0&W1988 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'A6ADÉMIE DES SCIENCES. • • •^ ^. "30 4^ A. M. "TTT Tîlf IHPtlHERIS DE MCBSUER , me du Jardinet, ti. ; COMPTES RENDUS a HEBDOMADAIRES » DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES » « PUBLIES CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE L», 3ate 3u Ai 5uifi*t <835, •• PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME VINGTIÈME. » JANVIER-JUIN 184S. ■c^^'*'"'"i; PARIS, BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DE l'École polytechnique, du bureau des longitudes, etc. Quai des Augustins, n° 55. » 1845 • •^ • « «• * '^% *• ..t COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 6 JANVIER 1845. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMOKT. t<» RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADaUXISTRATIVE. ** I/Académie procède, par voie de scrutin, à la iiomination d'un vice- président pour l'année i845. Au premier tour de scrutin , le nombre des votants étant de 54, M, Mathieu obtient 3i suffrages. M. Pouillet ig M. Gay-Lussac i M. Piobert i M. Poinsot I M. Poncelet i M. Mathieu, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé vice-président pour l'année i845. M. Elie de Beàumont, vice-président pendant l'année i844î passe aux fonctions de président. Conformément au règlement, M. Dupin, avant de quitter le fauteuil de président, rend compte de ce qui s'est fait pendant l'année i844 relativement à l'impression des Mémoires de l'Académie et des Mémoires des Savants étrangers. C. R., 1845, 1" Semestre. (T. XX, N« 1.) « ( 2 ) L'impression du tome XIX des Mémoires de l'Académie est presque terminée; quant aux Mémoires des Savants étrangers, une moitié du tome IX est déjà imprimée. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de deux membres de la Commission administrative. Les membres sortants, MM. Poinsot et Beudant, peuvent être réélus. Sur un nombre de Si votants, MM. Poinsot et Beudant obtiennent, l'un 5o, l'autre 48 suffrages. MÉMOIRES ET COMMUMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « MÉCANIQUE PHYSIQUE ET EXPÉRIMENTALE. — Réclamation de priorité. M. PoBiCEtET prend la parole au sujet de la Lettre de M. Baudrimont, insérée à la page i454 du Compte rendu de la dernière séance. Il fait observer que les mécanismes mentionnés dans cette Lettre , offrent une très-grande ana- logie avec ceux dont il donne, depuis longtemps, la description aux auditeurs de son Cours de la Faculté des Sciences de Paris. Ces mécanismes qui ont pour objet l'étude expérimentale des phénomènes de mouvement les plus rapides, ont été réalisés dès i83o, par M. Morin, dans ses belles expériences relatives au frottement des corps glissant sur des traîneaux, ainsi que dans beaucoup d'autres recherches où il devenait nécessaire d'apprécier le temps avec un degré d'exactitude qui n'a ici , pour ainsi dire , d'autre limite que la difficulté même d'obtenir, pour le disque ou le cylindre tournant, un mouvement rigoureusement uniforme. Cette difficulté, au surplus , peut être atténuée par différents moyens , au nombre desquels on doit citer celui dont M. Wcrtheim a fait usage dans son important travail sur l'élasticité des corps. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les progressions des divers ordres ; par M. Augustin Cauchy. « Les progressions sont les premières séries qui aient fixé l'attention des géomètres. Il ne pouvait en être autrement. Diverses suites dont les considé- rations se présentaient naturellement à leur esprit , telles que la suite des nombres entiers, la suite des nombres pairs, la suite des nombres impairs, offraient cela de commun , que les divers termes de chacune d'elles étaient équidifférents entre eux; et l'on se trouvait ainsi conduit à remarquer les (3; progressions par différence, autrement appelées progressions arithmétiques. De plus, en divisant algébriquement deux binômes l'un par l'autre, ou même en divisant un monôme par un binôme , on voyait naître la progression par quotient, autrement appelée progression géométrique , qui offre le premier exemple d'une série ordonnée suivant les puissances entières d'une même quantité. » En réalité, une progression arithinétique n'est autre chose qu'une série simple dont le terme général se réduit à une fonction linéaire du nombre qui exprime le rang de ce terme. » Pareillement , une progression géométrique n'est autre chose qu'une série simple , dans laquelle le terme général se trouve représenté par une exponentielle dont l'exposant se réduit à une fonction linéaire du rang de ce même terme. » Il en résulte qu'une progression géométrique est une série simple dont le terme général a pour logarithme le terme général d'une progression arith- métique. » Il y a plus; de même qu'en géométrie on distingue des paraboles de divers ordres , de même il semble convenable de distinguer en analyse des progressions de divers ordres. En adoptant cette idée, on devra naturelle- ment appeler progression arithmétique de l'ordre m une série simple dont le terme général sera une fonction du rang de ce terme, entière et du degré m. " Pareillement, il paraît naturel d'appeler progression géométrique de l'ordre m une série simple, dans laquelle le terme général se trouve repré- senté par une exponentielle dont l'exposant est une fonction du rang de ce terme, entière et du degré m. » Gela posé, le terme général d'une progression géométrique de l'ordre m aura toujours pour logarithme le terme général d'une progression arithmé- tique du même ordre. '1 Les définitions précédentes étant admises , les progressions arithmétique et géométrique du premier ordre seront précisément celles que l'on avait déjà examinées d'une manière spéciale, celles-là même dont les diverses pro- priétés, exposées dans tous les Traités d'algèbre, sont parfaitement connues de tous ceux qui cultivent les sciences mathématiques. » Ajoutons que les progressions arithmétiques des divers ordres, quand on les suppose formées d'un nombre fini de termes, offrent des suites que les géomètres ont souvent considérées, et que l'on apprend à sommer dans le calcul aux différences finies. Telle est en particulier la suite des carrés des I.. (4) nombres entiers; telle est encore la suite des cubes, ou, plus généralement, la suite des puissances entières et semblables de ces mêmes nombres. » Mais, entre les diverses progressions , celles qui , en raison des propriétés dont elles jouissent , méritent surtout d'être remarquées, sont les progressions géométriques des ordres supérieurs au premier. Celles-ci paraissent tout à fait propres à devenir l'objet d'une nouvelle branche d'analyse dont on peut apprécier l'importance, et se former une idée, en songeant que la théorie des progressions géométriques du second ordre se confond , en quelque sorte, avec la théorie des factorielles réciproques , de laquelle se déduisent si aisé- ment les belles propriétés des fonctions elliptiques. Ainsi qu'on le verra dans le présent Mémoire, et dans ceux qui le suivront, les formules qui expri- ment ces belles propriétés , si bien développées par M. Jacobi , se trouvent comprises comme cas particuliers dans d'autres formules de même nature, mais beaucoup plus générales, que je crois pouvoir offrir avec confiance à l'Académie et à ceux qu'intéressent les progrès de l'analyse mathématique. § I"'. — Considérations générales. » Une progression arithmétique n'est autre chose qu'une série simple , dans laquelle le terme général u„ , correspondant à l'indice n , se réduit à une fonction linéaire de cet indice, en sorte qu'on ait, pour toute valeur entière , positive , nulle ou négative de n , (i) u„ = a + bn\ a et b désignant deux constantes déterminées. » Pareillement, une progression géométrique n'est autre chose qu'une série simple , dans laquelle le terme général u„ , correspondant à l'indice n , se trouve représenté par une exponentielle dont l'exposant se réduit à une fonction linéaire de cet indice, en sorte qu'on ait, pour toute valeur entière , positive , nulle ou négative de n , (2) «„ = A«-*", A, a j b désignant trois constantes déterminées. Il est d'ailleurs important d'observer que, sans diminuer la généralité de la valeur de u,, fournie par l'équation (2), on peut toujours y supposer la constante A réduite à une quan- (5) tité positive, par exemple, à la base e = 2,7182818. . . des logarithmes népériens. » En étendant et généralisant ces définitions, on devra naturellement appeler progression arithmétique de l'ordre m une série simple dont le tei*me général u„ sera une fonction de l'indice n, entière et du degré m. " Pareillement, il paraît naturel d'appeler progression géométrique de l'ordre m une série simple dans laquelle le terme général «„ se trouve re- présenté par une exponentielle dont l'exposant se réduit à une fonction de l'indice n, entière et du degré m. , » Ces définitions étant admises, le terme général u„ d'une progression arithmétique de l'ordre w, exprimé en fonction de l'indice n, sera de la forme (3) u„ — a^-h Uin -{- a^n"^ -\- . . . + a„, n'"', ao, af, a^,. . .,am étant des coefficients constants, c'est-à-dire indépendants de n. » Au contraire, le terme général dune progression géométrique de l'or- dre m sera de la forme et par conséquent il aura pour logarithme le terme général d'une progres- sion arithmétique de l'ordre m. » Si , pour abi'éger, l'on pose ^ A"» -y. A»! ™ A"" •A-Q XV , *^ i **■' , • • • > '^/J ^^ ,■ l'équation (4) donnex-a (j) ll„ = XoX^ x^ . . . x^ . Donc le terme général d'une progression géométrique de l'ordre m peut être considéré comme équivalent au produit de m bases diverses l'espectivement élevées à des puissances dont les exposants 1, n, n^, . . ., /*'" (6) forment une progression géométrique du premier ordre , dont la raison est précisément le nombre n. » Siau coefficient Xo on substitue la lettre k, et aux bases ic,,j?3, 0:3,..., j?„_,,a:,„ les lettres x,j^,z,...,v,w, alors on obtiendra, pour le terme général «„ d'une progression géométrique de l'ordre m, une expression de la forme (6) u„ = /ta:"j"' / . . . <>"""■ w"", et le terme particulier correspondant à l'indice n = o sera (7) «0 = ^. Donc , si l'on nomme k le terme spécial qui , dans une progression géomé- trique, correspond à l'indice zéro, le terme général correspondant à l'in- dice n sera , dans une progression géométrique du premier ordre , de la forme kx"; dans une progression géométrique du deuxième ordre, de la forme dans une progression géométrique du troisième ordre, de la forme kx'y'z"', etc. » En terminant ce paragraphe, nous observerons que toute progression arithmétique ou géométrique peut être prolongée indéfiniment ou dans un seul sens , ou en deux sens opposés. Si u„ représente le terme général d'une telle progression, celle-ci, indéfiniment prolongée dans un seul sens, à partir du terme «o ? sera réduite à la série ou à la série La même progression, indéfiniment prolongée dans les deux sens, sera • • • ^-Î5 ^— < 1 ^0> ^) > «2 J . . . • (7 ) » r § II. — Sur tes modules et sur les conditions de convergence des progressions géométriques des divers ordres. » Considérons d'abord une progression géométrique de l'ordre m, dans laquelle le terme général u„, correspondant à l'indice «, soit de la forme AfllH A désignant une quantité réelle et positive , et n une quantité entière posi- tive, nulle ou négative. Si l'on suppose cette progression prolongée indéfi- niment dans un seul sens, à partir du terme «^ = i, elle se trouvera réduite ou à la série (0 I, A, A'"', A^..., ou à la série (2) I, A^-'^, A^-^)", A(-3^.... Dans le premier cas , le module de la progression sera la limite vers laquelle convergera , pour des valeurs croissantes du nombre «, la quantité n X n"- • Dans le second cas, au contraire, le module de la progression sera la limite vers laquelle convergera , pour des valeurs croissantes du nombre n, la quan- tité Enfin , si l'on suppose la progression prolongée indéfiniment dans les deux sens , on obtiendra la série (3) A(-^^ A(-»)-, A<-)", I, A,,Ar, A^..., dont les deux modules se confondront, l'un avec le module de la série (i), l'autre avec le module de la série (2). D'ailleurs ces deux modules , c'est-à- dire les limites des deux expressions A"""' *( — l)'»B'»-' (8 ) *e réduiront évidemment, i" si l'on suppose m = i, aux deux quantités , A et A"; a° si l'on suppose m impair, mais différent de l'unité , aux deux quantités A=", A-~; 3** si l'on suppose m pair, à la seule quantité A==. Ajoutons que l'on aura encore, i" en supposant A ^i, A=^ = o, A-=^==:^; 2° en supposant A > i , A=° = co , A* = G. Il est maintenant facile de reconnaître dans quels cas les séries (i), (a), (3) seront convergentes. En effet, une série quelconque, indéfiniment pro- longée dans un seul sens, est convergente ou divergente suivant que son mo- dule est inférieur ou supérieur à l'unité. De plus, quand la série se prolonge indéfiniment en deux sens opposés , il faut substituer au module dont il s'agit le plus grand des deux modules, et l'on peut affirmer que la série est alors convergente ou divergente, suivant que le plus grand de ses deux modules est inférieur ou supérieur à l'unité. » Cela posé, on déduira évidemment des remarques faites ci-dessus les propositions suivantes. " i" Théorème. Soient A une quantité positive, et m un nombre impair quelconque. La progression géométrique I, A, A , A ,. . ., dont le module est A ou A* , sera convergente ou divergente , suivant que la base A sera inférieure ou supérieure à l'unité. Au contraire, la progression géométrique A — ' A"*" A~^" 4on,t le module est A-' ou A-°°, sera convergente ou divergente, suivant . (9) que la base A sera supérieure ou inférieure à l'unité. Quant à la progres- sion • ••A î-'^ 1-^ 5 ïj^J ^ î-^ î»**9 qui comprend tous les termes renfermés dans les deux premières, et se con- fond avec la série (3), elle ne sera jamais convergente, attendu que ses deux modules, étant inverses l'un de l'autre, ne pourront devenir simultanément inférieurs à l'unité. » Si m désigne un nombre pair, on aura non plus A^ -";"■= A-"", mais A'-"''"=A"". Donc alors la série (a) ne sera plus distincte de la série (i), et la série (3), réduite à la forme ..•A ,A ^AjlyA ,A,a*., offrira deux modules égaux entre eux. Gela posé, on pourra évidemment énoncer la proposition suivante : )' 2* Théorème. Soient A une quantité positive et m un nombre pair quel- conque. La progression géométrique, qui offrira pour terme général A"", étant prolongée indéfiniment, ou dans un seul sens, ou en deux sens opposés> sera toujours convergente si l'on a , Ai. » Considérons maintenant une progression géométrique , et de l'ordre w, qui ait pour terme général la valeur de «„ déterminée par l'équation (4) «„ = A-^''r'z"'...v'"'"-V"', le nombre des variables •», J» z> •••,»', »f G. R., 1845, t" Semestre. (T. XX, K» i.) ^ (lo) , • étant précisément égal à m. Soient, d'ailleurs, X, y, z, . . ., V, w les modules de ces mêmes variables, et k le module du coefficient A. Si l'on nomme u„ le module de «„, on trouvera (5) u„= kx y z V w , ou, ce qui revient au même, (6) u„=N"", la valeur de N étant (7) N = k"^ x""-' y"^ z"^' ... v" w. » D'autre part, la progression géométrique que l'on considère, étant pro- longée indéfiniment, ou dans un seul sens , ou en deux sens opposés, offrira un ou deux modules représentés chacun par l'une des limites vers lesquelles convergeront, pour des valeurs croissantes de «, les deux expressions I I («„)", (u-„r. Mais, pour des valeui-s croissantes de «, la valeur de N déterminée parla for- mule (7), et celle qu'on déduirait de la même formule en y remplaçant n par — n , convergent généralement vers la limite w. Donc , eu égard à la for- mule (6), les limites des expressions I I (u„r, (u_„r seront généralement les mêmes que celles des expressions En partant de cette remarque, et raisonnant comme dans le cas où le terme général de la progression géométrique se réduisait à A-, on établira immédiatement les deux propositions suivantes : ( II ) >> 3' Théorème. Soit m un nombre impair quelconque. La progression géométrique et de l'ordre m, qui a pour terme général la valeur de u„ déter- minée par l'équation étant prolongée indéfiniment dans les deux sens, offrira généralement deux modules inverses l'un de l'autre, et sera par conséquent divergente , à moins que le module w delà variable w ne se réduise à l'unité. La même progres- sion , prolongée indéfiniment dans un seul sens à partir du terme «O = ^1 et réduite ainsi à l'une des séries (8) k, kxjz.-.vw, /ta:Vz^..p"'""tv""', kx^ f z^"^ . . . v^'"~' w^ , .., (9) k, kx-'jz-\..vw-', A-.r-yz-^..v;"""'w-"", kx-^j^z-^^-v^^w-^",..., sera convergente , si le module du dernier des facteurs qui renferme le second terme reste inférieur à l'unité. En conséquence, w étant toujours le module de la variable w , la série (8) sera convergente si l'on a w < I, et la série (9) , si l'on a W-' < I , ou , ce qui revient au même, w > I. Au contraire, la série (8) sera divergente si l'on a w > I , et la série (9) , si l'on a w < I. « 4' Théorème. Soit m un nombre pair quelconque ; la progression géo- métrique et de l'ordre m, qui a pour terme général u„ =. kx^j"' z"'. . . f"""' w"" , . étant prolongée indéfiniment dans les deux sens, offrira deux modules 2, . ( 1^ ) égaux , et sera convergente ou divergente suivant que le module w de la variable w sera inférieur ou supérieur à l'unité. » Les théorèmes 3 et 4 supposent que le module w de la variable w diffère de l'unité. Si ce même module se réduisait précisément à l'unité, alors, pour savoir si la série dont ;/„ représente le terme général est convergente ou divergente, il faudrait recourir à la considération des modules z, y, X > "1 j> des autres variables , ou plutôt à la considération du premier d'entre ces modules qui ne se réduirait pas à l'unité. En suivant cette marche, on éta- blirait généralement la proposition suivante : » 5* Théorème. Soit m un nombre entier quelconque , .et nommons X, y, z,..., V, w les modules des variables Enfin, supposons que la progression géométrique, et de l'ordre m , qui a pour terme général u„ = kx j z" . . , V w" , soit prolongée indéfiniment dans les deux sens. Cette progression sera con- vergente si , parmi les modules w, V, . .., z, y, X, le premier de ceux qui ne se réduisent pas à l'unité reste inférieur à l'unité, et correspond à une variable dont l'exposant dans la formule (5) soit une puissance paire de n. La même progression sera divergente si l'une de ces deux conditions n'est pas remplie. » Le 5* théorème entraîne immédiatement la proposition suivante : '• 6* Théorème. Soit m un nombre impair et supérieur à l'unité. La pro- gression géométrique et d'ordre impair , qui aura pour terme général étant indéfiniment prolongée dans les deux sens , sera convergente si la der- ( '3) tiière des variables offre un module w = i , et l'avant-dernière v un module v inférieur à l'unité. » Il suit des théorèmes 4 et 5 que, parmi les progressions géométriques, celle du premier ordre est la seule qui , prolongée indéfiniment dans les deux sens, ne puisse jamais être convergente. § III. — Propriétés remarquables des progressions géométriques des divers ordres . " Désignons par m un nombre entier quelconque, et considérons une pro- gression géométrique de l'ordre m^ dont le terme général «„ soit déterminé par la formule (i) ««^^xV'z"'... ^"■""'tv''". On aura Uo = k, «, = kxjz . . . vw, etc. . et par suite (a) -" = ^"r z ••• ^' w^""' "n+i _ j:"-+-iy("+')'z(''+')' ... (.("-1-0°— „,("+i)'" M I xyz , . . vw puis on tirera de la dernière équation «. » rrn'> ^ ' «1 les nouvelles variables X, F, Z, , . .^f^^fV étant liées aux variables- x,j-, z, . . . par les formules (m— i)(m— a) m(m^-i) 2 ... 2 (4) ( Z=z...(; '-3 w '-3 F = jz' . . . f ^ w (m— i)(.'n — a) fm— 3) m(m — i)(m — 2) etc., ( ï4 ) dans lesquelles les variables a-, jr, z,..., v, w se trouvent élevées à des puis- sances dont les exposants se confondent successivement avec les nombres figurés des divers ordres. Gela posé, on conclura des équations (2) et (3) qu'il suffit de remplacer les variables a*, ^, z, ..., t-, w par les variables vT, 1^, Z,. . . ,/^, /F", pour transformer le rapport en une fonction nouvelle équivalente au rapport « Considérons spécialement le cas où la progression géométrique est con- vergente. Alors de l'observation que nous venons de faire, et des principes établis dans la séance précédente, on déduira immédiatement les deux théo- rèmes dont je joins ici les énoncés. " i*' Théorème. Supposons que la série, ou plutôt la progression géomé- trique dont le terme général M„est déterminé par la formule (i), reste convergente, tandis qu'on la prolonge indéfiniment dans les deux sens; et soit (6) s = {{x,j,z,...,i>,w) la somme de cette même progression, en sorte qu'on ait (7) f {x,f,Z,. . . , t', w) = . . .i^_3 + M_2 + M_,+«o+"l +"2 + "3+ Soient encore X, K, Z, . . . , V.,JV de nouvelles variables liées aux variables j: , ^, z, . . . , c, w par les formules (4)- t^a fonction f (a: ,jr, z , ..., t", w) se trouvera reproduite par la substitution des variables nouvelles X, J^, Z,..., /^, ^aux variables x ,^, z, . . . , p, w et par l'adjonction du facteur «1 — = xyz: . . vw au résultat de cette substitution ; et par conséquent la fonction f(j:,^,z,... ,4^,11') f i5 ) vérifiera l'équation linéaire (8) i{X,jr^Z,...,S^,w) = XJZ...VWÏ[X,r,Z,...,y,fr). » a* Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le i" théorème, la fàctorielle P déterminée par l'équation (9) p=K)(-"^)(-^:)-(-"^)(-£)(-ë)- sera encore une fonction de a', ^, z, . . ., v, tv, qui se trouvera reproduite par la substitution des variables X, Y^ Z,...,P",Pf^aux variables x, ^, 2,.. ,f, w, et par l'adjonction du facteur u, — = xj-z. . .v\v au résultat de cette substitution. Donc, si, pour plus de commodité, l'on dé- signe par (10) P=: F(x,jr,Z,.. .,(^,W) la valeur de P que fournit l'équation (3), la fonction F {x,j-, z,...,v,w) aura la propriété de vérifier l'équation linéaire (II) F{x,j;z,...,i>,w) = xjz...i>wF{X,r,Z,...,r,PF). § IV. — Nouvelles formules relatives aux progressions géométriques des divers ordres, et aux fonctions qui se reproduisent par substitution. » Aux formules générales établies dans le paragraphe précédent, on peut en joindre quelques autres, qui méritent encore d'être remarquées; celles-ci se déduisent immédiatement de plusieurs nouveaux théorèmes relatifs aux fonctions qui se reproduisent par substitution. Ces nouveaux théorèmes peu- vent s'énoncer comme il suit. » i" Théorème. Concevons que l'indice « représente, au signe près, un nombre entier. Soit, de plus, u„ une fonction de l'indice n et des variables .r,^, z,.... Enfin, supposons que les diverses valeurs de u„ , savoir, [}) ■ •..tt_3, W_2, W_,, Mqî ^I> ^iy Mj,..., ( i6) forment une série convergente, prolongée indéfiniment dans les deux sens. Si , en substituant aux variables x, y, z,... d'autres variables X, JT, Z,..., qui soient des fonctions connues et déterminées des premières, on transforme gé- néralement H„ en M„+, , alors la somme (2) s = . . . U^2 -+- "-( -I- «0 + "l + «3 + ... de la série (1) sera une fonction de jc, j', z,... qui se trouvera reproduite par la substitution dont il s'agit. » Démonstration. En effet, désignons, pour plus de commodité, par f (x, j-, z, . . .) la somme s de la sévie (i). On aura non-seulement f(^, J, z, .. .) = 2 u„, la somme qu'indique le signe 2 s'étendant à toutes les valeurs entières posi- tives, nulle et négatives de n, mais encore, en vertu de l'hypothèse admise, f(X, r,z,...) = 2« «-*-) » et comme, évidemment, lu„+, ne diffère pas de Iu„, on trouvera définiti- vemeut (3) f[x,j;z,...)=î{X,r,Z,...). » 2" Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le théorème précédent, la factorielle P déterminée par l'équation (4) P= ...(l -|-M_2)(l + "-.)(!+ "o)(l+ «4) (1+ «2)- •• sera encore une fonction de .v , j, z , . . . qui se trouvera reproduite par la substitution des variables X,V,Z,.. . aux variables x ,j,z,. . .. « Démonstration. En effet, représentons, pour plus de commodité, par F (.r , j, z, . . .) la factorielle P. L'équation (4) donnera F (07, J, z, ...) = ... (l 4- K-s)(l-+-«-4)''l + "o)(l +".)(! + «»)•••; puis on en conclura , en remplaçant x, f, z, ., . par X,K,Z,..., F(X,r,Z,...)=: ...(H-M_,)(l + "o) («+«.) (l-f-«a)(l + «,). ...J et , par suite , .(5) ,¥{x,f,.z,...)^F{X,r,Z,...). ( '9 ) on aura » 5* Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le théorème précédent, si l'on représente par F(x, j, z, . .., V, w) la facto rielle . . .(f + U_^) (l + M_,) (l + Mo) (l + "0 (l + «a)- • ., on aura encore (12) F(^,jr, z,..., f, w') = F(x, r, z,..., F-, /F). » 6* Théorème. Supposons que, la progression géométrique, et de l'or- dre m, qui a pour terme général étant prolongée indéfiniment dans les deux sens , les deux modules de cette progression, qui correspondent l'un à des valeurs positives, l'autre à des va- leurs négatives de n, soient le premier inférieur, le second supérieur à l'u- nité. Alors, en nommant X, K, Z,... des variables nouvelles liées aux variables x, j, z, . . . par les formules (lo), et en désignant par F(x, j-^i z, . . . , t', (p) la factorielle ■ ('"^i) (''^^) (' +«o) (i + «<)■(•+ «a)- ••, on trouvera F(^,jr, z,..., i', w) = «oF(X, r, Z,..., r, FF). >' Dans le cas particulier où les progressions que l'on considère sont du second ordre, les divers théorèmes que nous venons d'énoncer, joints aux propositions fondamentales du calcul des résidus , fournissent le moyen d'é- tablir un grand nombre de formules dignes de remarque, et relatives aux factorielles réciproques, ou, ce qui revient au même, aux fonctions ellip- tiques. Si l'on suppose, au contraire, qu'il s'agisse de progressions géométri- ques d'un ordre supérieur au second, alors, à la place des formules qui se rapportent à la théorie des factorielles réciproques, on obtiendra des for- mules plus générales que je développerai dans d'autres Mémoires. » 3.. ( 20 ) PHYSIQUE. — ^emo//e destiné à compléter le travail relatif à la concentration de la force magnétique à la surface des aimants, présenté en mai i844 par M. DE Haldat. (Extrait par l'auteur.) « Mon Mémoire sur la concenlration de la force magnétique vers lasurface (les aimants, dont l'analyse a paru dans le Compte rendu des séances de l'Aca- démie, t. XVIII, p. 843, séance du 6 mai 1844? ayant excité quelques récla- mations relativement à l'expression dont je me suis servi pour caractériser le fait, en annonçant que cette concentration a lieu vers la surface des aimants et non à la surface , comme celle du fluide électrique à la surface des con- ducteurs, je me suis efforcé de caractériser cette concentration avec plus de précision en me livrant à de nouvelles recherches. Le moyeu que j'ai em- * ployé d'abord a consisté à diminuer successivement l'épaisseur du tube en fer employé, jusqu'à celle d'une feuille mince de tôle de fer. J'ai laissé d'ail- leurs à ce tube la même longueur, j'ai peu diminué sa surface , mais j'ai fait varier la masse de quantités très-grandes par l'addition ou la soustraction du cylindre noyau qui fait partie de l'appareil. J'ai ainsi confirmé les conclu- sions de mon premier Mémoire ; j'ai prouvé le peu d'influence de la masse sur le développement de la force magnétique, et par là sa concentration dans les couches moléculaires qui forment la surface des aimants. Elle a été carac- térisée principalement par la puissance du tube de fer employé, qui d'abord pesant 280 grammes, puis 160, enfin 90, a imprimé à l'aiguille qui mesurait cette puissance, une force dont l'intensité indiquée par le nombre d'oscilla- tions en une même durée, n'a varié que d'une seule oscillation sur i5, 16 ou 17. » L'aimant amené à une aussi faible épaisseur ne laissant plus de moyen de prouver plus complètement par le même procédé la concentration dans les molécules composant la surface, j'ai cherché à la rendre sen- sible dans des lames métalliques dont la solidité, étant excessivement pe- tite relativement à leur surface, fournissait un nouvel argument en fa- veur de la concentration. L'instrument inventé par M. Arago pour l'exécu- tion des expériences du magnétisme par rotation, m'en a fourni le moyen : des feuilles d'or, d'ai'gent,de cuivre, d'étain battu, fixées sur de petits disques de carton et suspendues par des fils de cocon au-dessus d'un aimant rota- teur, en ont, en effet, éprouvé l'influence et ont été entraînées comme des dis- ques plus épais. » Ce mode d'expérimentation , qui semblait devoir se borner aux métaux ( ^7) » Supposons maintenant que les deux modules de la série (i), prolongée indéfiniment dans les deux sens, soient, l'un inférieur, l'autre supérieur à l'unité; de sorte que , la série (i) étant divergente , les deux séries Uo 1 W| 5 t^i 1 ^3 1 • • • ■> I I I U—i U—i M_3 soient l'une et l'autre convergentes. Alors, à la place du 2* théorème, on obtiendra évidemment la proposition suivante : » 3* Théorème. Supposons que la série (i) , qui a pour terme général «„, étant prolongée indéfiniment dans les deux sens, les deux modules de cette série qui correspondent, l'un à des valeurs positives, l'autre à des valeurs négatives de l'indice n , soient le premier inférieur, le second supérieur à l'unité. Si, en substituant aux variables x, j-, z,... d'autres variables X, J^, Z,... qui soient des fonctions connues des premières, on transforme généra- lement M„ en M„+, , alors la factorielle P déterminée par l'équation (6) P=: ... (, + -1.) (,4-J_^(, + „^)(, + „,)(, + «^)... era une fonction de x, j^, z, ... qui se trouvera reproduite par la substi- tution des variables X, K,Z,... aux variables x, j-, z, . . . et par radjonc- tion du facteur Mq ^u résultat de cette substitution même. » Démonstration. En effet, représentons, pour plus de commodité, par F {x, j, z,. . .)\a factorielle P. I/équation (6) donnera F(x,j,z,. . .)= •.•(1+^) (i+;;j^)(i+«o)(<+«,)(' + «2)..-, puis on en tirera, en remplaçant x,j-, z , . . . par X, K, Z, . . . , F(X, F, Z, ...) = ... (i + ^) (i + ^) (. +«,) (i +«,)(! +«,) . . . , et par suite (7) ■f(^', j,z, ...) = «oF(x,r,z, ...)• » Considérons maintenant une progression géométrique, et de l'ordre m, dont le terme général u„ , correspondant à l'indice n, soit déterminé par une C.R., 1845,1" Ssm^sir*. (T. XXjN» 1.) ^ ( i8 ) équation de la forme (8) u„ = xyz'"...i>"'"w""'. On tirera de cette équation (9) «»+. = xr"z«' . . . F""- w", les valeurs des variables étant liées à celles des variables par les formules X = xjz . . . vw, Y = xf^z^ . . . t;"'-' tv'" , (m— i) (m— a) m (m— 1) (10) ' \Àeau que renferme le sol modifie à son tour les phénomènes toxiques; en grande quantité, elle hâte soit le développement, soit la disparition de ces phénomènes, suivant que la plante tient encore au sol empoisonné ou a été transplantée après l'absorption du poison. » Une lumière vive est toujours nuisible aux plantes, qu'elles continuenf on non de rester fixées au sol empoisonné; j'ai même remarqué que chez celles inégalement exposées à la lumière, le côté qui regarde l'obscurité est constamment le dernier à périr. » L'action antérieure et continue de la lumière rend les plantes plus sen- sibles aux effets du poison ; l'action antérieure et continue de l'obscurité tend, au contraire, à en annuler les effets. » L'influence de la température a plus d'analogie avec l'influence de l'air qu'avec celle de la lumière; son élévation (dans les limites de la végétation), nuisible aux végétaux qui tiennent au sol arsenical , est favorable à ceux qu'on a portés en terre naturelle subséquemment à l'absorption du poison. Il faut dire, toutefois, que si le sol se rapprochait de l'état de sécheresse, au lieu d'être humide, les effets que je signale seraient partiellement inter- vertis. » Quoique moins complètes que je l'aurais désiré et qu'elles le seront un jour (i), mes études sur l'électricité m'ont conduit aux résultats suivants : » (a). V électricité par iiifluence, agissant avec continuité, retarde la ma- nifestation des phénomènes toxiques chez les végétaux au pied desquels on verse la solution arsenicale; mais une fois que ces phénomènes se sont dé- veloppés, elle les rend plus graves, soit que les plantes restent fixées au sol arsenical, soit qu'on les transporte en terre normale après l'absorption du poison. » [h). On augmente les effets toxiques en tirant des étincelles d'une plante végétant dans un sol arrosé de solution arsenicale, et l'on diminue, au con- traire, alors, ces effets s'il ne reste plus dans la terre de poison à absorber. » (c). L'action de Yélectricité par influence , agissant avec intermittence , est nulle ou peu sensible. (i) Je m'occupe, dans un travail spécial, de l'influence de l'électricité sur la vie des plantes. ( 2> ) ductiles, a été avec le même succès appliqué aux métaux fragiles qui, ré- duits en poudre et fixés de la même manière, ont, comme la pondre de fer, acquis la force magnétique et fourni un nouvel argument en faveur de mon opinion sur l'universalité du magnétisme, c'est-à-dire de la disposition de tous les corps à acquérir la force magnétique. C'est parle même pro- cédé que j'ai essayé d'apprécier l'une des causes les plus efficaces de l'altération de la force magnétique, en soumettant à ce mode d'investigation les composés du fer et des corps reconnus comme les plus puissants pour al- térer la disposition de ce métal à acquérir la force magnétique, à apprécier approximativement l'influence des proportions dans les composés, et enfin celle de l'affinité qui préside à ces combinaisons. » « M. DE Gasparin présente à l'Académie le deuxième volume de son Cours d'Agriculture, qui comprend la Météorologie agricole et l'Architecture ruiale; cette dernière partie est l'ouvrage de M. Paul de Gasparin, ingénieur des Ponts et Chaussées, » Il lui offre aussi, de la part de M. l'abbé Cochet, de Rouen, un Mémoire sur la culture de la vigne en Normandie. Ce sujet a de l'importance pour l'Académie, en raison des discussions météorologiques qui ont eu lieu devant elle. >' MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Etudes de physiologie végétale faites au mojen de l'acide arsénieux; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Ad. Brongniart, Regnault.) « Les procédés si parfaits de la science chimique pour découvrir les quan- tités les plus faibles des composés arsenicaux , procédés que j'ai déjà mis à contribution pour des recherches de physiologie animale, se prêtent encore mieux à des études sur les plantes; car on n'a pas à redouter, dans la bota- nique , ces effets de la sensibilité qui rendent toujours si délicates les expé- riences sur les animaux. » C'est (je dois bien établir ce point) comme mojen et non comme but d'expérimentation que j'ai fait choix de l'acide arsénieux; que l'Académie des Sciences daigne cependant ne pas prendre celte déclaration dans un sens trop absolu, car il est vrai de dire qu'en donnant à l'arsenic la préférence sur l'antimoine, j'ai eu en vue d'éclairer, autant qu'il dépendrait de moi, le ciiAU- ( 2a ) LAGE OU plutôt Varsenicage des blés, ainsi que la question importante de chimie légale qui s'y lie. » Conduit, dès le commencement de ces recherches, à reconnaître, de la façon la plus certaine , une fonction végétale des plus propres à piquer l'in- térêt, entrevue par Bruemans et Macaire, dès lors bypothétiquement admise par de Candolle, mais ensuite contestée par d'autres observateurs, j'ai dû multiplier mes recherches afin d'en donner une démonstration satisfaisante, et d'apprécier les causes qui en favorisent ou en entravent le jeu. )' J'aurai l'honneur de rendre compte successivement à l'Académie des effets de l'acide arsénieux sur les plantes, des causes qui modifient ces effets, et des recherches chimiques dont les plantes empoisonnées auront été l'objet. » C est de la comparaison des effets et de leurs causes avec les résultats de l'analyse chimique que ressortiront et la démonstration des fonctions excré- toires des végétaux, et la détermination des circonstances qui tiennent ces fonctions sous leur influence. A. — Effets do l'acide arsénieux sur les végétauj:. n L'action de ce poison sur les plantes a été trop niée par les uns, trop exagérée par les autres. » Qu'une plante soit prise au hasard , et qu'après en avoir mis à découvert une partie des racines, on les arrose de plusieurs litres de solution d'acide ar- sénieux, saturée à la température ordinaire, presque jamais cette plante ne succombera dans les trois premiers jours de l'expérience, et souvent elle se rétablira après avoir éprouvé de graves symptômes d'empoisonnement, tels que l'arrêt de sa croissance , la coloration en jaune et la sécheresse de ses feuilles; d'autres plantes seront même beaucoup plus indifférentes à la pré- sence du toxique. ». Quelques lésions se montrent assez constamment chez les plantes em- poisonnées; leurs tissus jaunissent ou noircissent, en allant de la base au sommet des tiges, ordre suivant lequel la vie abandonne l'axe du végétal ainsi que ses appendices. >' Les faisceaux fibreux sont plus colorés que le tissu cellulaire et tran- chent, par leur couleur sombre, sur le fond blanchâtre formé par ce dernier; assez fréquemment la coloration prend une intensité plus grande au point d'insertion des feuilles, ainsi qu'au sommet des pédoncules. Mais ce fait, vrai dans la comparaison générale des systèmes cellulaire et fibreux, n'est plus exact quand on vient à considérer isolément certains points du paren- ( 25 ) ^î » Toujours guidé par W. Edwards, trop prématurément enlevé aux sciences sur lesquelles ses belles expériences devaient jeter un jour si nou- veau, j'ai enfin recherché l'influence sur l'empoisonnement, non-seulement des saisons actuellement agissantes , mais aussi des saisons antérieures : double mode d'investigation auquel j'ai soumis la lumière et que j'aurais dû étendre à tous les agents physiques, si les résultats fournis par les études que j'ai faites n'indiquaient pas suffisamment ceux qu'on obtiendrait dans des re- cherches du même ordre. » Si l'on considère l'influence actuelle des saisons, on trouve : » i". Que l'été hâte l'apparition des symptômes de l'empoisonnement, en même temps qu'il les rend plus graves et cependant moins durables; 2°. Que l'hiver a une influence opposée à celle de l'été; » 3*^. Que le printemps et l'automne peuvent être considérés comme re- présentant la moyenne des saisons précédentes. » L'harmonie de ces résultats avec ceux que nous ont offerts la chaleur et la lumière (les deux agents qui impriment leur principal caractère aux sai- sons) nous conduisent à regarder Yinfluence des saisons comme la résultante de plusieurs forces représentées par les agents physiques. » J'arrive , l'elativement aux saisons antérieures , à cette conséquence gé- nérale, que chacune de ces saisons communique une partie de sa propre in- fluence à la saison qui la suit , de telle sorte que chez les plantes âgées de plusieurs saisons, les phénomènes se compliquent de tous ceux qu'auraient déterminés en particulier les diverses saisons pendant lesquelles ces plantes ont vécu. » Que si maintenant on considère que l'influence de l'été tend à neutra- liser celle de l'hiver, et que l'influence de l'âge est à peine sensible, on est porté à se demander si cette dernière ne représente pas principalement la résultante de l'influence des saisons. » On conçoit très-bien alors comment, dans des conditions données, une jeune plante résiste mieux à certains agents de destruction qu'une plante plus âgée. B. — Résultats des recherches chimiques. » Si l'on soumet à l'analyse des plantes végétant dans un sol arrosé, dès la veille, de solution arsenicale, on trouve que le poison a été porté par l'ab- sorption dans tous les organes, et que, chez les plantes comme chez les ani- jnaux,il est inégalement réparti entre les divei's tissus; il s'accumule dans C. K., 1845, 1" Semeitre. (T. XX, N» l.j 4 (a6) les réceptacles des fleurs, est eacore forl abondant dans les \rdrtïesjbliace'es, mais devient de plus en plus rare dans \esjruits, les semences, les tiges, les racines et les pétales. » C'est ici le lieu de signaler la coïncidence qui existe, d'un côté, entre les lésions de tissu du sommet des pédoncules et la proportion considérable d'arsenic qu'on trouve dans ee point; de l'autre, entre la propriété que nous avons reconnue aux pétales de périr les derniers , et l'absence presque com- plète de poison dans ces organes. » On le voit, l'étude du mode de répartition de l'acide arsénieux absorbé par les plantes vient appuyer, par une analogie dont on ne saurait contester la valeur, l'opinion de ceux qui admettent, avec M. Orfila, que le poison s'accumule dans certains organes des animaux, mais sans toutefois s'y loca- liser d'une façon absolue. » Tja simultanéité de l'accumulation du poison dans les Phoranthes et de sa rareté dans les pétales indique qu'il s'opère un travail physiologique de nature élective au milieu des tissus d'où s'élèvent les organes floraux. » A l'absorption du poison succède son élimination (i), qui est complète si la plante survit assez longtemps. C'est là un fait capital qui- se modifie sous des influences diverses. » Va' espèce a une très-grande influence sur \a Jonction éliminatoire ou ex- crétoire des végétaux. » Tandis qu'il suffit de six semaines à desLupinus et à des Phaseolus pour se débarrasser de tout l'acide arsénieux qu'ils peuvent absorber sans périr, il faut, à la plupart des herbes dicotylédones, de trois à cinq mois pour don- ner un résultat analogue; et les Monocotylédones retiennent généralement les traces de poison six mois après qu'elles l'ont absorbé. » Les lichens éliminent beaucoup plus lentement encore. » L'élimination exige moins de temps pour s'effectuer si les plantes, au lieu d'être saturées de poison, n'en contiennent qu'une petite quantité, comme cela arrive dans l'arsenicage des céréales par les cultivateurs. Comme on pouvait le prévoir, les espèces ligneuses sont plus longtemps à se débar- rasser du poison que les espèces herbacées. » lie jeune âge ia\orhe sensiblement ^^élimination ou l'excrétion sur la quelle les sexes n'ont aucune influence. (i) J'ai observé rélimination non-seulement de l'acide arsénieux, mais aussi du tarlrate andmonié de potasse et du sulfate de cuivre. ( 27 ) n L'ail est-il sec et agité , l'élimination esl rapide ; c'est le contraire si les plantes empoisonnées sont exposées à un air humide et calme, h'e'le'vation de la température (dans les limites de la végétation) agit comme 1 air agité et sec. » ]j humidité du sol^ comme l'élévation de la température, facilite l'excré- tion du poison , et une lumière vive et continue la retarde. » Vobscurité continue n'est pas toutefois aussi favorable à l'élimination qu'une alternative d'un peu de lumière et de beaucoup d'obscurité. « Mes expériences, encore incomplètes sur le rôle de l'électricité, m'ont seulement appris qu'elle hâte l'élimination chez les plantes exposées à une série d'étincelles , et qu'elle ralentit, au contraire , la fonction éliminatoire si on la fait agiv par influence continue. h'é\ectricité par influence agissant a\ec intermittence, ne m'a pas paru avoir d'action sensible. » L'action des saisons sur l'élimination est des plus marquées; le prin- temps et l'automne lui sont le plus favorables ; vient ensuite Yété, et au der- nier rang l'hiver. » Ces résultats sont assez conformes à ceux que faisait prévoir l'influence particulière de chacun des agents physiques. La différence des résultats ob- tenus en été et en hiver indique toutefois que la coïncidence de la chaleur de l'été et des courtes nuits de cette saison hâte plus l'excrétion du poison que ne le font les longues nuits de l'hiver unies à sa basse température. « Des rapports pleins d'intérêt lient les effets toxiques et l'élimination entre eux , ainsi qu'avec leurs causes communes. >' Si l'on tient compte d une cause d erreur relative à l'absorption (ce qui est facile en ne faisant porter la comparaison que sur des végétaux trans- plantés en terre naturelle, postérieurement au jour de l'empoisonnement du poison), on trouve que les effets toxiques et l'élimination marchent régu- lièrement en sens inverse, et que les circonstances qui augmentent ou dinii- nu«int les effets toxiques sont précisément celles qui , dans un rapport con- stant, facilitent ou entravent l'excrétion du poison. » Ainsi un air calme et saturé d'humidité, la sécheresse du sol, l'abais- sement de la température , une lumière vwe et surtout continue, l'électricité agissant par influence sans intermittence, augmentent les effets toxiques ou les rendent plus durables, en même temps qu'ils ralentissent l'excrétion du poison. » Les effets disparaissent , au contraire , plus tôt et l'élimination est plus rapide quand l'air est sec et agité, le sol humide, etc. 4.. (.8) " Si l'on passe à la comparaison de l'influence qu'exerce la nature même (les plantes sur l'excrétion et les effets toxiques, on trouve que l'influence du ]'eufw âge est dans le même sens que celle d'un air sec et ngilé;, d'un sol hu- mide, etc., tandis que celle de Yespèce est , au contraire, spéciale et peut s'ex- primer par cette formule générale : L'excrétion s'effectue d'autant plus promptement chez une espèce donnée, que celle-ci est plus sensible aux e/fets du poison. " Un corollaire de cette loi, c'est que les plantes d'une organisation infé- rieure sont à la fois les plus indifférentes au poison et les plus lentes à éli- miner celui qu'elles ont absorbé. » La recherche des voies excrétoires de l'acide arsénieux m'a conduit à reconnaître qu'il n'est éliminé sous aucune forme par la partie aérienne des végétaux, lesquels s'en débarrassent exclusivement par leurs racines. » L'acide arsénieux ne reste pas libre dans les sucs des plantes; il ne forme pas non plus, comme on aurait pu le penser, un composé insoluble avec leurs principes albuniiuoïdes, mais il entre en combinaison avec les bases alcalines, qui s'y trouvent toujours. >' C'est le sel très-soluble qui résulte de cette combinaison, que les plantes excrètent par leurs racines. » L'analyse du sol, peu de temps après l'excrétion du poison, permet d'y découvrir celui-ci à l'état soluble; plus tard, l'acide arsénieux est engagé, comme l'indiquaient les recherches de M. Orfila, dans une combinaison inso- luble avec la base des sels calcaires. » L'action des pluies, qui tend à faire pénétrer l'arsénile alcalin excrété au-dessous de la sphère d'absorption des racines et la formation , aux dépens de celui-ci, d'arsénite de chaux insoluble, sont les causes qui s'opposent à la résorption du poison. " Le chlorure de calcium est le contre-poison de l'acide arsénieux absorbé. Quelle que soit la dose de poison qu'on lui fasse absorber, une plante ne périt pas si l'on arrose le sol où elle végète d'une solution de ce sel. >' A l'analyse des plantes chez lesquelles le poison a été neutralisé par le chlorure de calcium, on constate l'absence de tout composé arsenical soluble. " Le fait de la décomposition du chlorui e calcique par le poison absorbé suffit à prouver que celui-ci ne consiste plus en acide arsénieux libre, mais en arsénite alcalin; ce dernier agissant, à l'exclusion de l'acide libre, sur le sel de calcium. » applications. — Enire tontes les applications qu'on pourra faire de ces recherches, j'en citerai quelques-unes, à cause de leur importance. " J pplication à Véconomie rurale. — L'arsenicage des céréales dans le but de détruire le charbon est inutile, attendu que ïacide arsénieux , même employé en grande proportion , est sans injluence sur les Cryptogames en général, et sur XUredo carbo, en particulier. " Indiquer l'inutilité de l'arsenicage, c'est démontrer ïurgente nécessité de prohiber la. vente de Vacide arsénieux pour cette opération agricole. » ^application à la chimie légale. — L'élimination de l'acide arsénieux par les plantes, dans un temps donné, prouve qu'il n'en peut pas rester de traces dans les céréales dont on a arséniqué les semences eu automne. " Applications à la thérapeutique. — i°. En comparant les résultats de ce travail à ceux que j'ai obtenus précédemment chez les animaux, on remarque que la chaleur a une influence pareille sur les effets toxiques, qu'il s'agisse de ceux-ci ou des végétaux. Cette analogie sur le seul point comparative- ment observé ne justifierait-elle pas des essais entrepris par des thérapeu- tistes, dans le but de reconnaître si un air calme et humide, l'obscurité, l'électricité, agissant par influence continue, ne seraient pas favorables à l'homme et aux animaux dans la première période de l'empoisonnenient ? et si, par contre, un air agité et sec, l'éclat de la lumière, etc. , ne seraient pas, à leur tour, utiles vers cette époque, où, l'absorption ayant eu lieu, il faut faciliter l'élimination? i> 2". La neutralisation complète par le chlorure de calcium de l'acide arsénieux absorbé par les plantes et passé à l'état de combinaison saline avec les bases alcalines de leurs sucs , et la nature alcaline du sang des animaux , qui rend si vraisemblable la formation d'une combinaison analogue à la précédente , au moment même où ils absorbent l'acide arsénieux, indiquent suffisamment que le chlorure calcique doit être le contre-poison de l'acide arsénieux absorbé par ces derniers. » CHIRURGIE. — Sur un nouveau mode de traitement des maladies de l'oreille moyenne et interne; par M. Wolff. (Commissaires, MM. Roux, Breschet, Velpeau.) « En substituant dans le traitement des maladies de l'oreille les injections aériennes aux injections liquides, M. Deleau a certainement fait faire un pro- grès marqué à cette branche de la thérapeutique. Toutefois , il faut recon^ (3o) naître que, dans ce changement, tout n'a pas été avantage : ainsi, taudis que les doucbes d'air exercent une action purement mécanique et toujours la même, les douches d'eau offraient le moyeu de satisfaire à des indications très-diverses, le liquide pouvant servir de véhicule à des substances médica- menteuses variables suivant tous les besoins. A la vérité, M. H. Valleronx a conseillé, dans les derniers temps, des injections d'air chargées d'émana- tions de substances résineuses et balsamiques, et ces substances , qui se vola- tilisent à une chaleur modérée, conviennent en effet souvent dans les ca- tarrhes de l'oreille. Mais, évidemment, la plupart des médicaments dont on aurait besoin de se servir dans les maladies de l'oreille ne peuvent être admi- nistrés par ce moyen, les uns parce qu'ils ne se volatilisent point, d'autres parce qu'ils exigent, pour prendre l'état aériforme, une température trop élevée. L'eau qui, en se vaporisant, entraîne, dans beaucoup de cas, une partie des corps auxquels , dans son état liquide, elle servait de menstrue, ne saurait elle-même être employée à l'état de vapeur, parce que la haute température néces.saire pour l'y maintenir ne s'accommode pas avec la sensibilité des organes sur lesquels on doit la diriger; mais l'ébullition de l'eau donne lieu à un courant d'air humide qu'on peut ramener à la température que supportent sans inconvénient les parois de la trompe d'Eustacbe; et si l'eau a été préalablement chargée de substances médi- camenteuses, cet air humide dans lequel la vapeur a déposé une portion des principes dont elle s'était chargée les portera jusqu'aux organes sur les- quels il faut agir. Ce genre de médication n'exige pour son emploi qu'un appareil très-simple que je ferai connaître en peu de mots. >' L'eau contenue dans un vase en tôle, et chauffée au moyen d'une lampe à esprit-de-vin, entre en ébuUition et laisse échapper des vapeurs qui montent par un tuyau dans un second vase beaucoup plus grand que le premier et contenant un troisième vase rempli d'eau froide. IjC second vase porte à sa partie supérieure un tuyau par lequel s'échappe le courant d air humide, dont la température peut être aisément réglée. » Ce même appareil m'a servi pour l'introduction de médicaments qui n'ont pas été préalablement dissous dans l'eau. S'agit-il, par exemple, d'in- troduire de l'éther acétique ou d'autres médicaments qui se volatilisent à une température peu élevée, je les verse dans le troisième vase, et leur vapeur passe avec le courant d'air chaud ; faut-il employer des vapeurs balsamiques (comme celle du benjoin), je mets la substance résineuse (benjoin) bien pul- vérisée dans une petite caisse, que je fais entrer dans le grand vase à va- ■^* ( 3i ) peur, et les vapeurs aqueuses se chargent également des parties volatilisées de ces substances. J'ai employé de cette manière les substances les plus d iverses dans les différentes maladies de l'oreille. " fia manière d'introduire les vapeurs dans la trompe et l'oreille moyenne dilfère, selon l'état de la trompe. Si les deux trompes d'Eustache sont tout à fait libres et perméables au courant d'air fcomme, par exemple, dans la surdité nerveuse), je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'introduire les va- peurs par la sonde ; car, puisque l'air atmosphérique entre et sort libre- ment par la trompe d'Eustache, les vapeurs aqueuses conduites jusque près de l'orifice de la trompe doivent également entrer dans ce canal, .l'ai donc, dans ces cas, remplacé le cathétérisme par l'introduction d'une canule assez grosse en caoutchouc , qui est introduite de 5 à 8 centimètres dans le canal nasal inférieur, et dont l'autre extrémité s'adapte au tuyau de l'appareil d'où sortent les vapeurs. )> Ce procédé est très-simple; il ne produit ni douleur ni chatouillement, et n'exige pas le moindre exercice dans cette sorte d'opérations. Tous les médecins et chirurgiens, et même tous les malades, peuvent le mettre en usage, tandis que le cathétérisme de la trompe d'Eustache ne peut être exé- cuté que par un attriste bien exercé. On conçoit donc que , par cette circon- stance seule, le traitement de cette surdité peut devenir beaucoup plus général, puisque tous ceux qui en sont affectés peuvent se faire traiter par leur médecin ordinaire. " Pourtant il faut toujours que le diagnostic de la maladie ait précédé le traitement, et celui-là exigera toujours l'exploration de l'oreille moyenne par la sonde. Le cathétérisme de la trompe d'Eustache reste alors indiqué comme moyen principal de diagnostic des maladies de l'oreille moyenne et interne; il reste également indiqué comme moyen thérapeutique dans toutes les maladies de l'oreille moyenne où il existe un obstacle matériel au passage de l'air et des vapeurs , comme les obstructions catarrhales de la trompe, ou les rétrécissements et oblitérations de ce canal. » .l'exerce donc le cathétérisme comme tous les autres médecins auristes , et je soumettrai même à l'Académie deux procédés nouveaux que j'ai imagines, et qui me semblent préférables à tous ceux qui étaient jusqu'à présent en usage. Disons d'abord que tous ces procédés se divisent en deux méthodes principales , dont chacune a certains avantages sur l'autre, c'est-à-dire le cathétérisme au moyen des sondes solides en argent (d'Itard et de Kramer, etc.), et le cathétérisme au moyen des sondes (30 flexibles et élastiques (de Deleau). Les sondes solides ont l'avantage d'une plus grande sûreté dans rexécutiou de Topération, qui n'est pas due, comme on le croit ordinairement, à la solidité de l'instiument , mais bien plutôt à son plus grand calibre , et surtout à celui de son bec ; car, comme il est beaucoup plus gros , on sent bien quand il est retenu dans l'oiifice de la trompe, tandis que la sonde mince et élastique de M. Deleau n'est pas retenue à cet endroit, mais beaucoup plus haut, et ne donne pas alors aussi sûrement avis à l'opéraleur qu il a atteint l'ouverture de ce canal. » Mais, d'une autre part, les sondes élastiques ont sur les sondes solides divers avantages dont le principal , qui est très-important , consiste dans la possibilité d entrer beaucoup plus profondément dans la trompe; les pre- mières étant arrêtées dans l'orifice de la trompe, tandis que la sonde mince et élastique peut parcourir la plus grande partie de ce canal (les trois quarts, selon M. Deleau). Eh bien , j'ai essayé, dans mes deux méthodes, de réunir ces deux avantages principaux des sondes élastiques et des sondes solides. Les sondes de la première méthode sont en argent, celles delà seconde sont élas- tiques. Les unes et les autres sont des sondes doubles, consistant en une sonde externe, d'un calibre aussi grand que les sondes de Kramer, et en une sonde in- terne, d'un calibre aussi petit, et même plus petit que celles de M. Deleau. Les sondes externes sont de la longueur des sondes ordinaires (i 5 centimètres), les sondes internes ont 6 centimètres de plus. Celles-là sont graduées dans toute leur longueur ; celles-ci ne le sont qu'à leur extrémité inférieure , laquelle sort de la sonde externe. I^a sonde interne de la première méthode est en argent pur, ou presque pur, et, par cela même, elle est flexible, tandis que la sonde externe est en argent ordinaire, c'est-à-dire mêlé au cuivre; par cela même elle est inflexible. La sonde interne de la seconde méthode peut être dépourvue de mandrin, parce que son trajet est suffisamment assuré par la sonde externe qui la contient ; on conçoit que cela lui donne déjà un avan- tage sur les sondes de M. Deleau. Mais le principal avantage de mes sondes, c'est, comme je l'ai déjà dit, qu'elles donnent la jnême sûreté à l'exécution de l'opération que les sondes grosses et solides de Kramer, et qu'elles peu- vent entrer aussi profondément dans la trompe que les sondes minces et élastiques de M. Deleau; car, tandis que la sonde externe est retenue par l'orifice de la trompe, la sonde interne peut être poussée plus profondément dans ce canal. " Chacune de ces deux méthodes a ses avantages sur l'autre, et, par con- séquent, ses indications. (33) » La sonde double en argent est préférable : » i". Pour l'exploration de l'oreille moyenne; elle donne plus de sûreté et permet de faire l'exploration par le tact médiat, en même temps que l'ex- ploration par l'ouïe; " 2°. Dans les rétrécissements et les oblitérations de la trompe. C'est surtout dans ce cas qu'elle est préférable à l'autre, parce qu'elle peut souvent forcer le passage, ce que la sonde élastique ne peut pas faire. Mais celle-ci a, de 'son côté, le grand avantage de pouvoir mieux être supportée par le malade. C'est surtout quand la sonde doit être mise en communication avec un appareil difficilement transportable, comme celui de M. Deleau ou comme mon appareil pour le dégagement des vapeurs, et quand le malade doit rester quelque temps dans la même position, que la sonde élastique se montre très-utile. " Un avantage, que mes procédés ont encore sur les autres , c'est la faci- lité qu'ils donnent pour introduire la sonde par la narine opposée. Cette opération, indiquée dans des cas assez rares où le canal nasal du côté corres- pondant est trop étroit pour permettre le passage de la sonde, ne peut pas du tout être exécutée au moyen des sondes d'Itard ou de Kranier, parce qu'elles ont le bec trop court; elle n'est exécutée que très- difficilement par la mé- thode de M. Deleau , et au moyen de sondes particulières à long bec (ao à a? centimètres, selon M. Deleau). » La difficulté de l'opération est accrue par ce long bec de la soude; on conçoit, en effet, qu'elle ne peut pas passer aussi facilement que la soude or- .dinaire. Mes sondes doubles obvient tout à fait à cet inconvénient; car, pen- dant le trajet de l'instrument par le canal nasal , la sonde interne reste cachée dans la sonde externe ; le bec de l'instrument est donc aussi court que celui des sondes ordinaires, et , quand la sonde est arrivée au niveau de la trompe, elle est tournée vers celle-ci; c'est alors qu'on fait sortir la sonde interne du bec de la sonde externe. » Voilà en quoi consiste ma méthode. Près de deux cents malades ont déjà été tiaités par moi en Allemagne. Quelques-uns de ces cas se trouveront exposés dans le Mémoire que j'aurai l'honneur de soumettre à l'Aca- démie. " »■ C. R., 1845, lOf Semestre. (T. XX, N» 1.1 '^f -*.> l 34 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur r/iverses modifications apportées à un appareil destiné à annoncer In formation des mélanges gazeux détonants , a^>anl que lexphsion nait pu avoir lieu; par M. Chuart. , (Commission du prix concernant les Arts insalubres.) Les raodifica lions que l'auteur a apportées à cet appareil, pour lequel il avait déjà, dans un précédent concours, obtenu un encourafjement de l'Aca- démie, ont eu pour but : d'une part, de rendre l'appareil moins fragile, de manière à ce qu'il pût devenir d'un usage usuel dans les galeries de mines où il est exposé à de fréquents chocs qui, sous son ancienne forme, en eussent amené très-fréquemment la destruction; d'une autre part, de permettre de le réduire, pour certains usages particuliers, à de petites proportions, de manière à ce que, conservant toute sa sensibilité, il puisse être portée la main parles inspecteurs des galeries, et serve à leur indiquer, quand ils font leur ronde , les points de la mine où il y a des fuites de grisou ; enfin , à avertir de ce qui a pu se passer dans l'intérieur i!e la mine lorsqu'on y rentre après un chômage d'un ou deux jours : pour obtenir ce dernier résultat, le carillon a été disposé de mnnière à ce que, en quelque point que soit placé l'appareil, la sonnerie puisse être entendue de l'entrée, et à ce que cette sonnerie joue, non pas une seule fois, mais fréquemment et à des intervalles très-rapprochés. MEMOIRES PRESENTES. CHIMIE. — Recherches sur les cires en général; par M. B. Lewy. (Extrait.) (Commission précédemment nommée.) .< J'ai déjà eu l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences quelques résultats que j'avais obtenus en examinant la cire des abeilles. L'attention bienveillante avec laquelle l'Académie a accueilli ces premiers résultats m'engage aujourd'hui à lui soumettre les recherches que j'ai entreprises depuis sur différentes espèces de cires , et dont les résultats de quelques-unes , peut-être, seront de nature à pouvoir offrir quelque intérêt. » J'ai examiné successivement la cire des aheilles, la cire de Chine, la cire de palmier, la cire du Myrlca, la cire de Carnauha, la cire d'Ocuha, la cire de Bicuiha, la cire des cannes à sucre et la cire des /4ndaquies. " C'est à l'obligeance de MM. Dumas, Bnussingault et Goudot, que je Cire non blanchie 8o, ,00 80, ,48 80, ,20 i3, ,36 l3 ,36 i3, .44 6 ,64 6, ,16 G: ,36 ( 35 ) dois d'avoir pu étudier ces différents échantillons de cire; on trouvera dans mon Mémoire les détails des ex|iériences sur chacune de ces substances, dont voici le résumé. i". Cire des abeilles. » En comparant la cire blanchie sur le pré avec la cire non blanchie , on trouve que la dernière contient pins de carbone et moins d'oxygène, et que la différence peut aller jusqu'à i pour 100. ■' L'analyse de ces deux substances a donné les résultats suivants: Cire blanchie. Carbone 791^7 79)20 Hydrogène.... i3,22 i3,i5 Oxygène 7,61 7,65 " fja cérine provenant de la cire blanchie contient, de même, moins de carbone et plus d'oxygène que la cérine de la cire non blanchie. " lies analyses ont fourni les résultats suivants : Cérlnt» de la cire blanchie. Céline de la cire non blanchie. Carbone. .... 79, 10 Hydrogène.... i3,2o i3,3i i3,6i i3,34 Oxygène 9,70 » La mjricine de la cire blanchie et de la cire non blanchie a tout à fait la même composition ; ce (jui résulte des analyses suivantes : Myricine delacire Myricine de la cire blanchie. non blanchie. Carbone 80,28 80, 18 80,28 Hydrogène.... i3,22 i3,33 i3,34 Oxygène 6,5o 6,49 6,38 .' Les expériences qui suivent ont été exécutées seulement avec de la cire non blanchie. " J'ai déjà parlé de deux substances qui sont contenues dans la cire, la cé- rine et la myricine; mais elle en renferme encore une troisième, qui n'avait pas été connue jusqu'à présent, et que j'appelle provisoirement céroléine, de cera et nleum. >' Cette substance est tres-nioUe , elle fond à 28", 5 centigrades, elle est 5.. 80,23 80,53 i3,3i i3,6i 6,46 5,86 % ( 36) très-soluble dans l'alcool et l'éther froids , et a une réaction acide sur le pa- pier de tournesol. La cire en contient environ 4 à f) pour loo. » L'analyse de la céroléine m'a donné les résultats suivants: Carbone 78,74 Hydrogène 12, 5i Oxygène 8,75 » Dans la Note sur la cire des abeilles, que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie l'an dernier, j'ai déjà démontré que cette substance était sapo- nifiable et qu'elle se transformait facilement en acide stéarique au moyen de la chaux potassée. J'ai de nouveau répété ces expériences, et je suis arrivé au même résultat. » y^cide cérinique. — Cet acide s'obtient en traitant la cérine par la po- tasse en dissolution; il est blanc, cristallisable, fond à 65 degrés centigrades; il est très-peu solubledans l'alcool et l'éther, même à chaud, mais se dissout plus facilement dans l'alcool absolu. » L'analyse m'a donné les résultats suivants : Carbone 79î72 79>8i Hydrogène i3,74 '3,72 Oxygène 6,54 6,47 » yécide mjricinique. — C'est ainsi queje désigne l'acide qu'on obtient en traitant la myricine de la même manière que la cérine. Il a à peu près les mêmes caractères que l'acide cérinique , mais son point de fusion est à 60°, 5 centigrades, et il a fourni à l'analyse les résultats suivants : Carbone 77,85 77 17' Hydrogène '3, 17 i3,i7 Oxygène 8,98 9,12 » Quand on fait réagir l'acide nitrique sur la cire, on voit successivement se produire l'acide margarique, l'acide pimélique, l'acide adipique, l'acide lipique, l'acide œnanthylique et l'acide succinique. M. Gerhardt a déjà ob- servé ces transformations, et M. Ronalds a démontré la formation de l'acide succinique. 2°. Cire de Chine. » J'ai déjà communiqué quelques expériences sur la cire de Chine, et ce n'est que pour l'ensemble des résultats que je crois devoir y revenir. ( 37) » En Chine, on trouve dans le commerce uue cire qui offre l'aspect exté- rieur du blanc de baleine ; elle est cristallisée et d'un blanc éclatant. » Cette substance d'origine végétale [Rhus succedanewn) a un point de fu- sion beaucoup plus élevé que la cire des abeilles ; elle ne fond qu'à 82°, 5 cen- tigrades. Elle est très-peu sol uble dans l'alcool et l'éther bouillant; mais l'huile de naphte la dissout facilement. « Quand on la fait bouillir avec une lessive de potasse, cette cire se trans- forme entièrement en savon soluble ; elle se combine de même avec la baryte ; elle ne contient point de glycérine, et sa composition est représentée par C'' H" O*, formule qui correspond très-bien avec les analyses. » On a , en effet : Calculé. Trouvé. c" 5400,0 80,59 80,60 80,71 H" 900,0 i3,43 i3, i3 i3,49 0' 4oo»o 5,97 6,27 5,80 6700,0 99)99 ioç,oo 100,00 » ^cide sinésique. — En traitant la cire de Chine par la chaux potassée, on obtient un acide que je propose d'appeler acide sinésique; il est blanc , cristallisé, il fond à 80 degrés centigrades, et peut être représenté par la for- mule C" H" O». » On a , en effet : Calculé. Trouvé. C" 5400,0 78,26 78,11 78,49 U" 900,0 i3,o4 ^2,99 i3,2i 0' . . . . 600,0 8,69 8,90 8,3o 6900,0 99)99 100,00 100,00 3°. Cire de palmier. » La cire de palmier est produite par le Ceroxjlon andicola, qui est très- abondant dans la Nouvelle-Grenade. Cette substance se présente sous la forme d'une poudre d'un blanc grisâtre , qui recouvre l'épiderme du palmier. w Ija cire purifiée est d'un blanc jaunâtre; elle est peu soluble dans l'alcool bouillant , et par le refroidissement elle se précipite ; son point de fusion est à 7a degrés centigrades, et sa composition est représentée par Carbone 80,73 Hydrogène. .... i3,3o Oxygène. ....... 5,97 ( 38 ) 4°. Cire du Myrica. ^' On obtient cette cire en faisant bouillir dans l'eau les baies de plusieurs fspèces de Myrica, entre autres \e Mjricacerifera, arbre très-commun dans la Louisiane et dans les régions tempérées des Indes. - " lia cire brute est verte, cassante; purifiée, elle est d'un jaune verdâtre; son point de fusion est à 47*'i5 centigrades , et sa composition est représentée par Carbone 74i23 Hydrogène 12.07 Oxygène '3,70 Cette substance est facilement saponifiable, et, d'après M. Chevreul , elle donne les acides stéarique , margarique et oléique , ainsi que de la gly- cérine. 5". Cire de Carnauba. » Cette cire est produite par un palmier qui croît en abondance dans les provinces du nord du Brésil , parliculièremeut dans la piovince du Géara. » Elle forme une couche mince sur la surface des feuilles, elle est d'un blanc jaunâtre, très-cassante , et se laisse facilement réduire en poudre; elle est solubledans l'alcool bouillant et dans l'éther ; parle refroidissement, elle se prend en une masse crislalline ; son point de fusion est à 83", 5 centigrades, et à l'analyse elle ma fourni les résultats suivants: Carbone 80 , 36 80 , 29 Hydrogène i3,07 i3,07 Oxygène 6,57 6,64 6°. Cire d'Ocuba. » La cire d'Ocuba provient d'un arbuste très-répandu dans la province du Para, et on la rencontre également dans la Guyane française. » M. Adolphe Brongniart pense que c'est une des trois espèces suivantes qiii donnent cette cire : Myristica ocoba, Mjristica oJficinaUs , ou Mjiis- tica sebijèia. » fia cire a une couleur blanc-jaunâtre, elle est soluble dans l'alcool bouillant et entre en fusion à Sô^S centigrades; l'analyse de cette substance a donné les résultats suivants : Carbone 73,90 74)09 Hydrogène • ' ,4" n , 3o Oxygène... .. . 14,70 i4,6i (39) 7°. Cire de Bicuiba. » M. Adolphe Brongniart regarde cette cire comme provenant du Myris- tica hicuhjbn. >' Elle est d'une conteur blanc-jaunâtre ; soluble dans l'alcool bouillant, elle fond à 35 degrés centigrades, et son analyse m'a fourni les résultats suivants : Carbone l^i^l 1^<^9 Hydrogène .... 1 1 , i o 1 1 , 1 3 Oxygène i4,53 i4)4^ 8". Cire des cannes à sucre (cérosiej. >' En raclant la surface de l'écorce des cannes à sucre, et particulièrement la variété violette, on obtient uue substance cireuse que M. Aveqnin a appelée cérosie. " A l'étal de pureté, elle est blanche, cristallisable et fond à 82 degrés centigrades; elle est insoluble dans l'alcool et l'cther froids, trè,s-soluble, an contraire, dans l'alcool bouillant. Elle est très-dure et se laisse facilement ré- duire en poudre; sa composition est représentée par G*'H**0*, formule qui correspond très-bien avec les analyses. » On a, en effet : (>alculé. Trouvé. A -^ . ii'ii -^ ^ ^ C" 36oo,o 81,82 81, 38 81,57 8i,74 H" 600,0 i3,63 i3,63 i3,7o i3,64 O' 200,0 4>55 4>99 4>73 4j62 4400 jO 100,00 100,00 ioo,oo 100,00 « Ces nombres diffèrent un peu , pour l'hydrogène , de ceux obtenus par M. Dumas. On trouvera dans mon Mémoire l'explication de celte différence. 9°. Cire des Jndaquies. >' Ce sont particulièrement les Indiens de la petite tribu ou nation Tamas vivants sur les bords du Rio-Caqueta, qui s'occupent à recueillir cette cire qui dans le pays est connue sous le nom de cem de los Andaquies ; elle est le produit d'un petit insecte [aveja, nom générique employé par les Espagnols pour les Méii|)ones en général) très-(;ommun en ces parages et formant sur un même arbre un grand nombre de petites ruches. » A l'état de pureté, elle est d'un blanc légèrement jaunâtre; elle fond à (4o) 77 degrés centigrades, et sa composition est représentée par Carbone 8i,65 81,67 Hydrogène i3,6i i3,5o Oxygène 4>74 4>83 » La cire des Andaqiiies, de même que la cire des abeilles, contient trois principes différents qu'on" sépare par des traitements avec de l'alcool bouil- lant, et l'opération est exactement la même que lorsqu'il s'agit de séparer la cérine , la myricine et la céroléine. )' Les trois substances que j'ai trouvées dans la cire des Andaquies \ sont les suivantes: Cire de palmier 5o pour loo, Cire des cannes à sucre. ... 4^ pour 100, Matière huileuse 5 pour 100. n Ainsi, abstraction faite de la matière huileuse que je n'ai pas encore analysée, on peut dire que la cire des Andaquies est un mélange de cire de palmier et de cérosie; c'est là certainement un fait très-curieux, et qui , sous le point de vue de la physiologie animale, mérite que nous nous y arrêtions un instant^ mais nous allons d'abord démontrer l'identité parfaite de ces deux substances avec la cérosie et la cire de palmier précédemment analysées. » Nous avous trouvé, en effet, que le point de fusion de la cérosie , extraite de la cire des Andaquies, était à 82 degrés centigrades, c'est-à-dire exacte- ment le même que celui de la cérosie des cannes à sucre. L'analyse de cette substance a fourni les résultats suivants : Carbone 81,48 81 ,65 8i,54 Hydrogène '3,79 '3,72 i3,68 Oxygène 4>73 4>63 4)78 » Or, telle est précisément la composition que nous avons trouvée pour la cire des cannes à sucre. " Quant à la seconde substance, nous avons trouvé que son point de fusion et sa composition étaient exactement les mêmes que ceux de la cire de palmier; en effet, elle fond à 72 degrés centigrades, et elle m'a donné à l'ana- lyse les résultats suivants : Carbone 80,89 81, i4 80,81 Hydrogène i3,33 i3,43 i3,43 Oxygène 5,78 5,43 5,76 (4i ) » Des résultats qui précèdent, on ne peut avoir aucun doute sur l'identité parfaite de ces deux substances avec la cérosie et la cire de palmier. " Jusqu'à présent , je n'ai f;iit que quelques expériences sur la cérosie; le temps ne m'a pas permis d'étudier la cire de palmier. " yicide cérosique. — C'est ainsi que j'appelle l'acide qu'on obtient en traitant la cérosie par la chaux potassée. n L'acide purifié est blanc, cristallisé, très-peu soluble dans l'alcool et l'éther bouillant ; il se dissout facilement dans l'huile de naphte ; son point de fusion est à gS^jS centi{jrades , et sa composition peut être représentée par la formulée* «H* «O'. !) On a , en effet : Calcule. Trouvé. C" 3600,O 80,00 80, II 80, l5 H" 600,0 i3,33 i3,35 i3,44 0= 3oo,o 6,67 6,34 6,41 4500, o 100,00 109,00 100,00 " Je regrette beaucoup de n'avoir pas pu pousser plus loin mes expé- riences sur la cérosie, substance qui, à tout égard, aurait mérité une étude plus approfondie; mais la petite quantité de matière m'a forcé de les inter- rompre. " Il résulte des faits consignés dans ce Mémoire : » 1°. Qu'il existe un grand nombre de cires végétales qui, par leurs caractères extérieurs et leur composition , ressemblent plus ou moins à de la cire des abeilles; » 2°. Que la cire des Andaquies est un mélange de deux cires végétales, la cire de palmier et la cérosie. » Faut-il en conclure de ces faits que la cire est une véritable sécrétion animale? je ne le pense pas, et M. Dumas disait lui-même cette année à son Cours de l'École de Médecine, que l'examen de la cire des Andaquies laissait quelques doutes dans l'esprit , relativement à l'exactitude de la conclusion à tirer de ses expériences sur les abeilles. » Je pense, dans tous les cas, qu'on peut dire que les abeilles des Anda- quies ne possèdent pas la faculté de créer elles-mêmes la cire dont elles ont besoin pour la construction de leurs gâteaux , car il me paraît difficile de pouvoir admettre que ces insectes forment exactement un mélange de cire de palmier et de cire des cannes à sucre; tandis que tout porte à croire, et cette opinion est la plus naturelle, que ces insectes vont simplement recueillir la cire dont ils ont besoin sur le palmier et sur la c inné à sucre. " C. R., 1845, i" Semestre. {T. XX, N» 1.) 6 ( 42 ) TOPOGRAPHIE. — Nouvelle Note relath>e nu coloriage des cai tes au rnojett de la lithographie ; par M. Desportes. « Lorsque j'eus l'honneur d'adresser à l'Académie ma première Lettre, sur le Rapport fait parM.M. Dufrénoy etEliede Beaumont, au sujet du colo- riage des cartes par l'impression, je ne connaissais de ce Rapport que<;e qui en avait été extrait par les journaux. .J'ai pu lire depuis le Compte rendu des séances de l'^cade'mie , ainsi que la Notice de M. le directeur de l'Imprime- rie royale qui y fait suite. » L'Académie voudra bien me permettre de lui exposer quelques obser- vations que j'ai faites sur cette lecture. .Te n'ai ni la prétention ni même l'es- poir de fixer l'attention de l'Académie; mais je désire sincèrement, dans l'intérêt de l'art, faire relever une erreur dans laquelle est tombé M. le Rapporteur, sur la foi. sans doute, de la Notice fournie par l'Imprimerie royale. « Les lithographes ne s'étaient occupés jusqu'à présent, dit celte Notice, que de la reproduction plus ou moins heureuse des estampes coloriées au pinceau , après avoir échoué devant les difficultés réelles que présentent la coloriation des cartes et le lavis des plans, qu'ils considèrent encore aujour- d'hui comme impraticable. )' Je ne relèverai pas ce que les mois plus ou moins heureux ont de déso- bligeant pour les praticiens recommandables; je dirai pour les artistes qni font de l'impression en couleurs, et dont j'ai sigualé les noms, je tiens à la disposition de la Commission de l'Académie, des épreuves qui sont un dé- menti formel à cette assertion. >' Les lithographes ont si peu regardé comme impraticahleWxmpve&ûon en couleurs des cartes de grand format , que M. Kaeppelin exécuta au commen- cement de 1843 la carte géognoslique de M. Raulin; cette carte est d'une dimension au moins double de celle de M. Dufrénoy. La plupart des planches de la monographie de la cathédrale de Bourges , imprimées par M. Engel- mann et par M. Lemercier, celle du Fils de la J^ierge, exécutée dans les ate- liers de M"" Formentin, etc., ont la dimension prétendue impraticable. D'ailleurs, peut-il sortir des mains de M. Derenémesnil un seul ouvrage qui soit impraticable pour les lithographes de Paris? >' Les estampes qui, au dire de l'Imprimerie royale, sont Va b c de l'art, ne sont pas seulement des teintes plates, des lignes plus ou moins cor- rectes, perdues le plus souvent dans le travail topographique de la carte, ce sont des traits dont le raccordement doit être assez parfait pour concourir à ( 43 ) l'ensemble d'une figure qui n'a quelquefois que quelques millimètres ue pro- portion, et cela avec une te\le précision, que cette figure ne puisse grimacer. » Qu'il me soit donc permis de contester à l'Imprimerie royale l'honneur d'avoir résolu le problème du coloriage des cartes par l'impression. Quant à la perfection de celle qui fait le sujet du Rapport de MM. Élie de Beauuiont et Dufrénoy, j'aime à croire qu'elle ne laisse rien à désirer puisqu'elle a obtenu les suffrages de l'Académie tout entière. )) .le conteste également à l'Imprimerie royale la priorité du laminage des papiers et celle de leur emploi à l'état sec. La chromolithographie n'étant possible qu'à ces deux conditions, il est évident que les imprimeurs qui la pratiquent avec succès depuis six à sept ans connaissaient cette méthode. » .le nie qu'il soit impossible de bien repérer sans les modifications appor- tées par M. Derenémesuil aux appareils margeurs; d'habiles ouvriers font souvent des tirages dignes d'être remarqués, sans autres moyens de repérer que deux aiguilles à coudre. » Ainsi que je l'ai déjà dit, je reconnais à M. Derenémesuil Yinvention des petites feuilles de cuivre fixées au papier dans le but de prévenir l'agran- dissement des trous de pointure; mais je persiste dans mon opinion sur leur inutilité. Il Selon M. Dereménesnil, la pression aurait sur le papier une action trnctive et propulsive. Ce fait est plus que douteux; en effet, le râteau n'agit que sur le cuir du châssis et non sur la feuille; s'il en était autrement, quel serait le papier qui résisterait à plusieurs pressions, et fussent-elles triples de force, les plaques de cuivre ne céderaient-elles pas? >' Il y a quelquefois, je le reconnais, agrandissement des trous; mais c'est à la mauvaise qualité des papiers ou à l'inexpérience de l'ouvrier qu'il faut l'attribuer, et non à la traction et à la propulsion exercée par le râteau. Toutefois, cet agrandissement, ftit-il sensible, ne pourrait établir une diffé- rence de plusieurs millimètres dans le raccordement des couleurs. » M. le directeur de l'Imprimerie royale aurait pu ajouter à sa Notice la description, et faire sur la carte de M. Dufrénoy l'application d'un procédé que je vais décrire et qui est connu sous le nom de manière aux deux crayons. Ce procédé n'a été employé, jusqu'à ce jour, qu'à l'impression des estampes à deux teintes. " Le gisement des minéraux n'est pas, ce me semble, si prononcé; la transition d'un gisement à un autre n'est pas tellement brusque qu'il ne soit nécessaire, dans quelques cas, d'indiquer cette transition par une dégrada- tion de couleurs. 6.. (44) » La dégradation des teintes ne peut s'obtenir par les procédés eu usage dans la chromolithographie; je propose donc de faire les décalques sur des pierres grenées, de couvrir d'une dissolution de gomme arabique légère- ment acidulée les parties considérables qui doivent rester blanches; de cou- vrir ensuite la surface de la pierre d'une couche d'un mélange de vernis copal et de vernis d'impression ; d'enlever avec un grattoir toutes les parties qu'on n'aura pu réserver avec la gomme; lorsqu'on n'aura enlevé que le vernis qui couvre les aspérités du grain , ses interstices fourniront encore suffisamment de couleur, et suivant qu'on aura plus ou moins abaissé les aspérités du grain, on aura plus ou moins d'intensité de lumière. Une forte acidulation donnée à la pierre permet de faire les plus longs tirages. Les couleurs imprimées sur les pierres gravées ayant beaucoup de transparence, on évitera ainsi la lourdeur, l'opacité des teintes, résultant de la superposi- tion de plusieurs couleurs, reproche fait, à juste titre, au coloriage des cartes par l'impression. » J'espère que votre Commission , mieux éclairée sur ce qui a déjà été fait et sur ce qui se fait journellement dans un grand nombre d'ateliers, voudra bien retrancher de son Rapport ce qu'il y a de blessant pour ceux qui se sont voués depuis longtemps aux progrès de l'art lithographique. » TOPOGRAPHIE. — Note relative au coloriage des cartes par impression lithographique ; par M. V. Rauhn. "1 Lorsque j'eus à m'occuper , en mars 1 842 , du coloriage de ma Carte géognosiique du plateau tertiaire parisien , guidé par des raisons d'économie et d'exactitude, je pensai à l'impression lithographique qui n'était pas encore appliquée aux cartes géologiques, tandis qu'elle l'était avec succès à la repro- duction des tapisseries et des vitraux , principalement par les maisons I^emer- cier et Engelmann. Je m'adressai directement aux directeurs de ces deux lithographies, mais tous deux refusèrent d'entreprendre le coloriage de ma carte en raison de ses grandes dimensions et de mes exigences. En effet, d'une part, ma carte et les coupes qui la bordent possèdent o^jSô de largeur sur o"", 68 de hauteur, ce qui donne SS'^""'''"^-, 5 de surface, et, d'autre part, je ne voulais m'engager à recevoir que les exemplaires dans lesquels les erreurs du repérage, pour la carte seulement , n'atteindraient pas i milli- mètre. Au mois de mai enfin, je m'arrangeai avec M. Kaeppelin; il se mit à l'œuvre, et sept mois après, le 29 décembre 1842, M. Cordier présentait déjà une épreuve d'essai dans son Cours de géologie au Muséum, en traitant des ( 45 ) terrains des environs de Paris. Ce ne fut, toutefois, que le i3 février i843 que je pus présenter à l'Académie un des premiers exemplaires tirés, dans lequel les erreurs de repérage ne vont qu'à un demi-millimètre, et encore n'est-ce que sur les bords de la carte; car, dans toute son étendue, on n'aper- çoit ni liseré blanc ni empiétement bien prononcé des teintes les unes sur les autres. L'Académie voulut bien alors charger de lui faire un Rapport une Commission composée de M. Al. Brongniart, Cordier et Elie de Beaumont. » Dans l'exécution de cotte carte, des raisons d'économie m'engagèrent k supprimer les lignes ponctuées destinées à guider le pinceau dans le coloriage à la main, et devenues à peu près inutiles. Des raisons semblables m'engagè- rent encore à adopter la proposition de M. Kaeppelin, de produire des teintes par la superposition de deux autres, ce qui permettait de réduire beaucoup le nombre des tirages, et par suite d'abaisser le prix de vente. Les onze teintes de ma carte , non compris le blanc , furent produites par quatre impressions successives: le bleu indigo , le hleu cobalt , le jaune et le carmin. Les sept autres teintes ont été produites de la manière suivante : \evert foncé et le vert clair par la superposition du jaune sur chacun des deux bleus, le bleu foncé T^ar ceWe des deux bleus , le violet ^ar celle du bleu cobalt et du carmin, l'orangé par celle du jaune et du carmin; le jaune avec un pointillé carmin donna un second orangé ; enfin, on obtint un vert très foncé par la superposition des deux bleus et du jaune. Quant au blanc, il a suffi de réserver des espaces dépourvus de toute teinte. " Pour la confection des pierres destinées à imprimer les diverses cou- leurs , M. Kaeppelin fit d'abord un report de la planche gravée, sur lequel on dessina à la plume les contours des terrains ou couleurs, puis on en tira des épreuves qu'on décalqua sur autant de pierres qu'il avait de couleurs simples, et ensuite on remplit à la plume et au pinceau sur chacune d'elles les parties qui devaient venir en couleur. » M. Kaeppelin avait d'abord pensé à se servir du châssis à repérer, et il en avaitmême fait construire, à cet effet, un fort grand muni de vis de rappel pour déplacer à volonté, de très-petites quantités, soit la pierre, soit la feuille à imprimer; mais il y renonça et se servit de la presse ordinaire et du compas d'épaisseur , de l'invention de feu Louis Letronne, qui évite l'emploi des trous de pointure. " Enfin il prit du papier à la mécanique, très-fort, préalablement cylin- dre, afin d'éviter tout allongement pendant le tirage qui se fit à sec. » La précision apportée dans l'exécution de ce premier essai de coloriage de cartes, appliqué à une feuille d'aussi grande dimension, fut assez grande (46) pour c|ue sur cinq cents exemplaires je n'aie été oblifjé d'en refuser que cin- quante, c'est-à-dire un sur dix , dans lesquels les erreurs de repérage attei- gnent ou dépassent un milliraètre. » A l'appui de ce que j'avance, j'ai Ihonneur d'adresser en communication à l'Académie dix exemplaires de ma carte choisis de manière à montrer, pour la carte (et non pour les coupes dont le repérage est généralement moins parfait), des exemples des divers degrés d'exactitude atteints dans le repér rage , exactitude qui varie entre quelques dixièmes de millimètre et un mil- limètre. Les erreurs dans les exemplaires les plus défectueux sont surtout sen- sibles sur les bords de la carte et dans les coupes; dans les parties centrales, elles dépassent très-rarement un demi-millimètre. L'absence des lignes ponc- tuées, toutefois, n'empêche pas déjuger du degré d'exactitude du repérage, puisqu'il reste toujours la ligne noire qui limite la partie coloriée de la carte. A ce propos , je ferai remarquer que la coïncidence parfaite des couleurs, soit entre elles, soit avec les lignes de points, lorsqu'elles existent, quoique très-satisfaisante pour l'art, n'est pas un indice de l'exactitude des cartes géologiques; car, dans la plupart des cas, les géologues ne déterminent pas très-rigoureusement la place des points de contact des divers terrains. Dans ma carte en particulier, un millimètre répond à un peu moins de 3oo mètres. » J'ajouterai enfin que la Société géologique de France a publié, en mai 1843, une carte géologique du département de l'Aisne, format grand-aigle, et, en janvier i8/i4, une carte géologique de l'Auvergne, format demi- grand -aigle, toutes deux imprimées en couleurs par M. Simon. Enfin, M. Kaeppelin lui-même a déjà imprimé en couleurs, pour l'ouvrage inti- tulé Palria, qui paraîtra à la fin de i845, un certain nombre d'exemplaires de deux petites cartes et de coupes géologiques de la France et des environs de Paris, dont je prie l'Académie de recevoir un exemplaire. » Des faits que je viens d'exposer, et dont l'exactitude ne me semble pas susceptible de contestation, je crois pouvoir avancer : » '\°. Que depuis près de deux ans déjà, le problème du coloriage des cartes par impression lithographique est résolu en France, et que l'honneur en appartient à l'industrie privée et en particulier à M. Eugène Kaeppelin ; )> 2°. Qu'on est dans l'erreur en attribuant à M. Derenémesnil l'invention du coloriage des cartes par impression lithographique, et eu avançant {Comptes rendus de l'Académie des Sciences , séance du 28 décembre i844î pages 1395 et iSg^) que les lithographes ont échoué devant les diffi- cultés réelles que présente la coloriation des cartes, qu'ils considèrent en- ( 47 .) core aujourd'hui comme impraticable, et que des causes (terreur ont jusqu'à présent arrêté les imprimeurs dans leurs tentatives de coloriage lithogra- phique appliqué aux cartes ,• )' 3". Qu'on est fondé seulement à revendiquer pour M. Derenémesnil rhonneur d'être arrivé vingt-deux mois après M. Kaeppelin à une grande perfection, perfection que ce dernier aurait peut-être atteinte de son côté, s'il avait eu à exécuter le coloriage d'une nouvelle carte géologique de grande dimension; » 4"- Enfin, que M. Kaeppelin a eu à surmonter des difficultés bien au- trement grandes que celles que M. Derenémesnil a vaincues si heureusement, puisque, d'une part, il n'avait pas encore de précédents pour Ini servir de guide, et que, d'autre part, la carte géognostique du plateau tertiaire pa^ risien offre une superficie de 58''*^'^' '^"'•, 5, tandis que le tableau d'assemblage de la carte géologique de la France ne possède qu'une surface de ag'^^'^"^''-, 6, c'est-à-dire de la /noi7/e' seulement. » « M. DuFRÉxoY s'empresse de reconnaître , ainsi qu'il l'a fait dans une pré- cédente séance , que M. Kaeppelin a publié, il y a bientôt deux ans, plusieurs cartes géologiques coloriées par impression ; il cite particulièrement la carte du bassin de Paris, par M. Raulin, dont il a eu l'occasion de vérifier, sur plusieurs points, la précision des détails géologiques. Cette carte, ajoute M. Dufrénoy, présente, aussi par son ensemble et par ses grandes dimen- sions, un beau résultat typographique; toutefois il fait remarquer que, d'a- près la réclamation même de M. Raulin, les couleurs ou se débordent l'une sur l'autre de près d'un millimètre , ou qu'elles laissent entre elles des liserés blancs de même largeur; les pièces adressées à l'Académie suffiraient , au besoin, pour le démontrer. Pour des cartes sur une grande échelle, ces inexactitudes de coloriage sont peu importantes, mais elles ôtent toute va- leur aux indications géologiques d'une carte générale comme le tableau d'as- semblage de la Carte géologique de la France; en effet, dans plusieurs loca- lités, notamment pour les départements de l'Orne, de la Seine-Inférieure, de la Manche, de la Somme, ainsi que pour ceux qui bordent les Pyrénées, il existe plusieurs bandes contiguës de terrains différents qui n'ont pas chacune un millimètre de largeur, de sorte que, dans ce cas, ou les couleurs ne seraient pas placées sur les terrains qu'elles représentent, ou, en se débor- dant l'une sur l'autre, elles donneraient naissance à une troisième teinte qui n'appartiendrait à aucun terrain. "1 La carte coloriée par M. Derenémesnil n'offre aucun de ces défauts. Les (48 ) couleurs, ainsi qu'on l'a annoncé, tombent mathématiquement sur chaque division géologique. C'est cette précision, qui ne peut être contestée, que M. Dufrénoy a signalée, conjointement avec M. Élie de Beaumont, comme étant du plus haut intérêt pour l'art typographique. Ce résultat a , en outre , été obtenu par des procédés particuliers à M. Derenémesnil , ce qui constitue, par conséquent, une véritable invention. M. Dufrénoy rappelle, en outce, que les essais ont été commencés à l'Imprimerie royale depuis près de trois ans , et qu'il y a déjà au moins deux aus qu'on est arrivé à la précision indi- quée ci-dessus. Cette date établirait même, pour l'Imprimerie royale, une priorité qu'elle ne réclame pas. Cette assertion serait, s'il était nécessaire, très- facile à prouver par des pièces de comptabilité incontestables. M. Dufrénoy exprime, en terminant ces observations, le désir que la Commission à laquelle ont été renvoyés le tableau d'assemblage de la Carte de la France, et la Carte géologique de M. Raulin , fasse bientôt son Rapport, afin d'établir, d'une ma- nière définitive, les droits de M. Derenémesnil, qui lui paraissent avoir été méconnus par les réclamants. » « M. CoRDiER fait remarquer que toute discussion actuelle sur le mérite des réclamations présentées par M. Raulin serait prématurée et peu con- forme aux usages de l'Académie ; qu'il serait convenable que les membres qui ont des observations à faire sur les questions qui sont soulevées relative- ment à l'enluminage des cartes géologiques par des procédés lithographiques, attendissent le Rapport de la Commission qui a été chargée d'examiner ces questions; que le sujet est de nature à ce que l'Académie, fidèle à ses habi- tudes d'impartialité et de justice distributive, doit se garder de rien préjuger en autorisant en ce moment dans son sein la manifestation anticipée d'opi- nions individuelles, opinions qui, si elles sont fondées, se produiront d'ailleurs bien plus utilement lorsque le Rapport aura été présenté. En con- séquence, M. Cordier demande que la réclamation dont il s'agit soit pure- ment et simplement renvoyée à la Commission qui a été nommée, et que provisoirement cette réclamation soit textuellement imprimée dans le Compte rendu, comme l'ont été les communications qui ont soulevé le débat. » « M. Elie de Beadmont répond à M. Cordier que , dans son opinion person- nelle , lorsqu'un ou plusieurs membres de l'Académie sont accusés d'avoir commis une inexactitude, même dans de simples éloges, ils doivent à l'Aca- démie et à eux-mêmes de se justifier immédiatement. Les éloges donnés au jt'ésultat obtenu par M. Derenémesnil avaient dû paraître à MM. Dufrénoy et ( 49 ) Élie de Beaumont complètement iiioffensifs , puisque les personnes dont les efforts avaient été moins heureux n'y étaient pas même désignées. Parmi les pièces qui ont été déposées aujourd'hui sur le bureau, il en est une qui suffi- rait à elle seule pour trancher la question soulevée. C'est une réduction sim- plifiée du tableau d'assemblage de la Caile géologique de la France, qui a été dressée par M. Raulin pour un travail publié par lui. Sons le rapport pu- rement géologique, celte réduction est irréprochable, et j'ajouterai même que son coloriage est exécuté avec une exactitude plus que suffisante pour rem- plir complètement l'objet que l'auteur a eu en vue; mais il n'en est pas moins évident qu'il présente tous les inconvénients dont la suppression constitue le mérite essentiel du procédé de M. Derenémesnil. Les contours des teri-ains y sont tracés en points , et partout, excepté dans le centre de la carte, ces contours sont r/eèorr/e>. Cependant cette carte a au plus le tiers delà longueur ou le neuvième de la surface de celle exécutée à l'Imprimerie royale. Si, comme on est fondé à le croire, cette carte est, quant à présent, le dernier mot des procédés qu'on oppose à ceux de l'Imprimerie royale, il suffit d'y jeter un coup d'œil pour voir que les éloges donnés à ces derniers n'ont été qu'une exacte justice. Au surplus, la Commission prononcera. » MÉTÉOROLOGIE. — De la culture de la vigne en Normandie ; par M. l'abbé Cochet, aumônier du collège royal de Rouen. M. l'abbé Cochet établit par des citations nombreuses empruntées aux chroniques, aux chartes, aux terriers, aux délibérations capitulaires, « que » les coteaux aujourd'hui ombragés de pommiers étaient autrefois couverts » de vignes. » MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un nouveau système de chemins de fer atmosphériques ; par M. Arnollet. (Gommission des chemins de fer atmosphériques. ) Le Mémoire que je soumets aujourd'hui au jugement de l'Académie présente les résultats des recherches auxquelles je mç suis livré pour faire disparaître quelques inconvénients des chemins de fer atmosphériques : d'une part, l'incertitude relative à la possibilité d'un service bien réguUer, eu égard aux rentrées d'air observées sur la soupape longitudinale ; de l'autre , la grande dépense pour le service des machines qu'on y emploie. Je me suis occupé, en conséquence, de neutraliser l'iufluence des pertes de la soupape, C. U., i!i45, i"Semesi,e. (T. XX, ^'' 1.) 7 ( 5o ) et de réduire en même temps considérablemeul les dépenses qui ont lieu dans l'emploi des machines. » I/importance des résultats que j'aperçois dans les modifications que je propose, déciderait sur-le-champ, à moins que je ne sois dans l'erreur, la question controversée de savoir si les tubes atmosphériques pourront être employés avantageusement sur toutes les lignes de chemins de fer; car, si cette question est douteuse, dans l'état actuel des dépenses qui ont lieu pour les machines énormes établies à chaque station , je crois que le doute doit cesser si, comme je cherche aie démontrer dans le Mémoire ci-joint, ces dépenses , par mon système, peuvent être réduites de plus des neuf dixièmes , en assurant complètement la régularité du service. » ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. — Recherches sur la structure et le développement du Nuphar lutea; par M. Trecui,. (Commissaires, MM. de Mirbel, Dutrochet, Richard.) M. Germain soumet au jugement de l'Académie une Note sur un Nouveau système de chemins de fer atmosphériques . (Commission des chemins de fer atmosphériques.) CORRESPOi\DAI\CE. " M. DE JussiEC présente : » 1°. De la part de M. Alphonse de Gandolle, la 9* partie du Prodromus Sfstematis naturalis Regnivegetabilis. Cet ouvrage fondamental avait été poussé par son illustre père jusqu'à la ■7" partie, et comprenait un peu plus de la moitié des plantes phanérogames connues. M. Alphonse de Candolle a continué cette grande entreprise, l'une des plus belles parts de l'héri- tage paternel; et voici déjà le second volume qu'il publie. Pour en hâter la terminaison, si importante pour la botanique, il a appelé à son aide quelques collaborateurs d'une habileté éprouvée, auxquels il confie les familles qui ont fait l'objet particulier de leurs études. Dans le présent volume se trouvent traitées dix familles; six (les Loganiacées, Érycibées, Bignoniacées, Sésamées, Cyrtandracées et Borraginées) sont l'œuvre posthume de A.-P. de Candolle, que son fils a complétée et perfectionnée par beaucoup de notes , d'après les matériaux nouveaux et nombreux qui lui sont arrivés depuis ( ^* ) quelques années. Il a rédigé lui-même entièrement les Hydrophyllacées. On doit à M. Bentham les Polémoniacées, à M. Choisy les Convolvulacées, à M. Grisebach les Gentianacées. Ces derniers auteurs avaient déjà publié sur ces mêmes familles des travaux monographiques connus et estimés. Mais le grand nombre d'espèces ajoutées ici et le remaniement complet des matériaux antérieurement connus font, de la nouvelle partie du Prodrome, un recueil de monographies originales. >' 2°. De la part de M. Lasègce un volume ayant pour titre : Musée bota- nique de M. Benjamin Delessert, Notices sur les collections de plantes et sur la bibliothèque qui les compose, contenant en outre des documents sur les principaux herbiers d'Europe, et l'exposé des voyages entrepris dans l'intérêt de la botanique. » Cette description des collections précieuses que M. Delessert met si généreusement à la disposition des botanistes de toutes les nations était, par elle-même, d'un grand intérêt. Mais M. Lasègue a su lui en donner un plus général par ces documents qu'il y a ajoutés, et qui fourniront des renseigne- ments rares et précieux pour une partie de l'histoire de la botanique et des botanistes dont les éléments jusqu'ici étaient dispersés ou inconnus. >• M. PoNCELET présente, au nom de l'auteur, M. Holtzmann, professeur à Manheim , un Mémoire écrit en allemand sur la chaleur et l'élasticité des gaz et des vapeurs. M. Regnault est invité à prendre connaissance de cet ouvrage et à en faire le sujet d'un Rapport verbal. CHIMIE. — Recherches sur les densités de vapeurs des corps composés; par M. AuG. Cahours. " En poursuivant mes recherches sur les densités de vapeurs des corps volatils, j'ai pu me convaincre que l'acide acétique n'était pas le seul qui présentât cette anomalie curieuse signalée par M. Dumas, et que, d'après les expériences récentes de M. Bineau, on retrouve encore dans les acides for- mique et sulfurique. " Dans la plupart des cas, il est vrai, en opérant à 3o ou 4o degrés au- dessus du point d'ébuUition de la substance, on obtient des nombres qui se confondent sensiblement avec ceux qu'indique la théorie; c'est ainsi que se comportent l'alcool et ses congénères, la plupart des éthers composés, ainsi qu'un grand nombre de carbures d'hydrogène; mais il est quelques composés 7,. ( St» ) qui se conduisent d'une autre manière, et qui ont dû particulièrement fixer mon attention. » Aujourd'hui j'ai l'honneur de présenter à l'Académie quelques-uns des résultats que j'ai obtenus en poursuivant cette étude, nie proposant de sou- mettre prochainement à son jugement un long Mémoire sur ces matières. » Je me suis assuré que la densité de vapeur de l'alcool et de ses congé- nères (esprit-de-bois, huile de pommes de terre), prise à 3o ou 35 degrés au delà du point d'ébuUition , s'accorde sensiblement avec la densité théorique; à I G ou 12 degrés seulement au delà de ce terme , l'écart est peu consi- dérable. » L'éther donne des résultats semblables; à 3o degrés au delà du point d'ébuUition, il donne le nombre 2,59 qui correspond à 2 volumes de va- peur; à 200 degrés au delà du point d'ébuUition, il donne encore 2 volumes de vapeur; sous l'influence de cette haute température le groupement molé- culaire n'a donc pas changé. )i L'eau se comporte de la même manière. » liCS acides dérivés des alcools (acides acétique, butyrique, valérique) donnent, au contraire, des écarts considérables, ainsi qu'on en pourra juger par les tableaux suivants : Densités de vapeurs de t acide acétique à diverses températures. Températures. Densités. 1 25 degrés 3 , 20 1 3o 3,12 i4o 2.90 i5o 2,75 160 2,48 171 2,42 190 a,3o 200 2,22 219 2,17 23o 2 , 09 , 25o . . 2,08 280 2 , 08 3oo 2,08 321 2,08 327 2,08 338 2,08 • (53) Densités de vapeurs de l'acide butyrique à diverses températures. Températures. Densitéi». 177 degrés 3,68 208 3,44 228 3,22 ' 249 3,10 261 :'.... v^.. 3,07 290 3,07 3io 3,07 33o 3,07 » L'acide valérianique donne des résultats analogues; pour ce dernier les écarts sont moins considérables que pour Tacide butyrique. " Pour ces composés comme pour les alcools dont ils dérivent, la molé- cule est divisible par 4; mais pour arriver à des résultats qui concordent avec la théorie, il faut, comme on le voit, opérer à des températures très-dis- tantes du point d'ébuUition, ce qui semblerait indiquer que ce n'est qu'assez loin de ce terme que la cohésion devient nulle dans ces vapeurs. " 11 est, en outre, assez curieux de voir ces corps qui présentent de si frappantes analogies, offrir la même particularité dans leur groupement moléculaire. " La plupart des éthers composés , un grand nombre d'huiles volatiles et notamment les huiles hydrocarbonées fournissant; à 3o ou 40 degrés au- dessus du point d'ébuUition, des nombres qui s'accordent parfaitement avec la théorie , j'avais pensé que les acides étaient les seuls qui présentassent de semblables anomalies; mais je me suis assuré que les essences d'anis et de fe- nouil, qui sont parfaitement neutres, offrent des résultats semblables aux précédents. » Ainsi, l'essence d'anis donne Températures. Densités. • 245 degrés 5 , 98 260 5,73 270 5,64 325 5,22 338 5,19 » La densité théorique est de 5, 1 8. » A cette haute température, bien que l'huile brunisse, elle n'éprouve au- cune décomposition , ainsi que j'ai pu le constater par l'analyse du résidu. ( 54 ) » Il résulte, des faits que j'ai observés jusqu'à présent, et de ceux qu'ont obtenus mes devanciers, que la molécule des corps composés est toujours divisible par 2 ou par 4; la division par 6 et par 3 n'existe pas, ainsi que cela découle des expériences de M. Malaguti sur le forméthylal , et des miennes sur les acides du groupe acétique. » Un seul composé ferait exception à cette règle , c'est le chlorure de sili- cium, qui ne donnerait qu'un seul volume de vapeur, si l'on admet le nombre 92,6 pour le poids atomique du silicium, et SiO pour la formule de la silice; l'éther silicique obtenu récemment par M. Ebelmen ne donnerait pareillement dans cette hypothèse qu'un seul volume de vapeur. En raison de l'analogie qui existe entre l'acide silicique et les acides titanique et stannique , ne pourrait-on pas représenter ce composé par la formule SiO', et, par suite, le chlorure de silicium et l'éther silicique posséderaient une molécule divisible par a? » Je me propose d'étudier, d'une manière complète , les corps assez nom- breux qui présentent des anomalies semblables à celles que je viens de signa- ler; dès que ce travail sera terminé, je m'empresserai d'en faire hommage à l'Académie. » Lettre de M. Peclet touchant un passage de la dernière édition du Traité de Physique de M. Pouillet. ,;« C'est avec un vif regret que je me vois obligé d'adresser une réclama- tioif à l'Académie. J'espérais que ma vie retirée et mon éloignement pour le bruit et les discussions me préserveraient d'une pareille démarche; mais une attaque aussi violente qu'inattendue, faite par un des membres de l'Académie dans un ouvrage qui lui a été récemment présenté, ne me permet pas de garder le silence sans risquer de paraître ne pas mériter la bienveillance que l'Académie m'a accordée dans plusieurs circonstances. » La préface de la 4"^ édition de la Physique de M. Pouillet se termine ainsi : « Qu'il me soit permis, en terminant, de faire une rémarque à laquelle » j'attache quelque importance : un grand nombre de figures de cette nou- n velle édition ressemblent tout à fait à celles de quelques autres Traités de » physique; on pourrait croire au premier abord que je les ai simplement » copiées dans ces ouvrages; mais si on a la bonté de recourir aux dates, il » sera facile de se convaincre que la priorité appartient à mes éditions anté- n rieures, auxquelles on a fait de larges emprunts ; je ne m'en plains pas, s il j) est arrivé que la science en ait reçu quelque profit. C 5Ô ) » Mais un autre fait, qu'il m'est impossible de laisser passer sans mot dire, » c'est qu'un auteur, après s'être servi de mon livre pour faire le sien, sans » se gêner aucunement, comme si ce procédé eût été le plus honnête du » monde, juge enfin à propos de citer mon nom (page SSa du second vo- » lume), et de le citer de la manière suivante : « M. Pouillet a donné, sans les démontrer^ des formules analogues beau- n coup plus compliquées, mais qui, au fond, doivent être équivalentes, car » elles sont fondées sur les mêmes principes. Plusieurs d'entre elles ont été » vérifiées par des expériences nombreuses. » « Or, il m'est pénible de le dire, l'auteur dont il s'agit n'a jamais rien dé- " montré, rien simplifié, rien expérimenté sur le sujet en question; à moins " que , par une facilité d'imagination étonnante , il ne s'identifie avec ce qu'il » copie, au point de croire qu'il invente. Je regrette d'avoir à signaler ce fait, " mais j'y suis vivement obligé, sous peine de passer, aux yeux de quelques- )' uns de ses lecteurs , pour n'avoir produit moi-même qu'un travail impar- » fait, compliqué, embrouillé, attendant qu'il y eût répandu les clartés de » son esprit pour m'attribuer ensuite son labeur. » Au reste, je suis persuadé que si, dans ce passage, il y a eu de sa part >• beaucoup d'irréflexion, il n'a pas eu la moindre pensée d'une mauvaise " intention. » >) C'est bien de moi que M. Pouillet veut parler, car c'est dans une Note additionnelle , placée à la suite de mon Traité de Physique, publié en 1 838 (3* édition), que se trouve le passage cité. » M. Pouillet parle d'abord des nombreux emprunts faits à ses planches; Sur 927 figures dont se compose l'atlas de mon livre, 4 ont été copiées dans celui de M. Pouillet, et 2 ont été déduites des siennes en réduisant l'échelle à moitié. J'ai cru être autorisé à faire cet emprunt, parce que jusqu'ici per- sonne n'avait attaché la moindre importance aux figures des Traités de phy- sique, et que beaucoup d'auteurs en ont emprunté sans penser qu'on pût éle- ver des réclamations à ce sujet. Je ne fais même point d'exception pour M. Pouillet; car, dans sa i™ édition, la figure 33, qui représente une machine d'Athood, et le plus grand nombre des figures de la planche IV, ont été em- pruntées aux ouvrages de M. Biot. L'atlas de mon livre a été utile aussi aux auteurs qui ont écrit après moi, et je n'aurais pas songé à en faire la re- marque. )' Il semblerait, d'après M. Pouillet, que mon livre ne serait qu'une con- trefaçon du sien; mais il est facile de reconnaître que les deux livres n'ont de commun que ce qui appartient atout le monde, et que l'ordre des matières, (56) renchaîuement des idées, rimportance relative des faits, la rédaction, enfin tout ce .qui est le propre de l'auteur, diffèrent complètement. Jeu appelle à . toute personne qui voudra bien lire deux chapitres analofjues des deux ou- vrages. Pour affirmer ce que je viens de dire, je ne nie suis point borné à des souvenirs, ni à une comparaison superficielle; j'ai comparé mot à mot les passages des deux ouvrages qui se rapportent aux mêmes sujets, et plu- sieurs personnes compétentes ont bien voulu se charger du même travail ; il est résulté de cette comparaison, comme j'en étais d'avance persuadé, qu'il n'y a pas nn seul point de la physique qui ait été traité de la même manière et avec les mêmes développements; il n'y a pas même une phrase commune dans les deux livres. J'ai pourtant rapporté, d'après*M. Pouillet, mais autre- ment que lui, deux faits, dont l'un a été observé par M. Scoresby (i''"' vo- lume, pages 55 1 et 569). J'ai rédigé, d'après lui, la description de deux boussoles qui ne sont pas de sou invention (2* volume, page 39), mais en cela je n'ai rien fait que de très-légaj et de très-honnête. Les faits de la science, de quelque manière qu'ils aient été publiés, appartiennent à tout le monde; chacun est libre de les arranger à sa manière; cest d'après ce principe qu'existent tous les traités sur les sciences, et M. Pouillet lui-même ne pour- rait pas dire qu'il ne s'est pas servi des livres qui ont paru avant le sien. « Suivant M. Pouillet, je n'aurais prononcé son nom que dans le passage cité : ce reproche n'est pas plus fondé que le précédent , car il est facile de vérifier que j'ai parlé de M. Pouillet à propos de toutes les recheiches dont il s'est occupé (tome i" , pages 554 et 563 ; tume 2% pages aSG, 263, 264, 268, 58 1 , 582). Le nom de M. Pouillet se trouve même dans la page qui précède celle où se trouve la citation. Afin qu'on juge dans quel esprit j'ai parlé de M. Pouillet dans mou livre , je rapporterai le passage relatif à la conductibiUté électrique ( page 263 du -i' volume), auquel j'aurai d'ailleurs besoin de recourir dans ce qui suit(i). (i) Plusieurs physiciens, en employant des sources électriques différentes et en faisant va- rier la longueur des fils, avaient trouvé que les intensités des courants suivaient des lois dif- férentes et qui dépendaient de la nature de la source : ainsi l'influence d'un accroissement de longueur du fil pour une source thermo-électrique était beaucoup plus grande que pour une pile hydro-électrique, et d'autant plus que la pile renfermait un plus grand nombre d'élé- ments; et on regard.iit, par conséquent , les lois de la conductibilité comme variables avec la nature des sources. Mais des expériences précises de RI. Pouillet ont fait voir qu'il n'eu est pas ainsi. M. Pouillet a constaté que pour une même pile et un même fil , dont on fait seule- • ment varier la longueur, l'intensité magnétique du courant est en raison inverse de la lon- gueur du fil , augmentée d'une quantité constante qui représente la résistance de la pile es- ( 57 ) '> .Tarrive maintenant au passage cité par M. Pouillelqui termine, connue ** je l'ai dit , une Note placée à la fin de mon livre. Cette Note a été écrite pour compléter, par les formules qui représentent les intensités des courants dans les différents cas, l'article de mon livre sur la conductibilité. J'avais sous les yeux le Mémoire de M. Pouillet, inséré dans le tome IV des Comptes rendus des séances de V Académie, dans lequel les formules relatives aux courants directs et dérivés , la plupart sous une forme compliquée , sont données comme satisfaisant aux observations , ou comme résultant des lois de la con- ductibilité, mais sans que 1 auteur dise comment il les a obtenues. Ces calculs n'ont été donnés que dans la 3" édition de son Traité de Physique que je ne connaissais pas , par la raison sans réplique qu'elle n'a paru qu'après la mienne : le dépôt de mon livre à la direction générale de la librairie a eu lieu le 9 décembre, et celui du livre de M. Pouillet seulement le i6 du même mois. J'ai donné des formules déduites des lois de la conductibilité que j'avais attribuées à M. Pouillet ( voir la Note ) , mais en estimant toutes les résis- tances au moyen d'une unité constante; j'ai rapporté les expériences de M. Pouillet qui vérifiaient ces formules, et c'est ensuite que j'ai écrit le pas- , sage cité comme l'expression pure et simple d'un fait. » En donnant les détails d'un calcul que je savais avoir été fait dix mois au- paravant par M. Pouillet, et longtemps auparavant par d'autres physiciens, je n'ai cru rien inventer sur un sujet dont je ne m'étais d'ailleuri jamais occupé que comme auteur d'un livre élémentaire. Rien dans ce que j'ai dit ne prouve le contraire , même en faisant abstraction de ce qui avait été publié avant la date du Mémoire de M. Pouillet, car il est impossible de supposer qu'en ne citant le travail de M. Pouillet qu'après avoir donné les formules, je voulais faire croire que j'avais calculé ces formules sans le connaître; mais j'ai cru leur avoir donné une forme plus simple, plus générale, et mieux appropriée au but que je me proposais (i). Je n'ai point copié les détails de calcul dans tiinée en longueur du fil et qui, par conséquent, varie avec la section et la nature du fil. Il résulte de cette loi , i" que la somme des actions magnétiques du circuit est constante, puisque la longueur du circuit compense toujours la variation d'intensité ; 2" que l'influence de l'ac- croissement de longueur du fil sur l'intensité du courant est d'autant plus petite que la con- ductibilité de la pile est plus petite. Ainsi elle sera très-grande pour les sources ihermo-électri- ques et très-faible pour les piles hydro-électriques, et d'autant plus qu'elles contiendront im plus grand nombre d'éléments. (i) En représentant toutes les résistances par une certaine longueur d'un fil ayant l'unité de section et du métal dont la conductibilité a été choisie pour unité , les formules sont très- simples; elles conviennent à tous les cas, et les résistances des piles se trouvent représentées C. R. (045, I" Semestre. (T. XX, N» 1.) ^ ( 58) le Mémoire de M. Pouillet, puisqu'ils ne s'y trouvent pas, et je ne les ai pas pris dans son livre, parce qu'il n'avait point encore paru. J'ajouterai que les formules relatives à la conductibilité étaient publiées depuis dix ans quand M. Pouillet en a parlé pour la première fois. » Dans tout ce que j'ai dit relativement à la conductibilité, on ne pour- rait m'adresser qu'im reproche, celui d'avoir attribué à M. Pouillet une dé- couverte qui ne lui appartient pas. C'est M. Ohm qui a donné le premier les lois et les formules relatives à la conductibilité, mais il m'importe de le constater ici par des dates irrécusables. " M. Ohm, dans un ouvrage très-remarquable imprimé à Berlin en mai 1827, sous le titre de Théorie mathématique de la pile galvanique , en assi- milant la transmission de 1 électricité à celle de la chaleur, a trouvé toutes les lois et toutes les formules relatives à la conductibilité, formules qui ont été vérifiées , d'abord par lui (i) et par d'autres physiciens allemands (2) , et de la manière la plus complète par M. Fechner, dans un immense travail , imprimé à Leipsi{T eu i83i (3), travail d'autant plus remar(|uable que les piles à courants constants n'étant pas connues , il a eu à vaincre de grandes difficultés pour arriver au degré de précision indiqué dans les tableaux des résultats de ses expériences. C'est seulement en iSSy que M. PouUlet a publié son Mémoire dont toutes les formules se déduisent de celles de M. Ohm par de par des nombres constants. J'ai reconnu depuis qu'en cela je n'avais fait que ce que M. Ohm avait fait lui-même dans un livre publié en 1827. ( I ) A. la page 87 de son ouvrage , M. Ohm parle d'expériences qu'il a faites pour vérifier sa formule générale qui renferme la résistance de la pile; elles se trouvent consignées dans Schweiggers Jarbuch, 1826, H. 2. Dans le tome IX du Bulletin du baron de Férussac, se trouve l'extrait d'un Mémoire de M. Ohm, de 1827 , et les résultats qu'il a obtenus pour vé- rifier les formules relatives aux courants dérivés. (2) Je n'ai vu que les ouvrages de MM. Ohm et Fechner, mais je joins ici un passage de la thèse de M. Kopp, qui fait voir que bien des physiciens avant M. Pouillet s'étaient occupés (le la vérification des formules de Ohm : « Cette loi, énoncée pour la première fois par Ohm, fut confirmée par une foule de recher- .> ches et d'expériences de Ohm , de Fechner, de Lenz , de Pfaff , de Jacobi et de Pouillet : » Ohm, Ann. de Poggend., VI, 4^9; ^V-, ^5, 47. " Kasfner, ^rcA., XVI, i,452. » Fechner, Maashestimmungen. « Pfaff, Révision des galvanismes. » Lenz, Jnn. de Poggend., 47- " (3) Journal du baron de Férussac , i83i, tome XV, page 278. (59 ) simples transformations, comme M. Henrici l'a démontré [Anuales de Pog- gendorJJ, tomes LUI et LIV), et comme on peut le voir dans une thèse de physique de M. Kopp, imprimée à Strasbourg en 1842. Ainsi, M. Pouillet ne peut revendiquer qu'une nouvelle vérification des lois et des formules de M. Ohm, par des moyens plus simples que ceux qui avaient été employés. A la vérité , M. Pouillet, dans la seconde partie de la première édition de son Traité de Physique, imprimé en 1828, page 764, après avoir rapporté les nombres qu'il a trouvés pour la conductibilité des différents métaux, obtenus au moyen d'une pile à un seul élément, sans dire comment, ajoute, sans donner aucun détail d'expérience, que les lois relatives aux longueurs des fils de même nature ne se vérifiaient dans son appareil qu'eu ajoutant à ses lon- gueurs une quantité constante qui représentait la résistance de la pile ; mais M. Pouillet dit ensuite que, pour des fils de même nature, mais de différentes sections, les résistances de la pile étaient en raison inverse des sections des fils , tandis qu'elles sont en raison directe. Ce passage du livre de M. Pouillet, dans lequel il n'est question ni de piles à plusieurs éléments, ni de courants dérivés, ni des formules qui représentent les intensités des courants dans les différents cas qui peuvent se présenter,' et qui d'ailleurs renferme une erreur grave qui est reproduite dans la seconde édition de ce livre, ne peut pas être un titre en présence de l'ouvrage de M. Ohm, si complet sous tous les rapports et qui a été publié une armée aupnra vaut. Au reste, la chose est jugée depuis longtemps : M. Becquerel, dont l'opinion est d'un si grand poids sur ce sujet, dit positivement, dans son Traité sur l'Êlectri cite {^Annoncé dans le Journal de la Libraiiie, tome IX, octobre iSS^), tome V, page a56, que MM. Ohm et Pouillet ont fait les mêmes choses, mais M. Ohm dix ans avant M. Pouillet. Dans tous les Mémoires publiés en Allemagne et en Angleterre sur l'objet dont il s'agit, même dans les plus récents {Annales de Chimie et de Phjsique, tomes VII et X), il est toujours question des lois et des for- mules de M. Ohm, et jamais des travaux de M. Pouillet autrement que comme des vérifications de ceux de M. Ohm et de M. Fechner. » Lorsque j'ai écrit l'article de mon livre relatif à la conductibilité, que j'ai rapporté dans la note (i), je ne connaissais rien des travaux qui avaient été faits en Allemagne sur ce sujet, et j'ai parlé d'après M. Pouillet; mais quand j'ai écrit la Note qui termine mon livre, je savais que depuis long- temps les lois et les formules relatives à la conductibilité électrique avaient été trouvées et vérifiées en Allemagne; cependant, comme je n'avais pas de renseignements assez précis et que je manquais des documents qui auraient été nécessaires pour en parler, j'ai dû m'abstenir. 8.. ■* (6o) » Ainsi, c'est à l'occasion de formules publiées dix ans avant la présenta- tion de son Mémoire à l'Académie, que M. Pouillet, qui n'a jamais cité le nom de M. Ohm, a cru pouvoir se plaindre de moi dans la préface d'un livre destiné à renseignement, dans un langage dont je laisse à apprécier la vérité et la convenance. » M. PouiLiFT annonce qu'il répondra par écrit aux réclamations de M. Peclct. PHYSIQUE uu GhOWi.— Eaux jaillissantes provenant d'une formation infé- rieure au calcaire jurassique , obtenues dans un forage artésien, près de Donchery. (Lettre de M. Degousée à M. Arago.) « Chargé, par le département des Ardennes et par le ministère des Tra- vaux publics, d'un forage ayant pour but de reconnaître si le temain houiller deSarrebruck et le terrain salifère de Dieuze avaient leur prolongement jusque dans les Ardennes, M. Sauvage, ingénieur des Mines de ce département, auquel on doit des cartes géologiques parfaites , a fixé le point d'exploration près la grande route de Mézières à Sedan, à environ i kilomètre de DoDchery. » Les terrains des Ardennes sont régulièrement stratifiés; le pendage ré- gulier varie de 3 à 4 centimètres par mètre; toutes les couches inférieures à la craie viennent successivement affleurer au sol, jusqu'au calcaire à gry- phites qui repose aux environs de Mézières sur le terrain ardoisier. » Mon sondage, commencé dans les marnes moyennes, vient d'atteindre la base du calcaire sableux , et , quoique le forage ait lieu à 1 8 mètres au- dessus de la Meuse et à i68 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'eau rencontrée à la jonction des deux formations jaillit avec assez de force pour rejeter tous les débris résultant du travail de la sonde. liC résultat actuel de Donchery a une grande importance pour la ville de Sedan, assise sur la partie moyenne du calcaire sableux , reconnu aujourd'hui pouvoir donner des eaux jaillissantes. )) Dans votre Notice sur les puits artésiens, publiée dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes , en i835, vous avez démontré que, chaque fois qu'une assise était traversée , il y avait probabilité de rencontrer des eaux ascendantes, et qu'aucune tentative ne devait plus être faite lorsqu'on était sur les terrains primitifs et de transition. » Lors de votre publication, en i835, les seuls puits artésiens existants- ( 6i ) provenaient des terrains d'alluvions, des terrains tertiaires ou des sables in- férieurs à la craie; depuis, les sondages que j'ai exécutés sont venus confirmer la théorie que vous aviez si lumineusement exposée : ainsi , à Orglande, dans le département de la Manche, j'ai obtenu des eaux jaillissantes sous la grande colite. 1) A Lille, dans les sondages exécutés en 1840 et t84i à l'hôpital mili- taire et à l'hôpital général, j'ai, après avoir traversé la craie qui repose di- rectement sur le calcaire carbonifère, obtenu à i5o et 180 mètres, des eaux jaillissantes qui sourdent de cette formation ancienne. n Aujourd'hui j'ai l'honneur de vous adresser la coupe du sondage de Donchery, où les eaux jaillissent de formation inférieure au calcaire juras- sique. Le sondage est exécuté en partie avec des tiges en bois et en fer creux, et la force motrice est une machine à vapeur à l'aide de laquelle je donne de [\i à 45 coups par minute; jusqu'à présent, dans les sondages à percussion, le maximum des coups avait été de 18 à 20 par minute. » OPTIQUE. — Addition à une Note précédente sur l'adaptation de l'œil à la vision des objets situés à des distances différentes. (Lettre de M. Forbes à M. Arago.) « Depuis ma dernière communication sur l'adaptation de l'œil à la vision des objets situés à des distances différentes, j'ai trouvé une confirmation im- portante de mes idées dans un travail remarquable de M. Ghossat.y«/-/a cour- bure des milieux réfringents de l'œil chez le hœuj [Ann. de Chimie et de Physique, tome X). » Vous aurez vu , par ma dernière Lettre , que je ne regarde pas (comme tous les auteurs modernes sur l'optique, je crois, sans une seule exception) la densité variable du ci'istallin comme un moyen de correction de l'aberra- tion des lentilles sphériques , puisqu'il n'y a pas la moindre raison de croire que ces surfaces naturelles soient sphériques. Je pense plutôt que la varia- tion de densité du cristallin sert à rendre cette lentille plus élastique dans quelques sens que dans d'autres, et, par conséquent, plus propre à changer sa courbure et son foyer sous une pression hydrostatique imprimée de dehors. » Or, cette idée est pleinement confirmée par les mesures de M. Chos- sat. Pendant que la surface de la cornée est engendrée par la révolution d'une elhpse autour de son grand axe, parallèle aux rayons incidents, et, par conséquent, aplanalique pour les rayons parallèles, les surfaces du cris- taUin sont produites par la révolution d'une ellipse sur son petit axe; (6. ) par conséquent les parties latérales sont les plus convexes et tendraient à exagérer l'aberration de sphéricité d'une lentille ordinaire. Cette forme sin- gulière est, sans doute, compensatrice de la forte variation du pouvoir réfringent du cristallin, depuis le centre jusqu'aux bords, «et présente la forme vraiment aplanatique pour une lentille ainsi composée. » Les figures et les mesures de M. Chossat ne laissent aucun doute sur le fait; mais ni lui ni ceux qui l'ont cité n'ont hasardé une explication. Il est clair qu'il n'est plus question de rendre aplanatique une lentille avec des courbes arbitrairement supposées sphériques, par la variation de densité de ses couches. L'inégale densité doit jouer un rôle principalement méca- nique, et la courbure a été ensuite modifiée, afin de détruire l'aberration, en sens contraire de celle de nos lentilles ordinaires. » PHYSIQUE. — Sur les modifications éprouvées par les Jils de métal qui ont servi longtemps de conducteurs électriques. (Lettre de M. Peltier à M. Jrago.) «' La belle et grande expérience que vous allez faire sur la conductibilité des fils, dans l'établissement d'un télégraphe électrique, m'engage à vous communiquer deux faits qui s'y rattachent incidemment. Il y a douze ans environ, voulant suivre l'arrangement des molécules du plomb dans la réduction de l'acétate, j'employai, comme on le fait pour produire l'arbre de Saturne, une lame de zinc placée au milieu d'une large spire d'un gros fil de rosette; les deux extrémités supérieures émergées étaient soudées pour former un couple voltaïque. Au bout de six mois ou d'un an, la portion immergée du fil de cuivre, très-ductile dans son origine, devint tellement aigre, qu'elle se rompait sous le plus petit effort; la portion émergée gar- dait à peu près sa ductilité, du moins elle la conservait plus longtemps. La cassure du fil aigri offrait un grenu terne , qui indiquait non-seulement un nouvel arrangement moléculaire, mais encore une cémentation avec l'un des éléments de la dissolution. » Ce même fait de la fragilité des fils se représenta plus tard lorsque j'eus établi des appareils électriques fixes au-dessus de ma maison. Ces appa- reils sont formés, comme l'on sait, de longs fils de rosette tendus horizonta- lement, destinés à soutirer l'électricité de l'atmosphère pour la conduire au centre commun, après avoir traversé un rhéomètre. Ces fils, ainsi exposés aux alternatives des saisons, des agents atmosphériques et aux courants électriques, devinrent aigres, cassants, et je fus obligé de les renouveler au ( G3 ) bout de deux ans. Des fils argentés n'eurent pas plus de durée; des fils de laiton cassèrent au bout de six mois. Les conducteurs abrités gardent bien plus longtemps leur ductilité, et finissent cependant par s'aigrir sous l'in- fluence d'un courant permanent. n Je me propose, au premier beau temps, et aussitôt que ma santé me permettra de parcourir les sommités du bâtiment, de renouveler tous les fils de mes appareils, en leur substituant des fils de rosette bien recuits et parfaitement étamés: j'espère que la couche d'étain sera moins perméable aux agents extérieurs que le cuivre et l'argent , et que la cémentation qui vient en aide à l'effet de l'électricité sera atténuée en grande partie. » J'ajouterai, en terminant , qu'il est inutile de tendre fortement les fils, car une tension trop grande s'oppose à leur rétraction lorsqu'ils ont été dila- tés, et la courbe du fil augmente à chaque alternative de température, jus- qu'à ce qu'il y ait équilibre entre les deux forces antagonistes, l'extension mécanique, d'une part, et la contraction, de l'autre. » M. Delaunay adresse des remarques critiques touchant le travail de M. Chazallon relatif aux marées (ÏJkaroa. M. Delaunay pense que M. Chazallon aurait dû avoir égard, dans la dis- cussion des observations, aux effets des brises diurnes. M. Delaunay a rendu ces effets sensibles en groupant convenablement les observations de Brest. M. Delaunay ne croit pas que M. Chazallon ait eu en son pouvoir des documents suffisants pour établir que l'intervalle compris entre le moment où l'action d'un astre se développe et le moment où cette action se mani- feste, n'est pas le même pour le Soleil et pour la Lune. M. Tavignot fait part des résultats auxquels il est arrivé dans des expé- riences sur la greffe des cordons nerveux. « 1°. Si l'on étreint, dit-il , dans une même ligature, deux cordons nerveux voi^sl'un de l'autre, dans le but d'opérer leur section simultanée, on ne tarde pas à voir se développer entre leurs quatre extrémités une sorte de ganglion nerviforme qui leur est commun, et dans lequel les fibres des deux nerfs et leurs fonctions semblent confondues. " 1°. La section de deux nerfs peu distants l'un de l'autre , pratiquée de manière à ce que le bout supérieur de l'un soit adapté au bout inférieur de l'autre, donne lieu à la formation d'un nerf nouveau qui conserve intégrale- ment ses fonctions. » « (64 ) « A l'occasion de cette communication , M. Fiourens rappelle qu'il a pu- blié, il y a déjà plusieurs années, des expériences semblables et des résultats tout pareils. Il a vu s'opérer la réunion croisée de plusieurs nerfs, par exemple, celle des nerfs supérieurs avec les nerfs inférieurs du plexus branchial, et même celle des nerfs cervicaux avec les nerfs pneumo-j^astriques. Dans tous les cas, il y a eu réunion complète, et, dans quelques-uns, retour complet de la fonction (voyez les Mémoires de l'Jcadémie des Sciences, t. Xlll, p. i4 etsuiv. , et l'ouvrage de M. Flourens, intitulé: Recherches expérimentales sur les fonctions du système nerveux, etc., p. 272 et suiv.). » M. Chausseivot, qui avait soumis au jugement de l'Académie , au mois de • juin 1842 , un appareil destiné à faire connaître à chaque instant la vitesse d'un convoi sur un chemin defer et à indiquer, àla fin du trajet, le maximum de vitesse atteint pendant la course , prie l'Académie de vouloir bien se faire faire un Rapport spécial sur cet appareil. La demande de M. Ghaussenot sera soumise à Commission des chemins de fer. M.Delarue adresse les tableaux des observations météorologiques faites à Dijon pendant les mois de décembre i843, janvier et février i844) et les tableaux d'ensemble des années 1 838-43. M. H. MoNTCcci met sous les yeux de l'Académie un spécimen dés pro- duits qu'on obtient au moyen d'un procédé indiqué par M. l'abbé Baldacconi, directeur du Musée d'histoire naturelle de Sienne, pour conserver les parties molles des animaux sans altérer leur forme et leur couleur et en leur don- nant une consistance comparable à celle de la pi-rre. Les parties que l'on veut conserver sont soumises aune longue immersion dans une solution très-saturée de douze parties de bichlorure de mercure et d'une ou deux parties d'hydro- chlorate d'ammoniaque. L'emploi du bichlorure de mercure pour s'opposer à la putréfaction des substances animales était déjà connu , mais l'addition de l'hydrochlorate d'ammoniaque appartient à M. Baldacconi et permet d'ob- tenir des résultats beaucoup plus parfaits. M. DupRÉ adresse un paquet cacheté. Ti'Académie en accepte le dépôt. JiH séance est levée à 5 heures. A- ^. . ( 65 ) , BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; ■2* semestre i844; n" 27; in- 4°. Cours d' agriculture ; par M. le comte DE GaspariN; tome II; in-S". Musée botanique de M. B. Delessert. — Notices sur les collections de Plantes et sur la bibliothèque qui les compose; par M. A. Lasègue; i vol. in-S"; i845. ♦ï De CandoUe. — Prodromus Systematis naturalis Regni vegetabilis, sive enu- meratio contracta ordinum, generum specierumque Plantarum hucusque cogni- tarum, juxta methodi naturalis normas digesta; editore et pro parte auctore Alphonso de Candolle, pars nona, sistens Corolliflorarum ordines IX; ^ Parisiis, i845; in-B". I Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; tome V, 67* et 58* livr. ; in-8°. De la culture du Thé et de sa préparation en France, à l'instar des Chinois ; par M. Lecoq; broch. in-4°. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; a® année, n° 10; in-8°. g Encyclographie médicale; décembre i844; in- 8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; janvier i845; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques; décembre i844; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; janvier i845; in-S", avec atlas in-4°. Mémoire sur l'Idéographie; par DON SiNiRALDO DE Mas. Macao, i844; broch. in-B". Vocabulaire idéographique ; par le même; broch. in-B". ^' Vocabulaire idéographique français , français idéographique; par \e même ; broch. in-S". Bericht iiber. . . Analyses des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin, et destinés à la publication; septembre et octobre i844 î in-8°. Handbuch. . . Manuel de Navigation , avec Recueil de Tables nautiques, une Carte marine et une Carte magnétique; par M. RuMKER; 4* édition. Ham- bourg, i844; 10-4"- Maasbestimmungen. . . Recherches concernant la mesure des forces électriques; par M. G.-T. Feghner. Leipsick, i83i; in-4''. IJeber die . . . Sur la chaleur et l'élasticité des Gaz et des Vapeurs; par C. H., 1845, I" Sem-atre. (T, XX, N" 1.) 9 (66) ' M. C. HOLTZMANN, professeur de physique et de mathématiques au lycée grand-ducal de Manheim. Manheim, iS/jS; in-8°, 3 feuilles | d'impr. Journal. . Journal de Mathématiques pures et appliquées ; par M. Grelle; vol. XX Vin ; livr. I à 4; Berlin, 1844. Rendiconto. . . Compte rendu des séances de l'Académie des Sciences de Naples; n°' 16 et 17; juillet à octobre i844 î iii-4''- lia Gampania . . . La Campanie industrielle, ouvrage périodique publié par la Société royale économique de la Terre de labour; vol. II, 4° cahier; Caserte, r 844; in-4°. Gazette médicale de Paris; tome XIII, i845î n" i; in-4''- Gazette des Hôpitaux; tome VI , n" 1 5a et Table; et tome VII, n" i ; in-fol. L'Echo du Monde savant ; n°' 5o et 5 1 . il u i t^ » ^ ■» # * '^f \ *.vtf ii H > , 5r^->,^ ■•■«•j* ■t ^' •li ^»% •4: • COMPTE RENDU ■ DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 15 JANVIER 1845. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMONT. RAPPORTS. AKITHMÉTIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Guy, capitaine d'ai-tillerie, et ancien élève de l'École Polytechnique. (Commissaires, MM. Binet, Cauchy rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, M. Binet et moi , de lui rendre compte d'un Mémoire présenté par M. le capitaine Guy, et relatif à une question d'arith- * métique. Pour faire bien comprendre ce qu'il y a de nouveau dans les ré- sultats obtenus par l'auteur du Mémoire , il nous paraît utile d'entrer ici dans quelques détails. ♦..'*• i» » Les diverses opérations de l'arithmétique peuvent être appliquées ou à - la détermination exacte, ou seulement à la détermination approximative des quantités inconnues. Ainsi , par exemple , la multiplication et la division arithmétiques peuvent avoir pour objet la recherche des valeurs ou exactes ou approchées du produit ou du rapport de deux nombres donnés en chif- fres. Lorsqu'il s'agit de calculer les valeurs exactes, les procédés connus résolvent complètement la question. On a aussi donné les moyens de cal- culer les valeurs approchées; mais les règles qu'on a énoncées à ce sujet dans les Traités d'Arithmétique étaient demeurées incomplètes, ainsi que nous allons l'expliquer. C. R., 1845, i" Semestre. (T, XX, N» 2.) 10 ifS- (68) > Le produit de deux nombres peut être considéré comme formé par l'addition des produits partiels qu'on obtient en multipliant les divers chif- fres du multiplicande par les divers chiffres du multiplicateur. D'ailleurs, ces produits partiels sont de divers ordres, suivant qu'ils représentent des unités, des dizaines, des centaines, ou des dixièmes, des centièmes, etc.; et leur somme totale peut être considérée, elle-même, comme formée par l'addition de sommes partielles , dont chacune comprendrait tous les produits de même ordre. Cela posé, concevons qu'il s'agisse de calculer seulement une valeur approximative du produit de deux nombres. Il est clair qu'on pourra se contenter de calculer quelques-unes des sommes par- tielles, en rejetant toutes celles qui se composent de produits dont l'ordre est inférieur à une certaine limite. Or, de cette limite dépend l'erreur com- mise. Dans la séance du 23 novembre i84o, l'un de nous a indiqué le moyen de mesurer cette erreur, dont la connaissance permet de résoudre le pro- blème qui consiste à calculer le produit de deux nombres avec un degré d'approximation donné. » Lorsque l'on connaît, à priori, non plus les deux facteurs, mais l'un d'entre eux et le produit, et qu'il s'agit de calculer l'autre facteur, l'opé- ration à effectuer est une division, le dividende n'étant autre chose que le produit du diviseur par le quotient. D'ailleurs, pour déterminer le quo- tient à l'aide de la règle généralement connue , on détermine ses divers chiffres par des opérations successives , et l'ou retranche du dividende , après chaque opération nouvelle, le produit du chiffre trouvé parle diviseur tout entier, ou , ce qui revient au même , la somme partielle des produits des divers ordres qu'on obtiendrait eu multipliant le chiffre trouvé par les divers chiffres du diviseur. On obtiendra non plus la valeur exacte, mais seulement la valeur approchée du quotient cherché, si, dans chaque somme partielle, on néglige tous les produits partiels dont l'ordre est infé- rieur à une certaine limite, ou bien encore si l'on tient compte uniquement des produits dont l'ordre surpasse une certaine limite et des reports qui proviennent des produits de l'ordre immédiatement inférieur à la limite dont il s'agit. La détermination de l'erreur commise dans le premier cas pour- rait se déduire immédiatement de ce qui a été dit, dans la séance du 23 no- vembre i84o, sur l'erreur qui affecte la valeur approchée d'un produit. Mais cette remarque n'avait point encore été faite; et, quant à l'erreur com- mise dans le second cas, elle n'avait encore été estimée, du moins à notre connaissance, que d'une manière inexacte. I^es auteurs de Traités d'Arith- métique avaient supposé, à tort, que la partie de cette erreur due à chaque (69) soustraction ne surpasse pas une unité de l'ordre auquel on s'arrête. M. le capitaine Guy rectifie cette assertion, et prouve très-bien que la limite i doit être remplacée par la limite i. D'ailleurs. 1 appréciation de l'erreur qui peut affecter chaque dividende partiel dans la division approximative, conduit immédiatement, comme l'auteur du Mémoire l'a remarque, à la règle que l'on devra suivre, si l'on veut obtenir le quotient de deux nombres avec un degré d'approximation déterminé. " Nous ajouterons qu'à la limite i ci-dessus rappelée, on peut substituer, avec avantage, la limite plus basse i,8, qui se trouve elle-même indiquée par l'auteur du Mémoire. » En résumé , les Commissaires pensent que l'auteur du Mémoire soumis à leur examen, en rectifiant une erreur qui n'avait point été aperçue, et en traçant avec sagacité la marche que l'on doit suivre, dans la division approximative , pour obtenir le quotient de deux nombres avec un degré d'approximation déterminé, a ainsi apporté un perfectionnement utile à une opération usuelle de l'arithmétique. Ils proposent, en conséquence, à l'Aca- démie d'accorder son approbation au Mémoire de M. le capitaine Guy. « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. Rapport sur un ouvrage de M. l'abbé de l'Hoste , intitulé : Histoire générale du Mexique. (Commissaires, MM. Flourens, Dufrénoy , Élie de Bcaumont rapporteur.) « L'Académie nous a chargés , MM. Flourens , Dufrénoy et moi , de lui faire un Rapport sur une suite d'études que M. l'abbé de l'Hoste lui a présentées le 29 janvier dernier. Ces études ont pour titre : Histoire générale du Mexique, et se composent de aS cahiers. » Le premier cahier est une préface renfermant la liste des nombreux auteurs qui ont parlé du Mexique , puis quelques considérations générales et le j)lan de l'ouvrage. » Les cahiers n*" 2, 3 et 4 contiennent une Statistique physique et des- criptive du Mexique, une Statistique générale du même pays, et une Statis- tique du Texas. » Enfin , les 2 1 derniers cahiers sont consacrés à l'histoire du Mexique , de- puis sa conquête par Cortez jusqu'à nos jours. La conquête y est d'abord racontée avec détail; puis vient une histoire succincte du Mexique sous le gouvernement des vice-rois espagnols ; celle-ci est suivie d'une histoire très- développée du pays, depuis le commencement de la révolution eu 1808 10.. ( 70 ) jusqu'à la guerre contre le Texas. Celte dernière partie de l'ouvrage est de beaucoup la plus étendue. » Les cahiers a, 3 et 4» consacrés à la statistique, seraient seuls du res- sort de l'Académie des Sciences; le corps de ces cahiers est formé par un tra- vail de M. l'abbé de l'Hoste, imprimé déjà dans le Journal des Travaux de la Société française de Statistique universelle. L'auteur y a joint, il est vrai, quelques rectifications, et surtout des additions nombreuses qui en augmentent l'étendue et l'importance; et il est d'autant plus digne de fixer l'attention, que M. l'abbé de l'Hoste s'y est consacré pendant douze ans de sé- jour au Mexique, et y a encore employé, depuis lors, une partie de ses loisirs pendant plusieurs années. Il paraît difficile cependant qu'un travail dont le fond est déjà imprimé en français, dans les Recueils d'une Société sa- vante, deviennel'objet d'un jugement de la part de l'Académie des Sciences. » La même circonstance n'existe pas à l'égard des ai cahiers consacrés à l'histoire. Us sont en entier manuscrits, et rien ne s'opposerait à ce qu'ils devinssent l'objet de notre examen s'ils traitaient de matières en rapport avec nos travaux. Mais, d'après le contenu de ces cahiers, qui forment la plus grande partie de l'ouvrage de M. l'abbé de l'Hoste, il semble que cet ouvrage serait plutôt du ressort de ï^cadémie des Sciences morales et politiques, que du ressort de l'Académie des Sciences. n Nous avons , en conséquence, l'honneur de proposer qu'il soit répondu dans ce sens à l'auteur. « NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à l'élection d'un des deux mem- bres de sa Commission administrative. Au premier tour de scrutin, M. Poinsot, membre sortant, mais susceptible d'être réélu , obtient la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Mémoire sur un mojen très-simple et très-sûr de pratiquer le cathétérisme dans les cas même les plus difficiles ; par M. MAisoivsiEuvE. (Extrait.) (Commissaires, MM. Roux , Velpeau.) « Placé depuis un an à la tête d'un grand hôpital où les maladies des voies urinaires les plus graves et les plus variées se rencontrent en grand nombre , «é»' ( 71 ) j'ai dû expérimenter la plupart des procédés connus pour pratiquer le cathé- térisme dans les cas difficiles ; aucun ne m'a satisfait , et , comme presque tous les praticiens, j'en étais revenu aux moyens ordinaires, lorsqu'un jour, eu présence d'un cas excessivement grave , et où la vie du malade était immédiate- ment menacée, j'eus l'idée de l'opération qui fait l'objet de ce Mémoire , et dont je vais donner les détails. » Les instruments pour l'opération sont : i° une sonde élastique, courbe ou droite , d'un calibre proportionné à la dimension présumée du canal , et ouverte à ses deux extrémités; iP une bougie très-fine, n°' i, 2 ou 3 , suscep- tible de passer comme un mandrin dans la cavité de la sonde ; 3° un fil de soie ou de métal destiné à diriger la sonde sur la bougie. » Le premier temps de l'opération consiste dans l'introduction de la bougie; c'est le point capital. » Or, il est un fait connu de tous les praticiens , c'est qu'une bougie très- fine, très-souple, pénètre toujours sans difficulté sérieuse, et surtout sans douleur, sans fatigue, sans danger, partout où une sonde quelconque peut pénétrer , et qu'elle entre encore dans un grand nombre de circonstances où les sondes d'aucune espèce ne peuvent être introduites. Cette introduc- tion n'entraînant aucun danger, n'exigeant habituellement aucune précaution sérieuse, aucune habileté, peut être- faite par les médecins les moins expéri- mentés, par les élèves, par le malade lui-même; il est des cas cependant où il est peut-être utile de courber le bout de la bougie, de l'émousser, comme aussi , quelquefois , il peut être avantageux d'employer les bougies en vrille de M. Leroy-d'Étiolles. » Lorsque la bougie est introduite, on fixe à sou extrémité externe le fil de soie ou de métal que l'on a préalablement passé dans le canal de la sonde; alors commence le second temps, qui a pour but l'introduction de la sonde dans la vessie. Pour cela, le chirurgien fait tendre le fil de soie par un aide, puis il pousse doucement la sonde sur la bougie conductrice , après l'avoir préalablement enduite de cérat. Une pression douce suffit pour la faire pénétrer facilement et sans douleur , pourvu qu'elle soit proportionnée au calibre du canal ; dès que la sonde est arrivée dans la vessie , on extrait la bougie de son intérieur, et l'opération est terminée. Lorsque, après avoir éva- cué l'urine , on désire retirer la sonde en laissant dans l'urètre une bougie qui puisse servir à l'introduction d'une sonde plus volumineuse, on y arrive au moyen d'une manoeuvre fort simple. La bougie, armée d'un fil de métal , est introduite dans la sonde; puis, en même temps qu'on relire celle-ci, on ( 7^ ) maintient le fil métallique pour empêcher la bougie de la suivre et de quitter te canal. » A l'époque où j'imaginai cette méthode, il se trouvait dans ma salle six malades affectés de rétention d'urine, et chez lesquels existaient des obsta- cles tels au cathétérisme ordinaire, que, malgré toute l'attention et la persé- vérance dont je suis capable, j'avais dû renoncer à leur introduire une sonde. Or, depuis l'emploi de ce nouveau moyen , toute difficulté s'est évanouie comme par enchantement. » Ce n'est pas seulement entre mes mains que ce procédé a produit de si heureux résultats; les élèves internes et externes des salles de médecine, sur la simple indication qui leur en avait été donnée par les élèves de mon service, l'ont essayé, et continuent à le pratiquer avec le même succès; tan- dis que naguère, dans l'intérêt de l'humanité, je me trouvais forcé d'inter- dire le cathétérisme dans mes salles hors de ma présence, je ne crains pas maintenant de l'abandonner aux jeunes gens les moins expérimentés. » Bien que l'expérience de ce procédé soit encore récente, je n'hésite pas, vu les résultats prodigieux qu'il m'a donnés dans tous les cas soumis à mon ob- • servation, et dont plusieurs étaient certainement des plus graves qu'on puisse rencontrer, je n'hésite pas, dis-je, à établir les conclusions suivantes : » 1°. Le cathétérisme à l'aide d'une bougie conductrice est, de tous les modes de cathétérisme connus, le plus facile et le plus sûr; » 2°. Il réussit parfaitement partout où les autres procédés sont appli- cables ; » 3°. Il réussit encore dans bien des cas où tous les autres procédés échouent ; » 4°- Il ™6t complètement à l'abri du tâtonnement douloureux , des déchi- rures du canal, des fausses routes et des nombreux accidents qui en sont la suite; " 5°. Il n'exige aucune habileté spéciale, et peut être pratiqué par les mains les moins exercées j » 6°. Il rend inutile tout l'arsenal d'instruments proposés pour vaincre les obstacles divers , et n'exige l'emploi que d'instruments usuels. » HYGIÈNE PUBLIQOK. — De l'état actuel des quarantaines de la peste; par M. AuBERT-RocHE. (Commission des quarantaines.) « Ti'auteur, après avoir retracé les divers changements qu'a subis le sys- tème des quarantaines de la part de plusieurs gouvernements, recherche «• ^73) quels doivent être, sous le rapport commercial et sous le rapport financier, les effets de ce changement relativement à notre pays, tant que cette partie de notre législation n'aura pas été plus profondément modifiée, et il arrive aux conclusions suivantes : » Les quarantaines n'existent qu'au détriment des intérêts généraux de la France. » Pour ce qui regarde la santé publique, en présence des graves résultats que je viens de signaler, du chaos des lois sanitaires, de l'absence ou de l'annihilation des quarantaines dans les pays voisins, on ne peut se défendre de croire que les quarantaines en France sont plus nuisibles qu'utiles, puis- que, tout en causant les plus grands dommages à nos intérêts en Orient, elles ne garantissent nullement notre pays contre l'introduction de la peste; en effet, si cette maladie est contagieuse, elle peut, comme il résulle de ce que nous avons dit, être importée jusque dans Paris par quelque passager venant d'Angleterre, ou par quelque balle de marchandises venant d'Anvers. » M VÉnox commence la lecture d'un Mémoire ayant pour titre : Prin- cipe d'atinosphérologie. AIÉMOUŒS PRÉSENTÉS. ANATOMIE COMPARÉE. — Observations anatomiqnes et physiologiques sur les genres Actéon , Èolide , Vénilie , Calliopée , Tergipe , etc.; par M. SouLEYET. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Dans une Note, en date du 12 août dernier, j'ai contesté l'exactitude de plusieurs faits énoncés par M. de Quatrefages sur l'organisation de certains Mollusques gastéropodes, faits sur lesquels ce naturaliste établit des théories (jui me paraissent contraires aux véritables principes de la zoologie. Je viens aujourd'hui mettre sous les yeux de l'Académie des préparations anato- miques, des dessins et des descriptions qui ne laisseront , je l'espère, aucun doute sur la vérité de mes assertions. » Je ne suivrai pas ici M. de Quatrefages dans des considérations géné- rales (1) qui finiraient par nous entraîner, malgré nous, dans les subtilités de (i) Foir la réponse de M. de Quatrefages ; Comptes rendus du 21 octobre i844 > tome XIX , page 807. «i.^. ,* ( 74) la théorie. On est trop exposé, en suivant cette méthode, à discuter long- temps sans aborder les difficultés sérieuses du problème à résoudre; on peut même les éluder toujours. Mais il est une voie plus sûre, mieux tracée, et dans laquelle seulement nous pourrons fournir à l'Académie tous les élé- ments dont elle a besoin pour motiver le jugement qu'elle doit porter; c'est celle qui consiste à soumettre la théorie à l'épreuve de l'observation directe, à faire juger les principes par les faits qui leur servent de base. Il II ne s'agira donc ici que d'une question de faits, puisque, dans ce débat, la question de faits entraîne nécessairement avec elle la question de principes. » Cependant, comme M. de Quatrefagesa été conduit, par ses observa- tions sur les Mollusques qui font l'objet de cette discussion, à substituer à des principes généralement admis et reconnus en zoologie d'autres principes tout à fait contraires , je crois devoir exposer ici en peu de mots les uns et les autres, pour que, en les mettant ensuite en présence des faits, on puisse juger plus facilement quels sont ceux de ces principes qui doivent pré- valoir. >' 1°. On peut considérer, je crois, comme un axiome en zoologie, que les diverses parties de l'organisation animale sont toujours entre elles dans une harmonie rigoureuse, dans une corrélation nécessaire (i); d'où il résulte qu'un organe ne peut se modifier d'une manière notable, .je dégrader, sans que des modifications analogues, des dégradations correspondantes n'aient lieu dans les autres, et, par conséquent, que la dégradation ne peut se faire que dans l'ensemble de l'organisation et non pas seulement dans quelques- unes de ses parties. " M. de Quatrefages n'admet pas cette conséquence du principe que je viens d'énoncer, et il pense que, dans nn animal, certains organes peuvent se modifier de la manière la plus profonde, sans que l'ensemble éprouve un changement notable; par exemple, qu'un Mollusque gastéropode peut, en conservant extérieurement tous les traits caractéristiques des animaux de ce type , présenter intérieurement la simplicité d'organisation des derniers zoopbytes. (i) '1 11 est évident, dit Cuvier, que l'harnionie convenable entre les organes qui agissent » les uns sur les autres est une condition nécessaire de l'existence de l'être auquel ils appar- » tiennent, et que si une de ses fonctions était modifiée d'une manière incompatible avec les » modifications des autres, cet être ne pourrait pas exister. » [Anatomie comparée, tomel, jpage 5o.) ( 75 ) » 2°. On admet encore généralement, je crois, en zoologie, que certaiaes parties de l'organisation ont, sur presque toutes les autres, une prééminence telle, qu'elles entraînent toujours, dans les variations qu'elles subissent, ces modifications générales et déterminées qui ont servi de base aux grandes divisions du règne animal , désignées sous le nom de classes. » Or, tous les zoologistes qui, comme G. Guvier, ont accordé une impor- tance de cet ordre aux organes de la circulation et de la respiration, et qui l'ont caractérisée en désignant ces organes sous le nom d'organes domi- nateurs, seraient entièrement dans l'erreur, d'après M. de Quatrefages; car les faits énoncés par ce naturaliste tendent à établir que, dans une famille naturelle et même dans un genre (i), certaines espèces pourraient avoir des organes pour la respiration, un cœur, des artères, etc., tandis que d'autres espèces, placées à côté des précédentes, n'offriraient plus aucune trace des mêmes organes. » 3". Enfin , je regarde également comme un principe généralement admis et reconnu en zoologie que des animaux, semblables par l'ensemble de leurs caractères extérieurs, ne peuvent pas différer d'une manière notable, radi- cale, dans leur organisation intérieure. » Ce principe, qui n'est qu'un corollaire des précédents, et qui sert de base, on peut le dire, à la classification des corps organisés, ne serait cepen- dant encore qu'une troisième erreur aux yeux de M. de Quatrefages. Ce naturaliste croit, en effet, que, dans une infinité de cas , la forme extérieure et l'organisation intérieure sont tout à fait indépendantes l'une de l'autre (p.); que des animaux entièrement analogues extérieurement peuvent cacher, sous cette identité de formes, des différences organiques si considérables que, dans la classe des Gastéropodes par exemple, les espèces appartenant à un ordre, et même à une famille naturelle, pourraient offrir toute la série de dégradations qui séparent ces Mollusques des derniers zoophytes. >' Ainsi , M. de Quatrefages soutient que des Mollusques gastéropodes, que tous les zoologistes ont considérés ou auraient considérés comme tels, et qui ont , en effet , tous les'caractères extérieurs des animaux de ce tjpe, en diffé- reraient cependant d'une manière si radicale par leurs caractères anato- (i) Quelques-uns des Mollusques décrits par M. de Quatrefages sous d€S noms génériques nouveaux doivent rentrer dans] les genres connus, ainsi que je crois l'établir dans mon Mémoire. ^2) Voir la réponse de M. de Quatrefages ;"Co/«/>tej rendus, tome' XIX, page 8o8. C. K. i845, i" Snmt'jdr. (T. XX , .N» 2.) • I (76) miques, ([lï il faudrait les exclure sous ce rapport, Tion-seulement de la classe des Gastéropodes, mais encore de P embranchement des Mollusques (i). Ce naturaliste affirme que les Actéons et d'autres Gastéropodes classés jusqu'à présent parmi les Nudibranches, au lieu d offrir, comme tous les autres Mol- lusques leurs semblables, des branchies, un cœur, des artères, des veines, ne présenteraient plus aucune trace de ces organes qui seraient remplacés dans leurs fonctions jiar le tube digestif, dégradation organique qui n avait été observée, jusque ce jour, que dans les derniers animaux de la série, par exemple chez les Méduses. Enfin, la simplification orgainque serait poussée, pour ainsi dire, jusqu'à ses dernières limites dans ces Mollusques, puisque M. de Qnatrofages est très-porté à croire que, chez quclques-nns, l'appareil digestif ne serait plus qu'une cavité à une seule ouverture et que les résidus de la digestion seraient rejetés par la bouche (2). » Le seul énoncé de ces faits me semble démontrer suffisamment qu'ils sont en opposition avec toutes les notions acquises sur l'organisation des Mol- lusques; M. de Quatrefages le reconnaît du re.;te lui-même (3), et, puisqu'à tous les fails connus, ce naluralisle oppose ainsi des observations qui ne con- duiraient à rien moins qu'au renversement de tons lesprincipes admis, il faut croire sans doute que ces observations reposent sur des preuves assez nom- breuses et assez positives pour ne laisser aucun doute sur leur exactitude : c'est ce qne je dois donc d'abord examiner ici. >' I. D'après M. de Quatrefages, les organes de la circulation disparaîlraient complètement chez les Actéons, et dans cinq autres genres de Mollusques gastéropodes que ce naturaliste a décrits sous les noms de Zéphyrine, d'Ac- téonie, d'Amphorine, de Pavois et de Chalide. Or, voici les preuves données à l'appui de ce fait : >• 1°. Dans les Zéphyrines, après une description fort succincte de ce genre, après avoir reconnu que plusieurs détails lui ont échappé et qu'il n'a pas une certitude entière relativement à d'autres, ce naturaliste s'exprime ainsi au sujet des organes de la circulation : » Je n'ai rien vu dans la Zéphyrine qui » pût être considéré comme représentant l'appareil circulatoire. Je n'y ai n distingué ni cœur, ni artères, ni veines, quelque soin que j'aie mis aies " chevchev. Si cejàit était isolé, je pourrais croire que l'opacité des parties (i) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentcrés ; Annales des Sciencc.i notiirrllcs, 3" série, tome I, paLte i68. (2) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentcrés; pages 148, '49 s' ■'J^. (3) Comptes rendus; tome XIX, page 809. ( 77 ) " a dérobé ces organes à mes recherches ; mais nous le verrons se reproduire « dans d'antres Mollusques voisins qui laissaient peu à désirer sous le rap- >i port de la transparence. Je crois donc pouvoir ajfiimier que l'appareil cir- '< cnlatoire manque ici totalement (i)- " » Ainsi, pour ce premier genre, M. de Quatrefnges reconnaît que l'opacité des pailles peut avoir dérobé les organes de la circulation à ses recherches , et il n'est conduit à nier l'existence de ces mêmes organes que d'après les preuves plus certaines qui doivent se produire dans les genres suivants. >' 2°. Dans les Actéons, qui viennent après les Zéphyrines, M. de Quatre- fsp'es ne s'exprime cependant pas sur ce point d'une manière plus positive; car, après une description également fort incomplète de ces Mollusques, il dit encore : « L'opacité des parois du corps m'a empêché de porter plus loin ces 11 observations : toutefois je crois être certain qu'il n'existe chez les Actéons >i ni cœur, ni vaisseaux, ni organes respiratoires proprement dits (2). » » 3". Dans les Amphorines, M. de Quatrefages ne parle plus des organes de la circulation que d'une manière tout à fait accessoire , à propos du sys- tème nerveux , et il se borne à dire qail n'en a trouvé aucune trace, sans entrer dans des explications plus satisfaisantes à ce sujet (3). » [\°. Enfin, ce naturaliste ne fait même plus mention de ces organes dans les trois autres genres, c'est-à-dire dans les Actéonies, les Pavois et les Cbalides (4). » M. de Quatrefages affirme donc que cet appareil manque chez les Zéphyrines et les Actéons, d'après des observations qu'il donne lui-même comme incomplètes, douteuses, et qui ne peuvent que l'être, puisqu'il résulte des citations ci-dessus, qu'elles ont été faites sur des animaux opaques ob- servés par transparence (5). » Il affirme que le même appareil manque chez les Amphorines, d'après des observations qui ne peuvent offrir plus de certitude, puisqu'elles n'ont été faites que sur un seul individu, de taille microscopique (6). (i) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés; page i36. {2) Loc. cit., page 142. (3) Loc. cit. , page i5o. (4) Loc. cit. , pages i44) «53 et i55. (5) M. de Quatrefages a reconnu lui-même l'inexactitude de ses observations sur les Zéphy- rines, depuis l'apparition de ma Note, puisqu'il dit dans sa re/»o«yc ne plus comprendre ces MoUusfiues dans son ordre des Phlébentérés. [Comptes rendus, tome XIX, page 8i4.) (6) Loc. cit. , page t46. (L'individu observé par M. de Quatrefages n'avait guère plus de I millimètre de longueur. ) 1 1.. (78) » Quant aux observations relatives aux Actéonies, aux Pavois et aux Cha- lides , on doit conclure du silence que M. de Quatrefages garde au sujet des organes qui nous occupent, qu'elles ne sont ni plus complètes ni plus cer- taines que les précédentes. » En définitive, ce naturaliste paraît donc nier les organes de la circulation dans des Mollusques gastéropodes , non pas parce qu'il se serait assuré d'un fait aussi exceptionnel d'une manière directe et positive , mais seulement parce que, chez des animaux de ce type qu'il n'a pu étudier la plupart que d'une manière fort incomplète, il n'aurait pas reconnu l'existence de ces mêmes organes. j) Les faits que je mets sous les yeux de l'Académie prouvent, en effet : 1) i". Que l'appareil circulatoire existe complètement chez les Zéphyrines ou Vénilies (i), et que ces Mollusques ne diffèrent pas , sous ce rapport, des Éolides ; » 2°. Que cet appareil existe aussi, d'une manière complète, chez les Actéons; d'où il faut conclure quil en est de même chez les Actéonies, si, comme ledit M. de Quatrefages, ces Mollusques ne différent pas des Actéons par leur structure nnatomique (2) ; )i 3". Que les organes de la circulation existent également chez les Ter- gipes, Mollusques qui ne me paraissent pas différer des Amphorines, ainsi que j'ai cherché à l'établir dans mon Mémoire ; » 4°» Enfin, que ces organes existent encore dans un Mollusque gasté- ropode que j'ai pu me procurer depuis ma première communication à l'Académie, et qui m'a offert les plus grands rapports avec les genres Pavois et Chalide. » Les faits que je mets sous les yeux de l'Académie démontrent encore (i) M. de Quatrefages a rapporté le genre qu'il a-vait établi sous le nom de Zi'iihyrinc , au genre Vénilie de MM. Halder et Hancock-, mais il me paraît beaucoup plus probable que le Mollusque décrit sous ce nom par ce naturaliste n'était autre chose qu'une Éolide , car le seul caractère qui distingue nettement les Vénilies des Éolides , la position de l'anus , n'est donné que d'une manière extrêmement douteuse dans les Zéphyrines , et l'on peut même dire que la place que M. de Quatrefages assigne à cet orifice, au-dessus du pied , ne serait pas possible. (2) M. de Quatrefages n'a pu observer que d'une manière fort incomplète les Actéonies , et il se borne presque à dire que la structure anatomique de ces Mollusques lui a jiaru entiè- rement semblable à celle des Actéons. Il faut donc croire que c'est seulement d'après cette analogie présumée que ce naturaliste nie les organes de la circulation dans les Actéonies- ( 79 ) l'existence de l'appareil circulatoire chez les Cavolines, les Galliopées et les GJaucus, genres de Mollusques que M. de Quatrcfages n'a, du reste, pas ob- servés, et n'a rapportés à son ordre des Phlébentérés que par analogie (i). » Je puis de plus ajouter ici que mes observations sui* ces Mollusques s'ac- cordent ïvec celles de plusieurs autres naturalistes. Ainsi, MM. Aider et Hancock ont signalé le cœur cliez les Vénilies (2); MM. Gantraiue, Quoy et Gaymard ont bien reconnu cet organe chez les Actéons (3); M. de Blainville l'a décrit chez les Glaucus (4) ; enfin, M. Vérany, qui s'occupe depuis long- temps de l'étude des Mollusques , et dont les observations offrent un degré de précision assez rare dans cette partie de la zoologie, M. Vérany a même compté les pulsations du cœur dans la plupart des genres que je viens de citer; et dans des communications que ce naturaliste a bien voulu m'adresser, je trouve que le nombre de ces pulsations est de quarante-cinq à cinquante par minute chez les Vénilies, les Galliopées, les Tergipes et les Actéons ou Elisies, comme chez les Lolides. » Ainsi les assertions de M. de Quatrefages , sur l'absence des oj-ganes de la circulation dan; les Mollusques prétendus phlébentérés, se trouvent dé- truites par des observations plus complètes et plus exactes faites sur ces mêmes Mollusques. " Mais depuis , M. de Quatrefages dit avoir constaté le même fait (l'absence de l'appareil circiUatoire) chez plusieurs autres Gastéropodes du même groupe. Dans sa Lettre, écrite de Messine, ce naturaliste annonce que, dans vingt et une espèces étudiées par lui dans les plus grands détails, il a pu s'assurer que cet appareil n'existait pas, même à l'état rudimentaire, dans le plus grand jwmbre (5). On trouve même, dans celte communication, une asser- tion tout à fait nouvelle, celle de l'existence, dans quelques espèces, dun cœur seulement, sans artères ni veines, disposition qui se rapprocherait par conséquent de celle que présentent les organes circulatoires chez les insectes. Mais M. de Quatrefages s'étant borné jusqu'à présent à signaler ces faits d'une manière générale, sans faire connaître les Mollusques sur lesquels il les a ob- servés, on comprendra qu'il ne m'est pas possible d'opposer ici à ces nou- velles observations mes observations particulières. J'espère donc que ce na- (i) Le genre Cavoline, fort mal défini par les auteurs, doit être réuni au genre Éolide. (2) Annal, and Magaz. of nat. hist., tome XIII, page i63. (3) Malacologie méditerranéenne , page 65. — Voyage de l'Astrolabe , tome II , page 3 r 7. (4) Dictionnaire des Sciences naturelles, tome XIX, page 36. (5) Comptes rendus , tome XIX, pages 190, 191 et 192. (8o) turaliste ne tardera pas à les publier plus complètement, et qu'il s'empressera surtout de mettre sous les yeux de l'Académie ces nouveaux faits qui parais- sent l'avoir convaincu de l'absence complète du système vasculaire dans ces Mollusques (i). » II. .le passe à une autre assertion de M. de Quatrcfages, V absence de veines, dans des Mollusques qui auraient un cœur et des artères. En effet , dans la théorie que propose ce naturaliste, l'appareil de la circulation ne dis- paraîtrait'pas brusquement dans les Mollusques pvétendas phle'bente'rés, mais cet appareil présenterait une dégradation progressive qui commencerait par le système veineux, et c'est ce genre de dégradation qui aurait lieu cbez les Éolides. » J'ai déjà fait remarquer, dans ma Note, qu'en niant le système veineux dans des Mollusques qui ont un cœur et des artères, M. de Quatrefages était conduite admettre, pour expliquer la circulation, que le sang passait des extrémités artérielles dans la cavité abdominale et de là dans le ventri- cule (2), hypothèse qui est contraire aux notions les plus élémentaires de la physiologie; mais il est de plus très-facile de prouver qu'elle est entièrement ei-ronée. Il suffit, en effet, d'ouvrir une Éolide par la face inférieure ou par le pied pour s'assurer que , chez ces Mollusques, le cœur est disposé comme chez les autres INudibranches, c'est-à-dire que la communication de cet or- gane avec la cavité viscérale , communication déci-ite et figurée par M. de Quatrefages (3), et sur laquelle repose toute sa théorie, n'existe en aucune manière. On peut se convaincre de ce fait plus directement encore, en in- jectant, comme je l'ai déjà indiqué, l'oreillette parle ventricule; on voit alors le liquide injecté passer de l'oreillette, non point dans la cavité viscérale, mais dans trois grands vaisseaux, l'un postérieur et médian, les deux autres antérieurs et latéraux, vaisseaux auxquels vient aboutir tout le système vei- neux "des branchies. Ces détails, que l'on voit distinctement sur les dessins et sur les préparations anatomiques que je soumets à l'Académie, mettent donc hors de doute l'existence d'un système veineux branchial chez les Éohdes. » 11 n'est également pas ti-ès-difficile de démontrer la présence du système veineux général chez ces Mollusques. Dans les grandes espèces d'Éolides, en effet, on peut isoler les veines qui se portent, comme chez les autres Nudi- (i) Comptes rendus , tome XIX, page 8i4- (2) Mémoire sur l'Éolidinc; Jn. des Se. nat., 2'' série, tome XIV, page 290. (3) Loc. cit., page 290, PL XI,fig. 3. ( 8i ) branches, des organes intérieurs vers la peau pour se rendre anx branchies. Parmi ces'veines, on en distingue surtout deux assez considérables qui rap- portent le sang de la masse buccale et qu'on peut considérer comme les satel- lites de l'aorte antérieure, ce que montrent encore mes dessins et mes pré- paralions apatomiques. " Du resfe, dans de nouvelles observations faites depuis Vapparition de ma Note, M. de Quatrefages me paraît avoir reconnu lui-même une partie de la vérité sur ce point de la discussion, puisqu'il dit avoir vu, sur des indi- vidus parjaiteméut transparents , les globules du sang arriver en arrière du cœur, dans un grand sinus médiodorsal. Seulement, ce naturaliste commet encore l'erreur de faire communiquer ce sinus avec la cavité viscérale (i). Je suis convaincu que si M. de Quatrefages eût employé, comme je l'ai fait, la dissection et les injections , au lieu d'étudier seulement ces animaux par trans- parence, il eût très-bien reconnu la véritable disposition de ce sinus ou vais- seau médio-dorsal, car on peut l'injecter, l'ouvrir dans toute sa longueur et reconnaître très-distinctement les nombreux orifices des veines branchiales qui s'y rendent. » Mieux éclairé, sans doute, par ces nouvelles observations, M. de Quatre- fages veut bien même faire des concessions à ce sujet: après avoir nié, d'une manière absolue, le système veineux chez les Éolides, ce naturaliste croit devoir faire une réserve iinportafiie pour Vappareil vasculaire branchio- cardiaque qu'il comprend très- bieii pouvoir exister dans ces Mollusques [a). Je ne doute donc point qu'après une nouvelle étude de ces animaux , M. de Quatrefages ne finisse par reconnaître la vérité tout entière, c'est-à-dire que les Eolides ne diffèrent pas, sous le rapport du système veineux, des autres Nudibranches et de tous les autres Mollusques (3). (i) Comptes rendus, tome XIX, page 8i4- (a) Comptes rendus, tome XIX, page 81 5. (3) Je crois devoir rappeler de nouveau ici rjue l'erreur commise par M. de Quatrefages, en niant le système veineux dans des Mollus(iues gastéropodes, provient probablement de l'idée inexacte que ce naturaliste s'est faite de cette partie de l'appareil circulatoire chez les animaux de ce lype. M. de Quatrefages paraît croire que le système veineux se présente toujours sous la forme de vaisseaux bien distincts, tandis qu'il n'en est généralement pas ainsi. En effet, dans presque tous les Mollusques et dans les Nudibranches en particulier, les veines n'ont ceUe forme que dans les ])rincipaux troncs qui rapportent le sang des viscères ou qui se rendent aux organes respiratoires; les autres vaisseaux veineux sont plutôt des canaux creusés dans l'épaisseur ou dans l'interstice des organes, en un mot, des trajets veineux que des vaisseaux proprement dits , particularité qui a été bien reconnue par les anatomistes qui ( 8a ) « m. Après avoir démontré que les organes de la circulation existent dans les Mollusques prétendus phlébentérés , comme dans tous les autres animaux du même type, je pourrais peut-être me dispenser de poursuivre cette démonstration pour les organes de la respiration , puisque la dispari- tion de ces derniers ne serait qu'une conséquence de celle des premiers, d'après les idées théoriques de M. de Quatrefages ; je vais cependant entrer dans quelques détails à ce sujet. » J'ai déjà dit, dans ma Note, que ces organes étaient bien réellement représentés par les appendices dorsaux ch€z les Lolides et dans tous les autres genres qui appartiennent à la même famille. On peut s'en assurer en injectant le système veineux branchial et en étudiant, par des coupes transversales, la structure de ces appendices. Si l'on emploie ces moyens sur les grandes espèces, sur lÉolide de Cuvier par exemple, on reconnaît faci- lement qu'il existe, à la surface de ces espèces de cirrhes, un réseau vascu- laire émanant de deux troncs principaux qui régnent sur les côtés et dans toute leur lonj^ueur, et que l'on doit considérer comme appartenant aux divi- sions de l'artère et de la veine branchiales (i); c'est ce que mettent encore en évidence les préparations que je présente à l'Académie. » Quant aux Actéons qui ne peuvent, sous ce rapport, comme sous presque tous les autres, être rapprochés des Éolides, je ferai voir bientôt aussi qu'ils sont pourvus également d'un appareil respiratoire complet , tout à fait ana- logue à celui de certains autres Mollusques. » IV. Je viens de prouver que, contrairement aux assertions de M. de Quatrefages, les organes de la circulation et de la respiration existent dans les Mollusques prétendus /j7î/t?^e«tere.y y il me reste à faire voir, comme cou- se sont occupés des Mollusques, et surtout par M. de Blainville [voir le Traité de Malacologie, page 1 3o). La distinction que l'on a voulu établir sous ce rapport entre les Mollusques et les Crustacés n'est donc pas fondée, car cette forme du système veineux paraît être un fait géjaéral chez les animaux inférieurs ; on la retrouve même chez les animaux supérieurs dans l'épais- seur des organes et des parenchymes , et l'embryogénie nous démontre encore que c'est là la forme primitive du système vasculaire, forme qui serait transitoire dans les uns, tandis qu'elle deviendrait permanente chez d'autres animaux placés plus bas dans la série zoolo- gique. (i) La disposition de ces vaisseaux paraît être cependant un peu variable suivant les «spèces ; ainsi , dans une espèce que j'ai recueillie dans les mers de la Chine , les appendices branchiaux présentent une dilatation membraneuse qui paraît être le siège principal de la respiration. ' * , (83) séquence nécessaire, que ces fonctions ne peuvent être dévolues à d'autres organes chez ces mêmes Mollusques, ainsi que le prétend ce naturaliste. " En admettant, en effet, la disparition des appareils circulatoire et respi- ratoire dans des Mollusques gastéropodes, M. de Quatrefages en trouve la raison dans l'existence, chez ces Mollusques , d'un appareil gastro-vasculaire , c'est-à-dire d'un appareil vasculaire émané de l'estomac et qui servirait à la fois, comme chez les Méduses, à soumettre au contact de l'air et à porter dans les diverses parties du corps les fluides élaborés par cet organe. Ainsi , pour me servir des expressions mêmes de ce naturaliste , la fonction de la digestion se confondrait ici avec celles de la respiration et de la circula- tion (i), genre de dégradation qui n'avait été observé jusqu'à ce jour, et qu'on n'avait cru possible que dans les derniers animaux de la série. » Mais une objection se présente immédiatement à cette théorie, c'est que cet appareil gastro-vasculaire qui formerait le caractère essentiel, domina- teur, des Phlébentérés (2), n'existe pourtant pas dans tous ces Mollusques; et même, par une contradiction frappante que j'ai déjà signalée, cet appareil manquerait précisément dans des Phlébentérés qui n'offrent plus , d'après M. de Quatrefages, aucune trace des organes de la circulation et de la respi- ration, c'est-à-dire des organes qu'il devrait suppléer dans leurs fonctions, tandis que le même appareil atteindrait, au contraire, son plus haut degré de développement dans ceux de ces Mollusques qui ont encore un cœur, un système artériel complet, et des organes spéciaux pour les fonctions respi- ratoires (3). » La théorie proposée par M. de Quatrefages est donc fausse au point de vue logique ou en principe; il me sera facile de faire voir, en outre, qu'elle n'est pas plus vraie en fait, c'est-à-dire qu'il est impossible d'expliquer com- ment les fonctions de la respiration et de la circulation pourraient être exé- cutées par ce prétendu appareil gastro-vasculaire. » 1°. Pour la circulation, il est évident que l'appareil chargé de cette fonction ne pourrait être remplacé que par un appareil disposé d'une ma- nière analogue, c'est-à-dire pouvant porter dans toutes les parties du corps (1) Comptes rendus, tome XIX, page iga. (2) Comptes rendus, t. XIX, p. 192. (3) On peut s'assurer, en outre , dans le Mémoire même de M. de Quatrefages , que chez ces Mollusques (les Bolides) le prétendu appareil gastro-vasculaire est tout à fait étranger aux fonctions de la circulation et de la respiration. (Foir le Mémoire sur TÉolidine.) C. R., 1845, I" Semestre. (T. XX, N» 2.; 12 (84) les matières nutritives, comme cela a lieu chez les Méduses. Mais en est-il de même chez les prétendus Phlébentérés, et peut-on considérer comme un appareil gastro-vasculaire , d'après le sens que M. de Quatrefages attache à ce mot, un système de canaux qui, de testomac vont seulement dans le foie, et se trouvent même entièrement contenus dans l'épaisseur de cet or- gane chez quelques-uns de ces Mollusques (i)? Une pareille supposition est bien évidemment inadmissible. » Du reste, M. de Quatrefages paraît avoir reconnu lui-même combien sa théorie était ici en défaut, puisqu'il répond à mes objections sur ce point en citant les Entomostracés, les Acariens, les Escharres, les Flustres, etc., et ajoutant qu'era présence de tous ces animaux qui n'offrent plus aucune trace d'appareil vasculaire , l'absence de veines, de cœur et dartères chez quelques Gastéropodes n'a plus rien d'étrange que détre signalée pour la première Jbis (i). D'où il faut conclure qu'après avoir cherché, avec raison sans doute, mais inutilement, à expliquer l'absence des organes de la circu- lation chez les Phlébentérés, ce naturaliste en est venu à croire que cette explication n'est plus même nécessaire; mais seulement, comme dans les exemples cités par M. de Quatrefages, savoir; les Escharres, les Flustres, etc., l'absence d'un appareil circulatoire est Xefait normal, en rapport avec tout le reste de l'organisation, tandis que c'est tout le contraire chez des Mol- lusques gastéropodes. Le mode de raisonnement employé ici par ce natura- liste revient à dire, en l'interprétant logiquement, que les organes de la circulation pourraient bien disparaître chez des animaux supérieurs, puis- qu'on trouve, dans les derniers degrés de la série zoologique, des animaux, tels que les Escharres et les Flustres, qui n'en offrent plus de traces. n Op. Il est tout aussi difficile d'expliquer comment ce prétendu appareil gastro-vasculaire pourrait servir à la respiration chez les Mollusques phlé- bentérés; mais, avant de chercher à le démontrer, je dois entrer ici dans quelques détails préliminaires. En effet, d'après M. de Quatrefages, je n'au- rais pas bien saisi le sens de ce qu'il a dit relativement à la respiration chez ces Phlébentérés (3), et comme ce naturaliste n'a cependant pas jugé à pro- (i) Voir les dessins de M. de Quatrefages. II n'est question ici , et dans la suite de ce para- graphe , que des Éolides et des autres genres de la même famille, les genres Pavois et Cha- lide n'ayant pas d'appareil gastro-vasculaire, et M. de Quatrefages ayant pris pour cet appa- reil, chez les Actéons, le véritable appareil respiratoire. (2) Comptes rendus, t. XIX, p. 8i5. (3) Comptes rendus, t. XIX, p. 8i5. ( 85 ) - pos d'expliquer sa manière de voir sur ce point important de la discussion je rne trouve obligé de suppléer à son silence sur ce sujet. » Dans son premier Mémoire relatif à FÉolidine, Mollusque chez lequel l'appareil gastro-vasculaire atteindrait son plus haut degré de développe- ment(i), M. de Quatrefages ne fait cependant jouer aucun rôle à ce même appareil dans l'acte de la respiration; puisque cette fonction s'exécuterait dans les appendices dorsaux, à travers la peau de ces appendices. » Plus tard, dans les Comptes rendus de la Société philomatique, M. de Quatrefages exprime une antre opinion à ce sujet; ce n'est plus la peau seu- lement qui est le siég'e de la respiration ; mais, pour me servir des expressions mêmes de ce naturaliste,, les oi'ganes chargés de cette fonction sont formés par deux poches concentriques appartenant l'une au tube digestif, l'autre au système tégumentaire (2). » Dans son Mémoire sur les Mo\\\ys,i\VLe% phléhentérés ^ M. de Quatrefages émet encore une opinion différente; ce n esl^Xas dans ces deux poches concen- triques fonnées par la peau et par l'intestin que se fait la respiration, mais cette fonction semble entièrement dévolue au tube digestif dans la plupart de ces Mollusques (lesEolidcs, les Zéphyrines, les Actéons, les Actéonies), tandis que chez quelques autres (les Pavois et les Ghalides), la peau seule en resterait chargée (i). .1 Enfin, après de nouvelles recherches, M. de Quatrefages donne une quatrième opinion et dépossède tout à fait la peau des fonctions respiratoires pour en charger exclusivement le tube digestif (4), opinion que l'on doit considérer comme celle à laquelle s'est arrêté définitivement ce naturaliste et qui est la seule qui s'accorde en effet avec sa théorie. " Mais de quelle manière M. de Quatrefages explique-t-il la fonction de la respiration ainsi transportée dans le tube digestif? Je ne puis mieux faire encore ici que de laisser parler ce naturaliste lui même: « Les organes res- » piratoires, dit-il, sont suppléés par un tube intestinal qui n'est plus chargé !) seulement d'extraire des aliments un chjle propre à enrichir le sang ap- » pauvri, mais qui doit en outre faire subir au produit de la digestion un >' degré de plus de préparation et le soumettre immédiatement au contact de (i) Rapport de M. Milne Edwards; Annales des Sciences naturelles, 3* série, t. I, p. i6. (2) Journal V Institut, i844) P*g^ 33. (3) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés, pages 167 et i68. (4) Comptes rendus , tome XIX, page 192. 12. (86) » l'air (i). n La même opinion se trouve reproduite dans le Rapport fait sur les travaux de M. de Quatrefages; on lit en effet dans ce Rapport que « la nature supplée, chez ces Mollusques, à l'absence des vaisseaux bran- » chiaux, en introduisant dans l'économie une combinaison organique que, » jusqu'en ces derniers temps, l'on croyait appartenir exclusivement aux Médu- n ses et à divers Helminthes. En effet, la cavité digestive donne alors naissance » à un système de canaux dont les rameaux pénètrent dans les appendices » branchiformes du dos de l'animal et y portent directement les matières >' nutritives qui, après j avoir subi l'influence de l'air, doivent se distribuer » dans les diverses parties du corps et y servir à l'entretien de la vie (2). " » Il résulte donc bien, des deux citations qui précèdent, que la respira- tion se ferait chez les Phlébentérés dans les ramifications du prétendu appa- reil gastro-vasculaire, et que ces ramifications remplaceraient les organes de la respiration, en soumettant immédiatement au contact de l'air les matières nutritives ; mais comme ces mêmes ramifications se trouvent séparées de la peau par le parenchyne du foie qui les enveloppe de toutes parts, il faudrait admettre, comme je l'ai déjà dit dans ma Note , que la respiration ou l'oxy- génation des matières nutritives se ferait h travers cet organe , ce qui , quels que soient les principes qu'on puisse avoir en zoologie (3) , me paraît bien évidemment inadmissible. » Le tube digestif ne peut donc pas plus être chargé de la fonction de la respiration que de celle de la circulation dans les Mollusques prétendus phlé- bentérés ; il ne peut pas plus l'exercer en totalité qu'en partie. » Enfin , si l'on se dégage de toute préoccupation systématique à ce sujet, j'ai déjà fait voir qu'il était possible d'assigner un rôle beaucoup plus naturel à ce prétendu appareil gastro^asculaire ; j'ai déjà dit que des canaux qui vont de l'estomac dans le Joie, et qui sont même entièrement contenus dans cet organe chez quelques-uns de ces Mollusques, ne pouvaient être ni des organes de circulation, ni des organes de respiration, et qu'il était beaucoup plus simple de les considérer comme des canaux biliaires. L'analogie vient encore tout à fait à l'appui de cette détermination; ciar, chez les Doris, ces canaux biliaires offrent un calibre si considérable et s'ouvrent dans l'estomac par des orifices si larges , ainsi que le représentent les planches de Cuvier (i) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés, page 167. (2) Rapport de M. Milne Edwards; Annales des Sciences naturelles, 3" série, tome 1 , page 16. (3) Comptes rendus, tome XIX, page 81 5. (87) relatives à l'anatomie de ces Mollusques, que cette particularité a même étonné cet illustre naturaliste ( i ) . » Qu'il me soit maintenant permis de résumer ici en peu de mots ce point capital de la discussion, afin de pouvoir apprécier la théorie proposée par M. de Quatrefages sous la dénomination nouvelle de phlébentérisme (a). » Dans un premier Mémoire, ce naturaliste signale une analogie complète entre le tube digestif des Méduses et celui des Éolides ; et cependant cette analogie n'entre pour rien dans les considérations physiologiques qu'il donne ensuite sur ces Mollusques (3). » Après de nouvelles recherches, M. de Quatrefages établit une théorie entière sur cette même analogie, en réunissant tout un groupe de Mollusques sous le nom de Phlébentérés (4) ; et cependant ce naturaliste se trouve encore ici en contradiction formelle avec sa théorie, puisque l'intestin resterait tout à fait étranger à la fonction de la cii'culation, et ne participerait même que partiellement à celle de la respiration dans ces mêmes Mollusques. » Plus tard, M. de Quatrefages formule sa théorie d'une manière plus logi- que, en disant qufe, chez tous les Mollusques qu'il désigne sous le nom de Phlébentérés, la Jonction de la digestion se confond avec celles de la respi- ration et de la circulation, et que c'est là le caractère dominateur de ce groupe (5); et cependant la modification du tube digestif, ou le prétendu appareil gastro-vasculaire qui représenterait ce caractère dominateur, n'existe pas même dans tous ces Mollusques. » M. de Quatrefages établit, dans cette théorie, que la dégradation des organes de la circulation et de la respiration se trouve liée à l'existence de cet appareil gastro-vasculaire qui doit en effet remplacer ces organes dans leurs fonctions, et il signale ensuite une analogie complète entre la circulation de certains Phlébentérés et celle des Crustacés qui n'ont pourtant point d'ap- pareil gastro-vasculaire (6). En même temps, ce naturaliste retire de son ordre des Phlébentérés les Mollusques qu'il y avait d'abord rangés sous le nom (i) Mémoire sur le genre Doris , page i5 , Pi. I, fig. 3. (2) Je ne puis discuter ici cette théorie que dans l'application que M. de Quatrefages en a faite aux Mollusques qui font le sujet de cette discussion ; j'espère pouvoir l'examiner plus tard dans les autres animaux auxquels vient de l'étendre ce naturaliste. (3) Mémoire sur l'Éolidine, page 292. (4) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés. (5) Comptes rendus , tome XIX , page 192. (6) Comptes rendus , tome XIX, page 81 5. ^ ,_ ( 88) de Zéphjrines, Mollusques chez lesquels il a pourtant décrit ce prétendu appareil gastro-vasculaire (i^. J » Enfin, après avoir reconnu sans doute que ce même appareil gastro- vasculaire ne pouvait être charfjé des fonctions qu'il lui avait assignées, M. de Quatrefages paraît abandonner sa théorie du phlébenlérisme, puisqu'il com- pare les Mollusques dont il s'agit ici aux Escharres, aux Flustres, etc. ; et , peu de jours après, il revient à cette théorie , et soutient de nouveau que l'appa- reil gastw-vasculaire des Phlébentérés remplit à la fois le rôle d'organe digestif et celui d'organe circulatoire (a). n Toutes ces variations et toutes ces contradictions ne prouveraient-elles pas suffisamment déjà que les faits avancés par M. de Quatrefages ne se trou- vent plus dans les limites de la vérité , et qu'il en est par conséquent de même des théories établies sur ces faits par ce naturaliste? ne viennent-elles pas entièrement à l'appui des pripcipes que j'ai énoncés en commençant, sa- voir : que des dégradations organiques qui sont possibles dans certains points de la série deviennent tout à fait impossibles dans d'autres; que des Mollus- ques gastéropodes, par exemple, ne sauraient avoir l'organisation de Zoo- pbytes; par conséquent, que des animaux semblables extérieurement ne peuvent pas différer d'une manière radicale dans leur structure intérieure? enfin , ne démontrent-elles pas encore toute la vérité de ces paroles de l'un des plus grands zoologistes de notre époque: " La nature, dit Cuvier , iné- » puisable dans sa fécondité et toute-puissante dans ses oeuvres, si ce n'est » pour ce qui implique contradiction, n'a été arrêtée dans les innombrables » combinaisons de formes d'organes et de fonctions qui composent le règne » animal que par les incompatibilités physiologiques ; elle a réalisé toutes celles » de ces combinaisons qui ne répugnent pas, et ce sont ces répugnances , " ces incompatibilités y cette impossibilité de faire coexister telle niodijîca- " tion avec telle autre, qui établissent entre les divers groupes d'êtres ces " séparations, ces hiatus qui en marquent les linntes nécessaires et qui con- >' stituent les embranchements , les classes, les ordres et les familles natu- 1) relies (3)? » >i V. Il me reste à répondre sur quelques faits dont je ne pourrai parler que brièvement ici, mais que j'ai exposés avec tous les détails nécessaires dans mon Mémoire. (i) Comptes rendus, tome XIX, page 8i4 (en note). (2) Moniteur an 17 novembre i844- (3) Anatomie comparée , tomel, page 64. (89) » i". J'ai dit, dans ma Note, que, dans tous les Mollusques désignés par M. de Qnatrefages sous le nom de Phlébentérés , l'intestin proprement dit avait échappé aux recherchés de ce naturaliste , ce qui lui avait fait assi- gner une position fausse à l'anus ou l'avait conduit à méconnaître l'existence de cette ouverture ( i ). >' En effet, dans les Éolides, M. de Quatrefages a pris pour l'intestin la partie du tube digestif qui donne naissance aux canaux biliaires (appareil gastro-vasculaire de ce naturaliste) , c'est-à-dire la poche stomacale ; ce qui lui a fait placer l'anus à l'extrémité postérieure de l'animal, sur la ligne médiane (2). Or l'intestin, très-gros et très-facile à reconnaître , est placé du côté droit et vient s'ouvrir du même côté, vers le milieu de l'animal , sur la face dorsale (3). » Dans les Vénilies ( Zéphyrines) , après avoir dit que ses observations sur le tube digestif n'ont pu s'étendre au delà de l'œsophage , M. de Quatre- fages parle d'un cloaque situé en arrière de la cavité abdominale, et qui lui paraît être une dépendance de l'appareil digestif; il dit avoir cru recon- naître à ce cloaque un orifice s' ouvrant postérieurement au-dessus du pied [l() et qui serait l'orifice anal , détermination qui lui semble confirmée par ses observations sur les Actéons et les Actéonies, et par celles de M. Milne ( i) Comptes rendus, tome XIX , page 355. (2) Mémoire sur l'Éolidine, pages 284, 285; PL XI ,fig.i. Du reste, M. de Quatrefages paraît avoir reconnu lui-même son erreur sur ce point, depuis l'apparition de ma Note , quoiqu'il s'exprime à ce sujet d'une manière peu claire, dans une note de sa réponse. {Comptes rendus, tome XIX, page 811.) (3) Cette première erreur, commise par M. de Quatrefages , l'a conduit à une seconde , celle de prendre la cavité buccale pour l'estomac , ainsi que l'ont observé , avec juste raison , MM. Halder et Hancock ; mais je ne puis mieux faire que de citer, à ce sujet, ces deux natu- ralistes. « La position, disent-ils, que M. de Quatrefages assigne à l'estomac, en avant des » tentacules dorsaux, est celle où nous trouvons la cavité buccale des Éolides. M. de Quatre- » fages dit s'être assuré que c'était bien l'estomac, car il a vu dans le même organe, chez un » animal analogue à l'Éolidine, l'épine dorsale d'un petit poisson. Mais plus récemment, » dans la description de l'Actéon élégant, M. de Quatrefages dit , en parlant de la langue de » ce Mollusque, qui ressemble tout à fait à celle de l'Éolide, qu'il l'avait d'abord prise pour » une épine dorsale de petit poisson. En rapprochant ces deux observations, ne peut -on « pas supposer que M. de Quatrefages a réellement pris la bouche pour l'estomac? » {Annal, and Magaz. of nat. hist., août i844- ) (4) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés , page 1 36. J'ai déjà fait remarquer que cette position de l'anus, au-dessus du pied, n'était pas possible. ( 90 ) • Edwards sur les Galliopées (i); et cependant l'existence de cette ouverture est ensuite tout à fait révoquée en doute dans les conclusions du Mémoire, puisque, d'après ce qu'on lit dans ces conclusions, Yestomac aveugle des Zéphjrines, etc. , rappellerait exactement celui de la plupart des Me'du- saires (2). Or, il n'existe dans ces Mollusques rien d'analogue à ce que ce naturaliste désigne sous le nom de cloaque, et les doutes qui se trouvent ensuite émis sur l'existence de l'intestin et de l'anus n'ont également rien de fondé, cette partie du tube digestif étant entièrement semblable à ce que l'on voit chez les Éolides; seulement, l'intestin se porte un peu plus en arrière, et, au lieu de rester latéral, il vient s'ouvrir sur la ligne médiane. » Dans les Amphorines, tout le tube digestif se réduirait à la cavité buccale, d'après M. de Quatrefages. Ce naturaliste dit, en effet, que l'e.?- tomac nexiste pas dans ces Mollusques, et que ce viscère est remplacé dans ses fonctions par cette cavité' buccale (3). C'est dans cette même cavité buccale qu'il fait aboutir les canaux biliaires ( l'appareil gastro-vascu- laire ) ; enfin , il assure n'avoir pu reconnaître la moindre trace d'ouverture postérieure à l'appareil digestif, et il est, par suite , très-porté à croire que les amphorines manquent d'anus et que les résidus de la digestion sont rejetés par la bouche (4). Or, la disposition du tube digestif dans les Ter- gipes , et la terminaison que M. de Quatrefages assigne aux canaux biliaires (appareil gastro-vasculaire) dans la cavité buccale, prouvent encore, d'une manière évidente , que ce naturaliste a pris l'estomac pour cette cavité , et qu'il n'a pas reconnu l'intestin dans ces Mollusques. » Dans les Pavois et les Ghalides, l'intestin manquerait également, d'après les descriptions et les figures données par M. de Quatrefages, et ce natura- liste dit encore qu'il est très-porté à croire qu'il n'j a pas d'ouverture anale{5). Or, dans le Mollusque que je crois pouvoir rapporter à ces genres (6), il est très-facile de reconnaître l'intestin qui vient s'ouvrir, comme dans les Doris, à la partie postérieure de la face dorsale de l'animal et sur la ligne médiane. (i) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés , pages 187 et i44' (2) Loc. cit., page 1^3. (3) Loc. cit., page i^S. (4) Loc. cit., page 149. (5) Loc. cit. , pages i53 et i56. (6) Ces deux genres me paraissent , en effet , devoir être réunis en un seul , lorsqu'ils seront connus d'une manière plus exacte. (91 ) » Enfin, dans les Actéons, M. de Quatrefages a également décrit à la partie postérieure du corps un cloaque analogue à celui qu'il avait signalé dans les Zéphjrrines; il lui a semblé y reconnaître aussi une ouverture s'ou- vrant en arrière entre les replis branchiaux. Il dit ailleurs que cette ouver- ture, qui serait l'anus, est placée à la partie postérieure et médiane du corps; enfin , // a cru distinguer un canal étroit et sinueux se rendant ae la poche stomacale à l'organe qu'il désigne sous le nom de cloaque (i). Or, commeje l'ai déjà dit dans ma Note , aucun de ces détails n'est exact, et la courte des- cription que je vais bientôt donner du tube digestif dans les Actéons prou- vera, ce que j'ai avancé dans cette Note, que cet appareil a presque entière- ment échappé aux recherches de M. de Quatrefages. " 11 résulte donc de ce qui précède que, dans tous les Mollusques préten- dus phlébentérés , M. de Quatrefages n'avait donné sur l'intestin , et même sur d'autres parties de l'appareil digestif, que des déterminations inexactes, ou bien avait émis à ce sujet des doutes qu'il était important de faire dispa- raître. Or, en rectifiant ou en complétant les observations de ce naturaliste sur ce point, comment puis-je, ainsi qu'il le dit dans sa réponse, n'avoir fait que reproduire ce qui était déjà imprimé dans ses propres Mémoires (2) î* » On voit aussi, par les détails que je viens de donner, combien sont peu fondées toutes ces analogies que M. de Quatrefages a signalées, sous ce rap- port, entre les prétendus Phléhentérés et les Annelés, les Nymphons, les Planaires, les Sangsues, etc. (3); ces analogies ne reposant en effet, comme je crois le démontrer dans mon Mémoire, que sur des hypothèses, des doutes ou des assertions erronées. » 1°. J'ai dit aussi dans ma Note que la description donnée par M. de Quatrefages, de l'appareil gastio-biliaire (appareil <;astro-vasculaire de ce naturaliste) dans les Eolides, était tout à fait inexacte, et que les canaux partis de la cavité stomacale n'aboutissaient jamais à ce canal marginal, qu il a fipuré et qu'il compare à celui des Méduses. M. de Quatrefages n'ayant rien répondu à mes observations critiques sur ce point , je dois en conclure qu'il s'est assuré qu'elles étaient fondées. » 3°. J'ai également avancé que la conformation des organes de la géné- ration ne ressemblait en rien, chez les Mo\\as(\\ie^ phléhentérés , a la descrip- (1) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés , page 142- (2) Comptes rendus , tome XIX, page 810. (3) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés, page 176. C. R., '845, 1" Semestre. (T. XX, N» 2.) tiou que M. de Qiiatrefages en a donnée. On ne trouve en effet dans aucun de ces Mollusques le tube ovarien et le sac testiculaire dont parle ce natura- liste; cette disposition de l'appareil générateur n'a mérae pas été observée jusqu'à présent dans les animaux de ce type. )) Chez les Éolides, et dans tous les autres genres de la même famille, cet appareil est entièrement analogue à celui des autres Mollusques nudi- branches. » Use compose, pour le sexe femelle, d'un ovaire en grappe (i), d'un premier oviducte naissant par des ramifications de cet ovaire, et d'un second oviducte plus large, à parois gélatineuses et comme boursouflées dans la dernière partie de son trajet, réuni par des circonvolutions très-serrées en un organe globuleux qui occupe la partie antérieure de la cavité abdominale (2). Ce second oviducte, que l'on désigne aussi sous le nom de matrice, reçoit, près de sa terminaison, le canal d'une vésicule analogue à celle que l'on trouve dans la plupart des Mollusques et qui est connue sous les noms de vé- sicule de la pourpre, vésicule copulatrice, etc., mais dont les fonctions n'ont pas encore été bien déterminées. » Le sexe mâle est représenté par un tube entortillé qui s'abouche avec le premier oviducte par une de ses extrémités et qui aboutit par l'autre à la verge. Celle-ci est formée par un organe creux et exsertile, comme dans beaucoup d'autres Mollusques. )) Les deux orifices de cet appareil , celui de la verge et celui de l'oviducte, sont ordinairement placés sur un tubercule commun , situé du côté droit. Les Galliopées font exception à cette disposition, ainsi que Ta le premier observé M. Vérany; ces deux ouvertures sont, en effet, séparées, celle de l'oviducte restant à sa position normale, tandis que celle de la verge se trouve un peu plus en avant , à la base du tentacule. » La communication que j'ai signalée entre le sexe mâle et le sexe femelle, communication qui paraît exister dans tous les Mollusques hermaphrodites, mais qui n'avait été indiquée jusqu'à présent que d'une manière fort vague , prouverait que ces Mollusques peuvent se féconder eux-mêmes, quoique ayant besoin, pour cela, d'un accouplement réciproque. (i) La situation de cet ovaire à la partie postérieure de la cavité abdominale me porte à croire que c'est cet organe que M. de Quatrefages désigne sous le nom de cloaque dans la plupart de ces Mollusques. (2) Cette partie de l'appareil générateur me paraît être celle que Cuvier a prise pour le testicule dans les Tritonies et quelques autres Mollusques nudibranches. (9M H 4°- En6n, les fajts que j'expose dans mon Mémoire prouveront encore, j'espère, que les assertions de M. de Quatrcfages sont inexactes sur plusieurs autres points de l'anatomie des prétendus Phlébentérés, et notamment sur les organes de la circulation chez les Éolides, ainsi que sur le système nerveux qui est aussi parfait et aussi compliqué dans ces Mollusques que dans tous les autres Gastéropodes (i). •' VI. J'ai réservé, dans les paragraphes précédents, les faits relatifs à l'anatomie du genre Actéoil ; ici, en effet, comme dans ma Note, je crois devoir consacrer un paragraphe spécial à ce curieux Mollusque. >' D'après M. de Quatrefages, mes observations critiques sur ce genre Actéon ne seraient nullement fondées, et le peu de Jàits que f ai exprimés àce sujet manquerait d'exactitude [i). Il est cependant à remarquer que ce natu- raliste, qui dit posséder une anatomie très-détaillée de ce Mollusque, n'ait répondu par aucun fait précis à mes assertions et à mes critiques. Je vais donc compléter ici , autant que me le permettent les limites de cet extrait de mon travail, les détails que j'ai déjà donnés dans ma Note. » 1°. La poche dorsale que M. de Quatrefages a prise pour l'estomac n'a , ainsi que je l'ai dit, aucune communication avec le tube digestif; c'est une poche pulmonaire tout à fait analogue à celle des Mollusques terrestres, ce qui s'accorde entièrement avec les habitudes des Actéons, habitudes qui rap- pellent celles des Pulmonés fluviatiles, les Lymnées, les Planorbes, les Physes. Par conséquent, les canaux ramifiés qui partent de cette poche, et dont M. de Quatrefages fait son appareil gastro-vasculaire , sont des canaux aériens dont j'ai cherché à expliquer l'usage dans mon Mémoire. « 1°. L'Actéon a un appareil circulatoire complet. Le cœur est situé en avant de la poche pulmonaire, sur la ligne médiane, et occupe, par consé- quent, la même place que chez les Eolides et les autres Nudibranches. 11 adhère en arrière par son oreillette à la paroi supérieure de la cavité pul- monaire, et donne naissance en avant à l'aorte qui se porte vers la partie antérieure de l'animal, traverse le collier nerveux et se perd dans la masse buccale, après avoir fourni, dans son trajet, une branche profonde pour les viscères. Cet organe est contenu dans un péricarde , et offre la même forme et la même structure que dans tons les autres Mollusques gasté- ropodes (3). (i) Rapport de M. Milne Edwards déjà cité, page i6. (2) Comptes rendus, tome XIX, page 817. (3) Les pièces que je mets sous les yeux de l'Académie prouveront , d'une manière évi- i3.. (94) » 3°. J'ai dit , dans ma Note, que tout le tube digestif, à partir de la cavité buccale (i), avait échappé aux recherches de M. de Quatrefages ; voici quelques détails à ce sujet : après avoir traversé l'anneau nerveux, l'œso- phage, d'un très-petit calibre, offre une petite dilatation arrondie qui forme comme un premier estomac; presque immédiatement après, il se dilate de nouveau en une poche stomacale beaucoup plus considérable, profondémeut située au-dessous de la partie antérieure de l'appareil générateur, à peu près au niveau du cœur. De la partie supérieure de cette poche, et près du point où aboutit l'œsophage, part l'intestin qui se porte d'abord un peu en avant, contourne l'appareil de la génération et se dirige ensuite en airière, et du côté droit, pour venir s'ouvrir du même tôté, non loin de la ligne médiane. Cette ouverture, marquée par un petit tubercule saillant, se trouve placée un peu en avant de l'orifice pulmonaire. » Le foie est formé par une matière verdâtre qui se trouve répandue par- tout sous la peau et dans l'interslice des organes; c'est, par conséquent, au foie qu'est due la couleur verte de ce Mollusque. Lorsqu'on étudie ime partie de ce viscère à un faible grossissement, on voit qu'il est formé de petits cœ- cums ramifiés qui ont assez bien l'apparence de certains végétaux inférieurs. Les principaux canaux qui en résultent viennent se rendre dans deux canaux plus considérables qui, de l'extrémité postérieure du corps de l'animal, se portent en avant, de chaque côté de la ligne médiane, pour venir s'ouvrir dans la poche stomacale. n 4°- Enfin, l'appareil reproducteur, composé des deux sexes comme chez les Pulmonés et les Nudibranches, offre la disposition suivante chez les Ac- téons : » L'ovaire est formé par un grand nombre de petits corps arrondis, vési- dente, que je n'ai pris pour le cœur, dans l'Actéon, ni la vésicule copulatrice ni la vésicule séminale dont parle M. de Quatrefages ( voir les Comptes rendus, tome XIX , page 817); ce qui ressort, du reste, suffisamment des détails que je viens de donner sur ce point. Outre qu'il me sera facile de démontrer que ces deux vésicules n'existent pas chez l'Actéon (du moins à la position qu'indique M. de Quatrefages pour la première), le cœur s'en distingue si facilement sous tous tes rapports, et surtout ])ar ses connexions, que je comprends diffi- cilement que ce naturaliste ait pu m'attribuer une erreur semblable. Il suffit, en effet, d'a- voir vu une seule fois le cœur d'un Mollusque gastéropode pour qu'on ne se borne pas à reconnaître ces parties par transparence. ■(i) La description que M. de Quatrefages donne de cette cavité buccale et la position qu'elle aurait d'après ses figures, diffèrent encore tellement de ce que j'ai vu moi-même, que je suis très-porté à croire que cette portion du tube digestif a aussi échappé à ses recherches. # f 95 ) culeux, disposés de chaque côté de la ligne médiane en une grappe ayant entièrement l'apparence d'une grappe de raisin (i), L'oviducte unique qui en résulte, après avoir traversé un renflement ovoïde, se continue avec un se- cond oviducte analogue à celui dont j'ai déjà parlé à propos des Éolides, etc., mais offrant un nombre de circonvolutions beaucoup moins considérable. Cette espèce de matrice, après avoir reçu également le canal d'une vésicule (vésicule de la pourpre), s'ouvre du côté droit, dans un sillon qui descend du tubercule de l'anus vers la face inférieure de l'animal. » La partie mâle est également formée de deux parties similaires, situées de chaque côté de la ligne médiane, et ayant une disposition ramifiée. Le canal déférent qui en part, après avoir communiqué avec le premier ovi- ducte, se dirige en avant pour se rendre à l'extrémité de la verge qui, comme je l'ai déjà indiqué, est située du côté droit, à la base du tentacule (2\ » D'après les détails que je viens de donner sur l'organisation des Actéons, détails que mettent en évidence les préparations que je mets sous les yeux de l'Académie, on peut voir que ce genre de Mollus(|ues ressemble fort peu aux descriptions qu'en ont données les divers naturalistes qui s'en sont occupés, ce qui a dû nécessairement induire en erreur sur ses affinités zoologiques (3). (i) Ce sont ces corps vésiculeux que M. de Quatrefages a considérés comme une dépen- dance de son appareil gastro-vasculaire, et qu'il désigne sous le nom de caecums branchiaux; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, ces prétendus cœcunis ne communiquent nullement avec les ramifications de la poche pulmonaire, et n'offrent également, en aucune manière, la dispo- sition que ce naturaliste leur assigne dans ses figures. (2) La partie mâle de l'appareil générateur me paraît être celle que M. de Quatrefages dé- signe en dernier lieu comme l'ovaire [Comptes rendus, t. XIX , p. 191), autant qu'il est pos- sible d'en juger par le seul détail ((u'il donne à ce sujet , en disant que les ovaires pénètrent entre les deux lames des rames respiratrices latérales, et que leurs ramifications se mêlent à celles de l'appareil gastro-vasculaire. Quant aux organes mâles, ce naturaliste se borne à indi- quer leur position dans le corps proprement dit, ce qui suffit cependant pour faire voir qu'il a encore confondu ces organes mâles avec le second oviducte ou la matrice. (3) Les caractères zoologiques de l'Actéon n'ont même été donnés jusqu'à présent que d'une manière fort inexacte. Je dois cependant dire de nouveau que M. Vérany avait parfaitement reconnu ces caractères, et même l'orifice de la poche pulmonaire, bien avant que j'eusse fait l'anatomie de ce Mollusque. M. le professeur AUman a présenté , le 3o septembre dernier, à la section de Zoologie et de Botanique de l'Association britannique, un Mémoire sur l'anatomie de l'Actéon. Voici la seule note que renferme , à ce sujet, le journal X Athenœum du ig oc- tobre : i Maintenant je dirai quelques mots de l'étendue de ce terrain en Italie. Dans la Carte de Sicile, par M. Hoffmann, il est représenté par le grès apennin à fucoïdes, par les conglomérats subordonnés à celui-ci, et par les (i) Conch.foss. siibapen.; tomo I, pag. 17. (99) argiles schisteuses. Dans le pays de Naples, au deçà du Phare, le terrain du macigno est très-rare ; je l'ai observé seulement dans les montagnes de Bovino dans la Gapitanate , avec des fucoïdes tout à fait semblables à ceux du ma- cigno toscan. Je ne saurais indiquer les lieux de l'Etat du pape où ce ter- rain se trouve, à l'exceplion de l'Apennin de Bologne , où il se continue avec celui de Florence. Le macigno de la Toscane , du Modenais et de la Ligurie est si classique, que je me contente seulement de le nommer ici. Il se trouve aussi , et très-distinct , au pied des Alpes de Lombardie , spécialement dans les environs de Gavirate, où il a été examiné par la Section de Géologie du Congrès de Milan; cette localité est très-remarquable, non-seulement par le grand nombre de fucoïdes tout à fait semblables à ceux du macigno de Flo- rence qu'elle contient, mais aussi par d'autres espèces qui attendent d'être déterminées par quelque habile algologue. 2°. Comparaison du terrain crétacé de l'Italie avec celui de la France et de l'Angleterre. " Dans cette partie, l'auteur s'attache à établir qu'on peut distinguer, en Italie, trois gisements de nummulites : i° celles tertiaires du Vicentin , si toutefois elles continuent à rester dans la place qu'elles ont occupée jus- qu'ici ; 2° les nummulites du macigno ; 3° et celles du terrain hippuritique. On peut argumentera priori que leurs espèces doivent être différentes dans ces trois gisements; mais il est désirable que, dans l'intérêt de la science, quelque habile paléontologiste se charge de la tâche de les classer, afin qu'elles puissent servir de jalons pour la distinction des dépôts qui les renferment (i). » Il termine en concluant que les faits qu'il a rapportés tendent à établir : » i". Que la craie septentrionale se lie avec le calcaire nummulitico-hip- puritique du midi de l'Europe, mais jamais avec le macigno qui est supérieur à ce calcaire; ' '.' "' » 2°. Que le calcaire nummulitico-hippuritique de l'Italie représente tout le calcaire crétacé septentrional ; en plus grande partie le grès vert supérieur et inférieur, et seulement dans quelques localités la craie blanche. 3°. Indépendance du terrain du macigno. " Si l'on admet que le calcaire nummulitico-hippuritique méditerranéen est le représentant de toute la craie du nord de l'Europe, et que le macigno est superposé à ce calcaire , on doit admettre aussi que ce terrain forme un (i) Ce travail nous est promis par M. Leymerie, qui en l'exécutant rendra sans doute un grand service à la géologie du midi de l'Europe. (Note de M. Pilla.) C. B., 1845, i" Semest,.-. (T. XX, N" 2-) '4 ( loo ) dépôt spécial et tout à fait distinct du crétacé. Cette distinction est basée sur tous les caractères qui peuvent établir l'indépendance d'un terrain , sur les caractères minéralogiques, sur la superposition et sur les fossiles , comme nous allons le faire remarquer tout à 1 heure. » liC macigno de la Toscane et de la Lignrie , qui est le plus classique, n'a aucune analogie minéralogique avec la craie du nord-ouest de l'Europe. Les roches qui le composent ont des caractères tout particuliers. A cette diffé- rence on doit ajouter un anire accident très-remarquable : le silex, qui pa- raît être une substance presque inséparable de la craie supérieure septentrio- ùale, manque entièrement dans le macigno italien; et, quoique cet accident puisse être considéré en général comme d'une faible valeur, il est d'un grand poids dans ce cas spécial. On n'y a pas trouvé non plus de ces grains verts qu'on rencontre fréquemment dans les grès crétacés du Nord , d'où ils tirent leur nom. " Pour ce qui regarde la superposition , nous avons vu, premièrement, que le macigno doit être considéré comme supérieur à la craie blanche. En se- cond lieu , nous avons fait observer que les différents étages du calcaire num- mulitico-hippuritique , qui sont parallèles aux étages de la craie septen- trionale, se lient insensiblement entre eux, ce qui prouve qu'ils ont été déposés dans la même mer , et avec les mêmes accidents; pendant que le ma- cigno est toujours séparé de ces dépôts par une ligne bien marquée et par des circonstances topographiques diverses, et ne se soude jamais avec eux, indice évident qu'il a été déposé dans une mer différente, et dans des circonstances diverses. Enfin,' si un des principaux caractères de l'indépendance d'une for- mation est sa superposition à des roches d'âges variés, cela se vérifie dans le macigno plus que dans aucun autre terrain , parce qu'on le voit superposé tantôt au calcaire nummulitico-hippuritique (Ligurie), tantôt au calcaire ju- rassique (Toscane) , tantôt enfin à des roches cristallines (île d'Elbe). Et c'est une chose vraiment remarquable qu'en Toscane, où ce terrain est très-déve- loppé, il ne se trouve jamais associé au calcaire nummulitico-hippuritique, tant il est indépendant de celui-ci. » En derpier lieu viennent les fossiles pour confirmer la distinction établie. On n'a jamais trouvé, ni dans le macigno de Toscane, ni dans celui d'aucun autre endroit, que je sache, aucun fossile appartenant au terrain crétacé du nord-ouest de l'Europe. C'est une chose bien connue, que les principaux dé- bris organiques qui caractérisent ce terrain sont les fucoïdes. Or, ceux-ci manquent tout à fait dans le terrain crétacé septentrional ; et, ce qui mérite d'être remarqué , ils manquent aussi dans le calcaire nummulitico-hippuri- tique méridional. Au contraire , les rudisles, qui sont très-abondants dans ce ( loi ) dernier dépôt , peuvent être considérés comme entièrement étrangers au pre- mier, pas un seul individu n'y ayant été trouvé jusqu'ici. On doit en dire autant des actionnelles qui accompagnent habituellement les rudistes. M. d'Orbigny a fait voir que cette dernière famille (en y comprenant les crauies) occupe tous les étages du terrain crétacé de l'Europe. Si donc elle n'a aucune espèce qui la représente dans le macigiio, il faut en conclure que ce dépôt n'appartient pas à l'âge crétacé. Peut-être qu'on pourrait citer les nummulites qui soni communes au macigno et au calcaire qui lui est inférieur, et les ammonites qu'on a retirées du macigno de la Toscane et de la Ligurie ; mais , sans tenir compte de l'extrême rareté de ces fossiles dans le macigno, peut-on affirmer que leurs espèces sont les mêmes que celles qu'on rencontre dans le calcaire nummulitique? Personne ne peut l'assurer (i). » On peut donc conclure : » 1°. Que le macigno a des caractères minéralogiques différents de ceux de la craie ; » 2°. Qu'il est superposé au calcaire nummulitico-hippuritique dont la partie supérieure se lie à la craie blanche du nord de l'Europe ; " 3°. Qu'il ne renferme aucun fossile de la craie septentrionale, mais qu'il contient des fucoïdes , manquant dans celle-ci aussi biep que dans le cal- caire nummulitico-hippuritique méridional. » Tous les faits dont je viens de faire l'exposition me semblent prouver jusqu'à l'évidence que le terrain du macigno est tout à fait indépendant du terrain crétacé, et qu'il en peut être séparé par des caractères d'une plus grande valeur que ceux qui ont seivi pour déterminer la distinction'du terrain carbonifère du dévonien, et de celui-rci du silurien. On doit le considérer comme le dernier dépôt secondaire , tenant sa place entre la craie et les ter- rains tertiaires. Dans la période dans laquelle il se déposait, il était arrivé un changement dans la nature des sédiments par rapport à ceux de la période antérieure (crétacée) ; les uns avaient été entièrement calcaires, les autres en grande partie arénacés. Dans la période du macigno, la famille des rudistes avait cesisé dépeupler les mers du midi de l'Europe , et avec elle étaient dis- (i) Les. nummulites du calcaire crétacé d'Italie sont ordinairement d'une grande taille, et elles ressemblent aux nummulites de Peyrehorade dans les Pyrénées , qu'on voit figurées dans les Éléments de Géologie de l^jtW [Groupe crétacé). De telle nature sont les espèces que j'ai trouvées dans le Gargano , et celles que M. Pareto cite dans le calcaire de Mortola, dans la Ligurie. An contraire, les nummulites qu'on a trouvées jusqu'ici dans le macigno sont beau- coup plus petites. (Note de M. Pilla.) ., , i4-. ( loa ) parues aussi les nérinées et presque la totalité des actionelles ; seulement, ([uelques rares espèces de nummulites et d'ammonites avaient continué leur exis- tence lanjifuissante, pour s'éteindre à la fin de ces dépôts. Ces considérations m'autorisent donc à distinguer le macigno comme un terrain d'un âge parti- culier, et à lui assigner un nom spécial, à cause du grand rôle qu'il joue dans les sédiments de l'Europe méridionale; je propose de le nommer terrain hétru- rien, par le motif qu'il a été reconnu pour la première fois d'une manière clas- sique dans le sol de Toscane. J'achève ces observations sur le macigno , et sur le terrain crétacé d'Italie , en confrontant dans un tableau leurs divi- sions avec celles de la craie septentrionale, et en représentant, dans une figure jointe à mon Mémoire, leur position relative. ZONE SEPTENTRIONAI.K. ZONE MÉRIDIONALE. Terrain hétrurien Alberese. Macigno. Peu distincte. Calcaire à Ostrea Terrain crétacé supérieur.. Craie blanche vesicidaris , Catillus, Belenmites mucronatus, etc. Grès vert supérieur. . . i Glauconie et calcaire nummuli- tique. Terrain crétacé inférieur. .^ Gault Manque, ou bien il est peu distinct. Terrain néocomien. Grès vert nférieur. . . M.: Leboeuf adresse un Mémoire ayant pour titre : Notes sur le Can- chalaguadu Chili (Chironiachilensis, Wilden). Le canchalagua est considéré non-seulement dans son pays natal, mais encore en Espagne, comme un médicament précieux dont l'effet principal paraît être de modifier la composition du sang , de le rendre moins plastique et de contribuer ainsi à faire disparaître certaines congestions sanguines. M. Lebœuf pense qu'elle devrait aussi prendre place dans notre matière mé- dicale, et, à l'appui de cette opinion, il a réuni les témoignages favorables qui se trouvent épars dans divers ouvrages relativement à l'emploi de ce remède, depuis le Mémoire que M. de Pas, médecin de la Faculté de Mont- pellier, adressa en 1707 à l'Académie des Sciences, jusqu'à la dissertation de Ruiz, publiée vers la fin du siècle dernier. ( io3 ; « Depuis l'époque où écrivait cet illustre botaniste , la consommation du canchalagua, dit M. Lebœuf, a augmenté au Pérou et au Chili dans une pro- portion énorme, et, tout en admettant qu'il ait y un peu d'exagération dans les éloges que l'on en fait, il faut reconnaître, je crois, qu'une plante qui, dans la patrie du quinquina, est estimée à l'égal de cette précieuse écorce, mérite bien l'attention de la science. » Comme le canchalagua est rare dans le commerce, M. Lebœuf, afin de faciliter les essais que la lecture de son Mémoire porterait à tenter, adress à l'Académie une caisse contenant 16 kilogrammes de la plante desséchée. (Commissaires, MM. Gaudichaud, Andral, Rayer.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Nouvelle Lettre de M. Desportes sur le coloriage des cartes géologiques au mojen delà lithographie. « Mes observations sur le coloriage des cartes par l'impression lithogra- phique, quoique fort longues, n'ont pas été complètes. Je n'ai été ni ne pouvais être assez clair sur les résultats obtenus par M. Derenémesnil , at- tendu que la carte d'assemblage qui fait le sujet de la discussion n'était pas dans le commerce. L'examen que j'ai pu en faire depuis , m'a convaincu que cet ouvrage présente une exactitude qui le distingue de tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour dans ce genre, et que, sous ce rapport, et quels que soient d'ailleurs les procédés qu'il a employés, M. Derenémesnil mérite les plus grands éloges. C'est une justice que je me plais à lui rendre. » Quant à la question de priorité et d'application des procédés chromo- lithographiques, la Commission prononcera, et je serais heureux de mettre à sa disposition les documents que je possède. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée,) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la détermination du nombre de chiffres de la période, dans la réduction d'une fraction ordinaire en fraction décimale ; par M. Desmakest. (Commissaires, MM. Lamé, Cauchy, Sturm.) M. Desbordeaux qui, dans une précédente séance, avait adressé une Note sur un nouveau procédé pour l'argenture galvanopLnstique de l'argent , annonce aujourd'hui que ce procédé ne réussit pas constamment. Dans des essais faits postérieurement à sa première communication, il a vu que l'ar- gent précipité ne contractait pas toujours avec l'acier une adhérence suffi- sante, et sans qu'il pût se rendre compte de la différence des résultats obte- ( io4 ) nus, autrement qu'en l'atti'ibuant à une différence dans la nature des eaux. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. AIoRTERA prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Com- mission une pompe hydraulique dans la construction de laquelle il croit avoir apporté des améliorations notables. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Seguier.) M. Guérin-Méneville écrit qu'il se propose de publier une seconde édi- tion de son Iconographie du Règne animal, édition dans laquelle, tout en conservant , aussi scrupuleusement que dans la première , le plan tracé par Cuvier, il se propose de faire entrer les principales acquisitions qu'a faites la science depuis l'époque où l'illustre naturaliste a mis la dernière main à son ouvrage. Notre galerie zoologique ne possédant qu'une partie des nouvelles espèces qui devraient figurer dans cette deuxième édition de {'Iconographie, M. Gué- xin a senti la nécessité de visiter les principaux Musées de l'Europe, et il espère que l'Académie voudra bien lui faciliter les moyens de mettre ce projet à exécution. Cette demande est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Duméril, de Blainville, Flourens et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. M. QuiNET et M. AVerdet sollicitent , chacun en particulier, le jugement de l'Académie sur les résultats de leurs recherches concernant les papiers de sûreté. (Commission des encres et papiers de sûreté.) M. Gannal prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte des dif- férents procédés qui lui ont été soumis relativement à Vart des embaume- ments; il rappelle les principales cotiditious dn procédé qui lui est propre , et fait remarquer qu'il y a eu autant de Commissions diveises que de com- munications sur ce sujet. ■L'Académie décide que ces diverses communications seront 1 objet d'un Kapport unique fait par la dernière Commission nommée, Commission qui se compose de MM. Thenard, Boussingault , Dumas, Regoault, Magendie, de Gasparin, Pelouze, et dans laquelle M. Thenard, absent, sera remplacé par M. Serres. ( io5 ) CORRESPONDANCE. M. Seguier dépose un paquet cacheté. ASTRONOMIE. — Comète nouvelle. M. Arago communique à 1 Académie une Lettre circulaire de M. Schumacher , contenant l'annonce de la décou- verte que M. Darrest, jeune astronome de Berlin , a faite d'une nouvelle comète télescopique dans la constellation du Cygne, le 28 décembre der- nier. M. Schumacher envoie en même temps les observations faites à l'Obser- vatoire de Berlin, le jour même de la découverte, ainsi que les observations d'Altona et de Hambourg, du 3 janvier. Pendant ce temps, le ciel est resté constamment couvert à Paris, et la comète n'a pu être observée que le 10 et le 1 1 de ce mois. Voici les positions apparentes qui ont été obtenues à l'équatorial : DATES. 1843. TEMPS MOTEN de Paris. ASCENSIONS DROITES apparentes de la comète. DÉCLINAISONS apparentes de la comète. 10 Janvier. . . 1 1 Janvier. . . 7.25. II 290° 5'3i" 289.39.20 + 4'" 29' 37" + 4i-57. 9 Les astronomes attachés à l'Observatoire se sont hâtés de calculer les élé- ments provisoires de l'orbite parabolique de cette comète. Les observations du 28 décembre i8/i4> du 3 et du 10 janvier i845, non corrigées de la pa- rallaxe et de l'aberration, combinées par la méthode d'Olbers , ont conduit MM. Faye et Goujon aux résultats suivants : DONS TEMPS DU PASSAGE. LONGITCDE LONGITUDE Inclinaison. DISTANCE des observateurs. 184IS. du périhélie. du nœudascend. périhélio. M. Faye. . . . Janv. 8,2112 9I'>2!' 32" 336° 56' 37" 46° 57' 7" 0,90597 M. Goujon.. . Janv. 8, 21 325 gi .21 .i5 336.56. 16 46.54. 10 0,906037 1 Sens du mouvement héliocen trique , direct. ( io6 ) MM. Lacgier et Mauvais sont arrivés, chacun de leur côté, à des résul- tats à peu près identiques. L'observation moyenne du 3 janvier, et celle du II janvier, qui n'a pas servi au calcul des éléments, sont assez bien repré- sentées; les erreurs, exprimées en arc de grand cercle, sont de i5 à i8 se- condes en longitude, et au-dessous de lo secondes en latitude. Ces éléments ont quelque analogie avec ceux de la comète découverte en 1793 par Perny, et que le président Saron calcula dans sa prison quel- ques jours avant sa mort. On sait que Burckhardt a trouvé, pour cette même comète , des éléments elliptiques qui lui assignent une révolution d'environ douze ans et demi; les résultats de ce calcul ont été insérés dans les Jdditions à la Connaissance des Temps de 1820. Cependant, la comète de cette année diffère trop par sa distance périhélie de celle de 1 793, pour qu'il soit possible d'admettre , dès à présent, leur identité. M. Maclear, directeur de l'observatoire du Cap de Bonne-Espérance , écrit qu'il a reçu les éphémérides de la comète découverte à Paris le 7 juillet dernier, et calculées par M. Mauvais pour la partie de l'orbite apparente située dans l'hémisphère austral. Ces éphémérides avaient été transmises par M. Arago à M. le capitaine Beaufort, pour être expédiées à l'Observatoire du Cap de Bonne-Espérance. M. Mann, astronome assistant de l'observatoire du Cap, a retrouvé la comète le 3i octobre, avec la plus grande facilité, à la place même qui lui était assignée , et M. Maclear envoie les positions approximatives obtenues les 27 , 28, 29 et 3o octobre; il annonce qu'il transmettra les positions exactes lors- que les étoiles de comparaison auront pu être observées aux instruments méridiens. MÉTÉOROLOGIE.— Extrait d'une Lettre de M. Coulvier-Giiavier k M. Arago sur une aurore boréale. « Je vous remets ci-joint un extrait de mon journal météorologique de la nuit du 29 au 3o décembre i844- » Le 29, à 8 heures du soir, le ciel ayant offert quelques éclaircies, je re- connus à l'instant qu'il existait une aurore boréale. Seulement , on n'en voyait que le sommet. L'arc allait de n de la grande Ourse jusqu'à la Lyre. Les rayons qui, par intervalles, s'apercevaient assez distinctement, s'élevaient jusqu'au Dragon. >' A 9 heures et quelques minutes il n'y avait presque plus rien de visible. Une étoile filante du sud quart sud-est, passa par-dessus un des rayons de cette aurore boréale. » ( I07 ) CHIMIE. — Mémoire sur la fermentation saccharine ou glucosique ; par M. BOUCHARDAT. « Fourcroy avait admis, à l'exemple de quelques anciens chimistes, l'exis- tence d'une fermentation saccharine; mais les faits qui s'y rattachent ne prirent de l'importance qu'après les expériences de Rirchoff sur la transfor- mation de l'amidon, celles de M. Dnbrunfault sur l'orge germée , et enfin les beaux travaux de M. Payen sur la diastase. » Si nous rangeons parmi les fermentations glucosiques toutesles réactions qui donnent naissance à du glucose par la transformation ou le dédoublement d'une matière organique sous l'influence d'une matière azotée, agissant en pro- portion infiniment petite à la manière des ferments, il faudra y comprendre non-seulement la conversion de l'amidon en dexirine et glucose sous l'influence de la diastase, mais encore la production du glucose sous l'influence de la synaptase, de l'aniygdaline, ou de lasalycine, de la phorizine, dont j'ai traité dans un précédent travail, et il est très-probable qu'il est encore bien des conditions analogues où le glucose prend naissance. » Dans ce Mémoire, je ne m'occuperai que de la réaction delà diastase ou auti'es principes excitateurs sur l'amidon. Outre que ces recherches se trou- vent dans le plan général d'expéi'iences que j'ai entreprises sur les fermen- tations, elles m'intéressent encore parce qu'elles sont intimement liées aux questions qui se rattachent , soit à la digestion normale des substances fécu- lantes dont je me suis occupé avec M. Sandras, soit à une condition de la plus haute importance dans l'étude de la glucosurie, maladie qui est pour moi un objet constant d'étude. » Je vais traiter spécialement deux questions principales que voici : » 1°. Déterminer l'action de substances diverses qui peuvent agir sur la gelée d'amidon à la manière de la diastase ; » 2°. Rechercher quelles sont les matières qui peuvent s'opposer à l'action de la diastase sur l'amidon , et déduire les conséquences théoriques qui dé- coulent de ces faits. » i". Des principes qui peuvent jouer le rôle de diastase. — La diastase est sans contredit la substance qui a l'action la plus énergique sur la gelée d'amidon , mais cette matière n'est point la seule qui transforme l'amidon en dextrine et en glucose. Kirchoff a montré, il y a bien longtemps, que le gluten possédait aussi cette propriété. Dans un Mémoire imprimé en i832, j'ai éga- C. U., 1845, I" Semestre. (T. XX, N» 8.) ^^ .. ( io8 ) lement démontré l'activité de plusieurs autres substances; je vais commencer par rapporter un passage de ce Mémoire , qui n'a été connu d'aucun des auteurs qui depuis ont écrit sur ce sujet. Ce passage montrera que j'étais alors bien près de la vérité sur la nature du ferment de la transformation sac- charine. « Dans l'orge germée, il est évident que c'est la glutine (gélatine véoé- " taie) et l'albumine qui agissent là comme agents excitants à la transfor- ') mation saccharine , comme véritables ferments. Mais nous avons vu que » la glutine isolément ne produisait aucune transformation , que l'albumine » végétale était infiniment moins énergique que l'orge germée; qu'un mé- » lange de ces deux principes, le gluten brut, n'avait pas une action beau- » coup plus prononcée que ces deux corps isolément ; il faut donc convenir >' que la cause de l'action réside dans le mode d'altération de ces substances. » Cette manière de voir pourra être considérée comme l'expression de la 11 vérité, lorsque nous montrerons que ces deux mêmes principes, dans des >' états différents , sont encore les agents de la fermentation alcoolique et de " la fermentation acide. La nature est simple dans ses moyens, immense ' dans ses résultats. » Lorsqu'un grain d'orge est placé dans les circonstances convenables " d'humidité et de température, l'albumine et le gluten conlenus dans l'albu- » nien absorbent l'oxygène , foiment des acides carbonique etlactique , réagis- » sent sur la fécule qui est placée à côté d'elles comme sujet de destruction; " caria fécule soluble et le sucre sont des principes moins élevés dans l'échelle ■ d'organisation que la fécule solide. T/embryon trouve de la nourriture pré- ' parée; il s'assimile ces parties devenues liquides, il imprime à la désor- >' ganisation la marche lapins propice à son accroissement. Sous son influence, " l'albumine et la glutine ne .s'altèrent que pour devenir agents de saecharifi- " cation; il les vendjerinenls saccharins. Ce petit embiyou imprime à cette " décomposition un mouvement que les efforts des chimistes voudraient en •' vain lui donner. >> On voit donc que le phénomène principal de la germination de l'orge » est la fermentation saccharine, et que, dans cette circonstance, la glutine " et l'albumine végétale altérées deviennent de vrais ferments de saccha- " rijication. n » Je vais, dans le tableau suivant , examiner Y action de diverses substances sur la gelée d'amidon. Plusieurs résultats d'expériences, sur lesquelles je m'appnie, sont extraits du Mémoire que j'ai cité; d'autres sont nouveaux. .le ( 109 ) les ai tous contrôlés dernièrement. Chacun des flacons contenait lo p rammes d'amidon sec, et loo grammes d'eau, amenés par la cuisson en consistance de gelée. Dans la plupart des expériences, j'ai ajouté une quantité de sub- stances fraîches représentant i gramme de la même matière privée d'eau. DESIGNATIOM (les substances. Ligneux pur Hordéine Gluline Albumine végétale fraîche Albumine végétale sèche Gluten brut frais Gluten brut SPC en poudre Blanc d'œuf. Gélatine Fibrine Chair putréfiée Gluten putréfié Ferment de la bière Orge germée Embryon d'orge germée Albumen d'orge germée Orge putréfiée Diastase Suc gastrique d'un chien Liquide intestinal d'un chien. Membr.derestfimaed'un ch'en Membrane de l'intestin grêle d'un chien Membrane interne du gésier d'un pigeon Membrane interne do l'intestin grêle d'un pigeon &ÉSULTAT après une demi-heure d'action à 'fO degrés centigrades. Aucun changement Id Fluldincation h peine sensible. . . Teinte opaline; pas de change- ment de consistance Commencement de liquéfaciion. Fluidification à peine sensible.., Fluidification manifeste Aucun changement Id Jd Liquéfaction très-notable Fluidificaiion presque complète Id Fliiidificatinn complète Presque rien. Fluidification complète Fluidification incomplète Fluidification complète Aucun effet Id Id Id Fluidification légère Fluidification manifeste RESULTAT après vingt quatre heures d'action. Presque rien Id Liqueur visqueuse Fluidification & peine sensible Liquéfaction Liqueur visqueuse Liquéfaction complète Liqueur visqueuse. Id Id Liquéfaction complète Id Id Fluidification complète Liqueur visqueuse Fluidification complète Liqueur visqueuse Fluidification complète Presque rien Id Id Id Liquéfaeti n partielle Liquéfaciion plus noi.ible QUANTITÉ de glucose obtenue. G o o,3i o 0,39 0.97 traces. Id. Id. 0,,')J 0,82 1 ,02 3,78 0 3,7-. 0,43 Non déterm Id. Id. Id. Id. Id. Id. » Existe-t-il dans tous les corps actifs dont je viens de décrire les effets un principe unique en proportion variable, identique à la diastase, ou bien plusieurs matières peuvent-elles jouer le même rôle que la diastase à un de- i5.. (i,o) gré successivement déci'oissant? Cette dernière supposition me paraît la plus vraisemblable, car j'ai appliqué à plusieurs substances ci-dessus désignées le procédé donné par M. Payen pour extraire la diastase, et je n'ai pu appro- cher en aucune manière de l'activité dissolvante de cette substance si remar- quable. >• 2°. Des substances qui peuvent s'opposer à la réaction de la diastase sur l'amidon. — La solutiondecettequestion m'avait déjà occupé il y a neuf ans; les recherches que j'ai faites pour la résoudre sont consignées dans un Mé- moire que j'ai déposée la Société de Pharmacie en janvier i836 et qui n'a point été publié. Cette étude était intimement liée à mes recherches sur la glucosurie, j'ai dû la reprendre avec la plus grande attention. » Pour m'éclairer par la comparaison, j'ai réuni dans le tableau qui va suivre les faits qui se rapportent à l'action retard rice des substances diverses, soit sur la transformation de l'amidon en sucre sous l'influence de la dias- tase, soit sur les fermentations benzoïque, salygénique, phorétinique et alcoolique. Les expériences sur lesquelles je m'appuie sont détaillées soit dans mon Mémoire de i836, soit dans le travail de M. Quevenne sur la fer- mentation alcoolique, soit dans le Mémoire que j'ai lu à l'Académie des Sciences le a^ septembre i844; toutes ont été répétées en dernier lieu. ( "• ) Action comparée des poisons et substances diverses sur la marche des fermentations glucosique benzoïque, salygénique, alcoolique (i pour loo de chaque poison). DESIGNATION des substances. FERMEMTATIOM glucosique. Brome Fer Magnésie Ctiaux Ammoniaque liquide.. Carbonate d'ammoniaq Soude caustique Bicarbonate de soude. . Acide sulTurique Acide nitrique Acide chlorhydrique. . . Acide acétique Acide formique Acide cyanhydrique. . . Acide oxalique Acide tartrique Acide lanique lodure de potassium.. Nitrate d'argent BicJiIorure de mercure.. Protochlorure de mercur. Oxyde rouge do mercure. Cyanure de mercure. . . . Sulfate de cuivre Sulfate de zinc Sulfate de fer Sulfate de soude Sulfate de magnésie. . . . Acétate de plomb Alun .Sulfate de quinine Sulfate de morphine. . . . Essence de térébenthine. Essence de citrons Essence d'anis Essence de girofles Essence de moutarde... Créosote Éther Émctique Acide srsénieux Arscniale de soude Action annulée Ne ralentit pas Action trèsralentie. . ._ Action plus ralentie.... Action ralentie Id Action annulée Action un peu ralentie. . Action annulée Id Id Ne ralentit pas Id Id Action annulée Id Action entravée Action peu ralentie Action annulée Id Action peu entravée. . . . Id Id Action entravée Action peu entravée. . . . Id Action très-peu ralentie. Id Action peu entravée . . . . Action presque anéantie. Ne ralentit pas Id Id... Id Id Id Id Id Id Id Action peu entravée.. . . Action très-peu entravée. FERMENTATION benzoïque. Non observé Id Action ralentie. .. . Action entravée. . . . Action ralentie Id Action annulée... . Aucun effet Action annulée.. . . Action entravée.. . . Id Ne ralentit pas Id Id Action entravée... Action peuralentie. Non observé Ne ralentit pas Non observé Id Id Id Ne ralentit pas. ... Action peu ralentie Id Id Ne ralentit pas.. .. Id Non observe Id Ne ralentit pas Id , Id Id Id Id , Id Id Id Id Id Id FERMENTATION salygénique. Non observé Id Action peuralentie. Id Id Id Action ralentie... . Aucun effet Action ralentie. ... Id Id Ne ralentit pas. . .. Id Id Id Id Non observé Ne ralentit pas Non observé. Id . . Id.... _ .... Id..... Ne ralentit pas. .. . Id Id Id Id Id Non observé; Id Ne ralentit pas...i Id Id Id Id Id Id Id Id Id: Id Id FERMENTATION alcoolique. Action annulée. Ne ralentit pas. Action ralentie. Id. Id. Id. Id. Id. Action entravée. Action annulée. Id. Ne ralentit pas. Non observé. Action ralentie. Action annulée. Action ralentie. Ne se ralentit pas. Action ralentie. Action cniravco. Action annulée. Action ralentie. Action annulée. Id. Action ralentie. Id. Id. Action peu ralentie Id. Id. Action entravée. Ne ralentit pas. Id. Action annulée. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Action peu ralentie . Id. Id. f lia ) » Si nous nous arrêtons un instant sur les résultais compris dans ce ta- bleau, rions voyons que les poisons ont une influence à peu près semblable sur toutes les fermentations qui donnent naissance au glucose ; nous obser- vons seulement que plusieurs substances, telles que les acides, les alcalis fixes, qui anéantissent la fermentation glucosiqiie, ne font qu'entraver ou ralentir la fermentation benzoïque et salygéniqne. >• Je déduirai plus tard des conséquences pratiques de ces faits. Les acides acétique et formique ne s'opposent nullement à la transformation glucosique. » Ce que le tableau présente de plus saillant, ce sont les différences con- sidérables que nous offrent plusieurs poisons sur la fermentation alcoolique et sur les trois autres fermentations dont nous nous sommes occupé. Ainsi nous voyons l'acide çyanhydrique, les sels mercuriels, Tétlier sulfurique, la créo- sote, les essences de térébenthine, de citrons, de girofle, de moutarde, anéantir [complètement la fermentation alcoolique , et ne s'opposer nulle- ment aux fermentations glucosique, salygénique et benzoïque. >• Ces faits ne nous conduisent-ils pas à admettre que la fermentation al- coolique diffère complètement, sous un rapport important, des autres fer- mentations dont nous nous sommes occupé. La fermentation alcoolique est intimement liée à la vie des globules (i). 1) .l'ai observé quelques globules d'une grande ténuité comme produit ac- cidentel de la fermentation glucosique; mais ces globules ne sont point néces- saires à l'action ; ils ne partagent en aucune façon l'énergique propriété de la diastase, et la transformation de l'amidon en sucre peut s'effectuer sans qu'ils prennent naissance. Les fermentations glucosique, salygénique, benzoïque, sont indépendantes de cette circonstance. » ICHTIIYOLOGIE. — Influence de l'hydrogène .sulfuré sur les poissons. (Note de M. Blanchet, de Lausanne.) ic Avant i83o, les eaux du port de Marseilh; étaient assez pures, on y pé- chait une quantité de poissons, le Lahrax lupus et d'autres espèces du genre Mugil. Il y a quelques années, tous ces poissons périrent instantané- ment. On les vit flotter asphyxiés à la surface de l'eau, et en même temps (i) Quelques personnes, étrangères aux études de toxicologie comparée, pourraient ne voir que des poisons peu énergiques dans les huiles essentielles; je rappellerai seulement ici que ces substances agissent avec plus^de puissance que l'acide çyanhydrique lui-même sur les animaux et les plantes qui vivent dans l'eau. ( '13) une odeur d'hydro(»èae sulfuré apparut. Elle s'est conservée dès lors et frappe toutes les personnes qui arrivent sur les quais. Les mêmes espèces de pois- sons ne se retrouvent à présent que dans la baie, à l'entrée du port, à l'en- droit où les eaux sont renouvelées par le voisinage de la mer, » Provenance des sulfures. — Depuis nombre d'années on fait des quantités considérables de savon dans les environs de la ville; les eaux de lessivatiou contenant beaucoup de sulfates se sont infiltrées entre les couches et ont fini par faire irruption dans le port; là les sulfates en contact avec les sub- stances organiques en décomposition se transforment en hydrogène sulfuré qui se dissout d'abord dans l'eau, puis passe dans l'air; voilà la cause probable de la présence de l'hydrogène sulfuré dans le port. » Tous les poissons fossiles (jue j'ai observés dans la Provence sont couchés sur le flanc et ne sont pas aplatis verticalement ; ainsi , à Aix , le Siuerdis mi- nuta, Ag. , le Sphenolepis squarninosus , A^j.., et surtout le Lebias ceplia- lodes , Ag. ,dont on trouve souvent une cinquantaine d'individus sur une surface de l'y centimètres; à Bouieux, le Smerdis macrurus j Ag., tous ces poissons venaient donc de mourir, au moment où ils ont été surpris par le corps qui les a mis à l'abri de la putréfaction et leur a permis ainsi d'être pé- trifiés. " J'ai vu plusieurs centaines de ces poissons, mais aucun n'est comprimé verticalement , comme s'il eût été pris vivant ; il en est de même des échantil- lons d'Œningen et de Solenhofen. >i Quelle a été la cause de la mort de ces animaux ? » Nous fei'ons observer que les feuillets calcaires dans lesquels ou trouve les poissons d'Aix reposent immédiatement sur un banc de gypse (sulfate de chaux) qui a i mètre d'épaisseur. Les poissons et le gypse sont fort rares dans les autres couches de cette formation. A Bonieux, le calcaire marneux qui renferme les fossiles est fortement chai'gé d'hydrogène sulfuré, comme la plupart des poissons fossiles d'OEningen et de Solenhofen qui se trouvent dans le calcaire puant. » Devons-nous attribuer à l'hydrogène sulfuré la mort de ces poissons? " Sans pouvoir répondre d'une manière bien positive à cet égard, nous pensons qu'il y a une certaine probabilité en faveur de cette hypothèse et que de nouvelles recherches doivent être faites sur ce sujet. '^^ " '' >' Le Créateur a répandu à la surface de la terre un ensemble d'êties vivants, de telle manière que les débris organiques de ces êtres sont utilisés par une fraction de l'ensemble, et que les parties élémentaires d'une généra- lion tou missent les éléments d'une génération nouvelle. Les parties terreuses • ( >i4) des animaux, les coquillages, les ossements, les dents, résistent plus long- temps à cette action desti'uctive; mais toute la partie charnue est désagrégée et disparaît au bout de peu de jours. » Si nous trouvons , comme à Aix, un ensemble d'êtres, des poissons car- nassiers, des poissons blancs, des coléoptères, des mouches, et que ces fos- siles soient conservés de manière à nous prouver que leurs parties charnues n'ont pas été désagrégées, nous devons penser que l'équilibre général a été un moment rompu, et que la cause qui a détruit une partie des êtres a aussi agi sur ceux dont ils devenaient la pâture. » L'analogie du fait arrivée Marseille, la présence de l'hydrogène sulfuré dans les roches, la position des poissons, toutes ces choses nous porteraient à attribuer la mort des poissons fossiles, dont nous avons eu occasion de par- ler, à une cause analogue à celle qui a agi à Marseille. « Dans les molasses suisses , il est bien rare de trouver des fossiles entiers ; les débris organiques de la période tertiaire sont des dents, des fragments de mâchoire, d'os, de carapaces de tortues, mais il n'est pas arrivé à notre connaissance que l'on ait rencontré des animaux qui auraient été surpris avec leur chair; ce qui nous fait supposer que les corps morts sont devenus la proie des êtres qui vivaient en société avec eux. Il paraîtrait donc , d'après ce que nous connaissons de notre bassin tertiaire, qu'il n'est par survenu, comme dans celui de la Provence, un accident brusque capable de troubler l'harmonie qui y régnait. " Mon ami M. le professeur Agassiz, auquel j'ai communiqué cette Note, m'a fait connaître une autre cause de mort subite des poissons , c'est un abais- sement subit et considérable de température. Ce fait a été observé dans la Glatt, petite rivière près de Zurich : à la suite d'une température très-froide, tous les poissons sont morts. C'est probablement un phénomène analogue qui a été la cause de la mort instantanée des animaux que l'on trouve enseveUs dans les glaces boréales. » Il est du plus haut intérêt de connaître les diverses causes qui ont modifié instantanément l'équilibre de notre terre et ont permis ainsi aux débris organiques de toutes les périodes d'arriver jusqu'à nous. » M. BoKJEAiv adresse une Note qui fait suite à sa précédente communication touchant les accidents survenus à divers membres d'une même famille, par suite de l'usage d'un pain contenant du seigle ergoté. « L'enfant de dix ans qui avait subi l'amputation, le r5 octobre dernier, est mort dans la nuit du ig au 20 novembre, d'une méningite cérébrale, L'au- ( ii5) topsie a été faite par M. le docteur Pétrequin , chirurgien en chef de l'Hôtel- Dieu de I^yon, qui en fait connaître lesrésuhats dans les termes suivants : » Cerveau sain; veines des méninges injectées très-fortement; méninges saines. Une cuillerée à café d'une sérosité rosée dans chaque ventricule céré- bral. Le poumon droit est passé au troisième degré de la pneumonie dans les deux tiers inférieurs, et au deuxième degré dans le reste de son étendue. La partie antérieure et superficielle de ce poumon présente un seul abcès , capable de loger un œuf de poule. Le poumon gauche offre le premier degré de la pneumonie ; il est très-fortement ingestionné. Pas de tubercules, pas de petits abcès. » Le foie est aussi sain que possible. » Les veines qui reviennent des moignons sont saines, disséquées jusque dans l'abdomen, et ne présentent pas de traces de résorption. Les artères sont oblitérées, converties en un cordon fibreux dans l'étendue de 3 centimètres, à partir des moignons ; examinées avec le plus grand soin , elles ne présen- tent aucune altération. Les nerfs sont épaissis dans l'étendue de quelques millimètres vers leur extrémité coupée; ils paraissent sains. ^ » L'enfant de vingt-huit mois, dont la jambe droite s'est détachée d'elle- même, à la suite de la gangrène, se porte à merveille; sa plaie paraît devoir être bientôt entièrement cicatrisée. » M. Bacdrimont écrit qu'il continue les recherches relatives au moyen d'exé- cution des machines chronométriques , dont il a fait le sujet d'une communi- cation à l'Académie, dans l'avant-dernière séance; mais que, les remarques présentées à l'occasion de sa Lettre par M. Poncelet lui imposant le devoir de prendre connaissance des appareils qui ont été déjà construits dans le même but , il désirerait que ce savant voulût bien lui faire savoir où se trouve la description des deux machines mentionnées dans le Compte rendu Ae la séance du 6 janvier 1845. « J'ose espérer, dit en terminant l'auteur de la Lettre, que M. Poncelet voudra bien se rendre à ma prière,... car il serait pénible pour moi de perdre mon temps à chercher des choses parfaitement connues , et peut-être même inférieures à celles dont il a été fait mention dans la communication que je viens de rappeler. » « M. Poncelet répond qu'en citant, dans sa précédente réclamation, sts propres Leçons, ainsi que les travaux bien connus de MM. Morin et Wer- theim, entrepris à l'aide d'appareils chronométriques à style, il pensait avoir rais M. Baudrimont sur la voie de plus amples renseignements; qu'au reste, C. R., 1845, i" Semestre. ( T. XX , N» 2.) ' ^ -'f^ (it6) il est prêt à fournir verbalement toutes les indications relatives à une matière qui l'occupe depuis plus de vingt ans, dont il n'a fait mystère à personne, et qui a pour point de départ les ingénieuses et anciennes combinaisons de Mattei, de Grosbert, de Beaufoys, de Watt et d'Eytelvi^ein ; qu'enfin, dans l'impossibilité où il est de publier, dès à présent, le texte de ses Leçons, il se borne à renvoyer aux Mémoires de M. Morin (Recueil des Savants étran- gers de l'Académie, années i833 et i835), à la Description des appareils chronométriques àstjrle, par le même (page 549 de l'ouvrage intitulé: Con- grès scientifique de France, Metz, i838); à d'autres Notices sur divers appa- reils djnamométriques, dont la deuxième édition a paru chez Mathias, li- braire à Paris [i%l^\) , et aux Recherches sur l'élasticité , présentées en 1842 et 1843, par M. Wertheim, à l'Académie des Sciences, dont il a reçu l'appro- bation [Annales de Chimie et de Physique, tome XII, i844)- " M. Trebolf écrit, relativement à une circonstance qui, suivant lui, rendrait difficile la séparation de l'écorce de chêne quand ou dépouille les branches de ces arbres pour la fabrication du tan. M. Jobard adresse, de Bruxelles, un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. t , La séance est levée à 5 heures. F. ERRATA. (Séance du 6 janvier i845.) Page 65 , lignes 6 et 7 , au lieu de Musée botanique de M. Delessert. Notices sur les collections de plantes et sur la bibliothèque qui les compose , lisez Notices sur les collections de plantes et la bibliothèque qui le composent; contenant, en outre, des documents sur les prin- cipaux herbiers de l'Europe et l'exposé des voyages entrepris dans l'intérêt de la botanique ; par M. A. L&siGUE. (i'7) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences; i" semestre i845; n" i"; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, AraGO, Che- VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault efREGNAULT; 3* série, tome XIIÏ, janvier i845; in-8°. , Annales de la Chirurgie française et étrangère; décembre i844j in-S". Annales maritimes et coloniales; décembre i844> in-8°. Nouvelles Annales des Voyages; novembre i844; ÏQ-SVf • v,,,, Les Steppes de la mer Caspienne , le Caucase , la Crimée et la Russie méridio- nale ; voyage pittoresque , historique et scientifique ; par M. X. Hommaire de Hell; io°-i4'' livr.; in-8°, avec une livr. de planch. ia-4° et une carte grand aigle. Exposition des attributs du Système nerveux, réfutation de la doctrine de Ch. Bell, et explication des phénomènesde la Paralysie; par M. Castel ; 2*édit. Paris, i845; in-8°. Patria. . . Essai sur la Météorologie et la Géographie botanique de la France; par M. Martins; in-12. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon. — Séances publi- ques des il\ août 1842, 1% janvier et a4 août i843, et -i^ janvier i844 > 3 broch. in-8°. Tjpes de chaque famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; exposition détaillée et complète de leurs caractères et de l'Em- bryologie ; par M. PlÉE; i4* livr. ; in-4*'. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n^ 89; in-8". Bulletin de la Société polytechnique , Revue des sciences exactes, de leurs applications et de leur enseignement, etc.; par M. AuG. BluM; tome P"", n° i*''; janvier i845; in-B". Collection de Tableaux polytechniques ; Bésumé de Chimie; par M. Dézé; 3* partie. ^f ■- Le Correspondant, recueil périodique ; tome IX , 3'' année, i""^ livr. ; in-S". Annales de la Société royale d' Horticulture de Paris; décembre 1 844 • iu-8". Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; janvier i845; in-S". ( m8) Journal de Pharmacie et de Chimie; janvier i845; in-8°. Seizième Lettre à M. Mathieu Bonnafous, sur la culture du Mûrier et sur l'éducation des Fers à Soie dans le département de i Aveyron ; par M. Amans Carrier ; i feuille in-8°. Journal de Médecine; janvier i845; in-8°. Tm Clinique vétérinaire ; janvier i845 ; in-8". Examen de la Phrénologie ; par M. Flourens. — Examen critique de cet Examen; par M. Marc d'Espine. (Tiré de la Bibliothèque universelle de Genève, novembre i844-) ln-8°. Mémoire sur la famille des Primulacées; par M. DuBY. Genève, i844; in-4*'. Bulletin du Musée de l'Industrie; par M. Jobard ; 3" livraison de i844- Bruxelles; in-8°. Flora batava; i34* et 135* livr. ; in-4'*. Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 523; in-4<'. Natuurkundige . . . Mémoires d'Histoire naturelle, publiés par la Société hol- landaise des Sciences de Harlem; 2" série , tome III ; fascicule i " ; Harlem, 1 844 ; in-4°. Gazette médicale de Paris; tome XIII, 184 5; n° 2; in-4''- Gazette des Hôpitaux; n°' 2-4- L'Echo du Monde savant; n" 52. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 JANVIER 1845. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMONT. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur diverses conséquences du théorème relatif aux valeurs mojennes des fonctions ^ par M. Augustin Cauchy. « Considérons d'abord une fonction d'une seule variable x, et supposons qu'en attribuant au module de cette variable une valeur déterminée, on prenne successivement pour argument les divers multiples d'un arc repré- senté par le rapport de la circonférence à un nombre entier n. Aux n valeurs distinctes de la variable a?, ainsi obtenues, correspondront n valeurs de la fonction elle-même, et la moyenne arithmétique entre ces dernières conver- gera, pour des valeurs croissantes de n, vers une limite représentée par une certaine intégrale définie. Cette limite est la valeur rnojenne de la fonction , pour le module donné de la variable x. « Cela posé, le théorème relatif aux valeurs moyennes des fonctions d'une seule variable peut s'énoncer comme il suit : Il i" Théorème. Si une fonction de la variable x reste, avec sa dérivée, fonction continue du module et de l'argument de la variable, pour toute valeur de ce module comprise entre deux limites données, la valeur C. R., 1845, i" Semestre. {T. XX, N" 3.) I 7 *t*r ^ ( I20 ) moyenne de la fonction sera, entre ces limites, indépendante de la valeur /' attribuée au module de la variable, » Il y a plus : en s'appuyant sur la théorie des intégrales singulières, on prouvera aisément qu'on peut étendre le i" théorème au cas même où la ^ fonction dérivée devient infinie ou discontinue pour certaines valeurs de la variable et pour des valeurs du module comprises entre les deux limites don- nées. A la vérité, pour l'exactitude de la démonstration, il convient de sup- poser que le nombre de ces valeurs reste fini. Mais cctle dernière condition se trouve généralement remplie; et, d'ailleurs, pour prévenir toute objec- tion , nous supposerons que dans les théorèmes suivants, il s'agit uniquement de fonctions dont les dérivées ne deviennent pas infinies ou discontinues pour 0 une infinité de valeurs de la variable x. » En ayant égard à la remarque précédente , et observant qu'une fonc- tion continue de la variable x est tout simplement une fonction continue du module et de l'argument de cette variable, on déduira généralement du i*"" théorème, la proposition relative au développement des fonctions, sui- vaut les puissances entières des variables, c'est-à-dire un second théorème dont voici l'énoncé : / » i" Théorème. Si une fonction de la variable x reste continue entre cer- taines limites du module de cette variable, elle sera, entre ces limites, gé- néralement développable en une série convergente ordonnée suivant les puissances entières de x. » Il importede rappeler ici que le terme indépendant de la variable x, dans le développement d'une fonction de cette variable, sera, comme je l'ai remarqué dans la séance du 23 juillet i843, la valeur moyenne de la fonc- tion, correspondante à un module de x pour lequel le développement peut ''^ s'effectuer. Pareillement, le coefficient d'une puissance entière, positive ou ^ négative de X , dans le même développement , sera la moyenne du quotient qu'on obtient eft divisant la fonction par cette puissance. On peut donc énoncer encore la proposition suivante : » 3* Théorème. Si une fonction de la variable x reste^ continue entre certaines limites du module de cette variable, elle sera entre ces limites gé- néralement développable en une série convergente, dont chaque terme sera le produit d'une puissance entière positive, nulle ou négative, de x, par la valeur moyenne du rapport de la fonction à la même puissance, cette valeur moyenne étant calculée pour un module de x compris entre les limites données. y> ( '^« ) ' » 11 suit du théorème précédent que la valeur générale d'une fonction de 3C, qui demeure continue entre deux limites données du module de la variable x , est complètement déterminée quand on connaît la valeur parti- culière que prend cette même fonction pour une valeur particulière du mo- dule de X, l'argument de x restant d'ailleurs arbitraire. Donc, par suite, deux fonctions de .r qui resteront continues entre deux limites données du module de or, seront constamment égales entre elles, si elles deviennent égales pour une valeur particulière de ce module comprise entre les limites dont il s'agit. D'ailleurs, rien n'empêchera de supposer que la seconde des deux fonctions se réduit à zéro. Dans tous les cas, on se trouvera immédiatement conduit, par l'observation c{u'on vient de faire, à un nouveau théorème dont voici l'énoncé : >! 4" Théoièine. Une équation dont les deux membres sont des fonctions de la variable ,r, qui restent continues entre deux limites données du mo- dule de cette variable, se vérifiera toujours entre ces limites, si elle se vé- rifie pour une seule valeur du module comprise entre les limites dont il s'agit. » Ce dernier théorème a des rapports intimes avec une proposition de M. Gellerier, rappelée dans la séance du 29 janvier 1844? ^t relative à une fonction de x qui s'évanouit pour toutes les valeurs réelles de la variable. J'ajouterai que l'auteur m'a dit un jour être parvenu à rendre son théorème plus général en considérant, je crois, le cas où la fonction de x s'évanouit, non pour toutes les valeurs réelles de a:, mais seulement pour celles qui ne dépassent pas certaines limites. !) Observons maintenant que les divers théorèmes ci-dessus énoncés peu- vent être facilement étendus au cas où il s'agit de fonctions de plusieurs va- riables X , j", z,. . . . Alors on obtient, par exemple, à la place du 4" théo- rème, la proposition suivante : >' 5* Théorème. Une équation dont les deux membres sont des fonctions de JT , j", z, . . . , qui restent continues entre des limites données des modules de a:, j", z, . . . , se vérifiera toujours, entre ces limites , si elle se vérifie pour un seul système de valeurs particulières de ces mêmes modules, comprises entre les limites dont il s'agit, » Observons encore que le second membre de l'équation mentionnée dans le 5* théorème pourrait être la somme d'une série convergente; et qu'une telle série restera effectivement fonction continue de x, ^, z,... pour tous les modules de a', ^, z,, . . compris entre certaines limites, si, 17.. ( 122 ) pour de tels modules, la série, toujours couvergenle, se compose de termes dont chacun soit représenté par une fonction continue de x, y^ z. . . . ahaltse. >' Soit X re'"-' une variable imafjinaire dont r représente le module, et^ l'argument. Soit, de plus , zs icc) une fonction de cette variable qui reste , avec sa dérivée , fonction continue de x^ c'est-à-dire fonction continue de r et de /), entre deux limites données du module de r, savoir, depuis r = Tq jusqu'à /■ = R. Ija fonction H (r) de r, déterminée par l'équation (i) n(r)=^^^£^r,{x)di>, ■■ sera ce que nous appelons la valeur moyenne de la fonction rs (x); et cette valeur moyenne restera la même pour toutes les valeurs de r comprises entre les limites r,,, R \yoir la 9* livraison des Exercices d'Analyse et de Physique mathématique^ ; de sorte qu'en supposant Tq < r < R, on aura W n(/o) = n(r)=n(H). Si, pour abréger, l'on pose q désignant un nouvel argument que nous substituerons à l'argument /j, la formule (i) entraînera les suivantes : n(R) = ^jr"^^(2)./.y; et, par suite, l'équation n(R) = n(ro) pourra être présentée sous la forme (3) ^^fy{z)dq^^fy{y)dq. ( ia3 ) » Concevons maintenant que i on prenne Î3r( Z) := Z > i(x) désignant une fonction de x qui reste, avec sa dérivée, continue par rapport à x, depuis la limite r = r^ jusqu'à la limite r = R. L'équation (3) donnera D'ailleurs le module a de x étant, par hypothèse, supérieur au module r,, de j^ mais inférieur au module R de z, on aura (S) 3r^=-J-^~'-7'-^"'--" ^* et l'on en conclura — / — — dq = 0. — j dq = I . Donc l'équation (4) pourra être réduite à De cette dernière formule, jointe aux équations (5), on tire immédiatement (7) f(j?) = . . . A_aX-'' + A_,a.--'4- Ao+ A,.r+ k^x"^ + . . ., la valeur de A„ étant déterminée, pour une valeur nulle ou positive de «, par la formule t/— TT et, pour une valeur négative de 7i, par la fornuile (9) A„ = ^£^j-"f(j)r/ puis, en étendant ces mêmes théorèmes au cas où l'on considère plusieurs variables, on établit sans difficulté des propositions analogues entre lesquelles on doit distinguer le théorème 5. » En terminant cette Note, j'observerai qu'on peut aisément déduire de la formule (8) ou (g) une limite supérieure au module de A„, c'est-à-dire au module du coefficient de x" dans le développement de f (x). >' En effet, soient 3" et 2. les plus grands modules que puissent acquérir les fonctions 'f(j)=:f(/Ve'^~), et f(z) = f(Re^^-), pour des valeurs réelles de l'angle q. On tirera de la formule (9) mod. A„ < /•-« 3", et de la formule (8), mod. A„ < R-^Ji. Cela posé, on conclura évidemment de la formule (7) que le développeinetif de i [pc] suivant les puissances entières de x se compose de termes dont les modules sont respectivement inférieurs aux modules des termes correspond dants du développement de la fonction i\ — X r, — X ( '^6) qui se réduit simplement à (.3) ^-K-^.' dans le cas particulier où l'on suppose Vq = o. 11 Si d'ailleurs on nomme S le plus grand module que la fonction f (x) puisse acquérir pour un module r de jr, renferme entre les limites i-g, R, on pourra sans inconvénient remplacer, dans l'expression (12), les modules IT et % par le module S qui sera supérieur ou au moius égal à chacun des deux autres. Donc le développement de f (jt) se composera de termes dont les modules seront inférieurs aux modules des termes correspondants du déve- loppement de Ici Jonction ) ")) l/cs propositions que nous venons d'énoncer peuvent être étendues avec la plus grande facilité au cas où l'on considère des fonctions de plusieurs va- riables. Il est d'ailleurs évident qu'elles fournissent le moyen de calculer les limites des erreurs que l'on commet quand on néglige, dans les développe- ments des fonctions en séries ordonnées suivant les puissances entières des variables, les termes dont les exposants surpassent, en valeurs numériques, des nombres entiers donnés. » • ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la convergence de la série par- tielle qui a pour termes les divers coefficients d'une même puissance d'une seule variable, dans une série multiple ; par M. Augustin Cvuchy. « Lorsqu'une fonction de plusieurs variables x,j,z,... est développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes des varia- bles x,j^ 2, . . pour tous les modules de ces variables compris entre certaines limites, les coefficients d'une puissance quelconque de la première variable j?, dans le développement ainsi obtenu , forment une nouvelle série qui demeure f^énéralement convergente entre de nouvelles limites des modules des varia- bles restantes j-, z. . . . Ce fait m'a paru d'autant plus digne de l'attention des géomètres, qu'il est possible, comme on le verra dans ce Mémoire, d'établir, pour la déteimination des nouvelles limites des modules de j, z,, . ;, des théorèmes généraux qui permettent de résoudre des questions importantes d'analyse mathématique. Ainsi, en particulier, ces théorèmes s'aj^pliquent sans difficulté à la recherche des conditions qui doivent être remplies pour ( 127 ) que l'on soit assuré de la convergence des séries simples ou doubles comprises dans les nouvelles formules générales que j'ai précédemment données pour le développement des fonctions ; et, par conséquent, ils peuvent être très-utile- ment employés dans la partie de l'astronomie qui a pour objet la détermi- nation des mouvements planétaires. ANALYSE. § I". — Considérations générales. » Soit X = re' — /-PP^-' une variable imaginaire dont /■ représente le module et p l'argument. Soit encore F(x) une fonction de cette variable, qui reste continue par rapport à x, du moins tant que le module de x reste compris entre certaines limites. La fonction F (x) sera, sous cette condition, développable en une série convergente or- donnée suivant les puissances entières positives, nulle et négatives de jr; et si l'on nomme A„ le coefficient de x" dans le développement de F (x), on aura (1) A„=l-^f_y"'[F[{x)cfp. » Supposons maintenant que la fonction F(x) se décompose en deux fac- teurs représentés l'un par w {x), l'autre par f (/", z,.-.), les lettres j-, z,... dé- signant elles-mêmes des fonctions déterminées de la variable x. L'équation F(x) = w(^)f(7,z,...) entraînera la suivante (2) A„ = — J^^ X-" m {x) f ( j, z,...)dp; et il suffira de développer la fonction en une série multiple ordonnée suivant les puissances entières de 7, z,..., C. R., 1845, i" Semestre. (T. XX, N» 5.) 1 8 ( 128) pour que la valeur de A„ fournie par l'équation (2) se trouve elle-même dé- veloppée en nue série de termes proportionnels à des intégrales de la forme ■^ f x-"y" z'"' ...7s{x) dp. Mais le développement du coefficient A„ ne pourra servir à en déterminer la valeur qu'autant qu'il sera convergent. Cette simple observation doit nous engager à recherche)' dans quels cas la série obtenue sera convergente. Or, on peut établir à ce sujet quelques théorèmes qui nous seront fort utiles, et que nous allons indiquer. » Supposons d'abord que la fonction f (^, z,...) se réduise à f(j-),^ étant lui-même fonction de x. Supposons encore que f (^) reste fonction continue de^, pour tout module de^ qui ne dépasse pas la limite inférieure yo ou la limite supérieure y. Enfin, soit S la plus grande valeur que puisse acquérir le module de f (j"), pour un module de^ compris entre les limites dont il s'agit. Par des raisonnements semblables à ceux que nous avons employés dans la Note précédente ( page 126), on prouvera que les divers termes du dévelop- pement de f(j-) offrent des modules respectivement inférieurs aux modules des termes correspondants du développement du produit s { y y» ■r Y'— y. Par suite aussi , les divei-s termes du développement du coefficient A„ , dé- terminé par la formule (3) A„=.^^f\-^'^{x){{f)dp offriront des modules inférieurs aux modules des termes correspondants du développement qu'on obtiendra pour l'intégrale (4) f.X>""(i^-j:^) "(")*■ en développant la fonction sous le signe 1 suivant les puissances entières de^. Donc le développement de A„ sera convergent, en même temps que la série modulaire correspondîuite au développement de l'expression (4), ou même ^^^ ( '29 ) de l'intéfjrale On peut donc énoncer la proposition suivante : » i'"' Théorème. Soitx= re^'^'' une variable imaginaire dont /j désigne l'ar- gument. Soit encore F (x) une fonction de x qui se décompose en deux fac- teurs représentés l'un par vs (x), l'autre par f (j"), J étant lui-même fonction de jc; et supposons que f(^) reste fonction continue de_^, pour tout module de j qui ne dépasse pas la limite inférieure yo ou la limite supérieure y. En- fin, soit A„le coefficient de x" dans le développement de V(x) en série or- donnée suivant les puissances entières de x , de sorte qu'on ait A„ = -^f^^^x-''F{x)dp, ou , ce qui revient au même, A„=J^£V««r(x)f(j)rt'/,. Il suffira de développer f (^) suivant les puissances entières de^, pour que le coefficient A„ se trouve développé en une série de ternies proportionnels à des intégrales de la forme i;f_y'"r^{^)dp; et, pour que le développement de A„ ainsi obtenu demeure convergent, il suffira qu'une autre série de termes proportionnels à ces intégrales, savoir, celle qu'on obtiendra en développant l'expression ï:Xy(r^.-^>W* demeure elle-même convergente avec la série modulaire correspondante. Si d'ailleurs on nommes le plus grand module que puisse acquérir la fonction f( 7^) pour un module de j" renfermé entre les limites y^, y, les divers termes, dont se composera le développement de A„, offriront des modules inférieurs aux 18 . à- * C i3o) modules des termes correspondants du développement de l'expression i- f^ x-" (-^ ^ s (x)dp. » On étendra sans peine le théorème que nous venons d'énoncer au cas où le second facteur de F (x) se trouve représenté non plus par i{j), mais par f(j-, z,. . .), les lettres j*, z,. . . désignant diverses fonctions de x. Si l'on considère en particulier le cas où les fonctions j, z,. . . se réduisent à deux , on obtiendra la proposition suivante : >i 2* Théorème. Soit x = re^ ~' une variable imaginaire dont r désigne l'argument. Soit encore F(x) une fonction de x, qui se décompose en deux facteurs représentés l'un par f{x), l'autre par f(j-,z), j- et z étant eux- mêmes fonctions de x; et supposons que f (j", z) reste fonction continue de j- et de z, pour tous les modules de j-, z qui ne dépassent pas les limites infé- rieures Yo , Zq ou l^s limites supérieures y, z. Enfin, soit A„ le coefficient de x" dans le développement de x en série ordonnée suivant les puissances entières de X , de sorte qu'on ait ou, ce qui revient au même, I r^ A« = — Jf_ x-"ts{x) i{j,z)dp. Il suffira de développer f (_/■, z) suivant les puissances entières de j^ z, pour que le coefficient A„ se trouve développé en une série de termes propor- tionnels à des- intégrales de la forme ~f^^x-"f'"z'"'rs{x)dp; et, pour que le développement de A„ ainsi obtenu demeure convergent, il suffira qu'une autre série de termes proportionnels à ces intégrales, savoir, celle qu'on obtiendra en développant l'expression demeure elle-même convergente avec la série modulaire correspondante. Si ( i3i ) d'ailleurs on nomme s le plus p,rand module que puisse acquérir la fonc- tion f ( j, z) pour un module de j renfermé entre les limites yo, y, et pour un module de z renfermé entre les limites z„, z, les divers ternies, dont se composera le développement de A„, offriront des modules inférieurs aux modules des termes correspondants du développement de l'expression » Si les limites inférieures y,,, Zq, . . . peuvent être réduites à zéro, alors la fonction f ( j, z, . . .), c'est-à-dire la fonction f ( j) ou f (j, 2), . . . étant développée suivant les puissances entières des variables j,z, . . ., le déve- loppement n'offrira que des puissances nulles ou positives de ces variables. Alors aussi les rapports y» zq yo — r Zo — 2: s'évanouiront dans les expressions (5) et (6), qui se trouveront réduites aux deux suivantes ; D'ailleurs, pour obtenir, dans cette hypothèse, les développements de ces expressions en séries de termes proportionnels à des intégrales de la forme il suffira de poser y z puis de développer les rapports y I z I y — 7 I — Yy z — z i — Zz en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes des quantités positive» Y, Z. Donc les théorèmes i et 2 entraîneront les propositions suivantes u ( i32 ) " 3* Théorème. Soit x=re''^~* une variable imaginaire dont p désigne l'ar- gument. Soit encore F [oc] une fonction de x qui se décompose en deux fac- teurs, représentés l'un par vs (j:), l'autre par f^/J, j étant lui-même une fonction de x ; et supposons que f {f) reste fonction continue de j pour tout module de y qui ne surpasse pas une certaine limite y. Enfin , soit A„ le coef- ficient de x" dans le développement de F [x] en série ordonnée suivant les puissances entières de jî, et posons Y = — Audéveloppeuientde f (^) en série ordonnée suivant les puissances entières et ascendantes de^, correspondra un développement du coefficient A„ qui sera convergent si la valeur trouvée de Y rend convergente la série modulaire qui correspond au développement de l'intégrale suivant les puissances entières 'et ascendantes de Y. » 4* Théorème. Soit x = re'"'"* une variable imaginaire dont^désigne l'ar- gument. Soit encore F (x) une fonction de x qui se décompose en deux fac- teurs représentés l'un par 5T (or) , l'autre parf(^,z), ^ et z étant eux-mêmes fonctions de j?, et supposons que f (jr, z) reste fonction continue de ^, 2 pour tous les systèmes de modules de ^ et z qui ne dépassent pas certaines limites Y, Z. Enfin , soit A„ le coefficient de x" dans le développement de F {x) en une série simple ordonnée suivant des puissances entières de X; et posons Y = i, Z = i. f 7 « Au développement de f(^,z) en une série double ordonnée suivant des puissances entières et ascendantes de ^ et z , correspondra un coefficient de A„ qui sera convergent si les valeurs trouvées de Y, Z rendent convergente la série modulaire qui correspond au développement de l'intégrale (■■) i/_>-"(:=ï7ïï^,*. suivant les puissances entières et ascendantes de Y et Z. ' ( i33 ) § II. — Application des principes établis dans le premier paragraphe. » Supposons qu'en adoptant les notations employées dans le premier para- {{raphe, on prenne F(:r) = sr(a:>f(j), et tie plus jr= i -x. Supposons encore que 7s{x) reste fonction continue de x pour tout module de X qui ne surpasse pas une certaine limite x, et que f (^) reste fonction continue de y pour tout module àe y qui ne surpasse pas une certaine li- mite y. Enfin, nommons A„ le coefficient àe x" dans F (a:), «étant un nombre entier quelconque; et faisons, pour abréger, y L'intégrale (lo) du § I" deviendra la valeur de x étant X = xeP ''^. D'ailleurs , il est important d'observer que , si le rapport ^-^^ est supérieur à la limite x , ou , ce qui revient au même , si l'on a la fonction sous le signe / , dans l'intégrale (i), deviendra infinie pour une seule valeur de x correspondante à un module plus petit que x, savoir, pour la valeur x = o. Gela posé, en supposant Y< — î — , on aura, d'après les principes du calcul des résidus, 11) ' r^j:-" "^-^^ //n-/ ^ °W OU , ce qui revient au même , (5) i/>-7^*l3''/'=I W j » r»" "(O « ' 1 — Y-i-iY' ( i34 ) ■ i désignant une ,qiiantité infiniment petite que l'on devra réduire à zéro, après les différenliations effectuées. On trouvera ainsi , pour valeur de l'in- tégrale (i), une fonction rationnelle de Y qui se présentera sous la forme d'une fraction dont le dénominateur sera (i — Y)"+'. Donc, si l'on développe cette intégrale en série ordonnée suivant les puissances entières et ascendantes de Y, la série obtenue sera convergente, non-seulement quand on aura Y < ■ — — > mais encore toutes les fois qu'on aura Y< i. Cette conclusion est d'autant plus remarquable que , dans le cas où l'on suppose Y renfermé entre les li- mites I et - — — , la somme delà série , sans cesser d'être équivalente au second membre de la formule (3), cesse de représenter la valeur de l'intégrale (i). Alors , en effet, d'après les principes du calcul des résidus, on doit ajouter au second membre de la formule (3) l'expression If. C 1 m (x) _ Y» /Y (i— Y + xY) (Y— i)"+' V Y » Si , pour fixer les idées , on supposait sr (j?) = i , le second membre de la formule (3) se réduirait à et en ajoutant à ce second membre l'expression (4), on obtiendrait une somme nulle. C'est ce qu'il était facile de prévoir. Car, x étant le module de jr, le rapport I— Y-f-xY sera développable, ou suivant les puissances positives, ou suivant les puis- sances négatives de, x, selon qu'on aura Y < ou Y > ■ ; et, par suite , le coefficient de j:", dans le développement de ce rapport, sera nul, dans le second cas, pour des valeurs positives de n, taudis que, dans le pre- mier cas, il sera évidemment représenté par l'expression (5). » Concevons maintenant que l'on prenne, non plus mais 1 X L'intégrale (lo) du § P'' deviendra ( i35 ) et, si le rapport est inférieur à la limite x , la valeur de cette même intégrale , représentée par l'expression ^^^ *-'(^"[(i+Y)x— Y])' sera ce que devient la fonction ET (x) — CT (O) — - ct'(o)... —. r n ("-') (o) l») (,+Y)x" ' quand on y pose Y I +Y Si d'ailleurs on développe cette valeur, non-seulement avec la fonction Y suivant les puissances ascendantes du rapport =,» mais encore , avec ce même rapport, suivant les puissances ascendantes de Y, chacune des séries ainsi obtenues sera évidemment convergente quand Y vérifiera les deux conditions (9) Y<^, Y |, et à plus forte i-aison , si l'on a x = i . » D'après ce qu'on vient de dire , le 3® théorème du § P"^ entraînera la proposition suivante : » i®' Théorème. Soit x = r^'^~' une variable imaginaire dont la lettre p représente l'argument. Soient, de plus, w (x) une fonction de ^ qui reste continue pour tout module de x qui ne surpasse pas l'unité , et f ( j) une fonction de f qui demeure continue pour tout module de^ qui ne surpasse pas une certaine limite y. Enfin, supposons que, j étant fonction de x, et la lettre n désignant un nombre entier quelconque , on représente par A„ le coefficient de x" dans le développement de la fonction F{x)=7s{x)f{j); O.K. .845, i«' Sw«cj//c. (T. XX, N05.) ' 19 ( i36 ) et posons encore Si l'on prend ou même Y y" J = I -X, := I X J X alors, au développement de f(j) suivant les puissances entières et ascen- dantes de^, correspondra un développement de A„ qui sera convergent avec la série modulaire correspondante , si la valeur de Y vérifie la condition Y< I. » Supposons maintenant que l'on ait, non plus F(^)=.t.(^)f(jr), mais et prenons I X r = I — a-, 2 = • J ' X Supposons encore que , Tsix) restant fonction continue de x pour tout mo- dule de j: qui ne surpasse pas l'unité, f ( J" , z) reste fonction continue de j^ et de z, pour tous les modules dej^, z qui ne dépassent pas certaines limites Y , Z. L'intégrale (i i) du § I" deviendra . Mes expériences ont porté sur 636 stères , comprenant neuf espèces de bois: le hêtre, le chêne, le charme, le bouleau, le tremble, l'aune, le saule, le sapin et le pin ; ces bois ont été coupés non-seulement dans des terrains géologiquement différents, mais aussi dans toutes les circonstances de fer- tilité et d'exposition qui se sont rencontrées dans les 4ooo hectares de forêts sur lesquels j'ai opéré. J'ajouterai que toutes les précautions ont été prises pour rendre parfaitement comparables et aussi exactes que possible les expériences faites sur le terrain , et fournir ainsi aux opérations du labora- toire une base assez sérieuse pour justifier les conclusions auxquelles elles pourraient conduire. 1) Mes premières opérations ont eu pour but de déterminer le poids de bois parfaitement sec contenu dans i stère des différentes essences fores- tières. Pour tous les bois feuillus je suis arrivé, sans exception , à ce résultat, que les différences qui ont lieu sont complètement indépendantes de l'âge des arbres, de l'exposition et de la qualité du terrain dans lequel ils ont végété. >> Ce fait, qui étonne au premier abord, s'explique cependant facilement quand on réfléchit que les arbres dont l'accroissement rapide est favorisé par la bonne qualité du sol et par l'exposition , et dont le bois est probable- ment d'une pesanteur spécifique moindre que celui des arbres de même espèce contrariés dans leur accroissement par des influences contraires; que ces arbres, dis-je, sont en général très-droits, d'une écorce lisse et se fendent bien, tandis que ceux dont la végétation a été pénible sont souvent con- tournés, dune écorce rugueuse et se fendent d'une manière irrégulière. 11 en- résulte que, lorsqu'après avoir coupé ces arbres et les avoir mis en bû- ches, on vient à les empiler pour en former des stères, il y a presque tou- jours une plus grande quantité de vide dans ceux composés de bois venus lentement, et l'on conçoit dès lors que cette différence compense et au delà celle qui pourrait résulter des variations de pesanteur spécifique correspon- dant aux circonstances qui ont favorisé ou retardé la végétation. » Pour le bois résineux , au contraire, l'exposition et le degré de fertilité du sol paraissent réagir sur le poids du stère. C'est qu'en effet , le plus ou moins de rapidité dans le développement de ces bois ne modifie en général leur forme extérieure qu'en l'amenant à se rapprocher davantage de celle d'un cylindre ou de celle d'un cône, et dès lors l'influence de la densité sur le poids du stère peut se manifester , tandis que, dans les bois feuillus, elle était masquée par l'irrégularité des contours. Toutefois le poids du stère des bois résineux paraît tout à fait indépendant de l'âge des arbres, et les diffé- ( '40 ) rences dues à l'exposition sont renfermées dans des limites assez étroites poui' ' pouvoir être négligées ; en efFet, elles ne s'écartent que de 3 à 5 pour loo des moyennes déduites de toutes les expériences réunies, et sont par con- séquent presque renfermées dans les limites d'erreur que comportent les expériences faites en grand sur le sujet que je traite ici , quelles que soient, du reste, les précautions dont on les ait entourées. » J'ai été amené, par ces considérations, à faire pour chaque espèce de bois et pour les qualités différentes dans chaque espèce, la moyenne entre tous les poids trouvés , et à adopter le chiffre qui en est résulté comme poids moyen du stère. » En se reportant au tableau où tous ces résultats sont résumés , on verra que pour les bois feuillus le poids d'un stère de même essence, mais de qua- lités différentes, doit être rangé dans l'ordre suivant , en commençant par le plus lourd : » i". Bois de quartier ; » 2°. Rondinages provenant de jeunes brins; » 3°. Rondinages provenant de branches. » Pour les bois résineux, on trouve , au contraire : » 1°. Rondinages provenant déjeunes brins; » 2°. Rondinages provenant de branches; >' 3°. Bois de quartier. » Pour déterminer la composition élémentaire, j'ai fait ensuite un grand nombre d'analyses dans les circonstances les plus variées de sol , d'expo- sition , d'âge et de grosseur pour chaque espèce de bois. » Le hêtre, le chêne, le charme, le tremble , le saule, ont donné con- stamment des résultats d'une concordance remarquable. » Dans le bouleau , il s'est présenté quelques variations dues à la propriété qu'a l'écorce de ce bois d'acquérir quelquefois, dans les terrains sablonneux, un développement considérable. » L'aune a présenté de même une variation de i pour lOo de carbone, et enfin la proportion de résine contenue dans le sapin et le pin a paru influer aussi sur les chiffres des analyses. » Toutefois , la constance des résultats trouvés dans presque toutes les cir- constances et pour le plus grand nombre des essences, le peu d'importance des variations qui ont eu lieu et qui ne s'élèvent, en moyenne, qu'à i pour loo de carbone, m'ont amené à réunir toutes les analyses faites pour les neuf es- pèces de bois dont je me suis occupé, et à prendre pour chacun de ces bois la moyenne comme en représentant la composition élémentaire. ( '40 )' fia quantité de carbone dépasse 5i pour loo pour les bois résineux le bouleau, l'aune et le saule; elle dépasse 5o pour loo pour le chêne et le tremble, et enfin elle est comprise entre 49 et 5o pour loopour le hêtre et le charme. » La quantité d'hydrogène libre s'élève, pour le bouleau et l'aune, à i pour loo ; elle diminue dans le tremble et le saule, et pour le chêne, le hêtre et le charme , elle n'est plus que de six dixièmes à sept dixièmes pour loo. » Pour les bois résineux, elle est de neuf dixièmes pour loo. » Cette proportion d'hyd rogène libre est si considérable , et en même temps si uniforme dans les différents bois , qu'elle vient confirmer encore toutes les preuves déjà données de la décomposition de l'eau dans la végétation. » La quantité d'azote varie , en moyenne, de un à huit dixièmes pour loo dans les différents bois. Quelquefois, dans le même bois, les variations ont été plus considérables , ce qui s'explique du reste facilement par la nature même des substances azotées qiii viennent s'interposer entre les couches ligneuses. Puissance calorifique dun stère de bois. » Pour arriver à la détermination de la puissance calorifique d'un stère des différents bois, je suis parti de cette base, que les principes constituants de l'eau qui font partie de la composition du bois peuvent être considérés connue ne produisant pas de chaleur, soit qu'on le.« suppose réunis à l'état d'eau, soit que la combinaison qu'ils formaient change d'état pendant que la combustion a lieu. » J'ai admis, en outre, que le carbone et l'hydrogène en excès, contenus dans tous les bois, dégagent, lorsqu'ils sont combinés en une proportion quelconque , la même quantité de calorique que s'ils étaient isolés. » Ceci posé, connaissant, d'une part, le poids de bois sec contenu dans un stère des différents bois, et, d'autre part, les quantités de carbone et d'hydrogène en excès qui entrent dans la composition de chacun d'eux, j'en ai déduit le poids de carbone et d'hydrogène en excès contenus dans le stère. » Multipliant ensuite ces poids par les nombres qui représentent le pou- voir calorifique de l'hydrogène et du carbone , la somme de ces deux pro- duits m'a donné un nombre exprimant à son tour la puissance calorifique du stère d'une manière absolue. » Pour avoir la relation des nombres obtenus ainsi pour chaque espèce de bois, j'ai divisé successivement ces nombres par le plus élevé de tous, et ( '42 ) j'ai obtenu une série de coefficients qui m'ont servi à établir le tableau de la valeur des différents bois considérés sous le rapport de la quantité de calo- rique que peut dégager par la combustion un stère de chacun d'eux. » Dans ce tableau , le stère de bois de quartier de chêne à glands sessiles occupe le premier rang; le stère de bois de quartier de pin, le dernier. Leurs pouvoirs calorifiques sont comme lo est à 7. Et si, en ne s'attachant qu'aux bois de quartier, on cherche comment ils doivent être classés, on trouve l'ordre suivant : " i". Chêne à glands sessiles ; » 2°. Hêtre; " 3°. Charme; » 4°- Bouleau; n 5°. Chêne à glands pédoncules ; " 6". Aune ; >• 7°. Sapin; .' 8°. Saule; )' 9°. Tremble; .- jo". Pin. n Je dois toutefois faire observer que, si l'on voulait employer dans la pra- tique les nombres résultant de mes expériences pour calculer les quantités de bois nécessaires pour produire un effet donné, il faudrait en déduire : » 1°. fja quantité de calorique correspondante à la température à laquelle les gaz produits par la combustion, y compris l'eau de composition, sont abandonnés dans l'atmosphère ou cessent de produire un effet utile; » 2°. La quantité de calorique nécessaire pour volatiliser et porter à la même température l'eau hygrométrique , toujoiu's contenue dans les bois, et dont j'ai fait abstraction dans mes calculs. » La quantité d'eau de composition contenue résulte de mes expériences, de même que les quantités de carbone et d'hydrogène. Quant à l'eau hygro- métrique, on n'a jusqu'à présent que des données générales et peu précises. " J'ai commencé à ce sujet une série d'expériences, dont j'aurai plus tard l'honneur d'entretenir l'Académie. Dès aujourd'hui je puis dire que les premières observations semblent conduire à ce résultat, que dans les bois exposés à l'air libre, mais abrités de la pluie et du soleil, l'eau hygrométrique est à peu de chose près la même, quelle que soit l'espèce des bois, mais qu'elle varie suivant que ce sont des bois de bûches, des branches ou de jeunes brins. i> Toutefois, ces premiers résultats ayant été obtenus après six mois de ( i43) coupe, je ne pourrai les considérer comme concluants que lorsqu'ils auront été confirmés par des expériences successives, faites de six mois en six mois, jusqu'à ce que la dessiccation spontanée soit arrivée à un état à peu près constant. » Dans un prochain travail, j'appliquerai au calcul de la production d'en- viron iSooo hectares de bois, pendant des périodes assez longues et dans des circonstances très- variées, les chiffres auxquels je suis arrivé dans ce Mémoire, de manière à reconnaître quelles variations peuvent exister dans les quantités de carbone, d'hydrogène et d'azote, fixées annuellement par un hectare de forêts, et peut-être aussi quelle influence peuvent avoir sur ces variations les circonstances dans lesquelles la végétation s'accomplit, ainsi que les différents systèmes de culture forestière. » CHIMIE. — De la digestion des matières féculentes et sucrées, et du rôle que ces substances jouent dans la nutrition; par MM. Bouchahdat et Saxdras. (Extrait par les auteurs.) (Commission précédemment nommée.) « En 1842, nous avons eu l'honneur de lire à l'Académie un premier Mémoire sur la digestion. Dans ce travail, nous avons étudié d'une manière générale les modifications que les principes immédiats qui forment la base de nos aliments éprouvent dans les organes digestifs. » Nous savions que la tâche que nous nous étions donnée était loin d'être accomplie, et nous nous sommes mis en conséquence, pour achever notre oeuvre, si cela nous est possible, à traiter, dans des Mémoires spéciaux, cha- cune des grandes questions que nous avions abordées. Pour commencer l'exé- cution de ce plan, nous avons lu, en i843, un second Mémoire sur la diges- tion et l'assimilation des corps gras. Aujourd'hui, continuant l'histoire des aliments de la respiration , nous allons exposer les résultats de nos recherches nouvelles sur la digestion des matières féculentes et sucrées, et sur le rôle que ces substances jouent dans la nutrition. » Bien des causes , que nous allons rapidement exposer, ont contribué à éloigner la netteté et la précision des recherches entreprises pour apprécier le rôle des substances féculentes dans la digestion et dans la nutrition. Nous devons placer en première ligne, cette idée généralement admise avant nos travaux, que les aliments solides se transformaient d'abord en chyme, puis en chyle. On avait cru qu'il suffisait d'analyser le liquide contenu dans le canal thoracique pour trouver la solution du problème de la digestion des féculents. CE., 1845, i" Semestre. (T. XX, N» 5.) 20 ( i44 ) Espérance vaine . toutes nos observations concourent à prouver que les chy- lifères ne prennent dans les intestins que les matières grasses, et ne jouent, contrairement à 1 opinion généralement admise, que ce rôle très-secondaire; il est facile de concevoir, en partant de là, comment les idées préconçues émises sur l'absorption des matières alimentaires ont empêché la vérité d'ap- paraître dans toute sa simplicité. » 11 faut le dire aussi , la science emploie aujourd'hui des moyens d'in- vestigation plus délicats que ceux dont pouvaient disposer nos devanciers. L'histoire microscopique des substances féculentes s'est complétée. On pos- sède des moyens infiniment sensibles propres à déceler avec certitude des traces des différents sucres. Ou peut, à l'aide de l'appareil de M. Biot, suivre avec facilité les modifications les plus légères de ces substances. » Nous allons, dans ce court résumé de notre Mémoire, indiquer d'abord nos recherches sur la digestion des sucres, puis nous arriverons aux matières féculentes; notre exposition sera plus logique et plus facile. » Digestion des sucres. — Nous avons nourri, pendant plusieurs jours, des chiens avec du sucre de canne en excès. Nous avons retrouvé ce principe dans toute la longueur du canal digestif; une partie était encore à l'état de sucre de canne, une autre à l'état de sucre interverti, une autre enfin à l'état d'acide lactique. Quand l'animal est nourri pendant plusieurs jours avec du .sucre, l'urine en contient des traces Nous en avons trouvé dans la bile, dans le sang, dans le chyle; ce dernier liquide est très-peu abondant, il ne con- tient aucune trace de la matière colorante qui a été prise trois heures avant la mort de l'animal en dissolution avec le sucre. » Voici la série des modifications que le sucre de canne éprouve lorsqu'il est introduit en proportion modérée dans l'estomac. Sous l'influence du suc gasli'ique et des membranes vivantes, il se transforme en sucre interverti et en acide lactique. C'est sous ces états qu'il est absorbé et que nous en avons constaté la présence dans le sang. Du sucre de canne introduit en nature dans le sang passe dans les urines. Nous avons répété avec succès l'expé- rience de MM. Bernard et Barreswil , nous avons injecté un demi-gramme de sucre de canne dans les veines d'un chien , et nous avons retrouvé ce sucre dans l'urine. " Nous avons remplacé le sucre de canne par la même quantité de glucose dans une expérience , et par la même quantité de sucre interverti dans une autre expérience; et dans ces deux cas nous n'avons retrouvé dans l'urine ni glucose ni sucre interverti. » L'explication de ces faits est très-simple. Du sucre de canne en dissolu- ( i45 ) tion dans une liqueur faiblement alcaline, exposé à une température de 38de- prés, n'éprouve aucun cbanfferaent sous l'influence oxydante de l'air; 1»; sucre interverti et le glucose sont, au contraire, rapidement détruits lorsqu'ils sont soumis à cette double influence. " Toutes nos expériences et nos observations nous ont nettement démontré que le sucre de canne, pour être détruit dans le sang , devait au préalable être changé en sucre interverti, ou converti en acide lactique dans le canal di- pestif ; les produits ultimes de cette destruction sont l'eau et l'acide carboni- que; mais ne s'en forme-t-il pas d'inlerme'diaires? Nous avons fait des expé- riences très-nombreuses pour résoudre cette question ; nous avons examiné le sang fourni par des hommes ou des animaux trois heures après qu'ils avaient mangé du sucre en proportion notable; toujours nous y avonsalors constaté la présence du sucre interverti , et dans deux cas seulement nous avons pu y déce- ler des traces d'acide formique combiné à la soude. Cet acide, qui se forme lorsque les sucres sont soumis à des influences oxydantes en contact avec les al- calis, était- il accidentel dans les deux cas où nous en avons constaté la présence, ou plutôt était-il en si petite proportion dans les expériences qui nous ont donné des résultats négatifs, qu'il nous a complètement échappé malgré l'exquise sensibilité des réactifs qui le décèlent!' Cette dernière supposition paraîtra fondée si l'on se rappelle que l'urée qui se produit continuellement dans le sang n'y avait cependant pas été trouvée avant la mémorable expé- rience de MM. Dumas et Prévost. » Digestion de la fécule crue. — Nos expériences nous ont prouvé que l'homme ou les animaux carnivores digéraient très-imparfaitement la fécule crue. Nous l'avons retrouvée en grande partie dans leurs excréments, sous forme de grains inaltérés. » Voici le résumé des nombreuses observations que nous avons réunies sur la digestion de la fécule crue chez les Rongeurs herbivores. » La fécule crue ne subit aucune altération dans l'estomac de ces ani- maux. Dans toutes nos expériences , ce viscère renfermait une pâte ou un liquide à réaction acide. 1) C'est dans l'intestin grêle que commence le travail de la digestion de la fécule crue. Si l'on examine la bouillie contenue dans cet organe, elle pré- sente partout une réaction alcaline, excepté quelquefois à l'extrémité pylo- riquedu duodénum. L'examen microscopique montre dans cette bouillie des grains de fécule entiers , d'autres fissurés , d'autres érodés , d'autres enfin presque entièrement détruits. La solution iodée permet de suivre facile- ment ces divers degrés d'altération ; l'analyse chimique y fait découvrir de la 20.. ( «46 ) dextrine et des traces de glucose. C'est donc dans l'intestin grêle des animaux herbivores que s'opèrent les modifications principales qui doivent rendre la fécule crue soluble dans l'eau. Voici les conditions qui favorisent ces modifi- cations, et qui se trouvent réunies : i° température de l\o degrés; oP alcali- nité légère du liquide ambiant; 3° présence d'un principe sécrété qui agit à la manière de la diastase, quoique avec beaucoup moins de puissance. •) Le cœcum et son volumineux appendice contiennent une pâte à réac- tion acide; une fois cependant elle nous a présenté une pâte à réaction alca- line vers l'extrémité de l'appendice iléo-cœcal. " On y a constaté la présence de quelques grains de fécule entiers, de dextrine , de glucose et d'acide lactique. Ces mêmes matières se sont retrou- vées dans les excréments contenus dans le rectum. La digestion de la fécule crue n'est donc pas toujours absolument complète chez ces animaux. Quoi qu'il en soit, nous avons vu que la fécule se convertissait en produits solu- bles suivants: i° dextrine; i° glucose; 3° acide lactique, que nous avons pu suivre dans le sang, dans la bile, et que nous n'avons jamais retrouvé dans l'nrine. » Le sang de la veine porte était plus riche en eau et contenait une pro- portion plus élevée de ces produits combustibles que le sang artériel. » Après l'usage des féculents , nous n'avons jamais trouvé d'acide formique dans le sang. » La digestion de la fécule crue est plus facile et plus complète chez les oiseaux granivores que chez les mammifères. Dans le jabot, elle ne subit au- cune altération; déjà dans le gésier, qui est toujours fortement acide, nous avons constaté la présence de traces de dextrine et de glucose , mais presque tous les grains de fécule y sont parfaitement intacts. Le commencement de l'intestin grêle est encore quelquefois acide , mais tout le reste de cet organe contient une pâte à réaction alcaline, où l'on peut suivre, à l'aide du micros- cope, avec la plus grande facilité, les altérations physiques des grains de fé- cule. Quelques-uns sont entiers, d'autres portent des fissures en divers points et ressemblent parfaitement alors à des poires qui auraient été entamées par un instrument tranchant; quelques-uns de ces grains sont déformés, et d'au- tres presque entièrement détruits. » A la fin de l'intestin grêle, on trouve encore chez les poules quelques grains de fécule entiers; on n'en observe plus chez les pigeons. L'intestin grêle de ces oiseaux jouit d'une merveilleuse aptitude à convertir les grains féculacés en dextrine et en glucose; les cellules et les fibres ligneuses sont elles-mêmes désagrégées, et paraissent subir un commencement de dissolu- ( >47 ) tion. Cette action dissolvante, plus énergique, est due à une température de 43 degrés, à une alcalinité plus forte, et à la présence d'un principe sécrété dont les propriétés se rapprochent davantage de celles de la diastase. » Les matières contenues dans les gros intestins des poules et des pigeons nourris de grains féculents sont acides, elles contiennent de la dextrine, des traces de glucose et de l'acide lactique; elles ne renferment pas ordinairement de grains de fécule entiers. » Nous avons constaté, dans le sang des oiseaux granivores, des traces de glucose, de dextrine et d'acide lactique. » Digestion de la fécule cuite. — L'homme et les animaux carnivores di- gèrent les féculents après que la coction a brisé les téguments de la fécule. La dissolution commence dans l'estomac, elle se continue dans les diverses parties du canal intestinal. Les matières excrémentitielles contiennent souvent des parties féculentes sans altération, mais, dans tous les cas, cette dissolu- tioa s'effectue avec beaucoup de lenteur; c'est le résultat général de toutes nos observations sur l'homme en santé et sur les animaux. » L'estomac et les intestins de l'homme et des animaux carnivores qui sont nourris de féculents cuits contiennent, 1° de la substance ingérée intacte; 2° de la dextrine ; 3° des traces de glucose ; 4° de l'acide lactique , et les au- tres matières, normalement sécrétées, dans le canal intestiaal. » Revenons maintenant sur une condition très-importante de la digestion des sucres et des féculents; la voici : Il faut qu'une proportion très-modérée ( I gramme au plus pour un chien adulte) de ces substances soit versée à la fois dans le torrent de la circulation; si, par une circonstance quelconque, ces proportions sont exagérées, du sucre est éliminé par les reins. » Deux moyens principaux sont réunis pour concourir à ce but de l'intro- duction lente et successive dans le sang des produits dérivés des féculents. En première ligne, la lenteur de la dissolution; en seconde ligne, la voie princi- pale de leur absorption. En effet, les substances féculentes se convertissent principalement en composés solubles dans les intestins ; cette solution, absorbée par les expansions des rameaux de la veine porte, est transportée au foie, et si les matériaux combustibles surabondent dans le sang, la majeure partie de ces principes solubles sont sécrétés par le foie associés avec la bile, qui est de nouveau versée dans les intestins. Les parties solubles de la bile sont ab- sorbées à leur tour et suivent la même voie. » Il s'établit ainsi une circulation bornée de la matière alimentaire com- bustible, qui n'est, par cet admirable artifice, que transmise successivement dans le torrent de la circulation. ( i48 ) >• L'idée que nous venons de développer est en opposition avec la théorie qui voulait que tous les aliments fussent convertis en chyle; mais si l'on se rappelle avec nous qu'après l'introduction dans l'estomac des animaux d'ali- ments sucrés ou féculents, le chyle est très-peu abondant dans le canal tho- racique, si l'on considère (juaprès lin ;estion des dissolutions sucrées conte- nant de la matière colorante du safran et du prussiate de potasse, le chyle ne contient aucun de ces produits et que la bile en renferme, on admettra, nous l'espérons, que c'est principalement parles ramifications de la veine porte que sont absorbés les sucies et les produits dérivés des féculents : non- seulement on les retrouve dans la bile, mais encore la matière colorante et le prussiate de potasse qui a été ingéré avec eux. » MÉMOIRES PRÉSENTiÉS. « M. DuFRÉNOY présente, au nom de M. Damour et de M. Descloizeaux , deux Mémoires faisant connaître la description de quatre arséniates de cuivre différents par leur composition et par leurs caractères cristallographiques. » Ces espèces sont : " L'olivénite, » L'aphanèse , » L'érinite, » Et la liroconite. )' Le Mémoire de M. Damour est consacré à l'examen chimique de ces quatre espèces ; celui de M. Descloizeaux a pour but l'étude cristallographi- que de ces mêmes minéraux. » L'analyse suivante résume les principaux résultats de ces deux Mé- moires. Composition des arséniates de cuivre. » Olivénite (du Cornwall). — En cristaux octaèdres, brillants et groupés sur une gangue de quartz. En dix-millièmes. Oiygène. Rapports. Acide arsénique o,3487 o,i2J1 ) , _ ^ L A X. l ■ Q/2 l o>>4o3 5 Acide phosphorique. . . o,oi^i 0,0192 J Oxyde cuivrique o,5686 0,11 47 4 Eau 0,0372 o,o33o 0,9888 I ( '49 ) » Ces résultats peuvent être reproduits par la formule Cu» (AsPhy + Aq = Cu* (Asï^li) + H. » AphanÈSE (du Cornwall). — En lames cristallines, un peu testacées. En dix-millièmes. Oxygène. Rapports. 'Acide arsénique 0,2708 0,0940 > 0,1024 Acide phosphorique. . . o,oi5o 0,0084 Oxyde ciiivrique 0,6280 0,1267 ^ Oxyde ferriijue 0,0049 Eau 0,0757 0,0678 3 0'9944 " Ces résultats sont exprimés par la formule Cu« (AsPh)»+ Aq' = Cu« ÀVïîh -f- H». » Ebinite (Kupferglimmer) du Cornwall. — En lames he.xagonales, vertes et transparentes. En dix-millièmes. Oxygène. Rapports. Acide arsénique o, iq35 o,o6t2 ) , , „ • A j u v; • } o.o'344 5 Acide phosphorique .. . 0,0129 0,0072 ) > /^t^ Oxyde cuivrique 0,5292 0,1067 6 Eau 0,2894 0,2128 12 Alumine o , o 1 80 : ' . 0,9980 " Les résultats de cette analyse peuvent être reproduits par la formule Cu« (AsPh)'+ Aq'* = Cu''-4ï^h + H'^ » LiROCOîNiTE (du Gornvsrall). — En masse cristalline , de couleur bleu de ciel, adhérant à une gangue quartzeuse et ferrugineuse. En dix-millièmes. Acide arsénique o , 2222 Acide phosphorique. . . 0,0849 Oxyde cuivrique 0,8718 Alumine o ,0968 Eau 0,2549 o , 9806 » Ces résultats peuvent être exprimés par la formule 2Cu'(AsPh)^+Al«(AsPli)'+32Aq=2Cu''(^s¥'h)-+-AP(Àkiik) + à^ Oxygène. Rapports. 0,0771 : 0,0195 ' l 0,0966 .5 0,0750 12 0,0452 6 0 , 2265 32 ( i5o ) >• La liroconite se distingue des autres arséniates parla présence d'une forte proportion d'hydrate d'alumine. Ce minéral est complètement soluble dans l'ammoniaque, ce qui indique que l'alumine est dans la liroconite à l'état de combinaison. Caractères cristallographiques. >' Les formes primitives auxquelles M. Descloizeaux est arrivé diffèrent , en général, très-peu de celles publiées par M. Lévy dans son catalogue de la collection 'J'urner. " Les cristaux d'olU'énite dérivent d'un prisme droit rhomboïdal. )' r/inclinaison des faces latérales de ce prisme est de ixo''47', et le rap- port entre un côté de la base et la hauteur, b'.hw 877 ! 6gi . " La forme primitive de Vaphanèse peut être considérée comme un prisme rhomboïdal oblique, dont les faces latérales sont inclinées de 56 de- grés, et dont la base fait avec chacune d'elles un angle de gS degrés. Les dimensions de ce prisme, déterminées par la condition que la face a' de Phillips soit le résultat d'un décroissementpar une rangée sur l'angle soHde antérieur de la forme primitive , sont les suivantes : 6 : A : : aS : 4i • * La forme primitive de Xérinite est un rhomboèdre aigu de ôg^/jS', mais ce rhomboèdre ne se montre jamais que profondément tronqué par un plan perpendiculaire à son axe; de sorte que les cristaux sont toujours de petites lames hexagonales plus ou moins épaisses à bords trapéziens. » Un clivage très-facile, perpendiculaire à l'axe du rhomboèdre, permet de diviser ces lames à l'infini et d'en obtenir des feuillets micacés : il existe aussi des traces de division suivant les plans de la forme primitive. » Les cristaux de liroconite n'offi-ent qu'un petit nombre de modifica- tions; leur forme habituelle est un octaèdre aplati, à base rectangulaire, mais souvent assez raccourci pour avoir l'apparence d'an octaèdre obtus à base carrée. » (Commissaires, MiVI, Al. Brongniart, Boudant, Dufrénoy.) HYDRODYNAMIQUE. — Mémoire sur le mouvement rectiligne et uniforme des eaux , en ayant égard aux différences de vitesse des filets ; par M. Sonnet. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, f^amé, Morin. ) « La question du mouvement des eaux, dit l'auteur dans la fiCttre jointe à son Mémoire, peut être regardée comme résolue au point de vue pratique, de- ( '5i ) puis les travaux de MM. tieProny, Eytelwein, Poncelet, Bélanger, de Saint- Guilhem, Vauthier et Coriolis. Mais la théorie ordinaire ne considère que la vitesse moyenne, et M. Navier est le seul fjéomètre qui ait tenté d'avoir égard aux différences de vitesse des filets; malheureusement, il n'a donné qu'un petit nombre de résultats qui ne s'accordent pas tous avec l'observation. » Je me suis proposé de modifier les hypothèses et l'analyse de M. Navier, de manière à pouvoir, sans prétendre expliquer le phénomène moléculaire de la résistance , le représenter du moins d'une manière satisfaisante. J'indi- querai en peu de mots les principaux résultats auxquels je suis parvenu. " IjSl résistance des parois serait représentée par une fonction impaire de la vitesse ; l'expression ordinaire ov -+- bv^ ne serait qu'une formule d'interpo- lation. > Dans les courants à section circulaire , la vitesse des différentes couches irait en décroissant de l'axe à la paroi , comme les ordonnées d'une parabole. La vitesse moyenne serait, comme l'a trouvé Dubuat, une moyenne arith- métique entre la vitesse centrale et la vitesse près de la paroi. Il en résulte que le l'apport— » entre la vitesse moyenne et la vitesse la plus grande, serait compris entre ^ et i. En appelant W la vitesse près de la paroi, on aurait, pour déterminer W et U , les deux équations aW + ^W* = |R/, et U=W + — , dans lesquelles i est la pente ou la charge , Il le poids du mètre cube du fluide, et a, ^ , - des constantes. Ces équations, appliquées aux expériences de Cou- plet sur les conduites de Versailles, en prenant a:=o, 0000194» b^o^ooo'in et - r= 3,2 , donnent des erreurs proportionnelles inférieures à -jL-, tandis que, par les formules ordinaires, elles s'élèvent à plus de ^. On représente les expériences de Bossut et de Dubuat en prenant a = 0,000024 et h =0,000286. Ces coefficients ont été obtenus par la méthode des moin- dres carrés. » Si la section du courant est rectangulaire, les résultats sont moins sim- ples; mais je fais voir qu'on peut représenter approximativement la loi géné- rale des vitesses par une équation de la forme M = V — px^ — (jf/*, dont je fais l'application aux quatre séries d expériences de M. Defontaine C. R., 1845, t" Semestre. {T. XX, ^<' 5.) 2 1 * ( i5. ) sur une section du Rhin. Cette forme indique que la loi des vitesses , soit dans une même verticale , soit à une même profondeur, peut être représentée par une parabole, et que les molécules animées des mêmes vitesses sont sur des ellipses concentriques et semblables. On trouve que la vitesse moyenne s'ob- tient en prenant deux fois la vitesse au milieu de la ligue d'eau , ajoutant la vitesse de fond près des rives, et divisant la somme par 3; d'où il suit que le U rapport — serait compris entre f et i 11 Ces valeurs moyennes de - s'éloignent peu de 0,8 adopté par M. de Prony. 11 J'ai recherché également la valeur du coefficient par lequel il faut mul- tiplier la force vive due à la vitesse moyenne pour obtenir la force vive totale ; j'ai trouvé que ses limites extrêmes étaient i et i^. Son expression, dans le cas d'une section circulaire, serait " Enfin, dans le cas où le courant a une section quelconque, j'indique comment, ayant observé la loi des vitesses sur la ligne d'eau, on pourrait en déduire toutes les circonstances du mouvement. " ANATOMiE COMPARÉE. — Réponse à la Note présentée dans la séance pré- cédente, par M. Souleyet, concernant l'analomie et la physiologie des Mollusques phlébentérés (i); par M. de Quatrefages. (Commission précédemment nommée. ) « Après avoir attaqué mes travaux au nom des principes, de l'analogie et de la logique, M. Souleyet déclare vouloir s'en tenir uniquement aux faits. Je ne demande pas mieux que de le suivre sur ce nouveau terrain. Voyons donc ce que sont les faits présentés par ce naturaliste comme servant de fon- dement à ses critiques. « I. Il suffit, dit M. Souleyet, d'ouvrir une Éolldepar la face inférieure, » pour s'assurer que chez ces Mollusques le cœur est disposé comme chez les 1) autres Nudibranches. " Puis, ce naturaliste décrit et figure trois grands vaisseaux veineux, l'un postérieur et médian, les deux autres antérieurs et latéraux. Tous trois aboutissent , selon M. Souleyet, à une oreillette que ce naturaliste assure avoir injectée plusieurs fois. C'est dans le tronc médian (1) Comptes rendus, tome XX, pages 78 à 96. ( i53 ) qu'aboutissent, selon M. Souleyet, les veines branchiales. De ces faits, qu'il regarde comme démontrés par ces préparations, M. Souleyet conclut que j'ai en tort de regarder les Phlébcntérés comme dépourvus de système vei- neux, et d'admettre une communication libre entre la cavité générale du corps et l'appareil vasculaire. » A cela je réponds : >' 1°. Si l'on ouvre une Éolidiue (i) par la j ace inférieure, on ne peut apercevoir le cœur, qui est placé au-dessus de l'estomac, de l'intestin et de tout l'appareil gastro- vasculaire (foie de M. Souleyet). » 2°. Si, au contraire, on ouwe par le dos une Eolidine, même conservée dans l'alcool, on voit le cœur presque flottant et maintenu seulement, en avant, par l'aorte, en arrière, par deux brides formées par les oreillettes que j'ai décrites dans mon premier Mémoire. On trouve aussi sur le même point quelques fibres d'attache isolées. )' 3°. On reconnaît que le cœur est entièrement libre en dessous. » Autant que j'ai pu en juger par l'examen des dessins de M. Souleyet et les détails que renferme sa Note, ce naturaliste me semble avoir commis ici les méprises suivantes : » 1°. Ce naturaliste a pris Yestomac pour une oreillette. » 2°. Il a pris pour une veine médiane le tronc gastro-vasculaire médio- doisal. « 3°. Il a pris pour des troncs veineux latéraux et antérieurs les deux troncs gastro-vasculaires qui occupent en effet cette position. » 4°- 1' ^ pi'is pour des orifices de veines branchiales les orifices dos cœcums gastro-vasculaires (cœcums que M. Souleyet décrit et figure ailleurs comme des cœcums hépatiques). >' 5°. M. Souleyet a complètement méconnu la nature de l'appareil qui termine les appendices dorsaux (branchies des auteurs). Ce n'est pas un organe glanduleux, plein , occupant toute la cavité terminale de l'appendice, comme l'a figuré M. Souleyet. C'est une poche fermée en arrière, s'ouvrant au dehors, et sécrétant des organes urticans. Il n'y a à sa surface aucune trace de lacis vasculaire. )i 6". M. Souleyet décrit , comme étant l'e^y^omac, ce même tionc gastro- vasculaire médio-dorsal , qu'il a pris plus haut pour une veine. Ici les troncs (i) Je ne parle ici que de l'Éolidine, seule espèce que j'aie éUidiée en détail. Mais je crois avec MM. Aider et Ancock , que c'est une véritable Éolide, et il est probable que l'organisa- tion est au fond la même. 21. , ( .54 ) aatérietirs et latéraux lui échappent. M. Souleyct n'a pas vu le véritable estomac ([). » 7°. Ces méprises de M. Souleyet nous expliquent comment il n'a pas reconnu la communication qui existe entre l'appareil circulatoire et la cavité {{éuérale du corps. Croyant injecter Yoreillette, il injectait Vestomac, et la matière passait dans l'appareil gastro-vasculaire, qui, en effet, est clos de toutes parts. » [ics doubles emplois que je viens de signaler dans les descriptions de M. Souleyet proviennent, selon toute apparence, d'une cause fort simple. Poui- faire ses préparations, ce naturaliste a ouvert les animaux tantôt par le dos et tantôt par le ventre. Il a été trompé par le peu d'épaisseur du corps, qui est très-aplati chez les Phlébeulérés. Découvrant, à l'aide d'une coupe des portions d'appareil qui lui avaient échappé lorsqu'il en em- ployait une autre, il a décrit deux fois le même organe, imparfaitement connu, comme deux organes diflértuts. C'est ainsi que , pour lui, le tronc gastro-vasculaire est devenu tour à tour une veine et un estomac. " II. Je passe maintenant à ce qui concerne l'Actéon. " i". M. Souleyet décrit chez ce. Mollusque une poche pulmonaire d'où partent des canaux aériens lamifiés. .le puis assurer que rien de pareil n'existe chez l'Actéon ; car, pas plus sous le microscope qu'à la vue .simple, on ne peut confondre l'aspect de deux tnbes plongés dans l'eau, et dont l'un est plein de ce liquide et l'autre d'air. » 2". La description et les dessins de tube digestif donnés par M. Souleyet se rapprochent as,sez de ce que j'ai vu moi-même (2). Nous différons cepen- dant sur quelques points. Ainsi, par exemple, nos dessins de langue dif- fèrent. Je suis très-certain de l'exactitude de ma figure. Si celle que donne M. Souleyet est également fidèle, il faudra en conclure que nous avons ob- servé des espèces différentes. " 3". Les corps vésiculeux décrits par M. Souleyet comme constituant l'ovaire lui-même, ne sont autre chose que des capsules remplies d'œufs à divers degrés de développement. Us n'ont aucune espèce de rapport (3) avec les cœcums que j'ai décrits comme appartenant à l'appareil gastro-vasculaire. (i) Cet estomac m'avait également échappe lors de mon premier travail; mais, depuis, j'ai reconnu cette erreur. (2) On se rappellera, j'espère, que, dans ma première réponse à M. Souleyet, j'ai dit avoir rapporté de Sicile une anatomie complète de l'Actéon. Quelques personnes en ont vu les dessins depuis mon retour à Paris. (3) Comptes rendus, tome XX , page gS. C .55 ) Ces cœcums existent , mais leur disposition varie selon les espèces, et, sous ce rapport, ce que j'ai vu en Sicile ne ressemble en rien à ce que m'avait montré l'Actéon de la Manche (i). » Pour ne pas abuser des moments de l'Académie, je m'arrêterai aux quel- ques faits que je viens de signaler. Mais je dois, avant de terminer, faire une remarque. D^jà , dans sa première Note, M. Souleyet m'avait prêté des opi- nions qui ne furent jamais les miennes, m'avait attribué des faits que je n avais jamais avancés ou que j'avais rectifiés. Il agit exactement de même dans cetle seconde Note, et, de plus, interprête certains passages d'une ma- nière qu'il ne m'est guère possible d'expliquer. Ainsi, M. Souleyet parle du cloaque que j'aurais décrit dans quelques Phlébentérés (a); il oublie que dans ma première réponse j'ai déjà fait remarquer que cet organe, désigné par moi, même dans l'explication des planches , sous le nom d'organe éniginati- qiie, d'organe indéterminé^ est réellement une pocheou vésicule clépendantede l'appareil générateur (3). Enfin, ce naturaliste veut absolument que j'aie avancé que chez les Phlébentérés la respiration se faisait dans l'intérieur même des cœcums gastro-vasculaires. Or, je n'ai jamais eu cette pensée. En relisant mes Mémoires et surtout ma Note sur le phlébentérisme, M. Souleyet verra, j'es- père, que j'ai toujours pensé que la respiration se faisait ^rt/- la peau , et que les prolongements intestinaux servent à mettre le chyle en contact avec les surfaces respirantes immédiatement, c'est-à-dire sans l'intermédiaire de veines ou de canaux lymphatiques (4). Je ne citerai que ces exemples. Ils suffi- ront, je pense, pour qu'on ne croie pas sans examen à toutes les étrangetés, à toutes les contradictions que M. Souleyet a cru voir dans mes travaux (5). i> En consultant les Comptes rendus , on peut s'assurer qui! n'y a pas eu de Commission spéciale nommée pour juger la question débattue entre (i) Les divergences entre les auteurs qui se sont occupés de i'anatoraie des Actéons peuvent bien tenir à ces différences spécifiques. Pour mon compte , j'ai vu et examiné aujourd'hui six espèces de ce genre, dont quatre au moins sont, selon moi; incontestablement distinctes. (2) Comptes rendus , tome XX , page 8g. (3) Comptes rendus , tome XIX, page 812. (4) Comptes rendus , tome XIX, page i i5o. (5) Je ne dis rien ici des opinions que M. Souleyet me prête relativement à certaines pai'ties de l'appareil reproducteur. Il faudrait entrer dans les détails et je désire être aussi bref que possible. Toutefois, je ferai remarquer que l'interprétation donnée par M. Souleyet des quel- ques mots relatifs à l'appareil mâle est entièrement inexacte. Cet appareil consiste en un testicule et une vésicule séminale. Le conduit déférent se porte de gauche à droite en ser- jientant, c'est-à-dire croise la direction de l'oviducte avec lequel je n'ai pu le confondre un seul instant. ( i5G) M. Souleyet et moi. Ma Note sur le phlébentérisme a seule été reuvoyée à la Section de Zoologie. D'après la décision prise dans la séance dernière et qui renvoiele travail de M. Souleyet à la Commission déjà nommée, c'est donc devant la Section de Zoologie tout entière que nous devrons exposer nos raisons. Je désire que ce soit le plus tôt possible. I^es pièces que je présen- terai consistent en Vénilies, Tergipédiens etEolidines, tant vivantes que con- servées dans l'alcool. J'ai cru inutile de les apporter pour les déposer sur le bureau dans une boîte qui ne s'ouvrirait pas. J'espère pouvoir présenter aussi sous peu des Actéons vivants, et mettre ainsi entre les mains de nos juges toutes les pièces nécessaires pour éclairer leur opinion. » OPTIQUE — Lentilles achromatiques d'une très-petite dimension; par M. Nachet. (Commissaires, MM. Arago, Ad. Brongniart, Babinet, Milne Edwards, Regnault.) « J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie : « i". Des lentilles achromatiques, travaillées sur un rayon de f de milli- mètre, et qui n'ont que f de millimètre de diamètre; « 2°. Plusieurs jeux composés avec ces lentilles; » 3". Une seule, montée sur un microscope simple , pour prouver qu'elles sont achromatiques; 1 4"- Enfin , pour eu faire voir le travail , j'en ai placé deux sur un petit morceau de glace noire : dans la première, le flint et le crown sont réunis ; dans l'autre, les deux parties sont séparées. » J'ai aussi inventé une lentille de correction pour remplacer celle qui a la forme de verre de montre. Cette lentille est achromatique bi-convexe; elle allonge le foyer, donne du grossissement , et atténue les deux aberrations. Gela semblera extraordinaire, mais tout cela existe. » J'espère que ces nouveaux objets obtiendront, comme ceux que j'ai déjà présentés , l'approbation de MM. les membres de l'Académie. » GÉOLOGIE. — De< moraines et des roches striées dans la vallée de Schliffels et dans celle de Snint-Nicolns [Haut-Rhin). — Du phénomène erratique dans la vallée de Saint- J marin {Haut-Rhin); par M. Collomb. De ces deux Mémoires , le dernier est une nouvelle rédaction d'un travail que l'auteur avait précédemment présenté, (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) ( «57 ) GÉOLOGIE. — Observations geologi> Le problème était celui-ci: disposer un instrument qui pût indiquer et conserver trente ou quarante observations successives, faites dans des espaces de temps très-rapprochés, d'un phénomène se passant plus ou moins loin de l'endroit où se trouve placé l'instrument d'observation. 11 nous vint natu- rellement dans l'idée d'employer pour cet objet l'électricité. " Il fallait, de plus, unir à cette partie physique la partie mécanique qui pouvait devenir assez compliquée, mais qui cependant ne le fut pas autant que semblait le faire présumer la solution cherchée. » Des raisons particulières m'ont empêché de faire connaître cette ma- chine; mais, rien nes'opposant plus maintenant à sa publicité, je vais tâcher d'en donner une idée aussi exacte qu'il est possible de le faire sans figures; elle a été vue, d'ailleurs, par MM. Arago, Regnault et Morin. dont l'autorité pourra être invoquée au besoin , pour assurer ce qiie j'avance. M. Regnault surtout l'a pour ainsi dire suivie dans toutes ses phases, et a assisté à presque toutes les expériences d'essai qui avaient pour but la vérification des prin- cipes sur lesquels elle était établie. » Nous pensâmes à employer un appareil à plateau tournant, semblable à celui de M. Morin, et, comme il nous fallait plusieurs indications successives et distantes les unes des autres, nous avions pensé faire déplacer le style, s'approchant ou s'éloignant du centre à chaque nouvelle marque; mais ce moyen ne nous parut pas suffire, en ce que les marques faites au centre, et celles faites à la circonférence, n'étaient plus dans les mêmes limites d'erreur; car, plus le rayon d'un arc tracé par le style eût été petit , et plus la chance d'erreur eût été grande". " Nous avons alors mis les indications dans des conditions identiques, en exécutant un cylindre assez long pour faire ([uarante à cinquante observations distinctes, et qui appartinssent toutes à un même rayon. C'est en juin i843 ( t59 ) que nous commençâmes la construction de notre machine, qui ne fut terr minée que le 29 mai i844- " Voici quelle en est la disposition : )i L'appareil est monté sur un bâti en fonte, et se compose de six parties distinctes: » 1°. D'un système de l'oues dentées mis en mouvement par une corde enroulée autour d'uu cylindre, et à laquelle est suspendu le poids moteur. " 2°. D'un cylindre ayant i mètre de circonférence et o™,36 de longueur, divisé sur sa surface en mille parties, qui sont donc des millimètres. Pour diminuer son frottement sur ses tourillons, il est porté par un système de galets. Sur son axe est uu pignon qui communique avec le rouage ci-dessus; à une extrémité un volaut de quatre ailettes , et à l'autre un plateau du même diamètre que le cylindre. » 3". D'un petit chemin métallique, parallèle à l'axe du cylindre; les deux règles qui forment ce chemin sont isolées l'une de l'autre par de l'ivoire. » 4°- D un petit chariot monté sur trois roues de cuivre et roulant sur les deux règles; il porte trois électro-aimants et deux styles indépendants l'un de l'autre, mais dépendants chacun d'un de ces électro-aimants. Le troisième électro-aimant est placé sous le chariot et sert à le retenir jusqu'au moment où l'on veut qu'il parte. » 5°. D'un échappement à ancre dont le bras en fer doux, oscillant entre deux électro-aimants, est appelé tantôt à droite, tantôt à gauche, suivant qu'un courant passe autour de l'aimant de droite ou de celui de gauche. Ce va-et-vient laisse chaque fois échapper une dent de la roue, sur l'axe de la- quelle est un petit treuil où est enroulé un fil de soie tenant au chariot qui est tiré par un poids. Le passage du courant d'un aimant à l'autre se fait, à chaque demi-tour du cylindre, au moyen d'un commutateur placé sur son axe; de cette manière, le chariot avance d'une quantité constante à chaque demi -tour, et sa vitesse d'avancement est proportionnelle à celle du cylindre. '! 6°. Enfin, d'une disposition particulière pour s'assurer du mouvement uniforme, indépendamment de tout appareil chronométrique , et qui donne le moyen de déterminer les limites de l'erreur dans les résultats finals. » Ainsi l'appareil chronométrique a pour base le principe dont s'est servi M. Morin pour étabUr ses plateaux tournants, avec cette différence que le plateau est remplacé par un cylindre, et que le volant porte des ailettes qui sont des portions de spirales, dont la tangente est inclinée de 45 degrés sur le rayon vecteur, ce que nous avons trouvé préférable pour C. R., 1845, 1" Semestre. (T. XX, N" 5.) 22 ( .6o ) obtenir plus rapidement le mouvement uniforme, parce que, ainsi, l'air offre une plus grande résisistance qu'avec des ailettes planes. I.a position de la corde qui porte le poids moteur est rendue constante en passant sur une poulie qui glisse sur une forte tringle : à mesure qu'elle se développe, la corde est mouflée sur deux poulies coniques, et peut l'être à deux ou à six brins. Enfin, l'appareil, quoique établi dans de fortes proportions, est construit avec tout le soin que nous apportons à nos ouvrages les plus délicats. » Le remontoir qui en général, dans ces sortes de machines, continue d'engrener avec la roue du cylindre, porte ici un système de désembrayago très-simple, de sorte qu'une fois le poids remonté, le remontoir n'a au- cune communication avec la machine, ce qui supprime tout frottement inutile. " Nous avons construit plusieurs petits mécanismes semblables l'un à l'autre, mais séparés les uns des autres, et renfermés chacun dans une petite boîte numérotée; ils servaient à établir le circuit pour une cible, quand celle d'avant avait été percée. Ces boîtes contenaient une roue d'ivoire avec des dents en rochet, et portant une dent métallique; sur son axe était une palette en fer qui avait un cliquet entrant dans les dents de la roue. Un autre cliquet, indépendant du premier, était un cliquet de retenue, et ré- tablissait un circuit voltaïque lorsque la dent métallique venait à le toucher. » Devant la palette était un éleclro-aimant qui l'attirait lorsque le courant circulait autour de lui, et la laissait repartir quand un fil était coupé dans une cible. C'est dans ce mouvement que la roue d'ivoire avançait et appro- chait la deut métallique du cliquet de retenue. 't Une série de distances, à partir de la charge, étant déterminée, un conducteur passera devant le boulet, un autre devant la bouche du canon, et, pour les autres points, on placera des cibles dont la surface augmentera avec la distance. » liCS cibles sont de grands cadres dont le fil conducteur de l'électricité parcourt la surface en tous sens, de manière à présenter l'aspect d'un filet dont les mailles sont plus petites que le diamètre du projectile , afin d'être certain que le fil soit coupé en quelque endroit que la cible soit percée. Le courant circulant dans une cible , passant en même temps autour de l'électro-aimant d'un des styles, maintient, par l'aimantation, celui-ci éloigné du cylindre; d'où l'on voit que, au moment où la cible sera percée , le courant étant interrompu, le style tombera en faisant une marque sur le cylindre. Le projectile, suivant sa route, percera une autre cible qui, communiquant ( ioi ) avec le second style, le fera tomber sur le cylindre où il fera aussi une mar- que, et c'est à l'aide de la distance entre ces deux marques et de la vitesse connue du cylindre, que l'on calculera la vitesse du projectile quand il passait d'une cible à la suivante. » On pouvait avoir un courant et un style pour chaque cible, mais il était plus simple de ne faire usa^e que de deux courants, quel que fût le nombre des cibles, et pour cela on fit usage des petites boîtes citées plus haut, de la manière suivante : » On place chaque boîte entre deux cibles à partir de la seconde , et , par leur moyen, aussitôt que la seconde cible est percée, le courant s'éta- blit pour la troisième, et le premier style se relève; la troisième cible percée, le second style se relève, le premier retombe, et le coiu'ant parcourt la qua- trième cible. Cette opération se répète ainsi jusqu'à la dernière. >' Les deux styles ayant chacun leur courant propre , et étant par consé- quent indépendants l'un de l'autre, on peut mesurer des espaces infiniment petits, ce qu'il ne serait pas possible de faire avec un seul style et un seul courant , qui serait interrompu , puis rétabli. » Nous avons vu que le cylindre est divisé en mille parties, sa circonfé- rence étant de i mètre. Chaque millimètre représente yoôô ^^ seconde,- lorsqu'il fait un tour en une seconde , yoïTû quand il en fait deux , jô'ûtp quand il en fait trois , etc. » Contre sa circonférence et contre celle du plateau, qui, comme on sa it est isolé , frottent des ressorts; sur chacune de ces circonférences est un arc en ivoire, afin de produire une interruption aux courants électriques, que l'on fait passer par les électro-aimants des styles. Cette disposition est desti- née à la vérification de l'uniformité du mouvement et de la mesure du temps que les styles mettent à tomber sur le cylindre, quantité nécessaire à con- naître exactement, ou au moins les limites d'erreurs dans lesquelles elle oscille, afin de faire les corrections nécessaires quand on mesure le nombre de divisions entre deux marques voisines des styles, qui doit donner la vitesse de l'espace parcouru par le projectile. >i On voit donc qu'à chaque tour, ou chaque fois que la portion d'ivoire arrive sous le ressort, le courant est interrompu, le style tombe, puis se relève à la fin de l'arc isolant, pour retomber au tour suivant. » Maintenant , si l'on observe avec soin la division du cylindre sur laquelle le style tombe, le cylindre étant au repos, et ensuite le point où il tombe lorsque le cylindre est en mouvement, sa vitesse de rotation en une seconde de temps étant connue, on aura facilement la mesure du temps que le style 27... ( >6^ ) a mis à tomber pendant l'arc ci-dessus mesuré. C'est ainsi que, le cylindre faisant deux tours et demi par seconde , l'arc mesuré est de 3o millimètres ; de là .5-|£^ = o',oi2 pour le temps que le style a mis à tomber sur le cylindre. On a répété mille fois ces épreuves. » Pour observer si le mouvement est uniforme , on fait tourner le cylindre , et quand on le suppose bien égal, on établit les circuits. Voici alors ce qui se passe. n Le chariot qui porte les électro-aimants et les styles, se meltent en mouvement, et à chaque tour les styles font leurs marques sur le cylindre, mais en des endroits différents , dans le sens horizontal. » Quand on est arrivé au bout du cylindre, et qu'on examine les indica- tions, on doit, si le mouvement est uniforme, trouver toutes les jnarques sur une même directrice, s'il est accéléré ou retardé sous la forme d'une ligne héliçoïde, ou sinueuse s'il est inégal. On a par là un véritable appareil chro- nométrique qui se vérifie de lui-même. » Nous avons observé le mouvement sur des vitesses de deux tours et demi et trois tours par seconde, et, en faisant tomber le style, nous avons trouvé toutes les marques sur une même directrice; quelquefois il y avait des diffé- rences de I millimètre, ce qui indiquait à cet instant une variation de mou- vement de j~; = o%ooo4. » Pour apprécier le moment où la vitesse deveuait uniforme, nous obser- vions les tours de l'axe immédiatement avant le cylindre, avec un compteur; mais, pour éviter celte opération plus ou moins fastidieuse, j'eus l'idée de mettre un commutateur sur l'axe et de disposer un compteur (dont l'aiguille fait des points sur un cadran) avec un système d'électro-aimants. » A chaque tour de l'axe, le commutateur rétablissait un circuit électrique qui, circulant autour des électro-aimants, produisait une vive attraction, et l'extrémité d'un levier pressait sur le bouton du compteur; les points faits ainsi sur le cadran étaient marqués avec une grande régularité. » Ce dernier instrument pourra, à ce qu'il nous semble, être employé avec avantage dans les usines; car, au moyen de conducteurs partant du ca- binet du directeur, et communiquant soit au volant, soit au cylindre d'une machine à vapeur, il pourra , à chaque instant de la journée et sans se déran- ger, connaître la vitesse de l'im ou de l'antre. Pour plus de commodité, on pourra remplacer la pile par des courants électro-magnétiques. » Cet instrument pourrait encore servir utilement dans les observations que l on peut faire sur la vitesse des roues hydrauliques , suivant la nature des opérations que l'on fait exécuter aux outils qu'elles conduisent. » C '63 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur les températures de l'éhdlition de l'eau à différentes hauteurs ; par M. V. Regnault. « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie deux Notes ayant pour objet la température de l'ébuHition de l'eau à différentes hauteurs dans Tat- mosphèrc. La première de ces Notes appartient à MM. Bravais et Marlins et renferme les observations que ces physiciens ont faites dans leur ascension au Mont-Blanc. La seconde contient des déterminations qui ont été faites par M. Izarn, dans les Pyrénées. » .l'ai donné, dans les Annales de Chimie et de Phjsique, 3® série, t. XI page 334, une nouvelle Table des forces élastiques de la vapeur aqueuse, de — 02 à 100 degrés, qui a été déduite d'une longue série d'observations; j'ai cherché depuis à vérifier l'exactitude de cette Table par différenis moyens. On peut obtenir une vérification très-nette dans les températures voisines de 100 degrés, en observant, sur un thermomètre très-exact, la température de l'ébullition de l'eau sur de hautes montagnes, et j'ai rapporté dans mon Mémoire deux séries d'expériences, qui ont été faites dans ce but par M. Ma- rié, dans une ascension au mont Pila, au mois de décembre i8/(3, et par MM. Bravais et Peltier, pendant l'été de 1842, dans une excursion au Faul- horn. " Les observations de M. Marié s'accordent bien avec ma Table, mais celles de MM. Bravais et Peltier présentent des différences assez grandes. J'ai attribué ces différences à cette circonstance , que le thermomètre em- ployé par ces derniers physiciens a présenté, dans la position de son zéro, de très-grandes variations qui ont dû entraîner nécessairement des anomalies correspondantes dans la lecture du point d'ébullition. » Pour obtenir des résultats précis dans ce genre de déterminations , il ue suffit pas que le thermomètre soit divisé avec une grande exactitude, il faut encore que le réservoir soit formé par un verre qui présente une grande ré- gularité dans ses dilatations. Or, une longue expérience m'a fait reconnaître que les différentes espèces de verre ne satisfont pas également à cette condi- tion. Ainsi , les thermomètres construits avec nos verres ordinaires présentent souvent des déplacements du zéro de |^ degré , par cela seul que le thermo- mètre a été porté à 100 degrés dans l'intervalle de deux déterminations de ce point fixe, tandis que les tubes thermométriques en cristal, que je fais con- fectionner exprès à la verrerie de Choisy-le-Roi et sur lesquels je fais souf- fler immédiatement le réservoir par un artiste habile (M. Bunteu), ne pré- ( '(^4 ) sentent que des variations très-faibles qui s'élèvent rarement à o°,o5 et sont souvent beaucoup plus faibles. » Il arrive cependant quelquefois que le thermomètre présente de plus grandes irrégularités, bien que la tige soit formée par du cristal de Choisy- le-Roi, et que le réservoir soit soufflé immédiatement sur la tige; le verre du réservoir a été altéré pendant le soufflage: cette circonstance s'est présentée pour le thermomètreque j'avais remis à MM. Bravais et Peltier, pour leurs observations de 1842. Il ne faut pas hésiter, dans ce cas, à couper le réser- voir du thermomètre et à en faire souffler un nouveau. G est ce que l'on a fait pour le thermomètre dont il est ici question, et l'on a eu soin de s'assu- rer avant le départ que l'instrument reconstruit présentait une régularité sa- tisfaisante. » Les observations de M. Izarn, dans les Pyrénées, ont été faites avec le thermomètre u° 8 et avec un baromètre de Fortin qui avaient servi dans mes expériences sur les forces élastiques de la vapeur aqueuse; j'ajouterai, pour prouver que ces observations méritent toute confiance, que M. Izarn est très- habitué à ce genre d'observation et qu'il m'a assisté dans toutes mes expé- riences sur les vapeurs avec autant d'habileté que de zèle. " On peut voir, dans les tableaux rapportés dans les deux Notes, et qui sont insérés p. 166 et 170, que les différences entre les hauteurs observées direc- tement sur le baromètre et celles qui sont calculées au moyen de ma Table, d'après les températures observées de l'ébullitiou de l'eau, sont toujours très- petites; elles atteignent rarement i millimètre, et sont tantôt positives, tantôt négatives. Une différence de hauteur de i millimètre, dans la colonne baromé- trique, correspond à une différence de njoins de -^ de degré dans l'évalua- tion de la température de l'ébullition; cette quantité est de l'ordre des incer- titudes que présente, dans l'état actuel de la science, le thermomètre le plus parfait. J'ai montré {Annales de CJiiinie et de Phjsique, 3* série, tome iV, page 65) que le même thermomètre, non-seulement ne présente pas la même position de son zéro dans différentes observations, mais encore que Ion ne trouve pas la même valeur du degré dans plusieurs déterminations qui se font à quelque temps d'intervalle. » Ainsi, pour le thermomètre n" 8, nous avons trouvé, pour la valeur du degré , Le 9 mai i84?- , peu de temps après la constniction du tliermoniètre 5,88^6 Le 17 juillet 1844 5,8919 Le 3o août 5,8c)45 ( '65 ) » Je pense, d'après cela , que ma Table des forces élastiques de la vapeur aqueuse peut être considérée comme vérifiée d'une manière rigoureuse entre 84 et 100 defjrés, et qu'elle peut être employée avec toute confiance pour calculer les hauteurs, d'après des observations de la température de l'ébulli- lion de l'eau. Cette méthode hypsométrique présente de grands avantages sur l'emploi du baromètre, aii voyageur qui parcourt des contrées difficiles , elle lui permet d'obtenir des résultats très-précis avec un appareil de dimensions très-petites, et qui ne peut lui donner aucun embarras. '1 M. Izarn a bien voulu faire, dans les Pvrénées, quelques expériences avec un appareil très petit que je lui avais remis, et il a pu comparer les indica- tions du thermomètre placé dans cet appareil avec celles données par le ther- momètre n° 8, dans un grand vase à ébullition. » Ce petit appareil est formé de plusieurs tubes en laiton rentrant l'un dans l'autre comme un tuyau de lunette. Le tube inférieur qui sert de chaudière a 3o centimètres de diamètre, on y place environ l\o cenliniètres cubes d'eau ; ce tube se trouve enveloppé par un tube plus large se vissant sur une petite lampe à alcool; le large tube sert de cheminée et protège la flamme contre le veut. L'appareil, réduit à ses plus petites dimensions avec les tubes rentrés, a environ i5 centimètres de hauteur; déployé, il en atteint 35. » Le thermomètre porte des divisions arbitraires ; sa marche ne va que de 80 à roo degrés. L'instrumenta été gradué delà manière suivante. Le thermomètre est rempli de mercure, de telle sorte que, plongé dans la glace fondante, le mercure s'arrête au tiers de la longueur de la tige, à partir du réservoir; on note exactement ce point, on place ensuite le thermomètre dans de l'eau, à la température ambiante et continuellement agitée, à côté d'un thermomètre étalon , et l'on note les divisions correspondantes. Ces deux observations permettent de calculer la valeur du degré. On fait maintenant sortir une portion du mercure, de telle sorte que, le thermomètre étant placé dans la vapeur de l'eau bouillante , la colonne s'arrête vers le haut de la tige. On ferme le thermomètre purgé d'air comme à l'ordinaire; on détermine exactement la position du point 100 sur l'échelle arbitraire; la valeur du de- gré du thermomètre modifié se déduit, par un calcul très-simple, de la valeur que l'on avait trouvée au degré du thermomètre primitif. » Voici les observations correspondantes obtenues par M. Izarn : ( i66) ti" 8. Therra. hypsomét. Différences. 96,35 96,32 — o,o3 95,40 95,31 — 0,09 96,10 96,07 — o,o3 96,81 96,77 — 0,04 96,21 96,17 — o,o4 96,27 96,23 — 0,04 n he petit thermomètre hypsométrique a marqué constamment une tem- pérature trop basse; mais la différence ne s'est jamais élevée à o°,i. Cette exactitude est plus que suffisante dans le plus grand nombre des cas, surtout quand on ne rapporte pas l'observation faite sur la montagne à une obser- vation simultanée faite à la station inférieure. ■> PHYSIQUE DU GLOBE. — JVote sur les observations des températures d'ébullition de l'eau j faites par MM. Martins et Bravais pendant leur ascension au Mont-Blanc. « MM. Martins et Bravais communiquent les résultats des observations qu'ils ont faites, en i844, sur la température de la vapeur de l'eau bouillante, pendant leur ascension au Mont-Blanc. Ils se sont servis d'un thermomètre à divisions arbitraires, que M. Pcltier avait eu l'obligeance de leur confier, et de l'appareil qui avait déjà servi à MM. Peltier et Bravais en 1842 (Comptes rendus, t. XVIII, p. 5']i). Le tableau suivant résume l'ensemble des expériences. Observations sur la température de l'eau bouillante. LECTURE DU TnERMOMÈTRE. | TEMPE - PRES- PRES- JOl'R. LIEU. R.ITURE cal- culée. SION obser - vée. SION cal- culée. DIFFÉR. en degrés . A o", av. Pébullit. Pendant rébullit. A 0», ap. rébullit. 14 j"'"- Paris. diT. 8G,7i (liv. 7'7.72 div. 86,55 99°88o mm ;50,85 mm M mm II 0 22 juin. Genève. 8(3,90 711,32 86,6a 98,890 730,40 tt II " a sept. Chamounix. 85,90 697,16 86,10 96,713 673,99 674,92 -+-0,93 -)- o,o38 3i juin. Grands-Mulets. 86,80 G56,io 86,40 90,17' 529,69 528,88 —0,81 — 0,0:10 8 août. Grand-Plateau. 80, 5o 636,3o // H 470,07 tt II " 3i acHil. Même lieu. 86,22 639,16 85,90 87,5P5 478,39 478,58 +0,19 -t- 0,010 ai) août. Soromel du M. -Blanc. n 6.9,43 86,20 84,396 423,74 422,86 -0,88 — 0,o52 ( i67 ) " On voit qu'avant chaque expérience, l'on déterminait la position du point zéro du thermomètre, en l'entourant de glace fondante: on reprenait la position du même point aussitôt après l'ébullition. Toutefois, dans l'opé- ration faite au sommet du Mont-Blanc, la lecture du zéro après l'ébullition n'a été faite qu'après un intervalle de quarante heures. Toutes ces lectures correspondent à des divisions d'égale capacité du tube thermométrique. » Les nombres inscrits dans la colonne « Pression observée » ont été ob- tenus au moyen de baromètres d'Ernst à niveau constant, dont les tubes avaient des diamètres internes d'environ 8 millimètres. Ces nombres n'exigent aucune correction ultérieure pour représenter la pression absolue; on a préa- lablement corrigé les lectures en les multipliant par le rapport entre l'inten- sité de la pesanteur au lieu d'observation et l'intensité de cette même force à Paris. Pour déterminer chaque terme de ce rapport, on a supposé la pe- santeur égale à 9™,8o57 (i — o,ooa59 cosa/) ( i ~\i l étant la latitude du lieu, h sa hauteur au-dessus de la mer, et R le rayon terrestre. Cette correction', nulle à Paris, est égale à — o™"',58 au sommet du Mont-Blanc. » Pour calculer la valeur d'un degré centigrade en divisions de l'échelle arbitraire du thermomètre, MM. Martins et Bravais ont pris pour point de départ la Table des tensions de la vapeur d'eau , publiée par M. Regnault dans le tome XI, 3* série, des Annales de Chimie et de Physique. En suppo- sant que cette Table soit exacte, depuis 760 jusqu'à ^So millimètres, l'obser- vation de Paris donne 99°,88 comme température correspondante à la pres- sion 756"'"',85. Considérant ensuite la lecture faite après l'ébullition comme représentant le véritable point o degré de l'instrument, on trouve 7i7<"''-,72—86'J'''-,55 = 63i = 6d"-,3i82. On a employé cette valeur pour calculer les températures d'ébullition aux autres stations, en continuant à prendre pour véritable zéro la lecture faite après l'expérience de l'ébullition. On a ainsi obtenu les nombres 96°,7i3, 90°,i7i et suivants. Il est inutile de tenir compte de l'effet de la variation de la pres- sion extérieure de l'air ambiant sur la cuvette du thermomètre, attendu que la vérification du point zéro et celle du point d'ébullition sont faites , chaque C. R., 1845, I" Semestre. (T. XX, N" 5-) 23 ( i68 ) fois, sous l'influence de pressions sensiblement identiques (ce qui n'avait pas eu lieu dans les observations faites au Faulhorn, en iS/j'.). Par exemple, si la lecture 697'''''-,i6, faite aux Grands-Mulets, était trop faible de o''^''-,3o par l'effet de la diminution de la pression extérieure, le nombre 86'"^',4o serait aussi trop faible de la même quantité. La différence 656, lo — 86,4o, que l'on emploie dans le calcul des températures, ne doit donc recevoir au- cune correction. >' Les températures transformées en leurs tensions correspondantes, au moyen de la Table de M. Regnault , donnent les nombres inscrits dans la colonne «Pression calculée ». Les différences entre cette pression et la pres- sion observée ne s'élèvent pas à i millimètre. » L'observation du 8 août est incomplète, puisque le zéro n'a point été observé après l'ébuUition. Si cependant l'on adopte 86'''^-,o comme étant la position la plus probable de ce point, on trouvera 87'',097 pour la tempé- rature de la vapeur, et la pression qui lui correspondra dans la Table de M. Regnault sera égale à 469"'",99, ce qui diffère très-peu de la pression observée. Toutefois, cette observation ne saurait mériter un degré de con- fiance égal à celui de l'observation du 3i aotît, faite au même lieu. » Pour compléter l'histoire du thermomètre de MM. Martins et Bravais, il faut ajouter que son zéro, repris le a/\ septembre, correspondait à 8y'''^-,3 de son échelle; peu après, l'instrument fut mis hors de service, de sorte qu'il n'a pas été possible de vérifier au retour la valeur du degré exprimé en divi- sions de l'échelle; mais l'on a tout lieu de croire à l'exactitude de la valeur obtenue ci -dessus. » « Sur le thermomètre dont MM. Peltier et Bravais se sont servis en 1842 dans les Alpes, les déplacements du zéro, produits par l'exposition à une température de 90 à 100 degrés, ont été très-considérables : la valeur moyenne de ce déplacement a été de 0°, lyS. » Le zéro du thermomètre employé par MM. Martins et Bravais dans leur ascension au Mont-Blanc avait une stabilité beaucoup plus grande; la valeur moyenne de la différence des lectures du zéro , avant et après l'ébuUi- tion, ne s'est élevée qu'à o°,o37. » Enfin, MM. Martins et Bravais ont eu à leur disposition, pendant le même voyage , un troisième thermomètre qui leur avait été confié par M. Regnault et dont le zéro était encore moins variable. Ce thermomètre, dont la division valait o*',2i6, leur a donné les résultats suivants : A Paris, ^^B^ ( i69 ) le zéro, avant l'ébullition , était à 239**'**, 22; après l'ébullition, à aSg**'"-, i5. A Genève, avant l'ébullition, à 239'*'^',35; après l'ébullition, à 239'''^-,2n. Le déplacement du zéro de ce thermomètre ne s'élevait donc qu'à o°,oi6. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur la température de l'ébullition de l'eau à dijjérentes hauteurs dans leS Pyrénées; par M. Izabn. « Le thermomètre qui a servi dans ces observations est le thermomètre n°8, employé dans les expériences de M. Regnault sur les forces élastiques de la vapeur d'eau [Annales de Chimie, tome XI , page 278). L'appareil dans lequel on prenait la température de l'ébullition est celui qui nous sert ordi- nairement, dans le laboratoire du Collège de France, pour déterminer le point 100 des thermomètres. Le baromètre était un baromètre de Fortin; ses indications ont été corrigées pour les différences de hauteur et de latitude. » Il m'a été impossible de prendre le zéro du thermomètre avant et après chaque expérience , parce qu'il n'y avait pas de neige sur les hauteurs où je me trouvais. Je faisais ordinairement deux ou quatre déterminations dans une ascension, et je ne prenais le zéro qu'à mon retour aux Eaux-Bonnes, et c'est avec le nombre ainsi obtenu que je calculais mes expériences. Cepen- dant, pour m'assurer, jusqu'à un certain point, de la constance de marche de mon thermomètre, je retirais, après chaque expérience, le thermomètre de l'appareil, je le laissais revenir à la température ambiante, puis je le remet- tais dans la vapeur : j'obtenais ainsi une seconde détermination qui a été dé- signée dans le tableau par « i^fois. » Les différences des résultats obtenus dans ces déterminations successives ne dépassent paso'',o3, elles sont de l'ordre des erreurs d'observation, et sont, du reste, tantôt positives , tantôt négatives. » On remarquera que le thermomètre a présenté le même zéro dans les observations qui ont été faites du 22 au 27 juillet, bien qu'il ait été porté plusieurs fois à 97 degrés : j'ajouterai même qu'il n'avait pas varié depuis le 26 octobre i843, où je le trouve à 66°,o, dans un registre de M. Regnault. Le 12 août, le zéro a été trouvé à 64°>9, ce qui fait un abaissement de i",! = o'',r9. Cet abaissement avait été déterminé par une circonstance extraordinaire : le 29 juillet, j'avais fait deux déterminations qui ne sont pas rapportées dans le tableau, parce que dans le transport du thermomètre la colonne s'est divisée , et j'ai été obligé de chauffer assez fortement le réser- voir pour faire passer toute cette colonne dans une petite ampoule située à l'extrémité de la tige; l'instrument se trouva réparé, mais le zéro pris immé- diatement après était descendu à 64°,8. Le i 2 août il était à 64",9) et il s'est 23.. ( 170 ; maintenu en ce point dans les journées suivantes. A mon retour à Paris , le 3o août, je le trouvai à 65°,o5. Le i3 novembre, il était remonté à 65", 5; le ao janvier i845, il a été trouvé à 65",7. DATE. z£ro avant l'ébuUit. ÊBtM.LlTION ZÉRO après rébuUit. 1CHPÉRAT. TENSION calculée. TENSION observée. DIFFÉRENCE DIFFERENCE en degré. I8M. 22 juillet ego 641 0 ,6 660 97° 69 699,37 700,02 - 0,65 oo,025 ■i3 juillet.. . . II 638 .37 II 97 ,,5 685,77 685,72 -1- o,o5 0 ,00a tt II 632 .74 66 96 ,.8 661,89 662,35 - 0,46 0 ,019 37 juillet It 633 .70 II 96 ,35 666,02 666,94 — 0,92 0 ,o37 » If 628 ,08 66 95 .40 643,19 6/i3,26 - 0,07 0 ,oo3 la août It 63 1 ,55 '/ 96 .«7 661 ,63 660,78 -+- o,85 0 ,o35 12 " 2" fois. tt 63 r ,40 II 96 ,i5 661, i5 660,73 + 0,42 0 ,017 ff " 625 ,86 " 95 ,21 638,70 637,37 -H 1,33 0 ,o56 la '/ 2* fois. // 625 .7' 64 >9 95 ,18 638,00 637 ,28 -+- 0,72 0 ,o3o i5 août II 635 ,3o II 96 ,81 677,32 676,92 + 0,40 0 ,016 i5 «a» fois. " 635 ,35 " 96 ,82 677,56 676,92 -h 0,64 0 ,026 ff II 63 1 ,75 " 96 ,21 662,62 663,1 3 -o,5i 0 ,021 i5 » a"^ fois. II 63 1 ,85 64.9 96 ,22 663,86 663,10 — 0,24 0 ,010 16 août II 632 ,25 rt 96 ,29 664,49 664,46 -+- o,o3 0 ,001 ff II 625 ,85 II 95 .21 638,71 638,49 ■+- 0,22 0 ,009 16 "2" fois. II 626 ,o5 64.9 95 .24 ■a-» 639,4 > 639,26 •4- o,î5 0 ,006 » On voit que les différences entre les températures d'ébullition observées et celles qui sont déduites de la Table de M. Regnault, en partant des déter- minations barométriques, ne dépassent pas o°,o37, sauf une seule qui at- teint o°,o56. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la possibilité d'établir une chaùie de puits artésiens à travers le désert entre Biikra et Tuggurt; hauteur du désert à Biskra; hauteur de Constantine; observations météorologiques faites dans le désert. (Extrait d'un Rapport fait par M. Fournel au Ministre de la Guerre.) « .ï'ai dit à quel instant et à quelle hauteur (i 090 mètres) nous avions franchi la ligne de partage des eaux. Depuis cet instant , chaque station indi- quait que nous descendions vers le désert par une pente assez rapide. Arri- vés à Biskra, un horizon indéfini, comme celui de la mer, se déroulait de- ( 171 ) vant nous. Il était intéressant de connaître la hauteur, au-dessus de la Méditerranée, de cette plaine sans limite. Une série d'observations baromé- triques,comparées avec celles qui se faisaient simultanément à Constantine(i), me donna jB mètres pour la hauteur de Biskra, au-dessus delà mer (2). Sans doute, ce chiffre ne doit être considéré que comme une approximation, puisque la distance de aS myriamètres environ, qui nous séparait de Con- stantine, était trop grande pour que les variations des deux instruments fus- sent bien comparables ; niais le fait essentiel n'en est pas moins mis en saillie par le résultat obtenu, résultat qui ressort d'observations faites pendant onze jours consécutifs (du 4 ou i5 mars i844) P)- » Le croquis joint à ce Rapport donne une idée assez nette de tout l'ensemble des terrains que je viens de décrire sommairement. » On voit, par ce qui précède, sur quelles observationa se fonde l'idée que j'ai émise sur les chances de succès que présenteraient des tentatives de sondage dans le désert. Il est clair, par les inflexions des couches exprimées dans le croquis , que , d'une part , l'espace compris entre Constantine et les montagnes qui dominent, au nord, Merdjet-el-Gouzi , d'une autre part, ce que je puis appeler la plaine d'El Kantara, se présentent comme formant deux bassins artésiens. Au contraire, la plaine où coule le T'zour, plaine marécageuse en quelques points, devrait, par tm trou de sonde, donner écoulement aux eaux qui y séjournent (4). » L'inclinaison définitive des couches du terrain vers le sud, la compacité du calcaire qui forme les bancs supérieurs, la porosité des marnes interca- lées dans ces bancs, tout porte à croire qu'une série de coups de sonde don- nés dans le désert ferait jaillir des eaux en tel point qu'on choisirait (5). (i) yojez la Note B à la fin de ce Rapport. (2) Mes observations, dans le désert , sont au nombre de soixante; en prenant la moyenne de toutes ces observations et la moyenne de toutes celles faites, dans le même temps, à Con- stantine , je trouve 100 mètres pou» la hauteur de Biskra au-dessus de la mer. Mais en choisis- sant les observations faites identiquement aux mêmes heures, en prenant les jours où la marche des deux baromètres a bien concordé, où les variations ont été faibles, j'arrive au chiffre de ^5 mètres qui, par les raisons que je viens de donner , me paraît devoir être plus rapproché de la vérité. (3) Voyez la Note C à la fin de ce Rapport. (4) Il n'est pas douteux que, dans beaucoup de cas, une étude intelligente du terrain per- mettrait à la sonde de rendre de grands services comme moyen de dessèchement, en prati- quant, au point le plus bas, ce que les sondeurs nomment des bolt-tout. (5) Voir la Lettre que j'ai adressée au Journal des Débats, et qui a été insérée dans le nu- méro du 20 août i844- ( '7^ ) Ainsi s'explique ce que Shaw rapportait, il y a un siècle, en parlant des en- virons de Tuggurt : « Les environs de Wad-Reag, dit-il, sont fournis d'eau » d une façon singulière : ils n'ont proprement ni fontaines ni sources, mais >' les habitants creusent des puits à cent, quelquefois deux cents brasses de >' profondeur, et ne manquent jamais d'y trouver l'eau en grande abondance. » Ils lèvent, pour cet effet, premièrement diverses couches de sable et » de gravier, jusqu'à ce qu'ils trouvent une espèce de pierre qui ressemble à » de l'ardoise (i), que l'on sait être précisément au-dessus de ce qu'ils appel- » lent bahar tâht el erd ou la mer au-dessous de la terre, nom qu'ils donnent » à l'abîme en général. Cette pierre se perce aisément, après quoi l'eau sort )» si soudainement el en si grande abondance, que ceux que l'on fait des- » cendre pour cette opération en sont quelquefois surpris et suffoqués, quoi- >' qu'on les retire aussi promptement qu'il est possible (2). « » Or, ce sont là de véritables puits artésiens, comme M. Arago l'a re- marqué il y a déjà dix ans (3). Il est de la dernière évidence qu'il existe sous le désert une nappe d'eau qui vient de l'Atlas et qui doit avoir un cours du nord au sud. " Une série de coups de sonde, convenablement espacés entre Biskra et Tuggurt, formerait ce qu'on peut appeler la grande route entre ces deux points. Il faut que tous les coups de sonde réussissent, et, pour cela, il est nécessaire et il suffit que le premier amène leau à la surface; or, le Gouver- nement possède le matériel. La chance à courir, en cas d'insuccès, se réduirait donc à perdre la façon d'un sondage. Il est rare qu'une idée dont les consé- quences seraient si grandes puisse être vérifiée avec une dépense aussi minime. » Une autre conséquence découle des faits précédemment exposés; elle est relative à la configuration du pays. Depuis longtemps on savait que l'in- térieur de l'Afrique présentait des plaines élevées, et l'exemple de Lam- besa (4) nous prouve que les Romains avaient su les choisir pour y bâtir des villes où la température devait être assez douce. Ce fait est parfaitement vérifié, et la planche jointe à ce Rapport donije la hauteur approximative de ceux de ces plateaux que nous avons traversés; mais cette planche montre aussi que le profil auquel m'a conduit une série de mesures barométriques (i) C'est probablement une marne argileuse feuilletée. (2) Foyages de M. Shaw dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant, t. I , p. 169, in-4°; la Haye, 1743. (3) Notice sur les puits artésiens, par M. Arago; page 184 de Y Annuaire du Bureau des Longitudes pour l'an i835; in-i8; Paris, i834. (4) De magnifiques restes, encore debout, attestent la grandeur de cette ville située au pied de l'Aurès. ( '73 ) diffère beaucoup de celui qui a été donné par M. le général Duvivier (i). En effet, il était impossible à priori, et difficile par renseignement, déjuger que le désert fût aussi peu élevé au-dessus de la mer qu'il paraît l'être. On m'assure qu'au sud d'Oran et de Tlemcen les montagnes s'abaissent peu vers le désert; il faudrait admettre alors que le désert a une pente générale de l'ouest vers l'est, ce que semble indiquer, d'ailleurs, un long cours d'eau qu'on retrouve sur toutes les cartes, même sur la belle carte inédite de M. le colonel Uaumas, et qui sillonne le Sahara dans cette direction, paral- lèlement à l'Atlas. C'est un point qui reste à vérifier. » La distinction de grand et de petit Atlas semble destinée à disparaître. Sur presque aucun point les chaînes ne sont nettement distinctes , et presque partout on serait hors d'état de dire où commence l'une, ou finit l'autre. M. le général Duvivier pense que les anciens n'ont pas fait cette distinction (2) ; elle remonte à Ptolémée (3); mais ce qu'il est vrai de dire, c'est que ce géo- graphe ne l'appliquait qu'à la partie de l'Atlas qui atteint l'Océan, à l'ouest de l'Afi'ique. Si l'on maintenait la distinction de petit et de grand Atlas , ce dernier devrait être défini : la suite des crêtes qui forment la ligne de par- tage des eaux entre la Méditerranée et la grand désert. La chaîne de l'Aurès appartiendrait à plus d'un titre au grand Atlas. " Jusqu'à présent, le massif du Jurjura, auquel on attribue une hauteur de 2 100 mètres, pouvait être considéré comme le point culminant de l'Atlas, au moins dans l'Afrique française. FjCS monts Aurès paraissent beaucoup plus élevés. Près du camp de Batnah , qui était à ioi3 mètres, j'ai mesuré, à l'aide de deux observations barométriques, un piton qui est loin d'être le plus élevé de ceux qui avoisinent le camp , et ce piton s'est trouvé être à 65o mè- tres au-dessus du camp , c'est-à-dire à i 663 mètres au-dessus de la mer. Or, du sommet de ce piton j'apercevais la charpente des Aurès couverts de neige (28 mars), et dominant de beaucoup tous les points que nous avions pu atteindre. " IjC désert descend-il par une pente douce vers le Sénégal? S'il en est (1) Je n'ai pas pu me procurer les Recherches de M. le général Duvivier sur la portion de l'Algérie au sud de Guelma; je n'en connais que l'extrait qu'en a donné l'auteur lui-même à la page 334 ^^ *o° ouvrage intitulé : Solution de la question de l'Algérie; in-S" ; Paris, décembre i84i. (a) Foyez la page 335 de l'ouvrage que je viens de citer tout à l'heure. (3) Claudii Ptolemaei Alexandrini Geographiœ Libri octo, liber III, caputi, pag. 92 et 93 ; in- fol. ; Amstelodami , i6o5. ( 174 ) ainsi , et qu'il n'y ait pas de relèvements , on doit croire , vu la faible hauteur à laquelle se trouve l'oasis de Biskra, située à la naissance du désert, que les grands lacs figurés sur les cartes dans l'intérieur de l'Afrique sont, comme la mer Caspienne , à un niveau inférieur à celui des grandes mers. Un immense travail, exécuté sous les auspices de l'Académie impériale de Saint-Péters- bourg, a fait connaître," en iSSg, que la mer Caspienne est à 2 4'",8o (i2',72) (i) au-dessous de la mer Noire. i> J'ai pensé, monsieur le maréchal, que ces dernières observations, bien que pouvant être considérées, à certains égards, comme étrangères à l'objet direct de ma mission, trouvaient tout naturellement leur place à la fin de ce Rapport qui n'est, à vrai dire, qu'un recueil de faits, mais de faits qui méri- tent, après avoir été complétés, d'être rangés dans un ordre plus digne de leur importance. » NOTE B. Sur la hauteur de Constantine. « Le baromètre observé à Constantine était placé à 65o mètres au dessus de la mer. Tous mes calculs ont été faits en partant de cette hauteur, qui m'a été donnée comme exacte par M. le docteur Vital, chargé des observations météorologiques à Constantine. « Voici, au reste, une vérification que j'ai faite : le 1 2 mars i844 > le baromètre de M. Vi- tal , à Constantine , a donné : 8 heures du matin o'",7i26 4°)'^ midi o^jijiSi i4°)2 3 heures o",7i09 16°, 8 Moyenne o"','ji22 ii'')73 » Le même jour (12 mars), le baromètre de M. l'ingénieur Laborie, à Philippeville , ba- romètre qui est placé à 48'", 36 au-dessus de la mer, a donné : 8 heures o^nôôs i5°,o 10 heures o™,7669 i9°>o 2 heures o"',7648 i4°,8 Moyenne. . . o"',7659(*) 16°, 26 [i ) Al. de Humboldt, Recherches sur les chatnes de montagnes et la Climatologie comparée , tome n, page 3oo; in-S"; Paris, i843. (*) Sur les deux points, j'ai négligé une quatrième observation faite le même jour, parce que l'une se fait à 4 heures après midi , et l'autre à 9 heures du soir. Il est à regretter que , sur tous les points de l'Algérie , on n'observe pas au même instant. Il est à regretter aussi qu'il ne se fasse pas d'observations régulière» i Alger. Je suis trop souvent absent pour qu'on puisse compter sur les miennes. Or, à Alger, je n'en con- nais pas d'autres que celles qui sont faites , avec un instrument assez grossier, par le maitre du port. Quand je veux calculer une hauteur d'après l'observation que j'ai faite dans un certain rayon d'Alger, c'est av«c ces observations du port que je suis obligé de comparer mes résultats. on a donc : Philifipev.ille. Constantine. o"',7659 i6'',26 o",7i22 ii°,73 En se servant des Tables de M. Oltmanns, on trouve que : ,. ( donne pour 765""", 9 6212.16 a y donne pour 71 2"'",22 5633.34 ^ Tatle n. . . . donne pour T — T' = 4.53 . . 6.6 c Hauteur approchée a — h — c ■=. Ô72"',22 Première correction ','^'// 2(16.26 + 1 1 .73) = 32"',o3 604", 25 Le baromètre de PhilippeviHe est à 48'"5 36 au-dessus de la mer. Hauteur de Constantine au-dessus de la mer. . . 652"" ,6i résultat assez rapproché de celui qui m'a été donné. Le baromètre de Constantine n'est pas placé au point le plus élevé Pendant ce séjour de onze journées datis le désert, j'ai eu occasion de faire quelques ob- servations que j'ai rejetées dans celte Note , parce qu'il convenait de les conserver et de ne pas en embarrasser le texte du Rapport. » Sur les plateaux nous avons éprouvé des ffôids assez vifs , pufequ'à fiattiah , le 36 malfs , le thermomètre , au lever du soleil , marquait, à l'air libre, 5'',66 au-dessous de zéro. La terre était fortement durcie , et les flaques d'eau étaient gelées. La température la plus élevée que nous ayons éprouvée dans le désert est celle du 6 mars, près de l^oàsis de Sidi Ôc'bà. A I heure après midi , le thermomètre marquait 32'',66 centigrades à l'ombre de ma tente. » Cette élévation de température, très-grande pour la saison , a été comme le pféludte du violent simoun (chamsim d'Egypte) qui nous à surpris le lendemain. Le >] mkrs, à 5 heures du matin, le vent a commencé à souffler de l'ouest avec force; l'horizon s'est obscurci , et bientôt nous avons été enveloppés dans un nuage de sable fin qui, le jour venu , ne permettait pas de distinguer les objets, même ceux qui étaient placés à une assez faible distance. Ainsi, par exemple, on n'apercevait plus les palmiers de l'oasis qui était à quelques cenbineS de mètres de notre bivac. Le soleil était net sur ses bords, et tel qu'il se voit à travers un éjJais brouillard , avec cette différence que son disque, au lieu d'être rouge , avait la couleur blan- che de la lune. Ce simoun a duré quatorze heures. » Une grande baisse du baromètre avait aussi précédé et accompagné ce phénomène. Le 6 mars, à i heure après midi, la colonne barométrique avait o", 758 de hauteur; elle avait, depuis lors, baissé successivement et n'était plus que de o"',75i2 à g heures du soir. Le 7 mars, a 6 heures du matin, au moment où le simoun venait de se déclarer, la colonne était tombée à o'",748i, et le thermomètre marquait i8'',75; voici sa marche : C. U., (S^S, i" Semestre. (T. XX, ^° 5.) ^4 ( '76 ) 6 heures du matin o'",748i i8'',75 9 heures o™,'j499 iS^oo I heure o^j^Sog 22°,25 5 heures o'",75i aCjSo à 7 heures le simoun se calmait , et à lo heures du soir le baromètre donnait. o'",7534 i4°,5o Cette hauteur de o'",748i de la colonne de mercure fut, du reste, le minimum de toutes les hauteurs barométriques que j'ai prises dans le désert (*). Ce même jour, le baromètre était très-bas aussi à Constantine, à Philippeville et à Bone. Dans le cours de la journée, celui de Constanline a suivi une marche ascendante tout à fait analogue à celle que j'observais. Au contraire, à Philippeville et à Bone, le baromètre a continué à descendre pendant toute la journée du 7 mars. » Le maximum des observations barométriques que j'ai faites dans le désert a eu lieu le 10 mars à midi, heure à laquelle le baromètre a donné o'",7655, le thermomètre mar- quant 26 degrés (**). Ainsi, l'amplitude de l'oscillation barométrique a été de 17 milli- mètres jj en 77 heures. C'est aussi le 10 mars, à midi, qu'a eu lieu le maximum de hauteur de toutes les observations barométriques faites à Constantine du 4 au i5 mars inclusivement. Pendant les 77 heures que je viens de considérer, l'observation , à Constantine, a été de 16 mil- limètres -pj. j) La moyenne des soixante oscillations que j'ai faites , dans le désert , du 4 au 1 5 mars 1 844» donne o'", 75667 i9°j68 ■» Quarante-cinq observations faites, à Constantine, dans le même temps, à 65o mètres au-dessus de la mer, donnent, en moyenne. . . o"',70777 io'',oo » Quarante-cinq observations, faites à Bone, les mêmes jours, à 1 2", 5o au-dessus de la mer, donnent , en moyenne o'",76i6 \^°,'i^ » Il est remarquable qu'en comparant mes observations.avec celles de Bone, je trouve pour la hauteur du désert, au-dessus de la mer, 72"',65. » Nota. Toutes les hauteurs barométriques que j'ai données n'étant pas très-grandes, je n'y ai pas fait la correction de la latitude. » Suivant M. Deneveu , officier d'état-major, la latitude de Biskra est de 35 degrés i5 à 20 minutes. » GÉOLOGIE. — Réclamation de priorité relative à une Note de M. Pissis sur les lois qui président à la direction des chaînes de montagnes. (Extrait d'une Lettre de M. de Boucheporn à M. Àrago.) '< J'espère que je n'abuserai point trop de votre bienveillance en vous {*) La plus faible hauteur barométrique que j"aie eu occasion d'observer à Alger, à a8 mèlres au-dessus de la mer, est o"',7484, le Ihermomèlre marquant ij",."»' C'était le 1 1 novembre 1843, à gl'So"' du matin. («*) La plus grande hauteur barométrique que j'aie eu occasion d'observer & Alger, à 28 mèlres au-dessus de la mer, est o"',7758, le thcrniomèlre marquant t4°,7 ; c'était le aîdécembre i843 , à 9 heures du matin. ( '77 ) demandant de vouloir bien communiquer à l'Académie , et faire insérer dans son Compte rendit^ une réclamalion que je crois nécessaire de lui adresser an sujet d'un Mémoire qui vient de lui être présenté dans sa séance du aS dé- cembre dernier. Ce Mémoire présenté, sous les auspices de M. Llie de Beau- mont, par une personne alors partie pour le Pérou, M. F*issis, reproduit, en effet, uniquement, un important résultat de géologie géographique que j'ai fait connaître déjà d'une manière complète dans un ouvrage soumis au juge- ment de l'Académie, ilj a six mois, pour lequel elle a bien voulu nommer une Commission, et dont une analyse partielle, précisément relative à ces faits de la géologie physique, a été insérée au Compte rendu de la séance du 8 juillet 1844. » Le Mémoire de M. Pissis a seulement pour objet de montrer que toutes les chaînes du globe et tous les alignements continentaux peuvent se rap- porter à un nombre limité de grands cercles de la sphère, parallèles aux di- rections de soulèvements qui ont séparé les différentes formations géologi- ques dans nos contrées. " Or, ces faits , vous le savez, monsieur, sont consignés avec le plus grand détail dans mon ouvi'age; leur discussion y occupe plus de cent cinquante pages, et ils y sont représentés graphiquement sur une mappemonde, où la projection des cercles a été lithographiée et coloriée à Paris, par les. soins de M. Andrineau-Goujon, dès la fin de i843. » A quoi peut servir, d'après cela, cette TiCttre insérée au Compte rendu de l'Académie, par laquelle l'auteur déclare a\oh' parlé de son Mémoire à M. Élie de Beaumont , il y a un an ? Je ne répondrai pas , comme je le pour- rais, que j'avais annoncé mon travail au même savant, il y a trois ans : cela importe peu, en effet, et, dans de semblables questions, ce n'est pas le commencement de la recherche, c'est l'achèvement qui est la chose essen- tielle Il L'Académie comprendra, au reste, je l'espère, quel est le but de cette réclamation de priorité, incontestable pour ce qui forme une partie de l'ou- vrage que j'ai soumis à son jugement. Ce n'est point, en effet, que j'attache, pour ma part, un intérêt de découverte, de création aux lois de la disposi- tion générale des montagnes : tous les géologues savent bien quelle est, dans toutes les recherches de ce genre, la part importante de M. Élie de Beau- mont, qui en a donné à la fois et le premier éveil et les premiers tracés. Les résultats consignés dans notre ouvrage avaient seulement cet intérêt particu- lier de donner à la loi des montagnes une précision inespérée, et de fixer, à peu près définitivement , le nombre, la position et l'âge des lignes de soulè- 24.. ( '7» ) vement sur la surface de la terre. Mais ce n'est point encore sons ce point de vue qu'il nous parait nécessaire de signaler ici leur portée : ce qu'il est néces- saire de dire, c'est que l'indication de ces lois si précises ne doit, ne peut pas être séparée de la théorie qui les explique ou qui nous a conduit à leur re- cherche. Les résultats de géographie géologique, consignés dans notre ouvrage, n'y sont, en effet, que la dépendance et en quelque sorte l'expression maté- rielle d'un principe nouveau qui embrasse non pas seulement les lois de la foi'mation des montagnes, mais tous les autres faits des révolutions de la terre avec une rigueur encore inconnue : ce principe , paradoxal aujourd'hui , mais qui ne le sera plus demain , est celui des déplucements brusques de l'axe ter- restre à chaque période géologique, en tenant compte dun reste de fluidité intérieure. C'est lui qui, en outre de ses grandes conséquences climatériques, nous a géométriquement conduit à reconnaître la loi définie de la disposi- tion des montagnes du globe , suivant un nombre limité de cercles équato- riaux, la chronologie de ces lignes, la loi plus nouvelle encore de la distri- bution des montagnes sur chacune d'elles, selon leur angle de déviation successive , et celle enfin de la formation des fractures parallèles et des val- lées linéaires. C'est parce que ces résultais, ces lois , sont des conséquences raisonnées, nécessaires, d'un système, et non le fruit d'une observation em- pirique, que j'ai tenu à constater qu'ils m'appartiennent tous, ou , si l'on veut, qu'ils appartiennent à mon principe. Car une idée systématique qui mène à découvrir des lois matérielles est nécessairement une idée positive et impor- tante; lorsqu'elle s'applique surtout à d'aussi grandes choses qu'à l'histoire de la terre et aux formes générales de sa surface, elle mérite d'occuper sa place dans l'attention des hommes, et il n'est pas loisible d'affecter de passer sans l'apercevoir ou la connaître. Elle est de celles que l'on peut condamner ou admettre, mais que l'on ne peut traiter légèrement. « Observations de M. Elie de Beaumoivt. « M. Élie de Beaumont déclare d'abord qu'en effet M. de Boucheporn lui a parlé, il y a deux ou trois ans (c était eu été), d'un grand travail géologique dont il s'occupait, mais sur lequel il ne lui a donné aucuns détails, et que M'. Plssis ne lui a parlé de son dernier Mémoire, dans sa forme actuelle, et ne lui a montré son planisphère que dans le cours de l'hiver de i844- Tou- tefois, ce n'était pas alors la première fois que M. Pissis lui parlait de cet objet, et on le concevra aisément si l'on se rappelle que M. Élie do Beau- mont a été l'un des trois Commissaires chargés de faire un Rapport sur un ( ^79 ) autre Mémoire cjue le même fjféologue a présenté à l'Académie le 27 juin i84a(i), quel(jue temps après son retour du Brésil. Ce travail, dont l'Aca- démie a ordonné l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers, où il s'imprime en ce moment , est intitulé : Mémoire sur la position géologique des terrains de la partie australe du Brésil, et les soulèi'einents rpii, h di- verses époques, ont changé le relief de cette contrée. Ij'autfnir y explique , par trois soulèvements successifs, la formation des montagnes de ce pays, et s'occupe de comparer leurs directions avec celles des chaînes de l'Europe (2). M. Pissis, qui vient de repartir pour Potosi, n'a pas cessé de s'occuper de ces comparaisons depuis la rédaction de son Mémoire sur le Brésil. » Les faits qui viennent d'être rappelés n'infirment ea rien les droits de priorité qui résultent, pour M. de Boucheporn, de la date de la publication de son ouvrage (juillet i844); ïïifiis celte priorité ne diminuerait la valeur du travail de M. Pissis qu'en tant que ce dernier reproduirait, relativement aux directions, ce qu'il y a de nouveau dans les résultats de son compétiteur. Or, sans rien préjuger sur le Bapport que pourra faire la Commission chargée d'examiner le nouveau Mémoire de M. Pissis (Commission dont il a l'honneur de faire partie) , M. Élie de Beaumont croit pouvoir dire que les quinze grands cercles dont l'auteur a calculé les positions ne sont pas identiques avec les treize grands cercles de M. de Boucheporn. Plusieurs des cercles de la seconde série manquent tout à fait dans la première, et vice versd : plusieurs se rap- prochent sans coïncider; d'autres enfin coïncident plus ou moins exactement, et parmi ces derniers on remarque particulièrement ceux qui traversent lEu- rope et l'Algérie. » MINÉRALOGIE. — Essai de classification des Jeldspaths et des minéraux analogues ;_ par M. Cn. Deville. « Dans une précédente communication [Comptes rendus, t. XIX, p. 46), en exposant quelques recherches chimiques sur les trachytes qui constituent le massif du pic de Ténériffe, j'indiquais un cadre dans lequel on pourrait faire entrer les différents minéraux de la famille des feldspaths, en les divi- sant en trois groupes, représentés par trois formules atomiques, qui se dé- duisent l'une de l'autre par des lois simples. (i) Comptes rendus , t. XIV, p. io44 (27 juin i842)- (2) Voyez le Rapport de M. Dufrénoy sur le Mémoire de M. Pissis. Comptes nntiis , t. XVII, p. 28 (3 juillet 1843). ( >8o ) " L'établissement de cette famille, ainsi isolée, aurait l'inconvénient de laisser en dehors et loin d'elle une autre série de minéraux, dont la formule n'est pas la même, mais qui paraissent jouer, dans les roches de formation ignée, un rôle tout à fait analogue à celui des feldspalhs : telles sont l'anorthite, l'amphigène, l'andésine de M. Abich. » Fjes roches qui ont pour base l'un des minéraux de cette dernière série pourraient cependant acquérir quelque importance. Ainsi, en continuant mes recherches chimiques aux collections de roches volcaniques que j'ai rap- portées d'un voyage aux Antilles, j'ai analysé des cristaux assez volumineux, mais ternes et presque dénués d'éclat, recueillis dans l'île de Saint-Eustache, où ils font partie de roches porphyriques, à pâte violacée un peu terreuse. Leur densité est de 2,733; ils se dissolvent avec la plus grande facilité dans l'acide chlorhydrique. L'analyse a donné : Oxygène. Silice 4^) 35 ^,6 Alumine 36, 1 6 2,9 Chaux 18, 17 I Perte o , 32 » Bien qu'il y ait un excédant notable de silice (ce qui dépend vraisem- blablement d'une légère décomposition de cristaux aussi altérables, laquelle d'ailleurs est indiquée par la présence de sulfate de chaux épigénique), le mi- néral doit être représenté par la formule c'Si-f-3Àisi, qui est exactement celle de la paranthine, et s'applique aussi à l'anorthite, si on la généralise, en admettant l'isomorphismedes bases à un atome d'oxygène. » On peut considérer la roche de Sainl-Eustache, qui aura, je crois, ses analogues dans la plupart des Antilles volcaniques, comme une roche à base danorthite. Ce dernier minéral acquiert ainsi une nouvelle importance, et servira à caractériser une classe assez répandue de produits volcaniques. " Sa formule est R'Si + 3ÏiSi, et les proportions relatives d'oxygène dans les trois éléments qui la com- posent : I : 3 : 4. ( '8. ) » Dans l'amphigène, danslandésine, trouvée par M, Abich dans un por- phyre de Marmato , ces proportions sont I : 3 : 8, et leur formule commune est » On pourrait donc créer pour ces minéraux une famille toute proche de celle qui a réuni les feldspaths, et dont le caractère chimique, tiré des pro- portions relatives d'oxygène des trois éléments, serait I : 3 : «4- » On remarquera que les feldspaths proprement dits, c'est-à-dire l'orthose et l'albite, dans lesquels les proportions sont I : 3 : 12, pourraient se ranger en ti'oisième terme dans cette série, et leur formule s'écrirait ainsi : » Cette pai'ticularité, qui établit un lien naturel entre les deux familles, et permet de passer de l'une à l'autre, explique aussi comment on avait été amené, par des analogies géologiques et cristallographiques , à réunir en un même groupe des minéraux dont les formules chimiques diffèrent notable- ment, comme l'anorthite et les feldspaths. » Dans la classification que je propose , l'élément cristallographique, quoi- que secondaire, ne serait pas oublié, car c'est principalement parles formes géométriques, d'ailleurs très-probablement en rapport avec la prédominance ou l'exclusion de quelques-unes des bases, que se différencieraient les es- pèces. « En résumé, on pourrait ranger ces divers minéraux en deux familles groupées de la manière suivante, qui rappelle leur liaison intime : ( i8a) genre . FF.LDSPATHIUES. 1 : 3 : /î3. I : 3 : 6. RSÏ+RSÏ. i'"^ espèce rhyacolite. 2'= espèce labrador. genre, i : 3 : 9. RSi + RSi i" espèce, oligoclase. 2' espèce AMPHIGKNIDES. I : 3 ; «4. R'Si+3RSi. i:3:4. i" genre. Anorlhite i" espèce. Néphéline 2" espèce. Paranriiine. ... 3' espèce. R'si'+3iïsr. I : 3 ; 8. 2" genre. y genre, i : 3 triphane. (Regnault). ; 12. RSi+'RSr. Amphigène 1" espèce. Andésine (Abich.) . . 2" espèce. R'SV + 3RSi\ i:3:i2. V genre. Première espèce orthose. Deuxième espèce . . . albite. Troisième espèce pétalite. » Enfin, il est une classe de minéraux extrêmement remarquables, parce qu'ils se. rencontrent, quoique hydratés, dans les roches d'origine essentiel- lement ignée : ce sont les zéolites. En examinant les formules chimiques qui représentent ces divers minéraux, on voit qu'ils peuvent presque tous être considérés comme des hydrates des corps classés dans le tableau précédent. On pourrait donc les placer, en appendice, à la suite des minéraux anhy- dres qui leur correspondent respectivement; ou, mieux encore, pour ne point disséminer ce groupe si homogène de minéraux, tous hydratés, tous appartenant à un gisement commun, en former deux séries parallèles aux précédentes. On obtiendrait ainsi la disposition suivante : rELDSPATHIDES B-rDRATÉS. Premier genre, RSi-1-RSi. Mésotype Scolézite (Fuchs) Deuxième genre, RSi-|-RSi Zéoliterouged'Cffidelfors(Hisinger). 3Aq AMPBIGIÉNIDZS HYDRATÉS. Premier genre, R'Si-t-3RSi. 2Aq Ittnérite (Gmelin) 2Aq 3Aq Thomsonite (Berzelius) 2 ou 3Aq Thorite (Berzelius) ^K(\ Deuxième genre, R Si -t-3RSi'. Chabasie Troisième genre, R Si -f- R Si 6Aq Analcime (H. Rose) , Lauinonite Épistilbite Stilbite Et peut-être heulandite. 5Aq 6Aq 8Aq Gismondine de Marburg (Gmelin) 2Aq 4Aq 5Aq ( i83) » Fies seuls minéraux analogues aux précédents par leur gisement ou leurs propriétés , qui ne se trouvent pas rangés clans les deux séries que je viens de présenter, sont, parmi les minéraux anhydres, lasodalite, dont la formule n'est pas encore bien établie ; parmi les hydrates , la heulandite , dont la composition est aussi encore incertaine , et la prehnitc, qui devra faire partie d'une famille très-voisine , dans laquelle le rapport de l'oxygène dans les bases à I atome et dans les bases à i atome et demi, sera de i : 2. " L'apophyllite ne contenant point d'alumine, aucune classification ne pourrait la rapprocher entièrement des corps précédents. » ÉLECTRICITÉ. — Expériences sur la force électro-motrice telhirique, exécutées par M. L. Magrini, avec l'appareil que la ville de Milan fit construire à l'occasion du sixième Congrès scientifique. « Cette Note est extraite d'un travail long et circonstancié déjà discuté dans les séances des i5, a5 et 27 septembre i844 du sixième Congrès scientifique, et dans celles des 5 et 21 décembre de l'Institut impérial de Lombardie. » Le long du chemin de fer qui conduit de Milan à Monza , quatre fils fu- rent tendus sur une distance de 1 3 kilomètres : deux de ces fils étaient en fer, ayant le diamètre de i ^ millimètre, et les deux autres en cuivre du diamètre de f de millimètre. De cette manière les sections des deux métaux étaient presque en proportion invei'se de leur conductibilité. Ces fils, qui re- présentaient ensemble un circuit de 62 kilomètres, étaient soutenus par des pieux en bois sec, auxquels étaient attachées des brochettes en fer couvertes de taffetas gommé : les fils étaient arrêtés en tournant une fois sur ces bro- chettes. » Après plusieurs expériences exécutées avec un très-grand soin, expé- riences décrites dans mon ouvrage, qui sera bientôt publié, il fut reconnu que l'isolement des fils pouvait être considéré comme physiquement parfait , tant que ces fils seraient parcourus par des courants de faible intensité, tels que sont les courants telluriques, et ceux que produit une pile à la Bagration, dont je me suis ordinairement servi. " Voici quelques-uns des principaux résultats obtenus. Propriétés des courants telluriques qui passent par des fils d'une grande longueur nr formant pas un circuit fermé. " 1. Une lame de métal, ensevelie dans la terre humide ou dans l'eau, en communication avec la masse entière du globe, perd l'équilibre électrique, C.B., i845,i«''Semcrj(rt. (T. XX, N» 3.) ^5 ( '84 ) en rendant libre une partie de son électricité naturelle; de manière que si Ion attache à la même lame un appendice de fil métallique qui s'allonge de plusieurs milles, et qui soit soutenu dans l'atmosphère, la rupture de l'équilibre ou le mouvement électrique se communique à ce fil, produisant ce que l'on est convenu de nommer courant électrique, et que je distingue par le nom de courant tellurique. " 2. L'intensité de ce courant diminue à l'origine du fil avec une pro- gression très-rapide en s'éloignant de la lame; mais, passé une certaine distance, la diminution procède avec lenteur. Vers l'extrémité libre du fil, le mouvement s'éteint , c'est-à-dire qu'il n'est plus sensible aux instruments. » La propagation de ce mouvement paraît analogue à la propagation du calorique dans les bons conducteurs. » 3. Le fil de fer et le fil de cuivre ne se comportent pas, à cet égard , de la même manière. La loi du décroissement est plus rapide et moins régu- lière dans le fer que dans le cuivre. >> 4. Lorsque l'on expérimente à une distance toujours déterminée de la lame, l'on peut augmenter, jusqu'à une certaine limite, l'intensité du courant en allongeant le fil. » 3. La force du courant augmente jusqu'à une certaine limite en éten- dant davantage la surface de la lame. » 6. L'intensité de ce courant varie (quoique ordinairement elle se mon- tre avec une force constante dans le même lieu de la terre) en changeant le lieu d'immersion de la lame. Ces différences sont déjà assez notables d'un kilomètre à l'autre le long de la ligne de mon appareil. » 7. La direction du courant tellurique est intimement liée à la nature du métal dont est formée la plaque ensevelie dans le terrain; par exemple, une lame de zinc engendre, dans les fils, un courant qui va en sens contraire de celui qui s'obtient avec une plaque de cuivre. » 8. Un fil métallique, soutenu dans l'atmosphère, qui se termine, aux deux extrémités, en deux lames ensevelies dans la terre, constitue un réo- moteur dans lequel s'engendrent deux courants, c'est-à-dire qu'il y a, dans le fil, un mouvement composé; les deux courants sont contraires ou con- spirants, selon que les lames sont formées de métaux capables d'exciter le fluide électrique dans le même sens ou dans un sens opposé; c'est-à-dire qu'ils sont contraires lorsque les deux courants montent , ou que les deux descendent par le fil , et ils sont conspirants lorsque l'un monte et l'autre des- cend. Dans le premier cas, l'on obtient une résultante presque égale à la différence des actions élémentaii-es (le pôle électro-négatif se trouvant ton- ( i85 ) jours du côté de l'action prévalente); et, dans le second cas, la résultante s'approche de la somme des mêmes actions. II 9. Quoique les plaques soient formées du même métal, et qu'elles aient leurs surfaces d'égale grandeur et soient pareillement décapées, la cessation de l'équilibre a toujours lieu dans le fil. Le courant qui se révèle en pareil cas ne provient pas du manque absolu d'homogénéité dans les plaques, mais dépend plutôt de la qualité de la terre ou de l'eau dans lesquelles elles plongent (du moins d'après les expériences jusqu'à ce jour exécutées), car le courant conserve toujours la même direction lorsque les deux lames échangent le lieu d'immersion. " 10. Ce qu'il y a de certain , c'est que le courant qui se manifeste dans un fil métallique qui se termine, à son extrémité, en deux lames enfoncées dans la terre, accomplit le circuit moyennant la terre même, et constitue une espèce de pile à la Bagration. Propriétés des courants telluriques lorsqu'ils parcourent une chaîne métallique qui se ferme. >) 11. Dans une chaîne fermée, construite par deux fils métalliques sou- tenus dans l'atmosphère, il y a courant lorsque la chaîne communique avec le terrain humide par la conjonction d'un autre fil métallique qui se termine à son extrémité par une lame ensevelie dans la terre. Je nomme nœud le point de conjonction. » 12. L'intensité du courant est à son maximum près du nœud , diminue en s'en éloignant , passe par zéro , et enfin change de direction, et en s'ap- prochant du nœud, par l'autre côté, présente les mêmes phénomènes. >> 15. Le zéro, ou bien le lieu où subsiste l'équilibre, n'est pas disposé tout à fait symétriquement dans la chaîne, ce qui provient peut-être du manque d'homogénéité dans toutes les parties. Cependant, lorsque le cir- cuit s'allonge, la position du zéro tend toujours à devenir plus symétrique. L'intensité du courant influe aussi sur le déplacement du zéro; car plus le courant se trouve être faible, plus aussi l'équilibre approche de se trouver vers la moitié du circuit. )i 14. Ouvrant la chaîne là où s'est formé le nœud , le courant acquiert presque une intensité double, et conserve dans l'arc métallique une seule direction. >' Cela fait supposer qu'en partant du nœud , le courant se partage en deux courants, qui vont se rencontrer et se heurter. Voilà la cause de la double intensité : l'irruption , c'est-à-dire la communication du mouvement, ne peut s'accomplir, le circuit n'étant ouvert que par un seul véhicule. 25.. ( '86) » 15. IjCS courants telluriques s'en^jendrent aussi en sens contraire de la force électro-motrice propre des métaux et des liquides isolés de la masse du {{lobe terrestre. » lin effet, une lame de cuivre ensevelie dans la terre, excite dans un fil en cuivre très-long et soutenu dans l'air, un courant comme si ce fil jouait le rôle du zinc d'un couple voltaïque. » La lame de cuivre continue d'agir comme le pôle négatif, même lors- qu'elle est plongée dans une dissolution de sel ammoniac contenue d;ms une auge de terre poreuse et en communication avec la masse entière du globe. » 16. Une lame de fer qui s'oxyde dans l'eau ou dans l'acide nitrique étendu, en communication avec la masse du globe, produit le même effet, c'est-à-dire qu'elle joue le rôle de pôle négatif aussi bien avec le fil de fer qu'avec le fil de cuivre soutenus dans l'air; le courant se comporte comme si le galvanomètre était situé entre le cuivre et le zinc d'un couple vol- taïque, le zinc se trouvant constamment du côté du fil soutenu dans l'atmo- sphère. » Ces faits, qui ne se sont jamais démentis, ne sont pas conciliables avec l'hypothèse, que la lame combinée avec le fil constitue un couple voltaïque ordinaire, en admettant que c'est le cuivre qui pousse vers le fer. « 17. Mais pour en donner une preuve éclatante, il suffit d'interrompre la communication de la plaque avec la terre, de prendre une portion de cette terre ou de celte eau dans laquelle se trouvait immergée la plaque, et de former, au moyen d'une auge isolée, un couple voltaïque entre la plaque de fer et le fil de cuivre. Alors on a le courant en direction contraire de celui qui s'obtient lorsque la plaque est en communication avec le globe terrestre. » 18. Parmi les métaux déjà éprouvés dans le sein de la terre , le platine , le cuivre, le laiton , le fer, la fonte , l'étain , le plomb , sont ceux qui excitent le fluide électrique dans une même direction par rapport à notre globe, et ils peuvent être considérés comme électro-négatifs dans le langage de Volta , par rapport aux fils métalliques soutenus dans l'air, et comme électro-positifs par rapport à la terre, quoique les deux derniers présentent quelquefois des anomalies dont il serait trop long de parler ici. » 19. Le zinc est le seul métal entre les métaux communs qui , dans toutes les combinaisons, manifeste constamment la puissance d'exciter le fluide électrique en direction conlraire des autres métaux. En conséquence, ou doit le considérer comme étant jusqu'ici le seul électro-positif par rapport aux fils,, et électro-négatif par rapport à la terre. ( i87) Sur la cause des courants telluriques. n 20. Dans l'étal actuel de la science, il paraît que l'on ne peut expliquer ces phénomènes sans attribuer au globe terrestre une force électro-motrice capable aussi de détruire celle qui se produit ordinairement entre les métaux et les liquides isolés. Notre planète serait l'électro-moteur le plus né- gatif de tous les métaux déjà nommés, sauf le zinc, parce qu'il pousserait le fluide dans le premier et il le recevrait du dernier. » 21. M. Becquerel avait depuis longtemps indiqué aux physiciens la pro- priété possédée par un métal de rendre libre une partie de son électricité naturelle, et de se mettre en étal de tension lorsqu'il est plongé dans un li- quide. Il est clair pourtant que, puisqu'il existe un moyen capable de dissi- per cette électricité libre ou de la rendre latente, le métal doit se remettre dans son état naturel pour devenir de nouveau électrique, si toutefois le li- quide peut aussi reprendre son état primitif, et conserver en conséquence sa force électro-motrice. " Or, si à la plaque de métal on attache un appendice en fil très-long sou- tenu dans l'air, et que celui-ci soit capable de recevoir l'électricité jusqu'à la rendre latente, éteignant le mouvement à mesure qu'il s'y développe, on comprend qu'il soit possible que dans ce fil il s'effectue un courant dont l'inten- sité aille en diminuant avec rapidité au fur et à mesure qu'il s'éloigne de la lame. " C'est justement en cela que consiste le réomoteur tellurique; car le ter- rain humide, ou l'eau en communication avec la masse entière du globe, ne conservant jamais aucun degré de tension, et, en conséquence, se retrouvant toujours dans l'état naturel et avec une force électro-motrice constante , doit toujours exciter dans la plaque et maintenir le mouvement, pendant que le fil tend continuellement à rétablir l'équilibre. Il est inutile d'entrer ici dans des explications plus circonstanciées. Je dirai seulement que, en interrogeant l'expérience, on parvient à démontrer, avec la rigueur qu'exige la science, qu'un couple voltaïque peut se retrouver dans les conditions mêmes d'un ri'onioteur tellurique composé, et produire en conséquence des courants sans le circuit. » 22. Lorsque l'on vient ensuite à établii' entre le circuit métallique par- couru par uu courant voltaïque et la masse du globe , une , deux ou plusieurs communications simultanées avec des plaques de métaux différents, et qu on varie la position respective de ces lames, du galvanomètre et du réomoteur, on obtient des phénomènes singuliers et en apparence inconciliables entre ( i88) eux, mais qui reçoivent une explication facile et naturelle dans Thypotlièse de rélectro-molricité du globe. La terre conduit les courants électriques. » Les expériences exécutées à ce sujet par M. Matteucci, conduisent à des résultats complexes qui appartiennent à ce nouvel ordre de phénomènes. » 23. J'ai trouvé qu'une portion de terre interposée entre deux plaques métalliques, jointes ensemble au moyen des fils conducteurs avec les pôles d'une pile voltaïque, oppose au passage du courant une résistance qui peut être égale, plus grande, ou moindre que celle présentée par un fil métallique très-fin, qui ait la même longueur, et cela selon la nature et la grandeur de la lame. » Dans de telles recherches, il faut pourtant avoir égard à l'électro- motricité de la terre et aux courants telluriques qui peuvent se rendre con- traires ou conspirants avec le courant voltaïque, et il faut, en conséquence, avoir égard aux corrections que ces conflits exigent. » 24. En général, la résistance du terrain diminue jusqu'à une certaine limite, en augmeutant la surface des plaques qui sont plongées dans son sein. » 2.'). Il en résulte que dans un circuit mixte , c'est-à-dire formé en partie par le fil métallique et en partie par la terre, le courant peut acquérir plus d'efficacité que dans un circuit tout métallique de la même longueur. n Ce fait a été déjà annoncé par M. Matteucci. » 26. Cependant on n'a pas trouvé qu'avec l'intermédiaire de la terre, la résistance opposée par le fil métallique , qui fait partie du circuit , puisse diminuer, comme il semble que M. Matteucci l'avait déduit de ses premières expériences. n 27. De même , on n'a pas trouvé qu'un intervalle de terre plus ou moins long présente la même résistance, comme cela semblait à I expéri- mentateur de Pise. » Quant à moi, j'ai démontré, par une longue série d'expériences enchaî- nées de plusieurs manières, que lorsque la terre intervient dans un circuit voltaïque , elle se comporte comme des conducteurs ordinaires , et qu'à la terre, comme à tout autre conducteur, peut être appliquée la loi que M. Ohm a renfermée dans sa formule. . » J'ai trouvé, en effet, que la terre, à côté de mon appareil, présente une résistance média équivalente à celle de 260 mètres de mon fil pour chaque ki- lomètre de distance, et que la résistance de passage, qui peut être considérée comme une constante, correspond, à peu près, à 200 mètres du même fil. ( i89 ) C'est pour cela qne le professeur Matteucci , expérimentant entre de très- courtes distances (de quelques centaines de mètres) , et avec un galvano- mètre peu sensible, ne pouvait pas signaler cette résistance. Piopriétés des courants telluriques lorsqu'ils parcourent une chaîne formée par différents métaux. » 28. Les propriétés que manifestent les courants telluriques, lorsqu'ils parcourent une chaîne composée de différents métaux, sont très-remar- quables. » Dans un circuit de 52 kilomètres, moitié de fer, moitié de cuivre, les courants telluriques, produits par des plaques de platine, de cuivre, de zinc, de charbon, de manganèse et de fer, en contact avec l'acide nitrique étendu , ont une plus grande intensité lorsque le point de conjonction des lames se re- trouve entre le galvanomètre et le fer, que lorsque ce point se retrouve entre le galvanomètre et le cuivre à chaîne fermée. » 29. Lorsque la chaîne est ouverte dans le point de conjonction de la lame avec la spirale galvanométiique, l'intensité s'augmente lorsque le cou- rant, sortant du galvanomètre, entre premièrement dans le cuivre et ensuite dans le fer. » 50. Dans les deux cas cités nous avons , au contraire , un affaiblissement des courants, lorsque ceux-ci sont produits par l'ensevelissement dans la terre de l'étain, du plomb et même du fer, dans l'état ordinaire. II 51. Disposant convenablement les quatre fils de l'appareil, soit pour allonger la chaîne, soit pour en accroître la section en joignant entre elles les extrémités des fils comme pour en former un seul faisceau , on observe que les courants telluriques , quoiqu'ils acquièrent de la force en allongeant les fils , en gagnent cependant davantage lorsqu'on en accroît la section ; c'est-à-dire qu'il vaut mieux doubler, par exemple, la section en doublant le nombre des fils, et en conséquence les véhicules, au lieu d'un redoublement de longueur. » Ce résultat était à prévoir depuis que nous avons vu , par les expériences précédentes, la loi très-rapide avec laquelle diminue l'intensité du courant en s'éloignant de sa source, lorsqu'il parcourt une certaine longueur de fil. Faits qui tendent plus particulièrement encore à rattacher la théorie physique de l'électricité au principe des vibrations. » Pour concevoir les phénomènes dont nous avons fait mention , com- ment l'équilibre électrique vient à se rompre, et comment un courant s'en- ( 190 ) gendre, j'ai cru nécessaire de rappeler de nouveau l'idée des ondes, parce que, dans l'état actuel de nos connaissances, il est permis de penser que le système des vibrations peut aussi dominer la théorie physique de l'électricité , et conduire, du moins en partie, aux mêmes principes que pour la théorie de la lumière et du calorique rayonnant. » 32. En plaçant trois fils assez courts de manière à conduire, dans le même temps, deux courants voltaïques inégaux, indépendants entre eux , et avec force constante sur deux galvanomètres séparés, ceux-ci marquent simultanément à index fixé les déviations mêmes qui se manifestent lorsque les circuits se ferment séparément. Et, dans ce cas, un conducteur même (le fil intermédiaire ou central) se trouvant en contact avec le pôle cuivre d'un réomoteur, et en même temps avec le pôle zinc d'un autre réomoteur, doit donner passage, c'est-à-dire doit servir de véhicule à deux courants simultanés, inéj^aux et contraires, sans une altération sensible, ou il doit être doué de quelque propriété qui puisse correspondre à cet office. » 55. Si le pôle cuivre d'un couple vollaique (à force constante et isolée) se joint avec un fil de métal très-long qui, d'un côté, s'étend dans l'atmo- sphère sans communication avec le sol , et si le pôle zinc du même couple se joint avec un autre fil qui s'étend également de l'autre côté, il se manifeste dans les deux fils deux courants vigoureux à force constante et en direction contraire l'un de l'autre, quoique le circuit ne soit pas fermé, ni qu'aucune partie du système ne se trouve en communication directe avec la terre, et qu'il n'y ait pas de contact métallique entre les deux plaques qui constituent les pôles du réomoteur. Le long des fils, l'intensité de ces courants varie avec la distance des pôles, selon la loi indiquée au second paragraphe. " Dans la dernière partie de l'ouvrage dont, comme j'ai déjà dit, je pré- pare la publication, je me suis efforcé d'appliquer aux usages de la vie et de rendre profitable à l'industrie le pouvoir des courants telluriques. » PHYSIQUE. — Nouvelle méthode générale pour la détermination des quantités de chaleur dégagées dans les combinaisons chimiques; par M. Hess. (Extrait d'une Lettre à M. Jrago.) « Depuis que la question des quantités de chaleur dégagées par les com- binaisons chimiques a acquis un nouveau poids par l'attention dont l'Aca- démie des Sciences de Paris l'a trouvée digne, personne ne pouvait se trouver plus que moi intéressé à vérifier d'une manière rigoureuse la loi que j'avais énoncée sur les proportions multiples de chaleur. Je l'ai soumise à de nom- ( '9' ) breuses épreuves dont le résultat a été une méthode générale pour la détermi- nation des quantités de chaleur dégagées dans les combinaisons par voie humide. Je prends la liberté de vous en faire part. » Adoptons pour point de départ une substance susceptible de plusieurs degrés d'hydratation, comme l'acide sulfurique. En prenant de chacun de ces hydrates un poids ou un volume tel, qu'ils renferment chacun une même quantité d'acide anhydre, on déterminera la quantité d'eau nécessaire pour ramener chacun de ces hydrates à un titre fixe et qui soit le même pour tous. Ces préparatifs étant faits, nous supposons que les formules qui sont jointes par le signe + représentent les quantités et la nature des substances destinées à être combinées, et que ces substances se trouvent à la même tem- pérature. Soit H S -h 21 H et la chaleur dégagée = A H' S -+-20H B H' 8+ 19 H C WS-\- 16 H D » Si nous désignons par M le mélange ou la combinaison , par c la chaleur spécifique du liquide, et par t l'augmentation de température, nous aurons pour les quantités de chaleur A, B , C, M. c. t = A, M. c. r, = B, M. c. t-i = C, etc. ; et comme, dans les conditions où se fait l'expérience , les valeurs M et c restent constantes, nous avons A : B : C : = f : ?, : f j , ce qui revient à dire que les quantités de chaleur dégagées sont proportion- nelles aux accroissements de température. )i Pour obtenir les valeurs de A, B, G (qui sont les quantités de chaleur) , il faut connaître la valeur de c ou la chaleur spécifique. Voici comment on y parvient: M se trouve composé, dans chaque équation, de deux quantités dont l'une est l'acide que nous désignerons par a, l'autre est l'eau que nous désignons par ]3. Nous aurons pour la chaleur dégagée A , en supposant tou- jours que a et |3 soient pris à la même température initiale, {a -h P) t. c =: A. C. K. , 1845, i" Semestre. ( T. XX, N» 3.) ^^ ( 192 ) Si maintenant on répète l'expérience eu variant la températnre de jS, on ajoutera ou l'on retranchera à volonté une quantité déterminée de chaleur. Soit ^T cette quantité. Nous aurons, en supposant que l'acide a soit pris à la même température que dans l'expérience précédente , » Commet et <' sont les différences entre la température initiale de l'acide et la température finale du mélange , on aura .= t (a + P). (.-.') » On ne doit pas se borner à déterminer c pour la seule valeur de A , il faut la déterminer séparément pour chaque équation. Toutes ces valeurs doivent s'accorder et fournir ainsi la démonstration de l'exactitude des ré- sultats obtenus, en même temps qu'elles servent à trouver la limite probable des erreurs. » Cette méthode est cependant laborieuse , et il est souvent désirable de pouvoir juger de l'exactitude d'un travail avaut d'avoir déterminé la chaleur spécifique pour chacune des équations; voici comment on y parvient : les quantités d'acide et d'eau indiquées plus haut sont prises de manière à obte- nir des quantités de chaleur multiples. En nommant a la quantité de chaleur la plus faible, nous aurons en regard de chaque acide les multiples suivants • H S = 5a, W S = 3fl, H'S = ia, W'i ~ a. » Supposons maintenant qu'au lieu de prendre la quantité d'eau indiquée, on en ait pris plus ou moins. Dans le premier cas, nous aurons ajouté à la quantité a de chaleur une nouvelle quantité x. Mais comme, d'après les conditions mêmes de l'expérience, cette quantité reste la même pour tous les degrés d'hydratation que nous venons d'indiquer, nous aurons 5a + x, 3a 4- X, •xa-'rx, et a+x, de façon qu'en combinant deux à deux les équations qui en résultent, on peut toujours en déduire les valeurs de a et de x. Mais comme on doit obtenir tou- jours la même valeur pour x , elle servira à vérifier l'exactilude des expé- riences. ( '93 ) >i Comme on le voit, // est de rigueur d'opérer de manière à ce que le mélange définitif soit toujours au même titre. S'écarter de celte condition est une faute grave à laquelle le calcul ne peut plus remédier. >' Je craindrais de trop abuser de votre temps précieux si je voulais m'étendre sur la manière dont la méthode que je viens d'exposer doit être appliquée aux cas de combinaisons des acides avec les bases, et comment on peut parvenir à trouver les variations pour la chaleur spécifique d'un même liquide, mais à des titres différents. Quant aux recherches antérieures à cette méthode, elles auront besoin d'être revues. Je n'ai pas voulu les soumettre à un examen , car ce serait pour ainsi dire leur appliquer la question. » Si je me borne cette fois à exposer uniquement la méthode, sans vous communiquer les nombres auxquels elle m'a conduit, c'est que mes expé- riences m'ont d'abord donné la méthode, qu'ensuite j'ai été obligé de réunir, autant qne possible, les conditions nécessaires, et qu'enfin je crois pouvoir arriver à un degré de précision plus grand que celui que j'ai obtenu. Mais ce sujet exigeant nécessairement des détails, je me vois forcé de les renvoyer à une autre communication. " ^''^ CHIMIE. — Expériences de M. Schrotter concernant les modifications apportées à certaines réactions chimiques par une très-basse température. (Extrait d'une Lettre de M. Gaultier de Claubry à M. Dumas.) « Je pense que les faits suivants, que vient de me faire connaître le pro- fesseur Schrotter, de Vienne, pourront offrir quelque intérêt à l'Académie. )i Occupé de recherches sur Faction chimique aux plus basses températures que puisse produire l'acide carbonique solide , il a observé que le chlore, li- quéfié par l'action de cette température sans l'aide d'aucune pression, n'agit ni sur le phosphore ni sur l'antimoine. » Dans la même condition , le fer pyrophorique est sans action sur l'oxy- gène, et le platine en éponge ne peut déterminer la combustion de l'hy- drogène. » Le potassium reste sans altération en contact avec le protoxyde d'azote liquéfié par le procédé de M, Natterer. » M. Lamarche adresse le Tableau des observations météorologiques qu'il a faites à Saint-Lô pendant l'année i844. 26,. ( '94 ) M. Coulvier-Grwieh écrit relativement à la confirmation que donneraient les circonstances méléorologiqnes de ce mois, aux pronostics qu'il avait tirés dès le mois de novembre i844» de ses observations sur la direction des étoiles filantes. M. Rabet prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'exa- men de lacjuelle a été renvoyée sa Note sur un moyen de guérir le be'gaje- ment et d'apprendre à lire aux sourds-muets. M. Passot écrit que les avantages de sa turbine sont aujourd'hui constatés par l'expérience, et demande, en conséquence , que cet appareil soit admis à concourir pour le prix d*> Mécanique fondé par M. de Montyon. (Renvoi à la Commission du prix de Mécanique.) M. Baudelocque dépose un paquet cacheté. M. Chatin dépose un paquet cacheté. La séance est levée à 5 heures. A. ERRATA. (Séance du 6 janvier i845.) Page 49, lignes aS et 26, sur un nouveau système de chemins de fer atmospheriiiu.es; par M. Arnollet, lisez : par M. Germain. Page 5o, lignes i5 et 16, Note sur un nouveau système de chemins de fer atmosphériques ; par M. Gehmain, lisez : Mémoire sur un nouveau système de chemins de fer atmosphériques ; par M. Abnollbt. (Séance du i3 janvier i845} Page nij, ligne 27, au lieu de Bulletin de la Société polytechnique , lisez : Bulletin poly- technique. ( '95 ) . BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; i" semestre i845; n" i; in-4°. Annales des Sciences naturelles; par MM. MiLNE Edwards, Ad. Bron- GNiART et Decaisnk; décembre i844 5 in-8". Chambre des Pairs, session de f845. — De l'Académie des Sciences dans ses rapports avec l'Ecole Polytechnique; par M. le baron Ch. DuPlN, pair de France ; \ feuille iu-S". Ostéographie , ou Description iconographique comparée du squelette et du sys- tème dentaire des cinq classes d'animaux vertébrés et fossiles , pour servir de base à la Zoologie et à la Géologie; par M. DE Blain VILLE; ouvrage accompagné de planches lithographiées, ^ou.s sa direction, par M. JVerner ; 17" livr. in-4"» planches in-folio. Bulletin de t' Académie royale de Médecine ; tome X , n" 6; in-8°. Annales de la Société entomologiqtie de France; a*" série , tome II ; 3* trimestre i844;in-8''. Traité élémentaire de Paléontologie, ou Histoire naturelle des animaux fossiles ; par M. PiCTET , tome II , avec 20 planches. Paris , i845 ; in-8°. Considérations sur les relations de l'Etre humain avec le monde qui l'environne; par M. RiBES. Montpellier, i845; broch. in-8". Compendium de Médecine pratique ; par MM. MONNERET et Fleury ; tome VI, 23" livr. ; in-8°. Recueil de Ui Société Polytechnique ; novembre i844; in-8°. Annales médico-psychologiques ; ^diUyier 184 5; in-8°. Essai sur la Subsistance publique , et sur les moyens d'éviter les Disettes réelles ou factices, par l'établissement de Réserves publiques et de Banques agricoles; par M. Vincent. Brest, i844; in-4°. Quatrième É pitre dUsamer à ses contemporains. — De l'Enseignement {pre- mière partie); par M. Herpain. Nivelle , in-i6. Journal des Usines et des Brevets d'Invention; par M. Viollet; tome IV; juillet à décembre 1 844 S in-S". L'Abeille médicale; n° i; janvier i845; in-4''. The médical Times ; tome II, n° 278 in-4°. '<■ Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 524; in-4". ( 196 ) Esame , . . Examen d'un jugement émis sur quelques faits relatifs au Sulfate de quinine, et nouvelles expériences sur le même médicament ; par M. A. Desi- DERio. Venise, i843; in-S". Intoi'iio . . . Sur quelques applications thérapeutiques du Sulfate de quinine; par le même. Venise , 1 844 ; in-8°. La Virtu . . . La vertu spécifique du Sulfate de quinine ramenée dans les limites du vrai; par le même. Venise, i844; in-S". Storia. . . Histoire scientifique et artistique de l' Electro- Métallurgie , art origi- nairement italien; par M. le professeur G. Grimellï. Modène, i844; in-8°. Gazette médicale de Paris; tome XIII, i845; n° 3; in-4''. Gazette des Hôpitaux; n"* 5-7. L'Echo du Monde savant; 1 1* année , n" 53, et 12* année , n"' i et 2 ; in-4". ( '97 ) ^ wwwKddc«iZtf3 «3 w w f^ wgwd k « « c« c« w a c« K B Cl - = 0 4) • '3 • :-S- : :.2 : g- • j, • :'| : 2 ;i X :-2-ç; ^ ^^ „ ^ :ids- 3t,t.i.t,us.^O!-— r-i-ï-irr;i-i^ .— -ut.t.t. s.£Ps5on23 = = s3So— 5o-S = = 2S = = «o2a-=ss oi'oaît.ïîsoooooo i-.S(0 t.i.ooooooait.3caooo uKummfflauuuuucjeQOOeaHuuuuuuMMa^uuo o o - - es ro = 33 -a "73 T3 >. >^ (^ o o c 1B%^ b + i + + + I + + INI ++++ 0^ c^ o c^ r^in ro - " ce ^^ O en c^vo co 00 - tO ^î1-^* « q -■ CiX -««OOMO-ts O - O ofo ~m»ntD ^*»o ^îJ-^* •« po m »o oivi co co o o o fo >- ^^ c^ r^ c-^to + + I I M I ++ + + + + + + I I + + + + + + + + « Ol^* + + + (ta i 3 o o es o El -H O es; sa en cq O 05 ■WO«0.\H •O H OJ « es o 2 .rt vj-c^ in (X!-OfOlOv:f«vJ-«rO Oiotûro -COpo ■ tû O « O M « fO c^'^ ^D tO ^0 ^*>0 O « ^*vj-fc '^ « + + + + + + + + O O O - « ^*'vD fO ^îf I + I T + + + + 0 lo r^ 1 + + o" fO y3 o CT-Z-D r^X) o Mroo CTir^c^rs M r^O O^nroûO O O O ^*v3- «aiOOO'vO^r^OiaiO (£) PO I -OOrOtO « M 0»0 " 0 «.-n C^OOO^^fOCO o CTiO O O - C^CO lO >o »o O « t^lO - «o o 0 c o ro - ^*>o c£)iOt^io^j^-< «ioioooio «M - " o n o »^co c-^to »o M ~ fO o +1 1 1 1 1 1 1 1 M 1 I++++++++I I++++++++ 1 + + + r^OO O en « « co o « M c.oo roo O O «^*o o. ■" v^OO iO ^*io OO - t^lO M o m r^ es « -Xi ^ es c^ Oi c^io 00 Cl « (S in CO c^VO rOfOioro OfO ocû ClOOOcov^fcs Oi 0".C0 'X vj-*x CO Cl 0-; r- r^ c^ in - o (S o.^^ -v^ots-fooGOtso -^in io Ci ci « co O'-^tj-fivj-oeS'-o o M M - o 0 - - ^* M vj-^ t£j >0 ^ >0 vj- o «1 ^*»0 r- es « « 0 « o - -rO>0!ri»Ovi- rO - M O 1 M M 1 1 M 1 M + + + + + + + + 1 1 ++ 1 + + + + + 1 + + + tû ts o -• r^ Cl CiOO Cl o in o 00 o r^co ciOfOro 0^3 - es esrotrj CM") O ^* es o - io - oiotjD O oiri -^^r Ci^ cs-HCio--esioro cioo 00 c in cieo <*xi o co >o ci CiX ^ît- c.» e9 es c-^CO r^'O ^^UO ^*->d- - ro Oi'X) Cl O 00 es vd-co O Cl Cl c^^* r^ X Cl Cl innino^»n»n»n>nin ^*^^v:j-^*^*^*»n »n<£)mcû^t^yDin'nio»nm in ^^in 35 'yo e^ es fo in c^oo c Cico O M c^^* C-iO '~D ^tj-^^'O Xi o - v^foo - in I evi o M iO . c^in r^ en '^ — en oi'-O Cio Cl es in ro - o oooin c^ io m in in in o x; in in in in in va-^^^!:j-v:J-v:^^^in inx>inX)OX)t£isOtûininin ro o es ci o o co in cr> t^ c^ c^ en <0 in es ro Mj-in tO c^OO Cl O « ro ^^»n to c^CO Cl o - es ro v^in tO r^CC Ci O « - es ro «„««_,-«».eseseses«Mesescsesroro =® COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU T>UNDl 27 JANVIER 1845. PRÉSIDENCE DK M. EUE DE BEAUMO>ï. »« « 't. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Réponse de M. Pokillet à la Lettre de M. Peclet insérée dans le Compte rendu de la séance du 6 janvier i845. « M. Peclet est venu, par l'organe de M. Arago, soulever devant l'Aca- démie une discussion à laquelle, à mon grand regret, je suis obligé de pren- dre part. J'aurais voulu l'éviter, j'ai fait pour cela tout ce qui pouvait dépendre de moi; mais, mes efforts ayant été inutiles, j'essayerai du moins de la ra- mener dans des limites convenabies , et d'éviter avec soin tout ce qui pour- rait en prolonger la durée. » Quand M. Arago, d'après nos usages, m'a communiqué la Lettre de M. Peclet , mon premier mouvement a été de déclarer que je n'apercevais rien d'académique dans cette réclamation; que, cependant, pour donner à l'auteur toutes les satisfactions possibles, je m'empresserais , si cela lui était agréable, de répondre en présence de la Section de Physique à toutes les ques- tions qu'il voudrait m'adresser, et de lui donner toutes les explications qu'il pourrait désirer. Par là, je dois le dire , je croyais faire à M. Peclet une con- cession toute de bienveillance; je comprenais qu'ayant été présenté comme C. R., l8}5, l«r Semestre. (T. XX, N» 4 ) =^7 ( aoo ) candidat lors des dernières vacances, son désir naturel et raisonnable devait être de maintenir cette situation pour l'avenir, en se justifiant, devant la Sec- tion qui l'avait déjà présenté, des reproches que je m'étais cru autorisé à lui adresser d'une manière indirecte dans la préface de ma quatrième édition. Ma proposition a été repoussée: au lieu de prendre conseil de quelques sentiments de conciliation, M. Pecleta voulu passer outre et saisir l'Académie tout entière, il a voulu une discussion publique. M. Arago a cru devoir déférer à son vœu , et c'est alors que j'ai demandé la lecture et l'impression de sa Lettre, afin que le débat fût net, précis et décisif. » Il m'a semblé nécessaire de rappeler ces circonstances , afin que l'Aca- » demie fût parfaitement instruite des formes qui ont été suivies de part et d'autre. Si, pour la première fois de ma vie, je suis amené à faire de la po- lémique, il m'importe du moins que l'on sache que ce nest ni par goût ni par passion, mais bien par contrainte. )' J'arrive maintenant à la question. ' » < » M. Peclet m'accuse de deux choses : » I °. D'avoir dit qu'il s'est servi de mon livre pour faire le sien ; 1) 2°. De ra'étre plaint d'un passage de son Traité de Physique , où W àii que j'ai donné, sans les démontrer, des formules beaucoup plus compliquées que celles qu'il établit comme étant de lui; de m'en être plaint en disant qu'il n'avait rien démontré, rien simplifié, rien expérimenté sur ce sujet. » Qu'il me soit permis d'examiner successivement ces deux griefs, qui sont la base de la réclamation dont il s'agit. Je déclare d'avance que je le ferai sans amertume, et avec la rigoureuse impartialité que je me suis toujours im- posée dans tous mes travaux et dans tous mes ouvrages. » M. Peclet a publié, de i8ao à i8a5, une première édition de son Traité de Physique. La première édition de mes Éléments de Physique a paru en quatre parties, savoir: la première en 1827, la deuxième en 1828, la troisième en 1829, et la quatrième en i83o. » La deuxième édition de M. Peclet a paru : le premier volume en i83o, et le deuxième en i83i, )) Ainsi, quand M. Pecleta publié sa deuxième édition, mes trois pre- miers volumes étaient connus du public, et le quatrième, contenant la dif- fraction et la polarisation, avait paru quelques mois avant que M. Peclet traitât le même sujet dans son second volume. » Mais laissons de côté la diffraction et la polarisation, pour y revenir un peu plus loin : examinons seulement les matières qui précèdent. M. Peclet ( 20I ) confesse qu'il a emprunté à mon ouvrage six figures et quelques descriptions, puis il se couvre à l'instant d'un principe : " Les faits de la science, dit-il, de quelque manière qu'ils aient été' pu- " hliés, appartiennent à tout le monde; chacun est libre de les arranger » à sa manière; c'est d'après ce principe qu'existent tous les traites sur " les sciences j et M. Fouille t lui-même ne pourrait pas dire qu'il ne s'est » pas servi des livres qui ont paru avant le sien. » » J'avoue que ce principe, qui paraît si évident à M. Peclet, serait en effet fort commode pour celui qui voudrait faire une contrefaçon, ou même pour celui qui voudrait faire un ouvrage neuf sans se donner beaucoup de peine : il n'a qu'à prendre partout où bon lui semble, changer quelques mots, intervertir quelques phrases, et le voilà à l'abri de tout reproche. Je ne m'étonne plus, qu'à l'ombre de son principe, M. Peclet trouve fort étrange que je fasse remarquer qu'il s'est servi de mon livre pour faire le sien. Cependant voici quelques-uns des faits. » J'avais fait dessiner avec soin par un excellent dessinateur, M. Silber- mann, les boussoles et les appareils magnétiques de la Faculté des Sciences;. M. Peclet les trouve à sa convenance, il les prend de suite pour les mettre dans son livre : sur deux planches qui sont relatives au magnétisme, il y a, non pas quatre, mais quinze figures, c'est-à-dire au moins une planche qui est transportée de mes Éléments dans son Traité. » J'avais pareillement fait dessiner à M. Silbermann le microscope d'Amici, qui était alors une grande nouveauté; j'en avais donné une des- cription : M. Peclet l'a aussi trouvé à sa convenance. » L'ouvrage de Fraunhofer était inconnu en France; j'avais été assez heureux pour en recevoir un exemplaire; je m'étais appliqué à en faire l'a- nalyse , à en discuter les points essentiels , et particulièrement à exposer les dé- couvertes si importantes de cet habile observateur relativement aux raies du spectre et à l'achromatisme : M. Peclet a transporté dans son ouvrage les figures, l'analyse et la discussion. Il dit, il est vrai, dans sa f^ettre : « Pour » affirmer ce que je viens de dire (que son ouvrage est complètement diffé- » rent du mien), je ne me suis pas borné à des souvenirs, ni à une compa- » raison superficielle ; j'ai comparé mot à mot les passages des deux ouvrages » qui se rapportent aux mêmes sujets, et plusieurs personnes compétentes ont » bien voulu se charger du même travail; il est résulté de cette comparaison , )' comme j'en étais d'avance persuadé, qu'il n'y a pas un seul point de la phy- 11 sique qui ait été traité de la même manière et avec les mêmes développe- '1 ments; il n'y a pas même une phrase commune dans les deux livres. » 27.. ( 202 ) X En disant que M. Peclet s était servi de mon livre, je n'ai pas voulu dire qu'il eût copié mes phrasés; cependant la fin du passage qui précède m'oblige à faire une citation : PouiLLKT, tome III, page 3o6, 1829. Peclet, tome II, page 3o4, i83o. « Pour établir quelques points de repère « Pour établir quelques points de repère au milieu de cette confusion, Fraunhofer a au milieu de cette multitude de raies, Frauii- choisi les sept raies qui sont marquées B , C , hofer a choisi les raies marquées par les let- D, E, F, G, H, comme offrant le double très B, C, D, E, F, G, H, comme étant avantage, d'être faciles à reconnaître et de les plus faciles à reconnaître et divisant le partager le spectre en espaces qui ne sont pas spectre en parties qui ne sont pas trop iné- trop inégaux. De B à C, etc. . . . gales; B se trouve, etc. . . . » Pour observer ce phénomène, il ne » Pour observer ces phénomènes, il faut suffit pas de jeter les yeux sur le tableau qui prendre toutes les précautions possibles pour reçoit le faisceau de lumière décomposé par obtenir un spectre bien pur. Mais cela ne le prisme; ces espaces noirs sont beaucoup suffit pas; les espaces noirs étant beaucoup trop fins et trop resserrés pour être aperçus trop fins et beaucoup trop resserrés pour être directement; mais il est nécessaire d'employer aperçus directement, il faut les observer avec un appareil particulier et surtout un grossis- une lunette ayant un grossissement suffisant, sèment considérable. On peut disposer l'expé- Voici de quelle manière on peut disposer rience de la manière suivante : on fait entrer l'appareil : on pratique au volet d'une cham- dans la chambre noire un pinceau de lu- bre obscure, une fente très-étroite qui laisse mière solaire par une ouverture longue et passer les rayons solaires, ou , etc. .. . » étroite , etc. ...» >' Je ne parlerai pas dautres emprunts non moins évidents qu'il a i.iils aux trois premiers volumes de ma première édition , et toujours sans citer une seule fois mon nom. » J'avais appris tout cela, je l'avais vérifié par moi-même, et cependant j'avais gardé le plus profond silence : on ne m'a pas vu venir me plaindre à l'Académie, on ne m'a pas entendu parler de ces faits, ni dans mes cours, ni même dans mes relations les plus intimes. >' Je pensais seulement que les physiciens (jui voudraient prendre la peine de faire des comparaisons trouveraient qu'en somme, la deuxième édition de M. Peclet ressemblait bien moins à sa première édition qu'elle ne ressem- blait à mon ouvrage. » Quant à la troisième édition , publiée eu 1 837 , elle présente de nouvelles similitudes avec la première édition de mon ouvrage. Dès l'origine, c'est- à-dire depuis i83o, je m'étais appliqué à étudier avec soin les phéiiomènes de diffraction et de polarisation, et à les présenter d'une manière nouvelle ; on ^' ( 303 ) a bien voulu reconnaître, en général, que ce travail avait quelque mérite , soit pour la science, soit pour l'enseignement. M. Peclet paraît lui-même avoir été de cet avis , car il l'a imité de fort près dans cette troisième édition. Cependant je n'ai élevé aucune plainte, et je puis même ici invo- quer le témoignage de nos confrères de la Section de Physique; ils se rap- [)elleront que nous avons trois fois porté M. Peclet comme candidat sur nos listes de présentation ; ils pourront dire si j'ai fait la moindre allusion à ce que son livre a de commun avec le mien; ils pourront dire si je n'ai pas disenté et soutenu ses titres avec la plus complète impartialité et la plus grande bienveillance. Ce n'est pas moi qui viendrai jamais, sous aucun prétexte, mêler mes griefs personnels aux affaires de l'Académie. » Je terminerais là ce qui a rapport à ce premier point, s'il était possible de laisser passer le principe au moyen duquel M. Peclet prend soin de se justifier d'avance. Sans entamer ici une discussion sur ce qui constitue la propriété littéraire, il me sera permis de faire remarquer que ce principe est exactement contraire aux idées reçues, aux doctrines établies et aux lois qui règlent la matière. M. Peclet dit que : « les faits de la science, de quelque » manière quils aient été publiés, appartiennent à tout le monde. » S'il entendait par là que tout le monde peut les étudier, les approfondir, et s'en servir pour faire d'autres découvertes , nous serions parfaitement d'ac- cord ; mais ce n'est pas ainsi qu'il entend les choses , ce n'est pas intellectuel- lement que les faits de la science appartiennent à tout le monde, c'est maté- riellement; car il ajoute : « Chacun est libre de les arranger à sa manière; " c'est d'après ce principe qu'existent tous les traités sur les sciences. » Il croit donc qu'il est libre, lui M. Peclet, d'ari'anger à sa manière la Géo- métrie de Legendre ou la Statique de M. Poinsot! Dans l'intérêt de la science, je l'engage à ne pas prendre cette peine, et dans son propre intérêt je lui conseillerais encore de ne pas mettre son principe à cette épreuve. " Sonerreurrésulted'uiicétrangeconfusionrilconfondsanscesseledoinaine public et la propriété particulière; il confond les Mémoires imprimés dans les col- lections académiques et les traités spéciaux ; il paraît n'avoir pas senti, jusqu'à présent, qu'un traité spécial n'est pas, à l'égard du droit de l'auteur, comme un travail imprimé d.ms nos Mémoires ou dans les Savants étrangers. C'est pour cela qu'il pnijc, sans distinction aucune et avec la même liberté, dans les uns et dans les antres; et c'est aussi par suite de cette confusion d'idées, quil m'accuse d'avoir, dans ma première édition , emprunté la planche quatrième du premier volume aux ouvrages de M. Biot. Or, il est facile de s'assurer, à la première inspection , qu'en discutant dans ce preniier ( ^o4 ) volume, en 1827, l'ensemble des observations du pendule qui avaient été faites jusqu'alors dans toutes les parties du monde , pour en déduire la forme et l'aplatissement de la terre , je n'ai emprunté aucune figure aux deux Traités de Physique de M. Biot, qui ne parlent pas de cette question; mais que cette planche quatrième , relative au pendule, est tirée en partie du travail du capitaine Kater, imprimé dans les Transactions philosophiques , et en partie de XJstronoime de M. Biot. Le texte qui se rapporte à celles-ci n'est lui-même qu'un extrait du Mémoire de Borda et Gassini, qui se trouve dans le troisième volume du Système métrique, où toutes les figures origi- nales, à l'exception d'une seule, ont été consignées pour la première fois. >' Voilà ce que M. Peclet aurait pu voir, si ses amis lui avaient conseillé de réfléchir quelques jours de plus sur ce qu'il devait écrire à l'Académie. » J'arrive maintenant au second point , à la théorie de la pile < t au débat que M. Peclet s'efforce d'élever à ce sujet entre M. Ohm, M. Fechner et moi. Ici , la discussion me sera un peu moins pénible ; j'espère qu'elle ne sera pas, comme la précédente, tout à fait dépourvue d'intérêt scientifique. Pour y mettre de l'ordre, je commencerai par ce qui regarde M. Peclet dans cette affaire; j'examinerai ensuite ce qui appartient à MM. Ohm et Fechner, m'estimant heureux d'avoir une occasion d'apprécier leurs travaux, de rendre publique- ment hommage à ce qu'ils ont fait, et aussi de réclamer publiquement la part qui me revient dans la solution de cette importante question. >' Tout ce qu'il me reste à dire de l'ouvrage de M. Peclet se rapporte maintenant à sa troisième édition, qui a paru, en effet, le a décembre 1837, d'a- près le Journal de la Librairie. Cependant, tous les titres portant la date de i838, je l'avais cru réellement de cette dernière épotjue; c'est une erreur, je me hâte de le reconnaître; mais si je me suis trompé sur le titre, je ne me suis pas trompé sur le texte. A la page 58 1 de son deuxième volume se trouve une addition conçue en ces termes : « En partant de la loi que la conductibilité des fils est proportionnelle à la » section et en raison inverse de la longueur, et que la conductibilité de la " pile elle-même peut être représentée par une certaine longueur de fil, on » est conduit à plusieurs conséquences importantes que nous allons déve- » lopper. » " Suit, en effet , une page de développements, après quoi il ajoute : " M. Pouillet a donné, sans les démontrer, des formules analogues heau- » coup plus compliquées, mais qui, au fond, doivent être équivalentes, car >• elles sont fondées sur les mêmes principes. Plusieurs d'entre elles ont été )' vérifiées par des expériences nombreuses. » ( 205 ) » J'avoue que j'ai été vivement blessé de voir mon nom cité de la sorte, à l'occasion de recherches qui n'ont cessé de m'occuper pendant lonfjues an- nées, et sur lesquelles j'avais présenté quatre Mémoires à l'Académie. Rece- voir l'accusation de ne pas démontrer ce que j'avance, d'être confus et em- brouillé, et la recevoir de la part de quelqu'un qui me connaît, qui a été mon élève à l'École Normale , qui a été , douze ou quinze ans plus tard , mon audi- teur assidu à la Sorbonne, qui a lu et médité mon ouvrage, de la part de M. Peclet enfin, cela m'a paru trop dur. .l'aime beaucoup la paix , mais à une condition, c'est qu'on ne me fasse pas une guerre aussi injuste. » Voyons si , en effet , M. Peclet pouvait ignorer mes expériences et mes formules : » Le 3 octobre i83i j'ai présenté à l'Académie des Sciences un Mémoire sur la théorie des phénomènes thermo-électriques , où se trouvent démon- trées, par l'expérience, toutes les lois d'intensité de ces courants, et où se trouvent démontrées et développées toutes les formules relatives aux cou- rants dérivés. " Depuis i832, dans mes cours de la Sorbonne, j'ai exposé cette théorie et ces formules; c'était un sujet nouveau à cette époque, et j'y attachais de l'importance ; désirant surtout qu'il fût bien compris et bien apprécié par les élèves de l'Ecole Normale, je les faisais venir dans mon laboratoire pour leur montre^' tous les appareils et pour leur développer plus complètement les formules. Or, à cette époque, de i832 à iSSy, M. Peclet n'était-il pas maître de conférences de physique à l'École Normale? ne comptait-il pas comme un de ses devoirs de répéter mes leçons ? et, je le demande , ne lui aui'ais-je pas fait injure en supposant que, pendant ce laps de temps de cinq années, il n'eût pas appris le premier mot de cette théorie nouvelle, qui n'était ignorée d'aucun de ses élèves ? » Les leçons, je l'avoue, ne sont pas un mode suffisant de publicité pour tout le monde ; cependant pour lui , à raison de ses fonctions, c'était précisé- ment le mode le plus efficace. Mais, je l'admets, il n'a rien vu , rien entendu, rien appris par cette voie. Il peut me dire que tout cela s'est effacé de son esprit, parce qu'il n'y avait rien de matériel pour fixer sa pensée. Je le veux bien. » Mais que dira-t-il quand je lui rappellerai que les formules et les dé- monstrations dont il s'agit étaient imprimées sous mon nom, qu'elles l'étaient depuis plus de six ans, lorsqu'il est venu les refaire, en disant à ses lecteurs que je les avais mal faites? quand je lui rappellerai qu'il a pu les hre et les étudier tout à son aise, depuis le 6 octobre i83i, dans l'un des journaux scientifi- ( ao6 ) ques les plus importants et les mieux faits de cette époque, dans \e Lycée ^ qui, eu rendant compte des séances de l'Académie, a donné un extrait com- plet et fort détaillé d(i Mémoire que j'avais lu trois jours auparavant? quand je lui rappellerai, enfin , que ce journal était fait par son libraire, dirigé par SCS amis, et que peut-être il en était rédacteur? » Mais, je le veux bien encore, M. Peclet n'a rien su de ce que je pro- fessais dans mes cours publics, de ce que i'ensei{>nais en particulier aux élè- ves de l'École Normale dans des leçons qu'il devait répéter; il n'a rien su de ce qui s'est fait à l'Académie des Sciences; il a vécu dans une ignorance complète de toutes ces choses. " Il conviendra du moins, puisqu'il le déclare lui-même dans sa Lettre, il conviendra du moins qu'avant d'imprimer son addition, il connaissait le Mémoire que j'avais lu à lAcadémie le 20 février 1837 , et dont l'extrait se trouve dans le Compte rendu de cette séance. Eh bien, j'en appelle à sa bonne foi, je le demande à tous les physiciens: en présence de ce travail où, par de nombreuses expériences, j'étendais aux courants hydro-électri- ques ce que j'avais établi eu i83i pour les courants thermo-électriques; en présence de ce travail qui venait d'être discuté et jugé par la Section de Phy- si(|ue, et discuté même dans le sein de l'Académie, pouvait-il être permis à M. Peclet de citer mon nom comme il l'a fait, sans examen, sans discussion, sans critique motivée, et seulement pour porter contre moi l'accusation la plus blessante dont un homme qui travaille sérieusement puisse être l'objet , celle de donner des démonstrations qui ne démontrent pas? Cela pouvait-il être permis à M. Peclet? Jusque-là, j'avais bien volontiers fait taire tous les f riefs qui me touchaient personnellement comme auteur des Eléments de Phjsique; mais, devant une telle accusation, je n'ai pas dû, je n'ai pas voulu faire taire les griefs qui me touchaient comme savant et comme membre de l'Académie des Sciences. )> Voilà pourquoi j'ai parlé de lui dans ma préface, et, je piie l'Académie de vouloir bien le remarquer, j'en ai parlé avec réserve, avec modératiou, sans le nommer, et en citant seulement l'article dans lequel j'étais si étran- gement accusé. » .le regrette sincèrement, profondément, qu'il m'ait mis dans la pénible nécessité d'entretenir l'Académie de ces misérables détails. 11 Je n'éprouve pas un moindre regret d'avoir aussi à donner mon opi- nion sur l'espèce d'histoire de la théorie de la pile que M. Peclet vient nous faire dans sa Lettre de réclamation. Comment n'a-t-il pas vu qu'il fallait s'y prendre autrement pour traiter ce sujet , puisqu'à toute force il voulait le ( 207 ) traiter en présence de l'Académie? Gomment n'a-t-il pas compris qu'il ne suffisait pas de venir dire que mes travaux sont de nulle valeur, que cela est notoire, que c'est chose jugée en France, en Allemagne, en Angleterre et ailleurs, et de citer à l'appui de son assertion un Mémoire de M. Henrici, nne thèse de M. Kopp, qui ne disent rien de pareil, et un passage du Traité de l'Électricité àe M. Becquerel, où il prête à notre confrère un langage qu'il n'a jamais tenu? Pourquoi vient-il m'attaquer de la sorte, sans avoir pris la peine d'examiner lui-même la question avec un peu de calme et de matu- rité, sans avoir pris la peine de se faire une opinion à lui, fondée sur ses propres lumières et sur son propre jugement? Il y a dans cette conduite quel- que chose d'affligeant pour tout le monde et particulièrement pour moi, qui, sans l'approuver en toute occasion, n'ai jamais cessé de lui montrer des sentiments de bienveillance. » Il m'est pénible de lui dire publiquement qu'il est resté trop loin de la question; que si MM. Kopp et Henrici ont démontré que « mes formules se X déduisent de celles de M. Ohm, par de simples transformations » (Lettre de M. Peclet), ils n'ont par là porté aucune atteinte à mes travaux, car ils n'ont pas démontré que la formule primitive de M. Ohm fût autre chose qu'une hy- pothèse très-contestable. Que si M. Becquerel a dit : « M. Pouillet ayant fait « de nouvelles recherches sur ce sujet, qui avait attiré également l'ntten- 1' tion de M. Ohm il y a dix ans, nous allons faire connaître les principaux » résultats auxquels ces deux physiciens sont parvenus; l'ensemble des faits » est présenté d'une manière si analytique par M. Pouillet, que nous avons » cru devoir faire un chapitre à part de son travail » (Becquerel , t. V, p. a55); cela ne prouve pas, comme le voudrait M. Peclet, que M. Becquerel ait « dit positivement que MM. Ohm et Pouillet ont fait les mêmes choses, mais » M. Ohm dix ans avant M. Pouillet. » (Lettre de M. Peclet.) » Au reste, je ne peux pas me résoudre à prendre une à une les allégations de M. Peclet, et à chercher dans les ouvrages étrangers ou nationaux des textes à opposer à ceux qu'il indique en les interprétant à sa manière; j'aime mieux faire une chose plus convenable et plus utile en considérant la question dans son ensemble et dans ses principes, et eu la traitant comme je comprends qu'elle doive l'être devant l'Académie. >' Depuis que nous nous sommes occupés delà théorie delà pile , MM. Ohm , Fechner et moi , la science a acquis deux idées fondamentales et distinctes qui sont devenues le principe d'une foule de déductions importantes. • 1 La première est celle-ci : une source électrique étant donnée, l'intensité C. R., 1845, 1" Semestre. (T. XXjN» 4.) ^8 ( 208 ) du courant qu'elle produit, dans un circuit simple, peut se déduire des élé- ments constitutifs de la source et du circuit. >' La seconde peut être énoncée de la manière suivante : lorsqu'un con- ducteur simple est remplacé dans un circuit par des conducteurs multiples, l'intensité du courant dans chacun de ces conducteurs multiples peut se dé- duire de leurs éléments constitutifs et de l'intensité primitive. " Qu'il me soit permis de le dire dès l'abord sans rien préjuger sur les découvertes de M. Ohm et de M. Fechner, et sans y mêler pour moi aucun sentiment d'amour-propre, mais seulement parce que cela est juste et vrai; qu'il me soit- permis de le dire : ces deux idées, je les ai eues et je les ai démontrées. Ce qui n'estici de ma part qu'une simple affirmation se trouvera, j'espère, justifié de la manière la plus complète par l'examen que je vais faire de la question de priorité, et de la question de savoir si mes recherches sur ce point sont venues en temps utile pour rendre quelque ser- vice à la science. » Les deux idées dont il s'agit se trouvent, sous une certaine forme abstraite et hypothétique, dans l'ouvrage que M. Ohm a publié à Berlin en 1827. Je ne sache pas que, dans ce temps-là , cet ouvraj^e ait été connu en France autrement que par deux extraits fort courts donnés dans le Bulletin deFérussac, l'un vers le milieu de 1828 (t. IX, p. 260), l'autre vers la fin de 1829 (t. XII, p. 244)- Avant la publication de ces extraits, au mois de mars 1828, paraissait le se- cond volume de ma première édition , dans lequel se trouve décrite la bous- sole des tangentes, dans lequel je cite les expériences que j'ai faites, dans lequel enfin, contrairement à toutes les opinions reçues à cette époque, j'ex- prime nettement l'idée que, pour comparer les intensités des courants, il faut tenir compte de la résistance de la pile; je l'exprime comme un résultat direct de l'expérience, et en indiquant comment cette résistance se déter- mine expérimentalement (tome P%2'' partie, page ^SS, mars i.828)(i). Il est vrai que, dans ce passage , il est dit que celte résistance est en raison inverse de la section du fil, quand il devrait être dit qu'elle est en raison directe. S'il se trouve des physiciens (|ui , après avoir hi la description des expériences et les formules qui en résultent, s'imaginent qu'il y ait là autre chose qu'une (1) M. Poggendorff, ()ui suit d'une manière si vigilante les progrès de la science, avait saisi toute la portée de ce principe, et il avait bien voulu le reproduire textuellement dans ses Annales (t. XV, pagegi, i'^''n''de 1829). M. Fechner en fait lui-même usage, et cite mon- nom à ce sujet , dans son ouvrage de i83i ; en réalité c'est mon principe et ma méthode qui servent de base à M. Fechner et non pas le principe et la méthode de M. Ohm. ( 209 ) faute d'impression, je n'ai qu'une prière à leur faire, c'est de vouloir bien relire sans prévention, et avec le seul désir de chercher la vérité. « Sur ce premier point, quelle est donc la situation de M. Ohm, et quelle est la mienne ? M. Ohm , sous un rapport , a la priorité : il a incontestablement publié en 1827 l'idée, Confirmation de la loi, trouvée par MM. Ohm et Pouillet, que la » force de la chaîne diminue avec la longueur du fil de jonction , et preuve " directe que le courant se partage entre les fils qui forment une chaîne en » proportion de leur pouvoir conducteur. » » La dernière partie de ce passage me fait supposer que M. Fechner s'est occupé des courants dérivés : cependant, je suis porté à croire qu'après son travail, mon Mémoire de i83i conserve toute sa valeur; car M. Poggendorff, qui n'avait pas eu connaissance de ce Mémoire, dit, en 1841 (t. LIV, p. 173), en parlant de mon Mémoire de 1 837 , qu'ici j'ai le premier donné les formules des courants dérivés, et que le premier je lésai comparées avec l'expérience. » Enfin, j'arrive en 1837 et au Mémoire que j'ai alors présenté à l'Acadé- mie sur les lois de l'intensité des piles et des courants hydro-électriques. Tous les principes ayant été discutés dans ce qui précède , je n'ai plus à établir de comparaison qu'entre les travaux de M. Fechner et les miens. » Je confesse tout d'abord mon embarras : comme je le disais tout à l'heure, je ne connais les recherches de M. Fechner que par un extraitqui me semble peu propre à en donner une idée complète. Voici, cependant, quelques principes qui me permettent de m'expliquer à ce sujet. » En i83i , onne connaissait pas les piles à courantsconstants; M. Fechner était sans doute condamné à se servir de piles à forces variables, comme j'avais moi-même été condamné à le faire pendant tout 1^ cours de mes premières recherches. Or, je n'hésite pas à dire qu'avant la découverte des piles à cou- rants constants, il était impossible d'établir, je ne dirai pas d'une manière rigoureuse, mais seulement d'une manière satisfaisante, les lois de l'intensité des courants hydro-éleciriques. Je n'hésite pas à dire que , même aujourd'hui, loi'sque ces lois sont établies et constatées, lorsqu'il ne peut plus rester aucun doute sur leur parfaite exactitude, lorsque les moyens d'observation sont devenus plus variés et pkis parfaits, il serait impossible à un physicien de les reconnaître et de les vérifier sur les piles à force variable dont M. Fechner et moi avons pu faire usage jusqu'en i83i. » Plusieurs causes concourent, sans doute, à produire les irrégularités considéiables qui se manifestent dans ces appareils, surtout lorsque la con- ( 212 ) ductibilité des circuits éprouve de grandes variations; mais, parmi ces causés, l'une des plus puissantes est, je crois, celle-ci : quand l'action chimique s'exerce sans que les communications soient établies entre les pôles, l'électri- cité qui constitue le courant n'est qu'une portion de celle qui est développée; et, si les communicationsdeviennent plus ou moins conductrices, non-seule- ment l'action chimique change d'intensité, mais la portion des éleclricités produites, qui constitue le courant, change elle-même suivant des rapports complexes dont, jusqu'à présent, l'on n'a pas fait l'analyse. Je n'admets donc pas que la théorie que j'ai donnée pour les courants thermo-électriques et pour les courants hydro-électriques des piles à force constante s'applique sans modifications aux anciennes piles et à celles qui leur ressemblent. " Est-ce à dire pour cela que l'ouvrage de M. Fechner doive être regardé comme sans valeur et sans mérite, comme non avenu pour la science? Dieu me garde de faire une telle critique et de porter un tel jugement contre un physicien qui a travaillé avec tant de zèle et qui a servi la science comme il était possible de la servir à cette époque. J'ai fait trop d'expériences de cette nature , je sais trop les soins et la persévérance qu'elles exigent pour ne pas rendre à M. Fechner tous les hommages qui lui sont dus. Jen'ai rien publié de mes travaux, je me suis obstiné à vouloir plus de rigueur; mais M. Fechner a rendu un véritable service en publiant ce qu'il trouvait et comme il le trouvait. J'admets qu il ait fait tout ce qu'il était possible de faire avec les piles dont on pouvait alors disposer. » Maintenant, voici la question qui s'élève entre M. Fechner et moi. Les physiciens qui estiment qu'après les recherches de M. Fechner il ne restait plus rien à faire sur les lois d'intensité des piles et des courants hydro-élec- triques, jugeront que mon travail de iS'd'j était inutile; ceux qui, au con- traire, estiment que son*ouvrage, quelque recommandable qu'il fût, laissait beaucoup à faire, jugeront que mon Mémoire de 1 837 méritait d'être ac- cueilli avec quelque bienveillance. Mais les uns et les autres seront du moins d'accord sur ce point que, même en 1837 , je n'ai rien pu emprunter, ni aux principes, ni aux méthodes, ni aux résultats de M. Fechner. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. —Mémoire sur diverses conséquences remarquables des principes établis dans les séances précédentes ; par M. Auc. Calchy. § I'^''. — Considérations générales. « Nous sommes parvenus, dans la séance précédente, à un théorème que fl'on peut énoncer comme il suit : ( ïi3) » i" Théorème. Soit ^= re^ une variable imaginaire dont r désigne le module , et p l'argument. Soient, de plus , sr (oc) une fonction de x qui reste continue pour tout module de x qui ne surpasse pas l'unité, et f [y, z) une fonction de^, z qui reste continue pour tous les modules de j-, z qui ne surpassent pas certaines limites y, z. Enfin, nommons F (x) une fonction de x déterminée par le système des équations (l) F{x) = ^{x)f{jr,z), (a) j=i-x, z=!~^; et supposons que, la lettre u désignant un nombre entier quelconque, on représente par A„ le coefficient de x" dans le développement de F (x) en série ordonnée suivant les puissances entières positives, nulle et négatives de X. Au développement de f(j', z) suivant les-puissances entières et ascen- dantes de j-, z, correspondra un développement de A„ qui sera convergent, avec la série modulaire correspondante, si les valeurs de y, z vérifient la formule (3) • -+- a > b . . . , I > a' > b' . . . . Tant que les conditions (20) se vérifieront, les expressions (i — ax)'', (i — bxY,..., (i — a'x)'', (i — b'xf ,..r.< resteront, pour un module de x équivalent à l'unité, fonctions continues des paramètres a, b,. . ., et, par suite, on pourra en dire autant de la va- leur de A„ que déterminera le système des formules (4) et (5). D'autre part , en posant [ 220 ) on tirera des équations (i 8) et (19) (22) x.i^+ z) = {i-a'f'(i-b'f ... {i-g'zf\i-h'z)' ...X{i+z), les valeurs de g, h, . . ., g', h',. . . étant déterminées par les formules (^4) S' = r^r h'= ^' • I — a' i — b' Or, comme, en vertu de ces formules, les modules des coefficients g, h,.. seront égaux ou inférieurs au rapport et les modules des coefficients g' , h' ,. . ., égaux ou inférieurs au rapport les valeurs de ?(> - j)' x(i -2), déterminées par les formules (21), seront certainement la première fonction continue de j', pour tout module de j inférieur à y, la seconde fonction continue de z, pour tout module de z inférieur à z, si l'on a ou, ce qui revient au même, (26) y<-r-' ^<-^- » Fiorsque a, b, . . ., a', b' s'évanouissent, on peut en dire autant de a, a'. Donc alors les formules (26) se réduisent aux suivantes , y < 00, z < 00, qui se vérifient pour des valeurs finies quelconques de y, z. On peut donc ( 221 ) alors prendre pour y, z des nombres aussi grands que l'on voudra, par conséquent des nombres supérieurs à 2, et l'équation (10) se trouve cer- tainement vérifiée. Au reste, on pourrait arriver directement aux mêmes conclusions en observant que , d^ans le cas où les paramètres a, b,. . ., a', b',. . . s'évanouissent, les équations (21), (22) donnent simplement ^(i - j) = $(i - j), x(i +z) = X(i +z), en sorte que les deux fonctions se réduisent aux deux fonctions $(i-j), X(n-z), qui, d'après l'hypothèse admise, doivent rester toujours continues pour toutes les valeurs finies des variables^ et z. n Lorsque a, b,. . , a' b\. . . cesseront de s'évanouir, alors, en vertu du i" théorème, la série double qui aura pour terme général le produit ^ ' 1 .2. . .m i .2. . .m '- J ^ renfermé sous le signe 1 dans le second membre de l'équation (17), sera une série convergente , tant que l'on aura I I ^ - + - < I , y et z étant choisies de manière à vérifier les conditions (26), et par consé- quent, tant que l'on aura (27) \ j < I. ^ ' 1 — ai — a' Alors aussi, en vertu du 2^ théorème, la formule (17) subsistera si, k condi- tion (27) étant remplie , les coefficients A„, y('«)(i) et x""''(') ( 211 ) restent, pour les modules attribués aux paramètres a, b,.. ., a', b\. . ., fonctions continues de ces paramètres. Or, c'est évidemment ce qui aura lieu en vertu des conditions (20). En effet, les modules des paramètres a, ^,. . ., fl', b',. . . étant supposés tous inférieurs à l'unité, les valeurs de g, h,...,g',h,. . ., fournies par les équations (23), seront évidemment des fonctions continues de ces paramètres, et l'on pourra en dire autant, non-seulement des deux pro- duits Ç,-ar{i-b)\.., (i-a'fii-b'f..., qui entreront comme facteurs dans les valeurs des expressions ?""*(«), X<'"''(i), mais encore de ces valeurs mêmes qui, en vertu des équations (21), (22), se- ront respectivement égales à ces deux produits multipliés , le premier, par une fonction entière de g-, A, . . . , le second, par une fonction entière de g', h',. ... On pourra donc énoncer la proposition suivante : » 3* Théorème. Soit F (x) une fonction de x déterminée par une équa- tion de la forme (l— x)' S désignant un nombre inférieur à l'unité. Supposons d'ailleurs (p (x) = {i — ax) [i—hxy... 0(j?),et l{x) = (\-a'xf {i-b'x) ...X(0, |x, V, . . ., fi', v', . . . étant des exposants réels, ^{x), X [x) deux fonctions tou- jours continues de x , et a, h .,..., a\b',. . . des paramètres dont les modules a,D,«>«,a,D,..* ( 223 ) soient tous inférieurs à l'unité. Enfin supposons que, n étant un nombre en- tier quelconque , on désigne par A„ le coefficient de cd^ dans le développe- ment de F(x) en série ordonnée suivant les puissances entières de x. Si, en nommant a le plus grand des modules a, b , . .., et a' le plus grand des mo- dules a', b', . • . , on a (27) 1 1 < I , ^ " \ — a I — a' alers on aura encore (28) A„== 2(- !)'« -^f:^^^ jtSA^ [.-,„-,„']_', ^ ' \ .1. . .m l .1. . .m ^ dn+m -1 la valeur de [*]„ étant déterminée par la formule PI _ s{s-\-i)...{s + n—i) L-^J"— 1.2. ..« Ainsi le coefficient A„ se trouvera développé en une série double qui restera convergente , tant que la condition [l'f) se trouvera vérifiée. » Il importe d'observer que les formules établies dans la précédente séance fourniront le moyen de calculer une limite supérieure à l'erreur que l'on commettra si l'on arrête, après un certain nombre de termes, la série dont la somme, en vertu de l'équation (28), représente la valeur de A„. »> Observons encore que l'on tire, de la formule (28), (29) A„ = [.y]„9(i)x(i) + [^-'U?(0x'(O-[^-i]« ?'(0x(0 + [^-aU.?(i)ï;^)-[.-2]„..9'(i)/(i) + [.-2]„?;^X(0 + etc.... Comme on a d'ailleurs généralement l'équation (29) donnera ,{3o) A„ = (i + I)[4.î,(i)x(,), .<:. R., 1845, i« Semestre. {T. XX, N» i.) 3o la valeur de I étant (3x) I = lui r_L_ liii L_ tm ^ ^ 1 L« + I x(i) s-hn — i ') e" . D'ailleurs, on pourra aisément déterminer cette valeur moyenne par la mé- thode des quadratures , et même , comme nous l'avons remarqué dans un autre Mémoire, la déterminer de manière que l'erreur commise soit inférieure à une limite fixée d'avance, si l'on peut déduire facileinent de l'équation (3) la valeur de A„. Or, ce dernier problème est précisément l'un de ceux aux- quels s'appliquent avec succès les nouvelles formules, surtout lorsque le nombre n devient très-considérable. C'est ce qu'il s'agit maintenant de dé- montrer. » Si l'on pose ' 2 ' l'équation (3) donnera (5) A„ = -^£^x~"^ai)d>^, 3o. ( 226 ) la valeur de #(a?) étant (6) ^ ^(^)^'-'(^^^),-H\ et, par conséquent, A„ ne sera antre chose que le coefficient de.r" dansle déve- loppement de la fonction ^ {x) en série ordonnée suivant les puissances en- tières de ar. H y a pins : si l'on désigne par k une constante réelle ou imagi- naire dont le module k soit tel que ^(z) reste fonction continue de z pour un module de z compris entre les limites i et r, l'équation (5) pourra être remplacée par la suivante (7) ^" = ^X>""'^©^^' de laquelle il résulte que A„ sera encore le coefficient de x" dans le dé- veloppement de la fonction F (x) déterminée par l'équation (8) ¥{x) = k"g(^)- Mais, d'autre part, en raisonnant comme je l'ai fait dans la séance du g dé- cembre dernier, on prouvera que le rapport - , considéré comme fonction de X, est déterminé par une équation de la forme çi désignant un arc réel, etSK, a,^ trois quantités positives dont les deux, dernières, inférieures à l'unité, peuvent être censées vérifier la condition (lo) 61 3C, (i3) <)e-'*^~\ (•4) ^('iV/i-a.r-/^'^^ ' L-ikx-^e''^'\ \i-nhx ou , ce qui revient au même , (f[kx)=z{i—iixe'' j {\—Yi.x)e , Y^i-\=:l\—^xe'^\ (i — ixe~'^ ~'\ (i— ■/jx)e '"^, pour réduire la valeur de F {x), que fournit l'équation (8), à la forme (i5) F(^)=.HA«(i_xp <"i^ = o"',o63 5i4, bd^ = o'",oo55i8, d = ©"'.ooSS, ad^ = o«',oio6o4, be^ = o^.ooa 38o, et l'on déduit des valeurs de ad , (*=:3,'j5i5 et a ^ 531286 kilog., ( 23o ) et de celles de M , (i= 1,71174 et 6 = 8,o520. » Il résulte donc de ces observations que la forme ad + bd^ Q, donnée par M. Navier à la résistance qu'oppose une corde qui s'enroule sur un tam- ^ bonr de i mètre, ne saurait être admise; et c'est pour l'avoir adoptée, ainsi que tous les ^uteurs qui m'ont précédé, sans la discuter comme je l'ai fait depuis, qu'en calculant une Table des roideurs des cordes', j'ai été conduit à des roideurs plus grandes pour certaines cordes usées que pour les mêmes cordes neuves. , » II était donc nécessaire de chercher une autre expression qui, en atten- dant que de nouvelles expériences viennent confirmer ou modifier les résultats obtenus par Coulomb , puisse au moins en représenter les résultats avec plus d'exactitude et d'une manière plus rationnelle. KÎP" » C'est à quoi l'on parvient eu comparant les roideurs aux nombres de fils de caret, et l'on reconnaît facilement que la roideur des cordes blanches neuves peut être représentée par la formule n R :=. - (A + B/2 4- CQ) , dans laquelle n est le nombre de fils de eàret ; D le diamètre du rouleau; A = o''",oooa97; B = o'''',ooo245; C = o,ooo363. » Quant aux cordes goudronnées , il n'est pas exact non plus de dire , comme M. Navier l'a admis , que les deux termes soient proportionnels aux nombres de fils de caret ; car, d'après les valeurs des coefficients admis par cet illustre ingénieur, on trouve, pour leur rapport au nombre de fils de caret, les valeurs suivantes : A B PourSoills, - = 0,01 1660 3, - =: 0,000 4i8 836 • A B iSfils, - = 0,0070662, - = 0,000404286 A B 6 fils, - = o,oo3 533 5, - = 0,000 433 556 I» Moyenne - = 0,000 4ï8 832. ( a3i » On voit que le second coefficient seul peut, dans les limites d'exactitude dont on se contente ordinairement, élre regardé comme proportionnel au nombre de fils de caret. » Eu discutant de nouveau les résultats immédiats des expériences, on trouve encore que la roideur de ces cordes peut être représentée par une for- mule semblable à eelle des cordes blanches, en y changeant seulement les va- leurs des coefficients constants et faisant : A = o'''' , oo I 457 5 , B = o''"', 000 3460; C = 0,000 4>8 8. » C'est d'après ces deux formules qu'ont été calculées les Tables suivantes : CORDES BLAKCHES. CORDES r.OtlDROKNEES. 1 NOMBRE de fils de caret. Valeur de la roideur proportionnelle à la charge. Diamètre. Valeur de la roideur naturelle. Diamètre. Valeur de la roideur naturelle. Valeur de la roideur proportionnelle à la charge. m. kil m. k!l. ! 6 0,0089 o,oio6o38 0,002178 o,oio5 0,021201 0,00251299 9 0,0110 0,0225207 0 ,003267 0,0129 0,041143 0,00376949 12 0,0127 0 ,o38847G 0,00^356 0,0149 0,067314 0,00502598 i5 o,oi4i 0,0595845 0 ,005445 0,0167 0,099712 0,00628248 18 o,oi55 0,0847314 0 ,006534 o,oi83 0, 138339 0,00753898 ■ 21 0,0168 0,1142883 0,007623 0,0198 0,183193 0,00879547 24 0,0179 0 , 1 48a552 0,008712 0,02:1 0 ,234276 o,oioo5i97 27 0,0190 o,i8663ai 0,009801 0i0224 0,291586 0',,oii3o84S 3o 0,0200 0,2294190 0,010890 0,0236 o,355ia5 0,01256496 33 0,0210 0,2766159 0,011979 0,0247 0,424891 0,01382146 36 0,0220 0,3282228 o,oi3o68 0,0158 o,5oo886 0,01507795 39 0,0228 0,3842397 0,014157 0,0268 0,. 583 108 0,01633445 42 0,0237 0,4446666 0,015246 0,0279 0,671559 0,01759094 45 0,0346 o,5o95o35 o,oi6335 0 ,0289 0,766237 0,01884744 48 0,0254 0,5787504 0,017424 0,0298 0,867.44 0,02010394 5i 0,0261 0,6524073 o,oi85i3 o,o3q8 0,974278 0, 02136043 54 0,0268 0,7304742 0,019602 o,o3i6 I ,087641 01,02261693 57 0,0276 o,8i2g5ii 0,010691 0,0326 I ,207231 0,02387342 60 o.oîse 0,8998380 0,021780 0 ,0334 I ,333o5o 0,02512992 C. R., 1S45, i" Semestre. (T. XX, N» 4.) 3i ( 232 ) RAPPORTS. AGRONOMIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Cariuigiv' Pour lui, il ouvrirait des concours dans les écoles primaires et il y choisirait les plus capables. Un sujet par canton serait appelé à l'école agro- nomique du département. Cette école, établie sur un terrain de i6o à 200 hectares, offriraitun vaste champ aux travaux exécutés parles élèves, d'après les meilleures méthodes et sous la direction de chefs expérimentés. L'appren- tissage durerait trois ans ; on donnerait aux élèves des leçons d'arithmétique, de géométrie appliquée à l'arpentage et au nivellement, de comptabilité, et des notions d'art vétérinaire. Les apprentis seraient nourris et couchés comme on l'est dans les fermes du pays, et à leur sortie on allouerait une somme de 45o francs à ceux qui auraient fait leur apprentissage avec zèle et succès , somme qui représenterait à peu près l'accumulation dessalaires que l'apprenti aurait pu gagner pendant sa durée. * " On le voit, les deux idées principales qui appartiennent à M. Descombes et qui sont la base de son plan, sont : 1° le choix des élèves d'après un concours j 1° une indemnité pour le temps passé à l'école. Quant au premier point, ce ne serait pas dans les écoles primaires que pourrait être faille choix des sujets, car l'auteur exige qu'ils aient atteint l'âge de 16 à 18 ans, époque de la vie où ils ont quitté depuis longt(.'mps l'école primaire. Ce serait donc un concours ouvert entre les jeunes laboureurs d'un canton dont il faudrait fixer les con- ditions.* ( 233 ) » L'indemnité seule pourrait les déterminer à se présenter à ce concours, et nous pensons qu'en effet celte pensée de l'auteur mérite d'être prise en sé- rieuse considération. >' Mais il ne faut pas se dissimuler la difficulté de créera la fois quatre- vingt-six écoles pareilles. Où trouver un tel nombre de directeurs capables, et celui des professeurs qu'on leur adjoint, dans l'état où se trouve encore chez nous l'éducation agricole? Nous ne parlons pas d'ailleurs des difficultés finan- cières, dont nous n'avons pas à nous occuper. L'auteur pense que 20000 fr. par département suffiraient à l'entreprise , non compris les frais de premier établissement. Il demanderait ces sommes au budget de l'État. « Quand on se sera occupé de pourvoir l'agriculture de ses agents infé- rieurs, le moment viendra, sans doute, où l'on cherchera à placer à sou sommet des hommes capables de conseiller et de diriger les chefs d'exploi- tation. De grandes entreprises rurales ont lieu aujourd'hui sur plusieurs points de la France. » On tente dis irrigations, des dessèchements, des reboisements et des- défrichements importants. IjC plus souvent ces entreprises se font à la légère, sans conseils préalables, et elles échouent par l'oubli des principes de la science; d'autres fois les hommes de l'art qui y président sont trop exclusi- vement préoccupés des exigences de leur état; ils sont uniquement ingé- nieurs des Ponts et Chaussées, ou constructeurs, et ne sentent pas que, pour être applicables, leurs régies doivent se modifier par celles de l'agriculture. Combien ne serait-il pas à désirer que quelques bons élèves de nos grandes écoles, de l'École Polvtechnique , de l'École centrale des Arts et Manufac- ture, fissent une étude approfondie de l'art agricole, et embrassassent cette nouvelle vocation? Sans doute ils auraient besoin de l'appui du Gouver- nement au début d'une telle carrière ; mais ne verrait-on pas avec intérêt le ministère y appeler et y soutepir un petit nombre d'hommes distingués? 1' Quant au plan de M. GarAiignac-Descombes, l'Académie n'a pas à dis- cuter la possibilité plus ou moins prochaine d'une telle entreprise ; mais vos Commissaires ont pensé (ju'il était toujours utile d'appeler sur elle l'attention publique. " Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. Observations faites par M. le baron Chaules Dupisi, a« sujet du Rapport sur le Mémoire de M. Carmignac-Descombes. « M. le baron Cbarles Dupin commence par déclarer qu'il appuie avec 3i.. [1%) plaisir ce que les conclusions du Rapport expriment de favorable et de flat- teur sur le Mémoire de M. Garmignac-Descombes. » Dans l'intérêt général de l'agriculture, il croit devoir donner connais- sance à l'Académie d'un enseignement théorique et pratique fondé par le conseil général de la Nièvre , auprès de la ferme-modèle établie dans ce département, sous la direction d un agronome aussi distingué par son zèle que par ses talents. » Au moyen d'une subvention durable pour les frais d'enseignement et d'une subvention transitoire pour les frais d'installation, ensuite avec le payement successif des premières bourses , le conseil général de la Nièvre entretient un certain nombre d'orphelins et d'enfants abandonnés, assujettis, pendant une moitié de leur temps, à des travaux manuels, et pendant l'autre moitié, à des travaux théoriques. La durée de l'enseignement est cal- culée de manière que le travail des plus anciens élèves, pendant leurs der- nières années, défrayera la dépense des plus jeunes élèves pendant les pre- mières années de leurs études. » Cette double combinaison n'empêchera pas les plus anciens élèves de sortir de l'école avec un pécule, soigneusement capitalisé pour eux à la Caisse d'épargne. » Il est à désirer que cette combinaison obtienne un succès digne des in- tentions généreuses qui l'ont inspirée, et qu'elle s'étende à d'autres départe- ments que celui de la Nièvre. « HYDRAULIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Pvrlas concernant une horloge mue par Veau. (Commissaires, MM. Séguier, Francœur, Despretz rapporteur.) " Nous avons été chargés par l'Académie, MM. Séguier, Francœur et moi, de lui faire un Rapport sur un Mémoire présenté par M. Pyrlas, jeune médecin grec. >> Dans son Mémoire, M. Pyrlas donne la descrij-lion d'une horloge mue par l'eau , et à laquelle il a donné, pour cette raison , le nom à'hjHrorloge. » Nous ne ferons pas ici l'histoire des instruments hydrauliques imaginés par les anciens pour la mesure du temps, et nommés par eux hydroscopes, hydries, clepsydres. L'usage de ces instruments remonte très-haut; Démos- thène en parle. On attribue à Platon l'invention d'une clepsydre nocturne. Des recherches récentes de M. Biot fils montrent que des clepsydres d'une dis- position particuUère étaient déjà en usage chez les Chinois plusieurs siècles ( 235 ) avant notre ère. Il n'est donc pas exact de fixer la découverte de ces espèces d'horloges à l'époque des Ptolémées. Les diverses dénominations données aux clepsydres semblent prou ver que l'eau a d'abord été le seul fluide de ces appa- reils. Ti'emploi du mercure et du sable n'a dû être fait que plus tard. On connaît bien aujourd'hui les clepsydres, il n'en est pas de même des horloges hydrau- liques; les ouvrages ne renferment que peu de notions précises sur ce sujet. Nous nous bornerons à en dire quelques mots, pour qu'on puisse apprécier ce que le Mémoire de M. Pyrlas renferme de nouveau. » Vitruve parle d'une horloge hydraulique, établie pour la première fois parCtesibius d'Alexandrie. Voici ce qu'en dit cet historien: Un flotteur alta ché à une corde plongeait dans un réservoir; à mesure qu'il arrivait de l'eau dans ce réservoir, le flotteur montait; un contre-poids, attaché à l'autre ex- trémité de la corde, faisait tourner un cylindre dont le mouvement se trans- mettait à diverses roues; cette machine indiquait les heures, etc. On attri- bue à ce même Ctesibius, qui vivait vers l'année 1 3o avant notre ère, d'autres inventions importantes, et notamment celle delà pompe aspirante et fou- lante. L'horloge de Ctesibius était construite sous de grandes dimensions; différents auteurs en font mention sans donner des détails bien circon- stanciés. » On croit à Athènes qu'il y avait une grande horloge à eau dans un mo- nument encore existant aujourd'hui et qu'on suppose avoir été consacré à Eole. On pense que leau destinée à la machine venait d'un puits situé au pied de l'Acropole; on en ignore le mécanisme. " Tous les auteurs modernes, Berthoud et autres, renvoient à l'ouvrage du Père Alexandre, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur. Dans cet ouvrage, pubhé en 1734, contenant une histoire des horloges en général et des horloges à eau en particulier, on ne trouve la description d'aucune hoi- loge hydraulique ancienne. L'auteur se borne à renvoyer à Vitruve et à dé- clarer que toutes les machines de ce genre proposées jusque-là sont tout à fait imparfaites. Mais il décrit avec détail une horloge à eau , imaginée vers 1690, en France, parle Père C. Wailly de la même congrégation, et en Italie, par le Père Martinelli. >' \^a partie principale de cette horloge est une boîte ayant la forme d'un tambour, partagée en sept compartiments par le moyen de cloisons; chaque compartiment renferme de l'eau. Ce liquide s'échappe par une très-petite ouverture convenablement placée. Le compartiment, deveuu plus léger, s'é- lève. Le compartiment voisin descend , devient à son tour plus léger, et monte, et ainsi de suite ; en sorte que le tambour s'abaisse en prenant un mou- ( ^36 ) vement de rotation. I/axe du tambour marque les heures tracées sur une co- lonne verticale. » On avait déjà observé que l'écoulement des liquides est plus rapide en été qu'en hiver. Pour combattre cette cause d'irrégularité dans la marche de l'horloge précédente, on avait imaginé deux procédés. IjC premier consis- tait à augmenter l'intervalle des chiffres dans l'échelle des heures, d'autant plus que le degré de chaleur était plus élevé; dans le second , l'on conservait la même échelle et l'on ralentissait l'abaissement du tambour par le moyen d'un contre-poids variable. Nous ne citons cette horloge que parce qu'elle paraît avoir été l'occasion des premiers essais tentés pour corriger les effets de la chaleur. >' Ces modes de compensation, tout ingénieux qu'ils étaient pour l'épo- que, avaient le grave inconvénient d'exiger une surveillance continuelle et de ne fournir jamais qu'une approximation grossière. Le compensateur pro- posé par M. Pyrlas a l'avantage des compensateurs des horloges actuelles. Une fois établi, il maintient, par sa seule action, la régularité dans la mar- che de la machine. » Donnons maintenant une description succincte de l'hydrorloge du jeune Grec. » Cet instrument présente à l'extérieur un cadran et deux aiguilles; à l'in- térieur, trois petites roues et deux réservoirs. Dans le réservoir inférieur est un flotteur; dans le réservoir supérieur est un siphon à branche capillaire. Ce siphon, rendu plus léger par l'addition d'une boîte en cuivre mince, suit le niveau du hquide; en sorte que la hauteur de ce niveau au-dessus de l'extré- mité inférieure de la branche extérieure reste invariable. L'écoulement qui se lait goutte à goutte, du siphon dans le réservoir, serait donc isochrone si la température ne changeait pas. Cette condition n'étant jamais remplie, l'hor- loge avance ou retarde, selon que la leaipérature s'élève ou s'abaisse. » M. Pyrlas, connaissant l'influence de la chaleur sur l'écoulement des li- quides par les tubes capillaires , a cherché et a trouvé un mode de compen- sation qui nous paraît ingénieux. )) La condition à remplir était de raccourcir ou d'allonger graduellement, à mesure que la température s'abaisse ou s'élève, la branche capillaire qui règle la vitesse de l'écoulement. M. Pyi-las a résolu la question, en plaçant dans la boîte en cuivre, un thermomètre à grand réservoir et à tige recourbée, offrant la forme d'un tube en S et à boule des appareils de Welter. Le ther- momètre est rempli d'alcool jusqu'à la boule. Le reste de la tige contient du mercure dans une étendue que l'expérience détermine. Si la température ( a37 ) augmente, le mercure monte, le centre de gravité se déplace, la tige s in- cline, elle entraîne et élève l'extrémité inférieure de la branche capillaire extérieure ; une diminution dans la température produit un mouvement en sens opposé. » Nous rapporterons les résultats de quelques essais qui nous ont con- vaincus de l'efficacité du nouveau compensateur. » Nous avons d'abord mis l'horloge en mouvement sans le compensateur. Une élévation de lo degrés dans la température a augmenté la vitesse de j environ. Quand l'horloge a été munie de son compensateur, les vi- tesses d'écoulement n'ont différé que de ^ô environ. On admettra sans peine qu'en multipliant les essais , en modifiant le compensateur, on atténuerait beaucoup plus la différence des vitesses. Toutefois nous devons dire que ce compensateur, pour être parfaitement réglé, exigerait des essais plus nom- breux que les compensateurs employés. » Personne ne songera aujourd'hui à remplacer les horloges en usage par l'hydrorloge de M. Pyrlas. Non sans doute ; nous ne pensons pas même qu'il faille se laisser séduire par une maxime de Lucien , citée par l'auteur, le com- mencement est la moitié' du tout. On s'occupait déjà, il y a detix mille ans, des horloges à eau , et cependant ces sortes de machines sont restées et res- teront peut-être toujours sans application , tandis que l'horloge à poids ou à ressort, qui est à peine connue depuis un temps trois fois moins considéra- ble, a subi mille changements, a reçu mille modifications , qui en ont porté la construction à un très-haut degré de perfection. C'est qu'il y a des ques- tions qui, à cause du peu d'utilité qu'elles présentent, ou à cause des diffi- cultés inhérentes à leur nature , ne reçoivent jamais une solution complète. » Quoi qu'il en soit, M. Pyrlas a fait preuve de sagacité dans l'invention de son procédé de compensation. Son instrument serait utilement placé dans les cabinets de physique , pour servir dans les expériences relatives à l'écoulement et à la dilatation des liquides, et montrer un modèle nouveau de compensa- tion dans l'explication des effets de la chaleur. » Nous proposons à l'Académie d'engager l'auteur à continuer des re- cherches scientifiques. Les diverses branches du bel art qu'il doit cultiver lui fourniront de nombreux et d'importants sujets. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( ^38 ) MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Méinoiie sur la thérapeutique du cancer et des divers pro- duits naturels nu accidentels ; par M. Beau voisin. (Commissaires, MM. Rou.x, Velpeau.) M. Coulvier-Gravier lit une Note ayant pour objet d'établir qu'il aurait, dès le 9 novembre i844> annoncé, d'après ses observations sur la direction des étoiles filantes , la température peu rigoureuse de cet hiver. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMIE coMP.\RÉE. — Réponse à la dernière Note de M. de Quatrefages; par M. SOXJLEYET. « J'avais cru la discussion close entre M. do Quatrefages et moi; ce natu- raliste avait, en effet, dans sa réponse à ma première Note, exprimé l'espoir que cette réponse serait la dernière; il avait annoncé qu'il produirait ses preuves dès que j'aurais présenté les miennes, pour que l'Académie n'eût plus qu'à juger. Mais, bien que cette présentation ait eu lieu, bien que mon Mémoire et les pièces à l'appui aient été déposés sur le bureau de l'Aca- démie (i), M. de Quatrefages continue à promettre ses preuves et paraît, de plus, peu disposé à mettre un terme à cette discussion , d'après l'attaque qu'il vient de m'adresser à la dernière séance, attaque à laquelle il m'est impossible de ne pas répondre, malgré toute ma répugnance à le suivre sur ce nouveau terrain. » Quoique M. de Quatrefages ait intitulé sa Note une réponse à l'extrait de mon Mémoire inséré dans les Comptes rendus , cependant M. de Qua- trefages ne répond à rien, ne discute rien; ce naturaliste s'est à peu près borné à prendre quelques faits dans mon travail, et au sujet de ces faits, il est venu m'attribuer les erreurs les plus étranges devant l'Académie. n Ainsi , d'après M. de Quatrefages, j'aurais commis les méprises qui sui- vent : (i) La présentation de mon Mémoire, faite dans la séance du 1 3 janvier, a été retardée jusqu'à cette époque par des circonstances tout à fait indépendantes de ma volonté ; en effet, je m'étais fait inscrire dès la séance du 28 octobre pour le lire devant l'Académie. ( 239 ) » 1°. .l'aurais pris , dans les Solides, ïestomac pour une oreillette ; mais M. de Quatrefages nous apprend, quelques lignes plus bas, que je n'ai pas vu le véritable estomac dans ces Mollusques ; or, si je n'ai pas vu l'estomac, comment ai-je pu le prendre pour une oreillette ? " 2". J'aurais pris pour Yestomac le tronc gastro-vasculaire médio- dorsal ; mais comme M. de Quatrefages appelle tronc gastro-vasculaire médio-dorsal ce qui n'est que la partie postérieure de la poche stomacale , ainsi que le font voir les pièces que je mets sous les yeux de l'Académie , il s'ensuit que ce naturaliste a pu facilement ici me faire commettre une erreur en substituant simplement un nom à un autre. » 3°. Après avoir pris ce tronc gastro-vasculaire médio-dorsal pour l'es- tomac, je l'aurais pris aussi pour une veine, erreur qu'on eût pu croire peut- être difficile à commettre, à cause du peu d'analogie qui existe, même chez un Mollusque, entre une veine et 1 estomac, mais qui s'expliquerait cepen- dant, d'après M. de Quatrefages , d'une manière fort simple. En effet, cela proviendrait, d'après ce naturaliste , de ce que, dans mes préparations , j'ai ouvert les animaux tantôt par le dos , tantôt par le ventre ; alors, suivant le point de vue, la même partie m'apparaissait tour à tour comme une veine ou comme un estomac (i). » 4°- Enfin, j'aurais encore pris pour des troncs veineux ce que M. de Quatrefages désigne soas le nom de troncs gastro-vasculaires antérieurs et latéraux y et, par conséquent, pour des orifices de veines, les orifices de ces troncs gastro-vasculaires (2). » Après avoir signalé ces erreurs dans mon travail, M. de Quatrefages eût pu facilement en découvrir d'autres non moins grandes, et qui me semblent résulter nécessairement de celles qui précèdent. En effet, en jetant les yeux sur mes dessins , on verra qu'avec l'oreillette j'ai figuré aussi le ventricule (3) et l'aorte ((ui en naît ; on verra également qu'avec l'estomac j'ai figuré l'in- (i) Cette illusion est cependant d'autant plus difficile à comprendre, que le corps de ces Mollusques étant très-aplati , A^&^tèsM. de Quatrefages , la distance entre les deux points de vue devait être fort peu considérable. (2) En parlant de l'appareil gastro-vasculaire, au commencement de sa Note, M. de Qua- trefages me le fait considérer comme le foie, ce que ce naturaliste sait bien n'être pas exact. Un peu plus bas, M. de Quatrefages me fait décrire et figurer les canaux de ce prétendu appa- reil comme des cœcums hépatiques. (3) J'ai dit, dans ma première Note et dans l'extrait de mon Mémoire, qtve j'avais injecté l'oreillette par le ventricule. C. R., 1845, 1«' Semestre, (T. XX, N» 4 J 32 ( a4o ) testin qui part de cet organe et l'œsophage qui y aboutit; or, si j'ai confondu l'oreillette et par conséquent le cœur avec l'estomac, j'ai dû mettre aussi la confusion la plus étrange dans les autres parties , faire naître, par exemple , les grands vaisseaux de l'estomac, et faire partir l'intestin ou l'œsophage de l'oreillette ou du ventricule, etc. Il M. de Quatrefagesa fait voir, dans les détails anatomiques qu'il a donnés sur les Phlébentérés et sur les Éolides en particulier, qu'on pouvait com- mettre des erreurs assez grandes en ce genre; mais dans celles que ce natu- raliste m'attribue, peut-être à titre de représailles, il a été évidemment trop loin, car ces erreurs ne sont plus même dans les Umites de la vraisemblance. » Je ne répondrai à toutes ces assertions sans preuves de M. de Quatre- fages, qu'en mettant de nouveau sous les yeux de l'Académie mes prépara- tions et mes dessins, qui n'en sont, comme on pourra le voir, que la repro- duction exacte. » Le tube digestif des Éolides y est représenté, avec toutes ses parties, dans son ensemble et dans ses détails importants ; il est représenté en place, sur une Éolide ouverte par le pied ou par la face inférieure, et isolé, afin de montrer la disposition des canaux biliaires , disposition que M. de Quatrefages a donnée d'une manière fort inexacte. » J'ai également figuré dans les plus grands détails l'appareil circulatoire, le cœur (formé d'une oreillette et d'un ventricule comme dans les autres Gas- téropodes), l'aorte, les veines branchiales, la disposition et la distribution de ces vaisseaux , etc. » On pourra voir que ces deux appareils sont parfaitement distincts l un de l'autre, l'appareil digestif étant contenu, comme d'ordinaire, dans la ca- vité viscérale, tandis que le cœur et les vaisseaux branchiaux se trouvent dans l'épaisseur de la paroi supérieure de cette cavité. 1) Enfin, je crois devoir ajouter qu'il ne s'agit pas ici, comme on pourrait le croire peut-être, d'animaux de très-petite taille, microscopiques, mais d'animaux d'assez grandes dimensions (i), chez lesquels toutes les parties que j'aurais si étrangement confondues ou méconnues sont bien distinctes et bien faciles à reconnaître, même pour des personnes peu habituées à ces sortes de recherches; les figures que j'en donne feront voir encore que ces parties n'ont pas entre elles la moindre analogie, et comme je dois croire cepen- (i) L'Éolide de Cuvier, qui se trouve sur les côtes de la Manche et sur laquelle j'ai fait mes observations, a ordinairement de 5 à 6 centimètres de longueur, et quelquefois davantage. ( 24i ) dant que M. de Qiiatrefages m'attribue sérieusement les erreurs qu'il signale dans sa Note, j'en conclus que ce naturaliste n'a regardé mes dessins que sous l'influence d'une préoccupation bien grande et n'a lui-même que les idées les plus vagues sur ces mêmes parties. " FiCs méprises que m'attribue M. de Quatrefages expliqueraient, d'après ce imtaraViste , comment /e n'ai pas reconnu la communication qui existe entre l'appareil circulatoire et la cavité générale du corps. Je rappellerai donc en- core une fois ici, qu'en niant le système veineux dans les Éolides, M. de Qualrefages suppose que le sang, après avoir parcouru le système artériel, passe dans la cavité viscérale et de là dans le ventricule qui le reçoit par deux orifices disposés en forme d'entonnoirs, ainsi qu'on peut le voir sur les dessins de ce naturaliste (i). Mais jusqu'à présent, M. de Quatrefages n'a pas expliqué comment le sang exécutait ce trajet, et par quel système particulier de canaux, arrivé dans l'épaisseur d'un organe par exemple, il passait en- suite des dernières divisions artérielles dans la cavité viscérale. " Pour en finir sur les Eolides, il me reste à répondre à l'assertion suivante de M. de Quatrefages: « Il n'y a, dit ce naturaliste, aucune trace de lacis " vasculaire à la surface des appendices dorsaux des Eolides, » mais sans donner d'autres explications à ce sujet. A cette affirmation sans preuves, je me bornerai donc encore à opposer la pièce sur laquelle j'ai injecté ce lacis vasculaire (2). » Après avoir signalé mes erreurs sur les Eolides, M. de Quatrefages con- sacre encore quelques lignes à l'Actéon. >' Dans sa réponse à ma première Note, M. de Quatrefages avait assuré que mes observations critiques sur ce Mollusque n'étaient nullement fondées, et que tout ce que j'avais dit à ce sujet manquait d'exactitude; mais j'ai vu avec satisfaction, dans sa deuxième réponse, que mes observations n'étaient pas aussi inexactes que l'avait d'abord pensé ce naturaliste. )> Ainsi, M. de Quatrefages garde un silence complet sur l'appareil circu- latoire de l'Actéon, après avoir affirmé pendant longtemps que cet appareil n'existait pas et que j'avais pris une vésicule copulatrice pour le cœur dans ce Mollusque (3). M. de Quatrefages a eu, depuis, mes dessins sous les yeux ; fi)MétnoiresurrÉolidine. [Annales des Sciences naturelles, 2" série, tomeXIV, pi. xi, fig. 3.) (2) M. de Quatrefages parle d'un appareil qui terminerait tes appendices dorsaux des Éolides, et qui sécréterait des organes urticans. Ce point n'ayant pas été en discussion jusqu'à présent, je n'en parle ai pas ici. (3) Dans l'extrait de mon Mémoire, inséré dans les Com/^^e^ rendus du 1 3 janvier i845, 32.. ( ^2 ) il a, par conséquent, pu voir que le cœur que j'ai figuré ressemble, sous tous les rapports, au cœur des autres Mollusques gastéropodes, et non à une vé- sicule copulatrice ; aurait-il donc fini par reconnaître la vérité sur ce point? » Relativement au tube digestif, M. de Quatrefages dit, dans sa Note, que la description et les dessins que j'en ai donnés se l'approchent assez de ce qu'il aurait vu lui-même dans de nouvelles observations faites en Sicile sur ce Mollusque, observations dont ce naturaliste n'avait pourtant rien dit dans sa première réponse, et dont il ne nous fait part que maintenant, après que j'ai fait connaître les miennes. Mais, quoi qu'il en soit, et puisque ces nouvelles observations de M. de Quatrefages se trouvent concorder avec les miennes , les critiques que je lui avais adressées sur ce point étaient donc parfaitement fondées, car la description que je donne de l'appareil digestif dans l'Actéon ne ressemble en rien à celle que ce naturaliste en a d'abord donnée (i). >' Cependant, à ce qu'il paraît, cet accord entre nos observations n'aurait plus lieu relativement à la langue ; à ce sujet, je ne dirai pas, comme M. de Quatrefages , que je suis très-certain de l'exactitude de ma figure, mais je crois pouvoir dire que, dans aucun Mollusque, cette partie n'est disposée et n'a la forme d'une colonne vertébrale, comme le représentent les dessins de ce naturaliste. " D'après M. de Quatrefages, les corps vésiculeux que j'ai décrits comme constituant l'ovaire lui-même ne seraient autre chose que des capsules rem- plies dtœujs a divers degrés de développement; mais comme l'ovaire n'est autre chose qu'un organe dans lequel on trouve des œufs à divers degrés de développement, et comme M. de Quatrefages ii'indique pas ce qui serait l'o- vaire véritable d'après lui, je crois pouvoir en conclure que ce naturaliste est encore, quoique en d'autres termes, tout à fait d'accord avec moi sur ce point. » M. de Quatrefages qui jusqu'à présent n'avait rien dit de ces corps vési- culeux à propos des organes de la génération , mais qui avait décrit des or- ganes tout à fait semblables comme appartenant à l'appareil gasiro-vasculaiie j'ai déjà dit, dans une Note, que Xa. vésicule séminale, dont M. de Quatrefages avait aussi parlé à cette occasion, n'existait pas. Une erreur d'impression , commise dans cette Note, en a rendu la dernière phrase {page 94) presque inintelligible ; cette phrase doit être corrigée de la manière suivante : <■ Il suffit, en effet, d'avoir vu une seule fois le cœur d'un Mollusque i> gastéropode, pour qu'il soit impossible de le confondre avec une vésicule quelconque, » pourvu toutefois qu'on ne se borne pas à reconnaître ces parties par transparence. » (i) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés [Annales des Sciences naturelles, 3" série, tomel, page i4i)- ( 243 ) (organes qu'il a désignés sous le nom de cœcums branchiaux) , aif\vme cepen- dant, contrairement à ce que l'on avait pu croire, que ces caecums bran- chiaux nont aucune espèce de rapport avec les corps vésiculeux de L'ovaire ^ (fu'ils existent indépendamment de ces derniers, mais que, sur ce point, les Acléons de la Sicile ne ressemblent pas à ceux de la Manche. J'ai observé des Actéons de la Méditerranée recueillis à Gènes, et des Actéons de l'Océan recueillis sur les côtes de la Bretagne; or, je puis affirmer aussi que les Ac- téons de ces deux localités se ressemblent sous tous les rapports, et que les prétendus caecums branchiaux n'existent pas plus dans les uns que dans les autres (i). 1' J'ai considéré la poche dorsale de l'Actéon comme une poche pulmo- naire tout à fait analogue à celle des Mollusques terrestres. La structure de cette poche, qui offre à sa paroi supérieure un réseau vasculaire des plus apparents, sa communication avec l'extérieui- par un orifice qui rappelle entièrement ce que l'on voit chez les Mollusques pulmonés, ses connexions avec le cœur, toutes ces circonstances qui concordent avec les habitudes des Actéons me semblent confirmer pleinement cette détermination. M. de Qua- trefages n'est cependant pas de mon avis sur ce point, et il assure que nen de semblable à une poche pulmonaire n'existe chez VActéon, mais sans nous dire encore sur quels motifs il s'appuie. Cependant, M. de Quatrefages ayant d'abord décrit cette poche comme l'estomac , et devant nécessairement avoir abandonné cette opinioïi, puisque ses dernières observations sur le tube di- gestif s'accordent avec les miennes, il eût été important qu'il fît connaître sa manière de voir sur ce point et la nouvelle détermination qu'il donne de cette poche. » D'après la détermination que jeu ai donnée moi-même et d'après quel- ques autres circonstances que je ne puis développer ici , j'ai dû considérer (i) M. de Quatrefages va beaucoup plus loin au sujet des différences spécifiques des Ac- téons; car, d'après ce naturaliste, les divergences qui existent entre les auteurs qui se sont occupés de l'anatomie de ces Mollusques pourraient bien tenir à des différences spécifiques. Ainsi , l'on trouverait dans un même genre des animaux d'une organisation analogue à celle des Aplysies (opinion de la plupart des auteurs sur l'Actéon), des animaux d'une organisation presque semblable à celle des Planaires (opinion de Délie Chiaje) , des animaux que l'on pour- rait appeler des Gastéropcdes-zoophjtes, voisins des Méduses par leur organisation (opinion de M. de Quatrefages) , etc., etc. Enfin , d'après ces étranges doctrines, il y aurait, entre les espèces d'un même genre , des différences d'organisation aussi grandes que celles qu'on admet entre les classes et même entre les embranchements. ( 244 ) comme des canaux aériens les canaux ramifiés qui partent de cette poche, et dont M. de Quatrefages avait fait son appareil gastro-vasculaire. Ce natu- raliste est encore contraire à cette détermination et la combat par un argu- ment de physique dont j'avoue n'avoir pas saisi toute la force. j) En terminant sa Note, M. de Quatrefages fait la remarque suivante : « Déjà dans sa première Note, dit-il , M. Souleyet m'avait prêté des opinions » qui ne furent jamais les miennes, et m'avait attribué des faits que je n'avais » jamais avancés ou que j'avais rectifiés. Il agit exactement de même dans )i cette seconde Note, et, de plus, il interprête certains passages d'une ma- » nière qu'il ne m'est guère possible d'expliquer. » I^es personnes qui vou- dront bien lire avec quelque attention ma première Note et la réponse de M. de Quatrefages à cette Note, trouveront sans peine que ce naturaliste m'avait donné lui-même d'amples motifs de lui adresser un reproche sem- blable; mais j'ai voulu éviter qu'une discussion, que j'ai soulevée dans l'inté- rêt de la vérité seulement et que je considère comme sérieuse, ne dégénérât en récriminations personnelles. Puisque M. de Quatrefages n'a pas craint d'en- traîner la discussion sur ce terrain^ il eût dû comprendre que des assertions pareilles à celles que j'ai citées plus haut ont besoin d'être suivies de preuves. Or, quelles sont les opinions que J'ai prêtées à ce naturaliste, et quels sont les faits que je lui ai attribués dans ma première Note? pourquoi n'a-t-il pas signalé les uns et les autres dans sa réponse? » L'extrait de mon Mémoire qui se trouve inséré dans les Comptes rendus du i3 janvier n'est, pour ainsi dire, que le complément de ma première Note; ce sont les mêmes faits et les mêmes arguments, reproduits dans le même ordre, et seulement avec tous les développements qui m'ont paru nécessaires pour la démonstration à laquelle je voulais arriver. En combattant les opi- nions ou les faits énoncés par M. de Quatrefages, j'ai toujours cité ce natura- liste et indiqué la source de mes citations, pour que chacun pût en vérifier l'exactitude; il sera donc facile de savoir si j'ai prêté des opinions^ si j'ai attribué des /(lits j et, par conséquent, si les accusations de M. de Quatrefages sont fondées. » D'après M. de Quatrefages , je lui aurais attribué des faits qu'il avait rectifiés ; sur ce point j'ai à faire une distinction importante. Ce natu- raliste a fait, dans sa réponse à ma première Note, un certain nombre de rectifications; mais ces rectifications faites sur des erreurs que j'avais moi- même signalées, ces rectifications faites sans être avouées, et pendant que M. de Quatrefages soutenait, au contraire, que mes observations critiques à ce sujet n'étaient nullement fondées, j'ai dû les considérer et je les ai consi- ( 245 ) dérées en effet comme non avenues. L'exemple cité par ce naturaliste relati- vement au cloaque des Phléhentérés est dans ce cas. J'avais dit d'une manière générale, dans ma première Note, que l'intestin avait échappé aux recher- ches de M. de Quatrefages dans tous ces Mollusques, et par conséquent que le prétendu cloaque que ce naturaliste avait décrit dans le plus grand nombre n'existait pas ; j'avais même spécifié le fait pour les Actéons. Or, en même temps que M, de Quatrefages introduisait une rectification à ce sujet dans sa ré- ponse (i), il soutenait que mes obsei'vations critiques sur ce point n'étaient pas fondées, que je ne faisais que reproduire ce qui était déjà imprimé dans ses Mémoires, et qu'/Z lui serait très-Jàcile de démontrer que j'étais dans l'er- reur (2). Du reste, la nouvelle détermination que M. de Quatrefages donne de ce prétendu cloaque, en le considérant comme une vésicule dépendante de Uappareil générateur, n'est pas plus exacte que la première , cette partie n'étant autre chose que l'ovaire chez les Mollusques de la famille des Éoli- des , et rien de semblable n'existant chez les Actéons. » Enfin , j'aurais interprété certains passages d'une manière qu'il n'est guère possible d'expliquer, et M. de Quatrefages cite, comme exemple à ce sujet, ce que j'ai dit sur la respiration chez les Phléhentérés. Je ne puis ni ne veux recommencer ici la discussion sur ce point; elle n'aboutirait du reste qu'à faire ajouter une contradiction de plus à toutes celles que j'ai signalées. Tout ce que j'ai à répondre, c'est que je n'ai rien voulu Jaire dire à M. de Quatrefages, puisque je l'ai fait parler lui-même, et puisque c'est par ses pro- pres paroles que j'ai fait connaître les diverses opinions qu'il a successive- ment émises à ce sujet. » En terminant, je pense donc pouvoir dire; en me servant des paroles de M. de Quatrefages, que les explications que j'ai données suffiront, je pense, pour qu'on ne croie pas, sans examen, à toutes les étraugetés, à toutes les méprises, à toutes les intentions que ce naturaliste m'a attribuées. J'expri- merai de nouveau aussi le regret très-vif que cette discussion ne soit pas restée dans certaines limites; j'espèi'e du moins qu'elle ne se prolongera pas plus longtemps ainsi. Si M. de Quatrefages a des erreurs à relever dans mon travail ou des objections à faire contre les faits que j'ai exposés, il sait que des Commissions sont nommées pour les juger, et que c'est devant ces (i) Comptes rendus du 21 octobre i844) *• XIX, p. 812. Consulter en même temps la page 144 du Mémoire sur les Phléhentérés. (2) Loc. cit. , p. 810 et 81 1 . Consulter aussi l'extrait de mon Mémoire sur ce sujet. m. ( 246 ) Commissions, les pièces en main, et non devant l'Académie entière, avec des notes sans preuves à l'appui, que la question pourra être promptement résolue. " M. de Quatrefages pense que c'est devant la Section de Zoologie que la discussion doit être portée; mais comme mon Mémoire a été renvoyé à une Commission déjà nommée pour un travail antérieur, je crois me conformer aux vues de M. de Quatrefages en priant M. le Président de vouloir bien réunir à cette Commission celle qui a été précédemment appelée à juger les travaux de ce naturaliste. » L'Académie décide que les deux Commissions nommées à l'occasion des communications relatives au débat entre M. Souleyet et M. de Quatrefages , se réuniront en une seule qui se trouvera ainsi composée de la Section en- tière de Zoologie et de M. Flourens. CHIRURGIE. — Note sur la perforation de la voûte palatine et sur les moyens d'jr remédier. — Obturateur perfectionne'; par M. Stexess. (Extiait.) (Commissaires, MM. Roux, Velpeau , Pariset. ) « M. le major G. . . , alors capitaine des Spahis^ reçut dans l'expédition de Medeah, le 3i mars i836, un coup de feu qui lui emporta une grande partie de l'os maxillaire du côté droit, le palais et toutes les molaires, à l'ex- ception des deux dernières de la mâchoire supérieure. Ces deux molaires et les six dents de devant furent les seules qui lui restèrent. » Porté immédiatement à l'ambulance, M. le docteur Baudens lui prodi- gua des soins qui furent, autant que possible , couronnés de succès. Au bout de deux mois le blessé guérit complètement , mais il lui resta une énorme per- foration de la voûte palatine donnant passage aux aliments et occasionnant la perte de la parole. » Dans cette malheureuse position, M. G. . . eut recours à l'obturateur ordinaire; mais les inconvénients qui s'y rattachent ne tardèrent pas à se faire sentir. Les dents qui lui restaient, et qui servirent à fixer l'appareil, furent bientôt ébranlées, et M. G..., menacé de ne pouvoir bientôt plus même employer d'obturateur, allait être forcé de demander sa retraite, lorsqu'il nous fut adressé. » Nous avons obtenu le résultat le plus satisfaisant en adaptant à la bouche du blessé une pièce, en un seul morceau^ d'une substance analogue à celle ( ^47 ) des dents humaines, formant tout à la fois le palais, les dents et la partie osseuse enlevés par la blessure. " Cet appareil, appliqué sans ressorts, crochets ou attaches, est sim- plement soutenu, comme le sont nos pièces artificielles, par l'adhérence que produit la parfaite adaptation d'une surface à une autre. •■' Dès lors M. G. . . a recouvré l'usage de la parole, qui est redevenue libre comme avant sa blessure ; et savante s'est rétablie par la facile trituration des alimenls. Reparti pour l'Afrique, il a repris le commandement qu'il avait été forcé d'abandonner, et depuis a été promu à un grade supérieur. » PHYSIOLOGIE. — Sur le rôle physiologique des matières sucrées et amiloïdes, Note adressée à l'occasion d'une communication récente de MM. Bou- chardat eiSandras;/jar M. L. MiALHE. (Extrait.) (Commission nommée pour le Mémoire de MM. Bouchardat et Sandras.) « Un fait principal ressort des recherches de MM. Bouchardat et Sandras, c'est que la digestion et l'assimilation des matières sucrées et amiloïdes ne deviennent possibles, contrairement aux idées ayant cours dans la science, que lorsque ces substances ont été chimiquement influencées par des alcalis. Or, qu'il me soit permis de rappeler ici ce que j'ai communiqué sur le même sujet à l'Académie des Sciences, le i5 avril i844: « Il résulte de mes recherches que toutes les substances alimentaires » hydrocarbonées, telles que le sucre de raisin , la gomme d'amidon ou dex- » trine,etc., ne peuvent éprouver le phénomène de l'assimilation qu'après » avoir été transformées parles alcalis du sang en de nouveaux produite, au » nombre desquels figure un corps doué d'un pouvoir désoxygénant très- » énergique, et tel, qu'il réduit aisément le peroxyde de plomb en prot- » oxyde, les sels de peroxyde de fer en sols de protoxyde, le bioxydc de » cuivre en protoxyde , etc. » N'est-il pas permis de penser que ce composé doit jouer un rôle dans » l'accomplissement des mutations organiques incessantes dont l'ensemble » constitue le mystérieux phénomène de la vie? qu'il doit servir, en quelque » sorte, de contre-partie à la respiration , ou, pour mieux dire, à l'oxygéna- » tion respiratoire? Il ne saurait en être autrement! » De ce qui précède découle une conséquence forcée, c'est que les sujets » chez qui la décomposition chimique précitée a lieu, lors de l'ingestion des » matières sucrées et amylacées dans l'économie, ne sauraient avoir du sucre » dans leurs excrétions rénales. Or, c'est là l'état normal de l'homme. » [Annales de Chimie et de Physique , 3* série, t. XII, page 1 20.) C. R., 1845, !«■■ Sfmfitre. (T. XX, N''4) 33 ( a48 ) » Mon but, en présentant ces observations à l'Académie, n'a été que de réclamer la priorité du rôle chimique que les alcalis sont appelés à remplir pendant la digestion et l'assimilation, ou, si l'on veut, la décomposition des matières sucrées et amiloides. " L'Académie comprendra , j'espère , l'intérêt que j'ai à réclamer l'honneur de cette découverte, puisque c'est elle ((ui m'a conduit à le- connaître la véritable cause du diabète et à proposer un traitement ration- nel de cette maladie qui avait résisté jusqu'ici aux efforts de la médecine. Je puis, du reste , annoncer aujourd'hui que, depuis l'observation de guérison qui lui a été présentée par M. le docteur Contour et par moi , des surcès du même genre ont e'té obtenus par trois de mes confrères qui ont eu la bienveil- lance de me les communiquer. » M. Desbobdeaijx adresse un supplément à son Mémoire sur l'argenture galvmioplastique de l'acier, et indique certaines précautions sans lesquelles il est difficile, suivant lui , d'obtenir une adhérence suffisante entre les deux métaux. » Ces précautions, dit M. Desbordeaux, je les avais prises dans mes pre- mières expériences; mais les ayant négligées dans des essais' postérieurs, le défaut de succès m'a fait comprendre leur importance : je crois donc devoir aujourd'hui compléter la desci'iption «le mon procédé en donnant sur ce sujet quelques détails, et notamment ceux qui ont rapport à la manière de sécher la pièce argentée. Lorsque l'aciei-, après avoir été trempé dans le nitrate de mercure et d'argent, a été soumis pendant quelques instants à Faction de la pile, et qu'il a pris la couleur blanche, il est important de l'en retirer, et, après l'avoir lavé dans de l'eau pure, de le soumettre à une chaleur modérée , de manière qu'il soit légèrement brûlant à la main. Le dépôt d'argent, qui auparavant était peu adhérent, contracte immédiatement une grande solidité. On plonge ensuite de nouveau l'acier dans le bain de cyanure de potassium et d'argent, et quand la couche paraît suffisam- ment épaisse, on la fait sécher une dernière fois de la même manière. On obtient ainsi, dans tous les cas, une argenture très-solide. Or, il m'était arrivé, dans les dernières opérations dont je rendais compte avec quelque découragement, de ne sécher la pièce qu'après avoir tout à fait épaissi le dépôt d'argent, et telle était l'unique cause qui m'avait procuré quel- ques résultats douteux. Il est certain que je n'avais pas d'abord attaché une assez grande importance à cette manière de faire sécher la pièce d'acier; et c'est cependant un complément indispensable du nouveau procédé d'ar- genture. (^49) » Il est bon d'ajouter qu'il ne faut pas chercher à hâter lé dépôt de la couche d'argent en employant un anode d'argent volumineux; car il en résul- terait des soufflures qui feraient cesser l'adhérence. Il faut, au contraire, employer un anode mince et long, que l'on plonge à une certaine profon- deur dans le bain de cyanure d'argent, mais en ayant toujours soin d'éviter le dégagement d'hydrogène à la surface de la pièce qu'on argenté. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) CHIBURGIE. — Description d'un nouvel instmment pour la ligature de fistules dont l'orifice est situé très-haut dans le rectum; parM. Nelkeiv. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau.) MÉTÉOROLOGIE . — Réflexions générales sur la formation des trombes , et remarques sur divers exemples de ce phénomène cités dans les Annales de Chimie et de Physique; par M. Autur. (Commission précédemment nommée.) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Nouvelles recherches sur la nutrition des plantes; par M. ScHULTz. (Commissaires, MM. Dumas, Ad. Brongniart,Boussingault.) M. Brière de Boismoxt adresse au concours, pour les prix de Médecine et de Chirurgie, son Traité des Hallucinations (voir au Bulletin bibliogra- phique), et signale, conformément à une décision prise par l'Académie relati- vement aux ouvrages présentés pour ce concours, ce qu'il considère comme particulièrement neuf dans son travail. Le point sur lequel il insiste princi- palement est la distinction qu'il a établie entre les divers états sous lesquels peut se présenter le phénomène de l'hallucination , états dont les uns sont compntibles avec la raison, tandis que d'autres sont liés avec un dérange- ment durable ou seulement passager des fonctions cérébrales. Persuadé que l'hallucination a le plus souvent son point de départ dans les causes morales, l'auteur passe en revue celles qui contribuent à favoriser la production du phénomène, et montre qu'à toutes les époques les hallucinations ont été en rapport avec les idées dominantes. L'ouvrage est terminé par des considéra- tions sur la question prise au point de vue de la médecine légale. M. Gkettet adresse, pour le même concours, et également avec une in- 33.. ( a5o ) dicatiou des parties qui lui semblent devoir fixer l'attenlion de la Commis- sion, un travail sur l'anévrisme du tronc brachio-céphalique. Quoique con- sidérant la question principalement sous le point de vue chirurgical, l'auteur a été conduit, dans le cours de son travail, à des recherches qui lui paraissent de nature à jeter du jour sur diverses parties de l'histoire de la circulation artérielle. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPOND AIVCE. M. Floubens présente, au nom des auteurs, MM. Donné et Foucault, un ouvrage intitulé : Cours de Mlcroscopie . • • { voir au Bulletin bibliographi- que). Les figures que reproduit l'atlas ont été obtenues au moyen du micros- cope-daguerréotype. Ces figures présentent , sous divers aspects, les globules du sang de l'homme et de plusieurs animaux, les globules du mucus, etc. Quelques-unes des épreuves originales sont mises sous les yeux de l'Académie. M. Flourens annonce l'arrivée de la caisse contenant le canchalagua que M. Leboeuf met à la disposition de l'Académie. {Voyez le Compte rendu de la séance du 1 3 de ce mois, p. 102). M. Flourens ajoute que les personnes qui voudraient entreprendre des recherches destinées à constater, soit la compo- sition chimique, soit les propriétés thérapeutiques de cette plante, pourraient adresser au secrétariat leur demande à ce sujet. PHYSIOLOGIE. — Inflaimnation du péritoine observée chez un caïman à lunettes , mort à la suite d'une perjoration intestinale. ( TiCttre de M. Lereboullet. ) » Le 8 janvier de cette année, à trois heures de l'après-midi, on m'ap- porta le corps d'un caïman à lunettes (femelle) qui venait de périr, le même jour, dans une ménagerie ambulante. " A l'ouverture de la cavité abdominale , je vis que cet animal était mort d'une péritonite parvenue au plus haut degré d'intensité. Le péritoine, for- tement épaissi, était tapissé, dans toute son étendue, d'une couche de pus recouvrant des membranes qui se détachaient par lambeaux , et dont quel- ques-unes avaient jusqu'à I millimètre d'épaisseur. Les intestins, d'un rouge lie-de-vin plus ou moins foncé, suivant les régions, mais généralement très- intense , étaient couverts d'une couche de pus jaunâtre, et adhéraient for- tement les uns aux autres par de fausses membranes : celles-ci , épaisses et ( ^5r ) tiès-résistantes, liaient tcUeaieut les unes aux autres les diverses anses intesti- nales, qu'il était impossible, au premier abord, de distinguer leurs limites respectives. Ce ne fut qu'après avoir raclé, avec le manche d'un scalpel, la matière purulente et les lamelles membraneuses qui recouvi-aient l'intestin, qu'il me fut possible d'en séparer les circonvolutions ; plusieurs fois même il me fallut recourir au tranchant de l'instrument pour détruire les adhé- rences, principalement vers la région duodénale, où le foie, l'estomac et 1 in- testin ne formaient, pour ainsi dire, qu'une seule masse. Les surfaces conti- guës de deux portions intestinales étaient pâles, tandis que les surfaces libres avaient la couleur lie-de-vin que j'ai signalée plus haut. " Après avoir séparé, non sans quelque peine, les diverses portions de l'intestin , je trouvai au fond de la cavité péritonéale un morceau de bouchon de liégc, de forme quadrilatère, aplati, à bords irréguliers, ayant a centi- mètres de longueur sur une largeur un peu moindre et sur une épaisseur d'un demi-centimètre environ. Je ne tardai pas à découvrir la perforation intesti- nale qui avait donné passage à ce corps étranger : die se présentait sous la forme dune fente presque linéaire de i centimètre et demi de longueur, sur une largeur de 2 à 3 millimètres seulemeni , située dans l'angle du quatrième repli intestinal. Ivcs bords de cette ouverture étaient déchirés et comme taillés à pic, et ils étaient recouverts d'un pus jaunâtre, épais, semblable à celui qui tapissait le péritoine; une matière purulente liquide, d'un gris clair, pres- que blanchâtre, remplissait la fente de la plaie. » Ayant ouvert l'intestin dans une grande partie de sa longueur, je vis qu'il était rempli , depuis l'endroit perforé jusqu'au rectum, de la même malière liquide, puriforme, qu'on apercevait entre les lèvres de la plaie. Au-dessus de la perforation , l'intestin était vide ou ne contenait qu'une petite quantité de mucosités. lia muqueuse intestinale n'offrait aucune trace de rougeur, et l'on distinguait parfaitement, à l'œil nu, l'aspect réticulé qui la caractérise. Cette muqueuse formait des plis transverses très-saillants, d'où résultaient un grand nombre de fossettes. Sans doute le corps étranger se sera engagé dans l'une de ces fossettes transversales, et aura été la cause déterminante de la perfo- ration. L'estomac était vide et ne contenait que quelques fragments de liège, de forme irrégulière, dont l'iui avait près de 4 centimètres de longueur. » J'ajouterai que la surface intérieure des canaux péritonéaux présentait la même exsudation puriforme que celle du péritoine lui-même, ce qui prou- verait, au besoin, la nature de ces conduits, et la justesse des vues des ana- toniistes français qui les ont décrits les premiers. » Le fait que je viens de relater présente, comme on voit, les caractères ( 252 ) d'une véritable inflammation : rougeur intense, exsudation de lymphe plas- tique, Formation de fausses membranes, agglutination des intestins, sécré- tion purulente. 11 démontre de !a manière la plus péremptoire la possibilité de l'inflammation chez les animaux à sang froid ; il fait voir qu'on ne doit pas toujours accorder aux expériences une confiance aveugle, et surtout qu'il ne faut pas se hâter d'en déduire des conséquences générales; ce fait prouve, en UD mot, qu'on a eu tort d'avancer de la manière la plus positive et la plus absolue, que l'inflammation est impossible chez les animaux à sang froid. « ICH 1 HYOLOGIE. — Sw la variation des proportions d'oxygène dissous dans l'eau, considérée comme pouvant amener rapidement la mort des poissons. (Lettre de M. Mouren.) « Je viens de lire, dans la séance du i3 janvier i845, dont le Compte rendu ni'arrive aujourd'hui ^5 janvier, que M. Blanchet, de Lausanne, avait adressé à l'Académie une Note au sujet de la mortalité de certains poissons, et de l'influence qu'il attribuait à l'hydrogène sulfuré. D'après M. Agassiz, un abaissement subit et considérable de température peut produire le même effet ; ce dernier savant cite à l'appui un fait observé par lui dans la Glatt , petite rivière des environs de Zurich. Dans sa communication, M. Blanchet ajoute, et on le conçoit parfaitement, qu'il est d'un grand intérêt pour la 1^ Géologie de connaître les diverses causes qui ont modifié instantanément l'équilibre de notre terre, et ont permis aux dédris organiques de toutes les périodes d'arriver jusqu'à nous. » Je viens ajouter quelques considérations, basées sur des faits, à la Note de MM. Blanchet et Agassiz; elles serviront à montrer, je le crois, que les deux causes indiquées par ces deux personnes se rattachent à une cause plus générale qui se produit plus souvent et agit sur les divers êtres orga- nisés que l'eau contient, avec une énergie variable, suivant que ce milieu a été modifié par cette cause d'une manière plus ou moins profonde, et suivant la constitution, variable elle-même, des poissons asphyxiés. Certes, il est loin de ma pensée de contesler l'action délétère de l'hydrogène sulfuré aussi vivement que je le ferais de l'action d'une température variable d'une ma- nière plus ou moins rapide. Toutefois, je crois que c'est surtout par la dés- oxygénation de l'eau qu'elles produisent, que ces deux circonstances pos- sèdent une grande influence. » D'après des travaux que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, je crois avoir établi que, sous l'action de la lumière et surtout en présence ( 253 ) de divers animalcules microscopiques et des végétaux aquati(|ues, les eauxtaft douces et mannes dissolvent une quantité d'oxygène très-variable. Dans l'état normal et moyen, le chiffre de l'oxygénation de l'eau doit être de Sa à 33 pour loo du gaz dissous; je l'ai vu tantôt descendre à 17 pour 100, tantôt montera 61 pour 100. Dans le premier cas, si, pour des causes qui peuvent être nombreuses, l'oxygénation de l'eau s'est abaissée à 19, 18 et 17 pour 100, un grand nombre de poissons ne peuvent vivre dans cette eau ainsi désoxygé- née ; ils cherchent constamment à sortir la tête hors de l'eau, et vivent à la sur- face comme pour aspirer l'oxygène à l'état gazeux ; leurs aspirations sont extrê- mement fréquentes. Pendant que le chiffre de l'oxygénation de l'eau s'abaisse graduellement, on reconnaît que les diverses espèces de poissons ne sont pas également et aussitôt atteintes. J'ai toujours vu les poissons les plus voraces et se nourrissant de poissons eux-mêmes, succomber les premiers, tels que ses brochets, les perches, etc., pour l'eau douce. Tous, du reste, dès que l'oxygénation diminue, présentent un état de langueur particulier qui fait le plus grand contraste avec la vivacité et l'agilité extrêmes dont ces animaux sont doués dans une eau vivement oxygénée, ce qui a lieu surtout dans les jours où la lumière et la chaleur sont les pins vives. Les causes qui peuvent amener la désoxygénation plus ou moins complète de l'eau sont , on le con- cevra , très-nombreuses; il y en a deux surtout que j'ai observées avec soin et à diverses reprises. " .Te citerai un fait dont j'ai été le témoin dans une localité dont les jour- naux du temps peuvent être consultés. Le 8 juin i835, une crue subite des eaux de la Loire fit élever considérablement, à Angers, les eaux de la Maine : une grande partie des poissons de cette rivière périt comme as- phyxiée; ils étaient si nombreux que toute la population des bords de la rivière était occupée à les prendre. La grande quantité qui se cor- rompit remplit l'air d'une puanteur presque pestilentielle. L'autorité mu- nicipale prit même des mesures pour faire disparaître ces restes corrompus qui, dans certains endroits, s'étaient accumulés par l'influence du remous et des courants; elle recommanda aux habitants de ne faire qu'un usage pru- dent et attentif de ces poissons (quelques-uns de taille fort remarquable), que portaient par la ville les personnes qui les avaient pris à la main et les vendaient à vil prix. » On comprendra facilement la cause de ces résultats, si j'ajoute que la Maine est bordée d'immenses prairies, remarquables à cette époque de l'an- née par la plus belle végétation. Une eau vaseuse et jaunâtre , peu perméable à la lumière^ et ce point est à noter, les recouvrit pendant huit à dix jours à ( 254 ) ^. la hauteur de i mètre à i mètre 3o centimètres (i). Cette Téritable infusion végétale me permit d'observer pas à pas, et plusieurs fois chaque jour, la diminution qui se produisait dans l'oxygène de l'air dissous. Elle s'abaissa jus- qu'à i8 et 19 pour 100. A ce moment, la mortalité fut à son maximum, et elle ne cessa que lorsque je vis le chiffre de l'oxygénation s'élever. » Je fus témoin de la même mortalité qui se présenta dans un étang sur lequel j'étudiais précisément l'oxygénation de l'eau et les circonstances qui la font varier. Elle se produisit à la suite d'un refroidissement subit de l'atmo- sphère qui eut lieu le i5 août i836, mais deux jours seulement après le re- froidissement. Ces eaux, à cette époque, étaient riches eu animalcules mi- ^croscopiques de couleur verte que ce froid subit fit immédiatement périr; ainsi, non-seulement se trouva suspendue l'action oxygénante de cette pro- duction végéto-animale qui se conduit, sous l'influence de la lumière, comme les parties vertes des végétaux, mais celle-ci , privée de la vie, se trouva livrée aux forces de la nature inorganique et se brûla aux dépens de l'oxygène dis- sous par l'eau, ainsi que l'expérience me le fit voir pas à pas. Ainsi, dans les journées des i3, i4 et i5 août i836, l'oxygénation de l'eau sous l'influence de ces êtres microscopiques verts s'élevait à 59,19 pour 100, 56,07 pour 100, 44>26 pour 100; tandis que les jours suivants elle descendit , le 16 à 32,01 ; le 17 à 24,48; le 18 à 19,26; le 19 à 18,01 . » C'était bien évidemment cette cause, dont j'avais suivi successivement les effets, qui avait produit la mort des poissons, et non le refroidissement subit de la température qui, l'hiver, descend incomparablement plus bas. Le même phénomène de mortalité s'est reproduit à diverses reprises, et je l'ai toujours vu accompagné d'une très-grande diminution dans le chiffre qui représente l'oxygène dissous. >• [/étude de la géologie nous fait rencontrer, à l'état de fossiles, une ijuantité considérable d'animaux aquatiques qu'une moil instantanée a fait ( 1) Le courant fut alors presque nul pendant cinq à six jours. ( 255 ) périr, de poissons qui se sont déposés morts et à plat sur un fond à couches successivement et rapidement croissantes ; il est donc dun grand intérêt de connaître quelles sont les causes instantanées qui peuvent produire des mor- talités analogues à celles qui sont écrites dans les couches du globe; j'ai cru devoir ajouter ces détails aux intéressantes communications faites sur le même sujet à l'Académie, espérant que MM. Blanchet et Agassiz cherche- ront à vérifier quel est l'état de l'oxygénalion de l'eau, soit douce, soit ma- rine, dans laquelle ils auront l'occasion de constater quelques phénomènes extraordinaires de mortalité. » ASTRONOMIE. — Deuxièmes éléments paraboliques de la comète découverte à Berlin, le 28 décembre i844> Z'^'' M. d'Arrest; par M. Faye. Temps du passage au périhélie, 1845, janvier. . . . 8,1 5 181 Longitude'du périhélie gioso' 6") Équinoxe moyen du i" Longitude du nœud ascendant 336° 38' g" j janvier i845. Inclinaison 46"47' '4" Distance périhélie o , 904^465 Sens du mouvement dans l'orbite direct. " Cette orbite représente, comme il suit, les observations actuellement connues : 28 décembre . . 3 janvier. . . . 10 10 to II Il 12 '4 i5 CALCUL MOINS OBSERVATION en asc. droite. o"4 ,,8 18,8 5,9 ï»9 0)9 i5,6 10,6 i5, 1 4,5 en déclinaison 4- o"l — '4,6 — i4,i — 1,0 — 3o,7 + 0,3 3,2 — 0,7 — 2,4 — 8,1 Berlin. Hambourg. Berlin. Paris. Hambourg. Paris. Âltona. Gœttingue. Paris. Paris. 1 OGSERTATIONS. Les différences en Ji ont été multipliées par le cosinus de la déclinais, correspondante. C. a., 1^5,1" Semestre. (T, XX, ft" 4.) 34 ( a56 ) n Cette orbite a été calculée sur la première observation de Berlin, sur l'observation de Hambourg du 3 janvier, et sur celle de Paris, en date du 1 1 janvier. Ce sont à peu près les positions qui avaient servi de base à la pre- mière orbite parabolique , mais j'avais négligé les corrections de parallaxe et d'aberration dans les calculs précédents, tandis que j eu ai tenu compte dans ceux-ci. En outre , l'hypothèse qui fait la base de la uiéthode d'Olbers s'é- carte sensiblement de la vérité lorsqu'il s'agit, comme c'est ici le cas, d'in- tervalles de temps un peu longs et surtout inégaux. Il a donc fallu , à l'aide d'un très-petit nombre d'approximations successives, faire disparaître du ré- sultat final cette cause d'erreur, et la comparaison des éléments, ainsi obte- nus avec les observations, montre que ces procédés sommaires suffisent actuelletnent. Si donc l'orbite de cette comète diffère en réalité de la para- bole, de nouvelles observations paraissent nécessaires pour le constater. Mais ce qu'on peut déduire des calculs actuels, c'est qu'il n'y a pas lieu d'espérer une courte période. » ÉCONOMIE RURALE. — Sur la Culture du thé à l'île Maurice. (Extrait d'une FiCttre de M. Bojer à M. Benjamin Delessert.) " La culture du thé, que je viens d'introduire dans la colonie (l'île Mau- rice), m'a coûté beaucoup de temps et de peine; etifin j'ai réussi. Une plantation de 4° ooo pieds de thé est en plein rapport, et une partie de la récolte dernière a déjà été expédiée pour Londres. Ne pourriez- vous pas attirer l'attention de l'Académie des Sciences ou celle du Ministre de la Marine sur cette culture, afin delà recommander aux habitants de l'île Bourbon, qui sont meilleurs cultivateurs que les nôtres? Je suis certain, s'ils voulaient se livrer à la culture de ce précieux arbrisseau, que, dans peu d'années, l'île Bourbon produirait la quantité de thé suffisante pour la consommation de sa mère-patrie. J'ai déjà envoyé à différentes reprises au gouverneur de l'île Bourbon des graines et du thé fabriqué par des Chinois que le gouvernement colonial a fait venir. " M. Chopin prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission à l'examen de laquelle a été renvoyée une réclamation de priorité pré- sentée par la famille de feu M. DalLerj, relativement à l'invention de Vhélice comme inojen de propulsion pour les navires et à d'autres inventions con- cernant la navigation. ( ^57 ) M. Abatte adresse, du Caire, une semblable demande pour son Mémoire sur la rétine considérée sous le point de vue physiologique et sous le point de vue pathologique. A 5 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. \idL séance est levée à 6 heures. F. ERRATA. (Séance du i3 janvier i845.) Page 94, ligne 34, «" lieu de pour qu'on ne se borne pas à reconnaître ces parties par transparence, lisez: pour qu'on ne puisse pas le confondre avec les organes dont parle M. de Quatrefages, si toutefois on ne se borne pas à reconnaître ces parties par transparence. Page io5, avant- dernière ligne, au. lieu de 46° 54' lo", lisez ^&'5'^' lo". Page io6, ligne 2i, aa lieu de 3i octobre, lisez 27 octobre. 34. ( .58 ) BULLETINS BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences; i" semestre i845; n" 3; in-4". Foyages en Scandinavie , en Laponie, au Spilzbercj et aux Feroë, pendant tes années i838-i84o, sur la corvette la Recherche, publiés par ordre du Roi, sous ta direction de M. Gaimard. — Météorologie, t. !*■', i'" et 2* parties. — Ma- gnétisme. 2 vol. 10-8" et atlas in-folio; 24* livr. Statistique du Personnel médical en France et dans quelques contrées de l'Eu- rope, avec une carte figurative du nombre des médecins comparée la population ; par M. Lucas GhampionnièrE; i vol. in-S''. (Cet ouvrage est adressé pour le Concours de Statistique Montyon. ) Manuel pratique des Maladies des nouveau-nés et des enfants à ta mamelle, précédé d'une Notice sur l'Education physique des jeunes enfants; par M. E BoNHUï. Paris, 184 5; in-8". (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Médecine et de Chirurgie Montyon.) Des Hallucinat'ions , ou Histoire raisonnée des Apparitions, des Visions, des Songes, de l'Extase, du Magnétisme et du Somnambulisme ; par M. Brièrë de BoiSMONï; i845; in-8°. (Présenté pour le concours Montyon. ) Annuaire de Chimie, contenant les applications de cette science à la Médecine et à ta Pharmacie; par MM. MlLLON et Reiset, avec la collaboration de M. le docteur F. HOEFER; i845 ; i vol. in-S". Cours de M icir>scopie complémentaire des études médicales , Anatomie micros- copique et physiologie des fluides de l'économie. — Atlas exécuté d'après nature ; par MM. Donné et Foucault ; 1 845 ; in-folio. Recherches chirurgicales concerna) d l' Anévrisme du tronc brachio-céphatique ; par M. GuETTET. Paris, i844; in-4°- Histoire naturelle des îles Canaries; par MM. WiîBB et Bertiielot; 78*^ li- vraison ; in-4°- Description générale des Phares, Fanaux, et Remarques sur les places ma- ritimes du globe, à l'usage des Navigateurs; par M. CouLlER; 6" édition; in-ia. Essai sur ta Statistique morale et intellectuelle de la France; par M. Fayet ; ( ^59) u" 17. — Départements de l'Allier, Puy-de-Dôme, Cantal, Haute-Ijoire. (Tableaux.) annuaire du dépnrlement du Douhs, pour i845; pat M. P. JiAUHENT ; 33* année; in-S". Annuaire statistique et administratif du département de i Aisne ; 1 845 ; in-8". Notice des Travaux de la Société de Médecine de Bon/eaux; par M. Burguet. Bordeaux, i844; iu-S". Journal de Médecine de Bordeaux , et Becueil des Travaux de la Société de Médecine de la même ville ; sous la direction de M. Coste, rédacteur en chef; janvier à décembre i844; in-S". Programme des Piix de la Société de Médecine de Bordeaux , séance publique annuelle du 1 1 novembre i844 > in-8°. Encyclopédie Boret. — Chimie organique et inorganique; i vol. in- 18. Annales forestières; janvier i845; in-S". Bévue zoologique ; par la Société cuviérienne; 1 844 ; n" 1 ^ ; in-8". Journal de Chirurgie; par M. MalGaigne; janvier i845; \a-%°. Jardin expérimental de Saint-Jean-de-Maurienne , établi par M. le chev. Bo- uafous , et dirigé par M. le docteur Mottard. (Extrait des Mémoires de l'Aca- démie de Turin, i834. ) Turin, in-8''. Plantœ Javanicœ rariores, descriplœ iconibusque illuslralœ , quas in insula Java, annis 1802-1818, legit et investigavit Thomas HoHSFlEl.D, M. D.. e siccis descriptiones et characteres plurimarum elaboravit J. Bennett ; Observationes strucluram et affinitates prœsertim respicientes passim adjecit Robertus Brown ; parties 2 et 3. Londres, i84o et 1841; in-folio. The journal. . . Journal de la Société royale de Géographie de Londres; vol. XIV, partie a;in-8°. Transactions... Transactions de la Société royale d'Edimbourg; i844; vol. XV;in-4<'. Proceedings, . . Procès- Verbaux de la Société royale d'Edimbourg ; n"' 23 et 24; in-8°. Practical . . . Manuel du Constructeur de Tunnels; par M. E.-W. SiMMS. Tiondres, i844; in-4'*- Tlie médical Times ; 25 janvier i845 ; in-4°. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; u°' SaS et 526 ; in-4". Uber die. . . Sur la Flore fossile du Quadersandstein de Silésie; par M. GoP- PERT. Breslau, 1841; in- 4°. ( 200 ) Noticia. . . Grammaire et Vocabulaire de la langue huasleca, suivis d un Catéchisme de la même langue; par M. C. DE Tapia-Zenteno ; Mexi(jue, 1 767 ; petit ia-4°. (Offert par M. D. de Mofras.) Gazette médicale de Paris; tome XIII, i845; 11" 4; in-4''- Gazette des Hôpitaux ; n*" 8- 1 o. L'Echo du Monde savant; 11°' 3 , 4 et 5 ; in-4". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 3 FÉVRIER 1845. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMONT. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ZOOLOGIE. — Recherches zoologiques faites pendant un voyage sur les côtes de la Sicile ; par M. Milke Edwahds. (Second Mémoire.) Observations et expériences sur la circulation chez les Mollusques. « En entretenant l'Académie des études zoologiques dont je me suis occupé l'été dernier pendant mon voyage sur les côtes de la Sicile, j'ai annoncé que J'exposerais avec plus de détails, dans une série de Mémoires particuliers, les résultats de mes observations sur le développement des Annélides, sur la cir- culation du sang chez les Mollusques et chez les Crustacés, sur la structure des Acalèphes ciliogrades et sur l'organisation des Stéphanomies. Dans une de nos dernières séances j'ai commencé à m'acquitter de ce devoir lorsque j'ai fait connaître mes recherches sur les Annéhdes, et aujourd'hui je demanderai la permission de poursuivre ma tâche en rendant compte de quelques observa- tions sur la circulation chez les Mollusques. » Dans un travail que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie en 1839(1), j'ai fait voir que chez les Mollusques inférieurs connus sousles noms ( I ) Observations sur les Ascidies composées des côtes de la Manche. {Mémoires de l' Académie des Sciences, t. XVIIL) C. R., i8h5, i" Semestre. (T. XX, N» S.) 35 m. ( 262 ) lY^scidies composées et A' Ascidies sociales ,une^or\\on considérable du cercle circulatoire parcouru par le sang est composée de vaisseaux tubuleux com- parables aux artères et aux veines des animaux supérieurs, mais que dans une autre partie de ce cercle il n'en est pas de même; que là il n'existe plus ni artèresni veines, le liquide nourricier est épanché enti'e les organes, en baigne directement la surface , et pénètre dans la profondeur des tissus par une sorte d'infiltration. Effectivement, dans l'abdomen de ces Mollusques, le sang, au lieu d'être renfermé comme d'ordinaire dans un système clos de canaux à parois propres, circule dans les espaces que les viscères laissent entre eux, et remplit la grande cavité destinée à loger ces organes. » Ce singulier mode de circulation rappelle jusqu'à un certain pointée que M. Audouinet moi avions constaté chez les Crustacés, il y a bientôt vingt ans, mais s'accorde si mal avec les idées généralement reçues touchant la structure du système sanguin chez les Mollusques ordinaires, que j'aurais douté de l'exactitude de mes résultats si 1 observation des faits avait été moins facile. Mais, en examinant ces animaux lorsqu'ils sont encore plein de vie et lorsque la transparence naturelle de leurs tissus n'a pas été altérée par les moyens de conservation auxquels on est obligé d'avoir recours dans les musées, on voit le courant sanguin (reconnaissable aux globules charriés par le liquide) passer de la portion vasculaire du cercle circulatoire dans la cavité abdomi- nale, parcourir celle-ci en divers sens et s'engager même dans les prolonge- ments en forme de doigts de gants dont la partie inférieure du sac péritonéal est souvent garnie. Si l'on se contente de l'étude de la vie faite sur le cadavre, on peut méconnaître cette disposition remarquable; mais, pour quiconque a sous les yeux une Claveline vivante et sait voir, le doute me semble impos- sible. D'ailleurs, si j'avais conservé à cet égard quelque incertitude, clic aurait cessé lorsque j'ai eu l'occasion d'observer à l'état vivant certains Mollusques appartenant à une famille différente, mais à la même classe , les Salpa, qui, à certaines époques de l'année, abondent sur divers points de la Méditerranée, aux environs de Nice par exemple. >i Au premier abord, cet état d'imperfection de l'appareil circulatoire dans laclasse des Tuniciers ou Mollusques acéphales sans coquilles, de Cnvier, me pa- raissait devoir être un caractère propre à ce groupe, et constituer un nouvel exemple de ces dégradations des grands appareils physiologiques, qui s'obser- vent si fréquemment dans les rangs inférieurs de chacune des principales séries naturelles du règne animal, sans qu'elles entraînent avec elles la disparition du type fondamental propre à la série ainsi modifiée; mais en me rappelant une observation déjà ancienne de Cuvier, j'ai pensé que celle circulation semi- ( '2 -33 ) vasculaire, semi-lacuneiise , pourrait bien ne pas être un fait isolé dansïa physiologie des MoUusfjiies. Effectivement , dans son beau Mémoire sur rAplysie(i), Cuvier nous apprend que chez ce Gastéi'opode , les canaux des- tinés à porter le sang veineux aux branchies ont pour parois des faisceaux musculaires seulement, et que les espaces compris entre ces faisceaux éta- blissent une communication directe entre les veines caves ou artères bran- chiales, comme ou voudra les appeler, et la cavité abdominale; que, par leur extrémité antérieure, ces gros vaisseaux se confondent même avec la cavité générale du corps, et que les liquides contenus dans celle-ci pénètrent aisé- ment dans le système circulatoire, et réciproquement. i Les expériences dont je viens de faire mention prouvent que les liquides contenus dans la cavité abdominale du Limaçon et même les particules solides tenues en suspension dans ces liquides, pénètrent instantanément et sans la, moindre difficulté dans les vaisseaux sanguins; mais elles ne suffisent pas en- core pour montrer que la cavité viscérale constitue, ainsi que je l'ai dit, une portion du cercle circulatoire parcouru par le fluide nourricier. Effective- ment, on m'objecterait, peut-être, que le passage même très-rapide d'un liquide de la cavité abdominale dans les veines pourrait résulter d'un phé- nomène d'absorption, et que rien ne montre encore la libre communication en sens contraire que je suppose exister. » Pour lever cette difficulté, j'ai eu recours à une expérience analogue par ses résultats à celles dont je viens de parler, mais exécutée d'une manière tlifférente : au lieu d'injecter les canaux veineux par l'intermédiaire de la cavité abdominale , j'ai poussé directement dans un de ces canaux veineux le liquide tenant eu suspension la poussière jaune, et j'ai vu ce mélange s'é- pancher de suite dans la cavité viscérale, puis arriver aux poumons, comme d'ordinaire. ' " Enfin, comme dernière épreuve, j'ai soumis à l'examen microsco- pique le sang puisé directement dans le ventricule du cœur, ainsi que le ( a68 ) liquide épanché dans la cavité abdominale d'un Colima(jon vivant , et je n'ai pu apercevoir aucune différence entre ces deux fluides; l'un et l'autre char- riaient des globules en apparence identiques, et paraissaient avoir la même densité ; j'en ai conclu que c'est du sang qui se trouve dans la cavité viscérale aussi bien que dans les cavités du cœur. » Ainsi, chez le Limaçon le liquide nourricier distribué dans toutes les parties de l'économie par les tubes ranieux dont se compose le système artériel revient, soit par des veines, soit par des lacunes seulement, vers la cavité viscérale, s'épanche dans cette cavité, baigne le tube digestif, et pénètre ensuite dans d'autres canaux destinés à le mettre en contact avec l'air, et à le porter jusque dans le cœur aortique. » Il en est de même pour tous les Mollusques gastéropodes chez lesquels j'ai examiné, par des moyens analogues, la manière dont le sang circule, et si je cite de préférence le Limaçon , c'est seulement parce que cet animal est si commun dans nos campagnes, et même sur nos marchés, que quiconque voudra répéter mes expériences pourra le faire sans retard. Ce n'est même pas sur ce Mollusque que j'ai d'abord constaté les faits dont je viens d'avoir l'honneur d'entretenir l'Académie; c'est sur le grand Triton de la Méditer- ranée que j'ai fait mes premières expériences, et je dépose sur le bureau une figure que j'ai dessinée à Milazzo, et qui montre non-seulement une portion considérable du système veineux , rempli par du bleu de Prusse injecté dans la cavité abdominale , mais aussi les grands orifices béants par lesquels ces vaisseaux débouchent dans cette même cavité. » Pendant mon séjour sur les côtes de la Sicile, j'ai également étudié l'ap- pareil circulatoire de l'Aplysie, Mollusque chez lequel la communication entre le système sanguin et la cavité abdominale avait été si bien constatée par Cuvier, mais avait été considérée par cet anatomiste célèbre comme une anomalie des plus singulières (i). Quelques doutes sur l'exactitude de ces observations avaient été émis par Meckel (2) et par Carus (3); mais M. Délie Chiaje (4), dont tous les zoologistes connaissent et apprécient les grands (i) « Sa structure , dit Cuvier en parlant de la veine cave ou artère branchiale, est même " peut-être le fait le plus extraordinaire que la physiologie des Mollusques m'ait encore » offert. » Op. cit., page i3. (2) Meckel, Anatomie comparée; trad. de Schuster, tome IX, page 174. (3) Anatomie comparée ; trad. de Jourdan, tome II, page 809. (4) Memorie sugli animait senza vertèbre del regno di Napoli , tome I , page 63; Descri- zione c notomia degli animal! invertebrati délia Sicilia citeriore , tome II, page 7 3. ( ^69) travaux, a montré que Guvier ne s'était pas trompé, et il a fait voir que le sinus criblé décrit par celui-ci communique avec un système lacuneux sous-cutané. Cependant l'appareil vasculaire de l'Aplysie ne me semblait pas être suffisamment connu, car M. Délie Chiaje lui-même déclare que la ciroulaîion veineuse, chez ce Mollusque, est encore pour lui un phénomène inexplicable (i). >• En injectant, sur des Aplysies vivantes, des liquides colorés dans di- verses parties du cercle circulatoire, je me suis bientôt convaincu de l'entière exactitude des faits avancés par Guvier ; j'ai vu , comme M. Délie Chiaje l'a- vait vu avant moi, que ce n'est point par l'intermédiaire de vaisseaux que le sang arrive aux branchies ; c'est une grande lacune semi-circulaire com- prise entre les faisceaux musculaires, les brides celluleuses et les téguments du manteau qui remplit ici les fonctions d'une veine cave ; et, par ses extré- mités antérieures, cette lacune communique librement avec la cavité viscé- rale. \je sang veineux y arrive en partie par d'autres lacunes sous-cutanées, situées le long de ce canal dépourvu de parois propres, mais la plus grande partie du liquide nourricier y pénètre par les orifices terminaux dont je viens de parler, et provient par conséquent de la cavité abdominale. J'ai vu, de plus , que cette grande chambre viscérale n'est point tapissée par une membrane péritonéale continue, mais par une tunique celluleuse, criblée d'une multi- tude de trous irréguliers, ou plutôt par une couche membraniforme, composée de brides celluleusps, entre-croisées en deux sens , et placées sur plusieurs plans, de façon à laisser entre elles des lacunes en communication les unes avec les autres. Ces trous irréguliers dont les parois de la cavité abdominale sont percées communiquent à leur tour avec un vaste système de lacunes for- mées par l'entre- croisement des rubans musculaires du pied et du manteau ; enfin ces espaces intermusculaires se continuent sans interruption avec le ré- seau lacuneux sous-cutané, découvert par M. Délie Chiaje ; et c'est ce vaste ensemble de lacunes qui tient lieu de veines, vaisseaux dont les Aplysies sont complètement dépourvues. En effet, le sang distribué aux organes par un système de tubes artériels très-développé se répand dans toutes ces lacunes , et parvient de la sorte dans la cavité abdominale qui fait ici l'office d'un vaste réservoir, et transmet le liquide nourricier à l'appareil respiratoire qui, à son tour, l'envoie au cœur, chargé de le chasser dans les artères. (i) « La circulazione venosa délia Aplysie e stata finora un probleraa, ed encora per me d'impossibile soluzione. » Descrizione e Notomia , tome II, page 71 ; Naples, i84i. C. U., 1845, \" Semestre. [T. XX, N» S.J 36 ( 270 ) » Pour s'en convaincre, il suffit de pousser un liquide coloré dans le canal afférent de la blanchie , car on voit de suite l'injection pénétrer dans toutes ces lacunes, soit directement, soit par l'intermédiaire de la cavité abdominale, et en injectant le liquide dans les espaces intermusculaires d'une partie quel- conque du corps, on peut le faire avancer en sens inverse, et le faire parvenir jusque dans les vaisseaux de la branchie. )> Eu variant de diverses manières ces expériences , faites toutes sur des animaux vivants, et en disséquant avec une grande attention les différentes parties de l'appareil circulatoire de l'Aplysie, j'ai vu toujours ce résultat se confirmer, et j'ai compris aussi pourquoi la circulation veineuse était restée, dans l'opinion de M. Délie Chiaje, une question insoluble. Effec- tivement, je me suis assuré que Yappareil aquijère décrit par ce savant, et considéré par lui et par quelques autres anatomistes comme un complément de l'organe respiratoire, n'est antre chose qu'une portion du vaste système lacunaire qui, dans le corps de l'Aplysie, tient lieu de veines. Il n'existe pas, ainsi que le soupçonne l'habile anatomiste de Naples, des orifices destinés à l'établissement d'une communication directe entre ces lacunes ou la cavité abdominale et l'extérieur; et si de l'eau s'y introduit quelquefois en quantité considérable, c'est seulement par l'effet d'un phénomène d'endosmose. La turgescence qu'on observe souvent chez les Aplysies est une conséquence de l'absorption veineuse , et non pas de l'introduction directe de l'eau du dehors, à l'aide de canaux débouchant à la surface du corps. Les injections du sys- tème lacunaire, et même la simple insuflalion de ces cavités veineuses , prou- vent suffisamment qu'il n'y a pas d'orifices semblables ; et, d'un autre côté, si l'on tient compte des expériences de notre savant collègue M. Magendie , re- latives aux lois de l'absorption veineuse chez les animaux supérieurs, on peut facilement se rendre compte de l'introduction rapide d'une quantité considé- rable d'eau dans l'intérieur du corps, par la seule force endosmotiquc , lors- que l'affaiblissement de l'irritabilité musculaire détermine une diminution correspondante dans la pression à laquelle les liquides de l'économie se trou- vent d'ordinaire soumis. Or, c'est précisément dans des circonstances de na- ture à produire ce relâchement dans les parois des cavités sanguines, que la turgescence du Mollusque se déclare. .l'ajouterai aussi que j'ai observé des phénomènes tout à fait analogues chez les Limaçons, et ces Mollusques étant destinés à vivre toujours à l'air, il serait difficile de croire que la nature les aurait pourvus d'un appareil aquifère dont les fonctions ne pourraient com- mencer que dans le cas très-rare où l'animal se noie. » Je n'hésite donc pas à dire que c'est une portion du système veineux ( 271 ) interstitiaii-e de l'Apylsie qui a été décrite par M. Délie Chiaje comme étantun appareil aquifère comparable, jusqu'à un certain point, aux trachées aérifères des insectes. En faisant des recherches analogues sur le grand Triton de la Méditerranée, j'ai acquis la conviction que ce sont aussi des canaux veineux que cet anatomiste a pris pour un système aquifère chez ce Mollusque (i); et si, comme je le pense , il en est de même pour les autres Gastéropodes , il n'y aurait plus de difficulté pour faire concorder les nombreuses et intéressantes observations de M. Délie Chiaje, sur l'appareil circulatoire de ces animaux, avecles résultats que je viens de faire connaître. Effectivement, cet anato- miste a vu que dans un nombre considérable de Mollusques gastéropodes , les veines sont remplacées, dans certaines parties du corps, par un réseau de simpleslacunes, et viennent déboucher dansim grand réservoir qu'il considère comme un sinus veineux ; or, ce sinus n'est autre chose que la cavité abdo- minale elle-même ou un prolongement de cette cavité au milieu des faisceaux musculaires du manteau, et c'est également avec elle que communiquent les prétendues trachées aquifères. >i Ainsi la circulation semi-vasculaire, semi-lacuneuse, que j'avais signalée chez les Tuniciers, et que je viens de constater chez le Colimaçon, le Triton , l'Haliotide, etc., est probablement commune à tous les Mollusques gastéro- podes. Là, de même que chez les Crustacés, la portion veineuse de l'appareil vasculaire manquerait toujours plus ou moins complètement , et le sang épan- ché dans les interstices que les divers organes laissent entre eux se rassemble- rait dans la cavité abdominale avant que de se rendre à l'appareil respiratoire. » lien est encore de même dans la classe des Mollusques acéphales. Les expériences que j'ai faites sur le grand .Jambonneau de la Méditerranée ou Pinne marine, sur la Mactre et sur l'Huître commune le montrent sulfisam- ment; seulement, dans ces animaux, les viscères ne flottant pas dans la chambre abdominale, mais s'entremêlant d'une manière intime aux muscles du pied et aux brides sous-cutanées de la portion correspondante des tégu- ments communs, ce sont de petites lacunes qui tiennent lieu du grand réser- voir veineux représenté parla cavité viscérale des Gastéropodes. Du reste, ces espaces interviscéraux communiquent librement avec les méats qui, dans le pied de la Mactre, résultent de l'entre-croisement des bandes charnues, et, en (i) Descrizione di un nuovo apparato di canali aquosi scoperto negli animali invertebrati marini délie Due-Sicilie. ( Memorie mlla storia e notomia degli animali senza vertèbre del regno di NapoU , t. II, p. aSg.) — Instituzioni di Jnatomia e Fisiologia comparativa , t. I, p. 279. (Naples, i832.) 00.. ( 272 ) poussant une injection colorée dans ces lacunes intermusculaires, on peut faire passer le liquide coloré jusque dans les vaisseaux des branchies et dans les canaux veineux du manteau. Mais dans le manteau, de même que dans le pied, il ne paraît pas y avoir de veines proprement dites, ou, en d'autres mots, des tubes à parois propres servante porterie sang des tissus que ce liquide a nourris, vers le cœur ou vers l'organe spécial de la respiration. C'est un système de simples lacunes qui fait les fonctions du réseau formé par les vaisseaux capillaires chez les animaux supérieurs, et ces lacunes, presque microsco- piques, débouchent dans d'autres méats qui, parleur disposition, ressemblent beaucoup à des veines proprement dites, mais sont dépourvus de parois in- dépendantes des parties voisines. Je reviendrai dans une autre occasion sur l'histoire anatomique et physiologique de ce système veineux lacunaire du manteau des Mollusques acéphales, et, en ce moment, j'ajouterai seulement que l'on y arrive facilement en injectant l'animal parles artères aussi bien que par les interstices de la cavité abdominale. » Il est aussi à noter que M. Délie Chiaje a vu ce réseau lacuueux dans le Pecten, et en a donné une très-belle figure; mais j'ignore s'il considère ces méats comme appartenant au système veineux ou à son système aquifère, car le texte explicatif de la planche relative à ce Mollusque n a pas encore été publié (i). » Ainsi , chez les Acéphales lamellibranches , de même que chez les Acéphales sans coquilles ouTuniciers, et chez les Gastéropodes, l'appareil vas- (i) Voyez Descrizione e notomia degli animali invertcbrati délia Sicilia citeriore , t. III, ab. 75. (Au premier abord on pourrait croire qu'il s'est glissé quelque erreur dans la cita- tion que je viens de faire , car chacun des cinq volumes de ce nouvel ouvrage de M. Délie Chiaje porte sur le titre la date de 1841 ; mais cela paraît tenirà ce que l'auteur commence l'impression de son ouvrage par le titre, tandis qu'en France on a l'habitude de terminer par ce feuillet qui alors sert à constater le millésime de la publication ; en effet , la santé de M. Délie Chiaje ne lui ayant pas permis de poursuivre l'impression de son livre avec toute son activité accoutumée , le 3*^ et le 5" volume étaient inachevés lors de mon passage à Naples en juillet 1844 > ^' le sont probablement encore à l'heure qu'il est. Le 3" volume s'arrête à la page 44 pow reprendre à la page 69 , et s'interrompt de nouvea» page i4o; quant au 5* vo- lume, il s'arrêtait à la page 68. Il est aussi à noter que parmi les planches destinées à former l'atlas de cet ouvrage intéressant, il y en a plusieurs qui ne sont encore qu'esquissées, bien que les cuivres portent le millésime de 1 84 1 , ou quelque autre date plus ou moins reculée. Cette circonstance serait à noter si dans la suite on s'occupait de l'historique des découvertes faites depuis vingt ans sur l'organisation des animaux sans vertèbres , découvertes dont un grand nombre appartiennent incontestablement à M. Délie Chiaje.) ( ^73 ) culaii-e est incomplet , et une portion plus ou moins considérable du système veineux est représentée par de simples lacunes dans lesquelles le sang est épanché entre les organes. » Au premier abord on pourrait croire que les Mollusques supérieurs dontse compose la classe des Céphalopodes font exception à cette règle, et pos- sèdent un appareil vasculaire complet, c'est-à-dire un système circulatoire dont toutes les parties sont constituées par des tubes à parois propres. » En effet, Cuvier, dans son grand travail sur l'anatomie du Poulpe, a fait connaître un système vasculaire veineux , aussi bien qu'un système arté- riel, et ces veines sont bien des tubes à parois propres, comme le sont les veines des animaux supérieurs. Monro (i) et Hunter (2) ont décrit les veines du Calmar et de la Seiche, et M. Délie Chiaje a représenté ces vaisseaux avec beaucoup plus d'exactitude qu'on ne l'avait fait jusqu'alors; enfin, on connaît aussi les principales veines du Nautile, et, par conséquent , on peut, en généralisant ces faits particuliers, dire que dans la classe des Céphalo- podes , il existe toujours un système veineux vasculaire très-développé. MM. Owen et Valenciennes ont , il est vrai , constaté l'existence d'un nombre considérable de grands orifices à l'aide desquels la cavité de la veine princi- pale du Nautile communique librement avec la cavité péritonéale ; mais on pourrait ne voir dans cette disposition que les derniers vestiges du mode d'organisation que j'ai trouvé chez tous les Mollusques inférieurs , et on pour- rait penser que le cercle circulatoire des Céphalopodes est formé tout entier par des tubes , lors même que ces vaisseaux à parois membraneuses seraient perforés dans quelques points, de façon à ne pas emprisonner complètement le sang dans leur intérieur, du moins après la mort de l'animal ; car quelques anatomistes ont supposé que , pendant la vie , ces pertuis ne sont pas béants. » Mais il n'en est pas ainsi, et je puis facilement prouver que chez les Céphalopodes, de même que chez les autres Mollusques, la cavité viscérale sert d'intermédiaire entre diverses parties de l'appareil vasculaire, et con- stitue réellement une portion du cercle circulatoire parcouru par le sang. " En effet, le sinus veineux découvert récemment par M. Délie Chiaje dans le Poulpe n'est autre chose, ainsi que je le démontrerai facilement, que la (i) The structure and Physiology of Fishes explained and compared. Edinburgh^ 1^85 ■ (2) Voyez Descriptive and illustrated catalogue of the Hunterian muséum, published by M. R. Owen, vol. II. ( 274 ) cavité viscérale de cet animal (i), et je me suis assuré de la manière la plus positive : " 1°. Que des injections, même très-grossières, poussées dans la cavité où flottent l'estomac, le jabot, l'œsophage, l'artère aorte, les glandes sali- vaires et la masse charnue de la bouche, après avoir baigné la surface de tous ces organes , pénètrent dans les veines des autres parties du corps, tra- versent les cœurs pulmonaires et vont remplir les vaisseaux capillaires des branchies; » 2°. Que les veines profondes des bras, les veines des yeux et celles des parties charnues voisines débouchent dans cette cavité viscérale, soit directe- ment, soit par l'intermédiaire d'une grande lacune ou sinus situé au fond de chaque orbite, et que le sang veineux , pour se rendre des veines dont il vient d'être question dans les cœurs pulmonaires, traverse toujours la cavité viscérale; » 3". Que cette dernière cavité communique aussi directement avec la partie postérieure de la grande veine cave par deux vaisseaux d'un calibre considérable. " Dans un autre Mémoire, je présenterai une description détaillée de ces diverses parties de l'appareil circulatoire du Poulpe; aujourd'hui je me bor- nerai à placer sous les yeux de l'Académie quelques dessins représentant le s;ystème veineux injecté par l'intermédiaire de la grande cavité viscérale, qui elle-même est distendue par le liquide coloré dont les veines sont remplies. » Dans le Calmar commun, il existe aussi une portion du système circu- latoire qui, au lieu d'être formée par des vaisseaux, se compose uniquement de lacunes et d'une cavité servant en même temps de chambre viscérale et de sinus veineux ; seulement cette cavité est beaucoup moins vaste que chez le Poulpe et ne dépasse guère la partie céphalique du corps. Cette modification (i) Il ne faut pas confondre la cavité viscérale du Poulpe avec la chambre branchiale ni avec les grandes poches membraneuses qui longent les troncs veineux dont les parois sont gar- nies des corps spongieux décrits par Cuvier; ces poches, qui occupent presque toute la portion postérieure du corps , communiquent directement avec la chambre respiratoire par deux ori- fices, et recouvrent dans leur intérieur l'eau dont cette chambre est remplie. Mais il n'y a aucune communication entre ces poches et la grande cavité viscérale qui s'étend depuis la bouche jusqu'en arrière de l'estomac. L'intestin n'est pas libre comme l'est l'œsophage ou l'es- tomac, et c'est l'adhérence de sa surface avec la paroi interne de la tunique viscérale commune qui empêche le sang veinoux de le baigner comme cela a lieu chez les Gastéropodes. ( 275) s'explique, du reste, très-facilement, car ici l'estomac et l'oesophage, au lieu d'être suspendus dans une cavité abdominale comme chez le Poulpe, adhèrent intimement à la tunique viscérale commune, de façon que la cavité elle-même est oblitérée dans toute sa portion postérieure, et ne persiste que là où elle lofje l'extrémité antérieure de l'œsophage et la masse buccale, et là elle remplit, comme d'ordinaire, les fonctions d'un sinus veineux. Aussi suffit-il d'injecter un liquide coloré dans la cavité viscérale, réduite ainsi à sa portion céphali- que, pour remplir aussitôt les veines de toutes les parties du corps. La prépa- ration déposée sur le bureau a été faite de la sorte; l'injection bleue poussée dans la cavité contenant la portion antérieure du canal digestif a passé de ia grande veine cave dans les veines du manteau, des viscères et des bras, a rempli les cœurs pulmonaires, et est arrivée jusque dans les branchies. " Les faits dont je viens d'entretenir l'Académie me semblent être assez nombreux et assez variés pour autoriser les conclusions que j'ai rappelées au commencement de ce Mémoire. » Le Poulpe et le Calmar, parmi les Céphalopodes; le Colimaçon, le Triton, l'Haliotide et l'Aplysie, dans la classe des Gastéropodes; la Mactre, la Pinne et l'Huître, dans la grande division des ificéphales; enfin les Bi- phores et les Ascidies sociales et composées , dans le groupe des Tuniciers , m'ont offert, tous, un appareil circulatoire plus ou moins incomplet, dans lequel les veines manquent en totalité ou en partie, et sont remplacées, là où elles manquent, par la cavité viscérale elle-même, et par d'autres» espaces libres que les organes intérieurs ou les matériaux constitutifs des tissus laissent entre eux. D'un autre côté, il n'est aucun Mollusque qui m'ait offert uu système clos de vaisseaux sanguins, et les observations recueillies avant que l'attention des zoologistes ne fût éveillée sur ce point, ne four- nissent aucun argument solide en faveur de l'existence d'un appareil vas- culaire complet dans une espèce quelconque appartenant à ce grand em- branchement du règne animal. La disposition du système circulatoire que j'ai rencontrée partout où j'ai eu l'occasion de l'étudier, ne peut donc être, à mes yeux, un mode d'organisation exceptionnel chez les Mollusques, et il me semble, au contraire, légitime de conclure que, chez tous les animaux conformés d'après le même plan général que le Poulpe, le Calmar, le Li- maçon, le Triton, l'Aplysie, l'Haliotide, l'Huître, la Mactre, la Pinne, les Biphores et les Ascidies, cette fonction doit offrir d'une manière plus ou moins marquée le même caractère. Nous voyous, il est vrai, le système de cavités destinées à contenir et à distribuer le fluide nourricier se perfec- tionner progressivement et se revêtir de parois tubulaires dans une portion ( 276 ) de plus en plus considérable du cercle circulatoire, à mesure que l'on se- lève des MoHuscoïdes les plus inférieurs jusqu'aux Céphalopodes. En effet, chez les Bryozoaires, qui sont les représentants les plus dégradés du type des Malacozoaires , il n'existe aucune trace ni de cœur, ni d'artères, ni de veines, et, ainsi que je m'en suis assuré maintes fois, le liquide qui tient lieu de sang est contenu dans la grande cavité viscérale au milieu de laquelle flottent les organes de la digestion. Chez les MoHuscoïdes tuniciers, il existe déjà un cœur et un système de tubes sanguifères dans la portion branchiale de l'économie; mais il n'y a ni artères ni veines dans la portion viscérale ou abdominale du corps. Chez l'Huître, la Mactre et l'Aplysie, le système ar- tériel se complète, mais il ne paraît y avoir nulle part, si ce n'est dans les branchies, un lacis de véritables vaisseaux pour remplir les fonctions du réseau capillaire, et il n'y a pas encore de veines pour ramener le sang des divers organes vers l'appareil de la respiration. Chez le Triton et le Coli- maçon, nous avons reconnu un degré de plus dans le perfectionnement du système circulatoire, car les veines commencent à se constituer sous la forme de tubes membraneux dans certaines parties de l'économie, bien qu'elles manquent encore, et sont remplacées par de simples lacunes dans le système musculaire et dans l'espace compris entre les principaux viscères et l'organe respiratoire. Chez le Poulpe, la portion vasculaire du système veineux se développe davantage; enfin, chez le Calmar, il n'y a de grandes lacunes .faisant office de veines qu'autour de la portion antérieure du tube digestif, et, dans tout le reste du cercle circulatoire, le sang est renfermé dans des tubes dont les parois sont indépendantes des organes voisins. " D'après cette progression , on concevrait facilement la possibilité d'un degré de plus dans le développement vasculaire, perfectionnement qui amènerait d'une manière complète la transformation de toutes les lacunes sanguifères en tubes fermés, et qui rendrait sous ce rappoit le système cir- culatoire d'un Mollusque semblable à l'appareil vasculaire des animaux ver- tébrés. Mais il y a tout lieu de croire que cela n'a jamais lieu, car le Poulpe et le Calmar sont les représentants les plus élevés du type propre à l'em- branchement des Malacozoaires, et puisque chez ces Mollusques, les plus parfaits de tous, la cavité viscérale tient encore lieu d'une portion du sys- tème veineux, il n'est pas probable qu'un appareil vasculaire complet se rencontrera ailleurs. Du reste, lors même qu'il en serait ainsi, cela ne chan- gerait que peu la portée des faits dont il vient d'être question , car le mode de circulation serai - lacuneuse sur lequel j'ai appelé l'attention de l'Aca- ( 277 ) demie n'en demeurerait pas moins un des caractères dominants dans le type malacologique. » Il serait inutile, ce me semble, d'insister ici sur l'influence qu'une pa- reille organisation doit exercer sur le mécanisme de quelques autres fonc- tions, telles que l'absorption, soit générale, soit chyleuse , et les mouvements érectiles; car il suffit de savoir que le sang baigne directement la surface externe d'une portion plus ou moins considérable du canal digestif, pour comprendre aussitôt comment les matières alimentaires liquéfiées par l'action des sucs gastriques ou intestinaux peuvent se mêler rapidement au fluide nourricier sans qu'il y ait ni veines ni vaisseaux chylifères pour les y con- duire. Il suffit aussi d'un instant de réflexion sur le rôle qu'un liquide ré- pandu dans un vaste système de lacunes extensibles et contractiles peut jouer dans le mécanisme des mouvements de l'animal, pour voir également que cette disposition anatomique doit être la cause des phénomènes d'é- rection que nous offrent souvent le pied des Acéphales ou les tentacules des Gastéropodes. Je ne m'arrêterai donc pas sur ces considérations ; mais il serait bon peut-être d'examiner jusqu'à quel point les faits fournis par l'é- tude de la circulation chez les Mollusques peuvent venir en aide à la physiologie des animaux supérieurs, relativement à la question de la nature intime et du mode de formation des vaisseaux sanguins en général. Au- jourd'hui je ne pourrais aborder une discussion de ce genre sans abuser de l'attention que l'Académie a bien voulu me prêter, mais j'y reviendrai lorsque j'aurai fait connaître mes nouvelles recherches sur la circulation chez les Crustacés. " ART vÉTÉiUNAiRE. — Note sur la peste bovine, en Bohême. « On sait que, dans le dernier semestre de i844» '^ peste bovine s'est déclarée en Gallicie, et qu'elle s'est étendue en Moravie et en Bohême, et l'on se rappelle que cette maladie, apparue, à diverses époques, dans les mêmes contrées ou dans les contrées voisines, s'est quelquefois propagée dans l'Eu- rope occidentale , et y a occasionné des ravages considérables. Aussi , l'appa- rition de cette épizootie a-t-elle attiré l'attention de presque tous les gouver- nements. Fj'Autriche, la Bavière et la France ont envoyé des vétérinaires instruits sur le théâtre de l'épizootie, pour y recueillir de nouvelles lumières sur 1 origine et le mode de propagation de cette maladie. M. Rayer remet le Rapport que l'un d'eux, M. le docteur Schwab, directeur de C. R.. i845,i«'-St.m«(re (T. XX, K" S.) ^7 ( 278 ) l'École vétérinaiie de Munich, a adressé au œiuistre de l'Intérieur de Bavière. Ce Rapport a été transmis à M. Rayer par l'intermédiaire de M.d'Eichthal. » Extrait du Rapport de ^l. Schwab. « La peste bovine s'est déclarée en Gallicie , après le passage de bœufs arrivés des provinces russes, et probablement de Bessarabie. Cette épizootie s'est propagée peu à peu, en Moravie, à vingt-quatre localités. Du mois de septembre au 5 décembre, i o65 sujets ont été atteints de cette maladie : 68 ont été guéris, 845 sont morts, et lag ont été abattus. La maladie n'est apparue, en Bohême, qu'à la fin de septembre; d'abord dans le cercle de Kœuiggraetz, et, presque aussitôt, dans celui de Bidschow. Dans le cercle de Tabor, elle paraît s'être introduite par la basse Autriche. " D'après les recherches du docteur Eckel, directeur de l'Ecole vétéri- naire de Vienne, du i" août au ii novembre, 6224 bœufs de Podolie avaient été envoyés en Bohême ; savoir : 5 008 par la grande route de Prague, et les autres par d'autres voies. Or, c'est dans les mêmes directions que la maladie s'est propagée. Des seize cercles de Bohême, à peine y en a-t-il eu un d'épargné. liC 6 décembre seulement, des ordres furent donnés pour que les lois et les ordonnances sur la peste bovine fussent exécutées avec la plus grande sévérité, la nature de la maladie ayant été d'abord méconnue ou contestée. » FiC docteur Schwab assigne à la peste bovine les symptômes suivants: Première période (sub-inflammatoire) : fatigue, tristesse, abattement, mou- vements brusques de la tête , yeux brillants , i-egard fixe , parfois toux sèche , sensibilité morbide du dos dont le poil est hérissé , mobilité des dents inci- sives, grincement des dents, augmentation ou diminution de la sécrétion du lait chez les vaches. Deuxième période (inflammatoire) ; suspension de la sé- crétion du lait, cessation de l'appétit et de la rumination, soif intense, respi- ration accélérée, agitation des naseaux et des lèvres, soupirs faibles et pro- fonds, toux fréquente, pouls accéléré, mouvements de la tête vers les hypocondres, suppression de la défécation et de l'émission des urines, trem- blements des muscles de l'épaule , et plus fréquemment encore de ceux de la fesse; poil hérissé, sensibilité vive au dos et à la région lombaire; rougeur de la conjonctive, yeux larmoyants, écoulement de mucosités par les na- seaux et de bave par la bouche; lèvres sèches, gencives gonflées et d'une cou- leur plombée; excréments noirâtres sous forme de petites niasses arrondies; le regai'd prend une fixité particulière. Troisième période (typhoïde): diar- ( 279 ) rhée, excréments d'une odeur insupportable; plus tard, défécation invo- lontaire; parfois selles sanguinolentes , rongeur et tuméfaction de l'anus, et de la vulve chez la vache; mucosités purulentes à l'angle interne des yeux; mucosités des fosses nasales, fétides; bave plus abondante, trouble considé- rable de la respiration (plus de cinquante respirations par minute); soupirs plaintifs, cessation de la toux par suite des progrès de la faiblesse ; mouve- ments du cœur et pulsations des artères à peine perceptibles; refroidisse- ment du corps; mort. » M. Schvrab a assisté à cinq autopsies, dont trois ont été pratiquées dans la deuxième période de la maladie , et deux dans la troisième. On a noté les altérations suivantes : amaigrissement considérable, mollesse et coloration brune des chairs; sang fluide et noirâtre, s'écoulant en petite quantité lors de la section des muscles; rougeur violette de la caillette, dont les vaisseaux étaient fortement injectés; membrane muqueuse de ce viscère notablement tuméfiée , généralement enflammée , ou présentant des points colorés en rouge-cerise , avec ou sans quelques taches plus foncées; çà et là quelques points érodés , sans suppuration apparente. Dans un cas , ces taches étaient couvertes d'un coagulum sanguin, brun, et peu adhérent. Sur les plis de la membrane on remarquait des taches grisâtres. L'épithélium du feuillet avait une coloration brunâtre; il était noir dans une vache abattue aux ap- proches de la mort. Le bonnet contenait ordinairement peu de matières ali- mentaires ; la panse était remplie d'aliments ; son épithélium présentait , comme celui du bonnet, une coloration brune, très-prononcée au niveau des grandes papilles. L'intestin grêle était enflammé; dans un des sujets (à la deuxième période de la maladie), l'inflammation n'existait que dans le tiers inférieur de cet intestin. A l'extérieur, l'intestin offrait une coloration bru- nâtre, et ses vaisseaux superficiels étaient fort injectés. La membrane mu- queuse, tuméfiée et d'un rouge brun, présentait de petites taches rougeâtres. Chez quelques sujets, M. le professeur Eckel a trouvé, dans l'intestin grêle, une fausse membrane analogue à celle qu'on voit dans le croup. Le coecum était toujours enflammé; la membrane muqueuse , boursouflée et d'un rouge brun de cuivre, était parsemée de petites taches rouges. " r^a vésicule biliaire était distendue; ses vaisseaux superficiels étaient injectés; sa membrane muqueuse, notablement boursouflée, était enflammée. La bile était noire comme de l'encre; le foie, plus volumineux qu'à l'ordi- naire, était, dans un cas, friable et grisâtre. La rate n'était ni plus grosse ni plus petite que dans l'état normal. Le pancréas était rouge; les ganglions 37.. ( 28o ) niésentériques, l'épiploon et les organes de la sécrétion urinaire ne présentaient pas de lésions. " Dans quatre cas, les poumons étaient sains; chez une vache, qui avait avorté, ils présentaient de l'emphysème et quelques points d'hépatisation. Un des caractères de la peste bovine , c'est l'inflammation de la membrane mu- queuse des voies aériennes , surtout dans la portion qui correspond à la paroi antérieure de la trachée; la membrane muqueuse du larynx et la pituitaire ont aussi été trouvées enflammées. Sur un des sujets examinés, la paroi an- térieure de la trachée était recouverte d'une fausse membrane élastique, de 2 millimètres d'épaisseur environ, et semblable à celle du croup. Le péri- carde était sain. Le cerveau n'a pas été examiné. » En résumé, suivant M. Schvrab , les lésions de la peste bovine, obser- vées sur le cadavre, sont: i° l'inflammation de la vésicule biliaire; 2° l'al- tération de la bile; 3° l'inflammation de la caillette; 4° l inflammation du canal intestinal et, en particulier, celle de l'intestin grêle et du cœcum; 5° enfin , l'inflammation de la membrane mu(|ueuse des voies aériennes. » Suivant M. Schwab, tous les traitements essayés jusqu'à ce jour ont été inefficaces. Il pense qu'il faut procéder immédiatement à l'abattage des ani- maux malades. » Les pays où la peste bovine ne se développe pas spontanément s'en pré- servent par un blocus rigoureux. Les convois de bestiaux venant des lieux infectés doivent être soumis à une quarantaine, et n'être admis, dans l'inté- rieur d'un pays non infecté, qu'après cette épreuve, etià encore les autorités doivent les surveiller attentivement, afin d'arrêter immédiatement les progrès de la maladie si elle venait à se déclarer tardivement parmi les bestiaux intro- duits. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur l'emploi des variables complé- mentaires dans le développement des fonctions en séries; par M. Augustin Cauchy. « On appelle en arithmétique nombres complémentaires (*) deux nombres dont la somme est une unité d'un certain ordre; et l'on dit de même, en (*) En étendant cette définition , l'on a dit encore que deux nombres étaient compléments l'un de l'autre, quand ils offraient pour somme un nombre donné. L'usage des complé ments dans les opérations de l'arithmétique est l'objet spécial d'un ouvrage publié en iBaS, par M. Berlhevin. En parcourant dernièrement cet ouvrage, j'y ai trouvé, pour le calcul ( 28l \ géométrie, que deux angles sont compléments l'un de l'autre, lorsque leur somme équivaut à un angle droit. En transportant cette locution dans l'ana- lyse algébrique, nous appellerons variables complémentaires deux variables dont la somme sera l'unité. L'objet de ce Mémoire est de montrer les grands avantages que présente l'emploi des variables complémentaires dans le développement des fonctions en séries ordonnées suivant les puissances entières, positives, nulles et négatives, d'une ou de plusieurs variables. AWALTSE. § l". — Considérations générales. >i Soit x=reP'^ une variable imaginaire dont r désigne le module et p l'argument. Nom- mons j" une autre variable liée à x par l'équation (i) X -h j ^ I. Je dirai que les deux variables x, ^, dont la somme est l'unité, sont com- plémentaires l'une de l'autre. Soit maintenant W ' = 2 , le rapport des deux variables complémentaires^ et x. On tirera des équa- tions (i) et (2), non-seulement (3) j=i -X, z= ^- i, mais encore (4) ■^^ I -jr, ^= ï +-2- Or, il suit évidemment des formules (4) que toute fonction entière de x abrégé du produit de deux nombres, quelques règles dont chacune coïncide au fond avec celle que j'ai rapportée dans le Compte rendu de la séance du 16 novembre 1840 [page 795], et qui s'y trouve exprimée en termes tellement simples que , pour la démontrer, il suffirait de traduire son énoncé en formule algébrique. ( a8a ) et de -, c'est-à-dire tout polynôme composé de termes proportionnels à des puissances entières, positives, nulles et négatives de x, pourra être transformé en une fonction entière des deux variables^, z; et, réciproque- ment, il suit des formules (3) que toute fonction entière des deux varia- bles j^, z pourra être transformée eu un semblable polynôme. Donc, lors- qu'une fonction F(x) de la variable x aura été développée suivant les puis- sances entières, positives, nulle et négatives, de cette variable, il suffira de recourir aux équations (4) pour transformer ce développement en une série ordonnée suivant les puissances entières, mais positives de^, z. Si, au con- traire, par un moyen quelconque, on est parvenu à développer F [x) en une série simple, ou même en une série double, ordonnée suivant les puissances entières, mais positives de^ et z; il suffira de recourir aux équations (3) pour transformer celte série en un développement ordonné suivant les puissances entières, positives, nulles et négatives, de la variable x. Il y a plus; on doit étendre cette remarque au cas où la fonction ¥{x) serait dcveloppable en une série ordonnée suivant des puissances fractionnaires ou irrationnelles des va- riables f, z; ce qui arriverait, par exemple, si F {x) pouvait être considérée comme le produit d'un facteur équivalent à une puissance positive ou néga- tive, fractionnaire ou irrationnelle, de la variable^, par un autre facteur développable en série ordonnée suivant les puissances enlières et positives des deux variables^, z. " Il arrive souvent que le développement de la fonction F(j?) en une série ordonnée suivant les puissances entières de la variable x exige de longs calculs, et qu'il est, au contraire, facile de développer cette fonction en une série ordonnée suivant les puissances ascendantes de la variable complé- mentaire j^ et du rapport z ou - de ces deux variables. Alors les transfor- mations que nous venons de mentionner deviennent très-utiles; et, par con- séquent, la considération de la variable complémentaire founit le moyen d'abréger notablement le travail. » D'ailleurs, les formules, que fournissent les diverses tiarisformations dont nous venons de parler, subsistent seulement sous certaines c uiditions, et supposent évidemment la convergence des séries transformées. Il est essen- tiel de connaître ces conditions, et c'est pour y parvenir qm nous avons établi la plupart des théorèmes énoncés dans la dernière séance. Nous allons, dans le paragraphe suivant, présenter quelques observations cju^ permettront ( 283 ; d'introduire dans notre analyse une précision plus gi-ande, et de donner aux théorèmes dont il s'agit une extension nouvelle. § II. — Théorèmes généraux. n Dans le Mémoire que renferme le Compte rendu de la séance du ao jan- vier dernier, nous avons établi le théorème suivant : » i" Théorème. Soit X = reP"^ une variable imaginaire dont p désigne l'argument. Soit encore F [x) une fonction de x qui se décompose en deux facteurs représentés, l'un par tsix), l'autre par f (^), jr étant lui-même fonction àe x; et supposons que f (^) reste fonction continue àe jr pour tout module de y qui ne surpasse pas une certaine limite y. Enfin , soit A„ le coefficient de x" dans le développement de F {x) en série ordonnée suivant les puissances entières de J7 ; et posons y Au développement de i{y) en série ordonnée suivant les puissances en- tières et ascendantes de^, correspondra un développement de A„ qui sera convergent si la valeur trouvée de Y rend convergente la série modulaire qui correspond au développement de l'intégrale suivant les puissances entières et ascendantes de Y. « Corollaire i"'. Supposons maintenant que sr(a7) reste fonction continue de X, pour tout module de x inférieur à une certaine limite x. Concevons d'ailleurs que la valeur de n soit positive, la lettre /j représentant un nombre entier quelconque ; et que le développement de F(jc) en série ait été effectué pour un module r de x inférieur à x, mais très-peu différent de x. Enfin , prenons jr=ï-X. L'intégrale (i), dans laquelle ou devra supposer le module r de x inférieur à la limite x, deviendra ( 284 ) et, en raisonnant comme à la page i34 , on prouvera que le développement de l'intégrale (2) en série ordonnée suivant les puissances ascendantes de Y est convergent, avec la série modulaire correspondante, quand Y vérifie la condition Y(^), X(x) deux fonctions de x dont chacune reste continue pour tout module fini de a-. Alors, eu raisonnant comme dans le précédent Mémoire, on recon- naîtra que le théorème 3 de la page aaa s'étend au cas même où l'exposant s cesse d'être renfermé entre les limites 0,1. On pourra donc énoncer encore la proposition suivante : n i" Théorème. Soit F(,r) une fonction déterminée par une équation de la forme s désignant une quantité quelconque positive ou négative. Supposons , d'ail- leurs ( ?(x) = (i - axY (i - bx)' ... $ {x), \ yXx) = (1 - o:xY[i - h'x)'' ... X (a:), (7. , V, . . . , /x', v', . • • étant des exposants réels , $ (jr), X (x) deux fonctions toujours continues de o", et a , b ,. . , à , h\. . . des paramètres dont les modules a, b,.. . a', b', .. soient tous inférieurs à l'unité. Enfin, supposons que, pour un module de x inférieur à la limite i, mais très-peu différent de l'unité, on développe la fonction F [x) suivant les puissances entières, positives, nulle et négatives, de jt; et que, n étant un nombre entier quelconque, ou désigne par A„ le coefficient de x" dans le développement de F (x). Si le plus grand des rap- ports a 4) 1 -ri • • • 1 I — a 1 — b joint au plus grand des rapports a b' ( 291 ) fournit une somme inférieure à l'unité , alors on aura fe valeur de [.?]„ étant déterminée par la formule ,. _ s{s-i-i)...{s-^n — i) H 1 .2 ... n » Corollaire i". Si l'on nomme Y le plus grand des rapports a b ->in# ., -, . . •, I — a I — b et Z le plus grand des rapports a' b' 1 — a' I — b' on pourra énoncer très-simplement le 4" théorème, en disant que, dans les suppositions admises, le coefficient A„ sera développable par la formule (i 4)» en une série convergente , si l'on a (i5) Y + Z suivant les puissances ascendantes de la variable z = i . En effet, l'équation (la) sera évidemment réduite à la forme (16) F(.r) = w(a>)f(z), la valeur de z étant (•7) - = -^-5 si l'on pose (<8) ^(x) = (, -o-rX-r), f(z)=x(i-z); et il est clair que dans ce cas, eu égard à la seconde des équations (i3), f (z) C 292 ) restera fonction continue de z, pour tout module de z inférieur au module représenté, dans la formule (1 5), par la lettre Z. Alors aussi au développement, de f(z) suivant les puissances entières et ascendantes de 2 correspondra lui développement de A„ qui [en vertu du 1*'' théorème, corollaire 2] sera con- vergent avec la série modulaire correspondante, si la valeur trouvée de Z rend convergente la série modulaire qui correspond au développement de la fonction ^irh) suivant les puissances ascendantes de Z. Mais, eu égard aux formules (i3) et (18), on aura (19) zs{x) = (i — x)~' (i — ax) (1 — bx) ... $ {x), par conséquent et il résulte de la formule (20) que la série modulaire correspondante au dé- veloppement de «y i- ^j sera convergente, si le module Z reste inférieur non-seulement à l'unité , mais encore au plus petit des modules des rapports I r»"'> Or, ces deux conditions seront certainement remplies si les valeurs de Y, Z vérifient la formule (i 5), puisque alors on aura, par exemple. Z + mod. < I, 1 — a ' Z < I — mod. 1 — a a et que le module de — — — sera ou égal , ou supérieur à la différence I — mod. • ( ^93 ) n Corollaire 3*. En vertu des formules j? = I — r, - = I — z, l'équation (12) se réduit à F {x) = (i - x)-' ? (« - jr) X (I + z); et la valeur de A„, donnée par la formule (i4)î est précisément celle que l'on déduit de l'équation quand on transforme F(x) en une série double, en développant ç)(i — j) suivant les puissances puissances ascendantes de j-, et ,x(i + z) suivant les puissances ascendantes de z. Ajoutons qu'au lieu d'effectuer à la fois ces deux développements, on pourrait les effectuer l'un après l'autre, et qu'alors A„ se trouverait transformé non plus en une série double, mais en une série simple dont chaque terme serait lui-même la somme d'une autre série simple. Or il est bon d'observer que les deux séries simples dont il s'agit peuvent être l'une et l'autre convergentes , dans le cas même ou la série double qui renferme tous les termes contenus dans les deux séries simples serait diver- gente. Dans un prochain article, j'établirai ce fait important, et je montrerai le parti qu'on en peut tirer pour l'extension des nouvelles formules, et de leurs applications à l'astronomie. » M. Dumas rend compte de quelques expériences auxquelles il a soumis le chlore liquéfié et refroidi jusqu'à 90 degrés au-dessous de zéro , dans le mé- lange d'acide carbonique solide et d'éther. « Le phosphore, en tombant dans le chlore liquide, s'y enflamme avec une violente explosion ; » Le phosphore, refroidi lui-même d'avance dans le bain réfrigérant, s'en- flamme encore avec une violente explosion ; » L'arsenic, pris à la température ordinaire, s'enflamme en tombant dans le chlore liquide ; » L'antimoine, au contraire, peut demeurer en contact avec le chlore liquide sans s'y combiner. En distillant le chlore sur l'antimoine, il n'y a même aucune action. C. R. , 1845, 1" Semestre. (T. X.X, N» S) ^Q ( ^94 ) " Ilparaît donc que les expériences de M. Schrotter, rapportées dans une i!es séances précédentes, ont été exécutées dans des conditions particulières qu'il faudrait connaître, car ces expériences ne sont pas sans danger. » M. BoussiNGAULT fait remarquer l'intérêt que présentent des expériences telles que celles qui viennent d'être communiquées par M. Dumas j et de- mande si l'Académie ne jugerait pas convenable d'intervenir pour les faire continuer d'après un plan déterminé. Cette proposition est renvoyée à l'examen de la Commission administrative. MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Mémoire sur de nouvelles séries de combinaisons de l'acide tungstique avec les alcalis ; par M. Margueritte. (Extrait.) (Commissaires, MM. Pelouze, Regnault.) « On sait que l'acide tungstique, en se combinant avec les alcalis, forme des sels dans lesquels l'oxygène de l'acide est triple de celui de la base, et cfue les tungstates considérés comme neutres sont décomposés à froid par les acides. » Les combinaisons dont je vais parler montreront que non-seulement l'acide tungstique peut former des composés dans des proportions diffé- rentes de celles des tungstates connus , mais encore subir, dans ses réactions et ses propriétés ordinaires, des modifications qui présentent quelque intérêt. » Si l'on calcine le minerai du tungstène avec un carbonate alcalin eu excès, on obtient une masse fondue qui, traitée par l'eau, donne une disso- lution représentant un tungstate neutre, mêlé à l'excès de carbonate de l'al- cali que l'on a employé. » En décomposant peu à peu cette liqueur par un acide, l'acide hydro- chlorique par exemple, il se forme un précipité blanc d'acide tungstique hydraté, qui, dans les premiers instants, ne tarde pas à disparaître par l'agi- tation ; mais, poursuivant la décomposition par un excès d'acide, le précipité reparaît pour ne plus se dissoudre. C'est le moyen ordinaire qu'on emploie pour préparer TLydrate d'acide tungstique. » Mais si l'on filtre celte liqueur acide et qu'on la mette en contact avec une lame de zinc, elle prend une coloration bleue très-intense, qui annonce la présence d'une grande quantité d'acide tungstique en dissolution. ( 295 ) » Or, d'après ce qu'on sait sur les propriétés de cet acide, il ne devrait rester dans la liqueur qu'une quantité correspondante à la solubilité de cet hydrate dans l'eau, qui, par l'ébullition ou l'évaporalion, finit toujours par déposer. Après avoir évaporé cette dissolution , j'obtiens à la suite de cristal- lisations successives de chlorure alcalin, une combinaison définie qui, comme on le voit , pouvait exister et cristalliser au sein d'une liqueur acide. Sur la petite quantité de ce composé qui se pi'oduisit de cette manière, il me fut facile de reconnaître qu'il contenait de l'acide tungstique et une base alcaline. » Recherchant les causes qui avaient présidé à la formation de ce sel, je crus devoir m'assurer si, dans la liqueur primitive , l'excès de carbonate al- calin était nécessaire. n La dissolution d'un tungstate d'une concentration moyenne fut traitée par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, il se produisit un précipité qui se maintint à froid , et qui , à l'aide d'une légère chaleur , disparut complète- ment. Il devenait donc évident, par cette expérience, que l'hydrate d'acide tungstique pouvait se dissoudre , en l'absence de l'excès de carbonate, dans le tungstate neutre non décomposé. " En effet, lorsqu'on fait bouillir la dissolution d'un tungstate neutre avec de l'acide tungstique hydraté, ce précipité disparaît rapidement et dans des proportions considérables. La liqueur arrivée au point de saturation dépose par le refroidissement une certaine quantité de l'hydrate qu'elle avait dissous à une température plus élevée. Ces dépôts continuent à se produire pendant l'évaporation , mais finalement il cristallise une combinaison sous des formes qui varient suivant sa composition. Ce sel peut de nouveau se dissoudre, bouillir et cristalliser intégralement en conservant ses propriétés. » Tel est le moyen le plus simple pour se procurer ces tungstates parti- culiers ; cependant il existe un autre mode de préparation qui se résume dans le premier. » Ce second procédé consiste à faire bouilhr un alcali caustique ou sans carbonate , avec un excès d'acide tungstique hydraté ; mais on conçoit que c'est comme si l'on partait d'un tungstate neutre. » Les combinaisons qui se produisent de cette manière diffèrent, par leurs propriétés et leur composition, des tungstates neutres, les seuls que l'on connaisse , excepté les tungstates acides préparés par fusion , avec lesquels M. Vohier a obtenu son composé sodique si remarquable. » Le procédé ordinaire pour doser l'acide tungstique , dont l'exactitude , au reste, a été reconnue insuffisante par tous les chimistes , n'était pas appli- 39.. ( ^96) cable d'une manière certaine à l'analyse de ces sels ; car , dans la limite des erreurs qu'on peut commettre en l'employant, la composition centésimale de ces combinaisons peut faire varier leur formule de i équivalent d'acide , ou tout au moins la laisser indécise. En effet, une différence de i à a pour loo constitue un tungstate à 4 ou à 5 équivalents d'acide. n Cependant M. Berzelius, dans son Annuaire de i84i , donne un moyen précis de doser l'acide tungstique dans les tungstates neutres, par le nitrate de mercure; mais j'ai craint que, précipitant ainsi les tungstates acides, l'excès d'acide nitrique mis en liberté ne réagît sur le précipité de tungstate de mercure, et n'altérât ainsi l'exactitude de ce procédé. » Voici, au reste, celui dont je me suis servi, et qui m'a donné des ré- sultats d'une concordance satisfaisante. Je le propose donc comme étant d'une grande simplicité et d'une exactitude rigoureuse. » On place dans une petite capsule de platine le sel à analyser, auquel on ajoute plusieurs fois son poids d'acide pur et concentré. Employant d'a- bord une douce chaleur, on élève peu à peu la température jusqu'au rouge. Après la calcination , le résidu se compose d'un sulfate acide et de l'acide tungstique mis en liberté. On le jette sur un filtre , on le lave avec de l'eau chargée de sel ammoniac qui possède la propriété d'empêcher l'acide tungstique de se rehydrater et de passer à travers les filtres, ce qui arrive souvent, lors même qu'il a été calciné. » Quand les dernières eaux de lavage ne précipitent plus par le chlorure de barium, on calcine le résidu pour chasser le sel ammoniac, et l'on ajoute quelques gouttes d'acide nitrique pour faire disparaître les légères réduc- tions que l'acide tungstique aurait pu éprouver, et achever la combustion des dernières traces de charbon provenant du filtre. » De cette manière on peut doser l'eau par une simple calcination, l'acide tungstique directement. " Ayant essayé de doser l'alcali par la quantité d'acide sulfurique fixée , j'ai constaté que l'acide tungstique, de même que les acides silicique et borique , décomposait le sulfate neutre à la température qu'il faut produire pour détruire le bisulfate. I^'acide tungstique rentre alors en combinaison avec l'alcali, en formant avec lui un tungstate plus ou moins acide. Il est donc important de ne pas aller jusqu'à cette limite. « Le bisulfate a l'avantage de présenter aux parties de sel qui ne seraient point décomposées de l'acide sulfurique qui, à cette température élevée, agit énergiquement. » On peut s'assurer, au reste, que le sel a été entièrement attaqué, que ( 297 ) l'acide tuagstique ne s'est point rehydraté, par conséquent dissous, en trai- tant les premières eaux de lavage par une lame de zinc et de l'acide hydro- chlorique. Il ne se produit pas alors la plus légère coloration bleue , et de très-petites quantités d'un tungstate, dans ces circonstances, seraient accusées par ce caractère. i> Suivant ce procédé d'analyse , voici les résultats que j'ai obtenus sur les sels préparés par les moyens que j'ai indiqués: » 1°. Bitungstate de soude (cristaux lamelleux), décomposable à froid par les acides , NaO (WO')" 4 i HO j » 1°. Tritungstate d'ammoniaque (cristaux octaédriques), fond dans sou eau de cristallisation et sous l'eau, comme le phosphore, H*AzO, (WO')', 5H0; » 3". Quadritungstate de soude (cristallisé en tables au sein d'une liqueur acide), NaO (WO')% 3H0; » 4°. Pentatungstate de potasse (cristaux prismatiques), KO, (WO')% 8HO; n 5°. Hexatungstate d'ammoniaque (cristaux lamelleux définis) , H*AzO(WO^)% 6HO; » 6°. Bitungstate double d'ammoniaque et de potasse, KO (WO')%H^\zO,(WO')S6HO. » On voit par les sels dont je viens d'indiquer la composition, qu'il existe des séries de tungstates avec 1,2, 3, 4> 5 et même 6 équivalents d'acide tungstique contre un seul équivalent de base, et, bien que je ne présente pas ici la série complète pour chaque base, il sei-a facile, prenant le tungstate le plus acide, et lui faisant dissoudre une quantité déterminée d'alcali, de pré- parer les tungstates intermédiaires. » Un tungstate neutre dissolvant à l'ébullition une grande quantité d'hy- drate, qu'il abandonne ensuite par le refroidissement, il est possible qu'en changeant le milieu, on fasse précipiter ou cristalliser un tungstate d'un degré d'acidité supérieur à ceux que j'ai obtenus. » Ces tungstates jouissent de propriétés intéressantes : » i". Mis en contact avec les acides chlorhydrique , nitrique, sulfurique, ils ne sont pas décomposés à froid, et même jusqu'à la limite de l'ébullition. » Ce n'est qu'au bout d'un temps plus ou moins long, à froid et à l'ébulli- tion, qu'ils laissent déposer de l'acide tungstique sous leur influence. Cette stabilité singulière , en présence des acides qui toujours décomposent instan- tanément à froid ces tungstates neutres, semble devenir d'autant plus grande que leur degré d'acidité est plus élevé. Ainsi les tungstates de soude du pre- mier et du second degré sont décomposables à froid par les acides ; mais celui du quatrième degré est tout à fait stable. ( 298) " 1°. I^ein' solubilité est loin de diminuer en raison de la quantité d'acide tungstique qu'ils contiennent, car le quadritungstate de soude est beaucoup plus soluble que le bituugstate. " 3". Traités par un excès d'alcali, ils redeviennent décomposables à froid par les acides, parce qu'ils sont ramenés à l'élat de tungstates neutres, et qu'ils en retrouvent les propriétés. Sous l'influence d'un alcali caustique ou d'un carbonate, il se forme un précipité blanc qui, à froid, est insoluble dans l'excès d'alcali, et qui ne disparaît qu'à l'ébullition ; mais il est instantanément soluble dans la dissolution d'un tungstate neutre. Ce précipité représente de l'bydrate d'acide tungstique retenant une certaine quantité d'alcali que les la- vages ne lui enlèvent jamais complètement, car il se dissout peu à peu dans les proportions mêmes des éléments qui le constituent. Mais le fait à remar- quer est l'insolubilité à froid de l'acide tungstique précipité d'un tungstate acide par un excès d'alcali, tandis que l'hydrate, précipité d'un tungstate neutre par un acide , est entièrement soluble dans cette circonstance. » Lorsqu'on agit dans des liqueurs assez étendues et qu'on ne met pas un trop grand excès d'alcali, l'addition d'un acide fait disparaître le précipité d'hydrate qui se forme dans la dissolution d'un tungstate acide. » 4"- Ils ont, au papier de tournesol, une réaction acide bien tranchée, tandis que les tungstates neutres paraissent avoir une réaction nulle , ou même légèrement alcaline. » 5°. Leur saveur est d'une amertume caractéristique, et beaucoup plus prononcée que celle des tungstates neutres. » 6°. Calcinés, ils perdent leur eau de cristallisation et de composition; en devenant jaunes et cessant d'être solubles, ils contiennent, sans aucun doute, de l'acide tungstique libre. Chauffés à l'étuve jusqu'à 220 degrés, ils abandonnent, sans devenir jaunes et insolubles, une certaine quantité de leur eau de cristallisation , et ce n'est qu'à une température plus élevée que la combinaison se détruit et devient insoluble en perdant les dernières quantités d'eau qu'elle retient plus fortement. » 7°. Par double décomposition, ils forment des tungstates insolubles cor- respondants qui, au moment même de leur précipitation, sont solubles dans ces acides pendant quelque temps sans se décomposer; mais après une des- siccation spontanée, ou dans le vide, ou dans le milieu même de leur for- mation , ils perdent bientôt cette propriété. » Leurs conditions de stabilité, en présence des acides, semblent donc être inhérentes à leur état d'hydratation. » 8°. Us peuvent former des sels doubles acides , en se combinant les uns ( 299 ) avec les autres dans diverses proportions, et ils jouissent des mêmes pro- priétés: le sel double ammoniaco-potassique, par exemple. » Quelle que soit l'explication qu'on veuille donner de ces faits, qu'on ad- mette l'existence d'une modification isomérique de l'acide tungstique soluble dans les acides miuéraux, qu'on fasse intervenir l'eau comme jouant le rôle d'uue véritable base, il est intéressant de voir qu'un sel décomposable parles acides devient stable par ce seul fait qu'il prend un équivalent d'acide tung- stique de plus, qu'il conserve, je dirai même qu'il acquiert une solubilité plus grande, quand il devrait la perdre ; car, à l'occasion des savons, M. Ghe- vreul avait fait cette observation générale, que plus un sel à acide de nature insoluble est acide, plus il devient insoluble lui-même. " Ce qui engage à admettre que l'eau joue , dans ces combinaisons , le rôle de base, c'est, d'un côté, la ténacité avec laquelle une certaine quantité est retenue au delà de 220 degrés , la couleur jaune et l'insolubilité que prennent ces sels lorsqu'on la leur a enlevée par la chaleur, et, d'un autre côté, la com- position fractionnaire pour l'eau, que quelques-uns de ces sels semblent réelle, ment affecter; car, ayant opéré sur un sel parfaitement pur et cristallisé plu- sieurs fois , je ne puis douter de l'exactitude de cette analyse, et, bien que les fractions d'équivalents d'eau soient peu habituelles, je dois cependant les admettre dans la composition du bituugslate de soude. » Ainsi, au lieu de grouper autour de l'alcali toute la quantité d'acide tungstique, on peut faire intervenir l'eau de manière à représenter des tung- states doubles d eau et d'alcali ; mais alors pour le tungstate ammoniaco- potassique, il faudrait admettre, par la même raison, que c'est un tungstate triple de deux alcalis et d'eau. On ne peut faire, au reste , que des hypothèses, quant à la constitution moléculaire de ces combinaisons. » Le molybdène, qui présente déjà tant d'anal'ogie avec le^tungstène, don- nera probablement des molybdates semblables, et la solubilité de l'acide molybdique dans les acides ne peut qu'être favorable à la formation de ces composés. " Dans un Mémoire que j'aurai l'honneur de soumettre prochainement à l'Académie, on pourra remarquer que l'acide tungstique, relativement aux acides organiques, présente des propriétés analogues à celles qu'il montre envers les acides minéraux : par exemple, sa stabilité complète à l'état d'hydrate dans les acides oxalique, tartrique, les divers oxalates et le bitar- trate de potasse ; sa précipitation parles alcalis, dans certaines circonstances, et la'propriété qu'ont ces acides de décomposer lestungstates, sans précipiter l'acide tungstique. ( 3oo ) » Ce travail a été fait dans le laboratoire de M. Pelouze, et je suis heureux de pouvoir lui témoigner ici lua reconnaissance pour les conseils qu'il a bien voulu me donner. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOMÉTRIE. — Recherches sur les centres de figure; par M. Morlet. (Extrait par l'auteur.) Commissaires, MM. Poinsot, Cauchy, Poncelet.) i« En géométrie , on appelle centre d'une figure le point où toutes les cordes qui y passent sont partagées en deux parties égales. Bien qu'il résulte de cette définition qu'une figure limitée par une courbe irrégulière ne puisse avoir un centre, on entend néanmoins souvent parler du centre de l'Europe. du centre de la France, du centre de Paris, etc., sans que ceux qui em- ploient cette locution se mettent en peine de définir le sens précis qu'il faut y attacher. En cherchant à analyser 1 idée vague qu'on attache communément au mot centre, on aperçoit bientôt que, dans le discours ordinaire, ce mot a une acception tout à fait différente de celle qui correspond à la définition des géomètres. Lorsqu'on dit qu'un lieu occupe une position plus ou moins cen- trale que telle autre, l'idée qu'on veut exprimer est évidemment relative à la somme plus ou moins grande des distances à parcourir pour se transporter de ces positions à tous les points d'une figure donnée, comme s'il de- vait exister quelque part un centre où cette somme fût la plus petite possible. n Quelques statisticiens ont parlé du centre de population d'un pays, d'une ville, etc. Ils semblent entendre par là le point d'où l'on pourrait administrer un pays ou une ville avec la plus petite dépense de travail pos- sible ; et l'on paraît admettre généralement que le centre de gravité de la population satisfait à cette condition. C'est ainsi qu'après avoir trouvé que le centre de gravité de la population de Paris est situé dans la rue des Bour- donnais, on a conclu que c'est de là qu'on pourrait administrer la ville avec le moins de travail possible. Mais cette conclusion est évidemment inexacte. Le poids de la population étant détruit par la résistance du sol, la détermi- nation du point d'application de la résultante de tous les poids partiels ne saurait offrir le moindre intérêt; et la position du centre de gravité de la ^ population n'a absolument aucune signification. • ( 3oi ) » L(3 point d'où l'on peut administrer un pays avec la plus petite dépense de travail possible est nécessairement celui où la somme des dislances à tous les éléments de la population est un minimum. Or, le centre de gravité ne satisfait pas à cette condition; car il est établi, en vertu d'un théorème connu, que la somme des carrés des distances aux points d'application des poids y est un minimum. Cette condition est essenliellemc nt différente de celle qui est relative au centre de population. » Il résulte de ces considérations qu'il doit exister dans chaque figure un point remarquable d'où l'on peut se transporter avec la plus petite dépense de travail possible, à tous les points qui y sont contenus, et que cette posi- tion a été mal à propos confondue avec celle du centre de gravité. Si l'on considère encore que, dans un cercle, dans une ellipse et, en général, dans toute figure homogène douée d'un centre, le point minimum coïncide tou- jours avec le centre de la figure, on est conduit à généraliser la définition du mot centre, en disant: Le centre d'une figure est le point où la somme des distances à tous les éléments qui la composent est un minimum. » Le présent Mémoire a pour objet la recherche des propriétés du point ainsi défini et la détermination de sa position dans une figure quelconque de deux ou trois dimensions, homogène ou non homogène, continue ou formée d'éléments distincts. » Toute question relative à ce centre minimum peut se ramener à un problème de statique, au moyen du théorème suivant : » Si, dans une figure quelconque, on suppose que chacun de ses éléments est un centre de force attractive proportionnelle à sa masse, et dont l'action est indépendante de la distance, le point où toutes ces forces se font équi- libre est le centre minimum de la figure. >' En vertu de ce principe , on démontre les propositions suivantes : » i". Toute figure a un centre, et n'en peut avoir qu'un; >' 2°. S'il existe dans une figure un point où toutes les cordes qui y passent sont partagées en deux parties égales, le centre minimum se confond dans cette position avec le centre de gravité. Hors de ce cas particulier, ces deux centres sont toujours distincts. On pourrait ainsi désigner le centre considéré selon sa définition ordinaire, sous le nom de centre particulier ; " 3°. Le centre d'une figure homogène se confond toujours avec celui de sa limite extérieure. C'est le centre de figure. " On déduit encore de ce théorème une méthode directe pour déterminer la position du centre d'une figure quelconque. Par cette méthode, on trouve facilement le centime d'un système d'éléments ou de groupes de points situés C. R., 1845, 1" Semestre. (T. XX, N» S.) 4^ ( 3oa ) en ligne droite. Elle s'applique encore sans difficulté à la recherche du centre de trois groupes, non situés en ligne droite. Mais pour un système de plus de trois groupes, situés d'une manière quelconque, cette méthode devient impraticable, à cause de l'extrême complication des calculs qu'elle entraîne. Pour déterminer le centre d'un système formé d'un nombre quelconque d'élé- ments, il a donc fallu avoir recours à une méthode indirecte dont je vais essayer de donner une idée. » Si l'on imagine par chaque point de l'espace une courbe définie de manière que chacun de ses éléments se confonde avec la direction de la résultante des forces qu'on suppose émaner des éléments de la figure, on démontre que toutes les courbes viennent se réunir au centre minimum, où la résultante se réduit à zéro. Il suit de là que partout la direction de cette résultante indique celle qu'il faut suivie pour s'approcher du centre. Soit donc M un point pris dans l'intérieur de la figure donnée et , afin de réduire , le plus possible, le nombre des opérations, dans une position qu'on jugera devoir s'écarter peu de celle qu'on cherche à déterminer. Si l'on y détermine la résultante et si l'on prend sur sa direction un point M', la résultante qu'on y trouvera aura une valeur plus petite que celle qu'on a obtenue en M. En prenant sur la résultante en M' un troisième point M", on y trouvera une résultante plus petite encore; et, en continuant ainsi de proche en proche, on finira par dépasser le centre, ce qui aura eu lieu si l'on trouve, à deux stations consécutives, des résultantes dirigées en sens contraires. Une simple interpolation suffira alors pour déterminer la position du point cherché. » Toutes ces opérations peuvent être effectuées graphiquement, au moyen d'un compas, d'une règle et d'une équerre. En y appliquant le calcul, on peut obtenir la position du centre avec une approximation indéfinie. >• Au lieu de considérer le point de 1 espace où la somme des distances à tous les éléments d'une figure devient un minimum absolu, on peut se pro- poser de déterminer la position où la somme de ces distances devient un minimum , relativement aux autres valeurs qu'elle peut prendre sur une courbe ou une surface donnée. (Comme s'il s'agissait de déterminer, sur un chemin de fer, le point où il convient d'établir une station pour desservir des localités données.) La détermination d'un tel point s'obtient facilement au moyen des principes énoncés ci-dessus. » I^a méthode par laquelle on détermine le centre d'une figure s'applique sans difficulté à la recherche du centre de population d'un canton, d'une ville ou de toute autre localité dont l'étendue est assez petite pour que sa surface soit sensiblement plane. A cet effet, on divisera la surface donnée ( 3o3 ) en parties très-petites, el i'ou supposera que, de chacune de ces divisions, émane une force attractive constante, proportionnelle à la population qui y est contenue. Le point où toutes ces forces se font équilibre est le centre de population. » Mais cette méthode ne doit pas être appliquée sans modification, lors- qu'il s'agit d'une région dont l'étendue est considérable ; car les distances n'y sont plus mesurées par des lignes droites, mais par des courbes géodé- siques. Il faut alors admettre que les actions des forces qu'on suppose émaner des éléments de la figure soient toujours dirigées tangentiellement à la dis- tance géodésique. Le point d'équilibre est le centre minimum. " Si l'on désigne par V la somme des distances d'un point aux éléments de la population , la différence entre la valeur particulière que prend V à un point M, et la valeur niinima de celte fonction, peut être considérée comme la mesure de l'excentricité de la position de M. » f^e quotient de la division de la valeur minima de V par la popula- tion est la distance moyenne des éléments de la population à leur centre. n Le quotient de la division de la valeur de V relative au centre de figure, parla population , est la distance moyenne des éléments de lapopulation au centre de la figure. » Les valeurs de ces deux quotients pourraient servir à faire apprécier la distribution plus ou moins uniforme de la population sur la surface du sol. >' Puisque V est une fonction de deux coordonnées variables , l'équation V = une constante, représente une courbe. En faisant prendre successive- ment à cette constante toutes les valeurs possibles, on obtiendra une infinité de courbes, dont l'étendue devient de plus en plus petite à mesure qu'on approche du centre de population, où elles se réduisent à un point. Si l'on conçoit qu'on ait tracé, sur la carte d'un pays ou sur le plan d'une grande ville, un tel système de courbes d'égale excentricité, relatives à des valeurs déterminées de la constante, on pourrait y reconnaître à vue lequel de deux points donnés occupe une position plus ou moins centrale; et une simple règle d'interpolation suffirait pour déterminer la somme des distances d'un point quelconque aux éléments de la population. » PHYSIOLOGIE. — Réponse de MM. Bouchardat et Sandras à la réclamation de M. Mialhe insérée dans le Compte rendu de la séance précédente. (Commission précédemment nommée .) " M. Mialhe a adressé à I Académie des Sciences une réclamation de prie- 4o.. ( 3o/i ) rite, à j)ropos de notre Mémoire sur la digestion des sucres et des substances féculentes. Il prétend « qu'mi fait principal ressort de nos recherches, c'est « que la digestion et Tassimilation des matières sucrées et amiloides ne de- >' viennent possibles, contrairement aux idées ayant cours dans la science, " que lorsque ces substances ont été chimiquement influencées par les al- » calis " ; et il réclame cette découverte. Nous sommes loin d'avoir une pré- tention pareille, et nous serions bien malheureux si tous nos lecteurs nous la prêtaient. Nous pensons, pour ce qui est du rôle des alcalis pour in- fluencer les matières organiques et rendre leur oxygénation plus facile , n'avoir ajouté aucune expérience (pas plus que M. Mialhe) à celles consignées dans le travail de M. Chevreul : De l'action simultanée de l'oxjgèue gazeux et des alcalis, sur un grand nombre de substances organiques. Mémoire lu à l'Académie des Sciences, le aS août 1824 ; et nous croyons, avec tous ceux qui se sont occupés nouvellement de cette question, que c'est à cet illustre savant et non à M. Mialhe que l'on doit attribuer la véritable théorie de la respi- ration des animaux. " M. Mialhe dit « qu'il résulte de ses recherches que toutes les substances » alimentaires hydrocarbonées, telles que le sucre de raisin, la gomme d'a- n midon, etc., ne peuvent éprouver le phénomène de l'assimilation qu'après » avoir été transformées par les alcalis du sang en de nouveaux produits, au " nombre desquels figure un corps doué d'un pouvoir désoxygénant très- " énergique, etc. » " M. Mialhe n'a pas fait connaître les recherches sur lesquelles il s'appuie ; toutes les nôtres, sauf les deux expériences relatives à la conversion du sucre en acide formique, sont contraires aux idées de M. Mialhe; et quant à ces deux expériences, dont nous avons accepté les résultats avec une grande ré- serve, il y a longtemps que M. Malaguti a prouvé que, sous l'influence des alcalis, le sucre donnait de l'acide formique. Nous ne devions donc pas citer M. Mialhe à ce propos. D'après ces faits, on comprendra difficilement l'objet de sa réclamation. » MINÉRALOGIE. — Sur Vépidosite , nouvelle espèce de roche observée en Toscane; par M. L. Pilla. (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Cordier, Beudant.) ( 3o5 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un nouveau mode de locomotion sur les chemins de fer, applicable aux petites distances avec grande cir- culation; par M. Cocue. (Commission des chemins de fer atmosphériques.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un nouveau mode de fermeture pour le tube pneumatique des chemins de fer atmosphériques ; par M. Lecoispeluer. (Commission des chemins de fer atmosphériques.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur une machine mue par les gaz liquéfiés; par M. Aguinet. (Commission des chemins de fer.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Jddition à une précédente Note sur l'emploi des chevaux comme moyen de locomotion sur les chemins de fer; par M. RuAux. (Commission précédemment nommée.) CHIMIE. — Mémoire sur les composés chlorurés qu'on trouve dans les liqueurs albumineuses ; par M. Turck. (Commissaires, MM. Magendie, Dumas, Pelouze.) M. QuiNET présente des spécimens de coloriage lithographique obtenus au moyeu d'un procédé qui lui est proj)re et qui lui permet d'obtenir une grande précision dans la juxtaposition ou la superposition de teintes nombreuses. Il joint à ces épreuves, qui ont été exécutées dans l'établissement de M. Lemer- cier, imprimeur-lithographe, à Paris, un plan de sa machine à repérer. M. Quinet présente également des épreuves coloriées par la lithographie, au moyen d'un procédé différent, qu'il exploite en Angleterre, procédé dans lequel les couleurs, préalablement préparées, sont employées en poudre, ce qui rend possibles certains tons qu'on n'obtenait point par les méthodes ordi- naires, et permet en outre d'imprimer plusieurs couleurs d'un seul coup de presse. (Renvoi à la Commission des coloriages lithographiques.) M. Quinet présente enfin des spécimens d'un papier de sûreté de son invention, dans lequel les dessins microscopiques qui couvrent la face destinée à recevoir l'écriture sont imprimés, dit M. Quinet, avec de l'encre délébile ordinaire, sans addition d'aucun corps étranger. ( 3o6 ) M.WERDETpère présente éfjalement des échantillons d'un papier de sûreté de son invention, papier dans la pâte duquel est introduit un réactif destine à faire reconnaître toutes les tentatives d'altération de récriture. Plusieurs membres de la Commission des encres et papiers de sûreté, dé- élarent qu'il ne leur paraît |>as opportun que l'Académie s'occupe en ce mo- ment de la question. M. RoosEiv, capitaine du génie au service de Norwége, fait hommage à l'Académie, d'un exemplaire de sa Carte de la partie septentrionale de la Norwége. Cette carte, gravée sur acier, a été exécutée à Paris. MM. Arago, Beautemps-Beaupré et Elie de Beaumont sont invités à pren- dre connaissance de cette carte et à en faire l'objet d'un Rapport. M. Chenot écrit relativement à la présence de l'arsenic dans les huiles de schiste. « Ce fait, dit-il , vient d'être signalé récemment par un chimiste at- taché à l'administration publique; mais il m'était depuis longtemps connu , et j'en avais fait part à plusieurs personnes. Je n'avais pas cru d'abord devoir lui donner une complète publicité, et cependant, dans un opuscule sur les ma- chines à vapeur , dont j'ai fait il y a quelque temps hommage à l'Académie , j'annonçais que ces huiles contiennent des substances nuisibles dont il importe de les débarrasser. " M. Chenot indique brièvement dans sa Lettre les procédés d'épuration qui, suivant lui, peuvept en rendre l'emploi sans inconvénient, sans aug- menter sensiblement le prix de revient. Il annonce qu'il a imaginé , pour leur combustion, un système entièrement nouveau qu'il désirerait soumettre au jugement de l'Académie , et pour lequel il la prie de vouloir bien , dès au- jourd'hui , lui désigner une Commission. Cette Commission ne pourra être nommée que lorsque l'autc^ur aura fait connaître son système. CORRESPOi\DA]\CE. M. Arago met sous les yeux de l'Académie les registres des obsél'vations de marées et de variations diurnes de l'aiguille aimantée, faites en i844 à Akaroa, par M. le capitaine de vaisseau Bérard. Ces observations vont sans interruption du lômars au i8 juillet. ( 3o7 ) GÉOLOGIE. — Etudes sur la formation crétacée des versants sud-ouest , nord et nord-ouest du plateau central de la France; par M. le vicomte d'Archiac; seconde partie. (Extrait.) « Dans la première partie de ces études, M. d'Archiac avait décrit le.s couches de la formation crétacée , qui , s'appuyant sur le versant sud-ouest du plateau central, s'étendent du sud-est au nord-ouest, depuis les environs de Gahors jusqu'aux îles d'Aix et d'Oléron; dans la seconde, il expose les ca- ractères et la disposition de celles qui leur correspondent au nord et au nord- ouest du même plateau , depuis Cosne et Sancerre, sur les bords de la Loire, jusqu'à l'embouchure de la Seine. Ces couches comprennent tout ce qui, dans cet espace, est représenté par- une teinte verte, sur la belle carte géolo- gique du royaume, due aux savantes recherches de MM. Dufrénoy et Elie de BeaumonI ; c'est-à-dire les dépôts qui se sont formés entre la fin de la période oolitique et la craie blanche proprement dite. " Après avoir rappelé les publications dont cette zone crayeuse a déjà été l'objet, et signalé les diverses causes qui ont fait méconnaître la véritable théorie des assises qui la composent, l'auteur jette un coup d'œil sur l'oro- graphie et l'hydrographie de cette partie de la France , et établit les divisions suivantes dans l'ensemble des couches dont la description occupe les trois premiers chapitres de son travail : 1°. Groupe de la craie blanche. 3'' étage. Craie de Blois , de Chaumont et de Vendôme. il" étage. Craie jaune de Tonraine. (Tuffeau de la Touraine.) 2' étage. Craiemicacéeavecousanssilex.(TuffeauderAnjou.) 3° étage. Psammites, glaises et marnes à ostracées. /i" étage. Calcaires et macigno à Trigonies, sables et grès 1 ferrugineux. 3". Groupe du grès vert . . . / a" étage. Craie glauconieuse, psammites, sables et grès divers, i argiles sableuses grises. ^3" étage. Sable vert et argiles vertes. 4°- Groupe néocomien Calcaires jaunes. » Dans le quatrième chapitre , le seul dont il sera question dans cet extrait, se trouvent d'abord résumés les détails relatifs au second et au troisième groupes , qui sont les mieux développés de cette zone. " Le groupe du grès vert, dans tout le versant qui est au sud de la Loire, est compose de sables verts ou ferrugineux , de grès et d'argiles diverses, dont le peu de constance, dans les caractères et la position relative, ne permet pas ( 3o8 ) d'y distin{>uer les trois étages établis pour le nord-ouest. Toutes ces couches plongent faiblement au nord et au nord-est sous la vallée de la Loire. Les puits forés dans cette vallée ont permis d'apprécier la proportion de cet abaissement, la puissance des diverses assises, beaucoup plus considérable au nord que sur la limite méridionale du bassin, enfin leur relèvement et leur amincissement à l'ouest. Dans le département de Maine-et-Loire, les couches crétacées reposent sur le groupe inférieur de la formation oolitique; dans celui de la Vienne, sur le groupe moyen de la même formation; dans ceux de rindre et du Cher, presque constamment sur le groupe supérieur. » La comparaison de l'allure souterraine des couches avec leur mode d'af- fleurement à la surface montre que, dans cette partie de la vallée de la Tioire, il existe une relation constante entre les données géologiques et les résultats positifs ou négatifs de sondages 'artésiens. C'est ainsi que les puits forés à Tours et aux environs devaient réussir, puisque les couches traversées étaient dans leur position normale, tandis que ceux de Saumur et de Beau- fort, entrepris au contraire sur le bord de deux failles presque perpendicu- laires l'une à l'autre, n'avaient aucune chance de succès. )' A partir de la vallée du Loir, et remontant vers le nord , les subdivisions établies dans le grès vert deviennent de plus en plus précises. Dans la partie centrale et orientale du département de la Sarthe, et en particulier dans les collines du Mans, dans celles de Saint-Calais, et à la montée de Queux, entre la Ferté-Bernard etNogent-le-Rotrou, on trouve l'étage supérieur bien carac- térisé. Ce sont des calcaires sableux et des macigno avec Trigonies, puis des sables et des grès à gros grains très-ferrugineux, séparés des assises oolitiques moyennes, au nord et au nord-ouest du Mans, comme à l'ouest de la Flèche, par des argiles grises, sableuses, glauconieuses ou panachées du second étage. Ce dernier se montre , sous le précédent , avec des caractères plus prononcés au nord du village de Lamenay , repose ensuite sur le calcaire oolitique su- périeur de Cherré, et se développe vers le nord autour de Bellesme. Entre cette ville et Mortagne , il est composé de psammites gris ou jaunes, de grès gris, d'argile cendrée et de calcaire marneux à points verts, reposant sur l'étage inférieur. Celui-ci est formé d'argile et de sables vert foncé, tandis que l'étage supérieur ne constitue plus que des buttes isolées. A l'ouest, dans la direction d'Alençon, et autour de cette ville, on ne trouve que des lam- beaux peu épais de glaises sableuses vertes, de sables verts, quelquefois de marnes glauconieuses recouvrant les divers groupes de la formation oolitique, ou même le terrain de transition. » Au nord de Mortagne , tout le groupe du grès vert est réduit à quelques ( 3o9 ) couches formant une bande étroite , parfois discontinue , le long d'une ride assez prononcée, dirigée ouest 3i degrés nord à est 3 1 degrés sud. De- puis le bord méridional de la forêt de Saint-Évroult, où le grès vert atteint une altitude de 3i i mètres, toutes les couches s'abaissent régulièrement vers lescôtes de la Manche. Une coupe proportionnelle de Châtellerault à Honfleur vient compléter l'idée déjà émise par M. Boblaye , d'un relèvement sensible des couches secondaires entre la Manche et la Loire , et dont l'axe passerait près du Mellerault, avec la direction indiquée ci-dessus. Dans celte coupe, la plus grande différence entre les altitudes connues de la base du grès vert est de 44 1 mètres. Outre son relief, l'axe du Mellerault offre encore cette particularité , que sur ses deux versants les couches crétacées présentent des différences très-prononcées. » Sur le versant nord, les sables et les argiles vertes de la base du groupe recouvrent constamment les couches oolitiques supérieures jusqu'aux falaises du Calvados. Les calcaires sableux etglauconieux du second étage acquièrent une grande épaisseur, et comme le premier étage manque complètement ainsi que les couches à ostracées au-dessus , la limite, entre le groupe du grès vert et celui de la craie tuffeau, n'a plus la précision qu'elle avait au sud; elle devient même en quelque sorte arbitraire , par la continuité , la liaison et les passages insensibles de toutes les assises jusqu'à la craie blanche. » En étudiant la vallée du cours inférieur de la Seine, les résultats positifs et négatifs des divers forages entrepris, depuis Saint-André et Elbeuf jusqu'au Havre, sont venus confirmer les conclusions déduites des circonstances géolo- giques particulières de la vallée de la Loire. Ainsi, dans chaque cas , le succès ou le non-succès s'est trouvé parfaitement d'accord avec ce que l'on pouvait prévoir de la position et de l'allure des couches traversées, ainsi que des dé- rangements partiels qu'elles avaient éprouvés, et qui suffisent pour rendre toutes les tentatives plus ou moins infructueuses. )> Passant ensuite au second groupe, celui de la craie tuffeau. M. d'Archiac en suit le développement et les modifications comme pour le précédent. Dans le département du Cher, il est composé de marnes grises glauconieuses, de calcaires blanc-grisâtre, micacés avec points verts et renfermant encore les fossiles qui les caractérisent si bien à l'est , mais qui disparaissent dans le dé- partement de l'Indre , où la craie jaune de Touraine recouvre la craie micacée. I^a superposition et les caractères de ces deux étages sont indiqués avec pré- cision de Buzançais à lioches, comme de Saint-Aignan à Bléré; mais l'étage inférieur, que signale particulièrement la présence de V Ostrea biauriculata et des Exogjrra columbaetjlabellata, n'est bien distinct que sur la limite C. R., 1845, 1" Semestre. (T. XX, N» 8) 4 ' ( 3.0 ) du tlépartement de la Vienne, |et dans les parues des départements dlndre- et-Iioire et de Maine-et-Loire qui y sont contiguës. L'étage moyen ou la craie micacée forme des chaînes de collines dont le relief est nettement accusé au-dessus des plaines environnantes, soit des deux côtés de la vallée de la Vienne et de la Creuse, soit plus à l'ouest, dans les petits chaînons qui, se dirigant par Mirebeau ou par F^oudun, suivent la rive gauche delà Vienne jusqu'à sa jonction avec la Loire. » La vallée de la Loire, depuis Mosne et Gangey, à l'est d'Amboise, jus- qu'aux environs de Gandes, c'est-à-dire sur une longueur de lo myriamètres, est presque entièrement ouverte dans la craie jaune de Touraine , dont l'é- paisseur est de 5o à 55 mètres. A l'est elle est surmontée par la craie à silex plus récente de Blois et de Chaumont; à l'ouest et au sud, elle repose partout sur la craie micacée; à la hauteur de Tours, les couches se correspondent exactement des deux côtés de la vallée; mais à l'est et à l'ouest, les disloca- tions sont fréquentes. L'une des plus remarquables a fait affleurer au nord la craie jaune dans les escarpements qui entourent Ghâteaudun. Cette craie peut se suivre jusqu'à Vendôme, où elle est recouverte par une craie à silex semblable à celle de Blois. » En descendant la vallée du Loir, la craie jaune devient de plus en plus sableuse, passe vers le bas à la craie micacée, et toutes deux diminuent sen- siblement d'épaisseur à mesure qu'on s'approche de la Flèche. Autour de cette ville, l'étage inférieur prend , au contraire, un développement particu- lier. A sa base est le banc à ostracées, puis au-dessus viennent des glaises, des sables et des psammites gris vert que recouvrent le second et le troisième étages réduits à quelques mètres d'épaisseur. Dans ces mêmes collines , on peut voir, à une distance de 8 mètres seulement, l'un au-dessus de l'autre, les deux bancs à'Exogjra columba qui, dans la vallée de la Ivoire, sont sé- parés par un ensemble de couches de près de loo mètres. lÀOstrea biauri- cidata et X Exogjra Jlahellata semblent appartenir exclusivement au banc inférieur du troisième étage. >' Plus au nord , la craie de Touraine a disparu, la craie micacée présente çà et là quelques lambeaux ; l'étage inférieur est encore bien caractérisé dans les collines du Mans, mais on n'en trouve plus de trace au delà vers Alençon, ni sur la rive droite de la Sarthe. Aux environs de Saint-Calais, de Vibi'aye, de la Ferté-Bernard,etc.,la craie micacée repose sans intermédiaire sur les sables et les grès ferrugineux ou sur les calcaires sableux qui en dé- pendent, et des trois étages du second groupe il ne reste plus que la craie micacée, marneuse, un peu glauconieuse , occupant quelques points isolés (3,1 ) dans le département de la Sarthe et qui cesse tout à fait dans celui de l'Orne, où le groupe du grès vert atteint seul l'axe du Mellerault. " Au nord de cet axe , le second étage du grès vert est immédiatement recouvert par une craie marneuse, micacée, un peu glauconieuse, qui s'y lie d'une manière assez intime et dont les fossiles , excepté Vlnoceramus myti- loldes , sont d'ailleurs peu caractérisés. En s'avançant vers les bords de la Seine, le passage de cette craie à la craie blanche proprement dite n'est pas moins insensible, et la difficulté de préciser la limite de ces modifications se reproduit partout dans les escarpements qui bordent la rivière jusqu'à son embouchure, et dans les falaises qui remontent au nord du Havre, vers Fécamp. » Dans la comparaison, que fait ensuite l'auteur, des diverses parties du hassin crétacé du nord de la France qui se prolonge en Belgique et en An- gleterre,A montre que le groupe néocomien, ou groupe inférieur de la forma- tion, constitue seulement, depuis les environs de Bar-le-Duc jusqu'au pied des collines de Sancerre, une bande étroite, continue, dirigée nord-est sud- ouest, qui marque le rivage sud-est du golfe crétacé sur une longueur d'envi- ron ao myriamètres. Au nord, à l'ouest et au sud du bassin, on n'en voit au- cune trace. Ce n'est qu'au delà du détroit, que M. Fitton a signalé récemment, à la base du grès vert inférieur du Kent et de File de Wight, un certain nom- bre d'espèces fossiles qui caractérisent, en général, les assises les moins an^ ciennes du groupe néocomien. Les couches lacustres, fluviatiles, torrentielles ou de mélange du groupe wealdien , n'ont de représentant sur le continent que quelques traces indiquées dans le bas Boulonnais et dans le pays de Bray; ainsi, la plus grande partie du groupe néocomien n'a pas au nord-ouest d'équivalent marin. » On a souvent invoqué le parallélisme du grès vert de l'est du bassin avec celui des côtes d'Angleterre, mais l'analogie cesse dès que l'on passe à quelques lieues au nord de la ligne de partage dirigée nord-ouest sud-est, ou mieux, ouest 33 de grés nord à est 33 degrés sud de la pointe orientale du bas Boulonnais au Gatelet. En Belgique et jusque sur les bords du Rhin, comme M. d'Archiac s'est attachée le démontrer dans un Mémoire précédent, rien ne représente le troisième groupe, f^a limite du grès vert paraît se trouver à aS ou 3o kilomètres au nord de la lign« de partage, et s'étendre parallèle- ment à cette ligne, de I^andrecy et Lillers au cap Blanc-Nez. « Au sud, une seconde ligne de partage, parallèle à la précédente, s'étend du Mellerault jusqu'à Saint- Amand, sur la limite des départements de l'Yonne et de la Nièvre. Cette ligne n'est que le prolongement sud-est de l'axe anti- 4i.. ( 3i2 ) clinal du Mellerault , dont on peut encore suivre les traces au nord- ouest , ou mieux à l'ouest 3 1 degrés nord, à travers les départements du Calvados et delà Manche, jusque sur la côte au nord de Barneville. Ausud et à l'ouest de cet axe, on trouve, à ia vérité, l'équivalent du troisième groupe qui manque dans la Belgique , mais il y présente des différences essentielles dans les caractères pétrographiques et zoologiques, comparés à ceux des couches contempo- raines de ia partie est et nord du bassin en France et de la partie nord-ouest en Angleterre. Vers l'extrémité sud-est de la ligne de partage, ces différences sont graduelles, comme on pourrait l'attendre de l'ancienne existence, sur ce point, d'un large canal ou détroit, et elles ne sont complètes quelorsquon met en parallèle les rivages opposés du Perche, du Maine, de l'Anjou et de la Touraine avec ceux des Ardennes, de la Champagne et de la Bourgogne. L'épaisseur du groupe sur ces divers points est aussi dans le même rapport, c'est-à-dire qu'elle est la plus grande sur les rivages opposés de l'est et de l'ouest et qu'elle est la moindre au sud. Il Si l'on prolonge au nord-ouest la ligne de partage de l'Artois et celle du Mellerault, la première, en s'infléchissant à l'ouest, suit Taxe de la vallée deWeald, dont la continuation sépare le bassin tertiaire de Londres de celui du Hampshire,et la seconde va coïncider avec le rivage crétacé le plus occidental du Devonshire; au sud-est la bande du groupe néocomien se trouve comprise entre les extrémités de ces deux mêmes lignes prolongées , comme en Angleterre le groupe wealdien ne dépasse pas non plus leur con- tinuation directe. n Pour le groupe de la craie tuffeau , des trois étages de l'ouest , le premier et le troisième manquent complètement à l'est, le second seul y est repré- senté par un ensemble de couches connues .sous le nom de craie tufau et caractérisées parles mêmes fossiles que la craie glauconieuse de Rouen, que la craie marneuse de Wissant, que celle enfin qui leur correspond dans les comtés du sud et du sud-est de l'Angleterre. C'est entre Sancerre et Vierzon , c'est-à-dire quelques lieues plus à l'ouest que le groupe néocomien, que cessent les caractères zoologiques les plus tranchés de la craie tufau de l'est et du nord de la France. A mesure qu'on s'avance vers l'ouest, d'autres corps organisés viennent caractériser les couches du même âge , et ceux de l'est qui s'y montrent encore, au lieu de se trouver à un niveau en quelque sorte constant, sont disséminés dans diverses assises, et plusieurs même vivaient déjà à l'époque du grès vert de ce côté de la ligne du Mellerault. » Les couches crayeuses et sableuses inférieures à la craie blanche dans la Belgique et aux environs d'Aix-la-Chapelle, appartiennent à ce second ■v. (3i3) groupe, et leur rivage méridional est , en partie, marqué par le poudingue appelé tourtia. Ce poudingue, dont la relation avec le troisième groupe n'est pas d'ailleurs bien connue, repose sur les terrains anciens de Maubeuge à fjilleet au delà, parallèlement à la ligne de l'Artois. » La puissance totale des trois étages de l'ouest correspond à celle de la craie tuffeau de l'est, et la dépasse même sur plusieurs points, surtout dans la partie qu'occupe aujourd'hui la vallée de la Loire et jusqu'à 5 ou 6 myriamètres vers le sud. La largeur de la zone , formée à l'est par le second et le troisième groupes réunis, est beaucoup plus étroite qu'à l'ouest et au sud, circonstance due à l'inclinaison des couches, qui est plus prononcée dans la première direction que dans les deux autres. » En séparant de la craie de Touraine la craie de Blois, de Chaumont et celle delà partie supérieure des escarpements de Vendôme, l'auteur a seu- lement voulu indiquer les différences tranchées que présentent ces deux éta- ges, sans prétendre qu'ils ne puissent être rapportés au même groupe , la relation de la craie de Blois avec la craie blanche lui étant encore inconnue; mais ce qui paraît certain , c'est que cette dernière, comme l'indique la carte géologique de France, ne s'étend pas à l'ouest de l'axe du Mellerault. yf La craie blanche, dont la plus grande épaisseur se trouve au-dessous de la vallée de la Seine, se prolonge au contraire en Belgique, jusqu'à Maës- tricht et dans toute la partie occidentale de l'Angleterre; mais on doit remar- quer que sa puissance est encore très-faible, précisément sur la frontière du département du Nord, laquelle coïncide à peu près avec les anciens rivages du second et du troisième groupe. Enfin , la craie supérieure de Belgique est pour ainsi dire reléguée au nord delà ligne de partage de l'Artois et même de l'ancien rivage du second groupe, et s'il en existe quelques traces au sud, c'est vers le milieu du bassin occupé par la craie blanche qu'il faut les cher- cher, et où elles présentent des caractères si différents de ceux des couches du nord , qu'on a longtemps hésité à les regarder comme contemporaines. » M. d'Archiac , appliquant ensuite ce mode de recherches aux couches tertiaires, qui, dans ce même espace, ont succédé aux dépôts secondaires, fait voir que les assises tertiaires inférieures du nord de la France, dont les groupes s'échelonnent du nord au sud, viennent s'appuyer au pied du ver- sant nord de la ligne du Mellerault qu'elles ne dépassent pas. La ligne de par- tage des eaux de l'Artois et de la Flandre sépare de même le bassin tertiaire de la Belgique de celui de la Seine , comme on a vu le prolongement de l'axe de la vallée de Weald séparer le bassin de Ijondres de celui de l'île de Wight. ( 3i4 ) » Quoique l'ouverture du canal de la Manche soit sans doute très-récente, le relèvement des couches des deux côtés du détroit vers les côtes actuelles permet de penser qu'à partir des lignites , dont les dépôts sont si parfaitement semblables depuis la Champagne jusque dans le Berkshire, il existait, à l'endroit même du détroit, un bombement sons-marin dirigé nord-est sud- ouest, comfne le rivage sud-est du golfe crétacé, parallèle lui-même au système de la Gôte-d'Or. Ce bombement donna lieu aux différences qu'on observe entre les dépôts tertiaires d'Angleterre, d'une part, et ceux du nord de la France et de la Belgique, de l'autre. Il s'étendait peu au nord de Calais, et la séparation des bassins de Londres et de Bruxelles, malgré l'absence de caractères bien prononcés dans l'orographie du sol actuel, avait probablement lieu suivant une ligne tirée des environs de Calais vers Malines, passant un peu au-dessus de Gand, et laissant ainsi au nord les couches du London- Clay et du crag de la province d'Anvers. » Pendant l'époque tertiaire, non plus que pendant la période crayeuse, ces diverses parties du grand bassin n'étaient pas toutes complètement isolées les unes des autres, et ces lignes de partage, sans être tout à fait émergées, pouvaient se trouver cependant sous une si faible profondeur d'eau, que les animaux qui vivaient et les sédiments qui se déposaient fussent, de part et d'autre de ces digues ou banquettes sous-marines, dans des conditions phy- siques assez variées pour rendre compte des différences que présentent au- jourd'hui des fossiles et des roches du même âge. » Lorsque le terrain tertiaire moyen commença à se déposer, la ligne du Mellerault cessa de manifester son influence et permit aux poudingues, aux sables et aux grès marins supérieurs, ainsi qu'aux marnes et aux calcaires la- custres qui leur ont succédé, de s'étendre librement depuis le nord de la France jusqu'au pied du plateau central, et des plaines de la Champagne jus- qu'aux terrains anciens de la Bretagne. Mais si, conformément à l'opinion de MM. Desnoyers et Lyell,on doit regarder les faluns coquillers de la vallée de la Loire, ceux de la Bretagne et peut-être aussi les sables de la Solo- gne, comme parallèles au crag d'Angleterre et de Belgique, les différences or- ganiques si considérables qu'on observe entre les premiers de ces dépôts et les seconds, se coordonnent encore à la ligne du Mellerault, dont le prolonge- ment est inditjué au nord-ouest parune ligne de partage qui sétend deSaint- Patrice-le-Clay à Saint-Pierre-des-Moitiers. Les coquilles trouvées dans le Cotentin, et si parfaitement identiques à celles du crag rouge du Suffolk, se reucontrent précisément dans des couches adossées au pied nord de cette an- cienne barrière. Elles ont pu être ainsi en relation directe avec la mer du crag (3i5) et séparées, au contraire, de celle des f'aluus, qui ne dépassait pas non plus le prolongement sud-est de cette ligne. On remarquera encore que ces co- quilles du crag du Cotentinse trouvent aussi au nord-ouest de l'axe du bom- bement qu'on a supposé exister pendant la période tertiaire à la place du canal de la Manche , et en deçà duquel il n'y a point de trace du crag ni d'au- tres dépôts de cet âge. « Nous sommes donc arrivé à reconnaître, dit M. d'Archiac,une certaine cor- .. relation entre les caractères orographiques et hydrographiques du sol actuel, » et les différences organiques et inorganiques des dépôts qui se sont succédé .) depuis la fin de la période oolitique jusqu'à l'époque du grès de Fontaine- » bleau et même au delà. Cette coordination à deux lignes parallèles , de la » plupart des changements qui se sont produits , ne peut être le résultat du » hasard ou de causes fortuites qui n'influent jamais avec cette permanence n ni avec cette espèce de symétrie , et ces lignes doivent traduire encore pour » nous, l'orographie du sol immergé pendant ce laps de temps. Mais ce qui » n'est pas moins digne de remarque, c'est que cette disposition du sol sous- » marin n'ait pas été plus influencée elle-même dans ses effets immédiats, » par les grands bouleversements que nous savons être survenus pendant » cette longue période dans une partie peu éloignée de l'Europe occidentale » et dont ils ont si puissamment modifié le relief. Ces bouleversements ont » sans doute occasionné des changements généraux dans les sédiments et les » êtres organisés des formations et des principaux groupes, mais lesmodi- » fications locales des étages sont presque toujours restées subordonnées aux » lignes que nous avons indiquées. » » Passant à l'explication des faits qu'il a énumérés dans son Mémoire, l'auteur s'attache à démontrer, sans toutefois donner à son hypothèse une valeur trop absolue, que ces faits peuvent résulter de certaines combinaisons dans les mouvements oscillatoires du sol immergé ou émergé , mouvements en rapport avec les différences organiques et inorganiques des couches. La profondeur relative des eaux dans les diverses parties du bassin, à un mo- ment donné, a été également en rapport avec ces différences. Il applique successivement ce point de vue théorique à chacune des principales époques qu'il a décrites, faisant voir, en outre, que l'influence de l'axe du Mellerault ne commence pas seulement avec la période crayeuse, mais remonte pro- bablement jusqu'à celle du trias. » L'hypothèse des mouvements oscillatoires du sol , avant , pendant et après les sédiments crétacés, semble être encore confirmée par la comparaison des altitudes du grès vert sur le pourtour du bassin , et de laquelle il résulte que , si ces couches n'avaient pas éprouvé de dérangement depuis leur formation , ( 3.6) les sables verts elles argiles, d'où arrivent aujourd'hui les eaux du puits de Grenelle, se seraient déposés sous une nappe d'eau de 86g mètres au moins d'épaisseur, et la craie ou mieux le premier et le second groupe sous une nappe de plus de j'ii mètres. » D'un côté, le peu de probabilité d'une cavité aussi profonde dans un es- pace aussi restreint et entouré de couches régulières comme le sont celles de la foi'mation oolitique, et de l'autre la supposition du relèvement en masse de la partie est et nordrest du bassin, tandis que les rivages du sud et de l'ouest étaient restés dans leur position première, se trouvent encore appuyés par cette observation que , s'il en avait été autrement , non-seulement le grès vert , mais encore une grande partie de la craie auraient recouvert une portion considérable des terrains anciens de la Bretagne et de la Vendée, et se se- raient étendus jusqu'aux pentes granitiques du centre de la France. Cette der- nière considération s'applique également au terrain tertiaire inférieur qui ne dépasse point l'axe du Millerault , et qui, d'après son altitude dans la Cham- pagne et la Picardie, aurait dû couvrir aussi tous les plateaux situés à l'ouest et au sud de cet axe. » Tous ces faits, joints aux dislocations locales et aux soulèvements plus >' apparents indiqués dans le cours du Mémoire, prouvent assez, dit )) en terminant M. d'Archiac, que la partie de la France dont nous nous » sommes occupé, sans présenter de ces grandes rides qui appellent » le regard et frappent l'imagination, n'en a pas moins été soumise à des " mouvements fréquents dont nous pouvons retrouver les traces et les effets » dans l'hydrographie superficielle et souterraine et dans l'orographie du " sol, aussi bien que dans les caractères stratigraphiques, pétrographiques » et zoologiques des formations sédimentaires. Nous voyons enfin que si l'é- » tude de la direction et de la composition des grandes chaînes qui sillonnent » la surface du globe a conduit M. Élie de Beaumont à la connaissance des » phénomènes généraux qui s'y sont produits, l'examen comparatif et dé- » taillé des petits accidents du sol pourra peut-être nous expliquer les ano- » malies apparentes qu'on rencontre à chaque pas dans le domaine de la » géologie descriptive. » PALÉONTOLOGIE. — Considérations géologiqiies et paléontologiques sur le dépôt lacustre de Sansan et sur les autres gisements de fossiles appar- tenant à la mêmejonnation, dans le département du Gers, etc. (Note de M. L.4RTET. ) « Il y aura bientôt sept ans que je n'ai eu l'honneur d'entretenir l'Aca- démie des Sciences des recherches progressives de géologie et de paléonto- (3.7) logie dont ce corps savant avait bien voulu encourager les commencements. Ces travaux, d'abord interrompus, ont dû être ensuite repris par suite d'en- gagements pris dans des prévisions qui ne se sont pas réalisées. » Des observations géognostiques plus généralisées et plus précises ont procuré de nouvelles données, pour ainsi dire topographiques , sur l'état de nos contrées sous-pyrénéennes à une époque où, nous le savions déjà, elles étaient habitées par de grandes espèces de mammifères. En même temps, le lavage méthodique des limons et autres sédiments meubles de ces anciennes formations a amené la découverte d'une infinité de pièces osseuses de très- petits animaux, dont les débris eussent, sans cette précaution, longtemps échappé à l'œil des observateurs. » Dans un total ainsi recueilli de huit à dix mille morceaux, y compris ceux appartenant aux grandes espèces , il a été possible de distinguer les restes caractéristiques de 98 genres , sous-genres ou espèces de mammifères et de reptiles, c'est-à-dire à peu près le double du nombre déjà reconnu, en i838, à l'époque de mes dernières communications à l'Académie. " Sur ces 98 espèces, tg ont été observées dans divers lieux du départe- ment du Gers, et sur quelques points limitrophes des départements de la Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées ; 91 se sont trouvées dans le local si connu de Sausan, dont la vingtième partie seulement (environ l\o ou 5oooo mètres cubes) a été fouillée. Il y reste encore plus de 800000 mètres cubes de couches ossifères à explorer. » D'après la classification provisoire que j'aurais l'intention de proposer pour ces espèces fossiles, elles se répartiraient, dans la série méthodique animale, ainsi qu'il suit : Quadrumanes i ou 2 espèces. Insectivores 11 Carnivores 18 , . Rongeurs 1 1 MAMMIFÈRES. < j , , Edentes , i ou 2 Marsupiaux.." quelques indices douteux. Pachydermes 21 Ruminants 11 Tortues 5 Sauriens 5 Serpents i ou plusieurs de diverses dimensions. RETTiLES. . . ( Salamandres 3 Grenouilles 6 Autre genre inconnu i çjjj;: Autre cru reptile gigantesque . . . i * C. R., 1845, 1" Semestre. (T. XX, K» 8.) 4^ ( 3.8 ) " Les ossements d'oiseaux, à proportion beaucoup moins nombreux, n'ont pas encore été étudiés. Ceux de poissons sont très-rares. Il y a, en outre, un certain nombre de morceaux dont les relations zoologiques n'ont pu encore être déterminées. » FiC type le plus remarquable de cet ensemble zoologiqnc est, sans con- tredit, celui d'un animal de l'ordre des Édentés, que j'avais d'abord cru voi- sin du Pangolin. Mais, par la disproportion en longueur de ses membres que j'ai pu depuis lors restituer au complet, et par le nombre de ses doigts, il me paraîtrait aujourd'hui se rapprocher davantage des Paresseux, dont il reproduit aussi d'autres détails d'organisation. Certains individus de ce singulier genre auraient presque égalé en hauteur nos éléphants de moyenne taille. J'aurai l'honneur de soumettre prochainement à l'Académie une Note détaillée sur l'ostéologie de cet animal. » J'ai également recueilli de nouveaux matériaux pour l'ostéologie du Di- nothérium; ils suffiront pour convaincre les zoologistes que ce gigantesque mammifère n'étuit pas un Célacé, mais bien positivement un quadrupède de terre ferme, comme j'avais déjà, en 1837, essayé de l'étabhr sur de simples données tirées de la position où se trouvent le plus ordinairement ses dé- pouilles. » J'ai déjà eu l'honneur, dans mes précédentes communications, d'entre- tenir l'Académie du dépôt laciistre de Sausan , où étaient successivement ve- nues s'ensevelir les nombreuses générations de ces animaux de toutes classes. Leur destruction _/?«rt/e paraît avoir été occasionnée par une grande inonda- tion qu'il ne faut pas confondre avec celle bien plus récente à laquelle les géologues attribuent le transport des matériaux de notre dduvium sous-pyré- néen. » La première de ces deux inondations, quoique douée d'une impétuosité moins torrentielle, à en juger par le peu de volume des graviers qu'elle char- riait, paraît cependant avoir recouvert le pays d'une manière plus générale et plus uniforme. Ces graviers se montrent, en effet, sur des points élevés où n'ont point atteint les cailloux roulés du dernier diluvium. Il arrive quelque- fois que ces deux formations de transport-sont directement superposées, et qu'elles semblent se confondre. Mais, dans d'autres circonstances, elles sont géognostiquement séparées par des bancs réguliers de calcaire marneux ou de grès. Ainsi, nul doute qu'il ne se soit écoulé un très-long temps entre ces deux grandes inondations. Je n'ai jamais observé le moindre vestige d'ani- maux fossiles dans les formations qui répondent à cette époque intermédiaire, non plus que dan» les matériaux du dernier diluvium; nous n'avons donc (3.9) aucune donnée sur la question de savoir si cette partie du pays reçut de nou" veaux habitants, depuis la disparition, déjà signalée, de sa première popula- tion animale, jusqu'à l'époque oii sont venues s'y établir les espèces qui y vivent présentement. " Au demeurant, il est aisé de reconnaître que les matériaux de ces deux diluviwns, aussi bien que ceux dont se composent les formations successives d'alluvion et d'atterrissement de nos terrains tertiaires , sont descendus des Py- rénées, dont la masse et la hauteur ont dû être bien autrement considérables qu'elles ne le sont aujourd'hui. Il n'y a rien ici qui puisse se rattacher à l'idée d'un prétendu déluge universel. Tout démontre , au contraire, que la série de ces diverses formations géologiques, jusqu'à nos jours, s'est développée unique- ment sous l'influence directe des phénomènes pyrénéens. I) Dans cette longue succession de formations, il en est une que j'appellerai zoologique, parce qu'elle me paraît représenter la terre végétale de l'époque oîi vécurent nos animaux fossiles. Cette formation est généralement caracté- risée aujourd'hui par des bancs de marne calcaire de puissance variable et très-irrégulièrement nivelés. Elle abonde en restes de coquilles exclusivement terrestres; on y trouve quelques débris de végétaux, et fréquemment des dents et autres parties osseuses compactes de grands mammifères. Les emplace- ments des anciens lacs et marais de cette époque se distinguent facilement par leur constitution géognostique particulière, par les débris de coquilles d'eau douce qui y dominent, et aussi par les restes osseux des animaux de toute taille qui s'y sont mieux conservés que dans la terre végétale. Tel est le dépôt lacustre de Sansan, dont la puissance atteste la longue durée de cette époque où la vie animale avait pris un si grand développement dans nos con- trées. » Cette formation zoolo'gique est, dans bien des endroits, encore recou- verte par les graviers du premier diluvium, d'où l'on a depuis longtemps retiré des dents et des ossements de grande dimension, les seuls qui s'y soient conservés; ce qui fit supposer aux premiers observateurs que, dans ces temps anciens, la nature, encore dans toute la vigueur de ses forces créatrices, ten- dait à l'exagération des formes. Les recherches minutieuses, faites depuis lors dans l'ossuaire de Sansan, nous ont cependant prouvé qu'en compagnie des Dinotherium, des Mastodontes, des Rhinocéros, des Paresseux et des Car- nassiers gigantesques, vivaient des Taupes, des Desmans, des Hérissons, des Écureuils, des Lièvres, des Cerjs, des Lézards, des Salamandres, etc., de dimensions bien moindres que celles de leurs congénères actuels. » Il.est digne de remarque que pas un de ces animaux perdus ne peut être 42.. ( 320 ) » identifié spécifiquement avec ses analogues vivants. Les genres nonveaux que l'on y distingue semblent destinés à former le passage entre d'autres genres existants trop distancés, et s'adaptent en quelque sorte aux lacunes de notre série animale. On dirait autant d'anneaux retrouvés de la grande chaîne qui reliait anciennement tous les êtres de cette magnifique création primitive, dont il ne reste plus à l'état vivant que quelques débris épars sur la surface du globe. » Ainsi, quoique nos explorations paléontologiques soient encore très- incomplètes , nous avons cependant déjà acquis la certitude que ce coin de terre, bien pins resserré alors dans ses limites continentales qu'il ne l'est ac- tuellement, a nourri anciennement une population de mammifères et de reptiles plus nombreuse et plus variée que celle qui l'habite aujourd'hui. Divers degrés de l'échelle animale y étaient représentés , jusq^u'au Singe inclusivement. Un type supérieur ne s'y est pas encore retrouvé, celui du genre humain. ') Mais de ce que les restes osseux de l'homme, ni les vestiges de son indus- trie ne se sont nulle part montrés dans ces formations anciennes, il ne faut pas se hâter d'en conclure qu'il n'existait pas. On conçoit que , dans une créa- tion où dominaient encore des espèces animales dont les instincts lui étaient hostiles, l'espèce humaine ait dû être gênée dans son développement numé- rique, et son industrie nulle. Ce n'est qu'après la disparition successive de tant d'ennemis redoutables, que l'homme aura pu acquérir une prépondé- rance décisive sur les restes de cette création qu'il a ensuite sensiblement modifiée, soit par l'extermination des espèces nuisibles, soit par la propa- gation de celles réduites en domesticité. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur un aéroUthe observé à Limoux, le 1 2 décembre 1 844- (Extrait d'une Lettre de M. Meixiez à M. Arago.) « M. Petit avait annoncé que très-probablement , entre le 8 et le i5 dé- cembre, on aurait occasion d'apercevoir quelque gros bolide. D après le Compte rendu du 9 décembre dernier, il paraît que ce phénomène a eu lieu en effet à Paris, et j'ai pensé que vous pourriez, à cause de cette circonstance, recevoir avec intérêt la communication suivante, qui vient apporter un nou- veau fait à l'appui de l'opinion émise par M. Petit, dans le Compte rendu du 3o septembre i844- » Cette communication , relative à un énorme bolide qui s'est montré dans la nuit du i i au 12 décembre dernier, m'a été adressée de T^imoux, par M. Melliez, mon parent , et M. Petit, à qui je l'ai montrée, a bien voulu ( 32Î ) m'engager à vous la transmettre , dans l'espoir que son insertion dans les Comptes rendus pourrait provoquer de nouveaux renseignements qui seraient nécessaires pour permettre de calculer les éléments du bolide. « Voici les renseignements les plus importants que contient la Lettre que l'ai reçue à ce sujet. » Dans la nuit du ii au 12 décembre 1844, vers o*" Se" du matin, les quatre gardes de nuit qui faisaient à Limoux, séparément, la ronde de mi- nuit à une heure, furent effrayés par l'éclat d'une vive lumière, plus forte que celle de la lune dans son plein et que celle des éclairs les plus brillants. Deux d'entre eux le furent même à tel point, qu'ils n'ont pu fournir aucim renseignement; les deux autres (les nommés Jalabert et Rouda) le furent moins et, d'après leurs indications et les points de repère qu'ils ont fournis, on a pu obtenir les données suivantes à l'aide d'une boussole à lunette et d'un niveau de pente. ! Azimut du lieu de l'apparition du bolide '9" o' à l'ouest du méridien magnétique , à partir du nord de ce méridien. Hauteur au-dessus de l'iiorizon 36° o' Azimut du lieu de la disparition du bolide lôg^So' du nord vers l'ouest du méridien magnétique. ■ Hauteur au-dessus de l'horizon 20° o' Indications du garde ( Azimut de la disparition du météore \'jQ° o' Jalabert, dans la rue < à partir du nord vers l'ouest du méridien magnétique. du Palais-de- Justice. \ Hauteur au-dessus de l'horizon 63" 3o' " Le garde Jalabert prétend que le bolide est moins descendu vers le sud que ne l'indique le garde Rouda. Cette différence entre les assertions des ob- servateurs et les résultats déduits de leurs indications pourrait s'expliquer peut-être par un effet de parallaxe, les deux rues du Palais-de-.Tustice et de l'Orme se trouvant situées à 5oo mètres l'une de l'autre ; mais alors il faudrait nécessairement supposer que le bolide était trèj-près de la terre, ce qui n'est peut-être pas très-probable. 1) D'après le garde Rouda , le météore ressemblait à un énorme serpent ; la tête était ovale, le petit diamètre présentait une grandeur de i5 à 20 centi- mètres, la longueur était de ao à 25 mètres. La tête et la partie antérieure du corps lançaient des étincelles de feu dans toutes les directions, la queue faisait des ondulations dans le sens horizontal. Prié de comparer le bolide à la lune, il a répondu que la tête de, l'astre lui a paru plus petite que la lune (3aa ) en son plein lorsqu'elle se lève, mais plus grande que lorsqu'elle passe au méridien. » Le garde Jalabert compare ce météore à une barre de fer rouge-blanc, grosse de i5 à 20 centimètres, longue de 20 à uS mètres, un peu courbée, ayant à peu près la direction du méridien magnétique, et tournant sa con- vexité du côté de l'ouest. Il prétend avoir vu cette barre très-brillante, sta- tionnaire au point ci-dessus indiqué par lui, et s'éteignant lentement en com- mençant par l'extrémité nord. " Quant à la durée de l'apparition, les deux gardes Jalabert et Rouda s'ac- cordent à la faire de trois minutes : l'un prétend que pendant cette durée il aurait pu parcourir une distance de deux à trois cents pas ; l'autre affirme qu'au premier moment il s'est tourné vers les maisons voisines pour savoir si elles n'étaient pas en flammes, et qu'ensuite il a parcouru rapidement une distance d'environ /\o mètres avant la fin de l'apparition. » Au reste , les gardes de nuit ne sont pas les seuls à Limoux qui aient aperçu le phénomène. On assure que les enfants d'un nommé Jordy, plâtrier, furent trouvés, dans un coin de rue, si effrayés, que le garde Rouda crut devoir leur offrir d'aller les accompagner chez eux ; et l'on dit aussi que le marchand Noy, revenant de Quillan à Limoux avec sa voiture chargée de marchan- dises, crit au premier moment que cette voiture, où se trouvaient quelques allumettes chimiques, était en flammes, et même il en fit le tour pour s'as- surer du contraire. » Il résulte de ces divei's renseignements, que le 12 décembre, avant une heure du matin, un météore lumineux considérable a été vu à Limoux, par un temps clair, allant du nord au sud, et que ce météore a effrayé ceux qui en ont été témoins. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les quantités de pluie tombées à Rennes en 1843 et i844' (Extrait d'une Lettre de M. Dupré à M. Binet.) « .l'ai l'honneur d'adresser à l'Académie la Note des quantités de pluie que j'ai recueillies pendant chacun des mois des années i843 et i844 • Dalci. Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet 1843... 74,8 74,8 29,6 78,3 63,7 116,3 52,0 1843... 76,3 97,5 98,3 12,6 12,3 4", 6 27,8 Datea. Août. Septembre. Octobre. Novembre. Décembre. 1843... 58,2 37,1 86,5 86,6 3o,8 ,1844... 58, 0 44,3 54,5 74,9 35,7 ( 323 ) Cela donne, pour i843, nn total de 788,7 en millimètres, et pour i844 , "» total de 633,8. Je donne ces deux nombres tels que l'observation me les a fournis; mais, si l'on veut avoir égard au degré d'approximation sur lequel on peut compter d'une manière stire dans des sommes de ce genre , on peut les réduire aux deux premiers chiffres : 1843... 79 centimètres, i844'-- 63 centimètres. » Déjà, j'ai eu l'honneur de faire connaître à l'Académie le résultat pour 1842, il était de 67 centimètres; et pendant les cinq derniers mois de 1 84 1 , de 4 1 centimètres. Dans la nuit du 1 6 au 1 7 mars 1 844 » j'ai constaté 49"™, I, tombés en grande partie le 16 au soir, en uu temps assez court. » Sur un appareil pouvant servir à la démonstration de la chute des graves. « .le profite de cette occasion pour rappeler à l'Académie que je lui ai adressé, le 9 janvier i843, la description d'une nouvelle machine pour dé- montrer les lois de la chute des graves, dont le principe fondamental vient de lui être présenté de nouveau par M. Baudrimont. Je fais exécuter dans ce moment cet appareil ; et, comme je me propose de le faire fonctionner, si l'Académie vetit bien le permettre , dans l'une des séances qui suivront son entière confection , je suis bien aise qu'on n'oublie pas que j'avais pris date à une époque déjà éloignée. J'ai modifié avantageusement la disposition de ma machine ; mais je n'entretiendrai que plus tard l'Académie de ces détails. » MÉTÉOROLOGIE. — Note siir une lueur particulière qui se montre fréquem- ment de nuit à la partie boréale du ciel; par M. Colla , directeur de l'ob- servatoire de Parme. « En 1829, un observateur anonyme écrivait au baron de Zach {Bi- hlioth. univ. de Genève, tome XLII, page 271), qu'occupé, jour et nuit, depuis six années, d'observations sur la clarté de l'atmosphère, il avait con- staté l'existence d'une lueur singulière qui se montrait, la nuit, vers le nord- ouest et vers le sud-est. Cette lueur qui avait, disait-il, quelque ressemblance avec la lumière zodiacale, en différait en ce qu'elle se montrait dans la di- rection du méridien magnétique. Toujours plus apparente du côté du nord- ouest que vers le point opposé, elle se montrait quelquefois même par un ciel tout à fait couvert, et, dans ce cas, on eût pu la prendre pour le reflet d'un- incendie éloigné. I/auteur de la Ijcttrc faisait remarquer que, pour recon- ( 3a4 ) naître la réalité du phénomène, il était nécessaire que l'observateur fût placé de manière à avoir son horizon parfaitement libre, et que, de plus, il fût exercé à reconnaître de faibles variations dans la clarté du ciel. » Lorsque je lus cetle Lettre, j'en fus d'autant plus frappé que, de mon côté, j'avais aussi, dès l'aunée iSaS, observé plusieurs fois ce phénomène, et que j'en avais assez souvent fait mention dans mes registres d'observations; je l'avais même annoncé à diverses reprises, dans des journaux et dans mes Annuaires, sous la dénomination de Impressions luininosa verso ponente estivo. Mes observations différaient, au reste, de celles de l'anonyme, en ce que je n'avais jamais vu cette lueur vers le sud-est, et qu'elle ne s'est montrée à moi que très-rarement par un ciel nébuleux. >' Des observations faites en juin, et dans une partie des mois de mai et de juillet, m'ont fait reconnaître qu'il est quelquefois très-difficile de constater l'existence du phénomène, attendu qu'à cette époque la lueur en question se confond avec la lumière crépusculaire, qui persiste presque toute la nuit, et avec la lumière zodiacale, qui alors se montre sous la forme d'une zone à l'horizon boréal, entre l'est nord-est et l'ouest nord-ouest. Une autre cir- constance, également défavorable à l'observation du phénomène, c'est la vive clarté de la lune. » Que ce phénomène provienne de toute autre cause que la lumière bo- réale, c'est ce qui est prouvé incontestablement par plusieurs circonstances : 1° parce qu'il est quelquefois visible pendant toute la durée des nuits d'hiver ; 2° parce qu'il se montie constamment vers le nord ; 3° parce qu'il présente à toutes les époques de l'i.nnée sa plus grande intensité lumineuse à peu près dans la direction du méridien magnétique (i). Cette lueur, de plus, ne saurait être confondue avec cet espace blanc de forme arquée qui limite le crépus- cule du soir et du matin, puisque celui-ci, même dans les circonstances les plus favorables, nest jamais visible pendant toute la nuit, tandis que l'im- pression lumineuse dont je paHe est quelquefois permanente pendant la nuit entière. » Dans certaines conditions atmosphériques, cette lueur, que l'on pourrait désigner sous le nom de lueur magnétique , se montre plus étendue. De blanche qu'elle est généralement, elle prend une teinte légèrement jaunâtre, et dans ce cas elle acquiert d'ordinaire un éclat supérieur; c'est lorsqu'elle m'est ainsi apparue que je l'ai notée dans mes registres et annoncée par l'ex- (i) Le méridien magnétique, à Parme, s'éloigne du méridien astronomique d'environ ly'iS' vers l'ouest. ( 335 ) pression que j'ai indiquée plus haut. I^a forme qu'elle affecte ordinairement est celle d'une zone parallèle à l'horizon et large de lo à 12 degrés. Depuis que j'ai à ma disposition une boussole de déclinaison très-sensible qui me permet d'estimer une seconde [unminuto secondo) de variation en arc (i), j'ai pu con- stater que les augmentations, dans l'intensité de cette lueur, correspondent aux jours où les perturbations, dans la marche de l'aiguille, sont plus ou moins sensibles. Il paraîtrait donc que ce phénomène , de même que l'aurore bo- réale, se rattache aux phénomènes du magnétisme terrestre. » J'ai dit que, dans quelques rares circonstances, le phénomène s'observe même dans des nuits nébuleuses; mais il faut pour cela que la lune ne se montre point, et que le ciel ne soit pas un ciel d'orage. Au reste, la lumière zodiacale, qui est aussi très-faible et qui, sous le rapport de l'intensité lumi- neuse, se rapproche beaucoup de la lueur dont je parle, apparaît aussi quel- quefois à travers les nuages quand ils ne sont pas trop épais (2) : c'est ce qui a été constaté, par exemple, dans divers lieux de l'Europe, en mars i843. » Le singulier phénomène de lueur boréale qui nous occupe s'est aussi présenté quelquefois à deux savants observateurs, MM. Quetelet et Wart- mann , qui l'ont mentionné sous les dénominations Ae faible aurore boréale ou d'aurore boréale douteuse. C'est sans doute encore à ce phénomène qu'il faut rapporter l'indication donnée dans le Traité de Météorologie de Garnier, chapitre XVI, page 43o et 43 1 d'une observation faite aux États-Unis, le 17 novembre i835. » Remarquons d'ailleurs que si cette lueur a passé presque jusqu'à ce jour inaperçue, il n'y a pas lieu de s'en étonner beaucoup; puisque, d'une part, elle est toujours très-faible ; qu'elle n'est bien visible , pour ceux qui ne sont pas accoutumés à la chercher, que dans des circonstances atmosphériques particulières; que même, lorsque le ciel est parfaitement dégagé et que la lune ne brille pas, elle est quelquefois très-peu intense; et qu'enfin il faut que l'observateur soit placé de manière à n'avoir point son horizon masqué du côté du nord-ouest (3). J'ajouterai enfin que ce qui arrive pour ce phénomène ("i) Cette boussole, que j'ai eue à ma disposition en novembre i843, a été construite à Parme, par M. Ghinelli. (2) M. Wartmann, par une Lettre du 3 1 mars, m'annonçait cette observation dans les termes suivants : « Depuis le commencement de ce mois, une aurore boréale s'est montrée le soir, de >' l'horizon ouest jusqu'aux Hyades , toutes les fois que le ciel a été clair , et quelquefois » même à travers les nuages , quand ils n'étaient pas trop épais. » (3) J'ai trouvé que le meilleur moyen de constater l'existence de cette lueur, dans le cas où elle est très-faible, c'est de se tourner vers la partie opposée du ciel , et de se courber en C. R., 1845, 1" Semestre, (t. XX, N» S.) 43 ( 3a6 ) n'est précisément que la répétition de ce qui a eu lieu pour la lumière zodiacale , dont les observations devraient, à ce qu'il semble, remonter à une époque fort ancienne, tandis qu'on n'en trouve point d'antérieures à celles que fit Gassini en i683 et que, mêmr, depuis 1694 , personne ne s'en occupa plus, 5P jusqu'au moment où Mairan, vers le xviii* siècle, se livra à des recherches sur la cause des aurores boréales. » En terminant cette Note, je dois dire que j'ai déjà cherché à appeler l'attention des savants sur le phénomène dont il est question. M. Bianchi , astronome à Modène, a bien voulu, à ma prière , eu faire l'objet d'une com- munication au Congrès scientifique qui s'est tenu à Milan l'automne dernier. Il a engagé les astronomes et les physiciens, que réunissait cette assemblée, à répéter mes observations : j'adresse aujourd'hui la même demande aux savants français. Si , comme je le crois , ils constatent la réalité du phénomène , j'es- père qu'ils voudront bien user des moyens de publicité qui sont à leur dispo- sition pour faire connaître les résultats de leurs recherches, tant sur le fait en lui-même que sur les causes auxquelles on peut le rapporter. » M. Delarue adresse un tableau des Observations météorologiques faites à Dijon pendant les quatre derniers mois de l'année i844- r/Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés adressés, l'un , par M. DouHET , l'autre par M. Moreau-Boulard. A 5 heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. A. arrière jusqu'à ce qu'on arrive à voir, avec la tête renversée , la portion de l'horizon où le phénomène a coutume de se montrer. ( 327 ) BULLETIîK BIBLIOGRAPHIQVÉ. L'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Coinples rendus hehdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; i" semestre i845; n" 4; in-4''. Bulletin de l' Académie royale de Médecine; janvier i845 ; in-S". Annales de la Chirurgie française et étrangère; j^anvïev i845; in-S". Annales maritimes et coloniales; Tables de i844 > in-S". Principes de Géologie, ou Illustrations de cette Science, empruntés aux chan- gements modernes que la Terre et ses Habitants ont subis; par Ch. Lyell; tra- duits de l'anglais par M™* TuLLiA Meulien, sous les auspices de M. Arago; seconde partie; i vol. in-8*'. Voyages en Scandinavie , en Laponie, au Spitzberg et aux Feroë , pendant les années 1 838-1 84o, sur la corvette la Recherche, publiés par ordre du Roi, sous la direction de M. Gaimard. — Relation du Voyage de M. Marmier, 1. 1", {0-8", et atlas in-folio; 2 5 livr. Histoire physique , politique et naturelle de l'île de Cuba; par M. Ramon de LA Sagra. — Botanique: plantes cellulaires ; par M. C. MONTAGNE; i vol. in-8° et atlas in-folio. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Ad. Brongniart.) Botanique. — Monographie générale de la famille des Plantaginées; par M. Rarnéoud. Paris, i845; in-8°. ( Présenté, au nom de l'auteur, par M. de Jussieu. ) Cours complet de Mathématiques, à l'usage des Aspirants à toutes les Ecoles du Gouvernement; par M. A. Rlum ; tomes I et II ; in-8°. Précis analytique des Travaux de l'Académie royale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen, pendant iannéee i844- Rouen , i844; in-8°. Note sur la Salubrité des Places de Guerre; par M. A. LefÈvre. Rochefort , i844; in-8''. Notice physiologique sur les causes et la nature des Fièvres intermittentes; (sans nom d'auteur). Tours ; broch. in-8°. Le Technologiste , ou Archives des Progrès de [Industrie française et étran- gère; parM. Malpeyre; février i845; in-8''. Encyclographie médicale ; publiée par M.. LartigueS; 3* année ; janvier 1 845; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques ; janvier i845; iu-8°. Journal des Connaissances uhVes; janvier i845; in-8". Proceedings. . . Procès- Verbaux de la Société géologique de Londres; 9 jan- vier au 24 septembre i844; in-8°. Medico-chirurgical. . . Transactions médico-chirurgicales, publiées par la Société royale de Médecine et de Chirurgie de Londres; 2* série, vol. IX; in-8°. ( 328 ) Catalogue. . . Catalogue de la Bibliothèque de la Société royale de Médecine et de Chirurgie de Londres. Ijondres, i844; in-8°. The Edinburgh. . . Nouveau journal philosophique d'Edimbourg , dirigé par M. Jameson; 4" trimestre de i844 ; in-8°. The Transactions. . . Transactions de la Société microscopique de Londres; vol. P'; partie i, Londres, 1842; partie 2, Londres, i844; in-8°. Observations. . . Observations sur la structure des Coquilles, des Mollusques et autres animaux testacés; par M. Bowerbank. (Extrait des Transactions de ta Société microscopique de Londres. ) Vol.P"'; in-8". Rongl. . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Stockholm, pour l'année 1842. Stockholm, i843;in-8°. Ofversigt . . . Compte rendu des séances de l'Académie royale des Sciences de Stockholm; 10 janvier au i 1 septembre i844; in-8°. Arsberâttelse. . . Rapport sur les progrès de la Chimie et de la Minéralogie , présenté le3i mars 1 844 > por M. Berzelius. Stockholm , 1 844 ; in-8°. Arsberâttelse. . . Rapport sur les progrès de la Zoologie dans les années 1840 à i842;parM. Loven; s^partie, Crustacea vermes, hinn.; i vol.: i844; in-8''. Ai'sbcràttelse . . . Rapport sur les travaux et les publications relatives à la Botanique; par M. WlKSTRôM. Stockholm, i844; in-8°. Sopra la prodiizione . . Sur la production des Flammes dans tes Volcans , et sur les conséquences qui s'en peuvent déduire; par M. L. Pilla. Lucques, i844; in-4''. General . . . Carlegénérale de lapartie septentrionale du royaume de Norwége; . par M. R00SEN , capitaine du génie au service de la Norwége. Storia. . . Histoire du genre Gordius et d'une nouvelle espèce d'Helminthe; par M. J. Balsamo Cuivelll (Extrait du tome II des Mémoires de l'Institut lom- bard des Sciences et des Lettres. ) In-4''. Descrizione . . . Description d'un nouveau Reptile fossile de la famille des Paleosaurus , et de deux Poissons fossiles trouvés dans le calcaire noir de Varenne, près le lac de Came; par le même ; broch. in-8". Memoria. . . Mémoire pour servir à l'Histoire des grands Mammifères fos- siles du Cabinet de Sainte-Thérèse , à Milan; par le même; broch. in-8''. Délia giacitura . . . Du gisement d'un Lignite observé près de Romano , district de Cantu; par le même. (Extrait du tome VII de {'Institut lombard. ) Broch. in-8''. Gazette médicale de Paris; tome XIII, i845; n" 5; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°' i i-i3. L'Écho du Monde savant; n°" 6 et 7 ; in-4°. < COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 FÉVRIER 1845. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMONT. MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur des formules rigoureuses et dignes de remarque , auxquelles on se trouve conduit par la considération de séries multiples et divergentes ; par M. Augustin Cacchy. « J'ai déjà remarqué, dans un précédent Mémoire, l'usage légitime que l'on peut faire, dans certains cas, de séries simples et divergentes, pour ob- tenir les valeurs de certaines quantités, sinon avec une approximation indéfi- nie, du moins avec une approximation très-grande, qui, souvent, est plus que suffisante pour les besoins du calcul. Dans ce nouveau Mémoire, j'irai plus loin et j'établirai une proposition qui semble paradoxale au premier abord. ,Ie ferai voir comment, à l'aide de séries divergentes, on peut .quelquefois dé- terminer les quantités inconnues, non plus seulement avec une grande ap- proximation, mais, ce qui paraîtra plus étonnant, avec une approximation indéfinie , de manière à en obtenir des valeur saussi approchées que l'on vou- dra. Or c'est effectivement ce qui peut arriver, lorsque les séries employées dans le calcul sont multipb s et divergentes. Entrons à ce sujet dans quelques détails. " Considérons, en particulier, une fraction rationnelle qui offre pour nu- C. R, i845,i«'- .Sem<-i««. (T.XX, N»e.^ 44 ( 33o ) mérateur l'unité, et pour dénominateur cette même unité diminuée de la somme de deux variables. On pourra développer cette fraction rationnelle en une progression géométrique dont la raison sera la somme dont il s'agit , puis développer chaque terme de la progression en une série simple par la formule du binôme. On obtiendra ainsi une série double ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières des deux variables. Or, cette série double sera évidemment convergente, si les modules des deux variables four- nissent une somme inférieure à l'unité. Dans le cas contraire, la série double deviendra certainement divergente, attendu que , parmi les termes corres- pondants à des puissances très-élevées des deux variables, quelques-uns de- viendront très-considérables. Néanmoins il est facile de s'assurer que, si la somme algébrique des deux variables et le module de chacune d'elles restent inférieurs à l'unité, on pourra grouper les termes de la série double, de ma- nière à la transformer en une série simple convergente, dont chaque terme sera lui-même la somme d'une autre série simple convergente. On y par- viendra, par exemple, en supposant que la première série simple soit or- donnée suivant les puissances ascendantes de la première variable , et la se- conde série simple, suivant les puissances ascendantes de la seconde variable. » Il importe de faire connaître le parti qu'on peut tirer, dans la haute analyse, du fait important que je viens de signaler. liCs formules aux- quelles je suis parvenu de cette manière sont particulièrement utiles dans la théorie des mouvements planétaires. Elles pemiettent d'exprimer, par exemple , toute perturbation relative au système de deux planètes , et corres- pondante à deux multiples donnés des anomalies moyennes, par une simple fonction des deux nombres entiei's qui servent de coefficients à ces ano- malies. ANA LYSE. « Considérons, pour fixer les idées, une série double, et supposons cette série divergente. On pourra souvent, dans cette hypothèse, partager les termes en divers groupes, de telle sorte que les termes compris dans chaque groupe forment une série simple convergente, et que les sommes des séries simples correspondantes aux divers groupes forment à leur tour une autre série simple qui soit encore convergente. Pour démontrer la vérité de cette assertion , considérons , en particulier, la série double produite parle dé- veloppement de la fonction I I — X ~ y (33, ; suivant les puissances ascendantes de x et de y. Cette série sera certaine- ment convergente , si les modules x , y des deux variables x , y vérifient la condition (i) x + y < I. Car, tant que cette condition sera remplie, la fonction i —x—y restera continue par l'apport aux deux variables x, y. Alors, pour obtenir le développement en question, il suffira de développer d'abord la frac- suivant les puissances ascendantes de la somme x + y^ puis tion 1 — x—y de développer chacune de ces puissances par la formule du binôme. On trouvera ainsi , premièrement ,_^_y = I 4- (j? + j) + (x + jr)' + etc. ; puis (3) — — — — — =1 -^ X -\- y -\- x'^ -\- ixy ->r y"* -\- etc Or, si l'on désigne par n un nombre entier quelconque, le terme propor- tionnel au produit x" y"^ dans le second membre de l'équation (3), sera évi- demment 1.2... 2/2 xpf. m (1.2... 4 ^De plus , le module de ce terme , ou le produit (l.2...«)» J ' se réduira simplement, pour de grandes valeurs de «, au rapport (4xy)" 2ir/l D'ailleurs ce rapport décroîtra indéfiniment avec -, si l'on a (4) 4xyî, le rapport dont il s'agit croîtra indéfiniment avec n. Donc la série double pro- duite par le développement de la fonction I — x — y cessera d'être convergente, et par suite la formule (3) cessera de subsister, si la condition (5) se vérifie. Toutefois, si les modules des deux variables jc , y et de leur somme x -^ y restent tous trois inférieurs à l'unité, alors, en groupant convenablement les termes de la série double, on pourra la trans- former en une série simple convergente dont chaque terme soit lui-même la somme d'une autre série simple et convergente. En effet, on y parviendra en réunissant, dans chaque groupe, tous les termes dans lesquels les expo- sants des variables x ^ y offrent une somme donnée, ou bien encore tous les termes proportionnels à une même puissance de j:, ou enfin tous les termes proportionnels à une même puissance de y. Cela posé, la transformation de la série double eu série simple produira , dans le premier cas , la formule (6) x-x-y = ' -*- (^ +^) + (^' + '^^J ;^*) + «*<^ qui ne diffère 'pas de l'équation (2), et, dans les deux autres cas, les for- mules (7) -; \. — -=^6f>--a?(i+J-f-j' + -)+^'('+ 2/-+-3j«-)-...) + etc...., (8) -_ ' _ = I + j(i-i- 37 + ar'+...) -l-j''(i-t-2j: + 3j:* +...)+ etc...., qui, eu égard aux équations I -H X + jt" -h . . . = '- , I + 20- + 3j:' -h . . . = -, , etc. , ] — — X \i — xy ( 333 ) peuvent s-'écrire comme ï\ suit : \ (q) ^ = I + — ^— + , ^ ., + etc. , i—x—y i—x (i — /)' 1 X x'' = r + + -, rr , —x—y I — r (i —rr Ciol * = I H ^— + T—^ — b + etc. \ ) I — X — Y I — r II — rv La formule (6) et les équations (7), (8), ou (9), (10), se vérifient, par exemple, dans le cas où l'on suppose :» _ X 2 ' y — 3- x = -k, f » Il suit de ce qu'on vient de dire , qu'on peut faire seivir à la détermi- nation des valeurs numériques des fonctions les développements de qes fonc- tions en séries multiples, même divergentes, pourvu que les termes des séries divergentes puissent être groupés entre eux de manière à former, dans chaque groupe , une série simple convergente. Cette observation impor- tante nous permettra de donner une extension nouvelle aux formules obte- nues dans les précédents Mémoires. C'est ce que nous montrerons, en commençant par généraliser encore quelques-uns des théorèmes que nous avons établis . «tjfl^ » Soit ■ f{x, j) une fonction des variables x, j", qui reste continue par rapport à j", lors- qu'en attribuant à jc un certain module x, on suppose le module de j infé- rieur ou tout au plus égal à une certaine limite y. Posons d'ailleurs q désignant un argument réel. On aura, pour un module de j" égal ou infé- rieur à y, (11) i{x,f)=^f -^-f{x,z)dq; ^^ J—n 2 — y et pour développer f (j?, y) suivant les puissances ascendantes de /, il suffira de développer le rapport z— r t r ( 334 ) dans le second membre de la forniuIe(i i),en série ordonnée suivant les puis- sances ascendantes de y. Soit (la) Mo> "n «a,.-. la série ainsi obtenue. On aura, en désignant par m un nombre entier quel- conque, (.3) U„. = ^^f_^[t y les divers coefficients de a?", dans la série double dont il s'agit, formeront une série simple qui sera convergente avec la série modulaire correspon- dante, si le développement de la fonction suivant les puissances ascendantes de ô reste lui-même convergent avec la i 339 ) série modulaire qui correspond à ce dernier développement, pour toute valeur de z qui offre un module égal y. » Désignons maintenant , pour abréger , par F {pc) la fonction de x repré- sentée dans le 2" théorème par i[a:, 5(1-^)], ou, dans le 2* théorème , par Supposons toujours que cette fonction F (jt) soit développée, d'une part, suivant les puissances ascendantes de Q , d'autre part, suivant les puissances entières àe x, le nnodule de x étant x. Concevons d'ailleurs que la série simple formée, dans le développement dont il s'agit, par les divers coefficients de ar", série qui se trouvera ordonnée suivant les puissances ascendantes de 6, reste convergente, en vertu du théorème 2 ou 3, pour toute valeur de B infé- rieur à une certaine limite 0 ; et nommons B„ la somme de cette série simple. Si l'on attribue à B une valeur variable réelle ou même imaginaire, la somme B„ restera fonction continue de 6, pour tout module de B inférieur à ©. Supposons à présent que l'on développe la fonction F(x), non plus eu une série double , mais en une série simple ordonnée suivant les puissances entières de J?, le module de x étant toujours x ; et nommons A„ le coefficient de x'^ dans le nouveau développement de F (.c). On aura généralement, pour de très-petites valeurs de B , (27) K = K- En effet, puisque A„ et B„ seront les coefficients ou la somme des coefficients de Jî" dans la série simple et la série double qui représenteront les deux dé- veloppements de F (a?), il est. clair que la formule (27) devra subsister tant que la série double sera convergente, ce qui aura certainement lieu lorsque les modules de x et de 6 se rapprocheront assez , le premier de x , le second de zéro, pour que la fonction F (x) devienne, en vertu d'un tel rapproche- ment, toujours continue par rapport aux deux variables jt, 6. D'ailleurs l'éijua- tion (27), étant vérifiée pour de très-petites valeurs de B, devra continuer de subsister {voir la séance du 20 janvier, page 1 20) , tant que A„ et B„ resteront fonctions continues de B. Elle devra donc subsister pour toute valeur de B in- férieure à la limite 0 , si la limite B est telle que la fonction A„ reste continue, par rapport à B, pour tout module de B inférieur à cette limite. H y a plus; 45.. # (34o) au lieu de supposer la limite 0 déterminée à l'aide du théorème 2 ou 3, on pourra simplement astreindre cette limite à la condition que nous venons d'indiquer. Cela posé, on pourra évidemment, aux théorèmes 1 et 3, joindre encore la proposition suivante: >' 4" Théorème. Soit ï{x,jr) une fonction de x.,j qui reste continue, par rapport kj, pour un certain module de x représenté par x , et pour un mo- dule de ^ inférieur à une certaine limite y. Supposons d'ailleurs que, Q dési- gnant une nouvelle variable, on réduise, dans l'expression ■ j à une fonction de j:, en sorte qu'on ait par exemple I .X J = i — X ou J' = Enfin, développons considérée comme fonction de x et de ô, en série ordonnée suivant les puis- sances entières, positives nulle et négatives de x^ le module de x étant x; et nommons A„ le coefficient de j?" dans le développement ainsi obtenu. Non- seulement A„ sera développable suivant les puissances ascendantes de la va- riable ô, tant que le module Q ne dépassera pas la limite au delà de laquelle A„ cesse d'être fonction continue de Q\ mais, de plus, pour obtenir le déve- loppement de A„ , il suffira de réunir tous les coefficients de af qu'on obtient quand on développe i{x, Qjr) en une série simple ordonnée suivant les puis- sances ascendantes de ô, puis chaque terme de cette série simple en une nouvelle série ordonnée suivant les puissances entières de x. » Aux diverses propositions que je viens d'établir, il convient de joindre encore un théorème très-général , et très-utile , en vertu duquel le dévelop- pement d'une fonction suivant les puissances entières d'une variable, calculé pour le cas où le module et l'argument de la variable offrent des valeurs très-voisines de deux quantités données, conserve une forme inaltérable et demeure convergent, tandis que ce module et cet argument varient, pourvu que leurs variations simultanées soient telles que la fonction et sa dérivée ne cessent pas d'être continues, si d'ailleurs, dans le cas même où l'on tient compte de ces variations, les deux modules ou le module unique de la série simple, qui représentait primitivement le développement de la fonction, restent toujours inférieurs à l'unité. J'établirai, dans un prochain article, ce théorème général avec les conséquences importantes qui s'en déduisent; puis j'appliquerai mes formules à la solution de diverses questions, et en par- ticulier des problèmes d'astronomie. » (34i ) RAPPORTS. ^ M. PoNCELET commence la lecture d'un Rappqj;t sur un nouveau sjstèine d'écluses àjlotteur proposé par M. Gihard. Cette lecture sera continuée dans une prochaine séance, NOMEVA'nOlXS. L'Académie nomme, par voie de scrutin, une Commission de cinq mem- bres chargée de préparer la question qui devra être proposée comme sujet du grand prix des Sciences mathématiques , concours, de 1846. MM. Lieu ville, Arago, Binet, Poinsot, Cauchy, réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination d'une Commission chargée de préparer la question qui sera pro- posée comme sujet du grand prix des Sciences physiques, concours de j 847- MM. de Blainville, Milne Edwards, FI ourens, Adolphe Brongniart, Serres, obtiennent la majorité des suffrages. 3IÉM0IRES LUS. CHIRURGIE. — Considérations pratiques sur les grandes opérations et sur les moyens d'en éviter en grande partie les dangers et les accidents,- oar M. Ballard. « (Commissaires, 'MM. Roux, Velpeau.) Après avoir cherché à établir que les résultats , heureux ou funestes , d'une opération dépendent beaucoup moins qu'on ne le pense du choix de la mé- thode à laquelle on a eu recours, l'auteur s'efforce de prouver que le régime auquel on soumet le malade ne peut pas être non plus compté au nombre des causes principales qui influent en bien ou en mal sur la terminaison. « J'ai vu, dit M. Ballard, des opérés mourir sous l'influence d'un régime débilitant comme sous celle d'un régime fortifiant; seulement, j'ai pu observer qu'ils mouraient à des époques différentes: ceux auxquels on donnait de suite à manger, ceux que l'on tonifiait, succombaient du cinquième au dixième jour de l'opération, et la mort était souvent attribuée à l'opérateur; ceux qui étaient soumis à des saignées abondantes ou à une diète rigoureuse mou- i 342 ) raient du trentième au quarantième jour, et l'on trouvait toujours quelques écarts de régime pour sauver l'honneur du médecin. Par contre, j'ai remar- qué que chez les premiers, les convalescences étaient très-rapides, tandis que les autres malades avaient beaucoup de peine à se relever. » Il pouvait être permis d'en tirer la conséquence, que l'alimentation moyenne devait être plus convenable; mais j'ai trouvé que, sous l'influence d'une médication timide, la mortalité était peut-être encore plus grande. Cet élément nouveau venant à me manquer comme celui des procédés, j'ai fini par où j'aurais dû commencer, c'est-à-dire par l'étude particulière de chacune des causes de la mort chez les opérés, aux diverses époques de leur traitement, afin de voir si l'on ne pourrait pas les prévenir et les com- battre une à une: mes étuil es n'ont pas été sans succès ;je suis arrivé à un résultat qui a dépassé toutes mes espérances, et je puis citer aujourd'hui vingt-huit am- putations, vingt des membres abdominaux, dont onze de la cuisse, sans un seul insuccès, c'est-à-dire sans un seul cas de mort avant leur cicatrisation complète et sans qu'une année entière ne soit venue sanctioimer leur gué- rison.... » La première cause de mort chez les opérés est la crainte de l'opération * et l'attente du moment où elle doit être faite. Cette cause agit sur les ma- lades d'une manière beaucoup plus profonde et plus fâcheuse qu'on ne peut l'imaginer; sous son influence, le pouls, d'abord accéléré, plein, devient petit, concentré, intermittent; il survient des coliques, des nausées, des phé- nomènes variés qui ne sont pas mortels par eux-mêmes, mais qui , continuant à agir sur le malade après l'opération , donnent lieu vers le cerveau et vers le cœur à des lésions que j'ai constatées après la mort. » La première indication à remplir est donc de laisser ignorer aux ma- lades, à ceux mêmes qui paraissent doués du moral le plus fort, non-seule- ment l'instant de l'opération, mais même la nécessité dans laquelle on est, ou l'on pourra être, de la pratiquer.... •' La seconde cause de la mortalité est la douleur; c'est à l'ébranlement ner- veux qu'elle détermine que succombent les malades qui meurent sous l'in- strument, et dans les premiers moments de l'opération avant la période in- flammatoire. Le pouls devient petit et concentré , la peau se décolore , se couvre d'une sueur froide, visqueuse, et, si l'on ne parvient à ranimer la cir- culation capillaire, il se forme promptement une congestion mortelle vers le cœur, le cerveau, ou le poumon. >' [jorsque la première cause dont nous avons parlé a été évitée, il est rare que celle-ci agisse d'une manière aussi funeste; mais quand elles se ( 34;i ) réunissent , cette terminaison n'est malheureusement que trop fréquente. » La seconde indication sera donc de détruire la sensibilité ou la dimi- nuer, de manière à rendre tolérable la douleur de l'opération. Plusieurs es- sais m'ont prouvé qu'il était facile de stupéfier un membre, de l'endormir par une compression léfjère exercée sur les principaux troncs nerveux par des moyens que j'ai mis en usage assez souvent; mais l'expérience m'a aussi démontré que des narcotiques employés à dose excitante, pendant deux ou trois jours, peuvent remplir parfaitement cette indication. 3, 4 ou 5 centi- grammes, et plus, d'hydrochlorate de morphine dans une potion de 120 grammes, donnés chaque jour par cuillerées, dans l'intervalle des repas et pendant la nuit, m'ont toujours suffi pour déterminer la sédation du sys- tème nerveux à un degré convenable. » La troisième cause de mort, et la plus fréquente, est l'état auquel on a donné le nom de fièvre traumatique, de fièvre de suppuration : cette crise a toujours paru tellement inévitable, tellement grave jusqu'à ce jour, que l'on attend encore qu'elle soit passée pour porter un pronostic sur le résultat d'une opération. » La troisième indication sera, non pas de combattre cette inflamma- tion , car, une fois développée, il n'est plus donné à l'art de l'arrêter dans son cours ni d'en éviter les conséquences, mais de la prévenir en empêchaut le développement de la chaleur et de la douleur, premiers éléments de cette action vitale que l'on appelle avec raison inflammation , les seuls même lorsque l'on parvient à s'en rendre maître. C'est la chaleur et la douleur qu'il faut enlever à mesure qu'elles se développent, au moyen de l'application de corps froids. » L'emploi des vessies convenablement préparées, et renfermant de l'eau froide que l'on renouvelle toutes les fois que la température s'élève au-dessus de lachaleur ordinaire, a toujours rempli parfaitement le but que je me proposais. » La quatrième cause de mortalité est la fonte purulente des tissus qui ont été enflammés, et tous les désordres qui en sont la suite, les décollements de la peau, la dénudation des os, les dépôts, la résorption purulente, etc. >' En remplissant les indications précédentes, cette cause n'est plus à craindre puisqu'il n'y a de pus formé que la quantité indispensable à la ci- catrisation des parties blessées qui, malgré leur étendue, se trouvent ré- duites à l'état de plaie simple et se cicatrisent sans aucun sj-mptôme d'in- flammation. » On peut encore ajouter, comme dernière cause de mortalité, l'influence des grandes réunions de malades, des marécages, des lieux mal aérés, etc.