles et sur leurs produits ; elle a entendu celle du premier fragment sur les pierres vésicales des Tortues molles, etc. Ces observations, jointes aux analyses du contenu de la vessie, faites par divers chimistes, démontrent que l'urine y parvient; mais les corps étrangers mêlés à ces concrétions prouvent en même temps qu'il y a aussi des courants d’eau qui y pénètrent du dehors. » Ces courants d’eau, absorbés et rejetés par le vestibule génito-excré- mentitiel, suivant les observations de Tonwson, confirmées par celle de M. Du- méril (2), chez les Tortues d'eau douce, se rattachent à une grande question sur les usages peut-être compliqués de la vessie urinaire chez les reptiles chéloniens et batraciens, question que nous avons soulevée et sur laquelle nous aurons peut-être l'occasion de revenir dans la suite de ces fragments. » Le deuxième Fragment a été lu dans la même séance; il traite de l'existence des Urolithes fossiles et de l'utilité que la science des fossiles or- (1) Voir les Comptes rerdus des séances de l’Académie des Sciences, séances des 29 juillet et 23 septembre, t. XIX, p. 249 et 585. (2) Erpétologie générale, t. 1, p. 193 et 412. ( 949) ganiques pourra tirer de leur distinction d’avec les Coprolithes, pour la détermination des restes fossiles de Sauriens et d'Ophidiens. » Ce fragment servira peut-être à compléter la découverte des Copro- lithes faite par M. Buckland. Il se lie à la détermination de la nature sin- gulière de l'urine des Sauriens et des Ophidiens, à laquelle j'ai contribué par la description que j'ai donnée, en janvier 1835, de l'urine du Camé- léon (r). » Le troisième Fragment, sur l'appareil de la génération chez les mâles, plus particulièrement, et chez les femelles des Salamandres et des Tritons, est divisé en trois parties : » La première partie traite des organes préparateurs de la semence ou des glandes spermagènes des Salamandres et des Tritons. » M. Cuvier imprimait en 1826, au sujet des testicules de l'Æmphiuma : « …. On ne doit pas s'étonner si l’on n'y voit pas cette complication qui a » rendu ceux des Salamandres si remarquables et si difficiles à bien expli- » quer, malgré les travaux suivis de MM. Funcke, de Schreibers et » Rathke (2)». » J'espère avoir surmonté ces difficultés dans le travail d'anatomie micros- copique dont l’Académie a bien voulu entendre la lecture dans sa séance du 23 septembre dernier (voir les Comptes rendus, tome XIX , page 885 et sui- vantes), et montré que le développement des spermatozoïdes se fait dans une capsule que j'appelle primaire, analogue à celle des ovules, et que, dans (x) Après la lecture de ce deuxième fragment, M. Roulin a bien voulu me faire part de l'observation suivante qui se rapporte au même sujet : « En descendant la rivière le Méta avec M. Rivero, en 1824, j'ai trouvé dans les sables » du rivage des corps blanchâtres, coniques, ayant des étranglements sensibles vers leur » grosse extrémité. J'ai cru reconnaître ces corps pour être le produit des organes urinaires » des Caïmans qui abondent dans ces eaux. Quelques-uns avaient jusqu’à 1 décimètre de » long et près de 3 centimètres de diamètre à leur plus grosse extrémité. Leur consistance » était assez grande pour que j'aie pu les emporter jusqu’à Bogota, au milieu de mes » habits, sans la précaution de les envelopper et sans qu'ils se rompissent. Autant que » je puis me le rappeler, ces corps ressemblaient pour la forme aux Urolithes de Passy, dé- » couverts par M. E. Robert, et dont le Rapport de M. Dufrénoy donne la: composition » chimique. » Il ne manquait à ces morceaux d'urine de Caïman, pour devenir des Urolithes, que d’étre enfouis dans un terrain conservateur, comme ceux de Passy. (2) Sur le genre de reptiles batraciens nommé 4mphiuma, etc.; Mémoires du Museum, t. XIV, page 13. (950 ) l'un et l'autre cas, il n'y a pas de continuité entre les vaisseaux de cette cap- sule nutritive et l'ovule ou la vésicule génératrice des Spermatozoïdes. » Dans celle d'aujourd'hui, je demande à l'Académie la permission de lui communiquer la seconde partie de ce troisième fragment : elle traite du ves- tibule génito-excrémentitiel «le ces mêmes animaux et des prostates qui lui sont arinexees. » Je passerai ensuite à la troisième partie de ce même fragment, qui a pour sujet le morte de fécondation des mêmes reptiles. » Le quatrième Fragment , par lequel je terminerai ma lecture de ce Jour, a pour titre : Des reins et de leur structure intime chez les Salamandres et les Tritons, etc. Résumé de la seconde partie du troisième fragment. » 1°. Je traite, dans le premier paragraphe, du vestibule génito-excré- mentitiel, en général, chez les animaux vertébrés. J'explique ses rapports et ses usages, et je montre que cette dénomination qui les exprime, convient aussi bien à la vulve des mammifères, au cloaque de certains genres de la méme classe, qu'à celui des oiseaux et des reptiles, et même des poissons qui en sont pourvus. » Je rappelle la juste critique qu'a faite de cette dernière dénomination, appliquée à la classe des oiseaux, M. Geoffroy-Saint-Hilaire, dans sa Philo- sophie anatomique, en prouvant que ce prétendu cloaque ne sert pas de ré- servoir aux fécées alimentaires; et je montre que si les usages du vestibule génito-excrémentitiel tiennent indirectement aux fonctions d'alimentation, ils sont bien plus intimement attachés aux fonctions de la génération. » J'exprime enfin que j'ai été conduit à cette nomenclature synthétique, dans l'histoire générale que je viens de rédiger des organes de la génération, pour le VIE" volume des Zeçons ({ Anatomie comparée, par la découverte des limites précises qui séparent, chez les mammifères, le vagin de la vulve. Cette découverte était comprise dans celle de l'hymen chez un certain nombre de mammifères, qui a fait le sujet d'un Mémoire que j'ai lu à la classe des sciences physiques et mathématiques de Institut, au mois de juillet 1805, Mémoire qui a eu les honneurs de l'insertion parmi ceux des Savanits étran- gers, t. EL, après un Rapport favorable de M. Cuvier. » 2°, Je décris ensuite le vestibule génito-excrémentitiel daus son état de plus grande simplicité , tel qu'on le voit chez les femelles des Salamandres et des Tritons, SIL, puis dans les complications successives qu'il montre chez les mâles des Salamandres, $ LEE, et chez ceux des Tritons, $ IV. (951 ) » Ces descriptions comprennent les détails principaux de sa structure, parmi lesquels j'insiste sur les rapports des embouchures des uretères et de la vessie urinaire, du rectum et des déférents chez les mâles, ou des oviductes chez les femelles. » Ces rapports, y compris ceux des orifices nombreux des diverses pro- states chez les mâles , donneront la clef des mélanges possibles entre les di- verses humeurs qui sont versées dans ce vestibule. » 3°. Les mâles des Tritons, qui sont ovipares, ont une verge considérable, dont ceux des Salamandres, qui sont vivipares, sont privés, ou chez lesquelles elle n'est tout au plus qu'à l'état rudimentaire. Ce corps se développerait beaucoup , à l’époque du rat, suivant M. Rathke. Dufay, qui l'avait très-bien reconnu en 1729, le compare à uve mitre. » 4°. Les $$ VLet VI traitent d'un appareil glanduleux extraordinaire , annexé au vestibule génito-excrémentitiel, chez les mâles des Salamandres et des Tritons. » Il se compose de plusieurs glandes paires ou symétriques, qui font partie essentielle des parois du vestibule, ou qui s'en détachent plus ou moins, soit pour se développer au dehors de cette cavité, dans le bassin, et même pour s'étendre le lonz des parois abdominales, soit pour former des appendices lamelleux sur le bord des levres internes du vestibule (dans les Tritons), ou dans l'intérieur de cette cavité (les Salamandres), dans laquelle leurs canaux excréteurs aboutissent tous. » 5°, La structure de ces glandes se compose de tubes ou de canaux, le plus souvent sinueux et longs, plus rarement droits et courts , ou en forme de petits cœcums. » On distingue, au microscope, à travers leurs parois , des cellules de dif- férentes formes qui divisent lacavité de ces tubes, et paraissent être le siége par- ticulier de leur sécrétion. Chez quelques-uns même qui appartiennent aux lamelles en palmes de l'appareil intravestibulaire des Tritons, les divisions de ces cellules se montrent dans les franges tubuleuses des palmes, et leur donnent la forme de gros intestins d’herbivores. , » 6°. Il faut remonter des Salamandres jusqu'aux mammifères, pour trouver un appareil glanduleux analogue. » Ilest, en effet, comparable aux prostates des mammifères. Par sa struc- ture et par son développement, il ressemble même beaucoup aux prostates du Hérisson. s » Cette ressemblance s'étend jusqu'aux produits de leur sécrétion. » Dans un Triton à crête, l'humeur prostatique que j'ai examinée à un ( 952 ) grossissement de 250 diamètres se compose de vésicules ovales pour la plu- part; d’autres sont sphériques, oblongues, toutes sont assez grandes. » J'ai comparé ces vésicules avec celles de l'humeur des prostates de ce mammifére insectivore, observées déjà en 1824 par MM. Prevostet Dumas (1), et j'ai constaté qu’il y avait une très-grande conformité entre elles. » La désignation de prostate que je donne à tout cet appareil glanduleux est donc exacte, soit que l’on ait égard à la structure intime et à la nature de l'humeur qu'il sécrète, soit que l'on considère ses rapports avec les autres organes de la génération. » 7°. Les prostates peuvent se distinguer, chez les Salamandres, en prostates vestibulaires externes, composées chacune de deux grands lobes, et en prostates vestibulaires internes , composées de la double série de lames tubuleuses , qui se voit de chaque côté, dans l'intérieur du vestibule. » 8°. Chez les Tritons, qui ont une verge considérabble, cette double série de lames est portée plus en dehors et est moins développée. » La portion de la prostate vestibulaire interne qui répond au lobe horizontal de celle des Salamandres, fait plus particulièrement partie des parois du vestibule des Tritons, et prend avec ces parois la forme d'une calotte hémisphérique , tandis que l'autre portion, ou le lobe vertical, de- vient ici une prostate pelvienne. » Les Tritons ont, de plus , une prostate abdominale, dont l’étendue ex- traordinaire démontre l'importance de cet appareil glanduleux ; elle recouvre sous le péritoine, comme un épais bouclier, ou comme un coussin, la plus grande partie des parois musculaires de l'abdomen. » 9°. L'appareil glanduleux , que je fais ainsi connaître en détail, com- parativement chez les mâles des Salamandres et des Tritons, d’après deux espèces de Salamandres et trois espèces de Tritons (les 7° cristatus, alpestris et punctatus), a été décrit en partie pour la première fois, en 1820, par M. Rathke (2); notre prostate abdominale sous le nom de glande pelvienne antérieure, et une partie de notre prostate vestibulaire externe, sous celui de glande pelvienne postérieure. » Dans la Salamandre commune et dans la noire, la glande anale de M. Rathke est le lobe inférieur de notre prostate vestibulaire externe. (1) Annales des Sciences naturelles , &.X, p. 171. (2) Uecber die Entstchung und Entwickelung der Geschlechlstteile bei den Urodelen. Dantzig, 1820. ( 953 ) » M. J. Müller, qui l'a figurée d'après la Salamandre noire, ne me parait de même en avoir connu que le lobe horizontal, à en juger du moins par cette figure et par la courte description qu'il en donne (7). » Si l'on compare mes descriptions et mes déterminations avec la nature, on trouvera, J'espère, que ce sujet méritait d'être repris (sur les mêmes espèces et sur plusieurs autres) avec les points de vue actuels de la science , la considération de la structure intime de ces glandes et l'analyse microsco- pique de leur produit. » D'ailleurs, les palmes frangées qui garnissent la lèvre interne du vesti- bule des Tritons n'avaient pas encore été reconnues. Il était intéressant de montrer leur liaison avec les prostates, qui distinguent si éminemment les mâles de ces reptiles, et, selon toute apparence, les autres Urodeles de M. Duméril. Il l'était bien davantage encore de saisir les ressemblances sin- gulières dans leur développement extraordinaire, leur structure et leur pro- duit, que montrent les prostates du Hérisson avec celles des Salamandres, et surtout avec celles des Tritons, les seuls des animaux vertébrés, hors de la classe des mammifères, chez lesquels on ait découvert, jusqu'à présent, un semblable appareil glanduleux. TROISIÈME PARTIE. Du mode de fécondation des Salamandres et des Tritons. » Les détsils anatomiques dans lesquels je suis entré dans les deux par- ties précédentes de ce troisième fragment, et surtout dans la dernière, sur les organes d'accouplement de ces animaux, et ce que je vais dire de leur viviparité ou de leur oviparité, m'ont conduit à des notions entièrement différentes de celles adoptées généralement d’après Spallanzani et M. Rus- coni, sur leur mode de fécondation. » Les naturalistes pensent, avec ces savants, que les œufs des Tritons sont fécoudés par l'intermédiaire de l’eau, comme ceux des poissons ovipares , au moment de la ponte ou apres la ponte; et que ce véhicule, spermatisé par le mâle, est absorbé sans rapprochement intime des sexes, par l'orifice du vestibuie de la femelle des Salamandres, qui sont vivipares, pour la fécon- dation intérieure des ovules. » Cependant M. de Schreibers avait eu la rare occasion d'observer un véritable accouplement , c’est-à-dire un rapprochement intime des vestibules (x) PL IT, fig. 16, de son important ouvrage sur la structure intime des glandes. C. R., 1544, 2m Semestre. ( T. XIX ,N° 20.) 127 (954 ) de deux individus de l’un et l’autre sexe appartenant à la Salamandre noire. » Cette observation positive détruit, à mon avis, toutes les observations négatives concernant les deux espèces de Salamandres qui ont été le plus étudiées dans leurs mœurs, la commune et la noire. » Elle fait comprendre l'usage de ces prostates si développées, annexées au vestibule des mâles, et le véhicule abondant que la semence trouve dans leur produit, pour être versée immédiatement du vestibule du mâle dans celui de la femelle. » Les poissons ovipares, dont le sperme est si abondant à l'époque du rut, et si remarquable par sa densité, n'ont jamais de prostates; l’eau dans la- quelle ils le répandent étant le liquide destiné à le délayer et à le porter sur les œufs. » Les Tritons, bien plus encore que les Salamandres, produisent une li- queur prostatique abondante, qui doit servir de même de véhicule à la se- mence du mâle, sans l'intermédiaire de l'eau. » Ils ont, de plus, une verge considérable ou un organe d’accouplement très-prononcé, qui me persuade que cet accouplement a lieu réellement pour une fécondation intérieure des ovules comme chez les Salamandres. » l'anatomie m'a donné ces convictions, malgré la grande autorité de Spallanzani et celle de M. Rusconi. » J'ajouterai encore aux considérations des organes d'accouplement des mâles, chez les Tritons, celle de la composition des œufs complets, arrivés dans la dernière partie de l'oviducte. Ils sont très-grands, ovales etremplissent, l'un après l’autre, tout le canal de l'oviducte. Leur coque est transparente et laisse voir un vitellus sphérique qui se meut librement dans la cavité de la coque, à travers un albumen moins dense. Les œufs pondus ne sont pas dif- férents, ni pour le volume ni pour la forme. Leur coque ne paraît donc pas propre à absorber l’eau spermatisée pour la fécondation, et à se remplir de cette eau en se dilatant et en se séparant du vitellus, comme celle des poissons. L’albumen liquide qu'elle renferme déja dans l'oviducte le dé- montre. » Je crois pouvoir conclure de ces diverses considérations : » 1°. Que la fécondation, chez ces animaux, a lieu avant ja ponte, dans l'ovaire ou dans le commencement de l'oviducte, avant que l'ovule soit en- touré de son albumen et de sa coque ; » 2°, Que les sexes se rapprochent pour cette fécondation et que la verge du mâle, chez les Tritons, s'introduit dans le vestibule génito-excrémentitiel de la femelle et sert à un accouplement intime. ( 955) » Si cet accouplement n’a pu être observé par Spallanzani, ni par M. Rus- coni, c'est qu'il a lieu probablement pendant la nuit, ou qu'il dure peu d'in- stants, comme chez certains oiseaux. Résumé du quatrième fragment. » Ce quatrième fragment comprend en premier lieu : » L Une description détaillée des reins des Salamandres et des Tri- tons. » 1°. On verra dans le premier paragraphe que leur forme et leur éten- due varient d'un sexe à l’autre, et que leur couleur peut être très-différente, chez les mâles, durant l'époque du rut, ou hors de cette époque, suivant la nature de l'urine plus ou moins épaisse qui distend leurs canaux sécré- teurs. » 2°. Dans un cas rare, j'ai trouvé les canaux urinaires de la substance du rein tellement injectés d'une urine épaisse, que j'ai pu reconnaître tous les détails d’arrangement et de structure de ces cauaux. » Ces détails sur la structure intime des reins font le sujet de mon second paragraphe. » J'y montre que les reins des Salamandres et des Tritons se composent, comme ceux des mammiferes , etc., de deux ordres de canaux. Les uns, que j'appelle sécréteurs, ont un plus petit calibre, sont blancs et forment des anses ou des replis assez longs et peu sinueux, quelquefois parallèles et arrangés en rosaces autour d'un ou plusieurs centres; les autres, que j'appelle canaux modificateurs, reçoivent l'urine des premiers et la transmettent dans les ca- naux excréteurs ou les uretères. Ils sont très-repliés, très-sinueux et présentent l'aspect des circonvolutions cérébrales. Leur contenu est jaune. Ces derniers se voient à la surface inférieure des reins, du côté externe, et sur toute leur face supérieure. » Ils répondent cependant aux tubes de Bellini, composant la substance des reins, dite médullaire, des mammifères. » Les tubes sécréteurs se montrent, dans notre exemplaire de la Sala- mandre commune, qui est un mâle, dans une bande longitudinale de la face inférieure des reins, du côté de la ligne médiane du corps (1). Ils sont sépa- (1) Il était intéressant de comparer cette structure vasculaire si compliquée de l’organisation définie des reins de la Salamandre, avec celle de l’organisation se développant; j’ai mis en re- gard, dans ce but, la figure d’un rein d’une très-jaune Salamandre, ayant encore les bran- chies et seulement 0",021 de longueur, copiée dans l'ouvrage de M. J. Müller, sur Za structure 127. (956 ) rés des tubes modificateurs par une ligne ou une série de petits corps sphéri- ques, qui sont les glandules de Malpishi. » 3°, Ces glandales sont relativement volumineuses dans les reins des Sala- mandres et des Tritons. Elles ont un diamètre moyen d'un demi-millimètre. » Leur description fait le sujet de mon troisième para;raphe. J'y montre qu'elles sont généralement superfcielies et toujours en rapport avec les canaux sécréteurs. C'est à la face inférieure des reins qu'il faut les chercher, soit en série assez régulière dans la ligne médiane, comme chez le mâle de la Sala- mandre commune; soit dispersées irrégulièrement sur toute la surface de ce côté des reins, comme dans le male du Triton à crête. » Ces glandules se composent d'une capsule dont les parois se continuent avec un canal sécréteur, ainsi que M. Bowman les a décrites dans plusieurs mammifères, et dans le Perroquet, le Boa constrictor et la Grenouille (+). » Mais je ne trouve pas, dans la distribution de leurs vaisseaux, une confir- mation de la figure théorique que cet anatomiste a publiée, pour expliquer la circulation du sang dans les reins des animaux qui ont une veineporte rénale. » Les vaisseaux afférents de plusieurs de ces glandules m'ont-paru prove- nir des ramifications de cette veine, et pénétrer dans les capsules par un ra- muscule qui les contourne ; il en forme la pelote vasculaire par ses ramifica- tions, desquelles sort le vaisseau efférent. » Ma manière de voir confirme, il me semble, la détermination de la veine porte rénale et démontre sa fonction; elle était d'ailleurs indiquée déjà par la marche du sang dans cette veine, que J'ai eu l'occasion de constater, ily a plusieurs années, par des expériences très-simples (2), qui ont été répétées et multipliées par M. Martino. ». Dans le quatrième paragraphe, je décris des amas irréguliers de corpus. cules jaune-orange annexés aux parois des veines rénales efférentes, et, en avant des reins, à celles de la veine cave. ». Ces corpuscules ont absolument la même composition que ceux desreins de Grenouille, que M. le docteur Gruby regarde comme leurs reins suc- centuriés (3). intime des glandes. On y verra, au lieu de ces canaux de deux sortes, si longs et si replies, de nombreux petits cœcums pyriformes, qui paraissent rangés en deux séries, origine pro- bable des deux sortes de canaux. PL. IT, fig. 19. (1) Annales des Sciences naturelles, 2" série, t. XIX, p. 108et 129, PL. Let II. (2) Lecons d’ Anatomie comparée, 2"° édition, t. VI, p. 255. (3) Annales des Sciences naturelles, t. XNIL, p. 212, et PI. X. + ( 957 ) » Ce sont des agrégations de vésicules sphériques renfermant un amas de grauulations également sphériques, ayant un certain degré d’opacité, conservant leur forme lorsque la vésicule qui les contenait s'est rompue. » Les vésicules des corps graisseux dont ces agrégations ont exactement la couleur, sont également sphériques de même volume à peu près; mais elles ne renferment qu'une huile transparente , de couleur d’ambre, sans granula- tions. » M. Gruby a bien voulu faire avec moi ces observations comparatives sur ces corps problématiques; elles sont indépendantes de la détermination donnée: à ces corps, chez les Grenouilles, par ce savant anatomiste. » IT. Ce quatrième fragment comprend en second lieu (dans les $$ VII à XIV) la description détaillée d’un singulier appareil de canaux excréteurs des reins dans la Salamandre commune, dans la Salamandre noire et dans trois espèces de Tritons. » 1°, Cette description est précédée d'une introduction ( qui fait le sujet des $$ I à VI) dans laquelle je rappelle les rapports des canaux excréteurs des reins et des glandes spermagénes dans les animaux vertébrés en général, et chez les Batraciens anoures en particulier. » Ces rapports sont tels chez les mâles de ces derniers, que l'uretère pour- rait tout aussi bien être appelé canal déférent, puisque c’est à la dernière partie de ce canal qu'est annexée la vésicule séminale de ces animaux , et que les canaux séminiferes vont s'y joindre à son origine et à travers le rein. » Chez les femelles, au contraire, l’urètre n’a aucun rapport avec l'ovi- ducte. » 2°, Une première singularité touchant les canaux excréteurs des reins chez les mâles des Salamandres et des Tritons, c’est qu'ils se dégagent en nombre variable , suivant les espèces, de la surface du bord externe du reir, et qu'ils ont un trajet plus ou moins long hors du rein , au lieu de se réunir immédiatement en un seul uretère annexé au rein, comme chez les Batraciens anoures. » 3°. Trois, jusqu'à sept, de ces canaux se dirigent vers le déférent et ne tardent pas à sy terminer. l'urine qu'ils versent dans ce canal excréteur doit servir, au besoin, de véhicule aux spermatozoïdes. » 4°. Les suivants, en nombre également variable selon les espèces, gros- sissent très-sensiblement à l'instant où ils se dégagent du rein, se déploient au dehors, sont d'autant plus longs qu'ils sont pius avancés, forment un faisceau considérable , et ne se réunissent en un seul canal que très-près du vestibule dans lequel ils s'ouvrent tout à côté du déférent. ; (958 ) » Ces canaux sont distendus, à l'époque du rut, par une urine plus ou moins épaisse et laiteuse. Leur faisceau forme, de chaque côté. une sorte de réservoir, que de célèbres anatomistes (1) regardent encore aujourd'hui comme une vésicule séminale, et sur le contenu duquel il restait de l'incer- titude qu’il importait à la science de faire disparaïtre. Ce faisceau singulier d’uretères n’a tout au plus de comparable et d'analogue que celui des canaux excréteurs du pancréas des Pithons que j'ai fait connaître, en 1832, dans mes Fragments sur l'organisation des serpents, dont l'Académie a bien voulu voter l'insertion parmi les Mémoires des Savants étrangers, sur le Rapport de M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire. » 5°, Ces mêmes canaux excréteurs sont aussi nombreux chez les femelles, mais plus petits et transparents, par suite de la minceur de leurs parois et de la limpidité de l'urine qu'ils charrient; ils se réunissent plus tôt à l'uretère. » Ces différences sexuelles dans les canaux excréteurs des reins, jointes à celles que nous avons indiquées dans la forme et l'étendue de ces organes, montrent incontestablement leurs rapports avec les organes de la génération, et que ces rapports sont plus intimes chez les mâles que chez les femelles. » 6°, En dernier résumé, ce quatrième fragment : » a. Fait connaître dans la forme des reins des Salamandres et des Tri- tons, et dans l'appareil singulier de leurs canaux excréteurs, des différences sexuelles très-sensibles. » b. On y trouve démontrés, pour la première fois, des rapports orga- niques très-singuliers entre les organes mâles de la génération chez ces ani- maux , et les canaux excréteurs des reins. » ©. On y verra que la structure intime de ces derniers organes est aussi compliquée que celle des reins chez les mammifères, et qu'elle se compose de deux sortes de canaux sécréteurs, dont les uns sont en rapport avec les glandules de Malpighi, et dont les autres se continuent à la surface du rein avec les canaux excréteurs,. » Cette derniere circonstance organique démontre surabondamment que ces canaux excréteurs ne sont pas des vésicules séminales ; ce que prouvait déjà leur existence chez les femelles comme chez les mâles de ces Batraciens urodeles. L » Dans les troisième et quatrième fragments, pour l'examen desquels je (1) MM. Rathke et J. Müller. (959 ) prie M. le Président de vouloir bien nommer des Commissaires, J'espère avoir montré, comme dans mes observations sur les Dents, comme dans celles sur le développement des Pœcilies, le soin que je mets à me livrer à des recherches anatomiques de structure intime et d'analyse microscopique. » Après avoir assisté, il y a plus de quarante ans, à l'époque de création de Anatomie comparée, pour laquelle cette Académie peut revendiquer la gloire d'avoir préparé, dès l'instant de sa fondation, une notable partie des matériaux nécessaires , je suis heureux d'être encore acteur durant l'époque actuelle, qui est celle de perfectionnement de cette belle science. » Ce Mémoire est accompagné de deux planches comprenant vingt-cinq figures. Les Commissaires nommés pour son examen, sont MM. Duméril, de Blainville , Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire et Milne Edwards. * NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un membre qui remplira, dans la Section de Chimie, la place vacante par suite du décès de M. d’Arcet. Avant qu'on ne procède auscrutin, M. 1e Présmenr annonce que M. Pecrcor s'est désisté de la candidature par une Lettre dont il n’est pas donné lecture à la séance, mais que nous reproduisons plus bas. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 54, M. Balard obtient 28 suffrages. M. Fremy.. ... 26 M. Barann, en conséquence, est proclamé élu. Sa nomination sera sou- mise à l'approbation du Roi. Voici le texte de la Lettre de M. Peligot : « M. le Président, » Je viens vous prier de vouloir bien faire connaître à l'Académie la déter- mination que j'ai prise de me désister de ma candidature, pour la place ac- tuellement vacante dans la section de Chimie. » Cette détermination m'a été imposée par une circonstance qui, peutêtre, n’a pas été sans influence sur le rang que j'occupe parmi les candidats que la section de Chimie présente au choix de l'Académie. Outre les recherches que ( 960 ) j'ai publiées , depuis douze ans, sur des sujets variés, quelquefois difficiles et importants, j'avais à présenter, comme un titre principal aux suffrages de MM. les membres de l'Académie, mon travail sur l’uranium, qui date de 1842. Accueilli avec une grande bienveillance par la plupart des chimistes, ce travail avait été néanmoins vivement critiqué, dans quelques-unes de ses déductions théoriques, par l'un des illustres associés étrangers de l'Académie ; j'ai répondu, par de nouveaux faits qui mont semblé décisifs, aux observa- tions de M. Berzelius, et j'ai réclamé, avec instance, l'intervention et le ju- gement de l'Académie dans une discussion dont elle possede tous les éléments. » Le Rapport sur le deuxième Mémoire sur l'uranium que j'ai lu au mois d'avril dernier, n’a pas été fait, la section de Chimie ayant décidé, d’après des motifs que je respecte, qu'aucun Rapport ne serait présenté sur les travaux des candidats pour la place devenue vacante dans son sein. Cette décision, maintenue malgré mes réclamations, m'a privé d'un appui qui pouvait seul contrebalancer l'accueil peu favorable que M. Berzelius a fait à mon travail. J'avais d’ailleurs besoin de la sanction que l'Académie aurait peut-être ac- cordée à mes recherches sur l'uranium, sanction que je sollicite encore au- jourd'hui, non pas dans un étroit intérêt d'amour-propre, mais dans l'intérêt de la science et de la vérité, pour lutter, avec quelque chance de succes, contre les titres des autres candidats. » En renonçant cette fois aux suffrages de MM. les membres de l'Aca- démie, je les prie de recevoir l'expression de ma vive gratitude pour les marques nombreuses de bienveillance et d'intérêt dont ils ont bien voulu m'honorer. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Notice sur la constitution géologique du cap de Bonne-Espérance; par M. J. Erier. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy.) « On n'a pas eu jusqu'ici d'idées bien arrêtées sur la constitution géolo- gique de l'extrémité méridionale du continent africain. L'étude que je viens de faire de la montagne de la Table (cap de Bonne-Espérance) et de ses en- virons, en fixant l’âge de ce terrain, servira peut-être de point de départ aux travaux de recherche que réclame ce pays, si peu étudié jusqu'ici au point de vue géologique, et pourtant si plein d'intérêt. » La montagne de la Table et ses annexes, dont le prolongement forme le ———@ EE ——————— ( 961) promontoire désigné sous le nom de cap de Bonne-Espérance, présente une composition de terrain assez simple. » La base de la montagne de la Table, dans la partie qui regarde la ville du Cap, est un granite porphyroïde très-bien caractérisé, qui s'est fait jour violemment au milieu des psamites schisteux, dont il a disloqué les couches en pénétrant à travers, par voie d'injection, et en modifiant plus ou moins profondément la texture de cette roche de sédiment. » Au-dessus de ces psamites schisteux métamorphiques, et jusqu'à la hau- teur d'environ 550 mètres, s'étend, en couches inclinées de près de 10 de- grés au sud-ouest, présentant leurs tranches à l'escarpement, un gres argilo- siliceux cù abonde le mica en petites paillettes et qui alterne avec des schistes argileux très-ferrugineux d'un rouge sanguin. Ce grès paraît n'avoir pas com- plétement échappé à l'effet du voisinage des injections granitiques. Vient ensuite un puissant dépôt d'un grès quartzeux blanc, en couches de 1 mètre au moins d'épaisseur, également inclinées d'environ 10 degrés au sud-ouest, entremélées à divers niveaux par de petites couches de cailloux arrondis de quartz blanc, dont la grosseur varie entre celles d’un poistet d'un œuf de pigeon. Cette roche constitue le plateau de la montagne de la Table, élevé de 1163 mètres au-dessus du niveau de la mer, et les sommets des Pics-du- Diable (1076 mètres), et de la Tête-du-Lion (966 mètres), ainsi que de la chaîne de montagne qui se termine à la mer, au cap de Bonne-Espérauce, dont le pic a 320 mètres d'élévation. » La protubérance granitique de la base de la montagne de la Table s'allonge dans la direction de l’ouest, 42 degrés nord , et vient faire saillie sur le col qui sépare ce massif du pic de la Tête-du-Lion, pour s'enfoncer ensuite sous le psamite argilo-schisteux et le grès, et reparaître de l’autre côté du pic, au bord de la mer, depuis Camp's-Bay jusqu'au phare de Cape-Town. ». Sur cette partie de la côte, comme au pied de la montagne de la Table, ce granite offre à l'observation une foule de points en contact avec la partie inférieure du psamite argilo-schisteux qu'il a modifié plus ou moins profondé- ment : tantôt il a poussé des filons sinueux de plusieurs mètres d'épaisseur à travers les feuillets disloqués de cette roche de sédiment ; tantôt il en em- pâte les fragments ; partout l'effet du métamorphisme est en raison de la puissance des masses injectées. Les parties du psamite les plus voisines du granite sont transformées en une espèce de schiste maclifère à grains fins, et » dont les reflets cristallins complètent son identité avec les schistes modifiés par les granites porphyroïdes que nous avons observés sur plusieurs points des Pyrénées-Orientales, notamment dans la vallée de Carol et à Railleu. C.R., 1844, 2Me Semestre. ( T. XIX, N° 20) 128 ( 962 ) D'autres parties sont devenues des schistes coticules ou des lydiennes dw grain le plus fin. Là où les feuillets de la roche modifiée ont été relevés ver- ticalement, elle se prolonge dans la mer en une multitude d’aiguilles qui ont résisté aux vagues, tandis que le granite qui les entourait a disparu sous l’ac- tion destructive du flot. » On observe une dégradation sensible dans les effets da métamorphisme à mesure que les psamites s'éloignent de la masse granitique, et le terrain de la Croupe-du-Lion, qui en est séparé par une épaisseur d'environ 250 mètres, offre déjà, à sa partie supérieure, des schistes argileux, gris, jaunâtres, exempts d’altération; enfin, en s'éloignant davantage du centre d'action, le schiste argileux micacé qui forme la petite île Robben, située au milieu de la baie de la Table, conserve tous ses caractères sédimentaires. Il se débite à la manière du schiste et est employé, dans les constructions, comme pierre à daller. » La même protubérance granitique, dont nous avons signalé l'existence au nord-ouest de la base de la montagne de la Table, se poursuit au-dessous des psamites argilo-schisteux, dans la direction de l'est 42 degrés sud , et se montre à découvert entre Constantia et Hout-Bay. Ainsi Le granite porphyroïde sert, comme on voit, de base à la formation sédimentaire qu'il a soulevée sur une vaste étendue, et sans trop déranger l'horizontalité des masses qui, à la Table, ne s'en écartent, comme nous l'avons déjà dit, que d'environ ro de- grés vers le sud-ouest. » Le granite porphyroïde n'a pas été le seul agent des dislocations que le sol a subies sur ce point. En effet, sans parler, 1° des filons siliceux garnis intérieurement de druses, de cristaux de quartz, mélés d'amphibole noire prismatique ; 2° d'un granite particulier où le mica vert abonde , et qui a aussi jeté d’épais filons dans le granite porphyroiïde, postérieurement à sa solidifica- tion, dans la direction du nord-ouest au sud-est, nous avons à signaler, sur ce point, l'existence de plusieurs dikes d'une roche noire-grisâtre, com- posée de pyroxène, de feldspath et de fer oxydulé unis intimement, et que nous rapporterons au trapp : ces dikes sillonnent non-seulement le granite, mais encore toutes les roches sédimentaires qui sy montrent superposées. L'un de ces filons, d'environ 1 mètre d'épaisseur, courant dans la direction de l’ouest 40 degrés nord, croise transversalement, au milieu du granite por- phyroïde, le col qui sépare la montagne de la Table du pic de la Téte-du- Lion; puis il se prolonge, de part et d'autre du col, dans le psamite et le grès quartzeux qui le flanquent. En s’avançant vers l'ouest, dans le sentier qui côtoie la base du pic de la Tête-du-Lion, on rencontre bientôt, sur le ( 963 ) flanc de cette montagne, plusieurs dikes qui la traversent dans la direction ouest 35 degrés nord, c'est-à-dire à peu près parallèlement au premier, et qui ont jusqu'à 8 mètres de puissance. L'un de ces dikes, dérangé de sa po- sition normale par un glissement du sol postérieur à l'injection, présente une disposition analogue à celle qu'on observe parfois dans les couches de combustible des bassins houillers. » Le trapp se décompose à l'air, à la manière des roches plutoniques aux- quelles le feldspath sert de base : ainsi il se convertit en sphéroïdes concen- triques, dont les zones sont dans un état de décomposition d'autant plus avancé qu'elles s'éloignent davantage du centre. La suroxydation du fer et la décomposition du feldspath se réunissent pour hâter la désagrégation des parties constitutives de cette roche. Dans son contact avec le grès quartzeux, le trapp n'a subi ou causé aucune modification : nous avons recueilli des échantillons où les deux roches, soudées ensemble, n'indiquent aucune ac- tion mutuelle. » Il résulte des faits qui précèdent qu'à plusieurs époques, sans doute fort éloignées les unes des autres, des matières en fusion de nature très-diffé- rente se sont fait jour à travers les fissures de la première dislocation occa- sionnée par le granite. Nous avons recueilli, vers le sommet de la Table, des fragments de grès quartzeux blanc, traversés par des filets de manganèse peroxydé, qui ont accompagné sans doute l’une des injections plutoniques dont il s'agit. » Avant de chercher à établir l’âge relatif des diverses formations dont nous venons de parler, nous devons, pour compléter la description géolo- gique des environs de la ville du Cap, dire un mot des terrains de plaine qui l'entourent. » Le pourtour et le fond des divers bassins du voisinage sont occupés par un dépôt de cailloux incomplétement roulés, dont la grosseur varie entre celles du poing et d'un grain de mil, et qui sont reliés par un ciment argilo- ferrugineux passant, sur certains points, à la limonite la mieux caractéri- sée. Les matériaux de ce dépôt ont été évidemment fournis par la roche en place : ainsi ce sont des fragments anguleux de psamite métamorphique et de quartz, ou bien des cailloux arrondis de grès quartzeux, circonstances qui tendent à établir qu'ils ne viennent pas de loin. » Le fond de ces bassins est principalement occupé par diverses couches d'argile plastique et de sable blanc quartzeux renfermant des bois charbon- neux de la nature du lignite. On en peut observer une couche sur la berge ‘ du ravin creusé par un fort ruisseau venant de Tiger-Berg, colline terminant 128. ( 964 ) à l'est l’isthme qui réunit la montagne de la Table au continent : l'endroit où la couche de la lignite est à découvert, est à 14 kilomètres de la ville du Cap dans la direction est 16°30’ sud ; son épaisseur varie entre 30 et 65 centi- mètres : elle est horizontale et comprise entre deux couches d'argile plus ou moins sableuse; elle présente, sur quelques points, des masses ligneuses conservant des traces évidentes d’écorces, de veines et de nœuds de bois, et renfermant vers leur centre des couches contournées et irrégulières de fer sulfuré. Sur d'autres points, la couche consiste en plaques de charbon de la nature de la tourbe, et brûlant avec une flamme claire : le charbon le plus compacte est luisant comme du jayet; il donne à la distillation les produits du bois. Tout annonce un enfouissement d'une époque géologique fort récente. : » Cette même couche de lignite a été retrouvée à Wynberg, langue de terre partant du pied de la montagne de la Table. Voici quelle est sur ce point la composition du dépôt, d’après les travaux de sonde qui ont été faits : m Gouchetde lente FPE PRe-ri cr SCHOOL Terre bleue onctueuse........ SORTE 1,52 Terre blanche onctueuse....... S52bpooe (0770 Grès gris avec argile....... HOUSSE E tr UO: 40 Grès\brun chocolat. et ae ee Te 2 Argile bleuâtre onctueuse..... one ee 9,40 Sable rayé rouge et blanc avec argile..... 10,00 38,88 » La série des couches de ce terrain est surmontée par une formation de calcaire qui constitue plusieurs collines élevées de 8 à 10 mètres au-dessus de la plaine, et qu'on observe surtout dans l'isthme qui sépare False-Bay de Table-Bay, ainsi que sur la côte près des batteries qui défendent au nord- ouest les approches de la ville du Cap. Cette roche est un calcaire travertin blanc subcrayeux mélangé de sable blanc quartzeux. On y observe des con- crétions calcaires qui ont les formes les plus bizarres. Les parties de la roche où le sable est peu abondant servent à la fabrication de la chaux : on n'y rencontre, en fait d'êtres organiques, que des hélices de deux espèces qui ont encore leurs identiques, vivant dans la contrée. La base de ce dépôt calcaire est mélangée des débris roulés de limonite. » On observe enfin, disséminés çà et là, au pied de la montagne de la Table et de ses contreforts, un grand nombre de blocs de granite que des ob- ( 965 ) servations superficielles ont fait regarder comme erratiques; l'examen attentif que nous avons fait de leur nature nous a prouvé, avec la dernière évidence, qu'ils provenaient tous de la protubérance de granite porphyroïde dont nous avons signalé plus haut l'existence à la base du groupe des montagnes qui forment le cap de Bonne-Espérance. » Si ces blocs ne sont pas précisément en place, c'est uniquement aux éboulements naturels du sol qu’il convient de l'attribuer : il faut donc re- noncer à voir là, comme on l’a prétendu, l'effet d’un phénomène analogue au diluvium. ! » Après avoir décrit la nature et la situation du sol des environs de la ville du Cap, il nous reste à discuter l’âge et le mode de formation des ter- rains qui le constituent; nous nous aiderons dans ce travail de nos propres observations comme des renseignements positifs que nous avons pu nous procurer dans le pays. » $i nous n'avions, pour décider à quelle formation appartiennent les masses stratifiées dont est formé le groupe des montagnes du cap de Bonne- Espérance, que leur composition minéralogique , nous serions sans doute embarrassés pour déterminer leur position dans la série des terrains de tran- sition dont ils font incontestablement partie; mais les fossiles que nous pos- sédons et qui ont été recueillis par M. Wentzel, géomètre du cadastre, au sommet de la montagne de Cédarberg, à la hauteur d'environ 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans un psamite argilo-schisteux superposé au même grès quartzeux qui forme le plateau de la montagne de la Table, nous permettent de rapporter ce dernier à la partie supérieure de la forma- tion cambrienne. Nous avons reconnu, en effet, parmi ces nombreux fossiles, le Calymene Blummenbachü et V’ Asaphus caudatus, qui caractérisent dans l'hémisphère boréal l'étage inférieur silurien. Ce ne sont pas là, d’ailleurs, les seuls fossiles que renferment ces schistes ; on y remarque des producta, des bivalves se rapprochant, pour la forme, du genre Donax, et d’autres corps organiques voisins du Calceola. » L'identité des terrains de transition de l'extrémité méridionale de l'Afrique et du nord de l'Europe et de l'Amérique, soit sous le rapport de la compo- sition minéralogique, soit sous celui de la paléontologie, doit donc être con- sidérée comme un fait acquis à la science et qui vient donner une nouvelle sanction à l'opinion depuis longtemps émise sur l'étendue et la généralité des phénomènes géologiques aux premiers âges de la terre. Les travaux de MM. Murchison, de Verneuil, de Castelnau, d’Orbigny, etc., ont fait con- naître l'existence , en Angleterre, en Russie, aux États-Unis et dans la Bolivie, ( 966 ) des terrains de transition depuis le 60° degré de latitude nord jusqu'au 20° de latitude sud. La même formation se prolonge , ainsi que nous venons de le constater, sur le continent africain jusqu'au 34° degré de latitude sud; ainsi ils occupent sur la sphère terrestre une étendue de 94 degrés en latitude, et de plus de 600 myriamètres en longitude. De nouvelles recherches, en re- culant sans doute encore les limites que nous assignons provisoirement à cette formation, démontreront l’universalité des conditions d'existence des êtres organisés qui furent les premiers habitants de notre globe. » Le granite porphyroïde, qui a modifié et soulevé dans une vaste étendue le terrain de transition de l'Afrique méridionale, est analogue aux mêmes variétés de granite déjà observées dans les Pyrénées-Orientales et à la côte de Laber, près Brest, où il a aussi métamorphosé des schistes et des psamites de transition. Il contient çà et là des cristaux d'amphibole noire, et à Kannes-Berg, les Hottentots y exploitent une veine considérable de stéatite (pierre olaire) identique à celle de Molitch, près Prades (Pyrénées-Orientales), et qu'ils faconnent en forme de pipes et de vases. » La direction générale imprimée au soulèvement de l'extrémité sud-ouest de l'Afrique est, comme nous l'avons déjà dit, ouest 42 degrés nord ; c'est celle, du moins, qu'indique la boussole d’après l'orientation des couches, bien que la chaine qui se termine au cap de Bonne-Espérance semble se diriger à peu près du nord au sud. Les faits nous manquent pour fonder sur cette donnée un rapprochement d'époque avec les soulèvements observés en Europe. » Aucun des nombreux membres de la série des terrains de sédiment com- pris entre la formation de transition et les alluvions anciennes n'existe aux environs de la montagne de la Table, pour aider dans ce genre de recherches auquel les travaux de M. Élie de Beaumont ont donné tant de valeur. Le sol de la plaine située aux environs de la ville du Cap, et que nous avons dé- crite plus haut, ne peut, en effet, être rapporté qu'aux terrains d'alluvion postérieurs au diluvium; l'existence du lignite à l’état de bois carbonisé dans les sables argileux de la vallée de Tiger-Berg, les hélices ensevelies dans le tuf calcaire et les couches de cailloux plus ou moins arrondis que la limonite a reliés, ne laissent à nos yeux aucun doute sur l'origine comme sur l'âge de ce dépôt. A défaut de coquilles d'eau douce pour démontrer directement qu'il s'agit ici d'un dépôt lacustre, nous dirons que la nature et la forme des cail- loux reliés par la limonite indiquent , d'une part, qu'ils ont été empruntés aux pentes voisines, et, d'un autre côté, qu'ils ont été réunis dans les eaux peu agitées d’un lac. L'existence, au milieu du tuf calcaire qui forme dans la plaine plusieurs éminences, de deux espèces d'hélices dont les analogues (967 ) existent encore actuellement, prouve, non moins que les couches de bois car- bonisé dont nous avons déjà parlé, qu'il s’agit d'un dépôt littoral récent, et l'absence de tout vestige d'être marin et de toute action de la mer vient confirmer l'opinion que ce dépôt s'est formé dans un lac d’eau douce où sourdaient des sources chargées de carbonate de chaux. » Ainsi , à une époque rapprochée de celle où nous vivons, et probable- ment contemporaine de l'homme, un lac baignait le pied de la montagne de la Table. Le phénomène qui y a mis fin n'a dépassé nullement la puissance des causes actuellement agissantes; un léger changement dans le niveau du continent africain, et, les courants que le déplacement momentané des eaux a dù produire, ont suffi pour déterminer son desséchement et la forme actuelle de son fond. » Au surplus, ce phénomène, que nous circonscrivons ici dans la plaine avoisinant la montagne de la Table, est, à ce qu'il paraît, infiniment plus général qu'on ne le supposerait au premier abord, et d'après les observations que nous avons eu occasion de faire précédemment dans la partie du Sahara qui longe le fleuve du Sénégal , ainsi que dans la portion de la Sénégambie qui comprend le Wallo, le Cayor, le Fouta etla presqu'île du cap Vert, nous sommes fondés à admettre que ces immenses plaines intérieures, que traver- sent le Sénégal et la Gambie, sont aussi des fonds de lacs peu profonds dans lesquels étaient entraînés les sables et les cailloux que la limonite reliait en- suite sur place. Les lacs de Panié-Foul et de Cayor, qui subsistent encore, peuvent nous donner une idée de ce qu'était alors la surface inondée de ces contrées, tandis que les parties avoisinant la mer et envahies par ses eaux nourrissaient des huîtres et une foule d’autres coquilles actuellement vivantes sur la côte ou à l'embouchure du fleuve, et dont on retrouve des bancs épais à Diondoun , à Lampsar, etc., villages nègres situés aujourd'hui à plusieurs lieues dans l'intérieur des terres. Un léger exhaussement du sol a suffi, là comme à l'extrémité du continent africain, pour faire sortir ces plaines du sein des eaux. L'identité des formations, mise à découvert, assigne une date commune à ces phénomènes, dont l'action se serait ainsi exercée, de nos jours , sur une étendue de plus de 480 myriamètres de côte. » Nous eussions vivement désiré d'étendre nos propres observations aux chaînes de montagnes qui se dirigent au nord et à l’est dans le pays des Hot- tentots et des Cafres; mais le temps nous a manqué pour le faire, et nous avons dû nous borner à compléter l'étude de ce pays par l'examen des col- lections existant au Cap, ainsi que dans les relations pleines d'intérêt que nous ont offertes M. le colonel Mitchell, ingénieur en chef de la colonie, et ( 968 ) M. Hertzog, chef du cadastre. Nous exposerons ce que nous avons eu occa- sion d'apprendre ainsi, dans l'espoir d'attirer l'attention des géologues sur ce point, et de provoquer leurs explorations à travers un pays aussi intéressant qu'il est facile à parcourir sons tous les rapports. : » À l'exception d'une chaîne de montagnes commençant à Table-Bay et longeant la côte occidentale dans la direction du nord-nord-ouest , l'Afrique méridionale est généralement composée de plusieurs chaînes parallèles de hautes montagnes s'étendant de l'est à l’ouest, et que séparent des vallées et des plaines hautes d’une grande étendue. » La première chaîne est séparée de la mer par une bande de terres ondu- lées dont la largeur varie entre 15 et 5o kilomètres. Elle est échancrée par plusieurs baies et traversée par de nombreux ruisseaux. Le sol en est fertile et couvert de bois. » Vient ensuite, en s'avançant vers l’intérieur, la chaîne de Swaart-Berg ou des montagnes Noires. Plus haute et plus escarpée que la premiére, elle est formée sur plusieurs points d’une double ou triple ligne de rameaux; un espace de 16 à 18 kilomètres de terrain accidenté, stérile et sec, connu dans le pays sous le nom de Karroo, sépare la première chaîne de la deuxième. » La troisième chaîne est appelée Nieuweldt-Bergen. La plus haute de ces cimes, connue sous le nom de Konsberg, a 1 547 mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer. Entre la troisième et la deuxième chaîne se trouve le grand Karroo ou désert. C’est un plateau élevé d'environ 350 mètres au-dessus du niveau de la mer, mesurant de l’ouest à l’est 450 kilomètres, et du nord au sud 125 kilomètres, dont la surface argileuse est recouverte çà et là de sable clair-semé, et sur laquelle s'élèvent, de distance en distance , de petits arbres rabougris. » A l'ouest et Le long de la côte, le sol s'élève aussi en gradins Jusqu'à la chaîne du Roggeweldt qui se confond avec la chaîne du Nieuweldt. On peut même considérer la chaîne du Roggeweldt-Bergen comme commençant vers le 30° degré de latitude. Aprés avoir couru dans l'espace de 2° 30 au sud-sud- est, elle se coude vers l’est, puis, avant de se diriger au nord-est vers la baie Delagoa, elle forme comme un renflement qui donne naissance à la montagne de Spitz-Kop, haute de 2 100 mètres. » La formation de grès quartzeux de la montagne de la Table couronne la plupart des montagnes de la Cafrerie, et forme comme des plateaux escarpés, d'un côté, et inclinés en pente plus ou moins prononcée, de l’autre : les cou- ches de schiste et de psamites s’y montrent dans le même ordre de superposi- tion qu’à la Table. Le terrain silurien occupe les points les plus élevés. ( 969 ? » À Caledon-Kloof, gorge située à 240 kilomètres à l'est de la ville du Cap, le soulèvement a produit, au milieu des terrains de transition, une voûte arquée comme on en observe dans le Jura. » [lexiste dans ces montagnes plusieurs gîtes métallifères qui offrent cer- tainement autant d'intérêt au point de vue industriel que sous le rapport scien- tifique. Nous citerons en première ligne les mines de cuivre carbonaté et sul- furé de Coper-Berg, montagne située à 480 kilomètres au nord de la ville du Cap, et en dehors des limites de la colonie anglaise. Cette montagne est traversée, dans tous les sens, de filons qui se prolongent fort loin, puisqu'on en retrouve des traces à 80 kilomètres de là, sur les deux rives de la rivière d'Orange. » Près de la baie de Camtoos, distante d'environ 30 kilomètres de la baie Delagoa, on trouve, sur la pente escarpée d’un ravin profond, un filon de plomb sulfuré de 1 décimètre d'épaisseur, traversant un grès quartzeux ap- partenant au terrain de transition : l'essai de ce minerai a donné pour résultat 5o pour 100 de plomb et un demi pour 100 d'argent. » Entre Algoa-Bay et Graham's-Town, à 18 kilomètres de la mer, près de la rivière de Boschjesman, il existe un escarpement formé d'un conglo- mérat de galets et de sable d'environ 150 mètres. Vers les deux tiers de cette hauteur, on trouve une grotte qui peut avoir 5 mètres de largeur sur 3 mètres de hauteur, dont le sol est recouvert d'une épaisse couche d’alun de plume, dont les filets soyeux et déliés ont plus de 15 centimètres de longueur, et qui s'implantent sur une couche de 3 centimètres de magnésie sulfatée. Ce ter- rain paraît appartenir à la formation tertiaire; il renferme, à sa partie su- périeure, une grande quantité d’huîtres analogues à l'Ostrea virginica de la molasse du bassin du Rhône. » Enfin, il existe à Calédon, à Bocfeldt et à Beaufort , des gîtes de man- ganèse oxydé, de grenat, de topaze et de prénhite. » Le pays possède plusieurs sources d'eaux minérales fort précieuses. On en compte une à Graff-Reinet : l’eau en est froide , mais elle est fort riche en soufre. À 8 kilomètres à peu près de Cradock, dans le Sommerset , il existe une source minérale sulfureuse dont la température est de 30 degrés cen- tigrades. On l’administre avec succès en bains. » Le village de Calédon compte deux sources thermales, dont la tempé- rature est de 33 degrés ; elles tiennent en dissolution une grande quantité de chlorure de sodium. On les emploie en médecine dans les rhnmatismes chro- niques et dans les maladies de la peau. Le même district possède encore deux autres sources thermales, celle de Coyman's-Kloof, à une température de C.R., 1844, 2m Semestre, (T. XIX, N° 20.) 129 ( 970 ) 45 degrés; elle contient du chlorure de sodium. L'autre est située à Roode- berg ; sa température est de 34 degrés ; elle tient en dissolution un peu de carbonate de chaux. » Il existe en outre, dans le pays, un grand nombre de sources et de lacs salés. Plusieurs sont situés à 320 kilomètres dans l'intérieur, et à 1500 et 2000 mêtres au-dessus du niveau de la mer. Le sel sy prend spontané- ment en croûtes qui ont de 15 à 18 centimètres d'épaisseur, et qu’on exploite pour servir à la wonsommation du pays. » GÉOLOGIE. — Vote sur la physionomie générale de l’Altaï; par M. »e T'onmmarcnerr. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont , Dufrénoy.) « Le mot d'Altaï, tel qu'il est généralement employé, est une dénomina- tion aussi vague, sous le point de vue topographique, que contraire au sens qu'y attachent les indigènes. En me servant de ce nom dans son acception la plus étendue , il me suffira de faire observer que je l'applique à la contrée montagneuse située entre 79 et 86° 20’ de longitude est (de Paris), et entre 49 et 52° 30’ de latitude boréale, en me réservant de motiver, dans un ou- vrage spécial que je publierai incessamment sur ces contrées, la délimitation dont je viens d'indiquer seulement, et d'une manière approximative, les points astronomiques, vu que l'énumération des localités qui représentent les limites en question, ainsi que l'indication des chaînes de montagnes qui com- posent le massif de l'Altaï, offriraient le grave inconvénient de produire une longue série de noms, pour la plupart encore inconnus dans la géographie, et ne possédant conséquemment aucune valeur sans l'aide d'une carte (1). En désignant par le nom d'Æ/tai la contrée comprise entre les points astro- nomiques susmentionnés, nous aurons un massif d'environ 800 kilomètres de longueur, sur près de 350 kilomètres de largeur : massif hérissé de mon- tagnes et sillonné par un grand nombre de cours d'eau, dont plusieurs lais- sent derrière eux, non-seulementles plus grandsfleuves de l'Europe, et même de l'Asie méridionale, mais encore peuvent prétendre aùx premières places dans le système hydrographique du monde connu. Le fleuve principal de lAltaï est, sans contredit, l'Ob, dont les immenses ramifications embrassent, comme d'un réseau labyrinthique, toute la surface de cette vaste contrée. Une parti- D NE PU EE RTE PRE (1) Un atlas in-folio, composé de huit cartes, destiné à accompagner mon ouvrage, est sur le point d’être achevé, ( 971) cularité remarquable , mais dont le nombre trop circonscrit d'observations . ne permet point de rendre compte, c'est que, dans la plupart des rivières qui parcourent l'enceinte de l'Altaï, le niveau des deux rives présente un con- traste plus ou moins prononcé, et nommément l'élévation de la rive droite comparée à la hauteur peu considérable de la rive gauche, ainsi qu'il est facile de s'en convaincre par l'examen d’une foule de localités que je pour- rais signaler. Ce phénomène, qui semble se répéter même dans la Sibérie septentrionale, où M. l'amiral Wrangel le fait observer sur la rivière Anouï, se reproduit également dans la Russie européenne, puisque l'élévation de la rive droite du Volga contraste p2sque partout avec le niveau peu considé- rable de la rive opposée; c’est ce qu’on voit, entre autres lieux, à Nijni- Novogorod, à Kazan, à Simbirsk , à Saratoff, etc. » 1°. Lorsqu'on considère la direction principale des cours d'eau qui sil- lonnent la vaste enceinte de ’Altaï, on observe qu'elle présente fréquemment une concordance assez prononcée avec le double type de la direction oro- graphique et stratigraphique qui caractérise ces contrées. En effet, non- seulement une grande partie des fleuves, rivières et torrents y coulent du nord-est au sud-ouest et du sud-est au nord-ouest, mais encore remarque-t-on que la première direction domine, dans les contrées caractérisées par une direction orographique et stratigraphique exactement semblable, tandis que la seconde direction prévaut dans l’Altaï oriental où elle se manifeste égale- ment dans les phénomènes orographiques et stratigraphiques. A côté de ces deux directions principales, il en existe une troisième qui parfois ne se pré- sente que comme une modification de la direction du sud-est au nord-ouest, mais qui cependant coupe souvent cette dernière sous un angle plus ou moins considérable, c'est celle du sud-sud-est au nord-nord-ouest; or, c’est nommé- ment le cas avec le fleuve principal de lAltaï, l'Ob, ainsi que plusieurs de ses affluents. On pourrait, en quelque sorte, expliquer ce phénomène en considérant qu'une grande partie des volumes d’eau actuellement existants dans l’Altaï, sous forme de rivières, se trouvaient peut-être originairement encaissés, comme autant de bassins fermés, dans les cavités et les fissures détérminées par les phénomenes des soulèvements et des éruptions, et que, dans la suite des temps, les eaux, rompant leurs digues, se sont écoulées dans le sens de la pente la plus rapide. Or, le massif de l’Altaï s'incline sensible- ment soit du sud-sud-est au nord-nord-ouest, soit du sud-sud-ouest au nord- nord-est , ainsi que le prouve d’ailleurs le plongement dominant des couches. Aussi la majorité des vallées transversales de l'Altaï peuvent être plutôt con- sidérées comme des vallées d'effraction que comme des vallées d’érosion. 129.. ( 972 ) » 929, En examinant attentivement la distribution des chaînes dont le vaste domaine de l’Altaï se trouve hérissé, on y aperçoit deux types assez distincts qui pourraient , sous ce rapport, le diviser en deux portions plus ou moins naturellement délimitées. » La première portion, que je nommerai l’4ltaï occidental , comprend la région située à peu près entre le 79° degré et le 84° degré de longitude est, et se trouve caractérisée par une direction dominante des chaînes de montagnes du nord-ouest au sud-est. On la voit plus ou moins distinctement prononcée dans l'alignement général de toutes ces masses désignées dans le pays par le nom de Belki ou Alpes. » La seconde portion, que je nommerai l’4ltaï oriental, comprend la ré- gion située entre le 84° degré et le 88° degré de longitude. Dans cette por- tion, la direction des montagnes s'éloigne de plus en plus de celle qui domine dans la précédente. A mesure qu'elles approchent du grand plateau de la Tchouya, que l'on peut considérer comme le point de séparation entre le système de l’Altaï et celui des Sayanes, elles se relèvent graduellement vers l'est, et finissent par s’aligner, soit presque parallèlement aux méridiens, soit dans la direction du nord-est au sud-ouest, Il n’est pas sans intérêt d'observer que c’est précisément sur le point de contact entre les deux grands types oro- graphiques que l'on remarque ces contours demi-circulaires, ces lignes tordues et plissées qu'y affectent plusieurs chaînes de montagnes. D'ailleurs, un coup d'œil sur une carte exacte fera aisément apprécier ce caractère de contournement remarquable que présentent plusieurs chaînes de montagnes situées dans la région dont il s'agit, caractère qui s'y trouve reproduit quel- quefois d’une manière si singulière, et sur une échelle si grandiose, que l'on voit souvent des crêtes considérables se replier sur elles-mêmes, soit en forme de croissant, soit en cirque oblong , presque fermé, servant de ceinture à une dépression centrale, et figurant en quelque sorte les bords d'un gigantesque cratère, dont l'ouverture se trouverait comblée et convertie en une surface plus ou moins plane. » Or, toutes ces masses, qui, par leur configuration extérieure, semble- raient accuser une origine ignée, ne sont que des immenses et monotones dépôts sédimentaires plus ou moins modifiés. Aussi, un des traits dominants de la plastique extérieure de l’Altaï consiste non-seulement en une disposi- tion terrassiforme des grandes masses qui le composent, mais encore en un certain arrondissement des contours qui circonscrivent ces derniers, et qui n’en font qu'autant d'intumescences plus ou moins considérables, phénomène bien propre à faire admettre l’action d'un agent plutonique qui ne.s'est point ma- ( 973 ) nifesté en dehors ; car les roches d’origine ignée mises en évidence nesont pas assez fréquentes dans l’Altaï pour expliquer par leur intervention seule, d'un côté, la longue série de métamorphismes, et, del’autre , le phénomène remar- quable de ces immenses gonflements que la croûte neptunienne de ces con- trées paraît avoir subis, sans qu'il en fût toujours résulté une perturbation ou un dérangement notable dans la stratification. » 3°, Le double type que présente l'Altaï sous le rapport orographique coïncide parfaitement avec les phénomènes stratigraphiques. En effet, dans la portion que j'ai désignée par le nom de l’Altaï occidental, la direction domi- nante des couches est du nord-ouest au sud-est; dans l'Altaï oriental, au con- traire, c’est la direction opposée qui semble l'emporter sur la direction pré- cédente, avec laquelle toutefois elle se trouve fréquemment alliée. Or, c’est précisément ce croisement des axes de soulèvement qui semble avoir produit dans l’Altaï, 1° d’un côté, cette espèce de fusion et d’entrelacement par lesquels le système des Sayanes se confond presque partout avec celui de l'Altaï pro- prement dit; 2° de l’autre côté, la hauteur considérable à laquelle les mon- tagnes de la portion orientale se trouvent portées relativement à la région occidentale, où ce croisement des axes est bien moins fréquent. Aussi, le point culminant de tout l’Altaï qui est représenté (au moins selon l'état actuel de nos connaissances ) par les colonnes de Katoune ou la Bélouhha ,setrouve précisément dans l'endroit où les deux lignes de directions semblent se ren- contrer. De même , le lac de Teletzk, évalement placé non loin de la région de croisement des axes de soulèvement, ne doit peut-être sa naissance qu'à cette circonstance même, exactement comme le lac de Titicaca, en Amérique, dont l'origine se rattache probablement à la rencontre de deux systèmes qui se croisent dans les Andes. » 4°. Si l'on examine les deux types orographique et stratigraphique sus- mentionnés, sous le rapport dela place qu'ils pourraient occuper dans l'échelle des treize soulèvements admis par M. Élie de Beaumont, on verra qu'en com- parant les directions dominantes de l'Altaï avec celles des systèmes de mon- tagnes de l’Europe méridionale, qui, par leur position topographique , se prêtent le plus à un rapprochement de cette nature; on verra, dis-je , que parmi tous ces systèmes, presque aucun ne s'accorde complétement avec les lignes stratigraphiques de l’Altaï (1). Il en résulte qu'une comparaison rigou- ’ (x) Pour donner aux résultats de cette comparaison un certain degré de rigueur mathéma- tique, j'ai résumé les directions principales de l’Altaï en une rose (à l’instar de celle que M. Élie de Beaumont avait dressée pour les directions du pays des Maures et de l’Esterel ); or, ( 974) reuse entre les directions de l’Altaï et celles qui caractérisent l'Europe méri- dionale devient très-vague, sinon inadmissible, et que, conséquemment, tout porte à croire qu'une étude approfoudie de la géogénie de l’Altaï autorisera à y établir un système de soulèvement en partie indépendant de ceux qui ont faconné le relief du sol européen. Peut-être qu’en détachant ainsi cette contrée du grand système de l'Europe, pour en former une œuvre à part, trouverait- on, en revanche, une connexion plus intime entre les annales géologiques de l'Altaï et celles de l'Oural. Je ne signalerai, en faveur de cette hypothèse , que les considérations suivantes: » A. La direction dominante du nord-ouest au sud-est, quicaractérise les montagnes de cette partie de l’Altaï que j'ai nommée Altaï occidental, s’ac- corde plus où moins avec la direction de l'axe principal de l'Oural; d'ailleurs cette concordance se manifeste le plus distinctement sur la lisière occidentale de cette portion de l'Altaï, et conséquemment sur les points les plus rappro- chés de l'Oural. En effet, la chaine de Kolyvane, celle de Bachalatsk, de Tchertchoulihba, etc., placées (surtout la première) comme aux avenues de l'Altai même, se rapprochent assez de la direction normale de l’arête oura- lienne, c'est-à-dire du nord-nord-ouest au sud-sud-est. » B. La nature des roches qui surgissent des deux côtés du vaste bassin diluvien qui sépare l’Altaï de l'Oural offre également une analogie tres-mar- quée. Lorsqu'on considère les masses granitiques de la chaîne de Kolyvane, faisant en quelque sorte une ceinture autour du domaine des terrains anciens, pour la plupart métamorphiques, et que l’on observe de plus que ces “dé- pôts alternent régulièrement avec des porphyres, il est impossible de ne pas être frappé des phénomènes analogues que l'on aperçoit sur la pente orientale de l’Oural. Or l'observateur qui s'y présenterait en venant de l'extrémité occi- dentale de l’Altaï ne croirait-il pas retrouver en quelque sorte la continuation du même tableau géologique, ne serait-il point tenté de voir dans cette longue série de schistes chlorités et de stéaschistes de lOural les mêmes roches qu'il vient de quitter à Zméeff, et ne trouveraitil pas remarquable que l’Altaï comme l'Oural se terminassent également par des dépôts anciens du même âge, alternant dans l'un et dans l'autre avec des porphyres, comme par exemple dansles districts de Tourinsk et de Nijni-Taguilsk où le calcaire, qui en y marquant les grandes lignes stratigraphiques de l’Europe méridionale, il s’est trouvé que la plupart d’entre elles , loin de rencontrer les faisceaux ou rayons qui représentaient les directions de l’Altaï, venaient au contraire tomber dans les interstices laissés en blanc. Cette rose sera reproduite sur la première feuille de ma carte générale de l’Altai. | (975 ) alterne si régulièrement avec des porphyres, appartient, selon M. Murchison, au système dévonien; ce qui est le même cas pour les dépôts calcaires de Zméeff, également caractérisés par des intercalations porphyriques ? » 5°. L'absence probable de dépôts postérieurs au grand système paléo zique coïncide, dans l'Altai, d'une manière remarquable avec celles de tra- chytes proprement dits, de basalte, d'obsidienne, de laves, et en général de tous les phénomènes qui caractérisent le plus les époques plus où moins récentes des annales géologiques. Cette circonstance constitue non-seulement un des traits les plus distinctifs entre l'Altaï et l'Amérique, la Hongrie, la Turquie d'Europe, les champs Phlépréens, l'ile de Java, etc., mais distingue encore la Sibérie occidentale de ia Sibérie orientale. En effet , les vastes con- trées qui se déploient à l'est du fleuve Yeniseï nous présentent des basaltes, des phonolites, des trachytes, des espèces d'obsidiennes, des perlites et des coulées de laves (à Kamtschatka). Or, à mesure que tous ces monuments d’éruptions récentes se multiplient dans la Sibérie orientale, on y voit en même temps se manifester des dépôts secondaires tout à fait étrangers à l'A ltaï; aussi la presqu'ile de Kamtschatka qui , de toutes ces vastes régions, est le plus caractérisée par des phénomènes d'éruptions modernes, est précisé- ment la contrée qui offre les dépôts neptuniens les plus récents que l'on ait encore découverts jusqu’à ce jour dans le monde sibérien; car, selon M.Er- man , des terrains crétacés bordent une grande partie de son littoral occiden- tal, et se trouvent flanqués par une large bande de dépôts tertiaires. Il est donc probable qu'une partie de la Sibérie orientale, et nommément la con- trée arrosée par la Léna, depuis Yakoutsk jusqu'à l'embouchure de ce fleuve, y compris plusieurs îles de la mer Glaciale, ont été soulevées postérieurement à la Sibérie occidentale, et nommément à l’Altaï. » 6°. Si sous le rapport de l’âge géologique la majeure partie de l'Altaï trouve-ses représentants dans lesterrains anciens de l'Europe, de l'Afrique et de l'Amérique, il s'en distingue néanmoins d’une manière assez tranchée par quelques particularités paléontologiques dont je ne signalerai que les sui- vantes : » a. Les Nautilites , les Goniatites et les Posidonia, si caractéristiques pôur le calcaire carbonifère de l'Angleterre et des provinces rhénanes, pa- raissent complétement manquer aux dépôts analogues de l'Altaï. » b. De même les Strigocéphales, les Murchisonia et les Gypsidia abon- dent dans les terrains dévoniens de Rubr en Allemagne et du Devonshire en Angleterre, sans que j'aie pu en trouver aucune trace dans ceux de l’Altaï. La classe des poissons ne paraît pas non plus y être représentée, ou au moins (976 ) ne s'y manifeste certainement pas sur la même échelle, comme dans les dépôts dévoniens des autres pays, où le Æoloptychius nobilissimus , par exemple, se retrouve non-seulement dans la plupart des contrées de l'Europe(y compris la Russie centrale ), mais encore dans l'Amérique septentrionale. » ©. Il paraît que sous le rapport de la rareté des Céphalopodes , les ter- rains anciens de l'Altaï offrent une analogie bien plus rapprochée avec l’'Amé- rique qu'avec l'Europe. Or, M. le vicomte d'Archiac et M. de Verneuil ont déjà fait l'observation tres-intéressante, que les Céphalopodes se sont trouvés beaucoup plus répandus dans les mers de l'Europe que dans celles du nou- veau monde; et cependant l'Altai demeure encore de beaucoup au-dessous du dernier sous ce rapport ; car on n’y a même point trouvé, autant que Je sache, les Goniatites, Henslovü, Listeri, carbonarius et sphæricus, que l'on voit cependant disséminés sur une immense surface , tant dans les États- Unis d'Amérique qu'en Europe (l'Angleterre, l'Allemagne, lOural, etc.), et même sur les rives du Gange où, selon M. Léopold de Buch, on a re- cueilli le Goniatites Listeri. Les Orthoceratites sont également très-peu nombreux dans l’Altai, comparativement à la profusion avec laquelle ils se trouvent répandus dans les terrains anciens de l'Europe et même de l’'Amé- rique où, selon l'observation des savants paléontologistes que je viens de citer, la pauvreté en espèce se trouve compensée par une plus grande variété dans les types génériques. » 7°. I semble résulter des observations précédentes qu'à l'époque où se formèrent les anciens terrains de l’Altaï, la mer, qui les déposait, offrait dans la physionomie de la faune pélagienne une particularité bien tranchée, par laquelle cette dernière se distinguait des faunes de toutes les mers con- temporaines. Cette particularité lui imprimait en quelque sorte le cachet qui constitue actuellement un des traits caractéristiques des mers septentrionales à l'égard des mers placées sous les zones tempérées et chaudes, savoir : 4, pauvreté en ordres, genres et espèces; b, richesse comparative en individus ; c, certaine restriction dans le développement des formes individuelles comparées à leurs congénères des pays chauds. En effet, ces trois parti- cularités se trouvent réunies dans les fossiles de l’Altaï; car, d'abord, non- seulement ils se distinguent, ainsi qu'on l'a vu, par une pénurie frappante sous les rapports génériques et spécifiques, mais encore y observe-t-on une certaine réduction dans les dimensions extérieures, qui fait que souvent des masses énormes ne sont pétries que d'une immense quantité de fossiles géné- ralement à formes plus ou moins exigrëés, puisque les individus de la famille des Céphalopodes et des Brachiopodes qui se distinguent le plus par leurs ( 977 ) dimensions, paraissent y manquer complétement, et qu'ils ne s'y trouvent remplacés que par leurs représentants les plus chétifs; d’ailleurs, les quel- ques fossiles de l'Altaï qui paraissent y faire exception n'appartiennent qu'à la classe des Zoophytes. » L'examen comparé de la flore fossile de l’Altaï (bien que nous n’en con- naissions encore presque d’autres représentants que les quelques exemplaires rapportés par moi de terrains carbonifères de cette contrée) semble conduire à des résultats semblables à ceux que j'ai essayé de déduire des caractères généraux de sa faune. Parmi les nombreux troncs d'arbres fossiles et les em- preintes végétales que j'ai recueillis dans le vaste bassin houiller de Kouz- netzk , on remarque une certaine pénurie dans les types génériques et spéci- fiques, comparativement à la flore fossile des terrains analogues de l'Europe et de l'Amérique, bien que les individus qui composent ma collection appar- tiennent presque tous à des espèces nouvelles. D'ailleurs, en examinant les restes végétaux dont il s’agit, on s'aperçoit que le rôle dominant se trouve réservé aux conifères, circonstance qui semble reproduire dans la flore fos- sile de l'Altaï une particularité que j'ai signalée dans sa faune, savoir : une certaine tendance à se rapprocher des phénomènes de la création actuelle, et à revêtir des formes moins éropiques que celles qui distinguent la plupart des végétaux de la Flore fossile des autres contrées. En effet, tandis que les terrains houillers de l'Europe et de l'Amérique renferment une foule de plantes qui, comme les Lepidodendron , les Sigillaria , etc., ne trouvent plus de représentants, même sous l'équateur ; dans l’Altaï, ces terrains sont par- ticulièrement caractérisés par des espèces qui, comme l'Araucarites, présentent la plus grande analogie, sinonsune parfaite identité avec des végétaux qui forment encore de nos jours d'immenses forêts en dehors des tropiques, puisque l’Araucaria abonde non-seulement daus la Nouvelle- Hollande, mais acquiert encore dans la république du Chili et dans l’île de Norfolk des dimensions gigantesques qui ne le cèdent en rien à celles qu'ont pu avoir les individus fossiles dont il s’agit. + » Ainsi, que l'on considere l’Altaï, soit sous le point de vue orographique, soit sous la rapport paléontologique , il nous apparaît comme une création placée en dehors des systèmes géogéniques de l’Europe et du nouveau monde. Également différent des massifs montagneux de la Russie européenne, le co- losse de la Sibérie occidentale se dresse isolé , et réclame en sa faveur, dans les annales géologiques, une section à part, destinée peut-être à se rattacher un jour aux pages intéressantes qui nous révéleront l'histoire des terrains de l'Asie septentrionale et centrale. » C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 20.) 130 (978) HYDRAULIQUE. — Expériences sur l'onde solitaire et sur l'onde de translation des corps flottants ; par M. »e Carey. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Cauchy, Poncelet, Morin.) « Quand une masse d’eau est subitement ajoutée à l'une des extrémités d'un canal, l’intumescence qui en résulte se transporte , sans être nécessaire- ment précédée d'ondes analogues ou de creux, jusqu'à l’autre extrémité du canal , si celui-ci n’est pas extrêmement long. Ce phénomène est connu sous le nom d'onde solitaire. » Comme il a été découvert par suite d’un accident arrivé à un bateau qui s’é- tait arrêté brusquement , on l’a d’abord confondu avec l'onde de translation des bateaux, élément essentiel de leur résistance. Mais les expériences n'ayant pas toujours confirmé les lois qui en avaient été conclues pour la vitesse de l'onde des bateaux, des doutes ont été élevés sur les lois de la vitesse de l'onde soli- taire , que l'on retrouve cependant, selon les auteurs anglais, dans celles de la marée. » J'ai été conduit à m'occuper de cette question par mes recherches sur les moteurs hydrauliques, pour lesquels il était essentiel, dans certains cas, d'étudier les ondes formées dans les canaux par des décharges alternatives, ce qui rentrait précisément dans le phénomène de l'onde solitaire , confor- mément à la définition que j'en ai donnée plus haut. » J'ai trouvé que ,' dans le cas d’une onde de cette espèce qui traversait un grand nombre de fois le canal d’une extrémité à l’autre avant de devenir trop faible pour être facilement observée, la vitesse moyenne de l’onde était assez sensiblement proportionnelle à la racine carrée de la profondeur d’eau dans le canal rectangulaire dont je me servais, et qu'elle était, en un mot, assez bien représentée par la loi des auteurs anglais quand les profondeurs ne sont pas trop petites. » Mais ce n'est plus seulement de la profondeur d’eau dans le canal que dé- pend la vitesse de l'onde quand elle est formée par divers corps flottants, mar chant d'ailleurs, avec desvitesses analogues. Quand je traînais, au pas ordi- naire, un assez gros cylindre, la vitesse de l'onde était fonction de la profon- deur à laquelle je le tenais enfoncé dans l'eau, et de plus le phénomène de la formation de l'onde ne se présentait pas de la même manière. Plus le cylindre occupe une section considérable du canal, plus l'onde se détache vite à l'a- vant, et plus elle précède avec vitesse le corps dont le mouvement à peu près uniforme l'a engendré. ( 979 ) » On ne doit donc plus regarder, comme opposées au phénomène de l'onde solitaire , les expériences d'où il résulte qu'un corps flottant, suffisam- ment petit par rapport à la section du canal où il se meut , soulève des ondes dont la vitesse est sensiblement égale à la sienne , et ne dépend pas de la pro- fondeur de l'eau, comme M. Poncelet a remarqué depuis longtemps que cela se présente pour un fétu de paille. Mais il résulte de mes expériences que l'onde solitaire et l'onde de translation des petits corps flottants sont les deux limites d'une série complète de phénomènes qui concilie les hypothèses faites par les hydrauliciens sur cet important sujet. » J'ai proposé, pour coordonner ces faits, un mode d'explication reposant sur des considérations que j'avais présentées antérieurement pour mes fon- taines intermittentes. » Étant donnés deux tubes croisés en forme de T renversé, je suppose que le tube vertical ne contienne pas encore d’eau , le tube horizontal en étant seul rempli, et que la portion de ce dernier en amont du tube vertical con- tienne seul d’abord de l'eau en mouvement. Je les suppose très-minces , afin de n'avoir à considérer qu'un filet d’eau, et je fais abstraction des résistances passives. Si les longueurs ont entre elles certaines proportions, il se, présen- tera, sans percussion proprement dite, un phénomene d’une frappante ana- logie avec celui du choc de deux boules élastiques égales dont l’une est en repos. La première colonne liquide en mouvement s'élèvera dans le tuyau vertical où son ascension fera, sur les deux colonnes d’amont et d'aval, un effet analogue à celui du ressort des boules élastiques. Il ÿ aura une époque à laquelle la colonne verticale étant redescendue, la colonne d’amont sera réduite au repos, et celle d’aval aura acquis sa force vive. » Voilà, je crois, la manière la plus simple de bien concevoir comment il peut se faire que l'onde solitaire, en passant sur tous les points du canal, met successivement en mouvement tous les prismes partiels sur lesquels elle passe, et les réduit ensuite au repos sans leur donner sensiblement de mouvement rétrograde. Et, en effet, les lois de l'oscillation des liquides, que j'ai trouvées et vérifiées en grand par l'expérience , s'accordent assez bien, d'après ces considérations, avec la loi de la vitesse de l'onde proportionnelle, sous cer- taines limites tres-étendues, à la racine carrée de la profondeur de l’eau dans le canal. » Mais quand l'onde est soulevée par un corps en mouvement, quine met pas en mouvement toute la section du canal, l'onde ne trouve pas, pour se pousser en avant , l'appui complet qu'elle trouvait dans le cas de l'onde cau- sée par une intumescence qui, partant de l'extrémité du canal, s’élançait en 130... ( 980 ) réagissant contre une paroi fixe, poussant toute la section, tout le prisme recouvert par son intumescence, et dont le mouvement à éteindre était en- suite lui-même un point d'appui. On ne doit donc plus s'étonner si, aux deux limites dont j'ai parlé, les lois de la vitesse de l'onde diffèrent si complé- tement. » Je dois dire que mes expériences n'étant pas très en grand, j'ai eu prin- cipalement pour but de me borner à l'étude de ce qui m'était le plus néces- saire pour mes moteurs hydrauliques; mais j'ai pensé qu'elles ne seraient pas sans utilité, considérées aussi sous ce point de vue, surtout à cause de leurs détails. » GÉOMÉTRIE. — Sur quelques propriétés générales des surfaces et des lignes tracées sur les surfaces ; par M. ©. Boxer. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires , MM. Cauchy, Poncelet, Lamé.) « Plusieurs analystes ont déjà étudié les propriétés des lignes tracées sur une même surface : M. Gauss, entre autres, a publié un Mémoire intitulé Disquisitiones generales circa superficies curvas (1), qui renferme tout ce que l’on connait de plus important sur cette matière. L'illustre géomètre fait usage, dans ce beau travail, de considérations analytiques très-ingénieuses et très-élégantes, mais qui laissent peut-être à désirer sous le rapport de la simplicité. Je me suis proposé, dans le Mémoire que j'ai l'honneur de sou- mettre au jugement de l'Académie, de reprendre les mêmes questions par les méthodes de la géométrie pure. J'aime à croire que mon travail, quoique reproduisant plusieurs résultats déjà connus, ne sera pourtant pas sans quel- que utilité; qu'il me soit permis, en effet, de rappeler l'opinion qu'a dernière- ment émise à ce sujet un célèbre analyste : « Si l'analyse mathématique, a » dit M. Lamé (2), découvre des propriétés nouvelles dans la science de l'é- » tendue, ilimporte que la géométrie pure s’assimile ces propriétés et qu'elle » les vérifie par des méthodes qui lui soient propres. C’est en se perfection- » nant par des épreuves semblables que les méthodes géométriques pour- » ront acquérir toute la généralité et toute la sûreté nécessaires pour pouvoir » aborder les questions difficiles que l’analyse a seule explorées jusqu'ici. » On verra d’ailleurs que, dans le cas actuel, les méthodes géométriques ne se (1) Voyez les Nouveaux Mémoires de Gottingue, t. VI, p. 99. (2) Comptes rendus des séances de l'Académie, t. XNIT, p. 1268. ( 981 ) bornent pas à fournir des démonstrations simples des résultats déjà connus, mais qu’elles conduisent encore à la découverte de plusieurs propriétés nou- velles qu'il serait très-difficile d'établir par l'analyse. Ainsi je donne la condi- tion pour que deux systèmes de lignes tracées sur une surface soient ortho- gonaux; la formule que j'obtiens comprend, comme cas particuliers, celles que M. Lamé a fait connaître depuis longtemps dans le Journal de F École Polytechnique , pour les courbes planes et les surfaces, et que M. Bertrand a démontrées géométriquement dans un Mémoire récemment approuvé par l’Académie. » Je me suis aussi occupé ée la transformation des surfaces. M. Gauss avait remarqué que pour qu'une surface pût s'appliquer sur une autre sans qu'il y eût déchirure ni duplicature, il fallait et suffisait que les points de ces surfaces se correspondissent deux à deux de manière que les courbures des surfaces , c'est-à-dire les inverses des produits des rayons de courbure prin- cipaux, en ces points, fussent égales. J'établis d’une manière simple cette propriété fondamentale, ainsi que quelques autres plus ou moins remar- quables. » Je termine enfin par quelques résultats relatifs à ce que j'appelle la va- leur sphérique d'une portion de surface courbe. Entrons à ce sujet dans quel- ques détails. » Concevons qu'on ait tracé sur une surface un contour quelconque; par les différents points de ce contour menons des normales à la surface, puis, ayant pris une sphère de rayon égal à un, imaginons tous les rayons de cette sphère respectivement parallèles aux normales de la surface ; nous dé- terminerons ainsi, sur la sphère, un second contour qui comprendra ce que nous appelons la valeur sphérique de la portion de surface correspondante au premier contour. » M. Gauss a eu le premier l'idée de cette reproduction des surfaces quelconques sur une sphère de rayon un, et il a donné un théorème re- marquable qui fait connaître la valeur sphérique d'une portion de surface terminée à des lignes minima. Je parviens à un résultat plus général que celui de M. Gauss et qui me permet de déterminer la valeur sphérique, quel que soit le contour tracé sur la surface. Quand la surface courbe consi- dérée est une sphère , la valeur sphérique d’une portion quelconque de la surface est proportionnelle à la valeur exacte, je conclus de cette remarque lethéorème suivant, qui me paraît assez curieux : Une portion de surface sphe- rique, terminée à un contour polygonal ou courbe tout à fait quelconque , est égale au carré du rayon multiplié par l'excès de la somme des angles du (982) contour sur autant de fois deux droits qu'il y a de côtés moins deux et par l'intégrale Î 0 5 étendue à tout le contour. Je suppose les angles mesurés P par les longueurs des arcs décrits de leurs sommets comme centres avec l'unité pour rayon, et j'appelle p le rayon de courbure du contour en un point quelconque , 4 l'angle que le plan osculateur du contour au même point fait avec le plan tangent de la sphère en ce point supposé prolongé du côté opposé à la surface qu'il s'agit d'évaluer, enfin ds la différentielle du con- tour. » ASTRONOMIE. — T’héorie de la comète périodique de 1770; par M. Le Vernier. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Arago, Damoiseau, Mathieu.) « Messier aperçut, pendant la nuit du 14 au 15 juin 1770, une nébulo- sité située dans la constellation du Sagittaire, et qu'on ne pouvait distin- guer à la simple vue; c'était une comète qui commençait à paraître. Le 17 juin, le nouvel astre se présentait entouré d'une atmosphère dont le diamètre s'élevait à 5 23” environ. Au centre apparaissait un noyau : sa lumière avait le brillant de celle des étoiles; Messier en estima le diämètre à 22 secondes de degré. » La comète cependant s'approchait rapidement de la Terre. Le 21 juin, on l'apercevait à la simple vue, et trois jours après elle brillait déjà comme les étoiles de seconde grandeur. Le diamètre de la nébulosité, qui n’était en- core que de 27 minutes, grandit successivement jusqu'à atteindre 2° 23' dans la nuit du 1° au 9 juillet. Mais, tandis que le diametre apparent de la né- bulosité croissait ainsi, suivant les lois de l'optique, en raison inverse de la distance de l’astre à la Terre, le diamètre du prétendu noyau demeurait, au contraire, à peu près invariable. » À partir du 4 juillet, Ja comète se perdit dans les rayons du Soleil, et cessa momentanément d'être visible. Pingré calcula, sur les observations de Messier, une orbite parabolique. On reconnut que la comète redeviendrait visible dans le mois d'août, et Messier put l’observer de nouveau le 4 de ce mois. Depuis cette époque, il la vit presque sans interruption; mais comme elle s’éloignait de plus en plus du Soleil et de la Terre, elle cessa d’être sen- sible dans les premiers jours d'octobre. » On n’apercut, avant l'instant du passage au périhélie, aucun indice de queue. Mais, du 20 août au 1° septembre, la comète présenta une queue assez faible, dont la longueur était d'environ un degré. ( 985 ) » Les éléments paraboliques, donnés par Pingré, satisfaisaient aux premières observations ; maisils s'éloignaient beaucoup des dernières. D’autres éléments, calculés par Slop, Lambert , Prosperin et Widder, n'offrirent pas plus de pré- cision. Généralement on rejeta toutes les difficultés sur un dérangement de l'orbite, causé en juin par l’action de la Terre. Prosperin soupçonna cepen- dant que l'orbite de la comète pourrait bien être elliptique ; mais il s’en tint à cette hypothèse, sans rien vérifier. » Lexell enfin reconnut que la comète se mouvait dans une ellipse qu'elle parcourait en 5,585 années. Et rejetant, avec Dionis-du-Séjour, la supposition que l’action perturbatrice de la Terre eût pu altérer considérablement cette orbite, il prouva: 1° qu'on satisfaisait à toutes les observations avec une ellipse de cinq ans et demi; 2° qu'il était impossible d'admettre une révolution de cinq ou de sixans, sans introduire dans la théorie des différences considéra- bles avec l'observation. « Mais, disait Messier, si la durée de la révolution de cette comète n’est » que de cinq ans et demi, comment se fait-il qu'on ne l'ait observée qu'une » fois? C’est une objection bien forte à opposer au recherches de » M. Lexell. » » Lexell répondait : « Comme la distance aphélie de la comète au Soleil » est presque égale à la distance de Jupiter à cet astre, il naît de là un soup- » çon qu'il a pu se faire que le mouvement de cette comète fût autrefois dé- » rangé par l'action de Jupiter, de manière qu’elle eût décrit une orbite » toute différente de celle qu'elle parcourt actuellement. On trouve, par le » calcul, que cette comète a été en conjonction avec Jupiter, le 27 mai 1767, » et que la distance de l’un à l'autre n'était que += de la distance de la co- » mète au Soleil; d’où , en ayant égard aux masses de Jupiter et du Soleil, » on conclut que l'action de Jupiter a été assez forte pour changer le mou- » vement de la comète d’une manière sensible. » Lexell indiquait encore qu'une seconde approximation de la comète à Jupiter pourrait avoir lieu vers le 23 août 1779, et que cette circonstance empécherait peut-être la co- mète de revenir à son péribélie en 1781, comme cela devrait avoir lieu sans les perturbations. Et effectivement, les astronomes attendirent vainement le retour de cette comète en 1781 et 1782. » Le travail que je présente aujourd’hui à l'Académie, et qui est un frag- ment étendu des recherches que j'ai entreprises sur les comètes, peut se divi- ser en six sections. » La première section comprend la discussion des observations qui furent: faites lors de l'apparition de la comète en l’année 1770. ( 984 ) » Dans la deuxième section, je détermine les perturbations que le mou- vement de la comète a éprouvées, en juin et juillet 1770, par l’action de la Terre. » La troisième section comprend la comparaison de la théorie avec les observations, et la formation des équations du problème. » Je discute ces équations dans la quatrième section, et j'en déduis, pour les éléments de l'ellipse, des fonctions d'une méme indéterminée, qui, entre certaines limites de cette arbitraire, satisfont évalement aux observations. » Dansla cinquième section, je détermine les perturbations du mouvement héliocentrique de la comète jusqu'au 28 mai 1770. » Enfin, dans la sixième section, je m'occupe du mouvement de la comète autour de Jupiter dans les mois de juin, juillet, août et septembre 1779; et des éléments de l'orbite qu’elle a dû ensuite décrire autour du Soleil. SECTION PREMIÈRE. — Discussion des observations faites en l’année 1770. » Les observations du 15 au 30 juin sont surtout fort précieuses. La co- mète étant très-voisine de la Terre à cette époque, les plus légères erreurs héliocentriques produisent d'énormes discordances dans les lieux géocen- triques. Et il en résulte qu'une observation géocentrique, même assez gros- sière, devient, par cette circonstance, une observation héliocentrique sus- ceptible de toute la précision que comportent les Tables du Soleil. Nous devons donc calculer ces observations avec soin. » Cela présente quelque difficulté, non pas tant parce que les réductions des observations sont très-fortes, qu'à cause des perturbations que la comète éprouvait alors de la part de la Terre, et auxquelles il faudra nécessaire- ment avoir égard. Cette derniere raison a quelquefois fait laisser de côté ces observations; mais je montre que, sans leur emploi, on ne peut arriver à aucun résultat réel. » Je rapporte le calcul de toutes les observations de Messier et de Maske- line dans les mois de juin, août, septembre et octobre. Je me contente de la seconde de degré. Est-il donc besoin d'aller au delà dans des observations erronées de 20 à 30 secondes de degré, et quelquefois plus encore ? » J'examine ensuite s'il existe en juin et juillet quelques observations au- tres que les précédentes, et dont on puisse faire usage. A Weiïlbourg, le P. Hubert a employé la méthode des alignements. Krahl a observé avec un quart de cercle en bois, construit par lui-même. Laissant de côté leurs ré- sultats, je me borne à rapporter les observations faites à Bologne, par Slop mm ( 985 ) et Zanotti, à Milan, par le P. Lagrange. Elles semblent au premier abord assez exactes. » Slop et Zanotti ont donné leurs observations dans un ouvrage ayant pour titre: T'heoria cometarum annorum 1769 et 1770, a Josepho Slopio. » Les observations de Lagrange furent connues à Paris par une lettre de l'abbé Boscovich, qui affirme que, dansles trois premières, l'erreur ne dépasse pas quelques secondes. Nous n'avons aucun moyen de contrôler le temps des observations rapporté dans la lettre de Boscovich; mais les réductions des observations elles-mêmes ont été refaites par Burckhardt, qui a eu entre les mains le cahier des calculs faits par le P. Lagrange sur ses observations. Je m'en tiens donc aux nombres de Burckhardt, en faisant remarquer qu'il n’a rien trouvé à changer à la première observation, celle du 25 juin, qui est si exacte, au rapport de Boscovich. » Nous pourrons, dans la troisième section, après avoir comparé ces observations avec la théorie, apprécier le degré de confiance qu'elles mé- ritent. SECTION DEUXIÈME. — Perturbations produites en juin et juillet 1770 par l’action de la Terre. » Les perturbations des coordonnées rectangulaires de la comete peuvent se calculer avec facilité. Et lorsqu'on les connaît, on en déduit simplement les variations correspondantes des éléments elliptiques. » On peut aussi calculer directement les variations des éléments, après avoir fait subir aux formules ordinaires quelques transformations, qui en rendent l'emploi également sûr et simple. Je vérifie ces deux méthodes en les appliquant à un exemple particulier, et montrant qu'elles conduisent iden- tiquement aux mêmes résultats. de » Désignons par da la variation totale du demi-grand axe, depuis le 15 juin jusqu'au moment où l'action de la Terre est devenue insensible; et par 96, de, ds, d et de les variations correspondantes de l’anomalie moyenne, de l'excentricité, des longitudes du périhélie et du nœud, et de l'inclinaison de l'orbite. Nous aurons : da = — 0,002 601; de ——0,000 1481; d6 — — 11/,096; (a — 0’ 48,7; On Er oe . 926 — — 32/19/,4. C. R., 1844, 2e Semestre. (T. XIX, N° 20.) 131 ( 986 ) » Je donne avec détail la valeur des perturbations de chacun des éléments, pour les époques des observations, et j'en déduis les variations correspon- dantes du rayon vecteur, de la longitude et de la latitude héliocentriques de la comète. » Burckhardt n'avait fait qu'ébaucher ce sujet dans son Mémoire de 1806. On ne s'étonnera donc pas si nous différons beaucoup l’un de l’autre. SECTION TROISIÈME. — Comparaison de la théorie avec les observations. Formation des équa- tions de cendition. » Partant d'une première approximation, déjà fort exacte, des éléments de l'orbite, et ayant égard aux valeurs précédentes des perturbations, je présente la suite des erreurs des éléments en longitude et en latitude, relativement à toutes les positions observées, soit par Messier et Maskeline, soit par La- grange et Slop. Il est alors facile de juger du mérite des différentes observa- tions; pour celles qui sont exactes, les différences qu'elles présentent avec les positions calculées doivent marcher d'une manière régulière. » Cette condition est assez bien remplie pour les observations de Messier et de Maskeline. Onles conservera toutes dass la rectification deséléments de l'orbite. Les observations de Lagrange du 27 et du 29 juin s'accordent avec celles de Messier; et sous ce rapport, on serait tenté d'accorder de la confiance aux observations faites par Lagrange le 30 juin, les 2 et 4 juillet, et dont l'exactitude ne peut être contrôlée par d'autres observations certaines. Mais malheureusement nous trouvons au 25 juillet une observation du même astro- nome qui, d’après les observations concordantes de Messier, est manifes- tement en erreur de sept minutes en longitude, et de onze minutes en latitude. C'était cependant une des trois observations que Lagrange affirmait n'être en erreur que de quelques secondes. Cela n'est pas; et quelle que soit la source de la différence, il nous est impossible de la reconnaître. Nous devons des lors craindre qu'il n'existe quelque erreur pareille das les observations que rien ne nous permet de vérifier : cela m'a décidé à ne faire aucun usage des ob- servations de Lagrange. » Le 29 juin, entre deux observations concordantes de Messier, s'en trouve intercalée une de Zanotti, qui ne peut s’accorder avec elles. L'observation de Zanotti est en erreur de près de 2 minutes en longitude et de 12 mi- nutes en latitude, Je rejette donc également les observations de Zanotti, et je ne conserve finalement que celles de Messier et de Maskeline. ( 987 ) » J'en déduis, et je donne avec détail 84 équations de condition entre les erreurs que présentent les positions calculées avec les éléments provisoires et les corrections que doivent recevoir ces éléments pour satisfaire aux ob- servations. » M. Clausen a repris, il y a quelques années , la détermination de l'orbite de la comete de 1770. Son travail, remarquable de netteté et de précision, se trouve dans les Zstronomische Nachrichten, n° 439 à 441. Je ne suis parvenu à me procurer le Mémoire de M. Clausen que lorsque le mien était à peu pres achevé. Aussi différai-je complétement de lui par la forme, pour les parties dont le fond nous est commun. ailleurs, M. Clausen n'avait songé naturel- lement qu'à déterminer des éléments qui représentassent les observations, tandis qu'il m'était indispensable de me procurer, non pas un système, mais tous les systèmes d'éléments susceptibles de satisfaire à l'apparition de 1770. Jusque-là, il ne fallait pas penser à reconnaître la comète de 1770 dans ses retours futurs. Je m'occupe de cette recherche des éléments dans la section suivante. SECTION QUATRIÈME. — Recherches des expressions indéterminécs des éléments propres à satisfaire aux observations. » En appliquant aux équations précédentes la méthode des moindres carrés, on tombe sur six équations du premier degré entre les corrections des éléments. Si l’on exécute entre ces équations les éliminations convena- bles, en ayant soin de conserver aux coefficients leur exactitude primitive, on. remarque qu'en passant de la première équation à six inconnues, à la dernière qui n’en renferme plus qu'une, les coefficients vont sans cesse en diminuant, en sorte que le coefficient de la seule inconnue qui reste dans la dernière équation est excessivement petit par rapport aux valeurs des coef- ficients des équations précédentes. » Lorsqu'en éliminant entre des équations du premier degré, on finit par tomber sur une équation finale dont tous les termes se détruisent, on en conclut que le système est indéterminé. Or, le cas dans lequel nous nous trouvons ici approche de ce cas extrême de l'indétermination; et nous de- vous dire que les quatre mois d'observations sont insuffisants pour déter- miner d'une manière précise tous les éléments de l'orbite. Que si,: sans s'inquiéter de cette circonstance, on passait outre au calcul des corrections des éléments, on tomberait, il est vrai, sur des éléments au moyen desquels on satisferait aux observations; mais on ne serait pas certain qu'il n'en DOTE: ( 988 ) existerait pas d’autres, tout aussi précis, et susceptibles de représenter les positions de la comète pendant son apparition, avec autant d'exactitude que les premiers. J'ai d’ailleurs essayé d’autres combinaisons d'équations, qui, comme on devait s’y attendre, n'ont rien donné de plus net que la méthode des moindres carrés. » 1 y a plus : pour qu'une solution déduite d’un certain nombre d'équa- tions de condition ait une valeur réelle, il faut que l’omission d'un petit nombre des équations ne change pas d'une manière notable les résultats; or, notre système d'équations ne présente pas ce caractère : ou bien, enfin, si l’on apporte à la discussion des observations des modifications légéres et permises, si par exemple on change de 2 à 3 secondes les positions du Soleil en juin 17970, on altère encore d'une manière notable les résultats auxquels on arrive. On passe, avec la plus grande facilité, de la durée de la révolution donnée par M. Clausen à celle donnée par Lexell; en sorte qu'on demeure bientôt convaincu qu'il n y a pas plus de motifs de s'arrêter à l'un plutôt qu'à l'autre résultat. » Cette indétermination m'avait jeté dans un grand embarras; car Je savais que l’action de Jupiter sur la comète serait fort différente, suivant que je m'arrêterais à l’une ou à l'autre des solutions auxquelles je voyais qu'on pou- vait également arriver. Cependant, en considérant mes différents systèmes de solutions, et en les rapprochant de la solution donnée par Lexell, je re- connus que les variations que subissaient les éléments, quand on passait de l'un à l'autre de ces systèmes, suivaient une marche progressive. Je fus ainsi conduit à penser que si les valeurs absolues des différents éléments étaient mal déterminées, on pourrait au contraire les considérer comme des fonc- tions bien définies d’une meme arbitraire; et que, si l'on parvenait à connaitre ces fonctions, il suffirait ensuite d'attribuer à l’indéterminée qu'elles renfermeraient, toutes les valeurs comprises entre de certaines limites, pour avoir ainsi tous les systèmes d'éléments susceptibles de satisfaire aux obser- vations dans les limites de leur exactitude. Une seule indéterminée devait d'ailleurs être suffisante; car si l’on donne à l’une des inconnues, dans les équations du problème, une valeur arbitraire, les autres se trouvent ensuite déterminées. » J'ai donné tous mes soins à la recherche de ces fonctions. Elle était excessivement délicate; et l'on en jugera aisément si l’on remarque que tous les nombres qu'on eût eu à considérer dans une solution déterminée, toutes les positions héliocentriques et géocentriques de la comète, tous les (989 ) coefficients des équations de condition, devenaient ici des fonctions algé- briques d'une même arbitraire. Je me bornerai à énoncer le résultat de mes recherches, et encore ne le ferai-je que par rapport au grand axe et à l'ex- centricité, afin d’abréger; les autres éléments présenteraient des résultats analogues. Désignons par a et e les expressions variables du demi-grand axe et de l'excentricité, et par a, et e, leurs valeurs dans la véritable ellipse de la comète. On s’écartera le moins possible des véritables positions géocen- triques en juin, août et septembre, si l'on adopte les valeurs suivantes si- multanées des éléments : a = 4; + 0,01 B; e— e, + 0,000 7203p — 0,000 002 54 p*. p. est une indéterminée qui a la même valeur dans toutes les expressions. Il reste à fixerles valeurs de 4,, e,,..., et à déterminer les limites de y. Les termes du second ordre sont fort petits, n'apportent aucune préci- sion réelle dans les recherches ultérieures, et on peut les supprimer sans in- convénient. Les formules précédentes deviennent ainsi des formules indéter- minées du premier degré , jouissant des propriétés de ces sortes de fonctions. On pourra donc, à la place des constantes a,, e,, mettre l'une quelconque des solutions de la question. Seulement, suivant qu'on partira de l'une ou de l'autre de ces solutions, la valeur de y qui conduira à une même solution donnée à l'avance sera différente. Ainsi, on prendra si on le veut a, = 3,14786 avec € — 0,785716, comme je l'ai trouvé ; ou bien on fera a, — 3,153384 avec € = 0,786110, suivant la solution de M. Clausen. Nous allons même prouver que cela revient tout à fait au même, ce qui confirmera tout notre travail. Si l’on veut passer de la première valeur de a à la seconde, on trouve qu'il faut faire p — 0,552. Or, pour passer de la première valeur de e à la seconde, il faut faire pu — 0,558. Ces valeurs de y: sont aussi exactement les mêmes qu'on pouvait lespérer. Les valeurs numériques données par M. Clausen sont donc comprises, comme Cas particulier, dans ma solution algébrique. » Quant aux limites de y, je les ai déterminées de manière à ce qu'il ne puisse rester entre la théorie et les observations aucune différence inadmis- sible. Je n'entreraiici dans aucun détail à cet égard, et je me bornerai à dire que les observations de Messier se trouvent, dans toute hypothèse théori- que, empreintes d'erreurs constantes pendant plusieurs jours, mais suscep- tibles de changer brusquement d'un jour à l’autre. Les six dernières obser- (990 ) vations concordent entre elles; les six précédentes sont également d'accord. Et cependant , la première série diffère de la seconde de plus de 60 secondes en ascension droite. Quoi qu'il en soit, jadmets qu'en prenant pour a, et es... les nombres constants de M. Clausen, « y peut varier de — + à + +, sans » qu'on s'écarte des observations hors des limites admissibles. Une appari- » tion de la comète, antérieure ou postérieure à 1770, est nécessaire pour » lever l’indétermination. » | » Quand on passe d’ane limite à l’autre, la durée de la révolution varie de 29 jours. SECTION CINQUIÈME. — Perturbations du mouvement héliocentrique de la comète, jusqu’au 28,5 mai 1770. » Depuis le mois de septembre 1770 jusqu'en 1779, la comète a coupé deux fois, abstraction faite des latitudes, l'orbite de Vénus, deux fois l'or- bite de la Terre, et trois fois l'orbite de Mars. Il n'y a eu, dans aucune de ces circonstances, de perturbation sensible. » Lorsque la comète revint, pour la première fois, à son aphélie, après 1770, Jupiter était, par rapport à elle, à l’autre extrémité de la circonférence du cercle, et ne put ainsi la troubler, Mais au second retour, qui eut lieu en 1779, ces deux astres s’'approchèrent beaucoup l'un de l'autre. » L'expression de la distance aphélie dépend de y. Elle varie proportion- nellement à 0,020 132y, c'est-à-dire qu'elle éprouve de grands change- ments suivant les hypothèses faites sur y. Ces changements sont tels, que quand la comète viendra à s'approcher de Jupiter, on pourra supposer à volonté qu’elle est passée en deçà ou au delà de la planète par rapport au Soleil ; qu'elle a traversé le système des satellites, ou qu’elle en est restée fort éloignée. Et l'on comprend que, suivant l'hypothèse à laquelle on s'arrêtera, on devra arriver à des conséquences complétement différentes; en sorte que la résolution du problème, dans une seule hypothèse, qui serait peut-être fort éloignée de la vérité, serait un résultat sans portée. Toutefois, l'indéter- mination de la question est telle, qu'il serait impossible de la résoudre di- rectement et'd'un seul jet. Deux approximations seront nécessaires : l'une, que nous pouvons, que nous devons exécuter dès à présent, et qui servira à reconnaître la comète si elle vient à reparaitre; l’autre, la solution rigou- reuse qui ne pourra être donnée que si, en s'aidant de la première approxi- mation, on vient un jour à retrouver la comète. à » Supposons, pour un instant, que nous connaissions rigoureusement { 991 ) l'orbite que la comète décrivait en 1770, et voyons la marche qu'il convien- drait de suivre pour déterminer les perturbations qu'elle éprouvera posté- rieurement. L'action perturbatrice de Jupiter se fait sentir dès le commen- cement de 1777. Il faudra donc calculer les perturbations que le mouvement de la comète autour du Soleil éprouvera de la part de Jupiter pendant les années 1777, 1778 et pendant les premiers mois de 1779. C'est une pré- caution de la plus grande importance, et sur laquelle j'insiste, parce qu'on n’y a point eu égard dans la Mécanique céleste. Les perturbations produites pendant les vingt-huit mois qui ont précédé l’approximation de la comete à Jupiter sont considérables ; rapportées à Jupiter même, elles deviennent énormes, et changent tout à fait l'orbite que la comète a décrite autour de Jupiter, et plus tard autour du Soleil. [| me paraît même inutile d'insister pour faire comprendre du lecteur que, lorsqu'il s’agit de savoir si la comète est passée en avant ou en arrière de Jupiter, on ne peut négliger une varia- tion de 0,045 dans le demi-grand axe, lorsque la distance du quatrième satellite à Jupiter n'est pas le tiers de cette quantité. » Je donne, dans cette section, l'expression des perturbations héliocen- triques jusqu'au 28,5 mai 1779. Le demi-grand axe diminue de 0,045, l'ex- centricité augmente de 0,0260. La longitude du nœud ascendant augmente de 3248, etc. Tont cela est considérable et ne peut se négliger. » La position de la comète est ainsi bien connue relativement à Jupiter, à l'instant où l’action de cette planète vient à l'emporter sur celle du Soleil ; il convient alors de considérer Jupiter comme le centre principal du mouve- ment. Le Soleil n'en est plus qu'une cause perturbatrice, jusqu'au moment où son action redeviendra l'influence dominante. Je m'occupe de ce mou- vement autour de Jupiter, et de l'orbite qui en résulte finalement autour du Soleil, dans la section suivante. SECTION SIXIÈME. — Mouvement de la comète autour de Jupiter, et retour au mouvement héliocentrique. » Au 28,5 mai 1779, la comète se précipite avec rapidité vers Jupiter, dans une orbite du second ordre. Je commence par établir que le Soleil ne trouble cette orbite que de quantités négligeables dans une premiére approxi- mation , et n'ayant aucune influence facheuse sur les éléments de l'orbite dé- finitive autour du Soleil. » Cela posé, les éléments de l'orbite décrite autour de Jupiter sont des fonctions de l'indéterminée . On peut les discuter dans les limites de cette ( 992 ) arbitraire, et distinguer les conséquences certaines de celles qui restent dans le vague. » Je trouve pour le demi-axe a de l'orbite relative, décrite autour de Jupiter, a = — 0,017095 — 0,000608 s + 0,000017 p#; c'est une expression essentiellement négative pour les valeurs de y: comprises entre +3. D'où Je conclus que la comète a décrit une hyperbole autour de Jupiter; qu'ainsi il est impossible qu'elle soit devenue un satellite de cette planète, comme on l'avait quelquefois supposé. » La constante des aires projetées sur l'écliptique a pour expression, en prenant quinze jours pour unité, ce — 0,000 1187 — 0,00/ 0068 p + 0,000 1732u°? — 0,000 00184; elle est positive pour y: < 0,029652, et négative pour : > 0,029652. Dans le premier cas, le sens du mouvement est direct : la comète passe entre Ju- piter et le Soleil; dans le second cas, le sens du mouvement est rétrograde : la comète passe au delà de Jupiter. Si pour a — 0,029652, ce qui s'éloigne fort peu de l'orbite de M. Clausen, si pour cette valeur de y la comète ne vient pas heurter Jupiter, ce ne pourra être qu'à cause des différences en latitude. » Pour savoir à quoi m'en tenir à cet égard, je forme l'expression des distances périjoves, et j'en cherche le minimum. La comparaison offrira plus d'intérêt en mettant en regard le rayon de Jupiter même, les distances moyennes des satellites, enfin les distances périjoves de la comète pour dif- férentes valeurs de x. Je prends pour unité le rayon de la planète, et j'ap- plique le signe — aux distances comprises entre la planète et le Soleil, pour les distinguer des distances comptées au delà de Jupiter. La comète. Distance périjove pour = — 1... ..... —118,3 La comète. Distance périjove pour p = — 0,5. . . . .. . — 49,2 Quatrième satellite, distance moyenne. . . . . . — 27,0 Bremiensatelite REC IR ET TE O0 La comète. Distance périjove pour p— 0. . . . . . EN 310 La comète. Distance périjove minimum. . . . . . . . . .. + 3,4 Premier satellite = 4 Se MEN ELU 6,0 Quatrième satellite A EN CIE 2 27,0 La comète. Distance périjove pour p — 0,5. . . . . . . . . 39,7 La comète. Distance périjove pour p = 1. . . . . . . PRE 101,5 » Il résulte de cette comparaison qu'il est effectivement possible que la ( 993 ) comète ait traversé le système des satellites de Jupiter. Mais peut-être aussi est-elle passée fort loin en dehors de l'orbite du quatrième satellite. Le pas- sage de la comète de 1770 au travers des satellites de Jupiter rest donc pas une chose certaine; il est méme peu probable; et les conséquences qu'on avait cru devoir en tirer, relativement à l'excessive petitesse de la masse de la comète, sont très-hasardees. » Rien ne s'oppose toutefois à ce que la comète se soit approchée da centre de Jupiter à une distance égale à 3,4 rayons de cette planète. C'est une bien petite quantité dont je n'ose trop répondre. En sorte qu'il existe un système d'éléments satisfaisant aux observations de 1770, avec la même précision que celui donné par la méthode des moindres carrés, et pour lequel z2 se pourrait, à tout prendre, que la comète fût allée heurter Jupiter! Mais disons-le, cette circonstance est excessivement peu probable, et elle ne doit pas nous empêcher d'examiner, dans les autres hypothèses, quel cours la co- mète a dû reprendre par rapport au Soleil, en échappant à l’action de Ju- piter. Les éléments du mouvement héliocentrique définitif sont encore des fonctions de y. Supposons ces fonctions formées. Il sera indispensable de les réduire en une Table où l'on puisse apercevoir à vue les valeurs numériques des différents éléments qui correspondront simultanément à une même valeur de p. Et si l'on ne peut choisir actuellement parmi les différentes orbites qui en résulteront ; si l'on ne peut par conséquent prédire l’époque du retour de la comète, cette Table donnera du moins tout ce qu'on peut demander aujourd'hui, les moyens de reconnaître la comète de 1770 dans une de ses nouvelles apparitions. Voici ce qu'il y aurait à faire à cet égard. Soient déterminés les éléments du mouvement elliptique d'une comète, au moment ds son apparition. On examinera si elle est susceptible de s’ap- procher de Jupiter par une longitude héliocentrique comprise dans les en- virons de 180 degrés. Si cela est, on recherchera, en remontant vers 1780, si la comète a pu éprouver de fortes perturbations, et on les détermi- nera sil y a lieu. L'orbite étant connue pour 1780, on examinera, dans la Table que je donne, quelle valeur il faut attribuer à 1, pour obtenir l'un des éléments de l'orbite de la nouvelle comète; et st la méme valeur de y. donne tous les autres éléments de la nouvelle orbite , sans exception, on pourra prononcer l'identité avec la comète de 1770. Dans une prochaine communication , j'exécuterai, pour les différentes comètes parues depuis 1780, la comparaison que je viens d'indiquer. Mon CR, 1844, 2€ Semestre (T XIX, So 90.) 132 ( 994 ) travail est déjà fort avancé sur plusieurs points, et notamment pour la co- mète périodique découverte en 1843 par M. Faye. » Je terminerai par la remarque suivante. Nous avons vu que pour la très- petite valeur p. = 0,030, il y avait à craindre que la comète ne fût allée heur- ter Jupiter. Mais lui eût-elle échappé, dans ce cas, d'ailleurs fort peu probable, nous ne devrions pas plus pour cela compter sur son retour; car sa vitesse héliocentrique se trouverait définitivement tellement accrue, que l'orbite autour du Soleil prendrait bien nettement la forme hyperbolique. Cette circonstance toutefois, je le répète , n'a que fort peu de probabilité en elle-même, parce qu'elle ne peut se produire qu'entre deux limites de p., qui ne comprennent que la centième partie de l'amplitude totale de cette arbi- traire. Je fais même voir dans mon Mémoire que les petites valeurs de y ne sont pas celles qui s'accordent le mieux avec les observations de 1770, puisque alors ces observations se terminent par trois séries, dont chacune est incompatible avec les deux autres. En sorte que nous avons de grandes rai- sons de penser que cette comète n'a pas été enlevée à notre système solaire. » MÉDECINE. — Aecherches expérimentales sur les médicaments ; par M. Porseuuce. (Extrait par l’auteur.) ( Commission composée de la Section de Médecine, et de MM. Becquerel, Dutrochet, Pouillet.) « En 1843, nous avons eu l'honneur d’entretenirl'Académie d'expériences faites sur l'écoulement du sang dans les capillaires des animaux vivants, sous l'influence de certaines substances, comme l’azotate de potasse, l'acé- tate d’ammoniaque, l'alcool. Depuis, nous avons fait des études analogues sur beaucoup d’autres corps; ainsi, nous avons reconnu, comme pour l'acé- tate d'ammoniaque, l’azotate de potasse, que les chlorhydrates d'ammo- niaque et de potasse, l'azotate d’ammoniaque, les iodure et bromure de potassium, ete., facilitaient la circulation capillaire; que d'autres substances introduites dans le sang, comme l'alcool, la retardaient: de ce nombre sont les chlorures de sodium et de magnésium , le sulfate d'ammoniaque, etc., les acides sulfurique, tartrique, oxalique, acétique, etc. ; la plupart des eaux minérales, et nous avons expérimenté sur plus d’une quarantaine, unies au sang par suite de la grande quantité d'eau qu'elles contiennent, favorisent la circulation capillaire. » Nous ne nous arrêterons pas, dans ce court extrait de notre travail, aux corollaires qui peuvent intéresser la thérapeutique et l’étiologie de certaines (995 ) maladies. Nous désirons fixer l'attention de l'Académie sur l'étude des médi- caments, considérés dans l'intimité même de nos organes; peut-être qu'alors les nouvelles connaissances que nous aurons acquises, jointes aux phéno- menes de circulation dont on vient de parler, nous permettront d'expliquer les actions diverses qu'offrent un certain nombre de substances sur l’éco- nomie. » Il s'agit, en effet, dans ces nouvelles recherches, de déterminer les phénomènes qui accompagnent l'ingestion d'une substance dans le canal ali- mentaire. Toute substance liquide ingérée dans l'estomac se trouve en con- tact avec l’épithélium de la muqueuse intestinale ; elle le pénètre, et bientôt est mise en rapport avec les rapillaires des villosités. Que doit-il naître de ce contact ? un échange réciproque des liquides qui baignent des deux côtés les parois des vaisseaux capillaires ; c'est-à-dire que, tandis qu'une portion du sérum du sang passera à travers les parois des capillaires pour aller trouver le liquide introduit dans le canal intestinal, une portion de ce dernier li- quide pénétrera en même temps les parois des vaisseaux, pour se mêler au sang contenu dans les capillaires et se répandre dans le torrent circulatoire. Ce double courant est tout à fait analogue au phénomène si bien indiqué et décrit par M. Dutrochet, dans son Traité de l'Endosmose : si les deux cou- rants sont d'égale intensité, il n'y aura ni augmentation ni diminution du liquide contenu dans l'intestin ; si l’un des courants l'emporte sur l'autre, par exemple, si le courant du sérum du sang vers la cavité intestinale a une inten- sité plus grande que celui qui porte le liquide ingéré vers le sérum des ca- pillaires, il y aura alors accumulation de liquide dans l'intestin , provocation de l'intestin à se contracter pour rejeter au dehors ce surcroît de liquide, et par suite la substance qui aura produit cet effet sera purgative. Un ré- sultat opposé aura lieu, si le courant du liquide ingéré vers le sérum des capillaires , est plus considérable que celui du sérum vers la cavité de lin- testin. » L'opinion que nous émettons ici résulte des faits nombreux , dans le dé- tail desquels nous allons entrer. » Et d’abord le sérum du sang, séparé d’un autre liquide , par une mem- brane organique, donne-t-il lieu aux deux courants dont il vient d'étre parlé?’ Le nombre des substances qui produisent ce double courant est si considérable relativement à celles sur lesquelles nous avons expérimenté, que nous croyons pouvoir regarder cette propriété comme une loi : peu de substances y échappent; et, dans ce dernier cas, les unes, pénétrant la mem- brane, la rendent impropre à l'endosmose, c’est-à-dire que la membrane 132... ( 996 } devient perméable, et laisse passer le liquide qui offre la pression la plus grande, soit le sérum, soit la solution employée; d’autres, par leur pré- sence, font cesser tout phénomène d'endosmose, et la membrane ne de- vient perméable ni à l'un ni à l’autre des deux liquides qui la baignent. Dans le premier cas, le méme corps dissous daus l'eau en diverses propor- tions, offre un courant d'endosmose qui subit une interversion dans sa di- rection; si l'eau ne contient qu'une petite quantité de la substance en disso- lution, l'intensité du courant qui porte la solution vers le sérum sera plus grande que celle du courant qui sollicite le sérum vers la solution ; il y aura alors ce que nous pouvons appeler, avec M. Dutrochet, et pour plus de simplicité, endosmose de la solution; si, au contraire, la solution de la même substance est plus concentrée, le second couraut l'emportera sur le pre- mier; il y aura alors erdosmose du sérum. On comprendra que pour un certain degré de concentration de la solution, l'intensité des deux courants sera la même, et il y aura échange d'une égale portion des deux liquides , par suite de la perméation de la membrane qui les sépare. » Dans ces nouvelles expériences sur l’endosmose, nous nous sommes servi d'endosmomètres dont les réservoirs offrent une ouverture terminale de 4o à 5o millimètres environ de diamètre; les tubes qui les surmontent ont un diamètre de 1 à 2 et 3 millimètres; chaque tube, maintenu d'ordi- naire verticalement, porte une échelle divisée en millimètres. La membrane adaptée à l'ouverture du réservoir de l'endosmometre appartient à l’appen- dice cœcal du mouton. » Pour éviter les redites, et pour plus de clarté, nous conviendrons de placer le nom du liquide qui se trouve dans le réservoir, avant celui du liquide extérieur qui reçoit l'endosmomètre; alors, dans le cas où la colonne du tube montera , nous dirons qu'il y a endosmose du liquide extérieur ; et exosmose du même liquide lorsque cette colonne descendra. » Nous représenterons par D le diamètre de l'ouverture de l'endosmo- mètre , et par d celui du tube qui le surmonte. Eau de Sedlitz naturelle et sérum. D — {9 millimètres; d = 2 millimètres. » L'eau de Sedlitz occupe le réservoir de l’endosmomètre, et le sérum le vase extérieur: la colonne de liquide monte dans le tube; il y a done endosmose du sérum. L'accroissement dans l'ascension de la colonne devient de plus en plus grand pendant les quatre premières heures de l'expérience, et il diminue de plus en plus jusqu'à la quinzième heure, époque à laquelle cesse l'expérience. L'ascension de la colonne observée pendant une heure, ( 997 ) donne d'abord 4"%,5, ensuite 8 millimètres , puis o millimètres , et 8 milli+ mètres, 7 millimètres, enfin 3 millimètres dans la dernière heure. » L'eau de Sedlitz de l'endosmomètre, contient une quantité notable d’al- bumine, provenant du sérum qui a passé par endosmose du vase extérieur dans l’endosmomètre. D'un autre côté, le sérum du vase contient aussi une certaine quantité de sulfate de magnésie, qui a passé du réservoir de l'en- dosmomètre vers le sérum. » On obtient des résultats analogues sur Je vivant. On a filtré les ma- tières excrémentitielles provenant de deux personnes purgées l’une et l’autre par l'eau de Sedlitz ; ce liquide, qui d’ailleurs contient beaucoup de sulfate de magnésie, offre de l'albrmine en assez grande quantité ; et l'on sait que dans l’état normal, les matières excrémentitielles offrent à peine quelques traces d’albumine, Les urines des mêmes personnes, recueillies pendant la purgation, ont donné une quantité beaucoup plus considérable de sulfate de magnésie, que celle qu'elles contiennent dans l’état naturel. » M. Bouchardat a bien voulu vérifier ces résultats dans ces derniers temps. ; » Si, au lieu de mettre l’eau de Sedlitz dans le réservoir et le sérum au de- hors, comme précédemment, on fait le contraire; alors il ÿ a abaissement de la colonne du tube, c’est-à-dire qu'ici encore, le courant le plus fort a lieu du sérum vers l’eau de Sedlitz. » L'eau de Pullna se comporte à l'égard du sérum comme l’eau de Sedlitz. » Nous allons exposer dans tous ses détails une des expériences que nous avons faites, en opposant d'autres solutions salines au sérum; les différentes phases qu’elle présentera nous serviront d’ailleurs à interpréter divers phé- nomènes de médication et de nutrition dont nous parlerons bientôt. Solution de phosphate de soude et sérum. D— 39 millim.; d— 2 millim.; T — 14 degrés. (Sel : eau distillée :: 1 : 25.) » 1°. La solution mise dans le réservoir de l’endosmometre et le sérum au dehors, il y a endosmose, c'est-à-dire ascension de la colonne liquide; l'ac- croissement de la colonne augmente de plus en plus pendant les deux pre- mières heures, et diminue ensuite : ainsi on observe une ascension de 18 mil- limètres, de 30 millimètres, de 34 millimètres, puis de 20 millimètres après neuf heures d'expérience, et seulement de 3 millimètres, toujours en une heure, depuis quinze heures que l'expérience a commencé. » La membrane cesse alors d'être propre à l’endosmose le second jour, il y a exosmose, c’est-à-dire baisse de la colonne liquide. Mais en faisant oscil- ( 998 ) ler et l'endosmomètre et le sérum du vase , on change de place les couches des liquides en rapport avec les deux faces de la membrane, et l’endosmose re- naît; la colonne monte de 4 millimètres en une heure, et ensuite de 1 milli- mètre seulement ; puis il y a de nouveau abaissement de la colonne tout le troisième jour de l'expérience. » 2°, Onremplacele sérum du vase par de l'eau distillée ; alors la membrane qui servait depuis quatre-vingts heures et qui donnait lieu précédemment à l'exosmose , est le siége d’une endosmose très-intense, la colonne s'élève en une heure, de 54 millimètres, de 60 millimètres; puis de 52 millimètres, de 48 millimètres après quatre heures de cette expérience. » 3°, Le cinquième jour, on substitue à l'eau distillée de la veille, le même sérum de 1° qu'on avait abandonné comme ne donnant plus que de l’exosmose , et, chose remarquable, par suite du nouvel état de la membrane , elle est redevenue propre à l'endosmose; on a une ascension de 10 milli- mètres en une heure, puis de 8 millimètres, de 6 millimètres, et enfin de 3 millimètres après huit heures de cette nouvelle expérience. Dans les heures suivantes, la colonne baisse de rouveau. » 4°. Le sixième jour de l'expérience, on remplace le sérum du vase par de l'eau distillée, et l'endosmose renaît derechef; l'ascension est de 24 milli- mètres, 14 millimètres, 11 millimètres, 6 millimètres, et enfin de 4 milli- mètres au bout de vingt-quatre heures de cette expérience. » Remarquons que l'intensité de cette endosmose est beaucoup moins con sidérable que celle offerte par 2°; aussi la membrane sert depuis un plus long temps. » Avant de quitter cette expérience, faisons observer que si la solution de phosphate de soude est moins concentrée, si l'on a, par exemple, sel : eau :: r : 100, alors le courant le plus fort, au lieu de se faire, comme précédemment, du sérum vers le phosphate de soude, a un sens contraire, c'est-à-dire que, comme pour d'autres sels à faible dose, le phosphate de soude cesse d'être purgatif. » Nous avons expérimenté sur le nitrate de potasse, le chlorure de sodium, l'ivdure de potassium, etc., comme nous venons de le faire pour le phosphate de soude, et tous les résultats que nous venons de constater se sont vérifiés à l'égard de tout autre sel. » Des expériences précédentes nous croyons devoir conclure , en dehors de cette propriété endosmosique, en vertu de laquelle le courant le plus fort s'établit du sérum vers la solution saline suffisamment concentrée, et qui doit nous occuper bientôt d'une manière particulière : ( 999 ) » 1°. Que les phénomènes d’endosmose que présente une membrane or- ganique dont les deux faces sont en rapport, l'une avec du sérum, l'autre avec un liquide de nature différente, sont très-variables ; » 2°. Qu'’au bout de quelques heures, l'endosmose diminue de plus en plus, finit par s'anéantir, et cela par suite de la pénétration ou saturation de la membrane par les deux liquides qui la baignent: » 3°. Qu'en agitant l'endosmomètre et le vase qui le reçoit, les couches de liquide en contact avec la membrane étant déplacées, l'endosmose renaît ; » 4°. Qu'une membrane devenue, par son usage, inapte à l’endosmose , mise en contact avec d'autres liquides , abandonne les premiers, et récupère la propriété de produire l'endosmose avec les mêmes liquides pour lesquels l'endosmose avait cessé. » Ces faits, nous ne craignons pas de l’affirmer, sont dignes de fixer l'at- tention d'une manière toute spéciale, soit pour expliquer certains phéno- mènes d'absorption , et, par suite, pour interpréter les actions diverses d'une même substance administrée pendant longtemps, ou à des doses de plus en plus considérables, soit pour expliquer divers phénomènes de nutrition : car l'absorption et la nutrition ne sont que des phénomènes d'endosmose , ainsi qu'on en convient généralement depuis la belle découverte de M. Du- trochet. Mais je ne sache pas que des études d'endosmose aient été faites directement sur les liquides organiques de l’économie, et les substances employées comme médicaments, dans la vue de jeter quelque lumière sur les divers points que nous étudions. » Ainsi, nous pensons qu'une même substance ingérée dans l'estomac, et parcourant une portion plus ou moins grande du tube intestinal, produira des effets sur l'économie, d'autant moins saillants, qui tendront d'autant plus à s'anéantir, qu'elle sera employée plus fréquemment; de là nous sommes porté à croire que la tolérance invoquée dans les maladies par Rasori, Giacomini et autres sectateurs de la médication italienne, tient tout simple- ment à ce que les membranes du tube digestif, en contact avec la même sub- stance, s'en imbibent, et deviennent bientôt inaptes à laisser passer en même quantité la substance dans le torrent circulatoire. Nous avons souvent observé chez des personnes qui prennent des purgatifs , qu'en mettant vingt-quatre heures d'intervalle, au lieu de quarante-huit, entre l'administration de deux purgatifs de même nature , le second jour, toutes choses égales d’ailleurs, les effets étaient beaucoup moindres que le premier. » Des mêmes faits, il résulte la nécessité de varier la nature des substances alimentaires; ainsi, une substance, fût-elle nutritive par excellence, ces- ( 1000 }) serait de l'être par son usage prolongé. Les travaux de M. Magendie sur l'alimentation viennent à l'appui de ce que nous avançons. » Quoique les exemples que nous venons de rapporter soient en petit nombre (1), nous n'hésitons pas cependant à soutenir les propositions que nous venons d'établir; d’ailleurs, on conviendra avec nous que l'interpréta- tion que nous donnons des phénomènes divers dont il vient d'être question’, a une apparence de solidité qui manque entiérement à l'explication des mé- mes faits par certains physiologistes et thérapeutistes. » En opposant au sérum les solutions suffisamment concentrées de tartrate neutre de potasse, de sulfate de soude, de sulfate de potasse, de phosphate de potasse, d’alun; toutes donnent un courant d’endosmose plus considé- rable du sérum vers la solution ; et dans tous les cas, après l’expérience , le sérum offre une quantité notable du sel, et la solution de l'albumine prove- nant-du sérum. » Les matières excrémentitielles et les urines de personnes purgées avec le sulfate de soude, ont offert des résultats analogues à ceux qu'on avait obte- nus pour l'eau de Sedlitz. » On sait que l'opium , les sels de morphine, sont employés contre la diar- rhée, s'opposent à l'effet purgatif des médicaments dont on fait usage, dans un tout autre but que celui de purger, comme, par exemple, le nitrate de potasse, pour combattre le rhumatisme. Il était donc important de voir si la présence des sels de morphine s'opposait aussi aux phénomènes d'endosmose que nous venons de constater; l'expérience suivante vient à l'appui de l’'iden- tité que nous voulons établir : Azotate de potasse avec chlorhydrate de morphineetsérum. D—39""; d—1"m,5; T—13. » 1°. Nous commençons par opposer la solution de sel au sérum : (Sel. : eau ::,,r : 8.) » Ilya, comme nous le savons, endosmose du sérum ; la colonne s'élève eu dix minutes, d'abord de 8,5, ensuite de 9 millimètres après trois quarts d'heure d'expérience : comme on le voit , le phénomène est dans toute son intensité. » 2°, On ôte du réservoir de l'endosmomètre la solution d'azotate de po- tasse, et on la remplace par une solution de même saturation , mais à laquelle on a ajouté à 26 grammes de la solution, 30 centigrammes de chlorhydrate (1) Nous avons soumis à l’endosmose la matière chymeuse de l’estomac, ainsi que le chyle; mais les expériences ne sont pas assez nombreuses pour établir d’une manière certaine les conséquences qu’on peut en tirer sur la digestion et la nutrition. ( 10017 }) de morphine. L'endosmose précédente est modifiée de la manière suivante : l'ascension de la colonne est de 6 millimètres, de 4"%,5, de 3 millimètres, enfin de 2 millimètres au bout d'une heure seulement de cette nouvelle expé- rience, puis la colonne reste immobile pendant une heure ; après ce temps, il y a abaissement de la colonne, c'est-à-dire exosmose ; ainsi la colonne des- cend toujours pendant dix minutes, de 1 millimètre, de 282; de 3,5 après trois heures d'expérience. » Ainsi, la présence du chlorhydrate de morphine a diminué l'endos- mose, puis l'a anéantie, et enfin il y a eu exosmose; c'est précisément l'effet que produit la morphine , toutes choses égales d'ailleurs, dans le canal intes- tinal, en donnant lieu à la constipation ; il y a courant établi de la cavité de l'intestin vers le sérum des capillaires des villosités intestinales ; de là absence consécutive de liquide dans l'intestin. » La même expérience, répétée avec une autre membrane , donne des ré- sultats tout à fait comparables à ceux que nous venons d'obtenir. » Des expériences qui précèdent, et dans lesquelles il s’agit de substances réputées purgatives, nous croyons pouvoir conclure, que l'effet des purgatifs relativement à l'évacuation qu'ils produisent , vient d’un double courant qui s'établit entre le liquide ingéré dans la cavité de l'intestin et le sérum des ca- pillaires qui entrent dans les villosités intestinales, et qui s'effectue à travers la muqueuse qui recouvre ces villosités; que l'évacuation à laquelle ils don- nent lieu provient de ce que le courant qui porte le sérum vers le liquide ingéré. est plus considérable que celui qui agit en sens contraire; et que la consti- pation qui résulte des mêmes substances purgatives administrées à faible dose, vient de ce que le courant de la cavité de l'intestin vers le sérum des capillaires est, au contraire , plus considérable. » On sait, en effet, que les personnes qui prennent les eaux minérales, liquides dans lesquels les sels n’entrent qu'en petite quantité, se plaignent, dans les premiers temps de leur usage, de constipation; mais cet inconvé- nient disparaît ordinairement au bout de quelques jours. Ces résultats sont tout à fait conformes à ceux que nous ont donnés les phénomènes d’'endos- mose, étudiés sur le sérum et les eaux minérales non purgatives. Ainsi, nous avons opposé le sérum aux eaux minérales de Passy, de Spa, de Vichy, de Plombières, de Cauteretz, du Mont-d'Or, etc., etc., et nous avons vu le cou- rant le plus fort se diriger de l'eau minérale vers le sérum. » Les conséquences que nous venons d'établir acquerront une valeur plus grande lorsque nous aurons vu les purgatifs végétaux se comporter à l'égard du sérum comme les purgatifs minéraux. C. R,, 1834, 27€ Semestre. (T. XIX, Nc 20) 135 ( 1002 ) » En effet, nous avons opposé au sérum les solations suffisamment con- centrées de manne, des extraits de séné, de rhubarbe, de mercuriale, de ta- marin , de casse, de coloquinte, d’aloës ; nous avons obtenu un courant d’en- dosmose plus considérable du sérum vers ces solutions. Il en a été de même des résines de scammonée, de jalap et de l'huile de ricin opposées au sérum. » Ne pourrait-on pas se demander s'il n'y a de purgatives que les sub- stances qui produisent le courant le plus fort du sérum vers elles? A cette question nous pourrions répondre, qu'il ne s’agit pas ici d'un traité complet de la médication purgative, mais seulement de jeter quelque lumière cer- taine sur l'effet immédiat des purgatifs introduits daus le canal intestinal, effet qui se trouve établi par toutes les expériences que nous avons rap- portées. » Néanmoins, nous ne nous en sommes pas tenu là: un grand nombre d'autres substances ont été expérimeutées ; et si nous ne sommes pas en état de répondre pleinement à la question qui vient d'être posée, nous pouvons cependant dire, d'après ces expériences, que des substances pour lesquelles le courant le plus intense a lieu du sérum vers elles, ne sont nullement pur- gatives; que d’autres qui, inertes ou non, opposées au sérum, ne donnent pas lieu aux phénomènes d'endosmose , sont cependant regardées comme laxa- tives. » Ces faits, qui semblent en opposition avec la théorie que nous voulons établir, exigent quelques développements. Ainsi eau, par exemple, déter- mine le courant le plus fort vers le sérum, et cependant l'eau ne produit pas la constipation; c'est qu’elle est absorbée avant de parvenir à la fin de l'intestin grêle, et généralement elle ne franchit pas la valvule iléo-cœcale. » Le sucre de canne, opposé au sérum, produit un courant très-considé- rable du sérum vers la solution sucrée, et cependant il ne produit aucun effet purgatif: au contraire, son usage prolongé donne lieu à la constipation; mais si nous suivons cette substance dans le canal intestinal, elle s'y comporte d'une manière toute spéciale: d'abord elle ne se retrouve pas dans les éva- cuations alvines, elle subit dans l'estomac, par suite de la présence du suc gastrique, la fermentation lactique; un acide est produit, et alors, comme nous l'avons vu pour les acides acétique, tartrique, citrique, sulfurique étendus d’eau, il y a courant plus intense de l'acide vers le sérum. ». Un autre phénomène accompagne l'administration des purgatifs, plus où moins obscur quant aux laxatifs, mais très-évident lorsqu'il s'agit des pur- gatifs drastiques : nous voulons parler des contractions péristaltiques des intestins. Dans toute purgation, le malade accuse des mouvements plus ou ( 1003 }) moins douloureux qui ont leur siége dans le tube intestinal ; cette impression est vive dans le cas des purgatifs violents; la présence de ces substances pro- voque la contraction, le mouvement péristaltique des intestins, dont l'objet est de débarrasser l'économie de ces corps étrangers , nuisibles on peut le dire, ainsi que la gomme-gutte (1) qui, comme le deutochlorure de mercure, intro- duite dans le sang en certaine quantité, solidifie une partie de l’albumine de ce liquide. Q 1 » Dans ces contractions vives, subites, des intestins, les villosités sont pres- sées les unes contre les autres, la pression du sang des capillaires est aug- mentée; de là l'exhalation intestinale dont on est témoin. » C'est à cette derniere cause, le mouvement péristaltique des intestins, que l'on doit attribuer la facilité des évacuations alvines, par l'usage de sub- stances tout à fait inertes qui, parcourant tout le tube intestinal sans être modifiées, sont rendues comme elles ont été prises; leur présence dans le canal alimentaire provoque le mouvement dont nous parlons, et par suite une exhalation surabondante de liquide. » Est-ce à la même cause que l’on doit attribuer ces évacuations alvines, qui se déclarent subitement , en quelques minutes, sous l'influence d’émo- tions morales vives? Toujours est-il qu'elles sont constamment précédées de mouvements qui ont leur siége dans l'intestin ; ainsi, sans nous expliquer sur la cause première de ce phénomène, il ne répugne pas plus d'admettre un mouvement particulier des fibres musculaires intestinales provoqué par une émotion vive, que les mouvements désordonnés du cœur dans les mêmes cir- constances, quand on voit ces deux sortes de fibres être sous la dépendance des nerfs de la vie organique. » Nous ne saurions terminer ce sujet sans rapporter une expérience qui se lie à l'exhalation du sérum provoquée par les purgatifs, nous voulons parler de l’action des cantharides appliquées à la surface de la peau. 25 grammes d'huile d'olive, contenant 10 grammes de cantharides pulvérisées, et chauffés jusqu'à 80 degrés, ont été opposés au sérum ; nous avons été témoin d'un cou- rant d'endosmose du sérum vers l'huile cantharidée. » Nous avons vu des substances qui, opposées au sérum, donnaient lieu à l’endosmose ou à l’exosmose ; diautres, comme le chlorhydrate de morphine, anéantissent, par leur présence, ces deux phénomènes. Il nous reste à parler (1) La gomme-gutte, opposée au sérum, ne donne lieu à aucun phénomène d’endosmose. 1199. ( 1004 ) d'un autre ordre de corps qui, pénétrant la membrane, la rendent perméa- ble ; de ce nombre se trouve la décoction de tabac. » Nous avons, en effet, mis dans le réservoir d’un endosmomètre une dé- coction de 4 grammes de tabac en feuilles dans 40 grammes d’eau distillée , et le sérum au dehors ; il y a eu abaissement de la colonne liquide du tube de l'endosmometre : le méme effet se produit , en intervertissant l'ordre des deux liquides, c'est-à-dire en mettant le sérum dans le réservoir et la décoction de tabac au dehors. » Nous venons de démontrer qu'un liquide ingéré dans l'estomac donnait lieu à un échange réciproque des liquides qui baignent des deux côtés les parois des capillaires; une partie de la nouvelle substance ingérée pénètre done dans le torrent circulatoire et va modifier la circulation capillaire, qui deviendra plus on moins facile, selon que la substance unie au sang ; active ou retarde le passage de ce liquide dans les petits vaisseaux , ainsi que nous l'avons constaté dans le Mémoire que nous avons rappelé an commencement de ces recherches. » Mais il existe un autre phénomène qui doit se passer ultérieurement, et sur lequel nous désirons fixer l'attention d'une manière toute particulière. Le sang, ainsi chargé de nouvelles substances, modifié dans sa constitution , est porté aux organes par les vaisseaux capillaires qui les traversent: les parois de ces vaisseaux, en rapport, d'une part, avec le sang qu'ils contiennent, d'autre part, avec le parenchyme propre des organes, donnent naissance à de nouveaux phénomènes d'endosmose et d’exosmose. C’est à ce double cou- rant, qui a lieu par suite de l'introduction quotidienne de substances liquides et solides dans l'économie, qu'est dû le mouvement de composition et de dé- composition à l’aide duquel s'effectue la nutrition, la réparation des organes. Nous sommes porté à penser que l'état de santé n'existe qu'à la condition que ce double mouvement n'éprouve aucune irrégularité, et que beaucoup de poisons, indépendamment de l'impression spéciale des molécules de quelques-uns d’entre eux sur la fibre vivante, peuvent ne devoir leur action délétère sur l'économie, qu'à la perturbation qu'ils produisent dans les phéno- mènes d'endosmose et d’exosmose, au sein@même des tissus. » Rapportons ici les expériences qui militent en faveur de l'opinion que nous venons d'émettre; il suffira d'indiquer leurs principaux résultats pour comprendre les conséquences que nous croyons pouvoir en déduire. » Nous avons opposé au séram de l'alcool plus ou moins étendu d'eau, et nous avons vu le courant le plus fort s'établir du sérum vers l'eau alcoolisée , ( 1005 ) et avec d'autant plus d'énergie que l'alcool était moins étendu d’eau. Ainsi, l'alcool dans le sang tend à déterminer une déplétion des organes au profit de la masse sanguine. Est-ce à cet effet que sont dus les phénomèries que lon observe dans l'ivresse, ou bien résultent-ils de cet effet et de l’action propre de l'alcool pénétrant nos tissus? Toujours est-il que ces phénomènes sont com- battus avec succès par de l’eau introduite dans l'économie; et nous savons que l’eau , en présence du sérum, produit, contrairement à l'alcool, le cou- rant le plus intense de l’eau vers le sérum. Une autre substance, l'ammo- niaque, combat, beaucoup plus efficacement que l'eau, les symptômes de l'ivresse. Eh bien, lammcç-iaque, soit pure, soit unie à l'eau distillée dans le rapport de 1 : 5, opposée au sérum, donne lieu à un courant qui va de cette substance vers le sérum : le contraire a lieu pour l'alcool. Ainsi l'eau et l'am- moniaque, au point de vue que nous considérons, tendent à combattre l'ivresse déterminée par l'alcool, nous disons au point de vue que nous cou- sidérons, car, sous le rapport de la circulation capillaire , nous avons vu aussi que ces deux substances viennent, par leur présence, détruire la len- teur qu'apporte l'alcool dans le passage du sang à travers nos plus petits vaisseaux. » Nous avons démontré que le chlorhydrate de morphine diminuait les phénomènes de l'endosmose, et finissait par les anéantir ; si, comme nous le disons, il y a incessamment, dans l’état normal, au sein de nos organes, des phénomènes d'endosmose et d’exosmose, certes, une substance qui, intro- duite dans le sang, viendrait contrarier, annihiler ces phénomènes, serait, à juste titre, une substance délétère : eh bien, l'opium, le chlorhydrate de morphine se trouvent dans ce cas. » Nous avons mis en présence du sérum une eau minérale sulfureuse; tou- jours la colonne du tube descendait, c’est-à-dire que, sous l'influence de l'acide sulfhydrique, comme pour la décoction de tabac, la membrane devenait perméable : nous avons vu, en outre, que la même membrane, privée d'hy- drogene sulfuré, devenait apte à produire les phénomènes d'endosmose. Déjà, M. Dutrochet avait remarqué que cet acide modifiait beaucoup l'endos- mose, et qu'une membrane imbibée d'hydrogène sulfuré perdait la propriété de la produire. On connaît l'action si délétère de ce gaz, en quantité suffi- sante, sur l'économie animale ; répugnerait-il beaucoup d'admettre, en s’ap- puyant sur les expériences précédentes, qu'introduit dans le sang, il va s'op- poser aux phénomènes ultérieurs d’endosmose ou d’exosmose qui se passent dans l'intimité des organes? » Maïs il ne faut pas perdre de vue qu'il peut exister une action spéciale ( 1006 ) des molécules de la substance sur la fibre vivante; nous en sommes convaincu par les effets que produit, sur la colonne de mercure de lhémodynamètre appliqué à une artère, l'injection de certains poisons dans le système veineux, et cela sans qu'on puisse invoquer, eu égard à leur instantanéité, dans l'inter- prétation des phénomènes observés, le concours de l’action nerveuse ; dans ce cas il y a action spéciale de la substance sur la fibre musculaire du cœur. Dans d’autres cas, l'effet sur le cœur n'a lieu que consécutivement , par suite des modifications introduites dans les centres nerveux. » Nous avons opposé au sérum les extraits alcooliques d’ellébore noir, de ciguë, de jusquiame, d’aconit, de belladone ; unis respectivement à l'eau dis- tillée dans le rapport de 1 à 5; toutes ces substances font naître le courant le plus intense du sérum vers les solutions d'extraits. » Au contraire, le sulfate de quinine uni à l'eau distillée dans le rapport de 1 à 56; o%,15 de nitrate de strychnine dissous dans 18 grammes d’eau distillée ; l'eau de laurier-cerise , l'acide cyanhydrique au huitième, opposés au sérum dans un endosmomeètre, donnent chacun le courant le plus consi- dérable des solutions vers le sérum. » Les expériences sur ces substances ne sont pas assez multipliées pour nous permettre d'en tirer quelques conséquences solides; il nous manque, pour la plupart, leur manière d'agir sur le cœur, sur les centres nerveux, et aussi leur influence sur la circulation capillaire. » Dans un nouveau travail, nous essayerons de déterminer ces diverses actions; c’est, nous le croyons, une voie à l'aide de laquelle il sera peut-être permis d'espérer de soulever un coin du voile qui couvre l’action mystérieuse des médicaments. » CHIRURGIE. — Sur le pansement des plaies par occlusion. (Extrait d'une Note de M. Cnassaïcnac.) (Commission nommée pour un Mémoire récent de M. Laugier sur le traite- ment des plaies au moyen du mucilage de gomme arabique et de la bau- druche. ) - « Depuis près de trois ans, j'ai mis en pratique dans divers hôpitaux, et notamment à Cochin, à Necker et à la Charité, un mode de pansement des plaies, que j'ai désigné sous le nom de pansement par occlusion..... » Mode de pansement. — Une plaie récente avec ou sans fracture des os, une brûlure, une plaie d'amputation étant dounées, je construis sur la partie blessée une cuirasse avec le sparadrap de diachylum découpé en oo ee — — ( 1007 ) bandelettes qui se recouvrent par imbrication. Cette sorte de tégument nouveau est enveloppé lui-même d’un linge enduit de cérat et criblé de trous, puis recouvert de charpie soutenue par des compresses et des bandes. Ce pansement doit rester en place huit à dix jours. Si l'abondance de la sup- puration l'exige, on renouvelle les pièces extérieures du pansement jusqu’au linge cératé inclusivement, mais sans toucher à la cuirasse de sparadrap. Si elle s'affaiblit, on la soutient par l'addition de bandelettes supplémentaires, et l'on se borne à en laver la surface avec un liquide renfermant quelques gouttes d'eau-de-vie camphrée ou du jus de citron. : Pendant les huit ou &ix premiers jours, le moyen de surveiller assi- dûment l'état de la blessure dérobée aux yeux par la cuirasse emplastique consiste dans des pressions exploratives douces, exercées soit sur la plaie elle-même à travers l'appareil, soit sur le trajet des vaisseaux lymphatiques et sanguins, les gaînes des tendons, les grands cordons nerveux qui se trou- vent dans le champ d'irradiation des parties blessées. » S'il y a imminence d'accidents inflammatoires, une forte application de sangsues, faite à distance de la blessure ou dans son LOEEE sur les aboutissants Ilymphatiques et sanguins de la partie blessée, m’a constamment suffi jusqu'à présent pour faire avorter les accidents de l’inflammation. A la différence du mode de pansement de Baynton pour les vieux ulcères de jambe, le pansement que j'appelle par occlusion est appliqué in- distinctement à toutes les plaies récentes, même à celles qui s'accompagnent de fractures et d'écrasement. A la différence du mode de traitement connu des chirurgiens sous le nom de pansements rares, on enlève avec soin les produits de suppuration en lavant aussi souvent que cela est nécessaire, à l'aide de liquides antiseptiques, l'extérieur de la cuirasse. Pour enlever cette cuirasse au bout du huitième ou dixième jour, on glisse au-dessous d'elle une sonde cannelée, dans la rainure de laquelle on conduit les ciseaux servant à diviser le sparadrap. Le double but du pansement par occlusion est donc : 1° De tenir la surface de la plaie constamment recouverte ; 2° d'assurer aux produits de la plaie un libre écoulement. » Je vais indiquer les cas dans lesquels a été employé jusqu'ici le mode de pansement par occlusion. » 1°. Des plaies avec fractures comminutives et écrasement de membres ou de portion de membre, car alors même que l'amputation est regardée comme inévitable, nous laissons la suppuration s'établir sous l'enveloppe emplastique avant d’amputer ; on se représente difficilement le degré de ( 1008 }) bénignité que prennent des lésions traumatiques graves sous l'influence de cette occlusion : comme cas particuliers, je citerai des écrasements d'orteils, de doigts, de la main, de la jambe, ete.; » 2°, Des plaies de tête avec dénudation et fracture du crâne; » 3°. De larges plaies sans fractures, mais avec division des tendons et aponévroses, soit au pied , soit à la main; » 4°. Des panaris de la gaine, des tendons fléchisseurs des doigts apres leur ouverture, soit spontanée, soit artificielle ; » 5°. Des piqûres anatomiques dont on connaît la gravité habituelle : » 6°. Des plaies par morsures de chien ou de cheval; » 7°. Des brûlures considérables par le feu ou par des caustiques ; » 8°. Des plaies d'amputation et de ligatures d'artère. » Voici les avantages qui nous ont paru inhérents aux pansements par occlusion : » 1°. Diminution immédiate de la douleur traumatique dans presque tous les cas; » 2°. Absence de fièvre traumatique dans la plupart des cas; » 3, Diminution dans l'abondance de la suppuration : fait qui n'est pas à négliger au point de vue de l'épuisement du malade dans les grandes brü- lures et dans les plaies trés-étendues en surface; » 4°, Suppression des irritations quotidiennes que déterminent les panse- ments ordinaires et des nombreux inconvénients de la mise à découvert des plaies; L » 5°. Rapidité beaucoup plus grande de la cicatrisation : rapidité due à l'amélioration des prodnits de suppuration, à l'amoindrissement de l'inflam- mation et surtout au nivellement des bords de la plaie avec sa surface; » 6°. Remplacement avec avantage de divers moyens employés pour con- jurer les accidents des plaies graves: irrigations froides, élévation perma- nente de température, applications médicamenteuses, etc. » Les observations détaillées à l'appui des propositions ci-dessus seront réunies dans le travail que je dois soumettre incessamment au jugement de l'Académie. » Je dois reconnaître que déjà en 1831, M. le professeur Velpeau, dans une Leçon publiée par la Gazette (les Hôpitaux du 4 août, avait émis l'idée d'appliquer au traitément des plaies contuses le mode de pansement de Bayn- ton. D'un autre côté, l'un de mes élèves a publié le 12 septembre 1843. dans le même Journal, une Lecon que j'ai faite à la Charité sur les principes du pansement par occlusion. J'aurais voulu soumettre encore à une expérience ( 1009 ) de quelques années le traitement par occlusion, avant d’en faire connaître les résultats; mais le pansement des plaies ayant fait l’objet de communications récentes qui paraissent émaner des mêmes principes, je n'ai pas cru devoir garder plus longtemps le silence. Permettez-moi d'ajouter que, dans cette question, je me préoccupe beaucoup moins de la nouveauté du traitement dont il s'agit que de l'avantage qu'il y aurait à généraliser dans la pratique l'emploi d'un moyen qui m'a paru d’une utilité incontestable. » CHIRURGIE. — ARéclamation de priorité adressée à l'occasion d'une Note récente de M. Laugier, sur une nouvelle méthode de traitement des plaies; Note de M. J. Guérin. (Commission nommée pour le Mémoire de M. Laugier.) « Dès le mois de juillet 1839, dans le Mémoire même où j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie mes premières expériences sur les plaies sous- cutanées, j'avais explicitement établi comme conséquence et applications de mes recherches, « 1°. Que le mécanisme de l’organisation des plaies sous-cutanées est le » même que celui de la réunion adhésive, le même que celui de la cicatri- » sation des plaies qui suppurent. La condition essentielle de cette cicatrisa- » tion, disais-je, est la même dans les trois ordres de plaies: la soustraction » de leur surface au contact de l'air; d’où la condition essentielle de la réu- » pion par première intention des plaies, l'absence du contact de l'air, et » l'indication pour l'obtenir, l’application hermétique de leurs surfaces et » l’occlusion permanente de leurs bords ; » 2°, Que les applications du phénomène de l’organisation immédiate des » plaies sous-cutanées sont de ramener toutes les plaies avec libre commu- nication à l'air, aux conditions des plaies sous-cutanées (1). » » Ces deux propositions sont textuellement extraites des conclusions de mon premier Mémoire sur les plaies sous-cutanées ; dans le cours du Mémoire j'avais dit : « La seconde conséquence qui résulte de la comparaison du phénomène » de la réunion immédiate avec ceux de l'organisation immédiate des plaies » sous-cutanées, c'est que la condition essentielle de cette réunion, de cette » organisation, est la même: c'est de soustraire exactement la surface des (1) Mémoire sur les plaies sous-cutanées; Gazette médicale, 1840, p. 231; Essais sur la méthode sous-cutanée, 1841, p. 70. C.R., 1844, 2€ Semestre (T. XIX, N° 20) 134 ( 1010 ) plaies à tout contact de l'air atmosphérique. Je ne m'arrêterai pas, disais-Je, à indiquer les moyens de remplir cette indication; il me suffira, pour le moment, de l’établir comme condition capitale et certaine d’un résultat » qui a préoccupé les chirurgiens depuis près de deux siècles (1). » » Ces citations prouvent donc que, des 1839, j'avais explicitement établi que les plaies extérieures pouvaient être ramenées aux conditions de cicatri- sation immédiate des plaies sous-cutanées, en les affranchissant du contact de l’air. » Depuis cette époque, je n'ai pas cessé dans mon enseignement, ma pratique et mes écrits, d’insister sur l'importance de cette application de mes idées. Différents ouvrages ou articles publiés depuis r840 jusqu'à ce jour en font foi, témoin les passages suivants : « La cause essentielle, efficace, de » l'inflammation suppurative dans les plaies sous-cutanées et toutes les plaies » ouvertes, est bien la présence et l'action de l'air. En présence de cette » doctrine, il sera possible de convertir toutes les plaies ouvertes en plaies » sous-cutanées, et de leur procurer, comme à celles-ci, le bénéfice de la ci- » catrisation sans inflammation suppurative, » (Gazette mérlicale, Influence de l'air sur les plaies sous-cutanées, 1843, p. 183.) Et cet autre passage : « La cicatrisation des plaies sous-cutanées offre immédiatement le mode » terminal de la cicatrisation des plaies extérieures: c'est la cicatrisation à » l'air libre, moins ses préliminaires, moins l'inflammation suppurative. Or, » la conséquence immédiate de cette idée, c'est qu'en soustrayant les plaies » ordinaires aux influences qui retardent leur cicatrisation , en les ramenant » à la condition des plaies sous-cutanées, on leur en procurera tous les avan- » tages. » (Programme des conférences sur la chirurgie sous-cutanée, mai 1844, p.13; et Gazette médicale, même année, p. 332.) » En ce qui concerne la réalisation de ces idées, j'ai fait, dans ma pra- tique publique et privée, des expériences nombreuses sur le pansement des plaies, avec différentes espèces de membranes, d'appareils en baudruche, taffetas gommé, caoutchouc, dans le but d’enfermer les plaies découvertes pour les isoler, à l'aide d'une peau artificielle, du contact de l'air. J'ai traité par cette méthode des plaies récentes, des plaies suppurantes, des fractures compliquées, des ulcères, des brûlures, certaines maladies graves de la peau. Dés 1841, j'avais fait une série d'essais de ce genre, dans le service tempo- raire de M. le docteur Maisonneuve, à l'Hôtel-Dieu; toutes ces expériences 1) Gazette médicale, 1840 , p. 230; Essais sur la méthode sous-cutanée, 1841, p. 66. (Tom) sont de notoriété publique. Voici ce que j'imprimais à cet égard dès le mois de janvier 1842 : « Quant aux applications de ces principes, je m'y livre, » depuis plusieurs années, avec une persévérance digne du but auquel j’as- » pire, et plusieurs ont été faites publiquement dans mon service de l'hô- » pital des Enfants, et récemment encore à l'Hôtel-Dieu, pendant que le » docteur Maisonneuve remplaçait temporairement les chefs de service. Je » dirai, en passant, que l'appareil en baudruche que l’auteur du Mémoire a » pris la peine de décrire comme de son invention, est précisément celui que » J'emploie depuis longtemps, et que j'ai employé publiquement à l'Hôtel- » Dieu pendant plus d’un mois. Depuis lors, j'ai apporté à cet appareil des » perfectionnements propres à lui faire remplir plus exactement et plus sû- » rement les indications de la méthode. » (Journal des Connaissances me- dico-chirurgicales, janvier 1842, page 26.) On trouvera, dans d’autres écrits antérieurs ou postérieurs à cette date, plusieurs allusions très-explicites à mes expériences sur le pansement des plaies par occlusion hermétique de leur surface (1). Cette méthode, envisagée dans ses principes et dans ses ap- plications, pouvait donc être considérée comme suffisamment établie, connue et indiquée. » Cependant mon honorable confrère , M. Laugier, a communiqué, il y a quinze jours, à l'Académie, comme entièrement nouveau, le mode de pan- sement qui consiste à couvrir les plaies d’une peau de baudruche, dans le but de les soustraire au contact de l'air. Je n'ai pas à m'expliquer ici sur la valeur du procédé, de la manière particulière de faire de M. Laugier; je me borne à signaler l'identité complète qui existe entre les idées et la méthode qu'il a crues nouvelles et les idées et la méthode qui sont indiquées dans les passages de mes écrits reproduits plus haut. Et, pour ce qui concerne plus particu- lièrement et plus explicitement l'occlusion des plaies par des membranes faisant fonction de peau artificielle, voici l'extrait d’une Note cachetée dont l'Académie a bien voulu recevoir le dépôt le 31 août 1840, extrait dont je prie M. le Secrétaire perpétuel de vouloir bien vérifier l'exactitude en déca- chetant mon paquet du 31 août, mais en passant sous silence ce qui, dans la même Note, est relatif à d’autres expériences sur la cicatrisation des plaies. « Je dépose aujourd'hui (31 août 1840) cette annexe à mon précédent pa- (x) Essai sur la méthode sous-cutanée, 1841; Introduction, p. 1. — Gazette médicale, 1843, p. 182, 183; 1844, p. 330, 331, etc. T9 /fe ( 1012 ) » quet cacheté , exprimant, comme résultat général de mes expériences, que » les brûlures , les ulcères, les plaies enflammées et sappurantes sont, comme » les plaies simples, puissamment modifiées dans le travail de cicatrisation, » lorsqu'elles sont enfermées et soustraites au contact de l'air, soit par la sous- » traction pure et simple de ce fluide et l'application hermétique d’une mem- » brane qui isole les tissus de son contact, soit... » » Cette communication n'a pas seulement pour objet d'établir une priorité qui ne saurait être méconnue, mais d'annoncer à l'Académie de nouveaux perfectionnements et de nouvelles applications de ma méthode; en effet, j'ai non-seulement continué à traiter les plaies de toute nature par l’occlusion hermétique de leur surface, mais j'ai imaginé.des moyens de rendre cette pratique beaucoup plus sûre et beaucoup plus efficace, surtout en ce qui con- cerne la cicatrisation immédiate des plaies récentes. Je serai prochainement en mesure de soumettre ces perfectionnemeuts à l’examen de l’Académie. J'indiquerai la condition spéciale et le moyen particulier à l'aide desquels il est possible d'assurer aux plaies découvertes récentes les avantages des plaies sous-cutanées, c'est-à-dire de les faire cicatriser en les affranchissant, comme les plaies sous-cutanées, du travail de l'inflammation suppurative. J'ai indi- qué, dans une nouvelle Note cachetée dont je prie l'Académie de vouloir bien accepter le dépôt, l'énoncé de la condition et du moyen dont je veux parler. » Je ferai remarquer en terminant que, par cebut et ce résultat entiérement nouveaux, je me trouve dès aujourd'hui en complet désaccord d'idées et de moyens avec M. Laugier, sur le véritable caractère de l'inflammation sup- purative. Pour lui, cette phase de la cicatrisation des plaies serait utile à la réunion des parties divisées et au produit de l'inflammation adhésive; pour moi, c'est un préliminaire inséparable des conditions ordinaires des plaies exposées à l'air, mais qu'il sera facile et très-avantageux de supprimer, à l’aide du pansement des plaies, par occlusion hermétique. Mais je dois ajouter que ce résultat ne saurait être obtenu à l’aide du pansement imparfait employé par M. Laugier. » CHIRURGIE. — Réponse de M. Laucien à la réclamation de priorite relative au nouveau mode de pansement qu'il a exposé dans sa Note du 28 octobre. ( Commission précédemment nommée.) « Lorsque j'ai connu, par le journal de M.J. Guérin, sa réclamation au su- jet du pansement des plaies récentes ou suppurantes que j'ai proposé, j'ai cru ( 1013) qu'il y avait de sa part une méprise, puisqu'il réclamait contre l'emploi d'une solution épaisse de gomme élastique, et que je faisusage de la gomme arabique et de la baudruche. Mais j'ai été doublement surprisen apprenant , de M. Mai- sonneuve lui-même, le chef du service dans lequel les essais de M. Guérin ont été faits il y a deux ans , que ces essais ont consisté dans l'application sur les plaies d’une bouteille de gomme élastique ou d'une vessie de baudruche, dans laquelle il faisait le vide pour soustraire les solutions de continuité au contact de l'air. » Il n’y avait plus même alors de rapport entre cette ventouse en gomme élastique, et une solution de caoutchouc, s'il était venu à l'esprit de quelqu'un de faire d’une pareille solution un enduit pour les plaies. Sur quoi donc por- tait la réclamation de M. Guérin contre ma proposition ? Comment a-t-il pu imprimer qu'il avait employé le même pansement que moi? comment le sou- tient-il encore aujourd’hui? » La nature des substances qui servent au pansement n'étant plus en litige, serait-ce l’idée de soustraire les plaies au contact de l'air, idée très-ancienne et qu'on trouve partout, quoiqu’on varie d'opinion sur les résultats de ce con- tact? Je ne le pense pas, car je n'ai encore élevé sur ce point aucune théorie particulière, et je doute fort, avec Hunter et beaucoup de physiologistes modernes, que l'air soit l'agent de la suppuration , comme le croit et l’a im- primé M. Guérin. Toutefois, l'idée de soustraire les plaies à l’action de l'air étant un principe chirurgical connu, on pourrait différer ou se ressembler par le moyen de la réaliser. » Or, je le demande, y a-t-il la moindre ressemblance entre l'abri tégu- mentaire que je réussis à donner aux plaies, et l'application d'une ventouse (fût-elle en baudruche), qui embrasse leur surface, moyen dont le résultat nécessaire et immédiat pour les plaies est l'écoulement du sang par le fait de la diminution de la pression de l'air? » Je puis certifier qu'il reste moins d’air à la surface d’une plaie couverte de gomme arabique et de baudruche, qu'il n’en resterait dans le vide le plus complet d'une ventouse. » Mais, en tout cas, quel rapport existait-il entre ce mode de pansement et les essais de M. J. Guérin, à l'Hôtel -Dieu? essais que lui-même d'ailleurs jugeait très-incertains et très-incomplets, ainsi que le fait connaître la récla- mation qu'il a insérée dans son journal. » ( zot4 ) PATHOLOGIE. — Mémoire sur les produits cristallisés qui se trouvent aux foyers des productions pathologiques de l'homme ; par M. Guxssourc. (Commissaires, MM. Roux, Dufrénoy, Andral.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description d'une locomotive construite sur un nouveau système; par M. ParrriNerr. (Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Pouillet.) « Ayant toujours été préoccupé de l'idée qu'il y aurait des grands avan- tages dynamiques si l'on pouvait obtenir de la puissance de la vapeur un mouvement circulaire immédiat et continu, et qu'une machine rotative à vapeur qui présenterait beaucoup de simplicité, très-peu de frottements, et qui conserverait et utiliserait la plus grande partie des forces vives du fluide, serait un véritable bienfait pour l'industrie , j'ai pensé qu'on pourrait appro- cher en quelque manière de ce résultat en utilisant la force d'action et de réaction dans le même temps, et J'ai imaginé, à cet effet, le mécanisme que jai l'honneur de soumettre à l'Académie, mécanisme qui consiste sim- plement en deux ou plusieurs roues concentriques et indépendantes, de manière à pouvoir tourner librement dans un sens contraire l'une de l'autre, et placées toutes dans un même plan. La vapeur s’introduit dans ce système par l'axe de la roue intérieure, et sortant en jets continus ou intermittents par des petits orifices pratiqués à la circonférence extérieure dans la direc- tion de la tangente, oblige cette roue à prendre un mouvement de rotation dans le sens de la réaction, et en même temps la force d'action, ou l'impul- sion des jets, en rencontrant un obstacle continuel dans des aubes courbes dont est garnie la jante de la roue extérieure, force celle-ci à prendre autant de mouvement en sens contraire. fes deux roues marchent donc en sens opposé par les deux forces combinées de l’action et réaction dans le même temps, et la vapeur qui a produit cet effet sort par la circonférence exté- rieure de la seconde roue en prenant la direction de la tangente à cause de la courbure donnée aux aubes. Cette vapeur conserve toujours, à sa sortie, une force qu'on peut utiliser par une troisième roue, qui présenterait des aubes courbes disposées en sens contraire à celles de la seconde, et qui mar- cherait aussi en sens contraire, et ainsi de suite par d’autres roues jusqu'à extinction des forces. » Il paraît, d'après cette disposition mécanique, que la force expansive de la vapeur pourrait être utilisée sans beauconp de perte des forces vives, ( 1016 ) parce qu'il n'y a jamais collision entre ces forces; et les effets dynamiques, quoiqu'ils soient produits dans des directions contraires, peuvent être obligés à conspirer au même but, comme je l'ai fait par un moyen très- simple et facile, dans le petit modèle que je présente. En effet, il n’y a pas de doute que des forces qui devraient naturellement s'entre-détruire vont au contraire, par ce système, se sommer et s'entr'aider au moyen de l'en- grenage des deux roues sur un pignon commun, dont l'axe représente, de cette manière, l'arbre principal de la machine. Mon modèle, que j'ai fait appliquer pour un essai à une petite locomotive, n’est pour le moment que l'expression matérielle d’un principe, et par conséquent ne présente qu'une première application mécanique et même très-grossière de mon idée: une foule d'améliorations et de perfectionnements se sont présentés tout de suite à mon esprit; et d'abord les proportions et les formes, qui n'ont été pour ce modèle qu'arbitraires, doivent être réduites aux rapports plus convenables que la théorie et l'expérience pourront indiquer. L'idée et le jeu de la machine sont bientôt compris en la voyant; mais j'en donnerai, s'il le faut, une description détaillée, et j'expliquerai de mon mieux tous les moyens que je crois capables d'en améliorer les conditions. En atten- dant, je dirai que j'ai fait construire de petites chambres dans les jantes de la roue intérieure, afin que les jets de vapeur puissent partir d'un vase à parois minces d'une certaine forme et grandeur, et mon intention a été de profiter de la loi bien connue de l'augmentation des pressions vers le fond du vase en raison de sa forme et de sa grandeur, et d'utiliser ainsi une force de réaction beaucoup plus considérable, résultat que j'ai obtenu et vérifié par des expériences faites le plus exactement possible. » Le modèle, tel qu'il est soumis à l'expérience, a donné les résultats sui- vants : les deux roues, mesurées séparément, ont donné un effet dynamique à peu près égal, et l'expérience a été faite en laissant tourner librement celle des deux roues qui n'était pas soumise à l'épreuve; cela annoncerait que l'impulsion du jet parvient à repousser l'obstacle qu'il rencontre dans les aubes de la roue extérieure sans avoir rien perdu de sa force, et par consé- quent que, dans ce premier effet, l’action a encore une valeur égale à la réaction. Les deux roues ont été aussi mesurées séparément, en obligeant à rester fixe celle des deux qui n'était pas soumise à l'épreuve, et les résultats ont encore été, à peu de chose près, les mêmes que ceux de l’autre expé- rience, ce qui prouverait que l'effet dynamique donné par l’une ou l’autre des deux roues est tout à fait indépendant des effets de l'autre. Quand (1016 ) on a fait engrener les deux roues sur le pignon commun (toutes cir- constances égales d'ailleurs), et qu'on devait attendre un résultat dynamique qui égalat tout au plus la somme des effets donnés séparément par chacune des roues, j'ai eu le plaisir de voir que l'effet était beaucoup plus considé- rable, et qu'il atteignait même quelquefois presque le double de la somme. Les expériences ont été variées de beaucoup de manières; mais les résultats ont toujours été les mêmes, et si chaque roue donnait, par exemple, un effet dynamique égal à 1, l'effet des deux roues mesuré sur l'axe du pignon était toujours non-seulement égal à 2, nombre qui exprimerait la somme, mais à 3, 3 + et même à 4, quand toutes les circonstances étaient favora- bles. D'où vient cette augmentation? Devra-t-on croire qu’elle dépend d'une diminution dans les résistances de frottement , à cause de la disposition méca- nique des deux roues, qui engrènent en sens contraire sur un pignon, dont l'axe mathématique ne changerait pas de place? Cette explication ne paraît pas satisfaisante, parce que la valeur de cette résistance épargnée serait beaucoup trop petite en comparaison de l'augmentation qui arrive presque à présenter une force double. Est-ce que les deux roues engrenant dans un même pignon et servant de volant l'une à l'autre, s'aideraient réciproque- ment de manière à produire un tel résultat? Cette explication démontre bien comment les deux roues seront oblisées de s'équilibrer et de prendre une vitesse uniforme; mais on ne voit pas, même par cela, de quelle source viendrait l'augmentation de la force. Est-ce que, enfin, il y aurait vraiment, par loi de la nature, un avantage dynamique en utilisant les forces par l'action et la réaction dans le même temps comme je l'avais pensé? Voilà une question que le phénomène dont je parle paraît résoudre pour l'affir- mative, opinion que d'autres expériences paraissent concourir à démontrer comme véritable. Je crois même qu'il n'est pas difficile d'en faire une dé- monstration rigoureuse par l'analyse, parce qu'il semble évident que les deux points d'application de la résistance, en parcourant chacun un certain espace dans un temps identique, doivent en définitive donner leur effet dyna- mique avec une vitesse double; et comme les forces sont proportionnelles aux vitesses, l'effet dynamique serait, par conséquent, double aussi, et le phénomène dont il est question en offre un exemple. La vapeur étant un fluide élastique, et la force expansive étant une force constante qui réagit, pour ainsi dire, sur elle-même sans interruption de temps, voilà probable- ment pourquoi on a un résultat qui représente une valeur beaucoup plus grande que la somme. ( 1017 ) » Mais ce serait un principe de la plus haute importance pour la méca- nique, et par conséquent jose le soumettre au jugement de l'Académie, qui saura bien facilement en démontrer l'erreur, où m'aider, dans le cas contraire, pour en mettre en plein jour la vérité et les conditions dans les- quelles il peut recevoir des applications. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un système de locomotion par l'air comprimé au moyen d'un laminoir-piston agissant sur un tube propulseur flexible ; Mémoire de M. Anprau». (Extrait par l’auteur.) (Commission précédemment nommée.) « .... Le nouveau mode de locomotion par l'air comprimé, que jai l'honneur de soumettre aujourd’hui au jugement de l'Académie, consiste dans l'emploi d'une sorte de laminoir-piston agissant à l'extérieur d’un tube pro- pulseur flexible. Ce système, dans lequel l'air n'est employé qu’à de basses pressions, est en quelque sorte le complément des locomotives à air dont j'ai déjà eu l'honneur d'entretenir l'Académie, et qui ne peuvent fonctionner que sous des pressions élevées; d'ailleurs ces deux systèmes reposent également sur la doctrine des forces naturelles, recueillies et emmagasinées dans des ré- servoirs, doctrine à la propagation de laquelle je me suis entièrement dévoué. » Je me borne, quant à présent , à mettre sous les yeux de l'Académie un petit modèle de chemin de fer desservi par le tube propulseur et le piston- laminoir; si, comme je l’espère, le Gouvernement veut bien continuer de m'accorder l'appui qu'il m'a prêté jusqu'à ce jour, j'aurai plus tard l'hon- neur de convier la Commission à des expériences en grand sur l’ensemble de mes travaux touchant l'air comprimé. » Dans le petit modèle, les choses ne sont disposées que pour donner une idée du mode de propulsion; mais dans l'exécution sur le terrain, il faudrait admettre un ajustement tout différent pour répondre aux nécessités de l’ex- ploitation. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description d'un système de chemin de fer atmosphérique à double effet; par M. Laurewzana. (Commission nommée pour les Mémoires de MM. Hallette, Dembinski, etc.) C. R., 1844, 2M€ Semestre, (T. XIX, N° 20) 135 ( 1018 ) M. Ruaux soumet au jugement de l'Académie un Projet de substitution de la force des chevaux à celle de la vapeur pour l'exploitation des chemins de fer et pour les transports par eau. (Commission des chemins de fer.) M. Boucer rappelle qu'il a, depuis un an, présenté deux Notes sur les- quelles il n’a pas encore été fait de Rapport, et qui sont relatives, l'une à un nouveau propulseur pour les bateaux, Vautre à un appareil destiné à pre- venir les chances de rupture des essieux des véhicules employés sur les che- mins de fer. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) Une Note relative à la construction des chaudières à vapeur, parvenue sans nom d’auteur à l'Académie, ne peut, à raison de cette circonstance , être ren- voyée à l'examen d’une Commission. M. Guy, capitaine d'artillerie, soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre: Exposition de deux méthodes abrégées données par quelques auteurs modernes, pour trouver le quotient de la division, avec un certain degré d'approximation. — Preuve que ces deux méthodes sont défectueuses, et examen des causes qui peuvent porter l'erreur au delà de la limite prétendue. — Exposition et démonstration d'une methode nouvelle, ayant la proprieté de maintenir invariablement l'erreur dans une limite con- nue, et pouvant servir à trouver au besoin le quotient total lui-méme. (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) M. Arrur adresse une Note ayant pour titre : Explication des divers effets que produisent les différents corps , organisés ou non, sur les polysulfures » 4 d'hydrogène. Cette Note est renvoyée, conformément au désir exprimé par l'auteur, à l'examen de M. Pelouze. M. Rocue, en présentant au Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon, un exemplaire de la quatrième édition des Nouveaux Eléments de Médecine et de Chirurgie, ouvrage qui lui est commun avec feu Sanson, adresse ure indication sommaire de ce qui lui paraît neuf dans ce travail. ( 1019 }) M. le Présipenr DE L'Acanéme pes Braux-Anrrs invite l'Académie des Sciences à désigner un de ses membres pour s’adjoindre à la Commission qui aura à faire un Rapport à M. le Ministre de l'Intérieur sur un pro- cédé imaginé par M. Deramare, pour hâter ou retarder à volonté la des- siccation de la peinture à l’huile. M. Chevreul est désigné à cet effet. CORRESPONDANCE. M. leMnusree pe La Guen écrit à l'Académie que les trois membres qu'elle a désignés pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'École Poly- technique ont été invités à assister à la première réunion de ce Conseil, qui aura lieu le 8 novembre 1844. M. le Directeur DE L'ADwiNISTRATION DES Douanes transmet le 7'ableau général du Commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères, pendant l’année 1843. M. Durrénoy présente à l’Académie, de la part de M. A. Deresse et de M. Dauour, les deux Mémoires de chimie minéralogique suivants : Analyse de la Greenorite; par M. Delesse. « Ce minéral, trouvé à Saint-Marcel en Piémont par M. Bertrand de Lom, a été décrit par M. Dufrénoy, qui en a fait connaître les caractères cristal- lographiques; l'analyse, faite par M. Cacarrié sur une trop petite quantité, présentait beaucoup d'incertitude; ce qui a engagé M. Delesse à reprendre ce travail. « J'ai trouvé effectivement, dit-il, que si la cristallisation donnait » une idée exacte de cette espèce, sa composition l'avait fait regarder, à » tort, comme un titanate de manganèse, tandis que c’est un silico-tita- » nate de chaux, analogue au sphène, ainsi qu'il résulte des analyses sui- » vantes: L Oxygène. IL. Oxygène. SEC er RM Ne DU RTE 29,80 15,48 30,40 15,79 2 Oxyde de titane. . . . . . .. 43,00 17:07 42,00 16,68 2 Phare om Bar 23,60 6,33 24,30 6,83 ) Protoxyde de manganèse.. . . 2,90 0,65 5,80 0,85 | : Protoxyde de fer, trace. 99,30 100,50 13) ( 1020 ) Ces éléments sont assez bien représentés par la formule (2SiR° + TR) + 38i Tr. Analyse de la Bornine du Brésil (tellurure de bismuth); par M. A. Damour. » La Bornine, dont je présente l'analyse, est en feuilles micacées ayant l'éclat de l'acier poli, légèrement flexibles et très-tendres ; chauffée sur le charbon, elle fond en s'entourant d’une auréole blanche et d’une auréole ver- dâtre, et finit par disparaître dans les pores du charbon. » Dans le tube ouvert, elle fond à la première impression de la chaleur, dé- gage une odeur sulfureuse, puis des fumées blanches d'oxyde de tellure, et vers la fin de l'opération, une odeur prononcée de sélénium. Dans la partie supé- rieure du tube, on remarque un enduit blanc, surmonté d'une légère couche rouge brique, due à la condensation du sélénium. La partie inférieure du tube reste couverte d'un résidu jaunâtre d'oxyde de bismuth. » L'acide nitrique la dissout très-facilement avec dégagement de gaz ni- treux ; analysée par ee moyen, la bornine du Brésil a donné les résultats sui- vants : Rapports. Soufre..... 3,10 156 qu Sélénium... 1,48 30 Mae Tellure..... 15,93 198 3 Bismuth.... 79,15 5g4 8 9971 » En prenant le nombre 1330,376 adopté par MM. Repnault et Rose pour le poids de l'atome du bismuth, et celui de 802,131 pour l'atome de tel- lure, les résultats qui précèdent pourraient s'exprimer par la formule BiS° + 3BiTe. Cette composition diffère notablement des résultats obtenus par MM. Berze- lus et Werble pour la bornine de Schemmitz, ainsi que ceux que la bornine de Deutsch-Pilsen a donnés à ce dernier chimiste. » Ces différences pourraient peut-être conduire à adopter trois espèces de bornine ; mais nous pensons plutôt que sile tellure et le bismuth peuvent se combiner en proportions exactes, ils peuvent aussi s’allier en quantités très- variables. Pour décider cette question délicate, et qui se représente pour beaucoup de minerais métalliques, il est nécessaire d'attendre que des cris- taux de bornine permettent de réunir les deux caractères qui président à la ( zoa1 ) formation des espèces minérales ; savoir, la composition atomique et la forme cristalline. » EMBRYOGÉNIE. — Recherches sur la formation des organes de la circulation et du sang dans l’embryon du poulet ; par MM. Prevosr ef Leserr. Les auteurs croient pouvoir déduire de leurs recherches les conclusions suivantes : « 1°. L'ovule de l'oiseau ne présente, dans sa première formation dans l'ovaire, que la vésicule germinative entourée d’un jaune granuleux, qui se transforme plus tard en globules de diverses espèces, et s'entoure d'une mem- brane d’enveloppe; le tout est contenu dans une capsule vasculaire. Le jaune augmente de volume chez l'oiseau en bien plus forte proportion que dans les autres classes d'animaux vertébrés. La cicatricule reste très-petite , par rap- port à l'embryotrophe. » 2°, L'œuf apte à la fécondation est composé, outre ses parties exté- rieures et protectrices, du ] jaune et de la cicatricule, l’un et l’autre renfermés dans une membrane commune , très-fine. Le jaune est composé de granules moléculaires de o"",o01 à 0"%,002, de vésicules graisseuses de 0"%,005 à o%%,02, et de grands globules de 0"",02 à 0"%,06. Il renferme de plus une huile particulière. 3°. Le jaune de l'œuf, après la coction, semble, sous le microscope, être composé de corps cristalloïdes, qui ne sont autre chose que des grands glo- bules déformés. Par la coction , la cicatricule devient violette. 4°. La cicatricule non fécondée est composée de granules moléculaires, de petites vésicules graisseuses, d'agminations de ces deux éléments, de glo- bules agminés de 0,02 à 0,04, de globules granuleux de 0"®,02 à 0,05, et de globules gélatiniformes graisseux «de 0"",005 à 0,02. » L'existence d'une vésicule , qui répondrait plustard à l'aire embryonale, n'a pas pu être directement démontrée. 5°. La cavité centrale de l'œuf sert d'intermédiaire pour la transformation des éléments du jaune en éléments de la cicatricule. » 6°. La formation des cellules de la cicatricule se fait par confluence pé- riphérique et condensation en membrane d'enveloppe de la surface des agmi- nations des granules et des vésicules, ou de l’un et de l’autre. Ce n'est nulle- ment une formation de cellules autour de noyaux préformés. » 7°. Le trait embryonal n’est probablement autre chose qu'un vide mé- dian , limité des deux côtés par des bandes saillantes, les lames vertébrales. ( 1022 ) Plus tard , le vide médian est remplacé par une gouttière, et ensuite par un canal médian; cependant des recherches ultérieures sont nécessaires pour que la science puisse prononcer le dernier mot sur ce point important. » 8°. Un des premiers effets de la fécondation est la formation des globules organo-plastiques très-analogues à ceux qne nous avons signalés pour l’em- bryon des Batraciens. » 9°. Ils constituent la base de tous les organes, depuis la douzième heure de l'incubation jusqu'au sixième jour, époque à laquelle les divers tissus com- mencent à se différencier. Ils ont en moyenne 0"%,0125, renfermant un noyau de 0"%,006 à 0*%,0075, qui contient un à deux granules de 0"%,002 à 0m 002). » 10°. Pendant les premiers jours de l'incubation, la cicatricule est com- posée, en procédant de dedans en dehors, de l'aire embryonale, de l'aire hémoplastique et de Faire vitelline, et en procédant de haut en bas, du feuillet supérieur , animal ou séreux, du feuillet inférieur, végétatif ou mu- queux (ces deux feuillets appartenant à l'aire embryonale), et entre deux, du feuillet angioplastique dont le centre dans l'aire embryonale est le cœur, et la cir-onférence dans l'aire hémoplastique est formée par le vaisseau termi- nal. Les globules de l'aire hémoplastique en recouvrent les parties qui se trouvent en dehors de l'aire embryonale. » 11°. Le cœur, dans ses premiers rudiments, comme canal ouvert des deux côtés, paraît vers la vingt-quatrième heure de l'incubation. » 120. L'auricule est formée la première; vient ensuite un des ventricules, et puis le bulbe de l'aorte. Le cœur se recourbe à mesure qu'il se développe, n'ayant pas assez d'espace pour se développer dans le sens vertical. » 13°. Le cœur est, dès le principe, en communication directe avec le système vasculaire. » 149. Les premières contractions du cœur se montrent à trente-six heures; ce sont plutôt des mouvements oscillatoires et comme péristaltiques, que de véritables contractions rhythmiques, qu'on ne voit que depuis la trente-neu- vième heure. » 13°. Le développement de la partie ventriculaire du cœur, plus consi- dérable que celui de l’auricule , est la cause de la forte saillie latérale du cœur dans la deuxième moitié du second jour. » 16°. Vers la fin du deuxième jour, la pointe du cœur devient bien vi- sible, le bord externe de la partie ventriculaire s'étant allongé, tandis que l'interne s'est raccourci. » 17°. Le ventricule droit paraît, d'après nos recherches les plus récentes, ( 10923 ) déjà entre la trente-sixième et la quarantième heure. Dans nos recherches antérieures nous n'en avions signalé l'existence que vers la soixantième heure. A quarante heures, le cœur commence déjà à se tordre comme un intestin, et se prépare le mouvement de torsion en 8 de chiffre, qu'il va exécuter plus tard. La partition des deux ventricules se fait, et bientôt après on peut considérer cet organe , au moins sa partie ventriculaire , comme deux boyaux soudés l’un à l'autre, séparés par une cloison transversale, communiquant en bas par les auricules, en haut par la jonction de l'aorte .avec l'artère pulmo- naire. » 18°. À quarante-huit heures, le cœur s’est tordu de droite à gauche; les auricules présentent encore en bas leur face postérieure, en avant elles ne se sont pas encore relevées en se détordant; la partition du cœur est bien déterminée. A.soixante heures, le col des auricules va se raccourcir, les ven- tricules se dilatent, et de soixante-douze à cent heures, les ventricules s'enflent et forment deux poches appliquées l’une à l’autre; le droit est l’an- térieur ; le gauche, plus volumineux, forme la partie postérieure et la pointe, étant descendu au-dessous du droit. » 19°. À la fin du quatrième jour, les cavités du cœur ont pris la forme qu'elles doivent garder, le cœur occupe une position verticale la pointe tournée en bas; dans l'intérieur du cœur on reconnaît les valvules, le trou ovale se voit déjà pendant le troisième jour. Pendant les mouvements circu- latoires, les artères aorte et pulmonaires, en se dilatant, paraissent former à leur base une seule boule, que l’on confondrait facilement avec le bulbe battant, se contraciant et se dilatant. » 20°. La substance musculaire du cœur commence à exercer pleinement ses fonctions longtemps avant que les éléments qui la composent soient bien développés. » 21°. La contraction, pendant ce temps, appartient à toute la masse charnue, et ne consiste pas dans un mouvement de rapprochement ou d'é- loignement des globules et autres éléments. » 29°. L'observation directe n'a pas encore démontré que les contrac- tions du cœur pendant les premiers jours du développement, dépendent de l'influence motrice du système nerveux et de l'action excitante du sang. La substance musculaire y paraît posséder, dans le principe, une force particu- lière de contractilité et de dilatabilité. » 23°. Le péricarde paraît dès la quarante-deuxième heure, se dévelop- pant d’après les mêmes lois que le tissu fibreux en général. » 24°. La substance du cœur est d'abord composée de globules organo- ( 1024 ) plastiques, cimentés ensemble par une substance intercellulaire. Ensuite, une partie des globules perdent leurs parois d’enveloppe : on voit des élé- ments plastiques fusiformes. Plus tard, on remarque quelques cylindres musculaires, granuleux dans leur intérieur. Ge n'est que pendant le sixième jour qu'on y reconnaît les fibres primitives ; mais pendant longtemps encore, les éléments globuleux restent mélés avec les faisceaux musculaires. » 25°, Les vaisseaux se forment dans un feuillet particulier, le feuillet angioplastique, dont le cœur est le centre et le vaisseau terminal la limite périphérique. » 26°, Les vaisseaux sy forment par décollement de ses lamelles, au moyen du sang, dont les éléments y sont portés par absorption. » 27°. Les premières anastomoses s'opèrent par des décollements laté- raux en forme d'éperons, qui finissent par se rencontrer et par former de nouveaux Canaux. » 28°. À mesure que les vaisseaux se développent et deviennent plus nombreux, la différence entre les gros troncs vasculaires et les capillaires devient plus tranchée. » 20°. Le vaisseau terminal, en activité depuis la trente-neuvieme heure, disparaît le quatrième jour, lorsque les cavités du cœur ont pris leur forme permanente. » 30°. Le sang est formé dans l'aire hémoplastique, dont les globules fournis sont les matériaux du feuillet angioplastique, qui les absorbe par un travail endosmotique. g, dans le premier rudiment de vaisseaux, sont d'abord homogènes et incolores. Les globules ne paraissent que vers la trente-quatrième heure de lincubation, ronds et incolores, de 0"",008 à om,o12, et déjà différents de toute autre espèce de globules. » 32°. Ils se forment, des le principe, de toutes pièces, et nullement autour d'un noyau préformé. » 33°. Les premiers globules du sang paraissent à la périphérie du feuillet angioplastique. » 34°. Le sang ne devient rougeâtre qu'au moment où la circulation est bien établie. La coloration du sang dépend de l'augmentation du nombre des globules et de la matière colorante qui s'est développée dans leur inté- rieur. » 35°. Les globules du sang commencent déjà à être ovalaires vers la fin du deuxième jour; mais ils ne le deviennent généralement qu'après le déve- » 31°. Les matériaux du sans ( 1025 ) loppement plus complet du cœur, et après l'apparition du foie, à la fin du quatrième jour. » 36°. On rencontre quelquefois dans les globules sanguins deux noyaux , et parfois dans ces derniers un à deux granules. Exceptionnellement on Y voit aussi des granules moléculaires entre l'enveloppe cellulaire et le noyau, phénomène analogue à celui qu'on observe dans le sang des embryons des batraciens. » 37°. On peut se convaincre que la matière colorante du sang est ren- fermée entre l'enveloppe des globules et le noyau. » 38°. Vers la fin de la première évolution du sang, on y voit, outre les globules ronds et elliptiques, beaucoup de granules moléculaires et de petits globules presque incolores de 0"®,0056 à 0"®,0085, contenant générale- ment un noyau. » ZOOLOGIE. — MVote sur les anthéridies et les spores de quelques Fucus; par MM. J. Decaisne et Gustave Taurer. « [existence des sexes dans les Algues ayant été admise, selon nous, au commencement du dernier siècle, d’après des observations incomplètes, nous nous sommes rendus sur les côtes de la Manche , dans le but d’éclaircir ce point obscur de la science. » Divers faits nouveaux s'étant présentés à nous durant le cours de nos ob- servations, nous croyons devoir indiquer très-succinctement aujourd'hui les principaux résultats de nos recherches. » Notre examen a eu surtout pour objet les Aucus serratus, vesiculosus , nodosus et canaliculatus. » Les deux premiers nous ont paru dioïques ; les deux autres, monoiques. Les conceptacles, dans les individus mâles, sont remplis de filaments articulés qui portent de nombreuses anthéridies sous forme de vésicules contenant des granules rouges. Ces anthéridies sont expulsées par l'orifice des conceptacles ; si on les examine au microscope, on verra sortir par une de leurs extrémités des corpuscules transparents à peu près pyriformes, renfermant chacun un seul globule rouge ; chacun de ces corpuscules est muni de deux cils trés-ténus, au moyen desquels il se meut avec une extrême vivacité. » L'analopie de ces corpuscules, avec ce que l'on a nommé les animalcules spermatiques des Chara , des Mousses et des Hépatiques, est fort remarqua ble. Dans les Chara , comme dans les Mousses, dans les Marchantia, le Tar gionia, les Jungermannes, l’un de nous a constaté la présence des deux cils C.R., 1844, 2e Semestre, (T. XIX, N° 90.) 196 ( 1026 }) locomoteurs, insérés vers l'extrémité d’un corps filiforme ordinairement roulé en tire-bouchon. » D'après ces observations, d’après la promptitude avec laquelle les cor- puscules des Fucus se décomposent et vont former, au fond du vase où on les à mis, une couche de granules inertes, qui bientôt disparaissent complé- tement, nous croyons ne pas nous tromper en regardant les vésicules qui les renferment comme analogues aux anthéridies des autres cryptogames, et nous ne saurions admettre l'opinion qui attribuerait à ces vésicules les fonctions de Sporanges, aux corpuscules celles de spores. » Chaque spore des Fucus dioïques est simple, ovale ou pyriforme, re- vêtue d'une membrane ciliée semblable à celle du Faucheria, mais jamais nous n'y avons remarqué de mouvement. » Après leur sortie des conceptacles, les spores présentent un phénomène extrémement curieux. D'abord simples, comme nous l'avons dit, et parfaite- ment indivises, elles se partagent plus tard en huit sporules qui s’isolent peu à peu, deviennent régulièrement sphériques, et commencent enfin chacune à germer. » Dans les Fucus nodosus et canaliculatus, les conceptacles renferment à la fois des spores et des anthéridies. » Dans le premier la spore, revêtue d’une membrane ciliée, se partage en quatre sporules, ainsi que l'ont déjà observé MM. Crouan; mais, comme dans les deux espèces précédentes, elle est simple dans le conceptacle. » Les spores du Fucus canaliculatus offrent une structure fort remar- quable : la membrane ciliée qui les recouvre présente des plis très-fins et trés-rapprochés, qui disparaissent peu après que la spore est tombée au fond de l'eau, et qui permettent à cette membrane de se distendre et de former autour des spores un large limbe transparent. Ces spores se partagent en deux sporules. » D'après les observations qui précèdent, nous croyons pouvoir conclure: » Que les Fucus de nos côtes renferment des espèces dioïques et d'autres monoiques ; » Que les spores des Fucacées, si simples qu'elles soient dans le principe, suivent dans leur division le nombre 2 ou un de ses multiples : » Que dans l’état actuel de la science, ces caractères de fructification, venant s'ajouter à ceux de la végétation, motivent l'établissement de trois genres distincts : » Fucus (F°. serratus, vesiculosus, etc.); » OZ0THALIA vulgaris (F. rodosus); » PELVETIA canaliculata (F. canaliculatus). » ( 1027) ASTRONOMIE. — De la latitude de la Lune; par M. Sénrsor. « On sait que l'orbite de la Lune est inclinée sur l'écliptique, en moyenne, d'environ 5° 8’. Jusqu'au commencement du xvi° siècle, si l'on en croit les historiens de la science astronomique, on avait supposé cette inclinaison constante et toujours de 5 degrés. « Piolémée, Albategni, Alfonse, dit Lalande » (t. IT, p. 190), ont été suivis en cela par Copernic, avec trop de confiance, » comme dans plusieurs autres occasions. » Ce fut Tycho-Brahé qui, le pre- mier, s'écarta des traditions anciennes; après avoir decouvert la troisième iné- galité lunaire, il remarqua que les limites de la plus grande latitude de la Lune n'étaient pas constamment les mêmes, et les trouva tantôt de 4°58'30”, tantôt de 5° 1730” (en moyenne, de 5°8”). » M. Biot, jugeant les Grecs et les Arabes, dans le cahier d'octobre du Journal des Savants (p. 610), établit que Hipparque et Ptolémée n’aper- çurent pas les variations de l’inclinaison de l'orbite lunaire, non plus que les oscillations périodiques des nœuds; et il ajoute, à l'exemple de Lalande: « Leur existence est restée pareillement inconnue aux Arabes, aux rédac- » teurs des Tables alfonsines et à Copernic. Tycho, le premier, les découvrit; » ce qui prouve qu'antérieurement à cet astronome infatigable, on avait ob- » servé la Lune, hors des syzygies, avec trop peu de suite ou avec trop » peu d’'exactitude pour y constater ces diverses inégalités, à plus forte » raison, d'autres moins sensibles, qui sont mélées avec elles. » » Cependant les manuscrits arabes nous apprennent que, dès le 1x° siècle de l'ère chrétienne, les astronomes de l’école de Bagdad avaient remarqué les erreurs de leurs devanciers sur la détermination de la latitude de la Lune. Habasch, en 829, la faisait de 4° 46’; Aboul Abbas al Fadhl ben Hatem al Naëiri, ou plutôt al Tebrizi (Ms. arabe , n° 1112, fol. 184), avait donné deux Tables, l'une selon Ptolémée, l'autre selon ce que disait Habasch des auteurs de la Table vérifiée; enfin Aboul Hassan Ali ben Amajour écrivait, vers 918, qu'il avait mesuré la latitude de la Lune un grand nombre de fois, et qu'elle lui avait paru, la plupart du temps, plus considérable que ne l'avaient pensé Hipparque et Ptolémée, ajoutant : « J'ai trouvé en elle des différences ma- » nifestes. » » La théorie des Grecs se trouvait ainsi renversée , et les successeurs d’Ali ben Amajour ont pu vérifier ses hypothèses par de nouvelles observations. Un passage important d'Ebn-Jounis, qui a été connu de Delambre (r), con- (1) Histoire de l’Astronomie au moyer âge, p. 138 et suiv. 136... ( 1098 ) state ces premiers essais des astronomes de Bagdad, et élève la limite de l'in- clinaison de 4° 46" à 5°3—17'; mais il ne paraît pas avoir encore pris rang dans la science, puisque M. Biot n’en tient aucun compte. Voici le texte de ce passage, extrait du Ms. n°1112 de la Bibliotheque royale; il n'indique pas qu'Ebn-Jounis ait tiré grand parti des travaux de ses devanciers , mais il nous montre les Arabes dans une voie de découvertes que l'avenir ne pouvait manquer de développer. (Voici la traduction. Nous supprimons le texte.) « De la plus grande latitu le ou latitude totale de la Lune. — On nomme ainsi la distance du centre de la Lune à l'orbite homocentrique au zodiaque (sphère des Signes), mesurée sur un grand cercle qui passe par les limites boréale et australe, et en même temps par les deux pôles de l'orbite inclinée. Nos de- vanciers différent entre eux sur son évaluation. Hipparque et Ptolémée ont pensé lunetl'autre que la plus grande latitude de la Lune est de 5 degrés ; les Persans ont dit qu'elle ne s'élève qu'à 4°30". Ahmed ben Abdallah, surnommé Habasch, rapporte que les auteurs de la Table vérifiée l'ont trouvée, par l'observation du Schemasiah, de 4°46/; Aboul-Abbasal Fadhl ben Hatem alTebriziditque, l'ayant calculée d'après les observations de Ahmed et Mohammed, fils de Mousa ben Schaker, il l'a trouvée de 4° 45; ce qui se rapproche beaucoup de l'évaluation donnée par Ahmed ben Abdallah, d'apres les auteurs de la Table vérifiée; mais un autre ditqu'ils l'ont trouvée de 4° 58. Abou Abdallah Mohammed benDjaber ben Senan al Battani (Albategni) rapporte dans ses Tables qu'il l'a mesurée et trouvée de à degrés, comme Hipparque et comme Ptolémée. Aboul Hassan Ali ben Amajour dit qu'il l'a mesurée un grand nombre de fois et qu'elle lui a souvent paru plus considérable que ne l'ont pensé Hipparque et Ptolémée; il ajoute : Et j'ai trouvé en elle des différences manifestes. Quant à moi, Aboul Hassan Ali ben Abderrahman ben Ahmed ben Jounis ben Abd-al-Aala, je l'ai mesurée moi-même plusieurs fois et je l'ai trouvée de 5° 5' ou de 5°8!. Mais l’as- sertion de Ahmed ben Abdallah sur la détermination des auteurs de la Table vérifiée est infirmée par Aboul Thyb Send (Ms. Seid) ben Ali, qui a été présent aux deux observations faites à Bagdad et à Damas. Les Tables portent 5 degrés, et si, par l'observation, il eût trouvé 4°46', ou que ceux qui observaient en sa présence eussent trouvé la même quantité pour la plus grande latitude de la Lune , il s'ensuivrait qu'il ne l'aurait pas donnée dans ses Tables (telle qu'elle aurait été observée), comme il y a donné les moyens mouvements déter- minés par les auteurs de la Table vérifiée; mais sur ces moyens mouvements il est d'accord avec Iahia ben Abi Mansour ; on peut donc adopter la latitude qu'il indique. Aboul Abbas al Fadbl ben Hatem al Tebrizi a donné dans ses Tables astronomiques deux Tables particulières pour la latitude de la ( 1029 ) Lune : l’une selon Hipparque et Ptolémée, l'autre selon ce que dit Ha- basch des auteurs de la Table vérifiée. S'il avait eu confiance dans ce qu'on rapportait des auteurs de la Table vérifiée, il n'aurait donné la latitude que comme ils l'ont trouvée, ainsi qu'il a fait pour les moyens mouvements; mais j'ai moi-même plus de confiance dans mes propres observations. » M. Sinirror adresse, en outre, un Mémoire ayant pour titre : Mouvelles observations concernant la découverte de la variation par les Arabes ; pré- cédées de considérations sur les services que ce peuple a rendus à l’As- tronomie. Ayant vu, dans les Comptes rendus, une Note de M. Biot qui déclare que les Arabes n'ont pas connu la variation, et que le véritable auteur dela découverte de cette inégalité lunaire est Tycho, M. Sédillot a cru devoir communiquer à l'Académie ce nouveau travail dans lequelil combat les arguments sur lesquels M. Biot s’est appuyé. M. Sédillot annonce que le but du nouveau Mémoire est bien moins d'établir, quant à présent, d'une manière rigoureuse, la vérité de sa première opinion, que de montrer que M. Biot ne l'a pas complétement renversée. D’après les précédents relatifs à cette discussion, l'Académie n’a pas nommé de Commissaires. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Vote sur un appareil destiné à mesurer la force effective des machines à vapeur employées comme moteur dans la na- vigation ; par M. Danrer Corranon. « Lorsque j'ai soumis au jugement de l’Académie ma nouvelle méthode, basée sur le relèvement des palettes combiné avec la mesure de la traction horizontale du bateau, pour obtenir, par des expériences faciles et sans dan- ger pour le navire, la force effective des moteurs à vapeur et la résistance absolue ou comparative des carènes, MM. Coriolis, Poncelet et Piobert, rapporteurs sur mon travail, insistèrent sur l'utilité pratique de cette mé- thode pour les progrès de la marine à vapeur, et la recommandèrent d’uné manière très-spéciale à l'attention de M. le Ministre de la Marine. » Depuis lors J'ai ajouté à ces recherches et simplifié les expériences par l'invention d'un instrument que j'ai appelé balance dynamométrique des Jorces horizontales. » J'ai présenté, il y a un peu plus d’un an, cet appareil au jugement de PAmirauté anglaise, et, au bout de six semaines, employées à discuter les bases d’un traité et à soumettre ma méthode et mon appareil au jugement ( 1030 }) de trois Commissions différentes et successives, mon instrument a reçu l'approbation de ces trois Commissions, et j'ai obtenu une commande pour en établir un à poste fixe dans le dock des bateaux à vapeur du gouverne- ment, à Woolwich!, près du grand bassin de stationnement appelé bassin du soi William. En considération de divers travaux commencés ou à faire près de ce dock, et par suite aussi de l'époque de mes Cours à l'Académie de Genève, l'appareil ne devait être établi que dans l'automne de l’année 1844. » Cet instrument est maintenant terminé; conformément à la demande des lords de l’Amirauté, il est capable de mesurer la force de tous les bateaux à vapeur à roue d'une force quelconque, jusqu'à mille chevaux de pouvoir effectif, et il sera prochainement employé à mesurer la force réalisée par les puissants moteurs de six cents à huit cents chevaux environ, que construisent, pour le gouvernement, MM. Maudslay et Field, Miller Seaward, George Rennie, Fairbairn, ete. » Mon appareil a été essayé pour la première fois le 18 courant, en pré- sence de MM. Lloyd et Murray, inspecteurs du département des bateaux à vapeur, et d’autres ingénieurs royaux et ingénieurs constructeurs. » Cette expérience n'était qu'un essai provisoire destiné à exposer la mé- thode d'expérience, à démontrer combien elle est sûre et facile en pratique, et à prouver l'extrême sensibilité de l'appareil. Ce premier essai a obtenu l'entière approbation des personnes chargées de le diriger, et il a été jugé suffisant pour l'adoption définitive de l'instrument pour l'usage de la marine à vapeur du gouvernement. » L'Académie me permettra sans doute d'exposer en peu de mots com- ment étaient composées les Commissions qui ont eu à examiner ma méthode et mes appareils, et d'insister sur l'urbanité extrême et la promptitude re- marquable avec laquelle mon invention à été discutée et approuvée par les Commissaires nommés pour l'examiner, et par le Conseil supérieur des lords de l’'Amirauté. » Cette promptitude et ces égards méritent d’être signalés à l'estime et à la reconnaissance des hommes de science et des inventeurs, pour lesquels le temps est une chose précieuse, et qui, lorsqu'il s'agit pour eux de faire ad- mettre des innovations utiles, sont si souvent éconduits ou rebutés par les lenteurs interminables de quelques corps administratifs. » La première Commission, chargée d'examiner mon invention, était composée de sir Ed. Parry (le célèbre navigateur), chef du département des bateaux à vapeur, et de MM. Zloyd et Murray, ingénieurs, inspecteurs du même département. Leur rapport ayant été favorable, le Conseil de ( 1031 ) l'Amirauté a nommé une seconde Commission composée de trois construc- teurs célèbres, qui ont construit plusieurs grandes machines marines pour le gouvernement; M. Field, ingénieur de la maison Maudslay, et membre de la Société royale; M. William Fairbairn, bien connu par ses études sur la construction des bateaux à vapeur, et M. Samuel Seaward, qui a construit la belle machine de huit cents chevaux, à deux cylindres et à action directe, de la Pénélope. Ces trois ingénieurs ont étudié avec atten- tion la construction de mon appareil, et les données sur lesquelles est basé mon procédé de mesure, et ils ont conclu à l'unanimité en faveur de cette méthode, qu’ils ont jugée parfaitement sûre et bonne en pratique, et émi- nemment utile pour apprécier le mérite relatif des machines de différents systèmes, indépendamment de la forme des carènes, ainsi que pour obtenir des valeurs de la résistance spécifique des carènes pendant leur mouvement dans l’eau. » La troisième Corimission n’a eu à discuter que le lieu le plus convenable pour le placement à poste fixe de l'appareil, et le système de fondation que j'avais proposé pour la base de la balance à force horizontale. » En moins de six semaines, toutes les formalités préliminaires, les trois rapports successifs et la discussion des articles du traité relatifs à mes en- gagements et à la somme à me payer, ont été terminés et la commande décidée. La plupart de mes lettres ont été répondues à un ou deux jours de distance; et cependant les ingénieurs de l'Amirauté, peu nombreux, sont surchargés de travail, et chaque année on leur présente plusieurs centaines d'inventions. » L'appareil que j'ai fait établir à Woolwich n'a pas encore été décrit. ILse compose principalement d’une combinaison de leviers disposés de telle sorte que la force de traction horizontale du câble, provenant de la traction du navire, se transmet seule à l'appareil indicateur, et que, quel que soit le poids du câble d'attache ou la direction plus ou moins inclinée de ce câble à son point de départ du côté de l'instrument, l'indication reste constante si a force d'impulsion des palettes ne varie pas. » Ainsi, par exemple, pendant une expérience d'essai , on peut suspendre un poids considérable au câble de retenue, on peut l’allonger ou le raccourcir, on peut même changer le niveau de l'eau du bassin sur lequel flotte le navire, et si la vitesse des roues n’a pas changé, l'instrument donne rigoureusement la même indication de traction, avant et après ces changements. » De plus, l'appareil se dispose de lui-même dès que la puissance com- mence à agir dans la direction horizontale de la ligne de traction; cette posi- ( 1032 ) tion est toujours dans les conditions d'un équilibre stable. Lors même que la position du navire changerait pendant l'essai, l'appareil qui fait fonction de balance à levier conserve une sensibilité suffisante pour accuser des diffé- rences de traction d’un dix-millième. | » Quoique les nombreux détails qui concourent à ces avantages principaux ne puissent être entièrement appréciés et compris que par l'inspection d'un plan, j'essayerai cependant d'en donner une description sommaire : La base sur laquelle tout l'appareil peseur est fixé et peut se mouvoir dans un plan horizontal , se compose d'une colonne en fer forgé d'environ 35 centimètres de diamètre; cette colonne est placée verticalement à peu de distance d'un bassin, et elle est maintenue par des fondations très-solides en fer et en béton. Sur la partie supérieure de cette colonne repose un support tournant, ou espèce de moyeu destiné à porter toutes les pièces de la balance à force hori- zontale. » Cette balance se compose d'abord d'un levier en équerre , à bras iné- gaux; la longueur de ces bras est déterminée par trois couteaux ; le plus long bras est horizontal, l'autre est vertical. C’est le conteau intermédiaire qui dé- termine l'axe autour duquel tournele levier. A l'extrémité du levier horizontal est suspendu un plateau de balance avec des poids, tandis que le couteau supérieur résiste à la force horizontale de traction du câble. » Le câble ne tire pas directement sur le tranchant du couteau supérieur. Sa force de traction s'exerce sur un crochet suspendu près du centre de figure d'un cadre horizontal qui sert de communicateur de traction intermédiaire entre le câble et le couteau supérieur du levier. . » Le cadre horizontal est soutenu dans cette position par quatre tiges ver- ticales munies, à chacune de leurs extrémités, de suspensions à couteaux. Ces tiges aboutissent près des angles du cadre, et elles sont suspendues à deux montants, ou potences en fer fondu , fixés sur le moyeu. »_ La fonction de ces quatre tiges verticales, parfaitement mobiles, est de résister à l’action des composantes verticales qui proviennent du poids du cable d'amarre, ou de sa direction inclinée sur un plan de niveau; par con- séquent, le bras vertical du levier n'est plus sollicité que par les seules com- posantes horizontales qui ont la même valeur pour tous les points du câble d'attache, quelle que soit sa courbure, et qui sont égales et de signe contraire à la force de réaction horizontale produite par le mouvement des palettes. » J'ai déjà insisté précédemment sur une circonstance très-remarquable dans ce genre d'expériences : c'est que, lorsque les palettes ont été relevées et qu'elles plongent toutes également dans le liquide, leur action intermittente ( 1033 ) ne produit pas cependant de vacillations sur l'appareil peseur. Ce résultat est dû à la masse considérable du navire qui est interposée entre les palettes et le câble d’amarre , et qui, en emmagasinant les variations de la force mo- trice des palettes , fait l'office d’un énorme volant et régularise la traction finale sur le câble. » C'est cette interposition de la masse du navire qui permet d'employer un appareil de balance à couteaux et à poids, en n'employant qu'un dyÿnamo- mètre à ressort très-délicat pour compenser les faibles variations que produit l'inégalité du chauffage ou le système imparfait et intermittent du graissage des machines. » C’est un spectacle curieux que cette espèce de lutte qui s'établit pendant ces essais, entre l’action répétée et énergique des palettes d’un puissant navire à vapeur, et la résistance calme et uniforme de mon appareil de balance qui mesure la valeur de l'impulsion à un demi-kiloyramme près. » MÉDECINE. — Aecherches expérimentales concernant l'influence de la fréquence des mouvements respiratoires sur l'exhalation de l'acide carbonique; par M. Vrexoupr. « Cette question, assez importante pour la physique de la respiration, n’a pas encore fixé l'attention des physiologistes, si nous en exceptons les physiciens anglais Allen et Pepys. Ceux-ci prétendaient, il y a plus de trente ans, d'après une seule expérience, que la quantité d'acide carbonique contenue dans l'air expiré reste invariable, quel que soit le nombre des mouvements respiratoires , de sorte que l'air expiré par des expirations tres- prolongées montre la même proportion d'acide carbonique que celle qu'on exhale à l’aide des expirations très-courtes. » J'ai fait sur moi-même 94 expériences , qui m'ont fourni les résultats sui- vants : » 1°. Si 100 volumes d'air qu'on expire en faisant 12 expirations dans 1 minute, contiennent. . . . . . . . . . . . . . 4,3 d'acide carb., ils en contiennent pour 24 expirations dans 1 minute. ‘3,5 pour 48 expirations dans : minute. 3,1 et pour 96 expirations dans 1 minute.. 2,9 » Si enfin le nombre des mouvements respiratoires monte dans 1 minute ‘ jusqu’à 130 à 150 (ce qui est le maximum des expirations que j'ai pu faire dans l’espace de ce temps au moyen de mon appareil), l'air expiré contient entre 2,9 pour 100 et 2,8 pour 100 d’acide carbonique; de manière que pour C.R., 1844,9me Semestre. (T. XIX, N° 20.) 197 ( 1054 ) 192 expirations (nombre qui surpasse peut-être un peu le nombre possible des expirations dans 1 minute), la quantité d’acide carbonique serait ré- duite à 2,8 pour 100. » Lorsque je prolongeais mes expirations, en ne faisant que 6 dans 1 mi- nute (ce qui m'était possible pour l'espace de 1 ou de 2 minutes, mais en res- sentant des douleurs pénibles à la poitrine), je trouvais la quantité de l'acide carbonique — 5,9 pour 100. » 2°, Ainsi, le xombre des respirations faites dans un certain temps, ou, en d’autres termes, la durée des expirations, a une influence très-prande et remarquable sur la quantité de l'acide carbonique contenu dans l'air expiré. » 3, Si le nombre des expirations faites dans 1 minute est 192; 96, 48, DROIT 6, la durée d'un mouvement respiratoire | c’est-à-dire d'une inspiration et d'une expiration) est, en secondes, 09120. 040255106207 002 02 EC TO 4; et la quantité d'acide carbonique contenue dans 100 volumes d'air expiré , est 2,8; 2,9; SONO ADN MES OUT U » La quantité d'acide carbonique exhalée par des expirations d'une durée quelconque est égale à la quantité d'acide carbonique exhalée par des expi- rations de la durée la plus courte, plus une autre quantité qui s'exprime par la différence entre la durée de l'expiration cherchée et la durée de l'expiration la plus courte, divisée par 10 fois la durée de l'expiration la plus courte. »_ 4°. Al va sans dire que la quantité absolue de l'acide carbonique exhalé par des expirations très-fréquentes est de beaucoup supérieure à celle qu'on expire par des expirations très-prolongées. » 5°. La quantité d'acide carbonique contenue dans l'air expiré varie beaucoup, selon une foule de causes, dont j'a étudié une assez grande partie : par exemple la chaleur, la pression atmosphérique, la nourriture, le mouve- ment, ete.,etc. J'ai trouvé, dans plus de 800 expériences faites sur moi-même dans l'espace de quinze mois, et dans les circonstances les plus différentes, que le maximum est environ de 6,2 pour 100, le minimum 5,1 pour 100, et que la quantité de ce gaz exhalé dans une minute peut varier (même dans l'état tranquille) entre 174 et 470 centimètres cubes (réduits à + 37 degrés Cels. et à la hauteur barométrique de 336 lignes de Paris). La moyenne de la { 1035 } quantité de l'acide carbonique expiré dans une minute, ou contenue dans r00 volumes d'air expiré, est, pour l'état tranquille, 161 centimètres cubes, ou 4,30 pour 100. Si l'air exhalé par des expirations d'une fréquence normale contient 3,1 pour 100 où même 6,2 pour 100 d'acide carbonique, la quantité de ce gaz formée par des expirations deux fois plus fréquentes est 2,3 pour 100, respectivement 5,4 pour 100. Ainsi l'on voit que la loi que j'ai trouvée se vé- rifie quelle que soit la quantité d'acide carbonique formée par des expirations d'une durée normale. . » De ces expériences résulte un grand nombre de conséquences soit pour la respiration, soit pour la physiologie du sang; elles prouvent principale- ment, sans contredit, que le changement des gaz entre les cellules pulmonaires et entre le sang se fait d’après la loi de la diffusion des gaz. »_ Plus tard, j'aurai l'honneur de présenter à l’Académie les résultats de mon travail sur la composition de l'air expiré et la respiration en général. » MÉTÉOROLOGIE. — Observation d'un bolide dans la soirée du 10 septembre (Extrait d'une Lettre adressée de Benfeld (Bas-Rhin) à M. 4rago, par MM. Nicxzss freres.) « ….… Revenant, le 10 septembre, d’une excursion sur les bords du Rhin, un peu après neuf heures du soir, notre attention fut attirée par l'apparition de quelques étoiles filantes vers l'est; voulant observer sil n'y en avait pas aussi du côté du nord, nous avions depuis quelques instants dirigé notre vue vers cette région , lorsque tout à coup nous vimes apparaître un point lumi- eux très-brillant, à peu près de la grandeur de Vénus; il sembla s'arrêter un instant comme suspendu dans l'espace, puis tomber subitement en ligne ver- ticale vers la terre, et en augmentant d'éclat et de volume, au point que son diametre nous parut de 4 à 5 centimètres. Nous pûmes fort bien l’observer pendant au moins 2 secondes; au moment de son approche de la terre, sa vue nous fut masquée par un groupe d'arbres, mais nous le vimes encore briller à travers le feuillage et disparaître derriere la chaîne des Vosges. Sa lumière fut bleuâtre, très-vive, elle nous rappela celle de certains métaux eu incan- descence : c'était vraiment très-beau à voir. Notre première pensée fut que ce devait être un aérolithe, et nous nous attendions à lire dans les journaux qu'une de ces masses métalliques aériennes était tombée quelque part en Hollande, ou dans une contrée voisine. » Depuis, en effet, nous avons lu dans la Démocratie Pacifique, numéro ? du 15 septembre, deux extraits du Journal de Bruxelles qui se rapportent 137. (10%) à un météore lumineux vu à Hasselt et à Bruges, le même jour et à peu près à la même heure; il n'y est pas question d'aérolithe, il est vrai, mais nous ne doutons pas que le météore que nous avons observé ne soit le même. Maintenant, si nous comparons notre observation avec celle dont parle cette feuille, une chose nous frappe : le météore vu à Hasselt paraissait avoir une longueur de 7 mètres environ et une largeur de 0,20; pour nous cependant ce n'était qu'un globe lumineux, un bolide si l'on veut, dont la forme n'ap- prochait aucunement de l'ellipse; donc, si le météore que nous avons vu est en effet le même que celui observé à Hasselt, il est à présumer qu'il avait la forme d'un cylindre dont à notre horizon l'on ne pouvait voir qu'un pôle, et que pendant toute la durée de sa chute il a constamment conservé une posi- tion horizontale, sans aucune oscillation visible pour nous. Depuis, pour re- connaitre plus exactementle point, ou plutôt la direction dans laquelle nous avions aperçu le phénomène, nous nous sommes transportés sur le lieu de notre observation, munis d'une aiguille aimantée, et nous avons trouvé que , comme cela nous paraît probable, l'observation faite en Belgique se rap- porte à la nôtre, ce météore cylindrique a dû se présenter exactement dans le plan du méridien magnétique. » si MÉTÉOROLOGIE. — Observation d'un bolide, faite a Vals, pres le Pur, le 8 octobre 1844. (Extrait d’une Lettre de M. Fartow à M. Arago.) «“ Le 8 octobre, sur les 7! 30" du soir, j'ai vu passer, à une distance en apparence peu considérable, un météore lumineux, plus brillant que Jupiter; il s'avançait avec lenteur dans une direction presque horizontale et à peu pres du sud-sud-ouest au nord-nord-est. Il laissait après lui une petite traînée iumineuse, formée de quelques étincelles qui semblaient s'échapper par-der- riere du globe lumineux, dans une direction opposée à celle de sa marche, et s'éteignaient à une petite distance. Le ciel était alors parfaitement serein, quoique durant la journée il eût été généralement nuageux. » MÉTÉOROLOGIE. — Observation d'un bolide, faite à Parcé-sur-Sarthe, le 27 octobre 1844. (Extrait d'une Lettre de M. Grraun à M. Arago.) « Hier 27 octobre, vers 9 heures 40 minutes du soir, le ciel étant légérement chargé de nuages tranquilles, et la lune brillant de tout son éclat, une vive lumière, semblable à celle d'une bombe d'artifice, a illuminé tout d'un coup l'horizou; alors nous avons vu un globe de feu se précipitant à. ( 1037 ) iravers les nuages; son apparition a été de 2 ou 3 secondes, et sa direc- tion de l'est à l’ouest; le diamètre de ce globe nous a semblé presque égaler celui de la lune, qu'il surpassait prodigieusement par son éclat. » Mais voici la remarque qui aété faite par moi et les sept à huit personnes qui m'accompagnaient. Nous avions, depuis l'apparition du météore, fait : environ trois cents pas, lorsque nous avonsentendu, précisément dans la di- rection et à la hauteur où le globe lumineux avait disparu, une détonation semblable à celle d’une battrie de canons. Me rappelant parfaitement bien le lieu que nous occupions lors de l'apparition , je remarquai celui où nous étions lors de la détonation, et J'aieu soin ce matin de mesurer avec le plus de pré- cision possible cette distance; elle est de 266 mètres : cette distance a été parcourue par nous fort lentement et au pas de promeneurs s'entretenant sur la singularité et la beauté du phénomène dont nous venions d’être témoins. J'évalue à 4 minutes cet espace de temps. » “ MÉTÉOROLOGIE.— Sur un arc-en-ciel observé à Rennes le 2 novembre 1844. (Lettre de M. Durri.) « J'ai l'honneur de donner communication à l'Académie d'une observa- . tion que j'ai faite ce matin, 2 novembre, entre 7 heures et demie et 7 heures trois quarts. » Le soleil était voilé par des nuages blanchâtres qui permettaient de voir à peu près la place qu'il occupait sans en distinguer le contour ; du côté de l'ouest se trouvaient des nuages beaucoup plus sombres, et qui embrassaient une grande étendue. J'ai d'abord aperçu les portions sud de deux arcs-en-ciel qui s’effaçaient à une certaine hauteur; à ce moment, des maisons bornaient ma vue du côté nord. L'arc extérieur ne m'a rien offert de particulier, mais l'arc intérieur présentait une circonstance remarquable: en allant de dehors en dedans, après les couleurs ordinaires, on voyait, sans intervalle, tantôt deux, tantôt trois bandes bleues séparées par du rouge, le tout un peu vague, de sorte qu'il est possible qu'il y ait eu trois ou quatre arcs-en-ciel contigus présentant des couleurs fondues. Je n'ai pu fixer l'ordre des cou- leurs; par exemple, la premiere bande bleue pouvait être précédée du rouge mêlé avec le violet de l'arc principal, qui paraissait très-brillant, ou en étre suivie; et, d’ailleurs, la confusion allait en augmentant de dehors en dedans, et le bord intérieur était tantôt bleu, tantôt rouge, suivant que l'intensité de la lumière permettait de distinguer plus ou moins de bandes. » Ayant parcouru une petite distance, je vis la même chose du côté nord ; { 1038 ) mais, un peu auparavant, j'avais cessé d'apercevoir les portions sud des arcs dont les sommets n'ont été visibles à aucun instant. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur une pluie phosphorescente observée à Paris le 1% novembre 1844. (Extrait d’une Lettre de M. Durcessy à M. 4rago.) « Le vendredi 1° novembre, jour de la Toussaint, je traversais le soir, à 8 heures trois quarts, la place Saint-Sulpice; la pluie tombait à torrent: je fus surpris de voir dans la direction du nord le ciel couvert d'une lueur blanchâtre assez vive qui contrastait d'une manière singulière avec la som- bre apparence du midi. Rentré au collége royal de Louis le-Grand, que j'habite en qualité de préparateur de physique, je n'empressai d'ouvrir la fenêtre de mon appartement qui est au nord; la lueur aperçue quelques in- stants auparavant était encore visible, mais avec une apparence rougeatre très- sensible; il était 9 heures et un quart. Cinq minutes après elle n'existait plus. Je regrettai vivement de ne point avoir à ma disposition d'instruments dont les indications me permissent de chercher à assigner au phénomène un carac- tère électrique ou purement magnétique. Je dus done me coutenter de les inscrire daus mon cahier d'observations météorologiques. Le lendemain, > novembre, à 8 heures du matin, un de mes amis, le docteur Morel- Deville, qui comme moi habite le collége Louis-le-Grand, me demanda l'explication d'un phénomène qu'il avait vu avec surprise se produire la veille devant lui. Au moment où il passait, à 8 heures et demie du soir, dans une des cours du collége, les gouttes de pluie en touchant le sol produisaient des étincelles , des aigrettes accompagnées de bruissement , l'une espèce de cré- pitation et laissaient ensuite une odeur de phosphore assez marquée. Le phénomène se manifesta jusqu'à TROIS FOIS; M. Morel attendit, il n'eut pas le bonheur de le voir une quatrième fois. Il était 8 heures et demie; à 8 heures trois quarts je voyais la lueur dont j'ai parlé plus baut et qui était à son déclin. Un tel concours de circonstances, deux observations de la nature de celles dont je vieus d'avoir l'honneur de vous faire part, semblent donner au phénomène observé par M. Morel-Deville plus d'intérèt qu'il n'en aurait eu isolé; car parmi les exemples très-rares de phénomènes analogues, con- signés dans les annales de la science et que vous avez vous-même, monsieur, enregistrés dans votre intéressante Notice de 1838, il en est peu que je sache s'être montrés dans de pareilles conditions. C'est en général pendant les orages, que la pluie, la gréle ont été vues lumineuses. La lueur blanchatre ( 1039 } me paraît comparable, en un certain sens, aü nuage lumineux observé eu Écosse par M. Sabine. » M. Bisson met sous les yeux de l'Académie plusieurs épreuves photogra- phiques obtenues au moyen d'un procédé qu'il a imaginé pour harmoniser l'action des différents rayons «le lumière, qui, comme on le sait, n’exigent pas tous le même espace de temps pour produire sur la couche sensible une impression suffisante. Ce procédé consiste à placer au-devant de l'ob- jectif de la chambre obscure, un verre plan, coloré de la teinte verte que donne le spectre solaire. Cette addition est particulièrement utile quand il s'agit de reproduire un paysage, et l'on conçoit très-bien quel en doit être l'effet : les rayons bleus et blancs, dont l'action sur la couche sensible est presque toujours trop puis- sante, se trouvent atténués , tandis que les rayons verts et Jaunes, beaucoup moius actifs, conservent presque toute leur intensité aprés avoir traversé le milieu coloré. On parvient à obtenir ainsi des épreuves dans lesquelles lesteintes claires du ciel et des maisons blanches ne sont point solarisées, et où le feuillage des arbres, si mal rendu dans les épreuves otdinaires, est reproduit avec une grande netteté et avec les lumières qu'il doit avoir. M. Anraco présente les observations météorologiques faites à lien, de- puis le mois d'octobre 1842 jusqu'au mois de décembre 1843. Ce travail, exécuté par les soins de M. Jon-Francis Coce, est accompagné d'un grand nombre d'observations d’aurores boréales. M. Brecuer adresse plusieurs tableaux graphiques provenant de son ther- momètre à pointage, et le résumé général des observations faites à Kasan, en 1842, avec le même instrument. M. Brière adresse une Note sur la signification des noms donnés par Boèce aux signes employés dans son Traité de l’Abacus, noms que l'on avait cru pou- voir interpréter, pour la plupart, au moyen de la langue grecque, et dans lesquels M. Brière, au contraire, voit autant de mots hébreux assez peu défigurés, et qui tous font allusion à la forme des caractères auxquels ils s’ap- pliquent: ainsi le nom du caractère qui exprime l'unité, /gin ([), viendrait de l'hébreu Æagina (droit) et non de 9Tuvn (la femme); Ændras, le nom du chiffre deux, (ei qu'on a rattaché au mot Aymp, Aydpcs, serait une ( 1040 ) altération du mot Ædra (courbe); le nom du chiffre sept, Zenis, écrit aussi Zevis (A). serait Zevi (angle), etc. M. Gros adresse une Note sur la limite des divisions à effectuer pour obtenir le plus grand commun diviseur entre deux nombres entiers. M. Cuauprox-duxor adresse deux Notes, l'une sur la fabrication des sa- vons à base de soude, Y'autre sur celle de certains produits relatifs à l’éclai- rage. L'auteur ayant annoncé dans sa Lettre d'envoi qu'il désirait se conserver la faculté de prendre des brevets d'invention pour l'étranger , et cette faculté pouvant lui être ôtée par la publicité que donnerait l'Académie à ses pro- cédés, les deux Notes sont mises sous pli cacheté et conservées comme dépôt jusqu'à ce que l’auteur ait fait connaître son intention. La séance est levée à 5 heures. A. ERRAT A. Séance du 8 octobre 1844, page 904, dixième ligne en remontant ; Rapport de MM. de Mirbel, Richard, Brongniart et Payen sur les cultures de l'Algérie, après ces mots : « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées, » ajoutez : « L'Académie, sur la proposition de M. le baron Charles Dupin, président, a voté l’envoi de ce Rapport à M. le maréchal Ministre de la Guerre et à M. le Ministre de l'Agriculture. » Même séance, page 934, Lettre de M. Werner, au lieu de : Renvoyée à l'examen de la Commission administrative, lisez : de la Commission nommée pour une précédente présenta- tion de M. Werner. ( roi ) BULLETIN | BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voicilles titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l ‘Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 19; in-4°. Administration des Douanes. — Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l'année 1843; 1 vol. in-fol. Annales maritimes et coloniales ; par MM. BOT et PoiRéE; n° 10 ; octo- bre 1844; in-8°. Voyage autour du Monde sur la frégate la Vénus, commandée par M. Du- PETIT-THOUARS; tomes IV et V: Physique ; par M. DE TESsAN; in-8°. Nouveaux éléments de Pathologie médico- chirurgicale , Ou Traité théorique et pratique de Médecine et de Chirurgie ; par MM. ROCHE, SANSON et LENORR ; 5 vol. in-8°. (Cet ouvrage est envoyé pour le concours Montyon. ) Etudes de l'Homme dans l'état de santé et dans l’état de maladie ; par M.RE- VEILLÉ-PARISE; 2 vol. in-8°, (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) Traité sur Les Gastralgies et les Entéralyies ou Maladies nerveuses de l'estomac et des intestins ; par M. J.-P.-T. BarRas: r vol. in-8°. Mémoire sur un nouveau Traitement de la Fièvre typhoide ; par M.T. DEs- PLANTES, de Nantes; publié par J.-P.-T. Barras ; broch. in-8°. Mémoire minéralogique et géologique sur les Roches dioritiques de la France occidentale; par M. Rivière; broch. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société géo- logique de F rance.) Compendium de Médecine Pratique ; par MM. MoNNERET et FLEURY 5 tome VI, 22° livr. ; in-8°. Mémoire sur la Ti opographie médicale des 10°, 11° et 12° arrondissements de Paris; par M. BayaRD; broch. in-8°. Note sur l'emploi. des Ferrugineux , et sur le Carbonate de protoxyde de fer en particulier, préservatif des coliques de plomb dans les fabriques de céruse ; par M. À. Mure, { de feuille in-8°. Lettre de M. Passor à M. le président de l’Académie royale des Sciences ; 1 feuille in-4°. Journal de Pharmacie et de Chimie; novembre 1844; in-8°, Annales de T hérapeutique médicale et chiru gicale, et de Toxicologie, pu- bliées par M. ROGNETTA; n° 8 ; novembre 1844 ; in-8°. C. R., 1844, 2m Semestre, (T. XIX, No 90.) 138 (1042 ) La Clinique vétérinaire; novembre 1544 ; in-8°. Journal de Médecine; novembre 1844; in-8°. Journal des Usines et des Brevets d’Invention; par M. VioLrer; octobre 1844 ; in-8°. L’ Abeille médicale; n° 10 ; novembre 1844 ; in-4°. Éloge historique de JEAN - AUGUSTIN FLORIO ; par M. Bonarous. Turin, 1844 ; broch. in-8°. Transactions... Transactions de la Société zoologique de Londres ; vol. HIT, parties 2 et 3; in-4°. Proceedings... Procès-V'erbaux de la Société zoologique de Londres ; année 1843, partie 11°; in-8°. Reports of... Rapport sur l’état actuel de la Société zoologique, fait à la Sociéte dans sa séance générale annuelle du 29 avril 1844; in-8°. Lezioni... Lecons théoriques et pratiques de l'Art des Accouchements ; par M. Gnersi ; tome IE, r°° livr. ; in-8°. (Présenté par M. Velpeau.) Gazette médicale de Paris; n° 45; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°% 129 à 151; in-fol. L'Écho du Monde savant; n° 34 et 35. L'Expérience; n° 383; in-8°. ( 1043 ) ue FOOD sou np ouua4on . g'L +1 ir o‘o1+|Letiçl b‘cei+|16‘ocLl L'zi+|co til c‘or+|Lgt1cl G9E‘Ÿ ‘url 1e ne 1e np ‘og ** [co +|rtcr+ L: 6‘ecL EE à 0 ; nl || à lenteur. op diabetes) deal *SaNQWIUE) u 0) . let € RU 07 917 ‘or )6‘obL à jump ue eng] OT NE 1 ï Aoït g‘g +lr‘gor+ o‘cI+ b6‘zçL Y'qi+|Ll'eql € Pit Mrocl Gt Loti ci 1 “"T ete sde preppmoig t& +lot at «6 cet Pa «61 € € € 2 fees... "+++ *110An09 ê9 x Ér À % En, Hors sat 5,8 4 A CO Lg ri fill 1e SE ah meanon |ceÿ [Store atte-dle ta RE Eee pe EE LEE ol - ges col 0€ Li FRS ann [géo +hicrit] lot log bge| litiilctog£| |9c6 +lgrc 7 DE ES 0 So le: see uoanon [06 cote de Le A9 9°6 +|g1*19L 16 +|çc col] ge HR TRE Er PA AE 0 UP D ONE EC ‘g +[epeoul Le O°N'0 “eneog [eg +lotcr+ Lg eéto 4. 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Sulfocarb, Viniques ..-. ( )EM+ ot |C:EM+0" |C*0*EM + 0° C‘H°0* EM+0® C°’H4 O*EM + 0! Carbovigat |Oxalovinates. Phtalovinates Camphoyinates Fu ul H H H H H H H H H Up Reeese-se ec 2-2 | AN cr cape cs pe Cie pue CH: Ad C\‘H'Ad CH 0? C H'Ad CH" Méthyle. |Ethyle. Mésityle. Amyle. Anilum, Inc. Cétyle. enoméracunrs. DMIARL.-=--.--.e ; E . : : : dérivés, ete Ie CH AR cer pr CR CIAd CeReciA4 Kakodylo. Chloranilum. ( 1097 ) » a. Les Haloformes ; qui passent au type salin monobasique , en décom- posant l’eau et en formant un hydracide; b. Les Anhydrhalydes , qui secomportent de même , mais forment une plus petite quantité d'hydracide; » c. Les {mides , qui absorbent 2 atomes d’eau pour former un sel neutre ammoniacal monobasique ; d. Les Anhydracides, qui absorbent 2 atomes d’eau pour former un sel bibasique ; » e. Les Biamides , qui, en absorbant 4 atomes d’eau , forment un sel neutre ammoniacal bibasique; » {. Les Bümides, qui, en absorbant 4 atomes d’eau, forment un sel acide ammoniacal bibasique ; 4°. Les Aldéhydes passent au type salin en décomposant l'eau ou en absorbant 2 atomes d'oxygène. Ce genre devra subir plusieurs divisions. C. Les sels sont des composés qui renferment 1 ou 2 équivalents d'hy- drogène susceptibles d’être remplacés immédiatement à l’aide des doubles décompositions par des métaux. » Je distingue: » 1°. Les sels monobasiques. Parmi ceux-ci on remarque les sels amidés qui doivent se diviser en deux sections : » a. Les sels amidés, susceptibles de se transformer, sous l'influence des acides ou des bases, en ammoniaques et en sels bibasiques; b. Les sels amideés, qui ne sont pas susceptibles d'une pareille transfor- mation. » 2°, Les sels bibasiques. : » Quant aux sels tri- et quadribasiques, ils appartiennent à la classe des syndesmides. » D. Les prométallides ne sont, pour la plupart, que des êtres de raison qui n'existent pas libres, mais que l’on peut concevoir comme existants dans certains sels à la place des métaux dont ils jouent le rôle. » Enfin viennent les » E. Syndesmides , que je partage en » 1°. Homodesmides , qui renferment des noyaux de la méme série ; » 2°. Hétérodesmides , qui renferment desnoyaux de deux séries différentes. » Les Syndesmides, d’après leurs propriétés, pourraient soit se sous-diviser en auhydrides , aldéhydes, sels, etc., soit se placer à la suite de chaque ik Lt |: ‘à dont ils partagent les propriétés. … » Le tableau que je viens de donner renferme plusieurs séries différentes, Î ( 1098 ) placées les unes à côté des autres, en allant de la plus simple à la plus com- pliquée ; c'est un ordre provisoire... Plus tard, il faudra les réunir par groupes qui renfermeront , soit des séries qui passent le plus facilement de l'une à l’autre, comme la série phénique avec les séries indigotique et saliey- lique ; soit les séries qui offriront certains rapports entre le carbone et l'hy- drogène du noyau, comme je l'ai déjà fait pour les séries dans lesquelles le nombre des atomes de carbone du noyau fondamental est égal à celui des atomes d'hydrogène. C’est l'expérience qui nous apprendra quelle est la meilleure méthode, et quels sont les rapports qu'il faudra préférer ; si nous devrons choisir les rapports des homologues de M. Gerhardt. » En jetant un coup d'œil sur le tableau de toutes ces séries, on aperçoit immédiatement un autre avantage dans la méthode que je propose. Ainsi, tous les carbures d'hydrogène sont sur une même ligne horizontale, tous les ammo- nidessont sur une deuxième, les anhydrides sur une troisième, les selssur une quatrième, etc.; c'est-à-dire que, à l’aide de nos séries composées de corps doués de propriétés différentes, mais s'engendrant les uns par les autres , nous parvenons à faire un tableau tellement disposé, que tous les corps qui ont de la ressemblance se trouvent placés les uns à côté des autres. » Si nous divisons pour un instant le noyau en deux parties: la caracté- ristique (voyez série typique), que je représente par nne parenthèse ( ), et la constante, que je représente par 2 équivalents, l’on verra qu'il suffit de chan- ger la caractéristique pour passer d’une série à l'autre, et même pour passer à la chimie minérale ; seulement on remarquera que , dans ce dernier cas, la caractéristique devient souvent nulle. Les séries les plas compliquées de la chimie minérale et les séries les plus simples de la chimie organique ont des caractéristiques qui renferment 3 à 4 équivalents. Si l'espace me l’eût permis, j'aurais donné un tableau des principales séries organiques et inorganiques, et l'on aurait vu qu'il n'y a aucune différence entre la chimie minérale et la chimie organique; que l'un n'est pas plus que l'autre la chimie des radicaux Composes. » J'emploie un système particulier de forraules que j'appellerai synoptiques. Elles ont, je pense, les avantages des formules brutes et rationnelles sans en avoir les inconvénients. » Je n'ai pas la prétention de représenter par mes formules l'arrangement réel des atomes, de faire , suivant l'expression de M. Chevreut, des formules absolues. Ce sont bien desidées sur l'arrangement moléculaire qui m'ont guidé dans le système que j'expose ; mais on peut, si l'on veut, en faire abstraction , et ne voir dans mes formules que des symboles dont l'aspect rappelle à ( 1099 ) l'instant même, non-seulement la composition et [a nature du corps qu'ils représentent, mais encore la série à laquelle ce corps appartient et la place qu'il doit occuper dans cette série. » Le tableau suivant fera voir l'avantage de mes formules sur celles qui sont en usage : je les compare à celles de M. Berzelius et à celles de M. Bau- drimont qui commencent à être adoptées en France par la plupart des chi- mistes. Je crois devoir rappeler que toutes mes formules représentent con- stamment 4 volumes de vapeur, et que j'admets que les atomes sont divisibles en éléments dont le nombre et le mode de réunion peuvent faire que le même corps simple se présente tantôt avec certaines propriétés , tantôt avec d’autres; qu'il entre dans les corps composés, tantôt avec un certain poids, tantôt avec un autre. Syst. Berzelius. Syst. Baudrimont. RLGrÈNE. eee ocre C“H* C*H: C*H* 1 Éthérène chloré........... C*(H° CI) C*H° + CE C:CIH* 2 Ethérène chloré. ......... C“ H°CF) CH EC C?CIH 3 Acide acétique..... -..... C‘H*+ O* (C*H: + 0°) + HO C‘H*0* 4 Acétate de protoxyde de fer. C‘(H°F) + Of (C‘H4° + O0") + FO C‘(H°F)0* 4 Acétate de peroxyde de fer. C*(H°f) + O* 3(C°H° + Of) + O'F° CHHÉFIO 25 Acide chloracétique... ..... C#(CFH) + O* C:0: + C:CF + HO CCI HO“ 6 Chloracétate de prot. defer. C*(CIF) + O* C20* + C:CP + FO CCE FO‘ 6 Chloracétate de perox defer. C*(Clf) + O* (3C*0° + 3C:CI°) + O°F? CACPFOL 7 Avcétate d’éthyle........... dre) + 0‘ (C‘H° + 0°) + OC‘H: C'H'O* 8 Chloracétate d’éthyle.... .. C‘CI° Ge) + O* (C: 0* + C: CF) + OC‘H° C' CH O0‘ 9 Aoftate d’aniline.……...... CH ( HER a) (C‘H*+09+CH'AZ+HO CH AzO* 10 » D’après mon système, on voit que tous les acétates ont la même consti - . tution ainsi que leurs dérivés. On reconnaît dans l’éther acétique immédiate- ment la formule de l'acide acétique, et à volonté celle de l'éthérène ou de ‘éthyle. Dans le système de M. Berzelius, il y a autant de corps hypothétiques que de formules, et souvent trois hypothèses dans une seule formule. Dans le système de M. Baudrimont, les formules sont extrêmement différentes les unes des autres ; il y a presque autant de types différents que de composés diffé- rents. Cependant, comme M. Baudrimont admet maintenant avec moi que le chlore, en se substituant à l'hydrogène, ne change pas le type du composé, il en résulte que les acétates et les chloroacétates correspondants doivent avoir la même formule; mais qui pourrait reconnaître dans ce symbole C'5H!! Az O! l'acétate d'’aniline? » Mes tableaux renferment deux ou trois corps dont la formule ne cor- ( 1100 } respond pas aux propriétés : tel est l'acide isatinique C'*Cy H° + Of qui, malgré ses 6 équivalents d'oxygène au delà du noyau, est cependant mono- basique. Mais l'acide isatinique ne peut se comparer à aucun autre corps counu. Si les corps de cette espèce étaient plus nombreux et mieux connus, on verrait sans doute à quoi tient le désaccord qui existe entre la formule et les propriétés, et ces composés devraient constituer un genre à part. » J'ai adopté les équivalents de M. Gerhardt , ou, si l'on veut, dans toutes les formules que je donne, le nombre des atomes de carbone est toujours di- visible par 4; il en est de même pour l'hydrogène, à moins qu'il n'y ait sub- stitution. Le nombre des atomes d'oxygène est pair. Ilen résulte que toutes les formules sont divisibles par 2. » CHIMIE. — Sur un nouveau genre de sels obtenus par l'action de l'hydrogène sulfuré sur les arséniates ; par MM. J. Bouquer et S. CLorz. (Extrait par les auteurs.) « L'étude des produits qui se forment quand on fait agir l'acide sulfhy- drique sur les arséniates solubles a été déjà faite par M. Éd dass le Mémoire qu'il a publié, en 1826, sur les sulfarséniates. Cet illustre chimiste a vu que, dans ce cas, l'acide sulfhydrique, par son hydrogène, s'empare de tout l'oxygène des arséniates et que le soufre s'y substitue, de sorte qu’a- près la réaction, on a un nouvel arséniate dans lequel tout l'oxygène est remplacé par du soufre. Il nous a été donné de voir, dans une réaction tout à fait semblable, que le remplacement de l'oxygène par le soufre éprouve en quelque sorte un temps d'arrêt, et nous avons obtenu un sel parfaitement cristallisé, et cor- respondant, par sa composition, aux arséniates. Il en diffère cependant en ce point, que son acide renferme à la fois du soufre et de l'oxygène, indé- pendamment de l'arsenic qui en est le radical. » Voici dans quelles circonstances ce sel prend naissance :‘dans une solu- tion saturée et froide de biarséniate de potasse on fait passer un courant ra- pide d'acide sulfhydrique; au bout de quelques instants, il se précipite du sulfure d’arsenic, puis il se forme des cristaux blancs qui gagnent le fond du vase où s'opère la réaction. Quand il s'est déposé une certaine quantité de ces cristaux , on ajoute un peu de potasse, de maniere à rendre la liqueur al- caline, On continue à faire passer de l'hydrogène sulfuré, jusqu'à ce que le sulfure d’arsenic ait pris une teinte grise; on filtre alors la liqueur et on la fait cristalliser dans le vide. ( 1107 ) » Les cristaux qui se forment sont toujours salis par une poudrejaune; on les lave avec un peu d’eau distillée, on les comprime entre plusieurs doubles de papier buvard, et l'on achève leur dessiccation dans le vide. » L'analyse de ce sel nous a conduits à le représenter parla formule Ar O'S, KO + 2H0. » Cette formule n’est pas la seule que l'on puisse présenter pour expliquer la constitution de ce sel ; ainsi, si l’on triple la formule précédente, on pourra le représenter de la manière suivante : 2 (Ar0°, KO) + ArS°, KS + 6HO. Sous cette forme, ce serait une combinaison de 2 équivalents de biarsé- niate de potasse et de 1 équivalent de sulfarséniate de potasse. Mais si telle était sa constitution, il devrait laisser précipiter du sulfure d'arsenic par l'action des acides, ce qui n'a pas lieu: dans ce cas le sel se décompose et ne laisse précipiter que du soufre. » D’après une autre manière de voir, on pourrait considérer ce sel comme du biarséniate de potasse, dans lequel l’eau de cristallisation serait remplacée par de l'acide sulfbydrique. L’orséniate de potasse — Az0', KO + 2H0, Le sel étudié...,.... — Az0O;, KO +- 2HS. » Mais nous ne croyons pas que telle soit la constitution de ce sel, car si l'on précipite un sel de plomb par une solution du sel, on a un précipité blanc ; dans l'hypothèse précédente, il devrait être noir. Le précipité noircit, il est vrai, mais ce n'est ordinairement qu'après deux ou trois heures et alors que le précipité est complétement décomposé. » Nous avons cru devoir donner la préférence à la première formule que nous avons présentée; cette formulé admet, dans ce sel, l'existence d'un nou- vel acide, analogue en composition à l'acide arsénique, mais contenant, outre son radical, du soufre et de l'oxygène. » Sans préjuger en rien le nom que les progrès ultérieurs de la chimie pourront assigner à ce nouvel acide, et désirant seulement lui en donner un qui permette de ne pas le confondre avec ceux déjà connus, nous proposons celui d'acide sulfoxiarsénique. Le sulfoxiarséniate de potasse — ArO’S:, KO + 2H0. » Ce sel est blanc, cristallisé en petits prismes, qui peuvent quelquefois C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 21.) 146 ( 1102 ) atteindre la longueur de 1 ou 2 centimètres (x); il est peu soluble dans l’eau. Nous n'avons pu déterminer directement cette solubilité, car le sel en solu- tion se décompose promptement, même dans le vide. » Cependant si la solution est saturée, si, de plus, elle est un peu alcaline, on peut encore obtenir une cristallisation dans le vide. Le sel n'est pas, à la vérité, entièrement préservé de la décomposition, mais une partie y échappe et peut cristalliser. Le sel séché est complétement inaltérable au contact de l'air. » Mais si on élève la température, il donne, en se décomposant, des pro- duits très-complexes. » Vers 170 degrés, il laisse dégager toute son eau et jaunit sans se fondre. Chauffé à la flamme de la lampe à alcool, il fond, perd son eau et laisse dégager du sulfure d'arsenic, puis de l’arsenic qui vient se sublimer à la voûte de la cornue en cristaux brillants. » Le résidu rouge-brun qui reste au fond de la cornue contient du sulfate dé potasse, un suifosel contenant un des sulfures d'arsenic, et une trace d’ar- séniate de potasse. Le sel en solution se décompose promptement ; cette décomposition, qui commence même à froid , est complète à l'ébullition. Il se dégage des tra- ces d'acide sulfhydrique, et il se dépose une petite quantité d’une poudre jaune sale, qui, analysée, ne contenait que du soufre. La liqueur contient un sulfosel , et l'acide chlorhydrique en précipite du sulfure d'arsenic. Elle paraît contenir aussi de l’arsénite de potasse, car elle précipite immédiatement par l'hydrogène sulfuré , alors qu'on la traite par le réactif, après y avoir ajouté de l'acide chlorhydrique et l'avoir filtrée. La solution, ainsi décomposée par ébullition, ne contient pas de sulfate. Si nous insistons sur la décomposition qu'éprouve le sulfoxiarséniate de potasse en présence de l'eau, c'est que nous croyons que l'explication de ce fait jettera quelque jour sur la constitution de ce sel, telle que nous la pré- sentons. En effet, la facile altération du sulfoxiarséniate de potasse, et la grande facilité avec laquelle il se sépare de ses deux équivalents de soufre, peuvent bien faire admettre qu'au premier moment de la décomposition il se dédouble (1) Pendant le séjour que M. Mitscherlich vient de faire à Paris, nous avons eu occasion de lui communiquer les principaux résultats de ce travail. 11 a bien voulu se charger de l'examen cristallographique de notre sel. ( 1105 ) en soufre et arsénite de potasse : Ar OS’, KO — Ar0O* KO + 28. » L'acide arsénieux est un acide faible, et ne sature pas complétement la potasse ; de sorte qu'en admettant que le soufre puisse agir sur la potasse comme si elle était à peu près libre, on aura l'explication de ces phénomènes, en apparence si compliqués. » La potasse et le soufre, en présence de l’eau, donnent un hyposulfite et un polysulfure : nous ferons remarquer que la liqueur ne contient pas de sul- fate. Si, dans cette réaction, il s'est formé un polysulfure, il aura sulfuré et dissous à mesure une partie de l'acide arsénieux; de là la formation d'un sulfarsénite et le dépôt de soufre. Enfin, comme il ÿ a peu de soufre, une partie de l'acide arsénieux échappe à la sulfuration. » [acide chlorhydrique pur et exempt de chlore, décompose immédiate- ment le sel : il en sépare le soufre complétement; car, si l’on porte le mé- lange à l'ébullition, le soufre se rassemble en un globule dont le poids repré- sente, à + pour 100 près, celui que des analyses plus rigoureuses nous ont démontré exister dans le sel. » La formule du sulfoxiarséniate de potasse nous indique que , si tout le soufre de ce produit est enlevé, les éléments restants constituent l'arsénite de potasse. C'est en effet ce produit, ou mieux de l'acide arsénieux, qui reste en solution après la décomposition du sel par l'acide chlorhydrique. » La présence de l'acide arsénieux a été démontrée dans cette solution par l'hydrogène sulfuré, qui la précipite immédiatement, et enfin par le pré- cipité vert caractéristique que l’on obtient avec le sulfate de cuivre. » Quand on précipite un sel de plomb par une solution de sulfoxiarsé- niate de potasse , on a un précipité blanc, que l'on peut laver à l’eau froide, pendant deux ou trois heures, sans que sa couleur s’altère; mais bientôt il se colore , et, après un ou deux jours, il devient tout à fait noir. » Si, avant cette altération , on traite ce précipité en suspension dans l’eau par quelques gouttes d'acide sulfurique, et si l'on filtre la liqueur après quel- ques minutes de contact, on a une liqueur acide qui ne précipite pas les sels de baryte, et qui bientôt se trouble et laisse précipiter du soufre. » Nous avions évidemment en solution l'acide sulfoxiarsénique, mais sa prompte altération ne nous a pas permis de le concentrer, ni même d'étudier ses propriétés à l'état d'isolement , car son existence est éphémère. » Si l’on rapproche la réaction produite par l’acide sulfurique sur le sel de plomb de celle produite par l'acide chorhydrique sur le sel de potasse, on 146. ( 1104 ) voit qu'elles sont du même ordre. Dans les deux cas l'acide sulfoxiarsénique a été isolé; mais aussitôt sa séparation, il se décompose en soufre et acide arsénieux. Cette altération paraît être son caractere le plus distinctif. » Nous avons parlé de la grande analogie de composition qui existe entre l’arséniate et le sulfoxiarséniate de potasse; la comparaison des formules res- pectives de ces deux sels démontre complétement cette analogie : Le biarséniate de potasse. . , . — Ar 0, KO +2H0, Le sulfoxiarseniate de potasse. . — Ar O'S’ KO + 2H0. » Nous avons vu aussi qu'à 170 degrés le sel que nous avons étudié perdait complétement son eau et se décomposait. » Si maintenant on veut se rappeler l’analogie si grande qui existe entre l'acide arsénique et l'acide phosphorique, et celle que nous avons essayé d’é- tablir entre l'acide arsénique et l'acide sulfoxiarsénique, on ne trouvera peut- être pas téméraire une conséquence théorique que nous chercherions à dé- duire de cette comparaison. » Pour nous, les 2 équivalents d'eau de notre sel sont de l’eau basique, et l'acide sulfoxiarsénique est un acide tribasique, comme l'acide phospho- rique. » Cette propriété n'a pas été démontrée, il est vrai, pour l'acide arsénique, mais elle est tres-probable, et quelques expériences que nous nous proposons de continuer nous portent à croire que l'acide arsénique peut présenter, dans son état d'hydratation, les mêmes phénomènes que l'acide phospho- rique. » Une autre considération théorique nous semble présenter, peut-être, un plus baut degré d'importance. ». Nous pensons que l’acide sulfoxiarsénique, intermédiaire par sa compo- sition entre l'acide et le sulfide arsénique, n'est pas le seul composé qui puisse rattacher ces deux acides l’un à l’autre. » Nous croyons à l'existence d’une série semblable à celle que le beau tra- vail de M. Regnault, sur les éthers chlorés, nous a fait connaître. » Les deux termes extrêmes de la série sont l'acide et le sulfide arsénique ; l'acide sulfoxiarsénique est un intermédiaire. La série, pour être complète, exigerait encore trois autres termes, et il est probable que des recherches dirigées dans ce sens combleront cette lacune. » Cette série de composés peut se formuler de la manière suivante : ( vrob ) Ar O*. Acide arsénique. ArO'sS. Ar O°S:,. Acide sulfoxiarsénique. Ar O?S. Ar OS. ArS5. Sulfde arsénique. » En terminant l'exposé de cette étude, il nous reste un devoir à remplir. Nous avons recu, pendant le cours de ce travail, de nos maîtres, MM. Re- gnault, Pelouze, et surtout de MM. Ebelmen et Fremy, des encouragements et des conseils qui ont beaucoup facilité notre tâche. Nous sommes heureux de pouvoir leur en donner ici un témoignage public de reconnaissance. » CHIMIE. — Recherches concernant les alcalis organiques. — (Lettre de M. Cu. Gernaror à M. Dumas.) « J'ai eu l'houneur, il y a deux ans, de communiquer à l'Académie les résultats de quelques recherches sur Îles alcalis organiques. Ce travail avait principalement pour objet de fixer la composition de la quinine, de la cin- chonine, de la strychnine, de la codéine et du pipérin, dont les formules exigeaient une nouvelle révision depuis la correction qu'avait subie le poids atomique du carbone. Le résultat le plus saillant de ces recherches a été la transformation de la quinine, de la cinchonine et de la strychnine en un nouvel alcali liquide , la quinoléine, dont la composition est venue contrôler celle des corps précédents. » Persuadé que l'examen des produits de décomposition est le moyen le plus sûr pour fixer la composition des substances organiques, j'ai continué ce genre d’études sur d’autres alcaloïdes , et principalement sur la brucine. » Les chimistes connaissent la coloration rouge que ce corps, libre ou en combinaison avec les acides, éprouve de la part de l'acide nitrique; cette réaction, d’une extrême sensibilité, permet de découvrir de fort petites quantités de ce corps dans un liquide, si bien qu'on l’a recommandée pour les recherches de médecine légale. » Malgré l'importance de cette réaction, on n'en connaissait pas la na- ture chimique. Je viens de me livrer, à cet égard, à une série de recherches qui m'ont donné des résultats extrêmement curieux. » Quand on verse de l'acide nitrique sur de la brucine pure, elle se colore en rouge foncé, en même temps qu'il se développe un gaz odorant et inflammable : le mélange s'échauffe beaucoup ; mais si on laisse l'action 1106 }) \ s'accomplir sans l'aide d'une chaleur artificielle, il ne se dégage aucune trace de vapeurs nitreuses ni d'acide carbonique. Le produit se prend en masse par le refroidissement, et présente alors une teinte orangée ; l'eau le dissout avec une couleur rouge ; l'alcool le dissout fort peu à froid, bien mieux à l'ébullition , et l'abandonne par l'évaporation sous forme cristalline ; l'éther ne le dissout guere. C'est à l’aide de ces solvants qu'on parvient à l'obtenir assez pur. L'analyse de ce corps m'a conduit à la formule (*) CH N°0:. Ce corps renferme en combinaison les éléments de la vapeur nitreuse; en effet, quand on le chauffe, il fait explosion comme la poudre à canon, et comme il contient plus d'azote que la brucine, il est évident qu'il y a de la vapeur nitreuse. » NO? — X remplaçant H, le corps rouge est donc C* (H®X) N°0', dérivant de C2! HN: 0°. » Mais ce n'est pas là le plus curieux de la réaction. Si l’on examine le gaz qui accompagne le corps rouge, on lui trouve tous les caractères de l'éther nitreux (*) : en effet, il est incolore, soluble dans l’eau, et fort soluble daus l'alcool; il posséde l'odeur si caractéristique de pommes de reinette, et brûle avec une flamme blanche légèrement verdâtre, en développant des vapeurs uitreuses ; tel qu'il se dégage, il n'est mélangé d'aucune trace d'acide carbonique , ni d'oxyde d'azote. » L'apparition si inattendue de l'éther nitreux me faisait supposer d'abord que la formation de ce corps serait due à la présence, dans la brucine, de l'alcool de cristallisation. Mais une expérience concluante m'a prouvé que la brucine renferme bien réellement de l’eau de cristallisation , et que l’éther nitreux se développe tout aussi bien par la brucine complétement sèche. En effet, après avoir été fondue au bain d'huile jusqu'à expulsion complète de toute humidité, elle dégage cet éther, an contact de l'acide nitrique, en aussi grande quantité; on peut dire que ce mélange est une véritable source d'éther nitreux, car le désagement gazeux continue jusqu’à ce que la dernière parcelle de brucine ait disparu dass le liquide nitrique. RCE DEEE 6575 (**) Ces expériences ont été faites pendant les chaleurs de l’été; on sait que l’éther nitreux bout à 16°,5 cent. J’ai également fait des contre-épreuves avec de l’éther nitreux préparé exprès. | Cixo7 ) » Cette réaction est une fort jolie expérience de cours ; on fait bien d'em- ployer de la brucine fondue, sans la réduire en poudre; l'attaque de l'acide nitrique est alors moins brusque, et le dégagement de l'éther nitreux s’ef- fectue d’une manière régulière. » 1 équivalent de brucine et 2 équivalents d'acide nitrique renferment les éléments de 1 équivalent du corps rouge et de 1 équivalent d’éther nitreux: C3 H* N° 0‘ + 2NH0* — C* H® N° 0° + C? H° NO:. » Si l’on abandonne le corps rouge dans le liquide nitrique, pendant quelques heures, il se convertit en un corps jaune , insoluble dans l’eau , et qu'on prendrait, au premier abord, pour du jaune de chrome. Ce corps aussi renferme les éléments nitreux, car il fait explosion par la chaleur, comme le corps rouge. » La morphine est vivement attaquée par l'acide nitrique , mais ne paraît pas développer d’éther nitreux. » CHIMIE. — Vote sur les différents états de l'acide arsénieux, et la forme vitreuse en général; par M. Braue. « L'auteur résume dans les termes suivants les recherches qui font l’objet de son Mémoire : » 1°. La dévitrification de l'acide arsénieux résulte de la tendance de ce corps à la cristallisation. » 2°. Dans la dévitrification par le temps, il paraît qu'il y a d’abord formation de cristaux définis et transparents, et que ceux-ci, comme on en a vu précédemment des exemples, se transforment en cristaux plus petits, lesquels s’agrégent, malgré la dilatation qui se produit sous l'influence de la résistance opposée par les couches encore vitreuses. La chaleur, le contact passager des dissolvants, brisent cette résistance , et alors les petits cristaux deviennent distincts. » 3°. Dans la dévitrification par la chaleur, favorisée sans doute par la vo- latilité de l'acide arsénieux (126 à 150 degrés), le plus ordinairement il se forme des cristaux, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des fragments dé- vitrifiés ; néanmoins , si la température ne dépasse pas 126 degrés, ou si, plus élevée, elle est peu prolongée, on n’y trouvera pas trace de cristaux , et les zones opaques qui se forment dans les fragments auront exactement l’appa- rence de celles que produit l'action du temps. Ici encore la chaleur, détermi- nant la dilatation, met les molécules en mouvement : les dissolvants qui la provoquent agissent de même. ( 1108 ) » 4°. Quant à la cause qui produit les zones elles-mêmes, elle tient peut- être à ce que des dépôts successifs d'acide arsénieux s'ajoutent les uns aux au- tres dans les appareils de l'industrie ; peut-être aussi à ce que des dépôts suc- cessifs d'acide arsénieux pulvérulent se sont fondus dans le lieu même où ils se sont effectués, ce que j'ai pu constater sur une masse du commerce. On doit remarquer ici que l'acide arsénieux vitreux paraît se diviser plus facile- ment dans le sens des zones que dans d’autres sens; or, dans tous les cas, aux points de contact des dépôts superposés, la ténacité doit être plus grande, et par conséquent la résistance plus énergique aux forces qui sollicitent la cris- tallisation. Quoi qu'il en soit, il est remarquable que la dévitrification se fasse par zones, lorsque cette dévitrification peut être rapportée à la tendance à la cristallisation. » 5°. La différence de densité de l'acide arsénieux vitreux et de celui qui est devenu opaque s'explique suffisamment par la cristallisation; d'ailleurs le bruit de craquement qui se fait entendre pendant la dévitrification indique l'écartement des lames vitrenses par les cristaux formés. » 6°. La différence de solubilité, étudiée avec soin par M. Guibourt, sera expliquée, je le pense; mais mes expériences sur ce point n'étant pas ter- minées, je n'en parlerai pas. » 7°. Relativement à l'état particulier que prend l'acide arsénieux lorsqu'il se dépose d’une solution concentrée dans l'acide chlorhydrique, on y voit une tendance que présentent les cristaux d'acide arsénieux à se désagréger pour se réunir ensuite en couche continue : c'est donc un effet qui semble inverse du précédent; mais, comme je l'ai déjà dit, il y a peut-être là des phénomènes particuliers que je me propose d'étudier avec soin. » Lorsque j'eus reconnu combien il était facile de dévitrifier l'acide arsé- nieux par une chaleur peu élevée, qui produit les mêmes effets que le temps lui-même, je tentai des expériences analogues sur un certain nombre de corps transparents, vitreux ou cristallisés. » L'acide borique, porté à une température voisine de celle qui détermine sa fusion, puis placé dans un tube, de verre fermé à la lampe, cest devenu opaque en quelques jours. » Le borax fondu, légèrement opaque à la surface, s'est recouvert de véritables cristaux, à une température inférieure au point de fusion. » A la température de 100 degrés centigrades, maintenue pendant trois quarts d'heure, des aiguilles prismatiques de soufre, qu'on venait d'obtenir par fusion et qui étaient transparentes, sont devenues opaques comme par le temps, en formant dans l'intérieur de petits cristaux brillants. (1109) » Le sucre d'orge récent s'est à demi fondu à la température de 100 de- grés, et par le refroidissement il a donné une masse blanchâtre dure, qui s’est ramollie ensuite, et qui présente un grand nombre de petits cristaux à l'intérieur comme à l'extérieur. » Le sucre d'orge ancien, mais à cassure vitreuse, nullement cristalline, est devenu opaque en peu d’instants, à la même température, etil a cristallisé complétement. Il s'est à peine ramolli à la surface. » Les cristaux de sucre candi blanc se sont vernis à la surface dans les mêmes circonstances ; mais ils résistent beaucoup plus que le sucre d'orge. » Est-il besoin de parler du verre qui, comme l’on sait, se dévitrifie par le temps ou par l’action prolongée d'une chaleur peu inférieure à celle qu'il exige pour se fondre, ou bien par des fusions et des solidifications répétées, ou bien encore par ane fusion prolongée et un refroidissement lent; mais ici, comme dans les cas précités, de nouvelles expériences, de nouvelles observations sont nécessaires pour éclairer complétement la question. » Parmi les cristaux qui subissent la dévitrification par le temps, je citerai encore le bichlorure de mercure. » Voici donc une liste d'un certain nombre de substances qui se dévitri- fient par le temps ou par la chaleur; je rassemblerai prochainement tous les matériaux nécessaires pour continuer ce travail, c'est-à-dire bon nombre de substances vitreuses et de cristaux anhydres d’un certain volume. Et vraisem- blablement on reconnaîtra que la cause de la dévitrification est unique; on devra la rapporter à la tendance à la cristallisation : cristallisation du corps vitreux, transformation des cristaux anhydres en cristaux plus petits. » Mais est-ce là tout le phénomène ? Depuis quelques années M. Dumas exposait à mon insu, dans ses Leçons, que tous les corps vitreux retiennent de la chaleur, qu'ils abandonnent pendant la dévitrification. » Dans la même pensée, je viens de faire un assez grand nombre d'ex- périences sur quelques corps vitreux, afin de constater s'il se dégage de la chaleur pendant la dévitrification , ou, si l’on veut, leur cristallisation à une température donnée. » Je crois pouvoir annoncer, dés à présent, que, dans plusieurs cas, j'ai pu apprécier une élévation notable de température au moment de la trans- formation. [acide arsénieux a paru présenter le phénomene bien distinc- tement. » En terminant, je demande la permission de faire un rapprochement qui semble résulter de ce que je viens de dire : » 1°. [acide arsénieux vitreux se dévitrifie par l’action d'une tempéra- C. R., 1844, 2M€ Semestre, (T. X1X, N° 21) 147 ( rr10 ) ture peu élevée, et pendant cette dévitrification il paraît se produire de la chaleur ; » 2°, Dissous dans l'acide chlorhydrique, l'acide arsénieux vitreux devient lumineux pendant la cristallisation, et il se produit des cristaux opaques. Or, d'après mes observations, il paraît probable que les cristaux opaques, qui sont de petits tétraèdres, sont formés par le dédoublement d’octaèdres transparents. Je n'ai pu, dans ce cas, constater la quantité de chaleur pro- duite pendant la cristallisation; mais on sait que, par le contact de l’ammo- niaque, l'acide vitreux s'échauffe un peu en prenant toutes les propriétés de l'acide opaque; de plus, il cristallise, je l'ai reconnu, et j'ai vu que l'acide chlorhydrique étendu rend opaque l'acide vitreux, tandis qu'il fait cristalliser presqu'à l'instant l'acide opaque ; on voit la relation. Dans tous les cas, il y a production de lumière pendant la cristallisation dans l'acide chlorhydrique. » Quoi qu'il en soit, au moment de la dévitrification par la chaleur, il y a écartement des molécules, ébranlement comme par le choc, qui produit des phénomènes analogues. » C'est ainsi que le fer doux, soumis à des chocs répétés, cristallise et de- vient cassant; il est, ainsi que le sucre d'orge, cristallin quelquefois tout à coup sous l'influence d'un choc où même d’un léger mouvement; c’est ainsi que le sucre ordinaire, que l'on brise, devient lumineux dans l'obscurité. Enfin, c'est ainsi que, par l'agitation, les cristaux d'acide arsénieux, déposés de la solution dans l’acide chlorhydrique, peuvent eux-mêmes donner de la lumière par l'agitation, alors que , dans le repos, ils n’en produisent plus. » Mais les corps qui se dévitrifient, c'est-à-dire cristallisent lentement, ne produisent peut-être pas de chaleur appréciable, bien que pouvant peut-être produire de la lumière sensible, Lorsque la chaleur détermine une dévitri- fication rapide, lorsqu'il y a cristallisation d’un corps vitreux, ou transfor- mation de gros cristaux transparents en cristaux plus petits, de même que dans la cristallisation d'un corps mou, il peut y avoir dégagement de lumière ou de chaleur, et, dans certains cas, peut-être de lumière et de chaleur. » M. Dumas, en présentant ce Mémoire, fait remarquer que les observations de M. Brame, concernant la dévitrification rapide de l'acide arsénieux ont pour effet de le fournir en masses rubanées, qui offrent la plus grande analogie avec les agates rubanées naturelles, dont la formation est encore l’un des mystères de la géologie. L'observation de M. Brame paraît à M. Dumas tres-digne, à cet égard, de l'attention des géologues. (lus ) PHYSIQUE. — Liquéfaction des gaz , par M. Narrerer ; propriétés du protoxyde d'azote à l'état liquide. (Extrait d'une Lettre de M. Gaurrier ne CLauerx à M. Dumas.) « À Vienne, un jeune chimiste, M. Natterer, vient de faire de curieuses expériences sur la liquéfaction des gaz carbonique et protoxyde d'azote, qu'il opère par le moyen d'une petite pompe en fer; il se sert pour réservoir d’une pièce en fer battu, travaillée avec soin et présentant à peu près la forme et les dispositions de la crosse d'un fusil à vent. Le protoxyde d'azote se liquéfie sous la pression de 5o atmosphères, à la température de + 15 degrés centi- grades. C’est un liquide très-sucré, très-fluide, qui représente 1 du volume du gaz qui l'a fourni. Sa température est de — 115 degrés. On peut le con- server plusieurs heures liquide; à la pression de l'atmosphère, la faible quan- tité qui se volatilise conserve l'autre portion; quand on y plonge un fil de métal, celui-ci produit un bruit analogue au sifflement que détermine un fer rouge au contact de l'eau. La plus petite quantité du liquide mis en contact avec la peau détermine une désorganisation du point touché avec une vive douleur. » Au moyen de son appareil, il faut à M. Natterer quatre mille coups de piston pour obtenir environ + de litre de gaz liquéfié. La bonne confection de l'appareil qu'il emploie lui donne une telle confiance , que je l'ai vu opé- rer sur le gaz liquéfié comme sur l'eau; cependant, il a eu une fois un acci- dent, le réservoir s'étant, par une trop rapide et trop violente action de la pompe, déchiré dans un point; mais tout le gaz s'est écoulé sans qu'il en ré- sultât rien de fâcheux. » M. Natterer s'occupe, en ce moment, de la liquéfaction de quelques autres gaz, à laquelle il espère parvenir. » ANATOMIE. — Recherches sur la structure intime du Joie des animaux mammifères et de L'homme. (Extrait d'une Lettre de M. N. Guizcor.) « Ayant été assez heureux pour faire pénétrer des liqueurs diversement colorées dans les quatre ordres de vaisseaux du foie, jusqu’à l'extrémité des ramuscules les plus déliés, il m'est possible d'étudier les rapports mutuels des divisions ultimes des veines hépatiques, de l'artère hépatique, de la veine porte et des vaisseaux biliaires. L'état de perfection des pièces anatomiques que je conserve, permet de vérifier l'exactitude des conclusions suivantes : 147. ( 1172 ) » 1°. Ïl n'existe aucune anastomose entre les troncs des vaisseaux des dif- férents ordres ramifiés dans la substance du foie; ce n’est que par les extré- mités de leurs divisions les plus fines que les vaisseaux sanguins de l'organe sécréteur de la bile peuvent communiquer les uns avec les autres. » 2°. Les veines hépatiques se terminent en un nombre infini de canaux, de l'ensemble desquels résulte une sorte de houppe de dimensions et d'aspect variables dans les différentes espèces animales. Ces canaux sont régulière- ment abouchés les uns avec les autres. » Les extrémités des veines hépatiques constituent, par les anastomoses mutuelles de ces canaux, un tissu dans lequel les conduits veineux circon- scrivent des espaces polygonaux réguliers. » C'est autour de ce tissu que sont disposées, dans chaque granulation hépatique, les divisions ultimes de la veine porte, ainsi que celles de l'artère hépatique et des conduits biliaires. » C'est dans l'épaisseur de ce tissu que se terminent les extrémités de l'artère hépatique et de la veine porte, après s'être comportées de la maniere suivante : » 3°, Les ramifications les plus ténues de l'artère hépatique se divisent, avant leur terminaison, en un très-grand nombre de petits rameaux à la su- perficie des canaux biliaires; elles entourent principalement ceux de ces conduits dont l'exiguité est la plus grande. » 4°. Les dernières divisions de la veine porte ne parviennent au tissu formé par les veines hépatiques qu'après avoir été en contact avec les con- duits biliaires et avoir parcouru l'épaisseur des amas plus ou moins consi- dérables de ces conduits. » 5°, Les conduits biliaires, que seul j'ai pu injecter jusqu'à leurs divisions les plus minimes, environnent, soit d'un réseau, soit de touffes épaisses, toute la superficie de chacune dés houppes des veines hépatiques , et offrent avec la veine porte les rapports suivants : » Toutes les ramifications ultimes de ces conduits biliaires se répandeurit sur la superficie de chacun des ramuscules de la veine porte. Le premier ordre de ces vaisseaux enviroane et couvre le second, autour des divisions duquel il se répand. Ces conduits biliaires , agglomérés à la surface des der- nières ramifications de la veine porte, ne se terminent que lorsque cette veine s'abouche dans l’un des points de la circonférence de la houppe formée par les veines hépatiques dans chaque granulation du foie. » D'après cette disposition, les conduits biliaires concourent à former, (30) avec l'artère hépatique, un double réseau de conduits disposés tout autour des derniers rameaux de la veine porte. » 6°. Les vaisseaux biliaires, après avoir parcouru, en s'étendant en flo- cons et en rameaux multipliés, toute la circonférence des ramuscules les plus fins de la veine porte, se réunissent en canaux d’un volume considérable, dont les dispositions offrent des variétés nombreuses : tantôt ces canaux aboutissent à de simples troncs qui conduisent la bile au delà du foie, tantôt ils se terminent à des espèces de sinus qui environnent chaque granulation hépatique; c'est alors de ces sinus que naissent les conduits excréteurs plus volumineux. » Telles sont les dispositions les plus générales de l'organisation du foie des animaux mammifères. Le détail des particularités propres à chaque grande famille de ces animaux est actuellement l’objet de mes études. » CHIRURGIE. — Sur l'emploi de la baudruche dans le traitement des plaies. (Lettre de M. J. Guérin.) « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie un des appareils en baudruche que j'ai imaginés depuis quatre ans pour réaliser la cicatrisation des plaies par l'occlusion de leurs surfaces, et les ramener ainsi aux condi- tions des plaies sous-cutanées, L'Académie pourra ainsi se convaincre qu'il ne s'agit point, comme on l'a dit, de ventouses qui exposent, par une diminu- tion de la pression atmosphérique, à des hémorragies et autres inconvé- nients analogues, mais bien d'une membrane éminemment souple , flexible, qui obéit, au contraire, à la pression atmosphérique, et s'applique, en vertu même de cette pression, sur les surfaces auxquelles elle est desti- née à servir de peau artificielle. Suivant moi, quelque moyen que l'on emploie pour favoriser l'application exacte de ces membranes, qu'on aspire l'air ou qu'on l'expulse au moyen d'un liquide, d'un corps gras ou d’une substance agpglutinative, qui prennent sa place, le principe est toujours le même , la méthode la même : le procédé seul d'exécution diffère dans ses éléments les plus accessoires. Or, à l'égard des moyens d'application hermé- tique à l’aide desquels je seconde l'aspiration extemporanée de l'air, je dirai que je n’en néglige aucun, et que les sacs de baudruche que j'emploie les por- tent avec eux. En effet, il suffit de mouiller cette membrane pour qu’elle obéisse à l’action de la pression atmosphérique, et adhère, au moyen de son enduit, aux surfaces qu'elle est destinée à protéger. » Ilest d'ailleurs, ainsi que je l'ai dit dans ma dernière Note, pour arriver ( 1114) à la perfection et à la sûreté du but que je me suis proposé par ma méthode, d’autres conditions à observer et d'autres moyens à employer, différents de ceux qu'on avait imaginés jusqu'ici : j'aurai l'honneur de les exposer ultérieu- rement à l'Académie. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches concernant la maturation des fruits ; Lettre de M. Couverouez , à l'occasion d'une Note récente de M. Fremy. « Dans un Mémoire intitulé : Recherches chimiques sur la maturation des fruits, lu à l'Académie dans sa séance du 21 octobre dernier, M. Fremy annonce, qu'avant de faire connaître la composition que présentent les fruits, aux différentes époques de leur accroissement et de leur maturation, il a cru devoir traiter quelques questions générales et examiner principalement l'in- fluence que les éléments de l'air peuvent exercer sur le développement des fruits. » M. Fremy, ainsi que l'avait fait avant lui M. Bérard, considère la pré- sence de l'air comme indispensable à l'accomplissement du phénomène de la maturation, en ce qu'il fournit l'oxygène nécessaire au développement de l'acide carbonique. A l’époque du concours, Théodore de Saussure a annoncé que les fruits verts ont sur l'air la même action que les feuilles ; mais s'ensuit- il pour cela que l'action continue pendant la maturation? non, et c'était aussi l'opinion de ce célèbre observateur. A cette période de l'existence du fruit, l'air agit seulement comme milieu, il sert de véhicule à la chaleur et à l'hu- midité. À cette époque, le développement du fruit est complet; les principes sont formés et accumulés, et ils n'ont besoin que du concours de la chaleur pour réagir les uns sur les autres. Il est vrai de dire qu'entre le complet dé- veloppement et la maturation, la ligne de démarcation est insaisissable. » Si la maturation des fruits sucrés est un commencement d’altération, et en ce point M. Fremy est d'accord avec moi, il n'est pas étonnant que les fruits observés à cette époque modifient l'air qui les environne et trans- forment son oxygène en acide carbonique. Il y a longtemps que M. Gay- Lussac a prouvé qu'il suffirait d'une très-petite quantité d'air pour déterminer l’altération ou la fermentation des sucs sucrés. On sait aussi que l'air des fruiteries closes se charge d'acide carbonique. » Ayant pour but, dans cette Note, de présenter seulement quelques ob- servations sur les différences qui existent entre les conclusions de mes expé- riences et celles auxquelles est arrivé M. Fremy, je ne dirai rien des moyens que ce chimiste croit avoir le premier employés pour soustraire les fruits à l'influence de l'air pendant la végétation. Je ferai remarquer, à cette occasion, ( x115 ) qu'au moyen de la galvanoplastie et dans le but de les conserver, des fruits ont été couverts par moi d’une couche assez épaisse de cuivre, et qu'ainsi que je l'avais prévu, cet enduit métallique, pas plus que les autres, n’a pu empécher leur altération. Je ne relèverai pas non plus ce que peut présenter d'incertain, le moyen que M. Fremy a employé pour déterminer la nature des gaz qui se trouvent dans les fruits. Mais je mettrai en évidence ce qu'a d'incomplet et de peu concluant l'expérience que ce chimiste oppose à ma théorie sur la production du principe sucré dans la maturation. « D’après M. Couverchel, dit-il, le sucre des fruits se formerait par l'ac- » tion des acides organiques sur la gomme, la dextrine où lamidon qui se » trouvent dans les fruits. » D'autres chimistes ont admis que c'est le ligneux des fruits qui se trans- » forme en sucre; je dois dire qu'il m'a été impossible d'obtenir du sucre » en faisant bouillir pendant longtemps le ligneux contenu dans le péricarpe » des fruits avec des acides concentrés. » Pour apprécier le rôle que jouent les acides dans la maturation et l'in- » fluence qu'ils exercent sur la production du sucre, j'ai essayé de saturer, » par une dissolution alcaline pendant la végétation, l'acide que contient un » fruit, et de l’analyser ensuite au moment de la maturation. » J'ai arrosé un prunier chargé de fruits verts, avec une dissolution très- » faible de carbonate de soude, au moment où le sucre commençait à se » former ; l'arbre a pu supporter, pendant un certain temps, l’action d'une » liqueur alcaline; Les feuilles seules ont changé de couleur. » Les prunes se sont bientôt détachées de l’arbre ; elles présentaient » l'apparence de la maturité; elles étaient odorantes et colorées, et les cel- » lules du péricarpe, examinées au microscope, se sont trouvées molles et » transparentes, comme dans une maturation normale; mais les prunes étaient dépourvues de toute saveur sucrée ; il était évident que la produc- tion du sucre avait été suspendue. » » A ces faits, j'opposerai que le développement du principe sucré étant le complément de la maturation des fruits sucrés, il est évident qu'il n'y a pas maturation proprement dite ou réaction entre les principes dans l’ex- périence de M. Fremy. IL y a eu altération du prunier et de ses fruits, comme elle aurait eu lieu par toute autre cause ; et, ce qui le prouve, c'est que, suivant les propres expressions de ce chimiste, les prunes se sont bientôt détachées de l’arbre. Jamais un fruit, avant son développement, ne se détache de la plante qui le porte, à moins de secousses violentes ou d’altération. La coloration n'est pas un indice certain de maturité : dans ( 1116 ) le grand nombre de fruits que j'ai blessés, à dessein, avant leur complet développement, j'ai souvent vu la coloration se produire, sans qu'il y eût maturation. Quant à l'odeur, je doute qu'elle fût bien prononcée, et qu'elle offrit la suavité qui distingue les prunes dont le développement et la maturité ont été complets. » Pour rendre l'observation décisive, il eût fallu suivre les traces de cette séve alcaline et en constater la présence dans certaines parties de la plante, et notamment dans le péricarpe. L'auteur dit bien qu’ n'était pas sucré, mais il ne dit pas s'il était acide, alcalin ou neutre. » Avant de conclure de mes nombreuses expériences analytiques, que le principe sucré dans Ja maturation résultait de la réaction des acides sur la gélatine , la gomme ou la dextrine, réaction que favorise si puissamment la chaleur, j'avais, par une sorte d'expérience synthétique, cherché à amoin- drir, à annihiler cette action , en arrosant surabondamment un cep de vigne placé à l'ombre. J'étais persuadé, en agissant ainsi, que j'obtiendrais un résultat semblable à celai qui se produit sous l'influence d'une saison plu- vieuse et froide. Mon attente n'a pas été trompée; le raisin n’a pas mûri. Je me serais bien gardé, pour obtenir ce résultat, de procéder comme l'a fait M. Fremy; j'aurais craint, en faisant circuler dans des vaisseaux non appro- priés, en mettant en contact avec les organes une séve acide, ou alcaline, d’altérer l'arbre, comme cela a eu lieu dans l'expérience qu'il rapporte, et comme en témoigne la coloration anormale des feuilles. Ce chimiste recon- nait d'ailleurs cette altération , lorsqu'il dit : « Je n'essayerai pas de présenter une théorie sur la production du sucre » dans les fruits, car la disparition du sucre dans l'expérience précédente » peut être attribuée à l’état de maladie dans lequel est arrivé l'arbre, » sous l'influence de liqueurs alcalines. Je me contente de constater un fait » important; c'est qu'on arrête la formation du sucre dans les fruits, en » arrosant un arbre avec des dissolutions alcalines. Cette expérience fait » entrevoir, en outre, la possibilité d'opérer des réactions chimiques dans » l'intérieur des végétaux, sans détruire leur organisation. » » Bien que la conséquence que l’auteur du Mémoire tire de cette expé- rience soit de nature à confirmer la théorie que j'ai émise, puisque la où l'on empéche par saturation la réaction de l'acide, il n'y à pas de sucre Jormé, je ne partage pas l'espoir qu'il conçoit ; je trouve, au contraire, dans l’alcalinité de la séve du prunier (si toutefois cette alcalinité s'est conservée après que la solution a traversé le sol), une nouvelle preuve de la répulsion des organes pour des substances non neutres ou même autres que celles qu'ils TR) sont destinés à élaborer; l’alcalinité a dû être bien faible, si l'arbre résiste, et s'il peut être soumis à une nouvelle expérience. » En résumé, je ne pense pas que les expériences rapportées soient de nature à renverser une théorie qui a paru assez plausible pour être professée par les savants les plus distingués; qu'un savant voyageur, M. de Humboldt, a confirmée et analysée en ces termes : « C'est quand la vitalité des organes » commence à cesser, que les agents extérieurs perfectionnent et dévelop- » pent ce que la vitalité avait préparé. C'est la maturation du fruit, aussi, » qui nous révèle cette action particulière de la lumière directe et le déve- » loppement de la chaleur dans le tissu; elle signale la différence entre la » lumière directe et la lumière diffuse, et pour une même indication de nos » thermomètres exposés à l'air, le frait mûrit et ne mürit pas cœlo sudo ou » cœlo nubilo. La météorologie du littoral brumeux se distingue par là de la » météorologie de l’intérieur des continents. » » Quoi qu'il en soit, ma théorie, je m'empresse de le reconnaître, est susceptible d'une démonstration chimique encore plus complète, et les tra- vaux qu'annonce M. Fremy y concourront bien certainement. » CHIMIE. — Æxamen de certaines parties d’un squelette humain annoncé comme fossile. (Lettre de M. Lassarene ) « Dans ces derniers temps, il a été question d’un squelette humain décou- vert dansles carrières de plâtre, à Pantin. Diverses conjectures ont été avan- cées sur son origine. Il résulte évidemment de son inspection et des couches de terrain qui l’environnaient, que ce squelette n'est point à l’état de fossile, mais d’une date peu ancienne. » Quelques ossements m'ayant été remis par M. Paintendre, proprié- taire de ces carrières, je les ai soumis à l'analyse chimique, et j'ai pu les comparer à d'autres ossements provenant d'individus inhumés dans le même terrain, à une distance peu éloignée de l'endroit où ce dernier squelette a été rencontré. » Ces résultats pouvant servir à jeter quelque lumière sur cette question, jai pris la liberté de les adresser à l'Académie. C.R., 1844, 2€ Somostre, (T. XIX, No 21.) 148 (CN) Os du squelette trouvé dans la carrière de plâtre, Os des cadavres inhumés en 1814, après la bataille à Pantin. livrée sous les murs de Paris, et trouvés à Pantin. Humidité Rte Mere 120,0 PERS AR Done Ci) Matière organique.. ......... 11,0 HR AO RE RME RENE Mn) Sous-phosphate de chaux..... 45,1 RARE ARRET #30 ETES Carbonate de chaux. ........ 21,6 el A Re En ete Sulfate de chaux............ 2,3 Mtub etes saut deco Traces d'oxyde de fer....... 0,0 Argile sableuse. .......... oL 100,0 100,0 » Les ossements recueillis dans ces deux circonstances ont à peu près le même aspect physique ; les premiers sont un peu plus friables. Calcinés sé- parément en vases clos, ils se carbonisent en émettant nne assez grande quantité d'huile empyreumatique ammoniacale. » Mis en contact pendant vingt-quatre heures avec de l'acide chlorhy- drique étendu de vingt fois son poids d’eau, ils se ramollissent et laissent un tissu spongieux flexible, qui conserve la forme exacte de l'os d'où il provient. » Les os du squelette découvert récemment renferment donc encore un tiers de la proportion de tissus fibro-cartilagineux qui existe dans les os hu- mains frais , et les seconds ossements en contiennent encore une moitié, après une inhumation de trente années dans un terrain marneux. » CHIMIE. — Vouvelles expériences sur l'action des composés Jerrugineux solubles, appliqués à la végétation, et spécialement au traitement de la chlorose et de la débilité des plantes ; par M. Eusise Gnis. L'auteur croit pouvoir conclure des expériences auxquelles il s’est livré : «_ 1°. Que les ferrugineux solubles, absorbés soit par les spongioles radicel- laires de la plante, soit par les pores épidermiques de ses feuilles, stimulent, révivifient la chromule, comme ils révivifient l'hématosine du sang; » 2°. Que ces composés raniment, fortifient la plante languissante et débile, comme l'animal languissant et débile ; » 3°. Que l'action du fer est trés-probablement identique dans les deux règnes organiques ; » 4°. Que l'animation de la chromule sous l'influence des ferrugineux absorbés par les pores de la feuille prouve, avec la dernière évidence, que (i19) l'action de ces composés est spéciale, c'est-à-dire tout à fait indépendante du sol, comme on l’admet encore aujourd'hui sur la foi de Davy et d'autres savants ; » 5°. Que les stimulants salins conseillés en agriculture (sans contester leur utile influence sur la plante normale) sont impuissants pour produire sur la plante languissante et chlorosée, les effets produits spécifiquement par les ferrugineux ; » 6°. Que les ferrugineux stimulent très-avantageusement la végétation de la plante à l’état normal (1); que cependant leur facile décomposition sous l'influence de l'air demande, surtout pour leur application à la grande cul- ture, quelques précautions et des conditions particulières auxquelles il sera, du reste, facile de se soumettre. » Pourrait-on nier les conséquences qui doivent découler de l'établissement de ces faits en physiologie et en applications pratiques? » M. Cacwrarn-Larour se fait connaître comme auteur d'un Mémoire adressé pour le Concours au prix concernant la production de la voix, et annonce l'in- tention de reprendre ce travail. M. Porseue adresse comme renseisnements pour la Commission de Physiologie expérimentale, la copie d'une Note relative à un point en li- tige entre lui et M. Dubois, d'Amiens, sur la théorie de la circulation ca- pillaire. M. Morrera adresse un Mémoire sur une invention pour laquelle il annonce l'intention de prendre un brevet à l'étranger. Comme il se pour- rait que la publicité donnée à cette invention par le Rapport que sollicite l'auteur lui ôtat les droits à un brevet, le Mémoire sera remis sous pli ca- cheté et conservé à titre de dépôt jusqu'à ce que l'auteur, suffisamment in- formé, fasse connaître ses intentions. M. Sara demande l'autorisation de reprendre un Mémoire qu'il avait pré- (1) Aucun sel n’est peuftétre à un aussi bas prix que le vitriol vert. M. Godin, trésorier du Comité agricole, s’en est procuré 5oo kilogrammes à raison de 7 fr. les 100 kilogrammes, pris à Reims. à 148 . ( 1120 ) cédemment adressé pour un Concours, et qui n’a point été mentionné dans le Rapport de la Commission. L'auteur est autorisé à reprendre ce Mémoire, qui est relatif à un nouveau vocabulaire télégraphique. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés, lun par MM. Mann Macros et Brown, l'autre par M. Conré ne Leviewac. La séance est levée à 5 heures. F. ( 1121 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences ; 2° semestre 1844; n° 20; in-4°. Nouvelles suites à Buffon. — Erpétologie générale, ou Histoire naturelle com- plète des Reptiles ; par MM. DumériL et BIBRON; tome VI; in-8°, avec plan- ches in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; 15-30 novembre 1844; in-8°. Becherches statistiques sur la ville de Paris et le département de la Seine. — Recueil de Tableaux dressés et réunis d'après les ordres de M. le comte de Ram- BUTEAU ; tome V; in-/4°. Voyage dans l'Amérique méridionale pendant les années 1826-1833; par M. D'ORBIGNY; livr. 54 à 95; in-4°. Paléontologie française. — Description zoologique et géologique de tous les Animaux mollusques et rayonnés fossiles de France; par M. D'ORBIGnY : Terrains crétacés; Vivr. 75 à 88; in-8°. Paléontologie française. — Description zoologique et géologique de tous les Animaux mollusques et rayonnés fossiles de France; par M. D'ORBIGNY : Terrains jurassiques ; livr. 19 à 26; in-8°. Traité de Médecine pratique et de Pathologie iatrique ou médicale ; par M. Piorry ; tome V; in-8°. Anatomie microscopique ; par M. Manpz. — 1° série : Tissus et Organes; 10° livr. : : Épiderme el Épithélium ; 11*livr. : Glandes; in-fol. Des lois de la Vie organique, ou raison des phénomènes par lesquels elle se manifeste; par M. ROGIER , tome [® : Principes et phénomènes de la Nutrition ; 1 vol. in-12. Thèse pour le doctorat en Médecine, présentée et soutenue à la Faculté de Mé- decine de Paris. — Recherches expérimentales et considérations sur quelques principes de la Toxicologie ; par M. CHaATIN; 1844; in-4°. Anatomie comparée végélale, appliquée à la classification. — Traduction de l'organisation intérieure ou des parties cachées des végétaux par elles placées à leur surface ; Thèse présentée à l’ École de Pharmacie de Paris, le 3 novembre 184 ; par le même; in-4°. Quelques considérations sur les théories de l'accroissement par couches con- centriques des Arbres munis d’une véritable écorce. Thèse par le même ; in-8°. De la Métrorrhagie interne dans les derniers mois de la grossesse ; par M. Loir aîné, broch. in-8°. (Pass) Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; tome V, 55° livr.; in-8°. Types de chaque famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France ; exposition détaillée et complète de leurs caractères et de l’Em- bryologie ; par M. PLéE; 13° livr.; in-4°. Annales de la Société royale d’Horticulture de Paris; octobre 1844: in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; novembre 1844 ; in-8°. 24° Autographie. — Essais sur la direction des Ballons, d'après les principes du bateau plongeur de notre Mécanique militaire publiée en 1815; par M. LE- GRIS ; + feuille in-8°. Société royale des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille. — Programme des Prix proposés pour 1845; 1 feuille in-fol. Bibliothèque universelle de Genève; septembre 1844; im-8°. Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève. — Archives de l'Electri- cité ; par M. DE LA Rive; n° 15, tome IV ; in-8°. Recherches sur l'Embryogénie des Tubulaires; par M. VAN BENEDEN , avec 6 planches. Bruxelles, in-4°. Mémoire sur les Campanulaires de la côte d'Ostende, considérés sous le rap- port physiologique , embryogénique et zoologique ; par le même; in-4°. Astronomical. . . Observations astronomiques faites à l'observatoire Radcliffe d'Oxford en 1842. Oxford, 1844; in-8°. Boston journal. .. Journal d'Histoire naturelle de Boston ; vol. IV, n° 3. Boston, 1843; in-8°. An effort... Effort pour réfuter les arguments avancés en faveur de l'exis- tence, dans les Sels amphides, de radicaux ayant, comme le cyanogène, plus d'un élément ; par M. R. Hare. Philadelphie , 1842; in-8°. Catalogo.. . Catalogue des Mollusques de la Lombardie; par MM. A. et J.-B. VizLa. Milan, 1844; in-8°. Catalogo... Catalogue des Coléopières de la Lombardie; par les mêmes; in-8°. Sulla costituzione. .. Sur la constitution géologique et géognostique de la Brianza , et particulièrement sur les terrains crétacés; par les mêmes ; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 519; in-/4°. Gazette médicale de Paris; n° 46; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n°% 132 à 154; in-fol. L'Echo du Monde savant; n°° 36 et 37- — “05 QG 0 —— — COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 25 NOVEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’'ACADÉMIE. . ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un nouveau genre de développement des fonctions, qui permettra d'abréger notablement les calculs astronomiques; par M. Aucusrin Caucuy. « On sait quels services ont rendus à la science du calcul la série de Taylor et la série de Lagrange. J'ai l'honneur de présenter aujourd'hui aux géomètres une nouvelle série qui me semble pouvoir elle-même contribuer aux progrès de l’analyse. Je vais essayer d'en donner ici une idée en peu de mots, et indiquer de quelle manière j'ai été conduit à la formule générale qui est l’objet du présent Mémoire. » On connaît le développement de la fonction perturbatrice , relative au système de deux planètes , en une série ordonnée suivant les puissances en- tières de l'exponentielle trigonométrique qui a pour argument leur distance apparente vue du centre du soleil. On sait d’ailleurs que, dans ce dévelop- pement, le coefficient d'un terme d'un rang très-élevé peut ètre représenté approximativement par une expression très-simple, et rigoureusement par une série dont cette expression est le premier terme. J'ai reconnu que l'expression dont il s’agit est comprise, comme cas très-particulier, dans une C. R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, N° 22.) 149 ( 1124 ) formule qui offre aussi le premier terme d’une série générale, dont lusage paraît devoir rendre plus facile la solution d'un grand nombre de problèmes. » Concevons, par exemple , qu'il s'agisse de développer une fonction en une série ordonnée suivant les puissances entières d’une certaine exponen- tielle trigonométrique , et de calculer le coefficient d’une puissance d’un degré très-élevé. Je prouve qu'il sera généralement très-facile d'obtenir une valeur approchée ou même exacte de ce coefficient , si la fonction a été décomposée en deux facteurs, dont un seul fournisse pour les termes de ce degré ou d'un degré plus élevé des valeurs sensibles. Or, ce cas est précisément celui qui se rencontre en astronomie; et, par suite, aux formules que j'ai déjà données pour la détermination des mouvements planétaires, il me paraît très-utile de Joindre encore celles que renferme le Mémoire ci-annexé. » Au reste, la nouvelle formule générale peut être appliquée à la déter- mination d'un terme quelconque d'une fonction quelconque, décomposée en deux facteurs. » Ce qui parait digne d'attention , c'est que la série générale, à laquelle je suis parvenu, est une série simple dont les divers termes sont proportionnels, non plus, comme dans la série de Taylor, aux dérivées successives d’une même fonction , ni, comme dans la série de Lagrange, aux dérivées des puissances entières d'une fonction donnée, mais à diverses fonctions dont chacune est le produit de la variable par la dérivée de la fonction précédente. Quant aux coefficients numériques, ils offrent des valeurs qui dépendent du rang du terme que l’on considère, et du premier des deux facteurs de la fonction donnée. » Dans de prochains Mémoires, je donnerai des applications numériques de mes nouvelles formules à la théorie des mouvements des planètes et des co- mètes elles-mêmes. ANALYSE. $ I. — Recherche et démonstration de la nouvelle formule. » Nommons F(x) une fonction donnée de la variable x; et concevons que le développement de cette fonction en série ordonnée suivant les puissances entières positives , nulle et négatives de x, soit, pour des valeurs de x com- prises entre certaines limites, celui que détermine la formule (1) F(x)\=4,+A,x+d;ax +... + A4 xt + A x +... in d’autres termes, concevons que, pour des valeurs entières positives ou ( 1128 ) négatives de n, le coefficient x”, dans le développement dont il s'agit, soit représenté par 4,. Supposons d’ailleurs la fonction F(x) décomposée en deux facteurs ; représentons l’un de ces facteurs par f(x), l’autre par 9 (0x), 9 désignant une constante qui pourra se réduire à l'unité, en sorte qu'on ait (2) F(x) = (0x) f(x); et posons encore (3) f(r)=4+ax+ar +. a ,rha,r2+..., (4) o(r)=k +kr+k,z +... +k act +k ,x? +... On tirera de la formule (4), du moins pour des modules de 9 qui ne s'écarte- ront pas de l'unité au delà d’une certaine limite, (5) p (Or) =k, + k, 8x +k, 0x? +... +k 0 at 4k,0 2x 2+,... Or, si l'on substitue, dans la formule (2), les valeurs de Fix), f(x), o(6x), tirées des formules (1), (3), (5), les coefficients des puissances semblables de æ, dans les deux membres, devront être égaux entre eux; et par suite on aura (6) A GK 0 E a iK, NO UE ar, ke GES Ajoutons que, dans cette dernière formule, 4, dy et k, pourront être considérés comme des fonctions de », dont les valeurs seront exprimées par des intégrales définies connues. On aura, par exemple, (7) OA TETE . e—"rVi F (er Vi) dp, (8) ke f eV o (er V5) dp. 149.. ( 1126 ) Si, dans l'équation (8), on remplace n par # + m, on en conclura (9) Se = 5E e e o (e ENT: D'ailleurs, l'expression 2 AGE sera, pour toutes les valeurs de p, déve- loppable en une série convergente; et si l'on substitue le développement de cette expression, savoir, = Er — mn? Es a =it+m(— pi) + (pi) +..…, dans le second membre de l'équation (9), on en tirera (10) kon = Ka + Mmky + ko + 7871 la valeur de k, , étant généralement déterminée par la formule n,m ÿ P (11) ke ————— 0 o (e que l'on peut réduire à DS k, (r2) AQU ire ; Ari 1-2 SEL 2 Cela posé, la valeur de k,,,, fournie par l'équation (10) se réduira simple- ment à la suivante : : m m° e (13) kim = ki += Dik, + = D?ks +... c'est-à-dire à celle que donne la formule de Taylor. » Observons maintenant que la formule (3) peut s'écrire comme il suit : (TA) HT rte la somme qu'ivdique le signe Y s'étendant à toutes les valeurs entières, posi- tives, nulle et négatives de #. Sous la même condition, l’équation (6) peut ètre réduite à (e: 5) A n\— 24 KemPOUUe et de cette dernière formule, combinée avec l'équation (10), qui continue de ( 1127) subsister quand on y remplace m par —1m, on tire immédiatement Go), 0 (ka, 0 k made tk,22ma, 00) Donc, si l’on pose, pour abréger, (17) x) =2ra,2e, M) ma, Lis. ce, et si d’ailleurs on a égard à la formule (14), on trouvera définitivement (18) A,=0|k F0) K AE (NE Re 6(07) 2, .], ou, ce qui revient au même, en vertu de l'équation (22), D,k, : D,k; (19) A= PTE) ER CEE (E | Telle est la formule très-simple et très-générale par laquelle on peut tirer de k,, considéré comme fonction de », la valeur de À,. Il est d’ailleurs im- portant d'observer que, dans cette même formule , les diverses fonctions f(x), f,(x),... peuvent aisément se déduire les unes des autres et de la fonction donnée f(x). En effet, comme on tire de l'équation (14) DAG)E= Smet la première des formules (17) donnera évidemment (20) f(x) =xD,f(x), et l’on trouvera de même LTD, (Et), (21) SZ) = XD (2), etc. Ainsi, la suite f(x), f(x), f(x)... est composée de fonctions dont chacune est le produit auquel on parvient quand , après avoir différentié, par rapport à la variable x, la fonction pré- cédente, on multiplie la dérivée ainsi obtenue par cette variable même. $ IT. — Applications diverses de la nouvelle formule. » Gontinuons de nous servir des notations employées dans le premier pa- ( 1128 ) ragraphe, et, pour montrer une application de la nouvelle formule, sup- posons à = (1) ot) — (Gr =x)", s désignant une constante réelle ou imaginaire. En développant o(x) en série ordonnée suivant les puissances entières de x, et posant, pour abréger, (sl, "M s(s+ 1)...(s + — je 2) OL ou, ce qui revient au même, T(an+s (3) PRE EE T{r+i)r(s) on reconnaitra que le coefficient de x” se réduit, pour une valeur néga- tive de x, à zéro, et pour une valeur nulle ou positive de x, à [s],. Donc, en nommant k, ce coefficient, on aura RE TO MPONTE EAU /NEL (4) ni, T(n+s) K5 = DE (s) pour n — ou > o. Par suite, la valeur générale de k, , et celle que l’on devra substituer dans le second membre de la nouvelle formule, sera Pet L ET T(u+s) 6) Ur Ten de de On commettrait le plus souvent une erreur si, à la place de la formule (5), on employait pour une valeur quelconque de 7, la seconde des formules (4). Toutefois cette erreur peut devenir insensible, où même rigoureusement nulle, dans certains cas qu'il importe d'examiner. Supposons d'abord que le développement de f (x) renferme seulement les puissances négatives de æ, et que l'on cherche la valeur de 4, correspon- dante à une valeur positive de n; alors, les coefficients 4,, a,,... étant ré- duits à zéro, l'équation (6) du $ If' se réduira simplement à la suivante : A, = a, k,0%-#a2,k,4, 0 Hask30822p 0, dans laquelle les coefficients Re asset ma Re dis (1129) se détermineront tous à l’aide de la seconde des formules (4). Donc alors on pourra, dans le second membre de la formule (20) du I*, supposer généralement . __ T(rx+s) : (6) TS Cela posé, il sera facile d'obtenir successivement les valeurs de DE Dh se et d’abord on conclura de l'équation (6), (7) Ik,=IT (a+ —1T(2+1)—IT(s). D'autre part, on a généralement, pour des valeurs positives de la variable x, D,IT(æ)=—0,57721566... + [= dt. tri I—$# Donc, en supposant n et n + s positifs, et faisant, pour abréger, non-seu- lement (8) TT — 11 td, mais encore (9) y = IDE %, ou, ce qui revient au même, (10) %n= [ é"(le)" de, on tirera successivement de la formule (7), DE — xk,, (11) D;k, = (2? +,)k,, etc... D'ailleurs, on pourra facilement calculer les valeurs de 3% et de %,,; car, en développant — en série, on tire des formules (8), (9), ( 1130 ) x — ASE LE ) E. n+s FT / \ I I no -———) Fee (12) —_!#s 1) n : F | EN ( Momo cc. ba et (13) Dem (im) EL Ajoutons que, pour obtenir la valeur de X,, exprimée à l’aide d'une série très- convergente, lorsque 7 est un très-grand nombre, il suffit d'appliquer l'in- tégration par parties au développement de l'intégrale Tire < ————— 1" (lé)" de, e MERE 4 ep QUE . EE HI en faisant porter les différentiations successives sur le seul facteur ———. On trouvera ainsi . S— 1 1 (s —1)(s —2 2 (s—1)(s —2)(s —3 , ( )( ) Can e)6eSs) ee ne CÉVRAESSS RH 1.2{(r+1)(7 ES 1.2.3 (a+ 1)(2+2) (7 +3) puis on en conclura (x5) GR à RE (SES 2) PAP ol R+Irz+I 1.2(2+1)(2+2) \r +1 n +2 û , n 77 T Dr Done, si la valeur de 7 étant très-considérable, le nombre = est considéré comme une quantité très-petite du premier ordre, les quantités 2, 20,, 9%,... seront elles-mêmes très-petites, la première étant du premier ordre, la se- conde du second, ..., et %,, étant généralement de l'ordre 7 + 1. » Dans le cas particulier où l'on pose s— 1, les formules (6), (8) don- nent So = 0 et, par suite, l'équation (19) du $ I® se réduit à la formule connue (16) ef dette), 7 qui subsistera effectivement si la fonction f(x) est développable en série or- donnée suivant les puissances entières, mais négatives de la variable x. (T3) » Si le développement de f(x) renferme non-seulement des puissances négatives, mais encore des puissances positives de x, ou si le nombre n de- vient négatif, on ne pourra plus, sans erreur, substituer la seconde des for- mules (4) à la formule (5). Observons toutefois que l'erreur produite par cette substitution deviendra très-petite, si le nombre », étant positif, devient assez considérable pour que les termes affectés des coefficients à,,4,,,,... puissent être négligés dans le développement de f{x). Ce nombre 7 de- venant de plus en plus grand, la valeur de 4, , que détermine la formule (19) du SL, finira par se réduire sensiblement à celle qu'on obtient lorsque la sé- rie comprise dans le second membre est réduite à son premier terme. Donc, pour de très-grandes valeurs de »#, cette formule, jointe à l'équation (7) du même paragraphe, donnera sensiblement (17) An = Ki67 KG"), ou, ce qui revient au même, dans le cas présent, 1 CN AT ET — À (18) me ee choida=l (er). de Fe 9 \=—s Si l'on suppose en particulier f(x) — (1 — ) , On se trouvera im- médiatement ramené à une formule connue, et l'équation (18) donnera sen- siblement, pour de grandes valeurs de », I gs cos 2p zen gn (19) = ass Geste En De cer Au reste, la formule (17) n’est pas seulement applicable au cas où l'on prend f(x) = (1 — 0x) : elle fournit généralement la valeur très-approchée de 4, correspondante à de très-grandes valeurs de », dans une infinité de cas; et pour que cette formule subsiste sans erreur sensible, il suffit d’attri- buer à la fonction o (x) une forme telle que, pour de très-grandes valeurs «a, , . . “ » Nr de », le rapport _—… se réduise sensiblement à l'unité. » LA C. R., 1844, 20€ Semestre. (T. XNIX, Nc 99) 150 ( 1132 ) ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉES. — Du système nerveux des Mollusques acéphales bivalves ou lamellibranches ; par M. Duverxoy. TROISIÈME PARTIE. Description générale. Structure intime. « Ce Mémoire est divisé en trois parties : » La première est historique ; la seconde compreud vingt Monographies; la troisième est une description générale, résumée de ces observations par- ticulières. Nous ne donnerons ici que cette derniere partie. » SL. — Le système nerveux des Mollusques acéphales bivalves ou la- mellibranches peut se diviser, comme celui de tout autre animal, en parties centrales et en parties périphériques. » SIL — Les parties centrales se composent généralement de trois paires de ganglions et des cordons nerveux qui les réunissent, pour constituer deux colliers ou deux anneaux, un grand et un petit. » STILL. — Les trois paires de ganglions de ce système central ont toujours la même position relative entre eux, et le plus souvent avec les autres parties de l'organisme. » IV. — L'une est antérieure et sitaée le plus souvent de chaque côté de la bouche, près des palpes labiaux , ou même à leur base ou un peu plus en arrière. Les ganglions qui la forment sont toujours séparés, plutôt dis- tants que rapprochés. Un cordon de commissure les réunit et passe au de- vant de l’orifice buccal, plus rarement en arrière de cet orifice. » $ V. — La seconde paire de ganglions est située dans les parois abdo- minales, et n'existe que lorsque ces parois musculeuses se séparent des viscères pour former un pied distinct. Cette paire est toujours située dans un plan iv- féricur aux deux autres. Elle peut être remplacée par un seul ganglion (l On- guline). » Quand il y en a deux, et c'est le cas le plus fréquent, ils sont toujours rapprochés, se touchent au moins, se soudent souvent plus ou moins entre eux. » $ VE. — La troisième paire est la postérieure. Elle est en même temps su- périeure, puisqu'elle est constamment placée contre la face inférieure et anté- ricure du muscle adducteur de ce côté, quand il y a deux adducteurs, ou du seul muscle adducteur qui existe chez les Monomyaires. » Les ganglions de cette troisième partie sont le plus généralement rap- prochés et plus ou moins soudés ensemble; rarement les deux ganglions sont- ({ 1133) ils distants, comme dans la Moule commune et le Lithodome caudigère. Ainsi que les ganglions moyens, ils peuvent être confondus en un seul. $ VIL. — Les ganglions antérieurs et leur cordon de commissure for- ment, avec les ganglions postérieurs, au moyen du cordon nerveux qui réunit le ganglion antérieur avec le ganglion postérieur du même côté, un grand anneau, entourant, comme une ceinture, le haut de la masse viscérale abdo- minale , dans laquelle il est plus ou moins enfoncé. $ VILL. — Les mêmes ganglions antérieurs forment, avec les ganglions pédieux, un petit anneau ou un petit collier, au moyen de deux cordons qui réunissent les deux ganglions du même côté. Ce collier a d'autant plus d'ampleur, que le pied est lui-même plus vo- lumineux. Il existe, ainsi que les ganglions pédieux , ou le ganglion unique de ce nom, chez tous les bivalves qui ont un pied, qu'ils soient monomyaires (les Peignes) ou dimyaires, ou trimyaires (l’Anomie ). » 6 IX. — Les bivalves qui n'ont pas de pied, n'ont que le grand collier. Dans ce cas, les nerfs viscéraux qui appartiennent aux ganglions pédieux, quand ils existent, sont produits par les ganglions labiaux ou antérieurs. $ X. — Lorsquil ny a qu'un grand collier, les ganglions postérieurs forment la partie centrale du système, la plus importante par son volume et pe lenombre des filets nerveux qui en sortent (l'Huître, le Tridacna gigas ?). » & XI. — Les parties périphériques du système nerveux des bivalves proviennent généralement des trois paires de ganglions, lorsque le système nerveux a son plus haut degré de composition. » $ XIL. — Les cordons qui forment le grand et le petit collier ne produisent aucun filet nerveux apparent. $ XL. — Le premier nerf que donne le ganglion postérieur, en dehors du cordon du grand collier, est le nerf branchial, qui gagne le bord supé- rieur et adhérent des branchies, soit directement, soit en faisant un coude plus ou moins prolongé en avant, pour prendre ensuite sa direction du côté opposé. Ce nerf est constant; il a encore pour caractère, comme les cordons du grand et du petit collier, de ne donner aucune branche dans son trajet, et de ne pas se diviser jusqu’à sa terminaison, vers laquelle il est cependant plus délié qu'à son origine. Ce nerf est d'autant plus long que l’adducteur contre lequel il s’appli- que est plus en avant, et qu'il y a une plus grande portion de branchies en arrrière de son origine. S XIV. — Après le nerf branchial, et sur le côté, ces mêmes ganglions 150., ( 1134 ) produisent un nerf palleal latéral, et, plus en jarrière , un nerf palléal pos- térieur; troncs plus ou moins considérables, plus ou moins divisés, dont les branches et les rameaux se distribuent exclusivement au manteau pour le premier; à ce même manteau, aux tubes quand ils existent, au cœur et au rectum, et au muscle adducteur de ce côté, pour le dernier. » Souvent ces troncs nerveux sont réunis en un seul. » Dans le Peigne, Le nerf palléal latéral sort du ganglion sur les côtés et se divise dichotomiquement, de manière à former douze rameaux principaux qui envoient leurs ramuscules aux trois quarts de la circonférence de chaque hémicycle du manteau. ». Dans l'Huitreon peut compter jusqu'à trois nerfs qui sortent de toute la circonférence extérieure du ganglion, et se portent en rayonnant, soit en se divisant, soit directement, dans toute la circonférence du manteau. » $ XV. — En avant, les ganglions antérieurs produiseut un nerf palléal antérieur, qui se distribue au manteau, à l'adducteur antérieur et aux palpes. » Plusieurs de ces nerfs, au lieu de sortir d'un seul tronc, peuvent avoir leur origine immédiate dans ces ganglions. Tels sont les nerfs qui vont aux palpes. | » Quelquefois un petit filet se rend à la partie antérieure des branchies, et un autre à l'estomac (l'Huitre). » $ XVI. — Lorsque les ganglions pédieux existent , les nerfs qui en sor- tent, en nombre variable pour chaque espèce , genre ou famille, de deux au moins, quelquefois de six (les Unio), se distribuent particulièrement aux parois musculaires de l'abdomen ou bien au pied. Il est toujours rare et difficile de pouvoir distinguer ceux qui appartiennent aux viscères , à l'o- vaire, au foie, au canal intestinal. » S XVIL — Les nerfs qui se distribuent aux organes moteurs ou sensi- üfs , ou aux viscères abdominaux , remplissant l’une ou l’autre des fonctions de nutrition ou de génération, ont tous leur origine, ou bien ils aboutissent tous à l’un ou à l’autre des ganglions centraux. Ils vont généralement de ces ganglions aux parties auxquelles ils sont destinés, et s'y terminent. » $ XVIIL. — Le système nerveux du Peigne ( Pecten mazximus ) fait excep- tion à la règle précédente. Tous les nerfs sensitifs ou moteurs qui appartien- nent aux ganglions antérieurs et aux ganglions postérieurs aboutissent, par leurs dernières divisions, dans un ample cordon, complétement annulaire, qui suit le bord du manteau dans tous ses replis. Ce cordon produit ensuite, par son côté interne, une quantité de filets qui vont animer les tentacules ou (95h) les pédicules oculaires qui garnissent ce même bord dn manteau. Ce cordon périphérique est comme un ganglion de renforcement et de concentration, qui était sans doute nécessaire pour donner à cette partie, toute la puissance nerveuse dont elle avait besoin, et peut-être l'unité nécessaire d'action ou de sensation. J'ai tout lieu de croire que ce cordon circulaire existe chez tous les Mollusques qui ont le manteau largement ouvert, comme le Peigne, et son bord libre garni d'organes tactiles. » Nous avons découvert un segment de ce nerf en avant du manteau chez le Lithodome caudigère. (Voir notre PL IF.) » $ XIX. — Un caractère singulier du système nerveux des bivalves est le peu de développement des nerfs viscéraux, et l'extrême difficulté que l’on éprouve pour en reconnaître quelques traces. » Chez tous les bivalves à double collier, ils ne semblentguère provenir que des ganglions pédieux. Plus rarement en aperçoit-on qui se détachent des ganglions postérieurs. » La presque totalité des nerfs du système nerveux des bivalves sont des nerfs moteurs ou sensibles. Cette grande proportion des nerfs qui appar- tiennent aux fonctions du mouvement et aux sensations , relativement aux nerfs qui président à la vie de nutrition ou de propagation, est sans doute générale dans tout le règne animal ; mais elle est surtout très-sensible chez les bivalves. Dans cette classe comme dans toutesles autres, se mouvoir et sentir exige une puissance nerveuse beaucoup plus grande que la nutrition et les sécrétions. » $ XX. — Comme on devait s'ÿ attendre , le système nerveux des bivalves montre des différences dans sa composition qui sont en rapport avec l'exis- tence ou la présence de certains organes, ou avec leur degré de développe- ment, leur forme et leur composition , ainsi qu'avec la forme générale du corps. » $ XXI. — La présence ou l'absence d'un pied a entraîné la présence ou l'absence du petit collier et des ganglions ou du ganglion pédieux; et le dé- veloppement de ces ganglions est en raison directe du développement du pied. Cette circonstance démontre, entre autres, que les nerfs qui sortent des ganglions pédieux sont, pour les principaux , des nerfs moteurs. » Ç XXII. — Les ganglions postérieurs sont, en général, les plus im- portants. » C'est ce que prouve: » 1°. Leur existence constante , et leur grand développement lorsque les autres parties du système nerveux central sont réduites à l'état rudi- ( 1136) ientaire (les ganglions labiaux), où manquent absolument (les ganglions pédieux ); » 2°, Leur concentration en un seul dans beaucoup de cas; » 3°. Leur rapprochement sur la ligne médiane ; » 4°. Leur plus grand développement chez les Mollusques, qui n'ont qu'un muscle adducteur postérieur contre lequel ils sont toujours placés ; » 9. L'importance et le nômbre des nerfs qui en partent , soit moteurs, soit sensitifs, soit respirateurs ; » 6°. La constance de ces derniers. » $ XXII. — Le développement des ganglions antérieurs est en raison inverse de celui des ganglions postérieurs. Ils deviennent extrêmement petits chez les Monomyaires (le Tridacna, YHuitre, le Peigne). » Leur dévgloppement est en raison de celui de la partie antérieure du manteau, des palpes et du muscle adducteur antérieur qu'ils doivent animer. » Nous avons évité de les appeler cérébraux, afin de ne pas leur donner une importance qui ne nous est pas démontrée. » Dans le Peigne, le grand développement des ganglions postérieurs et la grande proportion des nerfs moteurs et sensitifs qui en partent, for- ment de ce ganglion un véritable cerveau plutôt que des ganglions labiaux ou pédieux, qui sont rudimentaires. » $ XXIV. — Le système nerveux des Acéphales bivalves est presque toujours symétrique pour la forme de ses parties centrales. Il l'est encore très- généralement pour la forme et la distribution de ses parties périphériques. » Mais il peut être asymétrique pour la forme ou le développement de ces mêmes parties centrales ou périphériques, lorsque ces organes, auxquels ces dernières se distribuent, sont asymétriques. Cette asymétrie exceptionnelle est bien remarquable dans le système nerveux de l'4nomia ephippium (1). » SXXV. — J'ai retrouvé, dans le système nerveux des bivalves, étudié dans sa structure intime , les cellules que M. Hanovre a signalées dans celui des Gastéropodes. » Les nerfs montrent des stries parallèles, longitudinales, imterrompues irrépulièrement. »._Le plus généralement, les ganglions sont colorés en jaune de différentes nuances. Cette couleur est due à la partie médullaire; elle s'étend quelque- fois aux troncs nerveux. (1) Voir notre PI. I. 1137 ) » Le plus ordinairement ces troncs, ou les filets dans lesquels ils se sépa- rent, sont blancs. » Dans un exemplaire de Mulette (Unio pictorum), j'ai vu les nerfs qui partent de chaque ganglion pédieux, commencer dans ces ganglions par une dilatation vésiculeuse qui se distinguait, comme le nerf, par sa couleur blanche, tandis que le ganglion était jaune. » C'était comme une portion de cylindre conducteur d'une machine élec- trique, avec une de ses extrémités dilatée en demi-sphère implantée dans ce ganglion. » En général, chez les Mollusques bivalves comme chez les animaux in- férieurs, les nerfs et les ganglions se composent d’un révrilème peu résistant, formant des tubes ou des capsules qui renferment une partie médullaire presque liquide. » C'est ce qui a fait prendre le système nerveux des bivalves pour le sys- tème lymphatique. C'est cette même circonstance, sans doute, qui fait hé- siter, chez quelques animaux inférieurs, sur la détermination de leurs cor- dons nerveux, qui semblent être tout aussi bien des troncs vasculaires. » Ce Mémoire est accompagné de 41 figures distribuées dans neuf grandes planches; elles sont relatives au système nerveux des espèces décrites dans les vingt Monographies qui composent la seconde partie de ce travail. Il à été renvoyé, à la demande de M. Duvernoy, à messieurs les mem- bres de la Section de Zoologie et d'Anatomie. ZOOLOGIE. — Recherches zoologiques faites pendant un voyage en Sicile ; par M. Mrine Enwanrs. (Extrait.) « Les recherches sur la faune maritime de la France, dont j'ai eu à diverses reprises l'honneur d'entretenir l'Académie, ont eu principalement pour objet l'étude de la vie ec de ses instruments, chez les animaux inférieurs où tour à tour chacune des fonctions de l'économie tend à se simplifier, et où l’organisation se prête aux combinaisons les plas variées. Pour me li- vrer à des investigations zoologiques de cet ordre, il ne me suffisait pas des animaux conservés dans l'alcool ou desséchés , que les collecteurs déposent dans nos musées; il me fallait observer la nature vivante, et par conséquent c'est sur les côtes que je pouvais le mieux poursuivre mes travaux, car c’est dans les eaux de la mer seulement qu'on rencontre la plupart des espèces sur lesquels je désirais acquérir des connaissances positives. Les Zoophytes, les Mollusques, les Vers et les Crustacés de la Manche et de notre littoral ( 1138 ) atlantique m'ont fourni pendant longtemps ample matière à observations ; mais après avoir étudié à diverses reprises les principaux types zoologiques qui se trouvent en abondance dans ces parages, j'ai désiré y comparer les espéces propres à des régions plus chaudes, et, dans cette vue, j'ai fait plu- sieurs voyages sur les bords de la Méditerranée, en Provence, en Italie et en Algérie, par exemple. Là je rencontrais des animaux dont la structure in- térieure et le mécanisme physiologique différaient beaucoup de ce que j'avais vu dans le Nord ; mais des obstacles dépendants de circonstances toutes lo- cales, y sont venus accroître les difficultés de la tâche que je m'étais im- posée. Effectivement, dans la Manche et même sur nos côtes occidentales, la mer, par son reflux périodique, rend accessibles à l'observateur les retraites où se cachent la plupart des animaux inférieurs dont il me fallait étudier la physiologie ; il m'avait donc été facile de m'en procurer en nombre suf- fisant pour des travaux de ce genre, et Je pouvais même les examiner sur place, sans changer en rien leur mode d'existence ordinaire. Dans la Médi- terranée, au contraire, l'absence presque complète des marées prive le naturaliste de ce mode d'exploration , et pour se procurer les animaux de cetie mer, on a recours à la drague et à d'autres moyens de pêche, à l’aide desquels on ramasse aveuglément ce qu'on peut rencontrer à des profondeurs plus ou moins considérables. De là des difficultés très-prandes lorsqu'on veut étudier les phénomènes de la vie chez les animaux inférieurs propres à ces parages, et, en présence de ces obstacles, j'ai souvent eu le désir de descendre dans une cloche à plon- geur, afin dè pouvoir examiner à loisir les rochers sous-marins habités par les êtres dont je voulais faire l'objet de mes recherches. Mais la cloche à plongeur, à raison de son volume et de son poids, n'est pas d'un usage facile ; ce n'est pas sur uu petit bateau pécheur et à l’aide d’un faible équipage qu'on peut la manœuvrer; il m'a fallu donc y renoncer, et j'ai pensé qu'il serait possible d'arriver au même résultat en ayant recours à un appareil analogue à celui qui a été inventé par le colonel Paulin, pour servir dans les cas d’in- cendie, où il faut pénétrer au milieu d’une fumée épaisse et de vapeurs dont l'action sur les poumons serait promptement mortelle. Je savais d’ailleurs que cet officier distingué avait modifié son appareil dans la vue de l'adapter aux besoins des ouvriers qui ont à travailler sous l'eau, et il m’a semblé que, dans certaines circonstances, le zoologiste pourrait en retirer de grands avantages. Je me suis donc déterminé à tenter ce mode nouveau d'exploration sous-ma- rine, et c’est dans les eaux calmes et transparentes des côtes de la Sicile que j'ai voulu en faire l'expérience, car dans ces mers j'espérais trouver en nom- ( 1139 ) bre considérable les animaux dont je désirais étudier la structure et le mode de développement. M. le Ministre de l'Instruction publique a bien voulu mettre à ma disposition les embarcations nécessaires pour l'exécution de ce projet, et l'Académie m'a confié un appareil de plongeur construit sous la direction du colonel Paulin. » Get appareil consiste dans un réservoir métallique ayant la forme d'un casque, et communiquant, à l’aide d'un long tube flexible, avec une -pompe foulante destinée à y pousser sans cesse de nouvelles quantités d'air. Revêtu de ce casque, dont la visière est vitrée et dont le bord inférieur s'adapte sur un coussin placé autour du cou, je m'alourdissais à l’aide de sandales de plomb, afin de faire contre-poids à la masse d'air qu'il me fallait emporter avec moi au fond de l’eau , et me fixant à une corde convenablement disposée, je me laissais descendre dans la mer. L'air injecté dans le tube de communi- cation,au moyen de la pompe, arrivait en abondance jusqu'à moi, et, s’'échap- pant ensuite au dehors par les interstices restés béants entre mon cou et le bord inférieur du casque, servait non-seulement à alimenter ma respiration, mais aussi à empêcher l'eau de s'élever dans l’intérieur de ce réservoir jus- qu’au niveau de ma bouche. Enfin, pour remonter il me suffisait de me dé- barrasser de mes sandales de plomb, qui faisaient contre-poids à la masse d'air emprisonné autour de ma tête; ou bien, sur un signal convenu, de me faire hisser à bord par mes matelots, à l’aide de la corde dont je m'étais pré- cédemment servi pour plonger. » Pour devenir d'un usage commode, cet appareil aurait besoin de quel- ques perfectionnements ; mais, tel qu'il est, j'ai pu m'en servir utilement dans plusieurs localités. Souvent je suis resté plus d'une demi-heure sous l’eau, oc- cupé à examiner minutieusement les rochers sous-marins qui servent d’habi- tation à une foule de Mollusques, de Vers et de Zoophytes. J'ai pu, sans in- convénient, pousser ces explorations à une profondeur de plus de 7 mètres; et si j'avais eu à ma disposition un bâtiment plus grand et un équipage plus nombreux, il m'aurait été facile de descendre à des profondeurs beaucoup plus considérables ; mais l'imperfection des moyens de sauvetage que je pou- vais établir à bord de mon bateau pêcheur m'a fait penser qu'il y aurait de limprudence à l'essayer. Effectivement, en cas d'accidents, de quelque dé- rangement dans le jeu d’une soupape, de la rupture du tube respirateur, ou même de l'ascension de l’eau dans l'intérieur du casque jusqu'au niveau des narines du plongeur, celui-ci ne pouvait échapper à l'asphyxie qu'en re- gagnant promptement l'atmosphère, et en se débarrassant de l'appareil dans lequel il se trouvait renfermé. Or, pour remonter d'une profondeur de plus C.R., 1844, 2€ Semestre. (T, XIX, No 22.) 151 ( 1140 ) de 7 mètres, et pour rétablir une communication libre entre les poumons et l'air extérieur, il nous fallait pres de 3 minutes, ce qui aurait pu devenir dan- gereux , et dans des expériences de ce genre il faut chercher à tout prévoir. » Je le répète done, cet appareil, pour rendre aux naturalistes tous les services qu'on peut en attendre, a besoin d'être perfectionné; mais, d'après l'usage que j'en ai fait, j'ai la preuve que dans certaines localités il peut être déjà d'un grand secours. Ainsi, en explorant par ce moyen les rochers et le fond du port de Milazzo , je me suis procuré un nombre immense d'œufs de Mollusques et d’Annélides dont je désirais étudier le développe- ment. Ailleurs j'ai pu aller saisir, dans les anfractuosités du sol, les plus pe- tits animaux qui vivent fixés et qu'on ne trouve pas ailleurs. Je voyais par- faitement tout ce dont j'étais entouré, et c'était la fatigue musculaire seule- ment qui m'empéchait de me promener au fond de la mer comme j'aurais pu le faire sur la plage. » Je crois inutile d'entrer ici dans des détails relativement aux localités que j'ai visitées pendant mon voyage en Sicile. Ce qui me semble pouvoir in- téresser l'Académie, ce sont seulement les résultats que j'ai obtenus, et, par conséquent , je m'abstiendrai de toute digression étrangère à ce sujet. » Les questions dont je me suis plus spécialement occupé sont relatives à l'embryologie des Annélides et des Mollusques; à la circulation du sang chez ces derniers animaux , ainsi que chez les Crustacés , et à l’organisation des Stéphanomies et des Acalèphes ciliogrades en général; mais, tout en : poursuivant ces études, j'ai eu l'occasion de faire diverses observations sur des sujets d'un intérêt secondaire ; ainsi je suis arrivé à démeéler le méca- nisme des mouvements singuliers découverts par M. Siehold dans l'intérieur de la capsule auditive des Mollusque*; je me suis assuré, de la manière la plus positive, de l'hermaphrodisme des Anatifes , fait qui était devenu douteux par suite des observations de M. Goodsir sur les prétendus mâles des Bala- nes ; j'ai vu que chez les Haliotides les sexes sont séparés de même que chez les Patelles, et que, par conséquent, aujourd'hui moins que jamais, on ne peut, ce me semble, admettre comme base de la classification des Mollusques gastéropodes la distinction de ces animanx en Monoïques , Her- maphrodites et Dioïques. J'ai constaté un nouveau fait de nature à montrer combien la couleur dusang, si constante dans lembranchement des Vertébrés, doit avoir peu d'importance physiologique chez les animaux inférieurs, ré- sultat qui découlait déjà de mes observations sur les Vers; en effet, j'ai trouvé, aux environs de Palerme, une Ascidie à sang rouge. Enfin, je signa- lerai ici eucore un fait zoologique qui en lui-même n’a aucune importance, ( s141 ) mais qui fournira une nouvelle preuve des erreurs que l'on pourrait com- mettre si l'on attachait une confiance trop entière dans l'invariabilité des rap- ports qui semblent exister entre l'organisation essentielle des animaux infé- rieurs et leurs caractères extérieurs. M. Savigny, en montrant combien la structure intérieure des Ascidies composées s'éloigne de celles des Alcyons et des autres Polypes avec lesquels on les avait jusqu'alors confondus. a signalé l'existence de six tentacules chez les uns , et de huit chez les autres, comme étant le caractère extérieur le plus propre à les distinguer sans le secours du scalpel; et, en effet, jusqu'alors on n'avait jamais trouvé plusde six tentacules autour de la bouche des Ascidies composées, tandis que les Alcyons, et les autres Zoophytes conformés d'après le même type, en offrent toujours huit; mais ce caractère empirique perd maintenant toute sa valeur, car j'ai trouvé, dans la Méditerranée , une Ascidie composée ayant huit de ces appendices. » Je ne m'arrêterai pas davantage sur ces faits isolés, mais je crois néces- saire d'entrer dans quelques détails relativement aux travaux de plus longue haleine, dont j'ai mentionné il y a quelques instants l'objet, et je demanderai la permission d'en faire le sujet de quelques communications spéciales. Dans un prochain article, dont je réserve la lecture pour une de nos premieres séances, je rendrai compte de mes observations sur le développement des Annélides. » Noise (1142 ) MÉMOIRES LUS ANATOMIE. — Recherches sur la structure et la nature du tissu élémentaire des cartilages; par M. A. VaLenciennes. (Renvoi à la Section de Zoologie.) La cs a nieis eat side) celoie) eo s)olnoteuetes fete) aline aiel hs tele f elite © sriefaleetoe, she) ee RER « L'examen détaillé des parties solides du corps vivant a été fait, dans ces derniers temps, avec la plus scrupuleuse attention. La structure des os a été suivie pendant les différentes périodes de leur développement. En lisant ce que les anatomistes les plus exercés ont écrit sur ces organes, on peut juger de ce que la science est en droit d'attendre de leur habileté. » En observant les os à différents âges, on a commencé par les étudier à l'état cartilagineux. » Essayer, en effet, de saisir le moment où une partie du corps de l'animal, aussi compliquée qu'un os, passe peu à peu de l'état de mollesse la plus grande à la rigidité et à la solidité qu'il présente dans l'animal adulte, est un des problèmes d'organogénie les plus intéressants à résoudre. » Ce qui se présente naturellement à l'esprit de l'anatomiste, pour obtenir la solution de ce problème, c’est de commencer par étudier le cartilage. NU r, que l’anatomiste ait porté ses investigations sur les cartilages de l'homme , ou qu'il ait cherché à éclairer cette étude par l'examen de ceux des animaux, on doit remarquer que les recherches ont presque toujours été faites sur des cartilages d'ossification, c'est-à-dire sur des organes qui, par suite de leur développement pendant la vie de l'animal, deviendront des os. » Ainsi, M. Schwann suit le développement des cellules primitives et élé- mentaires, et celui des vésicules cytoblastiques, dans les rayons branchi- ostèges des très-jeunes poissons. Il les cherche encore dans les tétards des Batraciens de notre pays, et entre autres chez le Pelobates fuscus. » MM. Prevost et Lehbert nous donnent aussi des faits intéressants sur le développement du Corda dorsalis de ces mêmes tétards; et, ce que ces ha- biles observateurs disent de l’apparition des cellules et des vésicules cartila- gineuses, se rapporte évidemment à des tissus qui ne sont pas encore ossi fiés, mais qui deviendront des os. » D'autres anatomistes se sont livrés à une étude plus générale du tissu cartilagineux; ils ont comparé les cartilages qui ne s'ossifient pas ordinai- e 0 (1143) rement, ou les vrais cartilages, au tissu des organes que Bichat a désigné sous le nom de fibro-cartilage. » Mais on sait que tous ces tissus offrent, dans l'homme, des exemples très-fréquents d'ossification. Des cas pathologiques, rares à la vérité, ont démontré cette tendance à l’ossification jusque dans le cartilage cloisonnaire du nez. » La lecture des ouvrages remarquables de MM. Mischaer, écrits sous la direction de Purkinje, de Meckauer, de Valentin, d'Arnold , de Mandl, de Henle, prouve qu'aucun de ces observateurs n'a porté son attention sur des cartilages dont la persistance ou la permanence, pendant toute la durée d'une vie souvent très-longue, ne peut être l’objet d'aucune contestation. » Ilexiste, cependant, dans des animaux d’une organisation si différente qu'ils appartiennent à des types complétement distincts, des cartilages qui ne s'ossifient jamais. Le squelette entier des uns, ou les pièces isolées des au- tres, demeurent toujours à l'état cartilagineux. Les zoologistes n'en ont pas encore fait connaître complétement la forme par des descriptions détaillées. Ces animaux sont rangés dans des classes qui ont fait et qui feront longtemps encore l'objet spécial de mes études; je veux parler des Mollusques et des Poissons. » Les zoologistes citent le cartilage céphalique des sèches, des poulpes, des calmars, comme les premiers rudiments du squelette compliqué des animaux d’un autre embranchement. » Mais il y a encore, dans ces animaux, d’autres pièces cartilagineuses remarquables par leur grandeur, par leur force, par leur position, et dont les auteurs descriptifs n'ont pas fait mention, préoccupés, sans doute, qu'ils étaient de la non-existence de squelette rudimentaire dans les animaux de cet embranchement. Je veux parler de pièces cartilagineuses situées sous l'origine de la lame dorsale, tout à fait mdépendante de cette partie so- lide. A la face inférieure du corps, ces mêmes animaux ont encore plusieurs autres cartilages. On en retrouve aussi dans l'appareil de la trompe des Gastéropodes, tels que les Buccins. » Tout le monde connaît des poissons qui ont, pendant toute leur vie, un squelette qui ne s'ossifie jamais. Ces Chondroptérygiens constituent un groupe nombreux , si bien tranché dans la série , que des zoologistes très- savants ont cru devoir en faire une classe à part. Si l'on adoptait cette ma- nière de voir, on ne pourrait la considérer ni comme supérieure ni comme inférieure à celle des autres poissons. Plusieurs des cartilagineux , tels que les raies et les squales, se rapprochent des reptiles par la conformation de l'oreille ou de leurs organes génitaux ; tandis que d’autres, comme les lam- (1144) proies, ont une telle simplicité d'organisation, que l'on pourrait hésiter à en faire des animaux vertébrés. ». On trouve parmi les raies des animaux de 500 à 600 kilogrammes; parmi les squales, des animaux d'un poids double, triple ou quadruple, et d'une lon- gueur de 12 à 15 mètres. » J'ai toujours été surpris que les anatomistes n'aient pas interrogé la na- ture cartilagineuse de ces animaux. On conçoit que l'étude du cartilage de ces êtres doit nous conduire à connaître ce que les physiologistes avaient dé- signé sous le nom de vrais cartilages. ». Henle, l'auteur le plus complet aujourd'hui, ne cite aucun travail fait dans la série animale pour établir par des recherches d'anatomie comparée, la vraie nature du cartilage. Il dit même que Muller n'a pas examiné la pièce céphalique des Céphalopodes; que celle de calmars ne lui a pas fourni de gé- latine. Puis, dans un bel ouvrage d'anatomie générale, on demande si les mächoires des Gastéropodes, le dard génital des limaçons, le ligament élas- tique des Mollusques bivalves, sont de nature cartilagineuse; ou si ces parties appartiennent à un autre ordre de tissus organiques. » C’est pour répondre à ces questions, dont la solution intéresse l'objet spécial de mes études, que je me suis livré à des recherches sur la structure élémentaire des parties solides des animaux, en comparant la nature des cartilages des Chondroptérygiens et des Mollusques à ceux des autres ani- maux vertébrés, afin d'arriver à définir ce que l'on peut appeler aujourd'hni un cartilage vrai. » Peu à peu le travail s'est beaucoup étendu. Pour le présenter avec ordre à l'Académie, j'ai dû diviser les observations, afin d'en faire mieux saisir les résultats. ». J'ai fait représenter, d’après un même grossissement, les pièces obser- vées, de manière à ce qu'elles soient comparables. »_Il est encore aujourd’hui assez difficile de résumer les différentes obser- tions des anatomistes, en une définition précise du cartilage. On peut dire, d'après eux, que c'est un corps solide, plus ou moins élastique, sans vais- seaux, sans nerfs, composé d’une substance homogène fondamentale qui peut devenir fibreuse, qui est creusée d'un grand nombre de vésicules éparses dans la substance. » Examinons, maintenant, comment se présentent les cartilages des pois- sons. » Dans les raies, et autres plagiostomes de cette famille, on est surpris de la disposition régulière des vésicules cartilagineuses. Les cellules élémentaires se rapprochent pour former une sorte de périchondre. De distance en dis- ( 1145 ) tance, la surface interne de cette couche se boursoufle; de ces élévations on voit se porter, en rayonnant dans tous les sens, les vésicules cytoblasti- ques; elles deviennent plus rares et plus grandes dans le centre; ces vési- cules sont remplies de granules excessivement petits, n'ayant guère que otre TR U 3e ; M ab re el 22 0 Ce A + à {+ de millimètre. Il ÿ a cependant des vésicules qui n'en contiennent pas du tout. » Telle est la structure du cartilage dans la raie bouclée (Raia clavata), que je prends pour terme de comparaison. Je trouve la même disposition générale dans la torpille, dans la myliobate commune où la mourine de la Méditerranée, dans l'espèce de la côte Malabar, dans le rhinoptère : seu- lement les vésicules sont plus ou moins petites; elles le sont beaucoup dans ce dernier genre. » La substance fondamentale du cartilage est formée de cellules très- grandes, dont les parois sont à peine visibles. » Dans les squales, je ne puis plus apercevcir dans le parenchyme du car- tilage de traces de cellules, tant elles se confondent avec la substance qui paraît comme du mucus coagulé. Les vésicules sont allongées, souvent même tubulaires, dans le crâne du Squalus glacialis. Elles reparaissent sous forme sphérique dans celui de l’émissole et dans les vertèbres de l’aiguillat. Elles sont dirigées en séries droites et parallèles. Je retrouve aussi cette direction dans les cartilages de l’esturgeon. Ceux des chimères arctiques ou antarctiques nous montrent des vésicules d'une petitesse excessive, et dis- posées en cercle. » J'ai examiné la corde ou le long cylindre qui passe à travers toutes les vertébres, et les réunit. J'ai vu que cette corde est creusée dans toute sa lon- gueur d'un petit canal étroit; mais je n'ai pu trouver la moindre vésicule dans les coupes longitudinales ou verticales que j'ai faites de cette partie. Je ne puis donc la regarder maintenant comme un cartilage, malgré sa consti- tution extérieure. » Les poissons cyclostomes m'ont offert une disposition différente et bien digne de fixer l'attention du naturaliste. Le tissu des lames cartilagineuses céphaliques de la lamproie apparaît bien nettement utriculaire. On croirait avoir, sous le microscope, le tissu élémentaire végétal , tant les cellules sont nettes et tranchées. Ces cellules contiennent des vésicules très-grandes, à parois minces; toutes ces vésicules sont vides. » L'examen microscopique comparé du gastrobranche et de la myxine semble confirmer que ces cyclostomes sont plus élevés que la lamproie , car la structure microscopique de leur cartilage prouve, par ka densité de la ( 1146 ) substance fondamentale, par la netteté avec laquelle on peut couper les vé- sicules , que ces cartilages sont plus organisés que ceux des squales, et peut- être plus que ceux des raies. On peut faire des tranches sur la mâchoire inférieure d’une myxine de telle façon que les vésicules se montrent alors comme des anneaux à travers lesquels on voit le foud du porte-objet. » La corde de la lamproie est tout à fait semblable à celle de l’estur- geon et ne me paraît, pas plus qu'elle, du cartilage. » Il faudra cependant attendre, pour se prononcer, qu'on ait pu les étudier sur des individus qui n'auront pas été conservés dans l'alcool. » L'ange (Squalus squatina) a des vésicules analogues à celles de la raie, mais disposées en séries obliques, et leur réunion forme des groupes égaux entre eux par leur grandeur. ». Passons aux mollusques. Le cartilage céphalique du calmar est composé d'une substance fondamentale très-rare; les cellules sont beaucoup plus lâches que celles des raies; les vésicules sont petites, réunies en petites îles éparses. La sèche ne m'a paru différer du calmar que par la petitesse de ses cellules. » Il est facile de juger, par la seule inspection de ces vésicules et des cel- lules de la substance fondamentale, que ces cartilages sont beaucoup moins denses que ceux des poissons, mais qu'ils ont la même maniere d'être, la même unité dans leur composition élémentaire. » J'ai examiné les autres parties solides des mollusques; elles n'appar- tiennent pas au tissu cartilagineux. » Muller découvrit, dans les cartilages, la substance particuliere à laquelle il donna le nom de chondrine. On sait qu'elle précipite avec l’alun, ce que ne fait pas la gélatine, et que celle-ci se distingue de la précédente matière par ses réactions sur le tanin. » L'examen de la nature chimique des cartilages des poissons et des mol- lusques prouve que les cartilages des squales contiennent une très-grande quantité de chondrine, tandis qu'il y en a très-peu dans les parties tirées des raies. Des cartilages de raie, après quelques jours de macération, n'en donnent plus même aucune trace. » Nous avons aussi la preuve de l'existence de la chondrine dans le carti- lage céphalique du calmar; mais nous n'en avons saisi que quelques traces, tandis que nos différents cartilages de Mollusques ont donné une très-abon- dante quantité de gélatine. : » Nous avons pu aussi reconnaître que les cartilages de ces animaux con- tiennent une très-grande quantité d'eau ; au moins 86 pour 100. (1147) » En résumé, je puis dire: » 1°. Que dans les cartilages des poissons chondroptérygiens il y a des vésicules nombreuses dans la substance fondamentale ; » 2°, Que ces vésicules n'y sont pas éparpillées irrégulièrement ; » 30. Qu'elles y sont, au contraire, réunies ou disposées avec tant de ré- gularité et de constance, que l'on peut déterminer l’ordre et même le genre d'où l'on a tiré le cartilage soumis à l'inspection microscopique; » 4°, Que toutes ces vésicules cytoblastiques ou ostéoplastiques sont creu- ses, et non pas pleines ; » 5°. Que dans aucun de ces cartilages on n'observe des canalicules ; » 6°. Que la substance élastique qui traverse toute la colonne verté- brale des Chondroptérygiens, ou la corde , n’a pas de vésicules, et qu'elle appartient à un autre ordre de tissus ; » 7°. Que les cartilages des Mollusques ont la méme structure ; » 8°. Que la gélatine existe en grande abondance dans le cartilage des Céphalapodes ; » 9”. Que le stylet des Mollusques bivalves, leurs ligaments, appar- tiennent à un autre ordre de tissus organiques. » Je demanderai à l’Académie la permission de lui soumettre, dans un autre Mémoire, mes observations sur les cartilages ossifiables des animaux vertébrés des autres classes. » ENTOMOLOGIE. — Observations sur un insecte qui attaque les olives , dans nos départements méridionaux, et cause une diminution très-considérable dans la récolte de l'huile; par M. Guéan-Méxevirce. (Renvoi à la Section de Zoologie.) « Depuis longtemps les habitants du midi de la France et de l'Italie, où la culture de l'olivier est une source de richesses, se plaignent des pertes que leur causent les insectes, et demandent au Gouvernement et à la science des secours pour remédier au mal. Cet arbre si utile est attaqué par plus de vingt espèces différentes : le Scarabéide connu sous le nom d'Oryctes grippus, et les larves des cigales, rongent ou sucent les racines de cet arbre et l'affai- blissent considérablement; plusieurs espèces de Charançons rongent ses feuilles; plusieurs Coléoptères xylophages font mourir ses branches; une Cochenille et trois Hémipteres des genres Cercope, Psylle et Thrips, sucent et font languir ses jeunes pousses ; trois Lépidopteres attaquent son bois et ses feuilles ; un autre vit aux dépens du fruit, et enfin, ce même fruit est encore C. R., 1844, 2m Semestre, (T. XIX, N° 29.) 152 ( 1148 ) attaqué par un Diptère qui, dans certaines années, fait perdre entièrement la récolte d'huile. » Ces ravages, causés par des insectes, ont toujours préoccupé les agricul- teurs et les naturalistes ; beaucoup de Mémoires ont été publiés par les uns et par les autres, mais les travaux des premiers, n'étant pas appuyés sur une mé- thode scientifique, n'ont fait que signaler le mal; leurs auteurs ont proposé des moyens de destruction inapplicables, et souvent dirigés sur des espèces innocentes des ravages dont on se plaignait. Ceux des naturalistes sont restés aussi inutiles, pour la plupart du moins, parce que les descriptions qu'ils con- tenaient étaient trop vagues pour bien faire connaître ces insectes, dont sou- vent ils n'avaient observé qu'un seul état. Néanmoins, ces derniers travaux renferment des remarques utiles dont on peut tirer parti quand on reprend le sujet à fond. » Dans le courant de cette année, M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce ayant reçu de M. Blaud, agriculteur très-instruit qui habite Beaucaire, un Mémoire étendu sur la culture de l'olivier et sur les insectes qui nuisent à cet arbre, l’a renvoyé à la Société royale d'Agriculture, en lui demandant un Rapport sur ce document. Chargé de ce travail, j'ai dû, tout en approuvant en général les études de M. Blaud, lui demander d'envoyer la plupart des insectes qu'il avait observés, parce que ses descriptions et ses figures n'étaient pas appuyées sur des connaissances entomologiques suffi- santes pour qu'il fût possible de porter un jugement définitif. Cet agriculteur, se conformant au vœu de la Commission dont j'avais été l'organe, a adressé au Ministre, le 4 septembre dernier, une petite boîte contenant des olives gâtées par la chenille qui ronge l'intérieur de leur noyau, ce qui m'a permis d'étudier et de figurer cette espèce d'une manière convenable, et m'a mis à même de découvrir l'un de ses parasites, échappé jusqu'ici aux recherches des agriculteurs et des naturalistes. Le Mémoire dans lequel je décris cet insecte et son parasite serait trop long pour être lu dans cette enceinte, et je le réserve pour une lecture devant la Société d'Agriculture. Je me bornerai aujourd'hui à en présenter un résumé très-succinct. » 1°. Les olives sont attaquées par une petite chenille qui s'introduit dans leur noyau, ronge l'amande, en sort vers la fin d'août, par une ouverture près du pédoncule, et se laisse glisser à terre au moyen d'un fil, pour se mé- tamorphoser en un papillon très-petit. » 2°, Cette chenille, en perçant son trou de sortie, fait mourir le pédon- cule de l'olive, et celle-ci tombe toujours avant sa maturité. » 3°, Une fois à terre, la chenille cherche sous l'arbre quelque feuille ( 1149 ) morte ou l’anfractuosité de quelque motte de terre, s'y construit une légère coque soyeuse, et se métamorphose en chrysalide dans l'espace de trois jours; six jours après le papillon éclôt. » 4°. Ce Lépidoptère appartient au genre OEcophora des auteurs; c’est l'OEcophora olivella de M. Duponchel, publiée dans son Histoire naturelle des Lépidoptères de France, et qui correspond à la Tinea ocella de Fa- bricius. » 5°, Au moment où la chenille quitte l'olive pour se transformer en chrysalide, elle est attaquée par divers ennemis : les oiseaux lui font la chasse pendant qu'elle est suspendue au fil au moyen duquel elle se glisse à terre ; les fourmis la saisissent pendant qu'elle est sur le sol; enfin, un petit Hyménoptère chalcidite profite de cet instant pour pondre sur son corps un grand nombre d'œufs, lesquels venant à éclore, donnent naissance à de très-petites larves, qui vivent et se développent aux dépens de ses parties charnues et graisseuses, sans attaquer d'abord les sources de la vie. Arrivées à leur entier développement, elles font mourir la chenille ou la chrysalide, si celle-ci a pu se former, et se construisent sous sa peau des coques ovales au nombre de quinze à vingt. » 6°. Sur vingt-huit nymphes et chenilles envoyées du Midi, et qui m'ont été transmises par M. le Ministre, plus de la moitié étaient ainsi piquées et ont donné naissance à une quantité de petits chalcidites presque microsco- piques, d’un beau noir de velours,favec la tête verte. Ces Hyménoptères appartiennent à la tribu des Ptéromaliens, mais formant un sous - genre propre que je nommerai Trigonogaster, à cause de la forme triangulaire de son abdomen. L'espèce n'ayant pas été décrite, je propose de la qualifier par un nom qui fera allusion aux services qu'elle rend à l'humanité, en limi- tant la multiplication d’un papillon dont la race aurait depuis longtemps fait disparaitre l'olivier. Ce sera donc le Trigonogastre bienfaisant (Tr. be- nignus). » 7°. Comme on le voit, la nature, dans ses admirables harmonies, à voulu qu'une race destinée à s'opposer à la trop grande multiplication de l'olivier fût conservée, quoique restreinte dans de justes limites; mais l'homme est obligé de chercher à rompre ces harmonies, afin de favoriser la multiplica- tion et la production des végétaux qui lui sont utiles. Il doit donc chercher à profiter des connaissances qu'il acquiert tous les jours sur la manière de vivre des animaux qui attaquent ces végétaux, et, dans le cas présent, iltrou- vera un moyen facile de détruire un grand nombre de ces Lépidoptères , en attaquant la chenille et la nymphe au moment où elles sont, pour ainsi dire, à 152. (07500) sa discrétion. Ainsi, nous avons vu plus haut que les chenilles sortent des olives à la fin d'août, pour descendre à terre, sous les arbres, se construire des coques soyeuses, et se transformer en chrysalides, dans les anfractuo- sités du terrain ou contre les feuilles tombées. On comprend déjà qu'il suffira de creuser la terre de quelques centimètres au-dessous de chaque arbre , d'accumuler dans ces fosses les feuilles mortes, afin de présenter aux chenilles un abri commode, et l'on n'aura plus, vers les premiers jours de septembre , qu'à réunir ces feuilles en tas, à les brüler, et à remettre la terre dans les fosses, afin d’enterrer le peu de chrysalides qui auraient échappé au feu , en se cachant dans les anfractuosités du terrain. » J'entre dans plus de détails sur cette opération , qui équivaut à un simple amendement, dans le Mémoire développé que je dois lire à la Société royale et centrale d'Agriculture. J’insiste aussi sur la nécessité de la pratiquer simul- tanément dans toute une contrée ; car, sans cela. les oliviers du propriétaire négligent, communiqueraient leur mal à ceux auxquels on aurait donné les soins les plus intelligents et les plus efficaces. Enfin, je crois qu'il est néces- saire d'appeler l'attention du Gouvernement sur un sujet si important, en pro- voquant des mesures analogues à celles qui ont été prises pour régulariser l'échenillage. » ENTOMOLOGIE. — Observations générales sur le phlebentérisme; anatomie des Pycnogonides ; par M. pe Quarreraces. (Renvoi à la Section de Zoologie.) « L'étude des animaux inférieurs, si importante pour la zoologie proprement dite, n'intéresse pas moins vivement la physiologie générale ; elle seule peut nous montrer ce qu'il y a d’erroné dans les opinions les plusrationnelles en ap- parence. Par exemple, il semblerait, au premier abord, très-naturel que la persistance des appareils organiques spéciaux fût en rapport direct avec l'im- portance des fonctions qu'ils sont appelés à remplir. Il n’en est rien pourtant. Ainsi , la respiration, cette fonction sans laquelle aucun étre vivant ne peut exister, est peut-être celle dont les organes spéciaux se simplifient lés pre- miers et même disparaissent entièrement. Il en est de même de la cireulation, autre fonction d’une importance si incontestable chez les animaux les plus élevés. Il n'existe déjà plus la moindre trace d’organe respiratoire et cireu- latoire, que l'on voit bien souvent encore les appareils de la locomotion, ceux des sensations , de la digestion, de la reproduction, présenter un déve- loppement considérable, et parfois une grande complication. Alors, on lé ( 1151 ) sait, la respiration, de localisée qu'elle était, devient diffuse ; les téguments sont chargés de cette fonction. Quant à la circulation, elle est remplacée par une agitation irrégulière que les mouvements du corps entier ou de quelques-unes de ses parties impriment au fluide nourricier contenu dans la cavité abdominale ou dans les lacunes qui la complètent et la remplacent quelquefois. » En même temps que les appareils de la respiration et de la circulation se dégradent ou disparaissent, le canal digestif présente souvent une modification remarquable. Au lieu de former, comme d'ordinaire , un simple tube, on le voit se compliquer de prolongements plus ou moins nombreux, plus ou moins ramifiés, qui en général se portent vers la surface du corps. est cette disposition organique que je propose de désigner sous le nom de phlébentérisme; elle paraît avoir pour effet, tantôt de faciliter seulement l'acte de la respiration, tantôt de suppléer à l'absence de quelque portion de l'appareil circulatoire ; tantôt, enfin, de remplacer en entier le système vasculaire dés animaux supérieurs. » On trouverait peut-être des exemples de phlébentérisme jusque dans les premières classes du règne animal; mais on ne saurait au moins en contester l'existence dans un très-grand nombre d'Invertébrés. Il joue sur- tout un grand rôle dans la physiologie des Rayonnés ; chez les Hydres, chez les Éleuthérées, il se montre dans les conditions à la fois les plus simples et les plus complètes. Ici, tube digestif, cavité viscérale, appareil circula- toire, tout est réuni en une grande cavité unique, et la couche mince des tissus de l'animal est continuellement baignée, au dehors par le liquide res- piratoire, au dedans par le fluide nourricier. Chez les Actinies, chez les Polypes, une première cavité interne est spécialement consacrée à la diges- tion; mais elle communique largement avec le reste du corps, et, sous ce rapport, les Rayonnés que je viens de nommer se trouvent placés à peu près daus les mêmes conditions que les Hydres. » Sans nous arrêter à d'autres intermédiaires, passons tout de suite aux Méduses. Ici le phlébentérisme se montre dans tout son développement : à une cavité stomacale succèdent plusieurs troncs qui se portent dans tout le corps, y deviennent le point de départ d'un appareil gastro-vasculaire aussi compliqué que l'appareil artériel ou veineux de plusieurs Vertébrés, et s'ou- vrent enfin au dehors par des anus multiples. Les Méduses sont les animaux les plus complétement phiébentérés que l’on puisse citer. » Dans l’embranchement des Annelés, les exemples de phlébentérisme sont nombreux et variés. On trouve cette disposition organique plus ou ( 1152) moins caractérisée chez la plupart des Hirudinées; elle se prononce encore davantage chez quelques familles d’Intestinaux; elle acquiert, chez les Pla- naires, autant d'importance physiologique et presque autant de complication avatomique que chez les Méduses elles-mêmes (1). Parmi les Annélides ché- topodes, les Aphrodites seules nous montrent le phlébentérisme bien ca- ractérisé. En revanche, nous le trouvons de nouveau à l'extrémité de la série des Arachnides, chez les Acariens, et à la fin des Crustacés, chez les Pyc- nogonides. » M. Milne Edwards avait reconnu, il y a une quinzaine d'années, que chez les Nymphons le tube digestif envoyait des prolongements dans l'inté - rieur des pattes, et qu'il n'existait chez ces animaux qu'une circulation vague. Sans connaître ces observations, j'en avais fait de semblables, en 1842, à Saint-Vast-la-Hougue. J'ai repris ces recherches cette année, à Saint-Malô, sur le Nymphon gréle (W. gracile, Leach), sur une espèce nouvelle d’Am- mothée (Æmmothea pycnogonoides , Nub.), et sur le Phoxichile épineux (Phoxichilus spinosus , Leach). Mes observations ont d'ailleurs porté plus spécialement sur ces deux derniers qui se prêtent à merveille aux études micrographiques. » Chez ces Pycenogonides, la bouche s'ouvre à l'extrémité de l'article tubu- leux qui leur sert de trompe. Elle se prolonge en arrière en formant un œso- phage extrêmement étroit, creusé dans une masse épaisse d'apparence mus- culaire. Toute la surface interne de l'œsophage est garnie de cils vibratiles. Chez le Phoxichile, l'œsophage, arrivé à la hauteur des premières pattes, se renfle légèrement, puis se rétrécit de nouveau et s'ouvre en s évasant dans le tube digestif. La disposition de ce conduit est la même dans l’Ammothée; mais l'élargissement de l'œsophage est placé plus en arrière, et son ouverture dans l'intestin est presque au niveau de la seconde paire de pattes. » Lintestin est conique et très-court, surtout chez l'Ammothée pycnogo- noïde, où il correspond à peine à l’espace embrassé par la seconde et la troi- sième paire de pattes. C'est de cette portion du tube alimentaire que partent dix gros cœcums, dont les deux antérieurs pénètrent dans les pattes mâ- choires et les autres dans les huit pattes ambulatoires. » Ces cœcums gastro-vasculaires se dilatent et se contractent sans cesse (r) Dans un Mémoire dont les dessins et la rédaction sont presque entièrement terminés, je montrerai que Dugès a attribué, à tort, aux Planaires, un appareil circulatoire , et que Baër avait raison de leur accorder un système nerveux, bien qu'il conservät à cet égard des doutes qui s’expliquent par le manque d'observations complètes. ( 1153 ) alternativement, et par ces mouvements chassent par ondées le liquide qu'ils renferment, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. Quand ils sont ainsi distendus, on reconnaît qu'ils présentent des étranglements correspondants aux articulations, et d'autant plus marqués qu'on les examine plus loin du corps. La structure de ces cœcums est d’ailleurs fort simple : ils sont compo- sés d'une membrane dans laquelle je n'ai pu distinguer de fibres. Cette mem- brane est encroûtée, pour ainsi dire, d'une substance granuleuse opaque et d’un noir violâtre chez le Nymphon grêle, transparente et à peine légèrement jaunâtre chez le Phoxichile et l'Ammothée. Dans cette dernière, les granula- tions très-distinctes ont environ + de millimètre en diamètre. » En arrière de la dernière paire de cœcums, l'intestin s'ouvre dans une sorte de cloaque qui occupe l'anneau abdominal, et se termine par un anus très-étroit. » Tout l'appareil que je viens de décrire à partir du commencement de l'intestin , est libre dans la cavité générale du corps; celle-ci se prolonge dans les pattes, jusqu'au delà même des cœcums. Le liquide qui la remplit baigne de toutes parts l'intestin proprement dit et ses prolongements. » L'intérieur de l'intestin et de l'appareil gastro-vasculaire est rempli d’un liquide diaphane qui entraîne avec lui les matières en digestion. Ces matières se présentent sous la forme de petites masses arrondies ou ovoïdes de + de millimètre de diamètre, légèrement verdâtres, lisses, homogènes et non granuleuses dans les premiers temps de la digestion. Mais à mesure que celle- ci s'opère, on voit ces petits corps se décomposer en pranules arrondis réfractant fortement la lumière, dont le diamètre est à peine de 54 de milli- mètre et qui restent agglomérés d'une manière irrégulière. Les fécès que l’on trouve dans le cloaque sont entièrement composés de ces granules. Dans tout l'intérieur de l'appareil digestif, on voit ces masses aller et venir de l'intestin dans les cœcums, et réciproquement, pénétrer dans un des cœcums pour en ressortir quelquefois bientôt après et être entraînés par les mouvements du liquide dans un cœcum voisin. Toutes ces allées et venues se suivent avec la plus grande facilité chez l’'Ammothée et le Phoxichile. » Le cerveau de ces Pycnogonides est une masse arrondie placée au-dessus de la base de l'œsophage. Chez le Phoxichile, les yeux reposent immédiate- ment sur lui. Dans l'Ammothée, un prolongement court, épais et terminé en: massue , pénètre dans un tubercule dorsal et porte ces organes; c’est un gan- glion ophthalmique aussi volumineux que le cerveau lui-même. » Le système nerveux abdominal se compose de quatre ganglions soudés ensemble et correspondant à l’espace occupé par les deux paires médianes ( 2x54 ) de pattes. Chaque ganglion fournit des deux côtés un gros nerf qui pénètre dansla patte correspondante en passant en avant du cœcum gastro-vasculaire qu'elle renferme. » Dans aucun de ces Pycnogonides je n'ai troné la plus petite trace d’un organe respiratoire ou circulatoire quelconque. La respiration est évidem- ment cutanée. Quant à la circulation, elle est vague, comme l'avait fort bien vu M. Edwards; c'est-à-dire qu'elle est réduite à un va et vient irréeulier, déterminé, soit par les mouvements généraux de l'animal, soit par les ondu- lations qu'impriment au fluide nourricier, par leur contraction et leur relà- chement alternatifs, les muscleset les cœcums gastro-vasculaires. Rien n'est plus facile que de se convaincre de ce fait en suivant, à l’aide du microscope, les mouvements des petits corpuscules irréguliers qui, ici comme chez les autres Crustacés, représentent les globules du sang. » Les faits que je viens d'exposer font naître bien des réflexions intéres- santes. Je me bornerai à indiquer ici celles qui ont quelque rapport avec la question du phlébentérisme, réservant les autres pour le Mémoire dont la Note actuelle n’est qu'un extrait. » On sait que chez la plupart des Crustacés, le foie est généralement très- développé. Nous n'en trouvons ici aucune trace dans le corps proprement dit; mais ilme paraît remplacé par la matière granuleuse qui revêt les prolonge- ments intestinaux. Seulement il faut bien reconnaître que, chez les Pycnogo- nides, cet organe est réduit à l'état rudimentaire, »_ La détermination précédente doit-elle nous conduire à regarder comme de simples canaux biliaires les cœcums qui pénètrent dans les pattes des Pyc- nogonides? Je ne le pense pas. Le volume de ces canaux excréteursserait hors de toute proportion avec celui d'un organe réduit à une mince pellicule. De plus, leur capacité est au moins quatre fois plus considérable que celle de l'intestin; or il me semble bien difficile d'admettre qu’un canal excréteur soit chargé de verser ses produits dans un orgaue quatre fois plus petit que lui-même. Cette raison seule suffirait, je crois, pour faire regarder les cœcums dont il s'agit comme étant des prolongements de l'intestin. » D'ailleurs les faits relatifs à la digestion, que j'ai rapportés plus haut, ne peuvent laisser, ce me semble, aucun doute sur la nature de ces cœcums. Les matières nutritives pénètrent dans leur intérieur, y séjournent , en sortent, y rentrent de nouveau, et, pendant ces divers mouvements, on les voit présenter de plus en plus ceite altération particulière qui, du moins ici, permet de suivre de l'œil les progrès de la digestion. Il est impossible de ne pas reconnaitre que cette fonction s'exerce aussi bien dans les cœcums que (@nn55))) dans l'intestin, aussi bien à l'extrémité des pattes que dans l'abdomen? dès lors on ne saurait refuser à ces cœcums de faire partie de la cavité digestive, d'en être de simples prolongements. » Mais quel peut être le rôle physiologique de ces expansions intestinales ; dans quels rapports sont-elles avec les appareils respiratoire et circula- toire? comment, en l'absence de ces derniers, favorisent-elles l'accomplisse- ment de la respiration, et suppléent-elles, dans certains cas, la circulation? Pour résoudre ces questions, il faut jeter un coup d'œil sur ce qui existe chez les Vertébrés les plus compliqués. » Chez les Mammifères, les produits de la digestion destinés à réparer et à entretenir les qualités nutritives du sang, sont d’abord introduits dans le système veineux, soit directement, soit à l’aide d'un appareil circulatoire spécial, composé de vaisseaux chylifères et de lymphatiques. Avant d'arriver dans le système artériel, c'est-à-dire avant d'être mêlés au sang qui doit nourrir les organes, ils subissent l’action de l'air dans les poumons. Pour qu'une matière devienne apte à l'assimilation, c'est-à-dire à la nutrition proprement dite, il faut qu'il y ait d’abord digestion, puis respiration. Con- sidérés au point de vue qui nous occupe, le système veineux et l'appareil des lymphatiques sont des intermédiaires entre l'intestin où s'accomplit la pre- mière de ces fonctions, et le poumon qui est chargé de la seconde. » Chez les Invertébrés, les vaisseaux lymphatiques et chylifères man- quent. Le système veineux disparaît chez un fort grand nombre, et chez plusieurs de ceux où la circulation semble être des plus complètes, on ne trouve pourtant rien qui le représente entièrement. Chez le plus grand nom- bre des Annélides errantes, par exemple, il est évident, d'après les recher- ches de M. Edwards, que presque chaque portion du système circu- latoire est à la fois veineuse et artérielle, au moins en ce qui touche à ses fonctions physiologiques. ». Cependant les produits de la digestion ne sont pas généralement mis immédiatement en contact avec les tissus qu'ils doivent nourrir. Chez presque tous ces animaux on trouve, soit une grande cavité où flottent les viscères, soit un système de lacunes plus ou moins larges qui représentent cette cavité. Quelle que soit la disposition organique qu'offre l’animal que l'on examine, on trouve toutes ces parties pleines d'un liquide en général incolore, et où flottent des corpuscules irréguliers transparents. Chez les animaux qui, comme les Crustacés, ont des artères et pas de veines, ce liquide est bien évidemment le sang, et la cavité viscérale, simple ou multiple, repré- sente à la fois la portion veineuse des organes de la circulation et le sys- C.R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, N° 22.) 153 ( 1156) tème des lymphatiques. Dans ceux qui ont un appareil circulatoire complet, comme chez les Annélides , on peut assimiler cette cavité, quant à l’un de ces rôles physiologiques, à l'appareil lymphatique. Par suite des lois purement physiques, le liquide résultant de la digestion pénètre, par endosmose, dans cette cavité, où, plus tard, l'appareil circulatoire puisera les matériaux nécessaires à l'entretien du sang proprement dit. » Le liquide qui remplit la cavité générale ou les lacunes qui en tiennent lieu, respire bien évidemment chez un grand nombre d’Invertébrés, qui ont d’ailleurs des organes spéciaux pour la respiration du sang proprement dit. Ainsi, chez les Annélides, la base des pieds, l'intervalle des anneaux , présentent souvent des cils vibratiles (1). Chez les Mollusques , la nature des téguments, les cils vibratiles que l’on retrouve sur presque toute leur surface, nous annoncent que l’action de l'air s'exerce par bien des points sur ce fluide nourricier, qui n'est pas encore du sang ; mais, dans certaines circonstances, la nature semble avoir voulu rendre plus facile cette action de l'air, en rap- prochant des surfaces respirantes les portions de l'intestin par où peut avoir lieu l'exhalation chyleuse dont nous parlions plus haut, et alors se montre le phlébentérisme. » Cette manière d'envisager son rôle physiologique nous rend facilement compte de plusieurs des modifications qu'il présente chez certains animaux : elle nous explique, entre autres, pourquoi cette disposition anatomique ne se montre dans tout son développement que chez ceux dont es appareils respi- ratoire et circulatoire ont subi une dégradation plus ou moins considérable. Sans entrer ici dans des détails qui m’entraineraient trop loin, je me bornerai à montrer combien la théorie précédente s'accorde avec ce que nous avons vu exister chez les Pycnogonides. » Chez ces Crustacés, nous n'avons trouvé ni organe respiratoire ni organe circulatoire. La peau est restée chargée de la respiration. La cavité du corps a dû cumuler avec ses fonctions ordinaires, celles des appareils veineux , ar- tériel et Iympathique. Le liquide qu'elle renferme est bien réellement le sang. Or, si l'intestin était resté dans cette cavité, les produits de la digestion sy seraient mélés à ce sang immédiatement, et sans pouvoir subir l’action de l'air autrement qu'à travers une carapace épaisse. Pour obvier à cet incon- vénient, l'intestin s'est prolongé dans les pattes. La surface exhalante de l'in- (1) Peut-être même faudrait-il dire toujours ; mais, malgré les observations nombreuses que j'ai déjà faites sur ce sujet, je n'ose encore généraliser d’une manière absolue. (1157) testin et la surface respirante de ces appendices n'ont plus été séparées que par un intervalle très-étroit. De plus, la respiration étant nécessairement plus active dans les pattes, à raison du peu d'épaisseur des téguments sur les nombreux points d’articulation ; les sucs nutritifs, en sortant de l'intestin, ont pu subir complétement l’action de l'air, avant d'aller se méler au sang plus parfait qui remplit le corps. » Je prie l’Académie de vouloir bien observer que ce qui précède ren- ferme deux choses très-distinctes, savoir : l'exposé de faits anatomiques et l'énoncé d’une théorie physiologique destinée à les expliquer. Des faits que Jai cités, le plus grand nombre est admis depuis longtemps dans la science et n’a pas été contesté. Il en est d’autres que j'ai fait connaître en détail, il est vrai, après les avoir trouvés de mon côté, mais dont la première découverte appartient à M. Milne Edwards. Cet accord entre deux observateurs qui ne se sont rien communiqué et qui font, à quinze ans de distance, sur des es- pèces différentes, une observation semblable, présente aussi, Je crois, une grande garantie d’exactitude. Or, si nous comparons ces faits avec ce que jai décrit comme existant chez certains Gastéropodes phlébentérés, nous trouverons des rapports frappants. Chez ces Mollusques, comme chez les Pycnogonides, il y a disparition des organes respiratoire et circulatoire ; la respiration s'exécute par les téguments en général, et plus particulièrement à l’aide de certains appendices, qui sont les pattes, pour les Pycnogonides, les appendices branchiaux, pour les Gastéropodes phlébentérés. Chez les uns et les autres, nous voyons l'intestin se prolonger sous forme de cœcum et pénétrer ainsi dans les appendices plus particulièrement respiratoires. Chez les uns et les autres, le foie disparaît de la cavité abdominale; il se morcelle pour suivre en quelque sorte les vicissitudes de l'organe auquel ses fonctions le rattachent. Chez les Crustacés comme chez les Mollusques dont nous parlons, il s’'atrophie et ne forme plus qu'une conche mince qui revêt les cœcums intestinaux. Certes ce sont là plus que des analogies; il y a presque similitude complète dans ces modifications éprouvées par des organismes appartenant à deux embranchements différents. Il est presque inutile d'a- jouter que la théorie que j'ai exposée plus haut s'applique également aux uns et aux autres; mais je ne crois pas devoir insister davantage sur une question qui, dans ce moment, est pendante. L'Académie comprendra sans peine les motifs de ma réserve à cet égard. » 153. (1158) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ENTOMOLOGIE. — Sur les Acariens , et en particulier sur les organes de la manducation et de la respiration chez ces animaux ; par M. Féux Dusarnn, Premier Mémoire. (Extrait par l’auteur.) (Renvoi à la Section de Zoologie.) « Après avoir discuté les travaux antérieurs relatifs au même objet, et particulièrement ceux de Dugès, jexamine successivement chez les Aca- riens : 1° la forme extérieure et les organes locomoteurs; 2° les organes de la manducation et l'appareil digestif ; 3° l'appareil respiratoire ; 4° le sys- tème nerveux et les yeux; 5° l'appareil reproducteur ; 6° les affinités d’après lesquelles on peut classer les Acariens; et, sur ces différents points, je fais connaître les observations qui me sont propres. » La bouche des Acariens présente ordinairement deux mandibules entièrement mobiles et formées de deux ou trois pieces au-dessus d'une lèvre plate ou en gouttière, résultant elle-même du rapprochement ou de la soudure de deux mâchoires palpigères; mais chez le Limnochares , Varticle basilaire de chacune des mandibules concourt avec la lèvre à former un tube crustacé, court, recourbé en manière de trompe, et qu'on pourrait croire d'une seule pièce. La dissection de cette trompe en fait connaître la vraie structure, en même temps qu'elle montre deux dents mobiles articulées dans l'intérieur du tube à l’extrémité des pièces mandibulaires dont elles sont le complément... Les mandibules onguiculées chez les Trombidions , comme chez les Araignées, sont également pourvues d'une glande vénénifère, tandis que les mandibules en pince des Gamases et de plusieurs autres genres n'ont pas cette glande. » Les mandibules onguiculées que l’on voit, chez les Trombidions , les Molgus et les Erythrœus , couchées longitudinalement dans la lèvre en forme de gouttière dont elles atteignent ou dépassent un peu l'extrémité, présentent, chez les 4tax, une disposition fort singulière; ici, en effet, elles sont perpendiculaires à la lèvre crustacée, élargies en forme de masque, et présentant au milieu un petit orifice par lequel viennent sortir seulement les pointes mobiles ou les onglets des mandibules. » La lèvre inférieure se montre, chez les Oribates, formée distinctement par la réunion de deux mâchoires analogues à celles des Coléoptères, dentées au bord et portant chacune son palpe dorsal. ( 1159 ) » Chez les Gamases, la lèvre est encore distinctement composée de deux mâchoires , mais c’est avec celles des Hyménoptères qu’elles présentent plus d’analogie ; elles sont formées d’une lamelle aiguë et portent en dedans une lamelle accessoire striée obliquement , qui constitue une sorte de languette, en s’unissant avec l'appendice correspondant. » Le Gamasus Coleoptratorum, caractérisé par une plaque sternale écail- leuse, présente une autre particularité fort curieuse : une petite tige terminée par deux soies plumeuses est articulée sur le bord antérieur de la plaque sternale, et paraît ainsi représenter les appendices inférieurs d'un segment intermédiaire. » L'Uropode, pour la composition de sa bouche, a beaucoup de rapport avec les Gamases; sa lèvre est formée de trois à quatre paires de stylets plu- meux très-élégants. » La composition de la lèvre est encore bien distincte chez les Acarus et les Sarcoptes, quoique le type soit considérablement modifié par dégrada- tion; mais chez les Acariens, dont les mandibules ne sont pas terminées en pince , cette composition maxillaire de la lèvre n’est plus visible , soit qu'elle forme une gouttière membraneuse sous les mandibules, ou une gaîne allongée comme chez les Smaridia , ou un masque écailleux percé d'un petit trou pour la sortie des pointes des mandibules comme chez les 4tax , soit qu’elle ait la forme d'une lame hérissée d’épines comme chez les Zxodes , ou qu'elle con- coure à former le rostre écailleux et tubuleux du Zimnochares, en fournis- sant seule, dans ce cas, le bord circulaire et entouré de cils convergents à l'orifice buccal. » Après avoir montré que les caractères tirés par Dugès de la forme des palpes n'ont pas toujours la valeur qu'on leur a attribuée , je signale deux autres modifications de ces organes : l’une propre au genre Molgus dont les palpes divergents sont terminés par un article subulé aigu, l’autre caracté- ristique du genre Cheyletus, dont les palpes, très-renflés à la base, se re- courbent comme les mandibules des larves de Dytiscus et de Myrmeleo, et sont terminés par un crochet en faucille, avec deux lamelles plus courtes, en forme de peigne ; un pharynx à la face externe duquel s’implantent de nom- breux faisceaux musculaires , se voit en arrière de la bouche, chez les Trom- bidions et le Limnochares, et concourt évidemment à produire la succion. » Quant à l’œsophage, à l'estomac et à l'intestin, que Treviranus n'a- vait pu voir distinctement dans le Trombidion, je les ai cherchés vaine- ment aussi, et Je suis resté convaincu que les sucs organiques dont les Aca- riens se nourrissent viennent se loger dans des lacunes sans parois propres, ( 1160 ) au milieu de la masse parenchymateuse qui fait les fonctions de foie; l'eau dans laquelle on dissèque les Acariens délaye ou altere leurs tissus, de telle sorte qu'on ne peut reconnaitre un intestin distinct. Quand, d’ailleurs, on observe par transparence les Bdeiles, les Gamases, les Dermanysses, etc. , on voit bien que le sang, ou le suc nourricier dont ils sont remplis, occupe un espace lobé on multifide symétrique; mais ici encore on ne peut acquérir la notion d'une paroi distincte autour de ce liquide, qui semble occuper des interstices ou des lacunes entre les faisceaux musculaires et jusque dans la base des pieds. Un fait qui démontre d’ailleurs aussi l'absence de circon- scription pour l'intestin, c'est la manière dont se logent les bulles d'air avalées par les Acariens dans diverses circonstances. » Cependant il existe un anus chez les Acariens, mais les excrétions de ces animaux ont le caractère d’un produit sécrété, comme chez l'Uropode, où ce produit, consolidé à l'air, forme une petite tige cornée servant de pé- doncule à l'animal. » Plusieurs sécrétions distinctes ont lieu chez les Acariens, et l'on peut voir en particulier, chez le Trombidion, les deux glandes blanches salivaires ou vénénifères, dont le produit est porté à l'extrémité de la mandibule par un long canal. » La respiration, chez les Acarus et les Sarcoptes, doit se produire seu- lement, par toute la surface, à travers les tissus, et chez les Gamases, les Cheyletus et divers Acariens à mandibules en pince, elle a lieu par un systéme de trachées aboutissant à des stigmates, comme chez les insectes. Mais entre ces deux extrêmes, on observe un mode de respiration double où mixte, dont on n'avait encore signalé aucun exemple : il s’agit, en effet, , d'un système de trachées aboutissant à une bouche respiratoire située à la base des mandibules et servant uniquement à l'expiration, tandis que l'aspi- ration a lieu par le tégument ou ses dépendances. » Chez le Trombidion, à la base des mandibules, en dessus, on voit un orifice oblong bordé par deux lèvres d'une structure fort remarquable: c'est un bourrelet réticulé, à jour, et dont la cavité communique avec deux gros troncs trachéens qui arrivent d’arrière en avant à cet orifice. Chacun de ces troncs se divise brusquement en une houppe de trachées tubuleuses, larges de 1 à 4 millièmes de millimétre, et non ramifiées. Le mouvement alternatif des mandibules suffit pour déterminer le mouvement de l'air dans cet appa- reil, comme on s’en assure en observant un Trombidion vivant sur la bouche duquel on a mis une goutte d'eau. ». D'autre part, en disséquant le Trombidion, on voit, sous le téçument, ( 1167 ) un réseau à mailles rondes formé d’une substance diaphane en apparence, homogène et assez résistante, qui rappelle le réseau respiratoire sous- cutané de certains Helminthes trématodes (Amphistomes et Distomes). Ce réseau paraît donc être ici en rapport avec les poils plumeux de la surface, pour servir à l'absorption des éléments gazeux , qui sont ensuite reportés au dehors par les trachées. » Cette interprétation est démontrée par le fait des Acariens aquatiques qui sont pourvus d'un appareïl trachéen semblable, qui, s’ouvrant au dehors par un seul orifice, ne pourrait évidemment servir à l'introduction et au re- nouvellement de l'air dans les trachées. Or, chez ces Acariens, comme le Limnochares , l'Atax, \Hydrachus, la Limnesia, on voit répandus, sur toute la surface, des stomates analogues à ceux des végétaux, c'est-à-dire formés par une membrane très-délicate, et sous chacun desquels se trouve une sorte de cage globuleuse formée par un réseau tout semblable à celui des Trombidions. » À l'occasion de cette présentation, un membre annonce que M. Dujardin demande à être porté sur la liste des candidats pour la place vacante dans la Section de Zoologie. Un autre membre fait remarquer que, pour que cette demande puisse être accueillie par l'Académie, il est nécessaire que M. Dujardin, qui maintenant n'habite pas Paris, se soit, au préalable, engagé par écrit à résider dans cette ville, s'il venait à être élu membre de l'Académie. CHIRURGIE. — ÎWouvelle Note sur l'emploi de la baudruche dans le traitement des plaies ; par M. Laucer. (Commission précédemment nommée.) « M. Guérin a présenté à l'Académie des Sciences un appareil en baudruche pour abriter les plaies contre le contact de l'air. Cet appareil, étant muni d'un robinet pour y faire, comme le dit M. Guérin, l'aspiration de l'air, personne ne doutera maintenant qu'il n'y ait une complète différence entre un procédé qui exige un semblable appareil, et le pansement des plaies que je fais avec la solution épaisse de gomme arabique et la baudruche. » M. Guérin ne voit, dit-il, aucune différence entre les moyens qu'on emploie pour favoriser l'application exacte d'une membrane imperméable à la surface des plaies. « La méthode, le principe, suivant lui, sont les mêmes. » Le procédé seul d'exécution diffère dans ses éléments les plus acces- ( 1162) soires. » Mais cependant, entre un procédé inapplicable, que M. Guérin a traité d'incomplet et d'incertain, et un procédé aussi simple, aussi certain que le mien, la différence est aussi grande qu'entre la réussite et la re- cherche : je ne nie pas que M. Guérin ait cherché un moyen de couvrir her- métiquement les plaies; moi je l'ai trouvé, quoiqu'il soutienne le contraire. » Je ferai remarquer que M. Guérin parle aujourd'hui, pour la première fois, d'un enduit qui fait adhérer la baudruche mouillée aux surfaces qu'elle protége, c'est-à-dire aux plaies. Je suppose que l'indication de cet enduit se trouve dans les paquets cachetés remis par M. Guérin avant ma première communication. »_{l n'existe pas d’ailleurs d'enduit qui puisse faire adhérer la baudruche aux bourgeons charnus d'une plaie en pleine suppuration, ce qui me fait penser que les essais de M. Guérin n’ont eu pour sujet que des plaies fraîches déjà réunies par d’autres pièces d'appareil. » Quant à l'idée mère de mes essais, j'ai dit, dans ma première commu- gication, qu'elle venait de l'étude de la cicatrisation des plaies sous les croûtes, fort bien décrite par Hunter. C'est à cet homme célèbre qu'il faut aussi rap- porter la gloire d'avoir décrit l'organisation immédiate des plaies qui se cica- trisent à l'abri du contact de l'air, aujourd'hui appelées sous-cutanées : il n'y a de nouveau que ce mot. » En terminant cette Note, j'ajouterai que je regarde ce débat de priorité entre M. Guérin et moi comme épuisé devant l'Académie des Sciences. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un propulseur sous-marin à hélice enveloppée ; par M. Bounrau. (Adressé pour le concours au prix concernant l'application de la vapeur à la navigation.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Système atmosphérique autoclave pour la loco- motion sur les chemins de fer; Mémoire de M. Moy. (Commission des chemins de fer atmosphériques.) MÉCANIQUE. — {Vouvelle théorie et nouveaux principes géométriques de divers échappements simples et généralement adoptés en horlogerie ; par M. J. Wacner neveu. s (Commissaires, MM. Poncelet, Gambey, Morin.) ( 1163 ) GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Développements de quelques points de la théorie des segments interceptés par les lignes et surfaces algébriques sur les groupes de cordes owsécantes menées symétriquement par un méme point ; par M. Brerow, de Champ. (Renvoi à la Commission nommée pour la première partie de ce travail.) M. Leraisanr adresse une Note concernant la loi des changements de la déclinaison magnétique. Un tableau joint à la Note présente en regard les résultats de l'observation, à compter de l’année 1580, et ceux que donne le calcul. Les différences sont comprises dans la limite des erreurs d'observations telles qu'on peut les admettre aux différentes époques. (Commissaires, MM. Mathieu, Duperrey, Laugier, Mauvais.) MM. Bunrex et Siceermann soumettent au Jugement de l’Académie un sympiésomètre auquel ils ont fait subir diverses modifications destinées, les unes à donner plus de précision aux indications de cet instrument, les autres à le rendre d’un usage plus facile. (Commissaires, MM. Arago, Élie de Beaumont, Pouillet, Regnault.) Le Rapportsur cet instrument devant être fait très-prochainement, nous nous bornons à en annoncer la présentation. M. Cnuarr demande que son appareil destiné à prévenir les dangers qui résultent de l'explosion des mélanges gazeux détonants, soit admis à con- courir pour le prix concernant les Arts insalubres. L'auteur indique les per- fectionnements qu'il a fait subir à cet appareil, depuis l'époque à laquelle il a été l'objet d'un premier Rapport fait à l'Académie, et adresse un tableau des graves accidents qui ont eu lieu depuis cette époque dans les houillères de la France, de la Belgique et de l'Angleterre. (Commission des Arts insalubres.) M. Toumareusrr présente l’ensemble de son travail sur l’Æ/tai, travail dont un extrait a été inséré dans le Compte rendu de la précédente séance. Une partie de ces recherches étant relative aux végétaux fossiles, M. Ad. Bron- guiart est adjoint à la Commission précédemment désignée. M. Garmin présente une Note sur des formules abréviatives pour obtenir la solidité de la pyramide et du cône tronqués à base parallèle. (Commissaires, MM. Cauchy , Binet.) M. Larcxez prie l'Académie de hâter le travail de la Commission qui est C. R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, Ko 20.) 154 ( 1164 ) chargée de faire un Rapport sur un procédé qu'il a imaginé pour diminuer les dangers des chemins de fer. (Commission des chemins de fer.) Un Mémoire sur un nouveau système de chaudières à vapeur, adressé par une personne dont le nom n'a pu être lu, est renvoyé à l'examen de la Com- mission des machines à vapeur. CORRESPONDANCE. M. le Mrusrre ne L'Acricurrure Er pu Coumerce accuse réception d'une copie du Rapport fait à l'Académie sur les travaux de culture exécutés en Algérie à la pépinière centrale. PHYSIQUE. — Ææpériences relatives à la vitesse du son dans l'atmosphère ; par MM. Bravas et Manrins. a « Le 30 septembre de l'année 1822, quelques mois seulement apres les célèbres expériences faites entre Villejuif et Montlhéry, pour la détermina- tion de la vitesse du son, MM. Stampfer et de Myrbach firent, auprès de Salzbourg en Tyrol, des observations analogues, mais avec cette circon- stance particulière que les deux stations offraient entre elles une différence de niveau de 1364 mètres. Si l'on calcule avec le nouveau coefficient de di- latation de l'air la vitesse du son à o degré, qui se déduit des expériences des deux savants autrichiens, on la trouve égale à 332",96 par seconde. Le manque de données hygrométriques ne permet pas de réduire cette vitesse au cas de l'air parfaitement sec; on peut présumer cependant que cette correction, toujours négative, serait, dans le cas actuel, de 4 à 7 décimètres. » La vitesse du son ascendant a été trouvée égale à celle du son descen- dant; mais l'on conçoit qu'une seule soirée n'est pas suffisante pouf mettre ce dernier résultat hors de doute, à cause de l'influence perturbatrice que le vent à pu exercer. » Désireux de répéter ces expériences, avec une différence de niveau plus considérable encore, nous nous étions pourvus de deux canons courts en fonte, vulgairement nommés boites; le poids de chacun d'eux était de 23 kilogrammes, et leur diametre interne de 44 millimètres. Ils étaient percés d'une lumière et pouvaient s'amorcer par le côté. L'une de ces pièces fut transportée au sommet du Faulhorn, haute montagne du canton de Berne; l'autre fut laissée au petit village de Tracht, près de Brienz et sur les bords du lac de même nom. » Pour mesurer l'intervalle de temps écoulé entre l'apparition de la lu- | ( 1165 ) mière et ia perception du son, nous possédions deux compteurs à pointage (les n° 521 et 528), que M. Breguet avait eu l'obligeance de meitre à notre disposition. On sait que, dans ces instruments, la pression du pouce sur un bouton extérieur se transmet, par un ingénieux mécanisme, à un levier mo- bile, lequel, s'abaissant sur le cadran des secondes, y laisse un point noir indicateur de la seconde de temps et de sa fraction. Nous avions en outre une montre à arrêt de Jacob, portant le n° :80, et battant 320 coups par minute. Le mécanisme de ces montres a été décrit par son inventeur dans le Bulletin de la Société d’Encouragement pour le mois d'août 1830. Enfin, notre dernier instrument était un très-bon chronomètre (n° 63) de Winner!, dont la marche diurne était de + 3°,0, et qui battait les demi-secondes. » Dans chacune des expériences faites à la station supérieure, les montres ou compteurs employés ont été, avant et après, comparés avec le chrono- mètre 63. A la station inférieure, cette comparaison n'a pu être faite à chaque soirée, mais le compteur 528, appartenant à cette station, a été mis en rapport, le 20 octobre au soir, avec le chronomètre, et dans des circon- stances de température à fort peu près identiques avec celles des soirées d'observation. » Les premières expériences eurent lieu le 21 septembre soir; ce fut pour nous une soirée d'essai dont nous supprimons ici les résultats. Le canon du Faulhorn était chargé avec 70 grammes de poudre, et celui de Tracht avec 75 grammes. Tous les coups furent entendus distinctement; cependant le bruit du canon de la montagne arrivait jusqu'à Tracht très-affaibli : en con- séquence, la charge de poudre fut augmentée à la station du Faulhorn et portée à 90 grammes. Depuis lors, la perception du son fut très-suffisante : le bruit s'entendit constamment d’une maniere nette, et ne fut accompagné d'aucun roulement. » Les tableaux suivants donnent les résultats des observations des 24, 25 et 27 septembre soir; les durées de propagation inscrites aux deuxième, troisième et quatrième colonnes ont été préalablement corrigées de l'effet de la marche diurne propre à la montre dont se servait chaque observateur. » Dans les soirées des 24 et 25, M. A. Bravaiss’est servi de la montre n° 180, à la station supérieure ; mais l'arrêt de cette montre s'étant subitement dérangé dans la matinée du 27, M. Bravais employa , désormais, le chronomètre 63; il en écoutait les battements, les comptait en lui-même , et faisait l'estime des différences. M. Martins a constamment observé avec le compteur n° 521. Enfin, le troisième observateur, M. Camille Bravais, frère de l’un de nous, et placé à la station inférieure , avait en main le compteur n° 28. Hyren ( 1166 ) » Quelquefois l'on a aperçu, coup sur coup, deux feux distincts, celui de la bouche, et celui de la lumière, lequel était nécessairement antérieur à l'autre. Ce cas échéant, il était impossible de retenir à temps la pression du pouce sur l'arrêt, et l’époque lue sur le cadran correspondait toujours à l'ap- parition du feu provenant de la lumière (r). Dans ce cas, l'intervalle de temps que l’on obtient se trouve être trop grand; mais nous avons eu le soin d’in- diquer cette particularité sur nos registres, et cette cause d'erreur peut ainsi être éliminée; les cas de double feu sont désignés, dans notre tableau, par un double astérisque. » La température, la pression de l'air, la tension de la vapeur d’eau, ont été mesurées au commencement et à la fin de chaque série. Les lectures ba- rométriques que nous rapportons sont corrigées de l'erreur constante des instruments et représentent la pression absolue. Toutes les observations de la station inférieure ont en outre été ramenéesau niveau des eaux du lac de Brienz (563,9); toutes celles de la station supérieure l'ont été au niveau du plan ho- rizontal qui passe par le sommet de la montagne (2683 mètres). » La tension de la vapeur a été mesurée aux deux stations, an moyen de psychromètres, et calculée par la formule E = € — 0,00085(t— 1) B (voyez la traduction française de la Météorologie de Kæmtz, page 78) : enfin l'on s’est servi de la Table des tensions de la vapeur, récemment publiée par M. Regnault. » La température de l'air a été prise en tournant les thermomètres en fronde: la position de leurs zéros avait été vérifiée les 24 juillet et 2 sep- tembre 1844. Au bas du tableau relatif à chaque soirée, sont inscrites les moyennes relatives à chacune des colonnes de ce tableau. Dans les calcuis de la moyenne durée de propagation, l'on a éliminé toutes les observations entachées par l'apparition d’un double éclair; heureusement ce cas s’est pré- senté assez rarement. On remarquera de plus que les six nombres marqués du double astérisque sont tous en excès sur la moyenne qui leur correspond au bas de la colonne. La valeur moyenne de cet excès est de 0°,24. » Enfin, nous faisons connaître l'état du ciel, la force du vent telle qu'elle a été obtenue au moyen de l’anénomètre de M. Combes, et sa direction , esti- mée d’après les azimuts bien connus des objets terrestres environnants. La station inférieure restait au N. 19° E. par rapport à la station supérieure. (a) I en était de même dans le cas où l'observateur écoutait les battements du chronomètre. ( 1167 ) Tableaux ÆZ. EXPÉRIENCES SUR LA DURÉE DE LA PROPAGATION DU SON. Observations du 24 septembre 1844; soir. SON DESCEN- DANT. STATION INFÉRIEURE. EE — | SON ASCENDANT. ÉPOQUE DU TIR, | —œm— A. Bra- Re Martins. vais. C. Bra- vais. Tempé- rature de l’air. Barom. à o degré. Tension dela vapeur. Tempé- rature de l’air. Barom. à o degré. S. 28 ,65** + 19,2 Moyennes .. Ciel clair, mais légèrement voilé ; quelques cirro-stratus. Station inférieure. — Calme; puis léver vent de nord à 5h 45", et légère brise de nord-nord-est à la fin. Station supérieure. — Sud, variable au sud-sud-ouest, très-faible. ( 1168 ) Observations du 25 septembre 1844, soir. SON ASCENDANT. SON DESCEN - DANT. ÉPOQUE DU TIR. m2 — A. Bra- vais. C. Bra- Martins. : vais. STATION INFERIEURE. RE il Tempé- rature de l'air. Barom. à 0 degré. Tension de la vapeur. STATION SUPERIEURE. a Tempé- rature de l’air. Barom. à o degré. Tension de la vapeur. 8.25.50 28,63 nm 715,9 Moyeunes..| 28,65 mm 10,65 + 10,4 mm 554,75 Ciel à demi couvert de eumulus venant du sud-ouest, élevés de 4 000 mètres au commencement des observations, et s’abaissant de manière à atteindre le sommet du Faulhorn vers 8h om. Station inférieure. — Calme. Station supérieure. — À 5h 48 faible brise de nord ; à 8h ro" vent variant sans cesse du sud-ouest à l’ouest; la vitesse par seconde est de o®,9 à 8h rom; de 1M,4 à 8h 18m; de 4m,0 à 8hoom, et de 2,6 à 8h 26m, (1169 ) Observations du 27 septembre 1844, soir. son DESCEN- DANT. 7 | Tempé- | Barom. | Tension | Tempé- | Barom. de la rature STATION INFÉRIEURE. STATION SUPÉRIEURE, SON ASCENDANT. EPOQUE DU TIR. A. Bra- C. Bra- | rature à E Martins : 7 : da: vais: vais. | de l’air. | o degré. | vapeur. | de l’air. +-50,2 8.20. 5 8,26.35 , 83.32.30 +16,07| 718,05 Moyennes... Ciel demi-clair, pommelé; eirro-cumulus venant du sud-ouest. Station inférieure. — D'abord nord-est très-faible; à 8h 14" et 8b 30m, faible vent d'est, Station supérieure. — D'abord nord-nord-est faible; à 8b30® nord petit frais, avec une vitesse de 1,9 par seconde. ( x170 ) » Il nous reste à déduire la vitesse du-son des nombres qui précèdent. » Dans le cas actuel, le chemin parcouru par le son ascendant était égal à 9624%,2 (voyez la Note terminale), pour une différence de niveau de 21164. Celui que parcourait le son descendant était de 9677",3, pour une différence de niveau de 2041", » La moyenne entre les deux distances est 9650",7. Il est facile de trans- former chaque durée observée, par exemple la durée 28°,7, en ce qu'elle eût été pour cette dernière distance. Pour le son ascendant, la correction à faire à 9650 ,7 962,2 ) = + 0,08 : elle sera de la durée observée sera + 285,7 ( — 0%,08 pour le son descendant. » Appliquons ces corrections aux moyennes de chacune des soirées d'ob- servation : prenons la demi-somme des deux moyennes fournies chaque soir par la station supérieure où résidaient deux observateurs; enfin, désignons par ia lettre K le rapport de la tension de la vapeur d’eau contenue dans l'air à la pression barométrique : nous aurons les résultats moyens renfermés dans le tableau suivant : Tableau B. — Durées moyennes de propagation du son. : ï DURÉE DUREE DE PROPAGATION, ei de, TEMPÉRA- DURÉE VALEUR ane à Jour. Son Son uen TURE réduite | moyenne | puirsee ascendant. [descendant moyenne” àloldegré-| ;de/K° 40 © degr. 8. = s. 8. s, s. 24 septembre ...| 25,545 28,55 28,547 | + 7025C | 28,922 0,0108 28,982 25 septembre .. 28,71 28,61 28,66 + 6,77 29,010 0,0117 29,074 27 septembre ...| 25,42 28,47 28,445 | +10,42 28,984 0,0126 29,053 Moyennes....| 28,555 28,543 28,551 + 8,17 28,972 0,0117 29,036 Vitesse par seconde. 337,92 | 338M,10 | 338" ,01 " 333 ,11 " 332,37 l » En comparant les deux marches ascendante et descendante du son, on voit d'abord qu'elles sont sensiblement égales entre elles. Les petites diffé- rences, variables d'un jour à l'autre, proviennent sans doute de l'action du vent qui soufflait pendant les observations. Du reste, cette action a toujours été de peu d'importance, et cet effet doit disparaître presque entièrement dans la moyenne générale des trois soirées. » [l paraît bien démontré, et par la théorie et par l'observation, que la fa (1171) vitesse du son est indépendante de la hauteur du baromètre : mais, tout en respectant cette loi, on pourrait penser que la transmission de l'onde so- nore ascendante est modifiée, quant à sa vitesse, par le passage d'un air plus dense à un air moins dense; la modification inverse devrait alorsse présenter dans la transmission de l’onde descendante, et l'on s'en apercevrait aux dif- férences constantes observées entre la vitesse d'aller et la vitesse de retour. Or, la différence 0°,015 entre les deux durées est si minime, qu'elle contredit entièrement cette manière de voir, qui d’ailleurs n'est pas fondée en théorie. » D'ailleurs, lors même que la variation de densité du milieu traversé devrait modifier la vitesse du son, il suffirait, pour éliminer cette in- fluence, de prendre la moyenne arithmétique entre les durées de propaga- tion du son ascendant et du son descendant. On trouvera ces moyennes à la quatrième colonne du tableau B. » Pour tenir compte de l'effet de la température, nous avons supposé un décroissement régulier de cet élément depuis la station inférieure au ni- veau du lac de Brienz, jusqu’à la station supérieure , sur une échelle verticale de 2119 mètres. Soit £ la température moyenne ainsi obtenue : la réduction à o degré s'opérera en multipliant la durée observée par Ÿ1+0,00366£. Enfin, pour tenir compte de l'humidité renfermée dans l'air ; il faudra di- viser les durées par ÿ1 —0,38 K ; le coefficient 0,38 exprime la différence de densité entre l'air sec et la vapeur d’eau. ». La dernière colonne du tableau B montre que les résultats de chaque soirée s'accordent entre eux, à un dixième de seconde près. Les différences peuvent s'expliquer soit par le défaut de simultanéité des coups réciproques, soit par un décroissement de température moins régulier que celui que nous avons admis ; d’ailleurs elles ne dépassent guère ce que l’on peut attendre des erreurs inhérentes à ce genre d'observations. » Si l’on combine les durées moyennes que nous venons d'obtenir avec la distance 9650",7, on trouve, pour les vitesses de l'air en une seconde, les nombres inscrits dans la rangée inférieure du tableau 2. Nous ferons remar- quer que le résultat final 332,37 diffère bien peu de celui des observateurs hollandais Moll et Van Beck , dont les expériences donnent, après l'adoption du coefficient 0,00366, une vitesse de 332,25 par seconde. » Une derniere question se présente. Dans l'appréciation de la durée, peut- il intervenir une cause constante d’erreu*, provenant de l'observateur lui- même ? Il semble, au premier abord, que la personne qui presserait trop C.R., 1844. 2m€ Semestre. (T. XIX, Nc 20.) 15 (Our 20) tard le bouton d'arrêt, à l'instant de l'apparition de l'éclair, devrait être eu retard de la même quantité, au moment de l'audition du son. Mais cette conclusion paraîtra prématurée si l'on réfléchit que l'organe affecté n'est pas le même dans les deux cas, ce qui rend possible l'existence d'équations personnelles. Pour vérifier ce soupçon, nous avons comparé les estimations simultanées de MM. A. Bravais et Martins, dans chacun des seize couples que ces estimations forment entre elles. Pour ce dernier observateur, la du- rée moyenne de l'intervalle excède de 0,10 la durée moyenne obtenue par son compagnon, et si l’on admet que la demi-somme des deux durées est la mesure exacte de l'intervalle, il en résulte des équations personnelles égales à + 0°,05. On peut donc craindre une erreur du même ordre sur la mesure de la durée faite à la station inférieure par le troisième observateur. » Quoi qu'il en soit, le résultat final de nos opérations sera le suivant : « Vitesse égale des sons ascendant .et descendant, à raison de 332,4 pour » de l'air sec, à la température de la glace fondante. » NOTE ADDITIONNELLE. » Nous donnons dans cette Note les éléments et les principaux détails du calcul qui nous a fait connaître la longueur du chemin parcouru par le son, dans nos expériences. Calcul des distances horizontales. » Le côté, sommet Faulhorn-église de Brienz, peut être calculé au moyen du triangle Faulhorn-Tannhorn-Brienz (église), dans lequel on connaît (1) : Angle au Tannhorn..... 409°16/0”,8 Côté Faulhorn-Tannhorn. 34420,5 Ë ! HT Na NE 4205 0] pieds français. Côté Brienz-Tannhorn... 11197,6 À ; Le calcul donne, côté Faulhorn-Brienz... 9231",6. » Le même côté peut être calculé au moyen du triangle Faulhorn- Rothhorn-Brienz, dans lequel on connaît (2) : / (1) et (2) Ces éléments résultent des deux triangles n° 16 et n° 366 du Registre de la triangulation du canton de Berne, par l'ingénieur Wagner, Registre déposé aux archives de la ville de Berne, ( 11793) Angle au Rothhorn..... 11°8/15/,1 Côté Faulhorn-Rothhorn 40022,5 cdé fi à Côté Brienz-Rothhorn.…. 11023,5 PUS nd Le calcul donne, côté Faulhorn-Brienz... 9231",0. La moyenne des deux résultats est....... 9231%,3. » Dans le triangle Faulhorn (sommet)-Brienz (église)}-Tracht (belvédère), on connaît le côté Faulhorn-Brienz que nous venons de calculer, et les an- gles suivants que nous avons mesurés au théodolite: Angle au Faulhorn... 79° 1°16”, Angle à Tracht...... 7428! 0”; on en conclut le troisième angle; l'excès sphérique, moindre que 1 seconde, peut être négligé. On trouve ensuite : Côté Faulhorn-Tracht... 9475",7. » Le belvédère de Tracht est la station d’audition du son descendant. » La station supérieure de tir ne coïncidait pas exactement avec le sommet du Faulhorn; la distance était de 24",1. Avec les deux côtés 9475", et 24,1, avec l'angle compris 42°23’ mesuré directement au théodolite, on trouve : Côté canon Faulhorn-Tracht (belvédère)... 9458",0o. » Cest la distance horizontale parcourue par le son descendant. » Avec une base de 457,9 mesurée sur un terrain plat, et dont une extré- mité était au canon de Tracht, l’autre en un point auxiliaire, avec les angles à la base 81°49/ bo” et 69° 57 35", mesurés au théodolite, on a trouvé, pour le côté opposé à ce dernier angle, Côté canon de Tracht-Tracht (belvédère)... 91",22. » Avec les deux côtés 9475",7 et 91,22, aveë l'angle compris 20°31r', dont le sommet est au belvédère de Tracht (angle mesuré au théodolite), nous trouvons : Sommet Faulhorn-canon Tracht... 9390",31. » Enfin, la station d'axdition du Faulhorn était un peu écartée du sommet, à une distance de 5 mètres de ce sommet, et dans une direction qui déviait de 50 degrés de celle suivant laquelle l'observateur placé au sommet relevait le canon de Tracht. On en conclut: Distance horizontale, son descendant... 9387",1. 159%. (1174) Calcul des distances verticales. » Le sommet du Faulhorn est à 2683"%,0o sur la mer, et le lac de Brienz (dont le niveau varie à peine de 0",5 dans la saison d'été) est à 563,9 sur la mer, d’après la grande triangulation suisse (Ærgebnisse der Trigonome- trischen Vermessungen); la différence 2119%,1 serait l'écart vertical, si les stations supérieure et inférieure avaient été exactement situées à ces deux niveaux ; mais la station inférieure était au-dessus du lac; la supérieure, au- dessous du sommet de la montagne. De là proviennent les corrections sous- tractives suivantes : » Son ascendant. — Le canon Tracht était à 1,2 au-dessus du niveau du lac ; les observateurs du Faulhorn étaient postés à 1,5 au-dessous du sommet, on en déduit : Chemin vertical du son ascendant..... 2116,4. » Son descendant. — Le petit triangle auxiliaire entre Tracht (belvédère), canon Tracht, et le point auxiliaire déjà cité, triangle aux extrémités de la base duquel on a mesuré les angles de hauteur du belvédère de Tracht, a fait connaître que la station inférieure d’audition (belvédère de Tracht) était à 74,1 au-dessus du niveau du lac. Le canon du Faulhorn étant à 3,5 au-dessous du sommet de cette montagne, on a eu : Chemin vertical du son descendant.... 2041%,5. Calcul des distances obliques. » Son ascendant. — Avec les deux composantes du chemin, savoir, 9387",1 et 2116",4, en tenant compte de la courbure de la terre et de l'arc de o°5'0” qui sépare les deux verticales, nous obtenons: Son ascendant, distance oblique..... 9624",2. » Son descendant.— Avec les deux composantes 9 458%.,0 et 2041",5, en tenant compte de la courbure de la terre et de l'arc de 0°5/6” qui sépare les deux verticales, nous trouvons Son descendant, distance oblique... 9677",3. » CHIMIE OPTIQUE. — Sur les propriétés optiques de l'amygdaline, de l’acide amygdalique, des amygdalates et des produits résultant de l’action des bases fixes sur la salicine; par M. Boucnarpar. « Jusqu'à présent, l'acide tartrique est le seul acide connu dont les solu- (m7 ) tions agissent sur la lumière polarisée; l'histoire optique de cet acide et de ses diverses combinaisons a permis à M. Biot d'étudier plusieurs points de la mécanique chimique. » Pour varier ces recherches, il serait, je pense, utile de connaître d’au- tres acides qui posséderaient aussi ce pouvoir moléculaire rotatoire; j'ai eru que cette propriété devait être surtout recherchée dans les acides dérivant, par une légère modification, de substances organiques complexes douées elles-mêmes de ce pouvoir. » Mon attention s’est portée en premier lieu sur lamygdaline, sur l'acide amygdalique et les amygdalates; Je vais en traiter dans ce Mémoire, ainsi que des produits résultant de l’action des alcalis fixes sur la salicine. Je m'oc- cuperai bientôt des produits résultant de l’action des mêmes alcalis sur la phloridzine, ainsi que des substances variées obtenues, par M. Vübler, de l'oxydation de la narcotine. » Je réunis, dans le tableau suivant, le pouvoir moléculaire rotatoire de l'amygdaline, de l’acide amygdalique, des amygdalates de zinc et de chaux, avec les données qui ont servi à établir ces déterminations. IDÉvIATION SA PROPORT.| DENSITÉ |LONGUEUR| de la POUVOIR pondérale de la du tube lteinie de| DEÉVIATION | DÉVIATION |molécuiaire DÉSIGNATION dans solution, d'observ. | passage | observée à [calculée en| rotatoire de la l'unité de | celle de en bleue | travers le [multipliant de la substance employée. poids de Ja | Veau distil.| millim. | violacée | verre rouge| x par 2? | substance solution |6tant prise observée dissoute pour unité à l'œil nu (cc). «) , Amygdaline.........| 0,10078 — 110,00 100,30 Ÿ — 35,51 ÿ Acide amygdalique.. .| 0 ,27778 — 609,00", — 40, 19 Amygdalate de chaux. | 0,1228 — 260,25 % — 260,06 — 41 AY Amygdalate de zinc..| o ,193548 Ë — 409,50 % —39°,10 — 4o 48 (*) M. Biot a découvert (Mémoire sur la polarisation circulaire et sur ses applications à la chimie organique, Académie des Sciences, t. XII, p. 120) que dans la loi de rotation des rayons simples qui a lieu pour toutes les substances incolores excepté l'acide tartrique, la: (1176 ) » L'amygdaline qui m'a servi avait été purifiée avec le plus grand soin, elle était d'une blancheur de neige ; ses cristaux lamelleux ont été desséchés à une température de 45 degrés, en contact de la chaux vive; sa dissolution aqueuse vue dans un tube de 299"",2 était d'une transparence parfaite et tout à fait incolore. Dans mes premières expériences , j'employais de lamyg- daline qui n'était point d'une aussi grande pureté, et les dissolutions aqueuses u'avaient pas cette transparence complète indispensable pour arriver à des conclusions exactes; cependant il est plusieurs résultats de ces premières expériences que je crois utile de relater. » La propriété de l'amygdaline qu'il m'importait le plus d'étudier, était celle d'étre transformée en acide amygdalique, lorsqu'on l'a fait bouillir avec l’eau de baryte, comme MM. Liebig et Vôbler l'ont découvert. » J'ai pris une dissolution aqueuse contenant 0,1 d'amygdaline ; elle a été succession des teintes de l’image extraordinaire offrait un point de passage subit du bleu violacé au violet rougeâtre, qui est très-facile à reconnaître; et dans toutes les épaisseurs où la coloration est observable, la déviation angulaire qui y correspond se trouvait avoir avec 30 23 sant ce rapport, on peut calculer la déviation du rayon rouge, ce qui, en général, est beaucoup plus facile. On peut remarquer que les nombres compris dans les colonnes 5 et 6 diffèrent peu les uns des autres ; cependant ils s’éloignent plus de l'égalité que cela n'arrive dans des observa- tions exécutées avec soin. On voit que les nombres de la déviation calculée sont tous infé- rieurs à ceux obtenus en observant à travers le verre rouge; ceci nous indique que les solu- tions d’amygdaline, d'acide amygdalique et d’amygdalates dispersent les plans de polarisation des divers rayons simples, à peu près comme le font le cristal de roche et toutes les autres substances qui suivent la même loi de rotation; mais qu’il existe cependant une différence légère qu'il importait de signaler. la déviation du rayon rouge, un rapport constant qui est à peu près —. Alors, en renver- Voici des résultats obtenus dans d’autres observations : 1°. Une dissolution d’amygdaline observée à l'œil nu avait un pouvoir de &——15°,5; , . n x té l'observation à travers le verre rouge donna a, —=—14°,08 ; en multipliant — 17,5 par 23 x 3) on a — 13° . 30° 4 2°. Une autre dissolution d’amygdaline ayant à l'œil nu un pouvoir de — 18°,5, en pos- , . x . . x sédait , à travers le verre rouge, un de — 15° } , et le calcul indique — 142,18 Y. DONS . . : . . È x 3°. Une troisième dissolution d’amygdaline, ayant à l’œil nu un pouvoir de —9°,75 \, * sn x et de — 8° Ÿ à travers le verre rouge, et le calcul indique —7°,47 Y. 4°. Une dernière dissolution d’amygdaline ayant un pouvoir de a; = — 16°, ÿ et ( 24x77 ) étendue avec son poids d’eau de baryte. Ge mélange examiné immédiatement dans un tube de 500 millimètres , exerçait une rotation de 4; = — 9°”. Il fut versé dans un flacon que je tarai exactement , et que je plaçai pendant deux heures dans une bassine d'eau bouillante. Le dégagement d'ammoniaque avait cessé ; j'ajoutai alors une proportion d’eau égale à celle qui s'était éva- porée; le liquide fut examiné dans le même tube de 500 millimètres, et il exerçait alors une rotation de &; = — 13°". Il est clair que l'amygdaline, en se transformant en amygdalate de baryte , non-seulement n'avait pas perdu son pouvoir moléculaire rotatoire , mais que ce pouvoir s'était accru. » L'expérience suivante montre que la baryte peut être séparée sans que le pouvoir change. Je la précipitai exactement par l'acide sulfurique, et le pouvoir resta @; = — 13°". » Cette dissolution d'acide amygdalique fut saturée avec de l'ammonia- que, et le pouvoir moléculaire rotatoire propre à l'acide amygdalique ne changea point ; j'observai dans le même tube 4; = — 12°,5. La chimie nous a, =—13°,5. En multipliant 16,5 par — on a 12,65, nombre différant de la valeur de z,. 5°. Une dissolution d’acide amygdalique m'a donné 4; — — 13° Ÿ et #, —— 10° Ÿ : VEREUS À X5 me o en multipliant 13 par — on a 9,96. 6°. Unedissolution d’amygdalate d'ammoniaque m’a donné 2;— —64\ eta,——50°,06" \: 64.23 = — 6. (0) Û 30 49; 7°. Une dissolution d’amygdalate de baryte m'a donné 4, —=— 109,5 et 4, = — 150,5 y: 19,5.23 Or, Pre 14,95. 8°. La même dissolution, après la séparation de la baryte par l'acide sulfurique, m'a x 8,5.23 donné &;— — 18,5 et a. ——149,5 \. Or, = 14,1. 9°. Une dissolution d’amygdalate de chaux m'a donné aj—=—23 et a, —— 18,5. 23.23 Or, ne 17,63. Si les observations précédentes ne suffisent pas pour fixer la loi de rotation propre aux composés amygdaliques, elles montrent cependant que si ces solutions dispersent les plans de polarisation des divers rayons à peu près comme le font le cristal de roche et toutes les substances qui suivent la même loi de rotation, il existe cependant une différence légère que la constance des résultats signalés rend indubitable. C’est aussi ce que m’a prouvé la succes- sion des teintes exprimées dans mes tableaux d'observations, comparées à celles que donnent les autres substances (les solutions tartriques exceptées ). (1178) a montré qu'en restituant à l'acide amygdalique l’'ammoniaque que la ba- ryte a éliminée de l'amygdaline, on ne refait plus cette dernière substance ; l'observation optique nous conduit à une conclusion pareille, car à une même dilution l'amygdaline, avant l'élimination de l’'ammoniaque, avait une rotation de g; = — 9°", et après la restitution de l'ammoniaque à l'acide amygdalique, la rotation est de g; = —192°,5",. » Cette augmentation du pouvoir rotatoire de la molécule amygdalique, pendant la transformation de l'amygdaline en acide amygdalique, était un fait que jai dû corroborer par de nouvelles expériences dont voici les résultats : » Une dissolution contenant 0,15 d'amygdaline fut étendue d’eau de baryte ; ce mélange avait un pouvoir de 4; = — i5°,5",. Après deux heures d’ébullition {l'eau évaporée étant restituée), le pouvoir devint 4; ——19°,5",. Une autre dissolution d'amygdaline et de baryte ayant un pouvoir de = —9°,75", en prit un de 4; ——12°,5 ", après deux heures d'ébullition. » Enfin, la dissolution d'amygdaline parfaitement pure, qui m'a servi à obtenir le pouvoir moléculaire rotatoire propre à cette substance, étant étendue d'eau gle baryte, me donna &; ——9°", et après l'ébullition, TES » Toutes ces expériences s'accordent à prouver que le pouvoir rotatoire de la molécule amygdalique s'accroît par le fait de la transformation de l'a- Dj mygdaline en acide amygdalique. » L'acide amygdalique n'a point encore été obtenu à l'état cristallisé ; celui que j'ai observé était sous forme d’une masse gommeuse transparente que j'ai desséchée en l’exposant plusieurs jours à une température de 60 de- grés. Maloré ces soins , l'acide que j'ai examiné reteuait une proportion d’eau indéterminée, mais je n’ai pas poussé plus loin la dessiccation, pour ne point l'altérer , ce qui aurait eu pour effet de colorer la solution. Comme j'opérais sur un produit qui n'était point cristallisé , les résultats numériques que j'ai obtenus ne doivent étre acceptés qu'avec réserve ; toutes ces remarques s’ap- pliquent également aux amy gdalates de chaux et de zinc que je n'ai pas ob- tenus cristallisés. » L'amygdalate de chaux a été préparé en saturant l'acide amygdalique par un lait de chaux. La dissolution a été obtenue parfaitement limpide en la passant sur un filtre de charbon. L’amygdalate de zinc a été préparé par double décomposition, en précipitant l'amygdalate de chaux par le sulfate de zinc, et en séparant le sulfate de chaux par l'addition d'un peu d'alcool ; je l'ai également obtenu sous forme gommeuse ; mais quelques observations (1179 ) nouvelles me font penser qu'avec des précautions on pourrait obtenir ce sel cristallisé, ce qui faciliterait l'étude des amygdalates. » Dans le Mémoire présenté à l'Académie le 11 janvier 1836, M. Biot a prouvé qu'il y avait combinaison chimique entre l'eau et l'acide tartrique ; puisque les propriétés moléculaires du système composé de ces deux corps changeaient avec les proportions des composants, il était important de con- stater s'ilen était de même avec l'acide amygdalique. » Une solution d'acide ayant une rotation de 4; = — 13°" fut étendue de son volume d’eau; le pouvoir observé alors fut exactement a; — —6°,5",. » Une solution d'amygdalate de zinc ayant un pouvoir de &;=— —51°", fut étendue de son volume d’eau; la rotation ne fut plus que de a; ——925°",. » Ces expériences prouvent que l'acide amygdalique ne partage point, avec l'acide tartrique, la propriété de former avec l’eau des combinaisons chimiques infinies que le caractère optique nous révele. » Sur les propriétés optiques des produits dérivés de la salicine.— J'ai dé- terminé (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, tome X VIII, page 298) le pouvoir moléculaire rotatoire de la salicine ; ilimportait d'étudier, sous ce point de vue, les produits les plus remarquables qui dérivent de cette sub- stance. » L’hydrure de salycile (acide salycileux) a été, comme on le sait, obtenu par M. Piria, en faisant agir sur la salicine le bichromate de potasse sous l'in- fluence de l'acide sulfurique étendu. Ce corps est identique, comme M. Du- mas l'a montré, avec l'essence de reine-des-prés, et présente de grandes ana- logies avec l'hydrure de benzoïle. » J'ai vu que, comme ce dernier corps, il n'exerçait aucune influence sur la lumiere polarisée. L'hydrure de salycile que j'ai examiné provenait de l'oxydation de la salicine. » L'acide salycilique a été obtenu par M. Piria, en chauffant de l'hydrure de salicine avec un excès de potasse. M. Gerhardt a vu qu'on obtenait éga- lement cet acide en substituant la salicine à l’'hydrure de salycile. L » En variant cette expérience, j'ai fait quelques remarques que je crois utile de consigner ici. Dans une dissolution de soude caustique bouillante, j'ai ajouté, par portions, de la salicine qui s’y dissolvait immédiatement avec ef- fervescence. L’alcali étant saturé, il s’est déposé une substance insoluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et l’éther, soluble dans les alcalis caustiques se présentant sous l'apparence d'une résine; cette substance est la salyrétine. En distillant les liqueurs saturées, j'ai obtenu quelques traces d'hydrure C. R., 1844, 2M€ Semestre. (1. XIX, N0o 29) 156 ( 1180 }) de salycile. Il s'est de plus déposé, avec le temps, un précipité d'une belle couleur rouge-brique. » Cette expérience nous prouve qu'à l’aide des alcalis caustiques, on peut transformer la salycile en salyrétine, en hydrure de salycile et en acide salycilique ; produits dérivés de la salicine qui avaient été obtenus, soit par l’action des acides, soit par une réaction oxydante. » La salyrétine, l'acide salycilique, de même que l'hydrure de salycile et la salygénine, sont sans influence sur la lumière polarisée. Jusqu'ici on na obtenu, du dédoublement de la salicine, qu'un seul produit exerçant la ro- tation, c'est le glucose. Résumé. » 1°, L'acide amygdalique, les amygdalates, et l'amygdaline dont ils dé- rivent , dévient à gauche les rayons de la lumière polarisée ; » 2°. La loi de rotation, propre aux composés amygdaliques, se rap- proche beaucoup de celle propre au cristal de roche et à la pluralité des substances actives, mais il existe une différence légère que j'ai appréciée; » 30, L'acide tartrique et l’acide amygdalique sont les seuls acides qui, jusqu'ici, ont été reconnus avoir de l'action sur la lumière polarisée : l'acide tartrique en solution exerce la rotation à droite, et l'acide amygdalique à gauche ; » 4°. L'hydrure de salycile, la salygénine, la salyrétine, l'acide salyci- lique, sont sans action sur la lumière polarisée. » L2 M. Louer adresse, de Bruxelles, une MNotice sur le zincage voltaïque du fer. Déjà, en 1843, M. Louyer avait donné, dans le Bulletin du Musée de l'In- dustrie de Bruxelles, un procédé de zincage, mais l'expérience n'avait pas tardé à lui faire reconnaître que ce procédé laissait encore beaucoup à dési- rer, et que l'adhérence entre les deux métaux était loin d'être complète sur toute la surface. En effet, le fer zinqué par sa méthode , après avoir été exposé quelque temps aux influences atmosphériques, présentait, d'espace en espace, des taches de rouille très-prononcées. Un succès beaucoup plus complet ayant été obtenu en Angleterre, M. Louyer fut curieux de con- naître le procédé employé, et très-surpris d'apprendre qu'il ne différait guère du sien que par une circonstance en apparence peu importante. M. Louyer avait pensé qu'il en devait être pour le zincage comme pour l'argenture et la dorure voltaiques , et il avait, suivant le précepte donné par ceux qui pratiquent ces deux opérations, maintenu toujours le bain à l’état ( 1187 ) alcalin. L'ingénieur anglais, au contraire, recommandait que la dissolution de sulfate de zinc fût plutôt acide qu'alcaline. En se conformant à cette nouvelle indication, M. Louyer a complétement réussi, et il croit pouvoir se rendre compte de cette différence dans les résultats en supposant que l'acidité du bain prévient la formation, à la surface du fer, d'une légère couche d'oxyde qui empécherait l'adhérence des deux métaux. M. Louyer termine sa Note par l'indication de quelques expériences qui l'ont conduit à penser que, pour le zincage , la quantité de métal déposé ne dépendrait pas seulement, comme pour la dorure et l'argenture voliaiques, de l'étendue de la surface à recouvrir et du temps employé à l'opération, mais que la masse de l'objet à zinquer entrerait aussi pour quelque chose dans le résultat. L'Académie a décidé qu’il serait fait une enquête concernant les traits ca- ractéristiques de la trombe qui, le 22 octobre dernier, ravagea la ville de Cette et les environs. La Section de Physique, à laquelle M. Arago s'ad- jJoindra, posera les questions. Le Secréraire écrira, au nom de l’Académie, à M. Borsse, directeur des mines de Carmaux, pour lui demander quelques nouveaux détails, touchant la chute d'un aérolithe qui a eu lieu le 21 octobre dernier, aux environs de Layssac. M. Scuumaoser annonce à M. Arago que le Roi de Danemark est dans l'intention de proposer un prix pour la détermination la plus exacte de j'or- _ bite de la comète de 1585, calculée sur les observations de Tycho. M. Gavrrier pe Crauery prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission qui a été chargée de l'examen d'un Mémoire qu'il lui a précé- demment présenté sur un nouveau procédé d'analyse organique. M. Regnault remplacera, dans cette Commission, M. Thenard absent. A quatre heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. À. ERRATUM. (Séance du 18 novembre 1844.) Page 1088, ligne 14 : au lieu de M. Kanner, lisez M. KRANNER. 2 20 — ( 1182 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Acadéinie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie royale des Sciences; 2° semestre 1844; n° 2r;in-4°. Annales des Sciences naturelles; par MM. Mie Enwarps, AD. BRON - GNIART et DECAISNE ; octobre 1844; in-8°. Rapport adressé à M. le Ministre de l'Instruction publique ; par M. Mine Enwarps, membre de l'Institut, chargé d'une mission scientifique en Sicile; suivi d'une Note de M. DE QuarRErFAGES ; 1 feuille in-8°. Destruction dela Peste, Lazareis et Quarantaines ; par M. HAMONT; broch. in-8°. Sur les Courbes parallèles à l'ellipse ; par M. Breton; + feuille iu-8°. Annales forestières ; novembre 1844; in-8°. Société royale et centrale d'Agriculture. — Bulletin des Séances ; Compte rendu mensuel; par M. LECLERC-THOUIN ; tome IV, n° 10; in-8°. Journal d’ Agriculture pratique et de Jardinage, publié sous la direction de M. Bix10; novembre 1844; in-8°. Journal de Chirurgie; par M MALGAIGNE; novembre 1844; in-8°. Mémoire sur les Quadratures ; par M. Mevarreéa. Turin, 1844; in-4°. Recherches expérimentales relatives à l’action des Huiles grasses sur L Économie animale ; par M. GLUGE; broch. in-8°. Pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative de l'espèce bovine; par le même ; in-8°. Réponse de M. E. AL8ERI à un article de M. le professeur G. Ligrr, sur la question agitée à Florence au sujet des travaux de Galilée et de Renieri sur les sa- tellites de Jupiter, travaux conservés parmi les manuscrits de Galilée dans la biblio- thèque particulière de S. 4. I. et R. le grand-duc de Toscane; 4 feuille in-8°. Address... Adresse au Maire de Southampton et aux membres du Comité du Puits artésien; par M. BUCKLAND, professeur de Minéralogie à Oxford; in-8°. The Edinburgh... Nouveau Journal philosophique , Sciences et Arts d ’Édim- bourg, publié sous la direction de M. JAMESsSON Juillet-octobre 1844; in-8”°. Astronomische. . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER, n° 520; in-/°. (razette médicale de Paris; n° 47; in-4°. (Gazette des Hôpitaux ; n° 135 à 157; in-fol. L'Écho du Monde savant; n° 38 et 39. A ———— PPT | COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 DÉCEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur quelques formules relatives aux différences finies ; par M. Auçusr Caucur. « Les équations symboliques offrent un moyen facile d'obtenir un grand nombre de formules relatives au calcul des différences finies et de déve- lopper les fonctions en séries. Lorsque les développements ainsi obtenus se trouvent composés d'un nombre fini de termes, le théorème fondamental, relatif à la multiplication des lettres caractéristiques, suffit ordinairement pour prouver que ces développements représentent les fonctions elles-mêmes. Mais, lorsque les développements s'étendent à l'infini, les formules obtenues, comme je l'ai dit ailleurs, ne se trouvent plus établies que par induction, et ne subsistent plus que sous certaines conditions déterminées. Or, ces con- ditions se réduisent, dans un grand nombre de cas, à celles qui expriment que les séries demeurent convergentes. C'est ce que l’on peut démontrer en particulier, comme on le verra dans le présent Mémoire, à l'égard de quel- ques formules remarquables, dont l'une a été donnée par Maclaurin, et sert à développer une intégrale aux différences finies en une série dont le pre- mier terme est une intégrale aux différences infiniment petites. F C.R., 1844,2m€ Semestre. (T. XI1X, N° 25 197 ( 1184 ) ANALYSE. $ I®°. — Considérations générales. * Soient f(x) une fonction donnée de la variable æ, et Az = k ‘ la différence finie de cette variable. L'équation f(æ + k) = f(x) + Af(x) pourra être présentée sous la forme symbolique (1) f(x + h)= (1 + Ajf(x), et l'on tirera de cette dernière formule r (2ÿ f(x + mh) = (1 + A)"f(x), m étant un nombre entier quelconque. D'ailleurs, si l'on représente par la lettre À non plus une caractéristique, mais une véritable quantité, on aura identiquement (3) (1 + SE ne EL; ne = (1 + À — A)” (4) — (1 + A" == . A(r pin A) + _— 1) pe (1 ET A"? — & ne et, suivant un #héorème fondamental facile à établir, Les règles relatives à la multiplication des lettres caractéristiques ne different pas des regles rela- tives à la multiplication des quantités. Donc, les formules (3), (4) conti- nueront de subsister si À, au lieu de représenter une quantité, est une lettre caractéristique et indique une différence finie; de sorte qu'on aura encore (sy tre Mnppe (à + Pages VE, et (6) GA [c+ar — TA(IHAPE EE ee Dan Ayr — alé ( 1186 ) ou, ce qui revient au même, m _ (7) f(x + mh)=f(x)+ 7 - Af(æ) + DA f(x) + ; (8) D TR _ Ajoutons que si lon remplace x par æ —mh dans la formule (8), on en tirera < VAT m 4 m(m—1) 1 (9) f(x—mh)=f(x)——Af(x — h) ha mmaes- 24) +. Ainsi, le théorème fondamental, relatif à la multiplication des lettres carac- téristiques fournit immédiatement les formules (7), (8), (9), qui coincident avec celles qu'on obtient lorsqu'on développe suivant les puissances ascen- dantes de A les binômes (Hi ane (CEA LS A (= =) dans les seconds membres des équations symboliques Ge + mh) = (+ AY f(x), f(x) = (51+ A —A)" f(x), f(x — mh) — (: — =) f(x), dont la derniere pent être réduite à f(x — mh) = (1+ A)" f(x). Remarquons, d’ailleurs, que celle-ci est précisément celle en laquelle se transforme l'équation (2), quand on remplace m par — m. » On pourrait encore, du théorème fondamental que vous venons de rap- peler, déduire un grand nombre de formules déjà connues pour la plupart, et en particulier la suivante A" [o(x) x(x)] = * A" p(x)+— Ay(x)A'o(x+h)+ anne qui, lorsqu'on passe des différences finies aux différences infiniment petites, 157.8 ( 1186 ) reproduit l'équation D" (uv) = u De + = Du D” v ne (OREEQRNE LE » Concevons maintenant que, dans les formules (7), (8), (9), # de- vienne négatif ; ou, ce qui revient au même, concevons que l’on remplace dans ces formules m par — m. Alors les formules (7) et(9) deviendront (ro) Fe — mA) = (x) — TAF) + HD ae f(x) — …., 1.2 Gr) É(œ+ mm) = F(x) + MAS( —h) + D gaffe — a) + et les séries comprises dans leurs seconds membres seront, pour des valeurs positives de m, composées d'un nombre infini de termes. Ainsi, par exemple, pourm=t, la formule (11) donnera (12) f(x — h) = f(x) — Af(x) + A? f(x) — A f(x) +... Cela posé, les formules (10) et (11) ne pourront évidemment subsister qu'au- tant que les séries comprises dans leurs seconds membres seront conver- gentes. J'ajoute que, sous cette condition, elles subsisteront toujours. Effec- tivement, supposons convergente la série comprise dans le second membre de l’une de ces formules, par exemple de la formule (10); et représentons par 9 (x) la somme de cette série, en sorte qu'on ait (13) g(x) = f(x) — % A f(x) + OH D ao f(x) — ete. .2 On en conclura (x + mh)= f(x + mh) — L A f(x + mh)+.…., ou, ce qui revient au même, 1.2 ge + md) = (1 +47" [ es TC) Mais, en vertu du théorème fondamental ci-dessus rappelé, on a identique- ment (1+A)" [: Ne re = + AP (1 + APT = 1. 1.2 ——_———— ( 1187 ) Donc, on aura en définitive p(x + mh)=f(x), et par suite œ(x) = f(x — mh); en sorte que l'équation (13) pourra être réduite à la formule (10). On dé- montrerait, de la même manière, que la formule (11) est toujours exacte dans le cas où la série que renferme le second membre de cette formule est convergente. » Des remarques analogues peuvent être appliquées aux équations dé- duites des formules symboliques propres à représenter les intégrales des équations linéaires aux différences finies. Entrons, à ce sujet, dans quelques détails. » Si l'on désigne par F(A) une fonction entière de À, puis par f(x) et par z deux fonctions, l'une connue, l'autre inconnue de la variable x; une équa- tion linéaire aux différences finies et à coefficients constants, entre x et x, pourra être présentée sous la forme symbolique (14) F(A)u = f(x). De cette dernière équation, résolue symboliquement, on tirera (6) Se u= ——- D'ailleurs la formule de Taylor donne Af(x)=(e"° —r)f(x), ou, ce qui revient au même, À = eD— 1 Donc l'équation (6) peut s’écrire comme il suit f(z) (16) U —= FD) Ce n'est pas tout : si, en nommant x” la plus haute puissance de x qui di- vise algébriquement la fonction F (x), on représente par RATE Le LR NE Ra ka + k,x + kax+ etc... ( 1188 ) le développement du rapport F(e—1) suivant les puissances ascendantes de x, la formule (16) se trouvera réduite à la suivante Gg) uk, + kDf(x) + Æ& RD? f(x) +... ER D f(œ) + 4 RD f(x). +4, D f(x), dans laquelle on aura D (x)= fade, DC) = [ fr(od, ete. Il est donc à présumer que la formule (17) fournira, du moins sous certaines conditions, une intégrale particulière de l'équation (16); et l'on peut obser- ver encore que, sil en est ainsi, on déduira aisément de cette intégrale par- ticulière l'intégrale générale de l'équation (16), en ajoutant à l'intégrale par- ticulière dont il s'agit l'intégrale générale de l'équation linéaire F(A)u = o. Mais il importe de rechercher quelles sont précisément les conditions sous lesquelles subsistera la formule (17), et de prouver que ces conditions se réduisent à celles qui expriment que la série comprise dans le second membre est convergente. Pour montrer comment l'on peut y parvenir, exa- minons en particulier le cas où l’on a simplement EUTA)ETA; Alors la formule (14) se trouvera réduite à l'équation (18) Au =f(x), dont l'intégrale générale sera HA (Te): De plus, la formule (16) deviendra f(x) TD € —1 LU — ( 1189 ) et comme on a, pour un module de x inférieur à 2r, I I Li Ci Co 2 - = = —-+ L—— "x? +..., et—1 z 2 1-2 23% Ci Cas C3, -.. désignant les nombres de Bernoulli, c'est-à-dire les rapports l'équation (17) se réduira simplement à la suivante : (19) ur fE(x) dx — Lfix) + ADF(æ) — a TD CCE CENT. D'ailleurs, pour que l'équation (19) subsiste, il sera d’abord nécessaire que la série comprise dans son second membre demeure convergente; et comme le module de cette série ne différera pas du module de celle qui aurait pour terme général k \n (4) DK il est clair que la convergence de la série comprise dans le second mem- bre de l'équation (19) entrainera la convergence du développement de f(x+:) pour une valeur quelconque de z. Done l'équation (19) ne peut subsister que dans le cas où f(x+2) est toujours développable suivant les puissances ascen- dantes de z, et par conséquent dans le cas où f(x) est une fonction toujours continue de la variable x. J'ajoute que, dans ce même cas, la valeur de , donnée par la formule (19), représentera nécessairement une intégrale par- ticulière de l'équation (18). En effet, on tirera de cette équation z+h : F: k (ao)au=h" f F(a)de — LA f(æ) + Ch ADÉ(æ)— WADE (a) + les valeurs de Af(x), ADf(x), ... étant Af(x)—f(x+4) — f(x), ADf(x)=Df(x +) —Df{x)... Or, daus l'hypothèse admise, le second membre de la formule (20) sera une fonction toujours continue de k. On pourra donc développer ce second mem- bre en une série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes ( r190 ) de k; et, si l’on représente par EST I CANIN PSE le développement ainsi obtenu , on aura identiquement, z+h Au RE Eh: : (2) de (ar) ; | — [f(x + h)—f(x)] + — [Df(x +h)—Df(x)] + ...… Si maintenant on différentie plusieurs fois de suite par rapport à la quantité h Véquation (21), et si l’on pose après les différentiations À = o, alors, en ayant égard aux propriétés connues des nombres de Bernoulli, on tirera des formules (20 et (21) RE) ONE to etc: On arriverait aussi à la même conclusion en observant que le développe- ment du rapport A RD D à 5 — —|e nie er). e suivant les puissances ascendantes deb, doit seréduire identiquement à l'unité. Donc l'équation (21) donnera simplement Ans —"Nec)" Donc , lorsque la série comprise dans le second membre de la formule (19) sera convergente, la valeur de #, donnée par cette formule, sera une imté- grale particulière de l'équation (18), et l'intégrale générale de la même équation sera (22) EF (x) = u + II(x), I (x) désignant une fonction périodique qui ne change pas de valeur quand la variable x recoit un accroissement représenté par }. $ Il. — Application des formules établies dans le premier paragraphe. » Si l'on suppose que la fonction jusqu'ici désignée par f(x) se réduise à l'exponentielle ax e ? Crgr) a désignant une quantité constante , on reconnaïtra que dans ce cas la for- mule de Maclaurin, c'est-à-dire la formule (19) du $ I‘, subsiste pour uu pres 2 ; | module de À inférieur au module de FE De plus, dans la même hypothèse, les formules (10) et (11) du $ I‘ subsisteront, la première pour un module &e e% — 1 inférieur à l'unité, la seconde pour un module de e"*— 1 infé- rieur à l'unité. » Concevons maintenant que l'on pose Ax = 1 , et de plus , (1) f(x) = T(a + x) D(a— 6)r(b+zti) Alors, en ayant égard à la formule connue T(x +1)=xT(x), on trouvera à AN sl T(a+ x) (2) ES re team et généralement, pour une valeur quelconque du nombre entier », ne T(a + x) (3) A DE mr recent) Enfin, eu égard à l'équation 13 nor) = ? Sin TT qui subsiste pour une valeur quelconque de x, on pourra réduire la formule (3) à celle-ci : ñ su n 7 T(a+a)r(r—a+b+i) (4) = f(x) =(— 1) sin(a — b)r T(r+ x + b +1) : D'autre part, À — Ax étant réduit à l'unité, les formules (10) et (11) du $ E*° donneront (5) FGœ mi) f(x) PAf() PO ae f(x) =... (6) Fm) f(x) A Gr) + M D pe FC 2). C. R., 1844, 2m° Semestre. (T. XIX, N° 25.) 158 ( 1192 ) Or, dans le second membre de l'équation (5), le terme général sera nm +i)...(m+n—:1) à v: ; T(m+ n) ru 1) 1.2...7 Af(x)=(— 1) m)F(REi) A" f(æ) Donc, eu égard à la formule (4), ce terme général ne différera pas du pro- duit T T(a+x) T(n+m) L(nea ba) sinfa—b)rx T(m) T(r+1) T(r+r+b<+i) qui, considéré comme fonction de n», est, proportionnel au suivant T(r+m) T(2—a+b+i) F(r+i) Tfr+a+b+i) D'ailleurs, pour de grandes valeurs de 7, on a sensiblement T(r+ a) ESS ee —;#} » T(r+b) T(n + m) (Ra H0ET) mor. re) EEE E5) 5 et la série qui a pour terme général la quantité 71 M —A—L—A est convergente ou divergente, suivant que l’on a nmn—Ai—L<0 ou m—a4a—xX > o. x Donc , dans l'hypothèse admise, la série que renferme le second membre de l'équation (5) sera elle-même convergente ou divergente, et la formule (5) sera ou ne sera pas vérifiée, suivant que la différence m — a — x sera infé- rieure ou supérieure à l'unité, c’est-à-dire suivant que l’on aura X>M—A, ou D AR 1 EN 2 1 » Si de la formule (5) on passe à la formule (6), alors, à la place de l'é- ( 1193 ) quation (3) on obtiendra la suivante T(a+x— A) G Enr sr)" que l’on pourra réduire à ; __ sin(a+zx)r ASS A) 0 Oup (8) A PR tee de Besse ruta) et par suite la formule (6) sera ou ne sera pas vérifiée, suivant que la quantité m+b+x—: sera inférieure ou supérieure à — 1, c’est-à-dire en d'autres termes, suivant que l’on aura x+m+bo. » Concevons maintenant que dans la formule (1) on pose DU ©), et que l’on prenne pour valeur de x un nombre entier; alors la fonction f(x) se réduira simplement à la valeur de [s],, déterminée par la formule __s(s+ 1)...(s+x—1) [ske = does k et l'équation (5) donnera (Q) DEC PRINCE ET 6 CS De plus, comme on tirera de la formule (2) A° [S]z = [s — LIRE la formule (9) se réduira simplement à la suivante : m Go) [bn = {sh ts — 14 + sn) S—2]>,2 —.... 1-2 Enfin, d'après ce qui a été dit ci-dessus, la formule (10) sera ou ne sera pas , P q , 8 158.. ( 1194 ) vérifiée, suivant que l'on aura LATE ou DECO — 0e Ajoutons que si l’on remplace m par — m, on tirera des formules (5) et (6), quelle que soit la valeur entière de x, ({m— 1) GE — [s]> otre . [s TE nes D ——— [s LE DIE +... , (11) et = le li fs —ik + UT [s — 2]; — ete. .... » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur plusieurs nouvelles formules qui sont relatives au développement des fonctions en séries ; par M. Aucusrix Caueny. « J'ai donné, dans la derniere séance, une nouvelle formule générale qui se rapporte au développement des fonctions en séries; j'ai reconnu depuis que cette nouvelle formule peut être transformée en deux autres tout aussi générales, mais plus simples encore, qui s'appliquent avec beaucoup d'a- vantage aux calculs astronomiques. J'ai d’ailleurs trouvé les conditions pré- cises sous lesquelles les trois formules subsistent, et les modifications qu'on doit leur faire subir pour les rendre rigoureuses, quand elles fournissent seulement des valeurs approchées des fonctions que l'on considere. Enfin, je suis parvenu à divers moyens d'établir directement ces formules. Tel est l'objet du présent Mémoire. Les résultats nouveaux qu'il renferme, et leur évidente utilité me donnent lieu d'espérer qu'il sera favorablement accueilli par les géomètres. ANALYSE, $ I. — Recherche et démonstration des nouvelles formules. » Nommons F(x) une fonction donnée de la variable x, et concevons que, pour des valeurs de æ comprises entre certaines limites , le coefficient de x” dans le développement de F (x) en série ordonnée suivant les puis- sances entières, positives, nulle et négatives de x, soit représenté par À, , en ( 1195 ) sorte qu'on ait (1) HEC AP x" la somme qu'indique le signe X s'étendant à toutes les valeurs entières de m. Supposons d'ailleurs la fonction F(x) décomposée en deux facteurs dont l'un se trouve représenté par f(x), l'autre par o (9x), 9 désignant une con- stante qui pourra se réduire à l'unité. Soit, en conséquence, @). F(æ) = p (6x) f(x), et posons encore (3) o (x) — Dre f (x) + AmX”, les sommes qu'indique le signe £ s'étendant toujours à toutes les valeurs en- tières, positives, nulle et négatives de 7m. On tirera de la formule (>), en désignant par z une valeur particulière de 77, (4) Ana ORNE GER RSS gr Se et l'on pourra encore présenter l'équation (4) sous l’une ou l’autre des deux formes (3) À ES DGA er ÉLEEUS (6) AS ln le ae Or, de l'équation (6) on peut immédiatement déduire les trois nouvelles formules qui sont l'objet spécial de ce Mémoire, et dont l'une a été déjà obtenue dans la dernière séance, en opérant comine il suit. » Considérons k,,, comme fonction de m, et supposons que la fonction de æ, représentée par 4,,,, reste continue avec sa dérivée pour tout mo- dule de x inférieur à + m. La formule de Taylor donnera (7) L'RÉRREES A S — D,k, + DA, Are De plus, les deux équations m (8) RER AE le; (9) LL = k, + . Ah + _—— A? PRE 20 (1196 ) subsistent généralement l'une et l'autre pour toutes les valeurs de #2 qui permettent aux séries que ces équations renferment d’être convergentes. Cela posé, concevons que l'on combine l'équation (6) avec l’une des formules (7), (8), (9), et supposons que a_,, se réduise à zéro, pour toute valeur de m qui rend divergente la série comprise dans le second membre de la formule que l’on considère. On trouvera successivement D,#, An 1.2 (ro) A7—IÛE [A za gm + 2e DS AO DLL ELLE PE | ; 4 (Tr) AE [Sa 6" . 2 Ema_,,0" + Em(m— 1)a-n9"+ | (12) PAC fase, gm + EE DID ROUTE == Em(m+ an 0+e |: D'ailleurs, la seconde des équations (3) peut s'écrire comme il suit : (13) Nbre te et de cette dernière on tire, non-seulement (14) n'a La = (— 1) f(x), les fonctions fx), FN A). étant déduites les unes des autres à l’aide de la formule OCEAN CAR mais encore Em(m+1)...(m+n—1)a x" =(—1) x"D'f(x), ou, Ce qui revient au même, (15) Em(m+i)...(m+n—1)a x "= (— 1) zx"f,(x), et de plus e()= same \ par conséquent (16) Zm(m— 1)...(m —n + ent = cn Di fe). ,: ( 1197 ) Si maintenant on pose x — 07! dans les formules {14), (15), et x — 9 dans la formule (16), on trouvera Dre rene ==" (5m) Em(m + 1)...(m+n—1)a,0" =(— 1} 06$,(6", Zm(m — 1)...(m —n+1)a,0" = 60" D; f(6-"), et par suite les équations (10), (11), (12) donneront (17) = [af ( Shen UE RES 5 ere ae dRUX, ns FE) + T A4, D, f(6 re k, Da f(6-) + … | (19) A, —6” [a DEEE PAR) + |: » Considérons spécialement le cas où le développement de f(x) renferme seulement des puissances négatives de x. Dans ce cas, a_,, ne cessera d’être nul que pour des valeurs positives de 77; et comme, pour de telles valeurs, la formule (8) se vérifie toujours, le second membre de cette formule étant alors réduit à un nombre fini de termes, on pourra compter sur l'exactitude de la formule (18). » Si l’on suppose, en particulier, p(x)=(G—x)" alors en faisant, pour abréser, __S(s+1)...(s+7—1) [se = OZ 2 on aura bn en [sa Ak,=[s—ml;m; et l’on tirera de la formule (18) (20), =6" [1,16 ) + [s—1]44 2Dsf (8-1) Eu [s—2]n2Déf (6) puce b ou, ce qui revient au même ? ? (an) A, = [51,8 À HG-)+ D GE) + EE Dé (69) + (1198 ) D'autre part, pour obtenir la valeur de A,, représentée par une intégrale dé- finie, il suffit généralement de poser daus la formule (22) A, = — UE) Gp} et par suite, dans l'hypothèse admise, cette valeur deviendra UN 7 ne Me) A, | x Te 0" Douc, lorsque le développement de f (x) renfermera seulement des puis- sances négatives de x, alors, en posant x — EP, on aura LL AT EE () (23) | ré ef (ax SE ñ s—1 0 En (s—1)(s—2) 6: En De [5] 4 [Fe + - D,f(8 parlé NE Si dans cette dernière équation l'on posait Da) (: — 2)” on obtiendrait la formule (24) au" S——Y7 1) 6 (s—1) s—2) t(t+i) #8 2 œ el: nu a+ 1 Ti—cé (ai) +2) Fe (5) +.../, qui comprend elle-même, comme cas particulier, l'équation connue 1 25 cos 7p 27 (= PbCospeE my= dP En - Dir 0 ,G+)(-nb.2) © | le le ere = re (5) + (25) ( 1199 ) 6 II. — Des restes qui complètent les séries comprises dans les nouvelles formules, lorsque l'or arréte chaque série après un certain nombre de termes. » Les trois formules générales auxquelles nous sommes parvenus, c'est- à-dire les équations (17), (18) et (10) du $ [*, fournissent chacune la va- leur de la fonction À, représentée par la somme d'une série composée d’un nombre infini de termes. On peut demander quel est le reste qui doit compléter chaque série, quand on la suppose arrêtée après un certain terme. On résoudra aisément ce dernier problème, par une méthode qui donnera en même temps une démonstration nouvelle de chaque formule, en opérant comme il suit. » Si, dans la formule (22) du $ I, on substitue la valeur de F(x) tirée de l'équation F (x) = p(8x) f(x), on trouvera (1) TE = Jr" #Ox)f(x)dp, 2 la valeur de x étant on vs 4 , et 8 désignant une constante que l'on pourra supposer non-seulement réelle , mais encore très-peu différente de l'unité, ou même réduite à l'unité. En con- séquence, la valeur de 4 pourra être supposée telle que la fonction F (0 = e (89 F(0 reste continue par rapport à {entre les limites L=X, t—= : . Admettons cette hypothèse. La valeur moyenne de la fonction 2" 9(6x) f(x) qui, en vertu de l'équation (1), représente précisément le coefficient A,, ne 4 ZT » e . x variera pas quand on y remplacera æ par 5 Elle sera donc équivalente à la C.R., 1844, 2me Semestre. (T. XIX, N° 25.) 159 ( 1200 ) valeur moyenne de la fonction x" (æ)f G) ÿ de sorte qu'on aura encore (2) SES CHOC Cela posé, faisons, pour plus de commodité, f () = Y(p). En développant 4 (p) suivant les puissances ascendantes et entières de p, on trouvera généralement GO! HP=4O)+E VC++ ET NV, 20 0 A 4 , . # f 0 rm désignant un reste qui pourra être représenté par une intégrale définie simple. Ainsi, en particulier, pour déterminer r, , on pourra recourir à l'une quelconque des deux formules (4) = [ET good, UN rt) (5) er pe la valeur de z étant 2 — der et p désignant un module supérieur à la valeur numérique de l'angle p. D'au- tre part, en différentiant plusieurs fois l'équation v(p)= 1C)= f(E-er V5), et posant, pour abréger, = AD) Ex) = xD) ete. nr, ( 1207 ) on trouvera P(P)= Vif (Ex), d'(p= (V1) (Ex), etc..…, et, par suite, on aura généralement pm (p)= (VE) E (EE à), (0) = (V— 1)" 6,(67"). Donc l'équation (3) donnera (6) f (?) = f(6-+) HET er) re LR (EEE Or, si l'on substitue la valeur précédente de (57 dans l'équation (2), alors, en posant, pour abréger, (7) he fxecdp, on obtiendra la formule an à m— DE kr =: Lr— 0" [af me A Cm ET de 1) L 1.2...(m—i) fn (8 | (8) +R, la valeur de R,, étant 1 9" 4 n @) BE f “raus'o()dp. Si R,, décroît indéfiniment pour des valeurs croissantes de m, la formule (8) deviendra Go) A6 [kr tr (o) + ere) |, et lon se trouvera ainsi ramené à l'équation (17) du $ I. Mais cette équation cessera d’être exacte dans le cas contraire; et alors pour la rectifier, il suffira d'arrêter après un certain nombre m de termes, la série que renferme le se- Lo ( 1200 ) cond membre, puis d'ajouter à ce second membre le reste représenté par R,. On peut observer que ce reste, déterminé par l'équation (9), se trouvera exprimé par une intégrale double, attendu que r,, se trouve déjà exprimé par une intégrale simple, en vertu de la formule (4) ou (5). » Nous venons d'indiquer avec plus de précision que nous mavions pu le faire dans le Mémoire présenté à la dernière séance, la condition sous la- quelle la formule (ro) est rigoureusement exacte. Cette condition est que le reste R,, devienne infiniment petit pour des valeurs infiniment grandes de m. Elle se trouve toujours remplie lorsque le reste r,, devient lui-même infini- ment petit pour des valeurs infiniment grandes de m; par conséquent lorsque la fonction up) = f (8-1 Ti) est développable en série convergente’ ordonnée suivant les puissances as- cendantes de p, pour tout module de p inférieur à r, ou, ce qui revient au même, lorsque pour tout module de p inférieur à x, l'expression s(ev) reste fonction continue de p. Ces observations éclaireissent et rectifient ce qui pouvait demeurer obscur ou inexact dans les remarques faites à la page 1128, et nous ajouterons à ce sujet que la formule (5) de cette page ne doit pas être distinguée, comme elle nous avait paru devoir l'être au premier abord, du système des formules (4) [ibidem]. » Concevons maintenant qu’au lieu de développer la fonction F (5) =f(8vri) suivant les puissances ascendantes de p, on pose dans cette fonction æ I Die GAL et qu'on la développe suivant les puissances ascendantes de #; alors on trouvera (11) r(2) = É(E) LPO) TN) rm, 1.2...(m—1) le reste r, pouvant être représenté par une intégrale définie simple , et en ( 1203 ) particulier, par l'une quelconque de celles que renferment les deux for- mules (12) = [EEE 600 (À + à) de, Fi 1 ï mt(5+s) (13) Vn —= me LG da. dans lesquelles on aura encore 2 = pe V1, le module p de z étant supérieur au module de #, et, de plus, (14) ER EE d Si, d'ailleurs, on suppose la valeur de R, toujours liée à celle de r,, par la formule (9), alors, en ayant égard aux équations (7) et (14), on tirera des formules (2) et (11) g—m+1 Age) ar) ++ ar G)] Re a) Si le reste R,, devient infiniment petit pour des valeurs infiniment grandes de m, l'équation (15), réduite à la formule (19) du $ I”, deviendra g— 6: eh £ (16), A,—6" [AG )-T A (G-)+ ak, f" (8 =] Cette dernière sera donc vérifiée lorsque la fonction (9-6) sera développable, pour tout module de p inférieur à 7, suivant les puis- à sances ascendantes de la variable & ePN—t x (1204) » Supposons enfin que, dans la fonction on pose 0 — ter £, T par conséquent DEN I 8 _6+e et que l'or développe seu ) B+e, suivant les puissances ascendantes de #. Alors on trouvera 2 (7) (3) = #(8-1) + LD, F(8—) +... + TRE m—1 ss 2 RE f(2 Le Tm le reste r, pouvant être représenté par une intégrale définie simple, et en particulier par lune de celles que renferment les formules (18) = Oo : de GETRE (=) (19) Tin = DUT) dm dans lesquelles on aura encore 2, pie" VE , le module b de x étant supérieur au module de #, et, de plus, (20) tra)! Si d’ailleurs on suppose la valeur de R,, toujours liée à celle de r,, par la E formule (9), alors en ayant égard aux équations (7) et (20), on tirera des for- M ( 1205 ) mules (2) et (17) Qgm—1 An = 0" [167 1)+ FAR DA (6). + AM k, Di K(G)| +R, 1.2...(m—1) (21) Si le reste R,, devient infiniment petit pour des valeurs infiniment grandes de m, l'équation (21), réduite à la formule (18) du $ I, deviendra () A,—=0@ [4,5(6-) + SA, Dé #6) + 29 k, Dÿ (6-1). |. Cette dernière sera donc vérifiée, lorsque la fonction f (9-1 e 12) Si) sera développable, pour tout module de p inférieur à x, suivant les puis- sances ascendantes de la variable Fr = 8(1— RE » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIRURGIE. — Mémoire sur l'entérotomie de l'intestin gréle, dans les cas d'oblitération de cet organe; par M. J.-G Maisonneuve. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Les nombreuses variétés d’oblitération de l'intestin grêle peuvent être divisées en trois grandes classes , que je distinguerai sous les noms d'oblitéra- tion par obstruction, par rétrécissement, par étranglement. La première catégorie comprend deux variétés principales : obstruction par corps étran- gers , obstruction par invagination. Les corps étrangers que l’on a rencontrés obstruant l'intestin grêle sont : des noyaux de fruits, des matières fécales, des calculs biliaires. La deuxième catégorie comprend les rétrécissements congénitaux , les rétrécissements dus à une forte constriction, à un sphacèle de l'intestin, à une contusion , à des ulcérations, aux dégénérescences di- verses des parois de l'organe. La troisième catégorie comprend les étran- glements herniaires profonds, les étranglements par des brides intérieures, ( 1206 } fibreuses ou cellulaires, par un nœud de l'intestin, par un trou de l'épiploon , par un anneau anormal du péritoine, par un trou du mésentère, par l'appen- dice cœcal, par une diverticule de liléum. » Les symptômes qui résultent de ces obstructions diverses sont, 1° une constipation opiniätre ; 2° des coliques violentes; 3° la tension de labdomen; 4° la tuméfaction des circonvolutions intestinales, des hoquets, des nausées , des vomissements, l'anxiété , l'altération du pouls, qui devient petit et serré ; l'altération des traits, les sueurs froides, etc. La marche de ces accidents présente de nombreuses variétés, suivant la cause de l'oblitération et cer- taines prédispositions individuelles. » Diagnostic. — En général, l'existence de l’oblitération intestinale est facile à constater ; il est plus difficile de déterminer son siége et d'établir l'existence ou la non-existence de la péritonite. L'examen attentif du mode de distension du ventre, de la saillie des circonvolutions , de la marche des symptômes , du siége de la douleur, les lavements administrés avec certaines précautions, peuvent cependant permettre, dans la plupart des cas, d'établir un diagnostic précis. » Pronostic. — La mort est la terminaison presque constante de l'oblité- ration intestinale ; elle est due au trouble des fonctions digestives, et sur- tout à l'inflammation du péritoine. Dans quelques cas, rares cependant, la guérison peut survenir par les seules forces de l'organisme. Gette termi- naison favorable peut être obtenue de deux manières : 1° par la disparition de l'obstacle mécanique, alors, par exemple, que l'intestin renversé dans les volvules se gangrène et est éliminé par la partie inférieure , lorsque le corps étranger est dissous et expulsé; 2° par le sphacèle et l'ouverture spontanée de l'intestin à l'extérieur, ainsi qu'il en existe des exemples à la suite de l'opération de la hernie étranglée. » Les ressources opératoires employées contre les obstructions intesti- nales consistent en deux méthodes, le débridement et l’entérotomie. La première , dont on rapporte l'honneur à Franco, est, depuis cet auteur, appli- quée à la cure des étranglements herniaires, et doit être regardée comme lune des plus utiles conquêtes de la chirurgie. Barbette , et après lui Fagës , ont vainement essayé d'appliquer cette méthode, sous le nom de gastro- tomie, aux autres variétés d'oblitération. Elle a été proscrite par l’Académie de Chirurgie , et définitivement rayée du cadre chirurgical. La deuxième opération a été proposée par Littre, ea 1710, pour le cas d’imperforation de l'anus ; utilement modifiée par Callisen, elle a été reprise par M. Amussat , ( 1207 ) qui l’a popularisée sous le nom d'ertérotomie lombaire, et en a fait l'applica- tion à tous les cas d'oblitération du gros intestin. » D'après les conseils de Louis, un chirurgien nommé Renault fit une application heureuse de l’entérotomie à un cas d'obstruction de l'intestin grêle. Ce fait resta complétement ignoré des auteurs modernes, et, dans l’étatac- tuel de la sciencé, il n’y a vraiment de ressources dans la chirurgie que pour les étranglements herniaires, ou bien les obstructions du gros intestin. Toutes les autres variétés d’oblitération de l'intestin grêle sont considérées comme absolument au-dessus du pouvoir de l’art. Pour combler cette lacune, je pro- pose, sous le nom d’'entérotomie de l'intestin gréle, deux méthodes opéra- toires. La première, dérivée de l’idée de Littre pour les cas d'oblitération du rectum, a pour but l'établissement d’un anus artificiel. La seconde, dont l'idée fondamentale me paraît entièrement neuve, consiste dans l’anastomose latérale de deux anses d’intestin placées l’une au-dessus de FPautre, et qui appartiennent, l’une à la partie du tube située au-dessus de l'obstacle , l'autre à la partie située au-dessous. » Première méthode. — Établissement d'un anus artificiel. — Cette opéra- tion consiste à pénétrer dans l'abdomen, au moyen d'une ouverture faite à ses parois, à rechercher une des anses d’intestin placées au-dessus de l'ob- stacle, à l'ouvrir, et à favoriser le libre écoulement des matières au dehors. Le point le plus favorable pour l'opération est la répion iliaque, au niveau de la partie antérieure du cœcum, sur le trajet d’une ligne parallèle au ligament de Fallope et dont le milieu croise la ligne bis-iliaque, à 4 centimètres au devant de l'épine iliaque antérieure et supérieure. Dans ce point, en effet, il est facile de trouver les circonvolutions intestinales distendues, on a moins de chances de rencontrer les anses voisines de l'estomac, et l'anus artificiel est moins incommode que sur la partie antérieure et moyenne de l'abdomen. » Comme exécution, cette méthode opératoire ne présente pas de diffi- cultés sérieuses; sous ce rapport elle est loin de ressembler à la gastrotomie, qui consistait à pénétrer dans le ventre, pour aller à la recherche d'un ob- stacle le plus souvent inconnu et indestructible. Elle s'applique indifférem- ment à tous les cas d'obstruction de l'intestin grêle, quels qu’en soient le siége, la nature, le degré de curabilité. Les diverses conditions de l'obstacle n’influent nullement sur la manœuvre, qui peut être ainsi parfaitement régularisée. » Comme dangers, elle appartient certainement à la classe des opérations graves, mais elle n’a rien de plus redoutable que l'opération de la hernie étranglée. » Le résultat immédiat de l'opération est d'ouvrir aux matières intestinales C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XX, N° 95.) 160 ( 1208 ) une libre voie d'écoulement , d'où la cessation des phénomènes d’obstruction. Cet écoulement se fait, il est vrai, par un anus artificiel, mais cette infirmité peut disparaître plus tard si l'obstacle mécanique au cours des matières vient lui-même à céder. » Seconde méthode. — Anastomose latérale l'une anse intestinale su- périeure à l'obstacle avec une anse inférieure. — exposé de cette deuxième méthode fera l'objet d’un autre Mémoire que je me propose de présenter prochainement à l'Académie. Conclusions. » 1°, Les nombreuses variétés d'oblitération de l'intestin grêle ne doi- vent plus être considérées comme au-dessus des ressources de l’art. » 2°, L'entérotomie constitue une ressource précieuse contre ces affections. » 3, Elle peut être appliquée, avec des chances raisonnables de succès, dans tous les cas où l’oblitération n’est point encore compliquée de péritonite générale. » 4°. Cette opération mérite de prendre rang dans la science , à côté de l'opération de la hernie étranglée et de l'entérotomie du gros intestin. » PHYSIOLOGIE. — De l'influence générale des sécrétions sur l’économie animale ; par M. Maroni (du Wurtemberg ). (Commissaires, MM. Serres, Pelouze, Andral, Rayer. ) « Ilest, dit M. Martini, un fait dont la physiologie a, jusqu'à présent, trop peu tenu compte, c'est l'action qu'exercent les fluides sécrétés et excrétés sur le corps de l’homme et des animaux supérieurs. À peu d'exceptions près, cette influence passe encore aujourd’hui inaperçue. Ceux mêmes qui recon- naissent que les liquides en question peuvent produire des inflammations et de la fièvre, loin d'y voir la cause immédiate des désordres survenus dans l'économie animale , s'obstinent à les regarder comme des causes purement accidentelles.... Nul ne songe à mettre en doute l'influence pernicieuse de l'urine , parce que ce fluide est une matière excrémentitielle de l'organisme qui renferme des principes délétères; mais on conteste cette même propriété aux sucs gastrique etentérique, aux larmes, ainsi qu'aux fluides sécrétés par la muqueuse pulmosaire, qui ne sont pas, il est vrai, des substances excrémenti- tielles, mais qui remplissent des fonctions organiques dans l'intérieur du corps. » L'auteur, apres s'être attaché, dans son Introduction, à discuter la marche { 1209 ) quil convient de suivre dans des recherches entreprises pour combler la lacune signalée, examine, dans autant de chapitres distincts, l'influence de l'urine sur les tissus animaux vivants et en particulier sur ceux de l'homme, celle du suc gastrique et du suc entérique, celle de la salive, de la bile, des di- verses sécrétions des voies aériennes , de la synovie, du lait, enfin, du fluide lacrymal. Ce dernier chapitre forme à lui seul près de la moitié du travail très-étendu de M. Martini. M. Puicrpar, professeur de culture , présente une Collection et un Cata- logue méthodique de 620 espèces ou variétés de céréales. Cette Collection comprend: 483 variétés de blés froment, 11 variétés de seigles, 4o variétés d’orges, 63 variétés d’avoines, 23 variétés de millets. Cet envoi doit être suivi de la présentation d'une série de Mémoires sur les céréales. (Renvoi à la Section d'Économie rurale. ) M. Dusois, d'Amiens, adresse une Note en réponse à celle qu'avait adressée M. Poiscuille , dans l’avant-dernière séance , touchant un point débattu entre ces deux physiologistes, dans l’histoire de la circulation veineuse. (Renvoi à la Commission de Physiologie expérimentale. ) CORRESPONDANCE. M. le Mousree DE La Guerre accuse réception de la copie qui lui a été adres- sée, par ordre de l'Académie, d'un Rapport fait le 28 octobre dernier, sur les travaux et essais de culture exécutés en 1842 et 1843, par M. Hardy, à la pépinière centrale du Gouvernement à Alger. « L'appréciation que l'Académie des Sciences vient de faire des résultats obtenus et des essais tentés, est considérée par moi, dit M. le Ministre, comme fort encourageante. Je mettrai à profit les renseignements et les indications que ‘renferme ce Rapport, et je m'en prévaudrai pour donner 160... ( 1210 ) une nouvelle impulsion à tous les essais de culture qui pourraient être en- trepris en Algérie. » M. Murcmsox, nommé, il y a quelques mois, à une place de correspondant pour la Section de Géologie, remercie l'Académie de cette nomination qu'il n'a apprise qu'à son retour d'un voyage scientifique dans le nord de l'Eu- rope. M. Dusarnix, qui se présente comme candidat pour la place vacante dans la Section de Zoologie, déclare que dans le cas où l'Académie l'honorerait de ses suffrages , il renoncerait aux fonctions qui pourraient l'obliger à résider hors de Paris. M. le ManisrRe De L'INTÉRIEUR pu RoyAUME DE BELGIQUE adresse un exem- plaire du volume statistique renfermant le mouvement de l'état civil pen- dant l'année 1842, lequel vient d’être publié par son département. ( Voir au Bulletin bibliographique.) MÉTÉOROLOGIE. — Sur la nature électrique des trombes. (Lettre de M. Prruen.) « La trombe qui a ravagé la ville de Cette, le 22 octobre dernier, rap- pelle les désastres de celle du 18 juin 1839, dans la commune de Chatenay. Dans l’une comme dans l’autre circonstance, les effets sont complétement inexplicables, si l'on veut recourir aux tourbillons produits par la rencontre des vents contraires. Dans l’une comme dans l’autre localité, la puissance qui arrache les arbres et les transporte au loin , au lieu de les abattre; qui enlève les toits et en porte les débris à plusieurs centaines de mètres, quelquefois même contre la direction du vent, comme j'en cite des exemples dans mon Traité des Trombes; cette puissance qui agit dans les appartements fermés, qui en fait sauter le carrelage ou le parquet, qui perce les vitres sans les étoiler; cette puissance qui ne se fait sentir que le long d'une lisière étroite, au delà de laquelle on retrouve’le calme, ou au delà de laquelle un léger vent se fait à peine sentir; cette puissance, disons-nous, ne peut être l'effet de vents violents et opposés, dont le choc persistant ferait tourbillonner le point de rencontre. » Ces courants opposés dans la même couche d'air, sont physiquement impossibles; ils se superposent, mais ils ne peuvent jamais s'affronter d'une (rar) manière durable; toutes les hypothèses qui s'appuient sur la rencontre oppo- sée des vents ne peuvent se soutenir devant l'observation; on prend alors un des effets pour la cause. » On a vu à Chatenay M. Dutour sur son belvéder, comme on a vu à Cette M. l'abbé Cros, sur son clocher, assister à la formation du météore, à sa marche, à ses effets destructeurs dans une zone limitée, sans danger pour eux jusqu'au moment où, par sa progression, il les ait enveloppés dans sa sphère d'activité. Nous pouvons citer un exemple plus probant encore ; c’est celui de la trombe du 19 juin 1794, à Northford, dans le Connecticut, qui renversait une grange jusqu'en ses fondations, en présence du proprié- taire placé sur le pas de sa porte, de l’autre côté du chemin, sans qu'il en ressentit rien. Il n'y a que l'électricité, et l'électricité à tension prodigieuse, qui puisse produire des effets aussi violents, dans des limites aussi restreintes 5 en laissant dans le calme les lieux environnants. » Nous avons du reste démontré dans notre ouvrage, par de nombreuses citations et par des expériences directes, que ces violentes agitations aériennes dans un point circonscrit dérivent d'actions purement électriques. Depuis nous avons donné, dans des Mémoires spéciaux, l'explication de la haute tension électrique que peut acquérir un nuage, en faisant mieux connaître sa constitution intérieure, en démontrant l'irdividualité propre que chaque particule de vapeur conserve dans la coopération qu'elle apporte à la forma- tion des premiers flocons , ainsi que l'individualité de ces flocons dans leur agglomération en masses moutonnées, et ainsi de suite jusqu’au plus gros nimbus qui possède une sphère électrique spéciale à sa périphérie. » C'est de la tension individuelle de chacune de ses parties constituantes que ressort la tension statique d’un nuage sur les corps voisins, et non de la seule action de la sphère électrique générale qui enveloppe le nimbus. Cette dernière se décharge avec trop de facilité à l'approche des corps terrestres, et c’est elle seule, par son écoulement instantané, qui produit le sillon de feu que l'on nomme éclair; aucune des sphères individuelles intérieures ne coopère à cette décharge. L'équilibre étant rompu par cette décharge péri- phérique, elles reproduisent une nouvelle sphère d'électricité au nuage, par une nouvelle équilibration intérieure, et rendent ainsi une deuxième décharge possible, puis une troisième, jusqu’à ce qu’enfin leur atténuation ne puisse plus donner une charge suffisante à la périphérie. » Dans sa lumineuse analyse, M. Arago a fait parfaitement ressortir, lundi dernier, que les effets bien constatés de la trombe de Cette ne pou- @ 12721) vaient se comprendre sans l'intervention de l’électricité; une telle opinion est d'une haute valeur, et nous nous empressons de l'enregistrer. » Avant de terminer, je crois devoir rappeler un fait d'une grande impor- tance dans cette question, fait dont je n'ai pu tirer, en 1839, tout le parti qu'il comporte ; c'est celui de la dessiccation presque complète de 850 pieds d'arbres qui furent elivés en lanières à Chatenay. Je déduisis du fait même, que ce clivage longitudinal ne pouvait provenir que de la vaporisa- tion instantanée de la séve par un puissant courant électrique, et que ces troncs avaient cédé à la force élastique, dans le sens de leur moindre résis- tance, c'est-à-dire dans le sens de leur longueur. N'ayant été appelé sur les lieux qu'un mois après l'événement, on pouvait attribuer, au moins en partie, cette dessiccation à la haute température qui avait régné pendant ce mois, quoique cette haute température eût laissé en dehors l'explication du clivage. Mais l'analyse, que je n'avais pu faire en temps opportun avait été faite par M. d’Arcet deux ou trois jours après ce désastre, ce que je n’appris qu'après la publication de mon Traité. Ce savant académicien me communiqua le résultat de son expérience, en présence de M. Gay- Lussac. « Les arbres sur pied, nous dit-il, possèdent de 36 à 44 pour 100 » d'eau ; ceux qui sont abattus depuis quatre ou cinq ans en con- » servent encore 24 à 25 pour 100, tandis que les troncs clivés de Cha- » tenay n’en contenaient plus que 7. » Ce résultat levait tous les doutes; ces arbres avaient eu la plus grande partie de leur séve réduite en vapeur élastique, et cette vaporisation instantanée ne pouvait provenir que d'un puissant courant électrique. Il n'y a pas de seconde explication possible. » J'ai pensé que ces détails ne seraient pas dépourvus d'intérêt dans le moment actuel, et qu'il était utile de rappeler qu'on ne peut juger de tels météores que par une comparaison attentive des effets variés qu'ils présentent suivant les saisons et les localités; et qu'il faut aussi mettre en regard les effets semblables qui proviennent des nues purement orageuses, et ceux qui proviennent des expériences. » MM. Leuassox et Durré écrivent relativement à l'emploi de l’oxyde de carbone comme moyen de désinfection et moyen de conservation des sub- stances alimentaires, principalement des matières animales. Les deux au- teurs annoncent l'envoi prochain d'un Mémoire sur ce sujet. M. Guyon adresse deux Notes concernant, l'une, un cas peu commun d'ky- pospadias observé sur le cadavre d'un jeune militaire mort à Alger au mois (Mar 3e) de septembre deruier; l'autre, un vice de conformation offert par un Ka- byle des montagnes de Dellis. ; Le Kabyle qui fait l'objet de cette dernière Note se faisait remarquer par une conformation particulière du crâne, mais surtout du maxillaire supé- rieur qui se prolongeait de 3 centimètres au moins au delà de l'implantation des dents. Les dents, dont plusieurs avaient été détruites par la carie, étaient très-serrées entre elles, implantées verticalement, mais déviées de manière à présenter un de leurs bords latéraux en dedans et l'autre en de- hors; elles étaient, du reste, exactement en rapport avec celles du maxil- laire inférieur. Le nez était très-aplati, l'air y passait avec quelque difficulté et en faisant entendre un bruit semblable à celui qui accompagne la respiration dans le coryza. Le sujet qui présentait cette difformité était d’une intelligence très-obtuse. Les vices de conformation décrits par M. Guyon sont représentés dans deux figures jointes à ses Notes. M. Bonnaronn adresse une Note concernant quelques observations qu'il a faites dans le but de s'assurer de la rapidité avec laquelle disparaît la sensi- bilité dans le cas de mort par décapitation. M. Magendie est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l’objet d'un Rapport. M. le Mames DE La vicce pe Gergeroy écrit relativement aux heureux résul- tats qui viennent d'être obtenus dans cette ville de l'application du système hydraulique de M. 4. Durand. La ville de Gerberoy, bâtie sur une hauteur, n'avait eu jusqu'ici pour s'alimenter d’eau qu'un puits de 65 mètres de hauteur; le travail d'extraction était fort pénible; la population souffrait vivement de cet état de choses. Le Conseil municipal a fait placer sur l'Hôtel-de-Ville un moteur à voiles de M. Amédée Durand; à ce moteur se relie une pompe qui fournit l'eau à un réservoir spacieux, lequel alimente une fontaine publique. Le trop plein de ce réservoir s'échappe par un deuxième orifice, et devient une se- conde fontaine. , » On sait que le moteur de M. Amédée Durand se distingue des moteurs à vent communément employés, en ce qu'il brave, pour ainsi dire, la vio- lence des vents, par suite des changements de direction que, sous l'action ( 1214 ) même du vent, ce moteur imprime à ses voiles, et de certaines dispositions ingénieuses quil serait ici superflu de rappeler. Nous avons pu faire à Ger- beroy la vérification de ce fait caractéristique; nous avons éprouvé, dans ces jours derniers, une tempête qui a duré pendant près d’une semaine, et le moteur placé sur l'Hôtel-de-Ville s’est parfaitement comporté, bien quil fût livré à lui-même. Le trop plein a fonctionné avec abondance et la popu- lation est dans le ravissement. Nous avons la certitude maintenant que tous les habitants de Gerberoy, et tout leur bétail, seront alimentés d'eau par les nouvelles fontaines de la ville, sans travail aucan de la part des habitants, et à très-peu de frais, puisque la machine ne demande que quelques soins de temps à autre pour le graissage, à l'huile, des principaux points de frotte- ment. » M. OrrerpGer annonce l'envoi prochain des préparations anatomiques qu'il présente comme pièces à l'appui de communications qu'il a faites pré- cédemment à l'Académie sur la structure intime des organes. M. Warremare écrit qu'il a été chargé par l’Znstitut national des États- Unis d'offrir à l'Académie des Sciences un exemplaire du « Rapport sur la géologie du Massachusetts, par M. Hitchcock, » et demande que l’Académie veuille bien comprendre cette institution dans le nombre des corps savants auxquels elle adresse ses publications. (Renvoi à la Commission administrative.) L'Acanèwe pe Besançon adresse un programme des prix qu’elle propose pour l’année 18/5. M. Brancuan», à l’occasion d'une Note récente de M. Duvernoy sur le système nerveux de certains Mollusques, écrit qu'il s'est occupé de recher- ches sur le même sujet, et prie l’Académie de vouloir bien accepter sous forme de paquet cacheté les résultats qu'il a obtenus. Le dépôt est accepté. A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. ( 1915 COMITÉ SECRET, La Section de Zoologie présente la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Grorrroy-Sanr-Hiraie : 1°. M. Duvernoy, 2°. M. Valenciennes, 3°. M. Dujardin, 4°. M. Ale. d'Orbigny, 5°. M. Bibron, M. Gervais, M. Guérin-Méneville. 6°. ex œquo, ! Les titres des Candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la séance prochaine. MM. les Membres de l'Académie en seront prévenus par lettres à domicile. La séance est levée à 6 heures. F. ERRATUM. (Séance du 25 novembre 1844.) Page 1180, lignes 23, 32, 35, etc., au lieu de M. Louxer, lisez M. Louyer. = 6-0 — C. R., 1844. 2e Semestre. (T. XIX, No 95.) 10: ( 1216) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici lestitres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences; 2° semestre 1844; n° 22; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, ARaGO, CHE- VREUL, DUMAS, PELOUZE, BOUSSINGAULT et REGNAULT ; 3° série, tome XII, décembre 1844; in-8°. Lettre à M. le comte de RAMBUTEAU sur le degré de probabilité ou les chances de succès d'un Puits artésien modèle à forer dans la terre de Chamgrenon , près de Mâcon (Saône-et-Loire); par M. le vicomte HÉRICART DE TaurY; brochure in-8°. Illustrationes Plantarum orientalium, ou choix de Plantes nouvelles ou peu connues de l'Asie occidentale ; par M. le comte JAUBERT et M. Ep. SpaCH; 10€ livr.; in-4°. Rapport à l'appui du projet des Machines du Brandon, dressé en exécution d'une dépêche du 6 août 1842; par M. REECH. Paris, 1844; in-/4°. Mémoire sur les Machines à vapeur, et leur application à la Navigation ; par le même. Paris, 1844; in-4°. Atlas général des Phares et Fanaux à l'usage des navigateurs ; par M. Cou- LIER; publié sous les auspices de S. A. R. MF le prince DE JOINviLLe. Turquie ; in-/°. Annales médico-psychologiques; par MM. BAILLARGER, CERISE et LONGET; novembre 1844; in-8°. Société charitable de Saint-Regis de Paris. — Recherches statistiques et résultats obtenus par la Société; par M. J. GossiN ; broch. de 3 feuilles + in-4°. Compte rendu, pour l'année 1843, des résultats obtenus par la Société chari- table de Saint-Francois-Regis de Paris, pour le mariage civil et religieux des pau- vres du département de la Seine ; 4 feuille in-8°. (Cet ouvrage et le précédent sont adressés pour le concours du prix de Statistique.) Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Bel- gique ; tome V; 1" livr. Valenciennes, 1844; in-8°. Académie royale de Médecine. — Rapport présenté à M. le Ministre de l’Agri- culture et du Commerce par l’Académie royale de Médecine , sur les Vaccinations pratiquées en France pendant l'année 1842; in-8°. De la vie du Sing au point de vue des croyances populaires. Discours prononcé (Onkar7n) à l'ouverture du Cours de Pathologie et de Thérapeutique ; par M. D'AMADOR. Montpellier, 18443 in-8. Journal des Connaissances médicales pratiques; novembre 1844, in-8°; et Table générale des Matières contenues dans les dix premiersvolumes ; 1833-1843; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; décembre 1844; in-8°. Le Technologiste; décembre 1844; in-8°. Encyclographie médicale; novembre 1844; in-8°. Journal des Connaissances utiles ; novembre 1844 ; in-8°. Ouvrages et Mémoires publiés par M. DuJaRDIN, professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Rennes. 1 feuille in-4°. A MM. les membres de la Section d’'Anatomie et de Zoologie de l’Académie royale des Sciences ; Lettre par M. GuÉRIN-MÉNEvILLE ; { feuille in-8°. Carte géologique du royaume de Danemark ; 2 feuilles. Second Annuaire de la Mortalité genevoise. — Tableau général des Décès du canton de Genève en 1843 ; 1 feuille. Statistique de la Belgique. — Population. — Mouvement de l’état civil pendant l’année 1842, publié par M. le Ministre de l'Intérieur. Bruxelles; in-fol. Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers, publiés par l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles ; tome XVI. Bruxelles, 1844: in-4°. Recherches statistiques, par M. QueTeLET. Bruxelles, 1844; in-4°. Résumé des Observations magnétiques et météorologiques faites à des époques déterminées; par le même; in-4°. (Extrait du tome XVIII des Mémoires de l'Académie royale de Bruxelles.) Observations des Phénomènes périodiques ; par le même. (Extrait du t. XVII des Mémoires de l'Acudémie royale de Bruxelles.) Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles, publiées par le même; t. IF; in-4°. De la nature de L'Eau régale , de l’Acide hypoazotique considéré comme oxy- dant, de la constitution de cet acide, et du rôle qu'il joue à l'égard des corps orqa- niques ; par M. KOENE ; broch. in-8°. Note pratique et historique sur l'opération de la Pupille artificielle par iridec- tomédyalise ; par M. Jans. Bruxelles, 1844 ; + feuille in-8°. Mémoires de l’Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 6° série. — Sciences mathématiques, physiques et naturelles ; tome V, 1'° partie. — Sciences mathématiques et physiques ; tome LE, 4°, 5° et 6° livr. in-4°; et tome IV, r°*° li- vraison in-4°. ( 1318 ) Mémoires de l’Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , 6° série. — Sciences politiques, Histoire, Philologie; tome VE, 4°, 5*et 6° livraison; et tome VII, r°°, 2° et 3° livraison ; in-4°. Bulletin #4 Le Classe a ematue de l’Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; tome IL, n° 44-48; tome LE, n°° 49-6» ; in-4°. Bulletin de la Classe des Sciences historiques, philologiques et politiques de l 4- cadémie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; tome 1, n°% 20-24 ; et tome IT, n°% 25-29. Recueil des Actes de la Séance publique de l’Académie impériale des Sciences de Saint- Pétersbourg , tenue le 29 novembre 1843; in-4°. Sur le coefficient constant dans l'aberration des Étoiles fixes, déduit des obser- valions qui ont été exéculées à l’observatoire de Poulkova, par l'instrument des passages de Repsold , établi, dans le premier vertical, par M. STRUVE; in-4°. Expédition chronométrique exécutée en 1843 entre Poulkova et Altona ; par le même; in-4°. Détermination des Positions géographiques de Nowgorod, Moscou, Riazan, Lipetzk, Voronèse et Toula ; par le même; in-49. Resultate der... Des opérations de Géodésie exécutées de 1816 à 1819 par M. SrRuvE en Livonie. Saint-Pétersbourg, 1844; in-4°. Bestimung... Détermination de la marche de la Comète découverte en 1839, d'après les observations faites à l'observatoire de Poulkova ; par MM. C.-A.-F. PETERS et STRUVE. Saint-Pétersbourg , 1843 ; in-4°. Resultate aur... Résultat de l'observation de l Etoile polaire au cercle vertical de l'observatoire de Poulkova ; par M.C.-A.-F, PeTErs. Saint-Pétersbourg, 1844; in-4°. Final report... Rapport définitif sur la géologie de l État de Massachusetts, avec un Catalogue des échantillons de roches et de minéraux qui existent dans la collection de cet État ; par M. E. Hircxcocr , géologue du Massachusetts. Nor- thampton , 184: ; in-/°. Memoria... Mémoire sur un Calorifère à circulation d'eau , disposé de ma- nière à maintenir, sans l'intervention de l'homme, la température voulue dans le lieu où il est établi; par MM. S. et G. TAvaNI. Naples, 1844 ; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 48 ; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°% 138 à 140; in-fol. L'Écho du Monde savant; n° 4o et 43. = ——_—_———S———————— — COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 9 DÉCEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. CHIMIE. — Mémoire sur l'acide lactique; par M. J. Perouze. « Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie peut être consi- déré comme faisant suite au travail sur l'acide lactique que M. J. Gay-Lussac et moi lui avons soumis en 1833. Depuis cette époque, l'histoire de l'acide lactique s'est enrichie sans doute de plusieurs observations importantes, mais les travaux dont il a été l’objet ont été presque exclusivement dirigés vers son état naturel et les moyens de le produire artificiellement. L'étude de ses propriétés chimiques a été au contraire très-négligée, et ce que l'on en sait est loin d’être au niveau de nos connaissances sur un grand nombre de matières organiques sans contredit beaucoup moins dignes d'intérêt. Cepen- dant l'acide lactique est une des substances les plus répandues dans l'éco- nomie animale et dans les végétaux, où il semble remplir quelquefois un rôle important. Il existe naturellement dans le lait, et se forme en abondance pendant l’acescence spontanée de ce fluide. MM. Bernard et Barreswil vien- nent de constater son existence dans le suc gastrique. » Il résulte de quelques observations encore inédites de M. Gobley, qu'il se trouve aussi à l'état de liberté dans le jaune d'œuf. C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX,-N° 24.) 102 ( 1220 ) » On le rencontre dans tous les sucs végétaux dont la fermentation spi- ritueuse n'a pas suivi une marche régulière, dans les farines avariées et fer- mentées de toutes les céréales, dans la jusée des tanneurs, dans l'eau sure des amidonniers; ilse forme en abondance lorsqu'un sucre, à quelque classe qu'il appartienne, est mis en contact, à unetempérature de 20 à 30 degrés, avec un carbonate alcalin et terrenx et un ferment, particulièrement avec la matière caséeuse du lait. » La fermentation butyrique qui suit immédiatement la fermentation lactique des sucres, des gommes et de l'amidon, est venue encore ac- croître l'intérêt que mérite l'acide lactique sous le double point de vue de la chimie et de la physiologie. » L'acide lactique est un liquide incolore, soluble en toutes proportions dans l’eau et l'alcool , d'une saveur franchement acide, presque insupportable tant elle est forte et mordicante. Sa composition, qui est très-simple, a été déterminée à la même époque (1833), par MM. Mitscherlich et Liebig, d'une part, et d’une autre part, par M. J. Gay-Lussac et moi. Il a pour formule C'H°0'— C'H°0*, HO; ces nombres expriment un équivalent d'acide monohydraté (C5 HS; 000) » L'action de la chaleur sur l'acide lactique est fort remarquable. » Aunetempérature voisine de 130 degrés, maisqu'on peutéleverdavantage sans inconvénient, cet acide laisse distiller un liquide incolore, qui n'est autre chose que de l’eau tenant en dissolution une petite quantité d'acide lactique même. Après un laps de temps très-long, lorsqu'il ne se dégage plus d’eau , l'opération est terminée; le résidu a pris une teinte jaune peu pro- noncée; il est devenu solide, facilement fusible, d'une amertume excessive, presque insoluble dans l’eau, très-soluble au contraire dans l'alcool et l'é- ther. Au reste, il ne se dégage aucune trace de gaz quelconque dans cette réaction, qui consiste en une simple déshydratation de l'acide lactique. » La composition et les propriétés du résidu solide dont je viens de parler ne permettent aucun doute sur sa véritable nature. C'est de l'acide lactique anhydre, tel qu'il existe dans les lactates mêmes. En effet, il est formé de 6 équivalents de carbone, de 5 équivalents d'hydrogène et de 5 équivalents d'oxygène. Une ébullition prolongée avec l'eau, ou une longue exposition dans ce liquide froid ou dans un air humide, le convertissent en acide lactique ordinaire. Cette transformation est, pour ainsi dire, instan- (rar) tanée soûs l'influence des bases solubles, et sous ce rapport mes expériences ont été très-nombreuses. Le lait de chaux donne, avec l'acide lactique in- soluble, le sel ordinaire avec ses 6 équivalents d’eau. J'en ai déterminé la capacité de saturation et extrait l'acide monohydraté. Il faut donc ajouter l'acide lactique au nombre assez restreint des acides qui perdent par la cha- leur leur eau saline, c'est-à-dire cette proportion d'eau qu'ils échangent contre des bases en formant des sels. J'avais déjà, il y a douze ans, signalé cette propriété dans les acides maléique et paramaléique, et plus tard je l'avais retrouvée, avec M. Licbig, dans l'acide œnanthique. » La déshydratation de l'acide lactique s'effectue, toutefois, avec beau- coup plus de lenteur que celle des acides précédents, et c'est pour cela, sans doute, qu'elle nous avait échappé. J'ajouterai encore que ce phénomène se manifeste à une température que l'on emploie presque toujours, sans hési- ter, pour dessécher la plupart des matières organiques , et cette observation montre toute la circonspection avec laquelle il faut procéder dans ces sortes d'expériences. » L’acide lactique anhydre , soumis à l'action du ÿaz ammoniac sec, en absorbe 1 équivalent, et forme une combinaison particulière (C*H°O*, H°A2) dans laquelle l'ammoniaque n'a pas cessé d’être sensible aux réactifs qu'on emploie ordinairement pour en déceler la présence. » J'ai constaté que l'acide œnanthique anhydre forme aussi un composé de même ordre, composé qu'il est peut-être permis d’assimiler aux sels amidés. » L'acide lactique, ou plus exactement l'acide anhydre dont je viens de parler, résiste à l’action de la chaleur jusque vers 250 degrés. A ce dernier terme, les gaz, qui jusque-là ne s'étaient pas montrés, commencent à se dé- gager. Ils consistent en oxyde de carbone mélé seulement de 4 à 5 centièmes de son volume d'acide carbonique; la proportion de ce dernier gaz aug- mente peu à peu, et vers la fin de l'expérience, son volume atteint environ la moitié de celui de l'oxyde de carbone. Du reste, il ne paraît pas qu'il se forme aucun carbure d'hydrogène. » Plusieurs substances volatiles se montrent en même temps que le gaz et vont se condenser dans le récipient. Je parlerai d'abord d'une belle ma- tière cristallisable que nous avons décrite, M. JE. Gay-Lussac et moi, sous le nom d'acide lactique anhydre, nom impropre que je propose de donner à la matière précédemment décrite, et qui présente en effet la composition de la matière organique des lactates les plus desséchés. Cette matière cristallisée, que j'appellerai désormais lactide (dénomination déjà proposée par M. Ger- 162... ( 1222 ) hardt), a joué un rôle important dans plusieurs discussions relatives à la constitution des acides organiques ; comme d’ailleurs elle est sans analogue en chimie, et qu'elle est fort curieuse à plusieurs égards, j'ai cru qu'il était : bon de contrôler nos anciennes analyses et de vérifier de nouveau sa trans- formation en acide lactique ordinaire. Sous ce double rapport, j'ai constaté l'exactitude de nos anciennes expériences. La lactide a bien pour formule C'H*O", c'est de l'acide lactique moins 2 équivalents d'eau, et cette compo- sition explique tout à la fois sa formation pendant la distillation sèche de cet acide, et sa métamorphose en acide lactique même, sous l'influence de l’eau ou des bases hydratées. » Il existe donc deux matières neutres, C°H°O* et C°H*O*, qui ne sont pas de l'acide lactique, mais qui en dérivent par la perte de 1 ou de 2 équi- valents d’eau qu'éprouve cet acide lorsqu'on le distille, et qui sont suscep- tibles de le régénérer soit directement, soit indirectement, en absorbant précisément l'équivalent ou les > équivalents d’eau dont ils ont besoin pour cela. » [acide hydraté qui a été produit par l’action de l’eau ou de l'air hu- mide sur la lactide est limpide, tout à fait incolore, et d’une pureté parfaite. » La composition toute particulière de la lactide me faisait pressentir qu'elle pourrait bien, en agissant sur le gaz ammoniac, donner naissance à un corps de la série des amides, car ceux-ci ne sont, analytiquement parlant, que des sels ammoniacaux anhydres, dont on aurait soustrait les éléments d'un équivalent d’eau. Le résultat a répondu à mon attente. » Quand on expose le corps C'H*O"* à l’action du gaz ammoniac, on le voit se liquéfier peu à peu, et absorber ce gaz avec dégagement de chaleur. Il en résulte une nouvelle substance, dont la composition a été établie par l'analyse et la synthèse. » La lactamide (c'est le nom que je propose de lui donner) est formée de 1 équivalent de lactide, C°H*O", et de 1 équivalent d'ammoniaque; mais cette ammoniaque s'y trouve à l'état latent, comme dans.les corps de la série des amides. Les acides aqueux et les alcalis ne l'en dégagent qu'à chaud, et avec beaucoup de lenteur; elle se dissout dans l'eau sans y subir aucune alté- ration, et ce nest que sous une pression correspondant à une température supérieure à 100 degrés, qu'elle se transforme en véritable lactate d’amimo- niaque. Le lait de chaux la décompose, en dégage peu à peu l'ammonique, et l'acide oxalique sépare du sel calcaire de l'acide lactique ordinaire. » La lactamide ne paraît pas susceptible de se combiner avec les bases ni avec les acides; elle est sans action sur les réactifs colorés. L'alcool la dissout ( 1293 ) en proportion considérable, et la laisse déposer par la concentration ou le refroidissement sous la forme de beaux cristaux d'une blancheur et d'une transparence parfaites et qui ont pour forme primitive un prisme droit rec- tangulaire. | » Indépendamment de la lactide dont je viens de rappeler l'existence dans les produits de la distillation de l'acide lactique, celui-ci donne encore, par sa décomposition, une autre substance, que je propose d'appeler lactone, parce qu'elle me paraît être à l'acide lactique ce que l'acétone est à l'acide acétique. » On l’obtient pure en soumettant à une douce température les produits de la distillation de l'acide lactique. Lorsque la température a atteint environ 130 degrés, on arrête la distillation ; on lave avec de petites quantités d’eau le liquide distillé; une partie se dissout dans cette eau , une autre vient nager à la surface; on l’enlève et on le met en contact pendant plusieurs jours avec du chlorure de calcium. On lui fait enfin subir une dernière distillation. » La lactone qui provient de la décomposition de l'acide lactique est hy- dratée; elle a pour formule C“H:0!, HO. Cela n’a rien d'étonnant, car elle se forme en présence d'une quantité d'eau considérable. Elle a pour ce liquide une affinité telle, qu'on peut la rectifier plusieurs fois de suite sur du chlorure de calcium, sans qu'elle s'y dessèche. J'ai déjà dit que pour l'obtenir anhydre, il fallait la laisser séjourner pendant plusieurs jours sur cette matière. » La lactone anhydre se présente sous la forme d’un liquide incolore ou légèrement jaunâtre, dont la couleur se fonce peu à peu au contact de l’air. Elle a une saveur chaude et brûlante, une odeur aromatique particulière. Elle est plus légère que l'eau ets’y dissout en quantité très-sensible. Elle brûle avec facilité en produisant une belle flamme bleue, très-étendue et sans aucun dépôt de charbon. Elle entre en ébullition vers 92 degrés. » La lactone anhydre a pour formule C'°H#O", qui représente 2 équi- valents d'acide lactique desquels on aurait enlevé 2 équivalents d'acide carbonique et 2 équivalents d’eau (C‘?H'°01°— C'°H$O + 2C0? + 2HO), ou 2 équivalents de lactide 2C° H* O* — C'? H° O* dépouillée de 2 équi- valents d'acide carbonique seulement. Sa formation pendant la distillation de l'acide lactique libre n'a rien d’extraordinaire ; nous avons constaté, il y a longtemps, M. Liebig et moi, que l'acide acétique donnait de grandes ( 1224 ) quantités d’acétone par la seule action de la chaleur, et c’est là un rapproche- ment de plus entre l’acétone et la lactone. » Parmi les produits gazeux ou volatils de la distillation sèche de l'acide lac- tique, j'ai déjà signalé l'oxyde de carbone, l'acide carbonique, l'eau, une petite quantité d'acide lactique ordinaire, la lactide et la lactone. J'ajouterai qu'il se forme en outre un peu d’acétone et un liquide odorant insoluble dans l'eau, dont j'ignore encore la nature. La distillation , commencée vers 250 degrés, n'est complète qu'à 300; à ce dernier terme, il ne reste plus dans le vase distillatoire qu'un charbon d’une incinération difficile, dont le poidsrepré- sente environ la -# partie de l'acide employé. » Dans une expérience dont la durée a été de huit heures, 80 grammes d'acide lactique monohydraté (C*H'O®), distillés à une température comprise entre 250 et 300 degrés, ont donné 48 grammes de substances liquides (1), 5,5 de charbon et 26,5 de gaz dans lequel oxyde de carbone entre pour la plus forte proportion. » Une circonstance particulière, qu'il n'est peut-être pas inutile de men- tionner, m'a permis de découvrir une propriété très-intéressante de l'acide lactique. Une certaine quantité de cet acide m'avait été donnée par M. Gélis, qui l'avait retiré du lactate de chaux provenant de la fermentation de la glu- cose en présence de la craie et du caséum. Cet acide se décomposait à une température moins élevée que l'acide produit dans des circonstances d'ail- leurs semblables avec le sucre de lait, et, chose non moins étonnante pour moi, il donnait de l’oxyde de carbone entièrement dépouillé d'acide carbo- nique, car il ne formait pas le plus léger trouble dans l'eau de chaux, et ce n'était qu'après avoir laissé dégager des quantités considérables du premier de ces gaz, qu'il finissait par fournir.aussi un peu d'acide carbonique. » Je crus pendant longtemps à l'existence de deux acides lactiques, mais enfin je reconnus que cette différence dans les produits de l'action de la chaleur tenait à la présence d'une petite quantité d'acide sulfurique dans (1) Ces produits liquides laissent déposer en se refroïdissant des quantités variables de lac- tide. Lorsque celle-ci est mêlée avec les produits de la décomposition de l'acide lactique, elle semble s’acidifier à l'air humide beaucoup plus vite que lorsqu'elle est pure. Au bout de quelques jours, les liquides distillés traités par l’eau s’y dissolvent presqu’en totalité; il ne se précipite qu’une petite quantité de matière solide presque entièrement formée d’acide lactique anhydre. Le liquide filtré ne contient pour ainsi dire que de l’acide lactique ordinaire. L’hydratation de la lactide est beaucoup plus facile que celle de l'acide lactique anhydre ; cela explique pourquoi elle ne donne que de très-petites quantités de ce dernier corps. ( 1225 ) l'acide préparé par M. Gélis. Ce chimiste avait obtenu l'échantillon d'acide dont je viens de parler en décomposant le lactate de chaux par un léger excès d'acide sulfurique, évaporant et reprenant le résidu par l'alcool pour le débarrasser du sulfate de chaux. » Le fait une fois bien constaté, je pus reproduire constamment l’oxyde de carbone pur avec l'acide lactique et les lactates provenant d'une source quelconque. » Méle-t-on de l'acide lactique ou un lactate, par exemple celui de fer, avec cinq ou six fois son poids d'acide sulfurique concentré, et expose-t-on le mélange à une douce température, une vive effervescence ne tarde pas à se manifester dans la masse; elle est due à un dégagement abondant d'oxyde de carbone pur. Le mélange se colore en brun foncé; si on le traite par l'eau , lorsque le gaz a cessé de se dégager, il s'en sépare une matière noire qui se confond, quant à l'aspect, avec l'acide ulmique. » La réaction est tellement nette et facile, que je n'hésite pas à la pro- poser comme un des meilleurs modes de préparation de l’oxyde de carbone. » 6 grammes de lactate de fer cristallisé représentant 3,775 d'acide mo- nohydraté donnent très-approximativement 1 litre d'oxyde de carbone. Cette proportion représente à peu près le tiers de l'acide lactique même. La matière noire dont J'ai parlé constitue environ un autre tiers ,'et, sans l’affir- mer, je pense que l’eau est la troisième substance qui se forme par l'action de l'acide sulfurique sur l'acide lactique. » Pour reconnaître si la formation de l’oxyde de carbone devait être attri- buée à la décomposition par l'acide sulfurique d’une certaine quantité d'acide formique qui aurait pris naissance pendant le dédoublement de l'acide lac- tique, j'ai étendu l'acide sulfurique d’une proportion d’eau telle qu'il cessât de pouvoir agir sur l'acide formique; mais dans aucun cas je n’ai pu con- stater la présence de ce dernier corps. » Il serait sans doute bien difficile de trouver une explication suffisante de ce singulier mode d’altération de l'acide lactique, mais le fait n’en est pas moins très-intéressant et très-digne de l'attention des chimistes. Lactates. » J'ai peu de choses à ajouter à l'histoire des lactates; nous l'avons pré- sentée avec quelques détails, M. J. Gay-Lussac et moi, dans le Mémoire que j'ai déjà cité. » Les lactates de fer, de magnésie et de zinc contiennent 3 équivalents d'eau (Ex2260) de cristallisation , sont peu solubles et sont sans doute isomorphes; toutefois, je n’oserais pas avancer d'une manière positive cette dernière assertion, parce que les cristaux que donnent ces trois sels sont trés-petits , et qu'il est difficile d'en mesurer les angles. » Le lactate de chaux contient 6 équivalents d’eau et il est peu soluble dans ce liquide, mais il se dissout en forte proportion dans lalcool, d'où l'éther le sépare sous la forme d'un précipité blanc cristallin. La solution al- coolique de lactate de chaux est précipitée par l'acide phosphorique , tandis que, dans le sein de l'eau, l'acide lactique déplace, au contraire, l'acide phosphorique du phosphate de chaux. » Le lactate d'ammoniaque est déliquescent et incristallisable. » L'acide lactique forme, avec l'oxyde de cuivre, un beau sel bleu qui a pour forme primitive un prisme rectangulaire droit du troisième système. » Ce sel cristallise avec facilité, il contient 2 équivalents d’eau qu'il perd à 120 degrés. Lorsqu'on le soumet à l'action de la chaleur, il laisse dégager un mélange d'oxyde de carbone et d'acide carbonique ; le cuivre ne tarde pas à être réduit à l’état métallique , la matière contenue dans le vase distillatoire entre en fusion et se décompose en fournissant les produits mêmes de la dis- tillation de l'acide lactique libre. Lorsque l'on met en contact avec l'eau le dernier tiers des produits distillés , il arrive quelquefois qu'ils se solidifient tout à coup et laissent déposer une matière qui n'est autre chose que la lactide. » Cette lactide est très-soluble dans la lactone, et c'est à cette circon- stance qu'il faut attribuer le peu de matière cristallisable que l’on obtient souvent parmi les produits de la distillation de l'acide lactique libre ou du lactate de cuivre. » Le lactate de cuivre, préalablement privé de ses 2 équivalents d’eau de cristallisation, m'a donné, par la distillation sèche, 41 centièmes de sub- stances liquides tenant en dissolution une grande quantité de lactide, 29,5 de cuivre métallique, 3,3 de charbon, et 26,2 de gaz (CO et CO?). » Le lactate de cuivre présente une particularité digne d'attention ; il cris- tallise quelquefois en gros prismes d’un vert foncé qui ne diffèrent, ni par la forme ni par la composition, du sel bleu dont je viens de parler. Redissous dans l’eau, ces cristaux verts se changent en cristaux bleus, et les uns et les autres ont pour formule CuO,'"CH° 0"; 2H0. » Le lactate de cuivre, traité par une lessive de potasse caustique en excès, donne lieu à une liqueur bleue foncée ; avec la chaux, une partie de l’oxyde (1227) de cuivre se précipite, une autre reste en dissolution, même en présence d'un excès considérable de cet oxyde. Dans des conditions semblables, l’acétate de cuivre est toujours entièrement précipité, et la liqueur dans laquelle s’est “effectuée la réaction est parfaitement incolore. Ce caractère permet de dis- tinguer nettement l'acide lactique de l'acide acétique dans les sécrétions où ces deux acides n'existent pas simultanément. » L’acide tartrique qui empêche, comme les sucres et l'acide lactique, la précipitation de l’oxyde de cuivre par la potasse caustique, n'apporte aucun . obstacle à la précipitation complète de ce même oxyde métallique par un lait de chaux. Il en est de même des acides paratartrique et citrique. Les sels de cuivre sont précipités complétement par l'hydrate de chaux, nonob- stant la présence de ces acides. TL'acide lactique et les sucres dont il dérive, sont les seuls corps, parmi ceux que je viens de citer, en présence desquels l'oxyde de cuivre n'est pas précipité ou n'est précipité qu'incomplé- tement par la chaux. Avec les autres, la précipitation est toujours complète. Je note ces circonstances, parce qu'elles permettent de distinguer l'acide lactique de quelques-uns des corps qui l'accompagnent quelquefois. » Quand il s’agit d'une substance aussi importante que l'acide lactique, aucune observation, pourvu qu’elle soit précise, ne doit paraître dénuée d’in- térêt; on conçoit, par exemple, combien doivent être utiles des propriétés de l’ordre de celles dont je viens de parler pour constater rigoureusement la présence de l'acide lactique dans une sécrétion comme le suc gastrique, où il n'existe qu’en proportion très-minime et mêlé à beaucoup de matériaux divers. » J’ajouterai ici, sans crainte d’être contredit, qu'il est à regretter que les analyses si nombreuses qui ont été faites des organes et des sécrétions des animaux, n'aient pas toujours été précédées d’un examen plus approfondi des principes constituants mêmes de ces organes et de ces sécrétions. À une époque où l'on ne connaissait pas d’une manière suffisante les propriétés caractéristiques de l'acide lactique, l'existence de cet acide a été tour à tour signalée et combattue dans le suc gastrique. C'est en s'appuyant sur quelques-unes des expériences rapportées dans ce Mémoire et sur quelques autres qui leur sont propres, que MM. Bernard et Barreswil viennent de résoudre, d'une maniere qui paraîtra définitive, la question si débattue de la véritable cause de l'acidité du suc gastrique. » C. R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, No 24.) 163 ( 1228 » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Vote sur l'application des nouvelles formules à l'astronomie; par M. Aucusrin Caucuy. « Les nouvelles formules que j'ai données dans les précédents Mémoires* peuvent être appliquées avec avantage, comme j'en ai déjà fait la remarque, à la recherche des inégalités que présentent les mouvements des planètes et des comètes elles-mêmes. Pour rendre cette application plus facile, il importe de décomposer en facteurs la fonction perturbatrice relative au système de deux planètes, et spécialement la partie de cette fonction qui est réciproquement proportionnelle à leur distance mutuelle. Cette décompo- sition sera l'objet de la présente Note, dans laquelle je montrerai d'ailleurs comment on peut déterminer, à l'aide de formules simples et d'un usage commode, les racines de l'équation qu'on obtient en égalant à zéro la dis- tance mutuelle de deux planètes, considérée comme fonction de l'exponen- tielle qui a pour argument l'une des anomalies excentriques. ANALYSE. » Soient + la distance mutuelle de deux planètes 72, m'; T, T’ leurs anomalies moyennes; et UR d' leurs anomalies excentriques. Le calcul des inégalités périodiques produites dans le mouvement de la planète m par la planète m', et dans le mouvement de la planète m' par la planète m, exige le développement du rapport Li sl suivant les puissances entières positives, nulles et négatives des exponentielles AE e LEE Si l'on nomme en particulier Arnaud. les coefficients des exponentielles On IT — = e" VS ct el nT) ÿ £ ( 1229 ) dans le développement dont il s’agit, on aura 1 Hide We: (x) A, — De = em T v-: GAME 7 et I do nT Y=r (2) Are = Sr AV e a. —T Comme on a, d’ailleurs, en nommant e, # les excentricités des deux orbites, EE SN ON ESrnnLe les formules (1), (2) pourront être réduites aux suivantes I Foie cos®" T7 Y—r 3 (3) A, = Si Car nv e 5 dy . (4) LAURE _ | Au (1 — ecost) are dy. Se Je En vertu de la formule (4), A,,,_, sera la valeur moyenne de la fonction de w représentée par le produit (5) Ay (1 — cos pet V1, De plus, l'équation (3) peut être réduite à la formule Th pl / nt Er NT ET CRE NE 27% e v et, si l'on pose, pour abréger, d'V=r x eV Vri, = = 6, on aura C0s Ji (x n'e' sin d/ /— = = — 5 = 5 € d LUC — = . Donc alors la formule (6) donnera (7) AF— ne æt F(x)dy', 163. (8) FAR Te VE et l'on en conclura que A,; représente précisément le coefficient de x” dans le développement de la fonction F (x) suivant les puissances entières de æ. Il est d’ailleurs important d'observer que, dans la formule (8), v dé- signe une fonction de l'angle 4’, par conséquent de la variable x, et même une fonction algébrique dont la forme irrationnelle se déterminera comme il suit. » Ainsi que je l'ai remarqué dans la séance du 5 août dernier, la valeur générale de +? est de la forme = h+k cos(d — 4’ — x) — b cos (4 — 6) — b’ cos (y — 6) + c cos (d + D — y) + i cos 24 + r cos 24, (9) h, k, b, b’, c, i, désignant des constantes positives, et x, 6, 6’, y des angles constants. Il y a plus, si l'on pose H=h—bcos(p — 6), K cos w — k cos(l — &) + ce cos (d — y) — b' cos 6’, K sin © — k sin (4 — &) — ce sim (4 — y) — b' sin 6, la formule (9) deviendra (10) = K + H cos(l’ — w) + ji cos 2”, ou, ce qui revient au même, on aura simplement (ax) PES [a+ + 2p (rene + 2e Me) + 6q |: / et par suite l'équation pourra être réduite à la suivante, (12) Map CRE eV) +6q= 0, T° É 4 ou, ce qui revient au même, à la suivante, Er ‘+ 6qx? + 2pxe” ln 13 x+ opzxte ” TE 0: P » Soit eV X—=ûe une racine de l'équation (12) ou (13), l'arc étant réel aussi bien que le mo- dule 4 ; on aura identiquement LISE enr ler + 2p REA mer a Es + 6q — 0; et comme cette dernière formule ne sera point altérée quand on remplacera TU . 7 . a par ;,il est clair qu'on vérifiera encore l'équation (12) ou (13) en prenant 1 _ De Ne F Donc les quatre racines de l’équation (13) se correspondront deux à deux, de manière à offrir, avec un même argument, deux modules inverses l'un de l'autre; donc ces quatre racines seront de la forme V= 1 VE UE Les dE AC) fe*Ÿ rs a, 5 désignant des quantités positives, et, y des arcs réels. Donc la for- mule (11) donnera (pate (ee) (a Le) (ae Tate). 2X° ( 123 ) et si l'on fait, pour abréger, 246 nr? 1 3 — on aura simplement (15) — (Gi—uxet REP REN 2) pret mes tu) rar, Gate) De plus, comme, en ayant égard à la formule on trouvera (= axe") (1—0x et) —=1— 24 Cos(d'— p) + a° > o, et (1 D Mn) (ous fx eV") —=1—26cos( 4 +) +6 >o, il est clair que la fraction comprise dans le second membre de la for- mule (15)offre une valeur réelle et positive. Donc, puisque :? est lui-même réel et positif, on aura nécessairement RTE et NES ï, et, par suite, NL rs e » Donc les quatre racines de l'équation (13) seront de la forme oV=r LI pv . —9 Vi RTE ja , Le , be f 2 FE ÿ 3 et l'équation (15) se réduira simplement à celle-ci : É Cr 0 ) (an eV 6 re ste eV—1) (16) 2 = es z 24 , On aura donc, par suite, I (17) = — ( 1233) x I . A . , Telle est la valeur de - qui devra être substitnée dans le second membre de t la formule (8). » On peut remarquer encore que, si l'on pose, pour abréger, n' = tang (£arc sin &), on aura 21 ETS EL — ? 1+ x? cl 1€ cos W— — (1 — 27 cos L'+ 7'?), et par suite I e’ cl Re er nr (18) J e(x+;) FG— ne) (rx ). » Lorsqu'on veut appliquer les formules précédentes au calcul des inéga- lités que présentent les mouvements des astres, il importe d'évaluer en nom- bres les modules et les arguments des quatre racines imaginaires de l'équa- tion (13). Soient Li, Lo, Es L, ces quatre racines, en sorte qu'on ait : L AIRE NE X, ae" à Lo — € ; X3 = be eV ‘3 arr RAGE On pourrait, en ayant recours au procédé le plus généralement suivi, rame-- ner la recherche des racines Li Lo, y, XL, et par suite celle des quantités réelles a D; 2; à la résolution de l'équation du troisième degré qui a pour racines les carrés des trois sommes Li Lo ls Lys Lily Lo Lys Le Lys — Lo — Lg ( 1234 ) Mais il sera mieux encore de réduire la détermination des quantités LE) ( 1 ( , à la résolution de l'équation du troisième degré qui a pour racines les moitiés des trois sommes Lilo TL ls, Liz Las, Lil + Loly) attendu que ces trois sommes s'expriment très-simplement en fonction de a, 6,0, à l'aide des formules L 1 a (9 LL FT La — 200820, Li La + Lo La pop Lili ls — "HUE … « q 6 Désignons par ATOS TOME les moitiés de ces trois sommes, et par y l'une quelconque d'entre elles. On aura (9) Ji = cos2, re=t(sr+)s 4er): et l'équation du troisième degré Gr) 73) (y = 71) =0 se réduira, en vertu de la formule (13), à la suivante, (20) J$—2q7+(p— 1) y + 3q— p° cos 20 —0, De plus, si l'on pose dans cette dernière J =2#q on en tirera (21) 25 — Pz — 9 —0, les valeurs de ®Ÿ, 2 étant déterminées par les formules (22) = 3q° —(p—1)(p+1), 2= 2q(q—1) (q+ 1) — p?(q— cos 2 w), ( 1235) ou, ce qui revient au même, par les formules (23) E=3 —p+1, 2—4q (24° — p?) + p? cos 20 — q- » I suit des formules (19) que les trois racines de l'équation (20) sont réelles. Donc, on pourra en dire antant des trois racines de l'équation (21), ce qui suppose que la valeur de ® reste positive. Or, dans cette supposi- tion, l'on tire de l'équation (21), (24) = R CoS8, les valeurs de & et de # étant déterminées par les formules 1 g\T 32 (25) R — 2 (;) 2 cos 34 — GTR Par suite, si l'on pose, pour abréger, 39 T = arc cos De en sorte que + désigne un arc renfermé entre les limites 0, r, les trois racines de l'équation en z seront Ts T+ 27 TTC R COS >; R cos , & cos 5 3 3 et les trois racines de l'équation en J seront T+2T T— 27 (26) q+ À cos rs { + & cos > I+aAcos De ces trois racines, la plus petite, abstraction faite du signe, restera infé- rieure à l'unité, et sera la valeur de (27) JA = cos 29. Les deux autres racines, positives et supérieures à l'unité, seront les valeurs des demi-sommes I PoneE (28) ra= 4 (6 + à > fs (642) C. R., 1844, 20€ Semestre. (T. XX, No 24) [ (er) EN ( 1236 ) D'ailleurs, comme on l’a remarqué, les racines de l'équation (13), prises deux à deux, se correspondent de manière à offrir deux modules inverses l’un de l'autre, et dont l’un est nécessairement inférieur à l'unité. On peut donc, dans les calculs qui précèdent, supposer les modules 4 et £ inférieurs à l'unité ; et, si l'on désigne par 4 le plus grand de ces deux modules, on aura FRET Dans cette hypothèse, y, sera la plus grande des deux valeurs de y qui sur- passent l'unité. Ajoutons que l’on tirera des équations (28) \ Q : . AT (29) ab — tang (: co ) » * — = tang (: arc sin 2) ) J2 Js, et qu'après avoir ainsi déterminé les valeurs des quantités positives 3 Ü af ) Fa ? il suffira, pour obtenir 4 et 6, d'extraire les racines carrées de leur rapport et de leur produit. Quant à l'angle o, il ne se trouvera pas complétement déterminé par la formule (27), à laquelle il conviendra de substituer celle que nous allons maintenant établir. » La valeur de +?, exprimée en fonction de x, doit rester la même, soit qu'on la déduise de la formule (1 1) ou de la formule (16) ; on doit donc avoir identiquement, quel que soit x, cr ; Eu a | PAR RENE 2p PARUS LAVE ) + G | ONIÉ (Te œ “ = oc? (1—oxe TV") (: —ya te) (: = fre) (i | “1 , Si l'on remplace 7? par sa valeur _. ,etæ par e* Ver , dans l'équation précé- Le dente, on en tirera 4 cos2 + 2p cos (4’—)+|3q 6e) __ [r=ascos(ÿ—g)+u] [in afcos(' +98). 2ab De plus, si, dans l'équation (30) on remplace l'angle 4’ qui reste arbitraire Eos Le Cr237) par Y’ + r, elle donnera [ia cos(d—9)+0 ][1r+26cos(# +) +6] 24f {3r) cosaÿ’—2pcos(l —w)+3q= Eofin, si l'on combine par voie d’addition et de soustraction les formules (30) et(3r1), on en conclura cos aÿ+3q = + (a+ à) (545) +acos(y—#Je0s(# +9), ou, ce qui revient au même, (32) 3q = {À (s + 5) (s+ :) +- COS 29, et (33) 2p cos(d'—w) — —(s +3) cos (L'+ p) — (s+ ) cos (4'—). L'équation (32) qui, comme la formule (27), fournit seulement la valeur de cos 29, ne peut servir à déterminer complétement l'angle +. Mais il n'en est pas de même de l'équation (33), et si dans cette dernière on pose succes- sivement W=o; = on en tirera (34) cosg=— PS, nie Pere : La D AE +g—s— © Or, il est clair que les formules (34) déterminent complétement la valeur de g ou plutôt le point de la circonférence avec lequel coïncide l'extrémité de l'arc représenté par la lettre +. » Il est important d’observer que, si l’on nomme €, # les excentricités des orbites des deux planètes m et m’, les valeurs de i, i’ seront (35) it, = 2 2 Donc, si l'on désigne par m’ une des anciennes planètes, la valeur de ï’ sera 164. ( 1238 }) généralement très-petite. Donc alors la valeur de +?, déterminée par l’'équa- tion (10), se réduira sensiblement à « (36) = H+ K cos(l'—«). Par suite, deux racines de l'équation (13), celles-là mêmes que nous avons représentées par les produits Vi V= de? ER 1 [L se réduiront sensiblement aux deux valeurs de EVE x qui seront déterminées par la formule (37) H + K cos (4 — w) = 0, c'est-à-dire aux deux racines de l'équation (38) H+£K (æe Pen RE D'ailleurs, si l'on pose, pour abréger, HSE or Re PDHALLE —= ang E SACS , les deux racines de l'équation (38) sont CUETR L—=— PT Ne (39) æ— — be 5 Donc, si l'on prend pour m’ une des anciennes planètes, la racine de l'éqna- tion (13), représentée par le produit A CUMETEE aura pour valeur approchée le produit perd perte) F | ( 1239 ) Alors aussi celle des racines de l'équation (13), que représente le produit RAR deviendra sensiblement nulle, en sorte que sa valeur approchée sera réduite à zéro. Ajoutons qu'en partant des valeurs approchées que nous venons d’obtenir pour les deux racines gerVY, Beer, on pourra les déterminer l’une et l’autre, très-facilement et avec une grande exactitude, en appliquant la méthode des approximations successives, donnée par Newton, à l'équation (13) présentée sous la forme (4o) (to pABE M apr otage GÉOMÉTRIE. — Construction géométrique des amplitudes dans les fonctions elliptiques. — Propriétés nouvelles des sections coniques; par M. Cuasres. « Quand une fonction elliptique de première espèce est égale à la somme ou à la différence de deux fonctions de même espèce, il existe entre les am- plitudes des trois fonctions la relation algébrique en — «a h / 12 cin2 = (x) cos @ cos ®’ = sin ® sin V1 — c? sin? u — cos p, qui sert à déterminer l’une des amplitudes en fonction des deux autres. » Lagrange a construit géométriquement cette équation au moyen du tri- angle sphérique, et a fait voir que par une série de triangles sphériques, on opère aussi la multiplication des fonctions, c'est-à-dire qu'on détermine l'amplitude d'une fonction égale à un multiple d'une fonction donnée (*),. » M. Jacobi a donné, il y a quelques années , une construction beaucou P plus simple, pour ce dernier cas, de la multiplication des fonctions (*). Pre- nant à volonté un premier cercle, on en détermine un deuxième tel, que si l'on inscrit au premier une portion de polygone circonscrit au deuxième, le (*) Théorie des Fonctions analytiques ; page 86. (*) Journal de Mathématiques de M. Crelle; t. III, p. 376-389, année 1828. ( 1240 ) dernier sommet marque l'amplitude de la fonction égale à un multiple de la fonction donnée. Cette construction élégante a été reproduite et commentée par M. Legendre, dans le troisième supplément à son Traité des Fonctions elliptiques (mars 1839). » Elle faisait désirer une construction analogue, pour l'addition et la sous- traction des fonctions, et la représentation géométrique de l'équation des trois amplitudes. » Toutefois, on ne possède encore, je crois, que la construction de Lagrange, par le triangle sphérique. » Je me propose, dans ce Mémoire , de faire connaître divers autres modes de représentation, sur une figure, de l'équation des trois amplitudes, dont chacun offre un moyen facile de faire, sur les fonctions elliptiques de pre- mière espèce, les quatre opérations de l'addition, la soustraction , la multi- plication, et la division par une puissance de ». » Cesconstructions, très-diverses, comme on le verra, tirent leur origine des théorèmes sur les arcs d’une section conique, dont la différence est rec- tifiable, que j'ai eu l'honneur de communiquer, l'an dernier, à l'Académie (*). Ces théorèmes fournissent d’abord une première construction qui est lappli- cation immédiate, aux amplitudes, des constructions relatives aux arcs eux- mêmes ; et ensuite, au moyen de quelques propriétés des sections coniques, et du changement de module dans les fonctions elliptiques, on conclut de cette première solution diverses autres constructions, au nombre desquelles se trouve, individuellement, celle qui réalise la généralisation que pouvait faire désirer le beau théorème de M. Jacobi. » Je n'ai parlé jusqu'ici que de la construction de l'équation des trois am- plitudes, c'est-à-dire de l'expression géométrique, sur une figure, de la rela- tion qui a lieu entre les amplitudes des trois fonctions F(o), F(v’), F(y), liées par l'équation F(p)=F(9)F(?1. » Mais dans le fait, les constructions que je donne ont quelque chose de plus général; elles se rapportent aux amplitudes de quatre fonctions liées entre elles par l'équation —_— * (*) Comptes rendus des séances de l’Académie ; t. XVII, p. 838-844; séance du 23 octobre 1843. ( 1241) De sorte qu'elles font connaître immédiatement l'amplitude d'une fonc- tion égale à la somme de deux fonctions données, moins une troisième; ce qui n'a pas lieu dans le triangle sphérique. » Tous ces modes de construction s'appliquent à la multiplication des fonctions, et pour cet objet même, ils ont plus d'extension et de généralité que le théorème de M. Jacobi, parce qu'on peut multiplier immédiatement la différence de deux fonctions, aussi simplement qu'une seule fonction, et qu'on peut en outre exprimer le produit par la différence de deux fonctions, dont l'une est arbitraire : de sorte que c’est l'équation indéter- minée F()—F()= 2 [F(a)—F(&")] que ces constructions servent à résoudre et dont elles donnent toutes les solutions. » Les théorèmes sur lesquels reposent ces constructions sont autant de propriétés de certains systèmes de deux sections coniques, ou de deux cercles, qui s'expriment toutes par l’équation coso coso E sinpsin®’Ÿ 1 — c*sin? pu — cos. » Je conserve d’abord cette forme même de la relation entre les deux angles ©, +’, dans laquelle c est plus petit que l'unité, suivant l'usage adopté dans la théorie des fonctions elliptiques. Mais ensuite, laissant de côté cette condition, et n'ayant en vue que l'équation générale (2) cosy coso'+- À sinosino = B, dans laquelle À et B sont deux constantes quelconques, je montre que les théorèmes déjà obtenus conduisent, à l'aide des moyens de transformation des figures, dont la Géométrie moderne est en possession, à une foule d’autres théorèmes différents, dont quelques-uns encore seraient susceptibles d'application au cas des fonctions elliptiques où le module est plus petit que l'unité. » Si l’on considère que tant de résultats, dont chacun exigerait, en Géo- métrie analytique, une démonstration différente et parfois difficile, dérivent aisément d'un seul théorème primitif dont ils ne:sont, en quelque sorte, que des transformations qui se font par le seul raisonnement, sans exiger ni calcul, ni figures, on verra, je crois, dans cette fécondité et cette facilité de dé- ( 1242 ) monstration, un nouvel exemple des ressources que pourraient offrir les mé- thodes géométriques, si cette partie si importante des sciences mathématiques était plus cultivée. » Ce Mémoire est divisé en quatre paragraphes. » Dans le premier se tronve une construction des amplitudes , par la con- sidération des ares d'ellipse. » Dans le deuxième sont les divers théorèmes qui forment l'expression géométrique de l'équation des trois amplitudes. » Dans le troisième je donne un exemple de l'usage de ces théorèmes pour l'addition, la soustraction , la multiplication, et la division par une puissance entière de 2, des fonctions elliptiques. » Enfin, dans le quatrième paragraphe je fais connaître diverses autres propriétés des sections coniques, qui roulent encore sur l'équation des trois amplitudes, mais où la valeur du module n'est plus limitée et moindre que l'unité. $ IT. — Construction des amplitudes, par la considération des arcs d’ellipse. » À. Première question. — Construire l'équation F(g)— F(g/)=F (4) —F(o'): c'est-à-dire, étant données les amplitudes &, a! de deux fonctions, dé- terminer tous les systèmes de deux ampliturdes o, w', répondant à deux autres fonctions dont la différence soit égale à celle des deux premieres. » Qu'on prenne une ellipse ayant son demi-grand axe égal à l'unité et son excentricité égale au module des fonctions, et qu'on prenne sur cette ellipse, à partir du sommet D situé sur le petit axe, les ares Da, Da’ dont les ampli- tudes sont &, 4, que par les points 4, a on mene les deux tangentes à l'ellipse; et que par le point d'intersection de ces deux tangentes on fasse passer une seconde eilipse décrite des mêmes foyers que la première; puis enfin, que d'un point quelconque de cette ellipse on mène deux tangentes à la première, les points de contact m, m' déterminent deux arcs Dm, D’, dont les amplitudes satisfont à la question. » En effet, les deux arcs mm’, aa’ ont leur différence assignable en ligne droite (*), de sorte qu'on a, suivant la notation de Legendre pour les ares (*) Comptes rendus, tome XVII, page 8/40. ( 1243 ) d'ellipse ou fonctions de seconde espèce, E (9) —E()=E() —E()+L, L ne une quantité algébrique. » Mais il existe, entre les fonctions de première espèce de mêmes ampli- as la même ion dans laquelle seulement la quantité algébrique est nulle. où a donc F(e)—F(p)=F(a) —F (x). » Ainsi notre construction des deux amplitudes +, ’ se trouve démor- trée. » 2. On pcut prendre à volonté l'un des deux ares Dm, Dm, et par consé- quent l’une des deux amplitudes , 4, de sorte que cette construction ré- sout l'équation F(e)=F(o)+EF(c) —F(x), dans laquelle w", & et.œ' sont connues. » Et comme l’une quelconque de ces trois amplitudes peut être nulle, il s'ensuit que la construction convient tout à la fois pour la soustraction et l'addition de deux fonctions. 3. Deuxième question. Construire l'équation F(e) + F(?)=F(0)+ F(#); c'est-à-dire, étant données les amplitudes &, & de deux fonctions, dé- terminer tous les systèmes de deux amplitudes répondant à deux fonctions dont la somme soit égale à celle des deux premières. » Après avoir pris, sur la même ellipse que ci-dessus, les deux arcs Da, Da’, et déterminé le point de concours des tangentes en a et a’, on décrira l'hy- perbole qui passe par ce point et qui a les mêmes foyers que l'ellipse. D'un point pris arbitrairement sur cette hyperbole, on mènera deux tangentes à l’ellipse : soient me, m' leurs points de contact; les amplitudes 9, #’ des deux arcs Dm, Dr’ satisferont à la question, c’est-à-dire qu’on aura F(e)+F(y) =F(e)+F(&). Cette construction se conclut, comme la précédente, de nos théorèmes sur les arcs d’ellipse. En effet, soit K le point où l'hyperbole rencontre l'arc R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, No 24.) 165 ( 1244 ) aa’, on aura Ka — Ka'—=L, ou Da — DK — DK — Da’ +I, ou Da + Da'—:2DK + TH. Pareillement, Dm + Dm = 5 DK + L': donc Din + Dm'= Da + Da’ + (1; — I.) ou e E(?) +E(p')=E(a) +E(a) +(L'—L), et par conséquent F(g)+4 F1) = F()+F(x). » 4, Si le point pris sur l'hyperbole est celui où cette courbe rencontre l'arc d’ellipse aa’, on aura p=g et Fp—={[F(«) + F(x)]. On détermine donc immédiatement l'amplitude d’une fonction égale à la demi-somme de deux fonctions données. L'une de celles-ci peut être nulle, de sorte qu'on déterminé l'amplitude de la fonction égale à la moitié d'une fonction donnée. » D. Troisième question. Construire l'équation F(e)—F(g)= 2[F(a) — F(x)]; c'est-à-dire, déterminer les amplitudes de deux fonctions qui aient leur différence égale à un multiple de la différence de deux fonctions don- nees. »_ Après avoir déterminé les deux ellipses, comme dans la première ques- tion, on circonscrira à l’ellipse interne une portion de polygone de (n + 1) côtés dont les 7 sommets soient situés sur l'ellipse externe : soient m1, m' les points de contact des deux côtés extrêmes, le premier et le dernier, de cette portion de polygone, et soient +, +’ les amplitudes des deux arcs Dm, Dm’; ce seront les amplitudes de deux fonctions satisfaisant à la question: c’est- à-dire qu'on aura F(p) — F(p) = n[F (a) — F(x)]. (T2nE ) » En effet, d'après les théorèmes sur les arcs d’ellipses, déjà cités, l'arc mm’ est égal à n fois l’arc aa’, plus une quantité algébrique, ce qui s'exprime par l'équation Dm — Din! = n (Da — Da) +1, ou E(9) —E(?)=2[E(a) —E(x)]+ L. Or, à cette équation répond celle-ci: F(o)— F(p)=n[F(x) — F(x)]. Donc, etc. » Si l'on prend l'origine du polygone, c'est-à-dire le point de contact de son premier côté, au sommet D de l'ellipse, on aura 0; et simplement F(p) =z[F(@)— F(«)]; et si la fonction F(4') est nulle, EP (go) —=7:F(c) » 6. On voit que la multiplication des fonctions se fait sur la figure même qui sert à déterminer deux fonctions dont la différence est donnée. Pour dé- terminer ces deux fonctions, on circonscrit à l'ellipse interne un angle qui ait son sommet sur l’ellipse externe ; et , pour déterminer deux fonctions dont la différence soit égale à un multiple n de la différence de ces deux premières, on circonscrit à la même ellipse 2 angles formant une portion de polygone continue. Comme l'origine du polygone est arbitraire, la question a une infi- nité de solutions. » C'est aussi au moyen d'une portion de polygone, circonscrit et inscrit à deux cercles, que M. Jacobi a multiplié les fonctions. Mais la construction de l'illustre géomètre satisfait seulement à l'équation F(p)=2F(), parce qu'elle ne permet pas de placer l'origine du polygone en un point quelconque du cercle. Nous donnerons à cette élégante construction toute l'extension dont elle était susceptible. » 7. Les arcs d'hyperbole pourraient servir, de même que les arcs d'ellipse, pour la solution des questions que nous venons de résoudre. Le module des 165. ( 1246 ) fonctions étant €, l'hyperbole aurait son demi-grand axe épal à c, et sou excentricité égale à l'unité. Nous avons pris de préférence l'ellipse, parce qu'elle se prête mieux à la démonstration des théorèmes qui font sujet du paragraphe suivant. SIL. — Expressions géométriques de l'équation coscosg/—Æ sin psing! V1 —c'sinu — cosy. » 8. Nous avons vu (À et 3) qu'ayant une ellipse dont le demi-grand axe est égal à l’anité, et l'excentricité égale à €, si d'un point d’une seconde co- uique, ellipse ou hyperbole, décrite des mêmes foyers, on mène deux tan- gentes à cette ellipse, les points de contact marquent deux ares dont les am- plitudes o, +’ sont celles de deux fonctions de première espèce, ayaut leur différence ou leur somme constante; conséquemment , il y a entre ces deux amplitudes une relation constante , de la forme de l'équation ci-dessus. » Pour donner au théorème qui résulte de là un énoncé tout géométrique et indépendant de la considération des amplitudes des arcs d'ellipse , rappe- lons comment se déterminent ces amplitudes. » Pour déterminer l'amplitude d'un arc d'ellipse, on élève par l'extré- mité de cet arc une ordonnée jusqu'à la rencontre du cercle décrit sur le grand axe comme diamètre : l'angle que le rayon mené au point de rencontre fait avec le petit axe, est l'amplitude, » On peut encore mener la tangente à l'ellipse par l'extrémité de l'arc ; cette tangente rencontre le grand axe en un point par lequel on mène une tangente au cercle; l'angle que cette tangente fait avec le grand axe est égal à l'amplitude. » 9. D'après cette seconde construction, nous énoncerons le théorème suivant: » Théorème I. Æyant une ellipse, et une seconde conique , ellipse ou hyperbole, décrite des mêmes foyers; si de chaque point de cette seconde courbe on mène deux tangentes à l'ellipse, et que par les points où ces deux droites rencontrent la ligne des foyers, on mène deux tangentes au cercle décrit sur le grand axe de l'ellipse, comme diamètre , les ängles que ces «deux tangentes feront avec-ce grand axe auront entre eux la relation constante cos @ cos &’ + sin 4 sin g’ V1 — sin = cosy, Aie te oh Rs", (1247) dans laquelle c est le rapport de lexcentricité au demi-grand axe de l'ellipse. é » Le signe + aura lieu si la seconde conique est une ellipse , et le signe —; si c'est une hyperbole. » La constante p. dépend de la grandeur de la seconde conique. » 19. Ce théorème va nous conduire à diverses autres propositions expri- mant toutes la même relation entre deux angles, et qui s'énoncent d'une ma- uière plus simple, parce que l’on n'a plus à y considérer un cercle auxiliaire. Les unes sont relatives encore à deux coniques ; d’autres à une conique et à un cercle, et d’autres au système de deux cercles. » A4. Les tangentes à l’ellipse et au cercle, issues d’un même point du grand axe, touchent les deux courbes en deux points situés sur une ordonnée; conséquemment les angles e, 9 qu’elles font avec ce grand axe, ont entre eux la relation tans ? en appelant À l'angle que la tangente à l'ellipse fait avec le petit axe, b tang À tang © = 1. Cette équation prouve que À est l'amplitude de la fonc- tion de première espèce complémentaire de la fonction dont + représente l'amplitude : de sorte que les angles À, X’, que les deux tangentes à l’ellipse font avec le petit axe, sont les amplitudes de deux fonctions dont la somme ou la différence est constante, le module étant encore c. On a donc ce théorème : » Théorème IL. Étant données une ellipse et une seconde conique, ellipse ou hyperbole, décrites des mémes foyers; si d'un point de cette courbe on mène deux tangentes à l'ellipse, les angles } , \, que ces deux droites feront avec le petit axe, auront entre eux la relation constante tang ; pps re _ = b,b représentant le demi-petit axe de l’ellipse. On a donc, cos À cos V + sin À sin N 1 —c?sin? pu = cos p., où c est le rapport entre l'excentricité et le demi-grand axe de l'elhipse. » 12. Lemme. Soit } l'angle que la tangente à une ellipse fait avec le petit axe, et 4 l'angle que le rayon vecteur mené d’un foyer au point de con- tact fait avec le grand axe; on a entre ces deux angles la relation sin (4 —}) = c sin À, c représentant le rapport de l'excentricité de l’ellipse au demi-grand axe. » La démonstration de ce lemme ne présente aucune difficulté. » 13. L'équation sin(b—)) = c sin} est la formule connue qui sert à changer de module dans les fonctionselliptiques, c'est-à-dire que si À est l'am- ( 1248 ) plitude et c le module d'ane fonction, £4 représente l'amplitude d'une autre 2Vc fonction ayant pour module Te qui est égale à la première multipliée par ot 1HcC la quantité constante ——. De sorte que quand les deux angles À, N sont les snpless de deux fonctions ayant leur somme ou leur différence constante, 14, {4 sont les amplitudes de deux autres fonctions qui ont aussi leur somme ou leur différence constante. Il existe donc entre ces angles £ 4, £4/ la relation des trois amplitudes. Ainsi, lon a ce théorème : » Théorème IL. £tant données une ellipse et une seconde conique, ellipse ou hyperbole, décrites des mêmes foyers; si de chaque point de cette seconde courbe on mène deux tangentes à l’ellipse, les rayons vecteurs menés d’un foyer aux deux points de contact feront avec le grand axe deux angles 4,4", entre lesquels aura lieu la relation constante - sin? SU COS, cos +4 cos + LQ' + sin £y sin + Vie où c est le rapport de l'excentricité au demi-grand axe de l ‘ellipse. 14. Lemme. Une tangente étant menée en un point d’une ellipse, le rayon vecteur mené d'un ax er au point où la tangente rencontre le petit axe, fait avec cette tangente un angle égal à Lane que le rayon vec- teur mené «le l’autre foyer au point de contact, fait avec le grand axe. » 45. Il suit de là que, dans le théorème précédent , on peut remplacer les jp Ÿ, L’par les angles », y’, que les rayons menés du second foyer aux points où LE deux tangentes rencontrent le petitaxe, font avec ces tangentes, respectivement. On a donc ce théorème : Théorème IV. Étant données une ellipse et une seconde conique, ellipse ou hyperbole, décrites des mémes foyers; si d’un point de cette seconde courbe on mène deux tangentes à l’ellipse, les angles v, v', que les rayons vecteurs menés d'un foyer aux deux points où elles rencontrent le petit axe, font avec ces tangentes, respectivement, auront entre eux la relation constante 1 Ps LA SANS tes ie Faté fc PAPE RE cos; y COS, y ZT SIN x y SIN sy V: Feat a — COSS EH, dans laquelle © est le rapport de l'excentricité au demi-grand axe de l’ellipse. | ( 1249 ) » 16. Reprenons le théorème 1; soient m1, m' les points de contact des deux tangentes à l'ellipse À, issues d'un point de la seconde conique B; la corde mm’ est tangente à une troisième conique C, qui est la polaire de la seconde B par rapport à l’ellipse A. Les points d’intersection de cette troi- sième conique et de l’ellipse, points imaginaires, sont situés sur les deux directrices de celle-ci. On peut donc, au lieu de déterminer les deux points m», m'en menant des tangentes à l'ellipse A par un point de la se- conde conique, les déterminer en faisant rouler une tangente sur la troi- sième courbe C. » D'après cette considération, on pourra substituer, dans les quatre théo- rèmes précédents, la conique C à la conique B; cette courbe devant satis- faire simplement à la condition d'avoir pour axes de symptose (*) avec l'el- lipse A les deux directrices de celle-ci; c'est-à-dire que l'ellipse ayant pour équation la conique C passera par les points, imaginaires, communs à cette courbe et à une autre ligne représentée par l'équation de sorte que son équation sera de la forme 2 575 5 x? (1 + €) + =I+— I —c C . . A à = . » # . » On aura ainsi quatre théorèmes, différents des précédents, mais tou- jours relatifs à deux coniques ayant entre elles une certaine relation particu- lière, Nous n’énoncerons pas ces théorèmes. » Mais les considérations que nous venons d'exposer vont nous conduire à des théorèmes d'une autre espèce, relatifs à un cercle et à une conique concentrique. (*) J'ai appelé axes de symptose les deux droites, toujours réelles, sur lesquelles sont situés les quatre points d’intersection , réels ou imaginaires, de deux coniques ( V. Annales de Mathématiques, tome XVIII, page 285); ce sont les deux droites que M. Poncelet a appelées sécantes communes , réelles ou idéales, ou bien axes d’homologie des deux coni- ques. ( V. Traité des Propriétés projectives. ) ( 1250 ) » 17. Concevons l'ellipse A et la conique G dont il vient d’être question; une tangente à celle-ci rencontre l'ellipse en deux points m, m'; et les ordonnées menées par ces points rencontrent le cercle décrit sur le grand axe de l'ellipse, comme diamètre, en deux points e, e’; les angles o, #', que les deux rayons du cercle Oe, Oe’ font avec le petit axe, sont les amplitudes des deux arcs marqués par les points m, m', et l’on a cos cos® sin sing’ ÿ1— c*sin? pu = cosy. » La corde ee’ est tangente à une conique D qu'on forme en portant sur les ordonnées de la conique G d’autres ordonnées qui sôient à celles-ci dans le rapport de 1 à Vr—c?, de même qu'on forme le cercle en aug- mentant dans le même rapport les ordonnées de l'ellipse A. L'équation de cette nouvelle courbe D est Dre) y —=rt Elle a pour axes de symptose avec le cercle, les directrices de l'ellipse 4, c'est-à dire deux droites situées à la distance du centre; il en résulte donc ce théorème : » Théorème V. Étant donnés un cercle et une conique concentrique , si lon fait rouler sur la conique une tangente qui rencontre le cercle en deux points, les angles que les rayons menés du centre à ces deux points font avec le petit axe de la conique, ont entre eux la relation constante cosy cos’ + sing sin VA — c? Sin? pe — cos, dans laquelle c est le rapport entre le rayon du cercle et la distance du centre aux deux axes de symptose du cercle et de la conique , parallèles au petit axe de celle-ci. » 8. Les tangentes au cercle menées par les deux points où une tangente à la conique D le rencontre, se coupent en un point dont le lieu géomé- trique est une autre conique E, qui a pour équation La ASUS 1 1 + € me se à » Cette courbe à son grand axe dirigé suivant l'axe des y ; ct ses centres ( 1257 ) d'homologie (*) avec le cercle sont situés sur l'axe des æ, à une distance du centre égale à c. On a donc ce théorème : » Théorème VI. Étant donnés un cercle et une conique , ellipse ou hyper. bole, concentriques ; si de chaque point de cette courbe on mène deux tangentes au cercle , les angles qu'elles feront avec le petit axe de la co- nique auront entre eux la relation constante cosy cos 9’, sin osino' V1— c?sin?p — cos, dans laquelle le rayon du cercle étant pris pour unité, c représente la distance des centres d'homologie des deux courbes , situés sur le petit axe, au centre de figure. » Quand deux coniques sont décrites des mêmes foyers, ces deux points sont leurs centres d'homologie; par conséquent, la proposition actuelle a de l’analogie avec le théorème IT, relatif à deux coniques. » 49. Au lieu de deux coniques, ou d’une conique et d'un cercle, nous allons nous servir maintenant du système de deux cercles. » Pour cela il suffit de faire la transformation polaire des deux coni- ques biconfocales, en prenant pour conique auxiliaire un cercle ayant son centre en l’un de leurs foyers F. Aux deux coniques correspondent deux cer- cles qui ne se rencontrent pas, et dans lesquels il existe deux points, situés sur leur ligne des centres, dont chacun a pour polaire, par rapport aux deux cercles, une même droite qui passe par l’autre point. L'un de ces points est le foyer F qu'on a pris pour centre du cercle qui a servi à faire la trans- formation. Il est intérieur au premier cercle, celui qui correspond à l’ellipse ; et il est intérieur ou extérieur au second cercle, correspondant à la seconde conique, suivant que celle-ci est une ellipse ou une hyperbole. L'autre point correspond au petit axe des deux coniques. La droite menée par le point milieu de ces deux points, perpendiculairement à la ligne des cen- tres, est l'axe de symptose, ou corde commune idéale, des deux cercles ; cette droite correspond au second foyer des deux coniques. » L'excentricité c représente, dans la nouvelle figure, le rapport entre la distance du point F au centre du premier cercle et le rayon de ce cercle; et (*) M. Poncelet a appelé centres d’homologie de deux coniques, deux points, toujours réels, qui sont les points d’intersechon des quatre tangentes , réelles ou imaginaires, communes aux deux courbes. ( Voir Traité des Propriétés projectives, section III.) CR. 1844, 2m Semestre. (T. XIX , N° 24.) 166 (Cr252b) l'expression représente le rapport entre le diamètre de ce cercle et la 4c (x + c} distance de l’axe de symptose des deux cercles au point le plus éloigné du pre- 5 . . sea 2 Ve . mier. Ainsi ces deux quantités € et Re qui seront les modules des fonc- I € tions elliptiques, auront dans nos nouveaux théorèmes une expression géo- métrique aussi simple que dans les théorèmes précédents. » 20. Le théorème I donne lieu, indépendamment des deux cercles cor- respondants aux deux coniques, à une conique qui correspond au cercle dé- crit sur le grand axe de l'ellipse, comme diamètre. Cette conique est une ellipse qui a l’un de ses foyers au point F, et pour grand axe le diamètre du premier cercle. Sa considération complique le théorème, que nous n'é- noncerons pas ici: les théorèmes suivants seront d'un énoncé plus facile. » 21. Passons donc au théorème 11. Il donne celui-ci : » Théorème VIT. Étant donnés deux cercles qui ne se rencontrent pas, et étant pris le point F intérieur au premier, qui a la méme polaire dans les deux cercles ; si l’on mene une tangente au second cercle , laquelle rencon- tre le premier en deux points , les rayons vecteurs mens du point F à ces deux points feront avec le diamètre sur lequel est situé ce point F, deux angles }, X jui auront entre eux la relation constante cos cos \ + sin sin\ ÿ1— c?sin?y — cos, dans laquelle le module c est égal au rapport qui a lieu entre la distance du point F au centre du premier cercle, et le rayon de ce cercle. » 22%. Du théorème II on déduit le suivant : »_ Théorème VIIL Étant donnés deux cercles qui ne se rencontrent pas, Si l’on mène une tangente au second, qui rencontre le premier en deux points, ces points marqueront deux arcs 4, ÿ', comptés à partir de la ligne des cen- tres, entre lesquels aura lieu la relation constante cos +4 cos 44’ + sin 44 sin 4 Vr — c? sin? iu = cosiu, la quantité c? exprimant le rapport qui a lieu entre le diamètre du premier cercle et la distance de l'axe de symptose des deux cercles au point le plus éloigné du premier. » %5. Le théorème [IV fournit le suivant : » ThéoremeIX. liant donnes deux cercles qui ne se rencontrent pas, Si ( 1253) l'on fait rouler sur le second une tangente qui rencontre le premier en deux points, les angles y, v', qui auront pour sommets ces deux points, et dont les côtés passeront par les deux points fixes, dont chacun a la méme polaire dans les deux cercles, auront entre eux la relation constante . Ê 0 QU. £ Ly cos ty + sin £v sin by’ V1 — cŸ sin? ip — cos iu, co 1 L/2] dans laquelle le carré c? représente le rapport qui a lieu entre le diamètre du premier cercle et la distance de l’axe de symptose des deux cercles au point le plus éloigné du premier. » 24. Tous ces théorèmes dérivent de notre construction des amplitades par les arcs d’ellipse. Nous aurions pu nous servir aussi de l'hyperbole, comme nous l'avons dit, et cette courbe donnerait lieu immédiatement à quelques autres théorèmes, mais qui sont moins simples que les précédents; c'est pour- quoi nous ne les énoncerons pas ici. Toutefois, ces théorèmes conduiraient, par quelques transformations , aux précédents, de même qu'on pourrait aussi les tirer de ceux-là. S III.— Application des théorèmes précédents à la détermination des amplitudes des fonctions elliptiques. » 25. L'usage de ces théorèmes pour l'addition, la soustraction, la mul- tiplication et la division par 2, des fonctions de première espèce, est très- facile. » Proposons-nous cette question générale de la multiplication , qui com- prend l'addition et la soustraction : » Étant données deux Jonctions F (a), F(x), déterminer deux autres fonctions F (+), F(v'), dont la différence soit égale a un multiple de la dif- Jérence des deux premières. » Il s’agit de construire l'équation F(p)—F(g)=2[F(x) —"F (a), dans laquelle l'une des deux fonctions F (+), F (+) peut être prise arbitrai- rement. » 26. Servons-nous du théorème VILL. » On prendra un cercle quelconque C, et, sur un de ses diamètres AA’, un point extérieur F’ tel, que le rapport de ce diamètre à la distance de ce : Mr GOX ( 1254 ) toc s ss, se AAñitE venbis VA point F'au point du diamètre, le plus éloigné, savoir, pra Soit égal au carré du module des fonctions. » On prendra sur le cercle, à partir du point A, deux arcs Am, Am’, dou- bles des deux amplitudes données x, a’, et l’on joindra ces deux points par la corde mm. » On décrira le cercle tangent à cette corde , et ayant pour axe de symp- tose avec le cercle C la perpendiculaire au diamètre AA’ élevée par le point F’. Deux cercles satisfont à la question : l'un intérieur au cerele G, et l'autre extérieur; on prendra le cercle intérieur (*). » Enfin on inscrira dans le cercle C une portion de polygone de (x + 1) sommets, dont les z côtés soient tangents au second cercle. Soient M, le pre- mier sommet, lequel est pris arbitrairement, et M,,, le dernier, les ares LAM,, {AM,., seront les amplitudes des deux fonctions cherchées, c'est-à- dire que l’on aura , en appelant +, v', ces deux arcs F(?)—F(g)=nl[F(a) —F(«)] » 27. Si l'on suppose 7 — 1, la portion de polygone se réduit à une seule tangente au second cercle, et cette tangente donne la solution de l'équation F(p)—F(y)=F(a) —F(e). » On détermine donc une infinité des systèmes de deux fonctions dont la différence est égale à la différence des deux fonctions données. » Si la fonction F (9') est donnée, on a F(o)=F(p) + F(x)—F(x'), c'est-à-dire que l’on détermine une fonction égale à la somme de deux autres, diminuée d'une troisième. » SiF(y)—o, on détermine une fonction égale à la différence de deux fonctions données. (*) On détermine ces deux cercles par une construction extrémement simple. Par le point où la corde mm’ rencontre l’axe de symptose, on mène la tangente au cercle C; puis on porte sur cette corde, à partir de ce point, deux segments égaux à la longueur de la tangente ; leurs extrémités sont les points où les deux cercles touchent la corde; et comme ces deux cercles ont leurs centres sur le diamètre AA’, ils sont complétement déterminés. (12558) » Enfin, si F(#) —o, on détermine une fonction égale à la somme de deux fonctions données. » 28. Maintenant, supposons que l’on demande tous les systèmes de deux fonctions dont la somme est égale à la somme de deux fonctions données; ce qui sera résoudre l'équation indéterminée F(#)+ F(#)=F(e)+ F() » Aprés avoir pris sur le premier cercle les deux arcs Ar, Am’, on décrira le cercle extérieur au premier, qui touche la corde am’ eta pour axe de symptose avec celui-ci la perpendiculaire au diamètre AA’ élevée par le point F. » On mènera une tangente à ce cercle, de manière qu'elle rencontre le premier cercleen deux points M, M'; et l'on aura, en représentant par ®, »/ les arcs + AM, £ AM’, la relation F(p) — F(p') =F(a) — F(æ); de sorte que la question est résolue. ° » 29. Cetteconstruction donne le moyen de déterminer une fonction égale à la demi-somme de deux fonctions données, dont l’une peut être nulle. » En effet » Supposons que la tangente au second cercle soit aussi tangente au premier cercle, ce qui est possible, puisque les deux cercles sont extérieurs l’un à l'autre; les deux points M, M’ se confondront,, et l'équation deviendra F(e) = [F(a) + F(a)] » La fonction F{x') peut être nulle; alors on détermine une fonction égale à la moitié d’une fonction donnée. » Ondivisera de même par 2 la fonction trouvée : et ainsi de suite; de sorte qu'on peut, par des constructions très-simples, diviser une fonction par une puissance entière de 2. » 30. Chacun des autres théorèmes donnera des constructions analogues pour les mêmes questions que nous venons de résoudre au moyen du théo- rème VIII. » Nous avons choisi, pour donner un exemple de la facilité de ces solu- tions géométriques, ce théorème, parce que c’est celui qui réalise l'extension dont était susceptible le théorème de M. Jacobi. ( 1256 ) $ IV. — Autres théorèmes relatifs à l'équation cosg cos #/ + À sin + sin ®’ — B. » SE. Nous nous sommes attaché, jusqu'ici, à donner aux théorèmes une forme propre à la théorie des fonctions elliptiques, dans laquelle on a cou- tume de prendre le module plus petit que l'unité. Mais on conçoit que chacun de ces théorèmes peut être exprimé d'une manière moins restreinte par une équation telle que cos ® cos © + A sinpsino’=B, dans laquelle A et B sont deux constantes. » Par exemple, que dans le théorème IT, au lieu de prendre les angles que les deux tangentes font avec le petit axe de l’ellipse, on prenne les angles qu'elles font avec le grand axe, on aura une équation telle que la précédente, mais qui ne donne pas lieu à un module plus petit que l'unité. » Si donc on n'a plus en vue spécialement la forme actuelle des fonctions elliptiques, mais seulement des propriétés des sections coniques exprimées par l'équation ci-dessus, on pourra donner aux théorèmes précédents des énoncés plus* généraux, et même on en pourra conclure divers autres théo- rèmes du même genre, constituant d'autres propriétés des sections coniques, dont plusieurs seront susceptibles encore d'une application spéciale et immé- diate aux fonctions elliptiques pour le calcul des amplitudes. » 32. Prenons le théorème VIT; il exprime une propriété du point F, inté- rieur au premier cercle, qui a la même polaire dans les deux cercles. Or, il existe un second point , extérieur au premier cercle, qui a aussi la même po- laire dans les deux cercles; il est clair que la propriété démontrée pour le premier point s'applique au second ; c'est-à-dire, que les droites menées de ce point extérieur aux deux points où une tangente au second cercle rencontre le premier cercle, font avec la ligne des centres deux angles »,9?, qui ont entre eux la relation constante cos © cos ®’ + À sin o sin g’ = B. » De là on conclut, en passant des deux cercles aux deux coniques bicon- focales, par une transformation polaire, ce théorème : » Théorème X. Quand deux coniques sont décrites des\mémes foyers , si d'un point de l'une on mène deux tangentes à la seconde, les rayons vec- teurs menés d'un foyer aux points où ces deux tangentes rencontrent le petit Cr207) aze font avec cet axe deux angles qui ont entre eux la relation constante cos o cos o’ + À sin o sin o = B. » 33. Le théorème VIIE, énoncé pour deux cercles qui ne se rencontrent pas, a lieu, évidemment, pour deux cercles quelconques, si à l’équation(1)on substitue l'équation (2). On en conclut que, » Théorème XI. Si sur un cercle, on prend, à partir d'un point fixe À, deux arcs Am, Am', tels, que l’on ait la relation constante cos + Am.cos + Am + A.sin + Am.sin + Am — B, la corde mm’ enveloppera un second cercle. » 94. Pareillement le théorème V donne lieu au suivant : » Théorème XIL. Si, sur la circonférence d'un cercle, on prend , à partir d'un point À, des arcs An, An', tels, que l’on ait la relation constante cos An. cos An! + À.sin An.sin An —B, la corde mm’ enveloppera une conique concentrique au cercle. » 55. Concevons un cercle ayant son centre au foyer d’une conique; que l'on mène deux rayons, faisant avec un diamètre fixe deux angles ©, v’, entre lesquels ait lieu la relation cos to cos to’ + A sintosinto —B, la corde soutendue par ces deux rayons enveloppera un second cercle. Donc, d'après la théorie des figures homologiques de M. Poncelet (*), la corde soutendue dans la conique enveloppera une seconde conique. Donc : » Théorème XIIL S5, autour du foyer d’une conique, on fait tourner deux rayons vecteurs tels, que les angles o, +’, qu'ils feront avec un axe fixe, de direction quelconque, aïent entre eux la relation constante 1 in À == cos to cost + A sintosin+o —B, la corde soutendue dans la conique par ces deux rayons enveloppera une seconde conique. {‘) Voir Traité des Propriétés projectives, sect. IV. — Aperçu historique, p. 773 et suiv. Cr2580 » 86. Le théorème XII donne lieu pareillement au suivant : » Théorème XIV. Si, par le foyer d'une conique , on mène deux rayons, Jaisant avec un axe fixe deux angles +, v', lies entre eux par la relation cos o cos ©’ + À sino sinv' — B, la corde soutendue dans la conique par ces deux rayons enveloppera une seconde conique. » 31. Que dans le théorème XI on prenne un point fixe, sur la circon- férence du cercle, on donnera au théorème l'énoncé suivant : » Théorème XV. Si, par un point fixe, pris sur la circonférence d’un cercle, on mène deux droites, faisant avec un axe fixe deux angles liés entre eux par la relation constante cos o cos ®' + À sinosino’ = B, la corde soutendue par ces deux droites enveloppera un second cercle. » 38. Pareillement, le théorème XI prend cet énoncé : » Théorème XVI. Si par un point fixe de la circonférence d’un cercle, on mène deux droites faisant avec un axe fixe des angles }, X liés entre eux par la relation cos 21cos 2} + Asin2Àsn2\ = B, la corde comprise entre ces deux droites enveloppera urie conique. » 39. Si l'on conçoit une conique quelconque tangente au cerele au point fixe, d'après la théorie des figures homologiques, la corde comprise dans la conique entre les deux droites enveloppera une autre conique. Les deux théorèmes précédents donnent donc lieu à ces deux-ci : » Théorèmes XVIL et XVII. Si par un point fixe pris sur une conique, on mène deux droites faisant avec un axe fixe deux angles », v' liés entre eux par la relation 2 cos cos v' + À sinosino — B, ou bien par la relation cos 29 cos 29 + Asin2o sin2e = B, dans les deux cas, la corde de la conique, comprise entre les deux droites, enveloppera une conique. (1259) ‘ » 40. Par une transformation polaire, on conclnt de là deux autres pro- priétés générales des sections coniques, dont nous nous bornerons à énoncer un cas particulier relatif à la parabole : Théorèmes XIX et XX. Si l’on mène à une parabole deux tangentes faisant avec un axe fixe, de direction arbitraire , deux angles liés entre eux par la relation cos © cos g + Asinosins — B, ou bien ' cos 29 cos 29’ + À sin 2osin 20 — B, le point de concours des deux tangentes aura pour lieu géométrique une conique. 41. Reprenons le théorème II. L’angle qu'une tangente à l’ellipse fait avec le petit axe est égal à l'angle que le rayon vecteur abaissé d'un foyer F, perpendiculairement à cette tangente, fait avec le grand axe. Conséquem- ment, les perpendiculaires abaissées d'un foyer sur les deux tangentes font avec le grand axe des angles o, v’ liés entre eux par la relation cos © cos” Æ sin o sin V1 — c? sin? £ = COS p.. Les pieds de ces perpendiculaires sont sur le cercle décrit sur le grand axe de l'ellipse, comme diamètre. 11 résulte donc du théorème VIT, que la corde qui joint ces pieds est tangente à un second cercle, dans lequel le foyer F a la même polaire que dans le premier. Cette polaire est la directrice corr noie à ce foyer. » On a donc cette propriété assez remarquable des coniques biconfocales : Théorème XXI. Quand deux coniques sont décrites des mémes foyers, ï, de chaque point de l'une, on mène deux tangentes à l'autre, et que d'un 5 on abaisse des perpendiculaires sur ces Dre tangentes, la droite qui joindra leurs pieds enveloppera un cercle ; et la polaire ee Jorer, par rapport à ce cercle, sera la directrice correspondante à ce foyer, dans la conique à laquelle on a mené les tangentes. En d’autres termes, ce vus divisera barmoniquement le seoment com- pris entre le foyer et sa directrice. 42. Que, dans le théorème V, on fasse la transformation polaire par rapport à un cercle dont le centre soit situé en un point quelconque de l’un des deux axes principaux, on aura le théorème suivant : » Théorème XXII. Étant pris sur le grand axe d'une conique deux Por C.R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, N 24.) 167 { 1260 }) / qui divisent harmoniqueinent le segment compris entre un foyer et la direc- trice correspondante, et étant décrite une seconde conique quelconque qui ait pour sommets opposés ces deux points; si de chaque point de cette courbe on mène deux tangentes à la première, les angles que ces deux tangentes feront avec l'un des axes principaux , auront entre eux la relation con- stante cos® cos + + À sin o sin + — B. » La seconde conique peut être un cercle ou bien une parabole. » 43. Le théorème VI donne, par une transformation semblable, le sui- vant : Théorème XXII. Si, sur le grand axe d'une conique, on prend deux points qui divisent harmoniquement le segment compris entre un foyer et la directrice correspondante, et qu'on décrive une seconde conique quelconque ayant ces deux points pour sommets opposés, une tangente à cette courbe rencontrera la première conique en deux points tels, que les rayons vec- teurs menés du foyer à ces deux points feront avec le grand axe deux angles qui auront entre eux la relation constante cos @ cos + À sin w sin o — B. » 44. Le théorème V, qui est relatif à un cercle et à une conique, peut être généralisé de manière à donner une propriété relative à deux coniques Mine concentriques. » Pour cela, concevons les points an cercle rapportés à deux axes coor- de rectangulaires, qui soient les axes principaux de la conique. Une tan- gente à la conique rencontre le cercle en deux points; soient x’, y’, et x”, y", les coordonnées de ces points, le théorème sera exprimé par l'équation (HO Are —B: » Or, d’après un mode général de transformation des figures, une telle équation subsiste quand on substitue au cercle une ellipse (*); on en conclut donc ce théorème général : » Théorème XXIV. Étant données deux coniques concentriques , si, sur l@ seconde on fait rouler une tangente qui rencontre la première en deux () Voir 4percu historique, p. 811. ( 126r ) points, les coordonnées de ces deux points, x’, y’, et x”, y”, rapportées aux deux axes conjugués communs aux deux coniques, auront entre elles la relation constante DEAN D: » 45. Le théorème VI donne pareillement celui-ci : » Théorème XXV. Quand deux coniques sont concentriques , si, de chaque point de l'une, on mène deux tangentes à l’autre, les coordonnées des deux points de contact, rapportées aux deux axes conjugués communs aux deux coniques, auront entre elles la relation constante LL Aro Bb. » 46. Ces théorèmes peuvent être appliqués, par de nouvelles transfor- mations, au système de deux coniques quelconques. On obtient de la sorte deux théorèmes d'une très-grande généralité, qui sont susceptibles eux- mêmes de divers corollaires; mais nous n’entrerons pas dans ces détails qui nous éloigneraient trop de l’objet de cette communication. » 47. En terminant, je rappellerai que j'ai eu l'honneur d'annoncer à l'Académie que les coniques sphériques donnent lieu, quant à leurs ares et aux aires de leurs segments, à des propriétés analogues à celles des ares des coniques planes. J'ajouteraiici que ces coniques à double courbure fournis- sent aussi diverses constructions de l'équation des trois amplitudes, et donnent lieu à des théorèmes du genre de ceux qui précèdent. » ‘ Remarques de M. Exouvar. « La communication intéressante de M. Chasles est relative aux seules fonctions elliptiques. Il serait bien à désirer que M. Chasles pût étendre ses in- génieuses considérations géométriques aux transcendantes d’un ordre plus élevé, et d'abord aux fonctions abéliennes de première classe, qui provien- nent d'intégrales relatives à un radical carré portant sur un polynôme du cinquième ou du sixième degré. Ces fonctions se présentent dans an grand nombre de problèmes. On les rencontre, par exemple, dans l'équation de la ligne géodésique (la ligne la plus courte) sur un ellipsoïde à trois axes iné- gaux, et dans l’expression d'un arc quelconque de cette ligne. Dès lors, à l’aide d’un célèbre théorème d’Abel, on peut conclure pour certaines combinaisons de pareils arcs, des théorèmes analogues à ceux que l'on connaît pour les arcs d'ellipse. Mais une discussion géométrique détaillée 167. ( 1262 ) et approfondie donnerait sans doute à ces théorèmes une forme et une élégance nouvelles. » Sur une surface quelconque, la ligne géodésique jouit de cette pro- priété, que son rayon de courbure est en chaque point normal à la surface. De là une équation différentielle du second ordre, dont M. Jacobi a le premier trouvé l'intégrale avec deux constantes arbitraires, pour le cas de l’ellipsoïde à trois axes. En cherchant à vérifier la formule remarquable qu'il a donnée, et dans laquelle figurent, comme je l'ai dit, des fonctions abéliennes, j'ai d'abord obtenu une intégrale première, d'où l'intégrale seconde se déduit immédiatement, et qui, me paraît assez simple pour qu'on puisse espérer d'y parvenir par une méthode purement géométrique. Je prends la liberté de re- commander cette recherche au talent de M. Chasles, si éprouvé dans ces matières. Voici l'équation qu'il s'agirait d'établir. Soit AMB une ligne géo- désique tracée à volonté sur l'ellipsoide. Par le point quelconque M, faisons passer les hyperboloïdes à une nappe et à deux nappes, dont les sections principales sont homofocales à celles de l’ellipsoïde. Soient p°, »? les carrés de leurs demi-axes dirigés suivant le grand axe de l’ellipsoïde; on aura u? cos? 1 + y?sin?i — constante ? i désignant l'angle que la tangente à la ligne géodésique fait avec la normale au second hyperboloïde (1). » Puisqu'il vient d'être question de fonctions elliptiques, je profiterai de l'occasion pour donner l'énoncé d'un principe général qui me paraît impri- mer à l'étude de ces fonctions un caractère d'unité et de simplicité tout parti- culier. Soient z une variable quelconque, réelle ou imaginaire, et 4 (z)une fonction de z bien déterminée, je veux dire une fonction qui, pour chaque valeur x + y ÿ— 1 dez, prenne une valeur unique toujours la même, lorsque x et y redeviennent les mêmes. Si une telle fonction est doublement périodique, et si lon reconnaît qu'elle n'est jamais infinie, on pourra affir- mer par cela seul qu'elle se réduit à une simple constante. » Ce principe (qui conduit du reste à des conséquences nombreuses et utiles dans d’autres parties de l'analyse) m'a fourni sans difficulté les théo- rèmes connus relatifs, soit à la multiplication et à la transformation des fonctions elliptiques, soit à leurs développements en série. J'en ai tiré aussi une démons- (1) Dans le Journal de M. Crelle, M. Joachimsthal a obtenu un résultat tout aussi simple que celui-là, mais de forme différente. (12650) tration des belles formules par lesquelles M. Jacobi est parvenu à exprimer explicitement les racines des équations de degré élevé relatives à la divi- sion (1). Enfin, J'ai rencontré divers résultats que je crois nouveaux. Dans la méthode que j'ai suivie, les intégrales qui ont donné naissance aux fonctions elliptiques et les modules mêmes dont elles dépendent, disparaissent en quel- que sorte pour ne laisser voir que les périodes et les valeurs pour lesquelles les fonctions deviennent nulles ou infinies. Cette communication verbale ne comporterait pas des développements plus étendus. Mais, dès à présent, je dois dire que les études auxquelles je me suis livré ont encore augmenté l'admiration si vive que m’inspiraient déjà, à tant de titres, les travaux de M. Jacobi. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un membre qui remplira , dans la Section de Zoologie, la place devenue vacante par le décès de M. Æ. Geoffroy-Saint-Hilaire. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 54, M. Valenciennes obtient 33 suffrages. M. Duvernoy. ........ 17 .M. Dujardin.......... 3 Il y a un billet blanc. M. Vacencrennes, en conséquence, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Note sur les moraïnes , les blocs erratiques et les roches striées de la vallée de Saint-Amarin (Haut-Rhin); par M. Er. Corrowe. (Commissaires, MM. Alex. Brongniart, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) « Les moraines et les blocs erratiques ont déjà été observés dans plusieurs vallées de la chaîne des Vosges, entre autres dans celle de Giromagny ; mais, (1) Journal de M. Crelle, t. IV. M. Jacobi n’a pas ajouté de démonstration, mais je dois dire que M. Hermite (qui s’est livré, sur toutes ces questions, à de profondes recherches) en a, avant moi, trouvé une dont il a bien voulu me faire part; la méthode qu’il a employée est, du reste, très-différente de la mienne. ( 1264 ) dans ce groupe de montagnes, la roche striée ‘avait, je crois, jusqu'à présent échappé aux investigations des géologues. Mes observations se bornent, pour le moment, à la vallée de Saint-Amarin , versant est de la chaîne. » Pour mieux nous rendre compte des faits, nous admettrons, pour le moment, l'existence d'un glacier qui, partant du fond de la vallée à Wil- denstein, s’étendait, sur une ligne de 9 à 10 kilomètres, jusqu'à la mo- raine frontale de Wesserling. Nous tâcherons ensuite de prouver que le gla- cier a réellement existé, qu'on en trouve des traces manifestes, avec tous ses accessoires , toutes les conditions exigées ; que le sol actuel de notre vallée est, en tous points, pareil à celui de certaines vallées suisses abandonnées par les glaces depuis un temps immémorial. » Commençons par les moraines. La moraine de Wesserling a déjà été décrite et figurée dans une thèse inaugurale de M. Leras, présentée à la Fa- culté des Sciences de Strasbourg en 1844 : il est inutile d'y revenir. » Moraine de Krüth. En amont de Wesserling, au village de Krüth, à 5 ki- lomètres du fond de Wildenstein, une moraine frontale barre la vallée dans toute sa largeur (1000 à 1 200 mètres). Cette moraine est double; elle à la forme d'un arc de cercle, d’un croissant, dont les deux pointes s'appuient sur les flancs de la montagne : une large échancrure, produite par le mou- vement des eaux, forme le lit actuel de la rivière. Cette moraine est facile à observer dans les endroits où les travaux industriels l'ont déchirée pour y puiser des matériaux. C'est un amas de, sable, de cailloux roulés de toutes dimensions, de blocs métriques, sans aucune trace de stratification. Les plus gros blocs de granit se rencontrent de préférence sur les parties élevées de la moraine; beaucoup-sont posés, pour ainsi dire, avec une main délicate, sur des points culminants. » Là où les eaux sont venues attaquer le terrain, elles ont dérangé l'ordre ou plutôt le désordre établi par le glacier; la masse de détritus s'est alors classée, triée, suivant la pesanteur relative des matériaux qui la compo- sent. Les plus gros blocs sont inférieurs, recouverts de cailloux roulés, puis le sable fin est à la surface du sol; il s'est établi ainsi une espèce de stratifica- tion facile à distinguer. ». Ou n'a pas d'exemple qu'un pareil amas de matériaux incohérents ait été produit autrement que par la force propulsive d'un glacier. L'eau, la boue, l'avalanche, peuvent sans doute donner lieu à de grands amas de détritus ; mais quelle que soit là puissance de ces agents, les phénomènes qu'ils pro- duisent sont bien différents de celui que nous avons sous les yeux. » Une seconde moraine parallele à la première, mais plus petite, savance ( 1265 ) en aval. Un peu plus bas, une longue traînée de cailloux roulés et de blocs erratiques forme arête au milieu de la vallée dans le sens de sa longueur, et indique évidemment la trace d'une moraine médiane provenant de la jonction d'un petit glacier qui descendait de la vallée de Saint-Nicolas, qui débouche à angle droit sur la vallée principale. Une pareille disposition du terrain erra- tique ne peut également pas s'expliquer par l'action des eaux, puisque cette arête est bornée de tous les côtés par une large zone d'excellente terre vé- gétale. » Roches striées. — Au lieu dit Glattstein, à 5oo mètres en amont de la moraine de Wesserling, sur la rive droite , la montagne avance dans la vallée et forme promontoire ; la roche, en partie couverte de mousses etde végétation , est à nu par places, elle plonge sous un angle de 30 à 4o degrés jusque dans le litdu torrent; les stries y sont fines, peu profondes, d'un millimètre d'onver- ture, comme si le burin d’un graveur y avait passé, sans aucun rapport avec le sens du clivage de la roche qui est un schiste noir à pâte fine et serrée; les striés en suivent toutes les sinuosités : elle est, du reste, polie , arrondie jusqu à une: hauteur de 15 à 20 mètres au-dessus du niveau de la rivière. Au-dessus de cette ligne horizontale et polie, la roche reprend son caractère primitif avec ses bords anguleux et pleins d'anfractuosités ; elle donne la mesure de la hau- teur du glacier. » À Odern, rive gauche, à l'entrée du village, en face du moulin , au bord de la route, stries ou cannelures de 2 à 5 millimetres d'ouverture et autant de profondeur, sur même roche de schiste noir à pâte très-fine. Ici les stries ne sont pas précisément burinées, mais on ne saurait mieux les comparer qu'à l'effet produit par le travail de la gouge d’un menuisier. La roche est en partie couverte de terre végétale; quand on la débarrasse de sa terre , les stries apparaissent dans toute leur fraîcheur , comme si le glacier venait d'y passer. » A Odern, à l'extrémité du village, en amont, un monticule de terrain primitif en partie granitique , de 60 à 70 mètres de hauteur, fait obstacle au milieu de la vallée; la partie de ce monticule tournée du côté du village pré- sente une roche qui fait angle saillant; le glacier a dü étre resserré à cet endroit ; la roche y est polie, arrondie , striée. Les stries y sont faiblement burinées , cependant on ne peut pas nier leur existence. Les habitations des paysans touchent ces roches, ils en ont enlevé‘beaucoup pour constructions; là où la main de l'homme ne les a pas altérées, les stries existent. » À Wildenstein, le vieux château, en ruine aujourd'hui, est bâti au ( 1266 }) ‘ sommet d'un rocher granitique de 150 à 200 metres d'élévation, qui fait ile au milieu de la vallée ; des deux côtés elle est resserrée, étranglée ; dans l’un des couloirs latéraux passe la route, dans l’autre la rivière. C'est sur la rive gauche, tout auprès du lit du torrent, sur un granit en énormes masses compactes de forines bizarres , que le résime des stries a pris un développement fortement accentué ; il est évident que le glacier, en laissant des traces de son passage, a modifié son style suivant la nature de la roche, où il a pour ainsi dire écrit son nom. Ici c’est un granit un peu friable, les stries sont de véritables sillons comme pourraient en produire les roues d'une voiture sur un terrain mou; il y en a aussi de plus fines parallèles aux grandes, mais elles n'ont pas le ca- ractère net, fin, délicat, de celles imprimées sur le schiste, dont la pâte serrée a permis aux corps durs incrustés dans la glace, faisant l'office de burin, de tracer leur sillon sans bavures. » Ces stries suivent le mouvement de la roche dans toutes ses sinuosités latérales , fait qui ne peut guère s'expliquer que par la force locomotive d'un glacier. » L'ensemble du phénomène erratique dans notre vallée, moraines, blocs métriques, roches striées en place, nous démontrent que la période glaciale ne peut avoir eu lieu que postérieurement à toutes les révolutions géologi- ques; c'est le dernier terme de la série. La roche striée en place en est une preuve palpable; depuis cette époque, nul soulèvement, nul changement dans la disposition, dans l'inclinaison du terrain. Rétablissons, par la pensée, le glacier tel que les phénomènes que nous avons sous les yeux nous disent qu'il a dû exister : il burinera, il labourera la roche exactement aux mêmes endroits où nous la retrouvons aujourd'hui burinée et striée; il produira les mêmes phénomènes, non-seulement dans leur ensemble, mais dans leurs plus petits détails. Aucune force, aucun agent extérieur ou intérieur n’est venu déranger le parallélisme de nos stries. » Le passage des avalanches ne pourrait donner lieu à des surfaces striées comme celles que nous voyons. Les stries seraient dans le sens de la chute de l'avalanche, plus ou moins verticales et non pas horizontales. » Dans les circonstances actuelles de latitude et de température moyenne, il est matériellement impossible qu'un glacier puisse se former de nos jours dans les Vosges; nous avons ici une température moyenne de + 10 à + 12 degrés, et, pour la formation d'un glacier, il faut qu'elle s’abaisse au moins à + 2 où + 3. Quelles que soient les masses de neige qui pourraient tomber sur nos montagnes pendant l'hiver le plus long et le plus rigoureux, elles n'arriveraient jamais au point de former un véritable glacier. Nous en (1267 ) avons eu l'hiver dernier un exemple concluant : une avalanche s’est précipitée du sommet de la montagne appelée le Rinbachkopf, au fond de la vallée de Mollau, sur un versant exposé au nord , déracinant et entraînant les sapins du plus gros calibre dans sa chute ; les masses de neige entraînée pouvaient avoir 12 à 15 mètres d'épaisseur dans le bas, neige compacte, serrée, forte- ment comprimée ; j'espérais presque voir la naissance d'un petit glacier, et je me suis souvent transporté sur les lieux pour suivre le phénomène. Au 24 juin il existait encore un grand banc de neige de quelques mètres d'épaisseur sur une centaine de mètres de longueur; elle avait changé d'aspect, elle était en gros grains transparents, imbibés d’eau; elle avait passé à l'état de névé, comme M. Agassiz l'appelle; mais de véritable glace, point. A la fin de juil- let, la neige avait complétement disparu. » Nous pouvons donc conclure des faits qui précèdent, et surtout par l'existence de la roche striée en place, que de véritables glaciers ont existé dans les Vosges ; » Que ces glaciers datent d'une époque postérieure à toutes les révolu- tions géologiques ; » Que nous sommes autorisés à admettre qu'à cette même époque la tem- pérature moyenne de ce pays devait être au moins de 8 à 10 degrés infé- rieure à ce qu'elle est de nos jours. » HYDRAULIQUE. — Mémoire sur une machine soufflante ; par M. »e Cauieny. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. A. Cauchy, Poncelet, Morin.) « Le but de ce système est analogue à celui d’un piston soufflant que ferait fonctionner un moteur hydraulique alternatif quelconque. Mais le frottement du piston est remplacé par celui d’une colonne liquide, et l'on n’a à s'occuper que d’un seul déchet total, tandis que, si l'on employait ainsi un moteur et une machine-outil, l'effet utile définitif ne serait, comme on sait, que le produit de deux fractions. Ce système repose sur les deux prin- cipes suivants : » 1°, Quand un gros tuyau de conduite, alimenté par une chute d'eau, coule à gueule-bée; si un bout dé tuyau mobile se soulève, en retranchant seulement le rebord latéral extérieur du champignon liquide , n°ÿ a aucun arrêt à l'intérieur, qui peut ainsi être mis en communication avec un tuyau vertical, comme si les deux portions de tuyau n'avaient point été séparées par cette espèce de soupape annulaire, S'il n'y a point d'arrêt à l'intérieur, il C.R., 1844, 2Me Semestre, (T. XIX, N° 24.) 168 ( 1268 }) n'y à par suite aucune possibilité de coup de bélier. Il faudra seulement qu'à l'intérieur de la soupape toutes les tranches prennent une même vitesse, ce qui ne peut donner lieu qu'à une percussion insignifiante en vertu des prin- cipes de l’hydraulique sur la résistance des tranches assez minces par rap- port à la longueur de la colonne qui les rencontre, parce que la soupape marche dans le sens où, pendant la durée de son soulèvement qui est loin d'être instantané, l'eau doit précisément prendre de la vitesse. » 2°. Une colonne d’eau entre dans un tuyau où elle doit refouler une colonne d'air; cette dernière étant en communication par un système de soupapes avec le réservoir soufflant où la pression est généralement peu élevée, il n'y aura non plus aucun coup de bélier pendant que la colonne liquide éteindra sa force vive dans ce refoulement. Cette opération se fera le long d’un chemin assez considérable pour que les choses se passent d’une manière analogue à ce qui se présenterait si, au lieu d'éteindre sa force vive sur ce long matelas d'air, la colonne liquide était transportée sur une pla- nète où la pesanteur serait plus considérable que sur la terre, d'autant plus que la compression du matelas ne parvient pas même instantanément à son maximum. » Le tuyau horizontal est assez long pour que les principes précédents aient encore plus d'évidence, en vertu des lois de l'oscillation du pendule. » Les effets qui viennent d'être décrits ayant produit le travail du refou- lement utile, pour recommencer il suffit de faire redescendre l’eau du tube vertical dont le diamètre sert à régler le volume d’air introduit à chaque période, et par le sommet duquel l'air atmosphérique entre pendant ce retour, en suivant la descente de la colonne au moyen de soupapes disposées dans ce but. » Al n'est pas nécessaire d'entrer ici dans le détail des moyens proposés dans le Mémoire pour faire fonctionner la soupape hydraulique dite de Cornwall, qui, par l'écoulement alternatif du tuyau de conduite horizontal, emmagasinera périodiquement la force vive. Ces détails offrent plus d’inté- rêt relativement à l'élégance de la machine qu'à son exécution; car cette opération peut se faire au moyen d'une cataracte, sans que cela nuise bien sensiblement à l'effet utile, et c'est même dans cette hypothèse que le sys- tème a spécialemeut été communiqué à plusieurs ingénieurs civils avant d'être présenté à l'Académie. Un petit modèle de machine analogue fonc- tionnant sans cataracte a d’ailleurs été exécuté; il suffit pour établir la pos- sibilité de son jeu, mais d’une manière tout à fait provisoire, n'étant employé ( 1269 ) qu à souffler alternativement de l'air par un tube vertical ou à verser de l'eau par son sommet. » Quant aux moyens d’amortir le mouvement de la soupape sans percus- sion notable entre corps solides, il suffit de rappeler, en supposant que cela soit nécessaire, le système des cônes mobiles entrant périodiquement dans des cônes fixes, d'où ils chassent l’eau, et qui surtout en Amérique est employé avec succès comme modérateur. On recommande d’ailleurs dans le Mémoire un nouveau modérateur hydraulique à flotteur faisant agir à l'époque vou- lue, sur une pièce quelconque en mouvement, des forces retardatrices qui apparaissent comme si elles étaient immatérielles. » Nota. Cette machine n'est point proposée pour comprimer l'air sous des pressions considérables, parce que dans ce cas elle participerait jusqu'à un certain point aux avantages et aux inconvénients du bélier, au lieu d’en être tout à fait distincte. » CHIMIE. — Sur le benjoin ; par M. E. Rorr. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.) « M. Kopp, dans le but de rechercher les relations qui existent entre les résines du benjoin et l'acide benzoïque qui les accompagne, a soumis les pre- mières à une série de réactions, telles que distillation sèche, traitement par l'acide nitrique, etc., et en a étudié les produits. Cet examen fait reconnaître facilement l'existence de deux types différents dans ces résines, le type du benzoyle et le type du phénol. Les dérivés de ces deux séries se retrouvent en effet dans les différentes réactions, et leur nature dépend de celle des agentsemployés. Ainsi, par exemple, la distillationsèche fournit, 1° de l'acide benzoïque ; 2° du phénol. L'action de l'acide nitrique produit, pour lapremière série, hydrure de benzoyle, acide benzoïque , et un corps isomère de l'acide benzoïque; pour la seconde série, de l'acide nitropicrique. L'action de l'acide chromique donne naissance , d'un côté, à de l'hydrure de benzoyle et de l'acide benzoïque, de l’autre côté , à de l'acide carbonique, de l'acide for- mique provenant de la destruction complete de la série du phénol. » L'analyse du benjoin, faite d’après la méthode d Unverdorben , a donné pour deux échantillons différents les résultats suivants : 168. Ee IL. AcideNbenzoïque- se. --- - 0-0 NE 14,0 14,5 Résine & soluble dans l’éther. . . . . . . . 52,0 48,0 Résine 6 soluble seulement dans l’alcool.. . 25,0 28,0 Résine y soluble dans une solution de car- bonateisodique 2.1: ee EUR 3,0 3,5 Résine brune déposée par l'éther. . . . . . 0,8 0,5 LM PUTERES ME Eee M Se ER 5,2 5,5 100,0 100,0 » La composition du benjoin doit évidemment être variable, puisque les larmes blanches ne sont formées que par la résine &, et contiennent de 8 à 12 pour 100 d'acide benzoïque, tandis que les parties brunes contiennent les deux résines & et 6, et jusqu’à 15 pour 100 d'acide. » La distillation sèche d'un mélange des résines bien débarrassées de leur acide fournit, en conduisant l'opération avec ménagement: » 1°. Une matière grasse, onctuguse , qui paraît être la matière odorante du benjoin; » 2°. Une matière cristalline en partie dissoute dans un liquide huileux. Ce liquide est d’abord incolore ou légèrement rosé ; mais vers la fin de l'opéra- tion, la température s’élevant progressivement, il devient de plus en plus épais et d'une couleur plus foncée. On parvient à opérer la séparation des cristaux et de l'huile, moyennant une solution alcaline faible. L'huile se sé- pare, et l'on aunesolution salinedontlesacidespuissants précipitent denouveau la matière cristalline ; celle-ci, purifiée et analysée, possédait les caractères et la composition de l'acide benzoïque C'*H'20*. L'huile, parifiée par rectifi- cation et déshydratée , possédait toutes les propriétés du phénol, ainsi que sa composition C'?H'? 0%. En effet, elle bout vers 200 degrés, a une odeur semblable à la créosote, coagule l’albumine , et colore le bois de sapin en bleu lorsqu'on l’arrose ensuite d'acide chlorhydrique , ete. À » L'action de l'acide nitrique sur les résines est extrêmement énergique, surtout au commencement. La matière se boursoufle, jaunit en dégageant beaucoup de vapeurs nitreuses, et l'on obtient une masse jaune-orange cas- sante, très-poreuse ; d'une saveur extrêmement amère. Cette masse est un mélange de plusieurs corps ayant beaucoup de ressemblance, et qu'il est difficile de séparer les uns des autres. La réaction étant devenue plus lente, on peut introduire cette masse jaune dans une cornue, et la traiter par de nouvelles quantités d'acide nitrique; on cohobe trois ou quatre fois, et enfin on distille presque à siccité. (1271) » Dans le récipient se trouve alors un liquide acide, contenant des cris- taux d'acide benzoïque , de l’hydrure de benzoyle , de l'acide hydrocyanique et de l'acide nitrique. » En versant le résidu de la cornue dans trois ou quatre fois son volume d'eau bouillante, la résine non attaquée s'en sépare, et, après l'avoir enlevée, on a une solution jaune qui, par le refroidissement, laisse déposer une belle poudre jaune amorphe. La liqueur filtrée, neutralisée par du carbonate potassique, fournit aussitôt une abondante cristallisation de nitropicrate potassique. Les eaux mères alcalines, séparées des cristaux et concentrées aux trois quarts, après avoir été rendues acides par l'acide nitrique , laissent de nouveau déposer la poudre jaune, mais souillée d’une quantité notable - de résine. Quant à la résine non attaquée, on l'épuise par l’eau bouiilante et on la soumet de nouveau à l'action de l'acide nitrique, qui reproduit les mêmes phénomènes. L'existence de l'acide nitropicrique C2? H*N°0'5 + H2° fut parfaitement constatée par ses propriétés et celles ‘le ses sels. Le nitro- picrate potassique fut obtenu en très-beaux cristaux bien développés, d’une couleur brune à reflets irisés. Le sel plombique neutre, qui est assez soluble et cristallise en aiguilles, fut obtenu par double décomposition de l’acétate plombique acide et de nitropicrate potassique. Il est très-détonant. Sa for- mule est C'H'N°0" + PbO + H°0O. » La poudre jaune se comporte comme un acide; elle est tres-soluble dans l'eau et se dépose par le refroidissement en une poudre amorphe : elle est également très-soluble dans l'alcool et l’éther. Elle forme, avec les bases métalliques, des précipités colorés, qui fusent léyèrement quand on les soumet à la chaleur. La composition constamment variable de ce corps, ainsi que de ses sels, d’après un examen plus attentif, démontra que la coloration jaune, qui est très-intense et se fixe avec une stabilité remarquable sur les tissus animaux, n'était pas une partie intégrante de la poudre amorphe, mais que par des solutions et des précipitations très-souvent répétées , on parve- nait à opérer une séparation. Cette séparation est surtout due à la propriété de la matière nitrogénée jaune, de se résinifier par le contact de l'air ou de rester en plus grande quantité dans les eaux mères. » On obtient finalement une poudre blanche amorphe, d'une saveur légèrement acide et piquante, plus soluble à chaud qu'à froid dans l'eau, très- soluble dans l'alcool et l’éther. Elle sature les bases, forme avec les alcalis des sels incristallisables, et avec les oxydes métalliques des précipités peu solu- bles; les acides en séparent de nouveau le corps à l'état amorphe. ( 1272 ) Cette matière est remarquable en ce qu'elle possede la même composi- tion que l'acide benzoïque, et que par la chaleur elle se transforme complé- tement, et sans laisser le moindre résidu , en ce dernier corps. » Ainsi. en chauffant la matière sèche dans une petite cornue , elle fond d'abord , mais en se couvrant de petites paillettes cristallines; en chauffant davantage , il y a ébullition et le tout distille : le produit recueilli est actuel- lement tout à fait cristallin ; dissous dans l’eau, il cristallise en belles pail- lettes ; en un mot, on a exactement de l'acide benzoïque. Cette transformation a lieu également avec l'acide impur; seulement la matière colorante jaune se détruit alors en donnant des produits volatils ayant l'odeur d'amaades amères, et en laissant un fort résidu de charbon. Quelquefois cette décomposition se fait avec violence et dégagement de cha- leur et de lumiere. - » L'acide sulfurique concentré dissout les résines en formant une cou- leur rouge-cramoisi. Par l’eau, la majeure partie de la résine se dépose avec une couleur violette. L’acide saturé par le carbonate de chaux donne un sel de chaux soluble , ce qui indique la présence d’un acide copulé. La résine colorée se laisse décomposer elle-même en d’autres résines. Cette réaction mérite un nouvel examen. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — ÂVote sur l'étirage à froid de tuyaux en cuivre, tôle , etc.; par M. H. Lever. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Séguier.) J'ai l'honneur de soumettre à l'examen de l’Académie des Sciences un nouveau système de tuyaux, dits #uyaux étirés a fro'd, dont je suis l'inventeur et dont je dirige la fabrication. » Le plus grand avantage de ces tuyaux est une économie importante sur tous les autres modes de tuyaux employés jusqu'à ce jour. Si je cite isolé- ment cet avantage, c'est quil me paraît être comme la pierre de touche de l'importance réelle, de l'utilité pratique et de l'avenir de tout produit in- dustriel. » Les tuyaux étirés à froid peuvent se fabriquer en tôle noire, en cuivre ou en matiere métallique de toute nature , une fois laminée; mais c'est sur- tout en tôle galvanisée qu'ils trouvent leur principale application, et c'est en effet le fer galvanisé qui leur à donné naissance... Tout ce que l'Académie des Sciences avait prédit de l'inoxydabilité, de la durée et de l'utilité du fer soumis à l'opération de la galvanisation, s'est réalisé et a été confirmé ( 1253) par le temps aux yeux des plus incrédules. Aujourd’hui l'expérience jus- tifie, par son autorité sans réplique, les conclusions d'un Rapport fait au mois de juillet 1839 par le célèbre Dulong; à savoir, que la t6le galvanisée présentait tous les avantages du zinc , sans en offrir les inconvénients. » Parmi les produits les plus importants de la galvanisation du fer, se placent tous les articles de fumisterie, les tuyaux pour descente de bâti- ments et tous les autres genres de conduits pour l'eau, le gaz et la vapeur. La consommation sans limite et sans terme des tuyaux pour une multitude d'usages de chaque jour m'avait frappé. En effet, fluides, liquides et solides même, tout ce que l'homme destine à une circulation contenue, s'emprisonnent dans les parois d’un tuyau. » Cependant les imperfections des divers modes de tubage et la cherté de quelques genres spéciaux étaient notoires. Il me vint à l'idée que les res- sources du banc à étirer, combinées avec un système d’agrafure double et continu, dans lequel les deux bords recourbés d'un coulisseau recevraient en sens inverse les deux bords recourbés du tube dans toute sa longueur, divisant ainsi la pression qui tend à les disjoindre , et trouvant dans la pres- sion même une force de résistance prolongée, puisque cette pression agit sur le coulisseau, le resserre de plus en plus et tend à l'empêcher de lâcher prise par une sorte de balancement de deux effets contraires ; il me sembla, dis-je, que ces données pouvaient me conduire à l'invention d'un genre de tuyaux qui, à l'économie, condition si importante, joindrait les avantages de la solidité, de l'étendue en longueur, de la rectitude et de la propreté, résultat des surfaces lisses et sans clouures. » La solidité de mon système d'agrafure se démontre, ce me semble, par la description même; les qualités bien reconnues, aujourd’hui, du fer galvanisé, garantissent la durée de mes tuyaux. Au besoin, ils se soudent parfaitement à l'étain ou se brasent au cuivre; je ne laisse d’ailleurs sortir des ateliers aucun tuyau qu'il n'ait été éprouvé à une pression de quinze atmosphères. » La longueur inusitée de ces tubes, et l'aspect agréable de nouveauté qu'offrent à la vue ces longs développements de 8 à 9 mètres d'un seul bout, ce qui n'avait jamais été exécuté auparavant, ne seront pas, je l'espère, un des moindres titres de mes produits à la faveur de l’Académie comme du public. En effet, ces tubes qu'on peut obtenir de toute dimen- sion donnent une sorte d'élégance et de propreté extérieure à des produits communs, restés Jusqu'à ce jour dans un grand état d’imperfection et de né- gligence : je veux parler des tuyaux de poéles. Non-seulement les miens ne : (1274) laissent plus échapper ni bistre ni fumée, puisqu'il n'est pas de tuyau de poéle qui ne puisse être fait d'un seul morceau, mais ils n’offrent plus de trace de ces nombreux emboîtages et de ces clous difformes qui les déparaient. Leur prix étant le même que celui des tuyaux ordinaires, j'aurai la satisfaction de procurer aux classes peu aisées, sans les induire à plus grande dépense, tout à la fois un embellissement et l’exemption de plusieurs incommodités. » Mais c'est surtout dans les entreprises importantes, conduites d'eau, de gaz où de vapeur, que cet avantage acquiert un très-grand prix. Il existe bien évidemment pour ces conduites diverses, d'autant moins de chances de fuites qu'il y a moins de points de jonction : quelle supériorité sur tous les autres tuyaux offrent donc en ce cas les tuyaux déjà étirés, au besoin, en bouts de 8 à 9 mètres! Chaque tuyau est d’ailleurs muni, à l'une des extrémités, d'une douille, ou manchon, pour recevoir et joindre le tuyau qui doit faire suite. Outre tous les moyens de soudure, le système de vissage s'y adapte avec une grande facilité. » La grande malléabilité du plomb et la cherté des autres modes de tuyau avaient assuré jusqu'à ce jour à ce métal un emploi presque exclusif. Ce motif n'existe plus, puisque le bon marché est du côté de mes tuyaux ; quant à la facilité du travail, elle ne se rencontre pas moins dans leur emploi, à l'aide de coudes de toutes dimensions, de tous les angles et de toutes les formes, qui en rendent la pose aussi simple que prompte et solide. Mais combien d'avantages les tuyaux étirés à froid n'ontils pas aussi sur ceux en plomb, outre l'avantage de la légèreté! Ils n'ont pas l'inconvé- nient d’être facilement écrasés par le moindre poids ou le moindre choc, percés par des clous, rongés par les rats ou fondus à la première chaleur d'un incendie, et, j'ajouterai, de devenir la proie des voleurs au détriment moral des ouvriers fideles. » J'ai pensé que l’Académie, à cause de la simplicité de l'œuvre, ac- cueillerait avec intérêt un dessin de la machine qui sert à confectionner mes tuyaux et la machine elle-même; la description achèvera ce que les traits du crayon auraient laissé imparfait. » Une feuille de tôle à peine cintrée, au milieu de laquelle on pose un mandrin du diamètre nécessaire, se présente devant cette machine, s'y engage en entraînant l’agrafe qui doit opérer sa fermeture sur toute la longueur, et, par un seul étirage, ressort en tuyau tel, qu'on ne saurait le faire à la main ni par aucun autre moyen connu jusqu'à ce jour. » Qu'on se figure le travail de la charrue du Brabant, labourant avec deux socs au lieu d'un seul; ramenant de droite et de gauche et recourbant { 1275 ) . la tôle en dedans d’un sillon situé au centre, de la même manière qu'en un sens opposé elle rejette et retourne la terre en dehors. Dans cette espèce de Jilière charrue, de labour mécanique, c’est le sillon, autrement dit le coulis- seau devant servir d'agrafe, qui marche, et c'est l'outil, représentant le soc, et placé en saillie perpendiculaire à la partie supérieure de la filière, qui de- meure immobile; la tôle, pour s’arrondir en tube et franchir la filière, tend à réunir ses bords, entre lesquels l’ontil résiste; pressés alors fortement contre cet obstacle, au lieu de se joindre, ils se trouvent forcés de se replier à l'intérieur en forme de X sous les bords de l’agrafe. Une seconde filière d’un calibre plus étroit reçoit le tuyau dans cette position, complète par une pression plus forte sa jonction, en faisant disparaître l'intervalle qui a livré passage à l'outil, et achève alors sur le mandrin l’aplatissement des bords de l’agrafe et des bords du tube emboîtés les uns dans les autres; leur adhérence devient telle, qu'à l'œil ils ne semblent plus former qu'un seul corps, et ce système de fermeture longitudinal est si parfait, que l’agrafe se trouve la partie la plus solide du tuyau; or on sait que tous les autres genres de tuyaux pèchent surtout par la ligne de jonction. » Avant de terminer, je demande à l’Académie la permission d'attirer aussi son attention et de solliciter son jugement sur des gouttières à double bordure, qui sont un des produits du même système et qui, sans coûter plus que les gouttières employées jusqu'à ce jour, ont sur celles-ci les mêmes avantages de propreté, de régularité, de longueur et de bonne confec- tion. » PHYSIQUE. — Mémoire sur un cas de foudre arrivé à Ille, département des Pyrénées-Orientales ; par M. l'abbé Cnaprsar. (Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet.) CORRESPONDANCE. M. le Miisrre pe L'EnsrRuCTrION PUBLIQUE accuse réception du Rapport sur les résultats scientifiques du voyage en Abyssinie de MM. Galinier et Ferret. MINÉRALOGIE. — Sur deux nouveaux métaux, le Pelopium et Le Niobium, découverts dans les tantalites de Bavière. (Extrait d'une Lettre de M. H. Ross.) « J'ai trouvé, dans le tantalite de Bavière, deux nouveaux métaux; mais, C.R., 1844, 2€ Semestre. (T. XIX, N° 24.) 169 ( 1296 ) dans le Mémoire que je vous envoie, il n'est question que d’un seul de ces métaux. L'oxyde du second métal auquel, en attendant, j'ai donné le nom d'oxyde de pelopium, ressemble beaucoup à l'acide tantalique; quoique je sois bien persuadé qu'il en differe , j'entreprendrai cependant une série d'ex- périences pour constater d’ane manière précise leur dissemblance. » Il y a plus de quatre ans que je m'occupe de la recherche des tantalites de différentes localités et des acides tantaliques qu'on en retire. Une obser- vation de mon frère m'a décidé à entreprendre ces recherches. Il a trouvé que les tantalites de Bodenmais, en Bavière, et les tantalites de l'Amérique du Nord ontla même forme cristalline que le wolfram. J'ai trouvé moi- même que les tantalites de la même localité, ou des localités différentes, ayant la même forme cristalline et la mème composition chimique, diffèrent entre eux par leur peids spécifique. » L'analyse de ces différents tantalites fut exécutée par le procédé de M. Berzelius, en fondant le minerai réduit en poudre très-fine avee du bisulfate de potasse dans un creuset de platine. » Pour acquérir une idée juste sur la composition des tantalites de Bavière et de l'Amérique du Nord, il fallait soumettre l'acide tantalique obtenu à des recherches très-précises. Si l'on compare la quantité d'oxygène de l'acide tantalique obtenu de ces localités avec la quantité d'oxygène des bases du protoxyde de fer et du protoxyde de manganèse, on remarque que le rap- port-qüi existe entre eux n'est pas simple, Ce rapport est, au contraire, simple dans les tantalites de Finlande, il est de 3: 7. » M. Henri Rose suppose que l'acide tantalique obtenu des tantalites de Finlande seul est un acide pur, ne contenant pas d’autres substances mélan- gées; ses caractères ont été décrits par M. Berzelins, et c’est à lui seul qu'il faut conserver le nom d'acide tantalique. l'acide obtenu des tantalates de Bavière est composé de deux acides dont un ressemble beaucoup à l'acide tantalique retiré des tantalites de Finlande, et qui sera le sujet d’un prochain Mémoire; l'autre ressemble aussi à l'acide tantalique, mais diffère de lui dans beaucoup de points essentiels. C’est l'oxyde d'un métal qui diffère des métaux connus. Je le nomme Wiobium, et son acide, acide niobique, du nom de Niobé, fille de Tantale, nom qui rappelle la ressemblance de deux métaux et de leurs oxydes. » L'acide tantalique et l'acide niobique sont deux acides métalliques qui, par leurs propriétés, ressemblent le plus à l'acide titanique et au bioxyde d'é- tain. Tous les quatre ont probablement la même composition atomique. Tous les deux calcinés à l'état d'hydrate présentent le phénomène d'ignition. Tous (1277) les deux, avant et après la calcination, sont blancs. L’acide tantalique chauffé se colore légèrement en jaune; l'acide niobique, au contraire, prend une couleur jaune très-prononcée. Tous les deux, après le refroidissement , de- viennent incolores. L'acide tantalique présente, après la calcination, une poudre blanche sans aucun éclat. L'acide niobique , au contraire, présente des morceaux d'un très-grand éclat, d'un éclat pareil à celui de l'acide tita- nique précipité par l'ammoniaque et calciné, avec cettedifférence que l'acide titanique apparaît avec une couleur brunâtre, tandis que l'acide niobique reste incolore. » Les acides tantalique et niobique se combinent aisément avec les alca- lis; fondus avec les carbonates alcalins, ils chassent l'acide carbonique. L’a- cide niobique forme cependant une combinaison plus fusible. » Ces combinaisons sont solubles dans l’eau, solubles dans un excès d’une dissolution de potasse caustique ou de carbonate de potasse, mais difficile- ment solubles dans un excès de soude caustique ou de carbonate de soude. Cependant le niobate de soude est bien plus insoluble ou presque insoluble dans un excès d’une dissolution de soude. » Les acides précipitent de ces dissolutions les acides tantalique et nio- bique. L'acide sulfurique à chaud précipite les deux acides complétement; mais à froid il précipite l'acide tantalique partiellement, tandis qu'il préci- pite complétement l'acide niobique. L'acide chlorhydrique à froid ne produit qu'un trouble dans une dissolution de tantalate de soude; un excès d'acide fait même disparaître ce trouble : à chaud il précipite l'acide tantalique, mais incomplétement. Dans une dissolution de niobate de soude, il produit à froid un trouble très-considérable, sans précipiter tout l'acide niobique; mais à chaud il précipite ce dernier d’une manière complète. » L’acide oxalique ne produit aucune réaction dans des deux dissolutions alcalines, tandis que l'acide acétique y produit des précipités. » Le chlorhydrate d'ammoniaque produit des précipités, » Si l'on verse dans une dissolution de tantalate de soude, aiguisée par l'a- cide chlorhydrique ou l'acide sulfurique, une infusion de noix de galle, on produit un précipité jaune clair. Dans une dissolution de niobate de soude, ce réactif produit un précipité jaune-orange foncé, qui a quelque ressem- blance avec le précipité formé, dans les mêmes circonstances, dans une dis- solution d'acide titarique. » Les deux précipités se dissolvent dans les alcalis caustiques. » La teinture de noix de galle est le meilleur réactif pour découvrir de petites quantités d'acide tantalique ou d'acide niobique dans les dissolutions 169.. ( 1278 ) acides. Mais il est à remarquer que la présence de l'acide oxalique ou d'un autre acide organique non volatil, empêche la formation du précipité au moyen de la noix de galle. » Le cyanure de fer et de potassium jaune produit dans une dissolution de tantalate de soude rendue acide par quelques gouttes d’acide sulfurique, un précipité jaune floconneux qui est un peu soluble dans un grand excès d'acide chlorhydrique; dans une dissolution de niobate de soude, il produit un précipité rouge très-prononcé, qui par sa couleur ressemble au précipité que fait naître la noix de galle dans la même dissolution. » Le cyanure de fer et de potassium rouge produit dans une dissolution de tantalate de soude un précipité blanc floconneux ; dans une dissolution de niobate de soude, un précipité jaune très-prononcé. » Si l'on plonge dans une dissolution de tantalate de soude rendue acide une lame de zinc, rien ne se manifeste ; après quelque temps, il se forme un dépôt blanc, c'est de l'acide tantalique qui se précipite quand l'excès d'acide ajouté vient dissoudre l'oxyde de zinc formé. Dans une dissolution de niobate de soude rendue acide par un peu d’acide sulfurique ou d'acide chlorhydrique, le zinc produit un précipité bleu. Avec le temps, ce pré- cipité passe au brun. Le perchlorure de tantale, préparé au moyen de l'acide tautalique du charbon et du chlore, est jaune, très-fusible et très-vo- latil. » Le perchlorure de niobium, préparé de la même manière, est incolore, infusible et très-peu volatil. » Si l’on fait passer sur du perchlorure de tantale de l'ammoniaque sèche, ce gaz est absorbé, mais l'absorption ne se fait pas rapidement, et le perchlo- rure s'échauffe moins que ne le font les chlorures métalliques, liquides et volatils placés dans les mêmes circonstances ; ce n’est pas que le perchlorure n'ait pas une grande affinité pour l'ammoniaque, maisla nouvelle combinaison formée, entoure le perchlorure de tantale solide et empèche la réaction de se propager. Si l'on chauffe cette nouvelle combinaison, on obtient du tantale métallique, et en même temps, il se dégage du chlorhydrate d'ammo- niaque. Par un lavage à l'eau, on le débarrasse du chlorhydrate d’ammo- niaque. Chauffé à l'air, il se change en acide tantalique en présentant le phénomène d'ignition. La réduction du tantale exige une bien plus grande chaleur que celle du titane dans des circonstances semblables. Le tantale ob- tenu se présente sous l’aspect de croûtes noires; l’eau est sans action sur lui. » Le perchlorure de niobium, exposé à l’action de l'ammoniaque sèche, jaunit et s'échauffe fortement, parce que, étant infusible, il présente une plus 1 à “né Len SR Sn ÉSRST ERS : " + La ( 1279 ) grande surface à l’action de l'ammoriaque. La nouvelle combinaison chamffée noircit à l'instant en dégageant du chlorhydrate d'ammoniaque. La réduction se fait à une température bien plus basse que celle du tantale. Le métal ré- duit se présente sous la forme d'une poudre noire. Lavé à l'eau pour le dé- barrasser du chlorhydrate d'ammoniaque ; l'eau de lavage passe claire tant que le métal est souillé de chlorhydrate d'ammoniaque; dès qu'on approche du terme de lavage, l'eau se trouble. On pare à cet inconvénient en ajoutant quelques gouttes d'alcool à l'eau de lavage. Chauffé à l'air, il brûle avec igni- tion et se change en acide niobique blanc. ['acide nitrique et l'eau régale sont sans action sur lui, même en faisant bouillir le tout; mais il est attaqué avec un dégagement de vapeurs rutilantes par un mélange d'acide azotique et d’a- cide fluorhydrique. Le tantale se comporte, du reste, de la même manière avec ces acides. » Si l’on admet pour l'acide tantalique et l'acide niobique la même com- position atomique , le poids du niobium est plus élevé que celui du tantale. » CHIMIE. — De l’action du charbon sur les solutions métalliques ; par M. À. Curvarcer. « On sait que la découverte de la propriété décolorante du charbon vé- gétal est due à Lowitz, que celle du charbon animal fut annoncée par Kehls (Journal de Physique, 1793) et mieux appréciée par Figuier en 1810; enfin qu'elle a été le sujet de travaux d'une haute importance dus à MM. Payen, Bussy et Desfosses, qui obtinrent en 1822, les deux premiers le prix, et le troisième la médaille d'encouragement décernés par la Société de Pharmacie de Paris. » En s'occupant de travaux sur le charbon, M. Payen reconnut que ce corps jouissait de la propriété d'enlever la chaux et les sels de chaux aux liquides qui contiennent ces produits lorsqu'ils étaient soumis à l’action du charbon. » M. Lassaigne reconnut plus tard (Journal de Chimie médicale, t. XX, p- 707) que le charbon mis en contact avec de l'iodure d’amidine et avec une dissolution d'iode, se combinait à l'iode, l'enlevait aux liquides, de façon qu'on ne retrouvait plus de traces de ce corps dans les liquides traités par le charbon. » M. Berzelius s'est aussi occupé de l'action du charbon, et voici com- * ment il s'exprime à ce sujet: « On n’a point encore examiné avec tout le » soin nécessaire quelles sont les substances que le charbon sépare de leur » » ( 1280 }) dssolation dans l'eau, et quelles sont celles qu'il ne précipite point; il paraît, d'après les observations recueillies jusqu'à ce jour, qu'il agit sur les substances d'origine organique , principalement sur les substances co- lorantes et odorantes, telles que le bois de Fernambouc, la cochenille, le tournesol, l'indigo dissous dans l'acide sulfurique, la couleur rouge du vin, la couleur brune qui teint les dissolutions du salpêtre, du sucre et de l'acide succinique, les effluves fétides des corps en putréfaction, les huiles empyreumatiques, celle de l'eau-de-vie de grain et de diverses huiles volatiles végétales; mais Graham a démontré que cette propriété s'étend même jusqu'à des corps inorganiques; il a trouvé, par exemple, que le charbon précipite l'iode de sa solution dans l'iodure potassique, la chaux de l’eau de chaux (1), le nitrate plombique neutre et tous les sous- sels métalliques sur lesquels il a opéré, de leur dissolution soit dans l’eau, soit dansun mélange de celiquide avec l'ammoniaque,etque la précipitation se faisait d'une manière tellement complète, qu'il ne reste plus rien dans la liqueur ; an contraire, l'acide arsénieux et plusieurs sels neutres ne sont pas précipités de leur dissolution aqueuse ; il serait d'autant plus impor- tant que l'on déterminât quels sont les corps, tant minéraux qu'organi- ques, qu'il est possible de précipiter par ce moyen, qu'on pourrait peut- être appliquer cette propriété du charbon dans l'analyse chimique (2). » (1) Ces faits avaient été signalés, l’un par M. Lassaigne, l’autre par M. Payen. (2) M. Pelouze a eu la complaisance de nous faire traduire ce que dit M. Graham au sujèt du charbon ; voici ce passage ( Du charbon animal, Graham, page 302): « La propriété remarquable que possède le charbon animal d’absorber les matières en dissolution est due certainement à une attraction de surface qui peut vaincre néanmoins des affinités chimiques de quelque intensité. Les matières entraînées par le charbon res- tent attachées à sa surface sans être décomposées ou altérées dans leur nature; car si on neutralise le sulfate d’indigo et qu'on le filtre à travers le charbon, la totalité de la ma- tière colorante est retenue par celui-ci et la liqueur passe incolore; mais une solution alcaline peut enlever la matière colorante au charbon et la faire rentrer en dissolution. Le charbon animal entraîne les matières suivantes : /a chaux en solution dans l’eau, Viode dissous dans l’iodure de potassium, les sous-sels de plomb solubles et les oxydes métal- liques dissous dans l’ammoniaque et la potasse caustique. Mais il n’y a que peu où point d'action sur la plupart des sels neutres. Le noir animal peut avec le temps réagir sur les substances qu'il entraîne, probablement à cause de l'intimité du contact ; aussi il réduit l’oxyde de plomb à l’état métallique, et cela même en un assez court espace de temps. » Suivent les propriétés chimiques et physiques du carbone, ses usages , etc. On verra, par ce travail, que M. Graham n’est pas d'accord avec les résultats que nous » q P avons obtenus de nos recherches. ( 1981.) » Nous ne connaissions pas lesobservations de M. Graham, lorsqu'en 1843 nous reconnümes, en opérant sur des vins acides contenant des sels de plomb, que ces vins , lorsqu'ils étaient décolorés par le charbon , ne contenaient plus de ce métal; c’est ce fait qni nous a porté à faire les expériences que nous allons décrire ici. » Les essais que nous avons faits ont porté sur le charbon végétal , sur le charbon animal lavé et non lavé ; ces expériences ont été faites, dans quel- ques cas, à froid; dans d’autres cas, à l’aide de la chaleur. » Nous avons agi sur l'eau , sur le vin, sur l'alcool, sur l'acide acétique , et nous ayons reconnu : 1° que le charbon végétal enlevait les sels de plomb, l'acétate et l’azotate contenus dans tous ces liquides (1); » 2°, Que cette séparation qui avait lieu à froid se faisait beaucoup plus ra- pidement en s’aidant de l’action de la chaleur ; » 3°, Qu'il faut une plus grande quantité de charbon végétal pour enlever ces sels des liquides qui les contiennent, qu'il ne faut de charbon animal ; » 4°. Qu'il a fallu, pour enlever à froid 5o eentigrammes d’acétate de plomb dissous dans 100 grammes d’eau, 5 grammes de charbon végétal et cinq jours de contact; » b°, Qu'il a fallu, pour enlever à 100 grammes d’eau distillée 5o centi- grammes d’azotate de plomb, six jonrs de contact et 10 grammes de charbon végétal; » 6°. Qu'il a fallu, pour enlever à froid à 100 grammes d'eau 1 gramme d'acétate de plomb, 1 gramme de charbon animal non lavé et quarante- huit heures de contact; » 7°. Qu'il a fallu, pour enlever à froid à 100 grammes d’eau 5o cen- tigrammes d'azotate de plomb, 2£",50 de noir animal non lavé et quarante- huit heures de contact ; » 8. Qu'il a fallu, pour enlever à froid à 32 grammes d'alcool 50 cen- tigrammes d'acétate de plomb, 1 gramme de charbon non lavé et vingt-quatre heures de contact; » 9°. Qu'il a fallu, pour enlever à froid à 5o grammes de vinaigre 5o cen- tigrammes d’acétate de plomb, 1 gramme de charbon et vingt-quatre heures de contact; (1) Nous continuons les essais que nous avons entrepris sur les sels de fer, de cuivre, de zinc, de mercure, d’arsenic , d’antimoine, etc. ; enfin , nous comptons aussi examiner l'action du charbon sur les alcalis organiques, etc, ( 1282!) » 10°. Que des essais faits avec l'acide azotique et chlorhydrique nous ont démontré que le charbon n'enlève pas à ces acides le plomb qu'ils contien- nent en solution ; » 11%. Que des essais faits avec le noir lavé et épuisé de phosphate et de carbonate de chaux nous ont démontré qu'il fallait: A. 1 gramme de noir lavé et vingt-quatre heures de contact pour enlever à 100 grammes d'eau 5o cen- tigrammes d'acétate de plomb; » B. Qu'il fallait 28,50 de noir lavé et quarante-huit heures de contact pour enlever à 100 grammes d'eau 50 centigrammes d’azotate de plomb ; » C. Qu'il fallait à gramme de noir lavé et vingt-quatre heures de contact pour enlever à 5o grammes d'alcool 50 centigrammes d’acétate de plomb ; » D. Qu'il fallait r gramme de noir lavé et vingt-quatre heures de con- tact pour enlever à 5o grammes de vinaigre 50 centigrammes d’acétate de plomb ; | » E, Qu'il fallait > grammes de noir lavé et quarante-huit heures de con- tact pour décolorer 150 grammes de vin rouge contenant 5o centigrammes d’acétate de plomb, et lui enlever ce sel ; » 12°. Que des expériences faites à l'aide de la chaleur, il résulte pour nous : » À. Qu'il faut 1: grammede charbon animal nonlavé et deux minutes d'ébul- lition pour enlever à 100 grammes d’eau 5o centigrammes d’acétate de plomb; » B. Qu'il faut 2%,50 de charbon et deux minutes d'ébullition pour enlever à 100 grammes d'eau 50 centigrammes d'azotate de plomb; » C. Qu'il faut 1 gramme de charbon non lavé et cinq minutes d'ébulli- tion pour enlever à 50 grammes de vinaigre bo centigrammes d'acétate de plomb ; » D. Qu'il faut 2 grammes de charbon non lavé et cinq minutes d'ébulli- tion pour décolorer 150 grammes de vin rouge et lui enlever 50 centigrammes d’acétate de plomb. » Des essais faits dans les mêmes conditions avec le charbon lavé nous ont démontré que ce corps enlève, comme le charbon non lavé, les sels de plomb à l'eau, au vinaigre et au vin, et qu'il ne faut que quelques minutes d'ébul- lition, » Si l'on examine l’eau dans laquelle on a fait réagir le charbon lavé sur l'acétate et sur le nitrate de plomb, on reconnaît que cette eau contient de l'acide acétique libre si l’on a agi avec l’acétate, et de l'acide azotique si l'on a api avec l'azotate. » De plus, si l'on met en contact dans une cornue, 1° de l'acétate de ( 1283 ) plomb, del’eau et du charbon lavé, et qu'on porte à la distillation, on obtient de l'acide acétique; 2° de l'azotate de plomb, du charbon lavé et de l’eau, et qu'on agisse par distillation, on obtient de l'acide azotique. On retrouve encore, dans la liqueur où la décomposition s'est opérée et qui a été sonmise à la distillation, de l'acide acétique libre dans le premier cas, et dans le second de l'acide azotique libre. » Si l’on met en contact, 1° de l'eau, de l'acétate de plomb et du charbon lavé et pur,et qu'on laisse en contact en agitant de temps en temps, on remar- que qu'il y a décomposition: l'oxyde de plomb se combine au charbon et on retrouve l'acide acétique libre dans la liqueur ; 2° du nitrate de plomb, de l'eau et du charbon pur, qu'on laisse en contact en agitant de temps en temps, on remarque qu'il y a décomposition : l'oxyde de plomb se combine au char- bon, et l’on trouve l'acide azotique libre dans la liqueur. » Des essais d'application ont été faits, et on a reconnu que l’eau de fleur d'oranger du commerce, qui contient des sels de plomb, par suite de sa conser- vation dans des estagnons étamés avec de l’étain mélé de plomb, peut être pri- vée de ces sels par l'emploi du charbon; pour cela on la met en contact avec du charbon animal lavé, on agite à plusieurs reprises, on laisse déposer et on filtre. » M. Naveteur, qui sur notre demande a fait des essais, a reconnu qu'on pouvait, avec quelques grammes (3 ou 4), enlever les sels de plomb contenus dans un estagnon contenant 25 litres de ce liquide (l'opération fut faite chez M. Muraour); l'eau ainsi privée de ces sels de plomb n'avait pas sensible- ment perdu de son odeur. » Nous avons répété cette opération dans notre laboratoire sur de l'eau de fleur d'oranger prise chez M. Durand et qui contenait des sels de plomb; le plomb fut enlevé par le charbon. : » Nous avons aussi fait des essais, 1° avec le charbon sulfurique préparé par le traitement de la chair, par l'acide à 66 degrés; 2° avec le charbon préparé. par la carbonisation du foie de veau à vase clos. Nous avons reconnu, lors de ces essais, 1° que le charbon sulfurique, mis en contact à froid avec de l’eau contenant de l’acétate de plomb, a une action presque nulle, et que le sel plombique reste en dissolution dans le liquide; 2° que ce charbon employé à l’aide de la chaleur enlève une portion du plomb; 3° que le charbon de foie, soit à froid , soit à l’aide de l'ébullition, décompose en partie les sels de plomb, mais que la séparation n'est pas complète. » De ce qui précède il semble résulter pour nous : 1° que le charbon vé- géta]l , 2° que le charbon animal non lavé, 3° que le charbon animal lavé et C. R., 1844, 2mM€ Semestre. (T. XIX, N° 24.) 170 ( 1284 ) séparé des carbonates et des phosphates, charbons qui, comme on le sait, forment des combinaisons avec les matières colorantes, combinaisons qui sont insolubles et qui se précipitent , sont aussi susceptibles de s'unir à des oxydes métalliques, de les séparer des solutions danslesquelles ces oxydes se trouvent combinés aux acides, et de former des combinaisons insolubles en mettant l'acide en liberté. » Cette propriété du charbon de s'emparer des oxydes métalliques a dû , dans divers cas de chimie judiciaire, être la cause d'erreurs ; en effet, dans uu grand nombre de cas, les auteurs imposent l'obligation de décolorer, par le charbon, les liqueurs dans lesquelles on doit rechercher des sels métalli- ques qui sont susceptibles d'être enlevés par le charbon ; cette indication de l'emploi de ce corps existe non-seulement dans des ouvrages anciens, mais dans des ouvrages récemment publiés et que nous avons sous la main; là on trouve la prescription formelle de décolorer par ce corps des liquides dans lesquels on doit déterminer la présence d'un sel de plomb et d'autres sels mé- talliques. » CHIMIE. — Sur les phénomènes chimiques de la digestion; par MM. C. Bervann, de Villefranche, et C. Banreswir. (Deuxième Mémoire.) « Dans un premier Mémoire, que nous avons eu l'honneur de sou- mettre au jugement de l'Académie, nous avons démontré expérimentale- ment que le suc gastrique ne se borne pas seulement à dissoudre les matières alimentaires, mais qu'il les modifie en même temps d’une manière plus pro- fonde et les prépare ainsi aux phénomènes ultérieurs de l'assimilation. » Ce premier fait une fois établi, nous nous sommes proposés d'étudier le mode d'action spéciale que le suc gastrique exerce sur les principaux ali- ments simples. Mais avant d'entreprendre cette étude, il nous a paru indis- pensable de nous fixer d'une manière positive sur la constitution chimique du fluide gastrique, au sein duquel ces transformations s’opérent. » La réaction acide constante que présente le suc gastrique, constitue une de ses propriétés essentielles; on sait, en effet, que le sue gastrique, neutra- lisé par un alcah ou par un carbonate alcalin, perd tout à fait ses proprié- tés digestives, qu'on peut lui rendre, toutefois, en rétablissant la réaction acide, D'un autre côté, on acquiert la certitude que l'acidité n’est qu'un seul des éléments de l’activité du suc gastrique, car en soumettant ce fluide pur à une température voisine de lébullition, il. perd également ses propriétés digestives, nou plus par l'absence de la réaction acide, qui reste la même, ( 1285 ) mais parce qu'on agit alors sur un autre de ses principes qui est essentielle- ment modifiable par la chaleur. » D'après ces deux faits capitaux, nous admettons, sauf à le démontrer plus loin, que le suc gastrique doit l’ensemble de ses propriétés à la réunion de deux principes inséparables dans leur action, savoir: 1° une substance à réaction acide; »° une matiere organique particulière destructible par la chaleur. Nous ne nous occuperons ici que de la cause de la réaction acide du suc gastrique. » Deux opinious regnent aujourd'hui dans la science sur la cause de F'aci- dité du suc gastrique: dans l’une, on admet que ce caractère est dû à la pré- sence du biphosphate de chaux; dans l’autre, on l’attribue à un acide existant dans le suc gastrique à l’état de liberté. » Le fait principal sur lequel on s'appuie pour nier l'existence d’un acide libre dans le suc gastrique , et pour y admettre seulement la présence du bi- phosphate de chaux, consiste en ce que le suc gastrique peut être traité par le carbonate de chaux en exces sans produire de dégagement d'acide carbonique. Nos expériences nous ont montré que les choses ne se passaient ainsi qu'à cause de la dilation excessive de l'acide du suc gastrique, ce qui permettait aux petites quantités d'acide carbonique produit de se dissoudre au fur et à mesure de sa formation. Il nous a suffi, en effet, de concentrer préalablement le suc gastrique, pour obtenir avec la craie une effervescence manifeste. De plus, nous avons observé que le suc gastrique dissout le phos- phate neutre de chaux, et nous nous sommes assuré; que ce sel est compléte- ment insoluble dans le biphosphate de la même base. Nous avons conclu de ces expériences que le suc gastrique devait son acidité, non pas au biphos- phate de chaux, mais à la présence d'un acide libre. » Les auteurs qui ont admis dans le suc gastrique la présence d’un acide isolé, différent d'opinion sur sa nature : les ins admettent l'acide acétique, le plus grand nombre le chlorhydrique, quelques-uns le phosphorique, d’autres enfin, le lactique. » Nous avons successivement cherché à constater ces divers acides dans le suc gastrique. Avant d'indiquer la marche que nous avons suivie dans ces expériences , nous ferons observer que toutes ont été faites avec du suc gas- trique très-pur pris à divers chiens bien portants. » L'acide acétique étant un acide volatil, nous avons soumis le suc gas- irique à la distillation, à une douce chaleur, avec les précautions convenables pour éviter les soubresauts et l'entraînement mécanique du liquide à distiller; les premiers produits recueillis et essayés au papier de tournesol, ne pré- 170. ( 1286 ) seutaient pas de réaction acide. Comme contre-épreuve nous avons distillé de l’eau très-faiblement acidulée par du vinaigre; le liquide qui passa le pre- mier à la distillation avait une réaction manifestement acide. Le suc gastrique auquel nous avons ajouté une trace d'acide acétique et même d’acétate de soude, s'est comporté à la distillation de la même manière. Ayant saturé du suc gastrique par du carbonate de soude, puis évaporé la dissolution à sec et traité le résidu par l'acide arsénieux, nous n'avons pas remarqué l'odeur d'oxyde de cacodyle, qui est, comme on le sait, si caractéristique de l'acide acétique. D'après ces expériences, il nous semble prouvé que le suc gastrique ne contient pas d'acide acétique libre, et ne renferme pas non plus d’acétates. » En réfléchissant que les premiers produits de la distillation du suc gas- trique ne donnent jamais de liquide acide, nous avions été tentés d'invoquer ce même fait pour rejeter aussi la présence de l'acide chlorhydrique libre, parce que, suivant les idées admises, cet acide, qui est volatil, aurait dû passer dans les premiers instants. Cependant nous serions tombés dans l'er- reur, comme on va le voir par l'expérience suivante. En effet, si l’on acidule trés-légèrement de l’eau avec de l'acide chlorhydrique, et qu'on distille, on remarque qu'il ne passe d'abord à la distillation que de l'eau pure, tandis que l'acide qui se concentre dans les derniers produits ne se dépage qu'à la fin de l'opération. Ce fait imprévu nous détermina à distiller de nouveau le suc gas- trique pur en poussant la distillation jusqu’à siccité. Voici ce qu'on observe alors : d’abord, et pendant presque toute la durée de l'expérience, il ne passe à la distillation qu'un liquide neutre, limpide, ne précipitant pas par le nitrate d'argent; puis, le suc gastrique étant évaporé à peu près au #, le jiquide qui distille est sensiblement acide, mais ne précipite aucunement par les sels d'argent. Enfin, vers les derniers instants seulement, lorsqu'il ne reste plus que quelques gouttes de suc gastrique à évaporer, le liquide acide qui se produit donne, par les sels d'argent, un précipité manifeste qui ne fait pas disparaître l'acide nitrique concentré. »._ Il n'est pas douteux que ce dernier produit soit de l'acide chlorhydrique, mais il restait à déterminer s’il existe dans le suc gastrique ou si, dans les cir- constances de l'opération, il n'est pas produit par la décomposition d'un chlorure. » Lorsqu'on ajoute au suc gastrique qui, comme on le sait, contient de la chaux, une proportion minime d'acide oxalique, on obtient un trouble évi- dent dû à la formation de l’oxalate de chaux insoluble dans le suc gastrique, tandis qu'une égale quantité du même réactif ne produit aucun trouble dans de l'ean contenant deux millièmes d'acide chlorhydrique à laquelle on a ( 1287) ajouté du chlorure de calcium. Cette seule expérience démontre évidemment que l'acide chlorhydrique existe à l'état de chlorure et ne se trouve pas à l'état. de liberté dans le suc gastrique; nous aurons encore plus loin occasion de confirmer ce fait par d’autres expériences. » L’acide phosphorique étant un acide fixe, nous avons dû également le re- chercher dans le suc gastrique concentré par la distillation; ce résidu avait acquis une réaction extrêmement acide et faisait effervescence avec la craie, mais il ne perdait jamais entièrement sa réaction acide, malgré l'excès de carbonate calcaire. Ce caractère, ajouté à ceux qu'ont donnés les différents auteurs, indique positivement la présence de l'acide phosphorique dans le suc gastrique. Nous avons ensuite saturé du suc gastrique par la chaux et par l'oxyde de zinc, les liqueurs filtrées étaient neutres et nous ont présenté tous les caractères de la chaux et du zinc. Gette expérience prouve que l'acide phosphorique n’est pas le seul acide libre du suc gastrique; car s’il en eût été ainsi, en raison de l’insolubilité des deux phosphates, nous n’aurions trouvé ni chaux ni zinc dans le liquide filtré. Nous nous sommes assurés que les prin- cipes étrangers du suc gastrique, tels que le chlorure de sodium, ne mas- quaient en rien cette réaction. » Pour déterminer maintenant la nature de l'acide qui, existant dans le suc gastrique, a pu donner naissance à des sels solubles de chaux et de zinc, nous devons nous rappeler que c'est un acide qui passe vers les derniers instants de la distillation et ne précipite pas les sels d'argent. » l'acide lactique nous a présenté des caractères semblables; nous avons soumis à la distillation de l'eau acidulée par l'acide lactique, et retrouvé dans cette opération une analogie frappante avec les phénomènes qui se produisent dans la distillation du suc gastrique, savoir : que dans les premiers temps de la distillation il ne passe que de l’eau pure, puis vers la fin un liquide acide, et qu'il reste un résidu liquide fortement acide faisant effervescence avec les carbonates. » En distillant de l’eau acidulée par l'acide lactique, à laquelle on avait ajouté un peu de chlorure de sodium, nous avons obtenu une analogie en- core plus complète, c'est-à-dire que nous avons vu la distillation présenter trois périodes distinctes, absolument comme pour le suc gastrique; dans les premiers moments il ne passa que de l’eau pure, ensuite un acide ne préci- pitant pas par les sels d'argent, et les dernières gouttes de liquide entraînèrent de l'acide chlorhydrique. » Cette expérience explique nettement la présence de l'acide chlorhy- drique dans les produits ultérieurs de la distillation du suc gastrique; cet ( 1288 ) acide provient, en effet, de la décomposition des chlorures par l'acide lac- tique dans des liqueurs concentrées. Si ce fait ne suffisait pas pour prouver que le suc gastrique ne contient pas d'acide chlorhydrique libre, l'expérience suivante léverait tous les doutes à cet égard. »_Si l'on fait bouillir de l'amidon avec l'acide chlorhydrique , celui-ci perd bientôt la propriété de bleuir par l'iode, tandis que de l'acide lactique ne lui fait éprouver aucune modification, même après une ébullition prolongée. » D'un autre côté, si l'on fait bouillir de l’amidon avec de l'acide chlor- hydrique auquel on a ajouté un lactate soluble en excès, on remarque que la fécule reste inaltérée, comme si l'on opérait an sein de l'acide lactique. Cette expérience prouve à l'évidence que l'acide chlorhydrique ne peut exister à l'état de liberté en présence d'un lactate en excès. Par des éprenves sem- blables, on peut prouver que l'existence de l'acide chlorhydrique est de même inadmissible en présence d'un phosphate ou d'un acétate en excès. » En résumant ces expériences, nous voyons que l'acide lactique et l'acide du suc gastrique présentent pour caractères communs d’être fixes au feu, d'être entraînés à la distillation par la vapeur d'eau, et de chasser l'acide chlorhydrique des chlorures. Poursuivant la comparaison entre ces deux acides, nous avons reconnu à l'acide du suc gastrique tous les caractères in- diqués par M. Pelouze pour l'acide lactique; ces deux acides, en effet, don- nent des sels de chaux, de baryte, de zine, de cuivre, solubles dans l'eau; un sel de cuivre qui forme avec la chaux un sel double soluble dont la couleur est plus intense que celle du sel simple; un sel de chaux soluble dans l'alcool et précipitable par l'éther de sa dissolution alcoolique. D'après l'ensemble des caracteres que nous venons d'énumérer, l'existence de cet acide nous pa- rait être aujourd'hui hors de contestation. Déjà M. Chevreul, et MM. Leuret et Lassaigne avaient signalé l'acide lactique dans le suc gastrique. | ». Conclusions. — D'après les faits contenus dans ce travail, nons pouvons avancer que la réaction acide du suc gastrique n'est pas due au biphosphate de chaux, mais qu'elle résulte au contraire de la présence d'un acide à l'état de liberté dans le fluide gastrique. Nous n'avons jamais pu constater l'existence des acides chlorhydrique et acétique libres qu'on avait indiqués. » Coustamment nous avons trouvé les caractères bien distincts de l'acide lactique uni à une faible proportion d'acide phosphorique (1). Suivant nons, (1) L'acide phosphorique que nous signalons ici, doit étre regardé comme un produit secondaire d’une réaction de l’acide lactique sur les phosphates que contient le suc gastrique. ( 1289 } l'acide lactique doit être considéré comme une production physiologique constante de l'organisme. Quelles que soient, en effet, les conditions d’alimen- tation dans lesquelles nous avons placé les animaux, nous n'avons pas vu va- rier la nature du principe acide du fluide gastrique. Ainsi, après un régime exclusivement végétal ou animal suivi pendant plusieurs jours, ou bien encore après une diète prolongée, nous avons toujours trouvé de l'acide lac- tique libre. » En avançant que l'acide lactique est la cause constante de l'acidité du suc gastrique, nous ne voulons pas donner à penser que cet acide soit, par sa nature, doué de certaines propriétés spéciales qui le rendent indispen- sable à l’action des phénomènes de la digestion. Il résulte, au contraire, des expériences de M. Blondlot et de celles qui nous sont propres, que si une réaction acide est indispensable pour que la propriété dissolvante du suc gastrique se manifeste, la nature de l'acide qui produit cette réaction est in- différente. » C’est ainsi que nous avons pu saturer du suc gastrique de phosphate de chaux neutre, ou lui ajouter les acides acétique ou phosphorique en grand excès, et même de l'acide chlorhydrique en quantité suffisante pour qu'il Jût réellement à l'état de liberté dans le liquide, et toujours le suc gastrique a conservé ses propriétés digestives. » Cette équivalence des acides pour l'activité du suc gastrique paraît même nécessaire ; car à chaque instant, par le fait même de l'alimentation, les sels les plus différents sont introduits dans l'estomac au moment de la formation du suc gastrique. On comprend que si parmi ces sels il s’en trouvait dont l'acide püût être déplacé par l'acide lactique, les fonctions digestives seraient infailliblement troublées si l'acide nouveau, mis en liberté, ne pouvait rem- placer l’acide normal. » CHIMIE. — Recherches sur l'acidité du suc gastrique; par M. Mrrsens. « Les physiologistes et les chimistes qui se sont occupés de la composi- tion du suc gastrique, l'ont toujours trouvé acide et ont presque tous admis que l'acidité était due à un ou à plusieurs acides libres, les acides phospho- rique, lactique, butyrique, acétique et chlorhydrique. M. Blondlot, dans ces derniers temps, a cru devoir nier la présence des acides libres dans le suc gastrique ; il a admis que l'acidité de ce fluide est due à du biphosphate de chaux, dont il est impossible de détruire la réaction par la saturation au moyen du carbonate de chaux. ( 1290 ) » On trouvera dans son ouvrage (Traité analytique de la digestion) les faits sur lesquels il se base pour le prouver. » Il y a deux objections à faire à ces expériences. En effet, M. Blondlot ne dit nulle part qu'il a pris la précaution, quand il filtre du suc gastrique, de prendre du papier débarrassé de cendres. Ensuite, lorsqu'il met du suc gastrique en contact avec du carbonate de chaux; il n'observe pas d’effer- vescence, mais il fait abstraction du poids du carbonate employé avant et apres l'expérience. » Il est facile de prouver que le suc gastrique contient un acide libre, sur la nature duquel je n'entends pas me prononcer; voici les expériences sur lesquelles je fonde mon assertion. » 32 grammes de suc gastrique, que M. Blondlot avait remis à M. Dumas, ont été mis en contact avec quelques fragments de marbre blanc pesant en- semble 75,007; on les a laissés en contact à froid pendant deux jours, puis on les a soigneusement lavés et pesés; leur poids ne s'élevait plus qu'à 65,937; ils avaient donc perdu 70 milligrammes. » J'ai fait une expérience préalable en les lavant à l’eau pure, les dessé- chant pour m'assurer qu'aucune perte de poids n'avait lieu; mais des petits fragments s'étaient détachés des boulettes de marbre que j'avais employées, et quoique j'eusse pris le soin d’en tenir compte, cette expérience ne me satisfaisait pas. » 73 grammes du même suc furent mis en présence de vingt fragments de spath d'Islande pesant ensemble 36,462, et laissés en contact pendant vingt-quatre heures; au bout de quelque temps on voit les cristaux de spath se couvrir de petites bulles de gaz; si on les déplace par l'agitation, de nou- velles bulles se forment. Après l'expérience, la surface des cristaux est cor- rodée, ils pesaient 3#,354 ; ils avaient donc perdu 0%,108. » M. Bernard a eu la complaisance de mettre à ma disposition un chien ayant une fistule stomacale, » 68 grammes de suc gastrique très-sale, remplis de grameaux de pain, ont dissous, en douze heures, of',o71 de spath. » 6/4 grammes de suc gastrique recueilli après une alimentation avec du bœuf bouilli ont dissous 08,166 de spath. » 60 grammes de pâte chymeuse recueillie après avoir fait manger au chien de la graisse de mouton, et un fragment de cartilages, ont dissous 08,057 de spath. » Ces expériences confirment donc la présence d’un acide libre dans le suc gastrique ; M. Bernard, d’ailleurs, dans sa thèse, tout en se servant de l’ana- (sxsgr lyse de M. Blondlot, dit positivement que le suc dissout les métaux avec effer- vescence. Je ne fais que confirmer son expérience par la balance. M. Dumas avait remarqué, du reste, que les digestions artificielles ne se faisaient plus, ou très-difficilement , avec du suc gastrique filtré sur de la craie, et qu'une trace d'acide chlorhydrique ajouté au suc rétablissait de suite ses propriétés. » MÉDECINE. — Vote sur le charbon qui se produit dans les poumons de l'homme , pendant l'âge mur et la vieillesse; par M. Naraus Guizcor. « 1°, Il se produit et s’accumule continuellement dans les organes res- piratoires de l'espèce humaine, pendant la durée de l'âge mûr, et prin- cipalement dans la vieillesse, du charbon en nature dans un état excessif de division. Ce fait est général sur tous les hommes, quelle qu'ait été leur profession. » Des analyses exactes de ce charbon ont été faites, sous les yeux de M. Dumas, par M. Melsens, son élève. (Voir, plus loin, le travail de M. Melsens.) » 2°. Ce charbon, déposé dans l'épaisseur même des tissus, ne provient pas de l'extérieur. » 3°, Partout où cette matière existe en quantité suffisante pour former des amas de 1 millimètre de côté au moins, les canaux aériens, les conduits sanguins artériels et veineux sont oblitérés en vertu de sa présence, et les tissus pulmonaires sont alors transformés en une substance colorée en noir, qui peut occuper jusque plus de la moitié des organes. » 4°. La respiration ne s'opère plus dans ces parties qui servent de gangue au charbon, les phénomènes de la circulation ne s'y produisent plus, et dans l'état pathologique les phénomènes inflammatoires ne s’y développent point. Ces faits peuvent être appréciés principalement par l'insufflation des organes de la respiration, et par l'injection de liquides colorés dans les vaisseaux sanguins qui les parcourent. L'air ne s'introduit plus dans les endroits où le charbon est accumulé, et les artères ainsi que les veines ne sont point per- méables au delà de la circonférence des masses noires. » 5°. L'accumulation successive de ce charbon , au delà d'un certain terme, cause la mort des vieillards. L’excès de ce charbon produit la mort en ren- dant le poumon imperméable. » 6°. La présence constante de ce produit (le charbon) chez tous les vieil- lards rend souvent fatale la terminaison des inflammations et des congestions sanguines de l'organe respiratoire. L'oblitération par des molécules charbon- C.R., 1844, 2m€ Semestre. (T. XIX, N° 24.) 171 ( 1292 ) neuses des canaux aériens et sanguins explique la fréquence de l'asphyxie rapide dans les maladies de poitrine pendant la dernière époque de la vie. » 7°. Ces molécules de charbon paraissent avoir une grande influence sur les phénomènes qui se succèdent dans l'épaisseur et autour des masses tuber- culeuses. Lorsque des tubercules se produisent dans les poumons, et que le charbon se dépose abondamment autour d'eux, ils ne subissent point les changements successifs propres à la phthisie lorsque cette maladie suit régu- lièrement son cours. » 8°, Ces tubercules deviennent calcaires, sont privés de graisse, et ne s'accroissent point. Aucun vaisseau de formation nouvelle ne se développe autour d'eux, ou bien, lorsque ces vaisseaux ont déjà pris de l'accroissement avant le dépôt des molécules de charbon, ils s’oblitérent par suite de ce dé- pôt, et les progrès de la phthisie s'arrêtent. » 9°. La production du charbon dans les poumons humains, indépen- dante de la profession et ne résultant que de l’âge et très-probablement de la nourriture des individus, est un fait qui Goit être étudié sous le point de vue physiologique, et qui mérite également d'être considéré au point de vue de la pathologie, puisque, s'il peut en résulter l'aggravation des affections les plus communes chez les vieillards dont les poumons ne peuvent plus fonc- tionner complétement, il paraît aussi que l'apparition de cette matière dans les tissus pulmonaires, en enveloppant les tubercules, en les isolant du reste de l'organe, arrête complétement la marche de la phthisie tuberculeuse. » Les détails confirmatifs de ces résultats seront incessamment déposés sous les yeux de l’Académie. » CHIMIE. — Recherches chimiques sur la matière des mélanoses ; par M. Mrrsens. « Rien ne paraît plus facile à caractériser que la matière des mélanoses, lorsque, débarrassée des tissus dans lesquels elle se trouve, on la met en con- tact avec divers réactifs; mais s’apit-t-il de prouver par l'analyse les déduc- tions qu'on tire de l’action de divers agents, on n'y parvient plus, et le rôle du chimiste se borne à prouver qu'en effet on ne le peut, ou du moins que la petite quantité de matière que j'ai eu à ma disposition, quoique j'aie traité une masse considérable de poumons, ne m'a pas permis de faire concorder l'analyse avec les caractères du corps. » J'ai employé diverses méthodes , dans le détail desquelles je crois ne pas devoir entrer, pour isoler la matière noire des mélanoses. Un mélange d'a- ( 1293 ) cide nitrique, d’acide chlorhydrique et d'eau, ou l'acide chlorhydrique seul , rendent solubles les matières albuminoïdes. La potasse, l'ammoniaque, l'al- cool, l'éther enlèvent les matières grasses. Parfois je faisais bouillir d'abord les poumons dans de l’eau que je renouvelais souvent. On alternait ces trai- tements plusieurs fois en lavant par décantation, les filtres ne retenant pas la matière noire pure et pouvant apporter, du reste, des parcelles de matières organiques, quand elle n’est pas encore bien débarrassée des substances de l'économie et qu'on est obligé d'enlever sur les filtres une matière impure qui s’y attache. » On rencontre déjà une difficulté dans ces lavages par décantation; car, dans certains cas, la matière forme une encre qui ne se dépose qu'avec beau- coup de difficulté. L'eau est-elle pure, la matière se dépose très-lentement, est-elle alcaline, le dépôt ne se fait qu'imparfaitement, et la portion surna- geante simule une véritable dissolution d'un noir fauve. Au microscope, on y aperçoit directement la matière en suspension. » La dissolution de potasse est-elle concentrée, le dépôt s'opère assez rapidement ; il en est de même pour les liqueurs acidulées par l'acide chlor- hydrique. » Quand on a traité des poumons par tous ces réactifs, on obtient enfin une poudre très-divisée d’un noir noir, qui, desséchée à 120 degrés dans le vide, brûle sur une lame de platine sans flamme, et à la manière du charbon, laissant ordinairement une quantité considérable de cendres, composée de silice, provenant sans doute des vases de verre. Parfois on observe qu'en la chauffant, elle dégage des vapeurs acides et des traces d'huile empy- reumatique. » La potasse à 45 degrés est sans action sur elle; la potasse solide fondue la dissout en la brûlant, mais reste incolore, comme cela arrive pour le char- bon. On peut la faire bouillir pendant très-longtemps dans l'acide sulfurique concentré sans qu'elle disparaisse, elle colore l'acide en noir; mais au bout de quelques jours la matière se dépose, et l'acide surnageant est presque aussi blanc que de l'acide pur. » L'acide nitrique concentré ne la dissout que par une ébullition long- temps prolongée, et l'on peut reconnaître qu'il se forme un acide brun qui jouit des mêmes propriétés que celui que M. Berzelius a obtenu en traitant le charbon par ce corps. » L'acide chlorhydrique concentré et bouillant ne lui fait subir aucune modification ; elle ne le colore pas. » Analysée, cette matière m'a donné les résultats les plus discordants. Le 171. ( 1294 ) carbone a varié de 70 à 89 pour ro ; l'hydrogène de même varie, mais il est tonjours très-faible vers 1,°1 4, et une seule fois il m’a donné 3,3 pour 100 ; j'ai trouvé environ 3 pour 100 d'azote dans nn seul dosage. » Groyant que les agents que j'employais pour enlever les matières albu- mineuses, agents qui doivent toujours être choisis de manière à exclure la possibilité d'une formation de charbon, ne suffisaient pas, j'eus recours au chlore. Fa matière suspendue dans de l’eau chauffée au bain-marie fut traitée par un courant de chlore. » Je fus surpris de constater dans ce cas la formation d'un acide brun, se rapprochant de l'acide ulmique. Je répétai l'expérience avec du noirde famée lavé à la potasse et à l'ammoniaque, j'obtins le même corps brun. » Je m'aperçus qu'il était difficile, pour ne pas dire impossible, d'enlever au noir de fumée les acides bruns qu'il contient, et je fis l'expérience avec de la braise calcinée , puis pulvérisée , et le même acide se reproduisit. » C’est une étude à part à faire, je m'en occupe; qu'il me suffise de dire pour le moment que le charbon ne s'attaque que difficilement; d’abord l'eau qui tient le charbon en suspension est incolore, quand il s’est déposé ; elle paraît ensuite jaunir et se fonce de plus en plus jusqu’à présenter une co- loration d'un brun rougeûtre. » Ce passage de la matière minérale à l'état de matière organique me paraît être de la plus haute importance. » [analyse de la mélanose traitée par le chlore ne me donna pas de ré- sultats satisfaisants. Cette matière qui, par ses réactions , ne se laissait ca- ractériser que comme du charbon, ne me donnait à l'analyse que 80 pour 100 de carbone. » Je voulus m'assurer si la matière noire qui se forme quand on fait di- gérer des matières albuminoïdes avec de l'acide chlorhydrique, m'offrirait des propriétés semblables, et supposant, du reste, que la mélanose pouvait provenir de la décomposition des matières qu'on expectore, M. Guillot mit à ma disposition une grande quantité de cracbats recueillis dans une des salles de Bicêtre; je les mis en contact avec l'acide chlorhydrique. M. Ca- ventou avait remarqué la formation d'une matière analogue à du charbon. » Les crachats traités ainsi furent mis pendant trois mois en digestion , à une température de 30 degrés environ pendanf le jour. Il s'y forma de la ma- tière brune, de la matière noire; mais ses propriétés différaient essentiellement de la matière noire des mélanoses; elle se dissolvait très-aisément dans les mélanges acides qui n’attaquaient pas lesmélanoses, ainsi que dans des liqueurs alcalines. à iris iii DE | ( 1295 ) » Ce traitement répété sur de la fibrine me douna les mêmes résultats. Ilest probable que je ne me suis pas placé dans les circonstances dans les- quelles M. Caventou a vu se produire une poudre noire, analogue à du char- bon. Peut-être aussi, ce que M. Caventou a pris pour du charbon r'était- il qu'une modification de l'acide ulmique, qui prend parfois l'état insoluble. J'avais constaté cette propriété de l'acide ulmique; M.Wôhler vient de Ja con- stater sur l'acide humo-pinique. » On pourrait donc supposer à la rigueur qu'uue portion de la matière noire était composée d'acide ulmique rendu insoluble ; mais en comparant les analyses, on voit de suite que le carbone et l'hydrogène qu'elles four- nissent sont trop faibles de beaucoup pour admettre une supposition pareille. » Je me demandai alors si une température de 120 degrés, que je crus ne pas devoir dépasser, suffisait pour priver le charbon , si divisé , de l'eau qu'il pouvait condenser, et pour avoir une donnée, je fis chauffer fortement dans un tube bouché et taré du charbon de buis pulvérisé et calciné. À 120 degrés il perdit toute son eau et revint au poids initial, à très-peu de chose près. Comme dans les traitements on fait toujours intervenir l'acide chlorhydrique, et que je finissais mes lavages par de l'eau acide, je répétai cette expérience en mouillant le charbon qui m'avait servi à l'expérience précédente, avec quelques gouttes d'acide chlorhydrique concentré et pur. » 368,773 de charbon furent humectés et soumis pendant une demi-heure au bain d'huile à 140 degrés, puis portés sous la machine pneumatique; le poids s'élevait à 3,845. On le chauffa de nouveau pendant quelque temps à 150 degrés, et on le remit au vide pendant une demi-heure ; le poids s’éle- vait à 35,842. » On le fit chauffer à l'air pendant une demi-heure, de 150 à 210 degrés, en élevant graduellement la température; le poids ne s'élevait plus qu'à 351,817. » Il fallut fortement chauffer à la lampe à alcool pour enlever le restant de l'acide fixé sur le charbon , et alors le poids descendit à 3%,785. » Comme j'étais obligé de finir les lavages à l'acide chlorhydrique, la matière préparée avec le plus grand soin, desséchée à 120 degrés dans le vide, jusqu'à ce qu'elle ne perdit plus de son poids , me donnait toujours une quantité notable de chlorure de cuivre dans le tube à combustion. » Je reconnus que ce chlore s'y trouvaiten partie à l'état de sel ammoniac; J'eus beau répéter les lavages, je ne pouvais m'en débarrasser; mais de plus, en supposant que l'hydrogène et le chlore queje trouvais à l'analyse pouvaient (1296 ) provenir d'eau et de sel ammoniac, en déduisant le poids de ces corps je n'obtenais pas encore le carbone que la mélanose aurait dû donner à l’analyse si elle en était réellement composée. » Je ne pouvais expliquer la présence du sel ammoniac dans ce cas, qu'en supposant que l'azote de l'air dissous dans l’eau de lavage en présence de l'acide chlorhydrique pouvait, par la décomposition de l’eau , donner lieu à la formation de ce corps; je fus d'autant plus porté à me l'expliquer ainsi, que J'avais souvent remarqué des petites bulles de gaz s'échapper du dépôt de matière noire dans de l’eau acidulée. » Mais on sait que l’eau distillée contient des traces d’ammoniaque qui, passant à l'état de chlorhydrate, auraient pu se fixer sur le charbon, comme le fait une matière colorante, ou à la façon des sels solubles qui res- tentinvariablement fixés, en très-petite proportion, sur des précipités, comme l'a démontré M. Mitscherlich dans son Mémoire sur les réactions chimiques produites par les corps qui n'interviennent que par leur contact. » Voiciune expérience qui prouvera combien ilest difficile d'enlever du sel ammoniac fixé sur du charbon. On a pris 5 grammes de braise for- tement calcinée et grossièrement pulvérisée, et on les a fait bouillir pendant quelques instants dans une dissolution de 2 grammes de sel ammoniac dans de l’eau distillée rendue acide par de l'acide chlorhydrique ; le tout, jeté sur un filtre, a été lavé par de l’eau distillée, alternativement bouillante et froide ; il n'en a pas fallu moins de 6 litres pour que le nitrate d’argent ne fût plus sensiblement louchi; quand toute trace de louche avait disparu, on a fait sécher le filtre au bain-marie. Introduit dans un tube et chauffé fortement, ce charbon a donné des traces de sel ammoniac facilement reconnaissable ; l'eau qui s'en échappait donnait avec le nitrate d'argent un précipité considé- rable. »_ À laquelle des deux opinions doit-on se tenir? je l'ignore; il faut des expé- riences plus précises que celles que j'ai pu faire, mais j'espère traiter cette question avec tous les développements qu’elle mérite, car elle se rattache à des questions importantes soit sous le rapport de la production des sels ammonia- caux à la surface de la terre, soit sous le rapport de la question des engrais et des nitrières , et de ces phénomènes de contact ou de fermentation qui entrent aujourd'hui pour une si large part dans la méditation des chimistes. » J'ai examiné dans ce but quelques charbons da commerce, je n'ai pas retrouvé de chlorhydrate d'ammoniaque dans trois échantillons de charbon animal non lavé. J'en ai trouvé dans deux charbons lavés à l'acide chlorhy- drique. x Een ie à nos les SES (1297 ) » Du charbon animal à l'acide lavé avec les plusgrands soins par M. Lewy en contenait encore notablement. » En cherchant à me rendre compte de la présence de l'hydrochlorate d'ammoniaque dans le charbon lavé, j'ai dû voir si le charbon non lavé contenait de l’ammoniaque, et, en effet, celui que j'ai examiné en contenait. En le chauffant fortement,il laissait dégager une eau ammoniacale. J'ai com- mencé par le laver à l'acide et à l’eau ordinaire; un dernier lavage a été exécuté avec de l’eau distillée, puis le tout, desséché, a été fortement cal- ciné, ce qui exclut la présence de tout sel ammoniacal, sauf des traces de phosphate qui auraieut, à la rigueur, pu résister à un feu soutenu d'un quart d'heure. » Ce charbon, délayé dans de l’eau distillée sur du sulfate acide d’alu- mine acidulée par de l'acide chlorhydrique, mais aéré avec soin, a dé- gagé l'odeur d'hydrogène sulfuré; on l'a lavé par décantation avec 20 litres d’eau distillée acide; les lavages se faisaient dans un flacon bouché à l'émeri et suiffé; l’eau distillée était conservée dans des flacons bouchés de la même façon; on n'avait pas manié d'ammoniaque dans le laboratoire où la distilla- tion s'opérait, et l’eau était mise dans des flacons au fur et à mesure qu'il en ayait passé une quantité suffisante pour la verser. » L'eau a été décantée, puis le charbon desséché. IL contenait notable- ment de sel ammoniac. » J'étais porté à croire que le sel ammoniac se formait de toute pièce; Je fis une autre expérience. » Du charbon de bois fut mis dans un flacon avec de l’eau acidulée par l'acide chlorhydrique pendant vingt-quatre heures; je ne trouvai pas de trace de sel ammoniac formé. » Je fis passer sur ce même charbon de buis un mélange de gaz hydro- gène, d'azote, d'acide chlorhydrique, à froid, à chaud; je remplaçai l'azote par de l'air; je ne pus retrouver de sel ammoniac. » Cette expérience a été tentée inutilement aussi par M. Kuhlmann avec de la mousse et du noir de platine. » Je me demandhai alors si l'hydrogène sulfuré, qui se dégage par l'action de l'acide chlorhydrique sur le charbon animal, décomposé par l'oxygène de l'air dissous dans l’eau ou condensé sur le charbon, ne fournirait pas l'hydrogène nécessaire à la formation de l'ammoniaque, hydrogène qui, à l'état naissant et en présence d'acide chlorhydrique, se porterait sur l'azote dissous. ( 1298 ) » Je fis arriver, dans un flacon de Woolf contenant de l’eau acidulée par l'acide chlorhydrique et du charbon de buis, un courant d'acide sulfhydrique, lavé dans de l'eau acidulée par l'acide sulfurique et de l'air lavé de la même manière; en un Jour il y avait eu une formation notable de sel ammoniac, fixé dans les pores du charbon, et qu'on en retira par sublimation. » L'expérience fut répétée en chauffant le flacon qui contenait le charbon et l'eau acide; en deux heures il s'était fait une quantité notable de sel ammoniac. » On voit, d'après ce que je viens de dire, la difficulté qu'on éprouve à débarrasser la matière de la mélanose de matières étrangères. » Mais une autre propriété des mélanoses vient encore augmenter la dif- ficulté. Quaud on dissout les morceaux de poumons dans l'acide chlorhy- drique, puis la potasse, ces dissolutions sont toujours colorées en brun; or, la mélanose agit comme le charbon animal, elle décolore les dissolutions colorées, neutres, acides et alcalines, d'hématine; la mélanose enlève à l'éther lalizarine qu'il dissout; une dissolution d'alizarine dans la potasse est décolorée par la mélanose. » On doit donc supposer que la mélanose, divisée comme elle l'est, con- dense les matières colorantes qui se produisent dans le traitement des pou- mons, et que les dissolvants ne les enlèvent qu'imparfaitement. » On peut s'assurer directement que la matière noire de la mélanose, telle qu’on l’obtient après une dessiccation à 120 degrés, contient des matières organiques en dehors de l’eau acide et du sel ammoniac ; en effet, j'ai fait passer 58 milligrammes de mélanose qui m'avait donné à l'analyse 85 pour 100 de carbone dans une cloche courbe, sur le mercure, dans du gaz azote; en le chauffant, il s’est produit de l'eau, du sel ammoniac et 2°:,5 de gaz absorbable par la potasse. » Par ce qui précède, on voit qu'en supposant que la mélanose fût du charbou pur, il serait, sinon impossible, au moins difficile de le prouver par l'analyse; j'ai rencontré une seule fois dans des poumons une matière noire en masse compacte, disposée par couches; elle était noire, à cassure brillante et métallique, très-dure, infusible, brülant sur la lame de platine sans flamme, ne dégageant presque pas d'odeur quand on la chauffait. » T'état de division extrême de la matière noire de la mélanose permet, jusqu'à un certain point, de concevoir la dureté que ce corps peut acquérir par un dépôt lent; quant à l'éclat métallique, nous avons de la mélanose divisée qui s'est déposée sur une capsule de porcelaine, et qui, sur la face tournée vers la capsule, présente l'aspect brillant du charbon qu'on obtient en dé- ( 1299 ) composant de l'essence de térébenthine dans un tube de porcelaine chauffé au rouge. » On aura une idée de l'extrême division de certaines mélanoses quand on saura que 100 milligrammes environ rendent opaque près de 2 litres d'eau, c’est-à-dire qu'une partie de mélanose colore fortement 2 millions de fois son poids d'eau environ. , » Cette matière, brûlée dans un courant d'oxygène, a fourni les résultats suivants : » 0%,1225 de matière desséchée à 120 degrés ont laissé 0f",006 de cen- dres; d'où 0£',1465 de matière réelle ont donné : off,o11 d’eau, d’où = V0,64e 0 ,519 d’ac. carb., d’où C — 96,61. » Nous avons vainement recherché, depuis, cette matière dans d'autres poumons, aussi avons-nous cru un instant que c'était du charbon accidentel; l'examen microscopique de cette matière a levé tout doute à cet égard. MM. Brongniart fils et Decaisne, qui l'ont examiné avec attention, lui ont assigné un caractère particulier. » La légère perte provient, sans aucun doute, soit d'une dessiccation impar- faite de la matiere, soit d’un peu d'azote. L'hydrogène obtenu ne pouvait pas se trouver à l'état d’eau en entier; car on aurait alors 6,64 d'oxygène, tandis qu'il n’en faudrait que 2,66 pour 100 pour compléter le poids 100 de la matière. » GÉOLOGIE.— Sur le mouvement des glaciers. (Extrait d'une Lettre de M. Drsor à M. Élie de Beaumont.) « Vous vous rappelez peut-être qu'en 1842, M. Agassiz introduisit deux thermomètres à minima, de Bunten, dans un trou de sonde, près de l'hôtel des Neufchâtelois, l’un à 5 mètres, l’autre à 2",33 de profondeur. L'année dernière nous ne pûmes songer à les retirer, à cause de la quantité de neige qui recouvrait le glacier en cet endroit. Cette année le même inconvénient existait, quoique à un moindre degré. Je fus obligé de déblayer une couche de neige de 1",60 d'épaisseur (dont la partie inférieure sur une épaisseur de 5o centimètres était transformée en glace opaque ou glace de névé) avant d'atteindre la surface du glacier. La corde à laquelle les instruments ‘étaient suspendus n'indiquait qu'une ablation de 15 centimètres pendant ces deux années. Je trouvai le thermomètre complétement gelé et immobile au milieu dela masse de glace qui l’entourait. Il fut retiré parfaitement intact ‘C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX, N° 24.) 172 ( 1300 }) de sa gaine métallique, le flotteur indiquait — 2°,1 centigrades après la vé- rification du zéro et correction de l'indication. Ainsi donc, le glacier peut non-seulement descendre à une température sensiblement plus basse que zéro, mais, ce que vous aviez prévu et annoncé, savoir, l'existence d'un magasin de froid hivernal, se trouve confirmé par cette expérience. Le mauvais temps qui survint tout d'un coup m'empécha de retirer le second instrument. » Pour la troisième fois l'avancement annuel du glacier allait être mesuré au moyen du réseau de bloes dont l'emplacement fut déterminé trigono- métriquement par M. Wild en 1842. M. Stengel, élève de M. d'Osterwald, fut chargé de ce travail cette année. Les résultats de ses mesures concordent d'une manière frappante avec ceux de l’année dernière , ainsi que vous le verrez par le tableau ci-joint, qui représente l'avancement des deux années. AVANCEMENT AVANCEMENT du 4 septembre 1842 au du 15 août 1843 au 15 août 1844. 30 août 1844. NUMEROS des blocs. AVANCEMENT TOTAL des deux années. 25,04 62,03 87 où 66,28 81,08 147,05 41,79 56,02 98,00 38,64 50,00 88,06 69,57 84,08 154,04 3,39 a disparu » 1,61 n’a pas été mesuré » 56,77 51,05 108,04 46,62 58,06 105,05 59,15 713,07 132,07 50,42 65,05 116,00 27,04 35,02 62,02 37,20 25,04 62,06 32,73 : 43,03 76,00 30,51 38,08 69,03 21,03 17,04 38,04 25,48 27,09 53,04 23,00 / 23,07 46,06 ( 1301 ) » Si l’on compare entre eux les blocs qui se trouvent sur la moraine mé- diane, par conséquent au maximum de l'avancement sur uue coupe donnée, savoir, les numéros 1,2, 5,8, 10, 11,13, 15,17, 18, on trouvera que leur vitesse va en diminuant, à partir du numéro 5, qui est au maximum d'accélé- ration , si bien que la vitesse du numéro 18, près de l'extrémité, est à celle du numéro , à peu près comme 1 à 3 (25). Ainsi se trouve confirmée cette loi que M. Agassiz avait déduite de ses premieres observations, savoir, que les glaciers (le glacier de l’Aar du moins) ne cheminent pas d'une manière uni- forme dans toute leur étendue, et que, loin d'augmenter de vitesse de haut en bas, ils s'avancent au contraire dans une progression décroissante, à partir d'une région plus ou moins rapprochée du névé. Ces rapports de vitesse des différentes stations sont encore confirmés par une troisième série de mesures qui fut exécutée en 1843 par M. Wild, en vue de connaître l'avancement de ces mêmes points pendant l'espace de cinquante-sept jours, du 19 juin 1843 au 15 août de la même année. Cette diminution de vitesse d’amont en aval est en liaison intime avec la forme des moraines médianes, qui s’'élar- gissent dans la même proportion que le mouvement se ralentit, ce qui per- met jusqu'à un certain point de juger de la vitesse relative des différentes parties d'un glacier, d’après la disposition de ces mêmes moraines. » M. Agassiz avait fait précédemment (1842) une série d'observations sur l'avancement journalier du glacier de PAar, près de l'hôtel des Neufchâtelois ; mais comme le pieu qui servait de signal n'était pas au milieu du glacier, il ne pouvait indiquer que le mouvement de cette partie et non pas le maxi- mum du mouvement journalier, qui, comme l'on sait, se trouve au milieu du glacier. Je plantai cette année ma perche au milieu de la moraine mé- diane, je l’alignai avec deux points fixes des rives, et, an moyen d'une lu- nette solidement fixée sur le rocher, j'observais tous les jours l'avancement. Le point que je choisis est à 4 kilomètres de l'extrémité du glacier, au-dessous du Pavillon, en un endroit où le mouvement annuel est de 60 mètres, d'a- prés les indications du réseau de blocs. Les observations ont été faites pen- dant vingt-cinq Jours, ordinairement trois fois par jour, le matin, à midi et le soir. La moyenne de l'avancement journalier de la perche a été pen- dant ce temps de 0,203. Mais l'avancement était loin d'être uniforme, il variait considérablement suivant les conditions atmosphériques. Vers la mi- août, le temps fut froid et brumeux, il neigeait à peu près tous les jours; aussi l'avancement n'at-il été, pendant les neuf premiers jours de notre sé- jour, du 12 au 21 août, que de 1,40, soit o",155 par jour, tandis que pendant les seize jours suivants, qui furent, à quelques exceptions près, 172. ( 1302 }) chauds et sereins, l'avancement a été de 3,69, soit 0",230 par jour, chiffre proportionnellement bien supérieur au maximum d'avancement annuel de cette station. » Je construisis à la même hauteur, au pied du Pavillon , un autre appa- reil destiné à mesurer journellement le mouvement du bord du glacier. L'expérience m avait appris que les pieux isolés n'offrent pas un depré de précision suffisant pour des observations journalières. J'enfonçai, en consé- quence, trois piquets dans la glace, à une profondeur de 2 mètres, et les ali- guai à une distance de 5 mètres du rivage. Je les réunis ensuite au moyen d'une poutre traversière, sur laquelle était fixé un indicateur qui correspon- dait à une mesure métrique sur le rocher. J'avais ainsi un appareil solide au moyen duquel je pouvais observer, à 1 millimètre près, le mouvement du glacier d'heure en heure, sans avoir à m'inquiéter du brouillard ni de la pluie. Aucune erreur n'était possible de la part de l'observateur, qui n'avait qu'à inscrire à chaque observation le chiffre auquel l'aiguille correspondait. Pendant huit jours (du 27 août à midi au 4 septembre à midi), l’avance- ment total a été de 0.190, soit 15 millimètres par jour. Du 4 septembre au 4 novembre, l'avancement total a été de bo centimètres, par conséquent bien plus lent encore (environ 8 millimètres par jour). Il résulte de là que l'avancement journalier du bord pendant l'été est à celui de la moraine mé- diane, comme 1 à 14, résultat qui concorde admirablement avec celui des mesures annuelles des deux lignes transversales de pieux qui furent organi- sées en 1842 par les soins de M. Agassiz, et d’après lesquelles le mouvement des différentes parties du glacier sur une ligne transversale peut s'exprimer par une courbe ou un arc dont le sommet est à la moraine médiane. Un fait particulier qui n'avait pas encore été signalé, c'est que près des bords, le mouvement est à peu près aussi accéléré dans la direction transversale , c'est- à-dire contre le rivage, que d’amont en aval, ce qui n'obligeait à raccourcir de temps en temps l'indicateur, pour l'empêcher de toucher au rocher. » Comme la plupart des glaciers, et dans le nombre celui de lAar, étaient en progression cette année, par suite de la grande accumulation des neiges et du peu de fonte de l'été de 1843, je fus curieux de connaître la quan- tité dont l'extrémité se portait en avant dans un temps donné. J'employai à cette fin un appareil des plus simples; je pris un bâton que je posai sur quelques pierres libres, en l'appliquant par l'une de ses extrémités contre la face verticale d’une grande pierre de la moraine; de cette maniere, le moindre avancement de la moraine poussait le bâton en avant, dont l'ex- trémité opposée débordait d'autant les pierres libres sur lesquelles il repo- ( 1303 ) sait. Or, comme le bâton était gradué, il suffisait de compter les millimètres en avant de la première pierre libre, pour savoir au Juste de combien le glacier s'était avancé. Ce mouvement de translation est excessivement faible. Du 18 août au 4 septembre, l'avancement total a été de 0",155, ce qui fait environ o millimètres par jour. Du 4 septembre au 4 novembre, le mouve- ment s’est encore ralenti, il n'a été que de 0,205, c’est-à-dire d'environ 5 millimètres par jour. Je l'ai toujours trouvé très-uniforme, ne présentant que des différences de 2 ou 3 millimètres par jour ; d'où je conclus qu'à son extrémité, comme dans son cours supérieur, le glacier n'avance pas d’une manière brusque, par saccades, comme on le supposait Jadis, mais que sa marche est graduelle et continue. » Mais ce à quoi je m'appliquai surtout, ce fut d'observer le mouvement des glaciers latéraux suspendus aux flancs des montagnes (glaciers de second ordre de Saussure) sur lesquels on ne possédait aucun renseignement. J’or- ganisai à cette fin des stations sur plusieurs des glaciers latéraux qui débou- chent dans le grand glacier de l'Aar, et comme leur largeur n'est pas telle qu'on ne puisse distinguer un bâton d'une rive à l’autre, il suffisait de planter des pieux dass le glacier et de les aligner avec des points fixes du rivage. Je choisis d’abord le glacier de Grünsberg, le plus incliné de tous; un pre- mier pieu fut planté au milieu du glacier, à une distance de 120 mètres du confluent, en un endroit où la pente de la surface est de 32 degrés ; un se- cond pieu fut aligné de la même manière, 550 mètres plus haut, en un endroit où la pente est de 30 degrés. Les deux pieux ont cheminé avec des vitesses très-différentes. La moyenne des observations donne pour le pieu supérieur 12,73 en vingt-quatre jours (du 12 août au 4 septembre), c'est-à- dire 0",072 par jour, tandis que le pieu inférieur n'a cheminé dans le même laps de temps que de 0",49 ou de 20 millimètres par jour. Du 4 septembre au 4 novembre, l'avancement s'est considérablement ralenti. mais en se maintenant à peu près dans les mêmes proportions; le pieu supérieur à avancé de 1,07; le pieu inférieur de 0,56. » J'ai répété les mêmes expériences au glacier du Siberberg, qui est à côté et en amont du précédent; seulement, comme il est plus large et pré- sente des différences notables d'inclinaison sur une même section transver- sale, j'ai cru utile d'aligner plusieurs pieux dans une section. La premiere ou l’inférieure , composée de deux pieux, était à environ 5o mètres du con- fluent; la seconde ou la supérieure, composée de trois pieux, 80 metres plus haut. Dans la première, l’inclinaison de la surface du glacier était, au picu de gauche, de 24 degrés; an pieu de droite, de 32 degrés ; dans la se- ( 1304 ) coude section, elle était de 30 degrés au pieu de gauche, de 33 degrés au pieu du milieu et de 42 degrés au pieu de droite. Les résultats ont été ana- logues à ceux que m'avaient offert les stations du glacier de Grünsberg, en ce sens que la ligne supérieure a aussi marché plus vite que la ligne infé- rieure, quoique dans une proportion moins considérable. Le pieu du milieu de la section supérieure, le plus accéléré de tous, a avancé pendant vingt- deux jours (du 14 août au 4 septembre) de 0,93 ou 0",042 par jour, et du 4 septembre au 4 novembre, de 1%,47 ou de 0,24 par jour. Les pieux de la ligne inférieure ont parcouru, dans les mêmes espaces de temps, la première fois 0",038 , et la seconde fois 0,016 par jour. La différence de vitesse entre les deux sections est par conséquent moindre qu'au glacier de Grünsberg, ce qui s'explique en partie par la distance moins considérable qui les séparait, distance qui était, au glacier de Grünsberg . de 150 mètres, au glacier de Sil- berberg, seulement de 80 mètres. » Si nous comparons ces chiffres avec ceux de l'avancement de la mo- raine médiane du grand glacier, nous verrons que, malgré leur forte pente, les glaciers latéraux marchent beaucoup plus lentement, dans le rapport de {à 3, puisque le pieu qui a cheminé le plus vite, celui de la station su- périeure des glaciers de Grünsberg, n’a franchi en vingt-quatre jours qu'un espace de 1,73, tandis que le grand glacier a parcouru, dans le même laps de temps, un espace de 5,09. » Une autre conséquence qui découle de ces observations et qui est plei- nement confirmée par les observations faites au grand glacier, c'est que le mouvement s'est ralenti de moitié depuis le mois de septembre, d'où je con- clus, avec M. Agassiz, que les glaciers sont au maximum de leur accéléra- tion en été, et que leur mouvement est tres-faible en hiver, si toutefois ils ne sont pas stationnaires. » Mais le fait que ces glaciers latéraux à forte pente cheminent beaucoup plus lentement que le glacier principal dont la pente est très-faible (4 à 6 de- grés) ne s'explique-t-il pas par la position particulière des deux glaciers en question ? Et comme ils atteignent l'un et l'autre le grand glacier, ne doit-on pas admettre que celui-ci les retarde, en faisant barrage devant leur extré- mité, de même qu'une grande riviere retarde plus où moins le cours de ses affluents? Prévoyant cette objection, j'ai eu soin de répéter l'expé- rience sur deux glaciers latéraux de la rive gauche, qui n'atteignent pas le grand glacier : ce sont le glacier antérieur de Trift, qui aboutit à peu près au-dessus du Pavillon, à une hauteur absolue de 2600 mètres (700 mètres au-dessus du glacier), et le glacier postérieur de Trift, qui aboutit en face de ( 1306 ) l'hôtel des Neufchâtelois, à 3000 metres de hauteur (5oo mètres au-dessus du glacier). J'alignai trois pieux sur le glacier antérieur, à une distance de 0 mètres de l'extrémité, en un endroit où le glacier est entièrement libre sur les côtés, et où la pente, après avoir été assez douce, devient tout à coup très- roide (28 degrés en moyenne). Le peu d'élévation des rives m'empêcha de faire une seconde section plus haut. Or, pendant vingt-deux jours (du 14 août au 4 septembre), le maximum de l'avancement (au pieu de gauche) a été de 1%,11, soit 55 millimètres par jour, par conséquent moindre qu'au glacier de Grünsberg, et cependant aucun obstacle ne s'opposait à sa progression. » Au glacier postérieur de Trift, je pus établir deux stations: la première d'un seul pieu, près de l'issue du glacier, en un endroit où la pente est, en moyenne, de 25 degrés; la seconde de deux pieux, à quelques cent mètres plus haut, près de l’origine du glacier, en un endroit où la pente moyenne est de 15 degrés. Or, en treize jours, du 23 août au 4 septembre, l’'avance- ment de la station inférieure a été de 0,72 on 55 millimètres par jour. Le plus accéléré des deux pieux de la ligne supérieure a parcouru , dans le même temps, 0",61, soit 47 millimètres par jour. » Il me paraît évident d’après cela que, dans certains cas, le grand glacier peut réellement faire obstacle à la marche des glaciers latéraux, et c’est pour cela que nous voyons les glaciers de Grünsberg et de Silberberg ralentir leur marche à l'approche du confluent, tandis que le glacier postérieur de Trift, qui ne rencontre pas d’obstacle pareil dans son cours, va, au contraire, en aug- mentant de vitesse. Mais il en n’est pas moins évident que la différence de vitesse entre le grand glacier et les glaciers latéraux , différence qui est toute à l'avantage du premier, a sa cause essentielle ailleurs que dans cet obstacle, puisque les deux glaciers de Trift, qui ne sont en aucune façon génés dans leur cours, n'en marchent pas plus vite pour cela. » Il mimportait de savoir si les masses de névé qui remplissent les en- tailles du rivage, et que M. de Charpentier désigne sous le nom de bas-néves, étaient aussi dénuées de mouvement. Ces masses sont de neige ou de névé à leur surface, mais leur intérieur est de glace, de cette glace terne et bulleuse que j'ai désignée sous le nom de glace de névé. H ya, sur les flancs de Es- cherhorn, un couloir rempli de ce névé, qui s'élève presque jusqu'au sommet du pic, en se rétrécissant de bas en haut; j'y établis plusieurs stations: la pre- mière ou la supérieure, à l’origine du premier élargissement, environ 300 mètres, au-dessus du confluent, en un endroit où la pente est de 43 degrés; la seconde, composée de deux pieux , à l’origine du second élargissement , 150 mètres plus bas, en un endroit où la pente est de 40 degrés, et une troi- ( 1306 ) sième, composée d’un pieu à l'origine du troisieme élargissement, par une inclinaison de 29 degrés. L'avancement a été en seize jours (du 19 août au 4 septembre), A la station supérieure, par une inclinaison de 43 deg., de o",11, ou par jour, de 7 millim. À la station moyenne. . . . . . . . . . . . {o deg., de o",28, 17 millimètres par jour. À la station inférieure, . . . . . . . . . . . 29 deg., de o",58, 36 millimètres par jour. » 11 y a donc eu ici accélération notable de haut en bas, puisque la station inférieure a marché cinq fois plus vite que la station supérieure, et cependant la pente est de plus d'un quart moins considérable; mais, en revanche, la masse est beaucoup plus large, et, d’après le relief des bords, beaucoup plus profonde. Tout concourt donc à nous prouver que la pente ne joue qu'un faible rôle dans le mouvement des glaciers, tandis que la masse influe d’une manière beaucoup plus directe sur sa vitesse. C’est aussi uniquement de cette manière qu'on peut se rendre compte de la différence de vitesse entre le grand glacier et les glaciers latéraux. La vitesse acquise ne saurait être d'un bien grand poids (au glacier de l'Aar, du moins), puisque le grand glacier va en se ra- lentissant, d'amont en aval. » Reste à expliquer la contradiction apparente qui existe entre les glaciers latéraux qui vont en augmentant de vitesse de haut en bas, lorsqu'ils ne sont pas gênés dans leur cours (témoin le glacier de Trift postérieur), et le grand glacier qui va, au contraire, en se ralentissant. Or, il faut remarquer que le ralentissement n'est point inhérent au glacier dans toute sa longueur, il ne commence qu'à une certaine région (au n° 5 au-dessous de l'hôtel des Neuf- châtelois au glacier de l’Aar); tout ce qui est en amont de ce point suit la règle commune, c'est-à-dire va aussi en augmentant de vitesse de haut en bas. J'envisage par conséquent le ralentissement graduel de la portion terminale et moyenne comme un phénomène propre aux grands glaciers, et Je suis porté à croire qu'il est en liaison intime avec la structure de la glace, qui devient toujours plus compacte vers l'extrémité, ainsi que l'ont démontré les recherches que M. Doilfuss a faites cette année sur la densité de la glace. Par cette raison, et à cause de la forme des moraines médianes que j'ai retrouvée la même sur plusieurs glaciers, je ne pense pas que le ralentissement des ré- gions terminale et moyenne soit un phénomène exclusivement propre au glacier de l'Aar; c’est la règle et non l'exception. » J'ai acquis la certitude que la clarté des nuits, qui est souvent si frap- pante au glacier même, au milieu du brouillard, est due à une phosphores- cence particulière du glacier. C'est une lumière propre qui ne devient sen- ssrse ( 1307 ) sible qu'autant que les autres sources de lumière, la lune et Les étoiles, ne sont pas visibles. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'installation d'un maréographe à Toulon, et sur les marées d Akaroa (Nouvelle-Zélande); Lettre de M. Cuazarrow à M. Arago. « Vous avez si puissamment contribué à l’étude intéressante du phéno- mène des marées, que je crois remplir un devoir en prenant la liberté de vous adresser les remarques que j'ai faites lors de l'installation récente d’un maréographe dans le port de Toulon. » Cet instrument, exécuté par M. Wagner neveu, est analogue à celui que j'ai établi, en 1843, à Alger; il donne la grandeur réelle du flux et reflux, et les hauteurs successives du niveau de la‘ mer sont indiquées, d'une manière continue, par les ordonnées d’une courbe dont les abscisses représentent le temps, à raison de ? millimètre pour une minute. » J'ai trouvé un bienveillant concours près de l'amiral Baudin, qui a donné des ordres pour que l’état du vent et de la mer fût noté de deux heures en deux heures à bord du stationnaire. » L'assistance de M. l'ingénieur en chef Noël et celle, surtout, de M. l'ingé- nieur Lambert, m'ont été fort utiles. Cet ingénieur a fait tracer sur une plaque de bronze, scellée dans le puits de marée, une ligne de repére qui pourra servir dans l'avenir à relier les observations des marées et à constater la va- riation ou la permanence du niveau d'équilibre. » J'ai pu suivre pendant quatre à cinq jours la marche du maréographe ; le vent s'étant élevé vers la fin du deuxième jour, j'ai eu occasion de recon- naître l'existence d’une ondulation assez curieuse qui n'avait pas encore été sipnalée. » Tous ceux qui out séjourné quelque temps sur nos côtes, ou à bord d’un navire, ont pu remarquer, dés que le vent souffle, qu'il se forme à la surface de la mer une série d'ondes , lames on vagues, qui viennent successivement se briser contre le rivage. Ces ondes, plus ou moins considérables selon l’inten- sité du vent, ont ordinairement une amplitude de 30 à 120 centimètres, et une longueur de 15 à 25 mètres (1). Eh bien, outre ces petites ondes bien (1) En 1840, j'ai suivi, avec une montre à secondes, pendant plus d’une heure , le mouve- ment périodique de ces lames, et j'ai trouvé 18 secondes pour la durée de leur période sur la plage de Saint-Malo. L'écart en plus ou en moins n’a jamais excédé une seconde. Il est probable C.R,, 1844, 27€ Semestre. ( T. XIX, Nc 24) 173 ( 1308 }) visibles à l'œil, et qui semblent courir les unes après les autres, il existe, à Toulon, une autre onde dont la longueur doit être considérable (probablement de 2 à 3000 mètres), et dont la période, assez régulière, est d'environ 15 mi- nutes, tandis que l'amplitude varie de 5 à 10 centimètres. » Une onde analogue se développe également à Alger, ainsi que j'ai pu le constater au moyen des courbes qui m'ont été envoyées par M. Poirel, ingénieur en chef des travaux du port, et près duquel j'avais trouvé un pré- cieux concours pour l'établissement du maréographe; seulement la période est plus longue que celle de Toulon, et sa durée est de 20 à 26 minutes. Lorsque j'aurai réuni les courbes tracées simultanément à Alger et à Toulon, il pourra en résulter des rapprochements intéressants. Je reviendrai plus tard sur les marées d'Alger et de Toulon; pour le moment je me bornerai à dire que la marée diurne dont j'avais déjà signalé l'existence à Toulon, se montre d'une manière tout aussi manifeste dans les marées d'Alger. » Je vais actuellement, monsieur, vous présenter le résumé de la discussion des marées observées à nos aatipodes, c'est-à-dire à Akaroa, dans l’anse Paka- Ariki (presqu'île de Banks, Nouvelle-Zélande). Ces observations, conformé- ment à mes désirs, ont été faites de quart d'heure en quart d'heure, et suivies nuit et jour; elles embrassent une lunaison du mois de septembre 1843 et uue lunaison du mois de janvier 1844. Elles m'ont été envoyées par un officier dont l'Académie apprécie le savoir, connaît le zèle pour la science, et dont le nom est une garantie d'exactitude, M. le commandant Bérard. Ce sont les premières observations qui permettent d'étudier d’une manière un peu complète les lois du mouvement de la mer dans ces parages ; aussi n'ai-je pas hésité, malgré la longueur des calculs , à les discuter jour par Jour. » Le tracé graphique des observations donne des courbes assez irrégu- que la durée de cette période varie dans le même lieu par différents verts et par différents états de la mer; c’est une étude qui pourrait aisément être faite, même avec une montre ordinaire , par une personne habitant les bords de la mer. J’ai fait de semblables observations à Alger, et j'ai trouvé seulement 9+ secondes pour la période. En 1844, M. Keller, ingénieur hydrographe, a trouvé, le long de la jetée de Cherbourg, de 7 à 10 secondes pour cette période, et de 20 à 35 mètres pour la distance des sommets de deux lames consécutives. La forme et la période de ces petites ondes pourraient être étudiées avec le maréographe, en ouvrant une large com- munication du puits avec la mer, et accélérant considérablement le mouvement de l'horloge, de manière qu'une seconde de temps fût représentée sur la feuille de papier par 9 ou 10 milli- mètres; mais, pour l'étude des marées, j'ai tâché, autant que possible, d'anéantir l'effet de ces petites ondes, en donnant à l’orifice de communication du puits avec la mer une section moindre que + de la section horizontale du puits. te nt de Le nn de à pie ts. dit “hé hd ( 1309 ) lières, et cette irrégularité semble tenir à des ondes analogues à celles dont nous venons de signaler l'existence dans la Méditerranée; seulement la pé- riode serait d'environ une beure; les observations étant discontinues, on n'a que des fragments de ces ondulations, et il est difficile de suivre leurs di- verses phases. Quoi qu'il en soit, ces irrégularités disparaissent sensiblement en faisant intervenir dans les calculs presque toutes les observations de la Journée. Pour les discuter, J'ai employé la méthode qui m'a servi à obtenir (dans le Mémoire présenté à l’Académie, en mars 1842) la loi du mouve- ment d'ascension et de descension de la mer dans les principaux ports, au nombre de 21, compris entre l'embouchure de l’Adour et l'entrée de l'Elbe. Cette méthode consiste à diviser l'intervalle de temps compris entre deux pleines mers ou deux basses mers consécutives, du matin ou du soir, en 64 parties égales et à prendre sur les courbes les hauteurs de la mer corres- pondantes. On a ainsi soixante-quatre équations de condition pour déterminer le niveau d'équilibre et les diverses ondulations dont l'ensemble constitue la marée ; en traitant ces équations par la méthode des moindres carrés, on ar- rive à des équations fort simples qui servent à la détermination des marées diurne, semi-diurne, tiers-diurne, quart-diurne, etc. » Au lieu d'employer simultanément ces soixante-quatre équations, je préfère cependant les diviser en deux groupes de trente-deux équations chaque, que je traite séparément, et dont les résultats se contrôlent mutuel- lement. » La marée semi-diurne, c'est-à-dire celle dont le maximum se manifeste de douze en douze heures lunaires, existe presque seule à Akaroa ; les autres ondulations sont à peu près nulles. Après avoir déterminé avec soin la grandeur de la marée semi-diurne pour chaque jour, je me suis attaché à la recherche d'un élément important et sur lequel on n’a encore qu'un très- petit nombre de données certaines; je veux parler du retard des marées, c'est-à-dire de l'intervalle de temps qui s'écoule entre l’action développée par les astres, à midi par exemple, et l'instant où cette action se manifeste. Cette recherche était d'autant plus intéressante qu'il semblerait, d'après les travaux de MM. Lubbock et Whewell, que les marées sont engendrées dans le vaste océan du Sud, à l'instant même du passage des astres au méridien, puis se propagent de cette mer vers les divers points du globe. Eh bien, les obser- -vations de la Nouvelle-Zélande ne confirment point cette manière de voir; la, comme dans la Manche, le retard est denviron quarante heures. » De prime abord, avant d'entrer dans les détails du phénomène, je me serais attendu à de tout autres résultats , car le maximum de la marée, vers 70e ( 1310 ) l'époque des syzygies, et le minimum vers les quadratures, quelquefois pré- cède et quelquefois suit l'instant de ces phases; en outre, contrairement à ce qui s'observe sur nos côtes , la marée des quadratures est assez souvent plus considérable que la marée des syzygies : ainsi, à la quadrature du 1 octobre, la marée était de 1,756; tandis qu’à la syzygie suivante (8 oc- tobre), elle était seulement de 1",558; à la syzygie du 6 janvier, la marée était de 1°,630; à la quadrature suivante, on avait 1,744. Ces diverses particularités résultent de la petitesse de la marée solaire comparativement à la marée lunaire; effectivement la lunaison de septembre donne : Unité lunaire. ... .0",924, Unité solaire..... 0o",030. Le rapport de ces marées, au lieu d'être à peu près 3, comme à Brest, est donc plus que 30. Le peu d'influence du soleil est en outre rendu manifeste par les heures des pleines mers de la marée semi-diurne, car, en ajou- tant la constante 40" 51" à l'heure du passage de la lune au méridien d'Aka- roa, l'erreur maxima, sur l'instant de la pleine mer, ne dépasse pas + 10 minutes, tandis qu'à Brest, en opérant d'une manière analogue , l'erreur s’élè- verait à + b2 minutes. Si de nouvelles observations confirmaient les résultats précédents ; si l'effet solaire était réellement très-petit à l'époque des équinoxes, il en résul- terait la conséquence remarquable, que cet effet s'accroît avec la déclinaison. Voici effectivement ce que l’on déduit des observations solsticiales de janvier : Unité lunaire.... 0",916, Unité solaire..... o",130. Le rapport est à peu près 7, et l'effet solaire est devenu quadruple de ce qu'il était en septembre. Cet accroissement d'effet se manifeste encore sur les heures; car, en ajoutant la constante 40!" 51" aux passages méridiens de la lune, l'erreur, sur l'instant de la pleine mer, s'élève à +91 minutes. » L'unité lunaire , déduite des observations de janvier, présente un accord tres-satisfaisant avec la valeur donnée par les observations de septembre; nous adopterons 0",920 pour cette unité. Quant à ce que l'on nomme unité de hauteur, on voit, par ce qui précède, que sa valeur sera un peu diffé- rente, selon la lanaison que l’on fera servir à sa détermination : on trouve- rait pour sa valeur moyenne 0,960. » Un autre fait important résulte des observations : lorsque le soleil et la Hé passent simultanément au méridien, les effets solaires et lunaires pro- LA. ( s3nx ) duits par chacun de ces astres ne se manifestent pas à Akaroa , après le même laps de temps; si la lune fait sentir son action après 4051", le soleil y fera sentir la sienne après 39" 1"; en d’autres termes, le maximum de l'onde so- laire a lieu 1 * 50 plus tôt que celui de l'onde lunaire. » En omettant cette considération dans les calculs, les résultats qu'on en déduit s'accordent moins bienavec les observations; les données de septembre malgré la petitesse de la marée solaire, confirment le même fait. » Ainsi, à mesure que nos connaissances sur les marées se développent, le phénomène semble devenir de plus en plus complexe; mais en même temps certains faits, inexplicables d'abord et qui semblaient isolés, se groupent et s'enchainent mieux avec d’autres. Il serait possible, par exemple, qu'une cir- constance analogue à celle des marées d’Akaroa subsistât également dans les marées de Brest, ce qui pourrait permettre d'obtenir le rapport 2,353 (qui sert à la détermination de celui des masses du soleil et de la lune) sans em- ployer les considérations de l'illustre Laplace, au sujet desquelles un savant anglais, M. Lubbock, s'exprime ainsi : « Laplace makes ta — 2,353 from the Brest tide observations, but the » considerations through wich he arrived at this value do not seem free » from obscurity. » » Permettez-moi, monsieur, de terminer en disant deux mots au sujet d'une communication insérée, page 562, t. XIX, des Comptes rendus. M. Airy propose, pour une nouvelle marée, la dénomination de quarto-diurne. C’est une marée dont j'ai signalé l'existence depuis longtemps et que j'ai déjà dé- nommée quart-diurne. Voici, en effet, comment je m'exprimais à ce sujet, en 1841 (Ænnuaire des Marées pour 1842, pages 8 et 9) : « ... J'espère pouvoir publier bientôt le résultat de mes recherches sur » les lois d'ascension et de descension de la mer, dans nos divers ports.. .. » Cette étude, dont je m'occupe depuis 1837 et qui a exigé beaucoup de » temps, m'a révélé l'existence d'une nouvelle marée fort importante, très- » curieuse ct qui était restée inaperçue jusqu'ici, bien qu'elle soit assez con- » sidérable; je veux parler d'une marée qu'on pent dénommer quart-diurne. » » Cette Note devait paraître en 1840, mais la publication de l'Annuaire des Marées fut interrompue cette année-là. Je pourrais rappeler d’autres faits et montrer que, dès 1839, je connaissais l'existence de nouvelles ondes dans les marées. J'avais fait part du résultat de mes recherches à presque tous mes collègnes du Dépôt hydrographique ; mais insister là-dessus me paraît inutile, car loin de moi la pensée que M. Airy aurait pu avoir communication (x3rou) de mes travaux. La seule chose que j'ai voulu établir, c'est que mes recherches m'étaient tout à fait personnelles et étaient complétement indépendantes de celles du savant anglais. » Quant au fait, assurément fort remarquable, rapporté par M. Airy (l'anéantissement de la marée lunaire), il n’est pas sans précédent , et il paraît bien constaté que le même phénomène se manifeste à Taïti. » PHYSIQUE. — Sur l'aptitude que l'œil possède de s'adapter à la vision des objets situés à des distances trés-différentes. (Extrait d’une Lettre de M. Fonres à M. 4rago.) « Je me rappelle que dans votre Éloge de Young vons avez fait une savante critique des différentes théories de l'adaptation de l'œil à des distances variables. Pour chacune de ces théories il y a tant de faits contra- dictoires ou suspects, qu'il est peut-être permis, sans excès de présomption, d'en ajouter une nouvelle. » J'ai eu cette idée depuis trois ans à peu près, mais j'en ai donné seule- ment depuis quelques semaines une notice verbale, très-courte, à la réunion scientifique de Yorck, à propos d'une discussion qui s'est élevée sur cette matière. » Avant tout, il parait naturel de croire que c'est dans le cristallin qu'il faut chercher la cause principale du changement de foyer. Or, cette lentille n'a pas (comme tout le monde sait) des surfaces exactement sphé- riques; de plus, sa composition est hétérogène, la partie centrale étant plus dense. [L'une ou l’autre de ces conditions serait suffisante pour dé- truire complétement l'aberration de sphéricité. Si la forme complexe des surfaces remplit ce but, l’inégale densité est superflue ou nuisible. » Ne peut-il donc pas arriver que cette agrégation de matière dense dans le centre ou noyau de la lentille, se rattache aux changements de forme qu'elle doit subir? - » Il m'a paru très-vraisemblable qu'une lentille à noyau ferme et avec des bords gélatineux, assujettie à une pression uniforme ou hydrostatique tout autour, céderait davantage par les bords et prendrait une forme plus globulaire et arrondie, par conséquent à plus court foyer; en d’autres ter- mes, que l'axe de la lentille se raccourcirait moins que les diamètres situés dans le plan perpendiculaire. J'ai essayé de vérifier ce fait en soumettant le cristallin d'un bœuf à une forte compression hydrostatique ; mais l’extrême difficulté de reconnaître de faibles changements de longueur focale et de ( 2315 ) suspendre la lentille d'une manière stable, mais libre, a laissé l'expérience sans résultat positif. » Si nous admettons cependant, comme probable un tel effet de com- pression, il est facile de voir comment cette pression est produite. Tout le monde s'aperçoit de l'existence d’une force musculaire très-pr que nous portons brusquement les regards, d'un objet itrès-éloigné sur un objet très-près. Je n'ai pas le moindre doute que le globe de l'œil est serré, dans cette circonstance, par tous les muscles qui contribuent à produire son mouvement rotatoire ordinaire, La pression est communiquée à tout l'en- semble de cette masse fluide ou demi-fluide comprise dans et résistante de la sclérotique et de la cornée; et le cristallin, li et pour ainsi dire embrassé par l'humeur aqueuse d’un cô ononcée lors- l'enveloppe tenace brement suspendu leurs anatomistes ne l'admettaieut point. » ASTRONOMIE. — Éléments elliptiques de la comète décou Note de M. Favr. verte à Rome ; « Les éléments n° II ont été comparés avec soin à quarante Positions de la comète observée à l'Observatoire de Paris, soit aux instruments méri- diens, soit à l'équatorial de M. Gambey. Les erreurs de ces élém être ainsi déterminées avec exactitude Pour toute la durée de l'apparition de la comète; elles ont suivi une marche ascendante, il est vrai, mais peu ra- pide, puisque les dernières observations sont représentées à une minute près. ents ont pu » Pour corriger ces erreurs, j'ai déduit de la Comparaison des éléments n° Il, avec l'observation des positions normales de la comète pour huit épo- ques différentes; ces éléments étant déjà fort approchés de la vérité, on peut admettre que leurs erreurs croissent comme les temps dans l'intervalle d'un petit nombre de Jours, supposition qui, en fait, s'est complétement vérifiée ; par conséquent, j'ai pu prendre la moyenne des erreurs données par plusieurs jours d'observation pour l'erreur absolue du jour intermédiaire, et éliminer ainsi, par voie de Compensation, les fautes accidentelles de nos observations. » De ces huit positions normales, trois seulement ont été employées dans (Crus) les calculs définitifs, mais les autres ont été comparées à l'orbite qui en est résultée, afin qu'on puisse immédiatement apprécier le degré de confiance qu'elle mérite. » Voici les éléments définitifs et le tableau des erreurs dont ils sont encore affectés. Temps du passage au périhélie, 18,4, septembre... . 2,483952 Longitude du périhélie. . . . . . . . . . . . . . . 342°3115”,2| équinoxe moyen du Longitude du nœud ascendant. . . . . . . . . . . 63°49/30”,6) 1‘ janvier 1845. DÉC EN PE PE NE M UE EN 2°54'45",0 Excentnicité tee Re SE CO 0120307) Demiserandiaxe 2 CU 0007/0209 Temps de la révolution. . . . . . . . . . . . . . . 5 5mois À ou 1993 jours Erreurs de ces éléments. EN LONGITUDE. EN LATITODE. 3 septembre 1844... ..... — 072 | — 0/2 10 septembre........ Bodo — 2,6 — 1,6 19 Septembre...----....... + 3,9 1 —3;9 30 septembre......... PTE + 0,5 | 0,0 6 'octobre:..."-..10 re — 0, | 0,0 18%actobres. 5 c re — 1,2, lu = 2,4 arostobre--b Fe TS — 2,3 | — 5,6 S'nexembrez-tist+e » Cette orbite est basée sur les seules observations de Paris; mais je l'ai comparée aussi à seize observations faites à Altona, à Hambourg et à Man- heim, qui se trouvent représcutées en moyenne , à moins d'une demi-seconde de degré : il est done permis de croire que ces éléments sont à très-peu près définitifs, et que les corrections qu'on pourrait déduire de l'ensemble cles observations européennes seraient extrêmement faibles. » PHYSIQUE. — AVote sur le déplacement du zéro dans les thermometres; par M. Person. « Les plus grandes élévations observées jusqu'ici dans le zéro des thermo- mètres ne sont qu'une petite fraction «le l'élévation qui tend à se produire, et que les expériences rapportées plus loin ne permettent guère d'évaluer à moins de 15 ou 20 degrés. ( 1315 } » Le retrait du verre, qui produit la diminution du réservoir, se fait mal à la température ordinaire ; en quatre ou cinq années, l'élévation du zéro est à peine d'un demi-deyré, d’après les observations de M. Despretz. » À 300 degrés le travail du verre est plus efficace; mais comme il est encore fort lent à une température si éloignée de celle où la solidification et la trempe ont eu lieu, il faudrait maintenir le réservoir tres-longtemps à 300 degrés pour obtenir une contraction notable. M. Legrand et M. Pierre n'ont pas fait leurs expériences à ce point de vue, ils atteignaient seulement la température de 300 degrés et laissaient refroidir; aussi les plus grandes élévations qu'ils aient observées dépassent rarement 1 degré. » En opérant vers 440 degrés et en maintenant cette température pen- dant plusieurs heures, j'ai obtenu des élévations de 12, de 15 et même de 17 degrés. » Voici le tableau d’une expérience faite sur six thermomètres qui sont restés pendant trois heures dans un bain de nitrate de potasse dont la tem- pérature a varié entre 430 et 450 degrés; ils étaient suspendus pour que leur propre poids ne contribuât pas au rétrécissement du réservoir ; et, comme la pression intérieure était d'environ 4 atmosphères, il est clair que ce rétré- cissement ne peut pas être attribué à la pression extérieure. ÉLEVATION DESIGNATION DES THERMOMÈTRES. du zéro pendant l’expérience, Thermomètre n° X, fait depuis cinq mois, resté à la température ambiante. Zéro élevé de 0°,6. Assez d’air au-dessus du mercure pour qu’il monte à 44o degrés sans bouillir Thermomètre n° XIV, fait tout récemment. Vide d’air Thermomètre n° XIII, du même tube que le n° XIV, mais recuit pendant deux heures à {0 degrés avant l'introduction du mer- cure, vide d’air... REP PRCRE Thermomètre n° XI, zéro déjà monté de 9°,5 par recuitantérieur, vide danses tr RARE eee Thermomètre n° XII, zéro déjà monté de 11°,5 par recuit antérieur, CR CETTE PE MR 00 D de ane cu de HOODOMREONS Thermomètre n° VIII, zéro déjà monté de 13 degrés par recuit antérieur, assez d’air pour pouvoir monter à 460 degrés C. R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, N° 24.) 174 (1316) » J'ajouterai le tableau de la marche ascendante du n° VHI par des re- cuits successifs; le zéro était déjà monté de 5 degrés parce qu’on s'était servi de l'instrument depuis quelque temps pour prendre de très-hautes tempé- ratures. TEMPÉRATURE. DUREE DU RECUIT. ÉLEVATION DU ZERO. 44o° oh20" 430 0.50 400 1,10 44o 1.10 440 1.10 440 30 » Avec le n° VIT était d’abord un autre thermomètre dont les degrés ont près de 22 millimètres; après deux recuits, le zéro était monté d'environ 12 centimètres; on s’est arrêté alors parce que le mercure était presque au bout de sa course. » Tous ces thermomètres sont en cristal de la même fonte, avec un réser- voir soufflé et non pas soudé. » Le rétrécissement graduel du réservoir, que nous voyons s'opérer dans une si grande étendue, est une cause d'erreur dont on ne peut pas toujours tenir compte. Que le thermomètre n° X ait été maintenu pendant trois heures dans un bain que nous supposerons être resté constamment à 440 degrés, la température aura paru s'élever graduellement de 13 degrés. Si, après lex- périence, on prend le zéro, on verra bien qu'il s'est élevé de 13 degrés; mais comme on ne connaîtra pas la marche qu'il aura suivie, il sera im- possible de savoir si la température est réellement restée fixe. Heureusement le recuit offre le moyen d’atténuer, autant qu'on le veut, cette cause d’er- reur; il est certain, par exemple, que le thermomètre n° VIT resterait main- tenant trois heures dans un bain à 440 degrés sans varier de 1 degré. » Les thermomètres XHIT et XIV, faits du même tube et placés dans des circonstances identiques, sont en désaccord de 12 degrés, parce que lun est recuit et que l’autre ne l'est pas; ici on voit nettement la cause de la différence et le moyen de lannuler. Les différences qu'on rencontre si fré- quemment dans les thermomètres tiennent probablement en grande partie | (Casx70) à la même cause, et il est permis de croire que, par un recuit de vingt-quatre heures à 450 degrés, on aura des thermomètres beaucoup plus comparables. » M. Despretz a montré que le réservoir d'un thermomètre qui se re- froidit ne revient pas en général à ses dimensions primitives. Il suit de là que, si l’on n’a pas chauffé assez longtemps pour produire un retrait sensible, le zéro se trouve abaissé après le refroidissement; le contraire a lieu si l’on a chauffé longtemps,. et la combinaison de ces deux effets opposés est sans doute la principale cause des irrégularités qu'on a signalées dans les dépla- cements du zéro. Comme, après le recuit, les contractions et les dilatations du verre seront plus régulières , il est très-possible que l’abaissement du zéro ne s'observe plus, et, l'élévation ne pouvant plus se faire, on aurait un point sensiblement fixe, du moins en évitant les changements brusques de température; c'est une question à étudier. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Lettre de M. A. Duran» sur les diverses appli- cations qui ont été faites de son moteur. « Dans la dernière séance de l’Académie des Sciences, M. le Secrétaire perpétuel, en rendant compte d'une Lettre du Maire de la ville de Ger- beroy, a bien voulu rappeler que la machine à élever l'eau, par l’action du vent, dont elle annonçait une nouvelle application, avait recu, il y a près de trois ans, l'approbation de l'Académie, et que cette circonstance ajoutait un intérêt particulier à cette communication. Puis-je espérer que l'Académie recevrait avec le même intérêt un aperçu sommaire des diffé- rentes applications qu'a reçues cette machine ? » Sa propagation s’est produite par le seul effet du hasard, et sans le se- cours de la publicité; aussi, sur quinze départements où elle est employée, deux seulement appartiennent au Midi : ce sont l'Hérault et la Gironde. » Ceux qui en ont depuis le plus longtemps sont : la Meurthe et les Deux- Sèvres; là ces machines fonctionnent depuis huit ans. » Les profondeurs d'où les eaux sont élevées varient depuis 1 mètre jusqu'à 72. | » Les applications ont, le plus généralement, pour objet l'extraction des eaux pour les services réunis d'arrosement et d'usages domestiques. Les ir- rigations ne sont produites que par quelques-unes d'une manière spéciale. » Enfin, trois de ces appareils sont employés dans des établissements pu- rement industriels, tels qu'une blanchisserie et deux salines. L'une, située dans la Loire-Inférieure, obtient l'évaporation des eaux par leur agitation 174. (STE) résultant de l’action de l'appareil. Le nombre total de ces appareils est de trente. » ASTRONOMIE. — Lumiere polarisée de la Lune. Il est donné lecture d'une Lettre de M. Zanrenesen: à M. Araco. Nous en extrairons ce passage : « Pendant l’éclipse totale de Lune du 31 mai 1844 (Comptes rendus, t. XVIII, p. 1119), vous découvrites des traces manifestes de polarisa- » tiou, en analysant, à l’aide d'un polariscope, la lumière rougeâtre et » diffuse qui, au môment même de la conjonction, éclairait la totalité du » disque de l'astre. Pendant l'éclipse lunaire du 24 novembre 1844, j'ai » confirmé pleinement le phénomène de polarisation que vous avez décou- » vert. » PHYSIQUE. — Sur les explosions des mélanges gazeux. (Lettre de M. Secucus à M. Arago.) « Dans ma Lettre du 30 septembre dernier, j'ai eu l'honneur de vous communiquer les expériences que j'avais faites, avec l'emploi de l'étincelle électrique, pour l'explosion avec pression des divers mélanges d'air et de gaz hydrogène avec ses diverses combinaisons. J'avais porté en même temps à votre connaissance qu'une indisposition, qui m'a retenu dans ma chambre plus d'un mois, était cause que je n'avais pu faire toutes les expériences re- latives à l'explosion des gaz par mon robinet contenant une flamme de gaz. Depuis que j'ai eu l'honneur de vous voir, j'ai complété mes expériences sur une pression de 2 d'atmosphère produite par une colonne d'eau, afin de mettre le gaz dans la même condition que dans les appareils d’explosion, pour qu'aucune incertitude ne puisse avoir lieu. J'ai commencé par donner une pression plus grande au gaz de la flamme du robinet qu'à celui contenu dans l'appareil; j'ai fait fonctionner ce robinet en apportant la plus grande attention à la manière dont la flamme se comportait sous cette pression. Ayant réglé l'émission de cette flamme par la capillarité des trous du bec, et non par le robinet, ce qui aurait ôté de la pression au gaz qui alimente la flamme, jai remarqué que par cette disposition a détonation avait lieu dans le méme ordre que m'avaient donné mes premières expériences. Seulement, la limite était plus tranchée. Alors, pour donner toute la sûreté d'inflammation possible sans l'influence d'aucun courant, j'ai placé aux + de la hauteur de la flamme, au centre de la clef du robinet d’explosion, le plus près possible ds tint} LTÉE & ( 1319 } de l'orifice du trou, un fil de platine formant une espèce de pelote, dont les fils étaient espacés entre eux de manière à ne pas se toucher, mais ce- pendant à conserver mutuellement leur calorique. Au moyen de ce fil de platine, quien deux secondes se trouve rouge-blanc, après avoir pour épreuve mis de l'air seulement dans mon appareil d’explosion, et ensuite donné 2 d’at- mosphère de pression, j'ai réduit à une pression faible le gaz alimentant la flamme de l'intérieur du robinet. » J'ai vu alors qu'en fermant et ouvrant de suite à plusieurs reprises le ro- binet d’explosion, la flamme se rallumait instantanément chaque fois par l'in- candescence du fil de platine; d’où j'ai conclu que cette disposition était in- faillible pour l'inflammation du gaz détonant. En conséquence, j'ai suivi, ainsi installé, mes expériences, et j'ai alors fait détoner successivement, jusqu'à + d’atmosphère de pression, les divers mélanges détonants précités. J'ai remarqué dans leurs diverses détonations une différence très-sensible dans l’instantanéité de l'explosion. Le gaz de houille, dans l'échelle, est celui qui détone le plus lentement, et le gaz hydrogène pur le plus vivement ; mais ces détonations en temps sont toutes divisibles par la pensée, tandis que lorsque l'on emploie l'étincelle électrique, il n’y a qu'un coup indivisible. » Je n'ai pu pousser plus loin ces expériences, n'étant pas muni d'appareils qui me permissent de porter plus haut la pression, pensant d’ailleurs que cela serait tout à fait en dehors des expériences nécessaires pour régler les fonctions de mes appareils. » En résumé : le gaz hydrogène,avec ses diverses combinaisons ou mélanges rendus détonants, est d'autant moinsinfiammable qu'il s'éloigne plus du gaz hy- drogène pur, malgré les proportions observées, et c'est cette différence qui faisait que le gaz hydrogène pur détonait avec 5o centimètres de pression de mercure, tandis que le gaz de houille ne détonait plus à 12 centimètres de pression. C’est le plus ou moins d'instantanéité de l'inflammation qui faisait cette différence. Car, par quoi la flamme était-elle éteinte ? c'était par le gaz détonant; il était en contact avec cette flamme, puisque, dans les deux cas, la pression existait; que même pour l'hydrogène pur, la pression montait à 50 centimètres avec explosion, ce qui était quatre fois plus de pression que pour le gaz de houille. Le fil de platine conserve son incandescence malgré le cou- rant produit par la pression, et, comme sa haute température persiste, la détonation a lieu avec les modifications énoncées plus haut. Dans mes pré- cédentes Lettres, j'ai rendu compte des effets produits en spécifant l'emploi de mon robinet d'explosion. J'ai dû pousser ces expériences jusque-là, afin de vérifier le fait qui se rattachait à l'emploi que j'en fais. (570) » Ainsi, monsieur, je prie l'Académie d'inviter la Commission à faire sou Rapport surles avantages qui peuvent résulter de mon nonveau moteur, avan- tages que j'ai énumérés dans ma précédente Lettre. Si j'ai omis, comme on l'a fait observer, de parler des hélices, c'est que les hélices n'agissent que par renvoi de la force que donne la vapeur, en poussant le piston, tandis que mes appareils agissent directement contre l’eau et par une propulsion horizontale. Quant à la force de résistance que présentent mes boucliers-rames articulés qui sont sur la tige des pistons, la surface qu'ils présentent est de -7> de leur surface totale; en conséquence, le vide produit par l'oxygène et l'hydrogène qui ont formé l’eau par la détonation, joint à la pression de l’eau exercée par la position de mes appareils au-dessous de la flottaison, est plus que suffisant pour faire, sans autre agent, revenir le piston et par conséquent le bouclier- rame à sa surface. Quand le bâtiment marche à la voile , la résistance pour quatre boucliers-rames est en plus, de 280 centimètres de surface, ce qui, avec la vitesse du sillage, ne présente que la résistance formulée dans ma précédente Lettre, de 60 à 70 kilogrammes. J'ai la conviction d'avoir rempli le but que je me suis proposé, ainsi que je vous l'ai exprimé dans ma dernière Lettre. Les expériences auxquelles je me suis livré depuis, ne font que justifier comme économie et sûreté la supériorité de mon robinet d’explo- sion sur les agents électriques et voltaïques pour l'inflammation des gaz, sur- tout depuis que j'ai ajouté l'ignition du platine à la flamme de gaz, ce qui donne une sûreté surabondante, mais qu'il est toujours mieux d'avoir à sa disposition. »* Je vous prie, monsieur, de vouloir bien remarquer que dans ces der- nières expériences que j'ai faites et dans leur communication à l'Académie, je n'ai en vue que d'appeler l'attention sur les diverses anomalies qui se signa- lent dans l'emploi des agents qui doivent déterminer l'explosion des gaz com- primés et des différences qui existent, selon leur nature et leur mélange; ces expériences ne se rattachent qu'accessoirement à mon système de moteur. » Après cette communication, M. Araco a parlé d'expériences de M. Joun- srox, desquelles il paraît résulter que la force provenant de l'explosion d'un mélange gazeux, est dépendante de l'intensité de l'étincelle qui a produit l'inflammation. M. Vaincer-n'Aousr écrit relativement à un météore lumineux qu'il a observé à Paris dans la soirée du 9 décembre (5! 20% environ); quoique le (Crea) ciel füt couvert d'une épaisse couche de nuages très-peu élevés, la traînée lumineuse a été aperçue presque depuis le zénith jusqu’à l'horizon. M. Roserr adresse une MWote sur les habitudes de certaines fourmis qui recherchent avec empressement la liqueur sucrée fournie par les pucerons. M. A. Roucer ne Euse écrit relativement aux premiers essais de fours aërothermes, dont l'invention remonte, suivant lui, au Hollandais Drebbel, qui en aurait installé en Anpleterre. « Ces fours, ajoute l’auteur de la Lettre, sont parfaitement décrits dans les voyages de Monconys, publiés en 1662 (édit. in-12, t. Il, p. 76). Ce serait aussi à Drebbel qu'il faudrait rapporter, d’après l’auteur de la Lettre, l'invention d’une lance incendiaire, désignée à une époque postérieure sous le nom de flèche incendiaire de Warner. » Cette Lettre est renvoyée, comme pièce à consulter, à la Commission char- gée de faire le Rapport sur le four de M. Mouchot. \ M. Harcerre écrit qu'il vient d'installer à Arras, sur une longueur de 100 mètres, un spécimen de son chemin de fer atmosphérique. «Dans ce court tra- jet, dit l’auteur de la Lettre, j'ai réuni tous les cas qui peuvent se présenter sur une longue ligne, et les résultats des expériences répétées que je fais depuis quelques jours confirment pleinement ceux que j'avais obtenus avec l'ap- pareil provisoire employé dans mes précédents essais. Je crois donc être maintenant en mesure de prouver parfaitement à la Commission de l'Aca- démie, que mon système satisfait, par des moyens d'une simplicité extrême, à toutes les conditions d'une fermeture parfaite de la rainure longitudinale du tube de propulsion, et que l'interruption de ces tubes pour les passages à niveau ou les changements de voie est sans inconvénients. Un piston qui sort d'un tube, après s’en être fait ouvrir le clapet de sortie par l'air comprimé, et sans le moindre choc, rentre dans un autre tube et le traverse, pour aller ensuite épuiser sa force vive sur un plan incliné, en descendre par sa gravité, rentrer dans le même tube et retourner à sa place avec des vitesses de 28 à 38 kilomètres à l'heure. » M. Cnameroy annonce qu'il a terminé un spécimen de son nouveau système de locomotion par l'air comprimé, et exprime le désir que MM. les Com- missaires qui ont été chargés de rendre compte à l’Académie de ce système de locomotion, veuillent bien faire connaître le jour où ils pourront assister aux expériences qui doivent être faites en leur présence. (ra) M. le général Deweser demande que la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur les chemins de'fer atmosphériques veuille bien, dans le cas où elle jugerait des explications orales nécessaires pour l'intelligence de quelques parties de ce Mémoire, lui fixer le jour où elle pourra l'entendre. Ces trois Lettres sont renvoyées à l'examen de la Commission précédem- ment désignée. M. Zoror adresse de Saint-Pétersbourg une Note ayant pour titre: La vie, le sommeil et la mort; l'auteur désire que cette Note soit communiquée à la Commission chargée de décerner le prix sur la question des morts appa- rentes, prix pour lequel il ne se propose point d’ailleurs de concourir. L'Académie reçoit le dépôt de quatre paquets cachetés, présentés par MM. Frzau et Foucaucr, par M. German, par M. Laronre et par M. Lauwoy. La séance est levée à 5 heures. A: D es * en rh 4 à tant cé he. où alt dd US sainte ttes hé one e AÉuE SEE de ne Se RÉ Son be tons + Dur Dé (15250) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences 2° semestre 1844; n° 23; in-4°. Annales de la Chirurgie française et étrangére; novembre 1844; in-8°. Annales maritimes et coloniales; novembre 1844 ; in-8°. Histoire naturelle des îles Canaries; par MM. Weer et BERTHELOT; 77° li- vraison ; in-4°. Translation des restes mortels de Broussais au F. alde-Gräce, le 13 juin 1844 ; inauguration de son buste et de celui de Larrey à l "Hôpital militaire d'instruction de Lille, le même jour ; 1 feuille in-8°. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de ! ‘Auvergne; tome XVII; janvier à avril 1844; in-8°. De la Poudre à canon, et de son introduction en France ; par M. LACABANE; broch. in-8°, Économie médicale. (Extrait de la Gazelte médicale de Montpellier.){ feuille in-80. Journal de Chimie médicale ; décembre 1844 ; in-8°, Annales des Maladies de la peau et de la Syphilis; par M. CazENAVE; oc- tobre 1844 ; in-80. La Clinique vétérinaire; décembre 1844 ; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; décembre 1844; in-8°. Journal de Médecine; décembre 1844; in-8°. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale, et de Toxicologie; par M. ROGNETTA; n° 9; in-8°. Histoire naturelle générale et particulière des Insectes névroptères. — Seconde Monographie : famille des Éphémérides ; par M. Picrer; livr. 5,6, 7. Genève, in-80. Annales des Travaux publics de Belgique; 2 vol. in-8°. Bruxelles, 1843 et 1844; in-8°. First Report... Premier Rapport de la Commission chargée par le Gouver- nement de faire une enquête sur l’état hygiénique des grandes villes et des districts populeux de l’ Angleterre et du pays de Galles ; X°* et II° vol, , in-8°. Londres, 1844. Magnetische. .. Observations magnétiques et météorologiques de Prague, pu- C.R., 184,20 Semestre. (T. XIX, N° 24.) 175 EF ( 1324 ) bliées par M. Kren, astronome adjoint; 4° année; d'août 1842 au 3 décembre 1843; 1 vol. in-4°. Versuch... Recherches d'une base objective de notre connaissance des trois dimensions de l'espace; par M. B. Borzano. Prague, 1843; in-4°. Mittlere... Lieux moyens de 12000 Etoiles fixes pour le commencement de l'année 1836, déduits des observations de l'observatoire de Hambourg; par M. Carz RuMKkER ; in-4° oblong. (Hambourg.) Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScnuMacHER; n° b21 ; in-/°. Bersuch einer... Chimie physiologique générale; par M. Murper , 1°, 2°, 3° ct 4° livr. Brunswick, 1844; in-8°. Giornale. .. Journal des Observations faites en Égypte, en Syrie et en Nubie, par M. 3.-B. BrocCHi ; ouvrage posthume, imprimé et publié par M. Rogerri. Bassano, 1841-1843; 5° vol. in-8°, avec un cahier de planches in-8°. eue tite . Éphémér ides astronomiques de Milan pour l'onnée 1845, cal- culées par M. l'abbé Jean CarELu et M. C. Buzzerri. Milan, 184 44; in-8°. Di ura estenzione... Sur une extension à la Théorie du mouvement de l’eau dans les vases; par M. G. P10L0. Milan, 1843; in-8°. Sulla legge... Sur la Loi de la permanence des molécules des fluides en mou- vement sur des surfaces libres; par le même. Milan, 1843; in-8°. Gazetle médicale de Pirée: n° 40; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°% 141 à 143; in-fol. L'Écho du Monde savant; n°% 42 et 43. PASS (a! tb + :°':"-sou np ouuofoy [ct c'e +lor‘ecl G‘L +liptecL 9‘9 -+-|go‘ec£ og0!G ‘‘AHwx! og ne 1e np ‘log ***[gfr +]cth + ‘& +|9L‘ogl g‘c +lo}‘og£ 9‘e +|Ya ‘091 g‘z +igo‘r1ol| € 1690 *-mopf oc ne 11 np ‘log ‘19 +|h‘1r+ ‘6 + Ye‘ 19L of11+|01 ‘og g‘o1+|11 "091 Y°6 +|ec'‘ogl| à “sonoupuoouo ma} O1 NE wI np ‘on [co +|L'or+ gl +loc‘6cl &‘o1+|Ll‘acl 96 +lac‘6eL Qtl +|ço‘Gcl] x ON EN RE EEE To non COR) GTS L'o +|o£‘acl or +log‘Lql Yér +|LheLGL Qf1 +li9‘lcl| og 0 ‘S l'paymorq wo Gueanon [ho —|Ltz + te +leLtLcl z‘r +|oo‘Lçl g‘o +lor‘Lçl &‘o —|leotLcl| 6x "HS "Sr" *‘premorg |[e‘o +|t‘o + [rfo +|ce‘6çL g‘o +|o9‘o91 y‘o +|6o‘19L Yo +|ç0‘xoL| 9 ‘0's'o |:°'‘"swdo-son paemmoag [ete —|Ltr + ar +|L1<çob a‘r +|eL‘coL &‘o —|96‘LoL gti —|vp‘LoL| La ‘0'S"O [22 xnoSeuu-sour er +|k‘o + G‘e +]|ço‘Lol co +|1L‘col G‘G +|Ve‘coL c'e + |Yo‘col| 9 LOS 0 AI TOP ‘‘‘quwano) [Gta +|h{G + at lai ‘19L Y°G +|00‘6GL a‘ +log‘acb ge +|çc' al] Ge “ENS ES ‘‘uoano) Jofr +|g'c + Gta +lop‘ocL ge +Igr'çcl Y'a +|g0 ‘ol Ofe +|19 9ç£| ÿc SETNTÉS NT LEE men ace SCT Or oc 2e 19 lé Fabre) —|pe‘ocl ÿ‘9 + loi ‘6çL Aïe —+|Ly‘6GL a‘e sE Yi ‘ooL ca “AU NT QE PHOTO ET ge _. 1‘L SE Ly —+|gc‘ogl AA —+|ol‘6ç£ 9‘9 —+|8e ‘091 1<9 + 09194 La LOL CN OO EE EEE D nor) CEE No Yo +|96 ET TOE Erhiteto) og +|lo‘6 + o‘o +|phegL Lo + |Gr<ç9L 6‘9 +|YLeeoL Leo +|ço ‘pol Gr sus |" 1066 “qmuoanon [et6 +|Ltrr+ c‘6 +1 ‘ol LG Cr oc Yto1+|06 ‘Vol L‘ir+ichtcoL| ex — "DSL O0) |); SEE ‘our om |[G‘or+|c'er+ a‘11+-|cc ‘002 c‘ai+|Loto9£ G‘11+-|69 ‘091 c‘1r+|L9"o9!| Li 10 O | mm met cuoano [G£ +Ilotri+ a‘r1+4|61*L0L &‘11+|0099L G‘or+|Le Lol Q‘or+|0o6‘o9L| 91 a ‘O'S |''°"""-""-"xno1ode4 [of +|gtr11+ L6 +|oLrol g‘11+|06‘YoL 9‘6G +lol‘poL 9‘e +lgp‘çol| ct 7, ‘O0'S RS SCOR DOG EN ee c‘11+ &‘ÿ1+ OcI- 9 ‘Vob 9‘e1+|9ç col Q‘cr+ Yi ‘col c‘ei+-|9c‘109L Pr — OS 2 qioano [ut rT-+|oÉC TH a‘ei+|cc‘Lol g‘er+l11GGL c‘çi+|oc‘ççl g‘11+|99 GçL| et FA EN ce conpa 6e +lç ‘ei Lori (Leg 1‘e1-|co‘06L e‘e +|Yo‘6bL gg +|ÿb‘oçl| cr Le) *ç DONC . *DANON FeyLte) Le o‘6 2 o‘ç 2 6ç‘cGl c‘6 DE 00 ‘OL 9°< 2e 96 ‘el ç‘L Je gg‘cyL II “Moyen M" -semoanop 19 + |6rr+ p‘e +|ço‘ocL 0‘6 +|z6‘ocL ÿ‘or+|9}‘oÿL Y‘e +|go‘cÿL| ot *140] ‘G 200 D QUES 0 À MTS) atl El bptiee LG Ji 101ÿL a‘or+|oh‘ocL Y'or+ cG‘9geL (AT —+|p6 ‘oeL 6 SE MESEC RO OO DEN TE Ut ii AA QT EE o‘e +|6o‘GcL g‘ar+|cc gel Ytai+|cl‘oellr is +lec‘Lell @ *ç DCE TE to) oc OUT 19 +|ggf1vl G‘o1+ ph°oYL ÿ<6 —+|6 CyVL ‘9 + |6L°YpL L "OMS epo sonbpond [Le +166 + eq +loc ‘el 9<6 +|qô‘r1ÿL g‘a +961 &‘o +log‘1YL| 9 101S 02 °"oug am [89 +]6*L + g‘9 +loc ‘bel 9‘L +log‘oel Y'L +el gel g‘l +loi‘çell ç ‘0 SO DORE CELLES ENT TES gp + CE DAT) —+|gc‘ocl Lébo+|igrbl el +\Y6cryL 19 +lgr‘chl y ‘’Œm'S$ |" "++ 110an09 [69 +|T'o1+ 1ç +l1otoÿl &‘or+|p6"LeL o‘e +|c6tLel il +log‘Lel] ç HA | DOOONE DOC Eu AC AA SE ho +lietccl g‘r1+lop; on peut admettre, au moins provisoirement, les valeurs a 15116800 BE 1,007; » Voici maintenant comment la solution approximative de la question énoncée ci-dessus dépend de ces nombres. » Si lon désigne par g la fraction de degré centigrade dont la tem- pérature intérieure de la Terre augmente par mètre de profondeur, le flux de chaleur qui sort annuellement de chaque mètre carré de la surface du globe sera exprimé (*) par le produit gk. » Le flux de chaleur qui sort annuellement de la Terre entière aura donc pour expression 4r R°gk, R étant le rayon de la Terre. » Si l'on remplace 4 par sa valeur ca*, cette expression devient 4rR° ga°c. » La quantité de chaleur que le globe terrestre devrait abandonner pour que sa température s'abaissât d'un degré centigrade, a, de son côté, pour expression #rR°C, C étant la valeur moyenne du calorique spécifique rapporté au volume de la masse entière. » Le refroidissement qu'éprouve annuellement la masse du globe a pour mesure le rapport de ces deux expressions, c’est-à-dire, ArRgac _ 3ga c — 0 —5 ÉRIC CERBEC (*) Voyez le Supplément à la Théorie mathématique de la chaleur, par M. Poisson (page 17 du Supplément publié en 1837 ). ( 1329 ) de sorte que si l’on appelle V la température moyenne de toute la masse du globe, où pour mieux dire la température que prendrait cette masse si toute la chaleur quelle contient y était répartie de manière à ce que la tem- pérature fût uniforme, et si l'on désigne par # le temps écoulé depuis l’origine supposée du refroidissement, exprimé en années, on a ANR SAC AE RING » M. Fourier a donné, depuis longtemps, une expression aussi simple qu'élégante (”) du refroidissement annuel de la surface du globe. » Si l'on appelle U la température moyenne de cette surface, on a, d’a- près les notations employées dans cette Note, » Maintenant, pour obtenir le rapport du refroidissement moyen annuel de la masse du globe à celui de sa surface, il suffit de diviser ces deux der- nieres équations l'une par l’autre, ce qui donne dv 3ga c CON R C 3646 c AU 0 MR Ce » Ce rapport est proportionnel au temps écoulé depuis l'origine du re- froidissement; ainsi, à mesure que les années s'écoulent, le refroidissement moyen annuel de la masse du globe devient plus grand par rapport à celui de la surface. » : 5 » Malheureusement l'expression obtenue renferme, outre le temps, une " seconde quantité inconnue; c’est le rapport du calorique spécifique des ma- tières qui composent la surface du globe, au calorique spécifique moyen de (*) Voyez les Annales de Chimie et de Physique, tome XIII, page 414 (1820). Voyez aussi l'Éloge de Fourier, par M. Arago, dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences de l’Institut de France, tome XIV, page cxx1v. Cette formule, dans la forme méme où je l’écris, se déduit directement de celle donnée par M. Poisson dans la Note C, imprimée à la suite du Supplément à la Théorie mathématique de la chaleur, en faisant dans cette formule z—0 et /=R—= (Supplément, 1837, page 65 ); elle se déduit de même de la formule donnée dans l'ouvrage, page 327, formule qui se rapporte à un tont autre cas que celle du Supplément. 176. (1330 ) celles qui composent la masse entière. Ce rapport est peut-être destiné à nous demeurer toujours inconnu ; mais on peut remarquer que les caloriques spécifiques, rapportés au volume de la plupart des corps solides, ne varient que dans des limites assez étroites (*). Il est donc probable qu'on ne commet- trait pas une erreur trés-considérable en supposant égal à l'unité le rap- [2 . PET . port & des deux caloriques spécifiques dont nous venons de parler. Si l'on adopte cette hypothèse comme une approximation, l'équation précédente se réduit à av ‘dt _ Gatb AU ER ne dt et son second membre ne contient plus que des quantités connues multi- pliées par la première puissance du temps. Il est remarquable que cette ex- pression approchée du rapport cherché ne dépend en aucune facon de la température initiale. » Si l’on y remplace finalement les quantités connues par les nombres qui les représentent, elle se réduit à av dde. dU 36,39 ! pr » Cette dernière équation montre que, dans l'hypothèse adoptée sur les caloriques spécifiques, le refroidissement annuel de la surface est plus grand *) Le calorique spécifique, rapporté au volume, est Pour la pierre calcaire. ...... 0,5707 Pourile'quartz.: 41. 7. 1, "000,025 Pour le feldspath. .......... 0,4930 Pourilialbite Me... 0,011 En général, les caloriques spécifiques rapportés au volume de la plupart des substances pierreuses et métalliques sont compris entre les nombres 0,30 et 0,90, dont la moyenne est a,60. C'est là ce qui me porte à admettre qu'il n’y a pas beaucoup de chances pour que le calorique spécifique, rapporté au volume d’une masse composée de la réunion de ces dif- férentes substances, s'éloigne considérablement du nombre 0,5614 que j'ai cru pouvoir admettre pour représenter le calorique spécifique rapporté au volume du sol du jardin de l'Observatoire." (Foyez le Supplément déjà cité du Mémoire de M, Poisson, p. 17.) LÉ pong à int ons minou 2. … Le dé pins ‘de CDR DS. Sn dd ( 1331 ) que celui de la masse totale du globe pendant un laps de trente-huit mille trois cent cinquante-neuf ans, comptés à partir de l’origine du refroidisse- ment; et qu'à dater de cette époque le refroidissement moyen annuel de la masse surpasse celui de la surface et le surpasse de plus en plus. » S'est-il écoulé, de fait, trente-huit mille trois cent cinquante-neuf ans depuis le moment auquel le calcul rapporte l'origine du refroidissement du globe terrestre? On sait que Buffon croyait pouvoir comprendre tous les phénomènes géologiques dans un espace de soixante-seize mille ans; mais on sait aussi que la sphère de la géologie s'est considérablement agrandie depuis la publication des époques de la nature. Le philosophe Anaxagoras excita la surprise et même l'incrédulité des Grecs lorsqu'il leur dit que la Lune était aussi grande que le Peloponèse; on a reconnu depuis que son évaluation était loin d'être exagérée._» ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur une extension remarquable que l'on peut donner aux nouvelles formules établies dans les séances précé- dentes ; par M. Aucusrin Caucury. « Les nouvelles formules que j'ai données dans les précédentes séances’, pour le développement des fonctions en séries, peuvent encore être généra- lisées. Si, parmi ces formules , on considère spécialement celles qui renfer- ment des différences finies, on reconnaitra qu’elles se trouvent comprises , comme cas particuliers, dans une formule plus générale et très-simple, dont les divers termes sont respectivement proportionnels aux différences finies successives de diverses fonctions qu'il est facile de calculer. Cette dernière formule, aussi bien que les autres, peut être appliquée avec avantage à la solution des problèmes de haute analyse. Concevons, pour fixer les idées, qu'on la fasse servir au développement d'une fonction en série de termes pro- portionnels aux diverses puissances entières, positives, nulles et négatives d'une exponentielle trigonométrique. Alors, on se trouvera précisément ra- mené aux conclusions que j'ai déjà énoncées dans un article que renferme le Compte rendu de la séance du 9 août 1841. ANALYSE. » Soient F(x) une fonction donnée de la variable x, et & une constante réelle ou imaginaire dont le module a ne surpasse pas l'unité. Supposons d’ailleurs que la fonction F (x) et même la fonction restent continues par rapport à la variable x, pour tout module de cette variable inférieur à une certaine limite qui surpasse l'unité. Chacune des fonctions sera, pour un tel module, développable en série convergente ordonnée suivant les puissances entières positives, nulle et négatives de x. Or, soit A, le coefficient de x” dans le développement de F{x), et désignons par p un arc réel; alors, en prenant æ = er", on aura 27 ui (1) A, —— RARE) ARE =T et l'on trouvera encore, en remplaçant x par _ / Cgf Ie (2) A — ir Lee (2) dp. » Supposons maintenant que F (x) se décompose en deux facteurs, dont l'un soit représenté par f(x), l'autre par (ax), en sorte qu'on ait G) F (x) = 9 (ax) f(x). et, par suite, F(2)=e(f(E). a Ô 4) La formule (2) deviendra a" nT (4) A = ff æ-"o(x)f (2) dp. D RIESES Pour déduire de l'équation (4) les formules (17) et (18) de la page 1197, il suffit de poser (5) ro (1333) en sorte qu'on ait @ œ=1—xy, et (7) ET, puis de développer, suivant les puissances entières et ascendantes de y, la fonction f (2) , après y avoir substitué la valeur précédente de x ou de . Mais on obtiendra une formule encore plus générale, si, la fonction f(x) étant elle-même décomposée en deux facteurs (x), t(2); en sorte u'on ait q (8) f(æ) = p()r(2): et on développe, suivant les puissances ascendantes de y, la fonction f (5) dont les deux facteurs sont ZT a #C) 1) a TÆ après avoir réduit ces deux facteurs aux formes a LE 6 en substituant, dans le premier, la valeur de x tirée de l'équation (6), et DO. , . dans le second la valeur de = tirée de l'équation (7). Alors, en supposant que l'on ait, pour des valeurs quelconques des variables x, y, 9 sen) re 0 on tirera de l'équation @) jointe à l'équation (5) (0) » * 4, n=f() (1334) et par suite la formule (4) deviendra (11) Ay= F xt o(x) (x, y) dp. DE D'autre part, en développant, suivant les puissances entières de y, la fonc- tion $ (æ, y) déterminée par l'équation (9), on trouvera (12) (x, P)= Xo+ XI +Xa He + X mi TT) X,, désignant une fonction de æ, entière, et du degré m, déterminée par la formule —— x m pin) ï EX 22 m—32 (n—1) ! a | OS Er oi @x( = li (a)x ste (13) # LR se (— Cie f(a)x°" (:) ? en sorte qu'on aura non-seulement GA X=r(@4() = (0) mais encore x, = af(a)x(}) —21@x (): (5) x: = [+ fé (7) — 2xf’(a)y (:) + = f(a) y” ol: etc. et le reste r,, pouvant être représenté par une intégrale définie simple, du genre de celles que nous avons mentionnées dans le précédent Mémoire. Si d’ailleurs on pose, pour abréger, (16) Ki [_ æ"Xo(x)dp, a 7 (17) N,, = _ 2" ln p (x) dp, alors, en admettant que la caractéristique A des différences finies soit relative à l'exposant », on tirera de la formule (16) TT AR, = Î 2" (at 1ŸX, 0 (x) dp, : ds: Die De. ctoine. Sd NÉE NS CS S (1335) ou, ce qui revient au même, (18) AK, = 3 x "X, y" o(x) dp, 2r et de la formule (1 r), jointe à l'équation (19), (19) A (Re DAIS PAR EN CAT KR) R. » Sile reste R,, devient infiniment petit pour des valeurs infiniment grandes de m, l'équation (19) donnera simplement (20) A, = d(K, + AK, + AK, + ete...) C'est ce qui aura lieu, en particulier, si le reste »,, devient lui-même infini- ment petit, pour des valeurs infiniment grandes de m. Ajoutons que cette der- nière condition sera certainement remplie, si f(x, x) est développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de la variable J, pour tont module de cette variable inférieur à 2. Car le module 2 est évidemment le plus grand de ceux que peut acquérir la valeur de y déter- minée par le système des deux équations DR UN CT la lettre p étant supposée représenter un arc réel. » Ilest bon d'observer que, si l'on pose, pour abréger, (21), k, = — i x"e (x) dp, 27 7 la formule (16), jointe aux équations (13), (14), (15), donnera (22) K,—k,f (a)x () = k,f () Ki=knaf'(a) x (:) ke ti()x"(à), ge (23) = — [k, a?f" (a) y () —k,-f/(a) y ()+k a ?f(a) x" (2) | ; etc. C. R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, N° 25.) 177 ( 1336 ) et généralement k am f(r) (a) z =) LE ar? fret) (a) ! ! se n x 7 ul X a . REC TRE + (ki ma"f(a) x") ( (24) Ku= 1.2...Mm 1 a » Si l’on suppose, dans la formule (8), f (5) our x (x) =f(x), on en conclura et la formule (24) deviendra Kn=(—1}" CR PA 1 (ë): 1.2...m Donc alors l'équation (19), réduite à la forme (25) A, — a" [ ka (5) Eee () eee en fe (2 a HR: coïincidera précisément avec la formule (15) dela page 1203. » Si, dans la formule (8), on suppose on en conclura par conséquent et l'équation (19), réduite à la forme :)| TS (( 1337: ) (26) An — a” [k, f(a-t)+ £ Ak, D, f(a)+...+ D Ge A DE (os |] PR coincidera précisément avec la formule (21) de la page 1205. » Dans un prochain article, je montrerai l'utilité des formules générales que je viens d'établir, spécialement des formules (19) et(20), dans la recherche des développements des fonctions et en particulier de la fonction perturba- trice, relative au système de deux planètes. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Memoire sur quelques propositions fondamentales du calcul des résidus, et sur la théorie des intégrales singulières ; par M. Avucusnn Caucuy. $ I. — Considérations générales. « J'ai, dans le premier volume des Exercices de Mathématiques , appli- qué le calcul des résidus à la recherche et à la démonstration de diverses propriétés que possède une fonction f{z) d'une variable réelle ou imaginaire z, en supposant, comme je l'ai dit à la page 98 (1° théorème), qu'à chacune des valeurs de z que l’on considère, correspond une valeur unique et dé- terminée de la fonction f(z). Cette étude m'a conduit (pages r09 et 1 10) à une formule qui est l'expression pure et simple d’un théorème fondamental et très-général dont voici l'énoncé : » 1% Théorème. Si le produit de la fonction f (z) par la variable z se ré- duit, pour toute valeur infinie, réelle ou imaginaire de cette variable, à une constante déterminée #, le résidu intégral de la fonction se réduira lui-même à cette constante. » 2° Théorème. Si la constante $ s'évanouit, le résidu intégral de la fonc- tion s'évanouira pareillement. » Cette seconde proposition, énoncée à la page 110 du volume déjà cité, est, comme on le voit, une conséquence immédiate de la première. » Il y a plus; des théorèmes que je viens de rappeler, on déduit encore d’autres propositions fondamentales qui se trouvent discutées et développées dans le second volume des Exercices (pages 277 et suivantes). La première est le théorème dont voici l'énoncé : » 3° Théoreme. Si, en attribuant au module de la variable z des valeurs infiniment grandes, on peut les choisir de manière que la fonction J (a) 177. ( 1338 ) devienne sensiblement égale à une constante déterminée $, ou du moins de manière que la différence entre la fonction et la constante reste toujours finie ou infiniment petite, et ne cesse d’être infiniment petite en demeurant finie que dans le voisinage de certaines valeurs particulières de l'argument de la variable 2; alors, pour une valeur quelconque de cette variable, la fonction f() sera équivalente à la constante #, plus à une somme de fractions ration- nelles qui correspondront aux diverses racines de l'équation L Fa) » Si la fonction f(z) ne devient jamais infinie, alors l'équation w'ayant plus de racines, les fractions rationnelles disparaîtront. Donc, le 3° théorème renferme, comme cas particulier, la proposition sui- vante : ». 4° Théorème. Si, pour chaque valeur réelle ou imaginaire de la variable z, la fonction / (x) conserve sans cesse une valeur unique et déterminée, si d'ailleurs elle se réduit, pour toute valeur infinie de z, à une constante déter- minée F, elle se réduira encore à cette même constante quand la variable z acquerra une valeur finie quelconque. » J'ai d'ailleurs, dans plusieurs Mémoires que renferment les Comptes rendus des séances de l’année 1843, appliqué à la théorie des fonctions elliptiques les propositions ci-dessus énoncées, et d’autres de la même nature, qui sont encore plus générales; et je suis ainsi parvenu, non-seulement à reproduire des résultats obtenus par M. Jacobi, mais encore à établir des formules nouvelles qui m'ont paru dignes de fixer un instant l'attention des géomètres. » Il nest pas sans intérêt de remarquer, dès à présent, l’analogie qu'of- frent, dans leurs énoncés, les diverses propositions, et spécialement le 4° théorème, avec un autre théorème dont l’un de nos plus savants confrères, M. Liouville, a entretenu l'Académie dans la précédente séance. Ce dernier théorème, que notre confrère indique comme pouvant aussi être appliqué à la théorie des fonctions elliptiques, se rapporte généralement aux fonctions à double période. Je rechercherai, plus tard, quels rapports essentiels existent entre les deux théorèmes, et comment on peut arriver à déduire ( 1339 ) l'un de l’autre. Le nouveau principe, ou théorème indiqué par M. Liouville, se trouve énoncé, à la page 1262, dans les termes suivants : « Soient z une variable quelconque, réelle où imaginaire, et 4 (z) une » fonction de z bien déterminée, je veux dire une fonction qui, pour chaque » valeur x + y V— 1 dez, prenne une valeur unique toujours la même, » lorsque x et y redeviennent les mêmes. Si une telle fonction est double- » ment périodique, et si l'on reconnaît qu'elle n'est jamais infinie, on pourra » affirmer, par cela seul, qu’elle se réduit à une simple constante. » » En terminant ce paragraphe, j'observerai que j'ai déduit constamment les divers théorèmes précédemment rappelés, et les théorèmes analogues, d'un principe fondamental, établi dans mes Mémoires de 1814 et de 1822. Comme je l'ai reconnu dans ces Mémoires, les différences entre les deux valeurs d’une intégrale double, dans laquelle la fonction sous le signe f peut s'intégrer une première fois en termes finis par rapport à l’une quelconque des deux variables que l'on considère, se trouve exprimée par une intégrale définie singulière. Ce principe unique suffit pour montrer que, dans le théorème relatif au développement des fonctions en séries, on pourrait, à la rigueur, se passer de la considération des fonctions dérivées. Il en résulte donc, conformément à l'observation judicieuse que M. Liouville me faisait dernièrement à cet épard, qu'entre les deux énoncés de ce théorème, donnés dans mon Mémoire de 1831 et dans mes Æxercices d'Analyse, il semblerait convenable de choisir le premier. Toutefois, lorsqu'il s'agit du développe- ment des fonctions en séries, la considération des fonctions dérivées me paraît ne devoir pas être entièrement abandonnée, attendu que très-sonvent, comme je l'ai dit ailleurs, cette considération est précisément celle qui sert à déterminer les modules des séries. » Je remarquerai encore que les divers théorèmes rappelés au commen- cement de ce paragraphe, et les théorèmes analogues énoncés dans mes Exercices ou dans mes autres ouvrages, se tirent aisément les uns des au- tres, en sorte qu'on peut déduire avec facilité les théorèmes plus généraux, et plus étendus en apparence, de ceux qui semblent l'être beaucoup moins. C'est ce que j'ai fait voir, en particulier, dans mes Exercices de Mathéma- tiques (1* volume, page 95), ainsi que dans mon Mémoire de 1831, sur le calcul des limites. » Je remarquerai, enfin, qu'aux formules données dans mon Mémoire de 1814, pour la détermination des intégrales doubles et des intégrales défi- nies singulières, il convient de joindre les formules plus générales que ren- ferme le Mémoire présenté à l'Académie le 28 octobre 1822. ( 1340 ) $ IT. — Usage des intégrales définies singulières dans la détermination des intégrales doubles. » C’est dans le Mémoire lu à l'Institut le 22 août 1814 que jai montré la différence qui peut exister entre les deux valeurs qu'on obtient pour une intégrale double, lorsqu'on effectue d'abord les intégrations dans un certain ordre, et qu'ensuite on renverse l'ordre des intégrations. C'est encore dans ce Mémoire que j'ai reconnu la cause de cette différence, et que J'en ai _douné la mesure exacte, par le moyen des intégrales définies singulières. Plus tard, en 1822, je me suis occupé de nouveau du même sujet, qui fut traité aussi, vers la même époque, par M. Ostrogradsky, dont les conclusions s'accordèrent avec les miennes. Mes recherches sur cette matiere ont été consignées, d'une part, dans le Mémoire déjà cité, d'autre part, dans le se- coud Mémoire, qui a été présenté à l'Académie le 28 octobre 1822, comme l'atteste la signature du secrétaire perpétuel, M. Georges Cuvier. Le Bulletin de la Société philomatique de 1822 (page 161) présente diverses formules tirées de ce second Mémoire; je me propose d'en extraire prochainement quelques autres du cahier manuscrit qui renferme le texte original et que j'ai retrouvé dernièrement. Je me bornerai, pour l'instant, à rappeler qu'à l’aide des principes énoncés dans le Bulletin de la Société philomatique, j'avais décomposé généralement en intégrales définies singulières la différence A — B des intégrales doubles lies Pb r) dx dy, B te T7) dy dx, et que J'avais ensuite spécialement appliqué mes formules, d'abord au cas où l'on suppose la fonction f(x, y) intégrable en termes finis, par rapport à cha- eune des variables x, y, en sorte qu'on ait simultanément J(x, 7) F D, 4 (&,7)= Dz x (2:97); puis au cas plus restreint où l'on suppose vx, 7) =J(R+YV— 1) D, (K+Y V1); Lx) =J(R+Y V1) D, (K+Y V5), X et Y désignant deux fonctions quelconques de x et de y. RE à LE A SE ( 1341 ) $ III. — Conséquences dwerses des propositions fondamentales du calcul des résidus. » Les propositions fondamentales du calcul des résidus, que j'ai rappelées dans le $ I“, entraînent avec elles, comme conséquences, divers autres théorèmes qui se trouvent déjà, en partie, énoncés dans les Exercices de Ma- thématiques , et que je vais indiquer en peu de mots. » D'abord, du 3° théorème du SI on peut immédiatement déduire une proposition énoncée à la page 279 du second volume des Exercices, dans les termes suivants : » 1* Théorème. Si, en attribuant au module r de la variable z = r(cosp +V—1sinp), des valeurs infiniment grandes, on peut les choisir de manière que la fonction f (2) devienne sensiblement égale à zéro, quel que soit d’ailleurs l'angle p, ou du moins de manière que cette fonction reste toujours finie ou infiniment pe- tite, et ne cesse d’être infiniment petite, en demeurant finie, que dans le voi- sinage de certaines valeurs particulières de l'angle p, on aura ; (z {1) Jœ)= ET, pourvu que, dansle second membre de l'équation (1), on réduise le résidu intégral LUE) T——2Z à sa valeur principale. .. » On ne doit pas oublier qu'en vertu de la condition énoncée à la page 98 du 1* volume des Exercices, la fonction f(z) doit conserver, pour chaque valeur finie de z, une valeur unique et déterminée. Donc, si cette fonction ne devient Jamais infinie, elle sera ce que nous appelons une fonction con- tinue de z. Mais alors, l'équation 1 — = 0 0) n'ayant plus de racines, le résidu intégral dE VE) LT — Z ( 1342 ) s'évanouira, et la formule (1) donnera, pour une valeur quelconque réelle ou imaginaire de la variable x, J(x) = 0 Donc. le 1° théorème entraînera immédiatement la proposition suivante : » 2° Théorème. Soit f(z) une fonction toujours continue de la variable réelle ou imaginaire z. Si cette fonction s'évanouit pour toute valeur infinie de z, elle se réduira toujours à zéro, quel que soit z. » Corollaire. Supposons maintenant que la fonction f(z), toujours con- tinue, et par conséquent toujours finie, cesse de s'évanouir pour des valeurs infinies de z. Alors, si l'on désigne par a une valeur particulière de z, le rapport JO)Ef(e) AO CE sera une autre fonction toujours continue et toujours finie qui s'évanouira pour toute valeur infinie de z. Donc, en vertu du »° théorème, cette autre fonction se réduira simplement à zéro; de sorte qu'on aura Ja) — J{a) = 0, ou, en d’autres termes, J{e) — f(a) = constante. Donc, une considération analogue à celle dont je me suis servi dans le Mé- moire de 1831 [page 6], c'est-à-dire la considération d'un rapport de la forme CE OS] ici substitué à la fonction (2), suffit pour transformer le 2° théorème en nne proposition plus générale en apparence, et dont voici l'énoncé : » 3° Théorème. Si une fonction /(z) de la variable réelle ou imaginaire z reste toujours continue , et par conséquent toujours finie, elle se réduira sim- plement à une constante. » On pourrait encore déduire directement cette dernière proposition du 2° théorème du $ EL, ou, ce qui revient au même, de la formule (2) L{f()= 0, | | hé. des. À sc dE LAS ( 1343 ) qui subsiste dans le cas où, la fonction J (2) conservant toujours une valeur nuique et déterminée, le produit 2f (2) s’'évanouit pour tonte valeur infinie de z. En effet, supposons que la fonction J() cesse de remplir la dernière condition, mais reste toujours finie. On pourra lui substituer, dans la formule (2), le rapport (2) G—z)\2— 7) qui remplira certainement cette dernicre condition; et alors la formule (a), réduite à la suivante À) Jr) exprimera simplement que la fonction J(x) devient indépendante de la va- leur attribuée à x. » Ajoutons que le 3° théorème, renfermé, comme on vient de le voir, dans la formule (2), comprend évidemment lui-même, comme cas particu- lier, le théorème relatif aux fonctions à double période. » Concevons maintenant que la fonction J(2), toujours continue, et par conséquent toujours finie, pour des valeurs finies de la variable z, devienne infiniment grande pour des valeurs infinies de cette varia ble, mais de telle manière que le rapport # (7) Zn ? dans lequel m désigne un nombre entier donné, s’évanouisse toujours I .p . . + , avec — Alors, si l'on désigne par F(z) une fonction entière du degré m, on aura, en vertu de la formule (1), E{z)10n TZ (3) FE nue (£ @) } Si, pour fixer les idées, on pose F(z) =(2—a)(2—b)... (2—h)(z — k), POS RIENION désignant »1 valeurs particulières de z; la formule (3) don- CR, 1844, ae Semestre. (T. XIX, N°95.) 178 f(x) Ep F() ce (&) G—a)@—b)...aen = (—b)...(— ) r—2 Comme on le voit, cette dernière formule, déjà présentée aux géometres dans le 1°" volume des Exercices [page 23], n'est pas seulement applicable au cas spécial que j'ai considéré [ibidem], c'est-à-dire au cas où f(x) repré- sente une fonction entière de x. Mais, d’après les principes du calcul des ré- sidus exposés dans le second volume des Exercices , ou , ce qui revient au même, en vertu du 1% théorème , il suffit, pour la vérification de la formule (4), que, la fonction f(z) étant toujours finie et toujours continue pour des f() . ,, . Li . valeurs finies de z, le rapport —5 s'évanouisse avec -: D'ailleurs la formule (4) pouvant, comme j'en ai fait la remarque dans le 1° volume des Exer- cices, se réduire à la suivante | : __ (z—b)...(z—À) (x—a)...(x—2) Ode otre ren VIDE c'est-à-dire à la formule d’interpolation de Lagrange, fournit, en consé- quence, pour valeur de f(x), une fonction entière de x du degré m— 1. On peut donc encore énoncer la proposition suivante : » 4° Théorème. Si une fonction f(z) de la variable réelle ou imaginaire z reste toujours finie et continue pour des valeurs finies de cette variable , et si d’ailleurs le rapport dans lequel m désigne un nombre entier donné , s'évanouit pour toute valeur infinie de z, vie ue pourra être qu'une fonction entière de z du degré m —1. » Corollaire. Si la fonction /(z), toujours continue, ne devient jamais in- finie, même pour des valeurs infinies de z; on devra supposer évidemment m—1. Donc alors f(z) ne pourra être qu'une fonction entière du degré zéro, c'est-à-dire une constante, et l’on se trouvera immédiatement ramené au 3° théorème. » ( 1345 ) ENTOMOLOGIE. — Ê tudes anatomiques et physiologiques sur les insectes diptères de la famille des Pupipares ; par M. Léon Durour. (Extrait par l’auteur.) « La famille curieuse des Pupipares termine l’ordre des Dipteres, et se trouve contiguëé à celui des Suceurs. Elle renferme en même temps et des insectes ailés, comme l’Æippobosque, lOrnithomryie, etc., et des insectes ap- tères , comme le Mélophage, la Nyctéribie, ete. Cette diversité dans la com- position et la structure extérieures témoigne de cette organisation décrois- sante qui caractérise l'échelle zoologique et qu'il importe de mettre en relief. Aussi l'étude extérieure et intérieure de ces insectes limitrophes qui forment le chaînon d’une division à une autre est-elle marquée au coin du plus pi- quant intérêt, et nous permet-elle d'envisager l'entomologie sous un point de vue plus large, plus en harmonie avec les autres branches de la zoologie. » Nos Pupipares, ou pourvus ou privés d'ailes, ont un genre de vie qui leur est commun ; ils sont parasites des animaux vivants, et se nour- rissent de leur sang. C'est là déjà un grand trait de ressemblance avec les Su- ceurs qui leur succèdent dans la série entomologique. Mais un trait vraiment original les distingue de tous les autres insectes; ils ne sont ni ovipares ni vivi- pares, et ils mettent au monde une chrysalide appelée pupe dans les Dip- tères. On avait présumé théoriquement que les diverses évolutions métamor- phosiques propres aux insectes de cet ordre devaient s'opérer dans les en- trailles des femelles pupipares, mais les dissections n'ont pas confirmé ces présomptions. » Réaumur et de Géer ont consacré chacun un de leurs beaux Mémoires à l'illustration de l'Hippobosque, dont j'ai publié l'anatomie il y a vingt ans; et le célèbre Lyonet, dans un livre posthume mis au jour dans ces der- niers temps, s'est attaché, avec son habile patience, à décrire, à figurer jusqu'aux moindres détails de la structure extérieure du Mélophage, insecte que j'ai pris pour type principal de mes autopsies actuelles. » Si nous envisageons la forme et la texture tégumentaires des Pupipares, nous trouverons que les transitions graduelles qu'elles offrent s’accommodent admirablement aux besoins de l'individu et à la conservation de l'espèce. Leur corps aplati, leur peau ferme, coriacée, doublée de puissants muscles et revêtue de poils élastiques , leurs pattes robustes et s’étalant au niveau du tronc, les mettent à même de supporter sans inconvénient les pressions que leurs hôtes inquiets exercent sur eux. L'Hippobosque (/Æ. equina) ou la Mouche de cheval, a une ambulation rapide dans tous les sens, dans 178. ( 1346 ) toutes les attitudes , et à la faveur de ses ailes il peut déserter le poil ras du cheval pour transférer son habitat sur un autre individu. Le Mélophage (AL. oviniss) ou le Pou du mouton, privé des organes de locomotion aérienne, marche à pas comptés dans ses exercices funambules au milieu de la toison touffue de la brebis; ilest obligé de suivre la fortune de son hôte, et si quel- que accident le déloge, sa vie est compromise. » Exposons rapidement les décadences organiques des parties constitu- tives de la tête dans les Pupipares, Les antennes, organes qui, dans la géné- ralité des insectes, cumulent peut-être la Sable fonction de labre et de l'ouïe, sont dans une dégradation évidente et ne consistent qu'en un seul article informe, plus ou moins bérissé, et presque immobile. Les palpes manquent absolument. Le suçoir, au lieu d'être rétractile, bilabié, propre à lécher, est en même temps un instrument vulnérant et une pompe aspirante. La langue, tubuleuse et plus déliée que le plus fin cheveu, est logée dans un fourreau et beaucoup plus longue dans le Mélophage que dans l'Hippo- bosque. Elle obéit à un os hyoïde, garni de muscles nombreux. Ce dernier parasite avait moins besoin d'un long suçoir, à cause du poil ras du cheval, que le premier, qui se trouve dans la nécessité de faire traverser à son suçoir une fourrure épaisse et encroûtée pour atteindre la peau. L'étude compara- tive des yeux de ces deux insectes va nous offrir les mêmes conséquences physiologiques. L'Hippobosque, exposé à franchir de grands espaces pour son changement de domicile, devait apercevoir de loin celui-ci; aussi a-t-il des yeux convexes, réticulés, avec des milliers de cristallins, comme ceux des insectes en général. Le Mélophage, au contraire, avec ses habitudes chscures et sédentaires, n’a que des yeux rudimentaires, de niveau avec le tégument, nullement réticulés, ayant à peine une centaine de globes oculaires bien séparés, » Les balanciers, sortes de baguettes mobiles qui jouent un rôle actif dans le vol des Diptères, existent dans les Pupipares ailés et font défaut dans les aptères, comme on devait s'y attendre ; mais, à la place des cuillerons mem- braneux qui, dans un très-grand nombre de Diptères, abritent ces balan- ciers, il ny a dans l'Hippobosque qu'une saillie métathoracique ciliée, et dans l'Ornithomye (0. viridis), il n’en existe aucun vestige. C’est encore là un trait de décadence organique. Nous allons voir un de ces derniers bien piquant dans l'étude de l'abdomen. Celui-ci, exposé lors de la gestation à une si grande ampleur, n’a pas de segmentation, et c’est là un des traits ori- ginaux de nos Pupipares; mais, ici comme ailleurs, la nature ne passe pas brusquement d'une forme à une autre, et elle imprime souvent sur le présent de in ET dt lt ir tt: ns té RS ( 1347) l'indice permanent ou fugitif du passé. Ainsi, à la base dorsale de l'abdomen, il y a dans l'Hippobosque une crête tégumentaire transversale assez dure pour arrêter le scalpel, et dans le Mélophage deux plaques cornées. Ce sont là des vertiges de segment. A la région inférieure ou ventrale, il y a dans le parasite aptère une pièce basilaire bilobée qui n'avait pas échappé à Lyonet, et qui est aussi une trace de segment, tandis qu'à la ligne médiane de cette même région, on voit dans l’'Hippobosque une série de petites plaques qui sont les débris survivants d’une segmentation effacée. Je terminerai cet aperçu sur les créations échelonnées, par un fait des plus curieux. Après un accouche- ment récent, ou par l'effet d'une diète prolongée, l'abdomen de l'Hippo- bosque se flétrit, se ride, et ces plissures transversales affectent un ordre régulier ; elles sont la signification d’un ventre annelé. Et, ce qui est confir- matif de ce dernier trait, c'est que justement à chacun de ces plis corres- pond une paire de stigmates, comme dans les abdomens à véritables seg- ments. Ces plis sont donc les signes passagers et fugitifs, un héritage illu- soire d’une segmentation déchue. » Après ces considérations sur la structure extérieure, viennent celles re- latives aux organes intérieurs, aux grands appareils de la vie. » $ I.—La respiration s'exerce, comme dans les insectes en général, par des stigmates et des trachées, mais avec des modifications propres à ces or- ganismes spéciaux. » 1°. Les stigmates présentent pour leur nombre de singulières diffé- rences, suivant les genres ailés ou aptères. Le Mélophage a neuf paires de ces ostioles respiratoires, l'Hippobosque et l'Ornithomyie n'en ont que six. Le premier a deux paires de stigmates thoraciques , l'une méso-prothoracique, l'antre métathoracique; il n'y a dans les deux autres genres que la première paire. Dans le Mélophage, ces stigmates sont orbiculaires, enchatonnés au niveau du tégument, avec un diaphragme membraneux glabre et une ou- verture centrale arrondie; le fond a une rangée circulaire de paillettes élas- tiques, fixées au pourtour du péritrème. Modérément contractées, ces pail- lettes laissent au milieu une sorte de pupille ronde pour l'inhalation de l'air; dans leur plus grande extension, elles se croisent par leurs pointes effilées pour l'occlusion de cet organe, et alors il existe un trait linéaire. Les stigmates thoraciques de l'Hippobosque sont ovales, et leur ouverture est linéaire suivant le grand diamètre; le diaphragme est une membrane pubescente. Le bord interne du péritrème a des cils courts. » Pourquoi l'Hippobosque qui, par l'existence des ailes, a une supériorité d'organisation sur le Mélophage, n'a-t-il que deux stigmates thoraciques ( 1348 ) quand ce dernier en a quatre, et lorsque la somme de respiration caleulée sur le nombre et le calibre des trachées est la même dans ces deux para- sites? Nous en trouverons peut-être la solution dans leur genre de vie res- pectif. L’Hippobosque parasite d'un quadrupède à poil ras, mais non parasite à demeure, puisqu'il peut s'envoler d'un cheval à un autre, a ses deux stig- mates en contact direct et incessant avec l'atmosphère, en sorte qu'il peut quand il le veut y puiser largement et avec facilité tout l'air nécessaire à la fonction respiratoire. Le Mélophage, au contraire, privé d'ailes, condamné à ramper péniblement au milieu d'un buisson laineux plus où moins obstrué de saletés, où l'air a de la peine à se filtrer, était dans l'impérieuse nécessité de saisir toutes les occasions de humer à la dérobée le peu d'air qui se trouvait à sa portée. Ses quatre ostioles respiratoires lui devenaient indispensables. C'est donc l'opportunité de l'inhalation de l'air qui semble avoir décidé du nombre des stigmates thoraciques dans les deux Pupipares dont j'ai esquissé le parallèle. La même raison physiologique s'applique aux stigmates abdo- minaux, dont il y a sept paires dans le Mélophage et cinq seulement dans l'Hippobosque. Ces orifices respiratoires, d'une petitesse extrême, de la forme d'un pessaire rond , n'ont pas de diaphragme membraneux, et offrent à leur fond quelques cils propres à tamiser l'air. »_2°, Les trachées sont toutes de l'ordre des tubuleuses ou élastiques dans l'abdomen, et n'offrent dans leur distribution rien qui ne se trouve dans les insectes en général. Un grand canal latéral, où s'abouchent les souches des stigmates, émet les innombrables trachées nutritives, qui vont répandre dans tous les tissus le bénéfice chimique de la respiration. Le thorax, centre des grandes puissances musculaires, offre, dans le parasite aptère comme dans le parasite ailé, un pareil nombre de trachées membraneuses ou utri- culaires indépendamment des tubuleuses. Ce fait très-positif ne laisse pas que d'être, au premier aspect, d'une solution physiologique embarrassante. On comprend que dans l'espèce ailée, ces utricules peuvent, par leur gonfle- ment, diminuer la pesanteur spécifique pour faciliter le vol. Il doit en être autrement dans l'insecte aptère. Dans ce cas, les utricules font simplement l'office de réservoirs où l'air s'emmagasine lorsque l’occasion de le humer se présente. Dans la tête, de semblables utricules enveloppent le cerveau, et lui servent comme de coussins qui le protégent contre les ébranlements pro- duits par les mouvements successifs. » SIL — L'appareil sensitif a pour centres principaux le cerveau et un ganglion rachidien unique. » Le cerveau, siége des fonctions sensoriales, a de grands rapports de SR ( 1349 ) forme et de composition avec celui des animaux supérieurs ; hermétiquement enfermé dans une boîte cranienne tégumentaire , il se divise en deux hémi- sphères qui, äffranchis de leur enveloppe, semblent se grandir et deviennent sphéroïdaux pour se prolonger sur les côtés en un gros nerf optique renflé en globe et terminé par une rétine enduite de son pigmentum. Ces hémi- sphères sont confluents par leur région inférieure, qui est perforée pour le collier œsophagien. La pulpe cérébrale a une certaine élasticité que modérent ou qu'activent les trachées et les bulles aériennes, suivant qu'elles admettent une plus ou moins grande quantité d'air. En avant, le cerveau émet les nerfs antennaires et buccaux; en arrière il se continue en la moelle allongée, ori- gine du cordon rachidien. Celui-ci, au lieu d’être double , ainsi que dans le plus grand nombre des insectes, est simple et unique comme dans tous les Diptères. Dans son court trajet il fournit deux très-petites paires de nerfs. » Le ganglion thoracique grand, rond, lenticulaire, émet dans son pour- tour de puissants nerfs symétriques qui font irradier partout, auprés et au loin, la sensibilité et l'excitation. Des côtés naissent trois paires de nerfs cru- raux , et du bord postérieur deux paires génitales et digestives. En explorant la disposition desorigines des nerfs ganglionnaires, j'ai constaté un fait curieux et intéressant qui vraisemblablement trouvera son application à la généralité des insectes. J'ai reconnu que ces nerfs naissent sur deux plans différents, l'un supérieur, l’autre inférieur. N’est-il pas présumable qu'ici comme dans les nerfs rachidiens de l’homme, les nerfs d'un -de ces plans, d’une de ces tables du ganglion, président au mouvement, et ceux de l’autre au senti- ment ? Cette observation viendrait à l'appui des savantes recherches de M. Newport sur les diverses séries des fibres nerveuses dans les insectes. J'ai trouvé dans l'Hippobosque une portion du systèmenerveux stomato-gastrique de Brandt. Elle consiste en deux nerfs paralleles qui de la tête se portent au milieu de la partie thoracique du ventricule chylifique. » SIL. — L'appareil digestif de nos Pupipares se compose, comme celui de la plupart des Diptères, du suçoir dont j'ai déjà parlé, des glandes salivaires, du canal digestif, des vaisseaux hépatiques et du tissu adipeux splanchnique. » 1°. Les glandes salivaires ont une composition parfaite comme appa- reil de sécrétion, et une structure aussi curieuse qu'élégante. L'organe sécré- teur est situé à la base de la cavité abdominale. Il consiste, dans le Mélophage, eu un globule cristallin, et dans l'Hippobosque et dans l'Ornithomyie, en un boyau plusou moins flexueux. Il communique directement, par un col efférent capillaire, à un réservoir placé au milieu du thorax, orbiculaire et déprimé dans le Mélophage et l'Ornithomyie, ovoide et peut-être plus membraneux ( 1350 ) dans l'Hippobosque. De ce réservoir part un canal excréteur plus long et moins capillaire que le col, et flexueux. Ce canal s'unit dans la tête à son con- génère, pour former un canal commun fort court qui verse la salive dans la bouche. » 2°, Le canal digestif a une longueur proportionnelle de beaucoup supé- rieure à celle des Diptères en général, et même des grands animaux, puis- qu'elle excède de huit à neuf fois celle de son corps. C’est un fait bien remar- quable, que l'étendue de ce canal soit d'autant plus considérable que les insectes sont placés plus bas dans l'échelle diptérologique. Cette longueur, ainsi que les circonvolutions et la texture presque membraneuse, semblent suppléer à l'absence de grandes dilatations et au défaut de parois musculaires énergiques. Les Pupipares n'offrent aucune trace de la panse pédicellée qui existe dans tous les Diptères ; l'œsophage est excessivement court; le ventri- cule chylifique débute par un renflement brusque , qui serait plutôt un jabot qu'un gésier. À son entrée dans la cavité abdominale, il présente quelques boursouflures plus ou moins gorgées de sang, puis il s'enroule en plusieurs circonvolutions. Il est séparé de l'intestin par une valvule comparable à l'ilio- cœcale des grands animaux. l'intestin se renfle, à son origine, en un godet assez gros, puis il s'atténue pour s'apoucher à un rectum ovale ou globuleux, suivant qu'il est plus ou moins rempli par une bouillie blanche ou cannelle. Ce rectum offre extérieurement deux paires de boutons charnus : j'ai désigné, provisoirement, sous cette dénomination, des corps particuliers qui existent daus la plupart des Diptères, ainsi que dans d’autres insectes, et dont jusqu'ici on n’avait fait bien connaître ni la structure ni les fonctions. Ces boutons, au centre desquels pénètre un faisceau trachéen qui en indique l'importance, ue sont que la base extérieure de muscles papilliformes conoïdes, faisant par leur bout libre une saillie dans la cavité du rectum. Ces singulières papilles pendantes sont hérissées d’aspérités spinuleuses dans le Mélophage, et glabres dans l'Hippobosque. Je les crois destinées à agiter, à balayer la pulpe excré- mentitielle pour la défécation. » 3°. Les vaisseaux hépathiques, au nombre de quatre, à bouts flottants, comme dans les Diptères en général, ont leurs insertions isolées autour de la terminaison du ventricule chylifique. Leur bile, au lieu d'être jaune ou vio- lacée, est ou limpide ou blanche, comme une solution d'amidon. » 4°. Le tissu adipeux splanchnique est peu abondant : il prend au-des- sous des viscères la forme de lambeaux membraneux, mais on en rencontre dans le thorax et l'abdomen en granules sphériques, tantôt enfilés en séries moniliformes, tantôt disposés en ramifications parles trachées qui les unissent. 0 ÉTÉ SSL (ro 70) » Ç IV. — L'appareil génital des Pupipares se prête, comme celui des autres animaux , à une exposition particulière pour chaque sexe. » 1°. Le mâle a des testicules, des conduits déférents, des vésicules sémi- nales, un canal éjaculateur, et une armure copulatrice avec la verge. » Les testicules ont un développement considérable. Chacun d'eux est une agglomération, ou distincte ou confuse, des innombrables circonvolutions d'un vaisseau spermifique filiforme, d'une couleur rouillée ou chocolat, ayant, quand il est déroulé, quatre ou cinq fois la longueur du corps de l'in- secte. I! n'est pas rare que les deux organes soient confondus en une seule masse informe. Je ne connais dans tout l'ordre des Diptères, des testicules de cette structure et de cette dimension, que dans les Asiliques, insectes chas- seurs et carnassiers, d'une organisation très-avancée, et parmi les Coléop- tères, dans les Carabiques, pareillement carnassiers. » Les conduits déférents ne sont, dans l'Hippobosque et le Mélophage, qu'une courte portion exserte du vaisseau spermifique. Ils sont incolores et bour- souflés dans l'Ornithomyie. » Les deux premiers de ces Pupipares ont deux paires de vésicules sémi- nales longues, filiformes, confluentes en arrière en un col pour chaque paire. Il n'y en a qu'une dans l'Ornithomyie, mais elle offre un vestige intéressant, uue sorte de cul-de-sac qui est le rudiment de la paire qui manque. » Le canal éjaculateur , ou le tronc de tout l'appareil, est moins long que les vésicules, filiforme , bulbeux à son origine. » Un forceps composé de deux lames droites cornées, allongées, fixées à une pièce basilaire courte, constitue l'armure copulatrice. Le fourreau de la verge est submembraneux , avec des baguettes latérales coriacées. » 2°. L'étude de l'appareil génital femelle des Pupipares est féconde en faits curieux et en considérations d'un intérêt neuf. Je ne connais aucun in- secte qui, sous ce rapport , présente des rapprochements plus piquants avec les grands animaux. On y distingue les ovaires avec l’oviducte, la matrice avec le fœtus, le produit de la parturition ou la pupe; enfin, la glande sébi- Jique avec le réservoir du sperme. » À. Les ovaires, au lieu d'offrir, comme dans les insectes en général , un plus ou moins grand nombre de gaînes ovigères, uni- ou pluriloculaires, ne consistent ici qu'en deux bourses simples ovalaires monospermes, dont l’une est toujours plus petite que l’autre Cette inégalité de grandeur tient à ce qu'ils ne sont pas simultanément fécondés, et le développement excessif du fœtus ne permettait pas qu'il en fût autrement. Ces organes s'atténuent en arrière en un col, et s'abouchent à l'oviducte. Ils renferment une pulpe ho- C.R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX, Nc 25.) 179 (EE) mogène qui ne revêt jamais les caractères d'un véritable œuf, à forme bien déterminée, vivant d’une vie propre et végétative, et s'énucléant de son lo- cule pour tomber dans le calice, et de là dans l'oviducte. Telle n’est pas la condition du corps renfermé dans l'ovaire. Après l'éveil copulateur, le fluide ovarien, plus abondant , devient plus blanc en se vitalisant. Plus tard cette pulpe est circonscrite par une membrane embryonnaire; mais cet embryon n'est pas, je le répète, un œuf. Lorsqu'il a acquis le développement qui doit lui faire franchir l'oviducte pour aller subir son incubation dans la matrice, il offre déjà quelques traits ébauchés du fœtus. Du reste, cet embryon, loin de se détacher comme un œuf, entraîne, lors de son expulsion de l'ovaire , un cordon ombilical qui le lie anatomiquement et physiologiquement au corps de la mère, et qui le suit même jusque dans la première période de son sé- jour intra-utérin. C'est là un trait d'embryogénie qu'on ne rencontre dans aucun autre insecte. » B. La matrice offre par sa position, sa forme, ses connexions et ses fonctions, une remarquable et singulière ressemblance avec celle des animaux les plus élevés, et même avec celle de la femme. C'est un organe creux, à parois fibro-musculaires, très-expansible, destiné à la gestation d'un fœtus qui y prend des dimeusions énormes. Il est ovalaire, confrontant en avant à l'oviducte, et en arrière à la vulve surlaquelle il est sessile. Ses parois n'ont avec le fœtus que des rapports de contiguité; mais celui-ci, comme je lai dejà dit, a, dans les premiers temps de son incarcération utérine, une com- munauté d'existence avec la mère, au moyen du cordon ombilical. En ap- prochant du terme de sou développement utérin, son existence greffée cesse par la rupture ou le décollement du cordon, et il prend une vie individuelle. Avant d'effectuer son isolement, le fœtus acquiert, par un emprunt fait à sa mère, les conditions nécessaires au maintien et aux progrès de sa vie indé- pendante, Une ébauche de système trachéen s'improvise et recoit l'air de deux stigmates microscopiques ouverts vis-à-vis la vulve maternelle. Jusque- là, le fœtus n'est encore qu'un sac rempli d'une pulpe homogène, où les créations organogéniques sont insaisissables, et on reconnaît à la région dorsale de celui du Mélophage deux séries longitudinales parallèles et symé- triques de sept petits points déprimés, dont je parlerai bientôt. » La vulve et l'anus du Mélophage s'ouvrent dans un vestibule commun fermé par deux valves subcoriacées et velues. Cette vulve est inférieure ; aussi le mâle est-il obligé, pour l'introduction du forceps copulateur, d'ineliner le bout de l'abdomen en bas d’arrière en avant , et de tenir une posture difficile. » C. Quand le fœtus est à terme, il sollicite les contrations de l'utérus; et l'accouchement a lieu. Le produit de la partarition est la pupe, synonyme de abs CL à: (1353 ) chrysalide. Cette pupe est le berceau dela nymphe. Elle naît blanche comme l'ivoire, avec deux plaques hrunes au bout postérieur, et quelques heures après elle devient noire comme de l’ébène dans l'Hippobosque, et de couleur marron dans le Mélophage. Celle du premier de ces Pupipares a été dé- crite dès longtemps par Réaumur et de Géer, mais celle du second n'était pas connue et méritait de l'être. Elle est ovalaire, déprimée. Son bont an- térieur a une petite crête où se fixait le cordon ombilical. Après peu de jours, les deux plaques du bout postérieur tombent et laissent deux ouvertures béantes. Pour expliquer le but physiologique de la chute de ces plaques , il est nécessaire d’esquisser rapidement quelques périodes d'organogénie. » Nous avons vu que pendant son existence intra-utérine, le fœtus n'of- frait intérieurement qu'une pulpe homogène, et que dans les derniers temps il avait acquis quelques trachées qui s’alimentaient par deux stigmates poncti- formes, et cette ébauche de respiration suffisait alors. Peu de jours après la naissance de la pupe, la bouillie pulpeuse devient granuleuse, puis les gra- nules se rapprochent, se groupent en vertu d'une loi d'affinité vitale qui pré- side à l'organogénie. Bientôt, au milieu de ce chaos, on déméle une bourre ou espèce de trame fibrilleuse où s’entrevoient quelques traits de la nymphe, des noyaux d'organes, des linéaments de membres, une enveloppe nymphale qui est un véritable amnios. Mais dans cette période de constructions orga- niques le besoin d'une circulation aérifère est impérieux et les stigmates ponctiformes sont insuffisants. Une loupe attentive assiste en quelque sorte à l'éclosion de dix-huit stigmates sur les téouments de la nympbhe; celle-ci revêt la forme emmaillottée de l'insecte parfait, et ses langes deviendraient alors son linceul si la sollicitude conservatrice n'avait pas tout disposé de longue main pour prévenir une asphyxie mortelle. Les plaques dont j'ai parté ne sont pas de simples taches, un vain ornement; elles ont une destination physiologique incomprise jusqu’à ce jour. Ce sont des volets enchâssés qui quittent leur rainure pour laisser ouvertes des fenêtres qui donnent un libre et large accès à l'air atmosphérique pour alimenter les dix-huit ostioles respi- ratoires dont j'ai parlé. » Les deux séries de points ombiliqués de la région dorsale de la pupe du Mélophage, mentionnées plus haut à l'article du fœtus, sont, d'après moi, les points d'insertion de muscles intérieurs, et ont de l’analogie avec ceux de plusieurs araignées glabres. » L'éclosion du Mélophage se fait par un mécanisme curieux qui a été peu étudié. Le bout antérieur de la pupe a une suture annulaire qui se dessoude à la naissance de l’insecte. Mais cette dessoudure n’a pas lieu par un ressort I 7e (1354) spontané. Le front du Mélophage en voie de naissance se gonfle et forme uue boursouflure, une sorte d'emphysème qui pousse contre le bout de la pupe, pour en faire détacher une calotte. Une boursonflure semblable s’ob- serve à la région anale, et son effort propulsif se combine avec celle du front pour compléter l'éclosion de l’insecte. » En résumant, au point de l'embryogénie, ce que je viens d'exposer sur l'appareil génital femelle des insectes de la famille qui termine l'ordre des Diptères, nous voyons bien qu'ils sont Pupipares; mais, suivant l’acception accréditée, l'existence d'une pupe suppose la précédence d'une larve, car c'est la peau de celle-ci qui se durcit et se brunit pour former la coque de la nymphe; or, des dissections multipliées à l'infini ont prouvé qu'à aucune époque de la vie intra ou extra-utérine, on ne rencontrait ni larve ni œuf. La pupe existe donc a conceptu, et ce fait, que personne n'avait exprimé, constitue la singulière anomalie de la génération des Pupipares. » D. J'avais jusqu'à ce jour désigné sous le nom collectif d'appareil sébi- Jique un ensemble d'organes inséré sur l’oviducte, appelé par M. Loew, ap- pendices de l'oviducte, et où je reconnais aujourd'hui une glande sébifique et un réservoir du sperme. » La glande sébifique (vaisseaux du mucus de Von Siehold) consiste dans nos Pupipares, pour chaque côté, en un arbuscule à tronc simple, à cime très-rameuse, formant une houppe blanchâtre déjetée en arrière. Les troncs s'insèrent sur la région dorsale de l’oviducte près de l’origine de celui-ci. Dans le Mélophage ils s'atténuent en arrière et m'ont paru s'implanter isolé- ment, tandis que dans l'Hippobosque ils confluent avant leur insertion en un col commun fort court. Une tunique externe pellucide, contractile, et un axe tubuleux formé de cerceaux annulaires élastiques, constituent la struc- ture intime de ces troncs. Les rameaux et ramuscules de la cime ont une tex- ture différente. Leur tunique externe n'est pas plissée, festonnée, contractile, et le tube axal, extrêmement fin, est dépourvu de cerceaux. Tels sont les traits anatomiques de cette glande. La houppe des rameaux , plongée dans la ca- vité splanchnique, y puise, par absorption ou inhalation, les éléments de la sécrétion qu'elle élabore, et les troncs qui s'ouvrent dans l’oviducte en sont les canaux excréteurs. À quoi sert l'humeur sécrétée par cet organe si élé- gamment compliqué? Dans les insectes ovipares, les œufs, en s'engageant dans l’oviducte pour être pondus, reçoivent au passage l’ablution sébacée qui devient pour eux une sorte de vernis préservatif. Mais dans les Pupipares, qui à aucune époque de la gestation n’ont des œufs, cette glande ne saurait avoir cette destination. Est-ce que l'embryon, en descendant de l'ovaire dans la matrice, aurait nécessité de cette onction sébacée, soit pour le fœtus pen- s chinh. Fe (1355) dant son existence utérine, soit pour la pupe après l'accouchement ? » Le réservoir du sperme, ou receptaculum seminis de Von Siebold, s’in- sère tout près et un peu en avant de la glande sébifique. Dans le Mélophage, ce sont deux bourses simples, oblongues, atténuées en arrière en un col commun court. La tunique externe est plus ou moins lobulée, ce qui annonce sa texture contractile , et il y a un axe tubuleux simple ou sans stries trans- versales. La configuration de ce réservoir est totalement différente dans l'Hippobosque. C'est une double bourse rameuse, un filet capillaire avec un petit nombre de branches simples, courtes et inégales. Nulle trace ni d’axe tubuleux, ni de lobules à la tunique externe. IL est plus ou moins farci de granules ovalaires incohérents qui ne sont peut-être que des spermatozoïdes. » Ce réservoir séminal s’observe dans les insectes en général. Il aurait pour mission physiologique de donner le baptême fécondateur aux œufs à terme qui, des ovaires, se rendent à l’oviducte pour être tout aussitôt pondus. Et dans les Pupipares, ce serait l'embryon qui, en descendant de l'ovaire dans la matrice, recevrait ce baptême. » MÉMOIRES LUS. EMBRYOGÉNIE. — Recherches sur l'évolution embryonnaire des animaux ; par MM. A. Bauormonr e£ Marrn-Samr-Anwce. Deuxième Mémoire. (Extrait par les auteurs.) (Commission précédemment nommée.) « Les phénomènes de l’évolution embryonnaire des animaux sont nombreux et variés. Non-seulement ils comprennent la série des modifications organiques, depuis le moment de la fécondation, pris comme point de départ, jusqu'au développement complet de l'embryon ; mais ils comprennent encore toutes les réactions chimiques qui accompagnent ces modifications. Tous ces phénomènes sont si étroitement enchaïînés, leur mutualité est telle, que nous avons cru devoir les embrasser dans leur ensemble, pensant que cette méthode était la seule qui pût nous permettre de surprendre quelques-uns des secrets de cette mystérieuse transformation. Pour procéder avec ordre à l'étude d'un aussi vasté problème, il doit paraitre convenable de déterminer les éléments qui sont la base des recherches qui s'y rattachent, c'est-à-dire d'étudier avec soin l'anatomie la plus intime de l'œuf, et de déterminer, autant que pos- sible, les fonctions de chacune de ses parties constituantes. Ayant procédé à cette étude préliminaire, il devient plus facile de rechercher les modi- fications organiques et chimiques de l’évolution embryonnaire. Tous ces points ont attiré notre attention. Déjà, en décembre dernier, nous avons lu, (13560) devant l'Académie des Sciences, des recherches par lesquelles nous avons démontré que, pendant l'évolution organique , les œufs aériens émettent du gaz carbonique et de la vapeur d'eau, et, en outre, absorbent de l'oxygène. L'émission de l’eau et celle du gaz carbonique ont été démontrées directe- ment ; l'absorption du gaz oxygène ne l’a été que par une déduction du ré- sultat de nos expériences Le présent Mémoire a principalement pour but de compléter nos premières observations, de démontrer directement l'ab- sorption de l'oxygène, et surtout de rechercher si l'azote joue un rôle dans tous ces phénomènes. » Bientôt nous publierons de nouvelles recherches sur l'anatomie intime de l'œuf et sur les fonctions de ses diverses parties, Cette publication sera suivie de celle des observations que nous avons faites sur l'évolution organique. » Les expériences dontil est question dans le Mémoire dont nous donnons ici l'extrait ont été faites sur les œufs de la poule ordinaire, sur ceux de la dinde, sur ceux de la couleuvre à collier, sur ceux du lézard gris, sur ceux de l'Aelix hortensis et sur ceux de plusieurs espèces de Batraciens. Toutes nos observations ont confirmé celles que nous avions faites antérieurement ; il est aujourd'hui démontré, pour toutes les sortes d'œufs sur lesquels nous avons opéré, qu'ils respirent, aussi bien que les animaux adultes, pendant l'évolution embrycnnaire. » Pour juger le rôle exact de l'oxygène et de l'azote, nous avons opéré de deux manières différentes; mais, quel que soit le mode employé, les œufs ont été soumis à l'incubation dans un volume d’air déterminé aussi exactement que possible, en tenant compte de toutes les circonstances convenables. Par le premier mode, qui est le plus simple, mais le moins complet et le moins rigoureux , les éléments de l'expérience étaient : la variation du poids des œufs, celle du volume de l'air; l'analyse de cet air, qui donnait les volumes relatifs et absolus de l'acide carbonique, de l'oxygène et de l'azote. En opérant par le second mode, les éléments de l'expérience étaient comme précédem- ment : la variation du poids des œufs, celle du volume de l'air; l'analyse de l'air, qui donnait le volume de l'oxygène et celui de l'azote ; mais l'acide car- bonique était dosé à l’aide de la balance, et, de plus, l'eau exhalée par les œufs était recueillie et dosée de la même manière. Ce dernier mode a l’avan- tage de donner directement tous les éléments du problème; mais il exige un appareil si compliqué, que nous lui avons préféré le premier mode lorsqu'il s'est agi de juger le rôle réel de l'azote. » Dans tous les cas, les œufs étaient placés sous une cloche semblable à celle qui nous a servi l'an dernier pour faire les expériences avec les appareils à courant continu. Cette cloche était elle-même placée dans une étuve à triple (135) enceinte et à double courant, percée sur les côtés pour laisser passer deux tubes communiquant avec l'intérieur de la cloche. Au-dessous des œufs était un vase rempli de sel marin en gros grains, fortement desséché, Ce sel a l'avantage, pour ces sortes d'expériences, de ne point absorber l'humidité avec trop d'avidité, et même d'en laisser toujours une certaine quantité dans l'air ; condition indispensable pour ne point tuer les animaux embryonnaires dans un temps trop court. A côté du sel marin se trouvait un thermomètre. » D'abord nous avons scellé la cloche sur une lame de verre avec du caout- chouc fondu , mais nous étant aperçu que ce corps jouissait de la propriété d’absorber le gaz oxygène, sans toutefois émettre de gaz carbonique d'une manière sensible, nous l'avons remplacé par un mastic formé de parties égales de cire et de colophane fondues ensemble. Ce mastic restant solide à la température de l’étuve, nous avions beaucoup de chances pour qu'il n’ab- sorbât pas d'oxygène d'une manière appréciable. » En opérant par le premier mode, des tubes, venant de la cloche aux œufs, communiquaient directement avec d’autres tubes qui, traversant des vases à eau, se relevaient verticalement sous des gezomètres et dépassaient le niveau du liquide. Les deux gazomètres étaient suspendus aux deux extrémités d'une même corde qui, passant sur deux poulies, rendait leurs mouvements dépendants l’un de l’autre, de telle manière que, quaud l’un d'eux montait , l'autre descendait. L'appareil portant les poulies pouvait être haussé et baissé, afin de faire varier la pression à volonté. La disposition de ces gazomètres était telle, qu'en les faisant monter et descendre on déterminait un Courant d'air dans tout l'appareil ; cela permettait de renouveler l'air, de l'agiter et d'en opérer le mélange. » Entre les gazomètres et l'étuve nous avons quelquefois placé de grandes éprouvettes remplies de chlorure calcique poreux pour dessécher l'air plus que ne pouvait le faire le sel marin. » Pour opérer par le deuxième mode, on interposait de chaque côté de l'appareil, et entre l'étuve et les gazomètres, une série de tubes collecteurs propres à condenser l’eau et le gaz carbonique. » À l’aide des appareils qui viennent d’être décrits, nous avons opéré un grand nombre de fois sur des œufs de poule, une fois sur des œufs de dinde, et une fois sur les œufs de la couleuvre à collier. » Voici, en quelques mots, les résultats de nos observations : » 1° Le volume de l'air a diminué dans toutes les expériences; » 2°. Le volume du gaz carbonique produit, ajouté à celui du gaz oxygène resté libre dans l'appareil, n'a Jamais représenté le volume total de l'oxygène avant l'expérience; (015580) » 3°, Le volume de l'azote , à la fin de l'expérience, a toujours été plus grand qu'au commencement; » 4°. Le volume de l'azote exhalé a toujours été plus faible que celui de l'oxygène disparu; circonstance qui explique la diminution de volume, car il est évident que cette diminution a dû être égale à la différence du volume de l'oxygène absorbé au volume de l'azote exhalé. » Les œufs de la couleuvre à collier, ceux du lézard gris et ceux de l'Helix hortensis, ont été soumis à un courant d'air privé de gaz carbonique, et cepen- dant ils ont donné des quantités très-notables de ce gaz qui a été recueilli dans'un condenseur de Liebig , rempli d'eau de baryte. » Ainsi pour ces derniers œufs, comme pour ceux des oiseaux, il est démontré qu'il s'établitune véritable respiration pendant l'évolution organique ; car il est bien entendu que nous n'avons opéré que sur des œufs fécondés, et la formation du gaz carbonique nous permet d'admettre que ce phéno- mène est accompagné d'une absorption d'oxygène et d'une émission d'azote, comme nous l'avons observé en faisant les expériences précédentes. » Les œufs des Batraciens, subissant leur évolution embryonnaire dans l'eau , n'ont pu être soumis aux mêmes modes d'expérimentation que les œufs aériens, parce que la solubilité du gaz carbonique dans l'eau ne nous aurait pas permis de l'obtenir sous forme de courant, ni de le recueillir dans des gazomètres. Nous nous sommes bornés à constater, avec beaucoup de soin, si l'oxygène était indispensable à ces œufs comme à tous les autres œufs sur les- quels nous avions expérimenté. Les expériences que nous avons tentées à cet égard se rapportent à deux séries principales : dans la première, nous avons recherché l'influence de l'oxygène sur les œufs des Batraciens ou sur de très-jeunes tétards; dans la seconde, nous les avons soumis à l'influence de divers gaz. Ces deux modes d’expérimentation ont donné des résultats con- formes à ceux obtenus en opérant sur les œufs des autres animaux. » Pour soumettre les œufs des Batraciens à l'influence des gaz, ils ont été introduits avec de l'eau dans des flacons à deux tubulures. La tubulure moyenne des flacons recevait un tube droit, rétréci à son extrémité inférieure qui plongeait dans le liquide, et soudé à un tube plus large à sa partie supé- rieure. Cette partie du tube pouvait recevoir un bouchon conique traversé par un tube afférent qui dirigeait le gaz jusque dans le flacon. Ce tube sert encore , à la fin de l'expérience, pour introduire de l'eau dans le flacon, afin d'eu faire sortir le #az qu'il renferme. La deuxième tubulure recevait un tube propre à recueillir les gaz. Eu enfonçant jusque dans l'eau la branche de ce tube qui traverse le bouchon, l'appareil était fermé. Au contraire, pour extraire le gaz de l'appareil, il fallait soulever ce dernier tu be. (1559 ) » Voici le résumé des expériences faites sur les embryons des Batraciens. Des œufs de Batraciens ont été plongés dans de l’eau distillée privée d'air par l’ébullition et renfermés dans des vases bien bouchés; les tétards qu'ils con- tenaient n'ont jamais vécu plus de trois jours, en opérant dans l'obscurité, où à la lumière diffuse, ou à la lumière solaire. » Des œufs de tétards, plongés dans de l’eau de Seine aérée, mais renfer- més dans des flacons bien bouchés, ont quelquefois donné naissance à des tétards qui ont vécu Jusqu'à seize jours, mais jamais au delà. » Des œufs de Batraciens placés dans de l’eau.de Seine communiquant li- brement avec l'air, ont vécu pendant vinot et un jours. À cette époque ils étaient très-agiles et auraient pu vivre encore fort longtemps si on ne les avait pas employés à faire d’autres expériences. » Des œufs de Batraciens ont été plongés dans de l’eau chargée de gaz carbonique; les embryons qu'ils renfermaient ont péri en peu de temps. » Le gaz hydrogène engourdit immédiatement les jeunes Batraciens et Les ‘tue en une heure. » Le gaz protoxyde d'azote paraît enivrer les Jeunes tétards de grenouilles et les tue également en une heure. » Les expériences faites sur les Batraciens démontrent l'indispensable né- cessité de la présence de l'oxygène pour que l’évolution embryonnaire de ces animaux ait lieu. Des gaz à peine délétères, comme le carbonique et l'hydro- gene, tuent rapidement les embryons de ces animaux. Cela ne peut sur- prendre , si l’on songe que la circulation est déjà parfaitement établie chez le tétard pendant qu'il est encore enfermé dans l'œuf, et qu'on l’observe nette- ment dans les branchies rudimentaires dont il est pourvu à cette époque. La présence de ces organes respiratoires se trouvant étroitement liée avec la cir- culation, il est évident que celle-ci a principalement lieu sous l'influence de la respiration branchiale et qu'elle cesse aussitôt que cette dernière n’est plus alimentée par l'oxygène. Quelques objections, tirées d'observations faites sur la circulation fœtale des mammifères, pourraient être posées à cet égard, mais elles ont été prévues et seront levées dans le Mémoire qui fera suite à celui-ci. Conclusions. » Il résulte de l'ensemble des faits consignés dans le Mémoire que nous avons l'honneur de soumettre au jugement de l’Académie : » 1°. Que l'oxygène est absolument indispensable à l’évolution embryon- naire des animaux ; » 2°. Que, pendant l’évolution embryonnaire, les œufs des ovipares sont C. R., 1844, 2° Seracstre. (T. XIX, N° 98.) 180 ( 1360 ) soumis à une véritable respiration , comme les animaux adultes; que cette respiration est caractérisée par nne exhalation de gaz carbonique, de gaz azote, de vapeur d’eau, et par une absorption d'oxygène. » Ces résultats conduisent à des applications dont nous ferons le sujet d’un Mémoire que nous publierons très-prochainement. » Quoique nos expériences établissent d’une manière indubitable les faits que nous venons de résumer, elles ne nous satisfont point complétement : il nous semble que, la transformation organique qui a lieu dans des œufs d’une nature déterminée se faisant toujours dans les mêmes conditions d’alimen- tation , d'aération et de température, les produits absorbés et exhalés pen- dant une phase déterminée de l’évolution embryonnaire devraient toujours être les mêmes, non-seulement en nature, comme nons l'avons établi, mais encore au point de vue de leurs proportions pondérales. Nous dirons plus, il nous semble encore, par des raisons que nous développerons dans un Mémoire qui fera suite à celui-ci , que les quantités pondérales des produits exhalés et absorbés , réduites en équivalents, doivent présenter des rapports simples, tels que ceux que l’on obtient en faisant une analyse organique ; car , en réalité, il s'agit de la combustion totale ou partielle des éléments des substances déterminées : aussi nous proposons-nous de reprendre nos expériences, et de les diriger vers ce but, au commencement de la saison prochaine. Si nous n'avons pas fait davantage, c'est que cela nous a été matériellement impos- sible. Ceux qui ont eu l'occasion de se livrer à de longues recherches sauront apprécier les difficultés qu'il nous a fallu surmonter, et combien il nous a fallu de persévérance, nous pouvons même dire d’abnégation , pour con- sacrer un temps si considérable à des recherches quelquefois très-pénibles. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIRURGIE. — Recherches sur les blessures des vaisseaux sanguins; par M. Amussar. (Deuxième partie.) (Commission précédemment nommée.) « D'après les faits que je viens d'exposer, dit l'auteur en terminant son Mémoire, je crois pouvoir déduire les conclusions suivantes : » 1°, Lorsque les deux artères carotides sont coupées en même temps dans une grande plaie transversale du cou, la mort n’est pas instantanée comme on le pense généralement ; l'hémorragie dure plusieurs minutes, pendant les- quelles l'animal conserve toutes ses facultés. ( 1361 }) » 2°, Les artères carotides ne restent pas béantes après leur division, ainsi qu'on pourrait le croire; et malgré le volume de ces vaisseaux, il se forme des caillots obturateurs, comme après la division d’ane seule carotide. » En examinant les planches qui représentent des artères de chiens, et surtout des artères carotides de bœufs sacrifiés d'après la méthode juive(r), on voit que l'organisation du caillot est la même que celle que j'ai indiquée dans mon premier Mémoire. » 3°. La section simultanée ou à court intervalle des nerfs de la huitième paire et des artères carotides, faite au milieu du cou, n’exerce aucune in- fluence sur la formation des caillots spontanés ou bouchons obturateurs des artères carotides coupées complétement en travers. » 4°. Le caillot spontané formé aux extrémités des artères divisées se compose de deux caillots : l’un extérieur , déjà décrit dans mon premier Mé- moire; l'autre intérieur, qui n’est autre chose qu’un coagulum organisé abso- lument comme celui qui se forme après tons les moyens artificiels d’obtu- ration, compression, cautérisation, ligature, ou torsion. » 5°, Le caillot spontané obturateur est souvent fort difficile à recon- naître. Pour le retrouver; il faut se rappeler la disposition anatomique de l'artère divisée, et observer les pulsations à l'extrémité du vaisseau. En outre, on peut reconnaître par le toucher la petite masse sanguine qui con- stitue le caillot. » 6°. Enfin, je crois avoir suffisamment démontré que c’est toujours par un caillot ou bouchon obturateur que les hémorragies s'arrêtent spontané- ment, soit que l'animal meure, ou qu'il résiste à l'hémorragie. » Ainsi, la doctrine du caiïllot spontané extérieur et intérieur, comme obstacles à la sortie du sang des artères complétement divisées, est la seule véritable; et, contrairement à l'opinion de Jones et de Béclard, l'artère seule peut se suffire à elle-même. » Sans doute, le fait établi dans mon Mémoire n'est qu’une bien petite ad- dition à la théorie de J.-L. Petit, considérée au point de vue physiologique ; mais au point de vue de la chirurgie pratique, il est d’une grande impor- tance, comme le prouvent toutes les hémorragies graves et même funestes qui ont lieu, parce qu'on n'a pas pu trouver une artère défigurée et masquée par un caillot. » (x) On sait que nos bouchers assomment les bœufs avant de les saigner ; les bouchers juifs les saignent sans les assommer. 160. (1362 ) PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la progression et l'état du fluide séminal dans les organes génitaux des femelles des mammifères; par M. Poucuer. (Commission du prix de Physiologie expérimentale. ) Les résultats des observations de l’auteur sont présentés sous la forme d’un tableau où se trouve indiquée heure par heure la marche du fluide séminal dans l'appareil génital des femelles. « Ces expériences, qui ont été entreprises sur la lapine, de six heures à vingt-cinq heures après l’accouplement, me paraissent, dit M. Pouchet, dé- montrer les propositions suivantes : » De la sixième heure à la vingt-cinquième, on trouve constamment des zoospermes dans le vagin et les cornes utérines. » Jusqu'à la vingt et unième ou la vingt-deuxième heure, ces animalcules sont trés-agiles. Mais bientôt après ils deviennent moins vifs, puis, vers la vingt-troisième heure , ils meurent et semblent éprouver une sorte de raideur cadavérique, qui rend leur appendice caudal rectiligne. » Vers la vingt-cinquième heure, on ne découvre plus que des z00- spermes dilacérés. La queue de presque tous ceux-ci s'est séparée de l’extré- mité renflée; mais, avec de l'habitude, on recounaît parfaitement les queues et les têtes de ces animalcules, mêlées aux divers objets, tels que des globules du sang ou de mucus , qui se trouvent confondus avec elles sous le champ du miscroscope. » Parfois, pendant ce laps de temps, surtout quand la mort a été pré- cédée de convulsions violentes, j'ai rencontré quelques zoospermes vivants ou morts, de o à 10 millimètres dans l'extrémité utérine des trompes de Fallope, et j'en ai observé aussi, mais bien plus rarement et en bien moindre quantité, de 10 à 20 millimètres. » Au delà, il n'en parvient jamais un seul; le mucus qui s'y trouve, formé de globules serrés, et s'avançant vers l'extérieur, leur offre un obstacle infranchissable ; c'est donc seulement dans l'utérus, et peut-être aussi dans la région destrompes qui avoisine cet organe, que peut, suivant moi, s'opérer la fécondation des mammifères. » Je pense que c’est par erreur que MM. Bischoff et Wagner ont pré- tendu découvrir des zoospermes sur les ovaires. » Dans un appendice joint à sa Note, M. Pouchet combat deux opinions précédemment émises par M. Deschamps , Vune relative au corpus luteum que ce dernier anatomiste regarde comme un signe de fécondation , et l’autre relative à la fécondation qu'il pense s'opérer à l'ovaire. « J'ai recueilli, dit \ ( 1363 } M. Pouchet, des centaines de corps d'animaux vierges. ..., d'un autre côté, je me suis assuré que les zoospermes ne parviennent jamais aux ovaires, hors les cas anormaux qui donnent lieu aux grossesses extra- utérines. ...» PHYSIQUE. — Remarques sur quelques anomalies apparentes dans les pheno- mènes électriques produits par la foudre. (Lettre de M. Primer. | « Dans la relation que M. l'abbé Chapsal a faite de l'orage qui a éclaté sur la commune d'Ille (département des Pyrénées-Orientales) , le 24 août 1842, on remarque plusieurs particularités curieuses que M. Arago a fait judicieuse- ment ressortir dans la séance dernière. » La bizarrerie apparente des effets de la foudre a donné lieu à beaucoup d'explications erronées ; n'ayant pas suffisamment distingué ce qui appartenait à chacun des deux ordres de phénomènes électriques, permettez, monsieur le Président, que j'apporte le tribut de mes observations et de mes expé- riences à la solution de cette question. » En janvier 1838, j'ai communiqué à la Société philomatique les résul- tats que j'avais obtenus en soumettant des barreaux de fer aux décharges élec- triques. Ces expériences ont mis hors de doute que l'électricité qui traverse un barreau de fer ne lui donne pas de magnétisme par sa Propagation ; mais elles ont démontré en même temps qu'une décharge électrique agit mécani- quement sur les molécules du barreau, à la manière de la percussion et de la torsion ; c'est-à-dire que si le barreau possède un magnétisme développé par l'influence du globe terrestre ou par celle d'un courant voisin, la décharge d'une bouteille de Leyde, ou d'une batterie, coerce ce magnétisme, en tout ou en partie, comme le feraient les coups de marteau, mais n’en développe pas. » Le magnétisme coercé est d'autant plus considérable, que l'on a placé le barreau plus parallèlement à l'aiguille d’inclinaison, et que la décharge a été plus forte et plus instantanée, Lorsque le barreau est, au contraire, per- pendiculaire à l'aiguille d'inclinaison et au plan du méridien magnétique, il n'y a jamais de magnétisme produit, quelle que soit la puissance de la dé- charge. J'ajouterai, à ce que j'ai publié alors, qu'un effet analogue se repro- duit lorsque l'on fait passer la décharge à travers l'épaisseur du barreau ; la décharge coerce encore le magnétisme développé par influence sans en pro- duire de nouveau; mais cette coercition est beaucoup plus faible que la pre- mière, par la raison qu'il y a un moins grand nombre de molécules qui éprouvent l'action de la décharge. Dans cette dernière expérience, lorsque la ( 1364 ) jé décharge se fait transversalement , il peut se présenter deux cas qu'il faut soi- gneusement distinguer. Si la conductibilité est bien établie, et si les pôles des conducteurs sont assez éloignés pour que toute la décharge traverse le barreau, il n'y a alors aucun magnétisme nouveau de produit : il n'y a de conservé qu'une portion de celui qui était développé par influence. Mais si la conductibilité est mal établie, si les pôles sont peu éloignés, une portion de l'électricité se décharge par-dessus le barreau, en sautant d'un pôle à l'autre; dans ce cas, il y a toujours aimantation, quelle que soit la position du barreau par rapport au méridien magnétique. Dans cette circonstance, la décharge extérieure ne fait que reproduire le mode d’aimantation que la science doit à M. Arago. ». Ces expériences font disparaître toutes les anomalies apparentes du ma- gnétisme produit par la foudre. Il y a aimantation , ou mieux, coercition de magnétisme dans les barreaux traversés par la foudre, si ces barreaux en possèdent un d'influence au moment de la décharge; il n'y en a pas, si le barreau est neutre. Il y a aimantation dans les barreaux traversés latérale- ment, si une portson de la décharge se fait en même temps en dehors du bar- reau, sil y a une étincelle qui saute d'un pôle du conducteur à l’autre pôle. Il n'y a pas aimantation , si le courant traverse en entier le barreau; il pourra l'échauffer, le rougir, le souder à d’autres , suivant l'énergie du courant, mais il n'y aura pas de magnétisme développé. » Les effets extraordinaires de la foudre dans les habitations ne peuvent aussi être ramenés, sans création nouvelle, aux lois de la simple conduc- tibilité. » J'ai souvent insisté sur l'opposition complète qui existe entre les phéno- mènes d'électricité statique et ceux d'électricité dynamique, et je pense que le Mémoire que j'ai publié en 1838 a beaucoup contribué à faire disparaître la confusion qui régnait dans cette partie de la science. Lorsqu'un conduc- teur est suffisant pour donner un libre passage à une décharge électrique, il n'y a que des effets dynamiques qui se manifestent par une élévation de tem- pérature, par une vaporisation des liquides, si les conducteurs en contien- nent, par des actions chimiques, par la direction de l'aiguille aimantée, etc.; mais il n'y a aucune des attractions ni des répulsions qui appartiennent à l'électricité statique. Lorsque le conducteur est insuffisant, les deux ordres de phénomènes existent simultanément : les phénomènes dynamiques sont produits par la portion qui s'écoule à travers le conducteur; les phénomènes statiques, par la portion arrêtée par son insuffisance. » La plus grande partie des matériaux qui entrent dans la construction des bâtiments sont dans la classe des plus mauvais conducteurs; lorsque la | | À ere per (1365 ) foudre atteint un monument, il y a toujours, en raison de cette faible con- duction, des actions puissantes d'électricité statique. Non-seulement les maté- riaux des bâtiments sont de mauvais conducteurs, mais leur arrangement particulier, nécessité par les habitations, en fait encore des conducteurs excessivement inégaux. L'ensemble est formé d’alternatives de pleins et de vides par les murs, les cloisons, les planchers d'une part; et par les croisées, les portes, les chambres, etc., de l’autre. Puis à ces nombreuses inégalités viennent se joindre des liens en fer, disséminés en tous sens pour en conso- lider les parties. Ces portions de bons conducteurs, qui prennent naissance et'se terminent dans différents points du bâtiment, y occasionnent un grand nombre de phénomènes statiques locaux, par l'accumulation, à leurs extré- mités , de l'électricité ‘arrêtée par l'inconductibilité des matériaux à la suite. C'est dans ces points d'arrêt des courants, c’est entre les portions de plancher et de mur, qui reçoivent ces surcharges électriques, que se produisent les puissants effets d'attraction qui arrachent les parquets, les plinthes ou les meubles rapprochés d'un sol humide et conducteur. C’est alors que l’eau des vases ou du sol s'évapore et ajoute son appoint conducteur à toutes les con- ductions voisines ; c'est alors que les objets légers sont soulevés et forment la danse électrique entre les tensions opposées des planchers. La vapeur qui s'élève alors n’est point le produit d’une vaporisation de haute température, comme dans le premier cas; c’est l'évaporation de la surface humide aug- mentée par l'attraction prodigieuse qui agit sur elle. Lorsqu'on voit ainsi s'élever une vapeur du sol ou des vases pleins d’eau, on peut affirmer que c'est l'électricité positive qui rayonne de bas en haut, et que la masse élec- trique qui constitue la foudre est négative. Mes expériences ont prouvé que la formation de la vapeur est bien plus considérable à la surface du vase positif qu'à la surface du vase négatif; ce qui concorde, du reste, avec ce que l’on connaît du transport matériel plus facile du pôle positif au pôle négatif. » Je ne dois pas prolonger davantage ces explications, mais je reviendrai sur ce sujet dans un travail spécial, avec tous les détails nécessaires à son. élucidation. » M. Crenérradresse une Noteayant pour titre: Observations sur la question des phénomènes électriques des trombes. Dans cette Note, l'auteur, dis- cutant les opinions émises récemment par M. Peltier, conteste l'exactitude de quelques-unes des circonstances mentionnées relativement à la trombe de Chatenay. Ainsi, quoique M. d’Arcet ait trouvé que certains fragments de bois provenant des arbres mis en éclats par la trombe, avaient perdu presque ( 1366 ) toute leur humidité, M. Clerget soutient que dans d'autres fragments, pro- venant de la même origine, et examinés par lui, la proportion de séve était justement celle que présentent des morceaux coupés dans un arbre sur pied. M. Anrur écrit relativement au même ordre de phénomènes, et pour rappeler qu'il en a proposé une explication dans laquelle il ne fait point intervenir l'action électrique. Ces deux communications sont renvoyées , ainsi que la Note de M. Peltier mentionnée par M. Clerget, à l'examen d'une Commission composée de MM. Arago, Becquerel et Pouillet. . M. Lerivre adresse la description et la figure d'un rzouveau frein à trans- mission applicable aux wagons, diligences et tenders roulant sur les chemins de fer. (Renvoi à la Commission des chemins de fer.) M. Smer écrit relativement à un procédé de désinfection qu'il a soumis au jugement de l’Académie, et qui a été l'objet d'un Rapport favorable. Le but de M. Siret, en faisant cette nouvelle communication, paraît être de rappeler ses titres à la propriété de son procédé dans le cas où cette propriété lui serait contestée, comme il croit avoir sujet de le craindre, d’après des pro- positions faites récemment à l'administration de la ville de Paris. M. Evouar» Sy appelle de nouveau l'attention sur une Note qu'il a adressée, concernant un moteur atmosphérique, Note qui avait été d’abord écartée comme se rattachant à la question du mouvement perpétuel. La Note est renvoyée à l'examen de M. Cauchy, qui fera savoir si elle est de nature à devenir l'objet d’un Rapport. CORRESPONDANCE. M. le Miisrre pe L'InsraucrioN Pu8LIQUE transmet ampliation de l'ordon- nance royale qui confirme la nomination de M. J’alenciennes à la place devenue vacante par suite du décès de M. Æ. Geoffroy-Saint- Hilaire. Sur l'invitation de M. le Président, M. Vazexcrennes prend place parmi ses confrères. M. Frourexs présente, au nom de l'auteur, M. Fée, un opuscule ayant pour titre : Examen microscopique de l'urine normale, et donne une idée de ce travail, dans lequel le savant botaniste a trouvé l’occasion d'appliquer les procédés d'investigation que lui avait rendus familiers l'étude des végétaux. ( 1367 ) Des corps que l'analyse microscopique lui a fait reconnaitre dans l'urine de l'homme sain, les uns, d'abord à l'état de dissolution, prennent, quand ils se déposent, des formes que reproduisent les figures joiftes au Mémoire; les autres sont seulement tenus en suspension dans le liquide, et proviennent soit de la vessie ou de ses annexes, soit des vésicules séminales et de la pros- tate. Ces derniers sont ou des zoospermes libres, comme ceux dont M. Lal- lemand avait déjà signalé la présence dans l'urine, ou des capsules de z00- spermes, que M. Fée a vus dans certains cas se rompre sous ses yeux en laissant échapper les animaleules qui y étaient contenus, ou enfin des corps microscopiques de forme particulière, qui, suivant l'auteur, sont fournis par les prostates et n'avaient pas encore Jusqu'ici été aperçus par les physiologistes. Quant aux corps fournis par la vessie et ses annexes, ce sont, outre des glo- bules, du mucus en flocons, des débris de la membrane vésicale et uré- trale, certaines pellicules qui paraissent avoir une origine distincte et dif- férente de celle qu'on leur a attribuée. Ces membranes, dont la présence a été reconnue non-seulement dans l'urine , Mais aussi dans la salive et dans les larmes, sont désignées, en général, par les anatomistes modernes, comme des portions d'épithélium. M. Fée, qui ne veut point y voir le produit d'une desquamation de la surface des muqueuses, à jugé convenable de leur ôter un nom qui rappelle une origine contestée; et n'ayant égard qu’à la forme sous laquelle ils se présentent, c'est sous le nom d’Aymenellium qu'il en traite. M. Frourexs présente encore, également au nom de l'auteur, la première partie d'un Mémoire de M. Pionry sur les maladies de la rate et sur les Jièvres intermittentes. (loir au Bulletin bibliographique.) Dans ce travail, qui est très-étendu , l’auteur appuie par un grand nombre de faits les opinions qu'il a soutenues dans plusieurs communications faites à l’Académie, relativement aux rapports existant entre les fièvres intermittentes et les affections de la rate, et relativement à l'action du sulfate de quinine sur cet organe, action dont la rapidité est constatée de la manière la plus évidente par l'emploi du plessimètre. MÉDECINE. — Ærgotisme Sangreneux développé chez deux enfants mâles, par l'usage d’un Pain qui contenait du seigle ergoté. Amputation des deux jambes chez l'un , Chute de [a jambe droite chez l’autre; guérison dans les deux cas. (Note de M. J. BonsEan.) « Le 15 janvier dernier, J'ai eu l'honneur de communiquer à l’Académie une Note ayant pour objet de Prouver, contre l'opinion généralement admise, CR, 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, No 95.) 181 ( 1368 ) gle ergoté perd une partie de son action toxique par la cuisson et la fermentation panaire. Il s'agissait alors de l’'empoisonnement de toute une famille qui s'était nourrie pendant quelques jours d'un pain contenant une assez grande quantité d'ergots (1). Mais, dans ce cas, les malades n'avaient que le sei éprouvé que les accidents nerveux que développe ordinairement ce parasite quand il est mêlé aux aliments, et connu sous le nom d’ergotisme convulsif. Aujourd'hui, je viens entretenir l'Académie d'une observation analogue, produite par la même cause, et dans laquelle l’ergotisme gangreneux s’est développé avec toute l'horreur des symptômes qui caractérisent cette affreuse maladie. » Dès que je fus instruit de ce triste événement, je songeai d'abord à con- naître tous les détails qui l'avaient précédé, accompagné et suivi dans sa marche, et c'est pour atteindre plus sûrement ce but que je me suis trans- porté, le 14 novembre courant, sur le théâtre même de l'accident, au lieu dit la Bridoire, commune située à 8 kilomètres du Pont-de-Beauvoisin, province de Savoie propre, et distante de 4 myriamètres de Chambéry. Là, assisté de M. le docteur Pichat, médecin au Pont-sur-Savoie, qui a bien voulu m'aider dans mes recherches, j'ai recueilli tous les renseignements relatifs à l’histoire qui va suivre, et au sein même de la famille qui fait le sujet de cette observation. » François Carlet, agriculteur, âgé de 47 ans, né et domicilié à la Bri- doire, sème, en avril dernier, une certaine quantité de seigle contenant 3 à 4 pour 100 d'avoine. Celle-ci lève en totalité et müûrit parfaitement sans pro- duire un seul ergot. Le seigle, au contraire , avorte en grande partie, et le petit nombre d'épis qui arrivent à maturité sont presque à moitié ergotés. A la fin de juillet suivant, on récolte 7,5 de seigle qui renfermait + kilo- de gramme grains ergotés, soit 7 pour 100 environ. La même quantité de semences aurait produit 30 kilogrammes de blé, si tout le seigle avait réussi. » Ces 7*,5 de seigle ainsi ergoté sont mélés avec 25 kilogrammes d'un autre seigle où il se trouvait encore 2 pour 100 d’ergots et quelques grains d'avoine, et ces 32*,5 de blé moulu servent à faire une quantité de pain qui n'a pu être déterminée, mais qui a été consommée en trois semaines par tous les membres de la famille ainsi composée: 1° le père, 47 ans; 2° la mère, 40 ans; 3° une fille de 18 ans; 4° une fille de 17 ans; 5° un garçon de 10 ans; 6° une fille de 5 ans; enfin deux garçons jumeaux âgés de 28 mois seulement. Toute cette famille est saine , généralement bien constituée et jouissant d'une bonne santé. (1) Voir les Comptes rendus , t. XVIII, p. 99. ( 1369 ) » Quinze jours s'étaient déjà écoulés depuis que ces malheureux faisaient usage de ce mauvais pain , et cependant aucun syptôme morbide appréciable ne s'était encore manifesté. Tout à coup le garçon de 10 ans se plaint d'une douleur qui commence d’abord au pli de laine gauche, d’où elle disparaît deux ou trois jours après pour se porter sur les deux jambes à la fois. C'était alors le 8 septembre; le 12, on envoie chercher M. le docteur Pichat, qui remarque aux deux mollets une rougeur de couleur foncée, de la largeur de la paume de la main, et paraissant devoir donner lieu à un phlezmon. Cette partie des jambes est douloureuse au toucher, et l'enfant souffre déjà beau- coup. Les jambes elles-mêmes sont d’un froid glacial et ne peuvent supporter le contact d’un corps étranger, ce qui oblige le malade à les tenir hors du lit qui paraît augmenter l'intensité de ses douleurs. En effet, cette place lui est intolérable, et, comme il ne peut marcher, le père et la mère le promènent presque sans cesse en le tenant dans leurs bras. Le médecin prescrit une ap- plication de sangsues et des cataplasmes émollients dont les parents ne jugent pas à propos de faire usage. A dater de ce jour, le mal fait des progrès sen- sibles. Les jambes et les pieds se tuméfient et se couvrent de phlyctènes qui se rompent successivement en laissant écouler une petite quantité de liquide séreux ; ensuite une vive démangeaison se fait sentir aux tiers supérieurs des jambes. Bientôt après la gangrène apparaît dans toute son effrayante nudité ; elle commence d’abord aux tiers inférieurs des jambes, puis elle envahit suc- cessivement les pieds et se limite enfin d'elle-même au tiers supérieur des deux jambes. Depuis cette époque (24 septembre environ) les douleurs sont moins fortes ; le pauvre enfant peut nou-seulement rester au lit, mais encore y tenir les jambes et y trouver un peu de repos. La démangeaison qui existe, ai-je dit, au point même de démarcation que s'est tracée la gangrène , est si forte, que le malade est obligé de se gratter jusqu'au sang pour se soulager. Quelques légères contractions se font sentir dans les membres inférieurs seu- lement. D'abondantes sueurs ruissellent parfois de toute la surface du corps, surtout pendant les instants où les douleurs sont le plus aiguës. Les accès n’ont rien de régulier (fin de septembre). Les chairs deviennent putrides, se con- tractent à la partie inférieure et mettent les os à nu. Malgré cet état avancé de désorganisation des tissus, les souffrances sont généralement moins vives; seulement les orteils sont toujours le siéÿe d’une vive douleur, bien que l'os soit déjà entièrement dénudé à sa partie supérieure. Les jambes, ou plutôt ce qu'il en reste, répandent une odeur si infecte, qu'il est à peine possible de se tenir dans la chambre du malade. » Quelques jours plus tard, la gangrène est à son comble. La dénudation 181. (1370 ) étant presque complète, cet enfant est conduit, le 12 octobre dernier, par sa mère, à l'Hôtel-Dieu de Lyon, où on lui a amputé les deux jambes. Quel- ques jours après l'opération, le malade était dans l'état le plus satisfaisant. » C’est le 8 septembre, ai-je dit, que se sont manifestés, chez cet enfant, les premiers signes de cette cruelle maladie. Deux jours plus tard , des symp- tômes analogues se déclarent chez le plas jeune des deux jumeaux, âgé de 28 mois, mais à la jambe droite seulement. Amené le 16 septembre chez M. le docteur Pichat, il offre les caractères suivants : le pied droit est tumé- fié, très-froid, sa face dorsale est recouverte de phlyctènes déjà rompues, L'orteil est noirâtre. » Traitement : Solution de chlorure de chaux à l'extérieur, et sirop de quina à l'intérieur. La gangrène se déclare et suit une marche rapide; comme dans le cas précédent, elle commence au tiers inférieur de la jambe droite, gagne successivement le tiers supérieur, puis le pied, et se limite à l’articula- tion du genou. Les chairs, en état de décomposition, répandent une odeur infecte, et la jambe se détache enfin d'elle-même, sans la moindre hémor- ragie, le 24 septembre, laissant une place aussi fraîche que si la perte du membre fût le résultat d'une opération chirurgicale. » C’est le 14 novembre suivant que je vis cette intéressante créature, dont la santé était parfaite. La plaie, composée de chairs vives et roses, était de la largeur d'un écu, et par conséquent sur le point d'être entière- ment cicatrisée; on se bornait à la recouvrir d'un peu de charpie enduite de cérat. » Huit jours avant de perdre la jambe, notre petit malade eut une diar- rhée qui persista pendant vingt-cinq à trente jours, ce qui le fit un peu maigrir ; mais il ne tarda pas à reprendre l'embonpoint dont il jouissait au- paravant. Ce qu'il y a de surprenant ici, c'est que durant tout le cours de sa maladie, les douleurs ont été si faibles, qu'il n'a presque pas laissé échapper de plaintes. Il a toujours dormi comme d'habitude , même lorsque le mal était à son apogée, à l'exception d'une seule nuit, qui paraît être l'époque où la gangrène atteignait son plus grand développement, et pen- dant laquelle il a un peu erié et pleuré. L'appétit avait diminué d'un tiers environ ; le lait était la seule boisson dont il consentit à faire usage. Inu- tile de dire que, la jambe droite exceptée, le reste du corps m'a été le siége d'aucun symptôme morbide. » Examinons maintenant les phénomènes insolites que cette cruelle ma- ladie a présentés dans sa nature et dans sa marche. Toute une famille se nourrit exclusivement du même pain, et sur huit membres qui la compo- et édius "tie tt Mass (1371) sent, quatre n'éprouvent absolument rien, deux fort peu de chose, tandis que les deux autres sont si cruellement atteints. Les trois filles et l'aîné des jumeaux forment la première catégorie ; la deuxième comprend le père et la mère. Chez ces derniers, le poison s'est borné à produire une grande las- situde des bras et des jambes, qui s’est prolongée pendant huit jours chez le père; la mère est restée sous cette influence trois semaines, pendant les- quelles elle n’a pu traire ses vaches, tant ses bras étaient privés de force. Du reste, chez l'un comme chez l’autre, ces symptômes ne se sont manifestés que du 16 au 20 septembre, alors déjà que le pain dont il a été question était entièrement consommé. » Quant aux deux enfants qui ont été les tristes victimes de ce terrible agent, leur maladie même offre une particularité qui n'aura sans doute pas échappé jusqu'ici. C’est ainsi que ces petits malades n’ont éprouvé ni maux de tête, ni vertiges, ni assoupissement , ni troubles de la vue; en un mot, aucun de ces phénomènes nerveux, non plus qu'aucun signe de nar-' cotisme dont l'ensemble constitue ce qu’on appelle l’ergogisme convulsif. Gette période de symptômes a complétement fait défaut dans l'observation qui nous occupe, et la maladie elle-même s’est présentée dans son plus grand état de simplicité, entièrement dépourvue de cette foule de complications fà- cheuses observées dans les épidémies de ce genre et décrites par Dodart, Brunuer, Noël, Langius, Dahamel, Salerne, etc. J'ajouterai, enfin , que chez ces deux enfants, le ventre ne s'est pas tuméfié, et qu'aucune espèce de tache ne s’est développée à la surface de leur corps. » Cette absence de symptômes d'ergotisme convulsif dans un cas de gangrène causée par l'usage du seigle ergoté a déjà été remarquée dans plusieurs circonstances analogues. Je citerai l'épidémie gangreneuse arrivée pendant l'automne de 1814 dans le département de l'Isère, décrite par M. Janson dans le Compte rendu de lu clinique chirurgicale de l’Hôtel-Dieu de Lyon, et qui offre la plus grande ressemblance avec l'observation que je soumets à l'appréciation de l'Académie. Quarante malades furent traités dans cet hôpital, et chez tous la gangrène exerça ses ravages. En effet, dix- huit ou vingt perdirent la jambe, trois ne conservèrent que les cuisses ; chez cinq ou six, le pied se détacha en totalité; d’autres enfin ne perdirent que quelques phalanges des orteils; mais aucun ne fut pris de l’ergotisme convulsif, et la marche de la maladie fut aussi simple que chez les enfants de la Bridoire. Le pain qui avait causé cette épidémie contenait, dit-on , un tiers d'ergot. » Dans ces derniers temps, MM. Trousseau et Pidoux se sont demandés (116720) s'il fallait attribuer au seigle ergoté les épidémies terribles décrites sous les noms d’ergotisme, convulsio cerealis epidemica, etc., et ils ont répondu par la négative. (Voyez leur Traité de thérapeutique et de matière médi- cale, tome [*, page 800, 1842.) Je ne chercherai point ici à approfondir les raisons qui ont servi de base à l'opinion de ces habiles thérapeutistes; je me bornerai à dire aujourd'hui que, sans parler de ce qui a été’écrit sur ce sujet, l'observation que je viens de rapporter, jointe à celle que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie en février dernier, observations vraiment exactes, où J'ai vu et touché moi-même l'ergot qui avait servi à faire le pain incriminé, en inspirant toute confiance par les soins que j'ai mis à les recueillir à une source authentique; ces observations, dis-je, suffisent pour prouver à l'évidence que tous les accidents décrits dans les divers ouvrages sous les noms de : ergotisme convulsif, ergotisme gangreneux, etc. n'ont pas d'autre cause que la présence de l'ergot dans les produits ali- mentalres. » ee ANATOMIE. — Recherches sur les canaux angéiophores, les villosités et le corpus luteum de la matrice ; par M. Drscuawrs. Dans ce travail, qui fait suite à ceux qu'il avait précédemment communi- qués à l’Académie, l'auteur étudie comparativement la disposition des artères et des veines, d’une part, dans l'utérus bifide, et, de l’autre, dans l'utérus simple; il ajoute, sur la structure des villosités utérines , quelques détails nouveaux à ceux qu'il avait précédemment fait connaître. M. Canmenac-Descowses, qui avait soumis au jugement de l'Académie un Mémoire sur un plan d'enseignement agricole, écrit pour demander que l'on remplace dans la Commission à l'examen de laquelle son travaila été renvoyé, deux des membres dont l'absence paraît devoir se prolonger. ; MM. Dutrochet et Rayer remplaceront dans cette Commission MM. Bous- singault et de Gasparin. M. pe Jourrroy prie l’Académie de häter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été soumis son nouveau système de chemins de fer, et fait remarquer combien il serait important pour lui d'obtenir ce Rapport avant que les Chambres aient à s'occuper des questions relatives aux grandes voies de communication. Un des membres de la Commission rappelle que le retard tient uniquement (1373) à l'absence du Rapporteur, et un autre membre annonce que cette absence ne doit pas, suivant toute apparence, se prolonger au delà du mois de décembre, L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, présentés, l'un par M. Deraurier, l’autre par M. Ricuarn pes Vaux. A 5 heures l’Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET, M. Anaco, au nom de la Commission chargée de Préparer une liste de Candidats pour la place d’associé étranger, vacante par suite du déces de M. Dazrow, présente la liste suivante: bi © . . . . . . . . Jacobi , à Berlin. 2 (Er œquo)s. MD. M. Brewster, à Saint-Andrew. M. Faraday, à Londres. M. Buckland, à Oxford. M. Herschel, à Collingwood (Kent). M. Liebig, à Giesen. M. Melloni, à Naples. M. Mitscherlich, à Berlin. M. Tiedemann, à Heidelbers. 3°. Par ordre alphabétique. Les titres des Candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la pro- chaine séance. MM. les Membres en seront prévenus par lettres à domicile. La séance est levée à 6 heures. F. ERRATUM. (Séance du 9 décembre 1844.) Page 1275, ligne 26, au lieu de MM. Arago, Pouillet , Babinet , fisez MM. Gay-Lussac , Arago , Pouillet. (1374) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici lestitres: Comptes rendus hehdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences; 2° semestre 1844; n° 24; in-4°. Annales des Sciences naturelles; par MM. MixxE EpWarps, AD. BRON- GNIART et DECAISNE ; novembre 1844; in-8°. Traité de Médecine pratique. — Mémoire sur les Splénopathies ou maladies de la Rate et sur les Fièvres intermittentes ; par M. Prorry ; 1 vol. in-8°. Bibliothèque du Médecin praticien , publiée par une Société de médecins sous la direction de M. le docteur FABRE; tome IT: Maladies des Femmes; Maladies de l'appareil urinaire ; in-8°. Essai sur les névroses des Nerfs ganglionnaires ; par M. MéraT; broch. in-8°. Examen microscopique de l'Urine normale ; par M. FÉE; brocb. in-4°. Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; tome V, 56° livr. ; in-8°. De la nécessité d’une direction générale des Sciences; par M. A. ROMIEU. Chaumont , 1844; in-8°. Û Journal des Usines et des Brevets d'Invention; par M. VIOLLET; noyembre 1844 ; in-8°. L' Abeille médicale; n° 12 ; décembre 1844; in-4°. The Transactions... Transactions de la Société linnéenne de Londres; vol. IX, part. 3. Londres, 1844 ; in-4°. Linnean... Procès-Verbaux de la Société linnéenne de Londres; n°° 19-22; 20 juin 1843 au 18 juillet 1844; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 50 ; in-4®. Gazette des Hôpitaux ; n°% 144 à 146; in-fol. L'Écho du Monde savent; n° 44 et 45. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 25 DÉCEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries multiples et sur les séries modulaires ; par M. Aucusrin Caucuy. « On sait que la géométrie à trois dimensions a souvent offert le moyen le plus facile de résoudre certains problèmes ou d'établir certains théorèmes de géométrie plane. C'est ainsi que la théorie des projections centrales, si bien exposée et développée par notre honorable confrère M. Poncelet, l’a conduit à des solutions très-élégantes d'un grand nombre de questions de géométrie plane, en lui permettant, par exemple, de passer très-aisément des propriétés d’un système de plusieurs cercles aux propriétés d'un système de plusieurs ellipses. La raison logique des succès que l’on obtient en mar- chant dans cette voie est facile à saisir. Un problème de géométrie plane se présente sous un nouveau point de vue, quand on le considère comme intimement lié à un problème de géométrie dans l’espace; et il est clair qu'en augmentant le nombre des points de vue sous lesquels une question est envisagée, on se procure par cela même de nouveaux moyens de l'approfon- dir et de la résoudre. Ce raisonnement peut d’ailleurs s'appliquer aux pro- blèmes et aux théorèmes d'analyses, tout comme aux problèmes et aux théo- C.R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX, N° 26.) 182 ( 1376 ) rèmes de géométrie. Aussi est-il arrivé plusieurs fois que la considération des fonctions de plusieurs variables a conduit les géomètres à des propriétés re- marquables des fonctions qui renferment une variable seulement. On peut citer, comme exemples, la démonstration que Laplace a donnée de la série de Lagrange, et les belles propositions, relatives aux nombres, que M. Jacobi a déduites immédiatement de la théorie des fonctions elliptiques. On conçoit de même que les propriétés des séries simples doivent souvent se déduire avec facilité des propriétés des séries multiples. Cette considération n'a en- gagé à reprendre une étude dans laquelle je me suis vu encouragé par l'as- sentiment des géomètres, et à poursuivre, à l'égard des séries multiples, les recherches auxquelles je me suis livré depuis vingt-quatre ans, pour établir sur des bases solides la théorie des séries simples. J'examine particulièrement quelle idée on doit se faire de la convergence des séries multiples, et quelles sont les conditions de cette convergence. Parmi les résultats auxquels je par- viens, les plus importants peuvent être facilement énoncés. Je vais les in- diquer en quelques lignes. » Les problèmes d'analyse, comme l'on sait, ont généralement pour but la recherche de certaines quantités dont il s'agit de fixer les valeurs, en les déduisant des valeurs supposées connues d’autres quantités qui constituent ce qu'on appelle les données d’une question. Dans la langue algébrique, on re- présente les quantités connues et inconnues par des lettres ; et les valeurs des inconnues sont censées déterminées, quand on a réduit leur détermination au système de plusieurs opérations à effectuer sur les quantités connues. Le sys- tème de lettres et de signes qui représente ces opérations est ce qu'on appelle une formule. Il peut d’ailleurs arriver que l'on parvienne à déterminer une inconnue ou d’un seul coup et à l’aide d'une seule opération, ou par pièces et par morceaux, s'il est permis de s'exprimer ainsi, et à l'aide d'approxima- tions successives. Dans le dernier cas, la valeur de l'inconnue se trouve ex- primée par la somme d'une série simple ou multiple. Mais pour que la déter- mination de cette inconnue ne devienne pas illusoire , il est bien entendu que les approximations doivent être effectives, de sorte qu'après un certain nom- bre d'opérations, chaque approximation nouvelle fasse généralement con- verger le résultat trouvé vers la valeur de l’inconnue, et rapproche le calcu- lateur du but qu'il se propose d'atteindre. C'est alors que la série simple ou multiple, propre à fourair des valeurs de plus en plus exactes de l'in- connue, est appelée convergente; et par ce peu de mots on peut juger de l'importance que les géomètres ont dû attacher à la convergence des séries. » J'ai prouvé, en 1821, dans mon Analyse algébrique, que la convergence (1377) d'une série simple dépend surtout d'une certaine quantité positive, ou, si l'on veut, d’un certain module, que j'ai depuis appelé le module de la série. En effet, une série simple est convergente ou divergente, suivant que son module est inférieur ou supérieur à l'unité. À cette considération des mo- dules des séries simples, je joins aujourd’hui la considération des séries modu- laires. J'appelle ainsi la série dont les termes se réduisent aux modules des divers termes d'une série donnée simple où multiple. » Cela posé, j'établis des théorèmes fondamentaux relatifs à des séries quelconques; et je prouve, en particulier, qu'une série simple ou multiple est toujours convergente lorsque la série modulaire correspondante est con- vergente elle-même. »._ Dans un prochain article, je développerai les conséquences des principes exposés dans celui-ci, et je montrerai comment on peut ainsi revenir aux for- mules que j'ai données dans mes derniers Mémoires sur le développement des fonctions en séries, ou même fixer les conditions précises sous lesquelles subsistent ces formules, en prouvant que ces mêmes formules se vérifient tant que les séries qu’elles renferment demeurent convergentes. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les fonctions complémentaires ; par M. Aucusrn Caucuy. « Considérons, avec une variable réelle ou imaginaire, une fonction qui ne cesse d'être continue que pour certaines valeurs de la variable auxquelles correspondent des résidus déterminés. Si, d'ailleurs, pour toute valeur in- Jinie de la variable, le produit de la variable par la fonction s’évanouit, le résidu intégral de la fonction s’évanouira pareillement. » De ce principe fondamental du calcul des résidus, on déduit sans peine, comme je l'ai déjà observé, les deux théorèmes suivants, dont le premier est un cas particulier d'une proposition plus générale, énoncée dans le second volume de mes Exercices de Mathématiques. » 1% Théorème. Si, pour toute valeur finie d’une variable réelle ou ima- ginaire z, une fonction de z reste toujours continue, par conséquent toujours finie; si d’ailleurs, pour toute valeur infinie de la variable z, le produit de cette variable par la fonction se réduit à une constante déterminée, la fonc- tion elle-même se réduira simplement à cette constante. » 2° Théorème. Si une fonction d'une variable réelle ou imaginaire z reste toujours continue , par conséquent toujours finie pour des valeurs finies de =, 182. ( 1378 ) et si d’ailleurs cette fonction ne cesse pas d'être finie, même pour des valeurs infinies de z, elle se réduira simplement à une constante. » Si, dans le précédent Mémoire, je me suis borné à remarquer l’analogie qui existe entre les deux théorèmes, et à faire voir que le second est, tout comme le premier, une conséquence immédiate du principe fondamental, c’est qu'il ne me souvenait pas d’avoir publié aucune formule qui, dans le cas pé- néral, où dans un cas particulier, füt l'expression précise du second théorème. Toutefois, une telle formule existe dans l’un de mes Mémoires. Il ne sera pas inutile d'entrer à ce sujet dans quelques détails. » Une fonction algébrique ou même transcendante peut être représentée, dans un grand nombre de cas, par une somme de fractions rationnelles, dont chacune devient infinie pour une valeur de la variable qui rend infinie la fonction donnée; où du moins, par une telle somme augmentée d'une fonction nouvelle que j'appellerai complémentaire, et qui offre cela de re- marquable qu'elle conserve toujours une valeur finie pour toutes les valeurs finies de la variable. Cela posé, il est clair qu'on pourra généralement réduire la recherche des propriétés de la fonction donnée à la recherche des pro- priétés de la fonction complémentaire; et c'est effectivement ce que j'ai fait moi-même, dans plusieurs circonstances, spécialement dans le premier vo- lume des Exercices de Mathématiques | page 95]. Or, dans le Mémoire que renferme le Compte rendu de la séance du 25 septembre 1843, j'ai tiré du calcul des résidus deux formules générales qui m'ont paru spécialement applicables à la décomposition de certaines fonc- tions, et, en particulier, des fonctions elliptiques en fractions simples. Ces deux formules se rapportent au cas où la fonction donnée ne cesse d’être continue que pour certaines valeurs de la variable qui la rendent infinie. En vertu de la première formule, qui n'est autre que l'équation (5) de la page 279 du 2° volume des Exercices, si la fonction donnée s'évanouit pour une valeur infinie de la variable, la fonction complémentaire s'évanouira elle-même. Mais il en sera autrement, si la fonction donnée satisfait seule- ment à la condition de rester finie pour une valeur nulle ou infinie de la va- riable; et alors, en vertu de la seconde formule, la fonction complémentaire se réduira simplement à une constante qui pourra différer de zéro. » Si la fonction donnée ne devient jamais infinie, elle ne différera pas de la fonction complémentaire; et alors, en vertu de la seconde formule, ce sera la fonction donnée elle-même qui se réduira simplement à une con- stante. On se verra donc alors ramené par la seconde formule précisément au dernier des deux théorèmes que nous avons ci-dessus rappelés. D'autre A 11 « +. ( 1379 ) part, il est clair que le théorème dont il s’agit subsistera, comme la formule elle-même, pour toute fonction continue de x. Si l’on considère séparement le cas où la fonction est doublement périodique, on retrouvera le théorème spécial regardé avec raison par un de nos honorables confrères, comme parti- culièrement applicable à la théorie des fonctions elliptiques. Il est d’ailleurs évident que les résultats fournis par le théorème ne différeront pas des ré- sultats qui ont été ou peuvent être fournis par l'application immédiate de la formule. ANALYSE. » Soit f(x) une fonction de la variable x, qui ne cesse d'être continue que pour certaines valeurs de x qui la rendent infinie, et auxquelles corres- pondent des résidus déterminés. Supposons, d'ailleurs, que le système de ces résidus, dans le cas où ils sont en nombre infini, forme une série conver- gente, et prenons LI == VU): (x) (x) = f(x) — < Alors la fonction &(x) conservera généralement une valeur finie, pour toutes les valeurs finies réelles ou imaginaires de la variable x. D'ailleurs, cette fonction étant précisément celle qui, en vertu de la formule (1), ou plutôt de la suivante, (2) JS) = L —— (SA) + s(a), doit être ajoutée au résidu intégral I LU) quand on veut compléter la valeur de la fonction donnée f(x), sera nom- mée, pour ce motif, la fonction complémentaire. La considération de cette fonction complémentaire fournit le moyen d'établir facilement diverses pro- positions importantes relatives à la fonction f(x), comme je l'ai fait voir dans le 1° volume des £xercices de Mathématiques | pages 95 et suivantes]. » Considérons maintenant le cas particulier où le produit zf(z) s'évanouit pour toute valeur infinie de z. Alors, comme je l'ai fait voir dans le 1° vo- lume des Exercices, le résidu intégral de la fonction f{(z) s'évanouira, en sorte qu'on aura G) EU) = ». Si, dans cette dernière formule, on remplace f(z) par HD on obtiendra la suivante, (à) Je= LV) qui se trouvait déjà dans les Exercices, et qui suppose que la fonction f(z) s'évanouit elle-même pour tonte valeur infinie de . » De la formule (4) comparée à la formule (2), on déduit immédiatement la proposition suivante : » 3° Théorème. Dans le cas où la fonction donnée f(x) s'évanouit pour toute valeur infinie de x, la fonction complémentaire & (x) se réduit elle-même à zéro. » Concevons à présent que la fonction f(z) conserve une valeur finie, mais cesse de s'évanouir pour une valeur infinie de z. Alors on pourra, dans la formule (3), remplacer f(2) par le produit cle) ou, ce qui revient au même, par le produit x 7 3/0) attendu que l'expression T pe s'évanouira, dans l'hypothèse admise, pour toute valeur infinie de z. Cela posé, la formule (3) donnera (5) Ja =E (jo) +e, TZ — 2 la valeur de © étant constante, c'est-à-dire indépendante de x, et déter- ( 1381 ) minée par la formule (G e = ff) D'ailleurs, de la formule (5) comparée à la formule (2), on déduira immé- diatement la proposition suivante : » 4° Théorème. Dans le cas où la fonction donnée /(x) reste finie pour toute valeur infinie de x, la fonction complémentaire (x) se réduit sim- plement à une constante. » La valeur de la constante €, fournie par l'équation (6), peut encore être présentée sous d'autres formes qu'il est bon de signaler. » D'abord en développant le second membre de l'équation (6), on trouve (7) e = f{o) + É< (SR): D'autre part, si l'on pose 8 QU re (8) s= ef jte ) dp, on aura, en vertu d’une formule établie dans le 1°" volume des Exercices { voir la formule (92) de la page 217], () (x) (9) 8 = f(o) + LG): (Ex) et, par suite, l'équation (7) donnera (10) e= & <(f@)+s. Si l'on substitue la valeur précédente de € dans l'équation (5), on trouvera Ga) @ (æ) (x) fw= £ Ver (+06) (11) () (7) U) (-) + = (771) dp. (r5820) Cette dernière formule est précisément la formule (3) du Mémoire que j'ai présenté à l'Académie le 25 septembre 1843, sur l'application du calcul des résidus aux produits composés d'un nombre infini de facteurs. Com- parée à l'équation (2), cette même formule reproduit immédiatement le 4° théorème. » Au reste, le 4° théorème pourrait être considéré comme compris dans le troisième, duquel on le déduit immédiatement en désignant par & une va- leur particulière de x, et remplaçant la fonction f (x) par le rapport f(x) —#(e) TI —4a » J'ajouterai que, dans le cas où l'on prend pour f(x) le rapport entre deux produits de factorielles réciproques, et où, des deux termes de ce rapport, le second, c’est-à-dire le dénominateur, renferme plus de facto- rielles que le premier, la fonction complémentaire doit sévanouir en vertu du 3° théorème. Cette observation, relative aux factorielles réciproques, et, par conséquent, aux fonctions elliptiques, s'accorde avec une proposition énoncée à la dernière page d’un précédent Mémoire [séance du 20 novem- bre 1843], où j'ai déjà fait observer que, dans le cas dont il s’agit, la fonc- tion complémentaire se réduit à zéro. » Lorsque la fonction f (z) reste toujours continue, par conséquent tou- jours finie, et ne cesse pas d’être finie, même pour des valeurs infinies de 2, la formule (8) donne simplement #4 (12) HO fer) dp, Tr ou, ce qui revient au même, (13) J (x) = constante. Donc alors, la formule (8) reproduit purement et simplement le 2° théorème. » Enfin, si la fonction f (x) est supposée doublement périodique, la for- iwule (13) reproduira le théorème relatif à cette espèce de fonction. » En terminant cet article, je rappellerai que dans les Mémoires du 2 et du 9 octobre 1843, j'ai déduit immédiatement de la formule (11), les équa- tions remarquables à l’aide desquelles le rapport entre deux produits de fac- torielles réciproques, tous deux composés d’un même nombre de facteurs, se développe en série, ou se transforme en une somme de termes dont chacun est ( 1383 ) proportionnel au rapport de deux factorielles seulement. Je rappellerai aussi que, dans le cas où les deux termes du premier rapport ne renferment plus le même nombre de facteurs, on peut encore ou le développer en série, ou le décomposer en plusieurs termes, soit à l'aide de la formule (11), soit à l’aide d'une autre formule plus générale qui se trouve établie et développée dans mes Mémoires du 30 octobre et du 20 novembre 1843. » J'observerai enfin que, non-seulement on peut tirer de ces formules générales un grand nombre de formules particulières relatives à la théorie des fonctions elliptiques et analogues à celles qui se trouvent déjà dans mes divers Mémoires, mais encore que de ces formules particulières on déduit souvent des théorèmes dignes de remarques et relatifs à la théorie des nom- bres. Ainsi, par exemple, la formule (1+ot+ Mon Han Ten he EC Eee) — [2 a —+#$ I tt LR t+ n. Fos), (14) 1 2 3 I HEAL re fn 1+6 = I1+2 ( que j'ai donnée dans la séance du 25 septembre 1843, entraîne avec elle la proposition suivante : » 5° Théorème. Soient nr un entier quelconque, et N le nombre des Sys- tèmes de valeurs entières positives ou négatives de æ,7 qui vérifient la for- mule (15) L°+3y?— n, Si l'on nomme à l'un quelconque des diviseurs entiers de ñ, On aura . 274 : ras TE (16) MCE (a) 5, sin la somme qu'indique le signe 3 s'étendant à tous les diviseurs a de n. » Si les diviseurs de 7, non divisibles par 3, sont en nombre impair, alors, en vertu de la formule (16), N sera lui-même impair, et ne pourra s'éva- nouir. » Sin est un nombre premier impair, l'équation (16) donnera I 2 CR, 1844, 20€ Semestre. (T. XIX, Nc 26.) 183 par conséquent (17) ;N=1Ei, le double signe + devant être réduit au signe + ou au signe —, suivant que n, divisé par 3, donnera pour reste 1 ou — 1. Dans le premier cas, on tirera de la formule (15) et par suite, si, dans l'équation (15), on assujettit les valeurs de x, y à de- meurer positives, cette équation sera résoluble, mais d'une seule manière, ce que l’on savait déjà. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Vote sur un moyen de mesurer des intervalles de temps extrémement courts, Comme la durée du choc des corps élas- tiques, celle du débanlement des ressorts, de l'inflammation de la poudre, etc.; et sur un moyen nouveau de comparer les intensités des courants électriques , soit permanents , soit instantanés ; par M. Pouizer. « On a fait des recherches intéressantes sur la rapidité avec laquelle | s'exercent les actions électriques et magnétiques; mais, en général, on n'a k pas assez distingué ce qui appartient aux fluides eux-mêmes, de ce qui appar- tient à la matière pondérable à laquelle ils impriment des mouvements. Cette distinction est cependant d'autant plus nécessaire, que l'action propre des fluides entre eux est primitive et directe , et qu'elle s'accomplit avec une prodigieuse vitesse, tandis que l'action qu'ils exercent sur les corps pesants est secondaire et indirecte; et, par la nature des choses, elle ne peut se ma- nifester que par des mouvements dont la vitesse est incomparablement moindre. Ainsi, lorsqu'une aiguille de boussole est en équilibre sous l'influence du magnétisme terrestre, et qu'on la voit se dévier par une cause étrangère, comme une décharge électrique, un coup de foudre, ou une aurore boréale, il faut bien distinguer l'instant rapide où les fluides magnétiques ont été affectés, de l'instant tardif où nos yeux peuvent constater un mouvement appréciable dans la masse pesante de l'acier qui constitue l'aiguille. H se pour- rait bien faire qu'entre ces deux instants il y eût un intervalle de temps égal à mille fois, ou à dix mille fois, la courte durée pendant laquelle l'action propre des fluides s'est fait sentir. Les phénomènes qui se succèdent dans ces circonstances peuvent être assimilés, sous quelques rapports, à ceux qui se (1385) produisent dans le pendule balistique , quand le projectile, n'ayant qu'une masse relative petite, se trouve animé cependant d’une très-grande vitesse. Alors le pendule peut étre tellement disposé, que son mouvement , par rap- port à la courte durée du choc, ne devienne bien perceptible qu'après un temps considérable, Aussi n'essaye-t-on pas d'apprécier par le pendule le temps pendant lequel le projectile agit, bien que cette action qui s'exerce ici entre des corps pesants, ayant des masses de grandeurs finies et comparables entre elles, ait sans doute une durée très-grande relativement à la durée de l'action que les fluides électriques exercent directement entre eux, ou indi- rectement sur la matière pondérable. » Ce que l’on détermine au moyen du pendule balistique, c'est la vitesse de translation du projectile lorsqu'on connaît sa masse, et lorsqu'on connaît en même temps les conditions du pendule et l'amplitude de la déviation qu'il a éprouvée sous l'influence du choc. Il y a là quatre quantités liées entre elles par des relations simples qui se déduisent des lois de la mécanique et trois de ces quantités étant connues, la quatrième peut être déterminée avec plus ou moins d’exactitude. » T'analogie que l’on peut établir entre le pendule balistique et l'aiguille aimantée est assurément très-imparfaite, puisque les forces qui agissent dans les deux cas sont d'une nature tout à fait différente ; cependant elle n’est pas sans utilité pour faire comprendre le parti que l’on peut tirer de l'aiguille magnétique pour une foule de recherches auxquelles, jusqu'à présent, elle n'avait pas été appliquée. » On conçoit, en effet, que si une aiguille aimantée est en repos et qu'un courant électrique vienne agir vivement sur elle, pendant un temps très- court, par exemple pendant un dixième, un centième ou un millième de seconde, il pourra résulter, de cette impulsion unique et presque subite, un mouvement de déviation lent et régulier, d'une amplitude déterminée et parfaitement appréciable. Ce mouvement de déviation sera, par sa cause, différent de celui du pendule balistique, mais il lui sera fort analogue par ses effets, car il se transformera, comme celui-ci, en oscillations plus ou moins rapides. Dans ce dernier cas, la déviation primitive dépend de l'éta- blissement du pendule, c'est-à-dire de sa masse, de sa longueur, de son mo- ment d'inertie, etc. ; puis de Ja vitesse et de la masse du projectile; et les os: cillations qui en sont la suite et qui sont produites par l’action de la pesanteur, dépendent elles-mêmes de cette première impulsion. Dans le cas de l’ai- guille aimantée, la déviation primitive dépend aussi de l'établissement de l'aiguille, c'est à-dire de sa masse pondérable, de sa longueur, de son mo- CE ( 1386 ) ment d'inertie, de la quantité et de la distribution de son magnétisme libre; puis elle dépend aussi de l'intensité du courant électrique et du temps pendant lequel il a exercé son action; enfin les oscillations qui en sont la suite et qui sont produites par la force magnétique terrestre, dépendent elles- mêmes de cette première impulsion. Ainsi la masse et la vitesse du projec- tile sont ici remplacés par l'intensité du courant et par le temps pendant lequel il agit, si bien que la durée de son action peut se déduire de son in- tensité, pourvu que les conditions relatives à l'aiguille soient complétement connues. » S'il arrive par conséquent qu'un courant électrique puisse agir d'une manière régulière et identique à elle-même, pendant un instant très-court, tel par exemple qu'un millième ou un dix-millième de seconde, et s'il arrive en méme temps qu'il puisse, par cette action si prompte, produire, sur un système magnétique convenable, une première impulsion, une déviation primitive assez lente et d'une amplitude assez étendue, rien ne sera plus fa- cile que de déterminer avec exactitude des intervalles de temps qui se comp- tent par millièmes ou par dix-millièmes de seconde. Pour obtenir de telles mesures au moyen des aiguilles aimantées, tout se réduit donc à ces deux questions essentielles : Quelle est la limite de temps nécessaire à un courant pour traverser un circuit donné ? quelle est la limite d'amplitude des dévia- tions qu'il peut produire sur le système magnétique le plus impressionnable ? » La première question a été examinée dans l'un des Mémoires que jai présentés à l’Académie en 1837 sur les lois de l'intensité des courants électri- ques ; j'avais constaté alors qu'un circuit de plusieurs milliers de mètres de longueur était traversé par le courant dans un espace de temps qui ne 1 7000 pas seulement une partie de l'électricité qui se manifestait dans le circuit, mais que le courant passait intégralement avec toute son intensité. Je ne sache pas que, depuis cette époque, on ait poussé plus loin ce genre de recherches ; j'admettrai donc ce résultat comme la limite de ce qui est dé- s'élevait pas à de seconde, et que dans cet instant si rapide, ce n'était montré, mais non pas comme la limite de ce qui peut l'être ; je suis porté à croire , au contraire, que dans un temps plus court, l'électricité peut traver- ser un circuit d’une étendue beaucoup plus considérable. Il serait intéres- sant de faire des expériences sur ce sujet avec des circuits de trois ou quatre cent mille mètres, comme ceux qui sont employés aux télégraphes élec- triques; en opérant sur de telles longueurs, on aurait de bien plus grandes facilités pour trouver la limite de vitesse avec laquelle se propage l'électricité, ( 1387 ) et aussi pour découvrir si cette limite dépend de la longueur absolue des circuits, ou de leur degré de conductibilité. » La seconde question n'est pas résolue par la première : de ce que le courant passe intégralement dans 1 de seconde, et de ce qu'il maintient en équilibre l'aiguille de la boussole d'intensité, par son retour périodique à des intervalles aussi rapprochés , il n’en résulte aucunement qu'une seule de ces actions doive imprimer à l'aiguille une déviation sensible et observable. Il fallait donc isoler l’un de ces chocs pour en connaître l'effet. J'y suis par- venu de la matière suivante : » Sur un plateau de verre de 84 centimètres de diamètre est collée une bande d'étain d'un millimètre de largeur, s'étendant comme un rayon de la circonférence vers le centre; là elle communique à une bande cireulaire plus large qui entoure l'axe de rotation. Supposons que le plateau tourne à raison d'un tour par seconde, et que les deux extrémités d’un circuit électrique s’ap- puient par des ressorts, l'une sur la bande centrale qu'il touche toujours, l'autre sur le verre du plateau près de sa circonférence ; au moment où la bande d'un millimètre viendra passer sous ce dernier, il y aura communi- cation électrique, et la durée du courant sera justement égale à la durée du passage de la bande, c’est-à-dire à 4 de seconde si l’on touche près de la circonférence, à = si l’on touche au milieu du rayon, etc. » Si le plateau fait deux tours, trois tours, quatre tours par seconde , on obtiendra ainsi des passages d'une durée deux, trois ou quatre fois moindre: » Or, en faisant l'expérience, j'ai trouvé qu'une pile ordinaire de Daniell, à six éléments, ayant à traverser un circuit d'environ 4o mètres de fil de cuivre de 1 millimètre, donne un courant assez intense pour que l’action qu'il exerce pendant —{— de seconde imprime une déviation de 12 degrés à l'ai- guille d'un galvanomètre peu sensible; l'aiguille met environ 10 secondes à parcourir cet arc, de telle sorte que l'action rapide des fluides électriques et magnétiques, qui s'est exercée pendant —{— de seconde, se trouve par là transformée en un mouvement cinquante mille fois plus lent, lorsqu'il passe dans la matière pondérable de l'aiguille. » Le galvanomètre de M. Melloni a une sensibilité qui est maintenant connue de tous les physiciens; elle est variable dans les divers appareils ; cependant elle peut être prise pour terme de comparaison, lorsqu'il ne s’agit que de donner une idée approximative des effets électriques. L'un de ces instruments donne 15 deprés de déviation, lorsqu'on fait agir sur lui pendant 5050 de seconde, le courant d'un seul élément de Daniell, dont le circuit se compose d'environ 20 mètres de fil de cuivre de 1 millimètre. ( 1388 ) Ainsi, avec cet instrument, l'on peut apprécier sans peine la dix-millième partie d’une seconde. » On comprend qu'il y a ici à déterminer les lois suivant lesquelles l’am- plitude de la déviation varie dans le même appareil, avec l'intensité du courant et la durée du contact; ces lois peuvent se déduire de diverses con- sidérations théoriques; cependant il sera nécessaire de les vérifier par des expériences précises. En attendant, je me suis borné à graduer empirique- ment l'appareil qui m'a servi, c'est-à-dire à dresser une Table des déviations qu'il éprouve sous l'influence d'un courant connu agissant pendant un temps déterminé. Cette graduation une fois faite, le galvanomètre devient, en quelque sorte, un pendule balistique qui donne le temps pendant lequel le même courant éxerce son aciion. ». Parmi les applications que j'en ai pu faire jusqu'à présent, je citerai seu- lement celle qui est relative à la vitesse d'inflammation de la poudre. » L'expérience se dispose de la manière suivante : les deux extrémités d'un circuit dans lequel se trouvent le galvanomètre et un élément de Daniell, vien- nent s'adapter, l’une à la capsule mise en place sur sa cheminée, et l'autre au chien du fusil, toute la batterie étant bien isolée du canon; une portion du fil passe devant le bout du canon, à quelque distance, de manière à être coupée par la balle à l'instant où elle sort. Voilà tout l'appareil. Lorsqu'on tire, le courant passe done pendant tout le temps qui s'écoule , depuis l'instant où le chien frappe la capsule jusqu'à l'instant où la balle coupe le fil. Les déviations produites dans diverses expériences faites avec la même charge de poudre sont parfaitement concordantes; les observations se font avec la plus grande fa- cilité, et avec la charge dont j'ai fait usage, les valeurs extrêmes sont = et de seconde, pour le temps qui s'écoule entre l'instant où la capsule est frappée et l'instant où la balle sort du canon. » En variant les charges, en prenant des poudres de diverses qualités et des armes différentes à canons ordinaires ou à canons rayés, on pourra aisé- ment déterminer, dans tous les cas, le temps dont il s’agit. ». Pour appliquer le même principe à la recherche des vitesses d'un pro- jectile en divers points de sa trajectoire, il suffit de disposer sur sa route un système de fils de soie, et plus loim un systeme de fils conducteurs; de telle sorte qu'en rompant le fil de soie, le projectile établisse la communication électrique, et qu'en rompant le fil conducteur, il la supprime; la déviation observée donnera le temps du passage. Seulement il faudra tenir compte du temps nécessaire au débandement du ressort qui doit établir la communica- tion à l'instant où le fil de soie est coupé. Ge temps se détermine lui-même ( 1389 ) très-facilement, comme on peut déterminer aussi le temps du choc des corps élastiques; ce temps est très-court : dans les essais que j'ai faits, il a varié de 4 à 1 de seconde. » Le principe dont j'essaye de donner ici une idée, et sur lequel j'appelle l'attention des physiciens, n'est pas seulement applicable à la mesure du temps pendant lequel s'accomplissent les effets mécaniques les plus rapides ; il pourra, j'espère, être d’un grand secours comme moyen de déterminer les intensités des courants électriques eux-mêmes, surtout les intensités des cou- rants que l'on appelle instantanés, c'est-à-dire ceux qui sont produits par l'électricité ordinaire et par les phénomènes d'induction. » La graduation précise des galvanomètres exige des mouvements de ro- tation tres-uniformes; on peut sans doute obtenir cette uniformité avec des mécanismes d’horlogerie, mais Je suis porté à croire qu'on les obtiendra avec plus de facilité au moyen d'une machine électromagnétique convenablement disposée , et c'est peut-être là le service le plus immédiat que l’on puisse at- tendre de ces sortes de machines. » COLORIAGE PAR IMPRESSION. — M. Durrévoy présente, au nom de M. Érrr DE Brauwonr et au sien, un exem plaire du tableau d'assemblage de la Carte géologique colorié par impression. « Cette carte, qui a 0%,57 de large sur 0",59 de haut, comprend vingt-trois couleurs, outre le tracé en noir;ila par conséquent fallu la soumettre à vingt- quatre tirages successifs, et avec des pierres différentes. Malgré cette multi- plicité de tirages, les contours les plus délicats, les dessins les plus minutieux sont rigoureusement observés. Les bandes de terrains qui ont moins de 1 millimètre de largeur sont parfaitement distinctes les unes des autres; la concordance des couleurs et des lignes qui marquent la séparation des terrains est tellement exacte, qu'elle supporte un examen à la loupe. » MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy croient donc que le problème du coloriage par impression, qui occupe la typographie depuis de longues an- nées, est maintenant complétement résolu. Cet honneur appartient à l’Im- primerie royale, qui, de concert avec l'administration des Mines, s’est livrée depuis deux ans à des essais longs et coûteux; mais leur désir de faire une chose utile à l’art typographique n'aurait eu aucun succès sans l'esprit ingé- nieux du chef de la lithographie de l'Imprimerie royale, M. Derenéwesur, auquel sont dus les procédés nouveaux qui ont été employés pour ce travail. » L'honorable directeur de l'imprimerie royale ayant désiré faire participer le public à cette belle invention, et rendre en même temps Justice à son in- ( 1390 ) venteur, a bien voulu adresser à M. Dufrénoy la Note ci-après (p. 1394), comprenant la description du procédé de M. Derenémesnil, en l’autorisant à la communiquer à l'Académie des Sciences. » M. Axex. BroncnarT, en offrant à l’Académie les deux volumes de son Traité des Arts céramiques et l'atlas de tableaux et de planches qui l’ac- compagne, s'exprime ainsi : « J'ai cherché à réunir dans cet ouvrage, aux pratiques de l’industrie, les principes scientifiques qui doivent les éclairer. » Les recherches et les expériences que j'ai faites à ce sujet, conjointe- ment avec les habiles chimistes qui ont travaillé successivement dans mon laboratoire, à la Manufacture royale de porcelaines, ont amené quelques résultats généraux qui pourront intéresser les savants et les praticiens. » Je me permets d'en signaler quelques-uns : » 1°, La découverte faite par M. le duc de Luynes, de la qualité remar- quable du vernis noir des vases grecs, plus inaltérable qu'aucun des vernis plombifères qu'on a été si longtemps à découvrir, a été constatée par de nouvelles expériences et par les analyses faites dans le laboratoire de Sèvres par M. Salvetat. » 2°, L'impossibilité de faire des pâtes céramiques et notamment de la porcelaine avec les éléments qui les composent, quaud on les prend isolé- ment, circonstance remarquable déjà signalée dans mon second Mémoire sur les Kaolins, a été confirmée par de nouvelles expériences. » 3°. Les rapports qui se trouvent dans le chauffage d’un four, entre la quantité de combustible employé pour cuire les enveloppes et celle qui sert à cuire les matières utiles, établis par de nombreuses expériences, montrent l'importance d'apporter de grandes améliorations au mode de cuisson usité jusqu'à présent. » 4°. Des recherches expérimentales sur la propriété des pâtes argileuses qu'on appelle plasticité, indiquent ce que c'est que cette propriété et dans quelles circonstances elle se développe. » 5°, Des expériences très-nombreuses sur Le retrait ou diminution de volume par la cuisson, des pâtes céramiques, fait voir que ce changement n'est pas uniquement dû à l'expulsion complète de l'eau par une hante tem- pérature, mais aussi au rapprochement des parties par un commencement de fusion. » 6°. Des recherches sur la densité des pâtes céramiques ont amené des résultats inattendus qui nous ont paru nouveaux et qui semblent avoir étab li (1397 ) cette singulière loi, que /a densité des pâtes céramiques, déterminée par le poids spécifique des poussières, diminue en raison inverse de leur cuisson, et que cette diminution se Présente dans une méme pâte à mesure qu’elle cuit. Ce phénomène si remarquable à d’abord été dévoilé par la connaissance que j'ai voulu acquérir de la Pesanteur spécifique comparée de toutes les sortes de poteries, et par le soin que M. Laurent a mis à déterminer avec exactitude ces pesanteurs. Il a été confirmé par les observations répétées à de grandes distances par les habiles chimistes qui ont successivement travaillé dans le laboratoire de Sèvres et dont les noms, cités dans mon ou- vrage, doivent inspirer toute confiance dans ces résultats inattendus. » 7°. Une détermination assez précise, donnée par mon pyromètre à barre d'argent, des températures auxquelles cuisent les couleurs vitrifiables employées dans la peinture sur porcelaine, détermination rapportée au thermomètre centigrade, d’après les règles établies par M. Prinseps, à l’aide de ses alliages, et par M. Pouillet au moyen du pyromètre à air. » 8°. La composition des couleurs vitrifiables ramenée à des principes de proportions certaines par des préparations, ou nouvelles ou toutes répé- tées d’après ces principes. » Je ne dois pas pousser plus loin cette indication des objets que j'ai cru devoir choisir, pour que l’Académie pût prendre une idée du caractère que j'ai cherché à donner à l'ouvrage que j'ai l'honneur de lui présenter. » ZOOLOGIE. — Observations sur le développement des Annéliles, Jaites sur les côtes de Sicile; par M. Mine Enwarps. La lecture de ce Mémoire, n'ayant pu être achevée faute de temps, sera reprise dans la prochaine séance. RAPPORTS. M. Durnocuer, au nom de la Section d'Économie rurale, s'exprime ainsi : « Monsieur le Ministre des Finances, par sa Lettre du 18 novembre 1844 ; a invité l’Académie à examiner un projet qui lui a été soumis par M. Harna ou Fréray, projet relatif à l'amélioration des forêts. L'Académie a renvoyé cet examen à sa Section d'Économie rurale. C'est du résultat de cet exa- men que nous avons l'honneur de vous rendre compte. » M. Halna du Frétay annonce à M. le Ministre des Finances qu'il a dé- couvert un procédé à l’aide duquel il augmenterait considérablement la rapi- C.R., 1844, 2e Semestre, (T, XIX, N° 96.) 184 (1392 ) dité de l'accroissement des bois, en sorte qu'il résulterait de son emploi un trés-grand avantage pour les possesseurs de forêts, et par conséquent pour l'État, duquel M. du Frétay espère obtenir une récompense, gardant, d'ici là, le secret de son procédé. » Nous faisons remarquer à l'Académie qu'il est contre les usages de se livrer à examen d’une découverte sur laquelle ses Commissaires ne pour- raient appeler un jugement public. » En conséquence, nous proposons à l'Académie de répondre à M. le Ministre des Finances que le procédé secret de M. du Frétay ne peut devenir l'objet d'un Rapport de la part de la Section d'Économie rurale. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un as- socié étranger, en remplacement de feu M. Dalton. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 55, M. Faraday obtient 34 suffrages. MÉATacobI EPS DRLO M. Buckland. ..... I M. Melloni....... : I M. Faranay, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Mémoire sur les rapports qui existent entre la figure des conti- nents et les directions des chaïnes de montagnes ; par M. Pissis. (Extrait.) (Commissaires, MM. Arago, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) « L'objet principal de ce Mémoire est d'étudier les rapports des directions des côtes avec celles des chaînes de montagnes. En cousidérant dans leur en- semble, et telles qu'on les verrait à une grande distance , les parties émergées de la surface du globe, l'auteur arrive d’abord à cette conséquence, que plu- sieurs continents, tels que l'Afrique , l'Amérique du Sud et la Nouvelle-Hol- lande, se ramènent à des figures fort simples données par des polygones dont | les côtés sont des ares de grands cercles. Il compare ensuite les directions ( 1303 ) des côtes d'une moindre étendue, telles que celles qui produisent les angles rentrants ou saillants, aux côtés de ces mêmes polygones, et il fait voir qu’en rénéral , elles sont parallèles à ces côtés. Ainsi, l'Amérique du Sud peut être représentée par un pentagone sphérique dont les côtés seraient en allant du nord au sud, l'arc joignant l'entrée du golfe de Maracaïbo au cap San-Roque, celui qui joindrait ce cap à la Terre-de-Feu, un troisième allant de la Terre- de-Feu à Arica, le quatrième d'Arica au cap Blanc, enfin, le dernier, du cap Blanc au golfe de Maracaïbo : tandis queles grandes inflexions que présentent les côtes Correspondant à chacun de ces côtés se trouvent parallèles à ces mêmes arcs. Telles sont les directions du sud au nord que présente la côte entre Pernambuco et le détroit de Magellan, et qui sont parallèles à la côte du Chili; la grande dépression occupée par la Plata, qui est parallèle au qua- trième côté ; enfin, le golfe de Maracaiïbo et la baie de Guayaquil, qui sont pa- rallèles au cinquième. Les premiers rapports une fois reconnus, l’auteur détermine par le calcul, et à l’aide des coordonnées géographiques des extré- mités de chaque côte, la position du cercle qui en représente la direction; Suivant ensuite chacun de ces cercles autour du globe, et leur comparant les directions de toutes les côtes qui se trouvent dans leur voisinage, il est con- duit aux résultats suivauts : » Les lignes qui forment les limites des continents sont toutes représentées dans leurs directions par quinze grands cercles, et se trouvent comprises dans des zones dont la largeur dépasse rarement 30 degrés, et qui se trou- vent comprises entre deux plans parallèles à ces cercles. » Ces quinze cercles partent de quatre intersections communes, corres- pondant, soit à de grandes dépressions du sol, soit aux extrémités des con- tinents. » Le premier de ces centres d'intersection se trouve placé un peu au sud de l'Espagne et à l'entrée du détroit de Gibraltar; il en part six cercles qui donnent les directions de toutes les côtes voisines. . » Le second, formé par l'intersection de quatre cercles, correspond à l'extrémité sud de l'Indostan. 5 Le troisième occupe l'extrémité sud de l'Afrique. » Enfin le quatrième est situé entre le Groënland et l'Islande. » Dans la seconde partie de ce Mémoire, l’auteur compare les directions des chaines de montagnes à celles des cercles précédents, et il démontre que toutes les grandes chaînes du globe et les lignes de soulèvement, reconnues par M. Élie de Beaumont, sont représentées dans leurs directions par ces quinze cercles; de telle sorte que les lignes qui forment les limites des terres 184.. ( 1394 ) émergées, leurs grandes dépressions et les lignes les plus saillantes de leur relief se trouvent ramenées à quinze systèmes de directions. » En déposant sur le bureau de l'Académie le Mémoire dont on vient de lire l'extrait, M. Eur pe Beaumonr y a joint l'extrait suivant d'une Lettre que M. Pissis lui a adressée. « Paris, le 11 décembre 1844. » Je dois m'embarquer le 15 de ce mois pour Arica ; et aller de là à Potosi, » où j'ai accepté un poste d'ingénieur que le gouvernement de ce pays » m'avait proposé. Si, pendant mon séjour dans cette contrée, je pouvais » faire quelques observations de nature à vous offrir de l'intérêt, croyez » que ce serait avec un grand plaisir que je m’en occuperais. La Cordilière, » quelque étudiée qu’elle ait été, doit présenter encore bien des répions » inconnues, et si, sous le point de vue géologique, j'avais quelques obser- » vations importantes, je vous demanderais la permission de vous les com- » muniquer. J'avais aussi bien des conseils à vous demander sur un Mémoire » dont je vous avais parlé au commencement de cette année. Je l'ai terminé » autant qu'il n'a été possible de le faire ; je le laisse avec cette Lettre pour » qu'il vous soit remis, et, si vous jugez qu'il offre quelque intérêt pour la » science, je vous prierais de vouloir bien les soumettre au jugement de » l'Académie et d'en disposer comme vous l’entendrez. » TYPOGRAPHIE. — Vote sur le coloriage des cartes géographiques et des plans par la lithographie. (Communiquée par le Conseiller d’État, directeur de l'Imprimerie royale, à M. Dufrénoy, ingénieur en chef des Mines.) (Commissaires, MM. Arago , Damas, Élie de Beaumont, Poncelet, Dufrénoy, Gambey.) « L'impression lithographique en couleurs n’est pas nouvelle : depuis près de vingt ans, on la pratique en Allemagne, et déjà, en France, le colonel Raueourt donnait à ce sujet, dès 1819, dans un traité fort remarquable sur la lithographie, quelques indications théoriques de nature à conduire à de bons résultats (x). » MM. Engelmann et Graft, à Paris, par les produits qu'ils ont mis au (1) Mémoire sur les expériences lithographiques faites à l’École royale des Ponts et Chaus- sées; in-8°. Toulon, 1519, p. 198. DCR IUT L'ORRETIeR ve Je ( 1395 ) Jour depuis plusieurs années, et par la manière intelligente avec laquelle ils ont exercé cette industrie, lui ont acquis, dans les arts, sous le nom de chromolithographie, une place assez distinguée. » Mais si ces deux artistes et les lithographes qui, en même temps qu'eux, se sont livrés à l'impression en couleurs, ont obtenu quelques succès, il im- porte de constater qu'ils ont uniquement dirigé leurs efforts vers la repro- duction plus ou moins heureuse des estampes coloriées au pinceau, après avoir échoué devant les difficultés réelles que présente la coloriation des car- tes et le lavis des plans, qu'ils considèrent encore aujourd'hui comme impra- ticables. » Dans le coloriage des dessins, en effet, l'emploi des couleurs est combiné de telle sorte qu'on arrive presque toujours au but qu’on s'était proposé, soit qu'on les fixe à la place même qui leur est strictement assignée , soit qu'elles s'en écartent sensiblement dans un sens ou dans un autre. C’est par cette rai- son qu'on néglige d'arrêter les contours, et qu’on applique d’abord les teintes les plus pâles, les teintes foncées étant destinées à combler plus tard les la- cunes qui se produisent trop fréquemment entre les premières. De là nais- sent toutefois les tons neutres et lourds qui affectent si désagréablement la vue dans les productions de ce genre. » Nous ferons remarquer, en outre, que la dimension de ces sortes de dessins est fort limitée, et que le mérite de leur exécution décroît en raison directe de l'augmentation du format. » Le coloriage des cartes exige impérieusement, au contraire, que les contours soient fortement et franchement accusés, et que les couleurs, appliquées avec justesse, recouvrent, d’une manière précise, les surfaces auxquelles elles sont affectées, sans les déborder, et sans empiéter les unes sur les autres. Ce coloriage doit ainsi pouvoir s'effectuer en général sur des formats de grande dimension. » Au reste, pour mettre à même de bien apprécier la valeur des obser- vations qui précèdent, ainsi que le degré d'importance des moyens imaginés pour obtenir de la lithographie un coloriage des cartes aussi parfait que celui exécuté par les mains les plus habiles, il est utile de faire connaître d’abord, aussi brièvement que possible , les procédés en usage aujourd'hui pour l'im- pression chromolithographique. » Les lithographes, imitant en cela les fabricants de papiers peints, divi- sent le motif, ou le sujet qu'ils ont en vue d'exécuter, en autant de parties qu'ils veulent y employer de couleurs ; ce qu'ils obtiennent ordinairement en prenant un nombre égal de calques partiels, lesquels sont reportés isolément ( 1396 ) chacun sur une pierre, et servent de guide à l'artiste dessinateur pour l’exé- cution du travail qui le concerne. On a soin, par conséquent, de ne décal- quer sur la pierre affectée à la couleur brune, ou qu'on destine à surcharger, des teintes claires pour les modifier, ou enfin pour combler les intervalles laissés en blanc par suite des imperfections du travail. Il en est de même pour les autres couleurs , et, dans cet état, l'ensemble du dessin, ainsi frac- tionné, ressemble tout à fait aux pièces de ces jeux de patience que l'on donne aux enfants, dans le double but de les amuser et de les instruire; mais, ici, c'est la presse lithographique qui se charge de l'assemblage des diverses parties. » À cet effet, après avoir tracé à distance égale, sur chaque pierre, à leurs bords opposés, des points dits de repère qui aideront l'imprimeur dans la mise en train, ou le calage, une de ces pierres est placée par lui sur une presse munie d’un châssis à répérer, dans le centre de laquelle il cherche à la mettre aussi exactement que possible; puis il l'y maintient au moyen de vis destinées à cet usage. Ces préparatifs étant achevés, il procède au tirage de la première couleur, en même temps qu'il pratique un ou plusieurs petits trous aux extrémités de chaque exemplaire, à l'aide des pointes dont sont armées les bandes mobiles du châssis et sur lesquelles on applique toutes les feuilles alors qu'elles reçoivent la pression. Changeant successivement de pierre, on opère de la même manière, et autant de fois qu'il y a de couleurs, en se servant des trous ménagés dès le début pour retenir les feuilles dans une situation telle, que les raccords puissent s'effectuer le mieux possible. » Diverses causes tendent-cependant à contrarier sans cesse les dispositions arrêtées dans ce but, et à détruire les effets qu'elles étaient appelées à pro- duire. Ces causes, au nombre de quatre , consistent : » 1°. Dans les différences, si légères qu'elles soient, qui résultent toujours du fractionnement du dessin et de son exécution d'après des calques partiels; » 2°. Dans l'allongement du papier ; »_ 3°. Dans la difficulté extrême de placer la pierre bien parallèlement aux règles du châssis à répérer; » 49. Enfin, dans l'agrandissement ou le déchirement des trous de poin- ture. » Les défauts qui se manifestent, aux points de contact , entre les diverses parties qui constituent le dessin, lors de la réunion de ces parties, sont dissi- mulés, comme on l'a dit plus haut, par les débords de couleur qu'on laisse subsister à dessein à leur périphérie. »_ La seconde cause d'erreur, l'allongement du papier, qui résulte ordi- ( 1397 ) nairement, soit de la portion d'humidité qu'il a puisée dans l'atmosphère , soit de son contact répété avec la pierre imprégnée elle-même d’une quan- tité d’eau assez notable, soit enfin de son passage réitéré sous le rateau de la presse; l'allongement du papier, disons-nous , produit ainsi l'allongement de la portion ou des portions de dessin déjà imprimées, ce qui rend le raccord parfait impossible. Dans ce cas, comme dansle précédent, c’est aux débords de la couleur qu'on a recours comme moyen de rectification. » On pourrait, il est vrai, à chaque épreuve, changer la position de la pierre relativement à la feuille, ou la position de la feuille relativement à la pierre, pour partager ainsi les différences ; mais avec les châssis à répérer en usage, avec les points de repère adoptés, cette opération ne peut se faire que par tâtonnement et demande un temps considérable lorsqu'on n'a pas, malheureusement, le hasard pour auxiliaire. On concevra dès lors que, cette fois encore, les débords de couleur soient l'unique NE de correction usilé. » Quant à l'agrandissement des trous de repére, résultant de la traction et dela propulsion exercées à la fois aux deux extrémités de la feuille lors de son passage sous le rateau, il est tel, qu'après cinq ou six tirages, ces trous sont hors de service, et présentent , on le voit, un obstacle insurmontable à l'application , même à peu près exacte , d’un plus grand nombre de couleurs. » L'examen des causes d'erreurs que nous venons de signaler, et qui, jus- qu'à présent, ont arrêté les imprimeurs dans leurs tentatives de coloriage lithographique appliqué aux cartes, nous conduit naturellement à la des- cription des procédés mis en usage à l’Imprimerie royale, pour colorier la Jeuille d'assemblage de la Carte géologique de France. » Cette feuille, dont le cadre présente une superficie de 57 centimètres de large sur 52 centimètres de haut, est recouverte, outre le tracé, tiré en noir, de vingt-trois teintes plates, différentes, bien tranchées, servant à dé- signer la nature des terrains qui constituent le sol de la France ; ces teintes, réparties sur une infinité de points de la surface , affectent les formes les plus variées et sont, pour un très-grand nombre, d’une telle ténuité, qu’elles cou- vrent à peine 1 millimètre carré. Elles sont, de plus, séparées entre elles par de légers contours en lignes ponctuées qu'il est surtont interdit au coloriste de franchir. En un mot, cetravail réunit, à un extrême degré, tous les genres de difficultés. » Disons maintenant comment on a cherché à les vaincre : » La carte d'assemblage avait été gravée sur cuivre; on s’est donc trouvé dans la nécessité d’en exécuter un report sur pierre. Divisant ensuite ce ( 1398 ) report en quatre parties égales, par deux lignes au crayon se coupant à angle droit au centre du cadre, on a recouvert d'encre la portion seule- ment de ces lignes située aux extrêmes bords de la pierre; puis on a dressé, également à l'encre, à l'un des angles de la pierre opposé à celui contenant l'échelle des couleurs de la carte, une échelle semblable, mais d'aussi petite dimension que possible, et renfermant un nombre égal de cases. Ce travail préparatoire achevé, on a tiré sur cette pierre, que nous nommerons pierre matrice, sur du papier bien sec, vingt-trois empreintes, qui ont été à l’in- stant même décalquées sur autant de pierres préparées à cet effet. On a eu soin, à chaque tirage d'épreuve, de laisser bien sécher la pierre matrice avant d'y appliquer la feuille de papier; on a eu soin également de s'assurer que cette feuille ne s'était pas allongée sous le rateau, en comparant la di- mension des cadres de chaque empreinte avec celle du cadre de la pierre matrice; car, si l'opération est bien faite, elles doivent être identiquement les mêmes; dans le cas contraire, il faudra recommencer et remplacer les empreintes défectueuses. » On a obtenu, par ce moyen, vingt-trois tracés entièrement semblables , pour l'ensemble aussi bien que pour les détails, et pourvus, en outre, de lignes de repère invariables, soit pour le calage, soit pour le raccord des couleurs. » Les empreintes ont été remises, en cet état, à l'écrivain lithographe, qui a rempli à l'encre, sur l'empreinte destinée à colorer en rouge, les con- tours affectés au rouge; sur l'empreinte destinée au bleu, les contours assi- gnés à cette couleur, et ainsi des autres. On a obtenu de la sorte des plan- ches de coloriage découpées, pour ainsi dire, les unes dans les autres, d’une exactitude rigoureuse, et ne laissant entre elles d'autre intervalle, d'autre so- lution de continuité que les lignes ponctuées servant à leur délimitation. » Passant ensuite au tirage, la pierre matrice a été placée sur la presse dans une situation telle, que les lignes de repère tracées à l'encre sur les bords de ladite pierre, ainsi qu'on l'a expliqué plus haut, se trouvaient en rapport direct avec les lignes correspondantes inscrites, pour cet usage, sur le milieu de la longueur de chacune des règles et de chacune des bandes du châssis à répérer. En se conduisant ainsi, on acquérait la certitude que le cadre était régulièrement placé, bien carrément surtout, au centre du châssis, et qu'en opérant de même pour les autres pierres, quel qu’en fût le nombre, elles se trouveraient toutes dans une position d'une scrupuleuse identité relativement au châssis. ( 1399 ) » Voici, maintenant, quelles furent les dispositions prises pour la prépa- ration du papier : » On choisit du papier fabriqué à la mécanique, préférablement à du papier vélin fabriqué à la forme, parce que ce dernier, par suite du mode employé pour sa confection, est plus susceptible d'éprouver un allongement considérable. On s'était assuré d'abord qu'il contenait peu ou point d'humi- dité, en prenant, dans la rame, deux feuilles reconnues de poids égal, en faisant sécher l’une à l’étuve , pour la comparer ensuite à l'autre ; la différence de pesanteur entre les deux feuilles devant accuser la présence plus ou moins sensible de l'humidité. » Le papier se trouvant dans les conditions de siccité désirables, a été soumis, à plusieurs reprises, à une sorte de laminage, très-énergique, entre les cylindres d'un appareil à glacer le papier. Cette opération, en apla- tissant le grain du papier, en l'assouplissant, a eu surtout pour effet de di- viser les fibres de la pâte dans le sens de leur longueur, de les raccourcir, par conséquent, et de les soustraire en partie aux effets produits par les varia- tions hygrométriques de l'atmosphère. » Ces dispositions faites pour remédier à l'allongement du papier, il res- tait à prévenir l'agrandissement ou même le déchirement des trous de poin- ture qui, percés dans le papier, fournissent difficilement plus de cinq ou six tirages, la pâte, si, compacte qu'elle soit, ne pouvant résister à une traction considérable exercée sur des points d'attache isolés, de la grosseur d’une ai- guille, et qui tendent sans cesse à la diviser. » On prit donc des feuilles de laiton laminé, de l'épaisseur de celles qui servent à revêtir les bâtons d'ameublement dont les tapissiers font usage; on les divisa en petites plaques de 15 millimètres de longueur sur 5 de large; puis, après les avoir repliées en deux, dans le sens de leur largeur, elles furent collées, avec de la gomme arabique étendue d'eau, mais assez con- sistante, aux extrémités de chaque feuille, où on les laissa bien sécher. On mit ces extrémités en contact, lors du premier tirage, avec les pointes du châssis à répérer, lesquelles pointes, pénétrant la feuille ainsi revêtue sur ses deux faces par les plaques métalliques, établirent des points d'attache permanents, invariables dans leur diamètre, s'ajustant à frottement sur les pointures d’une manière parfaite, et d'une solidité, d’une résistance telles, que cinquante tirages ne suffiraient pas pour les altérer. » Les feuilles de papier ainsi préparées, le tirage des vingt-trois pierres a été exécuté sans présenter de difficultés graves, mais sans qu'on négligeàt , néanmoins aucune des précautions et des soins de détail ayant pour but C. R., 1844, ame Semestre. (T, XIX, N° 26.) 185 ( 1400 }) notamment d'isoler le papier de tout contact avec des corps humides; de le recouvrir d'’ais en bois sec et épais lorsqu'on n'en faisait point usage, comme aussi de s'assurer, à la reprise de chaque pierre, à l'aide d’un étalon quel- conque , que le papier avait conservé ses dimensions primitives. » Enfin, pour remplir toutes les conditions d’un travail aussi compliqué, le châssis à répérer en usage dans les imprimeries du commerce avait besoin de subir dans ses détails, sinon dans son ensemble, de notables modifications. Il devait être pourvu d'un appareil simple, mais d'une sensibilité telle, qu'il fût possible de mouvoir la feuille, dans le sens de sa hauteur comme dans celui de sa largeur, de quantités si minimes, que souvent elles n'excèdent pas un dixième de millimètre ; il fallait aussi que, parti d'un point déterminé , on pût y revenir avec prestesse, sans hésitation, sans tâtonnement; en un mot, il fallait que le châssis permit à la feuille de se déplacer sur la pierre qui, dans notre système , est invariablement arrêtée sur la presse. » La figure 1, comparée à la figure 2, qui représente le châssis du com- merce, fera mieux comprendre qu'une explication détaillée, la nature des changements opérés dans la disposition de ce châssis, et reconnus indispen- sables pour parvenir au résultat demandé. » Nous ajouterons que la feuille d'assemblage de la carte géologique a été coloriée à l’aide des procédés lithographiques que nous venons de décrire; nous regrettons toutefois de n'avoir pu faire d'une manière plus brève et avec plus de clarté. » M. An présente un Mémoire sur les courants de la Méditerranée, et par- ticulièrement sur deux instruments a l’aide desquels on peut déterminer la vitesse et la direction des courants à toute profondeur. (Commission précédemment nommée.) M. Braun adresse de Beaucaire une réclamation relative à une Note de M. Gucrin-Méneville, sur un insecte qui attaque les olives. Cette réclamation est renvoyée à l'examen de la Section de Zoologie qui avait eu à s'occuper de la Note de M. Guérin. M. Gaurmer présente une nouvelle rédaction de son Mémoire sur une disposition particulière de chaudières à vapeur, en demandant qu'elle soit substituée à celle qu'il avait soumise au jugement de l'Académie, dans sa séance du 25 novembre. (Renvoi à la Commission des machines à vapeur.) ( 14or ) M. Siren adresse une Note sur les applications diverses que l'on peut faire d'un appareil de ventilation qu'il a imaginé. (Commissaires, MM. Despretz, Gambey.) CORRESPONDANCE. M. Saviexx, en adressant un exemplaire imprimé de son travail sur les oiseaux d'Égypte, s'exprime ainsi : « Des intentions que je ne chercherai pas à dissimuler me font, en ce moment, adresser à l'Académie un exemplaire de mes Observations sur le système des oiseaux ue l'Égypte et de la Syrie. Ces observations, imprimées en 1810, avaient pour objet d'éclaircir plusieurs difficultés relatives à la classification , à la nomenclature, souvent même à l'histoire vraie ou fabu- leuse des oiseaux de l'Égypte, et devaient paraître dans le grand ouvrage que le Gouvernement faisait publier sur cette contrée. Elles en ont été depuis retranchées, et il ne subsiste plus de cet écrit que le très-petit nombre d’exem- plaires tirés à part dans le temps et mis immédiatement à ma disposition. Cependant il m'importe que la connaissance d’un document qui constate la direction d'une partie de mes travaux, avant 1810, ne se perde point. Je supplie donc l'Académie, non-seulement d'agréer l'exemplaire que j'ai l'hon- neur de lui offrir, et d’en assurer la conservation en le faisant déposer dans sa Bibliothèque, mais encore de vouloir bien ordonner que la Lettre où les motifs de ma supplique se trouvent exprimés soit insérée £extuellement dans le Compte rendu de ses séances. » J'espère aussi que l’Académie, toujours bienveillante, ne me saura pas mauvais gré d'avoir mis à la suite d'observations déjà si anciennes quelques notes manuscrites relatives à la description des animaux de l'Égypte et propres, les unes, à signaler certaines imperfections de ce travail, les autres, à appeler l'attention sur un complément désirable à bien des égards, mais dont l'exécution, malgré les éléments que j'énumère et que j'ai en effet réunis, aurait besoin d'un ferme et généreux appui pour être tentée avec succès. » INFUSOIRES. — Sur les recherches de M. Ehrenberg relatives aux Infusoires. (Extrait d'une Lettre de M. ne Huwsorpr à M. Valenciennes.) « Postdam, 16 décembre 1844. » M. Ehrenberg a bien agrandi son empire des Infusoires polygastres, à carapaces siliceuses, et celui des Bryozoïdes calcaires. Il a découvert une 185. ( 5409 ) foule de nouvelles espèces des premiers dans les eaux prises, sous la glace, près du pôle antarctique par le capitaine Ross. Il ena vu abondamment dans l'eau de mer des tropiques, recueillie dans des zones où elle était parfai- tement claire et limpide, et où elle n’offrait aucune trace de changement de couleur. Il en a aussi trouvé dans l’air, dans ces poussières grises, décrites par Darwin, qui obscurcissent l'air jusqu'à cent lieues à l'ouest des îles du cap Vert, et qui forment une espèce de brouillard dangereux pour les navi- gateurs. Ce sont des carapaces entières ou brisées, de polygastres siliceux, que probablement des trombes soulèvent et emportent au large. » M. Ehrenberg a trouvé aussi que les Bryozoïdes calcaires, dont les # de la craie sont composés, descendent jusqu'au-dessous de la formation du Jara, aux États-Unis jusqu'au Bergkalk; mais les espèces de ces formations ne sont pas les mêmes que celles de la craie. Vous savez, d'ailleurs, que, malgré l'ancienneté de la craie, la moitié des Bryozoïdes calcaires de cette formation vit encore dans la Baltique ou dans l'Océan. » La pierre ponce, renfermée ou enchâssée dans le trass du Rhin (for- mation ou éjection volcanique et boueuse), est remplie d'fnfusoires siliceux. Il faut bien croire que les petits animaux étaient venus se loger dans les fragments de pierre ponce tombés dans quelque mare d'eau douce, et queces fragments ont été, après, enveloppés dans une éjection boueuse. Comme la pierre ponce est formée par l'obsidienne, et que les volcans sont une réaction de ce qu'il y a de plus intérieur dans notre planète contre sa croûte exté- rieure, on ne pent admettre la préexistence des polygastres siliceux dans les cratères. Il faut commencer par recueillir les faits, les hypothèses viendront ensuite. ... » PHYSIQUE DU GLOBE. — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Elie de Beaumont sur le rapport qui existe entre le refroidissement progressif de la masse du globe terrestre et celui de sa surface. (Extrait d'une Lettre de M. Euice Marmn à M. Arago.) « Dans une communication faite à la séance du 16 décembre 1844, M. Élie de Beaumont, soumettant au calcul la décroissauce de la chaleur centrale de notre globe, a admis que la chaleur spécifique des corps consi- dérés en volumes était à peu près la même pour tous. » Ayant fait, l'hiver dernier, le calcul des chaleurs spécifiques d'un grand uombre de corps libres ou combinés considérés en volumes, je crois pouvoir indiquer que je ne suis point arrivé aux mêmes conclusions. » J'ai trouvé au contraire que, comparés en volumes, les corps élémen- ( 1403 ) taires paraissent se séparer en cinq séries distinctes , et que si l'on donne à la première, qui contient le chrome et l'alumine, la chaleur spécifique égale à 12 pour un volume, » La seconde, qui contient le fer, le manganèse, le cobalt, le nickel et le cuivre, aura, pour le même volume, la chaleur spécifique égale à 9; » La troisième, formée par le silicium, le magnésium, le calcium, le strontium, le zinc, le rhodium, le palladium, l'argent, l'iridium , l'or, le pla- tine, l'osmium, le titane, l'arsenic, le molybdène, etc., aura la chaleur spé- cifique égale à 6; » La quatrième, comprenant l'antimoine, le cérium, le tellure, le cad- mium, l’étain, le thorinium, le vanadium, le barium, le colombium et le mercure, aura la chaleur spécifique égale à 4 +; » Enfin, la cinquième série, qui ne renfermerait jusqu'ici que deux mé- taux, le bismuth et le plomb, aurait, pour le même volume, une chaleur spécifique égale seulement au quart de la première, c'est-à-dire égale à 3. » Il m'a paru démontré également que ces corps élémentaires ne possè- dent pas seulement ces différentes chaleurs spécifiques à l’état de liberté, mais aussi à l’état de combinaison, de sorte que les corps composés posséde- raient la chaleur spécifique moyenne de leurs éléments. » Gette donnée s'éloigne considérablement, comme on le voit, de celle admise par M. Élie de Beaumont comme à peu près juste. » Au reste, le Mémoire où sont consignées mes recherches sur les volumes des corps élémentaires pris dans leurs composés neutres et solides, et mes calculs sur leurs chaleurs spécifiques, d’après les grands travaux de M. Re- gnault sur la matière, est soumis au jugement de l’Académie depuis quatre mois; il a pour titre : Études sur les proportions chimiques, et le Rapport qui pourra en être fait jettera, je l'espère, un nouveau jour sur ces questions in- téressantes. ‘» Remarques de M. Exxe ne Beaumonr. « M. Élie de Beaumont fait observer que le résultat des recherches de M. Émile Martin confirme bien plutôt qu'il ne contredit ce qu’il a lui-même avancé. » Dans un appendice joint à sa Note dans le dernier Compte rendu , p. 1330, M. Élie de Beaumont dit que « en général, les caloriques spécifiques ». rapportés au volume de /a plupart des substances pierreuses et métalliques » sont compris entre les nombres 0,30 et 0,90, dont la moyenne est 0,60. » Ces limites sont entre elles comme 3 : 9; mais comme le calorique spécifique ( 1404 ) de l'eau est représenté par r, il est évident que M. Élie de Beanmont admet des limites qui sont entre elles comme 3 : 10, et cela sans prononcer que ce sont les limites extrêmes; M. Émile Martin établit que les limites extrêmes sont comme 3: 12, ce que M. Élie de Beaumont est très-disposé à admettre sans y voir une contradiction ni même une difficulté nouvelle. » En effet, les caloriques spécifiques rapportés au volume de la plupart des substances pierreuses et métalliques s’écartent notablement des limites extrêmes et surtout de la limite supérieure, pour se rapprocher de 0,60. Il est donc évident que le calorique spécifique moyen du globe terrestre, con- sidéré comme l'assemblage de toutes ces substances, ne doit pas s'écarter très-considérablement de 0,60 ou de 0,5614, qui serait, suivant M. Élie de Beaumont, la mesure du calorique spécifique rapporté au volume du sol du jardin de l'Observatoire. » Les résultats numériques obtenus par M. Émile Martin viennent à l'appui d'un fait acquis à la science depuis longtemps, et auquel M. Élie de Beaumont a fait allusion : c'est que parmi les séries de nombres qui expriment les propriétés spécifiques des corps solides, celle qui exprime leurs caloriques spécifiques rapportés au volume est renfermée entre des limites plusétroites que la plupart des autres. Si l’on considère les séries de nombres qui expriment les caloriques spécifiques rapportés au poids , ou les densités, ou les conductibilités extérieu- res, ou les conductibilités intérieures, la différence est frappante. D'après les expériences de M. Despretz et de M. Fourier, les conductibilités intérieures de quelques-uns seulement des corps solides varient comme 11,4 : 1000, ou comme 3 : 262; dans celles de M. Melloni, les pouvoirs émissifs de diffé- rentes espèces de surfaces ont varié comme 13 : 100, ou comme 3 : 22,5. » Parmi les constantes €, k et k, la première est celle à laquelle on peut le plus impunément attribuer une valeur uniforme sans risquer d’altérer pro- fondément les conditions des problèmes de pyraulique auxquels conduit la physique du globe. » PALÉONTOLOGIE.— Présence de l’Anoplotherium dans les couches les plus inférieures de la période tertiaire du bassin de Paris; par M. E. Rorænr. « Parmi les nombreux ossements de lophiodon, de crocodile, de tortue, etc., associés à des tiges d'yuccacées, que j'ai recueillis à plusieurs reprises dans les parties moyenne et supérieure du calcaire grossier de Nan- terre et de Passy, et dont la découverte, qui m'est due, a été annoncée par M. Cordier à l'Académie des Sciences, dans sa séance du 3 août 1829, je n'ai pu isoler, jusqu'à présent, qu'une mâchoire d'Anoplotherium leporinum ; Va ( 140 ) rareté d'un pareil fossile pourrait faire croire que les lophiodons ont presque seuls le privilége de se rencontrer beaucoup plus bas que leurs congénères , les anoplothériums, les paléothériums, dans les couches tertiaires : cepen- dant, au-dessous du calcaire grossier et au milieu de l'argile plastique, chez M. Rousseau , aux Montalets (commune de Meudon), les ouvriers ont mis à nu un fémur gauche, qui, par ses caractères, me paraît appartenir à la plus commune des espèces d’anoplothérinms décrites par Cuvier; elle n’en diffère guère que par une longueur un peu plus grande de l'os, ce qui, du reste, ne peut que la faire rentrer dans les variétés signalées par l’illustre paléontéologue. Voici les proportions comparées à celles des espèces les plus communes : Espèces les plus communes (Cuvier). Espèce de Meudon. Longueur entre la tête et le condyle interne. . . . . . 0,36 0,40 Largeur entre la tête et le grand trochanter.. . . . .. 0,12 0,118 Largeur d’un condyle à l’autre. . . . . . . . . . .. 0,10 0,085 Grand diamètre de la tête. . . . . . . . . . . .. - + 0,047 0,053 Diamètre de l’os à sa partie moyenne. . . . . . . .. 0,053 0,053 » Cet os, le plus considérable et le mieux conservé qu'on ait peut-être encore rencontré dans les couches inférieures de notre système tertiaire , est d'un brun foncé à l'extérieur, ainsi que dans sa substance compacte ; mais le tissu spongieux est incrusté de pyrites de fer ornées des plus riches couleurs ; ce même tissu est en outre pénétré de très-petits cristaux de sul- fate de chaux, minéral qui encroûtait tout l'os de cristaux lenticulaires, dis- putant même la place à des empreintes de plantes carbonisées. On n'ap- prendra peut-être pas aussi sans intérêt que, dans le voisinage de son gise- ment, et un peu au-dessus, on a recueilli, au milieu d’une argile grisâtre riche en graines de chara transformées en hydrate de fer, bon nombre d'a- mandes de succin aussi pur, aussi limpide, mais plus fragile que celui des bords de la Baltique. » M. P. Ounser prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l’exa- men de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur les machines à vapeur em- ployées à la propulsion des navires. M. Arrur adresse des calculs relatifs aux effets des trombes, en n'admet- tant comme causes de ces phénomènes, que des différences de pression at- mosphérique. M. Jorarn communique une observation qu'il a faite sur un obélisque de bronze élevé à Munich. L'eau de pluie qui a couru sur l'airain de cette pyra- mide, en se déversant sur le granit dont la base est formée, le maintient dans ( 1406) un état de fraicheur qui contraste avec l’état des parties voisines de la pierre sur lesquelles ne coule point l'eau chargée de cuivre. M. Jobard peuse quon pourrait profiter de cette indication pour préserver les monuments publies des cryptogames qui en salissent l'extérieur, au moyen de lotions pratiquées à certaines époques avec une eau lésèrement chargée de cuivre. M. Brière écrit relativement à la Note qu'il avait précédemment adressée sur l'origine des noms et des caractères employés dans notre système actuel d’arithmétique. N regrette de ne trouver, dans l'analyse de sa Note insérée au Compte rendu, aucune mention d'une opinion qu'il y avait émise et suivant laquelle « nos chiffres européens viendraient de l'alphabet arabe en usage parmi les Africains. » M. Araco a rendu un compte verbal d'un Mémoire dans lequel M. Donxx établit que de l’eau préalablement privée d'air, peut supporter, sans entrer en ébullition, une température de 135 degrés centigrades. M. Parer adresse une Note sur une nouvelle Théorie de la chaleur. M. »e Ruorz dépose un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. À. ERRAT A. (Séance du 16 décembre 1844.) £ L CVS ES EC CN 3ga € Page 1329, ligne 6, au lieu de malice brio . l d La Page 1329, ligne 11, au lieu de _ —— T° lisez = —— Ne ; ( £ Page 1333, lignes 17 et 21, au lieu de = _. lisez f(a + ay) L DTA Page 1363, ligne 1"°, au lieu de des centaines de corps d'animaux vierges. ..., lisez des centaines de corps jaunes trouvés dans les ovaires d’animaux vierges Page 1363, ligne 23, au lieu de où par celle d’un courant voisin, lisez ou par celle d'u aimant voisin Page 1364, ligne 17, au lieu de portson, lisez portion Page 1364, ligne 22, au lieu de dans les habitations ne peuvent, Zisez dans les habitations peuvent © 2 DO Em ( 1407 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des Sciences; 2° semestre 1844; n° 2h; in-4°. Traité des Arts céramiques , ou des Poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie ; par M. AL. BRONGNIART ; 2 vol. in-8°, avec atlas in-4?. Observations sur le système des Oiseaux de l'Egypte et de la Syrie; par M. SaviGny; 2 feuilles in-fol. (Voir le Compte rendu de cette séance, page 1401.) : Bulletin de l’Académie royale de Médecine ; tome X , n° 5; in-8°. Annales de la Société royale d’Horticulture de Paris; novembre 1844: in-8°. Voyage dans l'Inde; par M. V. JAGQUEMONT, pendant les années 1828 à 1832, publié sous les auspices de M. Guizor; livr. 52-54; in-4°. Thèse pour le Doctorat en Médecine, présentée et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris par M. VinsoOn. Paris, 1844; in-4°. (Présentée par M. Gau- dichaud.) . Bulletin de la Société d’ Agriculture de Caen; août 1844; in-8°. Voyage d’un Médecin homéopathe à Marseille pendant le choléra ; par M. Pir- RUSSEL. Lyon, 1835; in-8°. Lettres à un ami du progrès sur l’Homéopathie , suivies de plusieurs quérisons remarquables obtenues à l'aide de ses procédés ; par le même; 1838; in-80. Congrès scientifique de France, onzième session. Angers, 1843. — Discours sur la dix-huitième question du Programme ; par le même; suivi d’observations cliniques sur cette même question ; par M. RicHarp. Nantes, 1845; in-8°. Critique de l'Homéopathie et de l’Allopathie ; par M. PEerRusSEr. Nantes, 1843; in-8°. L'Observateur homéopathe de la Loire-Inférieure, publication destinée à pro- pager et à mettre à la portée de tous la médecine nouvelle, l'Homéopathie ; par le même ; n° 1; novembre 1844; in-8. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; décembre 1844 ; in-8°. Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage; décembre 1844; in-8°. Journal de Chirurgie; par M. MaLGaIGNE; décembre 1844; in-8°. Influence de l’Ammoniaque et des Sels ammoniacaux sur la végétation; par M. BLaNcHET. Lausanne, in-8°. Le mécanisme des Sensations ; par le même; in-8°. C.R., 1844, 20€ Semestre, (T. XIX, N° 26.) 186 ( 1408 }) Apercu de l'Histoire géologique des Terrains tertiaires du canton de Vaud; par le même; in-8°. Essai sur l'Histoire naturelle des environs de Vevey; par le même; in-8°. Terrain erratique alluvien du bassin du Léman et de la vallée du Rhône de Lyon à la mer; par le même; in-8°. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou; année 1843, n° 4, et année 1844, n% r et 2; in-8°. Novorum Actorum Academiæ cæsareæ VEOPOLDINO CAROLINÆ naturæ cu- riosorum ; tomus vicesimus , seu decadis tertiæ tomus primus. Breslau et Bonn, 1e et 2° partie; in-4°. Letters aud... Lettres et Notes sur les mœurs, les coutumes et la condition des Indiens de l'Amérique du Nord ; par M. CATLN ; 2 vol. in-8°, 4° édit. Londres, 1844, avec nombreuses planches faites d’après les dessins originaux de l’auteur. A Description. . . Catalogue descriptif de la collection de M. CATLIN, se com- posant de portraits d'indigènes de l'Amérique du Nord, costumes, peintures repré- sentant des scènes de mœurs et des paysages, elc.; in-4°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 522; in-4°. Bestrage... Essai sur les moyens de connaitre le Lait des mammifères à l’état sain et à l'état de maladie; par M. Fucus. Berlin, 1841; in-8&. Die Geologie... La Géologie considérée dans ses rapports avec les autres Sciences naturelles, Discours prononcé, le 25 août 1843, à la séance publique de l’Académie royale des Sciences de Munich. Munich , 1843; in-4°. Abhandlungen. .. Mémoires de l'Académie des Sciences de Bavière, classe des Sciences physiques et mathématiques ; KV® vol., 1" partie. Munich, 1844; in-4°. Akademischer... Annuaire de l’Académie des Sciences de Bavière pour l’année 1844 ; broch. in-r. Balletin der... Bulletin de l’Académie royale des Sciences de Bavière, n°° 56- 64, 1843, et 1 à 5o de 1844. Metodo... Méthode pour rendre permanents les Anneaux colorés par l’iode ; par M. ARNOLDI; brochure d’une demi-feuille. (Extrait du Giornale arcadico ; octobre 1844; in-8°.) Gazette médicale de Paris; n° 5x; in-4°. (razette des Hôpitaux ; n°% 147 à 149; in-fol. L'Écho du Monde savant; n° 46 et 48. B PER NES 4 “ * : * ny ‘Pi es ME LE ru Pi PA AE Ve MN ee = à e F' à km WE FD re LE Listes à ht fo = 4 4 L re Là PAU LT s "20406 DAS * vw, " 2 % I Re NE AE EME RS e"* taf va Leg #18 De ” e:: Peitré VU M agen £ Prprre De NU sort rl MEN fe IAE JON A de - 16 PO 7, RME | ur" de | ba OTrÉ AR. Hiyes | wi ‘ : LA ul en . DAT A L + hd F _ COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 DÉCEMBRE 1844. PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DUPIN. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. ZOOLOGIE. — Observations sur le développement des Annélides, faites sur les côtes de la Sicile; par M. Muxe Enwanps. « En appelant l'attention des zoologistes sur les rapports intimes qui me paraissent exister entre le mode de développement des animaux et les affi- nités respectives de ces êtres, je ne me suis pas dissimulé la gravité de quelques-unes des objections que l'on pouvait faire contre ma manière de voir; mais, convaincu de la vérité des principes sur lesquels je m'appuyais, jai cru pouvoir, pour le moment, négliger ces difficultés, et ne prendre en considération que l’ensemble des faits les mieux établis dans la science, me promettant, toutefois, de saisir la première occasion pour soumettre à un nouvel examen chacun des cas particuliers qui semblaient faire exception aux règles générales ainsi établies. » Une des discordances entre la théorie et l’observation dépendait de la forme transitoire qu'un zoologiste habile, M. Lôven, de Stockholm, avait signalée chez un jeune Annélide. » Effectivement, des considérations que j'ai développées ailleurs m'a- vaient conduit à penser que les affinités zoologiques sont proportionnelles à C R., 1844, 2m Semestre, (T. XIX, N° 27.) 187 ( 1410 ) la durée d'un certain parallélisme dans la marche des phénomènes génési- ques chez les divers animaux ; de sorte que les êtres en voie de formation cesseraient de se ressembler d'autant plus tôt qu'ils appartiennent à des groupes distincts d’un rang plus élevé dans le système de nos classifications naturelles, et que les caractères essentiels, dominateurs, de chacune de ces divisions résideraient, non pas dans quelques particularités de formes orga- niques permanentes chez les adultes, mais dans l'existence plus ou moins prolongée d’une constitution primitive commune, du moins en apparence. » Si tel est réellement le principe qui règle les rapports des animaux entre eux, il faut que la ressemblance entre les espèces appartenant à un même embranchement soit toujours d'autant plus grande que l'embryon est plus jeune, et que du moment où les caractères d'un type primitif quel- couque se sont prononcés, les métamorphoses organiques subies par le nouvel être ne puissent amener que des modifications secondaires sans rompre jamais les affinités précédemment établies; il faut que l'animal en voie de formation ne puisse revêtir successivement des formes propres à deux embranchements différents; que l'embryon d'un Vertébré, par exem- ple, ne soit jamais comparable à un Mollusque, ni les Mollusques affecter le mode d'organisation propre au type des Annelés. »_ Dans l'immense majorité des cas constatés jusqu'ici, on ne peut, ce me semble, méconnaitre l'existence de ce rapport entre l’ordre chronologique des phénomènes de développement et l’ordre hiérarchique des divisions naturelles du règne animal. Mais, d'après quelques observations de M. Lôven, on pourrait croire que les Annélides font exception à cette règle, car la jeune larve que ce zoologiste a décrite comme appartenant probablement à la famille des Néréidiens, paraîtrait n'acquérir les caractères propres à l'em- branchement auquel elle appartient, qu'après avoir eu la forme d’un Polype (1). » Une anomalie semblable aurait beaucoup diminué la valenr des con- clusions auxquelles j'étais arrivé; mais, avant de l'admettre, j'ai cru devoir étudier de nouveau les principales phases du développement de l’organisa - tion chez les Annélides, sujet qui a été jusqu'ici à peine abordé, et qui, indé- pendamment de toute considération accessoire, me paraissait digne d'iu- térêt. Je m'en suis donc occupé dès mon arrivée en Sicile, et J'ai eu la (1) Poyez la fig. 1, dans laquelle M. Lôven représente le premier état de sa larve. ( Annales des Sciences naturelles, 2° série, tome XVIII, PI. IX.) ( 1411 ) satisfaction de voir que, loin d’être en désaccord avec les idées que je viens de rappeler touchant la subordination des affinités naturelles des animaux à la durée du parallélisme dans la direction des phénomènes génésiques, l'embryologie des Annélides fournit de nouveaux arguments à l'appui de cette théorie. » Mes premières observations ont été faites sur des Térébelles dont une grande espèce, qui ne me paraît pas différer de la T'erebella nebulosa de Montagu, est assez commune sur la côte septentrionale de la Sicile, et se prête parfaitement bien à ce geure d'études; car ses œufs, d'un jaune ferru- gineux, se développeut au milieu d'une masse gélatineuse qui reste adhé- rente à l'entrée du tube, habitée par la mère. En examinant avec attention les rochers sous-marins où se cachent les Térébelles, j'ai pu, à raison de cette circonstance, me procurer un grand nombre de ces œufs sans avoir d'incertitude relativement à leur origine, et, en les plaçant dans un vase rempli d’eau de mer, il m'était facile de les conserver en vie et d'en suivre le développement. (Suit la description de ces œufs et de l'embryon qui sy forme. ) » C'est dans un état d'imperfection extrême que les jeunes Térébelles se dépouillent de la tunique vitelline de l'œuf qui paraît être résorbée. En naissant, elles ne ressemblent en rien à l'adulte, et, à priori, il serait même impossible de deviner à quelle classe elles appartiennent ; on voit seulement que ce sont des animaux annelés de la grande division des Vers. » Effectivement, l'embryon, ramassé en boule dans l'intérieur de l'œuf , s'allonge alors, prend une forme ovoide, et commence à se mouvoir à l'aide d'une multitude de cils vibratiles. Dans ce moment les jeunes Térébelles pa- raissent, au premier abord, avoir de l’analogie avec les larves de certains Zoophytes, celles des Polypes et des Méduses par exemple; mais cette res- semblance ne tient qu’à leur état de contraction , et bientôt on les voit s'al- longer davantage, se rétrécir postérieurement, et faire saillir à l'extrémité opposée de leur corps un lobe arrondi dépourvu de cils, et portant en dessus, de chaque côté, un point oculiforme de couleur rouge. Elles deviennent dès lors binaires et symétriques par rapport à une ligne médiane droite ; la face dorsale de leur corps se distingue de sa face ventrale, et l'on aperçoit dans leur intérieur un canal digestif longitudinal. Elles offrent par conséquent déjà une partie des caractères morphologiques propres à l'embranchement des An- nelés, et elles sont comparables à certains Vers de la classe des Turbellariés. » Du reste, ce premier état est de courte durée, et les changements qui ne 187. (Cire) tardent pas à se manifester dans l'organisation de ces larves, rendent encore plus évidents les caractères propres aux types des Annelés. » Dansle principe, toute la surface de la portion post-céphalique du corps paraît être couverte de cils vibratiles ; mais bientôt on voit apparaître, à peu de distance de l'extrémité postérieure, une bande transversale qui n’est ciliée que sur la ligne médiane ventrale, et alors le corps de la jeune Térébelle, de- venu de plus en plus vermiforme, se compose de quatre zones ou tronçons, savoir : une tête semi-circulaire et aplatie qui porte les yeux; un segment post-céphalique très-grand et entièrement couvert de cils vibratiles servant comme organes de locomotion ; un anneau nu, qui, d'abord tres-étroit, ne tarde pas à se développer; et enfin, à l'extrémité postérieure, un segment portant une couronne de cils vibratiles comme le premier anneau post-céphalique , mais beaucoup plus petit. Bientôt après on voit apparaître , entre l'anneau ter- minal et le pénultième sement, un petit bourrelet qui, en s'élargissant, con- stitue un cinquième anneau ; le canal digestif devient beaucoup plus distinct; la collerette vibratile post-céphalique se rétrécit, et l'on aperçoit à la face in- férieure de l'anneau qui la porte, une dépression correspondante à la bou- che; enfin, le bord postérieur de l'anneau terminal s’échancre pour consti- tuer l'anus. A cette époque du développement on ne distingue pas encore de muscles dans l'intérieur du corps de ces petites larves, mais elles sont extré- mement contractiles, et changent quelquefois de forme au point d'être pres- que méconnaissables. Tantôt on les voit se ramasser en boule, puis s'épâter de façon à ressembler à un disque äont les bords seraient ciliés; d’autres fois, au contraire , elles rétrécissent leur extrémité postérieure qui s'accroche au mucus ambiant, rentrent le lobe céphalique sous le bord de l'anneau suivant, et éta- lent celui-ci au point de devenir presque cyathiforme, et d'offrir quelque ressemblance avec certains Polypes; mais ces poses anormales ne sont que de peu de durée, et si j'en fais mention, c'est seulement parce qu'il me paraît probable que les formes signalées par M. Lôven pourraient bien dépendre en partie de quelques phénomènes de ce genre. » Nos petites Térébelles, après avoir subi ces premières modifications, grandissent assez rapidement. Leur corps, s’effilant de plus en plus, devient bientôt tout à fait vermiforme et acquiert peu à peu de nouveaux anneaux. Ceux-ci apparaissent un à un de la même manière que le pénultième anneau dont il vient d'être question; c’est-à-dire que le développement du segment nouveau a toujours lieu immédiatement en arrière du dernier anneau formé, et au-devant de l’anneau anal; de sorte qu'abstraction faite de celui-ci, la po- sition des divers segments est en rapport avec leurs âges respectifs. Bientôt (1413) aussi la larve cesse d'être un ver apode; des soies simples et subulées, portées sur des tubercules charnus, se montrent de chaque côté du corps, et le dé- veloppement de ces appeudices locomoteurs s'effectue suivant le même ordre que celui des anneaux, savoir, d'avant en arrière, Enfin il est aussi À noter qu'à cette époque la collerette ciliaire post-céphalique commence à se rétrécir et que les organes intérieurs se dessinent de plus en plus nettement. » Ge serait long et peu utile de suivre ici, heure par heure, les progrès du développement de ces petites Annélides ; mais, afin de mieux fixer les idées sur les métamorphoses qu'ils subiront encore, je crois devoir m'arrêter un instant sur leur conformation lorsqu'ils sont prêts à quitter la masse gélatineuse dans laquelle ils ont vécu pendant les premiers temps de leur existence. Quelques fois ces larves restent pendant lonstemps encore dans l’intérieur de cet albu. men commun; mais, dès le troisième ou le quatrième jour, elles peuvent sans inconvénient en sortir et vivre dans le monde extérieur. » À cette époque elles ont la forme de petits vers subcylindriques, longs d'environ 2 millimètres et légèrement élargis en avant. Leur tête s’est un peu allongée, mais n'offre rien de remarquable. La portion post-céphalique du corps qui, dans le principe, n’offrait aucune trace de division et était entière- ment couverte de cils vibratiles, paraît représenter trois anneaux dont le pre- mier seulement est encore cilié et dont les deux postérieurs sont dépourvus d'appendices. Les quatre ou cinq anneaux suivants portent chacun une paire de mamelons charnus armés d’une longue soie mobile, légèrement recourbée vers le haut. En arrière de ces segments sétifères on aperçoit un anneau garni de deux tubercules semblables aux pieds dont il vient d’être question, mais dépourvus de soies, puis nn autre anneau plus petit, qui n'offre encore aucun vestige d'apperdices ; enfin le corps est terminé par le segment anal qui est toujours garhi de cils et n'a subi que peu de changements. L'appareil di- gestif s'est également comptiqué : antérieurement on y remarque un bulbe charnu , puis une sorte d'œsophage court et cylindrique, suivi d'un estomac trés-grand et de forme ovoide, dont les parois paraissent être encore impré- gnées de la substance colorée du vitellus; enfin, vers le tiers postérieur du corps commence l'intestin, qui a la forme d'un tube membraneux recourbé un peu sur lui-même, et allant se terminer à l'anus. On commence aussi à apercevoir les masses glandulaires situées à la partie antérieure du corps, ct les muscles sous-cutanés se dessinent plus nettement; on distingue également les muscles moteurs des soies, et c’est probablement à cause de l'opacité du canal digestif qu'ou ne voit pas le système nerveux situé au-dessous; mais il est à noter que, même dans les parties les plus transparentes du corps, on ( 1414) n'aperçoit aucune trace de sang rouge, ni de vaisseaux pour la circu- lation. » Lorsque la larve a gagné encore une ou deux paires de pieds, la tête commence à se modifier. Un étranglement transversal s'établit à quelque distance au-devant des yeux, et le lobe antérieur ainsi délimité présente près de son bord libre une série de capsules urticants, dont plusieurs laissent échapper un petit filament spiniforme. La collerette ciliaire post-céphalique s'est eu même temps beaucoup rétrécie, et forme au-dessous de la tête un bourrelet saillant qui se porte en avant et constitue une grosse lèvre supé- rieure. Une lèvre inférieure arrondie, occupant le bord du second segment post-céphalique, ferme ia bouche en arrière, et on remarque que les pieds des deux premières paires sont armés de deux soies, tandis qu'auparavant elles n’en avaient qu'une senle. » Dans l'espace de deux on trois jours, le lobe céphalique antérieur de- vient parfaitement distinct du segment oculifère , s'allonge, prend une forme cylindrique et constitue un appendice médian, très-mobile, qui présente tous les caracteres d’une antenne. Son axe est occupé par un canal qui com- munique avec la grande cavité du corps, et on y voit circuler un liquide tenant en suspension des globules dont les formes et les dimensions varient ; ce liquide remplit aussi la cavité abdominale et me paraît tenir lieu de sang dont je n'ai pu apercevoir à cette époque aucune trace. Enfin, les cils na- tateurs ont presque entièrement disparu, soit autour du cou, soit à l'extré- mité postérieure du corps ; mais on aperçoit un mouvement vibratoire assez énergique dans l'intérieur de la cavité buccale et dans la portion terminale de l'intestin. » Les jeunes Térébelles offrent alors, comme on le voit, tous les carac- tères propres à l'ordre des Annélides errantes, et ne ressemblent encore en rien au type ordinique des Tubicoles. Elles possèdent, en effet, une tête bien distincte, une antenne, des yeux et des pieds armés de soies subulées comme en ont les Annélides errantes, tandis que les Tubicoles, comme on le sait, sont des vers acéphales, dépourvus d'antennes et d’yeux, et ayant des pieds garnis de crochets. Ce mode d'organisation correspond d’ailleurs au genre de vie que ces petites larves ont mené jusqu'alors; car, au lieu de demeurer sédentaires dans l'intérieur d’une gaîne étroite comme le font les Térébelles adultes et les autres Tubicoles , elles nagent librement au milieu du mucus dont les œufs étaient entourés, puis elles en sortent pour aller au loin chercher quelque point favorable à l'établissement de leur habitation. Nos jeunes Térébelles out alors, par conséquent, les mœurs aussi bien que Cr5) l'organisation des Annélides errantes; mais elles ne peuvent être comparées qu'aux formes les plus imparfaites de ce type, et leur développement ulté- rieur, au lieu de tendre au perfectionnement des parties caractéristiques des Annélides supérieures, suit sous ce rapport une marche rétrograde. » Lorsque nos larves ont perdu les cils locomoteurs dont les anneaux buccaux étaient primitivement entourés, elles cessent de nager et ne tardent pas à s'envelopper d'une matière muqueuse qui, en se solidifiant, constitue un tube cylindrique ouvert à ses deux extrémités. La première période de leur existence, celle pendant laquelle ces petits animaux mènent une vie errante, se termine alors; et quant à leurs mœurs , ils deviennent semblables à leurs parents, mais ils n’en ont pas encore le mode d'organisation, et on peut considérer comme constituant une seconde période le temps compris depuis la disparition de la collerette vibratile jusqu'à l'apparition des bran- chies. » Avant que d'avoir complétement perdu leurs cils natateurs, nos jeunes Térébelles s'étaient en quelque sorte préparés à leur nouveau genre de vie. Effectivement, dans le principe, chaque anneau de leur Corps ne portait qu'une paire de tubercules armés de soies subulées et représentant la rame dorsale des pieds de l'animal parfait; mais, à cette époque, les rames ven- trales garnies de crochets commencent à se constituer, et ces crochets, comme on le sait, sont destinés à effectuer les mouvements d'ascension ou de retraite que les Annélides tubicoles doivent exécuter dans l'intérieur de leur demeure tubiforme. La formation de ces organes a lieu suivant le même ordre que celle des autres rames, c'est-à-dire d'avant en arrière. On ne les aperçoit d'abord que sur un ou deux des premiers anneaux pédigères , mais peu à peu ils se montrent aussi sur les autres segments, et bientôt leur développement devient plus rapide que celui des rames dorsales, de facon que, sur les nouveaux anneaux qui se constituent à l'arrière des corps, ils précèdent celles-ci. Il est aussi à noter que le perfectionnement des rames à crochets marche de la même manière : chacune d'elles n’est d'abord garnie que d'un seul crochet, et c’est également d'avant en arrière que le nombre de ces appendices augmente successivement. » Une huitaine de jours après que mes Jeunes Térébelles s'étaient construit un tube, l'appendice antenniforme de leur front s'était allongé au point de dépasser la moitié du reste du Corps, mais sa croissance en largeur n'avait pas été proportionnelle à celle des autres parties; de façon que sa base, au lieu de correspondre à tout le bord antérieur de la tête, n'occupait que le tiers médian du front. La lèvre supérieure s'était beaucoup développée et les Yeux paraissaient tendre à s'atrophier; enfin le nombre des pieds s'élevait 1416 ) à dix paires, et on apercevait un nouvel anneau en voie de formation entre le dernier segment pédigère et le segment anal. » Après un certain temps, dont la durée paraît varier suivant la tempé- rature, l'abondance des aliments et les autres conditions dans lesquelles se trouvent les larves, on voit poindre un second appendice frontal qui se dé- veloppe à côté du précédent. Celui-ci est alors filiforme et très-long, tan- dis que le nouveau cirrhe ne consiste encore qu'en un petit tubercule cylin- drique dont la surface se garnit de vésicules urticants et dont la substance se creuse bientôt un canal médian en communication avec la cavité abdomi- nale. À cette époque, les yeux sont devenns beaucoup moins distincts qu'ils ne l'étaient chez les larves errantes, et l'on remarque à l'entour quelques taches pigmentaires qui semblent être de nouveaux points oculiformes. Enfin on compte treize paires de pieds sétigères, et les divers organes intérieurs sout beaucoup plus distincts qu'ils ne l'étaient jusqu'alors ; cependant on n'a- perçoit encore aucun indice de l'existence de vaisseaux sanguins, et la circu- lation ne paraît consister que dans des mouvements irréguliers du liquide à globules blanes dont la cavité abdominale est remplie, liquide qui pénètre aussi dans le canal central des cirrhes frontaux ct paraît y être müû par des cils vibratiles. Pendant que le corps s'allonge par suite de la formation d'un ou de deux nouveaux anneaux au-devant du segment anal, on voit un troisième, puis un quatrième appendice se développer sur le bord antérieur de la tête, à côté des deux cirrhes dont je viens de parler. Bientôt après on compte six, puis huit de ces organes tentaculaires dont la contractilité est très-grande. Les derniers formés se placent latéralement en dehors de leurs prédéces- seurs, et comme leur longueur est à peu près proportionnelle à la durée de leur croissance, ils constituent une série décroissante du milieu vers les côtés. Lorsque le jeune Térébelle est parvenu à ce degré de développement, il est facile de se convaincre que les appendices frontaux, dont le nombre ne tar- dera pas à augmenter encore, ne sont autre chose que les cirrhes filiformes qui, chez l'adulte, constituent au-devant de la bouche une couronne touffue servant quelquefois à la locomotion aussi bien qu'à la préhension des ali- ments. À cette époque, on remarque également que les points oculiformes de l'anneau frontal se sont beaucoup multipliés, mais on cesse de distinguer les yeux qui y existaient primitivement ; on compte alors de vingt à vingt- quatre de ces petites taches pigmentaires, et il ne paraît y avoir rien de bien fixe dans leur mode de groupement. Le nombre des pieds s'élève à vingt ou vingt-deux paires, et l'appareil glandulaire, située à la face ventrale de la portion thoracique du corps, a pris un grand développement. Cependant (r417) je n'ai pu apercevoir encore aucune trace des organes spéciaux de respiration et de circulation. » Ceux-ci commencent àse montrer lorsque les jeunes T'érébelles ont acquis trente-huit ou quarante paires de pieds. On voit alors sur l'anneau apode qui suit immédiatement le segment frontal, deux tubercules situés sur les côtés de l’arceau dorsal et dirigés obliquement en haut et en dehors. :Ces appeudices s’allongent rapidement et deviennent cylindriques; leur surface se couvre de stries transversales dues à la contractilité de leur tissu, et leur centre se creuse d’un canal. Bientôt après , une seconde paire de tubercules semblables aux précédents se développe sur le segment suivant, et ces quatre appendices, qui ressemblent d’abord à des cirrhes tentaculaires, ne sont au- tre chose que les branchies; ils sont alors d'une simplicité extrême, mais ils ne tardent pas à se compliquer dans leur structure. À mesure que l'appendice respirateur s'allonge, il se divise en rameaux qui se bifurquent à leur tour, et on voit des tubercules s'élever sur divers points de sa surface pour donner naissance à d'autres branches ; de façon que bientôt chacun de ces organes, au lieu d'être, comme dans le principe, un simple prolongement filiforme, constitue un petit arbuscule contractile, faisant fonction d’un cœur accessoire aussi bien que d’une branchie (1); mais leur croissance est proportionnelle à leur âge, et ceux de la première paire restent toujours plus volumineux que ceux de la paire suivante. » A l'époque de la première apparition des branchies, j'ai commencé à distinguer aussi dans l’intérieur du corps les organes spéciaux de circulation. Le gros vaisseau médio-dorsal qui, chez ces Annélides, remplit les fonctions d'un cœur, se dessine alors assez nettement ,æt on voit partir de son extré- mité antérieure trois branches, dont une se dirige vers le bord frontal, et les deux latérales se bifurquent pour se distribuer aux branchies. Mais je suis porté à croire que les anses nombreuses qui, chez l'adulte, entourent le canal intestinal, n'existent pas encore; du moins je n'ai pu les apercevoir, bien que la transparence des tissus tégumentaires soit très-grande. » Ces phénomènes organogéniques caractérisent la fin de la seconde période de la vie de nos jeunes Térebelles. Ces petits animaux, qui n'ont encore que 10 ou 12 millimètres de long, cessent alors d’être des larves ,Car ils sont pourvus de toutes les sortes d'organes que la nature doit leur départir, et on distingue même dans l'intérieur de leur abdomen quelques ovules détachés (x) Forez, à ce sujet, mes précédentes observations sur la circulation chez les Annélides. (Annales des Sciences naturelles \ 2° série, tome X. ) CR, 1844, 2e Semestre. (T. XIX, No 27.) 188 (1418) de leurs ovaires. Néanmoins leur développement est loin d'être achevé; ils doivent devenir vingt ou trente fois plus grands qu'ils ne le sont encore, et le nombre de leurs parties doit augmenter considérablement ; mais ces par- ties nouvelles ne seront que la répétition des parties déjà existantes, et l'éco- nomie ne s'enrichira d'aucun instrument nouveau. A cette époque, le nombre des tentacules céphaliques ne dépasse pas douze ou treize, tandis que, par la suite, on en comptera plus de cinquante. Une troisième paire de branchies doit encore se développer en arrière des précédentes. Les pieds sont aussi beaucoup moins nombreux qu'ils ne le seront chez l'adulte, et ces organes n'ont pas acquis toute leur perfection, car leur rame ventrale ne porte qu'une seule rangée de crochets, au lieu de deux, et ces petits appendices cornés sont peu nombreux. Il est aussi à noter que le développement des nouveaux crochets se fait dans le même ordre que celui des pieds, c'est-à-dire d'avant en arrière; ainsi, lorsqu'à la partie antérieure du corps, chaque rame porte une rangée de six ou sept de ces appendices, on n’en trouve que quatre vers le douzième segment pédigère ; un peu plus en arrière, il n'y en a que trois, puis deux ; plus postérieurement encore, un seul ; et les derniers anneaux ne portent que des tubercules pédiformes dépourvus de soies. Enfin, les nou- veaux anneaux, à l'aide desquels le corps s'allonge encore, se développent aussi dans le même ordre que ceux dont j'ai déjà signalé l'apparition, et la formation de ces Zoonites ne me paraît pas avoir de limites bien précises, ni sous le rapport de leur nombre, ni quant à l'âge auquel leur production s'ar- rête; aussi, chez ces Térébelles, de même que chez la plupart des autres Annélides, le nombre total des anneaux dont se compose le corps de l’ani- mal adulte varie beaucoup chez les divers individus de la même espèce, et la croissance paraît se continuer pendant presque toute la durée de la vie. » On voit donc que les Térébelles subissent dans le jeune âge des méta- morphoses considérables. La larve de ces Annélides diffère de l'adulte autant que la Chenille diffère du Papillon; mais dès qu'elle se constitue, elle offre un certain nombre de traits propres au type de l’'embranchement auquel elle appartient; bientôt aussi elle devient reconnaissable comme étant un ani- mal de la classe des Annélides, puis on la voit s'éloigner du type des Anné- lides ordinaires à mesure qu’elle acquiert les caractères distinctifs du groupe des Tubicoles; enfin elle se complète par le développement des particularités propres au genre Térébelle ; mais, pendant tout le jeune âge, il m'a été im- possible d'y reconnaître aucun des traits sur lesquels reposent les distinctions spécifiques établies parmi ces Annélides. » Les phénomènes génésiques que m'ont offerts les Térébelles s'accordent Macs en à * à lé # ( 1419 ) donc parfaitement avec les vues que j'ai rappelées au commencement de ce Mémoire, et il en est de même de l’embryologie des Protules, que j'ai eu l'occasion d'étudier à Milazzo. (Afin d’abréger autant que possible cette communication, l’auteur ex- pose verbalement les principaux faits dont il a été témoin en observant le développement de l'embryon des Protules et les métamorphoses que ces ani- maux subissent après la naissance. Les Protules adultes différent beaucoup des Térébelles; mais, en quittant l’œuf, elles ressemblent si exactement aux larves de ces dernières Annélides, qu'à priori on ne pourrait supposer qu'ils appartiendraient à deux familles distinctes; le jeune animal n'acquiert que successivement les traits organiques qui le caractérisent comme appartenant d'abord à l'embranchement auquel il se rapporte, puis à sa classe, à son ordre et enfin à la famille particulière dont il est membre. Enfin il est aussi à noter que les Protules, de même que les Térébelles, ne possèdent d'abord que les anneaux céphalique et anal, que tous les autres anneaux dont l'éco- nomie s'enrichit par la suite, se constituent entre ces deux portions termi- nales du corps, que ces anneaux nouveaux se forment successivement, et que c’est toujours entre le segment anal et le plus jeune de ces derniers an- neaux que se montre le Zoonite en voie de formation. M. Milne Edwards rend également un compte sommaire de ses obser- vations sur le développement des Néréides, des Syllis et de quelques autres Annélides errantes. Enfin il termine son Mémoire par les considérations sui- vantes.) Ainsi tous les faits que j'ai pu observer concordent parfaitement entre eux et tendent à faire penser que les mêmes lois règlent le développement de toutes les Annélides chétopodes. D’après l’ensemble de ces faits, on voit que le corps de ces animaux se constitue peu à peu par la formation successive d’anneaux nouveaux, c'est-à- dire par la création de parties homologues à celles déjà existantes, par le développement de segments construits d’après le même plan fondamental, qui viennent se placer à la suite les uns des autres. » On voit aussi que ce sont toujours les deux parties extrêmes de l'écono- mie, celles dont dépendent la bouche et l’anus, qui se constituent d'abord, et que c’est dans l’espace qui les sépare que se forment ensuite les anneaux plus ou moins nombreux du tronc. Mais ce n'est pas un mouvement génésique centripète proprement dit qui se manifeste alors; ce ne sont pas deux séries de Zoonites qui, en grandissant , se dirigent l’une vers l’autre, mais une série unique qui s'allonge progressivement d'avant en arrière par l'addition d'élé- 188. ( 1420 ) ments nouveaux, de façon à refouler toujours de plus en plus loin de la tête le segment anal, et qui est disposée de telle sorte que l'âge relatif de cha- cun de ces anneaux est en rapport avec le rang qu'il occupe dans l'économie. Le Zoonite nouveau vient s'interposer entre le dernier segment qui s'est con- stitué et le segment anal, et on peut se demander quel est celui de ces deux anneaux qui en a déterminé la formation. Au premier abord, cette question semble difficile à résoudre, mais elle peut, je crois, être tranchée à l’aide d'une observation qui servira aussi à montrer la généralité de la tendance gé- nésique dont je viens de parler. » L'année dernière, en étudiant les Annélides des côtes de la Manche, M. de Quatrefages a été témoin d'un phénomène qui avait déjà été aperçu par Oth.-Fréd. Muller, mais qui n'avait pas été apprécié à sa Juste valeur par les zoologistes ; je veux parler de la division spontanée ou multiplication par bouture chez les Syllis. M. de Quatrefages a vu qu'à une certaine époque de la vie, un individu nouveau, destiné uniquement à la reproduction sexuelle, se développe à la partie postérieure du corps de ces animaux, et s'en sépare après y être resté adhérent pendant quelque temps. Une Anné- lide qui habite les côtes de la Sicile, et qui se rapproche un peu des My- rianes de M. Savigny, mais qui me paraît devoir constituer le type d'un genre nouveau, m'a présenté un phénomène analogue, mais plus curieux encore; car l'individu souche, au lieu de produire par bouture un seul petit, en forme jusqu'à six qui sont réunis en chapelet à l'extrémité postérieure de son corps, et qui, de même que chez les Syllis, renferment les organes de la génération, partie dont l'individu souche est lui-même privé. » Or, ces petits se constituent précisément dans le point où nous avons vu naître les nouveaux anneaux chez les larves, c'est-à-dire entre le seg- ment caudal ou anal et le dernier segment du tronc; mais tous ne se forment pas en même temps; et, d’après le degré de développement auquel ils étaient parvenus dans l'exemplaire que j'ai eu l'occasion d'observer, on voyait bien évidemment qu'ils étaient d’antant plus jeunes qu'ils étaient placés plus près de l'individu producteur. Le petit qui s'était formé le premier devait, dans le principe, se trouver entre le segment terminal du tronc de l'Annélide adulte, et son anneau caudal qui, refoulé en arrière par le bourgeon repro- ducteur, aura dès lors cessé d’appartenir au premier, et sera devenu un des Zoonites constitutifs de l’être en voie de formation; le second petit, situé au- devant du premier, a dû se développer entre celui-ci et le même anneau terminal du tronc de l'adulte: il ne pouvait être en rapport avec l'anneau caudal primitif, et il ne peut être considéré que comme étant produit sous Va, Se LÉC neS S S n S dé ii é é t dt D ” des ch RE ln TS A (Ce) l'influence du dernier anneau du tronc de l'individu souche. Il en aura été de même pour le troisième petit, puis pour le quatrième, et ainsi de suite. » La production par bourgeon d’un nouvel individu ressemble donc, jus- qu'à un certain point , à la formation des nouveaux Zoonites dans l’économie de la larve; seulement, dans ce dernier cas, l'anneau producteur perd sa puissance créatrice dès qu'il a donné naissance à un nouveau segment auquel il se lie de la manière la plus intime, et c'est celui-ci qui, à son tour, devient producteur ; tandis que, dans la multiplication des individus par bouture, le produit devenant jusqu’à un certain point étranger à l'économie de l'individu souche, l'anneau producteur continue à fonctionner et donne naissance à une série de petits dont les plus jeunes refoulent en arrière leurs aînés. Ainsi, chez les Annélides, de même que chez les plantes où l'on voit les jeunes tissus donner naissance aux tissus nouveaux, c'est l'anneau le plus jeune qui semble posséder seul la propriété de déterminer la formation d'un autre anneau. En effet, on ne voit jamais chez ces animaux un Zoonite nou- veau apparaître entre deux anneaux d’une même série: c'est toujours à l’ex- trémité de la série qu'il se montre. Mais cette propriété, en vertu de laquelle un Zoonite est apte à produire un anneau semblable à lui-même, ne se perd pas complétement par son exercice; elle devient latente seulement. lorsque le Zoonite est en rapport avec son produit, et elle se réveille de nouveau si ce premier vient à être séparé du segment auquel il avait donné naissance ; car, ainsi que je me propose de le montrer dans une autre occasion, la re- production des anneaux perdus par suite de mutilations n'est autre chose qu'un phénomène de ce genre. Du reste, il me paraît probable que cette fa- culté créatrice peut, dans certaines circonstances, être exercée par tout an- neau terminal d’une série, et déterminer ainsi l’allongement de cette série par son extrémité antérieure, aussi bien que par le bout opposé; les expériences de Bonnet, de Dugès et de quelques autres naturalistes tendent à me le faire supposer, et il est à présumer que chez certaines Annélides, telles que les Glycères, le nombre des segments céphaliques peut s'accroître de cette ma- nière ; mais ilest facile de s'assurer que d'ordinaire il n'en est pas ainsi, et que dans l’immense majorité des cas, c'est seulement à l'extrémité postérieure de la série formée par les anneaux du tronc que la multiplication des Zoonites s'effectue chez les Annélides. » Il est aussi à noter que dans les reproductions par bourgeons dont il vient d’être question, les jeunes individus se sont développés de la même mauière que lorsqu'ils provenaient d'un embryon. En effet, le nombre de leurs anneaux a augmenté pen à peu ; c'est la tête et l'anneau caudal qui se ( 1422 ) sont constitués d'abord, et c’est entre le dernier segment de la série cépha- lique ou de ses dérivés, et le segment anal, que s'est formé successivement chaque Zoonite nouveau. Ainsi le plus jeune de ces singuliers animaux réunis en chapelet en arrière du corps de l'individu souche, se composait de dix anneaux seulement, tandis que le second en avait quatorze, le troisième seize, le quatrième dix-huit, le cinquième vingt-trois, et le sixième, qui était l'ainé de tous, et qui terminait postérieurement cette série, en présentait trente. Il était en même temps facile de se convaincre que, chez chacun de ces petits êtres, la série des anneaux du tronc s'était formée d'avant en arrière ; ces anneaux étaient d'autant plus avancés dans leur développement, qu'ils étaient situés plus près de la tête, qui partout offrait à peu près le même vo- lume ; enfin, l'anneau caudal était partout plus complet que les segments postérieurs du tronc, de sorte que, suivant toute probabilité, c'était entre ce segment terminal et le dernier segment du tronc que se constituait chacun des Zoouites nouveaux dont l'organisme s'enrichissait. » La tendance génésique que je viens de signaler chez les Annélides n'existe pas seulement dans cette classe d'animaux ; les faits que la science possède déjà suffisent pour montrer qu’elle est plus générale ; et lorsque les observateurs fixeront davantage leur attention sur l’ordre de développement des Zoonites dont le corps des animaux articulésse compose, on en distinguera probablement des traces plus ou moins marquées dans la constitution em- bryonnaire de tous les êtres conformés d'après le même plan fondamental , c'est-à-dire dans tous les membres du grand embranchement des animaux annelés. » En effet, les recherches de de Géer, de M. Savi, de M. Newport et de M. Gervais nous ont appris que, dans la classe des Myriapodes, de même que chez nos Annélides, le corps du jeune animal se complète par la formation successive d'un certain nombre d’anneaux qui viennent se placer à la file les uns des autres vers la partie postérieure du corps, entre le dernier segment du tronc et le segment anal, de façon à refouler celui-ci de plus en plus loin de la tête. Jurine, Rathke, Thompson et plusieurs autres carcinologistes ont été , ainsi que moi, témoins de phénomènes analogues dans le développement de divers crustacés, tels que l'Écrevisse, l'Aselle d'eau douce et les Cyclopes. Une tendance de même nature se reconnaît dans les modificationsqu'éprouve l'organisation de quelques jeunes Arachnides chez lesquels Leuwenhoeck , de Géer et Dugès ont vu une quatrième paire de pattes se former, après la naissance et à la suite des trois paires déjà existantes. Enfin, des indices de ce mode de développement annulaire me semblent exister aussi dans les jeunes ( 1423 ) embryons de quelques insectes , tels que le Simulia canescens , étudié par M. Külliker; mais nos connaissances relativement aux premières périodes de la vie embryonnaire des animaux de cette classe sont encore trop incom- plètes pour que l’on puisse se former à cet égard une opinion arrêtée. ©» Du reste, lorsqu'on cherche à appliquer à l’ensemble du groupe des ani- maux annelés les lois qui semblent régler le mode de multiplication des Zoonites chez les Annélides, il ne faut pas se borner à prendre en considé- ration le développement du petit provenant de l'œuf pondu par ces vers; il est également nécessaire de tenir compte des phénomènes de leur reproduc- tion par bourgeonnement. » Nous avons vu que, dansle développement ovipare de nos Annélides, le corps du jeune animal se divise primitivement en deux portions, dont l’une seulement possède la faculté de produire des Zoonites , et que tous les an- neaux nouveaux se constituent à la suite l'un de l’autre, de façon que la série ainsi formée ne s’allonge que par son extrémité , et que les relations de po- sition restent invariables entre ces divers éléments de l'économie. Le corps de l'animal adulte, abstraction faite de l'anneau caudal , ne se compose donc que d’une seule série ou groupe génésique de Zoonites appartenant à la région céphalique. Mais, lorsque le développement devient plus actif, comme dans le cas de la multiplication par bourgeonnement dont les Sylles et nos Myra- nides offrent des exemples, on voit un même anneau donner directement nais- sance à deux ou à plusieurs Zoonites, qui, en se reproduisant à leur tour de la maniere ordinaire, constituent une ou plusieursséries intercalaires ; l'ensemble des produits segmentaires représente alors une suite de groupes de Zoonites dont chacun s’allonge par sa partie postérieure comme le faisait la série uni- que dans le cas précédent; et, bien que la tendance générale des phénomènes génésiques soit restée la même, il en résulte que les mêmes lois ne régissent plus les connexions des parties entre elles. Or, ce phénomène qui dans la classe des Annélides ne se manifeste que lors de la production de nouveaux individus par voie de bourgeonnement, et n'intervient jamais dans la con- stitution primitive de l'individu lui-même, se voit ailleurs pendant le déve- loppement de l'embryon, et modifie, à certaines époques dela vie, les rela- tions des Zoonites entre eux. » Chez les Crustacés, par exemple, il paraît y avoir trois de ces systèmes ou séries génésiques de Zoonites (1), dont l'allongement peut se continuer (1) L’anneau caudal représente une quatrième série, mais ne donne pas naissance à d’au- tres Zoonites, de facon que l’anus occupe toujours le dernier segment du corps. ( 1424 ) après la formation du premier anneau de la série suivante, et il est à noter que ces groupes correspondent précisément aux trois grandes divisions du corps de ces animaux: la tête, le thorax et l'abdomen. Ainsi, on voit souvent la série des anneaux thoraciques se compléter postérieurement à l'existence de la série abdominale, et quelquefois aussi de nouveaux anneaux se consti- tuer entre la portion céphalique du corps et le premier segment thoracique. C'est aussi dans ces points de partage que les anomalies par avortement ou par arrêt de développement se rencontrent d'ordinaire, tant dans le système appeniliculaire que dans la portion fondamentale ou centrale de l'économie, et c'est peut-être faute d'avoir connu cette tendance génésique, que notre honoré collègue M. Savigny et les autres zoologistes qui ont cherché à éta- blir la concordance entre les appendices des insectes, des Arachnides et des Crustacés, ne sont pas toujours arrivés à des résultats satisfaisants. Dans une autre occasion, Je me propose de traiter plus au long cette question, qui ne pourrait être discutée ici sans nous éloigner du sujet dont nous nous occupons en ce moment (1); mais il m'a semblé nécessaire de signaler le principe dont paraissent dépendre ces différences dans le mode de dévelop- pement des Zoonites chez divers animaux annelés, ne fût-ce que pour nous aider dans l'appréciation de ce qu'il peut y avoir de général dans les tendances génésiques dont les Annélides nous ont offert des exemples. » Si maintenant nous comparons la manière dont l'économie se constitue chez ces Vers chétopodes et chez les animaux conformés d’après d’autres types fondamentaux, les Vertébrés et les Mollusques par exemple, nous y recon- uaitrons dès le principe des différences considérables, et nous verrons que ces différences sont en rapport avec les caractères dominateurs dans chacune de ces grandes divisions zoologiques. » Ainsi, chez les Annélides, de même que chez les Crustacés, les Myria- podes, etc., c'est la région orale ou céphalique qui est le point de départ du travail zoogénique, et économie se complète peu à peu par la formation successive de nouveaux tronçons qui sont analogues à ceux déjà développés (1) La disposition dont je viens de parler à l’occasion du développement des Annelés n’est pas particulière à ces êtres; elle est plus générale, et chez tous les animaux les unités orga- niques dont se compose un appareil tendent à se constituer en groupes secondaires, dont les parties périphériques se développent après les parties centrales, et offrent moins de fixité dans leur forme et même dans leur existence. On comprendra facilement combien il est nécessaire de tenir compte de cette considération lorsqu'on veut se servir du principe des connexions pour arriver à la détermination des parties dont la forme change. : (1428 ) et à ceux qui y font suite. Chez les Mollusques, au contraire, c’est la région abdominale qui se constitue d'abord; la portion céphalique du corps ne se forme que beaucoup plus tard, et souvent même elle avorte plus ou moins complétement. Enfin, chez les Vertébrés, comme on le sait, la ligne primitive qui correspond au système céphalo-rachidien se dessine dans toute sa Jon- gueur longtemps avant les autres parties de l'économie, et ce n'est pas d'avant en arrière, à la suite de ce système, mais autour de l'espèce d’axe ainsi consti- tué, que les autres parties de l'économie viennent se grouper. Or, le caractère le plus saillant de l'embranchement des Vertébrés est fourni par l'appareil céphalo-rachidien; les Mollusques se font surtont remarquer par la disposi- tion des viscères que l'abdomen renferme; et la segmentation du corps chez les Annelés suffit pour faire reconnaître au premier coup d'œil la plupart des êtres dont se compose cette grande division zoologique. » D’autres différences également importantes à signaler dépendent de l'ordre de primogéniture de quelques-uns des grands systèmes physiologiques de l’économie, circonstance dont les anatomistes ont trop négligé la consi- dération et dont il est indispensable de tenir compte lorsqu'on veut comparer les formes embryonnaires des animaux supérieurs à l’état permanent des êtres dont le rang zoologique est moins élevé. Chez les Vertébrés, où l'appa- reil circulatoire doit acquérir une perfection très-grande et doit remplir un des rôles les plus importants , le cœur et les vaisseaux sanguins se forment des l'une des premières périodes de la vie embryonnaire, longtemps avant que le tube alimentaire ne se soit constitué ou que le petit être en voie de formation ait acquis aucun des caractères propres aux animaux de sa classe. Chez tes An- nélides qui, pour la plupart, sont aussi des animaux à sang rouge, ie tube digestif se constitue et fonctionne à une époque où il m'était impossible d’apercevoir la moindre trace de l'appareil de la circulation; je n'ai pu con- stater l'existence de vaisseaux sanguins que lorsque le jeune animal avait depuis longtemps la forme générale qu'il devait conserver et lorsqu'il était apte à l'exercice de toutes les facultés de relation dont son espèce est douée. Il paraîtrait que, chezles Crustacés, le cœur ne se forme aussi qu’à une période assez avancée du développement embryonnaire, et, suivant toute probabilité, il en est encore de même pour les insectes chez lesquels cet organe reste tou- jours sous la forme d’un vaisseau très-simple et ne semble jouer qu'un rôle fort minime dans l’économie générale de l'individu. » Je me suis assuré, par des observations multipliées, que, sous le rapport de l'apparition tardive du cœur, les Mollusques se rapprochent des animaux annelés, et chez les Zoophytes, comme on le sait, cet organe n'existe à au- C.R., 1844, 2me Semestre. (T. XIX, N° 27.) 189 ( 1426 ) cune période de la vie, et se trouve tout au plus suppléé par des instruments d'une imperfection extrême. Sous ce point de vue, de même que sous beau- coup d’autres, l'embryon des animaux sans vertèbres diffère essentiel- lement de celui des animaux vertébrés, et ce dernier ne représente jamais un type quelconque appartenant, soit à l'embranchement des Mollusques, soit à la division des animaux annelés ou à celle des Radiaires. » Ainsi, tout tend à prouver la distinction primordiale que la nature a établie parmi les êtres appartenant à des embranchements différents, et les faits dont je viens d'entretenir l'Académie, loin d’être favorables à l'existence d'une seule série zoologique, fournissent de nouveaux arguments à l'appui des vues auxquelles j'ai fait allusion dans les premières lignes de cet écrit. » EMBRYOGÉNIE. — Observations sur le parallèle de l’'embryogénie comparée des l’ertébrés et des Invertébrés ; par M. Serres. « La question soulevée par le parallèle que vient d'établir notre collègue, M. Milne Edwards, entre le développement des Vertébrés et celui des Inver- tébrés, étant du plus grand intérêt pour l'embryogénie comparée, je crois devoir lui soumettre quelques observations. » Et d'abord, la ligne centrale de l'aire germinatrice, désignée par quel- ques auteurs sous le nom de ligne primitive, n'est ni l'axe cérébro-spinal du système nerveux, ni la moelle épinière des Vertébrés, comme le croit notre collègue. » Cette ligne, qui apparaît entre la quatorzième et la seizième heure de l'incubation, n’est autre chose qu'une fissure qui se produit sur le milieu de la membrane blastodermique. Cette fissure se forme au moment où cette membrane se fronce pour donner naissance aux sacs germinateurs ; c'est ce froncement que MM. Doellinger et Pander ont nommé plis prünitifs. » En exposant, il y a bientôt deux ans, le mécanisme de la formation de ces sacs devant l’Académie (1), j'ai montré que laligne primitive n'est autre chose qu'un espace vide que laissent entre eux les plis primitifs au moment où ils se réfléchissent pour former les cellules germinatrices. J'ai rapporté beaucoup d'expériences qui mettent ce fait hors de doute. » Afin d'expliquer comment et pourquoi cette ligne avait été prise, tantôt pour l'embryon préexistant, par Malpighi ; tantôt pour l'animalcule sperma- tique, par Boerrhaave ; tantôt pour la moelle épinière, par Pander; d'autres 1) Voyez Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences , séance du 10 avril 1843. Rs de see lets édiethnes nn dot tés den mit bn Cisn as sat A SS é s ( 1427 ) fois pour une bandelette blanchätre, et en dernier lieu enfin pour une corde dorsale, par M. de Baër, j'ai insisté sur le soulèvement de la membrane blastodermique que Wolf a le premier fait connaître. » Par ce soulèvement, la membrane se sépare du noyau blanchâtre qui occupe la base de la cicatricule , de sorte que, lorsque la ligne primitive se forme, c'est ce noyau blanc que l'on aperçoit au travers du vide qui la con- stitue, et c’est cette apparence à laquelle on a donné les. diverses interpréta- tions que je viens de rappeler. » Si donc notre honorable collègue considérait encore la ligne primitive comme l’axe cérébro-spinal du système nerveux, il serait induit, je pense, à des conséquences qui ne seraient pas justifiées dans le parallele du dévelop- pement des Invertébrés comparé à celui des Vertébrés. » En second lieu, je ferai remarquer à notre collegue que le cœur ne se forme pas, ainsi qu'il l’a dit, immédiatement apres la ligne primitive ; entre la manifestation de ces deux parties, il y a d'abord la formation des deux cor- dons de la moelle épinière, puis celle des noyaux vertébraux, puis enfin le développement du capuchon céphalique. » Ce n’est que lorsque ce capuchon s’est infléchi sur la face ventrale de lembryon, c'est-à-dire, d'après mes expériences, vers la vingt-cinquième heure de l’incubation, que l'on voit apparaître les premiers rudiments du cœur; et encore ces rudiments que sont-ils ? deux traits, l’un à droite, l’autre à gauche, incapables d'imprimer au sang une impulsion quelconque. Plus tard, même lorsque le cœur constitue un canal, vers la vingt-huitième ou trentième heure, il n'y a pas de circulation manifeste; celle-ci ne devient apparente au micros- cope que dans le cours de la trente-deuxième à la trente-cinquième heure. » D'où il suit que, lorsque la cirenlation est régulière chez l'embryon des Vertébrés, il y a chez celui-ci une organisation plus riche, plus complexe que n'est celle des Térébelles; de sorte encore qu'il ne serait peut-être pas exact de dire qu'il y a une espèce de contraste entre l'apparition tardive de l'ap- pareil circulatoire de ces Annélides, et la manifestation préeoce de ce même appareil chez l'embryon des Vertébrés. » Si, au lieu d'un contraste, on pouvait au contraire trouver une analogie dans les deux embranchements entre les développements primitifs de l’em- bryon et l'apparition plus ou moins tardive de l'appareil de la circulation , ce serait une preuve nouvelle à ajouter à celles qui existent dans la science, que le cœur n’est pas l'agent immédiat des formations premières de l’em- bryon , ainsi que l'avait pensé l'école de Haller. Sous ce point de vue, les 189. ( 1428 ) observations confirmatives que vient de faire connaître M. Milne Edwards me paraissent d'un grand intérêt. » En troisième lieu , j'adresserai une question à notre collègue sur la dis- parition des yeux des Térébelles pendant la période de leur accroissement. » Dans l'embryogénie des Vertébrés, on sait que les corps de Wolf dispa- raissent à mesure que le rein, l'ovaire et le testicule se forment. On sait que chez certains Ophidiens un des deux poumons de l'embryon disparaît égale- ment. On sait, enfin, que le fœtus de l'oiseau a deux ovaires parfaitement et également développés en apparence, et que cependant il en perdun pendant la série des développements. » Nous ignorons chez les Vertébrés la cause de ces disparitions des orga- nismes; on ne peut même, jusqu'à ce jour, en trouver une raison probable dans les conditions vitales de l'embryon et du fœtus (1). » Dans l'embryogéuie des Invertébrés, il paraîtrait, au contraire, que la disparition de certains organismes se lie avec un changement très-appréciable de leur état physique. » D’après notre collègue M. Audouin, que PAcadémie a perdu dans toute la force de son talent , le parasitisme des Invertébrés serait la cause de la perte de certains organismes et de la modification de quelques-uns de leurs caractères. » Ainsi, d'après le Mémoire de M. Thomson, chirurgien de la marine anglaise, publié en 1830 , les embryons des Cirripèdes sont d'abord libres et errants, et ils sont pourvus alors des organes de la vision, tandis qu'ils les perdent complétement au moment où ils se fixent. Ce fait, ainsi que divers autres, ont été confirmés par le professeur Burmeister, dans son Mémoire sur le développement des Anatifes et des Balanes, qui a paru en 1833. Les Biphores sont également modifiés par leur association. » M. Milne Edwards a fait connaître un fait tout à fait analogue dans son Mémoire sur les Æscidies composées. Les larves des Polycliniens nagent, frétillent et s’agitent beaucoup pendant les premiers temps qui suivent leur naissance ; mais, après qu'elles se sont fixées, elles perdent la queue qui ser- vait à leur locomotion dans la première période de développement. » La perte des yeux chez l'embryon des Térébelles tiendrait-elle à une condition analogue? » Sans doute que le parasitisme des Térébelles et des autres Tubicoles (1) La raison organogénique du fait semble résider dans l’atrophie et enfin la disparition de l'artère propre à l'organe qui n’a qu’une existence temporaire. nn ur ad cime - dé rod de nn Éd dé — SRE na lis 4 ob Fe (1429 ) n'est pas de même nature que celui des Ascidies et des Cirripèdes ; mais le moment où les embryons des Térébelles, de même que les Sabelles, se logent dans leurs tubes factices, n'est-il pas, sous beaucoup de rapports, comparable à celui où la larve de l’insecte s'enferme dans sa chrysalide ? Or nous savons, d'après les belles recherches de M. Hérold sur la transformation de la che- nille du chou, que pendant son parasitisme, la nymphe perd quelques-uns de ses organismes, et entre autres plusieurs de ses ganglions nerveux. » Au reste, la demande que nous adressons à notre collègue se réduit à la question de fait qui suit. L'embryon de la Térébelle perd-il ses yeux avant ou après son enfermement dans le tube qui le protége? Si, pendant qu'il est complétement libre ; l'embryon conservait ses yeux, et sil ne les perdait qu'après s'être retiré dans sa loge factice, le fait observé par M. Milne Ed- wards me semblerait rentrer dans la règle posée par M. Audouin. Si,au contraire, la perte des yeux survenait pendant la liberté plénière de l’erm- bryon, ce serait une exception dont la cause mériterait d'être recherchée. » Je prie l'Académie d’excuser la longueur de mes observations ; mais tout ce qui se rattache à l'embryogénie comparée est si intéressant, et ce qui a rapport au développement comparatif des Vertébrés et des Invertébrés est si nouveau, que j'ai cru devoir soumettre à notre collègue les réflexions qui précèdent. » Réponse de M. Mrixe Enwanos aux objections de M. Serres. « Si j'ai bien saisi les paroles de notre savant collègue M. Serres, les résul- tats auxquels je suis arrivé lui paraîtraient attaquables : 1° parce que la ligne primitive de l'embryon des animaux vertébrés ne serait pas, dans le prin- cipe, un rudiment de l'axe cérébro-spinal, mais bien un espace vide cor- respondant à la place où cet axe se montrera bientôt après ; 2° parce que le cœur, chez les animaux vertébrés, ne se forme pas immédiatement après la ligne primitive, mais à la suite de l'apparition de la moelle épinière, des noyaux vertébraux et du pli du blastoderme nommé capuchon céphalique ; 3° enfin, parce que quelques-uns des changements que subissent les jeunes Annélides seraient une conséquence de leur parasitisme. Je vais répondre brièvement sur ces trois points. » J'ai dit que les Annélides , ainsi que les Mollusques et les autres animaux sans vertèbres, diffèrent des animaux vertébrés dès qu'ils commencent à se constituer à l'état d’embryon; et parmi les différences que nous offrent ces êtres en voie de formation, j'ai signalé, chez les premiers, l'absence com- ( 1450 ) plète de la ligne primitive qui, chez tout animal vertébré , se montre au début du travail génésique. Peu importe donc, pour la solidité de mes con- clusions, que cette ligne soit, dans le principe, la moelle épinière elle-même à l'état de vestige, ou l'espace encore vide où cette moelle apparaîtra bientôt ; il ne s’agit pas ici du mode de formation de cette ligne, mais de son exis- tence constante chez les Vertébrés, et de son absence complète chez les Anuelés ou les Mollusques. Or, les observations de notre honorable collègue ne portent pas sur cette question. Si j'avais eu à m'occuper de la nature intime de cette ligne, je ne me serais pas borné à dire qu'elle correspond à l'axe cérébro-spinal, et je n'aurais pas manqué de citer, à cette occasion, les travaux de M. Serres; mais, dans la discussion des faits dont je viens d'avoir l'honneur d'entretenir l'Académie, ce point de l'histoire embryo- logique des animaux vertébrés n'était pas de mon sujet, et par consé- quent j'ai dû ne pas en parler. En effet, ce qu'il mimportait de mon- trer, c'est que cette ligne primitive (quel que soit le mécanisme de sa formation chez le Poulet ou chez tout autre Vertébré), ne se forme pas du tout chez les Annélides, ainsi que chez les autres animaux invertébrés. De là une différence primordiale entre le Vertébré et le Mollusque ou l’Annelé, et cette différence, sur laquelle j'ai cru devoir appeler l'attention des z0olo- gistes, n'en existerait pas moins, soit que l’on adopte l'hypothèse de Pander, soit que l'on donne la préférence aux vues ingénieuses de notre savant col- lègue, ou même que l’on explique de toute autre manière la production de cette ligne propre à l'embranchement des Vertébrés; car, je le répète encore, le fait seul de son existence et non sa nature primitive, constitue le caractère par lequel l'embryon d'un Vertébré, dés son origine, se distingue pour tou- jours de l'embryon d'un Mollusque ou d’un Annelé. » En ce qui concerne la formation de l'appareil de la cireulation, je ferai à mon tour remarquer à notre collègue que l'opinion qu'il m'attribue, et qu'il combat, n’a pas été la mienne. Je n'ai dit nulle part que chezles Vertébrés le cœur se forme immédiatement après la ligne primitive; j'ai dit que chez ces animaux le cœur ainsi que les vaisseaux sanguins sont au nombre des premiers organes qui se constituent, et qu'ils entrent en fonction avant que l'embryon n'ait acquis un appareil digestif, des membres pour la locomotion, des organes des sens, ou même la forme d’un animal viable quelconque, et, en cela, je pense être d'accord avec notre collègue; mais j'ai ajouté que chez les Annélides et les Mollusques, il en est tout autrement; que chez ces animaux sans vertè- bres, l'appareil digestif, les muscles, les organes de locomotion, se consti- tuent et fonctionnent avant qu'il soit possible d'apercevoir aucune trace ni ( 1437 }) d'un cœur ni de vaisseaux sanguins ;quesouvent même le jeune animal acquiert la forme générale qu'il doit conserver, et mène déjà une vie errante avant que son appareil circulatoire ne sesoit montré. Il ne s’agit donc pas ici, comme on le voit, de l'apparition de quelques vestiges d'organes intérieurs, tels que les noyaux vertébraux qui, chez le Poulet, préexistent au cœur, mais de la constitution de l'animal presque entier. Jusqu'à ce que de nouveaux faits me démontrent le contraire, je persiste par conséquent à dire que l'ordre chrono- logique suivant lequel les grands appareils physiologiques se constituent dans l'embryon n’est pas le même dans tout le règne animal, mais diffère dans l'em- branchement des Vertébrés comparé à l'embranchement des Mollusques ou à la grande division des Annelés, et, dans mon opinion c'est làencoreune de ces différences fondamentales qui séparent presque dès leur origine les êtres dont se composent ces divers groupes. » Quant aux vues relatives à l'influence du parasitisme que mon ami M. Audouin et moi avons présentées à l'Académie il y a bientôt vingt ans, et que M. Serres a bien voulu rappeler ici (1), J'avouerai qu'elles ne me sem- . bleñt pas suffire à l'explication des phénomènes de développement rétrograde dont les Térébelles m'ont offert des exemples. Je rappellerai d’abord que ces Annélides ne vivent jamais en parasites, et que c'est longtemps avant que de se construire une habitation tubulaire qu'elles commencent à perdre leurs organes natateurs. Il est bien probable que la disparition des yeux, comme celle des nageoires, des pattes ou de toute autre partie de l’écono- mie, n'est permise par la nature que lorsque ces organes cessent d'être nécessaires à l'animal ; mais cela ne me semble jeter aucune lumière sur la cause physique du phénomène, et il ne me paraît en aucune facon démontré que la vie sédentaire d’un Cirripède ou d’une Ascidie soit la cause détermi- nante de la disparition de ces organes visuels ou locomoteurs ; peut-être même serait-il plus plausible de renverser l'hypothèse et de dire que l'animal devient sédentaire parce que ses organes de locomotion lui refusent leurs ser- vices, ou bien encore que c’est parce qu'il est devenu aveugle que rien ne l'excite à changer de place. Je craindrais d’abuser de l'attention de l’Acadé- mie si j'entrais dans plus de détails à ce sujet, et j'ajouterai seulement que tous les phénomènes de cet ordre me paraissent se lier, non pas au parasi- tisme, mais à une tendance générale de la vature, tendance dont j'aurai peut-être l'occasion de traiter dans une autre circonstance. (1) Voyez Mémoire sur la Nicothoé, animal singulier qui suce le sang du Homard; par MM. Audouin et Milne Edwards. (Annales des Sciences naturelles, 1"° série , t. IX; 1826.) (1432 ) » En résumé, il me semble donc que, ni les vues de notre honorable col- lègue, relativement au mode de formation de la ligne primitive de l'embryon des Vertébrés, ni les faits qu'il a rappelés touchant l’époque de l'apparition du cœur chez le Poulet, ni enfin l'hypothèse que nous avions proposée, M. Au- douin et moi, pour expliquer certaines particularités organiques chez les ani- maux parasites, ne doivent me déterminer à modifier les conclusions de mon travail sur le développement des Annélides, et je persiste à croire que les animaux appartenant à des embranchements distincts diffèrent entre eux dès que leurs organes commencent à se dessiner dans l'embryon. » Réponse de M. Serres. « Les réponses de notre savant collègue M. Milne Edwards n'ont pas changé la nature des observations que je lui ai soumises. Pour savoir si les Invertébrés ont ou n'ont pas, au début, la ligne primitive des Vertébrés, il est d'abord nécessaire de préciser ce qu'est cette ligne chez ces derniers. Sans cette détermination , il devient impossible, pour n’en citer qu'un exem- ple, de savoir en quoi consiste la ligne primitive des Mollusques gastéropodes : qu'un savant belge, M. Damortier, dit être analogue à la même partie chez les Vertébrés; et si elle n'existe pas, comme le pense notre collègue, cette indétermination ne permet pas de savoir en quoi, ou par quelle partie, les deux embranchements diffèrent au point de départ de leurs développe- ments. » Quant à l'appareil circulatoire , il est d'autant plus lent à se développer chez les Vertébrés, que chez les Mammifères et l'Homme; il ne se complète qu'après la naissance : d’où il suit que, lorsque cet appareil a terminé les évo- lutions qui lui sont propres dans les deux embranchements, l’organisation d'un Vertébré est bien autrement élevée que celle d'un Invertébré. L'ordre chronologique de l'apparition d'un: appareil chez les Invertébrés est, du reste, en raison de la température, ainsi que l’observe M. Dumortier pour les Limnées les Planorbes, les Physes. Ce qui explique pourquoi M. Stiechel n'a reconnu les premiers vestiges du cœur que le seizième jour, tandis que M. Carus les avait observés le huitième. » Pour ce qui concerne l'influence du parasitisme, la physiologie doit, ce me semble, en appeler à l'expérience seule si elle veut éviter de mettre des opinions à la place des faits. ; » Au reste, pour chercher à éclairer quelques-unes des questions soule- vées dans cette discussion, j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie les PET PE DORE MT LE EL UT et D UT Ne. (0 EE eV RE SUN) SI TS ( 1433 ), résultats de mes observations sur la détermination expérimentale de la ligne primitive, et sur la formation de l'appareil circulatoire chez les Verté- brés. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la convergence des séries multiples ; par M. Aucusnin Caucuy. « Soit (1) LL TASER) une fonction des variables æ, y, z,... qui, pour chaque système de va- leurs entières, positives, nulles ou négatives attribuées à æ, y, z,..., ac- quière une valeur unique et finie. Cette fonction z pourra être considérée comme le terme général d'une série multiple dont chaque terme correspon- drait à un système particulier de valeurs entières, positives, nulles ou né- gatives de x, y, z.... » Réciproquement, le terme général d'une série multiple pourra toujours être représenté par une telle fonction de æ, y, z.... » Soit maintenant $ une somme formée avec un grand nombre de termes de la série multiple. Cette série sera dite convergente, si la somme $ s'ap- proche indéfiniment d’une limite unique et finie s, dans le cas où le nombre des termes compris dans la somme $ devient infiniment grand, et où les va- leurs numériques de x, y, Z,... qui correspondent aux termes exclus de cette somme deviennent elles-mêmes infiniment grandes. Alors aussi la li- mite s de la somme partielle S sera ce qu'on appelle la somme de la série. » On peut dire encore que la série multiple sera convergente, si la somme S devient toujours infiniment petite, dans le cas où les termes dont elle est composée correspondent tous à des valeurs numériques infiniment grandes de x, y, z..-. Cette seconde définition s'accorde évidemment avec la précédente. Car, dans le second cas, la somme S peut être considérée comme composée de termes qu'on aurait exclus de cette somme dans le pre- mier cas; et, par suite, si dans le premier cas la somme S converge vers une limite unique et finie, elle devra, dans le second cas, converger vers une limite nulle , et réciproquement. » Concevons maintenant que, pour des valeurs entières de x, ÿ,2,... on représente par NN ET ON) C. R., 1844, 20€ Semestre. (T, XIX, N° 27.) 190 ( 1454) le module de la fonction TE jt 2 et Les modules des divers termes de la série qui a pour terme général 4, se- ront précisément les termes de la série dont le terme général est v ; et pour cette raison nous dirons que la seconde série est la série modulaire corres- pondante à la première. Cela posé, nommons , comme ci-dessus, $ la somme d'un grand nombre de termes de la première série. Soit, de plus, 8 la somme des termes correspondants de la seconde. 8 représentera précisément la somme des modules des termes compris dans la somme S$. Donc, si la somme s devient infiniment petite, dans le cas où les termes qu’elle renferme correspondent tous à des valeurs numériques infiniment grandes de chacune des quantités æ, y, z, .., on pourra en dire autant, à fortiori, de la somme $. De cette observation, rapprochée de la seconde définition des sé- ries convergentes, on déduit immédiatement le théorème dont voici l'é- noncé. » 1*% Théorème. Une série simple ou multiple est toujours convergente , lorsque la série modulaire correspondante est convergente elle-même. » Admettons maintenant que, la série multiple LA DEEE TES) étant convergente, on forme, avec divers termes de cette série, des sommes kostis dates sslmelcAers tellement composées que le même terme ne se reproduise jamais dans deux sommes distinctes, et que les seuls termes exclus du système des sommes Rte da -voake, quand le nombre 7» devient infiniment grand, soient des termes dans les- quels les valeurs numériques de x, y, z,... deviennent elles-mêmes infiniment grandes. Enfin posons CS ET M EL el ete En vertu de la première définition que nous avons donnée des séries con- + à ‘ni TS Si DR tot ri - ur cé pe et ee dt ot de D ot AC, D De hé Le ds Lin Chan CO did té à >") dû d (@r495n) , . 2 . . vergentes, 5, S'approchera indéfiniment, pour des valeurs croissantes de n, de la limite unique et finie s qui représente la somme de la série multiple. Donc, en faisant croître 7 indéfiniment, on trouvera (3) : sS—k, +k, + k + ete.…, et l'on pourra énoncer la proposition suivante. » 2° Théorème. Une série multiple étant supposée convergente, dési- gnons par Ve letérte des sommes partielles formées avec divers termes de cette série multiple, de telle sorte que le même terme ne se trouve jamais reproduit dans deux sommes distinctes , et que les termes exclus du système dessommes soient toujours, pour une valeur infiniment grande de #, des termes qui correspondent à des valeurs numériques infiniment grandes de x, A CATE alors, la série simple Koss kisdete.ee sera elle-même convergente, et elle aura pour somme la somme s de la série multiple. » Corollaire. Si une seconde série simple 7, EN ANR est formée comme la première, elle sera pareillement convergente; et l'on aura encore = (&) Ro la... par conséquent (5) RE ME Æ, Etes, ( 1436 ) Cette dernière formule renferme le principe fécond sur lequel repose la transformation des séries. » Parmi les séries multiples, on doit surtout remarquer celles qui repré- sentent des fonctions développées suivant les puissances entières positives, nulles et négatives de plusieurs variables. On peut établir, à l'égard de ces développements, diverses propositions analogues à celles que renferme mon Mémoire de 18371, sur le calcul des limites; et, pour y parvenir, il suffit de transformer d'abord ces fonctions en intégrales définies, puis de développer en séries les intégrales obtenues. Ainsi, par exemple, en opérant de cette manière, on démontrera sans peine le théorème suivant. » 3° Théorème. Si une fonction de plusieurs variables x, y, z,... reste continue pour des valeurs de x, y, z,... comprises entre certaines limites, non-seulement, pour de telles valeurs, la fonction sera développable en une série convergente, ordonnée suivant les puissances entières de æ,y,2,..., mais la série modulaire correspondante sera convergente elle-même. » Ajoutons que le calcul fournira une limite supérieure de l'erreur que l'on commettre, quand on arrêtera le développement effectué suivant les puissances entières de chaque variable après un certain nombre de termes. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les fonctions qui se reproduisent | par substitution; par M. Aucusnin Caucuy. « Soient DV NOTA et deux systèmes de variables liées entre elles par certaines équations, en vertu desquelles #, F, Z,... puissent être considérées comme des fonctions connues et déterminées de, y,2,... La substitution des variables 4, F, Z,... aux variables æ, 7°, z,.. transformera une fonction quelconque de x, y, z,.. représentée par la notation Rr ze) en une fonction nouvelle LL: 720) qui sera généralement distincte de la première. Mais, dans certains cas par- ticuliers, il peut arriver que la nouvelle fonction se confonde avec la pre- ( 1437 ) mière, ou du moins n'en diffère que par un facteur constant ou variable, qu'il soit aisé de reconnaître, en sorte qu'on ait identiquement ou f(x, JB.) ss f(, h; 23) ou du moins (LP AERKA(X, F,/Z;:.), K désignant une fonction déterminée de x, y, z,.. que l'on puisse facilement reconnaître et mettre en évidence, comme étant, avec f(X, Y, Z,...), un facteur de la fonction f(x, y,z,...). Alors nous dirons que la fonction f(x, 7,2...) se trouve reproduite par la substitution des variables X, F, Z.... aux variables x, y, z,. et par l'adjonction du facteur À au résultat que fournit cette substitution même. À » Parmi les fonctions qui peuvent se reproduire aussi par substitution, il en existe quelques-unes qui méritent d’être remarquées. Telles sont, par exem- pie, celles dont la considération m'a conduit à deux théorèmes qu'il est facile d'établir et qui peuvent être énoncés dans les termes suivants. » 1 Théorème. Concevons que l'indice z représente, au signe près, un nombre entier. Soit, de plus, Un une fonction de l'indice n, et des variables x, y, z,.... Enfin, supposons que les diverses valeurs de z,, savoir, (1) ce Us, Woo, WU, Uj, Uy, Us, Us... forment une série convergente, prolongée indéfiniment dans les deux sens. Si, en substituant aux variables x, y, z,.… d’autres variables X, F, Z,.., qui soient des fonctions connues et déterminées des premières, on transforme gé- 3 4 : PRE néralement le rapport = en une nouvelle fonction équivalente au rapport o “+, alors la somme s de la série (1) sera une fonction de x, y, z,.. qui ui | se trouvera reproduite par la substitution dont il s’agit, et par l’adjonction du facteur “ au résultat de cette substitution même. 0 » Démonstration. En effet, désignons, pour plus de commodité, par f(x, 7, 3,...) la sommes de la série (1). On aura non-seulement (2) S—= ... Us + U_y EE Uo + Wii + Ua + ..., ( 1438 ) ou, ce qui revient au même, Me oo) = 0/5 le signe E s'étendant à toutes les valeurs entières positives, nulle et négatives de l'indice r, mais encore, en vertu de l'hypothèse admise, (XP) = ue dou u, uw ou, ce qui revient au même, F(4, F,Z,...)=— f(x, 72, -..); u et, par conséquent, (3) f(æ,72,...) = f(X,F,2, as): » 2* Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le 1°’ théorème, la factorielle P déterminée par l'équation (4) P— (+4) (+5) (+e)..(+ =) (+ =) (+). sera une fonction de x, ÿ,2,..., qui se trouvera reproduite par la substi- tution des variables #, F, Z,... aux variables x, J:2,..., et par l’adjonc- tion du facteur - au résultat de cette substitution même. 0 » Démonstration. En effet, dans l'hypothèse admise, la substitution des variables Y, F, Z,... aux variables x, TJ: Z,... changera généralement les rapports de la forme Un L'EST Eer 0? u_}h en des rapports de la forme Un+i Un Ur L U_n+: Donc si, pour plus de commodité, on repré sente par CAEN AR) - (1439 ) la valeur de P que fournit l'équation (4), on aura non-seulement Repeer us Ua u_ Ur us F(x,7,2,...)— (+4) (+) (+2). (+) (+=) (+2) hS. mais encore BCE 7... J=(+E) (+2) (+). (4%) (+) (+=) Los u, Ua, U; \ u, U, u ou, ce qui revient au même, u Le) (x, 2, OR et, par conséquent, F(æ,732,...)= FX, Fig » Dans un prochain article, j'appliquerai les principes que je viens d'éta- blir à la recherche et à la démonstration des propriétés remarquables des séries et des factorielles que l’on obtient, quand la fonction de x PS TENUE représentée par w,, offre pour logarithme une fonction entière de l'in dice 7. » M. Avcusrix Caucuy annonce qu'il a reçu de Rome, pour les offrir à l'Aca- démie, divers ouvrages et Mémoires qui sont relatifs an calcul infinitésimal, et qui lui paraissent très-propres à intéresser les géomètres, savoir : 1°. Un Mémoire sur La représentation géométrique des Jonctions ellipti- ques de troisième espèce; par M. l'abbé Torrom, professeur d'analyse trans- cendante au collége de la Sapience, et de physique mathématique an col- lége Romain ; 2°. Un Mémoire sur Le passage des intégrales des équations à différences Jinies aux intégrales des équations différentielles; par le même auteur: 3. Un Traité de calcul différentiel; par le même auteur; 4°. Une traduction italienne d'un Mémoire de M. Hauzron, sur les équa- tions de la dynamique, et d'un Mémoire de M. Jacont, sur l'intégration des équations du mouvement elliptique. Cette traduction est extraite du Journal publié par l'Académie des Arcades. (1440 ) MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Recherches sur les produits de la distillation sèche du butyrate de chaux ; par M. G. Cuance. Second Mémoire. (Extrait par l’auteur.) (Commission précédemment nonnmée.) « Dans mon travail sur la butyrone (1), j'ai signalé la différence de résul- tats que l'on obtient, suivant que l'on soumet à la distillation sèche quelques grammes seulement de butyrate de chaux anhydre, ou bien une quantité de matière assez considérable. Dans le premier cas, en opérant avec soin, et ménageant convenablement la chaleur, le butyrate se décompose en carbo- nate de chaux et butyrone, à peu près pure, qui passe à la distillation. Mais, lorsqu'on opère sur des quantités considérables de matière, la réaction n’est plus aussi simple ; le résidu de carbonate de chaux est toujours souillé par un dépôt de charbon assez notable, les produits liquides que l'on obtient sont fortement colorés et possèdent une odeur complexe, désagréable, à laquelle il est impossible de reconnaître celle qui est propre à la butyrone pure. » Ce liquide, formé au moins de trois substances différentes, entre en ébullition à 95 degrés environ, mais la température s'élève pendant tout le cours de la distillation, monte jusqu'à 200 degrés et au delà ; une ou deux rectifications suffisent, du reste, pour donner un produit qui n’est plus que très-faiblement coloré. » Pour isoler la butyrone et les produits qui l’accompagnent, je ne con- pais, jusqu'à présent, d'autres moyens que la distillation, en mettant à profit la différence de volatilité de ces diverses substances. Ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans des détails sur cette opération, je dirai seulement qu’elle est longue et pénible, et que huit à dix rectifications des produits, convenable- ment fractionnés, suffisent à peine pour donner des substances tout à fait pures, et présentant un point d'ébullition invariable. On finit toutefois par obtenir trois produits bien distincts, savoir : » 1°, Un liquide limpide et incolore, distillant complétement vers 95 degrés ; (1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, tome XVIII, page 1023. — Annales de Chimie et de Physique, 3° série, tome XII, page 146. (44) » 2°. Un liquide limpide et incolore, entrant en ébullition à 144 degrés environ, et distillant complétement à cette température; ce second produit n'est autre chose que de la byturone ; » 3°. Enfin, un liquide moins limpide que les précédents, toujours faible- ment coloré en jaune, et que je ne suis pas parvenu à purifier suffisamment pour en faire une étude spéciale. Cependant j'ai tout lieu de croire que c'est une substance hydrocarbonée, car un morceau de potassium y conserve tout son brillant métallique. Le point d'ébullition de cette dernière substance doit être entre 225 et 230 degrés. » Il existe en chimie organique une classe de combinaisons dont l'al- déhyde forme le type; ces composés présentent les propriétés les plus variées, et ils s'écartent les uns des autres tant par la plupart de leurs réactions que par la nature des produits qu'ils peuvent engendrer sous l'influence des divers agents; mais ils possèdent tous un caractère fondamental qui les range dans un même groupe. » Il en est pour ces combinaisons comme pour celles de la classe des amides ; celles-ci ,en effet, diffèrent tant par leur origine que par plusieurs de leurs propriétés; la plupart sont neutres; l'une d’entre elles, la salycila- mide, possède, au contraire, une réaction acide, tandis quel’urée se comporte commeune base à l'égard des acides. Mais toutesles amides ontune composition analogue, elles représentent un sel d'ammoniaque, moins 2 atomes d'eau, et toutes elles possèdent ce caractère commun de pouvoir s'approprier dans diverses circonstances cette cau qui leur manque, pour se transformer en sel ammoniacal. - » Une relation analogue lie entre elles les diverses substances du type aldéhyde; la composition de ces corps se représente, en effet, par celle de l'acide libre, duquel ils dérivent, moins 2 atomes d'oxygène ;et, placées dans des circonstances particulières d'oxydation, elles absorbent de l'oxygène pour régénérer leur acide. » Le corps que je vais faire connaître doit prendre place dans ce groupe; il présente en effet, avec l'acide butyrique, la même relation que l’aldéhyde avec l'acide acétique, et lorsqu'il se trouve placé sous l'influence de certains agents oxydants, il absorbe 2 atomes d'oxygène sans perdre de l'hydrogène, et se transforme en acide butyrique monohydraté. » Je passe à l’histoire de cette substance, à laquelle je donne le nom de butyral, par abréviation de butyraldéhyde. » Propriétés. — Le butyral est un liquide parfaitement incolore, limpide, doué d’une grande mobilité; sa saveur est brülante , son odeur vive et péné- C.R., 1844, 27€ Semestre. (T. XIX, N6 27.) JAI ( 1442 ) trante ; il est en pleine ébullition à 95 degrés, et, lorsqu'il est pur, distille complétement à cette température. Sa densité (à + 22 degrés centigrades) est de 0,821; il dissout une petite quantité d'eau; il est à son tour lésèrement soluble dans ce liquide, auquel il communique son odeur : l'alcool, l'éther, lesprit-de-bois et l'huile de pommes de terre le dissolvent en toute propor- tion. Ce liquide est très-inflammable et brûle avec une flamme éclairante, lévèrement bordée de bleu. Mis en contact avec des cristaux d’acide chro- mique, il s'enflamme aussitôt avec une sorte d’explosion. Soumis au froid produit par un mélange d’éther et d'acide carbonique solide, le butyral conserve toute sa fluidité; la bntyrone, au contraire, placée dans des circonstances identiques, se congèle presque immédiatement en totalité, et cristallise en larges lames incolores et transparentes. Exposé au contact de l'oxygène pur dans un flacon hermétiquement bou- ché, ilnese colore pas, mais il acquiert, après un certain laps de temps, une réaction fortement acide : mis alors en contact avec un peu d’eau, il se dissout en grande partie en communiquant son acidité à ce liquide, tandis que le butyral non altéré se rassemble à la partie supérieure. » La présence du noir de platine accélère beaucoup cette absorption d’ oxy- gène. L'odeur propre au butyral disparaît presque complétement , et elle est remplacée par celle de l'acide butyrique ; le liquide étendu d’eau décompose alors le carbonate de chaux avec effervescence, et la liqueur filtrée renferme du butyrate de chaux. » Le butyral, chauffé avec de l'eau et de l'oxyde d'argent, réduit ce dernier avec une grande facilité et sans dégagement de gaz; la liqueur re- tient en dissolution un sel d'argent qui n'est pas du butyrate, mais probable- ment une combinaison d’un nouvel acide (acide butyreux ?) moins oxygéné, sans doute, que l'acide butyrique , et qui correspondrait, par sa composi- tion , à l'acide acéteux ou aldéhydique. Une série d'expériences, dont je m'oc- cupe dans ce moment , décideront, je l'espère, cette importante question. En traitant, du reste, les liqueurs qui contiennent de l'aldéhyde buty- rique par la méthode décrite par M. Liebig pour l’aldéhyde acétique, on ob- tient toujours un dépôt d'argent métallique; il suffit, en effet, de faire une dis- solution aqueuse de butyral, d'y ajouter quelques gouttes d'ammoniaque caustique, et ensuite une quantité de nitrate d'argent suffisante pour faire disparaître la réaction alcaline. En chauffant lépèrement cette liqueur, les parois du vase se tapissent d'une couche miroitante de métal, présentant une grande régularité; en employant un mélange en proportions convenables, la réaction à lieu avec une netteté parfaite. PO | 4 ( 1443 ) » M. Liebig considère la réduction des sels d'argent par l'aldéhyde acéti- que comme une des propriétés distinctives de cette substance ; elle doit sans doute être admise comme caractère générique de tous les corps de cette classe. » La couche d'argent métallique quise forme sous l'influence de ces com- posés présente, dans ce cas, une uniformité et une continuité si parfaites É qu'il est permis d'espérer que cette propriété pourra recevoir un jour une application dans les arts. » Conservé dans des flacons, à l'abri du contact de l'air, le butyral ne paraît subir aucune altération, du moins après un laps de temps de plus de six mois; Je lui ai reconnu exactement tous les caractères dont il Jjouissait au moment de sa préparation. » Le chlore et le brome l'attaquent vivement en donnant naissance à un dégagement abondant des acides chlorbydrique ou bromhydrique, et à des composés particuliers renfermant du chlore et du brome. » L'acide nitrique, à tous les degrés de concentration, l'attaque avec dé- gagement de vapeurs rutilantes. » Le butyral ne forme pas de combinaison définie avec l'ammoniaque sèche; l'ammoniaque caustique ne paraît pas l’altérer : je n'ai, du reste, pas encore étudié l’action des alcalis sur cette substance. » Composition. — Après avoir exposé l’ensemble des propriétés qui ca- ractérisent le butyral, j'arrive aux résultats qui:m'ont servi à établir sa compesition. J'ai fait un assez grand nombre d'analyses de cette substance, sur des produits recueillis à différentes périodes de la distillation: elles m'ont toutes douné des nombres trés-rapprochés, et qui conduisent à la formule brute CH: O:. » La densité de vapeur devenait un contrôle important pour la formule précédente, tout en fixant la véritable nature du butyraldéhyde; plusieurs de ces déterminations m'ont toujours donné des résultats assez satisfaisants , quoique généralement un peu trop forts. L'une d’entre elles a donné, pour le poids du litre de vapeur à o° et 0",76 de pression .. . . . ..... 3e, 398 Densité209 CIRE MEME luth Easri2c:Gx Le calcul donne TOT.. (1444) 8 volumes de vapeur de carbone. . . . . . . . . . 6,742 10 volumes d'hydropène Rest de Cl LOI 2 volumes d’oxygène.. . . . . . . . . . des LT MR 2200 10,048 ré 10,05 Densité — 7 — 2,012. » Il est facile de se rendre compte de la légère différence qui existe entre le résultat du calcul et celui de l'expérience. Le procédé de M. Dumas, qui donne des déterminations si précises lorsqu'on opère sur des substances d'une pureté absolue, devait nécessairement conduire, dans ce cas, à une densité un peu trop forte; le butyral qui m'a servi à ces déterminations contenait, en effet, des traces de butyrone, à la vérité très-faibles, car elles v’altéraient pas sensiblement les résultats de l'analyse; mais cette butyrone, beaucoup moins volatile que le butyral, se concentrait en grande partie dans le ballon avant sa fermeture, et comme sa densité à l'état de vapeur est 4, on devait arriver, pour le butyral, à un nombre un peu trop fort. » Cet inconvénient est d'autant plus grave que l'on opère sur une plus grande quantité de liquide ; dans l'expérience citée ci-dessus, on n’a employé que la proportion de liquide strictement nécessaire pour expulser tout l'air de l'appareil. » Le procédé de M. Gay-Lussac n'est pas sujet à l'inconvénient dont il vient d'être question; nul doute que son emploi dans le cas dont il s’agit, ne conduisit à un résultat tout à fait en harmonie avec la théorie. » Toutefois, l'expérience précédente , en mettant hors de doute la compo- sition du butyral, démontre en outre que la formule C*H*O? exprime 4 vo- lumes de vapeur, et qu'en cela cette substance présente le même groupement moléculaire que l'acide butyrique, auquel il se lie par une relation si simple. » J'ai entrepris quelques expériences dans le but de transformer, sous l'in- fluence de quelques agents oxydants, le butyral en acide butyrique. Cette partie de mes recherches s’est trouvée entravée par manque de matière, mais j'espère sous peu m'y livrer de nouveau ; je ne rappoïterai ici que les résul- tats obtenus avec l'acide sulfurique : son action sur le butyral est assez re- marquable, car la réaction qui se manifeste entre ces deux substances ne pouvait être prévue. » Lorsqu'on ajoute à de l'acide sulfurique fumant, la moitié de son poids de butyral, par petites portions, et en agitant avec soin le mélange, celui-ci se dissout avec élévation de température , et en colorant le liquide en rouge ( 1445 ) très-foncé. On favorise l’action en chauffant jusqu’à 100 degrés , ce qui occa- sionne un faible dégagement d'acide sulfureux ; le mélange brunit, mais ne noircit pas. En traitant la liqueur étendue d’eau par un excès de carbonate de baryte, filtrant pour se débarrasser du sulfate de baryte, et évaporant jus- qu'à cristallisation , on obtient en définitive une petite quantité d'un sel blanc ou à peine coloré en jaune, qui exhale à un haut degré l'odeur propre à l'acide butyrique. Ce sel ne renferme pas de trace de soufre; projeté sur l’eau, il se dissout en donnant lieu aux mouvements giratoires qui caractérisent les butyrates solubles; il possède , en un mot, tous les caractères du butyrate de baryte. J'ai répété plusieurs fois cette expérience , elle m'a toujours conduit au même résultat. » Afin de lever tous les doutes, j'ai fait quatre analyses sur des échantillons provenant de trois préparations différentes, elles ont fourni des nombres qui oscillaient entre 48 et 49 pour 100 de baryÿte; 100 parties de butyrate an- hydre renferment , d'après la théorie , 49,22 pour 100 de baryte. » Le butyrate de baryte que j'ai obtenu dans ces circonstances avait cris- tallisé dans une liqueur chaude ; il renferme 2 équivalents d’eau de cristallisa- tion. Deux expériences (faites sur des produits provenant de préparations dif- férentes) ont donné 10,5 et 10,07 pour 100 d’eau de cristallisation; la formule BaO, C*H°0° + 2H0 exige 10,37 pour 100 d'eau. Le sel qui cristallise à froid par l’évaporation spontanée renferme, d'après MM. Pelouze et Gélis, 18,83 pour 100 d’eau de cristallisation, ce qui correspond à 4 atomes. » Le sel à 2 atomes d’eau de cristallisation ne fond pas à 100 degrés dans cette eau comme le fait celui à 4 équivalents, auquel cette propriété paraît appartenir exclusivement. » Cette circonstance lève une objection présentée par M. Lerch dans un travail sur les acides volatils du beurre. Ce chimiste a avancé que le buty- rate de baryte n'est pas fusible à 100 degrés ainsi que l'avaient dit M. Chevreul d'unepart , et MM. Pelouze et Gélis de l'autre. » Dans aucun cas, il ne s’est formé de traces d'un acide copulé renfermant les éléments du butyral uni à un composé oxygéné du soufre; je crois pou- voir affirmer que les acides butyrique et sulfureux sont les seuls produits qui prennent naissance dans ces circonstances. » La réaction entre l'acide sulfurique et le butyral peut donc s'exprimer par l'équation ( 1446 ) COMM EN SON ON COM CSS Or mm Butyraldéhyde Acide butyrique monohydraté. Ainsi l'acide sulfurique agit simplement , dans ce cas, comme corps oxy- dant à l'égard d’une substance organique. ». Les faits dont je viens de présenter l'exposé mettent hors de doute lacom- position élémentaire du butyral , et j'espère qu'ils démontrent également que cette substance est le véritable aldéhyde de l'acide butyrique. » Le nombre des substances de la classe des Aldéhydes augmente tous les jours; dans l'état actuel de la science, les principales substances qui appar- tiennent à ce groupe sont : Formules brutes. L’aldéhyde......... C!H‘O? + O0? — C'H'O, acide acétique. L'acroléme......... CH°O? + O0 — C°H°O', acide acrolique. ! Le butyral.......... CH°O? + O° — C'H‘O', acide butyrique. Le valérianaldéhyde.. CHO? + 0! — C"H"O"', acide valérianique. L’essence d’amandes.. C“H°O? + O0: — C'H°O', acide benzoïque. L'’essence de cannelle. C'"H*O? + 0° = C“H'O', acide cinnamique. Le cuminol......... C2H202 + O0? — C“H=0', acide cuminique. Marcire ee. -neree C“H#O0? + O0? — C“H*O', acide stéarique. » Deux questions importantes me resteraient à résoudre, savoir : » 1°, Quelle est la véritable constitution du butyral; en d'autres termes, quelle est la formule rationnelle qui convient à ce composé? Doit-on le con- sidérer, par exemple, comme l'hydrate d'un oxyde organique et lui donner la formule CŒH°0, HO = C*H:0!, ou faut-il l'envisager comme une substance analogue à l'essence d'amandes améres ? » L'examen des diverses réactions du butyral en présence du chlore, du brome et d’autres agents, ainsi que l'étude approfondie des composés qui peuvent en dériver, pourront seuls me conduire à la solution de cette ques- tion; j'ai, dans ce but, tenté quelques expériences, mais les résultats auxquels je suis parvenu laissent encore trop à désirer pour que je puisse les r'ap- porter 1c1. » 2°, De quelle manière doit-on interpréter la formation du butyral? ( 1447 ) quelle est la réaction qui lui donne naissance dans la distillation sèche des butyrates ? » Sur cette question, comme sur la précédente, je ne possède jusqu'à pré- sent que des notions fort incomplètes. Je ferai observer seulement que cette simple élimination d'oxygène de l'acide butyrique n’est pas le seul exemple de ce genre; M. Boussingault, à qui nous devons la découverte de la subé- rone qui se forme dans des circonstances semblables au butyral, a démontré que cette substance a pour formule CSH’O et ne diffère par conséquent de l'acide subérique cristallisé (C®H*O*) que par 3 atomes d'oxygène. » Le même chimiste a reconnu que la subérone exposée au contact de l'air absorbe de l'oxygène et se transforme en acide subérique; l'acide nitrique et d’autres corps oxydants opèrent la même transformation. Ces propriétés tendraient à faire rentrer cette substance dans la classe des aldéhydes dont elle s'écarte néanmoins par sa composition. M. le docteur Sace a, du reste, obtenu le véritable aldéhyde subérique par la distillation de l'huile de lin; l’auteur exprime la composition de cette subtance par la formule brute CH’ 0? : ce composé est d'une grande stabilité, il résiste longtemps à l'action oxy- dante de l'acide nitrique, qui finit toutefois par le convertir complétement en acide subérique. e » L'acide acétique que l’on observe quelquefois, comme produit secon- daire, dans certaines préparations d'acétone, se forme peut-être par l'oxy- dation de l'aldéhyde qni aurait pris naissance antérieurement ; je soumettrai cette hypothèse à quelques expériences. Guidé par les savants conseils de M. Pelouze, je me propose de continuer mes recherches sur le butyraldéhyde; les résultats auxquels je parviendrai feront l’objet d’une prochaine communication dans laquelle j'espère combler les lacunes que présente cette partie de mon travail. » PHYSIOLOGIE. — ÂVotice sur la structure et sur quelques maladies des poumons; par M. J.-A. Rocnoux. (Extrait par l’auteur.) (Commissaires, MM. Magendie, Breschet, Milne Edwards.) « Comme son titre l'indique, ce travail se compose de deux parties, l’une presque uniquement anatomique, l’autre se rattachant à la pathologie du poumon. ( 1448 ) » Ge. Structure des poumons. — Ainsi que Malpighi l'a démontré le pre- mier, le poumon est un organe essentiellement membraneux, dont le tissu véritablement exsangue , quoique livrant passage à tout le sang en circulation , se trouve disposé de manière à former un très-grand nombre de petites cel- lules ou vésicules, communiquant entre elles par des ouvertures proportion- nellement très-larges, et au milieu desquelles se terminent les divisions beau- coup moins nombreuses des bronches. Telle est, dans sa partie consistante ou solide, la structure très-simple des poumons. Desnerfs, denombreux vaisseaux sanguins et lÿmpbatiques se ramifient sur les parois, et surtout dans les angles que forment entre eux les petits plans, ou plutôt les petites surfaces courbes dont se composent les cellules, qu'il est très-important de bien connaître, puis- qu'il règne à leur égard un très-grand dissentiment entre les anatomistes. » Mesurés et pesés avec une exactitude qui ne laisse place qu'à de très- légères rectifications, les poumons m'ont donné en volume 4 553000 milli- mètres cubes, et en poids, 1 kilogramme , représentant en volume 952 300 millimètres cubes. Cette quantité, plus 199800 millimètres cubes, pour le volume des bronches, ôtés de la première, reste 3400900 millimètres cubes, qui, pour les deux poumons , donnent 583000000 de cellules, en portant le diamètre de chacune d'elles à o®%,18. A présent, comme les bronches ne sont pas soumises à plus de quinze divisions dichotomiques , après la dernière desquelles elles ont environ 0"",26 de diamètre, leur nombre s'élève seule- ment à 32768, nombre qui, dans l'hypothèse de Resseisen , serait celui des cellules. Mais comme il y en a, au lieu de cela, près de 600 000 000, il enré- sulte que 17790 de ces cellules se trouvent groupées autour de chaque bron- che terminale, occupant dans cette répartition un cube de 5,102 millimètres de côté. Dans le dernier millimètre environ de son trajet, chacune des divi- sions bronchiques recoit tout autour les ouvertures de plusieurs cellules, puis se termine en s'abouchant directement dans trois ou quatre à la fois. » On voit, par ce simple exposé, avec quelle admirable égalité de répar- tition l'air arrive dans tous Îes points du poumon. Pour achever de s’en faire une idée exacte, il faut se rappeler que les cellules communiquent toutes entre elles par de larges ouvertures. Hales leur suppose en étendue le tiers de la surface des cloisons dont sont formées les cellules ; elles m'ont paru en avoir près de la moitié. D'après cela, la surface des 583 000 000 de cellules, dé- duction faite de la moitié, à cause de leurs ouvertures, étant de 56 660 000 millimètres carrés, cette quantité, augmentée de 1 298 000 millimètres carrés, étendue de la surface des bronches, donne 5739/9000 millimètres carrés pour { 1449 ) la surface des voies aériennes en contact avec l'air , où plus de trente-trois fois l'étendue de la peau. » Telse présentelepoumon examiné sec, et, après avoir été insuflé, comme le faisait Malpighi. Sans autre préparation , sans injection aucune, et seule- ment en examinant au microscope ceux de ses vaisseaux capillaires qui ont conservé du sang à leur intérieur, comme on en trouve toujours , soit dans un point , soit dans un autre , On s'assure que ces vaisseaux forment autour de chaque paroi de cellules des espèces d’anneaux d'où résulte un vaste ré- seau à plusieurs centaines de millions de mailles , où se rendent les dernières ramifcations artérielles, et d'où partent les premiers ramuscules veineux. » À l'état frais, et sous un grossissement de 400 ou 500 diamètres , le tissu des cellules semble entièrement formé, comme celui des membranes sé- reuses , par ces filaments déliés dont le tissu, dit cellulaire, est essentielle- ment composé. Mais ils semblent plus rapprochés, plus serrés que dans les membranes séreuses ordinaires. Aux orifices de communication des cellules entre elles, ce tissu forme une sorte de bourrelet, à filaments à peu près pa- rallèles dans leur contour, tandis que sur le reste de la surface des cloisons, il offre cet entrecroisement tortueux , vermicellé, qui le caractérise, comme l'a très-bien vu Fontana. Mesurés au micromètre, ces bourrelets, peut-être un peu plus épais que le reste de la paroi des cellules, donnent 0", 0168 ; les calculs établis d'aprèsle poids et le volume du poumon sont en parfait accord avec ce résultat. » S Il. Maladies des poumons. — Cette seconde partie est une applica- tion de l'observation microscopique à l'anatomie pathologique, qui, par rap- port à l'emphysème, aux tubercules pulmonaires et à l'empyème, conduit aux conséquences suivantes : » L'emphysème par dilatation des cellules pulmonaires, tel que l’admet Laennec, n'existe pas, n’est même pas possible ; et l'hypertrophie ou l’atro- phie des cellules pulmonaires, quoique admise par beancoup de médecins, est encore à démontrer. » 2°. Les tubercules pulmonaires qui, comme toutes les productions ac- cidentelles susceptibles de dégénérer, doivent être étudiés tout à fait au pre- mier instant de leur formation, consistent en un tissu d’abord filamenteux, singulièrement entrelacé, et alors d'une couleur orangé pâle; il affecte la forme de petits corps globuleux, de o®%,15 à o"®,20 de diamètre, parfaite- ment homogènes, ne contenant aucun liquide infiltré, lesquels passent bientôt par tous les degrés de dégénération décrits par les auteurs modernes, à partir de l’état dit miliaire. C. R., 1844, 2M€ Semestre, (T,. XIX, N° 27.) 192 ( 1450 ) » 3°, L'existence d'une membrane fibreuse pulmonaire , ou, au moins, la structure toute particulière du tissu membraneux dont le poumon est essen- tiellement formé, est la cause principale du retrait, presque toujours irre- médiable , qu'éprouve cet organe dans les épanchements inflammatoires qui ont principalement pour source la plèvre viscérale ; d'où l’on doit tirer le pré- cepte d'opérer promptement , dans ces cas, et avant que le tissu pulmonaire ait subi ce recoquillement qui rend de nouveau sa dilatation impossible, après qu'il a été débarrassé du liquide qui le comprimait. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ÉLECTRO-CHIMIE. — Mémoire sur l’argenture galvanoplastique de l'acier ; par M. Drssonpaux. (Extrait. ) (Commissaires, MM. Dumas, Becquerel, Regnault ) « Jusqu'à présent, dit l'auteur, on n'est parvenu à obtenir un dépôt bien adhérent de l'argent sur l'acier qu'après avoir revêtu ce dernier métal d'une couche de cuivre, et le cuivrage doit être opéré au moyen du cyanure double de cuivre et de potassium ; celui qu'on obtient par l'immersion de l'acier dans le sulfate de cuivre, même en employant, ainsi qu'on l'a conseillé, le contact du zinc par l'intermédiaire d'un conducteur métallique, ne peut suffire, at- tendu qu'il s'opère toujours eu pareil cas, à la surface de l'acier, une légere oxydation qui s'oppose à une adhérence parfaite de la couche cuivreuse. » Il convient de remarquer en passant que quoique, dans les traités de gal- vanoplastie, le fer et l’acier paraissent avoir été assimilés l’un à l'autre , en ce qui concerne l’argenture, ils offrent cependant entre eux , sous ce rapport, une différence bien tranchée; car le fer peut s'argenter sans cuivrage préalable, et cette différence paraît tenir uniquement à la présence du carbone dans l'acier, puisque , lors même qu'il a été détrempé, il est également impossible d'y faire adhérer l'argent. » Le cuivrage préalable du métal étant opéré, il se présente une autre difficulté qui consiste en ce que la couche de cuivre se dissout fréquemment, en totalité ou en partie, dans le bain de cyanure d'argent où la pièce est ensuite plougée : il en résulte que dans tous les points où le cuivre a disparu, l'argent ne se dépose pas ou du moins se détache au moindre frottement. Cette cause d'insuccés intervient d'autant plus sûrement, que la couche de cuivre est plus mince, de sorte que pour l'éviter il est indispensable de prolonger l'opération ( 1451 ) du cuivrage; encore faut-il avoir grand soin, dans cette premiere opération, de ne pas employer pour anode du cuivre rouge du commerce, ce métal ren- fermant du zine qui, en quelque petite proportion qu'il se trouve, nuit im- manquablement à la solidité du cuivrage. » Frappé de ces difficultés et de celles que présentent tous les procédés indiqués jusqu'à ce jour pour le cuivrage de l'acier, j'ai cherché une méthode nouvelle, et je crois que celle que je vais faire connaître laisse peu de chose à désirer. » Cette méthode consiste à plonger pendant quelques instants l'acier dans une solution extrémement faible de nitrate double d'argent et de mercure, à laquelle on ajoute quelques gouttes d'acide nitrique. Pour composer cette solution, il suffit de faire dissoudre séparément 1 gramme de nitrate d'argent dans 60 grammes d’eau, et 1 gramme de nitrate de mercure dans une égale quantité du même liquide. On mélange ensuite les deux solutions, auxquelles on ajoute 4 grammes d'acide nitrique à 40 degrés de l’aréomètre de Baumé. Peut-être ces proportions ne sont-elles pas tout à fait rigoureuses, mais l'ad- dition de l'acide nitrique est absolument essentielle. Il faut éviter d'employer de l’eau renfermant de l'hydrochlorate de chaux ou des matières organiques. car elle produirait inévitablement l'effet bien connu de décomposer en par- tie le nitrate d'argent; il faut, autant que possible, se servir d’eau distillée. On ne doit pas s'attendre à voir le nitrate de mercure se dissoudre en totalité dans l'eau, car on sait qu'il s'y transforme en sous-nitrate et en nitrate acide qui reste dans la liqueur, tandis que le sous-nitrate se précipite en poudre d'un jaune verdûtre ; ce dépôt doit être conservé dans la solution destinée à l'ar- genture. Il n'est pas nécessaire que le nitrate d'argent soit pur; celui qu'on obtient en faisant agir l'acide nitrique sur l'argent allié à un dixième de cuivre produit absolument le même effet. » Lorsque l'acier a été plongé dans la solution de nitrate double de mer- cure et d'argent, il se recouvre presque instantanément d'un léger dépôt noirâtre qui s'enlève avec facilité en passant un linge à sa surface. L'acier se trouve alors parfaitement décapé et revêtu en même temps d’une pelli- cule d'argent extrêmement mince, mais d’une adhérence intime. Le dépôt noirâtre qui se forme m'a paru composé presque exclusivement de carbone, corps dont la présence, comme je l’ai fait remarquer précédemment, s'op- pose seule au dépôt de l'argent sur l'acier. Après cette préparation si simple et si rapide, la pièce d’acier se trouve parfaitement disposée à recevoir la couche d'argent qui se forme avec la plus grande facilité, et d'une manière tellement adhérente, que non-seulement elle peut supporter le bruni le plus 192.. (1452) prolongé, mais qu'elle peut même résister à la chaleur rouge sans rien per- dre de sa solidité. » Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que la couche d'argent dont on obtient le dépôt par la pile doit, dans la nouvelle méthode comme dans celle du cuivrage préalable, atteindre une certaine épaisseur pour préser- ver complétement l’acier de l'oxydation. Un moyen très-simple de recon- naître que la couche d’argent a contracté une épaisseur suffisante consiste à plonger pendant un certain temps une très-petite partie de la pièce argentée dans une solution acide de sulfate de cuivre. Tant que l'argent y contracte une couleur jaune, c’est un indice certain que la couche d'argent est insuffisante; elle est encore perméable, puisqu'elle permet à l'acier d'exercer son action sur le sulfate de cuivre. Au reste, on ne doit avoir recours à cette expérience que lorsqu'on est à peu près certain d'être arrivé à l'épaisseur convenable, car l'argent ne peut se cuivrer ainsi, fût- ce même lésèrement, qu'aux dépens de son adhérence; et, dans tous les cas, il vaut mieux aller un peu au delà de ce qui est strictement nécessaire. Plus la couche d'argent sera épaisse, plus on aura de garantie contre l'oxy- dation. » MÉDECINE. — Mémoire sur la nature et le traitement de la fièvre typhoïde ; par M. L. 'Turex. (Commissaires, MM. Magendie, Serres , Andral.) « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l’Aca- démie, je crois, dit l’auteur, avoir démontré : 1° que les lésions de l'iléum, babituelles dans la fièvre typhoïde , sont un accident très-secondaire principa- lement dû à une action chimique; 2° que l'augmentation de volume de la rate , aussi fréquente au moins que les lésions intestinales , est d’une bien plus grande valeur pathognomonique , puisqu’à elle seule elle tendrait déjà à nous faire penser que les fièvres typhoides ont une grande analogie avec les fiè- vres intermittentes qui produisent habituellement aussi la même altération ; 3° que la plus grande partie des faits donnés par les nosographes modernes comme des exemples de fièvre continue typhoïide sont des doubles tierces pernicieuses, des fièvres larvées, des fièvres sub-continues, telles que les dé- crivait Torti au commencement du siècle dernier; 4° que ces maladies ne sont devenues si graves et si meurtrières que parce qu'on a oublié leur carac- tère rémittent et la médication spéciale qu'elles nécessitent. N'est-ce pas d'elles que Torti disait : « Quatenus omnes jugulatæ sunt uno cortice peru- (1453) » viano, modo celerius, modo lentius, modo parcius, modo liberalius, prout » opus visum est administrato? » Enfin , j'ai terminé mon travail en citant quelques faits puisés dans ma pratique, et qui me semblent confirmer la doctrine que je soutiens. » M. Smer, pharmacien à Meaux, adresse un Mémoire ayant pour titre: Procédé d'amélioration de la poudre de guerre et de chasse. La modification proposée par l’auteur consiste à ajouter à la poudre fabri- quée par les moyens ordinaires une certaine quantité de sandaraque pulvé- risée. La proportion qui lui a le mieux réussi est celle de 32 grammes de résine pour 15 demi-kilogrammes de poudre. Quand le mélange est fait con- venablement, la poudre, suivant M. Siret, s'enflamme plus rapidement, et sa déflagration est plus complète, de sorte qu’elle donne moins de fumée et encrasse moins l'arme; elle a d’ailleurs, sur la poudre ordinaire, l'avantage de pouvoir supporter, sans altération sensible, un long séjour dans une at- mosphère humide. Le Mémoire de M. Siret est renvoyé à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Piobert, Morin et Séguier. M. Guérn-Ménevire adresse une Note en réponse à la réclamation de M. Blaud, concernant ses recherches sur un insecte qui attaque les’olives. Dans cette réponse, l’auteur s'attache à faire voir qu'il -n’a point cherché à s'approprier les travaux de M. Blaud, et que cet agronome lui-même en eût été convaincu s'ilavait connu , autrement que par un extrait incomplet, la Note lue dans la séance du 5 novembre 1844. M. Ackermann, qui avait annoncé précédemment l'intention de se rendre à Madagascar, adresse maintenant un Mémoire sur les diverses recherches aux- quelles il se propose de se livrer pendant son séjour dans ce pays. Ces re- cherches sont principalement relatives à l'histoire naturelle. Le Mémoire ren- ferme, de plus, un projet d'assainissement de l'île Sainte-Marie de Madagascar. M. Pionry demande que le cinquième volume du Traité de Médecine pra- tique, dont il a fait hommage à l’Académie dans une des précédentes séances, soit admis à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fonda- tion Montyon , et il adresse, conformément à une disposition prise par l'Aca- démie pour les ouvrages adressés à ce concours, une indication des parties de son travail qu'il considère comme neuves. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) ( 1454 ) MM. Baurue et H. Rocer adressent, pour le même concours, et également avec une indication des parties neuves de leur travail, la deuxième édition d'un Traité pratique d'Auscultation. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPONDANCE. M. le Mimisrre DE La Guerre annonce que, conformément à la demande qui lui a été adressée par l'Académie, il a donné des ordres pour que chaque membre des Sections de Botanique et d'Economie rurale reçût un Catalogue des végétaux cultivés à la pépinière centrale du Gouvernement à Alger: un supplément manuscrit indiquant les nouvelles espèces introduites depuis l'impression du Catalogue sera joint à chaque exemplaire. M. Fiourens présente, au nom de l'auteur, M. Rimenr, divers ouvrages et opuscules relatifs à la chirurgie et à la médecine opératoire (voir le Bulletin é bibliographique). M. Flourens appelle principalement l'attention sur les re- cherches expérimentales de ce savant concernant la nature contagieuse de la pourriture d'hôpital, et sur divers procédés opératoires nouveaux, entre au- tres ceux que M. Riberi a imaginés pour le phimosis, pour la luxation de l'hu- mérus avec fracture du col de l'os, pour la fistule salivaire avec complication d'abcès, etc. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur des procédés mécaniques destinés à donner la mesure d'intervalles de temps très-courts. (Extrait d'une Lettre de M. Bauprimonr.) « En lisant hier, dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences, les ingénieuses expériences de M. Pouillet, sur un moyen de mesurer des intervalles de temps extrêmement courts par l'action qu'un courant électri- que exerce sur une aiguille aimantée, il m'est venu immédiatement à la pen- sée que l'on pourrait obtenir le même résultat à l'aide d'appareils entièrement mécaniques et sans l'intervention du calcul. C'est cette pensée qui, évidem- ment, n'a pu encore être mise à exécution, que Je vais avoir l’honneur de sou- mettre à l'Académie. » Que l'on suppose un disque tournant sur son axe et faisant chaque ré- volution en un temps déterminé, une seconde par exemple, que l’on se figure ( 1455 ) en dehors de ce disque ‘une détente portant un pinceau chargé d'encre, qui puisse toucher sa surface à un instant donné, on aura une idée assez nette de l'instrument dont il s’agit. » Il est évident que, si le disque est accompagné d'un compteur indiquant le nombre de ses révolutions, et que, si la détente est lâchée en temps con- venable, l'impression laissée par le pinceau indiquera la fraction de seconde par l'arc qu'aura parcouru le limbe du disque depuis l’origine de la seconde. Or, comme il n'y a de limite ni au diamètre de ce disque, ni à sa vitesse de rotation, il est évident que Fon pourra diviser la seconde en autant de par- ties que l’on voudra. .... » Le moyen qui vient d’être indiqué pour mesurer de très-petites fractions du temps peut être modifié pour ainsi dire à l'infini; bien des organes de machines peuvent conduire au même résultat. La vis micrométrique, surtout, peut être utilisée en pareille circonstance. En effet, soit un cylindre tournant sur son axe, et jouissant en même temps d'un mouvement progressif; si, à un instant donné, une pointe convenable le touche et laisse un trait à sa sur- face, cet instrument décrira une courbe hélicoïdale. Chaque tour de l'hélice pourra donner une seconde, et les fractions de tour pourront donner les fractions de la seconde, etc. Il est évident que le cylindre ou le stylet destiné à laisser une trace à sa surface se trouve mis en mouvement autour d’une vis micrométrique. » Comme M. Pouillet l'a pensé, le mouvement des horloges réglées par un balancier ne convient pas à ce genre d'instruments , et ce savant a pro- posé l'emploi d’une machine électro-magnétique pour obtenir un mouvement de rotation uniforme. Peut-être ce dernier moteur pourrait-il être remplacé par un ressort compensé, ou par un poids, en retardant le mouvement total de la machine par un frein ou par un ou plusieurs volants analogues à ceux employés dans les sonneries des horloges. » Si cette nouvelle application peut un jour devenir utile, on ne devra point oublier que l'idée première qui l’a fait concevoir se trouve dans l'in- vention de M. Pouillet. » M. Desporrss, à l'occasion des communications faites dans la précédente séance , sur les résultats obtenus à l'imprimerie royale relativement au colo- riage des cartes géologiques par le moyen de la lithographie, adresse une Lettre dans laquelle il a pour objet de prouver que des résultats analogues ont été déjà obtenus en France. « Dès 1837, dit-il, Godefroy Engelmann prit un brevet pour un procédé tout à fait analogue à celui dont l'Académie a été (1356 ) entretenue; et, depuis six ans, dix lithographes au moins font des impres- siôns en couleur, employant à ce travail environ quatre-vingts presses. La perfection des machines dont on fait usage dans ces divers établissements, où le laminage des papiers, ainsi que leur emploi à l’état de siccité, sont depuis longtemps des moyens familiers, permet d'obtenir dans la juxtaposition des teintes une précision qui ne laisse rien à désirer. A la vérité, M. Derenémes- nil peut revendiquer, comme lui appartenant, l'emploi des petites feuilles de cuivre pour empêcher l'agrandissement des trous de pointures; mais, comme les lithographes exercés réussissent fort bien sans recourir à cette précau- tion, elle n’a peut-être pas toute l'importance qu'on semble lui attribuer. » « M. Durrévoy remarque, à l'occasion de la réclamation de M. Desportes, que l'on a indiqué avec soin, dans la description du procédé employé à l'Im- primerie royale par M. Derenémesnil, les résultats obtenus avant cet artiste pour l'impression en couleur ; mais jusqu'à présent le coloriage des cartes géo- logiques avait été peu satisfaisant. Dans toutes celles publiées, les couleurs se recouvrent en partie, et dans plusieurs d’entre elles on a omis à dessein les lignes en points qui séparent les formations , afin de déguiser ce défant, ce qui leur ôte l'exactitude qu'elles doivent présenter. La comparaison des cartes géologiques publiées jusqu'à ce jour, avec celle qu'il a soumise à l'examen de l’Académie dans sa dernière séance, montre, avec évidence, toute la supério- rité des procédés de l'Imprimerie royale. Il est persuadé que si M. Desportes eût fait lui-même cette comparaison, il eût reconnu sans hésiter tous les droits de M. Derenémesnil. » Remarques de M. Eure ne Beauwonr. « M. Élie de Beaumont fait observer que, de concert avec M. Dufrénoy, il s'était adressé pendant plusieurs années aux ateliers lithographiques les plus justement célèbres de Paris, pour tâcher de faire colorier par impres- sion le Tableau d'assemblage de la Carte géologique de la France. Après avoir examiné attentivement les produits de ces ateliers, et y avoir fait faire des essais, les auteurs de la Carte géologique s'étaient vus réduits à en revenir au coloriage à la main, malgré sa lenteur et sa cherté. C’est alors seulement que l'Imprimerie royale a commencé, à son tour, des essais. » Le tableau d'assemblage de la Carte géologique de la France était extrêmement difficile à colorier par impression, à cause des limites tracées en points qui ne devaient pas être dépassées. C'est là la difficulté que M. Dere- némesnil a vaincue. Indépendamment de tout ce qu'il ÿ a d'ingénieux dans (1457) les procédés dont il s'est servi, il est certain que le résultat obtenu à l’im- primerie royale est véritablement nouveau par la précision, jusqu’à présent sans exemple, qu'on a réussi à donner au coloriage par impression. » M. Rauui, qui avait soumis au jugement de l’Académie une carte géolo- gique du bassin parisien, coloriée par les procédés lithographiques, demande que sa carte soit renvoyée comme document à la Commission chargée de faire le Rapport sur la méthode d'impression à plusieurs teintes de M. Dere- némesnil. L'Académie décide que les Commissions chargées de l'examen de la carte de M. Raulin et de la méthode d'impression de M. Derenémesnil seront réu- nies et comprendront dans un Rapport commun (en ce qui concerne le pro- cédé de coloriage) les deux communications. M. Passor prie de nouveau l’Académie de hâter le travail des Commis- saires chargés de faire un Rapport sur ses expériences relatives à la question de la force centrifuge , expériences dont il les a déjà rendus témoins. Note omise dans le Compte rendu de la précédente séance. M. Gaunicuaur , en présentant dans la séance du 23 décembre une these de M. Aucuste Vinsor (de l'ile Bourbon), s'était exprimé de la manière sui- vante : « Depuis Garengeot, qui consacra la dernière partie d’un Mémoire re- marquable sur plusieurs hernies singulières à celle qui se forme par le canal sous-pubien, aucun travail d’une certaine étendue n'avait été publié en France sur ce sujet. M. Vinson, ayant observé deux cas de cette espèce de hernie dans le service de M. Rayer, à l'hôpital de la Charité, a rassemblé presque tous les exemples de cette maladie qui ont été publiés jusqu'à ce jour. De l’analyse et du rapprochement de ces faits, M. Vinson a déduit plusieurs remarques qui paraissent de nature à jeter de nouvelles lumières sur l'étiologie, le diagnostic et le traitement de cette hernie. Le travail de M. Vinson contribuera certainement à appeler l'attention des médecins et des chirurgiens sur la hernie sous-pubienne qui, dans un trop grand nombre de cas, a été méconnue pendant la vie. » Ce Mémoire est accompagné de 13 planches lithographiées. La séance est levée à 5 heures. EF. M C.R., 1844, 2m Semestre (T. XX, N° 27.) 193 ( 1458 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. A 4 * L'Académie a recu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres : T7 , Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’ Académie royale des Sciences; 2° semestre 1844; n° 26; in-4°. Notices biographiques sur MM. DE MorEL-VINDÉ, D'ARGET et MATHIEU DE DompasLe; par M. J. GiRARDIN ; broch. in-8°. Rouen, 1844. Rapport sur l’Oléomètre à froid de M. LEFEBVRE; par M. J. GiraRpin. Rouen, 1844 ; broch. in-8°. Analyse d'un Liquide provenant de vésicules développées sur la peau à la région ombilicale ; par le même; + de feuille in-8°. Traité pratique d'Auscultation; par MM. BARTHE et ROGER ; 2° édition. Paris, 1844; in-12. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) Vingt-cinquième Autographie. — Essais sur la Navigation dans l'air ; 2° partie ; par M. LEGRIis; À feuille in-8°. Bulletin des séances de la Société royale et centrale d'Agriculture ; tome V, ° 1;in-8. Annales des Maladies de la peau et de la Syphilis; par M. CAZENAVE; no- vembre 1844; in-80. Journal des Connaissances utiles ; décembre 1844; in-80. Philosophical. . . Transactions philoso;'hiques de la Société royale de Londres pour 1844; partie 2. Londres, 1844; in-4°. Magnetical. . . Observations magnétiques et météorologiques faites à l'observa- toire royal de Greenwich dans l’année 1842, sous la direction de M. Binner-ArRy, astronome royal. Londres, 1844; in-4°. The Athenœum ; août , septembre, octobre et novembre 1844 ; in-4°. The Quarterley Review; octobre 1844; in-8°. Sulla Cancrena. .. Sur la Gangrène contagieuse ou pourriture d'hôpital, avec des remarques sur un Érésipèle contagieux; par M. RiBER1. Turin, 1820; in-8°. Elementi. .. Éléments de Médecine opéraloire (amputation et HD des os, el opération du trépan); par le même. Turin, 1833; in-8°. Orchiectomia. .. Orchiectomie, valeur comparative des différents procédés. — Observations de Lithotritie ; par le même. Turin, 1838 ; in-8°. Caso de ... Cas de Rhino-géno-chéloplastie; par le même. Turin, 1839; in=8°. LL ( 1459 ) Osservazioni... Observations médico-chirurgicales ; par M. Rage. Turin , 1839; in-8°. Osservazioni... Observations chirurgicales ; par le même. Turin, 1541; in-8°. Modificazioni... Modifications apportées à l'opération du Phimosis, et à quelques autres opérations relatives principalement aux maladies des Yeux; par le même. Turin, 1842; Dell efflusso. — De l’écoulement des Liquides sortant de vases à révolution ; par M. Turazza. Venise, 1844 ; in-4°. Del trasporto. .. Du transport de la Matière pesante dans les deux courants opposés de l'appareil voltaïque , etc. ; par M. ZANTEDESCHI ; in-/4°. Memoria... Mémoire sur la Thermo-électricité dynamique dans les circuits formés d'un seul métal; par le même; in-4°. Elementi... Éléments du Calcul infinitésimal ; 1°° partie : Calcul différen- tiel; par M. TortToun. Rome, 1844; in-8°. Rappresentazione... Représentation géométrique des Fonctions elliptiques de troisième espèce à paramètre circulaire, donnée par le même; in-8°. Nota... Note sur le passage des Intégrales des équations à différences finies aux Intégrales des équations différentielles ; par le même. Equazione. .. Equations différentielles D'HAMILTON , et Equations du mou- vement autour du Soleil, intégrées par une nouvelle méthode; par M. Jacorr; in-8°. (Ces deux articles sont extraits du Giornale arcadico.) Tre nuove... Trois nouveaux Mémoires écrits pour la sixième réunion des Savants italiens, l'un sur la culture des Müriers, l’autre sur la meilleure manière de fabriquer et de conserver les Vins, et le troisième sur la Contagion; par M. Bassi ; brochure de 3 feuilles et demie ; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 52; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n® 150 et 151; in-fol. L'Echo du Monde savant; n° 49. L = ; EN ve À {à LATE LAETR À at tp ErAr AREE Pen ETS: NT R +10 re QUES Re SEM x. DLL ON ANPS CTIS A ENT ER ds & AE El n Ain AN * 4, Tr Ar 1 s “ To Ke \ AS Jr cine PARU : DEN : es sie F1 *E ; > sf st à 3 MA k PAR QUI avc A ne C4 DS ot PE 2,7 er? Te Fa SA CUP We ue pots | ASE TR HOMME Re 1 Ê Riot Lys Ê L SIM LOT ei s\e PA cs ke. + L AAC A - AE : LRU pe LT Fig di Li PARA ; Ru Zn PARQUUE ÉE CANTON ï, pis in NE VE FPE AUX: RES KE nt re |) ê tt: ARE PTE NT à ® AE ne Ha: 0 Ke LE dé f is NS 2 BL ÿ & F4 Len Rae VE 1 ” Le me: ne h Fra 12e #1 Hits 0 Le Hu Me no SS TURN: 4e r< FR LT RD P | LR rh CREER. « Ê as ÿ an | DR ns 4 à AC Er De RÉEL ( 1459 ) JUS Osservazioni. . . Observations médic o-chirure 1839; in-8°. DES SCIENCES. Osservazioni... Observations chirurgicales ; in-8°. SIQUES. Modificazioni... Modifications apportées ; quelques autres opérations relatives principalemen le même. Turin, 1842; Dell efflusso. — De l'écoulement des Liquides sorta. M. Turazza. Venise, 1844 ; in-4°. Del trasporto. .. Du transport de la Matière pesante a opposés de l'appareil voltaïque , etc. ; par M. ZANTEDESCHi Memoria... Mémoire sur la Thermo-électricité dynamig. formés d'un seul métal; par le même; in-4°. K Elementi... Éléments du Calcul infinitésimal ; 1°e partie : Calcul tiel; par M. ToRTOLINI. Rome, 1844; in-8°. ‘er Rappresentazione.. . Représentation géométrique des Fonctions elliptiques de troisième espèce à paramètre circulaire, donnée par le même; in-8°. Nota... Note sur le passage des Intégrales des équations à différences finies aux Intégrales des équations différentielles ; par le même. Equazione, .. Equations différentielles D'Hamirrow , et Equations du mou- vement autour du Soleil, intégrées par une nouvelle méthode ; par M. JAcor; in-8°. (Ces deux articles sont extraits du Giornale arcadico.) Tre nuove... Trois nouveaux Mémoires écrits pour la sixième réunion des Savants italiens, l’un sur la culture des Müriers, l’autre sur la meilleure manière de fabriquer et de conserver les F ins, el le troisième sur la Contagion ; par M. Bassi ; brochure de 3 feuilles et demie ; in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 52; in-4°. Gazette des Hôpitaux ; n° 150 et 151; in-fol. L'Écho du Monde savant; n° 49. ni FT PEER pig HS I RE = MN FRo) te St PR FA À RENE 2 nÿ, du és ts | 8 Ur 4 xt ABLE £ “A, ühent Me FAIRE gi ME Y in LS nl PA 1. CCS ta D Mis D: Este Apart ob) Days SN + Tri | LE" 10) "VAE DU Ai Ce. COMPTES RENDUS DES SÉANCES S DE L’ACADÉMIE DES SCIENCE TABLES ALPHABÉTIQUES. JUILLET — DÉCEMBRE 1844. TABLE DES MATIÈRES DU TOME XIX. P Agvssinie. Voir à Voyages scientifiques. AGaRIENs. — Mémoire sur es Acariens, éten particulier sur les organes de la manduca- tion chez ces animaux; par M. Dujardin. 1 Ace AcÉTIQUE. — Sur la préparation de l’acide acétique pur; Mémoire de M. Melsens.….. — Note sur la densité des vapeurs d’acide acé- tique, d’acide formique et d'acide sulfu- rique concentré; par M. Bineau........ — Recherches sur la densité de vapeur de l’a- cide acétique à diverses températures; par M. Cahours ... . Acine ARSENIEUx. — Note sur les différents états de l'acide arsénieux, et la forme vi- treuse en général; par M. Brame ...... CL — Remarques de M. Dumas sur cette com- munication...... esse en ME ÉSÈOE COL AGE cuLorHYDRIQUE. — Note sur la détermi- nation de l’acide chlorhydrique dans une solution contenant du chlore libre; Note de M. Xoene Ace FoRmiQue. — Sur la densité de vapeur de l’acide acétique, de l’acide formique etde l'acide sulfurique concentré; par M. Bi- ages. 158 Acine 10niQvEe. — Sur l'oxydation des sub- stances organiques par l’acide iodique; Mémoire de M. Millon.. 270 et Acive LacriQue. — Mémoire sur cet acide; par M. Pelouze ACIDE sCLFAZOTEUX et acide sulfazotique. — Sels formés par ces deux acides; Mémoire de M. Fremy.. COOMOPME AT UMR ACIDE SULFURIQUE. — Note sur la fabrication de GR, (T. XIX.) 1844, 2€ Semestre, 726 lacide sulfurique; par M. Peligot ...... — Réclamation de priorité soulevée, à l'occa- sion de cette communication, par M. Bau- drimont. ....ssnsesesesssessrsssuen — Réponse de M. Peligot à la éclamation de M. Baudrimont,............... PAne Js — Note sur la densité de la nn de l’acide sulfurique concentré; par M. Bineau.... Acnes, en général.— Recherches sur la consti- tution chimique des acides et des bases ; par M. Millon..... d'onQ ACiDEs AMIDÉS ET CHLORAMIDES. — Note sur ces acides et sur le chloranilamide; par M. Aug. Laurent... ....... s'etlie ele star, — Réclamation de M. Persoz, à l’occasion de cette communication........... FREE 0 — Réponse de M. Laurent à la réclamation de M. Persoz ..:-;... DÉS DAE 0 06 Éogocue Acines cras. — Mémoire surl’application des acides grasà l'éclairage; par M.Cambacérès. Acines voLatizs. — Recherches sur les acides volatils à 6 atomes d'oxygène; par M. Ca- BOUT Se out - DS or OS Acovsrique. — Expériences relatives à la vi- tesse de propagation du son daus. l’atmo- sphère ; par MM. Mariins et Bravais..... AgrouTees.— M. le Secrétaire perpétuelécrira, au nom de l’Académie, à M. Boisse, direc- teur des mines de Carmaux, pour lui de- mander quelques nouveaux détails tou- chant la chute d’un aérolithe qui a eu lieu, le 21 octobre 1844, aux environs de Layssac.........,............. * APP Acricucture, — M. le Ministre de la Guerre 194 1164 1181 ttansmet divers documents relatifs à la culture, en Algérie, du riz de montagne, du coton, du mürier, et à la production de la soie........ . lues — Rapport sur les travaux de M. Hardy, di- recteur de la pépinière centrale de l'Algé- rie; Rapporteur M. Payen............. — M. le Ministre de la Guerre transmet un Mémoire de M, Hardy, sur les essais de culture faits en Algérie, pour la culture du pavot et la récolte de l’opium. ....... — M. le Ministre de la Guerre adresse le cata- logue imprimé des végétaux cultivés dans la pépinière centrale d'Alger. ... 1088 et — Effets des engrais ammoniacaux sur la vé- gétation; Note de M. Schattenmann ... — M. Philippar adresse une collection, ac- compagnée d’un catalogue méthodique, de G20 espèces et variétés de céréales ...... — M. Carmignac-Descombes prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission à l'examen de laquelle à été renvoyé son plan d’enseignement agricole. .......... — M. le Ministre des Finances invite l’'Acadé- mie à faire constater l'efficacité d’un pro- cédé au moyen duquel M. Halna-Dufretay dit ètre parvenu à activer la végétation des boiB = sm cstttin 2722 UTERE — La Commission désignée à cet'efet déclare, par l'organe de M. Dutrochet, que au- teur paraissant ne pas vouloir donner de publicité à son moyen, il n'y a pas lieu à faire de Rapport ............. OC Ar. — Note ayant pour titre: Visibilité des molécules de l'air; par M. Andraud. ...., ALCALIS ORGANIQUES. — Sur un nouvel alcali organique, l'Amarine, découvert par M. Laurent... — Recherches concernant les alcalis orga— niques; par M. Gerhardt.….. ALcoocs. — Recherches sur Palcool par" M" Balard NT Ne eu Re ArGEkIE. — M. le Ministre de la Guerretrans- met divers documents relatifs à l’écono- mie rurale de l’Algérie, à la culture du riz sec, du coton, du mûriér, et à la pro- duction de la soie. ...... PERL — Rapport sur les travaux de M. Hardy, di- recteur de la pépinière centrale de l'Algé: rie; Rapporteur M. Payen............, — M. le Ministre de la Guerre transmet un Mé- moire de M. Hardy, sur les essais de cul- ture faits en Algérie, à la pépinière cen- trale du Gouvernement, relativementà la culture du pavot età la récolte de l'opium. — M. le Ministre de la Guerre transmet le ca- talogue imprimé des végétaux cultivés à la pépinière centrale du Gouvernement, en amilique ; 86 587 920 1454 1089 K 1462 ) Pages. Pages. Algérie..... ALIMENTS. — Analyses comparées de l'aliment consommé et des excréments rendus par une tourterelle, entreprises pour recher- cher s'il ÿ a exhalation d’azote pendant la respiration des granivores ; par M. Bous- sinpault Em ER En Re Cour — Analyse d'un ouvrage sur les substances alimentaires, présenté pourun concours; par M. Hébert............ — Expériences sur alimentation des vaches avec des betteraves et des pommes de terre; par M. Boussingault..... — M. Dumas, à l’occasion de cette communi- cation, annonce que d’aulies expériences de M. Boussingault semblent, jusqu'à présent, indiquer que l'alimentation des pores au moyen des pommes de terre donne, relativement à la formation de la graisse, des résultats analogues à ceux qui s’obtiennent, relativement à la for- mation du beurre, du même mode d’a- limentation chez les vaches ............ — Sur la conservation des substances alimen- taires, au moyen de l’oxyde de carbone; Note de MM. Lemasson et Dupré ..... G AMamiNE. — Nouvel alcali organique, décou- ve par Mi Laurent: Se ae MERE AmEniCAINs. — M. Flourens, en présentantun ouvrage de M. Martius sur le naturel, les maladies, la thérapeutique et la matière médicale des indigènes brésiliens, expose les principaux résultats auxquels l'auteur est parvenu relativement aux maladies des naturels du Brésil. ....,........:...... — M. Serres met sous les yeux de l’Académie des portraits photographiques de: deux Brésiliens, homme et femme, de la tribn, dés B'otoc us Ne eee Amies. — Sur les acides amidés, chlorami- dés, etc., et sur la chloranilamide; Mé- moire de M. Aug. Laurent... ....... — Réclamation de priorité adressée à locca- sion de ce Mémoire; par M. Persos... — Réponse de M. Laurent à cette réclamation. AMMONIAQUE. — Recherches sur les produits résultant de l’action du chlore et deliode sur l'ammoniaque; var M. Bineau,,.... AMYGDALINE. — Sur les propriétés optiques de lamygdaline, de l'acide amygdalique, etc.; seance 1068 €t.149/ 75 269 381 386 1212 353 351 4ge 316 435 485 762 par MBouchardati "ee 1174 ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Réflexions sur l’in- tégration des formules de la tige élastique à double courbure; par M. Binet........ — Sur l’état d'équilibre d’une verge élastique à double courbure lorsque les déplace- ments éprouvés par sés points, par suite des forces qui la sollicitent, ne sont pas trés-petits ;: Mémoires de M. de Saint- Vera ner Aou 19 — Sur la méthode logarithmique appliquée au développement des fonctions en série ; Mémoire de M. Cauchy...............… A — Note sur les intégrales eulériennes; par le même... ...... — Mémoire sur les interpolations : démons- tration générale de la méthode de quinti- section de Briges, de celle de Mouton quand les indices sont équidifférents, et du procédé exposé par Newton pour le cas d'indices quelconques; par M. Maurice, . Mémoire sur divers théorèmes relatifs à {a convergence des séries; par M. Cauchy. Note sur lapplication de la méthode loga- rithmique à la détermination des inéga- lités périodiques des mouvements plané- développement d'une fonction en série ordonnée suivant les puissances entières d’une même variable; par le méme... Mémoire sur l’application de la méthode logarithmique à la détermination des iné- galités périodiques que présentent les mouvements des corps célestes; par leÿnéme..:. 1. 4. Sur les fondements de la théorie mathéma- tique de Ja polarisation mobile ; par M. Laurent... LR SA ere Recherches sur une question de l'analyse des probabilités, relative à une série d’épreuves à chances variables, et qui exige la détermination du terme princi- pal du développement d'une factorielle formée d’un grand nombre de facteurs ; par M. Binet....., ,...., Mémoire sur la rotation des plans de pola- risation dans les substances solides et sur l’influence de la forme non sphérique des molécules ; par M. Laurent. ....,... — Sur les mouvements infiniment petits d’une file rectiligne de sphéroïdes ; par Le méme. — Observations sur la série de Lagrange, par M. Félix Chio.... #5 — Sur l'application de la méthode logarith- mique au développement des fonctions en séries , et sur les avantages que présente, dans cette application, la détermina- tion numérique des coefhicients effectuée à l’aide d’approximations successives ; Note de M. Cauchy. .… FORTE — Mémoire sur la théorie des équations aiffé- rentielles ; par M. Serret.............. — Note sur les propriétés de certaines facto- rielles et sur la décomposition des fonc- tions en facteurs; par M. Cauchy... ( 1463 ) Pages. - 86 et 187 51 205 279 329 395 1069 Sur un nouveau genre de développement des fonctions qui permettra d’abréger notablement les calculs astronomiques ; par M. Cauchy.......,....-... 1123 et Mémoire sur quelques formules relatives aux différences finies; par le méme... Mémoire sur plusieurs nouvelles formules relatives au développement des fonctions en séries ; par le méme. .............. Mémoire eur une extension remarquable que l’on peut donner aux nouvelles for- mules établies dans les précédents Mé- moires; par le méme....... ss. Construction géométrique des amplitudes dans les fonctions elliptiques ; propriétés nouvelles des sections coniques; Mé- moire de M. Chasles .....,............ Remarques de M. Liouville à l’occasion de cette communication... Mémoire sur quelques propositions fonda- mentales du caleul des résidus, et sur la théorie des intégrales singulières ; par MN Cauchy ele tee — Mémoire surles séries multiples et sur les séries modulaires; par le méme........ Mémoire sur les fonctions complémen- taires; par le méme................ étre Note sur ia convergence des séries mul- tiples; par le méme. ......... JS … — Mémoire sur les fonctions qui se reprodui- sent par substitution ; par le méme...... ANATOMIE. — M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. Mayer, de Bonn, un opus- cule sur les corps de Pacini...…. — Fragments sur les organes génito-urinaires des reptiles ; par M. Duvernoy.... 249 et — M, Werner soumet au jugement de V’Aca- démie deux nouvelles planches de ses « Tableaux élémentaires d'anatomie hu- D STE, SRI MO — M. Flourens, en présentant un Mémoire inédit de M. Pappenheim sur la structure de Ja matrice, donne une idée sommaire de ce travail... 20 SEE — M. Flourens fait connaître la découverte d'un ganglion nouveau chez l’homme, le ganglion aritænoïdien, découverte due à M. Barkow, de Breslau......... — Recherches sur les fonctions du système lymphatique; par M. Herbst........... — M. Œfierdinger prie l’Académie de hâter le travail de la Commission à l’examen de laquelle ont été renyoyées ses communi- cations sur un procédé pour l’étude de la structure intime des organes du eorps Humain 2222.20. — Mémoire sur les masses comparatives que présentent, dans l’homme et quelques 194. HS = Le] animaux mammifères , les différents or- ganes qui composert le système nerveux; par M. Bourgery..........s....s..s.. MM. Carteaux et Chaillou soumettent au Jugement de l'Académie des pièces d’ana- tomie artificielle en cuir repoussé. ..... — Études hydrotomiques et micrographi- ques ; par M. Lacauchie................ De la nature des corps jaunes et de leurs rapports avec la fécondation; Note de M. Raciborski... M. Œñierdinger annonce l'envoi de prépa- rations anatomiques présentées par lui comme pièces à Pappui de son travail sur la structure intime des organes ....... ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur les produits cristallisés qui se trouvent au fond des productions pathologiques de l’homme; Note de M. Gunsbourg......1.......... Ansyce (Hydrure d'). Voir un Mémoire de M. Cahours sur les acides volatils à six atomes d'oxygène Axxéuines. — Observations sur le développe- ment des Annélides, faites sur les côtes deSicile, par M. Milne Edwards. 1391 et — Remarques faites à l’occasion de cette com- munication, sur l'embryogénie comparée des vertébrés et des invertébrés; Note de M. Serres. — Réponse de M. Milne Edwards aux remar- ques précédentes... .... — Réplique de M. Serres ................. ANTHROPOLITHES. —M. le Ministre de l’Instruc- tion publique écrit relativement à4la dé- couverte qui a été faite, dansune carrière à plâtre de larrondissement de Saint- Denis, d’une pétrification qu’on désigne comme un anthropolithe. ............. — Examen chimique des os mentionnés dans la précédente communication; Lettre de M. Lassaigne..............e ANTHROPOLOGIE. — M. Flourens, en présentant, au nom de l’auteur, M. Martius, un ou- vrage sur le naturel, les maladies, la thérapeutique et la matière médicale des indigènes brésiliens, expose les princi- paux résultats auxquels est arrivé M. Mar- tius, relativement aux maladies des aborigènes du Brésil. ................. — Sur les anciens Maures du nord de l'Afri- que; Note de M. Guyon... — M. Serres présente les portraits photogra- phiques de deux Brésiliens, un homme et uue femme, appartenant à la tribu des Botocudos...... ANUS ARTIFICIEL. — Opération d’entérotomic lombaire sans ouverture du péritoine, pratiquée avec succès sur une femme âgée uns nsressssessess DEEE ( 1464 ) Pages, Go3 952 916 1079 1214 1014 D] Le] =] 1409 921 1117 351 l Pages de cinquante-trois ans; Mémoire de M. Amussat.... — Sur deux cas d’imperforation du rectum opérés et guéris; Lettres de M. Baude- sorsssousss 260 lcqUE Eee ssserer---cencese-PRUTIIEt 087 APPAREILS DIVERS. — Figure et description sommaire d’un bras artificiel; par M. Var BÉTENSSEne eee aemeete ci suclesteielsene 40e — Appareils destinés à faciliter l'emploi des bains locaux dans certaines maladies des femmes ; Note de M. N. Guérin......... — Note sur des appareils destinés à fairecon- naître la pesanteur spécifique des solides et des liquides ; par M. Lanier,,....... — M. Martin présente un bras artificiel dont les doigts sont mis en jeu par le moignon AE LANANT-Dras esse. ersettee Note sur un nouveau système de composi- teur typographique; par M. Franquely…. M. Paulowiczs présente un nouveau panto- graphe de son invention. — Sur un appareil destiné à préserver de l’as- phyxie par submersion; Note de M. Mayor. M. Chuart demande que son appareil des— tiné à prévenir les dangers provenant de l’explosion de mélanges gazeux détonants soitadmis à concourir pourleprix concer- nant les Arts insalubres. L'auteur , après avoir indiqué les perfectionnements qu'a subis cet appareil depuis l’époque à laquelle il a été l’objet d’un premier Rap- port, présente un tableau des graves ac- cidents survenus, ultérieurement à cette époque, dans diverses houillères...,... —- Figure et description d’un nouveau frein à transmission, applicable aux véhicules marchant sur les chemins de fer; par DOM: Defépre di eiretie en cles arte — Note sur les applications diverses que l’on peut faire de l'appareil de ventilation de M Sler M Messe -eaneele ee eee ARGENTURE GALVANOPLASTIQUE DE L’ACIER. — Mémoire de M. Desbordeaur......,.... Ancizeux (TEnrAnS). —Recherches expérimen- tales sur les glissements spontanés de ces terrains; par M. A. Collin............. AriTamériQue. — Note sur la limite du nombre des divisions dans la recherche du plus grand commun diviseur entre deux nom- bres entiers; par M. Lamé, ............ — Note sur le nombre de divisions à effectuer pour obtenir le plus grand diviseur com- mun de deux nombres entiers; suivie d’une remarque sur une classe de séries récurrentes ; par M. Binet............. — Surla limite des divisions à effectuer pour trouver le plus grand commun diviseur entre deux nombres donnés; Note de 34 35 Ibid. 1163 1366 M. — Méthode nouvelle pour trouver le quotient d’une division à une certaine approxima- tion ; Note de M. Guy................. — Sur l'interprétation des noms qui accom- pagnent les chiffres employés par Boèce dans son traité de l’Abacus; Note de Mi "Brière Se: sos ete 11090 Eh Axes A FEU. — Projet d’un nouveau canon se chargeant par la culasse; Note de M. 4. Vincent... Arsexic.—Surlanon-existencede l’arsenic dans le blé provenant de semences chaulées avec l’acide arsénieux ; Note de M. Louyet. — Sur un nouveau genre de sels obtenus par laction de l'hydrogène sulfuré sur les ar- seniates; Note de MM. J. Bouquet et S. Cloes. — Note sur les différents états de l’acide arsé- nieus, et sur la forme vitreuse en général ; Note de M. Brame............ ASPARAGINE. — Sur l’existence de l’asparagine dans le suc de la vesce, lorsque la plante croit à l’abri de la lumière; Note de MPiria- 2... -— Sur la formation de l’asparagine, par suite d’étiolement, dans la Viscia sativa ; Note de M. Gaultier de Claubry......... — Mémoire de M. Menici sur le même sujet. Bauxs Locaux. — Note sur des appareils desti- nés à faire pénétrer jusque dans le vagin et l'utérus le liquide des bains généraux ; Note de M. N. Guérin.................. Baxoes poLatRes. — Note sur le phénomène des bandes polaires observé le 23 juin 1844; par M. Fournet...1.............. — Remarques de M. Arago à l’occasion de cette communication............... Barouërres. —Addition à une Note précédente ayant pour titre: « Perfectionnement des baromètres et des thermomètres »; par M Desagneaur. Je pee ls nelelaletate e de «a — M.Arago met sous les yeux de l’Académie un baromètre portatif de son invention. BarrAGES MOBILES pour les rivières. — Rapport sur un barrage mobile inventé par M. The- nard, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées; Rapporteur M. 4rago....... s— Note de M. Mary sur un nouveau barrage inventé par M. Sartoris, et proposé pour barrer le petit bras de la Seine en aval du Pont-Neuf.. — Réclamation de M. Thenard relativement à ( 1465) Pages. 1040 1018 1406 1100 1107 774 703 303 408 AsPuyxiE. — Supplément à un précédent Mé- moire sur un appareil destiné à préser- ver de lasphyxie par submersion; par M. Mayor fils......... AsTronomiE.—Mémoire sur la distance des étoi- les et sur l’existence probable d’une cer- taine illusion optique liée à la constitu- tion du systèmesolaire; NotedeM. Breton. — Recherches de M. Bessel sur les mouve- ments propres de Sirius et de Procyon; Communication de M. Arago... — Note sur la position astronomique du nouvel observatoire de Toulouse ; par M. Petit. . Pages — Sur la latitude de la Lune; Mémoire de M. Sédillot..... LÊË — Nouvelles observations concernant la dé: couverte de la variation lunaire par les Arabes; précédées de considérations sur les services que ces peuples ont rendus à la science ; par M. Sédillot...........,,.. Voir aussi aux mots Mécanique céleste, Analyse mathématique. AuRORES BORÉALES. — Sur les aurores boréales observées en Chine; Note de M. E. Biot. Az0TE.—Analyses comparées de l’aliment pris et des excréments rendus par une tourte- relle, entreprises pour rechercher s’il y a exhalation d’azote pendant la respiration chez les #ranivores; par M. Boussingaule.. une assertion émise dans cette Note... — Note sur un nouveau système de barrage mobile; par M. CGhanony.. Bases. — Recherches sur la constitution chi- ag des acides et des bases ; par M. Mil- lon : Banner — De son emploi dans le traites ment des plaies; Notes et Lettres de MM. Laugier etJ. Guérin. 914,1009,1012, me state ele a 2e tiaa ee 1113 et Bateaux À vAPEuR. — M. Malé prie l’Acadé- mie de hâter le travail de la Commission qui a été chargéede se prononcer sur son nouveau système de bateaux à vapeur... — Mémoire sur un propulseur sous-marin à hélice enveloppée; par M. Bouneau..... BÉGAYEMENT. — Tableau synoptique d'une nouvelle méthode pour enseigner à lire aux sourds -muets,. guérir le bégaye- ment , etc.; par M. Rabet............., Benson. — Examen chimique du benjoin; par M."Kopp. et "00... sde . Bewzie. — Sur de nouvelles combinaisons azotées du benzile; Note de M. Laurent. 1161 570 Borines. — Mémoire analytique sur la hau- teur des bolides ; par M. Petit... ..... Sur la parallaxe de quelques nouveaux bo- lides; per Le méme Locle. Observation d’un bolide à Benfeld (Bas- Rhin), le 10 septembre 1844; Note de MM. Nickles frères... ....,. Sur un bolide observé à Vals, près le Puy, le 8 octobre 1844; Lettre de M. Faton... Sur un bolide observé à Parcé-sur-Sarthe, le 27 octobre 1844; Lettre de M. Giraud. Voir aussi à l’article Étoiles filantes. BoraxiQue. — Sur une excursion scientifique de M. le capitaine Durieu de Maisonneuve aux extrémités méridionale et occidentale de rs Note de M. Bory de Saint- Vidcenk venant val Meet Reahembie sur la volubilité re tiges de certains végétaux et sur la canse de ce phénomène; par M. Dutrochet..., ....., — Kecherches sur les caractères et sur le dé- veloppement des vrais et des faux arilles ; par M. Planchon......... Cacors.— Addition à une Note précédente sur un caractère propre aux cagots des Pyré- nées, DAMES CT OM 25 42e eue es sapaes CaLEr ACTION. — Note sur le phénomène de Ja caléfaction dans le cas où la gontte liquide est projetée sur la surface d’un autre liquide convenablement échauffé; Note de M:'Choron. ............. AE CANDIDATURES, — M. Chasles sollicite les suf- frages de l’Académie pour la candidature aux fonctions d’examinateur permanent d'analyse et de mécanique à l’École Poly- technique; ........ ENTER EE NN — M. Dupin adresse unexemplaire dudiscours qu'il a prononcé à la Chambre des Pairs, à l’occasion d’une ordonnance récente, qui change, pour l'Académie, le mode de présentation de candidats pour les places d’examinateur, de professeur et de répé- titeur à l'Ecole Polytechnique... .. .... — Remarques de M. Arago à occasion de cetie communicalion..... ....,..... DE — La Section de Chimie présente, comme candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. d’Arcet: 19 M. Fremy ; 29 M. Balard; 30 M. Peli- got; 4° MM. Cahours et Millon. MEL #1 — M. Peligot écrit qu’il se désiste de la can didature, et expose les motifs qui l'ont déterminé à se retirer, 1035 1036 Ibid. 201 295 334 526 581 233 1466 ) — Recherches anatomiques et physiologiques sur quelques végétaux monocotylés, se- conde partie; par M. æ Mirbel — Note sur une espèce de Lotus de la pro- vince de Constantine; par M. Levaillant. — Note sur les anthéridies et les spores de quelques Fucus; par MM. Decaisne et V1)17117 PAPA TOO soccer es Bras ARTIFIGIEL. — Figure et description som- maire d’un bras artificiel ; par M. Van Pe- UC Per mactaf PET RnB dre Pa — M. Martin présente ua Fe artificiel dans lequel les doigts sont ouverts et fermes au moyen d'un mécanisme très-peu com- POCHES EE NS SCA EE SCO BuLLETINS BIBLIOGRAPHIQUES. — 50, 135, 198, 243 , 276, 340, 373, 406, 443,493, 528, 583, 619, 685, 516, 577, 865, 935, 945, 1041, 1121, 1182, 1216, 1323, 1354, 140hete den ne mrrie 6 Re RE ma AS BuTyRATE DE cuaux. — Recherches sur lespro- duits de Ja distillation sèche du butyrate de chaux; par M. Chancel — M. Dujardin demande à être compris dans le nombre des candidats pour la place va- cante dans la Section de. Zoologie, et prend l’engagement de résider à Paris, dans le cas où il serait nommé.. 1158 et — La Section de Zoologie présente la listesui- vante de candidats pour la place vacante dans son sein, par suite du décès de M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire : 19 M. Duvernoy ; 20 M. Valenciennes; 30M. Dujardin; 4° M. AL, d'Orbigny; 59 M. Bibron ; 69 {ex æquo) MM. Gervais et Guérin-Méneville. ....... — La Commission chargée de préparer une liste de candidats, pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton, présente la liste suivante : 19 M. Jacobi; 29 (ex æquo) MM. Brewster et Faraday; 39 par ordre alphabétique, . MM. Buckland, Herschel, Liebig, Mellont, Mitscherlich et Tiedemann .....:........ CanTuambes. — Sur le développement de fausses membranes à la surface interne de la vessie, sous l'influence de cantharides appliquées à la peau ; Mémoire de M. Mo- rél-Haballée.. 4e 24: nebia den (le CARTES GÉOGRAPHIQUES. — M. Denc Fallen soumet au jugement de l’Académie une carte en relief de Ja France et de la Bel- gique, exécutée au moyeu d’un procédé de gaufrage et d'un procédé d'impression Pages 689 918 1029 113 1210 1215 1373 32 qui permettent de la-donner à un prix trosEmodére PEN een etes des at 0 eo » — M. Arago met sous les yeux de l’Académie le tracé d’une triangulation de l'Inde, qui est le résultat des travaux successifs de feu M. le major Lambton et de M, le co- lonel Everest. ............ CORTE — M. Arago donne, d’après un Mémoire ma- nuscrit de M. Everest, denouveaux détails sur les opérations géodésiques qui ont été faites pour la construction de cette carte. TES GÉOLOGIQUES. — Sur les résultats obte- nus à l’Imprimerie royale, relativement >au coloriage de la carte géologique de . Fraace; Note de M. Dufrénoy .......... — Description des procédés imaginés à cet effet par M. Derenémesnil.…. — Réclamation de priorité adressée , à l’occa- sion des deux communications précé- dentes, par M. Desportes.............. — Remarques de M: Dufrénoy à l’occasion d cette réclamation .. BAC — Remarques de M. Élie de Beaumont à l’oc- casion de la même réclamation. ... .... — M. Raulin demande que le Rapport sur sa carte géologique du bassir de Paris, co- loriée parles procédés lithographiques, soit fait par la même Commission qui exami- nera le procédé de coloriage de M. Dere- némesnil. Les deux Commissions sont réunies..,.. PP DCR OO EL CARTES HYDROGRAPHIQUES. — M. Arago présente, au nom de l’auteur; M. Le Saulnier de Vauhello, une carte des sondes de la Man- che faites en 18/0 et 1841 sur le bâtiment à vapeur, le Flambeau, commandé par cet officier. Less c HOSTILE — M. Beautemps-Beaupré présente, au nom de M. le Ministre de La Marine, la sixième et dernière partie du « Pilote des côtes occi- dentalss et septentrionales de France. ». Carrizaces. — Recherches sur la structure des cartilages; par M, Valenciennes... Céramiques (Arts). — M. AL. Brongniart, en faisant hommage à l’Académie d’un exem- plaire de son «Traité desarts céramiques», donne une idée du contenu de cet ouvrage. Cér£aces. — M. Philippar présente une col- Jection , accompagnée d’un catalogue mé- thodique, de 620 espèces et variétés de céréales ee. 2e Rec nusepee Lee teet 25 Cerveau, — Observation d’une blessure d’arme à feu avec lésion d’une portion des lobes antérieurs du cerveau sans aïtération des facultés intellectuelles ; Lettre de M. Bla- quière . se ate der enmenemndedens vues — Observation d’un cas de fracture du crâne, et de blessure du cerveau avec perte de ( 1467 ) Pages. 4o2 822 1457 1142 1209 615 substance; Note de M, Rouelle.... Cuazeur. — M. Muizière écrit relativement à un Mémoire qu’il a précédemment pré- senté sur certains points de la théorie de la chaleur... Sur les lois du rayonnement de la chaleur ; Note de MM. de la Provostaye et Desains. . — Recherches sur la chaleur qui devient la- tente dans le passage de l’état solide à l’état liquide; par M. Person... ........ Note sur le rapport qui existe entre le re- froidissement progressif de la masse du globe terrestre et celui de sa surface; par M. Élie de Beaumont ...... — Note de M. Paret sur une nouvelle théorie de la chuleur.......,...... Se eh ae. Cargo. — De l’action du charbon sur les solutions métalliques; Note de M. Che- vallier....... RAD ES EC TU OO — Note sur le charbon qui se produit dans les poumons de l’homme pendant l'âge mûr “et la vieillesse; par M. Guillot,........ — Examen chimique de ce charbon; par M. Melsens.....3#"".., 3. — Examen de charbons produits par voie ignée à l'époque houillère; Note de M. d'Aubrée...... Cremns ne Fer. — M. Neveu annonce l’inten- tion de soumettre au jugement de l’Aca- démie un nouveau système de chemins defense tm. eeuebe) 49/et — Rapport sur un bâti à essieux convergents pour locomotives et wagons de chemins de fer, présenté par M. Sermet de Tourne- fort; Rapporteur M. Piobert........... — Remarques de M. Léon Tardieu à locca- sion de quelques passages de ce Rapport. — M. Laignel adresse une réclamation de priorité 1elative à divers points du sys- tème de locomotion sur les chemins de fer soumis au jugement de l’Académie par M° de Jouffroy......:.,.--..-.".. — Dispositif destine à prévenir le déraille- ment des locomotives et des wagons em- ployés sur les chemins de fer; proposé par M, .Pigis. 1 eue 1-00 2e oo lente net Het - Mémoire sur un nouveau système de che- mins de fer; par M. Oudin...… Projet de substitation de la force des che- vauxà celle de la vapeur pour l’exploita- tion des chemins de fer et pour les trans- ports par eau; par M. Ruaux........... M. Boulmier rappelle une Note qu’il a pré- cédemment adressée sur un moyen destiné à diminuer les dangers des chemins de fer.....:.. M. Laignel prie l'Académie de hâter le tra- vail de la Commission chargée de rendre 1259 1291 1292 1018 Ibid. compte de diverses communications qu’il a faites concernant les moyens de dimi- nuer les dangers des chemins de fer... - Figure et déscription d’un nouveau frein à transmission, applicable aux véhicules marchant sur les chemins de fer; par M. 1 Mo ee soc TL — M. de Jouffroy prie l Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission chargée de faire un Rapport sur son sys- tème de chemins de fer................ CBEwNS DE FER ATMOSPHÉRIQUES.—M. Sagey an- nonce l’envoi prochain d’un Mémoire sur les chemins de fer atmosphériques. — Note de M. Chuard sur un nouveau système de chemins de fer atmosphériques... ... MM. Harmois frères proposent de substi- ruer aux boyaux en tissus employés pour la fermeture du tube pneumatique des che- mins atmosphériques (système Hallette) des boyaux en cuir, et de gonfler ces boyaux d'huile au lieu d’air............ — Sur un nouveau système de chemins de fer atmosphériques; Note de M. Chameroy. Lettre de M. Dembinski au sujet de la ques- tion de priorité débattue entre lui et MHalletie re. m-ee nes dae vas een Remarques de M. Arago à l’occasion de cette Lettre.......... CAPE — Figure et description du mode defermeture de M. Dembinski pour le tube pneumati- que des chemins de fer à pression atmo- sphérique... sis. sise msess ones Sur un système de locomotion par l'air comprimé au moyen d’un laminoir-piston agissant sur un tubeflexible; Note de M. Andraud.... Del =melsn et — Description d’un chemin de fer atmosphé- rique à double effet; par M. Laurenzane. Nouveau système pneumatique de mouve- ment sur les chemins de fer; Note de M. Taurinus. ele sienne meet manette Système atmosphérique autoclave de loco- motion sur les chemins de fer; Note de MMA ER Re ER A Re M. Hallette annonce qu’il a établi son sys- tème de chemins de fer atmosphériques sur une longueur de voie de 100 me- tres. res — M. Chameroy annonce qu'il a terminé un spécimen de son nouveau système de loco- motion par l’air comprimé. ............ — M. Dembinski demande que la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur les chemins de fer atmo- sphériques veuille bien, dans le cas où elle jugerait de plus amples explications nécessaires, fixer le jour où il pourra les ( 1468:) Pages. 1163 1366 1372 24r A 1085 1162 1321 Ibid. lui donner de vive voix........,.,..... Cmrerres. Voir au mot Arithmétique. Camiove ( CLASSIFICATION). — Mémoire de M. Laurent sur la classification chimi- QUES rose: GO CuirurGicALEs (OPERATIONS). — Extirpation de l'omoplate et d’une portion de la clavi- cule chez un homme âgé de cinquante et un ans; Note de M. Rigault........... — M. Leroy d'Étivlles envoie un morceau de bois long de 93 millimètres, qu'il a retiré de la vessie urinaire d’une femmes eee ec cena nrpecetie sers — Relation d’une opération d’entérotomie lombaire, sans ouverture du péritoine, pratiquée avec succès sur une femme âgée de cinquante-trois ans; suivie de quel- ques considérations sur l'anatomie patho- logique du côlon lombaire ; par M. Amus- LT 1 OPODPCOODOOOOOOOOOOUR ONDES — Note sur deux cas d’imperforation du rec- tum opérés et guéris ; Lettre de M, Bau- delocques nt -ertietes eue een — M. Baudelocque annonce qu'un des deux enfants dont il est question dans la Let- tre précédente continue à jouir d'une bonne santé........ — Mémoire sur une opération d’entérotomie lombaire pratiquée avec succès dans un cas d’étranglementde l'intestin grêle; par M Maisonneuve! SE 4 — Mémoire sur l’entérotomie de l'intestin grêle dans le cas d’oblitération de cet or- gane; par le méme... Het — Sur un cas de rhinoplastie exécutée avec succès par une nouvelle méthode; Note de'M: Sédillot M eee Cmrurae. — Résumé historique de la chirur- gie militaire en France; par M. Acker- MANN sun — Recherches sur les blessures des vaisseaux sanguins; par M. Amussat....... 913 et Traitement des plaies par occlusion. Voir au mot Plaies. CazoraniLauine. — Note sur les acides amidés, chloramidés, etc.; et sur le chloranila- mide; par M. A. Laurent... — Réclamation de M. Persos à l'occasion de cette communication.....,............ — Réponse de M. Laurent à la réclamation de MAPEP OBS ee ESC EL CaLore. — Sur une combinaison nouvelle = soufre , de chlore et d? oxygène; Note de M. Millon....… ART Carorures. — Note sur quelques réactions propres au bichlorure de mercure; par M. Millon....... EL E A4 Do à SONPE — Sur la formation d’on nouvel oxydo-chlo- CORRECTE 108% 241 260 582 ( 1469 ) Pages. rure de mercure; Note de M. Roucher... 773 Cnoc (Durée du). — Note sur un moyen de me- surer des intervalles de temps extrème- ment courts, comme la durée du choc des corps élastiques, celle du débande- ment des ressorts, etc.; par M. Pouillet, 1384 CuroME. — Sur un nouvel oxyde de chrome; par M. Peligot........................ 609 — Recherches sur le chrome ; par le méme... 734 Cents. — Sur quelques altérations qui sur- viennent à la longue dans la structuredes | pierres et ciments exposés à l'air; Note de M'Robert. 4. Re eee m0 708 Cincuzarion. — Sur le rôle que joue l’électri- cité dans les phénomènes de la circula- tion à l’état sain et dans l’état de maladie; Mémoires de M. Ducros...... 34, 112 et 187 — Note sur la prétendue circulation dans les insectes; par M. Léon Dufour.......... 188 — Note de M. Poiseuille, concernant un point débattu entre lui et M. Dubois, d'Amiens, sur la théorie de la circulation capillaire. — Note de M. Dubois, d'Amiens, en réponse à la Note précédente... + 1209 Cires. — M. Sigaud prie Deus de hâter le travail de la Commission à l’examen de laquelle a été soumise une Notice qu’il a présentée sur deux espèces de cires végé- tales provenant du Brésil... .......... #5 — Recherches sur la cire des abeilles; par M. Gerhardt. ...... CLASSIFICATION CHIMIQUE, proposée par M. À. Laurent .... , Cuimars. — Recherches sur le climat de la France à l’époque de la conquête ro- maine ; par M. Fuster.... Cœur. — M. Flourens, en présentant un Mé- moire de M. Parchappe sur la structure du cœur, donne une idée de ce travail. ..... CozoriAcE LiraocrAPHIQuE. — Sur les résultats des essais faits à l'Imprimerie royale pour le coloriage, par la lithographie, de la carte géologique de France; Note de M, Dufrénoÿ. de. oncle me-21380 — Description des procédés imaginés dans ce but par M. Derenémesnil...…........... 1394 — Réclamation de priorité, adressée, à l’oc- casion des deux communications précé- dentes, par M. Desportes.........,.... — Remarques de MM. Élie de Beaumont et Du- Jrénoy, enréponse à cette Lettre. 1455 et 1456 — M. Raulin demande que sa carte géologi- que du bassin de Paris, dont le coloriage est exécuté au moyen de l’impression li- thographique, soit renvoyée, comme do- cument, à la Commission chargée de faire un Rapport sur les procédés de M. Dere- némesnil ........... ÉÉCCNTE.- 20 AA ONE SUN C.R., 1844, 2m Semestre. (T. XIX.) 1119 372 * 487 1089 174 760 1455 Cowsusmmes. — Del’emploi des combustibles gazeux dans la métallurgie du fer; Rap- port sur plusieurs Mémoires de M. Ebel- men; Rapporteur M. Chevreul..…......., — Réclamation à l’occasion de ce Rapport; par MM. Laurent et Thomas... Couères. — M. Arago communique une Note de M. Darlu sur la double queue de la co- mète du mois de mars 1843 — M. Arago annonce que M. Mauvais a dé- couvert , le » juillet 1844, une nébulosité qui, suivant toute apparence, est une nou- vellbicomete =. Rent botte — Éléments paraboliques de LR comète don- nés par M. Mauvais... ......... 162 et — Nouvelles observations de 1a comète de M. Mauvais faites à l'Observatoire de Paris; ; observations du mêmeastre faites à Berlin, par M. d’Arrest, à Genève, par M. Planta- mour, età Marseille, par M. Valz qui en en- voieles éléments paraboliques provisoires. — Caleuldes éphémérides de la même comète; par M. Plantamour. . — M. Arago annonce, d'après une Lettre de M. Vico, directeur de l'Observatoire ro- main , la découverte qui vient d’être faite, Je) 22 acût, d’une nouvelle comète. ..... de 1844 et plusieurs anciennes comètes ; par MM. Laugier et V. Mauvais... .... . — Premièreapproximationdes éléments elip- tiques dela comète du 22 août; par M. Faye. — Note sur les perturbations de plusieurs co- mètes ; par M. Le Verrier. ............. — Sur la détermination du grand ‘axe et de la distancepérihélie des comètes dans cer- tains cas donnés ; Mémoire de M. Hoduit. . — Seconde approximation des éléments de l'orbite elliptique dela comète du 22 août; Note deME FAT ee A RE AEER — Calcul de la valeur des perturbations que cette comète peut éprouver par l’action de Vénus, de la Terre et de Jupiter; par M TEE I EE OA E AS AU — Calcul des éléments elliptiques de la co- mète de 1585, et comparaison de l'orbite de cet astre avec celle de la comète du 22 août 1844; par MM. Laugier et Mauvais... — Théorie de la comète dr de 1970; par M. Le Verrier. 5220820 — M. Schumacher annonce que le roi de Da- nemark a proposé un prix pour la détermi- nation la plus exacte de l’orbite de la co- mète de 1585......... PRÉC CE Or Ace on — Éléments définitifs de la comète du 22 août; Note de M. Faye...........,..,, 195 Pages. 135 85 245 239 415 666 COMMISSION ADMIMISTRATIYE. — M. Beudant est nommé membre de cette Commission... Commissions mopiriées. — M. Dufrénoy rem- placera feu M. Coriolis dans la Commis- sion chargée de l’examen du système de barrage mobile, et de l’écluse à large ouver- ture que M. Thenard, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, a soumis au ju- gement de l'Académie . .. — M. Duméril remplacera M. Milne Edwards, absent, dans la Commission chargée de faire le Rapport sur les résultats scienti- fiques des voyages de MM. Galinier et Fer- reten Abyssinie.....................e — MM. Boussingault, Dumas et Duperrer sont adjoints à la Commission chargée de faire un Rapport demandé par le Ministre des Finances sur certaines questions météo- rologiques qui se lient à la question du déboisementetdu défrichement des forêts. — M. Laugier remplacera M. Dupin, absent, dans la Commission chargée de faire le Rapport sur le Mémoire de M. Schatten- mann concernant l'emploi du rouleau com- presseur pour le cylindrage des chaussées en empierrement........... Ames — MM. Cauchy et Binet sont adjoints à la Commission chargée de faire un Rapport sur le système de chemins de fer proposé PAN Mi dei JOUf}rOr. «eme en nsolalee ses — M. Ad. Brongniart est adjoint à la Commis- sion chargée d’examiner le travail de M. de Tchihatcheff sur PAItañ........ ....... — M. Regnault remplacera M. Thenard dans la Commission chargée de l'examen d’un Mémoire de M. Gaultier de Claubry sur unenouvelle méthode d’analyseorganique. — MM. Dutrochet et Royer remplaceront MM. Boussingault et de Gasparin dans la Com- mission chargée de l'examen d’un Mémoire présenté par M. Carmignac-Descombes, sous le titre de « Plan d'enseignement agri- cole,» COMMISSIONS spéciALEs. — Une Commission, composée de MM. Arago, Mathieu et Liou- ville, est chargée de prendre connaissance des documents transmis par M. le Minis- tre de l'Instruction publique concernant une réforme que paraissent exiger les Ta- bles de mortalité dont on a fait usage jus- qu’à ce jour pour régler, selon l’âge, le prix d’entrée dans certains établissements destinés aux vieillards. .....,... — MM. Arago, Poncelet, Poinsot, pour les Sec- tions de Sciences mathématiques, et MM. Dumas, Élie de Beaumont, Serres, pour les Sections de Sciences physiques , compo- sent, avec M, le Président de l’Académie , ( 1470 ) Pages. 31 113 233 517 1163 1181 183 la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d’associé étranger vacante par la mort de M. Dalton. — La Commission présente, dans la séance du 16 décembre, la liste suivante de can- didats : 1° M. Jacobi; 2 (ex æquo) MM. Brevster et Faraday; 39 par ordre alpha- bétique, MM. Buckland, Herschel, Liebig, Melloni, Mitscherlieh et Tiedemann.…... — M. Chevreul est invité à ’adjoindre à une Commission nommée par l’Académie des Beaux-Arts pour l’examen d'un procédé nouveau relatif à la peinture à l’huile.….. Coswoconie. — M. Herpain adresse un écrit relatif à la cosmogonie...........,. ... Cotes (Défense des).— Nouveau système de dé- fense des côtes ; Note de M. A. Vincent. . Courants ÉLecrniques. Voir au mot Électricité. Couranrs marins. — Mémoire sur les courants dela Méditerranée, et particulièrement sur deux instruments à l’aide desquels on peut déterminer la vitesse et la direction des courants à toute profondeur ; par M. Aimé. CounBes À DOUBLE courBuRE. — Mémoire sur les courbes non planes; par M. de Saint- Venant Cnéosore. — Note sur la créosote; par M. De- ville... susseusves — Note de M. A. Laurent sur la même sub- stances... 7... nn Crisrauises (Propurrs). — Mémoire sur les produits cristallisés qui se trouvent au fond des productions pathologiques de l’homme; par M. Gunshourg............ Cuivre. — Sur la non-existence du cuivre à l'état normal dans les organes des mam- mifères ; Note de MM. Danger et Flandin, pour servir de supplément à leurMémoire sur lempoisonrement par le cuivre. .... — Note ayant pour titre: « Du cuivre et du plomb contenus naturellement dans les organes de l’homme »; par M. Devergie. . — Note sur l'existence du cuivre dans les or- ganes de l’homme à l'état normal; par MM. Barsé, Lanaux et Follin.......... — M. Jobard écrit qu'au moyen de lotiogs pratiquées , de temps en temps, avec une eau légèrement chargée de cuivre, on em- pêcherait probablement la formation des cryptoganies qui salissent la surface des monuments et édifices publies. ...,.,.. Cyanures. — Note sur quelques cyanures mé- talliques ; par M. Ballard,.......,..... CYLINDRAGE des chaussées eh empierrements. — Rapport sur les expériences de eylin- drage de chaussées en empierrements, faites à Paris par M. Schattenmann ; Rap- porteur M. Mathieu.......,,........... Pages. 754 909 456 PP CI DacuenrEoryrtE. Voir au mot Photographie. Décapiration. — Sur la rapidité avec laquelle s’éteint la sensibilité dans Îe cas de mort par décapitation; Note de M. Bonnafond. Décès de Membres et de Correspondants de l'Académie. — M. Élie de Beaumont , en qualité de vice-président, annonce à l'Académie, dans sa séance du 5 août , la perte qu’elle vient de faire dans la per- sonne de M. d’Arcet, membre de la Sec- tion de Chimie, décédé le 2 août 1844... — M: Arago annonce , même séance, la mort de M. Dalton, un des associés étrangers de l’Académie, décédé à Manchester le 27 juillet 1844. UN Preus ie — M. P. Clam annonce officiellement la mort du même savant................. POULE — M. Arago annonce la mort de M. Baïly, correspondant de l'Académie (Section d’Astronomie), décédé le 30 août....... - DÉFLAGRATION DE LA POUDRE. — Note sur un moyen de mesurer des intervalles de temps très-courts, comme la durée du choc des corps élastiques, cclle de l’inflammation de la poudre, etc.; par M. Pouillet.... Desinrecrion.—M. Pauthier adresse une Note sur le procédé employé par les Chinois, pour la désinfection des matières fécales. — M. Schattenmann appelle le jugement de VAcadémie sur son procédé de désinfec- 1ion des fosses d’aisance au moyen d’une dissolution de sulfate de fer......... — Notes sur l’assainissement des égouts au moyen d’un composé désinfectant; par M. Siret... BH HOË SH 00 267, 1088 et — Sur l'emploi de l’oxyde de carbone comme moyen de désinfection et comme moyen Eau. — Recherches concernant l'influence de l’eau sur la végétation des forêts; par M. Chevandier. — L'eau qui a couru sur du cuivre et se dé= verse ensuite sur la pierre, prévient la formation des cryptogames qui salissent la surface des édifices publics ; Lettre de M. Jobard, de Bruxelles.,,..:..,....... — De l’eau préalablement privée d’air peut supporter, sans entrer en ébullition, une (1471) Pages. 1213 279 Ibid. 407 501 233 1366 de conservation des substances animales destinées à servir d’aliments; Note de MM. Lemasson et Dupré...... > ANE Déronarion de mélanges gazeux explosibles. Emploi de ces détonations comme moyen de propulsion pour les navires ; communi- cations de M. Selligue. 337, 513, 660et — M, Chuart présente de nouveau, au con- cours pour le prix concernant les Arts in- salubres, son appareil destiné à prévenir le danger des explosions dans les galeries de mines. Il indique les modifications qu’a subies cet instrument depuis l’époque où il a été l’objet d’un premier Rapport, et présente un tableau des accidents sur- venus, ultérieurement à cette époque, dans les houillères de la France, de la Belgique et de l'Angleterre... .. eldie Diasère. — Observation dun cas de diabète sucré, traité et guéri par usage des sudo- rifiques; Note de MM. Mialhe et Contour. Dicesriox. — Sur les phénomènes chimiques de la digestion; Mémoire de MM. Ber- nard et Barreswil..….... Donvre éLecraiQue. Voir à Métaux précieux. Douceur. — Mémoire sur l'emploi de la dou- leur et des sensations en thérapeutique; par M. Ducros..,................:-... — Traitement de la gastralgie et des névral- gies du plexus cardiaque par l’ébranle- ment nerveux de la branche pharyngienne des nerfs pneumo-sastriques ; par Le méme. Dyvamowèrres. — Note sur un nouvel appareil destiné à mesurer la force effective des machines à vapeur employées comme moteurs dans la navigation; par M. Col- température de 135 degrés centigrades ; expériences de M. Donny, mentionnées par M.Arago............ ............ EAy DESTINÉE AUX USAGES ÉCONOMIQUES. — Note sur la purification des eaux; par M. Bou- chardat....... DR fe ae ele see) Eau ne mer. Recherches sur les gaz que l’eau de mer peut dissoudre en différents moments de la journée et dans les sai- sons diverses de l’année; par M. Morren. 19. Pages 1212 1318 1163 111 1029 1406 - 236 86 Mémoire sur l’extraction des sulfates de soude et de potasse des eaux de la mer; par M. Balard....................... Épuzuriox. — M. Arago rend un compte ver- bal d’un Mémoire dans lequel M. Donnr établit que de l’éau , préalablement privée d’air, peut supporter, sans entrer en ébul- lition, une température de 135 degrés centigrades. Écrarpemenrs. — Nouvelle théorie des échap- pements adoptés en horlogerie; par M. Wagner... ..reseteceenses eat sel ÉcrainAGe. — Mémoire sur l'application des acides gras à l’éclairage; par M. Camba- , CÉrÈS..... ressens susreseseseeneses Ecueses. — Sur des traces de polarisation ob- servées dans la lumière de la lune pen- dant l’éclipse du 31 mai 1844; Lettre de , M. Zantedeschi..............,.....,.. Ecoze PoLyTECHxiQuE. — M. le Ministre de la Guerre invite l’Académie à lui présenter une liste de candidats pour la place d’exa- minateur permanent d'Analyse et de Mé- canique à l'École Polytechnique........ — L'Académie, après avoir entendu le Rap- port des Sections de Géométrie et de Mé- canique sar cette présentation, procède par la voie du scrutin à la nomination d’un candidat : M. Lamé réunit la majorité des suffrages. -.2.7. 402400 ÉHOE UE E — M.le Ministre de la Guerre invitel Académie à désigner trois de ses membres pour faire partie du conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique. MM. Thenard, Poinsot et Dupin sont désignés à cet effet. — M. le Ministre annonce que les trois mem- bres désignés par l’Académie ont été con- voqués pour la première réunion, qui est . fixée au 8 novembre. .................. ÉCcONOMtE RURALE. Voir au mot Agriculture. Ecypre. — Remarques faites, à l’occasion d’une publication récente, sur l'exactitude d’une planche du grand ouvrage d'Égypte qui représente le temple de Denderah; Lettre de MADeuilliers nr eterecercbtR — Observations de M. Jomard à ce sujet... — Communication de M. Pariset à l’occasion de'celln titre: 5 ---pmreec-s-se — Mémoire sur les sables du désert et sur les pyramides d'Égypte et de Nubie; par M. de PTS ANT encens see SMILE ÉLAsrioiré. — Recherches sur l'élasticité: par M. Wertheim; 3€ Mémoire.....,....,... — Note concernant l'influence des basses tem- pératures sur l’élasticité des métaux ; par OT on id ao ELecrriciTé, — Sur les moyens d'obtenir avec la pile de Wollaston un courant constant: ( 1472 ) Pages. 706 1318 269 1019 234 235 236 gro 229 231 Lettre de M. Desbordeaux.....,.....,.. — Etudes de photométrie électrique; Note de M'A. Masson. hs ee mme. moe — M. Dujardin, de Lille, communique les résultats auxquels il est arrivé en aiman- tant trois fers à cheval de fonte douce sou- mis à trois différents procédés de trempe. — Réclamation de M.Zamboni à l'occasion d'une Note de M. Dujardin, de Lille, concernant certains phénomènes d’induc- TION, site sasiaiale aleieolni 010.0 be s ones dele)o vloie » — Rapport entre le sens du courant électri- que et les contractions musculaires dues à ce courant; Mémoire de MM. Longet et Matteuccif. M usnerm etes eeoeune — Surla mesure de la force musculaire qu’on peut créer par la dissolution de quelques milligrammes de zinc dans la pile voltaï- que; par M. Matteucci..............., — Expériences sur la transmission des cou- rants électriques, exécutées entre Milan et Monza; Communication de M. Matteucci, d’après une Lettre de M. Belli.......... — Des courants électriques terrestres, et de leur influence sur les phénomènes de dé- composition et de recomposition dans les terrains qu’ils parcourent; Mémoire de M. Becquerel.. sue sataie on se maaavenee — Remarques sur quelques anomalies appa- rentes dans les phénomènes électriques produits par la foudre; par M. Peltier.. — Sur la part attribuée à l'électricité dans le phénomène des trombes. Voir au mot Trombes. — Note sur un moyen de mesurer des inter valles de temps extrêmement courts, comme la durée du choc des corps élasti- ques, etc., et sur un moyen nouveau de comparer les intensités des courants élec- triques, soit permanents’, soit instanta- nés; par M, #PouilleL one See eee — Nouvelles considérations sur le rôle que joue l'électricité dans le mouvement des globules du sang, et applications des faits signalés aux phénomènes généraux dans l’état sain et dans l'état de maladie; Mé- moires de M. Ducros...........34,112et ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. Mayer, de Bonn, un opuscule imprimé sur l’organe élec- trique de Ja torpille et sur les organes pseudo-électriques des raies anélectri- QUES eee reel emebieelsess ee Lee ÉLecriQue (Dorure). Voir à Métaux précieux. Écecrrique (Zicace). Voir au mot Zincase. EmprYoGENIE. — Anatomie et physiologie de Pœuf contenu dans l'ovaire, et du corpus luteurm chez la femme et les mammifères ; Pages. 2973 325 439 845 1052 1303 1384 187 par M. Deschamps... .,....,.....,,..,.. — Recherches sur la formation des organes de la circulation, et sur celle du sang, dans lembryon du poulet ; par MM. Prevost et Lebert... — Recherches sur l’évolution embryonnaire des animaux; par MM. Martin Saint-Ange CPBaudrimOnENe EN sue eeieeee de USA Sur la progression et l’état du fluide séminal dansles organes génitaux des mammifères femelles; sur la formation des corps jau- nes chez des femelles non fécondées ; Re- cherches de M. Pouchet................ Recherches sur les vaisseaux angéiophores, les villosités et le corpus luteum; par UOTE eCoe ce de JOB PACE CE — Observations sur le développement des An- nélides, faites sur les côtes de la Sicile; par M. Milne Edwards. ............... — Parallèle de l’embryogénie comparée des vertébrés et des invertébrés ; Remarques de M. Serres à l’occasion de la communi- cation précédente... .:......: Na, — Réponse de M. Milne Edwards aux remar- questde/MESErres ee. ec te-e-esere — Réplique de M. Serres......,........,.. Exposmose. — M. Parrot, en adressant une (1473 ) Pages. 176 1021 1355 Note intitulée: « Coup d’œil sur Len-- dosmose », rappelle une publication déjà ancienne dans laquelle il s’occupait de ce phénomène, et indiquait quelques- unes des applications qu’on en pouvait faire à la physiologie et à la médecine... Excrais. — Effets des engrais ammoniacaux sur la végétation ; Lettre de M. Schatten- mann....... — Note sur un procédé de désinfection au- quel ont recours, dans certains cas, les Chinois, pour les matières fécales qu'ils ‘emploient comme engrais; Note de M. PAULRIEN SI ARE do atele des EE ExTÉROTOMIE. — Relation d’une opération d’en- térotomie lombaire pratiquée avec succès sur une femme âgée de cinquante-trois ans; par M. Amussat......... — Sur deux cas d’imperforation du rectura opérés et guéris; Lettres de M. Baude- locque..................... 44x, 582 et — Mémoire sur une opération d’entérotomie Fausses mEMBrANEs développées à la surface interne de la vessie, sous l’influence de cantharides appliquées à la peau; Mé- 260 934 lombaire pratiquée avec succès dans un cas d’étranglement de l'intestin grèle; par M. Maisonneuve... ...... — Mémoire sur l’entérotomie de l'intestin grêle dars le cas d’oblitération de cet or- gane; par le méme! M TN EnrowoLocie. Voir au mot Insectes, Enrozoames. — Observation d’une espèce de ver trouvé dans la cavité abdominale d’un lézard des environs de Paris ; par M. Va- lenciennes. .… ErGor des céréales. Voir à Seigle ergoté. Ercorisme. Voir à Seigle ergoté. EssenTiezLes (Huizes). — Identité chimique de V’essence d’estragon et de l’essence . d’anis; Note de M. Gerhardt....,...... Eruers carorEs. — Recherches de M. Malaguti sur ces éthers......... DEL Eruers siniciques. — Note sur ces éthers; par , M. Ebelmen........... Eroises. — Mémoire sur la distance des étoi- les, et sur l'existence probable d’une cer- taine illusion optique liée à la constitu- tion du système solaire ; par M. Breton... — Recherches de M. Bessel sur les mouve- RCE EEEEE EEE par leur direction, indiquer quelques jours d'avance les changements de temps; Mémoires de M. Coulvier-Gravier. 325 et — Observation, en Belgique, des étoiles fi- lantes de la nuit du 9 août 1844; Note de M. Quetelet. ...........,.... figet — M. Arago fait remarquer qu’à Naples on a aussi constaté, pour cette mème nuit, un nombre inusité d'étoiles filantes........ — Surles conséquences auxquelles paraît con - duire, relativement à l’apparition pério- dique de ces météores, la comparaison des températures observées en différents lieux de la terre; Mémoire de M. Pet. ExcKÉMENTs. — Analyses comparées de lali- ment consommé et des excréments rendus par une tourterelle, entreprises pour re- chercher s’il y a exhalation d’azote pen- dant la respiration des granivores; par M. Boussingault.... .... Voir aussi au mot Désinfection. moire de M. Morel-Lavallée......,...., FerpspatH. — Analyse des feldspaths de Té- nérifle; par M. Deville. .…, Pages. 1205 G7r 672 626 46 — Mémoire sur les feldspaths; par M. Ri- PILE»: = m0 2 vla dl fe ta à Fer. — Rapport sur plusieurs Mémoires de M. Ebelmen concernant la métallurgie du fer et l'emploi des combustibles gazeux ; Rapporteur M. Chevreul.,........ — Réclamation adressée à l’occasion de ce Rapport; par MM. Thomas et Laurent... — M. Pelouse communique l'extrait d’une lettre de M. Berzelius à M. Laurent sur les poids atomiques du zine et du fer... .. FErmenTATION. — Mémoire sur les fermenta- tions benzoïque, salygénique et phoréti- nique; par M. Bouchardat......,...... Ferrucneux (Comrosés), — Action de ces composés sur la végétation; Note de M. Grisite piste): à ppiemieleiela fs le = o7a0 ee jee) à : Fezzan (Lacs salés du). —Sur un petit animal articulé qui se trouve dans ces lacs ; Note de M, Pallot... tes carie caserne Fiereux (Tissu), — Recherches sur les nerfs du tissu fibreux; par M. Pappenheim.. ..!.. Fisnixe. Voir au mot Sang. Fiëvres, — Sur l'identité du typhus et de la fièvre typhoïde ; Lettres de M. Gaultier de Claubry et de M. Cornar.... 188, 441 et — Mémoire sur la nature et le traitement de la fièvre typhoïde; par M. Turck Foie. — Sur l’organisation intime du foie des animaux mammifères ct de l’homme; Note de M. N.Guillot............, 5 Forces cenrrALEs. Voir au mot Mécanique. Forces cenrmreuces. Voir au mot Mécanique. Forèrs. — De l'influence de l’eau sur la vegé- tation des forêts ; Mémoire de M. Chevan- diers décerne eid er dde ete 20e Défrichement des foréts. — M. le Ministre des Finances rappelle à l’Académie qu’elle a été consultée par l'administration sur di- verses questions météorologiques dont il était désirable d’avoir la solution, pour pouvoir se prononcer sur l’abrogation ou le maintien d’un article du Code forestier concernant le défrichement des bois... .. — Remarques faites à l’occasion de cettecom- munication par M. le Secrétaire perpé- tuel: la Commission qui avait été nom- mée dans l’origine est complétée par l’ad- jonction de trois nouveaux membres : MM. Boussingault, Dumas et Duperrer... - M. le Ministre des Finances invite l'Acadé- mie à lui faire connaître son opinion sur un procédé au moyen duquel M. Halna- Dufretay dit ôtre parvenu à activer la ve- gétation des bois..........,,,......4. — La Commission désigne à cet effet déclare, par l'organe de M. Dutrochet , qu’elle ne croit pas qu'il y ait lieu à faire un Rap- ( 1474 ) Pages. 753 352 Gor 1118 526 1452 TITI 403 03 1089 port sur un procédé que l’auteur paraît ne pas vouloir rendre publie ......,... Fossises (Ossemexrs). — Sur lesossements hu- mains découverts récemment près d’Alais et considérés par M. Robert comme fos- siles; Lettre de M. Marcel de Serres... Pages. — Note sur ces ossements; par MM. Joly, E. Dumas et J. Teissier........... Voir aussi au mot Anthropolithes. — Note sur les ossements fossiles d’une grande espèce de Ruminants appartenant au genre Capra, découverts dans les ter- rains meubles des environs d’Issoire ; par MiBomel See: sean — Description géologique et paléontologique des collines de la Tour-de-Boulade et du Teiller, près d’Issoire (Puy-de-Dôme); par Jémements ae ts ee el — M. Porte écrit qu'il a découvert dans l’Amé- rique méridionale plusieurs gisements importants d’ossements fossiles, .,...,... — M. de Blainville met sous les yeux de PAcadémie une tête fossile presque com- plète d'un grand Félis à dents faleiformes, et lui demande de vouloir bien en faire lacqisitonss.2rs nee CRUE — Sur la présence de l’Anoplotherium dans les epuches les plns inférieures de la pé- riode tertiaire du bassin de Paris; Note de M.E. Robert............ FossiLes (Poissons). — M. Flourens, en pré- sentant les deux premières livraisons d’un ouvrage de M. Agassiz sur les poissons fos- siles du vieux grès rouge, indique les faits les plus importants qui se trouvent consignés dans ceite monographie...... Founre. — Observation d’une double foudre asceudante pendant l'orage du 9 septem- bre 1544; Noie de M. Peltier.......... — Mémoire sur un cas de foudre; par M. Pabbé Chapsal.........,...4.. 448200. — Remarques sur quelques anomalies appa- rentes observées dans les phénomènes électriques produits par la foudre; par M.;Peliier ere sos ROME NE Fovamis. — Sur les rapports des pucerons avec les fourmis; Note de M. Robert. ........ Fours 4 PAIN. — Sur les fours aérothermes continus ; Mémoire de M. Aribert....... — MM. Grouvelle et Mouchod, à l'occasion de la précédente communication, annoncent Fenvoi prochain d’un Mémoire sur les per- fectionnements qu'ils ont apportés aux fours à air chaud, fours dont l'invention première remonte, disent-ils, à Rum- D LIT OPA DO TL OEPIOOE ADD PISE — Note sur l'invention des fours aérother- mes, attribuée non plus à Rumford , mais 225 775 au Hollandais Drebbel ; Note de M. Kou- get de Lisle....... OR RUN dan 21 EN Frurrs. — Recherches chimiques sur la matu- GaLvanOPLAsTIQUE. Voir à Métaux précieux, ele. Garance. — Recherches sur la coloration des os par la garance; Mémoire de M. Brullé. GasrraGie. Voir au mot Névralzies. Gaz. — Recherches sur les gaz que l’eau de mer ‘peut dissoudre en différents moments de la journée et dans les saisons diverses de l’année; par M. Morren............. — Sur la détonation de mélanges gazeux ex- plosibles, employée comme moyen de propulsion pour les navires ; Mémoire de M. Selligue, et additions à ce Mémoire 58e RÉ LEH ES 337, 513, 660 et — A l’occasion de la dernière de ces com- munications , M. Arago parle d’expérien- ces de M. Johnston, desquelles il parait résulter que la force provenant de l’ex- plosion d’un mélange gazeux est dépen- dante de l'intensité de l’étincelle qui a produit Pinflammation.............. x — Liquéfaction des gaz par le procédé de M. Natterer ; propriétés du protoxyde d’a- zote à l’état liquide ; Lettre de M. Gaul- tier de Claubry....... DOTÉ étant GAZ DES HAUTS FOURNEAUx. — De leur emploi commecombustible; Rapport sur plusieurs Mémoiresde M.Ebelmen concernantla mé- tallurgie du fer; Rapporteur M. Chevreul. — Réclamation adressée à l’occasion de ce Rapport; par MM. Thomas et Laurent... GENERATION. Voir aux mots Embryogénie et Ovologie. GEonésie. — M. Arago met sous les yeux de l’Académie le tracé d’une triangulation de l’Inde anglaise exécutée par MM. Lamt- ton et Everest, et donne quelques dé- tails sur les opérations géodésiques aux- quelles a donné lieu l’exécution de la 654 et Géocrapme. — Note ayant pour titre: « Nou- veau moyen de déterminer les latitudes »; par M. Gouezel...... Het oc : ani Voir aussi au mot Car. tes géographiques. GEOGRAPHIE Z0OLOGIQUE. — Recherches sur les lois qui président à Ja distribution des Mollusques côtiers ; par M. A. d'Orbignr. Géoocie. — Note sur une théorie nouvelle des révolutions du globe ; par M. de Bou- — Observations sur la disposition de certai- (1495 ) Pages. 1321 518 86 1318 1320 II ration des fruits; par M. Fremy...., — Note de M. Couerchelà Voccasion du pré- cédent Mémoire.......:..1,,, nes cristallisations des géodes; par M. FOUR ELA ee 2 AU CNRC ARMOR — Examen d'un charbon produit par voie ignée à l’époque houillère; Note de M. Dribrée} PSM COLE — Reckierches sur les changements survenus dans le niveau relatif de la mer et du sol depuis l’époque tertiaire; par M. E. Ro- BEN EE EN EC NAN s DDC OP AOC ARE — Description géologique et paléontologique des collines de ta Tour-de-Boutade et du Teiller, près d’Issoire (Puy-de-Dôme ); par M. Pomel.............. OO TES — Mémoire sur le terrain à nummulites (épi- crétace) des Corbières et de la montagne Noire; par M. Leymerie............... — M.le Maire de Calais consulte l'Académie sur les probabilités de succès d’un forage que pratique dans cette ville M. Mulot, et qui, déjà parvenu à une grande pro- fondeur, est entré dans une couche de grès sur la nature de laquelle il reste quelques doutes... — La Commission à re de laquelle avaient été renvoyés ces documents, en- tretient l’Académie des chances de FE que présente l'opération... .., SAINS — M. Mitscherlich présente un échantillon de roche intéressant pour la théorie du mé- tamorphisme — M. Dufrénoy présente également des ne à appui de la même théorie... ,..,,.... — Observations sur la consturion géologi- que de quelques parties du Brésil; par M d'Oserrare ee Se > — Recherches sur les feldepaths des différen- tes époques; par M. Rivière... ... IUSEt — Recherches géologiques dans l’Oural; Note GONE ENV AURONT ERNE — Notice sur la constitution géologique du cap de Bonne-Espérance ; par M. Itier.… . — Mémoires géologiques sur VAltaï; par M. de Tchihatcheff. … 970 et — Note surles moraines, les blocs erratiques et les roches striées de la vallée de Saint- Amarin (Haut-Rhin); par M. Collomb. … — Mémoire sur les rapports qui existent en- tre la figure des continents et la direction des chaînes de montagnes; par M. Pissis. — Sur la présence de lAnoplotherium dans 265 ( Pages. les couches les plus inférieures de la pé- riode tertiaire du bassin de Paris; Note de M. E. Robert........ ...:... O0 1404 — Diverses communications relatives au co- loriage des cartes géologiques au moyen » de la lithographie. 1389, 1394, 1455, 1456 et 1455 Géométrie. — Sur la courbure des lignes con- sidérées comme provenant de l’intersec- tion mutuelle de deux surfaces données ; Note de M. Binet. 2. 0... te BR Aro — Mémoire surles lignes courbes non planes; par M. de Saint-Venant............. sl 547 — Sur quelques propriétés générales des sur faces et des lignes tracées sur les surfaces ; par Me: tBonnelf ee eee Nes demandes 980 — Additions de M. Breton à son Mémoire sur la théorie des surfaces, ................ 1163 — Note sur des formules abréviatives pour obtenir la soliditéde la pyramide et du cône tronqués à base parallèle; par M. Gattin. 1163 — Construction géométrique des amplitudes dans les fonctions elliptiques ; propriétés nouvelles des sections coniques ; Mémoire de M. Chasles............,.....s.sus 1239 — Remarques de M. Liouville à l’occasion de cette communication ....... eee 00 Voir aussi à l’article Analyse nana tique. GÉorama. — L'inventeur du Géorama prie l’Académie de vouloir bien charger une Commission de lui faire un Rapport sur le degré d'utilité que pent avoir cet appareil pour l’enseignement de la géographie ... 188 — Rapport sur cet appareil; Rapporteur M. Hermaruronisue. — Sur une fleur hermaphro- dite de ricin; Note de M. Pierquin..... 9254 Huires essenriezzes.— Sur l'identité chimique de l’essence d’estragon et de l’essence d’a- nis; Note de M. Gerhardt........ sr... 489 Hyonauzique. — Mémoire sur l'écoulement à travers un ajutage conique, dans l'air et dans l’eau ; par M. de Caligny........ sm d6E — Expériences sur l'onde solitaire et sur l’onde de translation des corps flottants; par le MÊME. dederesesvsessrssenees 100078 Hypnauziques (MAcuines). — Expériencessur un moteur bydraulique à flotteur oscillant; par M. de Calignr ................. or 108 — Rapport sur cette machine; Rapporteur M'Lamé eee eee eat semer 0704 — Expériences sur les ajutages coniques di- Pages. Bory de Saint-Vincent ....,,..,........, 904 Guaciers. — Sur le mouvement des glaciers; Lettre de M. Desor à M. Élie de Beaumont. 1299 GuissemenTs des terrains argileux, — Recher- ches expérimentales sur les glissements spontanés des terrains argileux; par MGollin... ue aa CR ere à OLA Gzose rernesrre. — Note sur une théorie nouvelle des révolutions du globe; per M. de Boucheporn............. Bece om Gnas (Corps). — Dee surlalimentation des mammifères , destinées à éclairer le mode de formation des corps gras chez les animaux. Voyez un Mémoire de M. Bous- singault et une Communication de M. Du- THUS Ne ete == cie =sptiecte . 381 et 386 Gnavure. — Note sur un nee de, SFATURE photographique; par M. Fizeau..,.....,. 119 — Sur l'emploi de certains réactifs dans la gravure des planches photographiques ; Note de MM. Choiselat et Ratel......... 358 — M. Arago présente deux épreuves de photo- typie adressées de Vienne par M. Berres. 518 GR£EMENT. — Sur un nouveau système de grée- ment applicable à la navigation maritime et à la navigation fluviale; Note de M. Delhommen Er. sea deuneesesseeae Pa me ° DUR Grèce. — M. Arago communique, d’après une lettre de M. Brown, qui lui a été transmise des Etats-Unis par M. Espy, un fait inté- ressant pour la théorie de la gréle: des feuilles et des petites branches enlevées par un ouragan étaient, quand elles sont retombées, enveloppées de glace........ 664 vergents alternativement plongés dans l'air et dans l’eau; par M. de Caligny... 861 — M. Passot écrit ST à sa NB et adresse des documents judiciaires des- tinés à la Commission du concours pour le prix de Mécanique... ..... her-chorte 029 — M. Passot adresse des réclamations rela- tives au Rapport fait sur sa turbine, dans la séance du 23 octobre 1843............ 402 HypROGÈNES Puospnonés. — Note sur la forma- tion des hydrogènes phosphorés; par M. PThenandee 2 ae EC 0 Nan ee) Hyproromie. Voir au mot Anatomie. Hycnomërres.—M. Coppa soumet au jugement de l'Académie un hygromètre de son in- NEDADn Reset iecnue shetilas Sue QUE Imaces De Môser. — M. Arago met sous les yeux de l’Académie une image de Môser adressée par M. Chevallier, image qui s’est formée à la surface d’une glace des- tinée à protéger un portrait au pastel... Ixrusoires (Animaux). —Sur les découvertes de M. Ehrenberg, relatives aux iufusoires polygastres à carapaces siliceuses et aux Bryozoïdes calcaires; Lettre de M. de Humboldt à M. Valenciennes... ....... Ixsecres. — Note sur la prétendue circulation dans les insectes; par M.Léon Dufour... — Addition à de précédentes Notes sur les insectes nuisibles à la vigne ; par M. Vallot. Note sur un insecte qui est sorti, après un éternument, des fosses nasales d’une jeunefille; par M. Decerfz............. Observations sur un insecte qui attaque les olives dans nos départements méridio- naux et cause une diminution très-consi- dérable dans la récolte de l’huile ; Note de M. Guérin-Méneville.....,.............. — Réclamation adressée à l’occasion de cette communication; par M. Blaud......... Réponse de M. Guérin-Méneville à cette réclamation. .... fus HS Mémoire sur les Acariens, et en particu- lier sur les organes de la manducation chez ces animaux ; par M. Dujardin... .. Études anatomiques et physiologiques sur les insectes diptères de la famille des Pu- pipares; par M. Léon Dufour...... .... INSTRUMENTS DS CHIRORGIE. — Mme Ve Jacobson adresse une série des instruments de li- thotritie inventés par son mari pour le bri- sement de la pierre par pression, sans perforation préalable, série au moyen de laquelle on peut suivre les divers perfec- tionnements qu'a subis le lithoclaste en- ire les mains de l’illustre chirurgien, de- puis la première invention jusqu’à l’état de perfection où il l'a conduit........., — M.Cliet demande à reprendre la descrip- tion et le modèle d'un instrument qu'il ayait soumis au jugement de l’Académieet qui n’a pas encore été l’objet d'un Rapport INSTRUMENTS DE MATHÉMATIQUES, — Mémoire sur Ja construction et les usages d’un msi .. Kenaropcasriz. — Nouvelles éxpériences sur ce sujet ; par M. Feldmann.… C.R., 1844, 20€ Semestre, (T. XIX,) Pages. [2] ES] K nouvel instrument désigné sous le nom de compas polymètre; par M. Saint-Ange Plet..... : Te eco IxSrruMEnTs DE Puysique. — M. Soleil met sous les yeux de l’Académie un microscope polarisant qu'il a construit d’après les dessins et sous les yeux de M. Amici...…. — Note de M. Babinet sur les usages de cet — Observations de M.Amici sur une Lettre de M. Matthiessenconcernantla ressemblance que l’on peut trouver entre ses microsco- pes etceux de cet opticien. ........ — Communication de M. Arago relativement à une Note qu'avait écrite M. Matthiessen en réponse à celle de M. Amici Fe — Sur le lentiprisme perfectionné, ete. ; Note de M. Matthiessens.... 4 ee... — M. Coppasoumet au jugement de, l’Acadé- mie un hygromètre de son invention... — MM. Bunten et Silbermann soumettent au jugement de l’Académie un sympiézomèe- treperfectionné... ....... CESCE — Sur deux instruments à l’aide desquels on peut déterminer la vitesse et la direction des couranis marins à toute profondeur ; Mémoire de M. Aimé...#......,....... INrerPOLATIONS. — Mémoire sur les interpola- tions; par M. Maurice.........,....... InvenrEBrEs (Animaux). — Note sur divers points de l'anatomie et de la physiologie des animaux sans vertèbres; par M. de Quatrefages ar se EP — Note de M. Milne Edwards sur les recher- ches zoologiques qu'il a faites pendant un voyage en Sicile........ De ect Voir aussi au mot Mollusques. Iove.—De l’action de l’iode sur certains sels, et des composés qui en résultent; Note de M. Filhol........ Cre ISTuME DE PaNamA. — M. Arago fait un Rap- port verbal sur un ouvrage espagnol de M. Cayetano Moro, relatif à unereconnais- sance de l’isthme de Téhuantepec, faite en 1842 et 1843, en vue d’un travail destiné à établir une communication entre les deux Otéanste st ee 196 Pages. 268 36 Ibid. Ibid. 1137 928 Lacs. — Jaugeage des eaux qui alimentent le lac de Genève par le fond et par la sur- face; Note de M. Vallée. .… Larirune. —"Note ayant pour titre: « Nou- veau moyen de déterminer la latitude d’une manière simple et précise »; par M. Gouezel....... : Lecture (Méthode de). — Tableau MO June nouvelle méthode de lecture pour les sourds-muets, etc.; par M. Rabet... Levure DE BIÈRE. — Sur la présence de la levure dans l'urine en quantité assez pe- tite pour échapper aux réactions ordi- naires, el Sur un moyen nouveau qui per- met dans ce cas d’en constater l’existence ; Note de M. Choron .. LiQuEFAGTION DES GAZ par le procédé de M. Natterer; propriétés du protoxyde d’azote liquide; Lettre de M. Gaultier de Claubry. LirnocnaPgie. — M, Champollion écrit relati- vement aux succès oblenus par M. Lavaud dans le transport sur pierre de manuscrits anciens ou récents. OP OLEE — Coloriage des cartes géologiques au moyen de la lithographie. Voir au mot Cartes. Lirnorrtrie. — Mme Ve Jacubson adresse À l'Académie une série d’instruments qui montre toutes les formes qu’a subies le lithoclaste depuis que M. Jacobson en conçut la première idée jusqu’à ce qu’il l'eût amené à l’état de perfection... .,... Livres. — M. Wattemare écrit qu’il est chargé de présenter, au nom de l’Institut natio- nal des Etats-Unis, quelques volumes Macmxes. — Machine à soulever les fardeaux, soumise, par M. Delaporte, au jugemént de l’Académie... cite — Mémoire sur une machine soufllante; par M. de Calieny..…...... C5 — Note sur un appareil destiné à mesurer la force effective des machines à vapeur em- ployées comme moteurs dans la naviga- tion ; par M. Colladon..... Macuines À vareun. — Rapport fait à M. ïa Mi nistre de l’intérieur du royaume de Bel- gique, sur l’explosion d’une machine à vapeur; par M. Jobard ................ — Modèle et description d’une locomotive construile sur un nouvéau principe; par 516 lbid. 581 [HA (4 E 1 = 1029 676 M publiés dans ce pays; il demande que l’A- cadémie charge une Commission d’exami- ner l’utilité que peuvent avoir ses efforts pour établir entre la France et l'Amérique un système d'échange de livres... . — Sur la loi de l’absorption de la lumière par les vapeurs de l’iode et du brome; Note de M. Erman............... Lumière. — Note sur l’origine de l’oxygène exhalé par les plantes sous l’influence de la lumière; par M. Schults..... — Sur la respiration des plantes; Lettre de M. Boussingault à l’occasion de la Note de M. Schultz.... — Sur la tendance des tiges à se diriger vers la lumière, et sur la tendance qu’elles ont, dans l’obseurité, à se diriger verticalement en haut; Note de M. Girou de Buza- reingues . — Influence de la privation de lumière sur Ja production de certains alcalis végétaux. Voir au mot Asparagine. — Action de quelques bases organiques sur la lumière polarisée; Note de M. Laurent. Loxerres. — M. Chevallier (Ch.) présente une nouvelle lunette à objectif composé et à oculaire microscopique.......,........ — M. Arago entretient l’Académie des expé- riences qui ontété faites à l'Observatoire, pour essayer une lunette de 0,38 d’ou- verture, exécutée par M. Lerebours ...... LympnariQue (Sysrème). — Recherches sur les fonctions des vaisseaux lymphatiques; par M. Herbst..... M. Paltrineri.... ESS — Note relative à la construction des une dières à vapeur ; adressée par un anonyme. — Un Mémoire sur un nouveau système de chaudières à vapeur, adressé par une per- sonne dont le nom n’a pu être lu, est ren- voyé à l’examen de la Commission des machines à vapeur .......... BYE — M. Gauthier se fait connaître comme au- teur de ce dernier travail, dont il adresse une nouvelle rédaction. ................ — M. Oursel prie l'Académie de hâter le tra- vail de la Commission à l'examen de la- quelle a été renvoyé son Mémoire sur les machines à vapeur employées à la propul- Pages, 524 .. 8çoet 945 g21 1014 1016 sion des navires ... D ra so Macxérisme. Voir au mot Électricité. MAGNÉTISME TERRESTRE. — Observations de l'intensité du magnétisme terrestre, faites par M. de Freycinet et ses collaborateurs, durant la campagne de la corvette l'Uranie; rédaction de ces observations, par M. Duizerrey se.) fa nléunmes c'naece sai — Observations de magnétisme terrestre, de météorologie, etc., faites durant la cam- pagne de l'Érigone ; par M. Delamarche. — M. Arago, à l’occasion de la présentation des travaux de M. Delamarche,rappelleles travaux analogues exécutés, pendant les dernières campagnes de l’Astrolabe et de la Zélée, par un officier qui vient d’être blessé à l’attaque de Mogador, M. Coup- vent-Desbois ......................... — Rapport verbal sur les travaux de M. Coup- vent-Desbois ; Rapporteur M. Arago. . .... — Note sur la direction de l'aiguille aimantée en Chine; par M. Ed. Biot............. — Sur là loi des variations de la déclinaison de l’aiguille aimantée; par M. Lelaisant. . Maïs. — Nouvelles recherches sur le maïs et sur le sucre qu’on en obtient; par M. Pal- RE TOR PS Marées. — M. Arago annonce, d’après une Lettre adressée à M. Miller, que M. Airr a découvert sur la côte orientale d'Irlande un point où la marée solaire est plus grande que la marée lunaire ..... ..... — Sur linstallation d’un maréographe à Tou- lon, et sur les marées d’Akaroa (Nouvelle- Zélande); Lettre de M. Chazallon....... © Maturarion pes Fruirs. — Recherches chi- riques sur ce sujet; par M. Fremy... .. — Note de M. Couverchel à l’ocrasion du Mé- moire de M. Fremy........ Mécanique. — Mémoire ayant pour titre : «Re- cherche des bases de l'établissement des scieries ; » par M. Boileau ............. — Recherches expérimentales sur les glisse- ments spontanés des terrains argileux, ac- compagnées deréflexions théoriques et pra- tiques sur quelques principes de la méca- nique terrestre; par M. À. Collin..%... — M. Passot adresse un Mémoire ayant pour titre: « Conséquences immédiates de Ja théorie académique sur les forces cen- trales. ». — M. Passot prie l’Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l’exa- men de laquelle cette Note a été ren- VOYÉG...…msmsmsnreseeoreenrs 27 CL — Rapport sur cette Note; Rapporteur M. Binet.......<. — Réclamation de M. Passot au sujet de ce ( 1479 ) Pages. 1405 415 555 Ibid. Gor 822 1163 750 562 1307 784 1114 221 822 4o2 582 600 OCOCETEELIES ES CERTES EEE Rapport... .... — Remarques de M. le Président de l’Acadé- mie à l’occasion de cette réclamation... — M. Passot écrit que de deux Commissions auxquelles ont été renvoyces des réclama- tions qu’il a précédemment adressées , une seule 2 fait son Rapport ... — M. Passot prie de nouveau l’Académie de hâter le travail des Commissaires chargés de faire un Rapport sur ses expériences relatives à la question des forces centri- fuges, expériences dont il les a déjà rendus témoins........,.. MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Mémoire sur les mouvements infiniment petits d'une file rectiligne de sphéroïdes ; par M. Laurent. Voir aussiau mot Analyse mathématique. 7 Mécanique cÉLESTE. — Note sur l'application de la méthode logarithmique à la déter- mination des inégalités périodiques des mouvements planétaires; par M. Cau- CAFE tente male = eee eme aie eie late LOU VEE — Sur un nouveau genre de développement des fonctions qui permettra d’abréger no- tablement les calculs astronomiques; par LEIMmEMÉ SEC 1123 et — Surles perturbations dans les mouvements célestes dues à la résistance de léther; par M. Banet........ — Sur la détermination du grand axe et de la distance périhélie des comètes dans cer- tains eas donnés; par M. Hoduit....... Voir aussi au mot Comètes. Méoaizze DE Coprey décernée à M. Dumas pour ses Recherches sur la Chimie orga- nique et sur le poids atomique du carbone et de divers éléments............ “OORE Méoecne.— Un anonyme envoie au concours, pour les prix de Médecine etde Chirurgie de la fondation Montyon, un travail ayant pour titre : « Rapport sur les maladies qui ont régné dans le canton de Danvil- liers (Meuse) pendant l’année 1843.» .... Mécaxoses. Voir àu mot Charbon. Mer (Eau de). — Mémoire sur l'extraction des sulfates de soude et de potasse des eaux de la mer; par M. Balard.... — Recherches sur les gaz que l’eau de mer peut dissoudre en différents moments de la journée et dans les diverses saisons; par M. Morren.... .... .... Mer MenrrerRANEZ. — Mémoire sur les tem- péraiures de cette mer; par M. Aimé... Mer Rouce. — Mémoire sur le phénomène de la coloration des eaux de la mer Rouge; par M. Montagne. ......... Mens. — Recherches sur les changements sur- venus dans le niveau relatif de la mer et 196... 1457" 482 279 1228 Goz 556 706" 56 481 du sol depuis l’époque tertiaire; par M. E.Robert.............. Mencure. — Sur quelques réactions propres au hichlorure de mercure; Note de M. Millon......-. perce -terai- cer — Sur la formation d’un nouvel oxydo-chlo- rure de mercure; Note de M. Roucher ... Mérauurères (Gites). — Sur les gites métal- lifères de l'Allemagne; Mémoire de M. Burat-e-use Sac cblesespEre --epE Mérauuiques (Sozurioxs). — De lPaction du charbon sur ces solutions; Note de M. Chevallier . MéraALLunGe. — Rapport sur plusieurs Mé- moires de M. Ebelmen concernant la métallurgie du fer et l'emploi des com- bustibles gazeux; Rapporteur M. Che- PTEUTIE RE AE c17e celemie Méramoremsme. — M. Mitscherlich 0 un échantillon de roche intéressant pour la théorie du métamorphisme.......... . Dufrénoy présente, à lappui de la même théorie, divers échantillons d’un schiste argileux de Bretagne, contenant des macles qui renferment elles-mêmes, dans leur intérieur, des parties non alté- rées de la roche au milieu de laquelle elles se sont formées............. Sode Méraux. — Sur un moyen d'obtenir certains métaux parfaitement purs; Note de M. Peligot.... EC — Remarques de M. Dumas à r occasion de cette communication.......... smennoue — Réclamation de M. Jacquelain relative à la même Nole............s.ss.se 953 et — Réponse de M. Peligot.................. — Remarques de M. Dumas à l’occasion de la réclamation de M.Jacquelain........... Métaux nouvellement découverts. — Sur deux nouveaux métaux, le Pelopium et le Nio- bium, découverts dans des tantalites de Bavière; Lettre de M. H. Rose. ......... MEraAux PRÉCIEUX. — M. Christofle adresse quelques remarques relatives aux fraudes qui peuvent se commettre dans l'appli- cation des métaux sur les métaux, au moyen de l'électricité, et met à la dispo- sition de l’Académie une somme de 2000 francs, pour être donnée en prix à l'auteur du meilleur projet de loi ten- dant à régler l'emploi industriel delélec- tricité, de manière à prévenir ces sortes de fraudes, — M. Dumas fait remarquer que ces inconvénients n’avaient point échappé à la Commission qui a fait le Rapport sur les procédés de MM. de Ruolz et Elkington, et que c’est pour éveiller à cet égard l'attention de l'administration — M ( 1480 ) Pages. 265 [ex W C1] 1275 qu’elle a provoqué lenvoi de ce Rap- portà MM. les Ministres des Finances, du Commerce, etc...............e...e — Lettre de M. Boquillon à l’occasion de la précédente communication............. — Mémoire sur l’argenture galvanoplastique de l'acier; par M. Desbordeaur......... Méréorouoete. — M. Lortet, au nom de la Commission hydrométrique de Lyon, adresse une carte du bassin du Rhône, avec l’indication des lieux où l'on observe déjà et de ceux où l’on pourrait espérer d’avoir des observalions....... ....... — M. Arago présente, au nom dela Commis- sion hydrométrique du Rhône, les obser- vations nouvelles qui lui ont été transmi- ses par M. Lortet...........,..,.... . — Recherches sur le elimat de la France à l'époque de la conquête romaine; par MORUSPERER EE renal eeieides Mn seal — Observations faites pendant un orage, dans les environs de Lyon, pendant la nuit du 24 au 25 juin 1844, par M. Bravais. — Nouvelles communications relatives aux étoiles filantes considérées comme moyen d'indiquer par leur direction les change- ments de temps quelques jours d'avance ; par M. Coulvier-Gravitr......... 325 et — M.le Ministre des Finances rappelle à l'Aca- démie qu’elle a été consultée précédem= ment par l'administration sur diverses questions météorologiques dont il serait important d'obtenir la solution, pour pouvoir se prononcer sur l’abrogation ou le maintien d’un artiele du Code forestier concernant le défrichement des bois... — Remarques de M. le Secrétaire perpétuel sur les causes qui ont retardé jusqu'ici le Rapport demandé. La Commission qui devait le préparer étant devenue incom- plète, MM. Boussingault, Dumas et Du- perrey sont désignés pour remplacer les membres décédés.....:..:....-......: — Observations &e météorologie, de magné- tisme terrestre, ete., faites, durant Ja cumpagne de } Éris gone, par M. Delamar- CHE ere rene CacterPh RP ee — M. Arago tte à cette occasion, les travaux de même nature exécutés pendant la dernière campagne de l’Astrolabe et de la Zélée, par un oflicier qui vient d’être blessé grièvement à l'attaque de Mogador, M. Coupvent- Desbois....... — Rapport verbal sur les travaux de MM. Vin- cendon-Dumoulin et Coupvent-Desbois; Rap- porteur M. 4rago................3..0. — Note sur le phénomène des bandes polaires observé le 23 juin 1844; par M. Fourncet. Pages. 405 44o 1450 136 419 . Ibid. ( 1481 ) Pages. — Remarques de M. Arago à l’occasion de tette communication.............. -- 0100) — Sur les conséquences qui paraissent devoir résulter, relativement aux passages des étoiles filantes périodiques , de la compa- raison des températures observées en di- vers lieux de la terre; Note de M. Petit.. G26 — M. Arago communique une Lettre de M. Boussingault relative à létablissement prochain d’un observatoire météorologi- que à Antisana , un des lieux habités les plus élevés au-dessus du niveau de la MEET... os. 0. — M. Arago communique, d’après une Luie de M. Brown qui lui a été transmise des Etats-Unis par M. Espr, un fait intéres- sant pour la théorie de la grêle... ....... Ibid. — Recherches sur la hauteur de quelques bo- lides ; par M. Petit......... ....- 633et 779 — Sur la trombe qui a ravagé, le 19 septem- bre 1844, la commune d’Escalquens, dans les environs de Toulouse; Lettre de M:Chambon............. none es Sc: GT — Surunarc-en-ciel observé à Rennes le 2 no- vembre 1844; Lettre de M. Dupré...... 1037 — Surune pluie phosphorescente observée à Paris le 17 novembre 1844; Lettre de M. Duplessy.......... Hood de A EURE) — Observations météorologiques faites à AL ten ; adressées par M. Cole. ..... HOgntE 1039 _ Tableaux graphiques obtenus au moyen du thermomètre à pointage de M. Bre- guet; Résumé général des observations faites à Casan avecle mème instrument. Jbid. — L'Académie décide qu’il sera fait une en- quête concernant les traits caractéristi- ques de la trombe qui, le 22 octobre der- nier, ravagea la ville de Cette et ses en- virans...... Hutooedodhoe todo does 1181 — Considérations sur le même phénomène; par M. Peltier........ AU UrE ms aielse “.. 1210 — Sur la part attribuée à l’électricité dans le phénomène des trombes ; Notes de M. Ar- add té oc VERTE 1366 et 1405 — Remarques de M. Clerget à l'occasion de la communication de M. Peltier. .. — Sur un météore lumineux observé à Paris le 8 décembre 1844; Lettre de M. Virlet — Le Secrétaire perpétuel écrira, au nom de l'Académie , à M. Boisse, directeur des mines de Carmaux, pour lui demander de nouveaux détails touchant la chute d’un aérolithe qui a eu lieu le 21 octobre 1844, aux environs de Layssac......... 1181 MéréoroLociques (OpservATIONS) faites à l'Ob- servatoire de Paris pour juin 1844. — Juillet,.., Pages. —TAOUE Rene HOdotio do AL 66e 530 — Septembre............ TH OOPALC - Danse 718 Octobre ANNE RME Done d ... 1043 — Novembre................ où. DBidtot dd 1325 — Discussion des observations thermométri- ques faites à Orléans depuis 1819 jus- qu’en 1843, par M. de Tristan. ......... 137 — M. Démidoff adresse le résumé des obser- vations météorologiques faites à Nijné- Taguilsk (Oural) pendant l’année 1843.. 404 — Observations météorologiques de Dijon adressées par M. Delarue......: 4gt et 582 Micnoscopes. — M. Soleil met sous les yeux de l'Académie un microscope polarisant qu'il a construit d’après les déssins et sous les yeux de M. Amici. . — Note de M. Babinet sur les usages de cet instrument,........... nee aie ... Jbid — Observations de M. Amici à l’occasion d’une Lettre de M. Matthiessen sur les ressemblances entre ses microscopes et ceux de cet opiicien.... .............. — M. Arago annonce que, sur sa demande, M. Matthiessen a consenti à retirer une Lettre qu’il avait écrite en réponse aux observations de M. Amici.............. 135 — Lettre de M. Matthiessen relative à ses mi- CrOSCOPES. ..,.......... nas reus 24 FN Rù MaixérALOGIE — Analyse des Épaihs de Té- nériffe; par M. Deville................. 46 _ Observations sur la disposition de cer- taines cristallisations des géodes; par M. Fournet........ Sn nemiecleie ciel 121 — Recherches sur les CT pe ts, par M. Bi DIRE ace snnE = seues HE ddoE UC — Analyse de la greenowite; par M. Delesse. 1019 — Analyse de la bornine du Brésil (tellurure de bismuth) ; par M. Damour........... Ibid. Maxénaux formés par voie artificielle. — M. Mitscherlich en présente plusieurs beaux ÉCOANUINONE ee Reese 625 Miroims. — M. Arago met sous les yeux de l'Académie un miroir en métal apporté de la Chine, et qui donne licu à un sin- gulier phénomène de réflexion......... 234 MozLusques. — Sur les Mollusques gastéro- podes phlébentérés ; Note de M. de Quatre- ABS N ee Ne nan e me diese slare 1.100 — Note sur divers points de l'anatomie et de la physiologie des animaux sans vertè- bres; par Le méme . nr mnnnnn sn 193 — Observations sur les Mollusques désignés par M. de Quatrefages sous le nom de Phlébentérés; Note de M. Souleret...... 359 — Lettre de M. Braguier à l'occasion de cette Note..... Fa OO AT TEE IID BUS 0 2 0000 618 — Lettre de M. de Due efages à l'occasion de cette même Note, et dépôt sous pli ca- cheté d’une réponse aux objections pré- sentées par M. Souleyet............... M. de Quatrefages donne, dans la séance du 21 octobre, lecture de la réponse qu’il avait déposée dans la séance précédente. M. Souleyet demande à lire un Mémoire dans lequel il combat les opinions de M. de Quatrefages.....s...sss..s.ss. Anatomie des Pycnogonides, précédée de considérations générales sur le phiébenté- risme; par M. de Quatrefages.......... Recherches sur les lois qui président à la distribution géographique des Mollus- ques côtiers; par M. d'Orbignr......... Du système nerveux des Mollusques acé- phales bivalves ou lamellibranches ; par M DUDErnDY,, ee dem -lenimanelepielasistoirs «is — A l’oceasion de cette dernière communica- tion, M. Blanchard écrit qu’il s’est occupé de recherches sur le mème sujet, et prie PAcadémie de vouloir bien accepter, sous forme de paquet cacheté , une exposition des résultats auxquels il est arrivé. ...... Moxsrauosirés. — Note sur un cas de défor- mation congénitale des os de la face, ob- servée chez un Kabyle, et sur une forme particulière d’hypospadias; par M. Guyon. Moxuwenrs à la mémoire d'hommes célèbres. — M. Bernard annonce qu’on se propose d’é- lever par souscription, à la Mémoire de Parmentier, un monument dans la ville de Saint-Didier ........,...,.......... MoxumenTs PupLics. — M. Jobard pense qu’on pourrait empêcher le développement des Cryptogames qui salissent la surface des monuments et édifices publics, en la- vant de temps en temps les pierres avec une eau légèrement chargée de‘cuivre.….… MorraliTE (Tables de). —M. le Ministre de l'Instruction publique consulte l'Académie sur la réforme que paraissent exiger les Tables de mortalité dont on a fait usage jusqu’à présent pour régler, suivant l’âge, le prix d'admission dans certains établis - sements destinés aux vieillards... ...... LORTS APPARENTES. — M. Zotoff adresse, de Saint-Pétersbourg, des considérations sur la vie, le sommeil et la mort, considéra- NaAviGAtTION. — Sur un nouveau système de gréement applicable à la navigation ma- ritime et à la navigation fluviale; Note de M. Delhomme.......... — Sur un moyen d'empêcher les embarcations ( 1482 ) Pages. 775 806 927 1150 1076 1132 1214 1212 483 350 N tions qu’il désire soumettre à l'attention de la Commission chargée de décerner le prix proposé par M. Manni pour la ques- tion des morts apparentes...........,.. Monve.— M. Arago appelie l’attention de l’A- cadémie sur trois communications arri- vées isolément, et toutes relatives à des cas récents de morve aigué survenue, chez l’homme, à la suite de fréquents rapports avec des chevaux morveux.... Moreues. — Expériences sur un moteur hy- draulique à flotteur oscillant; par M. de Caligny . ....sersessssesseens ses Rapport sur ce moteur; Rapporteur M. Lam£ ss eraneharqaree M. de Caligny demande que son moteur hy- draulique soit admis à concourir pour le prix de Mécanique...............,,... M. Lewesky prie l’Académie de luidésigner des Commissaires à l'examen desquels il soumeltra un nouveau moteur à air.com- primé......... ee Sur un nouveau mode de propulsion pour les navires , résultant de la détonation de mélanges gazeux explesibles; Communi- Pages 1322 233 113 cations de M. Selligue.. 337, 513, 660 et 1315 Figure et description d’un nouveau moteur applicable à la navigation; par M. Cho- PINEAUT. sels ee njais vite pe cames ee as se spas Mémoire sur un propulseur sous-marin à hélice enveloppée; par M. Bouneau...... M. le Maire de Gerberoy écrit relativement aux heureux résultats obtenus, dans cette ville, de l'emploi du moteur de M. A. Du- DT SANS A OM OEM DR TA DEEE M. Durand indique les diverses applica- tions qui ont été faites de ce même moteur. M. Ed. Sy appelle l'attention de l’Aca- démie sur une Note qu'il lui a adressée relativement à un moteur atmosphérique. Museuzaires (Conrracrioxs). — Rapport entre le sens du courant électrique et les con- tractions musculaires déterminées par ce courant; Mémoire de MM. Longet el Matteucci.. 608 1162 1213 1317 1366 502 — Sur la mesure de la force musculaire dé-- veloppée par un courant électrique; Note de M, Matteucci. sous voile de chavirer ; Note de M. À. Vin- cent Moteurs applicables à la navigation. Voir au mot Moteurs. Nerrs. — Recherches sur les nerfs du tissu 563 608 fibreux; par M. Pappenheim. ...,....... Nerveux (SYSTÈME). — Mémoires sur les mas- ses comparatives que présentent, dans l’homme et dans quelques animaux mam- mifères , les organes qui composent le sys- tème nerveux; par M. Bourgery.….... — Du système nerveux des Mollusques acé- phales bivalves; par M. Duvernoy.. ..... — M. Blanchard, à l'occasion de cette com- munication, annonce qu’il s’est occupé de recherches sur le mème sujet, recherches dont il a consigné les résultats dans un paquet cacheté joint à sa Lettre. ...... Névrazcies. — Traitement des gastralgies et des névralgies du plexus cardiaque, par l’ébraniementde la branche pharyngienne des nerfs pneumo-gastriques ; par M. Du- CTOS4 sono nnsree Niosium, nouveau métal découvert dans 1e tantalites de Bavière; Lettre de M. H. ROSE CG ER RL OBSERVATOIRES. — Sur la position astrono- mique du nouvel Observatoire de Tou- louse; Note de M. Petit................ OEiz. _M. O. Abbate prie PAcadémie dehâter le travail de la Commission à l’examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur la rétine et sur certaines affections de Toni eos armee AOC COOP — Sur l'aptitude que possède l’œil de s’adapter à la vision des objets situés à des distances très-différentes ; Note de M. Forbes... Oiseaux. — M. Savigny adresse un exemplaire imprimé de son travail sur les oiseaux d'Egypte et de Syrie, travail qui devait, dans le principe, faire partie du grand ouvrage publié sur ce pays par ordre du Gouvernement. , OrriQue. — Sur le spectre solaire optique; sur le lentiprisme perfectionné; sur l’ab- sorption du nouveau violet extrême par diverses matières ; sur la composition élé- mentaire du spectre solaire et sur la struc- ture de l'œil ; Mémoire de M. Matthiessen. — M. Arago met sous les yeux de Académie un miroir en métal apporté de la Chine, et qui donne lieu à un singulier phéno- mène de réflexion. .... na vo - — Note sur quelques points d'optique mathé- matique; par M. Biot................. — Mémoire de M. Biot sur une expérience de M. Mitscherlich concernant les caractères optiques du paratartrate et du tartrate (1483) Pages. 519 603 1132 1214 1275 631 760 1312 14or 234 495 NomiNATIONS de candidats pour des places aux- quelles l'Académie est appelée à présenter. — M. Lamé est présenté par l’Académie comme candidat pour la place d’exami- nateur permanent d'Analyse et de Méca- nique à l’École Polytechnique......,.... Nomixarioxs de membres et de correspondants de l’Académie. — M. Murchison est nommé correspondant de l’Académie, Section de Minéralogie, en DE A Aie de feu M. Mol: RESTO Heure. — M. Balard est nommé HET de PAca- démie, Section de Chimie, en remplace- ment de feu M. d’Arcet..... — M. Valenciennes est nommé membre de l’'A- cadémie, Section de Zoologie , en rempla- cement de feu M. E. Geoffroy-Saint- Hilaire COS SERA ER ue Mo 1-06 — M. Faraday est nommé associé étranger de l’Académie, en remplacement de fea M. Dallon MRC Ent ce Eat (doubles) de soude et d’ammoniaque..... M. Arago, à l'occasion de l’annonce faite par un journal anglais, d’un Mémoire de M. Brewster sur la polarisation produite par les surfaces dépolies et les surfaces blanches dispersantes, rappelle à l’Acadé- mie les expériences qu’il a faites lui-même depuis longtemps sur ce sujet......,... Remarques de M. Arago sur les différences que présentent, sous le rapport des axes de réfraction, deux verres blancs laiteux employés dans les expériences susmen- tionnées .... 2 Sur la loi de l’absorption de la lumière par les vapeurs del’iodect du brome; Mémoire de M. A. Erman........... ACER Surles propriétés optiques de l’amygdaline, de l’acide amygdalique et des produits ré- sultant de l’action des bases fixes sur la salycine; par M. Bouchardat......,.... Sur l’aptitude que l’œil possède de sa- dapter à la vision des objets situés à des distances très-différentes; Lettre de M. Forbes. OPrique (Instruments d'). Voir à Instruments de p'ysique. Oraces. Voir aux mots Météorologie, Gréle, Foudre, Tonnerre. , OkDONNANCES ROYALES confirmant la nomina- tion de M. Balard comme membre de l'Académie, Section de Chimie. ....... — De M. Valenciennes comme membre de Pages 275 1203 749 726 779 530 1174 1312 1088 VAcadémie, Section de Zoologie... Orcaniques (SuBsraNces). — Sur l'oxydation des substances organiques par l'acide iodique; Note de M. Millon............ — Mémoire sur le même sujet, suivi de con- sidérations sur l'influence des petites quantités dans Îles actions chimiques; par le meme....... — Remarques sur les éléments qui compo- sent les substances organiques, ete sur leur mode de combinaison; par le méme. ORGANOGENIE ANIMALE. Voir aux mots Embryo- génie, Os, Ovologie ORGANOGENIE vÉGETALE. — Recherches sur ie développement et la structure des Plan- taginées et des Plumbaginées ; par M. Bar- néoud..... _— M. de Jussieu, au nom de la Commission à l'examen de laquelle avait été soumis ce Mémoire, annonce que l’auteur ayant été forcé de l'aire imprimer ce travail, il ny a plus lieu à faire de Rapport : la Commis- sion regrette que cette circonstance la prive de faire connaitre son opinion sur des recherches faites avec une étude sé- rieuse et une connaissance réelle de Pétat de la science....... — Recherches sur les caractères et sur le dé- veloppement des vrais et des faux arilles ; par M. Planchon.,.................... — Rapportsur un Mémoire de M. Duchartre, ayant pour titre : « Observations sur l’or- ganogénie de la fleur, et en particulier de l'ovaire, chez les plantes à placenta li- bre » ; Rapporteur M. Gaudichaud...... ORGANOGRAPHIE VÉGETALE. — Recherches ana- iomiques et physiologiques sur quelques végétaux monvcotylés; par M. de Mirbel ; deuxième partie...... Te — Note sur les anthéridies et les spores de quelques Fucus; par MM. Decaisne et Thuret....... Os. — Recherches sur Ja formation des os; par MÉTR/OUrEnS CE eee — Recherches sur la coloration des os par la garance; Mémoire de M. Brullé........ Osmfum. — Recherches sur ce métal; par M: Fremy....…. OssemENTs Humains. — Sur les ossements hu- mains découverts récemment près d’Alais, et considérés par M. E. Robert comme PaLéonToLoGiE. — Sur les ossements humains découverts récemment près d’Alais, et considérés par M. E. Robert comme fos- …. 1366 262 fossiles ; Letire de M. Marcel de Serres. .— Note sur les mêmes ossements ; par MM. Voir aussi au mot Anthropolithes. Osréocrarmie. —M. Werner, en adressant les dix-septième et dix-huitième fascicules des planches qu’il exécute pour l'Ostéo- graphie publiée par M. de Blainville, sollicite pour son travail les encourage- ments de PAcadémie .... OuraAGans. — Dans un ouragan, qui a ravagé une partie de l'État de Tenessee, des feuilles et de petites branches enlevées par le tourbillon sont retombées plus loin enveloppées de glace; Lettre de M. Brown à M. Espr, communiquée par M. Arago.…........ Ovorocie. — Anatomie et physiologie de l'œuf contenu dans l'ovaire, et du corpus luteum; par M. Deschamps ... M Cou — M. Lesauvage prie l’Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées ses communi- cations sur l’origine , le développement et la disposition de la caduque ........... — M. Velpeau fait remarquer que l’auteur ré- clamant, pour certains points de la ques- tion qui a fait l’objet de ses communica- tions, la priorité sur M. Coste, il semble nécessaire que les mêmes Commissaires aient à examiner les travaux de ces deux anatomistes. — L'Académie, en consé- quence, décide que les deux Commissions seront réunies en une seule....... .... — De la nature des corps jaunes et de leurs rapports avec la fécondation; Note de M. Raciborski......... once OU — Sur l'ovulation périodique de la femme ; Note de M. Serres... ..... ERTe Voir aussi au mot Embryrngénie. OxYDE DE CARBONE. — Sur son emploi comme moyen de désinfection et comme moyen de conservation des substances animales destinées à servir d'aliments; Note de MM. Lemasson et Dupré.... . re OxYGENE. — Sur l’origine de l'oxygène exhalé par les plantes sous l'influence de la lu- mière; Note de M. Schuliz.....,...... — Sur Ja respiration des plantes; Lettre de M. Boussingault à l’occasion de la com- munication précédente. ......... 850 et siles; Lettre de M. Marcel de Serres — Note sur les mèmes ossements ; par MM. Joly, E, Dumas et Feissier… Ho CT EnE Joly, E. Dumas et Teissier....,....,.... Pages. 116 616 1212 116 616 1485 ) Pages. — Note sur les ossements fossiles d'une es- pèce perdue de Ruminants, appartenant au genre Capra; par M. Pomel.......... 225 — Description géologique et paléontologique des collines de la Tour-de-Boulade et du Teillier, près d’Issoire (Puy-de-Dôme); par le méme... ... MO un Éd 0e 326 — Sur les Urolithes fossiles ; Note de M. Du- vernoy. ARE ERA SET Lu EE TT) — Lettre de M. Porte annoncant la décou- verte de plusieurs gisements d'ossements fossiles dans une province de l'Amérique ménidionalet4400lt Mende CERN S72 — Sur jes poissons fossiles du vieux grès rouge ; Recherches de M. Agassiz rappelées par M Flourens "eee 433 — M. de Blainville met sous les yeux de l’Aca- démie la tête fossile d’un grand Félis à canines falciformes................, 0709 — Sur la présence de l’Anoplotherium dans les couches les plus inférieures de la pé- riode tertiaire du bassin parisien; Note de M. ERobert.. 2.3... 2... 4 tete 2 1404 PANTOGRAPHES. — M. Pawlowicz présente un nouveau pantographe de son invention... 482 Papiers DE SURETE. — Mémoire sur la prépara- tion de ces papiers; par M. Merlini..... 556 Paouers cACHETES. — L'Académie accepte le dépôt de paquets cachetés présentés par MM. — Budan. Séance du 22 juillet.... ........ 242 — Taillepied de la Garenne. Mème séance.... Ibid. — Vallat. Mème séance...... .... Ibid. — Raciborski, 5 août ..…. 339 — Abria, 26anût... . 442 — Grassi. Même séance .…. Ibid. — Payer, 16 septembre................... 536 — Paulet. Même séance............... -cU-01582 — Bally, 23 septembre... Astier Ce 618 — Faure ,j7.octobre., sent. set 1716 — Ausias Turenne. Même séance. .... ne Ibid, — de Quatrefages, 14 octobre. ............. 775 — Wanes, 14 octobre........ “nr70 — Cordier, 28 octobre ............ «850 — Leroy-d’Etiolles. Mème séance... 934 — Flahaut et Noisette. Mème séance . Ibid. — Petel et Duvallier. Mème séance ..... ...- Ibid. — Martin Magron et Brown, 18 novembre... 1120 — Conté de Lévignac. Mème séance ......... Jéid. — Blanchard, 2 décembre....... sosie 11214 — Fizeau et Foucault, 9 décembre... + 1322 — Germain. Même séance. ..........,...., . Ibid. — Lapointe. Mème séance ............,.... Ibid. — Lounoy. Mème séance .......... FE Ibid. — Delaurier, 16 décembre............. ses. 1337 — Richard des Vaux. Mème séance. .... ..... Ibid. — de Ruolz, 23 décembre......... ........ 1406 — M. Mortera adresse un Mémoire que l’Aca- C.R., 1944, 2° Sémestre. (T. XIX.) Pages’ démie accepte provisoirement à titre de ÿ paquet cacheté (séance du 18 novembre). Paquets cACnETÉS (Ouverture de). — M. Cornay demande, séance du 9 septembre, l’ouver- ture d’un paquet cacheté qu’il avait dé- posé, le 27 mai, à l’effet d'appuyer une réclamation de priorité qu’il élève, rela- tivement à M. Gaultier de Claubry, pour l'identité de la fièvre typhoïde et du typhus; et, relativement à M. Gouraud, pour l’em- ploi du quinquina en substance, dans ces affections 22 EEE IAE Sen 526 Pecorium, nouveau métal découvert dans les tantalites de Bavière; Lettre de M. H. Rose Len DAS cs dbnntd sde 1295 PESANTEUR SPÉCIFIQUE. — Note sur des appareils destinés à faire connaître la pesanteur spécifique des solides et des liquides; par . MALan EE RER EME not chat APR 35 Puzésenrérés. Voir au mot Mollusques. PuLcéDENTERISME. — Observations générales sur le phlébentérisme: anatomie des Pyeno- 1119 gonides; Note de M. de Quatrefages..... 1150 Pnospuore. — Faits relatifs à l’histoire de ce corps; Note de M. Dupasquier. . ; 352 Prospnorés (Propuirs). — Note sur É Pre tion des hydrogènes phosphorés; par M. P. Thenard.… Puorocrarme. — Note sur un procédé de gra- vure photographique ; par M. Fizeau .... 119 — Snr l'emploi de certains réactifs dans la gravure des planches photographiques; Note de MM. Choiselat et Ratel,.....,.. 338 — M. Arago met sous les yeux de l’Académie plusieurs portraits photographiques exé- cutés par M. Sabatier-Blot, et remar- quables par la grande proportion qu’on a pu donner aux figures sans nuire à la netteté des contours.......,............ 33) — M. Arago met sous les yeux de l’Acrdémie les résultats d’un nouveau procédé ima- giné par M. Thiesson, pour l’exécution des portraits photographiques..... 418 et 715 — M. Arago présente divers portraits photogra- phiques sur papier, exécutés à Edimbourg, suivant le procédé de M. Talbot, par MM. Adamson et Hill..... bobo ay 489 — Et plusieurs portraits photographiques sur plaqué exécutés à Lyon, par M. Thierry, au moyen d’un procédé qui lui est pro- Pre. ere sesssss sons re isosescee Ibid — M. Serr es Phrans divers portraite de deux indigènes du Brésil, exécutés au moyen des procédés photographiques de M. Thies- son... Acadodace DB Looe ses... 490 — M. Bisson préseute des images photographi- ques de divers paysages exécutées moyen d'un procédé qui permet d’obienir 107) les parties de l'image colorées en ver sars que les parties blanches ou bleu clair soient solarisées........., Voir aussi au mot Gravure Puoromërrie. — Etudes de photométrie élec- trique ; Note de M. A. Masson, ..….. Jr PuoTtorxpiE. — M. Arago met sous les yeux de l’Académie deux épreuves de phototypie adressées de Vienne par M. Berres..….... PuYSIOLOGIE ANIMALE. — Mémoire sur e passage de quelques médicaments dans l’économie animale, et sur les modifications qu’ils y subissent; par MM. Millon et Laveran.…. — Recherches expérimentales sur l’action des médicaments ; par M. Poiseuille.....,... — Influence de la fréquence des mouvements respiratoires sur l’exhalation de l'acide carbonique; par M. Vierordt........,.. PuystoLocie vécéraue. — Recherches sur la vo- lubilité des tiges de certains végétaux, et sur la cause de ce phénomène ; par M. Du- trochet.. . — Sur l'origine de l'oxygène exhalé par les plantes sous l'influence de la lumière; Note de M. Schultz...... ses — Sur la respiration des plantes; Lettre de M. Boussingault à l'occasion de la Note de M. Schuliz........ eue -0O7OIEt Puysique pù 6Lo2E, — Recherches sur les chan- fements survenus dans le niveau relatif de la mer et du sol depuis l'époque tertiaire ; PAM EE PRDbare eee te ea — Mémoire sur les sables du désert et sur les pyramides d'Égypte et de Nubie; par M. de Persons des cetheis ere eNoabiel Mémoire sur les températures de la Médi- terranée; par M. Aimé... 23 sue ae ae Des courants électriques terrestres , et de leur influence sur les phénomènes de dé- composition et de recomposition dans les terrains qu’ils parcourent; Mémoire de M. Becquerel......... Note sur le rapport qui existe entre le re- froidissement progressif de la masse du globe terrestre et celui de sa surface; par M. Élie de Beaumont....!...... ..... Remarques de M. £. Martin à l’occasion de cette Note... .. Dale olniarels ln le oi ojas Réflexions de M. Élie de Beaumont sur la Lettre de M. Martin... 44e Mémoire sur les courants de la Méditerra- Dées\pariMi Aimée dde ome nee eee Voir aussi aux mots Magnétisme terres- tre, Météorologie, etc. PuysiQue ExPÉRIMENTALE, — Recherches sur l’é- lasticité; par M. Wertheim ; 3° Mémoire. — De l'influence des basses températures sur l'élasticité des métaux; par le méme... ( 1486 ) Pages. 1039 347 904 1033 = 945 1052 231 Paysique MarmÉmATIQUE. — Réflexions sur l'in- tégration des formules de la tige élastique à double courbure; par M. Binet........ Sur l’état d'équilibre d'une verge élastique à double courbure lorsque les déplace- ments éprouvés par ses points, par suite de laction des forces qui la sollicitent, ne sont pas très-petits ; Mémoire de M. de Saïint-Venant.…......4, 001001 301et Sur les fondements de la théorie mathé- matique de la polarisation mobile; par M. A. Laurent .......... — Sur la rotation des plans de polarisation dans les substances solides, et sur l’in- fluence de la forme non sphérique des molécules ; par le méme.............. Note sur quelques points d'optique mathé- matique ; par M. Biot........,.... Pierres. — Sur quelques altérations qui sur- viennent à Ja Iéngue dans la structure des pierres et ciments exposés à l'air; Note deMROBert ER REC terre Re PISTON ARTICULE. — M. Godefroy présente le modèle d’un piston dont il eroit qu'on peut faire un utile emploi dans la navi- gation par la vapeur.......... ........ Piaies. — Sur les heureux eflets obtenus, de l'emploi du mucilage de gomme arabique et de la baudruche, dans le traitement des plaies suppurantes; Note de M. Lau- SlEPners rss ss essentesesse sense Réclamation de M. J. Guérin à l’occasion deicotte Note. steel Réponse de M. Laugier à la réclamation de M Guérin eee enente Rene el Nouvelle Note de M. Laugier relative à la même discussion, ......... sert Sur le pansement des plaies par ocelusion; Note de M. Chassaignac. ......,........ PLANTAGINÉES. — Recherches sur la structure et le développement des Plantaginées et des Plumbaginées; par M. Barnéoud. e naieleoietatetateteleteareleltera aies tels el MONET — M. de Jussieu, au nom de la Commission à l’examen de laquelle avait été soumis ce Mémoire, annonce que l’auteur ayant été forcé de faire imprimer son travail, il n°y a plus lieu à faire de Rapport : la Commis- sion regrette que cette circonstance la prive de faire connaître son opinion sur des recherches faites avec une étude sé- rieusé et une connaissance réelle de Pétat delagcience. RER TEE UE Pranres. Voir au mot Végétaux. PLows. — Note sur la présence du plomb, à lé. tat d'oxyde ou de sel , dans divers produits artificiels ; par M. Chevreul . — Note ayant pour titre: « Du cuivre et du Pages. 1009 1012 1101 1006 352 plomb contenus naturellement dans les organes de l’homme»; par M. Devergie.. — Note sur le même sujet; par MM. Barse, Lanauzx et Follin......... Pzue. Voir au mot Météorologie. PsuusAGinées. — Recherches sur le dévelop- pement et la structure des Plumbaginées et des Plantaginées ; par M. Barnéoud.. . — M. de Jussieu, au nom de la Commission à l’examen de laquelle avait été soumis ce Mémoire, annonce que l’auteur ayant été forcé de faire imprimer son travail, il n’y a plus lieu à faire de Rapport : la Commis- sion regrelte que cette circonstance la prive de faire connaitre son opinion sur des recherches faites avec une étude sé- rieusé et une connaissance réelle de l’état dela science.. ....................44.. Pons AToMIQuEs. — M. Pelouzse communique l'extrait d’une Lettre &e M. Berzelius à M. Laurent sur les poids atomiques du zinc etai fente eee RE AA > Poisows. — Addition à un précédent Mémoire sur lempoisonnement par le cuivre; par MM. Danger et Flandin..............,.. Poissoxs. — Recherches sur la structure des cartilages chez les Chondroptérigiens; par MKalenciennes 44) INT POLARISATION DE LA LUMIERE. — Mémoire de M. Biot surune expériencede M. Mitscher- lich concernant les caractères optiques du paratrarte et du tartrate (doubles) de soude et d’ommoniaque............. — M. Arago, à l’occasion de l'annonce, faite par un journal anglais, d’un Mémoire de M. Brewster sur la polarisation pro- duite par les surfaces dépolies et les sur- faces blanches dispersantes, rappelle à l’Académie les expériences qu’il a faites lui-même, depuis longtemps, sur le même sujet. ................. sise ... — Remarques de M. Arago sur les différences que présentent, sous le rapport des axes de réfraction, deux verres blanes laiteux dont il s'était servi pour des expériences sur la polarisation de la lumière........ — Action de quelques produitsalealins sur la lumière polarisée; Note de M. À. Lau- rent. — Sur des traces de polarisation observées dans la lumière de la lune pendant l’é- clipse du 31 mai 184; Lettre de M. Zan- tedeschi. .... poodans PoraRimE. — M. Leroy de Champigny demande et obtient l’autorisation de reprendre un Mémoire qu’il avait présenté jadis, et sur léquel il n’a pas été fait de Rapport. Ce Mémoire a pour titre : « De la polarité de Son nnnnnnnensnese ( 1487 ) Pages. 917 918 262 719 1318 tous les corps de la nature,».........,. Porasse. — Mémoire sur l'extraction des sul- fates de soude et de potasse des eaux de la mer; par M. Balard....... AO 0 Poupre 4 canox. — Note sur un moyen de mesurer des intervalles de temps extrê- mement courts, comme la durée du choc des corps élastiques , celle de l’inflamma- tion de la poudre, etc. ; par M. Pouillet. — Procédé pour l’amélioration de la poudre de gucrre et de la poudre de chasse; Mé- moire de M. Siret.....,.......-. Pounnières. — Recherches sur les causes d’ex- plosion des poudrières ; par M. Vergnaud. — Remarques de M. Morin à l’occasion de cette communication... ...... ses Poumoxs. — Note sur le charbon qui se pro- duit dans les poumors pendant l’âge mür et la vieillesse; par M. N. Guillot...... — Examen chimique de ce charbon; par M. Melsens.… rase — Notice sur la structure des poumons et sur quelques maladies de cet organe; par M. J.-A. Rochoux....:................ PRÉSIDENCE DE LACADÉMIE. — M. Dupin an- ponce que sa santé l’oblige à s’absenter et à renoncer momentanément à l’exer- cice des fonctions de président... Pression. — Note sur les réactions qui s’opè- rent sous pression; par M. Barruel ..... — Lettre de M. Parrot relative à une commu- nication de M. Fournet sur l'influence de la pression dans les phénomènes géolo- giques. ..…. . — Influence d’une augmentation de pression, tendant à empêcher l’explosion des me- langes gazeux détonants ; Notes de M. Sel- ligue, destinées à servir de supplément à son Mémoire sur un nouveau mode de propulsion....... ........ 513, G6o et Procyox. — Recherches de M. Bessel sur les mouvements propres de Sirius et de Pro- eyon; Communication de M. Arago... PrororTioNs cHimiQues. — Étude sur les pro- portions chimiques; par M. E. Martin. Provuusiox (Modes de). —Sur un nouveau mode de propulsion résultant de la détonation des mélanges gazeux explosibles; Commu- nications de M. Selligue. 337, 513, GGo et Puits FORES. — M. le Maire de Calais consulte J’Académie sur les chances de succès d’un forage que M. Hulot exécute maintenant dans cette ville, et qui est déjà parvenu à une grande profondeur.. ...... _— D'après l’examen des documents qui accom- pagnaient cette Lettre, et de ceux qui ont été transmis ultérieurement à M. le Secrc- taire perpétuel, la Commission nommée 197. Pases, 49 706 228 Go7 fl 1318 409 par l’Académie déclare qu'elle regarde comme probable le succès de l'opération. Pyrawines d'Égypte et de Nubie. — Sur la des- Recres. — Sur deux cas d’imperforation du rectum, opérés et guéris; Lettre de M. Baudelocque................... 441 et Rerries. — Fragments sur les organes génito- urinaires des reptiles; par M. Duvernor. TR SN tartes 2400581 Résixes. — Note sur la résine icica; par M. Scribe. ....... — Recherches sur la’ résine de gaïac; par MM. Deville et. Pelletier. .............. ResriRATION des animaux. — Analyses courpa- rées de lPaliment pris et des excréments rendus par uue tourterelle, entreprises pour rechercher s’il y a exhalation d'azote pendant Ja respiration des granivores ; par M. Boussingault...,..............s.s.s — Influence de la fréquence des mouvements respiratoires sur l’exhalation de l’acide carbonique; Note de M. Vierordt....... ArsrimaTion des plantes. — Sur l’origine de l'oxygène exhalé par les plantes sous l’in- fluence de la lumière; Note de M. Schultz. Sauxes. — Mémoire sur l'extraction des sul- fates de soude et de potasse des eaux mères des salines ; par M. Balard...........…. Saxc. — Sur une méthode nouvelle pour l'ana- lyse du sang, etsur la constitution chimi- que des globules sanguins; par M. Fi- guier eus. sesessss etonessssses ÿ =/ms ais — Sur l'augmentation de la fibrine dans le sang, chez l’homme et chez les animaux atteints de phlegmasie; par MM. Robert- Latour et Collignon. ................... _— Note sur les changements de proportion de la fibrine du sang dans les maladies; par MM. Andral et Gavarret................ — Recherches sur la composition du sang dans l’état de santé et dans l’état de ma- ladie; par MM. À. Becquerel et Rodier!.. Voir aussi au mot Circulation. SaxG-Dm460x. — Mémoire sur la distillation sèche du sang-drugon; par MM. Glénard et Boudault. es vssorenece nee vus ie Scentes. — Recherche des bases de létablisse- 582 1033 101 505 tination principale de ces monuments ; Mémoire de M. de Persigny.-... 328 et | — Lettre de M. Boussingault sur la respiration des plantes, adressée à l’occasion de la précédente communication....... 870 et Ressonrs ELASTIQUES. — Note sur un moyen de mesurer des intervalles de temps extré- mement courts, comme la durée du dé- bandement des ressorts, del’inflammation de la poudre, etc.; par M. Pouillet..... Rérine. — M. Abbate écrit relativement à un procédé au moyen duquel on peut, sui- vant lui, observer l’état de sa propre ré- tine et celui de quelques autres parties de HT ES TS CO TON Un AD nc or, — M. Abbate prie l'Académie de hâter le travail de la Commission qui doit exami- ner Cu travail..........sssesssssse.e RuxoriAsTiE. — Sur un cas de rhinoplastie exécutée avec succès par une méthode nou- velle; Note de M. Sédillot............. Rocnens. — Sur un moyen économique de faire sauter les rochers avec la poudre; Note de M. Courbebaisse.................... ment des scieries; Mémoire de M. Boi- nue re rets ere TE SÉcrértions. — De l'influence générale des se- crétions sur l'économie animale; par D Martine tee ue ya ces Sections pe L'Acanémte. — La Section de Chi- mie présente la liste suivante de candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. d’Arcet : 1° M. Fremy; 2° M. Balard; 3° M. Peligot; 4° et ex æquo, MM. Cahours et Millon.......... — La Section de Zoologie présente la liste suivante de candidats, pour la place va- cante dans son sein par suite du décès de M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire : 19 M. Du- vernoy ; 29 M. Valenciennes; 39 M. Du- jardin; 49 M. À. d'Orbignr; 59 M. Bi- bron ; 60 et ex æquo MM. Gervais et Gue- rincer ville. desert die eet SEIGLs ERGOTE, — Recherches sur la compo- sition chimique du seigle ergoté et sur l’action thérapeutique qu'exercent quel- Pages. go 1384 221 942 1215 ‘ ques-uns des produits qu’on en isole; Mémoire de M. Legrip.. ..... — M. Parola adresse un supplément à son Mémoire sur l’ergot des céréales........ — Ergotisme gangreneux développé chez des enfants par l’usage d’un pain qui conte- naitdu seigle ergoté; Note de M. Bonjean. SELs. — Recherches sur une nouvelle ciasse de sels (les sulfammonates); par M. Free NN PR ee — De l’action de l’iode sur certains sels et des composés qui en résultent; Note de M. Filhol..... — Recherches sur deux nouvelles séries de sels; par M. Fremr................... — Sur un nouveau genre de sels obtenus par l'action de l'hydrogène sulfuré sur les ar- séniates ; Note de MM. J. Bouquetet S. Plon Este de ete eu dastam ere Srmics. — Recherches de M. Bessel sur les mouvements propres de Sirius et de Pro- cyon; Communication de M. Arago..... Sozeiz. — M. Arago communique un Mé- moire de M. À. Gaultier concernant l’in- fluence que peuvent exercer, sur les tem- pératures terrestres, le nombre et la per- manence des taches qui se montrent sur le disque*du soleil.......,....,......, Son. — Expériences sur la vitesse du son dans Vatmosphère; par MM. Bravais et Martins. Soune. — Mémoire sur l'extraction des sul- fates de soude et de potasse des eaux de la mer; par M. Balard..........,...... SourFLANTE (MACHINE). — Mémoire sur une machine soufflante; par M. de Caligny.. . Taizcaxnier (Art du). — M. Prudhomme Dervin demande et obtient l'autorisation de re- prendre un manuscrit qu’il avait présenté sous le titre de « Guide du Taiïllandier» et sur lequel il n’a pas été fait de Rapport... TarTRATES. — Sur les propriétés aptiques du paratartrate et du tartrate (doubles) de soude et d’ammoniaque ; expérience de M. Mirscherlich communiquée par M. Biot. — Sur les modifications que peut subir le tartrate donble de soude et de potasse en passant dans l’économie animale; Mé- moire de MM. Millon et Laveran......... Tévécrarges. — M. Sala demande à retirer un Mémoire qu’il avait présenté sur un nou- veau vocabulaire télégraphique, Mémoire qui n’a pas encore été l’objet d’un Rapport. TEMPÉRATURES TERRESTRES, — Observations sur ( 1489 ) Pages 1100 557 135 1164 706 1267 49 719 1119 Sourre. — Sur nne combinaison nouvelle & soufre, de chlore et d'oxygène ; Note de M. Dillon....... SPECTRE SOLAIRE. — Sur le spectre solaire op- tique; sur l’absorption du nouveau violet extrême par diverses matières; sur la composition élémentaire du spectre so- laire et sur la structure de l’œil ; Mé- moire de M. Matthiessen....... Suc casrrique. — Recherches sur l’acidité du suc gastrique; par M. Melsens....,..... Sucres. — Nouvelles recherches sur l’extrac- tion du sucre du maïs; var M. Pallas…. SuLFAmmoxaTEs. — Recherches sur cette nou- velle classe de sels; par M. Fremy.....… SULFATE DE FER. — M. Schattenmann appelle le jugement de l’Académie sur son pro- cédé de désinfection des fosses d’aisance , au moyen d’une dissolution de sulfate de SuLrurEs (Cowrosés), — Explication des di- vers effets que produisent les différents corps, organiques ou non, sur les poly: sulfures d'hydrogène; Note de M. Artur. Recherches concernant un nouveau genre de sels obtenus par l’action de l'hydrogène sulfuré sur les arséniates; Note de M. J. Bouquet et S. Cloez.,,......,..,.., SYMPIÉZOMÈTRE.— MM. Silbermann ct Bunten soumettent au jugement de l’Académie un sympiézomètre perfectionné......... Syraiis. — Sur la communication de Ja sy- philis à des quadrumanes, des carnassiers et des rongeurs; Note de M.Ausias Tu- TENTE ele als la distribution de la température dansles couches terrestres faites au puits de Monte-Massi ; Lettre de M. Matteucci... — Mémoire sur les températures de la Médi- terranée; par M: Aimé. ...........,,... — Note sur les thermomètres au moyen des- quels ces températures ont été observées ; PIE Aréeedediaseonn dome 5 — Sur les conséquences qui paraissent devoir résulter de la comparaison des tempéra- tures observées en divers lieux de la terre; Note de MEN EUE EEE ER EEE ee — Note sur le rapport qui existe entre le re- froidissement progressif de la masse du globe terrestre et celui de sa surface ; par M. Elie de Beaumont.................. Temps. — Note sur un moyen de mesurer des intervalles de temps extréèmement courts, Le me 1018 110€ 1163 916 626 1327 commé la durée du choc des corps élasti- ques , celle du débandement des ressorts, de l’inflammation de la poudre, etc. ; par MitPoniller, Reese ee — Sur des procédés mécaniques destinés à donner la mesure d’intervalles de temps très-courts; Note de M. Baudrimont. .. . Tar. — M. Lecoq écrit relativement à quelques précautions à prendre, dans la prépara- lion du the, pour lui conserver son parfum. ( 1490 ) Pascs 135} 1454 TuscareuriQue. — Mémoire sur le passage de quelques médicaments dans l’économie animale et sur les modifications qu'ils y subissent ; par MM. Million et Laveran. .. Tuenwomèrres. — Note sur de nouveaux ther- mométres à déversement destinés à faire connaître la température de la mer à une profondeur donnée , de quelque manière que puisse varier la température des cou- ches supérieures ; Note de M. Aimé... .... — Addition à uue précédente Note ayant pour titre: « Perfectionnement des thermo- mètres et des baromètres » ; par M. Desa- gneaux. ss... — Note sur le déplacement du zéro dans tés thermomètres; par M. Person........., Tisse risreux. Voir à Fibreux (Tissu). Toxvsere. — M. Peltier écrit que pendant l'orage qui, le 9 septembre, a traversé Paris, le tonnerre a fait entendre un roulement continu qui a duré vingt mi- nutes sans interruption................ — M. Charrié écrit que le même jour il a ob- servé à Corbigny, département de la Nië- vre, un roulement analogue........... Torpisre. — M. Flourens présente, au nom de auteur, M. Mayer, de Bonn, un opus- cuie sur l’organeélectrique de la torpille et de quelques autres poissons, et sur l'organe Se A AU des raies ane- lectriques, . .. + ... 3 DAC TonTues.— Fragments sur les organes génito- urinaires des reptiles et leurs produits. — Pierres vésicales des tortues molles: urolithes fossiles; Notes de M. Duvernor. Tricuonesmium, genre d'oscillatoriées établi par M. Ehrenberg, qui a reconnu, dans une espèce de ce genre, la cause de la co- loration que présente parfois la mer Rouge, et à laquelle elle doit sans doute son nom; Mémoire de M. Montagne... Tromves. — Sur la trombe qui a ravagé, le Ueuxiques ( Provurrs). — Note de M. A. Laurent relative à la formation de ces produits... Unozitués. — Sur les Urolithes fossiles; Note deM:"Duvernoy TIM 6Go8 1314 35 249 171 927 27 249 U Pages 19 septembre 1844, la conunune d'Eseal- quens, dans les environs de Toulouse; Lettre de M. Chambon. . . . . . . . . .. — L'Académie décide qu'il sera fait une en- quête sur les traits caractéristiques de la trombe qui, le 22 octobre 1844, 4 ra- vagé la ville de Cette. . . . . . . . : — Considérations sur la trombe de Cette, et sur celle qui a ravagé, en juin 1839, la com- mune de Châtenay ; Lettre de M. Peluier. — Remarques de M. Clerget à l’occasion de cette communication. . . . . . . « « - - — Sur la part attribuée à l'électricité dans le phénomène dus trombes; Notes de M. Ar- A So RARE Lots CU Tunes. — M. Passot écrit relativement à sa turbine, et adresse des documents judi- ciaires destinés à la Commissicn du prix de Mécanique... . . . . . . . . . . .. — M. Passot adresse une réclamation relative au Rapport qui a été fait sur sa turbine dans la séance du 23 octobre 1843 . . . . — M. Passot demande que la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées ses dernières communications veuille bien en faire prochainement l’objet d’un Rap- port... Tuyaux EN METAL LAMINE. — Note sur l’étirage à froid de tuyaux en métal luminé; par M. Ledru.. Tuyaux Ex PIERRE. — Note sur un nouveau pro- cédé pour la fabrication de ces tuyaux; par M.Kranner,.... Tyees cumiques. — Recherches sur les types chimiques; Note de M. Cahours........ Tyeuvs. — M. Gaultier de Claubry appelle l’at- tention de l’Académie sur les principaux points du travail qu'il lui a présente touchant l'identité du typhus et de la fièvre typhoïde.... :... — Réclamation de priorité élevée à l’occasion de cette présentation; par M. Cornar.... — Remarques de M. Velpeau à l'occasion de cette réclamation...... — Réponse de M. Gaultier de Claubry à la réclamation de M. Cornuy........ Typocrapuis, — M. Silbermann presente des épreuves de tirages en couleur obtenues, par Ja presse typographique, au moyen d’un procédé nouveau.............. — Note sur un nouveau système de composi- teur typographique; par M. Franquélr. CRETEIL PETITE LIE TOO Urërus, — M. Flourens, en présentant un Mé- moire inédit de M. Pappenheim sur la structure de la matrice, donne une idée sommaire de ce travail. ...... 118€ 1210 1365 1405 Ibid. Gi7 Pages, Vaccine. — Note sur l’ancienne et la nouvelle vaccine, et l’application de la vaccine na- turelle, par le moyen du virus, repris sans cesse sur l’espèce bovine; par M. Ja- CH db abdos en noMas ds e nee eMeE — M. Doin écrit relativement aux efforts qu’il a faits pour propager la vaccine en So- IOPRE RE Le - ob ui nee b masikiatste 0e 270 — L'Académie recoit, pour le concours au prix concernant la vaccine, un Mémoire écrit en italien.......,............... 603 — Caractères différentiels dans le développe- ment, la marche et la durée éruptive du vaccin de 1844, comparé à celui de 1836; Note de M. Fiard..................,.. 549 Vaisseaux Sancuixs. — Recherches sur les blessures des vaisseaux sanguins; par M AMUSRE ET date ne en aigle sen OL EL, 1355 Vareurs. — Note sur la densité des vapeurs d'acide acétique, d’acide formique et d'acide sulfurique concentré ; par M. Bi- DEAN d'a eansmar same eryieiesasesetase) 707 — Recherches sur la densité de vapeur de l'acide acétique à diverses températures ; parM Gahours ee 771 Vécéraux. — Effets dés engrais ammonia- caux sur la végétation; Lettre de M. Schattenmann. "MER see 114 — Recherches concernant l'influence de l’eau sur la végétation des forèts ; par M. Che- Darren eee a S de raeee sels 2e [0e 1 81 07 — Recherches sur la volubiliié des tiges de certains végétaux et sur la cause de ce phénomène; par M. Dutrochet.......... 295 — Sur l'origine de l’oxygène exhalé par les plantes sous l'influence de la lumière; Note de M. Schuliz................,,, 524 — Sur la respiration des plantes; Lettre de M. Boussingault adressée à l’occasion de la précédente communication... 870 et 945 — Sur la tendance des tiges à se diriger vers la lumière, et sur la tendance qu’elles ont, dans une obscurité complète, à se diriger verticalement en haut; Lettre de . Girou de Buzareingues..:........... O2 — Action des composés ferrugineux solubles appliqués à la végétation; Note de M. Gris eee eee RER e CLIS — M.le Ministre des Finances invite l’Acadé- mie à faire connaitre son opinion sur l'efficacité d’un procédé au moyen duquel M. Halna-Dufretay dit qu’il peutactiver la végétation des bois................. 1089 — La Commission désignée à cetefFet déclare, pat l'organe de M. Dutrochet, qu'elle ne croit pas qu’il y ait lieu de faire de Rap- port sur un procédé que l’anteur paraît vouloir tenir secret........,. ..... Voir aussi aux mots Organogénie végé- tale et Organographie végétale. Verres.—M. Arago met sous les yeux de PAca- démie un tube en verre mince adressé par M. Bunten, tube dans lequel une fissure oblique, produite fortuitement, s’est éten- due en peu de temps de manière à don- ner naissance à trente tours de spire. ... — Remarques de M. Arago sur les différences que présentent, sous le rapport des axes de réfraction, deux verres blanes laiteux dont il s'était servi pour des expériences sur la polarisation de la lumière. ....... Vers iNTEsTINAUxX. Voir au mot Entozoaires. Vésicaux (Cazcuzs). — Sur les pierres vésica- les des tortues molles; Note de M. Du- DÉRROTE As 5 nn AS SAS E te alone (oblnale 0 = ere Voir aussi aux mots Lithotritie et In- struments de Chirurgie. V£EssiE uRINAIRE. — Mémoire sur le dévelop- pement de fausses membranes à la sur- face interne de la vessie, sous l’influence de cantharides appliquées à la peau; par M. Morel-Lavallée,............. — M. Leroy d'Étiolles met sous les yeux Fe l'Académie un morceau de bois long de 93 millimètres qu’il a retiré de Ja vessie urinaire d’unefemme......... =: Vie (Durée de la). Voir au mot Mortalité. Vision. — M. Abbate écrit relativement au mécanisme de la vision, et à un procéde qui, suivant lui, permet à un individu atteint de certaines affections de l'œil, d'observer lui-même létat des parties malades et jusqu’à celui de la rétine... .. — Sur la propriété que lœil possède de s'adapter à la vision des objets situés à des distances très différentes ; Lettre de NOT PEER ea aie eene sance Virreuse (Forme). — Note sur les différents états de larsenic et sur la forme vitreuse en général; Note de M. Brame.......... Voicure. — Sur un nouveau système de voi- lure applicable à la navigation maritime et à la navigation fluviale; Note de M. Delhomme! de VorumLie des tiges de certains végétaur.—Re- cherches de M. Lutrochet sur ce phéno- mène et sur ses causes immédiates... ... Voures (Théorie des). — M, Fabré adresse une Paes 1391 249 [29 D 1312 1107 295 deuxième rédaction de son Mémoire sur une nouvelle théorie des voûtes, et de- mande que cette rédaction soit substi- tuée à celle qu'il avait précédemment soumise au jugement de l'Académie. ... Voyacrs SCIENTIFIQUES. — Nouveaux docu- ments relatifs aux résultats scientifiques obtenus par MM. Galinier et Ferret pen- dant leur voyage en Abyssinie : observa- tions astronomiques , observations baro- métriques et thermométriques, carte géo- graphique du Tigré et du Semen, Mé- moire sur la construction de ceite carte, plans topographiques, description phy- sique de VAbyssinie, matériaux pour servir à la flore et à l’entomolugie de ce pays, dessins représentant certaines con- tigurations remarquables du sol, des cos- tunes, des scènes domestiques. ......., — Rapport sur les travaux scientifiques exé- cutés en Abyssinie par MM. Galinier et Ferret; Rapporteur M. Arago......... — M. Elie de Beaumont communique des ex- traits d’une Lettre dans laquelle M. de Castelnau fait part des premiers résultats de son voyage dans l’intérieur du Brésil, — M. Flourens donne quelques autres détails d’après une Lettre qu’il a reçue du même voyageur... Wacoxs. — M. Chesneau prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l’exa- men de laquelle a été renvoyée une cum- munication qu'il a faite précédemment à l'Académie sur un nonveau systéme de Zaxc. — M. Pelouse communique l'extrait d’une Lettre de M. Berzelius à M. Laurent sur les poids atomiques du zinc ct du fer. — Mémoire sur la préparation de l’oxyde de zinc et sur les applications de ce pro- duit; par M. Mathieu... ................ ZaxCAGE. — Sur certaines conditions indis- ( 1492 )) Pages. 350 33 870 136 196 352 516 W — Sur une excursion scientifique de M. le capitaine Durieu de Maisonneuve aux ex- trémités méridionale et occidentale de l'Algérie; Note de M. Bory de Saint- DUUTAUR à Pen ON CHE — M. Bories, pharmacien de la marine, éta- bli à Saint-Louis (Sénégal), se met à la disposition de l'Académie pour les obser- vations et recherches qu’elle jugerait utile de faire faire dans ce pays...,. ... — M. Delamarche adresse les résultats des observations relatives à la météorologie, au magnétisme terrestre, etc., faites pen- dant la campagne de l'Érigone. ......,. — À l’occasion de cette présentation, M. Arago rappelle les travaux de même na- ture exécutés pendant la dernière cam- pagne de l’Astrolabe et de la Zélée par un officier qui vient d’être blessé à Mogador, M. Coupvent-Desbois................1 — Rapport verbal sur les travaux de MM. Coupvent-Desbois et Vincendon- Dumoulin ; Rapporteur M. Arago................. — M. Élie de Beaumont communique une Lettre de M. Pissis, qui ceffre à l'Acadé- mie de faire dans la Cordilière des Andes les recherches qui lui seront indiquées... — Projet d’un voyage à Madagascar ; par M. Ackermann...... WafONS, ...s.sussrru ms... OR — Remarques de M. Arago à l’occasion de cette ÉCUTÉ. css ess uxré Voir aussi au mot Chemins de fer. pensables pour le succès du zincage du fer par les procédés électriques ; Note de M.llourer cet teneits Zoozocie. — Recherches zoologiques faites pendant un voyage en Sicile; Note de M. MilnehEdwards,.. she me Pages. 201 lbid, Gor 1394 1453 Ibid. 1180 1137 MM. ABBATE. — Mémoire concernant le méca- nisme de la vue et l’action des rayons solaires sur la rétine... — M. Abbate prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l’examen de laquelle son Mémoire a été renvoyé... ABRIA. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance des prix que propose celte Académie pour l’année 1845.......... se ACKERMANN. — Résumé historique de la chirurgie militaire en France, pour ser- vir de compiément à la Note du même auteur sur un appareil portatif appelé sac chirurgical. ..…. — Projet d'un voyage à Madagascar... AGASSIZ. — Monographie des poissons fos- siles du vieux grès rouge.....,... AIMÉ — Sur les cotons cultivés en 1837 à la ferme Regaïa, à 32 kilomètres est d’Al- ger; Note transmise par M. le Ministre de la Guerre....... de AIMÉ. — Mémoire sur les températures de la Méditerranée. ... — Note sur de nouveaux thermomètres à dé- sersement. .. ...... — Mémoire sur les courants de la Méditer- rance, et sur deux instruments à l’aide desquels on peut déterminer la vitesse et la direction des courants à toute pro- fondeurs. ss... AMICI. — Un microscope polarisant, exécuté sons les yeux et d’après les dessins de ce savant, est présenté à l'Académie par M. Soleil. ..... — Observations à l’occasion d’une Lettre de M. Ad. Dlatthiessen sur ce microscope, Lettre insérée dans le Compte rendu de la térotomie lombaire, sans ouverture du C. B., 1844. 2m Semestre, (T. XIX.) A . 145 ( 1493 ) 4 43 8 48 I 3 3 G I 562 1400 36 = — MM péritoine, pratiquée avec succès sur une femme âgée de cinquante-trois ans ; sui- vie de quelques considérations sur l’ana- tomie pathologique du côlon lombaire. — Recherches sur les blessures des vaisseaux SANEDINS PSS -eEeT ee 913 et ANDKAL et Gavanrer. — Note sur les chan- gements de proportion de la fibrine du sang dans les maladies. ..,.......... g= ANDRAUD. — Note ayant pour titre : « Visi- bilité des molécules de l'air. ». qui ont régné dans le canton de Damvil- liers (Meuse) pendant l’année 1843 ; tra- vail adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie... © — Note relative à la construction des chau- dières à vapeur. ...... CnOES Co Cr Dne ARAGO annonce que M. Mauvais vient de découvrir une nébulusité qui, suivant toute apparence, est une nouvelle comète. — M. Arago fait hommage à l’Académie d’un Rapport qu’il a fait à la Chambre des Dé- utés, au nom de la Commission charsée ; gee, de l’examen du projet de loi portant allo- cation d’un crédit de 300000 francs, ap- plicables à divers établissements d'intérêt pÉNÉTA EME EEE RUE I Ent Ale . — M. Arago annonce que , sur sa demande, M. Matthiessen a consenti à retirer une Lettre qu’il avait écrite en réponse à une com- munication faite par M. Amici, dans Ja séance du 1€r juillet 1844 — M. Arago fait hommage à l’Académie de deux Rapports qu’il a faits à la Charnbre des Députés : lun, sur le projet de loi tendant à autoriser la concession du che- min de fer de Paris à Sceaux, pour l’ap- plication du système Arnoux; l’autre, 198 Pages 351 1018 85 1bid. M. sur un projet de loi tendant à ouvrir un crédit pour un essai du système de che- min de fer atmosphérique .....,....... — M. Arago appelle l'attention sur trois pièces de la correspondance, parvenues séparément, et qui se rapportent toutes trois à des cas récents de morve aiguë, chez l’homme, survenue à la suite de fré- quents rapports avec des chevaux mor- YOUR. e tra vataels — M. Arago met sous les yeux de l’Académie unmiroiren métal apporté de la Chine, et qui donne lieu à un singulier phénomène de réflexion ..::....-..:.. — M Arago annonce la perte que vient de faire PAcadémie, dans la personne de M. Dalton, un de ses associés étrangers, décédé à Manchester, le 2 juillet 1844.. — Rapport sur un barrage mobile inventé par M. Thenurd, ingénieur en chef des Ponts et'Chaussées:,4400, 200 000 — M. Arago met sous les yeux de l’Académie plusieurs portraits photographiques, exé- eutés par M. Sabatier-Blot, et dont quel- ques-uns sontremarquables par la grande proportion qu’on a pu donner aux figures, sans nuire à la netteté des contours...... — Remarques à l’occasion d’une communica- tion de M. Ch. Dupin, relative au droit dont jouissait l’Académie de présenter un candidat unique pour les places de pro- fesseur et d’examinateur à l'Ecole Poly- technique, UNS. — Rapport verbal sur un ouvrage espagnol de don Cayetano Moro, intitulé : «Reconnais- sance de l’isthme de Téhuantepec, effec- tuée durant les années 1842 et1843, per les soins de la Commission scientifique nommée par don José de Garay, conces- sionnaire du travail destiné à établir une communication entre les deux Océans. ». M. Arago présente, au nom du Bureau des Longitudes, la Connaissance des Temps PO LONTR AN ANNOTRAEMNEEE — M. Arago rend un compte verbal de l'ou- vrage de M. Struve intitulé : «Expédition chronométrique de 1843.».. — M. Arago communique à l’Académie une Lettre qui lui est adressée par le maire de Ja ville de Calais, et dans laquelle ce magistrat exprime le désir que l’Académie fasseconnaître son avis sur la naturedu grès qui a été trouvé dans la couche à laquelle on est parvenu dans les travaux de forage pratiqués pour établir un puits artésien.. — M.Arago met sous les yeux de PAcadémie une suite de portraits photographiques très-remarquables , exécutés par M. Thies- sérne iles e ( 1494 Pages. 221 233 259 303 339 409 MM. son au moyen du procédé qui lui est par- ticulier. FETES — M. Arago présente, au nom de la Commis- sion du Rhône, les observations hydrolo- giques faites par cette Commission et qui lui ont été envoyées par M. Lortet ..... — Réflexions à l’occasion d’une réclamation faite, par M. Chesneau, dans le but d’ob- tenir un Rapport sur le nouveau sÿs- tème de wagons qu'il a soumis au juge- ment de lAcadémie.......... — Communication verbale concernantles expé- riences qui ont été laites à l'Observatoire, pour essayer une lunette de 0®,38 d’ou- verture, exécutée par M. Lerebours . ..... — M. Arago présente, au nom de l’auteur, M. Le Saulnier de Vauhello, une carte des sondes de la Manche, faites en 1640 et 1841, sur le bâtiment à vapeur le Flam- beau, commandé par cet officier. ....... — Nouvelle communication relative au forage d’un puits artésien à Calais. MM. les Commissaires désignés, dans une précé- dente séance, pour s'occuper de cette ques- tion, annoncent que, d'après l’examen des diverses pièces qui leur ont été soumises, leur avis est que le forage doit étre pour- SUIVT == bee mouse sers M. Arago met sous les yeux de l'Académie divers portraits photographiques sur pa- pier, exécutés à Edinburgh, suivant le pro- cédé de M. Talbot, par les soins de MM. Adamson et Hill, au moyen d’une cham- bre noire exécutée sous la direction de MABnenpster ensure eee M. Arago présente des portraits phbtogra phiques sur plaqué, exécutés à Lyon, par M. Thicrry, au moyen d’un procédé qui lui est particulier... M. Arago annonce la perte que vienr de faire l’Académie, dans la personne de M. Baily, correspondant pour la Section d’Astronomie, décédé le 39 août 1844... M. Arago met sous les yeux de l’Academie une image de Môser adressée par M. CA. Chevalier... do RES cie —M. Arago met sous les yeux de l'Académie n deux épreuves de phototypie, adressées, de Vienne, par M. Berris.....,........... — A l'occasion d’une Note sur des observa- tions de météorologie et de magnétisme terrestre, faites pendant la campagne de L'Érigone, par M. Delamarche, M. Arago rappelle qu’un des officiers qui ont pris une part très-active aux travaux scientifiques de la dernière expédition du capitaine Du- mont-d'Urville, M. Coupvent-Desbois, a été blessé a Pattaque de Mogador. En raison _ ddl 419 { 456 489 Ibid, MM. , de cette circonstance, et attendu que le Rapport sur l’ensemble des résultats ob- tenus dans le cours de Pexpédition ne pourra pas être lu très-prochainement, M. le Secrétaire perpétuel demande si l’Académie ne jugerait pas convenable de se faire rendre compte des travaux parti- culiers de cet officier et de lui témoigner ainsi tout l'intérêt qu'elle Jui porte... — Rapport verbal sur les travaux exécutés par MM. Vincendon-Dumoulin et Coupvent- Desbois, pendant la dernière campagne de l’Astrolabe et de la Zélée Se — Communication relative aux recherches de M. Bessel, sur les mouvements propres de Sirius et de Procyon.. be — M. Arago annonce, d’aprèsuneLettreadres- see à M. Miller, que M. Airy a découvert. sur la côte orientale d'Irlande, un point où la marée solaire est plus grande que la marée lunaire ....... D ri — Remarques à l’occasion d'une communica- tion de M. Fournet, sur le phénomène des bandes polaires , observé le 23 juin 1844. — M. Arago met sous les yeux de l'Académie un tube en verremince adressé par M. Bun- ten, tube dans lequel une fissure oblique, produite fortuitement, s'est étendue en peu de temps de manière à donner nais- sance à trente tours de spire............ — M. Arago met sous les yeux de l’Académie le tracé d’une triangulation de l’Irde, qui est le résultat de travaux successifs de feu M. le major Lambton, et de M. le colonel EMPROSEEE ann Den anne ae lae — D'après une Lettre de M. Brown qui lui a été transmise des Etats-Unis d'Amérique par M. Espy, M. Arago communique un fait intéressant pour la théorie de la grêle : on a vu des feuilles et de petites branches enlevées par un ouragan, retomber enve- loppées de glace........... — À l’occasion dure communication de M. Quetelet, sur des étoiles filantes, M. Arago annonce qu’à Naples on a pu, grâce à la sérénité habituelie du ciel , constater peur la nuit du 10 au 11 août 1844, l'apparition d’un nombre inusité d’étoiles filantes. ... — M. Arago met sous les yeux de l’Académie un baromètre de son invention. , ..... — M. Arago met sous les yeux de l'Académie deux portraits photographiques obtenus par M. Thiesson, au moyen du procédé qui luresi propre. 1 RSR EIL Ex — À l'occasion de l'annonce faite par un jour- pal anglais, d'un Mémoire récent de M. Brewster sur la polarisation produite par les surfaces dépolies et les surfaces blan- ’ 555 Gor 557 4 582 664 s.…....... Ibid ches dispersantes, M. Arago rappelle à l'Académie les expériences qu’il a faites lui-même, depuis longtemps, sur des sujets analogues... Mn — Remarques à l’occasion d’une Lettre de M. Dembinski relative à une question de prio- FILE Me : — Remarques sur les différences que présen- tent, sous le rapport des axes de réfrac- tion, deux verres blancs laiteux dont on s'était servi pour des expériences sur la polarisation de la lumière.............. — M. Arago est nommé membre de Ja Com- mission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d’associé étranger Yacante par suite du décès de M. Dalton... — M. Arago donne, d’après un Mémoire ma- nuscrit de M. le colonel £verest, présent à la séance, de nonveaux détails sur les opérations géodésiques qui ont été exécu- tées par cet officier et par feu M. le colo- nel Lambton, peur la construction de la graude carte de Pfnde................. — Rapport sur les travaux exécutés en Abys- sinie par MM. Galinier et Ferret....…. Pages EN] ce PEN 822 870 — M. Arago déclare qu’il ne pourrait pas ac-. cepter les fonetions de membre du Conseil de perfectionnement de l’École Polytech- nique, dans le cas où l’Académie serait disposée cette année à le nommer, comme elle l’a fait les années précédentes... ... — À l’occasion d’une communication de M. Selligue sur ies explosions des mélanges gazeux, M. Arago parle d’expériences de M. Johnston, desquelles il parait résulter que la foice provenant de l'explosion d'un mélange de cette nature est dépendante de l'intensité de l’étincelle qui a produit l'inflammation................, AUTRES — M. Arago rend un compte verbal d'un Mé- moire dans lequel M. Donny établit que de l’eau préalablement privée d’air peut supporter, sans entrer en ébullition, une temperature de 135 degrés centigrades. .. M. Araco fait, d’après sa corresnondance particulière, des communications relati- ves aux objets suivarts: — Sur les ossements humains trouvés près d'Alaïis; Lettre de M. Marcel de Serres... — Influence que le nombre et la permanence des taches observées sur le disque du s0- leil peuvent exercer sur les températures terrestres ; Recherches de M. A. Gaultier. — Sur la double queue de la comète du mois de mars 1543; Notede M. Darlu.....,.. — Sur l'exactitude d’une planche de la descrip- tion de l'Égypte; Lettre de M. Devilliers, — Sur les fondements de la théorie mathéma- 198. 1320 116 mm. tique de la polarisation mobile; Lettre de M. Laurent.......... asie nel — Sur un nouveau mode de propulsion ré- sultant de la détonation des gaz ; Lettre de M. Selligue. more re — Sur l'emploi de certains réactifs duns la gravure des planches photographiques ; Lettre de MM. Choiselat et Ratel...... : — Calcul des éphémérides de la comète décou- verte par M. Mauvais; Lettre de M. Plan- lamour,....... us... sms. CRETE — Observations d'étoiles filantes faites en Belgique; extrait d’une Lettre de M. Que- PS ENEE œnnnanesssnenee secs ee — Sur la découverte faite à Rome, le 22 août 1844, par M. Vico, d’une nouvelle comète dans la constellation du Verseau ; Lettre de M Fico..------." sobhode ut 4ote — Sur l'installation prochaine d’un Observa- toire météorologique à la ferme d’Antisana (Amérique du Sud), ferme qui paraît être, de tous les lieux habités, le point le plus élevé au-dessus du niveau de la mer; Let- tre de M. Boussingault................ — Sur la loi de l'absorption de la lumière par les vapeurs de l’iode et du brome; Note de M. Erman.................. .. — Sur un bolide observé dans la soirée du 10 septembre 1844; Lettre de MM. Nic- Kles frères. .......,....nsesuvssesss ss — Sur deux observations du même genre, faites l’une, le 8 octobre, par M. Faton, et l’autre, le 27 du mème mois, par M. Giraud. BABINET donne quelques details sur un mi- croscope présenté par M. Soleil........ BAILY, correspondant de l’Académie pour la Section d’Astronomie ; son décès, survenu le 30 août 1844, estannoncé à l’Académie dans la séance du 9 septembre... BALARD.— Recherches sur l'alcool amylique. — Mémoire sur l'extraction des sulfates de soude et de potasse des eaux de la mer. — Note sur quelques cyanures métalliques. — M. Balard est présenté par la Section de Chimie comme l’un des candidats pour la place vacante dans son sein, par suite du décès de M. d’Arcet..... TRS ee vieil — M. Balard est élu à cette place... BALLY,.-- Dépôt d’un paquet cddheté (senc du 23 septembre)......... RC t BANET. — Sur les perturbations dans les mouvements célestes dues à la résistance 1496 ) Pages. 664 830 1035 1036 36 5or 634 706 909 , 942 959 618 B MM. — Sur une pluie phosphorescente observée à Paris; Lettre de M. Duplessy........... — Sur l'installation d’un maréographe à Tou- lon, et sur les marées d’Akaroa; Lettre de M. Chazallon.................. DoÉte — Sur l'aptitude que l'œil possède de s’adapter à la vision des objets situés à des dis- tances très-différentes; Lettre de M. For- Des crbieerheuescerlie sente . — Sur la lumière polarisée de la Lune; née tre de M. Zantedeschi................, — Sur les explosions des mébnpe gazeux ; Lettre de M. Selligue.................. ARCET (n’). — Sa mort, arrivée le 2 août 1844 , est annoncée à l’Académie dans la séance du 5 du mème mois............. ARIBERT. — Sur les fours xérothermes con- LINE SR eee oui s esse rabais anteniin ARTUR.— AE dre des divers effets que produisent les différents corps, organisés ou non, sur les polysulfures d'hydrogène. — Remarques concernant la part attribuée à l'électricité dans le phénomène des trom- bes....-.... assspoeseess basent — Calculs relatifs aux effets des trombes, € en n’admettant comme cause de ces phéno- mènes, que des différences de pression atmosphérique.........., AUZIAS TURENNE. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 7 octobre)........... — Sur la communication de la syphilis à des quadrumanes, des carnassiers et des ron- geurs....... SONT nn mc de l'éther ; 2° parlie.........,... c BARKOW .— Découverte d'un ARS ro nou- veau, désigné sous le nom de ganglion arytænoïdien Het Co Joue BARNÉOUD (E.-M.). — Recherches sur le développement et la structure des Plan- taginées et des Plumbaginées., 2:62 et BARRESWIL et Berxanv. — Sur les phéno- mènes chimiques de la digestion..... .. BARRUEL. — Note sur les réactions qui s’opèrent sous pression.,............ ; BARSE. — Note ayant pour titre: « Du cui- vre et du plomb contenus naturellement dans les organes de l’homme » (en commun avec MM. Lanaux et Follin)............ BARTHE et H. Rocer, en adressant au con- cours pour les prix de Médecine et de Chi- rurgie, la 2€ édition de leur « Traité pra- tique d'Auseultation, » y joignent l'indica Poges. 1307 Ibid. 1018 . 1366 1405 516 916 g18 dr th nsc Lu x ' MM. tion de ce qu’ils considèrent comme neuf dans cet ouvrage...... BAUDELOCQUE (L. Ve — [Note sur deux cas d’imverforation du rectum, opérés et guéris... — M. Baudelocque annonce qu'un enfant sur lequel il a pratiqué, le 18 août 1844, une opération d'entérotomie lombaire pour remédier à une imperforation du rectum, continue à jouir d’une bonne santé. ..... -— M. Baudelocque demande que la Commis- sion chargée de faire un Rapport sur les communications précédentes veuille bien examiner le jeune enfant qui a été lesujet de cette opération, et qu’il a amené pour être présenté à MM. les Commissaires. . BAUDRIMONT. — Réclamation de priorité à l’occasion du Mémoire de M. Peligot sur la théorie de la fabrication de Vacide sul- furique .. — Recherches sur l’évolution embryonnaire des animaux (en commun avec M. Mar- tin-Saint-Ange)....... onto ae — Lettre relative à des procédés mécaniques destinés à donner la mesure d’intervalles de temps très-courts...,............... BAUER-KELLER soumet au jugement de l’Académie une carte en relief de la Same et de la Belgique à l’échelle de sun nnsnsnnmtns en enennnnes ss... nnnsnesoe-renss sus FR BEAUTEMPS- BEAUPRÉ Déoute , au nom de M. le Ministre de la Marine, lesixième volume du « Pilote français. »... BECQUEREL.— Des courants électriques ter- restres, et de leur influence sur les phéno- mènes de décomposition et de recompo- sition dans les terrains qu’ils parcourent. BECQUEREL (A.) et Ronier. — Recherches sur la composition du sang, dans l’état de santé et dans celui de maladie.......... BÉRARD (AÎNÉ) prie l’Académie de hâter le travail de la Commission à l’examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur le inode de formation et de transport des hIocs erratiQues. ..,-,.. es nee 50 BERNARD, secrétaire d'une Commission qui s’est formée pour élever, au moyen de souscriptions, un monument à la mé- moire de Parmentier, invite l’Académie à s'associer à cet hommage rendu au sa- vant agronome...., nosesseneree BERNARD (C.) et BarreswiL. — Sur 1e phé- noemènes chimiques de la digestion. .... BERTHIER. — Opinion favorable à la conti- nuation du forage du puits artésien de (BF ET OR DPAMEE BERZELIUS. — Lettre à M. PE sur les poids atomiques du zinc et du fer....... ( 1497 Pages. 1454 582 687 1052 1083 582 MM. BEUDANT est nommé membre de la Com- mission administrative....... © von a — Opinion favorable à la continuation du foi rage du puits artésien de Calais. ....... BIBRON est présenté par la Section de Zoolo- gie comme lun des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Saint-Hilaire........ BINEAU. — Recherches sur les STAR ré- sultant de l’action de l’iode et du chlore sur l’ammoniaque...... .............. — Note sur la densité de vapeurs d'acide acétique, d’acide formique et d’acide su]- A concentrés’: AGO courbure... Caaos Crete Dbiaz oc — Note sur la Envbie des lignes considé- rées comme provenant de l'intersection mutuelle de deux surfaces données. . — Recherches sur une question de Vauslyse des probabilités, relative à une série d’é- preuves à chances variables, et qui exige la détermination du terme noel du développement d’une factorielle ; formée dun grand nombre de facteurs... — Rapport sur une Note de M. Passot tire aux forces centrales. : — Note sur le nombre des divisions à eee tuer pour obtenir le plus grand diviseur- commun de deux nombres entiers; suivie d’une remarque sur une classe de séries rÉCUXTONTES eee eee DEEE . — M. Binet est adjoint à la Commission chargée de faire un Rapport sur le nou- veau système de chemins de fer de M. de Jouffroy.......... Donoddoe ÉD OObunE BIOT. — Note sur quelques oies d'optique mathématique. .......... bobnncbnr une — Note sur une expérience de M. Mitscher- lich, concernant les caractères optiques de certains sels....... br aUGo ou Aopde — M. Biot fait hommage à l’Académie d’un exemplaire du tome II de son « Traité élémentaire d’Astronomie physique. »…. BIOT (E5.). — Note sur la direction de l’ai- guille aimantée en Chine, et sur les auro- res boréales observées dans ce même pays BISSON présente des images photographiques de divers paysages, exécutées au moyen d’un procédé qui permet d'obtenir les parties vertes de l’image sans que les par- ties blanches ou bleues soient solarisées . parsuite d’une impression trop prolongée de la lumière sur la couche sensible... BLAIN VILLE (pe) met sous les yeux de l'A- cadémie une tête fossile presque complète d’un grand Félis à dents falciformes, et Pages. 1215 210 719 6oc 522 1030 MM Jui demande de vouloir bien en faire l’ac- quisiOn ns ru ES MAS ee en BLANCHARD. —A le occasion d’une Note lue par M. Duvernor, dans la séance du 25 no- vembre, sur ie système nerveux de cer- aias Mollusques, M. Blanchard annonce qu'ils’est occupé derecherches sur lemême sujet, et prie l'Acidémiede vouloir bien ac- cepter, sous forme de paquet cacheté, l'ex- position des résultats auxquelsilest arrivé. BLAQUIÈRE. — Observation d’une blessure d'arme à feu avec lésion d’une portion des lobes antérieurs du cerveau sans altéra- tion des facultés intellectuelles, ....... BLAUD adresse, de Beaucaire, une réclama- tion relative à une NotedeM. Guérin-Méne- ville sur un insecte qui attaque les olives... BOILE AU. — Recherches des bases de l’éta- blissement des scieries...,.... COCO BONJEAN. — Ergotisme gangréneux deve- loppé chez des enfants par l'usage d’un pain qui contenait du seigle ergoté.. .... BONNAFOND. — Observations relatives aux effets de la décapitation.... ........ on BONNET. — Sur quelques propriétés géné- rales des surfaces et des lignes tracées sur les surfaces..." em esoansss sos BOQUILLON écrit à Teen pour “es mander qu'une Note qu’il lui a précédem- ment présentée soit renvoyée à l’examen de la Commission qui a été chargée de faire un Rapport sur la Note de M. Christofle, relative aux fraudes commises à l’aide des procédés électro-typiques.......... S BORIES , pharmacien de la marine, résidant à Saint-Louis (Sénégal), se met à la dis- position de l’Académie pour les recher- ches qu’elle jugerait convenable de faire faire dans ce pays, et indique celles qu’il a déjà entrepris0s... 4 oea eus aie vie op aie BORY DE SAINT-VINCENT. — Sur une 1498 ) Pages. 703 1214 651 1400 221 1367 1213 980 440 excursion scientifique de M. le capitaine Durieu de Maisonneuve aux extrémités mé- ridionale et occidentale de Algérie... — Rapport sur le géorama de M. Guérin... BOUCHARDAT. — Sur la purification des eaux destinées aux usayes économiques. . — Mémoire sur les fermentations benzoïque, salygénique et phorétinique............ — Sur les propriétés optiques &e lamygda- line, de l’acide amygdalique, des amyg- dalates et des produits résultant de l’action des bases fixes sur la salicine ........,, BOUCHEPORN (pe). — Note sur une théouis nouvelle des révolutions du globe....... BOUDAULT et GLenanD. — Mémoire sur les produits de la distillation sèche du sang- dragon ....... sporssnoneee cormrssrse 20r MM. Pages. BOULMIER rappelle qu'il a adressé, depuis une année, deux Notes sur lesquelles il n’a pas encore été fait de Rapport, et qui sont relatives, l’une à un nouveau propul: seur pour les bateaux, l’autre à un appa- reil destiné à diminuer les chances de rupture pour les essieux des véhicules em- ‘ ployés sur les chemins de fer........... 1018 BOUNEAU. — Mémoire sur un propulseur sous-marin à hélice enveloppée......... 1162 BOUQUET (J.) et CLoez. — Sur un nouveau genre de sels obtenus par l’action de l’hy- drogène sulfuré sur les arséniates....... 1100 BOURGERY. — Mémoire sur les masses com- paratives que présentent, dans l'homme et quelques animaux mammifères, les dif- férents organes qui So nRe le système nerveux, . . .-- PL ST ASEnS 603 BOUSSINGAULT. rie moe de l'aliment consommé et des excréments rendus par une tourterelle, entreprises pour rechercher s’il y a exhalation d'azote pendant la respiration des granivores.... 73 — Expériences sur l’alimentation des vaches avec des betteraves et des pommes deterre. 38r — Lettre relative à linstallation prochaine d’un observatoire météorologique à la ferme d’Antisana (Amérique du Sud)... (664 — Note sur la respiration des plantes. 870 et 945 BRAGUIER. — Lettre à l’occasion d’une com- munication récente de M. Souleyet con- cernant l’anatomie des Mollusques....,. 618 BRAME. — Note sur les différents états de l’acidearsénieux, et sur la forme vitreuse en general le Re dette - 1107 BRA V AIS. — Observations faites pendant un orage, dans les environs de Lyon, pendant la nuit du 24 au 25 juin 1844. ......... 240 — Expériences relatives à la vitesse du son dans l'atmosphère (en commun avec M. Martins) recense decor ses... 1164 BREGUET adresse plusieurs tableaux gra- phiques provenant de son thermomètre à : pointage, et y joint le résumé général des observations faites à Kasan avec le même instrument... .....:....0. AS FOR TAC 1039 BRETON. — Mémoire sur la distance des étoiles et sur l’existence probable d’une certaine illusion optique liée à la eonsti- tution du système solaire,............. 400 BRETON (ve Cuamp). — Addition à un précé- dent Mémoire sur la théorie des surfaces. 1163 BREWSTER est présenté comme l’un des can- didats pour la place d’associé étranger va- cante par suite du décès de M. Dalton... 1373 BRIÈRE. — Note relative à l'interprétation des noms qui accompagnent les chiffres de Boëcs... 1.4.4"... 1039 et 1406 MM. BRONGNIART (An. présente, au nom des au teurs, MM. Bruch et Schimper, les livrai- sons 16 à 22 de la « Monographie des ; mousses européennes; » ..... BRONGNIART (Ar.) présente, au nom de l’auteur, M. Catullo, deux ouvrages et di- vers opuscules concernant la géologie des provinces véniliennes..., ..... PPECECE — M. Al. Brongniart, en faisant hommage à l’Académie d’un exemplaire deson «Traité des Arts céramiques », donne une idée du contenu de cet ouvrage. ..... CROESR EEE - BROWN. — Dépôt d’un paquet cacheté, en commun avec MM. Martin et Magron CAGNIARD - LATOUR se fait connaître comme auteur d'un Mémoire adressé pour le concours au prix concernant la production de la voix, et annonce l’inten- tion de reprendre ce travail........ ER CAHOURS. — Recherches sur les types chi- MIQUES Salem eee annee Co — Recherches sur la Gone de la vapeur de l'acide acétique à diverses températures. — Recherches sur les acides volatils à 6 ato- mes d’oxygène.......... — M. Cahours est présenté par la Section de Chimie comme l’un des candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. d’Arcet. CREER EEEEEEE" CALIGNY (A. De). — PE renues sur Gr moteur hydraulique à flotteur oscillant, — Rapport sur cet appareil; Rapporteur M. Lamé.......... — M. de Caligny ide que cet peer soit admis an concours pour le prix de Mécanique... — Mémo’re sur l'écoulement à travers un ajutage conique dans l’eau et dans l’air. — Expériences sur l’onde solitaire et sur l'onde de translation des corps flottants... — Mémoire sur une machine soufllante ..….. CAMBACERES. — Mémoire sur l’application des acides gras à l'éclairage. ..... CAMBON. — Note sur la trombe qui a ra- vagé, le 19 septembre 1844, la commune d’Escalquens , dans les environs de Tou- louse........ . CARMIGN AC- DESCOMBES PolA cadets de vouloir bien remplacer, dans la Com- mission chargée de l’examen d’un tra- vail qu’il a présenté sur l’enseignement agricole, deux membres dont l’absence paraît devoir se prolonger. — MM. Dutro- ( 1499 ) Pages. 270 1118 426 851 MM. {séance du 18 novembre)... BRULLÉ. — Recherches sur la coloration des os chez les animaux mis au régime de la garance . BUCKLAND est ARE des can- didats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton. BUDAN. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 22 juillet).......... .. BUNTEN et Sizmenmaxx soumettent au juge- ment de l’Académie un sympiézomètre perfectionné.... #0 #0. BURAT. — Sur les gîtes métallifères E PAL. lemagne.."......07 D AAA #214:27 chet et Rayer sont désignés en remplace- ment de MM. Boussingault et de Gasparin. CARTEAUX et CuaizLov. — Pièces anatomi- ques artificielles en cuir estampé........ CASTELN AU (pe). — Dans une Lettreadres- sée à M. Élie de Beaumont, M. de Castel- nau donne quelques détails sur les pre- miers résultats de son voyage dans l’inté- rieur du Brésil....... ÉCOLE — Nouveaux détails sur les travaux de l'ex- pédition qu'il dirige ........ CAUCHY. — Sur la méthode Meet que appliquée au développement des fone- tions en séries.......,.. sotstelite à Me de — Note eur les intégrales eulériennes..... — Mémoire sur divers théorèmes relatifs à la convergence des séries............ à — Note sur l'application de la méthode free rithmique à la détermination des inéga- lités périodiques des mouvements plané- taires...., Are — Note sur diverses propriétés remarquables du développement d’une fonction en série ordonnée suivant les puissances entières d’une même variable...... LE — Mémoire sur l’application de la méthode logarithmique à Ja détermination des iné- galités périodiques que présentent les mouvements des corps célestes... — M. Cauchy est adjoint à la Commis- sion chargée de faire un Rapport sur le nouveau système de chemins de fer de M. de Jouffror...... RASE TIRE — Note sur l'application de la méthode loga- rithmique au développement des fonc- tions en séries, et sur les avantages que présente, dans cette application, la dé- termination numérique des coeflicients effectuée à l’aide d’approximations suc- Pages 1120 315 1373 242 1163 655 136 205 21) MM CeSsites..1. et tente “… Note sur les propriétés de certaines fucto- rielles, et sur la décomposition des fonc- tions en facteurs...... Sur un nouveau genre de développement des fonctions qui permettra d’abréger no- tablement les calculs astronomiques... . Mémoire sur quelques formules relatives aux différences finies............... — Mémoire sur plusieurs nouvelles formules qui sont relatives au développement des fonctions en séries. ...... ét ae de: — Note sur l'application des nouvelles for- mules à l’astronomie....... oo 00 , Mémoire sur une extension remarquable que l’on peut donner aux nouvelles for- mules établies dans les communications précédentes............n rm eNretis 2e Mémoire sur quelques propositions fonda- mentales du calcul des résidus, et sur la théorie des intégrales singulières... .... Mémoire sur les séries multiples et sur les séries modulaires. Mémoire sur les fonctions complémen- taires..... PE Sur la convergence des séries mo lpiens ; Mémoire sur les fonctions qui se reprodui- sent par substitution.........,.. M. Cauchy présente, au nom de l'auteur, M. l'abbé Tortolini, divers opuscules de mathématiques. ...... : CHAILLOU et Carreaux. — Pièces anatomi- ques artificielles en cuir estampé....... CHAMBON.— Sur la trombe qui a ravagé, le 19 septembre 1844, la commune d’Es- calquens......... DO HO ON da dre CHAMEROY. — Sur un nouveau système de chemins de fer atmosphériques. ....... — M. Chameroy annonce qu'il a terminé un spécimen de son nouveau système de lo- comotion par l’air comprimé......,..,. CHAMPOLLION écrit relativement aux sue- cès obtenus par M. Lavaud, dans le trans- port sur pierre de manuscrits anciens ou récents. .. CHANCEL. — Béchenebes sur Enes proëuils. dé Ja distillation sèche du butyrate de chaux; 2° partie... CHANONY. — Note sur un nouveau système de barrage mobile pour les rivières. ... CHAPSAL (L'A88E). — Mémoire sur un cas de foudre observe à Ille, Pyrénées-Orientales. CHARIÉ éerit qu'un roulement continu, ana- logue à celui qu'a entendu M. Peltier, à Paris, pendant l'orage du 9 septem- bre 1844, a été observé par lui, le même jour, à Corbigny, département de la Nièvre. CHASLES fait hommage à l’Académie de 1331 1337 1395 1377 1433 1439 752 1 - 146 o l deux volumes lithographiés, les leçons qu’il a faites à l’École Poly- technique , pendant l'année scolaire 1843- 1844, sur les machines et la Mécanique ap- pliquée, et sur l'Astroromie et la Géo- dés Eee — Construction géométrique des amplitudes dans les fonctions elliptiques. Propriétés nouvelles des sections coniques........ — M. Chasles sollicite les suffrages de l'Aca- démie pour la candidature aux fonctions d’examinateur permanent d'Analyse et de Mécanique à PEcole Polytechnique. . CHASSAIGNAC. — Sur le pansement des plaies par occlusion.... CHAUDRON-JUNOT adresse deux Notes relatives à des procédés industriels pour lesquels il paraît vouloir se réserver la facultéde prendre des brevets d'invention. Cette faculté pouvant lui être enlevée par la publicité que donnerait l’Acade- mie à ses procédés, les deux Notes sont mises sous pli cacheté, et conservées comme dépôt jusqu’à ce que l’auteur ait fait connaitre son intention... CHAZALLON. — Sur l'installation d’un ma- rcographe à Toulon, et sur les marées d’Akaroa (Nouvelle-Zélande)... CHESNEAU réclame de l’Académie un Rap- port sur le nouveau système de wagons qu’il a soumis à son jugement........ ‘ CHEV ALIER (Cu.) présente une nouvelle lu- nette à objectif composé et à oculaire mi- croscopique, .,.., .. CHEV ALLIER. — De l’action da charbon sur les solutions métalliques. ......... CHEVANDIER. — »Recherches He l'influence de l’eau sur la rar des TS .. CHEVREUL. — Han purt sur picto Me- moires de M. Ebelmen, concernant la me- tallurgie du fer et l'emploi des combusti- Blenipazeux 2e ne Mere eee « — Note sur la présence du plomb, à l'état d'oxyde ou de sel, dans divers produits artificiels. — L'Académie des Beaux-Arts ayant invité l’Académie des Sciences à désigner un de ses Membres pour faire partie de la Commission chargée de faire un Rapport à M. le Ministre de l'Intérieur sur un procéde imaginé par M. Delamarre pour hâter ou retarder à volonté la dessiccation de la peinture à l'huile, M. Chevreul est désigné à cet effet............... SLR CHIO (Feux). — Observations sur la série de Banane enr eee et Eee CHOISÉLAT et Ratez. — jou l'emploi de contenant Pâges, 221 1239 233 1006 10/40 1307 ag 53t 1019 556 MM. certains réactifs dans la gravure des plan- ches photographiques... ... indieee CHOPINEAUX. — Figure et Fe Lo d’un nouveau moteur applicable à Ja navig2- tion. CHORON. — Phésomdhes de caléfaction ob- servés dans une circonstance nouvelle, quand la goutte liquide est projetée sur la surface d’un autre liquide convenable- ment échauffé. — Sur l’existence, dans les liquides excrémentitiels , de Ja levure de bière en quantité trop petite pour que les réactifs ordinaires en puissent accuser la présence, et sur un procédé nouveau ane permet de l’y reconnaître... CHRISTOFLE adresse quelques re relatives aux fraudes qui peuvent se com- mettre dans l’application des métaux sur les métaux, au moyer de l'électricité, et met à la disposition de l’Académie une somme de 2000 fr., pour être donnée en prix à l’auteur du meilleur projet de loi tendant à régler l’emploi industriel des forces électriques de manière à prévenir ces sortes de fraudes.....,... CHUARD. — Nouveau système de chemins atmosphériques.................... CHUART demande que son appareil destiné à prévenir les dangers qui résultent de l’ex- plosion des mélanges gazeux détonants soit admis à concourir pour le prix con- cernant les Arts insalubres. L'auteur indique les perfectionnements qu'a subis cet appareil, postérienrement au Rap- port dont il a été l’objet, et adresse un tableau des graves accidents qui ont eu lieu, depuis cette époque, dans les houil- lères de la France, de la Belgique et de l'Angleterre. . CLERGET. die à Pau d’une communication de M. Peltier, sur la Se de Cette et sur celle de Châte- CLIET demande à reprendre une Note qu'il avait présentée à l’Académie, et sur la- quelle il n’a pas été fait de He bport eh CLOEZ et J. Bovquer. — Sur nn nouveau genre de sels obtenus par l’action de DALTON. — L'Académie apprend, dans sa séance du 5 août, la mort de M. Dalton, l’un de ses associés étrangers, décéde le 29 juillet......... Ro dot do MU ne C. R., 1844, 2€ Semestre, (T. XIX.) ( 1501 ) Pages. 338 608 58t 4o5 4ro 1163 1365 492 MM. l'hydrogène sulfuré sur les arséniates... COLE (J.-F.). — Observations météorologi- quesrfaites d'AltEN ME eee nee COLLADON. — Note sur un appareil destiné à mesurer la force effective des machines à vapeur employées comme môteurs dans JATAVIPRUION SE EE TRE Pau catebcé COLLIGNON et Roserr TE Te _ Sur Pa mentation de la fibrine dans le sang, chez les hommes et les animaux atteints de phlegmasies.2 7.7.2... COLLIN. — RédHerehez nrientabe te sur les glissements spontanés des terrains argileux, accompagnées deréflexions théo- riques et pratiques sur quelques princi- pes de la mécanique terrestre... .. …... COLLOMB. — Note sur les moraines, les blocs erratiques et les roches striées de la vallée de Saint-Amarin (Haut-Rhin)... CONTÉ DE LEVIGNAC. — Dépôt d’un Fe ”_ quet cacheté (séance du 18 novembre). CONTOUR et Miaume. — Observalion don cas de diabète sucré traité et guéri par lusage des alcalis et des sudorifiques.. COPPA soumet au jugement de PAcadémie un hygromètre de son invention... CORDIER. — Dépôt d’un paquet RU (séance du 28 octobre)................. CORNAY demande l'ouverture d’un paquet cacheté, à l’effet d'appuyer une réclama- tion de priorité concernant les rapports de la fièvre typhoïde avec le typhus, et l'emploi du quinquina en substance dans ces affections. ....... DOMETEUC DOME COULVIER-GRAVIER.—Nouvelles commu- # nications relatives auxétoiles filantes con- sidérées comme pouvantindiquerles chan- gements de‘temps..........:.. 325 et COUPVENT-DESBOIS. — Rapport verbal sur les travaux exécutés par cet officier et par M. Vincendon-Dumoulin pendant la dernière campagne de l’Astrolabe et de La Zélée ; Rapporteur M. Arago..........., COURBEBAISSE. — Sur un moyen écono- mique de faire sauter les roches au moyen de TONNES encres nonansee COUVERCHEL. — Recnesehes concernant la maturation des fruits............ ee — M. Faraday est nommé à la place d’associé étranger de l’Académie, place devenue va- cante par le décès de M. Dalton. ...... DAMOUR. — Analyse de la bornine du Bré- 100 Pages. 1100 1039 1029 526 403 Goi 546 1114 1391 MM Pages. sil (tellurure de bismuth})............, + 1019 DANGER et FLaxnin.— Note additionnelle au Mémoire sur l’empoisonnement par le cuivre, lu à l'Académie le 24 juillet 1844. 644 DARLU. — Note sur la double queue de la comète du mois de mars 1843........ . 135 DAUBRÉE. — Examen d’un charbon rt par voie ignée à l’époque houillère..... 126 DECAISNE et Tuvrer. — Note sur les anthé- ridies et les spores de quelques Fucus... 1025 DECERFS. — Note sur une céphalalgie qui paraîtrait avoir été causée par la présence d’un insecte logé dans une anfractuosité des fosses nasales ou des sinus qui y abou- tissent. ...... RSA ENS Re AT E) DELAMARCHE. — Observations de météo- rologie, de magnétisme terrestre, etc., faites durant la campagne de l'Érigone.. 555 DELAPORTE. — Mémoire concernant un nouveau système de machines à élever les fardeaux............ PRE LOC D TA e) DELARUE. — Tableaux des observations météorologiques faites à Dijon pendant les mois de juillet et d’août:1844.. 491 et 582 DELAURIER. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 16 décembre)............... 1373 DELESSE. — Analyse de la greenowite..... 1019 DELHOMME. — Sur un nonveau système Le voilure applicable à la navigation mari- time et à la navigation fluviale. ....... 50 DEMBINSKI prie l’Académie de hâter le tra- vail de la Commission chargée de porter nn jugement dans la question de priorité débattue entre lui et M. Hallette...…. 799 — Figure et description de son mode d’oçclu- sion du tube pneumatique dans les che- inins de fer atmosphériques... ......... 918 — M. Dembinski demande que la Commis- sion, à l’examen de laquelle a été ren- voyé son Mémoire sur les chemins de fer atmosphériques, veuille bien, dans le cas où elle jugerait des explications orales nécessaires pour l'intelligence de quelques parties de la description, lui fixer le se où elle pourra l'entendre. ........ . 1322 DÉMIDOFE. — Résumé des Jdrraliens mé- téoroïiogiques faites à Nijné-Taguilsk (Oural) pendant J’année 1843........... 04 DESAGNEAUX.—Addition à une Note pré- cédente, ayant pour titre : « Perfectionne- ment du thermomètre et du baromètre, » Goë DESAINS et ne LA Provosraye, — Note sur les lois du rayonnement de la chaleur... 410 DESBORDEAUX.--Surle moyen d'obtenir nn courant constantavec la pilede Wollaston. 273 — Mémoire sur l’argenture galvanoplastique de Pacipr er raser esse Moticinadr. Li) DESCHAMPS. — Anatomie et DHrétolonte de 1502 ) MM. Pages, l'œuf contenu dans l'ovaire, et du corpus luteum chez la femme et les mammifères... 196 — Recherches sur les vaisseaux angéiophores, les villosités et le corpus luteum, ... ...,.. 1372 DESOR. — Lettre à M. Élie de Beaumont, sur le mouvement des glaciers... ........1299 DESPORTES. — Lettre sur l’impression li- thographique à plusieurs couleurs , à Poc- casion de la communication faite dans Ja séance du 23 décembre 1844 par M. Du- STÉROPE NS EE dc TER ob 1455 DESPRETZ présente, au nom de l’ MERS M. Duchemin Bois-Jousse, un « Traité élé- mentaire de Musique.».....,.... sos + Q21 DEVERGIE. — Note ayant pour titre: « Du cuivre et du plomb contenus naturelle - . ment dans les organes de l’homme. ».... g17 DEVILLE (Cx.). — Analyse des feldspaths COMME MORT EE 46 DEVILLE (H.). — Houherches: sur la résine de gaïac (en commun avec M. Pelletier)... 13% — NotejsurJa/créosote 27. e at 134 DEVILLIERS.— Remarques faites, à Fous Sion d’une publication récente , sur l’exac- titude d’une planche du grand ouvrage d'É- gypte, relative au temple de Denderah.. 234 DIRECTEUR DE L'ADMINISTRATION DES DOUANES transmet le « Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l’année 1843. ».......,,........ 1019 DOIN écrit relativement aux efforts qu’il a faits pour propager la.vaccine en Sologne. 275 DUBOIS (»’AmExs) adresse une Note en ré- ponse à celle qu'avait adressée précé- demment M. Poiseuille, sur un point re- latif à la théorie de la cireulation..... 1200 DUCHARTRE. — Observations sur l’organo- génie de la fleur, et en particulier de l’o- vaire, chez les plantes à placenta cen- tral libre. (Rapport sur ce Mémoire ; M. Gaudichaud rapporteur.)...,.....,..... 387 DUCROS. — Nouvelles considérations sur le rôle que joue l'électricité dans le mouve- ment des globules du sang, et applica- tions aux phénomènes généraux de la cir- culation dans l'état de santé et dans l’état de maladie........ de Boo -... 34 el 112 — M. Ducros adresse le résumé et les con- clusions des diverses communications qu’il a faites à l’Académie sur le rôle que joue Pélectricité dans les phénomènes de la circulation... ...... avdoot noie 197 — Mémoire sur l'emploi de la douleur ct des sensations en thérapeutique............ 591 — Traitement de la gastralgie et des névral- gies du plexus cardiaque par l’ébranle- ment nerveux de la branche pharyngienne » MM des nerfs pneumo-pastriques.. , DUFOUR (Low). — Note sur la prétendue circulation dans les insectes.....,..... — Histoire des métamorphoses et de l’anato- mie du Piophila petasionis...,,......!. — Études anatomiques et physiologiques sur les insectes diptères de la famille des Pu- pipares........ : DUFRÉNOY est nommé, en remplacement de feu M. Coriolis, membre de da Com- mission chargée de faire un Rapport sur le système de barrage mobile et sur Pé- cluse à grande ouverture que M. The- nard, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, a soumis au jugement de l’'A- cadémie. ( 1503 ) Pages. 915 188 432 1345 — M. Dufirénoy fait hommage à l’Académie du * premier volume de son « Traité de Miné- ralogie- 503.1 2 D — M. Dufrénoy présente divers échantillons d’un echiste argileux de Bretagne, conte- nant des macles qui renferment elles- mêmes dans leur intérieur des‘parties non altérées & la roche au milieu de laquelle elles se sont formées... M. Dufrénoy présente deux Notes de chi- mie minéralogique : une, de M. Delesse , analyse de la greenowite; l’autre, de M. Damour, analyse de la bornine du Brésil (tellurure de bismuth).............,... Sur les résultats des essais faits à PImpri- merie royale pour le coloriage 1ypogra- phique de la carte géologique de France. M. Dufrénoy présente une Note sur le co- loriage des cartes géographiques et des plaus par la lithographie, Note qui lui a été communiquée par M. le directeur de Imprimerie royale................... Remarques à l’occasion d’une communica- tion de M. Desportes, sur l'impression li- thographique à plusieurs couleurs... ... DUJARDIN (F.).— Nouveau traité d'Helmih- tologie. ..... — Sur les Acariens , et en particulier sur les organes de la manducation chez ces ani- maux. — À l’occusion de cette présenta- tion, un membre de l’Académie annonce que M. Dujardin se présente comme Can- didat pour la place vacante dans la Sec- tion de Zoologie. Un autre membre rap- pelle alors un article du règlement qui veut que les Candidats, s'ils ne rési- dent pas réellement à Paris à l’époque de, la vacance, aient pris par écrit l’enga- gement d’y résider dans le cas où ils se- raient élus... — M. Dujardin écrit que, dans le cas où l'A- cadémie le nommerait à la place vacante MM. dans la Section de Zoologie , il renonce- rait à toute fonction qui pourrait l'obliger à résider hors de Paris........:..... — M. Dujardin est présenté par la Section de Zoologie comme un des Candidats pour la place vacante par suite du décès de M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire........... DUJARDIN (pe Lize ) écrit pour communi- quer à l’Académie les résultats qu’il a ob- tenus en aimantant trois fers à cheval en fonte douce.................. de grais ammoniacaux sur Ja végétation... — M. Flourens, en présentant un nouveau volume des Transactions philosophiques (année 1843, 2€ partie), fait connaitre, d’après ce recueil, les noms des savants Page 1210 1215 auxquels la Société royale de Londres É Us dans sa séance annuelle, accordé des mé- daïlles. La médaille de Copley a été de- cernée à M. Dumas pour ses recherches sur la chimie organique et sur le poids atomi- que du carbone et de divers éléments... — Après avoir donné lecture, au nom de M. Boussingault, d’un Mémoire intitulé : «Expériences surl’alimentation des vaches avecdes betteraves et des pommes de terre», M. Dumas ajoute qu’il vient de recevoir une Lettre dans laquelle M. Boussingault lui donne les détails de Pexpérience qu’il vient de terminer sur l’engraissement des pores au moyen des pommes de terre. Les résultats en sont parfaitement d'accord avec ceux qui concernent la production du beurre... — À l’occasion d’une communication de M. Christofle, relative aux fraudes qui peu- vent se commettre dans l’application des métaux sur les inétaux au moyen de l’élec- tricité, M. Dumas fait remarquer que ces inconvénients n’avaient point échappé à la Commission qui a fait le Rapport sur les procédés de MM. de Ruolzet Elkington, et que c’est pour éveiller à cet égard l’at- tention de l’administration qu’elle a de- mandé que l’Académie adressät copie du Rapport où il en est fait mention à MM. les Ministres des Finances, du Com- perce let Re Me NEA AE — Remarques à l’occasion d’une communica- tion de M. Peligot, sur un moyen d’obte- nir certains métaux parfaitement purs... : — M. Dumas est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une liste de Candidats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalion.. — M. Dumas annonce la communication pro- 188 335 = °] on MM. chaine d’une Lettre de M. Boussingault relative à des expériences faites par cet académicien sur larespirationdes plantes. _— A l’occasion d’une réclamation de M. Jac- quelain contre M. Peligot, M. Dumas dé- pose une rédaction des remarques qu Pil avait faites lui-mème en présentant pour la première fois la Notede M. Jacquelair. — M. Dumas communique une Lettre de M. Gerhardt, relative à des recherches sur les alcalis organiques... — Remarques sur un Mémoire de M. Brame, concernant les différens états de l'acide ATSÉNIQUX esse. AAA POS — M. Dumas communique une Lettre de M. Gaultier de Claubry concernant la liqué- faction des gaz et les propriétés du prot- oxyde d’azote à l’état liquide... DUMAS (E.). — Note sur les Free hu- mains découverts près d’Alais, et qui avaient été considérés par M. E. Robert comme fossiles (en commun avec MM. Joly et Teissier) . DUMÉRIL est nommé, en remplacement de M. Milne Edwards abseut, membre de la Commission chargéede faire un Rapport sur les résultats scientifiques du voyage de MM. Galinier et Ferret en Abyssinie. — M. Duméril, en présentant à l’Académie le sixième volume de son « Erpétologie gé- nérale », donne quelques détails sur ce sisième volume, qui traite spécialement des Serpents............s....s.e.s.s. DUPASQUIER. — Faits relatifs à histoire du phosphore...........s..s.s......... DUPERREY (L.-L). — Réduction des obser- vations de l'intensité du magnétisme ter- restre faites par M. de Freycinet et ses collaborateurs durant le cours du voyage de la corvette l'Uranie..... sei-lmbbe Sainte DUPIN (Cu.) écrit que l'état de sa santé r o- blige à s’absenter et à renoncer momen- tanément à l’exercice de ses fonctions de Président de l’Académie. — M. Dupin adresse en même temps un exemplaire du discours qu'il a prononcé à la Chambre des Pairs pour réclamer contre l'atteinte portée, par une ordonnance récente, au droit dont jouissait l’Académie de pré- senter un Candidat unique pour les places de professeur et d’examinateur à l'École Polytechnique. ............. LH itn — M. Dupin présente, au nom de l’auteur, M. Fourcault, un ouvrage ayant pour titre : « Causes générales des maladies chroniques, spécialement de la phthisie pulmonaire. Des..s.s.sss.sssesere.s — M. Dupin est désigné pour faire partie fi ( 1504 ) Pages. 8;0 1110 LR 616 233 445 MM. Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique. . su s.s.s ses... feu. DUPLESSY. — Sur une pluie phosphores- cente observée, à Paris, le 1° novem- bre 1844. nn. smnnsenmnnnssnse . DUPRÉ et Lrmassôn écrivent relativement à l'emploi de l’oxyde de carbone comme moyen de désinfection et de conservation des substances alimentaires............ DUPRÉ. — Sur un arc-en-ciel observé à Ren- nes , le 2 novembre 1844............... DURAND demande à être inscrit pour la lec- ture d’un nouveau Mémoire sur des ques- tions relatives à la théorie de la lumière et de la chaleur........ Buse re DEEE DURAND (A.). — Sur les diverses applica- «tions qui ont été faites de son moteur. . DUTROCHET, — Recherches sur la volubi- lité des tiges de certains végétaux et sur la cause de ce phénomène... ........., — M. Dutrochet est adjoint à la Commission chargée d’examiner le Mémoire de M. Car- mignac-Descombes, sur un plan Çd'ensei- gnement agricole............. esse — M. Dutrochet déclare, au nom d’une Com- mission, qu’il n’y a pas lieu à faire de Rapport sur un procédé agronomique que l’auteur, M. Halna-Dufrétay, a l'intention de ne pas rendre maintenant publie..... DUVALLIER (J.) et Pere. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 28 octobre)... DUVERNOY fait hommage à l’Académie d’un opuseule sur le développement de la Pœ- cilie de Surinam........,.. reshr etes — Fragments sur les organes génito-urinaires des reptiles et leurs produits. ICr frag- ment: pierres vésicales des tortues molles. 11e fragment : urolithes fossiles. ....,.. — Ile fragment : appareil de la génération chez les mâles, plus particulièrement , et chez les femelles des Salamandres et des MritOnS Eee e--e--ce-rerce — Suite du III fragment : vestibule génito- excrémentitiel des Salamandres et des Tri- tons ; mode de fécondation de cesanimaux. IV® fragment : description des reins des Salamandres et des Tritons....,..,.., — M. Duvernoy fait hommage à l'Académie d’un exemplaire de son « Mémoire sur les dents des Musaraignes. ».............. — Recherches sur le système nerveux des Mol- lusques acéphales bivalves ou lamelli- Dranphes#-.-- de — M. Duvernoy est porté en première ligne sur la liste des candidats présentés par la Section de Zoologie, pour la place vacante par suite du décès de M. E. Geoffroy-Saint- Hilaire... 221 249 585 sn ns do à éd ( 1505 MM. Pages. EBELMEN.—Mémoires concernant la métal- lurgie da fer et l'emploi des combustibles gazeux. (Rapport sur ces Mémoires; Rapporteur M. Chevreul.)............... 3 — Note sur les éthers siliciques............ 398 ÉLIE DE BEAUMONT donne communica- tion d’une Lettre dans l#quelle M. de Castelnau lui transmet quelques détails sur les premiers résultats de son pese dans l’intérieur du Brésil............. 136 — M. Élie de Beaumont, en qualité de vice- président , annonce la perte que l’Acadé- mie vient de faire dans la personne de M. d’Arcet, membre de la Section de CM EE Een =. --220270 — M. Élie de Beaumont communique une Lettre de M. d’Osery contenant des ob- servations géologiques sur la constitution du Brel ee. res eee eee 1074 —M. Élie de Beaumont est nommé membre de la Commission chargée de présenter une liste de Candidats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton ..... cnnmennneeonmeremece.e 784 — M. Élie de Beaumont communique une FABRÉ adresse une nouvelle rédaction de son Mémoire sur la théorie des voûtes, et demande que cette rédaction soit substi- tuée à celle qu’il avait précédemment pré- SENTÉC A ae ae ente sie eee el 390 FARADAY est présenté comme un des can- didats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton. 1373 — M. Faraday est élu à cette place......... 1392 FATON. — Sur un bolide observé à Vaïs, près le Puy, le 8 octobre 18%4.............. 1036 FAURE. — Dépôt d’un paquet cacheté {séance du 7 octobre)....... certes. ces 710 FAYE. — Première approximation des élé- ments elliptiques de la seconde comète CET Beeren Te Ca ee Er on — Seconde approximation de ces éléments. 665 — Éléments définitifs de la même co- PEER ere tee Aramis = ere . 1313 FÉE. — M. Flourens, en présentant , au nom de M. Fée, un opuscule ayan: pour titre : « Examen microscopique de l’urine nor- male», donne une idée des procédés MM. Lettre de M. Leplay, concernant ses Re- cherches géologiques dans l'Oural ...... — M. Élie de Beaumont communique une Lettre de M. Desor, sur le mouvement des plACIErS rene nee ne «eee — Note sur le rapport qui existe entre le re- froidissement progressif de la masse du globe terrestre et celui de sa surface ....… — Remarques concernant une communication de M. Martin relative à la Note précé- TENTE Sete nee seen LA mec se ee — M. Élie de Beaumont communique une Lettre de M. Pissis, qui offre à l’Acadé- mie de faire les recherches qu’elle jugera nécessaires dans la Cordilière des Andes. — Remarques à l’occasion d’une communiea- tion de M. Desportes sur l’impression li- thographique à plusieurs couleurs... ERMAN (A.). — Sur la loi de l'absorption de Ja lumière par les vapeurs de l’iode et du DFOME PRE Se eee eee tot ESPY.— Lettre à M. Arago sur un fait qui semble intéressant pour la théorie de la HO e EST) d'investigation employés par l’auteur, et des résultats auxquels il est arrivé, ...., FELDMANN. — Nouvelles expériences sur la kératoplastie.............s.... se FERRET et GALiMER adressent de ne pièces relatives aux résultats de leur voyage en Abyssinie, savoir : des observa- tions astronomiques, barométriques et thermométriques ; une carte géographique du Tigré et du Semen, accompagnée d’un Mémoire sur la construetion de cette carte et de plusieurs plans topographi- ques; une description physique de l’A- byssinie ; des matériaux pour la flore de ce pays ; enfin, des dessins représentant des vues de quelques sites remarqua- bles, des costumes et des scènes de MŒUTS.. ,.ssssssentorsnes CORRE EE CE — Rapoort sur les travaux exécutés en Abys- sinie par MM. Ferret ct Galinier ; Rap- porteur M. Arago... ........ FAT ECO DOS FIARD. — Caractères différentiels dans le développement, la marche et la durée Pages. 853 1299 1327 1403 1366 928 35 870 M“ éruplive du vaccin de 1844 comparé à celmides1830%7-e-eree-re-er-e-ee FIGUIER (L.). — Sur une méthode nouvelle pour l’analyse du sang, et sur la constitu- tion chimique des globules sanguins.... FILHOL. — De l’action de l’iode sur cer- tains sels, et des composés qui en résul- tent.. FIZEAU. — Note sur un procédé de gravure photographique....................... — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du gdé- cermbre) en commun avec M. Foucault... FLAHAUT et Noiserte.— Dépôt d’un paquet cachete (séance du 28 octobre).......... FLANDIN et Dancer. — Note additionnelle au Mémoire sur l’empoisonnement par le cuivre, lu à l’Académie le 24 juillet 1844. FLOURENS. — Recherches sur la formation des 0s....... —"M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. Mayer, de Bonn , deux opuscules im- primés, l’un sur l’organe électrique de la torpille, l’autre sur les corps de Pacini. — M. Flourens, en présentant un nouveau volume des « Transactions philosophi- ques » (année 1843, 2° partie), fait con- naître , d’après ce recueil, les noms des savants auxquels la Société royale de Lon- dres, dans sa séance annuelle, a accordé des médailles. La médaille de Copley a été décernée à M. Dumas, pour ses recherches sur la chimie organique et sur le poids atomique du carbone et de divers élé- ments... ss... - M. Flourens, en présentant au nom de l’au- teur, M. Dunglison, professeur au collége médical de Jefferson à Philadelphie, un « Traité de Physiologie humaine», fait remarquer que dans cet ouvrage, qui est maintenant à sa cinquième édition, le public américain a été toujours tenu au courant des découvertes les plus récentes qu'avait faites la science en Europe... — M. Flourens présente, au nom de M. Gaul- tier de Claubry, un ouvrage ayant pour titre: « Identité du typhus et de la fièvre typhoïde », ouvrage que l’auteur adresse pour le concours aux prix de Médecine de la fondation Montyon...... — M. Flourens communique une Lettre de M. de Castelnau, sur les résultats de son voyage dans l'Amérique du Sud..,...... — M.Flourensprésente, au nom de M.Walcke- naer, un nouveau volume de l’histoire naturelle des insectes aptères, le tome 3°, rédigé par M. Gervais. ..... PDO LE — M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. AN. Guillot, un ouvrage ayant pour ti- DCRCEREE EEE EEE EEE TE ( 1506 ) Pages. 749 101 621 35 188 Ibid. . Ibid. 196 269 MM tre : « Exposition analomique de l'orga- nisation du centre nerveux dans les qua- tre classes d'animaux vertébrés. » ..... — M. Flourens fait hommage à l’Académie de son « Histoire des travaux et des idees de Buffon », ouvrage qui forme le com- plément de celui qu’il a publié en 1841 sous le titre de : « Analyse raisonnée des travaux de G. Cuvier. ».............,.. — M. Flourens communique une Lettre de M. Desbordeaur sur le moyeu d'obtenir un courant constant avec la pile de Wol- laston. ss aeraanencess — M. Flourens, en présentant, au nom de VPauteur, M. Martius, un ouvrage sur le naturel, les maladies, la thérapeutiqueet la matière médicale des Brésiliens indi- gènes , entretient l’Académie des prinei paux résultats auxquels est arrivé M. Martius, relativement aux maladies des aborigènes du Brésil...,............... — M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. Léon Dufour, correspondant de l’Aca- démie, l’histoire des métamorphoses et de l'anatomie du Piophila petasionis. .... — M. Flourens présente, de la part de l’au- teur, M. Eschricht, l'éloge de L.-L. Ja- cobson , et rappelle, à cette occasion, les principales découvertes du célèbre anato- sun INABLO ele eiisslveisee mia sine lee tele A als SE — M. Flourens fait hommage , au nom de M. L. Agassis, correspondant de l’Académie, des deux premières livraisons de l'ou- vrage de ce naturaliste intitulé : « Mono- graphie des poissons fossiles du vieux grès rouge », et indique quelques-uns des faits les plus importants qui y sont con- signés. . — M. Flourens offre, au nom de M. PROU heim, de Breslau , trois ouvrages, sur les maladies de l'oreille, sur lé digestion, et sur Ja structure de l'œil, ainsi qu'un tra- vail inédit de ce même physiologiste sur la structure de Ja matrice. Il donne, en outre, une idée sommaire de ce dernier Mémoire... — M. Flourens fait hommage à l’Académie, au nom de l’auteur, M. Guérin-Méneville , des dernières livraisons de « l’Iconogra- phie du Règue animal de G. Cuvier », et ajoute quelques réflexions sur l’impor- tance de celte publication... — M. Flourens entretient l’Académie de la découverte d’un ganglion nouveau chez l'homme , découverte due à M. Barkow, . de Breslau, qui désigne ce ganglion sous le nom de ganglion arytænoïdien...... — M. Flourens présente un exemplaire de la Pages. 269 PT PS Ibid. 1bid. = ce on MM. deuxième édition du « Traité de la mé- canique des corps solides et du calcul de Veffet des machines », par feu M. Co- riolis.…. cond dde E — M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. Walckenaer, une carte géographique des Gaules à l’époque de la chute de l'empire romain en Occident........... — M. Flourens présente , an nom de l’auteur, M. Muller, un Mémoire imprimé sur le Branchiostoma lubricum. Parme e M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. Puel, un opuscule sur un cas de perte de la sensibilité sans perte du mouve- ment dans toute une moitié du corps... M. Flourens communique une Lettre de M. Schultz sur l’origine de l’oxygène exhalé par les plantes............... M. Flourens appuie la proposition de M. de Blainville ayant pour objet de proposer à l’Académie l'acquisition d’une tête fos- silede Félis à dents falciformes.......... M. Flourens, en présentant, au nom de l’auteur, M. Parchappe, un Mémoire im- primé sur la structure du cœur, appelle l'attention sur ce qui se trouve de plus nouveau dans ce travail.,,...,......,.. M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. F. Dujardin, un nouveau «Traité d’hel- dite fete et donne une idée de cet ou- NTAPE nee nee ga sonelsie M. Flour ens présente, au nom de l’auteur, M. Réveillé-Parise, un ouvrage ayant pour titre: « Études de l’homme dans lPétat de santé et dans l’état de maladie. » M. Flourens présente, au nom de l’auteur, le cinquième volume d’un « Traité de Mé- decine pratique » que vient de faire pa- Tr M MP nr un RE UE M. Flourens présente , au nom des auteurs, GALINIER et Ferrer adressent de nouvelles pièces relatives aux résultats de leur voyage en Abyssinie, savoir : desobservations as- tronomiques, barométriques etthermomé- triques; une carte géographique du Tigré et du Semen , accompagnée d’un Mémoiresur la construction de cette carte et de plu- sieurs plans topographiques ; une descrip- tion physique de l’Abyssinie; des maté- riaux pour la flore de ce pays; enfin des dessins représentant des vues de quelques sites remarquables, des costumes et des scènes de mœurs..,...., (1507) Pages. 5o1 5oi 518 518 524 703 760 921 1089 G MM: un Mémoire de M. Fée intitulé : « Exa- men microscopique de lPurine normale », et la première partie d'un Mémoire de M. Piorry « Sur les maladies de ia rate et les fièvres intermittentes, » .... — M. Flourens annonce la présentation pro- chaine d’un travail de M. Souleyet, sur les Mollusques Ad Lt nc — M. Flourens présente, au nom de l’auteur, M. Riberi, divers ouvrages et opuscules dCi ea ass ee a FOLLIN. — Note ayant pour titre : « Du cuivre et du plomb contenus naturelle- ment dans les organes de l’homme » (en commun avec MM. Barse et Lanaux). FORBES. — Sur l'aptitude que l’œil possède de s’adapter à la vision des objets situés à des distances très-diflérentes. . ........ FOUCAULT et Fizeau. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 9 décembre)......... FOURNET. — Observations sur la disposition de certaines cristallisations des géodes.. — Note sur le phénomène des bandes polai- res, observé le 23 juin 1844............ FRANQUELY. — Nouveau système de com- positeur typographique ................ FREMY. — Recherches sur l’osmium........ — Recherches sur une nouvelle classe de debian Snioontor ot ae — Recherches chimiques sur la maturation des fruits... Rent iee — Recherches sur deux “tes séries de ED to Rrénons Doro HA but Sa — M. Fremp est présenté par la Section de Chimie, comme l’un des candidats pour la place vacante, dans son sein , par suite du décès de M. d’Arcet..…..... FUSTER. — Recherches sur le climat de la France à l’époque de la conquête ro- — Rapport sur les travaux exécutés en Abyÿs= sinie par MM. Galinier et Ferret; Rap- porteur M. Arago...... GATTIN présente une Note sur des formules abréviatives pour obtenir la solidité de la pyramide et du cône RE à base pa- rallèle. .. GAUDICHAUD Decne au nom der: auteur, M. Barnéoud, deux opuscules imprimés: l'un, sur des questions de botanique; l’autre, sur des questions de géologie... — Rapport sur un Mémoire de M. Duchartre, ayant pour titre : « Observations sur l’or- Pag es 1366 et 1367 1163 AIM, ganogénie de la fleur, et en particulier de l’ovaire, chez les plantes à placenta cen- trallHibre. »n--Rrecascscbmnse ss — M. Gaudichaud présente, au nom de l’au- teur, M. À. Vinson, une dissertation inau- gurale sur les hernies sous-pubiennes.... GAULTIER DE CLAUBRY. — Sur la formation de l’asparagine, par suite de l'étiolement, dans la Viscia sativa....., — Sur la liquéfaction des gaz par le procédé de M. Natterer; propriétés du prot- oxyde d'azote à l’état liquide. .......... — M. Gauliier de Claubry prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission qui a été chargée de l’examen d’un Mé- moire qu’il lui a précédemment présenté etquiarapport à un nouyeau procédé d’a- nalyse organique. — M. Regnault rempla- cera dans cette Commission M. Thenard absent... share stentenheehtabte GAULTIER DE CLAUBRY (E.), Anncle Pat tention de l’Académie sur les principaux points de l'ouvrage qu’il lui a presenté concernant lIdentité du typhus et de la fièvre typhoïde..........,.....sess.s.s — M.Gauliier de Claubry écrit, à l’occasion d’une réclamation adressée par M. Cornar, qu'il ne prétend point avoir le premier indiqué les rapports entre le typhus et la fièvre typhoïde, mais qu’il croit les avoir mieux démontrés qu'on ne l'avait fait avant Jui...... Sat GAUTHIER présente une nouvelle rédaction de son Mémoire sur unedisposition parti- culière de chaudières à vapeur, en deman- dant qu’elle soit substituée à celle qu’il avait soumise au jugement de l’Académie dans sa séance du 25 novembre 1844... GAUTIER. — Recherches relatives à lin- fluence que le nombre et la perma- nence des taches observées sur le disque du soleil peuvent exercer sur les températu- Tes terrestres: es e he sen ses etre sas GAVARRET et Anpraz.— Note sur les chan- gements de proportion de la fibrine du sang dans les maladies, ............... GEOFFROY-SAINT-HILAIRE (Isin.) pré- sente, au nom de M. Payer , le premier volume d'un ouvrage posthume d'Adanson. GERHARDT (Cu.). — Recherches sur la cire des abeilles. ..,...... Jens d dot mate etes — Surl'identitéchimique de l’essence d’estra- gon etde l'essence d’anis............,, — Recherches concernant les alcalis organi- upon enpunspens QUES... ss. DCE EEE so. GERMAIN. — Dépôt d’un paquet chele (séance du 9 décembre)..............., GERV AIS est présenté par la Section de Zoo- Pages, 387 1457 794 LRRS! 1181 188 Gi 1400 135 1105 1322 1508 }) MM. Jlogie comme l’un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Saint-Hilaire....,........... à GIRAUD — Sur un bolide observé à Parcé- sur-Sarthe , le 27 octobre 1844......... GIROU DE BUZAREINGUES écrit rela- tivement à quelques observations qu’il a faites concernant la tendance des tiges à se diriger vers la lumière, et à celle qu’elles ont, étant exposées, soit à la lumière diffuse, soit à une complète obs- curité, à se porter directement en haut.. GLÉNARD et Boupaurr. — Mémoire sur les produits de la distillation sèche du sang- dragon... md GODEFROY présente le modèle d'un pis- ton articulé dont il croit qu’on peut faire une utile application pour les be- soins de Ja navigation par Ja vapeur... GOUEZEL. — Note ayant pour titre : « Nou- veau moyen de déterminer la latitude d’une manière simple et précise.» ..... GOUJON. — Éléments paraboliques de la comète découverte à Rome le 22 août TT en SA Es oo Da ES GRASSI.—Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 26 août). sans ane GRIS. — Actions des composés ferrugineux solubles appliqués à la végétation...... GROS. — Note sur la limite des divisions à effectuer pour obtenir le plus grand com- mun diviseur entre deux nombres en- LT PER TS DOM Dee ae GROUVILLE et an à l’occasion d’une Lettre récente de M. Aribert sur les fours à circulation d’air chaud, annoncent l'envoi prochain d’un travail sur les per- fectionnements qu’ils ont apportés à ces sortes d'appareils, dont l'invention première remonte, disent-ils, à Rum- GUÉRIN , inventeur Ft Cécraine ; prie l’Aca- démie de vouloir bien charger une Com- mission de lui faire un Rapport sur le de- gré d'utilité que peut avoir cet appareil pour l’enseignement de la géographie... — Rapport sur le géorama de M. Guérin ; Rapporteur M. Bory de Saint-Vincent. . GUERIN (J.). — Réclamation de DE. à l’occasion d’une Note de M. Laugier sur une nouvelle méthode de traitement des OEM TA DE RG bi conte — Note sur J’emploi de la hbaudruche dans le traitement des plaies..... 54434600 GUÉRIN-MÉNEVILLE Hithommage a AL démie des dernières livraisons de son «Iconographie du Règne animal de G. Cs- ViCr:D25. Sanson nn Pages. 1215 1036 921 505 434 AM. . — Observations sur un insecte qui attaqueles olives, dans nos départements méridio- naux, et cause une diminution très-con- sidérable dans la récolte de l'huile... ë — Réponse à une réclamation de M. Blaud, concernant la précédente communication. — M. Guérin-Méneville est présenté par la Section de Zoologie comme l’un des can- didats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. Geoffroy-Saint- Hilaire. . COOP AOUUMO be CO DUO . GUÉRIN (N. Ju — ‘Note sur Mie appareils des- tinés à faciliter l'emploi des bains locaux auxquels on peut avoir recours pour cer- taines affections des organes génitaux... GUILLOT (N). — Sur l’organisation intime du foie des animaux mammifères et de l’homme ...,..... DPETECE EEE ET EEE TES HALLETTE annonce qu’il a établi son sys- tème de chemin de fer atmosphérique sur une longueur de voie de 100 mètres, et qu’il est en mesure de faire, en présence de la Commission, toutes les expériences qui seront jugées nécessaires, .......... HARDY. — M. le Ministre de la Guerre transmet divers documents sur des essais de culture qui se font en Algérie, sous la direction de M. Hardy...... ...,....., — Rapport sur ces travaux; Rapporteur Lo radecnee audio HARMOIS frères écrivent relativement à Pavantage qu’il y aurait à employer, pour l’occlusion du tube pneumatique, dans le système de chemins de fer à pression at- mosphérique de M. Hallette, des boyaux en cuir au lieu de boyaux en toile; ils proposent, en outre, de gonfler ces boyaux en les remplissant d'huile ‘u lieu CHNTESAPPONE Tan aeeta dde ae «ve Ets HÉBERT envoie, pour le concours aux prix ( 1509 ) Pages, 1215 35 TIIL 1321 8g 837 490 MM. — Note sur le charbon qui se produit dans les poumons de l’homme pendant l’âge mûr et la vieillesse.......,.,.. sons. GUNSBOURG. — Mémoire sur les produits cristallisés qui se trouvent au fond des productions pathologiques de l’homme... GUY.— Méthode nouvelle pour trouver le quotient d’une division à un certain de- gré d’approximation............ GUYON. — Addition à une Note de sur les cagots des Pyrénées... ,,.,,..... — Sur les anciens Maures du nord de l’Afri- CHE og COLOR SHUCCA .… — Note sur un cas de déformation congéni- tale des os de la face, observé chez un Kabyle, et sur une Bite particulière d’hypospadias.. ,,........... net . alimentaires, et adresse, conformément à la décision prise par l’Académie relati- vement aux pièces destinées à ce concours, l'indication des parties de son ouvrage qu’il croit de nature à fixer plus particu- lièrement l’attention de la Commission. HERBST, de Gôttingue, offre à l’Aca- démie un travail sur les fonctions du système lymphatique, dans lequel il pense avoir précisé mieux qu’on ne l'avait fait jusqu’à présent, le but et l’action des vaisseaux lymphatiques...... ensrse vus HERPAIN adresse un écrit relatif à la cosmo- pONIC.-.----- nesnesssesres conccese HERSCHEL est présenté comme l’un des can- didats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton. HODUIT. — Sur la détermination du grand axe et de la distance périhélie des comè- tes dans certains cas donnés....,....... HUMBOLDT (nr). — Lettre à M. Valenciennes sur les recherches de M. Ehrenberg, rela- de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage tives aux infusoires...,..,..... ondare qu’il vient de publier sur les substances ITLER. — Notice sur la constitution géologique du cap de Bonne-Espérance,,.,,,..,.......,,.., 200 C. R., 1844, 2M€ Semestre. (T. XIX.) Pages. 1291 269 . 44o 492 MM. JACOBI est présenté comme l’un des candi- dats pour la place d’associé étranger va- cante par suite du décès de M. Dalton... JACOBSON (Mme veuve) adresse à fAca- démie une série des instruments in- ventés par son mari pour le brisement de la pierre par pression, sans perfora- tion préalable, série au moyen de la- quelle on peut suivre les divers perfec- tionnements qu’a subis le lithoclaste en- tre les mains de l’illustre chirurgien , de- puis la première invention jusqu’à l’état de perfection où il l’a conduit... JACQUELAIN. — Réclamation à l’occasion d’une Note de M. Peligot ayant pourtitre : «Sur un moyen d'obtenir certains métaux parfaitement purs. ».... 753 et JAMES. — Note sur l’ancienne et la nouvelle vaccine , et sur l'application de la vaccine naturelle reprise sans cesse sur l’espèce bovine au moment même de l’inoculation. JOBARD,. — Rapport fait à M. le Ministre de l'Intérieur du royaume de Belgique sur explosion d’une machine à vapeur... — M. Jobard communique une observation qu’il a faite sur un obélisque de bronze élevé à Munich, et sur le parti qu’on pour- rail tirer de cette indication pour pré- server, au moyen de lotions cuivreuses pratiquées de temps en temps, ie déve- loppement des cryplogames qui salissent KOENE. — Note sur la détermination de l'acide chlorhydrique dans une solution contenant du chlore libre. — Objections contre la théorie de M. Peligot et cells de M. Baudrimont sur la fabrication de LACAUCHIE.—Note ayant pour titre: « Étu- des hydrotomiques et micrographiques. » LAIGNEL adresse une réclamation de prio- rité relative à divers points du système de iocomotion sur chemins de fer soumis au jugement de l’Académie par M. de Jouffroy « Gran) Pages. 1373 196 922 676 916 | 232 Mal. l'extérieur des monuments publics ..... JOLY. — Note sur les ossements humains dé- couverts près d’Alais, et qui avaient été considérés par M. E. Robert comme fos- siles (en commun avec MM. E. Dumas et Tessier) JOMARD. — Remarques à Leccastont d’une Lettre de M. Devilliers sur l'exactitude d’une planche du grand ouvrage d'Égypte, relative au temple-de Denderah......... — M. Jomard donne quelques détails sur la sosie nonenonnnensesere ses fête qui « eu lieu à Annecy,.pour l’instal- * lation du monument élevé en l'honneur de Berthollet........... JOUFFROY (or) prie Vhcadinie AE vouloir bien hâter le travail de la Commission chargée de l’examen de son nouveau sys- tème de chemins de fer... JUSSIEU (ne). — La Commission à Veaoisnl de Jaquelle avait été renvoyé un Mémoire de M. Burnéoud, sur le développement des fleurs, la structure générale ct la classifica- tion de Plantaginées , annonce, par l’or- ganede M. de Jussieu, que l’auteur s’étant vu forcé de faire imprimer son Mémoire, il n’y a pluslieu à faire de Rapport. La Com- mission regrelte que cette circonstancelui ôte l’occasion de porter un jugement bien explicite sur ces recherches, qui ont été faites avec une étude sérieuse et une con- naissance réelle de l’état de la science. l'acide sulfurique. ... KRANNER .= Note sur un procédé nouveau pour la fabrication des tuyaux en pierres. KOPP. — Examen chimique du benjoin..... — M. Laignel prie l'Académie de hâter le tra- yail de la Commission qui est chargée de faire un Rapport sur un procédé qu'il a imaginé pour diminuer les dangers des chemins de fer,......... PRÉPA 0A6 LAMÉ est présenté par l'Académie comme candidat pour une place d’examinateur . 1372 Pages. 1405 G16 235 485 397 1163 MM de sortie vacante à l'École Polytechnique. — Rapport sur la machine hydraulique à flot- teur oscillant de M. de Caligny....... — Note sur la limite du nombre des divisions dans la recherche du plus grand commun diviseur entre deux nombres entiers... .. LANAUX. — Note ayant pour titre : cuivre et du plomb contenus nalurelle- ment dans les organes de l’homme » (en commun avec MM. Barse et Follin) ..... LANIER. — Note sur des appareils destinés à faire connaître la pesanteur spécifique des solides et des liquides.............. LAPOINTE. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 9 décembre)................. LASSAIGNE. — Examen du prétendu CRE polithe trouvé dans le canton de Saint- DES PTIT . LAUGIER est digne one Rec M. Ch. Dupin, absent, dans la Commission char- gée émis le Mémoire de M. Schat- tenmann sur l'emploi du rouleau com- presseur pour le cylindrage des chaussées en empierrement...... — Eléments paraboliques de la comète décou- verte, à Rome, le 22 août 1844. — Com- paraison de cette comète avec celle qu’a- vait observée Tycho en 1585 (en commun avec M. Mauvais)............ — Rapprochements entre la seconde comète de 1844 et plusieurs anciennes comètes (en commun avec M. Mauvais)... DPPLS — Calcul des éléments elliptiques de la co- mète de 1585, et comparaison de l'orbite de cet astre avec celle de la nouvelle co- mèête de M. Vico (en commun avec M. Mauvais)... .... pote ve LAUGIER. — Sur les heureux effets OHedne 3 dans le traitement des plaies suppurantes, de l'emploi de la baudruche et du muci- lage de gomme arabique........... HÈ — Réporse à une réclamation de priorité élevée par M. J. Guérin, à l’occasion de cette communication.....,....,... — Nouvelle Note sur l'emploi de la Dane che dans le traitement des plaies........ LAUNOY. — Dépôt d’un paquêèt cxiee (séance du 9 décembre)................ LAURENT. — Sur les fondements de la théorie mathématique de la polarisation MODE Reset ee nelee ie eee — Mémoire sur la rotation des plans de po- larisation dans les substances solides, et sur l’influence de la forme non sphérique des molécules....... PNR Tee 4 SA — Mémoire sur les mouvements infiniment (Corsin) Pages. 275 704 -867 918 35 1322 1117 482 petits d’une file rectiligne de sphéroïdes. Ibid. LAURENT (Auc.). — Sur les acides amidés, e Mr. chloramidés, etce., et sur la chloranila- mIdes er see — Sur un nouvel alcali organique, ORCEREEEEEE EE EEE EEE l'ama- — Remarques à l’occasion d'uns réclamation présentée à l’Académie, par M. Persoz, dans la séance du 26 août........... Cri Sur de nouvelles combinaisons azotées du benzile. ...... ITS TEE = eeiel enfeletete 4 Notesur la créosote: 0.50... Action de quelques bases organiques sur la lumière polarisée........ Dahsta dates (Date Note sur les produits uriliques....... à — Nouvelle classification chimique........ LAURENT (C.) et L. Taowas adressent une réèlamation à l’occasion du Rapport fait, dans la séance du à°7 juillet, sur les . Mémoires de M. Ebelmen concernant la métallurgie du fer et l'emploi des com- bustibles gazeux........... sas salée LAURENZANA. — Description d’un Lite de chemin de fer atmosphérique à double LAVAUD. — Succès obtenus par ce libogre phe dans le transport sur pierre de ma- nuserits anciens ou récents; Lettre de M. Champollion-Figeac................ LAVERAN et Murzon. — Mémoire sur Le passage de quelques médicaments dans l’économie animale, et sur les modifica- tions qu’ils y subissent.......,........ LEBERT et Prevosr, — Recherches sur la for- mation des organes de la circulation et du sang dans l'embryon du poulet...... LECOQ écrit relativement à quelques précau- tions à prendre, dans la préparation du thé, pour lui conserver son parfum.... LEDRU (H.). — Note sur l’étirage à froid de tuyaux en métal lamine.. LEFÈVRE. — Figure et deecnpiion Ve nouveau frein à transmission applicable aux véhicules marchant sur les chemins ( (EM CAM LEGRIP. me sur Pod du bles sa composition chimique et ses proprié- tés thérapeutiques................. LELAISANT, — Sur la loi des variations de la déclinaison de l'aiguille aimantée.... LEMASSON et Durré. — Emploi de l’oxyde de carbone comme moyen de désinfec- tion et de conservation des substances alimentaires empruntées au règne -ani- males --o-ece LEPLAY. — Recherchés géologiques dans lOural Ne LEROY »’ÉTIOLLES envoie un morceau de bois long de 93 millimètres qu’il a re- tiré de la vessie urinaire d’une femme... 200. Page 316 353 339 1017 1021 . 1272 1366 1163 1212 853 241 D MM. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 28 OBÉObrE). cecile ea taste use LEROY DE CHAMPIGNY demande lies risation de reprendre un Mémoire qu'il avait précédemment présenté et sur lequel il n’a pas été fait de Rapport..... LESAUVAGE prie l'Académie de hâter le Rapport sur les communications qu'il lui a faites précédemment concernant l'o- vologie humaine, et sur la réclamation de priorité qui s’y rattache. ......,,.... LEV AILLANT. — Note sur une espèce nou- velle de lotus de la province de Constan- tin. LE VERRIER.— Note sur 1e perturbations de plusieurs comètes,,.....,.... — Calcul de la valeur des perturbations que la comète récemment découverte à Rome peut éprouver par l’action de Vénus, de la Terre et'4e Jupiter. ss ete ste — Théorie de la comète périodique de 1770. LEWESKY prie l’Académie de désigner une Commission à l'examen de laquelle il soumettra un nouveau moteur à air com- PriMÉ.e-- mess MAGRON. — Dépôt d’un paquet cacheté (en commun avec MM. Martin et Brown), séance du 18 novembre.......,,.,...... MAIRE DE LA VILLE DE "GERBEROY (LE) écrit relativement aux heureux ré- sultats qui viennent d'être obtenus dans cette ville, de l’application du système hydraulique de M. 4e Durand....... ... MAISONNEUVE. — Opération d’entéroto- mie pratiquée avec succès dans un cas d’étranglement de l'intestin grèle....... — Mémoire sur l’entérotomie de l'intestin grêle dans le cas d’oblitération de cet OTRANÉ ES anne one eee EE MAIZIÈRE prie V'Académie de hâter le tra vail de la Commission à l'examen de la- quelle a été soumis un Mémoire qu'il a précédemment adressé sur certains points de Ja théorie de la chaleur........,... 5 MALAGUTI. — Recherches sur les éthers chlorés. . : MALÉ prie l'Académie de bâter le ET de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyée sa Note sur un nouveau sys- tème de bateaux à vapeur. .... MARCEL DE SERRES. — Sur les ossements humains découverts récemment par M. Z. Robert dans les environs d’Alais, , ..,.... (215120) Pages. 931 49 Gr g15 559 666 982 113 1120 1213 1205 M MM. LEYMERIE (A.).— Mémoire sur le terrain à nummulites (épicrétacé) des Corbières et de la montagne Noire........... LIEBIG est présenté comme l’ur des candi- dats pour la place d’associé étranger va- cante par suite du décès de M. Dalton... LIOUVILLE. — Remarques à l’occasion d’une Notede M. Chasles sur la construc- tion géométrique des amplitades dans les fonctions elliptiques.............. LONGET et Marreuccr. — appart entre le sens du courant électrique et les contrac- tions musculaires dues à ce courant. .... LORTET , au nom de la Commission hydro- métrique de Lyon, adresse une carte du bassin du Rhône avec l'indication des lieux où l’on observe déjà, et celle des lieux où il paraîtrait important d’avoir des observalions........... .-101361et LOUYET. — Sur la non-existence de l’arse- nic dans le blé provenant de semences chaulées avec l'acide arsénieux......... -— Note sur certaines conditions indispensa- bles pour le succès du zincage du fer par les procédés voltaïques........ snonnnse eco. MARTIN présente un bras artificiel dont les doigts sont mis en jeu par le mouvement du moignon de l’avant-bras..... Note MARTIN. — Dépôt d’un paquet cucheté (en commun avec MM. Magron et Brown), séance du 18 noyembre................. MARTIN (E.). — Etudes sur les proportions chimiques... — Remarques à l’occasion äe la Note de M. Élie de Beaumont, sur le rapport qui existe entre le refroidissement pro- gressif de la masse du globe terrestre et celui de sa surface... .. ce MARTIN-SAINT- ANGE et Baupemas — Recherches sur l’évolution embryonnaire des ADUNANX ER enRet nee lan MARTINT. — De l'influence générale des sé- crétions sur l’économie animale, ........ MARTINS et Bravais. — Expériences relati- ves à la vitesse du son dans l'atmosphère. MARTIUS.— Du naturel, des maladies, de la thérapeutique et de la matière médicale des indigènes brésiliens. ....,....,.... MARY. — Description d’un nouveau barrage inventé par M. Sartoris, et proposé pour barrer le petit bras de la Seine en aval du BOntENENRS. Re. ee se MASSON (4.).— Etudes de photométrie élec- Pages. 1261 502 419 113 1120 LOL 408 PRET | À | L MM. trique..... : MATHIEU. — Rapport sur les expériences de cylindrage de chaussées en empierre- ments faites à Paris par M. Schattenmann. MATHIEU. — Note sur la préparation de oxyde de zinc, et sur les applications de ce produit.. MATTEUCCI. — Observations sur la distri- bution de la température dans les couches terrestres, faites au puits de Monte- MASSE 1 — Rapport entre le sens ducourantélectrique et les contractions musculaires dues à ce courant (en commun avec M. Longet.). .. — Sur la mesure de la force musculaire que l'on peut créer par la dissolution de quelques milligrammes de zinc dans la Hole ee Terre eee te — M. Matteucci communique l'extrait d’une Note de M. le professeur Belli sur des ex- périences de transmission des courants électriques, exécutées à Milan pendant la durée du dernier congrès scientifique... MATTHIESSEN. — Mémoire sur le spectre solaire optique; sur le lentiprisme perfec- tionné, sur Pabsorption du nouveau vio- let extrême par diverses matières, sur la composition élémentaire du spectre so- laire, et sur la structure de l’œil........ — Note relative à ses microscopes......,... MAURICE. — Mémoire sur les interpolations. MAUVAIS. — Découverte d’une nébulo- sité qui semble s’annoncer comme une nouvelle comète... — Eléments paraboliques de lorbite de cette comete , découverte à l'Observatoire de Paris le 7 juillet 1844......... — M. Mauvais communique quatre nouvelles observations de la comète qu’il vient de découvrir, et transmet quelques détails sur cette comète qu’il a recus de MM. Schumacher, Plantamour et Valz.... — Nouveaux éléments paraboliques de orbite de la comète du 5 juillet 1844.......... — Eléments paraboliques de la comète dé- couverte à Rome le 22 août 1844. — Comparaison de cette comète avec celle qu'avait observée Tycho en 1585 (en com- mun avec M. Laugier)......... — Rapprochements entre la seconde comète de 1844 et plusieurs anciennes comètes (en commun avec M. Laugier ). — Calcul des éléments elliptiques de la co- mèle de 1585, et comparaison de l'orbite de cet astre avec celle de la nouvelle co- mète de M. Vico (en commun avec M. Laugier)..... MAYER. — M. Flourens, en présentant au 563 845 112 162 701 uom de cet anatomisie, deux opuscules, lun sur l'organe électrique de la torpille, et l’autre sur les corps de Pacini, donne quelques détails sur les faits qui y sout CONRIPNERS Eee re e-eee MAYOR fils. — Supplément à un précédent Mémoire sur un appareil destiné à pré- venir l’asphyxie par submersion..,..... MELLONI est présenté comme l’un des candi- dats pour la place d’associé étranger va- cante par suite du décès de M. Dalton... MELSENS. — Sur la préparation. de l’acide ACÉtiQUé) pur. Le eee encens — Recherches sur l'acidité du suc gastrique. — Recherches chimiques sur la matière des MÉANOS ES NM EU eee er EE Co MENICI. — Sur l'asparagine qui se forme dans la Viscia sativa tenue dans un état détiolement.... .......... 557, 74et MERLINI.— Mémoire sur la préparation des papiers de süreté...,....., MIALHE et Conrour. — Observation d’un cas de diabète sucré , traité et guéri par l'usage des alcalis et des sudorifiques.…., MIDY. — Système atmosphérique autoclave de locomotion sur les chemins de fer... MILLON.— Sur l'oxydation des substances organiques par l’acide iodique.....,, .. — Mémoire sur le passage de quelques médi- caments dans l’économie animale et sur les modifications qu’ils y subissent (en commun avec M. Laverun)..........,.. — Recherches sur la constitution chimique des acides et des bases......,...,.,... — De l'oxydation des substances organiques par l'acide iodique, et de Pinfluence des petites quantités sur les actions chimi- QUES EURE Tee Note sur quelques réactions propres au bi- chlorure de mercure. ..... Sur une combinaison nouvelle de soufre, de chlore et d’oxygène.............. Remarques sur fes éléments qui composent les substances organiques, et sur leur mode de combinaison... M. Dillon est présenté par la Section de Chimie comme l’un des Candidats pour la place vacante par suite du décès de M. DAGCCET RARE Eee ele tete MILNE ED WARDS. — Recherches zoologi- ques faites pendant un voyage en Sicile. . — Observationssur le développement des An- nélides, faites sur les côtes de la Sicile... rte SAPRAE PEAR ET) NE — Réponse aux observations faites par M. Serres, à l’occasion de cette dernière com- munication, sur le parallèlede l'embryo- génie comparée des vertébrés et des inver- Pages. MDI. tébrés. . PAC UT LOU 0 CLOS MINISTRE DE Fax GUERRE transmet di- vers documents relatifs à la culture du riz de montagne, à celle du riz sec, à celle du mürier, et à la production de la soie. .... entreeesontéeseessadeuenesee — Lettre concernant les essais faits en Al- gérie, par ordre de l'administration, pour la culture du pavot et la récolte de l'opium — M le Ministre de la Guerre adresse un exemplaire du « Tableau de la situation des établissements français dans l'Algérie, en 1842 et 1843.».... — M.le Ministre de la Guerre invite l’Aca- démie à lui présenter une liste de candi- dats pour la place d’examinateurde sortie, vacante à l'Ecole Polytechnique ......... — M. le Ministre de la Guerre adresse un Ca- talogue imprimé des végétaux cultivés à la pépinière centrale d'Alger... ....... — M.le Miristre de la Guerre accuse récep- tion de la copie qui lui a été adressée d’un Rapport fait à l’Académie le 28 octobre 1844, sur les travaux exécutés par M. Hardy à la pépinière centrale du Gouver- némont'a Alger: ae notes cometar . — M. le Ministre de la Guerre annonce que, d’après la demande qui lui a été adressée par l’Académie, il a donné des ordres pour que chaque membre des Sections de Botanique et d’Économie rurale reçût un Catalogue des végétaux cultivés à la pépi- nière centrale du Gouvernement à Alger, avec un Supplément manuscrit indiquant les nouvelles espèces introduites depuis Vimpression du Catalogue............. — M. le Ministre de la Guerre invite l’'Acadé- mie à désigner trois de ses membres pour faire partie du Conseil de perfectionne- ment de l'Ecole Polytechnique.......... — M. le Ministre de la Guerre écrit à l'Aca- démie que les trois membres qu’elle a désignés pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l’École Polytechni- que sont convoqués pour la première réu- nion de ce Conseil, qui aura lieu le 8 no- vembro18447.. sat ae die MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE adresse les LI et LIIE vol. (rome) Pages. 1429 36 920 113 269 1088 1209 1454 912 . 1019 des « Brevets d'invention expirés. » 113 et 556 — M. le Ministre de l'Agriculture et du Com- merce adresse le « Catalogue général des Brevets d’invention eu vigueur au 31 dé- cembre 1842.45... ..2.00.. roms — M. le Ministre de l'Agriculture et du Com- merce accuse réception d’une copie du Rapport fait à l’Académie sur les travaux 822 MM. de culture exécutés en Algérie à la pépi- nièroscentrale etes Eten abie- ee MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLI- QUE consulte l'Académie sur la réforme que paraît exiger la Table des mortalités dont on a fait usage jusqu’à présent pour régler, suivant l’âge, le prix d'admission dans certains établissements destinés aux vieilles rene quarts dent 18 Rae — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une Lettre de M. le Ministre de l'Intérieur qui annonce qu’on va exécuter, aux frais de son département, un buste en marbre de feu M. Poisson, buste des- tiné à l'Académie des Sciences.....,... — M. le Ministre .de lInstruction publique écrit relativement à la découverte faite, dans une carrière à plâtre de l’arrondis- sement de Saint-Denis, d’une pétrifica- tion qu’on désigne comme un anthropo- lithe. ; — M. le Ministre de lInstruction publique transmet ampliation de l’Ordonnance royale qui confirme la nomination de M. Balard à la place vacante dans la Sec- tion de Chimie, par suite du décès de Méd'Arcrts ie ann — M. le Ministre de l’Instruction publique accuse réception du Rapport fait, à sa demande, par une Commission de l’Aca- démie, sur les résultats scientifiques du voyage en Abyssinie de MM. Galinier et Ferre" ED C0. — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet ampliation de l’Ordonnance royale qui confirme la nomination de M. Valenciennes à la place vacante , dans la Section de Zoologie, par suite du dé- cès de M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire... . MINISTRE DES FINANCES rappelle à l'Académie qu’elle a été consultée par Padministration sur diverses questions météorologiques dont il serait désirable d’avoir la solution pour pouvoir se pro- noncer sur l’abrogation ou le maintien d’un article du Code forestier concernant le défrichement des bois. .... — M.le Ministre des Finances invite V’'Acadé- mie à faire examiner un procédé au moyen duquel M. Halna-Dufrétay dit être par- venu à activerla végétation des bois. .... MINISTRE DE L'INTÉRIEUR DU ROYAU- ME DE BELGIQUE adresse un exem- plaire du volume statistique renfermant le, mouvement de l’état civil dans ce pays pendant l’année 1842............. MIRBEL (be). — Suite des recherches anato- miques et physiologiques sur quelques Pages. en 921 1085 1295 1366 4o3 1089 1210 MM. végétaux monocotylés.................. MITSCHERLICH présente divers échantil- lons de minéraux formés par voie artifi- cielle, et un échantillon de roche, intéres- sant pour la théorie du métamorphisme. — M. Mitscherlich est présenté comme un des candidats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton. MONTAGNE — Mémoiresur le phénomène de la coloration des eaux dela mer Rouge. MOREL-LAVALLEÉE. — Développement de fansses membranes à la surface interne de la vessie sous l'influence des canthari- des appliquées à la peau. ............... — M. Morel-Lavallée demande que divers opuseules qu'il a successivement adressés à l’Académie soient admis à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie. MORIN. — Remarques à l’occasion d’une communication de M. Vergnaud, sur les causes d’explosion des poudrières. . MORREN. — Recherches sur les gaz que l’eau de mer peut dissoudre en différents mo- ments de la journée, et dans les saisons diverses de Pannéé.........,.,..4:.4 NEVEU écrit relativement à un nouveau système de chemins de fer qu’il désire soumettre au jugement de l’Académie, et pour lequel il se proposerait de prendre ultérieurement un brevet d'invention. On fera savoir à l’auteur de la Lettre que , si son invention devenait l’objet d’un Rap- port, elle ne pourrait plus ensuite être CEA TRAME s'lentéle — M. Neveu écrit qu’il renonce à l'intention OEFTERDINGER, médecin à Biberach, prie l’Académie de vouloir bien se faire ren- dre compte d’un Mémoire qu’il lui a précé- demment adressé et qui a rapport à une nouvelle méthode pour connaître la com- position et la structure des organes du cadavre de l’homme. — M. OEfierdinger annonce envoi prochain de préparations anatomiques qu'il pré- sente comme pièces à l’appui des commu- nications qu’il a faites précédemment à l’Académie, sur la structure intime des organes... ( 1615 32 934 229 86 49 44o MM. MORTERA adresse un Mémoire concernant une invention pour laquelle il annonce l'intention de prendre un brevet à Pétran- ger. Comme il se pourrait que la publi- cité donnée à celte invention par le Rap- port que sollicite M. Mortera lui otât les droits à un brevet, le Mémoire sera remis sous pli cacheté et conservé à titre de dépot jusqu'à ce que l’auteur, sufi- samment informé, fasse connaître ses in- tentions.... MOUCHOD et x OUVELLE , à Frs d’une Lettre récente de M. Aribert sur les fours à circulation d'air chaud, annoncent lenvoi prochain d’un travail sur les per- fectionnements qu’ils ont apportés à ces sortes d’appareils, dont l'invention, disent-ils, remonte à Rumford......... MULLER. — Mémoire sur le Branchiostoma lubricum.…...... MURCHISON est nommé correspondant de l’Académie pour la Section de Minéralo- gie et de Géolugie........,........ ein 2 — M. Murchison adresse ses remerciments à V'Académier etre een HOUR E de prendre un brevet d'invention pour son nouveau système de chemins de fer, et prie l’Académie de vouloir bien charger une Commission de l'examen de ce sys- HS oahbncoud bre dne NICKLES frères. — Observation a un : bolide faite à Benfeld (Bas-Rhin) le 10 septem- bre 1844 NOISETTE et FLamauT. — Dépôt d'un pe quet cacheté (sance du 28 octobre)... ORBIGNY (Aic. »). — Recherches sur les lois qui président à la distribution géo- graphique des Mollusques marins côtiers. — M. Alc. d'Orbignr est présenté par la Sec- tion de Zoologie comme l’un des candi- dais pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Saint- Hilaire... ., OSERY (p°). — Observations sur la constitu- tion géologique de quelques parties du Brésil. OUDIN. — Mémoire sur un nouveau système de chemins de fer destiné à diminuer les dangers de ce mode de transport....... : 4 Pages 1119 32 1210 1076 1215 MM. OURSEL prie l’Académie de hâter le tra- vail de la Commission à l'examen de la- quelle a été renvoyé son Mémoire sur les PALLAS.— Nouvelles recherches sur le maïs et sur le sucre qu’on en obtient......,.. PALTRINERI. — Modèle et la description d'une locomotive construite sur un nou- veau système........... en PAPENHEIM. — Note sur les nerfs du tissu fibreux... — Mémoire sur la structure de l’utérus.. PARET.— Note sur une nouvelle théorie de la chaleur............ cho PARISET. — Communication rcatire à uu point en discussion entre MM. Devilliers et Jomard sur l'exactitude d’une figure du temple de Denderah, qui fait partie &e l’atlas du grand ouvrage d'Egypte... .. . — M. Pariset fait hommage à l’Académie de deux opuseules qu'il vient de publier, savoir : de son « Éloge de Bourdois de Lamotte » et d’un article sur la peste. PAROLA. — Addition à un précédent Mé- moire concernant l’ergot des céréales et sonaction sur l’économie animale....... PARROT.— Note ayant pour titre; « Coup d'œil sur l’endosmose. » — Remarques à l’occasion d’une Note de M. Fournet sur l'influence de la pression dans les phéno- mènes géologico-chimiques........ es. PASSOT écrit de nouveau relativement à sa turbine , et adresse des documents judi- ciaires destinés à la Commission du prix de Mécanique............... — Mémoireayant pour titre: « Conséquence immédiate de la théorie académique sur les forces centrales.»....... DovéE dodo — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Binet.. — Réclamation de M. Passot à l’occasion de ce Mémoire......... done e-cet — Réclamations relatives à un Rapport fait sur sa turbine dans la séancedu 23 octobre 1843... nee annee « — M. Passot demande de nouveau que la Com- mission à l'examen de laquelle ont été renvoyées ses dernières communications veuille bien en faire l'objet d’un Rap- PONU see raeciess — M. Panel rappelle que de deux Commis- sions auxquelles ont été renvoyées des ré- clamations qu’il avait naguère adressées à l’Académie, une seulement a fait con- ssorvesse (Rr5160) Pages. 236 456 113 ( 4o2 527 et 58 MM | machines à vapenr employées à la propul- | sion des navires,.......... f P naître son opinion,........ cousine — M. Passot prie l’Académie de hâter le tra- vail de la Commission à l’examen de la- quelle a été renvoyé son Mémoire sur les forces centrifuges.......,........... 0 PAULET. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 16 septembre)... ... PAUTHIER. — Note relative au procédé employé en Chine pour la désinfection des matières fécales destinées à être em- ployées comme engrais ..... ects PAWLOWICZ présente un nouveau panto- graphe de son invention......,..,:,.,., PAYEN. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 16 septembre)........... — Rapport sur les travaux de M. Hardy, direc- teur de la pépinière céntrale en Algérie. PELIGOT. — Note sur la fabrication de lPacide sulfurique... ......,... HObCobET 6 — Réponse à une réclamation de priorité éle- vée par M. Baudrimont relativement à sa théorie de la fabrication de l’acide sulfu- rique — Sur un nouvel oxyde de rot sénat — Sur un moyen d'obtenir certains métaux parfaitement purs..,........... — Réponse à une réclamation soulevée par M. Jacquelain à l’occasion de cette com- munication......=..,. — Recherches sur le chrome... — M. Peligot est présenté par la Section de Chimie comme l’un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. d'Arcet........ — M. Peligot annonce par une Lettre qu’il se désiste de sa candidature, et expose les DRE EEEEELE EEE E LEE EEE EE motifs qui l'y ont porté..... Ho DA OA 0 PELLETIER et H. Devizre. — eee sur la résine de gaïac........ sono sente 166 PELOUZE communique extrait d’une Let- tre de M. Berzelius à M. Laurent, sur les poids atomiques du zinc et du fer,..... — Mémoire sur l'acide lactique... PELTIER. — Observation d’un double coup de foudre ascendante pendant l’orage du 9 septembre 1844........ SOS ORTE . — Considérations sur la trombe de Cette et sur celle qui a ravagé, en juin 1839, la commune de Chatenay...... Gone — Remarques sur quelques anomalies appa- Pages 1405 776 1457 132 352 1219 527 1210 MM. rentes dans les phénomènes électriques produits par la foudre..,............ PERSIGNY (be). — Mémoire sur les sables #e désert et les pyramides d'Égypte et de Nubie... — M. de Persigny envoie une nouvelle rédac- tion de la quatrième partie de ce Mé- MORE 6 eee PE ee ere LL PERSON. — Recherches concernantla chaleur qui devientlatente par le passage de l’état solide à l’état liquide. ...... ....... — Note sur le déplacement du zéro dans té thermomètres...... Roue DOC PERSOZ. — Note sur une question de Frs rité relative aux idées émises par M. Aug. Laurent, sur les acides amidés et chloramidés....,......... een PETEL et J. Duvaruer. — Dépôt d’un pa- quet cacheté (séance du 28 octobre). . ..… PETER CLAM fait connaître à l’Académie l’époque précise de la mort de M. Dalton, un de sés associés étrangers. .......,... PETIT. — Sur lés conséquences qui parais- sent devoir résulter de la comparaison des températures observées en divers lieux de la terre. — Sur la position FE Perses de Tou- TOUS RCE TAQURT nent - — Mémoire analytique sur la’ hauteur des bolides.. — Sur la parallaxe de quelques nouveaux DONS RAP E MN RTE : PHILIPPAR présente une collection, accom- pagnée d’un catalogue méthodique, de 620 espèces et variétés de céréales... ... PIERQUIN. — Sur une fleur hermaphrodite AENICIREeee dceiete cooreoe PIGIS soumet au jugement de l’Académie un dispositif au moyen duquel il se propose de prévenir le déraillement des locomoti- res employées sur les chemins de fer... PIOBERT. — Rapport sur un bâti à essieux convergents pour locomotives et wagons des chemins de fer, présenté par M. Ser- met de Tournefort.. ......... CÉHAQrE PIORRY demande que son cinquième te de « Médecine pratique » soit admis à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon, et adresse, conformément à une disposition prise par l’Académie pour les ouvrages ‘destinés à ce concours, une indication des parties de son travail qu’il considère comme offrant quelque chose de neuf... PIRIA. — Sur lexistence de l’asparagine dans le suc de la vesce sous certaines conditions de végétation. ....... ce... C. R., 1844, 20€ Semestre. (T. XIX.) (1517) Pages. 1363 328 626 637 633 779 1209 274 329 163 1453 MM. PISSIS. — Mémoire sur les rapports qui exis- tent entre la figure des continents et les directions des chaînes de montagnes... — M. Pissis, prêt à partir pour le Mexique, se met aux ordres de l’Académie pour les recherches qu’elle jugerait convenable de- IUTTTATQUER SRE Eee: PLANCHON (J.-E.). — Recherches sur les caractères et le développement des vrais etides Rx ares. Cher. 2e PLANTAMOUR. — Observation de la comète découverte par M. Mauvais............, — Calcul de l’orbite de cette comète POINSOT est nommé membre de la Commis- sion chargée de présenter une liste de candidats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton. — M. Poinsot est désigné pour faire partie du conseil de Sora net de l’École Polytechnique. 2-01. Rate POISEUILLE. — Recherches expérimentales sur l’action des médicaments.......... — M. Poiseuille adresse, comme renseigne- ment pour la Commission de Physiologie expérimentale, la copie d’une Note rela- tive à un point en litige entre lui et M Dubois, d'Amiens, sur la théorie de la circulation capillaire.............,.... POMEL. — Note sur un bouc fossile décou- vert dans Îles terrains meubles des envi- rousrd'Esoirée 0 Re NT NIAETMER — Description géologique et paléontologique des collines de la Tour-de-Boulade et du Teiller, près d’Issoire (Puy-de-Dôme). PONCELET présente, au nom du Président du comité des fortifications, le quator- zième volume du « Mémorial de l'officier AU MONOMRE CASE co eco — M. Poncelet est nommé membre de la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d’associé ctranger vacante par suite du décès de M. Dalton....... DUT ile) nle M Te ee à ets PORTE écrit qu’il a découvert dans l'Améri- que méridionale plusieurs gisements im- portants d’ossements fossiles, et qu’il dé- sire soumettre au jugement de l’Académie les pièces qu’il a recueillies ainsi que les notes qu’il a prises sur ces gisements, dont quelques-uns paraissent promettre une abondante récolte................. POUCHET.. — Recherches sur la progression et l’état du fluide séminal dans les organes génitaux des mammifères femelles. —Sur la formation des corps jaunes chez les fe- melles non fécondées.................. 201 1302 1362 mm mie d’un exemplaire de la quatrième édition de ses « Eléments de Physique et de Météorologie », indique les princi- pales modifications qu’il y a introdui- 1OB... see covers enessloes olales someone — Note sur un moyen de mesurer des inter- valles de temps extrêmement courts, comme la durée du choc des corps élasti- ques, de l’inflammation de la poudre, etc., et sur un moyen nouveau de comparer les intensités des courants ET soit permanents, soit instantanés. PRÉSIDENT DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES (1e).—Remarques à l’occasion d’une réclamation de M. Passot, contre le Rapport fait dans la séance du 23septem- bre 1844, sur nne Note intitulée : « Con- séquence immédiate de la théorie acadé- mique sur les forces centrales, »........ PRÉSIDENT DE L'ACADEMIE DES BEAUX-ARTS (LE) invite l’Académie des QUATREFAGES (ne). — Sur les Mollusques .gastéropodes phlébentérés...........,. — Notesur divers points de l'anatomie et de la physiologie des animaux sans vertèbres. — Lettre à l'occasion des objections qu’a pré- sentées M. Souleyet coutre son Mémoire sur les Mollusques phlébentérés , et ré- ponse à ces objections dans une Note adressée sous pli cacheté.......,....,.. RABET, — Tableau synoptique d’une nou- velle méthode pour enseigner à lire aux sourds-muets , guérir le bégayement , etc, RACIBORSKY. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 5 août)...,...,..,,,....,.... — Dela nature des corps jaunes et de leurs rapports avec la fécondation...... Meet RATEL et Cnoisecar. — Sur l'emploi de cer- tains réactifs dans Ja gravure des planches photographiques... .,,,,... D A RAULIN, qui avait soumis précédemment au jugement de l’Académie une carte co- loriée du bassin parisien , considéré sous le point de vue géologique , demande que cette carte soit renvoyée à l'examen de la Commission qui fera le Rapport sur le procédé de M. Derenémesnil......,..,,. + 1384 716 1459 Sciences à désigner un de ses membres pour s’adjoindre à la Commission qui aura à faire un Rapport à M. le Miuistre de l'Intérieur sur un procédé imaginé par M. Delamare, pour hâter ou retarder à volonté la dessiccation de la peinture à Vhuile. — M. Chevreul est ere à cet (Li CPP PP PRE COREES en ciaiete tee dan sine tets PREVOST et Les) — Rechbreles sur la formation des organes de la circulation et du sang dans l’embryon du poulet... PROVOSTAYE (pe La) et Desams. — Note sur les lois du rayonnement dela chaleur. PRUDHOMME DERVIN demande l’autori- sation de reprendre un ouvrage manuscrit intitulé : « Guide du Taillandier » , ou- vrage sur lequel il n’a pas été fait de Rap- POLE PR AMIE edit ODA Ghana age: PUEL. — Sur un cas de perte de la sensibilité sans perte du mouvement dans toute une moitié du corps..... Do OC OCT UT FLE — Réponse aux objections présentées par M. Souleyet contre les recherches relatives aux Mollusques phlébentérés. ......... Ê — Observations générales sur le phlébenté- risme ; anatomie des Pycnogonides,..... QUETELET. — Observations d'étoiles filan- tes faites en Belgique......,,....,,.. TE — Lettre sur les étoiles filantes des nuits des get rtaoût 1844. 0, 0-0. TD : Jo r- RAYER est adjoint à la Commission qui doit examiner le Mémoire de M. Carmignac- Descombes, sur un plan d'enseignement agricole. . REGNAULT he He pour remplacer M. Thenard dans la Commission charpée d'examiner un Mémoire de M, Gaultier de Claubry....,...... SAN À bo ont REVEILLÉ-PARISE. — Études de l’homme dans l’état de santé ce dans l’état de ma- RIBERI, — M. Flourens présente, au nom de M. Riberi, divers ouvrages et opuscules de CHITUNPIDEE EC Steeple Ses ele elfe pisse de RICHARD DES V AUX. — Dépôt die paquet cacheté (séance du 16 décembre)........ RIGAULT, — Extirpation de l’umoplate et Pages, 1019 1021 806 1150 419 671 . 1372 1181 ‘1089 1454 1373 MM. d’une portion de la clavicule chez un homme âgé de cinquante et un ans; gué- rison du sujet opéré.........,......... RIVIÈRE. — Recherches sur les feldspaths. ROBERT (E.). — Recherches sur les change- ments survenus dans le niveau de la mer et du sol depuis l’époque tertiaire...... — Sur quelques altérations qui surviennent à la longue dans la structure des pierres et ciments exposés à l'air.............,.. — M. E. Robert se fait connaître comme l’au- teur d’une Note sur les moyens de dimi- nuer les dangers des chemins de fer, Note qui, n'étant pas signée , n'avait pu, con- formément au règlement de l’Académie, être renvoyée à l’examen d’une Commis- siont. ee. A eelen aaceae me sas eo. — Sur les rapports des fourmis avec les pucerons...-........ CCE tie — Sur la présence de l’Anoplotherium dans les couches es plus inférieures de la période tertiaire du bassin de Paris.........,.. ROBERT LATOUR et Cozuiexox. — Sur l’aug- mentation de la fibrine dans le sang, chez les hommes et les animaux atteints de pblegmasies...,......... sr Pepntn ee . ROCHE , en présentant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon, un exemplaire de la 4® édition des « Nouveaux éléments de Médecine et de Chirurgie», ouvrage qui lui est commun avec feu M. Sanson, SAGEY annonce l’envoi prochain d'un Mé- moire sur les chemins de fer atmosphé- riques. ......... LAtEtäbadeeotes ce SAINT-ANGE PLET. — Mémoire sur la con- struction et sur les usages d’un nouvel instrument désigné sous le nom de com- pas polymètre..... Ress oaiens actene SAINT-VENANT (pe). — Notes sur l'état d’é- quilibre d’une verge élastique à double courbure, lorsque les déplacements éprou- vés par ses points, par suite de l’action des forces qui la sollicitent, ne sont pas très-petifs............ — Mémoire sur les lignes courbes non planes. SALA demande l’autorisation de reprendre un Mémoire qu’il avait précédemment adressé pour un concours, et qui n’a point été mentionné dans le Rapport de la Com- mission. L’auteur est autorisé à repren- dre ce Mémoire, qui est relatif à un non- veau vocabulaire télégraphique.......... (1519) Pages. 187 753 265 758 919 . 1321 1404 933 268 1e :0361et 187 547 1119 MM. Pages. adresse une indication sommaire de ce qui lui paraît neuf dans ce travail.......... ROCHOUX..— Mémoire suc la structure et sur quelques maladies des poumons..... 1447 RODIER et A. Becquerez. — Recherches sur la composition du sang dans l’état de santé et dans celuï de maladie.....-.... ROGER (H.) et Barrue adressent , pour le con- cours aux prix de Médecine et de Chirur- gie, la 2€ édition d’un « Traité pratique d'Anecuitatiin, meer mlere “1454 ROSE (H.). — Sur deux nouveaux métaux , le pélopium et ie niobium, découverts dans les tantalites de Bavière..........,.... 1295 ROUCHER. — Sur la ge ne ‘d'un nouvel oxydo-chlorure de mercure....... ..... 573 ROUELLE. — Observation d’un cas de frac- ture du crâne et de blessure du cerveau, avec perte de substance................ 748 ROUGET DE LISLE écrit que le Seche inventeur des fours aérothermes est le Hollandais Drebbel, et non Rumford, comme on lecroit communément, et comme on l’a répété dans une communi- cation récente ........ Mens anmrels de RUAUX. — Projet de substitution de la force des chevaux à cellede la vapeur, pour l’ex- ploitation des chemins de fer et pour les transports par eau......... RUOLZ. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 23 décembre).......... RUN PSC CR 1321 1406 SAULNIER DE VAUHELLO (Le). — Carte des sondes de la Manche faites en 1840 et 1841, sur le bâtiment à vapeur Le Flam- BERRIS e oneee eos ienelseeerees este SAVIGNY so un cxemplairei imprimé de son travail sur les oiseaux égyptiens, tra- vail qui devait, dans le principe, faire par- tie de la description de l'Égypte; cet exem- plaire est enrichi de plusieurs Notes ma- nuscrites.............se.s... ses. IfOI SCHATTENMANN. — Effet des engrais am- 456 moniacaux sur la végétation............ 114 — M. Schattenmann appelle le jugement de l’Académie sur son procédé de désinfec- tion des fosses d’aisance au moyen d’une dissolution de sulfate de fer............ 233 — Expériences faites à Paris pour constater les résultats du système de cylindrage pour les chaussées en empierrements proposé par M. Schattenmann. ( Rapport sur ces expériences; Rapporteur M. 201I.. MM Marhten) conte -Laraatolesrase FA SCHULTZ. — Sur l’origine de l'oxygène exhalé par les plantes sous l'influence de Ja Iunnibre = -- cer -Pare teen SCHUMACHER. — Observations de la CUBE découverte par M. Mauvais.......... 5 — M. Schumacher annonce-à M. Arago que le roi de Danemark est dans l'intention de proposer un prix pour la détermination la plus exacte de l'orbite de la comète der585, calculée sur les observations de Tycho.. SCRIBE (F.). — Note sur la résine icica. SÉDILLOT. — Observation d’un cas de 4 noplastie pratiquée par un nouveau pro- cédé et avec un succès complet... ...... SÉDILLOT. — Sur la latitude dela Lune... — Nouvelles observations concernant la dé- couverte de la variation par les Arabes, précédées de considérations sur les ser- vices que ces Poe ont rendus à Ja science... enter chat erpe : SEILER. — Note sur les Aa UE diverses que l’on peut faire de son appareil de ventilation ........ vleld aisiaie n'es n)so/aieta . SELLIGUE.— Sur un nouveau ME dépro- pulsion résultant de la détonation du gaz. 337, 513, 660 et SERMET DE TOURNEFORT. — Mémoire sur un bâti à essieux convergents pour locomotives et wagons des chemins de fer. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur MAEPIDbER LA) eue cena tnebise e SERRES présente les Pirate photographi- ques de deux indigènes du Brésil, por- traits exécutés par M. Thiesson......... — M. Serres est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'associé étranger yacante par suite du décès de M. Dalton. — Remarques concernant l'ovulation pério- dique de la femme, présentées à l’occa- sion d’ane communication de M, Raci- TAILLEPIED. — Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 22 juillet)... ,!..... TARDIEU (Léox). — LR ÉEET à Loccasion de certains passages du Rapport de M. Piobert sur une communication de M. Sermet de Tournefort....... ans mette ee TAURINUS. — Nouveau système pneumati- . que de mouvement sur les chemins TCHIHATCHEFF. — Note sur la phssionoe mie générale de l’Altaï., ..... 524 1029 1407 1318 borsky ....... RES EDS ne tiers rt — Observations sur le parallèle de l'embryo- génie comparée des vertébrés et des in- vertébrés ; Remarques faites à l’occasion d’une communication de M. Milne Ed- wards sur le développement des Annélides. — Réplique à la réponse de M. Milne Edwards. tmnese SERRET. — Mémoire sur la théorie des équa- tions différentielles... ...... HERO SIGAUD prie l’Académie de hâter le travail de la Commission chargée de faire un Rapport sur une Notice qu’it lui a pré- sentée concernant la cire ocuba et une autre cire végétale du Brésil........... SILBERMANN met sous les yeux de l’Aca- démie des épreuves de tirages en couleur obtenus par la presse typographique or- dinaire, au moyen d’un procédé nouveau, SILBERMANN et Bunren soumettent au juge- ment de l’Académie un sympiézomètre perfectionné.… SIRET.—Notes sur l'assainissement des égouts au moyen d’un composé désinfectant. DEceae me tiee sens... 267, 1088 et SIRET. — Procédé pour l’amélioration de la poudre de guerre et de la poudre de chasse........ de ne etai els aloalttatetetal El at d SOLEIL met sous les yeux de MAesdémten un microscope polarisant de M. Amici, qu’il a exécuté sous la direction de ce savant et d’après ses dessins......... pages ons à SOULEYET. — Observations sur les Mollus- ques désignés sous le nom de « Phlé- bentérés » par M. de Quatrefages....... — Lettre à l’occasion d’une Note lue dans la séance du 21 octobre par M. de Quatre- Jages, sur les questions débattues relative- ment à l'anatomie des Mollusques. ...., SY (En.) appelle de nouveau l’attention de l’A- cadémie sur une Note qu’il lui a adressée relativement à un moteur atmosphérique. — M, Tchihatcheff présente l’ensemble de son travail sur l'Altaï, travail dont un extrait a été inséré dans le Compte rendu de la séance du 18 novembre. Une partie de ces recherches étant relative aux végétaux fossiles, M. Ad. Brongniart est adjoint à la Commission primitivement nommée...........-. D TEISSIER.— Note sur les ossements humains découverts près d'Alais, et qui avaient été considérés, par M. E. Robert, comme 372 136 1163 1366 927 1366 1163 MM. fossiles {en commun avec MM. Joly et E. Dumas). THENARD est désigné pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'École POINIGc NIQUE ER e- -- THENARD, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Barrage mobile. (Rapport sur ce barrage; Rapporteur M. Arago.).. — Réclamation relative à un passage de la Note de M. Mary, sur le système de bar- rage de M Sartoriss..) - je, Massa» 2 THENARD (P.). — Note sur la formation des hydrogènes phosphorés....... THIESSON. — Portraits ee es exécutés par son procédé. 418, 490 et THOMAS (L.) et C. Laurent adressent une VALENCIENNES. Note sur une es- pèce de ver de la cavité abdominale d’un lézard vert piqueté des environs de Paris, le Dithyridium lacertæ, Nob..... E — Recherches sur la structure et la nature du tissu élémentaire des cartilages. . ... — M. Valenciennes est présenté par la Section de Zoologie comme l’un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Saint-Hilaire. ......... — M. Valenciennes est élu membre de la Sec- tion de Ziaolpgie 65.2. 74e teee — Ordonnance royale qui confirme sa nomi- MARIO ee els afela se a eles eee ce ete VALLAT. — Dépôt Fe paquet cacheté (séance du 22 juillet)............,.... VALLEÉE.— Note sur le jaugeage 4e eaux qui alimentent le lac de Genève par le fond et par la surface... .... la uieine VALLOT, »e Duox. — Note sur "le Per ver du Fezzan....... eee RAR ae 0e à — Note pour faire suite à de précédentes communications sur les insectes nuisi- bles la vigne. eee. VALZ. — Éléments paraboliques dela ee découverte par M. Mauvais ........... VAN DE VELDE fait hommage à VAcadé. mie des cinq premières livraisons d’un ouvrage qu’il publie sur l’archipel Indien. VAN PETERSSEN, — Figure et description sommaire d’un bras artificiel. ...,...... VELPEAU présente , au nom de l’auteur, M. Gherzi, les livraisons 2 et 3 du tome II des « Leçons théoriques et pratiques OBS IANE NE A = eee — M. Velpeau fait hommage à l’Académie, au nom de l’auteur, M. Gouraud père, de 715 239 241 34 435 V réclamation à l'occäsion du Rapport fait dans la séance du 1tT juillet 1844 sur les Mémoires de M. Ebelmen, concernant la métallurgie du fer et l'emploi des com- bustibles gazeux. 2-0... THURET et Decaisxe. — Note sur les anthé- ridies et les spores de quelques Fucus.…. TIEDEMANN est présenté comme l’un des candidats pour la place d’associé étranger vacante par suite du décès de M. Dalton. TRISTAN (De). — Discussiän des observa- tions thermométriques faites à Orléans depuis 1519 jusqu’en 1843....... TURCK.. — Mémoire sur la nature et le trai- tement de la fièvre typhoïde... l'ouvrage intitulé : « Études sur la fiévre intermittente pernicieuse dans les con- trées méridionales.»............,...... — Remarques à l’occasion d’une communica- tion de M. Cornay relative à une récla- mation de priorité concernant les rap- ports de la fièvre Lyphoïde avec le typhus. et l’emploi du quinquina dans ces affec- DONS TR AT ee lee nine se aelet — À l’occasion d’une Lettre adressée par M. Lesauvage dans la séance du 23 septembre, M. Velpeau fait remarquer quecomme les Recherches sur lesquelles M. Lesauvage demande le Rapport impliquent une question de priorité à l’égard de M, Coste, il semble convenable que les communi- cations de ces deux anatomistes soient examinées par une seule et même Com- mission. L'Académie décide que les deux Commissions nommées seront réunies en une seules roe- sms VERGNAUD. — Recherches : sur les causes d’explosion de poudrières.............. VICO écrit à M. Mauvais qu’il a découvert une comète dans le Verseau, le 22 août 1844 VIERORDT. — Influence de la fréquence des mouvements respiratoires sur l’exhala- tion de j’acide carbonique... VINCENDON-DUMOULIN.—Rapport ver- bal sur les travaux exécutés par cet ofü- cier et par M. Coupvent-Desbois, pendant la dernière campagne de l’Astrolabe et de la Zélée; Rapporteur M. Arago....... VINCENT (A.). — Nouveau système de dé- fense des côtes. — Projet d’un nouveau canon se chargeant par la culasse. — Moyen d’empêcher les embarcations sous Pages 339 1029 Ibid. 1033 Gor MM Voile détchavirer. Seat 20 SEC RR VIRLET D'AOUST. — Sur un météore lu- WAGNER. — Nouvelle théorie des échappe- ments adoptés en horlogerie... .…. ss... WALCRENAER. — Carte géographique dela Gaule à l’époque de la chute de l'empire romain en Occident......,........... ‘ WANES. — Dépôt d’un Per cacheté (séance du 14 octobre). ............... WARDEN fait hommage à Metene dun nouveau volume de « l'Art de vérifier les dates. » Ce volume, qui est le dix-hui- tième de la série, contient la description géographique et historique de six pro- vinces de l'Amérique du Nord jusqu'à l'établissement de leur constitution ; sa- voir : de l’Étatde New-York, de la Pensyl- vanie, du Maryland, des deux Carolines et de la Géorgie... "2... Ke WARENNE consulte Pacadmie sur diverses questions relatives à des perfectionne- ments qu’il suppose possible d’introduire dans l’art du tanneur.................. WATTEMARE écrit qu’il est chargé de pré- senter, au nom de l’Institut national des États-Unis, quelques volumes publiés dans ce pays ; il demande que PAcadémie ZAMBONI adresse, de Vérone, une réclama- tion de priorité à l’occasion d’une Note de M. Dujardin, de Lille, publiée dans les Annales de Chimie et de Physique de mai 1844, et relative à des phénomènes d’in- duotionss 4-2 etre. ZANTEDESCHI. — Sur des nn de pola- risation observées dans la lumière de la Lune pendant éclipse du 31 mai 1844. 5or 776 1318 | charge une Commission d'examiner l’uti- lité que peuvent avoir ses efforts pour établir entre la France et l'Amérique un système d'échange de livres............ — M. Wattemare écrit qu’il a été chargé par l'Institut national des Etats-Unis d'offrir à l’Académie des Sciences un exemplaire du Rapport sur la géologie du Massachu- setts, par M. Hitchcock, et demande que l’Académie veuille bien comprendre cette institution dans le nombre des corps sa- vants auxquels elle adresse ses publica- WERNER soumet au jugement de l’Académie deux nouvelles planches de ses « Tableaux élémentaires d'anatomie humaine. ».... — M.Werner, en adressant les dix-septième et dix-huitième fascicules des planches qu’il exécute pour l’Ostéographie publiée par M. de Blainville, sollicite pour son tra- vail les encouragements de l’Académie... WERTHEIM. — Recherches sur l’élasticité ; 32 Mémoire... — Note sur l'influence des basses tempéra- tures sur élasticité des métaux........ ZOTOF adresse de Saint-Pétersbourg une Note ayant pour titre: « La vie, le som- meil et la mort », et demande que cet opuscule soit renvoyé, comme document à consulter, à l'examen de la Commis- sion chargée de prononcer sur les pièces adressées au concours pour le prix concer- nant la question des morts apparentes... 372 1214 269 1322 1523 }) Errata. (Tome XVII.) Page 30, ligne 25, au lieu de Louvic-Jonzon, lisez Louvic-Jouzon. 396, 5, au lieu de Algues, lisez Alger. £ 397, 10, au lieu de Soulu, lisez Sculce. 4or, 17, au lieu de Hano, lisez Slano. (Tome XIX.) Voyez aux pages 137, 197, 242, 275, 492, 527, 618, 716, 1040, 1181, 1215, 1373 et 1406. LL u ni FE 4e 4 ss CE ; PE EL De sie, RTS % re ’ “JA ù DE if of nf Le" dé “ Le. 2 °° N'OM el 5 er DEEE +- Re. UP CEE 40! rod: "4 sœur sé 2 AE pa er MR 7 12 DR Fo An RAC ART . Ro . 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