D&W1988 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. fs t S^'Çù 4- A. ^2^. " ' '"«-m^ IMPRIMERIE DE lACHELIER , rn« du Jardinet, la. ♦•. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES, * PUBLIÉS . . CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME VINGT-DEUXIEME. JANVIER — JUIN 1846. PARIS, BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DE l'École polytechnique, du bureau des longiiudes, etc. Quai des Augustins, n° 55. 184G * * » #' -«i- COMPTE RENDU ' DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 JANVIER 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. REiVOUVELLEMEIVT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMmSSION ADMEVISTRATIVE. • L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un vice- président pour l'année 1 846. Au premier tour du scrutin, le nombre des votants étant de 55 , M. Adolphe Bronfjniart obtient 26 suffrages. M. Roux 19 M. Beudant 8 M. Serres i Il y a un billet blanc. Ce scrutin n'ayant point donné de majorité absolue, on procède à un deuxième tour dans lequel, le nombre des votants restant le même, M. Adolphe Brongniart obtient 87 suffrages. M. Roux 17 Il y a un billet blanc. M. Adolphe Broivgxiart, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé vice-président pour l'année 1846. C. U-, «',6, I" Semestre. (T. XXII, N» 1.) ^ D'autre part , on aura généralement (séance du 1 5 décembre) (5) " inha,b,c,:. ^^ ''^u,b,c,..l^a,b,c, ' et les deux nombres '^a,b,c, -i '^a,b,c, ■•< dont le premier sera égal ou inférieur à la limite rSa,b,c,..-, 1^ second égal ou inférieur à la limite ;ra, ne pourront atteindre simultanément ces deux limites que dans le cas où iî ne sera jamais altéré par aucune substitution de la forme Po.a,c,. • Enfin les nombres seront liés entre eux par la formule (6) Wa,b,c, ■ ^a.b.c,. = rnM — 7'2o, ( 5 ) et comme on trouvera successivement «4= (1.2) 4 =8, Ci)2,2 = (l -2)^ 2^ = 16, «5—5, w, = 6, Ws,;j =(i .a) 3* = 18, W9,î.a=(f.2 3)2^=48, W4,a=4-^ = '^< on en conclura 5T, = 90, 3^2,2 =45, 5^5=144» ©8=120, ©3,3 = 405 '^'2,2,2=1 5, ©4,2 =90- Donc la formule (5) donnera (7) mh,= goÂ:„ 02^^,2= 45^2,2, /«//5=l44^5. (8) m//g=I20/S-6, «1^3.3 = 40^3.3) '"/''2.2.2= < 5^2.2,2, '"^'4, 2 = 9^ A",, j , et les équations (3), (4), jointes à la formule (i), entraîneront les suivantes : (9) 2A-4 + A-2,2 = 8 — '|, ^^5 = ^; (10) 24^6 + 8A-3, 3 + 3/1-2.2,2+ 18^4,2= 72 — 2/rt. Il suit des formules (9) que, dans l'hypothèse admise, c'est-à-dire dans le cas où la fonction ii, étant transitive par rapport à cinq et à six variables , offre plus de deux valeurs égales, m doit être divisible par 6. Effectivement, d'a- près ce qu'on a vu dans les paragraphes précédents, m ne peut être alors que l'un des nombres 6, 12, 24, auxquels correspondent les valeurs 120, 60, 3o du nombre M. » D'autre part , puisque chacun des nombres 6, 1 2, 24 est divisible par le facteur 3 , il résulte d'un théorème précédennuetit établi (séance du i3 octobre, page 85 1), que, dans l'hypothèse admise, quelques- unes des substitutions (11) I, P, Q, R,..., (6) qui naltéreront pas la valeur de iî, seront régulières et du troisième ordre. Donc, puisque A, est nul, ^3,3, et par suite kg^^, ne pourront s'évanouir. Donc l'une, au moins, des substitutions i, P, Q, R,... sera de la forme P,,,; et, comme la substitution inverse ï^l sera encore de la même forme, nous devons conclure que /ij^ , sera, dans l'hypothèse admise, un nombre pair dif- férent de zéro. Ce n'est pas tout : comme la seconde des formules (8) donne (12) ^,,3 = ^^,3, le nombre ^3,3 devra être, ainsi que m, divisible par 3; et même, si l'on sup- posait /n = 24, la formule (12), réduite à "■i,3 r "S, S 1 donnerait pour ^33 un nombre divisible par 6. Mais alors, évidemment, la formule (10) ne pourrait plus être vérifiée, puisque le premier membre, égal ou supérieur au nombre SA's j = 48, surpasserait la différence 72 — 2m = 72 — 48 = 24. Donc il n'est pas possible de supposer m = 24. » Concevons maintenant que la fonction lî doive être tout à la fois transitive par rapport à six et à cinq variables, et intransitive par rapport à quatre. Alors , d'après ce qui a été dit dans le § P", le nombre m des valeurs distinctes de Ù ne pourra être que l'un des nombres 12, a4. Donc, puisqu'on devra exclure la supposition m = 24, on aura nécessaire- ment 771= 12; et par suite (voir la séance du 29 décembre, page i4o5), h^, A^ devront s'évanouir. Alors aussi les formules (7), (8), (9), (10) donneront (il3) 4^2,2 = i5À2,j, hi = 12*5, ( 7) (i4) hi=iok,, 3^3,, = io/î3,3 , 4^2.2.»= 5A:a,2,2, 2^4,2=15^:4,,, (i5) A;j,j = 4, *5 = 2, (16) 24/re + 8A;3,3 + SAa,^,^ + i8A,,2= 48. >' Des formules (r3) et (i5) on déduira les suivantes : (17) ^2.2= i5, ^5 = 24, que l'on pouri'ait tirer encore des équations obtenues dans le § I". Ajoutons que des formules (i4) et (16) on pourra aisément déduire les valeurs des quantités "6 > "3,3» "2,2,25 "4, 2» et d'abord, puisque ^3,3 devra être un nombre entier distinct de zéro et divisible par 3, le terme 8^:3,3 de la formule (i4) sera égal ou supérieur à 24. Donc le terme iSA^, ^ devra être inférieur à la différence 48 — ^4 = 24. Donc le nombre entier k^^^ devra être inférieur à^; et, comme d'ailleurs il doit être divisible par a , en vertu de la dernière des formules (14)5 on aura- nécessairement k\,2 = O) fii,2 = o; en sorte que l'équation (i4) se trouvera réduite à •(18) 24A:, 4- 8*3,3 + 3A-2,2,, = 48. D'autre part , si /{g différait de zéro , on pourrait en dire autant de k^_ , et de ÂTj, 2 , attendu qu'une substitution de la forme P. a pour carré une substitution de la forme P3,3, et pour cube une substitu- tion de la forme Paja,2- Gela posé, comme en vertu des formules (i4), A:3,j devra être divisible par le facteur 3, et A:2,2,j par le facteur 4, il est clair qu'en supposant A:, différent de zéro, on obtiendrait pour premier membre de la formule (18) une somme égale ou supérieure à a4.+ 8.3 + 3.4 = 6o. (8) Donc alors cette formule ne pourrait être vérifiée. On aura donc encore né- cessairement ^6 = 0,^6 = 0; et, par suite, l'équation (18) sera réduite à (19) Sksj -+- 'ik^^i,^ = 4H. Enfin, il est facile de voir que ^2,2,2 et ^2,2,2 devront être divisibles par 3. En effet, concevons que l'on désigne simplement par la lettre P l'une des sub- stitutions qui , étant de la forme P3, 3 , n'altèrent pas la valeur de ii ; et sup- posons un instant que Q. ne soit pas non plus altéré par une certaine sub- stitution $ de la forme P2,2,2- Les deux substitutions P, 9 ne pourront être permutables entre elles. Car si l'on avait Pf = $P. alors, d'après ce qui a été dit dans la séance du i" décembre (page 497) , ^ et P seraient de la forme celles-ci , prises trois à trois, vérifieront des équa- tions semblables aux équations (22); et comme évidemment deux systèmes de cette forme ne peuvent renfermer la même substitution devra être divisible non-seulement par 4> mais aussi par 3, et, en consé- quence, par 12. Donc, puisque le produit 8^33 doit être égal ou supérieur à 24, l'équation (19), de laquelle on tirera 3^a,2, 2 = 48 — 8A:3_3 = ou < 24, ^2,2, 2 = ou < 8, ne pourra être vérifiée sans que le nombre Aa.2,2 s'évanouisse. On aura donc Iç —. n k — ^^— fi ''2,2,2 ^ ■> "^t.î "g- O, et , par suite , en vertu des formules (i 4) , (24) A2,2,a = 0> A,, , = 20. C. K., 1846, !«■■ Semestre. (T. XXIl.'^No 1.) 2 n Ainsi, en définitive, si la fonction ù est transitive par rapport à six et à cinq variables, et intransitive par rapport à quatre, les substitutions i,P, Q, R, ..., qui n'altéreront pas la valeur de iî, seront toutes, hormis celle qui se réduit à l'unité , de Tune des trois formes P P P • et, comme on aura (aS) ^33 = 20, ^5 = 24, h2,2= i5, les divers termes qui, avec l'unité, composeront la suite i,P,Q,R,... seront 20 substitutions de la forme Pj^ 3 , 24 substitutions de la forme P5 , i5 substitutions de la forme P2,2- D'ailleurs, en vertu des principes établis dans le § P"^ , celles de ces substi- tutions qui , étant circulaires et du cinquième ordre , c'est-à-dire de la forme P5 , renfermeront seulement les cinq variables jr, z, «, v,w, se réduiront aux puissances Q,Q%Q%Q^ d'une même substitution circulaire Q; et comme on pourra fixer arbitraire- ment la forme des lettres propres à représenter les variables qui devront suc- céder l'une à l'autre, en vertu de la substitution Q, rien n'empêchera d'ad- mettre que ces variables sont précisément On pourra donc supposer (26) Q= {jr, Z,U,V,W). » Soit maintenant R l'une des cinq substitutions qui, étant régulières et du second ordre, c'est-à-dire de la forme P^,-!, n'altéreront pas la valeur de û, et renfermeront quatre des cinq variables j^, z, 11 , v, w. D'après ce qui a été ( M ) dit dans le § I*% on pourra déterminer R à l'aide de l'équation symbolique et si , pour fixer les idées, on veut déduire de la formule (27) celle des substi- tutions R qui ne déplacera ni la variable a?, ni la variable «, on aura ■r=(""'"^^V ou, ce qui revient au même, (a8) R = (jr,w)(z,i.). Ce n'est pas tout: les quinze substitutions régulières du second ordre qui, étant formées avec quatre des six variables X,7, Z, M, V,W, n'altéreront pas la valeur de il, renfermeront trente facteurs circulaires du 'second ordre. Mais les facteurs distincts de cet ordre, qui peuvent être formés avec six variables, sont au nombre de i5 seulement. Donc, puisque la fonc- tion i2 est supposée doublement transitive , c'est-à-dire transitive par rapport à six et à cinq variables , et qu'en conséquence les divers facteurs du second ordre devront tous reparaître le même nombre de fois dans les quinze substi- tutions régulières ci-dessus mentionnées , chacun d'eux devra toujours appar- tenir à deux substitutions distinctes. Gela posé, nommons S et T, celles des substitutions I, P, Q, R,... qui, étant distinctes de R , mais de la forme P, j , renfermeront , la première , le facteur (^, w), et la seconde , le facteur (z, i'). Le dernier facteur circu- laire de S ne pourra être que {oc^u)\ car s'il différait de [pc , m), il renfermerait , avec l'une des variables a-, m, l'une des variables z, v. Or, dans ce cas, le produit RS, qui serait encore l'une des substitutions propres à ne point alté- rer la valeur de iî renfermerait seulement trois des six variables X, y, z, u, V, w; 2.. ( la) et nous avons vu que , dans l'hypothèse admise , chacune des substitutions I , P, Q , R , . . . doit déplacer quatre variables au moins. On aura donc nécessairement (ag) S = {a:,u){j,w). On trouvera de même (3o) T = {x,u){z,v). » D'après ce qui a été dit dans le § 1", pour caractériser une fonction des cinq variables j", z, u, v, w, qui soit intransitive par rapport à quatre d'entre elles , il suffit de dire que cette fonction n'est altérée par aucune des deux substitutions Q = (j, 2, u, V, w), R=(j, w) (2, v). Si l'on veut , de plus , que iî soit une fonction transitive des six variables ^, J, z, u, V, w, alors , comme on vient de le voir , ii devra satisfaire encore à la condition de n'être point altéré par la substitution S = {x u)[jr, w). Réciproquement, si cette dernière condition est remplie, la fonction il, sup- posée déjà transitive par rapport aux cinq variables jr, z^u, v, w, sera encore transitive par rapport k x, jr,z, u, v, w, puisqu'on pourra évi- demment faire passer dans cette fonction une variable quelconque à une place quelconque , en vertu de la substitution S , jointe à l'une des puissances de la substitution Q. Il est donc naturel de penser que, si l'on peut former une fonction transitive de cinq ou six variables, qui soit en même temps intran- sitive par rapport à quatre, on caractérisera cette fonction en disant qu'elle n'est altérée par aucune des trois substitutions Q, R, S. Toutefois, pour que l'existence d'une telle fonction, qui devra offrir seule- ment douze valeurs distinctes, et par suite, soixante valeurs égales, se trouve rigoureusement établie , il est nécessaire de prouver que les dérivées ( i3) des trois subslitutions Q , R , S fournissent un système de soixante substitu- tions conjuguées les unes aux autres. On y parvient en suivant la marche que nous allons indiquer : » D'abord , l'équation (27) pouvant s'écrire comme il suit (3i) - RQ = Q-R, on en conclura , en désignant par heik deux entiers quelconques , (3a) R*Q^ = Q(-')*''R*. Donc les dérivées des substitutions Q, R pourront toutes être présentées ■ sous chacune des formes R*Q'', Q*R*. En d'autres termes, le système des puissances de Q sera permutable avec le système des puissances de R. Donc , par suite , les dérivées des deux substi- tutions Q, R, dont l'une est du cinquième ordre , l'autre du second , seront toutes réductibles à la forme R*Q^ et formeront un système de substitutions conjuguées dont l'ordre sera 2.5 = 10. D'autre part, les trois substitutions forment, avec l'unité, un système de substitutions régulières conjuguées; et, comme deux de ces substitutions donnent toujours pour produit la troisième, en sorte qu'on a , par exemple , (33) RS = T et SR == T, il en résulte que les substitutions R, S sont permutables entre elles, et véri- fient la formule (34) RS = SR. ( M) " Concevons maintenant que, Z étant un entier quelconque, Ton pose (35) S, = Q'SQ-'. Alors on trouvera , non-seulement (36) So = S = {a:,u)(j,w), mais encore (3?) S. = (^,'')(z»j)» S^ = {x,w){u,z), S3i(x,j)(f,M), S, = {x,z)(w,c); et comme, en faisant croître ou décroître / d'un multiple de 5, on tirera toujours de la formule (35) la même valeur de S^, il est clair que S, admettra seulement cinq valeurs distinctes, savoir: (38) 3o=S, S,, Sj, S3, S4. De plus, comme, en vertu des formules (36) et (37), deux substitutions de la forme S;, S^/, quand elles seront distinctes l'une de l'autre, feront passera la place de x deux variables diverses, il en résulte qu'une substitution de la forme déplacera toujours la variable a:, et ne pourra se confondre avec une dérivée des seules substitutions Q et R. Donc, par suite, aux dix valeurs du produit R*Q'' renfermées dans le tableau (3q) f '' ^' ^"' ^'' ^*' I R, RQ, RQ\ RQ', RQ*, correspondront cinquante valeurs du produit R*Q*S„ qui seront, non-seulement distinctes des substitutions (39), mais encore dis- tinctes les unes des autres ; car, si l'on supposait R*Q*S,= R*Q*S^, ( i5 ) on eu conclurait Q-*'R-*'R*Q"= SifSr', et cette dernière équation ne pouvant être vérifiée , dans le cas où S/ , S/ seraient deux substitutions distinctes, entraînerait la formule Sf = S/. Donc à deux valeurs distinctes de S; correspondront toujours deux valeurs distinctes du produit et si l'on multiplie successivement chacune des six substitutions (4o) I , So , s, , Sj , S3 , s, par les dix termes du tableau (Sg), on obtiendra soixante substitutions dis- tinctes les unes des autres , dont chacune se présentera sous l'une des deux formes (4i) R*Q*, R*Q^S,. Il reste à faire voir que ces soixante substitutions composent le système en- tier des substitutions dérivées de Q, R et S; ou, ce qui revient au même, qu'une dérivée quelconque des substitutions Q, R , S est toujours réductible à l'une des formes (4i). » Or, en premier lieu, on tire de la formule (35), jointe aux équations (Sa) et (34), non-seulement (4^) S,,, = Q*S,Q-", et, par suite, (43) Q*S, = S,,,Q*, mais encore (44) RS, = S_,R, RQ^S, = S_,^„RQ", et généralement , (45) R*Q*S, = S,_,,V;„R*Q^ • t ( »6) D'ailleurs , de la formule (45) il résulte immédiatement que , si l'on nomme ^ l'une quelconque des substitutions (Sg) , et s l'une quelconque des substitu- tions (4o) , tout produit de la forme :^s sera en même temps de la forme §^ , les valeurs de ^ et de s pouvant varier dans le passage d'une forme à l'autre. » En second lieu , une dérivée quelconque T des substitutions Q , R , S , pourra toujours être considérée comme le produit de plusieurs facteurs, dont les uns sej'aient de la forme ^, les autres de la forme s; et, dans un sem- blable produit, deux facteurs consécutifs ^ ^' de la première forme pour- ront toujours être réduits à un seul facteur ^' de cette forme , puisque la substitution ^^ représentera encore une dérivée des substitutions Q et R. Donc , puisqu ou pourra aussi échanger entre eux deux facteurs consé- cutifs, dont l'un serait de la forme ^, l'autre de la forme S, en modifiant convenablement leurs valeurs, on pourra toujours, à l'aide de réductions et d'échanges successivement effectués , ramener la substitution T à la forme ^s, c'est-à-dire à l'une des formes (40' ^^■> ^° désignant par S, s', deux des substitutions (4o), on peut toujours réduire le produit s s' à la forme ^S^, et, par suite, à la forme ^s. Il y a plus : comme on tire généralement de l'équation (35) (46) S^S, =,Q'S,_,SQ-', il est clair que la substitution T sera effectivement réductible à l'une des formes (4i), si Ion peut réduire tout produit de la forme à la forme ^§ , ou , ce qui revient au même , à la forme S^. D'ailleurs , si l'on supposait Z r= o, on aurait §/§ = §'= I, et, par suite, §,s serait effectivement de la forme 8^, s et pétant réduits alors à l'unité. Donc, pour constater l'existence de la fonction de six va- riables qui , étant doublement transitive , offre trois valeurs distinctes , il suffit de prouver que, / étant l'un quelconque des nombres entiers I , a , 3 , 4 7 on peut toujours vérifier la formule (47) S, S = s^, en prenant pour s une des substitutions (38), et pour ^ l'une des substitu- tions (39). f • ( '7) " La question, ramenée à ce point, peut être facilement résolue. Pour en obtenir la solution, je commencerai par obsei'ver que, S étant une substitution régulière du second ordre, on aura Donc l'équation (47) pourra être présentée sous la forme (48) sS,S=>^. Or, la substitution ^ étant une dérivée des substitutions Q et R, par conséquent l'une des substitutions qui laissent x immobile, il est clair que, si Ton peut satisfaire à l'équation (48) , ce sera uniquement en prenant pour 5 celle des substitutions (4o) qui échangera x contre la variable transportée à la place de x par la substitution S;S. Gela posé, comme aux valeurs I, 2, 3, 4 du nombre /, répondront des valeurs de S; S représentées par les substitu- tions [x, U, V) (jr, W, Z), (x, Z, M, W,j), (x , l>, U,jr,.w), {x , U, z) [f, V, w\ qui font respectivement succéder à x les variables M, z, V, u, il est clair qu'à ces mêmes valeurs de / devront correspondre des valeurs de S représentées par les substitutions a, bf. S,, S, qui ramènent j: à la place des variables M, z, f, u. Donc, la seule question à résoudre sera de savoir si chacun des quatre pro- duits OO4O , O^OgO , O^OjO , 0O4O se réduit à une dérivée des substitutions Q et R. Or, une telle réduction a effectivement lieu pour chacun des deux produits S4S2S, 8,838. Car on C. E., 1846, i" Semestre. (ï. XXII, N» I.) 3 ( i8) trouve immédiatement (49) S,S^S=(f,z,u,v,w) = Q, S,S^S=(f,w,v,u,z) = Q-*. Quant aux deux produits qui peuvent encore être présentés sous les formes et qui sont, en conséquence, équivalents aux deux substitutions (u,v){z,w), («,z)(j, (;), ils ne sont certainement pas de la forme Q*; mais ils seront de la forme RQ*, si le produit de chacun d'eux par R se réduit à une puissance de Q. Or, comme on trouve effectivement RSS,S = (j, w, V, u, z) = Q~\ RSS4S= (j, z, u, v, w) = Q, on en conclura (50) SS,S = RQ-' =QR, SS,S = RQ = Q-' R. Donc, en définitive, chacun des produits se réduit à une dérivée des substitutions Q, R; et, par suite, on peut, avec six variables indépendantes x,j, s, u, V, w, composer des fonctions qui, étant doublement transitives, offrent douze va- leurs distinctes. Ajoutons que, pour caractériser une telle fonction, il suffît de dire qu'elle n'est altérée par aucune des trois substitutions Q = (jr, z,«, t., w), l\—{j,w)(z,v), S = {x,u){f,w). Il y a plus : comme on tire des formules (5o) R = SS, SQ = Q-' SS, S ^ QSS, S = SS, SQ-', ( -9) et de cette dernière, jointe à l'équation (35), R =SQSQ-'SQ = Q-*SQSQ-S ^ '^ - I =QSQ-'SQS = SQ-'SQSQ-«, le système des dérivées des trois substitutions Q, R, S se confondra évidemment avec le système des dérivées des deux substitutions Q et S. En conséquence, on pourra énoncer la proposition suivante : » Théorème. Avec six variables indépendantes 3C , j, z. M, 1', tv, on peut toujours composer des fonctions, doublement transitives, qui offrent douze valeurs distinctes ; et pour caractériser une telle fonction , il suffit de dire que sa valeur n'est pas altérée par les dérivées des deux substitutions Q = (j, z, «, f, w), S = (j:, m)(7, w). >i En terminant ce paragraphe, nous observerons que la formule (5 1), combinée avec les équations (33), donne simplement [Si) T = QSQ- SQ = Q- SQSQ-', et que des deux formules T = QSQ- • SQ , T = SQ-' QSQ-' , fournies par l'équation (Sa), la première entraîne la seconde, attendu que, T étant une substitution du second ordre , on a Observons aussi que des deux formules (49) , la première, jointe à la for- mule (35), entraîne l'équation SS3S, = 8,838, = QS,8,SQ- =: Q, ( 20 ) et par suite l'équation 8,838 = Q-', qui coïncide précisément avec la seconde des formules (49). § IV. — Sur les fonctions qui sont tout h la fois transitives par rapport à six variables indépendantes, et par rapport à cinq ou à quatre de ces variables. n Conservons les mêmes notations que dans le § lïl; mais concevons que la tonction i2, déjà supposée transitive par rapport à six et à cinq variables, soit encore transitive par rapport à quatre. Alors, d'après ce qui a été dit dans le § II, le nombre m des valeurs distinctes de Q, devra se réduire à l'un des entiers I, 2,6. D'ailleurs , on pourra effectivement supposer m =: 1 ou /ra = 2 , puisque avec un nombre quelconque de variables , on peut toujours former des fonctions symétriques , et des fonctions dont chacune offre seulement deux valeurs distinctes. Il reste à voir si l'on pourra aussi supposer m = 6, et par suite M = V- = 120. » Observons d'abord qu'en vertu des principes établis dans le § II, la fonction il sera toujours altérée par toute substitution qui déplacera seule- ment deux ou trois variables, si l'on a m := 6, et que, dans cette même hy- pothèse, certaines substitutions circulaires du quatrième ordre déplaceront quatre variables sans altérer iî. Il en résulte qu'on aura Zîj = o, ha = o, A4 > o, et même puisqu'une substitution de la forme P4 aura toujours pour carré une autre substitution de la forme Pj, , • Par suite aussi , les formules (7) , (8) , (9) , ( i o) du ( 21 ) ^ III continueront de subsister, quand on y posera m = 6, en sorte qu'on aura (i) A4 = i5kt, 2^2,2 = i5A-2,2, hi = 2^kr^, (2) hi=ioki, 3^3,3 = 20^3,3, 2^2,2,2 = 5/1:2,2,25 A*. 2= '5^4,2, (3) 2A-4 4- Â:2,2 = 6, A-, = I, (4) ~ 24A6+ 8A3,3 + 3^2,2,2 + l8A4,2= 60. En vertu de la seconde des formules (i), ^2,2 devra être un nombre pair. De plus, A4 , et par suite A4 devront encore être des nombres pairs , puisque toute substitution de la forme P., a pour inverse une autre substitution de la même forme. Enfin , les conditions A4 > 0, A3, 2 > o entraîneront les suivantes : >f4>0, A2.2>0. Gela posé , il est clair qu'on ne pourra satisfaire à la première des formules (3) qu'en supposant (5) "^4 = 2, A:2,2 = 2; et, que de ces dernières formules, jointes aux équations (i), (2), (3), ou tirera (6) A4 = 3o, A2,2 = i5, A5 = 24. Gomme d'ailleurs toute substitution de la forme P« a non-seulement pour cube une autre substitution de même forme , mais aussi pour carré une sub- stitution de la forme Pj.a , les formules (6) prouvent évidemment que les sub- stitutions qui , sans altérer Ù , déplaceront quatre ou cinq variables , se ré- duiront aux puissances de quinze substitutions circulaires du quatrième ordre, et de six substitutions circulaires du cinquième ordre. Du reste, cette cou- clusion et les formules (6) elles-mêmes pourraient encore se déduire des principes que nous avons établis dans le § II. ') Passons maintenant aux formules (2) et (4). Après avoir démontré, ( " ) comme dans le § IIl, que Ion a nécessairement: /(g.j > o; et, par suite, ^.,,3 > o, on conclura de la seconde des formules (2) que ^33 est divisible par 3. D'ail- leurs, m étant égal à 6, le nombre Aj, ne pourrait atteindre la limite 6 que dans le cas où ù ne serait jamais altéré par aucune substitution de la forme p3,3, ou, ce qui revient au même, par aucune substitution de la forme * 3 " 3 > P3 , P'a étant deux substitutions circulaires du troisième ordre, formées avec des variables distinctes ; et cette dernière hypothèse est évidemment inad- missible. Car, si elle pouvait se réaliser, alors fl, n'étant altéré par aucune des deux substitutions de même forme * 3 •■ 3 5 * 3 " 3 1 ne serait pas non plus altéré par leur produit p2. * 3' c est-à-dire par une substitution circulaire du troisième ordre; ce qui serait contraire à l'équation ^3 = o précédemment obtenue. Donc A3 3 devra être un multiple de 3, supérieur à zéro, mais inférieur à 6, et l'on aura nécessairement (7) ^"3.3 =3, /fa. 3 20. Cela posé, la formule (4' donnera 24 A» -I- 3Aj,2.a + 18^4,2 = 36, ou, ce qui revient au même, (8) %ks 4- k^,-t,i + 6A^, 12. D'autre part, le nombre A, j devra nécessairement s'évanouir. Car, s'il ne se réduisait pas à zéro, alors, parmi les substitutions qui n'altéreraient pas 12, ( ^3) ou troiiveiait une substitution de la forme P,,2, ou, ce qui revient au même, de la forme P.P., P., , Fg étant deux substitutions circulaires et permutables entre elles, l'une du quatrième ordre, l'autre du second. Alors aussi D ne serait pas altéré par le carré PI de la substitution P4P2. Donc, en vertu de ce qui a été dit plus haut, il ne serait pas non plus altéré par les substitutions circulaires du quatrième ordre P. et P7, dont les carrés se réduisent à P^, m même par la substitution Po , équivalente au produit de P^P^ par P^'; ce qui serait contraire à la formule précédem- ment établie Aj = o. On aura donc encore hi,» = o, ^,.2 = 0; en sorte que la formule (8) pouri'a être réduite à (9) ^ 8A-6 + A;2,2,2 =12- Ce n'est pas tout : comme le nombre Aij.a.a ne peut surpasser le nombre /« = ti, on ne pourra , dans la formule (9), réduire kg à zéro. Donc, pour vérifier cette formule, il faudra nécessairement supposer A'e = 1 , "-'2,2,2 ^ 4 j et par suite , eu égard aux foi'mules (2) , (10) Ae=ao, ^2,2,1,= 10. » Ainsi , en définitive , si la fonction 12, étant transitive par rapport à six , à cinq et même à quatre variables, offre six valeurs distinctes, les substitu- tions (11) I, P, Q,R,..., qui n'altéreront pas la valeur de iî , seront toutes , hormis celle qui se réduit (^4) à l'unité , de l'une des formes "« ) "3,35 "2,2,2» "sf "ai "a,a > et comme on aura /■ A, = 20, ^3,3 = 20, Â2.2,j=IO, (la) ■ / ^5 = 24, ^^ A^ = 3o, ^2,2^= 1^5 les divers termes qui, avec l'unité , composeront la suite seront 20 substitutions de te forme Pj , ao substitutions de la forme Pj,,, 10 substitutions de la forme Pj.j, 24 substitutions de la forme Pj , 3o substitutions de la forme P< , 1 5 substitutions de la forme Pj^. D'ailleurs, toute substitution de la forme Pg a non-seulement pour cin- quième puissance une autre substitution de même forme , mais aussi pour carré et pour quatrième puissance , deux substitutions de la forme P, 3 , et pour cube, une seule substitution de la forme P2,2,2. Or, de cette remarque, jointe à celles que nous avons déjà faites, il résulte évidemment que, dans l'hvpothèse admise , les termes de la série (i i) se réduiront aux diverses puis- sances de dix substitutions circulaires du sixième ordre, de six substitutions circulaires du cinquième ordre, et de quinze substitutions circulaires du quatrième ordre. ^ >' Concevons à présent que , pour abréger, l'on nomme P, Q, R trois substitutions circulaires prises parmi celles qui n'altèrent pas la valeur de ii , la substitution P étant du sixième ordre , Q du cinquième ordre , et R du quatrième seulement. Comme on pourra disposer arbitrairement de la forme des lettres propres à représenter les variables qui devront succéder Tune à (a5) Vautre , en vertu de la substitution P, rien^n'empéchera d'admettre que ces variables soient respectivement .r, j, z, M, V, w. On pourra donc supposer (i3) P = {x, J, z, «, V, w). D'ailleurs , m étant éfjal à 6, si l'on nomme (i4) I, «, ^, ^,... les substitutions conjuguées qui n'altéreront pas Q. considéré comme fonction des seules variables jr, z, M, f, w, le nombre des substitutions f , ^ , ^, M.,..., représenté par le rapport 1.2.3.4-5 I20 ^ —pr- = 20, sera précisément égal au nombre h^ des substitutions (i5) P, F, P",... qui, étant de la forme Pg, c'est-à-dire circulaires et du sixième ordre, n'al- téreront pas la valeur de Q. considéré comme fonction de x,jr, z,u, v, w. Donc, en vertu d'un théorème établi dans la séance du i5 décembre (page 1293), les substitutions '» ^5 %■> -^5 ' • • seront celles que l'on déduit des expressions symboliques Q' Ç)' (D lorsque, après avoir exprimé chacune des substitutions P, P', P",... À l'aide des diverses variables placées à la suite les unes des autres , en assi- C. R. , 1846, 1*1 Semestre. (T. XXII, N» |.) 4 ( ^6) gnant toujours la première place à la variable x , on réduit P, P', P",. . à de simples arrangements. Donc, puisque la série (i5) renfermera néces- sairement le terme P~', un des termes de la série (i4), représenté par l'ex- pression symbolique se réduira simplement à \xyzuvw I ^-^ / V ' / ' et par conséquent 0, considéré comme fonction des quatre variables J, Z, V, w, ne sera point altéré parla substitution régulière du second ordre ( j, w) (z, f). Mais , comme on l'a vu , toute substitution régulière du second ordre qui n'altérera pas û, devra être le carré d'une substitution R circulaire et du quatrième ordre, comprise elle-même dans la série (ii). On pourra donc supposer (i6) R^ =(j, xv)(z, t»). D'ailleurs, des deux substitutions (j, z, w, v), {f, V, w, z), qui représentent les deux valeurs de R fournies par l'équation (16), lune étant le cube de l'autre , l'une et l'autre devront faire partie de la suite (11). On pourra donc prendre pour R l'une qîielconque d'entre elles, et supposer, par exemple , (17) R= (j, z, w, v). ji II sera maintenant facile, non-seulement de trouver une substitution Q du cinquième ordre qui soit luie dérivée des substitutions Q et R , mais ( ^7 ) encore de constater l'existence de la fonction transitive de six variables qui offre six valeurs distinctes. On y parviendra en effet , très-simplement , à l'aide des principes établis dans la séance du 8 décembre, ainsi que nous allons le faire voir. " Les cinq puissances de P, distinctes de l'unité, savoir f = {.r, j, z, u, v, cp), F, F, P% P», font succéder respectivement à la variable x les cinq variables j, z, u, V, w, auxquelles succéderaient, en vertu de la substitution R = (jr, z, w, v), les variables z, w» ", J, v; et , comme ces dernières succéderaient elles-mêmes à x, en vertu des sub- stitutions P^ P^ P». P, P«, il en résulte que, si l'on pose (i8) RP = P=S, Rl»*=P'T, RP' = P='U, RP*=PV, RP==P*W, chacune des substitutions (19) ' S, T, U, V, W laissera la variable x immobile. Effectivement, les valeurs de ces dernières substitutions, déterminées par les équations (18), ou, ce qui revient au même , par les suivantes (20) S=:P'RP, T = PRP% U = P»RP^ V = P5RP% W = P^RP% seront respectivement (21) ( J, M, tv, V, z), ( J, v) {u, w), ( J, V, W, z), (7, U){Z, w), (j, z, i', w, u). D'ailleurs, chacune des substitutions S, T, U, V, W, étant une dérivée de R et de P, n'altérera pas i2. On pourra prendre pour Q l'une des substitu- 4.. (^8 ) lions du cinquième ordre S = (jr, u, w, P, z), w =(jr, z, V, w, u) qui sont inverses l'une de l'autre. Si, pour fixer les idées , on pose Q = (jj u, w, V, z), ou , ce qui revient au même , (22) Q = (z, jr, u, w, v) = P*RP, on aura (23) S=Q, W = Q-. Ajoutons que la substitution U-= (jr, V, w, z) sera évidemment l'inverse de la substitution R = ( J, 2 , w » »*) , de sorte qu'on aura encore (24) U = R-'. Ainsi, les trois substitutions s,u,w seront trois dérivées des substitutions Q et R. )' D'autre part, s'il existe réellement une fonction iï Ae x , y , z , u , v ,w ,^ qui soit doublement transitive et offre six valeurs distinctes , alors, en vertu des principes établis dans le § III , les vin^jt substitutions qui n'altéreront pas il considéré comme fonction des cinq variables J, z, M, V, W, devront se réduire aux dérivées des deux substitutions Q= (z,jr,M,w, p), •R = (jr, z, w, p), dont l'une est du cinquième ordre , et dont l'autre , étant du quatrième ordre^ (^9 ) vérifie les équations symboliques B=(^-), B.= (^), B.= Q. Donc alors , les substitutions T et V devront être , aussi bien que S, V , W, des dérivées de Q et de R. » Réciproquement, si T et V se réduisent à des dérivées de Q et de R, alors le système des substitutions S, T, U, V, R et de leurs dérivées, étant réduit au système des dérivées de Q et R , sera du vingtième ordre ; et , par suite , en vertu des principes établis dans la séance du 8 décembre {voir le 2* théorème de la page laSi ) , les dérivées diverses des deux substitutions P et R formeront un système dont l'ordre sera repré- senté par le produit 6.aD = rao. Donc alors la fonction il de a:,^, z, u, v, w, qui ne sera point altérée par les substitutions P, R, offrira cent vingt valeurs égales et six valeurs distinctes. )i Donc , en définitive , la seule question à résoudre est de savoir si les deux substitutions T = (J» '')(«."')' V = (j,h)(2,w') se réduisent à des dérivées des substitutions Q et R. >! Or, comme des cinq variables w et ^ sont celles qui prennent la place de m , en vertu des substitutions T et V, il est clair que , pour obtenir à la place de T et V deux substitutions qui laissent immobile la variable u, il suffira de multiplier T et V par les deux puissanc«s de Q qui font succéder«à wetà ^, c'est-à-dire parQ"' etQ. Donc les substitutions Q-'T, QV renfermeront seulement les quatre variables ( 3o ) et chacune d'elles ne pourra être dérivée de Q et R , que dans le cas où eUe deviendra une puissance de R. Donc la question est de savoir si Q-^T, QV se réduisent à des puissances de R. Or, cette réduction a effectivement lieu ; car on trouve Q- T = ( j, w) {z, ^) = R^ QV = (j, w) [z, ^) = RS et par suite (aS) T = QRS V = Q-'R». Donc T, V seront, aussi bien que S, u, w, des dérivées de Q, R , ou même, eu égard à la formule (22), des dérivées de P, R ; et l'on peut énoncer la proposition suivante : " Théorème. Avec six variables indépendantes jc, y , z, M, V, W, on peut toujours composer des fonctions, triplement transitives, qui offrent seulement six valeurs distinctes. D'ailleurs, pour caractériser une telle fonc- tion , il suffit de dire que sa valeur n'est pas altérée par les dérivées des trois substitutions circulaires P = (x, _/, z. M, V, w\ Q = (Z,J, M, V, w), R — ( j, z, w, i^), ou, ce qui revient au même, par les dérivées des deux substitutions P et Q ou P et R; attendu que les deux substitutions Q, R sont liées l'une à l'autre et à la substitution P par la formule Q = P*RP, de laquelle on tire RP = P*Q et R = P2QP^ » M. Hermite , dans les recherches que nous avons mentionnées , avait déjà rencontré des fonctions transitives de six variables , qui offraient six ( 3. ) valeurs distinctes. Désirant comparer le résultat qu'il avait obtenu avec celui que je trouvais moi-même , je lui ai demandé comment il s'y prenait pour construire de telles fonctions; sa réponse a été la règle que je vais transcrire. « Pour obtenir une fonction de six variables indépendantes a, g, 7, (?, s, Ç qui, sans être symétrique par rapport à cinq d'entre elles, offre dix valeurs distinctes , prenez une fonction symétrique s des trois quantités f(ct, g), f(7,Ç), Hâ,e), la fonction f(j7,j') étant elle-même symétrique par rapport à jc ety; puis appliquez à la fonction s la substitution circulaire (a, g, 7, â, £, Ç) et ses puissances. Vous obtiendrez cinq valeurs distinctes s, A',, .S'j) .^3» S^ de .y; et, si vous nommez Q, = F{s,s„S2,S3, s,) une fonction symétrique des cinq valeurs distinctes de s, il sera effectivement une fonction qui, sans être symétrique par rapport à cinq des variables indé- pendantes a, g, 7, a question est donc ramenée à l'intégration des équations (i). Suppo- sons que nous y décomposions la fonction perturbatrice R en deux parties R, et Rj, en sorte qu'on ait R = R( 4- Rj ; si l'on peut intégrer les équations (i), en y remplaçant R par R, , et que dans cette intégration on prenne pour constantes arbitraires les valeurs initiales TjojGq, Ho, /q, go, ho des variables L, G, H,Z,g, h, on sait, d'après la théorie de la variation des constantes arbitraires , telle qu'elle a été donnée par M. Gauchy, que les mêmes intégrales seront les valeurs de L , G , H , . . . , satisfaisant aux équations (i), dans lesquelles R aura sa valeur complète, pourvu qu'on détermine Lq , Gg, Ho, . . ., par les équations rfL, dR, dt ~ du ' dh _ dt rfR, dU' dG, dR, dt dg, ' dt ^R, dt ~ dh, ' dh, __ Tt ~~ du. 1 H résulte de là que si l'on peut intégrer les équations (i), en mettant à la place de R une portion seulement R, de cette fonction, l'intégration de ces équations sera ramenée à celle d'équations de même forme, dans lesquelles R sera diminué de cette portion R< qu'on avait prise seule tout d'abord. De même, si les nouvelles équations peuvent être intégrées en y remplaçant la nouvelle valeur de R par une portion seulement de celte nouvelle valeur, l'intégration sera ramenée à celle d'équations encore de même forme, dans lesquelles R sera encore diminué de la portion qui vient d'être prise seule. » On conçoit maintenant qu'en répétant un nombre suffisant de fois ces intégrations successives, on épuisera toutes les parties de R qui peuvent donner des résultats sensibles, et qu'on aura ainsi les valeurs de L, G,H,/,g,A, qui satisfont aux équations (i) avec autant d'exactitude qu'on voudra. » Il est bon de remarquer que les intégrations successives que suppose cette méthode ne doivent pas nécessairement être effectuées sous forme finie, mais qu'il suffit que les intégrales soient développées en séries. " TiCS constantes du mouvement elliptique qui conduisent à des équations ( 35 ) différeutieHes de la forme des équations (j) ne sont pas les seules qui per- mettent d'appliquer la méthode d'approximations successives que je viens d'indiquer : en adoptant tout autre système de constantes, on pourrait appli- quer la même méthode, quoique les équations différentielles soient sous une forme moins simple,et l'on démontre facilement qu'à chaquenouvelle approxi- mation , on a toujours à intégrer des équations de même forme que celles qu'on avait au commencement. Mais il me semble plus commode d'employer les constantes définies précédemment. " Supposons qu'après avoir remplacé , dans la fonction perturbatrice R , les coordonnées de la Lune par leurs valeurs déduites des formules du mouve- ment elliptique, on ait développé R en série de cosinus des multiples des angles nt-}-l,g,h et n't + l'\n étant le moyen mouvement de la Lune, et n' , V étant les quantités analogues à n, Z, relatives au Soleil. On aura ainsi R =F+2Acos[/(n« + Z) + i'g+ i" h + i'" {n'I-^l')], la somme 1 s'étendant à tous les systèmes de valeurs de i,i\ i", i"\ qui donnent à A une valeur suffisamment grande , pour qu'il en résulte des inégalités sen- sibles. " Prenons d'abord dans cette valeur de R le premier terme F qui est in- dépendant de nf 4- /, g: , A , et n't 4- /' , et nous aurons à intégrer, pour une première approximation, les équations rfL _ dl _ dV dG _ dt"~^' 7t~~dî.'' ~dt~^^' ''■S _ dF dH d/i _ d¥ dt - dG' 57="' 'di~ dn « Ces équations montrent d'abord que , dans cette première approxima- rfF dF dF dh dG du' tion , L, G et H sont constants ; et , comme il en résulte que ^r-? -r^ ? -rr, sont des constantes que je nommerai — /, , — g, , — A, , on aura l=lo+lit, g = go + g,t, h = ho -h h, t. Nous devrons donc , après cette première approximation, remplacer dans R, diminué de F, les angles l, g, h par 1+ l^t, g -h g,t , h -h h, t ; et les nouvelles valeurs de F, G , H, Z, g, â seront déterminées par les équa- tions (i), dans lesquelles R ne représentera plus que la somme des termes périodiques lAcos[i{nt -i-l+l,t) + i'{g +g, l) + i"(k-hh, t) + i'" [n't +/')]■ 5. . (36) On conçoit que chaque fois que, dans les approximations successives, on trouvera dans R un terme indépendant des angles , on s'en débarrassera tout aussi facilement qu'on vient de le faire pour le terme F. n Pour faire une seconde approximation, on prendra, dans la nouvelle valeur de R , un seul terme périodique A cos[i{nt -\-l + l,t)-^- i' {g + g, 0 + *"(^ + h,t) -i- i'" {n't + /')] ; et si l'on nomme R, ce terme , on aura à intégrer les équations rfL _ dR, dl _ rfR, lîî ~~ HT' dt~~ rfL ' etc. Dans les valeurs Ae -r ■> -j- ■> -j- ■> \e temps t se trouvera en dehors du signe sinus, puisque n, It, g, et h, sont fonctions de L, G, H; mais j'ai reconnu qu'on pouvait facilement le faire disparaître. J'ai trouvé, en outre, que les six équations précédentes s'intègrent complètement; mais au lieu de prendre les intégrales sous forme finie , il vaudra mieux développer les valeurs de Ij, G, tl, nt-h l-h lit, g -h g, t, h-^-kft en séries de sinus et de cosinus d'angles croissant proportionnellement au temps, ce qu'on pourra faire par la méthode des coefficients indéterminés. Aucun des coefficients des termes périodiques contenus dans ces valeurs ne renfermera le temps. Dans le calcul dont je parle , il sera très-facile de tenir compte de toutes les puis- sances de la force perturbatrice qui donnent des termes sensibles, parce que les équations à intégrer sont simples, et qu'on n'aura pas besoin d'a- voir, dans les valeurs des inconnues, un grand nombre de termes. .. Cette seconde approximation étant effectuée, on substituera les valeurs de L,G,H, nt + l -h l, t , g -+- g^t, h-{- h,t, dans le reste de R ; on prendra ensuite un terme de ce reste , sur lequel on opérera comme précé- demment, et ainsi de suite. » Outre l'uniformité que présenteront les calculs effectués dans les ap- proximations successives, on voit que, si chaque fois on prend dans R le terme le plus considérable, les calculs se simplifieront à mesure qu'on avan- cera, puisque les termes de R dont on s'occupera allant en diminuant con- stamment, les valeurs de L, G, H, /, g, A devront renfermer de moins en moins de termes. » J'ajouterai, en terminant, que j'ai déjà entrepris de refaire la théorie (37 ) de la Lune d'après la méthode expliquée dans ce Mémoire; mais les calculs sont loin d'être achevés. Aussitôt que je serai arrivé aux résultats définitifs, je m'empresserai de les communiquer à l'Académie. » ANATOMIE COMPARÉE. — Examen aiiatomique du Gastrochène de la Méditerranée (Gastrochœna dubia); par M. Deshayes. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée pour un Mémoire du même auteur sur la Clavagelle.) « L'animal qui fait l'objet du Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie est un petit Mollusque perforateur, appartenant à la famille des Tubicolésde Lamarck,et qui, depuis Spengler,est connu sons le nom de Gastrochène ; M. Délie Ghiaje, dans les dernières plan- ches, encore sans texte,de ses Invertébrés de Naples, et M. Cailliaud, dans un petit Mémoire spécial que l'on trouve dans le Magasin de Zoologie de iS/'c'i, sont les seuls naturalistes qui aient donné la figure de l'animal de grandeur naturelle ; mais ils n'y ont joint aucun des détails propres à faire saisir les rapports naturels de ce genre. Je dois à l'obligeance de M. Cailliaud d'avoir pu combler cette lacune ; car, pendant mon séjour en Algérie, j'avais bien rencontré des coquilles mortes dans les calcaires sableux de l'île Rachegoun, mais je n'avais pu recueillir un seul individu vivant. » Il résulte de mes observations, que le Mollusque du Gastrochène a beau- coup plus de ressemblance avec celui de l'Arrosoir qu'avec celui des Clava- gelles. Sa masse abdominale, très-saillante dans le manteau, porte en avant un très-petit pied , fendu à la base et pourvu d'un byssus attaché à un crypte circulaire. Une des particularités les plus remarquables consiste en ce que le& muscles rétracteurs du pied, au lieu de s'épanouir sur la surface extérieure de la masse abdominale pour faire une enveloppe solide à tous les organes qu'elle contient, passent au milieu d'elle, se rendent directement à la co- quille, en laissant en dehors, et comme une sorte de hernie , l'ovaire presque tout entier. » De tous les faits que j'ai découverts dans la structure du Gastrochène, celui qui m'a le plus étonné et qui, en effet, était le plus inattendu, consiste en deux organes spéciaux, compris dans la paroi intérieure du manteau et suivant en dedans le contour du bâillement extérieur des valves. L'un de ces organes, jaunâtre, étroit, part de la base des palpes externes et occupe le tiers environ de la longueur du manteau. L'autre organe est en connexion ( 38 ) avec celui-ci et il semble en être la continuation, mais tous deux sont sépa- rés par une ligne nette et profonde. Ce second organe est beaucoup plus gros que le premier; il est irrégulièrement boursouflé par une matière muqueuse très-abondante ; il descend d'avant en arrière jusqu'à l'entrée de la cavité des siphons, traverse le muscle rétracteur de ces organes, et son extrémité postérieure vient aboutir dans la partie la plus profonde de la cavité palléale, au-dessus du siphon anal, là où sont obligés de passer les œufs au moment de la ponte. » Te ferai voir dans d'autres Mémoires qu'il existe, chez un très-grand nombre de Mollusques acéphales , un organe spécial placé dans la profon- deur des crochets , et que cet organe a des connexions constantes avec les branchies. Dans le temps de la ponte, il est turgescent, rempli d'une ma- tière blanche et muqueuse. Cet organe manque complètement au Gastro- chène, et je soupçonne qu'il a été déplacé dans l'animal dont il s'agit et transporté dans une partie du manteau, oîi il ne se montre pas habituelle- ment. On le devine, cet organe a pour fonction de fournir aux œufs, pen- dant leur incubation , la matière muqueuse nécessaire à leur dernier terme de développement. Quoique j aie trouvé des œufs mûrs plein les ovaires , il n'en existait pas un seul dans les branchies; ce qui me ferait soupçon nei- que l'incubation branchiale n'a pas lieu et qu'elle est remplacée par un séjour plus ou moins long des œufs, dans cette cavité profonde du manteau où aboutissent les organes de la mucosité. >> Quant aux organes antérieurs, je leur attribue une autre fonction, celle de sécréter la liqueur corrosive à l'aide de laquelle l'animal augmente sans cesse la cavité qu'il habite dans la pierre calcaire, de telle sorte que cette cavité est ainsi maintenue dans de justes proportions avec son propre déve- loppement. » PHYSIOLOGIE. — Observations sur l'existence d'une substance ternaire identique avec la cellulose dans toute une classe d'animaux sans ver- tèbres, les Tuniciers. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Milne Edwards par MM. C. Loewig et A. Koelliker.) (Commissaires, MM. Dumas, Milne Edwards, Payen, Boussingault.) " L'existence d'une substance ternaire, voisine de la cellulose, ayant été .signalée, l'année dernière, par M. Schmidt chez la Phallusia mamillaris et la Prustulia salina, Ehr. , nous entreprîmes des recherches chimiques et mi- croscopiques dans le but de décider d'une manière positive s'il y a en vérité , ( 39 ) dans le règue animal, une substance manquant d'azote analogue à la cellu- lose (C,2H2oO,o), et dans le cas où une pareille substance se trouverait, de savoir quelle est la structure élémentaire des parties formées par elle. » i". Chez tous les animaux de la classe des Tuniciers qui ont été à notre disposition , savoir : Phallusia mamillaris , Phallusia intestinalis , Phallusia monachus , Cynthia papillata , Clavellina lepadiformis , Diazona violacea , Botryllus polycyclus , Pyrosoma giganteum, Salpa maxima , une très-grande partie du corps est composée 6! une substance parfaitement insoluble dans une solution de potasse concentrée. Cette substance forme, chez les Ascidies simples et agrégées, la couche extérieure du cartilage {^Cla- vellina, Phallusia) ou du cuir (Cjnthia); chez les Ascidies composées, la masse gélatineuse, dans laquelle les groupes d'individus sont logés; et chez les Salpa, toute l'enveloppe extérieure plus ou moins résistante, dans laquelle sont contenus les muscles, les viscères, les nerfs, etc. Il résulte de ce fait que si l'un de ces animaux est traité avec la solution de potasse, il garde sa terme extérieure et ses contours nets , quand même tous les muscles , vis- cères, nerfs, etc., se dissolvent, de manière que des Salpa, Pjrosoma, Bo- tryllus, Phallusia montrent , même après une digestion de plus de cinq jours avec l'alcali, toutes leurs rugosités, bosselures et angles, et conservent en apparence le même aspect qu'ils avaient primitivement. Seulement il est à remarquer que , chez les Cynthia, la substance en question, ayant été privée auparavant de ces nombreux dépôts calcaires, se montre plus flexible et d'une couleur blanche ; tandis que, chez tous les autres Tuniciers mentionnés, elle acquiert, en raison de ce que certaines parties sont extraites de la solution alcaline, une transparence presque parfaite. » a". Cette substance, insoluble dans l'alcali, manque complètement d'azote, comme nous nous en sommes convaincus en la chauffant après l'avoir séchée dans un tube avec un mélange de chaux et de soude {Phallusia, Cynthia), ou avec de l'hydrate de potasse {Phallusia, Cynthia, Salpa, Cla- vellina, Diazona, Botryllus, Pyrosoma). Nous remarquons, pour ceux qui voudraient vérifier ce fait, que pour réussir dans cette expérience il est né- cessaire de découper les enveloppes en question en de très-petits morceaux (4o) avant de les traiter avec la solution alcaline; sans cela, certaines parties azo- tées , qui sont mêlées à la substance manquant d'azote , ne seraient pas ex- traites et induiraient immanquablement l'observateur en erreur. Deux analyses élémentaires, entreprises, l'uneavec o^^Sgi de l'enveloppe extérieure de la Phallusia inamillaris , préparée , comme il a été dit , après que les parties calcaires en furent extraites par de l'acide muriatique, etséchée,et l'autre avec o^^iSo de celle de la Cjnthia papillata, nous ont donné les chiffres suivants : " {a) loo parties de la substance ternaire contenue dans l'enveloppe de la Phallusia renfermaient : c 43,40 H 5,68 0 5i,32 » ib) ï 00 parties de la substance ternaire de l'enveloppe de la Cjnihia papillata contenaient : C 4^520 H 6,16 0 5o,64 " Gomme ces chiffres correspondent exactement à ceux trouvés pour la cellulose, qui, de même, est insoluble dans une solution alcaline, nous n'hé- sitons pas à soutenir que, chez les Tuniciers , une grande partie du corps est composée d'une substance manquant d'azote, identique avec la cellulose des plantes. » 3°. Pour ce qui regarde les autres animaux inférieurs , nous n'avons trouvé chez aucun, un seul excepté, le moindre vestige d'une substance voisine de la cellulose; même les parties gélatineuses, cornées, cartilagi- neuses, coriaces et ligneuses, qui se trouvent chez les Polypes, les Médu- saires et chez certains Mollusques, etc., ne nous ont rien montré de pareil, comme le prouvent la prompte dissolution (dans cinq à vingt-quatre heures) qu'elles subissent presque toutes dans une solution de potasse, et les vapeurs ammoniacales qui s'en exhalent sans exception quand on les brûle avec de l'hydrate de potasse. » M. Gros soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Recherches sur la vésiculation du lait. Les résultats de ces recher- ches sont résumés par l'auteur dans les propositions suivantes : « 1°. Les globules du lait sont formés de la matière butyreuse renfermée dans des vésicules analogues à celles du vitellus ; (4i ) » 2°. La tunique vésiculaire tant controversée, difficile à démontrer par les acides et les alcalis, se laisse teindre par l'iode après la réaction du chlore; .' 3°. La plupart des vésicules du lait chaud renferment une petite quan- tité d'acide carbonique ; » 4°- Les vésicules butyreuses se produisent sur la paroi interne des utri- cules mammaires qui, dans la période de lactation, se vésiculisent à la ma- nière des ovaires, crèvent et versent leur contenu avec la granulation et les vésicules butyreuses dans les méats lactifères ; » 5°. Les corps granuleux du colostrum ne sont autre chose que de petits utricules avec leurs vésicules internes; ') 6°. A la fin de la lactation, la matière bntyreuse est résorbée comme le vitellus dans l'ovaire; il ne reste que les tuniques utriculaires et vésicu- laires, qui offrent divers phénomènes de résorption dans l'arrière-lait ; » 7°. Les vésicules du lait ne sont pas aptes à se convertir en vésicules du sang, qui ont aussi, d'ailleurs, leur reproduction vésiculaire. » Ce Mémoire est renvoyé, ainsi qu'une Note du même auteur sur les Spermatozoïdes j à l'examen d'une Commission composée de MM. Dumas, Milne Edwards , Boussingault. M. Parchappe adresse un supplément à son Mémoire sur la structure du cœur. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Letellier soumet au jugement de l'Académie deux procédés différents pour la conservation des bois. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour diverses communica- tions relatives au même sujet.) M. DE Eyrell, qui avait précédemment adressé un Mémoire sur les moyens d'étendre et de perfectionner la voix de chant. Mémoire qui n'avait pu être admis avec les réserves que demandait l'auteur, envoie de nouveau ce travail, en déclarant qu'il se soumet aux conditions communes, qui ne lui étaient pas bien connues lorsqu'il fit sa première communication. (Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Babinet , Despretz.) La Commission chargée de l'examen d'un travail de M. Paltrinieri de- mande l'adjonction de deux membres qui se soient particulièrement occupés G. fi., 1846, i" Semestre. (T. XXII, No 1.) 6 ( 42 ) de mécanique analytique. MM. Cauchy et Liouville sont adjoints aux Com- missaires précédemment nommés, MM. Arago, Poncelet et Pouillet. La Commission , chargée de faire un Rapport sur les collections rapportées d'Abyssinie par M. Rochet d'Héricourt, demande l'adjonction d'un bota- niste : M. de Jussieu est désigné à cet effet. M. le Secrétaire perpétuel annonce qu'il est arrivé au secrétariat depuis la dernière séance , mais avant le premier janvier , et par conséquent en temps utile , cinq Mémoires destinés au concours pour le grand prix des Sciences physiques proposé par l'Académie (question concernant la descrip- tion des organes de la génération dans les animaux vertébrés ). Ces Mémoires sont renvoyés à l'examen de la Commission qui a été nommée à cet effet. CORRESPONDANCE . M. Flourens présente, au nom de M. Straus-Durckheim, un ouvrage ayant pour titre : « Anatomie descriptive et comparative du chat, type des Mammifères en général et des Carnivores en particulier», et donne, d'après la préface de l'auteur, une idée de ce grand travail qui comprend dans deux volumes de texte et un volume de planches , une exposition très- complète de l'ostéologie, de la syndesmologie et de la myologie du chat. « Jusqu'à ce jour, dit M. Straus dans l'Introduction de son livre, il n'y avait que l'homme, parmi tous les Vertébrés, dont l'organisation fût bien connue, et cette seule branche de la science avait demandé plusieurs siècles d'étude à un grand nombre d'anatomistes pour arriver à l'état où elle est; tandis que sur les animaux domestiques, dont il serait cependant si important de con- naître la structure , on n'avait que des traités fort incomplets , dans lesquels on chercherait en vain la description d'une foule d'organes qui ont été omis, par cela seul qu'ils sont difficiles à étudier ou un peu profondément placés, de sorte qu'une bonne description du cheval et du bœuf est encore un ouvrage à faire. * " Dans la monographie essentiellement anatomique que je publie aujour- d'hui , je donne la description et les figurer, de toutes les parties qui consti- tuent le squelette, les ligaments et le système musculaire du chat, véritable type des Mammifères digitigrades. Ce travail , qui comblera une partie des lacunes que j'ai signalées dans nos connaissances relatives aux Vertébrés, rentre d'ailleurs dans le plan général de mes travaux , plan auquel je me suis conformé dans mes Recherches sur les animaux articulés et notamment (43) dans mon ouvrage sur le Melolontha vulgaiis, considéré comme type des Coléoptères. » M. Flourens présente encore, au nom de l'auteur, M. Reinaud, de l'Aca- démie des Inscriptions et Belles-IiCttres, une nouvelle traduction d'un ou- vrage arabe ayant pour titre : » Relation des voyages faits à la Chine et dans l'Inde, au ix* siècle de l'ère chrétienne, par les Arabes et les Persans. » M. Flourens appelle l'attention sur l'Introduction , les notes, et les fragments tirés de divers ouvrages , dont M. Reinaud a enrichi son travail. L'Introduc- tion, qui forme à elle seule tout un volume, offre un tableau précieux de l'état des connaissances géographiques des Arabes sur l'Orient, à l'époque dont il s'agit. GÉOLOGIE. — Sur quelques faits dépendant du phénomène erratique de la Scandinavie. (Extrait d'une Lettre de M. P. Schimper à M. Elie de Beaumont.) « En lisant la Note de M. Durocher sur quelques faits dépendant du phénomène erratique de la Scandinavie, j'ai été surpris de n'y voir expliquer que les stries qui s'observent sur les bords de la mer et sur les petites îles avoisinantes. Quiconque a vu les karren sur les skaren de Gothenbourg, dans le fjord de Christiania et de Throndhjem, aux environs de Stockholm, etc., les aura reconnus sans difficulté pour des stries produites par l'action de l'eau, car elles sont irrégulières, convergentes, anastomosées, ondulées; eu un mot, toutes différentes de celles des glaciers actuels et de celles qui s'ob- servent dans l'intérieur de la Scandinavie, dans les hautes vallées , le long des montagnes, à une altitude où la mer n'a pas existé avant le dernier re- haussement de la presqu'île, sur la route, par exemple, de Christiania à Ringerige, à l'endroit surtout où cette route passe sur le beau porphyre rhombique de M. Léopold de Buch, sur toutes les pentes qui entourent le Tyrifjord, etc. Là il n'est plus question de stries inégales, ondulées, entre- croisées, anastomosées, s'effaçant à chaque instant; mais ce sont là des lignes droites, simples, fortement burinées, exactement parallèles entre elles, se continuant sur une longueur considérable, de 2 à 3 mètres, sans s'interrompre et sans changer de direction ; on dirait la roche travaillée par un rabot monstre à proéminences inégales. Les bords des fiissures qui traversent la pierre sont restés parfaitement tranchants; les rojjnons siliceux poreux sont coupés en deux comme les nœuds de branches d'une planche rabotée; les rognons compactes, au contraire, ayant réagi sur la masse 6.. ( 44 ) rabottante, font saillie et sont suivis d'une proéminence prolongée en ligne droite et ne s'aplanissant qu'insensiblement , ce qui prouve à l'évidence que le creux produit dans l'agent rabotant par le rognon s'est encore conservé pendant quelque temps après avoir eu dépassé ce dernier. Tous ces détails se voient sur un magnifique morceau de rhomben-porphyr que j'ai détaché sur la hauteur derrière Modum, et qui a fait l'admiration de M. Léopold de Buch, auquel je l'ai montré à Christiania. » Il est évident que, si les stries étaient le produit de courants d'eau, les bords des fissures, dont quelques-unes au moins doivent avoir existé à l'é- poque où l'agent suicateur a passé, seraient émoussés de même que les bords qui entourent les creux des rognons poreux, et que les rognons solides n'au- raient pas pu ménager des reliefs à leur suite ; aussi les stries ne seraient- elles pas droites et parallèles sur de grandes distances. La masse burinante et polissante s'est avancée d'un pas ferme, sans se laisser déranger par aucun obstacle, exerçant sou action d'une manière uniforme et très-précise, et laissant des traces qui ne permettent aucun doute sur sa nature. » Les montagnes du Tyrifjord ne sont pas les seules où j'ai observé , en Scandinavie, le phénomène erratique, et trouvé des preuves convaincantes contre l'hypothèse qui attribue les stries aux courants d'eau; j'ai retrouvé la même régularité dans le striement sur le schiste de transition, sur les bords du lac de Mjoscn, sur le gneiss leptynitique de la vallée de Guldbrands- dalen, où j'ai vu en même temps les moraines les mieux caractérisées, au passage de Laurgaard, à la haute vallée de Tofté, qui présente également de nombreuses moraines provenant du Dovrefjeld (Sneehattan)etde Romsdalen; j'ai vu les roches striées de la même manière dans la vallée du Glommen et, entre autres, entre Flierdal et Eidsvald; je cite exprès cette dernière localité parce qu'on y voit de nombreux rochers de syénite striés à leurs faces surplombantes aussi nettement qu'en dessus. » Quant aux dépôts de débris diluviens de la Dalécarlie, du Jemtland et du Helsingland, que M. Durocher cite en faveur de sa théorie, je crois qu'on n'a qu'à les examiner avec un peu plus d'attention que ne paraît l'iivoir fait ce voyageur, pour se convaincre qu'ils sont en grand ce que sont les dépôts de nos glaciers d'aujourd'hui en petit. Tout le monde sait que l'eau qui découle des glaciers dépose des sables et des graviers, et que le glacier lui-même en transporte une grande quantité qu'il dépose en même temps que les blocs de moraines. Les sables purs dont parle M. Durocher ont été charriés par l'eau, et les détritus divers qui alternent avec ces sables ont été déposés par les gla- ciers, qui avançaient et reculaient périodiquement comme les glaciers d'au- ( 45 ) jourd'hui. Les blocs erratiques qu'on voit eu très-grande quantité par toute la Wermlandie, la Dalécarlie et la Gestricie, sont souvent de dimensions très- considérables, et ne portent pas la moindre trace d'un charriage par l'eau, en ce que leurs angles sont parfaitement intacts. J'en ai vu qui doivent avoir fait plus de cent lieues pour arriver à l'endroit où ils se trouvent déposés maintenant. Ces rochers, de plusieurs milliers de pieds cubes, auraient, sui- vant la théorie de M. Durocher, franchi des montagnes assez élevées et des lacs profonds, par la simple force de l'eau, sans se heurter et sans perdre quelque chose de la fraîcheur de leur cassure! » Comme le principal but de mon voyage était l'étude de la végétation cryptogamique du Nord, j'ai négligé de rédiger régulièrement les nombreuses observations que j'ai faites sur le phénomène erratique pendant mon séjour en Suède et en Norwége; mais j'espère retourner bientôt dans cette terre clas- sique des anciens glaciers, et alors je ne négligerai pas de porter mon atten- tion plus spécialement sur ce sujet. . . . » ... J'ai vu presque tous les grands glaciers de la Suisse , du Tyrol et de la Carinthie , et partout j'ai observé que les glaciers strient aussi bien de leur surface que de leur base. Le glacier de l'Etzthal, dans le Tyrol, descend comme un voile du haut d'un mur vertical pour aller déposer sa moraine au bas de ce mur. Le mur est strié. » On a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, du phénomène erratique dans les Vosges; je dois avouer qu'aucune des roches striées que j'y ai vues ne porte le caractère des roches striées par les glaciers. Les aioraines qu'on veut avoir observées dans diverses grandes vallées n'ont qu'une analogie très- éloignée avec les moraines véritables; toutes les pierres sont roulées ou for- tement écornées. " P. S. Je m'occupe en ce moment d'une monographie des plantes fos- siles du terrain jurassique de la Skanie; il existe une analogie frappante entre les végétaux de ce terrain , ceux du lias de la Franconie d'un côté et ceux du Kemper de Stuttgard, de l'autre côté; j'y ai même trouvé des cônes rappe- lant les cônes de Voltzia et un Kquisétacé semblable à mon Schizoneura paradoxa. » ZOOLOGIE. — Observations de M. Gaspard sur la circulation du sang chez les Escargots. ■ Depuis quelque temps l'Académie a reçu plusieurs communications re- latives aux particularités que présentent, chez divers Mollusques et chez certains Poissons, les orgares de la circulation. (46) » Qu'il me soit permis de rappeler que j'ai déjà mentionné et signalé à Tattention des physiologistes ces particularités chez les Mollusques gas- téropodes dans un Mémoire sur le Colimaçon, publié en 1822, et qui a obtenu une mention honorable de l'Académie au concours de i8a4- Ce Mémoire, inséré dans le Journal de Physiologie de M. Magendie (tome II, pages 295-343), contient les lignes suivantes à la page 337 • " ^^ » sang des Escargots mérite de fixer un moment notre attention. Il est » contenu non-seulement dans les organes de la circulation , mais il est >< encore épanché, principalement quand Taniuial voyage, dans la ca- " vite où sont les viscères digestifs et génitaux qui nagent dans ce sang, de » manière qu'eu incisant la paroi qui sépare la trachée et le ventre, on l'en >• voit sortir par un jet abondant et continu. Lorsque l'animal est retiré et » caché dans sa coquille , le sang n'est point contenu et épanché de la même >' manière. Ce phénomène m'a singulièrement frappé , et je ne connais rien « d'analogue dans les autres animaux , etc . » « M. MiLNE Edwards répond que M. Gaspard n'a pas bien saisi le sens de la communication qu'il a faite au sujet du système veineux des Raies et des Squales, car il n'y a jamais été question de l'épanchement du sang dans la cavité abdominale des poissons. Quant à ce qui est relatif à Ve'pan- chement du sang dans l'abdomen des Escargots , M. Milne Edwards au- rait certainement cité l'observation de M. Gaspard, s'il se l'était rappelée; mais, mentionnée très-brièvement dans des Additions à un Mémoire surVhi- vernalion des Colimaçons, elle avait entièrement échappé à son attention. Du reste, ce fait n'avait pas, lorsque M. Gaspard le publia, l'importance que les recherches plus récentes sont venues y donner; c'était un fait du même ordre que celui constaté depuis longtemps par Cuvier chez l'Aplysie, et ni M. Gaspard ni Cuvier n'en avaient tiré les conséquences qui en découlent aujourd'hui. On n'y voyait alors qu'une anomalie bizarre, et on n'en avait pas compris la portée relativement à la tliéorie générale de la circulation. Aujourd'hui on a fait voir que le passage du sang des vaisseaux dans les grandes cavités du corps des Mollusques, ou le retour de ce liquide en sens inverse, n'est pas un phénomène d'exhalation ou d'absorption comme on le croyait ; que les lacunes interorgauiques jouent le rôle de vaisseaux pour la circulation, et que la prétendue exception est, au contraire, la règle commune pour tout l'embranchement des Mollusques, aussi bien que pour le groupe des animaux articulés. » (47) ASTRONOMIE. — Tableau des éléments elliptiques de la nouvelle planète découverte à Driessen, par M. Hencke, le 8 décembre i845. LONGITUDE LOSCITUBE TEMPS moyenne de l'époque. LONGITUDE du périhélie. du nœud ascendant. INCLINAISON EXCENTKI- CITÉ. DEHl- GRAIID axe. MOUVEMENT moyen diurne. de fa révolu- tion. Orbite de M. Encke.... 9448, n", 8 i3.5°45.i7",o 141.10. 6,7 ,0 , „ 3.ao. 7,2 0,1955200 2,591576 85o"473o ans. 4,1720 — de M. Mauvais.. 97.3o,i6,5 i33,23. 0,4 143. 0.39,0 5. g. 9,6 0,23lll35 2,607581 842,6552 4,2107 — do M. Faye 95.32.39,7 135.38.11,4 i4i.i2. .5,5 5,19.35,4 o,2o4'î.547 2,606754 843,0564 4,2087 — de M. Goujon . 9S. o.5o,4 136.28.45,8 140.47.32,6 5 20.10,2 o,23i5583 2,658io4 818,7447 4,:œ7 — de ^I. Bouvard, . 98 o.3i,7 l'if). 3;. 14, 2 140.46. 2,5 5,20. 17,4 0,2310907 2,656221 819,6245 4,3291 » Pour toutes ces orbites, lepoque est o janvier 1846. L'orbite de M. Encke est relative, quant au temps, au méridien de Berlin, et les quatre dernières au méridien de Paris. » L'orbite de M. Encke a été calculée sur les observations des i4> 20 et 27 décembre; celles de MM. Faye, Goujon et Bouvard, sur les ob- servations du i4 décembre faites à Berlin, du 24 décembre faites à Altona et du I*' janvier faites à Paris. M. Mauvais a combiné, pour la position du a4 décembre, l'observation de M. Petersen, d'Altona, avec celle de M. Rumker, de Hambourjj. » Il résulte, avec évidence, du tableau qui précède que le nouvel astre est une planète décrivant son orbite elliptique à une distance moyenne de 2 fois et 6 dixièmes celle de la Terre au Soleil , et accomplissant une révolution entière en 4 ans et un peu plus de 2 mois. L'excentricité de l'ellipse est de 2 dixièmes, et l'inclinaison à l'écliptique de 5 degrés environ. Ces circonstances établissent la plus grande analogie entre l'astre découvert par M. Hencke et les quatre petites planètes déjà connues, comprises entre Mars et Jupiter, >> M, Encke communique les observations suivantes, nouvellement ré- duites : ( 48) UATES. TiUPS MOYEN de lierlin. ASCENSIO.VS DROITES apparentes de la planète. DÉCLINAISONS. 1 4 décembre 1 845 . . i6 décembre 20 décembre 2 1 décembre 27 décembre i3'>56"'59S7 10. 20. 16,5 7.38.51, 2 7.49.38,4 II .29. i4,6 64° o'36",o 63.36. 5 ,6 62.48. 6 ,4 62.36.27 ,0 61.33.46 ,4 + i20 39'49",6 -H 12.39.67 ,1 + i2.4i.3i ,5 ■+- 12.42. 16 ,9 + 12.49.51 ,8 » I.ies observations suivantes ont été obtenues à l'équatorial de l'Obser- vatoire de Paris, en comparant la planète à une étoile de 8" {grandeur, dont la position a été déterminée aux insti'iiments méridiens. ^ Ascension droite apparente = -)(- Déclinaison apparente =- 4'» o'"28%o4. i2°5g'7",i. DATES. TEMPS MOYEN de Paris. ASCENSIONS DBQITES apparentes de la planète. DÉCLINAISONS. i" janvier 1846. . . . 2 janvier 3 janvier. ...... 1 1"" 6"24',9 10.20.58, I 9.53. i5,o 6o°54'54",o 60.48.48 ,9 60.43. 5 ,4 + 12° 59' 56", 2 -1- i3. 2. 16 ,5 4- i3. 4.43 ,6 M. V. Paquet adresse une Note relative à des insectes qui , à cette époque , se voient encore en grand nombre sur les branches de diveis arbres fruitiers , et notamment sur celles du groseillier à fruit noir. Il attribue à la tempéra- ture très-douce des derniers mois l'apparition insolite de ces animaux. M. Friedrich adresse, du Hanovre, un Mémoire écrit en allemand, et ayant pour titre : Magnétisme universel. M. Babinet est invité à prendre connaissance de ce Mémoire, et à faire savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. (49) L'Académie accepte le dépôt de quatre paquets cachetés piéseutés par M. BoLUMET, par M. Doyèue, par M. MoRE/vtj de Saint-Ludgère et par M. MoREAU-BottARD. COMITE SECRET. La Section d'Asti-onomie propose de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place devenue vacante par suite du décès de M. Cassini. L'Académie va au scrutin sur cette proposition , et la résout à l'unanimité par l'affirmative. r.a séance est Jevée à cinq heures et demie. F. ERRy4T^. (Tome XXï, séance du 29 décembre 1845. ) Page 1409, ligne 9, au lieu de offrira vingt râleurs distinctes, et par const-quent — 20 ou 6 valeurs égales, lisez offrira vingt valeurs égales, et par conséquent -^ ou 6 valeurs distinctes. Page 1409, ligne 22 , au lieu de 20 — i5, Usez 20 — 5. 20 C. R., 1846, i«r Semeure. (T XXII, N» 1.) ( 5o ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. fi' Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences ; a* semestre r845; n" a6; in-4°. Anatomie descriptive et comparative du Chat, type des Mammifères en général et des Carnivores en particulier ; par M. H. Straus-Durckheim ; i vol. in-4*', avec atlas in-folio. Relation des Voyages faits par les Arabes et les Persans dans l'Inde et à la Chine, dans le ix" siècle de l'ère chrétienne; texte arabe imprimé en i8i i par les soins de feu M. LanGLÈS, publié avec des corrections et additions, et accompagné d'une traduction française et d'éclaircissements par M. Reinaud, membre de l'Institut; a vol. in-i6. Les Steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la Crimée et la Russie méridionale. Voyage pittoresque, historique et scientifique; par M. X. HoMMAlRE DE Hell; 19* à 22^ livraisons in-8°, et planches in-folio. * Bulletin de la Société d'encouragement pour V Industrie nationale ; novembre i845;in-4». Histoire chimique, médicale et topographique de l'eau minérale sulfureuse, et de l'établissement thermal d' A llevard (Isère); par M. A. DuPASQUiER ; i84i ; in-8<^. Mémoire sur la construction et l'emploi du Suif hydromètre ; par le même. (Ces deux ouvrages sont adressés pour le concours Montyon.) Nouvelles observations sur les Insectes diptères de la tribu des Trachinaires ; par M. Macquart. ( Extrait des Annales de la Société entomologique de France; 2^ série, tome III; 2* trimestre i845.) In-8°. Notice sur les différences sexuelles des Diptères du genre Dochilopies, tirées des nervures des ailes; par le même. (Extrait du même ouvrage, 2" trimestre 1844.) In-S". Thérapeutique appliquée, ou Traitements spéciaux de la plupart des Maladies chroniques; par M. P.-T.-G. Debreyme; in-12. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon. ) Nouvelles considérations morales, théoriques et pratiques, sur ta coutume imprévoyante , antichrétienne et homicide des Inhumations précipitées. — Nou- veau Mémoire; par M. Le Guern; brochure in-S". (Renvoyé à l'examen de la Commission nommée pour le prix fondé par M. Manni.) ( 5i ) Mémoire atir iappUcalion des Machines à Virrijalion elau dessécliemenl des terres; par M. Sainte-Preuve. (Extrait dn Bulletin de la Société d'encoura- i/ement. ) Journal de Pharmacie et de Chimie; tome VIII; janvier 1846; in-8". Journal de Chimie médicale, de Phaimacie et de Toxicologie; janvier 1846; in-8". Revue zoologique; par M. GuÉHlN-MÉNEVlLLE ; i845 ; n" 1 1. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale , et de Toxicologie ; par M. Rognetta; janvier 1846; in-8°. Annales de la propagation de la Foi; janvier 1846; in-S". Journal des Connaissances utiles; décembre i845; in-8**. Ëncjclographie médicale ; par M. liARTlGUE ; décembre i845; in-8°, Medico-chirurgical. . . Transactions médico-chirurgicales, publiées par la Société royale de Médecine et de Chirurgie; tome XXVIII. fiOndres, 1 845 ; in-8°. Gazette médicale de Paris; 3" série, tome P''; n" i , année 1846; in-4°. Gazette des Hôpitaux; tome VIT , n" 56, et tome VIII, n° i ; in-fol. LEcho du monde savant; a" semestre i845, n*^ 52, et 1" semestre 1846, n" iTin-4°. La Réaction agricole; n° 80. Gazette médico-chirurgicale; année 1846; n° i. -1^. # * * ■4 COMPTE RENDU DKS SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 12 JANVIER 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur un nouveau calcul qui permet de simplifier et d'étendre la théorie des permutations ; par M. Auc. Cauchy. « L'adoption des lettres caractéristiques <^et â, employées par Leibnitz et par Lagrange, pour représenter les différentielles et les variations des fonctions, a, comme on le sait, ouvert aux géomètres des voies nouvelles, el donné naissance à de nouveaux calculs. Effectivement, le calcul infi- nitésimal a permis de résoudre fies problèmes qui dépassaient autrefois les forces de l'analyse, et l'intégration des équations différenlielles a foiu-ni des résultats qu'on ne pouvait atteindre en s'appuyant sur la seule résolution des équations algébriques. "" 1) L'adoption d'une seule lettre caractéristique employée pour indiquer une substitution, c'est-à-dire un échange- opéré entre les diverses variables que renferme une fonction donnée, me paraît offrir, dans la théorie des permutations, des avantages analogues à ceux que présente l'emploi de la caractéristique d ou ô dans les calculs que je viens de rappeler. Déjà, dans mes précédents Mémoires, on a vu comment, à l'aide d'équations symboli- ques qui renferment seulement les lettres caractéristiques de diverses sub- stitutions, on peut arriver à découvrir les propriétés mystérieuses et cachées G. B., i84fi, i" Semcitri. (T XXII , N» 2.; 8 { 54) de certaines fonctions, et à établir, pour la recherche de ces propriétés, des méthodes générales qui semblent devoir contribuer notablement aux progrès de l'analyse mathématique. Mais, pour tirer de la nouvelle notation tout le parti possible, il convenait de faire encore un pas de plus, et il fallait introduire les lettres caractéristiques des substitutions, non-seulement dans les équations symboliques dont j'ai parlé, mais encore dans les équations mêmes par lesquelles des fonctions diverses se trouvent liées entre elles. On verra, dans le présent Mémoire, comment cette introduction s'effectue, et combien elle peut être utile, soit pour découvrir les propriétés des fonc- tions de plusieurs variables indépendantes, soit pour construire des fonctions qui jouissent de propriétés données, et offrent un nombre donné de valeurs distinctes. § !"■. — Considérations générales. » Soient s une fonction de n variables indépendantes x, j", z,. . . , et S l'une quelconque des substitutions qui peuvent être formées avec ces varia- bles. Je désignerai par la notation Si- la valeur nouvelle que recevra la fonction s quand on lui appliquera la substitution S. Si, pour fixer les idées, on prend s= i{x, j, z, M, v), et S= (x, j, z)(u, v), on aura S.î= f(j, 2, jr, V, u). Si l'on prenait en particulier s = xjr^z^ -+- u*v^, on trouverait Si- =:jz'x* -+■ i'*^'. » Soient maintenant X, y, z,... diverses fonctions de ^ ) .7"' ^ ' • • • '■ liées entre elles et à une autre fonction ii par une équation de la forme (i) fl = F(x, y, z,...)- En désignant toujours par S une des substitutions que l'on peut former ( 55 ) avec les variables x , j", z , • • . , on aura (2) Si2 = F (Sx, Sy, Sz,...). >i Soient enfin (3) I, P, Q, R,... un système de substitutions conjuguées, de Tordre M; et supposons que (4) X, y, z,. .. représentent précisément les valeurs distinctes, acquises par la fonction x, quand on lui applique les substitutions i , P, Q, R,. . . ; de sorte que x, y, z,. . . se confondent avec les termes distincts de la série (5) x, Px, Qx, Rx,.... Si l'on prend pour S l'une quelconque des substitutions I, P, Q, R,..., la série (6) . S, SP, SQ, SR,.., aura pour termes les termes de la série (3), rangés dans uu nouvel ordre; et, par suite, il suffira aussi de ranger dans un nouvel ordre les termes de la série (5) pour obtenir la suivante (7) Sx, SPx, SQx, SRx,.... D'ailleurs, P, Q, S étant des termes quelconques de la série (3), de deux équations de la forme Px = Qx, SPx = SQx, la première entraînera toujours la seconde et réciproquement ; et il en sera encore de même, si dans ces deux équations on substitue à x une fonction quelconque, par exemple un quelconque des ternies de la série (4). On doit en conclure qu'aux termes égaux ou inégaux de la série (5) correspondront des termes égaux ou inégaux de la série (7). Donc, si l'on nomme v le nombre des tei'mes égaux à x dans la série (5) , v sera encore le nombre des termes égaux à Sx dans la série (7), ou, ce qui revient au même, dans la série (5), puisque ces deux séries offrent les mêmes termes, diversement rangés; donc le nombre des termes égaux à x, dans la série (5), sera encore 8,. ( 56 ) ïe nombre des termes égaux à Px := y, le nombre des termes égaux à Qx = z, etc.; et le nombre total M des termes divers de la série (5) sera le produit du facteur v par le nombre des termes distincts. Donc, si Ion dé- signe par |x ce dernier nombre, on aura (8) M = p. Il y a plus; aux y. termes distincts de la série (5) correspondront ft termes distincts (g) Sx, Sy, Sz,... de la série (7); et, par conséquent, les ternies de la série (g) se confon- dront avec les termes de la série (4) , rangés dans un nouvel ordre. Donc le second membre de la formule (2) sera la valeur qu'acquiert la fonction Û = F(x,y,z,...) quand on échange entre elles , d'une certaine manière , non plus les varia- bles X, ^, z, . . . , mais les variables x , y, z,. . ., c'est-à-dire quand on appli- que à la fonction ii une certaine substitution S formée avec les variables X, y, z,. . . . Cela posé , l'équation (2) donnera (10) S0= Sii. » La formule (10) , qui subsistera quelle que soit la fonction il , est évidem- ment analogue aux équations qui, dans le calcul différentiel, résultent des changements de variables indépendantes. Si, dans cette même formule, on fait coïncider successivement S avec les divers termes de la série (3), les va- leurs correspondantes de § , représentées par les termes d'une autre suite (11) I, $, ^, ^,..., seront ce que deviennent les substitutions ■ , ' i,P, Q, R,... quand on les exprime , non plus à l'aide des variables 3c,j-, z,..., mais à l'aide des variables x, y, z , . . .; et, puisque la série I, F, Q, R,... (57) . renferme toutes les dérivées d'une ou de plusieurs des substitutions P,Q, R,..,, il est clair que la suite I * S) A renfermera toutes les dérivées d'une ou de plusieurs des substitutions 'S , 1^, A,. . .. Donc la série (i i) offrira, comme la série (3), un système de substitutions conjuguées. Seulement, plusieurs termes de la série (i i) pour- ront être égaux entre eux. Soit X le nombre de ceux qui se réduiront à l'u- nité , et nommons toujours S, S deux termes correspondants, pris au hasard dans les séries (3) et (ii). Puisqu'il suffira d'exprimer les substitutions P, Q, R,... à l'aide des va- riables X , y, z, . . . , pour transformer les termes des séries (3) et (6) en ceux que renferment la série (i i) et la suivante (i2) ê, èi Soient maintenant (19) i,U, V, w,... des substitutions qui n'altèrent pas la valeur de x considéré comme fonction de x,j,z,...; et supposons le système des substitutions (19) permu- table avec le système des substitutions conjuguées (3) I, P, Q, R,.... Si l'on nomme T l'une quelconque des substitutions (19), et S l'une quelcon- que des substitutions (3) , tout produit de la forme TS sera en même temps de la forme ST, les valeurs de T et de S pouvant varier dans le passage d'une forme à l'autre f, et , sous la même réserve, toute expression de la forme TSx sera en même temps de la forme STx. Donc les divers termes de la série (ao) Tx, Ty, Ti, ,...,-. qui se confondront avec ceux de la série (ai) Tx, TPx, TQx,,., ( 6o ) seront tous de la forme STx, ou,' ce qui revient au même , de la forrrte Sx, puisque T représente, par hypothèse, une substitution qui n'altère pas la valeur deiî. Donc chaque terme de la série (20) sera en même temps un terme de la série (4), et l'on peut énoncer la proposition suivante : » Théorème. Soient X, y, z,.., les valeurs distinctes qu'acquiert une fonction x des n variables a:, y^z,,.. lorsqu'on lui applique successivement les substitutions conjuguées I, P, Q, R,..., et supposons le système de ces substitutions permutable avec un autre sys- tème de substitutions conjuguées ou non conjuguées I II V W Alors "^f y ■) 2, . . . seront encore les valeurs distinctes qu'acquerra la fonction x, en vertu des substitutions U, V, W,. . .. § II. — Sur la formation de fonctions qui offrent un nombre donné de valeurs égales ou un nombre donné de valeurs distinctes. » Soit 12 une fonction donnée de n variables indépendantes •^' Jt z , • • • • Comme nous l'avons déjà remarqué dans la séance du 6 octobre dernier, si certaines substitutions n'altèrent pas la valeur de û, toutes les dérivées de ces substitutions jouiront de la même propriété; et par suite, si l'on no^nme I, P, Q, R,... les substitutions diverses qui n'altéreront pas la valeur de la fonction il , celles-ci formeront toujours un système de substitutions conjuguées, dont l'ordre M sera précisément le nombre des valeurs égales de Q. Quant au (6. ) nombre m des valeurs distinctes de Q, il sera déterminé par la formule mM=N, la valeur de JY étant iV = 1 . 2 . 3 . . . «. » Concevons maintenant que, M désignant l'ordre d'un certain système de . substitutions conjuguées (i) I, P, Q, R,..., on demande une fonction qui possède la double propriété de n'être altérée par aucune de ces substitutions, et d'offrir M valeurs égales. On résoudra facilement ce problème en suivant la marche que nous, allons indiquer. » Soient (a) X,. y, z,... les valeurs distinctes qu'on obtient pour une certaine fonction x de « va- riables X, y^ z,..., en lui appliquant les substitutions (i); et supposons cette fonction x tellement choisie , que la série (3) Tx, Ty, Tz,... renferme au moins un terme non compris dans la série (a), quand on prend pour T une substitution non comprise dans la série (i). Enfin, soient (4) I, «, t, ^,... ce que deviennent les substitutions I, P, Q, R,... quand on les exprime , non plus à l'aide des variables x^y^ z ,..., mais à l'aide des variables x, y, z , . . . . Si l'on prend (5) £2 = F(x,y,z,...), F(x, y, z, . . .) étant une fonction de x, y, z,, . . qui ne soit jamais altérée par aucune des substitutions (4) ; alors fl , considéré comme fonction de x , ^, z,. . ., ne sera pas non plus altéré par aucune des substitutions (i). Donc le nombre des valeurs égales de Çl sera M o\x un multiple de M. Mais, d'autre part, en désignant par T l'une quelconque des substitutions non comprises C. R., i846, \" Semestre. (T. XXII, ^o 2.) 9 ( 62 ) dans la suite (i), on tirera de la formule (5) (6) . Tii = F(ïx,Ty, Tz,...). Cela posé, comme des produits Tx, Ty, Tz,..., l'un au moins sera, dans l'hypotlièse admise, distinct de tons les termes que renferme la suite (2); le second membre de l'équation (6) sera générale- ment distinct de i^, et ne pourra se rétluire à iî que dans certains cas spé- ciaux, c'est-à-dire pour certaines formes particulières de la fonction F (x, y, z, . . .) [voir la séance du 6 octobre (page 793 )]. Donc la fonction 12 , déterminée par l'équation (5), offrira généralement M valeurs égales, et par conséquent le nombre m de ses valeurs distinctes sera déterminé par la formule m' inM = N, ou m = ^• » Les conditions auxquelles nous avons supposé que les deux fonctions x et F(x, y, z,...) demeuraient assujetties, peuvent être évidemment rerti- plies de diverses manières , dont quelques-unes méritent d'être remarquées ; et d'abord, il est clair que la fonction F(x, y, z,. . .) ne sera jamais altérée par aucune des substitutions (4)» si elle est symétrique par rapport aux va- riables x,y, z,.... On peut donc prendre, pour second membre de l'é- quation (5), une fonctiofl symétrique de ces variables, quoique en général on n'y soit pas obligé. » En second lieu , tous les termes de la série (3) seront étrangers à la série (2), et , par suite , x remplira la condition précédemment énoncée, si l'on prend pour X une fonction de x , j", z,. . . choisie arbitrairement parmi celles dont toutes les valeurs sont inégales. Alors la règle que nous venons de tracer pour la détermination d'une fonction Q qui offre M valeurs égales , se réduira simplement à la règle que nous avons indiquée dans la séance du 6 octobre dernier. » Au reste, il n'est pas absolument nécessaire de choisir x de telle sorte (ju'un ou plusieurs termes de la série (3) deviennent étrangers à la série (2), quand on prend pour T une substitution non comprise dans la série (i). En effet, supposons que cette condition cesse d'être remplie, et qu'eu consé- quence les termes de la série (3) se confondent avec les termes de la série (2) (63 ) rangés dans un nouvel ordre, quand on prend pour T certaines substitutions (7) U, V, W,... non comprises dans la série (i). .Soient d'ailleurs (3) v, -Ç, \v,. . . ce que deviennent les substitutions (7), quand on les exprime non phis à l'aide des variables x, j,z,. . ., mais à l'aide des variables x, y, z,. . . . Si la fonction x est telle que tous les ternies de la série (8) soient étrangers à la série (4), alors, pour obtenir une valeur de Q qui offre généralement M va- leurs égales, il suffira de recourir à l'équation (5), et de réduire F (x,y, z,...) à une fonction de x, y, z,. . . qui, n'étant jamais altérée par aucune des substitutions (4), soit, au contraire , toujours altérée par chacune des sub- stitutions (8). » Il importe d'observer que les formules et les calculs auxquels on est conduit par la marche ci-dessus tracée se simplifient quand on prend pour x une fonction de x, j^, z,. . . qui jouit de la propriété de n'être pas altérée par une ou plusieurs des substitutions P, Q , R , . . . . » Diverses applications des principes exposé* dans ce Mémoire formeront le sujet d'un nouvel article. » GÉOMÉTRiK. — Sur les lignes géodésiques et les lignes de courbure des surfaces du second degré ; par M. GnASiES. « A l'occasion de mon Mémoire sur la construction géométrique des am- plitudes des fonctions elliptiques(j), M. Liouville a entretenu l'Académie d'une (l) Comptex rendus des séances de l'Académie, t. XIX, p. laSg, séance du 9 dé- cembre i844- — Dans ce Mémoire, qui contient plusieurs constructions géométriques de l'équation des trois amplitudes cosç cosç' zpsinip sinip' y/i — c'sin'ft = cosp, j'ai dit qu'il s'en trouvait une qui réalisait l'extension que laissait à désirer la construction donnée par M. Jacobi pour la multiplicatton des fonctions, au moyen d'une portion de polygone inscrite à un premier cercle et circonscrite à un second déterminé convenablement. Je ne connaissais le Mémoire de M. Jacobi que par le troisième supplément au Traité des fonctions elliptiques de M. Legendre, et le Traité élémentaire des fonctions elliptiques de BI. Verhulst (Bruxel- les, i84i, in-8°), où celte construction semble être reproduite intégralement, sans qu'aucun indice fasse soupçonner que l'illustre géomètre de Kœnigsberg ait construit l'équation géné- rale des trois amplitudes. Je n'aurais pas imaginé que M. Lpgendre surtout, qui reproduisait 9- ( 64 ) certaine équation qui , dérivée de l'équation différentielle du second ordre des lignes géodésiques tracées sur les surfaces du second degré, exprime, sous forme finie, une belle propriété de ces lignes. L importance de ce résultat avait fait désirer à l'auteur que l'on pût y parvenir par de sim- ples considérations de Géométrie (i). Cette voie simple et naturelle, en effet, qui oblige de considérer les choses en elles-mêmes, en montre mieux que le calcul seul l'origine et les rapports avec nos vérités primordiales, et fait con- naître, en général, un enchaînement de propositions dont. une partie a pu échapper à l'analyste dans sa marche rapide. » Il semble donc , qu'on me permette ici cette réflexion fort naturelle , il semble que plus l'analyse fait de progrès et étend son domaine, plus la synthèse aurait besoin d'être cultivée et de se perfectionner aussi, pour lui prêter son utile secours. Et cependant, le contraire a lieu depuis un siècle et demi : il semble que l'analyse, confiante dans ses propres forces, n'ait voulu aucun partage avec une méthode qui, après avoir été le seul instrument des Archirnède, des Apollonius, des Ptolémée, a su encore, chez les Modernes, donner naissance aux travaux de Kepler, de Galilée, d'Huy- gens et de Newton. La synthèse a élé exclue successivement de tout ensei- gnement. C'est, je crois, une erreur du siècle dernier, et qui pourra étonner ceux qui feront l'histoire des sciences de cette époque. » Mais je reviens au sujet de mon Mémoire. Les beaux théorèmes de M. Michael Roberts, communiqués par M. Liouville dans l'avant-dernière séance, ayant ramené l'attention de l'Académie sur l'équation de la ligne géodésique, je me suis occupé de ce sujet, dans le but particulièrement de trouver la démonstration géométrique désirée. Mes recherches n'ont pas été infructueuses, et j'ai Thouneur d'en communiquer les résultats à l'Académie. » Je suis parvenu à une proposition qui comprend, comme corollaire, celle qu'il s agissait de démontrer, et qui donne lieu à plusieurs autres con- séquences parmi lesquelles se distingue une propriété nouvelle de la ligne géodésique. et commentait avec éloge cette construction, et indiquait quelques vues d'analogie avec le théorème de Côtes, l'eût tronquée et restreinte dans ses usages et ses conséquences théori- ques. J'ai connu depuis l'erreur où j'avais été induit, et je saisis ici avec empressement l'occasion de la signaler. Le beau Mémoire de M. Jacobi, traduit par le savant M. Terquem, vient de paraître dans le Journal de Mathématiques àe M. Liouville, t. X, p. 435. (i) Comptes rendus de l'Académie, t. XIX, p. 1261 ; séance du 9 décembre i844- — Journal de Mathématiques, t. ly , p. 4o4- ( 65 ) i> Cette proposition dérive elle-même d'un théorème sur les surfaces dont les sections principales sont décrites des mêmes foyers, surfaces que j'appel- lerai homojocales, parce qu'elles ont les mêmes com(\ue.i focales ou «'O'Cé'w- /r/^Mej. Voici renoncé de ce théorème que je vais prendre pour point de dépari : » Théorème. Etant donnée une surface du second degré A , si par un point quelconque de l'espace M on mène les normales aux trois surfaces homojocales qui passent par ce point, et qu'on porte sur ces normales trois segments égaux, respectivement , aux trois demi-axes majeurs de ces surfaces, puis qu'on considère ces segments comme les trois demi axes principaux d'un ellipioïde; cet ellipsoïde, qui sera complètement déterminé, jouira des propriétés suivantes : " i". // passera par le centre de la surface A, et sera tangent, en ce point, au plan principal normal à l'a-ye majeur de cette surface; » 2°. La section de cet ellipsoïde par son plan diamétral parallèle à ce plan principal, sera une ellipse toujours de même grandeur, quelle que soit la position du point M dans l'espace. » La deuxième partie de cette proposition fait reconnaître aisément que : " Les axes principaux de cette ellipse constante sont parallèles à ceux de la focale de la surface A, comprise dans son plan principal en question, et que les carrés de ces axes sont égaux, au signe près, à ceux de cette focale [\). » Les deux parties de ce théorème fondamental se trouvent démontrées, parmi plusieurs propositions sur les surfaces homofocales, dans mon Aperçu historique {pages 363 à 365 ). Ce théorème est susceptible d'un yrand nombre de conséquences, mais je vais me borner ici à la proposition qui se rapporte aux lignes géodésiques. (i) J'ai appelé coniques focales ou excentriques , d'une surface du second degré, trois coniques (dont une est toujours imaginaire) qui donnent lieu, par rapport à la surface, à une théorie analogue à celle des foyers dans les sections coniques. Ces courbes étaient con- nues, mais à d'autres titres, ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire devant l'Académie {Comptes rendus, t. XVI, p. 833 et 1107); et les questions dans lesquelles elles s'étaient présentées n'indiquaient nullement la théorie nouvelle dont elles devaient être le fondement. En «xposant, pour la première fois, cette théorie dans mon Jpercu, historique (pages 384-399), j'ai fait connaître une cinquantaine de théorèmes générau.x qui s'y rapportent , et j'ai indiqué plusieurs questions dans lesquelles ces théorèmes trouvent une application étendue. Depuis, on a donné quelques propriétés de ces courbes, relatives à leurs points considérés isolé- (66) » Que par le point M on mène un plan transversal quelconque L , ou plutôt supposons que le point M soit pris dans un plan donné L. Soient/, i', i" les angles que les normales aux surfaces homofocales à la surface proposée A, qu'on peut mener par le point M, font avec ce plan; et soient p, jj,, v les trois demi-axes majeurs do ces surfaces. Ce sont les trois demi-axes principaux de 1 ellipsoïde qui a son centre en M. f^a somme des carrés des perpendiculaires abaissées des extrémités de ces trois demi-axes sur le plan \i est j&^ sin* i + /x' sin^ /' + v' sin^ V ; cette somme est égale à celle des carrés des perpendiculaires abaissées des extrémités de trois demi-diamètres conjugués de l'ellipsoïde. Prenons pour ces trois demi-diamètres celui qui aboutit au centre de la suface A et les deux axes principaux de l'ellipse du théorème précédent. Ces deux axes , d'après ce théorème, sont toujours les mêmes, en grandeur et en direction , quel que soit le poiiit M; de sorte que les trois perpendiculaires auront, respectivement, les mêmes longueurs, quelle que soit la position du point M dans le plan L. Ainsi Ton a p* sia* I -+- fx* sin* V -4- v* sin* v = constante. » Pour déterminer cette constante, remarquons que, dans la série des surfaces homofocales à la surface A, il en est une qui touche le plan L; soit a le'demi-axe majeur de cette surface; au point oïi elle touche le plan, les deux autres surfaces homofocales qu'on peut faire passer par ce point auront leurs normales comprises dans le plan, dé sorte que pour ce point l'équation sera simplement a} =^ constante. Ainsi la constante est le carré du demi-axe majeur de la surface tangente au ment ou deux à deux. Mais on s'est mépris sur le caractère de ces propriétés , en appelant ces Yioints des foyers conjugués, et en croyant que les propositions qui s'y rapportent constituent ^ théorie en question. Je le répète, ce sont les courbes elles-mêmes qui représentent, dans une surface du second degré , chacune individuellement, les foyers d'une conique, et non leurs points, pris isolément ou deux à deux. Il faut qu'en supposant que la surface se réduise à une conique , parce que l'un de ses axes de^'ient nul, les propriétés relatives à ses focales deviennent précisément les propriétés des foyers des coniques. C'est à cette condition , je puis dire à ce critérium , qu'on reconnaîtra si dés propriétés de ces fociles sont les analogues de pelles des foyers dans les coniques , et constituent la théorie en question. (67) plan L. Écrivons donc p^ sin* / + fjt," sin* i' -+- s* sin' /" = a*. Cette équation exprime ce tliéorème : » THiiouKME. Etant donnée une surface du second degré ^ et un plan étant mené arbitrairement dans V espace, si en chaque point de ce plan ou conçoit les normales aux trois surfaces homofocales à la proposée, qui passent par ce point, et qu'on porte sur ces normales, respectivement, des segments égaïuv aux demi-axes majeurs des trois surfaces, la somme des carrés des perpendiculaires abaissées des extrémités de ces trois segments, sur le plan, sera constante, et égale au carré du demi-axe majeur de la surface hoinofocale qui serait menée tangentiellement au plan. » C'est ce théorème qui va nous conduire aux propriétés de la ligne géo- désique. " Concevons que le plan L passe par la normale en un point m de la sur- tace A ; en ce point l'angle / est nul, et l'équation se réduit à 2 (i)' |tx*sin*i' + v^sin* /" = a i' et i" sont les angles que les normales aux deux lignes de courbure de la surface, qui se croisent en m, font avec la direction mm' de la trace du plan sur la surface. Cette équation nous apprend donc que : » Etant pris sur une surface du second degré un élément infiniment petit mm' faisant, avec les normales aux deux lignes de courbure qui se croisent en m , des angles V , i", l'expression ( p.' sin^ /' + v^ sin^ i" ) représente le carré du demi-axe majeur de la surface homojbcale à la surface A , qui serait tangente au plan déterminé par l'élément mm' et la normale en ni. » Appliquons au point m' l'équation générale , on aura /3* sin' i^ 4- fif sin* i\ + v, sin" i", = a*; I, est l'angle que la normale en /w' fait avec le plan L, et/',, i* sont les angles que les normales aux deux lignes de courbure qui se croisent en m' font avec ce même plan. Or, d'une part, l'angle/, est infiniment petit, de sorte que le premier terme de l'équation est un infiniment petit du second ordre , qui disparaît; et Téquation 5e réduit à (a) jU,Jsin"/', -f-v^sin^i", = a*. » D'une autre papt, les angles /', , i\ diffèrent infiniment peu des angles que ( 68 ) les normales aux lignes de courbure en m' font avec la trace du plan L sur la surface, c'est-à-dire avec l'élément inm, parce que ce plan diffère infini- ment peu du plan normal en m'. Nous supposerons donc que i[^, i\ repré- sentent ces angles eux-mêmes dans notre équation (2). » Il suit de là, d'après le théorème conclu de l'équation (i), que le pre- mier membre de l'équation (a) représente le carré du demi-axe majeur de la surface homofocale qui serait tangente au plan normal en m', mené par l'élément m'm. Donc, d'après cette équation (2), cette surface est la même que celle à laquelle est tangent le plan normal en m. On a donc ce théorème : 11 Si par deux points infiniment voisins m , m', pris sur une surface du second degré, on mène les deux plans normaux à la surface en m et m', respectivement, ces deux plans seront tangents à une même surface homo- focale à la proposée. n On conclut immédiatement de là cette première propriété des lignes géodésiques : » Les plans Qsculateurs aux différents points d'une ligne géodésique tra- cée sur une surface du second degré sont tous tangents à une autre sur- face du second degré homofocale à la première. » Il suit de là que l'équation (1) s'applique, avec la même constante a, à tous les points de la ligne géodésique ; d'où résulte cette seconde propriété: )i i' et i" étant les angles que la ligne géodésique fait en chacun de ses points avec les normales aux deux lignes de courbure de la surface en ce point, et ix,v étant les paramètres de ces deux lignes de courbure (c'est-à- dire les demi-axes majeurs des deux surfaces homofocales sur lesquelles elles se trouvent ), ona la relation constante jui'' sin* i' 4- V* sia" i" = a' , dans laquelle a est le demi-axe majeur de la surface homofocale à laquelle tous les plans osculateurs de la ligne géodésique sont tangents (*). » Voilà donc la démonstration de l'équation des lignes géodésiques , et cette démonstration, comme on voit, fait connaître une expression géomé- trique de la constante, qui constitue une propriété importante des lignes géodésiques. • • (*) CeUe équation s'applique à une ligne droite tracée dans le plan d'une série de coni- ques , ellipses et hyperboles, décrites des ménies foyers. L'une de ces courbes peut être considérée comme un»; surface infiniment aplatie , dont les autres courbes sont les lignes de courbure. (69) » Puisque tous les plans osculateurs de la ligne géodésique sont tangenls à une même surface honiofocale à la proposée, leurs intersections successives sont des droites taugénies elles-mêmes à cette surface; or, ces intersections sont les tangentes à la ligne géodésique; on peut donc dire que : » Toutes les tangentes à une ligne géodésique tracée sur une surface du second degré sont tangentes à une seconde sur/ace homojocale à la pre- mière. » Leurs points de contact, sur cette surface, forment une courbe dont nous ferons connaître plus loin une propriété générale. » Cette surface rencontre la surface proposée A suivant une ligne de cour- bure. Au point où la ligne géodésique rencontre cette ligne, sa tangente est nécessairement la tangente à la ligne de courbure , car c'est là la seule droite tangente à la seconde surface. Donc, toutes les lignes géodes iques répon- dant aune même constante a. sont tangentes à une même ligne de courbure. De sorte que la ligne de courbure est lenveloppe de toutes les lignes géod ési- ques; et la propriété commune à ces lignes et à leur enveloppe, c'est que leurs tangentes sont toutes tangentes à une même surface homofocale à la proposée {i). " Cela donne une construction très-simple pour déterminer, en chaque point dune surface, la direction de la ligne géodésique qui serait tangente à une ligne de courbure donnée. » On conclut de ces considérations, en particulier, que : Toutes les tan- gentes à une ligne géodésique issue d'un ombilic vont percer le plan dia- métral dans lequel sont situés les ombilics, en des points situés sur la conique focale comprise dans ce plan. " M. Joachimsthal a démontré la propriété suivante, commune aux lignes géodésiques et aux lignes de courbure : » P étant la perpendiculaire abaissée du centre de la surface sur son plan tangent en un point d'une ligne géodésique, et D le demi-diamètre de la surface parallèle à la tangente à cette courbe en ce point, on a PD = con- stante; » Et une équation semblable a lieu aussi pour toutes les tangentes à une ligne de courbure (2). (i) Les arcs de ces courbes compris entre deux points de contact consécutifs sur la ligne de courbure enveloppe sont tous de même longueur, non-seulement pour une même ligne géodésique, mais pour toutes les lignes géodésiques tangentes à la même ligne de courbure. (2) Journal de Mathématiques de M. Crelle; t. XXVI; i843. C. l\., .S46, I" Semestre. (T. \M1 , -No 2.) ÏO ( 7") » M. Lioiiville a fait observer que l'équation PD = constante des lignes j^éodésiques, revient à l'équation |u.*sin*/'+ v*sin't" = constante, c'est-à-dire que l'une comporte l'autre. En effet, on passe de l'une à l'autre par un calcul analytique , comme l'a fait depuis M. Ghelini (i). » Notre théorème général sur les surfaces homofocales se prête aussi à cette transformation ; car, par les propriétés de cette ellipse constante dont il a été question, on est conduit aisément au théorème suivant : » Si en un point m d'une surface du second degré on mène une tangente faisant, avec les normales aux deux lignes de courbure en ce point, des angles V , i" , on aura la relation [i? sin" i' + V* sin* i" = a* — P'D' dans laquelle a, b, c sont les trois demi-axes de la surface; D son demi- diamètre parallèle à la tangente, P la perpendiculaire abaissée du centre sur le plan tangent à la surface en m , et enfin p. et v les paramètres des deux lignes de courbure qui se croisent en ce point. >' Ce théorème, qui exprime une propriété générale des surfaces du se- cond degré, comprend l'équation PD = constante, commune aux lignes géo- désiques et aux lignes de courbure. » Si maintenant on remplace le premier membre de l'équation par sou expression géométrique trouvée précédemment, il vient pa£)» __ .r__i_. a' — a' Ce qui exprime cette autre propriété remarquable des surfaces homofocales : " Pour toute tangente commune à deux swfaces homofocales [d'espèce différente)^ on a, relativement à chaque surface, V équation PD = constante. Il De là on conclut que : » La courbe que les tangentes à une ligne géodésiquejorment par leurs points de contact sur la seconde surface, admet les mêmes équations que la ligne géodésique , savoir t jx^ sin* i' ■+■ V* sin' i" = constante et PD =: constante , D et les angles i', i" se rapportant, non plus à la tangente à la courbe, mais à sa tangente conjuguée. (i) Sulla ciirvaltira dcllc linee e délie superficie e sulle linee geodesiehe. ( V ) ■• En effet , ces tanfjentes conjuguées sont les tangentes mêmes de la ligne géodésique, de sorte qu'elles sont tangentes à la première surface. Donc, pour chacune de ces tangentes, les deux équations ont lieu. » Voici une autre propriété des lignes géodésiques ,qui dérive naturelle- ment des considérations précédentes. Concevons la surface développable circonscrite à une surface du second degré suivant une ligne géodésique. Chaque point de l'arête de rebroussement de cette surface sera le sommet d'un cône dont la courbe de contact avec la surface passera par trois points y consécutifs de la ligne géodésique ; c'est-à-dire que cette courbe de contact sera dans le plan osculateur de la ligne géodésique. Or, ce plan osculateur est tangent à une même surface du second degré; donc le lieu des sommets des cônes est sur ime troisième surface du second degré, qui sera la polaire de la deuxième par rapport à la première. On peut donc dire que: " La surface développable circonscrite à une surface du second degré a son arête de rebmussement située sur une autre surface du second degré ; » Et cette seconde surface est la même pour toutes les lignes géodési- ques tangentes à une même ligne de courbure. » La propriété de la ligne géodésique, que ses tangentes sont toutes tan- gentes à une seconde surface du second degré , peut se démontrer direc- tement. ') En effet, concevons sur une surface A, deux éléments consécutifs /ram', m' m" d'une ligne géodésique. Il existe une surface B homofocale à la sur- face A , qui touche en un point n la tangente mtn' , et il n'en existe qu'une (i). Le plan tangent en « à cette surface et le plan tangent en m à la surface A sont à angle droit (a). Or, le plan des deux éléments mm' , m' m" est normalà la surface A; donc ce plan est lui-même le plan langent en n à la surface B. Donc la droite m' m" , comprise dans ce plan et infiniment voisine de la tangente en n, est elle-même tangente à la surface B. Ainsi, deux tangentes consécutives à la ligne géodésique sont tangentes à la même surface B. Donc une troisième tangente m'm" sera tangente à cette même surface; et ainsi des autres. Le théorème est donc démontré. ( I ) Eo effet , une des propriétés les plus importantes des surfaces homofocales , c'est qu'on peut les considérer comme étant toutes inscrites dans une même sui-face développable. ( Aperçu, page 897 ). Il s'ensuit que les polaires d'une même droite, prises par rapport à ces surfaces , forment un hyperboloïde à une nappe. Cet hyperboloide rencontre la droite en deux points, qui sont les points de contact de la droite avec deux des surfaces. (?,) Aperça historique, page Sga ; art. 53. 10. . (70 Description des lignes de courbure de même espèce, l'une par l'autre. » Si d'un poiat d'une ligne de courbure on mène les deux lignes géodé- siques tangentes à une deuxième ligne de courbure de même espèce , la somme de ces deux lignes moins Tare qu'elles interceptent sur la deuxième courbe est une quantité constante; propriété analogue à celle des coniques planes et sphériques. On conclut de là celte construction mécanique des lignes de courbure , qui a lieu aussi pour les coniques. Que l'on conçoive un fil enroulé a ses deux extrémités sur une ligne de courbure^ et quun stjlet glisse sur la surface en tendant le fil, de manière qu'il s'enroule d'un côté et se déroule de l'autre, le stylet décrira une seconde ligne de courbure de même espèce que la première. Car la relation énoncée aura lieu , savoir : que la somme des deux lignes géodésiques issues du stylet, et terminées à leurs points de contact avec la ligne de courbure, moins l'arc qu'elles comprennent, sera constante. » Si la ligne de -courbure est l'arc d'ellipse principale qui se termine aux deux ombilics, ce mode de description devient celui de M. Michael Roberts : analogue à la description de l'ellipse au moyen d'un fil fixé à ses foyers. » M. Pariset fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'Éloge de M. Larrej, prononcé par lui à l'Académie de Médecine dans la séance du a5 novembre i845. . RAPPORTS. ASTRONOMIE. — Rapport sur un Méinoire présenté par M..YvoîiYihL\RCEAv, ayant pour objet une méthode de correction des éléments approchés des orbites des comètes: (Commissaires, MM. Biot, de Damoiseau, Binet rapporteur.) 1" L'astronome qui entreprend de déterminer les éléments d'une nouvelle comète est obligé , par la difficulté de ce problème , d'en partage r la solu- tion en deux séries distinctes d'opérations: la première ne le conduit qu'à une approximation de la valeur de chaque élément de l'orbite; la correction de ces valetirs donne lieu à un nouveau travail et à des méthodes spéciales qui ont beaucoup occupé les géomètres. On doit à Newton un procédé fort délicat pour aborder ce genre de difficulté : il est exposé dans la dernière proposition de ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle. On y reconnaît avec évidence le germe de la plupart des solutions proposées jusqu'à (73) . ce jour. Ce procédé repose sur un emploi fort remarquable, à cette époque, de la précieuse règle des fausses positions. Newton en déduit deux équations linéaires, entre les corrections de l'inclinaison et de la longitude du nœud de l'orbite; et, après avoir résolu ces équations, il possède des données suffisantes pour la détermination complète de Torbite, au degré d'exactitude que comportaient les observations dont il faisait usage. » Fia même idée, prise dans un point de vue plus général, a fourni à Euler une méthode régulière pour former des équations linéaires entre les ■ corrections indéterminées des éléments, supposés connus à très-peu près (an- ciens Mémoires de Berlin, tome Vil, 1743, et ailleurs). I.e principe ana- lytique de cette théorie consiste à regarder la longitude et la latitude géo- centriques de la- comète comme des fonctions du temps et des six éléments de l'orbite; en sorte que si l'on possédait exactement les valeurs des élé- ments, et qu'on les substituât, dans ces fonctions, avec le temps d'une ob- servation particulière, les deux fonctions devraient reproduire la longitude et la latitude observées. Mais si, dans l'une de 'ces fonctions, la longitude par exemple, on a employé des éléments un peu défectueux à la place des véritables, il arrivera généralement que la substitution de la valeur du temps d'une observation ne reproduira qu'approximalivement la longitude observée. Dans la fonction longitude on peut substituer à chaque élément algébrique une valeur appioximative, accrue d'une petite correction ex- primée par une indéterminée, et, après avoir développé seloli les puissances de toutes les correclioas supposées assez petites, on supprimera, pour cette raison, les dimensions supérieures à la première : l'expression obtenue sera composée d'une partie dépendante du temps, ajoutée à une seconde partie dont chaque terme sera affecté de l'une des petites corrections indétermi- nées; dans cette expression le temps d'une observation étant substitué, le résultat devrait reproduire, à très-peu près, la longitude observée, et, eu formant l'équation, on a une première relation linéaire entre les corrections indéterminées qui sont au notnbie de six. Cette équation n'est exacte qu'aux quantités près du second oldre qui ont été négligées. » Ce qui vient d'être dit de la longitude géocentrique s'applique à la lati- tude, et chaque observation complète fournit deux équations semblables entre les corrections. Il n'est pas nécessaire de former ces fonctions analyti- ques de longitude et de latitude : elles sont remplacées par un système de formules, ou de règles, qui en tiennentlieu. Pour obtenir les différents termes de ses équations, Euler fait usage des fausses positions, à la manière de Newton, mais il n'est plus assujetti à certaines particularités dans le choix ( 74 ) de Tune des observations. Les opérations arithmétiques qu'exige ce procédé sont extrêmement pénibles, et l'on a regardé comme une simplification fort utile de faire porter d'abord les corrections sur deux ou trois éléments con- venablement choisis. Pour les orbites paraboliques, Laplace a conseillé de corriger d'abord la distance du périhélie, et l'époque du passage par ce point. Quand on a reconnu que Torbite n'est pas bien représentée par une para- bole , on joint à ces deux éléments une excentricité qui diffère peu de 1 unité, . et, à l'aide de quatre observations, Laplace forme trois équations linéaires entre des corrections toujours supposées très-petites. C'est aussi à la méthode des fausses positions qu'il emprunte le moyen de calculer les coefficients des petites corrections indéteiminées. » L'objet que s'est proposé M. Yvon Villarceau a été d'écarter entière- ment de la recherche des corrections l'emploi des fausses positions : dans cette vue, il s'est appliqué à former des expressions analytiques qui tiennent lieu des deux coordonnées géocentriques observables, longitude et latitude, et à en déduire deux éléments de l'orbite en fonctions implicites ou expli- cites, des données géocentriques, du temps et des quatre autres éléments. Les deux éléments choisis par l'auteur, afin d'obtenir des formules qui ne fussent pas trop compliquées, sont: i° l'époque du passage au péri- hélie; 2° l'angle formé par l'axe de l'orbite avec le nœud sur l'écliptique. Dans les expressions analytiques, on substitue encore les valeurs approxi- matives des éléments , accrues de leurs petites corrections indéterminées : on a ainsi, pour chaque observation, deux éléments qui, étant développés selon les puissances des accroissements des quatre autres, sont simplement exprimés en fonctions linéaires, en rejetant toujours les dimensions supé- rieures des corrections. T^es coefficients des premières puissances des accrois- sements sont calculés analytiquement, à l'aide de la différentiation , par M. Villarceau, et c'est principalement sur ce calcul, bien dirigé et bien discuté, que repose sa méthode. En rapportant ses formules à trois observa - lions, il obtient trois valeurs de l'époque qui, égalées entre elles, fournis- sent deux équations; il en forme deux autres par le second élément angu- laire que nous avons indiqué, et ces quatre formules ne renferment les corrections restantes qu'à la première puissance. A cette occasion, il con- vient de remarquer que l'idée de faire intervenir des différentiations ana- lytiques, pour le calcul des coefficients des petites corrections, avait été proposée et pratiquée pour un but analogue à celui de M. Villarceau : on trouve , en effet , dans le deuxième volume de la Théorie analytique du Système du monde, de M. de Pontécoulant, le procédé de la dérivation, (75) appliqué à la méthode de Laplace, pour la correction de deux des élé- ments, l'époque et le paramètre, dans le cas des orbites paraboliques, et il évite ainsi les fausses positions; toutefois le travail de M. Villarceau diffère complètement de celui de M. de Pontécoiilaut, et ses formules explicites conviennent à une orbite quelconque dont tous les éléments ont reçu des corrections à déterminer : les' 1°. Augmentation d'un cinquième dans le poids du cuir; amélioration de sa qualité, l'action délétère de la chaux sur ses fibres étant neutralisée; r. 2°. Économie énorme sur le temps et diminution très-considérable dans les frais. » ( 77 ) l'iiYSJQUE. — Note sur le refroidissement par les gaz; par MM. F. DE LA Provostaye et Paul Desaiivs. (Commission précédemment nommée.) i> Dans un précédent Mémoire que nous avons eu l'honneur de présenter à l'Académie, nous nous sommes proposé d'étudier les diverses circonstances qui peuvent influer sur le refroidissement ou le réchauffement des corps. Sans revenir sur l'ensemble de nos résultats, nous rappellerons qu'en obser- vant comparativement le refroidissement d'un même thermomètre dans des enceintes de dimensions différentes, nous avons reconnu que la loi au moyen de laquelle on peut, d'après MM. Dulong et Petit, lier la pression de. l'air à son pouvoir refroidissant donne des résultats qui s'écartent de phis en plus du phénomène réel quand la grandeur de l'enceinte va en diniinuant. Dans un cvlindre de ^ litre de capacité, le refroidissement sous des pressions voi- sines de la pression atmosphérique est plus lent que dans un ballon de 7 li- tres- il est, au contraire , considérablement plus rapide sous de faibles pres- sions. Enfin, dans ce même cylindre, la vitesse de refroidissement est la même sous la pression de 1 5 millimètres, sous la pression de 70 millimètres et sons toutes les pressions intermédiaires. « Nous avons cru devoir examiner quelles modifications un changement dans la nature du gaz pourrait apporter à la marche du phénomène. Ce sont les résultats de ces recherches que nous allons exposer. » Nous avons opéré avec un thermomètre argenté dans un cylindre nohci do -g- litrede capacité, et successivement avec l'hydrogène, l'acide carboni- que et le protoxyde d'azote. Expériences dans l'hydrogène. « Dans l'hydrogène, le temps total du refroidissement varie à peine de -!- de sa valeur lorsqu'on fait passer la pression de 760 millimètres à 60; d'un peu moins de -^ lorsqu'on la fait passer de 60 millimètres à 20. Ainsi, lors- qu'à partir de cette deinière limite on rend la pression trente-huit fois plus forte la vitesse varie de j seulement. Si l'on opérait dans l'air et dans une wrande enceinte pour une pareille variation de pression , on verrait le temps total varier dans le rapport de trois h un. Encore faiit-il remarquer que celte variation est inférieure à celle que subit, en réalité, le pouvoir refroidissant de l'air; car, en calculant, comme on le fait facilement dans ce cas, la part que l'air seul a dans le refroidissement, on la trouve sous la pression de 760 uiilii- c.R.iS^G \" Semestre .T \Ml,IN''2) II (78) mètres quintuple de ce qu'elle est sous la pression de 20 millimètres. Dans Thy- drogène, au contraire, et dans les circonstances où l'on a opéré, le faible changement observé dans le temps du refroidissement représente, à très-peu près, celui qu'éprouve le pouvoir refroidissant du gaz seul, parce qu'il n'y a guère que -j^ de la chaleur totale qui se perde par voie de rayonnement. » Au-dessous de 20 millimètres , le temps du refroidissement s accroît ra- pidement quand la pression diminue, il double quand on descend à 4 milli- mètres ; et pourtant , alors, la vitesse totale est supérieure à celle qu'on ob- serve dans l'air libre sous la pression de 760 millimètres , dans le rapport de 4 à 3 environ ; ou, si on l'aime mieux , elle est neuf fois plus grande que la vitesse due au rayonnement. On voit donc combien sous cette très-faible pression , on est encore éloigné du refroidissement tel qu'il serait observé dans le vide. Tableau des temps mis par le thermomètre à passer du trait 660 au trait 870 , dans l'hydrogène sous différentes pressions. Pressions o"',76o o>",477 o»,57 0'",20 o'°,oo44 Temps I a"" 46* l3"'20' I S"» 40' ,4-49' 27™ 24' Expériences dans l'acide carbonique. .» Dans l'acide carbonique, la durée du refroidissement s'accroît quand la pression diminue jusque vers 35 millimètres. Au-dessous de ce terme, elle demeure constante jusqu'à ce qu'on atteigne la pression de 12 millimètres. Enfin, et ce fait nous a vivement frappés, sous une pression de 4 millimètres, le refroidissement est plus rapide que sous la pression de 35 millimètres ; la différence est d'environ une minute sur douze. n Ij'imprévu de ce dernier résultat nous a d'abord fait douter de son exactitude, et nous ne l'avons définitivement admis qu'après avoir soumis à un examen sévère notre méthode expérimentale. " Ti'état de la surface du thermomètre était parfaitement identique à lui- même quand on opérait sous ces pressions différentes. D'une part, en effet, nombre d'expériences à 35 millimètres, répétées à différentes époques, se sont trouvées d'accord entre elles; d'autre part, il nous est souvent airivé de terminer sous la pression de 4 millimètres une expérience commencée sous la pression de 1 2 millimètres ou sous la pression de 35 millimètres. La première partie de cette expérience double était toujours identique avec la partie (79) correspondante d'une expérience antérieure faite tout entière sous la pres- sion de 35 millimètres; la seconde, au contraire, présentait constamment une accélération notable. Quant au {>az, nous l'obtenions toujours au même état de pureté, ce que prouve d'une manière satisfaisante la constance des résultats obtenus sous une même pression. " Une seule objection peut, à la rigueur, se présenter. Le refroidisse- ment étant un peu plus rapide dans l'air que dans l'acide carbonique, on doit se demander si l'accroissement de vitesse observé dans ce dernier gaz, sous les ti'ès-basses pressions, ne tiendrait pas au mélange d'une petite quantité d'air injecté dans l'appareil par le jeu même des pistons. La chose est en soi peu probable, car un accident de ce genre, irrégulier de sa nature , aurait dû rendre les expériences discordantes. De plus, nous opérions avec une excellente machine pneumatique , et nous prenions tous les soins qu'on imagine facilement pour rendre impossible l'effet que nous redoutions. » Enfin , les expériences ont été répétées , les mêmes résultats ont été ob- tenus par une méthode différente contre laquelle on ne peut élever aucune difficulté. « L'enceinte cylindrique dans laquelle on opérait pouvait , à l'aide d'un tuyau long et étroit, être mise en communication, à une époque quelconque de l'expérience, avec un grand ballon que l'on avait primitivement rempli d'acide carbonique, puis vidé jusqu'à 3 millimètres environ. On commençait par faire refroidir le thermomètre sous une pression de i a millimètres. Après s'être assuré, par une vingtaine de minutes d'observation, que la marche du refroidissement était parfaitement identique à celle d'une expérience anté- rieure faite tout entière sous la pression de 1 2 millimètres , on amenait la pres- sion à 4 millimètres en ouvrant pendant quelques secondes seulement un robinet qui permettait au gaz du cylindre de se précipiter dans le ballon. Après quelques minutes d'interruption , pendant lesquelles l'équilibre inté- rieur se rétablissait, on continuait la série des observations, et l'accélération se manifestait comme à l'ordinaire. Tableau des temps mis par le thermomètre à passer du trait 670 au trait 5^0 , dans l'acide carbonique sous diverses pressions. Pressions o^.oSS o^jOia o'",oo4 Temps i9'"42'- ig^SS' 17" 59' 1 1.. ( Ho ) Expériences dans le protoxyde d'azote. " Les densités du protoxyde d'azote et de l'acide carbonique sont les mêmes; leurs chaleurs spécifiques diffèrent peu. Cette similitude dans les propriétés physiques se retrouve dans les pouvoirs refroidissants. Celui du protoxyde d'azote ne surpasse que très-peu celui de l'acide carbonique. Comme ce dernier, il demeure constant quand la pression décroît de 35 à 12 millimètres; et si on la réduit à 4 millimètres, il éprouve un accroisse- ment assez notable pour qu'on n'en puisse pas contester la réalité. 11 est d'environ -^. Expériences faites dtfns un mélange d'air et d'hydrogène. » Dans un mélange à volumes égaux d'air et d'hydrogène soumis à une pression totale de 6o millimètres, le refroidissement est beaucoup moins rapide que dans 1 hydrogène seul à 3o millimètres; en sorte que l'air sur- ajouté diminue l'action refroidissante de l'hydrogène, au lieu de l'accroître de l'effet qu'isolément il serait capable de produire. En mélangeant i vo- lume d'hydrogène avec 7 volumes d'air, on a obtenu une réduction de vitesse encore plus considérable. » Ces résultats sont, il nous semble, de nature à établir que dans de pareils mélanges les gaz s influencent réciproquement, modifient mutuelle- ment leur mobilité de telle soi'te , que l'effet total n'est pas la somme des effets que chaque gaz produirait si on l'employait seul à la pression qu'il supporte dans le mélange. » Nous ne chercherons pas à donner une explication complète des diffé- rents faits cités dans cette communication. Nous ferons remarquer seule- ment que le pouvoir refroidissant d'un gaz dépend de sa densité et de sa mobilité. Ces deux éléments varient en sens inverse quand on change la pression, et l'on conçoit que les effets de ces variations contraires puissent tantôt s'équilibrer, tantôt se surpasser dans un sens ou dans l'autre. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la propagation des omles sonores. ( r^ettre de M. Laurent, capitaine du génie, à M. Arago.) (Commission précédemment nommée.) « Lorsqu'il y a bientôt un an, je crus reconnaître dans les ondes lumi- neuses la grande influence des mouvements irréguliers de l'éther, je pensai qu'on devait retrouver des traces de cette influence dans les lois de la propa- gation des ondes sonores, et j'arrivai effectivement à cette conséquence que, ( 8i ) si l'on considère les ébranlements inéguliers dans toute leur généralité, les lois delà propagation sont beaucoup moins simples que celles admises dans les Traités élémentaires de physique. "Voulant m'assurcr jusqu'à quel point une telle conséquence pouvait être soutenable , j'eus recours au Mémoire de Poisson, inséré dans le tome X des Mémoires de l'/écadéinie. Je fus très- surpris d'y trouver que, précisément sur le point que je désirais le plus éclaircir, l'illustre géomètre avait émis successivement deux opinions diamé- tralement opposées. En présence de ce fait, oserait-on affirmer qu'il ne reste plus rien à dire sur la théorie du son? et y aurait-il tant de présomption à chercher à faire ici un choix? » Dans les essais que j'aurai l'honneur de vous présenter, j'échouerai , je le sais. Mais peut être, un jour, une plume plus exercée succédera-t-elle à la mienne dans cet examen contradictoire de questions, dont les solutions sont admises, pour ainsi dire, sur parole. Alors mon but sera atteint, et je ne vous parlerai plus de la théorie des mouvements vibratoires. » .l'appellerai ici votre attention sur un premier point. On admet généra- lement que les ondes sonores sont limitées par des surfaces en dehors des- quelles le mouvement est rigoureusement nul. J'ignore comment on a pu s'assurer qu'il en est effectivement ainsi dans la nature. Il nte semble que tout ce qu'on peut conclure de l'observation, c'est que dans les ondes sonores, l'intensité décroît très-rapidement à mesure que l'on considère des points de plus en plus éloignés de certaines régions de l'espace. Or, si l'on s'en tient à cette dernière conséquence , les lois que l'on a assignées à la propagation du son peuvent être en défaut , quelque rapidement que l'on suppose que l'in- tensité décroisse. Pour motiver cette assertion , il suffit d'un seul exemple , et je crois pouvoir vous le donner. » Ainsi que vous le savez, l'équation du son n'est qu'approchée. Ou l'obtient généralement en supposant que les dérivées partielles des divei's ordres de la fonction ip sont assez petites pour que l'on puisse négliger leurs puissances et leurs produits. C'est ce qui aura lieu, par exemple, si, F (a?, j, z, t) désignant une fonction dont aucune des dérivées partielles ne devient infinie, et «une quantité infiniment petite, on a (f = i¥{x,j, z, t). Mais vous remarquerez que l'équation (i) subsistera encore si les dérivées (8a ) partielles du premier ordre de la fonction (p ayant des valeurs très-petites, les dérivées partielles du second ordre ont des valeurs finies. Dans cette hy- pothèse, les dérivées partielles du troisième ordre , ou des ordres supérieurs, ont généralement des valeurs très-considérables. On aura une valeur de f jouis- sant de ces propriétés, en désignant parj(x', y\ z', f) une fonction dont les dérivées partielles du premier et du second ordre conservent des va- leurs finies pour toutes les valeurs des variables x\ y\ z', i', et posant » = ^'Aî' 'v V f)' i étant infiniment petit. Dans les mouvements de cette nature, les dérivées partielles -j-i ^> —■, ou les composantes m, v,wAe\di vitesse , sont généra- lement de l'ordre de grandeur de i, de façon que dans la recherche des lois de ces mouvements, l'attention doitse porterprincipalement sur les limites vers lesquelles convergent les rapports ti 71 ri lorsqu'on fait converger / vers zérOjBt les régions du fluide pour lesquelles ces limites sont nulles doivent être considérées comme sensiblement en repos. » Supposons que la fonctiony (j?', jr', z', t'), ainsi que ses dérivées par- tielles des divers ordres, s'évanouisse pour les valeurs infinies outrés-consi- dérables de x', y\ z', t', et désignons par ù une constante réelle dont la valeur est supérieure à w , par p un angle indéterminé , et par Q une constante déterminée par l'équation e = " on satisfera à l'équation (i) par une valeur de y de la forme (a) ç,_£8 /Trcos;>-+-zsinf -i-e(j — flf)n qui représente une onde plane d'une espèce particulière. Cette onde n'est plus limitée par deux plans parallèles en dehors desquels le mouvement serait rigoureusement nul; mais l'intensité décroît rapidement d'une manière con- tinue, départ et d'autre du plan mobile représenté par l'équation jcosp -f- z s'inp -h d {x — Q.t)=^ o. Maintenant, dans l'équation (2), donnons successivement à p toutes les va- leurs comprises entre zéro et aw, et superposons les ondes planes ainsi ob- (83) tenues, on aura de la sorte cette autre intégrale de l'équation (i), ou bien , en posant jy = r cosX, z=/'sinX, j^ -h z^ = r^, on aura encore que l'on peut réduire à (3) y::=,-£>/[C^£i^±!i^=i^)]. Il est facile de s'assurer qu'effectivement cette valeur de ep satisfait à l'équa> tion (i). » Or, de l'équation (3) on déduit /^£=.u = iefj dpf j-^cos/>+^(^-noj; ,,. ] do . -, r^ i r,rrcosp + 9{x—at)~\ (4) \ rfj = ^ = ' '^"^ ^ jo '^p """"^p-^ L — ^ — ^^J ' da dz = . sia X jT" dp cos pf ^^<^o-P + H^-^')'j . et on remarquera que les plans des ondes planes élément-aires qui composent le mouvement auquel correspondent ces dernières équations ou l'équation (3) , sont tous tangents au cône de révolution représenté par l'équation (5) r' = d^{œ~ilty; il est dés lors naturel dé supposer que l'intensité est plus considérable dans le voisinage immédiat du sommet de ce cône que partout ailleurs. C'est effecti- vement ce qui résulte des équations (4). Dans le voisinage du sommet, les vi- tesses u, V, w sont de l'ordre de grandeur de ï, tandis qu'à «une distance finie de ce sommet, les mêmes vitesses sont de l'ordre de grandeur de/* ou P, selon que les points que l'on considère sont a une distance insensible ou k nue distance sensible de la surface du cône. Il en résulte que les rapports -5 T5 - n'auront des valeurs sensibles que pour les points situés à une dis- ( 84 ) tance du sommet du côoe d'autant moindre que / sera plus petit. Par con- séquent, d'après les principes les plus élémentaires du calcul infinitésimal , / étant infiniment petit , le mouvement ne sera sensible que dans le voisinage immédiat du sommet du cône. Ainsi vous voyez, monsieur, que si l'on fonde la définition de l'onde sonore sur des considérations d'intensité relative, les lois de la propagation peuvent être très-différentes de celles des ondes limitées par des surfaces en dehors desquelles le mouvement serait rigoureusement nul , puisque le sommet du cône dont je viens de parler est animé d'un mou- vement rectyigne et uniforme. " Dans cet exemple, vous remarquerez l'influence des mouvements dont l'intensité est supposée insensible. Ces mouvements, par leur convergence, peuvent modifier complètement les lois de la propagation. La force vive dans le voisinage du sommet du cône, au lieu de se dissiper, reste constante, la |)ortion de force vive enlevée par la nappe divergente du cône étant con- stamment compensée par celle apportée par la nappe convergente. De cet échange de force vive entre les nappes du cône, il résulte une vitesse de pro- pagation j^upe/veMre à la racine carrée du rapport de l'élasticité à la densité. Je n'ose pas encore attaquer de front la généralité de la formule de Newton, ne sachant pas jusqu'à quel point il peut se trouver dans ces considération^ quelque chose de soutenable. ^ Mais, pour appeler votre attention sur l'espèce de tourbillon ondulatoire dont je viens de parler, j'en citerai encore une particularité très-remarquable. Supposons qu'il s'agisse des lois de la réfraction de ce tourbillon que nous dé- composerons par la pensée en ondes planes élémentaii^es. Vous remarquerez que, d'une part, les ondes planes réfractées seront enveloppées par une sur- face développable, et que, de l'antre, hormis le cas de l'incidence perpendi- culaire, l'arête de rebroussement de celte surface ne se réduit à un point que dans le voisinage immédiat de la surface réfringente, la direction de l'inci- dence étant déterminée par l'axe du tourbillon. » Il en résulte que ce tourbillon , quoique anin>é d'une vitesse de propaga- tion unique et parfaitement déterminée , se disperse par la réfraction, puis- que les mouvements sensibles , concentrés autoiu' d'un point dans le mouve- ment incident, sont répartis autour d'une ligne dans le mouvement réfracté. » Vous apprécierez la portée de ce résultat, j'en suis siir, sans qu'il me soit nécessaire de le développer plus ainplement. » ( 85 ) MÉCANIQUE. — Sur un nouvel outil de sonfiage destiné à agir par percussion à une profondeur quelconque avec aussi peu de barres que l'on veut, et au mojen duquel on peut aussi exécuter le forage par les mouvements alter- natifo du battage et du rodage; par M. Mulot fils. (Extrait.) (Commissaires, MM. Arago, Pdncelet, Elle de Beaumont.) « A l'aide du nouveau mécanisme, dit M. Mulot, on pourra toujours frapper avec une seule partie des barres , et avec beaucoup moins de force de trac- tion , la partie supérieure étant équilibrée presque en totalité par un con- tre-poids; on aura, en outre, l'avantage de réduire de beaucoup le diamètre des tiges, de préserver les parois du trou du choc violent des barres, et d'agir avec une sonde qui permette de tripler le nombre des coups frappés jusqu'alors et qui, retombant libre de tout frottement, agisse de tout son poids. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Mémoire sur la tendance des racines à chercher la bonne terre, et sur ce que l'on doit entendre par ces mots bonne terre ; par M. Durand. Ce Mémoire, que l'auteur adresse pour être substitué à un travail sur le même sujet qu'il avait précédemment soumis au jugement de l'Académie, est renvoyé à l'examen de la Commission nommée à l'occasion de la première présentation. M. MiQUEL adresse une Note relative à un nouveau genre de fermeture du tube propulseur pour les chemins de for atmosphériques. (Commission des chemins de fer atmosphériques.) M. Philippe prie l'Académie de se faire rendre compte d'un Tableau qu'il a imaginé pour faciliter les opérations ordinaires de \ arithmétique, et qu'il croit pouvoir être surtout utile dans les écoles primaires. (Commissaires, MM. Mathieu, Liouville, Francœur.) M. Schumacher écrit relativement à un moyen qu'il a imaginé pour re- nouveler les eaux du port de Marseille, en profitant de l'action des vents prédominants sur cette partie de la côte. (Commissaires, MM. Dupin, Piobert, Morin.) C. R , 1846, 1" Semestre. (T. XXH, N»».) ï^ (.86) CORRESPONDANCE. M. Ar&go présente quelques observations verbales relatives aiix accroisse- ments de température avec la profondeur, observés à Naples au puits foré dans le palais du Roi, et à Iakoutsk àans le puits dit Cherguine. Dans ce dernier puits, d'après les observations de M. Middendorf, la température, à 382 pieds de profondeur, est de — 3 degrés centigrades , ce qui correspond à I degré d'augmentation par loo pieds d'enfoncement. M. Arago explique CQmment les observations très-précises de températures souterraines , faites en Sibérie, pourraient servir à se prononcer entre l'explication des tempéra- tures croissantes donnée par M. Fourier et celle de M. Poisson. En annonçant que M. Grove vient de construire une lampe de sûreté pour l'usage des mineurs, un journal , déposé sur le bureau de l'Académie , attribuait la première idée de l'emploi de la lumière électrique à M. de la. Rive , de Genève; un membre fait remarquer que, s'il est vrai que M. de la Rive s'occiipe de cette question depuis longtemps, comme on n'en saurait douter d'après la déclaration du célèbre physicien, on ne peut s'empêcher de re- connaître que M. BoussiNGAULT est le premier qui ait jeté cette idée dans le public, après en avoir fait une application réelle dans les mines. PHYSIQUE. — Note sur la conductibilité de la terre pour le courant électrique; par M. Ch. Matteucci. (Extrait d'une Lettre à M. j4rago.) « Après avoir prouvé par un très-grand nombre d'expériences la bonne conductibilité de la terre pour le courant électrique, il restait à s'expliquer cette propriété dans un corps dont le pouvoir conducteur est si faible. » Deux hypothèses ont été mises en avant au congrès scientifique de Milan, lorsqu'on a présenté les résultats des expériences que j'avais tentées à ce sujet sur le chemin de Milan à Monza. Il paraît que, dans une dis- cussion qui a eu lieu sur ce même sujet à l'Académie des Sciences , ces deux mêmes hypothèses ont été reproduites et appuyées. Faut-il regarder la terre comme tout 'autre corps conducteur qui, avec son grand volume, peut sup- pléer à sa mauvaise conductibilité? ou bien, faut-il admettre que les deux charges électriques , libres aux extrémités de la pile, trouvent toujours à se répandre dans la terre , qui, réservoir universel, parvient à neutraliser ces charges avec son fluide naturel, décomposé par les fluides libres de la pile!" » Cette Note contient la description de quelques expériences qui me pa- raissent de nature à prouver en faveur de la première hypothèse. Imaginons ( 87 ) un long inteâ'vallecliisol traversé par le courant électrique, et clierchoiis dans cet intervalle les courants dérivés. Voici l'expérience : j'ai établi le circuit d'une pile des dix éléments de Bunsen, en faisant plonger les deux pôles dans deux puits qui étaient à i6o mètres de distance. Un galvanomètre était dans le circuit , pour être sûr du passage du courant. Dans cet intervalle se trouvaient deux autres puits, et à peu près en ligne droite avec les deux puits extrêmes. La distance entre ces deux puits était de 3o mètres ; ils étaient éloignés des deux puits extrêmes , l'un de 80 mètres, l'autre de 5o. J'ai fait plonger les extrémités d'un bon galvanomètre à fil long dans les deux puits intermédiaires : ces extrémités étaient ou en argent, ou en platine ; j'ai toujours attendu que l'aiguille du galvanomètre revînt à zéro. Alors j'ai fait passer le courant dans le grand circuit : à l'instant j'ai obtenu une déviation de 35 ou 4o degrés. .)'ai répété l'expérience, après avoir ren- versé la direction du courant de la pile dans le grand circuit; aussitôt lu direction du courant, que j'appellerai désormais dérivé, s'est renversée aussi. Je m'étais bien assuré d'avance du parfait isolement de mes deux circuits. " Enfin j'ai répété ces expériences , en réduisant l'intervalle de déri- vation à la longueur de i mètre, c'est-à-dire en plongeant les extrémités du galvanomètre dans le même puits. Dans ce cas, en fermant le circuit de la pile , je n'ai obtenu qu'une déviation de 3 ou 4 degrés , mais qui s'est aussi renversée en changeant la direction du courant de la pile. » 11 est donc bien prouvé que les courants obtenus dans le circuit inter- médiaire étaient des courants dérivés. Or, cela devait être, en admettant que le courant électrique se transmet dans la terre de la manière ordinaire, tandis qu'on ne peut pas le concevoir dans l'autre hypothèse. » 11 est clair que la neutralisation de deux fluides libres aux extrémités de la pile ne devrait pas troubler uniquement les fluides naturels de la masse terrestre interposée entre ces extrémités, mais que cela se ferait en tous les sens autour de ces "extrémités. » Si l'on admet la neutralisation de.s deux électricités dans la masse de terre interposée, s'opérant successivement de molécule à molécule, on admet alors l'hypothèse que nous faisons toujours pour la propagation des courants électriques, )i Je continue à m'occuper de la possibilité d'établir un télégraphe élec- trique à travers la mer : il paraît que la perte du courant transmis par le fil de cuivre plongé dans l'eau augmente rapidement avec la distance. Je me permettrai de vous en rendre compte lorsque je serai parvenu à des résultats plus concluants, » ra,. ( 88 ) ASTRONOMIE. — Sur la comète de 6""' f . (Extrait d'une Lettre de M. Valz à M. Arago, en date du iB décembre i845.) « Je viens vous annoncer qu'après de nombreuses recherches, j'ai pu re- connaître enfin hier soir la comète de 6""*!, quoique le temps ne fût guère favorable; aussi était-elle assez difficile à distinguer aux lunettes ordinaires. A 7'* iS", son iR était de 346° 7.1^', et sa DB de 43' l\o", ce qui diffère de 3 à 4' del'éphéméride.Ge soir, un temps plus favorable permettait de la voir bien mieux et d'en reconnaître le mouvement. A & Se"", J^ 346° 53', ou 3' de plus que l'éphéméride, et DB 4o' aS", ou i' de moins que l'éphéméride. Je termine de longs calculs sur les comètes de i582 et i468 , que des incerti- tudes d'observations, et des inexactitudes d'interprétations chinoises {^Con- naissance des Tqmps, année 1846) ont beaucoup prolongés. » GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Hauteur du P^ésuve; communiquée par M. Pentland. « D'après les dernières observations des savants chargés des travaux géo- désiques du royaume de Naples, la hauteur du point le plus élevé du Vésuve, d'un point qui n'a pas changé depuis plusieurs années, la Punta del Paie, est de I 2o3 j mètres au-dessus de la mer moyenne. » M. E. Cloquet demande à l'Académie de vouloir bien lui indiquer les questions relatives à l'histoire naturelle ou à la médecine vers lesquelles il pourrait diriger ses recherches pendant un séjour qu'il va faire en Perse. Appelé dans ce pays en qualité de médecin du schah, M. Cloquet s'estime- rait heureux d'employer, dans l'intérêt de la science , les facilités que lui donnera sa position pour recueillir des renseignements sur les points qui lui seront désignés. Une Commission, composée de MM. Serres, de Jussieu et Valenciennes, est nomniée à cet effet, avec l'invitation de s'occuper le plus promptement possible du programme, le départ du voyageur étant très-prochain. M. Chevallier , à l'occasion d'une Note présentée récemment par M. Gris, concernant Yaction des sels ferrugineux solubles sur la végétation , commu- nique des remarques relatives à la différence des effets produits par ces agents selon la nature des plantes soumises à leur influence. Il résulte des ren- seignements recueillis près d'un jardinier de Vaugirard, qui n'avait pour l'ar- rosage de ses cultures que de l'eau dans laquelle M. Chevallier constata la ( 89 ) présence d'une notable quantité de sulfate de fer , qu'en général , celte eau paraissait favorable aux arbustes, mais défavorable aux plantes herbacées. Toutefois, parmi les plantes potagères, le chou, la carotte, le panais et le porreau s'accommodaient assez bien de ce régime, tandis que, parmi les plantes ligneuses, les orangers et les rosiers en souffraient. M. Ange-Plet demande et obtient l'autorisation de reprendre un instru- ment qu'il désigne sous le nom de compas poljtmètre, instrument qui avait été renvoyé à l'examen d'une Commission et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport. M. d'Estocquois adresse une courte Note sur une machine, à réaction qu'il a imaginée. M. Lecoq transmet une Note sur le moyen de préparer le thé récolté en France smysnt qu'on veut obtenir du thé pecko ou du thé souchon. M. Gérard présente la description d'un appareil denrajage destiné prin- cipalement aux voitures omnibus, appareil qui permettrait de dételer instan- tanément les chevaux au moment même où l'oo arrêtei'ait la voiture. M. MoREAU DE Saiimt-Ludgère commuuique le résultat de ses réflexions sur l'incrustation des chaudières à vapeur. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés par M. Delccq et par M. Hervé-Mangon. A 4 heures trois quarts , l'Académie se forme en comité secret. COMrrÉ SECRET. La Section d'Astronomie présente, à l'unanimité, la liste suivante de Candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de Cassini ; 1°. M. Le Verrier; a". M. Largeteau ; 3°. M. Delaunay ; 4°. M. E. Bouvard. Les titres de ces Candidats sont discutés, L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. A. (90) BULLETI.'M BIBLIOGRAPHIQUE. Fi' Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus liehdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; \" semestre 1846; n" i"; {0-4°. Éloge de M. /e 6aron Laurey ; par M. E. Pariset; ia-S". Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres; par M. DE Lamarck; 2' édi- tion , rei'ue par MM. Deshayes et MiLNE Edwards ; tome onzième et dernier ; in-8°. Des changements dans te Climat de la France; Histoire de ses révolutions météorologiques ; par M. le docteur FuSTEU; i vol. in-8°. Des Indications à suivre dans le Traitement moral de la Folie ; par M. Leuret ; broch. in-8°. Peinture sur verre au XIX' siècle. — Les secrets de cet art sont-ils retrouvés? Quelques Réflexions sur ce sujet, adressées' aux Savants et aux Artistes; par M. G. BONTEMPS ; broch. in-g°. Bulletin de la Société d'Horticulture de l'Auvergne ; décembre i845; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; janvier 1846; in-8°. La Clinique vétérinaire; 17" année; janvier 1846; in-8°. » Journal des Connaissances médico-chirurgicales; i3* année; janvier i846; in-S». Journal de Médecine; par M. TROUSSEAU; 4* année; janvier i845; in-8°. Bulletin du Musée de l'Industrie; par M. .TORARD; année 1846; i", 2* et 3' livraison?; in-8°. A Report. . . Rapport fait à l' Administration de la Marine des Etats-Unis , sur les Houilles américaines applicables à la navigation par la vapeur et à d'autres usages; par M. Walter R. .Iohnson. Washington, i844;-in-8°. Remarks. . . Eemarques sur le système des Phares de la Grande-Bretagne , avec une Description, sous forme de Tableau, des principaux Phares anglais; parM. J-. Baldry-Redman. Londres, i843;in-8*'. The New. . . Note sur la nouvelle jetée en fer forgé, établie à Milton-sur- Tamise, près de Gravesend, avec des Détails sur les méthodes de construction e/n/j/oj'^es; prtr le même. Londres, 1845 ; in-8°. Pntersuchungen . . . Recherches sur le Fol des Oiseaux; parM. J.-J .Vheoitl. ■ ' ( 9' ) ■ . Vienne, 1846; in-S". (iM. Poncelet est invité à faire un Rapport verbal sur cet ouvrage.) Rendiconto . . . Compte lendu des Séances et des Travaux de l'Académie, royale des Sciences de Naples; n° 28 ; septembre et octobre 1 84^ ; m-k°. Gazette médicale de Paris; année 1846; n" a ; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°» a à 4; in-fol. L'Écho du monde savant; n° a; in-4°- La Réaction agricole ; n° 8 1 . Gazette médico-chiruryicale; année 1846; n° 2. (92 ) -i: Il .| cddod 6o6 _o.°® .d"^ 6 d ^/-^ d £ PI r^ S 00 VJ- X)_ s"" + g: lyj c^ V2 a: 2- d ^ i^ i^ O g a zi O g^ i^ '«id^d^'-' 9 O t« O •ht" EU c«c«OOOc«i«oddc«KdOiy3COc«OxOc«OK^iZ!Oi/jcnCc« p 0 ,a> S U H. .2 '3 S 3 c ~. 0 -Cas t. c . : é : : . te . . . « . . § i : ^ t « « fl Œ s 3 s 4) ^ c é : SD : 0>H K '.'.'.'.'.'.'■'. s : : : : : : : : s : : d : : : : :"« : "S : : -^ : : s : :-3 : :ë : :3 : : :§ : : -S ; : S> j .§ £ : ë' § 2 j £ . t g g. : « " S ï; ë- ï sJS««'£'=23îJ = ocj3a)-::i«3o3r u-« ow A cLi Z u ce t. s . • t ' 0) si . • a. 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Pi -pom PJ r>01 c^PO ~000 0>-OiOPi0^îfP10« ir^OO OO - 0 Oi X S 1 g -5 r-33 r^ c^ dioo 00 'O O c^ t>vi-c^ Ôi Ô> o"oo'"'ry t^^^f ^Ts^vt? erT^rToo" o"^ o"t^. 00 c^vj- «0 «5 us os jP« +++++++++++++++++++++++++++++++ + + + + o P<_^0_'-pi -0PO0O2- OitO tO - r^ c^v^ o ^ en p)jj>t:^OPO<^ - O00>O Oi lO ^*xi in PI fO a O 2-« Oîoo ocv:j-o r^piio p!tn^î*-c^ c^ r^in va-po - pi --^po cr> oo avd po in - d c^ o 0 PO »n in «n m !:>• r^ r^ m iO as sa •«O'jo.vn o s ,■ '^ '"^'^^'^'^ "^"1 ° "1 '^ '~* 0>ïJ-lO 00 o Ci" -iO c^CO -f£i -lov^o c^» 00 Xî c^ t£) «^ iO o r^-sO O c^ r^io O t-«»f3 vT « PO ,r^ O ÔiaT^O vo"po" tT fTio" c^iO r» Ôkû Ô^ c^. C^X! iO XI S 1 s ai .c ^++++++++++++++++++++++++ ++++++ + + + + 2v 2 ^ ,2 X.'~P <^ •- vi r-oo Vît 0 fO t-^m en Oi«oo pjîjDOO^jj-Opo « Oico m 0 1 v^ 0 - j^ç^piio 0>«^^0 r^Xi in XI ~ 0x0 «o 0 - vj- r^in OPiOiT^PIfOPiPJtûOiUoN- pq \ â.« in in £5 si. 1 KOaOAIl ^ c 0~l OJi PJ^«0 « 0 C^OO OiO Pl^O - Oli-POCOlO OiO PI OiPO ^*PIO00O ~ÇÛ>000 vd- - in 0 » PI r^'^ 'PI -- to PO 0 c>.v^PO vj- 0 0 c^ Oj c^ c^'.0 ^*fO 0 '^^* 0 ^si-»o 00 po" 0><î- in in Vf iO sa + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +I+ + + + 4- + + + + + ^-i ?i ?^^ ^ 2 "%'§ '^ î =.^^4". ivî"^ m:\i ^'^^. °.^. q.^'s ° 0 ^Sî^â"^ Er,- ^2 "^ >o « CTiSO oo''oo''»n in v^^io~ o~ pT^^v^in c^^io oc'ao'^ PI 0 0 >0 0 Os txT in - « PO vd-V) to c->00 02 0 « « PO vd-»n «0 c-^OO Oi 0 - -..,„«„K,-.«„«f)P)P)P!P)Pl«p)Pi«fOCO " PI PO s> COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU J.UNDI 19 JANVIER 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MÉMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Sur les phénomènes rotatoiies opérés dans le cristal de roche; par M. Biot. « Le travail que je présente en ce moment à l'Académie est celui dont j'ai eu rhonneur de lire l'introduction devant elle, il y a quatre mois. Mais sa rédaction définitive a exigé plus de temps et d'expériences nouvelles, que je ne l'avais présumé. C'est uniquement de ces dernières que j'entretiendrai quelques instants l'Académie. » La nécessité de revoir mes anciennes recherches, m'avait été suggérée par deux remarques, qui m'avaient jusqu'alors échappé. La première, c'est que l'étendue du spectre visible, pour laquelle Newton a établi sa règle de la composition des teintes , est notablement moindre que ne le constatent les expériences de Fraunhofer. La seconde, c'est que ces portions excédantes, qu'il a négligées ou omises , sont sensibles dans les images colorées , dévelop- pées par les phénomènes rotatoires , même lorsqu'elles sont formées avec la seule lumière des nuées , polarisée par réflexion sur une glace noire , comme on le fait habituellement. Averti de cette circonstance par une observation isolée, cela m'a fourni des indications qui devaient servir à la rendre mani- C H., i846, i"Sem«//-if, (T XXU,N"5.) ï3 ( 93 ) foste dans heaiicoup d autres, en donnant à la section principale dn prisme analyseur, les directions convenables pour faire prédominer, dans l'une ou l'autre image, l'influence de ces portions extrêmes. Il a donc fallu recom- mencer toutes mes expériences précédentes, pour y introduire ou y spécifier cette addition. Et elles sont complétées ainsi , dans le travail que je présente aujourd'hui. » Mais ceci m'a imposé une autre obligation , à laquelle je n'ai pas pu da- vantage me soustraire. Pour confirmer la justesse , au moins très-approchée , des valeurs que j'avais attribuées aux vitesses angulaires de rotation , par les- quelles les plans de polarisation des divers rayons simples sont progressive- ment dispersés, dans les plaques de cristal de roche perpendiculaires à Taxe, je m'étais appuyé, en partie, sur une grande classe d'expériences, où les élé- ments chromatiques des images, conclus de ces vitesses, étant combinés par la règle newtonienne, se trouvaient parfaitement concorder avec l'observa- tion, tant pour le caractère chromatique dominant des teintes résultantes, que pour le progrès des mutations qu'elles éprouvent avec l'accroissement des épaisseurs. Cet accord est très-réel. Mais, par une de ces rencontres fortuites, (jui restreignent trop souvent la généralité des conséquences physiques, à l'insu de l'observateur, il se trouvait être spécial pour les cas que j'avais con- sidérés; parce que les portions extrêmes du spectre, omises par Newton, s«; trouvaient précisément n'y avoir qu'une influence très-faible et négligeable. Or, maintenant que cette cause de limitation m'était connue, la règle de Newton ne m'offrait évidemment plus un type de comparaison qui pût con- firmer, assez généralement , les valeurs que j'avais attribuées aux vitesses de rotation; et, à défaut de ce secours, il fallait chercher quelque mode de discussion nouveau, par lequel, dans des circonstances convenablement choisies , on pût établir directement les caractères chromatiques des teintes , résultantes des vitesses supposées, pour les comparer ensuite aux teinte."* réelles des images qui s'observent. C'est à quoi j'ai réussi pour deux cas très- étendus , sans avoir besoin d'introduire aucune hypothèse sur les intensités relatives d'illumination , propres aux diverses divisions chromatiques du spectre ,^comme Newton l'a fait , pour établir sa règle de la composition des teintes. » Le premier de ces cas est celui où tous les rayons simples , compris entre les raies extrêmes B,H, de Fraunhofer, ont leurs plans de polai-isation dis- persés dans une amplitude angulaire totale qui n'excède pas un quadrant du cercle. D'après mes évaluations, cette condition a lieu, dans le cristal de { 94 ) roche, pour toutes les plaques perpendiculaires à Taxe, dont l'épaisseur ne dépasse point, ou plutôt n'atteint pas tout à fait 3 millimètres. Alors, suppo- sant la section principale du prisme analyseur dirigée dans le plan de pola- . risation primitif, je parviens, par un procédé de discussion direct, à définir complétement,pour les deux images, le caractère dominant des teintes ré- sultantes, et la marche de leurs mutations progressives, avec une déHcatesse d'appréciation qui atteint leurs moindres particularités. Et je montre que l'expérience suit minutieusement ces indications du calcul, dans tous leurs détails. » Le second cas que j'ai pu atteindre, sans recourir à la règle de Newton , c'est celui où la section principale du prisme analyseur est dirigée de manière à produire , dans l'image extraordinaire , cette teinte violet-bleuâtre, que sa rapide transition, du bleu au rouge , quand on tourne le prisme, m'a fait appeler la teinte de passage , et dont l'apparition est rendue si délicatement saisissable, par ce caractère, qu'elle remplace avec avantage l'emploi de la lumière simple, dans les expériences courantes faites avec les plaques de cristal de roche, ou de toute autre substance dont le pouvoir rotatoire dis- perse les plans de polarisation , sensiblement selon la même loi. J'ai pu suivre cetteteinte, par une discussion directe, jusqu'à une épaisseurde 8 millimètres de cristal de roche perpendiculaire à l'axe, limite à laquelle, d'après mes évaluations, la totalité du spectre comprise entre les raies extrêmes B, II, de Fraunhofer, a ses plans de polarisation répartis sur une amplitude angu- laire de a54 degrés. Cela comprend toutes les phases dans lesquelles le carac- tère de transition de cette teinte est pratiquement applicable. En me fondant sur les vitesses de rotation, absolues et relatives, que j'avais attribuées aux plans de polarisation des divers rayons simples, j'ai pu, dans tout cet inter- valle d'épaisseur, établir directement le caractère chromatique dominant de la teinte , sa connexion avec celles qui la précèdent ou la suivent immédiate- ment, lorsque Ton détourne le prisme analyseur d'un petit nombre de degrés, ta constance presque complète de sa nuance, et sa dégradation progressive vers le rouge, à mesure que l'épaisseur s'accroît. Tous ces résultats, minu- tieusement conformes à l'expérience , dérivent rigoureusement, et sans excep- tion, de la loi physique que j'avais attribuée aux vitesses de rotation, dans le cristal de roche. Ils ne peuvent subsister, tels qu'ils sont, qu'avec elle. De sorte qu'ils en donnent une confirmation positive, entre les limites de préci- sion que ce genre d'observation atteint. Tous les détails de cette comparaison expérimentale sont rapportés dans mou Mémoire. i3.. ( 96 ) " Lorsque l'on sera parvenu à mesurer les vitesses de rotation des rayons simples, dans toute l'étendue du spectre visible, avec plus de rigueur que je n'ai pu le faire, le mode de discussion direct que je viens de signaler sera encore utile pour les vérifier par leur application , dans les deux cas très-éten- dus auxquels il s'adapte; et les nombres qu'on en déduira, étant comparés à ceux que je donne , serviront pour les confirmer ou les corrip^er. Dans la même vue d'amélioration et de progrès ultérieurs, j'ai annexé à mon Mémoire les détails d'un grand nombre d'observations nouvelles, faites dans toutes les positions angulaires du prisme analyseur, sur des plaques de cristal de rocbe exactement perpendiculaires à l'axe, ayant des épaisseurs très-variées, soi- gneusemeut mesurées au sphéromètre, et dont j'ai constaté les effets optiques avec toute l'attention dont j'ai été capable. Je les ai accompagnés de figures coloriées, qui représentent les positions relatives des plans de polarisation propres aux diverses divisions chromatiques du spectre, comme je l'avais fait dans mon Mémoire de 1818. Mais cette représentation est ici étendue à toutes les portions du spectre comprises entre les raies extrêmes B, H, de Fraunhofer. J'ai rapporté aussi les formules que j'avais autrefois établies pour calculer les éléments chromatiques des images, dans toutes les positions quelconques du prisme analyseur, d'après les valeurs mathématiquement assi- gnées aux vitesses angulaires de rotation, afin qu'on ne fût pas obligé d'aller reprendre ces détails dans les diverses publications antérieures où ils sont épars. De cette manière, les physiciens qui voudraient analyser de nouveau ces curieux phénomènes trouveront dans mon Mémoire tous les matériaux d'une étude complète; et les géomètres qui voudraient essayer de les sou- mettre à des théories mathématiques, déduites des hypothèses que l'on peut former sur la nature de la lumière, y tiouveront aussi des éléments d'appli- cation tout préparés. J'ai tâché de faire en sorte qu'ils fussent suffisamment multipliés pour ce but, mais surtout qu'ils fussent fidèles. >. Je n'ai pas négligé non plus d'employer le procédé ingénieux que MM. Fizeau et Foucault ont imaginé, et proposé dans le Compte rendu du 'î[\ novembre i845, pour vérifier, à posteriori, les valeurs assignées aux vitesses de rotation des différents rayons simples Ce procédé peut s'énoncer mathématiquement de la manière suivante : Étant donnée une plaque de cris- tal de roche, ou de toute autre substance dont le pouvoir rotaloire est censé connu, exposez-la normalement à un faisceau blanc, préalablement polarisé en un seul sens; puis, ayant plac('; la section principale du prisme îinalyseur dans une certaine direction angulaire, calculez, d'après les vitesses de rota- ( 97 ) tion assignées aux plans de polarisation des divers rayons simples , quels sont , dans ces circonstances, les éléments chromatiques qui doivent manquer dans l'une et l'autre image. Gela fait, placez, après l'analyseur, un prisme à réfraction simple, très-dispersif; et voyez si les spectres des deux images, ainsi développés, présentent, dans leur longueur totale, les intermittences prévues. Pour adapter ce procédé d'expérimentation aux dispositions de l'appareil dont je fais usage, j'ai fixé le prisme dispersif sur l'alidade de l'ana- lyseur par un bras métallique tournant, qui permettait de l'amener dans le trajet des rayons, ou de l'en écarter à volonté; puis, j'ai interposé antérieu- rement, dans ce même trajet, une fente métallique étroite que je dirigeais parallèlement à l'alidade, pour obtenir, par cette limitation, des spectres dont les éléments chromatiques de réfrangibilités voisines n'empiétassent point trop les uns sur les autres. En opérant ainsi, dans les conditions les plus di- verses, tant d'épaisseur des plaques que de position angulaire de l'analyseur, j'ai toujours trouvé les intermittences réalisées dans chaque spectre, comme le voulait le calcul , tant pour leur place que pour leur nombre. C'est donc une vérification matérielle des valeurs que j'avais attribuées aux vitesses de rotation. Toutefois , malgré la partialité favorable que cet accord doit natu- rellement m'inspirer pour le procédé dont il s'agit, je n'ose pas trop m'en prévaloir , parce que , telle que j'ai pu l'adapter à mon appareil , l'épreuve pourrait bien paraître plus séduisante que rigoureuse à des expérimentateurs scrupuleux. En effet, chaque élément chromatique, qui, selon le calcul, doit manquer mathématiquement dans l'une ou l'autre image, n'y disparaît pas physiquement seul. La disparition s'étend, pour l'œil , aux éléments horaochromatiques voisins , dont la direction de po- larisation propre diffère trop peu de celle-là, pour que le carré du sinus ou du cosinus de cet écart les amène en proportion perceptible dans la même image. Or, l'indétermination qui naît de cette circonstance est assez prande, quand on opère, comme je l'ai fait, avec la lumière des nuées transmise à travers des plaques, ou des systèmes de plaques, dont l'épaissein- ne peut jamais être que fort restreinte. Car, par la réunion de ces deux circonstances, les bandes noires, qui se forment dans chaque division homochromatique des spectres, ont toujours inévitablement une notable largeur. Alors, dans les limites d'épaisseur où ce genre d'épreuve peut être réalisé , sans avoir à crain- dre d'autres causes d'erreur, il faudrait que les valeurs attribuées aux vitesses de rotation fussent bien défectueuses, pour que les intermittences ne se mon- trassent point dans les divisions chromatiques où le calcul les place. Ou C 98 ) \ pourrait espérer plus de précision en opérant sur un trait de lumière solaire polarisée , dont la vivacité rétrécirait l'amplitude que chaque intermittence embrasse pour l'œil, à épaisseur égale; mais on y rencontrerait peut-être d'autres difficultés pratiques; et, ne l'ayant pas essayé, je n'oserais exprimer une opinion sur ce point. Quant à raugnientation hypothétique des épaisseurs qui produirait le même effet, en rendant les intermittences plus nombreuses et leurs amplitudes plus fines, elle est bornée par des impossibilités phy- siques dans le cas actuel. Toutefois l'expérience , telle qu'on la réalise avec la lumière des nuées, à travers de médiocres épaisseurs, est déjà très-belle; el l'apparition des intermittences, aux points précis de chaque spectre où le calcul les indique, offrira un spectacle très-intéressant dans les cours publics, ces spectres étant alors formés avec la lumière solaire, et reçus en projection sur des tableaux blancs très-éloignés. On doit donc savoir beaucoup de gré aux deux jeunes auteurs de l'avoir suggérée. A cette occasion , je donne, dans mon Mémoire, une règle arithmétique fort simple, par laquelle on prévoit tout de suite le nombre total des intermittences qui doivent se former néces- sairement, ou facultativement, dans l'une et l'autre image, à travers toute plaque d'épaisseur assignée, pour chaque position que l'on veut donner à la section principale du prisme analyseur autour du faisceau lumineux transmis. Ces nombres croissent graduellement, par sauts brusques, à mesure que l'é- paisseur augmente; et il est assez singulier que, dans une même plaque, quel- que épaisse qu'on la suppose, ceux qui appartiennent à l'un ou à l'autre des deux spectres ne peuvent jamais différer entre eux de plus d'une unité. En même temps qu'ils augmentent ainsi avec l'épaisseur, la raie noire, que cha- que intermittence présente à l'œil, devient plus fine, parce que les éléments chromatiques de réfrangilités voisines ayant leurs plans de polarisation propres plus séparés les uns des autres, ils échappent plus promptement auxconditions physiques d'une disparition commune. Mais le progrès idéal de ce rétrécisse- ment est bientôt borné, dans les applications, par la lenteur avec laquelle le nombre des intermittences s'accroît. Car, pour l'étendre au delà délimites assez restreintes, il faudi'ait supposer des épaisseurs trop grandes pour se prêter à des observations précises , ou même pour être réalisables pratiquement. Ces diverses particularités, ainsi que le nombre absolu des intermittences qui peuvent se former dans chaque plaque, et les places où elles doivent se voir pour chaque position donnée du prisme analyseur, seront annoncées mani- festement aux yeux, indépendamment de l'expérience, mais toujours en con- cordance avec elle, si l'on se sert de cercles coloriés, représentant, sur leur (99) contour, la répaitition actuelle des plans de polarisation propres à tous les éléments chromatiques de la lumière transmise à travers chaque plaque. Car, en fixant, au centre de ces cercles, des croix tournantes à branches rectangu- laires, dont deux , diamétralement opposées, représenteront la section prin- cipale du prisme analyseur, et les deux autres la section perpendiculaire, ces branches marqueront, sur le contour colorié, les rayons lumineux qui doivent manquer mathématiquement dans l'une ou l'autre imaffc, selon la position du prisme, tout comme le ferait le calcul, quoique non pas sans doute si exactement. Et cette simple construction graphique pourra même ne pas être inutile au physicien expérimentateur, en lui désignant les directions du prisme analysein-, qui sont propres à mettre en évidence les phénomènes les plus délicats ou les plus instructifs que la distribution des plans de polarisa- tion, à leur sortie de chaque plaque, peut spécialement présenter. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — jéppUcations diverses du nouveau calcul dont les principes ont été établis dans la séance précédente ; par M. Augustin Cauchy. « Considérons n variables diverses x, y, z, u, v,. ... Le nombre total iV des arrangements que l'on pourra former avec ces variables sera déterminé par la formule iV = I .2.3. . .n. Soit d'ailleurs s une fonction linéaire de x, j', z, . ... déterminée par une équation de la forme (i) s = ax -h bjr -h cz -i- . . . . Les diverses valeurs de cette fonction seront toutes égales entre elles, et, par suite, la fonction sera symétrique, si les coefficients a, b, c,. . . sont tous égaux entre eux. Si, au contraire, plusieurs coefficients sont inégaux, la fonction s offrira plusieurs valeurs distinctes dont le nombre sera facile à calculer. Enfin, si tous les coefficients sontinégaux, les JV valeurs delà fonction s seront toutes distinctes les unes des autres. » Concevons maintenant que a étant une racine de l'équation (2) ««=!, on réduise les coefficients a, b, c,. . . ( lOO ) aux divers termes de la suite (3) !,«,«',..., «""'. La formule (2) donnera (4) s — X -^ ajr -^ (/?z + Soit d'ailleui-s (5) P = {cç, jr, z, u, V,...). On aura (6) Pi- = j -f- as + a'« + . . . , et par conséquent (7) ^ p^ = r' puis on en conclura ou , ce qui revient au même , (8) P^" = s". Lorsque a représente une racine primitive de l'équation (2), alors les «termes de la série (3) étant tous inégaux entre eux , la fonction ^ déterminée par la formule (4) offre N valeurs distinctes. Mais comme , en vertu de la for- mule (8), s" représente une fonction qui n'est plus altérée par la substitu- tion P, cette dernière fonction offre évidemment autant de valeurs distinctes qu'il y a d'unités dans le rapport — = I .2.3. . . (« — 0- n ' .. Concevons à présent que, a étant une racine primitive de l'équation (2), on élève la fonction s à une puissance quelconque dont le degré / soit un nombre premier à «, et désignons par X, y, z, u, V,... les diverses fonctions de x, j,z,u,v,... qui , dans le développement de s', se ( ,o. ) trouvent multipliées par les divers termes de la suite en sorte qu'on ait (9) ^ = X -h a'y + a}h, + On tirera de la formule (7) et par conséquent, eu égard à l'équation (9), (10) P/ = y + a'z -t- a"u -f- Or, de la formule (ro) comparée à l'équation (9), il résulte évidemment que la substitution P a pour effet de transformer x en y, y en z, z en u,. . . . Donc , si l'on représente par (11) ii = F(x, y, z,...) une fonction quelconque de x, y, z,. . . , la substitution P appliquée à la fonction 0. produira le même effet que la substitution (x, y, z,, . .). En d'autres termes , si l'on pose (12) $ = (x, y, z,...), $ ne sera autre chose que la substitution P exprimée non plus à l'aide des variables données J?, j-, z,..., mais à l'aide des nouvelles variables x, y, z ,...; de sorte qu'en désignant par û une fonction quelconque de ces nouvelles variables, on aura (i3) Piî = «û. » Ce n'est pas tout. Si, en nommant r l'un quelconque des nombres pre- miers à «, et jo un entier choisi de manière à vérifier la formule (i4) r|3= I (mod. «), ^ on remplace a par cfS' dans le second membre de l'équation (4) , on ob- tiendra une nouvelle valeur de s qui sera précisément celle à laquelle on parvient quand on substitue aux variables dont les rangs , dans la série y-i ^1 M, . . ., C R., i846, I" Semestre. (T. XXll , N» 5.) '4 ( I02 ") sont représentés par les nombres I, -j., 3,. . ., celles dont les rangs sont représentés par les nombres r, ar, 3r,.... Donc la nouvelle valeur de s sera précisément celle qu'on obtient quand ou applique à ^ la substitution Q relative aux seules variables et déterminée par l'équation symbolique (.5)_ Q = Ç} D'autre part, comme la substitution Q relative aux seules variables r, z,... et déterminée par la formule (x5), produira sur s, et par suite sur s' , un effet identique avec celui qui résulterait du changement de a en a/', on aura Bon-seulement (i6) • Qs =: X -h aPj- -h a.'^Pz ^ . . ., mais encore (17) Q*' = x + ap'y + a'p'z + . ... Or, de la formule (17), comparée à l'équation (9), on conclura que la substitution Q fait passer à la place des fonctions dont les rangs , dans la série y, z, u,..., sont représentés par les nombres I, 2, j ,. . . , celles dont les rangs sont représentés par les nombres Donc la substitution Q échangera entre eux de la même manière les termes, correspondants des deux séries y, z, «,..,, y, z, u,..,-^ ( io3 ) «t, si l'on nomme ^ce que devient la substitution Q exprimée à l'aide de y, z, u,. . ., ^ se déduira de *JP à l'aide d'une équation symbolique semblable à la formule (i5); de sorte qu'on aura ('8) Z= (î)' X devant conserver la même place dans 'S et dans ^'. Si maintenant on ap- plique la substitution ^ ainsi déterminée à une fonction quelconque iî de x, y, z,. . ., on aura identiquement («9) Qù=^Çl. » Comme, en désignant par / un nombre entier quelconque, on tire de la formule (i5) l'ordre / de la substitution Q, ou la plus petite valeur de / propre à vérifier la formule devra évidemment se confondre avec la plus petite valeur de l propre à vérifier l'équation que l'on peut réduire à r'^i , (mod. n). Donc, par suite, si r est une racine primitive relative au module n, le nombre i devra se confondre avec l'indicateur maximum / correspondant à ce module. Dans le cas contraire, i sera un 4iviseur de /. » D'autre part, comme, en vertu de l'équation (i5), le système des puis- sances de P sera permutable avec le système des puissances de Q , on peut affirmer que les deux substitutions P, Q, jointes à leurs dérivées, composeront un système dont l'ordre sera représenté par le produit ni. Par suite aussi, a étant un diviseur quelconque de n, les deux substitutions P", Q, 1 4 • • ( io4 ) jointes à leurs dérivées , composeront un système dont l'ordre sera Ajoutons que de la formule (i3) on tirera immédiatement (20) P"fl = «"O. !> Les formules que nous venons d'établir offrent des expressions très- simples des théorèmes fondamentaux sur lesquels s'appuie la résolution des équations binômes. Les équations (i3), (19) et (20), en particulier, permet- tent de construire facilement avec n variables données x, j-, z,. . ., des fonctions pour lesquelles le nombre m des valeurs distinctes soit déterminé par la formule / \ l .1. . .(n — I ) (ai) m = f U, i étant ou l'indicateur maximum /relatif au module «, ou un diviseur de/, et a étant ou l'unité ou un diviseur de n. D'ailleurs, le mode de formation que fournissent les équations (i 3), (19) et (20), pour les fonctions dont il s'agit, est différent de celui que nous avons indiqué dans la séance du 6 octobre , et se réduit à la règle que nous allons énoncer. » Pour former avec ?i variables x, j", i,. . . une fonction Cl , qui offre » 1 . 2 . . . (« — 1 ) a valeurs distinctes, a étant un diviseur quelconque de n et / un diviseur quel- conque de l'indicateur maximum relatif au module n, posez s=^x-haj--ha,'^z-h- a étant une racine primitive de l'équation a"= I. Soit d'ailleurs / un quelconque des entiers premiers k n, et représentez pai a', a^ les coefficients de dans le développement de s'. Soit encore /' une racine primitive de l'équi- ( to5 ) valence r'^i, (mod. n), en sorte que r' représente la plus petite puissance de /•, qui, divisée par n» donne Funité pour reste. Pour obtenir une fonction ù de Xjj^z,. . . qui remplisse la condition énoncée, il suffira de prendre généralement ii = F(x, y, z,...), ■ F(x,y, z,. . .) désignant une fonction de x, y, z,, . . qui nesoitjamais altérée, ni par la puissance $" de la substitution ni par la substitution « = (x, y,z,...), t=(^)- » A la vérité, il semblerait au premier abord que cette règle ramène la question proposée à une question entièrement semblable. Car, pour carac- tériser une fonction Ï2 de a:, j", a , . . . qui offre 1 .2.3. . . (/; — i) i .' a i valeurs distinctes, il suffit de dire que les substitutions qui n'altèrent pas sa valeur se réduisent aux dérivées de deux substitutions de la forme et ces deux dernières équations sont semblables à celles qui fournissent les valeurs de $ , ^ exprimées à laide des variables x , y , z , . . . . Mais il importe d'observer que le nombre des valeurs distinctes de D. considéré comme fonction de x , j", z,. . . restera généralement le même, si l'on diminue le nombre des valeurs distinctes de Q, considéré comme fonction dex, y, z, ..., et même si l'on réduit ce dernier nombre à l'unité. Donc , en suivant la règle indiquée, on pourra généralement prendre pour F (x, y, z,. . .) une fonction symétrique des nouvelles variables x , y, z , . . . . » Au reste, il suit des principes établis dans la séance précédente, que la règle ci-dessus tracée est comprise comme cas particulier dans une autre règle qui conduit au même but , et que nous allons indiquer. ( 106) ■• Pour former avec les n variables x, j,z,. . . une fonction il qui offrr m valeurs distinctes, la valeur de m étant déterminée par la formule (21), posez P = (^, j, z,...), et Q=(p)' r étant une racine primitive de l'équivalence r' ^ï I , (mod. n) ; puis construisez une fonction x qui vérifie la condition (22) P-'x = X, et prenez ensuite ^ = F(x,y,z,...), F (x, y, z, . . .) désignant une fonction symétrique des variables x, y, z , . . ., et y, z, ... . étant liées à x par les forftiules y = Qx, z = Q«x,..,. La valeur de Q. ainsi obtenue , savoir, (^3) ^ ii = F(x, Qx, Q'x,..., Q'-• r^a courbe de contact sur le cône peut être considérée comme le con- tour d'un ellipsoïde infiniment aplati dont les ombilics sont les foyers. Donc » Quand un cône de re\'olution est circonscrit à un ellipsoïde, l'arc géo- désique mené d'un point de la courbe de contact à un ombilic, et le rajon vecteur mené du même point à un foyer de cette courbe, ont leur différence constante. " Un cône du second degré et une sphère qui a son centre en sou som- met, peuvent être considérés comme deux surfaces homofocales ; donc les tangentes à une ligne géodésique tracée sur un cône du second degré sont toutes tangentes à une sphère qui a son centre au sommet du cône. Cela est évident et ne sert ici que comme vérification du théorème général. >' Je donnerai, dans une prochaine communication , une démonstration directe de l'équation PD = 7== relative à toutes les tangentes communes à deux surfaces homofocales, que j'ai déduite précédemment de l'équation fx* sin^/' -f- v' sin*/" = a^. ( Voir les Comptes rendus, page 70.) » GÉOMÉTRIE. — Déinomtration géométrique relative à l'équation des lignes géodésiques sur un ellipsoïde quelconque; par M. Liodville. « Soient M, M' deux points consécutifs d'une ligne géodésique tracée sur un ellipsoïde, et MT, M'T' les tangentes de la courbe en ces points. A ces tangentes répondent, respectivement, deux autres tangentes de la surface, savoir, les tangentes conjuguées MS, M' S', que M. Ch. Dupin a introduites avec tant i5.. de succès dans les recherches géométriques, et dont les directions diffèrent infiniment peu de celle de l'intersection des deux plans tangents SMT, S'M'T'. Menons par le centre O de l'ellipsoïde, et parallèlement à ces diverses droites, les diamètres COD, C'OD', etlesdemi-diamètresOE,OE',OI;OIsera l'intersection de deux plans EOD, E'OD' parallèles aux deux plans tan- gents SMT, S'M'T', et différera infiniment peu des parallèles OE, OE' aux tangentes MS, M' S'. D'après un théorème connu , OD et OE, OD' et OE' seront deux systèmes de demi-diamètres conjugués pour les sections faites dans la surface par les plans EOD , E'OD'. Par suite , les droites lE , lE', qui diffèrent infiniment peu des tangentes à ces sections en E et E', seront sensiblement parallèles, l'une à COD, l'autre à C'OD'. Ainsi, en négligeant les infiniment petits du second ordre, ce que nous ferons dans tout ce qui va suivre , les perpendiculaires abaissées des points E et E' sur les droites COD et C'OD', sont respectivement égales à celles abaissées du point I sur ces mêmes droites. On conclut aisément de là qu'elles sont égales entre elles. En effet, par la propriété fondamentale de la ligne géodésique, le plan DOD', sensiblement parallèle au plan osculateur de cette ligne en M, doit couper le plan tangent SMT, et conséquemment le plan EOD ou lOD , sous un angle infiniment peu différent de 90 degrés; il s'ensuit que les perpendiculaires abaissées du point I sur COD et C'OD' font aussi avec le plan DOD' des angles infiniment peu différents de 90 degrés; ce qui suffit pour établir la proposi- tion énoncée. » En désignant donc par H et H' les perpendiculaires abaissées des points E, E' sur les diamètres COD, C'OD', on a, abstraction faite des infi- niment petits du second ordre, H'— H = o ; en d'autres termes, on a, pour le lieu des points E, dll = o et H = constante. » De là ce théorème : Si parallèlement à la tangente en un point quel- conque M d'une ligne géodésique donnée et à la tangente conjuguée^ on conçoit deux diamètres de l'ellipsoïde, la perpendiculaire H abaissée d'une des extrémités du second de ces diamètres sur le premier sera constante. » La même propriété appartient, du reste, aux lignes de courbure; elle résulte alors de ce que la tangente à une de ces lignes est toujours perpen- diculaire à sa conjuguée; ce qui rend la droite OI, dont on a parlé plus haut, sensiblement perpendiculaire aux deux droites COD, C'OD', en sorte que les perpendiculaires H, H' doivent être regardées comme égales à OI et partant comme égales entre elles. » Soient P la perpendiculaire abaissée du centre de l'ellipsoïde sur le plan ( ii3 ) tangent en M, et D la longueur du demi -diamètre OD. On sait que le pro- duit PDH est constant et égal au produit des trois demi-axes principaux. Donc, le long d'une ligne géodésique, ou d'une ligne de courbure, on a aussi PD = constante. C'est l'équation de M. Joachimsthal. Un calcul très-simple conduirait de même à notre équation : /x* cos^i ■+- v* sin"/ = constante. » Ajoutons que, sans rien changer aux principes essentiels de la démons- tration lonnée ci-dessus de l'équation H = constante, on pourrait la pré- senter sous une forme encore plus concise peut-être , en s' appuyant sur l'é- galité des angles que deux éléments consécutifs de la ligne géodésique font avec l'intersection des plans tangents à l'ellipsoïde menés par ces deux élé- ments, ce qui entraîne l'égalité des angles que la droite 01 parallèle à l'in- tersection fait avec les diamètres COD, C'OD' parallèles aux deux éléments : l'égalité des perpendiculaires abaissées du point I sur COD et C'OD' en résulte immédiatement. 'I Pour abréger, j'ai supprimé ici quelques détails sur lesquels je me propose de revenir dans un autre Recueil, n PHYSIQUE. — Sur de nouvelles relations entre l'électricité, la lumière et le magnétisme. (Extrait d'une I^ettre de M. Faraday à M. Dumas.) «... Si l'on fait passer la ligne de Jbrce magnétique engendrée par un puissant électro-aimant, ou par une hélice, à travers un corps transparent, parallèlement à un rayon lumineux polarisé qui traverse le même corps , le rayon lumineux polarisé éprouvera une rotation. Cet effet se produit dans tous les corps transparents liquides ou solides non doués de la double ré- fraction, mais à des degrés différents, suivant la nature des substances. J'y vois une action magnétique s'exerçant sur le rayon lumineux lui-même ; mais plusieurs de mes amis, qui, toutefois n'ont pas été à même de prendre en considération tous les faits de mon Mémoire, sont d'avis que ce phé- nomène ne prouve rien de tel. Ainsi, quoique mon opinion demeure la même , je reconnais volontiers qu'il se pourrait qu'elle fût erronée. » Si le rayon lumineux éprouve la rotation à droite pour une certaine direction donnée de la force magnétique , ou du courant dans l'hélice , il l'éprouvera à gauche pour la direction contraire des forces magnétique ou électrique. Le sens de la rotation dépend' essentiellement de la direction de ces forces, ce qui constitue la différence extraordinaire que je vais exposer entre cette rotation et celle que déterminent le quartz, le sucre, l'huile de • térébenthine, etc. ( n4) » Placez côte à côte une certaine quantité d'eau, dans une hélice, et un tube contenant de l'huile de térébenthine. Si l'huile possède la rotation à droite, faites passer un courant électrique à travers une hélice, de ma- nière à donner la rotation à droite, l'eau, dans le tube, acquerra le pou- voir rotatoire à droite, et les deux liquides posséderont le même mode d'action. >' Laissant maintenant les tubes, l'hélice et le courant dans l'état que nous venons d'indiquer, faisons passer le rayon polarisé en sens contraire, à travers les tubes, et plaçons-nous, pour observer, à l'extrémité opposée de ceux-ci , nous verrons encore l'huile de térébenthine tourner le rayon vers la droite,- mais il jn'en sera plus de même de l'eau, elle tournera le rayon à gauche. La rotation est absolument liée à la direction du courant élec- trique qui se meut dans le circuit, et qui, vu par cette extrémité, passe à jjauche. " Si, au lieu d'eau, il y avait dans l'hélice de l'huile de térébenthine, et que le courant électrique fût assez intense pour produire sur le rayon lu- mineux une rotation égale à celle déterminée par l'huile, son pouvoir rota- toire, observé sur un rayon passant dans une certaine direction, paraîtra doublé, tandis que, examiné sur un rayon passant dans la direction con- traire, il sera réduit à zéro. " Ce fait est celui sur lequel j'appuie surtout mon opinion contre celle de mes amis, ou plutôt de quelques-uns d'entre eux. " Voici maintenant mes résultats sur la condition magnétique de la matière. Je trouve que toute matière, sous la forme solide ou liquide (peut- être même sous la forme gazeuse), est affectée par l'aimant, mais non comme le serait le fer. Une substance magnétique à la façon du fer est attirée par l'aimant, et une portion de forme allongée d'une telle substance se place dans la direction des lignes de force magnétique; tandis qu'une substance qui jn'est pas magnétique à la façon du fer est repoussée par l'aimant , et une portion allongée d'une telle substance prend la direction transversale aux lignes de force magnétique. L'eau , l'alcool, l'éther, l'huile, le bois, la chair, le sang et mille autres substances possèdent cette dernière relation magnétique; mais les meilleures sont peut-être le verre pesant, «le phosphore, l'antimoine et le bismuth. Peut-être vous rappelez-vous que (il y a, je crois , à peu près trente ans) M. Lebaillif, de Paris, fit voir la répulsion d'un aimant par Tanlimoine et le bismuth. J'ai mentionné ce fait d'une manière générale, et je l'ai cité dans mon Mémoire. ("5) » Ayant clési{;né les substances qui ne sont pas magnétiques à la façon du fer sous le nom de diamaj^nétiqups , j'ai conservé ce nom pour exprim(!r cet état magnétique nouveau, et, pour résumer, je puis dire que toute sub- stance liquide ou solide exerce et subit une influence magnétique, étant de sa nature magnétique ou diamagnétique. n De cette propriété et de son étude naissent une multitude de conditions curieuses pour lesquelles je suis obligé de vous renvoyer à mon Mémoire, que je vous ferai parvenir le plus tôt possible. » Entre autres choses, j'ai constaté que tous les composés ordinaires "de métaux magnétiques sont également magnétiques. Ainsi, ce ne sont pas seulement les oxydes de fer qui sont magnétiques, comme l'ont vu M. Bec- querel et d'autres observateui-s; mais tous les sels de fer le sont également, et toutes les dissolutions de ces sels, à un degré de concentration suffisant pour contre-balancer la force diamagnétique de l'eau ou de l'alcool employés comme dissolvants. » En procédant de la sorte, j'ai pu constater que le cérium est un métal magnétique, car tous ses sels sont magnétiques, et qu'il en est de même pour le chrome et le manganèse. » IVOMEVA'nONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin , à la nomination d'un membre qui remplira, dans la Section d'Astronomie , la place laissée vacante par suite du décès de M. de Cassini. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 55, M. Le Verrier réunit 44 suffrages. M. E. Bouvard 9 Il y a deux billets blancs. M. Le Verrier, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. ■ Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. ( it6) MÉMOIRES PRÉSENTÉS GÉOLOGIE. —iVoMwZ/e Note sur les phénomènes erratiques de la Scandinavie, au sujet de diverses remarques de MM. Agassiz, E. Robert et Schimper; par M. J. DuROCHEB. (Commission précédemment nommée.) « Ijes remarques qu'ont adressées plusieurs naturalistes au sujet de ma Note relative à quelques faits dépendant du phénomène erratique de la Scan- dinavie (voir les Comptes rendus de la séance du aS novembre i845), né- cessitaient de ma part une réponse à laquelle des circonstances particulières m'ont obligé d'apporter un peu de retard;* j'en profite pour réunir toutes les observations que j'ai à faire relativement aux remarques de MM. Agassiz , E. Robert et Schimper. Je commence par rappeler qu'aucun d'eux n'a dé- menti les faits contenus dans ma Note, et relatifs aux sulcatures des rochers Scandinaves; seulement, MM. Agassiz .et Schimper les ont envisagés de ma- nières différentes, et ont tâché de les mettre enharmonie avec la théorie glaciaire. Il me suffira donc de montrer combien est peu fidèle l'interpréta- tion que l'on a faite de mes observations , de protester contre les assertions inexactes que l'on m'a prêtées , et dont on s'est fait une arme pour combattre mes conclusions. >i Dans ma Note précédente, j ai cité comme exemple de sulcatures inex- plicables dans la théorie glaciaire, l'existence de sillons et canaux sinueux bifurques, etc., dont les parois sont striées. M. Agassiz avoue que ces sillons ont été creusés par l'eau , mais par les courants d'eau qui serpentent sous les glaciers, et il considère les stries fines dont sont revêtues leurs parois comme ayant été creusées par des glaciers. Le plus léger coup d'œil jeté sur de pa- reils sillons ou canaux, quelquefois profonds de 2 mètres, suffit pour recon- naître l'impossibilité que des courants d'eau ordinaires, tels que ceux dont parle M. Agassiz, provenant soit de la fonte estivale des glaciers, soit de l'eau pluviale, aient pu creuser de telles érosions sur des roches dures comme le granité, la syénite, le diorite, etc. La marche des courants d'eau ordi- naires est déterminée invariablement par l'action de la pesanteur, ils des- cendent le long des pentes des surfaces où ils coulent; or, l'un des caractères les plus frappants des sillons dont j'ai parlé, c'est de présenter une allurg presque toujours contraire à celle qu'ils prendraient sous l'action de la pesan- teur, allure qui implique nécessairement l'existence d'une force motrice ou ( "7 ) d'une vitesse acquise supérieure à la gravité, et agissant dans un sens pei'- pendiculaire à celle-ci. Gomme on le voit sur les figures jointes à une Notice concernant le même sujet, présentée à la Société géologique le i" décembre 1845 , les sillons ou canaux que j'ai décrits , malgré leurs ondulations, suivent une même direction générale, identique à celle des stries, serpentent non- seulement à la partie supérieure, mais aussi sur les flancs des rochers, re- montent le long des surfaces inclinées et en sens contraire de la pesanteur; souvent ils s'arrêtent brusquement en atteignant une paroi rugueuse et abrupte, située du côté opposé à celui d'où venait l'agent d'érosion, et qui formait, dans le phénomène erratique du Nord, le côté abrité ou préservé {lee seité). Kn un mot, dans leur allure et leur manière d'être, ils présentent des caractères spéciaux qui leur sont communs à eux et aux stries, et qui les rat- tachent forcément à un même agent; et si l'on admet, comme MM. Agassiz et Schimper, que ces sillons n'ont pas été produits par des glaciers, on est fprcé de convenir qu'ils sont le résultat de courants d'une grande vitesse. >) D'ailleurs, il me paraît impossible de concevoir comment des glaciers auraient pu , d'après la manière de voir de M. Agassiz, pénétrer à l'intérieur de canaux qui ontjusquà 2 et 3 mètres de profondeur, et seulement 3o à 35 cen- timètres de largeur, qui sont quelquefois plus étroits en haut qu'en bas , com- ment ils auraient pu en strier les parois. Je puis encore citer comme exemple de sulcatures que n'ont pu creuser des glaciers, les sillons et les stries que l'on voit à Skarholin, près Kragerôe (Norwége), s'élever de bas en haut dans nu plan vertical, sur une paroi surplombante inclinée de 67 degrés à l'ho- rizon. On ne peut supposer qu'un glacier ait eu un mouvement vertical de bsis en haut; d'un autre côté, les stries n'ont pu être produites par une chute des glaciers de haut en bas le long de cette paroi , puisqu'elle est surplom- bante; et un glacier qui se serait mû horizontalement le long de cette paroi (ce qui est le seul cas possible) y aurait tracé des stries allongées dans le sens horizontal, au lieu d'être disposées verticalement. » Les objections et la manière de voir de M. Schimper diffèrent en quel- ques points de celles de M. Agassiz; il reconnaît que les sulcatures des îles et du littoral de la Suède et de la Norwége ont été produites par l'action de Veau, sans s'expliquer sur la manière dont il conçoit cette action; mais la partie essentielle de ses remarques me paraît consister dans une distinction fondamentale qu'il prétend exister entre les sulcatures des bords de la mer et celles de l'intérieur. Suivant l'opinion de ce botaniste, les premières, produites par l'action de l'eau, ^onl irrégulières, inégales, anastomosées, sejjaçant à chaque instant, etc., tandis que les autres, censées produites C. R., 18^6, 1" Semestre. (T. XXII, N» 5.) lO (•'8) par des glaciers^ sont des lignes droites, simples, fortement burinées, etc. Une pareille distinction n'a jusqu'à ce jour été observée que par M. Schim- per, et l'on sera sans doute étonné que tant de savants qui habitent ou qui ont visité le nord de l'Europe , que M. Brongniart, l'un des premiers qui ait appelé l'attention sur ce phénomène, que M. Selfstrom, qui a étudié les ca- ractères dessulcatures sur une grande partie de la Suède, que M. Bothling, qui les a observées en Finlande, MM. Keilhau et Scheerer en Norwége, que MM. Berzelius, Mosander, Langberg, Forchammer, Beck, Daubrée, Mur- chison, de Verneuil et tant d'autres savants n'aient pas aperçu une différence aussi essentielle, et soient tombés dans la même méprise que moi, en ne dis- tinguant pas en deux classes les stries du littoral et celles de l'intérieur des terres. J'ai étudié les sulcatures du phénomène erratique, dans le cours de différents voyages en Laponie, sur une grande partie de la Finlande, de la Suède et de la Norwége, près et loin de la mer, même au milieu des mon- tagnes les plus élevées de la Norwége, non-seulement dans la plupart des lieux cités par M. Schimper, sur le Miosen, le Guldbrandsdal, le Dovre, le Romsda- len, etc. , mais aussi sur le Fillefield, le Langfield, l'Iotungfield , etc., sur les montagnesdes environs de Roraas, d'Areskuttan, sur celles faisant la séparation de la Norwége et de la Suède, etc., dans beaucoup d'autres vallées et mon- tagnes; et j'avoue que, comme les illustres savants cités plus haut, je n'ai point reconnu qu'il faille établir une séparation fondamentale entre les stries du lit- toral et celles de l'intérieur. J'ai observé en une foule d'endroits près de la merdes sulcatures aussi régulières et continues, aussi fortement et nette- ment tracées qu'à l'intérieur, ayant aussi plusieurs mètres de longueur; la seule différence qui existe entre les unes et les autres, c'est que les larges sillons qui accompagnent les stries fines sur les îles et le littoral du midi de la Suède et de la Norwége présentent quelquefois des courbures arrondies et des caractères d'ondulation ou de bifurcation un peu plus fortement pro- noncés qu'à l'intérieur de ces contrées; or, j'ai expliqué ces caractères dans une Notice présentée à la Société géologique le i" décembre i8/|5, et qui est actuellement sous presse, eu exposant que les mouvements tumultueux produits dans la mer par l'arrivée de grandes masses d'eau et de débris auront pu donner lieu à des ondulations ou même à quelques irrégularités locales dans la marche des appareils sulcateurs. Mais il n'en résulte pas dans les carac lères des sulcatures de différeuce assez essentielle pour que l'on puisse en conclure que les agents qui ont buriné les rochers des régions centrales et ceux des ri- vages étaient de natures entièrement différentes. Les caractères vraiment es- sentiels dans les sulcatures, ce sont leur direction, leur inclinaison à Ihorizon ( "9 ) sur des parois escarpées, leur allure presque indépendante de l'action de la pesanteur et le caractère remarquable de leur disparition en arrivant du côté abrité; or, ces caractères si précis se montrent les mêmes près de la mer et à l'intérieur du pays; en suivant leur direction, on peut voir les sillons et les stries se prolonger, sans changer de nature, des bords de la mer jus- que dans les régions montagneuses. » Pour ce qui concerne les dépôts grossièrement stratifiés de sables, de graviers et de cailloux que l'on trouve sur les plateaux ou plaines de la Da- lécarlie, de l'Helsinglande, etc., et aussi dans le midi de la Suède, dans la Norwége, la Laponie et la Finlande, dépôts que MM. Schimper et Agassiz considèrent comme des alternances de moraines glaciaires et de couches sableuses formées par l'eau qui s'écoule des glaciers en entraînant avec elle du sable et des graviers; quiconque a étudié les dépôts des glaciers et ceux qui se forment au sein des eaux rejettera immédiatement une pareille explica- tion. Si l'on examine, en effet, les sédiments que déposent les courants d'eau provenant de la fonte annuelle de glaciers même aussi considérables que ceux du JMont-Blanc , du Mont-Rose, etc., c'est-à-dire de montagnes s'élevant jusqu'à aooo mètres au-dessus de la limite des neiges perpétuelles, on ne peut comprendre comment des glaciers qui se seraient formés dans un pays dont la surface constitue un plateau ondulé, où les montagnes ont une éléva- tion peu considérable, inférieure à 4oo mètres pour toute la Finlande, une grande partie de la Suède et de la Laponie, où elles ne présentent ni gorges profondes, ni vallées longues et encaissées telles qu'on en voit dans les Alpes; comment des glaciers aussi peu puissants, n'ayant pas, pour s'alimenter, d'énor- mes masses de neige comme celles qui couvrent les hautes sommités alpines, auraient pu, par leur fusion estivale, produire des courants d'eau assez con- sidérables pour former ces immenses et épais dépôts qui couvrent des plaines de plusieurs lieues de largeur. D'ailleurs, les dépôts des courants que pro- duit la fonte journalière des glaciers présentent ce caractère essentiel, d'être limités aux parties basses du terrain, à celles où coulent les eaux, et d'être subordonnés à la disposition des pentes ; de même les moraines des glaciers, au lieu d'être répandues horizontalement et d'une manière uniforme sur de grandes étendues de pays, présentent une extension très-circonscrite et tout à fait inégale, en rapport avec la marche progressive ou rétrogressive des glaciers ; tandis que les dépôts erratiques et grossièrement stratifiés de la Scandinavie s'étendent , en présentant une allure un peu ondulée, sur d'im- menses surfaces ; ils n'ont pas seulement rempli le fond de quelques vallées , mais ils ont nivelé une partie des inégalités du sol Scandinave , et ont formé l6..: ( I20 ) ainsi de vastes plaines dont l'horizontalité me paraît incompatible avec les actions glaciaires. Des dépôts de ce genre n'ont pu être formés que par de grandes nappes d'eau, d'autant plus que les cailloux ou fragments de roches qu'ils renferment sont , en général, beaucoup moins abondants que dans les moraines, sont enveloppés d'une grande masse de sable et de gra- viers, et sont habituellement arrondis ou usés sur les angles. " M. Schimper m'a encore objecté que les blocs du dépôt erratique n'ont pu être transportés par l'eau, vu leurs grandes dimensions et leurs angles in- tacts; je répondrai d'abord que, parmi ces blocs, une partie de ceux qui se trouvent à la surface du dépôt, et principalement ceux qui sont à l'intérieur, ont leurs arêtes émoussées et sont souvent même arrondis. On en voit, il est vrai, de gigantesques qui sont tout à fait anguleux; mais pour ceux-là, je renverrai M. Schimper à un Mémoire que j'ai présenté à l'Académie des Sciences en i84o (t), ou bien au beau Rapport de M. Élie de Beaumont sur ce Mémoire (2) ; il y verra que j'explique le transport de ces blocs à de grandes distances, non par de l'eau liquide, mais par des glaces flottantes; et il me paraît au moins aussi simple et aussi rationnel de leur faire traverser ainsi la Baltique, ou les grands lacs de la Scandinavie, que sur le dos d'im- menses glaciers. •' J'arrive maintenant à une assertion qui m'a été prêtée par M. Agassiz et que je ne puis laisser passer sous silence : j'ai dit que les glaciers n'usent et ne polissent que par leur surface inférieure, et j'appelle surface inférieure d'un glacier celle qui est tournée vers le bas, par opposition à la surface su- périeure qui est tournée vers le ciel ; car un glacier n'est autre chose qu'une masse terminée par deux surfaces courbes. J'admets sans difficulté que les glaciers peuvent polir et strier sur toute l'étendue de leur surface inférieure, et par conséquent qu'ils ont pu buriner le flanc des vallées ; j'ai moi-même remarqué, dans un voyage fait en i84o, sur le bord du glacier de l'Aar, des stries qui m'ont paru avoir été creusées par ce glacier sur le côté gauche de la vallée; j'ai mentionné ce fait dans un Mémoire présenté à l'Académie de.s Sciences le 3 avril i843 (3), et qui fait partie de la publication des Voyages en Scandinavie (4). Je profite de cette occasion pour montrer que je n'ai ja- (i) Voir les Voyages en Scandinavie, etc. ; Géologie, tome \", pages 1 33 et suivantes , par J.Durocher (Arthus Bertrand, éditeur). (2) Comptes rendus de l'Jcarfémie des Sciences, séance Au jij janvier 1842. (3) Voiries Comptes rendus de l'Académie, tome XVI, page 662 (séance du 3 avril i84-3]. (4) Voyages en Scandinavie, etc.; Géographie physique, tome ï", 2* partie, page 4o2. ( I^' ) mais dénié aux glaciers le pouvoir de polir et de rayer leur fond ; mais je n'ai pas vu d'exemple de sulcatures produites par des glaciers sur des parois sur- plombantes faisant voûte au-dessus de leur surface supérieure ; or, sur les parois en surplomb que j'ai observées en Scandinavie, il y a non-seulement des stries fines, comme pourraient en produire, ainsi que le conçoit M. Agassiz, des fragments de roches gisant à la surface des glaciers , mais il y a aussi des sillons cylindroïdes plus ou moins ondulés, larges et profonds de quelques pouces. » En résumé, les observations que j'ai présentées- concernant les sulca- tures et les dépôts de détritus de la Scandinavie, et les conclusions que j'en ai déduites ne sont aucunement infirmées par les remarques de M. Agassiz, ni par celles de M. Schimper ; car j'ai fait voir que l'appareil sulcateur pos- sédait les propriétés de corps fluides et que les dépôts de transport de la Scandinavie offrent les mêmes caractères essentiels que les sédiments aqueux ; et quand bien même, parmi les effets qua laissés ce phénomène, il en est qui ont quelque chose de commun avec ceux que produisent les glaciers, cette analogie en quelques points ne peut altérer la rigueur de mon raisonne- • ment. » Sans entrer dans de plus grands détails sur un sujet que je dois bientôt traiter plus amplement, je rappellerai que la comparaison des phénomènes erratiques dans les Alpes, les Vosges, les Pyrénées et la Scandinavie , qui fait l'objet d'une partie d'un long Mémoire présenté à l'Académie des Sciences il y a bientôt trois ans(i), m'a conduit à faire voir que la théorie glaciaire présente de grandes difficultés dans les montagnes du centre de l'Europe, et que, dans le nord de notre continent, le rôle que l'on voudrait faire jouer aux glaciers est tout à fait inadmissible. n Je dois ajouter une observation sans laquelle les débats, suscités depuis quelques années par l'étude des phénomènes erratiques et des glaciers, pré- senteraient quelque chose d'inexplicable ; sans laquelle on ne comprendrait pas pourquoi les géologues ne peuvent tomber d'accord même sur des ques- tions de faits, indépendamment de leur interprétation théorique. I/argumen- tation employée par les géologues de l'école suisse s'appuie sur une base vi- cieuse ou , du moins , tout à fait hypothétique : dans les Alpes , le phénomène erratique s'est étendu, sur le flanc des montagnes , jusqu'à la zone des névés; cest aussi dans cette zone que les glaciers prennent naissance et commencent ,(i) Voyages en Scandinavie, etc. ; Géographie physique, tome P', 2' partie, pages 349 ù 4o8. ( 122 ) à affecter leurs caractères distinctifs. Ce sont deux phénomènes, l'un actuel, l'autre passé, dont nous voyons les effets sur le même théâtre; or, ces effets possèdent certains caractères d'analogie, savoir des traces dépolissage et des sulcatures. T.es géologues de l'école suisse, observant sous les glaciers des surfaces polies et burinées , sont naturellement conduits à les considérer comme produites par l'action des glaciers; mais, par extension , ils regardent aussi comme tels les effets du même genre qu'ils voient autour des glaciers , à côté d'eux , à des niveaux plus élevés et plus bas , effets qui se prolongent le long des vallées alpines , et s'étendent jusque sur le Jura. En donnant à tous ces effets le nom de polis de glaciers, stries de glaciers, etc., en sup- posant ainsi implicitement leurs caractères inhérents aux effets des glaciers, ils s'attribuent comme argument le résultat d'une hypothèse toute gratuite et se font une position commode en même temps qu'avantageuse pour com- battre les personnes qui ne partagent pas leur manière de voir. Mais l'assimi- lation du phénomène ancien au phénomène des glaciers actuels , le passage de l'un à l'autre sont cependant loin d'être démontrés : la superposition de deux effets du même genre sur les mêmes lieux n'implique pas nécessaire- ment leur connexion ni l'identité des causes qui les ont produits. Ce qui, dans les Alpes, rend plus apparente et plue trompeuse une ressemblance que je ne conteste pas, et peut-être même en certains endroits une espèce de fusion entre les érosions anciennes et les traces d'usure des glaciers actuels, c'est qu'en général leur direction est à peu près la même ; les glaciers occu- pent aujourd'hui la partie supérieure des hautes vallées , et les stries anciennes partent des massifs rocheux qui les bordent; elles ont été creusées par des appareils qui ont aussi rempli ces vallées, et jusqu'à une bien plus grande élévation que ne les remplissent les glaciers de notre époque. Mais il n'en résulte pas que l'on doive ni que l'on puisse rigoureusement attribuer à des glaciers toutes les sulcatures qui se trouvent dans leur voisinage, et partant de là, en déduire que toutes les érosions du même genre, observées en d'au- tres pays, en Angleterre, en Ecosse, en Irlande et en Scandinavie, démon- trent l'existence ancienne de vastes glaciers dans ces contrées. Pendant mou dernier voyage en Norwége , j'ai eu le bonheur de rencontrer des glaciers qui sont aujourd'hui en voie rétrograde et qui ont laissé à nu, sur une longueur de 600 à 700 mètres, des espaces qu'ils ont recouverts à des époques histori- ques. L'étude que j'en ai faite, et dont j'aurai l'honneur d'exposer les princi- paux résultats à l'Académie, m'a permis de distinguer très-nettement les ef- fets produits par ces glaciers des érosions anciennes, et j'ai reconnu que là ( '^3 ) il n'y a point de passage des uns aux autres, et qu'ils appartiennent à deux phénomènes distincts. » Quant aux remarques présentées par M. E. Robert, je ferai observer que les sulcatures Scandinaves ne peuvent pas être attribuées à l'action de la mer dans un état de repos tel que celui où elle est aujourd'hui ; parmi les caractères de ces érosions, de même que quelques-uns d'entre eux sont ana- logues aux effets glaciaires, de même il en est aussi de semblables à certains effets que peuvent produire les vagues de la mer , soit par un mouvement de flux et de reflux, soit par l'agitation qu'occasionnent les tempêtes; et sous ce rapport, les observations de M. E. Robert sont fort justes. Ainsi, certaines cavités arrondies, mamelonnées, en forme de marmite, telles que les pots de géants, sont produites par de l'eau qui tournoie violemment en entraînant avec elle des graviers et des cailloux ; ils peuvent donc se former sur les ri- vages de la mer actuelle, et, comme M. E. Robert, j'en ai observé sur les côtes de la Scandinavie qui peuvent avoir cette origine. Néanmoins ils se. forment bien plus fréquemment vers le pied des cascades ou des rapides que présente le cours des torrents , et l'on a très-souvent l'occasion d'en voir dans les fleuves ou rivières de la Scandinavie. Mais, dans le phénomène erratique de cette contrée, phénomène si vaste et si remarquable par la diversité de ces effets, ce n'est pas par l'observation de caractères accessoires ou secon^ daires, ce n'est pas en saisissant des traits d'analogie communs à des agents d'espèces différentes que l'on peut arriver à des notions précises sur la nature de la cause première; mais c'est en étudiant l'ensemble des caractères essen- tiels et des différences spécifiques qui peuvent le distinguer des autres phé- nomènes naturels. Or, en Finlande, dans le midi de la Suède et delaNorwége, les sulcatures viennent de l'intérieur des terres du nord , du nord-ouest et nord- est; on n'en voit pas ordinairement sur le côté exposé à l'action de la mer, côté qui est abrupte et rugueux ; d'ailleurs le parallélisme général des sulcatures sur les rochers d'une même région, de quelque manière que leur surface soit orientée ou exposée à l'action des eaux marines, la continuité qu'elles offrent depuis les hautes régions jusqu'aux rivages actuels, enfin l'absence de sem- blables érosions sur les rochers granitiques qui, dans d'autres contrées de l'Europe, sont aujourd'hui baignés ou l'ont été autrefois par la mer, toutes ces circonstances me paraissent être peu favorables à la manière de voir de M. E. Robert. » ( «24 ) CHIMIE. — Nouveau composé de brome et de bore, ou acide bromoborique et bromohorate d'ammoniaque; par M. Poggiale. (Extrait.) (Commissaires MM. Dumas, Regnault, Balard.) « .1 ai préparé l'acide bromoborique en faisant arriver des vapeurs de brome pur dans un mélange d'acide borique nitrifié et de charbon chauffé au rouge. L'appareil dont je me suis servi dans cette expérience esta peu près semblable à celui que MM. OErstedt et Dumas ont employé pour les acides chlorosilicique et chloroborique. Il est formé d'un tube de porcelaine auquel on adapte, d'un côté, une petite cornue contenant le brome, et, de l'autre, une allonge muuie d'un tube propre à recueillir les gaz. Le mélange de charbon et d'acide borique étant introduit dans le tube, on chauffe pendant une demi-heure au moins, afin de chasser la vapeur aqueuse qui reste dans le mélange, on volatilise peu à peu le brome et on recueille le gaz sur le mer- cure qui absorbe l'excès de brome. » .l'ai mis à profit, pour la préparation de ce gaz, toutes les précautions que M. Dumas a indiquées pour l'acide chloroborique, afin d'éviter la for- mation d'une trop grande quantité d'acide bromhydrique. Ainsi, il est né- cessaire de changer le tube recourbé , parce qu'il est facilement obstrué par le bromure de mercure et par l'acide borique qui ne tarde pas à tapisser l'allonge et à passer en partie dans le tube. » Quand on fait l'expérience avec beaucoup de soin, les premières por- tions de gaz contiennent sensiblement 3 volumes d'oxyde de carbone et a volumes d'acide bromoborique, mais on y rencontre le plus souvent de l'acide bromhydrique produit par l'eau des bouchons. Ces résultats sont constatés par plusieurs expériences insérées dans mon Mémoire. » J'ai essayé d'obtenir l'acide bromoborique en faisant arriver du brome dans un tube de verre contenant du bore et chauffé à l'aide d'une lampe, mais je n'ai jamais pu obtenir , par ce procédé , que de faibles quantités de gaz. Cela tient peut-être à ce que j'ai opéré sur du bore fortement chauffé. » Je pensais pouvoir préparer l'acide bromoborique pur en faisant arriver du brome sur le borure de fer obtenu , en précipitant le sulfate de sesqui- oxyde de fer neutre par le borate de soude et en traitant le borate de fer au rouge blanc par le gaz hydrogène; mais la substance obtenue, qui était d'un blanc argentin , n'a donné que du bromure de fer. Cette expérience m'a engagé ,^ examiner avec soin le produit de l'action de l'hydrogène sur le borate de fer. ( 125 ) Pour cela, je l'ai fait bouillir flans Teau et, après avoir évaporé la dissolu- tion, j'ai obtenu de l'acide borique; il est n sté du fer pur. Traité par lacidc sulfurique étendu de la moitié de son poids d'eau , il s'est formé du gaz hy- drogène, et j'ai remarqué dans la liquem' une substance blanche qui était de l'acide borique. Ces expériences semblent prouver que le borate de fer se décompose, par l'action de l'hydrogène, en fer et en acide borique. » li'acide bromoborique est gazeux et incolore; il a une odeur très-pi- quante et une saveur très-acide, analogues à celles de l'acide chlorhydrique ; il rougit fortement le papier de tournesol ; il éteint les corps en combustion et répand des vapeurs blanches au contact de l'air. " La chaleur ne le décompose pas. >' Ce gaz a pour l'eau la même affinité que l'acide chloroborique. Si l'on évapore la dissolution, on obtient un résidu d'acide borique, et il se dégage de l'acide bromhydrique. Ainsi, l'acide bromoborique décompose l'eau comme les acides chloroborique et fluoborique. " Si , après avoir fait passer de l'eau dans une éprouvette pleine de ce gaz, on l'agite pendant quelques instants, la portion qui n'est pas absorbée brûle avec une flamme bleue; mais si, au contraire, on l'enflamme immé- diatement, sans attendre que les vapeurs blanches se déposent ou se dissol- vent dans l'eau , on remarque que le gaz brûle avec une flamme verte nuancée de bleu. La couleur verte est évidemment due à la présence de l'acide bo- rique dans les vapeurs blanches. Ce caractère peut être employé avec avan- tage pour distinguer les acides bromoborique, chloroborique et fluoborique des gaz qui répandent des vapeurs blanches à l'air. >' Quand on introduit quelques bulles de chlore sec dans une éprouvette contenant de l'acide bromoborique, à l'instant même apparaissent des va- peurs rutilantes de brome. " La densité de ce gaz, déterminée par le calcul, est égale à 8,4643. » L'acide bromoborique, donnant avec l'eau des acides borique et brom- hydrique, doit être formé de i volume de bore et de 3 volumes de vapeur de brome : 3 volumes de brome i6, 1799 1 volume de bore o, 7487 2 volumes d'acide bromoborique 16,9286 I volume d'acide borique 8,4643 d'où la formule BBr^ » On peut aussi déterminer la composition de l'acide bromoborique en C. R., 1846, i" Semestre. (T. XXII, N» 3.) ^7 ( ,a6 ) comparant les proportions d'oxyde de carbone et d'acide bromoborique fournies par le charbon, l'acide borique et le brome , comme l'a fait M. Du- mas pour l'acide chloroborique. >i Bromoborate d'ammoniaque. — Si l'on mêle i volume d'acide bromo- borique avec un volume et demi de gaz ammoniac, on obtient un sel blanc, pulvérulent, volatil et d'une saveur piquante. Il est soluble dans Feau qui le décompose en bromhydrate et borate d'ammoniaque. » HYDRAULIQUE. — Mémoire sur quelques applications de Ihfdraulique à la circulation; par M. Guettet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Poncelet, Milne Edwards.) « L'application que j'ai faite des lois du mouvement des liquides dans des tubes de conduite se rapporte particulièrement aux effets dynamiques de la circulation dans les gros troncs sus-aortiques. D'après une étude de la dispo- sition anatomique des parties, disposition que j'ai retracée avec des mesures exactes sur uue des planches qui accompagnent le présent Mémoiie, j'ai ap- précié les effets comparatifs qui ont lieu dans les points de la conduite cir- culatoire sous la triple influence des actions hydrauliques pures, des mo- difications physiologiques et pathologiques, et des conditions artificielles que la thérapeutique chirurgicale y apporte quelquefois. « Sous forme de Note, enfin, j'ai exposé des idées d'ensemble sur la manière dont le système circulatoire doit être considéré dans sou entier effet au point de vue hydraulique. De plus, je me suis occupé de déterminer le chiffre de la vitesse absolue du sang dans les artères, terme moyen, et de sa vitesse pendant la systole. .l'estime la vitesse artérielle, terme moyeu entre la systole et la diastole, et, terme moyen entre les capillaires et les gros troncs, à o'",5o par seconde. Si la systole durait toute une seconde, avec la vitesse qui lui est propre, elle ferait faire au sang, pendant cette se- conde , environ o'",70 , terme moyen encore entre ce qui est dû aux capillaires et aux gros troncs. On arrive à ce même chiffre, en basant le calcul sur des données de nature différente, c'est-à-dire soit qu'on mesure les espaces par- courus par les réactifs chimiques ou physiologiques des expériences de M. Héring et de M. Blacque, soit qu'on détermine la vitesse par la longueur du cylindre liquide qui traverse la section de l'aorte lors de la contraction ventriculaire. » ( 127 ) M. Fraysse adresse, de Privaz, le tableau des observations météorolo- j^iques faites dans cette ville pendant le mois de décembre i845. (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) M. Mulot soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur la prépara- tion ^'extraits aromatiques de diverses plantes potagères. (Commissaires, MM. Dutrochet, Boussingault.) M. Plantier prie l'Académie de se faire rendre compte d'un nouveau sys- tème de sténographie dont il est l'inventeur. (Commissaires, MM. Mauvais, Francôeur.) M. Didier adresse une rédaction plus développée d'une Note qu'il avait précédemment présentée sous le titre de Nouveau système de prothèse dentaire. (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de l'Intérieur, eu réponse à une demande qui lui avait été adressée par M. Ch. Dupin, alors président de l'Académie, annonce qu'il a ordonné l'exécution d'un buste en marbre de feu M. de Proiiy , destiné à l'Institut. PHYSIOLOGIE. — Sur les fonctions du thymus. [Lettre adressée, en date du 20 décembre i845, par M. Ripault, à l'occasion du Rapport verbal fait par M. Flourens, sur un travail de M. Simon (i).] « La lecture du Rapport de M. Flourens, dit M. Ripault, me conduit à soumettre à l'Académie divers rapprochements qui peuvent s'établir entre le travail du professeur anglais et quelques Notes publiées par moi, il y a plus de cinq années, sur le même sujet. >' On lit, dans ce Rapport, les phrases suivantes : « lia fonction du thymus paraît n'être autre chose qu'une séquestration (i) Voir les Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences; tome XX, n" 24» i6 juin 1845 , pages l'jSg et suivantes. 17.. ( 128 ) » organisatrice des matières nutritives , action qui aurait une analogie intime » avec la formation ordinaire de la graisse. » .... Cette séquestration .... doit avoir quelque rapport avec la joiic- » tion respiratoire ,- et, ce qui me porte à y voir une accumulation de ma- » tériaux destinés à la combustion, c'est que la séquestration n'a lieu que " dans ces époques de la vie (Teufance), ou dalis les espèces (les animaux I' hivernants) où il n'y a aucune activité des muscles, aucune dissipation « des éléments chimiques du corps, aucune dépense considérable de ma- " tière oxydable pour la respiration. ... . » >' De mon côté, dans l'opuscule (i) que j'ai fait paraître en iS/jo, je retrouve les passages qui suivent : » Page i[\ , à l'article Essai sur les fonctions du thymus, « .... C'est aii » point qu'envisagé à l'extérieur (je parle du thymus disséqué avec quelque » soin sur plusieurs fœtus que j'ai fait voir à l'Académie des Sciences de » Dijon, à différentes reprises, notamment dans la séance du 29 avril 1 840), >' et qu'après un examen superficiel, on aurait volontiers pensé que l'on >' avait à faire aux lobes pulmonaires mêmes, tandis que ces derniers étaient » comme cachés et profondément maintenus dans la cavité du thorax, " doucement comprimés parle thymus. Cet organe semblait remplir, à leur » égard, l'office d'un coussin au-dessous duquel ils n'éprouvaient point de " pression incommode et trop forte; ils paraissaient, au contraire, ressentir » l'influence modératrice de ce même corps, dont l'absence ne manquerait " pas , sans doute , de provoquer de la part des poumons une extension >' trop prompte , peut-être même précipitée, à cause de la légèreté de leur " parenchyme vasculaire et vésiculaire, bien qu'il soit alors fort condensé et " plus ramassé qu'après la naissance. . . . » .Te fus donc ainsi conduit, par des observations réitérées, jointes aux " réflexions qu'elles m'avaient suggérées, à croire que le thymus pouvait bien ji n'être qu'un organe protecteur pour les deux poumons, pendant le délai " voulu par la nature. » » Page 25, je dis : » C'est donc pour les poumons que le thymus semble )' avoir été placé là tout exprès (partie antérieure et supérieure du thorax); » c'est, en un mot, pour modérer la tendance que les organes de la respira- » tion, depuis la trachée jusqu'aux lobes pulmonaires surtout, auraient à (i) J'ai l'honneur de présentera l'Académie des Sciences cet opuscule, intitulé : Rapport f-f ohsen>atiniis sur différents sujets de Chirurgie , de Physiologie , etc. ; in-8" de 38 pages , avec une planche. Dijon , septembre i84o. ( 129 ) n sVtendre et à se boursoufler, malgré la' petite quantité de sang que les •> poumons reçoivent à cette époque , et malgré les moyens qu'a pris la » nature pour éviter de les faire participer à une trop vive ou une trop forte » circulation. « n Page 27, j'ajoute : « Nous ne craignons point de le répéter, les poumons » trouveraient, dans la composition de leur tissu et dans leur structure » même, la cause d'un trop prompt accroissement, si la nature ne leur avait •1 pas ménagé une sorte de régulateur, pendant une époque déterminée , » même après la naissance, La souplesse du thymus, son élasticité, la n mollesse de son tissu , ses lobules multipliés comme autant de mailles n extensibles, l'humeur même qui est renfermée dans ses lacunes, tout le » fait concourir au but que nous signalons .... » » FiCS passages précédents, textuellement extraits de la brochure que j'ai , de nouveau, l'honneur d'offrir à l'Académie des Sciences, ne prouvent-ils pas que dans la manière dont j'ai envisagé les fonctions du thymus, j'ai suivi à peu près M. Simon dans ses inspirations physiologiques, que j'ai saisi et embrassé le même ordre d'idées, en dernière analyse, que ce savant pro- fesseur? .le suis bien éloigné de tirer le moindre avantage du mérite de l'invention; il a eu le jugement qui perfectionne les recherches, et le talent de leur donner le crédit qui en élève l'importance et en sanctionne la valeur. Du reste, je me erois autorisé à trouver, dans la confirmation des faits pro- duits par Tanatomiste anglais, un motif suffisant pour fixer dorénavant les esprits sur un sujet où l'on ne voyait, depuis longtemps, surgir que des pro- positions assez hypothétiques. » « A l'occasion de cette communication, M. Flourens dit qu'il a lu, avec attention, le Mémoire intéressant de M. Ripault, et qu'il trouve, en effet, un rapport général entre la manière de voir de cet auteur et celle de M. Simon , attendu que toutes les deux s'accordent à supposer une certaine dépendance entre les fonctions des poumons et celles du thymus. " Mais il ajoute que ces deux opinions diffèrent dans le détail, et qu'il faut tenir compte de ces différences à cause de l'importance même de la question. » Ainsi, selon M. Ripault, le rôle du thymus est particulièrement mé- canique ; il sert à modérer l'extension du pou/non, il forme une sorte de régulateur relativement à ce développement, et cette action a lieu pen- dant l'état foetal , etc. » Selon M. Simon, la fonction du thymus « n'est autre chose qu'une » séquestration organisatrice des matières nutritives , laquelle serait aua- ( >3o ) » logue à la formation de la yraisse (i^^; et cette fonction répond non à la " vie foetale, mais à la première période de l'enfance, époque où le thymus " prend tout son développement , etc. (2) » » M. Flourens rappelle enfin qu'une partie essentielle du travail de M. Simon , et dont jusqu'ici le mérite lui reste propre, consiste dans les belles recherches d'anatomie comparée qui l'ont conduit à découvrir le thymus dams les Marsupiaux où il avait été nié, et à le bien faire connaître dans les oiseaux et les reptiles où il n'avait été que très-peu étudié encore. >- M. Augustin Cauchy présente à l'Académie, de la part de M. l'abbé ToRTOLiiNi, professeur de mathématiques transcendantes au collège de la Sapience, à Rome : i". Un Mémoire intitulé : Nouvelles applications du calcul intégral, relatives à la quadrature des surfaces courbes et aux cubatures des solides ,• 2°. Une Note sur la rectifwatioji de plusieurs courbes planes ; 3". Une Note sur différentes propriétés des courbes planes du quatrième ordre. PHYSIOLOGIE. — Sur le mode de formation de la bile, et sur le rôle que jouent les vésicules épithéliales dans cette sécrétion, dans celle du sperme, des œufs, etc. (Lettre de M. Lereboullet.) « M. Gros a présenté à l'Académie , dans la séance du 5 janvier 1846, un travail sur la sécrétion du lait, travail dans lequel on lit que : « les vési- » cules butyreuses se produisent sur la paroi interne des utricules mam- » maires qui, dans la période de lactation, se vésiculisent à la manière » des ovaires, crèvent et versent leur contenu, avec la granulation et les » vésicules butyreuses dans les méats lactifères. » » Occupé en ce moment d'un travail sur les sécrétions, et désirant, avant tout, éviter le reproche de métré approprié les idées d'autrui , j'ai l'honneur de rappeler à l'Académie que, dans un travail sur la Ligidie, lu dans la séance du 29 mai i843, et imprimé dans les Annales des Sciences naturelles, je parle déjà d'un mode analogue de formation de la bile dans ce petit crustacé , et en général dans les crustacés de la famille des Gloportides à laquelle il appartient. » Dans un autre Mémoire sur les Gloportides, présenté à l'Académie dans sa séance du 10 février i845 , et dont un extrait a été inséré dans les Comptes (i) Voyez les Comptes rendus, tome XX , page 1740. (2) Foyez les Comptes rendus, tome XX, pages i739et l'/i^). ( i3i ) rendus (t. XX, p. 345), je décris la disposition des cellules épithéliales , leur végétation à la surface interne des utricules biliaires , et leur séparation de la paroi de ces utricules. Je demanderai la permission de citer quelques lignes de cet extrait : « Il paraît donc démontré que, dans les Gloportides, la bile est préparée n par des cellules épithéliales qui se développent à la surface interne de la » membrane utriculaire, et s'en détachent, quand elles sont mûres, pmir >' être charriées dans l'intérieur du tube et portées dans le canal alimentaire. » Le liquide biliaire suinte sans doute à travers les parois des cellules qui " le renferment, ou s'épanche au dehors par suite de la rupture de ces cel- .. Iules. » (T. XX, p. 347.) » La sécrétion biliaire et la sécrétion lactée paraissent donc se rapprocher, sous le rapport de la structure intime, des organes sécréteurs et du mécanisme de la sécrétion. » Depuis, j'ai eu l'occasion d'étudier la structure des ovaires et des tubes séminifères , et j'ai reconnu que la sécrétion des œufs et celle du sperme se faisaient d'une manière analogue. 0) C'est d'ailleurs un fait reconnu que, dans beaucoup de glandes, les ca- naux sécréteurs sont tapissés intérieurement par des vésicules que l'on re- garde comme une sorte d'épithélium; mais, ce qu'on n'avait pas dit, à ma connaissauco du moins, c'est que ces vésicules épithéliales mûrissent, se dé- tachent des parois de l'utricule , et tombent dans sa cavité pour crever plus ' tard et répandre leur contenu. Je crois devoir faire remarquer que ces vé- sicules épithéliales diffèrent de l'épithélium ordinaire en ce que celui-ci, quand il tombe , constitue un détritus analogue à celui qui s'observe à la sur- face de la peau extérieure, tandis que les vésicules (|ui forment le revêtement intérieur des glandes sont de véritables organes en pleine activité, qui se dé- tachent avant même d'être parvenus à leur entier développement, et que l'on ne saurait regarder comme un détritus , puisqu'ils continuent encore à vivre indépendants avant de se rompre pour répandre au dehors leur produit. » Cette manière d'envisager les sécrétions pourra sans doute s'appliquer encore à d'autres glandes , et elle me paraît devoir conduire à des résultats intéressants, ainsi que j'espère le démontrer quand les faits que j'aurai re- cueillis seront assez nombreux pour qu'il soit permis de les généraliser. » M. Gros écrit que depuis la présentation de sa Noie sur la vésiculation du lait, il a reconnu que plusieurs des observations qu'il a consignées dans cette Note avaient été déjà faites par M. Mandl. . . ( l32 ) M. Le Guillon, chirurgien d'un des bâtiments de guerre qui doivent faire partie de l'expédition de Madagascar, se met à la disposition de l'Aca- démie pour les observations qu'elle jugerait convenable de faire faire dans ces parages pendant le temps qu'y restera l'expédition. (Renvoi à la Commission chargée de préparer des instructions pour M. E. Cloquet.) M. E. Bouvard demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mé- moire intitulé : Tables dUranus , qu'il avait précédemment soumis au jugement de l'Académie , et feur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport. M. d'Archiac demande et obtient une semblable autorisation pour son Mé- moire sur la formation crétacée des versants S.-O. et N.-O. du plateau central de la France. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, présentés , l'un par M. AuBERT-RocHE , l'autre par M. Gautieb. COMITÉ SECRET. La Section de Géographie et de Navigation présente la liste suivante de Candidats pour une place de correspondant vacante dans son sein , par suite du décès de M. de Guignes : 1°. Sir John Francklin, capitaine de vaisseau de la Marine britannique; 2°. Et par ordre alphabétique : MM. Démidoff , à Saint-Pétersbourg ; Gauttier, à Saint-Malo; Lutké, à Saint-Pétersbourg; Owen, à Londres; James Clark Ross, à Londres; Wrangel, à Saint-Pétersbourg. I^es litres de ces Candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures. F. ( '33) BULLETIiN BIBLIOGRAPHIQUE. li' Académie a reçu , dans cette séance , les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n° 2; in-4". Annales des Sciences naturelles; par MM. MiLNE Edwards, Ad. Bron- GNIART et Decaisne ; octobre 1 845 ; in-8°. Des indications à suivredans le traitement moral de la Folie; parM. F. Leuret. Paris, i846;in-8°. Le duc d'Orléans en Algérie. (Extrait du journal la France algérienne, des 6 et i3 décembre i845.) Alger, i feuille in-8°. Notes pour servir à l'analomie du Cdipou ; par M. Lereboullet; in-4°. Sur i Enveloppe cuticulaire des Végétaux; Thèse pour le doctorat es sciences, soutenue devant la Faculté de Dijon, par M. J. Lavalle. Dijon, i845, in-4". Sur le Calorique considéré comme agent de métamorphisme dans les roches; Thèse pour le doctorat es sciences, soutenue devant la Faculté de Dijon, par le même ; in-4*'. Revue zoologique de ta Société Cuviérienne ; n°* 11 et 12 ; in-8''. Sténographie et Calligraphie universelles; par M. J. Plantier; in-8''. Notice indispensable pour employer convenablement les extraits aromatiques de légumes et de condiments composés; par M. J. MuLOT; brochure in-32. Journal des Usines et des Brevets d'invention; par M. Viollet; tome V, i'* partie; décembre 1 845; in-8°. Revue botanique ; par M. DuCHARTRE; i'* année, 7® livraison; in-8°. Le Mémorial encyclopédique ; décembre 1 845;' in-8°. L'Abeille médicale; janvier 1846; in-4°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; année i84' — 1842, n°' 4 à 8 ; année 1 843 — 1 844 > tome III , n°' 6 à 1 1 ; année 1 844 — 1 845 , tome IV, n°' i à 1 1 ; et année 1 845 — 1 846 , tome ^, n° i . Bulletin et Annales de l'Académie d'Archéologie de Belgique; année 1846, tome III; i"^® livraison; in-8*'. The electrical . . . Magasin électrique, dirigé par M. C.-W. Walcker ; tome II; janvier 1846; in-8°. The Cambridge . . . Journal mathématique de Cambridge et de Dublin; n"' i et 2; décembre i845; in-8°. C. R., 1846, i" Semestre. {T. XXU,N»5.) l8 ( i34 ) Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 55 i ; in^"" Handbucli . . . Manuel d'Jkiurgie vétérinaire, ou Traité des opérations san- r/lantes qui se pratiquent sur les grands animaux domestiques ; par M. DiETRiCHS. Berlin, 842; in-S". ' Handbuch . . . Manuel de Chirurgie vétérinaire; par le même. Berlin , 1 845 , in-8°. Handbuch. . . Recherches sur la parlurition des Animaux domestiques; par le même. Berlin, 184 5; in-8°. (Ces ouvrages sont renvoyés, pour des Rapports verbaux, les deux pre- miers à M. Rayer, et le troisième à M. Flourens. ) Nieuwe Verhandelingeu . . - Nouvelles Transactions delà première classe de l'Institut royal néerlandais des Sciences , Lettres et Beaux-Arts ; II" partie. {Mé- moire sur l'Anatomie et la Physiologie du Gastruse equi, OEstre.) Amsterdam , 1 845; 10-4°. Giornale, . . Journal botanique italien, publié avec le concours de la Section de Botanique des Congrès scientifiques italiens; par M. ParlatorE; 1™ année; fascicules 9 et 10; in-8°. Dubii . . . Doutes sur tes limites assignées par Cuvier aiuc diverses révolutions du Globe; par le même. Florence, in-8°. (Extrait de la Gazette toscane des Sciences physiques.) Nuove applicazioni. . . Nouvelles applications du Calcul intégral relatives à la Quadrature des surfaces courbes et à la Cubature des solides ; par M . TORTO- LiNi, professeur à l'Université de Rome. (Extrait du Journal mathématique de M. Crelle.) Nota . . . Note sur la propriété de quelques Courbes planes du quatrième ordre; ^ar le même; l^ feuille. Sopra la. . . Sur la rectification de quelques Courbes planes; par le même. Rome, i845; 1 -^ feuille. Dell' Achilleina . . . Mémoire sur l'Achilléine et l'Acide achilléique , nouveau principe immédiat des végétaux, obtenu c/e /'Achillea millefolium ; par M. B. Zanon. Venise, 1 845 ; i feuille in-4°. Gazette médicale de PaHs; année 1846; n° 3; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°' 5 à 7 ; in-fol. L'Echo du monde savant; n*" ^ et 5; in-4''. La Réaction agricole; n° 8a. Gazette médico-chirurgicale; année 1846; n°3. mt'h •t * •f^; COMPTE RENDU ^ * DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Bï«HSV' Il importe de remarquer que le faisceau de lumière est toujours hori- zontal, et l'appareil a été accidentellement disposé pour que la lumière se propageât du sud au nord, ce qui pourra nous servir à définir plus facile- ment les positions relatives du rayon polarisé, des électro-aimants et des corps sur lesquels ils agissent. » L'électro-aimant est horizontal , c'est-à-dire que le plan des axes de ses deux branches est horizontal, et précisément à la hauteur du faisceau de lumière qui traverse l'appareil; de plus, le plan vertical, formé par les ex- trémités des deux branches ou par les pôles de l'électro-aimant, est parallèle à ce faisceau, et peut s'en approcher plus ou moins. Cela posé, si l'on veut soumettre à l'expérience, par exemple, un parallélipipède de flint-glass . de lo ou II centimètres de longueur et terminé perpendiculairement à sa longueur par deux plans parallèles, on dispose d'abord ce parallélipipède de telle sorte que le rayon polaiisé par l'objectif le traverse suivant son axe, et s'il arrive que le flint soit pur et non trempé, comme cela doit être pour le succès de l'expérience, son interposition ne produit ni déviation, ai' colo- ration dans le rayon de lumière. " Alors on approche l'électro-aimant en le disposant de la même façon que si la pièce de flint était une pièce de fer qui dût lui servir de contact. ( i39 ) et i] n'y a même aucun inconvénient de s'arranger pour que les deux pôles de rélectro-aimant touchent le fliut; le milieu de la longueur de celui-ci cor- respond par conséquent à l'intervalle qui existe entre les deux branches de l'électro-aimant. » Les choses étant dans cet état, on fait passer le courant, et subitement on voit que les deux teintes de l'image rouge qui correspondent aux deux plaques opposées du quartz de l'objectif cessent d'être identiques; supposons, par exemple, que celle de droite ait tourné au bleu : si l'on fait passer le courant en sens contraire, c'est celle de gauche qui, cette fois, tourne#u bleu de la même manière. Ainsi, en renversant les pôles de rélectro-aimant, on renverse subitement l'action qu'il exerce ou sur le flint, ou sur la lumière qui le traverse. " Voilà donc l'action dont il s'agit mise en évidence de la manière la plus frappante et la plus incontestable. » Dans les circonstances dont je viens de parler, dix éléments sont plus que suffisants pour la manifester à uu œil exercé; mais, avec cent éléments, elle prend une intensité telle, que les personnes les plus étrangères à ce genre d'observations ne manqueraient pas de l'apercevoir comme un phénomène parfaitement caractérisé. » Avant de chercher si cet effet, à la fois si nouveau et si extraordinaire, résulte d'une action immédiate du fluide magnétique sur la lumière, ou d'une action médiate dans laquelle intervient la matière pondérable de flint-glass, ou. du moins l'ensemble des forces auxquelles cette matière est soumise pour la constituer en équilibre moléculaire , il faut d'abord déterminer nettement quelle est la nature de l'effet produit, et chercher avant. tout à en mesurer l'intensité , afin de savoir quelles sont les conditions sous lesquelles le phéno- mène se montre avec le plus d'énergie. » Pour cela, au lieu d'observer directement les teintes colorées que doune à la lampe le quartz perpendiculaire à l'axe, il faut recomposer ce que M. Biof a appelé la teinte de passage. On y parvient en plaçant devant l'objectif divers systèmes de verres bleus et vêrdâtres; mais j'ai trouvé dans le cabinet du Conservatoire des verres très-légèrement colorés en bleu qui donnent à cette teinte une sensibilité encore plus grande que celle qu'on peut obtenir par d'autres voies. Lorsque ces veri'es sont interposés sur le fais- ceau, les teintes du quartz deviennent d'un lilas clair sur lequel les moin- dres changements de nuances sont appréciables; alors les incertitudes que présente le zéro du compensateur disparaissent, et il devient possible non- ( i4o ) seulement d'apercevoir, mais de mesurer des effets qui correspondent à des épaisseurs de quartz d'un centième de millimètre. " L'instrument étant ainsi modifié , le compensateur étant à zéro , et les prismes polarisants de Tobjectif et de l'oculaire étant convenablement réglés dans leurs positions relatives, on peut procéder à l'expérience; seulement il y a une attention qu'il faut avoir encore , c'est do ne pas s'occuper de celle des deux images qui est jaune, et de regarder exclusivement l'image lilas.dont les deux moitiés sont alors exactement de la même nuance. )i Aussitôt que le courant passe, on voit l'une des moitiés de cette image, celle de droite par exemple, qui tourne au bleu ; on voit que cette teinte est persistante comme le courant lui-même, et l'on peut s'assurer que, dès le premier instant, elle a acquis toute sa valeur, c'est-à-dire que la durée prolongée de l'action n'y ajoute rien de sensible. >> Alors on fait marcher le compensateur dans le sens convenable ; la dif- férence des teintes s'efface peu à peu à mesure qu'il avance, et, avec un peu d'habitude, on ne tarde pas à trouver le point où l'égalité est rétablie. On note le nombre des divisions, et Ion a une mesure, ou du moins une me- sure approchée de l'effet produit : soit 20 divisions. " Ijorsque ensuite ou fait passer le courant en sens contraire , c'est l'autre moitié de la teinte, celle de gauche, qui tourne au bleu, et c'est dans l'autre sens qu'il faut faire marcher le compensateur pour rétablir l'égalité. Aucun intervalle de temps n'est appréciable entre le changement du courant et le changement d'effet sur la lumière, et c'est encore instantanément que la nuance prend toute sa valeur. Quand lappareil optique est bien réglé, et que les communications électriques sont également bonnes dans les deux sens, la marche du compensateur est la même dans les deux cas, c'est-à-dire que, s'il a dû marcher d'abord de 20 divisions à droite, il- devra marcher ensuite de 20 divisions à gauche. " Ces effets opposés, et les mesures correspondantes, peuvent se répéter indéfiniment, soit avec le même nombre de couples de la pile, soit avec des nombres de couples différents; et il suffit de quelques heures, pendant • lesquelles l'action (Je la pile est à peu près constante , pour passer en revue un grand nombre de substances diaphanes, et avoir une première approxi- mation sur la sensibilité relative avec laquelle elles obéissent à l'influence magnétique. » Quand les substances que l'on soumet à l'épreuve sont plus ou moins colorées, il faut varier les systèmes des verres destinés à produire la teinte ( i4i ) de passage, et Ton n'arrive pas toujours à composer une teinte également délicate et facile à observer. Il se pourrait faire, par conséquent, que des substances, même légèrement colorées, soumises à ces moyens d'observation, parussent bien moins énergiques qu'elles ue le sont en réalité. » Arrêtons-nous donc aux substances diaphanes, et remarquons que, dans l'expérience du fliut-glass citée plus haut, il a fallu faire marcher le compen- sateur de 20 divisions à droite et de ao divisions à gauche, suivant que le courant passait dans un sens ou dans l'autre. Remarquons que si, au lieu d'interposer sur le passage du faisceau un prisme de flint soumis à l'électro- aimant , on avait interposé, sans action magnétique, une lame de quartz per- pcudiculaire à l'axe, d'une épaisseur convenable, tournant à droite dans le premier cas et à gauche dans le second, il est certain que l'égalité des teintes aurait été rétablie par les mêmes mouvements du compensateur. Or, on le sait^ l'effet produit par ces lames de quartz aurait été de faire tourner le plan de polarisation à droite et à gauche, d'où il semble très-naturel et très-légi- time de conclure que le flint, soumis à l'action magnétique, a produit le même effet que ces lames de quartz, c'est-à-dire qu'il a aussi fait tourner le plan de polarisation à droite pour une direction de courant, et à gauche pour la direction contraire. C'est, en effet, la conclusion à laquelle M. Faraday est arrivé, et il a caractérisé cette action nouvelle du magnétisme sur la lumière, en disant que le magnétisme fait tourner le plan de polarisation du rayon lumineux soumis à son influence sous certaines conditions, et que le sens de cette rotation est lié au sens du courant. >i Le quariz et les autres substances qui, par elles-mêmes,. par leur na- ture ou par leur structure , ont , sans le concours du magnétisme , .la propriété permanente de faire tourner les plans de polarisalion , exercent cette action avec des intensités variables, sur les divers éléments qui constituent la lu- mière blanche ; et il y a des pouvoirs. dispersifs pour cette rotation, comme il y a des pouvoirs dispei-sifs différents pour la réfraction. Il sera très-important de faire, à cet égard, sur les substances qui prennent cette propriété par l'action magnétique, des recherches analogues aux recherches si remarquables que M. Biot a faites sur les premières. L'appareil dont j'ai fait usage devrait être très-modifié pour se prêter à ce genre d'expérience ; il est propre à mon- trer les phénomènes d'une manière très-sensible, plutôt qu'à les mesurer dans ce qu'ils ont de plus délicat. Au reste, ce n'est pas sur des phénomènes aussi peu développés que ceux que j'ai obtenus , que l'on pourrait entre- prendre un tel travail; car, dans ces limites, on pourrait peut-être les expli- quer aussi bien par des dépolarisations partielles vers la droite et vers la ( i40 gauche que par la rotation même du plaa de polarisation; ce qui, d'ailleurs, n'ôterait rien et ajouterait peut-être à leur importance. » Clomme je viens de le dire, dans celui des échantillons de flint qui m'a donné les effets le;s plus énergiques, le plan de polarisation a tourné, par l'action magnétique, autant qu'il l'aurait fait par l'action d'une plaque de quartz de ^ de millimètre d'épaisseur; or, puisqu'en changeant le sens du courant, la rotation a lieu dans des sens opposés, on voit que l'effet total obtenu en passant de l'action magnétique qui s'exerce dans un sens à celle qui s'exerce dans l'autre, est égal à celui qui serait produit par une plaque de quartz de -^ de millimètre d'épaisseur. » Tel est, jusqu'à présent, le maximum d'effet que j'ai pu obtenir. Puis- que nousavons maintenant un moyen de comparer les intensités de cette force, il nous sera facile de voir comment elle sera modifiée par les diverses posi- tions relatives de l'électro-aimant et de la pièce de flint. " Voici , à cet égard, les observations que j'ai faites : » 1°. Si, au lieu de mettre l'électro-aimant en contact avec la pièce de flint, on l'en écarte parallèlement à lui-même dans le même plan horizontal, et de manière que le plan vertical qui sépare les deux branches corres- ponde toujours au milifeu du flint, l'action diminue, mais elle diminué faible- ment à mesure que la distance augmente, si bien qu'à la distance de jo cen- timètres , elle est encore une portion considérable de ce qu'elle était au con- tact même. » 2°. Si l'électro-aimant étant remis au contact , on fait glisser la pièce de flint dans la direction du rayon de lumière pour la soumettre à l'action d'un seul des pôles de l'aimant, il arrive un instant où l'action est tout à fait nulle ; ensuite, si l'on continue de la faire glisser dans le même sens, en l'écartant de plus en plus de sa position primitive, jusqu'à la mettre en dehors du pôle auquel elle est soumise , l'action commence à renaître; mais alors elle est contraire à ce qu'elle était d'abord. , » Ces observations me semblent conduire à trois conséquences impor- tantes: ') Il en résulte d'abord que si l'on considère l'action inconnue de l'ai- mant sur le flint comme se produisant par des attractions et des répul- sions, l'effet est nul quand la résultante de ces forces attractives et répulsives est perpendiculaire à la direction du rayon polarisé ; et elle est au maximum , au contraire, quand cette résultante est parallèle au rayon. On peut aussi, par ces considérations, prendre une idée juste du sens dans lequel elle agit; cqr, en considérant, toujours hj pathétique ment ^ la pièce de flint comme un ( '43 ) morceau de fer doux, prenant deux pôles par l'influence de l'aimant, le mouvement du plan de polarisation se fait à droite quand la lumière entre par le pôle austral et va du pôle austral au pôle boréal , et il se fait, au con- traire, à gauche quand la lumière eutre par le pôle boréal. Par conséquent, quelle que soit la position de la pièce de flint, si l'on fait sur elle deux obser- vations sans la toucher et sans rien déranger à l'appareil électrique , mais seulement en retournant l'appareil optique pour faire entrer la lumière suc- cessivement dans les deux sens, on verra, dans le premier cas, l'effet à droite, et, dans le second, l'effet à gauche. Ce qui établit, comme M. Fa- raday l'a indiqué, une différence au moins apparente entre les substances qui ont la propriété permanente de faire tourner les plans de polarisation et celles qui la prennent par l'action magnétique. » Il en résulte, en second lieu, qu'en opérant de cette sorte , il faut bien se garder de donner aux pièces soumises à l'électro-aimant une longueur plus grande que la distance des axes des deux branches; car les portions qui dé- passeraient ces axes recevraient des modifications pareilles entre elles, et opposées à celle que recevrait la portion centrale; il est même présiimablc que la compensation se pourrait faire exactement, en sorte qu'avec une pièce de contact qui déborderait la largeur de l'aimant, l'action pourrait être tout à fait nulle. X Ce résultat me semble être opposé à ce qui est indiqué par M. Faraday; savoir : que l'effet est proportionnel à la longueur de la pièce soumise à l'expé- rience. >« Il en résulte enfin que, pour obtenir un plus grand effet, on peut pré- senter à la pièce de flint deux électro-aimants , opposés l'un à l'autre , de telle sorte que les pôles de même nom se regardent. C'est, aussi , ce que j'ai vérifié, et c'est même par le concours de deux électro-aimants ainsi opposés, que j'ai obtenu le maximum d'effet dont j'ai parlé plus haut. En plaçant ainsi plusieurs systèmes pareils à la suite l'un de l'autre , sur le même faisceau, l'effet serait sans doute doublé, triplé, etc. » Il m'a semblé très-important d'examiner si la position du plan de pola- risation, par rapport au plan horizontal de l'électro-aimant, avait quelque tn- fluence sur l'énergie de l'action; mais, soit que le plan de polarisation soit lui-même horizontal, vertical ou intermédiaire, les résultats m'ont paru rester sensiblement les mêmes. » .le n'ai parlé jusqu'à présent que du flint-glass , mais j'ai soumis à l'expé- rience tous les autres corps solides transparents que j'ai pu me procurer ; savoir : des flints de diverses fabriques, et sans doute de diverses composi- C. R., 1846, i"Semej(r.:. (T. XXU, ^<' 4.) • 20 ( i44) lions, des crown-{>lass et des verres de toutes espèces, colorés avec le cuivre, avec l'or, avec le chrome, etc.; puis du sel gemme. >i Tous ces corps présentent, quoique avec une moindre intensité, les mêmes phénomènes que le flint-glass : malheureusement, les échantillons de crown ont, en général, un certain degré de trempe qui modifie les cou- leurs, et qui ne permet pas de les comparer rigoureusement aux autres corps; cependant, d'après les essais que j'ai pu faire sur quelques morceaux moins imparfaits, je suis porté à croire que l'action du crown a une intensité com- prise entre la moitié et les deux tiers de celle du flint. » Le chlorure de sodium a une action très-voisine de celle du flint. » J'ai aussi soumis à l'expérience quelques liquides transparents ou colorés; ces expériences ont été faites dans une auge formée de glaces parallèles, ayant une longueur de i3 centimètres, égale à la distance des axes des électro-aimants, une largeur de 3 centimètres, et une profondeur de 5 cen- timètres. L'auge étant vide, et les électro-aimants étant en action, il n'y avait pas d'effet sensible produit par les verres parallèles qui en formaient les extrémités. » L'intensité de tous ces liquides est à peu près égale à celle du crown; cependant les plus énergiques m'ont paru être l'huile d'olive, l'eau distillée, l'ammoniaque concentrée, l'acide azotique pur; et les moins énergiques, l'acide acétique, l'acide sulfurique, le cyanoferrure de potassium, le ferro- cyanate de magnésie. Il m'a paru certain que plusieurs corps, mis en disso- lution dans l'eau distillée , en affaiblissaient les effets. » M. Faraday annonce que le manganèse , le chrome et le cérium sont magnétiques à la manière du fer, et que tous les composés de ces corps conservent plus ou moins cette faculté. J'avais depuis longtemps constaté le premier fait pour le manganèse, et je l'avais, dans le cours de l'été der- nier, constaté pour le chrome très-pur obtenu par la pile , soit de l'acide chromique, soit du sulfate de chrome. Quant aux composés magnétiques, je les ai étudiés récemment par un procédé très-sim[ le et très-facile, qui consiste à disposer debout un électro-aimant puissant, ses pôles en haut, formant un plan horizontal; un papier mince est tendu sur chaque pôle, en contact avec le fer lui-même, et il suffit alors de jeter sur ce papier quel- ques parcelles très-fines de la substance que l'on veut éprouver, et de donner au papier quelques vibrations légères qui les mettent en mouvement. Ces parcelles viennent se ranger et se fixer sur le cercle qui correspond à l'arête terminale du fer de l'électro-aimant, et dessinent ce cercle avec une grande précision. Par ce moyen, j'ai constaté que presque tous les com- posés des métaux magnétiques sont, en effet, plus ou moins magnétiques; ( i45 ) le bleu de Prusse et le sesquiohlorure de chrome (M. Peli^ot) le sont sur- tout d'une manière remarquable. Cependant il se trouve quelques com- posés qui se montrent rebelles à ce moyen : tels sont, par exemple, le cyaniu-e double de fer et de potassium, le chromate d'argent et le bichro- mate de potasse. " D'autres métaux, comme l'éponge de platine et l'arsenic, montrent une action sensible ; mais elle demanderait à être vérifiée sur des échantillons par- faitement purifiés. » Le bismuth présente d autres phénomènes; au lieu de former iTn cercle, comme les métaux magnétiques, il forme deux cercles concentriqnes, lais- sant ainsi une bande blanche étroite , au lieu même où les autres métaux forment le cercle, comme s'il était repoussé par l'action plus vive de l'arête du fer de l'aimant. L'effet est si marqué, qu'en mêlant, par exemple, du sesquichlorure de chrome très-finement pulvérisé avec du bismuth mis aussi en poussières très-fines, on voit le cercle violet du chlorure, et les deux cercles du bismuth qui en sont séparés, quoique très-voisins. >i Le succin semble donner, quoique bien plus faiblement, les mêmes apparences que le bismuth. » Aucun effet attractif ou répulsif ne s'observe , par ce moyen , ni sur l'antimoine bien pur, ni sur les autres métaux et leurs composés binaires ou autres (parmi les métaux rares, je n'ai essayé que le tellure et l'urane de M. Peligot), ni sur les alcalis, ni sur le soufre, l'iode, le charbon et le diamant. J'ai regretté de n'avoir à ma disposition, pour le moment, ni le cérium , ni aucun de ses composés. )i Ces résultats négatifs ne peuvent infirmer en rien la proposition géné- rale de M. Faraday, qui a sans doute opéré par des moyens plus délicats ou avec des aimants plus énergiques. Je ne les donne ici que pour indiquer, à la fois, le procédé si facile dont j'ai fait usage, et la limite de sa sensibilité. >i II y a un autre procédé pour étudier les propriétés magnétiques , c'est celui qui a été employé autrefois par Coulomb, lorsqu'il a découvert que tous les corps sont soumis à l'influence des aimants , et qui a été depuis em- ployé dans le même but par plusieurs physiciens , et tout récemment par M. Ed. Becquerel {Comptes vendus, tome XX, page 1708). M. Faraday paraît en avoir fait usage ; mais , sans doute à cause de la faiblesse de mes électro-aimants, quoique animés par une pile de 100 paires, je n'en ai pas obtenu les mêmes résultats que lui : dans mes expériences , le bismuth et le succin sont les deux seules substances qui se soient dirigées perpendiculaire- ment à la ligne des pôles, et l'on sera sans doute frappé du rapport qui existe ao. . ( i46 ) entre cette direction du bismuth et l'effet de répulsion que les fines pous- sières de ce corps éprouvent de la part de l'arête de l'aimant. « Ces deux actions mécaniques du magnétisme sur les corps: l'attraction et la répulsion des fines poussières, mises presque en contact avec l'un des pôles, et la direction imprimée à des masses plus considérables, oscillant en présence des deux pôles , paraissent donc être dépendantes l'une de l'autre; mais jusqu'à quel point sont-elles liées à la troisième action, à l'action op- tique que vient de découvrir M. Faraday? >' En admettant, avec ce physicien, que tontes les substances qui ne sont pas magnétiques à la manière du fer, sont diamagnétiques ou magnétiques à la manière du bismuth, on serait porté à conclure immédiatement que l'ac- tion optique étant concomittante avec une certaine action mécanique, il est au moins présumable que cette action s'exerce sur les corps, et non pas directement et immédiatement sur la lumière qui les traverse. » Mais s'il arrive, comme dans mes expériences, soit à raison de la fai- blesse relative de mes aimants, soit par l'imperfection des méthodes que j'ai employées, soit pour d'autres causes, s'il arrive que les verres de diverses natures, l'eau distillée, les corps gras, etc., qui sont si sensibles à l'aclion optique, soient cependant insensibles à l'action mécanique du magnétisme, ce ne serait pas une raison de conclure que le magnétisme agit directement sur la lumière elle-même; conclusion qui , du reste, n'aurait un sens précis que dans le système de l'émission; car, dans le système des ondulations, qui semble aujourd'hui si complètement démontré, c'est l'éther du corps soumis à l'épreuve qui serait modifié par le magnétisme , et il serait sans doute bien difficile de reconnaître s'il est modifié sans aucune participation de la ma- tière pondérable du corps à laquelle il est si intimement hé. » Observations de M. Becquehel relatives à l'action des aimants sur tous les corps. « En 1827, j'ai communiqué à l'Académie un travail que je venais d'exé- cuter, sur les actions magnétiques excitées dans tous les corps par l'influence d'aimants très-énergiques, en reprenant la question où l'avait laissée Cou- lomb. J'ai commencé par montrer que si l'on soumet à l'action d'un seul bar- reau une petite cartouche de papier renfermant un mélange de sesquioxyde de fer et d'oxyde magnétique, eu diverses proportions, et plaçant le centre de suspension de la cartouche le plus près possible de l'une des extrémités du barreau , cette cartouche se met immédiatement dans une direction perpendi- culaire à la ligne des pôles. Eu l'écartant de cette direction, elle y revient par ( «47 ) une suite d'oscillalions dont la vitesse dépend de la quantité d'oxyde magné- tique qu'elle renferme. Il résulte de là , comme il est facile de le recon- naître, que la distribution du ma^jnétisme est transversale, au lieu d'être longitudinale. !> En portant le centre de suspension en dedans du barreau, la cartouche se dévie de la diiection transversale , pour se rapprocher de la direction de la ligne des pôles. Le magnétisme transversal se maintient pendant quelque temps, quelque petite que soit la quantité d'oxyde magnétique renfermée dans le mélange. Il En opérant avec du sesquioxyde de fer exempt d'o.xyde magnétique, la cartouche se place également dans une direction transversale, quand le point de suspension est très-rapproché de l'une des extrémités du barreau , en por- tant ce point en dedans ou en dehors, la cartouche se dévie de la direction sans cependant se mettre dans celle parallèle à la ligne des pôles. » Le bois, la gomme laque, et ime substance quelconque disposés en aiguilles, donnent des effets analogues; mais, comme le magnétisme de ces substances est beaucoup plus faible que celui du sesquioxyde, il faut opérer alors avec deux barreaux pour obtenir des effets. On place l'aiguille de bois, de gomme laque, ou d'une autre substance ayant 4 centimètres de long, et environ de 2 à 3 millimètres de diamètre, entre les deux pôles opposés de deux forts aimants, dont les deux extrémités sont seulement à quelques millimètres de distance, le point de suspension étant le plus rapproché pos- sible de l'intervalle qui les sépare. L'aiguille vient alors se placer perpendi- culairement à la ligne des pôles et non suivant cette direction comme dans les expériences de Coulomb; mais si l'on éloigne peu à peu les extrémités en regard des barreaux aimantés, elle revient par degrés dans la direction de la ligne des pôles. Dans le premier cas , on obtient donc une distribution trans- versale de magnétisme , comme avec le sesquioxyde. >< Mon fils Edmond a reconnu que , dans certaines circonstances où les aiguilles se placent dans la direction transversale , si l'on diminue leur lon- gueur sans changer la distance des pôles des aimants, elles reviennent peu à peu dans la direction de la ligne des pôles. )> De ces faits , il résulte que les effets magnétiques produits dans l'acier ou le fer doux, par l'influence d'un aimant, diffèrent de ceux qui ont lieu dans tous les corps, en ce que , dans les premiers, la distribution du mapné- tisme s'y fait toujours dans le sens de la longueur, tandis que dans le trit- oxyde de fer, le bois, la gomme laque, etc., elle a lieu, la plupart du temps, dans le sens transversal surtout quand ils sont taillés en aiguilles. " Cette différence d'effet tient à ce que le magnétisme étant très-faible ( »48 ) dans tous ces corps , on peut négliger la réaction des particules du corps sur elles-mêmes. » " M. Desphetz prend à son tour la parole pour dire à l'Académie qu il a fait disposer plusieurs appareils à l'aide desquels il veut chercher si l'action s'exerce sur la lumière. » Le premier de ces appareils consiste en un canon de fer de plusieurs mètres, enveloppé de fil de cuivre recouvert de soie. On peut faire le vide dans le tube , ou y introduire un gaz quelconque. Un autre appareil consiste dans un canon analogue contenant un tube en verre dans lequel on fait le vide, où l'on introduit un corps quelconque ; enfin un électro-aimant à l'aide duquel on peut voir si, dans l'expérience très-connue des deux ouver- tures ou du biprisme, les franges sont déplacées par l'action électrique, comme elles le sont par l'interposition d'une lame dans l'expérience de M. Arago. » ASTRONOMIE. — Mémoire sur quelques comètes anciennes; par M. Laugier. i Si l'on prolonge de quelques degrés la trajectoire observée, on pourra prendre pour le 8 décembre : Longitude a68 degrés, et latitude + i5 j de- grés. Dans cette position , fort rapprochée de l'étoile M de l'écu de Sobieski, la comète qui était à 7 degrés au-dessus de l'horizon de Pékin une heure après le coucher du Soleil , devait commencer à s'effacer. Si l'on remarque que la comète était presque stationnaire à cette époque, qu'elle fut observée pendant quatre-vingt-un jours et qu'elle décrivit, dans cet intervalle, un arc (i) Ce passage n'est pas conforme au texte du Mémoire inséré dans la Connaissance des Temps pour 1846; mais le changement que j'ai cru devoir y faire a été approuvé par M. Ed. Biot , qui pense que le graveur chinois a pris un caractère pour un autre. Il faut lire Thien-pien et non Thien-p'ing. ( i5o } géoccntrique de i5o degrés au moins, on comprendra qu'une erreur de quel- ques jours sur la troisième date ne doive avoir qu'une influence minime sur l'exactitude des éléments. » Voici les trois positions qui résultent de la discussion précédente; l'ob- servation du i6 octobre a dû être faite vers 8 heures du soir. Longitude. Lalilude. 1468, 18 septembre i25''o' -t- 33° o' 16,3 octobre 202.4 -f-38.3o 8 décembre 268,0 -+■ iS.aS » Ou en déduit ; Passage au périhélie, 1468, octobre. . . . 7,416 Distance périhélie 0,85328 Longitude du périhélie 356" 3' Longitude du nœud ascendant 61. i5 Inclinaison 44* '9 Sens du mouvement Rétrograde. .. Avant d'arriver à ce résultat, j'avais fait plusieurs essais, et les nom- bres obtenus différaient très -peu de ceux-ci que je considère comme assez précis. .> Voici, du reste, sept positions calculées d'après ces éléments et qui permettront de juger de l'accord du calcul avec l'observation : Longiludc. Latitude. 1468, 18 septembre. . . . laS" o' + 33» o' 26 165.43 ■+- 57.11 2 octobre 207. 9 -^ 58.52 •6-- • 252. 4 -h 38. 3o 10 novembre. . . . 263.40 4-22.39 5 décembre 268. 2 -f- 15.39 8 268. 2 -+. ,5.39 >' Les éléments de cette comète ressemblent a.ssez à ceux de la comète de 1799 que je rapporte ici : Comète fie 1799. Passage au périhélie , septembre. 7,25 Distance périhélie 0,7858 Longitude périhélie 4"32' Longitude du nœud ascendant 100.52 Inclinaison 4q-5i Sens du mouvement Rétrograde. ( '5. j » .le me suis assuré que si cette dernière avait passé au périhélie le 8 octobre i/(68, elle aurait eu, le i6 octobre, la position près de Raz- algélhi, où fut observée la (^/cMx/è/7/e comète r/e i468: de plus ^ la route qu'elle aurait suivie, à travers les constellations, aurait été à peu près la même que celle qui a été observée en Chine du i8 septembre au 8 décembre. Enfin, si l'orbite de la comète de 1299, calculée par Pinfjré sur des observations malheureusement bien vagues, n'avait pas une aussi forte inclinaison, il me semble que l'on pourrait considérer les trois apparitions de 1299 , 1468 et 1799, comme appartenant à un seul et même astre; outre ranalo{]ie incontestable qui existe entre les orbites de ces trois comètes, on pourra remarquer que l'intervalle de 1468 à [799 est à peu près le double de l'in- tervalle compris entre 1468 et 1299. Comète de i433. ■> Pin{jré fait mention de cette comète, mais il ne donne point de détails suffisants sur la route qu'elle a parcourue ; aussi ne se trouve-t-elle dans aucun catalogue. M. Ed. Biot, dans le Mémoire déjà cité, traduit en ces termes ce qu'ont écrit, sur la comète de i433, les historiens de la Chine : « 1433, 1 5 septembre, une comète fut vue près de 9, (, x du Bouvier; " elle était longue de 10 degrés. FjC 2 octobre, elle entra dans la couronne >> boréale, et balaya c?, /-/. , j, (J;, odu Bouvier; le 12 octobre, on la vit denou- » veau entrant dans l'enceinte du Marché céleste; elle balaya l'étoile x d'Her- » cule : elle fut vue vingt-quatre jours , et disparut. » ■> D'après ce récit, on a pour la comète de i433 les trois positions sui- vantes : Longitude. Latitude. i5 septembre. .' . . • i^S? 4- 58° 3o'. 2 octobre. .... aii -(- 49-- o 12.... 229 -(- 36 . o • " Voici l'orbite parabolique que j'en ai' conclue; elle représente très-bien l'observation moyenne : Passage au périhélie , 1 433, novembre.. . . 4>43 « Distance périhélie o , 33946 Longitude du périhélie 281" 2' Longitude du nœud ascendant i33.49 Inclinaison 79- i Sens du mouvement . Rétrograde. ji Du i5 septembre au 12 octobre, la comète a parcouru un arc géocen- trique de 5o degrés. Je crois les éléments assez bien déterminés. C. H. , 18^6, i«f Semestre. (T. XXII , IN» 4.^ .21 ( 1*5^ ) Comète de i^']2. « Régimontan a décrit avec soin le cours de cette comète ; mais il ne nous a laissé qu'une seule position avec la date. ( Cométographie de Pingre. ) Le 20 janvier, à 10 heures après midi, il trouva pour longitude i85°i2', et pour la latitude + 46" 3'. Halley a calculé, sur les indications de Régio- montan , l'orbite de cette comète; mais, n'ayant qu'une seule date, il n'a pu donner des éléments bien précis; l'observation unique de Régiomontan n'est pas même représentée : la longitude calculée diffère de 5 degrés de la longitude observée, et, pour la latitude, la différence s'élève à 1 1 degrés. » Les astronomes chinois nous ont laissé moins de détails que Régio- montan, mais ils ont donné quelques dates. On trouve, en effet [Additions à la Connaissance des Temps pour i8^6) que le 16 janvier la comète fut vue entre 0 et t de la Vierge, que le 27 du même mois elle balaya a, |3 du Bélier; enfin , que le 1 7 février, elle alla vers le groupe a , d*, Ç, fx, v des Pois- sons. Ces observations, inconnues à Halley, m'ont permis d'entreprendre avec succès le calcul de l'orbile; j'ai trouvé : Passage au périhélie, 1472 , février 28,224 Distance périhélie 0,56457 Longitude du périliélie ■. . . . 48° 3' Longitude du nœud ascendant 207.32 Inclinaison i.55 Sens du mouvement.. , . ; Rétrograde. » Cette parabole est fondée sur les positions des Longitude. Lalilude. 20 janvier 185° 12' +46°3' .2,5 février 16. o -(- 3.9 i6,5 février i3.i2 -<- i.o La date du 2 ,5 février a été trouvée à l'aide d'éléments approchés. « Voici quelques lieux de la comète calculés d'après ces éléments; ils re- présentent fort bien sa marche à travers les constellations : Longitude. Latitude. 1472, i5,5 janvier 194" i4' -f- 8° 47' i7>96 193.40 -i-i4.3i 20,42 i85.i2 +46. 3 21,23 .... 80. 3 -+-76.26 22,5 22.38 H-3i,58 26,5 ,. . 17.26 -+- 8.18 3 février 16. 3 + 3.i2 x6,5 .. . .■ iS. 12 _(- I . o ( i53 ) V Cette comète a fort approché de la Terre; le 21 janvier, sa distance «était que de o,o33, la distance moyenne du Soleil à la Terre étant prise pour unité. Aussi « la vit-on parcourir en un jour naturel une portion de » grand cercle de 4o degrés. » Comète de iSS^. >' L'orbite de la comète de i337 a déjà été calculée deux fois, d'abord par Halley qui se servit des indications de Grégoras, et ensuite par Pingre qui eut à sa disposition des observations chinoises. Mais, après avoir com- paré les deux orbites aux observations, il ma semblé qu'avec les nouveaux détails donnés par M. Ed. Biot, il était possible d'obtenir des résultats plus satisfaisants. En effet, les courbes apparentes, calculées d'après leurs élé- ments, s écartent, dans certains points, de plus de 20 degrés de la trajec- toire observée en Chine. Du 8 au 12 juillet , la comète était fort près du pôle boréal ; c'est surtout à cette époque que se trouvent les plus grands écarts. F^es éléments suivants, basés sur les observations du 14 juillet, des 4 et 19 août, satisfont aux observations européennes et chinoises dans toute l'étendue de la trajectoire apparente : Longitude. Latitude. i4 juillet 1337 74° -1-66" 4 ^<"'^' • ^^3 -H 24 19 235 +7 Éléments paraboliques résultant de ces positions : Passage au périhélie i337, juin i5,o8 Distance périhélie o , 82828 Longitude du périhélie. . . . 2° 20' ; Longitudedu nœud ascendant. gS. i Inclinaison 4o-28 Sens du mouvement. ..■...' Rétrograde. D'après ces éléments, on a : Longitude. Latitude. i337, 26 juin 60° 8' -f-3i°29' 6 juillet. . ...... 62.50 -t- 44-38 . II ....,.-... . 67.14 H- 56. 16 i4 74- o -1-66. o i5 78.39 ' -h 69.50 27 224.45 4-46-44 4 août 230.42 -f- 23.53 19 a35. o -h 7. o 21.. ( i54 ) » Ces longitudes sont comptées à partir de l'équinoxo de iSa^; il est à peine nécessaire de dire qu'avant de les porter sur un globe il faudra préa- lablement les ramener à l'époque pour laquelle le globe aura été construit. Comète de i5o6. « 1 5o6, 3 1 juillet, il parut une étoile borsdu mur d'enceinte du Tse-wei " Elle marcha quelques jours et prit une petite queue; on la voyait entre les n divisions st-ellaires Tsan et Tsing; peu à peu elle grandit de 2 degrés, et » devint comme un balai : elle s'étendait au nord-ouest jusqu'à Ô , u , ip grande « Ourse.. Le 10 août elle avait de l'éclat et alla au sud-est; elle était longue » de 3 degrés; elle marcha trois jours (i3 août) et s'allongea jusqu'à 5 de- " grés environ. Elle balaya l'étoile supérieure de la toiu* inférieure (v grande » Ourse) et entra dans l'enceinte du Tbai-wei. « A ces détails que j'extrais de la Connaissance des Temps pour 1846, il faut ajouter ceux-ci qui se trouvent dans la Cométographie de Pingre, tome 11, page 482 : « ... lie " samedi 8 août, dit un témoin oculaire, elle était près du pôle, au-dessus » des sept étoiles du grand Chariot; la nuit suivante elle fut observée entre » ces mêmes étoiles; enfin, en d'autres nuits, on la vit au-dessous du Cha- " riot; déclinant ainsi par les lignes de TÉcrevisse, du Lion, de la Vierge, " elle atteignit la partie septentrionale (il faut lire méridionale) de l'horizon » et disparut le 1 4 août. « « Fi'observation du 8 août a dû être faite vers une heure ou deux avant le lever du soleil; la constellation de la grande Ourse était alors au nord-est, et la comète, qui pouvait avoir ii\ degrés de longitude avec une latitude bo- réale de 39 degrés, était au-dessus des sept étoiles du Chariot; sa queue, op- posée au soleil, était dirigée vers le pôle nord: » On peut employer, pour calculer l'orbite, les positions du 3i juillet, du 8 et du i4 août : Longitude. Latilude. 3 1 juillet 81° -(-42°4o' 8 août 121 -1- 3g. o 14.... i56 -f-22. o Avec ces trois positions on trouvera : Passage au périhélie i5o6, septembre 3,668 Distance périhélie o , 88598 Longitude du périhélie aSo^S^' Longitude du nœud. ...... i32.5o Inclinaison 4^ ■ ' Sens du mouvement Rétrograde. ( .55 ) » L'arc géocentrique parcouni a plus de 70 degrés d'étendue, l'oljserva- tiou moyenue est fort bien représentée. J'ai tout lieu de croire que cette orbite n'est pas très-loin de la vérité. Avant de m'arrêter au système des éléments précédents, j'en avais calculé d'autres qui ne pouvaient être con- sidérés que comme des ébauches; néanmoins ils avaient suffi pour mettre en évidence l'analogie qui existe entre cette comète et la seconde comète de ] 780, pour laquelle on a : Passage au périhélie, 1780, septembre.- . • 3o,33 Distance périhélie o , 1 06 Longitude du pcTÎhélie : 9.45° 54' Longitude du nœud ascendant laS. 3o Inclinaison 5i .56 Sens du mouvement Rétrograde. Cette analogie devenait plus grande à mesure que les éléments se rappro- chaient davantage des observations. On m'objectera sans doute que la dis- tance périhélie de la comète de i5o6 est beaucoup trop considérable; mais, comme dans les différents systèmes que j'ai calculés et qui ne représentaient pas trop mal les observations, cet élément a varié de 0,06 à o,38 (valeurs qui comprennent la distance périhélie de la comète de 1780), il me semble que cette grande différence ne doit point effrayer, et qu'il y a lieu d'espérer que des observations moins vagues conduiraient à des éléments encore plus sem- blables. Comète de 568 (l). >' 568, 3 septembre, une étoile extraordinaire fut vue dans la division stel- laire Fang (déterminat'rice n du Scorpion) et dans la division Sin (détermina- trice (7 du Scorpion); elle était blanche comme une poignée de farine , elle était grande comme un boisseau. A la huitième lune (la huitième lune a commencé le 9 septembre), elle entra dans le Marché céleste; elle s'allongea comme une pièce d'étoffe, et alla de nouveau à l'est. Elle passa sur y Aigle. I^e 27 septembre, elle passa sur a, /3, 7, e? Dauphin, puis elle entra dans la division Tchi (déterminatrice a Pégase); elle passa sur X, fjt, Pégase.. Le 16 octobre, elle entra dans la division stellaire Koei (déterminatrice Ç Andromède) , et diminua peu à peu. liC 5 novembre, elle arriva au nord de Léou (a, ë Bélier), à I degré environ, et disparut. Elle parut en tout soixante-neuf jours. On a, (1) Cette comète a été calculée par M. Hind. Nos résultats offrent un accord fort remarquable si l'on a égard à l'incertitude des positions basées sur de telles observations. ( '56 ) d'après ce qui précède , Longitude. LatituJc. 27 septembre . , . 298° 8' + 32° 42' 16 octobre 2.36 -(- 19. o 5 novembre. .. i5.54 -Hii.io » Après quelques essais, j'ai trouvé : Passage au périhélie , 568, août... 29,33 Distance périhélie 0,90739 Longitude du périhélie 318" 35' Longitude du noeud ascendant. .... 294 • ' 5 Inclinaison 4 - ^ Sens du mouvement Direct. " Les positions suivantes des 3 et 27 septembre, 16 octobre et 5 novem- bre, calculées d'après ces éléments, s'accordent parfaitement avec les obser- vations : Longitude. * Latitude. 568, 3 septembre .. . 225052' H- 6° 55' 27 septembre .. . 298. 8 +32,4.2 16 octobre 2. 6 + 'Q- 2 5 novembre .. . i5.54 + 11. i5 )) L'arc géocentrique décrit par cette comète a i5o degrés environ; je crois les éléments très-exacts. Comète de 770. >' 770, a6 mai, une comète fut vue dans les cinq Chars (a, /3, ô, j Cocher, /3 Taureau). Le 19 juin, elle alla vers l'est en traversant le ciel, elle s'ap- procha de l'étoile du milieu des Pako {ù,%yh, k, i Cocher et petites de la Girafe). Le 9 juillet, elle était à 2 degrés des San-koung (étoiles d'Astérion sous ïj grande Ourse). On a donc Longitude. Latitude. 770, 26 mai 6i''24' 4-21° o' 19 juin 66. o -+-36.3o 9 juillet... 155.24 + 53. o D'après ces trois positions cori-espondantes à des époques assez éloignées les unes des autres, j'ai calculé ces éléments paraboliqu.es. Inobservation moyenne est bien représentée : Passage au périhélie, 770, juin. . . 6,594 Distance périhélie o ,642 19 Longitude du périhélie 357° l' Longitude du nœud ascendant. ... Qo-Sg Inclinaison 61 .49 Sens du mouvement Rétrograde. » ( '57 ) . ASTRONOMIE. — Sur les intersections mutuelles des plans des orbites des petites planètes ; par M. Victoi» Mauvais. « En apprenant la nouvelle de la découverte d'une planète de la famille des Astéroïdes, les astronomes se sont rappelé la curieuse propriété signalée par Olbers , relativement aux intersections mutuelles des plans des orbites des petites planètes, situées entre Mars et Jupiter. Cette propriété consiste, comme on sait, en ce que ces plans se coupent suivant des lignes qui vont toutes aboutir par une de leurs extrémités , à peu près , à une même région du ciel, située vers la partie nord-est de la constellation de la Vierge, l'autre extrémité se dirigeant vers la Baleine. >) La découverte de Cérès était venue combler la lacune soupçonnée par Kepler, et satisfaire à la loi numérique de Bode; mais la découverte d'une se- conde planète, de Pallas, à la même distance moyenne du Soleil , fit naître dans l'esprit d'Olbers la pensée que ces deux petites planètes pouvaient bien , à une époque très- ancienne, n'en avoir formé qu'une, qui, par une cause quelconque, se serait partagée en deux fragments. Le point où les orbites se croisent aurait été le lieu où se serait accomplie la séparation. Junon, décou- verte peu de temps après , avait grandement confirmé ce soupçon , car l'in- tersection du plan de son orbite avec celui de Cérès s'éloignait peu de l'in- tersection déjà remarquée des orbites de Cérès et de Pallas. Olbers, persuadé de l'exactitude de sa prévision, en fit la base de ses nouvelles recherches, et il attribua lui-même à ces idées la belle découverte qu'il fit ensuite de la pla- nète Vesta. 1) On trouve dans la Connaissance des Temps pour i8i4 un curieux Mémoire de Lagrange sur ce sujet. Il arrive à cette conséquence, qu'en tenant compte de la vitesse de translation de la planète primitive dans son orbite, et en considérant les 38 degrés d'inclinaison de l'orbite de Pallas comme l'inclinaison maximum des orbites nouvelles de chaque fragment, il suffirait d'une force capable d'imprimer à ces fragments une vitesse égale à ao fois celle du boulet de 24, pour que chacun d'eux parcourût une nouvelle orbite elliptique autour du Soleil ; l'intersection commune de tous les nouveaux plans étant le point même où l'explosion aurait eu lieu. » J'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de rechercher si la nouvelle planète venait ajouter quelques probabilités à ce système. » Olbers s'était borné à comparer entre elles les intersections des plans des orbites des petites planètes sur celui de Cérès ; j'ai pensé qu'il fallait com- pléter ce calcul en combinant, deux à deux, chacune des orbites que j'ai préa- ( »ô8) lablement ramenées à une même époque, le commencement de cette année 1846. On verra, par les tableaux ci-joints, que l'accord est loin d'être rigou- reux ; Tintersection de l'orbite de Junon avec celle de Pallas s'écarte assez no- tablement du lieu moyen des autres intersections, mais il faut remarquer que les noeuds de ces deux orbites sont très-rapprochés sur l'écliptique ( la dis- tance est moindre que 2 degrés), et, par conséquent, de légères variations sur les inclinaisons et sur les longitudes des noeuds de ces orbites entraînent des changements très-considérables sur la position de leur intersection mu- tuelle. Position héliocenlrique de l'extrémité boréale des intersections mutuelles des plans des orbites des quatre premières planètes télescopiques . ORBITES ■ combinées. LOXOITIDE hclioecntrique. LATITCDE hdiiocen trique. Pallas-Cérès. Junon-Cérès 187» 45' 207.49 227. 3 2o3. 4 182.58 173.37 -+■ 10" 10' -f- 8. 17 -f- 5.57 + 7. 2 + 7- « -f- 0.54 Vesta-Junon Vesta- Pallas JiinoD~Pallas Moyenne .97023' -+- 6-34' Position hétiocentriquc des intersections du plan de l'orbite de la nouvelle planète avec ceux des quatre premières: ORBITES combinées. LONGITUDE hcliocentrique. LATITUDE . béliocentrique. Astrée-Cérès 23oo56' 177.16 ■ 187.57 235. 19 -H 50 20' + 3. 9 -t- 3.54 -f- 5.19 Astrée-Pallas Asttée-Junon Astrée-Vesta Moyenne 207052' + 4° 25' ( '59 ) » J'ai réuni les positions héliocentriques de l'extrémité boréale de toutes ces intersections en deux tableaux séparés, afin que l'on puisse juger de leur accord ; les écarts j)artiels de chaque tableau sont à peu près du même ordre , et leurs moyennes s'accordent à moins de lo degrés en longitude et à 2 degrés en latitude. Il est très-certain qu'en appliquant le calcul à ces ré- sultats, on arriverait à une grande probabilité que ce rapprochement entre les dix intersections n'est pas l'effet du hasard. Un nouveau calcul des éléments de l'orbite d'Astrée modifiera, sans doute, les nombres du second tableau ; mais les éléments provisoires que nous possédons suffisent amplement à donner une idée très-approchée de la position des intersections de ce nouveau plan sur les anciens. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Recherches sur un sjstème d'équations siinul- tajiées, dont les unes se déduisent des autres à l'aide d'une ou de plusieurs substitutions; par M. Augustin Cauchy. « Quelques mots suffiront pour donner une idée de ces recherches , qui .seront développées dans les Exercices d Analyse et de Physique mathéma- tique. K Supposons que, m étant un nombre entier quelconque, et n = mi un multiple de m, les lettres x, y, z, . . . représentent m fonctions diverses de « variables X, ^, z. M, p,, .. . Soit, de plus, i,P, Q,R,... un système de substitutions conjuguées dont l'ordre soit précisément i^= -• Les n varia- bles j:,^, z, M, y,. . . seront, en général, complètement déterminées , si on les assujettit à vérifier les n équations simultanées (i) X =: o, Px = o, Qx~o,.,.; y = o, Py— o, Qy = o, . . .; etc. Or, les valeurs àe x , y, z, u, v,. . ., qui vérifient des équations de cette forme, jouissent de diverses propriétés remarquables, et, en particulier, de celles que nous allons indiquer. » Supposons que, la variable x étant comprise dans un facteur circulaire de P, on nomme h l'ordre de ce facteur circulaire, et x , , x^ , , . . , j:^_, les variables comprises avec x dans ce même facteur. Chacune des valeurs de X fournies par la résolution des équations (i) sera en même temps une valeur de o-, , une valeur dex^,. .., une valeur de j?a_,. Gela posé, soit (a) F(x) = o C. R , 1846, !«■• Semestre. (T. XXII, N» 4,) "•** ( iGo ) l'équation qui résultera de 1 élimination des variables x,j, z, u, v,,.. entre les formules (i). Cette équation admettra deux espèces de racines. Les imes vérifieront des conditions de la forme (3) X = a-,_, , / étant un diviseur de h\ les autres ne satisferont à aucune semblable condi- tion. Si d'ailleurs on suppose x , y, z, . . . réduites à des fonctions entières des variables x, j-, z, u, v, ■ . ., on pourra facilement décomposer l'équa- tion (a) en deux autres (4) 9 {^) = 0, (^) X(*) = o, qui correspondront respectivement à ces deux espèces de racines, et même l'équation (4) en plusieurs autres qui correspondront aux diverses valeurs de /- Ajoutons que ces diverses équations , et particulièrement l'équation (5), dont cbaque racine ne vérifiera aucune condition de la forme (3), pourront être généralement résolues à l'aide d'un certain nombre d'équations moins élevées, que l'on obtiendra, par exemple, en suivant la méthode donnée par Abel dans son beau Mémoire sur une classe particulière d'équations résolubles algébriquement. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — JVote sur diverses propriétés de certaines Jonctions algébriques; par M. Augustin Cauchy. Le sujet de cette Note sera indiqué, avec plus de développements, dans un autre article. M. DE BoNNAUD fait hommage à l'Académie de sa Notice historique sur M. Lelièvre, inspecteur général des Mines. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un njembre correspondant qui remplira, dans la Section de Géographie et de Naviga- tion , la place laissée vacante par le décès de M. de Guignes. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 47 > M. le capitaine Francklin obtient 4 1 suffrages. M. Uémidoff 4 M. le capitaine Ross i 11 y a un billet blanc. M. Francklin, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est dé- claré élu. ( i6. ) AIÉMOIRES PRÉSENTÉS. priYslQUE. — Sur une propriété singulière de la lumière polarisée. (I^ettre de M. l'abbé Moigno à M. Arago.) (Commissaires, MM. Arago, Biot, Babinct.) i< Tant qu'un grand fait scientifique n'a pas reçu la sanction de l'Académie des Sciences, il ne s'impose pas au monde savant; son importance reste plus ou moins méconnue. Tel est le niotiF qui a fait désirer vivement à M. Haidinger, le célèbre minéralogiste et cristallographe de Vienne, de vous voir constater bientôt devant l'illusti-e corps dont vous êtes l'un des Secrétaires, la présence si curieuse des houppes colorées dans tout faisceau de lumière polarisée. Vous avez répété ses expériences, vous avez constaté' la réalité des beaux phénomènes qu'il a décrits; ses recherches se lient d'ail- leurs intimement aux vôtres: mieux que personne, par conséquent, vous l)0urrez faire ressortir ce qu'elles offrent de remarquable et d'inattendu. » Voici comment M. Haidinger raconte sa brillante découverte : « En observant avec attention des plaques d'andalousite , taillées paral- » lèlement à l'axe, je remarquai qu'en outre de la couleur rouge très-pâle, )' on voyait quelquefois comme un fantôme fugace, d'une couleur jaunâtre , » qui disparaissait lorsqu'on fixait la plaque d'une manière plus ferme. Je » ne pus trouver une figure déterminée à la couleur jaune , ni en la re- » gardant directement, ni en la fixant au moyen d'une loupe. Mais quand » je dirigeai mon regard suivant les axes optiques d'une andalousite taillée » perpendiculairement à cet axe, je vis distinctement de belles houppes » lumineuses d'un vert pâle, environnées de deux espaces d'un rouge foncé. n Plus tard, en regardant, à travers un spath d'Islande, un carré noir » sur un fond blanc, je cherchais à reconnaître une différence d'intensité I) entre les deux images, et comme elle était presque insensible, il était 1) nécessaire, pour les comparer, de fixer alternativement l'une et l'autre » image. Bientôt j'aperçus des teintes jaunâtres et gris-violâtres, qui de- » vinrent de plus en plus tranchées et se dessinèrent enfin sous la forme » d'une double houppe lumineuse jaune sur un fond violet. Quand je plaçais » dans un plan vertical l'axe d'un rhomboèdre, à travers lequel je voyais » les deux images blanches d'une ouverture découpée dans du papier noir, » la houppe jaune du rayon ordinaire était verticale , celle du rayon extra- I) ordinaire était horizontale; or, le rayon ordinaire est polarisé dans le plan i> de la section principale du rhomboèdre ; le rayon extraordinaire , dans 22.. ( »62 ) » un plan pei^pendiculaii-e : donc'la direction des houppes lumineuses mai- " quait exactement la position des plans de polarisation. )' Je revins à l'andalousite que je plaçai tout près de l'œil : les aigrettes » se montraient partout, quelle que fût la direction du regard; mais elles » restaient toujours parallèles à l'axe vertical. Il fallait donc en conclure, » en étendant à ce cristal ce que j'avais si nettement observé dans le spath » calcaire, que, dans l'andalousite, le rayon verl:-clair qui n'est pas observé » est le rayon ordinaire. C'est ce qui a lieu en effet, et, dans la loupe di- I' chroscopique, l'image supérieure reste vert-éclair, tandis que l'inférieure » devient rouge foncé. " .Te passai à la tourmaline, la houppe jaune apparut aussi; elle était » toujours horizontale, par rapport à l'axe vertical : ce qui devait indiquer Il que le rayon de lumière qui la traverse est le rayon extraordinaire , comme " le prouve invinciblement la loupe dichroscopique. » Encouragé par ces premiers succès, je fis de nouvelles études. Un mi- II l'oir noir placé horizontalement, la large surface d'une table polie d'une " couleur uniforme, le parquet ciré, etc., me firent voir toujours une » aigrette verticale qui déterminait complètement le plan de polarisation. Il La lumière , qui avait traversé obliquement une pile de glaces, laissait voir » à son tour une houppe jaune perpendiculaire au plan d'incidence du » rayon, comme cela devait être d'après la position connue du plan de po- 11 larisatioïi. 11 .le tournai enfin mes regards vers le ciel bleu qui, comme ou le sait, Il est distinctement polarisé dans des sections principales ou grands cercles 11 passant par le soleil. Or, en regardant rapidement un point quelconque ■1 du ciel bleu, je vis très-clairement deux taches d'un jaune orangé tendre, » nébuleuses, unies dans la direction du grand cercle, et d'un diamètre ap- 11 parent d'environ deux degrés. 11 II était donc vrai que, partout où la lumière est polarisée, on retrouve i> un double faisceau orangé et violet, et que la position du faisceau déter- » mine constamment la position du plan de polarisation. Plus la lumière est 11 polarisée, plus la couleur des faisceaux est vive. » " Les mots faisceau, aigrette, houppe, ne disent pas assez , ne sont pas suffisamment exacts. Voici comment on peut mieux se représenter cette sin- gulière apparition : prenons de petites branches d'osier d'un jaune orangé pâle, assemblons-les en grand nombre, et serrons-les fortement par leurs milieux; cet ensemble dessinera, le plus parfaitement possible, le faisceau jaune dont nous avons déjà tant parlé. A droite et à gauche du milieu plus ( '«3) l'eSserré du faisceau , concevons deux petits amas de lumière Violette ; le phénomène auquel donne naissance la lumière polarisée sera alors complè- tement représenté. » M. Haidingera répété pour moi foules ses expériences, et partout j'ai vu les mêmes apparences que lui : je n'en décrirai ici qu'une seule. I^a lumière (|ui venait par une des fenêtres de la grande salle de géologie était polarisée par sou incidence sur l'une des devantures en verre des armoires. Cette de- vanture était im peu inclinée sur le plan vertical des murs. Nous regardions à travers une grande plaque de mica, la lumière polarisée dans .les vitres, puis nous faisions tourner la plaque par sauts un peu brusques; aussitôt les houppes orangées et violettes apparaissaient avec un éclat très-vif : c'était vrai- ment un phénomène magnifique. Toutle monde comprendra le rôle que jouait ici la lame de mica; en faisant tourner le plan de polarisation, elle rendait les houppes mobiles, et le mouvement les détachait si bien du' milieu envi- ronnant, qu'elles sautaient aux yeux. » Quand on les voyait très- vives , on les fixait longtemps, elles s'éteignaient peu à peu ; mais en retirant la lanre de mica, on voyait apparaître un nouveau faisceau jaune dont la position ne variait jamais, qu'un œil exercé voit direc- tement sans le secours de la lame de mica, et,qui est la trace du plan de polarisation. » Voici le procédé que l'on peut suivre pour voir les houppes avec tout leur éclat dans le ciel bleu. On fixe d'abord un point situé dans un grand cercle passant par le soleil, puis on ferme les yeux pour les reporter immé- diatement après sur un point placé dans un grand cercle perpendiculaire au premier. Quand on a répété deux ou trois fois cette manœuvre , l'impression du faisceau orangé et violet est devenue si intense, que je dirais qu'elle crèye les yeux , si j'osais recourir à une expression trop familière. On peut encore se contenter de fixer le même point, pourvu que l'on inclipe rapidement. la tête , tantôt à droite, tantôt à gauche. » Mais que sont donc ces faisceaux colorés qui caractérisent si nettement la lumière polarisée? Voici ce qu'en avait dit M. Haidinger dans sa première Note : « Qu'on se rappelle les phénomènes que présente la corde tendue qui a " été d'abord proposée par le docteur Young, comme propre à expliquer )) par analogie le mouvement ondulatoire des molécules de lelher. Lorsque » cette corde vibre , et qu'on la regarde suivant la direction dans laquelle elle i> est tendue , ou voit que les impressions des vibrations sont plus sensibles » aux points du plus grand écart , parce que là elles s'arrêtent un instant pour ( i64 ) » revenir : il y a , en ces points, un maximum d'action , ou comme une action » double que l'œil perçoit. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi dans le rayon » lumineux? Les houppes ont une forme qui est tout à fait d'accord avec » cette analogie. L'œil , disait M. Haidinger, verrait donc dans la lumière >' polarisée les vibrations mêmes des particules d'étber. » »> Je crois avoir fait un pas de plus dans cette difficile explication; je sou- mets, en toute humilité , mou observation au jugement des physiciens émi- nents. La couleur invariable de la houppe jaune m'a vivement frappé; j'ai cru et je crois /;ncore y retrouver celle qui, dans le spectre, correspond, d'après les expériences de Fraunhofer, au maximum d'intensité: le faisceau violet a bien la teinte correspondante à l'intensité minimum. Voici donc quel serait l'effet ou l'essence de la polarisation : quand, par la réflexion ou la réfraction sous certains angles, quand par l'action de certaines absorptions, etc., le rayon de lumière blanche, de cylindrique qu'il était est devenu plan , l'œil perce- vrait, immédiatement, d'abord le rayon composant dont l'intensité est plus grande, puis, par contraste, le rayon d'intensité minimum. » Ce qui donne un nouveau degré de pix)babilité à cette manière de voir, très-simple en elle-même, c'est que, quand on fixe longtemps les houppes, tout phénomène de coloration disparaît , la lumière polarisée reparaît blan- che. Celte particularité tient évidemment, il me semble, à ce que l'impres- sion plus prompte et plus vive, produite d'abord par le rayon d'intensité maximum , est contre-balancée plus tard par l'action plus lentement exercée, mais réelle, des autres rayons. » M. Haidinger a toujours pensé que l'apparition des houppes fixe d'une manière non douteuse la position du plan de polarisation par rapport aux vibrations moléculaires. En effet, l'axe delà houppe jaune est, dans tous les cas, la trace du plan de polarisation; et , puisque le phénomène de coloration s'étend à droite et à gauche de ce plan , il me semble impossible de ne pas admettre que les vibrations moléculaires sont perpendiculaires au plan de polarisation , comme le voulait Fresqel , et comme l'affirme aujourd'hui M. Cauchy contre MM. Neumann, Mac-CuUagh, Broch, etc. » Appuyez , monsieur, de votre autorité ce que je n ai pu que faire entrevoir dans un si court aperçu ; relevez , autant qu'elle le mérite , l'importance du beau travail du si savant et si modeste minéralogue autrichien. Il me semble que c'est une très-grande chose que d'être parvenu non-seulement à reconnaître la lumière polarisée d'une manière directe à l'œil nu, sans aucun instrument, sans l'aide d'un polariscope quelconque, mais encore à assigner immédiate- ment et d'une manière certaine le plan de polarisation. ( ,65 ) 1) Je dépose sur le bureau tous les appareils suffisants pour constater la présence des houppes colorées dans le rayon polarisé par réflexion , par réfraction simple ou double, par absorption, etc. Un de ces petits instru- ments , que M. Haidinger désigne sous le nom de loupe dichroscopiqiie, rend très-facile l'observation des phénomènes si curieux du dichroisme et du polychroisme que vous avez découverts le premier. » J'oserais presque dire, en terminant, que l'appareil où les houppes ap- paraissent le mieux est votre polariscope. Quand on regarde à travers cet instrument un ciel uniforme gris ou sombre, et que ce ciel n'offre aucune trace de polarisation, on voit immédiatement que les deux images rondes, au lieu d'être d'une couleur uniforme, sont partagées chacune par deux larges bandes jaunes et violettes, qui en occupent à peu près le quart. Les deux bandes parallèles à la ligne qui joint les centres des deux cercles, et qui sont l'une jaune, l'autre violette, puisque les deux rayons lumineux sont polarisés à angle droit, se font ressortir l'une l'autre ; le caractère distinctif de la lumière polarisée devient ainsi très-saillant. » STATISTIQUE. — Essai sw la statistique du canton du Grand-Couronne {Seine-Inférieure); par M. Ballix. (Renvoi à la Commission du prix de Statistique.) PALÉONTOLOGIE. — Extrait d'un ouvrage inédit sur la géologie paléozoïque des Alpes vénitiennes; par M. Catuilo. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'application de la force motrice de l'eau à la translation des voitures sur les chemins de fer à fortes rampes; par M. Grill. (Commissaires, MM. Arago, Ch. Dupin, Piobert.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un nouveau système de chemins de fer propres à la navigation sèche, c'est-à-dire à la transnavi- gation des isthmes et des seuils; par M. Radiguel. (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Poncelet, Morin.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Propositions sur l'application des forces motrices au mouvement des machines; par M. Paltrineri. (Commission précédemment nommée.) ( i66 ) MKCANIQUE APPLIQUÉE. — Expériences sur le fluide électro-magnétique utilisé par l'action et la réaction simultanément, dans son application^ comme force motrice au mouvement des machines. (Ce dernier Mémoire, quoique imprimé, n'a pas été publié.) (Renvoi à la Commission nommée pour de précédentes communications de M, Paltrineri sur le même sujet.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un nouveau sjstème de machines à vapeur à rotation directe et continue; par M, de Flotte , enseigne de vaisseau. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) M. Gallardi\ prie l'Académie de vouloir bien désigner des Commis- saires auxquels il soumettra une machine à vapeur et à air dilaté. (Commissaires, MM. Poncelet, Regnault, Seguier.) M. Gautier, qui avait précédemment adressé, pour le concours au prix de Mécanique de la fondation Montyon, une Note relative à un moteur à air comprimé. Note qui n'avait pas été trouvée suffisante, envoie aujourd'hui une description plus détaillée de son appareil. (Commission du prix de Mécanique.) M. DuiAURiER soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre: Sur les dangers de la machine à vapeur, et théorie d'une nouvelle puissance motrice, (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Moriu.) MÉCANIQUE. — Machine à diviser la ligne droite et la ligne circidaires par M, Perreaux. (Commissaires, MM. Arago, Babinet, Regnault.) La machine qui , comme le titre l'indique , sert à diviser la ligne droite et la ligne circulaire, peut également être employée à tailler des roues dentées. MM. Jarroux et Tasseau adressent, de Lyon, un Mémoire très-étendu sur un système de télégraphie atmosphérique de leur invention. (Commissaires, MM. Babinet, Regnault, Despretz.) ( »67) \. M. Hébert présente une Note sur les perfectionnements qu'il croit avoir apportés à un télégraphe pour lequel il a déjà pris un brevet d'inventiori. Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission chargée de rendre compte du travail de MM. Jarroux et Tasseau. M. BnACHET adresse un supplément à ses précédentes communications sur Xapplication de l'air au transport des lettres et dépêches. (Commission précédemment nommée.) M. Grynfeltt présente, pour le concours aux prix de Médecine et de Chi- rurgie, un travail sur la nutrition du fœtus qu'il a publié dans deux numéros de la Revue médicale française et étrangère. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPOIVDAIVCE, 'iïiÈR.ii.v^U'tlQii^.—Notesurl'établissementthermalde Vernet, établissement dans lequel l'administration des eaux est soumise à de nouveaux prin- cipes qui rendent ce mode de traitement beaucoup plus efficace contre les affections chroniques en général, et contre les affections pulmonaires en particulier. (Extrait d une Lettre de M. Laelemand à M. Arago.) « J'ai voulu déposséder l'Italie du monopole de son beau ciel, en prouvant que celui du Roussillon le vaut bien, et j'ai ajouté à cette action du climat, si puissante contre les affections chroniques de toute espèce , l'influence encore plus grande des eaux thermales, qu'on ne peut administrer nulle part en hiver, pas même dans les localités les plus favorisées du ciel. On n'y a pas même pensé, parce qu'on n'a pas cru la chose possible; cependant, s'il est une saison dans laquelle il soit plus utile de lutter contre ces affections, c'est sur- tout en hiver, parce que c'est dans cette saison qu'elles sévissent le plus cruellement, et que les rechutes sont plus graves , plus fréquentes. Il importe donc de guérir ces maladies en hiver , non-seulement pour ne pas faire per- dre un temps précieux, mais encore parce que le printemps est la saison la plus favorable à la convalescence , et que les malades ont ensuite tout l'été pour compléter leur rétablissement chez eux, au milieu de leur famille, de leurs amis; tandis que, quand ils vont aux eaux en été, suivant l'usage antique et solennel, ils ne peuvent entrer en convalescence qu'en automne C. «., i84G, i« Semcsire. (T. XXII , N» 4.) ^3 ('68) et retombent nécessairement, en hiver, sous l'empire des causes qui ont amené le développement de la première maladie. » Il faut donc faire précisément le contraire de ce qu'on a toujours fait jusqu'à présent; il faut s'efforcer de guérir ces affections chroniques dans la saison qui leur est le plus contraire , afin que la convalescence coïncide avec les conditions tes plus propres à consolider la cure et à prévenir des rechutes toujours à redouter par des temps rigoureux. Mais pour que les eaux ther- males puissent être administrées avec avantage en hiver, il faut qu'elles réu- nissent bien des conditions indispensables, dont la plupart ne dépendent pas de la volonté et ne peuvent être acquises par aucun sacrifice pécuniaire, ou remplacées par aucun effort de l'intelligence. 11 faut que tout l'établissement puisse être entretenu à une température d'environ 20 degrés centigrades, constante la nuit comme le jour, et uniforme jusque dans les dépendances les plus accessoires, afin de rendre impossible tout refroidissement après les bains, les douches, les étuves, etc. C'est ce qu'on ne peut obtenir à l'aide des cheminées, des poêles, etc., qui, d'ailleurs, nécessitent des courants d'air dans les appartements pour entretenir la combustion ; qui ne peuvent être maintenues au même degré d'activité la nuit comme le jour. liCS poêles, qui ont sur les cheminées l'avantage de chauffer davantage et d'une ma- nière plus uniforme , dessèchent la poitrine, inconvénient incompatible avec les affections des organes respiratoires. D'ailleurs, les poêles et les chemi- nées ne peuvent chaufferies corridors, les escaliers, etc.; enfin tous les lieux dans lesquels les malades ont besoin de circuler librement. 11 n'y a qu'un système de chauffage par l'eau, celui que M. Duvoir a si bien appli- qué à la Chambre des Pairs , par exemple , qui puisse remplir toutes les con- ditions voulues ; mais il faut, de plus , qu'il soit dans une activité continue et uniforme , à cause de la su.sceptibilité des malades ; il y aurait beaucoup d'inconvénient à ce que la température baissât sensiblement pendant la nuit. Un pareil système serait très-dispendieux si la température de l'eau cir- culant dans les tubes devait être entretenue par un combustible. Il faut donc que ce soient les eaux thermales qui passent dans les conduits, pour que la température soit égale partout , constante nuit et jour, et ne coûte que les frais du premier établissement. Mais, pour cela, il faut que la source ait au moins 60 degrés pour céder assez de chaleur dans tout son parcours; qu'elle soit très-abondante pour ne pas s'épuiser, et qu'elle ne soit pas indispensable à l'administration des bains, douches, etc.; il faut aussi qu'elle soit plus élevée que le bâtiment pour pouvoir circuler partout. D'un autre côté, il est indis- pensable que les appartements des baigneurs soient unis à l'établissement ( i69 ) thermal, pour que les malades n'aient à traverser, pour rentrer chez eux, que des corridors, des escaliers, etc. , aussi chauds que leur appartement. » Ce n'est pas tout encore : les malades ne peuvent rester, sans inconvé- nient, confinés constamment dans un établissement, quelque vaste qu'il soit; ils ont besoin de respirer de temps en temps l'air du dehors, de s'exposer aux rayons bienfaisants du soleil. Il faut donc qu'un établissement thermal pour l'hiver soit situé dans un climat qui permette plusieurs heures d'exer- cice par jour dans la saison la plus rigoureuse. " C'est parce que j'ai trouvé toutes ces conditions réunies à Vernet, que j'ai poussé les propriétaires à les mettre à profit, en leur indiquant les moyens d'en tirer le meilleur parti possible. Si ce qui précède est applicable, en général , à toutes les affections chroniques, c'est surtout à celles qui ont leur siège dans les organes de la respiration. Mais ici se présente une circonstance tout à fait spéciale et de la plus haute importance. » Tout le monde sait que les eaux hydrosulfureuses sont d'un puissant secours contre toutes les affections anciennes des poumons. On connaît , en pai'- ticulier, la réputation des Eaux-Bonnes contre tous les cas de cette nature. Mais comment les emploie-t-on en général? En bains, surtout en boissons. f jCs Eaux-Bonnes ne s'administrent même que sous cette forme , à cause de leur basse température. Si les eaux sulfureuses sont si utiles contre les affec- tions pulmonaires chroniques, appliquées seulement à la peau bu introduites dans les organes digestifs, de quelle efficacité ne doivent-elles pas jouir lors- qu elles sont mises en contact immédiat avec les tissus même qui sont malades? lorsqu'elles pénètrent, en un mot, dans les dernières ramifications des vési- cules aériennes? Tous les praticiens ont senti l'importance de cette action directe, immédiate, et plusieurs ont imaginé divers moyens de faire respi- rer aux malades de l'air chargé de principes médicamenteux. Ces essais n'ont pas été suivis de succès, parce que la respiration avait lieu à travers des tubes plongeant dans les vapeurs destinées à pénétrer dans les poumons; il en est toujours résulté une gêne dans la respiration, qui ne permettait pas de prolonger celte espèce de supplice au delà de quelques minutes. Pour obvier à cet inconvénient capital, j'ai imaginé de faire vivre, en quelque sorte, ces malades dans l'atmosphère même des eaux sulfureuses, en leur ré- servant un immense local , dans lequel la vapeur, arrivant par en bas et s'é- chappant par le haut, entretient la température de ce courant continu, à i8 ou ao degrés centigrades environ, température qu'on peut, au reste, faire varier à volonté, ainsi que la quantité de vapeur en circulation. » Dans le principe, on n'y reste qu'une heure ou deux matin et soir; niais a3.. ( 17° ) on s'y habitue bientôt de manière à y rester douze heures par jour, sans la moindre incommodité, en s'y livrant aux mêmes occupations que dans son cabinet. Sans être médecin, on peut facilement imaginer quelle puissante infliience une médication aussi directe, aussi permanente, peut exercer sur les organes affectés. Elle est telle que, dès les premiers jours, les malades en éprouvent un effet sensible. " En ce moment , il y a dans l'établissement plusieurs plithisiques qui sont guéris depuis deux ou trois ans, et qui y reviennent passer les plus mauvais joui's de l'hiver, dans la crainte de quelque rechute ; plusieurs ont même quitté Pise ou Naples, pour revenir se plonger dans les vapeurs qui leur avaient été salutaires, et que le plus beau climat ne peut remplacer. Notez bien que je parle ici des phthisies tuberculeuses, parfaitement constatées par l'auscultation; de phthisies accompagnées de sueurs nocturnes, de diar- rhées colliquatives, enfin de tous les symptômes qui accompagnent la dernière période de cette terrible maladie, dont le nom seul paraît un arrêt de mort. » C'est donc une révolution à introduire dans la thérapeutique de ces affections, non-seulement quant à l'époque de l'administration des eaux sul- fureuses, mais encore quant au mode de leur emploi, puisqu'il s'agit de les faire pénétrer jusqu'aux tissus altérés, comme on applique un topique sur un mal extérieur, et cela pendant des journées entières, s'il le faut. Depuis lonp- temps j'avais constaté ces résultats précieux sous ce double rapport; mais, pour faire une révolution, il ne suffit pas d'avoir raison, il faut convaincre les routiniers; il faut avoir pour soi la majorité des hommes compétents; il faut vaincre les préventions , les craintes de ceux dont les intérêts sont en cause. Il me fallait donc ouvrir les yeux des praticiens, et donner de la con- fiance aux malades. Un exemple éclatant pouvait seul amener promptement ce double résultat; mais aussi un échec pouvait tout perdre presque sans es- poir de retour. Tout calcul fait, j'ai cru pouvoir compter sur le succès, et , maintenant que j'ai la certitude de voir mes espérances bientôt réalisées par la guérison complète d'Ibrahim-Pacha, j'ai voulu que vous fussiez le premier à recevoir la confidence. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur UTi nouveuu système d'éclairage destiné principalement aux bâtiments ci vapeur. (Note de M. Gaudin.) " M occupant depuis plusieurs années de l'application de la lumière Drummond, je suis parvenu à la produire sans employer l'hydropène, en substituant à celui-ci la vapeur d'éther ou l'alcool. J'ai construit sur ces prin- ( ^v ) cipes un appareil d'éclairage , que j'appelle fanal sidéral, qui a été étudié avec soin par la Marine royale. 11 a été constaté que ce fanal (dont le pou- voir éclairant ne dépasse pas quinze bougies) permet de distinguer un bâti- ment à I kilomètre de distance. » Ayant été chargé cette année, par M. le Ministre de la Marine, d'en faire l'application aux bâtiments à vapeur de la flotte, je me suis rendu à Toulon; et, après avoir pris connaissance des conditions du problème, j'ai fait établir sur chaque tambour un fanal qui a pleinement satisfait la Com- mission; mais, cette fois, j'ai dû me borner à des foyers lumineux moins puissants, inextinguibles par les gros temps, et pouvant, par leur éclat, signaler, à toute distance, les bâtiments et le sens de leur marche, taudis que jusqu'à présent ils n'ont marché qu'à tâtons, n'ayant pour se signaler mutuellement que des lampes à l'huile qui s'éteignent à tout instant et n'e'mettent qu'une faible lueur. • " Il faut avoir vu les frégates de 45o chevaux , ces masses énormes se mouvoir avec une vitesse de dix à douze noeuds , et n'obéissant que très-len- tement au gouvernail, à cause de leur grande longueur, pour comprendre le danger qu'il y a de ne pas voir ou de ne pas se montrer clairement et assez tôt. Tous les commandants m'ont parlé des abordages auxquels ils ont à peine échappé, et m'ont assuré que leur marche de nuit était toujours timide et semée d'iuquiétudes. » Le fanal en quesliori se compose d'un réservoir d'oxygène, d'où le gaz s'écoule sous une pression de 3 ou 4 millimètres de mercure, et jaillit au centre d'une flamme d'alcool, par un tube vertical qui occupe l'axe de la mèche et porte à son sommet un très-petit trou ; le dard vertical ainsi pro- duit fait briUer un petit globule de magnésie soudé à un fil de platine ; enfin, la lampe, armée d'un réflecteur parabolique dont le globule occupe le foyer, est installée dans une lanterne très-close, munie d'un verre plan à sa partie antérieure. Pour un éclairage de dix bougies, la consommation d'oxygène est.de 17 litres par heure. » J'ai donc pensé que ce fanal sidéral serait d'une application avanta- geuse pour les locomotives des chemins de fer et les malles-postes , en per- mettant d'éclairer la voie plusieurs centaines de mètres en avant (ce que ne peuvent faire les fanaux actuels) , et aussi pour les signaux de nuit à grande distance pour l'armée d'Afrique, attendu que ces feux pourront être aper- çus , suivant leur axe, de huit ou dix lieues, et formeront des dépêches par le nombre de leurs éclipses ou colorations successives, qui seront détermi- nées par le jeu d'une série d'écrans. » ( '7^ ) GÉOLOGIE. — Observations relatives au phénomène erratique des f^osges. (Lettre de M. Ed. Gollomb.) « V,e Compte rendu des séances de l'académie des Sciences^ tome XXII , page 43, renferme une Lettre de M. Schiraper, relative à quelques faits dépendant du phénomène erratique de la Scandinavie, avec des détails pleins d'intérêt sur les roches striées et sur les dépôts des débris diluviens du Nord. M. Schimper ajoute, à la fin de sa liettre, un paragraphe relatif aux Vosges, où il dit : « On a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, du phénomène erra- " tique dans les Vosges; je dois avouer qu'aucune des roches striées que j'y » ai vues ne porte le caractère des roches striées par les glaciers. Les mo- » raines qu'on veut avoir observées . dans diverses grandes vallées n'ont " qu'une analogie très-éloignée avec les moraines véritables ; toutes les >' pierjres sont roulées ou fortement écornées. » • " C'est sur ce paragraphe que j'aurais quelques observations à présenter. Je suis depuis plusieurs années occupé de l'étude du phénomène erratique , précisément dans les Vosges; j'ai recueilli un très-grand nombre d'observa- tions sur les moraines, sur les dépôts erratiques stratifiés, sur les roches striées, les galets striés, les blocs erratiques, etc., etc.; et les points de comparaison que j'ai eu l'occasion d'établir, pendant un séjour de plusieurs semaines au glacier de l'Aar, entre les phénomènes produits par les glaciers en activité et ceux résultant d'un glacier mort depuis les temps historiques, m'ont convaincu que le terrain erratique des vallées des Vosges ne diffère en rien de celui que j'ai vu en Suisse; il est même conforme à la description que fait M. Schimper lui-même des accidents de ce terrain dans le Nord. « Ainsi les personnes qui ont vu sur place la belle roche polie et striée du Glattstein, dans la vallée de Saint-Amarin , entre autres M. Ch. Martins, qui a aussi étudié ces mêmes roches dans le Nord, ont été frappées de son carac- tère /erratique irréfragable. " M. Agassiz, à qui j'ai envoyé des exemplaires de cette roche, dit: quelle a incontestablement le caractère des polis glaciaires des Alpes. » Je citerai encore M. Élie de Beaumont , qui a eu la bonté d'en pré- senter des échantillons à la Société géologique de France, concurremment avec d'autres roches polies de la Suisse , que M. Agassiz avait envoyées de son côté pour qu'on ptit les comparer aux miennes. Ces roches helvétiques pro- venaient du Landeron près Neufchâtel, du Rosenlaui, du glacier de Zermatt, de Wasen, dans la vallée de la Reuss, du col du Grimsel; les uns pris sous ( 173 ) le glacier même , d'autres taillés au-dessus du glacier, et d'autres à de grandes distances. M. Agassiz ajoutait à cette collection un porphyre à surface polie du Shehallien, en Ecosse, puis quelques exemplaires de cailloux roulés et striés par les glaciers, he Bulletin de la Société géologique {i) , qui rend compte de cette communication , ajoute : « M. Élie de Beaumont met égale- » ment sous les yeux de la Société plusieurs beaux échantillons de schiste .. argileux durs, ou de grauwacke très-fine, à surface usée et striée , qui lui » ont été adressés de Wesserling (Haut-Rhin), par M. Edouard CoUomb. Ces » échantillons proviennent du Glattstein, dans la vallée de Saint-Amarin , » au pied des ballons des Vosges. Leur surface présente les mêmes carac- » tères, le même genre de burinage que les échantillons de la Suisse, de >) l'Ecosse , de la Suède , de l'Amérique du Nord , etc. » » Cette roche du Glattstein, que je prends pour type parce qu'elle est, en effet, très-remarquable, n'est toutefois pas la seule roche striée que je ren- contre dans les Vosges; sans sortir de la vallée de Saint-Amarin, je puis citer encore la roche du Hasenbiihl, près du village de Fellering, puis celle d'un petit monticule isolé qu'on apelle le Bdrenberg, commune d'Odern , dont le poH, les stries, le burinage, sont tout à fait identiques à ceux du Glattstein. » En étudiant avec attention l'aspect de ces singulières surfaces, j'ai été amené à distinguer dans leur régime trois systèmes de stries qui se trouvent fréquemment réunis sur le même échantillon ; j'ai remarqué : i> 1°. Des stries rectilignes ; » 2". Des stries saccadées ; " 3°. Des stries croisées. » Sauf les stries à régime saccadé, dont les auteurs ne font pas mention, les autres manières d'être de ces surfaces sont bien identiques à la descrip- tion qu'en fait M. Schimper; et quant aux stries saccadées, elles ne sont certes pas un argument contre l'origine glaciale du phénomène qui les a produites : ce fait, il me semble, vient au contraire s'ajouter à ceux que nous possédons déjà, et qui se groupent tous pour nous démontrer que, dans les temps passés, de grandes glaces ont occupé nos vallées. » Après les roches en place striées, j'ai encore rencontré, sur tous nos dé- pôts erratiques, des quantités innombrables de galets mobiles striés, exac- tement pareils à ceux de provenance glaciale. Suivant les savantes observa- tions de M, Agassiz, ces galets, dont il explique la formation et l'origine, ne (i) Bulletin, etc., tome II, page 277. { 174 ) se rencontrent jamais ailleurs que dans les dépôts glaciaires. J'ai fait en outre une expérience sur ces galets, en imitant une rivière artificielle (i); expé- rience qui m'a démontré que l'opinion de M. Agassiz était parfaitement juste, c'est-à-dire que les courants d'eau et de sable ont la propriété de dé- truire les stries au lieu de les provoquer. " Quant aux anciennes moraines des Vosges, M. Schimper n'a sans doute pas visité la moraine de Wesserling , dont le caractère , véritablement erra- tique, n'est pas susceptible d'objections sérieuses. Cette moraine est connue comme type du genre ; elle a été examinée par nombre d'observateurs distingués, par MM. Leblanc, Hogard, Ch. Martins , et tous reconnaissent qu'elle possède toutes les qualités exigées pour constituer, dans son ensemble et dans ses détails, un amas de matériaux mobiles, qui ne peuvent guère avoir été amenés à la place qu'ils occupent aujourd'hui que par la force locomotive d'un glacier. Elle n'est point formée exclusivement de pierres roulées ou fortement écornées (2). Les éléments qui la composent sont de nature fort variée : à la surface se trouvent de gros blocs métriques, dont les uns sont tout à fait ronds ou ovoïdes, usés et frottés sur toutes leurs faces; quelques-uns ont même une de leurs faces sillonnée de stries; d'autres blocs, gisant également à la surface et sur des points culminants, ont conservé tous leurs angles et toutes les rugosités naturelles à la roche. A l'intérieur, ces blocs sont disséminés dans une masse de sable et galets, où l'ceil le plus exercé ne peut apercevoir ni stratification ni triage, selon le volume. Les galets striés y sont fort abondants. » Cette moraine est, en grande partie, couverte de constructions , de fabri- ques, de jardins, de plantations; la plupart des gros blocs ont été successi- vement déblayés de sa surface : c'est sur le dernier pli du terrain, en aval , qu'on en rencontre encore d'un assez fort échantillon ; un de ces blocs , entre autres, est remarquable par sa position hasardée sur le revers méridional de la moraine; il sert de pierre-borne, de limite entre la commune de Rans- pach et celle de Hiissern; il a i5 mètres cubes; le sol qui le supporte est incliné de 3o degrés. Ce bloc est posé légèrement sur une de ses petites faces : sa forme est polyédrique, et ses arêtes ne sont que médiocrement usées; un faible effort suffirait pouu le faire changer de place et le précipiter au bas du talus. » Cette moraine possède encore une propriété caractéristique : elle est (1) Comptes rendus de l'Jcadémie des Sciences , tome XX , page 1718. (2) M. Schimper. ( 175 ) remplie dans son intérieur de vides qui forment voûte, de petites cavernes, d'interstices qui séparent les blocs entre eux , comme si ces pierres fussent tombées une à une d'une certaine hauteur les unes sur les autres ; il y a de ces vides où l'on peut. enfoncer un bâton à plusieurs décimètres de profon- deur sans toucher les cailloux. On peut trouver de ces espaces creux dans les talus d'éboulements qui sont au pied des montagnes, mais je ne pense pas qu'il s'en trouve dans les terrains qui ont été remaniés par les eaux. " Dans les vallons latéraux de la gr.inde vallée de Saint-Amarin, il existe beaucoup de moraines , une entre autres , celle de Schliffels, moins connue , mais peut-être encore plus frappante que celle de Wesserling sous le rap- port de la prodigieuse quantité de blocs qui couvrent sa surface; les uns sont arrondis et usés, les autres ont conservé toute la fraîcheur de leurs an- gles. J'en ai mesuré quelques-uns de 12 à i5 mètres cubes, dont la position est erratique au plus haut degré. >' Avant de quitter les moraines, je dois encore faire remarquer que j'ai observé, dans les Vosges, des amas de matériaux erratiques, accumulés sous forme de revêtement, plaqués pour ainsi dire contre des monticules de roche en place qui percent au milieu des vallées et sont isolés de tons les côtés ; ces matériaux sont disposés sur le côté d'amont, seulement, de ces roches. Je les ai désignés sous le nom de moraines par obstacle; ils ont été dernière- ment, de ma part, l'objet d'un travail accompagné de coupes, travail sou- mis, dans ce moment, à l'appréciation de la Société géologique. On en voit de beaux exemples dans la vallée de Saint-Amarin. Je ne pense pas qu'on puisse élever des doutes sur l'origine erratique de ces moraines par obstacle, ni qu'on puisse, avec quelque chance de succès, attribuer leur formation à l'action des courants d'eau. » GÉOLOGIE. — Discussion d'un fait exposé par M.. Virlet, la découverte de fossiles marins de- l'époque actuelle dajis un terrain considéré, jusqu'à présent, comme appartenant à une formation d'eau douce. (Extrait d'une Lettre de M. Canat.) « M. Virlet a annoncé l'année dernière, à l'Académie des Sciences, la dé- couverte de fossiles marins de l'époque actuelle à Belnay, près de Tournus (département de Saône-et-Loire). Une fouille, dirigée par M. Virlet, et par M. l'abbé Landriot, supérieur du séminaire d'Autun, avait procuré à ces messieurs plusieurs coquilles du genre Murex [Murex trunculus, M. hran- daris)., et de grandes Huîtres {Ostrea hippopus), espèces qui vivent encore aujourd'hui dans l'Océan ou dans la Méditerranée. C,R.,i846, i" Semestre. (,T.WU,^''i.) 24 ( >76 ) *> Le sol des environs de Tounins appartient aux terrains de la Brenne. Le grand lac d'eau douce dans lequel ces terraius ont été déposés , ayant été comblé, ou yétant écoulé à la fin de la période tertiaire, suivant M. Élie deBeaumont, la superposition à ces terrains d'eau douce d'une formation marine de l'époque actuelle avait de quoi surprendre. » Je fis faire , en conséquence , au mois d'octobre dernier , une fouille au pied du mur de la petite maison nouvellement construite, dans les fondations de la- quelle les coquilles avaient été rencontrées. A une certaine profondeur, un coup depiochefitsauter trois coquilles, savoir: un fragment d'Huître etdeux Murex. .T'aperçus aussitôt que la terre extraite du trou avec les coquilles n'était pas homogène ; elle contenait des fragments de brique rouge : j'y trouvai un petit morceau de poterie, un os. Un des Murex, cassé par la pioche, laissait voir la terre grisâtre contenue à l'intérieur, et cette terre était mélangée de très- petits morceaux de brique rouge. Un autre coup de pioche amena un tuileau du volume du poing, qui était situé au-dessous des coquilles. L'instrument fut bientôt arrêté par le roc jurassique qui forme la montagne en ari-ière de Tournus, » J'obtins alors, du propriétaire de la maison, les renseignements sui- vants : les fondations ont eu peu de profondeur, la maison est assise sur le roc. En effet, la pente de la montagne devient fort sensible dans cet endroit, et l'on n'est plus sur l'alluvion ancienne. On a constamment rencontré, en creusant les fondations, un terrain mêlé de tuileaux ; on a trouvé des restes de vieilles constructions , des conduits eu terre cuite empâtés dans du ci- ment, deux objets antiques, consistant en des cylindres creux de métal. On n'a découvert de coquilles que dans un seul endroit , vers la partie sud de la maison; elles étaient réunies sur un espace de i ou 3 mètres carrés , très- rapprochées les unes des autres, et formant un amas aplati. Elles étaient nombreuses; on en a rempli des paniers. » On mange l'huître pied-de-cheval et plusieurs espèces de murex (Dic- tionnaire Détennlle). Si nous estimons peu ces coquillages, il n'en était pas de même chez les Romains. Pline a mentionné les grandes huîtres en ces ter- mes : Inter uns, nepotis cujusdam nomenclator Tridacna appellavit, tantœ ampUtudinis intelUgi cupiens, ut ter mordenda essent. (Lib. XXXII , cap. VI.) » J'emprunte à un ouvrage intitulé Ludovici nonni Diœteticon^ sive de Re cibaria, plusieurs citations qui prouveront à quel point les Romains recher- chaient, comme aliment, les murex et beaucoup d'autres coquillages que nous dédaignons aujourd'hui. ( -77 ) » La carte dun repas donné par Métellus, souverain pontife, à d'autre» grands personnages, commence ainsi : j4nte cœnam, echinos, ostreas crudas quantum vellent, pelorides, spondjlos, gljci mandes altilia ex Jariria involuta, ficedulas, murices ac purpuras (Mackobe, liv. III); Murice Bàiano melior Lucrina pelovis (Horace) ; » Trachali appellantur muricum ac purpurœ superiores partes, undè Àrîminenses , maritimi homines, cognomen traxerunt trachali (Sextus Pom- PEIUS). » he purpura des anciens n'était autre que le Murex brandaris {Diction- naire Déterville; article Pourpre). (Je tiens de M. Virlet lui-même que quel- ques-uns des murex trouvés à Belnay appartiennent à l'espèce brandaris , ce qui n'avait pas été annoncé d'abord.) Sanguine de nostro tinctas ingrati lacernas Induis, et non est hoc satis! Esca sunius. Ostrea nuUà fuit , non purpura, nulla peloris. (Mabtial . ) (MAKTIJtL.) " La découverte faite à Belnay se réduit donc à celle d'un tas de co- quilles, d espèces comestibles sur l'emplacement d'une ancienne habitation très-probablement romaine. Ces huîtres et ces murex furent mangés ou des- tinés à l'être. I/idée que ces coquilles provenaient d'une cuisine ancienne était déjà venue à 1 esprit de plusieurs habitants de Belnay ; et les affirma- tions contraires des deux hommes de science ne les avaient pas persuadés. " UÈTÈOROLOGiE. — Coup de Jbudre sur une maison munie d'un paratonnerre. M. Arago a reçu, par l'intermédiaire de M. Desloivgrais, membre de la Chambre des Députés, un Mémoire dans lequel M. de Car ville rend compte des dégâts produits par la foudre sur son château de Boisyvon, près de Vire, malgré le paratonnerre dont ce château est armé. Dans la matinée du 20 décembre i845, pendant une averse de grêle, on vit un globe de Jeu se bijiirquer dans la verticale du paratonnerre placé au centre du château, à g",! de hauteur au dessus du comble. Aussitôt, le fluide électrique produisit de grands dégâts aux deux côtés du château, à q mètres de distance du paratonnerre. Dans les points où l'électricité arriva à terre, plusieurs personnes aperçurent: " comme un gros tonneau de Jeu " se rouler sur le sol. » Les propriétés de Vélectricité en boule sont peu connues. On ne sait pas 24.. ( '7^ ) encore si l'inventioa de Franklin est un préservatif assuré contre la foudre, quand elle prend cette forme; mais cette fois il n'est nullement nécessaire d aller si loin pour trouver la cause de l'inefficncité du paratonnerre du château de Boisy von ; le passage suivant de la Notice explique le phénomène : " Le conducteur du paratonnerre descend dans le sol par un conduit de 1 ,'o",ii carré à la surface dudit sol et de o"",ao au moment où il s'élarj^it " et forme un réservoir muré d'un mètre de diamètre environ; le tout » était rempli de charbon. » Un réservoir muré dit tout. M. AuAGO présente, au nom de MM. Choiselat et Ratel, quelques épreuves photographiques tcès-rcmarquabies, prises pendant une excursion récemment exécutée dans l'Auvergne et les montagnes de l'Oisans , et dont l'itinéraire avait été tracé par le conseil de l'École des Mines. M. Arago présente, au nom de l'auteur, M. de Vico, le Recueil des obser- vations faites à C Observatoire romain pendant l'année i843. (Voir au Bul- letin bibliographique.) M. Arago présente, au nom de M. L. Lalanne, une Nouvelle Table des. tinée à abréger les calculs , que l'auteur désigne sous le nom à! Abaque. M. Isidore Geoffroy, au nom de M.Maivdl, fait hommage à l'Académie du premier numéro d'un journal scientifique ayant pour titre : Archives d'Anatomic générale et de Physiologie. M. Faivre envoie un Mémoire sur une disposition de machines à vapeur accouplées , disposition ayant pour but d'éviter l'emploi du volant. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Séguier.) M. Leroy, à l'occasion d'une communication récente de M. Lassaigne, adresse de Grenoble une Note sur un nouveau mojen destiné à faire distin- guer les taches arsenicales des taches antimoniales. M. Lamarche envoie trois tableaux présentant, l'un, les résultats des ob- servations météorologiques qu'il a faites à Saint-Lô pendant le cours de l'année i843; les deux autres, les observations barométriques horaires faites à l'équinoxe d'automne et au solstice d'hiver durant trente-six heures consé- cutives chaque fois. ( 179 ) M. BouTiuNY, d'Évreux , transmet un résumé des expériences qu'il a faites dans le but de prouver le peu de fondement de l'opinion entretenue par quelques constructeurs de chaudières à vapeur, qui amincissent le fond des chaudières, pensant économiser par ce moyen le combustible. M. Patot adresse un supplément à une précédente Note sur un ver qui attaque les olives, et prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle sa première communication a été soumise. M. Dupuis communique ses idées sur un mojen de faire marcher les aérostats. li'Académie accepte le dépôt de cinq paquets cachetés adressés respecti- vement par MIVT. Baudelocque, Lemaitre, Martin d'Angers, Miqiiel et Person. La séance est levée à 5 heures et demie. y A. ( i8o ) BULLETIN BIBLIOGRAPUQUE. r /Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 3; in-4°. Notice sur M. Leiièvre, inspecteur général des Mines; par M. DE BONNARD. (Extrait du tome VII des Annales des Mines.) Une feuille in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; ^anxiev 1846; in-8°. Le Livre des Chemins de fer construits, en construction et projetés, ou Statis- tique générale de ces voies de communication en France et à l'étranger; par M. liEGOYT; i vol. in-8°. (Adressé pour le concours au prix de Statistique.) Description et Usage de l'Abaque, ou Compteur universel; par M. LÉON Lalanne; brochure in- 16, avec un Abaque en tableau et un in-Sa. Notice géognostique sur les roches du bassin de l'Adour, département de§ Landes; par M. Grateloup; brochure in-8''. Conchyliologie fossile des terrains tertiaires du bassin de l'Adour; par le même; in-4°- Annuaire statistique du département de la Seine-Inférieure , pour l'année 1 828, publié par ordre de M. le Préfet, d'après le vœu exprimé par le Conseil général du déparlement; 2 vol. in-8°- Rouen, i823. Maladies des Femmes; des Abus de la cautérisation et de la léseclion dit col dans les maladies de la Matrice ; par M. Pighard; i vol. in-S". Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; décembre i845; in-8°. Annales forestières ; ian\ier 1846; in- 8°. Archives d'Anatomie générale et de Physiologie , publiées par M. Mandl; 1" année, janvier 1846; in-8'*. Journal de Chirurgie; par M. MalGAIGNE; janvier 1846; in-8''. Bulletin des Académies; janvier 1846; in-8'*. Lettre sur l' Entérographie ; par M. Moreau-Boutard; i feuille in-8". Osservazioni . . . Observations faites à l'Observatoire de l'Université grégo- rienne, dans le Collège Bomain, dirigé par les Pères de la Compagnie de Jésus. Rome, i843; in-4''. Considerazioni. . . Considérations sur l'usage économique des Combustibles , et sur l'avantage de l'Air chaud comme force motrice; par M. G. MiNOTTO. yicence, in-4''. ( i8i ) Cenni. . . Essais du professeur A. Colla, sur la Comèle découoerte à Panne le 1 juillet 1 845 ; i feuille in-S". Gazette médicale de Paris; aimé^ \%k*'>,n'' l{.,\\\'l\". Gazette des Hôpitaux; n°' 8 à lo ; in-fol. L'Écho du monde savant; n°' 6 et 7; in-4°- ^^ La Réaction agricole ; n° S'i . 4iP Gazette médico-ctiiruryicale; année iS/i6, n° /^. ■ '^ i- « 1^^>, %» COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIEIVCES. SÉANCE DU LUNDI 2 FÉVRIER 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Mémoire sur un nouveau mode de dosage du cuivre,- ■ par M. J. Pelouze. « L'or et l'argent sont, jusqu'à présent, les seuls métaux dont la détermi- nation puisse être faite par des procédés tout à la fois rapides et exacts. Les méthodes, d'ailleurs très-diverses, appliquées au dosage des autres métaux sont assurémeiit fort bonnes dans la plupart des cas , mais elles sont sujettes à divers inconvénients, dont les principaux consistent surtout dans la lon- gueur des opérations et la délicatesse des méthodes sur lesquelles leur ap- préciation est fondée. Il résulte de cet état de choses une lacune dans l'his- toire des alliages les plus importants. >' Les transactions dont les métaux sont l'objet, exigent de l'analyse un résultat qui puisse être obtenu avec une grande rapidité. C'est, pour le com- merce et l'industrie , une condition en quelque sorte indispensable. La question de temps domine souvent toutes les autres, et telle analyse qui serait très-futile si elle pouvait être faite rapidement , perd son intérêt si le résultat doit être ajourné. Ce que je dis de la trop longue durée d'une opé- ration analytique ne s'applique pas seulement au commerce et aux exploita- tions métallurgiques; il est facile de prévoir que la même observation C. R., 1846, i"Semej«rc. (T. XXIIjNoS.) 25 ( i84 ) s'adresse aux établissements quelconques dans lesquels on opère sur des fontes considérables et fréquemment répétées. « Je choisirai des exemples de la vérité de cette assertion dans les opé- rations des hôtels des monnaies et des fonderies de canons. Le premier de ces exemples sera d'autant mieux choisi que la question de la refonte des sous et de la fabrication des monnaies décimales en cuivre ou en bronze est actuellement agitée. « Les médailles de bronze doivent être au titre légal de gSo de cuivre, et la loi accorde une tolérance de 20 millièmes; elles renferment de l'étain et une très-petite quantité de zinc. Elles ne sont pas analysées; on se borne à constater qu'elles contiennent du cuivre et de l'étain, puis on les essaye sur une pierre de touche, en prenant pour terme de comparaison des alliages mathématiques au titre même imposé par les' règlements monétaires. La comparaison des traces laissées sur la pierre de touche donne le titre des médailles. Mais ce mode d'opérer est loin d'être exact, car il suffit d'une dif- férence dans la nature et la proportion des métaux autres que le cuivre, pour que toute comparaison avec la touche normale cesse de pouvoir être faite. » En ce qui concerne l'alliage des bouches à feu , on peut signaler des in- convénients du même ordre. Comme pour les monnaies et les médailles , il est, sinon impossible, au moins très-difficile de multiplier des analyses dont les résultats seraient pourtant du plus haut intérêt. Aussi les liquations qui ont lieu pendant le refroidissement des canons, et qui sont considérables, surtout pour les pièces de gros calibre dont le refroidissement est plus lent , ces liquations n'ont-elles pas été examinées avec tout le soin que réclame un objet aussi important. » Les cuivres qui servent aux alliages sont loin d'être toujours purs, et il en résulte des variations fréquentes dans la composition du bronze des canons. » Il suffira des observations qui précèdent pour montrer combien pour- rait être utile un procédé qui joindrait une grande précision à une exécution rapide. Un tel procédé permettrait, entre autres choses, d'assimiler, quant au titre, les médailles et les monnaies de cuivre ou de bronze à celles d'or et d'argent, et ajouterait nécessairement unedifBculté de plus à l'altération des monnaies. D'un autre côté, il deviendrait beaucoup plus facile dans les fon- deries de canons du Gouvernement d'essayer les alliages, alors même qu'ils sont en pleine fusion , et d'ajouter sur-le-champ à la masse des proportions de cuivre ou d'étain, telles qu'il les faudrait pour constituer l'alliage que ( i8S ) Pexpérience indiquerait comme le meilleur pour la confection des bouches à feu de tel ou tel calibre. » Placé, comme essayeur des monnaies, dans une position où je puis ap- précrer chaque jour l'extrême importance, l'exactitude et la rapidité de la méthode d'analyse des alliages d'argent dont on doit la découverte à M. Gay- liussac; connaissant d'ailleurs tous les avantages que les arts ont retirés des liqueurs normales si souvent introduites dans les ateliers par ce célèbre chi- miste, j'ai cherché à doser le cuivre par des procédés plus ou moins sem- blables à ceux de la voie humide, persuadé qu'après l'or et l'argent, il n'y a pas de métal dont la détermination soit plus importante, car il entre dans la plupart des alliages les plus employés. » Je suis parvenu à ce résultat de plusieurs manières différentes , fondées principalement sur les phénomènes de précipitation et de décoloration simultanées. » r^es chimistes ont pu apprécier l'habileté avec laquelle M. Barresvv^il a su employer la dissolution de cuivre dans l'acide tartrique et la potasse pour résoudre une question très-importante et très-difficile d'analyse organique , celle du dosage des sucres. J'avais d'abord espéré qu'en modifiant le sucre de canne par les acides , je pourrais en faire des liqueurs titrées avec lesquelles je chercherais à apprécier les proportions de cuivre renfermées dans un al- liage , en traitant celui-ci successivement par l'acide nitrique, l'acide tar- trique et la potasse; mais, après de longues recherches, j'ai dû abandonner ce procédé : les approximations, quelquefois très-satisfaisantes, s'écartaient cependant souvent de 3 , 4 et 5 centièmes des proportions réelles de cuivre, sans que j'en pusse connaître la cause. Toutefois, en substituant au sucre mo- difié par les acides une dissolution titrée de protochlorure d'étain, je suis parvenu à des résultats beaucoup plus exacts. )• Voici en quoi consiste cette seconde méthode : " Je dissous un poids donné de cuivre, i gramme par exemple, dans de l'acide nitrique; j'ajoute successivement à la liqueur des dissolutions d'a- cide tartrique et de potasse caustique; j'obtiens de la sorte une dissolution d'un bleu très-intense, dans laquelle je verse, pendant qu'elle est bouillante, une dissolution étendue de protochlorure d'étain. Le protoxyde d'étain éli- miné par l'alcali absorbe la moitié de l'oxygène de l'oxyde de cuivre , et précipite ce métal à l'état de protoxyde insoluble. F^a décoloration de la liqueur devient l'indice de la fin de l'expérience. » li'étain, le zinc, le plomb, l'arsenic , l'antimoine, qui,peuvent se trou- ver dans les alliages de cuivre, n'altèrent point la réaction précédente. Ils 25.. ( ,86 ) forment des oxydes ou des acides qui restent en dissolution dans la potasse, de telle sorte que, s'il a fallu , pour précipiter i gramme de cuivre pur, 3o ceu- timètres cubes de dissolution normale detain, un pareil nombre de divisions de la burette représentera un poids semblable de cuivre dans ces divers allia{jes (i). )! Ti'autre procédé, celui auquel je m'arrête, est fondé, comme je l'ai dit, sur le même principe; mais la dissolution du cuivre a lieu au sein de l'am- moniaque, qui en exalte beaucoup plus la couleur que l'acide tartrique et la potasse. Au protocblorure d'étain je substitue les monosulfures alcalins , et particulièrement celui de sodium (hydrosulfate de soude cristallisé et inco- lore) qu'on trouve dans le commerce. « Voici comment on opère : » On dissout i gramme de cuivre bien pur dans 7 à 8 centimètres cubes d'acide nitrique du commerce , on étend la dissolution d'un peu d'eau , et l'on y verse un excès d'ammoniaque (20 à aS centimètres cubes). On a de la sorte une dissolution d'un bleu très-intense. >) D'un autre côté, on dissout dans l'eau du sulfure de sodium (cette disso- lution peut varier de titre sans aucun inconvénient; on en mettra, par exem- ple , 1 10 grammes dans i litre d'eau distillée) , on l'introduit dans une bu- rette graduée et divisée en dixièmes de centimètres cubes, on porte la li- queur ammoniacale à l'ébullition , et l'on y ajoute peu à peu la liqueur sulfureuse. Nous supposerons qu'il en ait fallu 3i centimètres cubes pour dé- colorer I gramme de cuivre, et nous aurons ainsi une liqueur normale d'un titre connu. » On dissout ensuite, dans l'acide nitrique ou dans l'eau régale, un poids connu, par exemple i^'', 100 de l'alliage qu'il s'agit d'analyser; on sur- sature la disfolution avec de l'ammoniaque, on la porte à l'ébullition, et l'on y verse, jusqu'à décoloration, la liqueur précédemment titrée de sulfure de sodium, en ayant soin d'ajouter de temps en temps de l'ammoniaque étendue , afin de remplacer celle qui s'évapore. L'affaiblissement de la teinte bleue indique facilement à l'opérateur que la fin de l'expérience est plus ou moins prochaine , et il a soin de verser goutte à goutte les der- nières portions de sulfure. I) Quand il juge que l'opération est finie, il lit sur la burette le nombre de divisions qu'il a fallu employer pour la décoloration. S'il lui en a fallu 3i , - . (i) Je me propose de revenir avec plus de détail sur ce procédé et de voir s'il est appli- cable dans le cas où le cuivre est allié au cobalt ou au nickel. ( '87) c'est qu'il y a dans iS',100 de l'alliage i gramme de cuivre; s'il en a employé 24i8, en divisant ce nombre par 3i et le quotient par 1,100, on a j^-^ pour le titre de l'alliage, elc. (i). » Ce mode d'opérer suffit dans la plupart des cas , il ne comporte pas une erreur de plus de 5 à 6 millièmes; mais on arrive à une exactitude beaucoup plus grande encore, en achevant la décoloration de la liqueur bleue avec une dissolution très-faible de sulfure, avec une liqueur renfermant, par exemple, par centimètre cube la quantité de sulfure nécessaire pour préci- piter 2 milligrammes de cuivre. A cet égard , j'ai suivi les instructions recom- mandées par M. Gay-Tiussac pour l'analyse des alliages d'argent par la voie humide, et je dois déclarer que j'ai beaucoup emprunté à mon illustre maître 11 II fallait s'assurer que la présence des métaux qu'on trouve ordinaire- ment alliés au cuivre n'apporte aucune perturbation dans le dosage de celui-ci. A cet égard , j'ai fait des expériences nombreuses qui m'ont conduit aux résultats les plus satisfaisants. >' J'ai ajouté à des poids connus de cuivi-e bien pur des proportions va- riables d'étain, de zinc, de cadmium, de plomb, d'antimoine, de fer, d'ar- senic, de bismuth, et j'ai constamment retrouvé les quantités de cuivre pesées, à 2 ou 3 millièmes près. J'ai prié un grand norribre de chimistes de répéter ces expériences sur des quantités de cuivre très-diverses mêlées aux métaux précédents et dont les poids leur étaient inconnus, et toujours ils ont accusé à quelques millièmes près les proportions du cuivre. » Des élèves mêmes, exercés depuis à peine quelques mois aux manipu- lations chimiques, ont fait des analyses également exactes. Je cite cette cii'- constance pour montrer que le nouveau procédé passera facilement dans la pratique. Je la cite aussi parce que je crois très-instructive et très-bonne cette manière de procéder avec des corps purs dont la proportion est incon- nue de la personne qvii opère. » Il m'aurait suffi des expériences dont je viens de parler pour juger de l'exactitude de mon procédé; mais j'ai trouvé un second moyen de démon- trer que les métaux cités précédemment ne sont pas atteints par le sulfure de sodium tant qu'il reste une trace de cuivre à précipiter. En effet, qtiand on met en contact avec une dissolution de nitrate de cuivre ammoniacal les sul- (i) La liqueur ammoniacale de laquelle on vient de précipiter le cuivre, ne reste incolore que peu de temps; elle bleuit peu à peu, parce que le sulfure de cuivre absorbe de l'oxygène et se transforme en sulfate. ( '88 ) f'ures de zinc, de cadmium, d'étaiu, de plomb, de bismuth et d'antimoine, ils la décolorent, les uns à froid, les autres à chaud, et cela prouve d'une manière évidente que ces sulfures ne peuvent se produire et exister, si ce n'est peut-être, pour un instant, en présence de la dissolution de cuivre. Leur formation postérieure à cette décoloration est sans nulle influence sur le ré- sultat de l'analyse, puisqu'on juge de la fin de celle-ci par la décoloration des liqueurs, sans avoir égard aux précipités qui peuvent se former ulté- rieurement. Si l'on veut y prêter quelque attention , ce ne peut être que dans le but d'obtenir quelques renseignements sur la nature des métaux qui ac- compagnent le cuivre. C'est ainsi que, si l'alliage est formé de cuivre, de plomb, d'étain et de zinc, on reconnaîtra facilement la présence du zinc par le précipité blanc qui succède au précipité noir de sulfure de cuivre , le plomb et l'étain étant précipités tout d'abord par l'ammoniaque même. Il y plus; j'espère parvenir à doser le zinc lui-même par le volume de la disso- lution de sulfure qu'il faudra employer pour précipiter ce métal à compter du moment de la décoloration du cuivre. " Le cadmium, comme le zinc, commence à se précipiter de la manière la plus nette aussitôt après le cuivre. Au moment même où l'on observe que la liqueur vient d'être décolorée, si l'on continue l'addition du sulfure, on voit se former un beau précipité jaune pur de sulfure de cadmium. » J'ai cité un nombre considérable de métaux dont la présence n'empêche pas l'exécution du nouveau procédé, et ce sont heureusement ceux qui se rencontrent le plus souvent dans les cuivres impurs du commerce , ou dans les alliages ou les minerais de cuivre. Il est évident que le cobalt et le nickel produisant des oxydes solu blés dans l'ammoniaque qu'ils colorent, empêche- raient le nouveau procédé d'être applicable: quant à l'argent, sa présence n'est pas un obstacle à l'emploi du procédé; seulement, après avoir dis- sous l'alliage dans l'acide nitrique, il faut précipiter l'argent par un excès d acide chlorhydrique et laver le chlorure sur un filtre. La liqueur et les eaux de lavage sont employées pour le dosage du cuivre. En dosant l'argent par la voie humide, et le cuivre par le nouveau procédé, on retrouve faci- lement, à 2 ou 3 millièmes près , les proportions des deux métaux. » L'étain, que l'on rencontre souvent dans les alliages de cuivre, se trouve, dans le nitrate de cuivre ammoniacal, à l'état d'acide stannique. Cet acide se maintient pendant longtemps en suspension, et il arrive quelque- fois qu'il retient une faible proportion de stilfure de cuivre qui le colore. Dans tous les cas, il s'oppose à la transparence de la liqueur, et il est diffi- cile déjuger de la fin de la décoloration, .l'ai trouvé un moyen certain d'ob- ( '89 ) vier à cet inconvénient; j'avais remarqué, en opérant sur des alliages de cuivre, d'étain et de plomb, que ce dernier métal, lorsqu'on le précipitait à l'état d'oxyde par l'ammoniaque, entraînait avec lui l'acide stannique avec lequel sans doute il se combine, et que les liqueurs s'éclaircissaient dès lors avec une grande régularité. J'ai profité de cette remarque, sans laquelle les deux ou trois derniers centièmes de cuivre auraient été difficilement ap- préciés, et j'ajoute à tous les essais d'alliages de cuivre et d'étain ou d'anti- moine une dissolution de nitrate de plomb préparée d'avance. Il suffit , . pour l'éclaircissement de toutes les liqueurs, d'ajouter i centimètre cube de dissolution renfermant i décigramme de plomb. » Une autre observation que j'ai faite rectifie une erreur propagée dans tous les Traités de chimie. On croyait que le précipité, préparé en versant un sulfure soluble dans une dissolution chaude d'un sel de cuivre, était un bisulfure; mais c'est une combinaison de sulfure et d'oxyde de cuivre , un oxysulfure formé de 5 équivalents de sulfure et de i équivalent d'oxyde. J'ai été conduit à l'examiner, en remarquant qu'il faut beaucoup plus de sulfure de sodium à la température ordinaire qu'au point d'ébullition des liqueurs pour précipiter le même poids de nitrate de cuivre ammoniacal , et qu'une dissolution de cuivre se décolore en la faisant bouillir avec le précipité de bisulfure qu'elle surnage; ce qui s'explique par la combinaison du sul- fure avec de l'oxyde de cuivre. " Indépendamment de l'analyse que j'ai faite de cette nouvelle combinai- son, j'ai remarqué que du bisulfure de cuivre bien lavé, bouilli avec du sul- fate de cuivre, enlève l'oxyde à ce sel, et ne laisse plus dans l'eau que de l'acide sulfurique libre et pur. » On a vu quel parti il m'a été possible de tirer de la propriété que pré- sente l'ammoniaque, de rehausser, avec une si grande intensité, la couleur bleue des sels de cuivre; on sait que cette réaction est une des plus caracté- ristiques pour le cuivre: mais j'ai trouvé, dans l'emploi de l'ammoniaque, une propriété beaucoup plus importante encore , et sans laquelle il eût peut- être été impossible de doser le cuivre avec des liqueurs titrées de sulfure alcalin; c'est qu'elle empêche les sels de cuivre d'être précipités par les hy- posulfites. On sait que ces derniers sels se rencontrent presque toujours dans les sulfures alcalins, et qu'ils se produisent d'ailleurs par le contact de l'air avec ces sortes de sulfures. Or, ils y existent ou ils s'y forment dans des pro- portions inconnues, et susceptibles d'ailleurs de changer à chaque instant, et l'on sait qu'ils décomposent les sels de cuivre, neutres ou acides, en produi- sant un précipité de sulfure de cuivre ; mais l'ammoniaque s'oppose à cette ( I90 ) décomposition; non-seulement elle empêche les hyposulfites d'altérer les dissolutions de cuivre , mais elle présente la même propriété relativement aux sulfites et aux sulfhyposnlfates. Lorsque enfin elle est en proportions con- venables, elle empêche également la précipitation des mêmes sels par les carbonates et par les oxydes alcalins. Ces circonstances sont d'autant plus importantes, que tous ces corps se rencontrent, ou peuvent se rencontrer souvent dans les sulfures soliibles. 1) Le titre d'une dissolution de sulfure de sodium s'affaiblit par le contact de l'air; mais cette altération est fort lente, et il est même inutile de changer la liqueur tant qu'il en reste dans le flacon où l'on en a préparé une provision. La seule précaution à employer, et elle s'applique d'ailleurs à toutes les dis- solutions normales , consiste, toutes les fois qu'on a à faire des essais de cui- vre, à déterminer le titre actuel du sulfure avec un poids connu de cuivre bien pur. On trouve facilement, dans le commerce, des plaques d'un tel cuivre obtenu par la galvanoplastie, et qui sont destinées à des épreuves da- guerriennes. » Dans un Mémoire que j'aurai bientôt l'honneur de présenter à l'Aca- démie, je me propose de développer davantage la nouvelle méthode de do- sage du cuivre que je viens de faire connaître; j'indiquerai les applications très-diverses dont elle me paraît susceptible; j'y joindrai le tableau de la composition d'un grand nombre de monnaies et de médailles fabriquées en France. Déjà je suis en mesure d'affirmer que cette méthode, appliquée à l'analyse des minerais de cuivre, donne des résultats de la plus grande exac- titude. Son exécution est d'ailleurs si simple et si rapide , que je ne doute pas que bientôt on dosera le cuivre sur les lieux mêmes, d'exploitation de ce métal. Si je ne m'abuse , ce nouveau mode d'essai du cuivre rendra des ser- vices réels à l'administration des Monnaies, aux fonderies du Gouvernement et aux usines. » J'ajouterai encore un mot en terminant. Deux jeunes chimistes qui tra- vaillent à mon laboratoire ont entrepris de doser le fer et le plomb avec des liqueurs normales ; leurs travaux sont déjà assez avancés pour faire espérer une solution satisfaisante. » J'ai dit que le zinc pourra sans doute être dosé par des dissolutions titrées de sulfure de sodium. Si ces espérances se réalisent, il faudra ajouter, a l'or, à l'argent, et maintenant au cuivre, le dosage exact, rapide, et en quelque sorte industriel, du zinc, du plomb et du fer. « ( 19' ) PHYSIQUE. — Construction d'un aimant très-fort par induction sans emploi de courants électriques i par M. Babiivet. « Je prends une barre de fer très-doux de 4 à 5 décimètres de long sur 5 à 6 millimètres d'épaisseur et 1 5 à 20 millimètres de largeur. Je la suppose placée horizontalement sur une table, de manière que son extrémité déborde la table de 2 ou 3 centimètres. >' Je mets en contact, avec l'extrémité non saillante, un barreau aimanté situé dans le prolongement de cette barre , de mêmes dimensions transversales quelle, mais dont la longueur n'est que de 1 5 à ao centimètres. Alors, par in- duction, la barre de fer doux prend à son extrémité libre un pôle de même nature que le pôle du barreau aimanté mis en contact avec l'autre extrémité. Je place ensuite transversalement, de chaque côté de la barre de fer doux, vingt-quatre autres barreaux aimantés pareils (douze de chaque côté), que j'a- mène en contact avec la partie de la barre voisine de l'aimant qui a été déjà mis en contact avec, elle, en sorte que vers cette partie opposée à celle qui déborde la table, vingt-cinq pôles de barreaux aimantés, tous de même na- ture, agissent concurremment pour produire à l'extrémité libre un pôle très- énergique. Tel est, en .effet, le résultat que l'on obtient. » Voici maintenant les divers effets observés : " 1". Le pôle de cet aimant d'induction porte des poids étonnants quand on les suspend à un contact de fer doux. » 2°. Si l'on fait adhérer à ce pôle une barre de fer doux , l'attraction est telle, qu'en la tirant le long de l'extrémité du pôle qui déborde la table, la barre que l'on force à glisser grippe, ei est limée par l'extrémité polaire du barreau horizontal. " 3°. Une barre de fer doux de 5o centimètres est saisie par le pôle à son extré- mité inférieure, etse ûentdroite au-dessus de ce pôle (et non pendante comme à l'ordinaire). Celle-ci porte encore au-dessus de son extrémité supérieure, par adhérence latérale, une seconde barre verticale pareille de aS ou 3o centi- mètres de hauteur,, et cette dernière tient encore verticalement, par adhé- rence latérale , une très-grosse clef qui surmonte les deux barres précédentes. » 4°' Des barreaux d'acier sont aimante's fortement en les passant sur le pôle libre de ce système. » 5°. J'ai fait le barreau en fer de Suède ordinaire, reconnu excellent pour les usages magnétiques; mais, dans l'espoir d'avoir du fer encore plus doux, j'ai essayé aussi d'employer des fils de fer forgés ensemble, qui don- C. R., t846, i«' Semettrt. (T, XXII , N» 6.) 26 ( 192 ) naient ua fer d'un nerf supérieur, mais je n'ai rien obtenu de bon avec ce nouveau barreau, peut-être par défaut de recuit. On sait, d'ailleurs, que pour les électro-aimants, il faut bien se garder de forger les barres prisma- tiques du commerce, et que pour leur donner une section circulaire, comme c'est l'usage, il faut enlever avec la lime les angles saillants, et non avec le marteau. » 6°. On pourrait implanter sur la barre de fer doux un plus grand nom- bre d'aimants, car rien n'empêcherait d'en mettre perpendiculairement à sa surface horizontale , tant en dessus qu'en dessous. Le barreau de fer doux destiné à l'induction pourrait être placé verticalemeht , et offrir six ou huit pans qui recevraient chacun le contact de plusieurs aimants; enfin on pour- rait faire correspondre au pôle que l'on veut produire plusieurs branches de fer doux qui, chacune, seraient soumises à l'influence de plusieurs aimants. Peut-être arriverait-on ainsi à la limite de pouvoir magnétique que peut com- porter une extrémité donnée d'un système aimanté par induction. Je me borne ici à indiquer que l'action d'environ deux cents petits aimants de la grosseur de ceux que l'on obtient en prenant des tronçons de lames de fleuret d'escrime n'a pas produit, à beaucoup près, un résultat aussi satisfaisant que les vingt-cinq barreaux aimantés dont il est question ci-dessus. D'après plu- sieurs faits connus, je pense que si les pôles des barreaux inducteurs étaient implantés dans des rainures pratiquées dans la tige de fer doux, l'effet d'in- duction serait encore plus intense. » 7°. Si on approche les pôles des aimants du barreau horizontal seule- ment à 2 ou 3 centimètres, l'induction est encore très-énergique; et, en ap- prochant ou éloignant, par voie de glissement, de la barre soumise à l'induc- tion le système des barreaux aimantés , on obtient un pôle temporaire et de force variable qui reproduit le phénomène des actions temporaires de M. Fa- raday. 1) .8°. C'est aussi à l'occasion de l'expérience récente de M. Faraday, sur l'effet magnétique produit dans les corps transparents non magnétiques par les voies ordinaires, que je rappelle cette expérience que j'ai déjà publiée depuis quinze à vingt ans, et montrée à la Société philomatique. On pourrait placer aux deux extrémités de la substance traversée par le rayon polarisé les extrémités de deux barres de fer doux percées d'un trou de diamètre suf- fisant, et ensuite rendre ces barres magnétiques par le moyen d'un nombre suffisant d'aimants implantés transversalement; le retournement des pôles se ferait, du reste, sans difficulté et sans avoir besoin de déplacer les barres par le seul retournement des pôles des barreaux inducteurs. » ( '93 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la résolution directe d'un sjstème d'équa- tions simultanées, dont les unes' se déduisent des autres à l'aide d'une ou de plusieurs substitutions; par M. Augusti\ Cauchy. « Soient données entre n variables •^> J"') 2, . . . 71 équations dont les unes se déduisent des autres, à l'aide d'une ou de plu- sieurs substitutions. Si les premiers membres de ces équations sont des fonc- tions entières de x, j-, z,. . ., on pourra, comme nous l'avons dit dans la séance précédente, éliminer les variables j-, z,..., puis décomposer l'é- quation (r) F(x) = o . lésuhante de cette élimination , en d'autres équations plus simples et d'un degré moins élevé. Au reste, pour obtenir les valeurs de x, j", z,. . . pro- pres à vérifier les équations données , il n'est pas absolument nécessaire de toriner l'équation résultante. On peut chercher directement les équations plus simples qui doivent la remplacer, et faire servir au calcul des coefficients que celles-ci renfermeront le système des équations données. » Pour faire mieux comprendre comment un semblable calcul peut s'ef- fectuer, considérons, en particulier, le cas où les équations données se dé- duisent toutes de l'une d'entre elles à l'aide des diverses puissances d'une substitution circulaire P — C'a?, J, z,...) qui renferme toutes les variables, et sont, en conséquence, de la forme (a) X = o, Px = o, P='x=o,..., P"-*x=o, X désignant une fonction entière de ces variables. Si , en nommant w une une autre fonction entière de x, j, z, . . ., on combine, par voie d'addi- tion, les formules (a) respectivement multipliées par les facteurs w, Pw, P'w,..., P"-'w, on obtiendra la formule (3) (i 4- P-f-P'' +...-+- P«-«)wx = o. Si d'ailleurs on attribue successivement à co, n valeurs diverses, pour cha- a6.. ( 194 ) cune desquelles le premier membre de la formule (3) se réduise à une fonc- tion symétrique de x, j, z,. . . , le système des n équations ainsi trouvées déterminera les valeurs des fonctions p = x + j-+z-h..., q^=xj+xz+ ...-\-jz-\-.\., r = jyz4- ..., etc. ; et lorsqu'on aura calculé ces valeurs, il suffira de résoudre par rapport à l'in- connue s l'équation du n"""* degré (4) y' — ps"-' + fy/"-' — n"-« + . . . = G, pour obtenir les valeurs des variables x , y, z,. . ,, » Pour éclaircir ce qui vient d'être dit par un exemple , supposons n = 3 y et x = a: — (j-^-Hc*) z, c désignant une quantité constante. Les équa- tions (2) , jointes à la formule P = {x, j, z) , donneront (5) X — (j-^ + c^)z = o, j-—{z^-\-c^)x = o, z — (j?* + c*) j- = o. Alors l'équation (i) sera du quinzième degré, et ses quinze racines seront dé deux espèces. Trois d'entre elles, savoir, o, -f- y/i — c^, — Vi — c*, véri- fieront la formule (6) x{x^ + c^ - i) = o, à laquelle on parvient, en posant, dans l'une quelconque des équations (5), X =jr = z. Les douze autres racines de l'équation (i) vérifieront la for- mule I^r'" + (1 + 4c^ + c^j-r'" 4- (i + 20» -(- 6c* + c" 4-4c«)x« +(i +0=4-30" -i-3c*+6c*'')a:<' + fi+3c»-c*-3c''-c»+3c'°-4-4c'2).r* Mais, en xertu des principes exposés dans la séance précédente, la formule (7) pourra être réduite à un système d'équations du troisième degré, et, par suite, les équations (5) pourront être résolues algébriquement. Toutefois, la décomposition de l'équation (7) en plusieurs autres exigerait un calcul assez long, et, sans recourir à ce calcul, ou même sans prendre la peine d'établir l'équation (7), on peut construire directement les équations plus simples, dont la résolution fournira les valeurs algébriques de x, j;z. En effet, nommons s l'inconnue d'une équation du troisième degré, qui ait pour racines x , j, z. Cette équation sera de la forme (8) ■ " i^ — ps^ -h qs ~ r — o^ ( 195) les valeurs de p, q, r étant (g) p= X -hj -h z, q = xjr -^ xz-\- yzy r= xyz. Si d'ailleurs, dans l'équation (3), réduite à la forme (lo) (i + Ph- P*)mx = o, on pose successivement w=jr, (a=z, w=i +xy, on obtiendra, entre p, q et r, les trois équations (^A I /"'=/'' -(^+07' 2;jr = 9' + cy-(i +2C«)7, En éliminant successivement , de ces dernières, r et />*, on obtiendra une équation du quatrième degré à laquelle devront satisfaire les valeurs (12) 9 = 0, ç=3(i -c") de la variable i L'Acadéipie a renvoyé a l'examen d'une Commission dont je suis ici l'organe, un travail de M. Lereboullet, intitulé : Mémoire sur les Crustacés de la famille des Cloportides qui habitent les environs de Strasbourg. )' Les Crustacés qui font l'objet de cette Monographie avaient déjà été étudiés par un grand nombre de naturalistes. Ainsi, vers la fin du siècle dernier, Degeer a publié, sur leur structure extérieure et sur leur dévelop- pement, des observations importantes; à une époque moins éloignée, Tre- viranus en a décrit sommairement l'organisation intérieure, et M. Savigny, dans ses magnifiques planches de l'ouvrage sur l'Egypte, en a représenté le système appendiculaire avec cette exactitude scrupuleuse qui rend tous les travaux de ce savant si précieux pour la science. Plus récemment en- core, l'un de nous a signalé une disposition particulière dans les organes respiratoires de ces animaux; enfin Cuvier, M. Brandt et plusieurs autres zoo- logistes se sont occupés tour à tour de la distinction des espèces dont se com- pose cette petite famille naturelle. )> Les caractères généraux des Cloportides étaient donc assez bien connus ; mais aujourd'hui que le champ de la zoologie a été défriché dans presque toutes ses pai-ties, on ne doit plus se contenter des résultats qui pouvaient suffire lorsqu'il s'agissait d'esquisser à grands traits le tableau du règne animal et de poser les bases de la classification zoologique; on s'applique surtout à tirer de l'étude des organismes inférieurs d'autres lumières, on y cherche des éléments nécessaires à la solution des grandes questions de physiologie, pt, pour en obtenir ces données, il faut souvent se livrer à des investiga- ( '97 ) tions minutieuses, dont l'inlérét ne se manifeste pas tout d'abord. Dans l'état actuel de la science, on se trouve ainsi conduit à revenir sur une mul- titude de points que nos devanciers considéraient comme étant suffisamment approfondis, et les espèces dont l'étude attentive semble devoir fournir en ce moment les résultats les plus précieux sont celles dans la constitution desquelles les types primaires du règne animal tendent à se simplifier le plus ou à se modifier profondément, en empruntant pour ainsi dire aux types circonvoisins des dispositions organiques particulières. " Les Cloportides rentrent dans cette dernière catégorie. Ce sont, comme on le sait, des Crustacés qui, par l'ensemble de leurs caractères anatomiques, ne diffèrent que fort peu des autres Isopodes, mais qui, au lieu d'habiter dans l'eau à la manière des Crustacés ordinaires, vivent à l'air et y respirent à l'aide des mêmes organes dont se compose l'appareil branchial des espèces aquatiques. Ces animaux se rapprochent aussi des insectes par la structure des testicules ainsi que par la disposition de l'appareil biliaire , et ils sem- blent établir le passage entre les deux types principaux du sous-embranche- ment des animaux articulés. Il était donc à désirer que l'on en fît une étude approfondie sous le triple rapport de l'anatomie, delà physiologie et de la zoologie méthodique. M. LerebouUet, professeur de zoologie à la Faculté des Sciences de Strasbourg, a entrepris cette tâche , et, dans le travail qu'il a soumis au jugement de l'Académie, ce jeune naturaliste rend compte de ses observations surJes Cloportides à l'état adulte, se réservant de traiter de l'embryogénie de ces Crustacés dans un second Mémoire. » Le premier chapitre de sa monographie est consacré à l'exposé histo- rique des recherches faites par ses devanciers; le second renferme une des- cription très-détaillée de la conformation extéi'ieure de la Ligidie de Per- soon, du Cloporte ordinaire et du Cloporte des mousses, de neuf espèces de Porcellions et de deux espèces d'Armadillidies ; enfin, dans un troisième cha- ])itre, il traite de l'organisation intérieure de ces Crustacés. Nous ne suivrons pas l'auteur pas à pas dans l'exposé de ses observations, car son travail, comme tout ouvrage essentiellement descriptif, ne se prêterait que mal à une analyse rapide; ce qui en fait le principal mérite, c'est la multiplicité des détails bien constatés. Une grande partie des recherches de M. LerebouUet est d'ailleurs déjà connue des zoologistes par la publication de son Mémoire sur la liigidie, inséré dans le vingtième volume des yénnales des Sciences na- turelles. D'autres observations, qui se trouvent reproduites dans la mpnogra- phie soumise à notre examen , ont été consignées dans un Mémoire imprimé dans le quinzième volimiB du même Recueil, et l'édigé par MM. LerebouUet I. ( 198 ) et Duvernoy ; ce serait, par conséquent, nous écarter des règlements de l'A- cadémie que d'en parler longuement dans ce Rapport; mais parmi les faits sur lesquels l'auteur donne aujourd'hui de nouveaux détails, il en est un dont nous croyons devoir dire quelques mots. " Ou sait que chez les Cloportides, de même que chez les Insectes , le foie est remplacé par des tubes longs, qui flottent dans le sang dont la cavité abdominale est remplie , et qui débouchent dans le canal alimentaire pour y verser les produits de leur travail sécrétoire. Mais, jusqu'ici, on n'avait que peu étudié la structure intime de ces vaisseaux biliaires; M. Lereboullet s'en est occupé, et il est arrivé à des résultats qui pourront avoir de l'importance pour la théorie des sécrétions en général. Effectivement, il a vu que les vais- seaux biliaires des Cloportides sont tapissés intérieurement d'une couche épaisse de cellules ou utricules épithéliales remplies de petites vésicules grais- seuses , et que ces utricules , parvenues à maturité, se détachent et nagent dans le liquide dont la cavité du canal sécréteur est remplie; enfin elles se rompent ou diffluent très-facilement, et alors laissent échapper les matières renfer- mées dans leur intérieur. Or, ce fait fournirait un argument nouveau à l'ap- pui de la théorie des sécrétions professée depuis plusieurs années par MM. Goodsir etBowman en Angleterre, Henle en Allemagne, et Mandl en France; théorie d'après laquelle la bile, ainsi que toutes les autres humeurs de l'économie animale, se formerait dans l'intérieur de petites utricules mem- braneuses qui, parvenues au terme de leur développement, s'ouvriraient pour laisser échapper au dehors les produits de leur travail ou se détache- raient en emportant ces produits, et qui, elles-mêmes, se renouvelleraient sans cesse à la surface de la membrane sécrétante, de la même manière qiie les utricules squammeuses de l'épiderme se renouvellent à la surface de la peau. » Nous avons remarqué aussi dans le Mémoire de M. Lereboullet quel- ques détails nouveaux sur les tubes aérifères ramifiés dont l'un de nous avait fait connaître l'existence chez les Porcellions et dont M. Lereboullet a con- staté la présence chez les Armadillcs. Ces organes respiratoires, qui semblent représenter dans la classe des Crustacés le système trachéen des insectes réduit à un état rudimentaire, se trouvent aussi chez les Tylos(i), mais ils manquent chez les Cloportes proprement dits, qui, tout en vivant à l'air, ne possèdent cependant que des branchies semblables à celles de la plupart des Isopodes aquatiques. Ainsi , chez les animaux qui vivent dans les mêmes con- (i) Histoire naturelle des Crustaeés, tome III, page 187. ( '99) ditions physiologiques et qui, d'ailleurs, ne diffèrent entre eux que par des caractères insignifiants, nous voyons lune des fonctions les plus importantes s'exercer à l'aide d'instruments essentiellement différents. » M. Lerebouliet n'étant pas à Paris n'a pu répéter ses observations sous les yeux de vos Commissaires; mais ses recherches paraissent avoir été faites avec beaucoup de soin, et nous n'avons aucune raison de douter de leur exactitude; les dissections qu'il a exécutées offraient souvent des difficultés matérielles assez grandes, et son travail, qui occupe plus de trois cent cin- quante pages in-4°, et qui est accompagné de nombreux dessins, est réelle- ment une œuvre de patience. Mais, tout en accordant à M. Lerebouliet les éloges auxquels il a droit, nous croyons devoir signaler à son attention quel- ques lacunes dont la Commission a- été frappée en lisant sa Monographie. Ainsi, on y trouve des détails surabondants sur les formes extérieures des Cloportides, tandis que l'aifteur passe presque entièrement sous silence tout ce qui est relatif au cœur, aux artères et à la circulation en général. Nous pensons aussi que le travail de M, Lerebouliet ne perdrait rien de son mérite et deviendrait plus intéressant si ce naturaliste mettait plus de con- cision dans sa rédaction et surtout s'il proportionnait davantage l'étendue des divers articles de son Mémoire à l'importance des sujets dont il y traite. Dans la seconde partie de son travail, qui doit embrasser l'histoire embryo- logique des Cloportides, l'auteur aura probablement plus de résultats nou- veaux à enregistrer, et le tout formera, sans aucun doute, une Monographie très-utile. " La Commission a , par conséquent, l'hondeur de proposer à l'Académie d'encourager M. Lerebouliet dans ses recherches et d'engager ce zoologiste à poursuivre ses observations avec la persévérance dont il a donné des preuves dans le Mémoire soumis à notre examen. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Instructions pour^Ae Aocteuv Cloqv^t, en Perse. Partie botanique; par M. Adrien de Jussieu. Il M. Gloquet est appelé dans une capitale pour un service médical séden- taire. On ne peut donc lui donner, pour la Botanique, les instructions qu'on donnerait à un voyageur destiné à parcourir le pays dans le but de recherches d'histoire naturelle. Néanmoins, si dans l'itinéraire qu'il suivra depuis le point de son débarquement jusqu'à Téhéran , si dans les excursions qu'il aura occasion de faire aux environs de cette ville ou sur quelque autre point de la Perse , il C. a., i846, I" Semestre. (T. XXII, N» 8.) 27 ( 200 ) a les facilités nécessaires pour la préparation des plantes, nous l'engageons à en récolter le plus grand nombre possible. C'est toujours la meilleure chance de trouver du nouveau; car il est impossible à un voyageur qui n'est pas botaniste, et botaniste consommé dans la connaissance de la flore d'un pays , de juger au premier coup d'œil ce qui est inconnu ou rare dans nos collec- tions, et ce qui mérite, à ce titre, d'être recueilli, d'autant plus que c est dans les espèces les plus petites et les moins propres à frapper la vue par leurs formes et leurs couleurs, qu'il y a aujourd'hui le plus de découvertes à faire. IjCS soins et les notes à prendre rentrent dans les instructions générales pour tout voyage, auxquelles nous le renvoyons. » Si la collection des plantes offrait au voyageur trop de difficultés, il pourrait se contenter de celle des grairies. En les prenant bien mûres et les envoyant sans retard , il enrichirait sans doute les jardins botaniques de quel- (jues espèces qui leur manquent. » Parmi les plantes cultivées, nous signalons spécialement les Cucurbita- cées, dont ou cultive en Perse un si grand nombre de variétés. Il serait donc facile d'avoir les graines de la plupart, et nécessaire de joindre à chacune le nom sous lequel elle est connue dans le pays. n Les variétés des autres fruits cultivés devront aussi fixer son attention j et il importerait d'envoyer celles qui manquent en Europe. On pourra étu- dier ce qu'est devenu le pêcher dans sa patrie originaire, et s'il y a donné les mêmes variétés que chez nous. » Il sera bon de déterminer les essences des bois dont sont composées les forêts de la Perse, et s'il s'y trouve quelques espèces différentes de celles des nôtres, notamment de celles du midi de l'Europe. Les arbres verts (conifères) pourront particulièrement fournir matière à cette recherche. M. Boissier a pu, il y a quelques années, découvrir une nouvelle et belle espèce de sapin, dans les montagnes de l'Espagne. Cet exemple doit encourager les voyageurs, et la conquête d'un arbre nouveau par notre pays serait un service pour l'agriculture comme pour la botanique. M. Cloquet devra donc récolter les graines de tous les arbres qui lui paraîtraient différer tant soit peu des nôtres. Tous les pieds de saule pleureur viennent de boutures dans l'Europe , où les pieds à fleurs femelles existent seuls, et où l'on en a rarement vu quelques- uns à fleurs mâles. Si le voyageur en trouve des graines mûres, il devra donc les envoyer en assez grande provision, et par les semis nous aurions ici toute chance d'avoir ces pieds mâles qui y manquent. L'envoi de boutures serait un moyen bien plus sûr et plus expéditif ; mais il est difficile qu'elles arrivent en état de reprendre, quoiqu'on puisse l'essayer avec toutes les pré- cautions usitées. ( aoi ) '< Mais nous l'invitons surtout aux recherches de botan ique médicale qui se rapprochent plus de ses études habituelles. Tous les médicaments tirés, du règne végétal que fournit la Perse (i) devront l'intéresser, et surtout quand il pourra joindre des échantillons authentiques de la plante au produit qu'on lui attribue. Les gommes-résines qu'on tire de Perse, dont l'origine a été si souvent controversée, et l'est encore aujourd'hui pour quelques-unes, lui offrent une question importante à éclaircir. ij/4sa-Jcetida, le Sagapeniim, les espèces de Ferula qu'on dit les produire, méritent de l'occuper. S'il peut s'assurer que telle plante donne tel suc, recueillir des échantillons et des graines de la plante, qu'il aura soin de noter du même numéro que le produit, il aura aidé à lever quelques doutes dans la science de la matière médicale ; et les points même sur lesquels elle a cessé d'en avoir méritent d'être vérifiés avec soin toutes les fois qu'on se trouve sur les lieux , comme, par exemple, pour la gomme ammoniaque, qu'on a reconnu provenir d'une autre espèce d'Ombellifère , le Dorema ammoniacum. C'est pour toutes ces plantes qu'il importe particulièrement d'envoyer des graines préservées avec toutes les précautions qui assurent la conservation de leur faculté germina- tive. Si elles ont de la peine à végéter dans notre climat, elles réussiront mieux, peut-être, dans celui de l'Algérie, dont les jardins entretiendront et multiplieront les plantes pour ceux d'Europe. Partie zoologiqiie; par M, VA.i.t.vcï-ETUfiES. » La zoologie particulière de la Perse a été jusqu'à présent peu étudiée, et nous ne connaissons généralement les animaux de ce pays que par le récit des voyageurs. Des collections répandues en Europe, et comparées avec celles des autres pays, n'ont pas encore fixé les idées des savants sur la faune du royaume persan. Les zoologistes commencent à en connaître quelques parties par les recherches de MM. Russegger et Kosschy, qui ont rapporté au Musée impérial de Vienne, des collections assez importantes. Les publica- tions du savant ichthyologiste de Vienne, M. Heckel, prouvent la variété et la nouveauté des animaux dont les eau» douces sont peuplées. Un membre distingué de l'Académie des Sciences, Olivier, avait fait, il y a déjà long- temps, des collections remarquables en Perse; mais son attention, dirigée par la nature de ses célèbres travaux , ne s'était portée que sur les animaux (i) Nous n'avons pu consulter l'ouvrage du docteur Seligman , publié à Vienne , et qui traite de la matière médicale do la Perse. Il fournirait sans doute au voyageur beaucoup d« documents utiles pour cette recherche. 37.. ( loi ) des classes des [nsectcs el des Mollusques. Depuis lui, aucun voyageur fran- çais n'a exploré la Perse dans le but d'y étudier la zoologie. Plus aucienne- ineiit, Guldenstœdt et Gmelin ont plutôt indiqué que fait connaître des mouflons et des chèvres qui paraissent d'espèces distinctes, et qui tiennent de près à nos animaux domestiques; ils ont aussi signalé l'existence de plu- sieurs Felis très-intéressants. Nous engageons donc M. Cloquet à user de la position qu'il va prendre dans ce pays pour y faire rechercher les différents animaux , pour conserver tous ceux qu'il pourra se procurer, et pour les faire parvenir aussi promptement que possible en Europe. Nous lui recommandons spécialement d'envoyer les poissons d'eau douce de ce pays , de faire dra- guer dans les fleuves ou dans les lacs pour se procurer les nombreux Mol- lusques et Crustacés d'eau douce qui y vivent, en même temps qu'il en conservera les coquilles; nous le prions de mettre un certain nombre d'é- chantillons dans de l'alcool à i8 ou 20 degrés, afin de pouvoir étudier les différentes variations de forme que peuvent offrir ces animaux. Le temps ayant altéré une partie des insectes d Olivier, nous lui conseillons aussi d'en collecter de nouveaux. » Sans lui indiquer spécialement aucun reptile, nous l'engageons à ne pas négliger de rechercher ces Vertébrés; il fera faire à la zoologie de nom- breuses et importantes acquisitions par ces investigations. Nous lui désigne- rons , entre autres, un grand Trionyx, dont on ne connaît qu'un débris de ca- rapace rapporté par Olivier. Il serait curieux de posséder cette espèce bien entière. Nous lui indiquerons aussi le Crocodile, que l'on dit exister dans les grands fleuves de la Perse. » Il devra tâcher d'éclaircir une question encore incertaine depuis les An- ciens sur les lions sans crinière de la Perse; car si plusieurs passages de leurs écrits ne paraissent pas laisser de doute sur l'existence de ces lions dans ce pays, on a aussi la certitude que des lions fournis d'une épaisse crinière vi- vent dans les forêts de cet empire. " On a signalé les ravages exercés dans les provinces du nord de la Perse par une multitude de Rongeurs qui^ous sont encore inconnus pour la plu- part. Les dépouilles de ces animaux et un certain nombre d'entre eux con- servés dans l'alcool offriraient sans aucun doute de nombreux sujets de re- cherches intéressantes et instructives. » Nous conseillons à M. Cloquet de s'en rapporter aux Instructions géné- rales imprimées par l'administration du Muséum d'Histoire naturelle pour tout ce qui concerne les soins de préparation , de conservation et d'emballage des collections. >» ( ao3 ) VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Instructions pour M. Le Guii.lou en mission h Madagascar. Partie botanique; par M. Adkien de Jussieu. « On peut assurer qu'en pjénéral toute collection botanique faite à Ma- dagascar sera intéressante pour la science. Celles que nous possédons en ce moment sont dues à Gommerson, Chapelier, du Petit-Tliouars, à MM. Bo- jer, Bernier et Pervillé. La plus grande partie en a été faite à la station française de Sainte-Marie, le point où il importe le moins de les renoiivelei. Du Petit-Thouars a herborisé à Fonlepointe. M. Goudot, qui réside à Tama- tave, quoique particulièrement livré aux recherches zoologiques, a envoyé aussi quelques plantes qui sont conservées dans l'herbier de M. Delessert. MM. Bernier et Pervillé ont visité le nord de l'île, aux environs de Diego- Soarès. M. Bojer, professeur de botanique au collège royal de l'île Maurice, a parcouru, à diverses époques, d'autres parties de Madagascar; il a pénétré dans le pays d'Émirna, et plus récemment fait un voyage à la côte occiden- tale; et il a libéralement communiqué à plusieurs herbiers d'Europe les échantillons des plantes les plus curieuses qu'il avait récoltées dans son pre- mier voyage. Si M. Le Guillou a l'occasion de relâcher à Maurice, il pourra consulter avec avantage l'expérience de ce botaniste; à l'île de Bourbon, il trouvera MM. Bernier et Pervillé qui pourront l'éclairer aussi de leurs con- seils. Ce que nous pouvons dire ici, c'est qu'il importe beaucoup moins d'herboriser sur les côtes où, en général, la végétation tropicale est assez uniforme , et particulièrement sur les points mieux connus de la côte orien- tale ; mais que partout où le terrain s'élève , il y a chance de découvertes inté- ressantes, et que même les points déjà explorés peuvent l'être encore, puis- qu'ils ne l'ont été, en général, qu'en passant, et que le nouveau voyageur peut suivre un itinéraire différent ou s'y trouver dans d'autres conditions de saison qui offrent à ses recherches des productions différentes. Il pourra s'éclairer de l'étude des ouvrages de du Petit-Thouars (Ge«era nova Madagascariensia et J^ojage dans les îles australes cC Afrique) et compléter la connaissance de quelques-unes de ses plantes encore imparfaitement connues ; et , d'ailleurs, il y a peu d'inconvénients à rapporter en partie les mêmes. I^a confection des herbiers sur les lieux est une opération assez facile pour qu'on ne craigne pas les doubles emplois et qu'on doive récolter à tout hasard tout ce qui se présente. C'est le plus sûr moyen de rapporter du nouveau en plus grande proportion. » On ne possède pas d'échantillons de bois de Madagascar. Ceux de tous ( ao4 ) les arbres particuliers à ce pays seront donc d'utiles acquisitions, surtout s ils servent à quelque usage, soit -par les tissus, soit par les sucs qu'on en tire. Nous recommandons particulièrement les lianes dont la structure offre sou- vent de si curieuses anomalies ; par exemple, les diverses espèces d'un genre de Malpighiacées , le Tiistellaleia, remarquable par ses capsules bordées d'un cercle d'ailes membraneuses qui forment comme les rayons d'une étoile. Les lianes américaines de cette même famille se distinguent par une disposition toute particulière de leurs tissus ligneux et cortical , et il serait bon de leur comparer celles de l'ancien continent, dont très-peu sont connues. Deux de ces espèces sont connues dans le pays sous les noms de Bé-Nounouc et de Masaie-mamé. " Pour les plantes vivantes de Madagascar, nos serres n'en ont encore que très-peu. Aussi non-seulement celles qui seraient inconnues, mais aussi celles qui ne sont connues que par les livres et les herbiers, seraient reçues avec un intérêt incontestable dans les jardins botaniques d'Europe. La plu- part des genres nouveaux décrits par du Petit-Thouars sont dans ce cas, et pour abréger, nous pouvons renvoyer le voyageur à son ouvrage, mais en appelant particulièrement son attention sur celles qui composent la petite famille des Chlenacées dont nous n'avons jamais vu encore un individu vi- vant. Les noms de J^oa soui ou de Toudinga, que les indigènes donnent à l'une des plus remarquables, pourront aider à la trovLxer.Xie Nepenthès est un genre bien plus généralement connu , et dont plusieurs espèces ont été cultivées dans nos serres, qui, néanmoins, s'enrichiraient de celle de Mada- gascar. Plusieurs végétaux extrêmement singuliers croissent dans les eaux , et ceux-là , en général , s'accommodent moins mal que les terrestres d'un climat plus froid. Tel est l' Ouvirandva [Ouvirandrou des Malgaches), dontleshampes, terminées par un épi double de fleurs roses et odorantes , s'élèvent au-dessus des marais, sur la surface desquels s'étalent les feuilles réduites en quelque sorte au réseau de leurs nervures presque sans parenchyme, et, par consé- quent, percées à jour comme une sorte de treillage. Telles sont encore les diverses espèces d^Hjdrostachjs croissant sur les rochers humides auprès des cascades, dont les épis rappellent jusqu'à un certain point ceux de nos plan- tains, et le feuillage celui de certains Lycopodes et de certaines Fougères, feuillage dont la nature n'est pas bien déterminée, puisqu'on hésite à pro- noncer si les parties qui le composent sont autant de feuilles séparées sur un raraeau,*ou autant de segments d'une feuille unique. Dans tous ces végétaux aquatiques, ce feuillage part d'une base charnue, épaisse, tubériforrae. En emballant ces tubercules au milieu d'une terre légèrement humid^ , on ( ao5 } pourrait sans doute les transporter vivants en Europe avec une grande facilité. » Pour les' moyens de préparation , d'étiquetage, de conservation , nous ne jjouvons que renvoyer aux Instructions détaillées que le Muséum d Histoire naturelle vient de publier à ce sujet. » Mais nous signalerons encore un perfectionnement qui donnerait un prix extrême aux notes prises sur les lieux par le voyageur. On sait combien la détermination des diverses zones de végétation observées à différentes hauteurs jette du jour sur la topographie botanique, et comme elle peut venir en aide aux études de géographie et de météorologie. Or, jusqu'ici, aucune hauteur n'a été déterminée à Madagascar, du moins en relation avec les plantes recueillies. Si M. I>e Guillou peut pénétrer jusque dans la région montagneuse, il serait donc extrêmement utile qu'il ptit constater, au moins approximativement, l'élévation à laquelle se trouvent les végétaux les plus caractéristiques de la flore, ceux qui impriment à chaque point ou à chaque zone une physionomie particulière. Il serait donc à désirer que,dansce but, il fût muni de bons baromètres, et nous pensons qu'on devrait, en recom- mandant à M. le ministre de la Marine les recherches de M. Le Guillou, le prier de lui donner, pour les aider, les instruments dont il a besoin. n Si l'expédition touche à la côte orientale du continent africain , tout y sera bon à récolter ; car nos collections ne possèdent rien encore de ce pays. Partie zoologique; par M. Valenciennes. » Les observations générales que nous venons de faire sur la faune de la Perse peuvent être reproduites, en grande partie, sur celle de Madagascar. On y a fait un assez grand nombre de collections; mais, à cause de la diffi- culté de pénétrer dans l'intérieur de cette grande île, et aussi à cause de la dépense du transport d'animaux un peu grands, on a plus ramassé d'insectes ou de coquillages que de tous autres animaux. ') Les mammifères de ce pays y sont sans doute peu variés; mais, par la singularité de leurs caractères, ils semblent former des ordres, ou tout au moins des genres tout à fait distincts. Ceux que l'on rapporte ordinairement en Europe forment deux ou trois espèces de Makis, quadrumanes fort doux, de petite taille, et par conséquent faciles à transporter. >' Nous demanderons à M. Le Guillou de faire ses efforts pour envoyer vivants l'Indri, les Avahis, et autres petits animaux voisins de ceS-^uadru- manes, que nous ne pouvons lui désigner par aucun nom vulgaire du pays, mais qui ont donné lieu à l'établissement des genres Propithèque , Macrocèbe, ( ao6 ) Chéirogale, caractérisés par notre confrère M. Isidore Geoffroy- Saint-Hi- laire, ou par son illustre père. » A côté de ces Primates, nous signalerons le vif désir que lés zoologistes ont de voir l'Aye-Aye vivant , et d'en recevoir au moins des individus con- servés dans l'alcool. » Des petits carnivores, voisins des Mangoustes, et dont M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire a fait les genres Galidie ou Galidictis , sont à peu près les seuls carnassiers connus de cette grande terre. » Est-ce qu'un pays aussi grand que Madagascar, et si voisin de l'Afrique , n'aurait aucun carnassier tacheté voisin des Panthères ? » N'y a-t-il pas de ces Rongeurs fouisseurs, si remarquables et si nom- breux sur le continent africain? » Parmi les reptiles , on peut désirer de mieux connaître le Crocodile de Madagascar, de posséder vivant le Boa et les nombreux petits sauriens de la famille des Geckos , tels que les Ptyodactyles , ou Geckos à queue plate. " Les poissons d'eau douce ou de mer seront très-importants, et doivent être tous envoyés, " On pourrait envoyer vivants, dans des boîtes où l'on mettrait un peu de terre humide, les Lombrics et les différents Hirudinés variés et très-cu- rieux de ce pays. " On aimerait à recevoir aussi vivants des différents Cyclostomes et autres mollusques terrestres de l'île. D'ailleurs il faudra rechercher avec soin les mollusques d'eau douce et marins , et en envoyer le plus possible conservés dans l'alcool, après avoir eu soin de casser un peu la coquille pour que l'ani- mal soit mieux préservé. .1 11 serait aussi utile de faire draguer avec soin , et par de grandes pro- fondeurs, pour se procurer les différents animaux qui se développent sur les fonds de ces mers. Des observations, faites avec soin dans la rade de Bour- bon, par un ingénieur français, M. Sciot , ont prouvé que beaucoup de zoophytes, et entre autres de polypes coralligènes , vivent à une profondeur de 80 à 100 brasses. Des notes, tenues avec soin sur ces pêches, nous fe- raient connaître jusqu'où peut s'étendre la vie sous-marine; si les formes des animaux sont nombreuses, et cependant distribuées avec un certain ordre en senfonçant dans les vallées de l'Océan , comme nous les voyons varier régulièrement à mesure que nous nous élevons sur les hauteurs des diverses régions alpines. .. D'ailleurs, nous connaissons déjà le zèle de M. Le Guillou, et nous n'avons pas besoin de lui dire de faire des collections d'animaux morts aussi ( 207 ) nombreuses que possible et dans tous les genres; il sait d'avance tous les ser- vices qu'il rendra à la zoologie par ces travaux. » MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE APPLIQUÉE. — Études sur le bégaiement et la parole; par M. Serre, d'Uzès-. (Commissaires, MM. Babinet, Milne Edwards, 'Andral. ) f/auteur, en terminant son Mémoire, le résume dans les propositions suivantes : « 1°. La plupart des vices de la parole, et en particulier le bégaye- ment, ne peuvent disparaître si les individus qui en sont atteints ne sont animés d'un désir très-grand d'en être débarrassés, et si ce désir ne les con- duit à déployer une volonté inébranlable pour mettre toujours en oeuvre, et pendant longues années, les moyens propres à les corriger; » 2°. \Séquisjllabisnie , entièrement conforme au sens général de la con- stitution des langues modernes, et plus particulièrement de la langue fran- çaise , doit être employé et suivi d'une manière absolue, parce qu'il oppose, avec succès, l'ordre au désordre des syllabes; » 3°. Les gestes ne traduisent pas seulement nos sentiments et nos pen- sées, en formant ainsi le langage d'action supplémentaire de la parole; ils ont encore la mission de régulariser et de moduler le son , et, sous ce rapport, nous les avons divisés en gestes régulateurs et en gestes modulateurs ; " 4°- I/exercice et l'usage habituel de l'équisyllabisme , secondé par ces gestes vocalisateurs, employés avec sobriété et convenance , ramènent la parole à l'état normal, et ceux-ci deviennent, au besoin, dés agents mné- moniques et d'excitation éminemment utiles aux bègues, aux bredouil- leui's, et à tous les hommes qui veulent parler en public. " Le principe de l'équisyllabisme modifié , avec intelligence , à l'aide de la ponctuation , de l'accent , de l'intonation , conduit inévitablement à l'ordre et à la netteté dans l'émission des syllabes , de telle sorte que pas une d'elles n'est perdue pour l'auditeur dont l'attention ne se fatigue plus à les écouter. >' L'intervention du geste régulateur et du geste modulateur réagit sur la voix d'une manière heureuse : d'une part, elle tend a s'opposer au dés- ordre des syllabes en soutenant chacune d'elles, et, de l'autre, elle exerce une influence incontestable sur la solidité et l'intensité du son émis. La con- C. R., l846, i«f Semestre. (T. XXII, N» 8 ) i»8 ( ao8 ) naissance de cette action physiologique , méconnue jusqu'à nos jours, jette , sur I étude et l'emploi du geste, une clarté toute nouvelle. Elle conduit naturellement à faire une part légitime à ses trois propriétés , et , de plus , à une meilleure intelligence de l'opportunité de leur application , seul moyen d'arriver à la destruction de l'abus que l'homme tend à en faire. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ORNITHOLOGIE. — Recherches sur l'appareil respiratoire des oiseaux ; par M. Natalis Gdillot. (Commissaires, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , Milne Edv^ards, Valenciennes.) « On a généralement indiqué chez les oiseaux l'existence d'un appareil celluleux recevant l'air par des ouvertures permanentes des bronches au moyen desquelles cet air est introduit au travers de la capacité du thorax et de l'abdomen, dans les os, à la surface du foie, des intestins, dans le tissu cellulaire intermusculaire, et même, a-t-on assuré, sous la peau, dans l'inté- rieur du tuyau des plumes, conduit en un mot dans toutes les parties du corps de l'animal. » Ces assertions sont , eu partie ou eu totalité, extraites des ouvrages de G. Cuvier, de Jacquemin, de Meckel, de H. Cloquet, de R. Owen, etc., etc.; on les trouve reproduites dans les ouvrages les plus récents d'analomie comparée. » Après avoir entrepris une double série de recherches expérimentales et anatomiques sur les réservoirs aériens des oiseaux, je me suis cru autorisé à soumettre au jugement de l'Académie les détails suivants, qui seront peut- être de nature à modifier plusieurs des idées précédentes. •' L'air, pénétrant dans les poumons des oiseaux par la trachée, sort en partie de ces organes par des orifices capables de le conduire dans des réser- voirs distincts indépendants l'un de l'autre. » Le premier est le réservoir aérien thoracique, sur la disposition duquel je n'insiste pas , parce que plusieurs anatomistes en ont fait comprendre l'arrangement le plus général. Je rappelle seulement que l'on admet encore la communication des cellules qui le composent avec le réservoir aérien abdominal , tandis que ces parties, isolées l'une de l'autre'ne reçoivent point l'air par les mêmes ouvertures. « On a dit qu'il y avait dans le venlre des oiseaux un certain nombre de ( J09 ) cellules formées par le péritoine qui se viderait et se remplirait d'air pen- dant les mouvements de la respiration. G. Cuvier les a nommées cellules du foie , des estomacs , des intestins , etc. ; il me semble cependant que les détails indiqués par cet illustre savant et par d'autres anatomistes ne sont pas précisément ceux que l'on peut observer. n Le second réservoir aérien des oiseaux, que je nomme réservoir abdo- minal, peut être distendu par une insufflation convenable; il s'élève alors au milieu même de la cavité péritonéale, avec l'apparence de deux énormes vessies sphéroïdales , constituées par une membrane transparente d'une excessive ténuité. » Lorsque ces organes sont vides, ils flottent à la surface des intestins, on n'en soupçonne point alors l'existence ; remplis d'air, ils s'élèvent au con- traire, non-seulement dans toute l'étendue de la cavité de l'abdomen, mais ils en dépassent alors les limites, et leurs contours parviennent jusqu'à la hauteur du niveau de la région moyenne des cuisses. Dans certains oiseaux , tels que le coq, le dindon , le diamètre de chacune de ces vessies est de plus de I décimètre. » Ces deux parties, symétriquement placées de chaque côté de l'abdomen, sont séparées l'une de l'autre par le mésentère, la masse du canal digestif, le foie , la rate, et par tous les organes que recouvre la membrane péritonéale. » Le point de départ de ces énormes vessies se découvre à la base de la poitrine, au niveau de la dernière côte, sur un point plus ou moins éloigné de la colonne vertébrale, suivant les espèces. Là se trouve une sorte d'Orifice bordé par un repli membraneux, au travers duquel on aperçoit un prolon- gement du poumon , percé de plusieurs ouvertures. » Depuis cet endroit , les vessies aériennes se continuent en arrière au-de- vant des reins, adhérentes au bord osseux de l'os des îles, au-dessus duquel elles fournissent un prolongement, déjà comme à la partie supérieure et interne de la cuisse; partout ailleurs elles sont libres. » L'intérieur de ces réceptacles ne communique point avec le péritoine, disposition qui paraît avoir été entrevue par Wagner. Ces cavités ne présen- tent aucune apparence de cellules. Ce sont des vessies pleines d'air, et rien de plus. Ce qui a été décrit dans le ventre des oiseaux , sous le nom de cel- lules vides et de cellules pleines, ne représente donc, en aucune manière, l'état naturel des"choses. » Des différences tranchées caractérisent l'organisation des deux réservoirs aériens thoraciques et abdominaux : dans la poitrine, toutes les cavités aériennes sont multipliées par des cellules nombreuses situées en dehors de 28.. ( 2'0 ) la plèvre, qui s'étendent même au delà des limites du thorax, en avant, sur les côtés , et même eu arrière, par des prolongements étendus jusque dans le ventre. j) Dans l'abdomen , au contraire, la disposition celluleuse a disparu, et l'on ne distingue plus que les contours membraneux des deux vessies. « J'ai dû faire suivre ces études anatomiqiies de plusieurs expérimen- tations. » Lorsqu'on place un oiseau vivant sous l'eau , et qu'on l'y maintient de manière à ce que la respiration soit libre, on peut ouvrir k péritoine sans qu'il s'en échappe une bulle d'air. On voit alors les vessies aériennes se disten- dre sous l'impulsion de l'air inspiré. On peut enlever la peau, couper les masses musculaires, inciser le tissu cellulaire en quelque endroit du corps que ce soit, sans que la présence de l'air en dehors de la limite des réservoirs aériens et des os puisse être appréciée. » Le tuyau seul des plumes renferme un gaz qui s'échappe après l'inci- sion , mais cet air ne vient pas des réservoirs aériens. lia dissection du tissu cellulaire placé au-dessous de l'insertion des plumes le démontre sur un ani- mal vivant sous l'eau ; l'expérience suivante prouve également que cet air n'est point fourni par la colonne aérienne qui entre dans le système osseux. Que l'on détache le bras d'un oiseau , que l'on fixe l'humérus à l'extrémité d'un tube chargé d'une colonne de mercure de la hauteur de i mètre; ce métal ne transsude jamais au delà du périoste et ne s'introduit point dans le tissu cellulaire. " S'il arrive après la mort des oiseaux que l'on rencontre quelques bulles d'air au milieu des tissus, la présence de ce gaz qui n'existe pas pendant la durée de la vie peut être expliquée par le phénomène suivant : )> Lorsque le sang de l'oiseau sort des vaisseaux, au moment où la matière colorante se dissout dans l'eau qui entoure l'animal, en même temps que la fibrine se sépare sous l'apparence d'une sorte de gelée, on voit naître dans l'épaisseur même de ce dépôt une série plus ou moins considérable de bulles gazeuses qui restent emprisonnées dans cette masse de matière. » Ces bulles, dégagées du sérum, se forment aussi bien hors de l'eau que dans ce liquide; leur présence et la manière dont elles se produisent, expli- quent pourquoi le tissu cellulaire de quelques cadavres d'oiseaux que l'on vient de faire périr paraît contenir de l'air, quoique l'insufflation ou même l'injection d'un liquide démontrent que les réservoirs aériens sont parfaite- ment clos. >' Tels sont les résultats des recherches sur lesquelles je me fonde pour (an ) assurer, i° que l'air qui traverse les poumons des oiseaux pénètre dans deux réservoirs distincts au ventre et à la poitrine ; i° que maintenu par les en- veloppes de ces réservoirs, cet air ne peut entrer que dans les os, mais qu'il n'entre ni dans le péritoine , ni dans le tissu cellulaire ; en un mot qu'il ne saurait se répandre dans toutes les parties du corps pendant la durée de la vie de l'animal. » ANATOMIE COMPARÉE. — Observations de M. Serbes. « A la suite de cette communication , M. Serres rappelle que M. le doc- teur Sappey, premier prosecteur de l'École anatomique des hôpitaux, a dé- posé , au mois d'octobre dernier, dans le Musée d'Anatomie comparée de la Faculté de Médecine, des pièces relatives à l'appareil respiratoire des oiseaux. M. Serres ajoute que cet anatomiste s'occupe, depuis quatre mois, de re- cherches actives sur cet important sujet , et qu'il est arrivé aux résultats qui suivent : ') 1°. Il n'y a point de plèvres chez les oiseaux; » 2°. Il existe dans tous les animaux de cette classe un double diaphragme, qui est l'agent essentiel de la respiration ; » 3°. I^es bronches, qui offrent dans les Mammifères une distribution centrifuge , sont périphériques dans les oiseaux , et disposées sur deux séries divergentes, l'une constituée par quatre troncs qui couvrent de leurs ramifications la face inférieure ou diaphragmatique du poumon; l'autre, for- mée de sept troncs , qui se ramifient sur sa face supérieure ou costale; 1) 4°' Le poumon est composé de conduits d'égal diamètre, anastomosés entre eux , et se dirigeant, sous des angles divers, des bronches diaphrag- matiques aux bronches costales; » 5°. De chaque côté, l'organe respiratoire communique par cinq orifices avec les cellules aériennes qui lui sont annexées; >' 6°. Ces cellules , également au nombre de cinq de chaque côté, sont : 1° la cellule biclaviculaire , a" la cellule prévertébrale, 3" la petite cellule diaphragmatique, 4°la grande cellule diaphragmatique, 5" la cellule cloacale; « 7°. Ces cellules ont pour usage principal d'assurer l'équilibre de l'animal , en abaissant son centre de gravité ; » 8". La plupart des os contiennent de l'air qu'ils puisent dans l'appareil respiratoire; toutes les plumes renferment le même fluide, qu'elles tirent directement de l'atmosphère; dans ces deux ordres d'organes, la présence du fluide atmosphérique remplit le même usage : celui d'accroître leur résistance sans augmenter leur poids; ( 212 ) » 9"- A" moment où l'oiseau dilate son thorax, l'air se précipite dans le poumon, d'une part par la trachée, de l'autre par les orifices qui le font com- muniquer avec les cellules aériennes ; » io°. Pendant la dilatation du thorax, les diaphragmes se contractant, les bronches diaphragmatiques se dilatent , le poumon tout entier est attiré en bas et en dedans, et les bronches costales, par l'effet de cet abaissement , se dilatent à leur tour. " Dans la séance prochaine, M. le docteur Sappey développera les faits précédents, si la parole peut lui être accordée, et communiquera à l'Acadé- mie une série de pièces anatomiques qui les mettent hors de doute. " MÉCANIQUE PHYSIQUE ET EXPÉRIMENTALE. — Étude expérimentale sur le mouvement des cours d'eau; par M. Boileau^ capitaine d'artillerie, professeur à l'École d'application de Metz. (Extrait.) (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) « On ne connaît pas encore la loi de distribution des vitesses des molé- cules dans une section transversale d'un courant liquide, même pour le cas le plus simple, celui d'un courant recliligne à section constante, uniformé- ment incliné et alimenté par un réservoir à niveau constant. Cependant on s'est beaucoup occupé de cette question , dès la fin du xvii" siècle. Il est vrai que les travaux de cette époque étaient peu propres à mettre sur la voie des découvertes. Ainsi, les disciples de Galilée et les amis de TorriceUi , appli- quant à ce sujet les principes de la chute des graves, en déduisaient que la plus grande vitesse d'un cours d'eau était au fond, et la plus faible à la .sur- face. Une seule voix s'élève alors pour protester contre de telles erreurs, c'est celle de Papiu , qui objecte en vain , dans les ^ctes de Leipsick, qu'on ne doit pas philosopher de la même manière des corps Jluides que Galilée a fait des corps solides. Guglielmini le réfute, et cependant plus tard l'observation des faits le ramène à des vues plus rapprochées de la réalité. C'est à cet auteur que revient le mérite d'avoir, le premier, tenu compte, quoique d'une manière vague et inexacte , de la résistance du lit des rivières. » Depuis cette époque jusqu'à nos jours, les physiciens se sont principa- lement occupés de déterminer les lois de la résistance des parois, et, par suite, celles du mouvement des liquides dans les tuyaux de conduite et les canaux. Les expériences de Couplet, Michelotti , Bossut ont éclairé la ques- tion ; Dubuat en a posé les bases ; Coulomb a donné l'expression de la résis- tance des parois, et Prony en a calculé les coefficients. Quant à la loi de (2l3) distribution des vitesses dans les courants, on ne possède jusqu'ici que des données incertaines, malgré la savante analyse de M. Navier et le travail récent et remarquable de M. Sonnet. L'observation des phénomènes paraît seule pouvoir fournir les bases du calcul en apprenant quel est le rôle que joue la viscosité dans la transmissi.on des forces à travers les masses fluides en mouvement; mais on ne possède jusqu'à présent que fort peu de résultats d'expérience relatifs à cette matière. M. Foccaci a trouvé, dans un canal de 5 pieds de profondeur, le maximum do vitesse à 3 pieds environ au- dessus du fond; M. Raucourt a observé, dans la Neva, ce maximum un peu au-dessous du milieu de la profondeur, qui était de près de 20 mètres; M. Desfontaines, dans le Rhin, l'a trouvé à la surface, et les vitesses sur la verticale décroissant , jusqu'au fond, comme les ordonnées d'une parabole, tandis que la loi des vitesses , dans les expériences de M. Raucourt , était représentée par une ellipse. Il paraît difficile de concilier des résultats aussi différents, et ils laissent quelque incertitude sur l'exactitude des moyens d'observation employés. » Dans les expériences qui font l'objet de ce Mémoire, on a essayé compa- rativement les principaux de ces moyens, afin d'en constater exactement les propriétés. L'établissement hydraulique formé pour ces expériences se com- posait d'un canal de 65 mètres de longueur, prenant l'eau dans l'un des fossés de la place de Metz, pour la conduire dans un réservoir à niveau con- stant de 48 mètres cubes; ce réservoir alimentait le canal d'expériences à section rectangulaire dont la longueur était de 46 mètres, la largeur exté- rieure o^jôS, et la pente 1 millimètre par mètre Ce canal aboutissait à un bassin de jauge en maçonnerie, construit autrefois pourles belles expériences faites, au même endroit, par MM. Ponceletet Ijcsbros; on l'a terminé par un orifice régulateur, dont l'idée première avait été conçue par Dubuat, destiné à maintenir la surface du courant liquide jusqu'à son extrémité dans le plan de la pente générale correspondante à la vitesse de régime, et à éviter des perturbations dans l'ordre naturel des vitesses. Dans ces conditions , le canal d'expériences était complètement assimilé aux parties régulières des cours d'eau naturels à régime permanent. J'ai employé, pour mesurer la vitesse à la surface, de petits pains à cacheter très-minces, genre de flotteurs plus propre que tout autre à indiquer exactement cette vitesse. Les autres moyens hydrométriques considérés étaient : i" le tube de Pitot ; 1° le moulinet Woit- mann ; 3° un autre moulinet proposé par M. Laignel , et dans lequel le nombre de tours des ailettes est indiqué par la marche d'un écrou-cuiseur .embrassant une vis qui sert d'axe de rotation à ces ailettes ; 4" "n hydro- ( 2i4 ) mètre dynamotnétrique, dont l'idée paraît appartenir à M. Gauthey, et au moyen duquel la vitesse du courant se déduit de la force impulsive qui en résulte sur une petite palette fixée à un levier que l'on tient verticalement en équilibre par un ressort. J'ai introduit , dans toutes les parties de la construction de cet instrument, des modifications essentielles. n Les indications de ces divers instruments ont été comparées à celles d'un nouvel appareil hydrométrique qui consiste simplement en un tube de verre rectiligne disposé parallèlement à la direction et à la pente du courant; ce tube est ouvert à ses deux extrémités: celle d'amont est terminée par un effi- lement en forme d'ajutage qui, par suite de cette forme particulière, trouble très-peu la marche des filets : l'eau se meut dans ce tube avec une vitesse fonction de celle du courant et du rapport de son diamètre à celui de l'ori- fice d'entrée, de sorte qu'on peut régler à volonté la sensibilité de l'instru- ment ; enfin, la vitesse dans le tube est mesurée par l'observation de la mar- che d'une bulle d'air entre deux points de sa longueur. La difficulté de la tare, qui est un obstacle à l'usage des autres hydromètres, disparaît pour celui-ci, car elle se fait avec une exactitude suffisante au moyen de flotteurs sphériques immergés d'une quantité égale à leur diamètre, qui est égal à celui du tube. » Les défauts du tube de Pitot et les imperfections des moulinets ont été en partie signalés par plusieurs auteurs; nous ajouterons que toute tentative pour rendre le premier de ces instruments plus précis nous semble devoir échouer à cause des phénomènes qui résultent de l'action du courant sur la base de la colonne hydrométrique. Quant aux moulinets, la relation exacte et générale entre leur vitesse et celle du courant paraît être compliquée, et ce n'est qu'entre des limites restreintes que nous avons pu la remplacer par une fonction du premier degré de ces deux vitesses; les sujétions mécaniques de ces instruments les rendent peu sensibles, et l'application en paraît de- voir être bornée aux courants permanents à grande vitesse, tels que ceux qui s'échappent des orifices sous une charge constante. L'hydrodynamomètre décèle les plus petites variations dans la vitesse du courant, sa constitution n'entraîne aucune variabilité irrégulière de la tare , et il dispense de l'emploi d'un chronomètre. L'inconvénient de cet appareil réside dans les oscillations du levier provenant des mouvements des molécules liquides déviées autour du corps choqué; mais il paraît devoir résulter, de l'observation de ces mou- vements, la détermination d'une forme de ce corps qui rendra insensibles les oscillations déjà très-faibles, même avec un prisme mince à arêtes vives. » Les expériences hydrométriques ont été répétées sur trois courants. ayant ( ^i6 ) respectivement o'^jiQo, o",2o6 et o'",348 tie hauteur; dans chacun de ces courants, le maximum de vitesse sur la verticale du milieu a été trouvé, avec le moulinet de M. Laignel un peu modifié, le nouveau tube hydrométrique et l'hydrodynamomètre, à une profondeur, en dessous de la surface, égale au cinquième environ de la hauteur totale; la courbe qui représente les varia- tions de la vitesse en fonction de la distance à la surface est une transcen- dante; approximativement, cette courbe peut être regardée comme composée de deux parties: la première qui, partant du fond, s'arrête près du maximum de vitesse, est un arc de parabole à axe vertical; la seconde appartiendrait à une hyperbole dont l'axe principal serait sensiblement parallèle à la pente du courant. » M. Raucourt avait, dans ses expériences siu- la Neva, remarqué qu'un vent violent peut troubler, jusqu'à une grande profondeur, les vitesses d'un cours d'eau. J'ai reconnu en outre qu'une brise, en apparence insignifiante, peut faire notablement varier la vitesse à la surface. Dans une série d'expé- riences spéciales, par un vent impétueux agissant dans le sens du courant, les vitesses sur la verticale présentaient encore un décroissement sensible vers la surface liquide. De ee fait remarquable et d'autres considérations, je conclus que la résistance de l'air, nécessairement plus faible que celle des parois fixes et d'un tout autre genre, ne contribue pas seule, comme on l'a pensé, à diminuer la vitesse des cours d'eau dans la région supérieure. La viscosité du liquide paraît jouer, dans ces phénomènes, un rôle plus impor- tant et plus complexe que celui qui lui a été attribué par les géomètres, en faisant naître des mouvements moléculaires obliques à celui du courant, et en disséminant la force vive des filets suivant une loi qui se combine avec la • variation de la résistance au glissement réciproque de ces filets, fonction dv leur vitesse relative. » La hauteur des courants, dans les expériences de Dubuat, ayant varié seulement entre o^joS et o"',27, il était utile de chercher si la relation entre la vitesse moyenne et la vitesse au milieu de la surface, que de Prony en a déduite, s'étendait à des courants plus profonds. Ayant jaugé directement les trois courants précités, j'ai trouvé que cette formule se vérifiait pour les deux premiers, mais qu'elle donnait une vitesse moyenne trop faible pour le courant de o'",348 de hauteur, d'où il semble résulter qu'elle n'est applicable qu'entre les limites des expériences qu'elle leprésente. " L'usage de l'hydrodynamomètre m'a conduit à observer les phénomènes qui accompagnent l'action normale d'un courant liquide sur un plan rectan- gulaire ou prisme mince à arêtes vives. .l'ai reconnu que les mouvements de C. R. , i846, !«■• Semestre. (T. XXII , N» S.^ 29 (a.6) déviation des molécules autour de ces corps sont compris dans une sphère d'activité dont la surface enveloppe est, en aval du plan, le siège d'oscilla- tions brusques dont la vitesse augmente avec celle du courant. La forme de cette surface était analogue à celle qu'a observée M. F. Savart dans ses belles expériences sur le choc des veines liquides contre un disque mince. Ces di- vers mouvements paraissent être les mêmes à toute profondeur d'immersion, jusqu'à la position du plan pour laquelle leur sphère d'activité commence à soulever la surface du courant. A partir de cette position, si l'on rapproche graduellement le plan choqué de la surface, les mouvements précités passent par une série de transformations dont la plus remarquable est la formation de bulles d'air permanentes le long de l'arête supérieure et postérieure du prisme mince; ces bulles ont aussi leurs changements de forme, et dispa- raissent seulement quand l'eau, soulevée contre la face antérieure de ce prisme, n'en recouvre plus l'arête supérieure. Alors commence une nou- velle période de phénomènes qui se prolonge jusqu'à l'entière émersion du prisme. )' Dans la période d'immersion de la sphère d'activité des mouvements moléculaires, l'amplitude de cette sphère augmente non-seulement avec l'aire de la section transversale du prisme, comme Dubuat l'avait observé, mais en outre avec la vitesse du courant. L'action dynamique du liquide subit des modifications correspondantes à celles des phénomènes; j'ai calculé, d'après les indications de l'hydrodynamomètre, les variations du coefficient de la formule usuelle de la résistance des milieux fluides MW, pour leurs di- verses périodes, et j'ai reconnu que ce coefficient augmente constamment, depuis le commencement de l'émersion de la sphère d'activité des mouve- ments moléculaires; la courbe qui représente ces variations en fonction de la distance de l'arête supérieure du prisme à la surface naturelle du courant, est composée de deux arcs d'hyperboles correspondant, l'un à la période d'é- mersion de la sphère d'activité des mouvements moléculaires, le second à la période d'émersion du prisme; ces variations s'expliquent par la différence des milieux dans lesquels se meuvent les molécules déviées et par les modi- fications de la non-pression postérieure, sur la nature de laquelle j'ai pré- senté quelques observations. Enfin , j'ai constaté que le coefficient dont il s'agit augmente, toutes choses étant égales d'ailleurs, avec la surface d'im- pression du prisme. » ( ai7 ) ÉCONOMIE RURALE. — Êtudes sur la maladie des pommes de terre; par M. Ad. Cuatin. (Extrait par l'auteur.) (Commission nommée pour de précédentes communications sur le même sujet.) Origine et nature de la coloration brune. « lia coloration qui envahit les tubercules avariés se retrouve dans l'alté- ration de la plupart des matières végétales. MM. Decaisne {Histoire de la ma- ladie des pommes de terre) et Gaudichaud (communication verbale) admet- tent son identité dans la pomme de terre, les fruits et les feuilles en décom- position. Conduit, de mon côté, à me former une opinion semblable, j'ai tenté de jeter quelque jour sur la nature intime de cette coloration que M. Decaisne regarde comme étant analogue à l'ulmine, et que l'on a voulu expliquer par la présence de champignons colorés. Ou trouve bien, à la vé- rité, des champignons dans la plupart des tubercules altérés, mais ces cham- pignons , dont l'apparition est l'effet et non la cause de l'altération , et qui d'ailleurs sont loin d'être toujours bruns, ne doivent quelquefois cette cou- leur, quand ils la présentent , qu'à la substance qui se dépose dans les parois des cellules. '1 M. Stas pense que la coloration serait due à deux substances diffé- rentes, l'albumine et une autre matière qu'il n'a pu déterminer. La matière indéterminée de M. Stas est celle que je vais faire connaître, et que M. De- caisne soupçonne, non sans raison, avoir quelque analogie avec l'ulmine. >i Si l'on réduit en tranches des pommes .de terre saines, on voit bientôt la surface des tranches, qui d'abord était incolore , devenir de plus en plus brune. Si ion procède de même sur des pommes de terre légèrement pâtées, on voit l'augmentation de la coloration qui les avait déjà envahies. » L'observation microscopique nous démontre que les cellules de la surface des tranches saines et celles des tubercules malades sont recouvertes d'une couleur identique. Ces faits nous indiquent déjà que le principe quj co- lore les tubercules malades préexiste, mais à l'état incolore, dans les tuber- cules sains. « Le suc des premiers est coloré en brun, celui des seconds est, au con» traire , à peu près incolore ; mais il devient semblable au précédent quand on l'abandonne à lui-même. Donc le principe qui se colore dans les pommes de terre se trouve à l'état de dissolution dans leurs sucs. » Ce qui arrive dans les pommes de terre dont on a mis les tissus à nu, ef ?9" (a. 8 ) la coloration des tubercules malades qui (trocède presque toujours de la circonférence au centre, font suffisamment prévoir que l'air doit être l'agent qui détermine la coloration des substances primitivement incolores , et une expérience très-simple fait reconnaître que, des deux principes constituants de l'air, c'est, comme on pouvait s'y attendre, l'oxyyène qui produit cet effet. » D'autres expériences, dont on trouvera les détails dans mon Mémoire, montrent, de plus, que l'oxygène agit sur le principe colorant en lui enlevant du carbone, avec lequel il forme de l'acide carbonique en volume pareil au sien. » Si maintenant on demande quel est le corps qui, existant dans le suc des végétaux à l'état incolore, brunit en absorbant l'oxygène de l'air (lequel lui enlève du carbone avec d'autant plus d'énergie que la température est plus élevée), qui , ainsi altéré , jouit de la propriété de se fixer sur les tissus végé- taux, qui est soluble dans l'eau et l'alcool faible, etc., tous les chimistes répondront : « Ce corps est la matière savonneuse de Scheele, l'extractif de Vauquelin et de Théodore de Saussure. Qu'il me soit permis d'indiquer ici quelques-unes des propriétés que j'ai reconnues à Vextractif. '< Quand, toutes les autres conditions étant égales, on place des tranches de pommes de terre, les unes dans l'obscurité, les autres à la lumière du jour, on trouve que celles-ci se colorent beaucoup plus que les premières. La lumière favorise donc l'action de l'oxygène sur l'extractif, et je ne suis pas éloigné de penser que cette circonstance explique en partie l'influence de l'obscurité sur la conservation des fruits. )i Je plaçai sur cinq rangs des tranches provenant du même tubercule sain: les tranches du premier et du second rang furent immergées dans du vinaigre de bois et de l'acide nitrique étendu, puis remises chacune à sa place; les tranches du troisième et du quatrième rang furent mouillées, les unes d'ammoniaque liquide, les autres d'une solution de potasse; je laissai celles du cinquième rang sans préparation. » Douze heures après je trouvai les tranches des deux premiers rangs parfaitement incolores; toutes les autres tranches étaient brunes, surtout celles qui avaient été rendues alcalines. Aujourd'hui, deux mois après le commencement de l'expérience, les tranches acidulées ont encore toute leur blancheur. » Je conclus de cette expérience que les alcalis n'empêchent pas l'altéra- tion de l'extractif, qu'ils la favorisent même, tandis que les acides s'opposent à cette altération de la manière la plus absolue. » Les pommes de terre malades ayant, en général, une réaction alca- ( ^'9 ) line prononcée, on comprendra que ce nouvel état doive aider à la colo- ration. » Mais comment, dira-t-on, concilier la coloration des pommes déterre saines et encore acidulés avec la propriété qu'auraient les acides d'empêcher la coloration? » En considérant que les acides, pour agir en toute efficacité, doivent être à nn certain degré de concentration : ce degré devra être d'ailleurs d'autant plus élevé, que les lésions des organes faciliteront davantage l'accès de l'air. " Pour résumer ce qui se rapporte à la coloration des tubercules atteints de la maladie, je dirai : » i". L'extractif incolore et dissous clans les sucs des tubercules sains se colore chez les tissus malades à mesure qu'ils se laissent pénétrer par l'air; " a". L'extractif altéré ou bruni se fixe sur les parois des cellules de la pomme de terre comme les diverses matières colorantes se fixent sur le coton ; » 3°. Tous les tubercules malades sont colorés par l'extractif, principe de la coloration des fruits blets et des feuilles mortes, etc. ; ils ne m'ont jamais paru l'être par des champignons seuls; » 4°- r/extractif est donc la seule cause générale de la coloration brune. Conclusions des autres parties du Mémoire. » i". Ij'albumine n'est pas au même état dans les tubercules malades et dans ceux qui sont attaqués de la pourriture ordinaire; " 2°. li'albumine ne se coagule pas lorsque les tubercules congelés passent, après le dégel, à la fermentation ammoniacale; « 3°. La présence des champignons n'est pas caractéristique de la ma- ladie; » 4°- I^e polarimètre démontre que de la dextrine prend naissance pen- dant la période de putrilage, sans doute aux dépens d'une petite quantité de lécute, dont l'altération a été annoncée par M. Payen; " 5°. Les utricules des tubercules malades sont moins nombreuses et moins épaisses qu'à l'ordinaire ; » 6". Les tubercules et les fanes ont été amenés à un état de pléthore aqueuse, i°par les pluies et l'humidité dé l'air, qui ont fourni à l'absorption; 2° par l'état brumeux et humide de l'atmosphère, ainsi que par l'abaissement de la température moyenne, qui se sont opposés à l'exhalaison aqueuse; » 7°. Les expériences auxquelles je me suis livré s'accordent avec celles de ( aao ) MM. Payeu, Decaisne,etc., pour démontrer que rhumidité acquise des tuber- cules est la cause la plus énergique de leur altération ; » 8". Les pommes de terre n'ont pas mûri en i845; celles dont la matu- ration se trouvait le plus avancée ont échappé au fléau ; 1' 9°. L'influence de la variété reconnue par M. Philippar et par d'autres savants, rentre presque tout entière dans l'influence de la maturation; » io°. Le défaut de soleil a entraîné l'étiolement des fanes et la non-assi- milation d'une quantité suffisante de carbone pour la formation de la cellu- lose et de la fécule ; » 11°. Les expériences de M. Théodore de Saussure démontrant que la plus faible dose d'acide carbonique nuit aux végétaux placés à l'ombre, il est logique d'admettre que toutes les plantes, et les pommes de terre eu particulier, ont souffert de la présence de ce gaz pendant l'été brumeux de i845; » I a". Les fanes étiolées et gorgées d'eau n'ont pu résister à l'abaissement subit de la température qui les a fait périr; >' 1 3°. La destruction des fanes a généralement précédé et déterminé l'al- tération des tubercules; » i4°. Les terres argileuses ont favorisé le développement de la maladie, 1° en retardant la maturation par leur matière froide; a'* en s'opposaot à l'infiltration des eaux pluviales; » 1 5**. L'air exerce une action funeste et non douteuse ; il pénètre dans les tubercules par toute leur surface et par les faisceaux vasculaires qui les atta- chaient à la tige; les progrès de la coloration brune permettent d'en suivre la marche et les effets; » i6°. Les lésions mécaniques appellent la maladie sur des tubercules qui, sans elles, seraient restés sains; » 17°. L'influence de l'électricité atmosphérique a été très-exagérée, et l'on ne saurait reconnaître aucune action aux courants électriques souterrains , signalés par le docteur Andrews Ure comme la cause de la maladie; » 18°. Celle-ci peut être définie: une variété de la décomposition spon- tanée, distinguée par la simultanéité de l'état ammoniacal et de la coagula- Uqu de l'albumine. » ( aai ) GÉOLOGIE APPLIQUÉE. — Considérations géologiques concernant la recherche de la houille dans le département de la Seine-Inférieure ; par M. CissEviLLE. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Beudant, Dufrénoy.) « L'objet essentiel de ce Mémoire est la détermination des points les plus favorables pour la recherche de la houille , non-seulement dans le dé- partement de la Seine-Inférieure, mais aussi dans les départements qui lui sont limitrophes. » L'auteur examine d'abord les roches qui entrent dans la composition du département de la Seine-Inférieure : la craie blanche , avec quelques- unes de ses nombreuses variétés, forme le sol géologique de cette contrée, et les différents étages du groupe crétacé, ainsi que le premier système marneux de la formation oolitique, apparaissent sur quelques points de son étendue. Tia craie blanche, dans le département de la Seine-Inférieure, est recouverte d'une argile diluviale qui n'existe pas dans la vallée de Bray. » Les terrains inférieurs à la craie se présentent dans le département sur trois points différents : i° dans le pays de Bray; 2" dans la vallée de la Seine à Rouen; 3° au Havre. L'auteur les décrit successivement en les considérant dans ces trois points. " Il ressort des considérations développées dans la première partie du Mémoire , que ces trois points sont dans toute l'étendue de pays que com- prennent les départements de la Seine-Inférieure, de l'Eure, de la Somme, de l'Oise et de Seine-et-Oise , les plus convenables pour se livrer à la recherche de la houille , eu égard à la suppression d'un grand nombre de roches qui existent partout ailleurs. Le pays de Bray est celui "qui offre les circonstances géologiques les plus favorables à cette investigation. » Dans une autre partie de son Mémoire , l'auteur cherche à apprécier ap- proximativement la profondeur à laquelle gît le groupe houiller (s'il a été déposé dans cette partie de l'ancienne Normandie). En admettant , conune un fait résultant d'études comparatives de la plupart des terrains environnants, la suppression des diverses formations des marnes irisées depuis le lias jus- qu'au terrain houiller, on a pu évaluer la puissance des couches à traverser pour iitteindre, dans le pays de Bray, le groupe houiller. Cette puissance se- rait de 3oo à 35o mètres. Ce chiffre résulte de la moyenne fournie par une évaluation comparative de l'épaisseur de roches identiques en France et en Angleterre. Ainsi, d'une part (à la surface), absence des terrains tertiaires et de tout le groupe crétacé, et, d'autre part, suppression des roches infra- ( 222 ) jurassiques depuis le lias jusqu'au groupe houiller ; resteraient donc à forer : i" V argile de Kimmerigde ou oolite supérieure; 2° le calcaire d'Oxford ou oolite moyenne ; 3° le lias ou calcaire à gryphées. » Le reste du Mémoire est relatif à la description des moyens de sondage et à la considération delà partie économique de la question houillère. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l' assainissement des amphithéâtres d'anatomie ; par M. SccQUET. (Extrait. ) (Commissaires, MM. Serres, Payen, Andral.) « Les études anatomiques possédaient depuis longtemps un certain nombre de substances destinées à conserver les diverses parties de l'orga- nisme animal. Mais ces moyens, plus ou moins fidèles, offraient des inconvénients assez nombreux et assez graves, pour que leur application générale ait été regardée comme impossible jusqu'à ce jour. " Les amphithéâtres d'anatomie, placés quelquefois au centre de quar- tiers populeux , offraient pourtant de déplorables foyers d'infection. Tous les ans la fièvre typhoïde, développée dans leurs atmosphères miasmati- ques , marquait çà et là quelques victimes. Tous les ans , des blessures insi- dieuses par leur légèreté, inoculaient, dans quelques organismes, des par- celles de ces détritus infects , et prenaient ainsi tout à coup une gravité trop souvent mortelle. >■ Il devenait donc urgent de remédier à ce mal , et c'est ce que j'ai entrepris. Des résultats très-satisfaisants ont été obtenus à l'École pratique de Médecine de Paris, par l'emploi combiné de deux substances conser- vatrices indiquées et employées pour la première fois sous notre direc- tion. Je veux parler de deux solutions de sulfate de soude et de chlorure de zinc. " Du sulfite de soude. — La liqueur de sulfite de soude qu'on emploie dans les pavillons de l'Ecole pratique s'obtient en faisant passer dans une solution concentrée de carbonate de soude un courant de gaz acide sulfu- reux. L'acide carbonique du sel de soude se dégage avec effervescence, et la soude, se combinant avec l'acide sulfureux, forme la liqueur en question. » Du chlorure de zinc. — Le chlorure de zinc, ou plutôt le chlorhydrate de zinc, dont l'emploi doit être combiné avec celui du sulfate de soude, se prépare en saturant l'acide chlorhydrique du coriimerce par des rognures de zinc en excès. Une partie de l'eau que renferme cet acide est décom- posée; son oxygène fait passer le zinc à létat d'oxvde, qui se dissout dans ( 223 ) l'acide. On obtient ainsi un liquide marquant 5o à 52 degrés à raréomèlre, mais on y ajoute une quantité d'eau suffisante pour le ramener à 4o degrés. M Les deux liquides dont nous venons d'indiquer la composition jouissent de propriétés conservatrices remarquables, et méritent, à des litres divers , de fixer no.tre attention. » Le sulfite de soude n'avait point encore été indiqué comme antisep- tique jusqu'à nos jours. Davy avait pourtant employé l'acide sulfureux, et il était rationnel de penser que les sels solubles de ce radical jouiraient db. mêmes propriétés que lui. Il y a là une filiation d'idées que je suis loit» de vouloir dissimuler. Mes premiers essais, qui remontent à la fin de l'année i844) furent heureux sous tous les rapports, et le doyen de l'École de Médecine de Paris constata, dès le commencement de i845, des exem- ples de conservation très-satisfaisants. Les corps sur lesquels j'avais expéri- menté se conservaient un mois, trente-cinq, quarante, quarante-cinq jours, suivant l'état de l'atmosphère ou la nature de la maladie à laquelle le sujet avait succombé. » Ces essais laissaient espérer la possibilité d'une application générale ; aussi cette application fut-elle résolue pour le semestre d'hiver de cette année; maintenant, depuis plus de deux mois, les pavillons de 1 Ecole pra- tique ne reçoivent que des sujets conservés, et la réforme est enfin réalisée. » Chaque cadavre, lorsqu'il est entier, reçoit une injection de 4 litres de sulfite de soude à la température ordinaire. Cette injection se pratique géné- ralement par l'une des artères carotides, ou indifféremment par l'une des artères poplitée ou brachiale, etc., etc. Cette injection aqueuse pénètre rapidement soit dans les veines, qu'on voit- se go'nfler et se distendre, soit même dans les vaisseaux lymphatiques. Au bout de six à huit heures, cepen- dant, les artères n'en contiennent plus aucune trace; tout le liquide a trans- sudé à travers leurs parois, et pénétré par imbibition tous les parenchymes du corps. Si le sujet est destiné à l'étude de l'angéiologie , il peut, au bout de ce temps, être injecté au suif par l'aorte, comme cela se pratique habi- tuellement. » L'action conservatrice du sulfite de soude me paraît pouvoir s'expliquer par l'affinité de l'acide sulfureux pour l'oxygène de l'air. Cet oxygène, que tous les travaux nous représentent comme l'élément indispensable de toute putréfaction, est absorbé par l'acide sulfureux, qu'il fait passer à l'état d'a- cide sulfurique, et les tissus, pendant la durée de cette réaction, sont sous- traits à l'influence de cette cause puissante de désorganisation. » Quoi qu'il en soit , cette action préservatrice du sulfite de soude n'est C. R., i8i6, 1" Semtitre (T. XXII, N» ii ) 3o ( 224 ) cependant pas absolue et définitive. Lorsqu'une région du corps a été dis- séquée et reste , après son étude , exposée au contact de l'air, elle s'altère au bout de dix à quinze jours. Cette putréfaction demande alors l'emploi de moyens antiseptiques plus actifs et irrévocables , et le chlorure de zinc suffit alors à cette fâche. >' Les parties abandonnées et découvertes , les cavités du tronc des autop- sies, sont lavées, avant leur altération, avec la solution de chlorure dont il a été question plus haut. Tous les matins un service particulier, organisé dans ce but et sous notre direction , visite chaque table et imbibe de chlo- rure de zinc les parties dont l'étude est terminée, et dont l'altération perpé- tuerait une infection dangereuse. Si l'épiderme se détache des téguments , il est enlevé avec une éponge, et la peau est lavée avec la solution indiquée; ce qui la rend désormais imputrescible. " Le chlorure de zinc possède au plus haut degré la faculté conservatrice. Les matières animales les plus infectes sont rendues inodores à l'instant par leur contact avec ce liquide , et celles dont la couleur verdâtre annonçait déjà la désorganisation profonde sont arrêtées dans le mouvement intime de leur décomposition, et retrouvent même leur couleur blanche après leur séjour momentané dans la solution indiquée. >' Le chlorure de zinc coagule immédiatement l'albumine, la fibrine et les matières solubles et putrescibles des humeurs animales, pour former un pré- cipité insoluble et imputrescible, même dans l'eau et sous une température élevée, comme celle de i5 à 20 degrés du thermomètre centigrade. » MM. Thibaut et Jarton soumettent au jugement de l'Académie une ma- chine à calculer de leur invention. (Commissaires, MM. Lamé, Laugier, Francœur.) M. Chevreul dépose sur le bureau de l'Académie, de la part de M. Faget, licencié es sciences , préparateur à la Faculté des Sciences de Montpellier, une Note intitulée : Recherches sur l'équivalent du chlore. (Renvoi à la Section de Chimie.) M. CiPRi présente une Notice imprimée , mais non publiée , sur laquelle il désire obtenir le jugement de l'Académie. Cette Notice est principalement relative aux aérostats. (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Seguier.) ( 225 ) M. Tenofal adresse une Note sur divers moyens qu'il suppose propres à diminuer les dangers du mode de transport par chemins de fer. (Commission des chemins de fer.) CORRESPOIVDAÎVCE. M. LE Ministre des Travaux puhlics transmet une IjCttre de M. Pomme- raux qui exprime le désir d'obtenir un Rapport de TAcadémie sur une Note qu'il a présentée l'an passé concernant un moyen d'atténuer les effets des chocs sur les chemins de fer. (Renvoi à la Commission nommée.) M. LE Ministre df l'Agricultcue et du Commerce accuse réception du Rapport sur le Mémoire de M. Goudot relatif à la culture de l'Aracacha, Rapport qui lui a été adressé conformément à une décision de l'Académie. Le même Ministre adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, le cinquante- septième volume des Brevets d'invention expirés. M. LE Directeur général de l'Administration des Douanïs tiansmet le « Tableau général des mouvements du cabotage pendant l'année r844- " M. IsiD. Geoffroy-Saint-Hilaire présente , au nom de l'auteur, M. Des- murs, la seconde livraison de \ Iconographie ornithologique. M. LouYET, professeur de chimie au Musée de l'Industrie de Bruxelles, écrit qu'il avait, longtemps avant M. Boussingault, proposé d'employer pour l'éclairage des mines l'emploi de la lumière produite par la pile. Il cite en preuve le passage suivant d'un article qu'il avait fait paraître dans le journal le Courrier belge , numéro du 26 octobre i836 : « Puisque nous sommes sur le chapitre des houillères , il nous semble que " c'est ici le lieu de marquer notre étonnement de voir que l'on n'ait pas >' encore mis à profit, pour l'éclairage des galeries, l'une des plus belles dé- " couvertes de la science moderne. Nous voulons parler de l'incandescence !• du charbon produite dans le vide au moyen d'une pile voltaïque.... Il n'y " aurait plus alors le moindre danger à craindre , puisque le foyer de lumière n serait complètement isolé de l'air extérieur. » '• M. Boussingault reconnaît que ce n'est qu'en juin i845, après un 3o.. ( 9.16 ) malheur arrivé dans ses mines, qu'il a eu l'idée d'appliquer la lumière de la pile à l'éclairage des travaux souterrains; il croit cependant devoir ajouter qu'il ne s'est pas borné à proposer ce moyen, mais qu'il l'a employé pour éclairer, sans danger, une atmosphère des plus explosives. » GÉOGRAPHIE. — Sur la nécessité cfune révision des nivellements des isthmes de Suez et de Panama; par M. Sainte-Preuve. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dnfrénoy, Laugier.) « L'auteur, dans cette Note, où il a pris soin de séparer la question scien- tifique de la question industrielle et commerciale concernant l'établissement d'une voie nouvelle à travers ces isthmes, discute les causes d'erreur qui, suivant lui , ont pesé sur les résultats présentés par les ingénieurs chargés de faire les nivellements. » M. Arnollet prie l'Académie de vouloir bien ordonner qu'il soit fait un Rapport supplémentaire sur son système de chemins de fer atmosphériques , la Commission n'ayant pu recevoir, à l'époque où elle a fait son premier Rap- port, quelques renseignements qui lui eussent été nécessaires pour bien ap- précier les avantages du système sur lequel elle était appelée à se prononcer. (Renvoi à la Commission précédemment nommée, à laquelle , sur la demande de l'un des membres, sont adjoints deux nouveaux Commissaires, MM. Poncelet et Piobert.) M. Passot prie l'Académie de hâter le travail de la Commission qui a été chargée de faire un Rapport sur ses expériences concernant le mouvement des fluides dans les machines à réaction. M. Passot adresse, en même temps, un opuscule imprimé ayant pour titre : «Nouvelle démonstration de cette propo- sition : Dans le calcul des forces centrales , le temps exprimé en fonction de l'aire décrite par le rayon vecteur ne peut être pris pour la variable indé- pendante. " M. RiNBAincwAELES , à l'occasion de la présentation du Mémoire de M. Turnhull sur un nouveau procédé de tannage, écrit d'Ostende qu'il est inventeur d'un procédé au moyen duquel il opère le débourrage sans eau, sans chaux et sans acides , et rend les peaux propres à être livrées au tannage dans l'espace de cinq heures. M. W^ERTHEiM adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. ( "7 ) COMITÉ SECRET. La Section de Géographie et de Navigation présente la liste suivante de Candidats pour la place de correspondant vacante par suite du décès de M. PFarcien : 1°. M. Démidoff (Anatole), à Saint-Pétersbourg ; a". Et par ordre alphabétique: MM. Gauttier, à Saint-Malo ; Lutké , à Saint-Pétersbourg ; Owen, à Londres; James Clark Ross, à r^ondres ; Wrangel, à Saint-Pétersbourg. Les titres de ces Candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La Section d'Économie rurale présente la liste suivante de Candidats pour la place de correspondant vacante par suite du décès de M. ScJiwerz, en fai- sant remarquer que, vu les besoins de la Section, elle ne propose cette fois que des étrangers. 1°. M. Schiibler, professeur de physique à Tubingen ; 1°. M. le marquis Ridolfi, directeur de l'Institut agricole annexé à l'Uni- versité de Pise; 3°. M. Ratzeburg, professeur à l'École forestière de Prusse. Les titres de ces Candidats sont discutés. I/élection aura lieu dans la prochaine séance. Grand prix de Mathématiques à décerner en 1848 (i). « Trouver les intégrales des équations de l'équilibre intérieur d'un corps solide élastique et homogène dont toutes les dimensions sont finies, par exemple d' un parallélipipède ou d'un cjlindre droit, en supposant connues les pressions ou tractions inégales exercées aux différents points de sa surface. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être arriw es, francs de port, au Secrétariat de l'Académie, avant le i*'' novembre 1847- ^^ terme est de rigueur. » Les noms des auteurs seront contenus dans un billet cacheté qu on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. » La séance est levée à 5 heures et demie. F. (i) La Commission chargée de proposer le sujet du prix était composée de MM. Cauchy, Arago , Lamé , Sturm , et Liouville rapporteur. ( 228 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ti Académie a reçu , dans cette séance , les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 4 ; in-4''. Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'Invention, de Perfectionnement et d'Importation dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée; publié sous les ordres de M. le Ministre du Commerce; tome LVIl; in-4°. Administration des Douanes. — Tableau général des mouvements du Cabotage pendant l'année i844?iii"4°' Iconographie or nitho logique. — Nouveau Recueil général de planches peintes d'Oiseaux , publié par M. O. DesmurS; 2" livraison; in-folio. Analogies entre les Plantes et les Animaux , et déductions qui s'ensuivent; par M. GiROU DE BtrzAREiNGUES ; brochure in-8°. Mémoire sur l'action des agents imperceptibles sur le corps vivant, lu au Con- grès scientifique de Nîmes , par M. d'Amador. Montpellier, i846;in-8°. Notice sur les Infusoires; par M. DuJARDlN. (Extrait du Dictionnaire uni- versel d Histoire naturelle. ) In-8°. Atlas général des Phares et Fanaux, à l'usage des navigateurs ; par M. Cou- Lmn ; publié sous les auspices de M. le prince DE JoiN ville. — Espagne [mer Méditerranée). 8*^ livraison ; in-4''. Types de chaque Famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; par M. Plée; 25° livraison; in-4°. Topographie médicale de Rocheforl ; par M. J.-E. CORNAY. Paris, 1846; in-8°. Découvertes physico-mécaniques; par M. Gaspard Cipri, de Palerme; in-8°. Recueil de la Société Polytechnique ; par M. DE MOLÉON; 26* année, 5* série, tome III, n° 8; août i845; in-8°. Mémoire sur un Appareil à distiller l'Eau de mer pour la rendre potable, inventé par M. de Scheidtweiler, mécanicien à Bruxelles , suivi de Considéra- tions sur les eaux potables , par M. LouYET. Bruxelles, i845; in-8°. .fournaldes Connaissances utiles; janvier 1846; in-8''. A natural... Histoire naturelle des Mammifères; par M. Waterhouse; parties 3 et 4; in- 8". ( 229 ) Die Krankheiten. . . Maladie des Pommes de terre, considérée parliculière- ment pour l'année 1 845 ; par M. JULIUS MuNTER. Berlin , 1 846 ; iii-8". Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie des Sciences de Gottingue; n"» i et 2 de janvier i846; in-8°. Gazette médicale de Paris; année i84<^S «" 5; 111-4°. Gazette des Hôpitaux; n°» 1 1 à i3; in-fol. L'Écho du monde savant; n°* 8 et 9; in- 4°. La Réaction agricole; n° 84- Gazette médico-chirurgicale; année 1846, n° 5. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; décenabre i845; in-8". ( 23o ) IS 1 1 t. i. £ o o « a c ^ .1 « ^ ■ " ' . • ■ . ' . . 1 r^ O >o i« dwo H^ w c.ijooc S C'- c^ + .^:i gS ^' S <«® wi^WW ^O qO aiiO tA ^ dd CKWMOu2c«c«ccWt«Wi/iW(«coc«!/3aJc«cnwy3i/3:«OOc«wJOC s o V ■S S O O - sas es n es '5 E -a; '5 0 X X 1 3 " - « 3 «^ ^ ■ 5 -T3-B -0 C =3 -c • to «-p M> . Oj « a M *j «■ (>-» s^ ;»-. (k t, -2 £-. fc- t- i- ÏH o o o o s à 3 > s > 3 > > ^ > > S"" i> >-:S 3 > S > > <^> > > i- — ^ II S^S s (Doooaioi.pooooa'Oi.ooi-oajOoSoooi.s— oc eciB3n'OMOcûOoucJcjeq>H u-w «luœuueuouH 0'a< usi; ; : : . o~<^ocooooo^oo-oo^oo«pooes coo o^ es o c tXJ osx lo « - m 1 ro fO r^ 1 0 (Û ^ V? -" o «f fT^O 0««-«««»-co->OOPHOlO-OQOc^ OVÛ m «o te ir-« | Ô" ■" r^ «5 = + 4- III ++ 1 1 M + + + + 1 + + + + + + + + + + + + 4 1 1 + + + OC^WnOMOO^OO-OOMfOOMCOCO-OC^OO-tOOO^MOv^IMMO m as Ci3 es s QOIO^*-CO o «»O^*0 - O^n aïOO o Oî-^* o o -• v:J-^^ >«««0~"OM CO tO « r-< 0tS < s + + +I+ + + + + 1 1 + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + 1 •H0M3AII ^ ^û VI- o o !0 « v^^l-îû Ci - Ol'sÛ iOfOfOv^O 0«0^*0 v^t£) iO »0 lO »0 - r^"sO - 00 O -^ g vd-->-«'"0«»0«0««««0 vj-»o »0 ro 0 lO - « Oi» o 03 CO Gi O O O - cr> o »o 3^ r>3 S H « + +I 1 I+ + + +I 1 1 + + + + + + + + + + + + + + + + + + 4 + + + + o es: o ro - v:^ c^io vi-i:^-»O"-0fO -lo csvrt t-^vf r^co «lOfO -COJO - ■- O Ol oicc r^fO O H as . vt-fo o ir^ O B O Oi c^OO c^ - VI- CT:vl-fO 00 >0 !£) r^» io«flOPi«v:t-««M»O«no000000 ^ « Ô> lO 2 -« m«3t^»o«£>«5to r^ r^'^ 'X> >o vj-vi-m »o lo lo v:f>o v^v^vr»o vs-v)-io >r) vt-io ir KO lo v^ in r^r..r^i>.r>'ïr>'r>*r^c^i:~.r^r-*r^c^r^r>'r^r^r>.i:>«r^r^r^r>»r^r^r^r^r^r^r^i r^r^c^i r^ Ci^ ■Koa;>An .££ (£) O c^fo in 0100 r^ o >.* f) CTifo oo«n - a>« ooo -iofoao>o Oivf oo o oo « (75 O-.fO 00 S =) i-ë r^in fO-MOMlOv^O-OîOOO 0-.Û QOVj-a:CT>>-rr)ro O «00 OiO O OicO «lO - ^0 s ? =2 H " + + +I + I+ + +I 1 !+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + o 00 v^in a; o « 00 VI- c^to w vf o o^«o o cvo m ^* ai Oivt'vO o ^*po oo c^^n v^ 00 r^io fOOO - r^M c^-OOmvj-fiiO « t^vf « OiOO G fO v^--^ CO eri a> - Oiio Vf « vt 00 ss io- C~»VÛ t:^ vs- ce •< - »0 M 00 y3>o Vf r^ r>. r^ m s» e£ „ ir>.r-»ir^r>.r^ir>.ir^ir>'r>>r^r-'r>'r^r^c^r^r^c^r^r^i~^r^r^c^c^ r- •HoaOAII O 0^ r^ r^ c^ O r-.v:J-CO r- - CS 0 r-» es Cî OiPO tÛ ^«i-^ Oi O CO "sO C5*^ O^ O r^ O - [>00 « Vf - r^UD fO Cî « - es v^rO O - - co ^ «-^ v-j-GO « 00 Oï O v^fO Oï-^-Oi-QOO'N «Vf - CO s = X + + + + r^ CTiiO iO lO vj-to -H 00 00 t^oo ô-.ro O c^'O 00 co lo r^ •"• ro r^ro Oiro « ro lo - ^:: 0^ CTi s ■ r^vO C « r^ c^ c co 05 O VO <0 C C "vO O~.c<0 lO ro 00 lo - lO CO C~.«0 - O O r^ « (X o r^ •vD §o lO « O - Oiv-- c^fo VJ-o:^ Ol-^J^e<^v:^- «vrCT> t^vf «O t^MOO r^Ol Cl- m ro 00 «£HO Vf r^ r^ r^ t^t-.r^r-.r^r^r^r^ir^r^r^i-^r^r~.r^c^r>r^ir>.c^c^r>»ir^r^r^ir^r^c^ ^ s •Boao.vii Oî^iO csfOPC o ^lO ^îTï ^^^O "-'-^ - o OGO C'O^^^O^ c^PO 'O C;00 r^ 0 1 inoo lo 00 s g -s CO^^csfO OfO opom o - <- OfO^^cs^ OCO r^i^cs ►- O^o 0 r-r^c^r^O - « O) Vf H ^ +++I+I ++IM+++++ +++++++++++++ ■+ + + + •»0 M lO « OO tû t>00 - CT!.-^. 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" A la suite de cette communication, mon savant collègue M. Serres a pris la parole pour annoncer qu'un de ses -disciples, M. Sappey , s'occupait depuis longtemps de recherches sur le même sujet, et que, par conséquent, dans le cas où ce dernier viendrait à présenter des faits ou des vues analo- gues, il ne faudrait pas conclure de cette similitude que M. Sappey aurait emprunté quelque chose au travail de M. Guillot. Mais, du l'este, M. Serres na fait connaître aucun résultat obtenu par M. Sappey et s'est borné à constater l existence de recherches inédites dont s'occupe ce jeune anato- miste. )' Or, en lisant le Compte rendu de cette séance, je trouve, page 211, G. R., 1846, 1" Semestre. (T. XXII, N» 6.) ( 232 ) quk fa suite de la communication faite par mon entremise, M. Serres a ex- posé verbalement devant l'Académie toutes les conclusions, au nombre de dix, que M. Sappey tire de ses observations encore inédites. » Il y a là , comme on le voit, au moins une erreur de date. La Note im- primée vers la fin de la semaine passée dans le Compte rendu contient peut- être ce qtie mon savant collègue avait rintention de dire aujourd'hui, mais contient plus et autre chose que ce qu'il disait dans la séance de lundi der- nier; si besoin était, j'en appellerais à ses propres souvenirs. » Dans l'intérêt de l'anatomiste distingué dont ^'ai été l'organe devant l'Académie, j'ai cru devoir rétablir les faits tels qu'ils se sont passés, car le Compte rendu de notre dernière séance en donnerait une idée inexacte. » Cette rectification m'a semblé d'autant plus nécessaire, que, d'après une Note imprimée dans les Comptes rendus, les naturalistes pourraient croire que M. Guillot devait connaître les résultats du travail de M. Sappey et en aurait peut-être profité sans l'avoir cité; car M. Guillot n'en parle pas, et ce- pendant M. Serres nous apprend que les pièces à l'appui du travail de M, Sappey ont été déposées, dès le mois d'octobre dernier, dans le musée de l'Ecole de Médecine fondé par M. Orfila. >r Je n'examinerai pas ici ce que les propositions consignées dans la Note de M. Serres ou les pièces anatomiques exposées dans le Musée public de la Faculté de Médecine ont pu ajouter aux faits déjà constatés par Guvier, Owen, Jacquemin et plusieurs autres anatomistes; mais je crois devoir dé- clarer de la manière la plus positive que, dans mon opinion, ces mêmes pièces, que j'ai examinées avec soin, ne sont de nature à jeter aucune lu- mière nouvelle sur la question spéciale dont l'étude a occupé M. Guillot, qu'elles ne pouvaient le guider en rien dans ses recherches, et qu'elles Sem- blent avoir été faites dans un but tout différent. » Les personnes qui me connaissent comprendront bien qu'en faisant ces remarques, je ne veux en aucune façon jeter de la défaveur sur les observa- tions de M. Sappey; je suis et j'espère que je serai toujours porté à encoura- ger, autant qu'il dépendra de moi, tous les hommes qui travaillent pour la science dont je m'occupe; mais je désire avant tout rendre justice à qui de droit, et il m'a semblé que, contrairement sans doute aux intentions de mon savant collègue, les intérêts scientifiques d'un anatomiste que j'estime auraient pu souffrir de la Note dont je parle, si cette Note était restée sans rectification. » ( a33 ) ANATOMiE COMPARÉE. — Bépotise de M. Serues aux remarques qui précèdent, de M. Milne Edwards. « Rien de cç que j'ai dit devant rAcadémie, rien dans les quelques lignes que j'ai insérées dans le dernier Compte rendu ne nie paraît justifier la ré- clamation que vient de faire notre honorable collègue. Un court exposé des faits fera partager, je l'espère, mon opinion à l'Académie. » Dans la séance dernière, notre collègue, M. Milne Edwards, dépose une Note sur le bureau et il en indique verbalement quelques résultats que je ne saisis pas bien de ma place. J'entends seulement qu'il est question de l'appareil respiratoire des oiseaux. >• Depuis quatre mois , je suis témoin journellement des travaux d'un jeune docteur sur le même sujet. Je crois de mon devoir de faire des réserves en sa faveur, et, pour justifier ces réserves, j'annonce à l'Académie qu'il est parvenu à des résultats que je crois nouveaux sur cette question si impor- tante. » Dans le Compte rendu je formule ces résultats avec l'assentiment de l'auteur; ils sont renfermés dans une page. En cela, je l'avoue, je n'entrevois aucun motif scientifique de réclamation. » Car, quel est l'objet des Comptes rendus? Pourquoi les imprime-t-on si rapidement et à si grands frais ? N'est-ce pas pour porter promptement à la connaissance du public la marche progressive des sciences? n'est-ce pas pour lui faire parvenir le plus vite possible les découvertes dont elles peuvent être l'objet Or, ayant annoncé à l'Académie qu'un auteur était parvenu à des ré- sultats importants sur l'appareil respiratoire des oiseaux , ne devais-je pas dire en peu de mots, dans le Compte rendu, en quoi consistaient ces résultats? » C'est ce que j'ai fait. C'est même ce que j'ai cru devoir faire , d'une part, dans l'intérêt delà science, et, d'autre part, pour prévenir toute interprétation à l'égard d'un confrère, M. le docteur Guillot, dont j'apprécie beaucoup les travaux. Ce que vient de dire notre honorable collègue prouve que j'ai eu raison d'en agir ainsi, car il a compris mes paroles dans un sens tout opposé à mes intentions et à ce qu'elles renferment. Son interprétation justifie donc pleinement ce que j'ai fait. » Cette interprétation, du reste, tombe d'elle-même devant les faits; car ainsi que vient de le faire remarquer notre honorable collègue, M. Is. Geoffroy- Saint-Hilaire, si compétent en ornithologie, les résultats auxquels sont par- venus les deux auteurs sont différents. Or, pour peu qu'on soit habitué aux 3i.. ( 234 ) recherches d'anatomie comparée chez les Vertébrés , il est évident qu'elles ont été exécutées non-seulement isolément les unes des autres , mais encore dans des vues qui ne sont pas les mêmes. » Quant à la phrase que j'ai prononcée devant l'Académie en faisant ces réserves, elle est si claire, son but, son unique but, pour préciser l'époque à laquelle M. le docteur Sappey s'est occupé de l'appareil respiratoire des oiseaux, est si évident , que je me bornerai à la transcrire : « A la suite de cette communication , M. Serres rappelle que M. le doc- » teur Sappey, premier prosecteur de l'École anatomique des hôpitaux, a n déposé, au mois d'octobre dernier, dans le Musée d'anatomie comparée » de la Faculté de Médecine , des pièces relatives à l'appareil respiratoire des » oiseaux. M. Serres ajoute que cet anatomiste s'occupe, depuis quatre " mois, de recherches actives sur cet important sujet. » » Gomme on le voit, dans cette phrase j'exprime un fait et un fait connu de tous les anatomistes de Paris ; c'est une date et rien de plus : ces pièces d'ailleurs, qui ont été faites dans les laboratoires de l'École d'anatomie des hôpitaux, sont si complètement étrangères aux faits signalés et par M. le docteur Guillot, et par M. le docteur Sappey, que je craindrais d'abuser des moments de l'Académie si je m'y arrêtais plus longtemps. » Dans le mouvement si rapide et si louable dont les sciences naturelles sont présentement l'objet, il est nécessaire d'apprécier avec rigueur les faits sur lequel il repose. Cette appréciation est le seul moyen de prévenir l'es- prit de système qui a été si funeste à leurs progrès. Tel est le. motif pour lequel, après avoir formulé en une page et sans les juger les résultats aux- quels était parvenu M. le docteur Sappey, j'ai annoncé u'il présenterait à l'appui une série de pièces anatomiques dans la séance d'aujourd'hui ; ces pièces anatomiques, les voilà sous les yeux de l'Académie. D'après ce qui précède, qu'est-il besoin d'ajouter qu'elles ont été exécutées depuis le mois de novembre dans les laboratoires de l'École d'anatomie des hôpitaux? qu'est-il besoin d'ajouter qu'elles sont différentes de celles déposées au Musée d'anatomie comparée de la Faculté de Médecine, et que nul n'en a eu connaissance? » M. Milne Edwards dit en terminant : « Je suis et j'espère que je serai » toujours porté à encourager, autant qu'il dépendra de moi, tous les hom- >' mes qui travaillent pour la science dont je m'occupe. . . » Ce dont per- sonne ne doute. » Aussi, comme, après l'intérêt de la physiologie et de l'anatomie com- paiée, je n'ai eu d'autre motif que d'encourager un homme qui trai>aille ( 235 ) pour la science dont je m'occupe et dont nous nous occupons mon honorable collègue et mo/^ j'espère , s'il y a eu quelque chose d'irrégulier dans la promp- titude que j'ai mise à faire connaître des résultats qui intéressent tout à la fois la science et les anatomistes , j'espère qu'il sera le premier à excuser et à défendre, s'il est nécessaire, cette irrégularité. » M. MiLNE Edwards répond : < Qu'en appelant l'attention de l'Académie sur la Note relative à M. Sappey, son objet était d'en établir la date pré- cise, et de prévenir de la sorte toute discussion de priorité, qui, sans cela, aurait pu naître de l'interprétation dont est susceptible un des passages de cet écrit (savoir, le paragraphe 8 , où il est question de la voie par laquelle l'air parvient dans telle ou telle partie dn corps). Or, ce but étant atteint, il croit inutile d'insister davantage. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la résolution des équations symboliques non linéaires; par M. Acgdstin Cauchy. « Dans un précédent Mémoire , j'ai montré comment on pouvait résoudre les équations symboliques linéaires auxquels on se trouve conduit dans la théorie des permutations. Les recherches que j'ai aujourd'hui l'honneur de présenter à l'Académie se rapportent à la résolution des équations symbo- liques non linéaires. Je vais donner en peu de mots une idée de ces recher- ches. Les résultats qu'elles m'ont fournis seront exposés plus en détail dans les Exercices d' Analyse et de Physique mathématique. » Considérons n variables Xq , X^ , X'i^f • • • ) '^n—i 7- chaque indice pouvant être augmenté ou diminué d'un multiple quelconque de «; et nommons P une substitution circulaire qui renferme toutes ces va- riables , de sorte qu'on ait F = [Xo , Xf f X2 , . . . , X„_2 1 ^n—k) > OU, en exprimant la substitution F à l'aide des indices qui affectent les di- verses variables , (i) P = (o, 1 , 2, . . ., « — 3, « — 2, « — %).- On pourra satisfaire à l'équation symbolique linéaire (a-) SP = P-'S, ( 236 ) en prenant pour S une substitution qui laisse immobile la variable Xo , et même , si n est pair ou de la forme (3) n = ii, la variable j?,-. D'ailleurs, cette substitution S, déterminée par la formule symbolique (4) S=(r> sera une substitution du second ordre. " Ce n'est pas tout. Le nombre n étant supposé pair et de la forme 2/ , on pourra résoudre de diverses manières l'équation symbolique (5) R'-=S, dans laquelle la substitution S renferme i[i— i) indices, et même la ré- soudre en prenant pour R une substitution de l'ordre 2 (i— i), qui vérifie l'équation (6) P'R=R-«P', ou (7) \ p'=(r> En effet , partageons les indices I, 2, 3,. . ., / — I , i-h 1, . . ., « — 3, n — 2, « — I en groupes , dont chacun soit composé de quatre indices de la forme /, / — /, ~l, i-hl qui se réduiront à deux, si, «étant pair, on prend/ = -; il suffira, pour ré- soudre simultanément les équations (5) et (6) , de poser (8) R = (a, g, 7, ...,/— V, /— 6, i—a, —a, —6, —y, ..., /+y, Z+g, j+a), a, S, 7,. . . étant des indices pris dans les divers groupes. La valeur de R étant ainsi déterminée , nommons k l'indice qui succède à l'indice h en vertu de la substitution R , et posons généralement (9) Ra = P-*RP^ On tirera des formules (6), (g) (lo) RaRj+A= '> et pai' suite (il) R/+«=I, Ri — a= !• Donc R,-^„ etR'_a seront des substitutions du second ordre. Ajoulon? que, si l'on pose pour abréger (la) ^ = RP' = P'R-«, on aura (i3) R,+„ = P-='jiP% Ri_. = P'^^P-% et par suite (i4) Ri- a = (a,i-H «)(« + §, 1 + 2a)(a + 75i'+ œ + ê)- • -5 (i5) R,■^_« = (— a,i — a)(— a4-S,/)( — a + Y, J— a-4-ê) Donc, si l'on nomme toujours A, k deux indices dont le second succède au premier en vertu de la substitution R, les divers facteurs circulaires de Ri — K seront de la forme [a-hk, i-+-a-\-h). Il est aisé d'en conclure qu'aucun facteur de R,_a ne sera en même temps facteur de la substitu- tion R'~', c'est-à-dire de la forme à moins que les indices A, â: et a ne vérifient la condition (i6) h-h k-haa-\-i^o, (mod. n). D'autre part, le produit VU de deux substitutions U, V ne peut cesser de renfermer l'une des variables h, k dont la seconde succède à la première eu vertu de la substitution U, que dans le cas où V fait succéder réciproque- ment h k /i. Donc, si a , ê, y,. . . sont choisis de manière que la condition (i6) ne soit jamais vérifiée, il suffira de poser (17) Q = R,.^aR-', ou, ce qui revient au même, (i8) Q=R'-'Ri_„, ( 238 ) pour que la substitution Q déplace les « — i indices I, 2, 3,..., n — 2, n — I. )' Si l'on applique en particulier ces principes aux fonctions dont M. Her- niite s'est occupé , c'est-à-dire à celles qui renferment six , huit ou douze va- riables, ou plutôt aux substitutions qui peuvent déplacer les variables dans ces mênties fonctions , on obtiendra les résultats suivants. » Si à la substitution P de l'ordre n= ii, déterminée par la formule (i), on joint une substitution Q de l'ordre n—i , et une substitution R de Tordre n — 2 , les dérivées de P, Q, R constitueront un système de substitutions conjuguées dont chacune déplacera 71, n — I ou 71 — 2 variables, et ce système sera d'un ordre représenté par le produit w(n — i)(n — 2), pourvu que, les valeurs de Q, R étant déterminées à l'aide des formules (8), (9), (17), on pose 1°. Pour n = 6, R = (i, 2, 5, 4); 2<'.Pour n = 8, R = (i, 2, 3, 7, 6, 5), ou R = (i, 6, 3, 7, 2, 5); S^.Pour «=i2, R=(i, 4, 9, 2, 5, II, 8, 3, 10, 7), ou R = (i, 10, 9, 8, 5, II, 2, 3, 4, 7). .. M. Païen dépose un paquet cacheté. RAPPORTS. THÉORIE DES NOMBRES. —Rapport sur un Mémoire de M. Desmarest, contenant une Table de racines primitives pour l\ 000 nombres premiers. (Commissaires, MM. Cauchy, Lamé, Poinsot rapporteur.) « M. Desmarest a présenté dernièrement à l'Académie une Table de ra- cines primitives avec une Note sur les procédés de calcul dont il a fait usage. ( ^39 ) » L'auteur ne donne, pour chaque nombre premier p, qu'une seule de ses racines primitives; mais cela suffit, puisque d'une seule racine on peut dé- duire toutes les autres, en l'élevant aux différentes puissances des degrés marqués par les nombres inférieurs et premiers k p — i. » La connaissance des racines primitives peut être utile dans beaucoup de recherches surlathéorie des nombres. On n'avait jusqu'ici que des Tables très- restreintes, données par Euler et par d'autres géomètres : la nouvelle Table est incomparablement plus étendue, elle contient 4ooo racines primitives, et l'auteur vient même de la prolonger jusqu'à loooo. » Nous pensons donc que le travail de M. Desmarest mérite l'approbation de l'Académie, et que sa Table de racines primitives pourrait être utile- ment insérée dans le Recueil des Savants étrangers. » liCS conclusions de ce Rapport sont adoptées. ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur les Mémoires qui ont été présentés à l'Académie des Sciences au sujet de la maladie des pommes de terre. (Commissaires, MM. Payen, Boussingault, Gaudichaud rapporteur.) « En nous chargeant, MM. Payen, Boussingault et moi, de lui faire un Rapport sur les divers Mémoires qui lui ont été présentés relativement à la maladie qui, cette année, affecte la pomme de terre, l'Académie nous a donné une tâche honorable sans doute, mais longue et difficile. Nous allons cependant essayer de la remplir le plus brièvement possible et de notre mieux. >i Commençons par dire que, s'il est pénible d'avoir à constater qu'un fléau destructeur est venu fondre sur le pays, il est consolant de voir qu'au premier cri d'alarme chacun s'est levé pour le combattre. » Jamais, en effet, on ne vit les hommes s'occupant de science, animés d'un plus grand zèle ni d'une plus louable émulation. i> C'est que le danger, pour le pays , se montrait imminemment redoutable , et menaçant surtout pour la classe la plus nombreuse et la plus laborieuse de la société. N'était-ce pas un motif suffisant pour stimuler le zèle des hommes de cœur et d'intelligence et de tous les amis de l'humanité ? » Honneur donc aux savants de tous les pays qui , réunis par la même pensée , se sont spontanément élancés à la recherche du mal dans le but de le reconnaître, de l'arrêter dans sa marche rapide, et, s'il se pouvait, de le détruire! » Ce mal est grand, messieurs; maiSj qu'il nous soit permis de vous le dire C R., 1846, i" Semestre. (ï.yiWl, ^o6.) 32 ( î4o ) dès à présent, il l'est beaucoup moins que nous nous le sommes généralement figuré; et, comme nous allons tenter de vous le démontrer, il n'est sans doute qu'accidentel et passager. " Avant de vous entretenir des faits qui sont soumis à votre appréciation , permettez-nous de vous rappeler en peu de mois que la pomme de terre est originaire de l'Amérique méridionale. « Il est vraisemblable que c'est des montagnes du Chili que la culture de » la pomme de terre s'est propagée dans la chaîne des Andes, eu s'avançant >' au nord et s'élablissant successivement au Pérou , à Quito et sur le plateau » de la Nueva-Granada. C'est, comme l'observe M. Al. de Humboldt, pré- » cisément la marche qu'ont tenue les Incas dans leurs conquêtes. » Ce précieux tubercule paraît n'avoir été introduit au Mexique "qu'après » l'iuvasion européenne, et il est bien avéré qu'on ne le connaissait pas en- n core sous le règne de Montezuma; bien que dans l'opinion de plusieurs >' savants, la pomme de terre ait déjà été trouvée en Virginie par les pre- » miers colons qui y furent envoyés par sir Walter Raleigh. Il On prétend qu'elle fut ensuite portée en Angleterre par Drake ; mais il » paraît bien établi que longtemps avant ce navigateur, en i545, un mar- » chand d'esclaves, John Hawkins, avait gratifié l'Irlande de tubercules pro- » venant des côtes de la Nueva-Granada. D'Irlande la nouvelle plante passa » en Belgique en iSgo. Sa culture fut ensuite négligée dans la Grande- » Bretagne jusqu'au moment où Raleigh l'introduisit derechef au commen- » cément du xvn* siècle. » Lorsque la pomme de teri'c arriva de Virginie en Angleterre pour la " seconde fois, elle était déjà répandue en Espagne et en Italie. » On a constaté que cette plante est cultivée eu grand : dans le Lan- 11 cashire, depuis i684; en Saxe, depuis 171 7; en Ecosse, depuis 1728; en Il Prusse, depuis 1733. 11 Enfin, ce fut vers l'année 17 10 que la pomme de terre commença à se 11 répandre en Allemagne et qu'elle y devint une plante usuelle. » (J.-B. Bous- siNGz\ULT, Economie rurale j tome P"", page 4oo.) » D'après d'autres documents dont il est difficile de constater l'authen- ticité , l'Espagne serait le premier pays de l'Europe dans lequel aurait pénétré la pomme de terre. Ne pouvant, pour l'instant, rien assurer à ce sujet, nous nous bornerons à dire que toute la rive américaine du Gi-and Océan est abondamment fournie de pommes de terre; et que parmi les nombreuses et belles variétés que nous avons remarquées au Pérou, sur les rnarchés de fiima, il en est une délicieuse dont la pulpe brillante est remarquable surtout par la couleur jaune-safran foncé qu'elle prend à la cuisson. C'est ( a4i ) une variété qui nous manque et que, sous ce rapport, il est essentiel de sif[naler aux navigateurs (i). " On trouve en abondance , sur les montagnes qui avoisinent la ville de Ijima et sur le sommet de l'île San-Lorenzo, une pomme de terre sauvage très-voisine du Solanum tuberosum, si du moins nous en jugeons par les carac- tères de*"sa végétation, mais qui en diffère essentiellement en ce qu'elle ne donne ni branches souterraines ni bourgeons tuberculeux ou pommes de terre, mais bien de très-grosses racines irrégulièrement arrondies et d'une saveur tellement salée et amèi'e, qu'elles sont repoussantes. " Si nous signalons ce fait, c'est parce que des naturalistes ont prétendu que la pomme de terre sauvage est amère et non mangeable, et que tout nous porte à croire qu'ils ont pris la mauvaise espèce à véritables racines tubéreuses pour la bonne qui a des racines fibreuses et des bourgeons sub- terranés tuberculeux. » La pomme de terre est trop généralement connue pour qu'il soit néces- saire d'en donner la description. On connaît aussi toutes les variétés qu'elle produit. >) Disons seulement qu'elle pousse des tiges herbacées, annuelles, ra- meuses, et que ses rameaux sont de deux sortes fort distinctes : les uns aériens, verts, portant les feuilles, les fleurs et les fruits; les autres subterranés, blancs, et donnant les tubercules. Ces tubercules ne sont autre chose que les bourgeons terminaux et singulièrement tuméfiés de ces branches souter- raines et de leurs rameaux (2). » Tout le monde sait donc aujourd'hui qu'une pomme de terre est un bourgeon tuméfié ou, si l'on veut, l'extrémité d'un rameau souterrain dont les feuilles restent à l'état rudimentaire; que dans l'aisselle de chaque feuille il naît normalement un ou plusieurs bourgeons, et que pour multiplier cette plante il suffit d'isoler ces bourgeons en coupant les tubercules pour avoir autant de plants distincts. Ce sont ces bourgeons, séparés les uns des autres par la division des tubercules, qui servent ordinairement de semence ou de moyen de multiplication. » Chacun sait également aujourd'hui que la vitalité des êtres végétaux (i) J'avais recueilli et planté à bord de la corvette la Bonite six ou huit tubercules de cette pomme de terre et vingt-cinq ou trente de la suivante : toutes ont péri par l'action de l'eau de mer. D'autres plantes de Lima et de San-Lorenzo sont arrivées vivantes à Paris. (Ch. Gau- DICH4UD.) (2) Ployez Gal'dichaud , Organographic, PI. XII, fig. 1 1 . Sa. . ( 24^ ) réside surtout aux extrémités des tiges, des branches , des rameaux, ou, au- trement dit, dans les bourgeons qui contiennent les plus jeunes individus, et que c'est généralement par ces parties que commence la végétation printanière. » Eh bien , ce que nous avons tous remarqué sur nos végétaux ligneux se produit pareillement sur les plantes herbacées; la pomme de terre en fournit un nouvel exemple : les bourgeons qui partent du sommet des tubercules de- vancent souvent, de quinze à vingt jours et plus, ceux de la base. » Il arrive donc ordinairement qu'on trouve sur une seule touffe de pomme de terre provenant d'un tubercule entier , des tiges qui poussent , fleurissent et meurent les unes après les autres, et, plus tard, des tubercules à tous les états de développement , selon qu'ils proviennent des premières ou des dernières pousses. » Quelques cullivateurs, auxquels ce fait n'a pas échappé, obtiennent aujourd'hui des pommes de terre hâtives en ne plantant que les moitiés su- périeures des tubercules. » Pour cela, ils les coupent transversalement, sépai'ent les parties supé- rieures des inférieures , sèment les premières , après les avoir fait hâler quel- ques jours à l'air libre, et emploient les dernières aux usages domestiques, ou à des semis particuliers destinés aux récoltes de fin d'année. » Nous aurions bien d'autres renseignements à fournir sur les procédés de culture de la pomme de terre; sur l'emploi, selon les terrains, de telle ou telle variété , etc. ; mais ces détails , tout utiles qu'ils sont , seraient dé- placés ici, et nous éloigneraient trop du but que nous nous sommes pro- posé d'atteindre. » Disons seulement que, pour certains terrains argileux, humides et froids, les pommes de terre entières valent mieux que celles qui sont divisées. » On sait que les bourgeons qui proviennent des tubercules sont suscep- tibles de plusieurs modes de développement; que, lorsqu'ils naissent sous terre ou dans des conditions défavorables, ils se convertissent aussi en pe- tits tubercules ( I ) ; et que, dans les caves et autres lieux humides et privés de lumière, ils forment, au contraire, de très- longues tiges grêles, blan- ches,'aqueuses et presque transparentes, de la base desquelles partent de nombreuses racines; et cela, sans terre et sans autre humidité que celle des tubercules et de l'air particulier des lieux qui les recèlent. i) Fojez Gauuichaud , Organographie , PI. XII, fig. 5, b-b'-b". (>) ( a43 ) » Là, comme partout, les racines sont les produits secondaires des phytons. " Maintenant que nous savons bien ce que c'est que la pomme de terre et de quelle manière elle se multiplie, plaçons-en une dans le sol, et voyons quels phénomènes vont se produire. » Chaque œil, ou aisselle de feuille, donne naissance à une ou plusieurs gemmes; ces gemmes deviennent les tiges de la plante. De la base de ces tiges, partent de nombreuses racines. Chaque gemme ou bourgeon donne donc naissance à une plante entièrement distincte. Au-dessus des racines, mais dans le sol, apparaissent secondairement de petites branches axil- laires, en quelque sorte écailleuses (feuilles réduites), produisant des rameaux également axillaires, remarquables surtout par la courbure qu'ils forment à leur sommet (i); courbure à laide de laquelle ces rameaux pénètrent le sol, ce qu'ils ne pourraient faire avec leurs bourgeons terminavix, composés d'écaillés herbacées, si ceux-ci conservaient, pendant tout le temps du déve- loppement de la branche, leur position naturelle. » On sait, maintenant, que chacun de ces bourgeons devient un tubercule. » Dans l'ordre habituel des choses , dès que les tubercules sont formés ou mûrs, comme on dit, ce qui arrive d'ordinaire après que les tiges aériennes ont fourni leurs fleurs et leurs fruits, la plante se flétrit, jaunit, meurt et s'abat sur le sol. Les tubercules seuls restent vivants. C'est le moment de la récolte générale. » Si nous n'avions déjà fourni de nombreuses preuves de l'indépendance de vitalité des bourgeons, nous nous autoriserions encore de l'exemple vul- gaire de la pomme de terre, dont les bourgeons tubéreux survivent seuls à la plante qui les a produits (2). Mais ce fait , généralement admis, et les (i) Voyez Gaudichaud , Organographie, PL XII, fig. 11 et 12. (2) M. le professeur Alire Raffeneau-Delile , dans une brochure publiée en i845, en cite un nouvel exemple, qui , selon nous, mérite de recevoir une plus grande publicité : « Les bourgeons de V Hydrocaris morsus ranœ, dit ce savant , se trouvent déposés en hiver » au fond de l'eau ; ils y sont tombés , à l'automne , de leur point d'attache aux branches que » la pourriture a détruites. » Ces bourgeons, vus dans l'eau, y sont debout, prêts à monter à la surface au prin- » temps; leurs écailles commencent par grossir et se renfler; il sort, de l'aisselle des » plus inférieures , des feuilles imparfaites , avec lesquelles la plante nage d'abord entre deux » eaux ; elle flotte peu après, avec des feuilles parfaites, à l'air. Les racines ne paraissent pas » avec les premières feuilles, mais seulement avec celles qui sont un peu tardives. >> Observations. — Il est bien entendu que les feuilles qui sortent des écailles inférieures de ces bourgeons proviennent de petits bourgeons axillaires de ces écailles; car, autrement, ( 244 ) exemples de même sorte, sont trop nombreux dans la nature et trop bien connus des botanistes, pour qu'il soit nécessaire de les relater ici. " Jusqu'à ces derniers temps, les agriculteurs, guidés par les principes rationnels, qui enseignent de diriger les récoltes d'après la marche ordinaire des saisons , s'étaient bornés à faire deux plantations annuelles de pommes de terre : l'une en février (ce qui n'est pas toujours facile à faire sous le climat de Paris) , donnant ses produits eu mai ou au plus tard dans les pre- miers jours de juin ; l'autre , en mai , et se récoltant en septembre ou octobre. » Une troisième sorte de plantation, pratiquée dans le but d'avoir des pommes de terre hâtives, a été tentée en automne; elle est destinée à passer l'hiver en terre, pour fournir aux premiers besoins de primeurs de l'année suivante. Mais les résultats de ces essais n'ont pas été, du moins que nous sachions, couronnés d'un plein succès, et tout nous porte à penser qu'ils ne seront jamais bien satisfaisants, surtout dans nos régions septentrionales de la France, où, malgré les précautions qu'on prendra pour les abriter, les froids , généralement rigoureux, gèleront souvent les semences ( i). » Quelques agronomes ont prétendu que la pomme de terre avait vieilli; qu'elle avait, pour ainsi dire, perdu par la culture une partie de ses facultés vitales; qu'elle avait besoin d'être renouvelée par des graines. " Ce sont là, aux yeux de vos Commissaires, des faits au moins fort dou- teux. Ils pensent, au contraire, que cette précieuse plante, d'origine étran- gère, n'a pu que gagner en s'acclimataut de plus en plus. on ne concevrait pas que des feuilles isolées pussent sortir de l'aisselle des écailles , qui son t elles-mêmes des feuilles réduites. Ce fait important a peut-être besoin d'être observé de nou- veau sous ce rapport. (Ch. G.) (i) Si quelque chose est propre à produire l'altération de la pomme de terre, c'est sans contredit, selon nous du moins, la culture hivernale, faite contrairement aux lois de la physiologie, dans une saison où, sous notre climat, tout doit reposer; où les pluies, les brouillards, les gelées, et, déplus, les abris indispensables qu'il faut nécessairement em- ployer pour protéger les semences et les jeunes pousses, ne peuvent produire que l'appau- vrissement, la dégénérescence et l'étiolement des tissus; de graves altérations dans les fonc- tions, dans les fluides, dans les pro' C'est à cette condition qu'ils ont accepté avec un égal empressement toutes les communications qui vous ont été faites, et dont la plupart pou- vaient, d'après vos règlements , être exclues, puisqu'elles ont été publiées dans différents Recueils. » Vos Commissaires ont donc pu croire qu'il s'agissait bien moins , dans cette circonstance grave et exceptionnelle , de vous mettre à même de porter un jugement sur la valeur scientifique des Mémoires qui ont été soumis à votre sanction, que de vous présenter, re'unis et groupés en un seul faisceau , tous les éléments, quelles qu'en fussent la nature, l'origine et la direction pro- pres à vous fixer sur les importantes et difficiles questions qui se rattachent à la maladie des pommes de terre; que cette fusion de faits, d'idées et de théories, où les droits des auteurs sont à peu près nivelés et confondus, assu- rerait àchacua d'eux une égale et juste part à la reconnaissance du pays. » « Nous avons trouvé dans le Mémoire de M. Stas diverses observations et expériences dignes d'intérêt, par leur étendue et les faits qu'elles con- statent relativement à plusieurs localités de la Belgique. » Nous appellerons surtout l'attention de l'Académie sur les résultats suivants : » L'auteur, à l'aide d'une étude comparative, a constaté plusieurs analo- gies remarquables entre les altérations des tiges aériennes et celles des tubercules ; » Il a vu la maladie attaquer aussi bien les variétés renouvelées par semis depuis quelques années , que les tubercules reproduits par les voies ordi- naires. >' Ce fait important, reconnu ailleurs aussi, ne permettrait point d'ad- mettre que la dégénérescence des pommes de terre soit cause de l'altération répandue en i845. » D'accord avec les meilleures observations , M. Stas a remarqué la maladie sur toutes les variétés et dans toutes les conditions de culture et d'engrais, moins grave et moins générale dans les sols élevés ou secs, les terres peu fumées, que dans des conditions contraires. ( ^47 ) " Dans les terres et magasins très-humides, il a observé l'affection spé- ciale se propager indubitablement. » On lui doit d'avoir établi une distinction importante, en montrant la réaction acide, accrue et pei-sistante durant les progrès du mal particulier, cesser et se changer en une réaction alcaline dans la deuxième phase , celle-ci caractérisée par la fermentation putride et la transformation des tissus en putrilage. L'auteur a constaté qu'une partie des grains de fécule se désagrège en formant de la dextrine, puis un acide (lactique probable- ment) . " En Belgique, les proportions de fécule se sont moutrérs généralement faibles, restant entre les limites de i8 à 6 pour loo dans toutes les variétés de pommes de (erre saines en i845. On sait que, dans certaines localités, chez nous, notamment en Bretagne et aux environs de Paris, plusieurs varié- tés ont été récoltées très-farineuses. " MM. Girardin et Bidard ont expérimentalement constaté une dimi- nution sensible des proportions de la fécule dans les tubercules atteints. Ces habiles chimistes se sont sans doute trop défiés de l'exactitude de leurs essais en attribuant les différences à des variations dans les résultats analy- tiques. » Ces différences eussent été probablement plus notables si la compa- raison, au lieu de porter sur la masse entière des tubercules, eût été dirigée sur les portions envahies comparativement avec des parties semblablement situées dans les tubercules sains. » M. Guérin-Meneville a donné une description faite avec un grand soin et accompagnée de figures bien dessinées relatives à divers insectes qui ont attaqué les tubercules envahis. » Cet habile observateur a d'ailleurs reconnu que l'action des insectes eut lieu, en général, après l'altération spéciale, et que, pour quelques-uns, elle l'a précédée, ce qui autoriserait à penser que les insectes ne furent pas cause de la maladie. " Parmi les faits que M. V. Paquet a observés, nous signalerons l'altéra- tion des tubercules provenant de semis faits depuis trois ans, et la propaga- tion de la maladie après l'arrachage. » M. Bouchardat a reconnu, par l'action des sucs sur la lumière polarisée, qu'une partie de la fécule était altérée. Il a rappelé un bon moyen de pré- parer les pommes de terre destinées à être conservées par dessiccation. » Quoiqu'il règne des incertitudes encore touchant la cause première de l'affection spéciale qui exerça ses ravages sur nos cultures de pommes de C. R., 1846, i"- Semestre. (T. XXII, N» G.) 33 ( 248 ) terre en i845, un grand nombre d'observations précises et concordantes permettront de présenter ici des conclusions générales. >' Et d'abord, il est évident cjne la maladie s est développée sous des con- ditions très-diverses et à des époques différentes, durant plus de trois mois, dans les lieux qu'elle a successivement envahis. » Les influences météorologiques , défavorables à la production des tuber- cules, ont donc été rendues plus graves par une cause spéciale irrégulière- ment disséminée , plus active là où se sont réunis l'excès d'humidité , une abondante fumure et une végétation affaiblie par nne grande laxité des tissus. » L'influence que diverses observateurs ont attribuée à la dégénérescence des variétés de pommes de terre nous a paru nulle ; en sorte que le renou- vellement par des semis n'aurait, selon nous, aucune importance probable dans la question de l'avenir de cette précieuse culture. >' Généralement, l'altération des tiges semble avoir précédé celle des tu- bercules : ce phénomène serait sans doute un avertissement utile, si l'affection spéciale se montrait de nouveau. » Voici quels sont les caractères distinctifs de la maladie, nettement dé- terminés aujourd'hui : » 1°. Des taches rousses partant, en général, de la périphérie, s'avançant sous l'épiderme dans toute l'épaisseur de la couche corticale , et même gra- duellement dans la portion médullaire, et parfois jusqu'au centre ou dans l'axe du tubercule; » 2". La désagrégation ou la disparition de la fécule dans une zone plus ou moins étendue autour des tissus envahis par la substance de couleur rousse; » 3°. La dureté acquise après la cuisson par toutes les portions du tissu que les taches ont atteintes; » 4°- I-ia résistance à la putréfaction et à divers réactifs, plus grande dans les tissus consolidés par la substance fauve orangée que dans tout le reste de la masse des tubercules ; >' 5°. La composition des parties tachées plus pauvres en fécule, plus abondantes en matière azotée que les parties semblables des tissus non en- vahis d'un même tubercule , ou de tubercules sains récoltés sur le même sol; » 6". IjCS variétés hâtives qui sont parvenues à maturité dans chacune des localités avant l'époque de l'invasion du mal, ont été récoltées et se sont , la plupart, conservées dans les magasins bien disposés; « 7°. V affection spéciale a fait des progrès ou s'est développée sur les { ^49 ) pommes de terre récoltées en apparence saines, durant la maladie régnante, et mises en silos; Il 8°. Souvent même les progrès des altérations secondaires furent telle- ment rapides dans les silos , que les tissus désagrégés laissèrent écouler une grande partie des sucs mis en liberté subitement comme après le dégel des pommes de terre; 1 9°. Les tubercules atteints ont donné dans les fabriques moins de fé- cule blanche , plus de fécule fauve , et moins en somme de produit total que les pommes de terre à l'état normal des mêmes localités ; )' io°. L'extraction immédiate de la fécule a permis d'utiliser les récoltes envahies, en général, mieux et plus promptement que tout autre moyen; » 11°. Les tubercules affectés , sans être doués de propriétés délétères bien établies, ne peuvent être considérés comme formant une bonne nourriture, à moins d'en retrancher les tissus envahis ; I) 12°. On peut conserver les tubercules attaqués en les tenant isolés les uns des autres dans des endroits peu humides, ou divisés en tranches au coupe-racines, lavées avec de l'eau très-faiblement acidulée et séchées à l'étuve ; » i3°. La pulpe des féculeries, foulée toute humide dans les silos, se conserve assez bien depuis plus d'un mois, tandis que si on l'étend à l'air, elle se couvre rapidement de moisissures abondantes ; >) ilf. L'addition d'un peu de sel dans la pulpe hâte son altération; » i5°. On pourrait, dans quelques usines, prolonger la conservation de la pulpe, diminuer son poids des quatre cinquièmes et la rendre transpor- table à de grandes distances en la soumettant à la presse, puis achevant sa dessiccation sur une touraille ou dans une étuve à courant d'air; » i6°. Les tubercules sains ou attaqués jusqu'à un certain poinr,que l'on des- tine à la reproduction, acquièrent une plus grande énergie vitale lorsqu'on les expose pendant quelque temps à l'air et à la lumière. La coloration verte s'y développe dans les parties de la zone corticale non envahies. Ce procédé, employé depuis plusieurs années par M. Vilmorin pour ses plantations , offre encore l'avantage de maintenir les pousses très-courtes et de prévenir leur rupture accidentelle. » La Commission, tout en reconnaissant l'importance de quelques-unes des observations qui lui ont été communiquées, croit devoir déclarer que, dans son opinion , ces observations sont insuffisantes pour permettre de se prononcer sur les causes qui ont déterminé la maladie des pommes de terre. 33.. ( a6o ) ') Cependant elle pense que les expériences contenues dans le Mémoire de M. Stas, ainsi que les observations présentées par M. Guérin-Méiieville, méritent l'approbation de l'Académie; » Que MM. Girardin etBidard, Bouchardat, Pouchet, Victor Paquet et Bedel ont droit à des remercîmenls pour leurs communications intéressantes et empressées. » r^es conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIOIXS. r^'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Correspondant pour la Section de Géographie et de Navigation. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5i , M. Démidoff obtient. . 4o suffrages. M, James Clarck Ross. 6 M. 'Wrangel 3 Il y a deux billets blancs. M. Démidoff, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. L'Académie procède ensuite , également par la voie du scrutin , à la nomi- nation d'un Correspondant pour la Section d'Économie rurale. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49 , M. Schiibler obtient 44 suffrages. M. Ridom 4 Il y a un billet blanc. M. ScHUBLER, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. MÉMOIRES LUS. M. Sappey commence la lecture d'un Mémoire ayant pour titre : appareil de la respiration dans les oiseaux. Cette lecture sera continuée dans une prochaine séance. ( -5' ) IMEMOIRES PRESENTES. « M, BoussixGAULT présente, de la part de M. Caillât, professeur de chimie, onze années d'observations météorologiqnes faites à l'Institution royale agronomique de Grignon. 1) En recherchant, dans les tableaux dressés par M. Caillât, si les circon- stances météorologiques de i845 ont pu influencer la culture des pommes de terre, qui a été si généralement défavorable pendant cette année, on trouve que ces circonstances ne diffèrent pas essentiellement de celles qui se sont présentées en i844- ^^^ seule différence qui mérite d^être signalée, c'est qu'en i845, année où la maladie des pommes de terre s'est manifestée, le nombre de jours complètement couverts a été notablement plus fort qu'en i844- C'est ce qui ressort du tableau suivant, où sont consignés les divers éléments météorologiques enregistrés pendant les cinq mois écoulés entre la plantation et la récolte des tubercules. MOIS. TEHPÉRA- TUIIE moyenne 1844. JOURS complet, couverts. TEMPÉRA- TURE moyenne 1848. RAO tombée. JOURS de pluie. EAU tombée. JOURS de pluie. lOll'.S complet, couveits. Mai i3°3 i8,o i8,i 17,0 16,2 mm 102 61 86 75 •4 i3 1 1 16 9 8 I 5 6 8 0 II. 1 18,3 18,3 16,4 l5,2 mm 5i 6 93 48 1 10 i6 10 '7 i5 12 ■4 5 1 1 9 8 Juin Juillet Août Septembre 16,5 399 63 28 i5,9 3o8 70 4: (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin.) PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les ojides sonores. (Lettre de M. Laurent, capitaine du génie, à M. y^rago.) « Dans la Lettre que vous avez bien voulu communiquer à l'Académie le i" septembre dernier, je disais, en parlant de la polarisation des vibrations dites longitudinales^ que pour qu'une telle polarisation fût possible, il était ( 2^2 ) indispensable que la vitesse dépendît de coordonnées transversales. Or, il est généralement admis que, dans les vibrations sonores, les oscillations s'exé- cutent normalement à la surface de l'onde. Gela étant, on concevrait diffi- cilement comment il pourrait se faire qu'un rayon sonore présentât des propriétés différentes sur ses différentes faces. Poisson, pour confirmer sou analyse, a examiné directement les propriétés des ondes planes indéfinies, et il arrive à cette conséquence, que, dans les ondes de cette nature, la vitesse est encore normale au plan des ondes. Or, cette dernière conséquence admet des exceptions, puisqu'on peut satisfaire à l'équation du son ^ - n^ (^ A-^ -^ ^\ dt' \dx- dy' dz>} par une valeur de y de la forme (i) 9 = 'if.fipc — wO^ ij> désignant une fonction àe y et z qui vérifie la relation d'-if d''-i/ _ df' ~^ d^ ~ °' La fonction t];, il est vrai, croîtra en général indéfiniment avec j ou z ; c'est sans doute ce motif qui a conduit Poisson à écarter les ondes planes de cette espèce. Mais vous remarquerez que l'onde rigoureusement plane ne se présente jamais dans la nature que comme la limite d'une onde courbe. Or, dans une onde limitée par deux surfaces courbes, fermées dans un certain sens, la vitesse ne saurait croître indéfiniment dans ce sens. Dès lors on est porté à supposer que si, dans l'onde plane représentée par l'équa- tion (i), la vitesse croît indéfiniment dans certains sens, cela ne tient qu'à l'hypothèse d'une courbure rigoureusement nulle. )' Dans le Mémoire ci-joint, j'ai considéré des ondes cylindriques qui dé- pendent de certaines intégrales de l'équation du son , que l'on peut obtenir sous forme finie. (ïes ondes sont divisées par une suite de plans diamétraux , dans lesquels la vitesse est constamment parallèle à la surface, à quelque distance de l'axe que ce soit. Ces plans, qui interceptent sur la surface de l'onde des segments égaux , sont en nombre impair, nombre qui ne saurait être inférieur à 5, du moins dans les intégrales sous forme finie. Concevons maintenant que l'on divise en deux parties égales chacun des angles compris entre deux consécutifs de ces plans, on obtiendra ainsi une seconde série de plans dans lesquels la vitesse e^J normale à la surface de l'onde. La vi- ( 253 ) tesse normale ou longitudinale est une vitesse niaxinia , tandis que la vitesse transversale est une vitesse minima. lia vitesse transversale décroît beau- coup plus rapidement que la vitesse longitudinale, à mesure que le rayon de l'onde augmente, de façon que le rapport de ces vitesses est inversement proportionnel au rayon. Lorsque le rayon de l'onde est très-considérable , la vitesse devient sensiblement longitudinale, excepté dans le voisinage immédiat des plans auxquels correspond la vitesse transversale. D'un autre côté, lorsque la courbure de l'onde est aussi petite qu'on voudra , sans être rigoureusement nulle, on pourra concevoir l'intervalle entre les arêtes de . l'onde, qui correspondent aux maxima et aux minima, de tel ordre de gran- deur que bon semblera. » Si je ne me fais pas ici complètement illusion, je vous demanderai la permission de vous entretenir, dans une autre communication, des consé- quences qui résultent de ces considérations préliminaires, en ce qui concerne la polarisation des vibrations dites longitudi?iales. « PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. —Mémoire sur la direction des vibrations sonores,- par M, Laurent, capitaine du Génie. (Commission précédemment nommée.) ÉCONOMIE RURALE. — • JVote sur un procédé destiné à mettre les Ormes et les Pommiers à l'abri des insectes qui leur sont le plus nuisibles; par M. E. Robert. (Commissaires, MM. Dutrochet, Ad. Brongniart.) " Après m'être livré durant trois années cons écutives à des recherches sur les causes qui font périr en si grand nombre les ormes , les pommiers à cidre, etc., et après avoir traité, par un procédé opératoire qui m'est pro- pre, plus de douze cents de ces arbres malades, de tout âge et de toute grosseur, je crois être arrivé aujourd'hui à des résultats assez satisfaisants pour que l'Académie veuille bien me permettre, en attendant le long Mé- moire que j'ai entrepris sur ce sujet, de lui communiquer les observations suivantes : « Les arbres en question doivent l'état déplorable dans lequel ils se trouvent si souvent, à l'interception de la sève descendante par l'action des larves de Scoljtus destructor, suharmatus et multisUiatus , accompagnées du Cossus ligniperda pour les ormes ; de celles du Scoljtus pruni accompa- gnées du Callidium pour les pommiers à cidre ; de celles de YHylesinus ( 254 ) crenalus pour le frêne {Fraxinus excelsior), etc., qui, toutes, tendent à désorganiser complètement les couches profondes et vivantes de lecorce jusqu'à ce que la mort de l'arbre ait lieu. " liCs Scolytus destnictor, suharmatus , etc. , et le Cossus ligniperda, attaquent aussi bien les ormes qui se trouvent dans les grandes villes où l'on pourrait croire qu'ils sont d'aboid prédisposés au mal qui les affecte par les nombreux éléments de destruction qui les entourent, que dans les campagnes où ils sont plantés dans les meilleures conditions pour végéter. " lia mortalité qui frappe tant d'ormes et menace de faire disparaître nos plantations dans un temps plus ou moins éloigné, est due presque uni- quement à la propagation des larves de scolyte , laquelle a pris un si grand développement depuis douze ou quinze ans, qu'il serait difficile de trouver aujourd'hui, dans l'enceinte de Paris et même dans tout le département de la Seine , un arbre qui n'en fût pas atteint. Ij'action des larves du Cossus se porte principalement sur le corps ligneux qu'elles dégradent profondément, sans pour cela trop compromettre la vie de l'arbre. " Le simple enlèvement par bandes longitudinales et parallèles entre elles, de la vieille écorce jusqu'à la jeune où siège le mal (il n'est pas né- cessaire d'aller jusqu'au liber qu'il importe de conserver), pratiqué sur le tronc et les grosses branches des ormes, des pommiers, des frênes, etc., depuis deux jusqu'à six, suivant la grosseur de l'arbre, .a suffi pour les pur- ger complètement des larves qui les infestaient, en régénérant non-seulement le tissu cortical encore malade laissé au fond des tranchées, mais l'écorce non atteinte par l'instrument tranchant et qui occupait l'espace compris entre chacune d'elles. » L'expérience m'ayant prouvé que des arbres, notamment des ormes, dépouillés entièrement de leur vieille écorce sur tout le tronc, pouvaient très-bien supporter les grands froids et la sécheresse , sans qu'il fût néces- saire de recouvrir la plaie d'onguent de i Saint-Fiacre ou d'un enduit quel- conque, j'ai cru devoir aujourd'hui donner la préférence à ce mode d'opéra- lion comme étant plus rationnel, plus simple, plus propre, aussi rapide et même plus économique à cause de la vieille écorce qui, par son abondance, ne laisse pas que d'avoir une certaine valeur sous le rapport du combusti- ble, et qu'on pourrait peut-être bien associer avec avantage à celle du chêne pour tanner les cuirs. J'ai cependant réservé les incisions pour les grosses branches sur lesquelles je les pratique le plus haut possible jusque vers les sources de la sève descendante. » Ces opérations, et surtout la décortication ou l'ablation complète des ( 155 ) vieilles couches corticales du tronc, abstraction faite de la présence des larves d'insectes , ont aussi la propriété d'augmenter d'une manière notable la production du bois chez des arbres stationnaires , rabougris, tels que des ormes, des chênes. Ainsi, en admettant que les gros ormes de 70 à 80 ans et les moyens de 3o à l\o de la capitale, produisissent annuellement : les uns, une couche ligneuse de i à 2 millimètres d'épaisseur, les autres de 2 à 5; le tronc d'arbres semblables, débarrassé entièrement de la vieille écorce qui étreint la jeune et l'empêche surtout de participer aux fonctions d'ab- sorption et d'exhalation des feuilles, a, dans le même espace de temps, présenté, chez les premiers, une couche ligneuse de 4 à 5 millimètres d'é- paisseur, et chez les seconds, de 6 à 8. Cet accroissement remarquable, qui, dans les bourrelets, est allé quelquefois à 1 centimètres d'épaisseur, s'est maintenu l'année suivante dans la même proportion. Enfin, la même opé- ration paraît devoir également ramener la fécondité dans les vieux arbres fruitiers. » BOTANIQUE. — Note sur le Centaurea crupina, h.; par M. A. Mutel. (Commissaires, MM. Richard, Gaudichaud.) « Parmi les genres nombreux créés par Cassini dans la grande famille des composés , se trouve le genre Crupina^ établi sur le Centaurea cru- pina^ L. , et fondé sur le double caractère du fruit ou akène ovale cy- lindrique à insertion basilaire, et non comprimé à insertion latérale, comme dans les autres Centaurées. Ce genre a été adopté par Lessing, de Candolle, Endlicher, etc., qui ne l'ont probablement vérifié que sur des échantillons récoltés en France ou dans les contrées voisines. Or, la plante de Morée, parfaitement semblable à celle de France, a les akènes fortement compri- més à la base et à insertion latérale; de sorte qu'elle réunit incontestable- ment les genres Crupina et Centaurea des auteurs cités. L'aigrette est d'ailleurs à peu près conformée, selon la remarque de de Gandolle lui- même, comme dans les Halyœa, formant la première section des Centau- rées du Prodrome. Quant au caractère des corolles hermaphrodites, barbues ou non barbues au sommet du tube , il est évidemment sans valeur pour servir à l'établissement d'un genre. On ne peut donc admettre celui que Cassini a créé sous le nom de Crupina. » J'ai soigneusement examiné toutes les plantes réunies dans le riche her- bier de M. Delessert, sous le nom de Centaurea crupina, et qui sont, en C.R.,1846, i«'-Sem«»«re. (T. XXll.N" 6) 34 ( u56 ) effet, semblables au premier coup d'œil. Toutefois, elles paraissent devoir constituer trois espèces distinctes par la conformation de Fakène. » En conservant le nom de Centaurea crupina à l'espèce de France, on pourra nommer Centaurea intermedia celle de l'Algérie, et Centaurea pseudocrupina celle de Morée. » BOTANIQUE. — JJJinité des Santalacées , Olacinées , Loranlhacées et Pro- téacées confirmée par leur composition Jlorale ; par M. Planchon. (Commissaires, MM. Ad. Brongniart, de Jussieu.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure dune nouvelle machine pour le battage des céréales; par M. F. Blot. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Seguier.) M. Joule adresse un Mémoire sur la chaleur dégagée dans les combinai- sons chimiques. Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la Commission chargée de décerner le prix proposé sur la question du dégagement de la chaleur; mais, comme il est arrivé après l'époque fixée par le programme, on ne pourra pas l'ad- mettre à concourir. M. DE Persigny présente un Mémoire ayant pour titre : Nouvel exposé du système de la destination et de l' utilité permanente des pyramides d' Egypte et de Nubie, cojitre les éruptions sablonneuses du désert, considéré sous le point de vue du calcul des probabilités. (Commission précédemment nommée.) CORRESPOXDAIVCE. GÉOLOGIE APPLIQUÉE. — Découverte d'une pouzzolane naturelle non volcanique dans le département des Ardennes; par M. Vicat. « M. Sauvage, ingénieur des Mines, a fait connaître, dans les Annales des Mines, tome XVIII, cinquième livraison de i84o, le gisement et la com- position d'une roche connue dans le département des Ardennes sous le nom de gaize ou pierre morte. )> Cette roche se trouve à la base de la formation crétacée, et recouvre ( 257 ) les argiles du gault; sa puissance est de près de loo mètres au sud du dépar- tement; c'est une pierre d'un gris pâle légèrement verdâtre, extrêmement gélive, et ne pouvant, par cette raison, être empk)yée aux bâtisses exposées aux intempéries; elle est d'ailleurs fort tendre. Voici, d'après M. Sauvage, quelle est sa composition : Sable fin quartzeux 1 7 jOO Sable vert très-fin (chlorite) 12,00 Argile 7 ,00 Silice gélatineuse 56, 00 Eau 8,00 Total 100,00 » La grande quantité de silice gélatineuse renfermée dans cette roche m'a fait présumer qu'elle pourrait, réduite en poudre très-fine, se combiner avec la chaux grasse comme une pouzzolane. J'ai pu vérifier cette présomption sur quelques forts échantillons qui m'ont été envoyés par M. Lemoyne, ingé- nieur en chef des Ardennes, et j'ai la satisfaction d'annoncer que la poudre de gaize est , en effet , une véritable pouzzolane naturelle qui rendra , clans ^ certaines localités, des services d'autant plus importants, qu'on l'obtiendra à très-bas prix. Je ne pense pas que sur place elle puisse revenir à plus de 5 francs le mètre cube pour extraction et pidvérisation. Il y a mieux: si les sables qui proviennent des éboulements de la gaize, et qui s'étendent tout le long des falaises que forme cette roche dans l'arrondissement de Vouziers, si ces sables, disais-je, ne sont pas dépouillés par les eaux pluviales d'une partie de leur silice gélatineuse , ils doivent pouvoir être immédiatement em- ployés comme pouzzolane. » La poudre fine obtenue par la pulvérisation mécanique de la gaize pèse, moyennement tassée, 8i4 kilogrammes le mètre cube; donc, à toute distance oii les frais de transport n'excéderont pas 12 francs la tonne (1000 kilogrammes), le prix de i mètre cube de cette poudre ne dépassera pas i5 francs, ce qui est à peu près le prix moyen des pouzzolanes résultant de la cuisson des argiles. » Dans l'essai très-concluant que j'ai fait, j'ai mélangé, à bonne consistance de mortier, 100 parties en poids de gaize avec une quantité de chaux grasse en pâte fournie par ao parties de chaux pesée vive; la prise de ce mélange, immédiatement immergé, a eu lieu en sept jours, et la cohésion de la com- binaison est arrivée, après cinquante jours, au terme moyen qu'atteignent toutes les pouzzolanes ordinaires après ce laps de temps. 34.. ( 258 ) " La {jaize offre donc le premier exemple d'une pouzzolane naturelle d'o- rigine non volcanique; je dis premier exemple, parce que les sables argileux connus sous le nom d'arène's, et les roches décomposées, improprement dési- gnées sous le nom de grauwackes en basse Bretagne, ne jouissent pas à l'état naturel, c'est-à-dire sans le secours de la cuisson, d'une propriété pouzzo- ianique qui permette de les employer avec succès sans l'intervention d'une chaux hydraulique. n II est possible qu'il y art en France plusieurs gisements de roches sili- ceuses analogues à la gaize des Ardennes. La publicité donnée à cette Notice pourra éveiller l'attention de MM. les ingénieurs des Mines, et amener d'heu- reux résultats. » ASTRONOMIE. — Tableau des éléments elliptiques de la planète Astrée. 1 LONGITl'DE LOSGIILDE TEMPS CALCULATEURS. moyenne de LONGITUDE du du nœud INCLINAISO:* EXCEMTni- CITÉ. DEUI- CRAND MOUVEMENT moyen dé la révolution l'époque. pépihélie. ascendant. a»e. diurne. en jours. MM. Encke, à Berlin 94°48'.i.",8 135.45.17,0 141.10. 6,7 _0 5. ao'. 7" 2 0 1955200 3,591576 85o"473o I 523, 855 Mauvais , à Paris . . 93.55. î,3 i35.i5.i2,4 i4i.2i-40)8 5. 19 37,0 0 18CII93 3,574rx)a 853,8974 1508,909 Grahani , à Mackree 94.39.42,8 135.24. î3, 8 i4i.3i.3i,i 5 ,8.56,4 0 I924I35 2,, 5837 10 854,36oo i5i6,923 Galle, à Berlin 94. 7.-5 i35.i5.5o 141.25.48 5 19.18 0 18849 2,5:758 857,4096 i5ii,528 Striivefils, Il Piilkowa... 96 2^.20 i35. 55.15 140.56.19 5 20.10 0 21423 2,62645 833,590 1554,7 Les longitudes de toutes ces orbites sont rapportées à Téquinoxe moyen de o janvier 1846 à midi, temps moyen des lieux indiqués dans la première colonne, Torbite de Mackree exceptée. Pour cette orbite, le temps est celui de Greenwich. Les éléments de M. Andrew Graham ont été communiqués à M. Arago par M. Edward Goopei', propriétaire de l'observatoire de Mackree- Castle , en Irlande. M. Graham est le premier astronome assistant de cet observatoire. M. Cooper a adressé l'observation suivante d'Astrée,^ qu'il a faite à son cercle méridien : Le 20 janvier 1846 à 8'"35™49'î2, temps moyen de Greenwich, Ascension droite apparente = 4'' i '" 2 1 ',28. Déclinaison apparente = -f- 1 4" 5' o*, 1 . Les éléments de M. Mauvais ont été calculés sur l'observation du 14 dé- cembre 1845 faite à Berlin , et sur celles du 5 et du a8 janvier 1846 faites à ( «59 ) Parisj ces observations ayant été préalablement corrigées de la parallaxe et de l'aben'ation au moyen des éléments provisoires. Voici quatre nouvelles obsei-vations faites à l equatorial de l'Observatoire de Paris; on peut voir, par le tableau ci-joint des erreurs des éléments, que ces observations, de même que les précédentes {Comptes rendus, t. XXII, p. 48), sont très-concordantes entre elles et méritent, par conséquent, toute confiance. DATRS. TEMPS MOY£M de Paris. ASCENSIONS DROITES apparentes d'Astrée. DÉCUMAISOilS apparentes . 5 janvier i846. . . . i3 janvier 1 7 janvier 28 janvier Il''22'»56',4 9-47.55,8 12. 4-45,6 6.48-21 ,0 6o»32'36",6 60.12. i ,5 6o.i3.5i ,9 60.58. 25 ,8 -f- 13010' l6",8 -f- i3.36.3o ,4 -\- i3. 52.40 ,2 -f- 14.42.43 ,8 Erreurs des éléments de M. Ma.uvais; excès des positions calculées sur les positions observées. DATES. LIÎU de l'obsiTTation . ERREl'H en ascension droite. EBREIIR en déclinaison. i4 décembre i845 20 décembre Berlin. Berlin. Berlin. Paris. Paris. Paris. Paris. Paris. Paris. Paris. - '",9 + 1,3 + 2,3 + 3,8 + 3,5 + 4,1 + 0,1 + 3,1 + 0,5 0,0 M ^- 2,2 -+- 3,3 - 1,5 - 2,8 - 1,8 0,0 + 0,8 + 4,7 0,0 27 décembre 1 janvier 1 846 2 janvier 3 janvier 5 janvier . . i3 janvier 1 7 janvier 28 janvier On voit par ce tableau que l'orbite représente bien toute la trajecloirt; apparente observée jusqu'à présent. ( 26o ) PHYSIQUE. — Examen de la constitution de la partie trouble de la veine liquide. (Extrait d'une Lettre de M. Ch. Matteucci à M. Arago.) « J'ai pensé qu'il pouvait être de quelque utilité pour les démonstrations publiques, de faire connaître une expérience très-simple que j'ai faite derniè- rement à mon cours, à propos des belles observations de Savart sur la constitution de la veine liquide. On sait que Sa»art était parvenu à expliquer la constitution de la partie trouble de la veine où se voient les apparences des ventres, en admettant que cela était dû à des gouttes qui prenaient suc- cessivement des formes différentes, c'est-à-dire qui s'affaissent et s'allongent successivement. L'hypothèse de Savart est un fait facile à vérifier : il suffit d'éclairer la veine avec une grosse étincelle électrique, ou mieux, avec une série d'étincelles. En examinant ainsi la veine, telle que Savart l'obtient, tout le monde peut voir facilement la partie qui à l'œil semble continue, com- posée de gouttes qui ont exactement la forme que Savart leur a donnée. On voit des gouttes allongées, d'autres aplaties, entre lesquelles sont d'autres gouttes presque sphériques, ou mieux aplaties. Je pense qu'on pourrait, avec un arrangement semblable adapté à la lanterne magique, projeter la veine sur un grand tableau, et l'éclairer toujours avec l'étincelle pour voir les gouttes. » CHIMIE. — Observations relatives au Mémoire de M. Pelouze sur le dosage du cuivre; par M. Mialhe. .1 L'Académie et le public se sont vivement intéressés à la lecture du Mé- moire que M. Pelouze a présenté dans la dernière séance sur le dosage du cuivre par la voie humide. L'extrême importance du sujet me fait espérer que l'Académie voudra bien accueillir quelques observations sur ce travail. » En 1842, j'ai publié un Mémoire intitulé : Nouveau procédé pour doser un grand nombre de métaux par la voie humide, et spécialement le mer- cure (i). » Si je ne me trompe , la méthode proposée par M. Pelouze pour le dosage du cuivre se trouve presque tout entière contenue dans ce travail. » Les personnes qui prendront la peine de consulter ce Mémoire pour- ront se convaincre que la méthode de M. Pelouze et la mienne ne diffèrent (l) Journal de Pharmacie, page 298; Barrï.swil cISobrero, page 878. (a6. ) qu'en cette seule circonstance : M. Pelouze détermine la proportion de li- queur sulfureuse employée à l'entière précipitation du cuivre par les déco- lorations du liquide cupro-ammoniacal. J'arrive au même résultat en em- ployant dans les précipitations un léger excès de liqueur sulfureuse, et en déterminant exactement cet excès à l'aide de l'amidon et d'une dissolution alcoolique titrée d'iode. » Quelle est de nos deux méthodes pour le dosage du cuivre par la voie humide, la plus simple et la plus rigoureuse? C'est ce que l'Académie me permettra d'examiner rapidement. » Et d'abord, mon procédé est-il aussi sensible que celui de M. Pelouze ? » On trouvera dans mon Mémoire que je puis doser exactement jusqu'à des dixièmes de milligramme d'un métal. » En second lieu, mon procédé peut-il s'employer dans le cas du mélange des métaux admis par M. Pelouze? » A cette seconde question je réponds par l'expérience suivante : » On a ajouté à une dissolution cuivrique titrée une certaine proportion d'un protosel d'étain, de plomb et de zinc. lia liqueur a été sursaturée par l'ammoniaque qui en a précipité l'oxyde détain et l'oxyde de plomb. La li- queur filtrée a été sursaturée par l'acide chlorhydrique pour empêcher la formation du sulfure de zinc, et la liqueur résultant de tous ces traitements a été soumise à mon procédé ordinairp de dosage par le sulfure de sodium. » J'ai pu y constater ainsi, à moins de i milligramme près, la proportion de cuivre que je savais y exister. I» On comprend, du reste, que pour cette question de la séparation des métaux qui peuvent se trouver mêlés au cuivre, les expériences directes d« M. Pelouze seront toujours consultées avec fruit. » Il est une antre objectian à laquelle je crois important de répondre d'avance. » M. Pelouze fait remarquer que l'emploi de l'ammoniaque a pour avan- tage d'empêcher la précipitation du cuivre par les sulfites, les hyposulfites, les carbornates et oxydes alcalins que l'on peut rencontrer dans la dissolution du sulfure de sodium. » Ce serait, en effet, un grand avantage si ces corps ne se foi-maient pas en partie par l'altération du sulfure alcalin qu'on emploie; on pourrait alors s'affranchir de l'obligation de vérifier chaque jour le titre de la liqueur nor- male de sulfure. Mais M. Pelouze convient que, dans son procédé, cet essai de chaque jour reste oécessaire comme dans le mien, ce qui rend tout à fait nul l'avantage signalé. ( a6î» ) » Peu importe, en effet, que le sulfure de cuivre précipité soit produit par un sulfure ou par un hjposulfite ou un sulfite alcalin, pourvu que l'on connaisse en définitive la quantité totale de cuivre précipité par une quan- tité connue de la solution sulfureuse nornii..e. Or, c'est ce qu'apprend d'une manière certaine l'essai préalable de la liqueur sulfureuse normale au moyeu de la liqueur noi'male de cuivre placée dans des conditions identiques à celle où se trouve la liqueur ([ue l'on veut analyser. » Il résulte de cet exposé que le procédé que M. Pelouze a fait connaître pour le dosage du cuivre par la voie humide est la reproduction de celui que j'avais appliqué en 1 842 au dosage du mercure , et proposé pour le cuivre et d'autres métaux. Les modifications que cet habile chimiste y a introduites ont une importance et une valeur que je suis loin de contester; mais je ne crois pas trop réclamer de la justice de l'Académie en rappelant que j'ai fait le premier lappHcation à plusieurs métaux de la méthode de dosage par les volumes imaginée par M. Gay-Lussac. » Il n'était donc pas exact de dire : « L'or et l'argent sont jusqu'à présent » les seuls métaux dont la détermination puisse être faite par des procédés n tout à la fois rapides et exacts. » La détermination analytique du inercure dans le cours de toutes mes recherches sur les mercuriaux ayant été faite par la méthode des volumes, il y avait là une exr^ption qu'il était peut-être juste de signaler. •> M. Pelouze termine son Mémoire par la réflexion suivante : « Le zinc pourra sans doute être dosé par des dissolutions titrées de sul- » fure de sodium. Si ces espérances se réalisen*, i\ faudra ajouter à l'or, » à l'argent et maintenant au cuivre le dosage exact, rapide et en quelque » sorte industriel du zinc, du plomb et du fer. » » Les espérances de M. Pelouze étaient déjà réalisées depuis le jour où je disais en terminant mon Mémoire : « La méthode analytique que je viens de rapporter peut être mise en n pratique pour analyser quantitativement toutes les dissolutions salines des » métaux peu électro-négatifs. C'est ainsi, par exemple, que l'on peut s'en " servir avec le plus grand succès pour doser le zinc , le manganèse , le fer, >' le cuivre, le mercure et l'argent, ainsi que je m'en suis convaincu par la » voie de l'expérimentation. » CHIMIE. — Remarques sur la réclamation de M. Mialhe ; par M. Pelouze. « Si je n'ai pas parlé de M. Mialhe dans mon Mémoire sur le dosage du ( a63 ) cuivre, c'est que non-seulement je ne crois pas son procédé susceptible d'être appliqué à l'analyse des alliages , mais que, d'un autre côté, je ne puis voir aucune analogie, soit prochaine, soit éloignée, entre ce procédé et le mien. Les chimistes qui liront la Note de M. Mialbe n'auront pas de peine à se convaincre que jamais réclamation ne fut plus mal fondée que la sienne. Comment, en effet, cherche-t-il à apprécier la proportion d'un métal? Il le dit lui-même, c'est en le précipitant par un excès de sulfure, lavant le pré- cipité, le recueillant sur un filtre, \ exprimant; après quoi , rassemblant les liqueurs et les eaux de lavage, il détermine avec une dissolution alcoolique d'iode, à l'aide de l'amidon , l'excès de sulfure qu'il a employé. II est évident qu'une pareille méthode n'est applicable qu'à la détermination d'un sel métal- lique neutre, unique dans le milieu où l'on opère; car, |s'il y avait en même temps dans ce milieu , deux, trois, quatre métaux , ils seraient tous précipités pêle-mêle par l'excès même de sulfure. En quoi consiste , au contraire , la méthode que je propose et qui a passé sur-le-champ dans la pratique, à la différence de celle de M. Mialhe, dont personne, que je sache, n'a songé à se servir? Cette méthode consiste à dissoudre l'alliage de cuivre dans l'acide ni- trique ou dans l'eau régale, à sursaturer la dissolution par de l'ammoniaque, et à décolorer la liqueur bleue qui en résulte par le sulfure de sodium , dont l'action se porte tout d'abord et exclusivement sur le cuivre; ce (\ue']^a.\ àé- montré expérimentalement. » A l'exception de M. Mialhe, quelqu'un pourrait-il songer à apercevoir la plus légère ressemblance entre deux méthodes analytiques, dont l'une est restreinte à des sels neutres, purs de tout mélange avec aucun autre métal que celui même qu'il s'agit d'apprécier, et dont l'autre est applicable aux alliages les plus compliqués? M. Mialhe, qui ne s'était d'abord occupé que des cas singulièrement restreints du dosage d'un sel pur, et qui n'avait parlé en particulier que du mercure (i), développe aujourd'hui ses prétentions, et présente son procédé comme susceptible d'une extension importante. Eh bien , j'affirme qu'il suffira de lire avec quelque attention la description quil donne, dans sa réclamation, de l'analyse d'un sel de cuivre mêlé à des sels d'étain, de plomb et de zinc, pour se convaincre que l'appréciation du cuivre renfermé dans un pareil mélange est matériellement impossible avec le procédé qu'il indique. Cette description donnera au lecteur une idée (i) Voir le Traité d'Analyse de MM. Barreswil et Sobrero, auquel M. Mialhe renvoie le lecteur. Il y est dit explicitement que le procédé de M. Mialhe n'est applicable qu'à la disso- lution d'un métal seul. C, «., 184G, I" Semestre. (T. XXll , N» 0.) 35 ( 264 ) parfaite de la méthode de M. Mialhe, quand l'auteur cherche à la sortir du cas d'un métal unique. Il y verra, peut-être avec quelque surprise, que M. Mialhe, après dixoir sursaturé par l'acide chlorhjdrique une dissolution de cuivre et de zinc , appliquant à ce mélange le principe de sa méthode, a pu y introduire un excès de sulfure de sodium sans précipiter le zinc, ou sans produire et sans perdre de l'hydrogène sulfuré ; que de la sorte, enfin , il a pu doser le cuivre à moins de i milligramme! ! ! » M. Mialhe rappelle encore que, dans son Mémoire, il indique le moyen de doser exactement jusqu'à des dixièmes de milligramme d'un métal. On trouvera peut-être curieux de savoir comment il arrive à un tel résultat. L'auteur opère sur cinq milligrammes d'un sel (c'est toujours sur le bichlo- rure de mercure); il le dissout dans l'eau et le précipite, tout compte fait, par aS gouttes de sulfure de sodium. Il ne remarque pas que chacune de ses gouttes représente quatre centièmes du poids du sel mercuriel sur le- quel il opère; il ne trouve, d'ailleurs, aucun inconvénient à des analyses faites sur cinq milligrammes de substances; tout au contraire , il ne peut voir àautres limites à l'exactitude de ses procédés, que les limites de la division de la matière elle-même; etc. , etc. » Mais en voilà assez pour qu'un chimiste, quelque peu habitué aux analyses, puisse apprécier à sa juste valeur la singulière réclamation de M. Mialhe. » PHYSIQUE. — Observations relatives au changement qui se produit dans l'élasticité d'un barreau de fer doux sous lirifluence de l'électricité ; par M. GuiLLEHIN. i< J'ai l'honneur de vous communiquer le résultat d'une expérience qui paraît démontrer que la force élastique d'un barreau de fer doux est aug- mentée par l'aimantation. » Pour constater ce fait , il suffit de placer horizontalement un barreau de fer recouvert d'une hélice de fil de cuivre , et assez long pour être flexible , en le fixant par une de ses extrémités, l'autre restant libre ; pour que l'effet soit plus sensible, on charge cette dernière extrémité d'un poids peu consi- dérable. » L'appareil étant ainsi disposé, toutes les fois qu'on fait passer un courant dans le fil, le barreau se redresse, soulève le poids qu'il tient suspendu tant que le courant passe, et le laisse retomber lorsqu'on interrompt le circuit. ( îi65 ) >) Cette action est peu énergique, mais elle est cependant assez sensible pour qu'on puisse la constater sans aucun appareil micrométrique , en se servant d'un seul élément de Bunsen et d'un barreau de i centimètre de dia- mètre sur 20 ou 3o de long. » ASTRONOMIE. — Double nojau de la comète de 6""' f , dite comète de Gambart. {Extrait d'une iMtre de M. Valz à M. Arago, en date du Zo janvier 1846.) « Les 18 et 20 janvier, la comète n'offrit rien de particulier. Seulement, « la condensation lumineuse centrale me sembla plus intense qu'aux précé- » dentés apparitions. ... Le temps couvert ne me permit de revoir la comète )' que le 27. Je fus alors tout ébahi de trouver deux nébulosités à deux mi- " nutes d'intervalle, au lieu d'une seule nébulosité. . . . Hier 29, malgré les » nuages , j'ai observé de nouveau la double tête; la tête secondaire est bien » plus faible que l'autre. . . . Leur distance réciproque m'a paru un peu " augmentée.. . . Le partage s'est effectué du 20 au 27 ; il faut espérer que « sous un ciel plus propice, quelque astronome aura été témoin duphéno- » mène à sa naissance. » [Extrait d'une Lettre de M. ok Hcmbolbt à M. Arago.) « M. d'Arrest vit la comète double, le 27 janvier 1846, avec une simple lunette de nuit. M. Encke constata le fait immédiatement après, à l'aide de la grande lunette parallatique. » La distance des deux têtes était d'un peu moins de 3 minutes. « (Extrait d'une Lettre de M. Schumacher à M. Arago, en date du Z février 1846.) « Quoique je ne doute pas que M. Encke ne vous ait déjà instruit de la singulière apparence qu'il a observée dans la comète de Biéla, je vous en- voie tout ce qui m'est parvenu sur cet intéressant phénomène. » M. Encke a vu la comète double le 27 janvier. Elle avait deux noyaux , l'un plus faible que l'autre. Chaque noyau était suivi d'une petite queue dont la direction était perpendiculaire sur la ligne qui joignait les centres des noyaux. Le plus faible avait en arc i'24" de moins en ascension droite que la plus forte, mais 2'26" de plus en déclinaison. Les deux noyaux avaient la même vitesse, et se mouvaient dans la même direction. Le 28 , la position des deux noyaux, d'après des mesures micrométriques, se trouvait encore la même que le jour précédent. 35.. ( a66 ) « Quelques heures après l'arrivée de la liCttre de M. Eucke, je reçus une Lettre de M. Airy {du 27), qui me mandait que M. Challis, de Cam- bridge, avait vu la comète double:, et que M. Hind , en ayant été averti , avait vu la même chose. » Hier, je reçus une Lettre de M. Hind (du 3 1 janvier), par laquelle il me promettait de m'envoyer les observations de M. Herschel par le courrier pro- chain. M. Hind m'avertit que les deux noyaux se séparaient à présent rapi- dement. Observations de M. Enchc. " Désignons par^ le noyau faible et par F le noyau plus fort : Temps moyen de Berlin. Ascension droite. Déclinaison , Janvier 27 . . '. . . 8'' 8"" 1 4%5 9° 56' 34",8 — 1 ° 3 1 ' Sa" 8 / , 8. 8.20 ,2 9.58. o ,9 F, 8.24.2.4 >4 9.57.13,5 /, 8.24-30 ,0 9.58.37,5 —1.34.2,8F, Janvier 28. ... . 7.53.21 ,5 io.5o.53 ,5 — 1.40.10,2F. » On a trouvé par des angles de position et par la distance: Janvier 28. 7''8'"i8%6, /= F — i'24",o en ascension droite , /'= F + a. 26 ,5 en déclinaison ; ce qui s'accorde avec les observations du jour précédent. On a répété les me- sures i''4o'" après ces mesures, et on a trouvé encore la même chose. » Le mauvais temps n'a permis de voir la comète, à Paris , que le 6 février. Ce jour-là, vers les huit heures du soir, l'intervalle des deux noyaux, d'a- près les observations de MM. Laugier et Goujon, était de 4 minutes, ce qui correspondait à une distance de 27000 lieues de 4 kilomètres. Nouvelle comète. [Extrait d'une Lettre de M. de Vico à M. Arago , en date du 25 janvier 1 846.) « J'ai découvert hier soir, samedi, une nouvelle comète dans la constel- » lation de l'Éridan. Voici sa position, d'après la comparaison que j'en ai 11 faite avec la 38" de la même constellation : Temps moyen de Rome. Ascension droite. Déclinaison australe. Janvier 24 io''38"'i7»,8 4''6"'59%2 7">ii'3o",6. . Le mouvement horaire de cet astre a paru être de i', 434 (su temps) vers l'est, et de 2" 56' vers le nord. ( a67 ) MÉTÉOROLOGIE. — Pliiie à Jlger. M. AuAGO a présenté, au nom de M. Don, in^jénieur en chef du service des dessèchements, les observations pluviométr'iques faites à y4lger, du i" jan- vier 1%?»^ jusqu'au 3i décembre i845. Il résulte de ces huit années d'observations, que la pluie moyenne à Alger est de 880, 1 millimètres. MAGNÉTISME. — Extrait d'une Lettre de M. de Haldat à M. Arago. « Que l'on mette dans un tube de verre de 8 centimètres, un très-grand » nombre de très-petits aimants d'acier dur de ^ millimètre de diamètre » et de 3, 4 > ou 5 millimètres de longueur, en les assemblant irrégulière- » ment de manière à ce qu'un grand nombre se croisent en différentes di- " rections, un tel aimant prend constamment la direction transversale au » courant magnétique, étant suspendu à un lacs de soie composé de quatre " fils simples. » Ne faut-il pas voir dans cette expérience les effets des molécules des » corps magnétiquement polarisés ? Je pourrais, dès ce moment, me livrer » sur cet objet à bien des conjectures, mais je me réserve d'y revenir dans » une autre circonstance. » M. Perhey adresse les tableaux des observations météorologiques qu'il a faites à Dijon pendant le deuxième semestre de 1 845 , et un résumé des obser- vations de l'année. M. Delaroe transmet les résultats des observations météorologiques faites par lui dans la même ville pendant le dernier trimestre de i845 , et le tableau général de cette année. M. Ragault écrit, à l'occasion d'une Note récente de M. Schumacher [i] sur l'assainissement du port de Marseille, que, dès le mois de janvier i843, . il a soumis à M. Teste, alors Ministi-e des Travaux publics, un projet qui ressemble beaucoup à celui que nous venons de rappeler. M. NoRDLiNGEa prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur le terrain tertiaire. (i) Nous sommes autorisés à déclarer que M. Schumacher, auteur du projet en question, n'est pas l'astronome d'Altona. ( 268 ) M. P. Flahaut adresse , en son nom et celui de son collaborateur , M. Noi- sette, une semblable demande relativement à de précédentes communications sur des questions de physique générale. M. EsELJTE envoie, de Bruxelles, une Note sur la possibilité d'observer, par transparence, à l'aide d'une forte lumière électrique, l'état intérieur de certaines parties du corps humain. M. Brachet adresse un supplément à ses précédentes communications sur le transport des dépêches au moyen de la pression atmosphérique. L'Académie accepte le dépôt d'un paquet cacheté adressé par M. Xitach. A quatre heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. A. ERRATJ. (Séance du a février 1846.) Page 222, ligne 8, au lieu rfe .■ Commissaires, MM. Serres, Payen, Andral, lisez. Renvoi à la Commission des Arts insalubres. ( ^69 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. r/ Académie a reçu , dans cette séance , leà ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n° 5; in-4". Annales de la Chirurgie française et étrangère; octobre i845; in-S". Société royale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des Séances, Compte rendu mensuel; rédigé par M. Payen; 2" série, i" vol., n" 5; in-S". Notice nécrologique sur Jean-Charles-Athanase Peltier. — Discours de MM. MiLNE Edwards et Guérard; i vol. in-8°. Précis analytique des Travaux de l'Académie rojale des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Bouen, pendant l'année i845; in-8''. Société agricole , scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales; 2" partie du VP volume; in-S". Projet d'un Canal de jonction de l'océan Pacifique et de l'océan Atlantique, à travers l'isthme de Panama; par M. N. Garella; in-8". Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne ; tome XVIII; novembre et décembre i845; ia-8°. Bulletin de la Société d'Horticulture de l'Auvergne; 3* année, a"^ livraison; janvier 1846; in-8°. Observations météorologiques faites à Nijné-Tagicilsk (monts Ourals), gouver- nement de Perm; année 1 843 — 1 844 5 in-8°. Dictionnaire universel d' Histoire naturelle; par M. Gh. d'Orbigny; tome VI, 76* livraison ; in-8*'. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et dë^ Toxicologie ; n° 11, février 1846; in-8*'. Annuaire de Chimie, comprenant les applications de cette science à la Méde- cine et à la Pharmacie; par MM. MiLLON etREISET; i vol. in-8''. Bévue botanique; par M. DuCHARTRE; février 1846; in-8°. Encjclographie médicale; par M. Lartigue; 4* année; janvier 1846; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; janvier 1846; in-8°. Le Mémorial encyclopédique ; i5* année, décembre i845; ia-S". Journal de Médecine; par M. TROUSSEAU; 4* année; février i846; in-8*. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; février 1846, in-S", et atlas ( 270 ) Nouvelle méthode de MM. DE Saint-Gilles et Saintard, pour l'instruction des Aveugles et des Voyants; i feuille in-8°. Mémoire sur les Tremblements de terre ressentis en France , en Belgique et en Hollande^ depuis le ly' siècle de i ère chrétienne jusqu'à nosjours(i8^3 inclu- sivement) ; par M. ALEXIS Perrey. ( Extrait du tome XVIII des Mémoires cou- ronnés et Mémoires des Savants étrangers de l' Académie royale de Bruxelles. ) In-4°. Report. . . Rapport sur une reconnaissance géologique de l'État d'indiana, faite en l'année iSS^, d'après l'ordre du Corps Législatif; par M. D.-D. OwEN, géologue de l'État. Indianapolis , iSSg; in-8°. (Adressé par M. Vattemare.) Proceedings. . . Procès-Verbaux des séances de la Société Philosophique de Glnscou), 1841 à 1845; 4 brochures in-8°. Délia Pastorizzia. • . Instruction sur les Bergeries, suivie d'un Essai sur In meilleure méthode de cultiver les Pommes de terre; porM. A. Bassi. Milan, 1812; in-8». Dell' ulilita. . . De l'utilité et de l'usage de la Pomme de terre, et de la meilleure manière de la cultiver; par le même. Lodi, 181 7 ; in-8°. Oeservazioni. .. Observations sur l'Enterrage des plantes fraîches comme engrais, et nouveau système de culture fertilisante sans dépense de fumier; par le même. Lodi, 1819; in-8°. Memoria... Mémoire sur une nouvelle méthode de Vinification; par le même. Lodi, i8a3; in-8°. Nuova. . . Nouvelle manière de fabriquer le Vin à cuve couverte, sans te secours d'aucune machine; parle même. Lodi, 1824, 1™ édit. ; 1825, 2*édit. Del mal del segno. . . De la Muscardine , maladie des Vers à soie; par le même; trois opuscules. Milan, iSSy et 1889; in-8". Tre nuove . . . Trois nouveaux Mémoires : sur la Culture des Mûriers ; sur la manière de faire et de conserver le Vin, et sur la Contagion en général, el spé- cialement dans le cas de l'espèce humaine; par le même. Tiodi , i844 î in-8". Il vero. . . Le Vrai et l'Utile : avis aux propriétaii^es de Mûriers el éleveurs de Vers à soie ; par le même. Tiodi , 1 845 ; in-S". Gazette médicale de Paris; année 1846, n° 6; 111-4". Gazette des Hôpitaux; n°' i4 à 16; in-fol. L'Echo du monde savant; n" 10; ia-4''- Gazette médico-chirurgicale; année 1846, 11° 6. êit^ COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 FÉVRIER 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉCONOMIE RURALE. — Jperçu sur les causes physiologiques de la maladie des pommes de terre; par M. Ch. Gaudichaud. « Presque tous les observateurs s'accordent à dire que la maladie qui a frappé les pommes de terre de notre pays a généralement commencé par les fanes de cette plante. Mais la cause qui l'a produite n'a-t-elle pu agir en même temps sur les tubercules? et l'altération de ceux-ci résulte-t-elle né- cessairement de l'altération de celles-là ? " Telles sont les questions que nous nous sommes posées, et que nous avons dû chercher à résoudre. » Or, nos recherches particulières, qui s'accordent si bien avec celles de MM. Durand, Bonjean, etc., nous ont facilement démontré que, dans des champs entiers où les fanes étaient noircies, couchées mortes sur le sol , et chargées des altérations diverses qui ont été signalées par tous les habiles observateurs, les tubercules, tous, se sont rencontrés parfaitement sains, >i Que dans d'autres champs, où les fanes se trouvaient dans le même état, on n'observait qu'un petit nombre de tubercules altérés; " Que, dans ceux où la maladie a exercé ses plus grands ravages, on re^ €. R., ib46, i" Semestre. {T. XXII, N« 7.) 36 ( 272 ) marquait encore une assez grande quantité de pommes de terre complète- ment préservées du fléau; » Que dans plusieurs localités, où les fanes étaient restées vivantes, vertes et fraîches, se trouvaient des tubercules malades. Enfin on sait que dans quelques parties de l'Irlande, les tubercules seuls ont été atteints, et que, jusqu'au dernier moment, les fanes se sont conservées vertes et fraîches. » D'après ces faits, les derniers surtout, et en admettant que la maladie des pommes de terre fût contagieuse, il n'y aurait pas plus de raison de sup- poser que cette contagion se soit propagée des fanes aux tubercules, que des tubercules aux fanes. " Les fanes et les tubercules ont donc pu être atteints, sinon en même temps, du moins successivement et par la même cause. On ne voit pas, en effet, pourquoi on n'admettrait pas la simultanéité de cette cause, et d'au- tant moins que beaucoup d'observateurs s'accordent à dire que les tubercules atteints se trouvaient généralement les plus rapprochés de la surface du sol. >' Mais en accordant que la cause de l'altération des tubercules ait été secondaire, comment, d'après les principes encore admis en physiologie, pourrions-nous l'expliquer? » Les branches aériennes de la pomme de terre ne fournissent certaine- ment pas plus d'aliment aux branches souterraines, que les branches supé- rieures d'un arbre aux branches inférieures ; les unes et les autres sont com- posées des mêmes individus arrivés, il est vrai, à des degrés divers et bien différents de développement, et ayant tous, quelle que soit leur nature, leur composition organique comme leur vitalité spéciale. » Mais les branches aériennes, ou les fanes de la pomme de terre, sont destinées à vivre dans l'air, soumises à l'action vivifiante de ce fluide, de la lumière, de la chaleur, tandis que les branches souterraines, qui produisent les tubercules, restent constamment dans le sol, et sont privées de l'influence et du contact immédiat de ces agents essentiels de la vie des plantes. « Or, comme nous l'avons déjà dit, les fonctions des végétaux et de leurs parties sont relatives aux mUieux dans lesquels ils se trouvent placés, destinés à vivre et à terminer toutes leurs élaborations (i). Nous ne pouvons donc supposer que les rameaux souterrains vivent là , comme vivent les rameaux aériens. » Admettons maintenant que ce végétal, comme tous les autres phané- (0 Ce nom, comme presque tous ceux qu'on emploie en physiologie, n'est qu'une abstraction. ( .73 ) rogames, est composé de phytons, ayant leur composition organique, leurs fonctions et leur vie spéciale; mais que, réunis, greffés et pour ainsi dire confondus ensemble dès leur origine, ces phytons sont soumis à des phéno- mènes généraux de circulation. » La circulation, que nous ue définissons pas, et dont nous devons nous abstenir d'indiquer ici les sources et les causes, s'exerce donc dans toutes les parties de ce végétal ; dans les rameaux souterrains comme dans ceux qui se développent çn plein air. » Mais les autres fonctions de ces deux sortes de rameaux sont-elles les mêmes? Nous pensons que personne ne peut l'admettre. » En effet, et nous devons le redire, les rameaux aériens (les fanes) sont continuellement exposés à l'action de l'air, de la lumière, de la chaleur solaire; tandis que les rameaux subterranés, incessamment enfouis dans le sol, en sont généralement privés. Ne pourrait-on pas, d'après cela, admettre, dans l'état actuel de la pliysiologie, que les plants de pommes de terre ne respirent, du moins activement, que par les fanes, et que, les fanes mortes, toute respiration cesse dans les tubercules (i)? Nous aurions dès lors, à ces seules conditions (il y en a certainement beaucoup d'autres), une circulation générale pour tout le végétal, une respiration partielle opérée parles fanes, et, par suite de cela, transmise aux autres parties de la plante. » Arrêtons-nous là, messieurs; car si nous voulions soulever ici toutes les questions qui se lient à ce vaste sujet, nous aborderions forcément et à la fois toutes les parties de l'organographie et de la physiologie. Ne considérons, en ce moment, un pied de pomme de terre que sous ces deux conditions fondamentales , de circulation générale dans tout le végétal complexe , et de respiration par les parties aéiiennes ; puis supposons une cause quelconque, tout inconnue qu'elle est, capable de donner la mort à celle-ci ; et nous arrivons au cas particulier qui forme le sujet de ce Mémoire. " La partie aérienne de la plante est frappée par une puissance capable de porter la perturbation et de profondes altérations dans son sein, et de sus. pendre momentanément ou indéfiniment ses fonctions; elle se couvre de ( I ) Tout le monde sait aujourd'hui que , selon les temps , les lieux et mille autres conditions, tout ce qui vit respire ; que constamment les plantes absorbent à la fois de Feau et de l'air, soit en puisant de l'eau aérée par leurs racines, etc. , soit en respirant, par leurs organes exté- rieurs, de l'air chargé d'huipidité. 36.. ( ^74 ) taches diverses, noircit, se flétrit, meurt et s'affaisse sur le sol, où elle devient bientôt la proie de tous les genres d'altérations. Mais il est des par- ties qui résistent à ces effets destructeurs généraux ; ce sont les rameaux sou- terrains et les bourgeons tuméfiés , c'est-à-dire les tubercules qui les termi- nent, lesquels ont conservé toute leur vitalité. " Mais que sont ces tubercules? Je le réitère, ce sont des bourgeons tuméfiés, ou, si vous l'aimez mieux ,- des rameaux contractés, formés de phytons rudimentaires il est vrai, généralement impropres à la respiration commune des végétaux, mais doués, comme tous les autres, de vitalité spéciale ou individuelle, en grande partie composés de tissus cellulaires gorgés de sucs et remplis de fécule; et enfin, destinés à vivre enfouis sous un sol ordinairement humide et froid, loin du contact direct de l'air, de la lumièie et des influences vivifiantes de la chaleur. » Admettons maintenant que ces tubercules ont été privés, avant le temps, de l'action des parties aériennes de la plante et des principes que celles-ci avaient la faculté de leur transmettre. Et nous allons comprendre que ces tubercules, en quelque sorte sevrés avant l'âge du secours de leurs fanes, et, par suite de cela, de l'action immédiate de la lumière et de l'air ; restés enfouis dans le sol humide et froid, encore tout gorgés de nourriture , qu'ils n'ont pu ni digérer ni rejeter, il a dû naturellement arriver, peut- être simultanément , des altérations dans les fluides et dans les tissus, d'où est résultée cette matière jaunâtre qui imprègne toutes les parties affectées, qui a probablement tué les cellules, envahi et parfois disloqué et dissous en partie les grains de fécule. >' Si les causes de la maladie se fussent présentées un peu plus tard, au- cun des accidents que nous déplorons ne serait arrivé ; car alors les tuber- cules eussent été mûrs, et les éléments qui les constituent , complètement élaborés. " Ici se présentent d'autres questions. " Où a commencé la maladie des tubercules ? Est-ce dans les cellules ou dans les méats intercellulaires? est-ce dans les éléments qui constituent les cellules , dans ceux des matières qu'elles recèlent , ou dans les fluides qui les entourent et les pénètrent? » Ce sont autant de questions auxquelles il nous eût été impossible de don- ner une solution convenable basée sur l'expérience, mais que nous allons résoudre par analogie. » C'est, sans nul doute, par les fluides et les autres matières azotées c ^75 ) que la maladie a commencé et quelle s'est propagée à travers les tissus sains . » Ce qui nous le démontre, c'est que, d'après tous les bons observateurs, la matière rouge qui se produit est elle-même azotée. " Ce que nous pouvons assurer, c'est que , de certaines parties malades qui sont très-irrégulièrement disposées vers la périphérie des tubercules, rayonne, par les méats intercellulaires, un fluide jaunâtre chargé de gra- nules oléagineux sphériques infiniment petits ; que ce fluide envahit, de pro- che eu proche, les cellules saines, les pénètre, les jaunit et les frappe de mort en les reliant fortement les unes aux autres. » Ces fluides colorés se sont-ils montrés primitivement dans les tiges aériennes et sont-ils ensuite descendus dans les tubercules? C'est ce qu'en bonne physiologie on ne peut supposer. Car si nous admettons que les bran- ches de ce végétal sont posées sur la tige comme les branches d'un arbre le sont sur le tronc; ou, en d'autres termes, comme des boutures dont les ra- cines descendent toujours, sont dans la terre; qu'elles ne tirent de ce végétal qu'une portion d'humidité ou de nourriture; si nous supposons que cette nourriture ou sève est , comme on le dit, ascendante, qu'elle se convertit ensuite en sève descendante, celle-ci descendra certainement jusqu'aux ra- cines avant de pénétrer dans les branches inféx'ieures ou souterraines qui ont elles aussi , naturellement, leur force descendante, force qui est d'autant plus considérable , que celle de la sève ascendante est en quelque sorte annu- lée par la position de ces branches dans le sol où elles se saturent facilement d'humidité, ne transpirent pas, du moins comme les autres; en un mot, où elles ne peuvent que prendre d'un côté et ne rien rendre de l'autre. Et bien phis, nous admettrions qu'une infection quelconque a débuté par les fanes, et qu'elle peut s'étendre en descendant dans tout le reste du végétal jusqu'aux racines , que nous n'accorderions pas encore qu'elle dût nécessairement pé- nétrer dans les branches inférieures et dans les tubercules qui les terminent : parce que, s'il y a dans ces tubercules, comme dans toutes les autres parties du végétal, et surtout dans les bourgeons, une force générale d'absorption , elle est ici bien moins grande , même très-réduite , sinon com- plètement annulée au bout d'un certain temps, puisque, selon nous, les tubercules peuvent jusqu'à un certain point fonctionner comme des racines et exercer sur la tige principale une force de répulsion ou de descension bien plus grande que celle qui sollicite l'ascension de la sève. »■ C'est cette force de répulsion physiologique qui assure l'indépendance ( 276 ) de ces individus complexes ou associés. Elle est telle , à nos yeux , que la plante a bien plus besoin des tubercules, lorsque ceux-ci sont formés et arri- vés à un certain degré de développement, que les tubercules n'ont besoin d'elle. Et ce qui le prouve manifestement, c'est que plus tard, lorsqu'ils en sont détachés, ils peuvent se passer de son concours et conserver longtemps dans leur isolement toute leur vitalité individuelle. " Ainsi donc, alors même que la cause qui a produit la maladie des plants de pommes de terre aurait commencé par les fanes, et qu'elle se serait en- suite étendue jusqu'aux racines, ce qu'on ne pourrait guère expliquer que par l'action de la sève descendante unie aux effets encore indéterminés de la respiration , ce ne serait nullement une raison pour croire qu'elle ait né- cessairement dû s'exercer, en passant, sur les branches souterraines, puis- que celles-ci sont, pour ainsi dire, indépendantes et défendues par des forces contraires qui agissent aussi de haut en bas, c'est-à-dire des tubercules vers la tige principale et de celles-ci vers les racines. X Qu'est-ce d'ailleurs réellement et sérieusement que la sève ascendante , la sève descendante, le suc nutritif et tous les autres prétendus fluides dis- tincts des végétaux qui ne sont encore bien représentés dans la science que par leurs noms? C'est ce que nous tenterons d'expliquer bientôt. » Enfin est-il aussi nécessaire de rappeler que si les tubercules, dont la vitalité spéciale est maintenant bien connue, bien démontrée, ne respirent pas comme les fanes, ils respirent du moins comme les plantes et les ani- maux aquatiques, soit en absorbant de l'eau qui est toujours aérée à des de- grés divers; soit, plus simplement peut-être, en s'emparant directement de l'air retenu par cette eau , au contact de laquelle ils sont incessamment soumis. » Est-il démontré , d'ailleurs , que les tubercules , qui ne sont généralement enfouis que de lo à ao centimètres dans le sol , échappent complètement à l'action directe de l'air? Cela nous semble fort douteux. )' Maintenant, la matière jaune est-elle produite sous l'empire de la phy- siologie, c'est-à-dire des tissus vivants ; ou résulte-t-elle de quelques réactions chimiques des fluides altérés , contenus entre ces tissus ou dans ces tissus ma- lades ou morts ? C'est ce qu'il ne nous a pas été donné de décider. Nous pen- chons cependant à croire qu'elle est due à cette dernière cause. » Mais, dans ce cas encore, quel sei-ait donc ce fluide? » Serait-ce par hasard de la sève ascendante , qu'on dit analogue au chyle? de la sève descendante, analogue au sang artériel? du suc nutritif, qui n'est ( ^77 ) encore analogue à rien ? ou , enBn, ce que les savants persistent à nommer du cambium , et qu'on dit analogue à tout ? » Si nous avions pu nous faire une idée nette de ces divers fluides qu'on admet en physiologie , surtout du cambium ; si ce dernier nom avait à nos yeux la moindre signification, la plus petite valeur scientifique convenable, nous ne balancerions pas, tant nous sommes désireux de nous accorder avec ceux qui prétendent le connaître , à nommer aussi cambium le fluide altéré oléagineux, jaunâtre, qui se produit dans la maladie des pommes de teiTe. » On prête au cambium tant de formes, tant de natures, tant de pro- priétés remarquables, que, si nous pouvions un instant le reconnaître, ou même Je supposer, nous ne balancerions certainement pas à l'en gratifier de nouvelles, et qui ne seraient pas plus étranges que toutes les autres, en lui accordant aussi , pour le cas qui nous occupe, la puissante faculté d'engen- drer non-seulement les mucédinés qui se développent dans les pommes de terre malades, mais encore tous les animaux et animalcules qui y ont été si- gnalés. Nous en ferions un pi-incipe organisateur général, un véritable pan- togène. » Mais, l'Académie le sait maintenant, nous avons le malheur de ne croire ni au cambium, ni aux sécrétions qu'on lui prête, ni surtout aux générations spontanées. » Mais n'allons pas nous préoccuper du cambium, de ce principe ou corps introuvable. Rentrons, au contraire, le plus possible dans les réalités de la science, et admettons plutôt, mais avec doute, comme MM. Bouchardat , Stas, etc. , que, dans la maladie qui nous occupe, et dont la cause est sinon inconnue, du moins encore douteuse et mal déterminée, le froid, joint à l'humidité, etc. ; les fluides contrariés dans le cours de leurs fonctions se sont modifiés; que leur albumine, soumise à des réactions encore in- connues, s'est peut-être décomposée, ou de plus en plus solidifiée; que la fécule et les tissus se sont altérés à des degrés divers, etc. ; en un mot , que des actions physico-chimiques , ou de la nature morte , ont progressivement succédé à des fonctions physiologiques , ou de la nature vivante , et que le mal, gagnant de proche en proche, a fini par envahir la totaUté des tu- bercules. » La matière jaune qui se produit dans la maladie des pommes de terre est donc un principe nouveau qui s'est formé sous les conditions de tissus jeunes et inachevés; d'éléments non convenablement combinés et élabo- rés ; de fluides surabondants non digérés (qu'on veuille bieu nous passer cette expression) , et de fraîcheurs inaccoutumées , sinon de gelées , venues C 278) dans une saison ordinairement chaude , et que , pour cela , on a généra- lement désignée sous le nom de caniculaire. " La chimie organique, qui a fait de si nombreuses et si importantes dé- couvertes, qui nous a dévoilé jusqu'aux moindres principes entrant dans la composition des corps végétaux et animaux connus , a , pour ainsi dire , épuisé le champ de l'analyse. » Mais nous a-t-elle appris à quel état les éléments , dans les corps vi- vants, se présentent les uns aux autres pour se combiner et fournir, avec les mêmes principes, tant de corps différents? » A-t-elle assisté aux compositions, aux décompositions, aux échanges ou substitutions incessantes qui ont lieu entre les principes divers que nous retrouvons inégalement mesurés dans les différents végétaux , dans leurs parties, dans leurs produits fixes et volatils? » Connaît-elle les innombrables actions et réactions qui s'exercent entre les atomes élémentaires qui , en fin de cause , vont constituer ces my- riade» de composés binaires, ternaires et quaternaires, avec ou sans addi- tions de corps réputés inorganiques que nous connaissons? " N'a-t-elle pas suivi une direction , bonne sans doute , mais trop exclu- sivement chimique et pas assez physiologique? >' Et le temps n'est-il pas arrivé pour la chimie, comme pour la physique, de recommencer, dans une meilleure direction, les expériences qui ont été faites jadis sur la respiration, sur ce qu'on appelle la nutrition, sur l'absorp- tion de l'humidité par les racines, les feuilles et toutes les autres parties des végétaux , spécialement par celles qui n'absorbent de l'humidité qu'en respi- rant (plantes, graines, tubercules, etc.)? >i La chimie découvrira certainement la nature du principe nouveau , quel qu'il soit, qui résulte de l'altération des tubercules; mais chacun com- prendra qu'à cette condition même, la cause restera encore cachée, et qu'en nous apprenant le nombre et la quantité des éléments, oxygène, hydrogène, carbone, azote et antres, qui entrent dans la composition de ce principe, nous n'en serons pas plus avancés sur les forces qui ont déterminé ces élé- ments à se réunir, et sur les puissances électives qui, sous l'empire de l'orga- nisation, les ont dirigés les uns vers les autres. " Relativement aux générations dites spontanées, le plus sage serait cer- tainement de n'en pas parler ici; car autrement il nous faudrait peut-être entrer de nouveau dans une de ces discussions qui, depuis des siècles, ont été mille fois.débattues et n'ont encore donné pour résultats positifs que la manifestation de l'impuissance de l'homme et de ses moyens d'investigation. (^79) .1 Néanmoins, qu'il nous soit permis de dire un mot sur cet important et vaste sujet, puisqu'il se lie si étroitement à la question de la maladie qui nous occupe. » Il se développe des animalcules et des mucédinés dans les corps orga- niques en décomposition. Résnlte-t-il de là nécessairement que ces êtres s'en- jjendrent spontanément ou qu'ils sont produits par des œufs , des sporules ou des graines? Non sans doute! » Ne nous occupons, un seul instant, que des cryptogrames microscopi- ques , puisqu'ils appartiennent au règne végétal qui a fait le sujet des études et des méditations de toute notre vie. " Que sont les sporules, les gongyles, les séminules, les propagules, etc., de ces végétaux? » Des amas de fluides plus ou moins denses, de granules, de particules susceptibles de se diviser à l'infini et de pénétrer partout dans la terre, dans l'eau, dans l'air et dans tous les corps vivants ou morts de la nature. » Voilà qui est positif et résulte de l'expérience de tous les temps , du nôtre surtout. Mais là s'arrête l'observation. » Faisons maintenant quelques suppositions , puisqu'il n'y a encore que cela de possible sur ce sujet litigieux. •' 1°. Supposons que ces atomes cryptogamiques soient doués de la pro- priété de résister à l'action d'une certaine température et d'un certain degré de froid, sans perdre leurs facultés reproductrices; )) 2°. Supposons qu'ils puissent pénétrer dans tous les corps vivants par l'eau, par l'air et par les aliments divers dont ils se nourrissent; » 3°. Supposons que ces corps vivants supérieurs, végétaux et animaux, aient une prééminence vitale sur celle de ces atomes, et que ceux-ci puis- sent, pour ainsi dire, entrer, sortir ou se fixer dans toutes ces organisations sans éprouver la moindre modification dans leur nature première; ■t 4°- Supposons maintenant que les corps organisés, végétaux et ani- maux, soient frappés de mort et de décomposition, et que les propagules qu'ils pouvaient receler, retrouvant, pour ainsi dire, leur liberté d'action et les conditions nécessaires à leur nature, poursuivent leur développement; et nous aurons tout naturellement l'explication des abondantes moisissures qui ont été observées sur les fanes et sur les parties malades ou mortes des tubercules, et dont toutes les portions encore vivantes et saines sont pré- servées ; » 5°. Supposons encore que chaque être , végétal ou animal , ait la fa- culté d'absorber et de retenir certains de ces corpuscules, et celle de s'op- C. R., i846, I" Semestre. (T. XXII, N° 7.) 87 ( 28o ) poser à l'introduction des autres, ou mieux, de les rejeter après les avoir absorbés , ou même , au besoin , de les décomposer ; et nous aurons l'expli- cation des cryptogames spéciaux attribués à tels ou tels corps, à tels ou tels fluides, même acides ou salins, etc., qui ont été observés et décrits par de nombreux micrographes ; à cette condition, nous accepterons les i^iw/- sporium solani; tous les mucédinés et autres champignons qu'on voudra désigner par les noms des plantes sur lesquelles on les rencontre ordinaii'e- ment. » 6". Supposons enfin que les corps organisés vivants soient imperméables à ces atomes reproducteurs, et que ceux qu'on y rencontre, dès qu'ils sont malades ou morts , proviennent des éléments extérieurs, tels que l'eau et l'air qui les pénètrent alors physiquement , et non physiologiquement; et nous aurons parcouru le cercle des plus grandes probabilités, et nous ferons, pour ainsi dire, rentrer cette partie obscure, et encore enveloppée de mystères, dans les voies rationnelles et philosophiques de la science (i). » Mais les suppositions, toujours utiles selon nous, en ce qu'elles ouvrent les voies de l'exploration, n'ont par elles-mêmes aucune valeur scientifique. Hâtons-nous donc de les abandonner. Pour en finir avec les faits relatifs à notre sujet, constatons que sur les tiges et les tubercules malades de la pomme de terre, comme sur tous les corps organiques en décomposition, quelles qu'en soient les causes, naissent d'abondantes productions végétales et animales, microscopiques et antres, des insectes qui y accomplissent , jus- qu'à leur état parfait, toutes leurs métamorphoses, et que les cristaux cubi- (i) Ces idées, comme on le voit, ne sont peut-être pas trop éloignées de celles de MM. de Martiiis. Gérard , A. Morren , Durand , etc. , qui m'ont devancé dans l'expression de quelques-unes de ces propositions, mais qui , comme moi , sont loin de les avoir résolues. J'avoue toutefois qu'il ne m'a pas moins fallu que l'exemple qu'ils m'ont donné , pour me décider à présenter ces quelques suppositions principales qui résument , à peu près , toutes celles que j'ai faites sur ce sujet rebattu dans tous les siècles , encore bien obscur aujourd'hui , et qui même , je le réitère , n'a pas , du moins à mes yeux , la moindre base solide dans la science , mais que je crois digne de tout l'intérêt des hommes qui sont à la fois penseurs et expérimentateurs. Car la découverte des causes qui produisent les générations dites sponta- nées , si on la fait jamais, ne sera certainement pas, comme tant d'autres , le fruit d'un ha- sard fortuit ou providentiel , le résultat d'un travail fait sans prévisions , mais bien celui de savantes expériences tentées après de longues et profondes méditations et conceptions , comme avec le secours de toutes les connaissances physiques et physiologiques de notre époque très- avancée. Redisons donc , en terminant sur ce sujet , qu'il est , du moins selon nous , l'un des plus dignes que puissent aborder les naturalistes philosophes , car il est peut-être celui qui se rapproche le plus des admirables et divins mystères de la création. (a8T ) ques d'oxalate de chaux se rencontrent dans les tubercules sains en aussi fjrande quantité que dans ceux qui sont affectés de la maladie. " Constatons encore que nous n'avons pas trouvé dans les tubercules un seul des mucédinés des tiges et des feuilles aériennes, et que, dès lors, les uns ne peuvent évidemment avoir été produits par les autres. » Rappelons que les savants naturalistes qui ont étudié la maladie de la pomme de terre, et qui généralement l'attribuent à des champignons mi- croscopiques, y ont successivement trouvé : M. de Martius, une espèce nou- velle qu'il a nommée Fusisporium solani; M. Ch. Morren, le Botrjtis epi- phylla; M. le docteur Montagne, qui est certainement une grande autorité, surtout dans cette partie de la science, le Botrjtis infestans; enfin, notre confrère M. Payen et nous-méme, de nombreuses espèces distinctes de toutes celles-là, ce qui, pour nous, équivaudrait à dire que tous les champignons microscopiques anciens et nouveaux pour la science se sont, cette année, coalisés contre la pomme de terre. » Alors même qu'une seule espèce de champignons se serait rencontrée dans les pommes de terre malades de tous les pays, alors même qu'une espèce y aurait précédé et prédominé toutes les autres, nous n'accorderions pas en- core qu'elle ftit la cause de l'altération première des tubercules, tant nous sommes convaincus que les tissus vivants des végétaux vasculaires entiers et sains ont la force de repousser les attacjues de ces fugaces productions. )' Jugez donc maintenant, messieurs, en présence de tous les faits que nous venons de vous signaler, si nous pouvons avoir eu la pensée de leur at- tribuer d'aussi généraux et aussi désastreux ravages. » D'après ces considérations , toutes superficielles qu'elles sont, l'Académie concevra que nous avons naturellement dû rejeter les suppositions qui ten- daient à faire croire que la maladie des pommes de terre fût contagieuse dans sa cause générale, soit par des productions végétales, animales et minérales, et que, si le froid, l'humidité et peut-être l'électricité ne sont pas les causes premières de la maladie, il faut nécessairement aller les chercher ailleurs que dans les êtres parasites. » ASTRONOMIE. — Mémoire sur les nuages ignés du Soleil considérés comme des musses planétaires; par M. Babiivet. « L'observation de l'éclipsé totale du 8 juillet 1 842 fit reconnaître autour du Soleil des proéminences couleur de feu, des montagnes incandescentes rougeâtres sur lesquelles M. Arago, dans \ Annuaire de 1846, a publié une 37.. -f • ( 282 ) Notice que personne, sans doute, ne refusera de reconnaître comme un chef-d'œuvre de science , d'érudition et de logique. La grande publicité des Notices de V Annuaire du Bureau des Longitudes me dispense d'en donner un précis. Lorsque les premières observations de Téclipse me furent connues, je me hasardai à considérer les montagnes ou apparences rougeâtres comme produites par des nuages incandescents de nature planétaire, circulant sous forme de traînées ou de portions d'anneaux autour du Soleil, et principale- ment dans la direction de son équateur. Cette explication des apparences , cette théorie, obtint peu de faveur auprès de ceux auxquels je la communiquai alors; mais, après l'excellente dissertation de M. Arago sur l'éclipsé de 1842 , je revins à mes anciennes idées théoriques qui me semblaient répondre à toutes les exigences du problème, et ce sont ces mêmes vues que je présente aujourd'hui à l'Académie sur un phénomène dont, suivant M. Airy cité par M. Arago , personne n'a donné une explication satisfaisante (i). J'ai adopté le nom de nuages ignés, c'est-à-dire de nuages couleur de feu, nuages in- candescents rougeâtres, d'après la Notice de Y Annuaire. C'est la substance gazeuse incandescente qui a été vue sous l'apparence de montagnes de feu dans l'éclipsé de 1842, et (d'après les recherches de M. Arago) dans un grand nombre d'éclipsés antérieures, que je considère comme formant des traînées gazeuses, incandescentes, détachées du Soleil et circulant autour de cet astre avec la vitesse que comporte leur proximité, comme feraient des masses planétaires plus ou moins allongées, plus ou moins arrondies, et sou- tenues à des distances qui, d'après l'observation, peuvent s'élever jusqu'à 5 minutes de distance angulaire du bord du Soleil. Apparence de ces traînées planétaires. )) En se laissant guider par les analogies que nous fournit la théorie de La- place sur la formation des anneaux planétaires, leur transformation d'abord en portions d'anneaux ou traînées allongées, puis en masses de formes plus arrondies, puis enfin, de sphéroïdes soumis aux seules influences de l'at- traction et du mouvement de rotation ; si , de plus , on suit le refroidisse- ment graduel de l'atmosphère du Soleil , qui dut passer de l'incandescence la plus blanche au rouge clair, puis au rouge obscur, pour arriver à Yopacité complète des planètes actuelles, on sera guidé, pour la recherche de la na- ture des nuages ignés, d'abord par leur couleur rouge, qui conviendra k l'état actuel de ces masses planétaires; ensuite, la position assignée à ces appa- (i) Annuaire pour 1846, page 407. ( a83 ) rences, ou du moins aux principales d'entre elles, savoir : le voisinage de l'équateur du Soleil, et leur rapide changement d'aspect ne sera pas moins favorable à l'idée de masses planétaires analogues aux anciennes masses qui sont devenues les planètes et leurs satellites et anneaux, mais infiniment plus rapides dans leur révolution à cause de leur grande proximité. Du reste, rien n'empêchera que ces apparences n'arrivent à une distance considérable de l'équateur solaire, comme il est facile de l'imaginer d'après la nature de leur formation. Le sens de leur mouvement offrira des difficultés à recon- naître par le moyen des éclipses; car il est évident que la tête d'une traînée lumineuse, émergeant de dessous le disque du soleil, et montant sur l'horizon qui passe par l'œil de l'observateur en marchant vers celui-ci, offrira le même aspect que si cette traînée, marchant en sens contraire, et placée entre le Soleil et l'observateur, se fût élevée sur le même horizon; à peu près de la même manière qu'un observateur situé à une grande distance de la Terre, et par exemple à l'orient, ne pourrait distinguer si un nuage qui monterait sur l'horizon qui passe par son œil arriverait de l'occident en mar- chant vers lui, ou de l'orient en marchant en sens opposé. Si l'on peut voir passer ces nuages rapidement mobiles sur le Soleil, on aura promptement dé- cidé cette importante question; et si l'éclat trop grand du fond lumineux que présente la photosphère empêche cette observation , on peut espérer du moins d'apercevoir les nuages planétaires quand ils passeront sur les taches, et sur- tout sur leur noyau obscur.. La mobilité des ombres ou taches légères pro- duites par l'interposition des nuages ignés les fera facilement reconnaître. Si l'on divise en quatre parties le diamètre apparent du Soleil, les deux quarts situés de part et d'autre du centre seraient parcourus environ en 3o minutes de temps, ou chaque quart en i5 minutes, ce qui, d'après la valeur de 16 minutes de degré pour le rayon du Soleil, ferait environ i minute de degré de déplacement pour 1 minutes de temps. » Si le nuage planétaire vu en dehors du Soleil ne forme qu'une traînée peu allongée, il pourra paraître suspendu au-dessus du Soleil et sans contact apparent avec l'astre. Si cette traînée le prolonge, en sorte qu'une portion reste au-dessous du plan tangent au Soleil mené par l'œil de l'observateur, on n'apercevra point de séparation. Peut-être que la forme de la tête de la traînée pourrait donner quelques indications sur la distance de la partie in- férieure de cette masse nuageuse au Soleil et sur son épaisseur. Je renvoie à la Notice de M. Arago pour la concordance des faits avec ces idées théori- ques. Il a , en effet , retrouvé des observations de nuages rouges tout à fait ( 284 ) détachés du Soleil , sur lesquelles il a iasisté comme étant de la plus grande importance. Changements des formes apparentes des nuages ignés. » La plus grande hauteur mesurée des nuages ignés, celle de M. Tàttrow, qui s'élève à 5 minutes, étant admise comme la véritable élongation des parties supérieures d'un nuage planétaire, à partir du Soleil , on calcule facilement que cette masse planétaire doit faire sa révolution autour du Soleil en 4 heures et quelques minutes. Pour ceux à qui cette vitesse paraîtrait invraisemblable , je rappellerai que la comète de i843 a réellement parcouru la moitié de sa révolution autour du Soleil, de l'un de ses nœuds à l'autre, en i heures 1 1 minutes. On devra donc trouver naturel que ces traînées planétaires, empo r- tées par un mouvement si rapide, changent d'aspect par l'effet de la perspec- tive, en très-peu de temps, et se présentent aux observateurs, placés en dif- férentes stations , suivant divers degrés de hauteur ou d'élongation. Mais ce qui paraît le plus étonnant , c'est de voir en peu de temps, en deux minutes de temps, la hauteur apparente, comme l'a signalé M, Arago dans les observa- tions de M. Mauvais et de M. Petit, varier, pour le même observateur, pen- _ dant une éclipse qui ne dure que deux minutes, et passer de i'i7" de degré d'élévation à i'45", c'est-à-dire s'élever de a8" au moins pendant ce court intervalle de temps. )' Eh bien , si l'on calcule quelle serait la vitesse d'une masse planétaire, dis- tante angulairement de 5 minutes du bord du Soleil à son élongation maxi- mum, que l'on considère cette masse au moment où l'une de ses extrémités arrive à une distance apparente de l'i^" du bord du Soleil, on verra que deux minutes plus tard la tête de cette traînée se sera avancée de 3 degrés environ dans son orbite , et qu'elle paraîtra s'être élevée de 35 secondes environ , atteignant ainsi une distance, au bord du Soleil, égale à l'Sa"; ce qui fait disparaître toute difficulté relative au brusque changement de hauteur ap- parente de ces nuages ignés. De l'origine des nuages ignés planétaires. » On peut, ainsi que nous l'avons déjà dit, ramener leur formation à la même cause que Laplace assigne à la formation des planètes et des satellites aux dépens de l'atmosphère du Soleil éprouvant un refroidissement graduel, et faisant passer les masses abandonnées, et rendues ensuite globulaires par l'attraction de la chaleur blanche à la chaleur rouge. Alors le mouvement de ces masses devrait être d'occident en orient , et principalement , suivant ( 285 ) le plan de l'équateur solaire. L'auréole, si elle existe comme corps maté- riel, devrait participer à ce mouvement qui, peut-être, rendrait compte des agitations et de la rotation que l'on a observées, ou cru observer, dans cette enveloppe brillante du Soleil. On peut encore concevoir que les masses co- métaires qui viennent fréquemment choquer le Soleil laissent une partie de leur substance dans son voisinage; car, au milieu de toutes les réactions et de tous les chocs qui ont lieu inévitablement dans une masse gazeuse ainsi arrêtée dans sa course, on pourra toujours faire trois classes de molécules cométaires, après leur rencontre avec l'obstacle : i° celles qui conservent encore assez de vitesse pour garder une orbite à branches infinies, et qui s'échappent dans l'espace; 2° celles dont la vitesse est tellement petite ou tellement dirigée , que l'orbite qu'elles prennent a une distance périhélie moindre que le rayon de l'astre, et qui, par suite, doivent tomber sur le Soleil , et s'incorporer à la substance ; 3" enfin celles qui , n'étant ni dans l'un ni dans l'autre de ces deux cas, circulent en ellipses ou en cercles autour de notre étoile centrale, et doivent, à la longue, d'après leur attraction mu- tuelle, se réunir en masses isolées et de plus en plus arrondies. Ces masses, d'après leur origine, n'auraient aucun plan ou aucun sens de mouvement en rapport avec l'équateur du Soleil , et la différence entre cette origine comé- taire et l'origine planétaire ci-dessus servira à faire donner la préférence à l'une ou à l'autre hypothèse , quand on aura reconnu les mouvements de ces nouvelles masses révolutives autour du Soleil. Conclusions. » Voici les conclusions de ce Mémoire : » 1°. Il existe, dans le voisinage du Soleil, des masses planétaires qui circulent autour de cet astre avec une grande rapidité. Ces masses gazeuses, incandescentes, de couleur rouge , ayant la forme de traînées circulaires plus ou moins allongées et dont le centre est le Soleil, produisent les diverses apparences qui , sous le nom de montagnes de jeu, de nuages ignés, de proéminences rougeâtres, de gerbes de flammes, ont été décrites par les di- vers observateurs de l'éclipsé totale de 1842. D'après les recherches de M. Arago, ces apparences et d'autres encore plus variées se sont présentées plus anciennement aux observateurs dans les éclipses totales ou annulaires. Les mouvements et la constitution physique de ces masses gazeuses plané- taires rendent compte de toutes les particularités observées dans l'aspect des nuages ignés. ')> 2°. Non-seulement on pourra observer les nuages ignés d'après les pro- cédés imaginés par M. Arago, et dans les circonstances indiquées par lui, ( 286 ) mais peut-être encore peut-on espérer de les apercevoir tous les jours comme une ombre légère, de forme allongée, rapidement mobile sur le disque du Soleil, et principalement quand ils passent devant le noyau obscur d'une des taches ordinaires. » 3°. Il nous manque encore trop de notions sur ces masses gazeuses pour en rechercher l'origine cosmique. Doit-on en rapporter la formation , comme celle des planètes dans la théorie cosmogonique de l^aplace, à l'an- cienne atmosphère du Soleil marchant vers un degré ultérieur de refroidisse- ment et de condensation? Alors les mouvements de ces nouvelles planètes devraient s'exécuter à peu près dans le plan de l'équateur solaire et dans la direction de l'ouest à lest, comme la rotation du Soleil. Doit-on voir, dans ces masses gazeuses , des agglomérations de matière cométaire ? Alors , leurs mouvements ne seraient assujettis à aucun sens, à aucune direction prévue à l'avance. Dans tous les cas, ces nouvelles planètes, si leur permanence est une fois reconnue par l'observation, nous donneront de curieuses notions sur la constitution de la masse centrale qui régit notre monde planétaire. Si leur lumière rouge leur appartient en propre, on y trouvera sans doute d'autres raies noires que dans la lumière ordinaire du Soleil. » 4"- Admettons la permanence de forme et de révolution de ces masses gazeuses, et supposons, par exemple, que l'on puisse reconnaître celle qui se montra dans la plus grande élongation du Soleil , d'abord aux observateurs de Perpignan, et ensuite aux autres astronomes stationnés, en 1842, le long de la trace de l'ombre lunaire , la nature et l'apparence de cette masse planétaire lui assigneront naturellement le nom mythologique de Vulcain , comme aux autres masses analogues que l'on pourra parvenir à spécifier, les noms mythologiques des Gyclopes. On doit penser que les astronomes se préoccuperont beaucoup plus du soin de constater l'existence et les mouve- ments de ces masses planétaires, que du nom qui doit les désigner. Voici, par exemple, d'après les diverses observations citées dans la Notice de M. Arago , comment on pourrait reconnaître la principale des planètes vues en 1842 : Sd hauteur, au-dessus du Soleil, est d'environ 5 minutes, et son mouvement de révolution est tel que l'une de ses extrémités passe, en 2 mi- nutes de temps, d'une élongation de i'i7" de degré à t'45". Si aucune autre masse gazeuse ne répond à ces deux indications , l'identité de celle-ci pourra être mise hors de doute. 11 est évident que si l'on peut apercevoir les masses gazeuses sur le Soleil, les particularités de leur mouvement les caractéiise- ront suffisamment; mais quand il n'en serait pas ainsi , les procédés d'obser- vation donnés par M. Arago nous permettront d'arriver infailliblement, quoique plus tard, à ces déterminations importantes. » ( ^87 ) ASTRONOMIE. — Note sur la comète de Gainbart; par M. Laugieb. « On sait que la comète de Gambart, qui jusqu'ici s'était présentée sous la forme ordinaire d'une simple condensation de lumière entourée d'une nébulosité, offrit, le l'j janvier, aux astronomes de Marseille et de Berlin, la singulière apparence de deux noyaux distincts ayant même vitesse et se mou- vant dans la même direction : nous allons exposer ici le résultat des obser- vations peu nombreuses que nous sommes parvenu à faire à travers les rares éclaircies d'un ciel presque toujours couvert. j» Le 6 février, vers sept heures et demie du soir, par un clair de lune assez vif, on voyait facilement les deux noyaux de la comète, et, comme on le remarqua à l'observatoire de Berlin, le plus austral des deux, que nous désignerons par F, était encore sensiblement plus brillant que l'autre (f) : plusieurs comparaisons concordantes avec une étoile de l'histoire céleste française dont la position, le 6 février, était : ascension droite, 20°i'i4",8; déclinaison, — a°^g' 56",^, ont donné : Temps moyen de Paris. Ascension droite ds F. Déclinaison de F. 6 février, 7''48'"28S6 i9''32'23",5 — 2°5i'44",2. Pour la position du noyau f on avait : Temps moyen 7 '■ 48™ 2 1 % 4 J / /=¥ — i'48",6 en ascension droite (*); : F + 3' 32" , 3 en déclinaison. " Le 10 février, l'éclat de la lune et les vapeurs rendirent les obser- vations fort difficiles; les deux noyaux étaient extrêmement faibles, et le plus boréal, y^ était à peine visible. Nous avons néanmoins détermine' sa position relativement à F. Voici le résultat de six comparaisons tant en ascen- sion droite qu'en déclinaison : -, . u /- .- (y^^=F — 1 ' 44" »o en ascension droite: ,0 février, 7'.25»i5So, temps moyen J^^ f + 3'57",5 en déclinaison. » Le noyau F a été comparé trois fois à une étoile de l'histoire céleste : ascension droite, 23" 27'; déclinaison, — 3° 44- On a trouvé : ,. . uo » ( Asc.dr. de F^asc. dr. de l'étoile, +34'i3",5;-. * 10 février, 7"» 3o"'2o%7, temps moyen J, ,. , ^ ., ,. , „. ., , ,„ ' "* ' ^ (Dechn. de F = déclm. de letoile, — 10' 3,7. " Enfin, le 12 février, presqu'au moment du passage de la comète par son périhélie, nous l'avons encore observée : la lune s'était levée depuis vingt (*) Les différences d'ascension droite sont exprimées en minutes et secondes de degré. C.R., i846,i«fSem«(re.(T.XXn,N<>7.) 38 f ( a88 ) minutes au plus et sa clarté était encore assez faible; en mettant l'œil à la lunette, nous remarquâmes aussitôt que le noyau y le moins austral, et jus- qu'ici le plus faible des deux , était de beaucoup plus brillant que l'autre; ce dernier (F) devenait de plus en plus faible à mesure que la lune s'élevait au- dessus de l'horizon, et bientôt on ne l'aperçut plus qu'à de courts intervalles de temps. Nous avions heureusement eu le temps, M. Goujon et moi, de faire quelques observations qui permirent de fixer sa position ainsi qu'il suit : . „, „ (F^y+a' 3", o en ascension droite; 12 février, 7" II" 34S3, temps moyen { ^ . „ ,, , ..,. • '' T ' ' r j |^p_.y — /^'2o ,4 en déclinaison. Quant au noyau f, il a été comparé avec l'étoile 3g i* du catalogue de M. Rumker : 12 février, 7''25"'5o%9, temps moyen ^ Ascension droite de y=: 26° o'5i",5; 1( Déclinaison de /=— 3''53'32",4. » On peut conclure des observations précédentes et de celles qui avaient été faites à Berlin, les 27 et 28 janvier, les angles sous-tendus aux différents jours par l'intervalle qui sépare les deux noyaux de la comète : ce sont les nombres de la deuxième colonne du tableau ci-dessous. Comme ces angles ont varié d'un jour à l'autre en vertu du changement de la distance de l'astre àla Terre, j'ai tenu compte pour chacun d'eux de cette variation, et ces an- gles ainsi corrigés sont inscrits dans la troisième colonne. Les angles de po- sition de f relativement à F , en d'autres termes l'angle que la ligne YJ fait un jour donné avec le parallèle de F, figurent dans la quatrième colonne; enfin , j'ai réuni dans la cinquième colonne les distances absolues des deux noyaux, exprimées en lieues de 4 kilomètres. DATES. DISTANCES angulaires des deux noyaux. VALECBS dos mêmes angles à la dislance deo,6i5(*). ANGLES de position de/ relativement à F. DISTANCES absolues des doux noyaux exprimées en lieues de 4 kilomètres. 27 janvier 1846.. 28 2'. 48 '9 3.48,9 3.58,4 4.19,2 4-47»9 1 n 3.11,2 3. 9,1 3.58,4 4. 5,3 4.24,9 » 1 60. 1 1 60. Il 62.56 66.24 64.46 22000 2l5oo 27000 28000 3oooo 6 février 10 12 (*) o,6i5 est la distance de la comète à la Terre, le 6 février. t (^89) » Les différences qui existent entre les nombres de la troisième colonne sont trop considérables pour être regardées comme des erreurs d'observa- tion; il faut donc admettre que les deux noyaux de cette comète ont varié de distance, et que du 27 janvier au la février, par exemple, ils se sont éloignés de 8000 lieues. « M. Arago a pensé que, bien qu'il fût grandement probable, d'après leur marche presque simultanée , que les deux noyaux appartinssent à un seul et même astre, il serait bon de calculer les orbites paraboliques décrites par chacun d'eux, et il m'a engagé à faire le calcul; en voici le résultat : TEMPS du passage au périhélie févr. 1846. DISTANCE périhi'Iie. LONGITUDE du périhélie. LONGITUDE du noeud ascend. INCLINAISOH. SENS du mouTem. Orbite du noyau F. Orbite du noyau /. . 12,10844 12,1 2983 0,862846 0,862668 107.10. 4 107. 13.17 24o.5l.45i 240.54.54 1 3°. 28. 41" i3.25. 3 D D AIËMOmES LUS. ÉCONOMIE RURALE. — D'un assolement continu, à doubles et triples récoltes, à substituer à tous les assolements à jachère; par M. Dezeiiheris. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dutrochet, Boussingault , de Gasparin.) « Nous pensons avoir trouvé un moyen aussi simple que sûr de doubler les produits agricoles, dans tous les pays à jachère ; nous venons l'exposer dans toute sa simplicité. i Dans les départements bien cultivés du nord de la France , les terres donnent une récolte chaque année; dans les départements du centre et du midi, on n'a qu'une récolte en deux ans, ou deux en trois années. » Dans le Nord, le sol, bien exploité, donne un intérêt raisonnable des capitaux considérables qui représentent sa valeur, ou qui servent à son ex- ploitation; ailleurs, le sol, mal cultivé, ne sert qu'un médiocre revenu pour le faible capital qu'il représente, et pour les misérables capitaux qui l'ex- ploitent. » Pour tirer de cette déplorable situation les pays arriérés, on leur a pro- 38.. ( 290 ) posé d'adopter les assolements des pays prospères, de substituer l'agriculture flamande à leur vieille routine , tradition de la pratique romaine, gâtée par l'ignorance du moyen âge; et comme une telle substitution ne saurait se faire de toutes pièces, sans l'intervention de capitaux considérables , on s'est mis à la recherche de la pierre philosophale des temps modernes, à la recherche du crédit agricole , ou crédit de la pauvreté. » On est là, et quant au but et quant aux moyens, dans une voie mau- vaise et sans issue. Il n'est pas possible , il ne sera jamais possible, quoi qu'on fasse, que l'agriculture emprunte aux mêmes conditions que le commerce; et il est bien plus impossible encore de substituer de prime abord, et de toutes pièces, l'agriculture flamande à l'agriculture qui fonde sur le repos du sol, sur la jachère , le rétablissement de la fécondité épuisée par une ou deux récoltes de céréales. » Nous avons démontré, dans un précédent travail, et l'exemple d'une foule de désastres agricoles avait démontré avant nous, que la suppression de la jachère au moyen de la culture des racines sarclées, entreprise sur une grande échelle, sur un quart ou un cinquième des terres , était un sys- tème ruineux, impraticable pour quatre-vingt-dix-neuf cultivateurs sur cent. » Peut-on songer à supprimer la jachère en substituant au repos du sol la culture des plantes commerciales? Ce procédé a été mille fois proposé, mais il n'a pu l'être que par des personnes absolument étrangères à la pra- tique, par des agronomes passant leur temps à chercher, dans les livres, des formules d'assolement, pour en compavev arithmétiquement les produits, et prôner ceux qu'on appelle de riches assolements. Mais on n'opère pas préci- sément sur le sol comme sur le papier, il est moins aisé de réaliser de bril- lants systèmes avec la charrue qu'avec la plume, et les chiffres ne sont pas des récoltes. Non, la culture des plantes commerciales ne peut pas avanta- geusement, ne peut pas, sans des inconvénients très-graves , être substituée à la jachère ! Une foule d'agriculteurs, séduits par les promesses d'une fausse science, l'ont bien appris à leurs dépens. » Dans tous les pays où la jachère occupe le tiers ou la moitié des terres, on n'a pas le quart des fumiers qui seraient nécessaires pour obtenir, même avec son secours, des récoites passables de céréales. » Venir disputer au blé ce peu d'engrais, pour en donner une part à de nouvelles cultures épuisantes, c'est ruiner le sol et ruiner le cultivateur pour se donner le plaisir de substituer, à grands frais, deux récoltes misérables à une récolte médiocre. » Il faut pourtant sortir du système de la jachère. (291) » La valeur capitale du sol cultivable en France est trop élevée pour qu'on ne soit pas dans la nécessité d'en retirer un revenu tous les ans. n Une récolte tous les ans, cela se peut-il? » Tout le monde le dit; nous croyons l'avoir démontré nous-niême, et nous voulons établir aujourd'hui que cela n'est ni bien difficile ni bien coû- teux, en suivant une autre voie que celle dans laquelle on s'est tenu constam- ment engagé jusqu'à ce jour. » En tout pays mal cultivé, c'est par les fourrages, et par les fourrages seuls, qu'on peut toujours sortir avantageusement du régime de la ja- chère. Mais par quels fourrages? Ceux qui sont connus et usités jusqu'ici y doivent servir , mais n'y peuvent suffire. Avec l'aide de ceux que nous avons déjà proposés dans de précédents Mémoires , et sur lesquels nous allons fournir de nouveaux renseignements, on peut avoir non-seulement des récoltes tous les ans, mais plusieurs récoltes chaque année, mettre à profit tous les intervalles perdus entre les récoltes usitées, et tenir le sol constamment occupé. » Précisons la place et la part qu'il faut conserver aux fourrages usités; nous partirons de ce point pour prouver la nécessité et marquer l'em- ploi de ceux que nous avons à faire connaître; nous pourrons de là ap- précier leur importance dans l'ensemble d'un système agricole nouveau. » I/auteur entre ici dans les détails d'un système de culture fondé princi- palement sur l'usage incessant des fourrages hâtifs. L'ensemble des pratiques qu'il indique ne saurait être résumé. Il termine ainsi : « Celui qui suivra exactement les indications que nous venons de fournir, et qui pratiquera d'ailleurs avec tout le soin convenable ses opérations cultu- rales, sera surpris, malgré nos promesses, des quantités de fourrages qu'il parviendra à se procurer, du nombre d'animaux qu'il sera en mesure de nourrir à l'étable , quoique avec des terres médiocres, des masses de fumier qu'il en retirera , et de la rapidité du nettoiement , de l'ameublement et de la fécondation de son sol. » Nulle difficulté dans ce système de culture : il est à la portée de toutes les intelligences et de toutes les bourses, et se résume en ce peu de mots: >' Jachère supprimée et remplacée par de doubles et triples récoltes ; terres en totalité et constamment occupées sans nulle interruption; moitié des terres en céréales, et néanmoins totalité des terres en fourrages; four- rages en seconde récolte ; fourrages hâtifs réitérés; plus d'une tête de gros bétail entretenue par hectare, en terres médiocres; substitution facile et peu ( 29^ ) coûteuse de cet assolement à im assolement quelconque usité en pays mal cultivé; accroissement considérable des produits et des bénéfices. » Nous nous permettrons de donner à ce système de culture le nom d'assolement Dezeimeris , parce que jamais, dans aucun temps ni dans aucun pays, on n'a rien pratiqué de semblable, et parce qu'il est juste, si ce sys- tème est bon, qu'en apprenant à le connaître et à en profiter, on sache en même temps à qui on en est redevable. » AIÉMOIRES PRÉSENTÉS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur les maladies des ouvriers employés dans les fabriques d'allumettes chimiques, et sur les mesures hygiéniques et administratives nécessaires pour assainir cette industrie; par M. le docteur TnÉopmLE Roussel. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Payen, Andral.) « Le but de ce travail est, i° de faire connaître les diverses opérations qui constituent la fabrication, devenue très-importante, des allumettes à frottement; 2° de rechercher les causes des accidents nombreux (incendies, explosious, etc.) que cette industrie occasionne; 3° de déterminer toutes les conditions qui peuvent concourir à la production des maladies chez les ou- vriers; 4° d'observer le développement de ces maladies, et indiquer le moyen de les prévenir. >' En étudiant chacune des parties de la fabrication , il a été facile de re- counaître que l'insalubrité n'appartenait qu'à un petit nombre d'entre elles , et qu'à l'aide d'une séparation convenable des ateliers, séparation qui ne nuirait en rien à l'économie du travail, on obtiendrait d'abord ce résultat de réduire à un cinquième au plus du nombre total des ouvriers, le nombre de ceux qui sont exposés à l'émanation des vapeurs phosphorées, seule cause d'insalubrité inhérente aux fabriques d'allumettes. >' L'examen des ouvriers exposés à l'action de ces vapeurs démontre l'exis- tence non-seulement à^affections plus ou moins intenses des voies respira- toires, mais encore à' affections des gencives et des os maxillaires, se termi- nant par la nécrose et quelquefois par la mort des malades. » affections des voies respiratoires. — Dans les fabriques où toutes les opérations se font en commun, tous les ouvriers indistinctement sont sujets a la toux. Seulement, dans un grand nombre de cas, cette toux, qui est ièche et peu douloureuse, incommode peu, et ne se montre que par inter- ( ^93 ) valles, dans les temps humides ou lorsque le défaut de ventilation permet aux vapeurs phospliorées de s'accumuler dans les ateliers. « Dans les établissements où les ateliers sont séparés, la toux et les bron- chites n'existent que parmi les ouvriers qui trempent les allumettes dans le mastic chimique, et parmi les femmes qui démontent les châssis contenant les allumettes trempées ou qui font les paquets et remplissent les boîtes. Chez plusieurs femmes, l'irritation bronchique passe à l'état chronique; mais chez aucune nous n'avons rencontré les symptômes graves observés par M. Gendrin; il est vrai qu'à ce degré du mal les ouvriers ne sont plus à l'a- telier, mais à l'hôpital. Un certain nombre de faits portent à croire que l'ac- tion longtemps continuée des vapeurs phosphorées détermine le développe- ment des tubercules chez les individus prédisposés. Les émanations phospho- l'ées paraissent agir uniquement comme corps irritant, et nullement en vertu de propriétés spéciales. » lia maladie des os maxillaires est beaucoup plus grave que les précé- dentes. )) Les antécédents des malades, l'examen de leur constitution, etc., per- mettent d'affirmer, pour la plupart des cas, que la siphilis et la scrofule sont étrangères au développement de la maladie; que celle-ci n'a paru qu'après im séjour d'au moins deux ans dans les fabriques ; que tous les individus affectés étaient habituellement exposés aux vapeurs phosphorées. En recher- chant les circonstances particulières à la santé de ces individus, nous avons été frappé de ce fait , qu'il y avait toujours eu une ou plusieurs dents gâtées assez longtemps avant le début du mal, ou même avant l'entrée du malade dans la fabrique. D'autre part, nous nous sommes assuré que les ouvriers arrivés à la fabrique avec les dents très-saines avaient conservé celles-ci intactes et n'avaient pas éprouvé d'accidents du côté des mâchoires. Ainsi , nous avons pu réfuter ce que l'on a dit de l'action des vapeurs d'acide phos- phorique sur les dents et du rôle qu'on a donné à cette circonstance dans la production de la maladie des os maxillaires. Nous sommes porté à croire, au contraire, que la carie dentaire joue un rôle capital et qu'on n'a pas soupçonné comme cause déterminante de la maladie. Celle-ci débute par des maux de dents et dès Jluxions. Au bout de quelque temps, les dents s'é- branlent, tombent d'elles-mêmes, ou la douleur pousse les ouvriers à les faire arracher. Tantôt la. Jluxion fait de tels progrès, qu'il se forme des abcès qui s'ouvrent soit dans la bouche à travers le tissu des gencives, soit à la face ou au cou, suivant que le mal siège au maxillaire supérieur ou à l'inférieur. On ( ^94 ) a noté, dans un cas, que le pus qui s'écoulait les premiers jours présentait une forte odeur phosphorée. » D'autres fois il ne se forme pas d'abcès; mais, lorsque les dents ont été extraites ou sont tombées, l'ouverture gingivale, au lieu de se cicatriser, reste béante , et bientôt il s'en échappe un pus grisâtre et fétide qui occa- sionne une salivation continuelle. La suppuration devient chaque jour plus abondante : le tissu gingival se détruit, et l'os maxillaire, frappé de mort dans une plus ou moins grande étendue , se montre à nu dans la bouche. Enfin , le séquestre se détache et tombe. » Si les malades suivent un régime convenable, la guérison peut avoir lieu; mais, plus souvent, le dépérissement causé par une salivation conti- nuelle, et surtout par une suppuration intarissable et fétide, mine gra- duellement les malades. La digestion se dérange , la fièvre survient, et les malheureux ouvriers ne tardent pas à succomber. M. Heyfelder a essayé d'obtenir la guérison en pratiquant la résection; mais ce moyen a échoué. " La maladie peut se présenter sur le maxillaire supérieur ou sur l'infé- rieur, d'un seul côté ou des deux côtés à la fois, et même sur les deux os maxillaires. » Les raisons données par M. Strohl pour distinguer cette affection de la nécrose autant que de la carie, ne sont pas fondées. Les caractères du pus (à part l'odeur phosphorée qui n'a pas été suffisamment constatée) et ceux du séquestre appartiennent à toutes les nécroses des os maxillaires en général. Le caractère tiré du défaut de régénération du tissu osseux a été contredit par l'observation. On ne peut douter, suivant nous, que la maladie n'ait sa cause dans les émanations qui altèrent l'atmosphère des ateliers; mais à quel agent faut-il l'attribuer? En Allemagne , on a accusé les vapeurs arsenicales qui, dans certaines fabriques, se mêleraient aux vapeurs phosphorées; mais les accidents produits par les vapeurs arsenicales n'ont aucun rapport avec ceux que nous avons décrits, et, d'autre part, nous avons trouvé l'affection des os maxillaires dans des fabriques qui n'emploient ni l'arsenic directement, ni du phosphore arsenical. » Faut-il accuser les vapeurs d'acide phosphorique? ne peut-on pas soup- çonner l'action du phosphore à l'état gazeux dans l'atmosphère des ateliers? Nous ne sommes pas en mesure de répondre à ces questions. >' Les mesures que nous proposons pour assainir la fabrication des allu- mettes consistent : i" dans la séparation complète des ateliers, afin de sous- traire les ateliers les plus considérables aux émanations phosphorées; i° dans ( ^95 ) rétablissement de moyens convenables de ventilation dans les ateliers qui ne peuvent être complètement débarrassés de ces émanations. » PAi-ÉONTOLOGiE. — Observations sur les mainmijères dont on a trouvé les restes fossiles dans le département de VHérault; par MM. Paul Gervais et Marcel de Serbes, professeurs à la Faculté des Sciences de Montpellier. (Extrait.) (Commissaires, MM. de Blainville, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.) « Les ossements recueillis à Lunel-Viel indiquent une faune assez diffé- rente de celle des cavernes ordinaires et des autres parties du terrain dilu- vien de ITSurope. On y remarque un mélange d'animaux actuellement éteints avec d'autres qui sont fort semblables, sinon identiques, à ceux qui vivent encore en Europe et en Afrique. Le blaireau, la loutre, etc., y représentent la faune actuelle de l'Eiu'ope, taudis que plusieui's Felis, le lion au lieu du Felis spelœa, la panthère, une hyène qu'il paraît bien difficile de distinguer dé l'hyène rayée, et un rhinocéros très-peu différent du rhinocéros africain, établissent, entre les animaux aujourdhui fossiles à Lunel-Viel et ceux qui habitent la Barbarie et d autres parties de l'Afrique , une analogie qui nous paraît tout à fait digne d'attention. » Les mammifères conservés à l'état fossile dans les sables fluvio-marins du département de l'Hérault ne sont pas moins intéressants. ... La petite faune mammalogique que leur étude permettra de reconstruire diffèi'e, sous plusieurs rapports importants, de celle de Lunel-Viel qui appartient à une époque plus récente. " On y voit im mélange d'espèces marines qui fréquentaient sans doute la petite baie dans laquelle les sables se sont accumulés, et d'espèces terrestres dont les cours d'eau y déposaient les débris en même temps que le sable qui les recouvre. Avec-ces espèces de mammifères sont des ossements d'oiseaux, de chéloniens, de crocodiles et de poissons marins. Il y a aussi des coquilles teirestres et marines, et parmi ces dernières, qui sont les plus répandues, des huîtres quelquefois disposées en bancs qui ont une assez grande étendue. » Les espèces terrestres de mammifères dont on a reconnu la présence au milieu des sables dont il est ici question appartiennent aux genres sui- vants : " Ours, Vrsus, une espèce indéterminée. — Le genre a été constaté d'une manière certaine d'après une arrière-molaire découverte dans les sables sur Jesquels est bâtie la citadelle de Montpellier. C. K., 1846, 1" Semcjtre. (T. XXH, N» 7.J ^9 ( 296 ) >' Felis , une espèce à peu près grande comme le Serval. — Nous en avons un fragment de mâchoire inférieure encore garni de ses trois molaires. » Mastodonte, Mastodon. — L'espèce nous paraît différer de celle du Mastodon angustidens , si commune dans les terrains tertiaires moyens du Gers, de rOrléanais, de la Hesse, etc.; ses molaires étaient plus larges; sa mâchoire inférieure avait une symphyse courte et non prolongée en gout- tière allongée et armée de défenses : caractère que MM. Kaup et de Blaiu- ville ont reconnu à la mâchoire inférieure du Mastodon angustidens ou lon- girostris. Les incisives supérieures étaient néanmoins en forme de défenses et garnies d'une bande étroite d'émail comme le Mastodon angustidens. Ijcs os de ce mastodonte de l'Hérault sont assez fréquents; on les a pris quelque- fois pour ceux de l'éléphant. >i Rhinocéros. — Espèce intermédiaire aux Rhinocéros tichorhinus et incisivus de Guvier, mais distincte néanmoins de l'un et de l'autre comme M. de Christol l'a démontré. Ce rhinocéros, qui est également distinct de celui deLunel-Viel , a d'abord été nommé Rhinocéros de Montpellier {Marcel de Serres, Journal de Physique); Guvier l'a considéré à tort comme le Rh. tichorhinus, d'après le dessin qui lui fut envoyé d'un crâne conservé en- core à l'évêché de Montpellier; M. de Christol l'a décrit sous le nom de Rh. megarhinus. Il est possible, ainsi qu'on en a déjà fait la remarque , que ce rhinocéros ne diffère pas de celui d'Italie dont Guvier a parlé sous le nom de Rh. leplorhiniis , et dont M. R. Owen vient de retrouver des traces assez nombreuses en Angleterre, dans un terrain qui est aussi de l'époque pliocène. Le rhinocéros de Montpellier avait à la mâchoire inférieure deux incisives analogues à celles qu'on voit entre les dents caniniformes des rhinocéros de l'Inde, de la Sonde et Vincisivus. Il manquait des dents caniniformes de ces derniers. » Tapir, Tapirus. — Des fragments de mâchoire inférieure et des molaires établissent une grande analogie entre l'espèce de ce tapir et celle d'Auvergne, mais la taille du nôtre est un peu moindre. )i Cheval, Equus. — On en trouve des dents et des os dans les assises su- périeures des sables fluvio-marins. » Sanglier, Sus. — Paraît différer un peu du Sus priscus de Lunel-Viel; il a été reconnu par quelques molaires. 1) A ces sept genres il faut en ajouter plusieurs de l'ordre des Ruminants, mais dont il nous est encore impossible de distinguer les espèces d'une ma- nière définitive. » Une molaire de castor a été recueillie dans le sol même sur lequel est ( 297 ) bâtie la Faculté des Sciences, dans une marne des terrains tertiaires à co- quilles terrestres et marines, à une faible distance de la terre vé{>étale. )) Nous manquons de pièces pour démontrer d'une manière certaine la présence dans les sables fluvio-marins des genres Éléphant, Hipparion, Lo- phiodon, Palœotherium, Hippopotame et de quelques autres qu'on y a signalés. » Les mainmijeies marins du même dépôt appartiennent à quatre genres différents: Balœna, Phjseter, Delphiniis et Metaxjtherium. » Une moitié de mâchoire inférieure, détende depuis fort longtemps, démontre la présence d'une espèce de Baleine ou de Rorqual dans les eaux au fond desquelles les sables se sont déposés. " Plusieurs dents y signalent un Cachalot {Phjrseter) d'une taille moins grande que le cachalot actuel. » Le genre Dauphin [Delphiniis] est indiqué par quelques vertèbres (i). » Quant au quatrième genre , le genre Metaxytherium , ses rapports avec le Dugong, déjà établis par les recherches de MM. de Christol et de Blain- ville, sont pleinement confirmés par nos observations; nous demanderons la permission d'indiquer ici deux nouveaux traits de ressemblance qui viennent s'ajouter à ceux que l'on a précédemment signalés : i" r^es os incisifs que nous possédons entiers avaient la même forme que ceux du Dugong et la même direction. Ils logeaient également une paire de fortes dents comparables à des défenses. Ces dents, que nous ne connaissons encore que par leurs alvéoles, devaient être semblables à celles du fossile des bords du Pô, décrit par MM. Bruno et de Blaiuville sous le nom de Cheirotherium Brocchii ou manatus. a" La symphyse de la mâchoire inférieure présentait aussi la même forme que dans le Dugong. A sa face antérieure était également un long aplatissement sur lequel ne reposait pas la face inférieure et postérieure, la partie descendante des os incisifs. Sur cette surface aplatie, on aperçoit les traces de cinq paires d'alvéoles rudimentaires qui rappellent très-bien celles que recouvre la plaque cornée du Dugong. X Le Metaxytherium de Montpellier ressemble beaucoup , par sa taille et par la forme de ses dents molaires, à ceux de Blaye et d'Étréchy, près d'É- tarapes (les Manatus dubius et Guettardi, Blainv.). » (i) Nous en avons une enfouie dans une autre partie du terrain tertiaire de l'Hérault, le calcaire de l'Endargues. 39.. ( 298) ANATOMlE COMPARÉE. — Mémoire sur l'organisation des animaux du genre Taret; par M. Deshayes. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Valenciennes.) « Nos observations générales sur le Taret tendent à prouver que si cet animal rentre dans le plan d'organisation des Mollusques que comprend la classe dans laquelle il est rangé, il présente des modifications importantes déterminées surtout par la forme excessivement allongée de ses parties. Ce que l'on appelle, chez ceu*-là, le manteau est toujours renfermé dans la co- quille, quelle que soit sa forme, et, dans le Taret, cette portion de l'en- veloppe cutanée est excessivement courte et ne- peut contenir qu'une très- faible partie des viscères. " Les siphons commencent immédiatement au-dessous de la coquille , constituent la plus grande partie de l'animal , et, contrairement à ce qui a lieu, l'un d'eux, le branchial, reçoit dans sa cavité la plus grande partie de la masse viscérale. T^es ouvertures de ces siphons ne sont point placées l'une à côté de l'autre , à l'extrémité postérieure du manteau ; le siphon branchial s'ouvre immédiatement au-dessous de la coquille , et semble continuer la cavité du manteau proprement dit. L'ouverture du siphon anal est énormé- ment longue, et elle est descendue jusqu'au milieu de la longueur du siphon branchial. Entraînée ainsi hors de sa place habituelle , cette ouverture est précédée d'un canal dorsal , remontant très-haut , pour saisir l'extrémité anale de l'intestin. L'introduction des viscères dans le siphon branchial a déterminé sa dilatation, et a été cause , en même temps, de l'extrême peti- tesse du siphon anal. Celui-ci est complété, dans une grande partie de son étendue, par l'adhérence de la branchie, au pourtour de la grande ouverture médiane. A leur extrémité postérieure, les siphons se bifurquent, et la bifui- cation s'appuie sur un anneau musculaire qui vient se fixer à l'intérieur du tube, à son extrémité postérieure, au point où le diamètre se rétrécit pour recevoir les cloisons transverses. " Tous lesTarets, sans exception, défendent l'entrée de leur tube cal- caire par deux pièces solides, nommées calamules; nous avons fait voir que ces pièces ont un organe de sécrétion spécial qui les enveloppe de toutes parts, et qui est une dépendance de l'anneau fibreux sur lequel ces calamules sont implantées. " Tous les Mollusques dimyaires ont un pied, ceux là même qui sont adhéreots par leur coquille, et pour lesquels cet organe est sans usage. Les monomyaires, la plupart adhérents, conservent presque tous l'organe de la ( 299 ) locomotion. LeTaret en est complètement dépourvu; il est remplacé par une troncature qui peut servir de ventouse. » Pour ce qui a rapport aux organes du mouvement, voici un Mollusque qui appartient certainement à la classe des Dimyaires , et auquel cependant on ne trouve qu'un seul muscle adducteur des valves. Ce muscle unique est-il composé des deux muscles réunis, ou bien le second muscle serait-il descendu jusqu'à l'extrémité des siphons pour constituer l'anneau fibreux dont nous avons parlé? Cette dernière opinion paraît peu probable; car si le muscle postérieur avait subi cette modification , il eût entraîné avec lui, dans son déplacement , tous les organes auxquels il sert de point d'appui. L'intestin se serait allongé, et l'anus serait venu se déboucher à l'entrée de la bifurcation des siphons; mais il n'en est rien, l'anus est resté au niveau du muscle des valves, et, dans notre opinion, si l'un des muscles manque, c'est certainement l'antérieur. Dans leGastrochène, nous avons fait remarquer combien ce muscle antérieur était réduit; mais encore il en restait des traces, tandis que dans le Taret toute trace a disparu. Aussi, dans notre pensée, l'anneau fibreux serait pro- duit par la modification des muscles rétracteurs des siphons descendus jus- qu'à la partie de ces organes qui, devant s'allonger au dehors, ont besoin de se contracter beaucoup. » [iCS organes de la digestion présentent des différences non moins nota- bles avec ce qui est déjà connu dans tous les autres Mollusques acéphales. TjC Taret a deux estomacs, tous deux ayant la forme d'un siphon à branches inégales; mais le premier, divisé par des cloisons et des valvules, ayant des parois assez solides, est placé trop haut dans l'animal pour être engagé dans le foie; tandis que le second, mince et membraneux, représente l'estomac unique des autres Mollusques, tant par sa structure que par sa position au milieu de l'organe sécréteur de la bile. Le premier estomac est, en grande partie, contenu dans la coquille; le second et tout le reste des viscères est tombé, en quelque sorte, dans l'intérieur du siphon branchial. Un intestin très-grèle et d'un diamètre uniforme se développe dans le foie en petites circonvolutions, mais il en a aussi deux très-grandes qui le reportent à l'extré- mité antérieure de l'animal ; et c'est seulement à la seconde qu'il se termine, en arrière du muscle, un peu au-dessous du niveau de son bord postérieur, en un anus pourvu d'un sphincter. L'intestin, dans son parcours, ne se rap- proche jamais du cœur, et en cela le Taret a subi une très-profonde modi- fication dans les rapports de ces organes. " L'ovaire, ordinairement engagé dans la masse commune des viscères,. ( 3oo ) en est ici presque entièrement détaché; mais ce qui mérite, à son sujet, d'at- tirer particulièrement l'attention des naturalistes, c'est sa terminaison en un oviducte unique, médian, qui se place dans un sillon spécial de la branchie. Ici, l'issue des œufs ne peut être un moment douteuse, et le fait que nous ve- nons de signaler appartient uniquement jusqu'ici à l'organisation du Taret. >' liCS organes de la respiration du Taret n'ont presque plus de ressem- blance avec ceux des autres Mollusques acéphales, ils s'attachent au corps par une bifurcation qui embrasse les parties latérales de l'extrémité de l'o- vaire; le reste se présente sous la forme d'un long ruban assez épais, terminé par une pointe aiguë. Les feuillets branchiaux, au nombre de quatre, sont simplement indiqués sur les parties latérales de l'organe par des sillons peu profonds. Sous le rapport de la structure , ils présentent des particularités bien remarquables ; car un canal central , et creusé dans toute sa longueur, est tapissé d'un organe muqueux pour recevoir les œufs pendant leur in- cubation. De plus, les grandes veines branchiales ont l'une de leurs faces envahie par un organe glanduleux , tout à fait spécial , et dont l'usage nous est inconnu. " Le cœur n'a plus la moindre ressemblance avec celui des animaux de la même classe. Un ventricule, divisé par une cloison, se termine en arrière par deux oreillettes cylindriques , se rendant directement sur les parties latérales des feuillets branchiaux. Une aorte excessivement longue parcourt, sans division, le dos de l'animal, renfermé, ainsi que le cœur, dans un pé- ricarde d'une forme et d'une longueur dont on n'a point d'exemple. L'aorte elle-même est pourvue, à sa naissance, d'une valvule ou plutôt dune sou- pape qui n'a rien d'analogue chez tous les autres animaux. " Un organe énigmatique, découvert par Siebold dans le pied des Mollus- ques, ne pouvait se rencontrer dans celui-ci, où le pied manque totalement; ou bien, si l'on devait le rencontrer, c'est dans le voisinage de la place qu'au- rait dû occuper l'organe locomoteur. Le Taret , sous ce rapport, présente encore une notable exception ; car l'organe énigmatique en question est situé à l'extrémité de la cloison qui sépare le péricarde du siphon anal , et sur laquelle vient s'attacher l'extrémité antérieure de la branchie. n 11 est un autre organe qui nous paraît avoir, dans le Taret, des fonctions importantes; c'est une glande assez considérable , occupant la cavité des cro- chets de la coquille, et embrassant, dans son épaisseur, les apophyses calcaires dont la base est soudée au-dessous du bord postérieur des valves. Cette glande est en rapport, non-seulement avec la partie supérieure de l'estomac , mais ( 3oi ) encore avec la bouche, el surtout avec cet anneau foliacé qui entoure l'ex- trémité antérieure de la masse abdominale. Nous voyons dans cette glande et cet anneau foliacé les agents au moyen desquels le Taret attaque le bois et le dissout , à mesure que son accroissement l'exige. Nous disons que le bois est dissous, car nous avons prouvé que rien , dans le Taret suffisamment étudié , ne pouvait justifier cette ancienne opinion à l'aide de laquelle on cherchait à expliquer la perforation du bois par des moyens mécaniques. Nous le répé- tons ici, il n'y a rien dans l'organisation du Taret qui lui puisse donner la force nécessaire pour ronger le bois, à la manière des larves d'insectes. » Enfin, le système nerveux, dont malheureusement nous n'avons pu découvrir toutes les parties, a subi lui-même des modifications que l'on peut en quelque sorte deviner d'après celles des systèmes organiques auxquels il doit se distribuer. " lie trait le plus général de l'organisation du Taret consiste dans l'allon- gement considérable de tous les organes, et leur déplacement dans un ordre régulier. Ils sont échelonnés les uns en arrière des autres, et non pelotonnés ou rassemblés en une seule masse viscérale , comme dans tous les autres Mollusques acéphales. " Il semblerait, d'après ce qui précède, que nous devrions conclure à la séparation du genre Taret de la famille dans laquelle nous l'avons rangé depuis longtemps. Tout en le conservant dans les Mollusques dimyaires , et en le laissant dans le voisinage des Pholades, il devrait constituer, à lui seul, toute une famille; et c'est probablement à ce dernier arrangement que s'ar- rêteront les zoologistes ; dès lors ce groupe réunira trois genres : Taret, Cloisonnaire et Térédine. » Dans une Lettre jointe à ce Mémoire , M. Desuayes demande l'autori- sation de reprendre un Mémoire sur le Gastrochène, qui doit faire partie des publications de la Commission scientifique de l'Algérie, el doit être très- prochainement livré à l'impression. Ce travail n'ayant pas encore été l'objet d'un Rapport , l'auteur est autorisé à le reprendre. CHIMIE. — De l'emploi de l'oxalate d'alumine dans lafabrication des sucres de canne et de betterave; par M. Mialhe. (Commissaires, MM. Dumas, Boussingault.) « Dans le cours de mes recherches sur la digestion et l'assimilation des ( 302 ) substances hydrocarbonées de la famille des matières liguoides, j'ai pu juger bien souvent de 1 énergique action que les alcalis , libres ou carbonates , exercent sur le glucose, ainsi que sur le sucre de canne ou de betterave , mo- difié par les acides, ou même seulement par la simple action de la chaleur; action chimique sur laquelle M. Peligot, surtout, a attiré d'une manière toute spéciale l'attention des chimistes et des manufacturiers. Mes remarques m'ont conduit à réfléchir sur les inconvénients graves qui doivent forcément ré- sulter de l'emploi du lait de chaux dans la défécation des sucres de canne et de betterave. « Tous les efforts des fabricants, dit M. Dumas, doivent tendre à amé- >' liorer la défécation , en évitant, autant que possible, l'emploi de l'acide >' sulfurique, qui détruit le sucre cristallisable, et l'emploi de la chaux elle- » même , qui donne toujours une saveur urineuse aux produits secondaires » surtout, et leur ôte de leur valeur (i). » " Mais l'emploi de l'oxyde de calcium dans l'opération de la défécation des sucres peut-il être supprimé? Je ne le pense pas. Alors, comment faut-il opére;r ? » lia première condition est de se débarrasser de la chaux, après là dé- fécation, à l'aide d'un agent chimique quelconque, pourvu que cet agent soit lui-même sans action sur le sucre : le charbon animal remplit cette condi- tion, mais imparfaitement. L'emploi de l'oxalate d'alumine, que je propose de lui substituer, en tout ou en partie, permet de résoudre cet important problème d'une manière on ne peut plus satisfaisante. » Pour faire bien comprendre à tout le monde la théorie de l'actiom de l'oxalate aluminique, je crois devoir rappeler ici : i° que le sucre de canne ou de betterave, dissous dans l'eau de chaux et évaporé jusqu'à siccité, ne se colore pas pendant l'évaporation ; i° que le glucose et le sucre de canne ayant subi l'action des acides, ou d'une température élevée, éprouvent l'un et l'autre, dans les mêmes circonstances, une coloration rouge-brunâtre très- marquée. >> Il suit de ces faits, que si le sucre de canne ou de betterave, soumis à l'évaporation, contient à la fois du glucose ou du sucre de canne modifié, et de la chaux, le produit de l'évaporation sera nécessairement coloré : c'est précisément ainsi que les choses se passent journellement dans la pratique. Or, je propose de parer à ce grave inconvénient à l'aide de l'oxalate (i) DoMAS , Traité de Chimie appliquée aux Arts, tome VI , page iijô. C 3o3 ) d'alumine. A cet effet, il suffit d'ajouter à la dissolution saccharocalcique une quantité convenable d'oxalate d'alumine hydraté : la chaux se trouve immédiatement précipitée à l'état d'oxalate, et l'alumine mise en liberté se précipite à son tour, entraînant en combinaison toute la matière colorante qui peut exister dans le mélange : double avantage, dont il est aisé d'appré- cier toute la valeur dans la pratique. » A ce Mémoire sont joints, comme pièces à l'appui, deux échantillons d'uu mélange de sucre et de glucose dissous dans de l'eau de chaux et soumis à l'évaporation, l'un sans l'intervention de l'hydrate d'oxalate d'alumine, l'autre avec l'intervention de ce composé salin. Le premier est d'un jaune safrané ; l'autre est complètement incolore. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Remarques adressées par M. Gannal à l'occasion du Mémoire de M. Sucquet sur l'assainissement des amphithéâtres. (Extrait.) (Renvoi à la Commission du prix concernant les Arts insalubres.) « Le Mémoire présenté par M. Sucquet me paraît devoir donner lieu à quelques remarques : d'une part, il tend à déprécier les moyens de con- servation que j'ai proposés, moyens qui ont été approuvés par l'Acadé- mie; de l'autre, il attribue au sulfite de soude et au chlorure de zinc des pro- priétés qu'ils ne me paraissent pas posséder. » Dans de telles circonstances, je crois devoir rappeler à l'Académie les conclusions du Rapport fait en séance publique, le lundi ai août iSS^ : « Il » est bien démontré, disait M. Dumas, que l'on possède actuellement un » procédé capable de conserver les cadavres pendant tout le temps que les " dissections les plus minutieuses peuvent exiger; ce procédé est d'une exé- » cution facile, il est économique et il repose sur l'emploi de matières qui " n'ont rien de vénéneux. » A la suite d'expériences positives, M. Serres dé- clare , dans le même Rapport , que « le liquide fourni par moi conserve les >' cadavres de manière : i° à permettre leur dissection pendant l'été, chose » qu'on n'avait pu faire jusqu'à présent à l'École anatomique des hôpitaux ; » 2" à permettre de donner à l'enseignement de la médecine opératoire un » développement que jusqu'alors elle n'avait point eu nulle part. Car, au >' mois d'août et de septembre, nous avons pu conserver, comme au milieu " de l'hiver, trente cadavres à la fois sur les tables, et faire répéter à soixante » et dix élèves toutes les opérations, ensuivant une marche régulière et « jusqu'alors impossible. « C a., .«46, I" Semenre. ( T \XII , N" 7.) 4© ,f ( 3o4 ) " L'opinion de MM. le docteur Dubreuil, de Montpellier, Velpeau , Amussat, Bourgerie, Auzoux, etc. , est également relatée dans ce Rapport comme entièrement favorable. Le même Rapport enfin exprime le vœu que mon procédé de conservation soit généralement employé dans les am- phithéâtres. » PATHOLOGIE. — Note sur des productions piliformes de la langue; par M. Landouzy. (Extrait.) (Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Andral.) « Occupé depuis quelque temps d'études spéciales sur la surface de la langue , à l'état pathologique et physiologique , je suis arrivé à conclure que la coloration brune ou noire de cet organe, si fréquente dans les affections internes ou externes à type adynamique, tient, dans la plupart des cas, à l'existence d'appendices piliformes qui paraissent provenir des villosités de la muqueuse linguale. Je pense même que tout ce qu'on a appelé jusqu'ici en- duits de la langue tient au développement de ces appendices, de quelque couleur que soit l'enduit. En effet, depuis le i5 novembre dernier, j'ai ob- servé quatorze cas dans lesquels la langue était noire ou brune, et, dans tous ces cas, la coloration était due à ces productions piliformes dont j'adresse des échantillons à l'Académie. >' Ces poils sont, en apparence, tellement semblables aux poils de la peau, qu'à l'œil nu il serait difficile de les en distinguer; vus au microscope, ils diffèrent beaucoup des poils cutanés. Us doivent probablement être attri- bués à une altération de sécrétion de l'épithélium, et sont ainsi, jusqu'à un certain point, comparables aux concrétions épidermiques. Ils ont de i à i5 millimètres de longueur, sur \ à -~ de millimètre d'épaisseur. La plu- part sont coniques; un grand nombre sont disposés en faisceaux, et semblent se diviser en plusieurs branches partant d'un tronc unique. Leur présence ne paraît altérer ni la voix, ni le goût, ni la mastication. Ce qui a, sans doute, empêché jusqu'ici les observateurs de reconnaître ces pro- ductions piliformes, c'est qu'à la partie antérieure de la surface de la langue elles sont le plus souvent couchées complètement, sans aucune saillie apparente. Mais si l'on examine avec attention la moitié postérieure de l'or- gane, et surtout si l'on rebrousse les villosités et qu'on les écarte dans des directions diverses, on les reconnaît alors manifestement. » M. CoRNAY, qui avait présenté précédemment au concours pour les prix W . ( 3o5 ) de Médecine et de Chirurgie un instrument qu'il désigne sous le nom de lithéréteur à flotteur, adresse une indication de ce qu'il considèi'e dans cet appareil comme une invention. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Bagot adresse des pièces justificatives formant le complément d'un travail précédemment présenté sur les bons effets du sucre dans le trai- tement des hjrdropisies et de l'atrophie mésentérique. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. Ëyrell envoie un supplément à son Mémoire sur la voix humaine. (Commission précédemment nommée.) M. PicAULT soumet au jugement de l'Académie un nouveau système de tranchant qu'il désigne sous le nom de tranchant-scie, et qui est, suivant lui, applicable aux armes blanches aussi bien qu'aux outils de jardinage. M. Seguier sera invité à examiner les pièces présentées et à faire savoir à l'Académie si elles peuvent être l'objet d'un Rapport. CORRESPONDANCE. ^ M. LE Ministre de la Guerre transmet un « Rapport de M. Leva- cher-Bruzeau sur la situation de la pépinière centrale du Gouvernement d'j4lger. » Il résulte du Rapport que cet établissement est dans le meilleur état pos- sible. On n'y compte pas moins de 600 000 jeunes arbres plantés à 60 centi- mètres les uns des autres. M. Levacher-Bruzeau exprime , avec raison , le regret de ne voir dans cette pépinière qu'un très-petit nombre de conifères. En effet, presque tous les arbres de cette famille sont d'une telle utilité, qu'on ne saurait trop les multiplier, surtout dans les pays montueux ; mais la diffi- culté est de se procurer de bonnes graines. Les conifères du Jardin du Roi donnent des cônes, et les graines avortent. Cela provient de la nature du sol, formé en grande partie par les déblais de la ville de Paris. Toutefois, on pourrait se procurer de bonnes graines en les tirant de l'Auvergne, des Py- rénées, de l'Italie et notamment de la Calabre. 4o.. i f ( 3o6 ) " M. Arago dépose sur le bureau une courte Note de M. Choiet, et une Note plus développée de M. Tanchoc , relatives , l'une et l'autre , à une jeune «^ fille de treize ans, Angélique Cottin, ouvrière dans une fabrique de gants en î* filet, chez laquelle dès facultés très-extraordinairessesont développées, dit-on, depuis environ un mois. Lorsque M. Cholet se présenta à l'Observatoire pour remettre une Note à l'adresse de l'Académie, il était accompagné de M"" Cottin et des parents de cette jeune fille. M. Cbolet insistait pour que M. Arago s'assurât par lui-même, sans plus tarder, de l'exactitude des phé- nomènes signalés. M. Arago, après quelque hésitation, céda à ce désir, ces premières épreuves pouvant l'amener, en cas d'insuccès complet, à proposer à l'Académie de ne point nommer de Commissaires. >' A la suite de ces réflexions, M. Arago rend compte des phénomènes dont il a été témoin, pendant une séance de quelques minutes. La jeune fille pro- duisit, en s'asseyant sur une chaise, des mouvements d'une extrême violence. M. Arago n'a pas aperqu nettement les agitations annoncées comme étant engendrées à distance, par l'intermédiaire d'un tablier, sur un guéridon en bois. D'autres observateurs ont trouvé que ces agitations étaient sensibles. M. Arago n'a pu constater aucun effet sur des aiguilles aimantées. L'action répulsive exercée par la main gauche de M"* Cottin, sur une feuille de papier suspendue , n'a pas été supérieure à celle que beaucoup de personnes pro- duisent dans des circonstances analogues. Malgré tant de résultats négatifs, M. Arago n'hésite pas à demander à l'Académie de nommer des Commissaires qui vérifieront les faits à loisir. Ces (jommissaires verront comment s'opèrent les mouvements dans l'épreuve de la chaise. S'il y a supercherie, on la dévoi- lera, et le public ne sera pas induit en erreur. M. Tanchou cite d'ailleurs dans sa Note des expériences très-faciles à répéter, et qui ne prêteront à au- cune explication équivoque, n Une Commission, composée de MM. Arago , Becquerel , Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire , Babinet, Bayer et Pariset, est chargée d'examiner ce qu'il peut y avoir de réel dans les faits annoncés. M. Flocrens , qui avait été chargé par l'Académie de lui rendre un compte verbal des observations de M. Dieterichs sur la parturition des animaux domestiques, dit que ces observations ne lui ont pas paru assez détaillées pour pouvoir être l'objet d'un Bapport en forme. Il serait à désirer que l'auteur, professeur distingué de l'École vétérinaire de Berlin , voulût bien communi- quer l'ensemble des recherches dont son livre ne contient qu'un résumé succinct. ( 3o7 ) Au reste, les observations de M. Dietericlis portent sur les quatre espèces domestiques suivantes ; i^ jument, la vache , la brebis et la truie. Pour l'espèce de \a jument , il donne une durée moyenne de portée de 336 à 342 jours; pour celle de la vache, une durée moyenne de 286 \ jours : la portée de la brebis varie, en général, de 146 à 167 jours, et celle de la truie, de 109 à i33 jours. li'opinion d'après laquelle la portée sera plus longue pour les petits , lors- qu'ils sont du sexe mâle que lorsqu'ils sont du sexe femelle, n'est pas fondée. Il y a autant de petits mâles dans les portées courtes que dans les portées longues. PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur un tremblement de terre qui a été ressenti à la Guadeloupe dans la nuit du 16 au 17 décembre i845; par M. MOREAU DE JONNÈS. " A la Guadeloupe , dans la nuit du 16 au 17 décembre dernier, à 2 heures 10 minutes du matin, la terre a tremblé violemment, sans toutefois causer aucun désastre. » Il y a eu deux secousses rapides et très-rapprochées , accompagnées d'un bruit souterrain, semblable à celui que produisent des voitures pesam- ment chargées, en roulant sur une voie pavée. )i Les navires sous voiles, dans la mer des Antilles , ont éprouvé ces deux secousses. On les a ressenties à la Martinique, qui gît à 3o lieues au sud; et l'on assure qu'elles se sont prolongées au nord jusqu'aux États-Unis. n La soufrière de la Guadeloupe est demeurée en dehors de ces phéno- mènes. Ses fumeroles n'ont point augmenté, et rien ne paraît être changé dans l'aspect de ses cratères, » M. Ad. Brongiviart fait hommage, au nom des auteurs, MM. Bruch, Schimper et Gûnibel, des livraisons XVI à XXVIII de l'ouvrage qu'ils pu- blient sous le titre de Brjrologia Europœa. HYDRAULIQUE. — Note Sur la détermination expérimentale des forces retardatrices du mouvement des liquides; par M. de Saint- Venant. « On sait que, dans les fluides en mouvement (sans excepter les liquides les moins visqueux, ni même les gaz), les pressions à travers diverses petites faces planes de même superficie, passant par un même point, ne sont ni toutes égales entre elles, ni normales à ces faces, comme cela a lieu dans les ( 3o8 ) fluides non visqueux dès qu'ils sont en repos, et dans les fluides visqueux en repos depuis un temps suffisant. " Mais ces diverses pressions sont toujours liées par des relations générales çt connues, en sorte que si l'on avait au moins empiriquement, pour l'eau par exemple , les valeurs de leurs composantes iangentielles aux faces (com- posantes appelées quelquefois Jrottements ou actions latérales) exprimées en fonction des vitesses relatives des filets de ce liquide, on pourrait exprimer également les dijjérences entre les composantes normales en divers sens(i), et poser des équations du mouvement suffisamment exactes pour conduire à déterminer, dans une foule de cas , les vitesses de toutes les parties de la masse fluide, problème important et qui intéresse la pratique (2). » Réciproquement, connaissant avec détail la distribution des vitesses dans quelques cas, on déterminerait les forces inconnues qui doivent entrer dans ces équations. \\ est donc heureux que M. le capitaine Boileau ait en- trepris ies recherches expérimentales tendant à faire connaître cette distri- bution (2 février. Comptes rendus, tome XXII, page 212), et désirable que ce savant officier soit mis à même de les continuer pour d'autres circon- stances. » Qu'on me permette, à cette occasion, de parler d'un instrument pour le mesurage des vitesses , dont j'ai proposé l'emploi dans un Mémoire sur les fluides, présenté le 14 avril i834, et déposé à l'Académie. Il consistait dans une sorte de balance de torsion, à fil horizontal ou vertical, supportant, à l'extrémité d'une tige verticale fort mince, un petit corps sphérique exposé à l'action du fluide, La quantité dont il faudrait , en s'en servant , tourner le ressort pour maintenir la tige dans la même position que si le fluide était en repos , ferait juger de la vitesse à l'endroit où il frappe la boule. Pour le graduer, je disais qu'on l'essayerait comparativement en le soumettant à l'action de parties du courant où la vitesse est observable par d'autres moyens (par exemple, les parties proches de la superficie) ou à l'action de masses fluides auxquelles on imprimerait un mouvement de translation connu , et j'ajoutais que , pour défalquer l'action du courant sur la tige , on ferait chaque fois (en dévissant la petite boule) des expériences correc- (i) THote sur la dynamique des ûmdes {Comptes rendus, i843, tome XVII, page 1242). (2) Par exemple , lorsqu'il s'agit de déterminer le débit de l'eau sous une pente totale donnée, dans un lit courbe, ou dans un lit dont la section varie beaucoup. Alors , en effet , les formules connues où l'on ne fait entrer que la vitesse moyenne ne suffisent pas , car la résistance totale du fond et des parois ne peut pas dépendre de cette vitesse de la même ma- nière que dans le cas d'un lit droit à section constante ou peu variable. ( 3o9 ) trices où cette tige serait plongée seule. Je crois que, moyennant ces précau- tions, on ferait disparaître la difficulté de la tare, que M. Boileau trouve être un obstacle à l'usage même de son hydrodynamomètre à ressort, ana- logue du reste à l'instrument dont je viens de parler. )' Je pense aussi que l'utilité de ces expériences pour déterminer les re- lations cherchées entre les vitesses et les Jrottements des filets fluides tant à l'intérieur qu'auprès des parois, dépendra beaucoup du choix des cas pour lesquels elles auront été faites, et que l'on ne peut guère tirer ce parti que des expériences relatives, i° à des canaux d'une largeur en quelque sorte in- définie par rapport à la profondeur; a° à des tuyaux à section circulaire (avec une fente en haut pour introduire l'instrument). En effet, ce n'est guère que dans ces deux cas que la valeur du frottement (alors fonction d'une seule variable, la profondeur, dans le premier cas, et la distance au centre, dans le second) peut être immédiatement déterminée et comparée aux vitesses observées (i). Il est bien désirable aussi que l'on fasse varier beaucoup la profondeur ou le diamètre du canal ; car, à cause sans doute des mouvements moléculaires obliques dont parle M. Boileau, et que l'on remarque dans tous les courants , les frottements intérieurs paraissent ne pas dépendre seulement des vitesses relatives , mais en même temps , et jusqu'à un certain point , des dimensions de la section , et des distances aux parois : du moins, c'est ce qu'on peut soupçonner d'après des faits connus et dif- ficilement exphcables autrement. » M. Fraysse adresse le tableau des observations météorologiques qu'il a faites à Privas pendant le mois de janvier 1 846. (i)Soient, par unité superficielle, à une profondeur z dans le canal, /"le frottement d'une couche horizontale sur le fluide inférieur, et, à une distance r de l'axe dans le tuyau , fie frottement d'une couche cylindrique sur le fluide intérieur; on a, pg'I étant par unité de vo- lume la force accélératrice de la pesanteur décomposée , df ^ d{ { ce qui donne / = fglz + const. pour le canal très-large, et pour le tuyau circulaire. ■^ * ( 3io ) M. Parol4 prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commis- sion à l'examen de laquelle ont été renvoyées ses Recherches expéiimentales sur l'ergot des Graminées. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés adressés , l'un par M. GiiiLLEMiN, l'autre par M. Robin. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ERRATA. (Séance du a février 1846.) Page 207, ligne 5, nu lieu de M. Serae , d'Uiès, Usa M. Sekee, d'Alais. (Séance du 9 février.) Page 243 , ligne 3o , au lieu de Hydrocaris, lisez Hydrocharis. ( 3ii ) BULLETIN BIBLIOCRAPIIIQUE. L'Académie a reçu , daus cette séance , les ouvrages dont voici les titres : Coin/Hes rendus liehdoinadaires des séances de l'académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 6; in-4°. Bulletin de l'Académie royale de-^Médecine ; yanvler 18^6 ; inS'^. annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ; décembre i845 , janvier 1 846 , et Table de 1 845 ; in-8°. Archives d'Anatomie générale et de Physiologie; par M. Mandl; i" année , février 1 846; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; février 1846; in-8°. Compendium de Médecine pratique ; par MM. MONNERET et Fleury ; t. VU ; 27* livraison ; in-8°. Recueil de la Société Polytechnique ; par M. DE MOLÉON; 26® année , 5* série, tome m, n° g; septembre 184 5; in-8". Journal des Usines et des Brevets d'invention ; par M. ViOLLET ; janvier 1 846 ; in-S". Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; février (846; in-S". L'Asphalt-Spoor considéré comme moyen de transport perfectionné , comme source de prospérité nationale, et destiné à remplacer avec avantage les che- mins de fer; par M. C. SoETENS. Amsterdam , 1846; in-4°. Bryologia Europœa, seu gênera Museorum europœorum Monographice illus- trata; auctoribus Bhuch, Gumbel et W.-P. Schimper; fasciculi 16 à 28; in-4". Stuttgardt, 1842—1845. Magnetical. . . Observations magnétiques et météorologiques faites à l'Obser- vatoire de Greenwich en i843, sous la direction de M. G. BiDDEL AïKY. Tjondres, i845; in-4*'. Astronomical . . . Observations astronomiques faites à i Observatoire de Cam- bridge ; par Xe. R. James Ghallis, pour l'année 1842; vol. XIV. Cambridge, i845; in-4". Philosophical, . . Transactions philosophiques de la Société royale de Lon- dres, pour i année 1842 ; partie 2*. Londres, i845; in-4". Proceediugs . . . Procès-Verbaux de la Société royale de Londres, mai <;t juin i845;in-8°. c. R., 1846, 1" Semtilrt. (T, XXII , N» 7.) 4 ' ( 3.2 ) The royal. . . Liste des Membres de la Société royale de Londres; 3o no- vembre i845; ia-4°. Adress... Discours de M. le marquis tfe NoRTHAMPïO« , président de lu Société royale de Londres , pour la séance solennelle de décembre 1 845 ; in-B". Ou some peculiarities . . . De quelques particularités magnétiques des corps ferrugineux ; par M. W. Stukgeon. (Extrait des Mémoires de la Société litté- raire et philosophique de Manchester.) Manchester, i845;in-8°. Bericht . . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie royale des Sciences de Prusse, pour novembre i845; in-B". Parole de adio. . . Adieux adressés par le prince BONAPAHTE à la Section de Zoologie du Congrès de Naples; i845 ; \ feuille in-4°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n° 7; 10-4". Gazette des Hôpitaux; n°' 17 à 19; in-fol. L'Echo du monde savant; n°' 12 et i3; in- 4". Gazette médico-chirurgicale; année 1846, n^^. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 23 FÉVRIER 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CÉOMÉTRIE. — Nouvelles démonstrations des deux équations relatives aux tangentes communes à deux surfaces du second degré homofocales ; — Et propriétés des lignes géodésiques et des lignes de courbure de ces surfaces; par M. Chasles. « Les deux équations en question sont, d'après les notations employées dans mes précédentes communications , ( I ) |x* sin^ i' -+- v« sin» i" — a» , fa) ' PD = -^. x J'ai démontré la première équation en la déduisant d'un théorème plus général, relatif à tous les points d'un plan; et j'en ai conclu la seconde, au moyen de l'équation ' (3) i>} sin» i' 4- V» sin» /" = a» - ^^ , ' relatire à une tangente quelconque à une surface du second degré. C. R., 1846, 1" Santitrt. (T, XXII , N» 8.) 4 '^ ( 3i4 ) » Je me propose maintenant : » 1°. De donner une nouvelle démonstration, extrêmement simple , de l'équation (i); » 2°. De démontrer directement l'équation (2) ; » Et 3°. De faire connaître une nouvelle propriété commune aux lignes géodésiques et aux lignes de courbure d'une surface du second degré, qui se déduit naturellement de ma nouvelle manière de démontrer l'équation (i), et qui donne lieu à quelques corollaires intéressants. » Je m'appuierai sur le théorème suivant qui exprime une belle propriété des surfaces du second degré homofocales. n Théorème. Étant données trois surfaces homofocales (v), (a), (a') {c'est-à-dire dont les demi-axes majeurs sontv, a> a')' si par une tangente quelconque à la première , on mène le plan tangent à cette surface et deux plans tangents aux deux autres surfaces, les inclinaisons de ces deux plans sur le premier auront leurs sinus dans un rapport constant, égal à v/v' — a' » Ce théorème est susceptible de plusieurs conséquences que je n'exami- nerai pas ici; je passe tout de suite à l'objet de cette Note (i). I, — Démonstration de l'équation fi'sin'j'-f- v'sin'i*' = a'. » Concevons la tangente T commune aux deux surfaces (p), (a). Soit m son point de contact sur la surface [p); p. etv sont les paramètres des deux lignes de courbure de cette surface, qui se croisent en ce point, c'est-à-dire les demi-axes majeurs des deux surfaces (p), (v) qui déterminent ces deux lignes de courbure. La normale au point m est tangente à la surface (v); les plans (i) Ayant donné, dans mon Aperçu historique (page SgS , art. 43), une proposition qui forme un cas particulier de ce théorème , le cas où la première surface devenant infiniment aplatie se réduit à un plan , j'ai fait remarquer que cette proposition , et une autre , n'avaient pas toute la généralité désirable [Ibid., art. 45); puis, dans une Note à la fin de la partie histo- rique de l'ouvrage (p. 556), j'ai annoncé être parvenu à la généralisation de ces deux proposi- tions , et j'ai énoncé un théorème duquel cette généralisation se déduisait sans peine. Depuis , l'une des deux propositions généralisées a été le fondement d'une théorie géométrique de l'at- traction des ellipsoïdes , et particulièrement d'une démonstrafion directe du théorème de Ma- claurin. L'autre , qui est celle que je rappelle ici , est susceptible d'une application également intéressante , puisqu'elle conduit naturellement aux propriétés des lignes géodésiques des sur- faces du second degré. ( 3i5 ) tangents aux deux surfaces (a) et (fji), menés par cette tangente , font avec le plan tangent à la surface (v) deux angles dont le rapport des sinus (d'après le théorème précédent) est égal à s/v' — ft'' » Or, le second de ces angles est droit ; on a donc , en désignant le pre- mier par/', smi' — d'où \)? sin^ i' + V* ( I — sin* i') = a? . » Le plan tangent à la surface (a) passe par la tangente T, V est donc l'angle que cette tangente fait avec la ligne de courbure (v) ; soit /" l'angle qu'elle fait avec la seconde ligne de courbure (/Ji); on aura cos /' = sin/", et l'équa- tion devient fjL* sin^ V + v" sin* /" = a? . C. Q. F. D. » Observations. L'équation fx^sin^i' 4-v'sin''j"=: a* exprime la solution de ce problème : Déterminer, en un point d'une surface du second degré (p), la direction des tangentes à la surface, qui vont toucher une seconde su/face homofocale. Car cette direction est celle que déterminent les angles i' eti" (lesquels se réduisent à un seul, puisqu'ils sont compléments l'un de l'autre). L'équation donne tang i' = ^ " Si maintenant on exprime cet angle i' par le rapport des arcs ds', ds" des deux lignes de courbure (]x), (v), qui sont les projections de l'élément mm' ds' ds de la tangente, comme l'a fait M. Liouville (i), on a tangi' = -T7;; doni = -=; OU, en mettant pour ds' et c?/' leurs expressions connues (2), y/p'— p'.rf[Jt _ \/v'—p\dv V/fi'— a' y/fx'— E^ v/fi^— s', ~~ s/-j'— a? VV — s' 'f^—'^ (i) Journal de Mathématiques , t. IX, décembre 1 844- (2) Les expressions de dsf et ds" se peuvent obtenir très-simplement , et sans calculs , par de seules considérations de Géométrie que j'indiquerai dans un autre moment. 42., ( 3t6 ) 1 Cette équation différentielle exprime le rapport -p qui détermine sur la surface {p), à partir d'un point (|U(.,v), la direction de l'élément qui, prolonpé, ira toucher une seconde surface homofocale (a). Et l'intégrale de cette équa- tion représentera une courbe dont tous les éléments, ou , en d'autres termes , dont toutes les tangentes, iront toucher cette surface (a). Cette courbe sera la ligne géodésique : mais les considéi-ations précédentes étaient nécessaires pour donner une signification géométrique à l'équation différentielle. " On arrive donc avec une extrême facilité, et par une marche naturelle, au beau résultat de M. Jacobi, qui avait pu paraître devoir être plus parti- culièrement du domaine de l'analyse, puisque c'est par cette méthode que divers géomètres ont traité cette question. abc n. — Démonstration de l'équation PD : )/a'—a'' » Concevons les deux cylindres circonscrits aux deux surfaces (a), (a) , qui ont leurs arêtes parallèles à la tangente T commune à ces deux surfaces. I^es bases de ces cylindres sur un même plan perpendiculaire à leurs arêtes sont deux coniques, une ellipse et une hyperbole, décrites des mêmes foyers(i). Ces deux courbes se croisent au point M où leur plan rencontre la tangente T. La différence des carrés de leurs demi-axes majeurs est égale au carré du demi-diamètre de l'eUipse conjugué à celui qui aboutit au point M (2). Or, cette différence est égale à la différence des carrés des demi-axes majeurs des deux surfaces, savoir, (a* — a^) (3). On a donc, en appelant OM, le demi-diamètre conjugué à OM, OM^ = y/a^ — a^. Le produit n.P.OM, exprime l'aire de l'ellipse; et 2;rP.D. sjo^ — a} le volume du cylindre qui a pour base l'ellipse , et pour hauteur le diamètre aD de la surface {a). Ce cylindre est circonscrit à cette surface; conséqueniaient, son volume est constant et égal à inahc. (i) Aperçu historique, page 892 , art. 35. (2) Cela résulte directement de deux propositions démontrées dans mon Jperçu historique, pages 36o et 36 1; ou bien encore du théorème général dont je me suis ser%a dans ma pre- mière communication. [Comptes rendus, t. XXII, page 65.) (3) Cela résulte de ce théorème général : Quand deux surfaces sont homofocales, si on leur mène deux plans tangents parallèles entre eux, la différence des carrés des distances de ces deux plans au centre commun des deux surfaces sera constante, quelle que soit leur direc- tion commune. [Aperçu historique, p. 393.) (3i7) D'où il suit que l'on a c. q. F. D. in. — Propriétés des lignes géodésiques et des lignes de courbure des surfaces du second degré. « Du théorème ënoncé au commencement de cette Noie , et sur lequel est fondée la démonstration de l'équation (j), on conclut la propriété suivante des tangentes communes à deux surfaces homofocales : » iS/j par chaque tangente commune à deux surfaces homofocales j on mène un plan faisant avec le plan tangent à la première surface mené' par la tangente commune j un ajîgle de grandeur constante^ ce plan sera constamment tangent à une même surface liomofocale aux proposées. » Les tangentes à une ligne de courbure d'une surface du second depré sont toutes tangentes à une seconde surface homofocale; donc : " Si par chaque point d'une ligne de courbure dune surface du se- cond degré, on mène un plan tangent à cette courbe , faisant avec la sur- face, en ce point, un angle de grandeur donnée et constante, tous ces plans envelopperont une surface du second degré homofocale à la pro- posée. » Il suit de là que : >' Si par les tangentes à une conique décrite dans un plan principal d'une surface du second degré, des mêmes fojers que la focale comprise dans ce plan, on mène des plans tangents à la surface, tons ces plans feront des angles égaux avec le plan principal. " Car la conique peut être considérée comme une ligne de courbure de la surface infiniment aplatie que représente la focale. ( i ) Soit A le demi-diamètre parallèle à la tangente conjuguée à la tangente T : on a , comme on sait, PD Asin(D, A) := abc. Donc, Asin(D, A) = y'a' — a}. Si T est une tangente à la ligne de courbure déterminée sur [a] par la surface (a), l'angle (D, a) est droit , et l'on a A = ya' — câ. Pareillement , soit (a,) la surface qui détermine , au même poiut , la seconde ligne de courbure de la surface {a); on aura D = \^a' — a.\. On peut écrire a.'' = a'' — &.'' , a.] = a'' — D^ Ces expressions des demi-axes majeurs des deux surfaces homofocales qui passent par un point d'une surface donnée , résultent encore immédiatement des propriétés de l'ellipse constante considérée dans le théorème général sur lequel repose ma première démonstration de l'équation pi^sin' j' +v'sin'/" = a'. (Voir Comptes rendus, * t. XXII, p. 65.) Du reste , ces expressions se trouvent dans le Mémoire de M. Joachimsthal. ( 3i8 ) » Les tangentes à une ligne géodésique d'une surface du second degré sont toutes tangentes à une seconde surface homofocale. Donc : >' Si en chaque point d'une ligne géodésique tracée sur une surface du second degré on mène, par la tangente à la courbe, un plan faisant avec la surface, en ce point, un angle de grandeur donnée et constante, tous ces plans enveloppèrent une seconde surface du second degré homofo- cale à la proposée. « Cette surface sera la même pour toutes les lignes géodésiques tracées sur la première , dont les équations auront la même constante. » Soit une surface de révolution autour de son axe majeur, ayant par con- séquent deux foyers. Ces deux foyers peuvent être considérés comme les sommets d'une surface homofocale à la proposée, et qui, ayant deux axes nuls, se réduit à une ligne droite. Conséquemment, tout plan mené par l'un des foyers est un plan tangent à la surface. D'après cela, on conclut du théorème précédent que : II Une ligne géodésique tracée sur un ellipsoïde, ou un hjperholoïde à deux nappes, de révolution autour de l'axe majeur, jouit de la propriété, que le cône qui passe par cette courbe, et qui a son sommet en l'un des deux jojers de la surface, coupe la surface partout sous le même angle. " Cette propriété est caractéristique et peut servir à définir les lignes géo- désiques sur les deux surfaces de révolution. >< ENTOMOLOGIE. — Sur une colonie d'insectes vivant dans l'ulcère de l'ormeau; par M. Léon Dufour. (Extrait par l'auteur.) « En avril i845, je trouvai sur le tronc d'un des grands ormeaux d'une avenue de Saint-Sever, une vaste plaie ulcéreuse d'où suintait une humeur de consistance pulpeuse qui, macérant au loin l'écorce, avait fini par y former une longue traînée roussâtre. En l'explorant avec une scrupuleuse attention , je la vis fourmiller de vers ou , pour parler le langage de la science, de larves. C'était pour moi un véritable trésor, une mine riche d'avenir. Je recueillis et la pulpe , pour ainsi dire vivante, de ce précieux ulcère, et l'é- corce macérée du voisinage. Cette intéressante ménagerie, où mon œil pra- tique avait déjà entrevu des habitants de ma connaissance et d'autres qui stimulaient vivement ma curiosité, fut transférée dans mon Laboratoire, et établie avec empressement dans des bocaux , des compotières destinés à ces sortes d'éducations. Mais là ne se bornèrent pas les précautions exigées pour la prospérité de ces nouveaux hôtes, pour mener à une heureuse fin les évo- lutions, les miraculeuses métamorphoses de leur triple existence. Il me fal- ( 3i9 ) lait les inspecter souvent, leur donner opportunément de l'air, arroser ou plutôt stillicider leur marmelade nutritive; étudier, saisir le terme de 1 ac- croissement de ces larves, leur âge adulte, pour les soumettre alors à une analyse plus rigoureuse, à une soigneuse iconographie. Aussitôt que j'en voyais qui cessaient de se nourrir, je devais les isoler, les séquestrer, afin d'assortir les larves à leurs chrysalides , et m'assurer ainsi de la légitimité des provenances, de l'identité des espèces. » C'est par ces visites réitérées , ces soins assidus , la dissection conscien- cieuse des plus subtils détails de structure, que je suis arrivé à constater, dans un tas de cette boue morbide que couvrirait la paume de la main , une petite république de onze espèces de larves appartenant, pour la plupart, à des genres dissemblables, sans compter celles que leur exiguïté a dérobées à mes investigations ou qui ont mal tourné dans cette éducation domestique où il n'était pas facile de prévoir, pour toutes, les conditions favorables à leur définitive transformation. J'ai même quelquefois obtenu, dans mes bo- caux hermétiques, des insectes ailés dont les larves ne figuraient pas dans mon registre d'observations ou n'avaient pas été suffisamment étudiées. » La plus parfaite intelligence a toujours régné parmi les nombreux indi- vidus de cette ménagerie vermineuse, malgré l'hétérogénéité des espèces, la communauté de nourriture dans une enceinte fort restreinte, et la grande différence du caractère de ces, larves; car les unes s'agitaient en rampant comme de petits serpents , tandis que d'autres , ensevelies sous l'ordure , y demeuraient immobiles et encroûtées. Pas une d'elles n'est devenue la proie de l'autre. » Voici les noms des insectes obtenus de cette poignée de matière puri- ■ forme de l'ormeau : Nosodendrum fasciculare, F.; Rhyphus fenestralis, F.; Mycetobia pallipes, Meig.; Scathopse nigra, Meig.; Ceria conopsoides, L.; Sfrphus nectareus, F.; Sargiis cuprarius, F.; Spilogaster; Apodotomella impressifrons, Duf.; Drosophila pallipes, Duf.; Drosophila niveo-punctata, Duf. » (Suit la description de ces diverses espèces à l'état de larve, de nymphe et d'insecte parfait.) ( 3ao ) RAPPORTS. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Rapport sur un Mémoire intitulé : Recherche et fîiite de la hitnière par les racines; par M. Durand, professeur à l'Ecole de Médecine de Caen. (Commissaires, MM. Adolphe Brongniart, Dutrochet rapporteur.) « Un des phénomènes les plus singuliers que nous offre la physiologie végétale est la tendance de certaines racines vers la lumière, à laquelle ce- pendant elles sont destinées à être constamment soustraites. Ce phénomène a été signalé, pour la première fois, en 18-24, par votre rapporteur, chez la radicule du iMirabilis jalappa, se développant dans l'eau contenue dans un vase de verre. Jusqu'à ce jour aucune autre observation semblable n'avait été faite. M. Durand, dans le Mémoire qui est l'objet de ce Rapport, cite un nouvel exemple de ce phénomène. Ayant fait développer les racines d'un oignon [Jlliun cepa) dans l'eau qui remplissait un vase de verre, il vit ces racines adventives se fléchir vers la lumière. Cette expérience , répétée un grand nombre de fois, lui offrit constamment le même résultat. Votre rap- porteur avait considéré la légère couleur verte que possède souvent la spon- giole de la radicule du Mirabilis jalappa comme la condition , mais non comme la cause de sa direction vers la lumière. Or, M. Durand n'a pas trouvé de trace de matière verte dans les spongioles des racines adventives de XAU lium cepa, en sorte qu'il n'admet point que cette couleur verte des spongioles soit une condition nécessaire pour qu'elles se dirigent vers la lumière. Votre rapporteur s'est empressé de répéter l'expérience de M. Durand, et il a vu qu'elle était parfaitement exacte. Le phénomène de la direction vers la lu- mière de ces racines offre une particularité qui paraît avoir échappé à M. Durand : si l'on retourne le bocal dans lequel ces racines se sont dévelop- pées, en se dirigeant vers la lumière , de manière à les diriger artificiellement en sens inverse , elles renversent leur courbure précédemment acquise pour se diriger de nouveau vers la lumière; ainsi ce n'est point ici la spongiole seule qui se courbe sous l'influence de la lumière, c'est la racine elle-même dans toute sa portion précédemment fléchie en sens inverse. Ainsi les racines de VJllium cepa se comportent , dans ce cas , de la même manière que les tiges , lesquelles renversent leurs courbures acquises précédemment sous l'influence de la lumière lorsqu'on les soumet en sens inverse à l'action lumi- neuse. Votre rapporteur a fait des observations semblables sur les racines ( 3a, ) adventives nées de la bulbe de l'ail cultivé [jéllium sativum); ces racines se dirigent vers la lumière d'une manière peut-être encore plus mar- quée que celles de Y/4llium cepa. Le bocal dans lequel elles s'étaient déve- loppées ayant été retourné, les racines qui s'étaient fléchies vers la lumière se retournèrent; elles renversèrent leurs courbures dans presque toute leur longueur acquise, qui était d'environ 5 centimètres; ainsi , il est bien prouvé que, chez ces deux plantes alliacées, ce n'est pas !a seule spongiole qui se courbe vers la lumière, ainsi que cela a lieu chez la radicule du Mirabilis jalappa, comme votre rapporteur l'a annoncé il y a plus de vingt ans , et ainsi qu'il l'a observé l'écemmeut chez la radicule du Mirabilis longiflora , et chez les racines secondaires de la même plante. Chez les racines de ces deux plantes, c'est la spongiole seule qui offre la tendance vers la lumière; si, lorsqu'elles se sont ainsi fléchies, on retourne le vase, les courbures ac- quises précédemment persistent , et la spongiole nouvellement accrue se courbe seule vers la lumière. Quant à la couleur verdâtre de la spongiole , couleur qui avait paru être la condition de sa flexion vers la lumière, voici ce qui a lieu : il arrive souvent que les graines de Mirabilis qui germent à la surface de l'eau n'achèvent que difficilement de développer la portion aérienne de leur embryon, dont les feuilles cotylédonaires restent souvent dans les enveloppes de la graine, sans pouvoir parvenir à s'étaler à l'air et à la lumière ; alors la vitalité de la plantule est faible, et la spongiole de la radicule demeurée incolore ne se dirige point vers la lumière. Lorsque, au contraire , les feuilles cotylédonaires parviennent à sortir de l'intérieur des enveloppes de la graine, et à s'étaler à l'air et à la lumière, la plantule ac- quiert une vitalité énergique ; souvent alors sa spongiole prend une teinte verdâtre, et elle se dirige vers la lumière. Ainsi la couleur verdâtre de la spongiole paraît résulter de la grande vitalité qui préside à son développe- ment, mais elle n'est point la condition de la flexion vers la lumière. C'est cette grande vitalité elle-même qui est cette condition de tendance spéciale; c'est elle qui détermine le facile accomplissement des actions vitales aux- quelles est dû le phénomène. Ces actions vitales sont celles que le tissu végétal exécute sous l'influence de la lumière. '• On peut conclure de ces observations que les racines adventives de l\4l- lium cepa et de ÏAllium sativum conservent, dans une assez grande portion de leur étendue , une vitalité énergique, laquelle n'existe, chez la plupart des autres plantes, que dans les spongioles. » La lumière , i-éfléchie par la face concave , intérieure et postérieure du vase de verre dans lequel M. Durand faisait développer les racines de XJl- C. R., 1846, i*-- Semestre. (T. XXII, N" 8.) 4^ ( 3a2 ) lium cepa, pouvait agir sur ces racines avec plus d'intensité que ne le faisait la lumière directe, en sorte que la tendance vers cette dernière lumière qu'affectaient les racines pouvait , dans le fait, être le résultat de la tendance qu'elles auraient eu à fuir la lumière plus intense qui aurait été réfléchie et concentrée sur elles par la face concave du vase de verre. Quoique cela ne fût pas très-probable, M. Durand, pour éliminer cette cause d'erreur, peignit en noir ou recouvrit d'une étoffe noire cette face intérieure et postérieure du vase de verre, et recommença son expérience. Le résultat fut le même , et il lui fut ainsi bien démontré que les racines de VAlllum cepa tendaient vers la lumière. " C'est dans la seconde partie de son Mémoire que M. Durand traite de la tendance des racines vers la lumière. C'est cependant par l'examen de cette seconde partie qu'il nous a paru le plus opportun de commencer notre Rap- port. Nous passons actuellement à l'examen de la première partie, qui traite de la fuite de la lumière par les racines, phénomène qui est plus en harmonie que le précédent avec leur destination, puisqu'il peut concourir à les déter- miner à s'enfoncer dans les entrailles obscures de la terre lorsque les graines germent à sa surface. " On neconnaissait, jusqu'à ce jour, qu'un petit nombre déplantes dont les racines fuient la lumière : le premier exemple de ce phénomène a été observé, il y a douze ans, par votre rapporteur chez une racine née dans l'air du Pothos digitata. Il y a trois ans environ , M. Payer a annoncé que les radicules du chou et de la moutarde blanche, développées dans l'eau contenue dans un vase de verre, fuyaient la lumière , et il a ajouté que les racines de beaucoup d'autres plantes étaient dans le même cas. M. Durand a considéré cette der- nière assertion, dans laquelle les plantes ne sont pas nommées, comme n'é- tablissant aucun droit de découverte spéciale pour M. Payer. Nous ferons observer que ce dernier n'a cité, en effet, dans son Mémoire que les radi- cules du chou et de la moutarde blanche comme fuyant la lumière diffuse; mais il y a dit aussi que les radicules du Sedum telephium fuyaient seulement la lumière directe du soleil. Depuis ce temps (i), il a ajouté à la liste de ces plantes, dont les radicules fuient la lumière , les trois suivantes : Rhagadiolus lampanoides , Cichorium spinosum, Hjeraciwn Joliosum. Il n'a point dit si c'était la lumière diffuse ou seulement la lumière directe du soleil qui pro- duisait cet effet. Quoi qu'il en soit, M. Durand a entrepris de diriger de nouvelles recherches dans ce sens; il a soumis à l'expérience les radicules de (t) Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, tomç XVIII, page 35. ( 323 ) plusieurs plantes nouvellement germées et appartenant à diverses familles, il n'a observé la fuite de la lumière, le plus généralement, que par les racines des plantes appartenant à la famille des Crucifères. Ces expériences ont été faites en couvrant d'une étoffe noire la face interne du vase de verre opposée au sens de l'afflux de la lumière. De cette manière, les racines soustraites, dans tous les autres sens, à l'influence de la lumière, devenaient plus aptes à manifester leur tendance à fuir cet agent, si cette tendance existait. Au moyen de ce mode d'expérimentation, M. Durand a vu les radicules des plantes suivantes fuir la lumière d'une manière plus ou moins marquée: Raphantis sativus (radis) , Cheiranthus incaims (giroflée rouge) , Myagrum sativum (caméline), Isatis tinctoria (pastel des teinturiers) , Diplotaxis tenuifolius, Eresymum contortum, Synapis levigata, Alyssum vesicatoria, Brassica napus (navet) , Brassica campestris (colza) , Brassica orientalis, Brassica oleracea capitata, Brassica viridis crassa, Brassica capitata rubra, Brassica oleracea botrytis. Les racines secondaires du Lathyrus odoratus. » M. Durand , en soumettant les radicules du cresson alénois [Lepidium sativum) au mode d'expérimentation décrit plus haut, dit avoir vu ces ra- dicules fuir la lumière, à laquelle, selon M. Payer, elles seraient complète- ment insensibles. Cette expérience répétée plusieurs fois, selon le mode employé par M. Durand, n'a point offert le résultat indiqué par cet obser- vateur. Ces radicules n'ont manifesté aucune tendance à fuir la lumière; seulement , lorsqu'elles n'ont été éclairées que par une fente verticale laissée par l'étoffe noire qui garnissait l'intérieur du vase de verre, elles se sont quelquefois fléchies en zig-zag, ainsi que l'a vu M. Durand. A ce sujet nous exposerons ici quelques observations qui appartiennent à un autre ordre de faits sur lesquels il nous paraît utile d'appeler l'attention. » La recherche et la fuite de la lumière ne sont pas les seules actions que les racines exécutent quand elles sont soumises à l'influence de cet agent, auquel elles sont destinées à être soustraites dans l'état naturel. Les racines 43.. ( 3»4 ) de certaines plantes n'offrant ni tendance à se diriger vers la lumière, ni tendance à la fuir, sont cependant très -sensibles à son influence. Cela se remarque, par exemple, chez les racines du Pisum sativum, et chez celles de YErvum lens. Ces racines , nées de graines en germination , et se déve- loppant dans l'eau contenue dans un vase de veiTe, où elles ne reçoivent que de la lumière diffuse, se contournent ou se tortillent souvent de la manière la plus irrégulière , semblant attester ainsi qu'elles sont dans un état de souffrance. Lorsqu'elles ne reçoivent la lumière que par une fente ver- ticale, de I à 2 centimètres de largeur, laissée par une étoffe noire qui enveloppe le vase de verre, un phénomène plus singulier se présente: ces racines se contournent souvent en spirale, comme les tiges volubiles ou les vrilles , et cela tantôt de droite à gauche , tantôt de gauche à droite. Pour voir ce phénomène , il faut faire germei- des graines d'Ervuin lens ou de Pisum sativum sur une lame de liège percée de trous pour recevoir les radicules, et flottante à la surface de l'eau qui remplit un vase de verre en- veloppé, en grande partie, par une étoffe noire et ne recevant ainsi la lu- mière que d'un seul côté. Les radicules, comme on sait, sont composées de deux parties différentes; leur partie supérieure est constituée par le pre- mier mérithalle de la plante , et c'est au-dessous de ce premier méritballe que se développe la véritable racine. Or c'est cette dernière qui se courbe en spirale. Votre rapporteur a vu ainsi deux racines de Pisum sativum^ soumises à ce mode d'expérimentation, se développer eu formant une spirale de droite à gauche à spires espacées. Plusieurs autres fois il a vu des racines d'Ervum lens présenter des spirales à tours serrés et dirigés tantôt de droite à gauche, tantôt de gauche à droite. Quelquefois, lorsque cette disposition en spirale venait à cesser, la racine prenait des flexions al- ternativement dirigées en sens inverse, ou se disposait en zig-zag. C'est peut-être là le phénomène qu'a observé M. Durand chez la racine du cres- son alénois. Ce qu'il y a de singulier, c'est que ce phénomène de disposition en spirale ne se présente pas constamment chez les racines de la même espèce de plante se développant dans les mêmes conditions environnantes, en sorte qu'on peut penser qu'il dépend, en partie, de la vitalité de la plante. Ainsi , dans certaines circonstances , les racines deviennent volubiles sous l'influence de la lumière , laquelle possède ainsi la propriété de déter- miner chez elles l'exercice de la force révolutive qui paraît inhérente à la vitalité de la plante, mais qui, sans cette lumière, ne manifesterait point son cxi.stence. Ces expériences prouvent que le mode d'action de la lumière sur les plantes est encore loin d'être bien connu : on sait seulement qu'elle ( 325 ) augmente leur transpiration; mais, pour arriver à produire cet effet, elle doit déterminer l'exercice de phénomènes intérieurs et vitaux que nous ne connaissons point. » Le Mémoire de M. Durand est terminé par l'examen des théories qui ont été émises pour expliquer le mode de l'influence qu'exerce la lumière sur les caudex végétaux pour déterminer leur inflexion. Son observation sur la tendance des racines de VÂlliurn cepa vers la lumière lui sert à com- battre la théorie de M. de Gandolle, laquelle, d'ailleurs, tombe nécessarl-e- ment devant l'observation de la fuite de la lumière par certaines tiges et par certaines racines. Si, en effet, l'inflexion vers la lumière provenait, comme Ta prétendu M. de Gandolle , de ce que le côté du caudex frappé par la lu- mière se solidifie plus tôt que le côté opposé, et, par conséquent, se déve- loppe moins en longueur, l'inflexion en sens opposé, ou la fuite de la lumière n'existerait jamais. M. Durand examine ensuite la théorie proposée par votre rapporteur, théorie qui emploie, pour l'explication des phénomènes en question , la considération des différentes tendances naturelles à l'incurvation que possèdent les deux systèmes cortical et central et la considération de l'affaiblissement que l'action de la lumière doit apporter dans la tendance à l'incurvation du système cortical par le fait de la déplétion de ses utricules , en raison de l'augmentation de la transpiration ou de l'émanation aqueuse occasionnée par l'influence de la lumière. Nous n'entrerons point ici dans l'exposé détaillé de cette théorie; il nous suffira de dire qu'elle repose, en partie, sur cette considération, que les tiges végétales qui tendent vers la lu- mière, et celles qui la fuient, possèdent une structure intime inverse dans leur écorce; d'où il résulte, chez cette dernière, deux tendances opposées à l'incurvation, laquelle dépend de l'ordre de décroissement en grosseur des utricules composantes. Ordinairement, dans l'écorce des très-jeunes tiges, les utricules les plus grosses se trouvent vers le milieu de son épaisseur, et, de là, les utricules vont en décroissant de grosseur, et vers le dedans, et vers le dehors. Si, de ces deux couches à décroissement inverse dont se compose l'écorce, c'est l'interne qui est la plus épaisse , la tige tendra vers la lumière, d'après la théorie de votre rapporteur; si , au contraire, des deux couches corticales, c'est l'externe c^\ est la plus épaisse, la tige fuira la lumière, d'après la même théorie. Il s'agissait de savoir si les deux organisations dif- férentes qui , selon celte théorie , produisent la recherche ou la fuite de la ■ lumière , s'observeraient de même chez les racines qui manifestent ces deux tendances opposées. C'est ce que M. Durand a observé. Les racines de VAllium cepa, les seules qu'il au vues tendre vers la lumière, devraient, pour ( 3a6 ) confirmer la théorie ci-dessus , offrir , dans leur écorce , la prédomination de l'épaisseur de la couche interne, dont les utricules décroissent de grosseur de l'extérieur vers l'intérieur, sur la couche externe dont les utricules offrent un ordre de décroissemént inverse. C'est effectivement ce que M. Durand dit avoir vu. Malgré toute la satisfaction que donnerait à votre rapporteur ce résultat de l'observation qui confirmerait sa théorie, il dit, pour rendre hom- mage à la vérité, déclarer que ce résultat ne lui a paru évident ni chez les racines de VAlliumcepa, ni chez celles de VAlUum sativum, lesquelles offrent la tendance veis la lumière. » M. Durand dit avoir vu que chez les radicules du chou et chez celles de V Isatis tinctoria qui fuient la lumière , c'est la couche corticale externe qui l'emporte en épaisseur sur la couche corticale interne. Votre rapporteur a choisi une autre plaute pour vérifier ce fait ; il s'est adressé à la moutarde blanche dont les radicules fuient si énergiqiiement la lumière. Il a vu que l'organisation annoncée par M. Durand chez les radicules du chou et de Ylsatis tinctoria était très-évidente chez la radicule de la moutarde blanche, en sorte que ce fait se trouve en harmonie avec la théorie ici soumise à l'examen. >' Les radicules de la moutarde blanche offrent cela de très-remarquable que, fuyant la lumière dans la grande majorité des cas, il arrive quelquefois qu'il s'en trouve parmi elles qui tendent vers la lumière (i); il était curieux de rechercher si , chez ces dernières , il existait une organisation inverse de celle qui existe chez celles de ces radicules qui fuient la lumière. Chez celles-ci, c'est la couche corticale externe qui l'emporte en épaisseur sur la couche corticale interne ; or, le contraire a lieu chez celles de ces radicules qui tendent vei's la lumière : c'est la couche corticale interne qui l'emporte en épaisseur sur la couche corticale externe, et cela à un tel point, qu'on peut dire qu'elle existe à peu près seule. Ce serait à ces deux organisations différentes que les radicules de la même plante devraient d'offrir, les unes , en grande majorité, de fuir la lumière; les autres, en très-petit nombre, de tendre vers elle. " M. Durand, à la fin de son Mémoire, s'attache à repousser les attaques que M. Payer a dirigées contre la théorie de votre rapporteur, touchant la (i) M. Payer m'a parlé, en 18447 de ce fait singulier que j'avais observé antérieurement comme lui. Je le publie le premier : la priorité de l'observation demeure inconnue, car M. Payer n'en a point parlé dans son Mémoire communiqué à l'Académie des Sciences, le (> novembre i843. (Note de M. Dutrochet.) (3.7) manière dont agit la lumière pour déterminer la flexion des caudex végétaux. Cette théorie emploie, comme l'un de ses éléments, la considération de l'ac- tion de la lumière pour augmenter la transpiration végétale; c'est là un fait donné par l'observation, fait que personne, jusqu'à cejour,n'a prétendu ex- pliquer. On sait, au reste, que cette transpiration ou émanation aqueuse est augmentée, non-seulement par l'action de la lumière directe du soleil, mais aussi par l'action de la lumière diffuse qui ne porte aucune chaleur thermo- métrique avec elle : cela exclut toute idée de l'intervention de la chaleur dans la production de ce phénomène. On sait, d'ailleurs, par les expé- riences du docteur Gardner, que les rayons violets et bleus de la lumière lunaire, décomposée par le prisme, rayons qui ne sont accompagnés d'au- cune chaleur, ont le pouvoir de faire fléchir les tiges végétales. Or, M. Payer attribue à votre rapporteur l'opinion que la lumière produirait l'inflexion des tiges végétales par suite de la chaleur qui l'accompagne (i), et il ajoute : Mais si, comme Dodart et M. Dutrochet le supposent, la transpiration pro- duite par l'action calorifique de la lumière était la seule cause de la cour- bure, comment ce phénomène peut-il s'opérer au sein des eaux ? D'abord , nous ferons observer que M. Payer, par les fonctions qu'il remplit dans l'enseignement, ne peut ignorer que les êtres vivants transpirent quoique plongés dans l'eau, car la transpiration est le résultat d'une action expulsive et non celui d'une simple évaporation. Nous ferons observer, en second lieu, que votre rapporteur n'a jamais donné le moindre sujet de supposer qu'il admît que la transpiration végétale fût produite par Vaction calorifique de la lumière. Comment donc M. Payer a-t-il pu lui attribuer, sans aucun fon- dement, une opinion semblable que repousse la science la plus élémentaire? Votre rapporteur remercie ici M. Durand de s'être élevé contre cette erreur et de lui avoir fourni ainsi l'occasion de la repousser lui-même. Conclusions. » M. Durand a confirmé , par des observations nouvelles , le fait si singu- lier de l'influence de la lumière sur les racines, soit pour les déterminer à ten- dre vers elle, soit pour les déterminer à Ja fuir. Il a le premier constaté la tendance vers la lumière chez des racines adventives croissant dans l'eau , (i) Journal de Pharmacie et de Chimie , 3" série, tome III, page 1 36. Extrait du Mémoire de M. Payer intitulé : Mémoire sur la tendance des tiges vers la lumière. Ce Mémoire a été présenté à l'Académie des Sciences le 26 décembre 1842 , et une partie seulement de son con- tenuaété l'objet d'un Rapport fait le 8mai i843. Depuis , l'auteur a retiré ce Mémoire. (Note de M. Dotrochet.) ^^ ( 3a8 ) chez celles de XAllium cepa, et il a étendu à beaucoup d'espèces la plupart de la famille des Crucifères, l'observation de la fuite de la lumière par les racines. Ses expériences, faites avec une bonne méthode, attestent un expé- rimentateur infjénieux et zélé. Nous proposons à l'Académie d'accorder son approbation à ses travaux et de l'engager à les continuer. » Tjes conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. Mathieu commence la lecture d'un Rapport sur un tableau arithmé- tique présenté par M. Philippe. M. Gauchy rappelle qu'un mécanisme destiné aux mêmes usages, présenté par M. Russel-d'Inval, avait été renvoyé précé- demment à l'examen d'une Commission devenue incomplète par la mort de M. Lacroix. M. Cauchy, qui offre de donner tous les renseignements dési- rables sur la méthode de M. Russel, est adjoint à la Commission chargée d'examiner le travail de M. Philippe. MÉMOIRES LUS. ORNITHOLOGIE. — Recherches sur l'appareil respiratoire des oiseaux ; par M. Sappey. (Commissaires, MM. Serres, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Babinet.) « Le poumon des oiseaux est constitué par un ensemble de conduits, égaux en diamètre, anastomosés entre eux, et formant un vaste plexus dans lequel l'air atmosphérique pénètre de la surface au centre. )i Autour de ce plexus existent les ramifications bronchiques; toutes ces ramifications naissent de onze troncs principaux; quatre de ces troncs se portent sur la face inférieure du poumon et la recouvrent de leurs rameaux divergents; sept se distribuent sur sa face supérieure pour l'en- tourer aussi de leurs nombreuses subdivisions; ces canaux et canalicules, en se juxtaposant , forment autour de la surface pulmonaire une véritable membrane aérifère qui adhère en bas au diaphragme, et en haut à la face interne des côtes. » Le poumon et la membrane aérifère qui l'environnent ont pour agent essentiel de leur dilatation le diaphragme; ce muscle, perforé sur la ligne médiane pour livrer passage, d'une part à l'aorte, et de l'autre à l'œsophage, se dédouble sur les parties latérales; des deux lames qui résultent de ce dédoublement, l'une se porte transversalement en dehors pour se fixer par de petites digitations musculeuses à la face interne des côtes , l'autre se dirige ver- ( 329 ) ticalement en bas et se fixe au sternum: la première s'applique exactement sur la face inférieure du poumon, et contracte une adhérence intime avec les bronches qui couvrent cette face; la seconde, en se dirigeant verticale- ment en bas vers le sternum, s'infléchit un peu en dehors par ses extrémités antérieure et postérieure, et forme ainsi, avec la précédente, un cône dont le sommet répond au poumon, tandis que sa base, très-obliquement coupée, regarde en dehors et en arrière. De cette disposition il résulte: i" qu'au moment où le thorax se dilate, la portion verticale du diaphragme est ten- due, soit par l'abaissement du sternum , soit par la contraction de ses fibres musculaires; 2° que la portion horizontale est également tendue, soit par la projection des côtes en dehors , soit par l'action de ses faisceaux contrac- tiles; 3" que ces deux forces étant l'une verticale et l'autre horizontale, leur résultante se dirige obliquement en bas et en dehors, c'est-à-dire parallèle- ment à l'axe de chaque cône diaphragmatique; 4** que le diaphragme adhé- rant aux bronches inférieures du poumon, au moment où celui-ci s'abaissera pour se porter en bas et en dehors, les bronches correspondantes s'abaisse- ront aussi et se dilateront; 5" que les bronches diaphragmatiques attirées en bas entraîneront dans la même direction le poumon dont elles font partie , tandis que cet organe et les bronches qui recouvrent sa face supérieure seront simultanément attirés en haut par l'écartement des côtes; 6" que l'organe pulmonaire placé ainsi entre deux puissances diamétralement op- posées et obéissant à toutes deux, se trouve dans les conditions les plus avantageuses pour se dilater et attirer dans sa cavité l'air atmosphérique. » Cinq réservoirs aériens sont annexés de chaque côté à l'organe pul- monaire; ces réservoirs sont , en procédant d'avant en arrière: 1° le réser- voir prévertébral ou cervical ; 2° le réservoir biclaviculaire ou thoracique; 3° et 4° les deux réservoirs diaphragmatiques , l'un antérieur, ordinairement plus petit, l'autre postérieur, plus grand; 5° enfin le réservoir cloacal ou abdominal. " Tous ces réservoirs sont indépendants les uns des autres, tous commu- niquent avec le poumon par un orifice constamment béant; tous sont con- stitués par une membrane mince, transparente, très-peu vasculaire, et d'apparence séreuse; tous sont complètement vides, c'est-à-dire ne contien- nent aucun organe; quelques-uns vont s'ouvrir dans diverses pièces du sque- lette, mais ils ne conduisent le fluide aériforme qu'ils renferment ni dans le tissu cellulaire , ni dans les muscles , ni dans les plumes. " li'air qui occupe la cavité des réservoirs se raréfie au moment de l'in- spiration, et se condense dans l'expiration; pour constater ce double phéno- C. R., 1846, i" Semestre. (T. XXII, N" 8 ) ^ 44 * ( 33o ) mène, il suffit d'introduire dans l'une des cellules aériennes un tube recourbé en S et contenant une petite quantité de mercure; en fixant les parois de la cellule aux parois du tube, on voit le métal se porter vers la cellule pendant l'inspiration, et s'en éloigner durant l'expiration; ces mouvements oscilla- toires, dont l'intermittence coïncide parfaitement avec ceux de la respira- tion, deviennent beaucoup plus remarquables lorsqu'on comprime momen- tanément la tracbée artère. Il suit de cette expérience que l'air contenu dans les cellules aériennes de l'oiseau est soumis à un flux et reflux perpétuel , et que cet air, étant constamment attiré vers le poumon dans l'inspiration et rejeté du poumon dans les cellules au moment de l'expiration, est toujours un air respiré, et par conséquent un air qui présente une température de 4o degrés centigrades. » Les réservoirs aériens ont pour usage principal d'assurer l'équilibre de l'oiseau pendant la durée du vol , et pour usage accessoire de diminuer le poids de son corps; l'équilibration résulte de l'adossement de tous ces ré- servoirs à la face supérieure ou rachidienne du tronc , et de la situation de tous les organes qui offrent quelque poids sur la face opposée; par leur présence ils éloignent du racbis ces divers organes et abaissent ainsi le centre de gravité. Plus les réservoirs aériens seront développés, plus ces organes seront abaissés, plus le centre de gravité descendra, et plus aussi l'équilibre sera stable ; cet équilibre acquiert son maximum de stabilité au moment où l'oiseau prend son vol, car alors les muscles pectoraux, agissant avec énergie, dilatent largement le thorax, toutes les cellules se distendent, et le centre de gravité s'abaisse par l'intervention même de la puissance qui préside au vol à l'instant où cet abaissement est nécessité par l'extrême mobilité du mi- lieu sur lequel l'animal prend son point d'appui. » Les cellules aériennes diminuent la pesanteur spécifique du corps de l'oiseau par l'air raréfié qu'elles renferment; cet air, offrant constamment une température de 4o degrés centigrades, diffère sensiblement, en effet, par sa densité, de l'air extérieur; sous ce point de vue, on peut comparer les ré- servoirs atmosphériques que nous présentent les oiseaux, à la vessie nata- toire des poissons; dans l'une et l'autre classe, en effet, la diminution pro- duite dans le poids du corps par la présence d'un fluide aériforme dépend de la différence des milieux. )) Parmi les os qui composent le squelette des oiseaux, il en est quelques- uns qui sont constamment aériformes, d'autres qui le sont dans certaines classes seulement, et plusieurs qui n'offrent ce caractère dans aucune cir- constance; les os qui renferment toujours de l'air sont les vertèbres dorsales , ■m ( 33i ) les vertèbres cervicales et l'humérus; ceux qui en renferment quelquefois forment une série plus nombreuse: parmi ces derniers il faut ranger le ster- num, les côtes, les deux clavicules, l'omoplate, le sacrum, les vertèbres coc- cygiennes et le fémur, qui ne devient aérifère que dans les oiseaux de haut vol. » Les os qui ne communiquent jamais avec l'appareil respiratoire sont ceux de l'avant-bras et de la main , de la jambe et du pied. » Les avantages qui découlent de la présence de l'air dans une partie du squelette des oiseaux sont tout à fait analogues à ceux qui résultent de la présence de la moelle dans les os des Mammifères; la mécanique nous dé- montre, en effet, que de deux colonnes également hautes, composées en même quantité de la même substance, celle qui offre le diamètre le plus considérable est la plus résistante ; l'air et la moelle ont pour effet d'agrandir ce diamètre, et par conséquent de donner plus de solidité aux leviers osseux; seulement l'air, étant plus léger que la moelle, produit cet effet d'une manière encore plus avantageuse, et mieux appropriée à la destination de l'oiseau. » Les plumes renferment de l'air ; mais ce fluide ne provient point , ainsi qu'on l'avait admis anciennement, de l'appareil respiratoire; il pénètre di- rectement dans le canal de chaque plume par un orifice elliptique situé sur sa face inférieure au point de jonction du sillon que présente cette face avec l'âme de la plume. Si, après avoir fermé cet orifice et rempli de mercure le canal de la plume, on la renverse sur une cuve hydragiro-pneumatique , le métal séjournera indéfiniment dans ce canal , comme dans un tube baro- métrique ; lorsque cet orifice redevient libre , la colonne mercurielle descend peu à peu, et ne tarde pas à prendre le niveau. » L'introduction d'un fluide aériforme dans les plumes a pour usage de dilater le canal qu'elles présentent , et par conséquent d'accroître leur ré- sistance sans augmenter leurs poids ; cet usage permet de comprendre com- ment le canal de l'humérus est constamment aérifère, et les os de Favant- bras constamment médullaires : l'os du bras étant , en effet, chez les oiseaux , le siège des principaux efforts qui se passent dans le membre antérieur, devait offrir un diamètre considérable pour posséder une force qui lui permît de supporter ces efforts ; les os de l'avant-bras sont loin d'offrir les mêmes conditions : les efforts qui se passent dans cette section des membres se répartissent principalement sur les plumes; et de même que l'air pénètre dans la cavité de l'humérus pour accroître son diamètre et sa solidité, de même il s'introduit dans les plumes de l'avant-bras et de la main, pour dilater leur canal et leur donner une plus grande résistance. -^ 44.. ( 33a ) n En résumé, tous les auteurs s'accordent à admettre qu'il existe une plèvre dans l'appareil respiratoire des oiseaux; quil n'existe pas de dia- phragme; qu'il y a deux espèces de cellules aériennes, les unes pleines et les autres vides ; que ces cellules s'ouvrent non-seulement dans les os, mais encore dans le tissu cellulaire, dans les muscles, et même dans les plumes. » J'ose affirmer, i" qu'il n'y a point de plèvre dans les oiseaux ; a° que la membrane qui a été décrite sous ce nom est formée parles bronches infé- rieures du poumon ; 3° que toutes les ramifications bronchiques sont péri- phériques et produisent, en s'adossant , une véritable enveloppe aérifère ; 4*^ que non-seulement le diaphragme existe dans les oiseaux , mais qu'il est l'agent essentiel de la dilatation pulmonaire; 5° que l'observation repousse soit l'existence des cellules pleines, soit la communication de l'appareil respiratoire avec les muscles, le tissu cellulaire et les plumes; 6° que les réservoirs aériens annexés au poumon sont au nombre de cinq de chaque côté ; 7° que ces réservoirs , inutiles à la respiration , ont pour usage d'as- surer l'équilibre de l'oiseau pendant le vol, et de diminuer sa pesanteur spécifique; 8" que l'air qu'ils contiennent se raréfie pendant l'inspiration, et se condense pendant l'expiration ; 9" que la présence de l'air dans les os a pour effet d'augmenter leur diamètre et leur résistance , sans accroître leurs poids; 10" enfin, que ce même fluide pénètre directement dans les plumes par un orifice elliptique situé sur leur face inférieure , et remplit dans ces organes le même usage que dans les leviers osseux. » M. CouLviER-GnAviEulit la quatrième partie de ses recherches sur les étoiles filantes. ( Commission précédemment nommée. ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIK APPLIQUÉE. — Note sur un appareil pour cuire le pain à la vapeur ; par M. Violette. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Boussingault. ) « Cet appareil, dit M. Violette, se compose de deux cylindres concen- triques, entre lesquels peut circuler la vapeur; celle-ci est préalablement chauffée dans un petit serpentin maintenu à la température convenable. Le cylindre intérieur est percé d'une infinité de trous microscopiques, et con- tient la pâte préparée; la vapeur qui circule entre les cylindres pénètre par ces trous dans l'intérieur, y distribue la chaleur d'une manière parfaitement uniforme, et s'échappe par une petite ouverture à l'extérieur, après avoir ( 333 ) exercé son action calorifique qui détermine la cuisson du pain en moins d'une demi-lieure. Ainsi, rien de plus simple que ce procédé : introduire la pâte, fermer l'appareil, ouvrir le robinet de vapeur, le fermer après la durée convenable, retirer le pain cuit, pour le remplacer immédiatement par une nouvelle fournée, telle est la série simple et facile des opérations. " PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sw la direction des oscillatioHS dans les mouvements vibratoires qui se propagent dans un milieu élastique ; par M. Laciient, capitaine du Génie. (Commission précédemment nommée.) M. QuENTi\-DuRAND soumct au jugement de l'Académie un nouveau crible à plan incliné et à double grille. (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin.) M. DucROs adresse un Mémoire ayant pour titre : « Le fer de l'hématosine du sang offre des propriétés magnétiques appropriées à la vie, et il est l'a- gent essentiel de la circulation chez les monstres acardes, chez les entomo- zoaires à sang rouge, et chez l'homme ou les animaux à cœur devenu osseux ou cartilagineux. » (Commission précédemment nommée.) COImESPO^DANCE. M. r-E Ministre de la Marine rappelle qu'il a demandé à l'Académie des Instructions pour le voyage que va faire M. Rajjfenel dans l'intérieur de l'Afrique. Il résulte des renseignements pris, près de M. Raffenel lui-même, par quelques-uns des Commissaires chargés de préparer les instructions deman- dées, que le voyage se fera dans des conditions qui rendraient à peu près im- possibles les diverses observations que l'on aurait recommandées. astronomie. — Comète de Gambart. Les journaux américains rapportent que le lieutenant Maury vit la comète double, à Washington, dès le 12 janvier. Il résulte d'une Lettre de M. Schumacher à M. Arago , que M. Widemanu, à Koenigsberg , et M. Challis, à Cambridge (Angleterre), virent distinctement le double noyau, le i5 janvier. Le i4 , M. Widemann avait observé la comète avec le grand héliomètre, sans y rien remarquer de particulieiC - - (334) Le 24 janvier, M. Walker, directeur de l'Observatoire de High-School (États-Unis), vit les deux noyaux fort éloignés l'un de l'autre. Les deux noyaux paraissent avoir pu, vers le milieu de janvier, se projeter presque l'un sur l'autre. Pour assigner la date précise de cette conjonction, il sera nécessaire de rectifier les éléments des deux orbites. M. Laugier s'oc- cupe de celte recherche ; il fera très-prochainement connaître ses résultats. Les singularités qui ont accompagné l'apparition actuelle de la comète de Gambart, devaient naturellement reporter l'attention des érudits sur les phénomènes analogues consignés dans les annales de la science. M. Arago a cité le passage ci-après de la Cométographie de Pingre: « Éphore, historien grec, rapportait, selon Sénèque, que la comète de » 37 1 s'était divisée en deux étoiles , vers la fin de son apparition. Gomme il >' est le seul garant de ce fait, Sénèque ne croit pas que sa seule autorité suf- » fise pour le constater. » M. Edouard Biot a rappelé plusieurs des résultats de ses recherches sur l'Astronomie chinoise , entre autres , le fait que voici : « Il parut , en 896 , trois étoiles extraordinaires , une grande et deux pe- » tites; elles furent vues entre les constellations ou divisions Hiu (/3 Verseau) » et Goei (a Verseau). Tantôt elles s'unissaient, tantôt elles se séparaient; n elles se suivaient ensemble et marchaient vers l'orient : elles allèrent trois » jours, et les deux petites disparurent ; ensuite la grande disparut. « Nous extrairons encore de la Note de M. Edouard Biot, un passage relatif aux changements physiques que les comètes éprouvent : « La comète à deux queues citée dans les annales chinoises est de l'an 837 de notre ère. J'ai traduit le texte de Ma-touan-lin dans mes recher- ches sur les anciennes apparitions de la comète de Halley (voyez additions à la Connaissance des Temps pour 1846, pages 78 et 79) ; on y lit : « Le jour » Y-tcheou (10 avril 837), la comète était longue de 5o degrés. Son extré- " mité se partagea en deux branches. L'une était dirigée vers 77(détermi- » nation a? Balance); l'autre couvrait Tang (détermination tt Scorpion). Le >' jour Ping-jn (i i avril), elle fut longue de 60 degrés. Il n'y eut plus de bi- >■ furcation. Elle était dirigée vers le nord , et était au septième degré de >' ATang' (détermination X Vierge). » » Cette comète est dans le Catalogue de Ma-touan-lin que M. de Guignes fils a traduit (voyez tome X des Savants étrangers de l'ancienne Académie des Sciences) ; mais je crois ma traduction plus exacte que la sienne. » Dans le Catalogue des comètes observées en Chine , entre i a3o et 1 640 , et traduit par moi du Supplément de Ma-touan-lin, on trouve, à la date de ( 335 ) 1 302 , une comète qui perd son noyau et ensuite perd sa queue (voyez Addi- tions à la Connaissance des Temps pour 1 846, pages 48 et 49); on y lit : " Le Il 28 mars, on ne vit plus le noyau sous forme d'une étoile : il y avait seule- 11 ment une forme de vapeur blanche qui illuminait le ciel en courbe et indiquait Il l'ouest Le i*' avril, elle passa en avant de ;( grande Ourse. On voyait » seulement une forme d'étoile sans chevelure. Elle était grande comme une » tasse à vin. » » Enfin , à la page 76 des Additions à la Connaissance des Temps, même année, j'ai donné la description d'une apparition observée en 1066, où il y a à la fois une étoile sans chevelure et une comète. II y est dit : « Au nord , il » y avait une étoile sans chevelure; la comète marcha vers l'orient, et il y Il eut, en outre, une vapeur blanche large de 3 degrés environ. Elle joignait Il les étoiles du pôle Le 26 avril, l'étoile reprit une chevelure. Sa queue » fut longue de 10 degrés environ La vapeur blanche se divisa en deux. » Elle traversa obliquement le ciel , etc. » « M. ScHMiDT, essayeur de la Banque de I^ondres , présente à l'Académie , en son nom et en celui de M. Johnston , un lingot de palladium, une lame de ce métal, et une masse de palladium spongieux, extraits des minerais auri- fères de la mine Gongo-Socco du Brésil. >i Ces deux habiles chimistes ont déjà extrait 6000 onces de ce métal, qui est en cours de fabrication. » Ils exploitent ce minerai , qui renferme généralement Palladium , Or, Argent, Cuivre et fer, en le traitant par l'acide nitrique. L'argent est précipité par une solution de sel marin; dans la liqueur on met des lames de zinc qui précipitent le palla- dium et le cuivre. Ces métaux sont ensuite dissous dans l'acide nitrique ; on sur- sature d'ammoniaque qui dissout le cuivre. Le sel de palladium ammoniacal est chauffé au rouge, ce qui donne l'éponge de palladium, qui ensuite est mise dans la presse hydraidique et forgée comme le platine. » M. MiLNE Edwards présente un Mémoire sur le Tergipes Edwardsii, par M. NoRDMANN, professeur de zoologie à Odessa. « Ce travail, dit-il, contient une série d'observations très-intéressantes sur la structure anatomique et sur le développement de ce Mollusque. » ( 336 ) PHYSiQUK. — Note sur les vibrations qu'un courant galvanique fait naître dans le fer doux; par M. G. Wertheih. « Plusieurs physiciens se sont occupés dernièrement des sons que les barres ou fils de fer doux font entendre au moment où l'on ferme ou ouvre le circuit d'un courant galvanique, que l'on fait passer à travers une spirale qui entoure la barre ou le fil en question, ou bien à travers le fil lui- même. Ce phénomène, découvert par M. Page et vérifié par M. Marrian , a été étudié depuis avec un soin particulier par MM. de la Rive et Matteucci. Ces physiciens ont fait connaître les meilleures dispositions pour rendre le son bien distinct, et ils s'accordent à l'attribuer à une espèce de tiraillement dans l'intérieur de la barre, ou à un nouvel arrangement des molécules du fer. Mais ils ne sont pas du même avis sur l'espèce des vibrations qui pro- duisent le son: M. de la Rive pense que ce sont des vibrations transversales, tandis que M. Matteucci cherche à prouver quelles se font longitûdinalement. Il II m'a donc paru nécessaire d'examiner avant tout la nature de ces vibrations. A cet effet, j'ai solidement fixé par son milieu une barre de fer doux de 2 mètres de longueur et de i centimètre de côté. Chaque moitié de cette barre est contenue dans un tube de verre , assez large pour qu'elle puisse y osciller librement, et ces tubes sont, dans toute leur longueur, en- tourés d'une spirale de fil de cuivre de i millimètre de diamètre. Une lunette munie d'une croix de fils est placée à l'une des extrémités de la barre qui dépassent les tubes. F^e courant provient d'une pile de vingt éléments de Bunsen, et les interruptions se font au moyen d'un rhéotome placé dans une autre chambre, pour éviter tout bruit et tout mouvement étranger. Après avoir mis l'intersection des deux fils de la lunette sur un point très- délié, marqué sur la barre, on établit le courant. A l'instant même on entend très-distinctement le son longitudinal , et l'on voit le point de repère se déplacer non-seulement dans le sens de la longueur de la barre , mais aussi dans une direction perpendiculaire à celle-ci. Ce déplacement latéral, qui est toujours accompagné de vibrations transversales visibles, reste le même quelle que soit la position de la barre par rapport au méridien magné- tique; mais il a lieu, suivant les différentes positions des tubes, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ou bien vers le haut ou vers le bas. " Pour mieux étudier ces mouvements, j'ai substitué aux deux hélices dont nous venons de parler une grande bobine, que M. Breguet a bien voulu mettre à ma disposition. Celte bobine a 19 centimètres de diamètre intérieur. ( 337 ) et elle est composée ce 1 336 mètres de fil de cuivre de ct^'^,5 de diamètre. Après avoir placé cett,' bobine de manière que son axe fût horizontal et coïncidât avec l'axe de la barre, on a fermé le circuit: le son longitudinal, quoique faible, a pourtant pu être distingué, la barre s'est un peu avancée dans le sens de l'axe, et il n'y avait plus ni déplacement ni vibrations trans- versales; mais, dès qu'on la plaça en dehors du centre, elle fut attirée vers le point le plus rapproché de la bobine au moment où l'on établit le circuit, et elle ne revint à sa première position que lorsqu'on fit cesser le courant ; elle vibra en même temps transversalement autour de chacune de ces deux positions. » On voit donc qu'en rapprochant la barre des points correspondants de la circonférence de la bobine, on peut la faire fléchir horizontalement ou verticalement, ou dans une direction intermédiaire quelconque. » C'est probablement ce qui est arrivé dans une expérience qui a été dernièrement communiquée à l'Académie par M. Guillemin. Dans cette expérience, M. Guillemin a vu un barreau de fer entouré d'une spirale et chargé d'un poids à l'une de ses extrémités, se redresser d'une manière vi- sible lorsqu'on a fermé le courant. M. Guillemin attribue ce mouvement à une augmentation d'élasticité dans le fer par l'effet du courant. Or, d'après les résultats des expériences que j'ai faites antérieurement sur ce même sujet (Mémoire sur l'influence du courant galvanique et de l'électro-magnétisme sur l'élasticité des métaux , annales de Chimie et de Physique, S*" série , tome XII, page 6io), le coefficient d'élasticité du fer, loin de s'accroître, diminue, au contraire, par l'effet de l'aimantation; en outre, le changement de flèche dû à cette cause n'aurait jamais pu être aussi considérable que celui qui a été observé dans ce cas. Cette expérience s'explique , au contraire , sans difficulté par les observations que nous venons de faire; car le barreau, courbé par le poids, a dû s'écarter de l'axe de la spirale , il a donc été attiré ou repoussé par une portion de cette spirale : ce qui fait en même temps comprendre la grandeur de ce mouvement; car, en plaçant la barre assez près de la paroi de la bobine, on obtient facilement une flèche de plusieurs millimètres. » Il reste à savoir si le mouvement longitudinal du point de repère est dû à un allongement réel d'une moitié de la barre ou à un déplacement de la barre tout entière, dans le cas où l'étau dans lequel elle était serrée aurait un peu cédé. A cet effet, et pour lui donner la plus grande mobilité possible, j'ai posé la barre sur deux cylindres de verre. Au moment où l'on a fermé le courant, la barre fut vivement attirée vers la spirale et elle se déplaça au C. a., 1846, I" Semestre. (T. XXII, N» 8.) 4^ ( 338 ) moins de i millimètre. Il est donc évident que la spirale exerce une asseï forte traction sur la barre parallèlement à son axe, et que cette traction tend à allonger la barre. Mais est -elle assez intense pour produire un allongement visible ? C'est ce que j'espère pouvoir bientôt décider à l'aide d'un appareil micrométrique, delaconstruction duquel M. Bregueta bien voulu se charger. » J'ai ensuite répété les expériences qui ont déjà été faites pour produire des sons dans des fils de fer. Pour cela, un fil de fer doux a été tendu sur un sonomètre longitudinal à étaux de bronze; ainsi disposé, il donne facilement le son logitudinal par frottement , et le même son se fait entendre lorsqu'on fait passer le courant directement à travers le fil ou à travers une spirale dont il est entouré. Seulement le son est un peu plus grave dans le premier cas. Je n'ai pas distingué de son transversal, même en plaçant le fil hors du centre de la spirale. On en entend plusieurs, au contraire, lorsqu'on se sert d'un sonomètre ordinaire ; mais, dans ces instruments , la partie de la corde qui doit vibrer n'est pas exactement limitée, les chevilles cèdent, la caisse entre en vibrations et on n'entend plus qu'un bruit confus, un carillon de sons, suivant l'expression de M. de la Rive. » Toutes ces expériences me semblent s'expliquer facilement par l'action magnétique de la spirale elle-même, et je crois qu'elles pourront même servir à étudier avec plus d'exactitude qu'on ne l'a fait jusqu'ici la position des pôles dans une spirale qui conduit un courant galvanique et les lois de sa force magnétique. " En effet, au moment où l'on établit le courant, la barre et la spi- rale deviennent des électro-aimants qui s'attirent mutuellement. Je n'ai vu aucun cas de répulsion, si ce n'est dans une expérience avec de la limaille de fer, que j'ai répétée d'après M. de la Rive. Une partie de la limaille , répandue sur une plaque de verre , se rapproche du centre au mo- ment oùl'on introduit la plaque dans la bobine perpendiculairement àson axe. » Du reste , le résultat serait le même s'il y avait une répulsion au lieu d'une attraction. On peut décomposer l'attraction que chaque élément de la spirale exerce sur la barre , en deux forces , dont l'une est parallèle , l'autre perpendiculaire à l'axe ; en décomposant ainsi les attractions provenant de tous les éléments d'un tour entier de la spirale , on voit que toutes les com- posantes perpendiculaires se compenseront mutuellement, tandis que les composantes parallèles s'ajouteront, et il en est de même quel que soit le nombre de tours dont se compose la spirale. Par conséquent, lorsque la barre est placée dans le centre de la spirale, elle ne peut s'écarter ni d un côté ni de l'autre au moment où l'on ferme le circuit, mais elle est attirée ( 339 ) suivant Taxe de la spirale. Cette traction brusque , qui . tend à allonger la barre ou à la raccourcir , fait naître le son d'une manière tout à fait mé- canique , de même que le ferait le frottement ou un coup porté dans cette direction. On peut même produire mécaniquement, par un seul change- ment de tension, un sou sec et court, parfaitement identique avec celui qui provient de l'action du courant. En effet, on n'a qu'à tendre assez fortement une corde métallique sur un sonomètre longitudinal, et à desserrer ensuite doucement l'un des deux étaux; au moment où le fil se détend brusquement, il fait entendre le son longitudinal dont nous venons de parler , et cette ma- nière de le produire me paraît parfaitement analogue à ce qui a lieu au moment de l'interruption du courant. » Lorsqu'on superpose deux spirales égales et qu'on les fait traverser en sens inverse par un même courant, les composantes horizontales se com- pensent , de même que les composantes perpendiculaires à l'axe ; par suite il n'y a plus de son produit. » Soient maintenant la barre ou le fil placés en dehors du centre de la spirale, les composantes horizontales ne peuvent plus se compenser, et la barre , tout en rendant le son longitudinal , sera attirée vers la spirale par une force qui dépendra de la force du courant , de la loi d'attraction et de la distance de la barre au centre. Les dimensions et le coefficient d'élasticité de la barre étant connus , et l'angle de déviation étant donné par l'expé- rience, on pourra immédiatement exprimer la force de la résultante en poids. Il est clair que cette traction latérale peut produire un son transversal qui coexistera avec le son longitudinal. Enfin , la naissance du son par le courant transmis s'explique d'une manière analogue. Il faut pour cela, d'après les expériences de M. de la Rive, que le fil oppose une certaine résistance au passage de l'électricité ; il se détendra donc brusquement par suite de son échauffement et de la diminution de son élasticité, au moment où l'on fera passer le courant , et il reprendra sa première tension lorsqu'on ouvrira le circuit. Dans l'un et l'autre cas , il doit faire entendre le son lon- gitudinal, et c'est en effet ce qui a lieu. « CHIMIE. — Note sur la production de l'aventurine artificielle; par MM. Fremy et Clémandot. « Quoique la fabrication des verres colorés soit nouvelle en France, elle est arrivée dans ces derniers temps à un tel degré de perfection , que les 45.. -^ ( 340 ) cristaux qui sortent de nos verreries peuvent, dans bien des cas , lutter avan- tageusement avec ceux qui sont fabriqués en Bohème. » Il existe cependant un produit que l'on n'était pas encore parvenu à fabriquer en France, nous voulons parler de l'aventurine artificielle, qui jusqu'à présent ne se fait qu'à Venise, et dont la fabrication est tenue entière- ment secrète. IjCs beaux échantillons d'aventurine de Venise sont fort rares et se vendent jusqu'à 200 francs le kilogramme. » Nous avons pensé qu'il serait intéressant de trouver le secret de cette fabrication et de donner à nos habiles verriers un produit qui, dans leurs mains, deviendrait précieux pour la confection des objets d'art. » C'est dans ce but que nous avons réuni nos efforts ; et , après de nom- breux essais qui ont été' exécutés à la cristallerie de Clichy, nous avons été assez heureux pour obtenir des résultats qui , sans être parvenus peut-être à leur dernier degré de perfection, sont de nature cependant à faire espérer que désormais l'aventurine se fabriquera en France. « Comme nous désirons donner le plus tôt possible à l'industrie de notre pays un produit qui lui manquait , nous nous empressons de faire connaître notre procédé de fabrication de l'aventurine , en appelant de tous nos vœux les perfectionnements que la pratique pourra lui donner. n Des analyses chimiques, faites principalement par MM. Wobler et Bar- resw^il, avaient démontré que l'aventurine de Venise était composée d'un verre tendre tenant en suspension du cuivre métallique et cristallisé. Il s'a- gissait donc, pour obtenir l'aventurine, de faire cristalliser du cuivre dans du verre fondu , et de faire en sorte que les cristaux métalliques restassent dis- séminés dans la masse vitreuse. 1 Or, lorsqu'on connaît l'oxydabilité du cuivre, sa fusibilité, et qu'on ap- précie toutes les circonstances qui peuvent s'opposer à la cristallisation du métal et à la répartition égale de ses cristaux dans le verre en fusion , on comprendra toutes les difficultés que nous avions à surmonter. » Le choix du composé qui, par l'action de la chaleur, devait donner naissance à du cuivre métallique n'était pas moins difficile. Nous devions éli- miner, en effet, les corps qui, pour produire du cuivre, auraient exigé une température trop basse ou trop élevée; car, dans le premier cas, le métal s agglomérait avant la fusion du verre; dans le second, il entrait en fusion, se séparait du verre et se rassemblait en culot au fond du creuset. Nous ne pouvions aussi nous arrêter aux réactions qui, en produisant du cuivre métal- lique, donnaient naissance à un dégagement de gaz abondant ou bien à un % ( 34i ) dépôt d'un corps coloré ou insoluble dans le verre. Il fallait donc trouver un composé qui, à la température de la fusion du verre, donnât naissance à du cuivre métallique. » Après avoir essayé sans succès l'action des différents métaux sur les verres colorés par l'oxyde de cuivre, nous avons été conduits à examiner la réduction que les oxydes au minimum d'oxydation peuvent faire éprouver au protoxyde de cuivre, et notre attention s'est principalement fixée sur celle que l'oxyde de fer des battitures exerce sur le protoxyde de cuivre. " Nous avons vu que, sous l'influence de la chaleur, l'oxyde de fer des bat- titures ïamène rapidement le protoxyde de cuivre à l'état de cuivre métal- lique en passant lui-même à l'état de peroxyde de fer. Or, cette réaction nous a paru éminemment propre au but que nous nous proposions; elle donne naissance , en effet , à du cuivre pur, et elle offre l'avantage de produire un oxyde métallique (le peroxyde de fer) qui est soluble dans le verre, et qui ne lui donne qu'une coloration légèrement jaunâtre. La formation du silicate de peroxyde de fer nous paraissait même une circonstance heureuse ; car, en donnant delà densité au verre, ce silicate devait s'opposer naturellement au dépôt des cristaux métalliques. C'est donc avec conSance que nous avons essayé de reproduire l'aventurine de Venise en chauffant un mélange de verre, de protoxyde de cuivre, et d'oxyde de fer des battitures. L'expérience est venue confirmer nos prévisions. " En chauffant, en effet, pendant douze heures un mélange de 3oo par- ties de verre pilé , de 4o parties de protoxyde de cuivre et de 80 parties d'oxyde de fer des battitures, et en le soumettant ensuite à un refroidissement très-lent, nous avons obtenu une masse vitreuse qui contenait d'abondants cristaux de cuivre métallique. " Le point le plus difficile delà fabrication de l'aventurine, qui, selon nous, consiste à produire un verre contenant dans sa masse des cristaux brillants de cuivre et uniformément répartis, nous paraît donc complètement résolu. ., » Les échantillons d'aventurine que nous présentons aujourd'hui à l'Aca- démie , offrent encore une certaine opacité qui nuit à l'éclat des cristaux mé- talliques, et ces cristaux aussi ne nous paraissent pas assez volumineux; mais les expériences que nous tentons en ce moment nous donnent tout lieu de croire que nous pouiTons, dans quelques jours, présenter des- produits com- plètement satisfaisants. » Pour nous convaincre de l'identité de notre aventurine avec celle qui se fabrique à Venise , nous les avons examinées comparativement avec un excel- lent microscope que M. Oberhaeuser a bien voulu mettre à notre disposition , ( 34a ) et nous avons reconnu que, dans Tune et dans l'autre, le cuivre était cristal- lisé en octaèdres réguliers. Ainsi , dans notre aventurine, le cuivre est dans le même état que dans celle de Venise. " Nous n'avons pas voulu traiter dans cette Note les différentes questions théoriques qui se rapportent à la production de l'aventurine et rechercher, par exemple, si la réduction du cuivre doit être attribuée à l'action directe de l'oxyde de fer des battitures ou du fer métallique qu'il contient souvent , sur le protoxyde de cuivre; ou bien à la formation d'un silicate de protoxyde de fer, qui, en agissant sur le silicate de protoxyde de cuivre, produirait du cuivre métallique. » Nous aurions aussi à faire connaître plusieurs faits intéressants qui sont relatifs à l'action des métaux sur le verre en fusion; mais nous nous réservons de traiter ces différents points dans une prochaine communication , qui con- tiendra, en outre, les résultats de nos expériences sur la réduction des oxydes de cuivre et de leurs silicates par le protoxyde d'étain, les sels am- moniacaux et les substances organiques. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur un météore qui a incendié, le 16 janvier 1846, un bâtiment d'hébergeage à la Chaux [arrondissement de Chalon-sur-Saône) , dépendant cTune ferme appartenant à M"* deBerbis. (Extrait d'une Lettre de M. GiBOUx à' M. le général de Thiard, communiqué par M. yirago.) Je suis allé chez le sieur Semard, fermier, victime de l'incendie, qui , à mes questions, a répondu : " Il y avait au plus une demi-heure ou trois » quarts d'heure que mes domestiques, mes ouvriers et moi étions rentrés » après la journée et le p2msement du bétail; nous finissions de souper et » étions, moi et un de mes hommes, auprès du feu de la cuisine, et les au- » très gens dans la chambre à côté autour du poêle ; une fille , qui allait e t » venait d'une chambre à l'autre pour serrer la vaisselle et les débris du » souper, aperçut, par la fenêtre donnant de la cuisine sur la cour, une forte » lueur; elle m'appela, effrayée; je courus, et, aussitôt que j'eus ouvert la » porte de la cour, j'aperçus mon bâtiment d'hébergeage tout en feu. J'ap- » pelai mon monde, nous courûmes, mais il nous fut impossible d'entrer et » de rien sauver. Déjà les parois, les murs étaient en braise. » La maison d'habitation, qui n'a pas été atteinte et qui est couverte en tuiles, est située au levant ; le bâtiment d'hébergeage en face, vers le couchant, et à a5 ou 3o mètres de distance de l'habitation , était couvert en paille et construit en pans de bois galaudés, comme dans le pays, en carreaux crus. ( 343 ) n Cet homme , qu'on surnomme le Canonnier, est un ancien militaire, artil- leur, qui paraît un honnête homme, intelligent, mais incapable d'une mau- vaise action. Il n'a entendu aucune détonation et n a senti aucune odeur sul- fureuse ou autre extraordinaire. Il m'a présenté un peu de blé qui a été re- tiré des gerbes que l'incendie n'avait pas entièrement consommées et qui avait une forte odeur de fumée; mais cela est l'effet naturel de l'incendie et ne peut être attribué à une autre cause. » Il m'a raconté que le i4 courant, revenant de la foire de Joucy où il était allé acheter des moutons pour remplacer ceux que le feu lui a dévorés , il rencontra un homme avec lequel il fit route pendant quelque temps, et qui lui dit se nommer Cortot et demeurer à Olon , près Châlon ; que , dans la conversation, cet homme lui dit avoir vu, le i6 janvier au soir, une boule de feu tomber du ciel dans la direction du nord au sud, et un instant après, avoir vu s'élever une flamme à une assez grande distance vers le nord , qui lui avait fait supposer que ce feu céleste avait occasionné un in- cendie, et qu'il avait appris le lendemain que c'était à la Chaux. » Je ne m'en suis pas tenu à ces renseignements fort vagues et j'ai cherché à savoir si quelque autre personne , soit à Pierre , soit aux environs , ne pour- rait pas donner des détails plus précis. On m'a cité Pierre Trapet et Sulpice, de Pierre . » Pierre Trapet , cultivateur à Pierre , demeurant sur le chemin n° 29, au bas de la rampe de M. Gautheron, et que j ai vu hier, me dit: u Le 16 jan- n vier dernier, quelques minutes avant 6 heures du soir, je montais à » Pierre , lorsque, arrivé à la hauteur de la ferme de M. Simerey, en face la n cour de M. Gautheron, j'aperçus tout à coup une boule de feu de la pros- « seur de la tête d'un homme, qui s'échappa du ciel et glissa comme une » étoile filante dans la direction du nord au sud, laissant derrière elle et " comme fixée au ciel une .trace de feu d'environ 4 mètres de long. Je courus » et entrai chez Alexandre Perron qui demeure à côté du grangeage de " M. Baron; je le fis sortir pour voir cette trace lumineuse, et nous aper- )' eûmes aussitôt au midi une forte lueur qui me fit penser qu'une maison » brûlait. Et comme c'était positivement dans la direction suivie par la 1 boule de feu que j'avais aperçue quelques minutes auparavant se 'détachant » du ciel, je ne doutai pas que cet incendie ne fût produit parce phénomène. " Le ciel était clair, mais il y avait un léger brouillard volant. La trace » lumineuse parut pendant plus de deux heures après; elle était plus ou » moins claire, suivant que le bi'ouillard était plus ou moins épais. Je n'ai en- I ( 344 ) « tandu aucune détonation, mais la boule de feu partit avec une rapidité )' inexprimable. « '1 M. Sulpice, de Pierre, agent principal de la Compagnie du Phénix, par laquelle la maison incendiée et le bétail étaient assurés , raconte que le i6 janvier, il revenait de Louhans, clans son char-à-banc, accompagné de deux dames de Châlon, qu'il avait prises à Louhans, et qui venaient chez lui (madame Belouse et sa fille). Arrivés en face du château de la Chaux, ils furent comme éblouis par une sorte de lumière extraordinaire , entendi- rent une détonation équivalente à celle d'un fort fusil , mais peut-être plus sourde, et virent aussitôt sur leur droite une maison en flammes. Il jugea que c'était la ferme de Semard ; il vit également la trace lumineuse dont j'ai parlé plus haut, et qui durait encore plus d'uue heure après son ar- rivée à Pierre. Il n'a pas vu de boule de feu, mais seulement une lumière vive, extraordinaire et ressemblant à un éclair. Il dit que, dans son Rapport à sa Compagnie, il a fait mention de ces faits et de ses remarques. » On me dit qu'un nommé Jean Charpentier, domestique chez Desbois , au- bergiste à Mervans, a vu aussi la boule de feu. Je ferai en sorte de l'interroger. » Notre médecin, M. Curé, ne pense pas qu'il y ait eu météore. Il croit que la hgne lumineuse aperçue au ciel, et qu'il a vue comme moi et comme tout le monde, était un effet de lumière produit par la réverbération de l'incendie sur le brouillard; mais, dans mon opinion, son système ne peut se soutenir. Tous et lui-même sont d'accord que le ciel était clair, azuré; il régnait seulement un léger brouillard volant très-bas. Eh bien , cette ligne lumineuse paraissait tantôt rouge, tantôt blanchâtre; quelquefois elle dis- paraissait presque entièrement, reparaissait dans tout son éclat un instant ensuite, et cela suivant les phases du brouillard, qui très-évidemment était plus bas que la trace lumineuse. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur une trombe qui a exercé ses ravages à Moulins. M. DE l'Estoile, président de la Société d'émulation de l'Allier, adresse une copie du Rapport qui a été fait au nom d'une Commission à cette Société par M. GouitLAUD , professeur de physique au collège royal de Moulins. Le météore s'est montré dans la journée du 26 janvier 1846; les phéno- mènes qu'il a présentés sont décrits et discutés dans le Rapport de M. Gouil- laud qui les a lui-même l'ésumés dans les termes suivants : « Si 1 on passe en revue les faits divers que nous avons présentés, on voit : ( 345 ) » 1°. Que tous les objets renversés l'ont été seulement suivant deux direc» tiens à peu près perpendiculaires: les objets non garantis et placés en pleine campagne sont tombés dans la direction même du courant ; nous ne connais- sons qu'une seule exception, un arbre du vignoble de M. Mérié. Au contraire, tous les objets abrités ont été couchés dans une direction perpendiculaire à celle de l'ouragan. Ici nous ne connaissons pas d'exception. » 7°. ha surface même du sol dans toute cette étendue de 6 kilomètres , parcourue par le météore, ne présente absolument aucun signe qui indique qu'elle ait été atteinte elle-même par l'ouragan. » 3°. Les points attaqués sont placés en ligne droite sur une longueur de 6 kilomètres environ, à des distances variables depuis 3o jusqu'à 3oo mètres. » 4°- Les points attaqués en même temps présentent ordinairement une largeur de 6o mètres, mais elle est quelquefois plus petite; elle est beaucoup plus grande, au contraire, au point où le météore disparaît. » ÉCONOMIE RURALE. — Maladie des pommes de terre ^ développement de cette affection chez des tubercules qui se sont développés dans un lieu sec dont la température était à peu près constante. (Extrait d'une Lettre de M. ViGUIER.) « ... J'ai trouvé dans une maison dont les locataires ont été changés, un petit tas de pommes de terre vieilles et nouvelles, unies entre elles par les tiges. Les vieilles faisaient partie d'une provision déposée dans la cave vers les premiers jours de novembre i844- On avait mangé la plus grande partie de ces tubercules; ceux qui font le sujet de mon observation avaient été abandonnés, à cause de leur végétation, sur les planches où on les avait déposés et où je les ai trouvés encore. Il y en avait en tout 6 kilogrammes , dont 8oo grammes de petites pommes de terre variant, pour le volume, de- puis la grosseur d'un petit pois jusqu'à celle d'une noix. Il y en avait même trois qui ont pesé plus de 6o grammes. Les pommes de terre vieilles sont toutes plus ou moins avariées ; les jeunes , bien que plus légèrement atteintes , n'en sont pas moins malades. » Ce fait me paraît remarquable : i° par la constance de la température : la cave est voûtée, et le thermomètre accuse ii°,8, la température exté- rieure étant + 4 degrés; i° par la privation d'ime trop grande humidité ; j'ai dit que les pommes de terre étaient sur des planches, et ces dernières ne touchaient pas la terre de la cave, qui d'ailleurs n'est pas humide; 3° par la propagation de la maladie des vieilles aux nouvelles; 4° et surtout par la constance de l'invasion par l'un des points les plus éloignés de l'insertion à C. R., 1846, \" Semestre. (T. XXll, N» 8.) 4^ ( 346) la tige , et l'espèce de protection accordée par celle-ci à la portion du tuber- cule qui l'avoisine. Cette protection est telle, que chez quelques pommes de terre nouvelles du poids de i5 à 45 grammes, les parties éloignées de la tige sont complètement désorganisées , tandis que celles qui en sont rapprochées sont tout à fait saines. » M. E. RoBiK adresse une réclamation de priorité à l'occasion d'une Note récente dans laquelle M. Sucquet expose les moyens qu'il emploie pour la désinfection des amphithéâtres de dissection. « M. Sucquet, dit l'auteur de la Lettre , assure que le sulfite de soude n'a- vait point encore été indiqué comme antiseptique. Gela n'est pas exact, car tous ceux qui, depuis dix ans, ont suivi mes cours de chimie savent que j'indique le sulfite de soude comme propre à arrêter la putréfaction des ma- tières animales, et savent également que j'indique comme pouvant être em- ployés dans le même but, plusieurs autres composés dont quelques-uns même exercent une action plus énergique et plus durable Depuis longtemps, dans mes cours , dès que j'aborde l'histoire de la putréfaction , je fais voir que l'oxy- gène humide est l'agent essentiel de la putréfaction des substances animales et végétales, et, je déduis de ce principe les moyens de conservation qu'il est rationnel d'employer. En décrivant les différents moyens qui ont pour but de mettre les matières à l'abri du contact de l'oxygène, je ne manque jamais de faire remarquer l'utilité des injections qui introduisent dans l'intérieur des vaisseaux une dissolution capable d'absorber, même à la température ordi- naire, le gaz oxygène, citant particulièrement non-seulement le sulfite de soude, mais les sulfites de potasse et d'ammonium, mais tous les hyposulfites solubles, etc., etc. » (Renvoi à la Commission chargée de faire un Rapport sur le procédé de désinfection de M. Sucquet.) M. MiDY réclame l'antériorité sur M. Arnollet pour le réservoir de vide qui fait partie de son sjstème de chemins de fer atmosphériques, et qui se trouve également dans le système de M. Arnollet. (Renvoi à la Commission qui a été chargée de faire un Rapport supplémen- taire sur les chemins de fer de M. Arnollet.) M. Emy, professeur de fortification à l'École militaire de Saint-Cyr, prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats dont elle discutera les titres lorsqu'elle aura à nommer à une place (347 ) d'académicien libre ; à la Lettre est jointe une indication des ouvrages que M. Emy a publiés sur diverses parties de la science de l'ingénieur militaire. M. Barbuel écrit qu'une matière employée par les raffineurs pour la cla- rification des sirops de sucre, et qu'on vend sous le nom de sève de l'orme pyramidal, n'est, en réalité, que du blanc d'œuf desséché spontanément. M. Tavig\ot adresse un résumé de ses recherches sur les affections glau- comateuses , lesquelles ne seraient , suivant lui , que des désorganisations chro- niques de l'œil , analogues à la désorganisation qui survient après la section de la cinquième paire, et qui reconnaîtraient pour origine une perturbation fonctionnelle du système nerveux ciliaire. M. Ragault demande que sa Lettre sur un projet d'assainissement du port de Marseille soit renvoyée à l'examen de la Commission qui a été chargée de rendre compte d'une Notice de M. Schumacher relative à la même question. M. Ferret transmet quelques détails sur nouvelle machine à réaction qu'il a imaginée , et dont il pense qu'on pourrait faire une application utile pour la navigation par la vapeur. M. This adresse un projet de calendrier perpétuel. M. Laurent Gérard adresse un paquet cacheté. li'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures et un quart. A. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. fi' Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences ,• i" semestre 1846; n" 7 ; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault efREGNAULT; 3* série, tome XVI, mars 1846; in-8''. Annales des Sciences naturelles ; par MM. MiLNE EDWARDS et Ad. Bron- GNIART; novembre i845; in-8°. Seconde Note sur une pierre gravée trouvée dans un ancien tumulus américain , et, à cette occasion, sur l'idiome lybien, accompagnée d'une planche; par M. Jomard; brochure in-8°. ( 348) Annales de laSociété entomologiqtte de France ; 2* série, tome III; 3* trimestre i845; in-8°. annales de la Société royale d' Horticulture de Paris; janvier 1846; in-8°. Précis analytique des travaux de l'Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, pendant l'année 1 845; in-8'*. Cours élémentaire de Fortification, fait à l'Ecole spéciale militaire; par M. A.-R. Emy; i vol. in-8°, avec atlas in-4°. Annuaire de Brest et du Finistère, pour 1 846 , par la Société d'Emulation de Brest. Brest, 1846; in-B". (Présenté par M. MOREAU DE JoNNÈs.) De l'Hybridation et de son importance. — Lettre à MM. les Membres de la Société royale d'Horticulture de Paris, en réponse aux Observations critiques de M. Loiseleur-Deslonchamps; por M. Lecoq; broch. in-8°. A MM. Duhamel et Libri, mem6re5 de l'Académie royale des Sciences; Lettre de M. Passot; I feuille in-4°. Types de chaque Famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; par M. Plée; 26' livraison; in-4°. La Clinique vétérinaire; i^** année; février 1846; in-8". Journal de Chirurgie; par M. Malgaigne; février 1846; in-8°. Bulletin des Académies; Revue des Sociétés de médecine française et étrangères ; 2* année; février 1846; in-8°. L'Abeille médicale; février 1846; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique ; année 184 5 — 1846; tome X, n° a; in-8°. Cours de Chimie inorganique; par M. P. Louyet ; 4% 5* et 6* livraisons ; in-S". Note sur la Passivité du fer ; par M. Martens; broch. in-8°. Recherches sur la Passivité des métaux et sur la théorie de la Pile voltaïque; par\e même; broch. in-8°. Notice sur la théorie de la Pile xx)ltatque; par le même; in-8°. Un mot de réponse à la Critique publiée sous le titre de Compte rendu de l'ou- vrage de M. de Koninch, intitulé : Éléments de Chimie organique; par M..I. KOEN. Liège, 1842; Ijroch. in-S". Versuch einer . . - Essai d'une Monographie de l'espèce Tergipes Ed wardsii ; par M. Al. Nordmann. Saint-Pétersbourg, i836; inYj". Tratlato . . . Traité du Magnétisme et de l'Electricité; par M. Tabbé F, Zan- TEDESCHI; parties i et 2. Venise, i844et i845; in-8". Osservazzioni. . . Observations de Météorologie électrique sur les exhalaisons volcaniques; par MM. DoMENico DE MiRANDA et G. Maria Paci. Naples, 1845; in-4°. Esperimenti . . . Expériences faites sur le Gymnote électrique ; par les mêmes . Naples, 1845 ; in-4°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n° 8; ii;-4 . Gazette des Hôpitaux; n°' 20 à 22 ; in-fol. L'Écho du monde savant; n°» i4 et i5 ; in-4''. Gazette médico-chirurgicale; année 1846, n°8. Société royale des Sciences, de l' Agriculture et des Arts de Lille. — Pro- gramme des prix proposés pour 1846; i feuille in-4''. , COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. >^SyÇ>^^m SÉANCE DU LUNDI 2 MARS 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. BIEMOmSS ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. KCONOMiE RURALE. — Recherches sur les causes premières de la maladie des pommes de terre ; par M. Ch. Gaddichaud. « Comme vous avez pu le voir, d'après les Mémoires qui vous ont été soumis au sujet de la maladie des pommes de terre , le plus grand nombre des auteurs l'attribuent à l'action des effets météoriques exceptionnels de l'année i845, et spécialement aux pluies torrentielles, aux nombreuses, su- bites et fortes transitions du chaud au froid ; d'autres , en moindre nombre , à l'infection de la plante entière par des champignons des ordres inférieurs , et d'autres enfin , à des animaux et animalcules microscopiques. » Mais vous avez remarqué que , si les assertions , les suppositions, toutes les probabilités, et les savantes déductions, raisonnées et convenablement élucidées, abondent, les observations directes et les preuves matérielles font complètement défaut. » A quoi cela tient-il? A ce que nous avons tous été surpris par la ma- ladie , et que nous n'en avons reconnu les traces et les funestes effets que lorsque la cause première n'existait plus. » Sans nul doute l'année a été déplorable par ses intempéries de toute nature ; personne ne révoque en doute la présence des mucédinés, des ani- C. R. , 1846, i«' Semestre. (T. XXII, N" 9.) 47 ( 35o ) maux parfaits et imparfaits , et même de certaines matières cristallines dans les fanes et les tubercules malades de la pomme de terre; mais où sont les preuves évidentes qui attestent que la maladie doit être attribuée à l'une ou à l'autre de ces causes ou à toutes trois ensemble? Nulle part assurément! •> La manière dont elle s'est répandue en Europe a naturellement fait croire à quelques personnes qu'elle pouvait être épidémique ; mais rien ne justifie cette assertion. » Plusieurs savants ont dit qu'elle était contagieuse. Mais peut-on voir uu effet de contagion dans la marche d'une maladie qui vole pour ainsi dire de province en province, passe du continent en Angleterre, de là en Irlande , etc. ? » D'autres enfin ont dit qu'elle était à la fois épidémique et conta- gieuse : épidémique dans ses effets généraux, contagieuse dans ses effets particuliers. » Mais nous avons lieu de croire que ni l'une ni l'autre de ces assertions cependant n'est exacte, et que la dernière, qui résulte de faits bien obser- vés, ne repose pourtant, du moins selon nous, que sur une erreur d'inter- prétation. » La cause première de la maladie a donc, selon nous, complètement échappé. Que pouvaient faire les hommes de science qui se sont livrés à sa recherche? De sages et profondes inspections des faits accomplis, et des études assidues sur les caractères mêmes de la maladie. Vous savez mainte- nant avec quelle ardeur tous les savants se sont livrés à ces sortes d'investi- gations, et nous pouvons bien dire aujourdhui que si cette cause première n'a pas été trouvée , c'est qu'elle n'existait réellement plus. n Mais si, de toutes les recherches qui ont été faites sur la maladie de la pomme de terre, en y compi-enant celles de plusieurs membres de cette Académie, on ne peut rigoureusement déduire la cause qui l'a produite, on arrive au moins par le raisonnement à cette conclusion , qu'elle ne peut être contagieuse : ni par les productions cryptogamiques, ni par les animaux et animalcules, puisque les uns et les autres ne s'y montrent jamais qu'à la suite de l'altération plus ou moins profonde de la substance des fanes et des tubercules ; ni par les matières cristallines qui apparaissent aussi abondantes dans les tubercules sains que dans ceux qui sont atteints de la maladie. » Il ne resterait donc plus, pour expliquer la venue de ce mal pernicieux , qu'à supposer, vaguant dans l'air, un principe délétère, un miasme putride, une sorte de peste végétale, ou, comme on le dit en Irlande, uu choléra des pommes de terre; ce que l'enseignement et l'expérience des siècles ( 35r ) passés j les connaissances solides et la raison du nôtre repoussent également. » Que l'Académie veuille bien nous permettre de lui faire quelques re- marques à ce sujet. » La maladie existait-elle dans les tubercules? A cette question nous répondrons négativement. Elle n'y résidait pas, puisque les pommes de terre de la première récolte n'en ont pas fourni les moindres traces avérées, et que celles de la seconde n'en ont été que très-inégalement atteintes, même sur des pieds isolés. » lia prétendue infection n'avait donc pas semé ses germes dans les tu- bercules qui provenaient de l'année précédente. Est-elle arrivée pendant la végétation de la seconde récobe? Non, car elle eût probablement frappé toutes les plantes d'un champ, sinon d'une contrée; toutes les tiges d'une touffe , tous les tubercules dont les fanes ont péri , et certainement aussi d'autres végétaux. » Maintenant , est-elle produite par des végétaux microscopiques? » Pas davantage, car les mucédinés observés sur les feuilles, les tiges, les tubercules malades sont de cinquante espèces différentes, appartenant toutes , à quelques rares exceptions près qui avaient certainement échappé aux recherches des savants, à des genres, et même à des individus connus depuis qu'on étudie bien ces sortes de productions, et aujourd'hui parfaite- ment déterminés et décrits dans les bons Traités. Notre raison répugne à croire que ces productions, qui sont connues depuis longtemps, et qui ont peut-être existé toujours , aient attendu , pour sévir sur les pommes de terre , l'année i845. » Ajoutons que nous avons rencontré des tubercules profondément pé- nétrés par la maladie, et qui n'ont pas offert les moindres vestiges de ces moisissures; tandis que d'autres, qui l'étaient moins, s'en montraient, pour ainsi dire , remplis dans leurs parties malades. » La maladie provient-elle des animaux parfaits , des larves , ou des ani- malcules qui abondent dans les tubercules altérés et ne se montrent jamais dans les tubercules sains? » Nous ne pouvons non plus l'admettre, puisque les insectes de tous les ordres, les larves et les animalcules appartiennent aussi généralement à des genres et à des espèces connus ; et que , si l'on trouve parmi eux quelques individus nouveaux pour la science, cela tient à ce qu'on n'avait pas encore été les chercher dans les corps organisés en décomposition, et spécialement dans les pommes de terre putréfiées, où leurs habitudes les ont relégués. » Enfin cette maladie est-elle produite par une cause quelconque , simple 47- ( 35a ) ou composée , par des miasmes putrides , des champignons microscopiques, nouveaux ou connus, des insectes, des larves, des animalcules, ou par des matières salines, agissant ensemble ou isolément? A cette question générale, nous ne balancerons pas à répondre négativement. Non , la maladie des pommes de terre n'est pas contagieuse comme on l'entend, et ne peut se communiquer et se perpétuer par des corps, des émanations ou des in- fluences quelconques. » Ce qui le prouve bien , c'est que cette maladie qui , depuis plusieurs années, a commencé de se montrer dans quelques provinces allemandes , et spécialement en Bavière et en Prusse, n'y a pas fait plus de ravages qu'ailleurs. » En effet , l'Allemagne , où l'on dit qu'elle s'est manifestée depuis 1 83o, la Prusse et la Bavière , où l'on assure qu'elle a commencé à exercer ses ravages en 1842, sont-elles aujourd'hui privées de ce précieux tubercule? Non sans doute! Et ce qui l'atteste bien, c'est que le gouvernement prussien, après avoir momentanément, l'année dernière, défendu, par une ordonnance du 18 septembre, l'exportation de ce produit, que de cupides accapareurs s'empressaient d'enlever pour le porter en Belgique, en Hollande, et autres lieux menacés de disette, en a depuis permis la libre sortie. Ces pays ont souffert comme tous les autres , mais , si nous sommes bien informé, pas plus et infiniment moins que l'Irlande , où la maladie ne s'était pas encore montrée. » A-t-on trouvé dans ces contrées un remède à cette maladie, ou bien s'est-elle détruite d'elle-même, sans le secours des cultivateurs? Ni l'un ni l'autre; avec la cause, les effets ont cessé. » Et pourtant tout le monde comprendra que , si elle était contagieuse , elle se serait avant tout étendue dans le pays qui l'a vue naître, et où elle a produit ses premiers ravages; et que, depuis 1842, cette précieuse plante aurait complètement disparu des provinces infectées. Ce qui n'est manifeste- ment pas. I) Seulement il s'est opéré là ce qui se produira en France et partout. Elle a cessé son action, générale ou particulière, avec la cause accidentelle restée inconnue qui l'a déterminée; comme elle cessera chez nous, et ailleurs , dès que disparaîtront les phénomènes météoriques qui l'ont proba- blement occasionnée. » Presque tous les auteurs, en France, qui ont écrit sur la maladie des pommes de terre pensent , en effet , qu'elle est due aux influences météori- ques extraordinaires qui ont régné en i845 sur tout notre territoire. Mais ( 353 ) aucun d'eux n'apporte d'éléments positifs et démonstratifs à l'appui de cette assertion. ') De nombreux observateurs (i) disent bien qu'elle est due au froid , mais les preuves manquent entièrement. » Les recherches auxquelles nous nous sommes livré, avec l'espoir d'élu- cider cette question fondamentale, nous ont cependant démontré que, vers la fin du mois de juillet et dans le commencement d'août, des gelées blanches ont eu lieu aux environs de la capitale et en plusieurs localités ; une entre autres, où nous avons pu constater, sur des renseignements authentiques, que, dans la nuit du mardi 5 août, à 4 heures du matin, toute l'herbe d'une prairie située sur le bord de la Seine, dans le nord de Paris, a été trouvée couverte de gelée blanche. » Nous avons aussi acquis la certitude que le même phénomène de re- froidissement a eu lieu , vers la même époque , dans plusieurs autres loca- lités; mais il ne nous a pas été donné d'en déterminer positivement la date, » Il y a donc eu des gelées, non par le refroidissement de l'atmosphère, puisque le thermomètre paraît s'être maintenu à + 7 ou 8 degrés , mais probablement par rayonnement du sol de quelques localités non abritées. Telle est, du moins, notre opinion, et ce qui semble aussi résulter des obser- vations de MM. Stas, Morren, Durand, etc. » Si nous admettons que le rayonnement du sol a pu geler les fanes , ne devons-nous pas supposer que le même refroidissement a pu blesser ou altérer d'une certaine façon les tubercules ? » Mais, dans ce cas encore, comment admettre des gelées par rayonne- ment, alors que le ciel était généralement couvert, si ce n'est pendant le temps de quelques éclaircies, qui ont été signalées par les astronomes? Il ne nous appartient pas de discuter sur ce point. » Ce qu'il y a de positif, c'est qu'à dater du 5 août, aux environs de Paris, les fanes d'un vaste champ de pommes de terre situé dans la prairie même où la gelée a été constatée, se sont flétries, ont noirci, et que peu de jours après, c'est-à-dire vers le 9 ou 10 août, elles étaient mortes et abattues sur le sol; ce qui correspond exactement avec les observations de MM. Bou- chardat, A. Morren, Durand, etc. » Est-ce à la gelée qu'on doit attribuer la mort de ces fanes et de celles de tous les autres champs où la maladie a exercé ses ravages? C'est ce que (i) MM. Bouchardat, Stas, A. Morren, Philippar, Pouchet, Bonjean , Decerfz, Girardin et Bidard, Durand, Gérard, Munter, etc. ( 354 ) nous n'avons pu établir convenablement sur des faits certains ; mais c'est ce que nous sommes entièrement disposé à croire , et avec d'autant plus de raison, que, un mois et quelques jours après, les tubercules du champ pré- cité ont été retires sains de la terre (i) et se sont fort bien conservés. •> Disons pourtant que cette cause est à peu près reconnue et admise par les auteurs de la plupart des Mémoires qui vous ont été adressés, les uns, par des observations quileur sont personnelles, les autres, sur des remar- ques faites par les habitants des campagnes. Mais convenons aussi qu'elle n'est ni convenablement démontrée , ni même régulièrement observée , et que dès lors le doute est encore permis. >i Quant au phénomène particulier de la gelée dans le mois d'août, il nous semble suffisamment constaté par des témoignages nombreux, authentiques , irrécusables. » Il y a certainement eu des gelées, plusieurs personnes dignes de foi l'attestent; mais ce n'est que par des suppositions que nous pouvons en expli- quer la cause. » Mais, dans ce cas, a-t-il gelé partout? et, en admettant cela, le froid peut-il être considéré comme la cause unique, iàolée, de la maladie des fanes? >' Ce sont autant de questions qui, maintenant, tloivent rester sans solu- tion plausible , puisque les observations régulières manquent absolument. » Remarquons pourtant, à ce sujet, que, depuis quelques années, les sai- sons marchent avec une déplorable irrégularité ; que, dans le cours de i845, elles ont pour ainsi dire été confondues, presque constamment mêlées de jours très-chauds et secs, de jours très-froids et humides, et que, sans parler des violents phénomènes météoriques dont elles ont pour ainsi dire été se- mées , elles ont offert les plus grandes variations en tout genre. " Mais n'eussions-nous, pour nous rendre compte de la maladie de la pomme de terre et de la désorganisation de son précieux tubercule, que les vents violents qui, l'année dernière, ont froissé , desséché et brûlé les feuilles, renversé et brisé les arbres (a), que les orages incessants qui ont sillonné tout (i) Dans une sorte d'enfoncement de ce champ, où l'eau séjourne pendant plusieurs mois de l'hiver, et qui reste toujours très-humide, même à l'époque des grandes chaleurs, on a trouvé des tubercules , remarquables par leur volume , remplis de putrilage jaunâtre et in- fect , mais sans les moindres traces de la maladie générale , donnant la coloration jaune-brun. (2) Pourquoi même n'admettrions-nous pas qu'il soit possible que, dans quelques cas par- ticuliers , les fanes aient été brûlées par l'action , je ne dirai pas de météores invisibles , inaper- çus , et pourtant faciles à supposer, mais par des vents violents , analogues par exemple à . ceux qui se sont fait sentir à Châtillon, le 19 août, et dont les effets sont attestés par des ( 355 ) le territoire, et dont les effets électriques ont produit de si désastreux ravages, que les populations qui en ont été atteintes en sont encore aujourd'hui tout émues; » Ne seraient-ce pas déjà des causes suffisantes, sinon pour expliquer nor- malement, du moins pour faire concevoir que d'aussi nombreuses et aussi rudes perturbations, dont la nature, la cause et la plupart des effets échap- pent encore à la science , ont bien pu , par elles-mêmes ou par quelques-unes de leurs mystérieuses actions , produire sur une faible plante herbacée, d'ori- gine exotique, en pleine végétation et gorgée de sucs, les effets malheureux que nous déplorons tous ? » La mort des fanes est due à une cause atmosphérique évidente, mais qui n'a pas été convenablement déterminée par des observations régulières telles, par exemple, que celles que, en tout étal de cause, on fera certaine- ment cette année (i). On sait, d'ailleurs, que ce phénomène, loin d'être gé- néral, a offert de nombreuses exceptions en France comme dans tous les autres pays, surtout en Irlande, où, dit-on, presque toutes les tiges et les feuilles sont longtemps restées vertes et vives, alors que les tubercules étaient profondément altérés. " Ija cause qui produit la décomposition des tubercules est plus obscure encore. Et, comme nous ne saurions adopter l'explication qu'en ont donnée les partisans des parasites végétaux et animaux, nous tenterons de l'expliquer par les principes actuels de la physiologie. « Les fanes venant à mourir et la respiration cessant, la nutrition ou l'é- laboration (2) des sucs exubérants des tubercules a aussi cessé de s'exercer, de s'accomplir. Des altérations se sont produites dans les fluides surabondants, arrêtés dans le cours de leurs fonctions physiologiques mutuelles et natu- relles, d'où il est résulté des actions et réactions physiques et chimiques, peut-être encore inconnues, qui ont produit le liquide et les granules jaunes témoignages irrécusables , et , entre autres , par celui de notre respectable confrère M . Francœur, qui, plus que personne, est juge en cette matière; parM.Cornay, deDraveil, qui a observé le même phénomène et, de plus, nous en a présenté les résultats? (i) Nous pensons que les moyennes de température des années, des mois et même des journées ne sont pas suffisantes pour expliquer l'action des phénomènes météoriques sur la végétation , et que , sous ce rapport , il serait beaucoup plus utile d'avoir le maxima et le minima de chaque journée. (2) Je reviendrai, dès que je pourrai parler de la sève et du cambium, sur ces noms et beaucoup d'autres de la physiologie , dont le sens est loin d'être convenablement déterminé. ( 356 ) d'un aspect oléagineux , et la matière concrète de même couleur qui empâtent les parois des cellules et les grains de fécule. » Voilà la seule explication , toute insuffisante qu'elle puisse paraître , que , dans l'état actuel de la science, il soit possible de donner d'une maladie dont nous n'avons pu étudier que les caractères physiques, et dont nous ignorons complètement les causes déterminantes; si nous n'admettons qu'elles sont dues aux nombreuses journées nuageuses, brumeuses, pluvieuses(i) et froides qui ont signalé la fin de juillet, presque tout le mois d'août, et peut-être plus directement encore aux gelées du commencement de ce dernier mois. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur le développement de la substance mi- nérale dans le sjstème osseux du porc; par M. Boussingault. (Extrait.) « Dans les recherches que j'ai entreprises sur la production de la graisse dans les animaux , j'ai eu l'occasion de recueillir des données assez précises sur le développement du système osseux. Ce sont les résultats des observa- tions que j'ai faites sur ce sujet qui se trouvent exposés dans mon Mémoire. J'examine d'abord quelle est la quantité et la nature des substances miné- rales contenues dans le squelette du porc à trois différents âges , et ensuite si la nourriture suffit, dans tous les cas, pour fournir les éléments indispen- sables à la formation des os. » En recherchant, avec les données que je présente , quel a été l'accrois- sement dans la matière minérale du squelette , on constate les faits suivants : » Pour le porc n" i , dans les huit premiers mois , l'assimilation a été de 582 grammes d'acide phosphorique et 701 grammes de chaux; par jour, 2,4 d'acide phosphorique et 2,8 de chaux. » Pour le porc n° 3 , dans les gS jours comptés à partir du huitième mois, l'assimilation a été de 129 grammes d'acide phosphorique et i5o grammes de chaux; par jour, 1,4 d'acide phosphorique et 1,6 de chaux. » On voit, comme on pouvait s'y attendre, que le développement du sys- tème osseux a été surtout très-rapide dans les huit mois qui ont suivi la naissance , et qu'ensuite l'assimilation des principes terreux s'est considéra- blement ralentie. Dans la première période , la nourriture variée et abon- dante renfermait bien au delà des quantités d'acide phosphorique et de chaux (i) Et, par conséquent, à l'absence de la chaleur et de la lumière solaire, ainsi que notre célèbre confrère M. Lindley (qui l'a dit le premier) et un grand nombre d'autres observateur» l'ont fait remarquer. ( 357 ) qui ont été fixées dans l'organisme ; mais il n'en a plus été ainsi dans la pé- riode suivante, pendant laquelle le porc n° 3 a été mis au régime exclusif des pommes de terre. En effet, les analyses rapportées dans mon Mémoire établissent que les tubercules consommés contenaient 6i5 grammes d'acide phosphorique, et seulement 98 grammes de chaux. On a donc rencontré dans les os développés pendant les trois mois et demi du régime exclusif, 52 grammes de chaux de plus qu'il n'en existait dans l'aliment; cette diffé- rence devient bien plus considérable encore si, comme on doit le faire, on tient compte de la chaux qui faisait partie des déjections. " Dans ces déjections, la chaux sélève à 216 grammes. De sorte que la chaux assimilée ou excrétée par le porc en gS jours s'est élevée à a68 grammes, quoique la nourriture consommée dans le même temps n'en ren- fermât seulement que 98 grammes. » Ce résultat aurait lieu de surprendre, si l'on ne savait que l'eau dont on a fait usage pour délayer les pommes de terre n'est pas exempte de chaux. L'analyse que j'ai faite montre que , dans l'eau bue par le porc , il en- trait 179 grammes de chaux, qui, ajoutés aux 98 grammes de la nourriture, donnent 278 grammes pour la quantité totale de chaux ingérée pendant la durée du régime. Il y a donc, à 9 ou 10 grammes près, égalité entre ce nombre et celui qui exprime la chaux fixée et excrétée. La différence pro- vient probablement des erreurs inévitables dans une expérience de cette nature; cependant je crois devoir faire remarquer que le sens de cette dif- férence s'explique en partie , par la raison qu'il y a évidemment de la chaux qui se fixe autre part que dans le système osseux. » De ce qui précède il résulte la preuve de l'intervention des substances salines de l'eau dans l'alimentation qui, sans leur concours, aurait été insuf- fisante, puisque la pomme de terre ne contenait pas, à beaucoup près, la dose de chaux indispensable à la formation des os. On connaît d'ailleurs, par les intéressantes recherches de M. Chossat, les effets que produit un aliment qui ne renferme pas assez de matière calcaire. » Dans une autre circonstance, j'ai cherché à fixer l'attention sur l'in- fluence indirecte qu'ont nécessairement sur la culture les matières dissoutes dans les eaux dont s'abreuvent les animaux d'une ferme, en montrant que par cette voie il arrive aux fumiers une quantité assez considérable de sub- stances salines. L'analyse de l'eau des abreuvoirs de Béchelbronn, que je rap- porte dans mon Mémoire, me permet aujourd'hui de discuter cette question avec des données plus positives. » On trouve ainsi que par l'eau consommée par le bétail , il arrive an- C. R. , 18Î6, i" Semestre. {T. XXU, N» 9.) 48 ( 358 ) nuellement aux fumiers près de i ooo kilogrammes de matières salines com- prenant la plupart des éléments nécessaires aux plantes : de la chaux, de la magnésie, delà soude, du soufre, du phosphore et du sel marin, sel qui, pour le dire en passant , est pris par le bétail franc de tout impôt. » Ce que certaines sources amènent continuellement de matières salines^ à la surface du sol est vraiment remarquable. Ainsi le puits artésien de Gre- nelle, dont l'eau, d'après l'analyse de notre savant confi-ère M. Payen, est d'une grande pureté, en entraîne annuellement avec elle environ 60000 ki- logrammes. " La nature et la proportion des substances salines dissoutes dans les eaux potables sont extrêmement variables. Aussi a-t-on reconnu que les .sources, les rivières sont loin d'être fertilisantes au même degré, et, à une époque où l'on se préoccupe sérieusement de l'irrigation , sous le rapport agricole, une étude chimique des eaux présenterait beaucoup d'intérêt. » MÉTÉonoLOGiE. — Mémoire sur les divers états atmosphériques de l'eau, et leurs principales influences sur le baromètre; par M. Girou de BUZAREINGUES. « De la vapeur. — Tant qu'elle conserve son calorique latent, elle ne change point d'état, quelle que soit la température du milieu où elle se trouve; et, lorsqu'elle le perd, elle devient liquide avant de passer à l'état de neige ou de glace, comme la neige ou la glace deviennent liquides avant de passer à l'état de vapeur, quelque subite ou inaperçue que soit cette transformation. » Des nuages et des brouillards. — La vapeur, condensée par l'électricité, produit les nuages qui sont ordinairement électrisés, les plus bas négative- ment, et les plus élevés positivement. Leur poids est toujours le même que celui de l'air dont ils semblent occuper la place. Privés d'une partie de leur calorique latent, les nuages se changent en brouillards, qui paraissent être secs lorsque la terre est trop chaude pour qu'ils y abandonnent de la rosée. L'auteur du Mémoire n'en a point vu de tels sur les montagnes. n Les brouillards s'abaissent spécialement sur les rivières, parce que l'eau se refroidit plus promptement que l'air. Si elle paraît plus chaude, c'est parce que ses molécules supérieures se précipitent lorsqu'elles sont refroi- dies, entraînant avec elles la partie du brouillard qui leur est contiguë, et sont remplacées par des molécules plus chaudes qui se refroidissent à leur tour. La glace qu'on obtient à Agrah dans l'Inde, de l'eau placée dans des vases peu profonds, et celle qui survient aussi en Europe, sous une tempéra- ( 359 ) lure de l'atmosphère au-dessus de o degré , viennent à l'appui de cette pro- position. » De la rosée et de la gelée blanche. — Privées d'une grande partie de leur calorique latent, la vapeur se convertit en rosée, et la rosée en gelée blanche. » La rosée tombe sur les métaux comme sur les autres corps , mais l'élec- tricité des métaux la décompose à mesure qu'elle y arrive, et l'empêche de paraître. n Elle tombe en tout sens comme les brouillards, d'où il suit qu'il y en a plus sur les corps rugueux que sur ceux qui sont polis. » Si la rosée produit plus de gelée blanche à Rome qu'à Orange, c'est parce qu'il en tombe plus dans le premier de ces lieux que dans le second. » De la pluie. — Le baromètre baisse et il pleut lorsque deux couches de nuages, conduites par des vents opposés, se rencontrent, parce qu'elles sont électrisées différemment, et que les fluides électriques, en se dégageant, les privent du calorique nécessaire à la vapeur. » Le baromètre baisse en cette circonstance, parce que la couche d'air inférieure, attirée par la supérieure, s'élève et pèse moins sur le mercure. II Les mois de décembre et de janvier sont ceux où le baromètre est tantôt le plus haut et tantôt le plus bas; et les mois de mai et de juin sont ceux où il y a le moins d'abaissement et le moins d'élévation du mercure. Les varia- tions du baromètre augmentent, en général, de novembre en mai, et dimi- nuent de mai en novembre. Mais , plus l'air est froid au pôle , moins son niveau y est élevé ; d'où il suit que celui de la ligne doit s'y précipiter rapidement , et celui du pôle aller aussi rapidement sur la ligne; et encore, que les deux couches dair conductrices, l'une d'un fluide électrique, et l'autre d'un autre, pèsent, dans les marées, quelquefois moins, quelquefois plus sur le mercure. Ces inégalités doivent être moindres lorsque la température du pôle doit être à peu près la même que celle de l'équateur. » De la neige. — Pendant les jours courts, la pluie se change souvent en neige, et le baromètre baisse plus que lorsqu'il doit pleuvoir; les vents du nord-ouest et du sud-est soufflent alors souvent, parce que les terres se refroidissent plus que les nues ; or, par ces vents , le baromètre doit baisser beaucoup à cause de la grande différence de l'électricité qui accompagne ces deux couches d'air. >i Du grésil. — En mars, la neige se change en grésil qui naît dans une atmosphère plus élevée que celle de la neige. La vapeur que traverse le grésil ne se gèle qu'à sa surface, au lieu que celle que rencontre la neige or- 48.. ( 36o ) dinaire se gèle avant de la toucher, ce qui ne fait qu'augmenter le volume des flocons , et n'ajoute rien à leur densité. » De la grêle. — La grêle tombe par un temps chaud, et rarement pen- dant la nuit. Il grêle surtout lorsque les vents du nord et dn sud , ou ceux du nord-ouest et du sud-est, soufflent en même temps. » Les nuages qui donnent la grêle sont élevés, parce que là le temps est chaud , et qu'il ne grêle que très-rarement pendant la nuit , époque où les nuages s'abaissent, privés qu'ils sont d'une partie de leur calorique. » La grêle naît ordinairement à l'état de neige , et dans les régions des neiges perpétuelles; son poids, sous un volume donné, est en rapport avec la prédominance de la couche d'eau gelée à sa surface , sur son noyau de neige ; et son volume est en raison de la hauteur des nuages et de l'abon- dance de la vapeur dans l'atmosphère. » Il n'y a que la température du climat qu'occupent les nuages qui puisse changer en neige la vapeur devenue liquide; ce ne peut être le rayonnement de son calorique, car cette perte est remplacée , à l'instant, par le calorique du soleil, de l'atmosphère , des nuages. La gelée blanche ou la glace, qui naissent près de la terre, sous une température au-dessus de zéro, ne se forment que sous un ciel découvert, et pendant la nuit. Or, M. Girou n'a vu de grêle, la nuit, qu'une seule fois, et peu de temps après le coucher du soleil. Il a vu plus de deux cents orages exempts de grêle, et d'où le tonnerre tombait quelque part : or, on sait que le tonnerre ne tombe que des nuages voisins de la terre. Il a vu aussi plusieurs fois de gros grêlons fournis par des nuages très-élevés, avant aucun bruit de tonnerre. Il a vu enfin, sous un ciel sans nuages, un orage naître à l'horizon, et, dans trente minutes, arri- ver jusqu'à lui, après avoir parcouru environ 20 kilomètres, et couvert tout le pays de grêle mêlée de pluie. Il n'a pu supposer que cette grêle, de i cen- timètre environ de diamètre, se fût formée dans les nuages, par une danse de pantins, puisqu'elle tombait aussitôt que l'orage se formait. Il ne peut trouver d'autre cause de la formation de la glace qui, dans la grêle, enve- loppe la neige, que la condensation de la pluie qui se choque dans sa chute ou de la vapeur qu'elle traverse. 'I Le choc de cette pluie, plus pesante d'abord que la grêle, ou celui des grêlons de densité supérieure, occasionne le bruit qu'on entend lorsqu'il grêle. » - 7 36i ) RAPPORTS. ARITHMÉTIQUE. — Rapport sur un tableau arithmétique de M. Théodore Philippe. (Commissaires, MM. Caucliy, Liou ville, Francœur, Mathieu rapporteur.) « Le tableau que M. Philippe a présenté à l'Académie et qu'il croit propre à faciliter les opérations les plus ordinaires de l'arithmétique, consiste dans une table de produits de nombres plus étendue que celle dePythagore et ren- fermée dans un cadre en bois le long duquel glisse un indicateur vertical (i). Le tableau contient les produits des nombres i à 20 qui se trouvent sur la première ligne horizontale , par les nombres i à i a inscrits sur la première ligne verticale à gauche. L'indicateur porte les douze premiers nombres, et il est évidé de manière à laisser à découvert dans chaque position une co- lonne verticale de produits. )i La table de Pythagore est une table à double entrée : pour avoir, par exemple, le produit de 7 par 9, on cherche le nombre 63 qui correspond à la fois, d'un côté, au chiffre 7 et, de l'autre, au chiffre g. II faut un peu d'attention pour s'arrêter parmi tant de nombres au véritable produit. On arrive avec la plus grande facilité, et sans crainte de méprise, par le procédé de M. Philippe. L'indicateur étant placé sur le chiffre 9 -de la première ligne horizontale , on voit dans son évidement les produits de 9 par les douze pre- miers nombres, et l'on trouve le produit 63 précisément à côté du chiffre indicateur 7. 1' Si l'on veut former le produit d'un nombre de plusieurs chiffres par un nombre d'un seul chiffre, on place l'indicateur sur ce chiffre et l'on trouve dans son évidement les produits de tous les chiffres du multiplicande par le chiffre multiplicateur. On obtient ainsi tous les produits partiels qui com- posent le produit de deux nombres de plusieurs chiffres. » Nous ne suivrons pas M. Philippe dans d'autres applications de son pro- cédé. Il nous suffira de dire à l'Académie que le tableau arithmétique offre un moyen commode de faire et de vérifier les calculs numériques les plus usuels, et qu'au reste, les instituteurs pourront seuls en constater l'utilité dans l'enseignement primaire. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. (1) La Commission a reconnu qu'il n'y a de commun que le but, entre les moyens em- ployés par MM. Philippe et Russel [voyez ci-dessus, page 328). (. 362 ) M. Cauchy remarque qu'il serait à désirer que le travail de M. Russel, dont il a parlé dans la précédente séance, pût être à son tour l'objet d'un Rapport, et, à cet effet, il demande que l'on complète la Commission primitivement nommée. MM. Mathieu, Liouville et Francœur sont adjoints à M. Cauchy, seul membre survivant de l'ancienne Commission. AIÉMOIBES LUS. CHIMIE. ~ Recherches sur de nouvelles combinaisons sulfurées du méthjle et de l'élhjle; par M. Auguste Cahours. (Commissaires, MM. Ghevreul, Pelouze, Balard.) ■■ Dans son grand travail sur les éthers, M. Regnault a fait connaître aux chimistes un procédé fort ingénieux et d'une simplicité parfaite pour la pré- paration des monosulfures d'éthyle et de méthyle. Depuis lors, Gregory prépara le mercaptan de la série méthylique, et démontra que ce corps pos- sédait des propriétés toutes semblables à celles que nous offre le mercaptan de la série de l'alcool ordinaire , ce que l'analogie faisait prévoir. Il restait à rechercher si le système moléculaire C*H*, qui forme les deux combinaisons C*H*S et C*H°S, HS, serait susceptible déformer, à l'instar des métaux al- calins, des combinaisons plus sulfurées; tel est le but que je me suis proposé en entreprenant les recherches que j'ai l'honneur de communiquer à l'Aca- démie. " Or, je me suis assuré que , soit qu'on fasse usage de la méthode imaginée par M. Regnault, soit qu'on ait recours au procédé de M. Zeise, on peut, en remplaçant le monosulfure de potassium par des sulfures plus riches en sou- fre, se procurer deux nouvelles combinaisons du méthyle, le bisulfure et le trisulfure. Le bisulfure de méthjle peut s'obtenir, soit en faisant passer un courant de gaz chlorométhylique dans une dissolution alcoolique de bisulfure de potassium, soit en distillant un mélange de bisulfure de potassium et de sulfométhylate de chaux. » A l'état de pureté , c'est un liquide incolore , parfaitement lim]f)ide , ré- fractant fortement la lumière, et doué d'une odeur d'oignons insupportable et surtout très-tenace. Sa densité est de 1,048 à la température de 18 degrés. Il est à peine soluble dans l'eau à laquelle néanmoins il communique l'odeur qui lui est essentielle; il se dissout en toutes proportions dans l'alcool et l'é- îther. Il bout entre 1 15 et 1 18 degrés. j' IjC chlore réagit sur ce produit avec énergie ; il se forme d'abord une ( 363 ) matière jaune d'ambre qui cristallise en tables rhomboidales douées de beau- coup d'éclat : celles-ci se détruisent bientôt et sont remplacées par un liquide jaunâtre qui devient rouge à la fin ; en épuisant l'action , on obtient du chlo- rure rouge de soufre SCI, et du sulfure de méthyle perchloré C^ Cl" S. " Le brome agit aussi sur ce corps, et forme des produits dérivés par substitution. L'acide nitrique de concentration moyenne l'attaque vivement à chaud. De l'acide sulfurique prend naissance en même temps qu'il se pro- duit un acide particulier susceptible de former, avec la baryte, la chaux ft l'oxyde de plomb, des sels solubles et cristallisables. » Soumis à l'analyse , ce produit m'a donné les résultats suivants : » L o^'^,463 d'une première préparation m'ont donné o,263 d'eau et o,434 d'acide carbonique. » II. oS',6a6 du même produit ont donné o,358 d'eau et 0,682 d'acide carbonique. » m. oS'',348 du même produit ont donné 1,722 de sulfate de baryte, soit o,2363 de soufre ou 67,90 pour 100. » IV. o8'',690 d'un second échantillon m'ont donné 0,398 d'eau et 0,644 d'acide carbonique. « Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres suivants: m. I. n. Carbone 25,57 25,36 Hydrogène . . . 6,3o 6,34 Soufre » » 67,90 IV. Théorie. 25,45 0 ... 25,53 6,40 H"... 6,38 » S^ . . . 68,09 100,00 » La densité de vapeur de ce produit, déterminée par expérience à 80 de- grés environ au delà de son point d'ébullition, m'a fourni le nombre 3,3io. En supposant que ce composé donne 2 volumes de vapeur, on aurait 3,269. On voit donc que ce corps possède un groupement moléculaire semblable à celui du sulfure simple de méthyle. » Lorsqu'on remplace le bisulfure de potassium par le persulfure dans la préparation précédente, on obtient encore une quantité notable de bisulfure de méthyle, mais il distille en dernier lieu, vers 200 degrés environ , un pro- duit de couleur jaunâtre plus sulfuré que le précédent, et se comportant avec l'acide nitrique et le chlore de la même manière que ce dernier. C'est le tri- sulfure de méthyle. » Il demeure donc bien établi , par les analyses que je viens de rapporter, que le méthyle peut fournir deux nouvelles combinaisons sulfurées bien dé- ( 364 ) finies. Ce radical forme donc, avec \e soufre, la série suivante C'H' S \ ' J qui est entièrement comparable à C la série des combinaisons sulfu- OW, S' { ' j . • I rees du potassium : » M. Liebig a décrit, il y a déjà plusieurs années, sous le nom de sulfo- cjanure d'éthjle, une combinaison qu'il obtenait en distillant un mélange d'alcool , d'acide sulfurique et de sulfocyanure de potassium. Les résultats annoncés par ce savant chimiste furent contestés , et l'existence de ce corps fut regardée comme très-problématique. M'occupant des combinaisons sul- furées du méthyle, j'ai dît rechercher s'il ne serait pas possible d'obtenir le sulfocyanure ; or, je suis parvenu à préparer ce composé dans un état de pureté parfaite , en employant une méthode analogue à celle qui m'a servi à la préparation des sulfures précédents. En distillant, en effet, un mé- lange de parties égales de sulfocyanure de potassium et de sulfométhylate de chaux en dissolutions concentrées, il passe avec les vapeurs d'eau un liquide jaunâtre , pesant, qui, après avoir été desséché sur du chlorure de calcium, présente un point d'ébullition fixe; les ^ du produit passent entre i32 et i33; pour les dernières portions la température peut s'élever jusqu'à 187 à 1 38 degrés. >• La préparation de ce produit est difficile à conduire, en raison des nombreux soubresauts du liquide , qui déterminent souvent des projections ; il faut avoir soin de chauffer très-peu, et employer des cornues dont la capa- cité soit au moins décuple de celle du mélange. » Le sulfocyanure de méthyle, purifié par digestion sur du chlorure de calcium et par la rectification, est un liquide incolore très-limpide. Il possède une odeur alliacée qui a quelque chose d'étourdissant; sa vapeur est incom- mode. Il bout régulièrement entre i3a et i33 degrés; sa densité est de 1,1 15 à la température de 16 degrés. L'eau le dissout en petite quantité et en acquiert l'odeur ; l'alcool et l'éther le dissolvent en toutes proportions. La potasse l'attaque à peine à froid ; une dissolution alcoolique de potasse le décompose à chaud, en donnant naissance à de l'ammoniaque et à du bisulfure de méthyle. L'ammoniaque liquide l'altère assez promptement , en donnant naissance à une matière brune et à une substance blanche cris- tallisée; celle-ci ne se forme qu'en petite proportion. Le chlore l'attaque très- lentement, mais même à la lumière diffuse, en produisant de beaux cris- taux de chlorure de cyanogène solide; il se forme en même temps une ( 365 ) grande quantité d'une huile jaune, pesante, qui se solidifie au contact de l'ammoniaque. Une dissolution alcoolique de monosulfure de potassium le décompose en bisulfure de méthyle et sulfocyanure de potassium. » L'analyse de ce produit m'a donné : » I. o^'',649 de matière ont donné 0,247 d'eau et 0,788 d'acide carbonique. » II. 0^'^,'jiÇ) du même produit ont donné 0,269 d'eau et 0,874 d'acide carbonique. » III. o^''',428 du même produit ont donné 67,5 d'azote à la température de 10 degrés et sous la pression de o",765, le gaz étant saturé d'humidité. » Ces résultats , traduits en centièmes, conduisent aux nombres suivants: I. H. lU. Théorie. Carbone 33,17 33, 20 » C" . . . 32,87 Hydrogène.... ^,22 4>'4 * H'... ^,11 Azote » » '9)04 Az' . . 19,18 Soufre » » » S'.... 43» 84 100,00 » La densité de vapeur de ce composé, déterminée par expérience, m'a donné le nombre 2,570 ; ce qui démontre que la molécule de ce composé correspond à 4 volumes de vapeur. En effet, dans cette hypothèse, le calcul donne 2, 537. » M. Pyrarae Morin a déjà fait voir que l'éthyle G' H'" s'unit à 2 molé- cules de soufre, et forme un bisulfure C^H'^S^. J'ai pris la densité de vapeur de ce produit, et je me suis assuré que sa molécule représente 2 volumes comme le bisulfure de méthyle. En effet , l'expérience m'a donné le nom- bre 4,^62 ; le calcul donnerait 4)^40. » L'éthyle forme également un trisulfure. » En distillant un mélange de portions égales de sulfovinate de chaux et de sulfocyanure de potassium, tous deux en dissolution concentrée, on obtient un liquide jaunâtre, qui, purifié par des lavages à l'eau, une. diges- tion sur le chlorure de calcium, et une rectification ménagée, se présente sous la forme d'un liquide incolore, doué d'une odeur analogue à celle du sulfocyanure de méthyle; sa densité est de 1,020 à 16 degrés. Il bout à 146 degrés; insoluble dans l'eau , il se dissout en toutes proportions dans l'alcool et l'éther. La densité de sa vapeur a été trouvée, par expérience, égale à 3,oi8; le calcul donnerait 3,o32, en supposant que sa molécule re- présentât 4 volumes de vapeur. » L'analyse lui assigne la composition G'^H'°Az*S* = G*Az^S, C^H'^S. C'est donc l'éther sulfocyanhydrique ou sulfocyanure d'éthyle; il se com- C. K., 1846, i" Semeitre. [T, XXII , N» 9.) 49 (366 ) porle, avec les réactifs, de la même manière que le sulfocyanure de méthyle. » Il y avait une recherche intéressante à entreprendre, c'était d'examiner l'action du chlore et du brome sur les combinaisons sulfurées du méthyle et de l'éthyle : c'est ce qui m'occupe en ce moment. Le défaut de soleil, car je n'ai commencé ces recherches qu'à la fin de la saison dernière, m'a forcé d'ajourner cette partie de mon travail. J'annoncerai cependant, en termi- nant, que le brome réagit avec énergie sur ces composés , qu'avec le mono- sulfure de méthyle G* H" S et le mercaptan méthylique C*H°S, H' S, on obtient des combinaisons parfaitement bien cristallisées. » Avec le monosulfure de méthyle et le chlore on obtient, en épuisaut l'action à la lumière diffuse, le composé G*H^Cl*S; sous l'influence de la radiation solaire, on obtient le composé C^Cl^S, qu'avait obtenu antérieu- rement M. Regnault, et l'on observe en outre la production du chlorure rouge de soufre et du chlorure de carbone C Cl*. » Le bisulfure de méthyle donne d'abord, sous l'influence du chlore, une combinaison cristallisée qui se détruit bientôt; en épuisant l'action à la lumière solaire, on obtient du chlorure rouge de soufre, et le composé C*C1*S. Celui-ci paraît offrir la même particularité que son homologue C^Cl'O , dont le groupement moléculaire change, ainsi que l'a démontré M. Regnault, en passant de 2 à 4 volumes de vapeur. Avec le mercaptan méthylique, l'action est des plus vives, et l'on obtient, comme précédemment, des produits dé- rivés par substitution. » Je ne puis indiquer ici qu'un aperçu de mes recherches , qui sont encore fort incomplètes, mais que je me propose de poursuivre aussitôt que la saison le permettra. » 11 sera surtout intéressant d'examiner de plus près l'action du chlore sur les sulfocyanures d'éthyle et de méthyle; car, ici, rien ne conduit à faire pré- voir les résultats. » CHIMIE. — Mémoire sur de nouvelles combinaisons de l'acide borique avec les e'thers, et sur l'éther sulfureux; par MM. Ebelmeiv et Bouquet. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Dumas, Chevreul , Balard.) « L'un de nous a fait connaître, il y a peu de temps , l'existence de com- binaisons de l'acide borique avec divers corps de la classe des éthers. Ces combinaisons , obteimes par l'action directe de l'acide borique anhydre sur les alcools , contiennent six fois plus d'oxygène dans l'acide que dans la base, et correspondent , par leur composition, au borax privé de toute son eau ( 367) par la fusion. Aucune de ces combinaisons ne le rapprochait des éthers si- liciques, dans lesquels le rapport entre l'oxygène de l'acide et celui de la base est comme les nombres i, 2, 4» contrairement à ce qu'on aurait pu attendre des analogies si marquées qui existent entre le bore et le silicium. » Le travail que nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Aca- démie a eu pour but de rechercher si des réactions analogues à celles qui avaient produit les éthers siliciques ne donnaient pas lieu à des combinai- sous boriques correspondantes. Les résultats que nous avons obtenus en fai- sant agir le chlorure de bore sur l'alcool, l'esprit-de-bois et l'huile de pommes de terre , sont d'une très-grande netteté. » Protoborate étJijlique. — Le chlorure de bore , obtenu en faisant agir le chlore sec sur un mélange d'acide borique et de charbon chauffé au rouge, a été dirigé dans un flacon contenant de l'alcool absolu ; l'alcool absorbe entièrement le gaz; la température s'élève beaucoup , et il est indispensable de refroidir le flacon qui contient l'alcool. Bientôt, des vapeurs d'acide chlorhydrique se dégagent; à ce moment, on voit un liquide incolore se séparer de 1 alcool saturé d'acide chlorhydrique et coloré en jaune ; la quantité de ce liquide incolore augmente rapidemept; on interrompt l'opération quand on soupçonne la présence du chlore dans les produits gazeux. » Le protoborate éthylique se trouve dans la couche supérieure incolore dont il constitue la presque totalité; on décante ce liquide, et on le soumet à plusieurs distillations successives , jusqu'à ce que son point d'ébuUition reste fixe à 119 degrés. Il reste dans la cornue un produit solide, vitreux , incolore, qui paraît être une autre combinaison d'acide borique et d'éther. 'I Le protoborate éthylique est liquide, incolore, très-mobile, d'une odeur particulière assez agréable, d'une saveur chaude et amère; sa densité, déterminée à o degré avec l'appareil de M. Regnault, a été trouvée de 0,8849- ^^* éther se décompose par l'eau , en donnant de l'acide borique ; il est soluble dans l'alcool en toutes proportions, et brlile au contact d'un corps enflammé , en donnant une belle flamme verte. » Dans cet éther, ainsi qu'il résulte des analyses consignées dans notre Mémoire, l'acide borique et l'éther renferment la même quantité d'oxygène, et nous le considérons comme un éther tribasique de la formule B0S3eH>0 = 4 vol. » La densité de vapeur, calculée d'après cette formule, est de 5,o68; l'expérience nous a donné 5,i4o. 49- • ( 368 ) » La réaction qui donne naissance au protoborate élhylique est la même que celle d'où dérive le protosilicate éthylique; on a, en effet : BCP + 3C'e«0= = B0',3C> C'est un liquide incolore, très-mobile, d'une odeur pénétrante; il se décompose dans l'eau en esprit-de-bois et acide borique ; sa densité , à o degré , est de o,955i; il bout à 72 degrés, et brûle avec une flamme verte, en émettant des fumées d'acide borique. » Les analyses que nous avons effectuées de ce produit nous ont conduit à lui assigner la formule B0%3C'H'0 = 4 vol. n La densité de vapeur calculée est de 3,6o3; nous avons trouvé 3,66o. » Le mode de condensation est donc le même que dans le cas du proto- borate éthylique; i volume de chlorure de bore a produit i volume de pro- toborate méthylique. 1 Protoborate amjlique. — Le protoborate amylique s'obtient aussi par l'action du chlorure de bore sur l'huile de pommes de terre. Cet alcool, sou- mis à l'action du chlorure de bore, ne tarde pas à se séparer en deux couches,- on enlève, par décantation, la partie supérieure, et, par des distillations, répétées, on obtient le protoborate amylique très-pur. (369) » C'est un liquide incolore , d'apparence huileuse , et d'une faible odeur d'huile de pommes de terre ; il bout vers 276 dejjrés : sa densité à o degré est de 0,870. Il se décompose par l'eau , et brûle avec une flamme blanche bor- dée de vert, en émettant des fumées d'acide borique. » La composition que nous avons déduite de nos analyses s'exprime pai- la formule B0',3C"'H"0 =4 vol. » La densité de vapeur, prise au bain d'alliage, a été trouvée de io,55 ; le calcul indique 9,45. La matière avait sensiblement bruni , ce qui explique la différence notable qui existe entre les résultats, de l'expérience et ceux du calcul. » En rapprochant les résultats des expériences qui précèdent des faits déjà connus sur les combinaisons de l'acide borique avec les éthers, on en con- clura que l'acide borique peut former, avec chaque éther simple , au moins deux éthers composés : l'un, qui est tribasique, et qui renferme autant d'oxy- gène dans l'acide que dans la base ; et l'autre qui , pour la même quantité de base, renferme six fois plus d'acide. Les éthers tribasiques B0',3C^H'0, B0',3C*H'0, ont une constitution comparable à celle de l'acide borique cristallisé BO',3HO. F/éther borique (BO')^,C''H^O trouve son analogue dans le borax anhydre (BO')* NaO. » En terminant ce travail, nous rendrons compte de quelques expériences que nous avons faites sur les divers degrés d'hydratation de l'acide borique. » Nous avons constaté que, sous l'influence d'une température prolongée de 160 degrés, l'acide borique cristallisé se change en un corps bien fondu , vitreux, parfaitement homogène et qui retient la sixième partie de l'eau contenue dans l'acide cristallisé. Cet hydrate (BO^)",!!© correspond au borax fondu (BO')*NaO. Sous l'influence d'une température plus élevée, cet hydrate se boursoufle beaucoup et perd ce dernier équivalent d'eau; il se dégage alorsjdes vapeurs très-sensibles d'acide borique, et l'on obtient pour résidu de l'acide anhydre qui ne paraît plus volatil à cette température. Il est remarquable de voir cet hydrate affecter l'état vitreux, comme le borax fondu, comme les éthers boriques qui lui correspondent. )> La volatilité sensible de l'acide' borique cristallisé dans la vapeur d'eau nous semble établir clairement que l'eau contenue dans cet hydrate s'y trouve à l'état d'eau basique; ce borate d'eau BO', 3HO correspond aux éthers que nous avons étudiés dans ce Mémoire. (370) » Les borates métalliques ont été trop peu examinés jusqu'ici pour que nous puissions retrouver avec certitude, dans ces combinaisons, des grou- pements moléculaires correspondants à l'acide borique cristallisé. Les bo- rates , cristallisés par la voie humide , contiennent généralement six fois ou trois fois plus d'oxygène dans l'acide que dans la base fixe. Dans la boracite, il y a quatre fois plus d'oxygène dans l'acide borique que dans la magnésie; mais, par la voie sèche, on peut obtenir des combinaisons beaucoup plus ba- siques. M. Berthier a constaté qu'à une haute température l'acide borique pou- vait produire avec la magnésie, le protoxyde de manganèse, la baryte, etc., des combinaisons cristallisées par voie sèche et dont la basicité est beaucoup plus grande que celle des éthers composés dont nous venons de nous occu- per. Les borates de manganèse et de magnésie obtenus par M. Berthier sont représentés par les formules B0=6M0, B0'6MgO. 11 L'acide borique peut donc présenter dans sa capacité de saturation des variations analogues à celles que l'on a constatées déjà pour l'acide phospho- rique et la silice. La faculté que possède le borax fondu , de dissoudre si faci- lement les oxydes métalliques, montre bien que, dans ce composé, l'acide borique est loin d'être saturé de base. Dans les verres où la proportion d'oxygène contenue dans la silice est quatre, cinq ou six fois plus considérable que dans toutes les bases réunies , on observe la même propriété dissolvante. On l'observe encore dans les phosphates à un seul équivalent de base fixe. )' Ces trois séries de composés vitreux, leS phosphates raonobasiques, les silicates, les borates, se rapprochent les unes des autres, par cette propriété qu'ils possèdent de dissoudre par voie sèche de grandes quantités d'oxydes métalliques; propriété en rapport avec des variations avec leur capacité de saturation. )i Sur l'éther sulfureux. — Nous avons annoncé , il y a quelques mois , à l'Académie, la production de l'éther sulfureux. Nous en donnons l'his- toire plus complète dans notre Mémoire. L'action du chlore sur ce composé est remarquable; nous avons pu constater clairement que le produit chloré de l'éther sulfureux était formé de sesquichlorure de carbone, d'aldéhyde per- chloré et d'acide chlorosulfurique. L'aldéhyde chloré et le perchlorure de carbone résultent , comme M. Malaguîi l'a prouvé, du dédoublement de la molécule de l'éther perchloré C*Cl^O. On sait, d'un autre côté, par les ex- périences de M. Regnault, que le chlore et l'acide sul&ireux se combinent m I (371 ) directement sous l'iafluence solaire. On voit donc que le chlore , en réagissatif sur l'éther sulfureux, a donné exactement les mêmes produits que s'il eût agi sur l'acide sulfureux et l'oxyde d'éthyle isolés. Cette conclusion nous semble prouver clairement la préexistence de l'acide sulfureux et de l'éther dans l'éther sulfureux, et, par suite, elle conduit à admettre l'existence d'un acide et d'une hase, formant chacun un groupe moléculaire distinct, dans tous les éthers composés. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMlE PATHOLOGIQUE. — De la nature et du mode de formation des concrétions poljpiformes du cœur; par M. Parchappe. (Commission précédemment nommée.) « 1°. Des caractères anatomo-pathologiques positifs séparent les excrois- sances des concrétions, et ces caractères sont, ainsi que Morgagni l'avait déjà solidement établi , l'adhérence par continuité de tissu , et la vasculari- sation qui appartiennent réellement aux excroissances, et ont été à tort attribuées aux concrétions. » a°. Il y a des caractères différentiels propres à faire distinguer facile- ment et sûrement les productions antérieures à la mort, ou concrétions pa- thologiques, des productions postérieures à la mort, ou concrétions cadavéri- ques. Les concrétions cadavériques sont formées principalement d'un noyau de cruor recouvert d'une pellicule fibrineuse; celles qui sont composées es- sentiellement de fibrine et recouvertes d'une couche de cruor ont été formées pendant la vie. » 3°. Les différences que présentent les productions concrètes du cœur ne fournissent aucun caractère anatomo -pathologique qui puisse servii* à faire distinguer sûrement les concrétions inflammatoires des concrétions san- guines. » 4°- En définitive, ce que l'anatomie pathologique permet de conclure relativement à la nature des productions concrètes du cœur, d'après les données fournies par l'étude de leurs caractères matériels , c'est que ces pro- ductions consistent purement et simplement en des concrétions sanguines tantôt cadavériques, tantôt pathologiques, parfaitement distinctes des ex- croissances organiques. » ^ ( 372 ) PHYSIQUE. — Note sur la chaleur dégagée dans la combustion de l'hydrogène et du phosphore par le chlore; par ^. Abbia. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) « I. I litre d'hydrogène sec, à o degré, et à o°',76, dégage, en brûlant dans le chlore également sec, et en produisant par conséquent 2 litres d'a- cide chlorhydrique gazeux, 2i5i unités de chaleur. n Cette valeur est la moyenne de cinq expériences aussi concordantes qu'on pouvait l'espérer , d'après la manière d'opérer, et dont j'ai cru devoir publier les résultats en attendant que je puisse les reprendre avec un autre appareil que je fais construire. » L'exactitude approchée de cette valeur a été, du reste, contrôlée par le moyen suivant. » Au lieu de brûler l'hydrogène dans le chlore sec , j'ai employé ce der- nier fluide saturé d'humidité, et j'ai mis, en outre, de l'eau dans l'enceinte où s'effectuait la combustion. » Quatre expériences ont donné, pour la chaleur dégagée par i litre de gaz hydrogène, dans ces nouvelles circonstances, 3455 unités. >' D'un autre côté , j'ai déterminé directement la chaleur que dégage l'a- cide chlorhydrique gazeux dans sa condensation, et sa combinaison avec un excès d'eau, et j'ai trouvé, par gramme d'acide, 892 unités. » Lorsque 1 litre d'hydrogène brûle dans le chlore,il forme 0^,0899x37 (en admettant, pour plus de simplicité, 36 pour l'équivalent du chlore) ou 3s'',3263 d'acide chlorhydrique, qui doivent dégager, en se combinant avec l'eau , I 3o4 unités. " Si l'on ajoute à 2i5i chaleur trouvée pour la formation de l'acide gazeux , le nombre i 3o4 qui exprime la chaleur due à la condensation de l'acide, et à sa combinaison avec l'eau, on obtient 34^5 qui coïncide avec la moyenne des nombres ob- tenus dans la deuxième série d'expériences. )' La coïncidence est fortuite, mais l'exactitude approchée du coefficient 2 I 5i se trouve confirmée. » I litre d'hydrogène dégageant , lorsqu'il se combine avec l'oxygène , en .supposant l'eau formée gazeuse, 2629 unités environ, on voit qu'en se com- binant avec le chlore, il dégage les -^seulement de la chaleur développée dans son union avec l'oxygène. ( 373 ) » II. I gramme de phosphore dégage, en brûlant dans le chlore, et en formant du perchlorure , 3 1 99 unités. » Lorsqu'au contraire il forme de l'acide phosphorique , en s'unissant à l'oxygène, il dégage à peu près 5 669 unités. » Le rapport de ces deux nombres n'est pas, comme on le voit, le même que celui des deux coefficients obtenus pour l'hydrogène. » ZOOLOGIE. — Recherches sur V embryogénie des Mollusques gastéropodes ; premier Mémoire : embryogénie de l'Actéon vert; par M. Vogt. (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Valenciennes.) « i". L'œuf de l'Actéon se compose, immédiatement après la ponte, d'une membrane coquillière, contenant un fluide albumineux transparent dans lequel nage le globe vitellaire. Le vitellus est dépourvu d'une membrane vi- tellaire particulière; dans son centre se trouve un noyau vésiculaire, rempli d'un fluide transparent. » a°. Le fractionnement du vitellus commence immédiatement après la ponte. Il progresse par une série géométrique. » 3°. Les sphères vitellaires, résultant du fractionnement, sont dépour- vues d'enveloppes membraneuses particulières. Elles ont toutes un noyau transparaît et central, semblable à celui qui se trouvait dans le vitellus tout entier. » 4°' La multiplication des noyaux transparents est la conséquence et non pas la cause du fractionnement vitellaire. » 5°. Le fractionnement présente, dans l'Actéon, des particularités re- marquables. A partir du fractionnement en huit sphères, il se forme deux séries de sphères, les unes opaques et grenues, les autres transparentes. » 6°. Les sphères opaques forment les parties centrales de l'embryon ; les sphères transparentes sont destinées aux organes périphériques. » 7°. Les sphères résultant du fractionnement s'entourent de membranes propres, à partir du fractionnement en vingt-quatre sphères. liCS sphères deviennent alors des véritables cellules. n 8". La théorie de MM. Schleiden et Schwann n'est nullement applicable à la formation des cellules qui composent les tissus de l'embryon des Actéons. » 9°. La multiplication des cellules par génération endogène n'existe pas dans l'embryon des Actéons. On ne trouve jamais des jeunes cellules emboîtées dans une cellule mère. " 10°. Le vitellus tout entier se transforme en embryon ; tous les tissus embryonnaires sont formés par des cellules. C. R., 1846, i" Semestre. (T. XXII, N» 9.) 5o # •.^'' ( 374 ) » II'*, L'embryon est constitué aussitôt que les cellules périphériques ont complètement englobé les cellules centrales. " Ï7.". Les organes de l'embryon se forment dans l'ordre apparent de suc- cession suivant : les organes rotatorres et le pied; les otolithes et les vésicules auditives; la coquille, le manteau et l'opercule; le foie et l'intestin. » 13". Tout le développement embryonique se fait sans intervention d'un cœur et de vaisseaux. " r4°. Tous les organes de l'embryon se forment par différentiation de la masse embryonnaire d'abord informe. n 1 5°. Toutes les cavités , sans exception , se forment par éeartement de cellules embryonnaires, réunies d'aboi'd en masses solides. » 16". Il n'existe ni développement centrifuge , ni développement centri- pète; la succession des phases embryoniques n'indique aucune direction constante , ni dans la formation de l'ensemble, ni dans celle des organes en détail. " 1 7". Les Actéons parcourent une série de métamorphoses , par lesquelles ils passent de l'état de mollusque conchifère à celui de mollusque nu; ils vivent pendant quelque temps sous forme d'une larve, fort différente de l'animal adulte. » MÉDECINE. — Sur l'administration du sulfate de quinine àjàible dose et en frictions sur les parois internes de la bouche et du larynx; par M. Dd- CROs. (Extrait.) (Commission précédemment nommée.) " Le sulfate de quinine employé dans l'éther sulfurique en friction sur la langue, sur le voile du palais, sur le dedans des joues, au plancher vertébral du gosier, produit, à la dose de 5 centigrammes, une salivation abondante avec une amertume très-prononcée, et 'l'on obtient ainsi un double résultat : d'une part, l'action est beaucoup plus forte et plus rapide que si l'on poussait la dose à 1 grammes par l'intromission stomacale ou intestinale ; et , d'une autre part, on n'a point à craindre l'intoxication qui ac- compagne quelquefois l'emploi de ce médicament par la méthode ordinaire. » La rapidité d'action est particulièrement importante dans les fièvres intermittentes pernicieuses. Le sulfate de quinine administré en lavement ou en pilules n'agit qu'au bout de cinq ou six heures ; mais , d'après la méthode buccale, si l'on peut l'administrer seulement une demi-heure avant le troi- sième accès qui est si souvent funeste, la réaction a le temps de s'opérer. » # I ( 375 ) MATHÉMATIQUES. — Notcs sur l'emploi des couleurs clans renseignement de la géométrie; sur une découverte dans la théorie des nombres, qui permet de se passer de l'emploi des logarithmes; sur un nouvel in- strument de mathématiques à l'aide duquel on compare et on divise les lignes, les angles, les surfaces et les solides; sur une nouvelle exposition du calcul différentiel et du calcul intégral; par M. O. Byrne. (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) BOTANIQUE. — Sur deux algues zoos porées formant le nouveau genre Derbesia; par M. Solier. (Commissaires, MM. de Jussieu, Ad. Brongniart, Bory de Saint-Vincent.) BOTANIQUE. — Mémoire sur les orchidées de l'Amérique tropicale, précédé de considérations sur la végétation du Brésil; par M. Ch. Pinel. (Commissaires, MM. de Jussieu, Gaudichaud, Boussinfjault.) CORRESPOIVDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce adresse quatre exemplaires d'un Rapport qui lui a été présenté par M. de Ségur-Dupeyron, à son i-etour d'une mission qui lui avait été confiée pour constater la nature et les effets des mesures adoptées en Turquie contre la peste. A cette occasion , M. le Ministre rappelle'qu'il a demandé à l'Académie un Rapport sur diverses communications relatives au mode de propagation de la peste et au système des quarantaines. M. le Ministre des Affaires étrangères transmet en double la première livraison d'un ouvrage de botanique que M. le Ministre de l'Intérieur du royaume des Pays-Bas lui a adressée pour l'Académie des Sciences, (/^o/r au Bulletin bibliographique. ) M. Flourens présente , au nom de l'auteur, M. Jomard , membre de l'A- cadémie des Inscriptions et Belles-Lettres, une Notice imprimée sur une pierre gravée trouvée à 70 pieds de profondeur, dans un ancien tumulus américain , et couverte de caractères alphabétiques semblables à des carac- tères africains. 5o.. (376) M. MoRiiv présente , au nom de l'auteur, M. Haillot, le premier volume d'un ouvrage intitulé : " Statistique militaire et recherches sur l'organisation et les institutions militaires des armées étrangères ». M. DE Vico, dans une Lettre écrite de Rome à M. yérago, en date du ai février, annonce qu'il a découvert, la nuit précédente, dans la constel- lation de la Baleine, une nouvelle comète dont il donne la position rapportée à celle de l'étoile 36 de cette même constellation. 20 février 1846 7''i8"'36%9 temps moyen de Rome, Ascension droite (et.) plus grande que l'ascension droite (com.) : de 'j°'7' (en temps), Déclinaison australe (et.) plus grande que la déclinaison (com.) : de 6'45" (en arc). La nouvelle comète a un mouvement horaire assez rapide en déclinaison vers le nord (4' 2 7"); elle décroît par heure, en ascension droite, d'environ 3' en temps. M. Pallas écrit qtie les procédés qu'il avait indiqués pour \a. Jabrication d'un papier d'enveloppe avec la tige du maïs ont été adoptés par l'indus- trie, et avec un tel succès, que ce papier, dont l'usage est maintenant très- répandu, ne se vend, en fabrique, que 20 francs les 5o kilogrammes. M. Pallas annonce aussi qu'à la Nouvelle- Orléans on fabrique, en grand, du sucre avec la tige du maïs châtré d'après la méthode qu'il avait recom- mandée. (Renvoi à la Commission de Physiologie expérimentale.) M. SucQUET, en réponse à une réclamation adressée par M. Robin dans la précédente séance , et relative aux préparations recommandées pour la désinfection des amphithéâtres danatomie , fait remarquer que M. Robin n'appuie sa réclamation de priorité sur aucune publication. M. Sucquet ajoute que, dans tous les cas, M. Robin ne parle que de simples vues théoriques, et non pas de procédés pratiques dont l'efficacité ait été constatée par des expériences suffisamment prolongées. M. Peltier adresse une Notice concernant la présence du suif hydrate d'ammoniaque dans des grêlons tombés à Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) dans la nuit du 26 au 27 janvier dernier. Ces grêlons, tombés pendant un orage qui éclata vers une heure du matin, étaient peu volumineux, mais très-abondants, et eurent bientôt couvert le -■# m/. (377) . ■ , sol dune couche de i5 centimètres d'épaisseur. Il s'en exhalait une odeur hydrosulfureuse très-appréciable dans les endroits peu aérés. Cependant un grand nombre d'agents chimiques mis en contact avec cette grêle préalable- ment fondue n'avaient produit aucune réaction, mais l'acétate plombique donna lieu à un précipité noir très-caractéristique quoique peu abondant; enfin, en triturant les gréions avec de la chaux vive, il y eut un dégagement ammoniacal très-perceptible à l'odorat et rendu également sensible par l'ac- tion sur un papier de tournesol humide qui, préalablement rougi, fut ra- mené au bleu par cette vapeur. M. Tanchou annonce qu'il a vainement essayé, le 19 et le 24 février der- nier, de retrouver chezla jeune Angélique Cottin les manifestations électriques qu'il croyait avoir observées le 1 3 et le 1 4 de ce même mois. M. Chrestien, à l'occasion d'une Note récente de M. Lallemand sur l'éta- blissement du Vernet, rappelle les propriétés thérapeutiques des eaux de Balaruc, et indique les moyens qui, selon lui, pourraient donner à ce der- nier établissement une utilité beaucoup plus générale. M. Hautefeuiile envoie divers échantillons dUaventurme artificielle, échan- tillons dont quelques-uns, suivant lui, ressemblent tout à fait aux aven- turines de Venise; mais il annonce l'intention de ne faire connaître ses pro- cédés que lorsqu'il aura complètement résolu le problème, c'est-à-dire qu'à l'époque où ces produits seront acceptés par le commerce en concurrence avec ceux de Venise et à prix égal. Cette restriction ne permet pas à l'Académie de renvoyer les produits qui lui sont présentés à l'examen de la Commission déjà chargée de faire un Rap- port sur des aventurines artificielles. M. Passot prie de nouveau l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ses dernières communications ont été renvoyées. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés , l'un par M. Cousin , l'autre par MM. Laurent et Gerhardt (i). La séance est levée à 5 heures. F. (i) Dans le Compte rendu de la dernière séance, à l'occasion de l'acceptation d'un paquet cacheté adressé par les mêmes chimistes, on a écrit par erreur Géraed au lieu de Gerhardt. ( 378 ) BULLETI.M BIBLIOGRAPHIQUE. li'Acadéraie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences ; i" semestre r846; n° 8; m-^". Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome II, n"' 9 et to; in-8°. Notice historique sur P. -F. Redouté; par M. BoNAFOUS. (Extrait de la Bio- (fraphie universelle , tome fiXXVIlI. ) \ feuille in-8°. Statistique militaire et Becherches sur l'organisation et les institutions militaires des armées étrangères; par M. C.-A. Haillot; vol. I"; in-8''. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie , aie Spitzherg et aux Feroë, pendant les années i838, 1839 et 1840, sous la direction de M. Gaimard; 36* livraison; in-folio. Service sanitaire. — Mission en Orient. — Bapport adressé à Son Excellence le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; par M. DE SÉGUR-Dupeyron , inspecteur des établissements sanitaires; in-8°. Bulletin de la Société d' Horticulture de l'Auvergne; février 1846; in-8''. Celse. — Traité de la Médecine en huit livres; traduction nouvelle, par M. Ghaales des Étangs, docteur en Médecine; i846; in-S". Histoire naturelle du Berry, et Béjlexions philosophiques sur un Adamide ailé ; par M. PiERQUiN DE Gembloux ; I feuille in-8^. Annales forestières ; février 1846; in- 8°. Paléontologie, ou des Lois de l'organisation des êtres vivants; par M. Marcel DE Serres; a vol. in- 12 et atlas in-8°. Quelques Notes sur M. de Dombasle, et sur l'influence qu'il a exercée; par un élève de Roville. Nancy, 1846; in-8°. Discours prononcé sur la tombe de M. Antonini, médecin en chef de l'armée d'Afrique, le ti octobre i845, par M. G. Broussais. Paris, 1846; in-8°. Lettre de M. Passot à M. le Président de l'Académie royale des Sciences; I feuille in-8°. Bapport fait à la Société des Inventeurs et des Protecteurs de l'Industrie; par MM. Andrau, E. Philippe, et Degousée rapporteur, sur la vis d'Archimède de M. J.-A. Lelellier; ^ feuille in-4''. Hydrothermologie ( Extrait de la Gazette de Montpellier) ; par M. Chrestien ; i de feuille in-8«. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mars 1846; in-S''. 1*. ( 379 ) i Journal des Connaissances utiles; février 1846; in-S". ijl^ Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale, et de Toxicologie; par M. Rognetta; mars 1846; in-8''. Plantœ novœ et minus cognitœ Indice Batuviœ orientalis ; par. MM. W.-H. DK VRiESEef Q.-M.-R. Verhuell; I™ livraison. Amsterdam, i845; 111-8". Astronomische . . .Nouvelles astronomiques deM. SCHUMACHER; n" ô53;in-4". Rendiconto . . . Compte rendu des Séances et des Travaux de l' Aaulémie royale des Sciences de Naples; n° 24 ; novembre et décembre 1 845 ; in-4". Gazette médicale de Paris; année 1846, n" 9; ui-4". Gazette des Hôpitaux ; n°' aS à aS; in-folio. L'Écho du monde savant; n"' 16 et 17; in-4°. Gazette médico-chirurgicale; année 1846, n°9. I ( 38o ) w w d o w o w H w ddc«d(«;^c«dcwdï£doddKdia5ww(4u2wwt«îflc« > 3 '3 = O -= O U Ch U ■A 4; U lu 0) te > ce > îi 3 S-5 a v . tû 3 2 « X 3 ï. te t- C3 3 O o; 3 tx « -o (« fi i) te ■^ ^ Aij ^J ^ ''î '^ d^ .3 te tA tA o o o o « J g i- - 3 t" 3 te te >• j; _s > ffl « 3 aj Q) 3 3 S o 3. 3_ o te 3 X X 3 3 te te CB ce £33 O o o o ojiji oi.i, o ^ '^ j± = o o o V5 •3 t. s U H ooo « es 3 3 3 3 -o -3 -3 ^ ï-l »>^ ooo kcH ta-1 MH s *= * .® CTi-iO OfOCO OlO -fO r^- OfS Oln o o OlO 0>OrOfOCO- X (T.X ^*0 -OiO'O r-r^Oc^ c^X (T-rO ^^vi-to tû (^ X ++++++++++++++++++++++++++++ + + + ^ »0 Oil o x'yf vî^ I «fi + + + I + es o ■-a o o -H o NOM -as PS o Ci ca o XrO<0 OCO OVJ-« C^^Tj-'-û o « o X tO >■ o r^C5 O M OIX O !0 v^'^ y3"lOX C^X ^0 ^^lO C^VO «fOlOOiO-OiONfl +++++++++ I ++++++++++++++++++ a-.',0 ro ^*X »0 r-»rO QO t^ o o CTit^ X »o Oîvo 1X1 lo X o>^* a-.fo M « X 6 c^ C: r>« r^ ■ - o v^ es ■ X r^ es ro X ^O t^r^-fO f^XX O^d-X M - «^d-esx r^CTiM^* ai"X> 0~^^ es CTiVO O in io -^ io O m "O lo -O »o -sO '-D ^O 'XI '-0 »n »o v^-'X X. - X C:<0 O ^d-X coiO es -XeOiO esroio O ^d-fO io^d-OX) r^ X> - !>• - ^d- O Cl r^X ro CTi - - — eo es CTJ'X r--fO ox> -fOfO dim in »o in XI io x> io o in XI "n sO X> 'O x> yD »o >r> >o X3 x> X! 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OïX OVX vr^i-^c^- d^d-"- es ^d-^d-^d-X> m « o <-• vj-x o fi C-. o fO + + + + + + + + +I I ++ + + + + + + + + + + + + + + + X OlOies r^om r^r^O OXiminin -X c^^d-in o m m C-..-o X) eo Oi r^Cies Oi-X - t^oeX^d-r-" O^erj - co c^vo « X eo t^fO ^d- es vj-vj- es X) X 05 0>to eseso--> v^ro - ex X - fo es c^eo es X) ■- es in ^d-in inininex»ninexexx>extxxix>xiinincxx>xi'nin»nininin >- M fO vd-m ex c^X O; O i- « e«l v^j-o \£, t-^co Ci o - f) eo ^d-in ex c^X «-,-,».«-,~-,_«fjoeses«MMeses fo CiX) + + + in in -^ o e'i - X -"ex' inex in r- r- r> ' M. Faraday a établi ensuite un appareil voltaïque, capable de produire un effet égal à celui obtenu avec la batterie de quinze jarres; à cet effet, il a pris un fil de platine, et un autre de zinc qu'il a fixé, dans une position parallèle, à une distance de o"''"',8; deux de leurs extrémités furent mises en rapport avec les bouts du fil d'un galvanomètre, et les deux autres furent plongées dans i 24^'^,36 d'eau distillée à laquelle on ajouta une forte goutte d'acide sulfurique; on nota le temps que l'aiguille mettait à osciller de chaque côté de sa position d'équilibre. Les fils de zinc et de platine , plongés de i''*"',6 dans l'eau acidulée, y étant restés 3",a, furent retirés rapidement. L'aiguille continua à se dévier jusqu'à ce qu'elle eût atteint cinq divisions et demie , puis se retourna de l'autre côté à une égale distance. Cette expé- rience, répétée plusieurs fois, ayant donné le même résultat , M. Faraday en inféra, par approximation, que deux fils, l'un de platine, l'autre de zinc, de Qcent j3 chacun de diamètre, placés parallèlement à o'""",8 de distance, plongeant de i*'*"*,6 dans 1 24^^36 d'eau distillée, acidulée par une seule goutte d'acide sulfurique, à la température d'environ i4 degrés centigrades, et dont les bouts libres étaient unis aux extrémités d'un fil de cuivre de 5"',48 de long et de o"*"*,! 3 de diamètre; que ces deux fils, dis-je , cédaient autant d'électricité, en 3", 2, que la batterie électrique de quinze jarres, chargée par trente tours d'une forte machine en pleine activité. Ij'aiguille aimantée ayant atteint son maximum d'évolution , fut déviée de cinq divi- sions et tiers de sa position d'équilibre. Dans cette expérience, M. Faraday fait abstraction de la polarisation du couple, qui diminuait nécessairement l'intensité du courant, ce couple n'étant pas à courant constant. » Voulant comparer ensuite l'action chimique produite avec la batterie 5i .. ( 384 ) et la pile, dans les mêmes circonstances, M. Faraday prit un fil de platine de o'"'"',^! de diamètre, pesant i6s'',90, et aplati à l'une de ses extrémités, de manière à offrir une surface égale à celle de sa section, et le mit, tour à tour, en communication avec la batterie et avec l'appareil voltaique, de manière à ce qu'il fût toujours le pôle positif. Ce fil, tenu dans une position verticale , s'appuyait de tout son poids sur une bande de papier à réactif, placée sur une spatule de platine communiquant avec le fil négatif de la bat- terie ou de l'appareil voltaique. Cette bande était formée de quatre feuilles de papier mouillées à chaque expérience, à un degré égal, avec une solu- tion d'iodure de potassium. Dix tours de la machine électrique avaient un pouvoir décomposant tel, qu'il se produisait, autour du fil, une tache pâle d'iode; vingt tours, une marque plus obscure; et trente tours, une tache d'un brun sombre qui pénétrait jusqu'à la seconde feuille de papier. On jugeait donc de l'intensité de l'action chimique , d'après le nombre de feuilles plus ou moins tachées. Le fil et la spatule furent unis ensemble au couple vol- taique dans le circuit duquel se trouvait le galvanomètre. Ce couple fonc- tionnait avec de l'eau acidulée par l'acide nitrique, et fut immergé dans ce liquide assez profondément pour que l'aiguille aimantée fût déviée par pre- mière impulsion de cinq divisions et tiers. Le papier ^ réactif fut disposé et mis en expérience comme précédemment. L'effet chimique du courant fut observé à diverses reprises pendant 3",2, et constamment il fut le même que celui obtenu avec la machine électrique. Cette méthode de comparaison ne permet seulement que d'apercevoir des différences , car elle n'est suscep- tible d'aucune précision. Ces données ont fourni à M. Faraday les moyens d'évaluer également, par approximation, les quantités absolues d'électricité unies aux particules ou atomes dans les comh'ma.isons. (Transactions philoso- phiques, i834, page 77.) » Les expériences dont je viens de rapporter les principaux résultats sont de nature à donner une idée presque accablante, pour me servir des expressions de M. Faraday, de la quantité extraordinaire du pouvoir élec- trique propre aux particules; en effet : quand on pense, ajoute-t-il, à la quantité d'électricité développée pendant près de 3 secondes par des por- tions si petites de fil de zinc, en contact avec l'eau , que la perte de poids est à peine appréciable aux appareils les plus délicats, et sans qu'aucune trace d'hydrogène ne se manifeste à la surface du platine , on se demande quelle énorme quantité d'électricité ne faut-il pas pour décomposer un grain d'eau? (o8,o65 d'eau). Suivant le calcul de M. Faraday, cette quantité d'eau aci- dulée exige, pour sa décomposition, un courant électrique continu pendant ( 385 ) 3 I minutes, et capable de maintenir pendant ce temps, à la température rouge dans l'air, un fil de platine de 2'"'"''°,4 de diamètre, et dont il ne donne pas la longueur. Or, quand on pense à la vitesse excessive de lelectricité, on doit en conclure effectivement que la quantité d'électricité qui passe pendant ce temps doit être excessive et infiniment plus considérable que celle développée dans le petit couple voltaïque précédemment décrit. M. Faraday, ayant établi une comparaison entre les deux quantités, a été conduit à cette conclusion, qu'il paraîtrait que huit cent mille charges de la batterie de Leyde de quinze jarres seraient indispensables, pour fournir l'électricité nécessaire à la décomposition de oS'',o65 d'eau, ou pour égaler la quantité d'électricité qui est naturellement associée aux éléments de cette (juantité d'eau, et en vertu de laquelle ils possèdent leur mutuelle affinité chimique, » J'ai donné quelque étendue à cette analyse, afin de montrer en quoi consistait la méthode de M. Faraday. » M. Peltier a traité aussi la même question (^Annales de Chimie et de Physique, a* série, tome LXVII), mais avec des idées arrêtées sur la nature de l'électricité et ses rapports avec les affinités, idées qui ne lui permet- taient pas toujours d'envisager les phénomènes sous leur véritable point de vue. Mon intention est d'analyser ultérieurement ce Mémoire. Pour l'instant, je me bornerai à dire que , de même que M. Faraday, il transmettait l'électricité ordinaire à travers le circuit d'un multiplicateur, sans avoir pris les précau- tions pour éviter les pertes. Les résultats auxquels il est parvenu sont plus considérables que ceux obtenus par M. Faraday; mais, comme les moyens de comparaison manquent pour évaluer son unité, nous ne les rapporterons pas. » M. Pouillet s'est également occupé de la détermination de la quantité d'électricité nécessaire pour décomposer i gramme d'eau , mais sous un autre point de vue, car il a pris pour unité la quantité d'électricité qui passe dans un circuit bismuth et cuivre , dont la longueur totale est équivalente à 20 mè- tres d'un fil de cuivre de i millimètre de diamètre, et dont les deux sou- dures ont une différence de température de 100 degrés. Il ne s'agit donc pas, dans cette détermination , de rapporter les résultats à une unité d'électricité ordinaire, mais bien à une unité d'électricité dynamique. § n. — De la polarisation des lames d'or et de platine au moyen de l'électricité ordinaire. » On sait que, lorsque deux lames homogènes d'un métal non oxydable , tel que le platine ou l'or, sont mises en communication, chacune, avec l'un des pôles d'une pile, et plongent dans un liquide conducteur capable d'être ( 386 ) décomposé par le courant, elles éprouvent une modification telle, qu'elles sont aptes à produire un courant dirigé en sens inverse du premier, quand la pile est enlevée et qu'on ferme de nouveau le circuit. Cette modification, qui tend sans cesse à affaiblir l'action du courant primitif, observée la première fois par Ritter, a été employée immédiatement par lui à la construction des piles secondaires qui décomposent l'eau, agissent sur l'électromètre , don- nent des étincelles et excitent des commotions dans la grenouille. Cette mo- dification constitue , en un mot , ce qu'on a appelé depuis polarisation élec- trique. J'ajouterai que mes expériences ont prouvé que cette modification, cette polarisation est due au dépôt, sur les lames décomposantes, des gaz et autres corps transportés par le courant. Ces corps, en réagissant sur le li- quide, produisent un courant dirigé en sens inverse du premier, La seule manière de détruire la polarisation est d'enlever les substances au fur et à mesure qu'elles se décomposent. Tel est le principe qui m'a servi à la con- struction des appareils à courant constant, dont j'ai fait usage pendant nom- bre d'années, pour la formation de composés insolubles cristallisés, analogues à ceux que l'on trouve dans diverses formations du globe, formation qui exi- geait une action continue et sensiblement constante pendant des mois, des années. Longtemps après, on construisit des piles à courant constant sur les mêmes principes, en leur donnant des formes qui en rendirent l'emploi facile. " Les partisans de la doctrine du contact ne virent, dans la polarisation des lames ayant servi à la décomposition électro-chimique , qu'une force an- tagoniste électro-motrice résultant de l'accumulation des principes gazeux de l'eau sur les lames décomposantes ; mais les arguments qu'ils mirent en avant, pour soutenir cette opinion, étant de même ordre que ceux dont ils firent usage pour défendre la théorie du contact, et que j'ai combattus, je m'abstiens de les mentionner ici, pour ne pas recommencer un débat qui se- rait sans intérêt pour la science. >' D'tm autre côté , on s'est demandé si la polarisation acquise par deux lames métalliques plongeant dans un liquide et servant à transmettre un cou- rant capable de le décomposer était le résultat d'une action instantanée, ou bien si elle n'exigeait pas, pour être produite, que cette action se maintînt pendant un temps fini, quoique très-court. Pour savoir à quoi s'en tenir à cet égard , il fallait voir ce qui se passait dans une décharge instantanée , telle que celle d'une bouteille de Leyde. C'est ce qui n'a pas été fait , parce que l'on était loin de supposer dans cette action une faculté polarisante aussi générale, aussi marquée que celle qu'elle possède. C'est précisément cette ( 387 ) faculté dont j'ai étudié toutes les conséquences, et qui ma mis à même de résoudre, avec une certaine précision, la question de la quantité d'électricité associée aux éléments de la matière, ou, du moins, qui est nécessaire pour séparer ces éléments. Voici le principe général : Toutes les lois qu'une: décharge d'électricité ordinaire, quelque faible qu'elle soit, même celle produite par un bâton de gomme laque frotté avec un morceau de drap , traverse de l'eau distillée au moyen de deux lames d'or ou de platine, ces deux lames sont toujours polarisées de manière à donner un courant dirigé en sens inverse du courant primitif; plus la décharge est faible, plus le multiplicateur, avec lequel on observe le courant de polarisation, doit avoir de sensibilité. La plus faible décharge électrique que l'on puisse ima- giner ne peut donc traverser un liquide sans le décomposer et sans entraîner à sa suite, par conséquent, des éléments matériels. Je donnerai plusieurs preuves de ce principe fondamental dans le cours de ce Mémoire. Pour se livrer à des expériences de ce genre, il faut avoir à sa disposition : " 1°. Une machine électrique, des batteries et des carreaux armés de diverses dimensions; a° des multiplicateurs et des boussoles des sinus de différents degrés de sensibilité ; 3° plusieurs petits bocaux contenant les li- quides dans lesquels plongent les lames d'or et de platine destinées à être polarisées; 4° un électromètre de Lane donnant, avec une grande exactitude, la distance explosive des batteries électriques. >' Dans les expériences quij vont suivre, nous partirons de ce principe, que la distance explosive, distance à laquelle a lieu la décharge d'une bat- terie, est proportionnelle à la charge, abstraction faite des résidus d'élec- tricité adhérant au verre. » Les appareils sont disposés de telle sorte, que les deux lames d'or plon- geant dans l'eau sont mises alternativement en relation au moyen d'une bas- cule , d'abord avec les surfaces armées de la batterie , puis avec les deux extrémités du fil du multiplicateur, aussitôt après que la décharge a eu lieu. La déviation de l'aiguille aimantée indique la direction et l'intensité du cou- rant secondaire , et par suite l'intensité de la polarisation, mais dans certains cas seulement. Toutes les précautions doivent être prises pour que la dé- charge passe en totalité dans l'eau ; on y parvient en isolant les diverses par- ties de l'appareil, à l'exception, bien entendu, de l'armature extérieure de la batterie. Le commutateur doit être disposé de telle manière que les deux circuits, celui qui sert à polariser et celui qui donne les effets de la polarisa- tion, soient indépendants l'un de l'autre, afin d'être bien assuré que toute la décharge passe dans l'appareil à lames d'or. Lajig. i indique la meilleure disposition à donner à toutes les oartlpc. ( 388 ) Fig. I. >' T, batterie électrique ou carreau armé. » a, a', armatures. « b, boule de décharge de rélectromètre de liane. " c, couple à polariser; o, o', lames d'or. " /' y» fi'^ ^^ cuivre servant à établir la communication entre l'armature et les lames d or. " T, al, b,J,f'^ c sont isolés avec des disques de résine ou de verre. " G, multiplicateur. » B, bascule. " /«'/ t» fils de cuivre établissant la communication entre le multiplica- teur et le couple polarisé c. " /, j', capsules remplies de mercure servant à établir la jonction des fils J ^^f\ij' ety^'j. Quand on polarise les lames o et o', les extrémités des fils f' etf^ ne plongent point dans le mercure, de sorte que la décharge de la batterie parcourt le circuit afoo'f' bal. Dès l'instant que la décharge est opérée, on plonge les extrémités des filsy, ety, dans les couples à mer- cure, ou plutôt on fait jouer la bascule, et alors le courant résultant de la polarisation parcourt le circuit o /y. G/',/' o'. Ce changement de circuit se fait, comme je l'ai déjà dit, au moyen d'une bascule à laquelle sont fixées les extrémités des fils^j ^^j\- En faisant jouer la bascule, on plonge dans le mercure les extrémités de ces fils ou on les en retire. Cette bascule doit être raanœuvrée rapidement, afin de ne pas diminuer sensiblement les effets de la polarisation. Les résultats sont toujours comparables, attendu { 389 ) qne le circuit qui donne le courant de la polarisation, et dont le multiplica- teur par conséquent fait partie, étant toujours invariable, la conductibilité ne change pas. » Enfin, on doit former avec soin la table des intensités pour chaque mul- tiplicateur, laquelle donne immédiatement l'intensité d'un courant corres- pondant à une déviation donnée. » La série d'expériences qui vont suivre a été faite avec un carreau armé et un appareil polarisant dont voici les dimensions : Carreau armé. i Longueur l^^'"^,i'] Largeur 4^*", 1 7 Épaisseur o,oo25 Surfaces armées J ° „ .^ ' ° ( Largeur 3''''=,io l Longueur. 3'™*,5 Parties immergées d«s lames d'or l Largeur. . - o"=™',7 ( Distance.» 4"'"- Première expérience. Distance de la boule de décharge i' de la surface armée a' ^'"■"'"'jaSô. NOMBRE DEVIATION de décharges. par première impulsion. , 10°, 00 ( io°,75 I / 80,75 \ 10°,00 Moyenne. . 9°.95 Déviation définitive. . . 6°,5o /^miUim 5, NOUBRE DÉVIATION de décharges. par première impulsion. / 21 ",00 1 aïOjSo 1 2i°,75 I . / 2i°,n5 j aïOjâio 1 2I°,00 \ 2 2", 00 Moyenne. . . 21°,25 Déviation définitive. . . , i3°,i6 *5a •C. R., 1846, i"Seme«r«. (T. XXII, N» 10.) * ( Sgo ) Distance de la boule é' de la surface armée a' 6"""""',767. nCMBRE de décharges. 1. oéviATion par première impulsion, 29°, 25 29°, 25 3o",oo Si^oo 3o°,oo 3o°,75 3o°,oo Moyenne. Déviation définitive. . Distance de la boule b'-i. a' 300,16 i9»,oo j^mllUm 023 NOHDRF. de décharges. Moyenne. Déviation définitive. . Distance de la boule b' k a' NOMBRE de décharges. Moyenne. Déviation définitive. . LÉVIATION : première impulsinn. SS^oo 35°,oo Sôo.oo 35»,5o 36",oo 37'',oo 36°,oo 36''jOo 35',8o 22",46 DÉVIATION par première impulsion. 43"',oo 44''>0O 450,50 43",oo 44«,oo 44",oo 45'',oo 440,04 260,30 II "'"«■',27. %., %: ( 39. ) Distance de !a boule é' à a' i * »> jj 5"''"''",64. # NOMBRE de décharges. Moyenne. . . . Déviation définitive Résumé. DÉVIATION par première impulsion 43»,5o 43°, GO 44°)Oo 44»,oo 43°,oo 44°jOo 43'>,oo 43°,4o 26°, 24 DISTAKCE EXPLOSIVE. DÉVIATION par première impulsion . DÉVIATION définitive. INTENSITÉ da courant. INTENSITÉ calculée. I 0 9'95 0 6,5o 0 6,5o 0 6,3o 2 21 ,25 i3,i6 l3,l6 12,60 3 3o,i6 19,00 ig,oo 18,90 4 35,80 22,46 23,70 25 , 20 5 44, o4 26,30 3o,6o 3i ,5o 2,5o (deux décharges) 43,86 26,24 3o,52 _== » Les résultats consignés dans ce tableau montrent que, pour des dé- charges peu considérables telles que celles que l'on peut obtenir avec un carreau armé ayant les dimensions données, la polarisation, à en juger par le courant qu'elle produit, est proportionnelle à la distance explosive, et par suite, à la quantité d'électricité qui passe dans l'eau où plongent des lames d'or, et que , pour une distance moitié moindre et une double dé- charge, les effets sont les mêmes que pour une distance double et une seule décharge. )' Ces résultats sont faciles à interpréter : la polarisation étant due à la réaction, sur l'eau, des gaz déposés sur les lames d'or, par le courant, doit augmenter, du moins le courant secondaire qui en est la conséquence , jus- qu'à ce que les surfaces de ces lames en soient recouvertes; une nouvelle ad- dition de gaz n'exerce plus d'influence sur l'intensité du courant, attendu que 52.. #. # (390 celle-ci est proportionnelle à l'étendue de la surface active et non à l'épais- seur de la couche. On conçoit donc , d'après cela, qu'au delà d'une certaine intensité de décharge , la loi précédemment indiquée ne doit plus se vérifier. Autre observation : si l'on tarde quelques instants , après la décharge , à faire passer, dans le multiplicateur, le courant de la polarisation, les gaz déposés sur les lames se dissipent peu à peu et le courant perd de son intensité; aussi doit-on opérer avec une grande rapidité , si l'on veut obtenir des ré- sultats très-exacts. liCS différences entre les intensités observées et les inten- sités calculées, qui sont peu considérables dans le tableau précédent, doivent être attribuées à cette cause d'erreur, que l'on est toujours maître d'affaiblir en manoeuvrant rapidement la bascule. Une fois que le courant de la polarisation a traversé le fil du galvanomètre et que l'aiguille a été déviée d'un certain angle par première impulsion , elle revient à zéro après quelques oscillations, de sorte qu'il ne reste plus aucune trace de polarisa- tion ; néanmoins , les gaz qui se répandent dans le liquide apportent une per- turbation telle , dans les effets produits, quand on recommence peu de temps après une nouvelle expérience , qu'on n'observe plus de régularité. Les ré- sultats consignés dans le tableau suivant et obtenus en faisant succéder les décharges à des intervalles de quelques minutes, après s'être assuré que toute trace de polarisation n'existe plus, ne laissent aucun doute à cet égard. Batterie de quatre jarres , présentant chacune une surface armée de i 565 centimètres. Distance de la boule de décharge 2.^^^^'"^,7.5&. (Mêmes lames d'or de l'expérience précédente , plongeant dans de l'eau dis- tillée à laquelle on avait ajouté quelques gouttes d'acide nitrique.) NOUBRE DÉTUTION lie décharges. par première impulsion. / 1 0°,00 I , \ 150,50 ■ ■ ■ • { ,6o,5o ( i8°,oo .1 Ces résultats montrent bien que le courant de polarisation augmente en intensité pour des décharges égales et successives; tandis que, si elles ont lieu à des intervalles un peu éloignés , les intensités sont parfaitement égales, comme il est facile de le vérifier. » Je passe maintenant aux effets de polarisation produits sur deux lames d'or, plongeant dans de l'eau distillée et servant à transmettre un courant d'intensité constante provenant d'un élément formé d'une tête de pipe rem- 'm ( 393 ) plie d'amalgame de zinc , plongeant dans de l'eau distillée où se trouvait une lame de platine. L'action polarisante n'étant plus instantanée, comme dans le cas de la décharge d'une batterie électrique, une portion de la po- larisation doit disparaître, quand le circuit voltaique reste fermé pendant un certain temps, comme on va le voir: DUBÉE DÉVIATION DÉVIATION INTENSITÉ i DIFFÉRENCE. du courant. par première impulsion . défiDitlve. du courant. I 21"' 20 20 27 0 20,33 0 II, 14 II, i4 4,46 ! 2 -1 27,33 i5,6o i5,6o 3 28 33 3,29 33 33,00 .8,89 18,89 33 ! 39 4,21 4 37 38,33 39 ) 42 21,91 23,10 2,37 5 4.,5o 41,66 41, 5o ) 43 1 23,86 26,67 1,53 6 s 44 43,33 24,8r 28,00 43 45 1 ,5o 7 44 44,66 25,75 29,50 45 45, 5o 1 ,3o 8 45,50 ; 45,66 26,50 3o , 80 46,00 47,5o ' > i,5o 9 47,33 47,27 47,00 ) , 47, 5o 1 27,37 32, 3o o,3o lO 47, 5o 1 47,5a 4.7 >5o ) 1 27,50 32,60 (394 ) '■ Dans une autre série d'expériences, j'ai trouvé DCRÉe du courant polarisant. DÉVIATION par première impulsion. DÉVUTIO» définitive. INTENSITÉ du courant. DirFKRElICE , I 5 lO .5 20 25 3o 1 35 40 45 o 27,00 39,50 44,5o 47,00 49, 5o 5r,oo 52,33 53,00 54,00 54, 5o 0 i4»5o 20,00 22,33 23,53 24,86 25,66 26,00 26,25 26,90 27,40 i4,5o 20,00 24,10 25,90 28,00 29,50 3o,oo 3o,4o 3i,53 32, 3o 5,5o 4,10 1,80 2, 10 i,5o o,5o o,4o 0,93 0,73 >i Les résultats consignés dans ces deux tableaux suffisent pour montrer que la polarisation mesurée par le courant qu'elle produit n'est point pro- portionnelle au temps pendant lequel circule le courant voltaïque, comme on devait s'y attendre , attendu que les gaz ou autres substances déposés sur les lames décomposantes s'en séparent peu à peu, pour se mélanger ou se combiner avec l'eau , et cela en d'autant plus grande quantité , que l'ac- tion du courant est plus considérable, et que l'action a duré plus longtemps; aussi voit-on , dans la dernière colonne , que les différences deviennent d'au- tant moindres, que l'action électro-chimique a été plus prolongée, de sorte qu'elles doivent finir par devenir sensiblement nulles. Mais il n'en est plus de même en opérant avec des courants très-faibles, pendant un temps très- court, tel qu'une fraction de seconde; on retrouve alors la loi précédem- ment trouvée, avec des décharges d'électricité ordinaires. Les résultats sui- vants ne laissent aucun doute à cet égard. >' On a pris un couple voltaique composé d'une tête de pipe remplie de mercure, ne contenant que très-peu de zinc, d'eau distillée, et de denx fils de platine plongeant, l'un dans l'amalgame, l'autre dans l'eau de l'appa- reil à polariser. On a obtenu les résultats suivants : ( 395 ) DIT.ÉE (lu courant polarisant. DÉVIATIOX par prcmlèru impulsion résultant du courant de la polarisation. Il I ,00 o,5o 1 ,00 o,5o 1 ,00 o,5o 11,00 5,00 10, 5o 6,00 1 1 ,00 5,00 Déviation moyenne pour une durée de i" '0'',73 Péviation moyenne pour une durée de o",5 5°,33 » Ija loi s'est donc vérifiée dans les circonstances où l'on a opéré, c'est-à- dire en agissant avec nn faible courant fonctionnant pendant un temps très- court. On doit donc arriver à nn résultat semblable avec des courants un peu plus forts, pourvu toutefois que le circuit reste fermé pendant un tiers ou un quart de seconde. Cet effet s'explique très-bien : toutes les fois que les gaz se déposent en quantité trè.s-faible sur les lames d'or soumises à l'action vol- taïque, il leur faut un temps fini, quoique excessivement court, pour se répandre dans le liquide environnant; en ne laissant donc circuler le cou- rant que pendant des fractions de seconde, on s'approche de plus en plus de la limite où leur dégagement n'a pas encore lieu. § III. — Détermination de la quantité d'électricité associée aiix éléments des corps dans les combinaisons , ou du moins qui est nécessaire pour séparer ces éléments. » Pour arriver à cette détermination, j'ai mis à profit les phénomènes de polarisation produits par les i La distance explosive étant de 4°""55i, on a chargé la batterie jusqu'à ce que la décharge ait lieu; immédiatement après, on a fait jouer la bascule, pour faire passer le courant résultant de la polarisation dans la boussole des sinus G et le multiplicateur G', dans eelui-ci ; on a eu : Déviation par première impulsion. Déviation définitive. 1°. 3l°,5o \ 2". 3i",5o > i7°,97 3°. Si^So ) « Tel est l'effet produit dans le multiplicateur par l'effet seul de la décharge de la batterie. Pour avoir celui résultant de l'action voltaïque , on a introduit .dans la partie du circuit où se trouvait le couple à polariser, et dont ne faisait ( 397 ) plus partie la batterie, un couple voltaique P', dit à tête de pipe, comme celui précédemment mentionné, et fonctionnant avec de l'eau distillée seulement. La première partie du circuit, celle qui renfermait le couple à polariser, resta fermée successivement pendant une seconde, une demi-seconde, afin d'avoir des effets de polarisation proportionnels aux quantités d'électricité en mou- vement. On obtint les résultats suivants avec le multiplicateur : Durée du courant. Déviation par première impulsion. Moyenne. Déviation définitiTe. o",5 ï7°,oo; iG-.oo; iS^So; i6»,5o i6'',25 8»,58 i" 28'',5o; 29°,oo; aS^oo 28'',5o iG'.So » On voit que la polarisation était sensiblement proportionnelle au temps , comme on devait s'y attendre, en raison du peu de durée de la circula- tion du courant. Dans la boussole des sinus, la déviation par première impulsion a été successivement de 2°,oo; i'',75; i°,5o; moyenne, i",75, correspondant à une déviation définitive de o°,70. Or, nous avons vu que la décharge de la batterie, quand la distance explosive était de 4™™,5i, pro- duisait une polarisation ayant pour mesure une déviation de l'aiguille aimantée égale à 1 7^,97. Lorsqu'on a opéré avec le couple voltaique et le même circuit, afin que les effets fussent comparables, la polarisation a été de i6°,5o, le courant ayant circulé pendant une seconde seulement. Mais, comme l'action chimique de l'électricité, et la polarisation, qui en est la conséquence, sont proportionnelles aux quantités d'électricité en mouve- ment , dans les circonstances où l'on a opéré, et que , dans ce multiplicateur, les intensités sont proportionnelles aux déviations, jusqu'à 20 degrés, il s'en- suit que l'on aura la quantité d'électricité libre qui a été fournie par le cou- rant en une seconde , en désignant par a celle fournie par la batterie , au moyeu de la proportion suivante : 16, 5o 17,97 : i6,5o ;: a : x ; d'où x= = 0,92a. '7'97 La quantité 0,9a a m'a servi de terme de comparaison dans les expériences qui vont suivre. » Le couple de polarisation ayant été enlevé ainsi que le multiplicateur, on a introduit dans le circuit , 1° un couple à courant constant , cuivre et zinc amalgamés, fonctionnant avec une solution saturée de sulfate de cuivre et ime solution saturée de chlorure de sodium , celle-ci se trouvant dans un diaphragme de porcelaine dégourdie plongeant dans la première solution; a° un voltamètre composé d'une solution très-concentrée de nitrate de C. K., i8jG. i" Stmfstre (T. XXII, N" 10) 53 ( 398 ) cuivre et de deux lames de platine. Le circuit n'était donc plus composé que de la boussole des sinus, du couple à courant constant, du voltamètre et des fils de communication. " Le couple ayant fonctionné pendant une heure et demie, on arrêta Tex- périence. Le cuivre précipité pesait 8"™,5, et la déviation de l'aiguille ai- mantée de la boussole des sinus avait été constamment , pendant toute la durée de l'expérience , de 20°,25 , correspondant à une intensité de cou- rant égale à 54- Or, dans l'expérience préliminaire, l'intensité dans la même boussole avait été de o^jyo, correspondant à une intensité égale à i,45. D'un autre côté, ce courant avait laissé passer, pendant une seconde, 0,9:1 a d'électricité {a étant la charge de la batterie , comme il a été dit ). >' Le rapport des forces étant —jp = 87, et les quantités d'électricité qui passent étant proportionnelles à l'intensité du courant, il s'ensuit que le courant qui a produit une déviation égale à 2o'',25 aura laissé passer, dans I seconde , une quantité d'électricité représentée par 37 X 0,92 a = 34,04 a. » D'un autre côté, en une heure et demie , c'est-à-dire en 5 4oo secondes , on a obtenu 8""",o de cuivre, et par conséquent o°"",ooi48 en i seconde. Pour avoir cette dernière quantité de cuivre, il a donc été dépensé, si je puis m'exprimer ainsi, 34,o4 a d'électricité. » La quantité d'électricité nécessaire pour avoir i milligramme de cuivre sera donc donnée par cette proportion, en raison de l'action définie de l'électricité : 0,00148 ; 34, o4fl '.; I : .r, d'où x=2298oa. » Pour avoir 1 gramme de cuivre, il faudra donc employer une quantité d'électricité représentée par 22980000 charges de la batterie. » Cette expérience, en raison de son importance, a été recommencée deux fois. » Le courant ayant circulé pendant i heure 4o minutes ou 6 000 secondes, on a obtenu 22°"",25 de cuivre. La déviation de l'aiguille aimantée a été con- stamment de 37 degrés. Cette déviation correspondait à une intensité de courant égale à 1 35. L'intensité du courant primitif, dont la déviation pro- duite était de o°,70, avait pour expression r,45; le rapport des forces est donc i35 1,45 = 93j (399) par conséquent , le courant principal a fourni , dans i seconde, 98,00 x 0,92 a ou 85,56a d'électricité, la quantité de cuivre fournie par le courant dans I seconde étant égale à 22,25 - -=-^ stOjOOStO. DOOO ■* " o"''",oo370 de cuivre ont donc exigé, pour être obtenus, 85,56 a d'é- lectricité. » Pour I milligr. , il aurait fallu a34ooa, et pour i gramme, 234oooooa- >• Enfin, une troisième expérience a donné les résultats suivants : Intensité du courant producteur 187 ,95 Intensité du courant primitif. i ,^5 Rapport des courants qi ,00 Cuivre précipité en i heure 1 3 mill GO Cuivre précipité en i seconde o,oo36i Quantité d'électricité passée en i seconde 83, 7 5 a Quantité nécessaire pour obtenir i millimètre de cuivre. 23 200 , 00 a Quantité d'électricité pour avoir i gramme de cuivre. . 23 200000a " En résumé, les trois expériences précédentes montrent que, pour obte- nir I gramme de cuivre, il a fallu employer les quantités d'électricité libre suivantes : 1°. 22980000 a; 2°. 23400000 a; 3°. 23200000 a. " La moyenne est d'environ 23 200 000 a. » Or, la batterie électrique, qui a servi d'unité, se composait de quatre jarres présentant chacune une surface armée à l'extérieur et autant à l'inté- rieur de I 565 centimètres carrés; par conséquent, la batterie entière avait donc sur chacune des deux faces une surface armée de 6 260 centimètres carrés. » Si l'on rapporte les effets à une batterie présentant une surface armée de I mètre carré ou loooo centimètres carrés, il faudra donc employer, pour retirer i gramme de cuivre d'une dissolution de sulfate ou de nitrate de cui- vre, 14523200 charges. » Cette même charge servira à obtenir o8'^,25 d'oxygène, quantité atomique proportionnelle à i gramme de cuivre, en soumettant à l'action du même cou- rant la solution de nitrate de cuivre et de l'eau renfermée dans un voltamètre ; par conséquent, pour décomposer 1 gramme d'eau et avoir o^'^,88 d'oxygène, il faudra mettre en mouvement 5i 586 4oo charges de la batterie ayant une 53.. ( 4oo) surface armée de i mètre carré, charges qui ne sont pas, à beaucoup près, portées à leur maximum , puisque les décharges étaient effectuées quand la boule de l'excitateur était à 4°"",5i de distance de Tune des surfaces armées. La charge maximum a lieu quand la distance explosive a été d'environ i i""",a8; je dis environ, attendu que je n'ai pu obtenir la décharge que très-difficile- ment à cette distance. En rapportant la quantité d'électricité à celle qui est fournie dans le cas de la charge maximum , il faut que cette charge soit à 5i 586400 dans le rapport de 2 à 5 qui est le rapport inverse des distances explosives, les quantités d'électricité étant proportionnelles aux distances explosives; on trouve alors pour sa valeur, 20o63456. » M. Faraday a trouvé, comme on l'a vu dans le § I", que pour décom- poser I gramme d'eau (o''''',o65) il fallait employer 800000 décharges d'une batterie ayant une surface armée de 17 760 centimètres carrés ou 1420800 charges d'une surface armée de i mètre carré, électrisée avec une ma- chine que je suppose être de la force de la mienne; donc, pour décomposer I gramme, il aurait fallu mettre en mouvement 21 858 45 1 charges, tandis que j'ai trouvé, par une méthode beaucoup plus exacte, 20o63456 charges au maximum de tension d'une batterie semblable. La différence n'est pas aussi considérable qu'on pourrait le croire, en raison des motifs que j'ex- poserai ci-après. Je ferai remarquer de nouveau, à ce sujet, que lorsque l'on transmet une décharge à forte tension dans le fil qui forme le cir- cuit d'un multiplicateur, comme l'a fait M. Faraday, il est presque impos- sible d'éviter qu'une portion plus ou moins forte ne passe d'une circonvolu- tion à l'autre, bien qu'on ait isolé chacune de ces circonvolutions, soit en enroulant le fil de soie, soit en appliquant de la gomme laque au fur et à mesure qu'on l'enroule. » Je persiste à croire que ma méthode est susceptible de donner des ré- sultats très-exacts, quand les multiplicateurs auront acquis un degré de préci- sion qui permettra d'évaluer les intensités de courant à une petite fraction de degré près; car on conçoit très-bien que , lorsqu'il s'agit de nombres aussi con- sidérables que ceux qui expriment les quantités d'électricité nécessaires pour décomposer i gramme d'eau ou de toute autre substance, une erreur de un quart de degré seulement dans l'évaluation de la déviation de l'aiguille ai- mantée apporte une différence très-notable dans la valeur cherchée. Quoi qu'il en soit, je pense que 20000000 en nombre rond, qui exprime le nombre de charges servant à représenter la quantité d'électricité nécessaire à la dé- composition de I gramme d'eau , s'écarte peu de la vérité. Ce nombre peut être considéré comme une limite. 11 y a de quoi effrayer l'imagination quand on voit que, pour décomposer i miUigramme d'eau seulement, il i* ( 4oi ) faut aoooo charges d'une batterie présentant une surface armée de i mètre carré , ou , ce qui revient au même , la charge d'im carreau armé ayant une superficie d'environ 2 hectares. « La quantité d'électricité associée à l'oxygène et à l'hydrogène dans I milligramme d'eau seulement, et qui représente, si je puis m'exprimer ainsi, leurs affinités réciproques, serait donc capable de produire les effets de la foudre. Toute cette électricité est à l'état d'équilibre dans les corps et ne devient libre qu'en partie dans les décompositions, parce que nous n'avons aucun moyen d'éviter les recompositions auxquelles on doit attri- buer probablement les effets de chaleur dans les actions chimiques. » Cette quantité énorme d'électricité qui est enchaînée entre les molé- cules de I milligramme d'eau, peut servir à faire concevoir comment les poissons électriques peuvent, à volonté, disposer d'une charge considérable, pour donner des commotions. » . Il suffit, en effet, d'admettre pour cela que ces animaux possèdent la faculté de décomposer une quantité excessivement minime d'eau , de s'em- parer de chacune des électricités qui deviennent libres, et delà conserver dans un organe particulier, pour en disposer ensuite à volonté. )' Nous pouvons aussi expliquer, parla même raison, pourquoi une pile sèche, quand elle ne renferme plus qu'une quantité d'eau excessivement faible, peut encore servir à charger abondamment un condensateur. » Enfin, il est démontré aujourd'hui que les principes constituants de 1 gramme d'eau renferment entre eux une puissance physique énorme, capable d'effrayer l'imagination et dont nous devons chercher à nous empa- rer pour l'étude de la nature et les besoins de la société. § IV. — Autre série défaits relatifs à la polarisation, et conséquences qui s'en déduisent. » Il a été établi d'une manière incontestable, dans le deuxième paragraphe, que la plus faible décharge d'électricité ordinaire, transmise à travers un liquide conducteur, au moyen de deux lames d'or plongeant dans ce liquide, polarise ces lames , et que l'effet est toujours appréciable quand le multipli- cateur est doué d'une sensibilité suffisante. Cette polarisation ne peut avoir lieu qu'autant que l'eau est décomposée. Ainsi, l'électricité ne saurait che- miner dans un Hquide sans entraîner avec elle de la matière. Des faits d'im autre ordre que ceux précédemment exposés vont njettre de nouveau ce principe en évidence. )' Les courants thermo-électriques provenaut d'un seul couple, antimoine et bismuth, ou fer et cuivre, font dévier à peine l'aiguille aimantée en tra- ( 4oa ) versant l'eau distillée d'un multiplicateur faisant partie du circuit; cepen- dant ils sont aptes à polariser les lames d'or plongeant dans cette eau : que l'on prenne un fil de fer et un fil de cuivre soudés par une de leurs extrémités et en commnnication, par les deux autres, avec un galvanomètre très-sen- sible à fil long , et que l'on mette dans le circuit l'appareil à polariser, il suffira délever la température des points de jonction, fer et cuivre, de 3o à 40 degrés , et de maintenir le circuit fermé pendant quelques instants , pour obtenir un courant de polarisation de 5 degrés au moins. L'eau a donc été décomposée par le passage du courant thermo-électrique , c'est-à-dire d'une électricité dont la tension est excessivement faible. En opérant avec une pile thermo-électrique ordinaire, composée de petits éléments, bismuth et antimoine, munis de réflecteurs coniques, et en chauffant l'une des faces par rayonnement avec une lampe ordinaire à double courant d'air, placée à I décimètre de distance de cette face, j'ai obtenu les résultats suivants ana- logues à ceux que m'avaient donnés les couples voltaïques : DCP.ÏE DÉVIATION du passage du courant polarisant par première impulsion produite thermo-électrique. par le courant de polarisation. I 2,00 2 2,5o 5 2,75 10 3,75 20 3,75 » On voit par ces résultats que, lorsque le circuit parcouru par un cou- rant thermo-électrique reste fermé pendant dix minutes , les gaz transportés par ce courant sur les lames d'or, et qui commençaient à se mélanger ou à se combiner avec l'eau quand ce courant circulait depuis une minute environ , atteignent du moins les couches déposées , un maximum que l'on tenterait vainement de dépasser. En suivant la marche précédemment indiquée , rien ne serait plus facile que de déterminer la quantité d'électricité libre fournie par le courant thermo-électrique ou polarisant, pendant une fraction de se- conde , et de comparer ainsi les courants voltaïques et thermo-électriques. >. Puisque les plus faibles quantités d'électricité traversant un liquide con- ducteur réagissent chimiquement sur lui au point de séparer ses éléments , on ( 4o3 ) devait prévoir que la décharge des piles sèches devait également polariser les lames d'or servant à transmettre leur décharge à travers l'eau. En effet, si l'oh prend une pile sèche , composée seulement de quelques centaines d'éléments, et que l'on mette en communicalion les deux extrémités avec les deux lames d'or, il suffit de quelques minutes pour polariser ces dernières, au point de donner un courant secondaire faisant dévier l'aiguille d'un multiplicateur très-sensible de quelques degrés par première impulsion. Ce fait prouve donc que, bien qu'on ne puisse obtenir des effets sensibles de décomposition avec une pile sèche composée d'un nombre peu considérable d éléments , ces effets suffisent 'néanmoins pour produire la polarisation. Ces effets, quoique excessivement faibles, en s'accumulant finissent par rendre appréciable le courant secondaire. >• J'ai dit, dans le second chapitre de ce Mémoire, que l'électricité pro- venant du frottement d'un bâton de gomme laque contre une étoffe de laine, en traversant l'eau , la décomposait au point de polariser la lame. Voici l'ex- périence qui le prouve : le couple à lames d'or (couple à polariser) a été placé sur un plateau de résine , pour être parfaitement isolé , et les deux lames fixées par une de leurs extrémités à un fil d'or traversant un tube qui passait dans le bouchon du bocal. Ce couple pouvait être mis en rap- port avec un multiplicateur très-sensible, ou bien en être détaché pour être polarisé ; dans ce cas-ci , un des bouts du fil d'or était tenu à la main lorsqu'on approchait de l'autre le bâton de gomme laque électrisé ; quatre ou cinq contacts suffirent pour faire dévier l'aiguille aimantée par première impul- tion de o°,5o à o'',75, quand on établissait la communication avec le mul- tiplicateur. Si j'eusse eu à ma disposition un appareil plus sensible, il est bien certain qu'un seul contact eût sulfi pour qu'on pût observer le courant de polarisation. » D'après cela, on peut dire, sans craindre de se tromper, quune décharge électrique, quelque faible qu'elle soit, ne saurait traverser leau sans la décomposer, et sans entraîner par conséquent à sa suite des éléments matériels. n Si l'on rapproche ce fait fondamental des observations de Fusiuieii relatives au transport des parties pondérables, par des décharges élec- triques à forte tension à travers l'air et les métaux , transport qui s'effectue de telle manière que, si la décharge a lieu entre une boule d'argent et une boule d'or, de l'argent est déposé sur la boule d'or ainsi que dans sa masse , et réciproquement, nous pouvons conclure de ce fait et de ceux qui précé- dent, sans avoir recours à aucune hypothèse , que l'électricité , ou du moins * ( 4o4 ) , le principe qui produit tous ses effets , ne saurait exister quand elle est en mouvement , sans être accompagnée de matière; de sorte que, dans cette circonstance , elle s'identifie tellement avec elle , que son existence est inti- mement liée à la sienne. » Nous sommes conduit naturellement à examiner une question qui n'est pas sans intérêt pour la physiologie en général : on sait qu'il existe toujours dans l'air une certaine quantité d'électricité libre , qui est constamment positive dans les temps sereins , et tantôt positive , tantôt négative en toute autre circonstance; la terre étant dans un état électrique opposé , il doit donc se produire des décharges continuelles par l'intermédiaire des corps qui se trouvent à la surface de la terre , tels que l'homme, les animaux, les végé- taux , les substances inorganiques , etc. >< Ces décharges doivent être accompagnées d'une suite de décompositions et de recompositions chimiques, soit à la surface, soit dans l'intérieur de tous ces corps. >' Déjà M. Faraday avait fait voir que , si l'on pose sur une bande de papier à réactif très-sensible un fil métallique en communication avec le conducteur d'une machine électrique en action , et si l'on touche le même papier avec un fil humide soutenu avec un tube de verre, il y a effet électro- chimique ; l'air est une des surfaces décomposantes , et l'extrémité du fil l'autre surface. Les faits que je viens de rapporter dans ce Mémoire démon- trent, en outre, que ce phénomène a lieu quelque faible que soit la ten- sion de l'électricité, et dans des circonstances où l'on ne pouvait pas supposer à l'électricité une action décomposante. On ne saurait donc douter aujour- d'hui que l'écoulement de l'électricité atmosphérique à travers les corps qui recouvrent la surface du globe ne soit accompagné d'actions chimi- ques qui influent plus ou moins sur les phénomènes de la vie dans les corps organisés , et sur la composition des corps inorganisés. Nous ignorons quelles peuvent être ces modifications; nous savons seulement que, lorsque l'élec- tricité de l'air est positive, la portion de l'air environnant tous les corps constitue le pôle positif, et la terre , relativement aux racines , le pôle né- gatif. Les effets chimiques doivent être dépendants de cet état électrique. >• Telles sont les conséquences qui découlent des recherches auxquelles je viens de me livrer, sur la polarisation au moyen de l'électricité libre , et sur la détermination de la quantité absolue de l'électricité ordinaire asso- ciée aux éléments des corps dans les combinaisons. De nouveaux développe- ments serviront, j'ose l'espérer, à donner plus de force à ces conséquences , qui ne peuvent manquer d'intéresser la philosophie naturelle. « ( 4o5 ) Note de M. Biot sur des Mémoires de Fresnel ([u'on croyait égarés. u Les physiciens qui s'occupent de recherches relatives à la lumière , ont sans cesse l'occasion de regretter qu'un grand nombre de travaux de Fresuel n'aient été publiés que par des extraits, dispersés dans les divers Recueils scientifiques. Ces extraits, bien qu'ayant été le plus souvent rédigés par lui- même , ne remplissent que très-incomplétement le désir qu'on aurait de voir à découvert la marche de cet esprit si inventif, les détails de ses recherches si patientes, et les expériences si ingénieuses par lesquelles il vérifiait tou- jours les conséquences de ses spéculations. Ayant été chargé d'écrire pour le Journal des Savants une série d'articles sur la lumière, où le nom de Fresnel devra naturellement tenir beaucoup de place, j'ai désiré obtenir de son frère , M. Léonor Fi'esnel , quelques documents biographiques sur cette existence trop courte, qui a eu tant d'influence sur la science de l'optique; et j'ai saisi cette occasion de lui exprimer les regrets que nous partageons tous. J'ai ressenti une grande joie, lorsqu'il m'a donné l'assurance et la preuve que tous les manuscrits de Fresnel sont entre ses mains, parfaitement com- plets; que tous les Mémoires présentés par lui à l'Académie, et non imprimés, s'y trouvent, non-seulement dans leur état de rédaction définitif, attesté par la signature du secrétaire perpétuel , Guvier ou Delambre, mais qu'on a même leurs minutes originales, et jusqu'aux feuilles volantes sur lesquelles sont écrits les calculs préparatoires qui ont servi pour les composer. » Cette sorte de thésaurisation de tant de richesses scientifiques s'explique aisément. Fresnel était un inventeur infatigable. Dans la voie qu'il s'était ou- verte , un Mémoire terminé devenait pour lui l'instrument indispensable de nouvelles recherches et de travaux ultérieurs. Il est naturel qu'il sentît le be- soin de s'en conserver longtemps la possession , se bornant à prendre date des résultats par des extraits publiés. Lorsque la mort vint le saisir, dans sa trop courte carrière, son frère, alors absorbé dans le service des phares, auquel il venait d'être attaché, confia tous ses papiers scientifiques, et jus- qu'à ses moindres Notes , à Savary, leur ami commun , qui conserva ce pré- cieux dépôt avec toute la fidélité de l'affection. Après le décès de Savary, ils furent recueillis encore, avec des soins non moins scrupuleux, et remis aux mains de M. Léonor Fresnel , désormais fixé dans la capitale. C'est ainsi qu'ils se sont conservés complets, intacts, sans que la science ait rien à en regretter. » Parmi les Mémoires présentés par Fresnel à l'Académie, et non publiés, qui se trouvent en original dans cette collection , j'en ai distingué deux que C. R., 1846, i" Semestre. {T. XXll, N» 10.) 54 # ( 4o6 ) je dois mentionner spécialement, pour éloigner une apparence de responsa' bilité, qni semblerait pouvoir porter sur M. Arago et sur moi, quoique nous y soyons également étrangers, comme l'expliquent assez les circonstances rapportées plus haut. » Celui dont je parlerai d'abord , parce qu'il était le plus fréquemment regretté, est intitulé : Mémoire sur les couleurs développées dans les fluides homogènes parla lumière polarisée. La date de présentation, 3o mars 1818, est inscrite de la main de Cuvier, et conforme aux procès- verbaux de l'Aca- démie. Le manuscrit contient vingt pages complètes, sur grand papier. On y voit toute la suite d'idées, d'expériences, et de calculs, par lesquels Fresnel était parvenu à rattacher le développement , l'ordre et la composition de ces couleurs, au mode général de la double réfraction à polarisation rectan- gulaire, comme il l'avait fait pour les couleurs des lames minces cristallisées, découvertes par M. Arago, lesquelles se présentent expérimentalement avec l'apparence d'un mode de polarisation spécial, distinct de celui-là. » Fresnel avait mentionné cette nouvelle application de ses principes dans une courte Note insérée au Bulletin de la Société philomatique ; et il a saisi plusieurs fois l'occasion de la rappeler, mais toujours sans détail, dans des publications plus étendues. Ce que l'on en savait de plus explicite était res- treint à un court exposé de ses idées et de ses résultats, que j'avais rédigé d'après une Noie qu'il m'avait remise vers cette époque, et que j'annexai, avec son agrément, à mon Mémoire présenté à l'Académie en 18 18, ayant pour titre : Sur les rotations imprimées par certains corps aux axes de po- larisation des rayons lumineux. Ce Mémoire est imprimé au tome II de la Collection de l'Académie. .T'y rapportais les nombres que Fresnel m'avait donnés pour les couleurs développées dans l'essence de térébenthine; et il» n'ont été jusqu'ici publiés que là. On peut voir avec quels justes et sincères éloges je présentais cette belle application. J'ai saisi depuis toutes les occa- sions qui se sont offertes de la rappeler; et, ne voulant négliger aucun moyen d'en retrouver les traces, j'ai mis sous les yeux de l'Académie, en i836, les deux feuilles que Fresnel lui-même m'avait remises, dont l'une, contenant ses nombres , portait spécialement pour titre : Note extraite dun Mémoire sur les couleurs que la polarisation développe dans les fluides homogènes. On comprendra la nécessité des détails dans lesquels je viens d'entrer, lors- qu'on saura qu'à mon grand étonnement, j'ai vu, sur la première feuille de ce Mémoire, écrit par Cuvier lui-même , alors secrétaire, que M. Arago et moi nous avions été nommés Commissaires pour en rendre compte. Or, je déclare positivement qu'il n'est jamais arrivé entre mes mains, et M. Arago ne se rappelle pas davantage avoir été mis en mesure de l'examiner. ( 4o7 ) ). îl est facile de concevoir que Fresnel ait voulu alors en rester possesseur,^ Ces phénomènes étaient encore très-nouveaux, et on ne les avait jusque-là étudiés ou même reconnus, que dans un petit nombre de fluides. Du point de vue élevé sous lequel il les envisageait , et avec sa sagacité infinie , il est tout naturel qu'il ait eu le dessein et l'espérance de pousser plus loin ses recherches dans un sujet si fécond. La multitude de ses autres travaux sur toutes les propriétés de la lumière, la rédaction définitive de ses découvertes sur la diffraction, celle de son grand Mémoire sur la double réfraction, la réalisa- tion de ses idées sur la construction des phares, l'ont détourné momentané- ment de cette voie , et la mort l'a saisi avant qu'il y ptit revenir. Ce n'est que quatorze ans plus tard, en i832, que des dispositions d'observations plus précises ont fourni les moyens d'étendre plus loin les expériences, et de don- ner à ce sujet d'études physiques le développement qu'il a reçu depuis. Mais, quant à la partie théorique, le peu de notions qu'on avait sur les idées que Fresnel y avait attachées, n'a pas suffi pour qu'on les poussât plus loin ; et les physiciens les plus habiles à manier la théorie ondulatoire n'ont pu que té- moigner unauimemeiit le regret de n'en pas savoir davantage. Cela fait assez présager l'intérêt qu'excitera ce Mémoire quand il sera imprimé. » Le deuxième travail manuscrit de Fresnel, que je mentionnerai encore par un motif pareil, a été présenté à l'Académie le i5 novembre 1819. Il est intitulé : Mémoire sur la réflexion de la lumière. C'est un manuscrit de dix-neuf pages sur grand papier. Je n'ai pu en découvrir qu'un court extrait de six pages in-8°, inséré en 1820, par Fresnel, au tome XV des Annales de Chimie et de Physique, page 879. Je vois encore, sur la première feuille, la mention écrite par Cuvier, alors secrétaire, que MM. Biot et Arago ont été nommés Commissaires pour en faire un Rapport ; mais je n'ai aucune connaissance de l'avoir jamais eu entre les mains, et M. Arago ne se le rap- pelle pas davantage. Pour expliquer comment il est arrivé que des Mémoires présentés à l'Académie, et qui avaient donné lieu à une nomination de Commissaires, sont restés dans les mains de Fresnel, on doit admettre quil n'avait pas désiré de Rapport, et que la nomination des Commissaires avait été pour lui une simple formalité académique. Afin de réparer, autant que cela peut dépendre de nous, un retard de publication qui a dti être si préjudiciable à la science, nous demandons à l'Académie, M. Arago et moi, l'autorisation nécessaire pour que ces beaux Mémoires soient imprimés sans retard dans sa Collection. » L'Académie, conformément à la demande de MM. Biot et Arago, décide 54.. ( 4o8 ) que les travaux de Fresnel, qui n'étaient jusqu'à présent connus que par de courts extraits , seront imprimés intégralement dans le prochain volume de ses Mémoires. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Compte rendu ctune visite faite aux ateliers de M. Hallette par M. Seguier. « L'intérêt toujours croissant qui s'attache aux perfectionnements des divei's systèmes de locomotion rapide nous fait espérer que l'Académie voudra bien écouter avec bienveillance la description fidèle de l'un de ces systèmes. )' Les essais auxquels nous avons assisté comme simple curieux, à Arras, dans les ateliers de M. Hallette , nous permettent de communiquer à l'Aca- démie les épreuves répétées en notre présence sur son nouveau mode de propulsion atmosphérique. » Plein de foi dans son œuvre, M. Hallette a établi, au sein même de sa vaste usine, un tronçon de chemin atmosphérique, et c'est par des expé- riences en grand qu'il s'est efforcé de mettre en lumière les avantages de son invention. » Le spécimen par nous visité consiste en une voie de fer de 12a mètres de long, divisée pour son niveau en plusieurs parties : la première, de 3^ mètres de longueur, est horizontale; la seconde, de 3o mètres, a une pente de o,oo5 par mètre; la troisième, longue de 26 mètres, se relève suivant une rampe de 0,016. » La dernière, enfin, longue de 3o mètres encore, monte de 0,026 par mètre. )' Ije tube de propulsion est placé dans la première travée ; il a lui-même 26 mètres de long, son diamètre est de o,38. >' A 6 mètres de distance de l'extrémité du tube de propulsion , c'est-à-dire à une dislance de 20 mètres depuis son origine, s'embranche le tuyau d'aspi- ration; ce tuyau, de même diamètre que le premier, est en relation avec une pompe à air placée à 25 mètres de distance. Sans énoncer toutes les di- mensions de cette pompe, il suffit de dire que le rapport de sa contenance est à l'espace dans lequel l'air doit être raréfié, dans un rapport de i à i2,3o. Cette pompe est mue par une machine à vapeur installée dans son voisinage. » Le wagon qui sert aux expériences pèse, vide, 5 4io kilo(;rammes. Il est attelé au piston par une tige de forme lenticulaire, glissant dans une fente longitudinale pratiquée dans toute la longueur du tube de propulsion, entre deux boudins de caoutchouc gonflés d'air. .* ( 409 ) )) Ce mode nouveau de fermeture est le principal caractère du spécimen; c'est aussi sur cet organe que nous avons porté toute notre attention. » TiCS expériences de propulsion se font de la manière suivante : le wagon est placé à l'entrée de la voie, on insère le piston qui doit l'entraîner dans l'orifice du tube de propulsion; un clapet à bascule, destiné à fermer l'autre extrémité du tube, est mis en place, c'est-à-dire relevé et assujetti dans cette position au moyen de deux verroux. fia pompe à air est mise en jeu, le vide se fait progressivement; un baromètre, placé sur le wagon, indique l'état de la dépression intérieure, et, lorsqu'elle correspond à une colonne de o,4o de mercure, le signal du départ est donné, c'est-à-dire que le wagon, retenu pendant que le vide s'opérait, est abandonné à la traction du piston; il se met en marche, son accélération est rapide; le tube atmosphérique est vivement parcouru dans toute sa longueur. Un espace de voie, dépourvue de tube, est franchie, le pistou se réengage dans un nouveau tube atmo- sphérique; celui-ci, dépourvu de lèvres et de clapet, n'est placé sur la voie que pour simuler un passage de section. » ïj'impulsion imprimée au wagon est ralenlie au moyen d'un frein , elle s'épuise complètement sur la pente considérable donnée à la dernière partie de la voie; il revient en arrière par sa seule gravitation; les pentes sont calculées de façon que le mouvement de descente rétrograde rnmène le wagon précisément au point de départ; le piston se trouve ainsi replacé lui-même à l'orifice du tube, le clapet étant relevé; la pompe remise en jeu , au bout de quelques instants l'expérience peut être renouvelée. » Nous ne fournissons à l'Académie aucune indication précise du temps nécessaire pour opérer le vide ; nous ne donnons pas non plus le chiffre de la vitesse très-grande (plus de 70 kilomètres à l'heure) que prend le wagon, parce que l'état d'imperfection du clapet et du piston provisoire permet des rentrées d'air considérables. Il y aurait injustice à vouloir prendre pour base d'appréciation des avantages d'un système un état anormal et qui ne peut subsister dans une construction définitive. '• Notre compte rendu détaillé du système atmosphérique de M. Ilal- lette, par la même raison, sera moins une description servile du matériel provisoire qui a servi aux essais, que l'exposition des organes nouveaux, déjà en grande partie confectionnés, qui constitueront le modèle définitif. Disons pourtant que l'organe principal du système, celui auquel il emprunte son caractère spécial, le mode de fermeture, quoique grossièrement exé- cuté, ne laisse, dès à présent , rien à désirer au point de vue de l'occlu- sion, li'invention de M. Hallette peut se subdiviser en trois parties prin- >.* ( 4io ) cipales : le tute de propulsion , le piston et les boudins qui forment les lèvres de fermeture. Les machines à faire le vide et le moteur qui les tait fonctionner sont, il est vrai, étudiés d'une façon tout appropriée au système ; mais , comme ils peuvent être remplacés par tout autre mécanisme capable de produire le vide, nous en ferons une catégorie à part dont nous dirons un mot en terminant ce récit de notre visite au spécimen de M. Hallette. » Le tube de propulsion se compose d'un tube de fonte dune épaisseur inégale; sa section représenterait assez bien un croissant; ce tube est fendu dans toute sa longueur; une cannelure circulaire adhère à chacun des bords de sa fente longitudinale : des nervures ou espèces de côtes, placées trans- versalement de distance en distance, s'opposent à sa déformation pendant que sa paroi supporte la pression atmosphérique; le prolongement de ces nervures forme des espèces d'oreilles destinées à fixer, au moyen de chevilles, le tube sur les poutrelles qui portent les rails du chemin. L'expérience pratique démontre que, quels que soient l'attention et les soins apportés au moulage et à la coulée en fonte de ces tubes, la matière reste assez poreuse pour donner passage à des rentrées d'air importantes ; M. Hallette se propose d'imprégner dorénavant tous les tubes d'une substance capable de boucher toutes les fissures, à l'exemple de M. Junker, qui a eu , à Huelgoeth, à combattre cette perméabilité des tuyaux de fonte dans l'admirable machine à colonne d'eau qu'il a fait exécuter pour cette mine. Les tubes se placent bout à bout, ils portent tous aune de leurs extrémités une espèce d'emboî- ture de réunion; le joint se fait à l'aide d'une garniture de matière élasti(|ue qui a pour double but d'empêcher les rentrées d'air par ces jonctions, et de faire face aux dilatations partielles de chaque tube: la compressibilité de la matière qui compose cette garniture permet à chacun des tubes de s'étendre sans communiquer un mouvement de déplacement à son voisin. L'élasticité de cette matière s'oppose, au moment de la contraction du tube, à ce que le joint reste ouvert. » L'intérieur des tubes est laissé brut de fonte; le suif dont on les enduit poui- amoindrir les frottements permet au piston de les calibrer lui-même, delà façon la plus exacte, en abandonnant une couche de suif partout où la matière serait absente pour former une section régulière. » Le tube, pour servir à la propulsion, doit indispensablement être com- plété par les lèvres et les clapets qui ferment ses extrémités. » Décrivons les unes et les autres : commençons par les lèvres, ou bou- dins de fermeture; ce nouveau mode de fermeture est, pour ainsi dire, • "" (4ii) toute l'invention de M. Hallette, et, quoique son piston et ses clapets soient' très-différents de ceux emjjloyés jusqu'ici au même usafje, c'est surtout par son dispositif de fermeture que ce système offre un caractère d'origina- lité qui lui est propre. " Nous avons dit que le tube de propulsion était muni de deux canne- lures pratiquées sur chaque bord de sa fente longitudinale; eh bien, c'est dans ces cannelures que se placent des boyaux gonflés d'air, à une pres- sion suffisante pour n'être pas trop déformés au moment où ils s'appliquent l'un contre l'autre sous le poids de la pression atmosphérique qu'ils suppor- tent pendant tout le temps que le vide est opéré dans le tube. Une petite pompe, à la disposition des cantonniers, à chaque section de tube, servira à entretenir l'air des boudins à une pression convenablement réglée par une soupape de décharge. Il est indispensable que la tension de l'air soit main- tenue telle qu'elle a été calculée; car les boudins, trop dégonflés par des fuites d'air, pourraient s'aplatir assez sous le poids de l'atmosphère, pour passer au travers de la fente longitudinale; les lèvres se trouveraient, dans ce cas , refoulées dans les tubes , et ne pourraient plus en opérer la fermeture. » IjCS boudins qui ont servi aux expériences étaient fort grossièrement faits en toile enduite de caoutchouc; ils étaient ajoutés les uns au bout des autres au moyen de jonctions saillantes; malgré cet état d'imperfection, ils" remplissaient si parfaitement leurs fonctions , que la plus petite rentrée d'air n'avait pas lieu parla fente. Deux vérifications décisives nous ont donné cette conviction: une flamme, promenée tout le long des lèvres, nous a prouvé, par son immobilité, qu'aucune succion ne se faisait sentir, ni entre les lèvres, ni entre elles et la paroi des cannelures de fonte dans lesquelles elles sont insérées. De l'eau , répandue sur les lèvres pendant que le vide était main- tenu dans le tube, nous a démontré, par sa permanence, combien la ferme- ture était hermétique, et notre étonnement fut grand quand nous eiîmes constaté que l'occlusion du tube parles lèvres était aussi parfaite, même pendant le passage de la tige de connexion qui attèle le piston au wagon , puisque, après plusieurs passages successifs, l'eau versée sur les lèvres ne se trouvait pas absorbée dans le tube. Nous avons voulu expérimenter si un tel résultat était dû uniquement à la forme lenticulaire de cette tige, qui glisse, comme une lame de couteau à papier, entre les deux lèvres, sans pratiquer d'ouverture devant elle ou après elle, et l'efficacité des lèvres, comme moyen de fermeture , est devenue pour nous certaine, alors que nous nous sommes assui é que d'aussi bons résultats étaient obtenus avec des corps à peine aplatis. La main enfoncée , même les doigts écartés entre les lèvres , est ( 4i2 ) si bien embrassée par elles dans tout son contour, qu'elle ne donne pas- sage à aucune rentrée d'air, malgré le mouvement qu'on lui imprime soit en la plongeant , soit en la déplaçant. » Uu tel résultat nous paraît digne d'être signalé d'une manière toute particulière, surtout lorsque l'on réfléchit qu'il a été réalisé au moyen d'or- ganes très-grossiers, si on les compare aux boudins de caoutchouc pur que M. Hallette est parvenu à faire confectionner par une fabrique an- glaise ; un tube atmosphérique , garni de lèvres , est placé verticalement dans les ateliers de M. Hallette, il peut être rempli d'eau, et la contenir sans aucune fuite, à la condition que l'air des lèvres sera porté à une pression un peu supérieure à celle due à la hauteur de la colonne qui tend à les sépa- rer. Ces diverses expériences, répétées par nous un grand nombre de fois, ne nous laissent aucun doute sur l'efficacité de la nouvelle fermeture inventée par M. Hallette. Nous nous plaisons à attester personnellement aujourd'hui ce résultat principal. " Dans une seconde lecture, nous terminerons la description des autres parties du dispositif mécanicjue qui complète le système atmosphérique Hallette. Nous ferons connaître tout le parti que cet habile ingénieur a su tirer d'une idée féconde ; nous dirons comment il est parvenu à construire ses clapets d'entrée et de sortie, et son piston moteur, suivant le principe de fermeture adopté, avec tant de succès, pour la fente longitudinale du tube de propulsion. » MÉCAKiQUK APPLIQUÉE. — Note sur les dangers présentés par les chemins dejer, et sur quelques questions auxquelles il est indispensable de donner une solution; par M. Piobert. « f/altention de l'Académie a été appelée à différentes époques sur les chances d'accidents que présente le système de locomotion généi-alement employé aujourd'hui sur les chemins de fer. Un grand nombre de mécanismes ont été présentés, il est vrai, dans le but d'y remédier; mais la plupart des moyens proposés seraient sans efficacité dans les circonstances qui amènent les plus grandes catastrophes; ainsi, dans l'accident éprouvé le i"dece mois, sur le chemin de Saint-Étienne alcyon, deux masses de 12 à i5ooo ki- lo|î[rammes , lancées avec de très-grandes vitesses sur une même voie , sont arrivées l'une sur Tautre avant qu'on ait pu s'en apercevoir, à cause d'un tunnel ou passage voûté placé immédiatement après une courbure du chemin, et ont broyé entre elles un convoi portant deux cent cinquante personnes. I (4i3 ) Les malheurs qui sont résultés de ce choc, quoique déjà très-grands, sont ce|)endant bien moindres que ceux qui auraient eu lieu si le convoi avait été en avance ou la locomotive en i-etard seulement de quelques secondes : en effet , dans ces deux cas , la rencontre aurait eu lieu sous le passage de Pierre-Bénite , et les voyageurs des wagons soulevés ou ayant déraillé, qui en plein air, n'ont reçu que des contusions , eussent alors été écrasés contre la voûte ou contre les pieds-droits. Que le tunnel eût eu une certaine lon- gueur, et une grande partie des voyageurs , même de ceux qui seraient restés sains et saufs après le choc, eussent été infailliblement brûlés ou asphyxiés par la vapeur d'eau , la fumée et par la chaleur du coke enflammé et dispersé autour des locomotives ; et ces foyers de destruction placés, comme par fa- talité, aux deux extrémités de l'espace occupé par le convoi, eussent fermé les seules issues par lesquelles plusieurs centaines de personnes auraient pu s'échapper si, d'ailleurs, la confusion, inévitable dans un pareil désastre arrivé dans l'obscurité, leur eût permis de se retirer du milieu des débris de machines et de wagons entassés et formant un véritable bourrage dans cette espèce de galerie de mine. Il est donc fort douteux que la dixième par- tie des voyageurs fût sortie vivante de cet antre de la mort. » En présence de pareils dangers, toujours imminents et dont l'évidence devient de plus en plus grande à chaque nouvel accident, nous croyons de- voir mettre de nouveau sous les yeux de l'Académie un passage du Rapport qui lui a été fait le i5 juillet i844 (0» ^' ^'"^S' conçu : « Malheureusement » l'administration a cru ne devoir s'occuper que de la partie inerte des che- » mins de fer, de l'établissement de la voie, pour laquelle elle s'est entourée " de conseils et a consulté tous les hommes de l'art ; tandis que la construction » de la partie mobile, celle dont les combinaisons peuvent avoir tant d'im- >' portance dans la locomotion rapide des voyageurs, a été abandonnée à la » discrétion des compagnies industrielles dont l'intérêt particulier est de )i suivre les anciens errements, quelque dangereux qu'ils puissent être, afin >' de se soustraire à toute responsabilité, relativement aux accidents qu'il » est toujours difficile de prévenir complètement dans les transports à « grande vitesse. " Vos Commissaires, ayant eu plusieurs fois mission d'«tudier les effets du » mouvement et du choc de corps animés de vitesses encore plus grandes, » reconnaissent trop combien le système actuel peut compromettre la sécu- (() Comptes rendus, tome XIX, page i65. C. R., i84(i, i"Sera«fr«. (T. XXn,NolO,) 55 C 4i4 ) " rite publique, pour qu'il ne soit pas de leur devoir de signaler, en toute )) occasion , les dangers qu'il présente. » » En voyant ces craintes si cruellement justifiées par les événements, nous croyons devoir élever de nouveau la voix et prier l'Académie des Sciences de se joindre à nous pour appeler toute l'attention du Gouvernement sur les dangers que présente l'état actuel des choses, et sur la nécessité de faire con- stater dans quelles conditions on peut, avec une sécurité suffisante, " 1°. Faire voyager à grande vitesse des hommes renfermés dans de frêles wagons en contact avec des masses de fer de 1 5 à 1 8 ooo kilogrammes , poids excessif, qui ne serait nullement indispensable sur les chemins de fer, si la traction était établie dans de meilleures conditions, lors même que le convoi ne pourrait pas être divisé ; » 2°. Employer des tracés d'une courbure un peu prononcée dans les pays couverts, dans les parties de chemin en déblai, à l'entrée des tranchées profondes, ou à proximité des tunnels, cas dans lesquels le mécanicien ou conducteur de la locomotive ne peut apercevoir que trop tard le dérange- ment de la voie, les obstacles qui peuvent y être placés accidentellement, et même les convois qui peuvent y circuler ; >' 3°. Faire circuler des convois de voyageurs dans des tunnels n'ayant que les dimensions nécessaires au passage des locomotives et des wagons, et sans issues pour s'échapper en cas d'accidents. » La Note précédente donne lieu à une discussion, dans laquelle sont entendus divers membres de l'Académie, qui tous reconnaissent la néces- sité de réaliser promptement le vœu émis par M. Piobert. On rappelle qu'il existe depuis longtemps une Commission chargée d'examiner les pro- cédés imaginés par divers auteurs pour diminuer les dangers de la locomo- tion sur les chemins de fer ; et l'on fait observer qu'un des moyens les plus sûrs d'atteindre le but désiré, serait que cette Commission fît promptement un Rapport, non sur toutes les inventions proposées, mais sur celles-là seu- lement qui lui paraîtraient devoir être utiles. Entrant dans les vues de l'A- cadémie, M. le Président invite la Commission à différer le moins possible la présentation du Rapport dont il s'agit. (4i5) RAPPORTS. Déclaration de la Commission nommée à l'occasion de deux communications jaites à l'Académie concernant les facultés extraordinaires attribuées h une jeune fdle^ Angélique Cottiiv. (Commissaires, MM. Arago , Becquerel, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Babinet, Rayer, Pariset.) « Dans sa séance du i6 février dernier, l'Académie reçut de M. Cholet et de M. le docteur Tanchou, deux Notes relatives à des facultés extraor- dinaires qui, disait-on, s'étaient développées depuis environ un mois chez une jeune fille du département de l'Orne, Angélique Gottin, âgée de i4 ans. L'Académie, conformément à ses usages, chargea une Commission d'exa- miner les faits annoncés et de lui rendre compte des résultats. Nous allons, en très-peu de mots, nous acquitter de ce devoir. » On avait assuré que M"" Gottin exerçait une action répulsive très-in- tense sur les corps de toute nature, au moment où une partie quelconque de ses vêtements venait à les toucher. On parlait même de guéridons ren- versés à l'aide du simple contact d'un fil de soie. » Aucun effet appréciable de ce genre ne s'est manifesté devant la Com- mission. » Dans les relations communiquées à l'Académie, il est question d'une aiguille aimantée qui, sous l'influence du bras de la jeune fille, fit d'abord de rapides oscillations et se fixa ensuite assez loin du méridien magnétique. » Sous les yeux de la Commission, une aiguille déhcatement suspendue n'a éprouvé, dans les mêmes circonstances, ni déplacement permanent ni déplacement momentané. » M. Tanchou croyait que M"" Gottin avait la faculté de distinguer le pôle nord d'un aimant du pôle sud, en touchant simplement ces deux pôles avec les doigts. n La Commission s'est assurée, par des expériences variées et nom- breuses, que la jeune fille ne possède pas la prétendue faculté qu'on lui avait attribuée de distinguer par le tact les pôles des aimants. » La Commission ne poussera pas plus loin l'énumération de ses tenta- tives avortées. Elle se contentera de déclarer, en terminant, que le seul fait annoncé qui se soit réalisé devant elle, est celui de mouvements brusques et violents éprouvés par les chaises sur lesquelles la jeune fille s'asseyait. Des soupçons sérieux s'étant élevés sur la manière dont ces mouvements s'opé- 55.. (4i6) raient, la Commission décida qu'elle les soumettrait à un examen attentif. Elle annonça, sans détour, que ses recherches tendraient à découvrir la part que certaines manœuvres habiles et cachées des pieds ou des mains, pouvaient avoir eues dans le fait observé. A partir de ce moment, il nous fut déclaré que la jeune fille avait perdu ses facultés attractives et répulsives , et que nous serions prévenus aussitôt qu'elles se représenteraient. Bien des jours se sont écoulés depuis lors et la Commission n'a point reçu d'aver- tissement. Nous avons appris, cependant, que M"® Angélique Gottin est journellement conduite dans des salons où elle répète ses expériences. » Après avoir pesé toutes ces circonstances, la Commission est d'avis que les communications transmises à l'Académie au sujet de M"* Angélique Cottin, doivent être considérées comme non avenues. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de lInstruction publique transmet un Note de M. d'Estoc- QDOis, sur la transjbnnation d'un mouvement rectiligne alternatif en mou- vement circulaire continu. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert.) PHVSIQUE. — Sur la conductibilité' électrique des corps solides et liquides; par M. Edmond Becquerel. ( Extrait. ) (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Arago, Babinet. ) « L'historique des recherches qui ont été faites sur ce sujet par plusieurs physiciens se trouve rapporté au commencement du travail. » On peut, en résumé, déduire des résultats renfermés dans ce Mémoire les conclusions suivantes : » 1°. La conductibilité électrique d'un métal varie, comme on le sait, avec la température; elle diminue lorsque celle-ci s'élève. On peut encore exprimer ce fait en disant que la résistance à la conductibilité d'un métal augmente à mesure que la température s'élève; car on est convenu de nommer résistance et pouvoir conducteur deux quantités inverses l'une de l'autre, dont le produit est constant. On a déterminé, dans ce travail, pour chaque métal , le coefficient d'aug'mentation de résistance pour une éléva- tion de température de i degré par rapport à la résistance de ce métal à o degré. Ces nombres sont : ( 4«7 ) Coefficient d'augmentation Substances. de rc&istance en passant deo à I dejjré. Mercure o , oo i o4o Platine 0,001861 Or o,oo33g7 Zinc o , 003675 Argent o , 004022 Cadmium. o,oo4o4o Cuivre o , 004097 Plomb 0,004349 Fer 0,004726 Étain (du commerce, contenant peut-être du plomb). o,oo5o42 Étain (assez pur) 0,006188 >i Ces coefficients ne dépendent pas de la dilatation du fil , qui fait varier un peu la longueur et le diamètre; mais ils indiquent que la chaleur agit soit en augmentant la distance des molécules et rendant plus difficile la transmission de l'électricité à travers la masse , soit par une action propre en changeant la faculté conductrice des particules métalliques. » 2°. Les coefficients d'augmentation de résistance des métaux n'étant pas les mêmes, et ne dépendant que de la nature des substances, les rap- ports entre les conductibilités doivent varier avec la température : c'est, en effet, ce qui a lieu. On a, pour les rapports de conductibilité à o degré et à 100 degrés, les nombres suivants , rapportés à l'argent : POUVOIRS CONDCCTEURS par rapport à l'argent à 0 degré. POUVOIRS CONDUCTEURS à 100 degrés par rapport à Pargent à 100 degrés. à 0 degré. à loodegr. Argent pur recuit 100 Cuivre pur recuit 91,517 71,316 64>9'9 48,489 i7,5o6 17,596 8,657 8,387 5,761 6,688 i>5749 Argent pur recuit 1 00 Cuivre 01 .o3o- Or 67,992 Zinc 2/1, 6t3 Caflmîiim ........ . . 2A«0'70 zinc 2^.063 Cadmium zi. 5in T*'.faîn ... 1^.01 il Étain 12,1 3q Fer II, 760 Plomb 8,277 Platine n .q33 Platine 9^378 Plomb 8,078 Mercure 2 , 208 Mfrrure • i -n3û ( 4i8 ) » L'échantillon de palladium que l'on a pu se procurer a présenté un pou- voir conducteur de 13,97'^ à la température de i2°,75. » Ces différences expliquent peut-être les divergences que l'on observe quand on jette les yeux sur les tableaux des pouvoirs conducteurs donnés par les physiciens qui se sont occupés de cette question; s'ils avaient opéré à la même température, en empêchant les fils de s'échauffer par l'action même du courant, ils seraient arrivés à des résultats moins opposés. Cette cause n'est pas la seule : l'impureté des métaux a dû donner lieu à des différences aussi grandes que l'action de la chaleur. » En effet, M. Pouillet a montré que la présence de matières étrangères dans un métal altère singulièrement son pouvoir conducteur. » 3°. Les métaux recuits sont meilleurs conducteurs que lorsqu'ils sont écrouis ; mais les rapports entre les conductibilités des métaux recuits et écrouis sont différents pour chaque métal. » 4°' Les solutions salines peuvent se diviser en deux classes, sous le rap- port de la conductibilité : la première comprend les solutions dont le pou- voir conducteur augmente avec le degré de concentration jusqu'au point de saturation; le sulfate de cuivre et le chlorure de sodium dissous dans l'eau en sont des exemples. La seconde renferme les solutions des sels déliquescents ou qui se dissolvent en grande quantité dans l'eau, dont le pouvoir conduc- teur augmente d'abord avec le degré de concentration, atteint bientôt un maximum , puis diminue ensuite quand cette concentration augmente. On peut donc avoir une solution saturée de ces derniers sels, qui ait le même pouvoir conducteur qu'une solution très-étendue. Le nitrate de cuivre et le sulfate de zinc dissous sont dans cette seconde classe. » Les conductibilités, ou les résistances, sont toujours prises à la même température , et sont indépendantes des résistances au passage des lames métalliques dans les liquides. » 5°. Si 1 on représente par C le pouvoir conducteur, et par q la quantité de sel dissous dans l'unité de volume de la dissolution, on a l'équation C - ^^ + 9' A et B étant deux constantes pour un même sel et une température déterminée. a Cette équation donne le pouvoir conducteur pour tous les degrés de concentration des dissolutions de la première classe qui n'ont pas de maxi- mum de conductibilité; elle s'applique également à celles de la deuxième (nitrate de cuivre, sulfate de zinc, etc.), depuis la limite inférieure, c'est- ( 4«9 ) à-dire lorsqu'elles sont très-étendues, jusqu'à un certain degré de concen- tration au-dessous de celui qui donne le maximum. » En représentant par R la résistance à la conductibilité , comme le pro- duit de R par C est constant, on a R = - , et de là R = A h C <] « Cette formule exprime aussi , pour les liquides auxquels elle s'applique , que les pouvoirs conducteurs d'une solution à différents degrés de concen- tration, et les poids du sel renfermé sous l'unité de volume, forment les abs- cisses et les ordonnées d'une hyperbole équilatère. » 6°. La dissolution saline qui conduit le mieux les courants électriques, les conduit environ un million de fois moins bien que l'argent pur à o degré. » 7". L'élévation de température, comme on lésait, augmente le pouvoir conducteur des liquides , au lieu de le diminuer comme dans les métaux. On a déterminé cette augmentation pour quelques liquides, et l'on a trouvé qu'en passant de o degré à 100 degrés, le pouvoir conducteur, étant i à 0 degré, augmente à peu près suivant des nombres compris entre 3 et 4j c'est-à-dire de plus du triple de sa valeur. >' Pour les divers métaux, au contraire, comme nous l'avons déjà dit, la résistance augmente entre les mêmes limites de température, dans le rapport de 10 à 1 1 pour le mercure, et de 10 à 16 pour l'étain. Ce sont les deux ex- trêmes; les autres métaux sont intermédiaires. » CHIMIE. — Sur les anomalies apparentes que présente la distillation du mercure; par M. Ch. Barreswil. (Commissaires, MM. Dumas, Regnault, Balai-d.) « Dans une Note présentée à l'Académie des Sciences (séance du 28 avril 1845), M. Millon signale ce fait, suivant lui inexplicable, que l'addition de certains métaux étrangers, en quantité assez petite pour échapper à l'analyse, modifie la marche de la distillation du mercure. » Si l'on examine attentivement les expériences rapportées par l'auteur, on est frappé de cette circonstance, qu'il ne paraît pas avoir remarquée, que les métaux qui retardent l'évaporation du mercure sont oxydables, tandis que l'or, métal inoxydable, ne jouit pas de cette propriété, et l'on est tenté de se faire une théorie fort simple de ces phénomènes. On est porté à admettre à priori, que le zinc et le plomb n'ont pas sur le mercure l'in- fluence que M. Millon leur attribue, et que le retard qu'on remarque dans la distillation est dû à la production d'une couche mince d'oxyde qui se rassemble à la surface du bain et entrave lé vaporation. On comprend alors ( 4^o ) aisément qu'il suffit d'un millième, ou même d'un dix-millième du métal étranger pour que la distillation du mercure , pur ou allié, présente les diffé- rences les plus caractéristiques. » On peut, du reste, se convaincra par l'expérience que le mercure souillé d'un métal oxydable se recouvre , dès qu'on le chauffe à l'air, d'une couche mince formée par l'oxyde métallique mêlé de mercure très-divisé ; or, l'auteur ne ^it pas qu'il ail exclu l'air de ses appareils distillatoires; rien n'est d'ailleurs plus facile que de se convaincre de l'influence d'un corps étranger recouvrant la surface d'un liquide soumis à l'évaporation; on pour- rait, dans ce but, imaginer mille moyens, je me suis arrêté au suivant : » J'ai convenablement placé, dans un grand bain d'huile, deux cornues semblables contenant toutes deux la même quantité d'eau. Dans l'une de ces deux cornues j'ai versé quelques gouttes d'huile, juste assez pour recouvrir la surface de l'eau d'une couche légère; puis, j'ai chauffé le bain jusqu'à ce que j'aie vu les dômes des cornues se tapisser de gouttelettes d'eau, et, à ce point, j'ai modéré la température. Au bout de deux heures, j'ai pesé l'eau fournie par l'une et l'autre cornue, et j'ai constaté que celle qui renfermait l'eau pure avait donné beaucoup plus d'eau distillée que celle qui contenait la petite quantité d'huile (dans le rapport de 4 I i)- » Ce fait et les considérations que j'ai exposées plus haut, permettent, je crois, de conclure que dans la distillation du mercure impur, les phéno- mènes remarqués par M. Millon ne sont pas dus à la présence des métaux, et qu'on ne saurait voir dans ces expériences, comme le pense l'auteur des influences qui rappellent celles du graphite sur le fer dans l'acier. » Un autre phénomène qui paraît au premier abord très-singulier, mais rentre également, je crois, dans la classe des faits bien connus, c'est que tandis que, parsuite de l'introduction du plomb ou du zinc dans le mercure l'évaporation de ce métal est arrêtée , elle est accélérée sous l'influence de la moindre quantité de platine. >• Il me semble que le platine agit ici de la même manière qu'au contact d'un liquide quelconque, et cela par une raison très-simple, savoir, que, dans le mercure comme dans les autres liquides , le platine est en suspension , mais non pas en dissolution; si bien que, par une simple opération mécanique par exemple en agitant avec de l'eau le mercure platinisé, on peut enlever le platine; ce métal, mêlé à du mercure éteint, vient formera la surface du bain une pellicule épaisse qu'on peut faire disparaître en séchant le mercure et le portant à lebullition, et qu'on fait reparaître par l'agitation avec de l'eau. D'ailleurs, les phénomènes que présente le mercure platinisé peuvent (421 ) être également produits par d'autres corps susceptibles, comme le platine, de se diviser dans le mercure. C'est ainsi qu'une trace de chlore donne à une quantité considérable de ce métal la propriété de s'attacher fortement au verre. » J'ai dit qu'il suffisait d'agiter le mercure avec de l'eau pour reconnaître la présence du platine. Cette simple opération peut également servir à con- stater dans le mercure la présence du plomb. A l'aide de ce réactif si simple , on peut retrouver des quantités de plomb qui échapperaient à tous les autres procédés analytiques. Il suffit d'agiter, pendant une minute , le mer- cure plombifère avec de l'eau pour que le plomb s'oxyde et se retrouve dans l'eau en flocons légers qui, par le repos, se rassemblent et peuvent être recueillis facilement. J'ajouterai que le mercure plombifère, agité dans l'air, se recouvre bientôt d'une poussière noire qui n'est autre chose que du mercure très-divisé éteint par de l'oxyde de plomb. » En résumé , si je ne me trompe , les faits cités dans cette Note, et la dis- cussion même du travail de M. Millon , expliquent nettement les anomalies que présente la distillation du mercure et dégagent ces phénomènes de tout ce qu'ils ont d'extraordinaire. » CHIMIE. — Sur un nouveau mode de séparation du cobalt d'avec le manganèse; par M. Ch. Barreswil. (Commissaires, MM. Dumas, Regnault, Balard.) ^ ; « On lit, dans le Traité d'Analyse chimique de M. H. Rose, que les sels de cobalt, dont l'acide n'est pas au nombre des plus faibles, sont précipités incomplètement par l'hydrogène sulfuré, tandis que les sels de manganèse ne le sont pas du tout. C'est sur cette observation qu'est fondé le nouveau mode de séparation des deux métaux. » De ce que le cobalt n'est pas précipité de ses dissolutions acides par l'hydrogène sulfuré, on conçoit qu'il ne puisse être précipité qu'incomplè- tement dans les dissolutions neutres, et l'on est amené nécessairement à con- clure que si l'on pouvait neutraliser la liqueur à mesure qu'elle est rendue acide par la précipitation du cobalt, on aurait une élimination complète de ce métal. » Guidé par cette réflexion très-simple , j'ai cherché quelle substance se prêterait à cette réaction ; après plusieurs tentatives, j'ai donné la préférence au carbonate de baryte artificiel pur qui est facilement attaquable par les acides, mais ne l'est pas par l'hydrogène sulfuré, ce qui était une condition C. R., 1846, i«' Semettre. (T. XXII, N» 10.) 56 ( 42a ) indispensable, attendu que, s'il en eût été autrement, il se serait formé du sulfure de barium qui, on le sait très-bien, précipite le manganèse; j'ajoute que le carbonate de baryte, ainsi que l'a prouvé M. Demarçay, ne précipite pas les dissolutions manganiques, et que la baryte est d'une élimination fa- cile à laide de l'acide sulfurique, soit de la dissolution, soit du précipité où le carbonate de baryte est en excès. » La manière d'opérer est des plus simples ; à la dissolution du cobalt et du manganèse on ajoute un grand excès de carbonate de baryte, et l'on fait passer à ti'avers le mélange de l'hydrogène sulfuré à refus; on jette le tout sur un filtre qui retient le cobalt à l'état de sulfure, tandis que le manganèse reste dans la dissolution; on continue l'analyse à la manière ordinaire. >) J'espère que ce nouveau mode d'emploi de l'hydrogène sulfuré sera ap- plicable à la séparation quantitative d'autres métaux, tels que le fer, le zinc, le nickel, etc., et deviendra d'un usage fréquent dans l'analyse qualita- tive ; on peut , en effet , maintenant séparer les métaux à l'aide de l'hydro- gène sulfuré en trois séries : en opérant successivement dans une dissolution acide, puis dans une dissolution neutre, enfin dans une dissolution alcaline. » PHYSIQUE. — Mémoire sur les expériences du docteur Neef , et sur la théorie générale de la lumière, de la chaleur et de l'électricité; par M. Moigno. (Commissaires, MM. Arago, Becquerel, Pouillet, Despretz.) PHYSIQUE. — Sur la polarisation chromatique produite par les lames épaisses cristallisées; par MM. Fizeau et Foucault. (Commission nommée à l'occasion d'un premier travail sur la polarisation, présenté par MM. Fizeau et Foucault dans la séance du 24 novembre 1 845.) GÉOLOGIE. — Recherches sur les causes géologiques de l'action dévastatrice des torrents des Alpes, et sur les mojens d'y remédier; par M. Se. Gras. (Renvoi à la Commission chargée d'examiner les travaux relatifs à l'hydro- métrie du bassin du Rhône.) GÉOLOGIE. — Sur les climats solaires et sur les causes atmosphériques en géologie; par M. Lecoq. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, liaugier.) ( 4^3 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Supplément à un précédent Mémoire sur un nouveau sjstème de chemin de fer atmosphérique; par M. Zambaux. (Commission précédemment nommée.) M. Britniver soumet au jugement de l'Académie un cercle répétiteur ver- tical dont la construction offre plusieurs dispositions nouvelles. (Commissaires, MM. Gambey, Laugier, Mauvais.) M. Garnier présente un compteur destiné à mesurer la vitesse des convois sur les chemins de fer. Le mouvement de l'aiguille s'arrête en même temps que le mouvement du piston de la locomotive; de sorte que la différence entre le temps écoulé depuis le départ jusqu'à l'arrivée et celui que marque le compteur donne la somme des temps de séjour dans les stations intermé- diaires. (Commissaires, MM. Gambey, Regnault, Laugier.) M. Gtjérin prie l'Académie de faire examiner par une Commission un mécanisme qu'il a imaginé pour prévenir les accidents auxquels expose l'ha- bitude, trop commune chez les chasseurs, de laisser armé un fusil chargé et amorcé. (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Seguier.) CORRESPONDANCE. M. Arago met sous les yeux de l'Académie une Histoire naturelle de l'É- tat de New-York, publiée par ordre de l'administration , et adressée , con- formément anx ordres du Corps législatif, par le gouverneur et le secrétaire d'État. Cet ouvrage, dans lequel la partie botanique n'est pas encore publiée, se compose, pour le présent, de lo volumes in.4° avec de nombreuses plan- ches coloriées. astronomie. — Extraits d'une Lettre de M. Valz à M. Arago. Comète à deux têtes. « Lorsque, dans ma dernière Lettre , je disais que la séparation des deux têtes de la comète devait avoir eu lieu du 20 au 27 janvier, je ne pouvais en juger que d'après les apparences mêmes; mais, le 20, l'intervalle entre elles pouvait être trop faible pour devenir sensible dans la lunette employée d'ordinaire pour les comètes. En effet, la lenteur du mouvement relatif m'a 56.. ( 4^4 ) , montré, depuis, que cette séparation pouvait remonter bien au delà , ayant observé les deux têtes autant qu'il m'a été possible le 27 janvier à 7 heures, et les jours suivants jusqu'à présent, durant lequel temps les nébulosités m'ont présenté de grandes singularités. Ainsi, le i3 février, elles paraissaient en contact et d'intensité égale, ainsi que le lendemain; mais, le i5, la tète se- condaire devint plus intense que l'autre , ce qui continua le 16 et le 1 7 ; tan- dis que, le 18, la tête primitive redevint la plus forte, ce qui a continué depuis, pendant que la tête secondaire s'affaiblissait toujours; cependant, le 22 février, la tète primitive n'était guère plus forte que l'autre, et, depuis, le temps est resté couvert. Voilà des anomalies assez bizarres; mais, avant tout, il faudrait voir si elles ont été assez généralement observées pour être indépendantes des circonstances atmosphériques ou locales. Première comète de M. Vico. >' Voici les éléments provisoires que j'ai obtenus pour la première comète de M. Vico : Passage au périhélie, 1846, janvier 23J,45o, temps moyen à Marseille. Distance périhélie i,48i3 Longitude du périhélie go°i5' Longitude du nœud 111° 21' Inclinaison 47° 6' Mouvement direct. Seconde comète de i468. » L'inexactitude que je vous avais annoncée dans l'interprétation chinoise de la seconde comète de 1468 est fort bien celle mentionnée par M. Lau- gier, et , de plus , cette comète ne pouvait avoir été vue au sud de Pégase , puisqu elle se trouvait dans une partie opposée du ciel. Mais, sauf cette rec- tification , qui n'a pu même me servir que comme limite, vu qu'elle ne porte aucun quantième, et qu'on ne saurait y suppléer que trop arbitrairement, nous différons fort sensiblement pour tout le reste. M. Laugier établit que la comète a été en conjonction le 16 octobre avec a d'Hercule, tandis que je trouve que c'était avec a d'Ophiuchus, ou la plus haute des deux étoiles, d'après le manuscrit cité. Ensuite il adopte la position en longitude et lati- tude assignée à la comète, qui me paraît évidemment inexacte, puisqu'il est dit deux fois que la comète était jointe à l'une des étoiles , tandis que la lon- gitude qu'on lui donne diffère à peu près de même de Tune et de l'autre des longitudes des deux étoiles. L'apparition chinoise n'est donnée qu'en ascen- sion droite, etl'on peut sans arbitraire en conclure la longitude etla latitude; aussi je trouve pour cette époque 2°3o' de différence en longitude et 3° 4 5' en (425) latitude avec M. liaugier. Enfin , il fixe le point de la disparition de la comète avant qu'elle n'ait atteint m de l'écu de Sobieski, où elle avait été cependant aperçue , ce qui est ainsi entièrement contraire aux données de l'observation; de façon que la comète n'aurait pu atteindre l'étoile que vers la fin de décembre, tandis que le 8 de ce mois elle commença à s'effacer. Voici , par contre , comment j'ai cru devoir procéder pour éviter tout arbitraire. J'ai adopté pour la comète le lieu de a d'Ophiuchus, avec lequel il est dit deux lois qu'elle était jointe, ensuite l'ascension droite seule pour le i8 septembre, sans supposer la déclinaison dont on peut fort bien se passer, et j'ai com- plété les données nécessaires en faisant attention à ce que la comète alla au nord-est pendant cinq jours, et devait être, le aS septembre , le plus près du pôle; mais, pour éviter tout arbitraire qui aurait pu en résulter, j'ai fait diverses suppositions sur le jour où la comète avait touché /j de la grande Ourse, d'après le récit chinois, jusqu'à ce que sa position pour le iZ sep- tembre fût la plus rapprochée du pôle, et qu'elle atteignît m. de l'écu avant le 8 décembre , jour de sa disparition. Cette marche du calcul est sans doute assez longue et pénible, mais elle m'a paru la plus sûre. J'ai obtenu ainsi, après de nombreuses tentatives , les éléments suivants : Passage au périhélie , 1 468, octobre 'jj,433 Distance périhélie 0,829^2 Longitude du périhélie i<'22' Longitude du nœud ascendant 71° 5' Inclinaison 3go ,' Mouvement Rétrograde. L'analogie de ces éléments avec ceux de 1799 m'avait fait admettre l'i- dentité des deux comètes. » Réponse de M. Laugier aux observations de M. Valz. « Je commence par transcrire le passage du manuscrit n" 7336, qui est relatif à l'observation du 16 octobre 1468 : « Posteà heri qui fuit dies xvi hujus mensis scilicet octobris, inveni » alio modo cometam stare. Erat enim conjuncta cum illâ superiori stelUi " scilicet isto modo PRiECisÈ in duodecimo gradu et quarto minuto Jerè >' signi Capricorni (lege : Sagittarii), déclinons ab eclipticâ versus sep- « temtrionem trigènta octo gradus cum medio .r .) On voit, par ce passage, que l'auteur du manuscrit ne s'en tient pas à cette appréciation vague, savoir, que la comète était jointe avec l'étoile su- périeure; il va plus loin, il donne la longitude et la latitude de la comète. ( 4^6 ) non pas grossièrement , mais aux minutes de degré. Il est vrai que cette observation (véritable position astronomique) ne s'accorde pas avec la re- marque « que la comète était en conjonction avec l'étoile supérieure, >• mais j'ai préféré adopter des nombres qui sont écrits en toutes lettres, en lais- sant tout à fait de côté la remarque « erat eniin conjuncta » qui , après tout , pourrait bien ne pas exprimer la conjonction astronomique des deux astres; il m'a semblé qu'il serait dangereux d'en conclure des chiffres en désaccord avec une position donnée à la minute : j'ai donc adopté, pour le i6 octobre 1468, les nombres mêmes du manuscrit : Longitude de la comète .... aSa" 4' Latitude de la comète — 38°3o' Quant à la position de la comète près de l'étoile m de l'écu de Sobieski, mes éléments la représentent, ce me semble, avec une exactitude suffisante. En effet, je trouve, pour le 5 décembre (trois jours avant la disparition de la comète) : Longitude . . . 268° a' Latitude + i5''39' Ce point est situé , sur la sphère de 1468, à trois degrés de l'étoile m de l'écu de Sobieski. Mais la deuxième comète de 1 468 ne doit point être assimilée à un point. En effet , sa queue , vers le commencement de l'apparition , était longue de 3o degrés, et elle diminua peu à peu; si donc on lui suppose, vers le 5 décembre, une longueur de 4 à 5 degrés, il faudra dire, avec le texte chinois, qu'elle toucha la première étoile à l'ouest du groupe Thien-pien. » Quoi qu'il en soit de cette discussion , il ne faut pas oubUer que le but qu'on se propose, en calculant les orbites de comètes anciennement obser- vées, est surtout de fournir aux astronomes le moyen de les reconnaître si elles venaient à reparaître; or ce but, je l'ai atteint par mes calculs, puisqu'ils m'ont permis de signaler, le premier, l'analogie de la comète de 1468 avec celle de 1799, analogie qui a frappé aussi l'habile directeur de l'obser- vatoire de Marseille, malgré la différence qui existe entre nos résultats. » ASTRONOMIE. — Eléments paraboliques de la comète découverte le 7.0 février 1846 à Rome [seconde comète de M. Vico); par M. Goujon. Passage au périhélie, 1846, mars. . 5-i,9735 Longitude du périhélie 9'° '9' 23" Longitude du nœud ascendant. ... 77 . 19.41 Inclinaison 83 . 38 . 1 3 Distance périhélie o ,663ooo Sens du mouvement Direct. » Ces éléments ont été calculés sur l'observation faite à Rome le 20 février, et sur les deux observations faites le a et le 5 mai-s à Paris. I.es intervalles de temps entre les époques de ces observations sont fort inégaux; cette cir- constance, défavorable dans toutes les méthodes, doit faire considérer ces élé- ments comme une première ébauche, bien suffisante néanmoins pour donner la forme de l'orbite. » Parmi les comètes qui se trouvent mentionnées dans les catalogues , la comète de l 'jo'j est la seule qui m'ait paru avoir quelque analogie avec celle-ci ; on peut en juger par les éléments suivants, calculés par Lacaille : Passage au périhélie , 1707, décembre 11 à23''39" Longitude du périhélie 79° 54' 56" Longitude du nœud ascendant Sa . 46 . 35 Inclinaison 88 . 36 . o * Distance périhélie 0,85974 Sens du mouvement Direct. » Voici les positions obtenues à l'Observatoire : Dates, Temps moyen de Paris. Ascensions droites. Déclinaisons. 2 mars 1846.... 7''46"'53^8 iS" 7' i3" + 9<'24'34" 5 mars 7.55.37,7 i4 •56-48 +13.57.34 6 mars 7.11.58,2 14. 5i. 8 + i5. 22.10 MÉTÉOROLOGIE. — Lettre de M. Gihoux à M. le général de Thiard, sur le météore qui a incendié une ferme. « M'informanl toujours des personnes qui pourraient me donner des ren- seignements sur le météore du 16 janvier, j'ai appris, samedi dernier, que M. Ernest de Loisy l'avait remarqué d'une manière particulière. » Je suis allé le voir hier à son château de Terrain , lui ai expliqué l'objet de ma visite , et il m'a dit que , dans l'intérêt de la science , il voyait avec la plus vive satisfaction que M. Arago voulût bien donner quelque attention au phénomène extraordinaire qui occupe le pays depuis six semaines , et qu'il me donnerait, avec le plus grand plaisir, ses renseignements, résultat de ses remarques particulières. Je l'ai prié alors de me permettre de pren- dre quelques notes sous sa dictée, et voici textuellement ce qu'il m'a fait écrire, qui me paraît confirmer parfaitement les premiers documents que j'ai eu l'honneur de vous adresser. « M. de Loisy revenait, le 6 janvier, de sa propriété d'Auvissars (Gôte- « d'Or), lorsque, parvenu, vers les 6 heures du soir, au village de Charrette , • en face la maison de M. Boitard, percepteur, averti par une clarté' subite ( 4a8 ) >' et fort vive qui lui fit l'effet d'un éclair, il aperçut dans le ciel une traînée x lumineuse perpendiculaire à l'horizon, et, pour le lieu où il se trouvait, >' dans la direction du sud-est. Cette traînée lumineuse, ressemblant à la >' queue d'une comète, mais donnant une clarté plus vive, lui parut em- " brasser dans le ciel un arc de lo à 12 degrés et élevée de 60 à 70 degrés » au-dessus de l'horizon. Elle lui sembla un peu plus haute que la constellation " de la grande Ourse qui lui servit de terme de comparaison , mais qui res- » tait à gauche de cette traînée. » La lueur de l'incendie lui apparut immédiatement au sud-est et dans la » direction de la Chaux " La plus grande partie du ciel était sereine; quelques légères vapeurs " faisaient parfois pâlir les étoiles, mais sans les cacher. Lorsque ces vapeurs » passaient devant la traînée lumineuse, son éclat diminuait. M. de Loisy a >i donc remarqué, pendant tout le trajet de Charrette à Terrain, qui dura >' vingt minutes , ce phénomène qui disparut ensuite. » » Dans la conversation , M. de Loisy m'a dit qu'il était en voiture cou- verte (en phaëton) , ce qui l'empêcha d'apercevoir le corps qui fut la cause première de l'éclair qui l'éblouit un instant. >' P. S. M. de Loisy a été entièrement de mon opinion contre la version du docteur Curé. Il m'a assuré avoir parfaitement remarqué que la ligne lumineuse était supérieure en hauteur au léger brouillard qui s'élevait de l'horizon , et que conséquemment cette ligne ne pouvait être l'effet de la ré- verbération de l'incendie sur ces vapeurs d'ailleurs fort légères. » PHYSIQUE. — Sur les vibrations quun courant électrique fait naître dans un barreau de fer doux. (Extrait d'uije Lettre de M. le professeur de la Rive à M. Arago.) u . . .M.Wertheim a communiqué à l'Académie des Sciences, dans sa séance du 23 février 1846, quelques expériences sur les vibrations qu'un courant électrique fait naître dans le fer doux; j'en ai lu les détails avec beaucoup d'intérêt dans le Compte rendu de la séance. Comme les conclusions de M. Wertheim sont en opposition, en quelques points, avec celles que j'avais tirées de mes propres recherches sur le même sujet, je me permets de vous adresser quelques remarques en réponse aux objections de M. Wertheim , en vous priant, si vous le jugez convenable, de vouloir bien en faire part à l'Académie. " M. Wertheim estime qu'il n'y a qu'une action mécanique dans le phéno- mène des vibrations qu'éprouve le fer doux par l'influence extérieure ou par I ( 4^9 ) la transmission intérieure d'un courant élastique, tandis que je vois dans ce phénomène une action moléculaire. Voilà en quoi gît la différence impor- tante qui sépare la manière de voir de M. Wertheim de la mienne. » Je n'ai jamais nié qu'une partie de l'effet ne fût due à une action méca- nique provenant des attractions exercées par l'hélice sur le fer doux, d'une manière intermittente. Je signale, dans mon Mémoire, ce genre d'ac- tion, et voici même mes propres paroles : « Ce genre d'effet, tout mécanique, » qui s'exerce sur l'ensemble de la masse, doit être distingué avec soin de la » vibration moléculaire que détermine l'aimantation. » Je n'ai jamais pré- tendu que les vibrations fussent nécessairement toutes transversales; j'ai dit seulement qu'on entendait des sons qui ne pouvaient être dus qu'à des vibra- tions transversales; mais j'ai ajouté que lors même qu'on les étouffait ou qu'on les empêchait d'être produits , on en entendait encore un autre qui semblait provenir de la série des chocs intérieurs qu'éprouvaient les parti- cules les unes contre les autres. J'ai même remarqué que le ton de ce dernier son dépend de la rapidité avec laquelle les courants discontinus se suc- cèdent; c'est probablement celui que M. Wertheim regarde com/ne un son longitudinal. Enfin, je fais observer, dans plusieurs parties de mon Mémoire, que ce son est le seul qu'on entende quand le fer doux est sous la forme d'une tige rigide d'un diamètre un peu considérable, et quand, étant à l'état de fil, on lui fait éprouver une forte tension, ou que les courants discontinus, à l'action desquels il est soumis, se succèdent avec une très-grande rapidité, de manière, par exemple, qu'il y en ait six cent quarante par seconde. » Je ne rappellerai pas ici tous les motifs qui m'ont conduit à admettre qu'il y a une action moléculaire dans l'influence qu'exerce sur le fer doux l'action extérieure comme la transmission intérieure des courants discon- tinus ; je me bornerai à signaler les plus frappants. » Un cylindre de fer doux de lo centimètres de diamètre , et du poids de lo kilogrammes, qui remplit exactement le vide d'une bobine, rend un son musical clair et brillant quand il est soumis à l'action des courants disconti- nus qui traversent le fil de l'hélice. Il est impossible de supposer que cette masse de fer éprouve des changements de place et de forme analogues à ceux qui seraient nécessaires pour la mettre en vibration par une force exté- rieure. Un fil de fer de 3 à 4 millimètres de diamètre et de lo à 12 mètres de longueur, tendu de l'extrémité d'une galerie à l'autre, sans appareil vi- brant dans son voisinage , rend un son très-net quand il est traversé par un courant électrique discontinu. 11 en est de même d'une tige de fer de 5 à 6 millimètres de diamètre et de 2 mètres de longueur. Dans ces cas , comme C. R., 1846, 1" Semeurt. (T. XXII , N» 10.) 5y ( 43o) dans bien d'autres, il est impossible d'admettre, avec M. Wertheim , que l'effet soit dû aux réchauffements alternatifs qu'éprouverait le métal par le passape des courants discontinus. Je laisse de côté les expériences faites avec la limaille de fer, celles dans lesquelles, en variant la tension des fils , on fait disparaître ou renaître certains sons, et non pas d'autres, expériences qui tendent toutes à démontrer que l'origine du mouvement vibratoire est intérieure et noa extérieure au métal ; j'arrive à un genre de faits qui me paraissent ne pouvoir laisser aucun doute sur l'existence d'une action mo- léculaire exercée sur le fer doux par la transmission du courant, et par l'ai- mantation que lui imprime l'action extérieure de l'électricité en mouvement. >i Un fil de fer doux rend les sons ordinaires sous l'action de l'hélice; on fait passer à travers ce fil un courant continu ; un son différent se manifeste , son plus aigu et plus métallique, tout différent de celui auquel donnerait naissance une élévation de température qui d'ailleurs n'a pas lieu; ce son indique im changement moléculaire opéré dans le fil par le passage dn cou- rant continu. L'aimantation permanente du fil , opérée soit par un courant continu transmis à travers le fil de l'hélice, soit par des aimants ordinaires, modifie de même notablement le son que rend le fil quand il est lui-même traversé par des courants discontinus ; l'aimantation produit donc également un changement moléculaire. Ce n'est pas tout : un fil de fer traversé par un courant continu ne donne plus de sons si Ton y fait passer en même temps un courant discontinu dirigé dans le même sens; cependant le premier cou- rant ne neutralise point, ni en tout ni en partie, le second; il est facile de s assurer qu'ils s'ajoutent l'un à l'autre, comme on devait s'y attendre, quant à leurs effets magnétiques et autres. On ne peut donc expliquer l'absence de sons qu'en admettant que le courant continu imprime par son passage aux particules du fer, d'une manière permanente, la disposition que le courant discontinu tendrait à leur imprimer par alternatives; que, dès lors, ce dernier ne peut plus modifier un état moléculaire qui est précisément celui qu'il tend à produire; il est clair qu'il n'en est plus de même quand le fil, ne transmettant plus le courant continu, se trouve être dans l'état na- turel. Enfin, un fil aimanté d'une manière permanente donne des sons beau- coup plus faibles, ou n'en donne plus, sous l'action d'une aimantation dis- continue , pourvu que ce soit la même partie du fil qui soit soumise à cette double influence. » Ainsi, il y a changement moléculaire dans le fil, soit par le fait qu'il transmet un courant , soit par le fait qu'il est soumis à l'action extéiieure d'un courant; les expériences précédentes, que je viens de rappeler, prou- (43i ) vent seulement que le nouvel arran{;ement des particules que détermine l'aimantation n'est pas identique avec celui que produit le passage du courant. « Au reste, l'idée que la transmission des courants électriques à travers les corps est accompagnée d'une modification dans l'état moléculaire, est loin d'être nouvelle, et est appuyée par un nombre de faits déjà bien con- sidérable. L'état vibratoire dans lequel se constituent les pointes de charbon, et même les pointes métalliques, entre lesquelles s'échappe l'arc lumineux auquel donne naissance un fort courant électrique , la désagrégation de la pointe positive et le transport de ses particules à la pointe négative , sont des phénomènes moléculaires produits directement par l'électricité en mou- vement. Les modifications curieuses qu'éprouvent des fils métalliques qui transmettent des décharges électriques instantanées, et dont M. Reiss vient de faire une étude détaillée, conduisent à la même conséquence, que con- firment encore tous les phénomènes de transport opérés sans décomposition chimique par les courants , comme par les décharges électriques. )> .Te me suis occupé dernièrement à étudier les mouvements que déter- mine, dans les conducteurs liquides, la transmission des courants discon- tinus; je les ai particulièrement observés dans l'acide sulfurique concentré, dans le mercure et dans les alliages facilement fusibles , tels que celui de Darcet. J'ai réussi à les produire dans le mercure , en transmettant le courant à ce métal uniquement par l'intermédiaire de l'eau distillée; avec une pile à très-forle tension , une colonne de mercure , placée dans un tube horizontal , éprouvait des oscillations de lo à 12 centimètres d'amplitude. En faisant passer le courant des pointes de charbon dans le mercure , sans l'inter- médiaire d'aucun liquide, j'ai obtenu également des mouvements très-pro- noncés. On les met facilement en évidence , dans ce cas comme dans les autres, en saupoudrant d'une poussière fine et légère la surface du liquide soumis à l'expérience. Le mouvement consiste généralement dans une forte tendance du liquide à se porter dans le sens du courant positif, comme cela a lieu pour les particules de charbon dans le phénomène de l'arc lu- mineux. L'alliage fusible de Darcet peut servir à conserver la trace des mouve- ments que détermine la transmission de l'électricité ; il n'y a qu'à , pour cela , le laisser refroidir et solidifier pendant qu'il est sous l'empire de l'action qui met sa masse en agitation. On saisit ainsi et l'on conserve l'état molé- culaire particulier qu'imprime à cet alliage le passage du courant électrique. > J'espère avoir achevé, très-incessamment, le travail auquel je viens du faire allusion; et je ne doute pas, d'après ce que j'ai déjà pu observer, 57.. (43a ) que son résultat ne soit de nature à prouver l'influence considérable qu'exerce, sur l'état moléculaire des corps, soit la transmission, soit Tinfluence exté- rieure des courants électriques. C'est en particulier dans cette influence extérieure que j'estime qu'on devra chercher l'explication des dernières expé- riences que M. Faraday a faites sur l'action des courants électriques et des électro-aimants sur la lumière. )) N. B. En relisant la Notice de M. Wertheim, je suis frappé d'une cir- constance qui peut bien expliquer une partie de la divergence qui règne entre ses observations et les miennes, c'est la grandeur du diamètre de l'hélice dont il a fait usage. Cette circonstance , jointe à ce que le fil n'était pas très-gros, doit avoir contribué à amoindrir singulièrement les effets. » PHYSIQUE. — Réponse aux remarques faites par M. Wertheim concernant une communication de M. Guillemin sur les changements que produit un courant électrique dans V élasticité d'un barreau de fer doux. ( Lettre de M. Guillemin à M. Arago.) « Dans la séance du lundi a3 février, M. Wertheim a indiqué une cause d'erreur dans laquelle, suivant lui, j'avais nécessairement dû tomber en faisant mon expérience sur l'élasticité du fer doux soumis à l'influence d'un courant. » M. Wertheim a compris que j'avais placé un barreau de fer doux dans l'axe d'un tube d'un diamètre plus grand que celui du barreau, et qu'au moyen de cette disposition , le mouvement que j'avais observé n'était qu'un simple effet d'attraction de l'hélice sur l'aimant temporaire. Mais mon expé- rience a été faite autrement. » J'ai enroulé, sans aucun intermédiaire, le fil recouvert de soie sur le barreau de fer doux, en le serrant autant que possible. Il y avait trois cou- ches d'un fil de i^^jS de diamètre. De cette façon, toute attraction de l'hélice sur le barreau était rendue impossible , et c'était pour éviter cette cause d'erreur que j'avais disposé mon expérience de la inanière que j'indique. « En effet, il y a longtemps, monsieur le secrétaire perpétuel, que vous avez démontré qu'un fil traversé par un courant attire de la limaille et de petites aiguilles de fer ou d'acier. ... Je n'avais, de cette manière, à craindre qu'une cause d'erreur, c'était la suivante : 1» Le mouvement, au lieu d'être le résultat d'un changement moléculaire dans le fer doux , ne serait-il point un simple effet de la l'éaclion des diffé- rents tours de l'hélice les uns sur les autres? Pour lever cette difficulté, j'ai I ( 433 ) substitué au barreau de fer un cylindre de bois sec, et avec cet appareil je n'ai pu observer aucun mouvement sensible. " En outre, afin de m'assurer que l'influence du mafjnétisme terrestre n'y était pour rien , j'ai eu soin de placer mon appareil alternativement dans le plan du méridien magnétique et dans une direction perpendiculaire à ce plan, en ayant soin de changer plusieurs fois la direction du courant, et con- stamment le barreau a soulevé le poids quand on fermait le circuit, et l'a laissé retomber quand on l'ouvrait. » J'ai aussi prévu les chances d'erreur qui pouvaient provenir de l'attrac- tion longitudinale et dans le sens de l'axe du barreau dans le tube. En effet, j'avais entrepris, il y a huit mois (en juillet i845), des expériences pour savoir quel est le plus grand effort qu'on puisse obtenir au moyen d'un bar- reau rentrant dans une hélice en n'employant comme appareil voltaïque qu'une seule paire de Bunsen bien chargée. » Au moyen d'un barreau de fer de 3 centimètres de diamètre replié en fer à cheval haut de 5o centimètres, dont les deux extrémités rentraient dans des tubes entourés de quatre couches de fil de 3 millimètres de dia- mètre, la longueur de ces hélices étant 4o centimètres, j'ai pu, avec un sem- blable appareil et une seule paire de Bunsen, soulever un poids de i kilo- gramme, à la hauteur de 12 à t5 centimètres, dans une seconde de temps. " J'ai vu, de plus, qu'en multipliant le nombre de ces appareils plutôt qu'en augmentant leurs dimensions, et en utilisant mieux l'action des cou- ches extérieures de l'hélice au moyen d'un cylindre de fer creux faisant corps avec chacune des branches du fer à cheval , on pouvait soulever un pofds plus considérable encore. "■ " ' » Cette dernière expérience n'a pas été faite en petit dans un cabinet d'amateur: je dois à l'obUgeance de M. Archereau, habile mécanicien, d'avoir pu l'exécuter en me servant des grands appareils qu'il possède dans son atelier. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur divers appareils destinés à transmettre au loin, au moyen de l'air, soit comprimé, soit raréfié, l'action d'un moteur mis en jeu par Veau ou par la vapeur; extrait d'une Lettre adressée par M. Stouvenel , à l'occasion d'une Note de M. Triger sur un appareil de son invention dont la destination est analogue. « Au commencement du mois d'août de l'année i844i j^i remis à l'Académie des Sciences et Arts de Bordeaux un pli cacheté, contenant la description d'une machine atmosphérique destinée à transporter et à f 434 ) ramifier, à de très-grandes distances , la force de l'eau ou de la vapeur d'eau. » Cette machine se composait d'une roue hydraulique ou d'une machine à vapeur, de pompes foulantes qui comprimaient l'air et l'emmagasinaient dans un réservoir, de tuyaux de conduite terminés par des cylindres à piston , dans lesquels l'air comprimé peut agir comme fait la vapeur d'eau. !i J'ajoutais encore, dans ce premier envoi , la description d'un appareil transportant les forces par le vide , et dont les dispositions étaient inverses des précédentes. >i Le 2 janvier i845, j'ai pris un brevet pour l'application des appareils ci-dessus à toutes les industries fixes. " Une Note dans laquelle je calculais approximativement le rendement en travail utile de l'appareil, soit à air comprimé, soit à air dilaté, a été présentée le 17 mars i845 à l'Académie des Sciences. » Trois ou quatre mois après, une addition que j'avais envoyée fut éga- lement présentée à l'Institut. >> ÉCONOMIE RURAi.E. — Sur la possibilité d'obtenir des tubercules sains provenant du plant de pommes de terre malades. (Extrait d'une Lettre de M. DuR.4.ND à M. Gaudichaud.) « Dès le commencement du mois d'octobre, j'ai planté, dans la terre où ils s'étaient d'abord développés , des tubercules malades. Cette plantation a été faite dans une serre dont la température a été constamment de 9 à 12 degrés centigrades. Ces tubercules, enfouis dans le ,sol à une profondeur de 8 centimètres environ, ont mis six semaines à lever. Leur végétation aérienne a été fraîche et vigoureuse, les fanes ont atteint jusqu'à la hauteur de I mètre. " .J'ai arraché dernièrement ces plantes, et je me suis assuré quelles por- taient toutes un certain nombre de tubercules nouveaux, dont les plus gros ont la grosseur d'un oeuf ordinaire de poule ; qu'aucun de ces tubercules n a , ni à l'extérieur, ni à l'intérieur, la moindre tache, et qu'ils présentent, au contraire , les caractères de la meilleure santé. « CHIMIE. — Note sur les acétates de cuivre.; par M. B. Roux. « En résumant les faits que nous avons exposés, nous voyons l'action du calorique partager en trois époques parfaitement nettes et distinctes la dé- composition de l'acétate neutre du cuivre. Nous avons dit quel parti l'on pouvait tirer de ces points limites pour la déshydratation du sel et la prépa- ration 4e l'acide acétique çristaUis^bJle. ( 435 ) » Nous avons signalé plusieurs acétates de cuivre présentant dans leur dissociation par la chaleur la même régularité , les mêmes phénomènes. " L'action de l'eau sur le verdet n'est pas moins remarquable: sous soo influence, un sel basique particulier prend naissance; ce composé, fourni aussi par l'alcool, offre une base à 3 équivalents d'oxyde de cuivre, oxyde tri-atomique qui paraît jouer un rôle bien important, et que l'on retrouve d i une foule de composés. » Il existe dans l'acétate sesquibasique deBerzeUus 2((;*H*0*)3CuO+6HO. M. Millon l'a étudié dans plusieurs iodates de cuivre lO'^, 3CuO + alO'HO: M. Schleisser, dans l'alloxanate de cuivre C'AzHO*, 3CuO+C*AzHO*, HO; enfin M. Bœnch , dans l'urate de cuivre i (C^Az^HO^ HO) + 3 (CuO) , HO , qui devient, à il\o degrés, i (C^Az^HO^, HO) + 3CuO. " L'alcool , outre ce sel à base tri-atomique, donne naissance à un sel polybasique où i!\ équivalents d'o.xyde de cuivre figurent en combinaison avec I équivalent d'acide acétique tri-hydrique. " L'examen des acétates de cuivre nous offre donc une curieuse série de sels où I équivalent, o. équivalents, 3, 6 et même a4 équivalents viennent successivement se grouper ou se superposer, et s'unir à i , 2 équivalents d'acide. » Ces recherches ont été faites dans le laboratoire du Val-de-Gi'âce. Qu'il me soit permis d'exprimer à M. le professeur Millon ma reconnaissance pour les conseils et la bienveillance dont il m'a honoré. » CHIMIE. — Note sur une combinaison du bleu de Prusse et de l'ammoniaque ; par M. J.-H. Monthiers. (Extrait.) « La Note que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est détachée d'un travail plus long sur les cyanures doubles dont je m'occupe au laboratoire de M. Pelouze et sous sa direction; elle a pour objet une combinaison nou- velle du bleu de Prusse avec l'ammoniaque. ' ' r La nature même de mon travail m'ayant conduit à reprendre l'action de cet alcali sur le bleu de Prusse, j'ai acquis la conviction que le peroxyde de fer et le ferrocyanhydrate alcalin qui se forment par l'action directe de ces deux corps n'est que l'expression d'une réaction finale, mais que, intermé- diairement , il se forme un composé , nouveau bleu de Prusse , dans lequel l'ammoniaque entre comme partie constituante. Ce composé est lui-même détruit par un excès d'ammoniaque, ce qui explique pourquoi ce corps a jusqu'ici échappé à l'attention des chimistes. n Le moyen qui réussit le mieux pour préparer le bleu de Prusse ammo» le. ( 436 ) uiacal consiste à traiter par un excès d'ammoniaque liquide le protochlorure de fer pur, puis à jeter le tout sur un filtre, en ayant soin que la douille de l'entonnoir plonge dans le ferrocyanure de potassium en solution. Le préci- pité qui se forme est blanc y à. l'air il s'oxyde, bleuit, mais il est mêlé de ses- quioxvde de fer qui se forme simultanément, comme lorsqu'on prépare le bleu de Prusse basique. » Alors on met le tout en contact pendant quelques heures avec le tar- trate d'ammoniaque, en maintenant la température à 60 ou 80 degrés. Ce sel dissout parfaitement le sesquioxyde de fer, de telle sorte qu'en lavant plu- sieurs fois à l'eau distillée et jusqu'à ce que les eaux de lavage ne précipitent plus par les réactifs, on peut considérer comme pur le bleu obtenu. » D'après mes analyses, ce composé serait une combinaison de 3 équi- valents d'ammoniaque avec i équivalent de bleu de Prusse ordinaire. Sa composition serait donc représentée par la formule Fe'Cy'9HO-f-3AzH'. >' Les propriétés du bleu ammoniacal sont d'être plus stable que le bleu de Prusse. " On sait que le tartrate d'ammoniaque dissout entièrement et à froid le bleu de Prusse. Le nouveau composé n'est pas dissous par ce sel. .l'insisté sur cette propriété remarquable qui fournit un caractère très-net pour dis- tinguer le bleu ammoniacal du bleu de Prusse ordinaire. » CHIMIE. — Note sur une série de phosphates doubles de zinc et de cobalt; par M. F. Flores Domonte. (Extrait.) « Frappé des inconvénients que la séparation du cobalt du zinc présente, je me suis demandé si l'on ne pourrait pas employer, pour la recherche quantitative de ces métaux , un réactif qui les précipitât successivement , en laissant un point d'arrêt saisissable entre les deux précipitations. Mes pré- Visions ne se sont pas réalisées, les deux sels se précipitant confusément. Toutefois cette expérience m'a conduit à l'observation d'un fait qui , je l'es- père, présentera quelque intérêt. ; » J'ai remarqué que si l'on versait dans un mélange d'un sel de zinc et d'un sel de cobalt une dissolution concentrée de phosphate de soude, on obtenait, suivant la température ou les proportions des sels employés, un ma- gnifique sel bleu ou un sel rose d'une teinte également pure, ou bien une série d'autres sels semblables, présentant des couleurs intermédiaires. Ces sels sont tous insolubles dans l'eau , présentent le même aspect cristallin, et pe diffèrent que par les [nuances de leur coloration. Us sont d'ailleurs tous (437) brillants, soyeux, doux au touchei", et rappellent, par leur aspect, le verre en feuilles minces ou la naphtaline sublimée. Leur analyse m'a prouvé: 1° qu'ils contiennent tous du zinc, du cobalt et de l'acide phosphorique ; a°que ces éléments entrent dans les divers sels en proportions variables, et que le zinc prédomine dans les sels roses, et le cobalt dans les sels bleus; la- nalyse quantitative que j'ai faite des deux composés extrêmes , c'est-à-dire du sel le plus bleu et du sel le plus rose, m'a donné la formule suivante: Sel rose 2PhO^ l ^°® aZnO Sel bleu i8PhO^ l 'l'^Z i5ZnO ! On a donc, pour formule générale de ces deux sels, aPhOS 3M0. Ces deux sels sont hydratés. Le rose renferme 6 équivalents d'eau pour 3 équivalents de base; le bleu 54 équivalents pour 27 équivalents de base : l'un et l'autre retiennent 2 équivalents d'eau pour 3 équivalents de base. C'est , on le voit, 2 équivalents d'eau pour chaque équivalent de base. Cette eau se dégage partiellement à 24odegrés. Acette température, le sel rose retient 2 équivalents d'eau , le sel bleu 1 8 équivalents. La constitution de ces phosphates doubles rap- pelle, si je ne me trompe, celle de certains aluns qui peuvent contenir à la fois la potasse et l'ammoniaque , dans les proportions les plus diverses. Elle peut également être rapprochée de celle de certains minéraux dans lesquels plu- sieurs oxydes entrent dans des proportions variables : tel est, par exemple, le vv^olfram, qui, ainsi que M. Ebelmen l'a démontré, est formé par l'union d'un tungstate de manganèse et d'un tungstate de protoxyde de fer, dans lequel on peut rencontrer également de la chaux et de la magnésie isomorphes avec l'oxyde ferreux, encorebien qu'ilconserve lemême aspectet la même formule. )i .]'espère que d'autres métaux me donneront des séries semblables de composés. C'est une étude dont je m'occupe sous la direction de M. Pe- louze , qui a bien voulu m'aider de ses conseils dans ces premiers essais. » MÉDECINE. — Observations de nécroses des os de la face et dajfections pulmonaires , survenues à des ouvriers employés à la fabrication dei allumettes chimiques ; par M. Sédillot. « Ces observations , dit M. Sédillot, ont été recueillies dans mon service, par mon aide de clinique M. Benoît; elles portent sur des lésions graves aux- C . R., j 846 , i«' Semestre . ( T . XXI I, IS" 10.) 53 ( 438 ) quelles Tune de nos malades a succombé. L'examen microscopique a permis de constater Téteadue et la nature des altérations et d'étudier le mécanisme des réparations commencées. J'avais consacré, le lo juillet i845, une leçon clinique à ce sujet qui a donné naissance aux travaux de MM. Heifelder, Strohl, Zoringer et Roussel. » M. Marion-Bourguignoiv , à l'occasion des communications faites ré- cemment à l'Académie sur la production de Vaventurine artificielle, re- vendique, en son nom et au nom de son beau-père, feu M. Bourguignon, la priorité pour un procédé de fabrication qui leur appartient. « On a pu voir, dit-il, en i834, à l'Exposition des produits de l'industrie, un échantillon de nos aventurines. Cet échantillon , que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie, ressemble beaucoup à l'aventurine de Venise; seule- ment une grande partie des parcelles de cuivre , au lieu d'être à l'état cristal- lisé , ont dépassé , dans leur révivification , cet état de cristallisation , et se sont réunies en petits culots. » M. Bourguignon ajoute que, pour cette sorte d'industrie, le problème à résoudre ne réside pas dans la composition de la pierre artificielle , com- position depuis longtemps connue de tous les verriers, mais dans la détermi- nation de certaines circonstances du procédé opératoire, circonstances qui décident de la bonne couleur de la pâte et de la dissémination uniforme des cristaux métalliques. Relativement à ce dernier point, l'échantillon présenté par M. Marion lui- même n'est pas parfaitement satisfaisant, puisqu'une portion du cuivre ré- vivifié s'est, comme il le déclare lui-même, réunie en culots. M. GuTMANN adresse un échantillon de levure qui, suivant lui, offre des avantages marqués sur celle qu'emploie l'industrie , mais dont il ne fait pas connaître la composition, M. MiALHE prie l'Académie de vouloir bien admettre au nombre des pièces de concours pour le prix de Physiologie expérimentale son travail sur la digestion et l'assimilation des matières sucrées et amiloïdes. (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) M. Laignel demande que ses inventions relatives aux moyens d'améliorer la navigation et les transports par chemins de fer, sans changement du ma- tériel actuel, soient admises au concours pour le prix fondé par M. de Montyon en faveur de ceux qui parviendront à rendre une profession moins dangereuse. (Renvoi à la Commission des Arts insalubres.) ■f ( 439 ) M. MoREAC DE Saint-Ludgère prie l'Académie de désigner une Commis- sion qui serait chargée de répondre à une série de questions dont il regarde la solution comme importante pour le perfectionnement de la navigation par la vapeur. On fera savoir à l'auteur de la Lettre qu'il n'est pas dans les usages de l'Académie de nommer des Commissaires pour répondre à des questions. M. Margueritte adresse un paquet cacheté. Fi'Académie en accepte le dépôt. COMITÉ SECRET. Fia Section de Médecine et de Chirurgie présente la liste suivante de Candidats pour la place de correspondant vacante par suite de la nomination de M. Lallemand à une place de membre titulaire. La Section fait remarquer qu'elle a cru devoir, dans cette circonstance, ne présenter que des candidats français, et même, parmi ceux-ci, que des chirui^iens : 1°. M. Sédillot, à Strasbourg; 2°. M. Serre, à Montpellier;; 3°. M. Ehrmann, à Strasbourg ) M. Bonnet, à Lyon j "^^?"^' 4"- M. Lesauvage, à Caen ) M. Guyon , en Algérie ( H • Les titres de ces candidats sont discutés. ■ L'élection aura lieu dans la; prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. A. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Fi'Académie a reçu , dans cette séance , les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences y i" semestre 1846; n° 9; in-4''. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feroè, pendant les années i838, 1889 et 1840, sous la ( 44o ) direction de M. Gaimard. — Géographie physique, Géographie botanique, Botanique et Physiologie ; tome I", i'' partie; in-8°. Mémoire sur un nouveau mode de construction de la Vis d'Archimède; par M. Davaine. Lille, 1846; in-8°. Annales de la propagation de la Foi; mars 1846; in-8°. Encjclographie médicale; par M. Lartigue; 4* année; février 1846; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; février i846;in-8°. Nouvelle Sténographie universelle; par M. Plantier. Tableau. Journal de Médecine; par M. Trousseau; 4* année; mars 1846; in-8°. Le Mémorial encyclopédique , faisant suite à l'ancienne Revue encyclopédique , sous la direction de M. La VALETTE; 1846; in-8°. Description d'un nouveau Système de Chemin de fer atmosphérique , suivie d'une Note sur l'emploi de l'air comprimé , avec le même mode de locomotion; par M. J. ZamrauX d'Ambly ; in-4". Essai sur la Coordination des causes qui précèdent, produisent et accom- pagnent les phénomènes électriques; par M. A. Peltier. (Extrait du tome XIX des Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique.) In-4°. Astronomical . . . Observations astronomiques faites à l'Observatoire Rad- ciiffe d'Oxford, en i843; par M. M.-J. JOHNSON; tome IV. Oxford, i845 ; in-4°. Natural history. . . Histoire naturelle de l'Etal de New-Vork, publiée par ordre du Gouvernement. — Partie I, Zoologie; par M. J.-E, De Kay; 5 vol. in-4°, figures coloriées. — Partie III, Minéralogie; par M. L.-C. Beck ; I vol. in-4°. — Partie IV, Géologie ; par M. W.-W. Mather j i vol. 10-4"; par M. Emmons, I vol. in-4°; par M. Lardner Vanuxem, i vol. in-4", et par M. J. Hall , i vol. in-4°. Geological map. . . Carte géologique de l'Etat de Neiv-Fork, publiée par ordre du Gouvernement; 1842 ; en 4 feuilles. Gazette médicale de Paris; année 1846, n" 10; iii-4"- Gazette des Hôpitaux; n°' 26 à 28 ; in-folio. L'Echo du monde savant; n° 18; in- 4". Gazette médico-chirurgicale ; anaée 1846, n° JO. «r /'•-, # COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ,j^if mS)-®-®^ SÉANCE DU LUNDI 16 MARS 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur la compression du foin au moyen de la presse hydraulique; par M. Morin. « Le transport des fourrages par mer et par terre pour les besoins des armées et du commerce présente de graves difficultés par suite de l'encom- brement qu'occasionne cette matière , qui ne pèse guère que 60 à 65 kilo- grammes le mètre cube en magasin. Aussi, depuis longtemps, l'usage de presser le foin pour l'expédier par mer s'est-il introduit dans les ports d'où l'on fait habituellement des envois de chevaux et de bestiaux pour les besoins des armées ou ceux du commerce. » Dans la campagne de Portugal, les Anglais avaient été obligés de re- courir à ce moyen pour approvisionner leur cavalerie; et depuis lors il a été conservé , dans quelques ports de mer, pour le service des colonies. En France , lors de l'expédition de Morée, on embarqua aussi de grandes quan- tités de foin pressées, dont une partie, ayant été rapportée plus tard, fut encore trouvée de bonne qualité à l'intérieur, malgré des avaries éprouvées par la surface extérieure. » Au moment de l'expédition d'Alger, l'administration de la Guerre com^ C. a., i846, l«f Semestre. (T. XXII, N» li.) Sq * * 41 «■ • ( 44a ) ^ manda en toute hâte sept presses hydrauliques, de la force de iSoooo kilo- grammes, à un mécanicien distingué de Paris; elles furent construites d'ur- gence avec des montants et des sommiers en bois, et produisirent des balles de o'",85o de longueur, o'",6oo de largeur sur o™,5ao de hauteur, hors de presse, ce qui correspondait àun volume de o^-^jaGS. Le poids de ces balles était de 85 kilogrammes, et leur densité, horsde presse, de 320 kilogrammes environ au mètre cube ; elles étaient liées avec des bandelettes de fer fixées par des rivets. >' Ces presses existent encore en Algérie; mais on a remplacé la ligature en fer par des cordes en sparterie, qui s'allongent et diminuent la densité de la balle en permettant une augmentation considérable du volume au sortir de la presse; d'où il résulte que les balles actuellement obtenues, et formées avec des foins plus durs que ceux de France, ne pèsent que i5o à 170 kilogrammes au mètre cube. 1) Longtemps encore après l'occupation de l'Algérie, l'administration de la Guerre y reçut des foins expédiés du royaume de Naples comprimés avec des presses construites en Angleterre et dont les balles étaient mieux confec- tionnées que celles que l'on obtenait en Afrique; mais, reconnaissant la né- cessité de profiter des ressources considérables que lui offraient quelques parties du sol algérien pour approvisionner les autres , elle se décida à établir des machines plus puissantes et plus parfaites, et commanda, en i8445 ^ un autre mécanicien de Paris, trois presses de la force de 3ooooo kilogram- mes, devant comprimer à la fois 180 kilogrammes de foin en rames et le ré- duire à la densité de 45o kilogrammes au mètre cube. » Ces presses , entièrement construites en fonte de fer, ne fournissent , pai- une seule pression, que des balles de 65 à 75 kilogrammes au plus ; d'où il résulte que , pour former des balles de 180 kilogrammes, il faut réunir trois balles et faire quatre opérations. » Pour terminer cet aperçu des résultats obtenus jusqu'à ce jour dans le pressage des foins en Algérie, je rapporterai quelques chiffres extraits des bulletins de pressage expédiés mensuellement au Ministère de la Guerre. ■m (443) ATELIERS. PRESSES EMPLOYÉES. POIDS des balles d'une seule pression. DENSITE OU poids du mètre cube Bone < Presses à vis en fer kil. U ï) U 60 » 60 à 70 60 à 70 58,34 108 98 i55 240 1.4 162 ii4 174 Presses à vis en bois Petites presses hydr. de i5oooo kilogr. Presses de 3oo ooo kilogrammes. . . . Presses à vis Philippeville Alger Presses de i5o ooo kilogrammes. . . . Presses de i5o ooo kilogrammes. . . . Presses de 3oo ooo kilogrammes. . . . Il Ces résultats montrent l'avantage que l'administration de la Guerre a obtenu en augmentant la puissance des presses; et quoique la densité du foin n'ait été au plus que quadruplée , ce qui est loin de ce que Ton peut obtenir, il n'en est pas moins résulté, de l'emploi des presses de la force de 3ooooo kilogrammes, une économie considérable dans le fret. >• On voit, en effet, d'après les derniers rapports, qu'en ce moment le fret a, d'Alger à Oran, les valeui's suivantes: Foin pressé avec les presses à vis et lié avec des cordes. Et autres petites presses hydrauliques de 3oo 000 kilogr. 10' 10"^ les 100 kilogr. 5. 10 " Il y a donc , par l'effet de l'augmentation de densité , une économie de 5 francs par quintal métrique expédié d'Alger à Oran. Or, pour i845, les expéditions pour la province d'Oran se sont élevées à 72000 quintaux mé- triques, de sorte que, si cette économie avait pu être réalisée sur la totalité des expéditions, elle se fût élevée, pour le seul approvisionnement de cette province, à 36oooo francs. » Mais il faut ajouter que ces presses de la force de 3oo 000 kilogrammes, quoique d'une bonne exécution , sont disposées de telle sorte qu'on ne peut y introduire à la fois que 60 à 65 kilogrammes de foin en rame, et obtenir d'une seule pression que des balles de ce poids , ce qui multiplie inutilement les opérations qui durent à peu près une heure par balle , rend beaucoup trop faible le produit qu'elles peuvent fournir par jour, et augmente les frais de pressage et de ligature. Quand on veut former des balles d'un poids plus considérable, on est obligé d'en réunir plusieurs petites, et, d'après les expé- 59.. ( 444 ) riences faites à Alger, il faut 5 heures 48 minutes pour faire ainsi une balle de 2o5 kilogrammes seulement. » Ces résultats, quoique supérieurs à ce qui avait été fait précédemment, sont donc bien loin de répondre aux besoins, et le volume considérable que conserve encordes balles, auquel on ne donne àBone, avec des foins tendres, qu'une densité quadruple de celle qu'il a en magasin , fait encore de cette matière une marchandise encombrante, dont le fret est beaucoup trop élevé. » Préoccupée de ses besoins urgents et de la nécessité d'améliorer cette partie importante du service , l'administration de la Guerre , après avoir con- sulté une Commission dans laquelle elle appela quatre membres de l'Acadé- mie, se décida à envoyer en Angleterre un officier supérieur d'artillerie, avec mission de visiter les ateliers de construction des presses, et surtout ceux de pressage des foins, pour y étudier les procédés suivis par nos voisins , qui font depuis si longtemps un usage général de la presse hydraulique pour toutes leurs expéditions. Par suite des rapports qui lui furent adressés, elle ordonna à Liverpool la construction de six presses de la force de 65o ooo ki- logrammes, devant donner, d'une seule pression, des balles de aSo kilo- grammes, ayant sous presse une densité de 5oo kilogrammes au mètre cube. » Chargé par le Ministre delà Guerre d'aller recevoir ces appareils, je m'aperçus, dès les premières épreuves, que, s'ils ne laissaient rien à dési- rer sous le rapport de la puissance et de l'exécution , et satisfaisaient stric- tement aux conditions du marché, le mode d'introduction du foin sous la presse était encore imparfait. EIn effet, cette matière était amenée dans des caisses portées sur des chariots, que l'on faisait avancer sur des rails en fer et dont le fond mobile se trouvait au-dessus du piston. Lorsque l'on mettait la presse en action, ce piston enlevait le fond, et, le rapprochant du som- mier supérieur, comprimait le foin contre ce sommier. La moitié supérieure des côtés de la caisse pouvait s'ouvrir, pour faciliter la ligature de la balle ; mais, malgré cette précaution, le foin, gonflé par la pression, tantôt soule- vait la caisse, tantôt se trouvait tellement serré entre ses côtés, que l'on avait beaucoup de peine à retirer la balle. Des effets analogues se produisent dans les presses employées en Algérie. » Frappé de ces inconvénients et de plusieurs autres qu'offrait l'emploi des caisses, ainsi que de la petite quantité de foin que l'on pouvait y intro- duire à chaque opération et qui me paraissait tout à fait hors de proportion avec la puissance des machines, je me décidai à les supprimer totalement, en ne gardant que le plateau mobile qui formait leur fond. Sur les chariots , dont les brancards en fonte furent convenablement tracés, je fis placer deux # ( 445 ) treuils à déclic au-dessus des essieux. A l'aide de ces treuils, il devient alors facile de placer et de guinder sur les chariots des quantités considérables de foin. A cet effet, l'on découpe dans les meules, avec de larges couteaux faits exprès, des prismes de foin d'une superficie égale à celle du plateau et d'une épaisseur de o™,4o à o™,5o, que l'on pose successivement les uns après les autres sur le chariot. Quand ils sont empilés à une hauteur de i^jSo à i'",6o on passe par-dessus deux cordes que l'on serre avec les treuils, puis on continue le chargement jusqu'à ce qu'il ait atteint une hauteur qui peut aller à plus de 2"^,o. On passe alors deux autres cordes par-dessus, on les serre avec les treuils, on lâche , et on enlève les premières, et le chariot chargé est conduit à la presse. » Cette opération, qui s'exécute aux meules à fourrages, ne retarde en rien le service de la presse et donne déjà au foin un certain degré de com- pression et une densité de 120 à i3o kilogrammes au mètre cube; on peut ainsi former des chargements de 4oo kilogrammes que l'on introduit facile- ment sous la presse et que Ton y comprime d'un seul coup. » Le plateau en bois du chariot et celui que l'on place au-dessus du foin portent des rainures de o™,oi de profondeur et de o'",o35 de largeur, des- tinées à loger les bandelettes qui formeront la ligature de la balle. » Sur le plateau inférieur et sous le plateau supérieur on place , selon l'idée qui en avait été émise à Paris lors de nos premiers essais par M. Pon- celet, dans le sens de la longueur de la balle, trois planchettes de sapin de o™, 12 de largeur sur o^jOao d'épaisseur, destinées à empêcher la ligature de pénétrer dans le foin. Ces préparatifs terminés, on met la presse en action, soit à bras , en la faisant manœuvrer par trois hommes , soit à l'aide d'un mo- teur, ainsi qu'on le fera en Afrique. Quand le foin a été comprimé du tiers ou de la moitié de son volume, on passe les quatre bandelettes de fer feuillard de 3o millimètres de large sur i™'",5 d'épaisseur, coupées d'avance à la lon- gueur convenable , qui est d'environ 1 2™,4o. On continue ensuite à presser jusqu'à ce que la soupape de sûreté commence à laisser échapper l'eau, ce qui correspond ordinairement, avec du foin tendre, au moment où il est réduit à une épaisseur de o™,38 à 0^,40. Dans l'une des épreuves de récep- tion par exemple, la balle , pesant Sgô kilogrammes, et dont la section hori- zontale avait de i™,63 de longueur sur o™,96 de largeur ou i™"'i,565 de sur- face , a été réduite sous presse à la hauteur de o™,38 ou au volume de o'"-*,595, ce qui correspond à une densité moyenne de 665 kilogrammes au mètre cube, supérieure à celles des bois d'aune, de merisier, d'érable, de noyer, . de peuplier, de sapin de France et autres. m ( 446 ) " Quand la pression est terminée, on tend les bandelettes à l'aide de treuils placés sur le devant de la presse et d'une tenaille à anneaux , et l'on a soin d'enfoncer dans les rainures des plateaux de petits coins en bois, qui maintiennent ces bandelettes tendues lorsqu'on lâche la tenaille. A l'aide d'un outil facile à manier, deux hommes percent les bandelettes de deux trous qui correspondent à ceux qui ont déjà été préparés à l'une de ses extrémités, et l'on réunît les deux bouts par de petits boulons à écrous que l'on place rapi- dement. » La ligature étant terminée , on laisse descendre le piston et l'on enlève la balle que l'on ébarbe sur les bords au moyen de grands couteavxx à poignée coudée, pour achever de régulariser sa forme. Elle se gonfle et re- prend une épaisseur de o'",57 à o"',6o environ. La balle dont nous avons donné plus haut le poids et les dimensions est revenue, hors de presse , à une épaisseur moyenne de 0^,572, correspondante à un volume de o'°-'',896, et 3Qgkil par conséquent à une densité de m.c Ur^g ^ 44^ kilogrammes au mètre cube. » Ainsi, d'une seule opération qui a duré en tont i*" i5™, avec des hommes encore peu exercés à ce genre de travail, on a obtenu, dès les premiers es- sais, des balles de 400 kilogrammes au mètre cube hors de presse, tandis que, par les moyens en usage actuellement en Algérie, il faut quatre opéra- tion et 5''48" pour faire des balles de aoo à a4o kilogrammes, auxquelles on ne donne qu'une densité de 4oo à 4^5 kilogrammes, et qu'en service cou- rant on ne fait en i heure ou i*" 1 5", et d'une seule opéi-alion , que des balles de 60 à 65 kilogrammes à la faible densité de 200 à u4o kilogrammes au plus au mètre cube. >' Les résultats fournis par l'emploi des chariots à treuils sont aussi bien supérieurs à ceux que l'on obtient en Angleterre même, dans les ateliers de pressage des foins, où les balles ne pèsent moyennement que 240 à a5o kilo- grammes et ne reçoivent qu'une densité de aaS à aSo kilogrammes au mètre cube. Leur usage va être étendu aux presses de la force de 3ooooo kilo- grammes qui existent en Algérie, et en améliorera beaucoup les produits. » Pour le service d'un atelier de pressage , il faut trois ou quatre hommes au plus à la presse et deux aux meules pour le chargement des chariots , et ceux-ci pourraient servir au moins deux presses. Lopération totale du pressage et de la ligature n'exige que i*" 1 5™, et, avec des ouvriers exercés, elle ne durera sans doute pas plus de i heure. En comptant néanmoins sur i*" 1 5°, on pourra faire dix balles de 4oo kilogrammes, et presser ainsi 4 000 kilogrammes de foin par jour. En payant les journées d'ouvriers à a francs par jour pour doux ifil- •*. ( 447 ) des hommes employés, et à 1*^,50 pour les quatre autres, les frais de main- d'œuvre seraient de 8 francs pour 4 ooo kilogrammes ou de 20 centimes par 1 00 kilogrammes. » La ligature en fer emploie 5'''',35 de bandelettes par balle de 4oo kilo- grammes, ou i'''',3a par 100 kilogrammes de foin. En comptant le fer feuil- lard à 60 francs les 100 kilogrammes, cela correspond à 81 centimes par 100 kilogrammes de foin. Mais cette dépense peut être réduite dans certains cas, parce que les mêmes bandelettes peuvent servir facilement plusieurs fois. » Les presses de la force de 600 à 65o tonnes peuvent être esti- mées à 6000' Les chariots et voies de fer à rails de 5o millimètres sur aS à 2000 Le hangar 2 000 Frais totaux d'établissement 10 000 En comptant l'intérêt de ce capital à 6 pour 100 pour couvrir les frais d'en- tretien et de réparation, et admettant que la presse fonctionne 3oo jours et produise 12000 quintaux métriques, l'intérêt du capital employé serait de 5 centimes par quintal métrique. » L'ensemble des frais de pressage serait donc, pour un atelier d'une seule presse, par 100 kilogrammes: Main-d'œuvre o' 20 Ligature 0,81 Intérêts du capital o,o5 1,06 » Ils seraient évidemment moindres à proportion, et le produit plus consi- dérable, si l'on employait plusieurs presses et un moteur autre que des hommes pour donner la pression, ainsi que cela peut se faire facilement et se fera à Alger et à Bone. " Si maintenant l'on remarque que , pour les transports par mer, la ré- duction du volume à moitié doit conduire, dans le cas actuel , à une réduction presque proportionnelle sur le fret, on voit de suite quels avantages consi- dérables l'emploi de ces moyens puissants de compression peut procurer au Trésor pour le service des approvisionnements de fourrages. J'en donnerai une idée en disant que les besoins présumés de l'année 1846 sont estimés à 140000 quintaux métriques. On paye aujourd'hui, d'Alger à Oran, pour fret le prix exorbitant de loVo par quintal métrique de foin pressé par les pe- tites presses, et 5', 10 par quintal de foin pressé par celles de 3ooooo kilo- ( 448 ) grammes. En admettant que les six presses de 65oooo kilogrammes établies récemment fournissent, dans l'année 1846, seulement 60000 quintaux mé- triques, et quoique la densité des balles qu'elles livreront soit double à peu près et les frais de main-d'œuvre moins considérables qu'avec les autres presses, si nous ne comptons pour le fret que sur une réduction, non de moi- tié, mais de 2 francs par 100 kilogrammes, l'économie obtenue dans une seule année serait de 120000 francs, et couvrirait toutes les dépenses d'ac- quisition de machines, de rails et d'accessoires. » D'une autre part , notre navigation maritime profite aussi beaucoup de la facilité que le pressage des foins donne à l'administration de la Guerre pour utiliser les produits du sol algérien; car, en i845, elle y a trouvé le charge- ment de plus de deux cent quatre-vingts navires sous pavillon national , et il y a lieu de penser qu'en 1846 il y en aura pour plus de quatre cents. » L'avantage que présente le pressage du foin pour les expéditions par mer peut aussi s'étendre à leur transport par les chemins de fer; car, du moment que cette matière cessera d'être encombrante et que , par suite de sa grande densité, elle ne sera plus aussi combustible, rien ne s'opposera à ce que l'agriculture ne profite de ces voies de communication, et, selon les dis- tances et les circonstances locales, elle pourra y trouver des bénéfices nota- bles. En effet , le foin pressé aura une densité supérieure au bois à brûler empilé qui, en essence de chêne, ne pèse que 35o à 3^5 kilogrammes le stère; il sera plus facile à charger, et par conséquent les frais totaux de transport devront être fixés, comme pour les bois, à 16 centimes au plus, et peut-être même à i4 centimes par tonne et par kilomètre, tandis qu'ils s'élèvent aujourd'hui à 25 ou 3o centimes. Or, le foin, qui vaut en Normandie 5o à 60 francs les i 000 kilogrammes, se vend à Paris 1 10 à 1 20 francs. » En comptant donc pour 1 00 kilogrammes le transport sur 1 20 ki- lomètres i^ga Le pressage .' i ,o5 Frais de ti'ansport au chemin de fer et autres 0,60 Droits d'octroi 1,10 Total approximatif des frais pour 100 kilogrammes de foin. . . 3,67 ou 36^,70 pour 1 000 kilogrammes, cela fera revenir cette denrée à 86^,7 ou 96^,70 à Paris, où elle se vend 1 10 à 120 francs. » On voit donc que, dans certains cas, il pourrait y avoir bénéfice à ex- pédier dans cette dernière ville des foins pressés venus d'une assez grande distance. ') A la facilité et à l'économie des transports s'ajoutent d'autres avantages ( 449 ) importants qu'il est utile de signaler. Le foin comprimé ne se charge pas de poussière et conserve sa graine; exposé à la pluie, il ne se mouille qu'à l'ex- térieur, et par conséquent se sèche facilement. La grande densité qu'il ac- quiert le rend moins combustible, et l'on pourrait au moins essayer d'arrêter les progrès d'un incendie dans les magasins aux fourrages, ce que l'on ne songe pas à tenter aujourd'hui. On le coupe facilement avec de grands cou- teaux à main pour le diviser et le donner aux chevaux. De plus , la réduction de sou volume à -i^ de celui qu'il occupe dans les magasins aurait pour con- séquence de faciliter beaucoup la formation des approvisionnements des armées aussi bien que ceux des particuliers, puisqu'il suffirait de 5 à 6 mè- tres cubes de capacité pour contenir la ration d'un cheval pendant une an- née, au lieu de 4o à 5o qu'il faut aujourd'hui. Sous ce dernier rapport, sous celui de la facilité de la distribution aux troupes et surtout pour reconnaître si l'on ne pourrait pas avec avantage presser des foins verts, il serait à désirer que l'administration de la Guerre établît pour des essais suivis un atelier de pressage dans les magasins de la place de Paris. " En résumé, les résultats obtenus par la construction des nouvelles presses à fourrage, outre l'immense économie qu'ils produiront dans les transports et la facilité 'qu'ils donneront pour utiliser les foins indigènes et approvi- sionner notre cavalerie en Afrique, peuvent offrir des avantages notables: à l'intérieur, à l'administration et à l'agriculture; à l'extérieur, à notre naviga- tion maritime. J'espère que ces dernières considérations me serviront d'ex- cuse auprès de l'Académie pour être entré trop longuement peut-être dans les détails de cette communication. » ASTRONOMIE. — Note sur le diamètre apparent et sur la parallaxe du Soleil; par M. BiNET. « [1]. La grandeur du diamètre apparent du Soleil est, à toute époque, eu raison in verse de la distance de l'astre à la Terre : ce diamètre est un maximum quand le Soleil est au périgée de l'orbite, et alors sa valeur an- gulaire a=32' 35",58 ; il devient un minimum lorsque le Soleil est apogée, et sa valeur |3=3i'3i ",02. Pour calculer le diamètre variable c? répondantàune autre position, il faut connaître le rapport de la distance actuelle du Soleil à sa distance moyenne à la Terre qui occupe le foyer F de l'orbite ellip- tique. Ija distance actuelle étant exprimée en fonction de l'anomalie vraie, donne le diamètre apparent au moyen de cette anomalie. L'expression analy- tique conduit à une conséquence qui m'a paru curieuse , par la simplicité C R., 184G, 1" Semestre. (T. XXll, N" H.) "O ( 45o ) du résultat : d'un lieu quelconque du Soleil S tracez le rayon vecteur SF, prolongé au delà du foyer jusqu'au point opposé de l'orbite en S,, en sorte que SFS, soit une corde focale : , 270° + (;; soient M M M M l«c •. 7 ^ ' dans ces positions; leur somm^ ' ^' ' ^" "^"^^^ ^"S"'^"- ^" Soleil M + M, + M, + M3 o% 90°, 180°, ^270°; la table fournit les mouvements horaires i48",77, i43",o6, iAf,o5, i52",84, dont la somme est 59r",72. Aux longitudes '^5°, II 5-, 2o5% 295°, répondent les mouvements horaires i46',63, i43",,5, ^g",-,o, i5a",74, dont la somme est aussi 59i",72 conformément à la proposition Si l'on .'^ pns les mouvements horaires correspondants aux lougldT^T^ti^ f^J ^-W.raisondesdé::^^^:---~^ « .* * ( 45a ) des comètes. La table des mouvements diurnes des comètes en anomalie sa- tisfait à peu près à cette règle. " [4]. Les remarques précédentes sont fondées sur ce que la valeur in- verse du rayon vecteur elliptique est une fonction entière du cosinus de l'anomalie, savoir, I i-J-ecosc r a(i — e=) ' il s'ensuit que, pour l'anomalie v^ = i8o" ± v, on a I I — ecosi' r, ~ a(i — e') * et, par suite,. 1 I' a r r, ail — e') la étant le grand axe, et a(i— e^)le paramètre de l'orbite. Dans la théorie du mouvement elliptique d'une planète autour du Soleil , le carré de sa vi- tesse est donné par l'équation _ 4'f''^ T ('-=> en désignant par T le temps de la révolution sidérale. Lorsque la planète se trouve avoir une anomalie (/, = i' -h 180", on a encore V? = 4ff'a' (^0^ ainsi la somme des carrés de ces vitesses sera mais - H = —, -; la somme précédente est donc une grandeur con- r r, a(i — c'y '^ " stante, et l'on a V2 _!_ V2 — ^^'^' ' + '^' Ainsi, en considérant la planète successivement aux extrémités d'une corde focale passant par le Soleil, la somme des carrés de ses vitesses, dans ces deux positions, est constante, quelle que soit la direction de la corde focale. » Quand l'orbite devient fort excenti'ique, on pourra substituer au temps T de la révolution la valeur donnée par la loi de Kepler, T= : a' : : 6== : a' , et supposer ici que ô et a se rapportent à la Terre , en sorte que Q sera la .4 ( 453 ) durée de Tannée sidérale, et aa le {jiand axe de l'orbite terrestre ; il s'ensuit que — = — - : la formule devient ainsi V2 _|_ v^ = ^"'•"^ ' a I — e- Soit D = rt(i — e) la distance périhélie ; l'expression donne encore Si l'orbite devient parabolique, l'excentricité e est égale à l'unité, et l'on a Q 3 3 en désignant par U la vitesse périhélie. Les deux vitesses V, V, seront égales si la corde focale se confond avec le paramètre; alors on retrouve la valeur connue O'D CHIMIE. —Recherches sur les combinaisons melloniques } par MM. A. Laurent et Ch. GEaHARDT. tf L'étude comparative des métamorphoses qu'éprouvent les substances organiques de la part des agents de la chimie nous a suggéré dernièrement quelques idées nouvelles sur l'équivalent eliimique de ces substances, ainsi que sur certains rapports qui existent entre les équivalents des éléments dont elles se composent. » Nous avons été ainsi conduits à poser en principe que dans une notation régulière et précise, correspondant à 4 volumes de vapeur : » 1°. L'équivalent de toute substance oxygénée donnait un nombre pair pour l'oxygène et ses remplaçants (soufre, sélénium , tellure); » 2°. L'équivalent de toute substance non azotée donnait un nombre divi- sible par 4 j pour la somme de l'hydrogène et de ses remplaçants (corps halo- gènes et métaux); » 3°. L'équivalent de toute substance azotée (phosphorée, arséniée), donnait un nombre également divisible par 4? pour la somme de l'hydrogène et de l'azote , ou de leurs remplaçants; » 4°- L'équivalent de toute substance carbonée renferme toujours un nombre pair d'équivalents de carbone (ou divisible par 4 avec G = 37,5). f t ( 454 ) » Dans une notation qui correspond à 1 volumes, les valeurs précédentes sont à diviseï par a ; à cause de la simplicité des formules, nous donnons la préférence à cette seconde notation. » Dès leur émission, ces propositions se sont trouvées appuyées par la composition de tous les corps bien étudiés; il n'y avait guère qu'un petit nombre de substances mal connues, mal analysées, dont la composition ne s'accordât pas avec ces vues; encore beaucoup de semblables exceptions ont- elles disparu depuis qu'on a repris avec soin les analyses de quelques-unes de ces substances. » Jusqu'à présent nous avons été seuls à soutenir notre opinion : non pas qu'on l'ait combattue avec les armes de l'expérience; nous le disons haute- ment, aucun chimiste n'a encore constaté un seul fait bien avéré qui fût contraire aux propositions précédentes. " Nous venons aujourd'hui en appeler au jugement de l'Académie ; les nouvelles expériences que nous allons lui soumettre lui permettront de dé- cider entre M. Liebig et nous. » La question qui s'agite entre nous se réduit à ceci : ou nos quatre pro- positions ne sont pas vraies, ou les expériences de M. Liebig sur le mellon, le sulfocyanogène et leurs dérivés sont fausses. » Il est à remarquer que les recherches de M. Liebig sur le mellon et le sulfocyanogène forment un des principaux appuis de la théorie des radicaux composés que ce chimiste enseigne à Giessen. L'histoire du mellon est cal- quée sur le célèbre travail de M. Gay-Lussac sur le cyanogène. Gomme ce gaz, le mellon est, suivant M. Liebig, un radical composé de carbone et d'azote; les mellonures correspondent aux cyanures, et l'acide hydro- mellonique à l'acide hydrocyanique. Il en est de même du radical sulfo- cyanogène. n Lors de notre dernière communication, nous n'avions pas encore repris tout le travail de M. Liebig. Nous n'avions modifié qu'une partie de la théo- rie, et l'autorité dont jouit le nom de M. Liebig nous avait paru garantir suffisamment l'exactitude des autres résultats. Aujourd'hui , nous avons le regret d'annoncer à 1 Académie que cette confiance nous a entièrement trompés; ce n'est pas une partie seulement du travail de M. Liebig qui est fausse, mais toute l'histoire du mellon et du sulfocyanogène, toutes leurs transformations, toutes leurs réactions. Bien plus; nous sommes en mesure de prouver que ces prétendus analogues du cyanogène (le mellon et le sulfo- cyanogène) n'existent pas. Ainsi s'écroule la base de ses théories, théories qui ont exercé depuis dix ans la plus fâcheuse influence sur la science, en .,vt ( 455 ) excitant la plupart des chimistes à rechercher des composés imaginaires. Mellon. « Dans la distillation sèche du corps jaune, appelé improprement sulfo- cyanogène , on obtient un résidu jaune-grisâtre qui constitue le mellon, » Le même produit se forme encore par l'action de la chaleur sur le mélam, l'amméline , l'ammélide , la chlorocyanamide et l'acide persulfocyan- hydrique. » Lorsqu'on emploie des corps sulfurés pour préparer le mellon, il est difficile de se le procurer entièrement pur; il n'en est pas de même lorsqu'on le prépare en calcinant la chlorocyanamide et l'ammélide. Nos analyses, faites sur des produits obtenus par ces derniers procédés, nous ont donné exactement la formule CH'Az'. M. Liebig n'admet pas la présence de l'hydrogène dans ce composé , il ne trouve que 8 atomes d'azote au lieu de 9, et, de plus, il suppose que, sous l'influence de la chaleur, le mellon se transforme purement et simplement en 3 volumes de cyanogène et i volume d'azote. C'est encore là une erreur très-grave sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure. » Examinons maintenant si la composition que nous assignons au mellon est d'accord avec celle des corps d'où il résulte, et avec ses transformations. Formation du mellon par la chlorocyanamide. » La chlorocyanamide est un corps que l'on obtient très-facilement pur, en faisant agir l'ammoniaque sur le chlorure solide de cyanogène. M. Lieb'ig lui attribue la formule suivante : C«H»ClAz'». Cette formule n'étant pas d'accord avec les propositions que nous avons énoncées plus haut, nous avons fait une nouvelle analyse de la chlorocya- namide, et nous avons reconnu que M. Liebig avait commis une erreur très- grave. En effet, ce composé renferme 2 atomes de chlore au lieu d'un seul. Sa formule est donc C«H'CPN"'{i). Cette composition démontre en même temps le peu de valeur qu'il faut (i) M. Liebig ne pourra point attribuer cette erreur encore une fois à une faute d'impres- sion , car il se base sur sa formule pour admettre dans la chlorocyanamide un sous-chlorure de cyanogène. De plus , la quantité d'hydrogène qu'il a trouvée correspond à 9 atomes et demi d'hydrogène. ( 456) attribuer aux hypothèses que M. Liebig a déduites de sa formule. En effet, ce chimiste considère la chlorocyanamide comme une combinaison de cya- namide, corps imaginaire, et de sous-chlorure de cyanogène, autre corps imaginaire. Ces hypothèses tombent nécessairement en présence de la com- position que nous venons de donner. » Lorsque l'on chauffe la chlorocyanamide, il se sublime, suivant M. Liebig, une matière blanche qui renferme tout le chlore de la chloro- cyanamide, et il reste du mellon. Si la réaction se passe comme l'indique M. Liebig, la formule que nous attribuons au mellon est évidemment fausse. Nous avons répété cette expérience et nous avons vu, avec surprise, que la chlorocyanamide se transforme, non-seulement en mellon et en sel ammo- niac, mais qu'il se dégage en outre une énorme quantité d'acide hydrochlo- rique, environ i6 pour loo ou i équivalent. >i Si l'on défalque des éléments de la chlorocyanamide les éléments de I équivalent de sel ammoniac et de i équivalent d'acide hydrochlorique , le reste représente exactement la composition que nous avons attribuée au mellon. Les équations suivantes rendent compte de la formation et de la dé- composition de la chlorocyanamide : aC'N^Cl' ■+■ 4H'N =C«H*1N'»CP4-4CH, Cbl. sol. de cyan. Ml 0«H»N'»CP=C«N»ff -+• HCl-t-ClH»N. ^^^ Mellon. Formation du mellon par tammélide.. » Selon M. Liebig, l'ammélide aurait pour formule Cette corhposition n'étant pas d'accord avec nos vues, l'un de nous avait cru , il y a plus de deux ans déjà, devoir la remplacer par celle-ci : C'Hi Les propriétés et la composition de ce nouveau corps nous ont immédia- tement frappés, en ce qu'elles nous semblaient s'appliquer à un corps déjà connu, l'ammélide. Nous avons donc répété les expériences des chimistes allemands, et nous pouvons affirmer que le prétendu nouveau corps de ( 457 ) MM. Wohler et Liebig n'est autre chose que l'ammélide (i); nous l'avons analysée , ainsi que l'ammélidate d'argent , et nos expériences nous ont con- duits à la formule C'H' Nous avons vu qu'en calcinant l'ammélide , il se dégageait de l'acide cya- nurique, de l'acide cyanique, de l'ammoniaque, tandis qu'il restait du mel- lon. Dans toute l'opération il ne s'est dégagé aucune trace d'eau. » Or, si de 6 équivalents d'ammélide on défalque 3 équivalents d'acide cyanurique, 3 équivalents d'acide cyanique, 3 équivalents d'ammoniaque, il reste les éléments de i équivalent de mellon avec la formule que nous lui attribuons : 6 (C'H'Az'O» = 3 (C'Az'H^O' + CÏIAzO + H^Az) -f- C«Az»H>. Formation du mellon par le poliène. » Il résulte des expériences de M. Vœlkel, que le mélam de M. Liebigesl une substance impure (comme l'un de nous l'avait déjà annoncé), et se com- pose d'un mélange de mellon et d'un isomère de la mélamine , le poliène. renfermant C'H''Az*. Le mélam n'a donc pas la composition que lui attribue M. Liebig. » Or, le poliène , soumis à l'action de la chaleur, dégage de l'ammoniaque et laisse du mellon. Cette décomposition confirme donc encore la formule que nous donnons au mellon : aC^H'Az» = CH^Az' -(- 3H^Az. Formation du mellon par l'acide persulfocyanhydriqne. n Suivant M. Liebig, l'acide persulfocyanhydrique, soumis à l'action de la chaleur, se décompose complètement en sulfure de carbone, hydrogène sul- furé , soufre, et en un résidu de mellon dont la potasse extrait à froid de l'acide bydromellonique, tandis qu'à chaud elle donne du mellonate de potassium ou un nouveau sel qui ne renferme pas d'hydrogène. >' Nous sommes complètement en désaccord avec M. Liebig. Par la calci- nation de l'acide persulfocyanhydrique, il se dégage de l'hydrogène sulfuré, (i) A côté de l'annonce de ce nouveau corps, il s'en trouve une autre, dans le même nu- méro, sur un nouvel éther cyanique. Or, la formation , les propriétés et la composition de ce corps prouvent évidemment que ce prétendu nouvel éther n'est que l'uréthane de M. Dumas. Nous nous proposions de publier une Note sur ce sujet lorsque nous avons appris que M. Wurtz venait de reconnaître l'identité de ces deux corps. C. K., 1846, 1" Semestre. (T. \MI, N» 11.) O' ^^>- (458 ) de l'acide suIfocyaiiLydrique, du suif hydrate d'ammoniaque, du soufre, des cristaux jaunes, du sel de Zeize et une énorme quantité d'ammoniaque dont la présence a entièrement échappé à l'attention de M. Liebig. De plus, la matière (|ui se dissout à froid dans la potasse n'est pas de l'acide hydromello- nique, mais un mélange de soufre et d'ammélide. C'est l'apparence gélati- neuse du précipité qui a induit M. Liebig en erreur. » Enfin la potasse bouillante ne convertit pas le résidu en mellonure et en un nouveau sel exempt d hydrogène. Ce nouveau sel est tribasique , il ren- ferme de l'hydrogène , et son acide a exactement la composition que nous avons attribuée à l'acide hydromellonique dans notre dernière communica- tion. C'est lui que l'un de nous avait pris, d'après l'indication de M. Liebig, pour de l'acide hydromellonique. Si nous avons commis une erreur, il faut l'attribuer entièrement aux nombreuses contradictions et aux erreurs qui se trouvent dans le Mémoire de M. Liebig sur ce sujet. " Nous reviendrons sur ces composés dans un autre Mémoii'e. » Enfin, le résidu de la calcination de l'acide persulfocyanhydrique, ou le mellon , ne donne pas une trace d'acide hydromellonique quand on le traite par la potasse. » La préparation du mellon , par la calcination de l'acide persulfocyan- hydrique, se conçoit facilement, car elle est précédée de celle du poliène, et c'est ce dernier qui se convertit, comme nous l'avons vu, en mellon et en ammoniaque. Action de la chaleur sur le mellon. » M. Liebig a dit et répété bien des fois que le mellon se décomposait , par l'action de la chaleur, en 3 volumes de cyanogène et en i volume d'azote. Si le mellon a la composition que nous lui attribuons, une pareille décom- position devient impossible. » Nous avons donc répété les expériences de M. liiebig avec du mellon pur provenant de la chlorocyanamide, et nous avons vu que, outre le cya- nogène et l'azote, qui sont dans des rapports très-variables au commence- ment et à la fin de l'opération, il se dégageait un gaz absorbable par l'acide chlorhydrique, tandis qu'il se sublimait deux matières différentes, l'une rou- geâtre et l'antre jaune. » Nous avons peine à comprendre comment une décomposition aussi compliquée n'a pu offrir, entre les mains de M. Liebig, que 3 volumes de cyanogène et i volume d'azote ; mais sa théorie voulait qu'il en fût ainsi. Action de la potasse sur le mellon, » M. làebig, en examinant l'action de la potasse sur le mellon, a vu i* I ( 459 ) qu'il se formait un nouveau sel auquel il attribue la composition suivante : (C*A7/Ag='0, sel d'argent). » Nos expériences sur ce sujet n'étant pas encore terminées, nous nous bornerons à dire aujourd'hui que la formule de ce sel est entièrement diffé- rente, et qu'il est impossible qu'un tel corps puisse prendre naissance sous l'influence de la potasse, si le mellon a la formule que nous lui attribuons. Nous reviendrons sur ce composé dans un autre Mémoire. Action du potassium sur le mellon. " La théorie de M. Liebig semblait bien solidement appuyée par le fait de la combinaison directe de son mellon avec le potassium métallique; mais cette théorie a empêché M. Liebig de voir juste. Que l'on prenne du mellon bien pur provenant de la calcination de la cblorocyanamide, qu'on le chauffe avec un fragment de potassium taillé avec un canif, de manière à l'avoir bien e.xempt de naphte; la combinaison s'effectuera immédiatement avec déga- gement de lumière, mais il se développera en même temps une abondante quantité d'ammoniaque. >' Ce dégagement d'ammoniaque n'avait pas tout à fait échappé à l'atten- tion de M. Liebig, mais il l'avait attribué, qui le croirait? au naphte adhé- rent au potassium. " Nous reviendrons, dans un autre Mémoire, sur la composition des mel- lon ures. » Voici un autre fait que nous livrons à l'appréciation des chimistes. Lorsqu'on ajoute un acide à un mellonure, il se produit un précipité blanc que M. Liebig a longuement décrit, il y a quelque temps, sous le nom d'a- cide hjdromellonique. L'un de nous, en opérant sur ce produit, s était aperçu qu'il retenait de très-grandes quantités de potasse, et il fit part de ce fait au neveu de M. Liebig, M. Hoffman. Nous ignorons si notre I^ettre a été communiquée à M. Liebig , nous voulons même croire que cette com- munication n'a pas été faite; mais, depuis que nous avons signalé la présence de la potasse dans l'acide hydromellonique , M. Liebig a brusquement changé d'opinion. Le pendant de l'acide hydrocyanique, ou l'acide hydro- mellonique, n'existe plus, d'après lui; le corps qu'il a analysé et décrit sous ce nom n'est plus maintenant qu'un mellonure acide de potassium , laissant , par la calcination, 17 pour 100 de cyanure de ce métal (i). M. Liebig (1) On savait depuis longtemps que le sel neutre de potassium donne un mellonure acide. 61., (,46o ) s'appuie sur ce fait pour nous accuser de mauvaise foi, en prétendant que nous n'avons jamais fait les expériences que nous avons communiquées à l'Académie. Action de l'acide sulfurique sur le mellon. » Nous ne dirons qu'un mot sur ce sujet, en nous réservant d'y revenir plus tard. Suivant M. Liebig, le mellon se dissout dans l'acide sulfurique, et, lorsqu'on verse de l'eau dans la dissolution, le mellon se précipite sans avoir subi d'altération. Nous pouvons affirmer que le corps qui se précipite dans cette circonstance est tout à fait différent du mellon, et que la liqueur renferme du sulfate d'ammoniaque. Préparation du mellon par le sulfocyanogène. » Le mellon peut s'obtenir, d'après M. Liebig, en calcinant le radical des sulfocyanures , c'est-à-dire le sulfocyanogène. » On sait que M. Liebig considère ce dernier comme une simple combi- naison de cyanogène et de soufre; ainsi le veulent ses théories. Mais l'exac- titude des analyses de M. Liebig a déjà été contestée par MM. Parnell et Voelkel qui admettent que le sulfocyanogène renferme, en outre, de l'oxy- gène et plus de i centième d'hydrogène. Les formules proposées par MM. Liebig , Voelkel et Parnell , nous ayant paru inadmissibles , nous avons étudié de nouveau ce sujet. » Après avoir fait passer un courant de chlore dans du sulfocyanure de potassium, nous avons examiné le précipité jaune au microscope. Mais quel n'a pas été notre étonnement en voyant que ce précipité était un mélange de trois matières différentes! et c'est cependant sur un pareil mélange que M. Liebig a échafaudé la théorie des sulfocyanures 1 » Afin de nous procurer du sulfocyanogène pur, nous avons fait passer un courant de chlore dans du sulfocyanure de potassium; nous avons arrêté de temps en temps l'opération, et filtré, puis nous avons examiné successivement tous les précipités au microscope , et nous avons analysé celui qui nous a paru être le plus homogène. » La matière, après avoir été longtemps et fortement desséchée, puis pesée rapidement sans lui donner le temps d'absorber 1 humidité, nous a donné , à l'analyse , des résultats qui se représentent très-bien par la formule M. Gmelin avait signalé la présence d'une petite quantité de potasse dans l'acide hydromello- nique. (46i) suivante : C'N'S'H; on a donc, avec l'acide sulfocyanhydrique et le chlore: 3CNSH 4- Cl' = C'N'S'H -f- 2HCI. Quant à la formation du mellon par la calcination du soi-disant radical des sulfocyanures , elle se conçoit très-facilement. On sait que, dans cette opéra- tion, il se déf[age du soufre et du sulfure de carbone, tandis qu'il reste du mellon. On a donc SC'N'S^H = C'H'N' + SCS» -+- 3S. * Conclusions. >' Pour résumer cette discussion, nous dirons : » 1°. Le mellon n'est pas, comme l'admet M. Liebig, un composé binaire comparable au cyanogène; car, outre le carbone et l'azote qui n'y sont pas dans les rapports indiqués par M. Liebig, il renfei'me un demi pour 100 d'hy- drogène, et se représente par C^H'N'; " 2°. Le mellon ne s'unit pas au potassium purement et simplement , comme l'admet M. Liebig, mais la combinaison a lieu avec dégagement d'am- moniaque, et le produit constitue un sel bibasique G°N'M^, sel qui, en se dissolvant dans l'eau, donne peut-être CN'M^H^O; » 3°. Le mellon , provenant de la calcination de l'acide persulfocyanhy- drique, en se dissolvant dans la potasse, ne donne pas de mellouure, ainsi que M. Liebig l'avait avancé ; mais il se produit un sel tribasique G® HM^ N' O*, renfermant de l'hydrogène et de l'oxygène , en même temps qu'il se développe de l'ammoniaque; » 4°- Le soi-disant sulfocyanogène de M. Ijiebig ne renferme pas seule- ment du soufre, du carbone et de l'azote, mais encore de l'hydrogène: ce n'est donc pas le radical des sulfocyanures; >i 5°. La composition attribuée par M. Liebig au mélam est fausse, ce corps étant un mélange de poliène et de mellon; » 6". La matière qui se dissout à froid , quand on traite par la potasse le mellon provenant de la calcination de l'acide persulfocyanhydrique, n'est pas, comme le dit M. Liebig, de l'acide mellonhydrique , mais de l'am- mélide; » 7". La composition assignée par M. Liebig à la chlorocyanamide est fausse : sa véritable formule est C'H'Cl'N'»; ( 462 ) >' 8°. La chlorocyanamide ue se décompose pas, sous l'influence de la chaleur, en sel ammoniac et en mellon, comme le dit M. Liebig, car il se défrage, en outre, i équivalent d'acide hydrochlorique ; " 9". Le nouveau corps dont M. Liebig a dernièrement annoncé la for- mation par l'urée est un corps déjà connu sous le nom d'ammélide ; » 10°. L'ammélide n'a pas la composition que lui attribue M. Liebig: la formule proposée autrefois par M. Gerhardt est exacte; " II". L'éther cyanique de M. Liebig n'est que de l'uréthane ; » 12°. La théorie de M. Liebig, sur les combinaisons melloniques, est complètement fausse, et nos quatre propositions, énoncées plus haut, son! confirmées par les faits tels que nous les avons rectifiés. >' .1 ajouterai encore un mot pour remercier MM. Pelouze et P. Thenard , qui ont bien voulu mettre leur laboratoire à ma disposition , ainsi que tous les produits qui m'étaient nécessaires pour faire ce travail avec M. Gerhardt. » ÉcOiSOMiE RURALE. — Observations sur la prétendue maladie des pommes de terre , et sur le choix qu'il importe den faire à l'époque de leur prochaine plantation ; par M. Ch. Girou de Buzareingues. M Les pommes de terre ne sont point parvenues, en général, en i845, à leur parfaite maturité; et de là est venue la dégradation des tubercules de cette plante, qui a alarmé certaines parties de l'Europe sur l'avenir d'un aliment très-répandu. ■1 Les derniers mois de juillet et d'août ont été extraordinairement froids. Les fanes des pommes de terre ont été plus ou moins brûlées par des gelées blanches ou par de glaciales rosées; et beaucoup de pommes de terre ont cessé de végéter dans les parties correspondantes aux fanes détruites : la moi- sissure et les champignons qui la signalent ont envahi ces parties. » Cependant les pommes de teri-e dont les feuilles n'ont point été at- teintes avant le parfait développement du tubercule se sont conservées saines jusqu'à ce qu'on les ait arrachées; mais celles qui ont été recueillies trop tôt DU à l'époque ordinaire de leur récolte, n'étant point assez mûres, se sont pourries, quoique saines, lorsqu'on les a entassées; ou, si elles ont été ré- pandues afin d'en empêcher la fermentation, il est à craindre que, faute d'une suffisante maturité , elles ne germent pas. On doit donc , si je ne me trompe, ne semer que celles qu'on a laissé mûrir, ou qui n'ont été arrachées que fort tard. Il en est de même de celles qui sont en partie gâtées : la partie (|ui s'est conservée ne peut se reproduire qu'autant qu'elle a atteint sa par- ( 463 ) faite maturité. Mon opinion, à cet égard, est fondée sur une foule de faits. .Te ne rapporterai que ceux dont j'ai été témoin : » A Buzareingues, domaine formé de collines, on a semé, en i845, des pommes de terre en cinq endroits différents : i" Dans mon jardin, et dans une de ses parties exposées à l'ombre de chênes ou de noyers : presque toutes celles-ci ont eu les fanes brûlées et ont été gâtées; 2" dans des bas- fonds, sur le revers d'une colline , près d'un ruisseau et à l'exposilion du sud : elles ont été en partie brûlées et en partie gâtées; mais il y en a eu peu de gâtées sur les points où elles ont pu mûrir et où les fanes n'étaient que peu endommagées; 3° sur le revers plus élevé d'une autre colline, à l'exposition du nord: peu de fanes ont été brûlées, et peu de pommes de terre ont été gâtées; 4° au bas d'ime colline, à l'exposition du sud-est: quelques fanes brûlées et quelques pommes de terre en partie gâtées; 5" entre deux collines, sur un terrain assez élevé et à l'exposition du cou- chant : point de pommes de terre gâtées ni de fanes brûlées. " C'est antérieurement au mois d'octobre que toutes ces fanes ont été brûlées. IjCS pommes de terre qui ont été totalement brûlées dans les mois de juillet et d'août ont été entièrement gâtées. " Les pommes de terre qui ont été arrachées avant le mois de novembre ne pouvaient être mûres à cause du froid des mois de juillet et d'août, époque ordinaire du grand développement de ce tubercule. Celles qu'on a arrachées plus tard ont-elles bien mûri ? C'est incertain , mais il est d'autant plus vrai- semblable qu'elles étaient mûres à l'époque où on les arrachait, que cette époque a été plus retardée. " [iCS pommes de terre, quoique saines, qui ont été cueillies aux épo- ques ordinaires , c'est-à-dire vers la fin d'octobre , ont fermenté et se sont pourries lorsqu'on les a entassées. » On ne doit pas être surpris qu'un tubercule , que l'on peut considérer comme un rameau d'une plante annuelle et herbacée , car on en voit quelque- fois à l'aisselle des feuilles, ne puisse point se reproduire s'il n'est mûr, puis- que la plupart des graines qui n'ont pas atteint leur parfaite maturité ne peuvent germer. Il se pourrait donc que presque toutes les pommes de terre que l'on sèmera cette année , soit en Angleterre , soit en Irlande , soit dans quelques parties de la France , ne produisissent rien , si l'on n'a la précau- tion de ne semer que celles qui auront pu passer tout l'hiver entassées sans pourrir. « ( 464 ) RAPPORTS. CHIMIE. — Rapport sur un Mémoire ayant pour titre : Recherches chi- miques sur le jaune d'œuf; par M. Gobley, professeur agrégé à l'École de Pharmacie de Paris. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze rapporteur.) « L'auteur du Mémoire dont nous allons rendre compte à l'Académie après avoir fait l'historique des travaux dont le jaune d'œuf a été l'objet, mentionne les expériences qui lui sont propres et les résultats auxquels il a été conduit. » Le jaune d'œuf, débai'rassé du liquide albumineux qui l'enveloppe, perd , en moyenne , les Sa centièmes de son poids d'eau par une dessicca- tion convenablement conduite. Dans cet état, si on le traite par l'alcool bouillant, il laisse un résidu entièrement décoloré qui a beaucoup d'analopie avec l'albumine, mais qui en diffère par sa composition centésimale, et que MM. Dumas et Cahours avaient déjà décrit, il y a quelques années, sous le nom de vitelline. Les nouvelles analyses de cette substance faites par M. Gobley l'ont conduit à des résultats qui s'accordent avec ceux qu'avaient obtenus ces chimistes en opérant sur la vitelline extraite du jaune d'œuf au moyen de l'éther. L'existence du soufre, ainsi que celle du phosphore, de- puis longtemps signalée dans les matières albuminoïdes, et dont les quan- tités réunies s'élèvent à plus de 2 centièmes dans la vitelline, indépendam- ment d'une proportion assez considérable de cendres qu'elle laisse par l'incinération , rendent très - vraisemblable la nature complexe de cette .substance. .. Lorsque le jaune d'œuf a été desséché, soit à la température ordinaire, en l'exposant en couches minces sur des surfaces étendues, soit en le chauf- fant, on en sépare, par une simple pression ou au moyen de l'éther, le quart environ de son poids, d'une matière grasse, liquide, connue sous le nom d'huile d'œuf. » Cette huile, dont la nature chimique était à peu près inconnue, a été examinée avec beaucoup de soin par M. Gobley, et il résulte de ses expé- riences qu'elle est formée de margarine, d'oléine, de cholestérine , et de deux matières colorantes. Elle ne contient pas, d'ailleurs, comme on l'avait cru à tort, la plus faible proportion de soufre ni de phosphore. Cette huile ne diffère des autres corps gras que parce qu'elle contient de la cholestérine. " Traitée par l'alcool bouillant, elle lui cède ses matières colorantes, ( 465 ) un peu d'oléiae, et toute la cholestérine quelle renferme. Cette dernière , cristallisée plusieurs fois dans l'alcool, a donné à l'analyse des nombres qui se confondent, pour ainsi dire, avec ceux que M. Chevreul a indiqués lors de la découverte qu'il fit, en 1816, de cette substance remarquable. Traitée par l'acide nitrique, elle s'est changée en acide cholestérique , comme le fait la matière cristallisée des calculs biliaires; elle est fusible, comme elle, à iS^ degrés, et insaponifiable. » Déjà M. Lecanu avait entrevu la cholestérine dans Tœuf , mais ses ex- périences ne lui avaient pas permis de se prononcer d'une manière défi- nitive sur l'identité complète de cette substance avec la cholestérine propre- ment dite. » La matière grasse extraite du jaune d'œuf par une forte pression, in- dépendamment de la cholestérine, contient, ainsi que nous l'avons déjà dit, des matières colorantes, de la margarine et de l'oléine. En la saponifiant, M. Gobley en a retiré, d'une part, de la glycérine, d'une autre part, de l'acide oléique et de l'acide margarique. Il n'a épargné aucun soin pour ar- river à la véritable composition de l'huile d'œuf, et il nous semble résulter de l'ensemble de ses expériences, que cette huile est, en effet, formée, comme il l'indique, de deux matières colorantes, l'une jaune, l'autre rouge, de cholestérine, de margarine et d'oléine. » La partie la plus intéressante peut-être du jaune d'œuf, celle qui con- tient le phosphore qu'on sait y exister en grande quantité, a été l'objet des recherches persévérantes de M. Gobley, et ces recherches ont été couron- nées d'un succès réel, car il a fait connaître l'état de combinaison jusqu'alors tout à fait ignoré sous lequel le phosphore existe dans l'œuf. » Lorsqu'on traite le jaune d'œuf, préalablement desséché, par de l'alcool bouillant ou par de l'éther, ou en extrait l'huile dont nous venons de parler et une matière molle de nature complexe, que l'auteur désigne sous le nom de matière visqueuse. Par la filtration dans une étuve , elle reste sur le pa- pier que l'huile seule traverse. » C'est dans la matière visqueuse, véritable savon ammoniacal, que se trouve le phosphore. Il y est mêlé aux acides margarique et oléique, à l'état d'acide phosphoglycérique , qu'd est facile d'en séparer par l'eau de chaux ; le filtre retient l'oléate et le margarate de chaux, et laisse passer le phospho- glycérate calcaire, qui jouit de la propriété d'être moins soluble à chaud qu'à froid , et de se séparer ainsi des matières qui pourraient en altérer la pureté. » L'un de nous avait déjà trouvé l'acide phosphoglycérique , dont les pro- C. R., 1846, \*' Semestre. (T. XXII, N* 11.) 6a (466) priétés et la composition sont analogues à celles de l'acide sulfoglycérique ; mais personne n'avait pensé que cet acide, jusque-là produit exclusivement par l'art, pût exister dans la nature, et M. Gobley, qui Ta découvert dans le jaune d'œuf, s'est assuré, par des expériences nombreuses, des analyses exactes, de la parfaite identité de l'acide phosphoglycérique extrait de l'œuf avec celui qu'on obtient directement en unissant la glycérine à l'acide phos- phorique. » Au point de vue physiologique, comme sous le rapport chimique, ce résultat est d'un grand intérêt. » L'un de nous a été plusieurs fois témoin des recherches consciencieuses de M. Gobley sur la préexistence du phosphoglycérate d'ammoniaque dans le jaune d'œuf; il a assisté à ses analyses, il a examiné ses produits, les a comparés à ceux que produit l'acide phosphoglycérique artificiel , et il ne lui reste aucun doute sur leur identité. » Nous ne parlerons point des autres résultats moins importants auxquels M. Gobley a été conduit dans le cours de ses longues recherches sur la com- position chimique du jaune d'œuf. Ce que nous avons dit nous semble suffi- sant pour justifier , auprès de l'Académie, la demande que nous avons l'hon- neur de lui adresser, qu'elle veuille bien ordonner l'impression du Mémoire de M. Gobley dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. GÉODÉSIE. — Bapport sur un nouveau planimètre présenté par M. A. BEirviÈRE, géomètre en chef du cadastre du département des Côtes-du- Nord, (Commissaires, MM. Laugier, Francœur, Morin rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Laugier, Francœur et moi, d'exami- ner un nouveau planimètre proposé par M. A. Beuvière , géomètre en chef du cadastre du département des Gôtes-du-Nord , et spécialement approprié à la mesure des surfaces parcellaires en si grand nombre , dont on est obligé de calculer les superficies, soit pour le cadastre, soit pour les expropriations de terrains auxquelles donnent lieu les travaux publics. » On sait que plusieurs instruments, destinés à des usages analogues, ont déjà été proposés, et l'Académie n'a pas oublié que, sur les conclusions d'une Commission dont feu M. Puissant était le i-apporteur , elle a accordé son approbation à un planimètre qui lui avait été présenté par M. Ernst. Dans cet instrument, dont la disposition première avait été imaginée par ( 467 ) M. Oppikofer, de Berne , une mollette , qui roule sur un cône , indique , par le nombre de ses tours , la surface cherchée. Mais ce cône est exécuté en métal, et le poli de sa surface occasionne des glissements relatifs de la rou- lette , quand on la fait tourner en même temps qu'elle s'éloigne du sommet du cône. De là résulte, pour l'emploi du planimètre de M. Ernst, la néces- sité d'opérer sur des rectangles que l'on substitue avec plus ou moins d'exac- titude et de facilité aux surfaces à contours curvilignes qu'il s'agit de mesu- rer. L'un de vos Commissaires, par la substitution d'un cône en métal recouvert d'une enveloppe en bois, a montré que cet inconvénient pouvait être évité totalement et que l'on pouvait opérer alors directement sur des surfaces à contours curvilignes et obtenir des résultats aussi exacts que ceux que fournissent les méthodes de quadrature en usage. » Enfin l'on sait aussi qu'au lieu d'un cône on peut employer avec avan- tage un plateau circulaire , ainsi que l'a proposé M. Poncelet pour les dyna- momètres à compteur, et nous aurons sans doute bientôt l'occasion de mettre sous les yeux de l'Académie un appareil de ce genre , destiné à totali- ser, pendant des périodes fort longues , les quantités de travail développées par la vapeur dans les cylindres des machines. » L'instrument présenté par M. A. Beuvière est fondé sur des considéra- tions différentes fort simples, faciles à comprendre et à mettre en pratique, et que l'on peut résumer ainsi qu'il suit : » Étant donnée une surface plane , limitée par un contour quelconque , on la suppose partagée en une série de bandes parallèles étroites et de même largeur, qui forment ainsi autant de trapèzes mixtilignes, dont les côtés non parallèles sont des lignes courbes. Puis on conçoit, aux deux extrémités de ces trapèzes , deux perpendiculaires à leurs côtés parallèles , dont chacune laisse à droite et à gauche deux triangles mixtilignes d'égale surface , ce que l'on apprécie facilement à vue avec une exactitude suffisante. Le trapèze mixtiligne est ainsi remplacé par un rectangle, qui a pour base la distance des deux perpendiculaires et pour hauteur la largeur de la bande. Cette opération étant répétée pour tous les trapèzes , la surface totale cherchée est égale à la somme des surfaces des rectangles. Tel est le principe des opéra- tions que M. Beuvière exécute facilement avec son planimètre. » Cet appareil se compose d'une règle en métal , mobile parallèlement à elle-même dans une coulisse, et qui porte une échelle en verre. Sur cette glace est tracée une ligne perpendiculaire à la règle et divisée en parties égales par des lignes équidistantes parallèles à cette règle. On conçoit de suite que, si l'on pose cette glace sur le plan parcellaire dont on veut calculer 62.. ( 468 ) les surfaces, le mouvement de transport de la règle et de la glace effectuera, sans tracé, la division des surfaces en bandes parallèles. » Les faces verticales de la coulisse , que M. Beuvière appelle règle glis- sante, sont parfaitement dressées , et celle qui est du côté opposé à la glace touche à volonté les circonférences de deux mollettes pressées contre elle par des ressorts. Il résulte de ce contact que, quand la règle tangente se meut d'une quantité égale à la base de l'un des rectangles, les mollettes tour- nent , en développant à leur circonférence des arcs précisément égaux à cette base. Mais , comme la hauteur de tous les rectangles est la même, il en ré- sulte que leurs surfaces sont proportionnelles à leurs bases), ou la surface to- tale à la somme des bases. » Pour obtenir cette somme et faire parcourir successivement à la règle tangente toutes les bases des rectangles, sans que les mollettes ne rétrogra- dent à chaque fois d'une quantité égale à celle dont elles venaient de mar- cher, on interrompt le contact des mollettes et de la règle en éloignant celle-ci au moyen d'un coin sur lequel on presse avec le doigt. On ramène ensuite la règle et la glace à l'origine du rectangle qui suit celui dont on vient de mesurer la base , on rétablit le contact des mollettes , on fait glisser la règle d'une quantité égale à la base du nouveau rectangle, et alors la cir- conférence de la mollette développe un nouvel arc de même longueur que cette seconde base et qui s'ajoute au précédent. » La ligne tracée sur la glace , perpendiculairement à la règle , étant ame- née à l'extrémité d'un rectangle, on peut facilement, à vue, faire la compen- sation des triangles raixtilignes qu'on laisse en dedans et en dehors de cette ligne, pour substituer un rectangle au trapèze, et l'opération se fait en peu de temps, avec une exactitude très-grande, ainsi que nous le ferons voir tout à l'heure. >' Pour compléter cette description sans entrer dans plus de détails que ne le comporte l'étendue d'un Rapport, nous nous bornerons à dire que les deux molettes sont de diamètres différents, de sorte que, quand l'une d'elles a fait un tour, l'autre a parcoui'u un trente-deuxième de tour de plus. Cette inégalité permet à l'appareil compteur de totaliser les tours faits par la grande mollette. Celle-ci, par sa division et au moyen d'un vernier, four- nit le moyen de mesurer jusqu'à des centiares , ce qui suffit pour les besoins de la pratique. » En résumé, l'on voit que le procédé adopté par l'auteur consiste à sub- stituer aux rectangles mixtilignes, dans lesquels on a partagé la surface, d'autres rectangles réellement équivalents en surface à ceux-ci, en tenant ( 469 ) compte, à vue, de toutes les irrégularités du contour, ce que l'on ne fait dans aucune des méthodes de quadrature ordinaires. " L'usage de l'instrument proposé est facile à comprendre et à acquérir, et, pour en apprécier la valeur, il ne nous restait qu'à constater le degré d'exactitude auquel il peut conduire. A cet effet, l'on a tracé un cercle de o'",ioo de diamètre, dont on a fait la quadrature dix fois de suite avec l'in- strument. La surface calculée de ce cercle était de 78'''',54. Les valeurs obte- nues avec le planimètre ont été successivement trouvées égales à •^S^iyêZ; 78'^i,52; 78'=i,53; iS^iyiSS; ^S^i.Sg; 78«i,36; 78%52-, 78'^i,285; 78«i,49; 78<^i,56. La valeur moyenne est 78'"',483. La valeur minimum est 78''i,285 et dif- fère de la surface calculée de j^; la valeur maximum est 78*'ï,63 et diffère de la surface calculée de -gj^; enfin la valeur moyenne ne diffère de la vraie valeur que de , ,'3 p. )i On a appliqué à la même quadrature la méthode de Simpson , en pre- nant autant d'ordonnées qu'il y avait de bandes dans l'opération exécutée avec le planimètre , et l'on a trouvé pour résultat 'j8'"^,^6 , ce qui donne une erreur de -~^ de la vraie valeur. » Enfin , en calculant la même surface par la méthode récemment donnée par notre savant confrère M. Poncelet, dans son cours à la Sorbonne, en pre- nant toujours le même nombre d'ordonnées que pour la quadrature au pla- nimètre, on a obtenu la valeur 78'''',4672, exacte à fusô près. » Il résulte de cette comparaison que l'instrument proposé par M. Beu- vière fournit les quadratures des surfaces planes limitées par des contours cur- vilignes avec une exactitude supérieure aux besoins de la pratique et égale à celle des bonnes méthodes de quadrature par calcul. » Au moyen de quelques dispositions accessoires et ingénieuses que nous ne pouvons indiquer dans ce Rapport, cet instrument se prête facilement à toutes les applications que l'on peut avoir à en faire, et il nous paraît rem- plir, d'une manière tout à fait satisfaisante , le but que l'auteur s'est pro- posé. » Nous ferons seulement remarquer que la construction du modèle, qui a été mis à notre disposition, laisse quelque chose à désirer sous le rapport de la légèreté et de la commodité. La règle tangente est trop lourde, et son maniement devient à la longue fatigant; les mollettes devraient être ren- dues très-légères et le poids total de l'appareil diminué de beaucoup. » Ces modifications sont faciles à introduire, en conservant à l'iustrumeut. ( 470 ) le même degré d'exactitude, et nous pensons que le nouveau planiraètre présenté par M. Beuvière est digne de l'approbation que nous proposons à l'Académie de lui accorder. « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède , par la voie du scrutin, à la nomination d'un cor- respondcmt pour la Section de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de M. Lallemand , devenu Académicien titulaire. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 45, M. Sédillot obtient 3i suffrages. M. Serre 8 M. Guyon i M. Lesauvage a M. Ermann i M. Bonnet \ M. Sédillot, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu. AIÉMOIBËS LUS. ASTRONOMIE. — Mémoire sur la sélénologie ; par M. le capitaine Rozet, (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Arago , Élie de Beaumont, Liouville. ) « A l'aide des belles sélénographies de Lohrmann, de Béer et de Màdler, M. E. de Beaumont est déjà parvenu à faire des rapprochements extrême- ment remarquables entre les formes que présentent certaines parties des masses montueuses de la Terre , avec les ouvertures annulaires de la surface de notre satellite. " Pendant l'été de 1 844 » un de mes camarades ayant attiré mon attention sur les formes circulaires de la presque totalité des accidents de la surface lunaire, je me suis livré, depuis cette époque, à l'étude des phénomènes que présentent ces accidents, en m'aidant des belles cartes allemandes et de plusieurs ouvrages déjà publiés sur la matière. » Les contours de tous les grands espaces grisâtres, nommés mers depuis fort longtemps, bien que Ton sache positivement que ce ne peut être des amas d'eau , sont formés par des arcs de cercles qui s'intersectent entre eux. (47' ) he nombre des arcs se réduit quelquefois à deux , rarement à un , mare cri- siuin. Ces contours présentent des escarpements circulaires qui paraissent droits, mais dont la pente de plusieurs est de 45 degrés; la matière qui les compose paraît boursouflée, leur hauteur dépasse souvent 4ooo mètres. Dans l'intérieur des mers on remarque des ouvertures annulaires , des an- neaux parfaits, dont le diamètre atteint lo rayriamètres, et la hauteur du bourrelet terminal 4ooo mètres; plusieurs offrent un pic au milieu, un peu moins élevé que les bords de l'anneau. » Ijcs grandes taches grises couvrent en grande partie les régions sep- tentrionale, orientale et occidentale du disque, et laissent, dans la partie méridionale, un espace brillant couvert d'une infinité d'anneaux de toutes les dimensions; ces anneaux sont simples et isolés, complexes, réuni» deux à deux, trois à trois, etc. Quand ils se touchent, les contours sont toujours déformés : c'est généralement le plus petit qui a échancré le plus grand. Dans l'intérieur des grands anneaux, il en existe presque toujours de plus petits qui échancrent les bords lorsqu'ils viennent à les toucher. Le fond des an- neaux paraît plat : ce fond présente souvent des parties élevées disposées suivant des arcs de cercles parallèles au bourrelet; en sorte que les an- neaux paraissent avoir été formés à la surface d'une masse fluide, sur la- quelle auraient nagé des scories, par une ondulation circulaire dont l'am- plitude serait allée en diminuant. » Le fond des grandes taches, mare serenitatis, etc., offre les mêmes caractères. On y remarque , en outre, de simples taches, des parties n'ayant aucune saillie , dont les formes circulaires sont bien marquées. On ne peut donc pas révoquer en doute qu'une cause générale, produisant de ces formes circulaires, n'ait eu une immense influence dans la formation de la croûte solide de notre satellite. On se rendrait parfaitement compte de tous les faits que nous venons d'énumérer, en supposant une quantité de tourbillons dans la matière fluide, dont l'amplitude aurait diminué avec la fluidité de cette matière. On ne voit rien sur la Lune qui rappelle nos chaînes de mon- tagnes, avec leurs rameaux et contreforts; nos grandes vallées, avec leurs nombreuses ramifications, etc. On y voit plusieurs fentes bien marquées sur le fond de mare vaporum, par exemple, mais ces fentes sont simples; plusieurs divergent d'un centre, Tycho, Copernic, Kepler, etc., et forment des étoilements analogues aux cratères de soulèvement de M. de Buch y mais beaucoup plus considérables: une des fentes de Tycho traverse dia- métralement la Lune. » Une étude suivie sous toutes les inclinaisons du rayon solciire des di- -^. ( 47=^ ) verses parties de la Lune y fait reconnaître deux couches bien distinctes, mais seulement deux couches : le fond des grands espaces grisâtres, qui est aussi celui des anneaux; et une croûte scoriacée élevée au-dessus de ce fond, d'une quantité qui a été mesurée pour un grand nombre de points. Ces mesures m'ont fourni le moyen de calculer l'épaisseur de cette croûte, et j'ai trouvé 642 mètres pour sa valeur moyenne. » De tous les faits exposés dans mon Mémoire , et de toutes les déduc- tions auxquelles ces faits m'ont conduit, j'ai cru pouvoir tirer les conclusions suivantes : » 1°. Le globe lunaire a été primitivement à l'état de fusion et s'est len- tement refroidi. » a". Pendant la formation de la pellicule extérieure scoriacée , il exis- tait, dans la masse, des tourbillons, des mouvements circulaires, qui, reje- tant les scories du centre à la circonférence, formaient les bourrelets annulaires par l'accumulation de ces scories à la limite de l'ondulation. Quand plusieurs tourbillons se trouvaient dans des conditions telles , que la distance des centres, pris deux à deux, était moindre que la somme des rayons, il en résultait un espace fermé, terminé par des arcs de cercles. Quand, pour deux centres, la distance était plus grande que la somme des rayons, il s'est formé deux anneaux complets. » 3°. L'amplitude des tourbillonnements a diminué avec la fluidité de la surface, mais le phénomène s'est continué pendant toute la durée de la consolidation. » 4°- Le mode de formation que nous attribuons aux anneaux lunaires exclut tout à fait l'idée de cratères semblables à ceux de nos volcans. » 5°. La surface de notre satellite s'étant ainsi consolidée, il ne s est ensuite déposé sur elle aucune couche solide ou liquide venant de l'extérieur ; car, autrement , les petits anneaux, les petits accidents de fractures, auraient disparu. La parfaite conservation de tous ces accidents annonce qu'aucun liquide n'a jamais existé en quantité notable, non-seulement à la surface, mais même dans l'atmosphère de la Lune. " 6°. Après l'entière consolidation de l'enveloppe extérieure , la matière restée fluide dans l'intérieur, agissant contre cette enveloppe , l'a brisée, sou- vent suivant de grands étoilements; à cette époque, la croûte solide devait être déjà très-épaisse , puisque les fentes ont de grandes dimensions. » 7°. Puisque aucun liquide, en quantité notable, n'a jamais existé ni sur la Lune , ni dans son atmosphère , il en résulte qu'aucun être organisé sem- blable à ceux de la Terre n'a jamais pu y vivrej et, si cette planète n'a ( 473 ) point d'atmosphère , comme on l'admet assez généralement , il ne peut point y avoir d'êtres dans l'organisation desquels il entrerait des liquides, et Ton ne peut pas concevoir d'êtres organisés sans liquides. » 8°. Enfin, de l'ensemble de notre travail, il résulte un fait important , capital : c'est que la surface de la Lune nous laisse voir tous les accidents de sa consolidation et les traces des bouleversements qu'elle a éprouvés, Sur notre Terre, ces accidents sont presque tous cachés par les dépôts aqueux ; mais plusieurs régions, dans lesquelles les roches de fusion sont à découvert, présentent des formes très-analogues à celle de la Lune. Il est probable que si la surface terrestre était débarrassée des mers et de tous les dépôts de sédiment qui la recouvrent, les formes annulaires y seraient dominantes. Il doit en être de même pour toutes les planètes de notre système; car les tourbillonnements de la matière en fusion me paraissent une consé- quence des mouvements inhérents aux divers corps, qui, en s'agglomérant autour de grands centres d'attraction, ont formé ces planètes. Je dis que les mouvements étaient inhérents aux éléments des masses planétaires, parce que, d'après les principes de l'attraction universelle, tous les corps de l'es- pace doivent tourner les uns autour des autres et sur eux-mêmes ; autrement , ils seraient bientôt confondus en une seule masse. » Ces éléments étaient fluides, puisque toutes les planètes sont termi- nées par des surfaces de niveau. Pendant toute la durée de la chute, sur une planète à l'état de formation, de ses parties intégrantes, pendant tout le temps de l'établissement de la surface de niveau extérieure, il a nécessaire- ment existé des tourbillonnements dans la partie supérieure de la masse, et l'amplitude des tourbillonnements était d'autant plus grande, que les corps tombés étaient plus considérables. Ces tourbillonnements ont dû aller en diminuant d'intensité e*^ d'amplitude, par l'effet du frottement, qui crois- sait rapidement avec le refroidissement de la matière. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMIE COMPARÉE.— Jnatomie des genres Glaucus, Phylliroé et Tergipe, et quelques observations nouvelles sur le Phlébentérisme ; par M. Souleyet. (Commission précédemment nommée.) « J'ai cherché à démontrer, dans un précédent Mémoire, que les Actéons, les Éolides, les Vénilies, etc., ne différaient pas des autres Mollusques par la dégradation de leur organisation, comme on l'avait prétendu, mais offraient C. R., ^^%^l" Semestre. (T. XXII, N» 11.) 63 ^ (474) tous les caractères anatomiques des animaux de ce type. Les nouvelles ob- servations que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie ont pour but de com- pléter les détails que j'ai déjà donnés, dans ce travail , sur les Glaucus et les Tergipes , et de faire connaître plus complètement aussi un autre Mollusque, le Phylliroé, qui nie paraît offrir, avec les genres dont je viens de parler, une très-grande analogie. " Quoiqu'un grand nombre de naturalistes aient décrit et figuré le Glau- cus, on n'avait que peu de renseignements encore sur l'organisation intérieure de ce Mollusque. L'anatomie détaillée que des circonstances favorables m'ont permis d'en faire démontrera, j'espère, que la plupart des zoologistes l'avaient cependent classé d'une manière très-convenable en le plaçant à côté. des Éolides, et que c'est même avec peine, tant l'analogie est grande, qu'on pourra le séparer des espèces de ce dernier genre. >i Le Phylliroé a offert des difficultés plus grandes aux zoologistes classi- ficateurs. Depuis Pérou, qui l'a fait connaître, on l'a rapporté successivement à des groupes très-différents, et l'incertitude la plus grande règne encore aujourd'hui sur les véritables affinités de ce Mollusque. Cette incertitude s'explique assez facilement par l'absence, chez le Phylliroé, des caractères qui ont servi de base à la plupart des systèmes de classification proposés pour l'embranchement des Malacozoaires: ainsi le Phylliroé n'a ni le pied des gas- téropodes, ni les expansions natatoires des ptéropodes, ni les longs bras tentaculaires qui couronnent la tête des céphalopodes; et, quoique quelques malacologistes aient été jusqu'à le pla:;er à côté des Biphores, parmi les acé- phales, il n'a évidemment encore aucun des caractères propres aux animaux de cette classe. Les organes de la respiration, qui ont été également em- ployés par la plupart des auteurs pour la distinction des ordres ou groupes secondaires dans cette division du règne animal , ont aussi une forme peu apparente dans ce singulier Mollusque. Mais, en examinant l'organisation intérieure du Phylliroé, on découvre de grands rapports avec celle des gas- téropodes nudibranches. Le système nerveux offre, surtout dans les parties centrales qui constituent l'anneau oesophagien , cette disposition qui est parti- culière aux Doris, aux Tritonies, aux Éolides, etc. L'appareil générateur, si important pour les affinités de ces animaux, présente cette forme de l'her- maphrodisme qu'on ne rencontre que dans les Mollusques de cette famille. Les mêmes analogies se retrouvent dans l'appareil circulatoire et dans les or- ganes digestifs; en effet, outre les détails de la bouche qui rappellent entiè- rement ceux des Éolides, le tube intestinal donne naissance, comme chez celles-ci, à de longs cœcums dont les parois sont recouvertes de granulations ( 475 ) très-fines et qui ont été considérés, depuis fort longtemps, comme les lobes dufoiepavM. de Blainville (i). D'après tous les traits de ressemblance que je viens de signaler, on n'hésiterait certainement pas à rapprocher le Phylli- roé des Éolidiens, si les cœcums de l'intestin dont je viens de parler, au lieu de rester dans la cavité viscérale , se prolongeaient dans des appendices extérieurs, comme dans les animaux de cette famille ; mais cette différence n'est pas même constante, car on sait, par les observations de MM. Van Beneden et Nordmann sur le développement des Éolides et des Tergipes , que ces appendices extérieurs n'apparaissent qu'assez tard dans ces Mollus- ques qui ressemblent entièrement ainsi aux l'hylliroés, dans les premieis temps de leur vie. Enfin , l'absence du pied ne me semble également pas une raison suffisante pour exclure le Phylliroé du voisinage des Éolidiens dans uu système naturel, c'est-à-dire basé sur l'ensemble de l'organisation et non sur un seul caractère. Le pied subit , en effet, des modifications très-diverses dans les gastéropodes, d'après les mœurs et les habitudes de ces animaux, et chez quelques-uns, le Glaucus par exemple, la dégradation de cet organe de la locomotion est portée si loin, que son existence a été , pendant longtemps, méconnue par les zoologistes. On conçoit, dès lors , que le pied puisse dispa- raître entièrement dans d'autres Mollusques ayant des mœurs analogues , comme le Phylliroé, qui n'habite que les hautes mers, et chez lequel cette partie ne serait plus, par conséquent, d'aucun usage. » Quant aux Tergipes, il résulte de l'étude complète que j'ai pu faire de ces Mollusques, que la grande analogie qui les rapproche encore des Eolides extérieurement se retrouve aussi dans les différentes parties de leur organi- sation intérieure. Les organes de la circulation et de la respiration , ceux de la digestion et de la génération, m'ont présenté, en effet, une disposition presque identique. » Ces résultats me semblent concorder, sur plusieurs points importants , avec ceux que M. Nordmann vient de faire connaître dans sa monographie des Tergipes. M. Nordmann a vu , comme moi , un cœur conformé comme chez les Éolides, des artères, des veines, c'est-à-dire un appareil circulatoire; les figures qu'il a données de l'appareil digestif ressemblent entièrement à celles que je mets sous les yeux de l'Académie. Sur d'autres points encore relatifs aux organes de la génération , mes observations s'accordent avec celles de ce naturaliste ; or, si l'on veut bien se rappeler que les Tergipes avaient été décrits comme des Mollusques chez lesquels on ne trouvait plus la moindre (i) Dictionnaire des Sciences naturelles, Ail. Phylliroé. 63.. ^ ( 476 ) trace cf organes circulatoires, dont le tube digestif, sans ouvei'ture posté- rieure ou anale, se trouvait réduit à une simple poche buccale rappelant exactement ce qui se voit chez la plupart des Médusaires (i), etc.; en un mot, comme des Mollusques parvenus à cet état de dégradation ou de sim- plification extrême qui constituait le pJdébentérisme , on aura peut-être quel- que peine à expliquer comment les observations de M. Nordmann ont pu être considérées comme une confirmation de cette théorie. » M. Nordmann dit , à la vérité , en parlant du système vasculaire des Tergipes, que les veines principales et les artères qui partent du cœur sont les seuls vaisseaux sanguins qui lui aient paru avoir des parois propres; mais, outre que ces résultats s'éloignent déjà beaucoup, même en n'envisageant que l'appareil circulatoire, de ceux qui avaient été an- noncés par les partisans du phlébentérisme, je crois que l'on peut encore , par les raisons suivantes, en contester l'exactitude. Comme je l'ai dit précé- demment, l'organisation des Tergipes offre les plus grands rapports avec celle des Eolides : le cœur , les troncs artériels qui en partent , et les principales veines qui y aboutissent, m'ont présenté une disposition identique. Or, dans lesÉolides, on peut s'assurer directement, par des injections, que le sys- tème artériel est aussi complet que dans les autres gastéropodes, et des doutes n'ont pas même été émis à ce sujet. On peut s'assurer également ainsi de l'existence d'un système veineux général et d'un système veineux bran- chial dans ces Mollusques ; mais ce moyen de démonstration ne peut plus être employé chez les Tergipes qui ont à peine une ou deux lignes de lon- gueur, et l'on conçoit sans peine que le système vasculaire, déjà peu appa- rent et difficile à reconnaître dans les troncs principaux , devienne moins apparent encore dans ses ramifications, puisse même échapper complète- ment, dans l'épaisseur des organes, à l'observation microscopique. Doit-on pour cela nier l'existence de cette partie de l'appareil vasculaire? Je persiste à croire que des animaux qui diffèrent à peine génériquement , et qui pré- sentent une analogie presque complète dans tous les détails de leur organi- sation et même dans la disposition du coeur et des gros vaisseaux , ne sau- raient offrir dans les autres parties du système vasculaire des dissemblances aussi grandes. » On a encore invoqué à l'appui du phlébentérisme les communications (i) Mémoire sur les Gastéropodes plilébentérés [Annales des Sciences naturelles, 3" série, tomel, pages i45 et suivantes). Dans ce Mémoire, le genre Tergipe est décrit sous le nom ^''Amphorine. ( 477 ) faites à l'Acadéraie par MM. Pouchet, Van Beneden, Richard Owen; mais _ % les faits énoncés dans ces communications ne me semblent infirmer ni di- rectement ni indirectement les propositions suivantes que j'ai soutenues : « 1°. Que lesActéons, les Vénilies, lesGaliiopées, les Tergipes, etc., etc., avaient uu cœur, des artères, des veines, en un mot, un appareil circu- latoire et une circulation complète, contrairement à ce qu'on avait avancé, que ces Mollusques noffraient plus aucune trace de cet appareil et étaient des animaux à CIRCULATION NULLE ; » 2". Que les Éolides avaient un système veineux {général , un système veineux branchial et une circulation complète, contrairement à ce qu'on avait avancé, que le sang, chez ces animaux, passait du système artériel dans la cavité abdominale et de là dans le ventricule du cœur, et que c'é- taient par conséquent dos Mollusques à circulation très-imparfaite ,• » 3". Que tous les Mollusques dits phlébentérés avaient un appareil res- piratoire analogue à celui des autres Mollusques, contrairement à cotte antre assertion, que les phlébentérés étaient privés d'organes respiratoires proprement dits ; » 4°- Q"6, dans ces Mollusques, le tube intestinal n'était chargé que des fonctions digestives, contrairement à ce que l'on avait supposé , que les fonctions de la circulation et de la respiration lui étaient également dé- volues; » 5". Enfin , les observations de MM. Pouchet , Richard Owen , etc. , relatives à des animaux différents , ne sauraient infirmer en aucune manière les détails que j'ai donnés sur plusieurs autres points de l'organisation des phlébentérés, contrairement aux descriptions anatomiques qui avaient été données de ces Mollusques. Je pourrais même citer ici , à ce sujet , les ob- servations de plusieurs naturalistes qui s'accordent entièrement avec les miennes. » PHYSIQUE. — Mémoire sur la polarisation métallique; par M. J. Jamin. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée, à laquelle est adjoint M. Cauchy.) « Les expériences que j'ai déjà eu l'honneur de soumettre à l'Académie montrent que si deux rayons de même phase, polarisés dans les azimuts o et go degrés, se réfléchissent sur un métal, ils ont, après la réflexion, une différence de phase qui est nulle sous l'incidence normale, augmente en même temps que l'angle d'incidence, et devient égale à une demi-ondulation sous l'incidence de 90 degrés. En partant de cette loi très-générale, il est fa- ( 478 ) if cile de trouver les valeurs de la différence de phase pour un grand nombre d'incidences. " Si nous dirigeons sur un miroir métallique un faisceau polarisé dans un plan quelconque, il pourra toujours être considéré comme se décompo- sant en deux rayons polarisés dans les azimuts o et 90 degrés ; et , si on les fait réfléchir de nouveau sur des miroirs de la même substance , parallèles au premier, ils subiront à chaque fois la même action de la part du métal, et, après 2 , 3 , l^,. . .,m réflexions , ils auront des différences de phase égales à2,3,4,.-.>'^ fois celles qu'une seule réflexion leur avait données. Si donc nous pouvons déterminer les premières, il suffira de les diviser par le nom- bre de réflexions pour avoir les secondes ; cette détermination sera très-facile dans certains cas particuliers. " Nous savons, par les expériences du docteur Brewster, qu'après avoir été réfléchi plusieurs fois sur un métal , un rayon de lumière a acquis une polarisation généralement elliptique, mais qui devient rectiligne pour cer- taines valeurs particulières de l'angle d'incidence , dont le nombre est égal à celui des réflexions diminué d'une unité; or, pour que deux rayons polarisés à angles droits , dont les phases diffèrent , puissent , en se réunissant , consti- tuer un faisceau polarisé rectihgnement, il faut que les différences entre leurs phases soient égales à > 7.x 3X , \X - ou — ou — •>••••, (/n — I) — 2 2 2 ' 1 Si donc la polarisation est redevenue plane après m réflexions effectuées sur un même métal, c'est que la différence de phase des rayons rectangulaires est devenue égale à un multiple de demi-ondulation. Voici comment on peut déterminer ce multiple : nous savons qu'après une seule réflexion la diffé- rence de phase va en augmentant depuis l'incidence o degré, où elle est nulle, jusqu'à 90 degrés où elle devient — Donc, pour l'angle le plus voi- sin de o qui rétablira la polarisation plane après m réflexions, la différence de phase sera -; pour celui qui vient après, — , et ainsi de suite jusqu'au plus rapproché de l'incidence 90 degrés, où elle sera [m — i) — " Alors on aura , pour une seule réflexion sous les mêmes angles, les va- leurs suivantes de la différence de phase : i>2>.3X m — iX , , — )••■) ■ m "i, m 1 m 1 m 2 ( 479 ) On voit qu'il suffit de mesurer les angles de polarisation rétablie , de compter le nombre des réflexions, et l'on en déduit les différences de phases en fonc- tion de - qui correspondent à chacune de ces incidences. » J'indique dans mon Mémoire les procédés d'expérience employés pour réaliser ces déterminations , et me contente ici de faire connaître les résul- tats auxquels je suis parvenu en employant des miroirs d'argent. On trou- vera à côté des résultats de l'expérience, des nombres calculés par une for- mule empirique établie de la manière suivante. >' J'ai cherché l'angle de la polarisation maxima , qui , pour des miroirs d'argent, a été trouvé égal à 72 degrés. J'ai admis que l'indice de réfraction pouvait être représenté par la tangente de cet angle, et posé la formule tang 72° = n. L'angle de réfraction est donné par la formule ordinaire sin i = n sin 1: Enfin, i'ai calculé la relation tanc A'= — -. — ^> et c'est l'expression qui •' " cos(i — r) ï^ 90 3 ^ a fourni les résultats calculés du tableau. >' J'ai obtenu des résultats très-concordants avec cette formule, en em- ployant des lames de cuivre , de zinc et de métal des miroirs ; l'acier a fourni des nombres qui s'écartent sensiblement de la formule que je propose d a- dopter, sans que les différences entre le calcul et l'observation soient cepen- dant très-étendues. » Avant mes expériences, et par un procédé très-différent, M. de Sénar- mont a déterminé, sous diverses incidences, les différences de phases présen- tées par l'acier; les résultats que j'obtiens sont parfaitement d'accord avec ceux qu'il a publiés lui-même. » Je joins enfin à cet extrait des nombres déduits de quelques expériences faites par M. Brewster, en employant l'acier; ces nombres s'accordent assez exactement avec la formule calculée. ( 48o ) Tableau des différence.': de phasis sur l'argent. IXCIDENCES. OBSERVÉ. CALCCU. INCIDENCES. OBSERVE. CALCDLÉ. 84°. 3o' o,833 0,825 55°. 26 o,25o 0,244 83. 5o 0,800 o,8o4 53. 3o 0,222 0,223 81.20 0,750 0,732 50.37 0,200 0,195 81.20 0,714 0,732 48. 0 0,181 0,172 80.20 0,700 0,702 46.35 o,i8o 0, i6o 79- 2 0,666 0,673 43.50 0,43 0,139 77-38 0,626 o,63o 41. i5 0, 125 0,121 76.42 0,600 0,606 39.10 0,111 0, 108 75.57 0,572 0,590 37 . 10 0,100 0,096 74.45 0,575 o,56o 35.40 0,091 0,087 74. 5 0,545 0,554 34.15 0,080 0,080 72. 0 70.30 o,5oo 0,454 o,5oo 0,469 ACIER. — D'après M. Brewste». 69.15 69. 0 0,444 0,429 0,444 0,440 67.25 o,4i6 o,4ii 86°. 0 o,833 0,843 66.29 o,4oo 0,396 84. 0 0,800 0,769 64.40 0,375 0,366 82.20 0,750 0,707 64. 0 0,363 o,356 79- 0 0,666 0,606 62.31 0,333 0,334 75. 0 o,5oo o,5oo 60.10 o,3oo o,3oo 60.20 o,25o 0,248 59 35 0,286 0,293 56.25 0,200 0,211 57.40 0,272 0,268 52.20 0,166 0,174 CHIMIE. — Sur de nouvelles combinaisons de plomb ; par M. Calvert. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) « J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, il y a plus de deux ans, le résultat de mes premières recherches sur le plomb; l'accueil indulgent qu'elle ( 48i ) fit à ces premiers résultats m'engage à lui soumettre ceux que j'ai obtenus depuis. " On se le rappellera, par l'action des alcalis fixes sur l'hydrate de prot- oxyde de plomb, j'avais obtenu trois isomères de cet oxyde, dont deux cris- tallisés, l'un rouge et l'autre rose ; le troisième, qui était rouge et amorphe, avait la plus grande analogie avec le minium. » Je développe, dans le Mémoire que je soumets au jugement de l'Aca- démie, les considérations qui me font penser que l'on doit regarder la cou- leur du minium comme étant due à un changement moléculaire qui s'opére- rait sous l'influence du calorique, et non à la présence de la faible proportion du peroxyde de plomb libre, ou combiné, que ce produit renferme. " En examinant l'action de l'ammoniaque sur l'hydrate de protoxyde de plomb dans des circonstances à peu près analogues où j'avais étudié celle des alcalis fixes, j'ai obtenu des produits jaunes-verdâtres cristallisés qui sont des combinaisons d'oxyde de plomb, d'ammoniaque et d'eau en deux proportions différentes. » Ces nouvelles combinaisons sont : 3 Po, Az H*0, 8PbO, AzH'O. " On peut considérer ces composés salins comme des plombâtes d'oxyde d'ammonium, ou des plombâtes d'ammoniaque à i équivalent d'eau. Je crois que c'est le premier exemple où l'on soit arrivé à combiner l'ammoniaque avec un oxyde métallique et, de plus, à faire jouer à ces derniers le rôle d'oxacides. Effectivement, ces combinaisons ammoniacales renferment l'é- quivalent d'eau que l'on rencontre dans les oxasels ammoniacaux. Ces nou- velles combinaisons permettent d'espérer que l'on parviendra à combiner l'ammoniaque avec tous les métaux, et à obtenir avec eux des combinaisons semblables aux plombâtes. " En faisant réagir l'ammoniaque sur des dissolutions plus ou moins con- centrées de nitrate de plomb , j'ai découvert une série de sels qui acquiert de l'intérêt par le rôle qu'y joue l'ammoniaque qui se trouve sous un état tout particulier. Si l'on chauffe légèrement ces sels, qui sont pour la plupart cris- tallisés , ils deviennent jaunes, et laissent dégager de l'eau et de l'ammo- niaque. Si à cette époque on laisse refroidir, ils redeviennent blancs ; mais vient-on à les chauffer davantage, ils donnent des vapeurs rutilantes, et fournissent, pour dernier produit, des massicots peu fusibles et d'un très- beau jaune. C.R., 1846, i" Semestre. ÇC. XXII, N» H.) 64 ^ ( 482 ) » Je discute, dans mon Mémoire , les formules que j'assigne à ces sels, et je fais voir que Ton ne peut les considérer comme des nitrates doubles de plomb et d'ammoniaque , pas plus que comme des nitrates de plomb à cinq éléments d'hydratation ou de cristallisation dont deux seraient de l'am- moniaque, car alors ils feraient exception. >' Voici, je pense, les formules qu'on doit leur donner, en prenant pour point de départie nitrate de plomb sébasique hydraté : 2(AzOS6PbO)+3HO, 2 (Az 0% SPbOAzH') 3H0, 2(AzOS4PbOAzff)3HO, 2(AzOS3PbAzff)3HO. » Ces sels, que je nomme nitrates de plomb ammoniacal hydraté, sont donc des nitrates où i équivalent d'ammoniaque se substitue graduelle- ment à I équivalent d'oxyde de plomb , comme en chimie organique le chlore remplace l'hydrogène dans quelques substances; ou, en d'autres termes, l'ammoniaque remplace l'oxyde de plomb, sans que rien soit changé à l'har- monie qui préside au groupement des autres éléments du sel pris pour type. » Je suis ' également parvenu à obtenir deux sels où ce n'est plus sur l'oxyde de plomb, renfermé dans le nitrate, que l'ammoniaque a agi, mais sur l'eau de cristallisation de ces sels. Ainsi j'ai remplacé, dans les nitrates sébasiques et tribasiques de plomb , i ou 2 équivalents d'eau par i ou 1 équi- valents d'ammoniaque. >' En effet : Nitrate tribasique de plomb hydraté 2(AzO', 3PbO) 3 HO, Nitrate tnbasique de plomb hydroammoniacal . . . 2(AzO', 3PbO) aHOAzHO, Nitrate sébasique de plomb hydraté 2(AzO% 6PbO) 3H0, Nitrate sébasique de plomb hydroammoniacal .. . . 2(AzO', 6PbO) HO, 2 A2HO. » Ces sels , qui ont tous les caractères des précédents , ont été également produits dans des circonstances à peu près pareilles. Aussi la préparation de ces sels est un exemple remarquable de l'influence que peuvent exercer les composés l'un sur l'autre , suivant le mode d'agir et l'état plus ou moins dilué de leur dissolution. >) Enfin, en faisant bouillir les sels précédents avec de l'ammoniaque li- quide souvent renouvelé, j'ai obtenu des poudres cristallines jaunes-verdâ- tres, que je nomme plombâtes d'oxjde d'ammonium nitré,ei qui me ^«1- raissent devoir être représentées de la manière suivante : (483) 8PbO, AzH'O, Premier composé | .pbO, AzO^; _, ., , 8PbO, AzH*0, Deuxième compose < , . ' (4PbO, AzOn T ..- i 8PbO, AzH*0, Troisième compose / ^ ' ' ^ \ 6PbO, AzO'; ^ . ., , jSPbO, AzH<0, Quatrième compose \ q u » L'action de la potasse sur les nitrates de plomb n'est pas sans intérêt, car il est impossible d'enlever l'acide nitrique au plomb ; il se forme toujours des sous-nitrates de plomb, et non pas de l'oxyde pur, comme on le croit. Pour parvenir à avoir de l'oxyde pur, il faut verser la dissolution de nitrate dans de la potasse concentrée, avec les précautions indiquées dans mon Mémoire. » lia formule de cet hydrate étant contestée, je l'ai examiné. L'oxyde doit se représenter par aPbO + HO. « Je viens de dire qu'en versant de la potasse dans une dissolution de nitrate de plomb, il se produisait des sous-nitrates. Voici ceux que j'ai ob- tenus : Nitrate tribasique de plomb hydraté 2{AzO', 3PbO) 3H0, Nitrate quadribasique de plomb anhydre. . . . AzO', 4PbO, Nitrate quintibasique de plomb anhydre. . . . AzO%5PbO, Nitrate sébasique de plomb hydraté 2(AzO%6PbO)3HO, Nitrate octobasique de plomb hydraté AzO', 8PbO+ 2HO. » CHIMIE. — Recherches sur la chaleur dégagée pendant les combinaisons chimiques; /jarMM. P.-A. Favrec^ J.-T. Silbermann. Cinquième partie. (Extrait par les auteurs.) (Commission précédemment nommée.) « Ce premier Mémoire traite de la combustion des corps appartenant à la série (C*H'') n et ses dérivés, et de la combustion de quelques corps ap- partenant à la formule (C^°H^«). " Après avoir cherché à établir le chiffre de l'hydrogène et du charbon avec toute l'exactitude à laquelle il nous a été possible d'atteindre, nous avons cru pouvoir aborder l'étude des corps constitués par ces éléments, en com- mençant par ceux dont M. Dumas a établi d'une manière si nette les analo- gies, et avec lesquels il a construit des séries que M. Gerhardt a heureuse- ment baptisées du nom de séries homologues. 64.. ( 484 ) " Pour brûler les corps, nous avons employé le même appareil , la même méthode pour peser leur quantité brûlée. Outre l'avantage de donner une pesée exacte, la pesée de l'acide carbonique, en augmentant le poids de la matière qui peut jusqu'à être triplé, divise les erreurs inséparables de toute pesée. » Quand la matière est pure, la dessiccation complète n'est pas même nécessaire, l'eau n'intervenant pas comme corps combustible, et le poids de la matière étant calculé uniquement avec l'acide carbonique que produit la combustion. I^es mêmes corps ont été brûlés plusieurs fois; les concordances ne se sont jamais écartées de la moyenne de plus d'une trentaine de calories, et dans les cas les moins fréquents. Chiffre des combustions. Calories Carf)ure parainilène "49i Carbure arailène ii3o3 Carbure bouillant à 1 80 degrés. ..11 262 Carbure cétène 11117 Carbure métamilène 10928 Alcool de bois 53o4 Alcool de vin 'jiSS Alcool amilique SgSg Alcool éthalique 10600 Éther sulfurique 9027 Éther amilique 10188 Acide formique 1712 Acide acétique 34o5 Acide butyrique 5623 Acide valérique '. . . 6489 Acide éthalique 93i6 Acide stéarique 9716 Acétone 7820 Aldéhyde éthalique io342 Aldéhyde stéarique i o5oo Ethers composés. (Il est important qu'ils soient parfaitement privés de tout excès d'acide et d'alcool.) Calories . Forraiate de méthylène 4i97 Formiate d'alcool 5187 Acétate de méthylène. 5342 Acétate d'alcool 63oo Butyrate de méthylène 6776 Butyrate d'alcool 7096 Valérate de méthylène 7^76 Valérate d'alcool 7835 Acétate d'alcool amylique 797 1 Éther valéramylique 8544 Corps appartenant à la formule C'°H". Essence de térébenthine 10874 Essence de citron i ogSg Térébène io663 >' FjCs chiffres qui précèdent nous permettent de tirer les conclusions sui- vantes : » Il y avait erreur à dire que, soustrayant l'oxygène à l'état d'eau, les éléments restants donnaient en calories ce qu'ils auraient donné à l'état de liberté. X Les éthers simples ne sont pas des hydrates de l'hydrogène carboné correspondant. ( 48j ) » L'alcool amyliqueestle seul qui ne combattrait pas la manière de voir, que les alcools sont des bihydrates de l'hydrogène carboné correspondant. » Le chiffre des alcools n'infirme pas la manière de voir, que ce sont des hydrates d'éther. » L'examen des deux éthers que nous. avons brûlés, donne un chiffre supérieur à l'alcool isomère correspondant : première preuve que l'iso- mérie la plus complète n'entraîne pas l'isothermie. » Les nombreux éthers composés qui présentent une isomérie si complète avec les acides de la série que nous avons étudiée et entre eux ne sont point isothermes. Le seul cas d'isothermie que, durant tout ce travail, nous ayons trouvé, a lieu entre l'acétone et le valérate de méthylène, tous deux iso- mères, mais le premier ayant une densité moitié moindre. » D'autre part, ces éthers sont-ils des composés binaires? Hormis un seul cas, le formiate d'alcool, tous présentent un chiffre plus élevé que celui que donneraient leurs éléments en liberté. >• Si l'on considère les aldéhydes vis-à-vis de leurs carbures correspon- dants, soustraction faite des deux équivalents d'oxygène, le carbure restant donnera plus de calories que s'il était libre de toute combinaison. Il n'y a donc pas là combinaison binaire; cependant il est une remarque à faire: l'oxygène qui se trouve réuni au carbure ne peut être considéré comme l'oxygène qui fait brûler les corps quand il est libre ; il occupe un volume double. Quelle est la chaleur absorbée durant cette bisection? C'est là une question importante à éclairer, car cet oxygène brûle l'hydrogène du corps, ainsi que son charbon, avec une production de chaleur plus forte. Même chose arrive pour le gaz protoxyde d'azote : la combustion du charbon avec un chiffre plus élevé, lorsque l'on emploie ce gaz, provient évidemment de ce que l'oxygène, en prenant un volume double, s'est plus chargé de cha- leur qu il n'en a perdu en se réunissant à l'azote. Nous appliquerons le même raisonnement au charbon du gaz méthylène, du cyanogène, etc., par rap- port au charbon que nous avons déjà étudié; aussi manquons-nous d'un élé- ment essentiel pour rechercher la loi des pertes de calories dans les divers groupements moléculaires. Des recherches que nous faisons pour atteindre le chiffre réel du charbon prouvent nécessairement notre croyance à des grou- pements moléculaires entre molécules de même espèce , et en dehors d'un phénomène de simple cohésion. )> La molécule d'un corps simple présente-t-elle toujours le même poids? Des faits nombreux, et qui n'ont pas échappé à M. Dumas, portent à admettre le contraire. L'hydrogène n'est-il pas, en prenant son équivalent = i , OjS ( 486 ) dans un volume de vapeur d'eau; o,a5 dans un volume d'acide chlorhy- drique; 0,76 dans un volume d'ammoniaque? L'azote = i/j n'est-il pas -j dans un volume de gaz protoxyde d'azote; 3,5 dans un volume de gaz ammoniaque? Tj'oxygène = 8 quand il est libre, et dans les corps franche- ment acides, n'est-il pas 4 dans .un volume d'oxyde de carbone , des alcools, éthers, acétones, aldéhydes, etc.? Dans les composés organiques, le sucre par exemple , où l'on pouvait admettre qu'il existait du charbon plus de l'eau , le charbon n'est-il pas groupé avec lui-même en dehors de la cohésion, comme le carbure C^H^ dans le métamilène G*"!!*'', où l'on a pu considérer son alcool comme G*''H"' + Aq; de même que l'on pourrait considérer le sucre comme C* -f- Aq? Cette tendance du charbon à se grouper en équiva- lents pins forts peut expliquer le fait de sa non-volatilité; il suffit de con- sidérer la distance qui, à ce point de vue, sépare le méthylène du métami- lène. Nous sommes donc portés à admettre que le charbon à l'état libre et combiné peut suivre une ligne pareille à la ligne des carbures, dont nous par- lerons plus loin, ligne dont il nous manquerait le premier terme. Le charbon de bois paraîtrait dans ce cas, en se formant, donner une perte égale à celle qu'éprouvent les éléments du méthylène en se groupant. >' Nous donnons, avec notre Mémoire, la ligne des carbures et la courbe des dérivés que nous avons pu examiner. " Du chiffre qu'a donné chacun des six carbures d'hydrogène, il résulte : « 1°. Que les calories diminuent avec l'élévation de leur formule, et que les différences des uns aux autres sont en progression arithmétique avec leur ordre , G* H*, G* H*, G° H', etc. : cette différence en moins, de l'un à son sui- vant, est 37,5 calories; )' 1°. Que le gaz oléfiant, qui a donné 1 1 900, s'élève, au-dessus de la ligne précédente, de la quantité nécessaire pour volatiliser son liquide; )' 3°. Que les calories des composants isolés dans la proportion des hy- drogènes carbonés étant 1 i 847, on aurait, d'après la formule suivante, en prenant G© et Hq = 11678,5, liquide imaginaire composé des éléments du charbon et de l'hydrogène à l'état de simple mélange liquide, tous les hy- drogènes carbonés : Calories du liquide, Cn H/? =(' *^"„ x8o8o + ~^-X 34462^ - ( i68,5 -h^^^^'^ /zX 37,5 = 11847-/^168,5 Le chiffre 168, 5 = 1 1847 — 1 1678,5. 2 ( 487) » Les calories des dérivés des hydrogènes carbonés produisent des courbes hyperboliques plus ou moins ouvertes; on les a construites comme la ligue précédente , en élevant sur chaque combinaison prise pour abscisse l'ordonnée de la longueur qui exprime les calories qu'a produites le corps dont il s'agit. » Les trois carbures de la formule C^°H'* viennent encore prouver que l'isomérie n'entraîne pas l'isothermie. » Nous terminerons en disant que notre appareil, outre sa grande préci- sion, permet d'opérer rapidement; car nous avons pu souvent faire huit com- bustions dans une journée, tandis qu'il est difficile de faire plus de trois ana- lyses organiques dans un temps égal. » CHIMIE. — Sur le poids atomique de l'uranium; par M. Eue. Peligot. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Lorsque j'eus l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie mon premier travail sur Vuranium, je proposai, au nombre des modifications que devait recevoir l'histoire de ce métal, de remplacer par ySo le nom- bre 271 1 qui était adopté pour représenter le poids atomique du protoxyde d'uranium (ancien urane) que l'on considérait alors comme un corps simple. » Quelque temps après la publication de mon travail sur l'uranium , M. Ebelmen fit connaître, dans ses recherches sur quelques composés de l'urane , les résultats auxquels il était arrivé pour la détermination du poids atomique de ce corps, qu'il fixe à 742,87. » Plus tard, M. J. Wertheim, dans un travail exécuté dans le laboratoire de M. Mitscherlich, a été conduit, par ses analyses de l'acétate double d'u- rane et de soude, à adopter le nombre 746,36. » Il résulte clairement de ces différents travaux, que le véritable poii< atomique de l'urane se trouve compris entre les nombres 740 et 750. En adoptant l'un ou l'autre de ces nombres, on donne à tous les composés de ce métal la mêaie interprétation, et l'on satisfait aux exigences actuelles de la science. Néanmoins, comrue M. Berzelius paraît accorder la préférence au nombre 800, bien que ce nombre soit en désaccord avec toutes les analyses dignes de confiance qui ont été exécutées dans ces dernières années sur les com- posés de l'uranium , j'ai pensé qu'il n'était poiut sans intérêt de soumettre à de nouvelles expériences la détermination du poids atomique de ce métal. » J'ai exécuté dans ce but deux séries d'analyses : l'une sur l'oxalate ura- ( 488) •nique , l'autre sur l'acétate. J'avais déjà employé ce dernier sel, il y a quatre ans, pour déterminer, par le rapport des ^oids du carbone et de l'oxyde uranique, le poids atomique de l'uranium. " Ces deux sels sont préférables aux autres composés uraniques , à cause de la facilité avec laquelle on les obtient sous forme de cristaux peu solubles dans l'eau, et offrant, du moins en apparence , toutes les garanties de pu- reté désirables. » Les analyses que je vais rapporter ont eu pour objet de déterminer le rapport qui existe entre le poids du carbone de l'oxalate ou de l'acétate, ce poids étant dosé à l'état d'acide carbonique, et le poids du métal dosé à l'état d'oxyde vert uranique. Après de nombreuses tentatives, je suis resté convaincu que cette méthode est celle qui doit conduire le plus sûrement à des résultats exacts dans une recherche de cette nature. » L'appareil que j'ai employé pour déterminer ce rapport consiste en un tube à combustion en verre blanc peu fusible, d'une longueur de 26 à 3o centimètres , effilé à ses deux extrémités ; ce tube reçoit le sel à brûler. " Au moyen de tubes en caoutchouc, il est mis en communication, d'un côté, avec un réservoir plein d'air qui est dépouillé d'acide carbonique et d'humidité avant d arriver dans le tube à combustion; de l'autre, avec un deuxième tube plus long rempli d'oxyde de cuivre, et destiné à transformer en acide carbonique les produits de la décomposition du sel à analyser. Tj'emploi de ce tube est indispensable, même quand il s'agit de l'oxalate uranique; car j'ai constaté que, contrairement à ce qu'on lit dans tous les Traités de chimie, le gaz qui' résulte de la décomposition de ce sel par la chaleur n'est pas de l'acide carbonique pur, mais qu il consiste en un mé- lange de ce dernier corps avec une petite proportion d'oxyde de carbone : par conséquent on n'obtient pas, par ce procédé, du protoxyde d'uranium, ainsi qu'on le croyait, d'après M. Berzelius, mais un oxyde de couleur noire, dont la composition se rapproche beaucoup de celle de la pechblende. Cette composition peut, d'ailleurs, varier un peu selon les circonstances de l'opé- ration, les oxydes de l'uranium étant amenés, par l'oxyde de carbone, à l'état de protoxyde [urane ancien). " k la suite du tube rempli d'oxyde de cuivre et placé, comme le pré- cédent, sur une grille horizontale en fil de fer, se trouvent : » 1°. Un tube en U destiné à recevoir l'eau : l'une des branches de ce tube est remplie de chlorure de calcium, l'autre de fragments de pierre ponce imprégnée d'acide sulfurique concentré; ( 489 ) n a°. Un deuxième tube en U contenant de la ponce sulfurique, destiné à servir de témoin : ce tube ne doit point changer de poids pendant l'opé- ration; il sert à constater la bonne dessiccation des gaz qui le traversent; » 3". Un appareil à boules, de Liebig, contenant de la potasse caustique en dissolution concentrée; il est destiné à absorber l'acide carbonique; » 4°' Un tube en U contenant, d'un côté, de la ponce imprégnée d'une dissolution de potasse; de l'autre, de la potasse solide. Ce tube a pour office de retenir l'eau et l'acide carbonique que les gaz pourraient contenir encore en sortant de l'appareil qui le précède. » Cet appareil est fondé sur le même principe que les appareils à ana- lyser les matières organiques de Prout et de M. Brunner; il présente de l'analogie, dans son ensemble, avec celui que M. Favre a employé pour déterminer l'équivalent du zinc. » Les quantités de sel sur lesquelles j'ai opéré ont varié, dans les expé- riences que je vais rapporter, entre 4 et 12 grammes. » La méthode analytique que j'ai employée l'éunit plusieurs conditions qui me paraissent être très-favorables à la détermination, toujours si déli- cate, des poids atomiques. Elle permet d'opérer sur un poids de matière assez considérable pour atténuer beaucoup les erreurs qui résultent de la balance et de la pesée de la substance à analyser; elle a pour objet de re- chercher un simple rapport entre le poids d'un corps dont l'équivalent est fixé d'une manière qu'on peut croire irrévocable, l'acide carbonique, et un oxyde d'uranium d'une composition bien comme , l'oxyde vert d'uranium ; elle n'oblige pas de tenir compte de l'état plus ou moins sec, plus ou moins hygroscopiqne, delà substance à analyser, le poids de celle-ci n'étant pas utile à connaître : je considère ce point comme très-important et comme offrant l'une des plus sérieuses difficultés à surmonter dans ce genre de re- cherches; enfin elle fournit l'oxyde d'uranium dans un milieu qui ne peut point lui faire subir d'altération, puisque cet oxyde, produit au moyen de l'oxygène atmosphérique , est pesé dans un tube rempli d'air. Lorsqu'on dose l'uranium à l'état de protoxyde d'uranium, ce corps étant obtenu en réduisant un oxyde supérieur de ce métal par l'hydrogène, on a une correc- tion difficile à exécuter si le tube reste plein de ce gaz, ou bien on a lieu de craindre une réoxydation partielle du protoxyde si l'on remplace l'hydro- gène par de l'air, alors même que le tube se trouve complètement refroidi. » Ce procédé , qui peut être employé avec grand avantage pour l'analyse delà plupart des sels organiques, m'a permis de reconnaître que la prépa- ration de l'oxalate uranique à l'état de pureté offre des difficultés auxquelles C. R., 1846, 1" Semeitre. ( T. XXII, N» 11.) 65 ( 49" ) je ne m'attendais nullement , et sur lesquelles je ne crains point d'appeler toute l'attention des chimistes; ces difficultés sont d'une telle nature, qu'il importe d'en tenir grandement compte, dans la préparation de tous les corps qui servent à déterminer des équivalents. » Je n'ai point besoin de dire que le sel uranique que j'ai employé pour obtenir l'oxalate par double décomposition ne contenait aucun métal étran- ger. Pour opérer dans des conditions qui me paraissaient les plus convenables pour la préparation de ce sel à l'état de pureté, j'ai pris des dissolutions faites à la température ordinaire , et non saturées d'azotate ou de chlo- rure uranique, et d'acide oxalique; je les ai mélangées, étant chaudes. L'oxalate uranique, qui a cristallisé par le refroidissement de la liqueur, a été lavé d'abord par décantation avec de l'eau tiède , puis jeté sur un filtre lavé préalablement au moyen de l'acide azotique; il a été ensuite desséché à la température ordinaire. On sait que , dans cet état , cet oxalate présente la composition suivante : C»0',U'0%3H0, et qu'il perd 2 de ces équivalents d'eau quand on le dessèche à i ao degrés. » Ainsi préparé, ce sel n'était point à l'état de pureté, ainsi que cela ré- sulte des analyses qui suivent. » La combustion de ce sel , exécutée dans l'appareil que j'ai décrit pré- cédemment, a donné les résultats suivants : I. II. m. IV. Acide carbonique •">879 1*^,090 o«',922 i",2']2 Oxyde vert d'uranium 5«'',900 3''',432 2''',gi^ Ss^qqô » De ces expériences on déduit le poids atomique de l'oxyde vert d'u- ranium à l'aide de la proportion suivante : « : 55o = /i' ; X. » n représente le poids de l'acide carbonique fourni par l'expérience; » n' celui de l'oxyde vert d'uranium; » a: le poids atomique de cet oxyde; .. 55o représente le poids de l'acide carbonique (G'O* = i5o -+-400) fourni par la combustion de i équivalent d'acide oxalique, C*0'. » Les nombres suivants expriment les poids atomiques de l'oxyde vert d'uranium et de l'uranium , déduits des expériences qui précèdent : I- II. III. IV. Oxyde vert (U'O'*);.. 1726 1781 1788 1728 Uranium (U) 780 782 785 780 ( 490 » Ces nombres sont notablement plus faibles qu'aucun de ceux qui ont été obtenus par M. Ebelmen , pai* M. Wertheim et par moi ; j'ai dû recher- cher la cause de ces différences. Elles pouvaient provenir soit de la méthode analytique que j'ai employée, soit de la nature du sel. 1) Le procédé d'analyse, mis en pratique avec les précautions que j'in- dique dans mon Mémoire , me paraît présenter des conditions d'exactitude d'autant plus réelles, que ces différences se traduisent, non pas par une perte , mais par un excès d'acide carbonique fourni par la combustion de l'oxalate uranique. » Quant à la pureté du sel, elle semblait ne rien laisser à désirer, d'a- près la manière dont il avait été pi-éparé; des lavages répétés semblaient devoir le garantir d'un excès , soit d'acide oxalique , soit d'azotate d'urane ; les réactifs les plus sensibles n'avaient pas permis, d'ailleurs, d'y constater la présence de l'acide azotique. » Craignant, d'ailleurs, que ces réactifs fussent infidèles, et ne soupçon- nant pas d'abord la cause réelle de ces écarts entre nos anciennes analyses et celles-ci, je préparai une nouvelle quantité d'oxalate, non plus au moyen de l'azotate uranique, mais avec le chlorure et l'acide oxalique. Après des lavages convenablement répétés, il me fut facile de constater que cet oxalate ne contenait pas la moindre trace de chlore. » Son analyse a donné : Acide carbonique i8',o6i Oxyde vert uranique S'^jS^ô d'où l'on déduit le nombre 71$ pour le poids atomique de l'uranium. " Ce sel contenait évidemment un excès d'acide oxalique qui équivalait , dans l'analyse qui précède, à 3o à 4o milligrammes d'acide carbonique. Dis- sous dans l'eau bouillante et purifié, par conséquent, par une nouvelle cris- tallisation, il a donné : Acide carbonique i^,^']6 i'"',223 Oxyde vert uranique. /l^,6']3 S^'jSSg ou bien 174' et 1735 pour l'équivalent de cet oxyde, 737 et 734 pour celui de l'uranium. » La composition de ce sel était donc devenue la même que celle de l'oxa- late qui avait servi aux quatre premières analyses. » J'ai alors repris ce qui me restait de ce dernier sel , que j'avais préparé, ainsi que je l'ai dit, avec l'azotate uranique; j'en ai saturé de l'eau bouillante, et j'ai analysé le sel qui s'est déposé du jour au lendemain ; après le refroi- 65.. ( 49^ ) dissement de la liqueur, j'ai obtenu : Acide carbonique i«'',456 Oxyde vert iiraniciue ^^',6^g soit lySô pour le poids atomique de cet oxyde, et 745 pour celui du métal. » Ce qui restait de ce sel, ainsi purifié par une nouvelle cristallisation, a été dissons une troisième fois dans l'eau bouillante; son analyse a donné : Acide carbonique l'^Sôg Oxyde vert uranique 4''j4'^ soit 177a pour le poids atomique de l'oxyde vert, et 762 pour celui de l'u- ranium. » Enfin ce dernier sel, redissous une quatrième fois dans l'eau bouillante, a donné, après cette nouvelle cristallisation: Acide carbonique 2''',2og Oxyde vert uranique 75'',o84 soit 1764 pour le poids atomique de cet oxyde, et 749 pour celui de l'u- ranium. " Ces dernières analyses confirment , avec une approximation aussi grande que possible, le nombre 750 que j'ai proposé anciennement pour représenter le poids atomique de l'uranium. » Craignant néanmoins que ce résultat ait été obtenu par suite d'un con- cours fortuit de circonstances, j'ai fait cristalliser trois fois ce qui restait de l'oxalate obtenu avec l'acide oxalique et le chlorure uranique, lequel sel avait fourni les nombres 787 et 734. Son analyse a donné : I. II. Acide carbonique l'^oig l'^joGg Oxyde vert uranique S'^jS^g 3''',447 soit 1769 à 1773 pour le poids atomique de l'oxyde, et 751 à 753 pour celui du métal. » Enfin, comme il résulte clairement de ces analyses qu'en partant d'un oxalate qui semblait offrir déjà des garanties suffisantes de pureté, on arrive à obtenir, par des dissolutions et des cristallisations successives, un sel qui ren- ferme une quantité d'acide oxalique notablement moindre que celle qu'il ren- fermait d'abord, j'ai dû me demander si ce changement de composition offre une limite, et quel est le sel qui doit être considéré comme définitivement pur; on pouvait craindre, en effet, que, par des dissolutions répétées dans ( 493 ) des niasses d'eau considérables , l'oxalate uranique fût plus ou moins altéré et devînt basique. » Pour résoudre cette question, qui est d'autant plus importante qu'elle eût concerné probablement, dans le cas de l'affirmative, tous les sels qui sont, comme celui qui nous occupe, peu solubles dans l'eau , j'ai fait dissoudre et cristalliser deux fois encore ce qui me restait de l'oxalate ayant servi à l'avant-dernière analyse; après avoir subi six cristallisations , ce sel a donné : Acide carbonique i s',o52 Oxyde vert uranique 35'',389 soit 1770 pour le poids atomique de cet oxyde, et 761 pour celui de l'u- lanium. » Cette analyse prouve que la composition du sel reste constante , une fois qu'il est arrivé à l'état de pureté. » En prenant la moyenne des six dernières expériences, on a 750 pour le poids atomique de l'uranium. « En laissant de côté l'analyse qui a fourni, parmi elles, le plus yrand écart, 745, et en prenant la moyenne des cinq autres, on obtient 751. '1 J'ai, en outre, exécuté quelques nouvelles analyses d'acétate uranique, en m'attachant à doser avec précision l'oxyde à l'état d'oxyde vert. J'ai obtenu les résultats suivants : I. n. m. IV. V. VI. VII. Poids de l'acétate uranique .. . 5,o6i ^,601 1,869 3)^*7 '0,182 4)^93 2,868 Poids de l'oxyde vert 3,354 3, 057 i,238 2,54i 6,757 2,920 1,897 » Ces nombres donnent , pour l'oxyde jaune CO' contenu dans l'acétate : I. II. m. IV. V. VI. VII. 67,54 67,68 67,51 67,84 67,63 67,74 67,44 1 La moyenne de ces expériences est 67,65. » J'ai trouvé, pour le carbone et l'eau : Carbone 11)27 1 1 , 3o 1 1 , 3o 1 1 , i Eau 21,60 21, 16 21, 10 21,2 1) Or, en prenant pour l'équivalent de l'oxyde jaune i8oo(75o-f-75o-f-3oo), ce sel contient 11,26 de carbone, 21,09 d'eau et 67,65 d'oxyde jaune. » Ainsi, en cherchant le rapport entre cet oxyde et le carbone, on obtient soit le nombre 750, en prenant 1 1,27, soit le nombre 747, en prenant i i,3o. » En s'en rapportant, ce qui paraît plus rigoureux, à la moyenne fournie k par le dosage de l'oxyde , l'acide acétique étant estimé par différence, on obtient exactement 750 pour le poids atomique de l'uranium. *■' (494 ) ') Ce nombre , qui est le multiple par 60 du poids atomique de l'hydro- gène, est également fourni par les analyses de l'oxalate uranique; il semble devoir être adopté définitivement pour représenter le poids atomique de ce métal. » Ce nombre, qui s'éloigne très-peu de celui de M. Wertheim, est, à la vérité, plus élevé que celui qui a été obtenu par M. Ebelmen, dans les nombreuses analyses d'oxalate uranique qui ont été faites par cet habile chimiste. Mais M. Ebelmen n'a pas pu prévoir les difficultés que j'ai ren- contrées pour obtenir ce corps à l'état de pureté ; il n'a pas soumis le sel qu'il a analysé à ces cristallisations multipliées , qui seules , d'après les faits que je viens de rapporter, peuvent l'amener à contenir les proportions con- stantes d'acide oxalique et d'oxyde uranique qui témoignent en faveur de sa pureté. » MÉDECINE. — Troisième Note sur l'action de Vergotine dans les hémorragies externes; par M. Bonjean. " Dans mes précédentes communications (i), j'ai eu l'honneur de faire part à l'Académie des Sciences des expériences que j'avais entreprises re- lativement à l'action de l'ergotine dans les hémorragies externes. On a pu voir déjà que l'ergotine arrête l'hémorragie quelques minutes après son application sur les plaies faites aux vaisseaux sanguins, aux veines comme aux artères. Mais , comme les animaux opérés avaient été sacrifiés peu de jours après l'expérience, il n'avait pas été possible de calculer et de con- naître les suites de ces sortes d'opérations , ni de prévoir les chances heu- reuses des premiers résultats obtenus. Il importait de savoir, avant tout, s'il y avait cicatrisation , oblitération des artères, de quelle manière enfin la chose se passait. Pour cela , les animaux opérés devaient être conservés vi- vants pendant plusieurs mois, ou tout au moins jusqu'à ce que les plaies, entièrement et depuis longtemps cicatrisées au dehors , ne laissassent plus craindre le développement de quelques accidents ultérieurs; tel est le pro- blème que je me suis occupé de résoudre. Voici l'expérience que j'apporte à l'appui de sa solution: le 20 août i845, opérant toujours avec le concours de MM. Chevallay et Besson , on a ouvert, à l'aide d'un bistouri, l'artère carotide gauche d'un mouton âgé de six mois. Comme dans les expériences précédentes, le sang a été arrêté par l'application, sur la plaie, de tampons (1) Voyez les Comptes fendus de l'Académie des Sciences, séances du 7 juillet et du 25 août 1845, ( 495 ) de charpie imbibés d'une dissolution d'ergotine marquant 5 degrés au pèse- sirop. Au bout de vingt-cinq minutes, tout était terminé ; le aS octobre sui- vant, on a ouvert la carotide droite du même mouton dont la santé, depuis la première opération, était parfaite. Pendant cette dernière expérience on a blessé , sans le vouloir, la veine jugulaire et deux ou trois petits vaisseaux sanguins auxquels il a été fait une ligature. Pensant que j'obtiendrais un résultat plus prompt en concentrant davantage la dissolution d'ergotine, je l'employais à 12 degrés dans cette dernière opération. Le succès ne fut pas douteux ; au bout de sept minutes le tampon de charpie put être enlevé, le sang ne coulait plus; et, à dater du moment de l'incision faite à l'artère, en vingt minutes la peau a été recousue, et l'animal sur pied. J'ai remarqué que la dissolution d'ergotine ainsi concentrée avait eu pour résultat de fournir un caillot plus dense et plus résistant. » Depuis cette époque , ce mouton a continué à vivre sans que le plus léger accident soit venu troubler aucune de ses fonctions vitales; il s'est engraissé et a beaucoup grossi ; il est depuis longtemps fort difficile de reconnaître extérieurement la marque des opérations qu'il a subies, dont la première date de plus de six mois, et la seconde de près de quatre mois et demi. » Cette Note est renvoyée, conformément à la demande de l'auteur, à la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. M. BoivjEAN adresse, pour le même concours , un ouvrage imprimé qui contient les résultats de ses recherches sur l'ergot du seigle , et il y joint une indication de ce qu'il considère comme neuf dans cette publication. CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur l'emploi de l'acide oxalique pour la défécation du suc de la betterave; extrait d'une Note adressée , par MM. Thomas et Dellisse, à l'occasion d'une communication récente de M. Mialhe sur l'emploi de l'oxalate d'alumine dans le même but. (Commission nommée pour la Note de M. Mialhe.) « Une longue habitude des opérations de la sucrerie indigène nous a mis à même de nous convaincre de la pernicieuse influence qu'exerce un excès de chaux dans la cuite. Aussi, depuis plus d'une année, avons-nous essayé, par tous les moyens que la chimie indique , de débarrasser les sirops de cet agent, utile d'abord , mais bientôt nuisible. « Tous les réactifs qui peuvent précipiter la chaux à l'état de sel insoluble (496) ont été employés par nous: l'acide sulfurique , seul ou uni à l'alcool, l'acide carbonique, le sulfate acide d'alumine, le carbonate d'ammoniaque, etc., après nous avoir donné souvent de bons résultats, nous ont souvent aussi présenté des inconvénients assez graves pour que nous dussions en rejeter l'emploi. » Le premier réactif auquel un chimiste doive penser en pareille circon- stance est sans contredit l'acide oxalique, oul'oxalate soluble d'une base insoluble. Néanmoins, effrayés du prix élevé de ces substances, nous n'avons osé en essayer l'emploi qu'après avoir renoncé à tous les autres moyens. Nous avons été surpris de la manière remarquable dont l'acide oxalique se comportait dans nos essais, et, depuis près d'une année , nous avons commu- niqué nos moyens à M. Payen, à M. Peligot, etc. L'acide oxalique, non- seulement précipite parfaitement la chaux en excès dans la défécation , mais encore jouit d'une propriété décolorante assez prononcée pour que des jus de betterave ainsi traités soient devenus presque incolores , n'aient repris que fort peu de couleur à la cuite, et aient enfin donné, sans noir animal, des sucres en gros cristaux, qui purgeaient bien et d'une belle qualité. » Ces essais, à la vérité, ont été faits sur une trop petite échelle pour que nous nous hasardions à en montrer les échantillons ; bientôt nous de- vons expérimenter sur plusieurs hectolitres de jus, et nous serons heureux alors de communiquer nos résultats à l'Académie. >' L'oxalate d'alumine, que nous avions essayé avant l'acide oxalique, ne produit que le même effet et présente des inconvénients assez notables. A cette Note sont joints des échantillons de sirops colorés par la chaux, et décolorés ensuite comparativement par l'acide oxalique et l'oxalate d'a- lumine. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur un procédé de saponification pour les eaux grasses provenant du lavage des laines en suint j et sur l'emploi du produit qu'on en obtient; par M. Pagnon-Vuatrin. (Commissaires, MM. Boussingault, Payen, de Gasparin.) Ces eaux, auxquelles les dégraisseurs n'avaient pas encore trouvé d'em ploi, étaient versées sur la voie publique, et, dans l'été, leur décomposition devenait une cause d'insalubrité pour les villes où, comme à Reims, l'in- dustrie des laines est très-développée. M. Pagnon-Vuatrin en obtient la saponification au moyen de l'addition d'une certaine quantité de potasse ( 497 ) et de chaux éteinte, et il emploie le liquide savonneux pour le dégraissage des fils de laine cardée. MÉDECINE. — Etude physiologique de l'éther suljurique, d'après la méthode buccale et pharjngienne chez l'homme et chez les animaux; par ^ M. DucROs. (Commission nommée pour de précédentes coninjunications du même auteur. ) L'auteur annonce avoir employé avec succès l'éther sulfurique pour amener le sommeil sur des personnes atteintes d'hypocondrie , et qui avaient employé vainement dans ce but les opiacés. M. Ducros admi- nistre, dans ce cas, l'éther en frictions sur la langue, sur le voile du palais , sur les amygdales et sur le plancher vertébral du gosier. Employé de la même manière chez des Gallinacés, l'éther, dit M. Ducros, produit instan- tanément le sommeil. Un Mémoire sur les torrents des Alpes, présenté par M. Scipion Guas dans la précédente séance, avait été renvoyé à l'examen d'une Commission nommée à l'occasion des premières communications faites par le comité hydrométrique de Lyon. M. Arago fait remarquer que cette Commission , à laquelle il appartient, avait été chargée seulement d'obtenir de M. le Ministre de l'Intérieur des moyens d'étendre les observations déjà commencées , et non de porter un jugement sur les résultats de ces observations. En con- séquence, une Commission est désignée pour prendre connaissance du Mémoire de M. Gras, et des autres communications relatives au régime des rivières. Cette Commission se compose de MM. Arago, Élie de Beauniont, de Gasparin et Laugier. CORRESPOÎVDAINCE. M. MoRiN présente, au nom de l'auteur, M. Breton (de Champ), un ou- vrage ayant pour titre : a Description des courbes à plusieurs centres, d'après le procédé de Perronet. « « L'auteur de cet ouvrage, dit M. Moriu , a eu pour objet de comparer les différentes méthodes proposées par les ingénieurs pour le tracé des voûtes surbaissées de forme elliptique. Il montre que les méthodes données par Per- ronet et Huygens sont celles qui satisfont le mieux aux conditions que l'on C. R., 1846, i*'' Semetlrt. (T. XXII , N» I*.) 66 ^ ( 498 ) s'impose ordinairement , et donne des Tables pour en faciliter rapplication. Il indique ensuite un moyen simple de tracer, d'un mouvement continu, une courbe qu'il nomme toroïde, et qui satisfait aussi aux mêmes conditions. Ce procédé offre en outre l'avantage de 'donner de suite les plans des joints en même temps que la courbe du profil. » L'auteur donne la démonstration d'un théorème nouveau relatif aux ellipses et qu'il énonce ainsi : Etant donnée une ellipse , si l'on en construit autant d'autres que l'on voudra, dont la dijjérence des axes principaux soit la même, les droites qui joignent deux à deux les centres principaux de courbure se coupent toutes en un même point. » M. Demidoff, récemment nommé à une place de correspondant, adresse ses remercîments à l'Académie. CHIMIE. — Recherches de chimie organique; par M. G. Chancel. (Extrait par l'auteur.) « Il n'est pas en chimie organique, à part les composés éthyliques et mé- thyliques , deux séries qui présentent entre elles une plus grande analogie que celles des acides butyrique et acétique. Toutes les recherches auxquelles je me suis livré sur ce sujet sont venues confirmer, de la manière la plus formelle, cette remarquable homologie (i). Toutefois, il me restait encore à faire l'étude comparative de l'acétate et du butyrate de cuivre. Ce Mémoire comprend la première partie des résultats auxquels m'ont conduit ces re- cherches. Si je prends la liberté d'en faire l'exposé à l'Académie, c'est uni- quement parce que ce travail remonte déjà à une époque éloignée , et que., dans sa dernière séance, elle a reçu une communication sur la distillation de l'acétate de cuivre qui peut présenter quelque analogie avec mes propres recherches. Distillation sèche du butyrate de cuivre. )' Le butyrate de cuivre qui a servi aux expériences suivantes était parfai- tement pur, on l'a obtenu en précipitant une dissolution de butyrate de soude, légèrement acide, par le sulfate de cuivre. Ce butyrate de cuivre, peu so- luble dans l'eau, se dissout en proportion notable dans l'alcool, et peut être obtenu de cette dernière solution en très-beaux cristaux et parfaitement nets. (i) La théorie des homologues appartient , comme on le sait, à M. Gerhardt. [Foir, pour plus amples détails, son Précis de Chimie organique.) ( 499) >' Ces cristaux paraissent appartenir au cinquième type cristallin. Ce sont des prismes obliques à base rhomboidale, dont les deux angles solides cor- respondants sont modifiés par des facettes (i). " L'action de la chaleur sur le butyrate de cuivre anhydre donne des résultats d'une grande netteté, lorsqu'on a soin d'opérer à une température constante. Voici les faits que l'on observe en soumettant ce sel à l'action d'une température croissante dans un bain d'huile ou d'alliage : » Jusqu'à 245 degrés, il ne subit pas d'altération, il ne brunit que très- légèrement contre les parois du tube; mais, à cette température, le dédou- blement commence et s'effectue complètement entre ^45 et a5o degrés. •' Les produits de ce dédoublement sont : » 1°. Un liquide volatil , incolore et parfaitement homogène, qui passe à la distillation ; » 2°. Des gaz, dont le dégagement a lieu pendant toute la durée de l'opération ; » 3°. Enfin, un résidu de cuivre métallique très-divisé, mêlé à une pro- portion de charbon assez notable. » Le produit liquide présente la composition et toutes les propriétés de l'acide butyrique dans son plus grand état de pureté; il entre en ébullition à i63 degrés, et distille en totalité à cette température. " Ce fait, si je ne m'abuse, doit avoir une certaine importance dans l'his- toire de la distillation sèche des matières organiques. Il est, en effet, bien remarquable de voir un sel anhydre ayant pour composition C<(H'Cu)OS dans lequel il n'y a plus l'hydrogène nécessaire pour constituer l'acide bu- tyrique normal, C'H'OS se doubler, par l'action de la chaleur, précisément de manière à produire ce dernier composé. Or, en thèse générale, la distillation sèche tend: » 1°. A réduire les matières organiques aux dépens de leur carbone ou de leur hydrogène ; i) Je reviendrai , avec plus de détails, siir )a cristallisation du butyrate de cuivre, dans un travail spécial sur les formes cristallines de plusieurs sels appartenant à la série homo- logue RO'. 66.. ( 5oo ) » 2°. A donner des composés tels que, placés dans des circonstances op- posées à celles qui leur ont donné naissance, c'est-à-dire sous l'influence d'actions oxydantes , ils régénèrent toujours leurs produits primitifs. » On serait porté à voir deux phases distinctes dans cette réaction : la première donnerait un aldéhyde ou un acétone; la seconde, l'acide normal par suite de l'oxydation de ces produits; mais une telle hypothèse tombe en présence des résultats de l'expérience. » Ces caractères fondamentaux se trouvent donc justifiés par les résultats que nous offrent les sels de cuivre; les produits de réduction qui devraient prendre naissance dans ce cas se trouveraient en présence d'un agent oxydant (l'oxyde de cuivre) qui prévient cette réduction; aussi, au lieu d'obtenir des aldéhydes ou des acétones, on engendre immédiatement l'acide normal. » Je me suis attaché à déterminer avec exactitude les proportions relatives des divers produits qui prennent naissance dans cette distillation. Les résul- tats auxquels m'ont conduit des expériences multipliées démontrent, par la quantité de l'acide obtenu , qu'un grand nombre d'équivalents de butyrate de cuivre prennent part à la réaction. " J'ai fait usage, dans ces expériences, d'un appareil particulier dont toutes les parties peuvent être pesées avant et après l'opération; le récipient se trouvant en communication avec le gazomètre de M. Gay-Lussac , on dé- termine, dans une seule et même opération, la quantité d'acide butyrique formée, le poids du résidu et le volnme des gaz. Les résultats obtenus don- nent, en moyenne, les nombres suivants: i gramme dégage 46 centimètres cubes de produits gazeux dont la densité, rapportée à l'air, est de i,5 environ. » Le butyrate de cuivre, parfaitement desséché, fournit par la distilla- tion, à la température de 245 degrés, 60 parties d'acide butyrique normal, 9 parties de produits gazeux, 3i parties de résidu, pour 1 00 parties de butyrate employé. » Le butyrate de cuivre. G* (H'Cu)0% renferme 26,6 pour 100 de cuivre métallique. Comme le résidu s'élève à 3i pour 100, on voit qu'il se forme un dépôt de charbon équivalent à 4>4 pour 100. » Il est à remarquer que, dans cette réaction, il ne se forme ni eau ni butyrone. ( 5oi } » J'ai cherché également à connaître la nature des gaz qui se forment dans ces circonstances, et je me suis assuré qu'ils se composaient uniquement d'acide carbonique et d'hydrogène percarboné en volumes à peu près égaux. 11 Dans aucun cas je n'ai pu déceler la présence de l'oxyde de carbone. 11 II me serait facile, à l'aide de ces données, de construire une équation pour expliquer la réaction qui donne naissance aux divers produits que je viens de mentionner; mais, comme je m'occupe de la distillation des autres sels de cuivre de la série homologue RO^ (0» ^t que cette étude pourra me conduire à quelques relations nouvelles qu'il est encore impossible de pré- voir, je pense que cette interprétation se trouvera mieux placée dans le com- plément de ce premier travail. » Je mentionnerai, en dernier lieu, la formation d'un nouveau composé butyrique, sur lequel je me propose de revenir avec soin lorsque j'aurai pu me le procurer en quantité suffisante; il se forme quand on expose brusque- ment du butyrate de cuivre aune très-haute température. On obtient ainsi, entre autres produits , une substance blanche très-bien cristallisée donnant avec l'alcool une dissolution incolore , mais qui se colore en vert foncé par l'e'bullition en laissant déposer du cuivre métallique. On cite, dans les Traités de chimie , sous le nom à' acétate de protoxjrde de cuivre, un composé blanc qui prend naissance identiquement dans les mêmes circonstances; son terme homologue manquait encore dans la série butyrique. » CHIMIE. — Mémoire sur le dosage de l'arsenic dans les métaux usuels et dans leurs alliages, à l'aide d'une nouvelle mét/iode; par M. A. Levol. « Jusqu'à présent les chimistes se sont surtout appliqués , dans la recherche de l'arsenic, à sa détermination qualitative; cependant le dosage est aussi très-important, particulièrement dans l'analyse des métaux et alliages usuels, puisque la présence de ce métalloïde, à laquelle il paraît que l'on attribue assez généralement la cause de leurs mauvaises qualités, déprécie, en raison des quantités, leur valeur commerciale. 11 Si , à cette occasion , on se rappelle l'épithète de minéralisateur donnée autrefois à l'arsenic, et aussi les difficultés immenses que l'on éprouve pour* en débarrasser certains métaux dans l'industrie métallurgique, on com- prendra sans peine qu'il n'est guère de ces métaux , et par suite de leurs (i) Voyez Gerh^rdt, Précis de Chimie organique, tomes I et II. ( 502 ) alliages, dont il ne fasse partie en quantités la plupart du temps fort pe- tites, mais que l'on est toujours porté à s'exagérer, en raison de l'extrême sensibilité des seuls moyens qualitatifs auxquels on s'arrête généralement. « Pour la détermination pondérale de l'arsenic, dans les substances mé- talliques, on peut aussi avoir recours aux procédés ordinaires, hors deux cas : ceux où elles renferment soit de l'étain, soit de l'antimoine; je me suis trouvé en présence de cette difficulté en analysant des bronzes impurs, dont le traitement par l'acide nitric|ue produisait une liqueur exempte d'arsenic et un hydrate de bioxyde d'étain arsénifere : ce fut là le point de départ de mon travail. » D'après mes pesées, l'hydrate dont je viens de parler contient l'arsenic à son degré supérieur d'oxydation, c'est-à-dire à l'état d'acide arsénique, et le rapport de l'arsenic relativement à l'étain est sensiblement celui de i à i5. " Ayant fait l'observation que je viens de rapporter, il me fut facile d'en déduire un nouveau moyen de récolter l'arsenic dans un milieu chargé d'a- cide nitrique, à l'aide de l'étain oxydé, agissant pour ainsi dire, à l'instar du mercure alors qu'il s'empare des métaux précieux dans l'amalgamation , et je compris toute l'utilité que l'analyse chimique pouvait en retirer, en suppo- sant que l'on parvînt ensuite à séparer l'arsenic d'avec l'étain. n De tous les moyens essayés pour résoudre ce nouveau problème, celui qui m'a paru le meilleur consiste à réduire le peroxyde d'étain arsénilère par l'hydrogène; la réduction a lieu facilement à la température du rouge sombre, et la majeure partie de l'arsenic se trouve sublimée; toutefois, l'étain en recèle encore une certaine quantité qui n'est point négligeable , et dont on le débarrasse en le dissolvant dans l'acide chlorhydrique: l'hydrogène arsénié et l'hydrure d'arsenic produits , étant décomposés , donnent tout l'arsenic que l'étain avait retenu. Il Ces moyens m'ont paru si commodes, que je les ai appliqués au dosage de l'arsenic renfermé souvent dans le cuivre et l'étain du commerce , dans le bronze, etc., et, si je ne me trompe, ils seront même très-utiles pour les recherches médico-légales. i> Ne pouvant entrer ici dans de plus grands développements, que l'on trouvera d'ailleurs dans mon Mémoire, j'ajouterai seulement que l'état dans lequel l'étain m'a paru devoir être employé pour s'emparer le mieux de l'ar- senic, est celui de dissolution dans l'acide nitrique faible et froid; l'oxyde au minimum, qui se forme dans ce cas, restant dissous, il se met aisément en rapport avec toutes les molécules arsenicales dissoutes elles-mêmes , et ( 5o3 ) lorsque ensuite on vient à élever la température pour le faire passer au maximum, le nouvel oxyde se trouvant alors en contact immédiat avec cha- cune de ces molécules, l'affinité s'exerce et il les entraîne. » L'arsenic et l'antimoine , oxydés par l'acide nitrique , se combinent éga- lement ensemble, mais la combinaison n'est point complètement insoluble. » CHIMIE. — Note sur la formation de l'uréthane par l'action du chlorure de cjanogène gazeux sur l'alcool ^ par M. Ad. Wurtz. « On sait que le chlorure de cyanogène est très-soluble dans l'alcool. Si l'on conserve cette dissolution pendant quelque temps, elle perd peu à peu son odeur irritante , et l'on voit de petits cristaux blancs de sel ammoniac se déposer sur les parois du vase. Cette réaction est favorisée par l'action de la lumière solaire ou par celle d'une chaleur modérée. Dans ces condi- tions, les éléments du chlorure de cyanogène réagissent sur ceux de l'alcool, en donnant naissance à divers produits, parmi lesquels je signalerai d'abord l'éther chlorhydrique et l'uréthane. » Pour opérer cette réaction, il suffit d'exposer pendant quelques jours, au soleil, la dissolution alcoolique du chlorure de cyanogène, ou bien de la chauffer pendant quelques heures au bain-marie , dans un ballon à long col dont on ferme l'extrémité à la lampe. Il est bon de choisir un ballon à parois résistantes, et dont la capacité soit au moins le double du volume du liquide que l'on y introduit. 11 Au bout de quelques heures on laisse refroidir le ballon, et l'on soumet à la distillation le liquide séparé du dépôt de sel ammoniac qui s'est formé. Ce liquide entre en ébullition au-dessous de 5o degrés; mais, en continuant à distiller, le point d'ébullition s'élève bientôt. Si l'on recueille, dans un récipient refroidi , les premières portions qui passent à la distillation , il se sépare une couche d'un liquide très-volatil, entrant en ébullition au-dessous de ao degrés, et brûlant avec une flamme blanche bordée de vert. Ce liquide est formé en grande partie d'éther chlorhydrique. » Après la séparation de cet éther, le point d'ébullition se maintient long- temps à 80 degrés; à la fin, cependant, il s'élève peu à peu, et l'on voit alors se former dans le récipient et se condenser dans le col de la cornue une substance solide, parfaitement blanche et formant de larges cristaux feuil- letés. Cette matière entre en ébullition vers 180 degrés et distille sans alté- ration; elle est soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, et se distingue par une ( 5o4 ) tendance remarquable à former des cristaux d'une grande beauté. Soumise à l'analyse, elle a donné les résultats suivants : >» oS^'j-iBo de matière ont donné o,4ii d'acide carbonique et 0,198 d'eau. " Ce qui donne, en centièmes : Carbone 4°)<'3 Hydrogène 7)84 » lia formule G* H' AzO* exige: Carbone ^o,3'] Hydrogène 7,84 » Cette substance possède, comme on voit, la composition et les pro- priétés de l'uréthane, que M. Dumas a découverte il y a douze ans, eu faisant réagir l'ammoniaque sur l'éther chloroxycarbonique. Pour dissiper tous les doutes à cet égard, j'ai pris la densité de vapeur de la matière que j'ai obtenue. Voici les données de cette expérience : Excès du poids du ballon o'^jaio Capacité du ballon igj^jS Air restant. . . . 2" Température de la vapeur aoS" Température de l'air i4" Pression ^Sô""" « Ces éléments donnent, pour la densité de vapeur de la substance ana- lysée , le nombre 3,i3. M. Dumas a trouvé 3,i4- » Il est facile de concevoir la réaction qui donne naissance à l'uréthane dans les conditions que l'on vient de décrire, i équivalent de chlorure de cyanogène, en réagissant sur les éléments de a équivalents d'alcool , donne I équivalent d'uréthane ou d'éther carbamique, et i équivalent d'éther chlorhydrique : C Az Cl + aC H» 0' = C H Az O' -f- C H' Cl = C%,^. , C'ffO+C'H'Cl. H' Az » Outre ces produits, il se forme encore, par l'effet d'une réaction secon- daire, une certaine quantité de sel ammoniac. La formation de' ce corps, due à la décomposition complète du chlorure de cyanogène , peut se con- cevoir, en admettant la formation simultanée de l'éther carbonique : C'AzCl-t-2(C'H'0, H0)-t-2H0 = 2(C0%CH'0)-l-H' Cette matière serait , d'après MM. Wohler et Liebig , de l'éther cya- nique uni à 2 molécules d'eau. " Je ferai remarquer que la formule précédente est identique avec celle de l'uréthane , et que l'éther cyanique hydraté se rapproche singulièrement , par ses propriétés et par son mode de formation, de l'éther carbamique ou de l'uréthane. Si, comme je le pense, ces deux substances sont identi- ques, cette circonstance, en nous révélant un dédoublement remarquable de l'acide cyanique hydraté, ne pourrait qu'ajouter un nouvel intérêt à l'ob- servation de MM. Wôhler et Liebig. « M. DuFRÉNOY présente, au nom de M. Virlet, une Note sur le gisement du titane rutile à Gourdon, dans le département de la Haute-Saône. « L'étude des filons de quartz et autres matières éruptives qui traversent et injectent dans tous les sens les roches stratifiées d'une partie de la chaîne du Forez et des montagnes d'entre Saône-et-Loire, m'a fait reconnaître que les nombreux noyaux lenticulaires de quartz enclavés de différentes manières au milieu de ces roches, sont, depuis les plus petits jusqu'aux plus volumi- neux, non, comme le pensent encore quelques géologues, le résultat d'une ségrégation, mais bien d'injections qui se lient à celle des filons proprement dits. Depuis que j'ai énoncé d'une manière générale cette opinion (i), M. Fournet, par une série de détails curieux, est aussi venu, de son côté (a), éclairer cette question non moins intéressante pour la minéralogie que pour la géologie. » Le titane rutile appartient à cette minéralisation d'injection. 11 Ce n'est pas sans peine que je suis parvenu à bien constater le véritable (i) Sur les filons en général, etc. [Bulletin de la Société géologique, tome I, 2* série, page 833, année i844-) (2) Sur l'étude d'une certaine classe de filons. [Annales de la Société d'agriculture de Lyon, année i845.) C. R., 1846, i«» Semestre (T. XXII, N» H.) 67 ( 5o6 ) gisement du titane de Gourdon et à reconnaître que c'était aussi le quartz qui lui servait de gangue; la cause de son isolement habituel dans cette localité, tient à ce qu'en surgissant, le quartz s'est mélangé avec une partie des éléments micacés du sol qui y déterminent une multitude de faux joints; or, comme les noyaux de titane se sont précisément formés vers les points où le mica était le plus abondant, celui-ci, toujours doré comme dans la partie du ter- rain qui vient d'être signalée, forme des espèces d'enveloppes qui isolent le titane du quartz. » Les analyses des titanes de Gourdon et de Villeneuve, faites par M. Sal- vetat, d'après le procédé employé par M. Damour pour celui de Saint-Yrieix, ont donné : Gourdon. Villeneuve. Acide titanique 0,9796 0,9847 Oxyde ferrique 0,0196 0,0072 Perte de manipulation 0,0008 0,0081 I , 0000 I , 0000 M. Vai-lée prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commis- sion à l'examen de laquelle a été renvoyé son quatrième Mémoire sur la Théorie de l'œil. Note de M. Abago. " M. Arago a saisi l'occasion que lui offrait la demande de M. Vallée, pour réfuter verbalement , article par article , la Lettre que cet ingénieur a pu- bliée la semaine dernière. M. Arago a prouvé que les accusations de M. Vallée contre le Secrétaire perpétuel, reposent sur des faits entièrement contraires à la vérité, et qu'elles ne peuvent pas supporter le moindre exa- men. Il a annoncé, au surplus, que satisfait d'avoir montré à l'Académie le peu de cas qu'on doit faire des outrages contenus dans le pamphlet de M. Vallée, il ne les prendra pas pour sujet d'ime polémique que bien des circonstances permettraient de rendre très-piquante. M. Arago s'attachera à répondre par de bons procédés aux injures inexplicables de M. l'Ingénieur : si les trois derniers Mémoires sur la théorie de l'œil renferment quelque chose d'utile, M. Arago le déclarera à l'Académie avec empressement et une véritable satisfaction. " Note de M. B.4biivet. " M. Babinet proteste, de son côté, en sa qualité de rapporteur, contre les *. * ( 5o7 ) injures que lui adresse M. Vallée. M. Babinet en a été tellement blessé, qu'il avait eu l'intention de proposer à l'Académie de manifester formellement son improbation contre un pareil langage tenu envers les membres d'une Commission qu'elle a nommée. » M. Gheivot adresse des remarques relatives à une Note de M. Morin, sur les effets obtenus en Angleterre avec le marteau à vapeur pour le bat- tage du fer, et le mouton à vapeur pour le battage des pilots. M. Ghenot pense que , pour les appareils de ce genre , ce n'est point à l'Angleterre , mais à la France qu'appartient la priorité d'invention : il a lui-même , dit-il, imaginé et fait construire depuis longtemps, pour le travail du fer, un mar- teau-pilon qui, abstraction faite delà nature du moteur, ressemblait dans toutes les dispositions essentielles à la machine anglaise. La machine qu'il a employée, et dont il a obtenu d'excellents effets, se mouvait à bras ; mais il a construit pour d'autres usines des modèles de machines mues par l'eau. En 1 838 , il adressa un de ces modèles à M. Aubertot, maître de forges. Une partie de la Lettre de M. Ghenot est relative à des recherches qu'il a faites sur l'application de la vapeur à la navigation, en faisant agir la vapeur di- rectement sur l'eau. « Au sujet de la réclamation de M. Ghenot, M. Morin fait remarquer que, dans la Note qu'il a lue à l'Académie le 8 décembre i845 , il s'est expressé- ment abstenu de prononcer sur les droits à l'invention des marteaux à vapeur réclamés par plusieurs personnes, et qui sont soumis au jugement des tribunaux. L'emploi direct de la vapeur constitue, dans ces machines, une innovation d'autant plus notable, que l'usage du mouton, mû à bras, est connu depuis longtemps pour étamper et forger, et que de semblables moutons, mus par des machines, sont employés déjà dans plusieurs forges. » M. DE Caligny demande l'autorisation de reprendre un Mémoire qu'il a pré- cédemment présenté, et qui a pourtitre : Expériences sur un moteur hfdrau- lique à flotteur oscillant. M. de Caligny fait remarquer qu'une première Note sur le même sujet a été l'objet d'un Rapport , mais que le Mémoire qu'il ré- clame est un travail distinct beaucoup plus développé, et sur lequel la Com- mission qui avait été chargée de l'examiner n'a pas encore prononcé de jugement. M. GoHBE prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission 67.. ( 5o8 ) d'examiner un procédé qu'il a imaginé dans le but de diminuer les dangers du transport par les chemins de fer. (Renvoi à la Commission des chemins de fer.) M. SoREL prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte des procédés qu'il a imaginés dans le même but. (Commission des chemins de fer.) M. le Directeur général de l'Administration des Contributions directes prie l'Académie de vouloir bien lui faire connaître le jugement qui aura été porté sur un instrument d'arpentage présenté par M. Carteron sous le nom de chaîne décamètre, l'administration ayant intérêt à connaître l'opi- nion de l'Académie sur cet instrument. ( Renvoi à la Commission nommée.) M. Sappet demande que son travail sur ïappareil respiratoire des oiseaux soit admis au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) L'Académie accepte le dépôt d'un paquet cacheté adressé par M. Bernard. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ( 5o9 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. r/ Académie a reçu , dans cette séance , les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; r" semestre 1846; n° lo; in-4''- Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome II, i5 mars 1846; in-8"- Mémoire sur les divers états atmosphériques de l'Eau, et sur leurs principales influences sur le baromètre; par M. Gmou de Buzareingues ; broch. in-8". Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ; février 1846; in-8°. Voyages de la Commission scientijique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feroë, pendant les années i838, 1889 et i84o, sous la direction de M. Gaimard. — Météorologie ; tome I*'', a" partie; in-8''. Choix de Plantes de la Nouvelle-Zélande, recueillies et décrites parM. E. Raoul ; publié sous les auspices de M. le baron DE Mackau ; in-4°. Anthropologie , ou Etude des organes , fonctions et maladies de l'Homme et de la Femme; par M. Antonin Bossu; 2 vol. in-8'*, et atlas de ao planches in-8°. De la Preuve du droit de propriété enfait d'immeubles, ou nécessité et moyens d'organiser, selon le même principe , l'abomement invariable et le terrier perpé- tuel des possessions foncières; par M. F. de Robernier j 2 vol. iu-8°. Atlas général des Phares et Fanaux, à l'usage des navigateurs ; par M. Cou- L1ER ; publié sous les auspices de M. le prince de Joinville. — Sardaigne; cf livraison ; in-4''. Perfectionnement des Machines locomotives et fixes; par M. G. CosNUEL. Angers , 1 846 ; in-4°. Description des Courbes à plusieurs centres, d'après le procédé de Perronet; par M. Breton (de Champ); 1846; in-4°. De l'Ergot du seigle; par M. Joseph Bonjean ; in-S". Traité théorique et pratique sur l'Ergot du seigle ; par le même ; in-S". Notice sur M. Le Puillon de Boblaye, par M. Virlet d'Aoust. (Extrait du tome LXXVIII de la Biographie universelle. ) \ feuille in-8''. Dictionnaire universel d' Histoire naturelle; par M. Ch. d'Orbigny; tome VI, 77* et 78* livraisons; in-8°. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; février 1846; in-8". Journal de la Société de Médecine de Bordeaux; n**' i à 1 2 , année 1 8/(5 ; in-8''. Notice des travaux de la Société de Médecine de Bordeaux; broch. in-S". Programme des Prix de la Société de Médecine de Bordeaux; broch. in-8". ^ ( 5io ) Médecine physiologique, Législation sanitaire; par M. BiGEON. Paris, in-S". Publications agricoles, par un membre du Comice de Schiltigheim , M. Ot- TMANN père; in-8"- Journal de Pharmacie et de Chimie; mars 1846; in-8°. Annales médico-psjchologiques. — Journal de ianatomie, de la physiologie et de la pathologie du Système nerveux; 4* année, n° 10 ; in-8°. Revue botanique; par M. DuChartre; mars 1846; in-8''. La Clinique vétérinaire; 17* année; mars 1846; in-S". Journal des Usines et des Brevets d'invention; par M. ViOLLET ; février 1 846 ; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; mars 1 846 ; in-S". Journal des Connaissances médico-chirurgicales; mars 1846; in-S". Bulletin de la Société de Médecine homœopathique de Paris; mars 1846; in-S". L' Abeille médicale; 3" année, mars 1846; in- 8°. Bibliothèque universelle de Genève; 4* série, n° i"; i5 février 1846; in-8''. Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève. — Archives des Sciences physiques et naturelles; n° i", i5 février 1846; in-8^. Mémoire sur un Appareil à distiller l'Eau de mer, pour la rendre potable , inventé par M. Scheidtweiler; suivi de Considérations sur les eaux potables, par M.. LouYET. Bruxelles, i845; in-8°. Recherches sur l'anatomie, la physiologie et l'embryogénie de Bryozoaires qui habitent la côte d'Ostende; par M. Van Beneden; 3* et dernière livraison. Bruxelles, in-4". The catalogue. . . Catalogue d'étoiles de l'Association britannique pour l'a- vancement des Sciences, contenant les ascensions droites moyennes et les distances polaires t/e 8,877 étoiles fixes, réduites au i^'^ janvier i85o, avec une préface explicative; par feu F. Baily. Londres, i845 ; in-4°. Onthe anatomy. . . Sur l'anatomie de l'Eolide, mollusque de l'ordre des Unibranches; par MM. A. Hancock et D. Embleton; in-8°. (Renvoyé à M. MiLNE Edwards pour un Rapport verbal.) Bericht iiber . . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie royale des Sciences de Berlin , pour décembre i845; in-8°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n" 1 1; in-4''. Gazette des Hôpitaux; n*" 29 à 3i; in-folio. L'Écho du Monde savant; n°' ao et 21; in-4°. Gazette médico-chirurgicale; année 1846, n° u. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 25 MARS 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. l'amiral Roussin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la seconde édition du Pilote du Brésil, qui vient d'être publiée par le Dépôt général des cartes de la Marine. M. AnAGO présente , an nom des auteurs , le premier volume du Cosmos de M. DE HuMBOLDT, traduit en français par M. Faye. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur le jaugeage des dépenses deau faites par de larges orifices; par M. Morin. « Je me propose de communiquer successivement à l'Académie les résul- tats des expériences que j'ai exécutées en i844 et iS/jS, à la poudrerie du Bouchet, sur plusieurs moteurs hydrauliques, soit par ordre du Ministre de la Guerre et pour le service des poudres, soit pour examiner des questions sovimises au jugement même de l'Académie. » Dans les expériences sur les moteurs hydrauliques, la partie la plus déli- cate et la plus sujette à erreur, c'est le jaugeage des volumes d'eau dépensés. Les circonstances locales, les formes, la disposition des vannages, exercent G. R., i346. i"Semeitrc. (T. XXII, N» 12.) 68 sur cette dépense des influences très-grandes et encore trop peu étudiées, et dont l'appréciation inexacte conduit fréquemment les observateurs les plus consciencieux à des erreurs considérables auxquelles on doit attribuer le plus souvent l'exagération manifeste de certains résultats annoncés de la meilleure foi du monde. » Pour me mettre , autant qu'il dépendait de moi , à l'abri de semblables eiTeurs et établir avec quelque certitude, ou au moins avec une approxima- tion suffisante, le rapport de l'effet utile produit parles moteurs à étudier, au travail absolu dépensé par le cours d'eau, j'ai cherché à m'assurer d'un moyen de jaugeage à l'abri de la controverse, ce qui présentait quelque difficulté. » A cet effet, j'ai d'abord étudié si je pourrais jauger avec une exactitude suffisante la dépense d'eau faite par une vanne en déversoir placée en tète d'un canal dans lequel devaient être établis les moteurs à expérimenter. n Cette vanne a une largeur égale à celle du canal d'arrivée construit en maçonnerie; elle est inclinée de l'amont vers l'aval sous un angle de 65 de- grés environ à Ihorizon; son bord supérieur est à vive arête vers l'amont et arrondi vers l'aval ; elle a o^ioS d'épaisseur. Deux crémaillères de o™,o5 de largeur chacune réduisent la largeur libre à 2'",oi7. » Pour estimer les volumes d'eau qui passaient sur cette vanne, on a fermé en aval le canal de fuite, construit en maçonnerie et à section rectangulaire, par un barrage vertical en madriers, dans lequel on a pratiqué trois ouver- tures où l'on a adapté des vénielles d'environ o'",3oo , en carré, en tôle mince de o™,oo5 d'épaisseur, glissant devant des orifices d'écoulement à arête§ vives semblablesà ceux qui ont été expérimentés par MM. Poncelet et Lesbros. Ces petites vannes en tôle se manœuvraient à la main à l'aide de vis; des liges à pointes indicatrices du niveau étaient placées en avant de la vanne en déver- soir, et des vannes de jaugeage pour permettre de reconnaître et de constater la constance des niveaux. » D'après cette courte description , on conçoit de suite que , des observa- tions simultanées étant faites à la vanne en déservoir et aux orifices en mince paroi, on calculait la dépense faite par les deux espèces d'orifices à l'aide des résultats si précis des expériences de MM. Poncelet et Lesbros, et qui étaient évidemment applicables au cas actuel avec toute l'exactitude désirable. " Mais CCS expériences, entreprises sur des canaux de grandes dimensions, précédés de vastes bassins soumis aux influences du vent et dont le niveau était difficile à régler parfaitement avec une vanne ordinaire d'usine, ne pou- vaient offrir un degré d'exactitude comparable à celui des expériences faites ( 5i3 ) dans des circonslaiiccs plus favorables. Afin d'en discuter l'ensemble et de dégager les résultats des influences accidentelles, nous les avons reproduits par une construction graphique , en prenant les valeurs de la charge H sur le sommet du déversoir pour abscisses, et celles du coefficient de la dépense pour ordonnées. " En examinant le tableau des résultats et surtout la courbe qui les repré- sente, on voit que les valeurs du coefficient de la dépense croissent rapide- ment avec celles de la charge H sur le seuil de l'orifice, depuis H = o™,o3 et o™,o4 jusqu'à H=:o™,09 et o^jio, terme passé lequel elles continuent encore à augmenter, mais de plus en plus lentement. » Si, pour comparer ces résultats obtenus avec une vanne de 2™,oi7 de largeur, égale à celle du canal d'arrivée et placée dans les circonstances spécifiées plus haut, avec ceux qui sont relatifs à un déversoir de o^jso de large , à contraction complète , on détermine , à l'aide de la figure , les valeurs correspondantes aux charges observées dans ce dernier cas , on peut former le tableau suivant , que nous limitons aux charges avec lesquelles nous avons opéré : r.ARGElR DES ORIFICES. VALEURS DU COEFFICIENT m DE LA FORMULE Q = m LU \3gR, pour des valeurs de H égales à m 0,04 m 0,06 m 0,08 m 0,10 m o,i5 m 0,20 m 0,200 2,017 0,407 0,264 o,4oi 0,355 0)397 0,418 0,395 0,448 0,393 0,469 0,390 0,482 » On voit que, pour les petites charges, cette vanne, épaisse de o'^joS, produit sur la dépense une diminution notable, quoique la contraction soit à très-peu près annulée sur les côtés verticaux de l'orifice. Cet effet est ana- logue à celui qui a été observé par MM. Poncelet et I^esbros sur de petits déversoirs accompagnés d'un coursier. On sait , en effet, que, dans le cas où la contraction est à peu près nulle sur les côtés, ces observateurs ont trouvé les valeurs suivantes de 7« : Charges sur le côté supérieur du déversoir . Valeurs de m , m 0,04 m 0,06 0, 10 m o,i5 0,246 0,271 o,3o8 w 0,21 0,324 68.. ( 5i4) " Ces valeurs , qui , pour les petites charges, se rapprochent beaucoup de celles que nous avons obtenues, montrent que la diminution de la dépense tient, dans les deux cas, à la même cause, à la résistance de la paroi du van- nage ou du coursier. On observe, en effet, que , dans les petites charges, la veine fluide mouille et suit la surface de la vanne; mais, à mesure que la charge augmente, cette influence des parois devient de moins en moins sen- sible pour notre orifice , et bientôt, d'ailleurs , la veine fluide se détache com- plètement de l'arête supérieure, qui est vive du côté d'amont, et la résistance de la surface du vannage cesse de se faire sentir, tandis qu'en même temps la suppression de la contraction latérale continue d'exercer siu- l'accroisse- ment de la dépense une influence de plus eu plus grande; d'où il résulte que le coefficient de la dépense augmente. » Telle est l'explication naturelle et simple qne l'on peut donner de la pe- titesse des valeurs du coefficient de la dépense pour les faibles charges, et de leur grandeur pour les fortes charges observées dans nos expériences. >• Quelques soins que nous ayons apportés dans l'exécution de ces expé- riences, les causes et les circonstances locales que j'ai signalées n'ont pas permis d'obtenir un degré d'exactitude supérieur à ^ ou -^'t;; mais le tracé montre cependant, par leur ensemble , la marche graduelle et continue de l'accroisseinent du coefficient de la dépense, et, en attendant que de nou- velles recherches plus précises soient exécutées, je crois que l'on pourra, dans les applications à des cas analogues , adopter, avec une exactitude suffisante pour la pratique, les valeurs déduites du tracé pour le coefficient de la dé- pense, savoir: Charges sur le seuil du dé- versoir Valeurs du cocfScient m o,oj 0,36-j o,o5 0,31) 0,06 0,335 0,07 0,390 0,08 0,418 0,09 0,437 0,10 0,12 0,1) 0,448 o,4fio'o, 46; 0,16 0,472 18 0,20 0,477 o,48u " Ces valeurs, qui, pour les charges au-dessus de o'",io, sont bien supé- rieures à celles qui ont été adoptées jusqu'à ce jour pour des cas semblables, montrent que les vannes, disposées comme celle sur laquelle nous avons opéré, ce qui est le cas de beaucoup de roues de côté , dépensent plus d'eau qu'on ne l'admet généralement, et que, dans des expériences sur les moteurs hydrauliques, on peut, faute d'un bon moyen de jaugeage, estimer les dépenses d'eau à i ou y au-dessous de leurs valeurs réelles, et, <à l'inverse, les effets utiles beaucoup trop haut. >' II serait donc à désirer que de nouvelles expériences spéciales, faites (5i5) sur de grands déversoirs, comprenant les proportions et les dispositions le plus en usage , fussent exécutées avec la précision convenable. L'éta- blissement des appareils nécessaires exige des dépenses assez considérables, des localités convenables, et un concours de moyens et de circonstances qui se rencontrent rarement; et ces difficultés doivent faire regretter que les expériences déjà exécutées avec tant de soin et de précision par ordi'e du Ministre de la Guerre, à Metz, aux frais de l'État, de 1827 à i834, en vue des besoins des services de l'Artillerie et du Génie, n'aient pas encore été publiées ni même communiquées à ces corps. Expériences sur un orifice avec charge sur le sommet. >' Quoique l'ensemble des résultats obtenus avec le vannage en déversoir permît de déterminer avec une exactitude suffisante, au moins pour la pratique, les volumes d'eau effectivement dépensés dans les expériences projetées sur les moteurs hydrauliques, il m'a paru plus convenable d'em- ployer, à cet effet, un orifice avec charge sur le sommet, attendu que la hauteur et, par suite, l'aire de l'orifice restant constantes, la charge sur le centre, seule exposée à de légères erreurs de mesure, n'entre que sous un radical du second degré dans le calcul de la dépense, et que l'influence de ces erreurs diminue quand la charge augmente. » A cet effet, j'ai fait disposer sur le même canal un orifice de i™, 496 de largeur, dont les côtés verticaux se trouvaient à o™,i6 et o™, i65 des parois du canal, et comme les levées de vanne ont été faibles, par rapport à ces distances , la contraction pouvait être regardée comme à peu près complète sur ces côtés, ainsi que sur les côtés supérieur et inférieur. » La détermination des dépenses^ effectives , faites par cet orifice , a été exécutée, comme je l'ai expliqué précédemment, au moyen des petites vén- ielles de o™,3oo d'ouverture maximum. " L'examen des résultats obtenus, et surtout leur représentation gra- phique , montrent que les plus grands écarts ne s'élèvent pas à plus et presque toujours à moins de -^ des ordonnées de la courbe qui les repré- sente. Et comme, pour des expériences sur des moteurs hydrauliques, une pareille approximation est bien suffisante, nous avons pu, dans les calculs ultérieurs des dépenses d'eau , adopter les valeurs du coefficient de la dé- pense déduites de cette courbe même. ') Nous ferons observer que, dans nos expériences, les charges sur le sommet des orifices ayant été comprises entre o'",o5o et o'",i8o au plus, et cette dimension n'exerçant entre ces limites sur la dépense, d'après les (5i6) expéi-ieuccs de MM, Poncelet et Lesbros , qu'une influence de ^ au plus, la variation des coefficients n'a guère dépendu que de la hauteur des orifices. » On a donc pu, d'après cette remarque, chercher à comparer les va- leurs du coefficient de la dépense, que nous avons trouvées, avec celles qui ont été déterminées pour des hauteurs égales d'orifices, de o"',ao de largeur par MM. Poncelet et Lesbros, et nous avons formé ainsi le tableau suivant : NATLRE DES ORIFICB». VALEURS du coefTicient de le dépense théorique pour des hauteurs d'orifices de m 0,20 0,10 m o,o5 Orifirp Hp n"" •>fto Ht* larueur 0,592 0,675 o,o83 H. 1 3 0,611 0,679 0,068 1 0 ,0 o,63o 0,727 0,097 î,5 3 Orifîrp flp I™ (^nfi de largeur Accroissement dû à l'augmentation de largeur, ou >i On voit que la largeur de notre orifice paraît avoir exercé sur la dépense une influence considérable, et que l'accroissement qui en résulte pour cette dépense a varié, pour les cas cités, de ^ à -j^. >• Ces résultats prouvent combien il était nécessaire de vérifier au préa- lable l'exactitude de la formule à employer pour le jaugeage des dépenses d'eau , puisqu'il pouvait en résulter de semblables différences. » On remarquera d'ailleurs que ces résultats donnant des dépenses nota- blement supérieures à celles que l'on aurait calculées d'après les règles gé- néralement admises, les effets utiles obtenus des moteurs étudiés dans les expériences dont il nous reste à rendre compte, seront diminués dans le même rapport, et que , sous ce point de vue , nos résultats leur seront moins favorables que si nous nous étions contenté de suivre les règles ordinaires. " Les expériences sur les moteurs seront l'objet de communications ulté- rieures. » (5i7) GÉOMÉTRIE. — y^wfre démonstration de l'équation p.*sin*/'+v*sin*/"=a' [*], et propriétés qui en dérivent; par M. Chasles. " Cette nouvelle démonstration repose sur une propriété des surfaces liomofocales , dont voici l'énoncé : » Théorème. Etant donnée une surface du second degré (a), si par un point de l'espace on mène une droite faisant, avec les normales aux trois surfaces homojocales (p), (p.) et (v) qui passent par ce point, des angles i, i , i", le segment EE', que la surface (a) intercepte sur cette droite, divisé par le carré du demi-diamètre Oe, qui lui est parallèle, a pour expression '/ __ 2 v/(a'— p') (g'— p') (g''— v^) / cos't EE' 2v/(a'— P')(a'— pi')fa'— v^) . / cos'j . cos';' . cos' i" K, ê, y étant les trois demi-axes principaux de la surface (a) [**]. " Ce théorème fournit immédiatement la démonstration de l'équation proposée, et conduit, en outre, à une propriété nouvelle des tangentes com- munes à deux surfaces homofocales; et cette propriété, qui concerne les seg- ments qu'une troisième surface homofocale détermine sur ces tangentes, s'ap- plique naturellement aux lignes géodésiques et aux lignes de courbure des surfaces du second degré. I. — Démonstration de l'éqttalicin fi'sin'j' + v'sin'?" = a'. » Concevons, dans le théorème ci-dessus, que la transversale menée par le point (p, p., y) soit tangente à la surface (a), on aura EE' = o, et cos^ i cos' / ' cos' i " ~~i ; + ~ i + ", , = o- p' — oc pi' — or V — a' Cette équation peut être considérée comme l'équation du cône circonscrit à la surface (a), qui aurait son sommet au point (p, [x, v), puisqu'elle détermine toutes les tangentes à cette surface, qu'on peut mener par ce point. 1) Pour celles de ces tangentes qui sont comprises dans le plan tangent à la surface ( p) et qui , dès lors , se trouvent tangentes à la fois aux deux sur- faces (a) et ((s), on a / = 90°, cost = o, et cos'j' cos'/" pi' — x' v' — a.' OU , p.- sin^ i' -+- v^ sin* /". C. Q. F. D. [*] Voir Comptes rendus, t. XXII, p. 63, loj, 3i3. [**] Ce théorème se trouve démontré dans mon Mémoire sur l'attraction des ellipsoïdes, qui fait partie du tome IX du Recueil des Savants étrangers. Voir pages ôSg et66i . ^ ■" • > ( 5i8 ) " Remarque. Une droite dans l'espace sera représentée par les deux équations COS' l COS" l ^-, —. = o, p- — a- f/.' — cos^ / cos'/' cos^/' ?'- o, qui expriment que la droite est menée parle point (p, fji, v), tangentiellement aux deux surfaces (a) et (ai). » Ces équations se transforment en deux équations différentielles, où p, (i, V sont les variables, si l'on remplace les cosinus par les projections ds, lis', ds" d'un élément de la droite, sur les normales aux trois surfaces ( p), (jix), (v), puis ces éléments ds, ds', ds" par leurs expressions connues, en h /^ '•'» ^^Pi dii,'dv. II. — Propriété générale des tangentes communes à deux surfaces homofocales. » L'équation |u.^ sin* V + v' sin^ i" ^ a? détermine donc, sur le plan'tan- })[ent à la surface (p), la direction d'une tangente commune aux deux surfaces (o) et (a). Concevons une troisième surface homofocale (a,); soit E,E', le segment qu'elle intercepte sur cette tangente, et nommons Oe, son demi- diamètre parallèle à cette droite , on aura Or E,E', _ 2v/(a;-p')(a;-(x-')(a? - ■/) /cos^f' cosV^ cos' p' — »' v' — ^' d'où l'on conclut COS'i' cos'i" a'— aj il vient donc f*'-«î ' v'-«l-(p'-aî)(v^-aî)' E|E', _ 2 y/g', —f\j• Le rapport — — , dans les théorèmes qui précèdent, peut se remplacer par un seul segment formé sur la corde EE'; de sorte que les théorèmes prendront de nouveaux énoncés dans lesquels ce seront des segments égaux que l'on aura à considérer. En effet, concevons que la surface (a) soit l'enveloppe d'une couche infiniment mince qui ait pour paroi interne une surface semblable , concentrique et semblablement placée ; soient EE' une corde de la surface (a), Oe le demi-diamètre parallèle, et drle segment in- finiment petit compris sur cette corde, entre les deux parois de la couche ; on trouve aisément cette expression de dr, i Oc c/a Donc , quand le rapport :;—; sera constant , comme dans les théorèmes pré- Oc cédents, le segment dr sera de longueur constante. On conclut de là plusieurs théorèmes dont nous ne citerons que celui-ci , qui se rapporte au plan : » Si entre deux coniques semblables , concentriques, semblablement pla- fées, et dont la différence des axes est infiniment petite ^ on inscrit des seg- ments infiniment petits, mais de même longueur, ces segments prolongés en- velopperont une conique homojocale à la courbe externe. » La couche comprise entre deux surfaces semblables du second degré, comme nous l'avons dit , est précisément la couche que forme l'électri- cité à la surface d'un corps conducteur. On conclut de là quelques consé- quences relatives à cette couche électrique; par exemple, que : La couche formée à la surface d'un ellipsoïde de révolution a partout la même épais- seur, dans le tens des rayons vecteurs issus des foyers. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Deuxième Note sur les dangers présentés par les chemins de fer; par M. Piobert. « L'accident qui vient d'arriver sur le chemin de fer de Rouen, à la sortie d'une voûte ou tunnel qui précède la station de Bonnières, est dû à l'une- des causes signalées dans une première Note sur les dangers présentés par les chemins de fer, que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie dans la séance du 9 de ce mois, et montre mieux que tous les raisonnements contraires, et malgré l'espèce de fin de non-recevoir qui m'a été opposée, la nécessité d'é- veiller l'attention de l'autorité sur les questions de chemins de fer que j'ai indiquées, et auxquelles il est indispensable de donner une solution immé- diate, surtout avant l'exploitation des nouvelles lignes. La solution des deux premières de ces questions eût peut-être prévenu complètement le dernier accident de Rouen , qui est arrivé dans des circonstances semblables à celles qu'a offertes le chemin de Saint-Étienne. Nous supplions donc de nou- veau l'Académie de se joindre à nous pour appeler toute la sollicitude du Gouvernement sur les dangers que présente l'état actuel des choses, une seule voix étant impuissante pour se faire entendre sur ime question qui remue de si immenses intérêts. Qu'on ne croie pas , du reste, que les mesures provoquées doivent nécessairement compromettre l'avenir des compagnies existantes : ces mesures sont, au contraire, dans leur intérêt bien entendu; si des prescriptions de l'administration sur les tracés, sur les machines et sur la police du mouvement des convois leur occasionnaient quelques dé- penses, elles en seraient dédommagées par l'augmentation des produits que procurera certainement une plus grande sécurité pour les voyageurs. » Tels sont les motifs impérieux qui nous font insister plus que jamais sur l'objet de nos précédentes communications. » A la suite d'une discussion engagée à l'occasion de cette communication , 69.. ( 5a2 ) fil' discussion à laquelle prennent part MM. Cauchy, Morin , Séguier, Flourens, Babinet et Poncelet , une Commission , composée des membres de la Section de Mécanique auxquels s'adjoindra M. Séguier, est chargée de prendre en considération la demande de M. Piobert, et de faire, à ce sujet, une pro- position à l'Académie, • RAPPORTS. PHYSIOLOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Mialhe, intitulé : De la digestion et de l'assimilation des matières amyloïdes et sucrées. (Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Milne Edwards, Payen rapporteur.) « L'Académie no\is a chargés d'examiner un Mémoire de M. Mialhe, re- latif à plusieurs des phénomènes de la digestion. » L'auteur, rappelant les notions admises actuellement en ce qui con- cerne la désagrégation des substances azotées dans les voies digestives, dit que cette sorte de liquéfaction s'opère par le concours d'un acide et de la pepsine, phénomène compai-able à celui de la diastase agissant sur l'amidon. >' Que si l'on peut en outre concevoir comment , sous l'influence de la bile ou d'un agent spécial qu'elle renfermerait, les matières grasses devien- nent miscibles à l'eau et assimilables à leur tour , on est beaucoup moins avancé dans la connaissance des réactions qui peuvent disposer les matières féculentes et sucrées à prendre part à l'alimentation. j) Ce fut surtout cette lacune qu'il se proposa de remplir. » Avant de juger les résultats que M. Mialhe avait pu obtenir sur ce point, nous avons voulu compléter l'historique de cette importante question en recherchant les faits constatés déjà par des publications antérieures. )' Dans ses expériences sur la digestion, Spallanzani a reconnu'que, chez les Ruminants, l'herbe, le blé, le pain, etc., ne se digèrent pas à moins d'avoir été longtemps mâchés et abondamment imprégnés de salive ; mais il attribuait ce résultat à l'influence de la division mécanique. » L'édition allemande des Archives de Rastner, en i83i, contient une Note de Leuch dont voici la substance : « D'après Tiedmaun et Gmelin , l'estomac d'un chien qui avait mangé de » l'amidon renfermait , outre des grumeaux amylacés , un liquide ne bleuis- !' sant plus par l'iode et contenant du sucre ainsi que de la gomme d'ami- » don; le sucre s'est encore trouvé dans le canal digestif d'une oie qui avait » été nourrie exclusivement d'amidon et d'eau jusqu'à ce que la mort s'en- » suivît. ( 5a3 ) » D'après Montègre, le suc gastrique, après les vomissements et l'absti- » nence, doit ressembler à la salive. .) Telles furent les considérations qui m'engagèrent, dit I.euch, à entre- » prendre des recherches concernant les propriétés de la salive, et sa réac- » tion sur l'empois, la gomme, etc. » li'empois de fécule de pomme de terre fut chauffé avec la salive fraîche : » au bout de deux heures le mélange était dissous, très-fluide et sensiblement » sucré; il restait des flocons amylacés. L'amidon de froment, traité de la « même manière , donna des résultats semblables. » L'amidon cru éprouva des changements en raison 4e ce que l'élévation » de la température pouvait faire dissoudre. » La coction des aliments farineux doit donc favoriser la digestion dans " l'estomac. » La salive rougit constamment le tournesol, mais cette coloration dispa- » raît à l'air ou par un peu d'ammoniaque ; il ne paraît donc pas que l'acidité » soit nécessaire à la réaction. » Ni le sucre de lait, ni la gomme, ni la gélatine, n'éprouvèrent de cban- ') gement de la part de la salive. >' D'un autre côté , aucune des substances animales ne parut agir sur l'a- « midon , du moins je n'ai pu le saccharifier par la gélatine , le blanc d'œuf , » le caséum, la fibrine, les éponges, la matière extraite du blanc d'œuf cuit « ou le principe salivaire (Speichelstoff ) , ni par les morilles. « n On doit conclure des citations qui précèdent, que Leuch a réellement découvert l'action de la salive sur l'amidon hydraté à chaud, et observé les produits soluble et sucré qui en résultent; qu'il a émis la pensée que l'aci- dité était sans influence sur cette réaction, bien qu'il eût considéré la salive comme habituellement acide , tandis que c'est un cas exceptionnel. >i II n'a d'ailleurs rien entrevu en ce qui touche le principe actif, et il a supposé que l'amidon n'était transformé par la salive , dans ses expériences , qu'à la condition d'être désagrégé par la chaleur. » Sébastian n'a guère avancé la question , tout en confirmant les résultats précédents : il a dit que l'action de la salive ne dépendait pas de son alcali , quoique l'amidon cuit'faêlé avec de l'alcali ne réagît pas sur l'iode; il ne songeait pas sans doute que, dans cette circonstance, il n'y a pas d'iode libre, puisque l'alcali s'en empare; mais il ajoute que les acides rétablissent la réaction, et qu'un léger excès d'acide acétique n'empêche pas la salive de transformer l'amidon. » Enfin, il reconnut que la cause du phénomène ne réside non plus ni dans les sels, ni dans l'acide cyanhydrique , ni même dans la ptyaline, ( 5^4 ) (andis que la combinaison bleue d'amidon elle-même est décomposée. Si ce dernier effet eut lieu , ce devait être en raison de l'alcalinité de la salive ou de l'élévation de la température. >' [ichman est arrivé à des conclusions semblables, mais il a supposé qu'une combinaison de protéine observée par Simon dans la salive du cheval était la cause prédisposante de la métamorphose de l'empois; cette hypothèse n'était appuyée que sur cette autre supposition, que l'acide acétique, en décomposant la substance qui aurait renfermé de la protéine, empêchait la réaction spéciale ; mais il est probable que, dans cette expérience, l'obstacle à la réaction venait principalement du grand excès d'acide. )> Ainsi donc , le fait de la dissolution et de la saccharification de l'amidon par la salive était bien établi, mais on n'avait pas découvert l'agent spécial du phénomène. » lies faits que nous venons d'exposer étaient jusqu'alors les seuls admis sur ce point; on les trouve la plupart reproduits dans le Manuel de Millier, traduit sur la quatrième édition de i844' On a cité en outre , dans cet ou- vrage, une observation de Tiedmann et Gmelin : ce serait la conversion en dexlrine et en sucre du gluten des céréales durant la digestion naturelle; mais, si la traduction est exacte, il est fort probable que le gluten em- ployé n'était pas pur, et que l'amidon qu'il contenait avait seul éprouvé les transformations indiquées; car, sans ces conditions, on ne comprendrait pas que la matière azotée produisît deux .substances non azotées. » Les nombreuses expériences de M. Mialhe ont changé la face de la question: en éclaircissant plusieurs points douteux dans les réactions de la salive humaine; en y découvrant un principe actif de la transformation des substances amylacées; en démontrant enfin que ce principe offre la plus prande analogie, si ce n'est une identité complète, avec la diastase. On sait que la végétation développe ce principe toutes les fois que les dépôts amy- lacés doivent être dissous et traverser les tissus pour servir à de nouvelles formations organiques. » Afin de mieux étudier l'action de la salive sur l'amidon, M. Mialhe a constaté la transformation ultime en glucose, à l'aide de la saveur sucrée, de la propriété fermentescible , de la coloration brune sons l'influence des solutions alcalines chauffées, enfin de la réduction du bioxyde de cuivre dans les sels, ou l'hydrate en présence de la potasse (i). (i) Dans l'acétate de cuivre, la réduction s'opérerait à chaud par une simple addition de glucose , et il se dégagerait alors de l'acide acétique ; mais le phénomène est bien plus prompt lorsque l'on ajoute un peu d'alcali. ( 5^5 ) )i Ces derniers réactifs donnent des indications assez rapides pour que vus Commissaires aient pu vérifier les principales observations de l'auteur : la transformation partielle de l'amidon cru sous l'influence de la salive exigea seule de maintenir les corps en présence durant vingt-quatre heures à la température de 4o degrés centésimaux; mais un appareil réglé à cette tem- pérature nous permit de constater, au bout de ce temps, l'effet annoncé. » [>a réaction sur l'amidon broyé fut plus grande et moins lenle; la trans- formation se fit rapidement à la température de 4 5 degrés, lorsque l'hydra- tation eût été préalablement obtenue à i oo degrés , soit que l'on agît sur l'empois, sur la mie du pain ordinaire ou sur le pain azyme; enfin le4)hé- nomène de la saccharification fut instantané lorsque l'on soumit à la sa- live le liquide amylacé filtré à chaud. » Nous avons pu extraire de la salive humaine filtrée le principe actif, et constater son action en suivant les procédés indiqués par l'auteur. » Le mode d'extraction et les phénomènes reproduits sur l'amidon dans ses états différents sont tellement semblables à ce qu'on a observé dans la recherche et l'étude du principe actif des céréales, que l'auteur s'est em- pressé de comparer, dans toutes leurs propriétés, ces agents des deux règnes. » Il n'a pu déceler la moindre dissemblance entre eux, et, en extrayant de la salive le principe actif, avec toutes les précautions indiquées relative- ment à la diastase végétale, il a obtenu une diastase animale, douée d'une égale énergie , capable de dissoudre et de saccharifier deux mille fois son poids d'amidon , ayant aussi son maximum d'action en présence de l'eau, et à la température de 70 à 80 degrés centésimaux; elle était également neutre , sans saveur, inerte enfin, comme l'autre diastase, sur tous les autres principes immédiats essayés. Les mêmes réactifs qui font cesser la réaction de la diastase, notamment le tanin, les bases solubles, les acides en certaines proportions, la créosote et divers sels métalliques, annulent aussi le pouvoir delà diastase animale. Son altération spontanée- donna lieu également à une production acide, et, de même encore que la diastase des végétaux, sa dis- solution aqueuse perdit sa propriété distinctive par la seule élévation de la température jusqu'à 100 degrés. » Un aussi grand nombre de caractères communs, de propriétés sembla- bles, paraissaient autoriser à considéi-er l'agent spécial de la dissolution du principe amylacé comme identique dans les deux règnes ; M. Mialhe a préféré laisserlaquestion indécise. Nous devons louer sa réserve, car, avant de se pro- noncer, il faudrait encore pouvoir comparer la composition élémentaire dans les produits des deux origines, et il est bien difficile d'obtenir parfaitement purs ces corps incristallisables et prompts à s'altérer tant qu'ils sont humides. ( 5a6 ) » 11 nous semble donc convenable, en attendant, d'admettre avec l'au- teur une diastase animale ou salivaire agissant dans une voie parallèle à cello de la diastase végétale, produisant de semblables effets catalytiques. » Quoi qu'il en soit, les résultats nouveaux seront féconds en conséquences importantes pour les progrès de la physiologie, ils répandent une claé évidente parmi les conclusions vagues ou inexactes des observations précé- dentes: ainsi on ne dira plus, avec les auteurs cités plus haut, que chacun des principes de la salive, isolément, n'agit pas sur l'amidon, tandis que la réunion de ces substances offre une propriété dissolvante énergique; on devra reconnaître que la ptyaline, telle qu'on l'avait préparée jusqu'ici, avait perdu sa propriété la plus importante ; elle ne préexiste donc réellement pas dans la salive, car elle ne semble être autre chose que de la diastase animale al- térée et devenue inerte. » Dans la voie plus sûre où M. Mialhe est entré, il reste sans doute à re- cueillir des faits importants et des applications intéressantes; nous en trou- verons quelques exemples dans les Mémoires renvoyés depuis à la même Commission et dans d'autres communications subséquentes. » Il nous reste à rendre compte à l'Académie d'une deuxième série d'ob- .servations contenues dans le Mémoire de M. Mialhe; elles forment la suite naturelle des faits que nous venons d'exposer. » L'auteur, tout en montrant, le 3i mars i845, quel est le principe de la transformation en glucose des substances amylacées et de la cellulose peu agrégée dans l'économie animale, indiquait l'un des principaux effets de cette transformation ; il a puisé cette indication même dans les vues qu'il avait ex- posées dès le i5 avril i844' » Admettant d'abord que l'influence des alcalis donne aux solutions de glucose le pouvoir de réduire le bioxyde de cuivre , et considérant dès lors que l'assimilation des substances amyloïdes et sucrées n'est possible qu'en présence des alcalis, M. Mialhe attribuait l'affection diabétique au défaut d'assimilation du sucre plutôt qu'à une production exagérée de ce principe immédiat. >' Ces vues nouvelles, d'accord avec un assez grand nombre d'anciennes observations pratiques, semblaient conseiller d'associer au régime animalisé et le moins féculent possible, l'emploi des bases alcalines ou de leurs carbo- nates, de la magnésie ou même de l'eau de chaux. " A l'appui de cette ingénieuse hypothèse, M. Mialhe montre combien la présence d'une base alcaline, déjà employée dans le procédé de Frommerz, hâte ou détermine l'action désoxydante des solutions de glucose. Une réaction ( 5.7 ) analof[iie, nécessaire pour que les matières sucrées prennent part à la nutri- tion, lui paraît entravée, dans les affections diabétiques, par un défaut plus ou moins grand de base alcaline qui occasionnerait l'excrétion plus ou moins abondante do glucose, et correspondrait à des états plus ou moins graves de la maladie. » L'auteur reconnaît, dans un trouble indéterminé des fonctions, ce dé- faut lui-même d'alcalinité du sang, et de là le retour des phénomènes mor- bides lorsque la médication alcaline cesse. » Des exemples de guérison ou d'amélioration notable sons l'influence de la méthode indiquée sont décrits par l'auleur, et paraissent dignes d'intérêt, mais ils ne sont pas assez nombreux; toutes les circonstances des phénomènes, si complexes d'ailleurs , n'ont pu être étudiées d'une manière assez précise pour lever tous les doutes à cet égard. " En résumé, la Commission a l'honneur de proposer à l'Académie d'en- gager M. Mialhe à poursuivre ses recherches expérimentales sur la théorie et le traitement du diabète sucré. >• Quant au Mémoire présenté en i845, les faits nombreux et exacts qu'il renferme , et la découverte de la diastase animale dans la salive humaine , paraissent à votre Commission d'une assez grande importance pour lui mé- riter l'approbation de l'Académie; la Commission aurait même proposé d'accorder l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers, si elle n'avait appris que ce Mémoire doit être très-prochainement imprimé. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ASTRONOMIE. — Rapport sur un cercle astronomique de M. Brunneb. (Commissaires, MM. Gambey, Mauvais, Laugier rapporteur. ) « M. Brunner a présenté à l'Académie un cercle répétiteur destiné à me- surer les hauteurs angulaires. L'axe vertical autour duquel tourne cet in- strument, repose sur trois vis : il porte à son extrémité supérieure un niveau fixe qui permet de vérifier à chaque instant sa verticalité, et à son extrémité inférieure un cercle azimutal de 20 centimètres de diamètre, divisé de 10 en 10 minutes et muni d'un vernier qui donne les angles à 10 secondes. C'est sur cet axe principal que sont établis deux axes horizontaux et concentriques qui tournent l'un dans l'autre. Le premier, l'axe du cercle-alidade, est en acier trempé et taillé en forme de cône à ses extrémités ; le second , l'axe du cercle-limbe, est en métal de cloche; il est creux et porte également à ses extrémités deux parties coniques. Ces cônes, s'emboîtant l'un dans C. R., i8)6, 1" Semestre (T. XXII, N» 12.) 70 ( 528 ) l'autre, sont terminés des deux côtés par des portions cylindriques sur lesquelles repose le niveau destiné à établir la verticalité des cercles. L'un des cylindres est solidaire avec l'axe du cercle-limbe, l'autre avec celui du cercle-alidade, de telle sorte qu'en faisant tourner ce dernier, les deux axes prennent l'un relativement à l'autre toutes les positions possibles, et que la moindre excentricité est indiquée sur-le-champ par les variations du ni- veau. Cette partie si délicate de l'instrument a été exécutée par M. Brunner avec une remarquable précision, et nous devons dire que les déplacements du niveau pendant le jeu des deux axes ont été à peu près insensibles. » La manière dont les deux cercles sont équilibrés mérite également des éloges : une verge en cuivre , mobile autour de deux vis fixées au milieu de l'axe vertical, porte à l'une de ses extrémités des galets qui sont en con- tact avec l'axe du cercle-limbe , et à l'autre un contre-poids qui fait équilibre au système des deux cercles. Cette disposition a l'avantage de diminuer au- tant que possible le frottement des axes sur les parois de leurs boîtes. » Le cercle-limbe, qui a 3o centimètres de diamètre, a été de notre part l'objet d'une scrupuleuse attention. Il est divisé de 5 en 5 minutes, et on lit les angles à 3 secondes à l'aide de quatre verniers dont les coïncidences se distinguent facilement et sans aucune ambiguïté. Dans un grand nombre de lectures, faites en différents points du limbe, nous n'avons trouvé que de très-petites variations, ce qui indique l'exactitude de la division et du cen- trage des deux cercles. » Conclusions. — Nous pensons que le cercle astronomique de M. Brun- ner est construit, d'après de. bons principes, avec une rare habileté, et qu'il est très-digne de l'approbation de l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. BALISTIQUE. — Rapport sur un Mémoire de balistique de M. le capitaine DiDion, professeur du cours d'artillerie à l'Ecole d'application de l'artillerie et du génie. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin, Duhamel rapporteur.; « Les géomètres se sont beaucoup occupés du mouvement des projec- tiles dans l'air, tant à cause des difficultés que présentait cette question , que pour l'importance des applications qu'on en pouvait faire à l'Artillerie. Avant leurs recherches sur ce sujet, on avait les idées les plus fausses sur la nature de ce mouvement. Dans le tir du canon, on regardait la trajectoire comme une ligne droite; dans le tir des bombes, on la regardait comme ( 5^9 ) composée de ligues droites et d'arcs de cercle. De pareilles erreurs ne doi- vent pas étonner; les anciens, par les raisons les plus singulières, voulaient ramener à la ligne droite et au cercle toutes les trajectoires relatives aux grands phénomènes naturels. Leurs idées ont régné jusqu'au moment où Cou a pensé que les lois de la nature ne devaient pas être inventées à priori, mais découvertes par l'observation. Cette révolution, la plus grande que l'on puisse signaler dans l'histoire de la philosophie naturelle, est due à Galilée; et c'est à lui encore que l'on doit la solution de la question qui est le point de départ naturel de la théorie dont nous avons à nous occuper en ce moment. » En combinant le principe, qu'il avait posé le premier, de la compo- sition des mouvements provenant de différentes causes, avec les lois de l'accélération des graves, qu'il avait découvertes dans la chute des corps suivant la verticale, il démontra que la courbe décrite par les projectiles dans le vide serait une parabole. » New^ton voulut aller au delà et tenir compte de la résistance de l'air; il établit, par des considérations peu rigoureuses, qu'elle était proportion- nelle au carré de la vitesse du mobile; mais il ne donna aucune méthode pour la détermination effective de la trajectoire. » Jean BeruouUi est le premier qui ait ramené aux quadratures la solu- tion de la question, dans l'hypothèse la plus générale sur la loi de résis- tance du milieu. Divers géomètres célèbres le suivirent dans cette voie. " Euler, en supposant la résistance proportionnelle au carré de la vitesse, a donné le moyen de trouver l'expression finie de la longueur de l'arc de la trajectoire, compris entre deux points pour lesquels on s'est donné l'incli- naison de la tangente. Cela posé, il calcule les longueurs d'un grand nombre d'arcs, en partant de l'inclinaison donnée à l'origine, et faisant varier, d'un petit nombre de degrés , les inclinaisons aux extrémités des arcs successifs qu'il considère. Il projette ensuite ces différents arcs sur les axes de coordon- nées, en regardant chacun d'eux comme une ligne droite qui aurait une inclinaison moyenne entre les deux extrêmes. En faisant la somme de ces projections, il obtient les deux coordonnées de chacun des points dç la trajectoire, qui répondent aux inclinaisons arbitrairement choisies de la tan- gente. n La vitesse du mobile pouvant aussi être calculée en fonction de l'incli- naison , on aura le temps employé à parcourir un petit arc , en divisant sa longueur par une valeur moyenne de la vitesse , et l'on parviendra ainsi à connaître le temps employé à parcourir un arc quelconque. Euler appliqua 70.. ( 53o ) cette méthode, qui a conservé son nom, à un exemple particulier dans lequel il faisait varier les inclinaisons de cinq degrés d'un point à l'autre. " L'erreur résultant de cette méthode tient à la substitution que l'on fait d'une droite à un arc de même longueur, ce qui donne des projections trop grandes. Legendre proposa de substituer les arcs des cercles osculateurs ayant respectivement à leurs extrémités les mêmes inclinaisons que ceux de la courbe. M. le capitaine Didion propose, comme plus exacts encore, les arcs des paraboles osculatrices. » Lambert a employé la méthode des développements en séries. Il a donné l'exgt'essLon de l'ordonnée de la trajectoire et de la durée du trajet en séries ordonnées suivant les puissances de l'abscisse. Mais ces développe- ments sont peu convergents et par conséquent peu applicables, lorsque les inclinaisons ne sont pas très-petites. >' Cette méthode a été employée par d'autres géomètres, parmi lesquels on doit citer Borda , Tempelhoff et Français. » Ces divers procédés exigeant de très-longs calculs, les géomètres ont cherché à rendre les équations intégrables, en modifiant convenablement l'exprevssion de la résistance. Ils l'ont supposée proportionnelle au carré de la vitesse et à une fonction de l'inclinaison qui rende l'intégration possible, sans trop s'écarter de la réalité. C'est Borda qui ouvrit cette voie nouvelle; il y fut suivi par Bezout, par Legendre qui perfectionna notablement la mé- thode de Borda, en adoptant une loi de variation moins inexacte, et enfin par Français, qui proposa encore une modification à la loi adoptée par Legendre. » Jusque-là on avait supposé la résistance de l'air proportionnelle au carré de la vitesse; toutefois on avait reconnu la nécessité de modifier le coefficient suivant les vitesses, et on lavait fait souvent d'une manière arbi- traire sans obtenir néanmoins un accord suffisant entre les formules et les résultats de l'expérience. » L'Académie des Sciences provoqua de nouvelles recherches sur cette importante théorie en la proposant, en 1887, comme sujet du grand prix de Physique; elle donna son approbation à un travail fait en commun par MM. Piobert, Morin et Didion. » M. le colonel Piobert reconnut que, d'après les expériences de Hutton , la loi de la résistance pouvait être représentée par deux termes respective- ment proportionnels au carré et au cube de la vitesse. Il détermina , dans celte hypothèse, la valeur de l'espace parcouru et la durée du trajet en fonc- tion de la vitesse. ( 53. ) » La question était arrivée à ce point lorsque M. le capitaine Didion commença les recherches dont nous allons rendre compte aujourd'hui à l'Académie. » Observons d'abord que les problèmes de la balistique ne sont pas de ceux qu'on puisse résoudre sans employer des formules générales , et par le seul emploi de Tables construites pour chaque genre de questions. Le nombre des données y est trop grand pour que l'on ait pu songer à former des Tables où elles entreraient comme éléments avec toutes les valeurs dont chacune est susceptible. Ce n'est pas à dire qu'il ne puisse être très-utile d'en con- struire qui aient pour objet de donnor promptement les résultats de cal- culs intermédiaires. Mais on ne peut se dispenser d'avoir recours à des formules entre les inconnues et les données des problèmes si variés dont la solution intéresse l'Artillerie. Ce que l'on devait proposer était donc le perfectionnement de la théorie dont les résultats ne représentaient pas suffi- samment les expériences. M. le capitaine Didion a très-bien senti que ce n'était pas la méthode de calcul , mais l'hypothèse elle-même qu'il fallait mo- difier; aussi, sans se laisser arrêter par les difficultés de l'entreprise, il résolut de reprendre théoriquement toutes les questious de la balistique en faisant usage de la loi proposée par notre confrère le colonel Piobert, et d'en con- duire la solution jusqu'à l'application pratique la plus simple. » On devait craindre que cette loi, beaucoup plus compliquée, ne con- duisît à des formules d'une application peu commode; mais l'auteur est par- venu à réunir la facilité du calcul à une plus grande exactitude , au moyen de Tables spéciales qu'il a imaginées et exécutées. Nous allons donner une idée rapide des résultats auxquels il est parvenu. » Dans le tir sous les grands angles de projection au-dessus de l'horizon , on sait que l'équation différentielle de la trajectoire n'est pas intégrable ; mais il serait possible d'obtenir l'équation approchée d'un arc d'une cerlaine am- plitude, en remplaçant la valeur variable du rapport d'un élément à sa pro- jection par sa valeur moyenne dans l'étendue de l'arc que l'on considère. C'est ce qu'a fait M. le capitaine Didion , et il a obtenu , pour un point quel- conque de cet arc de la trajectoire, l'ordonnée, l'inclinaison de la tangente, la durée du trajet et la vitesse du projectile, en fonction de l'abscisse. Les expressions de ces différentes quantités sont très-simples; l'auteur leur a donné une forme semblable à celle qu'elles auraient si le mouvement avait lieu dans le vide, et l'on conçoit que cela était toujours possible en substi- tuant à des coefficients constants des fonctions convenables de l'abscisse. Mais ce qui est remarquable , c'est qu'elles ont une forme telle, qu'au moyen ( 532 ) ' de Tables peu étendues et que l'auteur a formées , on peut en obtenir très- facilement la valeur numérique correspondante à une valeur quelconque de l'abscisse. De cette manière, toutes les quantités que nous avons indiquées pourront être calculées dans l'hypothèse d'une résistance représentée par deux termes , l'un proportionnel au carré de la vitesse, et l'autre au cube , avec pres- que autant de facilité que si le mouvement avait lieu dans le vide. Mais, pour que ces résultats soient suffisamment exacts , il ne faut pas que l'amplitude de l'arc soit trop grande, et M. le capitaine Oidion a discuté avec soin les limites entre lesquelles elle devait être renfermée. Ayant ainsi déterminé tout ce qui se rapporte à ce premier arc , qui commence au point de départ du projectile, on se transporte à son extrémité où l'inclinaison sera connue, et l'on recommence les mêmes calculs pour un second arc , et ainsi de suite. Le nombre de ces divisions est, en général, peu considérable. Dans le tir ordi- naire des lourds projectiles comme les bombes , sous de grands angles de projection, pour les distances auxquelles ce tir conserve encore assez d'effi- cacité, et pour lequel les vitesses sont faibles, on peut embrasser à la fois toute la trajectoire. » Dans le cas du tir du canon et des obusiers , les projectiles sont animés d'une grande vitesse; mais les angles de projection sont petits, parla condition de n'obtenir que des portées telles que les déviations ne soient pas trop consi- dérables. Alors l'inclinaison des divers éléments de la trajectoire est assez faible pour que leur rapport avec leurs projections puisse être regardé comme égal à l'unité dans les termes où il multiplie les coefficients de la résistance de l'air, r.es formules prennent alors une plus grande simplicité et permettent de ré- soudre les divers problèmes qui peuvent être proposés; elles trouvent parti- culièrement leur application dans le tir plongeant, ou tir à ricochet, sur une branche d'ouvrage de fortification. Les objets qui y sont placés, cachés aux coups directs par une masse couvrante , ne peuvent être atteints que par les projectiles qui, passant un peu au-dessus de la crête de la masse couvrante, viennent atteindre un point donné du terre-plein , ou pénètrent sous un cer- tain angle avec l'horizon. » Ces divers problèmes , dont la méthode de M. le capitaine Didion donne une solution simple et élégante, n'étaient qu'imparfaitement résolus, même dans l'hypothèse de la résistance proportionnelle au carré de la vitesse. » L'auteur examine ensuite le cas où l'on peut faire abstraction de la pesanteur, comme dans le tir à grande vitesse et à petite distance ; il est retombé sur deux relations qu'avait déjà obtenues M. le colonel Piobert. » 11 considère enfin le cas du tir à de petites distances , avec de lourds Vf' ■m « ( 533 ) projectiles et de faibles vitesses. On peut alors supposer la résistance de l'air proportionnelle au carré de la vitesse, pourvu qu'on en détermine le coeffi- cient pour chaque cas particulier. Les formules rentrent alors dans celles auxquelles on était déjà arrivé ; mais elles se présentent sous une forme pins simple par l'introduction des fonctions particulières dont nous avons déjà parlé. Néanmoins , par suite de la nécessité de déterminer le coefficient dans chaque cas particulier, les formules déduites de l'hypothèse plus géné- rale sont encore les plus commodes dans l'application , à l'aide des Tables des fonctions calculées par l'auteur. » Dans un appendice au Mémoire , se trouvent résumés les travaux d'Euler, Lambert, Legendre et d'autres géomètres qui s'étaient occupés de la question balistique, dans l'hypothèse d'une résistance proportionnelle au carré de la vitesse. L'auteur a ramené ces divers calculs à des notations communes, qui permettent de mieux saisir les rapports entre les résultats auxquels ils conduisent. Il indique plusieurs perfectionnements à ces mé- thodes, et montre comment les calculs qu'elles nécessitent se trouvent sim- plifiés au moyen des fonctions dont il a déjà été question , et des Tables qu'il en a formées. » L'utilité des questions traitées dans le Mémoire de M. le capitaine Didion est suffisamment démontrée par les efforts des géomètres qui s'en sont occupés et des praticiens qui ont cherché à en faire l'application. Si les résultats de l'expérience se sont trouvés peu d'accord avec les indications de la théorie , c'est à cause de l'inexactitude de la loi adoptée pour la ré- sistance de lair. Cela ressort évidemment des expériences faites à Gavres, de i83o à i84o, par l'artillerie de marine, sur le tir du canon et des obu- siers; ainsi que de celles qui ont été faites à Toulouse en i833, et à Valence en 1843 pour l'établissement de Tables de tir à ricochet. Mais lorsque ces recherches ont été confiées à la Commission des principes du tir de Metz, en 1844 > l application des nouvelles formules a présenté un accord remar- quable avec les résultats de l'observation. LesTables résultant de ces formules sont actuellement soumises à l'examen du Comité de l'artillerie. » L'Académie avait senti toute l'importance do ces questions, lorsqu'en 1837 elle en fit le sujet du grand prix de Physique. C'est à cette occasion qu'ont été faites les expériences et les recherches diverses qui ont servi de point de départ au travail dont nous venons de rendre compte.Votre Com- mission pense que ce travail a beaucoup avancé la solution des problèmes de balistique , et lui a fait acquérir un bien plus grand degré d'exactitude, sans exiger des calculs trop pénibles. En conséquence, elle vous propose de ( 534 ) donner votre approbation au Mémoire de M. le capitaine Didion, et de dé- cider qu'il sera inséré dans le Recueil des Sai'unts étrangers, « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. AIÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIOLOGIE. — Des différences que présentent les phénomènes de, La digestion et de la nutrition chez les animaux herbivores et carnivores y par M. Bernard, de Villefranche. (Extrait.) (Commissaires, MM. Roux, Magendie, Serres.) « L'appareil difjestif présente des particulaiités remarquables et connues de tout le monde dans les animaux carnivores et herbivores. Il m'a paru im- portant d'examiner, au point de vue physiologique, si ces différences ana- toniiques apportaient , cliez ces animaux , des modifications profondes dans les phénomènes de la digestion et de la nutrition. Ce sont les résultats nou- veaux auxquels m'a conduit ce genre dé recherches que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie. I. — Les différences principales qu'on observe chez les animaux herbivores et carnivores , pendant l'acte de la digestion et de l'assimilation, sont relatives au chyme, au chyle et ..aux urines. » Chez un grand nombre d'animaux (chiens) nourris exclusivement avec de la viande cuite ou crue , et sacrifiés pendant le travail de la digestion , j'ai constamment trouvé : » 1°. La bouiUie alimentaire ou le chyme, acide dans l'intestin grêle; » a". Le chyle opaque bien homogène et d'un blanc laiteux; » 3°. Les urines claires de couleur ambrée et à réaction nettement acide. " Sur d'autres animaux (lapins), nourris exclusivement avec des sub- stances végétales (herbe ou carottes), et observés dans les mêmes circon- stances, j'ai toujours vu : » 1°. Le chyme alcalin dans lintestin grêle; » a°. Le chyle clair comme la lymphe et offrant à peine quelquefois une légère teinte opaline dans le canal thoracique; « 3°. Les urines troubles ^ blanchâtres et à réaction très-alcaline. II. — On peut démontrer que les différences signalées précédemment dans le chyme , le chyle et les urines des herbivores et des carnivores , ne dérivent pas d'une différence d'organisation dans ces animaux. « J'ai pris deux chiens et deux gros lapins en digestion , et présentant , clans ( 535 ) ■ leurs urines, les caractères différentiels indiqués pins haut; j'ai soumis ces quatre animaux à une diète absolue, et," au bout de trente-six à trente-huil heures, les différences si tranchées qui existaient lavant-veille entre Turine des chiens et celle des lapins avaient complètement disparu, et les urines des quatre animaux étaient alors claires , ambrées et à réaction très-acide. Cette expérience , que j'ai reproduite un très-grand nombre de fois, et tou- jours avec les mêmes résultats, prouve évidemment qu'en dehors de l'alimen- ' tation , les urines présentent primitivement la même réaction et la même ap- parence chez les herbivores et les carnivores. » Mais , pour bien m'assurer que les modifications qui surviennent dans l'urine des lapins pendant la digestion dépendent de la nature des aliments . qu'ils digèrent et non de la manière spéciale dont ils les assimileraient en leur qualité d'herbivores, j'ai interverti ralimentation des animaux en expé- rience, et j'ai donné aux lapins l'alimentation des chiens (viande de bœuf cuite : les lapins la mangent avec appétit, et en consomment environ loo à I20 grammes par jour chacun), et aux chiens une nourriture analogue à celle des lapins (pommes de terre cuites à l'eau , mélangées d'un peu de ca- rottes bouillies et broyées). Alors il survint dans les urines la même inversion que celle qu'on avait fait subir au régime des animaux ; c'est-à-dire que les la- pins à la viande rendaient, comme les chiens en pareille circonstance, des urines claires, ambrées et acides, tandis que les chiens aux pommes de terre et aux carottes avaient , comme les lapins en pareil cas, des urines louches blanchâtres et alcalines. Ayant sacrifié ces animaux pendant la digestion, je trouvai, chez les lapins , le chyme acide dans l'intestin grêle, et le chyle opa- que et d'un blanc laiteux; chez les chiens, au contraire, le chyme était al- calin dans l'intestin grêle, et le chyle, clair, offrait à peine une légère teinte opaline dans le canal thoracique. On voit donc que les changements arrivés dans la composition des urines se trouvaient liés à des modifications cori'es- pondantes qui s'étaient opérées dans le chyme et le chyle. n De ces faits il me semble légitime de conclure, que les différences bien réelles, et connues de tout le monde, qui existent dans l'appareil alimen- taire des herbivores et des carnivores ne portent, en réalité, que sur la partie mécanique de la fonction digestive. Si l'on pense, avec raison sans doute, que la forme spéciale des organes masticateurs , le nombre et la capacité des cavités stomacales, la longueur de l'intestin, etc., rendent les herbivores plus aptes à diviser et à atténuer les aliments dont ils se nourrissent, on doit reconnaître aussi qu'à partir de l'estomac , ces différences s'effacent, puisque les expériences nous apprennent que chez les herbivores et les carnivores, C.R., 1846, i"Semei«re. (T. XXIl.Noia.) 7I *' C 536 ) îa partie chimique de la fonction digestive ne varie pas , en ce sens qne les sucs intestinaux se comportent toujours de la même manière à l'égard des mêmes principes alimentaires, soit que le phénomène digestif s'accomplisse dans l'intestin d'un chien ou dans celui d'un lapin. L'assimilation dans le sang s'est opérée également d'une façon identique , et la l'éaction alcaline des urines nous a toujours fourni l'indice , chez tous les animaux , de l'assi- milation des substances non azotées. Au lieu donc de dire que les urines troubles et alcalines sont celles des herbivores, il est plus juste de dire qu'elles appartiennent à l'assimilation des aliments non azotés. III. — Il existe un rapport constant entre la nature du chyme, du chyle, et la réaction des urines. La physiologie peut retirer de ce fait des indications fort importantes. « On voit , d'après ce qui a précédé , que la nature du chyme , du chyle , et des urines, est dans une relation très-étroite et constante , si bien que, connaissant l'un de ces trois termes de la nutrition, les autres peuvent en être déduits. Or, comme les urines sont toujours accessibles à l'extérieur, elles deviennent naturellement l'élément de diagnostic pour les deux autres. Avec mon ami et collaborateur, M. Barreswil, nous espérons bientôt pré- senter à l'Académie un travail sur la composition des urines de la digestion des différents aliments, analysées comparativement avec celles de la diète qui sont identiques chez tous les animaux. Pour aujourd'hui , je veux seule- ment prouver que , sans entrer même dans l'examen de la composition chi- mique du fluide urinaire, on peut, par sa seule inspection et par sa réaction, résoudre des questions physiologiques d'un grand intérêt , qui se rattachent aux phénomènes de la digestion et de la nutrition. J'indiquerai les deux exemples qui m'ont paru les plus frappants. » 1°. Sur -deux animaux à jeun (chiens ou lapins) ayant les urines claires et acides, si l'on injecte très-lentement dans le sang , à l'un une dissolution de sucre de canne, à l'autre une dissolution de sucre de raisin, on observe qu'au bout de très-peu de temps , les urines de ce dernier sont devenues louches et alcalines, tandis que celles du premier animal n'ont pas changé d'apparence ni de réaction. Ce fait est facile à interpréter : la réaction a/ca- line (signe de la digestion de substances non azotées) s'est manifestée dans les urines après l'injection du suci'e de raisin, parce que cette substance s'as- simile et se détruit directement dans le sang, tandis que le sucre de canne n'est pas dans le même cas , et ne peut s'assimiler qu'après avoir subi préala- blement l'influence de l'estomac, ainsi que je l'ai prouvé ailleurs. Cette dif- férence physiologique si remarquable entre les deux sucres , pressentie ou ( 537 ) * indiquée par plusieurs chimistes , se trouve prouvée sans réplique par leur différence d'influence sur les urines. ') 2°. Beaucoup de physiologistes pensent encore aujourd'hui que la section des nerfs de la huitième paire n'empêche pas la digestion de s'effectuer. Cette opinion ne pourra plus se soutenir devant l'expérience suivante. En effet, si l'on fait prendre un repas de carottes à deux lapins à jeun depuis trente- six heures, et ayant les urines claires et acides (urines de la diète) , on verra ces urines changer peu à peu de caractère , et devenir, au bout de deux heures ou deux heures et demie, troubles et alcalines (urines de la digestion). Alors, si l'on coupe à l'un de ces animaux les deux nerfs de la huitième paire qui se rendent à l'estomac, la digestion sera arrêtée, et ce qui le prouve, c'est que les urines reprendront, entrès-peu d'instants, les caractères qu'elles avaient à jeun, et redeviendront claires et acides; tandis que chez l'animal qui n'a pas subi la résection des nerfs , elles restent troubles et alcalines pen- dant tout le temps que dure la digestion , c'est-à-dire pendant dix-huit à vingt heures au moins. On peut varier cette expérience de différentes ma- nières, et elle réussit également bien, à savoir que la digestion s'arrête quand on attend , pour couper les nerfs , qu'elle soit en activité , et qu'elle ne com- mence pas quand on coupe les nerfs aussitôt après que le repas est pris. Dans tous ces cas, par la soustraction des nerfs de la huitième paire, il arrive que les animaux, quoiqu'ils aient l'estomac plein, se trouvent exactement dans les conditions de la diète ; c'est ce que l'examen de leurs urines nous dé- montre. Ainsi donc la résection des nerfs de l'estomac arrête complètement les phénomènes digestifs ; cette opinion, que j'ai déjà soutenue par d'autres faits que j'ai eu l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, est réso- lue, à l'aide de ces dernières expériences, d'une manière qui ne me paraît pas laisser de place au doute. " MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un nouveau sjstème de freins automoteurs; par MM. Noseda et de Travanet. (Commission des chemins de fer.) « Le frein que nous présentons aujoiu-d'hui , disent les deux auteurs, est le perfectionnement du système proposé antérieurement par l'un de nous, M. Noseda. La description de ce frein a été donnée dans une Note sous pli cacheté déposée sur le bureau de l'Académie, à la séance du i3 juin 1842. » 7'- «* ( 538 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un échappement libre à impulsions et dégagement invariables ; par M, Richard. ' (Commissaires, MM. Arago, Gambey, Laugier.) MÉDECINE. — Surdité complète survenue à la suite d'une fracture commi- nutive du crâne, et guérison de cette affection par l'action du galvanisme et l'emploi d'insiiflalions gazeuses ammoniacales ; Note de M. Bonnafoux. (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Roux.) M. Barthélémy soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Application de l'analogie aux mathématiques : Recherche de la loi générale des mouvements harmoniques. (Commissaires, MM. Sturni, Liouville, Lamé.) M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire présente, au nom de l'auteur, M. De- legorgue, un Mémoire ayant pour titre : Fragments dun voyage dans l'Afrique australe. (Commissaires, MM. Serres, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.) CORRESPONDANCE. M. tE Ministre du Comuerce et de l'Agriculture adresse, pour la Biblio- thèque de l'Institut, un exemplaire du LVIII* volume des Brevets d'invention expirés. astronomie. — Éléments paraboliques de la comète découverte par M. Brorsen , le 16 février 1 846 , calculés par M. Goujon. , Passage au périhélie , février 27J , 2845 Longitude du périhélie ii6''5o'54" Longitude du nœud ascendant 96''4o'4o" Inclinaison. . 3i°i5'i6" Distance périhélie o, 6455g6 Sens du mouvement direct. I, » Ces éléments ont été calculés sur les observations du a8 février, du 8 mars et du 10 mars. » En consultant la Table des Comètes , j'ai trouvé que les comètes de 1 53a -•il ( 539 ) ■•'• ^^' et de 1661 avaient une analogie remarquable avec celle-ci : Éléments paraboliques de la comète de i532. Éléments paraboliques de la comète deï66i. Passageau périhélie. . i532, i9oct.,ài5''2™ Passage au périhélie. i66i,26janv.,à23''5o'" Long, du périhélie.. . 116° 12' Long, du périhélie. . 11 7° 52' Long, du nœud asc... g^"^"}' Long, du nœud asc, . 84° 5o' Inclinaison 32° 26' Inclinaison 33° i' Distance périhélie. . . 0,5192a Distance périhélie... 0,44^72 ASTRONOMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Schumacher à M. Arago, sur La même comète. « Altona, 7 mar6 1846. " Je VOUS ai promis les éléments calculés par M. Pétersen ; les voici. Ils sont calculés sur les observations d' Altona des 28 février, 2 et 4 mars : Temps du passage, 1846, février 27,445i> temps moyen de Berlin. Périhélie 116° 25' 12" Nœudascendant 96°2i'3a" S «1«'°«''« «PP^»"^»» ' ^ '"«'^- Inclinaison 32°34'io" Distance périhélie 0,64486 Mouvement direct. » Ces éléments représentent l'observation moyenne de la manière suivante : Calcul — observation. En longitude — i4" En latitude — 4"- » La position calculée sur ces éléments (pour le temps de l'observation de Rome) est ^ Temps moyen de Rome. Ascension droite. Déclinaison. 20 février, 7'' 18"" 36% 9 i2»i4'57" +5°49'55" ce qui ne diffère que de quelques minutes de la position calculée sur la pre- mière ébauche des éléments, et confirme la non-identité des comètes de Rome et de Kiel. " Malheureusement, le temps commence à se gâter ici , de sorte qu'il sera difficile de chercher la comète de Rome. M. Riimcker me mande que , le 5 mars, il a vu entre les nuages, pour quelques moments, un objet qui ressemblait à une comète, et dont la position était AscensioD droite. Déclinaison. o''54" 4- i5°24'. ( 54o ) " Quand on réduit les éléments de la comète de 1 532 (ceux d'Olbers) à l'époque actuelle, on obtient: Périhélie 116» 28' Nœud 92° 3' Inclinaison 32° 36' Distance périhélie 0,51922 Mouvement direct. » La ressemblance est certainement remarquable; mais si la comète de i532 et celle de 1846 sont une seule et même comète, il faut que, dans l'intervalle compris entre ces deux époques, cet astre ait éprouvé de grands changements physiques. » ASTRONOMIE. — Extrait des registres de l'Observatoire de Paris, concernant la comète à deux têtes. « Le noyau boréal est le plus faible des deux ; " Le T 2 février, ce même noyau est le plus brillant ; » Le 19 février, il est redevenu le plus faible. » A partir de cette époque, l'éclat de cette seconde tête a continuelle- ment diminué. » liC 2 mars : •< le noyau le plus austral ( le principal) est assez brillant , » mais l'autre est tellement faible , qu'on l'observe difficilement. » » Nota. La lune n'est pas levée. " Le 6 mars, on ne voit que le noyau principal , mais le clair de lune est assez fort. !i Du 6 au 16 mars, la lune a empêché non de voir, mais d'observer la comète. « Le 16 mars, par un ciel assez pur, la lune n'étant pas encore levée, la » comète de Gambart présente l'aspect d'une large nébulosité assez bril- » lante : c'est en vain que nous avons cherché à voir le second noyau , il nous » a été impossible d'en apercevoir la moindre trace. » ( 54i ) ASTRONOMIE. — Éléments d'Astrée calculés par A . Graham^ premier astronome assistant à l'observatoire de Mackree, d'après les observations dui'j dé- cembre i%[\S faites à Hambourg, à Altona, et d après celles du -io janvier et du 17 février 1 846 , faites avec le cercle méridien à Mackree par E. Gooper. (Extrait dîme Lettre de M. Ed. Gooper à M. Arago.) Époque, 10 janvier 1846 (temps moyen de Greenwich). Longitude moyenne 94°46'5i"i4 Anomalie moyenne 319.29.32,32 Longitude du périhélie i35. 17 . 18,82 Longitude du nœud ascendant . . 1 4 1 • 1 6 . 59 , 46 Inclinaison 5- 19.59,06 Angle d'excentricité 11.10. ^,0(j Logarithme demi-grand axe . . . . 0,4138782 Mouvement moyen diurne 849",55i Temps de la révolution 1 525, 5 jours. Calcul — observation. Date. En longitude. En latitude. 20 janvier 1846 o"o — o"4 5 février — 6,8 (*) — 0,4 7 — 1,6 — 2,3 9 — 1,8 — 0,6 10 — 2,2 + •>! 17 0,0 — o,i OPTIQUE. — Sur la puissance calorifique de la lumière de la Lune. (Extrait d'une Lettre de M. Melloni à M. Arago.) '< Une lentille à échelons, de i mètrede diamètre, construite par M. Henri Lepaute, et destinée à l'observatoire météorologique du Vésuve, venait de m'arriver. Pour étudier sans danger l'ajustement des divers anneaux, ainsi que la distance et l'étendue du foyer, j'exposai cette magnifique pièce d'optique à un beau clair de lune, et j'amenai la lentille, par le double mouvement de rotation dont elle est susceptible , dans un plan exactement perpendiculaire à la direction des rayons. La lumière qui tombait sur la surface de la lentille se concentra, à i mètre environ de distance, sur un espace circulaire de 1 centimètre de diamètre. Ce petit cercle , très-brillant et assez nettement ter- miné , ayant une grandeur sensiblement égale à la section des tubes qui gar- (*) Cette observation est évidemment mal faite. ( 54a ) nissent mes piles thermoscopiques, me suggéra l'idée d'essayer son action sur ces piles. Les préparatifs pour effectuer l'expérience furent aussitôt faits, et une déviation considérable se développa sur le rhéomètre multiplicateur aussitôt que les rayons, pénétrant dans l'intérieur du tube, vinrent frapper la face antérieure de l'appareil. Etonné de la vivacité de cette action, et me doutant bien qu'elle ne dérivait pas de la chaleur lunaire, je plaçai la main à une certaine distance au-devant de l'ouverture , et l'index du rhéomètre retourna aussitôt au zéro, le dépassa, et prit une déviation contraire , preuve évidente que son mouvement primitif dérivait d'un raYonnement Jngori/îquej c'est-à-dire d'un abaissement de température dans la face de la pile exposée au foyer. L'origine de ce froid était facile à assigner. Comme la lentille se trouvait sur un balcon découvert et sous un ciel parfaitement pur, elle de- vait, à cause du grand pouvoir émissif du verre, rayonner sa chaleur en abondance vers l'espace, et abaisser ainsi sa température au-dessous de celle de la pile qui était enveloppée dans son étui métallique, et placée dans l'in- térieur de l'appartement. Tant que la pile était abritée par le couvercle en métal , le faible rayonnement de celui-ci ne lui permettait pas de ressentir l'influence de ce froid de la lentille; mais aussitôt que le couvercle était abaissé, l'échange calorifique avait lieu entre les deux corps, et la pile, per- dant plus qu'elle ne recevait , devait nécessairement abaisser la température de sa face découverte, et produire ainsi le courant électrique qui causait la déviation de l'aiguille du rhéomètre. Pour remédier à cet inconvénient, je transportai la lentille en dedans de la croisée qui donnait sur le balcon , je fis appliquer à la croisée une natte pouvant aisément se relever afin de laisser entrer dans l'appartement les rayons lunaires, ou descendre pour les inter- cepter. Je tins la natte baissée jusqu'à ce que l'équilibre de température fût établi , et, après m'être assuré qu'on n'obtenait aucune déviation au rhéomètre lorsqu'on abattait le couvercle de la pile, qui occupait toujours le foyer de la lentille, je fis arriver sur l'instrument la lumière de la lune; il se manifesta une déviation de quelques degrés du côté de la chaleur. Je répétai aussitôt l'expérience, et, à ma grande surprise, la déviation eut lieu en sens con- traire ! . . . >i Quelques instants de réflexion suffirent pour me convaincre que ces changements de direction tenaient, selon toute probabilité, à des bouffées d'air extérieur qui entraient de temps en temps dans la chambre et se faisaient jour jusqu'à la face découverte du corps thermoscopique. On aurait pu aisé- ment disposer les choses de manière que l'air ne pût trouver accès derrière la lentille; mais, guidé par la théorie de l'identité (de la chaleur et de la ( 543 ) lumière), et rexpérience bien connue de Saussure relativement au thermo- mètre placé au fond d\me caisse vitrée , je crus qu'on parviendrait mieux au but en introduisant dans l'intérieur -du tube deux diaphragmes de verre parfaitement diaphanes et bien polis sur leurs quatre faces, le premier à une petite distance de la pile, le second tout près de rouverture. Je montai donc de cette manière les tubes de ma pile, et, à la première occasion favo- rable, je refis l'expérience. L'index de l'appareil resta d'abord stationnaire pendant quelques instants, puis il commença à dévier lentement, et, après 4 à 5 niinutes,il s'arrêta d'une manière stable sur un arc de S^jy. Je retirai la pile du foyer et je la plaçai à côté, son ouverture toujours tournée vers le centre de la lentille; la déviation commença aussitôt à diminuer, et en quel- ques minutes l'index revint au zéro. Je répétai plusieurs fois la même opéra- tion, en retirant la pile tantôt de l'un, tantôt de l'autre côté, et toujours l'ai- guille dévia étant au foyer, et retomba au zérohors de cette position. Il va sans dire que le sens de la déviation correspondait à celui de l'action calorifique. » L'expérience était donc parfaitement nette et ne pouvait laisser l'ombre du doute. En effet, j'eus occasion de la répéter, plus tard, en présence de M. Belli, professeur de physique à l'Université de Pavie , de MM. Mossotti et Lavagna de l'Université de Pise , et de plusieurs autres savants distingués qui tous sont sortis de mon cabinet intimement convaincus que la lumière de la lune est calorifique. » Lorsque je réfléchis que les physiciens qui tentèrent de découvrir la chaleur lunaire dans le courant du siècle dernier employèrent, d'après La- lande, des lentilles de i mètre et i™,33 de diamètre, et le thermoscope extrêmement sensible d'Amontons , je soupçonne fortement que les résultats négatifs annoncés par ces physiciens tenaient, en grande partie, au froid engendré dans leurs lentilles par le rayonnement céleste réuni au refroidisse- ment causé par les agitations de l'air extérieur auquel leurs instruments se trouvaient exposés; en sorte que je ne désespère pas du tout de rendre le phénomène apparent avec les thernioscopes à dilatation ordinaire. » En attendant, par l'emploi de mes moyens actuels d'observation, j'ai pu m'assurer que l'action calorifique de la lune varie, comme on devait bien le prévoir, non-seulement avec l'âge, mais aussi avec la hauteur de cet astre au-dessus de l'horizon. Une petite déviation du plan de la lentille hors de la direction normale aux rayons diminue considérablement l'effet. Dans ces différentes circonstances, j'ai eu des déviations qui ont varié depuis o",6 jus- qu'à l[°,S. li'action à travers les verres se fait d'une manière si lentement graduée, que l'index de l'appareil se meut avec une régularité admirable et C.R., 1846, i»' Semestre. (T.XXll, N» 12.) 72 ( 544 ) sans subir la moindre oscillation, soit en sortant de sa position d'équilibre lorsqu'on place le corps thermoscopique au foyer de la lentille , soit en y re- tournant lorsqu'on tire à peine ce corps hors du foyer, en le maintenant toujours en présence de la lentille. Effectuée sous différentes lunaisons, l'ex- périence a toujours réussi, c'est-à-dire que le résultat a été plus ou moins prononcé, mais indiquant toujours une augmentation de température. Je répéterai donc que le fait de l'existence de la chaleur dans le rayonnement de la lune est parfaitement sûr ; il ne s'agit plus maintenant que de mesurer cette action calorifique, et de voir, i° quelle est sa valeur en degrés thermo- métriques; 1° quel est son rapport avec le rayonnement solaire. Je vais tâcher de résoudre ces deux questions ; mais, à propos de la dernière , sous quel degré d'approximation doit-on considérer la fraction 3o^,'ooo donnée par Bouguer pou r représenter le rapport de l'intensité lumineuse delà lune à celle du soleil ? » PHYSIQUE. — Il a été donné lecture d'une Lettre dans laquelle M. Wabtmann, professeur à Lausanne, rend compte des expériences qui l'ont conduit à adopter les vues de M. de la Rive sur les vibrations que les courants électriques en- gendrent dans les barres de fer. PHYSIQUE. ~ Réponse aux remarques de M. de la Rive, sur une Note concernant les vibrations qu'un courant électrique Jàit naître dans lejer doux ; par M.. G. Wertheim. « Les observations de M. de la Rive portent sur deux points très-distincts selon moi : il s'agit d'abord de l'existence du changement moléculaire que l'action d'un courant extérieur on transmis produit dans le fer doux, et en- suite àe l'explication des sons que ces courants font naître. >i Quant à la première de ces questions, je suis parfaitement d'accord avec M. de la Rive: non-seulement je n'ai jamais nié cette action du cou- rant , mais je crois l'avoir démontrée dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans sa séance du 22 juillet i844> Dans ce tra- vail , je me suis servi des vibrations et de l'allongement pour constater l'in- fluence du courant sur l'élasticité, et pour trouver le rapport qui existe entre le changement du coefficient d'élasticité et entre la force du courant qui le produit, et je dis explicitement {annales de Chimie et de Physique , 3® série, tome XII, page 623) : « L'aimantation ne paraît donc pas agir direc- » tement ( immédiatement) sur l'élasticité , mais il semble que , sous son » action, il s'établit un autre arrangement moléculaire. Le courant galva- » nique (transmis) produit une diminution momentanée du coefficient d elas- ( 545 ) » ticité dans les fils métalliques qu'il parcourt, et cela a lieu par son action )' propre et indépendamment de la diminution qui provient de V élévation de >' température ». Et dans ma dernière Note du aS février : « Il (le fil) se dé- » tendra donc brusquement par suite de son échauffement et de la diminu- >' tion de son élasticité. » » Les expériences sur lesquelles M. de la Rive insiste particulièrement dans sa Lettre à M. Arago, sont conformes à mes expériences antérieures. Puisque l'élasticité du fer doux se trouve modifiée par l'effet du courant extérieur qui a agi un certain temps ou par l'effet du courant transmis, le son qu'il rend doit être changé aussi, quoique de très-peu, et l'effet restera le même , qu'on excite ce son au moyen du frottement du doigt ou de l'archet, ou au moyen d'un courant discontinu. Ainsi, qu'on entoure un fil de fer doux de deux spirales égales et superposées , et qu'on fasse passer un cou- rant continu à travers l'une de ces spirales ; qu'on excite maintenant le son longitudinal au moyeu de l'archet ou au moyen d'un courant discontinu de même force que le courant continu et marchant dans le même sens, il sera sensiblement le même dans les deux cas. Seulement , il est plus faible dans le dernier cas que s'il n'y avait pas de courant contidu , et cela doit être , car l'amplitude des vibrations est diminuée par la traction que le courant continu exerce ; il en est de même pour le courant transmis. Le son s'affaiblit lorsqu'on fait passer en même temps un courant continu et un courant dis- continu de même force et de même direction , mais je n'ai jamais pu obser- ver qu'il fût anéanti; on peut même , en augmentant la force du courant discontinu, le rendre aussi fort qu'il était sans courant continu. » Il me semble bien plus difficile d'expliquer ces expériences dans l'hypo- thèse des vibrations moléculaires d'une espèce particulière qui seraient exci- tées par le courant ; si un courant d'une force donnée pouvait produire toute la modification que le fer doux est susceptible de recevoir sans qu'un autre courant, marchant dans le même sens que le premier, pût rien y ajouter, l'in- tensité du son devrait être, à partir d'une certaine limite, indépendante delà force du courant. » Du reste, je me propose de discuter toutes ces modifications de l'expé- rience, dans un Mémoire que j'aurai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie lorsque l'intéi-essant travail que M. de la Rive vient d'annoncer aura été publié. » Mais je dois, dès aujourd'hui, protester contre la supposition de M. de la Rive, que j'aie pu confondre le son longitudinal de la barre avec un son provenant d'une série de chocs, et qui par conséquent devrait varier avec le 72.. ( 546 ) ■ nombre des interruptions du courant par seconde. Une barre de fer de 2 mètres de longueur, fixée par le milieu, fait à peu près douze cent cinquante vibrations longitudinales doubles par seconde; or, avec le petit rhéotome que j'ai employé, on pourrait obtenir tout au plus trente interruptions, et par conséquent soixante chocs par seconde; mais, déplus, il suffit de fermer ou d'ouvrir le circuit une seule fois pour que le son longitudinal se fasse entendre. » M. de la Rive m'objecte, en outre, qu'il faudrait de grandes forces et de grands changements de forme pour produire ces sons par une force exté- rieure. Mais il suffit du frottement d'une barbe de plume pour faire vibrer longltudinalement une corde tendue sur un sonomètre longitudinal. Il suffit d'un léger frottement des doigts pour qu'une barre d'acier d'un mètre de longueur et d'un centimètre de diamètre rende un très-fort et très-beau son longitudinal. Supposons, pour plus de sûreté, qu'on exerce dans ce dernier cas une traction de i kilogramme; le coefficient d'élasticité de l'acier étant en moyenne de 20 000 kilogrammes par millimètre carré, cette traction ne produit qu'un allongement de YTtï ^^ millimètre sur chaque moitié de la barre; les sons peuvent donc être produits par des forces relativement très- petites, surtout lorsque ces forces agissent, comme dans notre expérience, sur une grande étendue de la barre à la fois. » Il me semble qu'en admettant non-seulement le changement molécu- laire qui s'opère réellement dans le fer doux, mais en admettant même l'exis- tence de vibrations moléculaires et de chocs entre les molécules, on n'ex- plique ni la naissance, ni la nature, ni le nombre de vibrations des sons, de ceux du moins que j'ai pu observer; c'est pourquoi j'ai cru devoir adopter une autre explication. » Dans la même séance du 9 mars, M. Guillemin a adressé une Lettre à M. Arago, dans laquelle il fait remarquer que son expérience avait été faite d'une autre manière que je ne l'avais supposé d'après la courte description que M. Guillemin en avait donnée. D'après ces nouveaux détails , l'expé- rience de M. Guillemin n'a plus de rapport direct avec le sujet de ma Note. .Te crois pourtant devoir rappeler que mes premières expériences concer- nant l'influence de l'aimantation sur l'élasticité n'ont été faites qu'au moyen de fils et de minces bandes de fer doux , et qu'après les avoir exposées , j'ajoute dans le Mémoire déjà cité (page 6ai): « Pour faire ces expériences » avec toute l'exactitude désirable, il faudrait pouvoir disposer d'un appa- » reil qui permît d'opérer et de prendre des mesures sur un fer-à-cheval fait » d'une grosse barre de fer doux et revêtu d'une hélice.... » Je compte en- treprendre prochainement ces recherches , ce qui me fournira l'occasion de è' ( 547 ) revenir sur l'expérience de M. Guillemin , et de la vérifier par des mesures directes. » CHIMIE. — Sur la composition de quelques verres fabriqués en Bohème. (liettre de M. E. Peligot à M. Jrago.) « Je viens vous prier de vouloir bien présenter en mon nom, à l'Académie des Sciences, le Rapport que j'ai adressé récemment à MM. les membres de la Chambre du Commerce de Paris sur l'Exposition des produits de l'in- dustrie autrichienne ouverte à Vienne le i5 mai i845. » Parmi les produits industriels très-variés qui m'ont occupé , mon atten- tion et mes études ont dû se porter d'une manière plus particulière sur l'in- dustrie verrière, représentée à l'Exposition de Vienne par les produits des deux contrées les plus renommées pour la fabrication du verre : la Bohême et Venise. » En étudiant sur les lieux cette belle industrie, la seule, dans mon opi- nion, pour laquelle l'Allemagne n'ait rien à nous envier, j'ai recueilli de nom- breux renseignements qui se trouvent consignés dans mon Rapport, et quel- ques échantillons de verre dont je viens de terminer l'analyse ; comme la composition de ces verres peut offrir quelque intérêt, tant au point de vue scientifique que sous le rapport industriel , je prends la liberté de vous en adresser les résultats. » On sait que le verre fin de Bohème diffère de notre cristal en ce que ce dernier contient 3o à 35 pour 100 d'oxyde de plomb, tandis que le verre de Bohême n'en contient point. La composition du verre blanc de Bohème paraît varier assez peu dans les nombreuses fabriques de ce pays. J'ai analysé dans ces derniers temps, et en 1837 dans le laboratoire de M. Dumas, divers échantillons de verre parfaitement pur et incolore ; ils ont tous fourni , à très-peu près, les mêmes résultats; leur composition est représentée parles nombres suivants : Silice 76 Potasse i5 Chaux , 8 Alumine. ..., i 100 » Pierre agate, -r Les Bohèmes fabriquent depuis plusieurs années une variété de verre demi-opaque , qui offre l'éclat et la translucidité de l'agate ou du quartz hyalin, sans présenter les reflets rougeâtres du verre opale fait avec le phosphate de chaux. La composition de ce verre , qu'on désigne aussi ( 548 ) sous le nom de verre pâte de riz, est remarquable. C'est un silicate simple de potasse , dont la demi-opacité est due à une vitrification incomplète qui a laissé des grains de quartz non fondus interposés dans la masse. » Il contient, d'après mes analyses : Silice 80,9 Potasse '7)6 Alumine et traces d'oxyde de fer. . 0,8 Chaux 0,7 100, G » Ce verre n'attire point l'humidité de l'air; l'eau bouillante ne l'attaque même point, à l'aide d'une ébuUition prolongée, ainsi que cela semblerait devoir résulter de sa composition. Il diffère du verre soluble dont M. Fuchs, de Munich, a proposé remploi pour ôter aux bois et aux tissus leur inflam- mabilité, en ce qu'il contient environ 10 pour 100 de silice déplus que ce dernier verre. » Nos fabriques de cristaux font aussi du verre agate, mais leur verre pré- sente une composition différente, si j'en juge d après l'analyse d'un échan- tillon qui contenait de fortes proportions de plomb et de chaux. » Le verre agate remplace en Allemagne notre verre opale. Étant moins fusible que ce dernier, il reçoit mieux la dorure, l'argenture et les couleurs de mouffle. Cet avantage existe, d'ailleurs, pour tous les verres fabriqués en Bohême, et surtout, au grand regret des chimistes français, pour les verres destinés à nos laboratoires et aux fabriques de produits chimiques. Le bois coûte en Bohême le tiers ou le quart de ce qu'il vaut en France. )> Aventurine artificielle. — Un échantillon de ce curieux produit , qui venait des fabriques de Bigaglia, à Murano et à Venise, m'a donné les ré- sultats suivants : Silice 67,7 Chaux 8,9 Sesquioxyde de fer 3,5 Oxyde d'étain 2,3 Cuivre métallique 3,9 Oxyde de plomb 1,1 Potasse 5,5 Soude. 7 I 100,0 » Ce verre contient, en outre, des traces d'alumine, de magnésie et d'acide phosphorique ou d'acide borique. ( 549 ) «1 Les nombres qui précèdent s'accordent assez bien avec ceux de l'analyse d'un produit analogue qui a été publiée en 1 842 par M. Wohler ; néanmoins ce chimiste fixe à 6,5 pour 100 la proportion de fer, à 4,5 pour 100 celle de la magnésie, et à i,5 celle de l'acide phosphorique; il n'a trouvé que des traces d'étain; il n'a point signalé l'existence du plomb. » L'aventurine artificielle de Venise présente une pâte très-peu colorée en jaune, transparente sous une faible épaisseur, dans laquelle se trouvent répartis les petits cristaux de cuivre. Il est probable que l'étain et le fer agissent d'abord simultanément pour déterminer la formation de ces cristaux; après qu'ils sont formés, il est probable aussi que l'étain se maintient sous forme de silicate de protoxyde; car à l'état d'acide stannique, il donnerait à la masse vitreuse une opacité qu'elle ne présente point. » Le plomb se trouve en si faible proportion dans l'aventurine , qu'il est vraisemblable qu'il a été introduit dans la composition à l'état d'alliage de plomb et d'étain. » La composition de l'aventurine de Venise diffère beaucoup , comme on voit, de celle que doit présenter le verre que MM. Fremy et Clemandot ont obtenu en fondant un mélange de 3oo parties de verre pilé, 4o parties de protoxyde de cuivre, et 80 parties d'oxyde de fer des battitures; ce verre contiendrait au moins ao pour 100 d'oxyde de fer et 8 à 9 pour 100 de cuivre et d'oxyde de cuivre; aussi il offre une opacité et une couleur foncée que n'ont point les produits vénitiens. » Pierre à glaces soufflées. — La fabrication des glaces coulées , l'une des gloires de notre industrie, n'existe point en Allemagne. Toutes les glaces sont d'abord soufflées sous forme de manchons, puis étendues dans un four par- ticulier disposé à peu près comme celui qui sert à étendre le verre à vitre ; elles sont enfin polies par les procédés ordinaires. » L'analyse d'un échantillon recueilli dans une fabrique de glaces de la Bohême a donné les nombres suivants : v Silice 67,7' Chaux 9,9 Alumine 1,4 Potasse . ..... 21,0 100,0 Ce verre est parfaitement affiné; sa nuance est bonne, quoiqu'un peu jau- nâtre. » Les produits de cette fabrication sont bien inférieurs, sous le rapport de ( 55o ) dimensions, du poli et, le plus souvent, de la nuance du verre, aux glaces coulées de Saint-Gobain et de Cirey; néanmoins cette industrie offre beau- coup d'intérêt au point de vue de l'art du verrier. On voyait, à l'Exposition devienne, une glace soufflée de a™, i6 de hauteur sur i'",io de largeur. On comprend à peine comment un homme peut arriver à souffler un cylindre d'un tel poids et d'une telle dimension qu'on puisse en tirer, en le dévelop- pant, une feuille de verre aussi grande, tout en lui conservant une épaisseur suffisante pour être polie. » PHYSIQUK DU GLOBE. — Note relative à la neutralisation des exhalaisons du gaz acide carbonique dans les travaux d'exploration de la fontaine Lucas, à Vichj; par M. Faucille, ingénieur civil. i> .Te fus appelé, en i844> à Vichy, par ordre de M. le Ministre de l'Agri- culture et du Commerce, pour y exécuter, sous la direction de M. l'ingé- nieur François, des projets qui avaient été rédigés dans l'année précédente , de concert avec lui et avec M. le médecin inspecteur. » A cette époque, l'existence des établissements thermaux de Vichy était vivement menacée par des forages qui avaient diminué considérablement le volume des sources exploitées. Il en existait une désignée par M. l'ingé- nieur pour être nettoyée, et qui était néghgée depuis longtemps; cette source passait cependant pour avoir été très-abondante, mais elle se trou- vait réduite alors à un débit de 3 mètres cubes par vingt-quatre heures. En procédant au nettoyage, je vis clairement que le point d'émergence de cette source avait été changé; j'en prévins M. le préfet de l'Allier, qui, en l'ab- sence de M. François, me chargea de la direction des travaux à entre- prendre : ce changement dans le point d'émergence de la source avait été exécuté de façon à en diminuer à la fois et le volume et la température. Du moment, en effet, que je fus parvenu au rocher au travers duquel la source prenait son issue, le débit des eaux augmenta et la température s'éleva de même. Je fis sauter ce rocher, qui lui-même devant sa formation au dépôt des eaux minérales, opposait un obstacle à leur sortie, et j'arrivai ainsi dans une sorte de piscine, évidemment de construction romaine. A mesure que la piscine se déblayait, l'eau minérale croissait en volume et en tempé- rature; évidemment les travaux devaient être poursuivis : je descendis plus bas que la piscine elle-même. » Mais alors le dégagement du gaz acide carbonique fut tel, que le puits devint inabordable, quelles que fussent les précautions employées. Je me ( 55. ) rappelais l'asphyxie mortelle des quatre mineurs du Creusot, à une autre époque; et, dans le puits de Vichy, le gaz acide carbonique devait se trouver dans une prcportion bien autrement grande que dans la galerie du Creusot, où il ne s'était accumulé que pendant une nuit. M. l'ingénieur François étant alors à Carcassonne, je réclamai ses avis, en l'engageant à se rendre à Vichy le plus tôt possible; M. François arriva. Cet ingénieur essaya d'abord de for- cer l'aérage au moyen du feu : le feu s'éteignit de suite; il eut recours à une cloche de compression armée d'un tube ascensionnel : le gaz acide carbo- nique ne monta pas; il fit projeter une quantité d'eau douce, tant en masse que divisée par un crible : rien n'annonça que le gaz fût absorbé; M. Fran- çois employa l'eau de chaux , puis le chlorure liquide d'ammoniaque : tout fut inutile. >' Évidemment, à des courants continus de gaz acide carbonique il fal- lait opposer une action neutralisante également continue ; et tout cela de manière à ce que les ouvriers pussent poursuivre leurs travaux. " Six ans avant cette époque, j'avais reconnu, en m'occupant de la con- struction d'appareils servant à la préparation des eaux gazeuses artificielles , dans des ateliers où j'avais im intérêt; j'avais reconnu, dis-je, que, dans ,ces appareils, le gaz ne se dissolvait que très-imparfaitement, et qu'il s'in- terposait en bulles plus ou moins volumineuses, entre les diverses couches de Teau employée. Je construisis une petite cloche ou l'écipient ' fermé de toutes parts, sauf un robinet d'épreuve ou d'échappement; [le gaz acide car- bonique y fut introduit sous vne pression moyenne; ensuite j'y fis entrer successivement un courant de vapeurs sous une pression un peu plus élevée que celle existant dans le récipient (il va sans dire que j'avais pris les précau- tions nécessaires pour empêcher l'acide carbonique de passer de la cloche dans la chaudière à vapeur, et cela au moyen d'un clapet posé dans le seas du courant de vapeur); la dissolution du gaz acide carbonique fut complète : j'obtins de l'eau gazeuse qui , telle que les eaux gazeuses naturelles , ne per- dait plus son gaz aussi rapidement , du moment où la bouteille était dé- bouchée, ainsi qu'on le voit dans les eaux artificielles; mais cette causerait revenue à un prix tel, qu'il eût été impossible d'en trouver le débit. Mon expérience, quoique couronnée d'un plein succès , resta donc à l'état d'un fait de simple théorie. " Ce fait me revint alors à la pensée; et, partant de là, je proposai à tout hasard, à M. l'ingénieur François, d'établir, sur les bords du puits à assainir, une petite chaudière ou éolipyle, dont le tuyau descendrait jus- qu'au fond du puits, et pourrait s'allonger à volonté. J'aurais bien désiré C.B., i846,i«'_Se/nej«rf. (T, XXU,N«18.) 7^ ( 552 ) que la vapeur d'eau débouchant par l'extrémité inférieure de ce tuyau rasât la surface du sol par une infinité de rayons de vapeurs disposés en forme d'éventail. Je ne pus arriver à ce perfectionnement; néanmoins l'ex- périence réussit à merveille : la vapeur d'eau descendit facilement ; en sor- tant du tube elle devenait, au bout de quelques moments, opaque et de couleur fuligineuse ; ensuite elle reprenait peu à peu sa diaphanéité : au bout de vingt-cinq à trente minutes, le puits put être abordé sans danger. La vapeur s'est comportée de la même façon chaque fois que l'on a recom- mencé l'expérience; mais toujours l'injection a dû être continuée pendant toute la durée du travail. De cette façon, on a pu faire les travaux qu'on avait entrepris et creuser le puits aussi profondément qu'on l'a désiré : j'ai réduit une autre fois, à Vichy, avec la même chaudière, des vapeurs délé- tères d'une nature toute différente. Ayant fait cimenter avec le ciment d'Accum, qu'on sait être composé de limaille de fonte, de fleur de soufre, de sel ammoniac et d'eau, un vaste réservoir construit en dalles de laves de Volvic, le dégagement du gaz hydrogène sulfuré dans l'intérieur de ce ré- servoir avait été tel, qu'aucun ouvrier ne pouvait y pénétrer. En peu de minutes l'introduction de la vapeur d'eau parvint à condenser tout le gaz dégagé, et l'on entra dans le réservoir comme si rien ne s'y était passé. » On voit de suite l'extension que peut recevoir la vapeur d'eau em- ployée, suivant la méthode que je viens d'indiquer, pour assainir les égouts , les fosses d'aisance, les puits des mines et autres. Ce moyen est applicable là où tous les autres échouent; je m'étonne qu'on n'y ait pas songé plus tôt : le fait seul de la vapeur d'eau injectée dans une chambre -de plomb où l'ou brûle le soufre, devait mettre sur la voie. Mais, jusqu'à présent, la vapeur d'eau n'a été employée que par un courant ascendant pour décider, tant bien que mal, l'aérage des puits des mines, et jamais avant moi, je le crois du moins, par un courant descendant pour opérer l'absorption des gaz délétères. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la direction des . tiges. { Extrait d'une Lettre de M. Durand, professeur à l'École de Médecine de Gaen, à M. Dutrochet.) " J'ai déjà eu l'honneur de vous parler de l'expérience de M. de CandoUe, dans laquelle il a fait croître de haut en bas une tige de jacinthe renversée dans l'eau [Physiologie, tome II, page SaS). Je sais maintenant à quoi m'en ( 553 } tenir à l'égard de cette expérience. Je vous prie de me permettre de vons en entretenir. » Les conditions de cette expérience m'avaient toujours paru mal déter- minées. M. de CandoUe ne dit point , en effet, si c'est toujours le même côté de la tige qui est frappé directement par la lumière. Cette circonstance , cependant, était très-importante à indiquer. Ainsi, j'ai pensé qu'en changeant de temps en temps le côté de la tige de jacinthe qui reçoit directement la lumière, on peut obtenir la descente verticale de haut en bas, ainsi que l'a obtenue M. de Candolle; mais j'ai pensé aussi qu'en laissant constamment le même côté de la tige soumis seul à l'influence de la lumière , cette tige se courberait vers elle et finirait probablement par tendre à se redresser vers le ciel. Enfin, j'ai encore pensé que le redressement de cette tige aurait lieu en faisant l'expérience dans une obscurité complète. Les trois expériences suivantes ont confirmé ces prévisions. » Gomme M. de Candolle , j'ai placé un ognon de jacinthe sur un bocal de verre plein d'eau, ayant sa pointe renversée en bas. J'ai changé tous les jours le côté du bocal qui correspondait à l'afflux de la lumière. La tige, en se développant dans l'eau, avait ainsi, chaque jour et successivement, chacun de ses côtés plus éclairé que les autres ; elle a poussé en descen- dant dans l'eau et en suivant à peu près la verticale; elle a fleuri dans cette position. » J'ai institué la seconde expéi-ience comme la première , seulement avec cette différence que le bocal a été garni, sur les deux tiers de ses parois in- ternes , d'une étoffe noire et épaisse , tandis que l'autre tiers a été exposé à l'action de la lumière et l'a reçue pendant tout le temps qu'a duré l'expé- rience. La tige de jacinthe, en se développant dans la position renversée au milieu de l'eau, se courba d'abord vers la lumière, ensuite elle tendit à se redresser vers le ciel. )' Dans la troisième expérience , l'ognon de jacinthe a été renversé sur un grand pot de faïence plein d'eau ; le vase a été ensuite fermé de telle sorte que la lumière ne pouvait pénétrer dans son intérieur, et conséquemment, avoir de l'influence sur la direction de la tige. Eh bien, encore cette tige, qui d'abord a végété dans la positjon renversée, s'est redressée en diiigeant son sommet vers le ciel. » Ces faits prouvent que l'expérience de M. de Candolle ne peut donner lieu aux inductions qu'il en a tirées ; que ce n'est point par sa grande mol- lesse , jointe à l'action de la pesanteur, que la tige de jacinthe peut descendre 73.. ( 554 ) verticalement en s'accroissant dans l'eau ; que cette expérience , loin de con> firmer la théorie de Kniglit, comme le prétend M. de Candolle, montre, au contraire, que cette tliéorie est insuffisante pour expliquer la direction des axes végétaux. » Vous avez démontré, dans les caudex qui descendent et dans ceux qui montent , une organisation inverse. Or, la tige de jacinthe qui descend, dans la première des expériences précitées , a la même organisation que celle qui monte dans l'état normal. C'est donc par l'action de la lumière, appliquée comme je l'ai dit, que l'on peut faire descendre cette tige, mais sa rectitude mathématique ne peut être obtenue. » M. le docteur Mag\e, oculiste du bureau de bienfaisance du premier arron- dissement, adresse une Note sur une altération particulière de l'organe de la vue. « Le sujet de cette observation, dit M. Magne, M. C, employé de l'ad- ministration des Tabacs dans le département de Lot-et-Garonne, perd la vue à la chute du jour pour ne la recouvrer que le lendemain ; cette fâcheuse disposition , qui a été reconnue très-peu de temps après la naissance, paraît aujourd'hui faire quelques progrès , et c'est ce q^ui- a déterminé M. G. à venir à Paris réclamer les secours de l'art. » A l'occasion de cette communication, M. Roux et M. Velpeau font ob- server qu'il est connu depuis un grand nombre de siècles que certains in- dividus ne voient que de jour, et perdent la vue aussitôt que la nuit arrive. M. le Secrétaire perpétuei, fait remarquer que, si les cas dliéméralopie que l'on cite sont relatifs à des personnes qui auraient besoin d'une très-forte lumière pour bien voir, ces cas mériteraient à peine d'obtenir une place dans les annales de la science, et d'être désignés par un nom particulier; que si on a entendu parler d'individus qui, à égalité d'intensité, voyaient bien avec la lumière naturelle du jour, et auraient été en quelque sorte aveu- gles avec la lumière artificielle , le phénomène serait complètement inexpli- cable dans l'état actuel de nos connaissances sur l'optique et sur la manière dont la vision s'opère. » M. DujARDiiv, qui avait adressé précédèmnïenl une Note sur un nouvel appareil électro-magnétique (séance du i3 novembre i845), écrit qu'au moyen de quelques modifications, cet appareil pourra servir pour des expé- riences relatives aux nouvelles découvertes de M. Faraday concernant l'in- fluence de l'action magnétique sur la lumière. ( 555 ) M. RiPAULT appelle l'attention de l'Académie sur un nouveau signe de la mort, signe qni consisterait dans la flaccidité de l'iris, la pupille perdant sa forme circulaire quand le globe de l'œil est pressé en deux sens opposés, et restant ronde au contraire malgré cette compression, lorsque la vue n'est pas éteinte. M. Castel-Henry adresse de Fives-lez-Lille (département du Nord) un tableau comparatif des observations météorologiques faites pendant les an- nées 1844 6t 1845, et destiné à mettre en évidence la fréquence des pluies pendant la dernière année, fréquence à laquelle l'auteur croit pouvoir attri- buer, en grande partie, la maladie des pommes de terre, M. Fraysse envoie de Privas (A.rdèche) le résumé des observations météo- rologiques con'espondantes au mois de février dernier. M. Jarrin, en transmettant un tableau imprimé qui présente les résultats des observations météorologiques faites à Bourg en i845 par ordre de la Société d'Agriculture de l'Ain , appelle l'attention sur l'impuissance où Von est, dans plusieurs provinces éloignées, de répondre complètement aux dé- sirs de M. le Ministre de l'Agriculture, qui demande qu'un résumé complet des observations météorologiques faites dans chacun des chefs-lieux de départements lui soit régulièrement adressé. « Il serait à désirer, dit M. Jar- rin, que non-seulement M. le Ministre procurât aux observateurs des instru- ments convenables, mais encore qu'il leur transmît des instructions rédigées par les savants qui se sont occupés spécialement de météorologie. » M. Brachet présente deux Notes sur la télégraphie: l'une sur un nouveau système de télégraphes électriques ; l'autre sur un télégraphe de nuit à len- tilles cylindriques et à échelons. M. Glastrier adresse une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour la des- truction du ver qui attaque les olives, moyen que d'ailleurs il ne fait pas connaître d'une manière suffisante pour que l'Académie le prenne en consi- dération. M. d'Héran demande que ses recherches sur l'éducation de l'ouïe des sourds-muets soient admises à concourir pour le prix de Physiologie expé- rimentale. ( 556 ) M. PiMONT demande que trois appareils qu'il a imaginés, l'un pour utiliser la chaleur perdue des bains de teinture, les deux autres pour alimenter d eau chauffée à gS degrés les chaudières à vapeur, soient admis à concourir pour un des prix fondés par M. de Montyon. M. Heukteloup prie l'Académie de lui accorder prochainement la parole pour la lecture d'un Mémoire sur un instrument de lithotritie, qu'il a décrit depuis très-longtemps, le percuteur à cuillers, et dont il est aujourd'hui en mesure de mieux faire apprécier les avantages. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par MM. Martin, d'Angers, Poiseuille et Wartmaniv. fia séance est levée à 5 heures et un quart. A. ^^^^^^^* (557) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. r/Académie a reçu , dans cette séance , les ouvrages dont voici les titres; Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 11; 10-4°. Le Pilote du Brésil, ou Description des côtes de l'Amérique méridionale; par M. le baron RoussiN ; 2* édit. ; in-8°. Exercices d'Analyse et de Physique mathématiques ; par M. AuG. Cauchy; tome III ; 3o* livr. ; in-4''. Cosmos, Essai d'une Description physique du Monde; par M. Alex, de HuMBOLDT, traduit par M. H. Paye; i'" partie; in-B". Rapport adressé à MM. les Membres de la Chambre de Commerce de Paris , sur l' Exposition des produits de l'industrie autrichienne , ouverte à Vienne le i5 mai iB/fS; par M. Eugène Peligot ; in-8°. Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'Invention, de Perfectionnement et d'Importation; tome LVIII; in-4°. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzherg et aux Feroë, pendant les années i838, iBSg et i84o, sous la direction de M. Ga\UA.^D. — Aurores boréales, i''*' partie; in-8°. Nouveau Code de Signaux de jour et de nuit, ou de communication d'un lieu à un autre, au moyen d'un- système pyrotechnique; par MM. COULIER et RuGGiERl; janvier 1846; broch. in-B". Notice historique sur les travaux de MM. Breschet et Geoffroy-Saint-Hilaire ; par M. Mandl ; in- 8°. Archives d' Anatomie générale et de Phjsiolo'/ie; par M. Mandl; i''* année, mars 1846; in-8°. Anatomie des formes extérieures du Corps humain, à l'usage des Peintres et des Sculpteurs ; par M. le docteur Fau; 2* partie, in-8°, et atlas in-4°. Le langage des sons appliqué à l'Education des trois premières classes des Sourds- Muets, détermiiiés par M. Itard; thèse pour le doctorat en Médecine, présentée et soutenue le au août i838, par M. N. d'Héran ; i838; in-4''- (Adressée pour le concours de Physiologie expérimentale.) Mémoire sur l'Industrie métallurgique de la province de Murcie [Espagne); par M.. B0UGHACOURT. Paris, 1846; in-B". De la Brenne et de son avenir; par M. DE Marivault. Châteauroux; in-S". iVo/ice sur /e Sisymbrium bursifolium de Lapeyrouse; par M. Ch. Des- MOULINS; in-8». ( 558 ) Notice sur le cjenre Tlirincin,- par M. MÉRAT ; ia-S*. Suppres'.ion de ta Syphilis: Pétition à la Chambre des Députés; par M. A. GuÉ- vm , de Nantes; broch. in-S". Institut des Sourds-Muets de Nancy (îS* année). — Distribution des Prix du 2 5 août iS^5; ia-8". Journal de Médecine, Chirunjie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la C6le-d' Or, publié par la Société médicale de Dijon; i" année, mars 1846; in-8°. Bulletin des Académies; Revue des Sociétés de médecine française et étrangères , 2* année; mars 1846; in-S**. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° 92 ; in-8*. Gazette médico-chirurgicale ; année 1846, n° 12. Gaz à l'eau. — Invention et fabrication; par M. JOBARD. Bruxelles; in-8". Russia. . . La Bussie d'Europe et tes monts Ourats, Carte coloriée d'après les recherches géologiques de MM. MURCHISON , DE Verneuil et Keyserling. (Cette Carte fait partie de l'ouvrage sur la Russie d'Europe des auteurs pré- nommés. La nouvelle épreuve est adressée comme offrant, dans sa colo- ration, de meilleures indications géologiques pour certaines parties relatives principalement aux pays Scandinaves compris dans le champ de la Carte.) Observations. . . Observations sur l'emploi de la Compression dans le traite- ment de t'Anévrisme; par M. Bellinghan. Dublin, broch. in-S". Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 554; in^"- Nieuwe verhandelingen. . . Nouveau Mémoire de la i'^ classe néerlandaise des Lettres et des Arts ; vol. XII , i " partie ; in-4'*. Das Perpeluum mobile mundi ; par M. Scharfenberg. Ulm, 1846; in-S". Gazette médicale de Paris; armée 1846, n° 12; in-4°- Gazette des Hôpitaux; n°* 32 à 34 ; in-folio. L'Echo du Monde savant; n°' 2a et 23; in-4''- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 MARS 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMIJNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Abago annonce la perte douloureuse que l'Académie vient de faire dans la personne d'un de ses huit associés étrangers, M. Bessel, mort à Kœnigsberg, le 17 mars 1846. ORGAJN'OGRAPHIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. — Extrait d'un premier Mémoire sur la composition et la structure de plusieurs organismes des plantes; par MM. de Mirbel et Payen. « Le Mémoire que nous présentons à l'Académie est rédigé depuis trois ans ; mais les gravures des dessins faits à l'aide du microscope n'ont été ter- minées que dans ces derniers temps, et ils sont indispensables pour la plus grande intelligence du texte. C'est ce qui explique le long retard de la pu- blication de ce travail. " Notre premier Mémoire traite de la composition élémentaire des végé- taux et démontre, par de nombreuses analyses chimiques, que plus les orga- nismes des plantes sont jeunes et aptes à se développer, plus est considé- rable la quantité de substances azotées qui les pénètrent et les vivifient. G. R., 1846, i*' Semestre. (T. XXII, N<> 15.) 74 ( 56o ) n En étudiant, dans ce premier Mémoire, les modifications des orga- nismes soumises à notre examen, on acquerra bientôt la preuve qu'il existe, en effet, des relations entre les agents doués d'une certaine composition chimique et les diverses phases des développements. Toutefois, il importait de savoir si la loi était générale ou si elle admettait des exceptions. Pour ré- pondre pertinemment à cette question , il fallait multiplier les coupes des divers organismes , de telle sorte qu'il n'existât pour ainsi dire point d'inter- valle entre eux ; et tels ont été les résultats obtenus, que l'on a dû conclure que, s'il y avait des exceptions, elles devaient être bien rares. Mais là ne s'est point borné notre travail. Il nous importait, en outre, de déterminer, à l'aide des moyens dont la chimie dispose, la quantité de substances azotées, si faibles ou si fortes qu'elles fussent , dans les parties des plantes où de nou- veaux tissus apparaissent. On trouvera dans notre Mémoire l'indication de toutes les précautions que nous avons prises pour atteindre ce but. » Voici les principaux objets que nous avons choisis pour les soumettre à l'analyse élémentaire : » i". Jeunes racines sur les différentes parties desquelles nous avons constaté l'influence de l'âge, relativement surtout aux proportions des sub- stances azotées ou quaternaires : nous avons comparé sous ces rapports les produits de cultures dans des sols aride ou fortement fumé ; » 2°. Tige d'un Chêne en pleine végétation, planté depuis vingt-cinq ans , par conséquent assez âgé pour offrir sur une seule section, perpendiculaire à l'axe, un certain nombre de couches concentriques d'âges différents, dans le bois de cœur, l'aubier et les couches corticales; n 3°. Branches plus ou moins développées que nous avons également étudiées, soit par zones concentriques, soit suivant des pousses successives, qui offraient des développements à plusieurs degrés ; )) 4°- Épidermes pris à des âges différents et en distinguant la composi- tion de la cuticule de celle des couches épidermiques sous-jacentes; i> 5°. Feuilles cueillies à certains intervalles de la végétation ou séparées en plusieurs parties afin de reconnaître encore les influences de l'âge sur la composition élémentaire ; » 6". Organes de la fructification ; » 7". Organismes fractionnés suivant la même méthode et pris parmi les végétaux cryptogames. » Nous avons réuni dans un tableau synoptique les nombres des analyses et les résultats indiquant les proportions d'eau, de substances minérales et d'azote dans la substance : soit à l'état normal, soit desséchée, et dans la ma- ( 56i ) tière organique ; enfin, la proportion de substance azotée comparativement avec le poids total de la matière organisée. » En consultant ce tableau, on verra que partout la même conclusion s'est reproduite ; que même des différences notables de composition élémentaire , et toujours dans le même sens, se sont manifestées entre des pousses suc- cessives semblables, dont le développement des unes n'avait précédé que de vingt à trente jours le développement des autres. » Extrait du second Mémoire sur la structure et la composition de plusieurs organismes végétaux. « Ce que nous avons dit dans notre précédent Mémoire ne permet pas de douter que, plus les divers tissus végétaux sont jeunes, plus ils contiennent de matière azotée, et plus leur puissance de développement est grande, quoique, dans certains moments, leur croissance s'arrête ou devienne très- lente. Mais, à mesure que les divers organismes vieillissent, la substance azotée se retire , et elle est remplacée par de la cellulose pure ou entremêlée de substances ligneuses qui n'admettent point d'azote dans leur composition intime. Alors la cellulose, sécrétée dans les cavités des tissus, épaissit leurs parois et les solidifie. Ce qui prouve que les choses se passent ainsi se peut tirer encore du bourgeon et de ses développements. » Admettons que le bourgeon , eu égard à son volume , soit né depuis peu de temps : il contient une quantité notable de substance azotée dans sa partie supérieure, attendu que cette partie est la plus jeune; tandis que la partie inférieure de ce même bourgeon, étant plus âgée, a perdu une partie des ma- tières azotées, lesquelles ont fait place à la cellulose et aux principes ligneux; d'où il l'ésulte que cette partie inférieure s'est épaissie, s'est allongée, et a sou- levé la partie supérieure. Ceci nous apprend comment il se fait que les méri- thalles des tiges et des branches se développent successivement à partir de la base jusqu'au sommet. Reste à savoir ce que devient l'azote, dont les pro- portions ont diminué. Retournerait- il dans le sol , ou dans l'atmosphère d'où il est venu? ou bien les composés qui le comptent parmi leurs éléments iraient- ils porter secours à d'autres organismes naissants? Cette dernière conjecture est la plus probable. Elle s'appuie sur des observations qui résul- tent de l'analyse chimique , et elle appelle notre attention sur une distinction importante entre des matières confondues dans un même fluide, mais dont les unes, à composition ternaire, se condensent pour donner naissance à de petites utricules dont la paroi est d'une extrême minceur, ou pour épaissir et fortifier les parois d'utricules plus développées. 74.. ( 562 ) » Pour faire apprécier à sa juste valeur ce qui précède , nous pensons que l'examen approfondi d'un fait particulier ne paraîtra pas déplacé ici. Voici ce fait : nous avons , il y a quelques années , choisi , sur un Marronnier d'Inde {/Esculus hippocastanum) , un jeune bourgeon bien constitué, lequel com- mençait à se développer, non par son sommet, mais par sa base. Cette base s'allongeait , s'épaississait et donnait naissance à un mérithalle. Quand ce mé- rithalle eut atteint 9 centimètres de long, nous jugeâmes à propos de le par- tager, par la pensée, en trois parties égales, mesurant chacune 3 centimètres, ce qui fut facile , en fichant la pointe de deux camions dans l'écorce du méri- thalle , l'un à 3 centimètres au-dessus de sa base , l'autre à 3 centimètres au-dessous de la base du mérithalle supérieur. Nous disons du mérithalle su- périeur ; car, tandis que le premier mérithalle se développait , un second prenait naissance entre lui et le bourgeon , et d'autres devaient de même se former plus tard. » Mais revenons à notre premier mérithalle. Nous le coupâmes longitu- dinalement en deux parties égales , et, comme nous devions nous y attendre, nous ne tardâmes pas à reconnaître que Tépaississement avait pour cause la formation des couches utriculaires superposées les unes aux autres , lesquelles offraient d'autant moins de consistance qu'elles se rapprochaient davantage de la base du mérithalle supérieur, qui était en voie de se développer comme avait fait le précédent. Mais, dira-t-on, d'où provient cet affaiblissement graduel des nouvelles couches utriculaires? A cette question l'analyse chi- mique répond par des faits irrécusables : plus les tissus sont jeunes , moins ils contiennent de substance ligneuse et de cellulose. Il s'ensuit donc que, dans un mérithalle donné, les tissus inférieurs, qui sont évidemment les plus an- ciens , passent les premiers à l'état ligneux , tandis que les tissus supérieurs , qui sont de formation toute récente, et qui se dirigent incessamment vers le sommet du mérithalle et vers la base des feuilles, n'ont pas encore eu le temps de se transformer en bois. » De Lahire, savant académicien du xvi* siècle, imagina que les couches ligneuses des Dicotylées partaient de la base du bourgeon et descendaient jusqu'au collet des racines. Cette manière de voir n'était justifiée par aucun fait positif, ce qui n'empêcha pas que, plus tard, le savant du Petit-Thouars adopta la doctrine de Lahire , mais s'efforça vainement de la faire prévaloir. Il avait remarqué que, quand on greffe un bourgeon sur un arbre, il arrivait quelquefois que la base du bourgeon donnait naissance à des filets qui se dirigeaient vers la terre, et comme il ne les voyait pas descendre au delà de quelques centimètres, son ardente imagination lui suggéra la pensée que ces ( 563 ) fibres se produisaient et s'accroissaient par une force organisatrice qui, comme l'électricité et la lumière, ne semble point connaître la distance. Nous reproduisons ici les propres paroles de du Petit-Thouars. Toutefois, nous aurions peine à croire qu'aujourd'hui aucun phytologiste se contentât de cette explication. Il est de toute évidence que les filets nés de la base d'un bourgeon sont de véritables radicelles. Il suffit quelquefois d'asseoir le bour- geon sur une terre légère et un peu humide pour qu'il s'enracine , et donne naissance à une plante de son espèce. » Voici un fait non moins digne d'attention. Nous choisissons une feuille saine tenant à l'arbre, et, à l'aide d'une aiguille et d'un fil, nous faisons une ligature autour de l'une des nervures les plus saillantes; peu de temps après nous apercevons qu'il s'est formé un épaississement notable au-dessus de la ligature. Mais à quelle cause attribuer cet épaississement ^ si ce n'est à la tendance de la matière nutritive à se porter vers la base du végétal? Nous en avons la preuve dans les arbres dicotylés. Une forte ligature , opérée sur des tiges ou des branches, ne tarde pas à faire naître d'épais bourrelets. Que si, au contraire, nous laissons croître l'arbre en toute liberté, la ma- tière organisatrice, le cambium en un mot, se déposera entre l'écorce et le bois à partir des jeunes sommités de l'arbre jusqu'au collet de sa racine , et c'est à ce point d'arrêt que commencera la lignification. Celle-ci prendra une marche ascendante et s'étendra de proche en proche jusqu'aux derniers rameaux. Ce sera en grand la répétition de ce que nous avons vu en minia- ture dans le mérithalle du Marronnier d'Inde. » Jusqu'à ce moment nous n'avons rien dit de ce qui touche directement aux arbres monocotylés. Entre ceux-ci et les dicotylés la différence est grande. Ces derniers prennent à juste titre le premier rang. Leur organisation interne se fait remarquer tout d'abord, soit par la belle ordonnance des parties, soit par la solidité de l'ensemble. L'organisation interne des arbres monocotylés est fort différente. Au premier coup d'œil, il semble que chez eux il n'y ait que désordre et confusion; mais si l'on étudie sérieusement l'œuvre de la nature, on est amené à reconnaître qu'elle n'a rien fait qui ne soit digne de notre attention. » Un puissant bourgeon, qui étale ses grandes et belles feuilles à la sur- face du sol, commence le stipe du Dattier. Ce bourgeon vieillit, les feuilles le plus bas placées se détachent , et dans le même temps de nouvelles feuilles commencent à poindre à la partie supérieure de l'axe du stipe. Ces feuilles à leur tour grandissent, vieillissent et tombent; d'autres leur succèdent, en tout semblables aux précédentes. Cet état de choses se prolonge aussi long- ( 564 ) lemps que dure la végétation de l'arbre, qui n'est, pour bien dire, qu'un bour- geon continu , et qui , par conséquent, n'a point de mérithalle. Il est à remar- quer que les bases de toutes les feuilles du Dattier se touchent, se pressent, et que lorsqu'elles viennent à se détacher, chacune d'elles laisse sur le stipe un épais tronçon dont la surface dessine un losange, et tous les tronçons ajustés les uns à la suite des autres forment sur le stipe une bande en relief, laquelle décrit une hélice souvent interrompue par la chute des tronçons. Il Ce n'est certainement pas par des coupes longitudinales et transversales qu'il nous est possible de prendre une connaissance approfondie de la dispo- sition, de la marche et des fonctions des filets qui parcourent le stipe. Toute- fois, nous devons reconnaître que dans certains cas, tels que ceux que nous allons citer, une coupe verticale peut très-bien éclairer Tobservateur: soit pour exemple le stipe du Dattier. A l'aide d'un instrument tranchant, nous le fendons dans toute sa longueur en deux parties égales, et par cette opé- ration nous mettons au grand jour un faisceau de filets qui s'allongent de bas en haut dans la partie centrale de l'arbre. Il est évident qu'ici le secours de l'anatomie est tout à fait inutile. Elle ne nous a pas servi davantage pour constater que les filets, généralement parlant, naissent de la périphérie interne du stipe. Mais ces mêmes filets ne tardent pas à s'enfoncer dans les amas de tissu utriculaire , et c'est alors que l'observateur doit avoir recours à l'ana- tomie pour enlever ces tissus et mettre à nu les filets sans les offenser, quelles que soient d'ailleurs les diverses routes qu'ils prennent. Avec de la patience , un peu d adresse, un scalpel, on obtient ce résultat. >> Parmi les innombrables filets que nous avons sous les yeux, nous en distinguons un qui nous semble d'une constitution plus robuste que les autres, et que nous avons ailleurs, et pour cause, nommé Jilet précurseur. Né de la périphérie interne , ce filet se dirige d'abord vers le centre de l'arbre en décrivant une courbe ascendante, et peu après il prend place dans le fais- ceau de la région centrale; puis, arrivé à une certaine hauteur, il se sépare du faisceau et se glisse horizontalement à travers le tissu utriculaire vers la périphérie interne, laquelle est située plus ou moins à l'opposite du premier point de départ du filet précurseur. Celui-ci va s'attacher à la base d'une feuille naissante, et, chose remarquable, tous les petits filets jusqu'alors dis- persés se rassemblent, se pressent autour de lui comme par une sorte d'in- stinct, et tous ensemble vont aussi porter secours à la jeune feuille. » Que l'on se garde -de croire que le fait que nous venons d'exposer soit unique dans le stipe du Dattier. Bien s'en faut qu il en soit ainsi , car il se reproduit aussi souvent qu'une feuille apparaît, et comnie les feuilles nais- ( 565 ) sent de tous côtés et se disposent sur le stipe suivant un ordre symétrique, il s'ensuit nécessairement qu'il s'opère un croisement général des filets pré- curseurs dans toute la longueur de l'arbre. » Quant aux filets considérés isolément, nous remarquerons cpi'ils ont une grande affinité avec les couches ligneuses des Dicotylés, sinon par la forme, du moins par la consistance. Comme dans les Dicotylés, ces filets se changent en bois à partir de la base de l'arbre , et la lignification va s'affaiblissant de plus en plus à mesure que les filets s'allongent pour aller s'attacher aux feuilles. Certes il y a loin de cette doctrine à celle de Lahire et de du Petit-Thouars! » En résumé, si la formation des tissus et des filets avait lieu en descen- dant du haut jusqu'au pied des arbres, il est évident que leurs sommités les plus élevées seraient plus âgées que les parties inférieures. Les premières renfermeraient en plus fortes proportions la cellulose et la matière ligneuse, d'où il résulterait qu'elles contiendraient relativement moins de matière azo- tée. Or, c'est le contraire qui toujours a lieu; nous l'avons prouvé par des faits nombreux dans notre premier Mémoire. Ainsi l'analyse chimique s'ac- • corde en tous points avec l'anatomie et l'observation attentive pour repousser cette erreur de l'imagination de nos devanciers. " Après avoir déduit de notre première série d'expériences les consé- quences que nous venons d'exposer, nous avons entrepris de nouvelles études dans lesquelles l'emploi des réactifs pouvait éclairer les observations ana- tomiques et montrer d'autres effets du développement de l'organisme végétal. » En voyant les substances ternaires (formées d'hydrogène, d'oxygène et de carbone) consolider les tissus et accuser leur âge, il nous sembla que ces substances devaient apporter des changements dignes d'intérêt à la structure des parties dont la vitalité se prolonge au delà des limites ordinaires. » Nous avons d'abord examiné , à ce point de vue, les feuilles qui résistent à la chute automnale : parmi les moyens de consolidation que leur fournis- sent les matériaux non azotés en s'y accumulant, nous avons découvert, en effet, des organes assez remarquables. Ce sont des fibres de cellulose incrustée étendant leurs ramifications d une face à l'autre du limbe , sortes de renforts qui maintiennent l'écartement entre les épidermes et semblent garantir le parenchyme contre la pression des couches épidermiques épaissies. Ailleurs, de nombreuses cloisons, formées de cellules à fortes parois et traversant de même tout le parenchyme de la feuille, produisent encore une consolidation générale et soutiennent les faisceaux vasculaires des nervules. » On remarquera des dispositions de ce genre et, en outre, un bourrelet ( 566 ) marginal de cellules épaisses et injectées, dans les coupes des feuilles de Camélia, de V Olea Jragrans, du Thea viridis, du Magnolia grandijlora^ du Nerium oleaitder, du Houx, des Orangers, du Buis, etc. )i Nous avons vérifié sur les feuilles du Laurier-rose et tracé sous le mi- croscope la disposition singulière des stomates, au fond de cavités spéciales dont l'entrée, irrégulièrement circulaire, est abritée par de nombreux poils recourbés. » Une abondante sécrétion de globules amylacés s'est offerte dans les cellules du parenchyme parmi les feuilles bien développées du Thé et des Camélias. " Sur tous les points où l'épaississement des cellules et des fibres simples ou rameuses a lieu rapidement dans les feuilles, on remarque des canali- cules, en grand nombre , traversant les parois et mettant en communication la cavité centrale graduellement rétrécie de ces fibres , avec les tissus ambiants ou leurs méats. )> Ces canalicules perforent aussi les cellules, injectées et épaissies par les principes immédiats du bois, dans les divers noyaux et les pépins de raisin. Nous avons observé des dispositions analogues dans les fibres lancéolées , libres ou réunies en faisceaux, des écorces de Cinchona (i). » Les noyaux de Celtis ont présenté une particularité remarquable dans leur composition : les épaisses parois de leurs cellules sont formées de cellu- lose caverneuse , dont toutes les petites cavités sont remplies de carbonate calcaire; ce sel, très-compacte, donne une grande dureté à tout l'ensemble du noyau. " Dans plusieurs feuilles et surtout dans les feuilles du Hêtre , nous avons observé, et reproduit par des figures, la disposition des cristaux d'oxalate de chaux en séries linéaires parallèles aux nervures et nervules. !> Les formes élégantes des glandes oléifères et les plis symétriques de la cuticule épidermique autour d'elles comme autour des stomates, nous en- gagèrent à dessiner plusieurs plans et coupes de feuilles de Lilas. » Nous nous sommes efforcés de représenter, à l'aide d'un fort grossisse- ment, le mécanisme du développement de la cuticule épidermique, en mon- trant les granules qui, successivement juxtaposés, lui donnent plus d'étendue et d'épaisseur. (i) Ces fibres corticales à double pointe et très-petites se répandent en poussière durant .la pulvérisation du quinquina jaune; ce sont elles qui occasionnent, en s'iniplantant sur la peau , les démangeaisons vives dont se plaignent les ouvriers. ( 56? ) » Nous avons consacré plusieurs des seize planches que nous déposons sur le bureau à montrer les détails de ces structures diverses et les progrès de leurs développements. Les changements de formes et de couleur sous l'influence des réactifs ont été indiqués lorsqu'ils pouvaient mieux caracté- riser les différentes parties de l'organisme, faire distinguer les unes des au- tres la cuticule, les cellules sous-jacentes , la cellulose pure, la cellulose injectée de matière ligneuse, les corpuscules azotés, les gouttelettes oléagi- neuses. Enfin, nous sommes parvenus à montrer ainsi , à côté de leurs formes extérieures, les dédoublements des parties et la structure intime de plusieurs champignons microscopiques. » A la suite de cette Lecture, M. Gacdichaud ^jrend la parole et s'exprime en ces termes : « D'après les nombreux Mémoires et toutes les anatomies que , depuis 1 843 jusqu'à ce jour, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, elle comprendra que je dois avoir de nombreuses objections à faire au travail de notre savant confrère M. Payen. » J'ose pourtant la prier de vouloir bien me permettre d'attendre , pour les lui soumettre, que ce travail soit imprimé, et que je puisse donner, alors, à mes remarques, toute la force et la maturité convenables. » RAPPORTS. M. PoNCELExlit, au nom de la Section de Mécanique, le Rapport qui suit: « L'Académie a chargé la Section de Mécanique de lui faire connaître son opinion sur les vues présentées par M. Piobert, dans deux Notes lues les lun- dis 9 et 23 mars, et relatives à la fréquence des accidents sur les chemins de fer. Réunis à cet effet, les membres de la Section ont été unanimement d'avis qu'il y avait lieu de prendre en considération l'objet de ces communications dont la haute importance est appréciée de tous. Ils pensent que les condi- tions dynamiques et réglementaires sous lesquelles s'exécute actuellement le transport des voyageurs et des masses inertes sur les voies ferrées, pré- sentent des dangers dont la triste réalité devient chaque jour plus mani- feste, et que les indications de la théorie et de l'expérience pourraient faire éviter en majeure partie, à l'aide de dispositions matérielles ou préventives qu'il appartient à l'administration publique d'étudier et de prescrire dans une mesure convenable. » Les membrei de la Section de Mécaolque, frappés unanimement de la C. R., 1846, i" Semestre. {'V. XXII, M» 13.) 7^ . ( S68 ) gravité et de la permanence de ce malheureux étal de choses, croiraient manquer au devoir impérieux que leur position scientifique et leur dévoue- ment au bien public, leur imposent, s'ils ne s'associaient au vœu émis par leur honorable confrère dans les Notes précitées, Notes dont ils déclarent adopter entièrement les diverses réflexions ou considérations techniques. » En conséquence , ils ont l'honneur de proposer à l'Académie de se joindre aux membres de la Section de Mécanique , pour appeler vivement l'attention du Gouvernement sur les questions soulevées par M. Piobert, afin que, dans sa sollicitude pour la vie des citoyens, il avise aux moyens les plus prompts et les plus efficaces de prévenir le renouvellement des dé- plorables accidents survenus à diverses époques sur les chemins de fer. » Avant que les conclusions du Rapport soient mises aux voix, il s'engage, relativement à la proposition qu'elles renferment, une discussion à laquelle prennent part MM. Arago, Poncelet, Piobert, Pouillet, Liouville, Dufrénoy, J3upin, Mathieu, Cauchy, Morin, Dumas, Flourens, Binet et Libri. Un des membres ci-dessus désignés ayant proposé d'engager la Commis- sion à reprendre ce Rapport afin d'y faire, si elle le jugeait convenable, quelques modifications suggérées par les l'emarques des divers membres qui ont pris part à la discussion , cette proposition est mise aux voix, et, après une première épreuve douteuse, l'Académie, procédant par la voie du scrutin secret , la rejette à une majorité de a6 voix contre ai. Les conclusions de la Commission sont ensuite mises aux voix et adoptées. La séance est levée à 5 heures et un quart. F. ERRATA. (Séance du ît3 mars 1846.) Page 534, ligne 8. — La Commission chargée de l'examen du Mémoire de M. Bernard sax la digestion et la nutrition comparées dans les herbivores et les carnivores, se compose de MM. Serres, Pelouze, Rayer. C'est par erreur qu'on a substitué à ces noms ceux des membres qui composent une autre Commission nommée, dans la même séance, pour une Note de M. Bonnafoux relative à la guérison d'un cas de surdité. ^^.^^H (569) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. li' Académie a reçu , dans cette séance , les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n° 12; in-4". Comptes rendus hebdomadaires de i Académie royale des Sciences; Tables du a* semestre i845; in-4°. Société royale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances. Compte rendu mensuel, rédigé par M. Payen; tome V, n' 6; in-8°. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie , en Laponie, au Spiizberg et aux Feroë, pendant les années i838, iSSg et i84o, sous la direction de M. Gaimard; 3i* livraison ; in-folio. Annales forestières ; mars 1846; in- 8°. Mémoires et Comptes rendus de la Société libre d' Emulation du Doubs, avec planches lilhographiées ; a vol. : tome P', i844) i" et 2" livr. in-8°. Bulletin de la Société d 'Horticulture de l'Auvergne ; mars x 846 ; in-8°. Bemarques sur divers phénomènes de la Vie organique; par M. Ripault. Dijon, 1841 ; in-8*. Nouvelles Expériences sur le chaulage des blés, Bapportfaità la Société cen- trale d'Agriculture du département de la Seine-Inférieure; par M. J. Girardin. Rouen, 184 5; in-8". Maladies des Professions insalubres; par M. Blandet. Paris, 184 5; in-S''. Traité pathologique et thérapeutique des Maladies vénériennes, suivi d'un Formulaire spécial; par M. Theuille ; in-8". ' Delà Température chez les Enfants à l'état physiologique et pathologique ; par M. Henri Roger; in-8°. (Cet ouvrage est adressé au concours pour le prix Montyon. ) Du Cœur, de sa Structure et de ses Mouvements; par M. Parchappe; in-4'' avec planches. Nouvelle méthode pour guérir certains Anévrismes sans opération, à l'aide de la galuanopunclure artérielle; par M. PÉTREQUIN ; 1 feuille in-8°. ( Cet ouvrage est adressé pour concourir au prix Montyon.) De la préférence qu'on doit donner aux Eaux des sources de Roye, de Bon- zier, de Fontaine et de Neuville, pour fournir aux besoins de la population lyon- naise, sur l'eau qu'on se propose d'extraire du Bhône par infiltration; Lettre par M. DuPASQUiER. Lyon, i844; in-4°- Notice chimique, médicale et topographique sur une nouvelle Source d'eau ( 570 ) minérale alcaline, Jerrugineuse et gazeuse acidulé, découverte à Vais [Ardèche); par le même. Lyon, i845 ; in-8°. Journal de Chirurgie; par M. MziLGAiGNE ; mars 1846; in-S". Recueil de la Société Polytechnique ; par M. DE MoLÉON ; 26* année , 5^ série , tome III, n" 10; octobre i845; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; mars 1846; in-8°. Journal des Connaissances utiles; mars 1846; in-8". Memoirs of . . . Mémoires de la Société royale astronomique de Londres; tome XV, avec 4 planches. Londres, 1846; in-4°. An account . . . Notes sur quelques Tables astronomiques anciennes qui se trou- vent dans la bibliothèque de M. C. TuRNOR; par M. R. Harris; broch. in-4''- ( Extrait du volume précédent. ) Catalogue de la Bibliothèque de l'Àthenœum; 1 vol. in-4°; i845. Meteorological. . . Observations météorologiques faites à l'Observatoire du Gouvernement, à Bombay, par M. G. BuiST; années i84a et 1 843; a vol. in-4°. Observations. . . Observations magnétiques faites à l' Observatoire de Bombay ; mai à décembre i843; lithograph. in- 4°. Magnetic . . . Courbes présentant les variations des aiguilles d inclinaison et de déclinaison constatées au même Observatoire durant les mêmes mois. Tracings. . . Tracés du Pluviographe du même Observatoire pendant les an- nées 1842 e< 1 843 ;/>ar M. G. BuiST; in-folio oblong. Courbes représentant les variations horaires du baromètre pendant douze mois lunaires , faites au même Observatoire. Atlas der. . . Atlas de Cranioscopie ; par M. Carus; 2® cahier, avec le texte en allemand et en français ; in-4". Handbuch... Traité théorique et pratique des maladies de l'Oreille; par M. P.-H. Wolff; tome III. Leipsick, i845; in-8°. Nachrichtens. . . Nouvelles de l'Université et de la Société royale de Goel- tingue; n° 3, 1846; in-8°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n° i3; iu-4°. Gazette des Hôpitaux; n°' 35 à 37 ; in-folio. L'Echo du Monde savant; n°' 24 et a5; in-4°- Gazette médico-chirurgicale ; aanée 1846, n° i3. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU r.UNDI 6 AVRIL 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MÉMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « Après la lecture du procès-verbal, M. Libri demande la parole pour manifester devant l'Académie le même regret qu'il a eu déjà l'honneur d'exprimer confidentiellement à M. le Secrétaire perpétuel Flourens, chargé de la rédaction du dernier Compte rendu. La discussion approfondie qui a eu lieu dans la dernière séance , et à la suite de laquelle l'Académie , après avoir repoussé la proposition de M. Arago, a adopté les conclusions du Rap- port présenté par M. Poncelet au nom de la Section de Mécanique, semblait, à M. Ijibri, digne, à tous les égards, de figurer dans les Comptes rendus. Dans le cas pourtant où, pour des motifs particuliers, il eût semblé préférable de supprimer l'analyse de cette discussion, M. Libri pense que, conformé- ment aux précédents, il aurait fallu auparavant s'assurer, par écrit, du con- ' sentement de toutes les personnes intervenues dans le débat. A cette oc- casion , M. Libri fait remarquer que la phrase insérée dans le dernier Compte rendu, à l'occasion de cette même discussion , pourrait faire croire que les remarques des divers membres qui ont pris part à la discussion, avaient toutes pour objet d'introduire quelques modifications dans le Rap- port. Or, ni M. Libri, ni plusieurs des personnes qui ont pris la parole dans cette circonstance, et qui, comme lui, ont voté pour les conclusions delà G. R., 1846, i« Semestre. { T. XXII, N» 14.) 76 ( 57a ) Commission, n'avaient certainement pas l'intention de demander que ce Rapport reçût la moindre modification. » « M. Flourens répond que, après avoir consulté plusieurs des membres qui ont pris part à la discussion dont il s'agit, et notamment plusieurs mem- bres de la Section de Mécanique , il lui a paru que l'avis dominant était que cette discussion devait rester verbale ; mais il ajoute que les droits de chaque académicien sont demeurés entiers (car, selon lui, ces droits ne peuvent ja- mais être mis en doute), et, par conséquent, que ceux qui voudront faise in- sérer, dans les Comptes rendus de l'Académie, quelque chose de ce qu'ils ont dit dans la dernière séance, pourront le placer dans le Compte rendu de la séance d'aujourd'hui. » « Après la réponse de M, Flourens, M. Libri prend de nouveau la parole pour remercier M. le Secrétaire perpétuel des explications qu'il vient de don- ner à l'Académie. En confirmant à ses confrères l'assurance que, dans un cas pareil, chaque personne intéressée serait interpellée par écrit, M. Flourens a pleinement satisfait tous ceux qui désirent que les droits des académiciens soient toujours clairement établis. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Expériences sur les roues à aubes courbes,- par M. MoRiN. « Dans un Mémoire présenté, en iSSg, à l'Académie des Sciences, et re- latif à des expériences exécutées sur plusieurs roues à aubes courbes, j'avais été conduit à reconnaître que la largeur des couronnes généralement adoptée était beaucoup trop petite, et que de ce défaut résultaient plusieurs inconvénients assez graves qu'il était nécessaire et facile d'éviter pour obtenir des roues à au- bes courbes de meilleurs résultats. En effet, la hauteur à laquelle l'eau s'élève le long des aubes dépend non-seulement de la hauteur de la chute, mais encore du volume d'eau dépensé et de la vitesse de la roue. Ces éléments pouvant varier entre des limites étendues pour la même roue , il importe d'adopter pour les couronnes des proportions telles, que le moteur se trouve, au moins, 'dans la plupart des cas, dans des conditions favorables. Or, lorsque les cou- l'onnes ne sont déterminées que d'après la levée de la vanne et la vitesse nor- males, il arrive très-fréquemment qu'un accroissement accidentel de la ré- sistance produisant un ralentissement, l'eau jaillit au-dessus des aubes, et qu'alors la roue s'engorge et s'arrête. C'est encore ce qui se présente pour les roues destinées à faire mouvoirdes masses considérables et pour lesquelles, au moment de la mise en train, on est obligé de lever la vanne d'une quantité beaucoup plus considérable que pendant la marche ordinaire. 0^' (573) » D'un autre part, ce moteur, si simple dans son installation, et si écono- mique dans sa construction, rendant, lorsqu'il est convenablement propor- tionné, 0,60 du travail absolu du moteur, il était intéressant de chercher les moyens d'assurer toujours ce résultat. » Dans les nouvelles expériences entreprises à la poudrerie du Bouchet , on s'est proposé d'examiner quelle pouvait être, toutes choses égales d'aUleurs, l'influence du rayon de la roue, de la levée de vanne, de la largeur des couronnes par rapport à la chute. De son côté, le savant géomètre auquel est dû ce moteur hydraulique avait songé à y introduire un perfectionne- ment important, dont le but était d'éviter presque complètement le choc de l'eau à son entrée sur les aubes. C'est par une modification dans le tracé du coursier qu'il s'est proposé d'y parvenir, et voici la construction qu'il a indi- quée pour cet objet : » Le rayon de la roue étant déterminé , on mène, à sa circonférence, une tangente inclinée d'environ ^ sur l'horizontale. Parallèlement à cette tan- gente , on mène une ligne qui en soit éloignée de l'épaisseur que l'on veut don- ner à la lame d'eau, et qui rencontre la circonférence extérieure en un point. Par ce point, et par le centre de là circonférence, ou mène un rayon que l'on prolonge jusqu'à sa rencontre avec la tangente. On trace ensuite, approxi- mativement, la spirale qui passe par ce dernier point et par celui du contact de la tangente avec la circonférence , et qui correspond au développement de l'arc de cercle qu'ils limitent; puis on mène, à cette spirale , une tangente en son point extrême du côté d'aval. » Il est évident que, si l'on donne au fond du coursier la forme de cette spi- rale, tous les filets fluides de la veine, qui conservera sensiblement la même épaisseur depuis l'orifice jusqu'à la roue, s'infléchiront de manière à décrire tous des spirales semblables, et rencontreront aussi la circonférence sous le même angle, ce qui n'a pas lieu quand le fond du coursier est un plan incliné. » Cela fait, il ne reste plus qu'à déterminer la direction du dernier élé- ment de l'aube , de façon qu'un filet quelconque, en y arrivant, n'ait qu'une vitesse relative tangente à cette aube, et sa vitesse normale à la même sur- face se trouvera alors nulle. C'est ce qu'il est facile de faire, en sachant que la vitesse de la circonférence de la roue correspondante au maximum d'effet est égale à environ o, 55 de la vitesse due à la charge sur le sommet de l'orifice. Après avoir ainsi déterminé la direction de la tangente, on lui élève une perpendiculaire à son point de contact , et c'est sur cette ligne qu'on prend le centre de courbure des aubes , en ayant soin de choisir un rayon tel que 76.. ( 574 ) ce cercle rencontre la circouféreuce intérieure de la couronne, en formant avec elle un angle aigu. » Pour reconnaître l'influence du diamètre des roues sur l'effet utile, nous avons fait construii'e trois roues des diamètres de i^jôo, a™,4o et 3"", 20, ayant une largeur commune de o"',4o. Elles ont été successivement placées dans un coursier tracé suivant la première méthode indiquée par M. Pon- celet. La largeur des couronnes était de o'",'75, et les aubes étant faites en planchettes minces et étroites engagées dans des rainures, on pouvait, en retirant par le haut quelques-unes de ces planchettes, faire varier pour cha- que roue la largeur de la zone que l'eau devait occuper. » Ces roues, construites en sapin pour les expériences, étaient fort légères, et par conséquent leur moment d'inertie était très- faible, et il en est ré- sulté que les variations de la résistance provenant du frottement des mâchoires du frein produisaient dans la vitesse des variations sensibles, surtout quand cette vitesse était faible et s'approchait de celle qui correspondait au maxi- mum d'effet. Par suite de ces retards accidentels, l'eau jaillis ait dans la roue, troublait son mouvement, le rendait irrégulier et l'arrêtait. C'est. ce qui, pour beaucoup de séries, a empêché d'atteindre la vitesse correspondante au maximum d'effet. » Cet inconvénient, qui ne provenait uniquement que de la petitesse du moment d'inertie des modèles, pourrait avoir, pour des usines dont les roues seraient trop légères, des conséquences fâcheuses, car des variations accidentelles de la résistance auraient alors pour effet de troubler et d'ar- rêter la marche du moteur, tandis que d'autres roues, exactement semblables, quant aux proportions et au tracé, mais ayant im moment d inertie plus considérable, seraient exemptes de ce défaut, que l'on attribue, à tort quel- quefois, au système même de la construction. " Des observations analogues s'appli(|ueraient à plusieurs turbines; mais comme, en général, ces derniers moteurs, construits en fonte, marchent très- vite , la force vive du système, formée par la roue , l'arbre et l'engrenage, est assez grande pour que l'on s'aperçoive moins de l'inconvénient signalé. » Dans les expériences dont il sera question dans ce Mémoire, le jaugeage des volumes d'eau dépensés a été fait au moyen de l'observation des levées de vanne et des charges d'eau sur le seuil de l'orifice décrit dans notre pré- cédente communication. De ce mode de jaugeage il est résulté, comme je l'ai déjà dit , que le coefficient de la dépense pour cet orifice a eu des valeurs qui ont varié de 0,675 à 0,722, tandis que, si l'on avait procédé d'après les #■ (575) règles ordinaires, on aurait été conduit à lui assigner des valeurs comprises entre 0,60 et o,63, c'est-à-dire plus petites de ^ ou 0,11 environ. On voit donc que les volumes d'eau dépensés, et par suite le travail absolu fourni par le moteur, ont été estimés dans nos expériences plus baut qu'on ne l'eût fait par les règles habituelles. » J'ajouterai de suite que la comparaison des dépenses effectives avec les dépenses théoriques faites par l'orifice de la roue nous a fourni l'occasion de constater que toutes les fois que la hauteur de l'orifice et la vitesse de la roue sont telles qu'il n'y ait pas de choc des aubes sur la veine fluide, le coefficient de la dépense par le vannage incliné à 45 degrés est d'environ 0,80, comme M. Poncelet l'a observé; mais que, dès qu'il y a choc et remous de l'eau à l'entrée, ce coefficient diminue et descend parfois à 0,70 ou 0,72. Au contraire, avec le coursier modifié, qui facilite l'introduction de l'eau , ce rapport devient beaucoup plus grand pour les petites levées, et dé- croît un peu à mesure que les hauteurs d'orifice augmentent. Pour la roue en fonte de 3"',io que nous avons employée, ce coefficient a successivement pris les valeurs 0,92 pour les orifices de o^jiSo de hauteur; 0,87 pour les orifices de o'",2oo de hauteur; o,85 pour les orifices de o'^jaSo de hauteur. " On voit, par ces résultats, que le jaugeage des dépenses d'eau par les orifices mêmes de la roue, présente toujours quelque incertitude. » Passons maintenant aux résultats des expériences : » La roue de i",6o de diamètre, avec des couronnes de o™,75 de largeur, a été trouvée trop légère pour que son mouvement eût la stabilité conve- nable, et n'a marché d'une manière un peu avantageuse qu'aux chutes de o'",45 à o™,55, et à des levées de vannes telles, que le volume de la capacité an- nulaire delà roue, qui passait en une seconde devant l'orifice, était supérieur ou au moins égal à deux fois le volume d'eau dépensé dans le même inter- valle. Cette condition paraît de rigueur pour empêcher l'eau de jaillir abon- damment dans l'intérieur de la roue et de troubler sa marche. Dans ces cir- constances, l'effet utile de la roue s'est élevé à o,485 du travail absolu du moteur; mais comme, par l'effet de son faible moment d'inertie, son mou- vement est devenu irrégulier avant que le maximum d'effet ne fût atteint , il y a tout lieu de penser, d'après les résultats obtenus sur la roue en fonte dont nous parlerons plus tard, qu'une roue qui aurait un moment d'inertie plus considérable fournirait un effet utile d'au moins o,55 du travail absolu du moteur. Or, de semblables roues, simples et économiques à établir suiv • ( 576 ) les petites chutes de o™,3o, o'",4o, o'",5o et plus, que l'on peut souvent se procurer dans les canaux d'irrigation des prairies, seraient un moteur bien précieux pour l'agriculture. En les combinant avec quelques-unes des ma- chines les plus simples et les moins dispendieuses à entretenir que l'on em- ploie à l'élévation des eaux , elles deviendraient un puissant moyen d'ir- rigation. » lies expériences sur la roue de u'",4o de diamètre ont montré que les chutes auxquelles cette proportion convenait le mieux étaient celles de o'",75 et au-dessous, et qu'alors le diamètre devait être environ le triple de la chute. L'effet utile a été alors trouvé égal à o™56o et o'^fii du travail absolu du moteur, quoique, par l'effet déjà signalé de la trop grande légèreté de la roue , la vitesse correspondante au maximum d'effet n'ait pu être atteinte dans les expériences. » Dans les expériences sur la roue de S^jao de diamètre, on a étudié l'influence des largeurs de couronnes, et l'on a successivement employé celles de o™,43, o",59 et o™,75. On a reconnu que, même pour de faibles chutes, de G™, 56 environ, la largeur de couronne de o'",43 était trop petite; qu'il en était de même de la largeur de o™,59 pour des chutes de o'",70 et au- dessus, et que la marche de la roue offrait plus de régularité et se troublait plus tard par le jaillissement de l'eau dans l'intérieur, à mesure que la largeur des couronnes augmentait. » De la comparaison des résultats obtenus avec les roues de différents diamètres, il est résulté cette conséquence, que le diamètre de la roue ne paraît pas avoir une influence immédiate sur l'effet utile, mais qu'il en a seulement une indirecte, qui dépend de ce que, toutes choses égales d'ail- leurs, plus il est grand pour une même vitesse de la cipconférence , plus la capacité dans laquelle l'eau peut être admise est grande. En effet, en nommant R et R' les rayons extérieur et intérieur de la couronne; R — R' = G la largeur de la couronne; L la largeur de la roue parallèlement à l'axe ; V la vitesse de la circonférence en une seconde , on a pour cette capacité l'expression quantité qui croît avec R quand h,E ctv restent les mêmes , mais qui , pour ( 577 ) une valeur donnée de E , cesse de croître rapidement avec le rayon au delà d'une certaine valeur du rapport — • » 11 y a d'ailleurs, pour aufjmenter la capacité de la roue, plus d'avan- tage à faire croître la largear E que le rayon R, en même temps que l'on se donne la facilité d'admettre un plus grand volume d'eau au moment de la mise en train. » Après les expériences dont il vient d'être question , on a appliqué à la roue en bois, du diamètre de S^jio, le tracé du coursier proposé par M. Poncelet et indiqué au commencement de cette Note , et l'on a recom- mencé les observations avec des chutes comprises entre i^joo et i'°,4o et des hauteurs d'orifice variables de o^jioo à o™,a5o. » On a de suite remarqué que le choc de l'eau, au passage des aubes de- vant l'orifice , avait cessé , que le liquide entrait beaucoup plus facilement et s'étendait sur les aubes en lames plus épaisses. De plus ,^on a aussi reconnu que la vitesse pouvait varier entre des limites beaucoup plus étendues que précédemment , avant que l'eau ne jaillît dans la roue , que l'effet utile se rapprochait beaucoup plus de sa valeur maximum , que son rap- port au travail absolu du moteur croissait avec la hauteur des orifices , et qu'enfin l'eau ne jaillissait dans la roue que quand la capacité dans laquelle le liquide peut être admis cessait de dépasser i,5o à i,6o de fois le volume débité; circonstance favorable qui est une conséquence directe .de la plus grande facilité d'introduction de la veine fluide. >> Mais la roue en bois étant, comme on Ta déjà remarqué, trop légère, et son moment d'inertie trop faible pour que le mouvement fût stable, on a pensé qu'il était convenable de répéter ces expériences sur une roue construite en fer et en fonte, avec la précision que l'on donne aujourd'hui aux autres moteurs hydrauliques. Cette roue est destinée à fonctionner à la poudrerie du Ripault avec une chute de i™,oo à i'",20, son diamètre est de 2",8o, sa largeur extérieure de o"',8o, les couronnes ont o™,75 dans le sens du rayon ; les aubes, tracées comme il a été dit précédemment , sont au nombre de quarante-deux. » Les expériences ont été faites avec des chutes comprises entre i™,20 et i™,4o, quand la roue n'était pas noyée, et à la chute de o™,go quand elle était noyée de o'",36; les levées de vanne ont été de o™,i5o, o™,200, o™,25o et o",a77. » Les résultats ont été représentés graphiquement , et l'examen des courbes montre que, dans toutes les séries, l'on a pu atteindre et dépasser de beau- ( 578 ) coup, en plus et en moins, la vitesse correspondante au maximum d'effet, ce que nous croyons pouvoir attribuer, d'une part, à l'amélioration dans l'in- troduction de l'eau, et, de l'autre, à la fjrandeur du moment d'inertie de la roue construite entièrement en fonte et en fer. » Dans les quatre séries exécutées à des levées de vanne de o",i 5o, o",20o, o^jaSo et g", 277, la valeur maximum de l'effet utile mesuré par le frein a été successivement en croissant avec la hauteur de l'orifice et s'est élevée respectivement à 0,520, 0,570, 0,600, o,6ao; dans chacune de ces séries la vitesse de la roue a pu varier respectivement de 12 à 21, i3 à 21 , lia 19,8 12 à 19 tours en i minute, sans que l'effet utile s'éloignât de plus de 75' —f> — 1 - de sa valeur maximum. li 14 12 q » Ce dernier résultat est une amélioration très-importante pour la marche de ces roues qui, dans l'ancienne construction, avaient, au contraire, l'in- convénient quelquefois assez grave de ne pouvoir marcher à des vitesses dif- férentes de celles du maximum d'effet sans qu'il n'en résultât de suite une grande diminution de l'effet utile. » Deux séries d'expériences ont été faites en noyant la roue , d'abord de o'",242, puis de o",357, les localités n'ayant pas permis d'élever plus haut le niveau des eaux d'aval. » Dans le premier cas, la levée de vanne étant de o'",2 5, l'effet utile a été trouvé égal à 0,60 du travail absolu du moteur, comme quand la roue n'était pas noyée. Dans le second , ce même rapport ne s'est élevé qu'à 0,47, à la vitesse normale; et comme, dans les temps de crues, ce n'est pas tant la grandeur de l'effet utile que la marche du moteur qui importe , on voit que la roue essayée jouit de la propriété importante de fonctionner encore d'une manière satisfaisante quand elle est noyée. » La forme extérieure de cette roue et ses assemblages avaient été dis- posés de manière qu'aucune saillie extérieure autre que quelques têtes de boulons ne présentait de résistance à l'eau. » La largeur des couronnes, fixée à o™,75 ou aux trois quarts de la chute, et la capacité destinée à recevoir le liquide, égale à deux fois le volume de l'eau dépensée , ont paru des proportions convenables pour la marche de .cette rouç. ( 579 ) » On remarquera enfin que, le canal de fuite étant large par rapport à la roue, on a pu se dispenser de placer le bas du coursier et son ressaut nota- blement au-dessus du niveau d'aval , ce qui a permis d'utiliser presque toute la chute. » Enfin , pour achever la discussion de ces expériences , nous en avons comparé les résultats avec ceux de la formule dans laquelle on représente par M la masse de l'eau dépensée en une seconde ; V la vitesse d'arrivée de l'eau à la circonférence de la roue , et que l'on peut prendre égale à v/^ 2^-H &-)"' expression daus laquelle H est la charge sur le sommet de l'orifice , et m le coefficient de la dépense variable de 0,92 à o,85 à mesui^e que la levée augmente, ainsi qu'on l'a vu plus haut; w la vitesse absolue avec laquelle l'eau quitte les palettes , et qui est donnée par la formule w = \lu* -\- v^ — %u\>co^ ip, dans laquelle ç? est l'angle formé par la tangente au dernier élément de la courbe avec la tangente à la circonférence extérieure de la roue , et u la vitesse relative d'introduction de l'eau sur les aubes, égale elle- même à VVM-V— ^aVTcosa en nommant a l'angle formé par la vitesse V ou la tangente à l'extré- mité de la spirale du coursier avec la circonférence extérieure de la roue. » Cette comparaison a montré qu'en prenant les 0,871 de l'effet utile donné par cette formule , on représentait à -j^ près tous les résultats de l'expé- rience, et que, par conséquent, l'effet utile réel, ou le travail disponible transmis par la roue, pouvait être exprimé, avec toute l'exactitude convenable pour la pratique , par la formule C. R., 1846, i*' Semestre. (T. XXU, N» 14.) 77 ( 58o ) dans laquelle Q exprime en mètres cubes le volume d'eau dépensé par seconde. » En résumé, il nous semble résulter de ces expériences et de cette dis- cussion : >' 1°. Que le nouveau tracé du coursier et des aubes indiqué par M. Pon- celet offre l'avantage de diminuer de beaucoup, si ce n'est de détruire entiè- rement les effets du choc de l'eau à l'entrée sur les aubes, et de faciliter son admission et sa circulation; » 2". Qu'avec cette disposition, une exécution soignée et un moment d'inertie suffisant, la roue à aubes courbes a acquis la propriété, qu'elle ne possédait pas auparavant, de pouvoir marcher à des vitesses notablement supérieures ou inférieures à celle qui correspond au maximum d'effet, et qui est de 0,60 à 0,62 du travail absolu du moteur, sans que l'effet utile s'éloigne considérablement de ce maximum; » 3°. Que l'effet utile augmente avec les hauteurs d'orifices , et que celles de o"',20, o™,25 etmêmeo",3o paraissent favorables avec le nouveau cour- sier, pourvu que les couronnes soient proportionnées de façon que la capa- cité offerte par la roue à l'admission du liquide soit au moins double du volume débité dans le même temps à la vitesse du maximum d'effet; >' 4°- Que cette vitesse, mesurée à la circonférence extérieure de la roue, doit être égale à o,5o ou o,55 de celle qui est due à la charge sur le som- met de l'orifice; " 5°. Qu'à charge et hauteur d'orifice égales, la roue rend un effet utile, sensiblement le même quand elle est placée à o", 1 2 au-dessus du niveau de l'eau d'aval , ou quand elle est noyée de o'",20 à o'",25 ; cela tient en partie à la disposition de sa surface extérieure , qui n'offre pas de parties en saillie , et montre que, pour les cas où l'on n'a pas à craindre de crues fréquentes et durables, on pourrait se dispenser de placer le point inférieur du coursier au-dessus du niveau d'aval, pourvu que la section d'eau, dans le canal de fuite , eût une superficie assez grande pour que la vitesse moyenne y fût faible; » 6°. Que quand la roue est noyée de o™,357 ou de la moitié de la hau- teur de ses couronnes , elle rend encore un effet utile égal à 0,46 ou 0,47 du travail absolu du moteur, et qu'il y a lieu de penser qu'elle aurait encore marché convenablement si l'on avait pu la noyer davantage. " ^Enfin, l'expérience montrant que la vitesse de la circonférence exté- rieure doit être dans le rapport indiqué ci-dessus avec celle de l'eau, quel que soit le diamètre de la roue, il suffira, pour les cas ordinaires, c'est-à-dire ( 58i •) pour les chutes de o™,90, i™,20 et i^iSo, d'établir entre la largeur des cou- ronnes, dans le sens du rayon et le diamètre, le rapport — = o,25, de sorte que, d'après ce qui a été dit ci- dessus, l'on aura pour l'état normal de la roue d'où R = 0,533.:^= 0,97 : Après avoir établi cette proportion pour la marche normale, ou le cas des eaux moyennes, on examinera si la hauteur des crues ou le poids des masses à mettre en mouvement lors de la mise en train , n'exige pas que l'on aug- mente la proportion de la couronne, ce qui n'aurait que l'inconvénient léger d'accroître un peu le poids de la roue. » M. Arago annonce que, d'après des renseignements qu'il a obtenus , les craintes qu'avait fait concevoir, relativement à M. le capitaine Bérard, le récit d'un baleinier, paraissent n'être pas fondées. RAPPORTS. PHYSIOLOGIE. — Rapport sur une communication de MM. C Loewig et A. KoELLiKER, relative à l'existence de la cellulose dans une classe d'animaux sans vertèbres. (Commissaires, MM, Dumas, Milne Edwards, Boussingault , Payen rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Dumas, Milne Edwards, Boussin- gault et moi, d'examiner une Note de MM. Lœwig et Kœlliker, qui annon- cent avoir constaté la présence de la cellulose dans une classe tout entière d'animaux sans vertèbres, les Tuniciers. .' La cellulose, comme on le sait, pure ou injectée de substances organi- ques ou minérales, forme les parois des cellules, des divers tubes et des vaisseaux propres de toutes les plantes; elle renferme dans ces cavités, des matières organiques ternaires et azotées, sans que celles-ci fassent partie de sa composition intime; elle enveloppe ou recèle dans l'épaisseur de ses parois, divers principes immédiats, des sels et des oxydes; en un mot, cette 77- ( 582 ) substance à composition ternaire, souple, plus ou moins tenace et résistante suivant les degrés de sa cohésion, constitue la trame de tout l'édifice végétal. » Tantôt assez faiblement agrégée pour être attaquée durant la digestion des animaux supérieurs, et remplir, sans doute alors , le même rôle que l'a- midon, la dextrine, l'inuline, isomériques avec elle, ou que les sucres ses congénères ; tantôt assez résistante pour être retrouvée intacte dans les dé- jections des herbivores. » Parmi plusieurs lichens et dans le parenchyme de certaines feuilles, la cellulose se montre avec une agrégation si faible, qu'elle affecte quelquefois les propriétés de l'amidon et peut, comme ce principe immédiat, se teindre en violet lorsqu'elle est hydratée et mise en présence de l'iode. " On peut même toujours, lorsque la cellulose est pure et douée d'une forte cohésion , la désagréger au point de lui donner cette propriété carac- téristique de l'amidon , devenue ainsi la propriété distinctive de la cellulose elle-même. » Nous avons cru devoir rappeler au souvenir de l'Académie ces données, dont nous avons fait usage afin de vérifier le fait important qui lui était annoncé. » Déjà , l'an dernier, M. Schmidt avait signalé la présence d'une substance ternaire voisine de la cellulose chez la Phallusia tnamillaris et la Frustulia salina; le travail de MM. Lœwig et Kœlliker fut entrepris dans la vue de décider s'il existe réellement dans le règne animal une substance ternaire identique avec la cellulose. » Les auteurs ont retrouvé chez tous les animaux de la classe des Tuni- ciers, qu'ils ont pu se procurer, une substance insoluble dans les solutions de potasse caustique, blanche, souple, dépourvue d'azote lorsqu'elle est com- plètement épurée. « Us l'ont reconnue parmi les Phallusia mamillaris , intestinalis et mo- nachus; les Cynthia papillata, Claveliiia lepadijorniis , Diazona violacea^ Botrjrllus poljcjclus, Pjrosoma giganteum, Salpa maxima. >' Cette substance forme, chez les Ascidies simples et agrégées, la couche extérieure d'apparence cartilagineuse; chez les Ascidies composées , la masse molle dans les cavités de laquelle les groupes d'individus sont logés, et chez les Salpa, toute l'enveloppe résistante dans laquelle sont contenus les mus- cles, les viscères , les nerfs; en sorte que tous ces organes se dissolvent dans la potasse , tandis que l'enveloppe résiste. " MM. Lœvtrig et Kœlliker, ayant d'ailleurs soumis à l'analyse élémentaire ( 583 ) l'enveloppe de la Phallusia mamillaris et celle de la Cjnthia papillata^ ont trouvé, pour le carbone, l'hydrogène et l'oxygène, des nombres qui s'accordent avec la composition élémentaire de la cellulose. En conséquence , ils n'hésitent pas à soutenir que cette substance est identique avec la cellulose des plantes. » Vos Commissaires ont pu , de leur côté , entreprendre quelques essais sur des Phallusia intestinalis, que l'un d'eux, M. Milne Edvs^ards, avait rap- portés des côtes de la Bretagne. » En faisant réagir successivement la solution de potasse caustique, l'eau aiguisée d'acide chlorhydrique , puis l'eau pure, ils sont parvenus à dissoudre et extraire des enveloppes, sans déchirer celles-ci, tous les organes qu'elles renfermaient. » Alors ces enveloppes étaient blauches, translucides, un peu nacrées, et très-souples. » Agglomérées mécaniquement, divisées à la lime, puis analysées, elles donnèrent 3 pour toc d'azote, c'est-à-dire le tiers seulement de la proportion contenue dans la chitine, enveloppe des insectes et des crustacés, et moins du sixième des quantités que recèle la peau privée de graisse des animaux supérieurs. » Cette faible dose d'azote eût été réduite encore si la minime quantité de substance mise à notre disposition eût permis de pousser plus loin l'épura- tion en divisant beaucoup les enveloppes examinées ; mais dès lors la compo- sition de celles-ci était évidemment distincte de celle des différentes mem- branes animales, comme des téguments propres aux insectes et aux crusta- cés ; enfin , les résultats des analyses élémentaires faites par les auteurs de la Note ne semblaient pouvoir convenir à aucun autre principe immédiat qu'à la cellulose. » Cependant, plusieurs réactions décisives à cet égard n'ayant pas été mentionnées dans la communication, nous avons cru devoir les essayer; trois petites enveloppes que nous avions réservées à cet effet y pouvant suffire, l'une d'elles, préalablement desséchée, fut plongée dans l'acide azotique concentré, et elle résista comme l'aurait fait la cellulose fortement agrégée; la chitine, placée dans le même réactif, fut bientôt attaquée et dissoute. » La substance essayée pouvait donc être comparée à de la cellulose très- résistante, mais alors elle devait reproduire aussi les mêmes phénomènes si on la faisait passer graduellement par des états d'une agrégation moindre. Tels furent .effectivement les résultats des expériences suivantes, à la fois sim- ples et démonstratives : une des enveloppes, bien hydratée, fut plongée et ( 584 } foulée avec un tube dans une solution aqueuse d'iode légèrement alcoolisée ; elle prit une teinte jaunâtre très-faible; étendue alors sur la paroi d'un verre, on la toucha sur plusieurs points avec de l'acide sulfurique monohydraté ; bientôt la désagrégation fut manifeste, et dès ce moment apparut le phéno- mène de la coloration violette intense appartenant, d'une façon exclusive jusqu'ici , aux particules de l'amidon ou de la cellulose désagrégée , teinte par l'iode. )) Dans de semblables circonstances, un tégument de sauterelle prit une coloration jaune-orangé qui persista seule sous l'influence dissolvante de l'acide sulfurique concentré. " En examinant , sous le microscope , la réaction de l'acide sulfurique sur un lambeau d'enveloppe iodée de Phallusia, on voyait succéder à la colora- tion violette une dissolution plus avancée détruisant l'effet de teinture et lais- sant apercevoir de nombreux corpuscules de matière azotée colorée en jaune et qui étaient restés interposés entre les fibres du tissu. .1 Cet état de désagrégation de la cellulose correspondant aux groupes des particules amylacées a une notable stabilité. Telle est aussi l'une des pro- priétés de la cellulose des Tuniciers. Afin que l'Académie puisse en juger, nous avons l'honneur de lui présenter une des enveloppes mises en cet état où la coloration spéciale s'est prononcée depuis plus de trente jours et qui se peut prolonger encore. >! D'un autre côté, nous avons pu reconnaître que les mêmes tuniques, traitées humides par l'acide sulfurique, se désagrègent et se dissolvent en un liquide mucilagineux , diaphane, incolore, d'apparence semblable à la dextrine. » Le travail de vos Commissaires en était à ce point lorsque leur confrère , M. Valenciennes, eut l'obUgeance de mettre à leur disposition une quantité de Tuniciers égale à peu près à celle employée déjà, ce qui leur permit de répéter et de compléter les analyses. » Le tableau suivant présente les résultats obtenus dans les deux séries de recherches. ( 585 ) Détermination ^(? l'azote. INDICATION DES SUBSTAKCES. Enveloppes des Tuniciers lavées à l'eau. Id. épurées par la potasse à 0,02 et l'acide chlorhydriq. à 0,01 Id. Id. Id. Q," série. Id. Id. deux fois par la po- tasse à o,o2 et o , 25 , et l'ac. chlorhydriq. ào,oi . . roiDS des VOLUMES TEMPÉRA- POIDS de substan - du PRESSIONS TURB, l'azote eus gaz. analysées p. 100. milligr. mm 0 277 10,75 75,3 i6 4,49 127 3,5o 75,6 16 3,19 335 11,00 75,5 16 3,80 3o5 » u » 12,66 Détermination du carbone et de Vhydrogène. Substance employée. 38i milligr. /Carbone 44>5 Acide carbonique. . . 622 Composition . . . < Hydrogène 6,4 Eau 220 ( Oxygène 49» ' !O0,O » On voit qu'à l'état normal les enveloppes analysées contenaient des matières azotées interposées dans les fibres de cellulose, et formant les vingt- sept centièmes du poids total, en supposant leur composition semblable à la moyenne environ des substances animales organisées; une partie de ces ma- tières paraissent résister à la solution faible de potasse caustique, et se dis- soudre dans la solution concentrée. Le procédé d'épuration complète de la cellulose des Tuniciers est donc, en définitive , le même que celui au moyen duquel on extrait la cellulose pure du bois et des autres tissus végétaux; dans ce dernier cas , on élimine à la fois les substances azotées , les matières grasses et les principes ligneux. » On pourrait représenter ainsi la composition immédiate des enveloppes des Tuniciers : Cellulose 60 , 34 Substances azotées 27,00 Matières inorganiques... 12,66 100, 00 ( 586 ) » On peut encore remarquer que les proportions des matières azotées interposées, ainsi que des substances minérales (phosphates, silice, etc.), sont au moins deux fois plus considérables que celles observées dans les épidermes des plantes: parfaitement épurées, ces enveloppes ne renferment plus d'azote. » Enfin, notre analyse élémentaire s'est rapprochée plus encore de la composition théorique de la cellulose que l'analyse de MM. Lœwig et Kœlliker. » La cellulose, depuis qu'on a démontré sa présence dans les diverses es- pèces végétales dont elle relie et consolide toute la structure, a fourni l'un des principaux caractères distinctifs de ce règne : si l'on admet , cependant , qu'aucune règle de ce genre n'est absolue dans la nature, que toute distinction s'efface auprès des limites de nos classifications, on pourra conserver cette distinction elle-même en présence d'une exception semblable. » Effectivement, les faits introduits dans la science sous le patronage de l'Académie, ont fait disparaître une ligne de démarcation autrefois admise entre la composition élémentaire des végétaux et celle des animaux; d'un autre côté , on a rendu plus précises les distinctions entre les deux règnes en indiquant certaines relations entre la composition des substances organiques et le rôle qu'elles paraissent accomplir. >' La découverte soumise au jugement de l'Académie et vérifiée par ses Commissaires, offre , avec les faits précédents, des analogies remarquables. » Ainsi, dans les plantes, les cellules les plus jeunes, soit à l'extrémité des spongioles radicellaires, soit au centre des bourgeons aériens, ces cellules, douées d'une grande énergie vitale, présentent à l'analyse, comme à l'obser- vation sous le microscope, une enveloppe très-mince de cellulose renfermant en abondance, dans sa cavité, des corps qui ressemblent , par leur composition élémentaire , aux animaux eux-mêmes j et ce sont précisément ces corps, ina- perçus autrefois, que l'on est porté à considérer aujourd'hui comme doués des principales fonctions accomplies par les êtres vivants. )i Ne semble-t-il pas que la science vienne de trouver maintenant une confirmation des vues nouvelles, en rencontrant dans la série des êtres toute une classe d'animaux qui seraient comparables à déjeunes cellules végétales par l'enveloppe de cellulose qui les entoure? » Après un examen aussi approfondi qu'il lui était possible de le faire , votre Commission est, à l'unanimité, d'avis que l'existence de la cellulose chez les Tuniciers a été mise hors de doute par MM. Lœwig et Rœlliker. C'est un fait capital dans la science et dont profiteront les études ultérieures relatives à la physiologie comparée des deux règnes. ( 587 ) >' Vos Commissaires ont, en conséquence, l'honneur devons proposer d'accorder à la communication de MM. Lœwig et Kœlliker une place dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. AlJÉMOIiŒS PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Sur un nouveau procédé de dosage du fer par la voie humide; par M. FifÉDÉRic Maugueritte. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Balard.) « L'analyse des minerais de fer a de tout tem[)s fixé l'attention des chi- mistes, en raison de l'importance de leur exploitation, et le développement considérable qu'ont pris, depuis quelques années surtout, les établissements métallurgiques, a donné à la détermination quantitative de ce métal un nouveau degré d'intérêt. » Parmi les divers modes d'analyse , il en est un qui est généralement employé: il consiste à simuler en petit l'opération qui s'effectue en grand dans un haut-fourneau, c'est-à-dire que le minerai, apiès avoir été mélangé avec les fondants appropriés à sa nature , est soumis dans un creuset brasqué à une température élevée et soutenue. On obtient ainsi un culot de fonte dont le poids sert à indiquer la richesse en fer du minerai. Mais on conçoit aisément que ce procédé ne puisse être très-rigoureux , car l'exactitude de ses résultats dépend de la température à laquelle on opère et des matières qu'on emploie comme fondants, dont le choix, au reste, n'a rien d'absolu. » On sait d'ailleurs que le milieu où la fusion s'opère retient des quan- tités quelquefois très-notables de fer, que le culot de fonte lui-même peut être souillé de carbone, de silicium, de phosphore, d'arsenic, de manganèse, et que de nombreuses parcelles de fonte se trouvent souvent disséminées dans le laitier. « L'autre méthode analytique, qui consiste à dissoudre le minerai dans un acide, et à précipiter l'oxyde de fer en le purifiant de toutes les substances qui lui sont étrangères, nécessite des traitements fort longs, surtout quand le minerai contient des phosphates, et exige, de la part de l'opérateur, une certaine habileté pratique qui en rend l'emploi difficile et les résultats va- riables. » Aussi est-il assez rare que les analyses des minerais, des laitiers, des scories , des fontes, puissent être faites sur le lieu même de l'exploitation. C. R., 1846, i«f Semestre. (T. XXII, N» 14.) 78 -( 588 ) i) J'ai donc pensé quil pourrait être utile d'indiquer un mode de dosage du fer qui, par son exactitude, remplaçât avantageusement les procédés anciens, et qui, en raison de son exécution rapide et simple, pût être em- ployé par tous les maîtres de forges. » Le nouveau mode de dosnge que je vais indiquer repose sur l'emploi d'une liqueur normale. On connaît l'avantage que présentent, sur toutes les autres méthodes analytiques, celles qui sont fondées sur ce principe, et il suffit de citer, à cet égard , la détermination de l'argent par M. Gay-Lussac , et celle du cuivre par M. Pelouze. Bien que l'analyse quantitative du fer ne demandât pas une exactitude aussi rigoureuse que celle de l'argent et du cuivre qui entrent dans les alliages monétaires et autres non moins impor- tants, j'ai tâché de me rapprocher autant que possible de ces deux procédés. " La méthode d'analyse que je soumets à l'appréciation des chimistes et des maîtres de forges est basée sur l'action réciproque des sels de prot- oxyde de fer sur le caméléon minéral (permanganate de potasse), d'où il résulte qu'une quantité quelconque de fer détruit ime quantité de caméléon qui lui est exactement correspondante. » Ainsi, étant donnée la dissolution de fer au maximum, telle qu'on l'ob- tient le plus souvent des minerais naturels, il suffit de la ramener au mini- mum , et d'ajouter, peu à peu , une liqueur titrée de permanganate de potasse. Tant qu'il reste une trace de protoxyde de fer à peroxyder, la cou- leur du caméléon est détruite; mais il ai-rive un moment où la dernière goutte que l'on a versée n'est pas détruite, et communique une teinte rose à tout le liquide; ce caractère indique que l'opération est terminée, et à la quantité de permanganate qu'il a fallu employer, correspond la quantité de fer contenue dans la dissolution. )i Cette réaction peut s'exprimer par l'équation suivante : Mn' 0',K0 =: Mn^O= + 0» -f- KO, Mn' O' 4- O' + KO 4- 5Fe' 0^ = Mn' 0= + KO H- 5Fe' 0'. On voit que i équivalent i L'arsenic et le cuivre étaient, parmi les substances désignées, les seules qui pouvaient apporter une perturbation dans l'analyse; car, sous l'influence de l'acide sulfureux, l'acide arsénique devient acide arsénieux, les sels de bioxyde de cuivre deviennent sels de protoxyde, et reprennent ensuite de l'oxygène au permanganate de potasse. n Les minerais dans lesquels l'arsenic se rencontre sont, il est vrai, peu intéressants au point de vue de leur exploitation, car la fonte et le fer qui en résultent sont d'une qualité telle, qu'on les rejette ordinairement; cepen- dant l'ai cru devoir donner les moyens de les analyser pour les cas où il se présente , et il a suffi d'apporter au procédé général une légère modification. » En effet, on opère comme de coutume; seulement, après qu'on a fait bouillir la liqueur pour chasser l'excès d'acide sulfureux , on ajoute une lame de zinc pur, qui, sous l'influence de l'acide chlorhydrique, dégage de l'hydrogène ; l'arsenic et le cuivre sont ainsi réduits et précipités à l'état métallique. Lorsque la dissolution du zinc est terminée, on filtre la liqueur pour en séparer les particules d'arsenic ou de cuivre qui se réoxyderaient plus tard , et, après avoir lavé trois ou quatre fois le filtre avec de l'eau com- mune , on continue l'opération avec la liqueur normale. Pi-éparation de la liqueur normale de permanganate de potasse. i> Il existe plusieurs manières de préparer le caméléon minéral : la plus simple est celle qu'a indiquée M. Gregory; elle consiste à fondre ensemble ( 59t ) I atome de chlorate de potasse , 3 de potasse hydratée et 3 de peroxyde de manganèse réduit en poudre fine. On traite ensuite la masse qui en résulte par une quantité d'eau telle qu'on obtienne la dissolution la plus concentrée possible, à laquelle on ajoute de l'acide nitrique étendu, jus- qu'à ce que la couleur soit d'un beau violet, et on la filtre enfin sur de l'amiante, afin d'en séparer le peroxyde de manganèse qu'elle tient en sus- pension. Dans cet état, le permanganate peut être employé pour l'analyse. » J'ai indiqué le moyen de préparer le caméléon pour les personnes qui ne pourraient se le procurer que par elles-mêmes ; mais il est bon de dire que cette liqueur peut se trouver toute préparée chez les fabricants de produits chimiques , et je me suis attaché à me servir de caméléon pris de cette ma- nière. Le permanganate de potasse est d'une grande stabilité, et peut être conservé pendant fort longtemps sans subir d'altération sensible, pourvu, toutefois, qu'on ait soin de le préserver du contact des matières organiques, et de le renfermer dans un flacon bouché à l'émeri. Pour faire de cette disso- lution une liqueur normale, on pèse exactement i gramme de fer, et l'on choisit, à cet effet, des fils de clavecin qui sont fabriqués avec du fer sensi- blement pur; on le dissout dans 20 centimètres cubes environ d'acide chloi'- hydrique fumant et exempt de fer; après que le dégagement d'hydrogène a cessé et que la dissolution est complète, on étend la liqueur avec environ 1 litre d'eau commune (i). » On verse alors la dissolution de permanganate de potasse goutte à goutte jusqu'à ce que la coloration rose se manifeste, et on lit avec soin le nombre de divisions qui a été employé ; c'est ce nombre qui servira à traduire en poids les résultats dans l'analyse d'un minerai. » Lorsque la dissolution de caméléon est trop concentrée , il est toujours facile, en lui ajoutant une quantité d'eau convenable, de la rendre plus faible de moitié, d'un quart, d'un cinquième, de manière à la rapprocher le plus possible du titre de 3o centimètres cubes pour 1 gramme de fer. " HYDRAULIQUE. — Notice et expériences sur le moulinet de Woltman, destiné à mesurer les vitesses de Veau; par M. Baumgartem, ingénieur des Ponts et Chaussées à Marmande. (Commission nommée pour un Mémoire de M. Boileau sur le mouvement des cours d'eau.) Dans une Lettre d'envoi adressée à M. Poncelet, l'auteur s'exprime ainsi : (i) Il est nécessaire d'opérer dans des liqueurs très-étendues et froides, afin que l'acide ( 592 ) u Le moulinet de Wollman me paraît l'instrument le plus exact pour mesurer les vitesses des cours d'eau , à toute profondeur, et obtenir ainsi les éléments indispensables à la solution d'une foule de problèmes d'hydraulique très-importants, et qui n'ont point été encore bien résolus. Il J'ai déjà fait une suite d'expériences sur la résistance des grands bateaux en usage sur la Garonne, et j'ai trouvé que le coefficient de résistance A, dans la formule kpA —, varie de 0,12 à o,4o, suivant différentes cir- constances; dans le plus grand nombre de cas, il n'a été que de 0,20 , et par conséquent bien moindre que celui admis, en général, dans des expériences exécutées en petit. » J'ai aussi entrepris une assez grande série d'expériences, sur la résistance de plans minces, de o^jSo à i mètre carré de surface, mus avec différentes vitesses dans leau tranquille, et exposés, au repos, à différents courants; le coefficient k, pour le premier cas, ne s'est guère éloigné de 1,2; dans le second cas, il a été plus grand, mais n'a jamais dépassé i,85. J'ai ensuite changé l'augle d'incidence pour chercher la loi de la variation avec cet angle, mais j'ai obtenu des résultats fort différents, suivant la vitesse et l'étendne des surfaces; c'est pourquoi je me propose de reprendre cette partie de mes recherches dans mes moments de loisir. » J'ai exécuté un grand nombre de jaugeages dans la Garonne , en me- surant des vitesses avec le moulinet, aux différents points de la section, et j'ai trouvé, en général, que la vitesse moyenne différait essentiellement de celle que l'on conclurait de la vitesse à la surface , au moyen de la formule de Prony. " Enfin , j'ai trouvé que la formule /=- (av -h hv^) du même auteur était bien exacte dans le cas du mouvement uni/orme, mais que l'expression i = -[av-h bv^) ± dh, relative au mouvement varié, quoique permanent. ne l'était nullement ; ce qui m'a conduit à en modifier la forme. Je me pro- pose de renouveler les expériences relatives à cet objet. >• ÉCONOMIE RURALE. — Note sur l'emploi de la silice gélatineuse naturelle, comme amendement; par M. Couche. (Commissaires, MiVI. Boussingault, Payen.) liCS engrais ordinaires, qui reudentau sol les éléments de nature organique chlorhydrique qui se trouve en excès ne réagisse pas sur le caméléon , et ne dégage pas de chlore. r 593 ) dont il a été dépouillé par les cultures des années précédentes, n'opèrent pas tonjours, suivant l'auteur de la Note, une restitution aussi complète relati- vement aux principes inorgauiques ((ui lui sont enlevés par la même voie. L'appauvrissement en silice, par exemple, peut, à la longue, devenir sen- sible, et se manifester par des effets fâcheux sur la végétation ; c'est ce qui semble avoir lieu dans certains cantons où les blés deviennent de plus en plus sujets à verser, sans doute parce qu'ils ne trouvent plus dans la terre qui les porte la proportion de matières siliceuses nécessaire pour donner la con- sistance à leurs tiges. Dans quelques-uns de ces cantons, cependant, le sous- sol renferme de la silice en grande abondance , mais à un état où elle n'est pas assimilable. M. Couche pense qu'on remédierait à cet inconvénient au moyen d'un amendement approprié , et il signale dans ce but une roche sur laquelle M. Vicat a récemment appelé l'attention des constructeurs, roche qui ne renferme pas moins de 56 pour 100 de silice gélatineuse. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un tube à soupape pour l'exploitation des chemins de fer atmosphériques ; par M. Maury (transmise par M. le Ministre de l'Instruction publique). (Commission des chemins de fer.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un nouveau Système de Jermeture pour le tube pneumatique des chemins de fer atmosphériques; par M. de Chevallet. (Commission des chemins de fer.) CHIMIE APPLIQUÉE. — Note relative au suljhjdromètre et au dosage des principes sulfureux des eaux minérales par l'iode; par M. Dupasquier. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine qui a déjà été chargée de l'examen d'un Mémoire du même auteur sur un nouveau moyen d'analyser les eaux minérales sulfureuses.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. —Figure et description d'un wagon élastique inventé pour servir aux transports par chemins de fer; par M. Ouin-Lacroix. (Commission des chemins de fer.) M. Ahreiner présente un Mémoire sur un nouvel alcalimètre qu'il désigne sous le nom à' alcalimètre des savonniers, instrument qui, suivant lui, donne- ( 594 ) des indications aussi précises, et est d'un usage plus commode que ceux dont on fait usage aujourd'hui. (Commissaires, MM. Gay-Lussac , Ghevreul.) M. GiRAOD fait connaître les résultats de quelques expériences qu'il a en- treprises pour reconnaître si les pommes de terre avariées peuvent, être em- ployées comme plant pour la récolte prochaine; ces résultats tendent à résoudre affirmativement la question. (Commission des pommes de terre.) M. Saint-Jean soumet au jugement de l'Académie un nouveau système de roues de voiture, dans lesquelles des ressorts, disposés dans les jantes, sont destinés à amortir les secousses causées par les inégalités du sol. (Commissaires, MM. Piobert, Morin.) CORRESPONDANCE. « M. DE JussiEu présente, de la part de l'auteur, le Vojage botanique dafis le midi de l'Espagne, par M. Edmond Roissier. Sous ce titre fort mo- deste, cet habile botaniste a rédigé une véritable flore, aussi complète que le sont , dans l'état actuel de la science , celles qui ont été publiées pour # plusieurs autres contrées d'Europe , puisque, dans la seule partie du royaume de Grenade, il signale plus de deux mille espèces. Mais, ce qu'il y a de re- marquable, c'est que ces espèces sont entièrement nouvelles, pour un dixième au moins, proportion qui ne se présente ordinairement que dans les flores exotiques , et qui ajoute le mérite de la nouveauté à celui que cet ou- vrage présente en comnum avec les autres flores européennes. Ces découvertes sont dues , pour la plupart , aux propres recherches de M. Boissier, qui a em- ployé une année à explorer, dans tous les sens, la région quil décrit. Il a comparé ses plantes, d'abord à celles des herbiers des botanistes espagnols, ensuite à celles des herbiers de Paris et de M. de CandoUe , de manière à don- ner une grande certitude à leurs déterminations et à éclairer leur synonymie. Pour les espèces communes , il s'est contenté de citer leur nom ; pour celles qui étaient nouvelles, ou rares, ou sujettes à controverse, il a ajouté des phrases, de courtes descriptions, des notes plus ou moins étendues suivant l'intérêt du sujet. De plus, à la suite de chaque espèce, il ne s'est pas con- tenté d'indiquer toutes les localités où elle a été trouvée en Espagne, mais aussi sa distribution dans tout le reste du bassin méditerranéen et dans les diverses parties de l'Europe. On comprend combien un pareil travail est (595) utile pour la géographie botanique, à laquelle, de plus, M. Boissier a cou- sacré un chapitre particulier, à la suite de la narration de son voyage qui sert d'introduction. » Le royaume de Grenade est éminemment propre à ce genre d'études, puisque du bord de la mer où l'on cultive la canne à sucre (près de Malaga), il s'élève progressivement jusqu'aux neiges de la Sierra Nevada, présentant ainsi toutes les zones successives rapprochées comme pour la facilité de la comparaison. M. Boissier distingue quatre zones : la chaude (du niveau de la mer à 2000 pieds plus haut), la montagneuse (de 2000 à 5 000 pieds), l'alpine (de 5 000 à 8 000 pieds), la glaciale, à partir de cette hauteur ; et il exa- mine les caractères de chacune d'elles d'après l'ensemble des végétaux qu'elle renferme, la proportion des herbacés aux ligneux, des dicotylédones aux monocotylédonés et des différentes familles entre elles, ainsi que d'après la nature et la limite des cultures. » M. Boissier a donc considéré son sujet sous tous les rapports , et d'ailleurs il ne s'est pas contenté de ces travaux de détermination et de statistique , mais il a étudié ses plantes en véritable botaniste, discutant la valeur des ca- ractères à mesure qu'il les constatait. Il a pu ainsi modifier la définition de plusieurs genres et en établir neuf entièrement nouveaux. Deux cent cinq planches en couleur, fort élégantes et dues au pinceau de M. Heyland , ac- compagnent l'ouvrage ; elles leprésentent la plupart des espèces nouvelles. Eu résumé , le P^ojrage botanique dans le midi de l'Espagne est un bon et bel ouvrage, et M. Boissier qui , après en avoir recueilli les matériaux, après les avoir par lui-même étudiés aussi consciencieusement, a publié à ses frais les résultats de ses recherches et de ses études, ne peut qu'être félicité de ce noble emploi qu'il a fait de sa fortune et de son temps. » M. DiiFRÉNOT présente, de la part M. A. Delesse, ingénieur des Mines et professeur de minéralogie à la Faculté de Besançon, trois Mémoires de minéralogie: 1° sur la sismondine; 2° sur le talc et la stéatite; 3" sur les hydrosilicates de cuivre. « Sismondine. — Ayant pu me procurer, dit M. Delesse, des fragments très- pursdece minéral nouveau, qui se trouve à Saint-Marcel enPiémont, et dont j'ai donnéla description ily aun an, j'en ai fait une nouvelle analyse. J'ai obtenu : Silice ^4 , 1 o — 2 Protoxyde de fer 27 , 10 — i Alumine (différence) .. . 4')^^ — ^ Eau 7 > 24 — I CE., i8i6, i" Semtstre (T. XXII, N» 14.) 79 « Les quantités d'oxygène sont entre elles comme les nombres simples r, 2, 3; la sismondine peut donc être représentée par la formule Si'fe + APAq = Si fi» + 3À/H. >) Par conséquent, on peut la considérer comme formée de i atome de wollastonite à base de fer, combiné avec 3 atomes de diaspore. » T'aie et stéatite. — Ces deux minéraux sont communs dans la nature; cependant les minéralogistes ne sont pas d'accord sur leur com- position. J'ai examiné un talc de Rhode-Island aux États-Unis qui, d'a- près des mesures faites par M. Descloizeaux et par moi , paraît appartenir à un prisme droit rhomboïdal d'un angle de iiS^So'. L'analyse chimique m'a donné : Silice 61,75 — 7^ Eau 4,83 — I Magnésie 3i ,68 ) „ Protoxyde de fer 1)7° ; n Jusqu'à présent les diverses analyses de talc qu'on a faites diffèrent sur- tout par la teneur en eau ; on a constaté, par l'essai de plusieurs échantillons , qu'ils en renferment tous une quantité à peu près constante; c'est ce dont s'est assuré aussi M. de Marignac qui, sur ma demande, a repris l'analyse du talc du Saint-Gothard; cette eau est à un état de combinaison tel, qu'il est impossible de la dégager d'une manière complète à la chaleur de la lampe à alcool; cette propriété du talc appartient aussi à la stéatite, elle est donc caractéristique pour ces hydrosilicates de magnésie qui se trouvent dans les mêmes circonstances de gisement. En admettant que les rapports d'oxygène sont I, 3, 8, on aurait la formule très-simple SP(Mg,H)% déjà proposée par M. Berthier; cependant toutes les analyses de talc, corri- gées d'après ce qui précède, en ayant égard à la quantité d'eau, donnent une différence dans le même sens, et la quantité d'oxygène de la silice est tou- jours moindre que le double de l'oxygène des bases; cette différence constante tient peut-être à quelque inexactitude dans la détermination des poids atomi- ques de la magnésie ou même de la silice; mais quant à présent il, convient, ce me semble , d'adopter provisoirement pour le talc la formule plus exacte Si» Mg« -I- 2H = 3 si lVig+ si* %' -l-aH. » Du reste, dans la plupart des collections de minéralogie, on donne le ( 597 ) nom de laïc à des roches qui en diffèrent beaucoup quant à l'aspect; ce sont ordinairement des masses de stéatite, de chlorite ou de ripidolithe, qui contiennent seulement quelques lamelles de talc. » La stéatite examinée, qui était d'un blanc de lait, provenait du Nyntsch (Honfjrie) : c'est le speckstein de la minéralo{jie allemande; elle paraissait être bien homogène, ce qui n'a pas lieu pour la plupart des minéraux regardés comme des stéatites, qui ne sont autre chose que des espèces de gneiss pré- sentant des lamelles de talc répandues dans une pâte de stéatite. " On a reconnu qu'elle ne doit pas être considérée comme du talc com- pacte; car, tandis que pour le talc la densité diminue du tiers par calcination , elle augmente pour la stéatite; la composition chimique est, du reste, diffé- rente, car on a trouvé : Silice 64,85 — i5 Magnésie 28,53 ) ^ Protoxyde de fer i ,4o ) Eau; 5,22 — 2 n L'essai pour eau de quelques stéatites provenant de diverses localités a donné à peu près les mêmes résultats, et l'analyse qui précède conduit à la formule 5SiMg-+-2H. La stéatite du Nyntsch «st donc formée de silicate neutre de magnésie com- biné avec de l'eau dans la proportion atomique de 5 à 2. » La présence d'une quantité d'eau notable comme partie constituante dans le talc et dans la stéatite est un fait qui nous semble avoir de l'im- portance au point de vue géologique, et duquel on doit nécessairement tenir compte dans toutes les hypothèses qu'on peut faire pour expliquer leur origine. » Hjdrosilicates de cuivre. — Ce Mémoire a pour but l'étude des pro- duits de décomposition des minerais antimoniés et sulfurés de cuivre pro- venant de diverses mines en exploitation, et dont un grand nombre m'a été remis par M. Burat. L'examen comparatif que j'ai fait de divers produits modernes avec les hydrosilicates de cuivre qui se trouvent soit dans les filons, soit dans les terrains stratifiés, me conduit à conclure que les hydrosili- cates de cuivre qui se rencontrent dans la nature sont des produits de décom- position formée pendant les diverses périodes géologiques, et qui ont pris naissance à la manière des minéraux appelés parasites par M. Haidinger. » 79- ( 598 ) • f;HiMlE. — Sur les avantages du bicarbonate de chaux et les inconvénients des autres sels calcaires contenus dans les eaux ordinaires ou potables ; par M. Alph. Dupasquieb. « J'ai lu avec d'autant plus d'intérêt la Note sur l'ossification du porc, couimuniquée par M. Boussingault à l'Académie, dans sa séance du o. mars dernier, que le résultat de sou beau travail confirme de la manière la plus frappante les idées que j'ai émises depuis longtemps sur les eaux potables, contradictoirement au préjugé répandu parmi quelques savants, qu'on doit considérer comme les meilleures, les eaux qui contiennent le moins de sub- stances minérales en solution. » Il résulte, en effet, des expériences faites par M. Boussingault sur de jeunes porcs, que les sels calcaires contenus dans l'eau dont ils ont fait usage ont fourni à l'organisme , particulièrement pour le travail de l'ossifi- cation, une grande partie de la chaux qui lui était nécessaire, et qui se trouvait en quantité insuffisante dans les aliments. De là , ce savant chimiste est arrivé nécessairement à cette conclusion, que les sels calcaires contenus dans la plupart des eaux potables doivent être considérés comme des substances très-utiles, sinon absolument nécessaires; ce qui conduit encore à ce résultat, que les eaux les moins chargées de principes calcaires en solution sont bien loin d'être hjgiéniquemcnt les meilleures. » Sans atténuer eu rien le mérite des expériences de M. Boussingault, dont je reconnais plus que personne la haute valeur, qu'il me soit permis de rappeler que depuis plus de huit ans je n'ai cessé d'attaquer de front les idées erronées généralement admises sur les eaux potables, soit dans un Mé- moire manuscrit adressé à l'Académie, soit dans mon Traité des eaux: de source et des eaux de rivière, composé en iSSy-SS, et imprimé en i838 et 1839, soit enfin dans quelques opuscules et particulièrement dans celui que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. » Voici quelques extraits de ces divers travaux : « Les eaux les plus pures relativement à la quantité des matières qui s'y )) trouvent en solution ne sont pas pour cela les meilleures.. . L'eau abso- » lument pure, l'eau distillée, qui ne contient point de sels, n'est pas » agréable à boire; sa saveur est fade : l'expérience a appris, en outre, qu'elle « est pesante à l'estomac et dispose aux indigestions.... C'est donc par une « prévision vraiment providentielle de la nature que les eaux contiennent » une plus ou moins grande quantité de substances étrangères en solution. . . . ( 599 ) » Leur qualité d'eau potable n'est donc pas en raison de leur degré de » pureté.... » >• Voilà bien établie d'une manière générale, conformément au résultat directement fourni par les expériences de M. Boussingault : que les sub- stances étrangères, et par conséquent les sels calcaires, ont pour l'usage hygiénique leur utilité et leur importance. )• Mais qu'il me soit permis de rappeler que j'ai pénétré plus loin et plus profondément dans l'examen de cette haute question d'hygiène publique. Toutes les substances , ai-je dit, que l'on trouve d'ordinaire en solution dans les eaux, ne contribuent pas à les rendre potables; quel(|ues-unes même leur communiquent des propriétés nuisibles. Partant delà, j'ai divisé les substances qu'on rencontre dans les eaux (distinction qui n'avait pas en- core été établie) en celles dont la présence est utile et même nécessaire , et en celles qui ne peuvent exister en proportion un peu forte dans les eaux, sans altérer leur nature d'eau potable. » Dans la catégorie des SUBSTANCES UTILES, j'ai placé : i° V oxygène atmo- sphérique; a" ï acide carbonique , gaz auquel on n'avait point encore fait attention dans les eaux potables, au point de vue hygiénique, et qui y joue cependant un rôle assez important; ^° le chlorure de sodium, dont l'expé- rience journalière démontre la faculté d'excitation digestive ; 4" enfin , le bi- carbonate de chaux, que j'ai signalé le premier comme devant être placé au premier rang des substances utiles. 1 J'ai considéré, au contraire, comme .substances nuisibles : t° les ma- tières organiques, surtout à l'état de putridité; a° le sulfate de -chaux; 3° les autres sels calcaires (excepté le bicarbonate) , comme le chlorure de calcium, le nitrate de chaux, quand ils sont un peu abondants. " Ici mon opinion semblerait s'éloigner de la signification naturelle des expériences de M. Boussingault , qui considère d'une manière générale l'uti- lité de la chaux, quel que soit d'ailleurs son état de combinaison; mais cette divergence nest qu'apparente. n M. Boussingault, ne s'occupant que de rechercher l'influence des ma- tières minérales dans le travail de l'ossification, a dû nécessairement admetti'e que les sels calcaires, considérés dans leur ensemble, peuvent tous foui-nir la base de la matière terreuse des os. Pour moi, qui étudiais, au contraire, la question des eaux potables dans toute son étendue, j'ai dil prendre en considération: que si le sulfate de chaux, le chlorure de calcium, le nitrate calcaire sont tous susceptibles de satisfaire aux besoins de l'ossification , on ne doit pas moins les considérer comme nuisibles, par la raison que tous les ( 6oo ) sels calcaires solubles (excepté le bicarbonate) rendent (ainsi que je l'ai dé- montré par (les expériences directes et comparatives) les eaux séléniteuses , c"est-à-dire qu'ils leur communiquent la fâcheuse propriété d'être lourdes à l' estomac, de décomposer le savon et de durcir les légumes à la cuisson , ce qui rend très-difficile la digestion de ces aliments. » Le bicarbonate de chaux, an contraire, est éminemment utile , car (ainsi que je l'ai démontré le premier), tout en présentant à l'organisme la matière calcaire qui lui est indispensable , Une rend pas les eaux séléniteuses. J'ai démontré, en effet, que les eaux qui en contiennent une proportion même très-forte (à l'exception cependant des eaux minérales, comme celles de Saint- Allyre, de Saint-Nectaire en Auvergne) deviennent seulement opalines quand on V verse de la solution de savon , et qu'il ne s'j forme pas de grumeaux de savon calcaire insoluble. Le bicarbonate de chaux, en conséquence, comme je l'ai depuis longtemps soutenu et imprimé, ne doit donc pas être confondu avec les autres sels calcaires, au point de vue hygiénique ; car, dans les proportions où se dissolvent généralement les eaux potables, non-seulement // ne décompose pas le savon et ne s'oppose pas à la cuisson des légumes, mais, de plus, // favorise le travail de la digestion, comme excitant, à la manière du bicarbonate de soude, et concourt à Jburnir à l'ossification la matière calcaire qui lui est indispensable. » A tout cela, que j'extrais textuellement de mes travaux précédemment publiés, je crois utile d'ajouter le développement suivant : Tout en admet- tant que le sulfate de chaux, le chlorure de calcium et le nitrate de chaux peuvent concourir à fournir à l'organisme le principe terreux indispensable a l'ossification, c'est surtout, à mon avis, au bicarbonate calcaire que ce rôle est réservé. Ce qui doit porter à le croire, c'est, indépendamment de ce que ce sel est presque généralement répandu dans les eaux et qu'il y forme d'ordinaire plus des trois quarts ou des quatre cinquièmes de la matière calcaire, quand à lui seul il ne la constitue pas presque entièrement, c'est, dis-je, qu'il paraît être le plus facilement assimilaiîle : le carbonate de chaux, en effet, constitue à peu près un cinquième de la matière minérale des os, et le phosphate calcaire qui s'y trouve dans la proportion d'en- viron quatre cinquièmes, est un phosphate basique, qui peut plus facile- ment puiser son^excès de chaux dans le bicarbonate calcaire, sel d'une dé- composition facile, que dans un sel neutre formé par un acide puissant, comme le sulfate par exemple. >' Les principes tout nouveaux que j'ai depuis longtemps établis dans la grande question hygiénique des eaux potables, soit d'après des expériences ( 6oi ) directes, soit d'après l'analyse philosophique des faits connus, principes que je viens de rappeler, concordent parfaitement, comme on l'a vu, avec l'im- portant résultat des expériences de M. Boussingault, bien qu'ils aient pénétré plus loin et plus avant. Je me hâte de reconnaître, toutefois, que ces der- nières expériences leur donnent une sanction qui leur manquait; je ne dois donc pas moins de reconnaissance que la science elle-même au savant chi- miste qui vient d'interroger la nature avec tant d'habileté, d'exactitude et de succès. » Du reste, je puis ajouter que mes idées, quoique en opposition directe avec les principes généralement admis , portaient dans leur développement un tel caractère de vérité, qu'elles ont obtenu immédiatement le suffrage des médecins et des chimistes qui ont pris connaissance de mes travaux. La médecine lyonnaise s'y est presque généralement associée. MM. Imbert Bottex, Martin, Bounardet, Brachet, etc., dans différents Rapports impor- tants, et en dernier lieu M. Terme, de'puté du Rhône et maire de la ville de Lyon, dans son beau travail sur les eaux à distribuer à la population lyon- naise, ont soutenu les mêmes principes en y ajoutant d'intéressants déve- loppements. La Société de médecine elle-même s'est enfin associée à ces mêmes idées, en adoptant à l'unanimité les conclusions toutes favorables d'un Rapport du docteur Brachet, conclusions où il était dit qu'il serait accordé une médaille d'or à l'auteur du Traité des eaux de source et des eaux de rivière, en considération du jour tout nouveau qu'il avait répandu sur la grande et intéressante question hygiénique des eaux potables. Cette décision était d'autant plus remarquable, que la question n'avait pas été mise au concours (i). Réactif pour distinguer le bicarbonate de chaux d'avec les autres sels calcaires dans les eaux potables. » r/importance et l'utilité spéciale du bicarbonate de chaux dans les eaux* m'ont porté à rechercher un moyen de reconnaître la présence de ce sel indé- pendamment des autres sels calcaires. Le réactif qu'on emploie ordinaire-^ ment , l'oxalate d'ammoniaque, précipite la chaux de toutes ses combinaisons, et laisse, par conséquent, dans l'incertitude sur le sel calcaire qui prédomine dans l'eau essayée. Le moyen que je désirais trouver, je l'ai rencontré, comme conséquence de mes recherches relatives à l'action des eaux sur les matières (i) MM. Fonlan, Louyet, de Bruxelles, etc., ont conseillé, d'après mes travaux, d'intro- duire du bicarbonate de cliaux dans l'eau de mer distillée pour la rendre potable. ( 602 ) colorantes, dans la teinture alcoolique de bois de CAMPêche, qui consti- tue un réactif des plus sensibles pour reconnaître dans les eaux les moin- dres traces de bicarbonate de chaux. » Cette teinture peut être préparée, soit à froid, soit à chaud, avec du bois de campéche ou bois d'Inde récemment coupé, et présentant une nuance jaunâtre. Quand ce bois est d'un rouge foncé, il a été altéré par l'air ou par l'humidité et n'est plus propre à fournir un bon réactif. L'alcool doit être assez chargé de matière colorante pour présenter une nuance brunâtre foncée. )' On emploie ce réactif en en versant trois ou quatre gouttes dans une verrée d'eau. Si l'eau contient la moindre trace de bicarbonate de chaux, elle prend une belle couleur violette. La nuance est d'autant plus foncée, que la proportion du bicarbonate est plus considérable. Dans l'eau distillée, soit pure, soit additionnée d'une solution d'un sel calcaire autre que le bicarbo- nate , le réactif ne communique (\vl une faible couleur jaune. Le même effet a lieu si l'on essaye de l'eau qui contenait du bicarbonate de chaux, mais qu'on a fait bouillir assez longtemps pour précipiter ce sel d'une manière complète. On obtient encore le même résultat en saturant le bicarbonate de chaux par quelques gouttes d'un acide quelconque. Le bicarbonate de chaux , en effet , agit seul sur la matière colorante (l'hématine) à la manière des alcalis. " On peut objecter contre l'emploi de ce réactif que les carbonates de soude et de potasse peuvent déterminer la même réaction que le carbonate calcaire; mais personne n'ignore que ces sels n'existent pas dans les eaux potables. Du reste, s'il se rencontrait un cas où l'on pût avoir quelque doute à cet égard, il suffirait, pour le faire disparaître, de faire bouillir l'eau de manière à précipiter le carbonate de chaux. L'eau essayée ensuite devien- drait jaune par le réactif, si elle ne contenait primitivement que du bicarbo- nate calcaire; elle prendrait , au contraire, une nuance violette, si elle tenait en outre un carbonate alcalin en solution. » En résumé, je crois avoir démontré • » 1°. Que le bicarbonate de chaux ne doit pas être confondu, comme on le fait d'ordinaire , au point de vue hygiénique , avec les autres sels cal- caires contenus dans les eaux potables ; » 2°. Que le bicarbonate de chaux dans les eaux doit être considéré comme une substance utile, car il ne rend pas les eaux séléniteuses comme les autres sels calcaires, car il favorise le travail de la digestion à la manière du bicarbonate de soude , car c'est principalement à ce sel qu'il est réservé (le fournir à l'ossification la matière calcaii-e qui lui est indispensable; ( 6o3 ) « 3°. Qu'il est facile de reconnaître le bicarbonate de chaux dans les eaux, par l'emploi de la teinture alcoolique de bois d'Inde. » M. Heurtelocp écrit de nouveau pour demander ini prochain tour de lecture. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés par MM. Delahaye et J. Guébiiv. PIÈCES CORRESPONDANT A LA SEANCE DU 30 3LARS. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES DE L'ACADÉMIE. f Les différents membres qui ont pris part, dans la dernière séance, à la discussion relative au Rapport de la Section de Mécanique (voir le Compte rendu de la séance du 3o mars , page 568), ont tous été consultés par écrit pour savoir s'ils désiraient faire insérer dans le Compte reTidu les opinions qu'ils avaient émises. M. Charles Dupin est le seul qui ait remis une Note. Opinion de M. le baron Charles Dupin, pour justifier la proposition de la Section de Mécanique relative aux accidents éprouvés sur les chemins de fer. u Je demande à justifier les propositions de la Commission, ces propo- sitions qui viennent d'être si vivement attaquées. Il Les objections présentées contre la démarche à laquelle est invitée l'A cadémie ne m'effrayent pas. » Non-seulement , d'après ce qui vient d'être dit, l'Académie n'aurait rien à voir dans cette question scientifique , mais il n'y aurait rien à faire , si ce n'est peut-être d'adresser des remercîments aux chemins de fer, pour nous avoir soustraits à des dangers que les diligences et les coucous tenaient incessamment suspendus sur notre tête. Je n'admets pas de telles comparai- sons : elles sont de trop dans cette discussion. Quand nous sommes témoins de malheurs immenses, quand nous voyons des masses énormes se heurter et s'anéantir, en engloutissant sous leurs ruines des individus et des familles entières, l'Académie n'a-t-elle rien à faire? Voilà toute la question ; pour moi, messieurs, il n'y a pas deux réponses possibles. » On dit, à propos des règlements sur les chemins de fer, qu'il n'y en a déjà que trop; qu'à peine faits, ils étaient devenus l'objet des plaintes les plus C. K., 1846, i" Semeslrt. (T, XXII , N» 14.) 8o ( 6o4 ) vives; que, de toutes parts, les compagnies avaient élevé la voix pour en si- gnaler les inconvénients, et qu'il avait fallu les laisser tomber pour la plupart en désuétude. ^ " Je le crois vraiment bien : personne n'accuse les compagnies d'amener volontairement, directement, immédiatement les accidents, ni de les vouloir, ni de les préparer à plaisir. Non, les compagnies ne veulent pas d'accidents; mais elles ne veulent pas non plus des moyens coûteux et des précautions qui peuvent les empêcher. C'est là ce qu'il faut que le Gouvernement leur impose. I) On vient de nous dire encore : Mais une Commission existe , une Com- mission nommée par le Gouvernement, composée des plus beaux noms scien- tifiques dont la France s'honore en dehors de cette enceinte , et d'autres non moins illustres pris dans cette enceinte même. Cette Commission, à laquelle rien ne manque , ni moyens matériels, ni autorité, on nous assure qu'elle a fait son devoir : soit. » Messieurs, il se passe donc en tout ceci quelque chose de bien étrange! Si cette Commission a fait son devoir , et ce n'est pas moi qui veux en douter, où sont les Rapports qui résument ses travaux depuis le 8 mai , de terrible mémoire? quelle influence ces Rapports ont-ils exercée, d'une part, sur le Gouvernement et les compagnies , pour amener des moyens préventifs ou répressifs, de l'autre, sur l'esprit public, pour lui donner la confiance que les intérêts du public sont sauvegardés? quels moyens la Commission a-t-elle mis en lumière? quelles expériences a-t-elle faites? » Ses cartons sont remplis sans doute, comme les nôtres, de procédés proposés par centaines. Qu'en est-il sorti? la conviction qu'aucun n'est bon ! ou bien a-t-elle empêché qu'un seul^de ces procédés restant dans l'oubli, l'au- teur fût forcé d'aller chercher à l'étranger la bienveillance et l'éclat qu'on lui refuse en France? » Que demande votre Section de Mécanique? " Que vous fassiez une démarche réellement scientifique et non pas admi- nistrative; >) Que vous disiez très-haut que les malheurs éprouvés ne sont pas au-dessus des prévisions de la science, ni même de ses moyens; « Que vous rendiez hommage à la sollicitude du Gouvernement , à l'habi- leté de ses ingénieurs , mais que vous demandiez en même temps que cette sollicitude et cette habileté ne restent pas stériles, et que de puissantes re- cherches soient entreprises.... » Une voix. Mais la Commission du Gouvernement en a fait; elle en faisait encore, il y a quelques jours, sur le chemin de fer de Versailles pour l'essai d'un frein. ( 6o5 ) » M. Dupin. Où sont-elles, où en sont les résultats? Qu'on le dise; qu'on sache sur qui faire tomber la responsabilité du silence et de l'inaction. » Nous avons entendu faire une autre objection : quelqu'un nous a dit , très-sérieusement, que le moment était mal choisi; qu'il fallait attendre, pour parler, que les esprits fussent plus calmes. » Ainsi , que de vastes inondations viennent de nouveau porter le ravage dans la vallée du Rhône, et que l'Académie veuille éveiller l'at- tention sur les moyens d'en prévenir ou d'en amoindrir les désastres; >i Que des incendies s'allument sur tous les points du territoire , et que vos yeux s'ouvrent sur la nécessité d'en faire l'objet d'une vaste enquête : » Et l'on vous dira : Prenez garde! Le moment ne fut jamais plus mal choisi pour parler d'inondations ou d'incendies. Attendez que tous les dé- sastres possibles, météorologiques ou incendiaires, soient consommés avant de parler des moyens d'y chercher remède. )) Ou bien encore : Puisque vous ne vous êtes pas émus quand la sécu- rité rentrait dans tous les esprits , quand on vous eût répondu par cette sécu- rité même, si elle a jamais existé, renoncez désormais à faire parler vos craintes et vos prévisions. » Je n'accepte pas ce rôle d'abnégation. Je crois que l'Académie a le droit d'exprimer son opinion ; je crois qu'elle peut, en face de tant de désastres ac- complis ou possibles, dire hautement qu'ils appellent des recherches et des expériences; qu'on n'en a pas assez fait, et qu'il eu faut faire de nouvelles. » On nous a dit encore : La plupart des accidents ne viennent pas du matériel, mais du personnel. Eh bien, nous constaterons ce fait; nous demanderons qu'on s'empare de la volonté même des hommes , et qu'on la mette au service de la science. Pour moi , je ne comprends point comment il n'existe pas encore une école de chauffeurs et de mécaniciens, d'aiguilleurs et de signalistes; une école où l'on étudierait, avant tout, l'aptitude de ces hommes aux mains desquels on remet la vie des autres, et leur force d'atten- tion ; une école dans laquelle on les exercerait à garder leur poste , à suivre leurs instructions, à remplir leurs devoirs avec une fidélité ponctuelle, avec une fermeté inébranlable (i). » Je ne crois pas aux raisons qu'on nous a données pour expliquer la ra- reté des accidents sur les chemins de fer de l'Allemagne. (i) La Compagnie des Messageries générales a donné , sur ce point, un bel exemple, par l'institution d'une école de conducteurs, où ces hommes sont exercés à prévenir, à maîtriser, à réparer toutes les combinaisons d'accidents auxquels leur profession les expose. 80.. ( 6o6 ) 1 Cette rareté des événements semblables à ceux que nous déplorons n'est pas seulement due à ce qu'on va moins vite au delà du Rhin, mais à ce que l'employé des chemins de fer allemands possède une gravité, une fermeté, une pesanteur peut-être, que l'employé français n'a pas. » On a mis en avant les règlements et les usages de l'Académie. Il n'y a rien ici de contraire aux règlements non plus qu'aux usages. Quoi ! mes- sieurs, on allègue que nous compromettrions l'Académie en faisant une dé- marche vis-à-vis de l'autorité, que nous nous exposerions aux dédains d'un ministre! On veut, pour parer à ces dédains, que nous ne nous présentions qu'avec des moyens matériels à proposer, des freins à recommander, etc. » Sans cela, prétend-on, vous fere^ seulement ce que tout le monde fait, ce que tout le monde peut faire. » Je ne m'attendais pas à de telles objections. » Personne ici n'accuse, même par la pensée, le Gouvernement ou l'un de ses ministres. Notre démarche ne contient rien de tel, et je n'ai vraiment pas besoin de laver l'Académie d'un tel reproche. » Quant aux autres objections , voici ce que j'y puis répondre : » Non, vous ne ferez pas, vous messieurs, ce que tout le monde peut faire , >> Parce que vous êtes l'Institut royal et national de France, institué par des lois, je dis plus, par des constitutions; " Parce que vous êtes investis d'une grande fonction publique, l'applica- tion de la science aux besoins sociaux, dans tout ce que la science a de plus général et de plus élevé ; » Parce que, pour vous, déclarer au Gouvernement qu'il y a des expé- riences et des recherches à faire, c'est vous mettre à son service pour qu'elles soient faites, et faites avec la plus grande autorité scientifique. » Ainsi, par un tel avertissement, l'Académie fera la chose qui convient éminemment à sa nature et à sa constitution. » Quant au soin d'indiquer des moyens particuliers, la Section a grande- ment raison de ne le pas faire ; sa prudente réserve ne méritait pas d'être reçue comme elle vient de l'être. Je n'en veux qu'une preuve. » Pour soutenir la thèse contraire, l'un de nos plus illustres adversaires a cité, comme exemples, des procédés dont, suivant lui, la Commission aurait dû s'appuyer, que du moins elle aurait dû citer. » De ces procédés, les uns ont été essayés et sont restés douteux; d'au- tres ne se sont produits devant vous qu'il y a huit jours. Il en est qui sont à peine définis, et pas un sur lequel nous puissions donner un avis immédiat, (6o7 ) ou formuler une conclusion. Qu'on nous dise s'il en est un seul dont la va- leur éprouvée puisse donner plus de force à la démarche que nous allons faire, un seul qui ne fût exposé, dans cette enceinte même, à quelques objec- tions graves? » Ce que ces procédés prouvent , dans ce qu'ils ont de spécieux et. d'in- téressant, c'est qu'il faut se hâter d'instituer des expériences qui les em- brassent tons; voilà l'objet de la démarche que la Commission vous propose de faire. » Reste donc l'objection que l'on a tirée de la situation où cette démarche vous placerait vis-à-vis du Gouvernement. Cette objection ne m'arrête pas plus que les autres. Lorsqu'au nom de l'humanité et du bien du pays, un f>rand, un illustre corps s'adresse à l'autorité, il est sûr de l'accueil qui lui sera fait. Un ministre qui le recevrait avec peu d'égards, et surtout avec l'oubli de tous les égards , ne ferait tort qu'à lui-même. » Mais s'il vous fallait une garantie à ce sujet , je la trouverais dans le besoin qu'aie Gouvernement, aujourd'hui plus que jamais, d'être fort vis-à- vis des compagnies. Les compagnies sont des colosses. Eh bien , nous leur montrerons qu'il y a quelqu'un qui ne fléchit pas devant leur toute- puissance , et ce quelqu'un, c'est la science, soutenue par les corps qui la représentent. « ♦ x\I£MOm£S PRÉSENTÉS. ÉCONOMIE RURALE. — Expériences destinées à faire reconnaître les causes qui ont présidé au développement de la maladie des pommes de terre. (Extrait d'une Lettre de M. Durand à M. Gaudichaud.) (Commission des pommes de terre.) « Dans une Note précédente, j'ai dit que des tubercules malades plantés, par moi, au moi d'octobre dernier, m'avaient donné, au bout de cinq mois, des tubercules sains dont les plus gros avaient la grosseur d'un œuf ordinaire de poule. urj^i'', » .Te vous envoie aujourd'hui des pieds de pommes de terre provenant de culture hivernale. Les tubercules en sont moins gros que ceux des pieds que j'ai précédemment arrachés, quoique dune grosseur encore convenable. Aucun de ces tubercules, qui sont au nombre de huit, sans compter ceux qui sont très-petits, ne m'a paru malade. 11 y a même quelque chose, à cet égard , d'intéressant peut-être à noter, c'est qu'un des plus gros qui s'est dé- veloppé près le tubercule -semence, et qui, par suite de son développement, ( 6o8 ) s'est trouvé en contact avec lui , est tout aussi sain que les autres ; il présente pourtant une tache noire , mais elle n'est que superficielle, c'est une portion de la surface du tubercule-semence qui est en état de putrilage. Les fanes de cet échantillon que je vous envoie, et qui appartient à la variété rouge, sont vertes et fraîches.... » Au mois d'octobre, je n'ai pas seulement planté dans une serre des tu- bercules malades , mais j'ai planté aussi des tubercules sains , et cela dans l'intention d'étudier les causes de la maladie qui a sévi contre la pomme de terre. Dans cette plantation de tubercules sains, quelques-uns ont été placés dans de la terre argileuse, et lorsque leurs fanes ont atteint une hauteur assez considérable, celle d'un mètre par exemple, elles ont été soumises à l'action de froids artificiels et soustraites ensuite à l'influence du soleil, ou plutôt de la lumière. Ces fanes , ainsi traitées , de vertes et vigoureuses qu'elles étaient, n'ont pas tardé à se faner, à se décolorer, à jaunir et même quel- ques-unes à éprouver la pourriture humide (i); c'est ce que vous verrez sur le pied que j'ai l'honneur de vous adresser. Sur ce même pied , vous verrez aussi que les plus gros tubercides ne sont pas malades et que les plus petits, au contraire , ou du moins quelques-uns , sont atteints de la maladie qui a frappé les pommes de terre l'année dernière. J'ai examiné un de ces petits tubercules où les caractères de cette maladie sont bien tranchés. Je vous l'en- voie afin que vous l'observiez vous-même ; il appartient au pied auquel il est joint. » MÉDECINE. — De la nature des Jièvres intermittentes des marais; par M. AuG. Durand, de Lunel, médecin à l'armée d'Afrique. Dans ce Mémoire, l'auteur considère isolément l'action des trois causes principales qui concourent au développement de la maladie dans les lieux où il l'a principalement observée : les émanations putrides, l'humidité, la chaleur. Il examine ensuite la maladie en elle-même, et enfin il la compare, tant pour sa nature que pour les causes qu'elle reconnaît, aux fièvres inflam- matoires en général et à la fièvre typhoïde en particulier. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.) (i) A partir de l'époque où j'ai cherché à faire naître, chez ces pommes de terre, la maladie, je les ai arrosées chaque jour de manière à tenir constamment humides leurs parties aériennes, aussi bien que leurs parties souterraines, l'humidité me paraissant être une des premières conditions nécessaires au développement de la maladie dont notre agriculture a eu tant à souffrir l'an dernier. ( 6o9 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Recherches sur les glaciers, les glaces Jlottantes , les dépôts erratiques, sur l'influence des climats, sur la distribution géo- graphique et la limite inférieure des neiges perpétuelles ; étude du phéno- mène erratique du nord de V Europe; par M. Grange. (Commissaires, MM. Arago, Élie de Beaumont, Regnault.) Ce travail, qui est imprimé, mais non publié, se divise en quatre parties : Dans la première, l'auteur étudie les caractères physiques des glaciers des régions polaires, et les compare à ceux des régions tempérées; il montre que, bien que les glaciers semblent fixés d'une manière immuable sur un sol con- stamment gelé à une grande profondeur, ils présentent un mouvement pro- gressif extrêmement facile à reconnaître , surtout pour les glaciers des côtes qui viennent se démolir à la mer. Dans la seconde partie, M. Grange fait l'histoire des glaces flottantes qu'il distingue en deux classes ayant chacune des caractères qui les distinguent: les glaces qui se forment à la mer et celles qui proviennent des glaciers. Dans la troisième partie, il étudie les conditions climatologiques qui favo- risent l'extension des glaciers. Dans la quatrième enfin, s'appuyant sur les observations précédemment exposées, il s'efforce de démontrer que le dépôt des blocs et du terrain erra- tique s'est fait dans l'intérieur d'une mer parcourue par des courants , et que la modification de climat , déterminée par l'immersion des terres sur les- quelles s'est fait cet immense dépôt , explique l'extension des glaciers à cette époque et l'existence des glaces flottantes qui ont transporté les blocs. HYDRAULIQUE. — Note relative aux recherches expérimentales de M. BoiLEAu, sur la distribution des vitesses dans les cours d'eau; par M. DE Saint- Venant. (Commission nommée pour le Mémoire de M. Boileau.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Nouveau Mémoire sur le calcul stigmal ; par M. Merpaut-Duzélidest. ( Commission précédemment nommée.) ÉCONOMIE RURALE. — Note sur les moyens propres à arrêter les ravages de plusieurs insectes nuisibles à l'agriculture, et réclamation de priorité rela- tive au procédé proposé par^. E. Robert ^o«r s'opposer aux dégâts causés par le scoljte destructeur et le cossus gâte-bois ; par "^l. Chasseriau. (Commission nommée pour les communications de M. E. Robert.) f 6io ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description etjlgure d'un essieu de sûreté destiné principalement aux wagons et aux locomotives des chemins de fer ; par M. GuiLLEMIN. (Commission des chemins de fer.) L'auteur a adressé, dans la séance du 6 avril, une Note additionnelle à ce Mémoire. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un nouveau dispositij destiné à prévenir le déraillement et le choc des trains sur les chemins de fer i par M. Cipri. (Adressé pour le concours au prix de Mécanique. ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Pompes d'épuisement construites d'après le sys- tème de M. Ijetestu. Effets obtenus de ces appareils dans les travaux exécutés au Havre pendant la campagne de 1 845 , sous la direction de M. Laurent, capitaine du génie. Cette attestation , qui constate les bons résultats obtenus au moyen des pompes de M. Letestu, est renvoyée, comme pièce justificative, à la Com^ mission chargée de l'examen de ces appareils. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Considérations sur les perturbations mor- bides du rhjthme des battements du cœur, et sur les conditions de l'insuffi' sance valvulaire ; par M. Parchappe. (Renvoi à la Commission chargée de l'examen des précédentes communica- tions de l'auteur sur la structure et les mouvements du cœur.) M. Blandet présente au concours pour le prix concernant les morts ap- parentes un Mémoire sur les signes de la mort. (Commission du prix Manni.) Le même médecin envoie une indication de ce qu'il considère comme neuf dans un travail imprimé présenté au concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie, et relatif principalement aux maladies des ouvriers qui travaillent aux métaux ou qui ont à employer des composés métalliques. (Commission des prix de Médecine,) (6ii ) M. BouRGuiGNO\ soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Recherches entomohgiques et pathologiques sur la gale de l'homme. Ce Mémoire , accompagné de nombreuses figures, est destiné au concours pour les prix de. Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. M. Barbier, qui avait adressé précédemment au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie sou Traité pratique des maladies de l'enfance, envoie, conformément à la disposition prise par l'Académie relativement aux pièces destinées à ce concours, un résumé de son travail. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) L'Académie renvoie à la même Commission , d'après la demande de l'au- teur, un ouvrage de M. Treuille ayant pour titre : Traité pathologique et thérapeutique des maladies vénériennes. M. AuzoDx prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par la même Commission ses travaux d'anatomie élastique, tant ceux qui ont rapport à la structure du corps humain, que ceux qui sont destinés à faire connaître l'organisation d'un certain nombre d'espèces considérées comme types des di- vers embranchements du règne animal. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Brachet envoie de nouvelles communications concernant la télégraphie et le transport des dépêches au moyen de l'air comprimé; une de ces Notes appartient à la séance du 6 avril. (Commission précédemment nommée.) M. Chavagneux présente quelques considérations concernant le transport des diligences ordinaires par les chemins de fer. (Commission des chemins de fer.) CORRESPOIVDAJVCE. M. Flourens , au nom de l'auteur, M. Carus, fait hommage à l'Académie de la deuxième livraison de X Atlas de cranioscopie. [F'oir au Bulletin biblio- graphique de la séance du 3o mars, page 570.) M. Sédillot, nommé récemment à une place de correspondant (Section de Médecine et de Chirurgie), adresse ses remercîments à l'Académie. C. B. , i8^6, 1" Semestre. (T. XXII , N» 14.) 8 I (6. a ) MÉDECINE. — Sur les derniers cas d'hj-drophobie obsen>e's en Algérie. (Extrait d'une Note de M. Guyon.) « Depuis 1842, époque à laquelle je signalai à l'Académie les cas d'hy- drophobie observés en Algérie, depuis l'établissement de la domination française, de nouveaux cas se sont présentés; on en compte jusqu'à cinq en i844> dans la province de Constautine. Le mois de janvier de cette année nous en a offert un nouveau , sur la personne d'un vétérinaire en premier de la province d'Oran. La maladie se déclara spontanément, et sa durée ne fut que de deux jours. Ce cas d'hydrophobie est le dixième observé en Algé- rie depuis i836. » Tout récemment encore , deux autres cas de la même maladie ont été vus sur le cheval, l'un dans la province d'Alger, et l'autre dans celle d'Oran. « Le premier s'est présenté au bivouac de Haniz, sur les bords de Tisser, dans le corps d'armée aux ordres de M. le lieutenant général Bedeau. L'ani- mal, âgé de cinq ans, avait été mordu aux naseaux par un chien qui, sus- pecté de rage, avait été tué quinze jours avant l'apparition des symptômes hydrophobiques sur le cheval. Ceux-ci se manifestèrent le a4 décembre; le jour suivant, vers cinq heures du soir, l'animal avait succombé. " La nécropsie , faite par un vétérinaire de l'armée , ne donna pour ré- sultat que la constatation d'une forte rougeur de la base de la langue et du larynx , avec une assez grande quantité de mucosités dans ce dernier organe. » Le cheval, sujet du deuxième cas d'hydrophobie , avait été, comme le précédent , mordu aux naseaux par un chien reconnu enragé. Des vétéri- naires , consultés sur les suites que pouvait avoir cette morsure , furent d'avis qu'il n'y avait rien à faire , les animaux herbivores n'étant pas, suivant eux, susceptibles de rage. La morsure est donc abandonnée à la nature. Soixante jours après, le cheval offre tous les symptômes de l'hydrophobie. Dans cet état, il mord un homme à la main gauche ; il lui fait ainsi trois plaies, une à la face dorsale, une au médius, et l'autre à l'annulaire. Mis en rapport, peu après, avec un cheval morveux, il se rue sur lui, et le mord avec acharnement sur plusieurs points du corps. L'homme et le cheval mordus sont en obser- vation. " M. Phillips annonce l'envoi d'un ouvrage sur les maladies scrofuleuses qu'il vient de publier à Londres, et qu'il destine au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon ; l'auteur demande que son livre, dans le cas où il ne parviendrait pas à temps pour le concours de cette année, soit réservé pour le concoui's de l'an prochain. ( 6i3 ) Un médecin du département de l'Yonne, dont la signature n'a pu être lue, écrit que M. Sarbourg avait eu, avant M. Dallery, l'idée d'appli- quer l'hélice comme moteur aux bateaux , et qu'on trouvera la preuve de ce fait dans le tome III des Mémoires de la Société royale des Sciences et Belles-Lettres de Nancy (année 1754); il ajoute que, vers la même époque, M. Gauthier présentait à la même Société un Mémoire sur l'applica- tion de la vapeur à la navigation. M. Arago fait remarquer que, sur ce dernier point, il n'y a point de prio- rité à réclamer pour M. Gauthier, puisque, longtemps auparavant, Papin avait non-seulement émis la même idée, mais indiqué la construction d'un moteur à vapeur pour les navires. M. Tavrinus adresse, sous pli cacheté, une Note relative à un nouveau système d! écluses sur lequel il désirerait obtenir le jugement de l'Académie , dans le cas où le Rapport devrait être fait très-prochainement et à condition que son invention ne fût pas rendue immédiatement publique. Le Mémoire sera renvoyé à M. Taurinus, les usages de l'Académie ne per- mettant pas d'accepter des conditions de ce genre. M. BouET adresse im paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures et un quart. F. 81.. ( 6i4 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ti' Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Coinjjles rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" i3; in-4''. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Chk- vREUL, Dumas, Pelouze, Bous.singault c^Regnault; 3* série, tome XVI; avril 1846; in-8°. Annales des Sciences naturelles ; par MM. MiLNE Edwards et Ad. Bron- CNiART; décembre i845; in-8°. Traité de Chimie appliquée aux Aiis; par M. DuMAS; tome VIII; in-8", avec planches in-4°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome II, 1 5 mars 1846; in-8°. Annales de la Société entomologique de France; 2" série , tome IH ; 4* trimest re i845;in-8''. Voyages de la Commission scientijique du Nord en Scandinavie , en Laponie, au Spilzberg et aux Fewè, pendant les années i838, iSSg et i84o, sous la direction deM. Gaimard; 3^* livraison ; in-folio. Société Philomatique de Paris. — Extraits des Procès-Verbaux des séances pendant l'année 1 845 ; in-8°. Voyage botanique dans le Midi de l'Europe pendant l'armée 183^; pur M. Ed. Boissier (offert par M. Gide, éditeur); inVj". Mémoire sur l'appareil de la respiration dans les Oiseaux; par M. N. GuiLLOT ; in-8". Etudes sur l'Hydrothérapie, ou Traitement par l'eau froide, faites pendant un voyage en Allemagne; par M. Constantin James ; in-8°. Découvertes physico-mécaniques; par M. Gaspau GlPRl; brochure in-8°. Enquête sur l'authenticité des Phénomènes électriques r/' ANGÉLIQUE GOTTIN ; par M. Tanchou; in-8°. Encyclographie médicale ; par NI. Lartigue; 8* volume, feuilles 26 à 3o ; in-8°. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale, et de Toxicologie ; pat M. Rognetta; avril 1846; in-8°. Recueil de la Société Polytechnique ; n° i i; novembre i845; in-8°. (6.5 ) Le Mémorial encyclopédique , faisant suite à l'ancienne Revue encyclopédique , sous In direction de M. liA VALETTE; février 1846; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; avrit 18/46; in-S". Journal de Médecine; par M. TROUSSEAU; tome IH, année i845; in-S". Bibliothèque universelle de Genève; i5 mars 1846; in-8''. Prodromus Systemalis naturalis rerjni vegetabilis; aactore DE GANnoi.LE; pars décima; in-8'*. Expérimental. . . Recherches expérimentales sur l'Electricité; par M. Fa- raday. (Extrait des Transactions philosophiques, année 1846.) ln-4". Notes on . . . Notes sur la Topographie et la Géologie des collines Cuchttllin, dans l'île de Skye, et sur les traces d'anciens glaciers qu'elles présentent; par M. FoRBES. Edimbourg, i845; in-8". Tenth . . . Dixième Lettre sur les Glaciers; par le même. ( Extrait du Nou- veau journal philosophique d'Edimbourg ;jan\iev lS/^6.) ^ feuille in-8°. Astronomisclie. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 555; in-40. Die. . . .Su»' les affections cérébrales des Enfants pendant la période de la dentition; par M. d'Alnoncourt. Tieipsick, 1846; in-8°. (Renvoyé à M. An- DRAL pour un Rapport verbal. ) Kongl. . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Stockholm, pour l'année i84a. Stockholm, 1 844; 11-8°. Oversigt. . . Comptes rendus des travaux de l'Académie des Sciences de Stockholm; i'^ année, i844> n"' 8 à 10 inclus; a" année, i845, n°' i à 7 in- clus ; in-8°. Arsberattelse . . . Compte rendu des progrès du la Chimie et de la Minéralogie; présenté par M. Berzelius le 3i mars i845; in-8''. Arsberattelse. . . Compte rendu des progrès de la Zoologie pendant les an^ nées 1 840 à 1 84^ ( Animaux vertébrés) ; par M. Suisdevall ; in-8". Arsberattelse . . . Compte rendu des progrès de la Zoologie pendant les an- nées 1843 et 1844 (Insectes); par M. Boheman ; in-8". Ars-berâttelseï- . . . Compte rendu des Travaux et Découvertes concernant la Botanique pendant les années i83g à i842;pflr M. WikstrôM; in-8°. Nadere. . . Nouvel avertissement sur la maladie des Pommes de terre ; par M. Vrolik. Amsterdam , 1 846 ; in-S". Délie condizione. . . Des conditions nécessaires à la production des Courants voltaïques, 2* Mémoire; par M. Majocchi ; in-8". ( Renvoyé à M. Becquerel pour un Rapport verbal.) (6i6) Sopra ua . . . Sur une nouvelle disposition de Microscope ; par M. Pacini ; in-8». Sopra due . . . Sur deux Fossiles trouvés dans le calcaire des monts Padouans; par M. Achille de Zigno. Padoue, i845; in-S". Gazette médicale de Paris; année 1846, n° i4; in-4"- Gazette des Hôpitaux ; n°' 89 à 4i; in-folio. L'Écho du Monde savant; n°' 26 et 27; in-4°. Gazette médico-chirurgicale ; année 1846, n" 14. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 11 AVRIL 1846. * PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS ♦ DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur le développement successif de la matière végétale dans la culture du froment; par M. Boussingault. (Extrait.) « D'après ces recherches on a, pour l'accroissement successif de la matière organique sur la surface d'un hectare , les résultats consignés "dans le tableau suivant : ÉPOQUES auxquelles les plants ont été enlevés. POIDS de la plante desséchée par hectare. CARBONE. HYDRO- GÈNE. OXYGÈNE. AZOTE. MATIERES miné- rales. iQ mal 18^ kil 689 a63i kil 257,0 1007,7 kil 40,0 l63, 1 kil 354,1 .3,7 kil .2,4 23,7 kil 25,5 65,8 Accroisselnent du ig mai au 9 juin 1943 4666 75o,7 1735,8 123,1 317.3 1016,6 2324,3 11,3 42,0 40,3 186,6 Accroissement du 9 juin au i5 aoât. . . . 2o35 728,1 154,2 953,6 .8,3 120,8 G. B. , 1846, I" Semestre. (T. XXll, N" IS.) 82 ■?; ( 6-8 ) iHBT' I) J'avais rassemblé les malériaux nécessaires pour exécuter un travail du même genre sur une légumineuse; mais l'accroissement survenu dans le poids de la matière végétale sèche a été tellement considérable , entre la floraison et la maturation des fèves, que j'ai pu me dispenser d'avoir recours à l'a- nalyse pour arriver à la conséquence qui se déduit de l'expérience entreprise sur la culture du froment, et ces résultats, comme ceux que je viens de pré- senter, conduisent à une conclusion toute différente de celle à laquelle s'é- tait arrêté Mathieu de Dombasie; car ils établissent qu'après leur féconda- tion , les plantes continuent à fixer dans leur organisme les éléments du sol et de l'atmosphère. » Remarques de'M. Biot, sur le Mémoire de M. Boussingault. « Les intéressantes expériences que M. Boussingault vient de communi- quer à l'Académie résolvent parfaitement la question qu'il s'était proposée. Mais les résultats qu'il a obtenus se complètent, je crois, et se confirment, quand on les rapproche des phénomènes d'assimilation progressive que j'ai consignés, il y a treize ans, dans un Mémoire spécial sur l'applica- tion de la polarisation circulaire à l'analyse de la végétation des gra- minées ( Nouvelles Annales du Muséum d'Histoire naturelle , tome III , pages 47 et suiv.). J'ai pu suivre ainsi le développement continu des produits doués de pouvoir rotatoire, dans les racines, les feuilles, les tiges et les épis, tant du blé que du seigle, depuis l'époque qui précède la floraison jusqu'à celle de la maturation complète ; et j'ai montré les transformations qu'ils éprouvent dans leur passage successif à travers ces divers organes, pendant toute la vie du végétal. Ces expériences pourraient aujourd'hui être rendues beaucoup plus précises par l'application des soins, et des procédés perfectionnés d'inversion, que nous avons employés, M. Soubeiran et moi, pour l'analyse des produits sucrés du mais ( Comptes rendus âk 1 842 , tome XV, page SaS). Elles s'associeraient utilement à l'analyse chimique P*' pour faire distinguer, dans le mécanisme vivant de chaque végétal, un grand nombre de produits organiques divers, les plus essentiels à connaître, dont cette analyse ne donne que les masses totales, après les avoir confondus. Il est donc bien à regretter que la généralité des chimistes et des natura- listes ne se soit pas encore approprié ce nouveau mode d'expérimentation , qui, entre leurs mains, semblerait devoir devenir si fructueux. » ( 6i9 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Le magnétisme peut-il exercer de l'influence sur la circulation du chara? par M. Dutrochet. « Depuis que nous possédons les puissants aimants engendrés par l'action de l'électricité de la pile sur !e fer doux, il a été permis de faire, sur l'action magnétique , des expériences bien autrement probantes , bien plus intéres- santes que ne l'étaient celles qu'il était possible de faire avec les aimants na- turels ou artificiels, bien faibles en comparaison, dont on pouvait disposer. Aujourd'hui nous possédons à volonté des foi-ces magnétiques tellement énormes qu'elles sont, pour ainsi dire, impossibles à mesurer. J'ai entrepris de soumettre à ces puissants électro-aimants des tiges de chara, pour voir si la circulation qui existe dans ces tiges tubuleuses éprouverait quelque influence de leur part. J'avais déjà expérimenté qu'un barreau d'acieraimanlé approché de ces tiges n'exerçait aucune influence sur leur circulation. M. Pouillet a bien voulu mettre à ma disposition le puissant électro-aimant dont il a fait usage pour répéter les expériences de M. Faraday, et qui ont été communi- quées à l'Académie dans sa séance du 26 janvier dernier. Voici la description qu'il donne de l'un de ces électro-aimants (1) : « Ils peuvent porter jusqu'à 800 kilogrammes lorsqu'ils sont animés par " une pile (de Bunsen) d'une vingtaine de paires; ce sont des cylindres de » fer doux de 7 à 8 centimètres de diamètre et d'environ 5o centimètres de >• longueur, qui sont courbés en fer-à-cheval; la distance des axes des deux >' branches ou des deux pôles étant seulement de 12a 1 5 centimètres, il y a » 5 ou 600 mètres de fil de cuivre , doublement couvert de soie, enroulés » autour de chaque branche. » )) Avant de commencer l'exposé des expériences que j'ai faites avec cet électro-aimant sur la circulation du chara, je dois rappeler brièvement celles que j'ai faites en iSSy, de concert avec M. Becquerel, sur l'influence qu'exerce l'électricité sur cette même circulation. >' Lorsqu'on soumet une tige, ou plutôt un mérithalle de chara à un cou- rant électrique très-faible et parcourant ce mérithalle dans le sens de sa longueur, la circulation continue dans ce mérithalle jusqu'à ce qu'on l'ait soumis à l'action d'un courant assez fort pour l'arrêter, et cela en augmen- tant successivement le nombre des couples de la pile. La cessation de la cir- culation ne dure, dans ce cas, que pendant quelques minutes, et le courant (i) Comptes rendus, tome XXII, page i36. 8a. ( 620 ) électrique conservant l'intensité qui a opéré la cessation de la circulation , celle-ci recommence ou se rétablit spontanément. Une nouvelle augmentation du nombre des couples de la pile, c'est-à-dire une nouvelle aujjmentation de l'intensité du courant électrique, détermine une nouvelle suspension de la circulation du chara, circulation qui se rétablit spontanément quelques mi- nutes après , malgré la continuité de l'intensité du courant électrique qui avait occasionné sa suspension. Les mêmes phénomènes de suspension de la circu- lation et de son rétablissement spontané s'observent également en soumettant le chara à des courants électriques diminués suffisamment et brusquement d'intensité; en sorte qu'il suffit que le courant électrique subisse un chan- gement suffisant en intensité, soit dans le sens de l'augmentation, soit dans le sens de la diminution, pour que la circulation du chara soumis à ces influences électriques soit suspendue pendant un certain temps, après lequel elle se rétablit spontanément, malgré l'influence continuée du courant élec- trique qui avait occasionné sa suspension. V Cette influence de l'électricité sur la circulation du chara est entièrement semblable à celle qu'exercent, sur cette même circulation, toutes les causes excitantes . Ainsi, en transportant une tige de chara de l'eau dont la température est à -h 7 degrés centés. dans de l'eau échauffée à Sa degrés, la circulation s'arrêta au bout de cinq minutes, et la même chaleur de 32 degrés, qui avait occasionné la cessation de la circulation, continuant d'exister dans l'eau qui environnait le chara, cette circulation se rétablit spontanément chez cette plante après une heure de suspension. Cette circulation étant bien ré- tablie, je replaçai le chara dans l'eau dont latempératureétait de-f-7 degrés, je vis encore la circulation cesser au bout de quatre minutes, demeurer ainsi sus- pendue pendant une heure etdemie'etserétablirspontanémentaprèsce temps écoulé. Autre exemple : Une tige de chara étant tirée de l'eau douce et trans- portée dans de l'eau de même température , qui tenait en solution ^ de son poids de sel marin, la circulation y cessa au bout de quatre minutes et s'y rétablit après huit minutes de suspension. Après avoir séjourné pendant dix heures dans cette eau salée , où elle conserva sa circulation , celte tige de chara fut replacée dans de l'eau douce de même température ; la cii'culation s'y arrêta au bout de quatre minutes et ne recommença qu'après cinq minutes de suspension. >i Ces observations, auxquelles j'en ai joint bien d'autres analogues (i), (1) Fbjez mon Mémoire inséré au tome XVIII des Mémoires de l'Académie des Sciences, page 439, et aux Annales des Sciences naturelles, 7." série, tome IX. ( 6ai ) ont prouvé que, sous l'influence des causes dites excitantes, la circulation' du chara diminue de vitesse ou cesse tout à fait, et qu'elle se rétablit avéc une # vitesse souvent supérieure à sa vitesse initiale, après une suspension d'une certaine durée, et cela par une véritable réaction de la force Vitale contre la force extérieure, qui tend à l'abolir, et à l'action de laquelle elle résiste en tendant à se mettre en équilibre avec elle. J'ai fait voir que, même lors- que cette force ennemie est trop énerfjique, la force vitale résiste encore pen- dant quelque temps, et ne cesse d'exister que lorsque son effort de réaction a été vaincu. Or, l'observation nous montrant quelecourantélectiiqueproduit' les mêmes phénomènes, que son augmentation, cotnmesa diminution d'inten-' site, produisent également la cessation de la circulation du chara, circulation qui' se rétablitensuite spontanément, malgré la continuité de l'action électrique qui avait occasionné cette cessation, cela nous prouve que l'électricité agit sur le charade lamême manière queles autrescauses dites excitantes , d'où il résulte' que la force vitale qui opère la circulation et la force électrique sont deux forces différentes. Voyons actuellement s'il en sera de même de la force ma- gnétique qui n'est qu'une modification particulière de la force électrique. » Ainsi que cela a été exposé plus haut, nous pouvons disposer d'une- force magnétique capable de supporter un poids de 800 kilogrammes, lorsque l'électro -aimant est animé par vingt couples d'une pile de Bunsen; nous animerons ce même électro-aimant par cinquante couples, et nous au- rons ainsi lune force magnétique qui n'a pas été mesurée, mais qlfe l'on peut, sans erreur je pense, estimera environ 2000 kilogrammes; j'ai sou- mis à cette force magnétique prodigieuse, une tige de Chara vulgaris, que j'ai placée horizontalement, et dans le sens de la longueur, entreles deux pôles de l'électro-aimant ployé en fer-à-cheval, pôlets placés dansle même plan horizontal. Cette tige était à 1 centimètres en avant du plan verti- cal qui passait par les pôles, ce qui diminuait bien pe« l'action delà force magnétique sur elle^ puisque M. Pouillet a expérimenté qu'à la- distance de 10 centimètres, dans le même sens, l'action magnétique est encore une ." ■•\ portion considérable de ce qu'elle était au contact même{i). La circulation '* ** s'observait sans difficulté au microscope dans la tige de chara soumise à ' '. l'expérience. J'eus soin d'observer ce qui pouvait arriver au moment de l'é- tablissement du courant électrique générateur de la force magnétique; je ne vis survenir aucun changement dans la vitesse de la circulation. Je laissai cette tige de chara soumise à cette énorme force magnétique pendant dix (1) Campées rendus, tome XXII, page 142. ( 622 ) minutes, la circulation ne fut pas influencée; je renversai brusquement les deux pôles de l 'électro-aimant au moyen d'un commutateur appliqué aux fils conducteurs du courant électrique. La circulation n'éprouva aucun chanpe- ment. Je soumis la tige à l'influence d'un seul des deux pôles, en faisant correspondre chacun d'eux, tour à tour, tantôt au haut, tantôt au bas de la tige; je n'obtins de même aucun effet sur la circulation. Après chacun de ces essais je supprimais tout à fait l'influence magnétique; aucun chan- gement de vitesse ne se manifestait dans la circulation. Ainsi, il me fut dé- montré que la force magnétique, même lorsqu'elle est prodigieuse, n'exerce aucune influence sur la circulation du chara. Il n'existe donc aucun rapport entre la force vitale qui produit cette circulation et la force magnétique. " Il résulte de tout ceci que la force vitale, qui opère la circulation du chara, n'est point la force électrique, puisque celle-ci agit sur cette circu- lation comnie une autre cause excitante; et que cette force vitale n'a aucun rapport avec la force magnétique, puisque celle-ci est dépourvue de toute influence sur cette même circulation. » Ainsi , il faut reconnaître que la force vitale est une force sid generis çurla nature, sur les rapports, sur le mécanisme de laquelle nous ne possé- dons aucune notion. « Ces observations devront nécessairement changer les opinions de ceux qui ont regardé la force vitale comme un être imaginaire. » Il*faudra reconnaître en même temps que toutes les causes dites exci- tantes sont débilitantes ou sédatives par leur effet primitif et direct, et qu'elles ne sont fortifiantes , stimulantes , toniques que par leur effet secon- daire ou indirect, que par l'effet de la réaction vitale qu'elles occasionnent , soit instantanément, soit avec quelque retard. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la puissance comparée et l'armement proportionnel des bâtiments à voiles et des bâtiments à vapeur; par M. le baron Charles Dupin. « Une des plus graves questions qui puissent fixer l'attention des savants et des personnes qui s'occupent des intérêts maritimes, est d'examiner la part qui peut raisonnablement rester aux navires à voiles, dans la concur- rence redoutable que leur font éprouver les navires à vapeur; navires qui se perfectionnent chaque jour, et pour le service du commerce et pour le service de la marine militaire. » L'univers est frappé des miracles de la vapeur. Cette force motrice • ( &i3 ) produit une révolution complète dans les communications opérées par la voie de terre; elle accomplit des changements aussi prodigieux dans la navigation commerciale. Les relations maritimes, entretenues de peuple à peuple, ne dépendent plus nécessairement des caprices de l'atmosphère; et chaque jour amène un nouveau progrès. Il y a vingt ans, on osait à peine traverser le détroit de la Manche avec des navires à vapeur; à présent, on traverse l'Atlantique et leâ mers de l'Inde , sans être arrêté par les tempêtes ni par les moussons. » La froide raison n'est pas seule à calculer, à suivre les pas de ces inven- tions merveilleuses. L'imagination va plus vite encore; elle prend les devants, et rien ne borne plus ses espérances. Entraînée dans les conceptions qu'elle réalise en idée, elle semble déjà dédaigner comme un accessoire, plus fati- gant que nécessaire et plus onéreux qu'utile, un trésor donné gratuitement par la nature : la force des vents mise à profit par les voiles. " Je me suis efforcé, dès le principe, d'apprécier l'importance de la na- vigation par la vapeur. C'est ce que j'ai fait, il y a déjà plus de vingt ans, dans le Rapport que j'ai fait à l'Académie, au sujet du savant ouvrage de feu M. Marestier, sur la marine à vapeur des États-Unis; c'est ce que j'ai fait, en i83/|, lorsque j'ai fondé, comme Ministre de la Marine, un prix de 6000 fr. à décerner, par l'Académie des Sciences, pour l'invention ou le perfection- nement qui feront faire le plus grand pas à l'application de la vapeur à la marine militaire. » Enfin, dans mon Rapport sur l'Exposition des produits de l'industrie, année 1 844 J'ai développé mes idées sur l'importance des progrès obtenus , tentés ou désirables pour la marine française. » Mais, tout en accordant la plus large part aux progrès d'une marine à vapeur, il faut nous garder d'outrepasser les justes bornes. » Aussi longtemps que l'on comptera pour quelque chose l'économie dans les transports , on n'abandonnera pas la navigation par la force du vent. Les peuples mêmes qui font les pas les plus rapides vers l'adoption des trans- ports à la vapeur, pour les besoins les plus pressants du commerce et de l'État, ne lui donnent pourtant qu'une part très-limitée, même dans les con- structions neuves , qui représentent en germe la marine de l'avenir. ( 6a4 ) Proportion la plut récente des deux classes de navires construits annuellement pour le commerce de la Grande-Bretagne. NOMBRE de navires. TONNAGE . Navires à voiles 95 5 q4 "° iri 1000 ^ 1 goo Navires à vapeur Totol 100 » Ce tableau suffit pour démontrer combien est kin de la vérité cette pensée, trop commune aujourd'hui, que la marine à vapeur, pour tous les besoins du commerce imm.ense de l'empire britannique, est prête à faire disparaître la marine à voiles. " La disproportion , au désavantage de la vapeur, est plus grande encore eq l^rance qïj'en Angleterre. Proportion la plus récente des deux classes de navires construits annuellement pour le commerce de la France. NOMBRE de navires. TONNAGE. Navires à voiles Navires à vapeur Total 99 1 100 987V 100 » La véritable raison d'un progrès cinq fois moins rapide en France qu'en Angleterre, c'est que nous trouvons des difficultés relatives plus grandes, et de moindres avantages dans la substitution des navires à vapeur aux navires à voiles. Nos aciers, nos fers sont plus chers, et nos houilles plus éloignées de nos ports. Les Anglais nous ont devancés de quinze années dans la navi- gation par la vapeur; ils construisent cent navires à vapeur lorsque nous en construisons seize; et, quand ils obtiennent une capacité de navires à vapeur égale à 10 000 tonnes, nous n'en obtenons qu'une égale à 800. " Ils peuvent par conséquent faire des expériences six fois plus multi- pliées, et sur des navires d'une grandeur presque double. ( 625 ) » Cela seul explique comment il se fait, malgré notre génie d'invention, que les perfectionnements, dus aux Français, sont ici les moins nombreux. » C'est la force des choses qui fait prendre ainsi l'avance aux Anglais, et pour l'invention, et pour l'expérimentation, et pour la réussite en ce qui concerne la marine à vapeur. » Ce désavantage , qui tient à la nature des choses , n'est certes point un motif pour que nous n'entrions pas avec ardeur dans les voies nouvelles d'une marine à vapeur. » Mais il démontre l'étrange erreur, si répandue parmi nous , qu'une ma - rine à vapeur est propre à nous donner sur les Anglais des avantages que «aurait pas pu nous donner une marine à voile : cette opinion , je n'hésite pas un moment à le déclarer, est une erreur. » Ce n'est pas une raison pour nous abstenir d'entrer dans la voie nou- velle ; elle est indispensable , elle est forcée. Mais sachons n'en attendre que ce qu'il est raisonnable de nous en promettre. » Ici se présente la question la plus importante que puisse offrir la com- position d'une marine militaire telle que la nôtre : l'avenir de cette marine est-il que ses armées navales cessent d'être composées de vaisseaux à voiles? » Les vaisseaux à voiles ont moins de vitesse que des navires à vapeur ; mais est-ce une raison pour les abandonner? la dynamique militaire se pro- nonce, au contraire, pour les conserver; elle peut donner de cette conclu- sion une démonstration péremptoire. « Les vaisseaux d'une armée navale sont pour elle , vu leur masse et leur vitesse, ce que sont les régiments d'infanterie d'une armée de terre, régi- ments menant avec eux leur artillerie. » Imaginons que jusqu'à ces jours on ait ignoré la cavalerie, c'est-à-dire une force organisée susceptible de marcher, de courir deux fois, trois fois, quatre fois plus vite que l'infanterie. >' Que dirions-nous des novateurs qui nous diraient : La vitesse est tout. Abandonnons l'infanterie, et ne combattons plus qu'à cheval. » Pense-t-on que la puissance qui transformerait de la sorte son infanterie en cavalerie, l'emporterait même Sur la puissance qui consentirait à n'avoir qu'une infanterie héroïque et parfaitement aguerrie? " A plus forte raison, pense-t-on que la puissance qui ne combattrait plus qu'avec des cavaliers, l'emporterait sur celle qui, sans rien abandonner de son infanterie, y joindrait judicieusement une cavalerie sagement et mo- dérément proportionnée? Or, c'est là ce qu'il nous faut faire en appelant la vapeur comme auxiliaire des vaisseaux à voiles. C.R., 1846,1" frmcjfre. (T. XXII, N» iS.) 83 { 6i6 ) j) La légion romaine n'avait qu'un dixième, et quelquefois qu'un vingtième de cavalerie ; son infanterie a conquis le monde. La phalange d'Alexandre était moins mobile encore, et ne comptait que sur les fantassios; elle a con- quis l'Orient! » Plus l'armée française était admirable, et mieux elle savait suppléer, par l'infanterie, à la faible proportion de sa cavalerie; témoins les campagnes d'Italie , et la campagne d'Egypte contre les mameluks. >) Une armée navale à voiles réunit à la solidité de l'infanterie la respec- tabilité d'une place de guerre. C'est un triple , un quadruple rang de batte- ries superposées qui marchent ensemble , et que la marche ne fatigue ja- mais; différence essentielle avec les piétons. » La vapeur pourra faire, autour d'une armée navale à voiles, des mi- racles d'agilité. Il faudra toujours, en présence d'une ligne de bataille régu- lièrement serrée, qu'on en présente une pareille , où les rangs, où les masses de feux soient aussi compactes , pour n'être pas écrasée. » Quoi de plus lent que la marche des bataillons carrés, au milieu d'une infinie multitude de cavalerie qui court cinq à six fois plus vite ! Cependant l'infanterie chemine, elle arrive à son but lentement, mais sûrement ; et, quand c'est une infanterie inébranlable, comme on en compte trois au monde, celles des Français, des Russes et des Anglais, la cavalerie échoue. » Ce n'est pas tant la vitesse absolue des vaisseaux qu'il importe d'obtenir, que l'égalité de vitesse entre les vaisseaux de la même armée ; c'est un pro- grès que les Français ont obtenu par l'uniformité des plans de carène pour les bâtiments de même rang. 1) Si, par une révolution scientifique et technique, vers laquelle on n'a pas fait encore un seul pas, on parvient à construire des vaisseaux de ligne sans voiles , des vaisseaux de ligne où le moteur et les roues soient soustraits aux fçux ennemis des vaisseaux réunissant, sur une même longueur de ligne de bataille, une masse de feux égale à celle des bâtiments actuels, alors, et seulement alors, on aura remplacé les vaisseaux à voiles. Jusque-là gardons ceux-ci, car ils n'auront pas cessé d'être la force qui procure la victoire, dans les grandes luttes qui décident de l'empire des mers. " Cette théorie que je présente, et qu'on n'avait encore ni formulée ni démontrée, elle est confirmée par le sentiment, l'instinct et l'expérience des grandes nations maritimes, et surtout de l'Angleterre. On peut en juger par le redoutable armement qu'elle vient de préparer pour intimider les États-Unis d'Amérique. ( 6^7 ) Armement de l'Angleterre pour menacer les États-Unis, au i" janvier 1846. it4 vaisseaux de ligne, i3 frégates, i4 corvettes, 4' Navires à vapeur 7 frégates et corvettes. » Ce tableau montre à quel point les Anglais sont convaincus que les grands efforts de la lutte maritime la plus sérieuse doivent être supportés par les bâtiments à voiles. » La disproportion est bien plus grande si l'on compte les canons de cet armement : Canons des vaisseaux, frégates et corvettes à voiles. ... i85o. Canons des frégates et corvettes à vapeur 1^0. » Je laisse à penser, d'après ce simple rapprochement, sur laquelle des deu.\ natures de forces les Anglais comptent pour faire pencher de leur côté la victoire, dans la lutte qu'ils méditent contre les États-Unis. » Il s'agit, cependant, de lutter contre une puissance qui n'a qu'un nombre assez limité de bâtiments de guerre à voiles, et qui présente , en bâtiments à vapeur, d'immenses ressources du côté du commerce. » Il est une objection qu'on ne manquera pas de faire. L'Angleterre , dira- t-on , compte à flot peu de frégates à vapeur, mais elle en construit beaucoup, et construit peu de vaisseaux et de frégates à voiles; c'est encore une erreur. En ce moment les Anglais ont en construction deux fois autant de vaisseaux de hgne que de fré<^ates à vapeur; et, même à présent, ils sont loin de discon- tinuer la construction de leurs frégates à voiles. » Par conséquent, l'amirauté d'Angleterre ne regarde pas les armées navales à voiles comme un passé qu'elle doive aujourd'hui dédaigner, comme un passé avec lequel elle s'abstienne encore, et par complaisance, de rompre pour toujours. » L'amirauté d'Angleterre a raison ; et , si nous sommes sages , nous imi- terons sa conduite. Nous regarderons, à son exemple, les vaisseaux de ligne et les grandes frégates à voiles comme l'expression la plus réelle et la plus formidable de la puissance navale. Je ne crains pas d'affirmer que, même au- jourd'hui, cette opinion est celle de l'immense majorité des amiraux et des capitaines de vaisseaux de l'Angleterre. » Une autre grande question est celle de savoir ce que la France peut en- 83.. ( 628 ) tretenir de vaisseaux de ligne à voiles, et ce qu'elle en peut armer au besoin avec son personnel de matelots; l'histoire nous éclaire à ce sujet. Après la mort de Richelieu, Mazarin avait laissé dépérir la force navale. Lorsque la mort de cet Italien eut émancipé Louis XIV, celui-ci chargea Colbert des destinées du commerce et de la marine. Six ans n'étaient pas écoulés, et cet admirable administrateur présentait au grand- roi 60000 matelots en acti- vité pour le commerce ou l'Etat, et 60 vaisseaux de ligne. " Cependant la France, au lieu d'avoir, comme aujourd'hui, trente-cinq millions d'habitants, n'en possédait pas même dix-sept; elle ne possédait ni la Flandre, ni la Lorraine, ni la Franche-Comté, ni le comtat Venaissin; ni la Corse, ni l'Algérie, ces deux possessions qui, réunies, doublent les côtes de la France. » Ces premiers résultats ont permis à Louis XIV d'obtenir les succès les plus glorieux pendant vingt-cinq ans. » Dès 1682, Seignelai, le digne fils de Colbert, élevait jusqu'à 100 le nombre des vaisseaux de ligne à voiles. " liorsque arriva la longue et terrible lutte de l'Angleterre avec ses colo- nies du Nord, Louis XVI fit d'heureux efforts pour relever la marine. Il eut jusqu'à 80 vaisseaux de ligne, et ne conclut qu'une paix honorable pour la France. » En 1 790 , même après sept ans de paix , la France comptait encore 69 vaisseaux : elle avait alors io4ooo hommes inscrits sur les classes de la marine. » Franchissons la Jlongue série de calamités qu'éprouva notre marine de- puis 1793 jusqu'à i8o5, année du combat deTrafalgar. Même alors le génie de Napoléon comprit l'importance de rétablir une marine de haut-bord; il y parvint par d'admirables efforts, et, dès 1814, «1 comptait : Vaisseaux de ligne à flot 69 Vaisseaux de ligne en construction. . . 3g Total 108 ( 629 ) Tableau résumé du nombre des vaisseaux de ligne et des gens de mer, depuis Louis XIV jusqu'à ce jour. VAISSEAUX de ligne. CENS DE MER. 1680 Sous Louis-le- Grand .... r-. ... 1 780 Sous Louis XVI 100 8l 108 53!... 53 46 66000 100 000 1 20 000 au plus (*) 65 000 90 000 1 1 3 000 1814 Sous Napoléon .... 1824 Sous Louis XVIII 1 836 Sous Louis-Philippe y . .:/. ;.^.,^ . r 846 Dernière proposition (*) Ce nombre s'étendait à tout l'Empire.. >i On a prétendu, depuis dix ans, qu'en temps de guerre, la France ne pourrait pas, avec les ressources de son inscription maritime, maintenir ar- més simultanément 4o vaisseaux, 5o frégates. » J'ai fait avec soin, les règlements à la main, le calcul du nombre des officiers mariniers , matelots et apprentis , nécessaires pour l'armement de ce matériel. Voici le résultat pour le pied de guerre : Gens de mer Pied de guerre. embarqués. 20 vaisseaux à trois ponts. iv;j;,iiiv.v^;% i^vvï;.^X%.-iV;/y?- lO'flO^^ 20 vaisseaux à deux ponts. 8620 5o frégates , 1 3 600 Total (déduction faite des hommes du recrutement). 32 44» » La question se réduit donc à ces termes infiniment simples : Peut-on aisément, largement, avec i i3ooo gens de mer immatriculés, fournir à 4o vaisseaux et 5o frégates, ces Sa 44o marins et apprentis? Je réponds, oui; et je défie qu'on me démontre le contraire. » Veut-on ajouter à ce nombre les équipages nécessaires pour 20 frégates à vapeur, déduction faite des mécaniciens, des chauffeurs et des hommes du recrutement, on n'a pas 5 000 gens de mer à fournir. Ce serait par conr séquent , pour les vaisseaux et les frégates tant à voiles qu'à vapeur, un total inférieur à 38 000 marins, pour lesquels on a, dès à présent, une res.source disponible de ii3ooo gens de mer portés sur les classes. ( 63o ) » Mais il faut aller au delà des moyens qu'offre le présent. 'I On demande sept années pour rétablir le nombre normal des vaisseaux et des frégates à partir de 1847. " II ne faut donc calculer que pour i854 la plénitude des ressources sur lesquelles on devra compter pour les armements dont je démontre la possibilité. Progrès du personnel des gens de mer immatriculés. Années. Hommea. Progrès. Pour neuf ans écoulés... j \f^^ ; ; ; .^^g^} 24t¥5 pour .00. _ , , . ( 1845. . . . 112 462) , ,, Pour neuf ans a venir.. . j ^g^^ ^^^^^^^ ^4^ pour .00. " Telle est la magnifique pépinière où l'on pourra prendre les marins nécessaires pour équiper 4o vaisseaux et 5o frégates à voiles, plus 3o fré- gates à vapeur. >' Loin que celte force navale soit exagérée, les vrais amis de la puissance nationale la trouveront certainement modeste, si l'on met en parallèle, et la riche dotation de la marine pour le pied de paix, et l'opulence du royaume , et son immense population, et ses huit cent lieues de côte en y comprenant pour un quart les côtes de cette Algérie où nous créons un nouveau port de Toulon. « ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur un théorème fondamental relatif h deux systèmes de substitutions conjuguées ; par M. Augustin Cauchy. « Une proposition digne de remarque, dans la théorie des permutations, est celle que j'ai donnée dans la séance du 10 novembre dernier (page loSg), savoir, que le produit des ordres de deux systèmes de substitutions conju- guées divise exactement la différence entre le nombre des arrangements que l'on peut former avec les diverses variables , et le nombre des solutions de l'équation linéaire symbolique dont les deux membres sont les produits d'une même substitution" par les termes généraux des deux systèmes , l'un de ces termes étant pris pour multiplicande, et l'autre pour multiplicateur. Comme de cette proposition l'on peut immédiatement déduire un grand nombre d'antres théorèmes, il m'a semblé qu'il serait utile de l'établir, s'il était pos- .sible, à l'aide d'une démonstration simple et directe. Tel me parait être le double caractère de celle que je vais exposer en peu de mots. ( 63. ) » Théorème. Formons avec n variables Xf y, z, . . . deux systèmes de substitutions conjuguées; et soient (2) I, Qm Qî,---, Qi-i . ces deux systèmes, le premier de Tordre a, le second de l'ordre b. Soient d'ailleurs /?, A' deux nombres entiers quelconques, nommons I le nombre des substitutions R pour lesquelles se vérifient des équations symboliques de la forme (3) RP, = Q,R, et posons , pour abréger, ^ = I .2.3. . .n. Les nombres N et\ fourniront le même reste lorsqu'on les divisera par le pi'oduit ab. n Démonstration. Si l'on pose (4) J = iV-I, alors, parmi les substitutions que l'on pourra former avec les variables, celles pour lesquelles ne se vérifieront jamais des équations semblables à la formule (3) seront en nombre égal à .T. Nommons U l'une de ces dernièrfis substitutions. Les divers termes du tableau U, UP„ UP„..., UP«_„ Q.U, Q.UP,, Q.UP,,..., Q.UP„_,, (5) \ Q2U, Q,UP,, Q,UP,,..., Q,UP„_,, Q4_.U, Q«_,P„ Qi_,UP„,.., Q*_,UP._„ seront tous inégaux entre eux. Car, si l'on supposait Q,UP„ = Q,.UPv, on en conclurait (6) UP,P,T ^Qr'QA'U, ( 632 ) ou , ce qui revient au luênie , (7) m = ^u, les valeurs de ^ , ^ étant et comme alors les deux lettres $, ^représenteraient, la première, un terme de la série (i), la seconde, un terme de la série (2), il est clair que la for- mule (7) serait semblable à l'équation (3), en sorte que la substitution U se réduirait, contre l'hypothèse admise, à l'une des valeurs de R. » Soit maintenant V une nouvelle substitution , qui ne se réduise ni à Tune des valeurs de R, ni à aucune des substitutions comprises dans le tableau (5). Les divere termes du tableau Q.V, Q,VP„ Q.VP,,..., Q,VP„_,, (8) / Q,V, Q,VP., Q,VP,,..., Q,VP,_,, \ Q*-,V, Q*_,VP,, Q*_,VP,,..., Q4_,VP,_,, seront encore tous inégaux entre eux; il y a plus: ils seront distincts de tous ceux que renferme le tableau (5). Car, si l'on avait Q*uPa = Q*'VP,, on en conclurait V = Qir' ( 633 ) CHIMIE. — Action de l'acide nitrique sur la Brucine ; par M. Aug. Laurent. « Tout le monde sait que la brucine se colore en rouge très-intense lors- qu'on y verse de l'acide nitrique. Il y a quelque temps, M. Gerhardt, en examinant ce phénomène avec attention, vit qu'il se dégageait, à la tempé- rature ordinaire, un corps gazeux, légèrement soluhle dans l'eau, doué d'une odeur très-prononcée de pomme reinette, et donnant, parla com- bustion, une flamme jaunâtre accompagnée de vapeurs nitreuses. Faute de matière, M. Gerhardt ne poussa pas plus loin ses observations; néanmoins il crut pouvoir en conclure que le gaz qui se dégage de la brucine est de l'éther nitrenx. » M. Liebig vient de répéter cette expérience, et voici comment il s'ex- prime dans la diatribe qu'il a lancée contre nous : « La production de l'éther nitreux, par un corps qui ne contient ni alcool ni éther, me parut aussi remarquable qu'importante pour l'histoire des combinaisons éthérées, de sorte que je pris le parti de répéter les expériences de M. Gerhardt. .Te condensai une partie du gaz qui se dégage de la brucine, et j'obtins un liquide non miscible à l'eau , plus dense que l'acide nitrique étendu et en- trant en ébullition de 70 à ^5 degrés. » » Comme l'éther nitreux est plus léger que l'eau et bout à t6 degrés, M. Liebig en conclut que M. Gerhardt est un menteur éhonté. 11 Ne concevant pas comment un corps gazeux à la température ordinaire pouvait donner un liquide qui n'entre en ébullition qu'à 70 ou 76 degrés, je pris, à mon tour, le parti de répéter l'expérience de M. Gerhardt. « J'opérai sur i5 grammes de brucine, et, après avoir fait passer le gaz sur de la chaux , je le condensai à l'aide d'un mélange de glace et de sel marin. J'obtins environ i gramme d'un liquide très-fluide, plus léger que l'eau et qui possédait l'odeur de l'éther nitreux. Je distillai ce liquide, pres- que jusqu'à la dernière goutte et sans le faire bouillir, à une température qui ne dépassa pas 10 degrés, puis je le soumis à l'analyse. » Voici les résultats de mon expérience : Calculé. Trouvé. C , 32,0 29 H'» 6,6 6 Az' » • 0' » 100,0 n li'hydrogène et le carbone sont exactement dans le même rapport que c. R., .346, 1" Semestre. (T XXII, N" IS.) 84 ( 634 ) daus l'élher nilreux. Quant à la pecte, elle se conçoit facilement, en ayant égaid à la petite quantité de liquide que j'avais à ma disposition, et aux difficultés qui entouraient l'analyse. » Ces résultats me permettent, je pense, de conclure avec certitude que le gaz qui se dégage à la température ordinaire, lorsque l'on verse de l'acide nitrique sur la brucine, est, comme M. Gerhardt l'a annoncé, de l'élher nitreux. » Cette production de l'éther nitreux a paru si remarquable ou si peu probable à quelques chimistes, qu'ils m'ont engagé à répéter mon expé- rience sur une plus grande échelle. Mais le prix de la brucine étant beaucoup trop élevé pour me permettre de faire d'autres expériences sur l'éther ni- treux qu'elle produit, j'ai pris le parti d'examiner le second corps qui pro- vient de la réaction de l'acide nitrique sur la brucine. Lorsque cet acide a cessé d'agir à la température ordinaire sur cet alcali, celui-ci se trouve changé en une matière rouge-orangé que je suis parvenu à faire cristalliser. Cette nouvelle substance, que je nommerai cacotheline, soumise à l'analyse , m'a donné des résultats qui se représentent très-exactement par la formule suivante : C"H"Az'0'°. Si de I équivalent de brucine et de 3 équivalents d'acide nitrique on re- tranche I équivalent d'éther nitreux et i équivalent d'eau, le reste des élé- ments représente la composition de la cacotheline Brucine. Ether nitreux. C"H»Az'0' 4-3AzHO^ = C"U"Az'0"'-HC'H>0'Az-f-H'0. Il est vrai que cette équation ne rend pas compte de la formation du liquide pesant et peu volatil obtenu par M. Liebig; mais il faut observer que le but que se proposait le célèbre chimiste en faisant cette expérience, était de prouver que M. Gerhardt' avait fait une mauvaise opération, et que, pour mieux atteindre son but, il s'est placé en dehors des oirconstances qui ont été indiquées par M. Gerhardt. )) La cacotheline, soumise à l'action de l'ammoniaque, se transforme «n divers produits parmi lesquels se trouve une base alcaline remarquable par plusieurs propriétés. Elle renferme les éléments de la vapeur nitreuse et se comporte, sous l influence de la chaleur, comme les matières qui ont éprouvé une substitution par l'acide hypoazotique. Elle se dissout dans l'a- cide sulfurique concentré en donnant une magnifique couleur rose qui de- vient bleu-lilas sous l'influence de la chaleur; elle forme, avec le bichlonue ( 635 ) plaliniqiic , uu sel rouge-orangé. La pelile quantité de matière que j'avais à ma disposition ne m'a pas permis d'en faire l'analyse. » STATISTIQUE. — Mémoire sur les changements qu'a éprouvés, en France et dans quelques départements , le rapport moyen des sexes dans les naissances provenant de mariages, depuis i834 jusqu'en i8/i3; par M. Gh. GinOU DE BUZAREINGUES. « Le rapport moyen des sexes dans les naissances provenant de mariages a été, en France, depuis 1802 jusqu'à i834, c'est-à-dire pendant trente- deux ans", de 93^,5 filles à 1000 garçons. » Ce même rapport a été, pendant le même temps, de 922 filles à 1 000 garçons, dans les treize départements suivants : Allier, Charente, Corrèze, Creuse, Dordogne, Gers, Indre-et-Fjoire, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, .Sarthe, Sèvres (Deux-), Vienne, Vienne (Haute-), et de 962 filles à i 000 garçons pour les dix suivants r Ain, Bouclies-du-Rhône, Charente-Infé- rieure, Côtesdu-Nord, Eure, Eure-et-Loir, Hérault, Rhône, Saône (Haute-) Seine. " J'ai été curieux de savoir si pendant les neuf années suivantes, ce rap- port avait changé , et j'ai trouvé que le nombre des garçons était resté au- dessus de la moyenne et avait été : 1° de i 000 contre 920,7 filles , dans les dix départements, l'Allier, la Charente, la Dordogne, le Gers, l'Indre-et- Loire, le Maine-et-Loire, la Sarthe, les Deux-Sèvres, la Vienne, la Haute- Vienne; et de I 000 garçons contre 964 filles, dans la Corrèze , la Creuse, le Lot-et-Garonne. 2" de i 000 garçons contre 967 filles, dans les Bouches-du- Rhône, les Côtes-du-Nord , l'Eure-et-Loir, l'Hérault, le Rhône, la Seine; et de I 000 garçons contre 926 filles, dans l'Ain, la Charente-Inférieure, l'Eure , la Haute-Saône. » On remarquera, 1° que le nombre relatif des garçons a augmenté dans les dix premiers départements, et qu'il n'est devenu au-dessous de la moyenne que dans les départements qui*produisent beaucoup de maçons, à une époque où bien des constructions, entre autres celles des fortifications de Paris, du palais du quai d'Orsay, de l'Hôtel-de- Ville, etc., ont été exé- cutées, et où, par conséquent, il y a eu probablement un grand déplace- ment de cette population, une des plus fortes de la société (i); 2" que le (i) C'est, pent-étre, à la population urbaine de Lot-et-Garonne, qui est d'environ 40000 habitants, sur 347073 dans tout ce département, qu'il faut rapporter, en partie, cet accroissement considérable du sexe féminin dans k moyenne des trois départements. 84.. ( 636 ) nombre a augmenté dans l'Ain, la Charente-Inférieure, l'Eure, la Haute- Saône, pays livrés à l'agriculture ou à d'autres travaux. n C'est donc pendant quarante et un ans, durée assez longue pour que ces rapports eussent dû rentrer dans la moyenne s'ils eussent été le produit du hasard, qu'ils en ont différé sensiblement dans seize départements. >• Je persiste donc à considérer l'application de l'industrie à de gros tra- vaux, comme une des causes de la production du sexe masculin, et l'oisi- veté, comme une de celles de la production du sexe féminin, auxquelles il faut ajouter celles qui proviennent des rapports de l'âge, de la taille, du tempérament, de la constitution et du contraste que présente ou l'épuise- ment ou la belle santé de l'un des époux , relativement à l'autre; propositions que je crois avoir démontrées dans mes précédents Mémoires. » RAPPORTS. ZOOLOGIE. — Rapport sur une Note relative à la structure et aux mouvements (les zoospermes du Triton^ présentée par M. Poi'chet, professeur de Zoologie à Rouen. (Commissaires, MM. Flourens, Dutrochet, Milne Edwards rapporteur.) ic Les filaments mobiles que l'on voit nager dans la liqueur fécondante des animaux, et que l'on désigne communément sous le nom d'animalcules spermatiques . mais que nous préférons, à l'exemple de M. Duvernoy , ap- peler des spermatozoïdes, pai-aissent remplir, dans l'acte de la reproduc- tion, un rôle si important, que le zoologiste doit étudier avec la plus scru- puleuse attention tout ce qui semble de nature à jeter quelf|uc lumière sur la structure de ces corps singuliers , aussi bien que sur leur mode de forma- tion et leurs propriétés physiologiques. On ne s'étonnera donc pas de l'intérêt que les micrographes ont mis à connaître la cause des mouvements anormaux qui s'observent chez lesspermatozoitles du Triton, ou Salamandre aquati(|ue. Ces corps, au lieu de nager à l'aide de mouvements ondidatoires du filament caudal, comme cela a lieu d'ordinaire chez les spermatozoïdes, présentent des phénomènes qui ont la plus grande analogie avec les mouvements vibra- toires des appendices céphaliques du Rotateur ou des tentacules des Mol- luscoides bryozoaires. Spallanzani avait déjà signalé ce fait vers le milieu du siècle dernier; mais, pour le bien étudier, il fallait les microscopes puis- sants dont la science a été dotée depuis une vingtaine d'années senlenient , et c'est à nos contemporains que nous devons presque tout ce que l'on sait (637 ) aujourd'hui à ce sujet. MM. Siebold , Mayer, Wagner et Dujardin en ont fait l'objet d'observations nombreuses. M. Amici,lors de son dernier voyage à Paris, a communiqué à plusieurs naturalistes les résultats de ses investiga- tions sur le mécanisme de ce mouvement vibratoire particulier; mais il n"a , je crois, rien publié sur ce point; enfin, c'est aussi sur la Ci.use de ce phé- nomène que portent les recherches de M. Pouchet, dont nous avons rendu compte à l'Académie. " La petitesse des objets, et la rapidité des mouvements vibratoires que l'on voit se succéder le long du filament caudal des spermatozoïdes du Triton, rendent fort difficile la détermination des instruments dont ce phénomène dépend. M. Mayer l'attribue à une double rangée de cils; M. Siebold pense que l'extrémité capillaire de la queue du spermatozoïde, recourbée sur elle- même, et enroulée en spirale autour de sa portion basilaire, exécute des mouvements ondulatoires, et produit ainsi l'apparence de cils ou de petites rames qui frapperaient l'eau alternativement. Enfin , M. Dujardin admet aussi l'existence d'un filament extrêmement délié qui serait enroulé autour du spermatozoïde, et qui ondulerait d'avant en arrière; mais il diffère de M. Siebold, relativement aux connexions de cet organe flabelliforme avec le filament principal , et il pense que c'est un appendice fpii naîtrait vers le quart antérieur du corps du spermatozoïde, et qui serait libre {)ar son extrémité opposée. » M. Pouchet a vu, comme MM. Siebold et Dujardin, une ligne ondu- lée se dessiner, avec une grande régularité, tout le long de la portion cau- dale de ces spermatozoïdes, et se mettre en mouvement quand le phéno- mène vibratoire se manifeste; mais il pense que cette ligne n'est pas nu filament capillaire, et il la considère comme formée par le bord libre d'une sorte de crête membraneuse qui serait froncée comme nn falbalas, et qui régnerait tout le long delà face dorsale de la queue du spermatozoïde, » Cette opinion paraît être partagée par M. Amici , et nous semble effec- tivement mieux fondée que les précédentes. En observant, avec de forts gros- sissements, des spermatozoïdes du Triton à crête dans l'état de repos, et placés dans des positions variées, vos commissaires ont cru reconnaître la disposition indiquée par M. Pouchet. Dans plusieurs cas, la ligne onduleuse paraissait ne pas entourer le spermatozoïde, mais se trouver tout entière du côté dorsal, et nous sommes portés à croire que, dans les cas où les tours de spire semblent avoir pour axe le filament caudal lui-même , cela dépend de ce que le spermatozoïde , reposant sur la face inférieure de son corps , laisse retomber de chaque côté les plis de sa crête dorsale. Nous pensons aussi ( 638 ) que ce modo d'organisatiou leiidrait plus facile 1 explication des apparences produites par les mouvements de la ligne onduleuse, et, à ce sujet, nous devons rappeler que, depuis longtemps, M. Dutrochet a décrit d'une ma- nière tonte semblable les organes vibratoires qui , placés de chaque côté de la tète des Tubicolaires, donnent lieu à l'apparence de roues en mouvement. Dans d'autres cas, il est bien évident pour nous que le mouvement vibratoire dépend de l'action de cils flabelliformes ; mais 1 on sait que la natnre a sou- vent recours à des procédés différents poin- produire des résultats analogues, et, pai- conséquent, il ne faudrait pas conclure de ce fait que, chez certains animaux , les cils vibratiles ne puissent être remplacés par une bordure mem- braneuse froncée. Ici du reste, il est, ce nous semble, bien avéré que le phénomène ne dépend pas de l'action des cils, et tout nous porte à croire que I organe moteur est une crête ondulée plutôt (pi'un filament disposé en hé- lice. Cependant les résultats de nos observations ne sont pas assez nets pour que nous puissions nous prononcer d'une manière positive sur cette question. )• Du reste, quoi qu'il en soit de ce fait particulier, nous ne saurions voir, dans l'existence d'une crête dorsale, aucun motif nouveau pour considérer les spermatozoïdes comme étant de véritables animaux. Ce sont des produits de l'organisme qui jouissent , pendant un certain temps, de propriétés vi- tales très-développées, mais qui ne se reproduisent pas, et qui, par consé- quent, ne possèdent pas le caractère le plus essentiel de l'espèce zoolo- gique. Nous croyons devoir ajouter aussi que, ni en répétant les observations de M. Pouchet, ni en faisant d'autres recherches plus étendues sur la con- stitution des spermatozoïdes, nous n avons rencontré aucun fait qui soit de natnre à faire soupçonner l'existence d un épithélium distipct chez ces corps; mais c'est là un point dont fauteur ne traite pas d'une manière spé- ciale dans la Note soumise à notre examen, et sur lequel il serait par con- séquent inutile de nous arrêter ici. >' En résumé , la Commission est d avis que les observations de M. Pou- chet, sur I organe vibratile des spermatozoïdes du Triton ont de I intérêt , et elle a l'honneur de proposer à l'Académie d encourager ce zoologiste à pour- suivre ses recherches sur la structure de ces corps. » FiCS conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( ^h ) MÉMOIRES LUS. MKNÉliALOGiE. — Mémoire sur la distribution de l'or dans le lit du Rhin et sur l'extraction de ce métal; par M. A. Daubrée, ingénieur des Mines, professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. (Extrait.) (Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Pelouze, Balard.) « Le lit du Rhin, au moins entre Bâle et Manheim, est aurifère à ped d'exceptions près. Une série nombreuse d'expériences m'a servi à déterminer avec précision la manière dont les paillettes de ce métal vont se distribuer chaque jour dans les atterrissements que forme le fleuve, de telle sorte qu'il soit possible, à priori, d'aller attaquer les zones aurifères les plus riches. » Le gravier le plus habiluellement exploitable est celui déposé à quelque distance à l'aval d'une rive ou d'une île de gravier que le courant corrode , et qui est le produit de cette corrosion. C'est seulement à l'amont de ces bancs, au milieu du gros gravier, et sur une épaisseur très-faible, rarement supé- rieure à i5 centimètres, que l'or est concentré. TiCS paillettes sont toujours accompagnées de fer titane, dont la quantité, régulièrement proportionnelle à la richesse en or, varie, dans le sable exploité, de 0,00002 à 0,0002. » En dehors du lit actuel, on trouve encore l'or dans les anciens dépôts du fleuve qui forment une zone de l\ à 6 kilomètres de largeur. Mais jamais je n'ai trouvé la moindre trace de ce métal dans le sable fin privé de cail- loux que le Rhin dépose journellement dans ses crues. Tje limon diluvien, connu sous le nom de hess, qui cependant paraît d'origine alpine comme la plupart des cailloux du fleuve, s'est aussi toujours montré stérile. » En lavant du gravier pris arbitrairement dans le lit du Rhin et considéré par les orpailleurs comme stérile, j'ai reconnu que ce gravier a ordinaire- ment une teneur en or voisine de 8 billionièmes. C'est aussi, d'après de nom- breux essais, le chiffre qui me paraît devoir être admis pour la richesse moyenne du fleuve entre Rhinau et Philipsbourg. Le sable que l'on exploite a habituellement une richesse de i3 à i5 cent millionièmes; il est très-rare que cette richesse dépasse 7 dix-millionièmes. Ainsi le remaniement que le Rhin fait subir de temps à autre à sou gravier concentre l'or, sur certains points, dans le rapport de i à 70. » Les paillettes sont toujours très-minces, car il en faut 17 à 22 pour faire le milligramme; i mètre cube contient 45oo à 36ooo de ces paillettes. Elles paraissent provenir, de même que l'or de beaucoup de cours d'eau qui descendent des Alpes, de la molasse tertiaire, et primitivement des roches. ( 64o ) schisteuses cristallines, quartzites et schistes amphiboliqiies , de cette chaîne de montagnes. >' Si Ton compare la richesse du sable du Rhin à celle du sable exploité en Sibérie et au Chili, ou reconnaît qu'il le cède de beaucoup à ces derniers. liCs sables de Sibérie rendent, eu moyenne, cinq fois, et ceux duGhiliaumoins dix fois plus que le gravier le plus productif du Rhin. Les richesses moyennes des sables exploités dans ces trois contrées varient comme les nombres r, lo, 37. En Sibérie, on regarde comme non exploitables des sables qui ren- ferment 0,000001, teneur cependant égale à sept fois et demie celle du sable du Rhin que l'on exploite. Il y a à peu près identité, quant au rendement, entre le gravier du Rhin et celui de l'Edder, en Westphalie. » Quoique la teneur du lit du Rhin soit comparativement assez faible, la quantité totale d'or enfouie dans ce gravier est considérable. En effet, d'a- près le contenu de 8'billionièmes admis plus haut, i mètre cube de gravier ordinaire, pesant 1 800 kilogrammes, renferme o^',oi46 d'or. La bande auri- fère comprise entre Rhinau el Philipsbourg, large de 4 kilomètres, longue de 123 kilomètres, et profonde de 5 mètres, contient donc 35916 kilo- grammes (i) qui, à raison de 3 189 francs le kilogramme, représentent une valeur de 1 14 millions de francs. En dehors de ces deux limites, le lit du fleuve est moins riche. En tenant compte de cette différence autant que pos- sible, on arrive, pour le contenu approximatif de la plaine du Rhin entre Bâle et Manheim, à une richesse totale de Sa 000 kilogrammes d'or. » Cette quantité d'or très-considérable, si on la compare à l'extraction annuelle qui n'a qu'une valeur d'environ 45 000 francs, n'est cependant que deux fois et demie égale à la production de l'Asie boréale en i843. Il convient de remarquer que plus des deux tiers de cet or sont disséminés dans du gravier recouvert de terres cultivées, et, en outre, que les travaux de recti- fication du fleuve restreignent chaque jour davantage l'étendue des atterrisse- ments exploitables. >' Par le procédé actuel , un laveur gagne, en moyenne, i "^,50 à 2 francs par jour, et accidentellement jusqu'à lo et i5 francs. Mais certaines parties des opérations paraissent susceptibles d'être perfectionnées : ainsi le lavage se fait à force de bras quand on a, à quelques pas de soi, un moteur tel que le ( i) Cette quantité d'or est ainsi répartie : . . , '^' Département du Bas-Rhin 13870 kilogr. Grand-duché de Bade 1 7948 Bavière rhénane > 4o88 ( 64» ) Rhin qui, à l'aide d'une sorte de machine à draguer, pourrait enlever la couche superficielle de {jravier riche pour la porter sur la table à laver. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Etudes siifles îles de Ténér'ijje et de Fogo;parM. Deville. (Commissaires, MM. Arago , Élie de Beaumont, Dufrénoy, Duperrey, Laugier. ) Ce Mémoire, quoique consacré principalement à la géologie, renferme les résultats de recherches relatives à différents points de la physique du globe, et en particulier des observations sur la température de la mer, faites pen- dant la traversée de la Guadeloupe aux îles africaines. Parmi les planches qui accompagnent ce travail , on remarque une esquisse topographique de nie de Fogo, destinée à mettre en évidence le cirque presque complet qui entoure la base de la montagne volcanique connue sous le nom du Pico. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Iiifluence du régime pénitentiaire sur le physique et le moral de l'homme. Mojen d'en diminuer les inconvénients; Mémoire de M. FOURCAUIT. (Commissaires, MM. Gh. Dupin , de Gasparin , Bayer.) ARITHMÉTIQUE. — Méthode rigoureuse et facile pour réduire la division de tous les nombres en général, à des multiplications successives d'un chijjre par un autre chijjre, etc.; par M. Baillât. (Commissaires , MM. Lamé , Francœur.) GÉOMÉTRIE. — Démonstration de l'impossibilité de la quadrature du cercle; par M. d'Anglas Malherbe. (Commissaires, MM. Sturm, Ijiouville.) M. Margoton, qui avait précédemment adressé deux Notes relatives à la conservation des bois, envoie un troisième Mémoire concernant les moyens de préserver les bois de construction des attaques de ÏOxjurus procto- trupes. (Renvoi à la Commission nommée pour les Notes précédentes.) M. Nachet soumet au jugement de l'Académie un microscope destiné principalement aux naturalistes. Cet instrument se distingue de ceux dont on fait ordinairement usage en pareil cas, en ce qu'il n'oblige pas la tête de l'observateur à prendre une position gênante, et en ce qu'il ne C. R., 1846, i"' Semestre. (T. X.X1I, ^» lij.) 85 ( 6/,2 ) donne pas lieu à l'hésitation des mouvements de la main, hésitation qui de- vient si incommode lorsqu'on doit disséquer, sur le poite-objet, un petit corps dont l'image se présente renversée. (Commission précédemment nommée pour d'autres instruments présentés par M. Nachet.) L'Académie reçoit un Mémoire écrit en allemand sur les signes propres à . Jàire reconnaître les morts apparentes, et sur les moyens de prévenir les inhumations précipitées. Ce Mémoire, adressé pour le concours au prix de la fondation Manni, porte le nom de l'auteur sous pli cacheté : il a été inscrit sous le n" 7. Sur la demande des Commissaires désignés pour l'examen d'un travail de M. Sappej sur les organes de la respiration des oiseaux, M. Dutrochet est adjoint à la Commission. M. E. Robert présente des remarques sur une Note adressée, dans la pré- cédente séance, par M. Chasseriau, qui réclame la priorité d'invention pour un moyen destiné à arrêter les ravages que commettent, sur les arbres vivants, les larves de certains insectes. M. Robert ne croit pas qu'il y ait lieu à discuter la question de priorité, puisque s'il a, comme M. Chasseriau, recours à un écorçage, il le pratique dans de tout autres conditions, sur des arbres d'un âge très-différent, et pour écarter d'autres insectes. M. Chasseriau, dans les applications qu'il a faites de son procédé , n'avait guère pour but que de préserver déjeunes plantations des ravages du Cossus ligniperda ; M. Robert a dirigé surtout ses efforts contre le Scoljtes destructor, et son but prin- cipal a été la conservation des vieux arbres. CORRESPONDANCE. M. MuROuisoN, en qualité de président de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, session de 1846, annonce que l'ouverture de cette session aura lieu le 10 septembre prochain à Southampton, et exprime le désir d'y voir assister des membres de l'Académie. ASTRONOMIE. — Éléments elliptiques de la comète découverte par M. Brorsen , calculés par M. Goujon. '< Dans la séance du 11 mars, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie l'orbite parabolique de la comète découverte à Kiel, par M. Brorsen; en cherchant à corriger ces éléments, je n'ai pas tardé à m'apercevoir que l'hy- ( 643 ) '^ polhèse parabolique était complètement incompatible avec les observation? J'ai eu immédiatement recours à la méthode de Gauss, qui , comme on le sait, a l'avantage d'être indépendante de la nature de la courbe, et je suis arrivé à une ellipse de 6*"',6; mais les étoiles de comparaison, prises dans ï Histoire céleste de Lalande, devront sans doute subir de fortes correc- tions; c'est ce qui me fait considérer cette orbite elliptique comme une première ébauche : de tous les éléments, le temps de la révolution m'a paru le plus incertain. Éléments elliptiques. ( Première approximation. ) Passage au périhélie , 1 846 , février i,5,'j^y2.Ç>, t.m. àeV&rvi. Longitude du périhélie ii6°3o'55" Longitude du nœud ascendant . • ioi.44'5i Inclinaison 3i. 25.47 Demi-grand axe 3,5193280 Excentricité. 0,8156072 Temps de la révolution 6''°*,6o2 Moyen mouvement diurne 537", 4^38 n Ces éléments avaient été remis à M. Arago dans la séance du 3o mars; depuis, j'ai poussé plus loin les approximations; et, comme je l'avais prévu, le temps de la révolution a subi une forte variation. Mes calculs, basés sur les observations faites à Altona le 28 février, et à Paris le 10 et le 20 mars , m'ont conduit aux éléments elliptiques suivants : Éléments elliptiques. [Deuxième approximation.) Passage au périhélie, 1846, février. 25,3o553, t. m. de Paris. Longitude du périhélie 116" 28' i",9 i Équin. moy. du Longitude du nœud ascendant ioa.5i.i3 ,8 ) i" mars 1846. Inclinaison 3o.48.36 ,9 Demi-grand axe 3,0859214 Excentricité 0,7892429 Moyen mouvement diurne 654",53io Temps de la révolution 5'"'%42097 » La position moyenne est représentée à une fraction de seconde. L'ob- servation du 3i mars , faite 1 1 jours après la dernière des observations qui ont servi au calcul , est représentée à 18 secondes en déclinaison et à 25 se- condes en ascension droite. Cette observation étant indiquée sur le registre comme incertaine, il ne faut pas s'étonner de la grandeur des nombres précédents; je me suis d'ailleurs assuré que les éléments qui jusqu'ici me sont parvenus donnent des erreurs sensiblement plus considérables. ■ 85.. m ( 6/,4 ) Le Secrétaire a donné lecture d'une Lettre dans laquelle M. Melloni expose les considérations qui l'ont amené à se prononcer en faveur de l'i- dentité de la chaleur et de la lumière. Ce point important de physique occu- pera une grande place , dans le Traité sur la Chaleur rajrounante, en deux volumes, que M. Melloni va publier. Le débat qui s'est élevé entre MM. Laugier et Valz , sur la manière d'interpréter les relations des anciens auteurs concernant la seconde comète de 1468, a donné lieu à la présentation de deux Notes. Les deux astronomes persistent l'un et l'autre dans leurs premières opinions. M. LiTROw fait remarquer, dans une Lettre adressée au Secrétaire , qu'Hé- velius avait déjà parlé, dans ses ouvrages, de comètes à plusieurs noyaux. M. Alexis Perrey, qui a déjà, à plusieurs reprises, communiqué à l'Aca- démie les résultats de ses recherches sur les tremblements de terre, adresse aujourd'hui un relevé de ceux qui ont été ressentis en i845. « Cette année, dit M. Perrey, en présente, pour notre Europe, une cinquantaine répartie à peu près également dans les diverses saisons. C'est un résultat nouveau; car, jusqu'ici, l'hiver et l'automne ont toujours manifesté une prédominance marquée. » M. DE ZiGNO, en faisant hommage à l'Académie d'un Mémoire sur le ter- rain crétacé de t Italie septentrionale. Mémoire imprimé, mais non encore publié, en envoie un extrait écrit en français, et qui se termine par la phrase suivante : « La nouvelle classification de la majolica et sa correspondance paléonto- logique avec le terrain néocomien de la France sont les deux faits nouveaux qui résultent de mes observations sur les fossiles de cette roche, et qui me paraissent de quelque importance pour faire mieux connaître nos terrains crétacés et leurs différents groupes, comme pour les mettre en rapport avec ceux des autres contrées. » M. MuLLER adresse un résumé des observations météorologiques faites à Gaersdorff (Bas-Rhin) pendant l'année i845. La quantité d'eau tombée cette année à Gœrsdorff est de i"',244 5 quantité qui surpasse de o™,557 la moyenne déduite, en iSSa, de vingt années d'observations à Strasbourg par feu M. le professeur Herrenschneider. Le mois qui a fourni le maximum d'eau est celui de décembre (i^S milli- mètres) ; le précédent a fourni, au contraire, le minimum, qui est seulement de 57 millimètres. . ( 645 ; n^ Parmi les faits singuliers signalés par M. MuUer, on remartiuera une gelée blanche qui , dans la nuit du i8 août, a élé observée dans les vallées qui en- tourent Gœrsdorff. , M. PnEissER adresse les tableaux des observations météorologiques qu'il a faites à Rouen pendant l'année i845. Parmi les résultats auxquels conduisent ces observations, résultats que l'auteur fait lui-même ressortir dans une Note lue à l'Académie de Rouen, nous nous contenterons de mentionner ceux qui se rapportent aux indications du pluviomètre. La quantité d'eau tombée pen- dant l'année i845 a été de o'",979, quantité presque double de celle qui tombe, année moyenne, à Paris. Il est vrai qu'à cet égard l'année i845 peur être considérée comme une année exceptionnelle. M. Raulin, qui avait présenté, comme spécimen de coloriage lithogra- phique, sa carte géognostique du plateau tertiaire parisien, demande l'auto- risation de reprendre dix exemplaires adressés par lui à cette époque pour être soumis aux différents membres de la Commission chargée de faire un Rapport sur les différents procédés d'impression à plusieurs teintes. M. Pa.ssot prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail des Commis > saires chargés de faire le Rapport sur ses expériences concernant le mouve- ment desjluides dans les machines à réaction. M. Lecointe adresse une Note sur quelques observations relatives à la phy- sique du globe et à la physique générale. M. Gandois communique les résultats de ses réflexions sur le système du monde. La séance est levée à 5 heures. A. ERRJTA. (Séance du aS mars 1846.) * Page 529, ligne 2.1, au lieu de dans l'hypothèse la plus générale, lisez : dans l'hypothèse plus générale. (Séance du 6 avril.) Pagr! 594 , ligne 4 , au lieu de Giraud , lisez : Girault. Page6i4, ligne 20, au lieu de Voyage botanique dans le Midi de l'Europe... par M. Ed. Boissier (offert par M. Gide, éditeur), lisez (offert, au nom de l'auteur, par M. de Jussieu ]. ^ ( 646 ) BULLETIIV BIBLIOGBAPHIQUE. li" Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: d ComjAes rendus he!>doinadaires des séances de l' Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" i4;in-4°. Mémoires de M. Augustin Fresnei-. — Mémoire sur les Couleurs développées dans les fluides homogènes parla lumière polarisée , présenté à l' Académie le 3o mars 181 8; — Mémoire sur la Réflexion de la lumière, présenté à l'académie le i5 novembre 1819 (imprimés par ordre de l'Académie); 1846; in-4*'. Obsetvaiions adressées à MM. les Députés, sur le nombre de Vaisseaux et de # Frégates qui convient à la France, au sujet de la loi des g3 millions; par M. le , baron Charles Dupin ; i feuille in-8°. Annales maritimes el coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ; mars 1846; in-8». Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; mars 1846; in-8". Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spilzberg et aux Fero'é, pendant les années i838, 1839 et i84o, sous la direction de M. Gaimard; 33* livraison ; in-folio. Kyste pileux de l'ovaire, compliqué d'une fistule urinaire vésico-abdominale et d'un calcul dans la vessie. — Gastroiomie et taille hypogastrique ; pai M. H. Larrey; 3 feuilles in-4°. Séance publique de la Société d'Agricidture, Commerce, Sciences et Arts, du département de la Marne; année i845 ; in-S". Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne ; tome XVIII ; janvier et février i845 ; in-8°. Association normande. — Enquête sur le Cidre, faite à Saint-Pierre-sur-Dives , le&octobre i845,e = O « 3 C ' (/) tfi ^ ^ te S -a ^ flï C3 2 -J» 3 . (A «A ' 3 n ra es u a > > a te-- -S^^ te > te > «33««j;4)0«S™3 uS = S oS O t.— ;s H c-wsi; g :- S fc?; K o'u m u u m a-w o'O'z u a o h su o _ »i i) -. P-. *►. o o o OlOlOfOfO o OCO 000 -fOOOcO —lOcO o «00 OOOOO o O^CTlOfO « o oain in O lo t£) t;D r^»0 'co -iooD»n»o M O « O ^ïf^M PO co co lo ^* -H ^ïi- +4++++++++++++++++++ ++++++++++ V5J-PO fO + + + o - o 00 QO o « o»n o<£> « OCO o>n ovoinoo 000 o>n ovxi - 00 co - o -- - 0^*«fOV:f- c-^:^ inOf)«0«~-0CJ Cfo" + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + •~o^ o + + + c«2 e o c« s* ss o PO »n CTî»n «T) Ci'O o o PO c^x v*-«iooo ««o 000 o r^xi Cs « ^ii-oo 00 ^* c^^* ►- pi po in 00 Oï» r^'X) PO 00 ^* r->^ r-'X! r^ Otti ^*-^îJ-«lOOlOiOiOiO'>OiO -^VO - + + + + + + + + + + + + + + + +.+ + + + + + + + + + + + + + + + + + 05 vï-OO M ta 00 iO jo XI O t5 ' ' __ . t-^footx o - Vf r^^^xs in - «00 o 00 in m fooo pioo « f) o "-coinoo ^*vi-v^«x 00 ^ fo o o r- r^vj-00 « o - OiPO Vf - v^ PO r^ « t^vrin a O O O in ai - in o o^in 00 o o 00 « <^ otX) - in vi-oo fo « v^- o in - 1 iS'x> 01 tx X) in ^*in in m in x> 5X t> c^-x Xi in vj- vfvfvfvj-vf vf vf vrv3-»n in vj-xi in m in in vt- in Ci - c^ c^po oivf PI r^-.£) CT3"X vi-as«cxootoinv3-«oinMintXMiooo in«po POCOVt-p) o oso oio o oivf « «vi-oinininx> - a>o ~ o 00 OîPO +++++++++++++++++++++++++++++++ -00 + + + ES in PO vi-vf - o 00 oi - M ^*po -. o - tx « in PO in ^*vj-tx - 00 m - « v-f o o -!X M c^a^i^. f^ Oiin inin -oc ava>'-o « - «popocx o o c-.oo r^ o Vf - 00 - c^x ai r^po 00 co vf « oiQo 05 - « Vf in a~.vf « x> 00 o tx in in Vf in inininxi'XXJO^Xiin vf vfvf vf vf vf vf vfvfvf vf in vf m in m M in in oo « in XI t--» in in Vf r- r- r- Vf PO « « « as c^-'X co c^MPO -PO osc^Oi O".po ininoocx pjooin «ro oic^' Vf Vf - in o 00000 a-, o r^« oi- « or-3 Xîpoin o o o 000 «oc^oopo + r + + +f + + + + f + + + +.+ + + + + + + + + + + + + + + + è c^ - in O-.vf « - - c^ t^m 00 Vf - in «X vf 00 vf vf o - r^ - po - a; r^in OO Vf - a".in x> - Vf in OO r^vf PO po vf ^o in in « tx tx - a>vf 00 in - vf « oiin po pi — OiOr-OPOpi'X-r^'ai _ _ _ _ _. «X in «X ^*in in in in X IX x; t^x X) ^5 in vf vf in vf in vf -^vf vfvf in vf in xi m a.x xno in Vf Vf in -■■--■ - ...,..-.- in o -x - OsOl + + + vfX) « - X> Vf r^- r^ ai in in Vf t^ r^ r^ O 00 O in PO Vf !X 00 r^po vf« oQOi« otxcofoxipoao o c-.» oina>r^«x POin« - a»o PO a-.ao in >n x> m vf in ç> r^ o o c^v^co vf ^*oo « c^- r-.oininxi oi ootxoo + + + in - 01 0 o - « o 00 in vfxi 00 PO 01 0100 m m PO r^ r^ c^vf - _ . 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Ces Mémoires sont faits, disent les auteurs, depuis trois ans, et leur présentation n'a été retardée que par la gravure des seize planches qui les accompa- gnent (i). » Toutefois, les gravures étant terminées, tout doit nous porter à espérer que nous aurons bientôt ces anciens Mémoires (2) , quel que soit le recueil où on les imprimera. (i) Nous nous sommes naturellement demandé quelle pouvait être la cause réelle de ce retard en présence de ce qui s'est passé, depuis ce temps, à l'Académie, et pourquoi, par exemple , on avait fait complètement exécuter les gravures avant la présentation des Mémoires. Nous aurons probablement quelques explications à fournir sur ce sujet dans notre réponse définitive. (2) Les Mémoires, disent nos savants confrères , sont rédigés depuis trois ans et n'ont pas demandé moins que ce temps pour l'exécution des planches Si nous admettons qu'il a fallu C. R., 1846, r" Semesire. ( T. XXII, N" 16 ) 86 » ' ( 65o ) n J'ai auQoncé à l'Académie que j'attendrai la venue de ces deux travaux pour opposer, à quelques points de doctrine qu'ils renferment et à plusieurs faits qui y sont indiqués, de justes et fortes objections, objections qui ont certainement déjà été faites, au moins tacitement, par toutes les personnes au courant de cette partie de la science, connaissant nos travaux, spéciale- ment ceux qui ont été faits, depuisquatre ans (dejuin 1842 a 1846), dans une direction contraire , et toutes les anatomies directes qui leur servent de base. » Mais en lisant attentivement les simples extraits, d'ailleurs fort insuffi- sants, qui ont été insérés dans les Comptes rendus; extraits qui révèlent pourtant les intentions des auteurs et leurs tendances vers d'anciennes et douteuses doctrines organographiques et physiologiques, j'ai senti la néces- sité de présenter, dès aujourd'hui , sinon les objections de fond, accompagnées de preuves fournies par des faits incontestables, comme il en faut lorsqu'on veut traiter sérieusement des intérêts de la science, et telles d'ailleurs qu'elles viendront naturellement en temps convenable , du moins quelques observa- tions importantes, essentielles, même indispensables, en présence du danger que, selon moi, peut faire courir à la scieùce l'autorité des noms, justement célèbres, des auteurs des Mémoires précités. >i Quoique les deux Mémoires aient exactement le même titre, avec de légères variantes qui n'en changent nullement la valeur, le premier, il est facile de le reconnaître, appartient en propre à notre confrère, M. Payen, qui, sans nul doute, doit y avoir traité, avec .tout le talent qu'on lui connaît, de la composition élémentaire des (issus végétaux et des principes qu'ils recèlent. » Nous ne pouvons malheureusement, faute de renseignements conve- nables, nous occuper de ce Mémoire qui renferme, j'en suis sûr, de très- savantes observations chimiques, lesquelles pourtant, du moins selon nous , n'ont rien à faire avec l'organographie comme nous la comprenons, et encore moins avec la physiologie comme on doit l'entendre, c'est-à-dire avec ses forces, ses actions, ses puissances, sa vie!... « Dans ce Mémoire, notre confrère, M. Payen, cherche à démontrer, tou- jours par l'analyse chimique, que plus les organismes des plantes sont jeunes, plus ils sont aptes à se développer (i), et plus ils contiennent de substance dix-huit mois ou deux ans pour faire les curieuses anatomies, toutes les analyses chimiques qu'ils renferment , puis enfin la rédaction , nous en reculerons singulièrement la date. Vienne maintenant le temps de l'impression, et notre qualification d'anciens sera justifiée !... (i) Cette proposition avait-elle besoin d'être exprimée?... ( 65i ) azotée. Je me bornerai sur ce point à faire remarquer que ces vérités sont peut-être, depuis longtemps, convenablement introduites dans la science, la première par les physiologistes de tous les âges , la seconde par les chimistes de notre époque; et l'on sait que le nom de notre confrère, M. Payen, figure avec honneur à la tête de ces derniers. i.iftl^ » Mais la question essentielle à traiter était-elle là? Nous ne le pensons pas, et nous chercherons à démontrer notre sentiment dès que les Mémoires auront paru. » Disons pourtant, à ce sujet, que si la chimie a rendu d'importants et même de très-grands services à la physiologie, elle lui a, d'autre part, porté aussi de bien rudes atteintes. » Mais que les amis de la véritable science se tranquillisent. lia physio- logie ne périra pas : elle a des digues et des barrières immenses, infranchis- sables pour l'humanité, devant lesquelles la chimie, toute savante et puis- sante qu'elle est, s'arrêtera un jour, peut-être bientôt, et en s'inclinant avec humilité. " Le second Mémoire est un mélange des principes organographiques et physiologiques de M. de Mirbel et des principes chimiques de M. Payen. C'est sur celui-ci que porteront nos critiques et nos objections , parce qu'il est évident pour tout le monde que ces messieurs, tout en visant sur de Lahire et du Petit-Thouars qui sont malheureusement loin de nous et hors de la portée des armes qu'on dirige contre eux , ont l'intention de tirer sur un but beaucoup plus rapproché, mais que, malgré leurs efforts, ils n'atteindront pas davantage. » Je veux parler ici des devanciers, dont l'analyse chimique, d'accord en tous points avec l'anatomie et l'observation attentive (i), doit repousser les erreurs d'imagination. » Les principes sur lesquels s'appuient les théories de MM. Payen et de Mirbel, nous pouvons bien le redire, comme ils l'ont fait eux-mêmes, sont ceux-ci : « Plus les divers tissus végétaux sont jeunes , plus ils contiennent de ma- " tière azotée, et plus leur puissance de développement est grande. " » Jusque-là, vous le voyez, il n'y a rien de nouveau à constater, et pas le plus petit mot à dire , du moins pour le moment , sur le premier membre de (i) Les savants qui voudront savoir de quelle manière on fait des observatinns attentives n'auront qu'à consulter «n livre qui nous tombe sous la main , Y Almanach horticole pour 1 846, de la page 21 à la page 38, les deux dernières surtout.... 86.. C 65-2 ) cette phrase; l'Académie comprendra , je l'espère, le motif de mon silence sur le second (i). » Continuons nos citations, puisque nous y trouvons un si grand enseigne- ment : « Mais, à mesure que les divers organismes vieillissent, la substance azo- » tée se RETIRE, et elle est REMPLACÉE par de la cellulose pure ou entre- i> mêlée de substances ligneuses qui n'admettent point d'azote dans leur " composition intime. " Alors la cellulose , sécrétée dans les cavités des tissus, épaissit leurs pa- )i rois et les solidifie. » >• lia , encore , rien de neuf pour la chimie , puisque les savants qui trai- tent de cette science, et notre confrère M. Payen tout le premier, ont depuis longtemps élucidé ces questions purement chimiques. " Nous aurons toutefois d'assez nombreuses observations à faire touchant la substance azotée qui se retire et qui est remplacée par de la cellulose pure ou entremêlée de substance ligneuse ; sur la cellulose sécrétée par un fluide dans les cavités des tissus, et même sur les phénomènes de la solidifica- tion, etc. » Mais une discussion sur ce point serait prématurée, puisque nous n'avons pas encore lu les savants Mémoires dans lesquels nous trouverons, sans nul doute, l'explication des phénomènes physiologiques, ou au moins chimiques, qui forcent la substance azotée à se retirer, seule ou en compagnie d'autres principes , et la cellulose pure ou entremêlée de substance ligneuse à la rem- placer. » La chimie nous éclairera certainement sur ces résultats accomplis de la végétation prise à tous ses degrés; mais je doute fortement qu'elle puisse, de longtemps du moins, sinon jamais, nous faire connaître les causes et les effets qui produisent les phénomènes physiologiques. » Après nous avoir signalé un bourgeon qui, assure-t-on, renferme un peu plus de substance azotée à son sommet qu'à sa base où elle a été remplacée par de la cellulose et des principes ligneux qui, en s'allongeant , soulèvent la partie supérieure , nos savants confrères s'écrient : « Ceci nous apprend » comment il se fait que les mérithallos se développent successivement de- » puis la base des tiges ou des branches jusqu'au sommet. » ( i) Le véritable sens de ce second membre de phrase me paraît devoir se traduire par ceci : Les jeunes individus jouissent, à un bien plus haut degré que les vieux, de la faculté de se développer ! . . . . ( 653 ) » Nos savants confrères nous permettront de n'être pas entièrement de leur avis sur ce point, et de dire, au contraire : Ceci nous apprend que les phytons naissent les uns après les autres, et que les jeunes individus n'ont jamais l'organisation ni les fonctions des anciens, et qu'ils sont appelés, comme tout ce qui naît, à grandir, à se parfaire et à fonctionner en raison des lois organiques qui régissent les groupes auxquels ils appartiennent; en- fin, que les fonctions de la vie de développement peuvent très-bien n'être pas de tout point semblables aux fonctions de la vie de conservation. » Reste à savoir, ajoutent nos deux savants confrères, ce que devient » l'azote, dont les proportions ont diminué (i). Retournerait-il dans le sol « ou dans l'atmosphère d'où il est venu ? Ou bien les composés qui le comp- >' tent parmi leurs éléments iraient-ils porter secours à d'autres organismes » naissants? Celte dernière conjecture, ajoutent MM. Payen et de Mirbel, » est la plus probable (2). Elle s'appuie sur des observations qui résultent » de l'analyse chimique , et elle appelle notre attention sur une distinction » IMPORTANTE ENTRE DES MATIÈRES CONFONDUES DANS UN MÊME FLUIDE , » mais dont les unes, à composition ternaire, se condensent pour donner » naissance à de petites utricules dont la paroi est d'une extrême minceiu', » ou pour épaissir et fortifier les parois d'utricules plus développées. >; » Je me suis fortement appesanti sur ce long paragraphe de l'extrait du second Mémoire, afin de faire bien remarquer que, d'après MM. Payen et de Mirbel, l'azote, comme principe isolé ou combiné (les auteurs nous laissent dans un doute profond sur ce point), n'a fait que diminuer; que malgré toutes les analyses chimiques et toutes les conjectures, on ignore encore ab- solument ce qu'il devient s'il ne va porter secours à d'autres organismes naissants, ce qui serait fort heureux et surtout très-économique pour les agri- culteurs; et enfin , que, de l'aveu même des auteurs, le cambium , car c'est bien de lui qu'on veut parler, n'est qu'un mélange de matières diverses con- fondues dans un même fluide. Jamais, vous le voyez par cette analyse exacte, question ne fut plus complètement enveloppée de mystères. » Le cambium est donc, au 3o mars 1846, et grâce aux savantes analyses chimiques de notre confrère M. Payen, un fluide azoté oii tout est confu- (i) Il ne s'est donc pas entièrement retiré? (2) Si cette conjecture, qui s'appuie sur l'analyse chimique, se vérifie, je garantis qu'elle enrichira tous les agriculteurs!.... Reste à savoir comment elle s'accordera avec les belles théories chimiques établies, dans ces derniers temps, sur la composition de l'air. Je revien- drai sur ce point important. ( 654 ) sion, d'où l'azote simple ou combiné se retire, et dans lequel certaines ma- tières, à composition ternaire, se condensent pour donner naissance à de petites utricules dont la paroi est d'une extrême minceur, ou pour épaissir et fortifier les parois d'utricules plus développées. » Cette définition du cambium manquait réellement à toutes celles que nous avons recueillies, et dont nous aurons l'honneur de présenter à l'Aca- démie un exact et curieux tableau synoptique. » Je ne parlerai ici ni du bourgeon de Marronnier d'Inde, qui se déve- loppe, non par son sommet , mais par sa base, ni de mesures idéales Jaites aux centimètres , ni de tissus jeunes du sommet qui contiennent moins de cellulose et de substance ligneuse que les tissus plus anciens de la base, etc. Ces curieux sujets seront convenablement traités dans ma réponse aux deux Mémoires; mais je prendrai acte des aveux suivants de nos deux savants confrères : « Il est, disent-ils, de toute évidence que, dans les greffes, les » filets nés de la base des bourgeons sont de véritables radicelles. Il suffit » quelquefois d'asseoir le bourgeon sur une terre légère et un peu humide » pour qu'il s'enracine et donne naissance à une plante de son espèce. » " L'Académie n'a sans doute pas oublié que c'est précisément ce que j'ai dit, en d'autres termes il est vrai, mais d'une manière non moins explicite. >' On reproche à de Labire de n'avoir justifié par aucun fait positif sa manière de voir. Je ne puis, sur ce point , défendre cet illustre académi- cien ; mais ce que je puis dire avec assurance , c'est que ses descriptions claires et précises n'en avaient pas besoin, et que l'anatomie a prouvé qu'il avait complètement raison. » Relativement à la phrase citée d'AubertduPetit-Thouars, phrase dont on n'a peut-être pas bien compris le sens , mais dont je ne me ferai pas le défen- seur, on doit savoir que ceux qui ont admis les erreurs d imagination de cet honnête savant n'en ont pas accepté l'explication ; mais ils acceptent le fait établi par ce grand et consciencieux observateur, qui consiste à reconnaître que, quand on greffe un bourgeon sur un arbre, il arrive quelquefois que la base du bourgeon donne naissance à des filets qui se dirigent vers la terre. >' Si nos savants confrères n'en ont pas vu , nous nous chargeons du soin de leur en montrer. » Tant qu'à la ligature d'une nervure , nous avouons que nous n'avions pas encore eu l'idée d'en faire l'expérience ; mais , ainsi que d'autres l'ont tenté avant nous, nous avons lié des pétioles, et peut-être avons-nous obtenu des résultats analogues. Nous serons, dans notre réplique, en mesure de fixer l'Académie sur ces faits. ( 655 ) >' Les expériences que nous avons faites sur les arbres, soit par les lip^a- tures, soit par des décortications circulaires, pour expliquer la formation des bourrelets, des couches ligneuses dans les Dicotylés, etc., sont si nombreuses et si concluantes, qu'elles ont entraîné les convictions de tous ceux qui les ont vues. » Mais il paraît que , depuis trois ans , nos savants confrères n'ont rien vu ni rien entendu (i), puisqu'ils attribuent la formation des bourrelets à la ten- dance qu'a la matière nutritive à se porter vers la base du végétal ; puis- qu'ils en trouvent la preuve dans les arbres dicotylés qu'on laisse croître en liberté, et dont la matière organisatrice ou cambium se dépose entre le bois et l'écorce , à partir des jeunes sommités do l'arbre jusqu'au collet de la ra- cine , et que c'est à ce point d'arrêt que commence , suivant eux , la lignifi- cation pour s'étendre , de la base au sommet , jusqu'aux derniers rameaux. » Il est bien entendu, d'après cela, que la matière nutritive, qui, selon nos savants confrères, n'est autre chose que la matière organisatrice ou cambium , s'écoule , pour ainsi dire , du sommet des branches et des rameaux le long du tronc, jusqu'au collet (collet que l'on se charge, sans doute, de nous faire connaître); et que c'est en remontant, et à partir du collet ou point X, que se lignifie , dans toute l'étendue de la tige et des branches , cette matière nutritive , organisatrice ou cambium (2). » 11 est probablement sous-entendu, la logique du moins semble nous l'indiquer, que les racines, à partir du collet ou point x , se développent par un effet tout contraire, c'est-à-dire que la matière nutritive, organisatrice ou cambium, qui sert à les former, part de l'extrémité des racines, remonte jusqu'au collet pour se solidifier ensuite , à partir de ce dernier point idéal jusqu'aux radicelles et aux spongioles. » Mais n'anticipons ici ni sur le temps, ni sur les faits, ni spécialement sur les principes physiologiques et chimiques de nos savants confrères. Ces principes, en effet, sont tellement imprévus pour nous, tellement nouveaux et extraordinaires , et, disons-le sans détour, tellement contraires aux faits bien observés jusqu'à ce jour, qu'ils n'ont peut-être , ceux de la chimie pas plus que ceux de la physiologie , rien à démêler avec la logique. (i) C'est, du moins, ce que semble nous prouver la phrase citée de MM Payen et df Mirbel , phrase qui nous est bien plus directement adressée qu'à de Lahire et Aub. du Petit- Thouars. (2) Puisqu'on nous appelle sur cette question , nous ne la quitterons que lorsqu'elle sera résolue. ( 656 ) >' Disons seulement, du moins pour ce qui concerne l'accroissement du tronc, puisqu'on ne s'est encore expliqué que sur cela, que , si le cambium est un être connu et bien déterminé; si, comme on le dit, il se forme succes- sivement dans les parties supérieures des végétaux , pour descendre de là , aussi successivement , jusqu'au point x de la base du tronc , il doit naturel- lement élre plus ancien à la base qu'au sommet ; ce qui serait complètement d'accord avec les principes de nos savants confrères. » Vous voyez que je cherche franchement la vérité, et que je suis tout prêt à fournir des armes contre moi. Dans ce cas, pourtant, il faudra ad- mettre que le cambium est imparfait lorsqu'il s'échappe des sommités du vé- gétal, qu'il se nourrit chemin faisant, et qu'il n'est terminé ou mûr que lors- qu'il arrive à la base du tronc ou collet; que là il rencontre un point d'arrêt et des causes qui déterminent sa solidification. De tels principes élargiraient considérablement les lois de la physiologie. " Mais ne faudra-t-il pas, avant tout, prouver que ce qu'on appelle le cambium se forme dans les parties supérieures du végétal; faire connaître par où et comment il descend de ces parties, souvent fort élevées , jusqu'à la base du tronc; expliquer les phénomènes physiologiques ou chimiques qui en modifient ou en changent peut-être complètement la nature; démontrer que le collet existe , et est un point d'arrêt doué de la puissante faculté de soli- difier la matière organisatrice, et faire concorder tout cela avec les phases aujourd'hui bien connues de la végétation? » Il nous sera facile de renverser, par des faits irrécusables, toutes ces spéculations, sans nul doute fort ingénieuses, mais de tout point contraires aux lois de l'organisation et à ce qui se passe dans la nature. » Relativement au collet, qui formerait la base de tout ce nouveau sys- tème, nous avons trop bien prouvé qu'il est fictif, et nullement un point d'arrêt, pour qu'il soit nécessaire de s'appesantir plus longtemps sur ce sujet. " Mais faisons remarquer, encore une fois, que, d'après le paragraphe dont nous avons donné la substance , la matière nutritive pourrait bien être , d'après nos confrères, le cambium naissant; la matière organisatrice , le cam- bium en voie de croissance , et dont l'état adulte représenterait le véritable cambium pris au moment où i! constitue, de la base au sommet, les orga- nismes divers. " Dans tous les cas, ce fait, dont nos confrères viennent de doter la science , et qui consiste à faire une seule et même chose de la matière nutri- tive, de la matière organisatrice et du cambium, me semble appelé à jouer ( 657 ) le plus grand et le plus singulier rôle dans la physiologie, sur laquelle d'ailleurs on a déjà écrit tant de choses singulières. » Ce qui est relatif aux Monocotylés n'est qu'une répétition et un résumé des faits et des principes émis, par notre savant confrère M. de Mirbel, dans son Mémoire sur le Dattier. » Nous y avons , nous le pensons du moins, suffisamment et assez lon- guement répondu. Si toutefois cela était jugé nécessaire, nous nous empres- serions d'y revenir, et en apportant de nouveaux faits ajoutés aux anciens. » Cependant , si , à l'aide du scalpel ou d'une aiguille (i), uos deux savants confrères ont réellement pu disséquer un stipe de Dattier; s'ils ont vu naître les filets de la périphérie interne, se diriger vers le centre en décrivant une courbe ascendante, prendre place dans le faisceau central, puis se glisser horizontalement vers la périphérie interne de la partie plus ou MOINS OPPOSÉE au premier point de départ, s'attacher aux feuilles naissantes, etc.; s'ils ont vu tout cela , eh bien , qu'ils aient l'obligeance de nous montrer ces faits extraordinaires; et, tout bizarres et anomaux qu'ils sont, nous les adopte- rons : mais nous ne les accepterons que comme faits spéciaux et peut-être isolés dans la nature, puisque toutes les anatomies que nous avons pu ob- tenir, que nous avons montrées à l'Académie et à tous les savants qui nous ont fait l'honneur de nous visiter, sont conformes aux principes entièrement contraires que nous avons développés dans cette enceinte. » Si nous ne tombons pas plus d'accord, M. Payen et moi, sur les causes de l'accroissement en tous sens des végétaux, que nous ne l'avons fait sur la nature, les causes et les effets de la maladie des pommes de terre, nous courrons gi-and risque de discuter sans trêve ni cesse, et sans nous rencon- trer jamais sur aucun point, tant la distance qui existe entre nos deux camps est grande. » En effet, M. de Mirbel, auquel il vient de s'associer, m'a attaqué deux fois, et; chaque fois avec des armes nouvelles, imprévues, et qu'il m'était impossible de me procurer; et deux fois j'ai complètement, du moins je le crois , repoussé ses attaque^. •> Loin de se décourager de ses non-succès, M. de Mirbel se présente une troisième fois, sur un champ tout nouveau, qu'il suppose m'ètre inconnu , et, de plus, soutenu par un puissant auxiliaire, dont plus que personne je sais apprécier les travaux chimiques, mais dont je suis loin , je l'avoue, et sur tous les points , de redouter l'opposition. ( I ) Consulter l'ouvrage indiqué dans la note de la page 65 1 . C. R. , 1846, i*' Semestre. {T. XXll, N» 16) 87 ( 658 ) " Bien loin de là: que M. Payeu soit, au conlraiie , le bienvenu dans cette discussion, qui réclame tout son talent eu chimie organique , et où les inté- rêts les plus palpitants de la science sont engagés. » Que, par les moyens que la chimie lui a indiqués, il nous fasse con- naître, mois par mois, jour par jour, et, s'il est possible, heure par heure , les modifications élémentaires qui se produisent dans les solides et les fluides végétaux; et, bien plus, s'il le peut du moins, qu'il vienne éclairer, par ses savantes recherches chimiques, le jeu des combinaisons qui, sous l'empire des forces organiques, et avec le concours de l'air, de la chaleur et de la lumière solaire, ont incessamment lieu entre les quatre principes élémentaires qui constituent la base de toutes les parties des végétaux; qu'il nous fasse con- naître, par des faits, comme d'ailleurs il sait en obtenir, de quelles sources directes proviennent ces éléments, comment ils se présentent les uns aux autres pour se combiner entre eux, pour former la matière azotée, la cellu- lose, le ligneux et les mille principes dits immédiats ; qu'il veuille bien sur- tout nous dire quand , où. et comment se forme ce qu'il nomme le cambiwn^ ce fluide où, de son propre aveu, tout est confusion, et qui tient à la fois de piesque tous les principes connus des végétaux (i); quelles sont les ma- tières distinctes, quoique confondues, qu'il recèle; de quelle manière et par quelle cause se combinent les trois éléments de la cellulose et des ma- tières ligneuses qui, en forçant l'azote à se retirer, donnent de la consistance aux tissus; qu'il établisse nettement, sur plusieurs végétaux hétérogènes, les différences élémentaires qui existent entre les divers tissus de l'écorce , entre les diverses couches du bois (2) (ce qu'il paraît avoir fait en partie pour le chêne); qu'il considère la matière azotée comme un principe essentiellement organisateur, etc., sécrété et non sécréteur, et qu'il ne la confonde pas, comme il semble vouloir le faire, avec la cause de la vie, qui est incon- nue, etc. ; "et notre savant confrère aura rendu d'immenses services à la phy- siologie, sans cependant, jusque-là, en avoir positivement fait. » En attendant que les résultats concluants promis par les deux Mémoires de nos savants confrères [résultats dont il est fâcheux que les éléments n'aient pas étéinsérés aux Comptes rendus (i)\ nous soient donnés, et que les principes (1) f^oir le Mémoire de MM. de Mirbel et Payen , Comptes rendus de 1842. (2) f^o//- Gaudichaud, Comptes rendus, 27 juin 1842. (3) Les Mémoires qu'on a mis tant de temps à faire, pouvant éprouver de nouveaux re- tards dans leur impression, nous prions nos confrères, MM. de Mirbel et Payen, de nous faire connaître, le plus tôt possible, les résultats élémentaires de leurs analyses ; sans cela toute discussion serait impossible. - (659 ) de ror{Tanographie et de la physiologie nous soient dévoilés par la chimie, nous nous bornerons à combattre les analyses chimiques à l'aide des faits parement physiologiques indiqués par les phénomènes organographiques réels, comme par le raisonnement ; et nous aurons bien du malheur si , avec ces deux éléments essentiels de la science, nous ne parvenons à renverser complètement la théorie, aujourd'hui plus que jamais dangereuse, du cambium. » Mais espérons que nos confrères MM. Payen et de Mirbel né nous en laisseront pas le temps; qu'ils tueront eux-mêmes ce principe de vie des vé- gétaux, si tant est qu'il existe et qu'ils puissent le saisir, dès qu'ils le soumet- tront , pour l'étudier, à l'action des agents chimiques. Car la chimie , tout le monde le sait, est fatalement désorganisatrice de sa nature; et nous savons également tous qu'elle n'a jamais rien engendré, rien organisé, rien vivifié. » Je tiens donc le cambium pour mort, bien mort, et de mort violente, sous l'action toxique des réactifs, depuis le jour qu'il est tombé dans le do- maine de la chimie. >' Ija chimie, en se renfermant comme elle l'a fait peut-être jusqu'à ce jour, dans de sages déductions des faits obtenus, a rendu d'immenses ser- vices à la physiologie, et elle est appelée à lui en rendre de bien plus im- portants encore; mais, tel est du moins mon sentiment, elle faillira chaque fois qu'elle tentera de se substituer à la physiologie, parce que la nature possède des moyens ou , si l'on veut , des réactifs , que l'intelligence humaine ne découvrira jamais. » Disons en terminant que si , en attaquant avec autant d'obstination les principes que je défends, on ne le fait que parce qu'on est ou qu'on se croit le plus fort, on s'abuâe peut-être étrangement; car il n'y a ici, à mes yeux, et je ne reconnais de véritable force et de puissance incontestable que celles des observations exactes, des faits bien élucidés et de la vérité. » Or je soutiens, et je chercherai par tous les moyens possibles à dé- montrer que les véritables principes organographiques et physiologiques sont tous renfermés dans la théorie des mérithalles; que cette théorie a déjà indiqué presque toutes les forces qui président au développement en tout sens des végétaux, pz'esque tous les faits essentiels de leur anatomie, et qu'elle seule peut conduire à la connaissance des véritables phénomènes physiologiques tels que l'absorption, la circulation, la respiration, etc. » Que si la chimie organique , qu'on a improprement nommée physiolo- gique, puisqu'elle n'a jamais opéré qu'en morcelant, en désorganisant et en décomposant les tissus des plantes , et même les principes qu'ils recé- 87.. ( 66o ) laieat, peut rendre d'incontestables services à cette vaste et belle partie de la science, ce n'est et ce ne sera jamais que par des déductions plus on moins hasardées, et qui ne seront peut-être pas toujours exemptes de re- grets , même pour les auteurs les plus célèbres qui les auront pourtant con- sciencieusement avancées. » Que l'on nous montre une matière quelconque des végétaux qui soit LIQUIDE, MOLLE OU SOLIDE (r), bien distincte, et déterminée dans sa nature et sa composition; qu'on lui donne les noms de matière nutritive, matière organisatrice, cambium, ou tout autre, jamais on n'établira avec elle rien de convenable en organographie , en physiologie, ni même en organogénie. On ne nous prouvera qu'une seule chose qui, pour être à la connaissance de tous , n'a point encore été expliquée de personne: c'est que, sous des in- fluejices dont on ne se doute même pas, celles des organismes et même des tissus qu'on semble vouloir comparer aux vases inertes d'un laboratoire de chimie, les principes oxygène, hydrogène, carbone et azote, passent suc- cessivement de l'état gazeux à l'état liquide, et de celui-ci à l'état solide, en subissant, dans chacun de ces états, et pour passer de l'un à l'autre, peut- être un prodigieux nombre d'actions et de réactions , sans que nul observa- teur jusqu'ici , les chimistes pas plus que les autres, en aifle moins du monde expliqué ou même compris les véritables causes. " Je ne me dissimule pas tout le danger qu'il y aura, non pour la physio- logie qui triomphera, tôt ou tard, des atteintes de la chimie, mais bien pour moi, à ra'engager sur un terrain nouveau où je tiens pourtant à hon- neur de suivre notre savant confrère M. Payen. » L'espoir, assurément bien fondé, que j'ai de le ramener, à la suite de nos débats, aux véritables principes de l'organographie et de la physiologie, c'est-à-dire à ceux qui sont bien démontrés par l'expérience et les faits, soutiendra suffisamment mes forces. " Dans ce but, et guidé par le désir de m'éclairer le plus tôt possible et de profiter de la saison favorable dans laquelle nous entrons , je viens le prier de vouloir bien insérer de suite dans les Comptes rendus, afin que tous les sa- vants puissent en prendre connaissance, les résultats analytiques qu'il a obtenus et sur lesquels il a établi son opposition; alors on pourra, malgré la confiance entière que chacun doit leur accorder, les vérifier de nouveau; et, après en avoir reconnu la rigoureuse exactitude, rechercher les causes qui ont produit les notables différences qui, [selon lui, existent dans les pro- (i) Caractères £$$eatieU du cambium jusqu'à 1843. ■* (66. ) porlions delà matière azotée des divei'ses parties d'un jeune méiithalle; et voir, par exemple , si l'air respiré par ces organismes naissants, ou toute autre cause, ne pourrait pas en donner une explication aussi satisfaisante, etc. « « Après cette lecture, M. Payen demande à l'Académie la permission de rappeler que les détails et les résultats des analyses faites avec M. de Mirbel, et achevées depuis trois ans, ont été déposés sur le bureau et laissés an Se- crétariat, pendant plusieurs jours, avec toutes les planches gravées. » Le tableau synoptique contenant tous ces faits analytiques était donc à la disposition de M. Gaudichaud comme de tous les membres de l'Académie. » « A cette première observation , M. Gaudichaud répond : que la Note qu'il vient de lire renferme une demande catégorique à ce sujet, et qu'il invite son confrère, M. Payen, à inscrire le plus tôt possible, dans les Comptes rendus j les éléments de ses analyses chimiques , afin que tous les savants puissent en prendre connaissance. » M. Gaudichaud croit devoir ajouter qu'il aurait pensé commettre une indiscrétion en demandant à voir des Mémoires qui, d'ailleurs, n'ont été communiqués à personne. » « M. Payen désirerait faire remarquer, en outr^, pour répondre à l'allu- sion relative au Rapport sur la maladie des pommes de terre , que, dans cette circonstance encore, M. Gaudichaud préférait juger les diverses communica- tions parvenues à l'Académie, d'après les principes physiologiques, plutôt que de vérifier les faits; mais que, l'opinion des deux autres membres delà Commission ayant été toute différente. M, Gaudichaud voulut bien suivre les expériences et constater dans le Rapport les faits vérifiés ainsi conlradicloi- rement, et ceux-là même que la théorie de M. Gaudichaud ne lui avait pas permis d'admettre. » K M. Gaudichaud n'ayant nullement compris cette seconde observation de son confrère , n'y a répondu que ceci : En effet, M. Payen et moi nous avons complètement été d'accord sur certains faits de la maladie des pommes de terre que nous avons observés ensemble, mais aussi en désaccord complet sur les principes théoriques, à l'aide desquels on peut normalement les expliquer. n M. Gaudichaud doit dire, de plus, que son sentiment, basé sur quatre mois d'études préalables , était invariablement arrêté lorsqu'il s'est présenté ( 667. ) devant la Commission , et que rien de ce qui s'y est passé n'a pu le déterminer à le modifier. » « Après la réplique de M. Gaudichaud, M. Payen ajoute que sa confiance dans les résultats des recherches expérimentales demeure la même et qu'il préférera toujours exposer les faits positifs bien constatés, plutôt que de pré- senter d'abord les déductions des principes théoriques; qu'ainsi sa manière de voir, à cet égard, ne sera jamais d'accord avec celle de son savant confrère M. Gaudichaud » « A cette dernière observation, que M. G/UJoicnAUD n'a pas davantage comprise ni même entendue , il doit répondre : que dans aucun cas il n'a présenté les théories avant les faits, et que des faits sans théories n'auront jamais, à ses yeux, le moindre caractère scientifique. » ANATOMiE ET PHYSIOLOGIE. — JVote sur le si/ius veineux génital des Lamproies et le réservoir analogue qui fait partie du sjstème veineux abdominal des Sélaciens, en général, et plus particulièrement des Raies; par M. DuvERNOY. (Extrait par l'auteur.) « L'Académie n'a pas oublié que , dans sa séance du 24 novembre dernier, elle a eu communication ^'un fait d'organisation , annoncé comme exception- nel, fait qui avait été observé par M. le docteur Natalis Guillot; je veux parler d'un résers^oir pq/^ticulier situé dans la cavité abdominale des Raies, et fai- sant partie de leur système veineux (i). » Immédiatement après avoir entendu cette annonce , j'ai pris la résolution de revoir mes anciennes observations à ce sujet j de rechercher jusqu'à quel point elles pouvaient se rapporter avec la communication de ce jour; de comparer de nouveau les unes et les autres avec la nature, et de reconnaître, autant que possible, l'influence physiologique de cette disposition singulière, en précisant les modifications qu'elle apporte dans la circulation du sang de ces animaux. » M. Natalis Guillot n'est pas le seul qui se soit occupé de ce réservoir particulier. » De son côté M. Robin, jeune candidat en médecine et es sciences , qui a été, à ma grande satisfaction, pendant les an'nées 1842 et i843, mon aide particulier au Collège de France, espérait avoir découvert cette singularité (i) Comptes rendus, tome XXI-, page 1 179. ( 663 ) (l'organisation , et la décrivait devant la Société Philomathique, dans sa séance du 39 novembre dernier (i). 1) Je ne connaissais encore que la premièie annonce, lorsque j'ai été dans le cas de rappeler inopinément et verbalement, à cette même Société, mes anciennes et mes nouvelles recherches à ce sujet; un extrait de cette com- munication a déjà été imprimé, en janvier dernier, dans le Recueil ctAna- tomie de M. Mandl (2). » Qu'il me soit permis de citer ici le texte de la deuxième édition des Leçons, où je parle du réservoir des Raies : « La veine cave postérieure , y est-il dit, est celui des troncs veineux du » corps qui présente les différences les plus importantes: elle peut être sim- » pie ou double; elle peut présenter des dilatations ou communiquer avec » des réservoirs qui font partie de son ^sième; son origine, ses anastomoses >• avec la veine porte, étendent ou restreignent sa circonscription. 1 Les poissons osseux n'ont généralement qu'une veine cave postérieure. » Il y a en deux dans les poissons cartilagineux. » Monro a déjà observé que leur diamètre, dans l'abdomen, est plus )' du double de celui qu'elles ont près de leur terminaison dans le grand » sinus; de plus, elles forment un réservoir considérable à l'endroit de leur " réunion (3). » Les veines hépatiques, ajoutai-je, au moment où elles sortent du foie, » entre ce viscère et le diaphragme , ont dix fois le diamètre qu'elles pré- » sentent à leur embouchure dans la veine cave (4) ; on ne peut s'empêcher » de remarquer le rapport de cette organisation avec celle que nous avons )' décrite dans les Mammifères et les Oiseaux plongeurs. » Il y a , dans les Lamproies, une organisation analogue , qui est encore n bien plus remarquable. « » [Vient ensuite une description détaillée, p. 269 à 261, des.y/«M^ rénaux et du sinus génital de ces derniers pomo/jj y description que nous ne pouvons transcrire ici, faute de place (5).] (i) Sa communication n'a été imprimée que le 10 décembre, dans le n" SaS de l'Institut. (2) archives d'Anatomie et de Physiologie, publiées par le docteur Mandl; janvier 1846, pages 27 à 3o. (3) On dirait, en effet, qu'elles se réunissent par l'intermédiaire de ce réservoir, quoiqu'elles restent séparées dans la suite de leur trajet vers le cœur. (4) Ces veines restent, en effet, distinctes dans quelques cas, sans former un véritable sinus. (5) Il s'est glissé , page 25g, note 2 du même volume, une faute grave, que nous sommes heureux d'indiquer ici : lisez dans l'ammocete, ati lieu de dans l'aine. ( 664 ) ■1 TJn point de vue qui avait été omis dans les recherches des anatomistes dont je viens de parler, qu'il importait cependant de considérer pour bien s'entendre sur la détermination des veines rénales et des veines caves, est celui de l'existence d'un système de veines rénales afférentes, analogue au système de la veine porte hépatique, et distinct de celui des veines rénales efférentes, duquel les veines caves tireraient leur origine. >' Ce double système n'existe pas chez les Lamproies, chez lesquelles beau- coup d'appareils se simplifient singulièrement; les deux veines caves posté- rieures y sont formées par une bifurcation de la veine caudale. » Mais il peut être démontré chez les Sélaciens, et, conséquemment , l'existence d'une veine porte rénale, analogue à la veine porte hépatique, ainsi que Jacobson l'a fait connaître chez les vertébrés ovipares, en général. >' Chez les Raies, la veine candïile se bifurque dans le bassin; chaque branche de cette bifurcation se porte sur la face supérieure du rein, et diminue de diamètre à mesure qu'elle s'avance, en se ramifiant pour péné- trer dans cet organe. " Les veines caves ne viennent pas immédiatement des veines du bassin , comme dans les Mammifères; elles naissent des veines efférentes des reins, particulièrement d'un tronc considérable de ces veines qui se voit en ar- rière de la cavité abdominale, au devant du lobe le plus large de ces organes. Elles longent le bord interne des reins, et reçoivent successivement plusieurs autres petites veines efférentes de ces mêmes organes. Elles ont, à l'endroit de leur naissance , une branche de communication considérable formant une arcade sous la colonne vertébrale. » Disons encore, au sujet de la structure du réservoir génital, que les parois de cette poche ne sont que recouvertes extérieurement par le péri- toine, et qu'elles m'ont paru composées essentiellement d'un tissu fibreux très-contractile, continuation de la membrane propre des veines, revêtu par leur membrane interne. » Des filets ou des lames, ainsi que nous l'avons expliqué, traversent le ré- servoir dans tous les sens, en allant d'une paroi à l'autre, ou d'une partie à l'autre de la même paroi, et divisent cette cavité en cavernes de différentes grandeurs. Ces filets ou ces lames s'amincissent beaucoup lorsque le réservoir a été dilaté , autant que possible , par l'insufflation; mais, lorsque ses parois restent contractées, ces mêmes parties sont épaisses, et les plus fortes prennent même l'aspect de colonnes, analogues pour la forme et la disposition, sinon pour la structure musculeuse, à celle du cœur de certains reptiles (des Cbé- loniens). Du moins avons-nous un exemplaire (dans une Raie ronce) où cet ( 665 ) aspect et le tissu caverneux de ce réservoir, qui a été faiblement injecté, sontextrêmement évidents. . » Dans ce même exemplaire, l'injection a pénétré dans un grand nombre de fines ramifications vasculaires de la gangue de l'ovaire, et le péritoine qui recouvre ces parties , surtout le réservoir, montre un grand nombre de petits plis, qui indiquent à la fois l'extension dont il est susceptible, et l'état de contraction des parois propres du réservoir. » Le réservoir génital n'existe pas également développé dans tous les Sélaciens; chez les Squales il pourrait bien avoir moins d'importance phy-' siologique, et être réduit considérablement. V Aiguillât l'a très-peu mar- qué, quoique le réseau des veines génitales soit très - apparent : le sinus hépatique est, au contraire, très-développé. » Je crois pouvoir conclure des observations anciennes et nouvelles rap- portées dans cette Note : • « 1°. Que j'ai désigné le premier (dans le tome VI des Leçons d'Ânato- mie comparée , 2" édition), comme remplaçant la veine génitale, le grand sinus abdominal des Lamproies ; « a°. Que les deux séries d'ouvertures, par lesquelles il communique avec les deux veines caves postérieures et ses grandes dimensions, ainsi que sa structure, si propre à modérer les efforts d'une grande dilatation, démontrent qu'il, doit servir au reflux du sang de ces veines , lorsque le cours du fluide nourricier, à travers les branchies, est embarrassé et ralenti (i); » 3°. Que son existence est même une indication des embarras fréquents qui peuvent avoir lieu, en effet, dans la circulation branchiale, durant les efforts de succion de ces animaux ; » 4°- Que.le grand réservoir abdominal des /?(5tïe.y^ découvert par Monro, et figuré dans son ouvrage sur l'anatomie et la physiologie des Poissons, est également indiqué dans notre seconde édition des Leçons d' Anatomie comparée (tome VI, page aSg); ainsi que les dilatations des veines hé- patiques que je compare, pour les effets, à celles des Mammifères et des Oiseaux plongeurs; » 5°. Que ce grand réservoir sanguin des Raies est l'analogue du sinus génital des Lamproies ; qu'il appartient de même , et plus exclusivement en- core, au système veineux des organes de la génération; qu'il y est 4.ans les mêmes rapports avec les veines caves, et qu'il y remplit les mêmes fonctions, relativement au sang de ces veines qui dojt pouvoir y refluer; (i) Voir la note i de la page 261 du tome VI des Leçons d'Anatomie comparée. C. K., 18Î6. i" Semestre. {T. Wll, N» 16.) , 88 \ ( 666 ) » 6°. Que cette organisation semble indiquer, entre autres, chez les Raies comme chez les Lamproies, des embarras possibles dans la circulation bran- chiale, auxquels cette disposition particulière vient remédier ; » 7°. Que le sinus formé par le confluent des veines hépatiques, à leur sortie du foie, chez certains Sélaciens, ou la dilatation considérable de ces veines, restées distinctes, chez d'autres, sont peut-être des différences à la fois sexuelles et spécifiques, signalées pour la première fois dans cette Note, dont il sera nécessaire de rechercher la constance et le degré de généralité. » 8°. Que ce sinus des veines hépatiques ou leur simple dilatation , juste- ment comparée à celle que nous avons signalée , depuis longtemps , chez les Mammifères et les Oiseaux plongeurs, sont des dispositions organiques qui ont encore pour but de servir de diverticulum au sang des veines caves; " 9°' Q"^ '^ grande contractilité des parois du réservoir génital doit 'empêcher, dans l'état de vie, l'extension considérable qu'on peut leur donner après la mort , par l'insufflation et l'injection de matières solidifiables ; » io°. Que cette contractilité tient à ce que ces parois sont composées essentiellement de la continuation des membranes propre et interne des veines, revêtues extérieurement par le péritoine; » I T°. Que le sang veineux des glandes ovigène ou spermagène est versé dans ce réservoir par de petits troncs dont les radicules très-nombreuses pé- nètrent de toutes parts le tissu de l'ovaire ou de la glande spermagène (i); » 12°. Que cette abondance de sang veineux dans les organes produc- teurs des ovules ou du sperme, au milieu de la substance a/Z»Mw/«o-gTaw- seuse ? qui sert de gangue , pour ainsi dire , aux capsules génératrices des ovules ou des spermatozoïdes, semble indiquer que cette substance, chez les Raies , est nécessaire au développement des unes et des autres ; comme je l'ai démontré pour les appendices graisseux des glandes spermagène ou ovi- gène des Reptiles amphibiens (2), et que les éléments de cette même sub- stance sont fournis par le sang veineux (3). » (i) Dans la communication faite à la Société Philomatique le 28 mars dernier, M. Robin n'a plus vu de parois distinctes dans les dernières ramifications de ces veines , étudiées dans la glande ovigène de la Lamproie. Il a même généralisé cette observation à tout le système sanguin veineux ou artériel de ces poissons. (Voir l'Institut, n" 64o, 8 avril 1846.) (2) J^oir notre Mémoire sur les organes génito-urinaires des reptiles {Comptes rendus de l'Académie des Sciences, tome XIX, page 5g2). (3) Ce que j'ai entendu, dans la séance d'aujourd'hui, au sujet du Mémoire de M. Goblet sur l'analyse chimique du vitellus, et de la réclamation de M. Sacc, que l'huile du vitellus pos- sède une faculté absorbante extraordinaire de l'oxygène et de l'azote , m'a fait penser que le ( 667 ) M. le Président annonce que le XXI' volume des Comptes rendus est en distribution au Secrétariat. RAPPORTS. CHIMIE. — Rapport sur des échantillons d'eau salée et de bitumfi envoyés de la Chine par M. Bertrand. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Boussinganlt rapporteur.) « M. Bertrand, missionnaire en Chine, a fait parvenir à M. Voisin, di- recteur du séminaire des Missions étrangères , des échantillons d'eau et de bitume , pour qu'il en fût fait hommage à l'Académie des Sciences. » I/Académie nous ayant chargés d'examiner ces substances, nous venons lui présenter le résultat de nos recherches. L'eau salée est rougeâtre, trouble, parce qu'elle tient en suspension de l'argile qui ne se dépose pas complète- ment par le repos. Une faible quantité de matière mucilagineuse, empruntée probablement à la tige de bambou dans laquelle l'eau a séjourné, s'oppose à la précipitation de cette terre. » L'eau salée ne renferme aucune trace de sulfate; filtrée, elle a donné à l'analyse : Chlorure de sodium i6,o \ Chlorure de calcium 3,9>2i,2 Chlorure de magnésium i>3) Chlorhydrate d'ammoniaque traces Matières organiques traces * Eau 78,8 100,0 , » Dans les eaux mères qui sont restées après l'extraction du sel marin-, on n'a trouvé ni iodure ni potasse ; il est vrai que ces eaux provenaient d'une petite quantité de matières. Par l'addition d'un alcali caustique, il s'y est dé- veloppé une odeur ammoniacale très-perceptible. 1' Le bitume , vu par réflexion , est d'un vert obscur ; par transmission , il est brun. Sa consistance, à la température de i5 degrés, est comparable à fluide respirable qui semblerait pouvoir pénétrer chez les Sélaciens, dans la cavité abdominale , pourrait bien avoir une action chimique importante sur la substance nutritive des ovules ou des spermatozoïdes. Il est remarquable que le sang du réservoir, quand il y eu a, est tou- jours rosé , suivant les observations de MM. Natalis Guillot , Robin et les miennes. 88.. ( 668 ) celle de l'huile. Il se dissout sans résidu dans l'éther sulfuiique ; l'alcool ue le dissout pas sensiblement. Soumis à la distillation, à l'aide d'un bain de cire qui permettait d'élever graduellement la température , il a abandonné , à ICO degrés, une huile incolore, odorante, ayant les principaux caractères du naphte; cette substance n'existe qu'en très-petite proportion dans le bi- tume de la Chine. Il a fallu porter le bain de cire à i5o et aoo degrés, pour déterminer une distillation continue. On a recueilli alors , sans qu'il y ait eu cependant ébuUition, un carbure d'hydrogène d'un jaune pâle, possédant toutes les propriétés du pétrolène, ce principe liquide des bitumes mous et visqueux. En élevant et maintenant la chaleur du bain à près de 260 de- grés, il est resté dans la cornue une substance d'un noir brillant, qui est devenue solide par le refroidissement, et que l'on peut comparer à l'asphalte. En opérant sur quelques grammes de matière , on a pu doser assez exacte- ment les divers produits qui viennent d'être mentionnés, pour assigner au bitume examiné la composition suivante : Huile très-volatile analogue au naphte. . . 1 ,0 Pétrolène 86,5 Bitume solide analogue à l'asphalte .... 1 2 , 5 100,0 n Le gisement des deux produits dont nous venons de présenter l'analyse a été décrit par M. Imbert, missionnaire dans l'empire chinois: l'eau salée provient des puits salins; le bitume, des puits de feu ho tsing. Dans la pro- vince de Szu tchhuan, célèbre par le nombre et l'importance de ses sources de sel, on compte, sur une surface d'environ cinquante lieues carrées, quel- ques dizaines de mille de puits salants. Ces puits ne sont, au reste , que des trous de sonde que l'on fore pour se procurer du sel; ils ont ordinairement 5oo.à 600 mètres de profondeur sur un diamètre de 2 décimètres; on les exécute au moyen du sondage à la corde. Pour puiser l'eau salée , on se sert d'une tige de bambou de 8 mètres de long, et qui est munie d'une soupape à sa partie inférieure. On retire de cette eau un cinquième à un quart d'un sel très-âcre. Cette donnée est d'accord avec les résultats de l'analyse , puisque nous avons constaté dans l'eau envoyée par M. Bertrand, o,ai de sels au nombre desquels figurent, pour une assez forte dose , du chlorure de calcium et du chlorure de magnésium. » Il se dégage, des puits de sel, un gaz très-inflammable; aussi y a-t-il danger à approcher de leur orifice un corps enflammé. On perce même des puits dans le but de se procurer du gaz. Ces sources de Jeu sont surtout ( 669 ) très-communes à Tseu-lieou-tsing, localité située à i6myriaraètres de la ré- sidence de M. Imbert. L'eau ayant tari dans un de ces puits, on sonda jus- qu'à I ooo mètres: l'eau salée ne reparut point; mais, lorsque la sonde fut parvenue à celte énorme profondeur, il sortit subitement un jet de gaz qui est utilisé aujourd'hui comme colnbustible, à l'aide d'un système de con- duites de bambou terminées par des tubes en terre cuite, qui le mènent sous des chaudières d'évaporation ; le gaz excédant est employé à l'éclairage des ateliers de la saline. " Selon M. Imbert, le gaz des puits de feu possède une odeur bitumi- neuse très-prononcée, caractère qui rendait très-probable la présence du bitume dans les terrains salifères de la Chine. Cette probabilité est devenue une certitude par l'envoi des échantillons envoyés par M. Bertrand. » L'analyse chimique de l'eau salée et du bitume fournis par les puits forés de la Chine complète les renseignements que nous devions à M. Im- bert ; et, en nous procurant les moyens d'examiner ces produits , M. Bertrand a renJu un véritable service à la science. Nous avons, en conséquence, l'honneur de voifs proposer de remercier M. Bertrand pour son intéressante communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMCVA'nOlXS. M. le Ministre des Travaux Pcblics , conformément aux termes du décret du a 5 août i8o4, invite l'Académie à désigner trois de ses membres pour faire partie du jury chargé de se prononcer sur le mérite des pièces de con- cours produites par les élèves de l'École royale des Ponts et Chaussées. L'Académie procède, par voie de scrutin, à cette nomination : MM. Poncelet, Dufrénoy et Liouville réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. HYDRAULIQUE AGRICOLE. — Mémoire sur la dérivation des eaux pluviales qui entrainent les teires des sois en pente, et qui inondent les vallées; par M. DE Saisit-Venant. (Extrait par l'auteur.) (Commission nommée le i6 mars pour examiner le Mémoire de M. Se. Gras sur les torrents des Alpes, et les autres communications relatives au ré- gime des rivières.) « Le procédé que j'ai employé dans les environs de Vendôme, et que je ( 670 ) crois applicable fjénéralement, pour arrêter les ravages des eaux de pluie en les rendant bienfaisantes , se réduit à creuser, sur les. coteaux et sur le flanc des montagnes, des fossés à faible pente qui détournent constamment les eaux des thalwegs ou plis de terrain dans lequel elles tendent à se réunir, et qui, en les dirigeant vers les faîtes, débordent et les versent sur de larges zones d'herbe où ces eaux s'étendent , se divisent , coulent douce- ment entre les tiges des plantes, s'éclaircissent , en sorte que ce qui ne pé- nètre pas le sol arrive lentement et successivement dans la plaine, sans rien entraîner, et sans grossir subitement les rivières. » Ce procédé, peu coûteux, profite immédiatement au cultivateur qui l'applique chez lui ; car, outre la préservation de son propre terrain , et la création de clôtures, il lui permet de faire des prairies et des herbages sur les pentes, en produisant ces irrigations en prolongement des pluies, qui ont eu, dans le département de la Nièvre, d'immenses succès dont on n'est point étonné lorsque l'on considère que l'eau pluviale contient toujours en dissolu- tion des matières nutritives et excitantes , indépendamment de sa vertu propre, et des limons fécondants qu'elle amène ordinaireiftent des terrains supérieurs. Il peut ainsi , du même coup , faire atteindre un but vivement désiré, celui de créer à peu de frais, pour l'agriculture, de grandes su- perficies de fourrages. » Il est applicable à la destruction des torrents, car on peut barrer tota- lement, et détourner ainsi les petits ravins qui s'y jettent, et, en creusant des fossés de dérivation sur le sol , à droite et à gauche , réduire leur lit à ne plus donner passage qu'aux eaux qui y tombent directement de l'atmosphère. " Il supplée donc au reboisement que l'on ne peut songer à exécuter sur toutes les pentes, et qui, d'ailleurs, ne modère que la descente des eaux reçues du zénith de la partie boisée , car l'eau qui afflue dans une forêt coule toujours librement dans les thalwegs si l'on ne l'éparpillé pas par des fossés. Ainsi, tout en régularisant le cours des eaux, ce procédé permet d'assortir librement la production agricole à la nature de chaque terrain, et aux dé- bouchés, et de faire même des cultures sur le penchant des montagnes (en pente de moins de a sur 3); car, les eaux étrangères à chaque pièce de peu de largeur étant détournées, la terre remuée nest point entraînée par les pluies. » {6ji ) MKDECINK.— Résultats obtenus, dans le traitement des affections se rqfuleuses , de l'emploi d'un nouveau composé de chlore, d'iode et de mercure; par M. RocHARD. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Andral, Velpeau.) « Je viens soumettre au jugement de l'Académie les résultats que j'ai ob- tenus au moyen d'un nouveau médicament dû aux recherches de M. Boutipny, d'Evreux. En faisant connaître ce composé, qu'il désigne sous le nom iViod- kydrargirite de chlorure mercureux , M. Boutigny annonçait qu'on l'avait employé avec succès comme agent thérapeutique dans des cas de maladies cutanées. J'ai voulu essayer à mon tour ce médicament, mais son énerpie étant grande, c'est à l'extérieur seulement, sous forme de pommade, que j'ai cru provisoirement devoir en faire usage. Des guérisons inespérées et de rapides améliorations dans des cas de sporiasis, de lichen, à'eczema chroni- que, d'herpès, de macules, etc., me donnèrent de la confiance, et guidé, d'ailleurs , par l'analogie , je songeai à étendre aux scrofules le traitement par l'iodhydrargirite de chlorure mercureux. » Je choisis cinq jeunes détenus de la Roquette, présentant les plus graves symptômes de l'affection scrofuleuse, des ganglions nombreux, très-volumi- neux, indurés, parfois ulcérés , ou des conduits fistuleux versant un pus sé- reux, très-abondant, ou bien des ulcères de mauvais aspect, enfin une diffi- culté extrême dans la marche. » Après onze mois d'un traitement qui"fut interrompu par raisons adminis- tratives , ces sujets ont présenté une amélioration telle , que deux d'entre eux étaient à peu près entièrement guéris, et que les trois autres offraient un amendement si notable , qu'une prolongation de quelques mois eût suffi pour terminer leur cure définitive. Il est essentiel de remarquer que ces heureuses modifications ont été obtenues au milieu des circonstances hygiéniques les moins propres à seconder l'action du médicament. » Plus tard, j'entrepris quatre nouveaux scrofuleux en cellule , et, bien que traités pendant quatre mois seiulèment , les résultats obtenus sont encore plus heureux que le premier, ce qui me semble dû principalement à l'emploi plus méthodique du médicament. » Pour tous ces enfants , la cure n'était plus qu'une question de temps , car, dans ma pratique ordinaire, se trouvent des cas de guérisons complètes ob- tenues sur des malades placés dans des conditions hygiéniques meilleures , sans doute, mais présentant une diathèse scrofuleuse, et la maladie plus in- vétérée, plus constitutionnelle. ( 670 » Parmi les sujets les plus fjravemeut atteints , et chez lesquels les moyens ordinaires avaient échoué, je cite dans mon Mémoire plusieurs cas de guéri- sons relatifs à des tumeurs blanches avec carie, conduits fistuleux; à des ganglions volumineux, nombreux, indurés ou ulcérés; àdesophthalmies chro- niques graves, compliquées de kératite ulcéreuse; ai des lupus ulcéreux, des goitres; et, chez un adulte, à de vastes abcès scrofuleux, à la suite d'un trai- tement antisyphilitique. » En résumé, dans ces divers cas , l'action du médicament a été prompte et constante , quoique s'adressant à des formes variées de maladie. J'ajou- terai que les cures obtenues paraissent solides. Il n'est point survenu , à ma connaissance, de récidives chez les individus dont les symptômes généraux et locaux ont disparu ; en sorte que ces faits semblent prouver suffisamment que l'iodhydrargirite de chlorure mercureux atteint profondément les affec- tions scrofuleuses les plus graves, ainsi que les maladies cutanées invétérées , en rétablissant la santé générale. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Emploi du sulfate de soude pour prévenir la putreyàction des matières animales. (Extrait d'une Note adressée par M. Bobierre , à l'occasion d'une communication récente de M. Sucquet. ) ( Renvoi à la Commission des Arts insalubres , qui aura à se prononcer sur le travail de M. Sucquet.) « Dans un travail présenté récemment à l'Académie des Sciences , M. le docteur Sucquet a indiqué un agent antiseptique dont l'efficacité est, dit-il , basée sur son affinité pour l'oxygène, agent indispensable de toute putréfac- tion. Je ne saurais, en cette circonstance, m'empêcher de revendiquer l'emploi du sulfate desoude^ auquel j'ai eu-recours dans le milieu de l'année i844» et dont j'ai annoncé les propriétés antiputrides dans mon Mémoire publié chez l'éditeur Méquignon, en i845, sur de nouveaux procédés de conserva- tion; seulement, comme mes procédés, basés sur l'injection, ont principa- lement pour but la pratique des embaumements sous le point de vue de la médecine légale (ma méthode dispensant de l'emploi des sels métalliques) ; comme, d'un autre côté, je voulais éviter l'action corrosive de l'acide sul- furique produit par l'oxygénation du sulfite en contact avec les tissus, je n'employais et n'emploie le sulfite de soude que comme complément de mon procédé ordinaire, qui du reste est tout différent, quant au but, de celui de M. le docteur Sucquet , puisque la conservation temporaire pour les dissections n'a pas été le but de mes recherches. . . . ( 6?^ ) » Mes procédés de conservation par immersion , expérimentés dans plu- sieurs circonstances, peuvent faire raisonnablement espérer une {jrande éco- nomie aux établissements qui emploient l'alcool pour la conservation des pièces, un mélange de aS parties d'esprit-de-bois et ^5 parties d'eau, con- venant parfaitement pour remplacer cet agent préservatif. » GÉOLOGIE. — Note sur le gisement des fossiles de Sansan, près Auch; par M. Constant Prévost. (Commissaires, MM. Arago, Al. Brongniart, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) Cette Note devant être l'objet d'un Rapport très-prochain , nous nous bor- nerons, pour le moment, à reproduire la Lettre d'envoi qui est conçue dans les termes suivants : « Après avoir visité, au mois de juin dernier, les riches collections paléon- tologiques, recueillies dans le département du Gers, par M. Ed. Lartet, et avoir particulièrement étudié le gisement de Sansan, devenu si célèbre de- puis les belles découvertes de ce géologue, j'ai eu l'honneur de proposer à M. le Ministre de l'Instruction publique de faire acquérir par l'État et ex- ploiter, au profit de nos musées , la colline entière de Sansan qui , sans au- cun doute, recèle encore les plus précieux documents géologiques (i). » Encouragé par l'accueil fait à ma première proposition , j'ai dû étudier comparativement les divers gisements de fossiles qui avaient été signalés dans le bassin de la Garonne ; convaincu par cet examen , d'une part, que le gise- ment de Sansan ne peut être assimilé à aucun autre, sous le rapport du nombre et du bon état de conservation des ossements et de la facilité de leur extraction, et, d'une autre, que pour tirer convenablement parti de ces ri- chesses, il faut posséder toute la colline, afin de pouvoir mettre de la suite, de l'ordre et de l'économie dans les travaux d'exploitation; je suis retourné une seconde fois à Sansan , dans l'intention d'essayer de réaliser le projet d'acquisition que j'avais conçu. » J'ai été assez heureux pour décider le principal propriétaire des terrains ossifères à les céder, et j'ai l'espérance que les conditions de vente provisoire- ment souscrites par lui, approuvées déjà par M. le Ministre de l'Instruction publique, recevront bientôt une ratification définitive, si surtout l'Académie croit pouvoir donner son approbation aux motifs scientifiques qui m'ont fait agir dans cette circonstance. » (l) f^o/r dans le Compte rendu de la séance du 3o juin i845, un extrait du Rapport que j'ai adressé à ce sujet à M. le Ministre. C. R., i846, i«' Semestre. (T. XXII , ti» 16.) 89 ( 674 ) PHysiOLOGlE VÉGÉTALE. — De l'influence du sol relativement à l'action lies poisons sur les plantes ; par M. Bouchardat. (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin, Payen.) « J'ai entrepiis, dit l'auteur, une suite de recherches sur l'absorption des substances solubles par les racines des plantes, et j'aurai l'honneur de com- muniquer successivement à l'Académie les résultats de ces expériences. Dans le Mémoire que je soumets aujourd'hui à son jugement, je crois avoir dé- montré : » Que la nature du sol a une influence considérable sur l'action des sub- stances toxiques et autres sur les plantes. La résistance à l'action délétère est d'autant plus grande que la terre est de meilleure qualité. )) Des sensitives, des menthes, des maïs, des blés, des haricots, plongés dans des dissolutions à -j^ de carbonate, nitrate, chlorhydrate d'ammo- niaque, chlorhydrate de morphine, de quinine, nitrate de potasse, sulfate ferreux, dans des dissolutions saturées d'essence, y périssent après quelques jours; lorsque ces plantes croissent dans le sable, elles résistent beaucoup plus longtemps à l'action de ces agents. Elles succombent moins promptement encore dans de la mauvaise terre ; elles sont très-tardivement et très-peu affectées lorsque, croissant dans la bonne terre, elles sont arrosées avec les mêmes dissolutions. » Ces expériences prouvent que la bonne terre est utile aux plantes, non- seulement parce qu'elle leur fournit des matériaux utiles, mais encore parce que, dans de certaines limites, elle s'oppose en outre à l'absorption des prin- cipes nuisibles. » « M. Dumas présente, au nom de M. Sacc, l'extrait d'une Lettre de ce jeune chimiste sur la composition du jaune d'oeuf. » Il fait remarquer à l'Académie, avant d'en donner lecture, qu'il vient de vérifier, dans le Mémoire déposé au" concours pour le développement du poulet par M. Sacc , qu'il y avait avancé depuis longtemps les opinions que sa Lettre renferme. » « C'est pour une question toute d'expérience, dit M. Sacc, que je prends la liberté de m'adresser aujourd'hui à vous, monsieur, parce que votre amour de la vérité m'est un sûr garant que vous aurez la bonté d'éclaircir les doutes qu'a fait naître en moi le Mémoire que M. le professeur Gobley vient de publier sur le jaune d'oeuf. ( 675 ) n Ce Mémoire, fort intéressant d'ailleurs, m'a surpris d'emblée par ceci: c'est que l'observateur ne dit pas comment étaient nourries les poules dont il a analysé les œufs , et qu'il paraît ignorer l'âge de ces œufs , ainsi que leur état de fécondation. Ce sont là des questions auxquelles il faut répondre, car elles ont toutes une grande influence sur la nature même de l'œuf, ainsi que je l'ai établi et que je travaille à le prouver encore mieux. » Pour doser l'eau du jaune, M. Gobley l'a tout simplement desséché, et il ne s'est pas aperçu que ce corps altère l'oxygène de l'air avec une rapidité telle, que, dans une de mes expériences, un jaune d'œuf, que je desséchais à 96 degrés centigrades , après avoir perdu toute son eau, absorba ensuite o^'',oo8 de ce gaz en une heure, et que l'expérience, répétée avec de l'huile d'œuf extraite par l'éther, me donna, au bout de trois heures, une augmentation allant presqu'à 2 pour 100 au delà du poids initial; ce qui m'obligea à faire ces dosages dans un courant d'acide carbonique. Il y a là une cause d'erreur, que je crois trouver dans le mode d'analyse adopté par M. Gobley. En effet, ce savant dessèche le jaune d'œuf â l'air, puis il l'ana- lyse ensuite, en sorte qu'il n'a pas affaire à du jaune d'œuf pur, mais oxydé; de là l'acide phospho;{lycérique, l'osmazome, l'acide lactique, et les acides oléique et margarique , qui n'existent certainement pas dans l'œuf ffais. " Je persiste à soutenir que le phosphore se trouve dissous dans l'huile d'œuf, et que l'acide phosphoglycérique s'y forme par l'oxydation du phos- pliore au contact de l'air; j'ai donné un fait, à l'appui de cette manière de voir, dans mon Mémoire sur le développement de l'œuf de poule, que vous avez bien voulu déposer à l'Académie. » Quant à la prétendue existence d'un acide libre dans le jaune , elle est erronée; l'albumine qui entoure cet organe est trop fortement alcaline pour ne pas saturer, sur-le-champ , la moindre trace d'acide qui s'y développerait. » Veuillez avoir la bonté, monsieur, de soumettre ces observations à M. Gobley, si vous le jugez convenable; car je désire beaucoup savoir s'il ne peut pas répondre à ces objections que je lui fais dans le seul intérêt de la vérité. Je regrette de n'avoir pas l'honneur de connaître M. Gobley , que je suis heureux de voir entrer dans la belle voie de la chimie appliquée à l'étude de la vie. » (Renvoi à la Commission qui a fait le Rapport sur le Mémoire de M. Gobley.) « M. Payen , à l'occasion de cette communication , désire informer l'Aca- 89.. ( 676 ) demie du fait suivant, afin d'éviter ou d'éclaircir d'avance une question de pi'iorité qui pourrait s'élever si quelque observateur, en répétant les expé- riences de M. Sacc, parvenait à un résultat important et qu'il croirait avoir découvert touchant l'absorption des gaz par les huiles. » Il y a trois ans environ, ayant été chargé avec quatre de mes confrères d'examiner les Mémoires et Notes de plusieurs physiologistes, fort habiles, mais divisés d'opinion sur des points délicats d'organogénie ; M. Doyère, l'un d'eux, répondait à une objection grave en apparence, que si les bulles d'air emprisonnées dans de minimes cavités disparaissaient après l'emploi de l'huile d'olive appliquée pour rendre plus translucides certains tissus, le phéno- mène dépendait de la propriété que l'huile possède, et qu'il avait constatée, d'absorber l'air. » Avant d'admettre l'explication , nous jugeâmes qu'il convenait de vérifier le fait nouveau annoncé. Je fus chargé de ce soin; mes expériences, dans le cours de Ueux mois, ne laissèrent aucun doute à cet égard, elles furent con- signées dans une Note et communiquées à la Commission, puis réservées pour être jointes ultérieurement au Rapport. >> M. MoRiN présente, au nom de l'auteur, M. CeniSTEiv, et soumet aujugement de l'Académie, un système de freins pour les convois de chemins de fer, au moyen duquel ou peut, à volonté, modérer ou suspendre graduellement et presque simultanément le mouvement de rotation de toutes les roues d'un convoi de wagons. Ce dispositif permet d'agir en commençant par les derniers wagons, ce qui diminue considérablement les chocs des différentes voitures les unes contre les autres. (Commission des chemins de fer.) MM. Bessas-Lamégie, Heîvry et PmuPEAU soumettent aujugement de l'A- cadémie un nouveau système de supports en fonte avec entretoises enfer, destinés à remplacer les traverses en bois sur lesquelles reposent les rails des chemins de fer. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Séguier.) M. Choquet adresse une Note sur un procédé qu'il a imaginé pour arrêter, sans secousses brusques, la marche d'un convoi marchant sur un chemin de fer. (Commission des chemins de fer.) ( 677 ) M. Merlateau écrit relativement à divers moyens auxquels il pense qu'on pourrait recourir dans le même but. (Commission des chemins de fer.) Une deuxième communication du même auteur est relative à une pompe de son invention , appareil sur lequel il ne donne pas d'ailleurs de détails suf- fisants pour qu'on puisse le renvoyer à l'examen d'une Commission. M. WoLFF, qui avait adressé précédemment, pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurfjie, un Traité théorique et pratique des mala- dies de Voreille ( voir le Bulletin bibliographique de la séance du 3o mars), envoie maintenant, conformément à la décision prise par l'Académie pour les ouvrages admis à ce concours, une analyse de son travail. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPOND AI\CE. PHYSIQUE. — Observations sur l'i/ifluence des gaz dans les effets électriques de contact; par M. Edmond Recquerel. « Les deux principaux faits que quelques physiciens invoquent encore en faveur delà théorie dacontact contre la théorie chimique du dégagement de l'électricité, sont les suivants : » 1°. Si l'on superpose, l'un sur l'autre, deux plateaux de condensateur, l'un en platine et l'autre en or, puis, qu'on les fasse communiquer ensemble à l'aide d'un arc métallique, on a toujours une charge d'électricité: le pla- tine est négatif et l'or positif. » a". Si l'on superpose un plateau de platine et un plateau de zinc, et qu'on les fasse communiquer métalliquement, le zinc est positif et le platine négatif; mais si , pour les faire communiquer, on les touche avec les doigts humides, alors l'inverse a lieu: le zinc est négatif et le platine positif. » M. de la Rive a donné une explication satisfaisante de ces phénomènes et d'autres analogues, en admettant que le platine s'oxyde à l'air, très-lente- ment il est vrai, et qu'en vertu de cette action il est continuellement négatif. Il a montré, à l'appui de cette manière de voir, que les effets électriques di- minuent à mesure que l'on augmente la couche de vernis qui empêche l'air d'agir aussi fortement sur les métaux. Ainsi, d'après M. de la Rive, lorsque deux corps en contact sont placés dans un gaz qui exerce sur eux une action ( 678 ) chimique différente, il y a dégagement d'électricité comme si, à la place du gaz, il se trouvait un liquide doué de la même propriété. Ayant été à même de répéter ces expériences, j'en ai confirmé l'exactitude, et je ne serais pas revenu sur ce sujet si je n'eusse pas cru que quelques-unes des expé- riences que j'ai faites ne vinssent prouver directement l'action des gaz sur les surfaces métalliques dans les circonstances dont il s'agit. » De prime abord, on a de la peine à admettre l'oxydation du platine à l'air libre; cependant les observations conduisent à ce résultat, et ce n'est pas la seule circonstance dans laquelle la physique indique des réactions que les procédés chimiques ordinaires ne peuvent apprécier. L'expérience sui- vante montre directement que c'est dans les condensations de gaz qui s'o- pèrent inégalement à la surface des métaux, que l'on doit chercher la cause des effets électriques de tension observés dans les circonstances analogues à celles que j'ai indiquées plus haut. Si un condensateur est formé de deux pla- teaux massifs de platine, vernis sur les faces en regard seulement, et qu'après un séjour de quelque temps dans l'air, on vienne à les toucher, il ne se manifeste aucune action; mais si l'on enlève l'un des plateaux et qu'on le plonge pen- dant quelques instants dans du gaz hydrogène, en les plaçant de nouveau en face l'un de l'autre et les faisant communiquer métalliquement, alors on ob- tient une charge très-sensible du condensateur : le platine qui a été plongé dans l'hydrogène prend l'électricité positive; celui qui est resté dans l'air prend l'électricité négative. Cet effet dure quelque temps , puis diminue peu à peu par suite du séjour des plateaux dans l'air atmosphérique. A chaque immer- sion du premier plateau , dans l'hydrogène, on observe les mêmes effets : le plateau couvert d'oxygène prend toujours l'électricité négative. » Cette expérience montre bien que, lorsqu'on opère avec un plateau d'or et un autre de platine, l'or ayant pour les gaz un pouvoir condensant moindre que le platine, se comporte comme le plateau de platine couvert d'hydrogène, et doit prendre l'électricité positive; c'est, en effet, ce qui a lieu. » Si l'on couvre toute la surface des plateaux de vernis à la gomme laque, alors les effets électriques diminuent, lorsqu'on plonge un des deux plateaux dans le gaz hydrogène; il est probable qu'avec une épaisseur de vernis suf- fisante, les effets électriques cesseraient comme dans les expériences de M. de la Rive. " Si l'on considère maintenant les résultats obtenus eu mettant en contact métalliquement un plateau de platine et un plateau de zinc , on voit que le pla- teau de zinc ne peut pas se couvrir d'oxygène condensé, car ce gaz forme , à la ( 679 ) surface du zinc, une couche d'oxyde qui préserve ultérieurement celui-ci de toute altération Le zinc doit donc se comporter comme un métal n'ayant aucun gaz condensé, ou comme le platine plongé dans l'hydrogène; il prend rélectricité positive, et l'autre, la négative. Si, au contraire, on fait commu- niquer les deux plateaux avec les doigts humides, le zinc est oxydé par l'eau qui les humecte, et l'action chimique qui résulte de cette réaction donne au zinc la négative et au platine la positive; c'est, en effet, ce qu'on observe. On voit donc que les gaz condensés par les surfaces métalliques peuvent donner des effets électriques de tension, comme ils donnent des courants lorsque les métaux plongent dans des liquides. » Le fait étant établi, il reste à savoir comment on conçoit théoriquement que deux plateaux en platine, ayant condensé l'un de l'oxygène, l'autre de l'hydrogène, ou une moins grande quantité d'oxygène, le premier prenne l'électricité négative, et le second la positive. On ne peut s'en rendre compte qu'en admettant que les gaz condensés n'agissent pas de même que lorsqu'ils sont à la pression ordinaire; et, comme M. de la Rive l'a annoncé, que l'oxy- gène tend à se combiner avec le platine. Ce dernier doit donc prendre l'élec- tricilé négative. " Cette manière de voir n'est pas contraire aux faits connus, lo<"squ'on songe à la quantité si minime d'action chimique nécessaire pour produire un effet sensible d'électricité statique, et que tous les procédés chimiques ordi- naires ne peuvent constater. Eu effet, comme mon père l'a prouvé récem- ment, l'oxydation d'une quantité d'hydrogène pouvant donner i milligramme d'eau, suffirait pour charger vingt mille fois une surface armée de i mètre de superficie, les étincelles ayant lieu à i centimètre. Ainsi, d'après cela, en raison du poids atomique du platine, i milligramme de ce métal, en s'axy- dant, donnerait à peu près deux mille charges de même intensité. Or, pour cbarger un condensateur, sans étincelle sensible, et de façon à faire écarter seulement les feuilles d'or de l'électromètre , la fraction d'électricité nécessaire serait biea au-dessous de ,;)pm) de charge. En admettant même ce nombre comme limite supérieure, on voit que l'oxydation de i dix-millième de mil- ligramme de platine suffirait pour charger deux mille fois le condensateur. >' Ainsi, ces observations confirment donc ce fait, que l'action exercée par l'oxygène condensé sur le platine est probablement due à une action chi- mique, et il me semble qu'on ne peut plus invoquer les effets dont j'ai parlé contre la théorie électrochimique qui rend compte de toutes les circonstances du dégagement de 1 électricité. » ( 68o ) « M. DE LA. Rive, de Genève, qui assiste à la séance, présente quelques remarques sur le travail de M. Edmond Becquerel. Il fait sentir l'importance des résultats qu'a obtenus ce jeune physicien, grâce à l'çxactitude et aux soins qu'il a apportés dans sa manière d'opérer. Quant à la nature de l'action qu'exerce l'oxygène sur le platine, M. de la Rive est disposé à y voir une action chimique plutôt qu'une simple adhésion physique. Il cite à l'appui de son opinion des faits qui prouvent que du platine, exposé successivement à l'action de l'oxygène et de l'hydrogène, et cela un très-grand nombre de fois de suite, finit par se désagréger à sa surface, ce qui ne peut s'expliquer qu'au- tant que, par l'effet de ces actions répétées, il éprouve une alternative d'oxy- dations et de réductions. » CHIMIE.— Remarques de M. Ch. Gerhardt relatives à une communication récente de MM. Fabre et Silberraann. « Dans un Mémoire présenté à l'Académie par MM. Favre et Silbermann, le i6 mars dernier, ces messieurs disent avoir basé leur travail sur l'étude des corps dont M. Dumas a établi d'une manière si nette les analogies^ et avec lesquels il a construit des séries que M. Gerhardt a heureusement bap- tisées du nom de séries homologues. n Les auteurs sont dans l'erreur. Dans un moment où mes travaux sont violemment attaqués, tant en France qu'à l'étranger, je suis peiné de voir qu'on attribue à un autre des idées qui m'appartiennent, et à l'exposition des- quelles j'ai consacré plusieurs chapitres dans mon Précis de Chimie orga- nique. " On pourrait croire que MM. Favre et Silbermann aient voulu pi-ofiter de ce moment de lutte pour accréditer, auprès de l'Académie , des accusa- tions portées contre moi par un chimiste étranger ; mais cette pensée est loin de moi, et je ne doute en aucune façon de leur loyauté. )' MM. Favre et Silbermann ont tout simplement confondu deux choses entièrement distinctes. Les séries qu'ils ont empruntées à mon livre sont entièrement différentes de celles qui ont été construites par M. Dumas (i). Il est impossible qu'ils aient examiné eux-mêmes ces dernières, car il n'y a aucune ressemblance avec mes séries homologues. » [i) Annales de Chimie et de Physique, 2." série, t. LKXIII, p. i66. ( 68i ) ENTOMOLOGIE. — Êcloshn précoce des œufs déposés en i845 par tes OEdipodes qui ont ravagé certaines parties de l'Algérie. — Migration de Cloportes observée sur les bords de la Tajna., vers l'époque à laquelle parurent les OEdipodes et les Criquets vojageurs. (Extrait d'une Lettre de M. GuYON à M. Flourens.) u Depuis la mi-février, des larves d'orthoptères ont paru çà et là dans nos environs. C'est le produit des œufs laissés par l'OEdipode qui, Tannée dernière, vint ajouter ses ravages à ceux que venait de faire le Criquet voyageur. » Nos larves grandissent de plus en plus; elles se dépouillent, depuis quelques jours déjà, de leur troisième mue. Jusqu'à ce jour, elles n'ont en- core attaqué aucune culture, elles restent même toujours confinées sur les points, très-circonscrits , où elles ont pris naissance. Les oiseaux de toutes sortes , les étourneaux entre autres, en font une grande destruction. De là la mesure fort sage, prise par l'autorité, celle de l'interdiction de toute es- pèce de chasse. >' Nous avons eu un hiver très-sec , ce qui explique la naissance précoce de nos jeunes OEdipodes (i). Nous observons, en même temps, beaucoup d'au- tres insectes de Jous les ordres. » Ainsi on nous annonce, de plusieurs points de l'intérieur, l'existence d'une très-petite chenille, très-multipliée sur le sol (2). Cette année paraît donc devoir être fort semblable à la précédente, sous le rapport de la mul- tiplicité des insectes en général : ils y étaient infiniment plus nombreux que de coutume. Ainsi , et comme je crois vous l'avoir mandé dans le temps , au moment de notre première invasion de sauterelles, des myriades de Cloportes existaient sur les bords de la Tafna, rive gauche ; elles y formaient une bande des plus serrées , qui s'avançait lentement du nord au sud, sans s'écarter des bords du fleuve. Il est à regretter que cette apparition de cloportes n'ait pas été observée comme elle aurait pu l'être. » (i) De nombreuses larvçs d'OEdipodes conservées dans l'esprit-de-vin ont été envoyées par M. Guyon et mises sous les yeux de l'Académie. (2) De 3 centimètres de longueur. En s'agglomérant entre eux , les insectes forment des pelotons de la grosseur du poing et plus. Ils ont été vus ainsi dans la Métidjà , où ils dévo- raient les plantes sauvages. <:. R., iS^e, i« Semcure. (T. XXll, ^o 16.) 9° ( 682 ) PHYSIOLOGIE. — Note sur les doubles mouvements observés aux membres et comparés aux doubles mouvements observés sur le cerveau; par M. A. PiÉGU. (Extrait par l'auteur.) « Des expériences , exécutées dans toutes les conditions de précision et d'exactitude , démontrent que les membres sont soumis à un mouvement d'expansion et d'affaissement double, entièrement semblable au mouvement à deux temps que nous connaissons au cerveau. » Les mouvements des membres se font aussi on deux temps : » Premier temps, expansion. — L'expansion des membres, de même que celle du cerveau, est plus prononcée pendant la systole ventriculaire; elle est surtout exagérée pendant l'expiration. » Second temps, ajfaissement. — L'affaissement qui suit, parfaitement marqué durant le repos des ventricules, devient de la plus complète évidence sous linfluence de l'inspiration. » Chaque temps des mouvements se compose à son tour de deux degrés; ainsi l'expansion est à deux degrés : " Premier degré, degré faible. — Expansion petite coïncidant avec les battements du pouls; expansion ventriculaire. " Second degré, degré Jort. — Expansion large, elle a lieu pendant l'ex- piration; expansion expiratoire. • » L'affaissement se remarque dans les autres temps de la respiration et de la circulation. Il est à deux degrés, comme l'expansion. » Premier degré, affaissement faible. — 11 concorde avec le temps de repos des ventricules. >' Second degré, affaissement le plus caractérisé. — Il coïncide avec l'inspiration. » Quelque variés qu'aient été les procédés d'expérimentation, les résul- tats sont toujours restés identiques. » Les mouvements des membres offrent donc, avec les mouvements du cerveau, la plus parfaite ressemblance; ils concordent aussi parfaitement avec les mouvements observés dans les canaux sanguins artériels et veineux. 1) Cette dernière concordance présente surtout de l'intérêt, en ce sens que plus un membre ou une portion de membre contient proportionnellement de parties molles, plus il présente manifestement le mouvement d'expansion double; et comme la proportion des parties molles d'un membre se monlre toujours dans un rapport constant avec la richesse des réseaux capillaires, on trouve que plus les parties molles sont fournies de vaisseaux , et pins les mouvements d'expansion prennent d'évidence. » ( 683 ) M. Stefani adresse plusieurs exemplaires d'un opuscule qu'il a publié à Vérone, en 1 84i , sur les moyens de remédier aux suites fâcheuses du déboi- sement des montagnes. L'auteur pense que les moyens qu'il propose pour arrêter les progrès du mal dans l'Italie supérieure seraient également ap- plicables à la France, où il sait qu'on s'occupe. aujourd'hui sérieusement de la même question. Il soumet, en conséquence, son travail àl'Académie, en la priant de vouloir bien, si elle y trouvait quelques idées utiles, le transmettre à l'Administration. (Renvoi à la Commission nommée pour la question des déboisements. ) M. Fraysse adresse le tableau des observations météorologiques faites à Privas pendant le mois de mars 1 846. M. Vallée écrit relativement à une communication qui lui a été faite ré- cemment, au nom delà Commission chargée de porter un jugement sur ses recherches concernant la théorie de la vision. Étant sur le point de quitter Paris, M. Vallée ne pourrait entreprendre aujourd'hui 19 nouvelle série d'ex- périences qui lui est indiquée, et il se verrait même obligé de renoncer à ob- tenir, sur l'ensemble de son travail, le jugement de l'Académie, ^i le Rapport des Commissaires devait encore longtemps se faire attendre. Un des membres de la Commission annonce que le Rapport pourra être très-prochainement soumis à l'approbation de l'Académie. M. DiETERicHs adresse l'analyse, écrite en français, de son Traité de la Parturition. des Animaux domestiques. Le traité original, écrit en allemand, avait été précédemment envoyé, par l'auteur, avec plusieurs autres ouvrages sur la Médecine et la Chirurgie vétérinaire. M. Rio écrit relativement aux améliorations à apporter dans l'agriculture de la Bretagne, et pose, à ce sujet, quelques questions dont il désirerait ob- tenir, de l'Académie , la solution. L'Académie a déclaré, à plusieurs reprises, qu'elle ne pouvait admettre des communications présentées ainsi sous forme de questions. Ces communica- tions seront désormais regardées comme non avenues. M. Blondlot et M. J. Gvérin adressent chacun un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. 90. .; ( 684 ) BULLETIiN BIBLIOGRAPHIQUE. li' Académie a reçu , dans cette séance , les ouvrages dont voici les titres: Coinples, rendus liehdomndnires des se mces de l' Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" i5; 10-4". Comptes rendus hebdomadaires de l'Académie royale des Sciences ; a* se- mestre 1845, tome XXI; in-4''. Société royale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances. Compte rendu mensuel, rédigé par M. Payen; tome V, n" 7 ; in-8°. Exercices d'Analyse et de Physique mathématiques; par M. AuG. Cauchy; tome III; 3i^ livr. ; 10-4". Stalisticjue ou Description générale du département de la Vendée; par y[. J.-A. Cavoleau; annotée et considérablement augmentée par M. DE LA FON- TENELLE DE Vaudorb; I vol. in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique. ) Voyages d» la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, (in Spilzberg et aux Femë, pendant les années i838, 1839 et i84o, sous la direction de M. Gaimard; 34* livraison ; in-folio. F.jrtifuations de Coblentz. — Obsewalions sur celte place importante, etc.; par M. J.Madelaine, capitaine en retraite, ancien élève de l'Ecole Polytech- nique ; broch. in-S". Nouveau Traité complet de la Filature mécanique du lin et du chanvre; par iVl. Ch. Goquelin, avec 37 planches gravées en taille-douce, par M. De- CQSTER ; texte in-8°, planches in-4°. Bulletin de In Société d' Horticulture de l'Auvergne; avril 1846; in-8". Monographie de la Pomme de terre, envisagée dans ses rapports agricoles, scientifiques et industriels , et comprenant l'Histoire générale de la Maladie des Pommes de terre en 1 845 ; par M. .1. Bonjean ; i vol. in-8". Note sur un terrain nummutitique de la Sicile, et Considérations générales à ce sujet; par M. Constant Prévost. (Extrait du Bulletin de la Société géologique de France. ) Brochure in-8°. Documents pour l'Histoire des terrains tertiaires; par le même ; broch. in-8". Rapport adressé par M. C. PREVOST, à M. le Ministre de i Instruction publi- que,sur les Gisements d' animaux fossiles découverts dans le bassin de la Gaionne, et communiqué par M . le Ministre à l'Académie. (Extrait des Comptes rendus de l'Académie des Sciences. ) In-4'*. ( 685 ) De la Chronologie des terrains et du Synchronisme des formations; par M. C. Prévost; in-4°- Formation fossile ; par le même. (Extrait du Dictionnaire universel d' Histoire naturelle.) In-8°. Volcan ; par le même ; \ feuille in-S". Géologie; par le même; ^feuille in-B". Annuaire de l'Institut des Provinces et des Congrès scientifiques; in- 12. Notice sur un Système de supports enfante avec entretoises mobiles enfer, des- tinés à remplacer les traverses en bois sur les chemins de fer; par MM. Bessas- Lamégie et Henry; i feuille in-folio avec un plan. Instniction pour l'usage du Galactomètre centésimal et du Lactomètre ; par M. DiNOCOURT; revue et corrigée par MM. Chevalier et Henry ; broch. in-8". Troisième Lettre sur le nouveau Système télégraphique universel et perpétuel de M. GoNON ; broch. in-8°. Dictionnaire universel d' Histoire naturelle; par M. Ch. d'Orbigny; tome V'I, 79* et 80* livraisons; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; avril 1846; in-S". Journal des Usines et des Brevets d'invention ; par M. ViOLLET; mars 1846; in -8". Recueil de la Société Polytechnique ; par M. DE MoLÉON ; 26* année , 5" série , tome III, n" lo; décembre i845; in-8''. La Clinique vétérinaire ; 17'' année; avril 1846; in-8''. Bulletin des Académies; Revue das Sociétés de médecine française et étrangères , 2* année; avril 1846; in-8''. L'Abeille médicale; 3* année, avril 1846; in -8°. Flora batava; i t4* livraison ; in-4°. iMemoirs and . . . Mémoires et Procès-V^erbaux de la Société chimique de Lon- dres; part. 16; in-8°. The Cambridge and. . . Journal mathématique de Cambridge et de Dublin, sous la direction de M. Thomson ; n° 3; in-8°. Verhandelingen. . . Mémoires de la Société des Sciences et Arts de Batavia; tome XX. Batavia, i845; in-8*'. Ehrengednchliiiss. . . . Éloge du conseiller d'Etat de Kielmeyer ; par M. G. .Taegee. (Extrait du vol. XXI, partie 2, des Mémoires de l'Académie des Curietix de la nature.) In-4°- Beschreibimg . . . Description des Sources minérales de la Grèce; par M. Lan- DERER. Nuremberg, 184S; in-8''. ( 686 ,) ïlBpc Twv. . . Des Eaux minérales de la Grèce; par M. Landerer. Athènes, i84o; ia-8°. X>7fji££a. . . Chimie; par MM. X. Landerer et 3. Sartori. Athènes, iS/Jo et i84a; 2 vol. in-8''. To^iy.o'koyta.. . . Mamiel de Toxicologie, à l usage des Médecins, des Phar- maciens, etc.; par M. X. Landerer. Athènes, i843j in-S". EyxsipttJjov . . . Manuel de Zoologie ialrico-pharmaceutique ; par le même. Athènes, i844; in-8°. Eyx.etpiâtov . . . Manuel de Botanique; par le même. Athènes, i845; in-8''. Eyy.stpt&iov . . . Manuel de Pharmacologie; par le même. Athènes , i845; in-8°. 'Eyy.upt^tov . . . Manuel de Sintagologie; par \e même. Athènes, 1846; in-8''. Délia nécessita ... De la nécessité et des moyens de boiser les montagnes et les collines de l'Italie supérieure; par M. J. Stefani. Vérone, 1842; in-8°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n° 16; in-4". Gazette des Hôpitaux ; n°' 44 à 4^; in-folio. L'Echo du Monde savant; n°* 3o et 3i; in-4°. Gazette médico-chirurgicale ; année 1846, n° 16. COMPTE RENDU DES SÉANCES ^ DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. >>€HS)-9< SÉANCE DU LUNDI 27 AVRIL 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Documents à l'appui des recherches sur la composition des végétaux; par M. Païen. « Dans la dernière séance , M. Gaudichaud, ne pouvant peut-être opposer que des doutes aux faits contraires à ses convictions, a réclamé la communi- cation des analyses que nous avions présentées, M. de Mirbel et moi, trois semaines auparavant , et que notre confrère voudrait vérifier. 'I Je dépose de nouveau les tableaux synoptiques renfermant tous les dé- tails utiles pour une semblable vérification ; ils seront tenus à sa disposition au Secrétariat, où déjà ils sont restés huit jours sans qu'il les eût demandés. » J'ai cru devoir y joindre la collection de sept Mémoires accompagnés de figures, communiqués à l'Académie de i835 à 1842; M. Gaudichaud y trouvera matière à des vérifications plus étendues relativement à des ana- lyses élémentaires, immédiates et anatomiques, qui ont établi un certain nombre de lois sur les développements des végétaux. » Notre confrère verra s'il peut trouver en défaut ces lois généralement admises, quoique plusieurs soient inconciliables avec le système dont il a entrepris la défense. » Quant aux indications que peuvent fournir les détails anatomiques et C. R., 1846, i" Semestre. ( T. XXII, N» 17.) QI •# ( 688 ) les réactions chimiques observées sous le microscope , représentées dans les dix-sept planches de notre dernier Mémoire avec M. de Mirbel, M. Gaudi- chaud ne les a pas réclamées j elles me semblent tout aussi utiles que l'ana- lyse pour compléter ime étude physiologique approfondie. » Notre confrère avait pu, il est vrai, jusqu'à ce jour, se passer de ces deux puissants moyens d'investigation; mais puisqu'il vent bien essayer de recourir au premier, il trouvera peut-être convenable ensuite d'user du se- cond; dans celte pensée, nous déposerons au Secrétariat les épreuves des figures coloriées et du texte, au fur et à mesure de la publication dans les Mémoires de l'Académie. » Un doute d'une autre espèce semble percei- encore dans le discours de notre confrère , malgré quelques précautions oratoires; la supposition d'une inexactitude volontaire ne devrait jamais être permise; on ne peut com- prendre qu'elle ait trouvé place dans une discussion académique, à moins ^l'admettre une préoccupation bien grande, telU; par exemple que celle que donnerait la crainte de voir entamer un système bien péniblement étayé. » M. Gaudichaud donc semblait douter que nos analyses eussent été faites depuis trois ans; cette circonstance ne changerait rien aux résultats; mais si la date était beaucoup plus récente, ou essayerait peut-être de mettre quel- i|ue «hose sur le compte de la précipitation. Je consentirais bien à laissei- cette légère lessource à knon confrère, s'il ne convenait de détruire la trace même d'une imputation pareille; quelques faits y suffiront. » Nos expériences relatives à la composition des couches concentriques d un chêne de vingt-cinq ans ont eu lieu sur un arbre qu'on venait d'abattre dans le bois de Boulogne pour tracer les lignes dts fortifications, et que M. le Conservateur des forêts de la Couronne et M. le garde général voulurent bien mettre à notre disposition, ainsi que plusieurs jeunes marronniers, dans l'intérêt de la science. » A cette date précise je puis ajouter les dates certaines de toutes nos analyses; en effet, elles furent toutes commencées en i84o, terminées dans les premiers jours de i843, et inscrites sur les registres ci-joints par M. Schmershal, préparateur, qui, depuis cette époque, a quitté le Conser- vatoire pour aller diriger une fabrique en Allemagne. » Toutes les analyses postérieures relatives à d'autres recherches ont été inscrites par M. Poinsot, nommé préparateur au moment du départ de INI. Schmershal. Il est donc de toute évidence que notre travail était terminé depuis plus de trois ans. » M. Gaudichaud s'est souvent pilalnt qu'on négligeât de répondre aux M ( 689 ) attaques sous diverses formes dirigées par lui contre les travaux qui contra- riaient ses idées physiolofîiques, et pourtant, {juidé par de sages exemples, je me serais abstenu sans les motifs que je viens d'exposer et que l'Académie saura apprécier. n J'tiurais voulu m'abslenir, car, en répondant, je n'ai pas satisfait davan- tage notre collègue, qui, sans avoir trouvé un seul mot;à dire après ma se- conde observation dans la séance précédente, a bien su avoir le dernier dans le Compte rendu; malheureusement les changements qu'il a introduits dans ses réponses ont rendu la discussion méconnaissable. >' Usant de la même latitude, j'aurais pu ajouter une Note additionnelle à la réplique additionnelle de M. Gaudichaud; mais notre confrère, certaine- ment, ne s'en serait pas tenu là, et je ne sais où nous nous serions arrêtés. Il m'a semblé plus convenable de laisser mes réponses telles que je les avais prononcées, rédigées séance tenante, et communiquées à l'un de mes confrères. >• Parmi les modifications introduites dans le Compte rendu, on remarque celte assertion : Que notre confrère était d'accord awc M. Pajen sur cer- tains faits de la maladie des pommes de ferre, mais aussi en désaccoid com- plet sur les principes théoriques; que le sentiment de M. Gaudichaud était invariablement arrêté lorsqu'il s'est pi ésenté devant la Commission, et que rien de ce qui s'y est passé n'a pu le déterminer à le modifier. » Cette faconde présenter les choses laisserait douter que, sur les faits eux- mêmes, le troisième membre de la Commission fiît entièrement du même avis , et l'on serait tenté de croire que l'opinion invariable de M. Gaudichaud aurait enfin triomphé seule. Or, dès qu'on a cru pouvoir dire quelque chose de la part que les membres de la Commission ont prise au travail , il ne con- vient plus délaisser le champ libre aux interprétations douteuses; aussi bien la vérité tout entière ne sera pas longue à dire, la voici : >• Après avoir communiqué une première partie de sou projet de Rapport aux deux autres membres, qui no l'approuvèrent point, car elle ne contenait qu'un historique incomplet et une théorie des phytons, notre confrère crut devoir la lire, devant l'Académie, au nom de la Commission. « Après de longues discussions et des expériences positives , il fut convenu que cette première partie, et tousses développements quatre fois plus éten- dus, seraient retranchés, ainsi que le jugement qui mettait au même niveau toutes les communications soumises à l'Académie ; qu'on y substituerait l'ex- posé des faits constants, leurs déductions rigoureuses et les conclusions mo- tivées qui rangeaient, suivant un ordre de mérite relatif, les Mémoires en- voyés à la Commission. 91.. ( 690 ) » Il ne restait donc rien du projet de Rapport, et, pour éviter à notre con- frère la peine de le recommencer, les deux autres membres réunirent leurs Notes, qui furent mises en ordre, lues, discutées et unanimement adoptées, en sorte que le Rapport définitif doit être considéré comme l'expression sin- cère de la pensée de la Commission. On se rappelle, d'ailleurs, que les con- clusions ont été volées par l'Académie. » Tout ceci, du moins je l'espère, me servira d'excuse si je m'abstiens, à l'avenir, de répondre; je croirai mieux employer mon temps à étudier et approfondir les faits, les observations sérieuses que je serais heureux de pou- voir rendre dignes de l'attention de l'Académie. » M. Gaudichaud annonce qu'il présentera, dans la séance prochaine, une réponse écrite aux remarques de M. Pajen. ÉCONOMIE RURALE. — Recherches expérimentales sur la faculté nutritive, des Jourrages avant et après le fanage; par M. Boussingault. (Extrait.) « On est généralement porté à admettre que les fourrages consommés eu vert sont beaucoup plus nourrissants qu'alors qu'ils ont été fanés; en d'autres termes, on croit que 100 kilogrammes de trèfle, de luzerne, d'herbe de prairie ont une valeur nutritive bien plus élevée que le foin qui résulte de 100 kilogrammes de chacun de ces aliments. Cependant, en compulsant avec attention ce qui a été écrit sur cette intéressante question, je n'ai rien trouvé qui justifiât suffisamment cette opinion. » Les résultats des expériences que je rapporte dans mon Mémoire ten- draient, au contraire, à faire présumer qu'une même quantité de fourrage nourrit plus quand elle a été fanée; mais il serait prématuré de tirer une semblable conclusion d'expériences si peu nombreuses. Ce qu'elles semblent toutefois établir avec quelque certitude, c'est qu'un poids donné de fourrage sec ne nourrit pas moins le bétail que la quantité de fourrage vert qui l'a fourni. » PHYSIQUE. — Recherches sur les phénomènes moléculaires qui accompagnent la production de l'arc voltàique entre deux pointes conductrices ; par M. DE LA Rive, professeur à l'Académie de Genève. (Extrait par l'auteur.) « Le passage du courant voltaï([ue détermine , dans les corps qui le trans- mettent, non-seulement des effets lumineux calorifiques et chimiques, mais ( 690 aussi des phénomènes moléculaires. Ces phénomènes sont très- variés ; tantôt ils se présentent sous la forme d'un transport de la matière pondérable dans une certaine direction déterminée, tantôt ils se manifestent en déterminant dans les corps un changement moléculaire ou un mouvement vibratoire , suivant que le courant qui les traverse est continu ou discontinu. Les phéno- mènes moléculaires sont accompagnés le plus souvent des autres effets, ou plutôt les accompagnent; cependant ils en sont quelquefois indépendants, ainsi que je l'ai fait voir en mettant en vibration des conducteurs métalliques par le simple passage d'un courant discontinu. C'est ce qui résultait aussi des expériences par lesquelles M. Wertheim avait démontré que l'élasticité d'un fil métallique est altérée par le seul fait qu'il transmet un courant électrique , sans même qu'il y ait dans le fil développement de chaleur. » li'éfude des phénomènes moléculaires opérés par la transmission des courants électriques est à faire. On ne possède encore sur ce sujet que quelques faits isolés sans lien entre eux. Je cherche dans ce moment à com- bler cette lacune , et le Mémoire, dont j'ai l'honneur de communiquer un extrait à l'Académie, est un fragment du travail que j'ai entrepris dans ce but. » Davy avait, je crois, le premier montré que, dans le phénomène de l'arc lumineux produit entre deux pointes de charbon communiquant cha- cune avec les pôles d une forte pile , il s'opère un transport des particules de charbon du pôle positif au pôle négatif. Ce sujet a été , plus tard, repris par Daniell et par Grove; je l'ai également étudié, il y a quelques années, en me servant de substances autres que le charbon, par pointes terminales des pôles. Dernièrement, MM. Foucault et Fizeau , dans un Mémoire remar- quable sur la lumière qui est produite dans l'arc voltaïque, ont obtenu des résultats fort intéressants en substituant aux pointes de charbon des pointes métalliques. Ils ont, en particulier, trouvé que des pointes de platine, lors même que le platine est forgé , peuvent conduire l'arc lumineux , et qu'il n'est pas nécessaire que ce métal soit, comme je l'ai cru, à l'état d'épongé; erreur qui provenait de ce que je ne faisais pas usage d'une pile assez puissante. » Les expériences que je viens d'achever ont eu pour but de déter- miner, en me servant de conducteurs de différente nature, tous deux taillés en pointe, ou l'un ayant la forme de pointe et l'autre celle de plaque, la distance maximum à laquelle on peut les éloigner l'un de l'autre, sans que l'arc lumineux cesse d'apparaître. J'ai également étudié la désagrégation de la matière qui s'opère au pôle positif, et le transport qu'elle éprouve de ce ■>:• j» • ( 69a ) pôle à l'antre. J'ai recueilli et examiné les dépôtSi résultant de ce trans- port, et enfin j'ai remarqué certaines particularités assez curieuses cjui ac- compa{jnent ces phénomènes. " I/appareil dont j'ai fait usage permettait d'apprécier , au moyen d'une vis de rappel , les dixièmes et même, au besoin , les centièmes de millimètre ; de sorte que la distance entre les deux pointes, ou entre une plaque et une pointe, pouvait être mesurée avec une grande précision. Je commençais toujours par mettre en contact les deux pointes, ou la plaque et la pointe, puis je ne les éloignais l'ime de l'autre que lorsque le courant avait déjà passé pendant une minute on deux. Cette condition m'a toujours paru indispen- sable; la durée de ce contact préalable et nécessaire variait seulement avec la nature des substances. Je n'ai pas pu observer d'arc lumineux ni même d'étincelle en rapprochant l'un de l'antre , autant que possible , les deux con- ducteurs avant que le contact eût été opéré. Il est vrai que la pile que j'em- ployais n'était pas une pile à haute tension , comme les batteries à eau de M. Gassiot, mais une pile de Grove de soixante-dix couples. » lia distance maximum à laquelle j'ai pu éloigner la pointe de la plaque sans que l'arc lumineux ait cessé, a varié de a à 6 millimètres. Elle était toujours, avec une plaque d'une pointe de la même substance, deux fois plus grande au moins quand la pointe communiquait an pôle positif et la plaque au pôle négatif, que dans la cas inverse. Dans les mêmes circon- stances, la distance était la plus grande avec des plaques et des pointes d'argent, de fer et de charbon, la moindre avec une plaque et une pointe de platine. En prenant des métaux différents pour la pointe et pour la plaque, j'ai trouvé que c'était surtout la nature de la pointe, que je tenais placée au pôle positif , qui déterminait la. distance; cependant la nature de la plaque qui communiquait au pôle négatif, n'était pas tout à fait sans influence, preuve qu'elle ne joue pas un rôle purement passif, comme on serait tenté de le croire, d'après le fait que le transport de la matière a Ueu seulement du pôle positif au pôle négatif où s'opère !e dépôt. >' Un point important à signaler, c'est que, dans chaque cas, la distance maximum à laquelle l'aie lumineux puisse être produit, est celle qui cor- res])onil à une même intensité dans le courant transmis. Ainsi, un galvano- mètre placé dans le circuit éprouvait une déviation qui allait en diminuant à mesure qu'on éloignait la pointe de la plaque, puis atteignait une dévia- tion constante au moment où la distance était devenue telle, que l'arc lumi- neux cessait d'avoir lieu. Cette déviation minimum ne changeait pas avec la nature des substances employées, lors même que la distance maximum cor- ( 693 ) respondaute variait avec ces substances, il semblerait donc que la condition à laquelle le phénomène est soumis, c'est ' Je ne m'étendrai pas, dans cet extrait, sur la nature du dépôt qui a lieu dans chaque cas; le charbon, comme les différents métaux, y affectent une structure bien différente de celle qu'ils avaient avant le transport; la limile de la température à laquelle ils sont exposés y contribue sans doute pour beaucoup. L'arrangement des particules transportées an pôle négatif quand ce pôle se termine par une plaque, et que le positif communique avec une pointe, s'opère avec une grande régularité et une symétrie remar- quable : c'est, au reste, ce qu'avaient déjà signalé Priestley et Nobili dans des cas analogues , sinon identiques. Quand la plaque communique avec le p5le positif, au lieu d'un dépôt, elle présente une cavité ou plutôt plusieurs cavités circulaires concentriques, paifaitement régulières également. » L'élévation de température est bien différente au pôle positif de ce qu'elle est au pôle négatif. Ainsi, les tiges métalliques tei'minées en pointe de a à 3 millimètres de diamètre, deviennent rouge-blanc an pôle positif sur une longueur de 3 centimètres environ ; an pôle négatii', elles ne rougis- sent pas même. Ainsi, les plaques, qui ne s'échauffent que peu quand elles communiquent au pôle négatif, éprouvent, quand elles communiquent avec le pôle positif, une élévation de température telle, qu'elles sont trouées très- rapidement, même lorsqu'elles sont àejcr on de platine, si elles n'ont pas au moins i millimètre d'épaisseur. » Celte plus grande élévation de températtu'c au pôle positif qu'au pôle négatif, la désagrégation de la matière qui s'opère au premier et n m au second, semblent nous montrer que la substance placée au pôle positif éprouve des vibrations ou des actions mécaniques, que celle qui communi- ( 694 ) que au pôle négatif n'éprouve pas. C'est, au reste, ce que démontre encore un fait curieux , qui se rapporte à une classe de phénomènes dont il me reste à parler. " Si l'on prend pour pointes terminales des pôles deux tiges de fer doux de I centimètre de diamètre, taillées en pointe fine, on peut les éloigner l'une de l'autre de 6 millimètres , sans que l'arc lumineux cesse d'être reproduit. Lorsqu'on les aimante fortement en faisant passer un courant électrique dans le fil d'nne hélice dont on les entoure , ou eu les mettant en contact avec les pôles d'un fort électro-aimant, l'arc lumineux cesse immédiatement; si l'ai- mantation disparaît assez vite pour que les pointes n'aient pas eu le temps de se refroidir sensiblement, l'arc lumineux recommence aussitôt, sinon il faut re- mettre ces pointes en contact pour qu'il ait lieu de uouveau. Lorsqu'on aimante d'une manière permanente les tiges de fer doux, on peut produire encore entre les pointes lare lumineux ; mais il diffère alors totalement de celui que l'on obtient quand il n'y a pas d'aimantation. Dans ce dernier cas, 1 arc se présente sous la forme d'une espèce de courant de fer fondu s'écoulant avec faci- lité, et sans bruit, du pôle positif au négatif, avec une auréole lumineuse d'un éclat des plus vifs. Dans l'autre cas, c'est-à-dire lorsqu'il y a aimantation, la distance à laquelle on peut éloigner les pointes l'une de l'autre sans que l'arc lumineux cesse d'avoir lieu, est tout au plus le tiers de ce qu'elle est quand il n'y a pas aimantation. Ce n'est pas tout: l'arc lui-même se présente sous la forme d'étincelles s'échappant avec peine et avec bruit dans tous les sens de la pointe positive. Aussitôt que Faimantation cesse, l'arc lumineux redevient instantanément paisible, et reprend l'apparence toute différente qu'il avait avant l'aimantation. Deux pointes d'acier trempé donnent naissance, dans les premiers moments de l'opération , et avant qu'elles aient eu le temps de su réchauffer assez pour perdre leur trempe, à un arc lumineux parfaitement semblable à celui qui a lieu avec du fer doux aimanté. J'avais déjà remarqué que l'aimantation permanente modifie le son que peut rendre un fil de fer doux par l'effet du passage du courant électrique, de façon à ce que ce fil rende le même son que si, au lieu de fer, il était d'acier trempé. Cette obser- vation , jointe à celle que je viens de signaler, nous montre que le changement moléculaire que l'aimantation imprime au fer doux est tout à fait analogue à celui que détermine la trempe. » Je termine par un fait qui est de nature à lier les phénomènes molécu- laires dont l'étude fait l'objet de ce Mémoire avec ceux qui se manifestent par la production d'un son, et dont j'ai parlé dans un précédent travail. J'ai dit, il y a un instant, que, lorsque les deux pointes de fer doux sont aiman- ( 695 ) tées , la production d'un arc lumineux est accompagnée d'une espèce de frois- sement qui n'a plus lieu lorsqu'elles ne sont pas aimantées. J'ai réussi à pro- duire ce phénomène d'une manière beaucoup plus marquée en remplaçant l'une des deux pointes en fer doux par une pointe d'un autre métal, et encore mieux par une pointe de coke ou de charbon de bois bien recuit. On obtient alors , quand le fer doux est aimanté , et seulement dans ce cas , un son con» tinu très-aigu et très-intense, tout à fait semblable à celui que produit la va- peur dans les sifflets des locomotives. Ce son cesse immédiatement dès que le fer n'est plus aimanté , tandis que l'arc lumineux continue à subsister; mais, ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que le son n'a lieu qu'autant que la pointe de fer doux aimantée communique avec le pôle positif; si elle com- munique avec le pôle négatif, on n'entend pas le moindre bruit. Le son est donc le résultat de la désagrégation des particules du fer doux aimanté opérée au pôle positifpar le courant électrique. Peu importe, du reste, qu'on aimante le fer doux par son contact avec le pôle d'un électro-aimant, ou en l'entou- rant d'une hélice traversée par un courant électrique; le phénomène a lieu de la même manière dans les deux cas. » Dans mon prochain travail , je m'occuperai des phénomènes moléculaires que détermine, dans les liquides, la ti^ansmission du courant, ph'énomènes intimement liés avec celui de leur décomposition et du transport de leurs éléments. » CHIMIE. — Sur la chlorocjanilide; par M. Auguste Laurent. « L'ammoniaque forme deux classes principales de combinaisons, les unes désignées ordinairement sous le nom de sels d'ammonium, les autres sous celui de sels d'ammoniaque. La première comprend tous les sels qui sont formés par l'union des hydracides et des oxacides hydratés avec l'ammo- niaque, la seconde renferme les singulières combinaisons que cet alcali forme avec les anhydrides, c'est-à-dire avec les acides, les chlorides, les fluorides... anhydres. " On admet généralement que les corps composés, qui ont servi à for- mer ces dernières, restent, après la combinaison, dans leur état primitif, c'est-à-dire que le sulfate d'ammoniaque, ou le sulfammon par exemple, ren- ferme de l'acide sulfurique et de l'ammoniaque. » J'ai déjà fait voir que toutes les fois qu'un oxacide anhydre se combine avec le gaz ammoniac, il se produit d'abord un acide particulier qui, en absorbant une nouvelle quantité de gaz, forme une combinaison saline ana- C. K., 18I6, i"Se/n« 17.) 92 (696) logue aux sels que l'on désigne sous le nom de sels d'ammonium. Ainsi lé sulfate et l'oxalate anhydres d'ammoniaque ne sont, suivant moi, que des sulfamate et oxamate d'ammonium; peu importe d'ailleurs que l'on admette ou non l'existence de l'ammonium. » L'expérience ayant confirmé, jusqu'à ce jour, ma théorie des acides amidés, il restait à étudier les combinaisons que forme l'ammoniaque avec les fluorides et les chlorides. » Nous avons résolu, M. Gerhardt et moi, de porter nos recherches sur ce sujet. Mais M. Gerhardt s'occupant spécialement des combinaisons ammo- niacales, j'ai pensé que nous parviendrions plus facilement à découvrir la constitution de ces composés à l'aide de l'analogie, et j'ai cherché si l'aniline, qui a présenté jusqu'à ce jour une si grande ressemblance avec l'ammoniaque, ne pourrait pas aussi former des combinaisons avec les chlorides et les fluorides. - » J'ai d'abord porté mes recherches sur le chlorure solide de cyanogène et, avec M. Delbos, sur le fluoride silicique. Je me propose de les étendre plus tard sur les autres chlorides. » Lorsqu'on traite le chlorure solide de cyanogène par l'aniline, en pré- sence de l'eau , il se forme immédiatement une combinaison que je nommerai chtorocjanilide, et dont la composition est entièrement analogue à celle que donne l'ammoniaque avec le même chlorure. « L'équation suivante rend compte de sa formation : CN'CP -t- C"H»N« = (CN'Cl + C'^N'H'=) + 2{HC1 + CH'N), Chlorocyanilide. c'ést-à-dire que i équivalent de chlorure solide, en réagissant sur 4 équiva- lents d'aniline, donne i équivalent de chlorocyanilide et 1 équivalents de chlorhydrate d'aniline. » Nous avons fait voir, M. Gerhardt et moi, que lorsqu'on chauffe la chlorocyanamide , tout le chlore s'en sépare à l'état d'acide chorhydrique et de chlorhydrate d'ammoniaque, tandis qu'il reste du mellon; et que lorsqu'on traite cette amide par la potasse, il se forme de l'ammélide. » La chlorocyanilide, soumise aux mêmes influences, donne des réactions qui, sans être semblables aux précédentes, présentent néanmoins beaucoup d'analogie avec elles. Ainsi, sous l'influence de la chaleur, elle perd tout son chlore à l'état d'acide chlorhydrique, tandis qu'il reste une nouvelle substance dont la composition doit se représenter par C'^N^H". On voit que si le chlore, en se dégageant de la chlorocyanilide, avait entraîné avec ( 697 ) lui de l'aniline , il serait resté une combinaison analogue au mellon. » Soumise à l'action de la potasse, la cblorocyanilide perd de l'acide chlorhydrique, absorbe i équivalent d'eau, et donne naissance à une nou- velle combinaison qui correspond à l'amméline, et dont la formule est C"H'»N'0. » Si Ton en retranchait i équivalent d'eau , on aurait la combinaison pré- cédente; et si l'on y ajoutait encore i équivalent d'eau, en en retranchant I équivalent d'aniline, on aurait un corps qui correspondrait à l'ammélide. » Malgré tout l'intérêt qui se rattache à ce sujet, je n'ai pu, faute de ma- tière, l'étudier convenablement. Mais M. Persoz ayant eu la bonté de me promettre du chlorure solide de cyanogène, j'espère pouvoir reprendre l'é- tude de ces combinaisons. » CHIMIE. — Sur la JluosiUcanillde ; par MM. Aug. Laurent et J. Delbos. « L'aniline mise en présence du fluoiide silicique absorbe rapidement ce gaz en formant une matière solide, en apparence homogène, et dont la com- position peut se représenter par 5 équivalents d'aniline et 3 équivalents de fluorure de silicium (F* Si'*). « Mais le résultat de cette combinaison est un mélange de fluorhydrate d'aniline, et d'une anilide fluosilicique dont la composition doit se repré- senter par G** H" F« ' Si« N*. » Lorsqu'on traite ce mélange par l'alcool à o,86, le fluorhydrate se dis- sout, tandis que l'anilide absorbe 3 équivalents d'eau, pour constituer une nouvelle combinaison que nous nommerons Jluosilicanilide et dont la com- position se représente par G** H" F" Si^O'N*. " Cette anilide cristallise facilement dans l'alcool, et, malgré la présence du silicium et de l'oxygène , elle se volatilise complètement sans décompo- sition. » Soumise à l'influence des bases, .elle régénère l'acide fluorhydrique, l'acide silicique et l'aniline. » La cblorocyanilide et la fluosilicanilide nous font voir que lorsque l'a- niline se combine avec les chlorides et les fluorides, il se forme, non une simple combinaison , mais un mélange de plusieurs corps. Il est donc très- probable que les combinaisons de l'ammoniaque avec les anhydrides ue sont pas de simples combinaisons d'ammoniaque, mais des mélanges d'a^ mides et de sels d'ammonium , ou bien des sels amidés d'ammonium. » 92.. ( 698 ) M. A. Cauchy fait hommage à l'Académie de la 3i* livraison de ses Exercices d'Analyse et de Physique mathématiques , tome III. RAPPORTS. PALÉONTOLOGIE. — Rapport sur une Note de M. Constant Prévost, relative I au gisement desjossiles de Sansan, près d'Auch. (Commissaires, MM. Arago, Al. Brongniart, Élie de Beaumont, Dufrénoy rapporteur.) « Les recherches que M. Lartet a entreprises avec autant de persévérance que de sagacité, depuis près de quinze ans, sur le gisement des fossiles de Sansan , ont été à plusieurs reprises encouragées et même soutenues par l'Académie. » M. de Blainville, que ses grands travaux en anatomie comparée rendent un juge si compétent des recherches de M. Lartet, les a appréciées dans plu- sieurs Rapports (i). Il a montré que le gisement de Sansan a doté la paléon- tologie de plus de quatre-vingts espèces d'animaux fossiles dont la plupart étaient alors inconnues; quelques-unes ont comblé de grandes lacunes qui existaient dans la série des Vertébrés fossiles, et l'une d'elles, la découverte si inattendue d'un singe voisin de l'orang-outang , a presque relié la faune diluvienne avec celle de l'époque actuelle : cette découverte avait même fait penser à quelques géologues que la colline de Sansau était destinée à (i) a. Rapport du 26 juin 1837, sur la découverte de plusieurs ossements fossiles de quadrumanes; par M. Lartet. [Comptes rendus , tome IV, page 981. Commissaires, MM. Du- méril , Flourens , de Blainville rapporteur. ) b. Rapport du iSseptembre 1837; par M. de Blainville. Sur un nouvel envoi de fossiles de .Sansan . {Comptes rendus, tome V, page 4 ' 7 •) c. Rapport du aS juin i838; par M. de Blainville. [Comptes rendus, tome VI, page 889.) d. Rapport du 16 juillet i838 , sur l'importance des résultats obtenus par M. Lartet dans les fouilles qu'il a entreprises pour rechercher des ossements fossiles , en réponse aux ques- tions adressées à ce sujet à l'Académie par M. le Ministre de l'Instruction publique. [Comptes rendus, tome VII, page 100. Commissaires, MM. Duméril, Flourens, de Blainville.) Les conclusions de ce Rapport ont été adoptées dans les termes suivants : « Les recherches auxquelles M. Lartet se livre depuis quatre ans ont procuré à la science et à nos collections publiques des avantages et des résultats d'un grand intérêt , et il est à désirer qu'il lui soit accordé de nouveaux encouragements, afin de lui ]>ermettre de poursuivre ses fouilles sur une plus grande échelle, et de les étendre judicieusement aux départements du sud-ouest de la France. » ( 699 ) résoudre la p,rande question de l'aucienneté de la race humaine sur la terre; jusqu'à présent, celte espérance ne s'est pas réalisée. Les deux grandes révo- lutions que le globe a éprouvées, depuis la formation de la colline deSansan, et dont les traces sont encore empreintes dans toute cette contrée, nous con- duisent à admettre que les grandes lois de Cuvier sur la répartition des êtres organisés seront confirmées dans leur ensemble, et que l'homme appartient à la dernière classe de la création. >• M. Lartet a donné au Muséum d'Histoire naturelle une partie des fossiles qu'il a recueillis à Sansan ; il a conservé dans sa collection les échan- tillons uniques, ou ceux qui, par leur état de conservation, lui avaient permis d'établir plusieurs des espèces qu'il a fait revivre pour la science. M. Constant Prévost, dans un premier voyage à Auch, dans lequel il a vi- sité, avec le plus vif intérêt, les précieuses collections de M. Lartet, a entrevu la possibilité de mettre désormais les collections nationales exclusivement en possession d'une source de richesses scientifiques dont M. Lartet n'a pu poursuivre l'exploitation, jusqu'à ce moment, qu'avec des sacrifices qu'il ne pourrait continuer, malgré son dévouement à la science. » Mais, avant de proposer à l'Administration d'acheter le terrain de la colline de Sansan, M. Constant Prévost a voulu reconnaître si ce gisement était unique par l'abondance des fossiles qu'on y recueille, et par leur état de conservation ; il a , en conséquence , consacré plusieurs mois à parcourir, dans différents sens, la vaste plaine que baigne la Garonne depuis sa source jusqu'à l'Océan, et de l'embouchure de ce fleuve jusqu'à la Bidassoa, étu- diant pas à pas les nombreuses localités où l'on a indiqué des gisements, des débris d'animaux vertébrés fossiles. « Tout ce que j'avais eu l'occasion d'apprendre et d'observer pendant » quatre mois de recherches, dit ce célèbre professeur, avait augmenté à » mes yeux l'importance scientifique du gisement de Sansan ; aucun autre >' de ceux que je venais d'observer ne m'avait paru comparable sous le rap- )i port du nombre et de la variété des fossiles, comme sous celui de la con- 11 servation des squelettes. » >' En effet , dans les autres points du bassin de la Garonne où l'on trouve des fossiles' vertébrés, les ossements sont disséminés dans des matières meubles ou peu consistantes; il en résulte que les parties dures, telles que les dents, les défenses, les bois et certains os, ont pu être garantis de la dé- composition , et ce n'est que très-rarement que l'on a trouvé des squelettes entiers. Plus rarement encore les débris des petits animaux ont pu être con- servés ou remarqués. Aussi, pendant que l'exploration de la colline de ( 700 ) Sansan sur un hectare de terre a donné le moyen de restaurer déjà plus de quatre-vingts espèces (i), les explorations faites dans tout le bassin delà Ga- ronne ont procuré au plus la connaissance de quinze espèces. » Cette étude des lieux a donc confirmé M. Constant Prévost dans la pensée de conserver aux travaux des savants français et aux musées na- (i) Nous joignons en note la liste de ces espèces, d'après M. Lartet : Mastodonte tapiroide. Mastodonte à dents étroites. Rhinocéros k quatre doigts, sans corne? Deux autres Rhinocéros (contestés, je crois , par M. de Blainville). PalcEotherium. Anoplotherium. Tapirotherium. Plusieurs-Pachydermes voisins des Cochons et des Antracotherium . Dinotherium. Sept ou huit espèces de Ruminants voisins des Cerfs . Un Antilope. Un petit Ruminant de la taille du Lièvre. Un grand Édenté voisin des Pangolins, nommé, par M. Lartet, Macrotherium . On ne possède que quelques portions du squelette de cet animal (une portion de membre), mais M. Lartet est presque certain de retrouver les autres pièces dans les bancs non encore exploités. Sept à huit Rongeurs analogues aux Lièvre, Rat , Loir, etc. Un grand Fclis, analogue au Guépard . Amphicyon, carnassier de la taille de l'Ours blanc et intermédiaire par ses caractères aux /Chiens et aux Coatis. Cinq autres Carnassiers analogues au Chien, à la Loutre, au Blaireau, à la Genette. Taupe. Insectivore inconnu. Un grand nombre de petites espèces qui, je crois, ne sont pas encore déterminées. Enfin , un Singe voisin du Gibbon. On a déjà trouvé deux portions de mâchoire ayant appartenu à deux individus ; des phalanges de la main. Comme pour le grand Édenté, il est presque certain qu'en poursuivant les recherches dans une direction indiquée, on pourra réunir les autres parties du squelette. Oiseaux. Plusieurs, dont quelques-uns de la taille des Colibris. Reptiles. Saurien, voisin des Crocodiles. Batraciens. Tortue d'eau douce, Émyde (de 2 mètres de long). Tortue terrestre. Poissons d'eau douce, plus des Lymnées, des Planorbes, des Hélices. :h ( 70I ) tionaux, ces médailles de l'ancien inonde, qui se retronvaient réunies à Sansan avec tant d'abondance. Constamment préoccupé de cette pensée, il n'a pu quitter Auch sans avoir pris au nom de la géologie, avec le proprié- taire de la colline, des arrangements pour la vente de la propriété des ter- rains qui les renferment. Il a proposé à l'Administration de ratifier cette ac- quisition, et il désire que l'Académie veuille bien appuyer ses démarches en donnant son approbation aux motifs qui l'ont déterminé. " Les détails que nous avons exposés il y a quelques lignes sur le nombre d'espèces fossiles que l'on trouve à Sansan et sur leur état de conservation militent fortement en faveur de la proposition de M. Constant Prévost, et nous ne saurions y rien ajouter ; mais nous l'appuierons par des considéra- tions géologiques, qui conduisent à penser que la colline de Sansan se pré- sente dans des conditions particulières qui ont déterminé l'accumulation des fossiles qu'on y observe ainsi que leur état de conservation. « Cette colline, située sur la rive droite du Gers, à i4 kilomètres au sud d'Auch, appartient au plateau qui prend naissance a Lannemezan et qui est compris entre les montagnes crétacées d'Aurignac et celles de Bagnères- de-Bigorre; les Pyrénées présentent deux axes parallèles qui, sous le méri- dien de Lannemezan , sont placés un peu en avant l'un de l'autre , en sorte qu'à celte hauteur de la chaîne, les terrains offrent un ressaut de près de i8 kilomètres, et la bande des formations crétacées inférieures , par exemple, qui s'étend de Monléon à Aurignac, au lieu d'être dans le prolongement de celle comprise entre Nay et Bagnères-de-Bigorre , s'avance de i6 à i8 kilo- mètres plus au nord. Il en résulte que le plateau sur lequel est situé Lanne- mezan, et dont l'origine est au débouché de la Neste, est en réalité placé dans une anse qui a reçu à une certaine époque toutes les eaux qui descen- daient de cette partie des Pyrénées pour se rendre dans l'Océan. Aussi voit-on sur la carte plusieurs rivières qui s'échappent en divergeant sous forme d'éventail du plateau supérieur de Lannemezan, notamment le Gers et la Baisse. » Cette disposition, qui ne se reproduit pas sur d'autres points de la chaîne des Pyrénées, conduit M. Constant Prévost à considérer le plateau de lian- nemezan et de Sansan comme un vaste delta formé par la Neste à une époque géologique ancienne; appliquant à cette localité la théorie des affluents qui lui avaient fourni une explication ingénieuse de la formation des terrains tertiaires du bassin de Paris, il admet que dans « l'anse com- » prise entre Saint-Gaudens , Toulouse et Agen , devaient s'établir néces- » sairement des contre-courants et des remous qui tendaient à rassembler #- ( 702 ) n de préférence sur cerlains points les corps flottants dont le dépôt avait " lieu avec celui des sédiments qui devaient les envelopper et les conserver. » » Sansan aurait été placé dans un de ces points où les courants , se contrariant, laissent les eaux presque sans mouvement, en sorte que les corps qui étaient entraînés dans cette enceinte ne pouvaient plus s'en éloi- ;i;ner; de là, la présence dans ce dépôt fossilifère des dépouilles d'animaux différents par leurs formes, leurs dimensions et leurs habitudes, tels que des Singes et des Mastodontes, des Diaotherium , des Tigres, etc. » » L'hypothèse d'un delta ancien, que nous venons de rappeler, a été sug- gérée à l'auteur par la disposition générale du plateau de Lannemezan, et quoique ses dimensions soient bien considérables pour un delta produit par un torrent des Pyrénées, cependant elles ne sont pas complètement en de- hors des phénomènes de même nature que nous offrent les terrains modernes ; en effet, la distance de I^annemezan à Sansan et à Simorre, point situé à i3 kilomètres à l'est-sud-est de Sansan , et qui a lui-même de la célébrité par les ossements de Mastodonte (i) qu'on y a recueillis, est d'environ 45 kilomè- tres. Ces dimensions s'éloignent peu de celles du delta du Rhôue qui con- stitue la Camargue et s'étend entre les deux branches de ce fleuve; en effet, la distance d'Arles à la mer est d'environ 43 kilomètres. Il L'ensemble des phénomènes que nous venons de rappeler, permet de concevoir que le sol des environs de Sansan peut former une exception dans la partie des terrains tertiaires situés sur la pente nord des Pyrénées, à tel point qu'il est peu probable de rencontrer une seconde localité où les ani- maux fossiles soient réunis en aussi grand nombre et où leurs dépouilles soient aussi complètes. » Deux autres circonstances viennent encore se réunir pour former de Sansan une localité privilégiée et probablement unique. Cette colline , quoique se rattachant au plateau de Lannemezan, forme cependant un petit mamelon isolé qui s'élève de 8 mètres au-dessus du niveau général du pla- teau, en sorte qu'on peut l'attaquer sur presque tout son pourtour; cest effectivement le mode qu'a suivi M. Lartet dans ses explorations, qui ont eu lieu seulement sur l'affleurement du dépôt à ossements. » I^a roche qui renferme les fossiles est un calcaire assez solide qui a pé- nétré les ossements et a puissamment contribué à leur entière conservation ; elle leur a en outre servi, pour ainsi dire, de ciment au moment de leur (i) Ces ossements de Mastodonte sont quelquefois colorés en bleu par du phosphate de fer, et ce sont eux qui ont fourni la turqijoise de nouvelle roche. ( 7o3 ) dépôt, en sorte que les pièces osseuses d'un même auùual sont rarement séparées , et qu'avec de la patience et du soin on peut parvenir à les obtenir toutes. C'est ainsi qu'il est arrivé à M. Lartet de reconstruire des squelettes presque entiers. Cette condition, en apparence secondaire, nous paraît, au contraire, une des plus heureuses pour la recherche des osseiflients fossiles; lorsqu'en effet ils sont disséminés dans des sables ou dans des argiles , ils sont presque toujours effleuris et se brisent par la plus légère pression /■xercée sur le terrain. Sous ce rapport, le gîte de Sansan a quelque analogie avec celui de Montmartre , qui a fourni à Cuvier l€S premiers matériaux de son immortel ouvrage sur les ossements fossiles; les squelettes de Palœothe- rium, à'yénoplotheriuin, etc., qu'il a fait connaître le premier, étaient in- crustés dans une pierre à plâtre solide et cristalUoe qui avait garanti de la destruction les parties les plus délicates des os. >' Il résulte des détails qui précèdent, que le gîte des fossiles de Sansan paraît devoir être une des mines les plus fécondes pour l'étude de la faune antédiluvienne. Sans doute on ne doit pas s'attendre que chaque jour, que chaque coup de pioche enrichira la science de faits nouveaux , ou fera revivre quelques-unes de ces formes insolites qui viennent admirablement remplir les lacunes actuelles de la science zoologique, ainsi que cela a eu lieu par la découverte du singe fossile. Mais, comme pour la restauration du squelette des animaux il ne suffit pas d'une ou deux pièces, même des plus caractéris- tiques , il est vivement à désirer que les recherches de Sansan soient conti- nuées avec la même sagacité et la même persévérance que M. Lartet y a apportées; peut-être alors rencontrera-t-on, dans les parties du sol encore vierge, tous les ossements du Singe , du Dinotherium et de cet Edenté gigan- tesque dont M. Lartet n'a encore trouvé que des parties trop peu nombreuses pour le déterminer. Mais, pour y parvenir, il est nécessaire d'être proprié- taire du terrain, afin de poursuivre les recherches dans la direction indiquée par la position des ossements. » L'acquisition des terrains de la colline de Sansan paraît , à votre Com- mission , être la conséquence nécessaire de la possession de la collection elle- même, puisqu'elle fournira le moyen de la compléter. Les recherches posté- rieures permettront sans doute aussi de faire des dons à des établissements d'instruction publi(|ue qui, sans appartenir à la plus haute sphère des sciences, comme le Muséum d'Histoire naturelle , contribuent puissamment à leur avan- cement en les propageant dans toutes les classes de la société. " L'acquisition de ce terrain par l'État est d'autant plus utile, que ce riche dépôt de fossiles pourrait passer entre les mains de personnes qui ne ver- C. R., r846, i" Semestre. {T. XXil, N" 17.) 9^ ♦ * ( 7o4 ) raient dans sa possession qu'un moyen de spéculation. Il serait également pos- sible quon n'apportât pas dans son exploitation les soins minutieux, si né- cessaires dans l'opération de repérage qui assure le rétablissement des sque- lettes dans leur entier. " Votre Commission n'étant point consultée sur l'acquisition de la collec- tion de M. Lartet , elle n'a pas cru devoir traiter ce sujet; toutefois elle pense utile de rappeler que les différents Rapports de M. de Blainville ont montré qu elle renfermait des pièces uniques , et dont le gîte même de Sansan pour- rait peut-être ne pas fournir de nouveaux exemples ; fruit de quinze années de travaux persévérants, elle fait connaître la faune antique des Pyrénées, et nous paraît un complément nécessaire aux belles collections d'Anatomie comparée du Muséum, que les zoologistes de toutes les nations étudient avec un si grand empressement. Conclitsioni. » D après les considérations qui précèdent , la Commission est d'avis qu'il y a lieu d'approuver la proposition de M. Constant Prévost , relative à l'ac- quisition du terrain de la colline de Sansan. » Elle vous propose , en outre , de le remercier de son intéressante com- munication. « liCs conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. Magendie annonce que la Commission chargée de l'examen des Mé- moires de M. Vallée sur la Théorie de la vision a terminé son travail et que le Rapport sera présenté dans la prochaine séance. MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Mémoire sur la pulvérisation rapide des calculs urinaires, et sur l'extraction artificielle de leurs débris; par M. Leroy d'Etiolles. (Extrait par l'auteur.) (Comminissaires, MM. Serres, Roux, fiallemand, Gambey.) « Dans ce nouveau système de lithotritie , la pierre est réduite en poudre en quelques minutes, an moyen d'instruments qui, par un mouvement d'oscillation latérale, promènent sur tous les points de son diamètre, soit des râpes, soit des lames tournantes qui la grugent. Ces pulvérisateurs oscillants , dont j'ai soumis les premiers essais à l'Académie il y a deux ans, conviennent surtout aux pierres solitaires volumineuses; quant aux pierres multiples et ( 7o5 ) aux petites pierres , je continue de leur appliquer le système de l'écra- sement, en y joignant l'extraction artificielle, qui rend la guérison beaucoup plus rapide, et dont, pour ma part, j'ai fait usage avec succès sur plus d- cent malades. Un brise-pierre à cuillers larges et profondes permet d'ex- traire, à chaque sortie de l'instrument, près de a centimètres cubes de dé- bris, en sorte que, dans les circonstances favorables, un calcul de 35 milli- mètres (i5 lignes) de diamètre peut être broyé et enlevé en une seule séance de huit à dix minutes. » CHIRURGIE. — De la pulvérisation immédiate et de l'extraction immédiate des pierres vésicales par les voies naturelles : première partie ; par M. Heurteloup. (Extrait par l'auteur.) (Commission nommée pour le Mémoire de M. Leroy d'Etiolles.) « Cette première partie traite particulièrement de l'extraction immédiate des calculs urinaires ; j'arrive à ce résultat en introduisant successivement des instruments analogues à mon percuteur courbe à marteau, mais qui ont des branches excavées en cuillers, au lieu d'avoir des branches armées de dents et que je désigne sousle nom àe percuteurs à cuillers. Par suite de l'introduction successive des instruments à cuillers, je parviens à extraire immédiatement des pierres d'un volume considérable, car chaque instrument rapporte une quantité de pierre emprisonnée entre les cuillers , qui sont rapprochées au moyen du marteau. " .l'indique, dans mon Mémoire, la manière dont il faut s'y prendre pour que les pierres ou les fragments viennent tomber dans les cuillers de l'instrument sans qu'on soit obligé de les aller chercher; la manière dont l'instrument chargé de pierre vient, par un mouvement prompt et doux, .se placer dans l'étau fixe qui le maintient inébranlable pendant la percussion , et enfin les moyens que j'emploie pour introduire, avec facilité et promp- titude , les instruments qui doivent opérer l'extraction. » Mon Mémoire présente l'exposé d'un grand nombre de cas de malades opérés par ma nouvelle méthode. Dans la seconde partie, je ferai connaître mes travaux relatifs à la pulvérisation immédiate des pierres vésicales , qui est le second problème que je me suis proposé de résoudre pour arriver au but im- portant d'éviter les désordres produits par les fragments qui résultent des différents systèmes de morcellement des pierres. « M Deleau met sous les yeux de l'Académie un instrument de lithotritie de 93.. ( 7o6 ) son invention, et indique de vive voix qaelques-unes des naodifications qu'il a fttit subir à cet appareil depuis qu'il l'a présenté pour la première fois. L'instrument, sous sa première forme, avait été présenté à l'appui d'un Mémoire destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, concours clos depuis longtemps, et pour lequel, par conséquent, les perfec- tionnements ultérieurs que les concurrents ont pu apporter à leurs inven- tions sont regardés comme non avenus. D'un autre côté l'appareil, sous sa nouvelle forme , n'étant point accompagné d'une Note écrite, ne saurait être renvoyé à l'examen d'une Commission spéciale. Cependant, en raison des rapports que présente cette communication avec celles de MM. Leroy d'Étiolles et Heurteloup, MM. les Commissaires ci-dessus désignés sont in- vités à prendre connaissance de l'instrument de M. Deleau. (Renvoi à la Commission nommée poiir MM. Leroy d'Étiolles et Heurteloup.) M. BoNJEAN adresse, de Chanibéry, une nouvelle Note concernant Vaction fie l'ergotine sur les blessures artérielles. Une Note précédente, adressée en date du i6 mars dernier, était relative à des expériences faites avec l'ergo- tine sur un mouton auquel on avait ouvert la carotide gauche le 20 août 1845, et la carotide droite le aS octobre suivant. Aujourd'hui l'auteur fait connaître les résultats de l'autopsie cadavérique de ce même animal, tué le 19 avril courant, au moyen d'une section pratiquée sur la moelle épinière. « Il a été nécessaire de passer le rasoir sur les côtés du cou pour pouvoir reconnaître la place des incisions qui avaient été pratiquées. Les cicatrices étaient linéaires et à peine sensibles. On s'est assuré, par la dissection, que les vaisseaux qui avaient été ouverts étaient bien réellement les carotides, puis on a procédé à l'examen de ces vaisseaux. Pour la carotide droite, après l'avoir isolée, on a constaté d'abord, par l'inlroduction d'un stylet, qu'elle n'était point oblitérée. L'ayant ensuite ouverte longitudinalementparsa partie postérieure, on a vu sur la face interne une ligne légèrement saillante; sur la face externe c'est avec difficulté qu'on a reconnu la place de la cicatrice correspondant à cette ligne transversale. Le calibre du vaisseau n'était point diminué; la circulation avait dû s'y faire, après l'expérience, aussi librement qu'elle s'y faisait auparavant. La carotide gauche a été l'objet d'un examen semblable, avec celte seule différence que, pour juger mieux de l'état du vaisseau, on l'a injectée par le bout inférieur. On a attendu la solidification du liquide d'injection avant de poursuivre la dissection, et l'on a pu s'assurer, mieux encore qu'on ne l'avait fait pour l'autre artère, qu'il n'y avait eu aucun ( 707 ) rétrécissement du calibre. F^a cicatrice, à la surface externe, était de forme arrondie, légèrement enfoncée, et rayonnée irréjjulièrement. Son diamètre était de 3 millimètres. Ces deux pièces et les parties de la peau du cou de l'animal où se voient les traces des incisions extérieures ont été conservées dans leur état de souplesse , et adressées en même temps que la Note dont nous venons de donner l'extrait. Une deuxième partie de la Note est relative à l'action de l'erfjotine dans les blessures des veines; l'auteur rend compte des essais qu'il a faits sur divers chevaux auxquels on avait pratiqué une ou plusieurs saignées. L'application de l'ergotine a, dans tous les cas, arrêté le sang en quelques minutes, et la petite ouverture faite à la peau s'est cicatrisée par première intention. " En ayant recours à ce moyen, on éviterait, dit M. Bonjean, les divers accidents qui résultent quelquefois de l'emploi de l'épingle, et il y aurait, de pins, l'avantage qu'il ne resterait pas, comme c'est toujours le cas lorsqu'on em- ploie l'épingle, de ces cicatrices qui déprécient singulièrement les chevaux de prix. » (La Note de M. Bonjean est renvoyée, avec les pièces qui y sont jointes, à l'examen de la Commission précédemment nommée pour d'autres commu- nications de l'auteur concernant l'ergotine.) Une seconde Note de M. Bonjean est relative à des expériences entreprises dans le but de savoir si ]es pommes de terre malades pouvaient être employées comme plant. « Dans un petit carré de terre de 6 pouces de profondeur, situé au jardin botanique de cette ville, exposé au midi et abrité du froid par des vitrages, j'ai planté, le i" décembre i845, trente-six pommes de terre d'espèces différentes, et toutes attaquées assez fortement de la maladie. Au-dessous de la terre elle-même est une couche de fumier de cheval tassée à une hauteur de 3 pieds, afin de fournir à la végétation la chaleur qui était néces- saire à son développement. Ces pommes de terre ont toutes levé la première huitaine de février seulement; les tiges se sont développées d'une manière très-vigoureuse, jusqu'à une élévation de plus de i pieds. Aujourd'hui toutes ces plantes sont en fleur ou sur le point de l'être. Le 1 5, j'en ai arraché trois de celles dont la maturité paraissait le plus avancée; ce sont précisément trois variétés distinctes, une rouge, une jaune et une violette. Chacune de ces plantes contient six à huit tubercules nouveaux, tous parfaitement sains, et dont quelques-uns sont de la grosseur d'un œuf. Ces pieds de pomme d« terre possèdent encore, fortement adhérent , le tubercule-semence, et j'ai re- connu que ceux qui se sont développés tout proche de ce dernier, de manière à être presque en contact direct avec lui , n'offrent non plus aucune espècp de tache. )' Parmi les trente-six pommes de terre plantées qui font le sujet de cette Note, il s'en trouvait une, que j'avais choisie à dessein, entièrement pourrie, réduite en putrilage mou, mais ayant conservé à son sommet un œil parfai- tement sain. Cette pomme de terre a levé en même temps que les autres ; seulement elle a fourni une tige grêle qui n'a, depuis un mois, que 5 à 6 pouces de hauteur, et qui, probablement, ne se développera pas davan- tage. Je me suis assuré que cette faible plante a cependant produit un petit tubercule de la grosseur d'une noisette et parfaitement sain. » (Renvoi à la Commission des pommes de terre. ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ivjÉCANiQUE APPLIQUÉE. — Mémoire de M. Chapuis, ancien capitaine du génie maritime, sur les moyens de prévenir les accidents sur les chemins de fer. (Renvoi à la Commission des chemins de fer.) (I M. le baron Charles Dupin, en présentant ce Mémoire, indique som- mairement les moyens par lesquels cet ingénieur distingué prévient les acci- dents sur les chemins de fer : i° en supprimant à volonté la transmission de force de la locomotive sur les rails; 2° en produisant un frottement puissant sur les rails; 3" en empêchant les mouvements latéraux par lesquels la loco- motive tendrait à quitter les rails ; 4" en séparant à volonté du convoi , une partie quelconque qui déraillerait et tendrait à faire dévoyer le reste du convoi. IjCS moyens imaginés par l'auteur sont simples, très-pratiques, et peu- vent s'adapter à tous les systèmes existants de locomotives et de wagons. » Sur la demande de M. Piobert , M. Ch. Dcpm est adjoint à la Commission chargée d'examiner le Mémoire de M. Chapuis, et les autres communications précédemment reçues par l'Académie concernant les moyens de diminuer ou de prévenir les dangers. M. Vachon soumet au jugenient de l'Académie un appareil pour cribler les (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin, Seguier.) grains. ( 709 ) CORRESPONDAIVCE. M. le Ministre de la Marine , en accusant réception des Instructions qui avaient été demandées pour le voyage de M. Leguillou à Madagascar, an- nonce que l'expédition projetée ne devant pas avoir lieu, il a transmis ces documents à M. le gouverneur de Bourbon, afin qu'ils soient remis aux chi- rurgiens de la Marine qui pourraient se trouver en position d'explorer l'île de Madagascar. PHYSIQUE DU GLOBE. — Relation de V éruption boueuse sortie du volcan de Ruiz et de la catastrophe de Lagunilla dans la république de la Nouvelle- Grenade; par M. le colonel Joaquin Acosta. « Le 19 février de l'aimée i845, vers sept heures du matin, on entendit un grand bruit souterrain sur les bords de la Madelaine, depuis la ville d'Ambalcma jusqu'au village de Mendez, c'est-à-dire entre deux points éloi- gnés de plus de 4 myriamètres. Ce bruit subit fut suivi, dans une étendue moins considérable, d'une secousse de tremblement de terre. Ensuite il des- cendit du nevado de Ruiz par le Rio-Lagunilla , qui a ses sources près du groupe volcanique de Ruiz, un immense flot de boue épaisse qui, remplis- sant rapidement le lit de cette rivière , couvrit ou entraîna les arbi'cs et les maisons, ensevelissant les hommes et les animaux. Toute la population de la partie supérieure et plus étroite de la vallée du Lagunilla périt. Dans la partie inférieure, plusieurs personnes se sauvèrent en fuyant latéralement vers les hauteurs; d'autres, moins heureux, restèrent isolés sur les sommets de monticules où il fut impossible de les secourir assez à temps pour les arra- cher à la mort. » On évalue à environ mille personnes le nombre des victimes; la plu- part étaient des planteurs employés dans la grande culture de tabac d'Am- balcma. » En arrivant dans la plaine avec impétuosité, le courant de boue se divisa en deux bras: le plus considérable suivit le cours du Lagunilla, se dirigeant ainsi vers la Madelaine; l'autre, après avoir franchi une arête assez élevée, s'écarta en suivant une direction formant un angle presque droit vers le nord, et parcourut la vallée de Santo-Domingo, bouleversant et entraînant des forêts entières qui allèrent se précipiter dans la rivière de Sabandija , ■ qui se trouva ainsi arrêtée par un immense barrage. Le danger d'une inon- ( 7'o ) dation des terres en aval devenait imminent. Heureusement une pluie abondante, qui survint dans la nuit, donna aux eaux assez d'impulsion pour se frayer un passage au travers de cet amas d'arbres brisés, de sables, de roches et de boue fétide, mélangée d'énormes blocs de glace qui étaient descendus de la cordillère en telle abondance, qu'après plu- sieurs jours ils n'étaient pas encore entièrement fondus, malgré la tempéra- ture élevée (28 à 29 degrés) de ces lieux. Or, cette masse de glace venait d'une hauteur de 4800 mètres, limite inférieure des neiges perpétuelles sous cette latitude (4°5o'). C'est la première fois, de mémoire d'homme, que les habitants des bords embrasés de la Madelaine avaient vu de près de l'eau solidifiée par le froid. Plusieurs personnes furent gelées , et ce fut un spectacle étonnant que de voir les eaux tièdes de la Madelaine charrier des glaçons. " Le terrain couvert par les débris et la boue est de plus de quatre lieues carrées; il présente l'aspect d'un désert ou d'une plage à la surface de laquelle surgissent, comme autant d'îlots, des amas de grands arbres brisés qui résistèrent à l'impulsion du torrent. La profondeur de la couche de boue varie beaucoup; elle est plus grande vers la partie supérieure, où elle atteint souvent de 5 à 6 mètres. Par un calcul bien au-dessous de la réalité, il y au- rait eu plus de trois cent millions de tonnes de matière éboulée, ou sortie à l'état de bouillie ou pâte molle et très-homogène, des flancs du volcan de Ruiz, dont l'altitude, d'après M. Degenhart quil'explorale premier en i843, est de 6000 mètres. On ignore les causes de cette catastrophe; mais, d'après M. Degenhart, il y existait déjà un éboulement très-considérable vers le nord de la Mesa de Ruiz, et il est probable que celui de i845 a eu lieu sur le ver- sant méridional, parce que c'est là que le Lagunilla prend naissance. Comme à l'époque des grands tremblements de terre de 1828, on remarqua dans les viviers une énorme quantité de poissons morts. » ENTOMOLOGIE. — Observations relatives à l'histoire des Mé/iponites ; par M. Go.uDOT. (Extrait.) « Parmi les diverses espèces de Méliponiles que j'ai eu l'occasion d'obser- ver dans les parties chaudes et tempérées de la Nouvelle-Orenade , plusieurs sont assez nombreuses, et fournissent des produits assez abondants pour que la recherche des ruches occupe chaque année un certain nombre d'habitants des campagnes. A deux époques différentes, ces hommes parcourent les forêts dans le seul but de récolter le miel et la cire, qu'ils se procurent ( v^ ) d'ailleurs avec assez de peine, car les grandes espèces qui en donnent le plus, et qui toutes appartiennes à la première division de Latreille , celle des Mélipones proprement dites, ont coutume de s'établir dans les cavités des troncs cariés, et, pour arriver à la ruche, il faut presque toujours abattre l'arbre. Le miel récollé par ces coureurs des bois paraît quelquefois sur le marché de Bogota , où il est apporté communément dans des entre- nœuds de bambou (guaduas). Le contenu de chacun de ces vases est le plus souvent un mélange des produits de diverses espèces, et il en est de même de la cire qui est offerte en vente par ces mêmes hommes. Elle est toujours d'une couleur assez obscure , et, jusqu'à présent, on n'est pas parvenu à la blanchir. Cette remarque ne s'applique point d'ailleurs à la cire des Andaquies, car cette dernière, dont M. Lev?y a fait connaître la composition (i) d'après des échantillons rapportés par moi, n'arrive pas jusqu'au marché de Bogota. » Les mœurs des Méliponites ont été jusqu'à présent très-peu étudiées ; les renseignements qu'on trouve à ce sujet dans les ouvrages d histoire na- turelle sont tout à fait incomplets , et souvent même très-inexacts. Ceux que je vais donner ici sont le résultat de mes propres observations. » Les sociétés formées par les Méliponites durent plusieurs années; puis, après un certain intervalle de temps, et par suite de causes que je n'ai pu suffisamment apprécier, elles dépérissent, de sorte que les ruches deviennent à peu près abandonnées. 11 m'est arrivé plusieurs fois d'abattre un arbre dans lequel , d'après un ensemble de signes bien connus des gens du pays qui m'ac- compagnaient, je devais m'attendre à faire une ample moisson de miel, et, après toute cette peine, de qe trouver dans la cavité du tronc qu'une ruche déjà ancienne, peu de Mélipones, des gâteaux desséchés, beaucoup de cel- lules remplies de pollen [masato) tout à fait passé à l'état aigre^ et presque pas de miel; ce qui annonçait une désertion partielle de la ruche. n Les ruches, pour une même espèce, et selon les cavités des arbres dans lesquelles elles sont construites, varient de forme et de grandeur; en géné- ral, elles sont ou globuleuses ou un peu allongées. Le même arbre n'en ren- ferme communément qu'une seule , et très-rarement deux..Les parois de ces ruches, formées de plusieurs couches d'une matière résineuse, cassauie, de couleur noirâtre , sont beaucoup plus épaisses à la partie supérieure que dans le reste du pourtour. Dans la ruche de la Melipona Jasciata, Lath. , j'ai trouvé quelquefois à ce dôme une épaisseur de 5 à 6 centimètres ; à peu (i) Reclierches sur les diverses espèces de cire. (Annales de Chimie et de Physique , 3' série , tome XIII.) C K., 1846, i" Semestre. (T. X.X11, N« 17.1 94 ( 712 ; près au centre se trouvent les gâteaux formés par l'ensemble des alvéoles, qui ne sont destinées qu'à contenir les larves : chacun de ces gâteaux s'étend horizontalement, et contient un seul rang de cellules hexagones dont l'ou- verture est tournée en haut. J'en ai compté, dans une même ruche, jusqu'à douze superposés; les plus nouvellement construits m'ont paru être ceux des parties inférieures. Dans l'intervalle qui sépare deux gâteaux, se voient un certain nombre de piliers de support disposés de manière à ne point gêner la circulation. » A la partie supérieure ou sur les côtés (je n'ai pas observé de régularité à cet égard ), entre les gâteaux et les parois qui forment l'enveloppe générale de la ruche, sont placées les loges qui contiennent les provisions de ré- serve. Ces loges, très-différentes, par leur forme, des alvéoles dont se compo- sent les gâteaux ou rayons, sont ovoïdes, entièrement closes, tantôt isolées, tantôt groupées irrégulièrement, et alors présentant quelquefois, dans leur agglomération, l'apparence de stalactites. Les loges le plus haut placées ren- ferment, presque exclusivement, le pollen à divers états de fermentation; les loges placées plus bas, semblables pour la forme aux précédentes, con- tiennent, en général, le miel. Cette disposition, du reste, n'est pas constante, et quelquefois les loges à miel se trouvent pêle-mêle avec les loges à pollen. » Les insectes pénètrent dans la ruche au moyen d'un tube à peu près cylindrique et plus ou moins long. Ce tube, formé de cire, aboutit ordinai- rement à la portion supérieure et un peu latérale. » Cette disposition des ruches des Mélipones diffère, comme on le voit, notablement de celle que M. Peltier de Saint-Fargeau, dans son Histoire des Hyménoptères, avait signalée d'après des renseignements inexacts. « IjCS phis grandes espèces sont, comme on pouvait s'y attendre, celles qui produisent le plus de cire et de miel. Le miel de la Mélipone à bandes [M. Jàsciata, Latr.) a l'apparence d'un sirop épais d'un jaune verdâtre , il est d'un goût très-agréable; une ruche régulièrement approvisionnée m'en a fourni 3 litres, sans compter celui qui s'était perdu par le déchirement des cellules au moment de la chute de l'arbre. La quantité de cire était d'en- viron I kilogramme, c'est-à-dire à peu près égale à celle que fournit une ruche ordinaire d'abeilles domestiques. Si la quantité de miel paraît pe- tite, relativement à celle qu'on obtient chez nous des abeilles , il faut se rap- peler que les circonstances qui rendent l'approvisionnement nécessaire ne sont pas les mêmes dans les deux pays. » Dans la Nouvelle-Grenade, en effet, il n'y a point d'hiver proprement dit ; mais comme à deux époques de l'année les plantes ont beaucoup moins (7'3) de fleurs, les Mélipones auraient à souffrir de la disette si elles n'avaient une réserve. Aussi est-ce immédiatement avant ces deux époques que leurs ru- ches contiennent le plus abondamment les matériaux amassés comme provi- sions; en conséquence c'est en mai et avril , d'une part, en octobre et novem- bre, de l'autre , que les gens du pays vont dans les forêts à la recherche du miel ou, pour se servir de leur expression, vont rucher {colmenear). >' Sous le rapport des produits, tous les groupes de la famille ne sont pas également dignes d'attention: le Mélipones proprement dites, parmi lesquelles il faut comprendre les espèces que M. Peltier de Saint-Fargeau a voulu en détacher sous le nom de Tétragones, sont les plus intéressantes; les Trigones le sont beaucoup moins. Le miel de ces dernières est, en général, peu abondant , plus aqueux, moins agréable au goût et quelquefois , au dire des habitants, doué d'une propriété purgative. La cire est aussi , en général, en moindre quantité, plus résineuse et plus noire. " Plusieurs espèces de Trigones forment leurs ruches dans des localités tout autres que les Mélipones et avec des matériaux différents; ainsi, la Tri- gone Amalthée dépose un enduit de boue à la surface des vieilles murailles en terre qu'elle perfore pour s'y établir. Une autre espèce, la Trigona mexi- cana, G., s'établit entre des racines vermoulues ou dans de grands amas de détritus végétaux qui se rencontrent dans les embranchements des vieux arbres. Cette habitude leur a valu à toutes les deux collectivement, de la part des habitants, le nom d'abeilles malpropres {abejas vasureras). Le miel de l'une et de l'autre espèce est peu estimé : la Trigona fidviventris , au contraire, construit sa ruche dans des cavités d'arbres cariés, comme les Mélipones proprement dites, et son miel est tenu pour de bonne qualité. n Quoique ayant séjourné longtemps dans un pays où les Mélipones sont très-communes, et où j'avais de nombreuses occasions de les observer, je n'ai jamais vu d essaim de ces Hyménoptères, et aucun des habitants que j'ai interrogés n'en avait vu. Devra-t-on croire qu'elles ne fondent point de colonies à la manière de nos abeilles? je n'oserais rien affirmer à cet égard. Tout ce que je puis dire, c'est que, pour quelques-unes, on a observé des émigrations en masse. Ainsi , une espèce non encore décrite , voisine de la Tetragona elongata et quadrangula , de M. Peltier de Saint-Fargeau, la seule que l'on apporte des bois et qui d'ordinaire s'accommode facilement de la nouvelle demeure qu'on lui donne près des habitations, l'abandonne quelquefois au bout de peu de temps, probablement lorsque les larves des rayons qu'on avait apportés pour former la nouvelle colonie étant toutes écloses, la nouvelle et l'ancienne génération peuvent partir ensemble. " 94.. ( 7'4 ) CHIMIE. — Note en réponse à une Lettre récente de M. Gerhardt; par MM. FavBE et SiLBERMANN. « Certains corps organiques offrent une analogie incontestable de for- mules et de propriétés, qui est surtout remarquable dans les corps dérivés (le l'esprit-de-bois, de l'esprit-de-vin , de l'huile de pomme de terre et de Péthal. » M. Gerhardt a proposé récemment d'appeler ces sortes de corps, des composés homologues. « Nous avions cru que ce nom nouveau exprimait une pensée qui n'é- tait pas nouvelle; notre erreur était bien excusable, car voici comment M. Gerhardt s'exprime à la page aS du premier volume de son Précis de Chimie organique, où il le prononce pour la première fois: " Nous appelons substances homologues celles qui jouissent des mêmes » propriétés chimiques et dont la composition offre certaines analogies dans • les proportions relatives des éléments. » Voici quelles sont les substances homologues parmi celles dont nous " venons de parler : >' i". Esprit-de-bois, esprit-de-vin, huile de pomme de terre, éthal; » 2°. Acideformique, acide acétique, acide valérianique, acide éthalique; n 3°. Acide sulfométhylique , acide sulfovinique, acide sulfoaniilique, » acide sulfocétique; " ii°. Éther chlorhydrique de l'esprit-de-bois, éther chlorhydrique de n l'esprit-de-vin, éther chlorhydrique de l'huile de pomme de terre, éther » chlorhydrique de l'éthal. » )' L'incontestable analogie des corps compris dans ces quatre groupes était parfaitement connue des chimistes, et nous pouvons nous abstenir de désigner les travaux dans lesquels ils en avaient puisé la première notion. " M. GuBSHAM , secrétaire de la Société royale de Médecine et de Chirurgie de Londres, annonce l'envoi des huit premiers volumes des Transactions de la Société nouvelle série), et exprime le désir que cette Société soit com- prise dans le nombre des corps savants auxquels rAcadémie adresse ses pu- blications. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés l'un |)ar M. GoBLEY et l'autre par M. Mallet. f^a séance est levée à 5 heures et un quart. F. (7'5) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. fi' Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 16; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; ^ar MM. Gay-LussaC, Arago, Ghe- VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault «(Regnault; 3* série, tome XVII; mai 1846; in-8°. Annales des Sciences naturelles ; par MM. MiLNE Edwards et AD; Bron- GNiART; janvier 1846; in-8°. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feroë , pendant les années i838, 1839 et i84o, sous la ^//rection rfe M. Gaimard; 35^ livraison; in-folio. Sur les Parhélies situés à la même hauteur que le Soleil, et sur le phénomène^ de l'arc-en-ciel blanc; par M. Bravais. (Extrait du Journal de V École royale Polytechnique, XXX** cahier.) In-4''. Annales forestières ; avril 1846; in- 8°. Rapport fait à l'Académie royale du Gard et à la Société Philotechnique de Paris, sur le Congrès de Naples; par M. d'Homrres-Firmas ; broch. in-8°. Recherches statistiques sur la Population et sur l'Industrie d' Abbeville ; par MM. Bhion et Paillart. — i" partie : Population. Joigny, in-8°. Mémoire de mathématiques; par M. Chauvet. Marseille, in-8°. (Présenté, an nom de l'auteur, par M. Cauchy.) Traité du Jeu des Échecs; par M. W. Lewis ; traduit de l'anglais par M. H. ViTCOMB, et arrangé selon le' système lexicographique de M. Kies- CRITZKY; I vol. in-8°; 1846. Les Bains sans baignoires et ramenés à leur belle simplicité; par M. Mathias Mayor. Paris, broch. in-8°. Manuel du Baigneur sans baignoire ; par le même; broch. in-i6. Revue zoologique, par la Société Cuvierienne; n°' 2 et 3; in-8''. Clinique iconographique de l'hôpital des Vénériens; par M. RicORD; livrai- " sons 1 1 et I a ; in-4*'. Le Mémorial encyclopédique , faisant suite à l'ancienne Revue encyclopédique , sous la direction de M. La VALETTE; mars 1846; in-S". (7i6) Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la Côle-d Or, publié par la Société médicale de Dijon; i" année, avril 1846; in-8°. Journal de Chirurgie; par M. Malgaigne; avril 1846; in-S". Structure and. . . Structure et Classification des Zoophjtes; par M.3 .-D. Dana , géologue de l'expédition exploratrice des Etats-Unis/pendant les années i838 à 1842. Philadelphie, 1846; in-4°. Origin of , . . Des Minéraux constituants ou adventifs du Trapp et des Roches ^ analogues ; par \e même ; in-8° . Notice of. . . Analyse du Traité du docteur Blum, sur les Minéraux pseudo- morphes, et Observations sur le Pseudomorphisme ; par le même; in-8°. A monograph . . . Monographie des Crinoïdes vivantes et fossiles , parties i â 4 ; par MM. Thomas et Austin ; in-4''. La neuro-antiropia. . . La Nevro-Antiropia , ou toutes les maladies ont leur origine dans une perturbation de l'équilibre du système nerveux; par M. F. Cava- lière. Naples, 1846; in-8°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n** 17; in-4". Gazette des Hôpitaux; n°' 47 à 49; in-folio. L'Echo du Monde savant; n°* 3a et 33; in-4°- Gazette médico-chirurgicale ; année i8/i6,n° \']. m COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 MAI i846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ORGANOGRAPHIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. — Réponse aux obser- vations de M. Payer», faites dans la séance du a'j avril 1846; par M. Charles Gavdichaud. « La pénible nécessité à laquelle m'a réduit, dans la dernière séance, M. Payen, de répliquer, d'une manière catégorique, à toutes ses assertions, m'a forcé de renvoyer à aujourd'hui les réponses péremptoires que j'ai à lui adresser. •' Je n'ai pas voulu , dans une circonstance aussi grave , livrer au hasard d'une improvisation, où ma parole n'eût certainement pas été aussi mesurée, aussi positive ni aussi sûre , les protestations que je dois et veux faire de- vant l'Académie, pour repousser les interprétations peu bienveillantes de M. Payen. » En voyant M. Payen faire concorder ses recherches chimiques avec les études anatomiques de M. de Mirbel , études que contredisent et réduisent à néant tous les fails révélés par l'anatomie et par vingt années d'expériences assidues sur l'organographie , la physiologie et l'organogénie, expériences qui sont tellement avancées, qu'elles ne laissent presque plus rien à désirer, je me sui^, je l'avoue, senti pénétré d'un sentiment profond de doute que j'ai C. R., 1846, i" Semestre. { T. XXII, N» 18.) 9^ (7'8) naturellement dû exprimer, que je maintiens et que je justifierai, au delà de tout ce que peut supposer M. Payen, dans ma réponse aux deux Mémoires. " Mais l'équité me fait un devoir de déclarer que ces doutes ne s'élèvent pas jusqu'aux résultats chimiques annoncés, mais non dévoilés, par M. Payen. Ces résultats, peut-être moins importants qu'on se les figure, sont aujourd'hui si faciles à obtenir, grâce aux procédés chimiques, procédés que M. Payen a, sans nul doute , lui-même aidé à perfectionner, que le moindre écolier en chimie peut facilement y atteindre. » Mais ne peut-on, sans passer pour contester l'infaillibilité de M. Payen, et surtout sans l'offenser, demander le moyen de répéter ses expériences, de les vérifier, de les constater, de les commenter, et enfin de travailler à les faire concorder avec celles que d'autres ont , sans nul cloute , déjà faites , etc. ? » N'ai-je pas moi-même donné l'exemple, sous ce rapport, en appe- lant la vérification et le contrôle sur mes travaux? Mais, malheureusement pour la science, c'est un appel auquel, jusqu'ici, personne n'a voulu répondre. » Comment se fait-il donc que M. Payen n'ait pas compris que mes de- mandes pressantes, à ce sujet, avaient un but purement scientifique et tout de progrès, et qu'il ait entièrement négligé le fond pour ne s'occuper que de la forme? forme que j'abandonne entièrement, et sans le moindre regret, à toute l'amertume de ses interprétations. » Je dii-ai seulement, sur ce point, que, pour lui-même, il eût bien mieux fait d'imprimer le tableau que, dans l'intérêt de la nouvelle question sou- levée et à la solution de laquelle je veux me livrer sans retaixl , je lui ai ex- pressément demandé. '» L'Académie comprendra, en effet, que si les Mémoires de nos con- frères restent proportionnellement autant de temps à être imprimés qu'on en a mis à les composer, il ne faudra pas moins d'un quart de siècle pour arriver à des vérifications exactes et à préparer des réponses et des répliques. C'est certainement un bon moyen de s'assurer d'une certaine gloire viagère ; mais , plus certainement encore, c'en est un très-mauvais pour la science. » Je ne ferai pas à M. Payen l'injure de croire que ce soit là l'in- tention ou l'espoir qui l'a dirigé ; il a fourni trop de preuves de sa prodigieuse activité et de son zèle incessant, pour que personne puisse en avoir la pensée; mais il reconnaîtra, comme nous le faisons probablement tous, que c'est pourtant le déplorable but auquel tendent ses lenteurs inaccoutumées. » Ceux qui savent à quel point je me suis dévoué aux intérêts de la sciencej ceux qui conçoivent combien elle a besoin de marcher vite, d'être sans cesse ( 7'9 ) alimentée et cultivée, comprendront, je l'espère, les véritables motifs qui m'ont dirigé. Je leur abandonne , après cela , le soin d'apprécier le refus de M. Payen, d'insérer aux Comptes rendus le tableau qui, d'après lui, peut dé- voiler les mystères de ses nouvelles théories , et celui que je lui fais moi- même de consulter les documents sur lesquels personne ne sera tenté de jeter les yeux, surtout d'après la manière dont il nous y a conviés. » M. Payen nous permettra de passer sous silence tout ce qu'il dit : « des » lois généralement admises, quoique plusieurs soient inconciliables avec » le système dont on a entrepris la défense; sur la crainte de voir entamer » un sjstème bien péniblement étajé; etc. » » Je prouverai, dans ma réponse, que M. Payen n'a rien entamé de la théorie des mérithalles; qu'il n'en entamera jamais rien tant qu'il suivra la même route ; et que , si les lois qu il a trouvées sont inconciliables avec les faits que l'anatomie m'a fournis, c'est que ces lois, comme tant d'autres, sont à révoquer. » Je me hâte d'arriver à des faits beaucoup plus sérieux. « J'aurais voulu » m'abstenih, dit M. Payen; car, en répondant, je n'ai pas satisfait davan- >! tage notre collègue, qui, sans avoir TROUVÉ UN SEUL mot a dire après >> ma seconde observation dans la séance précédente, a bien su avoir le » dernier dans le Compte rendu; malheureusement les changements qu'il a » introduits dans ses réponses ont rendu la discussion méconnaissable. » » A cela, je répondrai que M. Payen etit bien mieux fait de s'abstenir, et que c'est le conseil que je lui aurais donné s'il m'eût fait l'honneur de me consulter. » Cette seconde observation dont il parle, la voici: « M. Payen désire- » rait faire remarquer, en outre, pour répondre à l'allusion relative au » Rapport sur la maladie des pommes de terre, que, dans cette circon- » stance encore, M. Gaudichaud préférerait juger les diverses commuiyca- » lions parvenues à l'Académie , d'après les principes physiologiques , plutôt " que de vérifier les faits, mais que l'opinion des deux autres membres de » la Commission ayant été toute différente, M. Gaudichaud voulut bien ') suivre les expérrences et constater dans le Rapport les faits vérifiés ainsi " contradictoirement, et ceux-là même que la théorie de M. Gaudichaud » ne lui avait pas permis d'admettre. » » Je dois, avant tout, déclarer que je n'ai pas entendu le commencement des répliques de M. Payen, et que, comme je l'ai déjà dit, je n'en ai pas compris le véritable sens. J'assure que, non-seulement je n'ai pas compris le sens de cette seconde observation, lorsqu'elle a été prononcée, mais qu'après 95 •• ( 7^o ) l'avoir lue dans les Comptes rendus, je ne l'ai pas davantage comprise. Je dirai plus encore , je n'ai pas dû, je n'ai pas voulu la comprendre , parce que je ne pouvais le faire qu'en admettant que M. Payen portait atteinte à la vé- rité , ce que je n'accepterai jamais ! Il s'est trompé, voilà tout. 11 En effet, i° je n'ai jamais eu l'intention de faire ALLUSION au RAPPORT, mais bien aux opinions émises par M. Payen , ici , dans le sein de l'Académie ; opinions qui sont diamétralement opposées à celles que j'ai aussi eu l'hon- neur de présenter en mon nom après le Rapport. » 2". Je n'ai jamais émis de principes physiologiques en dehors des faits qui me les ont révélés. » 3°. Je n'ai jamais été astreint à suivre les expériences de personne. Les expériences que nous avons faites ensemble, M. Payen et moi, n'ont été que la répétition de celles que j'avais déjà tentées, et dont M. Payen, lorsque je les lui ai signalées, m'a déclaré n'avoir pas même eu l'idée. » 4°- Ni les unes ni les autres n'ont été mentionnées dans le Rapport. » 5°. Enfin, toutes les expériences et tous les faits connus sont parfaite- ment d'accord avec des principes théoriques que depuis longtemps, et main- tenant plus que jamais, je suis prêt à défendre. » Ce n'est donc pas moi qui, le premier, ai parlé du Rapport! » Relativement au PLUS PETIT MOT que JE n'ai pas trouvé a dire, M. Payen ne sait-il pas que le silence est , dans certains cas et dans certains lieux, la réponse la plus éloquente et la plus énergique que puisse faire un homme qui respecte les convenances? Ceci lui expliquera peut-être celui dans lequel j'ai cru devoir me renfermer à la dernière séance. II Quant à la phrase reproduite et soulignée de l'une de mes réponses à M. Payen , et au paragraphe qui la suit, l'Académie approuvera, je l'espère, les motifs qui me font me taire. M. Payen se trompe dans ses espérances et dans ses appréciations sur ce point comme sur tous les autres. 11 J'arrive enfin à des faits plus graves et qui seraient matériellement con- traires à la vérité si, comme j'en suis certain, la mémoire de M. Payen n'était seule en défaut. « Après avoir communiqué une première partie de son'projet de Rapport « aux deux autres membres, QUI NE l'approuvèrent point, car elle ne » contenait qu'un historique INCOMPLET et une THÉORIE des phytons, 11 notre confrère crut devoir la lire devant l'Académie, au nom de la Gom- 11 mission. " » Il ne m'appartient pas de discuter ici sur le mérite de cette première partie, que d'ailleurs j'aurais voulu pouvoir mieux faire. Elle est imprimée (721 ) avec le Rapport telle qu'elle a été modifiée, de la première à la dernière page, et annotée par la Commission, et de la main même de M. Payen. » Je certifie qu'elle a été complètement approuvée par la Commission, et après deux lectures faites à M. Payen (i). D'ailleurs, sur ce point, j'en appelle à la loyauté de notre confrère M. Boussingault, qui m'a lui-même dicté les changements opérés dans la rédaction générale du Mémoire , et spéciale- ment ceux de la dernière page et de la dernière phrase!... Je n'ai pas changé une seule lettre à cette première partie : chacun peut donc la juger. « On me reproche d'avoir lu cette première Note sans l'agrément de la Commission. Ce fait n'est pas plus exact que les précédents ! »■ Quelques explications sont nécessaires à ce sujet. Convaincu alors, comme je le suis encore, que l'Académie portait le [)lus grand intérêt à cette ques- tion de la maladie des pommes de terre , et sous le rapport scientifique et sous celui des intérêts matériels du pays, et ne présumant pas le moins du monde que l'étendue de mon travail fût un obstacle à son adoption par les Commissaires et par l'Académie, je lui ai donné, je l'avoue, un assez grand développement. » Il se composait, en effet, des sept Mémoires suivants: i" introduction; 2° extrait analytique des Mémoires présentés à l'Académie^ 3° des causes de la maladie; 4° des caractères et des effets de la maladie; 5° généralités phy- siologiques ; 6° moyen» de conservation et emploi des tubercules malades ; 7° conclusions. » Quand mon travail fut terminera), je convoquai la Commission et lui fis connaître de quelle nature et de quelle étendue il était. » Nous convînmes alors de nous réunir chaque lundi, et de lire devant l'Académie les parties au fur et à mesure qu'elles seraient adoptées, mais en les conservant pour les imprimer ensemble. » Le lundi suivant, je crois, nous nous réunîmes de nouveau; nous lûmes la première partie, celle qui ne contient qu'un historique incomplet et UNE THÉORIE DES PHYTONS, et, d'après les conventions arrêtées d'avance, je vins immédiatement la présenter à l'Académie ; mais , ainsi que cela était également convenu, je ne la déposai point sur le bureau. » Le lundi suivant nous commençâmes la lecture de la seconde partie. Là , (i) En l'absence de M. Boussingault. (a) A ce sujet, il est, je pense, bien inutile d'assurer l'Académie que je me suis entouré de tous les éléments, de tous les matériaux nécessaires; que j'ai fait toutes les recherches imagi*- nables, toutes les observations microscopiques et autres. % " ( 7^^ ) j'appris de notre confrère, M. Boussingault , qu'il n'avait pas compris qu'on dtît lire immédiatement devant l'Académie, et nous convînmes que, pour le reste du Rapport, nous attendrions qu'il fût entièrement examiné et approuvé avant d'en faire la présentation. » Cette seconde partie, qui élait un peu longue, nous demanda quelques séances; mais la lecture en fut enfin terminée, et on l'adopta. » Ce ne fut qu'à la troisième partie du Rapport, à celle qui traite des causes premières de la maladie , que nous cessâmes d'être d'accord. On sait que M. Payen est partisan d'une sorte de cause à la fois épidémique et con- tagieuse, ce que je refuse absolument d'admettre. " Quelques discussions s'élevèrent même, alors, relativement au classe- ment des parties du Rapport. ■1 On voulait me faire commencer par le quatrième Mémoire , c'est-à-dire celui qui traite des caractères et des effets observés de la maladie ; Mémoire dans lequel se trouvent naturellement les observations relatives à l'effet secon- daire de la prétendue contagion. J'ai résisté ; c'était, je pense, mon droit. » J'avais fait un long et pénible travail, je l'avais coordonné d'après des idées que j'ai tout lieu de croire exactes; j'en avais symélrisé et régularisé l'ensemble, et je ne trouvais pas qu'on m'opposât des raisons suffisantes pour me faire tout changer. En cela, j'étais guidé par les principes immuables, qui veulent que l'effet n'ait jamais lieu avant la cause, la fonction avant l'or- gane, le fruit avant la fleur, etc. , etc. » Je sais bien , et par expérience , que fort souvent les effets nous aident à remonter aux causes. Mais ce moyen , qui décèle notre faiblesse, et qui est d'ailleurs tout artificiel et tient du terre-à-terre , ne pouvait ici , selon moi du moins, que nous égarer. » Ce n'est donc qu'à la troisième partie, DONT LES DEUX premières Étaient ADOPTÉES, et l'une d'elles déjà lue devant l'Académie, que le rapporteur fut arrêté par sa dissidence avec les autres membres de la Commission! » Sur ce point encore , j'en appelle à notre confrère M. Boussingault ! » M. Payen se trompe donc de nouveau lorsqu'il dit que : « Après des » expériences positives, il fut convenu que cette première partie et tous ses « développements, quatre fois plus étendus (i), seraient retrauchés, ainsi » que le jugement, qui mettait au même niveau toutes les communications H soumises à l'Académie, etc. » » Mais la mémoire de M. Payen nous paraît surtout être en défaut, lors- (i) La première partie n'avait pas de développements! ■( 7^3 ) qu'il ajoute, en terminant : « Il ne restait donc rien du Rapport, et, pour » éviter à notre confrère la peine de le recommencer, les deux autres mem- » bres réunirent leurs Notes , qui furent mises en ORDRE, lues, DISCUTÉES et » DNANIMEMEKT adoptées, en sorte que le Rapport définitif doit être consi- » déré comme l'expression sincère de la pensée de la Commission. » i> Malheureusement, rien de tout cela n'est exactenftnt reproduit! » Sachant très-bien que M. Payen s'était trop avancé à l'Acaclémie et ail- leurs pour pouvoir rétrograder, je compris que mon Rapport devenait dès lors impossible, et je lui déclarai que je ne pouvais et ne voulais plus en faire. » Mon parti, sur ce point, était complètement arrêté. J'ajouterai même qu'après nous être concertés, M. Roussingault et moi, nous décidâmes dé- finitivement qu'il n'y en aurait pas. '1 Que s'est-il donc passé depuis ce temps? le voici. M. Payen ayant vivement réclamé , trop vivement peut-être , en faveur des hommes de mé- rite qui ont fait des communications à l'Académie, j'ai, guidé par cette puis- sante considération, fini par céder. » Alors, et pour en finir, j'ai MOI-MÊME proposé à ces messieurs de ré- diger eux-mêmes des conclusions conformes à celles que M. Payen nous avait déjà plusieurs fois proposées, déclarant que je les accepterais, mais toute- fois à la condition expresse que ces conclusions ne formeraient que le com- plément des deux premières parties LUES , ANNOTÉES et ADOPTÉES de mon Rapport, et qu'on ne parlerait, dans ces conclusions, ni de théories, ni d'é- pidémie , ni de contagion , et que ces noms mêmes en seraient rigoureusement exclus; ce qui a été accepté et sévèrement observé. -> Une preuve encore, la dernière, choisie parmi toutes celles que je pourrais fournir, si je ne craignais de trop abuser des utiles instants de l'A- cadémie, c'est que, du moment où nos conventions furent définitivement arrêtées, et qu'il fut bien nettement décidé que le Rapport se composerait de l'iNTRODUCTiON , formant la première partie; de I'analyse de toutes les communications faites à l'Académie, ou seconde partie de l'ancien Rapport; et, enfin, des conclusions rédigées par M. Payen; je fis remarquer à MM. les rapporteurs qu'il restait encore quelques-unes des dernières analyses de la seconde partie à examiner (i). » Sur quoi il me fut UNANIMEMENT répondu qu'on s'en rapportait à moi ! » Ne voulant accepter aucune responsabilité à cet égard, je proposai de '• — — — ^ — , . . (i) Celles des Mémoires présentés à l'Académie pendant le temps de nos (discussions. 0 % ( 724) faire tirer trois épreuves, et d'en envoyer une à chacun des membres de la Commission ; ce qui fut aussi unanimement agréé! >' Ce que je viens de dire me dispense de tout commentaire et sur le fond et sur la forme des remarques et assertions présentées par M. Payen dans la dernière séance de l'Académie. L'Académie sait le i-este ; elle se souvient que, malgré mes etforts , les analyses des Mémoires, jugées trpp étendues, n'ont pu être imprimées, et que, par là, le Rapport s'est trouvé réduit à la Notice, qui ne contient qu'un historique incomplet et une théorie DES PHYTONS, et aux CONCLUSIONS PROBABLEMENT PLUS COMPLÈTES de M. Payen. " L'Académie sait encore qu'après ce Rapport, j'ai eu l'honneur de lui présenter, en mon nom seulement, la cinquième partie, forcément un peu réduite, qui traite des généralités physiologiques; et enfin, la troisième partie, c'est-à-dire celle qui a été cause des dissentiments qui ont eu lieu dans le sein de la Commission. Si des circonstances plus favorables me le permet- tent, j'aurai l'honneur de lui présenter les quatre antres. » Qu'il me soit permis, en terminant, d'exprimer à l'Académie tous les regrets que j'éprouve de l'avoir affligée de ces tristes débats, et distraite quel- ques instants de ses graves et utiles travaux. » CHIMIE. — Mémoire sur le cq/é ; par M. Payen. Première partie. (Extrait.) « Payssé, Chenevix, Cadet de Vaux et Cadet de Gassicourt ont examiné la composition du café sans isoler aucun des principes immédiats ; Runge dé- couvrit et Robiquet étudia la caféine, substance azotée, cristallisable , que la chaleur sublime en aiguilles blanches et brillantes : la caféine est identique avec la théine, trouvée depuis dans les feuilles du thé; d'après les analyses de MM. Wœhler et Liebig, elle contiendrait o,a88 d'azote. Robiquet a si- gnalé dans le café deux substances grasses dont l'une lui parut analogue aux résines et douée d'une saveur acre, et une matière sucrée à odeur balsa- mique. » Un habile chimiste allemand, M. Rocheleder, examina, en i844î les matières grasses du café dont il retira, par la saponification, de l'acide pal- mitique et de l'acide oléique; il fit voir que le café ne contient pas de résine, et indiqua la présence d'une substance azotée, la légumine ; le tissu résistant lui sembla entièrement formé de l'une des substances ligneuses que j'ai fait connaître. » Malgré les efforts des savants dont je viens de citer les noms, les con- ^ (725) naissances chimiques qui se rattachent à cet important produit n'étaient pas arrivées à leur terme; elles étaient même insuffisantes pour répondre aux questions économiques sur la composition élémentaire de l'infusion du café et ses propriétés nutritives, soit isolément, soit dans son association usuelle avec le sucre et le lait. » A la vérité, l'autorité du nom scientifique de M. Liebig aurait pu faire croire que cette infusion était dépourvue de propriété nutritive; car, disait-il, elle devait contenir seulement une substance azotée en minime proportion , la caféine, semblable par sa composition à l'alloxane ou à la taurine. n Si je né me trompe, le composé soluble le plus digne d'intérêt, par ses proportions, ses propriétés et la difficulté de l'extraire, restait à découvrir dans le café; sa présence me fut révélée parles fréquents mécomptes que ses faciles altérations introduisaient dans mes analyses : l'altération principale se manifestait par une riche coloration verte dont j'étudiai les conditions et la cause, et qui, dès loi's, après m'avoir longtemps embarrassé, m'offrit un guide certain pour extraire la substance qui l'occasionnait. On le comprendra sans peine en voyantcette substance cristalline, blanche à l'état naturel dans le périsperme du café, donner une couleur verte intense à 5ooo fois son poids d'un liquide aqueux ou alcoolique. " Une simple expérience permettra d'en juger : dans une solution faible et presque incolore de café normal, je vais mélanger quelques gouttes d'ammoniaque; la solution, à 1 instant, prendra une teinte jaune qui, gra- duellement, passera au vert de plus en plus intense, et virant au bleu; d'a- bord à la surface exposée à l'air, puis gagnant de proche en proche vers. le fond du vase. Cette propriété remarquable trouvera peut-être une applica- tion économique dans la coloration des liqueurs et des produits comestibles, en éloignant tous les dangers de certaines matières colorantes. >' J indiquerai, dans la deuxième partie de ce Mémoire, plusieurs autres phénomènes de coloration sous l'influence de divers agents , ainsi que les principaux résultats analytiques relatifs au composé nouveau , et le procédé d'extraction directe de la caféine, aussi pure, au moins, qu'on ail jamais pu 1 obtenir, telle que je la présente et renfermant 3o centièmes d'azote. « Un premier examen rapide sous le microscope, facilité par les moyens indiqués dans des Mémoires précédents sur les développements des végétaux , donna les indices suivants : " La masse résistante, d'apparence cornée, formant le périsperme ou endosperme de ces graines dépouillées de leur péricarpe, présente un tissu de cellules juxtaposées, à parois épaisses, creusées de cavités irrégulières C. R., 1846, I" Semcitre. (T. XXII, N" 18 ) 9^ (• 7^6 ) nomiiiiiniquant entre elles; ce qui explique l'épuisement possible du café simplement concassé, et les pertes que l'immersion accidentelle des grains leur peut faire subir. » Les parois épaisses, désagrégées en présence de l'iode, acquièrent cette coloration bleue indigo qui dénote la cellulose, puis se résolvent en solution gommeuse indiquant la dextrine. Les corpuscules organiques agglo- mérés, teints de couleur orangée par ces réactifs et persistants, signalent, avec leur composition azotée : i" une cuticule périphérique recouvrant, dans tous leurs replis, les surfaces du périsperme; i° les membranes spongieuses remplissant toutes les cellules épidermiques et renfermant des matières oléiformes et colorées; 3" dans les cellules plus internes, des corps granu- leux analogues, contenant des substances grasses; 4° enfin, des membranes lamelliformes dans les méats intercellulaires. Avant la désagrégation des épaisses parois, des cellules du périsperme, une nuance jaune spéciale décèle la présence d'une matière azotée injectant la cellulose. " Afin de rechercher si réellement aucune autre substance azotée que la caféine ne se trouvait dans la décoction du café, j'essayai de déterminer les proportions et la composition élémentaire des substances extraites par l'eau froide et bouillante du café à l'état normal, ou bien après une tor- réfaction plus ou moins avancée. » La dessiccation et le lavage à Teau froide et bouillante du café Mar- tinique normal, divisé à la lime, donnèrent, pour loo : substances dis- soutes, 4o>o;eau hygroscopique, ir,5; matière insoluble, 48,5. >' La matière non dissoute ne contenant que o,o45 d'huile grasse incolore, les corps organiques azotés, plus des traces de caséine, de légumine et de composés minéraux, on voit que la plus grande partie des substances enfer- mées dans le tissu étaient passées dans la solution. » Afin de savoir s'il en serait de même du produit liquide obtenu en fil- trant l'eau bouillante sur le café torréfié au point convenable, j'essayai de constater les effets de la torréfaction sur le volume et le poids du café, puis la composition élémentaire des produits enlevés par l'eau , comparativement avec celle des extraits de la décoction. » Le café torréfié de façon à prendre une teinte rousse légère, conserve le maximum d'arôme et de poids, mais développe moins de matière colo- rante: loo parties en poids perdent, par une semblable torréfaction, i5, et se réduisent à 85; lOo parties en volume acquièrent, dans la même opéra- tion , un volume égal à i3o. >• La torréfaction poussée plus loin développe une couleur marron, se m ( 7=^7 ) rapproche du degré le plus ordinaire , et correspond à une perte en poids de 20 pour 100. L'accroissement de volume est alors dans le rapport de 100 à i53. Ce gonflement considérable est facile à comprendre, en raison de la propriété que possèdent les substances azotées interposées dans le tissu , de se boursoufler à la chaleur. " Si l'on chauffe plus encore, et de façon à produire une couleur brune et une sorte de vernis à la superficie des grains, la perte en poids s'élève à aS pour 100. " L'influence de cette déperdition sur les proportions des matières azotées est indiquée par les résultats suivants : AZOTE . CENDRES AZOTE DANS 100 PARTIES dans 75 par- DÉSIGRATIOM DES PRODUITS. EAD. pour 100 sec. „ de matières ties de café élat naturel. desséché. organiques. torréfié. A, Bourbon . . U 4,66 » 2,54 2,66 u Café./ B, Martinique. 11,58 5,00 2,22 2,46 2,59 u C, Moka a 7,84- » 2,49 2,71 » Café torréfié (ayant é- prouvé la perte de 25 pour 100) 3.,35 5,3o 2,36 2,4- 2,53 '>77 » On voit, par ce tableau, que 100 de café normal contenant 2,45 d'a- zote, ayant donné 76 de café torréfié brun qui ne contenait que 1,77 d'azote, la perte en azote ou en substances organiques équivalentes égale 0,68. » Cette déperdition en substances azotées s'élève donc à plus du quart de la quantité totale. Mais, afin d'apprécier son importance réelle, on dut re- chercher quelle était la proportion des substances solubles dans l'eau bouil- lante relative à chacun des degrés de torréfaction: >' 100 parties laissèrent dissoudre du café brun, 37,25; 100 parties du café couleur marron, 37,10; 100 parties du café roux, 37,00. !i ïi'avantage resterait donc au produit de la plus légère torréfaction , car la perte en substance soluble serait sensiblement dans le même rapport que la déperdition en poids, :: 25: i5. • » Cependant il convenait d'établir la comparaison d'une autre manière : dans l'usage habituel, on ne doit pas épuiser le café, afin d'éviter d'avoir un 96.. ( 728 ) mélange trop faible ou d'ajouter les dernières portions presque totalement piivées d'arôme agréable. Opérant donc comme dans la préparation ordi- naire, je filtrai sur loo grammes de chacun des cafés moulus i litre d'eau bouillante , et j'obtins les résultats suivants : >' Café brun, i6,i5; café marron, 19,00; café roux, 25,oo. )) Ainsi, une seule filtration extrait du café roux moitié en sus de ce que donne le café brun, et plus d'un quart au delà de ce que laisse dissoudre le café marron. )' Les différences relatives aux proportions d'huile essentielle ou d'ai-ôme sont dans le même sens, et, de plus, la torréfaction jusqu'à la couleur brune , en altérant trop profondément les matières organiques azotées , développe des huiles empyreumatiques à odeur désagréable. » Il restait à considérer, sous les rapports des qualités nutritives, l'infusion aqueuse et les mélanges usuels. " Voici les résultats de ces analyses : ESPRCKS DE pr40DUlTS. ÉQUIVALENTS UES EXTRAITS EN AZOTE OU MATIÈRES AZOTEES , pocR 100 d'extrait SEC. EXTRAIT. POCR I LITRE D'iSFBSlON. Substances mUicirales. Aïole. Substances azotées . Azote. Substances azotées. Café brun . . '8,9 «6,9 4,36 3,82 27,03 23,68 16 '9 0,703 0,726 4^35 4.53 Café marron » On remarquera que les extraits renferment, en moyenne, le quart de leur poids de substances azotées, le surplus se composant de sels utiles à l'alimentation, de substances analogues aux sucres, de matières grasses, d'un principe amer et d'une essence aromatique; il est évident qu'une telle réunion peut être considérée comme douée de propriétés nutritives. '• Les proportions des divers éléments dissous étant plus fortes dans l'in- fusion du café le moins torréfié, on voit que, sous ce rapport comme sous le rapport plus important de la qualité aromatique, on doit donner la préférence à une torréfaction légère. ( 7^9 ) Propriétés nutritives eompcirées(i). n Si le café à l'eau préparé avec loo grammes pour i litre contient ao grammes de substances alimentaires, il représenterait trois fois plus de substance solide que i litre de liquide obtenu en faisant infuser 20 grammes de thé (d'après le travail de M. Peligot sur ce dernier produit), et plus du double de substance azotée. On comprendrait donc que le café à l'eau, dit café noir, d'un usage si général en Italie et en Egypte, eût une action nutri- tive, utile surtout par le concours de la propriété éminemment stimulante de cette agréable boisson. » Si nous établissons la comparaison en ajoutant l'influence du lait, auquel on associe très-généralement le café pour le repas du matin, 1 litre étant ■supposé formé de parties égales de café et de lait, nous aurons : SUBSTANCK solide. SUBSTANCE azotée. MATIERES salines, grasses, c-t sucre. Pour un demi-litre de café 9,5 70,0 75,0 4,53 45,00 » 4,97 35,00 75,00 Pour un demi-litre de lait Sucre en movenne Totaux i54,5 49,53 •o4,97 » Ce liquide alimentaire représenterait six fois plus de substance solide et trois fois plus de substance azotée que le bouillon. 1, Le rapport ne varierait pas sensiblement relativement au sucre , si on l'appliquait au café à l'eau , qui est en général plus faible. Ainsi donc l'entrée en France de chaque quintal de café détermine probablement la consom- mation de 1 5o kilogrammes de sucre. » On peut admettre sans doute que le café possède des propriétés nutri- tives ; mais sa principale valeur se fonde sur la saveur, l'arôme agréable et les propriétés stimulantes qu'il peut développer dans vingt fois son poids de liquide, et transmettre à un volume aussi considérable de substance solide nourrissante , mais peu sapide. (i) En indiquant la nature de l'un des principaux composés quaternaires entièrement so- luble dans l'infusion, nous discuterons ses effets probables. •*■# ( 73o ) » Café de chicorée. Employée d'abord à défaut de pouvoir payer le prix du café réel , la chicorée, à laquelle les consommateurs se sont habi-^ tués, rendit beaucoup de personnes trop exigeantes quant à l'intensité de la couleur, et amena la pratique vicieuse de pousser trop loin la torréfaction du véritable café, de le chauffer même au point de lui faire perdre la plus grande partie de son arôme. Un autre usage, dû à la même cause, consiste dans une addition de chicorée pour rendre plus foncée la couleur du café ; or, ce mélange a réellement pour effet d'altérer profondément la saveur qui fit, dans l'origine , rechercher le produit exotique. » Nous avons cependant voulu voir ce que représentait, en substance so- lide et en matière azotée, soit l'extrait que l'eau peut prendre à la chicorée en poudre de première et de deuxième qualité, soit la décoction comparable au café, pour la couleur seulement. EAU hygroscopique RÉSIDU d'incinération. EXTRAIT par Peau bouillante. loo de chicorée moulue en paquets, i'" qualité, donnent 10, H 10,00 8,9 36,8 72,3 48,5 100 de chicorée moulue en paquets, 2' qualité, donnent » r^es différences entre les cendres des deux sortes commerciales sont fa- ciles à concevoir, en raison de l'abondance des matières terreuses ajoutées à la première sorte pour former la deuxième qualité (i). " Les deux sortes donnent une quantité plus considérable d'extrait so- luble que le café, ce qui augmente le goût acre et l'intensité de la couleur de la décoction brune de la chicorée. » Bien que l'on puisse épuiser la chicorée de ses parties solubles (car, en opérant ainsi, on n'a pas à craindre de perdre son arôme), nous avons cru devoir agir comme dans la pratique habituelle, et déterminer les quantités dissoutes par i litre d'eau bouillante , filtrée au travers de 100 grammes de chicorée. (i) Les détritus employés dans ces mélanges varient beaucoup : ce sont tantôt des dé- bris terreux de racines mondées , tantôt de la tourbe pulvérisée, |)arfois même les marcs épuisés du café normal. ( 73i ) EXTRAIT dans I litre. AZOTE dans cet extrait. SUBSTANCE azotée équivalente. 100 grammes de chicorée de i""*" qualité 35 0,574 3,55 » hà décoction fut alors comparée, sous les rapports de sa densité et de l'intensité de sa couleur, avec les différentes infusions du café obtenues éga- lement par la filtration d'un litre d'eau. DEGRÉS BACHE. INTENSITÉ au colorimètre toc gr. café Martinique (couleur brune, à o,25 de perte). Idem. (couleur marron, à o,ao de perte). Idem. (couleur rousse, à 0,1 5 de perte). 100 grammes de chicorée de première sorte 0 I ,25 i,5o 1,55 2,5o io8 100 60 i56 » La densité et la coloration de cette dernière décoction étaient trop fortes; en les ramenant au terme moyen du café torréfié à la teinte marron, on arrive aux données suivantes : DEGRÉ raréomètro. INTENSITÉ au coloii- mètre SUBSTANCE dissoute dans I litre. AZOTE. S0BSTANCË azotée équiva- lente. Décoction de chicorée provenant de I litre d'eau sur 66 grammes. 0 I ,60 100 23,34 0,382 2,36 » Ainsi, à couleur et densité égales, la solution de chicorée contiendrait moitié moins de substances azotées que l'infusion de café. Ce pourrait être une cause d'infériorité réelle , mais cette infériorité paraîtra négligeable si on la compare à l'énorme différence qui sépare ce liquide dépourvu d'odeur et de saveur agréables, avec une infusion dont les qualités stimulantes, la saveur et le parfum exquis, augmentent à un si haut degré la valeur; si l'on admet avec nous que l'arôme, en général, guide de l'instinct des animaux ë ( 73'^ ) vers les aliments qui leur conviennent, doit tenir un des premiers rangs parmi les conditions d'une nourriture agréable et saine. " En voyant établir une comparaison aussi défavorable au produit in- digène, il viendra dans la pensée de chacun, de demander si du moins l'in- térêt de notre agriculture offrirait quelque motif de compensation. Je ne le crois pas : car les récoltes de chicorée donnent, directement , à peine plus de bénéfice que les coupes de la luzerne ou du trèfle cultivés dans de bonnes conditions; car, loin de laisser comme ceux-ci un engrais dans le sol équi- valent à leurs racines, elles l'emportent évidemment. Nos habiles agricul- teurs du nord l'ont sans doute bien compris, puisque, peu jaloux de dispu- ter aux Belges et aux Allemands notre marché intérieur, en profitant du droit d'environ 6 pour loo, ils ont abandonné aux importations un place- ment qui dépassait 786 000 kilogrammes , en i844- » Us croient probablement, comme nous, que de plus grands intérêts se rattachent à l'extension de l'usage du café parmi les classes nombreuses, car cette consommation ne pourrait s'accroître sans développer aussi nos gran- des industries saccharines, métropolitaine et coloniale. " BOTANIQUE. — Nole relative à l'acclimatation d'une nouvelle variété de Neinmbium, et à la dénomination ancienne de Colocase ; par M. R/vffeneau-Delile. « Le Nelumbium speciosum est une célèbre plante historique qui a cvd autrefois dans le Nil , et qui a été retrouvée dans l'Inde avec tous les carac- tères qui lui ont été assignés dans l'antiquité. » Les plantes aquatiques réclament peu de culture ; l'ancienne Colocase ou Nelumbium s e$t propagée dans les bassins en plein air à Montpellier. Son acclimatation sur ce point de la région méditerranéenne est la réalisation de ce que Virgile présageait autrefois pour Tltalie. . La Colocase a été mise par Virgile en parallèle avec l'Acanthe; Martial, dans ses Épigrammes, l'a considérée comme un mauvais légume. 11 n'y a que le Nelumbium qui ait la racine filandreuse , comme Mai'tial en a fait la critique. Virgile a témoigné de la richesse d'ornement de la plante. Elle a embelli l'architecture égyp- tienne , comme l'Acanthe a orné le chapiteau des colonnes en Grèce et en Italie. Martial a critiqué le gotit de la nouveauté qui faisait rechercher, parce qu'elle venait de loin, la Colocase, quoiqu'elle fût très-filandreuse. Cepen- dant cette racine est un mets national en Chine. Abel , médecin de l'ambas- sade de lord Amherst. a raconté, dans son Voyage, qu'il y avait tous Ip.s ( 733 ) jours provision des racines pour les repas , mais qu'il n'y avait que les graines de bonnes. Ce sont ces graines qui ont été plus particulièrement appelées- fèves dEgjpte dans l'antiquité. Mais quand la fève d'Egypte, ancienne Co- locase, a disparu du Nil , le nom de Colocase ne s'est point perdu. La langue arabe l'a transporté à une toute autre plante, Vjéruin Colocnsia, ou Colocase des modernes, très-bon aliment, gros tubercule farineux, qui n'a de ressem- blance avec la Colocase ancienne que d'être une racine comestible. » Plusieurs plantes des marécages de la Chine, Trapa bisornis, L. , Sagittaria maciophjlla , B., sont comestibles, et on les voit figurées sur les porcelaines et les papiers peints, ainsi que plusieurs variétés de Nelumbium blanc OH rose, simple ou double. Nous avons joint à ces variétés le JSelum- bium jaune du continent américain, et elles fleurissent tous les étés à Mont- pellier. » Je me suis dégagé d'une erreur pour cultiver le Nelumbium speciosum, savoir, qu'il ne croît qu'aux contrées les plus chaudes. Cela peut être vrai de Java et du Malabar, mais il est important de fixer l'attention sur une nou- velle variété venue des environs de Pékin, qui demande moins de chaleur que toute autre, et qui fructifie mieux. Elle est caractérisée par des aspérités qui rendent la feuille rude en dessus. Nous en avons reçu les graines, il y a quatre ans, de M. Fischer, de Pétei-sbourg; il leur a fallu ce temps pour arriver à fleurir. Cette plante complète la collection qui orne Montpellier. •' J'ai fait la présente communication pour rappeler que le Nelumbium avait été importé autrefois en Italie, et pour faire choisir la variété nouvelle hâtive à feuilles rudes comme la plus facile à acclimater. » RAPPORTS. OPTIQUE. — Rapport sur le quatrième Mémoire de M. Vallée relatif à la théorie de l'œil. (Commissaires, MM. Arago, Serres, Magendie, Pouillet, Sturm, Babinet rapporteur.) « L'Académie a reçu de M. Vallée quatre Mémoires sur la théorie de l'œil. Le premier a obtenu l'approbation de l'Académie, et une insertion partielle dans les Mémoires des Savants étrangers en a été ordonnée; le deuxième et le troisième ont été livrés à la publicité par la voie de l'impres- sion : c'est doi^c seulement sur le quatrième Mémoire que votre Commission est appelée à se prononcer. C.R., 1846, i«Semej«/e. (T. XXII, N« 18.1 97 % (734) » L'hypothèse fondamentale de l'auteur est que la réfringence de l'humeur "vitrée croît rapidement du cristallin à la rétine, et que le cône de rayons convergents, formé d'abord par la cornée et le cristallin beaucoup avant le fond de l'œil, se transforme, par l'action des couches postérieures plus denses de l'humeur vitrée, en une surface courbe de révolution à pointe beaucoup plus aiguë que le cône; ce qui, d'une part, diminue beaucoup l'aberration de chaque pinceau homogène, et, d'autre part, par une action contraire à celle de l'aberration de réfrangibilité ordinaire, produit jusqu'à un certain point l'achromatisme. " D'après les calculs de M. Vallée appliqués à son hypothèse, et en pre- nant pour point de départ des mesures connues de divers types d'œil, on n'a besoin de supposer que de très-légères déformations de l'organe pour faire que le cône produit par la partie antérieure des corps réfringents de l'œil (la cornée, l'humeur aqueuse et le cristallin), système que M. Vallée appelle l'appareil concentrateur; que ce cône, disons-nous, allongé ensuite en pointe aiguë par l'action opposée des diverses couches de plus en pins réfrin- gentes de l'humeur vitrée (couches que M. Vallée appelle appareil acuteur ou cuspidateur), aille porter sur la réiine des rayons convergents sans trop d'aberration de sphéricité ou si l'on veut de figure et, de même, sans trop d'aberration de réfrangibilité. Il est évident d'ailleurs, d'après cette hy- pothèse, que les couches de l'humeur vitrée, à mesure qu'elles augmentent de densité du cristallin jusqu'au fond de l'œil, doivent être supposées aug- menter aussi en force dispersive, ce qui n'a rien d'ailleurs d'invraisemblable. Au reste, tous les calculs que M. Vallée applique à ses hypothèses offrent , comme calculs d'application, d'heureux types et de bons modèles à suivre dans l'emploi des calculs pratiques qui ne sont pas moins importants que l'expérience même pour le progrès des sciences d'observation. » Votre Commission s'est vue arrêtée dans l'appréciation du travail de M. Vallée, par le manque de démonstration de l'hypothèse fondamentale sur laquelle tout repose, savoir, que l'humeur vitrée augmente beaucoup de force réfringente et dispersive de la partie antérieure à la partie postérieure. L'auteur a constamment refusé de s'assurer positivement, par une expérience directe, de la vérité de cette assertion, malgré le -peu de difficulté de cette détermination expérimentale et l'indispensable nécessité de cette donnée pour éclairer le jugement de la Commission sur l'hypothèse fondamentale. Dans cet état de la question, votre Commission déclare ne pouvoir se pro- noncer, faute de preuves suffisantes, sur le mérite du Mémoii^ de M. Vallée. En couséquence, elle propose à l'Académie de remercier M. Vallée de ses ( 735) - . - communications, de l'engager à continuer ses travaux, et surtout à les com- pléter par la détermination expérimentale du pouvoir réfringent et du pou- voir dispersif des diverses parties de l'humeur vitrée. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. Ch. Dupin, au nom de la Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le prix concernant l'Application de la vapeur à la Marine militaire, déclare qu'aucune de ces pièces n'a paru mériter le prix ; il annonce que la Commission a l'espérance que des travaux actuellement entrepris obtiendront une heureuse solution, et propose, en conséquence, de proroger le concours jusqu'à l'année 1848. Cette proposition est mise aux voix et adoptée. . NOMEXATIOIVS. L'Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'associé étranger vacante par suite du décès de M. jÇej^eZ. Conformément au règlement, cette Commission doit se composer de trois membres pris dans les Sections des Sciences mathématiques, de trois pris dans les Sections des Sciences physiques , et du Président de l'Académie. MM. Arago, Poncelet, Liouville, d'une part, et, de l'autre, MM. Che- vreul, Dumas, Serres, réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Indication des dijférentes couches de terrains traversées dans le forage du puits artésien du palais du Roi, à Naples; suivie de quelques -Wm" inductions géologiques et de considérations sur la probabilité d'obtenir des eaux jaillissantes ; par M. L. Cangiano. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy.) A ce Mémoire sont jointes deux planches coloriées, dont l'une offre la coupe des terrains traversés par la sonde, l'autre une coupe idéale du terrain compris entre les montagnes de Caserte et celles de Sorente , coupe établie d'après les données fournies par le forage qui s'exécute vers le milieu de ce bassin . 97- ^ r 736 ) ■ PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la hauteur du J^ésuve. (Extrait d'une Lettre de M. L. Cangiano à M. Élie de Beaumont.) « Dans votre Lettre à M. Pentland, vous avez manifesté le désir qu'on mesurât chaque année, ou tous les dix ans au moins, avec la plus grande exactitude, la hauteur de la Punta del Paloj et vous voudriez qu'on chargeât de ce travail l'observatoire météorologique. Il est hors de doute que cela se* rait très-utile , mais je vous ferai remarquer qu'il est difficile d'avoir cette /.r 'mesure par les moyens topographiques, et qu'il serait encore moins aisé de déterminer la différence de niveau entre l'observatoire et la Punta del Paloj au moyen des observations barométriques, si l'on voulait obtenir une grande exactitude. » M. le professeur Amante croit que le bureau topographique pourrait dé- terminer la différence entre la Punta del Palo et la Somma, par les distances, réciproques des deux points au zénith prises dans le même jour, et alternati- vement , de sorte que l'erreur provenant de l'incertitude de la réfraction ter- restre serait détruite sur cette même différence ; et peut-être avec un bon instrument, et en usant de beaucoup de diligence (ce qu'on peut sûrement attendre de M. Amante), aurait-on un résultat satisfaisant. » Depuis l'éruption du 3 février de cette année, qui s'est ranimée à diffé- rentes reprises et qui continue toujours, le cône ardent du Vésuve s'est élevé sensiblement. Sa hauteur sur le niveau de la mer, mesurée par M. Amante, le 27 février, a été trouvée dep^jS seulement inférieure à celle d,e la Punta del Palo, qui est de i 2o3 mètres Mesurée de nouveau le 3i mars, elle a été inférieure à celle de la même Punta del Palo de 6",8 et, par conséquent , de 1 igô",». » GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE — Observations faites en Islande, pendant l'été de i845; par M. Descloizeaux. (Commissaires, MM. Berthier, Becquerel, Dufrénoy.) Ce travail se compose de trois parties distinctes, savoir : 1° d'un Mémoire sur le gisement du spath d'Islande; a° d'une Note'sur deux autres minéraux du même pays, la leryne et l'harmotome à base de chaux; 3° d'une analyse de l'eau du Geiser. ^K' ( 737 ) GÉOLOGIE.— Jl/e'/no/re sur les gisements de muriate de soude dans l'Algérie; par M. H. Foubivel. (Commissaires, MM. Élie de Beaumonl, Pelouze. ) « Dans ce Mémoire, dit l'auteur, je décris les principaux gisetrients connus en Algérie, en les divisant en deux zones qui affectent une direction remarquable; j'indique à quelle classe de terrains ils appartiennent; je donne la composition de plusieurs de ces sels, en même temps que je montre la cause de la salure des grands lacs qu'on rencontre, çà et là 5 enfin, je rat- tache, autant qu'ils peuvent l'être, ces gisements à ceux du désert, en faisant voir que ces derniers sont distribués sur une zone parallèle aux deux pre- mières. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur le percement des montagnes; par M. PoRRO, officier supérieur du génie et ingénieur attaché anx chemins de fer de Suisse. L'auteur, ayant eu à étudier dîverg chemins de fer projetés pour des pays de montagnes, s'est beaucoup préoccupé des mcTyens de diminuer le temps et la dépense pourrie percement des longues galeries qu'exige la dis- position accidentée du sol. La hauteur des montagnes à traverser rendant souvent impossible l'établissement des puits au moyen desquels, dans les cas ordinaires, on enlève une partie des déblais ,^ il fallait essayer de com- penser ces désavantages par l'emploi de moyens plus puissants et plus prompts que ceux par lesquels on attaque communément la pierre. Déjà plusieurs ingénieurs, dans des cas'semblables, ont eu recours à divers moyens mécaniques ou autres; M. Pori-o discute les procédés auxquels ils ont eu recours, en tant que ces procédés sont applicables au percementdes galeries, et indique les perfectionnements dont ils lui paraissent susceptibles. Le Mémoire de M. Porro est renvoyé à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Gh. Dupin, Piobert et Morin. MATHÉMATIQUES. — Mémoire sur les asymptotes rectilignes des courbes algébriques ; par M. Guiot. (Commissaires, MM. Sturm, Lamé.) HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l'assainissement des Jabriques d'engrais -sang;- Mémoire adressé par M. Sucqukt, pour le concours concernant les- moyens de rendre un art ou une profession moins insalubre. (Commission des Arts insalubres.). ( 738 ) M. Lecoq adresse,, de Clermont, la suite d'un travail dont il a déjà pré- senté la première partie, et qui a pour titre : Des climats solaires et des causes atmosphériques en géologie ; recherches sur les forces diluviennes indépen- dantes de la chaleur centrale et sur les phénomènes glaciaire et erratique. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Gaudin soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur la distri- bution des astres dans le firmament, et sur les causes de la pesanteur. (Commissaires, MM. Arago, Dumas, Liouville.) M. Laorent adresse une continuation de ses recherches sur la théorie ma- thématique de la lumière. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) CORRESPONDAIVCE. M. le MiNisïRE DE LA Marine trausitiet l'extrait d'un Rapport qui lui a été adressé par le capitaine du navire le Cajennaisf sur un phénomène ob- servé, à bord de ce bâtiment, dans sa traversée de la Guyane en France- Le 26 février, le navire étant par 38^46' latitude nord, et 38°5i' longitude ouest, a éprouvé, à trois reprises , des mouvements tels que ceux qui au- raient résulté du frottement de la quille sur un corps solide, mouvements qui doivent être probablement considérés comme dus à un tremblement de terre. M. I'Inspecteur géivéral de la navigation transmet le tableau général des hauteurs de la Seine dans Paris, observées journellement à l'échelle du pont de la Tournelle pendant l'année i845. Le Secrétaire présente, au nom de M. de la Bêche, une suite de cartes partielles, et de coupes horizontales et verticales faisant partie de la carte générale géologique du royaume-uni de la Grande-Bretagne et de l'Irlande. Ces cartes, dessinées sur une très-grande échelle, ne sont pas moins remar- quables par la beauté de l'exécution que par la fidélité des détails. (T^oir au Bulletin bibliographique.') * M. Arago met également sous les yeux de l'Académie plusieurs spécimens dp coloriages obtenus an moyen de procédés purement typographiques, (739) par M. Silbermann, imprimeur à Strasbourg. Dans ces planches, les ombres des parties coloriées reproduisent exactement le ton des ombres du dessin original, résultat qui ne pouvait être obtenu qu'accidentellement dans les méthodes jusqu'ici employées, puisque l'ombre, pour l'ensemble du dessin, était obtenue au moyen de l'application d'une teinte monochrome noire ou bistrée. Quelques-unes de ces planches offrent jusqu'à dix-huit teintes diffé- rentes, appliquées séparément, et juxtaposées avec une précision mathéma- tique; et cependant le nouveau procédé de teinture imaginé par M. Sil- bermann est assez simple pour que le prix de revient de chaque épreuve, même de celles où il y a des applications d'or bruni et en relief, ne dépasse pas 32 centimes. M. DE Haldat a adressé un Mémoire dans lequel il expose, avec beau- coup de développements, les expériences déjà faites et annoncées par lui, en i84i> sur le magnétisme de tous les corps. D'après ce travail, les corps façonnés en aiguilles allongées doivent être rangés en deux classes : la pre- mière se compose des corps qui se placent dans la direction des deux pôles d'un aimant à fer-à-cheval ; la seconde classe contient les corps qui ' prennent une direction perpendiculaire à la ligne joignant ces mêmes pôles. M. d'Hombres-Firmas adresse la relation d'une visite qu'il a faite à la grotte du Chien, près de Naples , dans l'été de 1 845 , en compagnie des autres mem- bres de la Section géologique du Congrès scientifique italien. MÉTÉOROLOGIE.— /«cenrf/e causé par la chute d'un bolide; indication de quelques autres bolides remarquables observés en 1846. (Extrait d'une Lettre de M. Petit à M. Arago.) « Je viens d'apprendre à" l'instant un nouveau cas d'incendie occasionné par un bolide dans la commune de Saint-Paul, aux environs de Bagnères-de- Luchon. « Le feu a été communiqué à une grange, dit le journal de Saint- » Gaudens, dans la journée du 22 mars, vers trois heures du soir, par une .. gerbe lumineuse qui a sillonné l'espace avec une grande vitesse et un bruit » assez intense , et qui est tombée sur le bâtiment. En peu d'instants, tout est .. devenu la proie des flammes ; les bestiaux renfermés dans les étables ont été » entièrement .consumés. » » Les bolides ont été , du reste , assez nombreux , cette année , dans nos contrées; mais il est à regretter que les personnes qui les aperçoivent gardent, la plupart du temps, le silence sur leurs observations, de telle sorte que je *^' ( 74o ) n ai pu, jusqu'à ce moment, me procurer deux observations correspondant au même bolide. Peut-être une mention faite dans les Comptes rendus serait- elle susceptible d'appeler quelques communications nouvelles à ce sujet. C'est dans ce but que je vous signalerai principalement les apparitions suivantes, sur lesquelles il me serait facile, je crois, de me procurer les renseignements précis qui seraient nécessaires au calcul des trajectoires, si d'autres observa- teurs les avaient aperçues. '■ 1°. Le lo février, vers 9 heures du soir, bolide énorme aperçu par M. de Roquette, dans les environs de Caraman. » 1°. Le 21 février, à g^'ô™ du soir, deux globes lumineux de diamètres différents ont été vus à Gollioure par plusieurs personnes, entre autres par MM. Berge, négociant, Ay, pharmacien, et Lacombe, maître de pension, qui ont bien voulu me les signaler. Ces deux globes lumineux se mouvaient avec une très-grande vitesse à travers les nuages, dans la direction du nord-est au sud-ouest, et paraissaient presqu'en contact; le plus grand, semblable à une grosse bombe, précédait l'autre, qui ressemblait à un boulet de 24. Leur présence fut annoncée par une lumière tellement vive, qu'elle ressemblait à celle produite par un vaste incendie, et que les réverbères parurent, pendant quelques instants, complètement éteints dans l'intérieur de la ville. " 3°. Le i"mars, à 6'' 19"" du soir, un bolide, qui brilla pendant environ deux secondes, en allant de l'est à l'ouest, fut aperçu à Toulouse par M. Rabois. » 4"' Enfin, le 21 mars, à 6''45" du soir, un bolide plus gros qu'un obus, se dirigeant assez lentement du sud au nord dans la partie ouest du ciel, et laissant après lui une traînée lumineuse, a encore été aperçu par un grand nombre de personnes, soit à Toulouse même, soit aux environs, jusqu'à une distance de plusieurs lieues. » MiÎTÉOROLOGiE. — Sur ufi halo solaire vu le 22 avril 1846 à Paris. (Extrait d'une Lettre de M. Bravais à M. Arago.) 'c J'ai eu l'occasion de mesurer les dimensions du beau halo circumso- laire qui s'est montré à Paris dans la matinée du mercredi 22 avril, et je prends la liberté de; vous adresser le résultat de ces mesures. » Le phénomène se composait : i" d'un halo ordinaire (de 22 degrés de ,^ ^ i'ayon) de lueur pâle; le rayon de ce cercle, compté du centre du Soleil ** jusqu'au bord interne de la lueur, a été trouvé égal à 21° 46', par la moyenne de deux mesures prises avec un sextant ; 2° de deux arcs très-lumineux, tan- ( 74' ) {jents au halo ordinaire, l'un dans son point de cnlmination supérieure, l'autre dans son point de culmination inférieure. » Les couleurs aperçues dans ces arcs lumineux étaient , du dedans au de- hors : le rouge(avec une teinte fauve très-niarquée), le jaune, le vert, un bleuâtre très-faible et difficile à distinguer; enfin, de la lumière blanche sans limite extérieure assignable. L'arc tangent supérieur se séparait du halo ordinaire à une certaine distance de chaque côté du point de tangence, et ses deux branches, se rabattant vers l'horizon, venaient se raccorder avec les branches correspondantes de l'arc tangent inférieur ; l'ensemble des deux arcs tangents formait ainsi une elHpse circonscrite au halo ordinaire, à petit axe vertical, et dont le grand axe était sensiblement horizontal. Par deux mesures prises, au sextant, l'une sur le rayon oriental, l'autre sur le rayon occidental, j'ai trouvé pour ce demi-grand axe, compté du centre du Soleil jusqu'au bord interne de l'ellipse, un angle de 27° 1 6'. » fiCS espaces en forme de croissant, situés entre le halo ordinaire et le halo elliptique circonscrit, étaient occupés par une lumière blanchâtre, moins vive que celle des arcs qui les embrassaient. n La partie de l'arc tangent supérieur qui paraissait soudée au halo or- dinaire embrassait autour du centre du Soleil un espace angulaire estimé à 70 degrés, soit 35 degrés à droite et 35 degrés à gauche du point de culmina- tion. Pour l'arc inférieur, la tangence apparente comprenait un angle un peu moindre, et que j'ai estimé égal à 60 degrés seulement. Aux points où les arcs tangents commençaient à se séparer sensiblement du halo ordi- naire, et où les bifurcations se prononçaient, les belles teintes signalées ci- dessus étaient remplacées par de la lumière blanche, beaucoup plus faible, de sorte que, pour un observateur peu attentif, le météore se réduisait à un arc horizontal supérieur au Soleil, et à un autre arc pareillement hori- zontal , mais situé au-dessous de cet astre. » La mesure rapportée ci-dessus (27" 16') ayant été prise à io''3a™ du matin, la hauteur du Soleil au-dessus de l'horizon était alors de 49° 4'- » On réussit très-bien à expliquer ce phénomène, eu admettant qu'une fraction notable des prismes de glace générateurs du halo avait ses axes dis- posés horizontalement. Les prismes à axe horizontal donnent alors naissance aux arcs tangents observés , et l'on trouve que ces arcs devaient se réunir de manière à former l'ellipse observée. J'ai calculé la valeur théorique du plus grand rayon de l'ellipse, et l'ai trouvé égal à 27° 59'. En appelant R ce rayon maximum , H la hauteur du Soleil , et ç un angle auxiliaire , R se détermine C. K.-, i8',6, i"Sem«rtre.(T. XXII, ^<' 18.) 98 ( 740 par les deux formules suivantes : cos (9 + 30") = ^^ y/sin (H + 29° 1 5') sin (H - 29° 1 5') , sin 4^ R = sin f sin H. » f^ petite différence entre l'angle observé 27° r 6' et l'angle calculé 27" Sg' peut provenir en partie de la grandeur du demi-diamètre solaire que l'on né- glige dans le calcul, en partie de la dispersion de la lumière, qui tend aussi à écarter le bord interne du lieu de la clarté maximum; en partie, enfin, des prismes dont l'axe, compris dans te vertical du Soleil, au lieu d'être rigoureusement horizontal, se relève un peu du côté le plus éloigné de l'astre. » Le résultat de l'observation me paraît donc parfaitement conforme à la théorie des arcs tangents, telle qu'elle a été donnée par Thomas Young, et développée ensuite par Brandes et par M. Galle. '■ J'ajouterai, en terminant, que le substratum sur lequel se peignait le halo était une vapeur blanchâtre , qui parfois devenait à peine perceptible , sans que les couleurs parussent perdre de leur vivacité. Mon observation ayant été faite au Collège de France, le phénomène a eu là pour témoins quelques personnes trop connues des météorologistes pour que je puisse me dispenser de citer leurs noms; je veux parler de MM. Quetelet, Regnaultet Izarn. » M. YvoN ViLLAncEAU transmet les éléments suivants de la planète Astrée. Il lésa obtenus par une méthode de correction de son invention, applicable au cas des petites inclinaisons. Éléments de la planète Astre». Longitude moyenne i II était donc d'un haut intérêt d'examiner la question de près ; c'est pour- quoi, de concert avec M. Gounelle, nous essayâmes de transmettre dans le même moment, sur la ligne de Paris à Rouen, des signaux en sens inverses: les signaux se reproduisirent, de part et d'autre, avec la plus parfaite exac- titude. Cette expérience fut répétée, et toujours avec le même succès. )' Nous la refîmes de nouveau devant la Commission de la Chambre des Députés quand, le 7 avril, elle nous honora de sa visite, et, encore cette fois, la réussite fut aussi complète qu'elle l'avait été précédemment. » On avait dit que, puisqu'avec le fil de cuivre nous employions 10 élé- ments, il en faudrait huit fois davantage, ou 80, quand nous ferions usage du fil de fer; la personne qui parlait ainsi ne connaissait pas évidemment la question. Guidé par des indications théoricpies, je disposai un nouvel appa- reil, et, an lieu de 80 éléments, nous n'en mîmes que 6, nombre que je puis limiter probablement à 4; mais, dans ce moment, nos expériences sont inter- rompues par le placement d'un second fil de fer: nous les reprendrons aus- sitôt que ce travail sera terminé , et j'aurai l'honneur de vous rendre compte de ce que nous ferons de nouveau. » .Te ne veux pas négliger de vous dire que nous avons fait fonctionner un appareil à signaux à travers un circuit métallique de 400 kilomètres, en réu- nissant convenablement les deux fils de cuivre et le fil de fer déjà placé ; le courant provenait de 20 éléments. » Une autre expérience non moins intéressante, est celle où nous avons transmis des signaux de Rouen à Paris avec un seul élément. Ce fait me semble important en ce qu'il répond victorieusement aux attaques, plus ou moins injustes, dirigées, soit contre le mauvais isolement des conducteurs, soit contre le peu de sensibilité des appareils; car, pour qu'un seul couple envoie, au bout d'un conducteur de 137000 mètres, assez d'électricité pour faire fonctionner une petite machine, il semble qu'il ne doit pas s'en perdre une très-grande quantité dans le trajet, et qu'ainsi on peut dire que l'isolement des conducteurs est bon , et l'iustrument passable. « ' ( -45 ) « M. DcFRÉNOY présente, au nom de MM. Damour et Descloizeavx , un Mémoire sur la réunion de la morvénite à l'harmotome. » La réunion de ces deux espèces repose, à la fois, sur l'examen cristal- lographique et sur l'analyse chimique. » Les angles obtenus par M. Descloizeaux qui établissent cette réunion, sont : Morvénite. Harmototne. M sur M iio°3o' iio"26' M sur g-' 124-32 ia5. 5 h' sur b' 121 .3o » P sur M 9°- o 9°" M sur b' 149.33 i49-32 » Les résultats comparatifs des analyses dues à M. Damour sont : Morvénite. Harmotome du cap Strontian . Silice 47)6o 47)74 Alumine 16,39 i5,68 Baryte 20,86 21,06 Oxyde de fer. ... o,65 o,5i Potasse . 0,81 Oj78 Soude 0)74 0,80 Eau i4>i6 '3,ig 101,21 99,76 » M. DuFRÉNoy offre ensuite à l'Académie, de la part de M. Ehilien Duhas, un exemplaire de la première feuille de la Carte géologique du département du Gard. Cette carte sera composée de quatre feuilles: le relief du terrain y est représenté avec détail ; les mines et les carrières y sont indiquées par des signes particuliers. » M. Wartmann décrit, dans une Lettre adressée à M. de la Rive, les ex- périences à l'aide desquelles il est parvenu à rendre sensibles, par des phénomènes calorifiques, les modifications moléculaires que l'action des ai- mants produit dans les corps. M. Morse donne quelques détails sur les lignes de télégraphes élec- triques qui existent déjà, ou qui sont en voie d'exécution aux États-Unis. La ligne de New-York à Washington a dû être terminée ce printemps; celles de New-York à Boston, et d'Albany à Buffalo, étaient également fort avan- ( 746 1 cées à la fin de i845. La somme des distances sur ces trois lignes sera d'eo- viron 290 lieues. M. Morse, dans la même Lettre, parle de la rapidité avec laquelle fonc- tionne l'appareil qu'il a imaginé pour le tracé des signaux. A l'époque où l'Académie a été entretenue pour la première fois de cet appareil , on était parvenu à^écrire soixante lettres par minute; aujourd'hui on en obtient, dans le même temps, jusqu'à quatre-vingt-dix-huit, ainsi que cela résulte des expériences rapportées dans une brochure publiée par M. Vail. M. Raffenel, près de partir pour son voyage dans l'intérieur de l'Afrique , transmet une liste des instruments qu'il emporte. (Renvoi à la Commission précédemment chargée de préparer des histructions pour ce voyageur.) M. Colla écrit, de Parme , pour rappeler ses observations sur les comètes et revendiquer pour quelques-unes de ces observations la priorité attribuée, suivant lui mal à propos , à d'autres astrojiomes. M. Heurteloup adresse quelques remarques relatives à un passage du Mé- moire lu dans la précédente séance par M. Leroj d'Étiolles. (Renvoi à la Commission nommée pour le Mémoire de M. Leroy d Étiolles et pour celui de M. Heurteloup.) M. Passut sollicite de nouveau un Rapport sur ses expériences. Après avoir donné communication de la réclamation de M. Passot, le Secrétaibe prie de nouveau , avec instance , la Commission de faire le Rap- port demandé. Il n'y a pas d'autre moyen, ajoute M. Arago, de mettre fin aux articles calomnieux que M. Passot fait distribuer à domicile , tantôt contre un académicien et tantôt contre un autre. Ij'Acadéraie ne man- quera pas de remarquer que M. Passot se trouve dans une position telle, qu'un recours aux tribunaux, de la part des personnes injuriées, n'amè- nerait aucun résultat efficace, M. PoNCELET, Président de la Commission chargée de l'examen des expé- riences de M. Passot, tout en désapprouvant hautement les moyens em- ployés par cet ingénieur pour obtenir ce qu'il appelle un acte de justice, fait observer que les membres de la Commission se seraient occupés de # C 74? ) . fa présentation du Rapport qui leui^ est demandé , si M. Passot n'avait cru devoir retirer la Lettre qu'il avait adressée à l'Académie, à ce même sujet, dans l'une des précédentes séances; et s'ils avaient jugé que, vu les circon- stances, il y eût opportunité à lui donner une pareille satisfaction. M.VI. FizEA.li et FoucACLt adressent un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures et un quart. A. * f •> . <• BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. ■ * ' . ■ •} Fi' Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comjjtes rendus hebdomadaires des séatices de l' Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n° 17; in-4°. Institut de France. — Académie royale des Sciences. — Rapport sur les Mé- moires qui ont été présentés à l'Académie des Sciences, au sujet de la maladie des Pommes de terre; par MM. Payen, Boussingault et Gaudichaud; brochure in-4''. Institut de France. — Académie royale des Sciences. — Recherches sur lèà causes premières de la maladie des Pommes de tefré; par M. GAUDICHA UD ; brochure in-4**. Institut de France. — Académie royale des Sciences. — Aperçu sur les causes physiologiques de la maladie des Pommes de terre; parle liiême; in-4"- Institut de France. — Académie royale des Sciences. — Premières Remarques sur les deux Mémoires de MM. Payen e? DE MiRBEL, relatifs à l' Otgdnoqraphie et la Physiologie des Végétaux; par le même ; iH-4*'. Compte rendu des Travaux delà Société royale et centrale d'Agriculture, du 3o mars i845 au 18 avril 1846 ; par M. Payen ; in-8°. Département de i Ain. — Rourg. -^ Récapitulation des observations météorolo- (jiques pour l'année iS/jS^ par M. Jarres père, ancien géomètre en chef du cadastre de l'Ain. Dictionnaire universel d' Histoire naturelle; par M. Ch. d'Orbigny; tome VI, 81" livraison; in-S". Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, eh Lnponie , au Spitzberg et aux Fewë, pendant les années i838, iSSg et 1840, sous la direction de M. G MMA^RD; 37* livraison ; in-folio; Carte géologique du département' du Gard", arrondissement' du Vigan ; par M. Em. Dumas. »•« #/ ( 748 ) ; Almanach horticole pour 1 846; par M. Paquet ; in-i 2. Archives d'Anatomie générale et de Physiologie ; par MM. Denonviliers , LoiNGET et Mandl; avril 1846; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mai 1846: in- 8". Journal de Médecine de Bordeaux; avril 1846; in-8°. Encyclo,graphie médicale; par M. Lartigue; avril 1846; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; avril .1846; in-8°. Journal des%Çonnaissances utiles; avril 18^6; in-8°. ^ Annales '^deTItér^peutiqUe médicale et chirurgicale; mai i846^in-8'*. . , Annales ciç la propqgation^de iaFoi} loai 1846 ; 10-8". * 'Réflexions sur le Mamage des terres dans les arrondissements du Havre et d'Yvelot, lues à la Société d' Agriculture pratique de Valmont , par M. E. Mar- chand , de Fécamp ; | feuille in-8°. Faits pour servir à l'histoire critique delà Gratiole ; par le même ; j de feuille in-8''. Bibliothèque universelle de Genève, i5 avril 1846; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève. — Archives des Sciences physiques et natu- relles ; avril 1846; 10-8". Flora balava; 1 4o* livraison ; in-4°. Geological survey . . , Exploration géologique du royaume-uni de la Grande- Bretagne et de l'Irlande; feuilles de la Carte géologique, n°' 19 à 43 inclu- sivement; sections horizontales coloriées, n°' i à 17; coupes verticales, n<" 1 à i5; tableau des couleurs, une feuille: adressé, au nom de l'Administration, par M. DE LA BÊCHE, directeur général de l'exploration. The Quarterly journal. . • Journal trimestriel de la Société géologique de Londres; 1" année, i845, et i" trimestre 1846; in-8°. XIV. A Catalogue. . . Catalogue de 1677 étoiles comprises entre l'équateur et le 10^ degré de déclinaison nord, observées à l'Observatoire de Padoue par M. G. Santini, communiqué par M. Hersall. (Extrait des Transactions de la Société royale astronomique de Londres ; vol. XII. ) In-4°- Osservazioni . . . Observations des Comètes qui ont été visibles en 1 843 , faites à l'Observatoire royal de Padoue; Mémoire de M. G. Santini. (Extrait du tome XXIII des Mémoires de la Société italienne de Modène. ) In-4°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n" 18; in-4". Gazette des Hôpitaux; n°* 5o et 5i; in-folio. L'Echo du Monde savant; n°* 34 et 35; in-4''. Gazette médico-chirurgicale ; année 1846, n° 18. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 11 MAI 1846. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEATJMONT. La séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets de prix proposés. PRIX DÉCERNÉS pocK l'année 1844. SCIENCES MATHÉMATIQUES. PRIX D'ASTRONOMIE POUR 1844. (FONDATION DE M. DE LALANDE.) (Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Mauvais, Laugier, Liouville.) « La médaille fondée par M. de Lalande a été partagée entre : » M. DE Vico , directeur de l'observatoire du Collège romain ; » Et M. Darrest, attaché à l'observatoire de Berlin. >i Ces deux astronomes avaient, l'un et l'autre, découvert une comète, dans le courant de l'année 1 844- " RAPPORT SUR LE CONCOURS DE i844, POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE. (FONDATION MONTYON.) (Commissaires, MM. Poncelel, Morin, Piobert, Gambey, Ch, Dupin rapporteur. ) " La Commission nommée par l'Académie des Sciences pour l'examen C. R., 1846, i" Semestre. {T. XXII, N» 19.) 99 ( -So ) des pièces adressées au concours, déclare quil n'y a pas lieu, cette année, à décerner le prix. » RAPPORT SUR I.E CONCOURS DE 1844, POUR LE PRIX DE STATISTIQUE. (FONDATION MONTYON.) (Commissaires, MM. Mathieu, Ch. Dupin , de Gasparin, Pouillet, Francœur rapporteur.) « La Commission chargée de prendre connaissance des pièces et ouvrages présentés pour concourir au prix de Statistique de i844» fondé par M. de Monlyon, a lu les ouvrages des concurrents, qui étaient au nombre de sept, et vient rendre compte des résultats de son examen. " M. Chalette père a présenté un ouvrage en deux volumes in-8°, sur la Statistique générale du département de la Marne, accompagné d'un atlas in-folio. Cet ouvi'age a semblé, à la Commission, remarquable par la multitude des détails qu'il renferme sur tout le département. » Le premier voliune considère l'ensemble des résultats en commerce, bestiaux, agriculture, histoire, routes, cours d'eau, population, mala- dies, etc. Le deuxième volume traite de chaque commune en particulier, décrite par ordre alphabétique dans chaque canton. » Mais c'est surtout l'atlas lithographie qui a paru à la Commission mé- riter le prix de cinq cent vingt-cinq francs , à raison de la multitude de chiffres qui y sont renfermés, et qui ont exigé, pour leur recherche et leur classement, un soin et une capacité très-estimables. On y trouve, consignés dans de nombreux tableaux, les éléments relatifs aux produits agricoles, à la météorologie, aux mouvements delà population par naissances , décès, mariages, etc., pendant neuf années, de i83oà 1 838; aux contingents pour le service militaire, aux jugements des tribunaux criminels, aux dépenses et recettes publiques, etc. » Déjà le prix de Statistique a été accordé à d'autres ouvrages faits dans le même esprit, et la Commission a pensé que celui de M. Chaletle n'est pas d'un mérite inférieur à ceux-ci. Les chiffres cités dans ce travail ont été acceptés par la Commission comme étant officiels, puisque l'auteur est employé à la Préfecture. 1' La Commission a aussi reconnu un mérite spécial à trois ouvrages qui lui ont semblé dignes d'une mention honorable. L'ordre d'énonciatipu ne suppose entre les trois ouvrages aucune préféreiice quelconque, la diversité ( 75i ) de leur nature ne permettant pas cette espèce de classement fondé sur le mérite. " MM. DE BouTTEviLtE et Parchappe ont présenté un volume in-8°, inti- tulé : Notice statistique sur l'asile des aliénés de la Seine-Inférieure. Il est à regretter que cet ouvrage n'embrasse qu'un sujet trop restreint; il ne traite ni des imbéciles, ni des idiots, attendu que l'hospice ne les admet pas; d'ailleurs, la masse des observations est trop peu considérable. Ajoutons que ce livre est très-bien fait, et que les recherches y sont exposées avec ordre et méthode. En dix-huit années, de iSaS à i843, l'hospice a admis 2 646 aliénés. » M. JcLEà GossiN, ancien conseiller à la Cour royale de Paris, a publié des recherches statistiques sur 17 176 pauvres dont s'est occupée la Société charitable de Saint-Régis, instituée à Paris, pour faciliter le mariage civil et religieux des indigents du département de la Seine. » Ces recherches font connaître combien les différents départements ont fourni d'indigents à la Société de Saint-Régis, et combien les étrangers, na- tion par nation; combien de mariages ont été contractés dans chacun des arrondissements de Paris, d'abord de 1826 à i83i, puis de i83i à 1841- » Ces recherches indiquent aussi le nombre des enfants naturels légitimés et non légitimés, ainsi que beaucoup d'autres renseignements utiles. i> L'er>prit dans lequel sont dirigées ces recherches, et la haute moralité de l'institution qu'elles concernent, motivent la mention honorable que la Commission propose. " M. Emile Gaymard, ingénieur des Mines, a présenté au concours un volume, accompagné d'une carte géologique, sur la Statistique du dépar- tement de l'Isère. La Commission a surtout remarqué dans cet intéressant ouvrage la partie métallurgique, qui justifie la mention honorable qu'elle accorde à M. Emile Gaymard. » PRIX EXTRAORDINAIRE SUR L'APPLICATION DE LA VAPEUR A LA NAVIGATION. PROPOSK POUB 1856, REMIS A 1858, PUIS A l84l , ENFIN A 1844. « Le Roi, sur la proposition de M. le baron Charles Dupin, a ordonné qu'un prix de six mille francs serait décerné par l'Académie des Sciences , )' Au meilleur ouvrage ou Mémoire sur l'emploi le plus avantageux de la vapeur pour la marche des navires, et sur le système de mécanisme, 99- • ( 75^ ) (l'itistallation, d'arrimage et d'armement qu'on doit préférer pour cette classe de bâtiments. » RAPPORT DE LA COMMISSION. « D'après les écrits et les expériences déjà communiqués sur l'application de la force de la vapeur à la marine militaire, la Commission croit avoir l'espérance fondée qu'en remettant à 1 848 la distribution du prix , des tra- vaux remarquables, dont l'Académie a déjà connaissance, obtiendront un succès qui les rendra dignes du prix. i> En conséquence, nous proposons à l'Académie qu'elle maintienne ou- vert le concours jusqu'au i" juillet 1848. » L'Académie a adopté les conclusions de la Commission. Les Mémoires devront être arv'wés, francs de port, au secrétariat de l'Institut, le i'^' juil- let 1 848 , au plus tard. » PRIX FONDÉ PAR M"°« LA MARQUISE DE LAPLACE. « Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à ac- cepter la donation qui lui a été faite, par madame la marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'École polyteclinique, » Le Président a remis de sa main les cinq volumes de la Mécanique céleste, YEjcposition du système du monde, et le Traité des probabilités , à M. Bertin, premier élève sortant de la promotion de i844 <^t, depuis, entré à l'École des Ponts et Chaussées. » SCIENCES PHYSIQUES. PWX DE PHYSIOLOGIE EXPÉROIEINTALE. RAPPORT SUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE POUR L'ANNÉE 1844. (Commissaires, MM. Milne Edvv^ards, Serres, Magendie, de Blainville, Flourens rapporteur.) « La Commission n'a reçu aucun ouvrage de Physiologie expérimentale proprement dite. En conséquence, elle a dti porter son attention sur les ouvrages qui lui ont paru se rapprocher le plus de cette science. ') Or, entre les ouvrages adressés pour le prix de Physiologie expéri- (753 ) mentale de l'année i844î »! s'en est trouvé deux qui lui onf offert ou des vues de physiologie générale très-importantes, ou des matériaux précieux pour l'embryologie animale. Le premier de ces deux ouvrages est de M. Agassiz, et se compose de deux parties, dont l'une est ï Histoire des Poissons fossiles, eiï autre ï Histoire des Poissons d'eau douce de l'Europe centrale. « II serait inutile, de donner ici une analyse détaillée de ces deux grands travaux, qui sont aujourd'hui consultés et médités par tous les zoologistes. Chacun sait que celui sur les Poissons fossiles forme le complément des recherches de M. Guvier sur les espèces perdues des trois autres classes des animaux vertébrés, et qu'il a paru di-ne de venir après ces immortelles recherches : éloge qui n'en permet aucun autre. >' Le travail sur les Poissons d'eau douce de l'Europe centrale est remar- quable par l'exactitude et l'importance des observations anatomiques et physiologiques qu'il renferme. rt Considérés dans leur ensemble, ces deux grands travaux établissent, d'une part, des rapports pleins d'intérêt entre les études einbrjogériiques et les études paléontologiques touchant la classe des poissons ; d'autre part , et ceci est plus essentiel encore, ils ont montré combien l'étude des poissons fossiles était aujourd'hui indispensable pour arriver à des idées justes sur les affinités naturelles de ces animaux. » La Commission accorde le prix de Physiologie expérimentale à M, Agassiz, pour ses travaux sur les Poissons vivants et sur les Poissons fossiles. 1) Le second ouvrage pour lequel la Commission j)ropose à l'Académie d'accorder aussi un prix est de M. Bischoff, et il a pour titre : Histoire du développement de l'œuf et du fœtus du chien. " M. Bischoff a déjà publié, comme le savent tous les physiologistes, une histoire très-remarquable du Développement du lapin. Ce nouvel ouvrage sur le Développement du chien est un ouvrage plus remarquable encore ; les études y sont plus approfondies, plus complètes; et touty décèle, si l'on peut ainsi dire , une main d'observateur plus exercée. Le chien est un des mammifères dont l'œuf et l'embryon ont été le plus étudiés. Aussi , parmi les résultats obtenus par M. Bischoff, en est-il plusieurs qui étaient déjà connus ; et néanmoins il en est d'autres qui demandent à être revus. Mais l'ensemble du travail, par l'excellente méthode qui constamment y guide l'auteur, a paru à la Commission pouvoir être proposé comme un modèle de Monographie embrjogénique : genre de travail que l'Académie ne saurait ( 754 ) trop encourager, et l'un de ceux dont la physiologie actuelle a le plus be- soin. Il est aisé de voir, en effet , que dès que nous posséderons un nombre suffisant de monographies embrjogéniques bien faites, la science pourra prendre immédiatement un essor plus vaste , et V embryologie générale trou- ver ses lois. » Ekifin, la Commission accorde une 77ie«^/on /(o«orai/e aux observations par lesquelles M. Raciborski a étendu à l'espèce humgine le résultat des belles recherches de M. Pouchet (couronnées l'année dernière par l'Acadé- mie), concernant l'ovulation spontanée des mammifères. « PRIX RELATIFS AUX ARTS INSALUBRES. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1844. (Commissaires, MM. Dumas, Chevreul, Pelouze, Regnault , Payen rapporteur.) « Trois objets importants ont plus particulièrement préoccupé la Com- mission de l'Académie ; ce sont : » 1°. Les appareils construits par M. Chaussenot pour diminuer les chances d'explosion des générateurs ; >' 2". L'application économique de la distillation de l'eau de mer, dans la vue d'assurer aux équipages des navires une ample distribution d'eau douce ; >i 3°. Les dispositions qui , facilitant la conservation et le transport de l'eau potable embarquée, peuvent améliorer les conditions de salubrité du- rant les voyages sur mer, » N'ayant pu nous procurer à temps les renseignements propres à éclai- rer les questions qui nous sont soumises, à l'égard des deux dernières appli- cations, nous avons dû nous borner à réserver les droits que pourraient avoir les auteurs dans un prochain concours. » Une semblable mesure avait été prise l'année dernière relativement aux appareils de sûreté présentés par M. Chaussenot, malgré l'opinion favorable que dès lors les membres de la Commission en avaient conçue. » Nous ne devons pas regretter cet ajournement, car tous les documents désirables nous sont depuis parvenus : de nouveaux Rapports très-favorables, émanés d'hommes compétents, ont confirmé notre manière de voir; enfin, les applications de ces ingénieuses dispositions se sont étendues. » Parmi les causes des explosions des générateurs de la vapeur d'eau, il est impossible de méconnaître, 1° un accroissement, au delà des limites prévues, ( 755 ) de la tension de la vapeur, et 2° un abaissement accidentel du niveau dans les chaudières. » Les soupapes et les indicateurs du niveau du liquide sont, depuis lonp,- temps , employés pour diminuer les chances des explosions, mais ces ap- pareils laissaient beaucoup à désirer : tantôt des adhérences, dues à la lar- geur de leur siège, maintenaient les soupapes closes, malgré un excès de tension extérieure ; tantôt elles se soulevaient trop tôt et troublaient le travail des ateliers; parfois elles se refermaient incomplètement, et lais- saient à la vapeur ime issue occasionnant des déperditions notables et des dérangements plus ou moins graves. » Parmi les constructeurs qui se sont occupés dans ces derniers temps des moyens de faire disparaître ces divers inconvénients des appareils de sûreté, il convient de citer au premier rang M. Chaussenot aîné. Les sou- papes de cet habile mécanicien ferment la section de passage par un bord circulaii'e étroit, presque tranchant, et aucun appendice ne pénètre dans l'intérieur de la tubulure; elles sont maintenues uniquement par le bout de la tige conique qui presse sur elles. Leur ouverture sous la pression voulue, et leur fermelurc spontanée, ont lieu avec une précision remarquable, et supportent un service de plusieurs années sans être ajustées de nouveau. " L'indicateur discoïde du flotteur est très-apparent; il est porté par un fil en laiton mince, demeurant rectiligne, tendu par un contre-poids : il se meut facilement en passant dans un stuffing-box qui arrête les fuites. " Cet indicateur du niveau de l'eau est toujours en vue pour louvrier dans les moments même où se fait le service du foyer. » Les contre-poids des flotteurs à sifflet sont renfermés dans la chaudière, ainsi que les leviers ; ceux-ci, oscillant autour de deux pointes sur un axe de rotation allongé, sont dirigés invariablement dans le plan même des tiges qui transmettent les indications. » C'est ainsi qu'un orifice de 4 ou 5 millimètres de diamètre est fermé par le bout conique et arrondi d'une forte tige verticale pressant de bas en haut, tant que le niveau du liquide dépasse le minimum voulu; mais à cette dernière limite, le niveau vient-il à s'abaisser encore, la tige descend avec le flotteur, dégage l'orifice, et la vapeur aussitôt s'élançant au dehors, fait entendre le sifflet d'alarme : ce bruit aigu ne cesse qu'au moment où l'on remplit la chaudière. » Les flotteurs ordinaires et les flotteurs à sifflet d'alarme construits suivant les modèles de M. Chaussenot offrent les meilleures conditions connues pour la sûreté des indications. ( 756 ) » Tous les Rapports adoptés par la Commission des machines à vapeur, le jury central de l'Exposition en i844> et la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, s'accordent à recommander l'usage de ces appareils remarquables. >> Déjà, d'ailleurs, la sanction de la pratique leur est acquise en France et à l'étranger : nous les avons vus fonctionner avec succès dans quelques- unes des usines qui, au nombre de plus de deux cents, les ont adoptés. On peut espérer que de telles garanties paraîtront bientôt suffisantes pour faire supprimer les indicateurs en verre, dont la fragilité peut occasionner des inconvénients et même des dangers graves. )i Sans vouloir entrer ici dans la discussion des questions de priorité qui pourraient s'élever relativement à quelques détails des moyens précités, considérant que, par l'ensemble des dispositions et la bonne exécution des soupapes et flotteurs, M. Ghaussenot a rendu plus sûres et plus constantes les indications de ces utiles appareils, la Commission de l'Académie, d'un avis unanime, vote une récompense de deux mille francs à leur auteur, sur les prix de la fondation Montyon. » PMX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. RAPPORT SUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE POUR L'ANNÉE 1844. (Commissaires, MM. Rayer, Serres, Roux, Magendie, Duméril, Velpeau, Andral, Pariset, Milne Edwards rapporteur.) < La Commission dont j'ai l'honneur d'être en ce moment l'organe, a été chargée par l'Académie, le 7 avril dernier, déjuger le concours ouvert en 1844 po"'' les prix de Médecine et de Chirurgie fondés par M. de Montyon. Les ouvrages soumis à notre examen étaient, comme de coutume, extrême- ment nombreux; on en comptait plus de quarante, dont plusieurs se compo- saient de deux ou de trois volumes in-8° ou même in-4°. Mais cette grande richesse était plutôt apparente que réelle, car la Commission, pour se con- former aux vœux du testateur, dont elle était appelée à exécuter les dernières volontés, et pour rester fidèle à la mission fondamentale de l'Académie des Sciences elle-même, ne pouvait prendre en considération sérieuse qu'un petit nombre de ces travaux. » L'Académie, en effet, à raison de son institution, doit accorder son attention tout entière aux observations nouvelles et aux recherches expéri- ( 75? ) mentales qui tendent à reculer les limites de la science; elle n'a pas à s'oc- cuper des livres didactiques qui, tout en facilitant l'étude des faits acquis, n'ajoutent à ces faits aucun résultat nouveau digne d'intérêt; et le fondateur des prix de Médecine et de Chirurgie a si bien compris dans quelle direction devait s'exercer l'influence de notre compagnie, qu'il l'a chargée de récom- penser, non les ouvrages utiles à l'enseignement de l'art de guérir, mais les découvertes qui semblent être de nature à contribuer aux progrès de cette branche importante des connaissances humaines. Certes, l'Académie s'esti- mera heureuse toutes les fois qu'elle pourra décerner des récompenses aux hommes dont les observations ou les expériences jetteront quelques lumières nouvelles sur la pathologie, la thérapeutique ou l'art opératoire; elle encou- ragera toujours les recherches anatomiques et physiologiques sans lesquelles la médecine ne saurait être une science; mais elle ne peut voir avec un égal intérêt l«s efforts des écrivains qui s'appliquent seulement à transmettre aux autres ce qu'ils ont eux-mêmes appris par les travaux de leurs devanciers , quel que soit d'ailleurs le succès dont ces efforts auront été couronnés. " La Commission, pour se conformer à cette doctrine, a dû dès le prin- cipe écarter un certain nombre de Traités généraux, ainsi que quelques dis- sertations, qui lui avaient été adressés. En agissant ainsi, elle n'a voulu jeter aucune défaveur sur ces livres, et elle se plaît même à déclarer hautement que parmi ces ouvrages il s'en trouve plusieurs dont le mérite est considé- rable, et dont l'utilité ne pourra manquer d'être très-grande pour l'ensei- gnement; mais elle n'y a pas reconnu le caractère d'originalité nécessaire pour être admis à concourir pour les prix que l'Académie des Sciences décerne. " Nous passerons donc sous silence tous ces ouvrages didactiques, et nous croyons qu'il serait également inutile de nous arrêter ici sur quelques autres travaux dont les résultats n'ont pas, à nos yeux, assez d'importance pour mériter les éloges de l'Académie. Nous ne parlerons ici que des travaux pour lesquels nous voulons demander l'approbation de cette compagnie; et, du reste, si nous insistons sur cette omission, c'est seulement afin d'épargner à quelques concurrents la peine de réclamer, comme ils le font souvent , lorsqu'ils ne voient pas leurs noms figurer dans nos Rapports. " Deux séries de recherches ont surtout excité l'intérêt de la Commission : l'une a pour objet les blessures des vaisseaux sai^uins, l'autre est relative aux maladies des articulations. " Depuis plusieurs années, un de nos chirurgiens les plus habiles, M. Amussat, se livre à des expériences nombreuses et variées sur les pro- C. K., |8.'|G, I" Semestre. (T. XXII, N» 19) lOO ( 758 ) priétés physiologiques des parois vasculaires, et sur les phénomènes qui résultent des lésions traumatiques des artères et des veines. Déjà, en i83i, l'Académie lui accorda une récompense pour ses recherches sur la torsion des artères, et la Commission chargée de décerner les prix de la fondation Montyon pour l'année 1842, mentionna honorablement son travail sur l'hé- morragie; mais, avant de se prononcer sur la valeur de quelques-uns des résultats annoncés par M. Amussat relativement au mode d'oblitération des vaisseaux , elle a cru devoir attendre que de nouveaux faits fussent venus jeter plus de lumière sur cette question importante. Elle engagea donc M. Amussat à poursuivre ses recherches, et ce sont les expériences qu'il entreprit alors, dont nous devons entretenir aujourd'hui l'Académie. " Lorsqu'une grosse artère a été coupée, le sang, comme chacun le sait , s'en échappe avec impétuosité, et la mort est souvent une conséquence presque immédiate de la lésion; mais, que l'hémorragie amène ce résultat funeste ou qu'elle s'arrête sans entraîner des suites aussi graves, il arrive un moment où l'écoulement du liquide s'interrompt, bien que le vaisseau ouvert ne soit pas complètement vidé. Les seules forces de l'organisme peuvent suffire pour faire cesser l'hémorragie, et c'est l'étude des moyens mécaniques employés par la nature pour arrêter ainsi la perte du sang, qui est le sujet du nouveau travail de M. Amussat. Cette question offre un intérêt trop évident pour qu'elle ait pu échapper jusqu'ici aux investigations des chirurgiens, et, parmi e les hommes dont les expériences ont le plus contribué à en hâter la solution, il faut citer en première ligne un des membres de notre ancienne Académie des Sciences, Jean-Louis Petit. Ce médecin, il est vrai, avait principalement en vue l'examen du mode d'action des matières absorbantes ou stiptiques sur les plaies saignantes; mais ce qu'il dit de la formation de caillots obtura- teurs à l'extrémité des artères divisées, et du rôle de ces caillots , est presque entièrement applicable aux cas dans lesquels l'hémorragie s'arrête spontané- ment : Faubert, Morand, Pouteau et Kirkiand firent des expériences ana- logues, sans en tirer toutefois les mêmes conséquences, et, aune époque plus rapprochée de nous, Jones publia sur le même sujet des recherches nombreuses et importantes; Béclard s'en occupa également d'une manière très-sérieuse, et dernièrement encore M. Manec en a fait l'objet de remarques nouvelles. Cependant la science était loin d'être fixée sur toutes les questions que ces travaux avaient soulevées , et, en venant à son tour étudier les moyens par lesquels la nature arrête spontanément les hémorragies, M. Amussat a trouvé encore à enregistrer des faits nouveaux, dont les conséquences inté- ressent en même temps la physiologie et la médecine opératoire. Ses expé- ( 759 ) riences, faites principalement sur les animaux de boucherie mis à mort sui- vant le procédé que prescrit la religion juive, l'ont conduit à mieux observer, et surtout à mieux analyser qu'on ne l'avait fait jusqu'alors, les phénomènes locaux résultant de la division complète des artères dans une grande plaie transversale. Il a vu que lorsque, dans une lésion de ce genre, l'hémorragie s'arrête spontanément, cela ne dépend ni de la contraction de l'artère cou- pée, ni d'un état de spasme, mais est occasionné par la formation d'un caillot à l'extrémité du vaisseau. Ce caillot obturateur ne fonctionne pas à la ma- nière d'un bouchon ; il se montre d'abord comme un bourrelet circulaire sur le bord de l'artère divisée, et se soude pour ainsi dire avec celle-ci par l'in- filtration du sang dans la tunique celluleuse externe du vaisseau; son volume augmente à mesure que de nouvelles quantités de sang se solidifient sur sa surface, et bientôt il prend la forme d'un mamelon dont la substance semble comme organisée , et dont le centre est creusé d'un canal en continuité avec l'intérieur du tube artériel; enfin ce canal, traversé par le jet du sang, se tapisse de fibrine, et se rétrécit ainsi de plus en plus vers son extrémité libre, jusqu'à ce que ses bords se rencontrent. L'hémorragie s'arrête alors, et le sang ainsi emprisonné dans la portion terminale du vaisseau , venant à se solidifier à son tour, constitue un second caillot intérieur et parfaitement distinct du premier, qui seul a effectué l'occlusion de l'artère. M. Amussat montre quel est le rôle des diverses tuniques celluleuses dans la production du caillot externe ou obturateur, et explique ainsi comment l'allongement du vaisseau au moment de sa division peut faciliter la cessation spontanée de l'hémorragie. Il fait voir aussi comment la rétraction de l'artère fait peu à peu rentrer dans les chairs le mamelon obturateur, et il indique à quels signes on peut reconnaître à la surface d'une plaie un vaisseau ainsi obstrué. Enfin il établit que c'est ce mamelon et non l'orifice béant ou la lumière du vaisseau, que le chirurgien doit chercher, lorsqu'à la suite d'une opération il veut lier les artères divisées qui ont cessé de donner du sang, mais qui pour- raient encore devenir le siège d'une hémorragie consécutive. » Ce serait trop long d'énumérer ici tous les faits de détail nouveaux ou mal connus que M. Amussat signale dans son travail ; et , pour ne pas abuser des moments de l'Académie , nous croyons devoir également ne pas revenir ici sur les autres Mémoires dont il a déjà été rendu compte dans un précédent Rapport , Mémoires qui portent sur le mode de formation des tumeurs san- guines sous-cutanées, sur la cicatrisation des artères et des veines, et sur la production des anévrismes traumatiques. Nous nous bornerons donc à ajouter que tous ces travaux se lient entre eux , et forment un ensemble dont l'intérêt 100.. ( 76o ) est considérable. La Commission, il est vrai, croit devoir persister dans ia réserve qu'elle a déjà manifestée relativement à quelques-unes des conclusions que l'auteur en tire pour la pratique chirurgicale; mais, quoi qu'il en soit des questions dont la solution est peut-être restée incomplète, la série des re- cherches expérimentales et des observations pathologiques de M. Amussat sur les blessures des vaisseaux sanguins nous a paru importante et digne d'obtenir une récompense de la part de l'Académie. " Le second travail sur lequel la Commission appelle l'attention , est le Traité des maladies des articulations, par M. Bonnet, professeur de cli- nique chirurgicale à l'Ecole préparatoire de médecine de Lyon. Cet ouvrage se distingue de la plupart des Traités généraux par le nombre d'observations nouvelles que l'auteur y expose, et par la méthode expérimentale qu'il a suivie dans l'étude de plusieurs questions importantes pour le diagnostic et le traitement des affections dont il s'occupe. Ainsi, pour mieux connaître certains effets mécaniques produits par les hydrarthroses , M. Bonnet a simulé sur le cadavre les accumulatious de liquides qui constituent ces mala- dies, et , à l'aide de ces injections forcées, il a pu déterminer, avec une grande rigueur, quelle est la position que prend nécessairement chacun des mem- bres sous l'influence de ces sortes d'hydropisies, constater les rapports qui s'établissent alors entre les surfaces articulaires, et reconnaître la route suivie par les liquides qui s'échappent des capsules synoviales, lorsque les mem- branes de l'articulation, ne pouvant plus se distendre, viennent à se déchirer sous la pression qu'exercent ces matières accumulées. Dans quelques-uns des résultats ainsi obtenus, M. Bonnet avait été en partie devancé par M. Jules Guérin; mais ses expériences sur les hydrarthroses n'en ont pas moins pres- que toujours le mérite de la nouveauté , et elles sont de nature à fournir à la pratique chirurgicale d'utiles lumières. La Commission a remarqué aussi , dans le travail de M. Bonnet, des recherches intéressantes sur les fongosités articulaires; enfin, elle a dû prendre également en considération sérieuse les observations de ce praticien habile sur l'emploi des injections iodées dans les cas d'hydrarthroses et d'abcès articulaires. En effet , M. Bonnet a été 1 un des premiers à employer cette nouvelle méthode curative fondée sur les doc- trines professées par un des membres de cette Commission (M. Velpeau), et il paraîtrait, d'après les observations de M. Bonnet lui-même et d'après les résultats fournis par la pratique d'autres chirurgiens, que les injections iodées peuvent être souvent utiles dans le traitement de ces affections lentes et rebelles. » En conséquence, la Commission propose à l'Académie d'accorder à ( 76i ) M. Bonnet une récompense pour ses observations thérapeutiques et ses re- cherches expérimentales sur les maladies des articulations. >' r^e Mémoire de MM. Alfred Becquerel et Rodier sur la composition du sang nous a paru également digne d'éloges. On sait combien l'étude chimi- que des altérations que subissent les humeurs de l'économie chez l'homme malade, avait été négligée jusqu'en ces dernières années. Les expériences de notre savant collègue M. Chevreul sur le sang des enfants affectés de l'ictère des nouveau-nés , les recherches de MM. Prévost et Dumas relativesà la pré- sence de l'urée dans ce liquide et à l'influence des saignées sur la proportion de sérum et de globules; les observations d'un des membres de la Commis- sion (M. Magendie) sur l'état pathologique que détermine la soustraction d'une certaine quantité de fibrine, les analyses intéressantes dues à M. Le- canu et les résultats annoncés par M. Denis, avaient, il est vrai , ouvert la voie et excité vivement l'attention des physiologistes; mais l'élude compara- tive du sang chez l'homme, à l'état de santé et à l'état de maladie, était à peine abordée, lorsqu'en i84o, un des membres de la Commission (M. An- dral) s'en occupa de concert avec M. Gavarrct. » Le travail de MM. Becquerel et Rodier est, en quelque sorte, la suite des recherches dont il vient d'être question, et fournit de nouveaux éléments pour la solution des grandes et importantes questions qui se rattachent à l'histoire pathologique du sang. Ces deux jeunes médecins se sont appliqués à déterminer, non-seulement la proportion d'eau, de fibrine et d'albumine, comme on l'avait fait jusqu'alors , mais aussi la quantité relative de choles- térine , de matière grasse phosphorée et des sels contenus dans le sang ; ils ont également cherché à doser le fer qui se trouve dans les globules rouges, et ils ont constamment tenu compte de la densité du sang défibriné et du sérum. Des analyses aussi compliquées nécessitent des précautions minu- tieuses, et prennent un temps considérable; cependant MM. Alfred Bec- querel et Rodier ont examiné de la sorte le sang provenant de cent soixante saignées, et, dans les tableaux annexés à leur Mémoire, ils donnent tous les détails de leurs expériences. Dans une première série d'analyses, ils ont étu- dié la constitution normale du sang et les différences que ce liquide peut of- frir suivant les sexes, l'âge et quelques circonstances accidentelles qui ne dérangent pas la santé. Ces expériences tendent à abaisser un peu la moyenne générale précédemment admise pour la proportion de fibrine, et complètent les résultats déjà obtenus par M. Lecanu , en ce qui concerne la richesse plus grande du sang de l'homme comparé au sang de la femme. Dans une seconde série d'analyses, les auteurs examinent le sang provenant de malades ( 760 affectés de fièvre typhoïde , de phlegmasies , de chloroses , de phthisie pul- monaire, d'ictère , de fièvre puerpérale , d'albuminurie, etc. 11 en est souvent ressorti, comme on le pense bien, une simple confirmation des déductions déjà tirées de recherches analogues; mais, dans d'autres cas, les expériences de MM. Becquerel fils et Rodier ont fourni à la science des données nou- velles, qui, sans doute, contribueront à nous faire connaître un jour les lois de l'hématologie pathologique et normale. Pour saisir les tendances réelles de la nature dans les phénomènes de cet ordre, où les limites des variations individuelles sont souvent très-étendues , il faut beaucoup multipher les ob- servations ; les moyennes déduites d'un petit nombre d'analyses ne sauraient inspirer une confiance suffisante , et il importe de pouvoir contrôler les ré- sultats généraux par la comparaison de plusieurs séries partielles de faits du même ordre. Le Mémoire de MM. Becquerel et Rodier contenant , comme nous l'avons déjà dit, cent soixante analyses, sera donc très-utile , même dans les parties qui offrent le moins d'observations nouvelles , et nons regrettons seulement que dans la publication qu'ils en ont faite, ils aient omis les ta- bleaux contenant les résultats numériques de leurs analyses , car les docu- ments de ce genre sont d'un grand secours pour la discussion des questions qui tiennent de si près à la statistique médicale ; du reste , ces tableaux exis- teat dans les archives de l'Académie, et l'on pourra toujours les y consulter. " La Commission a donc l'honneur de demander, en faveur de ces deux expérimentateurs zélés , un témoignage ' espèces de formes , en rendent les applications singulièrement aisées, et la » surface polie du métal ne contractant pas d'adhérence avec les bords de la >' plaie , l'emploi des corps gras devient inutile. » Les premiers essais faits par M. Reveillé-Parise remontent, comme on le voit, aune époque déjà éloignée; mais , dans un ouvrage publié récemment et adressé au concours Montyon , il a exposé, avec de nouveaux développements, sa méthode curative. Elle est aujourd'hui bien connue des chirurgiens, et elle a été employée avec succès dans plusieurs occasions. Nous ne prétendons nullement qu'il faille toujours préférer les feuilles minces de plomb à la charpie; mais, dans certaines cir- constances, il peut être très-utile aux praticiens de savoir qu'à l'aide de cette substance métallique , une plaie superficielle en suppuration peut être pansée bien et commodément. La Commission a donc décidé qu'elle demanderait à l'Académie de vouloir bien accorder à M. Reveillé-Parise une certaine somme à titre d'encouragement. » La Commission a l'honneur de proposer aussi à l'Académie de récom- penser de la même manière un jeune médecin, M. Morel-La vallée , qui a constaté des faits nouveaux et curieux relatifs aux luxations de la clavicule. Il a fixé l'opinion sur l'existence de luxations de l'extrémité interne de cet os en arrière , et il a constaté pour la première fois la luxation du même os en dedans, ou sur l'échancrure sternale. » L'emploi du microscope dans les recherches d'anatomie et de physio- logie est ancien ; mais, au commencement de notre siècle, cet instrument était tombé dans une sorte de discrédit, et, craignant de s'exposer à quelques ( 764 ; illusions d'opiique, les observateurs se privaient des secours puissants qu'il pouvait leur fournir. Les travaux de MM. Prévost et Dumas, de M. Amici, de M. Ehrenberg et de quelques autres physiologistes, ont, pour ainsi dire, réhabilité le microscope dans l'opinion des naturalistes qui, aujourd'hui, en font tous usage; mais les médecins se sont montrés plus difficiles à ramener, et l'application des recherches microscopiques aux études de pathologie s'est fait attendre davantage. Depuis quelques années on a reconnu cependant que ce mode d'investigation tendait à introduire une précision nouvelle dans les observations d'anatomie pathologique , et pouvait contribuer à reculer les limites des sciences médicales ; on a compris qu'à l'aide du microscope il se- rait possible d'analyser en quelque sorte , au point de vue physique, les pro- duits de l'organisme malade , comme au moyen de réactions chimiques on parvient à distinguer les matières de natures diverses dont ces mêmes pro- duits se composent. En Allemagne, la structure intime des tissus morbides est devenue ainsi l'objet de travaux nombreux et considérables; et, depuis plus de dix ans, M. Donné s'est appliqué à familiariser nos jeunes praticiens avec l'usage du microscope et avec les résultats fournis par l'emploi de cet instrument dans l'étude des maladies. Cette louable persévérance porte déjà ses fruits, et, en poursuivant sa tâche, M. Donné est parvenu à rendre à la pathologie des services réels. Dans un ouvrage soumis au jugement de la Commission, il a réuni les divers résultats fournis par ses observations mi- croscopiques sur la constitution des humeurs de l'économie à l'état de santé et à l'état de maladie. La plupart des faits qu'il signale avaient été déjà com- muniqués à l'Académie dans des Mémoires particuliers : il serait par consé- quent inutile d'en faire ici l'analyse ; mais nous croyons devoir rappeler que les observations de ce médecin sur le colostrum et sur les altérations morbides du lait ont déjà reçu la sanction d'une Commission, dont l'organe était notre savant collègue M. Chevreul. Nous ajouterons encore que M. Donné a été l'un des premiers à employer l'observation microscopique dans le diagnostic de cer- taines affections des voies génito-urinaires, telles que les pertes séminales, et que, dansles maladies de ce genre, ce mode d'investigation ne peut étrenégligé. » D'après ces considérations, la Commission propose de mentionner ho- norablement les recherches de M. Donné. » Si la destination de la fondation Moutyon n'avait pas été indiquée d'une manière nette et impérative, la Commission aurait pu demander une récom- pense en faveur d'un ancien officier, dont les travaux n'ont conduit, il est vrai, à aucune découverte relative à la médecine, mais sont de nature à être tres-utiles pour l'hygiène. L'influence de la gymnastique sur le développe- ( 765 ) inent des forces physiques de l'homme et sur la conservation de la santé est Trop universellement admise pour qu'il faille en donner ici des preuves, et les hommes qui ont le plus contribué à perfectionner cet art , et à en intro- duire l'emploi dans les établissements destinés à la jeunesse, ont sans contre- dit des droits à notre reconnaissance. Or, M. Clias est de ce nombre. Déjà , vers la fin du siècle dernier, un auteur allemand, Saltzmann, publia, sous le pseudonyme de Gnthsmuths, un traité ex professa sur la gymnastique; mais ce livre, bien qu'il ait eu deux éditions, n'excita que peu l'attention ailleurs qu'en Allemagne, et c'est principalement à M. Clias que l'on doit l'adjonction de l'éducation physique à l'éducation morale et intellectuelle des enfants. Dès 1806, il commença à s'en occuper, et vers i8!4 il fonda à Berne une sorte d'académie somascéfique, d'où sortirent des moniteurs char- gés de diriger des exercices gymnastiques dans plusieurs institutions suisses : les maisons d'éducation de Pestallozzi et de Fellemberg, par exemple. En 1816, M. Clias imprima à Berlin un ouvrage sur la gymnastique, dont une traduction italienne parut bientôt après à Milan; et en 1819 il publia à Paris un nouveau Traité surMe même sujet. Sa méthode ne tarda pas à être adoptée en Autriche ainsi qu'en Angleterre, et contribua évidemment beau- coup aux progrès que cet art fit en France vers la même époque. M. Clias a donc précédé dans cette route M. Amoros qui, en introduisant la gymnas- tique comme élément essentiel dans l'éducation de nos sapeurs-pompiers, a rendu à cette profession dangereuse des services pour lesquels l'Académie lui décerna une récompense. La méthode de M. Clias paraît être aussi mieux que toute autre appropriée à l'usage des enfants; les exercices qu'il fait exé- cuter ne sont pas de nature à occasionner des accidents, et sont bien com- binés pour développer d'une manière régulière les forces musculaires, et pour donner aux mouvements de l'aisance et de la précision. » La Commission a donc cru devoir donner à M. Clias un témoignage de son approbation, et, en conséquence, elle propose à l'Académie de lui ac- corder une mention honorable. " Enfin, la Commission a vu avec intérêt les recherches expérimentales de M. Maisonneuve sur l'anastomose intestinale considérée comme moyen de remédier aux étranglements du tube digestif; mais n'ayant pu vérifier suffi- samment les faits observés par ce médecin, elle s'est abstenue d'en porter un jugement , et elle a décidé que les droits de l'auteur seraient réservés pour le concours prochain. » En résumé donc, la Commission a jugé qu'aucun des travaux soumis à son examen ne contenait une découverte assez importante pour mériter un C. R., 1846, 1" Semettre. (T. XXII, N» \9.-\ I O I ( 766) pfixj mais elle a pensé 'djuè plusieurs étaient dignes de récompense ou d'en- couragertients, et , conformément aux décisions qu'elle â prises, nous avons l'honneur de proposera l'Académie d'accorder : »' i". Une somme de i 5oo francs à M. Amussat comme récompe?ise pour ses expériences et ses observations sur les blessures des vaisseaux sanguins; » 2°. Une sottime de 1 200 francs à M. Bonnet comme récompense pour ses recherches sut les maladies des articulatiotis ; " 3°. Une somme de 606 francs à MM. Alfred Becquerel et Rodier comme encouragement pour leurs travaux sur la composition du sang de l'homme à l'état de santé et à l'état de maladie; » 4°- Une somme de 5oo francs, également à titre dC encouragement , à M. Reveillé-Parise pour ses observations sur l'emploi des feuilles minces de plomb dans le pansement des plaies; » 5°. Une pareille somme , au même titre , à M. Morel-Lavallée pour son Mémoire sur les luxations de la clavicule. » Enfin, là Commission propose aussi de décerner une mention honorabli^ à îVl. Donné pour ses travaux de microscopie'appliqués à Tétude patholo- gique des Uquides de l'économie, et d'accorder la même distinction à M. Glias pour ses méthodes de gymnastique. » ( 767 ) PRIX PROPOSÉS POU& LES ANNÉES 18418, 1846, 1847 ET 1848. SCIENCES MATHÉMATIQUES. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES PROPOSÉ EN 1843, pouB 1846 (i). ~ Les géomètres auxquels on doit les beaux développements que la théorie des fonctions elliptiques a reçus dans ces derniers temps, ont aussi ouvert la route pour l'étude de nouvelles transcendantes d'ordre supérieur, dont les plus simples (nommées par M. Jacobi fonctions abéliennes de première classe) sont des fonctions de deux variables à quatre périodes distinctes. Néan- moins cette étude présente de grandes difficultés , et , quoique des travaux récents aient un peu étendu le cercle de nos connaissances sur cet objet, on est encore aujourd'hui bien loin du degré de perfection que nous offre la théorie des fonctions elliptiques. Pour encourager les efforts des géomètres dans cette matière à la fois très-importante et très-délicate, l'Académie la propose comme sujet du grand prix de mathématiques à décerner en 1846, lia question peut être énoncée dans les termes suivants : Perfectionner dans quelque point essentiel la théorie des fonctions abé- liennes, ou plus généralement des transcendantes qui résultent de la consi- dération des intégrales de quantités algébriques. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être arrivés, yrawcî de port, au secrétariat de l'Aca- démie avant le 1*'' octobre 1846. Ce terme est de rigueur. I^es noms des auteurs seront contenus dans un billet cacheté qu'on n'ou- vrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DES SCIENCES MATH^^^ATIQUES PODR LE CONCOURS DEl8i6. L'Académie rappelle qu'elle avait proposé pour sujet du grand prix des sciences mathématiques à décerner en i843, la question remise au concours, et énoncée dans les termes suivants : (i) La Commission chargée de proposer le sujet du prix était composée de MM. Arago, Poinsot , Cauchy , Binet , Liouville rapporteur. lOl.. ( ';6S ) Perfectionner les méthodes par lesquelles on résout le problème des perturbations de la lune ou des planètes , et remplacer les développements ordinaires en séries de sinus et de cosinus, par d'autres développements plus convergents, composés de termes périodiques que l'on pidsse calculer facile- ment à l'aide de certaines tables construites une fois pour toutes. L'Académie a reaiis de nouveau cette question de mécanique céleste au concours de i846, en l'énonçant de la manière suivante, afin de laisser aux concurrents toute la latitude possible : Perfectionner, dans quelque point essentiel, la théorie des perturbations planétaires. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille Jrancs. Les Mémoires ont dû être arrivés au secrétariat de l'Académie avant le i" mars 1846. Ce terme était de rigueur. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES PKOPOSé EN 1844, POUR ÊTRE DÉCERNÉ EN 1847. L'Académie rappelle qu'elle a proposé pour sujet du fjrand prix des sciences mathématiques de i8447 qu'elle décernera, s'il y a lieu, dans la séance pu- blique de 1847, la question suivante : Établir les équations des mouvements généraux de l'atmosphère ter- restre, en ayant égard à la rotation de la terre , à l'action calorifique du soleil, et aux forces attractives du soleil et de la lune. Les auteurs sont invités à faire voir la concordance de leur théorie avec quelques-uns des mouvements atmosphériques les mieux constatés. Lors même que la question n'aurait pas été complètement résolue, si l'au- teur d'un Mémoire avait fait quelque pas important vers sa solution, l'Aca- démie pourrait lui accorder le prix. Les pièces de concours devront être remises au secrétariat de l'Institut avant le i" mars 1847- GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES PROPOSÉ EN 1846, POUR ÊTRE DÉCERNÉ EN 1848 (l). Trouver les intégrales des équations de l'équilibre intérieur d'un corps (i) La Commission chargée de proposer le sujet du prix était composée de MM. Arago, Caucliy, Lamé, Stunii, Liouville rapporteur. ( 769 ) solide élastique et homogène dont toutes les dimensions sont finies, par exemple d'un parallélipipède ou dun cylindre droit, en supposant connues les pressions ou tractions inégales exercées aux différents points de sa surface. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille Jrancs. FiCS Mémoires devront être arrivés , Ji-ancs de poH, au secrétariat de l'Aca- démie avant le i*' novembre i847' ^^ terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans un billet cacheté qu'on n'ou- vrira que si la pièce est couronnée. PRIX DASTRONOMIE, FONDÉ PAR M. DE LALANDE. La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs (les membres de Flnstitut exceptés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile aux progrès de l'astronomie, sera décernée dans la prochaine séance publique. La médaille est de la valeur de 635 francs. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un prix annuel, en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie royale des Sciences, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des instruments utiles aux progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des sciences. Ce prix sera une médaille d'or de la valeur de cinq cents Jrancs. PRIX DE STATISTIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions rela- tives à la statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la prochaine séance publique. On considère comme admis à ce concours, les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent ( 77° ) à la coBuaissance de l'Académie; sont seids exceptés les ouvrages des mem- bres résidants. Le prix consiste en \\ae médaille d'or équivalant à la somme de cinq cent trente francs. Le terme des concours, pour ces deux derniers prix, est fixé au i" avril de chaque année. Les concurrents, pour tous les prix, sont prévenus que l'Académie ne ren- dra aucun des ouvrages envoyés au concours ; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies. SCIENCES PHYSIQUES. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES PROPOSÉ EN 1848 POUR 1847. (Commissaires, MM. de Blainville, Flourens, Serres, Milne Edw^ards, Ad. Brongniart rapporteur.) On a signalé déjà depuis longtemps des mouvements de translation rapides dans les corps reproducteurs de certaines conferves; plus récemment, ces faits ont paru acquérir plus de généralité, et ont même été considérés comme un des caractères de la division des algues , désignées sous le nom de zoospo~ re'es; enfin, de nouvelles recherches ont démontré, dans plusieurs de ces corps, la présence de cils vibratiles. D'un autre côté, les organes que beaucoup de botanistes admettent comme les analogues des anthères ou des grains de pollen parmi les cryptogames, et qui sont désignés, par cette raison, sous les noms d'anthéridies ou de pol- linides, ont offert, dans les chara, les mousses, les hépatiques, et tout ré- cemment dans les fucacées, de petits corps de formes diverses, doués de mouvements très-rapides après leur sortie des conceptacles qui les renfer- ment, et dont les mouvements paraissent aussi dus à des cils vibratiles très- déliés. Il serait très-important pour la science de constater la généralité et de compléter l'étude de ces faits remarquables qui montrent, dans le règne vépétal, l'existence temporaire de mouvements spontanés de translation ana- logues à ceux des animaux les plus simples. On propose donc pour sujet du grand prix des sciences naturelles, pour 1847: ( 771 ) L'étude des mouvements des corps reproducteurs ou spores des algues zoosporées et des corps renfermés dans les anthéridies des cryptogames, telles que chara, mousses, hépatiques etfucacées. Les concurrents devront étudier sur le plus grand nombre possible d'es- pèces différentes c€s deux sortes de corps, d'abord dans l'intériettr du végétal aux diverses époques de leur formatiôli, ip^uis à l'état de liberté après leur sortie de la plante qui les a produits, jusqu'à leur germination pour les pre- miers, et jusqu'à leur destruction pour les seconds. Ils devront constater par tous les moyens que fournit le microscope, joint à l'emploi de divers réactifs , la structure de ces corps , la disposition des tils qu'ils présentent, la nature de leurs mouvements, et les changemetats qu'ils éprouvent aux diverses périodes indiquées ci-dessus. Ils rechercheront si diverses circonstances, telles que la nature et l'inten- sité de la lumière, la température et quelques agents chimiques, modifient ces phénomènes. Les concurrents devront aussi examiner si beaucoup de corps consid<érés jusqu'ici comme des animalcules infusoires, surtout ceux colorés en vert, et agissant sur l'air atmosphérique, comme les parties vertes des végétaux, ne seraiefnt pas , soit des végétaux parfaits, sait des parties de végétaux douées temporairement d'une molilité analogue à celle des animalcules infusôires proprement dits. Quant aux corps contenus dans les anthéridies , on invite les concurrents à déterminer, par des expériences directes , si le rôle d'organes fécondateurs qu'on leur a attribué est réel. Les espèces de chara, de mousses, d'bépatiqiies et d'algues, dans lesquelles ces corps sont portés sur des individus différents de ceux qui produisent les spores ou véritables séminules, pourraierrt conj- duire à des résultats positifs. Enfin, on les invite à diriger également leurs recherches stor les awtres familles de cryptogames, telles que les fougères , les lycopodes, les licbens, les champignons et les autres familles de la classe des algues, dans lesquetles, jusqu'à ce jour, de véritables anthéridies n'ont pas été observées, afin de tâcher d'y découvrir ces organes dont l'analogie semble annoncer l'existence. Lors même que ce sujet ne serait pas traité sous tous les poiuts de vue indiqués ci-dessus, l'Académie pourrait néanmoins accorder le ^"rix à 'celui d«s concurrents qui aurait résolu d'une manière satisfaisante quêlques-Wnes des parties de la question proposée. Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Institut avant le i" aVril t847. ( 77^ ) RAPPORT SUR T.E PRIX RELATIF AU DÉVELOPPEMENT DU FOETUS, Proposé en 1857 pour 1859, remis au concours pour ^8'^5, et de nouveau pour 184 G. (Commissaires, MM. Duméril, de Blainville, Flourens, Velpeau, Serres rapporteur.) fiititérêt qui s'attache aux études de l'organogénie et de l'embryogénie comparée s'accroît d'année en année; plus on pénètre profondément dans les voies mises en œuvre par la nature, pour développer les êtres organisés, plus on voit s'agrandir le cercle de leurs applications. Afin de suivre ce mouvement de la science , et de la diriger vers une partie trop négligée, l'Académie avait remis ;in concours, pour sujet du grand prix des sciences physiques à décerner eu i843, la question suivante: « Déterminer par des expériences précises quelle est la succession des » changements chimiques, physiques et organiques, qui ont lieu dans l'œuf I' pendant le développement du fœtus chez les oiseaux et les batraciens. " Les concurrents devront tenir compte des rapports de l'œuf avec le i> milieu ambiant naturel; ils examineront, par des expériences directes, " l'influence des variations artificielles de la température, et de la composi- " tion chimique de ce milieu. » Cette question a pour objet d'appeler la chimie organique à venir en aide à l'anatomie pour préparer la solution du problème relatif à la fixité ou à la mutabilité des espèces, problème qui préoccupe si vivement, présentement, la zoologie et la paléontologie. Or, on entrevoit la possibilité de la résoudre, sinon en totalité, du moins en partie. « Admettons, en effet, que l'on fasse l'analyse chimique de l'œuf au mo- >i ment qu'il est pondu, que l'on tienne compte des éléments qu'il emprunte » à l'air, ou qu'il lui rend pendant la durée de son développement; enfin, " qu'on détermine les pertes ou les résorptions d'eau qu'il peut éprouver, et » l'on aura réuni tous les éléments nécessaires à la discussion des procédés >> chimiques employés par la nature pour la conversion des matériaux de >' l'œuf dans les produits bien différents qui composent le jeune animal. >' En appliquant à l'étude de cette question les méthodes actuelles de l'a- » nalyse organique , on peut atteindre le degré de précision que sa solution » exige. Mais, s'il est possible de constater par des moyens chimiques ordi- » naires les changements survenus dans les proportions du carbone, de » l'hydrogène, de l'oxygène ou de l'azote; si ces moyens suffisent, à plus ( 773 ) >' forte raison , en ce qui concerne les modifications des produits minéraux >' qui entrent dans la composition de l'œuf, il est d'autres altérations n non moins importantes qui ne peuvent se reconnaître qu'à l'aide du mi- » croscope. » L'Académie désire que, loin de se borner à constater, dans les diffé- » rentes parties de l'œuf, la présence des différents principes immédiats que » l'analyse en retire, les auteurs fassent tous leurs efforts pour constater, à » l'aide du microscope, l'état dans lequel ces principes immédiats s'y ren- )' contrent. » Elle espère d'heureux résultats de cette étude chimique et microsco- " pique des phénomènes de l'organogénésie. » Indépendamment de l'étude du développement du fœtus, dans ses » conditions normales, il importe de constater les changements que les •1 modifications de la température ou de la nature des milieux dans lesquels 11 ces développements s'effectuent, peuvent y apporter. Les concurrents » auront donc à examiner, pour les œufs des oiseaux, leur incubation dans .' divers gaz; pour ceux des batraciens, leur développement dans des eaux >' plus ou moins chargées de sels, plus ou moins aérées. » Un seul Mémoire a été envoyé au concours, et l'auteur, au lieu d'envisa- ger la question sous le point de vue expérimental, ainsi que le recomman- dait le programme, ne l'a considérée que d'une manière hypothétique. Il n'en a pas même effleuré la solution. D'après cette circonstance, la Commission eût proposé à l'Académie de retirer la question du concours; mais des communications faites à l'Acadé- mie ont fait connaître que deux personnes s'en sont occupées d'une manière très-sérieuse. Le temps seul a manqué aux concurrents pour pouvoir déposer leur Mé- moire au terme prescrit par le programme. D'après cette considération , la Commission propose à l'Académie de laisser encore la question au concours jusqu'au i" avril i846. GRAND PMX DES SCIENCES PHYSIQUES PROPOSÉ EN 1843 PODR 184tf. L'Académie a proposé la question suivante : Démontrer par une étude nouvelle et approfondie et par la description, accompagnée de Jigures, des organes de la reproduction des deux sexes, dans les cinq classes d'animaux vertébrés, l'analogie des parties qui consti- C. R., 1846, \" Semestre. ( T. XXII, N» 19.) I02 ( 774 ) tuent ces organes, la marche de leur dégradation, et les bases que peut y trouver la classification générale des espèces de ce tjpe. Une espèce bien choisie dans chaque classe, et telle que les faits avancés puissent être vérifiés et appréciés facilement : par exemple, un lapin ou un cochon d'Inde pour la classe des mammifères; un pigeon ou un gallinacé pour celle des oiseaux; un lézard ou une couleuvre pour celle des reptiles; une grenouille ou une salamandre pour celle des amphibiens, et enfin une espèce de carpe, de loche ou même depinoche et de lamproie pour celle des poissons, animaux que l'on peut tous se procurer partout en Europe commu- nément, suffira, sans doute, pour fournir aux concurrents les bases de la démonstration demandée par l'Académie ; toutefois, ils devront s'aider habi- lement des faits acquis à ce sujet dans l'état actuel de la science de l'organi- sation, sur des animaux plus rarement à la portée de l'observation, comme les didelphes, les ornilhorhynques, les raies et les myxinés, sans la considé- ration desquels , en effet, la démonstration resterait nécessairement incom- plète. Les Mémoires ont dû être parvenus au secrétariat de l'Institut avan^ le 3i décembre i845. GRAJVD PMX DES SCIENCES PHYSIQUES paoposÉ POUR 1845, et remis au concours pour 1843. L'Académie a proposé la question suivante : Déterminer, par des expériences précises, les quantités de chaleur déga- gées dans les combinaisons chimiques. Plusieurs physiciens distingués ont cherché à déterminer, par des expé- riences directes, les quantités de chaleur dégagées pendant la combinaison de quelques corps simples avec l'oxygène; mais leurs résultats présentent des divergences trop grandes pour que l'on puisse les regarder comhie suffisam- ment établis, même pour les corps, tels que l'hydrogène et le carbone , qui ont plus particulièrement fixé leur attention. L'Académie propose de déterminer par des expériences précises : i". La chaleur dégagée par la combustion vive dans l'oxygène, d'un cer- tain nombre de corps simples, tels que l'hydrogène, le carbone, le soufre, le phosphore, le fer, le zinc, etc., etc.; 1°. La chaleur dégagée dans des circonstances analogues par la combustion vive de quelques-uns de ces mêmes corps simples dans le chlore ; 3°. Lorsque le même corps simple peut former, par la combustion directe (775) dans l'oxygène, plusieurs combinaisons, il conviendra de déterminer les quantités de chaleur qui sont successivement dégagées ; 4°. On déterminera par la voie directe des expériences, les quantités de chaleur dégagées dans la combustion par l'oxygène , de quelques corps composés binaires, bien définis, dont les deux éléments soient combusti- bles, comme les hydrogènes carbonés , l'hydrogène phosphore, quelques sul- fures métalliques; 5°. Enfin, les expériences récentes de MM. Hess et Andrews font prévoir les résultats importants que la théorie chimique pourra déduire de la com- paraison des quantités de chaleur dégagées dans les combinaisons et décom- positions opérées par la voie humide. L'Académie propose de confirmer, par de nouvelles expériences, les résultats annoncés par ces physiciens, et d'é- tendre ces recherches à un plus grand nombre de réactions chimiques , en se bornant toutefois aux réactions les plus simples. Elle émet le vœu que les concurrents veuillent bien déterminer, autant que cela sera possible, les in- tensités des courants électriques qui se développent pendant ces mêmes réac- tions, afin de pouvoir les comparer aux quantités de chaleur dégagées. EXTRAIT DU RAPPORT FAIT DANS LA SÉANCE DU 27 JUIN 1842. M. Regnault, au nom de la Commission chargée de l'examen des Mé- moires adressés pour le prix sur la chaleur spécifique des corps (i84i), Commission composée de MM. Regnault, Gay-Lussac, Arago et Becquerel, fait un Rapport dont les conclusions sont : 1°. Qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix, aucun Mémoire n'ayant été adressé sur ce concours; a°. Que la question soit retirée; Et 3°. qu'elle soit remplacée par celle de la chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques. La Commission propose de doubler le prix, qui sera par conséquent d« six mille francs ( i ). Les Mémoires ont dû être parvenus au secrétariat de l'Institut le 1" avril 1^5. (i) Une Lettre ministérielle a approuv.é cette proposition. I03. ( 776 ) • - PWX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Feu M. le baron de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences , avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de physio- logie expérimentale à décerner chaque année , et le Roi ayant autorisé celte fondation par une ordonnance en date du aa juillet 1818 : L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de huit cent quatre-vingt-quinze francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expérimen- tale. Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs ont dû être envoyés au secrétariat de l'Institut avant le i*' avril i845. DIVERS PRIX DU LEGS MONTYON. Conformément au testament de feu M. le baron Auget de Montyon , et aux ordonnances royales du 29 juillet 1821 , du 2 juin 1824, et du 23 août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des décou- vertes qui seront jugés les plus utiles à Xart de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet les découvertes et inventions propres à perfec- tionner la médecine ou la chirurgie , ou qui diminueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au concours n'auront droit aux prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas , la Com- mission , chargée de l'examen du concours , fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes ou des ouvrages couronnés , ne peuvent être indiquées d'avance avec préci- sion, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé : mais les libéralités du fondateur et les ordres du Roi ont donné à l'Académie les moyens d'éle- ver ces prix à une valeur considérable ; en sorte que les auteurs soient dé- dommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient en- ( 777 ) treprises, et reçoivent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines professions , soit en perfectionnant les sciences médicales. Conformément à l'ordonnance du a3 août, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie , conséquemment aux vues du fondateur. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs ont dû être envoyés francs de port au secrétariat de l'Institut avant le i*"^ avril i845. PRIX FONDÉ PAR M. MANNl POUR 1846. M. Manni , professeur à l'Université de Rome , ayant offert de faire les fonds d'un prix spécial de quinze cents francs, à décerner par l'Académie sur la question des morts apparentes et sur les moyens de remédier aux accidents funestes qui en sont trop souvent les conséquences , et le Roi , par une ordonnance en date du 5 avril iSSy, ayant autorisé l'acceptation de ces fonds et leur application au prix dont il s'agit, l'Académie proposa , en 1 837 ' poui" sujet d'un prix qui devait être décerné dans la séance annuelle de iBBg, la question suivante : Quels sont les caractères distinctifs des morts apparentes ? Quels sont les moyens de prévenir les enterrements prématurés? Sept Mémoires furent adressés à l'Académie; aucun d'eux ne fut jugé digne du prix, et il fut remis à l'année 1842. En 1842, l'Académie reçut sept Mémoires, et la Commission décida que, cette année encore, il n'y avait pas lieu de décerner le prix. Ce sujet de prix fut remis au concours pour l'année 1846. Voici quelques considérations sur lesquelles il est bon d'appeler l'attention des concurrents , et qui sont tirées du Rapport qui fut fait sur le concours de 1842 , par ime Commission composée de MM. Andral , Magendie, Serres , Breschet, Rayer rapporteur. « L'Académie croit devoir faire remarquer que les relations d'enterrements prématurés témoignent bien plus souvent de l'ignorance ou de la légèreté des auteurs de ces malheurs que de l'incertitude de la science. L'Académie de- mande , non un tableau des erreurs déplorables qui ont pu être commises , mais un exposé des connaissances actuelles sur la question proposée. Ce qu'elle désire surtout, ce sont des observations propres à rendre plus prompt ( 77» ) et plus sûr le diagnostic , dans le petit nombre de cas qui peuvent laisser de l'incertitude sur l'état de vie ou de mort. » Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Institut avant le I" avril i846. LECTURES. M. Arago, Secrétaire perpétuel pour les Sciences mathématiques , a lu, dans cette séance publique, des fragments delà biographie de Gaspard Monge. * - (779) «1 s; d.c'do w wdo woo i c^io" + H— x®xc« tfj t«d c«c«u3 dowtriM aawwc Esa McnMwddddodMwwivàuàtfjddKa^'yicÀ'yfvJdKaKZ s o « '3 S s -3 —a C E o S \i S £ s n E ec _j> 3 '3 -8 § : OOO - « en S s s !t a ci u 3 s 3 -O 13 -3 « -S i2 '3 « -g « 5 3 « « Si re 3 -S « 2 3 'a s 3 ïï -a 2 B -u -S ■" * 2 SjS73^3^3oO = = 3 = 0<1> = 30^00 =,-S 3 S £ £ = 3 3 ... M d^-bi ft K Oi Ou u a K a « u &< Z la u & u u CO, a M H :- O^a K ; ; ; o «ô Û in (S O ^o"cov? 5 s +++++++++++++++++++++++++++++4 + + + + ^" < coc^ovoM-oofoo r^in in GO o cr. a>c»- 1 Oi'^ en r^ -a es; s en 1 S â + 1 •MOaOilI 1 1 tfQ OOO r^MCOOO -.«£)Q0 C^v* ««COeSM-OOMin-criMr^O-COOOCC ^£> - C^ - ; § =3 ES - axn >- o >0 VO r-'-O CTi « CY^ - o 00 - Ci» OXÛ ir^Cic^ai-aO^ÛCOOÎO O0O30 + 1 ^.• >n lo a-.»n - o c)oo o^*-oooo c-. Oixi oo o c^fo « - tn c^-.o cr.fo lo m oo co o ^*fO r^VO r^ c^ r^ o Ci « o 00 m co ^* CTi r^ c^ Oi^* « « co ^* Cy^fO r^^^m to r^ t-- - O ^*.-o -iniorJiO v^win in 'KOUOAH ^*- r^« CCO Oî- v^to c^fO O ro - in ^^CO v:!- OifO v^v^ CX» rO (M « O C vj-ro va- O i =3 a -S ^0^*«cov:^- c»o 0".^*^ Oic^r^NlOva-o O OîOfO - ^*tO « Oi - o v: t « ^* M fO © H » ++++t++++++++++++++++++++++++4 - + + + + s; . Oi^^in - o c^ CT-ro ^tfOir^c^iN « -c£)«ûmc0 - "H r^O O -■coin f)v:f- : -^î^^ X f) «95 es sa 0, a. O in ^jf^*^^M-fo CD m in in ^^^^in ^*in m m m m in m m ^*io m m m m ta <^ 5 ^ ^^in m -^ r^ i>. r^ o in KOaOAlI « CO r^v^ « m 0 fO M tO Oivi- Oi.-O ^*-JD « « 00 CO r^vl-v^ r^^^-sû ^ Or^ C r^ tr^en X co B -S U ^ vd- - o X in CTi ir^cc oofoinootûoo -v^i-c^ooD o oîm oi-^ys m oo Oi o «■ + + + + + + + + + H + + + + + + + + + + + + + + + + +H « o v:^ - - + + + fl + §=• 00 o - o c^ o fl vi-fO « co r~fO ^0 c^OrOCO O^^Mt^CCfO fJ Mi-CO OVCO 'X 5 X VO « 5 «î in^^ - v^vj-oo - 00 m ^5 o in v^vo - r^ - tû m « v^o t>.^ti- o « in o ^*^t*- a~.ic lo -^v^v^^^fo fo ro in lo v^v:i-in ^*io mininminininininininininin'^ > v^ - m 3 ^^in m -^ r^ r^ c-^ o in •KOaOAII a>^oo - r-Oio «»n OOO o o c^c^ocoooininm axn - v^ - co - v^oc 3 « OX ir^ if o fO OiCO « « r> r^» - o tO fO v^ o v*^* OsOO CO c-^. O CO (H vj- - r^SO 00 C Ti O « CV h + + + O + iX 000000 « CTiOî- «00 r^m Cl (T.in en ovotoinmco « r-CO « r^ - v^ - f 00 iO ~^X> M fO - - «o - o c^fo en o M m o - co r^o vl-ooo e^ ••£: >n en (X 5 «^ O N 3 O Ot£) £■■ OS m ^^va-m ^^m en en <^in ^î)-^*in v;^ln in»n>ninin»ninininininminin^: ■) in M in 3 v^mm -> r» r^ r^ O m (S X 5 9 £ - ei en v^m o r^x C. ~ - f .-o ^*o x r^X 0~. o - ei en v:j-in o c^X C^ c ----------r;«M«PiM««««r* 5 - « CO ■m COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 18 MAI 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MÉMOIRES £T GOMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉLECTROCHIMIE. —Nouvelles applications de V électrochimie à la décomposition de substances minérales; par M. Becquerel. « Les géologues qui ont essayé, jusqu'ici, d'expliquer quelques décompo- sitions de roches, en faisant intervenir l'action de l'électricité, ont adopté la méthode à priori, qui consiste à donner une théorie, sans s'occuper des moyens de vérifier par l'expérience si leurs déductions étaient exactes. J'ai suivi constamment une route opposée; j'ai cherché des faits et j'en ai déduit des conséquences immédiates, en démontrant que la nature, dans des cir- constances semblables , avait dû agir de la même manière. Le nouveau travail que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie prouvera que je ne me suis point écarté de cette marche, qui est la seule que l'on puisse suivre quand on s'occupe d'une question aussi complexe que celle dont il s'agit. » Nous savoHS que les courants électriques ne réagissent chimiquement, en général , sur les éléments d'un corps , qu'autant que ce corps est dans un état de liquéfaction aqueuse ou ignée , état éminemment propre à leur sépa- ration ou plutôt à leur transport de molécule à molécule. » Davy a démontré, cependant, que lorsque l'on décompose électrochi- miquement de l'ean contenue dans un vase non métallique, au moyen de deux C. R., 1846, i" Semestre. (T. XXII, N» 20.) Io3 { 78* ) lames de platine, les éléments de la substance du vase sont séparés par l'ac- tion du courant, en même temps que l'eau est décomposée. C'est ainsi qu'en expérimentant avec un vase de verre on ne tarde pas à reconnaître la pré- sence de l'acide chlorhydrique au pôle positif, et celle de la soude au pôle négatif, effet* provenant de la décompositiofi. du sel ntarin employé comme fondant dans la fabrication du verre, et qui ne peuvent être produits qu'en admettant quil se manifeste une action électrochimique au contact des so- lides et des liquides. Or, au contact de ces corps il existe une attraction moléculaire qui produirait une action dissolvante si la force d'agrégation n'existait pas. Toutefois, il peut se faire que l'insolubilité du verre, ou du moins de quelques-unes des substances qu'il renferme, ne soit pas aussi absolue w qu'on, le suppose ou plutôt qu'on le démontre, à l'aide des réactifs les plus sensibles dont la chimie puisse disposer; car si ces réactifs sont insuffisants, l'électricité peut y suppléer, en raison de sa vitesse et de son action continue. En effet, supposons que l'eau, dans son contact avec le verre, dissolve une' quantité excessivement minime du sel qu'il teofernae ou de tout autre com- posé dont il est un des éléments, cette quantité sera immédiatement décom- posée par le courant, puis remplacée aussitôt par une autre, qui sera égale- ment décomposée, et ainsi de suite; de sorte que, dans l'espace de quelques instants, la quantité d'électricité écoulée, qui est immense , aura produit des effets chimiques appréciables, puisque ces effets sont la somme d'un nombre presque infini d'actions chimiques excessivement faibles. Si l'on n'admet pas la solubilité, dans l'eau, d'un des principes du verre, dans des limites très- restreintes toutefois, il faut, de toute nécessité, que l'attraction moléculaire qui se manifeste au contact des solides et des liquides modifie tellement la force d'agrégation des molécules de la surface du verre , que ces molécules acquièrent alors la faculté d'obéir à l'action du courant. Ces considérations, qui concernent également le basalte, le marbre et autres substances employées comme le verre, étaient indispensables pour l'interprétation de ce qui va suivre. » On a mis dans un tube rempli par un bout d'argile humectée avec de l'eau salée, sur une longueur de 3 centimètres, une solution saturée de chlo- rure de sodium, et on l'a plongé, par le bout préparé, dans un bocal rempli de la même solution, où se trouvait une lame de zitic, puis on a introduit dans le tube un morceau de minerai d'argent recouvert de chlorure de ce métal, et autour duquel était enroulé un fil d'argent que l'on a mis en com- munication avec la lame de zinc pour fermer le circuit. L'oxydation du zinc a déterminé la production d'un courant, dont l'action a été suffisante pour ( 783 ) décomposer superficiellement le chlorure d'argent; le chlore a été enlevé, s'est combiné avec le sodium provenant de la décomposition du chlorure de la même hase, et l'argent est resté. L'action a continué ensuite de proche en proche jusque dans l'intérieur de la masse de chlorure d'argent. L'argent était en partie désagrégé, attendu que le courant avait trop d'intensité pour que ses molécules passent prendre un groupement régulier. » Dans un autre appareil disposé de la même manière que le précédent, si ce n'est qu'à la place du tube on avait mis un entonnoir dont le bec, pré- paré avec de l'argile , plongeait dans le bocal , on y a placé un minerai d'argent beaucoup plus gros que le précédent, et sur la surface duquel le chlorure était réparti inégalement. La décomposition de chlorure d'argent a eu également lieu; mais le métal réduit était contourné, branchu, comme s'il avait passé avec pression dans des trous d'une filière. >' Enfin , dans un autre appareil dont l'entonnoii' avait été remplacé par une cloche tubulée, on plaça xm morceau volumineux de spath calcaire re- couvert de chlorure d'argent çà et là, et dont les joints étaient tapissés du même composé. La révivification de l'argent s'opéra non-seulement sur la surface, mais encore dans les fissures, où l'argent prit la forme de dentriles. Le métal était accompagné de cuivre provenant de la décomposition d'un minerai cuivreux qui se trouvait mélangé avec celui d'argent. " On a substitué, à la solution saline du tube ou de l'entonnoir, de l'eau qui n'exerce aucune action dissolvante sensible sur le chlorure d'argent. La décomposition de ce dernier s'est effectuée également, quoique beaucoup |)lus lentement. L'argent a conservé la forme du chlorure; ces molécules étaient tellement agrégées, que la masse s est laissée couper assez difficile- ment avec un instrument tranchant; les surfaces mises à découvert avaient l'éclat métallique. » En mettant dans le bocal une solution de chlorure de sodium étendue afin d'avoir une action chimique plus lente , l'agrégation a été plus forte en- core. Si l'on n'eût mis seulement que de l'eau , l'action électrochimique aurait été plus lente encore, l'agrégation, par conséquent . plus considérable, et l'argent probablement aurait pu être travaillé au marteau. Cette expérience aurait demandé beaucoup de temps, tandis que celle avec une solution étendue de chlorure de sodium n'a duré que quelques semaines. " Voilà donc une véritable cémentation produite au moyen de l'électri- cité, à la température ordinaire. Cette action ne peut avoir lieu qu'autant que les pores de la masse métallique agrégée ont des dimensions telles, que le chlore gazeux puisse les traverser du dedans au dehors. En même temps io3.. • • ( 784 ) que cet effet avait lieu , les molécules d'argent cristallisaieut. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un morceau d'argent provenant de la décomposi- tion électiochimique par cémentation, d'une petite masse de chlorure d'ar- gent de la grosseur d'une noix. >i Enfin , j'ai voulu savoir ce qui se passerait en opérant avec un cylindre de chlorure d'argent obtenu en faisant fondre ce composé dans un tube de verre de quelques millimètres de diamètre. Le résultat a été le même que celui obtenu dans l'expérience précédente , c'est-à-dire qu'il y a eu cé- mentation. ■> Cette cémentation électrochimique est analogue à celle que M. d'Arcet a eu l'occasion d'observer, il y a un certain nombre d'années , à la Monnaie, dans des circonstances à peu près semblables et dont il ne put se rendre compte. Un barreau d'acier avait été abandonné dans une armoire, à peu de distance d'un flacon renfermant une dissolutiou de sulfate d'argent et qui avait une fêlure par laquelle filtrait peu à peu la dissolution. Celle-ci, ayant atteint la barre d'acier, a réagi peu à peu sur elle, en vertu d'une action voltaïque lente, et, au bout de plusieurs années, l'argent s'était teyement bien substitué au fer, que l'on ne trouva plus à la place du barreau d'acier qu'un barreau d'argent malléable. M. dArcet , de qui je tiens ces détails , a conservé longtemps cette pièce dans son laboratoire comme un objet de cu- riosité. Il y a eu cémentation électrochimique, dans ce cas-ci comme dans les précédents, en raison du contact du fer et de l'argent. La dissolution de sul- fate d'argent a dû traverser les pores du dépôt superficiel d'argent pour réagir sur les parties intérieures de la barre d'acier, tandis que le fer était en- levé par une action dirigée en sens inverse; effets analogues à ceux qui ont lieu dans la cémentation du fer pendant sa transformation en acier. » Voici comment on peut interpréter les faits mis en évidence par les expériences précédentes. Le courant résultant de la réaction de la solution plus ou moins saturée de chlorure de sodium sur le zinc détermine la dé- composition du chlorure de sodium et le transport de la soude et de l'hy- drogène ou plutôt du sodium sur le chlorure d'argent qui, bien que mau- vais conducteur et insoluble dans l'eau, ainsi que dans une solution étendue de chlorure de sodium , ne doit pas être considéré toutefois comme entière- ment dépourvu de conductibilité et de solubilité au contact. Le sodium, à l'état naissant, réagit sur le chlore du chlorure d'argent superficiel; il se forme du chlorure de sodium, et l'argent devenu libre reste sur place, en raison de l'état négatif du chlorure. Le sodium, continuant à arriver, traverse les interstices de la première couche , pour aller prendre le chlore aux par- #■ ( 785 ) ties du chlorure d'argent qui sont au-dessous; peut-être même le chlore (|uitte-t-il la molécule avec laquelle il est combiné, pour reprendre celle qui lui est contiguë, et cela de proche en proche, jusqu'à la surface où il se combine enfin avec le sodium; phénomène, je le répète, semblable à la cé- mentation du fer. » La présence de la soude à l'état naissant ayant dû exercer une grande influence sur le phénomène , en raison de la forte affinité du sodium pour le chlore, j'ai dû faire l'expérience avec de l'eau ordinaire, soit dans le bocal, soit dans le tube, en employant un couple voltaïque accessoire. Les mêmes effets se sont reproduits, l'hydrogène a réagi sur le chlore, pour former de l'acide chlorhydrique , comme avait fait le sodium à l'égard du chlore ; seu- lement l'action n'a pas été aussi rapide. >' Les effets de réduction, sur des substances regardées comme insolubles, ne sont pas particuliers au chlorure d'argent; on les obtient encore avec plu- sieurs composés naturels de ce métal, tels que le sulfure, l'antimonio-sulfure, l'arséiiio-sulfure et autres sulfures multiples, avec des différences néanmoins résultant de leur composition. 1) Avec le sulfure, la décomposition est rapide, l'argent est ramené à l'état métallique; mais il faudrait une action très-lente et un renouvellement con- tinuel de liquide , pour que les molécules s'agrégeassent , attendu que le sul- fure de sodium , formé dans la réaction, tend sans cesse à resulfurer l'argent. n Avec l'antimonio-sulfure, l'argent et l'antimoine sont révivifiés; les deux métaux cristallisent en petits tubercules. L'expérience a été faite soit avec un morceau de minerai de la grosseur d'une noix, soit avec 3o grammes de ce minerai pulvérisé. » Avec l'arsénio-sulfure , non-seulement l'argent et l'arsenic ont été révi- vifiés, mais il. s'est déposé en outre, sur le fil d'argent, du sulfure jaune d'arsenic. « En réunissant ensemble voltaïquement un certain nombre d'appareils, pour augmenter l'intensité de l'action éiectrochimique, on a une pile à courant constant, semblable à celles que j'ai formées il y a quinze ans, et qui ont servi de types à toutes celles en usage aujourd'hui. » Des minerais plus complexes que les précédents, tels que le cuivre gris, les sulfures multiples, ou plutôt les mélanges de sulfures de zinc, de cuivre, de plomb et d'argent, formant la base des minerais de San-Glemente , du Fresnillo , ont éprouvé également l'action décomposante d'un courant simple, mais beaucoup plus lentement. Les opérations n'étant pas encore achevées , je ne puis en rapporter les résultats. ( 786 ) « Le minerai de Guanaxuato , qui est très-pyriteux , ne résiste pas non plus à l'action du courant ; le cuivre et l'argent ne tardent pas à apparaître autour du fil. » Enfin la galène argentifère , ou non argentifère pulvérisée , éprouve , quoique très-lentement, les effets de l'action décomposante du courant. ï^e plomb est en poussière impalpable, qui se sulfure assez rapidement , par suite de -la réaction du sulfure de sodium. » Avant de passer à l'examen des phénomènes analogues qui ont lieu dans quelques gîtes métallifères, je m'arrêterai un instant sur la cémentation élec- trochimique , qui doit jouer un grand rôle dans la nature. » Il a été démontré, précédemment, que, dans la décomposition élec- trochimique du chlorure d'argent en masse , le chlore gazeux traverse les interstices moléculaires qui, dès lors, doivent avoir des dimensions suffisantes pour laisser passer les parties élémentaires des corps transportées par un cou- rant électrique. Cette propriété a été mise également en évidence par les expériences de Fusinieri; en effet, ce physicien a démontré que, lorsqu'on opère la décharge d'une batterie électrique entre une boule d'or et une boule de métal quelconque, ce dernier est transporté non-seulement sur la surface en regard de la boule d'or, mais encore sur la surface opposée, de sorte qu'il y a transmission du métal au travers même de la boule dor, de même qu'il y a transmission de l'or au travers de l'autre boule de métal. Les faits observés jusqu'ici tendent donc à prouver que les parties élémen- taires des corps peuvent acquérir, sous l'influence des forces électriques à forte ou faible tension, la faculté de traverser les masses métalliques. » D'un autre côté, il n'existe pas, dans la terre, du zinc et du fer à l'état métallique, produisant par leur oxydation des courants électriques capables de réagir chimiquement; si donc nous voulons donner une origine électrique à certains phénomènes naturels , il faut chercher d'autres substances très- abondantes dans la plupart des formations terrestres, et dont l'altération, sons l'influence des agents atmosphériques et de l'eau , produit des effets élec- triques semblables à ceux que l'on obtient avec le zinc. Parmi ces sub- stances, je prendrai une des plus abondantes, la pyrite ordinaire ou pro- tosulfure de fer, qui se change peu à peu, au contact de l'air et de l'eau, en protosulfate. » Pour montrer que le contact d'une pyrite avec une substance , non alté- rable à l'air» est capable de produire des effets électrochimiques semblables à ceux précédemment décrits, j'ai mis dans un bocal une dissolution saturée de sulfate de cuivre , avec une lame de platine ou un morceau de charbon ( 787 ) bien recuit de coke ou d'anlhraeite; dans la soîutton plongeait le bec, préparé avec de l'ar^le, d'au entonnoir contenant une solution frës-éten- (lue de carbonate de soude et de chlorure de sodium, où se trouvait un fragment de pyrite qui fut mis en communication avec le platine ou l'an- thracite, au moyen d'un fit de platine. La décomposition lente de la pyrite a suffi pour produire un courant capable d'opérer la décomposition du sulfate de cuivre. On obtient un effet semblable en mettant en contact un morceau de pyrite avec un morceau de coke ou autres substances conductrices non altérables, et plongeant la pyrite dans de Peau légèrement salée, l'antre sub- stance dans une dissolution de sulfate de cuivre , puis séparant les deux li- quides avec de l'argile légèrenfient humide, dans laquelle la pyrite et l'autre substance sont empâtées. » Cette disposition doit se rencontrer fréquemment dans la nature. Si "l'on joint encore à ces conditions les réactions résultant de la présence de substances non conductrices de l'électricité, et dont il a été fait précédem- ment mention, on aura une idée du grand nombre de composés qui peuvent se former naturellement sous l'influence des forces électriques. S'il ne nous est pas toujours possible de les reproduire dans nos appareils, il faut s'en prendre au temps qui nous manque, et qui n'est rien pour la nature. Les faits suivants viennent encore à l'appui de ce qui précède. » Différents appareils ont été établis dans le but de décomposer des mor- ceaux concassés de minerai d'argent, à gangue quartzeuse ; en même temps que le composé d'argent éprouvait l'action décomposante du courant, une matière gélatineuse, qui n'était autre que de la silice, se déposait sur le minerai , dans l'espace de quelques semaines. Au lieu de semaines , admet- tons des années , des siècles , et une action beaucoup plus lente que celle en vertu de laquelle les appareils ont fonctionné, on aura des effets de décom- position considérables, et probablement formation de cristaux dé silice. >' Pour obtenir un courant par le concours de substances analogues à celles qu'on trouve dans la terre, on a fait usage de substances solides et liquides ; mais , aux substances solides , on peut substituer des dissolutions : dans ce cas, le courant est produit par la réaction l'une sur l'autre de deux dissolu- tions séparées par de l'argile ou par d'autres substances poreuses, et en rela- tion avec une autre substance solide capable de conduire l'électricité. » Les effets chimiques qui en résultent seront dépendants de l'intensité dii courant, avec cette condition toutefois que les éléments réunis en vertu des plus faibles affinités seront ceux, abstraction faite du pouvoir des masses, qui éprouveront les premiers l'action du courant. I ( 788 ) » Je vais passer maintenant en revue quelques-uns des phénomènes na- turels qui ont des rapports immédiats avec les faits précédemment exposés. A la partie supérieure de certains filons argentifères se trouve un minerai ap- pelé pacos, qui est en masses carriées de nature argilo-calcaire , et quelquefois quartzeuse, ayant une couleur plus ou moins brune, et renfermant de l'ar- gent, soit à l'état de chlorure, soit à l'état métallique. Ce minerai porte évi- demment l'empreinte de fortes altérations. Sur certains échantillons, l'argent forme des dentriles ou des tubercules cristallins, dont les parties offrent peu de cohérence. Quand on compare ces échantillons à ceux recouverts de chlo- rure d'argent, dont on a opéré la décomposition électrochimique, on est frappé delà ressemblance sous le rapport de l'état moléculaire et de l'aspect j on est conduit par là à admettre une origine commune dans le mode de for- mation du dépôt d'argent. 11 en est de même à l'égard de lames et de feuilles d'argent qui se trouvent dans des argiles découvertes , il y a quelques années ,• en Amérique, et de petites masses d'argent adhérant à des roches décompo- sées, ces lames et ces petites masses pouvant être considérées comme le ré- sultat d'une cémentation électrochimi({ue. Or, qu'a-t-il fallu à ces minerais pour les amener dans l'état où on les trouve? Des pyrites décomposables , de l'eau renfermant ou ne renfermant pas de chlorure de sodium , et du chlo- rure ou du sulfure d'argent. » Autre exemple : dans les mines de cuivre du Chili, on trouve du carbo- nate de cuivre, du protoxyde et du cuivre métallique associés ensemble. Avec du cuivre carbonate vert mamelonné , de la même localité , et une action chi- mique lente, on obtient les deux derniers produits. » En résumé, ce Mémoire a eu pour but de mettre en évidence trois ordres de faits qui tendent à montrer le rôle que peut jouer, dans la na- ture, l'électricité agissant comme force chimique : » 1°. La décomposition des minerais d'argent, même les plus complexes , sans préparation préalable; » a°. La cémentation électrochimique, qui montre que les parties élé- mentaires des corps, transportées par les courants, peuvent, dans certaines circonstances, passer au travers des masses solides; » 3**. Pour constituer un appareil électrochimique dans la terre , il suffit du contact d'une pyrite décomposable à l'air, avec un corps conducteur quelconque et l'eau. » (789) ' CHIMIE. — Sur le sucre de gélatine, et sur divers composés; par M. Auc. Laurent, « Sucre de gélatine. — Le sucre de gélatine, l'acide nitrosaccharique et leurs combinaisons ont été analysés par MM. Mulder et Boussingault. » liCS résultats auxquels ces chimistes sont arrivés tendraient à faire con- sidérer ces divers composés comme des acides bi- et quadribasiques. Le nom- bre d'atomes d'hydrogène, d'oxygène et d'uzote qu'ils ont trouvé ne «'accorde ni avec les équivalents de M. Gerhardt, ni avec l'hypothèse que j'ai faite sim" les combinaisons azotées. » Je viens d'analyser du sucre de gélatine qui était parfaitement cristallisé, et j'ai trouvé que sa composition devait se représenter par la formule sui- vante (*): il en résulte que le sucre de gélatine est isomère avec le carbamate de raé- thyle ou l'uréthylane. * » Cette composition se trouve confirmée par une métamorphose très^ intéressante que M. Dessaigne vient de faire subir à l'acide hippurique. En effet, cet acide, sous certaines influences, se change en sucre de gélatine et en acide benzoïque. Or, si l'on ajoute i équivalent d'eau à l'acide hippurique, on a exactement les éléments de l'acide benzoïque et du sucre de gélatine, Je dois faire remarquer que cette formule est précisément celle que M. Ger- hardt avait cru pouvoir tirer des résultats analytiques de M. Boussingault. » Combinaisons benzoïques. — M. Pelouze ayant eu l'obligeance de me donner un produit cristallin qu'il avait obtenu en faisant réagir le chlore humide sur l'essence d'amandes amères, je l'ai soumis à l'analyse et lui ai trouvé la même composition qu'à l'acide benzoïque. " Mais ce corps possède une propriété qui le distingue aisément de cet acide. En effet, lorsque, après l'avoir dissous dans l'alcool très-faible, on y verse de l'ammoniaque, il se convertit, au bout de vingt-quatre heures, en benzamide. " Ayant voulu essayer de préparer ce corps, afin de pouvoir l'étudier plus complètement, je n'ai obtenu que du benzoate d'hydrure. J'ai profité de cette (*) Expérience: Carbone, 32, 10; Hydrogène, 6,66; Azote, 18,95; calcul: C:=32; H = 6,66;N= i8,65. C. K., 1846, i" Semestre. (T. XXII, N» 20) I o4 b ( 79° ) circonstance pour répéter l'analyse de celui-ci , parce que les résultats que j'ai publiés il y a deux ans ne s'accordaient pas avec ceux de M. Liebig. Les nombres que j'ai obtenus confirment complètement la formule que j'ai don- née ('), et qui représente une combinaison de i équivalent d'acide benzoïque avec 3 équivalents d'hydrure de benzoïle, C'H«0'-+-3C'H«0. » Asparamide potassée. — Lorsque l'on traite l'asparamide pulvérisée par une dissolution de potasse solide dans l'alcool, il se forme immédiate- ment une matière sirupeuse , insoluble ou peu soluble dans le liquide surna- geant; lavée à plusieurs reprises avec de l'alcool, puis desséchée, elle m'a donné la composition suivante : C'H'N'O'K, qui représente celle de l'asparamide dont i équivalent d'hydrogène serait remplacé par i équivalent de potassium. M. Piria a déjà obtenu une combi- naison analogue avec le cuivre. » L'asparamide n'est pas la seule amide qui soit ainsi susceptible de former des combinaisons salines avec les métaux. Fj'oxamide sulfurée donne très- facilement des sels, et la phtalimide se combine également avec l'argent. Comme les chimistes n'admettent pas l'existence de l'eau dans les amides, je ne vois pas pourquoi ils supposent que les acides dits hydratés renferment de l'eau; les réactions sont cependant exactement semblables lorsque l'on met les amides et les acides en présence des bases. " Stjrrol. — Par l'action du chlore sur le styrol , j'ai obtenu deux nou- velles combinaisons dont les réactions et les formules viennent encore con- firmer les idées que j'ai émises sur les combinaisons chlorées et sur la per- sistance d'un noyau à nombre d'atomes constant dans les composés d'une même série. » L'une d'elles se représente par le styrol dont i équivalent d'hydrogène serait remplacé par i équivalent de chlore. On l'obtient en traitant le chlo- rure de styrol par la potasse. 1) L'autre se représente par le styrol dont i équivalents d'hydrogène se- raient remplacés par 8 équivalents de chlore. " Si l'on emploie les formules ordinaires, on verra encore dans ces exemples que toutes les fois que l'on fait réagir le chlore sur un composé, il faut (*) Expérience : C = 76,20 ; H = 5,45; calcul d'après la formule C" H" O» : C = 76,35 ; H = 5,45. ( 79' ) constamment employer 4 volumes de chlore ou un multiple de 4 ; ainsi le styrol donne, avec le chlore, C"H" 4- Cl* = la combinaison de M. Hoffman , C»H" + Cl" = (C"H"C1'«) + H*C1' ; mais le chlore peut entrer dans une combinaison avec im nombre pair quel- conque. C'est ainsi que la première combinaison, soumise à l'action de la potasse, donne (C"H'« + Cl') = C"H"C1' + H'CP. » M. Paten dépose un paquet cacheté. RAPPORTS. ENTOMOLOGIET. — Rapport sur un Mémoire de M. Blaud relatif aux moyens de détruire les insectes qui attaquent l'olivier. (Commissaires, MM. de Gasparin, Boussingault , Milne Edveards rapporteur.) « L'olivier, qui, dans nos provinces méridionales, est une des principales sources de richesse agricole , n'y donne , comme on sait , que des récoltes pré- caires : un froid tardif, quoique léger, suffit pour flétrir les feuilles sans les- quelles l'arbre ne saurait élaborer ses sucs nourriciei-s; souvent la gelée fait périr les branches elles-mêmes, et, à plus d'une reprise, on a vu le tronc tout entier être ainsi frappé de mort; mais ces causes de destruction ne sont pas les seules que nos cultivateurs aient à craindre , car la saison chaude amène à sa suite de nouveaux dangers. En effet, il arrive fréquemment que des my- riades d'insectes se jettent alors sur les oliviers, les uns pour en dévorer les feuilles, les autres pour en ronger les fruits ou pour en attaquer le bois. On comprend facilement quels sont les dommages qui doivent en résulter, et les apionomes s'accordent pour attribuer à ces frêles, mais nombreux ennemis, la perte d'une grande partie de nos récoltes. L'homme ne peut s'opposer effi- cacement à l'action désastreuse du froid que nous venons de rappeler, mais ce serait trop douter de son intelligence et de son industrie que de le croire impuissant à combattre des insectes, et c'est bien à tort que nos cultivateurs se bornent d'ordinaire à gémir sur le mal dont ils souffrent sans en chercher le remède. Il est vrai qu'avec l'éducation toute littéraire qui se donne dans nos écoles, les habitants des campagnes sont, en général, mal préparés pour ob- server les phénomènes naturels et pour en tirer des lumières utiles dans la i)ratique agricole. D'un autre côté, les hommes adonnés à l'entomologie sont, 104. . ( 792 ) poiù: la plupart, placés de manière à ne pouvoir prêter à l'agriculture un concours bien utile: ils diront avec une grande précision sous quels noms l'insecte dévastateur qu'on leur montre a été inscrit dans nos catalogues zoo- logiques, et quels sont les caractères auxquels il sera toujours possible de le reconnaître; mais, sédentaires au milieu de leurs collections, ils ne sauront que rarement résoudre les questions physiologiques dont le cultivateur doit surtout se préoccuper; car, ainsi que le répétait souvent un des meilleurs juges en pareille matière, notre savant confrère , feu M. Audouin , c'est en profitant des habitudes et des instincts de l'insecte dévastateur lui-même, et en tenant compte des circonstances locales dans lesquelles il se trouve, que l'on arrive le plus sûrement à en limiter la multiplication, par conséquent à en arrêter les ravages. Pour réunir les éléments nécessaires à la solution de ces questions complexes, il faut pou voir observer avec soin toutes les phases de la vie de l'en- nemi dont on cherche à se défaire , en étudier les mœurs et ne laisser échapper aucune des circonstances passagères dont la connaissance pourrait conduire à la découverte d'un moyen efficace pour en opérer la destruction. Or, ce n'est ni en étudiant la dépouille desséchée des insectes, ni en parcourant ra- pidement les campagnes dévastées, que l'on atteindra ce but: pour y parve- nir, il faut demeurer sur les lieux mêmes, car il est nécessaire d'observer les circonstances qui accompagnent la fécondation et la ponte, d'examiner tout ce qui se passe lors des métamorphoses, de noter les particularités de mœurs que la larve, ainsi que l'animal adulte, pourra présenter, et de suivre les di- verses générations qui se succèdent quelquefois , à différentes époques de l'année; en un mot, il faut ne perdre jamais de vne les insectes destructeurs que l'on voudrait attaquer avec avantage. Ce sont, par conséquent, les cultiva- teurs eux-mêmes qui, bien mieux que nos zoologistes de profession , pourront faire d'utiles applications de l'entomologie à l'agriculture , et il est , suivant nous, fort à regretter que, d'ordinaiie, ils négligents! complètement les re- cherches de ce genre ; ce qui les en détourne , c'est peut-être la complication extrême de nos classifications et la forme aride sous laquelle on leur présente, en général, l'étude des insectes. La science entomologique, en effet, telle que la comprennent aujourd'hui la plupart des personnes qui forment des collections ou qui décrivent des espèces, est d'un abord difficile et ne satisfait que peu l'esprit, car elle ne consiste guère qu'en une énujnération longue et stérile de noms et de signes distinctifs; mais ce serait à tort que l'agriculteur s'effrayerait de tout cet appareil, car il peut aisément s'en passer, et, pour se livrer avec succès à des recherches relatives aux insectes nuisibles, il lui suffira de posséder des connaissances générales de physiologie zoologique, et ( 793 ) de ne pas être étranger à l'art d'observer et d'expérimenter. En effet , le cul- tivateur qni manquerait de livres ou de lumières pour déterminer par lui- même les noms des espèces dont il a observé les mœurs, obtiendra toujours ce petit renseignement en s'adressant à quelque homme spécial , ou en com- parant ses insectes aux espèces rangées méthodiquement dans nos musées; et, lors même que, dans l'exposé des résultats de ses recherches, il commet- trait quelques erreurs de nomenclature, il n'en aura pas moins rendu à la science des services bien réels toutes les fois que, par ses observations, il aura dévoilé quelque fait nouveau. Pour s'en convaincre, il lui suffira de lire les beaux Mémoires de Réaumur, car il verra ainsi combien un entomologiste observateur peut contribuer puissamment aux progrès de l'histoire des in- sectes, tout en laissant complètement de côté les questions de classification. » Nous ne pouvons donc trop engager les agriculteurs éclairés à entrer dans cette voie et à étudier par eux-mêmes tout ce qui touche à l'histoire physiologique des insectes dont ils redoutent les ravages. Les remarques qu'ils feront ainsi auront souvent de l'intérêt pour la science abstraite et ne pourront manquer de conduire à d utiles applications de l'entomologie à l'agriculture. » Les recherches de M. Blaud sur les insectes qui attaquent l'olivier nous en fournissent la preuve. Cet observateur, qui habite à Beaucaire et qui s'oc- cupe depuis longtemps de la culture des oliviers, a étudié avec une grande attention les mœurs de ces insectes, et, bien qu'il ne les décrive pas avec toute la précision que l'on exigerait dans le travail d'un classificateur, il en a enrichi l'histoire de plusieurs faits nouveaux et il est arrivé à des résultats dont l'ap- plication semble devoir être fort utile dans la pratique agricole. » La première série d'observations faite par cet auteur porte sur un petit papillon nocturne dont la larve se nourrit principalement des feuilles de l'olivier, mais attaque aussi les boutons et les fruits de cet arbre et occasionne de la sorte, dans les départements de l'Hérault, de Vaucluse, des Bouches- du-Rhône et du Var, ainsi qu'en Italie, des dégâts considérables. Cet insecte a été signalé depuis longtemps comme étant très-nuisible aux oliviers. En 1788, un des correspondants de notre ancienne Académie des Sciences, Bernard, de Marseille, en donna une histoire succincte, sous le nom de Chenille mineuse, et quelques années après, Fabricius l'a inscrit dans son système entomologique sous le nom de Tinea oleœlla. Le premier de ces auteurs nous apprend qu'en automne, cette Teigne dépose ses œufs sous le revers de l.i feuille de l'olivier, et que la chenille, éclose dans les premiers jours de mars, ronge l'intérieur de cette feuille, puis s'enveloppe d'une ma- ( 794 ) tière soyeuse et s'y transforme en insecte ailé. Une quinzaine de jours après avoir achevé ainsi ses métamorphoses, celte Teijjne du printemps pond à son tour et dépose ses œufs un à un sur les jeunes gi;appes de fleurs. La che- nille provenant de cette seconde génération attaque les boutons et en détruit un grand nombre, puis se chiinge à son tour en papillon et donne naissance, vers la fin de juin, à une nouvelle génération. Les chenilles qui se montrent alors s'introduisent dans le fruit et en dévorent l'amande ; enfin ces dernières Teignes, arrivées à l'état d'insectes parfaits, périssent à l'approche de l'hiver, après avoir déposé leuis œufs sous les feuilles, et c'est au moyen de ces œufs que l'espèce se conserve et reparaît au printemps suivant. Quelques entomo- logistes ont pensé que les Tinéites qui se montrent ainsi à trois époques suc- cessives de l'année sont des espèces distinctes et les ont désignés sous des noms différents: ainsi, pour M. Duponchel, la Teigne du printemps est un Elachista, et celle de septembre un OEcophora. M. Blaud combat cette opinion et voudrait effacer de nos catalogues toutes ces distinctions. Les argu- ments dont il fait usage ne sont pas suffisants pour établir cette identité spé- cifique de toutes les Teignes de l'olivier; mais, lors même qu'il se tromperait à cet égard et qu'eu automne on puisse trouver sur cet arbre une espèce par- ticulière, comme l'avait avancé M. Boyer de Fomcolomb, ou même jusqu'à trois espèces, ainsi que le pense M. Passerini, il n'en paraît pas moins bien démontré, par les observations de M. Blaud, que l'espèce printanière, c'est-à- dire ÏElachista oleœlla de Duponchel, se reproduit à trois époques diffé- rentes, et que ce sont les femelles fécondées en septembre qui pondent les œufs dont naîtront les larves mineuses du printemps suivant (i). Or, ce fait est très-important pour l'agriculture, car il en résulte qu'en s'attaquant à une seule de ces générations, on doit influer sur le nombre des individus dont se composeront les générations subséquentes, et qu'en détruisant beaucoup de ces insectes en automme avant l'époque de la dernière ponte, on s'opposera à la multiplication excessive des Teignes de l'année suivante, et c'est effecti- (i) Nous regrettons de n'avoir pas eu l'occasion de comparer entre eux les Tinéites pro- venant de ces trois générations successives; mais M. Blaud nous apprend qu'il les a soumis à l'examen de M. Léon Dufour, qui en a reconnu l'identité spécifique ; or, aucun entomolo- giste n'est peut-être plus apte à décider une pareille question que ne l'est notre savant collègue de Saint-Sever. Du reste, nous possédons dans la collection du Muséum les individus qui ont été étudiés par M. Duponchel , et nous nous sommes assurés que ces insectes , loin de présen- ter les différences caractéristiques des deux genres Elachista et OEcophora, ont entre eux une ressemblance si grande, que, suivant toute probabilité, ils doivent appartenir à une même espèce- ( 795 ) vement sur celte considération que repose en partie la méthode imaginée par M. Blaud. )) Divers procédés avaient été déjà tour à tour proposés pour effectuer la destruction des Teignes de l'olivier, mais jusqu'ici il n'en est aucun qui ait réussi. La cueillette des œufs est impraticable, à raison de l'élévation des branches et de la dispersion des pontes. M. Maffre , à qui l'on doit un travail considérable sur la culture de l'olivier, conseille l'emploi de feux que l'on allu- merait pendant la nuit dans le voisinage des arbres infestés :«on sait, en effet, que beaucoup de papillons nocturnes sont attirés par la liieur et viennent se brûler dans la flamme ; mais M. Blaud a tenté cette expérience sur les Teignes de l'olivier sans en retirer aucun avantage notable. 11 fallait donc trouver d'autres méthodes, et M. Blaud, guidé par la connaissance qu'il avait déjà des mœurs de ces Tinéites, paraît avoir été, dans cette recherche, plus heureux que ses devanciers. » En effet, cet observateur a remarqué que les chenilles de printemps se transforment ék chrysalide dans une sorte de nid qu'elles se construisent au milieu des feuilles dont elles ont rongé le parenchyme; mais que les chenilles d'été et d'automne, ne trouvant probablement pas dans les fleurs ou dans les fruits qui ont servi à leur nourriture , un abri convenable , se laissent tomber à terre pour se cacher au pied de l'arbre, dans quelque feuille morte et rou- lée ou dans les anfractuosités du sol. Les papillons qui en proviennent et qui naissent ainsi à terre sont d'abord d'une faiblesse extrême; mais, bientôt après avoir quitté leur cocon, elles consolident leurs ailes, et, prenant leur vol, ils s'élèvent jusqu'aux branches où plus tard ils devront déposer leurs œufs. Or, on comprend facilement que, si le cultivateur, connaissant l'époque précise où cette migration des chenilles devra s'opérer, creuse d'avance tout autour de l'arbre une fosse circulaire au fond de laquelle ces insectes iront cher- cher leur refuge ordinaire, et qu'ensuite, quelques jours avant le moment où les Teignes doivent sortir de leur cocon, il comble l'excavation en y rejetant toute la terre qu'il en avait primitivement retirée , il ensevelira tous ces in- sectes pendant qu'ils sont encore à l'état de chrysalides immobiles, et les Teignes , ne pouvant se dégager de dessous la terre dont on les a recouvertes , ne tarderont pas à y périr. " Tel est, en effet, le moyen proposé par M. Blaud. Cet observateur dis- tingué conseille aux cultivateurs de pratiquer, vers la fin de juillet, une fosse profonde de aS centimètres tout autour de chaque olivier, depuis le tronc de l'arbre jusqu'à une distance d'environ 3o centimètres au delà d'une ver- ticale abaissée de l'extrémité des derniers rameaux extérieurs. «Le 3 sep- ( 796 ) tembre, il faut, dit-il, répanJre sur le fond de la fosse la moitié de la terre enlevée, et le 1 1 du même mois y rejeter le reste des déblais, puis en bien aplanir la surface. L'auteur a répété cette expérience plusieurs fois, et jamais il n'a vu un seul des petits Tinéites ainsi ensevelis, se débarrasser de la terre dont ils étaient surchar^jés. Tous ont dû, par conséquent, y périr. Ce moyen, ajoute M. Blaud, aurait le double avantage de détruire un des in- sectes dont les dévastations sont le plus à craindre, et de donner à l'olivier une culture profpnde rjui en favoriserait la végétation. Il faudrait, il est vrai, sacrifier les olives attaquées dont la chute continue jusqu'à la fin de sep- tembre; mais le dommage qui en résulterait serait presque nul, car l'huile provenant de ces fruits avariés est peu abondante et de mauvaise qualité , de sorte que les frais d'extraction ne sont pas toujours couverts par les pro- duits que l'on en obtient. » « Pour juger de l'efficacité de ce procédé, il faudrait l'avoir employé sur une étendue de terrain considérable, et, pour se former une opinion relative- ment aux avantages ((ue l'agriculteur pourrait en tirer, il faillirait aussi pou- voir comparer la dépense occasionnée par la main-d'œuvre à la plus-value des produits de la récolte. Ces expériences n'ont pas encore été faites sur une grande échelle, et, par conséquent, ce n'est qu'avec beaucoup de réserve que nous recommanderons l'introduction de la méthode de M. Blaud dans la prati(|ue agricole; mais nous croyons devoir déclarer que cette méthode nous semble bien calculée pour atteindre le but que le cultivateur doit se proposer, et mérite un examen sérieux. » Un autre insecte, qui parfois occasionne aussi de grands dégâts en at- taquant les oliviers, appartient à la famille des Mouches, et a été décrit, par les entomologistes, sous les noms d'Oscinis ou de Dacus olece. La femelle dépose ses œufs un à un dans l'olive même, dont le parenchyme huileux sert de nourriture à la larve. Une première ponte a lieu au commencement d'août, et une seconde vers la mi-septembre. Les larves provenant de cette dernière génération se transforment en nymphes vers la fin d'octobre, et passent l'hiver sous cette forme pour achever leurs métamorphoses l'été suivant. Quelques-uns de ces insectes se changent en nymphes sans avoir quitté l'in- térieur de l'olive , et sont, par conséquent , détruits lors de la récolte , si déjà ils ne sont morts de froid avant cette époque; mais tous n'ont pas des habi- tudes aussi sédentaires , et ne sont pas exposés aux mêmes causes de destruc- tion. En effet, M. Blaud a constaté que la plupart de ces larves, avant de subir leur première transformation, sorlent de l'olive , se glissent de branche en branche jusqu'à terre , pénètrent dans le sol à une profondeur de 2 à 4 cen- ( 797 ) timètres', et s'y chanjjent en nymphes pour y demeurer immobiles pendant toute la durée de la saison froide. Ce sont, par conséquent, ces larves terri- coles qui contribuent le plus à la multiplication de l'espèce l'année, suivante, et la connaissance des particularités de mœurs que nous venons de signaler a conduit M. Blaud à penser que, pour les détruire, on pourrait avoir recours à un moyen analogue à celui qu'il a proposé pour combattre les Teignes de l'olivier. Il voiidrait que, dans le courant de l'hiver, on répandît, autour du pied de chaque arbre , une couche de terre épaisse d'environ 3o centimètres , et que, après l'avoir fortement tassée, on laissât le tout dans cet état jusqu'à la fin de juillet. En effet , il est bien probable que les Oscines, ainsi enterrées, ne parviendraient pas à se dégager, et , de même que les Tinéites dont il a été déjà question , périraient avant que d'avoir pu quitter leur enveloppe de nym- phe. « L'olivier, ajoute M. Blaud, ne souffrirait nullement de cette pratique , " et il y a tout lieu de croire qu'en y ayant recours d une manière régulière " et générale, ou empêcherait ces insectes destructeurs de pulluler comme » ils le font souvent, n Mais, ici encore, il faudrait des expériences directes pour trancher la question. ■> La Teigne et l'Oscine ne sont pas les seuls insectes qui nuisent aux oli- viers, et M. Blaud a étudié les mœurs de plusieurs autres espèces qui atta- quent, soit la tige, soit la racine ou les feuilles de ces arbres. Il propose aussi divers moyens pour effectuer la destruction de ces animaux dévastateurs, mais les résultats auxquels il est arrivé ne sont pas aussi nets que relativement aux espèces précédentes, et par conséquent il nous semble inutile de nous y arrêter ici. • » Nous nous bornerons donc à ajouter que les observations de M. Blaud ont de l'intérêt pour l'entomologie aussi bien que pour l'agriculture, et nous regrettons qu'il n'ait pas eu l'occasion d'essayer en grand les procédés dont il est l'inventeur. Des expériences de ce genre, il est vrai, ne peuvent guère être exécutées sur une vaste échelle qu'avec l'aide du Gouvernement; mais ce serait faire un excellent emploi des deniers de l'État que de consacrer à ces essais une portion des fonds destinés à favoriser les progrès de notre agriculture, et M. Blaud pourrait, mieux que toute autre personne, être chargé de ce travail d'utilité publique. " En résumé, vos Commissaires sont d'avis que les observations de M. Blaud sur les mœurs des insectes nuisibles à l'olivier sont bien faites, et que les procédés qu'il a imaginés pour arrêter les ravages qu'occasionnent la Teigne de l'olivier et l'Oscine de l'huile sont rationnels. En conséquence, nous avons Ihouneur de proposer à l'Académie d'approuver les recherches C. a., 1846, i«f Semestre. (T XXII, N» 20.) Io5 ( 798 ) de M. Blaud, et d'engager cet observateur à saisir toutes les occasions pour soumettre ses vues à l'épreuve de la pratique agricole. « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Rapport sur le second vojage en Âbjssinie de M. RocHET d'Héricourt. (Commissaires, MM. Arago, de Jussieu, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Élie de Beaumont, Dufrénoy, Duperrey, Mauvais.) « M. Rochet d'Héricourt a déjà publié la relation d'un premier voyage qu'il fit en Abyssinie, pendant les années 1839 et i84o. Tout le monde a donc eu l'occasion d'apprécier le caractère entreprenant et la rare intrépi- dité de notre compatriote. Son second voyage, celui dont nous allons rendre compte, a été aussi dramatique que le premier, si on l'envisage au point de vue des difficultés que M. Rochet a eues à surmonter. Il ne sera pas moins riche en notions circonstanciées et neuves, sur la religion, sur les mœurs, sur les institutions, de toute nature, du royaume de Choa et du pays d'Adel. Ajoutons que, cette fois, les dangers que M. Rochet a courus n'auront pas été sans fruit pour les sciences proprement dites. ;! M. Rochet s'embarqua à Marseille le 1" janvier 1842. Après avoir parcouru la mer Rouge dans presque toute sa longueur, il entra dans le pays d'Adel, vainquit mille obstacles, dont on trouverait peut-être la source en Euî-ope, et aniva auprès du roi de Choa. M. Rochet est revenu de sa pé- rilleuse expédition à la fin de i845. >' Pendant ce second voyage, M. Rochet était muni de divers instru- ments que l'Académie lui avait confiés, et à l'aide desquels il a abordé plu- sieurs questions intéressâmes de géographie, de météorologie et de magné- tisme terrestre. Géographie. » Pour apprécier l'exactitude des latitudes géographiques déterminées par M. Rochet, nous n'avions qu'une seule voie: c'était de comparer entre eux les résultats déduits des observations isolées; c'était de ne point nous borner à la considération des moyennes. >' Pour certaines séries, ces comparaisons nous ont offert de grands écarts; pour d'autres, l'accord a été très-satisfaisant, eu égard, surtout, aux circonstances défavorables dans lesquelles M. Rochet a toujours été placé. ( 799 ) r.es géographes instruils trouveront, sans aucun doute, parmi les observa- tions de M. Rochet, les moyens d'améliorer les cartes d'une partie de l'Afrique encore assez peu étudiée. Marées. " M. Rochet s'est occupé des marées, partout où son itinéraire et les cir- constances lui ont permis de le faire. " A Moka, il trouva pour la variation mojeiine diurne du niveau de la mer Rouge, o™,6. Elle est notablement plus grande à Âmbabo. Ce dernier port se trouve situé au sud du détroit de Bab-el-Mandeb ; Moka est au nord. Le détroit semble donc avoir amoindri le phénomène. Il serait, néanmoins, prématuré d'entrer aujourd'hui à ce sujet dans une discussion détaillée. Météorologie. » Nous avons trouvé, dans les registres de M. Rochet, des observations météorologiques faites à Kosséir et à Moka , sur la mer Rouge ; à Angolola , à Angobar, à Farré et en d'autres points de l'Abyssinie. » Les premières, quoique peu nombreuses, intéresseront les météorolo- gistes. Ils en déduiront les heures de la période diurne du baromètre, et la valeur de cette période en millimètres, pour le bord de la mer. » Les observations faites en Abyssinie montreront, de nouveau, com- ment ce mystérieux phénomène se modifie sur les pics isolés, et, ce qui n'est pas la même chose, au centre de grands plateaux élevés. » lies observations barométriques A' Angolola, à'yàngobar, etc. , permet- tront de calculer la hauteur verticale de ces villes au-dessus du niveau moyen de l'océan Indien. On trouvera de même la hauteur de plusieurs montagnes, et celle de divers points du cours de V^ouache. Enfin, si, comme nous le croyons, aucune erreur ne s'est glissée, dans les lectures de la hauteur du baromètre faites au niveau des eaux du lac Salé, il sera constaté que la surface de ce lac est de plus de 200 mètres au-dessous du niveau de l'Océan. » Nous croyons devoir engager M. Rochet à extraire soigneusement de ses journaux , les observations qu'il a eu l'occasion de faire sur les orages périodiques; celles, particulièrement, des régions où ces orages se repro- duisent deux fois tous les jours, et, à très-peu près, aux mêmes heures du matin et du soir. Il est permis d'espérer que la discussion de ces observa- tions jettera de vives lumières sur un phénomène très-important et qui, jusqu'ici , est resté enveloppé dans une grande obscurité. io5.. ( 8oo ) Partie magnétique. (M. DupERREY rapporteur.) n Parmi les observations auxquelles M. Rochet d'Héricourt s'est livré durant son dernier voyage en Abyssinie, celles que nous avons été chargé d'examiner et dont nous allons rendre compte, ne sont relatives qu'à l'incli- naison de l'aiguille aimantée; mais, plusieurs d'entre elles ayant été re- cueillies , conformément aux instructions de M. Arago , à de très-petites dis- tances de l'équateur magnétique, il nous a été facile, ainsi qu'on le verra plus loin , de les faire concourir à la détermination exacte d'une portion de cette courbe dont personne encore, depuis Alexandre Panton qui opérait dans le golfe d'Arabie en 1776, n'avait cherché à fixer la position par des observations directes. » M. Rochet d'Héricourt avait à sa disposition une excellente boussole d'inclinaison de Ijcnoir et deux aiguilles qui lui avaient été confiées par l'Académie. » Ces deux aiguilles avaient été soigneusement expérimentées à Paris, au moment du départ, par notre confrère M.Victor Mauvais, tant pour constater leur état et celui de la boussole, que pour mettre M. Rochet d'Héricourt parfaitement au courant des procédés employés dans la mé- thode dont on fait le plus ordinairement usage, laquelle consiste à preridre avec exactitude, dans le plan vertical du méridien magnétique, les indica- tions successives que donne l'aiguille d'inclinaison, avant et après le retour- nement de ses faces, comme avant et après le renversement de ses pôles. " A cette époque, 7 novembre 1 841, l'aiguille n° i donnait pour l'incli- naison, à l'Observatoire 67" 6' ,6 et l'aiguille u" 2. 67"io',2 Moyenne des deux aiguilles 67° 8',4 ') Or, M. Mauvais avait obtenu , dix jours auparavant, dans le même lieu , mais avec une boussole de M. Gambey, 67°8',o. » La comparaison de ces résultats prouve évidemment que la boussole et les deux aiguilles de Lenoir, confiées aux soins et au zèle de M. Rochet d'Héricourt, présentaient, au début du voyage, toutes les garanties d'exacti- tude que l'on pouvait désirer, et c'est là un des principaux motifs qui nous font espérer que les observations dont nous donnons le résumé dans le ta- bleau suivant, méritent d'être prises en considération : ( 8oi ) Résumé des observations de l'inclinaison magnétique faites par M. Rocket d'Héricouri. NOMS des «lations. 0;kTES. POSITION DES Latitude N. STATIONS. Longit. E. INCUSAISOMS OBTEM'ES. mCLINAISON moyenne des deux aiguilles. Aiguille U» I. Aiguille n*> a. Marseille 31 décembre 1841 0 / « 43.17 5a 0 t II 3. 1.48 0 t ■4- 6a. 58,1 0 t -+- 63. 4,8 0 / -*-6î. 1,5 Malte 8 janvier i842. 18 janvier. 35. 53.50 12.11. 6 ■+■ 53. 4,4 + 43 44,3 n + 53. 4,4 -t- 43-4°. ' Alexandrie .... 3i.ii..53 37.32.33 + 43.35,9 Le Caire 10 février. 3o. a. 4 28.55. la + 41.46,0 -+- 41-39,2 + 41 43,6 Denderah i5 niars. a6. 8.36 3o. 16.11 n -H 35. 8,6 -H 35. 8,6 Kosséir 25 mars. 27. 7. 0 33. 1.36 -4- 34.48,1 ■+- 34.33,5 -t- 34.4o,*> Djedda 25 avril. 31.29. 0 36.57.36 II ■+■ 25.13,3 H- 25.12,3 Moka Il et 12 août. l3.20. 0 40 59.36 -t- 6.53,1 -¥■ 0.25,7 -H 6 39,4 Ambabo 7 septembre. 11.44. 0 40.33. 0 // -h 2.39,9 -4- 2. .39, y Gaubade 5 octobre. II. 0.54 39.48. 0 II + I i3,5 -t- 1.18,5 Angolola 2 décembre. 9.36.30 37 14 0 n - 0.27,9! - 0.!7,9 Angobar 21 janvier i843. 9.34. 7 37.34. 0 " - >• 5,9 - I. 5,9 " IjCS inclinaisons présentées dans ce tableau proviennent, pour chaque aiguille, des deux inclinaisons apparentes observées, l'une avant et l'autre après le renversement des pôles; mais, au lieu de prendre, comme ou le fait ordinairement, la moyenne des deux inclinaisons dont il s'agit, nous avons, préféré recourir à une formule à laquelle nous sommes arrivé depuis Ires- longtemps, et qui établit que la tangente de Tinclinaison vraie est égale au sixius de la somme des deux inclinaisons apparentes, divisé par le double. du produit des cosinus de ces deux inclinaisons. ..ij v » La position géographique des huit premières stations a été prise dans la Connaissance des Temps pour 1846, et celle des quatre dernières dans la carte de M. le docteur Beke, qui nous paraît avoir été dressée avec beaucoup de soin. Cette carte est fondée sur un grand nombre d'observations faites en I 841 » tant par ce voyageur que par le capitaine Barker qui faisait partie de l'expédition scientifique du major Harris, et qui, durant le cours de cette expédition , était personnellement chargé des observations astronomique*. " A ces documents indispensables viendront bientôt se joindre les latitudes que notre zélé compatriote a lui-même pris le soin d'observer en plusieurs points de sa route. X II est à regretter que M. Rochet d'Héricourt n'ait pas observé l'aipuilte ( 802 ) n° I dans les quatre dernières stations de son voyage. Cette aiguille présen- tait à Paris, avant le départ, entre les deux inclinaisons observées, l'une avant et l'autre après le renversement de ses pôles, une différence de a degrés qui ayant toujours été croissante, comme cela devait être, au fur et à mesure que l'on s'est approché de l'équateur magnélique, a fait prendre à l'observa- teur la résolution de ne plus se servir, à partir de Moka, que de l'aiguille n° a qui paraît lui avoir inspiré plus de confiance. " Quant à cette dernière aiguille, nous avons été surpris, en consultant les éléments des observations, de voir qu'une différence de i degré observée à Paris, au début du voyage, entre les inclinaisons des pôles intervertis, ait complètement disparu aux approches de la ligne sans inclinaison, après avoir été elle-même croissante jusqu'à Moka. Nous avons cherché à nous rendre compte de ce fait sans exemple , du moins pour nons. Nous avons d'abord pensé que les pôles de cette aiguille auraient pu ne pas être renversés par suite d'une erreur commise involontairement dans l'emploi des barreaux destinés à l'aimantation; mais les résultats définitifs auxquels on arriverait en faisant usage de notre formule, sin2' = sin2 jt^ » qui permet d'ap- précier assez exactement la valeur de la correction 2' applicable aux inclinai- sons observée de prime abord, nous obligent à renoncer à cette hypothèse. » fj'idée de croire qu'il se serait opéré vers la fin du voyage un change- ment favorable dans la position du centre de gravité de l'aiguille n'est pas plus probable, car nous venons de nous assurer que la différence entre les deux inclinaisons apparentes, observées à Paris au départ, est encore à très- peu près la même aujourd'hui. Il faut donc admettre qu'une variation consi- dérable sera survenue dans l'intensité de l'aiguille par suite des aimantations réitérées, qui auront rendu Tintensité M' plus grande que l'intensité M, au- quel cas la différence 2', entre Tinclinaison observée a' et l'inclinaison vraie, aura été décroissante au lieu d'augmenter, ainsi que cela aurait eu lieu si l'intensité primitive de l'aiguille n'avait pas été temporairement troublée. » Aux approches de la ligne sans inclinaison, la direction du méridien, magnétique ne peut plus être déterminée exactement par la méthode qui con- siste à chercher l'azimut du plan dans lequel l'aiguille d'inclinaison prend la direction de la verticale. C'est à Moka que M. Rochet d Héricourt a com- mencé à éprouver les inconvénients de cette méthode, et il est fâcheux qu'il n'ait pas songé à se servir d'une aiguille suspendue horizontalement pour placer le limbe de la boussole d'inclinaison dans une direction convenable. Heureusement qu'une erreur de quelques degrés dans l'appréciation de cette ( 8o3 ) direction a peu d'influence sur le résultat dans les lieux où l'inclinaison est très-petite. » Les inclinaisons consifjnées dans les manuscrits de M. Rochet d'Héri- court n'étaient accompagnées d'aucun signe propre à en faire connaître le genre de dénomination. Pour remédier à cette omission, nous avons dû re- courir aux souvenirs de l'observateur, et nous croyons avoir obtenu , par ce moyen, la certitude que l'extrémité nord de l'aiguille plongeait sous l'horizon à Gaubade, tandis qu'elle se maintenait au-dessus de ce plan à Angolola et à Angobar. On peut donc admettre, ainsi que .cela se trouve d'ailleurs jus- tifié par l'ensemble de toutes les observations, que l'équateur magnétique passe aujourd'hui au sud de Gaubade et au nord des deux dernières stations. « Tous les observateurs de l'Europe ont adopté avec nous le signe -t- pour désigner les inclinaisons boréales, et le signe — pour désigner les in- clinaisons australes. Cette méthode, facile à graver dans la mémoire, ne devrait jamais être négligée, notamment auprès de l'équateur magnétique, où les indications de l'aiguille sont souvent de différentes dénominations du- rant le cours d'une même expérience. » Parmi les stations qui figurent dans le tableau précédent, nous n'en con- naissons que quatre où l'inclinaison du magnétisme ait été observée anté- rieurement au voyage de M, Rochet d'Héricourt. Ces stations sont: Marseille, Malte, Alexandrie et Moka, où l'on a obtenu les résuhats suivants : LOCALITÉS. OBSERVATEURS. DATES. INCLINAISONS. DIUlNUTIOX moyenne annuelle. Marseille MM. de Huraboldt 1798 i833 1841 65 . 4o , 0 63. 6,0 63. 1,5 4',o Rochet d'Héricourt. . . Malte MM. G. Fisher 1829 184?. 54.17,0 53. 4,4 5,6 Rochet d'Héricourt. . . r MM. Nouet 1799 1839 1842 Alexandrie . D'Abadie 43.48.0 5,5 43.40. 1 Rochet d'Héricourt. . . jyj , MM. Alexandre Panton. . . . Rochet d'Héricourt. . . 1776 1842 8.18,0 6.39,4 »,5 ( 8o4 ) " En rapprochant ainsi les résultats anciennement obtenus de ceux que nous présente aujourd'hui M. Rochet d'Héricourt, on voit que le décroisse- nient annuel de l'inclinaison a été bien moins rapide à l'entrée de la mer Bouge que sur les deux rives de la Méditerranée. » Nous avons donné, en iSSg, une figure de l'équateur magnétique dé- duite des observations de l'inclinaison que nous avions faites, de 182a à iSaS, durant le voyage de la corvette la Coquille, d'une inclinaison observée en 1822 , dans l'île de San-Tomé, par le capitaine Sabine, et des observations que M. Jules de Blossevilie venait de recueillir tout récemment dans la mer des Indes. .1 Plus tard, en i836, nous avons fait connaître la figure que nous avons obtenue en joignant à nos propres observations toutes celles des voyageurs de la même époque qui pouvaient concourir au même but. " lia nouvelle courbe qui est résultée de tous ces documents avait, sur la précédente, l'avantage de ne plus présenter les irrégularités secondaires qu'un plus grand nombre d'observations devait nécessairement faire disparaître, et de réduire de moitié, en longitude, deux lacunes, de 25 à 3o degrés , qui existaient, l'une dans l'intérieur de l'Amérique méridionale, l'autre dans le grand Océan , à rouest du méridien de l'île de Taïti. » La seule partie de l'équateur magnétique dont la position restait encore indéterminée faute d'observations, était celle qui traverse l'Afrique et le golfe d'Arabie; celle-ci avait pour limites l'île San-Tomé, dans l'océan Atlantique, et l'île de Ceylàn , dans la mer des Indes, ce qui lui donnait une étendue de 71 degrés en longitude. >' Pour remplir cette immense lacune, nous avions déjà eu recours aux belles et nombreuses observations faites par Panton en 1 ■j^G , lesquelles s'ac- cordaient à faire passer l'équateur magnétique à environ 1 degré au sud de l'île Socotora et 2°2o' au sud de Gaubade. Nous avons eu depuis, à l'imi- tation de MM. Hausteiu et Morlet, la curiosité d'examiner et de soumettre au calcul toutes les observations qui avaient été faites de 1776 à 1780, tant dans l'océan Atlantique que dans la mer des Indes, par Gook , Beyley, King, Eckberg, Panton et Dalrymple, et nous avons obtenu de ces documents, véritablement remarquables par l'accord qui existe entre eux, une courbe pour l'année 1776, qui, étant mise en regard des portions déterminées de la nouvelle courbe , nous a prouvé , d'une manière incontestable , ce fait, que M. Arago avait déjà annoncé, en iSaS, dans son Rapport à l'Académie des Sciences sur les opérations du voyage de la Coquille, que toute la partie de l'équateur magnétique qui traverse la mer des Indes, l'Afrique et l'océan Atlantique, s'était transportée vers l'ouest, de 10 degrés environ, entre les < 8o5 ) deux époques. On conçoit, d'après cela, qu'il nous suffisait de faire parcourir cet espace à la figure de 1776 pour avoir, à peu près, la position qu'elle devait occuper en iSaS, résultat qui s'est trouvé, en effet, assez bien corro- boré par une méthode d'interpolation tout à fait indépendante de ce procédé. » Examinons actuellement si nos hypothèses se trouvent confirmées par les nouvelles observations. » De toutes les inclinaisons observées par M. Rochetd'Héricourt, nous n'a- vons rapporté dans le tableau suivant, comme devant concourir à la détermi- nation del'équateur maynétique, que celles auxquelles on peutappliquer avec exactitude la formule tangX^ — —, qui établit que la tangente de la lati- tude magnétique du point de l'observation est égale à la moitié de la tan- gente de l'inclinaison. A ces documents nous avons réuni, comme pouvant concourir au même but, deux inclinaisons observées dans le Tigré, par M. Lefebvre, en i838, l'une à \lassoua et l'autre à Adoua. » Les déclinaisons magnétiques employées dans ce travail résultent : 1° de deux séries d'azimut et d'amplitude du soleil, observées à Moka, en 1841 , par le capitaine Jehenne, commandant la corvette française la Prévojante; 1" d'une observation du passage de l'étoile polaire au méridien , faite à An- gobar, dans la même année, par le capitaine Barker, déjà cité plus haut. Cette dernière observation est consignée dans X yé ppendice du Voyage du major Harris. Détermination d'un point de l'équateur magnétique dans la partie orientale de l'Afrique. NOMS des observateurs. MM. Lefebvre U Rochet d'Héricourt, là là là là i838 ■ 838 1841 18^2 1843 1842 184Î NOUS des stations. Massoua. Adoua. Moka. Ambabo. Gaubade. Angolola. Angobar. POSITION des stations. Latit. N. i5.36 14 i> i3 20 U.44 II . I 9 37 9.34 Long. E. 37.12 36. 3G 4i. o 40.33 39.48 37.14 37.34 DIRECTION du magnétisme. Décl. N.-O. 8. o 8. o 6.3o 6.3o 6.3o 7. o 7. o Inclinai- son. -1-10.43,0 -(- 8.5o,o + 6.39,4 + 2.39,9 -h 1.18,5 - 0-27,9 — I. 5,9 LATI- TUDE ma- gnéti- que. 5.27,3 4.26,6 3.20,3 I 30,0 o 39,2 0. 14,1 0.33,0 ÉQUATEIR magnétique. Latit. N. Position d''un point de l'équateur magnétique d'après toutes les observations io° 7' 38o 5i 10.12 9.48 10. 2 10.24 10.22 9 5i 10. 7 Long. E 37.59 37.14 4' .25 4o.4'i 39 5i 37.13 37.31 Ç. R., lUG. I" Semestre. (T .VXll , S" ÎM).) to6 . ( 8o6 ) » Eu réunissant ainsi sur un seul point les résultats partiels des inclinaisons observées, de i838 à i843, dans la partie orientale de l'Afrique, par MM. Le- febvrc et Rochet d'Héricourt, on voit que l'équateur magnétique passe ac- tuellement par lo"^' de latitude nord et par 38°5i' de longitude est. » L'équateur magnétique qui résultait des observations faites par Panton, en 1776, coupait le même méridien par 8° 20' nord; mais les méthodes dont nous avons fait usage pour ramener les inclinaisons de 1 776 à l'année 1820 , ont placé ce point par io°46' nord , ce qui ne diffère que de Sg minutes en latitude du résultat moyen des nouvelles observations. » Des observations d'inclinaison faites, de 1837 à 1842, à Pondichéry, à Madras , à Ceylan , à Malora , à Poulo-Penang , à Malacca et à Singapore , font voir que, depuis l'année 1 820, l'équateur magnétique n'a éprouvé qu'une très- faible variation en latitude dans la partie orientale de la mer des Indes , où il suit à peu près la direction d'un parallèle terrestre ; et comme toutes les obser-' valions recueillies, de i83i à 1842, à l'île de Sainte-Hélène, à l'Ascension, à Fernando-Po et dans le Niger, s'accordent à le faire passer à i degré environ au nord de sa position primitive , dans les Inéridiens de l'océan Atlantique , qu'il coupe obliquement de l'est-nord-est à l'ouest-sud-ouest, il devient évi- dent que son mouvement vers l'ouest ne s'est point encore ralenti. >' Telles sont les réflexions qui nous ont été suggérées par les observations d'inclinaison magnétique dont M. Rochet d'Héricourt s'est occupé avec un grand zèle durant son voyage en Abyssinie. Partie géologique. (M. DuFRÉNOY rapporteur.) " Dans le premier voyage que M. Rochet d'Héricourt a fait en Abyssinie, dans les années 1839 et 1840, il avait déjà recueilli quelques données géolo- giques qui nous avaient permis d'annoncer, dans le Rapport que nous fîmes en i84i à l'Académie, que le sol de cette contrée est formé presque exclu- sivement de trois groupes de terrains, savoir: n i". De roches granitiques qui constituent le sol général de la contrée; ■ :» 2*'. De terrains volcaniques qui s'y sont fait jour de distance en distance et qui, sur quelques points, acquièrent un grand développement; » 3". Enfin de terrains tertiaires déposés dans des bassins circonscrits, notamment à Daffaré, Gongonta, Gaubade et Goummi; quelques fossiles rapportés par M. Rochet d'Héricourt nous avaient même autorisés à com- parer les terrains de Gaubade à ceux de Paris et particulièrement au calcaire grossier de Grignon. « IjCS descriptions que M. Rochet d'Héricourt avait données des mon- ( 8o7 ) tagnes volcaniques do Daffaré ne paraissent laisser aucun doute sur leur origine , mais l'absence d'échantillons nous avait empêchés d'émettre aucune opinion sur la classe de terrains volcaniques qui les formait; M, Rochet a rempli cette lacune: il a rapporté, dans son nouveau voyage, une suite d'é- chantillons bien choisis et nettement caractérisés, qui montrent que les ter- rains volcaniques y forment au moins deux groupes distincts correspondant aux basaltes et aux trachytes ; le troisième genre de terrains volcaniques, dé- signé sous le nom de Indiques ou de volcans à cratères, est probablement aussi représenté en Abyssinie; du moins la disposition des coulées de Daffaré, épaisses au plus de i^j^o à i'",5o, inégales et raboteuses comme les cheires de I Auvergne et portant encore les traces de leur ancienne fluidité par les ondulations qui correspondent aux mouvements du terrain , rappelle les laves de Volvic et de la Nugère; de même que ces coulées si intéressantes pour l'étude des phénomènes ignés, les laves de Daffaré se sont répandues à la manière d'un cours d'eau tranquille, se séparant aux moindres rochers qu'elles rencontrent et les entourant de leurs flots incandescents. ,» L'analogie si frappante que je viens de rappeler entre la forme des vol- cans d'Abyssinie et de l'Auvergne, ainsi qu'entre la disposition des laves qui les recouvrent, ne se représente pas dans les produits de ces volcans; les cheires d'Auvergne sont composées de lave entièrement scoriacée , très-rare- ment cristalline; ce n'est que dans les points où la lave,.s'étant accumulée sur une certaine hauteur, a pu se refroidir lentement, que les cristaux ap- paraissent avec quelque abondance : dans ce cas le labrador en forme la partie dominante; les laves de Daffaré, quoique huileuses et scoriacées, sont cependant éminemment cristallines ; on y distingue des cristaux assez nets de o™,oo5 de long qui paraissent appartenir au feldspath vitreux, caracté- ristique des trachytes du Mont-Dore et du Drachenfelld, en sorte que ce se- raient de véritables laves par la forme et des trachytes par leur composition; ce fait, dont la lave de l'Arço à l'ile d'ischia offre un exemple, est peu ha- bituel dans l'histoire des volcans et mérite d'être signalé. >> Dans son premier voyage, M. Rochet d'Héricourt avait concentré ses observations au pays d'Adel et au royaume de Cboa; dans celui dont nous rendons compte à l'Académie, il a recueilli des échantillons depuis le mo- ment où il a quitté Alexandrie; le cours du Nil est connu sur presque toute sa longueur, et M. Rochet d'Héricourt n'a fait que confirmer les observations des voyageurs qui l'ont précédé dans ces contrées, en rappelant que le Nil qui coule depuis le Caire jusqu'à Siout sur le terrain tertiaire, entre ensuite daiis le terrain de, craie, jusqu'au delà de Gosséir ^ mais, à partir de cette ville, ' ' io6.. ( 8o8 ) les observations de M. Rochet d'Héricourt offrent im véritable intérêt : ii nous apprend en effet que la chaîne de terrains anciens qui sépare Kenek de Cosséir, et qui court, comme la côte de la mer Rouge, du nord 20 degrés ouest au sud ao degrés est, offre une seconde chaîne composée de basalte et detrachyte. Ces roches s'y trouvent sur les deux contreforts, et même sur les sommets les plus élevés; en sorte qu'on retrouve, dans cette partie de l'Egypte , le phénomène, si remarquable dans le centre de la France , où les terrains volcaniques constituent le Mont-Dore, le Cantal et le Mezenc, qui dominent tout le pays. En Egypte comme en France, les nappes de basalte recouvrent celles detrachyte; elles forment des plaques assez continues, en sorte qu'il est probable que c'est à un phénomène de soulèvement analogue à celui qui a donné naissance aux groupes du Cantal et du Mont-Dore , que sont dues les dispositions des montagnes coniques de la chaîne de Legetta. » Cette observation importante nous paraît avoir échappé à M. Russeger auquel nous devons un grand travail sur l'Afrique, et notamment une carte géologique générale de l'Egypte. » En redescendant du col de Legetta, on continue à marcher sur les roches de basalte et de trachyte jusqu'à Hammamat; mais, en quittant ce lieu de repos pour les caravanes, on perd bientôt de vue les nombreux cônes que l'on vient de traverser, et l'on rentre dans les roches de granité, de porphyre et de syénite qui se prolongent jusqu'à l'embouchure de la vallée de Cosséir; les roches volcaniques se représentent de nouveau sur les bords de la mer, et forment une série de petits cônes qui bordent la côte sur une assez grande longueur. 1' Embarqué à Cosséir, M. Rochet d'Héricourt a descendu la mer Rouge jusqu'au détroit de Bab-el -Mandeb ; dans ce trajet il a visité plusieurs points de la côte orientale , notamment le port d'Elbrek, à 4 myriamètres au sud de Yambo; ceuxdeRabac et de Gelda situés entre Yambo et Confouda; enfin le port d'Elbrek, à 2 myriamètres au sud de cette dernière ville; partout la mer est bordée de cônes volcaniques qui forment une ligne assez continue paral- lèle à la côte, et qui peut en être distante de une heure environ. Les échan- tillons que M. Rochet a rapportés montrent une identité complète entre les roches volcaniques des deux rives de la mer Rouge; cette mer forme donc un vaste sillon dans lequel les éruptions volcaniques se sont développées, et ce qui donne une certaine force à cette opinion, c'est que depuis Gelda jus- qu'à Moka, il existe un grand nombre de petits îlots volcaniques; l'embou- chure de la mer Rouge est même fortement rétrécie par l'île de Perim, qui , d'après les observations de M. Rochet d'Héricourt, est complètement basai- ( 8o9 ) tique; cette île, dont les côtes sont presque verticales, forme une colonne irrégulière , analogue à la roche de Puy-en-Velay, en sorte que le détroit de Bab-el-Mandeb présente une profondeur assez grande pour donner passage aux plus grands bâtiments. » Les terrains volcaniques se prolongent au delà du détroit; on les voit encore au sudd'Aden; nous citerons particulièrement deux roches, que M. Rochet a rapportées de ce point : la première, caverneuse et rougcâtre, rayant à peine le verre, renferme, dans ses cellules, des parties concrétion- nées, qui lui donnent de l'analogie avec la pieri»e d'alun ; la seconde, grossiè- rement schisteuse, rappelle le phonolite : ces deux roches complètent l'ana- logie des terrains volcaniques de la mer Rouge avec les trachytes de la France et de l'Allemagne. » Les observations précédentes , que j'ai transcrites sur les Notes de M. Ro- chet d'Héricourt, me paraissent offrir le même intérêt que j'ai signalé pour celles qui se rapportent aux montagnes qui séparent Keneh de Cosséir. » Depuis les bords de la mer Rouge jusqu'au royaume de Ghoa, M. Ro- chet n'a pu étudier que la route suivie par les caravanes; mais, à partir d'Angobar, les relations presque intimes, que son courage et les services qu'il avait rendus au roi de Ghoa avaient établies entre ce prince et notre compa- triote , lui ont fourni le moyen de visiter la partie de l'Abyssinie qui lui est soumise. Nous ne reviendrons pas sur l'intéressante description que M. Rochet d'Héricourt a donnée, à son premier voyage, du royaume de Ghoa, qui, grâce aux montagnes dont il est généralement formé , jouit, dans une contrée tro- picale, d'une température modérée. La constitution de ces montagnes est la même que celle que nous avons indiquée plus haut : le sol général est com- posé de granité, de porphyre, de syénites et déroches cristallines qui leur sont associés, tandis que des éruptions de basalte et de trachyte, qui se sont fait jour de distance en distance, ont superposé leurs cônes sur les terrains anciens; quelquefois ces cônes atteignent une assez grande hauteur, et em- brassent une vaste étendue, comme à Angobar et aux environs d'Angolola, » La montagne qui domine Angobar, capitale du Ghoa, et sur la pente de laquelle cette ville est bâtie, est, d'après le dessin donné par M. Rochet d'Héricourt, un vaste cône de soulèvement ; le trachyte en forme la masses et le basalte en recouvre les pentes. » Aux environs d'Angolola, la montagne de Petus offre une vallée de dé- chirements des mieux caractérisés. Sa profondeur est, d'après la mesure baro- métrique de M. Rochet d'Héricourt, de i i5^"^,8; elle coupe le plateau de Ghoa à la manière des fentes abruptes que l'on observe dans le Jura ou ( 8io ) dans les canses des Gévennes, dans lesquels quelquefois le passage d'une vallée de 200 à 3oo mètres de largeur exige deux heures de marche, par la sinuosité des chemins pratiqués sur leurs parois presque verticales. La vallée de Petusa successivement traversé le basalte et le trachyte, et s'est prolongée jusque dans le terrain de granité; dans quelques parties de son cours on remarque, à la séparation du granité et des roches de trachyte, un grès fer- rugineux rougeâtre, tantôt solide et à cassure luisante, tantôt friable. M. Ro- chet d'Héricourt a recueilli dans ce grès, des turquoises d'une dureté considé- rable, et qui ne le cèdent en Men, pour la couleur, aux turquoises de Nicha- bour en Perse. " Sur les deux parois de cette belle coupe, on voit se peindre des nappes de trachyte presque aussi régulières que les couches d'un terrain stratifié , dont la pente est, d'après les souvenirs de M. Rochet d'Héricourt, comprise entre ao à a5 degrés; la nappe la plus inférieure, complètement vitreuse , a quelque apparence avec de l'obsidienne, mais elle possède une disposition légèrement schisteuse qui l'en distingue; elle est en outre comme pailletée par un commencement de cristallisation, et elle contient quelques cristaux assez distincts de feldspath vitreux. >' Nous signalerons enfin dans le basalte qui forme la surface de la mon- tagne de Pelus, du péridot en quantité considérable. Dans l'échantillon rap- porté par M. Rochet d'Héricourt , le péridot est à la fois un peu rougeâtre et irisé par la décomposition. >' Cette courte description de la vallée de Petus s'appliquerait également aux vallées de déchirement du Cantal et du Mont-Dore, dans lesquelles on marche successivement sur le granité, le trachyte et le basalte, à mesure qu'on en gravit les pentes. L'Abyssinie fournit donc de nouveaux exemples du phénomène des cratères de soulèvement au milieu des terrains volcaniques. Partie botanique. ( M. DE JussiEU rapporteur.) >' La botanique était étrangère aux recherches scientifiques de M. Rochet d'Héricourt, dans son voyage en Abyssinie. Il s'est contenté d'y recueillir un petit nombre de plantes, celles qui lui ont paru les plus remarquables, dans le but de fournir quelques matériaux aux études d'un de nos confrères qu'in- téresse particulièrement la flore de cette partie de l'Afrique, et qui n'a cessé de s'en occuper activement depuis la grande expédition d'Egypte, dont il a fait partie, et rédigé la botanique avec un talent généralement reconnu. M. Delile a donc reçu de M. Rochet d'Héricourt la collection de ses plantes ; ( 8m ) il s'est empressé de les étudier, et en a dressé un catalogue , où sont consi- gnés les résultais de ses propres observations. Ce catalogue a été remis au Muséum d'Histoire naturelle de Paris , par le voyageur, avec un double de sa collection , qui a fait le sujet de notre examen , lequel s'est trouvé ainsi extrêmement facilité par les déterminations de notre confrère, si bien fami- liarisé, par ses travaux antérieurs, avec la connaissance des plantes de cette région. » On sait que la flore abyssinienne n'a été explorée en détail que récem- ment, par M. Ruppel, par M. Schimper, fixé encore en Abyssinie, où il a formé de riches herbiers, qui se distribuent en Europe, et par nos infor- tunés compatriotes, MM. Antoine Petit etQuartin-Dillon, dont les collections ont été rapportées à Paris après leur mort. On doit espérer que ce seront les matériaux d'un ouvrage complet sur la végétation de cette partie de l'Afrique tropicale. Là où moissonnaient ces botanistes chargés d'une mission spéciale , M. Rochet d'Héricourt n'a pu que glaner ; mais néanmoins son herbier, quoi- que composé seulement de soixante-dix espèces, présente un intérêt véri- table-, tant par le retard de la publication de ces autres voyages, que par un heureuxhasard,qui luia fait rencontrer quelques plantes échappéesaux autres. » Toutes ses plantes appartiennent aux Dicotylédonées, et se trouvent distribuées par familles de la manière suivante : Ck)nifères , i . Urticées, i. Cucurbitacées , 2. Phytolacinées, i. Amarantacées, i. Salvadorées , i . Capparidées, 4- Hypéricinées , 2. Balanitées, 2. Méliacées, i. Sterculiacées, i. Ampélidées, 2. Rhainnées, 2. Célastrinées, 2. Memecylées, i. Combretacées, i. Lythrariées, i. Rosacées, 2. Légumineuses, 5. Myrsinées, 3. Jasminées, i. Solanées, 5. Scrofularinées , i Acanthacées, i. Sel.iginées, i. Labiées , i . Cordiacées , i . Apocinées, 2. Asclépiadées, 2. Rubiacées, i. Composées, 6. puis quelques échantillons incomplets , qu'on aurait peine à déterminer. » Nous avons dit que, dans ce petit nombre de végétaux, il s'en trouve quelques-uns d'intéressants, tellement que M. Delile a pu, dans son cata- logue , non-seulement en désigner une douzaine comme des espèces nou- velles ( Capparis, i ; Zizjphus, i ; Erjthrina, i ; Jasminum, i ; Solanum, 3 ; Barleria^ i; Pavetta, i; Inula, i; Helichrjsum, 2); mais qu'il a cru y trouver deux genres nouveaux: l'un, qu'il a rapporté aux Apocinées, sous le ( 8i2 ) nom de Tephea; l'autre, qui appartient aux Méliacées, et qu'il a consacré à notre voyapeur sous le nom de Rochetia. Cette dernière plante n'est réel- lement autre que le Trichilia einetica, trouvé déjà autrefois par Forskael, en Arabie, et nous paraît devoir être conservée dans ce genre. Quant à la pre- mière, elle n'en constitue pas non plus un nouveau, mais appartient à 10- linia de Thunberg, auquel elle ajoutera une espèce intéressante, puisque celles qu'on connaissait jusqu'ici n'avaient été observées qu'au cap de Bonne- Espérance. Nous eussions voulu, en confirmant un genre Rochetia, pouvoir consacrer le souvenir du service rendu à la botanique par M. Rocbet d'Héri- court : puisque les plantes rapportées par lui ne peuvent nous le fournir, nous lui dédierons du moins cette curieuse espèce. Nous joignons (i) ici les carac- tères de cette plante, sur lesquels nous nous trouvons en désaccord avec M. Delile, et nous nous dispensons de détails sur toutes les autres plantes nouvelles, lui laissant le soin de les faire connaître, avec les noms qu'il leur a donnés, dans une publication que nous désirons prochaine. » La branche que nous avons rapportée aux Conifères ne porte malheu- reusement pas de fleurs ni de fruits; mais son feuillage est tout à fait celui d'un Podocarpus, genre dont les représentants sont épars en Amérique, à la Nouvelle-Zélande, dans les Indes orientales, mais n'avaient été encore ob- servés en Afrique que vers son extrémité australe. >i Parmi les plantes déjà bien connues, nous n'en signalerons que deux fort intéressantes par leurs propriétés : l'une, le Biajeraaiithelmintica. que M. Kunlh a fait connaître dès 1 8a4 , et qui , sous le nom de Kousso, est si re- nommée en Abyssinie pour la cure du ver solitaire, maladie endémique dans ce pays. Des expériences ont été faites à Paris sur l'emploi de ce médicament , avec les échantillons qu'a fournis M. Rociiet d'Héricourt, notamment par M. le docteur Sandras, professeur agrégé à la Faculté de Médecine et médecin de l'Hôtel-Dieu. Elles ont eu un plein succès, et il en résulte que la poudre de la fleur, administrée convenablement et à doses suffisantes, est plus facile à prendre et à supporter, moins dangereuse et surtout plus efficace que tous les autres moyens usités pour l'expulsion du ténia. Les effets ont été obtenus dans l'espace de quelques heures, après lesquelles les malades (i) Olinia Rochetiana, foliis lanceolatoobovatis , apice emarginato apiculatis, tenuibus, subtils pallidioribus reticuloque nervoruin discolori subtili notalis , breviter petiolatis petiolo juxta basim bislipulato, stipulis minutis glanduliformibus ; bracteis similibus, brevissimis j cymis terminalibus et ad summa folia axillaribus; calycis fauce squaniis lO biseriatis conni- ventibus clausa. ( 8i3 ) ont pu reprendre leur alimentation et leurs occupations ordinaires. Il est donc bien à désirer que ce nouveau médicament soit mis à la disposition de nos praticiens et introduit dans la pharmacie. » Ij 'antre plante est le Celastms edulis, ou vulgairement Tchài, dont les feuilles mâchées déterminent sur le système nerveux une excitation agréable qui la fait avidement rechercher tant des Abyssins que des Arabes de l'Yemen, qui ont empiunté aux premiers ce végétal dès le commencement du quin- zième siècle. » A chaque plante, M. Rochet d'Héricourt a joint une Note qui indique son nom vulgaire, ses usages et ses principaux caractères extérieurs, ainsi que le lieu où il l'a récoltée. La sagacité' avec laquelle, quoique étranger à la botanique, il a formé cette petite collection, doit nous faire regretter qu'elle ne soit pas plus considérable. . . >^ » Enfin M. Rochet d'Héricourt a remis à M. le Ministre du Commerce, qui les a transmis au Muséum, dix-sept petits sacs de graines étiquetés des noms qu'ils portent en Abyssinie, où les plantes qui les produisent sont usuelles et cultivées. Ce sont des espèces de légumineuses, de céréales, de cotonniers, etc. Il a espéré servir utilement son pays en y important la cul- ture de quelques-unes de ces plantes : on doit attendre les semis et leurs ré- sultats pour savoir si son espérance sera remplie en quelques points. La plu- part ont été recueillis sur les plateaux élevés dont le climat est tempéré, et par conséquent on peut penser que ces cultures ont quelque chance de réus- site dans les parties les plus chaudes de notre pays. ^ Partie zoologique. (M. Is. Geoffrot-Saint-Hilaire rapporteur.) » La zoologie doit à M. Rochet d'Héricourt une tête osseuse d'Hippopo- tame adulte, à laquelle son origine donne un intérêt particulier. Nos collec- tions possédaient, depuis 1820, un beau squelette d'hippopotame du Gap, rapporté par M. Delalande, et le même dont M. Cuvier a donné une belle description. Depuis, l'Hippopotame du SénégîJ nous a été connu par plu- sieurs envois faits au Muséum par les ordres de M. le Ministre de la Marine et par les soins de divers voyageurs; il est représenté aujourd'hui aux galeries d'Anatomie comparée par deux squelettes. L'étude comparative de ces précieux matériaux et de la tête d' Abyssinie rapportée par M. Rochet d'Héricourt, fournira enfin les moyens de résoudre la question, encore C. R., 1846, i»' Semewre. (T. XXll, NoaO) 107 ( 8i4 ) douteuse aujourd'hui, de l'unité ou de la pluralité spécifique des Hippopo- tames des diverses parties de l'Afrique. Conclusions. » La Commission propose à l'Académie de déclarer que les documents scientifiques recueillis par M. Rochet d'Héricourt, pendant son second voyage, ont beaucoup d'intérêt, et qu'il est très-désirable qu'on les publie le plus promptement possible. Nous lui demandons aussi d'émettre le vœu que l'intrépidité, l'ardeur, le zèle infatigable de M. Rochet; que la connais- sance qu'il a maintenant acquise du maniement des instruments d'astro- nomie, de magnétisme, de météorologie, puissent être mis à profil dans quelque expédition lointaine. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMEVA'nONS. Ij'Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination d'une Com- mission de neuf membres chargée de l'examen des pièces admises au con- cours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. MM. Serres, Roux, Lallemand, Andral, Duméril, Velpeau, Rayer, Ma- gendie , Milne Edwards réunissent la majorité des suffrages. ^ AIÉMOIRES LUS. ICHTHYOLOGIE. — Note sur la manière dont les Epinoches construisent leur nid et soignent leurs œufs; par M. Goste. ( Extrait.) (Commissaires, MM. Duméril, Flourens, Valenciennes.) « J'ai placé, au Collège de France, dans des bassins circulaires de a mè- tres environ de diamètre et de 33 centimètres de profondeur, où j'avais réuni toutes les conditions matérielles qui m'avaient paru propres au succès de mes expériences , un j^rand nombre d'Epinoches mâles et femelles pris au moment où la ponte allait s'accomplir. Peu de jours après leur transport dans cette nouvelle habitation, j'ai vu certains mâles choisir pour séjour permanent un point déterminé du fond du bassin et y déployer une remar- quable activité. Je me suis mis alors en observation pour découvrir quel pouvait être le but de toutes ces manoeuvres et de ce retour constant vers le même lieu. Je n'ai pas tardé à reconnaître que l'unique occupation de chacun d'eux consistait à recueiUir les matériaux d'une construction à l'organisation de laquelle il consacrait toutes les ressources de son industrie; et, en suivant avec une attention soutenue les rapides progrès de sa labo- (8i5) rieuse entreprise, j'ai assisté au plus curieux spectacle qu'il soit possible de contempler. " J'ai vu chacun des mâles qui se livrent à ce travail entasser, dans le lieu de son choix, des brins d'herbe de toute nature qu'il va souvent cher- cher fort loin, qu'il saisit avec sa bouche, et à l'aide desquels il commence à former une sorte de tapis. Mais comme les matériaux qui constituent cette première partie de son édifice pourraient être entraînés par les mouvements ou les oscillations de l'eau,, il a la prévoyance d'aller chercher du sable dont il remplit sa bouche et qu'il vient déposer sur le nid pour le con- traindre à rester en place. Puis, pour donner à tous ces éléments réunis une cohésion qui les tienne enchaînés les uns aux autres, il applique sur eux sa face ventrale, glisse lentement comme par une sorte de reptation vibra- toire, et les agglutine en essuyant sur eux le mucus qui suinte de sa peau. Il réjulte de là que les premiers matériaux assemblés forment une espèce de fondement ou de plancher solide sur lequel peut s'élever désormais le reste de l'édifice dont il poursuit l'exécution avec une persévérance et une agita- tion fébrile. Pour s'assurer si toutes les parties sont suffisamment unies, il agite avec une extrême rapidité ses nageoires pectorales, de manière à pro- duire des courants qu'il dirige contre le nid, et, s'il s'aperçoit que les brins d'herbe s'ébranlent, il les enfonce avec son museau, les tasse, les plane et les englue de nouveau. >' Quand les choses en sont venues à ce point, il choisit des matériaux plus solides; on le voit prendre tantôt des petits morceaux de bois, tantôt des pailles qu'il saisit toujours avec sa • bouche et qu'il vient ficher dans l'épaisseur ou placera la surface de sa première construction. Si, pendant qu'il fait ainsi effort pour les introduire, il trouve que la position qu'il leur donne ne remplit pas suffisamment le but , il les retire , les saisit par un autre point de leur longueur, les retourne, les pousse, les enfonce davan- tage jusqu'à ce qu'il juge qu'il en a fait le meilleur usage possible. Quelque- fois cependant, malgré tous ses soins, il y a des parties qui, à cause même de leur configuration, ne peuvent pas entrer dans le plan général de l'édi- fice. Alors il les retire, les emporte loin du nid, les abandonne et va en choisir d'autres pour. les remplacer. Il finit ainsi par se creuser un Ut solide dont il a toujours la précaution de lier les divers éléments au moyen de la matière visqueuse dont il les englue. » Lorsqu'il est ainsi parvenu à construire le plancher et les parois laté- rales de son édifice, il s'occupe alors d'en organiser la toiture; et, pour cela , il continue à y apporter des matériaux semblables à ceux dont il s'est servi 107.. (8i6) pour eu jeter les fondements. Mais, tout en poursuivant raccomplissement de son entreprise avec l'ardeur croissante de sa laborieuse activité, il tra- vaille toujours à en obtenir la consolidation, et, pour la lui donner, se livre sans relâche à la manœuvre fatigante de la reptation vibratoire, à l'aide de laquelle, comme nous l'avons déjà dit, il agglutine les divei-s éléments dont son nid se compose. Cependant, à mesure qu'il s'applique à consolider son établissement, il faut qu'il le dispose convenablement pour l'usage auquel il le destine. Aussi ne manque-t-il jamais de réserver une ouverture très-nettement et très-régulièrement circonscrite, par laquelle il plonge sou- vent sa tête et même une grande partie de son corps, afin d'en écarter les parois et de maintenir la cavité intérieure du nid assez dilatée pour que la femelle puisse s'y engager et y pondre les œufs dont il deviendra le courageux et infatigable protecteur. » Lorsque la construction du nid est assez avancée pour recevoir les œufs , le mâle s'élance, plein d'agitation, au milieu du groupe des femelles, pour y fixer l'attention de celle qui est disposée à pondre et lui offrir un asile pour sa progéniture. Celle-ci peut facilement le distinguer des mâles ordi- naires, car il porte maintenant la riche livrée des amours, et se pare des plus vives couleurs. Aussi, dès qu'elle le voit s'avancer, elle s'empresse, le re- cherche, glisse sur son dos, et, par une série de petits manèges coquets, d'agaceries réciproques, semble lui exprimer qu'elle est prête à le suivre. Alors le mâle, averti par les signes animés de ce mystérieux langage, se pré- cipite vers son nid comme pour lui en indiquer le chemin, plonge sa tête dans son ouverture béante, l'élargit -vivement pour lui en faciliter l'entrée, cède ensuite la place à la femelle qui , en y pénétrant , semble obéir à son invitation. Elle s'y engage tout entière, et ne laisse plus voir à l'extérieur que l'extrémité de sa queue, qui fait saillie à travers l'ouverture par laquelle elle s'est introduite; elle y reste pendant deux ou trois minutes, durant les- quelles ses mouvements convulsifs indiquent tous les efforts qu'elle fait pour pondre ses œufs; puis elle s'élance, pâle et décolorée, après avoir percé le nid de part en part; en sorte que ce nid, qui n'avait qu'une seule ouverture avant le passage de la femelle , en a deux après la ponte. >' Pendant que la femelle occupe le nid et y dépose ses œufs, le mâle, dont la coloration mobile, les mouvements animés, expriment l'agitation croissante, paraît en proie à une sorte de paroxysme, et semble vouloir hâter le moment où il pourra pénétrer à son tour. Il assiste la femelle, la frotte avec son museau comme pour l'encourager, et, dès qu'elle a accompli la douloureuse fonction de la ponte, il entre par la même voie qu'elle a (8i7) suivie, glisse sur les œufs en frétillant, et sort pi-esque aussitôt pour réparer les désordres de son établissement. Mais ce nid, dont la construction lui a coulé tant de fatigues, n'est pas seulement destiné à recevoir les œufs d'une seule ponte , il peut en contenir une bien plus grande quantité. Le mâle y attire donc successivement, et à diverses reprises, pendant plusieurs jours, ou la même femelle, ou toutes celles qui consentent à le suivre. Il consacre, en général, iine fécondation spéciale à la progéniture de chacune d'elles, et il en résulte que son nid finit par devenir un riche magasin où les œufs de chaque ponte [jarticulière sont agglomérés en masses distinctes, et où toutes ces masses entassées forment un bloc énorme. » Le mâle reste l'unique gardien de ce précieux dépôt, car non-seulement les femelles n'en prennent aucun soin, mais elles en deviennent les ennemies redoutables , font partie de ces coalitions nombreuses qui cherchent à l'en- vahir pour le livrer au pillage et satisfaire sur les œufs leur appétit féroce. C'est donc, pour lui, une rude et difficile tâche que celle de les défendre contre les tentatives répétées de ces pirates affamés ou gourmands , alors surtout que, pendant un mois tout entier, il sera obligé en même temps de fournir aux œufs qu'il protège toutes les conditions nécessaires pour en fa- voriser l'éclosion. Mais il n'y a pas d'obstacle qui puisse le détourner de son but ni affaiblir son courage. Il commence d'abord par fortifier son nid en le recouvrant de pierres dont le volume est quelquefois égal à la moitié de son corps, et qu'on ne le croirait pas capable de transporter si on ne le voyait à l'œuvre. Cependant il se réserve toujours une ou plusieurs ouvertures, qu'il dilate au besoin, à travers lesquelles il est souvent occupé à faire passer des courants par le rapide mouvement de ses nageoires pectorales. Ces courants ont probablement pour but d'empêcher que des byssus se forment sur les œufs et en arrêtent le développement, car ces œufs périssent tous dès qu'on les soustrait à cette influence salutaire. » Pendant qu'il est ainsi occupé à faire pondre les femelles, à soigner leurs œufs, à murer son nid pour mettre ces derniers à l'abri , il chasse rude- ment tous les Épinoches qui tentent de s'en approcher, les frappe avec son museau, les menace de ses aiguillons, et, tant que leur nombre ne s'élève pas au-dessus de quatre ou cinq, il réussit toujours aies repousser par la force; mais il y a des moments où l'ennemi devient si formidable, que toute résis- tance est inutile , et, quoique dans ces cas il ne lui soit plus permis de se dé- fendre, il ne renonce pas pour cela à l'espoir de conjurer l'orage. Il a alors recours à la ruse, s'éloigne de son nid en exagérant les mouvements saccadés auxquels il se livre, prend toutes les allures d'un poisson qui poursuit une ( 8i8 ) proie, et cherche ainsi à opérer une diversion. Ce stratagème lui réussit sou- vent, caries Épinoches , entraînés par l'espoir de lui ravir sa proie, se dis- persent sans consommer l'acte de spoliation qu'ils se préparaient à accom* plir contre les œufs qui étaient l'objet de leur convoitise. Mais cet artifice ne réussit pas toujours à préserver son nid du pillage ; j'ai vu des individus obligés de le recommencer cinq ou six fois de suite. » Lorsque, par les soins assidus de sa courageuse persévérance, il réussit à conserver son nid jusqu'aux approches de l'éclosion , on le voit redoubler de zèle, ôter des pierres pour le rendre plus perméable à l'eau, pratiquer de nouvelles ouvertures, les élargir, multiplier les courants, remuer les œufs, les amener tantôt à la surface, tantôt au fond, et leur fournir ainsi, en va- riant leur position , les conditions qui conviennent à cette période de leur développement. Enfin, quand les petits sont éclos, il continue encore à les garder dans son nid , et ne leur donne la liberté que lorsqu'ils sont devenus assez agiles pour suffire aux besoins de leur propre conservation. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMtE ET ORGANOGÉNiE VÉGÉTALES. — Mémoire sur l'organogénie et l'analomie du Trapa natans; par M. F. -M. Barnéoud. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Adolphe Brongniarl , Gaudichaud.) " Organes de la végétation. — Beaucoup de savants botanistes ont fait connaître la germination du Trapa natans dont une des particularités est la tendance verticale de la radicule qui s'élève au milieu du liquide. J'ai observé que ce phénomène est constant quelle que soit la position de la noix mise à germer dans le vase. La radicule, en s'allongeant, est bientôt suivie par la tigelle de l'embryon, par le petit cotylédon et par le pétiole du grand cotylédon farineux. Celui-ci reste toute sa vie dans l'intérieur de la noix où il est placé comme un réservoir de nourriture. Les deux bourgeons delà plumule, l'un central, et l'autre axile à la base du pétiole du grand cotylédon, constituent, en se développant, deux tiges simples qui tendent vers la surface de l'eau et vers la lumière. La radicule se dévie alors dans le sens de la ligne horizontale. A l'aisselle même du petit cotylédon il se forme ensuite un nouveau bourgeon qui, à son tour, devient aussi une tige simple, et successivement, à côté de celle-ci, il croît un quatrième et un cinquième bourgeon , de telle sorte que l'on observe bientôt, dans la dépression même (8.9) située entre le pétiole et le petit cotylédon, cinq tiges simples qui toutes de- viendront libres et flottantes dans le liquide. » Il y a deux espèces de racines dans le Trapa natans: i" les radicelles primitives, et toujours simples, qui naissent en quantité tout le long de la tigelle de l'embryon très-avancé en germination. Elles enfoncent leur extré- mité dans la vase, et la plus grande portion de leur longueur, qui reste à nu au milieu de l'eau, est colorée en vert par la lumière; 2° les racines mul- tiples , divisées en filaments simples , et qui naissent sur tous les points de la surface du corps central de la racine. Je les nomme adventives Jlottantes , parce qu'elles sont insérées constamment de chaque côté de la base des feuilles, et qu'elles ne touchent jamais le sol. Tous les auteurs les ont, bien à tort, qualifiées de feuilles transformées (yo//a submersa capillacea). » Dans tous ces organes le tissu est Irès-compactc , et il n'y a jamais de lacunes. Leur système vasculaire, qui communi(|ue toujours directement avec celui de la tige , n'offre que des vaisseaux annelés. » La tige adulte, deo™,oi5 de diamètre environ, présente sur sa coupe transversale, au moyen des diverses formes de cellules, les analogues de l'enveloppe herbacée, du liber et des couches ligneuses. Il n'y a aucune trace de rayons médullaires. La moelle est considérable et toute remplie de la- cunes. Elle est circonscrite par un vaste étui médullaire que composent de nombreux vaisseaux, les seuls qu'on trouve dans la tige : ce sont des vais- seaux annelés d'un calibre énorme. Les poches lacuneuses sont remplies d'air ainsi que dans les pétioles et dans les feuilles. L'anatomie de ces dernières est assez conforme à ce qu'on sait.sur l'organisation des plantes aquatiques ; seu- lementla face supérieure des feuilles flottantes n'a que très-peu de stomates. Les folioles primitives et opposées des tiges croissantes naissent et meurent entièrement sous l'eau ; cependant elles ont des vaisseaux annelés très-visibles : c'est ici une exception intéressante à la règle générale qui considère les feuilles submergées comme purement cellulaires. i> Organes de la reproduction. — Quand la fleur commence à poindre à la base des bractées, on remarque une petite cupule dont le bord ondulé présente quatre dents arrondies et parfaitement symétriques : c'est la première ébauche du calice. Ensuite, on voit naître successivement, et d'ime façon très-régulière, la corolle, les étamines, l'ovaire, les ovules, le disque, le style et le stigmate. » L'ovaire très-jeune est composé de deux carpelles qui naissent unis à la base, mais qui sont libres, dans le principe, aux deux tiers de leur longueur ; sa soudure au tube du calice a lieu presque dès l'origine, soit à l'aide du ( 820 ) disque ou bien du tissu cellulaire interposé. U ya des familles où j'ai observé que l'ovaire est soudé immédiatement , à l'époque de sa naissance , à la paroi calicinale, par exemple dans les Gaprifoliacées (Lonicerd), les Orchidées {Orchis-Ophrjs), les Haloragées (flippuris-Callitric/ie). n Dans les organes de la végétation , nous n'avons rencontré aucune trace de véritables trachées : c'est, du reste, le cas général des plantes aquatiques. Mais ce qui est assez remarquable, c'est que tous les organes de la reproduc- tion sont à leur tour entièrement dépourvus de vraies trachées déroulables ; partout on n'y observe que des vaisseaux annelés d'un petit diamètre, se bri- sant en anneaux distincts, et se déroulant très-rarement , toujours d'une ma- nière fort inégale. La consistance roide et assez dure du calice et de l'ovaire âgés est due simplement à la présence de nombreux vaisseaux fibreux très- serrés les uns contre les autres. » Les grains de pollen se forment trois par trois dans les cellules mères : à l'état sec, ils sont elliptiques; plongés dans l'eau, ils deviennent subitement trigones, et leur membrane interne fait hernie par trois boyaux, comme dans les Œnothérées et les Plumbaginées. >) Avant la fécondation, l'ovaire présente deux loges, et une ovule insé- rée dans chacune d'elles vers la partie supérieure de la cloison. Ces deux ovules, composées d'un nucelle, d'une primine et d'une secondine, subissent un véritable mouvement anatrope par suite du grand développement du fu- nicule. Us sont égaux jusqu'à l'époque de l'émission du pollen. Après , celui d'entre eux qui est fécondé croît avec tant de vigueur, qu'il brise la cloison dont il refoule les débris, ainsi que l'ovule voisine, dans un coin de la loge, et qu'il envahit la capacité entière de l'ovaire. Pour l'embryon , il se passe uu fait assez analogue au précédent. A son premier état, c'est une petite masse globuleuse fixée à un long cordon suspenseur. Bientôt , au sommet de cette masse se dessinent deux mamelons arrondis et fort courts : ce sont les deux cotylédons à peine ébauchés. A cette époque seulement ils sont très-égaux ; mais cette égalité disparaît rapidement, et, au bout de peu de jours, l'un des cotylédons s'allonge beaucoup et tend à occuper à lui tout seul la cavité formée par la base très-élargie du nucelle, tandis que l'autre cotylédon, fortement gêné, et pour ainsi dire étranglé dans le col étroit du nucelle, y languit et éprouve un véritable arrêt définitif de développement. » Le tissu rempli de grains amylacés du gros cotylédon se développe comme un véritable périsperme dont il doit jouer exactement le même rôle. » f 821) ICHTHYOLOGIE. — Recherches sur un organe particulier qui se trouve sur les poissons du genre des Raies (Raia Guv.); par M. Ch. Robin. Premier Mémoire. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes, Rayer.) « FiCS seuls poissons sur lesquels on ait jusqu'à présent décrit avec soin un appareil électrique, sont la Torpille, le Silure et le Gymnote. Cependant les Raies possèdent aussi un appareil électrique qui n'a encore été mentionné par personne. La structure de cet organe est tellement analogue à celle de Tappareil des autres poissons électriques, qu'on ne peut s'empêcher de le considérer comme doué des mêmes fonctions. Jusqu'à présent il m'a été im- possible de me rendre sur les côtes de la mer pour les constater, j'espère pourtant pouvoir le faire avant peu. " Cet appareil électrique des Raies est situé sur les côtés de la queue de ces poissons, qui est aussi longue que leur corps. Il en occupe à peu près toute l'étendue, et les deux organes réunis forment au moins le tiers du vo- lume de cet appendice. Leur longueur est de 3o à 4o centimètres, et ils ont à peu près la grosseur du doigt. Ce qui constitue essentiellement cet appa- reil, ce sont des disques empilés et adhérents par leurs plus Lirges faces; lis forment ainsi des séries dirigées dans le sens longitudinal de l'organe. >• Chaque disque est formé d'une substance gélatiniforme , semblable à celle qui constitue les disques de l'appareil de la Torpille, du Gymnote, du Silure, etc. Cette substance est demi-transparente, élastique; .s^ns structure spéciale au microscope, qui fait voir qu'elle est homogène, amorphe, et seulement parsemée de granules moléculaires, isolés ou réunis en petites sphères régulièies qui ont o"",oo5 de diamètre. " Voilà pour les disques qui constituent l'appareil et pour leur substance qui a l'aspect d'une gelée, demi-solide, comme celle de tous les organes électriques déjà connus. " A ce tissu spécial et essentiel, s'ajoutent des tissus accessoires; ce sont des vaisseaux, des nerfs, etc., du tissu cellulaire. " IjC tissu cellulaire forme des cloisons qui limitent et entourent de toutes parts les disques polygonaux de l'organe ; c'est lui qui les sépare les uns des autres. C'est dans ces cloisons que rampent les vaisseaux qui nourrissent les disques et les nerfs qui les animent au moment de leur action. Cette dispo- sition du tissu cellulaire est la même que celle qui existe dans les appareils du Gymnote, du Silure et de la Torpille. >' liCS nerfs sont nombreux et fournissent des points de comparaison en- C. E., 1846, I" Semestre. (T. XXII, K" ÎÎO.) • 08 ( 822 ) core plus curieux. Ils ne partent pas de la moelle allongée, par l'iotermé- (liaire de la huitième et de la cinquième paire des nerfs crâniens, comme dans la Torpille et le Silure ; mais de la moelle épinière se prolongeant dans la queue, comme chez le Gymnote, le plus puissant des poissons électriques. >i La terminaison des nerfs de ces appareils n'a encore été décrite que sur la Torpille, par Savi, en i844j je l^i exposée avec plus de soin encore et je suis arrivé aux mêmes résultats que cet anatomiste. J'ai trouvé, comme lui, que les tubes nerveux élémentaires ne se terminent pas en anses, mais se bifurquent plusieurs fois et se terminent en s'anastomosant en réseaux, fait important pour la physiologie générale. Comme dans la Torpille aussi, ce réseau ne'rveux terminal fait partie de la cloison, reste mêlé aux fibres de son tissu , et appliqué contre la face antérieure de chaque disque , sans ja- mais s'enfoncer dans sa substance. Ainsi, dans la Raie, poisson si ressemblant à la Torpille , que Linné les plaçait dans un même genre, l'appareil tire ses nerfs d'une autre portion des centres nerveux; mais le mode de terminaison de ces nerfs est le même. » L'étude des vaisseaux nourriciers des appareils électriques des autres poissons a été très-négligée ; j'ai suivi ces organes avec le même soin que j'ai mis à l'étude des nerfs. fiCs artères viennent de l'artère caudale, les veines vont au tronc veineux correspondant. Après s'être ramifiés et anastomosés un grand nombre de fois dans l'épaisseur des cloisons qui séparent les disques , ils fournissent des capillaires à leur substance. C'est toujours par leur face postérieure, par celle qui ne reçoit pas les nerfs, que s'enfoncent les vaisseaux; et , à cet effet, cette face, au lieu d'être lisse , est creusée d'ex- cavations nombreuses, dans lesquelles pénètrent des anses et des houppes de capillaires tlexueux. Ces excavations donnent à cette face des disques un aspect spongieux remarquable qui tranche avec l'aspect lisse de la face an- térieure. » Tout rapproche cet organe des appareils électriques, tant son aspect général que les détails les plus minutieux de sa structure; tout, au contraire, le sépare des appareils glandulaires , car il en diffère complètement quant à sa structure intime et il n'a pas de conduit excréteur. » La Torpille, dont l'appareil électrique est situé sur les côtés de la tête, n'a dans sa queue aucun autre organe que des muscles et des nerfs; aussi la forme de cet appendice est bien différente de celui des Raies. Plusieurs pois- sons se rapprochent des Raies par l'ensemble de leur organisation , et n'en diffèrent que par la forme de leur queue et surtout par la forme de la na- geoire caudale; j'ai pu ra'assurer aussi que ces poissons ne possèdent pas l'appareil que je viens de décrire. « ( 823 ) CHIMIE. — Recherches sur la chaleur dégagée pendant les combinaisons chimiques; par MM. P.-A. Favre et J.-F. Silbermann. Sixième partie. (Extrait.) ( Commission précédemment nommée.) Combustion des soufres. « Les recherches que nous avons entreprises sur la combustion des sou- fres présentaient quelques difficultés; elles sont décrites dans notre Mémoire, ainsi que les moyens propres à éviter les erreurs auxquelles elles pourraient conduire. » La combustion des soufres devait présenter beaucoup d'intérêt. Ces corps ne diffèrent, en effet, que par leur forme cristalline, certaines pro- priétés physiques, le poids de leurs molécules; ils peuvent se transformer les uns dans'Ies autres. Il était curieux d'étudier le soufre du sulfure de carbone, de l'hydrogène sulfuré , etc. , et d'établir, à ce point de vue, des rapproche- ments avec le charbon; mais, pour faire une pareille étude, il fallait pos- séder des premières données incontestables. Chiffre des combustions. SOUFRE cristallisé à chaud en iSig. 2211,8 Moy. 2216,8 mou de trois mois. 22o3,8 2223 ,9 Moy. 22i3,8 cristallisé du sulfure de carbone. 2226,7 2224,9 Moy. 2225,8 du poly sulfure d'hydro- gèno. ' 2229,5 natif de Sicile. Tr.-beani cristasi. 22o8,0 Autre bel échaotill. 9233,8 (*) Moyenne. 2220,9 cristallisé à chaud. 2258,6 2269,2 Moy. 2263,9 2253,2 2262 0 Moy. 2257,6 (*) Voir les remarques sur Paugmentation du chiffre.. 2249,0 2274 ,6 2337,1 I) Les cinq premiers soufres ont donc sensiblement le même chiffre, et si le soufre naturel s'en écarte de plus en plus en partant de la première expé- rience , nous trouvons dans ce fait une preuve de la bonté de notre appareil. Ces soufres étaient de moins en moins purs, et mêlés de produits combusti- bles , hydrogènes plus ou moins carbures ; la flamme , constamment d'un blett 108.. ( 8^4 ) très-pur pendant toute la durée de la combustion d'un soufre pur, donnait des étincelles violettes et rouges de plus en plus fréquentes, surtout en appro- chant de la fin de lopératiou, à mesure que ce corps était plus souillé. Le dernier soufre surtout a donné à la fin , pendant un temps assez long et sans intermittence, une flamme rouge; l'ascension du thermomètre était alors sensiblement plus rapide, malgré la moindre étendue de la surface en igni- tion. Des traces d'hydrogène peuvent facilement être indiquées dans notre appareil, si l'on songe que yu^ô ^^ ^^ corps ajoute 34 calories aux aaao, nombre normal. » Le soufre cristallisé à chaud donne un chiffre de 4o calories plus élevé. 11 Mais, chose remarquable, c'est de voir le soufre mou donner le même chiffre que le précédent. Il est donc évident que , puisqu'il se transforme avec dégagement de chaleur, il passe immédiatement à l'état cristallin du soufre naturel. Combustion du sulfure de carbone.. 3424 >6 3376,3 Moyenne... 34oo,4 11 IjBS éléments brûlant librement donneraient 3 1 45,3. Les éléments combinés donnent donc en plus 255, 1 calories. >i La quantité de chaleur dégagée pendant l'oxydation du charbon nous donne lieu de penser que la chaleur dégagée pendant sa sulfuraiion est en- core assez élevée, et cependant, malgré cette quantité à restituer aux élé- ments du sulfure de carbone, le chiffre de sa combustion dépasse celui de la combustion de ses éléments de aSS calories. Si, d'autre part, on se rappelle nos expériences sur le gaz défiant, on ne s'étonnera pas si nous sommes conduits plus que jamais à admettre des doublements et des dédoublements amenant de grandes modifications dans la constitution de certains corps simples, non-seulement lorsqu'ils s'engagent dans des combinaisons, mais encore lorsqu'ils ne sont sollicités par aucun corps à éléments moléculaires différents. Cette croyance est encore justifiée par la combustion du cyano- gène et par des recherches sur la décomposition des composés oxygénés de l'azote , dont nous livrerons prochainement les résultats à l'Académie. Nous avons déjà énoncé cette croyance dans les Mémoires que nous avons déjà publiés Nous avons montré que ces dédoublements font de certaines com- binaisons, de véritables substitutions, comme dans la formation de l'acide chlorhytirique oar exemple. En effet , l'hydrogène et le chlore peuvent ( 8a5 ) être considérés comme de véritables combinaisons Cl* = i vol., H' = i vol., et, la combinaison effectuée, l'acide chlorhydrique peut être représenté par a (Cl H) = 2 vol. Ces prévisions établissent ainsi deux manières de se comporter du chlore dans son action sur les inatières organiques par simple addition de Cl" ou par le remplacement de H* par Cl H, Cl* réagissant, de- venant lui-même Cl H. Le fait du dédoublement de l'oxygène, par exemple, explique l'action remarquable de ce corps à l'état naissant , quand on le dégage d'une combinaison à un état de division moléculaire moitié plus faible; il doit, à cet état, avoir des actions plus énergiques, ou, en reprenant son état de plus grande condensation avec dégagement de chaleur considé- rable , déterminer des phénomènes énergiques. )' Cette division ou ces groupements des molécules des corps simples, et les réactions entre ces fractions ou ces multiples, doivent modifier le chiffre des équivalents dans les réactions chimiques; et, pour citer un exemple, depuis les monosulfures jusqu'aux bi- , tri-, etc., sulfures, on peut bien n'avoir qu'une combinaison d'un corps dont l'équivalent reste invariable avec des équivalents de soufre de plus en pFus élevés, et non avec des équivalents de plus en plus nombreux. » Ce que nous disons, du reste, n'est nullement nouveau. Il y a déjà bien des années que M. Dumas avait annoncé la bissection de l'hydrogène et du chlore, et le phénomène de substitution dans Fa formation de l'acide chlorhy- drique; que lui et beaucoup d'autres avaient prouvé que les équivalents des composés organiques pouvaient se doubler et se dédoubler, et réagir avec un équivalent plus fort ou plus faible. La décomposition de l'acétate d'argent avec formation d'acide acétique, la formation de l'acétone, la décomposition du chlorate de potasse, les acides du cyanogène, etc , etc., ne sont pas des faits nouveaux. » Les équivalents sont donc variables par doublement ou dédoublement pour les corps composés. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour les corps simples? » PHYSIQUE. — Recherches sur te rayonnement de la chaleur. Détermination des pouvoirs émissifs ; par MM. F. de la Provostaye et Paul Desaiivs. - (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Regnault.) fiCS auteurs commencent par rappeler les recherches déjà faites sur ce sujet par Leslie , par M. Melloni et par MM. Dulong et Petit. f'■ Enfin, malgré toutes les précautions que nous venons d'indiquer, on commettrait les erreurs les plus graves si , dans le cas où la source rayon- nante est métallique , on ne prenait soin de noircir la face du dernier écran qui est tourné vers elle. Sans cette attention, en effet, une partie considé- rable de la chaleur émise se réfléchit sur cet écran, régulièrement ou irrégu- lièrement , et retourne vers la pile après une seconde réflexion sur la source. C H., |8'46, i"Semesl,e. (T. XXII, K" 20 ) '^9 >' :_ . ( 83o ) L'expérience nous a prouvé que la suppression de cette cause d echauffe- ment , étrangère à celle qu'on veut estimer, n'altère pas sensiblement les dé- viations observées quand la face rayonnante est noircie , et peut réduire à près de moitié celles que donnerait la face métallique si l'on n'y avait pas égard. " Deuxième méthode. — Nous avons cherché à vérifier les résultats trou - vés parla méthode que nous venons d'exposer, en employant un autre pro- cédé. Voici en quoi il consiste : « On cherche, par expérience, dans quelle proportion se trouve accrue la déviation du rhéomètre lorsque, toutes circonstances d'aillem-s égales, on substitue à une petite ouverture de l'écran une ouverture d'un diamètre n fois plus grand. Cette proportion étant connue et égale à «», si l'on s'arrange de manière que la déviation observée, lorsque la face noircie rayonne à travers la petite ouverture, soit, par exemple, égale à d, elle serait d'X m si au même instant on employait la grande ouverture. La comparaison de cette déviation calculée, avec celle que l'on obtient directement par le rayonne- ment de la face argentée , donne le rapport des pouvoirs émissifs. » On a reconnu , par une moyenne de plusieurs observations très-concor- dantes, que la substitution d'une des ouvertures de l'écran à l'autre faisait varier la déviation dans le rapport de i à 7,3. En faisant rayonner, à io3 de- grés, la face noircie à travers la plus petite des ouvertures, on a observé une impulsion égale à 30,7. Elle eût donc été de 3o,7 x 7,3 = aa/j si l'on eût opéré avec la grande ouverture. Or, en présentant la face argentée à cette dernière, la déviation a été de 6,6; ce qui donne, pour rapport des pouvoirs émissifs, -^ = ô/O- On a aussi déterminé par ce procédé le rap- port des pouvoirs émissifs de l'argent et du verre, et l'on a trouvé -^ — > ce qui donne ^— j pour le rapport de l'argent au noir de fumée. » Les deux méthodes différentes que nous venons de faire connaître conduisent donc aux mêmes résultats. Elles supposent l'une et l'autre la pro- portionnalité entre les déviations de l'appareil thermo-électrique et les quan- (*)L'argent en feuilles qui recouvrait le cylindre avait, avantcette expérience, éprouvé une altération très-sensible. En déterminant son pouvoir émissif dans cet état par la première méthode, nous sommes retombés sur „. _• 34,5 ( 83, ) tités de chaleur émises par la source rayonnante. Dans la seconde partie de cette communication nous discuterons ce point, ainsi que les conséquences très-graves qu'on peut déduire de nos déterminations relativement aux lois du refroidissement. » PHYSIOLOGIE. — Nouvelles recherches sur la composition du sang dans Vétat de santé et dans Vétat de maladie; par MM. A. Becquerel et A. RoDiER. (Extrait par les auteurs.) (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) '< L'accueil bienveillant que l'Académie a fait à nos premiers travaux sur la composition du sang dans l'état de santé et dans l'état de maladie nous faisait un devoir de poursuivre nos recherches. Les expériences nombreuses que nous avons faites depuis deux ans dans l'intention de confirmer, de coni' pléter, ou d'étendre les conséquences auxquelles nous étions arrivés, nous ont conduits à des résultats que nous regardons, peut-être à tort, comme assez intéressants pour être offerts à l'Académie. C'est le résumé de ces expé- riences dont nous présentons l'analyse. " L'exposé de ce travail est divisé en trois parties. Dans la première, il est question de résultats purement physiques ou chimiques , relatifs à quelques propriétés particulières du sang abandonné à lui-même ou soumis à certaines influences. La connaissance, et l'étude que nous avons faite de ces propriétés, pourra expliquer peut-être certaines difficultés qui se rencontrent dans l'ana- lyse du sang, et rendre compte des différences qui existent assez souvent entre les résultats fournis par les divers expérimentateurs qui se sont oc- cupés de ce liquide. Dans la seconde partie, il sera question de quelques résultats généraux obtenus dans l'analyse du sang, quelle que soit la ma- ladie pour laquelle l'émission sanguine ait été pratiquée. La troisième par- tie, la plus considérable, comprend l'histoire du sérum du sang comparé à lui-même dans toutes les maladies, et abstraction faite des globules et de la fibrine qu'il contenait, et que la coagulation spontanée en a séparés. Nous avons cependant fait aussi un nombre assez grand d'analyses complètes du sang, et, sans en faire de section à part, nous les exposerons avec les détails convenables lorsqu'il sera question de la maladie à laquelle ils se rattachent. L'affection des reins à laquelle on a donné le nom de maladie de Bright, les maladies de la moelle, les maladies puerpérales, sont surtout les états mor- bides qui ont attiré notre attention à l'égard de ces analyses complètes. liCs 109.. ( 832 ) analyses du sang ou du sérum seul de ce liquide qui ont servi de base à ce travail , sont au nombre de près de trois cents. » Nous devons, avant d'entrer en matière, adresser des remercîments bien sincères à un savant membre de l'Institut, M. Rayer, et à M. le professeur Cruveilhier qui, dans leur zèle pour la science et dans leur obligeance, ont puissamment contribué à l'accomplissement de nos travaux, en nous per- mettant de recueillir, comme nous l'entendions, un grand nombre des sai- gnées qu'ils prescrivaient dans leurs salles ou à la consultation de l'hôpital de la Charité. Nous avons toutefois besoin d'ajouter, pour ce travail comme pour le précédent , que jamais une saignée n'a été pratiquée dans le but de favoriser nos travaux. Toutes celles qui ont été prescrites ne l'étant que parce que l'état du malade le commandait , il a fallu nous borner à profiter des cir- constances sans les faire naître. » Les conclusions auxquelles conduisent les expériences qui font l'objet de noire nouveau travail peuvent se résumer dans les propositions suivantes : » 1°. Les matières albumineuses de diverses espèces contenues dans le sang sont douées d'une puissante affinité pour l'eau ; il en résulte, lorsqu'on veut les dessécher complètement, que ces matières ne laissent échapper qu'avec une grande peine les dernières quantités d'eau qu'elles renferment. lien résulte aussi qu'une fois qu'elles en ont été privées, elles commencent presque immé- diatement à absorber dans l'atmosphère une certaine quantité d'eau qu'il est certainement aussi difficile d'expulser que celle qui en faisait primitivement partie constituante. L'intervention de cette eau, si Tonne prend les précautions les plus minutieuses pour l'expulser complètement, peut troubler, d'une ma- nière souvent assez considérable, les résultats des calculs. » 2°. Le sang, dès qu'il est sorti de la veine et abandonné à l'air libre, est soumis à une évaporation aqueuse incessante, évaporation qui est en raison directe de l'étendue de la surface évaporatrice , de la température et du degré d'humidité de l'atmosphère. Cette évaporation, s'exerçant d'une manière constante, diminue la quantité d'eau et concentre, par conséquent, les par- ties solides ; il en résulte des différences assez notables dans les nombres ob- tenus. C'est en maintenant le sang dans un vase hermétiquement fermé que celte cause d'erreur peut seule être évitée. » 3°. La quantité du sérum du sang, déterminée avec les précautions in- diquées par la physique, est en général, et en moyenne, en rapport avec la quantité de matières solides que ce liquide tient en dissolution. Cet équilibre peut cependant être rompu. Ainsi , la densité est plus forte quand il y a peu ♦ ( 833 ) d albumint- proprement dite et beaucoup de matières extractives et de sels libres ; elle est plus faible, au contraire, quand il y a excès d'albumine, et , ce qui est plus rare, excès de matières grasses et peu de matières extractives et de sels libres. » 4"- I^e sérum du sang , quelle que soit , du reste, sa composition , étant mé- langé, chez les divers individus, à des proportions variables de globules, il en résulte que, dans les analyses complètes du sang, les nombres qui repré- sentent les matériaux solides du sérum n'ont pas une valeur absolue , et qu'il n'y a de comparable que le rapport de l'eau à ces mêmes nombres. Pour avoir . une idée de la composition du sérum à l'état de santé et à l'état de maladie, il s'agit donc d'étudier à part ce liquide dans toutes les maladies , et de l'ana- lyser après que la coagulation spontanée aura isolé les globules de la fibrine. Cette vue, qui a servi de point de départ à la plupart des expériences et des recherches consignées dans ce travail , a été signalée, pour la première fois, il y a plus de vingt ans, par MM. Dumas et Prévost. Ces deux habiles expé- rimentateurs ont donné le précepte, et l'ont exécuté dans toutes leurs ana- lyses , de toujours considérer à part, d'un côté, la composition du sérum , et, de l'autre, l'analyse complète du sang, tous deux dans un tableau isolé rap- porté à looo.. C'est ainsi, dans ces dernières recherches, que nous avons tou- jours agi dans la conviction que ce n'est qu'en comparant ce liquide à lui- même, à l'état sain et dans toutes les maladies, et en faisant abstraction des globules et de la fibrine réunis par la coagulation spontanée , puis isolés , que l'on pourra déterminer d'une manière exacte les modifications de l'albu- mine et des autres parties en dissolution. » 5°. r.orsqu'une émission sanguine un peu notable (4 à 5oo grammes) est pratiquée, et que l'écoulement n'est pas trop rapide, les différentes parties de cette saignée n'ont pas une composition identique; les dernières sont plus aqueuses, et, partant, moins riches en parties solides. Cet appauvrisse- ment est continu et a probablement lieu depuis les premières parties tirées jusqu'aux dernières; il faut toutefois, pour l'apprécier, opérer sur une cer- taine quantité, T^a division par loo grammes, que nous avons adoptée, est plutôt destinée à en donner une idée qu'à la mesurer d'une manière définitive et absolue. » 6". Les saignées antérieures exercent sur la composition du sérum du sang une influence sensible; il devient plus aqueux, moins dense et moins riche en parties solides. La quantité de sang soustraite , la répétition et le nombre des saignées, influent nécessairement sur cet appauvrissement. ( 834 ) qu'elles rendent plus ou moins fort. La diète et les progrès de la maladie viennent joindre leur influence à celle des saignées antérieures, et contribuer à diminuer la proportion des parties solides. L'appauvrissement du sang porte surtout sur l'albumine proprement dite, tandis que la somme des matières extractives , sels libres et matières grasses , varie peu. L'albumine pure est l'élément du sérum qui semble se réparer avec le plus de difficulté : ainsi , lorsqu'un individu, qui a été saigné une ou plusieurs fois, entre en conva- lesceuce, mange, et que, conséquemment, les parties solides du sérum aug- mentent de plus en plus, si une nouvelle saignée est pratiquée, pour une com- plication par exemple , on trouve que l'albumine a moins augmenté que les autres éléments. » -]". On peut admettre les résultats suivants comme expression de l'état physiologique : looo grammes de sérum contiennent en moyenne 90 parties solides. Sur ces 90 l'albumine est représentée par 80 , les matières extractives et les sels libres par 8 , les matières grasses par 2. Les limites de cet état physiologique sont 86 et gS, ou, beaucoup plus souvent, 88 et 92. La den- sité moyenne de ce liquide peut être représentée par 1027,5, et ses limites physiologiques par 1028,5 et 1026,5. Les chiffres les plus élevés de l'état physiologique se trouvent chez des individus forts, bien portants, bien con- stitués et se nourrissant bien. Les chiffres les plus faibles se trouvent dans les circonstances opposées. L'influence de l'âge, du sexe, du tempérament, ne saurait être déterminée dans l'état actuel de la science. » 8". La densité du sérum, les proportions des parties solides qu'il ren- ferme, restent dans les limites physiologiques dans les circonstances suivantes : la pléthore; les affections légères ou les maladies chroniques exerçant peu d influence sur l'état général , et dans lesquelles on continue de prendre des aliments; la chlorose; le commencement de la grossesse; le début de quel- ques maladies aiguës, etc. Dans ces divers cas, les chiffres sont plutôt compris dans les limites inférieures de l'état physiologique. » 9°. Les parties solides du sérum, et surtout l'albumine soluble, subissent une diminution très-sensible sous l'influence d'un certain nombre de condi- tions qui, toutes, n'agissent pas de la "même manière ni avec la même in- tensité. Ainsi l'appauvrissement est peu considérable sous l'influence de la diète, des saignées antérieures , des phlegmasies légères. Elle est plus forte dans les maladies graves, surtout si elles se prolongent; dans les phlegmasies graves et les fièvres typhoïdes en particulier; les anémies symptômatiques , la fin des maladies chroniques, la fin de la grossesse, etc. Elle est très-forte enfin dans la maladie de Bright, l'éclampsie et la fièvre puerpérale , et cer- ( 835 ) taines maladies du cœur avec hydropisie. Il est presque inutile d'ajouter que la diminution de densité du sérum accompagne son appauvrissement. » lo". L'augmentation de proportion des matières solides du sérum, et en particulier de l'albumine, est un fait rare. On le trouve dans quelques cas trop isolés et trop disséminés pour qu'on puisse rien établir de général à cet égard. On l'observe à peu près constamment, cependant, dans les ma- ladies de la moelle. » 11°. L'analyse complète du sang, dans un certain nombre de cas de maladies de la moelle , avec paraplégie , a conduit aux résultats suivants : diminution , souvent très-considérable , du nombre des globules , sans qu'il se produise les bruits artériels que l'on constate presque toujours en pareil cas; augmentation sensible des parties solides du sérum. » CHIMIE. — Mémoire sur un nouveau mode de dosage du plomb par voie humide; par M. Flores Domonté. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze. ) « Après plusieurs tentatives pour doser le plomb , je me suis définitive- ment arrêté au procédé suivant , qui est à la fois simple, rapide et exact. Il suffit, en effet, de dissoudre le plomb dans un acide, de traiter la liqueur par un excès de potasse, et d'en précipiter le métal, à l'état de sulfure, par une liqueur titrée de sulfure sodique. Comme on le voit, ce procédé est l'a- nalogue de celui de M. Pelouze, qui dose le cuivre en le précipitant par le sulfure sôdique de sa dissolution ammoniacale. J'insiste sur cette circonstance, et parce qu'elle paraîtra tout d'abord une garantie de l'exactitude du pro- cédé, et parce que je trouve important de limiter le plus possible le nombre des réactifs. Je vais indiquer les différentes phases de l'opération. Préparation de la liqueur d'épreuve de sulflire de sodium. n M. Pelouze prépare sa liqueur cuprométrique en dissolvant le sulfure de sodium dans une quantité d'eau telle, que 3o centimètres cubes environ de cette liqueur précipitent i gramme de métal. » Je me sers du même réactif, seulement j'affaiblis la liqueur. » Cela se comprend : l'équivalent du plomb étant plus considérable que ce- lui du cuivre , il me faut beaucoup moins de sulfure pour précipiter i gramme du premier métal que pour i gramme du second. Ces quantités sont dans le rapport inverse des équivalents de l'un et de l'autre, c'est-à-dire i : 3,2. A I volume du liquide de M. Pelouze j'ajoute 3 volumes d'eau, ce qui est, à peu de chose près, dans les rapports indiqués. J'obtiens ainsi, pour les essais de ( 836 ) plomb, un liquide correspoadant à celui dont Tessayeui" se sert pour le cui- vre, et j'ai l'avantage de n'employer, pour les deux métaux, qu'une seule li- queur d'épreuve. " Pour titrer le sulfure de sodium , je fais , comme M. Pelouze pour le cui- vre, un essai sur le métal pur. Je pèse i gramme de plomb, que j'introduis dans un ballon de i5o à 200 centimètres cubes, j'ajoute 738 grammes d'a- cide azotique du commerce, et je chauffe légèrement. J'étends d'un peu d'eau; lorsque le métal est complètement attaqué, je traite la liqueur par une dissolution de potasse à la chaux, qui déplace et redissout l'oxyde de plomb. Je maintiens le liquide à une température voisine de l'ébullition , et j'ajoute peu à peu la liqueur d'épreuve , que j'ai préalablement introduite dans une burette. Chaque addition de liquide donne nécessairement un pré- cipité noir de sulfure plombique; de temps à autre, je fais bouillir pendant un instant; le liquide s'éclaircit, et j'observe avec soin le point précis où une goutte de réactif ne produit plus aucun précipité : ce phénomène est l'in- dice de la saturation. A ce point , je lis sur ma burette combien j'ai employé de hquide, soit 4o centimètres cubes. Ce nombre aura, dans tous les essais , la valeur de i gramme : autant de centièmes de ce nombre auront été em- ployés, autant de centièmes de gramme de plomb 11 y aura dans la substance soumise à l'analyse. « Cet essai ne demande pas plus de temps qu'un essai de cuivre. Pour peu qu'on se soit exercé, on peut en vingt minutes faire l'opération complète, et obtenir, à moins de 1 pour 100, le dosage du plomb; c'est la plus grande limite de l'erreur, car souvent je suis arrivé à quelques millièmes d'exactitude. applications du procédé. » Il est très-rare que le plomb qu'on peut avoir à doser se trouve à l'état de pureté; presque toujours il est accompagné de métaux étrangers, étain , antimoine, arsenic, fer, cuivre, etc. Je ne connais guère que la céruse et le pyrolignite de plomb, parmi les produits commerciaux, dans lesquels le plomb soit seul comme m.étal. Je vais indiquer les précautions particulières qu'on doit prendre dans ces divers essais. » T/étain, l'andinoine et l'arsenic n'entravent en aucune façon la marche du procédé, par la raison que ces deux métaux, au sein d'un grand excès d'alcali, ne sont pas précipités par le sulfure de sodium. On pourrait, si l'on voulait, séparer par filtration les oxydes d'étain et d'antimoine qui sont in- .solubles, et l'acide arsénicux qui est retenu en totalité par lacide sfannique, ainsi que l'ont prouvé les expéiiences récentes de M. Levol; mais celle pié- (837) caution est tout à fait inutile, et il est plus simple de faire l'essai sans filtrer. Quant au fer, au nickel et au cobalt, ils ne se rencontrent pas d'ordinaire avec le plomb; néanmoins je me suis assuré qu'ils ne nuisent en rien au succès de l'expérience. » Il en est de même du zinc (qui se précipite après le plomb , comme l'a prouvé M. Pelouze, mais dont le sulfure est blanc, tandis que celui du plomb est noir). On pourrait même dire que la présence du zinc est plutôt utile que nuisible, car ce changement de couleur du précipité est peut-être plus facile à saisir que la non-précipitation elle-même. » Lorsque le cuivre se trouve uni au plomb, le procédé n'est pas moins applicable, mais il est seulement un peu plus compliqué. Dans une première expérience, je dose le cuivre par la méthode de M. Pelouze, puis je fais un essai synthétique sur un mélange formé d'un poids de cuivre égal à celui que j'ai trouvé par expérience, et de i gramme de plomb. Cet essai m'in- dique combien je devrai retrancher de divisions de ma liqueur plombimé- trique lorsque je ferai Fessai de l'alliage. En effet, ce nombre sera la diffé- rence entre les nombres de l'essai de plomb pur (i gramme) et l'essai de I gramme de plomb additionné de cuivre. Cela fait , je dose mon alliage à la manière ordinaire. " Supposons qu'on ait affaire à un alliage dans lequel l'analyse indique lo pour loo de cuivre. Pour faire Fessai d'un pareil alliage, on fera une opération synthétique avec i gramme de plomb et i décigramme de cuivre , puis on fera Fopération ordinaire sur i gramme de l'alliage. La synthèse aura prouvé combien i décigramme de cuivre emploie de divisions de la burette ; ce nombre, retranché du nombre total obtenu par mon opération et qui représente la somme des deux métaux , donnera comme différence le nombre de divisions employées à la précipitation du plomb, et conséquem- ment la quantité de plomb. » Je ferai observer que Fopération est surtout exacte quand le cuivre entre pour au moins i dixième dans l'alliage. Il va sans dire qu'il sera toujours facile, connaissant le quantum en cuivre, d'ajouter en métal pur la différence pour aller à x dixième. Cette sorte d'inquartation ne compli(|ue en rien le procédé. » Le bismuth, je l'avoue, ne saurait dans cette méthode être séparé du plomb. En présence des réactifs, ces deux métaux sont confondus. J'obser- verai qu'il en est à peu près de même avec tous les procédés analytiques , et qu'au point de vue du but que je me suis proposé d'atteindre , l'application industrielle, l'inconvénient est le moindre possible. En effet, le prix du bis- C. B., 1846, 1" Semestre. (T. XXII , N» 20.) I I O ( 838 ) muth m'est une garantie que, commercialement parlant, ce métal ne se ren- contrera pas avec le plomb. Néanmoins je continue mes essais, et j'espère arriver à un moyen facile de séparer ces deux métaux. » fi'essai des céruses et pyrolignites de plomb est de la plus grande sim- plicité; ces analyses ne diffèrent en rien du plomb pur : je no m'y arrêterai pas. » Je dirai seulement que je pense que l'application de mon procédé à l'analyse de ces deux produits commerciaux ne sera pas sans importance , car aucune substance n'est plus fraudée, ce qui se conçoit quand on réflé- chit que la céruse est une poudre amorphe, et que l'acétate de plomb se vend à l'état de dissolution , ou en morceaux qui ne présentent aucune forme cristalline. » IjC nouveau mode de dosage s'applique très-bien à la galène, ainsi que je m'en suis assuré; mais, pour ce dernier cas, il présente peu d'importance, car, la plupart du temps, le sulfure de plomb natif doit être analysé sous le double rapport du plomb et de l'argent qu'il renferme, et ma méthode ne tait connaître que le plomb. » ÉCONOMIE RURALE. — Faits pour servir à l'histoire de l'opium; par M. H. Aubergier. (Extrait.) (Commissaires, MM. Dumas, Payeu.) « C'est dans la Fiimagne d'Auvergne qne je me suis livré à la culture de plusieurs variétés de pavot somnifère. L'opium que chaque variété a produit, obtenu exclusivement par incision, a été recueilli séparément, jour par jour. Avant de procéder à l'analyse de chaque échantillon, j'ai dosé l'eau qu'il con- tenait en en desséchant 4 ou 5 grammes dans une étuve chauffée à l'eau bouil- lante, et achevant l'opération dans le vide, à la température de loo degrés, .l'ai ainsi pu calculer le rendement en morphine de tous mes produits, en admettant une proportion d'eau normale de 7,60, pour rendre mes résultats comparables à ceux qui ont été obtenus par M. Payen. J'ai suivi exactement le procédé d'analyse décrit dans le Rapport, en lui faisant subir une seule modification, la décoloration des liqueurs, avant la précipitation par l'am- moniaque, à l'aide du noir animal lavé à l'acide chlorhydrique, jusqu'à épui- sement de matières solubles. Les résultats auxquels je suis arrivé sont consi- gnés dans un tableau joint à mon Mémoire. » On remarque dans ce tableau qu'il existe une différence importante entre le produit de la première récolte, en i844> des pavots blancs à graines blanches, qui a rendu 8,750, et celui de la dernière, qui n'a donné ( 839 ) que i,5ao. La colonne des observations explique cette différence par le mé- lange, dans celle-ci, de tous les sucs du péricarpe avec le suc laiteux; la mauvaise qualité de cet opium le rapproche de celui que Ton destine dans ' rinde à l'exporlation en Chine, et nous donne, jusqu'à un certain point, ta clef du procédé auquel on a recours pour le préparer. '' >■ Si l'on compare, d un autre côté, le produit de la première récolte de 1844 3" produit de la première récolte de i845, on trouve que l'un est pins riche en morphine que l'autre. » I/opium de 1 844 provenait du mélange des sucs laiteux de pavots blancs à tète longue et à tête ronde; je croyais, à cette époque, q»e deux variétés qui ne diffèrent que par la forme de la capsule devaient donner des produits identiques. Il n'en est pourtant rien; contrairement aux idées généralement reçues, le pavot long, cultivé de préférence dans le nord pour les besoins de la médecine, donne un suc plus actif que le pavot rond, cultivé dans le midi pour le même usage. Ce dernier donne, en revanche, un produit plus abon- dant ; aussi lui donne-t-on généralement la préférence dans les cultures des- tinées à la production de l'opium. » C'est exclusivement la variété de pavots blancs à capsule ronde que j'ai cultivée en i845; les divers produits de la récolle offrent une progression décroissante remarquable dans la richesse en morphine. li'opium qui a donné 6,63 pour 100 avait été obtenu avant que les capsules eussent at- teint leur développement complet ; elles y étaient parvenues à l'époque de la seconde récolte, mais étaient toujours vertes. Le suc offrait encore 5,53 pour 100; mais, lors de la troisième récolte, la couleur verte avait fait ptace à la couleur feuille morte, qui caractérise le dernier degré de maturation du fruit, et alors je n'ai plus obtenu que 3,27. Remarquons que tons les voyageurs qui ont écrit sur cette matière rapportent que l'on commence la récolte au moment où la capsule passe de la couleur verte à la couleur jaune. Les faits prouvent que c'est s'y prendre trop tard. Si des variétés qui ne diffèrent que parla forme de la capsule, donnent des produits dont la composition présente des différences aussi notables que celles que j'ai signalées, on ne peut s'é- tonner d'en trouver de plus grandes dans des échantillons obtenus d'une va- riété telle que le pavot pourpre. 'Voici les résultats de leur analyse : Récolte de juillet i844 io,6go Récolte du 21 juillet 1845.. . . 10,370 Récolte du 26 juillet 10,694 Récolte du 16 août. . ..'.'..' ii,23o IIO.. ( 84o ) « Ici la proportion de la morphine semble augmenter au lieu de diminuer pendant la maturation. Mais je dois faire observer que la floraison de cette variété a lieu lentement et d'une manière inégale, de telle sorte que sur le même pied , à côté d'une capsule complétemeat sèche, se trouve une fleur à peine épanouie. Il en résulte que les produits obtenus en dernier lieu pou- vaient provenir de très-jeunes capsules. F^e changement remarquable qui s'opère pendant la maturation dans la composition du suc laiteux va , du reste , être constaté de nouveau par l'analyse des produits du pavot blanc à graines noires. » J'avais remarqué que, toutes les fois que les incisions ne pénètrent pas dans l'intérieur du péricarpe, la graine parvient à maturité et peut servir à l'extraction de l'huile, ainsi que l'a fait observer, du reste, M. Hardy; mais, lorsque l'incision traverse 1 endocarpe, la communication avec l'air extérieur arrête complètement le développement de la graine. En prenant les précau- tions convenables, on peut cumuler les produits qu'elle fournit avec ceux de l'opium; c'est, à mes yeux, le seul moyen de rendre la récolte de ce produit possible en France au point de vue économique. Je fus, dès lors , naturelle- ment conduit à cultiver la variété du pavot somnifère que l'on désigne sous le nom de pavot blanc à graines noires, variété à laquelle les agriculteurs donnent la préférence dans leurs cultures, parce que c'est celle qui porte la plus grande quantité de graines. » Je ne tardai pas à m'apercevoir que, dans cette variété, le péricarpe est tellement mince, qu'il est impossible de l'inciser sans traverser l'endocarpe, et , dès lors , la récolle de la graine est sacrifiée ; on n'est pas dédommagé par la quantité d'opium obtenue, car c'est la variété qui en produit le moins. Si le résultat est négatif au point de vue agricole, il n'est pas sans intérêt sous d'autres rapports. Le premier produit de la récolte m'a donné une propor- tion de morphine parfaitement blanche et pure qui s'élevait à 1 7,833 pour loo parties d'opium contenant 7,60 d'eau. Le produit de la seconde récolte ne m'a donné que j4>78o d'alcaloïde. " Ces résultats m'ont paru si extraordinaires , que je n'ai pu en croiie mes yeux qu'après m'étre assuré, par tous les moyens possibles, que je ne m'étais pas laissé surprendre par une de ces erreurs auxquelles on est si fré- quemment exposé dans les recherches de chimie organique. » Il résulte des faits que je viens de présenter, comme des considérations exposées dans mon Mémoire , que la qualité de l'opium dépend de la variété de pavot qui Ta produit, et pour une même variété de l'époque plus ou moins avancée de maturité de la capsule au moment delà récolle, la quantité de ( 84. ) morphine que contient le suc laiteux diminuant à mesure que le fruit mûrit. " L'influence du climat a donc peu d'importance , si même cette impor- tance n'est pas tout à fait nulle. Une meilleure qualité d'opium, et surtout une qualité plus constante que celle que nous fournit le commerce , peut être obtenue , soit sur notre sol , soit dans nos possessions algériennes. » Tout se réduit à une'question de prix de revient; mais je n'hésite pas à dire qu'avec les procédés dispendieux décrits par tous les voyageurs, et ap- pliqués en Algérie par M. Hardy, celte récolte serait impossible au point de vue économique, soit en France, soit même en Afrique, où le prix de la main-d'œuvre est si élevé. Un premier et insurmontable obstacle se rencon- trerait dans les pertes considérables qu'entraînent les pluies lorsqu'elles vien- nent interrompre les opérations d'une récolte qui ne peut être terminée qu eu vingt-quatre heures. Les changements brusques qui se manifestent si souvent dans notre atmosphère, la fréquence des orages, rendent les chances de perte bien plus considérables pour nous qu'aux lieux ordinaires de produc- tion , où cependant ils compromettent si souvent les récoltes. Gomment éviter les lenteurs, comment saisir le moment favorable indiqué par ces re- cherches pour obtenir le meilleur produit possible, si l'on est arrêté par l'iii- Certitude du temps ? » Le procédé que je viens soumettre à l'Académie lève complètement cette première difficulté; de plus, il assure la conservation de la graine; enfin il permet d'économiser les deux tiers de la main-d'œuvre pour la récolte. » Un mot d'abord sur les semis; on doit les faire en ligne plutôt qu'à la volée ; toutes les opérations de la culture et de la l'écolte se trouvent faci- litées, et, de plus, j'ai remarqué que les capsules fournissent plus de suc. " M. Hardy a fait les incisions en Algérie avec une lame de canif, et il laissait dessécher le suc sur la capsule même. Il a établi que sept heures de travail sont nécessaires pour enlever le produit de ti-ois heures d'incisions. » Les incisions faites de cette manière réclament une certaine dextérité de la part de l'ouvrier, pour que l'endocarpe ne soit pas entamé et la récolte de la graine compromise. Les précautions qu'il doit prendre nuisent néces- sairement à la rapidité du travail, «t souvent sans atteindre complètement le but. » Je fais faire les incisions avec un petit instrument qui porte quatre lames de canif; ces lames sont fixées dans un manche et disposées parallèle- ment de telle façon , que leur pointe fait saillie de i ou a millimètres tout au plus. TiCS incisions peuvent être exécutées sans que jamais elles dépassent les limites nécessaires. La préoccupation qu'entraîne, sous ce rapport, la ( S/p ) direction de l'instrument se trouve ainsi écartée. Le travail est plus rapide , plus facile, et il peut être confié à toute espèce de mains. " Au lieu de laisser le suc se dessécher sur la capsule, après l'incision, je le fais recueillir immédiatement. » Ce changement dans la manière d'opérer qui , au premier abord , pa- raît peu important, a cependant {X)ur résultat d'économiser les deux tiers de la main-d'œuvre employée à la récolte. Lorsque je faisais faire les incisions avec un couteau à une lame, une seule personne suffisait pour recueillir le produit des incisions faites par deux. Il ne fallait donc qu'une heure et demie pour faire le travail qui exigeait sept heures dans l'aucien procédé. » Quant aux incisions elles-mêmes, on comprend qu'on les fait plus vite, avec l'instrument à quatre lames, qu'avec un canif qui n'en a qu'une. C'est ainsi que se trouve réduit de dix heures à trois le temps consacré à la ré- colte, et de 458 à 187 francs, le prix de main-d'œuvre établi par M.' Hardy. C'est donc un bénéfice de 32i francs par hectare, à ajouter à celui de 167 francs que ferait réaliser la culture du pavot en Algérie, en suivant le procédé de récolte des Orientaux. » Mes essais n'ont été répétés ni sur une assez grande échelle, ni pendant un assez grand nombre d'années, pour que je puisse donner un compte exact des dépenses et des produits de cette culture en France ; cependant on pourra s'en faire une idée assez juste eu considérant que la récolte de la graine étant conservée intacte, elle couvre tous les frais de culture, le prix de la ferme, etc. C'est un fait acquis par une longue expérience : le produit de l'opium n'ayant à supporter que les frais de récolte, qui ne s'élèvent jamais, à l'aide des moyens indiqués, au-dessus du quart de prix de vente ordinaire ( 3o francs le kilogramme) , on voit que les bénéfices seront assez grands pour récompenser largement les agriculteurs qui voudront s'en occuper, surtout lorsque la rareté de l'opium en rendra le prix aussi élevé qo'il l'est aujourd'hui. » Nous pouvons donc disputer, soit en France, soit en Algérie, la produc- tion de l'opium aux nations qui en ont conservé jusqu'ici le monopole, et livrer ce produit au commerce, de meilleure qualité, de qualité plus constante que celui qu'il a reçu jusqu'à ce jour. » ( 843 ) CHIRURGIE. — Befleaions sur l' implan /ai ion du placenta sur l'orifice de la matrice; par M. E. Steiiv , chiruifjien-accoucbeur à la Haye. (Commissaires, MM. Flomvns, Andral, Velpeau. ) Dans ce Mémoire, qui se rattache à un travail déjà rendu public par la voie de l'impression , l'auteur a eu pour but principal de faire ressortir les avantages d'un appareil imaginé par M. Wellenbergh pour remédier aux accidents que détermine l'implantation du placenta sur le col de l'utérus. Une première application du tampon-vessie (c'est le nom donné à cet appareil , nom qui indique en même temps sa nature et sa destination) fut faite en 1 833 par l'inventeur avec un plein succès ; une seconde fut faite par feu M. Kervel ; la troisième l'a été par M. Stein lui-même. Dans des recherches historiques, qui forment une introduction à son Mé- moire, M. Stein passe en revue les divers travaux dans lesquels on a proposé l'emploi des vessies comme moyen tocologique ; il montre que , dans la plu- part des cas , les auteurs avaient été guiciés par des vues purement théoriques, que, quelquefois, ils avaient conseillé ce mode detamponncment dans des cir- constances où il ne pouvait que nuire, et que presque toujours l'appareil, tel qu'ils le concevaient, était trop défectueux pour recevoir uneapplication utile. liCtampou-vessiedeM. Wellenbergh, décritdans le journal pratique de Moll et Van Eldik, puis modifiépar M. Stein, n'est considéré, dans ce présent Mémoire, que comme un moyen d'arrêter les hémorragies inquiétantes qui apparaissent au septième ou huitième mois de la grossesse, par suite du greffement du placenta sur le col de l'utérus. L'auteur examine ce qui pourrait, dans ces cas, empêcher l'accoucheur d'y avoir recours. « Cène peut être, dit-il, l'appli- cation même de l'appareil, puisqu'elle est aussi facile pour le chirurgien que peu douloureuse pour la femme. Serait-on ari'êté i)ar la crainte de le trouver peu efficace; mais l'hémorragie, venant en grande partie des vaisseaux pla- centaires, sera infailliblement arrêt', e par l'introduction de cet instrument dans le vagin, le placenta se trouvant comprimé sur tous les points, entre la vessie remplie d'air ou d oxicrat, et les membranes intactes. Redoutera-t on les suites, dans l'idée que ra|)[)lication du tampon-vessie, en provoquant les contraction, de la matrice, détermine un accouchement prématuré; mais, outre que l'on ne peut pas considérer ce résultat comme nécessaire, il est facile de voir que c'est le moindre des inconvénients à redouter, du moment où les accidents ont acquis une certaine gravité. Ne vaut-il pas mieux, en effet, faire accoucher la femme, an septième ou huitième mois de la gros- sesse, d'un enfant viable, qui a très-peu ou nullement souffert, que de tirer ( 844 ) du sein de la mère par le forceps, la version ou raccouchement forcé, une créature affaiblie , mal nourrie pendant un ou deux mois , fet qui , en outre court la chance terrible de périr par l'hémorragie quand le travail se dé- clare à terme , avant même que l'art lui vienne en aide? » GÉOLOGIE. — Observations sur la géologie de la Grèce continentale et de l'ile d'Eubée. Description géologique de l'île deMilo; par M. Sauvage. (Commissaires , MM. Élie de Beaumont , Dufrénoy.) PHYSIQUE. — Essai sur la chaleur spécifique des corps ^ par M. Paret. (Commissaires, MM. Regnault, Babinet, Despretz.) M. Morel-Lavaljlée adresse de nouvelles observations sur la production défausses membranes à la surface interne de la vessie ^ par suite de l'appli- cation d'un vésicatoire sur la peau, et demande que cette nouvelle commu- nication soit admise, comme celle dont elle forme le complément , à concourir pour les pi;ix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. DuFOun présente une Note sur un nouveau système de moteurs appli- cable aux bateaux et destiné à remplacer les roues à palettes ou les hélices. M. Piobert est prié de prendre connaissance de cette Note et de faire sa- voir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. . M. Rath soumet au jugement de l'Académie la description et la figure d'un nouveau dispositif destiné à prévenir le déraillement des véhicules marchant sur les chemins de fer. (Commission des chemins de fer.) L'Académie renvoie à l'examen de la même Commission une Note de M. Amy concernant un appareil destiné à seconder l'action des freins en pa- ralysant instantanément Faction des roues de la locomotive lorsqu'il s'agit d'arrêter un convoi ; Et une Note de M. Combe sur un nouveau système de construction pour les véhicules des chemins de fer. ( 845 ) CORRESPONDANCE. CHIMIE MÉDICALE. — De l'emploi de la magnésie dans le traitement de l'empoisonnement par F acide arsénieux ; par M. A. Bussy. « Le résultat du travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie (i) est : " 1°. Que le charbon animal purifié, proposé récemment pour com- battre l'empoisonnement par l'acide arsénieux, ne saurait être employé avec succès pour cet usage; ■ » a". Que la magnésie pure, mais faiblement calcinée, peut absorber facilement l'acide arsénieux en dissolution et former avec lui un composé insoluble même dans l'eau bouillante ; " 3°. Qu'à l'état gélatineux, elle l'absorbe plus promptement encore; " 4°- Que les animaux auxquels on a administré de l'arsenic sont constam- ment sauvés lorsqu'on leur fait prendre des doses suffisantes de magnésie ; » 5". Que cet antidote présente sur ceux qui sont connus et employés, l'avantage de se rencontrer toujours prêt chez tous les pharmaciens, qu'il neutralise facilement et complètement le poison, qu'il peut être administré sans inconvénient à forte dose, et que ses effets thérapeutiques généraux sont par eux-mêmes en rapport avec les indications que l'on doit chercher à remplir dans ce genre d'empoisonnement; » 6°. Que la magnésie décompose l'émétique, les sels de cuivre, le su- blimé corrosif, et qu'il y a lieu de croire qu'on pourra l'employer avec succès pour combattre et atténuer les effets de ces substances toxiques et celui des sels métalliques en général; » 7°. Que les sels des alcalis organiques, morphine, strychnine, etc., étant également décomposés par la magnésie , l'emploi de cette substance dans les cas d'empoisonnement par les produits organiques qui doivent leur action à la présence des alcalis végétaux , pourrait avoir pour résultat de retarder et de rendre plus difficile l'absorption du poison; c'est ce que je me réserve de vérifier par des expériences ultérieures " ZOOLOGIE. — Mémoire sur quelques Mammijères Jossiles du département de Vaucluse; par M. Paul Gervais. (Extrait.) ^ i. Depuis que M. Marcel de Serres et moi avons entretenu l'Aca- (i) Le travail complet que semble annoncer M. Bussy n'est pas parvenu à l'Académie. C. R., i846, i«f SemeUTt. ( T. XXII, N» 20.) • * ' ( 846 ) demie de nos recherches sur les mammifères fossiles du département de l'Hérault, j'ai pu étudier, fjrâce à l'obligeance bien connue de M. Requien, fondateur et directeur du Musée d'Avignon , d'autres fossiles appartenant à des animaux de la même classe, mais qui ont été recueillis dans le départe- ment de Vaucluse. '• Ces fossiles proviennent de deux localités différentes: Gargas, près Apt, et Cucuron, dans la vallée de la Durance. La première localité est riche en Palœotherium , Anoplotherium , etc. ; elle me parait appartenir à la même époque que les gypses de Paris, et qu'un petit nombre d'autres dépôts mas- tozoïques, celui de l'île de Wight par exemple, et celui de la Grave, près Bordeaux. M. Jourdan , professeur à la Faculté des Sciences de Lyon , pos- sède aussi une fort belle série de ces Pachydermes fossiles de Gargas, et, comme il doit les publier prochainement, je ne parlerai que d'un carnassier qu'il n'a pas et dont j'ai vu deux dents molaires. Ces dents semblent se rap- procher à la fois de celles des Monodelphes les plus carnivores et de celles des Marsupiaux du même groupe que le Thylacine. Je les décris avec soin dans mon Mémoire. Leurs caractères me paraissent les rapporter au genre Pterodon, établi par M. de Blain ville sur l'animal des plâtres parisiens que G. Cuvier regardait comme un Dasyure. J'ai appelé l'animal qu'elles in- diquent Pterodon Requieni. K La seconde localité appartient à une époque plus récente. Elle fournit des os de Ruminants j de Sanglier et ôHHipparion , singulier genre de che- vaux tridactyles découvert par M. de Christol. « J'y ai reconnu des dents d'un camivore qui appartient au genre des Hyènes, mais dont l'espèce est bien certainement différente de celle des Hyènes vivantes ou fossiles que l'on a décrites jusqu'ici. Cette Hyène de Cucuron prendra le nom diHyœna hipparionum. Sa molaire tuberculeuse supérieure était bien plus grande que dans l'Hyène rayée [Hyœna vulgaris) ou ses analogues fossiles [Hjœna arvernensis , Perrieri, prisca et vallar- nensis); sa forme est aussi différente. Elle est prismatique et placée, à peu près comme sa correspondante chez les Canis , sur la même ligne que les autres dents molaires, au lieu d'être rejetée à la partie postéro-interne de la carnassière et masquée par elle, » CHIMIE. — De l'action du perchlorure de phosphore sur les substances organiques; par M. AvGVstnCxnovRS. • « Dans un travail que j'eus l'honneur de communiquer il y a quelques mois à l'Académie, relativement à la détermination de la densité de vapeur ( 847 ) du perchlorurc de phosphore à diverses températures, j'ai démontré que la molécule de ce corps fournit 8 volumes de vapeur, anomalie qu'on peut faire disparaître en Je considérant, ainsi que je le propose, comme résultant de l'union de volumes égaux de chlore et de protochlorure de phosphore sans condensation. L'expérience apprend, en effet, que lorsque deux gaz se com- binent à volumes égaux, il n'y a pas, en général, de contraction, tandis qu'on en observe toujours une plus ou moins forte lorsque deux gaz se com- binent à volumes différents. » Or, le perchlorure de phosphore PhCl' est décomposé par l'acide suif- hydrique et la vapeur aqueuse , en donnant naissance aux deux substances PhCl'S» et PhCPOS découvertes par MM. Serullas et Vurtz, qui ne diffèrent, comme on voit, du corps primitif que par la substitution de deux molécules de soufre ou d'oxygène à deux molécules de chlore. JMais O^ et S* ne représentent que a volumes, tandis que GP en représente 4; il s'ensuit donc que, d'après l'hypothèse que j'ai faite précédemment sur la constitution du perchlorurc de phosphore, les deux dernières combinaisons ne doivent plus offrir le même groupement que lui, leur molécule ne doit plus donner 8 volumes de vapeur, il doit y avoir une contraction; c'est ce que l'expérience confirme. En effet j'ai obtenu, pour le chloroxyde de phosphore , le nombre 5,298 , et , pour le chlorosulfure , le nombre 5,879. En admettant que la molécule de ce corps fournisse 4 volumes de vapeur, on aurait 5,3 17 pour le premier, et 5,875 pour le second, nombres qui se confondent presque avec ceux que j'ai obtenus directement. » Partant de l'action remarquable de l'acide sulfhydrique et de la vapeur d'eau sur le perchlorure de phosphore, je fus conduit à examiner comment se comporterait ce corps avec différentes substances hydrogénées, et no- tamment avec les matières organiques. Cette étude m'a fourni des résultats fort curieux que je me contenterai d'énoncer ici, me proposant d'en fajre connaître les résultats numériques dans le Mémoire dont je m'occupe en ce moment. Aujouixi'hui je me borne à publier une Note succincte , afin de prendre date. >i L'hydrogène pur et sec est sans action sur le perchlorure de phos- phore, même à la température à laquelle ce dernier se réduit en vapeur. » La benzine G'*H* et le retinnaphte C'*H' ne sont pas attaqués non plus par le perchlorure de phosphore; on peut les distiller sur ce corps sans qu'on observe aucune action. Il n'en est plus de même de l'hydrate de phé- III.. ( 848 ) nyle C'»H*0% et de l'anisol C'*H'0*, qui ne diffèrent des deux produits précédents que par a atomes d'oxygètie en plus; ces corps sont attaqués avec énergie en donnant de nouveaux composés. . » Les différents carbures d'hydrogène que j'ai examinés, se comportent comme la benzine , ils sont inertes ; les corps oxygénés sont tous, au con- traire, attaqués avec une extrême violence. .. On sait que l'alcool et ses congénères, esprit-de-bois, huile de pomme de terre , éthal , traités par le perchlorure de phosphore , donnent des chlo- rures d'éthyle, de méthyle, de cétyle, d'amyle : C'H'Cl OH' Cl C"H"C1 C'»H"C1 Chlorure de méthyle. Chlorure d'éthyle. Chlorure d'amyle. Chlorure de cétyle. Or ceux-ci dérivent de C'H'O' OWO' O'WO' C"H"0' Esprit-de-bois. Alcool. Huile de pomme de terre. Ethal. par l'élimination de O*, .sans remplacement , tandis qu'une molécule de chlore est venue prendre la place d'une molécule d'hydrogène dans les groupements C'H' C'H« C"H" C"H" n 11 devenait intéressant dès lors de voir comment se comporteraient les corps volatils contenant 4 atomes d'oxygène dans leur molécule, tel que l'acide benzoïque par exemple; car ce corps perdant O^, on devait retom- ber dans le groupement benzoïle, et, par suite j obtenir le chlorure de ce radical. C'est ce qui arrive en effet. " L'acide benzoïque, traité par un léger excès de perchlorure de phos- phore, est vivement attaqué vers loo degrés; il se dégage du gaz chlorhy- drique en abondance , et l'on obtient une grande quantité d'un produit bouillant entre 198 et 200 degrés, qui possède exactement la composition du chlorure de benzoïle; j'ai pris en outre la densité de sa vapeur, qui s'ac- corde parfaitement avec cette supposition. De plus, je me suis assuré que ce produit se décompose lentement, mais d'une manière complète, au contact de l'eau pure, en donnant des acides chlorhydrique et benzoïque (a^'jS de ce produit m'ont donné 2,1 56 d'acide benzoïque cristallisé; le calcul donnerait 2,176). Il se décompose rapidement, au contraire, au contact de la potasse, en produisant un chlorure et un benzoate alcalin. Traité par l'alcool absolu, il s'échauffe considérablement, et donne de l'éiher benzoïque parfaitement pur que j'ai soumis à l'analyse. Avec le gaz ammoniac sec, il donne du sel ammoniac et de la benzamide. Enfin, il fournit, par la distillation avec des ( 849) iodures et des sulfures, de l'iodure et du sulfure de benzoïle. L'analyse, la deusité de vapeur, et toutes les réactions démontrent donc que ce produit est identique avec le chlorure de benzoïle obtenu par l'action directe du chlore sur l'hydrure. » J'ai su depuis que M. Dumas avait fait exécuter il y a quelques années, dans son laboratoire, des expériences relatives à l'action du perchlorure de phosphore sur l'acide benzoïque, et qu'il avait obtenu, comme produit de cette réaction , un liquide volatil pesant , doué d'une odeur forte analogue à celle du chlorure de benzoïle, mais dont il ne poussa pas plus loin l'étude, occupé qu'il était alors par d'autres travaux importants. » Les résultats que je viens de rapporler sont tellement nels et tranchés, que je pensai que les acides cinnamique et cimiinique, qui présentent tant d'analogies avec l'acide benzoïque, se comporteraient de la même manière; l'expérience a pleinement confirmé mes prévisions. Ces deux acides donnent en effet naissance, par l'action du perchlorure de phosphore, à des pro- duits qui, par leur composition et l'ensemble de leurs réactions, peuvent être considérés comme des chlorures de cinnamile et de cumyle. Ceux-ci se transforment eu acide chlorhydrique et cinnamique, ou cuminique, très- lentement sous l'influence de l'eau pure , rapidement sous l'influence d'une eau alcaline, et donnent des amides nouvelles par l'action du gaz ammoniac sec. » Les acides du groupe acétique ne se comportent pas, à beaucoup près, d'une manière aussi nette que les précédents; je n'ai pu jusqu'à présent obte- nir des résultats assez satisfaisants pour pouvoir en parler ici. » Il était curieux de rechercher enfin comment se comporterait un acide volatil à 6 atomes d'oxygène sous l'influence du perchlorure de phos- phore, l'action est encore la même; on ohserve une élimination de deux molécules d'oxygène sans remplacement, tandis qu'une molécule d'hydrogène est enlevée avec substitution de chlore. Ainsi l'acide anisique C'H'O" m'a donné du chlorure d'anisyle C'*H^C10* parfaitement pur, régénérant de l'acide anisique sous l'influence des alcalis , et donnant de l'anisamide avec l'ammoniaque. ^ , ., » Si l'on se rappelle maintenant que M. Melsens parvient, au moyen de l'amalgame de potassium , à repasser d'un produit chlore' dérivé par substi- tution à la substance primitive, on conçoit qu'il est possible de revenir de l'acide benzoïque à l'huile d'amandes amères, de l'acide cinnamique à l'es- sence de cannelle. » On pouvait, jusqu'à présent, fixer de l'oxygène sur un aldéhyde et le ( 85o ) transformer en acide; an moyen du perchlorure de phosphore on pourra faire l'inverse, c'est-à-dire repasser d'un acide à l'aldéhyde qui lui corres- pond. Le perchlorure de phosphore est donc un réactif précieux qui per- mettra de réaliser des combinaisons nombreuses, intéressantes et faciles à prévoir par son contact avec les substances organiques , puisqu'il agit à la fois comme désoxydant et comme chlorurant. " Dans toutes les réactions que j'ai tentées avec ce produit, j'ai constam- ment observé qu'il se formait, outre le chlorure du radical ternaire, un liquide très-volatil qui me paraît fort analogue au chloroxyde de phosphore. Je n'ai pu l'examiner suffisamment encore pour décider cette question; dans ce cas, les réactions précédentes s'expliqueraient d'une manière simple et fort nette: ainsi, dans le cas particulier de l'acide benzoïque, on aurait PhCl> ■+- C"H«0' = PhCl'O' + cm + C'H'CIO'. » Ces recherches sont loin d'être aussi complètes que je l'aurais désiré; mais j'ai pensé qu'en raison de la nouveauté des résultats, l'Académie, qui m'a donné tant de preuves de bienveillance, voudrait bien les accueillir avec intérêt. » CHIMIE. — Recherches sur la solubilité' de l'alumine dans l'eau ammoniacale ,• par MM. F. Malaguti et J. Ddrocher. « Tout le monde sait que l'ammoniaque ne précipite pas entièrement l'alumine de ses dissolutions , et que la présence des sels ammoniacaux est une condition indispensable pour rendre la précipitation complète. » Mais, jusqu'à présent, on ne s'était pas douté que la portion d'alumine non précipitée à cause de l'absence des sels ammoniacaux pût atteindre des proportions extraordinaires, et d'autant plus grandes que les dissolutions sont plus étendues. >> On ignorait aussi que la quantité de chlorure d'ammonium nécessaire pour déterminer, au moyen de l'ammoniaque, une précipitation immédiate et complète de l'alumine , devenait de plus en plus considérable à mesure qu'on étendait d'eau la dissolution. » Or, les auteurs démontrent que la même dissolution aluminique qui abandonne, par l'action d'une certaine quantité d'ammoniaque , les douze- treizièmes de son alumine, n'en abandonne plus que les trois-dixièmes si l'on y ajoute trois fois et demie son volume d'eau. » En outre, la même dissolution aluminique, qui n'exige que 5 grammes de chlorure d'ammonium pour abandonner toute l'alumine, sois l'action de ( 85i ) lammoniaque, en exigera ^o grammes si on l'étend de 3 volumes et demi d'eau. » Cependant les auteurs se hâtent de déclarer que leurs résultats numé- riques ne présentent rien d'absolu. 11 En effet, ils ont observé qu'une dissolution alumino-ammoniacale, abandonnée à elle-même en vase clos, tantôt conserve toute l'alumine en dissolution, tantôt, au bout d'un certain temps, en laisse déposer une partie, ou même la tolalité. Il est remarquable que l'alumine, en se dépo- sant spontanément de sa dissolution, ne prend pas l'état gélatineux comme celle qui est précipitée par l'ammoniaque, mais qu'elle prend l'état grenu. » Ainsi, le temps écoulé entre la précipitation et la filtration de l'alumine , exerçant une influence irrégulière sur sa séparation définitive, il est évident qu'il est impossible de déterminer une courbe des solubilités , et d'attribuer, par conséquent, aux résultats numériques une valeur constante. » Enfin, ils démontrent que de tous les réactifs employés pour précipiter l'alumine, celui qui agit complètement et immédiatement, peu importe le volume de la dissolution aluminique et la présence des sels ammoniacaux , est le sulfhydrate d'ammoniaque. » CHIMIE. — Sur les ainides. (Extrait d'une liCtfre de M. Malaguti à M. Dumas.) « Je me suis proposé d'étudier les ainides. Depuis votre découverte de l'oxamide et les recherches de M. Voelckel sur Ips amidures, on s'est appli- quée découvrir des corps congénères, mais point, que je sache, à étendre, par des études comparatives, les limites de leur histoire chimique; et pour- tant il est de l'avis des chimistes qu'une étude approfondie des amides pour- rait servir d'introduction à l'étude des alcaloïdes et des matières neutres azotées des végétaux. n .le m'occupe donc, depuis plusieurs mois, à préparer en grand des amides d'une grande pureté, .l'en ai déjà découvert plusieurs de nouvelles : la mu- camide , la piromucamide , la pyrotartramide , la pimélamide , l'adipa- mide, etc.; au reste, il n'y a point de difficulté à préparer les amides et à en découvrir de nouvelles, cai* il en est des amides comme des éthers. Quand on a un acide, on a généralement un élher; quand on a un éther, on a géné- ralement une amide; la difficulté consiste dans la préparation des acides bien purs. « Cependant , à force de patience , je .suis parvenu à avoir à ma disposition ( 85. ) huit amides en as!.ez {grande quantité, et, quand j'en aurai douze à qua'orze, je commencerai mes recherches méthodiques. " J'ai déjà tenté quelques essais isolés J'ai vu , par exemple , que l'oxa- mide , en contact prolongé avec de l'eau saturée de chlore, finit par dispa- raître, et, lorsqu'on a chassé, par évaporation , tout le chlore, on n'a pour résidu que de l'acide oxalique sans chlorure d'ammonium. On voit que le chlore afjit sur l'oxamide comme sur un sel ammoniacal. L'azote serait, d'après Dulong, converti en chlorure d'azote , et décomposé au fur et à me- sure, etc. » Lorsqu'on fait houillir une partie d'oxamide avec quatre parties d'acide azotique d'une densité de i,35, il se dégage un gaz de i volume d'azote", 1 volume de protoxyde dazote et i volumes d'acide carbonique. Il arrive dans celte réaction ce qui arrive lorsqu'on fait bouillir i équivalent de ni- trate d'ammoniaque et i équivalent d'acide oxalique : dans ce cas, on obtient 2 volumes d'acide carbonique, i volume d'azote et i volume de protoxyde d'azote. On voit que l'oxygène de l'acide azotique, non-seulement brûle l'hy- drogène de l'ammoniaque, mais brtlle l'acide oxalique même. En voici l'équation : Az'O'H* -h C'O^ = C'O* -f- AzO -t- Az -f- 4H0. Azotate Acide 4 ^'<^'- 2V9I. a vol. d'ammon. oxalique. » J'ai aussi tenté de simplifier l'analyse de l'action de la chaleur sur l'oxa- mide, en faisant la part des produits provenant de l'oxalate d ammoniaque. » Que l'on expose de l'oxalate d'ammoniaque cristallisé à la température de + 220 degrés centigrades en vase clos, on trouvera qu'il se transforme nettement, et sans production d'oxamide, en carbonate d'ammoniaque et en oxyde de carbone. D'un autre côté, si l'on mtroduit de l'oxamide dans un tube métallique que l'on puisse fermer hermétiquement , et que l'on plonge ce tube dans un bain à + 3io degrés, on trouvera, après quelques minutes d'équilibre, qu'une portion de l'oxamide s'est convertie en cyanogène, oxyde de carbone et carbonate d'ammoniaque. Si Ion retranche de ces produits ceux de l'oxalate d'ammoniaque, on a simplement du cyanogène. V^a décom- position ignée de l'oxamide doit, par conséquent, être exprimée de la manière suivante : C'H'AzO'= Cy-(-2H0. Oxamide. Mais l'eau et l'oxamide, à -i-aoo degrés, donnant de l'oxalate d'ammoniaque, et ce sel se convertissant, à -H aao degrés , en oxyde de carbone et carbonate d'ammoniaque, il est évident que l'oxamide, décomposé à -f- 3io degrés, doit ( 853 ) donner ces produits, et de l'oxamide, et de l'oxalate d'ammoniaque, c'est-à- dire cyanogène, oxyde de carbone, carbonate d'ammoniaque. » D'ailleurs, si l'on introduit dans un tube un mélange de sable et d'oxa- mide, et qu'on l'expose à une température oscillant entre 3oo et 33o degrés, on n'obtiendra que du carbonate d'ammoniaque, du cyanogène et de l'oxyde de carbone. » En faisant précéder l'étude de la décomposition ignée des amides par celle de la décomposition ignée des sels ammoniacaux , je crois que souvent on aplanira bien des obstacles. 1 C'est en opérant d'après ce principe, que je crois avoir analysé l'action de la chaleur sur la chloracétamide. » Par mes anciennes expériences, on sait que le chloracétate d'ammo uiaque, décomposé par voie sèche, donne, conformément à la théorie, du phosgène, du chlorure d'ammonium et de l'oxyde de carbone. En décompo- sant au rouge sombre de la chloracétamide, on obtient une grande quan- tité d'un gaz qui se compose d'acide carbonique en forte proportion , de chlorure de cyanogène gazeux , d'oxyde de carbone et d'un peu de phosgène ; on obtient, en outre, du chlorure d'ammonium, du chlore et du charbon. » Si l'on ne tient compte que du produit le plus abondant , qui se compose de chlorure de cyanogène , d'acide chlorhydrique et d'oxyde de carbone , on se fait une idée fort simple de la décomposition ignée de la chloracétamide. On a C Cl' O' H» Az = C= Cy Cl + Cl' H= -f- C' 0'- Chloracétamide. Chlorure de cyanogène. » La connaissance préalable de la décomposition ignée du chloracétate d'ammoniaque dispense de se préoccuper des petites portions de phosgène et de chlorure d'ammonium : ainsi, la production du charbon et du chlore libre indique que, sous l'influence d'une température élevée, la décomposi- tion de la chloracétamide peut être accidentée et donner lieu à une formation d'eau et, par conséquent, de chloracétate. La possibilité de cet accident est mise en évidence par l'équation hypothétique suivante : C , charbon ; ClCy, chlorure de cyanogène; , „ „ „ , HCl, gaz chlorhydrique : 'C«œO'H'Cy= <( „' ^ J M » Chloracétamide. J HO, eau; Cl , chlore ; OC, oxyde de carbone. « Si l'on expose, à une température de + loo degrés, un tube en verre c. K., i8i6. I" Semestre. {T. XXII, N» 20.) I Ï2 » ( 854 ) scellé à la lampe et contenant de la chloracétamide avec de l'eau, on trou- vera qu'il y a formation de chluroforme et de carbonate d'ammoniaque; mais, ce qu'il y a de curieux , c'est (|ue cette décomposition n'est point précédée par la transformation de la chloracétamide en chloracétate d'ammoniaque. En effet, si l'on ouvre le tube dès qu'il a atteint la température de + i3o de- grés , on trouvera la chloracétamide intacte , tandis que le chloracétate d'ammoniaque, sous l'influence de l'eau et d'une température de -j- iia à + ii5 degrés, se décompose lui-même en chloroforme et en carbonate d'ammoniaque. » J'ai étudié aussi la çlécomposition ignée de la mucamide. L'éther mu- cique, mis en contact avecTammoniaque liquide, se transforme sur-le-champ en mucamide. » Cette nouvelle substance est blanche , très-légèrement soluble dans l'eau bouillante, d'où elle précipite, par le refroidissement, en cristaux microsco- piques ayant la forme d'un octaèdre à base de parallélogramme obliquangle tronqué à ses deux sommets, et présentant l'aspect de tables biselées. " La mucamide est sans aucun goût, insoluble dans l'alcool et l'éther. Sa densité, déterminée à + i3°,5, est de 1,589. Sous l'influence de l'eau, elle se transforme en mucate d'ammoniaque, entre + 1 36 et-)- i/jo degrés. Les résul- tats de son analyse s'accordent avec C*H°0*Az : cette formule est indiquée par la théorie. » Une dissolution bouillante de mucamide, mise en contact avec de l'a- cétate de plomb ammoniacal , donne un précipité d'uu mucate de plomb ammoniacal, dont la composition se laisse représenter par C"H"0'S7.PbO,Azff -+-6H0. Ce sel, décomposé par I hydrogène sulfuré, donne du sulfure de plomb et du mucate acide d'ammoniaque. Une dissolution saturée bouillante de muca- mide, mise en contact avec de l'azotate d'argent ammoniacal, produit une couche miroitante d'argent métallique, au bout d'un certain temps, quelque- fois très-court. » L'action de la chaleur sur la mucamide est fort intéressante, mais il faut d'abord que je fasse connaître la décomposition ignée du mucate d'ammo- niaque ordinaire. » A -1-220 degrés, le mucate d'ammoniaque se ramollit, se colore, dégage de l'acide carbonique, de l'eau, du carbonate d'ammoniaque, de l'acide pyromucique, une amide particulière (pyromucamide biamidée), et laisse un résidu composé de charbon, et le paracyanogènc. Cette décomposition marche entre -t- 220 et + il\o degrés. ( 855 ) » De tous ces produits , les moins considérables sont le charbon et le pa- racyanofjène. " Voici maintenant la décomposition ignée delamucamide. A -t- 200 degrés elle brunit; à + 208, abondant dégagement d'eau; à + 220, ramollisse- ment, fusion,, apparition de la même amide que donne le mucate d'ammo- niaque, formation d'un peu d'acide pyromucique, dégagement d'acide car- bonique et de carbonate d'ammoniaque. A -+- 240, la décomposition est terminée. Le résidu est composé de charbon et de paracyanogène. » De tous ces produits, les plus considérables sont le charbon, le para- cyanogène et l'eau. D'après ces données, voyons quelle relation il y a entre les produits dominants dans chaque décomposition et la composition de la matière décomposée. " Pour la mucamide : C"H"Az=0" = C'Az' + C« -t- I2H0 Mucamide. Paracyanogène. Charbon. Eau. » En effet, le paracyanogène, le charbon et l'eau sont les produits qui abondent le plus dans la décomposition ignée de la mucamide. » Pour le mucate d'ammoniaque : C"H'«0'«Az' = C-Q^O» + aCO'H'Az 4- 4 HO Mucate Acide Carbonate Eau. d'ammoniaque. pyromucique. d' 'ammoniaque. CH'^O'-'Az' = C-H^Az'O' 4- 2CO' -h loHO Mucate d'ammoniaque. Pyromucamide biamidée. Acide Eau. carbonique. >' En effet, l'acide pyromucique, la pyromucamide biamidée, le carbo- nate d'ammoniaque, l'acide carbonique et l'eau sont les produits dominanis de la décomposition ignée du mucate d'ammoniaque. » On voit donc que l'expression la plus simple de la décomposition ignée de la mucamide est le paracyanogène, le charbon et l'eau. Mais, comme la formation de l'eau doit nécessairement engendrer du mucate d'ammoniaque, il en résulte que l'on doit obtenir les produits provenant de la décomposition ignée de ce sel. » Quant à la décomposition du mucate d'ammoniaque , elle paraît com- plexe, dans ce sens qu'elle suit deux directions différentes; cependant il est possible que l'une de ces deux directions ne soit que secondaire. En effet, que l'on suppose le mucate d'ammoniaque se décomposant en acide pyromu- cique, carbonate d'ammoniaque et eau; il est possible que le carbonaie d'ammonia jue et l'acide pyromucique, en agissant à l'état naissant, l'un sur l'autre, produisent i'amide, l'acide carbonique et l'eau. 1 12.. ( 856 ) n En effet : C"H'0« + CO'H'Az = C"H=Az'0' + 2CO' + 6H0 Acide Carbonate Pyromucamide pyromucique. d'ammoniaque. biamidéu. Dans ce cas, l'expression théorique de la décomposition ignée du mucate d'ammoniaque deviendrait aussi simple que celle de la mucamide , et elle ne serait qu'une répétition de la décomposition ignée de l'acide mucique ; car / C"0«H* / C'°0«H' Ae. pyromucique. L Ac. pyromucique. i C"0' C"H"'0"' = Acide inacique. \ Ac. carbonique. C"H»0"Az' = Mucale d'ammoniaque. J Ac. carbonique. J Eau. l Eau. [ H«Az' \ Ammoniaque. I) Voici quelques caractères de la pyromucamide biamidée. On 1 obtient dans la distillation sèche du mucate d'ammoniaque, ou de la mucamide. Comme elle est peu soluble dans l'eau, on peut la débarrasser de l'acide py- romucique qui l'acompagne souvent, par des cristallisations réitérées. » La pyromucamide biamidée cristallise en lames hexagonales et octogo- nales: elle est douée d'un goût extrêmement sucré; elle est soluble dans l'al- cool et l'éther, et peu soluble dans l'eau froide; elle ne dégage d'ammo- niaque que par l'ébullition avec les alcalis. Elle fond à + 176 degrés en se colorant; à une température plus élevée, sa décomposition devient mani- feste, et la masse liquide ne commence à bouillir que vers -f- 260 degrés. Parmi les produits de sa décomposition, j'ai remarqué du carbonate d'am- moniaque. n J'appelle ce nouveau corps pyromucamide biamidée, par la raison qu'en supposant dans les amides la présence de l'amidogène, il en renferme le double de la pyromucamide normale. Effectivement, C'H'O^ = acide pyromucique, C'H'O', Am = pyromucamide, C" H' 0 ', 2 Am := pyromucamide biamidée . " La pyromucamide se distingue de la pyromucamide biamidée, d'abord par sa composition, ensuite par ses caractères physiques. La pyromucamide cristallise en prismes droits à quatre pans à base rectangulaire; son goût esta peine sucré; elle est soluble dans l'alcool, l'éther et l'eau. Son point de fu- sion est entre + i3o et + iSa degrés. Dès qu'elle est fondue, elle se colore; ( 857 ) et, en élevant un peu la température, elle devient verte, puis bleue, puis, violette; enfin elle noircit et se charbonne. La portion distillée est brune; mais, une fois décolorée par le charbon animal, elle reparaît avec tous ses caractères de pureté. Les résultats de son analyse se laissent représenter par C'H'AzO*. " En étudiant ces dérivés de l'acide mucique, j'ai découvert ï acide mu- covinique. » Dans la préparation de l'éther mucique, il arrive quelquefois qu'une dissolution aqueuse de cet éther non encore pur dégage tout à coup une odeur alcoolique très-prononcée, devient acide, et donne, par Tévapora- tion, une matière dont l'aspect n'a aucun rapport avec celui de l'éther mu- cique. On purifie cette matière par des traitements alcooliques, qui enlèvent l'éther mucique dont elle est mêlée ; on dissout le résidu dans l'eau , et on le fait cristalliser deux ou trois fois. Cette substance est pure, lorsque sa dis- solution n'est pas troublée par l'ammoniaque. » Ainsi préparé, ce corps est très-blanc, a un aspect asbestoide, et la forme de ses cristaux est celle d'im prisme droit à base de parallélogramme. Il est assez soluble dans l'eau et très-peu soluble dans l'alcool ; il a une saveur franchement acide, fond à -4- 190 degrés eu s'altérant: la masse fondue prend , par le refroidissement , l'aspect vitreux; mais, au bout d'un très-long temps, la masse devient opaque et se ramollit. Le résultat de son analyse peut être représenté par C'»H'«0'« = G«H'0', C'H'O, C«H'0« = acide mucovinique. » Un équivalent de cet acide, exposé à un courant de gaz ammoniac sec, s'échauffe et se solidifie en absorbant i équivalent d'ammoniaque. En effet , o^'^o. \ I de cet acide sont devenus, par l'action du gaz ammoniac, o8'',228. Le calcul donne 227. " Le mucovinate ammoniacal est donc C'*H'* O'*, H' Az. 1 Ce sel est très-soluble, n'a aucun goût et possède une réaction faible- ment acide. La dissolution précipite les sels d'argent, plomb, cuivre, barium , strontiane, très-peu les sels de calcium, et point les sels de zinc, magné- sium, etc., etc. Tous ces précipités sont solubles dans l'acide acétique. " Si l'on fait bouillir une dissolution d'acide mucovinique avec de l'oxyde d'argent, il y a dégagement d'acide carbonique, réduction d'une portion de l'oxyde et formation d'un composé argentique, doué de la propriété de faire explosion lorsqu'on le chauffe légèrement. Je m'occupe dans ce moment de l'étude de tous ces phénomènes. ( 858 ) " Ainsi l'acide mucique devient un des acides les plus féconds; il donne un acide vinique, un éther, deux amides, un acide pyrogéné, qui donne lui- même une amide et un éther. » CHIMIE. — Recherches sur les combinaisons du phosphore avec l'azote; par M. Ch. Gerhardt. (Extrait.) « Les chimistes admettent l'existence de deux combinaisons du phosphore avec l'azote. L'une, composée de PN^, se produit, selon M. H. Rose, quand on soumet à l'action de la chaleur le protochlorure de phosphore ammo- niacal; elle se forme également, suivant MM. Wohler et liiebig, avec le per- chlorurc de phosphore ammoniacal. L'autre a été décrite par M. Liebig dans ses Annales, et elle est considçrée par lui comme une combinaison du phosphure d'azote précédent avec les éléments de l'eau PN'+ H*0. » La composition qui est attribuée à ces deux combinaisons par les chi- mistes allemands étant contraire aux idées que nous défendons, M. Laurent et moi, j'ai repris ce sujet, et c'est le résultat de mes recherches que je vais avoir l'honneur de soumettre à l'Académie. liC phosphure d'azote et son hy- drate sont des mélanges de trois corps différents que j'appelle phosphamide , biphosphamide et phospham. V Phosphamide. — Lorsqu'on fait passer du gaz ammoniac sur du per- chlorure de phosphore disposé dans un long tube, le chlorure s'échauffe en dégageant beaucoup de chlorhydrate d'ammoniaque. Le produit que l'on obtient constitue une poudre blanche qu'on délaye dans l'eau, où elle ne se dissout qu'en partie en la rendant acide; la partie insoluble forme la phos- phamide impure. On la purifie en la faisant bouillir pendant quelques heures avec de la potasse diluée, puis avec de l'acide nitrique faible, et enfin avec de l'eau ; séchée à loo degrés, elle renferme PH'N^'O. >i M. Liebig n'avait obtenu que 24,27 pour 100 d'eau par la combustion de ce corps. Je n'en ai jamais obtenu moins de 34 pour 100. Quand on porte ce soi-disant hydrate de phosphure d'azole au bain d'alliage, il ne perd pas une trace d'eau; mais, au delà de aoo degrés, il dégage de l'ammoniaque par- faitement pure et se convertit en biphosphamide. Une semblable erreur a été commise par M. Liebig dans le dosage de l'azote. 11 n'en a obtenu que 28 pour 100, tandis que ce corps en renferme 35,5. Ma formule représente les éléments du phosphate neutre d'ammoniaque, moins les éléments de 3 atomes d'eau O, (PH'O', alSff) — 3H'0 = PH'N'O. P'0'-t-3H'0 (*) Jedois rappeler que je dédouble la formule de l'acide phosphorique = PH'O'. ( 859 ) Si l'on chauffe rapidement de la phosphamide humide dans un lube de verre, il se dégage des torrents d'ammoniaque, la matière fond, et, si on la retire alors du feu , on a un verre transparent qui n'est autre chose que de l'acide métaphosphorique avec un peu de phosphate d'ammoniaque. " La phosphamide se convertit en phosphate ordinaire, quand on la fait fondre avec de la potasse caustique, PH^N'O -f- 3KH0 = 2ffN 4- PK^O'. » Biphosphamide. — Si l'on chauffe de la phosphamide desséchée au bain-marie, elle perd tout son hydrogène à l'état d'ammoniaque, et se trouve convertie en biphosphamide qui renferme PNO. Pour avoir ce composé en- tièrement exempt de phosphamide, il faut le maintenir pendant assez long- temps au rouge sombre. Si on l'humecte d'eau et si on l'expose à Taction de la chaleur, il donne de l'acide phosphorique et de l'ammoniaque, PNO H- 2H^0 = PHO» + NH^ Avec la potasse en fusion , il donne du phosphate ordinaire avec dégagement d'ammoniaque, PNO -f- 3KH0 = PK^O' + H'N. La nouvelle amide dont je viens de signaler l'existence me paraît mériter toute l'attention des chimistes; c'est la première amide non hydrogénée, et à ce titre elle doit singulièrement embarrasser les partisans des radicaux et de la théorie dualistique. » Phospham. — Ijorsque l'on soumet à l'action de la chaleur le produit de l'action de l'ammoniaque sur le perchlorure de phosphore, il se dégage du sel ammoniac et de l'acide chlorhydrique , et l'on obtient un résidu par- faitement blanc, lequel constitue, suivant MM. Liebig et Wohler, le phos- phure d'azote PN*. li'assertion de ces chimistes n'est pas exacte; ce résidu renferme trois choses, si, pour l'obtenir, on n'observe pas des précautions toutes particulières ; il contient, i " de la biphosphamide ; 2° un compo.sé formé de phosphore, d'azote et d'hydrogène, composé que j'appelle phospham; 3° un corps chloré que je n'ai pu isoler, mais qui a la propriété de se con- vertir en phosphamide et en sel ammoniac au contact de l'eau. ■1 Pour avoir un produit exempt d oxygène et de chlore, il faut opérer sur des substances parfaitement sèches, et terminer l'opération à la faveur d'une température fort élevée. Dans les circonstances où s'étaient placés les chi- mistes allemands, je n'ai jamais pu obtenir un produit exempt de chlore. Us ont attribué la présence de cet élément à un mélange de sel ammoniac; mais ( 86o ) c'est là une erreur, le chlore ne s'y trouvant que par suite d'une réaction incomplète (*). " Le phospham renferme i,5 pour loo d'hydrogène. MM. Liebig et Wohler, n'ayant pas atteint ce chiffre, ont attribué à l'humidité de l'oxyde de cuivre l'eau qu'ils ont recueillie. Bref, par l'action de l'ammoniaque, il ne se forme pas de phosphure d'azote, mais du phospham qui renferme PN^H. » lie phospham, légèrement humecté et porté brusquement au rouge, dégage beaucoup d'ammoniaque et se convertit en acide métaphosphorique , PHN' + 3H' O == (PHO= + ff N) -|- H» N. t La potasse en fusion le convertit en phosphate ordinaire. » Les composés que je viens de faire connaître se produisent de la ma- nière suivante : volumes égaux d'ammoniaque et de perchlorure de phos- phore équivalent à du phospham, plus de l'acide chlorhydrique, PCI* + 2ff N = PHN' + 5HC1. ■ Ces produits, cependant, ne représentent que l'action finale. Il se forme évidemment, dans une première action, une substance chlorée, laquelle se détruit par la chaleur en dégageant de l'acide chlorhydrique; cette même substance est attaquée par l'eau et mieux encore par la potasse, en produisant du chlorure et de la phosphamide. On a, dans cette supposition, PCI' 4- 2H»N = PCl'N'H* -h 2HCI, PCl'N'H' = 3HCI -+- PHN% Phoâpham. PCP N^ H' -i- H' O = 3HC1 -+- Pff N' O, Phosphamide. » Dans le cas où l'action de l'ammoniaque serait incomplète, où l'on aurait par exemple PCI» -f- ff N = PCI' NH' 4- HCl , PCI* NH' = 2HCI + PCP N, la chaleur donnerait alors un corps chloré et non hydrogéné que le contact de l'eau pourrait convertir en acide chlorhydrique, acide métaphosphorique et en ammoniaque , puisque PCPN-t- 3ffO = PH(V -+- 2CIH + H'N. » (*) Dans quelques expériences , j'ai observé, comme MM. Liebig et Wohler, la formation simultanée d'une très-petite quantité d'une matière odorante et camphrée ; mais il m'a été impossible de la reproduire en quantité un peu notable. (86i ) CHIMIE. — Note sur le dosage de l'étain; par M. Gaultier de Claubry. « Ce procédé est fondé sur la li-ansformation des sels de protoxyde de ce métal en sels de peroxyde , lors de leur contact avec une dissolution alcoo- lique d'iode. » L'auteur, qui annonce un travail pins étendu sur ce sujet, dit n'avoir pu, jusqu'à présent, réussira appliquer son procédé lorsque le cuivre est allié à l'étain. » M. Bloxdlot demande l'ouverture d'un paquet cacheté àé^osé par lui le 20 avril 1 846; ce paquet, ouvert en séance, renferme une Note sur les résul- tats des opérations au moyen desquelles on empêche la bile de se verser dans le canal difjestif. Cette Note est ainsi conçue : « J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie qu'après de nombreuses tenta- tives, qui pendant longtemps étaient demeurées sans succès, je suis enfin parvenu à établir, sur des chiens, des fistules biliaires compatibles avec l'état de santé le plus parfait. Dans ce moment, j'ai en ma possession un de ces animaux qui a été opéré depuis deux mois, et, loin de dépérir, il acquiert chaque jour plus de force et d'embonpoint, bien qu'aucune parcelle de bile ne parvienne dans l'intestin, ce qui m'a été démontré, non-seulement parla décoloration des excréments, mais aussi par l'analyse chimique de ces matières. » Le procédé que j'emploie pour établir des fistules de ce genre est fort simple, et peut se partager en deux temps. Dans le premier, j'ouvre l'ab- domen à un chien, que j'ai eu la précaution de tenir à jeun depuis vingt- quatre heures au moins; je cherche la vésicule, et, après l'avoir attirée dou- cement au dehors avec des pinces, je lie son bas-fond, dans l'étendue de 1 à 2 centimètres, avec un fil de soie; ce fil est à son tour attaché dans le chas d'ifne aiguille à séton, avec laquelle je perfore les parois abdominales, sur le côté droit de l'appendice xyphoïde; c'est à travers cette petite plaie que je fais passer la partie de la vésicule comprise dans la ligature, et je la fixe au dehors au moyen d'une grosse épingle; cola fait, je détache le fil de soie, et je pratique à la vésicule une légère incision par laquelle la bile s'écoule in- continent. \a\ seconde partie de ropéiation consiste à lier le canal cholédoque, comme cela se pratique habituellement. .le place deux ligatures, l'une près de l'intestin, et l'autre à la distance d'environ 2 centimètres, puis je coupe le conduit entre les deux. Il ne reste plus qu'à réunir la plaie par quelques points de suture. Moyennant des soins, cette opération, qui est moins diffi- cile qu'on pourrait le penser, réussit généralement bien. Je l'ai pratiquée C. H., 1846, i«' Semestre. \J. XXII, N» 20.) • I ' 3 ( 862 ) déjà sur deux chiens, dont l'un doit être prochainement sacrifié, pour me permettre d'examiner l'état des parties. Quant à l'autre, je le conserve pour de nouvelles recherches, et j'espère pouvoir bientôt le soumettre à l'examen de l'Académie. » « M. DuFRÉivoy a présenté, de la part de MM. Malaguti et Durocher, professeurs à la faculté de Rennes, un Mémoire sur les causes de l'efflores- cence de la laumonite. » Les auteurs ont constaté que cette propriété est due à la perte d'une petite quantité d'eau; parmi les expériences qu'ils ont faites à ce sujet, ils ont tenu la laumonite dans un air humide pendant plusieurs mois, sans que ce minéral ait éprouvé la moindre altération; mais la preuve la plus cer- aine, c'est que les cristaux de laumonite , déjà altérés, ont repris leur trans- parence et leur aspect primitif, après avoir été plongés dans l'eau; ces mêmes cristaux, séchés et abandonnés dans un air sec, se sont comportés comme des cristaux récemment extraits de leur gîte. « M. AuDOL'ARD prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyée une Note présentée précédemment par lui et qui a rapport à la communication des substances toxiques entre la mère elle fœtus. M. Audouard fait remarquer que l'on a présenté récemment comme nouveaux des faits analogues à ceux qu'il avait consignés dans cette Note. M. BoiiNioL demande et obtient l'autorisation de retirer une Note qu'il avait présentée sur un nouveau procédé pour le jaugeage des tonneaux , Note qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par M. BENorr-BENOiAT , par M. Josat et par M. Progin. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. I /Académie a reçu , dans cette séance, le,; ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hehdomndnires des se nues ilf l' Académie royale des S(H'iicr.\ ; i" semestre 1846; n" 18 et 19; in-4°. Journal de Pharmacie et de Chimie; mai 1846; in-S". Exercices d'Analyse et de Physique mathématiques; par M. AuG. Cauchy; tome III; Sa* livr. ; in-4°- Bulletin de l'Académie royale de Médecine; 1 5 et 3o avril , et 1 5 mai 1846; in-8°. ( 863 ) Société royale et centrale d'Agriculture. — Bulletin des séances; Compte rendu mensuel; parM. Payen ; a* série, i" vol , n° 8; in-8°. Observations sur la prétendue maladie des Pommes de terre; par M. GiROU DE BuzAREiNGUES; | de feuille in-8". Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ ; 3o* année, 3" série, partie non officielle, tome II bis, i™ section. — Sciences et Arts. — Vol. supplémentaire, t. XCI bis de la collection; in-8°. Annales maritimes et coloniales; par les mêmes; avril 1846; in-8°. Tableaux de Population, de Culture, de Commerce et de Navigation, formant, pour l'année 1 842 , la suite des Tableaux insérés dans les Notices statistiques sur les Colonies françaises. Paris, i846;in-8°. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spilzherg et aux Feroë, pendant les années 18 38, 1839 et i84o, sous la direction de M. Gaimaru; 38^ livraison; in-folio. Voyage dans la Russie méridionale et In Crimée, par la Hongrie, la Valachie et la Moldavie, sous la direction de M. Anatole Démidoff; 1 1* livr. ; in-folio,. Traité de Nosographie médicale; par M. Bouillaud; 5 vol. in-8". Bibliothèque des Arts industriels , publiée sous les auspices de la Société d'En- couragement pour l'Industrie nationale. — Traité théorique et pratique de l'Im- pression des tissus; par M. Persoz; 4 vol. in-S" et atlas in-4°. Statistique géologique et minéralogique du département de l'Aube; par M. A. Leymarie; i vol. in-8° avec atlas in-4''' Journal d'un Voyage dans la Turquie d'Europe; par M. A. Viquesnel ; brocb. in-8'*. Expériences sur le Glucose et sur le Sucre de fruits; par M. E. SoUBEiRAN ; I feuille in-8''. Cours élémentaire , théorique et pratique d' Arhoricidture ; par M. Du Breuil ; in- 16. Essai sur les fonctions du Foie et de ses annexes; par M. Bloisdlot ; broch. in-8«. Note sur l'existence des larves d'OEsIrides chez l'espèce humaine; par M. JOLY ; broch. in-8''. Types de chaque Famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; par M. Plée; 28" livraison; in-4''. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; avril 1846; in-8". Archives d' Anatomie générale et de Phjsioloijie; par M. Mandl; i'* année, mai 18/16; in-8°. Recueil de la Société Polytechnique ; par M. DE MoLÉON ; 26* année , 5" série, tome III, n" 10; janvier i845; in-8°. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne ; tome XVIII; mars et avril 1846; in-8". Annales médico-psychologiques; par MM. Baillarger, Gerise et LoNGET ; mai 1846; iu-8". Mémoire sur la nécessité d'un Enseignement agricole; par M. BOULARD. Chà- lons, in-8". Moyens proposés pour préserver les Statilks et les Marbres de toutes sortes. ( 864 ) exposés à l'air, des Cryptogames; par M. le docteur E. Robert. (Extrait du Moniteur des Arts du 26 avril 1846.) j^ feuille in-8''. Petit Code philosophique et moral. — Exposé sommaire de douze Lois géné- rales qui se reproduisent dans toutes les œuvres de la nature et dans toutes les choses humaines, etc.; par M. Julien, de Paris; broch. in-8°. Journal île la Société de Médecine pratique de Montpellier; mai 1 846 ; in-S". Journal de Médecine; par M. TROUSSEAU; mai 1846; in-8°. Revue des Spécialités et des Innovations médicales et chirurgicales; par M. ViN- CÇNT DuvAL; 6" année, 2" série, tome I, n° i; in-8''. Journal des Usines et des Brevets d'invention; par M. ViOLLET; avril 1846; in-8°. .fournal des Connaissances médico-chirurgicales; mai 1846; in-8''. Bulletin des Académies; Revue des Sociétés de médecine française et étrangères , a* année; mai 1846; in-8''. L'Abeille médicale; 3* atmée, mai 1846; in-8''. De r Ophtlialmie gonorrhoique ; par M. F. Hairion. Louvain, 1846; in-8". Third. . . Troisième bulletin des Travaux de l'Institut national pour l'avan- cement de la science; février 184"^ à février i845. Washington , 184.') ; in-8°. Report , . . Rapport pour l'intelligence d'une Carte du bassin hydrographique du Mississipi supérieur, faite par M. Nicollet, alors employé du bureau des ingénieurs hydrographes; 16 février 1841; in-8''. (Brochure renvoyée à l'examen de M. Elie de Beaumont, qui jugera si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.) Bericht . , . Analyse des Travaux de i Académie royale des Sciences de Berlin , destinés à la publication ; janvier 1846; in-8''. Astronomische. . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n"' SSy et 558; in^". Nachrichten . . . Nouvelles de i Université et de la Société royale des Sciences de Gottingue; année 1846, n" 5, 4 mai; in-S". Notizia . . Notice sur le nouvel Hôpital militaire de Turin; par M. Kreno- BREA; projet adopté, avec deux feuilles in-plano. Sulla elletromozione. . . Sur l'Electromotion tellurique; résumé des Recher- ches expérimentales faites par le professeur h. Magrini, à l'occasion du sixième Congrès scientifique. Milan, i845; in-8''. Nota. . . Note sur l équation d'ime Courbe du sixième ordre , qui se rencontre dans un problème concernant l'ellipse; par M. TORTOLlNl. (Extrait de la Rac~ colta scientifca , 1^ année.) Rome, 1846; | feuille in-S". Gazette médicale de Paris; année 1846, n"' 19 et ao; in-4''. Gazette de> Hôpitaux; ïi°* Sa à 5^; in-folio L'Echo du Monde savant ; n"* 36 à 38; in-4''. Gazette médico-chirurgicale ; année 1846, n"* 19 et 20. « COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 25 MAI 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉTÉOROLOGIE. — Réfutation de l'ouvrage du docteur Fuster intitulé: Sur les changements dans le climat de la France ; histoire de ses révolutions météorologiques ; par M. Duread de la Malle , membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. qui attribue au déboisement une grande influence sur le chan- gement du climat dans les saisons. . ( 868 ) bre des jours de pluie et la distribution de la chaleur dans les différentes saisons. 11 J'inclinerais à croire, contrairement à l'opinion du docteur Fuster, que la Gaule, lors de la conquête, étant plus boisée, plus humide, plus maréca- geuse que la France actuelle, devait avoir des hivers moins froids, mais plus lonps, plus de jours de pluie, et une chaleur estivale moins forte que celle de la France actuelle. Je pense, en un mot, que le boisement ou le déboisement d'une contrée a une grande influence , moins sur la température moyenne annuelle que sur la distribution de la chaleur et du*froid dans les différentes saisons. Voici sur quoi je base mon opinion : J'ai pu comparer soigneusement, dans différents séjours successifs, la presqu'île du Cotentin depuis Carento- nium (Carentan) jusqu'à la côte située en face de Jersey, avec le département d'Iile-et-Vilaine ou même le plateau de Rennes. La péninsule normande est presque nue, dépourvue de forêts et de grands arbres, tandis que la portion de la Bretagne, indiquée plus haut, renferme de très-grandes forêts, et que les cultures mêmes, par la multiplicité des clôtures et des grands arbres pressés qu'on y laisse croître , semblent presque une forêt continue. Or, dans la presqu'île du Cotentin on ne peut conserver en pleine terre et sans abri, ni le Magnolia grandiflora , ni ÏAzereiro, ni \ Acanthe, ni les Araucaria, les Myrtes et les Lauriers qui bravent en plein air, depuis cinquante ans, les hivers de la Bretagne. Je crois donc que la Gaule antique devait être, rela- tivement à la France actuelle, dans le même rapport que la Bretagne ren- noise est au Cotentin. Selon moi, la Gaule plus couverte, plus humide, plus marécageuse, était moins froide l'hiver, moins chaude l'été. Les extrêmes de température flottent à Paris, dans quelques années, entre — 23 et -f- 34 de- grés centigrades. En Bretagne, jamais de ces écarts (i); et cependant les températures moyennes annuelles de Rennes, io°,q, et de Paris, io",8, se rapprochent sensiblement. Selon M. Arago (2), « la température moyenne » annuelle de Paris, de 1806 à 1826 inclusivement, a été de -t- io°,8 cen- 11 tigrades. La plus grande des vingt et une moyennes annuelles n'a surpassé 11 la moyenne générale que de i'',3. » Le climat de la Gaule, au nord de la Loire , devait ressembler à celui de la Bretagne actuelle. Si César eût eu un thermomètre et nous eût transmis- la moyenne de ses dix ans de séjour eu. Gaule, on ne trouverait peut-être pas i degré de différence entre la moyenne de soixante à cinquante ans avant l'ère vulgaire et celle de i836 à 1846. (1) Ch. Mabtihs, Régions ctimatoriales de la France, loc. cit., page i45. (2) Annuaire Ae tS^Ç) , page 5^ 9. •r ( 869 ) » Je puis citer un autre exemple de grandes différences climatologiques sur deux points très-rapprochés. » Chez moi, à Landres, entre Mortagne et Bellesme, département de l'Orne, dans la vallée de l'Huisne, non-seulement le laurier-sauce [Laurus Àpollo)^ le grenadier, quoique abrités par des murs, gèlent jusqu'à la racine, quand le thermomètre marque lo degrés centigrades; mais le saule de Ba- bylône, le peuplier de la Caroline, l'amandier et le cyprès sont détruits en- tièrement, branches, tronc et racines, quand le froid atteint — i4 à i5 de- grés centigrades, .l'ai observé ces faits pendant cinciuante ans. » A Pouvray, au contraire, chez le comte de Tascher, pair de France, ha- bitation distante seulement de la mienne de i3 kilomètres en ligne droite, à Pouvray, dis-je, le peuplier de la Caroline, le saule de Babylone, l'Azereiro, le Laurus ApoUo et les Yucca vivent depuis trente ans en pleine terre sans abri. Cependant l'altitude, l'exposition de Landres et de Pouvray sont les mêmes. Il serait, ce me semble, intéressant que les physiciens, les météoro- logistes et les botanistes pussent observer, à plusieurs époques de l'année et dans des années différentes, ces points si rapprochés. Peut-être trouveraient- ils la cause qui affecte si diversement les végétaux dans ces deux localités et ajouteraient-ils un fait bien constaté à l'histoire de la climatologie de la France. » M. Fuster (i) pense que le climat des Gaules s'était fort adouci depuis Vespasien jusqu'à Julien. Il cite en preuve que les figuiers avaient pénétré jusqu'à Paris, du temps de Julien, qu'ils y vivaient en pleine terre, mais qu'on était obligé de les empailler l'hiver. C'est encore ce que nous faisons dans le xix* siècle. » Je vois dans ce fait une preuve, non de changement, mais plutôt de constance dans la température. Il cite encore un passage de Julien (2) où les blés, dit-il, sont mûrs au solstice d'été dans le nord de ta Gaule, mais la ti-a- duction est inexacte; le texte ne parle pas de blé mûr dans le nord de la Gaule au solstice d'été (3), mais à la mi-août. n Une autre preuve de l'adoucissement du climat, alléguée par l'au- teur (4), est que la culture de la vigne, depuis 687 jusqu'en 1200, attei- (i) Fuster, page 22. (2) Epist. ad S. P. Q. Atheniensem, p. 2'j8, D. éd. Spanhéim, passage réfuté par M. tie Gaspai'in. Rapport cité pages 99 et 100 de l'ouvrage de M. Fuster. (3) Voyez Ammick, XVI, 11, 2 ; XVII, viii, i. (4) Page 29. ( 870 ) gnit le nord de la France et même au delà d'Abbeville. Il cite même une ven- dan,q[e faite à Culni, sur la Vistule, le o./\ août 1379, d'après Vaisselius [Hist. nat. regni Poloniœ). Or, Culm est à 53 degrés de latitude nord. Une pa- reille précocité semble fort improbable, et ce témoignage unique fort sus- pect. Il me semble que ces faits, fussent-ils avérés, impliquent, non un adou- cissement de la température, mais l'influence du christianisme, le besoin d'une certaine quantité de vin pour la célébration des offices divins, et l'ab- sence de communications faciles et sûres entre le nord , l'est et le midi de la France. M. de Jussieu (p. 3o, Géogr bot.) est du même avis et ne voit point dans ce fait la preuve d'un changement de climat. n Maintenant, selon M. Ad. de Jussieu, ouvrage cité, page 3o, la ligne où s'arrête la culture en grand , la culture Fructueuse de la vigue, commence sur la côte occidentale de la France, vers Nantes, 47° 2', et, suivant une ligne ondulée de l'ouest à l'est, disparaît au nord de la mer Caspienne par 48°'49'- l'^i limite méridionale de la vigue est, aux Canaries, vers i^°l\^' ; elle reparaît sur un petit point de l'Egypte, et beaucoup plus abondante en Perse à 29 de- grés et même à 27 degrés (1 ). » Quant aux montagnes d'Europe, elle monte, au plus, à 3oo mètres, en Hongrie , dans le nord de la Suisse , à 55o, ne dépasse pas 65o sur le versant méridional des Alpes, et peut s'approcher de 960 en Sicile, quoique à Té- nériffe elle n'aille qu'à 800 (2). » De tous ces faits, M. Ad. de Jussieu conclut que la vigne se règle moins sur la température moyenne que sur celle de l'été, qui doit avoir une cer- taine force pour mûrir ses fruits, et une certaine durée pour que cette ma- turation, qui doit s'achever en automne, y trouve encore une température assez élevée. » On peut affirmer, en outre, que la vigne craiut surtout un climat hu- mide; car on fait maintenant de bon vin sur la côte ouest de l'Amérique méridionale, vers le 18*, le i4* et jusqu'au 6" degré, et .sur la côte mord à Cumaua, dit M. A. de Humboldt, par \o\ latitude, et27°,7 '^^ températnre moyenne annuelle. Seulement il faut que le climat soit extrêmement sec, et l'humidité semble rendre ailleurs, par ces latitudes, la culture de la vigne impossible. (i) La limite sud delà vigne, sa culture en grand, en Egypte, selon StfaVon (XVIII, i) et Thcophraste {Hist., pi. I, 3), atteignait jusqu'à Coptos par 26 degrés, dans la grande Oasis et jusqu'à Éléphantine, 24° '"'. (2) Voyez Vl. Ad. DE Jussieu, page 3o. ( 87. ) » Quant à la culture de la vigne en Angleterre, mais sur quelques points privilégiés où la disposition des collines et des rochers avait formé une sorte d'egpalicr naturel, elle est attestée par le cadastre (i) du xu* siècle. Gam- den (a) dit qu'à Rayleigh, dans le comté d'Essex, ilj a six arpents de vi- gnes qui, si l'année est bonne, rendent vingt muids de vin. Mais, dit l'au- teur anglais (3), la seule indication de quelques petits vignobles répandus çà et là exclut l'idée d'une culture étendue telle qu'elle a lieu dans les con- trées réellement favorables à la vigne. Plus tard, quelques autorités prouvent encore l'existence de vignobles dans des lieux particuliers de l'Angleterre, et généralement situés auprès des cathédrales ou des monastères. On peut juger delà qualité du vin que faisaient alors les moines par ce passage, où Miller rend compte du produit d'un vignoble d'Ely. Voici ce passage curieux (4) : « Dans » la douzième année d'Edouard II, le vin du vignoble d'Ely fut vendu une » livre sterling douze schellings, et le verjus une livre sterling sept schellings. « Dans la neuvième année d'Edouard IV, on ne fit pas de vin, on ne " fit seulement que du verjus. » Enfin, dit le savant anonyme R.-W. R., si la culture de la vigne, dans des localités particulières, prouve quelque chose, c'est la constance du climat de l'Angleterre depuis le siècle où écrivit Bède 1^5) jusqu'en i685. » Après avoir dépouillé scrupuleusement tout l'ouvrage du docteur Fuster et vérifié toutes. les citations (travail assez pénible, car, sur dix, j'en ai trouvé sept fausses ou témoignant contre le système de l'auteur), je choisirai trois ou quatre faits principaux qui, s'ils étaient positifs, impliqueraient un chan- gement du climat de la France depuis l'ère vulgaire et même depuis le XVI® et le xvii® siècle jusqu'à nos jours. » L'auteur affirme (6) que les orangers et les citronniers, non-seulement venaient en pleine terre dans la Provence, le Roussillon et le Languedoc, mais qu'ils portaient des fruits plus beaux et plus savoureux que ceux du Portugal et des pays d'outre-mer, Malte et l'Afrique par exemple. (i) Domesday Book, cité par M. R.-W. R., Pliil. Magaz., p. loi, t. XVII, observa- lions on ihe climat of Italy and olher countries in ancient times. (2) Camden, Archeolog. Essex, t. I et III. (3) R.-W. R., page loi. (4) Philosoph. Magaz., tome XV, page ici. (5) Vid. Hist. ecclesiast.; I, i. (6) Pages 37 et 202. C 87a ) » La seule autorité sur laquelle il s'appuie est Champier, De Re ciharia, imprimé en i56o (i). Elle nous semble fort contestable ; car, en deux cent quatre-vingts ans, la température moyenne annuelle de la France aur^ait baissé de moitié, tandis qu'en i56o, le climat du Portugal et de l'Afrique aurait été plus froid que celui du midi de la France. » Pour la canne à sucre, M. Fuster (a) s'appuie sur un passage d'Olivier de Serres (3) qui dit que cette plante , importée en Provence de l'Egypte et de la Sicile, était domestiquée depuis peu d'années en ça : c'est l'expression d'Olivier de Serres. J'ai vérifié la citation. Olivier ne dit pas que la canne vient sans abri, en pleine terre ; d'ailleurs, peu d'années ne suffisent pas pour établir la possibilité de la culture de la canne en pleine terre, près de Mar- seille; car les orangers, même à Hyères, gèlent toutes les fois que le thermo- mètre, pendant l'hiver, dépasse 6 degrés Réaumur de froid, ce qui arrive à peu près une fois tous les huit ou dix ans. » Enfin , M. le docteur Fuster (4), pour appuyer son système , affirme que, d'après Grégoire de Tours (5), l'anachorète Hospice se nourrissait des dattes qu'il recueillait en Provence, près de Nice. Or, Grégoire de Tours s'exprime ainsi : Jpud urbem Nicensem, Hospitius reclausus nihil aliud quam purum panem cum paucis dactjlis comedebat , in quadragesima^ radicibus her- barum cegyptiarum quibus , exhibentibus sibi negociatoribus , alebatur. yoilà comment un auteur, possédé de l'esprit de système , traduit les textes, et comment il fait mûrir à Nice les dattes qui ne mûrissent pas même com- plètement à Alger et qui étaient apportées à Hospitius par le commerce, comme l'indique Grégoire de Tours. 1' J'ai relevé , dans tout le cours de louvrage , plus de cent erreurs pa- reilles. J'abrège, pour ne pas abpser de l'attention et du temps de l'Aca- démie. » J'ai donné à cette réfutation une certaine étendue, parce que cette question de constance ou de changement de climat depuis les temps anciens jusqu'à nos jours est fort importante , et qu'elle me semble digne d'appeler de nouveau, l'attention et les efforts combinés des savants et des érudits. (i) XI, XXXI, p. 636. (2) Page 37. (3) Théâtre d'Agriculture; t. II, p. 4o2et4Ji. (4) Page II 5. (5) Lib. VI, cap. vi. ( 873 ) » Dans un second travail qui fera suite à celui-ci et qui aura pour titre : Climalologie de l'Italie ancienne et. moderne, j'espère obtenir des résultats bien plus précis. Car, pour ranliquité et sur cette contrée, les textes, les dates abondent, pendant une période de i 5oo ans, et je crois qu'en réunissant pour lesdatesde germination, défoliation, défloraison, de maturation, dedéfo- liation de trente espèces d'arbres communs , des céréales et de plusieurs plantes usuelles, on peut arriver à des limites assez précises, à une bonne moyenne enfin, déduite d'un grand nombre d'observations, depuis — aSa jusqu'à -f- I 200 ans, et comparables, pour les mêmes lieux, avec les observations faites par les savants modernes. " Ija question de changement ou de constance du climat de l'Italie serait donc, sinon résolue mathématiquement, ce qu'on ne peut prétendre, du moins ramenée à des limites d'erreur assez restreintes. » PHYSIQUE. — Sur l'appréciation de la force magnétique ; par M. de Haidat. (Extrait par l'auteur.) « M. de Haidat a présenté un essai sur l'appréciation de la puissance ma- gnétique, qui, n'étant ordinairement mesurée que par la force nécessaire pour détacher la pièce de contact qui établit la communication entre les deux pôles d'un aimant, est variable et inexacte. Il propose d'y substituer une nié- thade dans laquelle l'estimation de cette force se déduit de la distance à la- quelle un aimant fait sentir son influence sur une aiguille sensible convena- blement disposée et au moyen de laquelle on apprécie facilement la force relative de deux aimants ou des pôles d'un même aimant. Cette appréciation de la puissance, des aimants n'était pas le but unique de ces recherches, mais c'était principalement pour s'assurer si, comme il l'avait déjà annoncé, la présence des corps interposés entre deux aimants pouvait modifier la puis- sance du courant par lequel ils agissent l'un sur l'autre. » Les corps interposés dans le trajet du courant en couches aussi nom- breuses que variées, ayant prouvé qu'il n'éprouve aucune altération, et que le fer même n'est pas moins impxiissant que les autres corps, il a dû renoncer à l'espérance de le modifier par la réflexion, la réfraction ou la diffraction. » ." C. R., 1846, i"Sem«l,c,(T. XXII, N» SI) I l5 ( 874 ) RAPPORTS. MÉTÉOROLOGIE. — Rapport sur les observations météorologiques faites à Privas par M. Fraysse. (Commissaires, MM. A.iago, de Gasparin rapporteur.) « Depuis trois aus M. Fraysse, conducteur des Ponts et Chaussées à Privas, vous envoie régulièrement des observations météorologiques faites dans sa résidence. Ce bon exemple méritait d'être signalé, car il reste encore bien des points iudéterminés dans la climatologie de la France, qui serait bientôt complétée si les nombreux physiciens répandus aujourd'hui sur notre terri- toire, grâce aux nombreux établissements d'inslruction et des services publics qui existent, imitaient ce bon exemple et celui que leur donne la Com- mission hydrométrique de Lyon. " Ce qui a attiré d'abord l'attention dans les observations de M. Fraysse , c'est la température peu élevée de Privas relativement à sa position. Après l'avoir prié de vérifier la graduation de son instrument , nous nous sommes livrés à l'examen de ses chiffres. Pendant les deux années iS/jS et 1844, il n'observait le thermomètre qu'une seule fois par jour, à 8 heures du matin; ce n'est qu'en i845 qu'il a commencé à se servir, et pour trois mois seule- ment, des thermométrographes à minimum et à maximum. n La température observée pendant l'année entière, à 8 heures du matin, ne représente pas exactement la température moyenne de l'année. Si nous avons recours aux observations horaires faites à Padoue par Ciminelle, nous trouvons qu'il faut ajouter au chiffre obtenu à cette heure o,o56 de sa valeur pour avoir cette température moyenne. La latitude de Padoue étant peu dif- férente de celle de Privas et sa température assez rapprochée de celle de la vallée du Rhône avoisinante, c'est celle que nous avons naturellement choi- sie pour en déduire ce résultat. >' Ainsi la température de Privas serait : Pour 1843, au lieu de 9'')97 10°, 53 Pour 1844, au lieu de 9,91 io,46 Pour 1845, au lieu de io>99 1 1 ,60 Moyenne, au lieu de 10,29 io,86 » Cette température est certainement plus faible que celle que lui assi- gnent sa latitude et son altitude. " Pour trouver quelle serait la température de Privas, placé à 44''44' de ( 875 ) latitude et au niveau de la mer, nous avons cherché si nous pourrions, avec sécurité, nous servir de quelques-unes des formules proposées à cet effet. Pour cela, nous les avons toutes essayées et nous avons enfin trouvé que, près de ce méridien, la formule suivante représente, d'une manière très-ap- prochée, la véritable température observée à Marseille, Nîmes, Orange, Viviers et Lyon : T=:86°,3coslat.-5°,5, le résultat étant en degrés du thermomètre de Fahreinheit, mais à condition que nous réduirions aussi ces températures au niveau de la mer, au moyen de la formule de M. Valz , 1 1 D étant la différence de température pour i ooo mètres; t la température moyenne du lieu inférieur, t'=z — Si , qui dépend de la température des es- paces célestes. I. Voici les résultats obtenus : Marseille ," par 43" 1 7' Sa"; la formule donne . . . i4°>07 Pouragmètresd'altitudeàretrancher. 18 Reste '3,8g L'observation donne i4 »o8 , 0,19 Différence... — •'>'9 Nîmes, par 43''5o'36" i3,65 Pour 3o mètres d'altitude 18 Reste i3,47 Observé ' 3, 70 0,23 Différence. . . — o,23 Orange, par 44°8' '3,77 Pour 60 mètres d'altitude o , 36 Reste i3,4i Observé i3,i3 0,28 Différence... •+■ 0,28 Viviers, par 44" 29' i3,2o Pour 60 mètres d'altitude o , 36 Reste 12,84 Observé. 12,60 0,24 Différence. . . -f- 0,24 II 5.. ( 876 ) Lyon , par 45°45'44" «2.58 Pour 172 mètres d'altitude 0,48 Reste 12,10 Observé 1 1 ,80 o,3o Différence... -t- o,3o Erreur moyenne des formules. . . -I- 0,10 Ainsi nous avons pour Privas, latitude 44°44 ■ • i3,22 Pour 275 mètres d'altitude i ,65 11,57 A retrancher pour l'erreur des formules . 0,10 ".47 La moyenne des trois années nous a donné . . i o , 86 La température de Privas est donc inférieure à celle qu'elle devrait avoir de • . . 0,61 « Voilà à (juoi se réduiraient les influences frigorifiques de la proximité des montagnes de la Haute-Loire, du Coiron et de Tanargue, si toutefois un plus grand nombre d'années d'observations ne venaient faire disparaître cette dif- férence, et si les coefficients des réductions pour la température horaire et l'altitude sont parfaitement applicables à la position de Privas. En 1844 > l'' direction moyenne du vent à Priviis a été de 331°; à Orange, de 350° 23'; En 1845 , la direction moyenne du vent à Privas a été de 280°; à Orange, de 335°. » Les vents inclinent plus du nord à l'ouest à Privas, placé hors du centre de la direction de la vallée du Rhône , qu'à Orange qui se trouve dans le fond de cette vallée. On voit que, de part et d'autre, les vents se sont plus écartés du nord en i845 qu'en i844- >' Ija quantité de pluie tombée à Privas, comparée à celle qui est tombée à Orange , est ainsi qu'il suit : Privas. Orange. Différence. 1843 121,9 ^=*'4 39,5 1844 125,0 87,5 37,5 1845 io4,3 » » >' On voit que les pluies suivent les mêmes progressions dans les deux lieux, et qu'à Privas, qui est plus élevé, il est tombé dans chacune des deux années comparées près de 4o millimètres de pluie de plus qu'à Orange. ( 877 ) " T^a moyenne de la hauteur du baromètre a été Poiir 1 843 'j 38'-"s8i Pour 1844 739""",io Pour 1845 738"'™,97 Moyenne des hauteurs. 738'"'", 96 » La température moyenne du thermomètre attaché au baromèlre a été de i4'',2i; ainsi la hauteur du baromètre moyen, ramené à zéro , est de 737""',27. » Mais les observations d« l'auteur n'ayant été faites qu'à 8 heures du matin , c'est-à-dire près de l'époque maximum de la marée diurne, il y a lieu d'en retrancher o^jiS d'après les observations horaires de Padoue , et nous aurons pour le baromètre moyen de Privas 737™™,09. » Calculant d après les tables d'Oltmans, et en prenant le baromètre au niveau de la mer à Marseille de 76i'°'",35, nous avons, pour l'altitude de Privas, 26o'",2. fj'auteur, qui est conducteur des Ponts et Chaussées et qui sans doute l'aura obtenue par le nivellement, nous la donne de 27,5 mètres. L'erreur serait de i5 mètres. Doit-on l'attribuer au baromètre dont nous ne connaissons ni le diamètre du tube ni celui de la cuvette, et qui n'a pas été comparé à un baromètre bien construit? faut-il l'attribuer à la position de Privas qui augmenterait la pression atmosphérique? Nous devons nous abstenir à cet égard de toute conclusion prématurée. :i M, Fraysse se plaint lui-même de l'état de son baromètre, et demande à l'Académie de vouloir bien lui en fournir un. 'On ne peut exiger d'autre sacrifice que celui de son temps d'un observateur placé dans sa position , et nous avons cru que nous devions vous proposer de satisfaire à cette demande. Nous ajouterions à cet envoi un thermomètre soigneusement gradué. " Votre Commission vous propose, en outre, de remercier M. Fraysse de ses communications, et de l'engager à les continuer. » Les conclusions de ce Rapport ont été adoptées. NOMINAÏIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission de cinq membres qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix concernant les Arts insalubres. MM. Dumas, Payen, Ghevreul, Rayer, Pelouze obtiennent la majorité des suffrages. ( 878 ) 3IÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Velpeau présente, au nom de M. le docteur GonnÉ, médecin à Boulof>ne, une Note sur un enfant monstrueux présentant trois extrémités inférieures et un double appareil sexuel mâle. " Cet enfant-est né à Quinla de Corveiros, dans le royaume des Algarves, le 5 septembre 18 'p; son père et sa mère sont forts et bien portants: celte dernière, âfjée de vingt-deux ans et qui avait eu déjà deux enfants bien conformés, n'a rien éprouvé de particulier dans sa troisième grossesse; elle ne se rappelle avoir reçu aucun coup, avoir éprouvé aucune émotion violente; raccouchement n'a pas été accompagné de plus de souffrances que les deux précédents, l'enfant est venu au terme régulier de neuf mois. » Cet enfant, aujourdhui^dans son huitième mois, est en parfait état de santé, vif et de bonne humeur. Sa tête, son tronc, ses bras, sont régulière- ment développés et bien proportionnés II en est de même des extrémités inférieures qui occupent la place normale; quant au membre supplémen- taire, évidemment formé de la réunion d'une seconde paire de membres pelviens compris sous une enveloppe commune, il est sitné sur la ligne mé- diane, en arrière des deux autres qui le cachent presque complètement lorsque l'enfant est couché sur le dos. Ce troisième membre, égal en longueur à chacun des deux premiers, offre à peu près le double de leur grosseur, dans la portion correspondant à la cuisse; la jambe est relativement plus grêle. IjC pied se termine par dix orteils dirigés en avant comme ceux des mem- bres normaux; les deux gros orteils sont réunis par la peau, et il en est de même des deux doigts externes dechaquecôté. Ce membre surnuméraire est flasque, sans mouvements, et plus froid vers sa parlée inférieure que ne sont les autres parties du corps ; la sensibilité est aussi très-faible vers le bas de la jambe et au pied. » Les moyens d'attache de cet appendice monstrueux sont une tige ostéo- cutanée large de 3 à 4 centimètres et longue de 2 à 3, mesurée en dehors du bassin normal dans lequel elle s'enfonce en remontant jusqu'à une hauteur qu'on ne peut préciser: cette tige est assez mobile; sa partie osseuse, autant qu'on en peut juger à travers la peau, paraît formée des dernières pièces du sacrum qui seraient le seul vestige du bassin anormal. » En avant du bassin normal, on voit deux pénis séparés, à leur ori- gine , par une distance d'environ 4 centimètres; un seul testicule de chaque côté se rencontre dans le double scrotum correspondant. Chaque pénis est ( «79 ) pourvu de son canal de l'urètre. fiCS deux canaux paraissent communiquer avec une vessie unique; du moins quand l'émission de l'urine a lien, elle se lait eu même temps et en quantité égale par les deux voies. » (Commissaires, MM. Serres, Isidore Geoffroy-Saint-Hilairc, Andral, Velpeau.) MÉDECINE. — Observation de névroplastie, ou de tran.sjormation ganglionnaire du sj-stème nerveux- pe'riphe'ri(ji/e; par M. Sekhes. u Dans la séance du 3 avril i843, j'ai eu l'honnenr d'appeler l'attention de l'Acadenrie sur une maladie générale du système nerveux qui n'avait pas encore été signalée. » Je l'ai désignée sous le nom de névroplastie. Son caractère anatomique et fondamental consistant dans une transformation ganglionnaire des railialions du système nerveux de la vie de relation, et de celui de la vie organique, nulle maladie, à notre connaissance, n'affecte, au même degré que celle-ci, l'universalité d'un système organique, puisque, sur un seul des membres, nous avions compté jusqu'à deux cents de ces ganglions nerveux insolites. n Les deux cas que nous avons observés à l'Ecole d'Anatomie des hôpitaux,, etqui font l'objet de ma première communication, éiaient identiques; un troi- sième , entièrement semblable, s'est rencontré à Brest , et a été décrit avec le plus grand soin par MM. les docteurs Maher et Payen; je l'ai commu- niqué à l'Académie, dans sa séance du 24 novembre i845. " La similitude de l'altération du système nerveux périphérique dans ces trois cas, la forme des renflements ganglionnaires, leur siège, leur structure, leur comparaison avec le ganglion cervical supérieur normal , les expériences auxquelles ils furent soumis, leur étude intime à l'aide du microscope, leur développement qu'il nous fut possible d'en suivre depuis leur début jusqu'à leur volume le plus considérable, "tout nous confirmait dans l'idée que le tissu nerveux en était le siège, qu'il se renflait accidentellement par l'effet de cette maladie comme il le fait normalement sur certains points, soit sur les radiations du grand sympathique, soit sur les cordons nerveux de la vie de relation avant leur implantation sur la moelle épinière. "• n L'intégrité parfaite du tissu de la moelle épinière et de l'encéphale, inté- frvité qui existait dans les trois cas, permettait néanmoins d'élever des doutes sur la déduction fournie par cette élude anatomique; car, dans l'état pré- sent delà science, comment admettre une transformation si générale et si imi- forme de tout le système nerveux périphérique, sans nulle trace d'altératioti ( 88o ) dans l'axe cérébro-spinal? comment concilier l'analogie , présentement reçue, des amas de matière grise de l'encéphale avec les ganglions nerveux, et ex- pliquer l'intégrité de ces amas au milieu dune transformation ganglionnaire qui avait fmppé simultanément les deux ordres de nerfs? » Ces doutes étaient fortifiés encore par l'ignorance où Ton était sur les phénomènes qui avaient précédé et accompagné cet état pendant la vie. La maladie n'ayant été reconnue, dans les trois cas, qu'après la mort, les ren- seignements qui nous avaient été donnés sur les deux premiers étaient très- incomplets, et ceux recueillis par MM. Maher et Payen pour le troisième, quoique plus satisfaisants, ne pouvaient être admis, selon leur remarque, qu'à titre de circonstances concomitantes. » Ces renseignements, toutefois, s'accordaient sur deux points princi- paux. Ils s'accordaient pour établir, en premier lieu, que ces malades étaient morts (les suites de la fièvre enléro-mésentérique ou typhoïde; et, en second lieu, ils semblaient établir que nul phénomène pouvant faire soupçonner la lésion du système nerveux ne s'était manifesté pendant la vie. MM. Maher et Payen terminaient même par ces mots leur intéressante observation : " Pendant le cours de celte longue maladie, il ne fut constaté aucun symp- >' tome, expression de la soufFiance du système nerveux. » La contradiction entre les lésions anatomiques et l'absence de phénomènes traduisant ces lésions ne pouvait être plus manifeste; elle justifiait, jusqu'à un certain point, les doutes émis par quelques physiologistes sur la nature de ces gan- glions insolites. » Néanmoins les progrès récents de l'anatomie et de la physiologie du système nerveux ne permettaient guère d'accepter cette conclusion; ceux delà médecine protestaient également. D'une part, dès l'apparition endé- mique de la fièvre entéro-mésentérique ou typhoïde, les souffrances du sys- tème nerveux périphérique nous avaient tellement frappés, MM. Petit et moi, qu'en publiant l'ouvrage qui a donné l'éveil sur cette maladie (i), nous fûmes au moment d'adopter le mot Aejièvre lente nerveuse, par lequel plu- sieurs médecins de l'Hôtel-Dieu proposaient de la désigner. )i D'autre part, la lésion du ganglion du nerf tri-jumeau, que je signalais chez l'homme au moment même où M. Magendie faisait ses belles expé- riences sur ce nerf (2), est suivie d'accidents trop graves et trop constants, pour qu'il fût possible d'admettre qi^e des centaines de ganglions puissent se (i) Traité de la Fièvre entéro-mésentérique , par MM. Petit et Serres; Paris, i833. (2) Anatomie comparée du Cen'eau; lomc II, pages 67 — 87. ( 88i ) développer accidentellement dans le tissu de* nerfs, sans traduire leur pré- sence par quelque symptôme. » Ainsi que nous l'avons dit dans la première communication , il était donc prudent d'attendre, avant de se prononcer à ce sujet, que de nouveaux faits observés pendant la vie , fissent connaître ce qui manque aux précédents pour les compléter. » Un cas des plus remarquables est soumis présentement à notre obser- vation. Les phénomènes qui l'ont précédé, ceux qui l'accompagnent, décè- lent un trouble si profond dans l'action du système nerveux, que je crois devoir la publier de suite, d'une part, afin de dissiper les incertitudes que les cas précédents ont pu faire naître dans l'esprit des observateurs, et pour éclairer, d'autre part, le diagnostic d'une affection si inattendue dans sa nature et si grave dans ses suites. » Voici ce cas, qui se développe en quelque sorte sous nos yeux, et que nous n'avons pas encore l'espoir d'arrêter; car, bien que l'état général du malade paraisse s'améliorer soui l'influence de la médication à laquelle il est soumis, néanmoins chaque jour nous reconnaissons, sur le trajet des nerfs superficiels, des renflements que nous n'y avions pas rencontrés la veille. " Legrand (Pierre-Alphonse), âgé de vingt-six ans, menuisiei-, né à Ba- gneux (Seine), garçon. Entré le i4 avril 1846, salle Saint-Alhanase, n° i (i). » Le père et la mère de ce jeune homme, encore actuellement existants, se portent bien, et lui-même a toujours joui d'une très-bonne santé jusqu'à ce jour. 11 ne se l'appelle avoir eu aucune maladie grave pendant son enfance et sa jeunesse. Sa constitution paraît assez robuste, bien qu'il ait, dit-il, beaucoup maigri depuis ces derniers temps. Jusqu'à l'année dernière il fai- sait d'assez nombreux excès de boissons. Enfin, il habitait seul une chambre assez vaste, mais mal aérée; sa nourriture était saine et suffisante. Ce malade nie formellement avoir jamais contracté d'écoulements ni de chancres véné- riens. L'examen le plus attentif des parties génitales ne laisse découvrir aucune cicatrice ; celui du corps ne permet non plus de voir aucune trace d'affection syphilitique ancienne ou récente. Cependant, en i84i, il dit avoir eu à la couronne du gland deux groupes de très-petites végétations qui furent in- cisées et cautérisées à la consultation de l'hôpital du iVlidi,, longtemps après leur apparition, el qui ne parurent plus depuis. (1) Observation recueillie par M. Dagincourt, interne de raa ili vision. c. B., 1846, i"Semfjiri;. (T \\n, ^<'2l.; ''^ ( 882 ) « A la fin du mois de septembre i845, il eut une fluxion de poitrine dont il fut traité à l'Hôtel-Dieu annexe, où il resta pendant deux mois, et dont il sortit parfaitement rétabli. » Précédemment, au mois d'avril de la même année, à la suite d'un tra- vail forcé durant déjà depuis plusieurs jours (dix-huit heures par jour), sans aucun symptôme précurseur, dans l'espace d'une nuit le malade perdit la vue du côté gauche; il s'était couché le soir très-bien portant, et le lendemain, il lui était impossible de distinguer le jour de la nuit ; la vision de cet œil était entièrement abolie. Du reste nul autre accident. Il garda pendant deux jours la sensation d'une étoile blanche et brillant devant cet œil , puis il n'y ressentit plus rien , et n'y a rien ressenti depuis cette époque. Au mois de mai, quinze jours après cet accident, il alla consulter un oculiste qui lui fit suivre pendant trois semaines environ nn traitement révulsif, sans aucun résultat. Sur cet œil avait existé anciennement une taie qui avait été guérie , il y a quinze ans environ, par M. Marjolin. La vision y était aussi complète que de l'autre côté. ') Tels sont les antécédents généraux du malade ; nous les compléterons en ajoutant qu'il existe une paralysie incomplète du muscle releveur de la paupière gauche, correspondant à Tœil amaurotique. Arrivons maintenant à ceux qui paraissent avoir spécialement précédé le développement de la ma- ladie dont il est actuellement affecté. » Au commencement de janvier dernier, il tomba sans connaissance dans la rue, avec tous les symptômes d'un accès d'épilepsie : voici les renseigne- ments qu'il donne sur cette attaque. Il commença par éprouver quelques convulsions légères dans le pouce de la main droite, en même temps que des douleurs assez vives au même endroit, puis ce doigt se fléchit fortement dans la paume de la main; les autres doigts devinrent le siège de douleurs et de convulsions analogues qui produisirent la fermeture delà main; les dou- leurs se propageaient le long du bras et de l'a vant-bras jusqu'au larynx, où elles produisirent un sentiment de suffocation très-énergique, au point que le malade ne pouvait se plaindre de ses douleurs; il y eut des vertiges et des tintements d'oreilles, puis perte complète de connaissance. Tous ces symp- tômes se succédèrent très-rapidement, si bien qu'en moins d'une demi-mi- nute la perte de connaissance était complète. Le malade ne peut donner aucun renseignement sur la durée de cet accès. Le soir du même jour, il y eut un autre accès, mais beaucoup moins intense; il fut caractérisé par des douleurs très-vives dans le bras et l'avant-bras, avec flexion du pouce dans « ( 883 ) la paume de la main, mais il n'y eut pas de perte de connaissance. Cet ac- cès ne dura que quelques minutes, et le malade, qui était couché, s'endor- mit profondément. Le lendemain, ce jeune homme avait recouvré toute la plénitude de sa santé, seulement il conserva pendant quelques jours un peu d'engourdissement et de faiblesse dans le bras droit. Comme depuis l'é- poque où il avait contracté sa fluxion de poitrine, le malade avait conservé des maux de tête (rès-fréquents et très-violents , aA'ec congestion intense de la face et des yeux, il crut que cette syncope en était le résultat, et ne fit aucun traitement. C'est là la cause qu'il lui attribue, rien de ce qui se passa dans les jours précédents ne pouvant lui en fournir l'explication. Il se remit à travailler les jours suivants. » Vers le 26 février, le soir, en rentrant chez lui, il sentit de nouveau son pouce se fléchir, ses doigts se courber, et des douleurs se faire sentir le long du bras; un ver(iges'emparadelui,et lefit tomber, mais il ne perdit pas, cette fois, connaissance d'une manière complète, etconserva vaguement conscience des soins que lui prodiguèrent les personnes qui l'entouraient. Cet état dura à peu près dix minutes: la parole était impossible, par suite de la constric- tion du larynx, les yeux fermés, mais il n'y avait pas de mouvements convul- sifs; puis tout rentra dans l'ordre. Pendant la durée de la nuit suivante, il y eut deux nouveaux accès, mais moins intenses, ce que le malade attribue à l'obstacle qu'il opposa à la flexion convulsive du pouce dans la main , par l'interposition d'un verre. Ce dont il se plaint le plus , en sortant de cet accès, c'est d'une soif très-vive. » A la suite de cette nouvelle crise, le bras droit resta engourdi, et il y eut des fourmillements dans les doigts du même côté; il cessa alore son travail, entra à l'hôpital de la Charité le i®' mars, et il y resta pendant neuf jours. " On le conserva , pendant ce temps , à l'expectation , attendant un nouvel accès qui pût faire juger de la natiue de sa maladie; lui, ne sentant plus de fourmillement ni d'engourdissement dans son membre, demanda sa sortie et ^ reprit son travail au bout de ce temps. )i Mais, le 4 avril, il fut de nouveau obligé de le suspendre, par suite de faiblesse et de douleur qu'il ressentait dans les bras. Au bras droit, la dou- leur était fixée vers la partie moyenne du biceps; du côté gauche, elle exis- tait vers la partie moyenne de la face dorsale de l'avant-bras. Il attribua ces douleurs à de la fatigue , espérant les voir disparaître au bout de quelques jours de repos ; mais elles persistèrent. Le 8 , il y eut deux nouveaux accès , que 116.. ( 884 ) le malade arrêta en croisant ses mains et en empêchant la flexion de son pouce. » Enfin, le i4 avril, il entra à la Pitié où, pendant quelques jours, il fut traité pour des douleurs rhumatismales. Mais, au bout de quelque temps, on s'aperçut qu'il portait dans l'épaisseur du biceps brachial du côté droit, vers Tendroit qui était le siège des douleurs, plusieurs petites tumeurs dures et douloureuses à la pression , et qu'il y en avait également à la face externe de l'avant-bras gauche. » Au même moment, des douleurs commencèrent aussi à se faire sentir dans les jambes, si bien que le malade, qui ne pouvait déjà presque pas se servir de ses mains, fut obligé de garder le lit, étant dans l'impossibilité de se tenir debout et de marcher; puis, au bout de quelques jours, on y re- connut la présence de petites tumeurs analogues à celles des bras, et que nous allons essayer de décrire maintenant. >' Ces tumeurs, actuellement ( 1 5 mai) , sont répandues sur toute la surface du corps; mais elles sont plus nombreuses aux membres qu'au tronc, et aux membres supérieurs qu'aux membres inférieurs. Sur les membres, elles pa- raissent siéger tantôt immédiatement sous la peau, tantôt sons les aponé- vroses, tantôt dans l'épaisseur des fibres musculaires. Elles existent sans changement de couleur à la peau. Une particularité de leur disposition , c'est qu'elles ne dépassent pas le tiers inférieur de ces organes, et qu'on n'en trouve aucune sur le trajet des tendons ni des gaines synoviales. Dans un seul endroit on en trouve deux qui paraissent adhérentes à un os, bien que ce- pendant elles puissent en être éloignées par une pression soutenue. On n'en rencontre aucune trace au col, à la tête, aux mains ni aux pieds. » Sur le tronc , où elles existent en petit nombre , elles sont toutes sous- cutanées, tandis que sur les membres , les plus nombreuses sont situées dans l'épaisseur des masses charnues, et elles y sont d'autant plus nombreuses que ces masses sont plus développées. Ainsi, au bras, elles existent surtout dans l'épaisseur du biceps; à l'avant-bras, dans celle des muscles qui s'attachent à l'épitrochlée et à Tépicondyle ; à la jambe, dans celle des jumeaux et du solaire : ce qui fait qu'en même temps elles sont en plus grand nombre dans le sens de la flexion que dans celui de l'extension; circonstance, qui nous servira à expliquer tout à l'heure l'attitude du malade. Il n'en existe qu'une seule sur le trajet d'un nerf d'un certain volume, sur celui du nerf sciatique poplité externe, à la hauteur de la tête du péroné; on n'en rencontre aucun sur le trajet des gros troncs vasculoso-nerveux du bras, de la cuisse et du creux poplité. ( 885 ) 1» Le volume de ces tumeurs est très- variable : les plus petites sont à peu près de la grosseur d'uu pois, les plus grosses de celle d'une amande; leur forme, quelquefois sphérique, est le plus souvent ovoïde, raremfeut fusi- forme; leur surface lisse et polie, leur consistance ferme et résistante, ne paraissent présenter aucune adhérence avec le tissu sous-jacent. Celles qui sont sous les aponévroses jouissent encore d'une certaine mobilité; mais, pour communiquer quelque mouvement à celles qui existent dans l'épaisseur des fibres musculaires, il faut agiter en même temps la niasse charnue, bien qu'elles ne paraissent nullement adhérentes aux fibres musculaires, mais seulement contenues dans leur écartement. Celles qui sont situées sous la peau sont très-molles, et rien de plus variable que les sensations qu'on y développe par la pression. En effet, tandis que les plus anciennes sont entiè- rement indolentes et peuvent être comprimées sans être le siège d'aucune douleur, il en est d'autres qui ne peuvent supporter le moindre attouche- ment sans que le malade n'y ressente des douleurs très-vives ; il en est d'au- tres, enfin, mixtes eu quelque sorte, qui ne développent de la douleur que sous une pression assez énergique. Un caractère particulier de cette douleur, c'est d'être entièrement bornée au lieu occupé par la tumeur, et de n'en- traîner aucune irradiation dans les parties voisines. La contraction muscu- laire produit , sur ces tumeurs , le même effet que la compression avec la main, le développement de la douleur; comme elles sont beaucoup plus nombreuses dans le cas de la flexion que dans celui de l'extension, les-mem- bres restent demi-fléchis; il faut encore, dans l'appréciation de ce fait, tenir compte de la diminution de longueur que ces tumeurs font subir à certains muscles , dont elles occupent l'épaisseur. Aussi , loi'sque le malade est debout, ses jambes sont-elles légèrement fléchies sur ses cuisses, ses pieds sur ses jambes, et la marche est-elle très-pénible, même presque impossible; en même temps ses bras sont dans un état moyen entre la flexion et l'ex- tension, tandis que dans le repos au lit, il n'éprouve d'autres douleurs que celles résultant de la pression des tumeurs par le poids du corps. Enfin , ces tumeurs, peu appréciables à la vue lorsque les muscles sont dans le relâ- chement, saillissent et proéminent à l'extérieur quand ils sont contractés. » Considérées d'une manière générale, on voit que ces tumeurs se sont dé- veloppées d'une manière presque symétrique des deux côtés de la ligne mé- diane et dans les muscles homologues : ce qui va ressortii' de l'indication des organes où nous les avons rencontrées. » A l'avant-bras gauche il en existe plusieurs dans l'épaisseur du tiers su- ( 886 ) périeur des muscles qui s'insèrent à 1 epicondyle , et une seule très-doulou- reuse, {i[rosse comme une petite noisette, vers la partie moyenne du cubital antérieur. » A 1 avant-bras droit, il en existe une masse également dans l'épaisseur des muscles qui s'insèrent à l'épicoudyle, et une isolée sous-cutanée sur la ligne médiane immédiatement au-dessous de l'articulation du coude. n II n'en existe pas dans les muscles qui s'insèrent à l'épitrochlée. » Sur la face postérieure de l'avant-bras gauche, il n'en existe qu'une seule vers sa partie moyenne , au milieu de l'espace interosseux , tandis que du côté droit il y en a deux qui, au premier aspect, paraissent adhérentes au cubitus vers le tiers moyen de cet os et sur sa face postérieure, mais qui ce- pendant peuvent en être écartées. Ces deux tumeurs, très-douloureuses ces jours passés, le sont à peine maintenant. Il y en a une aussi sur cette face, vers la partie moyenne du radius, mais elle est soiîs-cutanée. •' Au bras gauche, on en rencontre un paquet dans l'épaisseur du biceps, vers sa partie moyenne. A la même place , il y en a aussi plusieurs qui sont sous-cutanées. La partie inférieure du triceps en est aussi parsemée vers l'endroit où ce tendon s'isole des fibres charnues ; il en existe une surtout très- grosse en cet endroit. Enfin, il en existe quelques-unes dans le deltoïde: même répétition du côté droit, si ce n'est que, peut-être, elles sont un peu plus nombreuses dans le triceps de ce côté. » Au membre inférieur, mais seulement à la cuisse, elles sont plus dissé- minées, et ne présentent pas des centres d'agglomération comme ceux que nous avons rencontrés aux bras et à l'avant-bras et ceux que nous rencon- trerons tout à l'heure à la jambe, et proportionnellement elles sont beaucoup moins nombreuses sur cette région. Ainsi, à la cuisse gauche, il en existe quel- ques-unes le long du bord gauche du tendon du triceps, d'antres dans l'épais- seur du vaste interne, une sur le milieu de la longueur du droit interne: celle-ci paraît très-adhérente à l'aponévrose ; elle est dure et rénitente; d'au- tres, enfin, le long de la face externe de la cuisse , surtout à l'union du tiers inférieur avec le tiers moyen. Sur la face postérieure il y en a une très-dou- loureuse à peu près sur la direction du grand nerf sciatique vers le milieu de la cuisse, mais sur un plan plus superficiel. La distribution de celle que l'on rencontre du côté droit est presque la même. 11 Sur la jambe gauche nous n'en trouvons qu'une seule sur le tiers moyen du jambier antérieur; elle est grosse , douloureuse, située dans l'épaisseur du muscle. Une autre, sur la face externe du membre, au niveau de la tête du ( 887 ) -^ péroné et de l'endroit où passe le nerf sciatique poplité externe, est plus petite qu'elles ne le sont ordinairement; elle est de la grosseur d'un pois environ , dure , indolente et très-mobile. » Mais c'est surtout à la partie postérieure qu'elles sont nombreuses vers l'endroit où le tendon d'Achille s'isole des fibres du triceps sural; nous en trou- vons là une agglomération tout à fait analogue à celles que nous avons ren- contrées dans les biceps du bras. » La jambe droite présente une semblable disposition , si ce n'est qu'il n'en existe pas à la partie antérieure ni au niveau de la tète du péroné^ et que celles qui occupent le mollet sont peut-être plus nombreuses. » Il n'en existe que deux à la région antérieure du tronc : une sous-cutanée à a centimètres en dehors du sternum , dans l'intervalle qui sépare la deuxième de la troisième côte droite; la seconde, dans la partie supérieure du muscle droit de l'abdomen, à gauche, à 5 centimètres de la ligne blanche, à peu près à égale distance de la ligne médiane que la précédente. Cette dernière est assez constamment douloureuse. >i II en existe davantage sur la région postérieure du tronc. On en trouve une agglomération dans l'épaisseur du muscle grand dorsal, à la hauteur de l'angle inférieur du scapulum. Ces tumeurs sont assez sensibles à la pression, et font éprouver quelques douleurs au malade dans certains mouvements du bras. » Puis, il en existe d'autres, mais sous-cutanées, dans différents espaces in- tercostaux. Ainsi, du côté droit, il y en a une entre la neuvième et la dixième côte, et une entre la dixième et la onzième; elles sont situées sur la même perpendiculaire, à 8 centimètres environ des apophyses épineuses. » Du côté gauche, elles sont situées à la même distance de ces apophyses pour la plupart : ainsi il y en a une dans l'espace qui sépare la septième de • la huitième côte, une autre dans celui de la neuvième et de la dixième. On en trouve, de plus, une à 5 centimètres de la première dans le même es- pace intercostal. Enfin, il en existe une sous-cutanée dans la fesse de chaque côté, vers la partie moyenne du sillon qui sépare cette région de ta partie supérieure de la cuisse. » Le 24 mai, pendant la nuit, le malade éprouva de nouveau des acci- dents analogues à ceux qu'il a déjà ressentis : convulsions légères des doigts de la main droite avec flexion du pouce dans la paume de la main. Ces phé- nomènes durèrent à peine quelques minutes, puis disparurent, ne laissant à leur suite qu'un peu d'engourdissement du bras qui, le matin, n'existait même plus. ( 888 ) » Le 25, nouvelle répétitioa des mêmes accidents, seulement avec beau, coup moins d'intensité; il n'y eut que deux ou trois mouvements convulsifs dans les doigts. » Le 26, à six heures du soir, il y eut une nouvelle attaque, beaucoup plus forte que les deux précédentes; sa durée fut environ de dix minutes. Pendant tout ce temps, le malade, bien que conservant sa connaissance, répondait difficilement à tout ce qu'on lui demandait. La bouche était for- tement déviée à droite, les yeux demi ouverts et convulsés. Le défaut de renseignements ne nous avait pas permis de noter ce fait dans les attaques précédentes. Les mouvements convulsifs des doigts de la main droite et aient fréquents et énergiques; la tendance à la flexion du pouce très-forte, cepen- dant le malade parvint à la surmonter en croisant ses deux mains : chaque fois qu'il arrive à ce résultat, il rend, comme nous l'avons déjà noté, les accès beaucoup moins longs et moins pénibles, cette espèce de crampe du pouce s accompagnant d'une sensation des plus douloureuses. Du reste, on n'observa aucune convulsion dans les autres parties du corps. " Le malade fut environ une heure à se remettre complètement; il res- sentait surtout une soif extrêmement vive, un peu d'agitation et de mal de tête. Le bras resta engourdi jusqu'au lendemain matin, où l'on ne put noter rien de particulier à la visite. » L'état général du malade est assez bon; sa figure, un peu amaigrie, présente une coloration et une animation normales. Ses fonctions s'exécutent assez bien; il y a eu un peu de dévoiement durant les premiers temps de son séjour à l'hôpital , dévoiement qui a totalement cessé depuis quinze jours. Son pouls est à soixante -quinze pulsations par minute, sa respiration à dix-huit. Son intelligence ne paraît avoir éprouvé aucune altération. » Tel est l'historique de cette affection singulière, dont le diagnostic n'eût pas été possible si l'anatomie des trois cas précédents ne nous eût* dévoilé la nature probable des tumeurs insolites répandues sur la surface du tronc et des membres. » ( 889 ) COMITÉ SECRET. M. Arago, au nom de la Commission qui avait été chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'associé étranger devenue vacante par suite du décès de M. Bessel, présente la liste suivante : l**. M. Jacobi, à Berlin. 2°. Ex œquo, et par ordre alphabétique : M. Brewster, à Saint-Andrew; . -^ M. Buckland, à Oxford; '^ M. Herschel, à GoUingwood (Kent); M. Liebig, à Giessen; M. Melloni, à Naples; M. Mitscherlich, à Berlin; M. Tiedemann, à Heidelberg. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. A. ERRJTUM. (Séance du i8 mai 1846.) Page 863, ligne 22, au lieu de par M. Letmarie, lisez parM. Leymebie, etajoutcz: (Pré- senté pour le concours de Statistique. ) 1 C. R., 1846, i«' Semestre. (T XXIl, Wai.) 117 '■è ( 890 ) BULLETIN BIBLIOGRAIMIIQUE. Fi Académie a reçu , dans cette séance, le:? ouvrages dont voici les titres: Compte!) rendus Itehdomadnires des séances de i Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 20; 10-4°. Annales de Chimie et de Physique; por MM. Gay-Lussac, Arago, Ghe- VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault efREGNAULT; 3" série, tome XVII; juin 1846; in-8°. Annales des Sciences naturelles; par MM. MiLNE Edwards, Ad. Bron- GNiART et Decaisne; février 1846; in-8°. Chambre des Pairs. — Session de i845 — 1846. — Discours sur les intérêts des Nations, au sujet du Commerce extérieur, prononcé dans la discussion géné- rale sur le projet de loi relatif au traité belge; par M. le baron Gharles Dupin , pair de France. — Séance du 9 mai 1846; in-S". F oy âges de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzherg et aux Fewë, pendant les années i838, iSSg et 1840, sous la direction de M. Gaimard; 39* livraison ; in-folio. Atlas général des Phares et Fanaux, à l'usage des navigateurs; par M. Gou- LIER ; publié sous les auspices de M. le prince de Joinville. — Brésil. In-4''. Annales forestières ; tome V, 5* année; mai 1846; in- 8°. Traité sur la Vaccine, ou Recherches historiques et critiques sur les résultats obtenuspar les Vaccinations et Revaccinations, ouvrage couronné par l'Académie royale des Sciences en i845; par M. Steiisrrenner; i vol. in-8°. Mémoires de la Société d'Agriculture des Sciences, Arts et Belles- Lettres du département de l'Aube; n" 9-7 ; in-8°. Revue zoologique , par la Société Cuuiérienne ; par M. Guérin-Méneville ; 1846, n°4; in-8''. Quelques Considérations en réponse à l'Examen de la Phrénologie de M . FloUt WENS , de i Académie des Sciences de Paris ; par M. S. de Wolkoff; i feuille in-8". Théorie nouvelle d' Astronomie ; par M. L. Gaudois jeune; brochure in-8". Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la Côle-d' Or, publié par la Société médicale de Dijon; mai 1846; in-8''. Medico-chirurgical. . . Transactions de la Société médico- chirurgicale de Londres; a*" série, tome II à VIII; in-8". (89') Otnagio. . . Hommage funèbre à la mémoire de M. Antonio Nanula^/oh- (laleurdu cabinet anatomique de l' Uniuersité BegVi Studj. Naples, 1846; in-8°. Notizie. . . Notices sur les Conducteurs électriques. — Lettre adressée par M. le docteur Ferdinand Police au docteur Majocchi. Genève, i 846 ; in-8". Gazette médicale de Paris; année 1846, n" ai ; iu-4"- Gazette des Hôpitaux; n°' 58 à 60; in-folio. L'Écho du Monde savant ; n°' 3g et 4o; in-4''- Gazette médico-chirurgicale ; année 1 846 , n° o. 1 . COMPTE RENDU • DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ««►®«< SÉANCE DU I;UNDI l*-^ JUIN 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. AIËMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LiouviLLE présente un Mémoire de mécanique analytique intitulé : Sur quelques cas particuliers où les équations du mouvement d'un point matériel peuvent s'intégrer. Ce Mémoire de M. liiouville sera publié très- prochainement dans un autre recueil. M. Liouville communique, en outre, les théorèmes suivants, concernant les lignes géodésiques et les lignes de courbure de l'ellipsoïde : I. Parmi tous les polygones géodésiques, d'un nombre de côtés donné, * ji qu'on peut circonscrire à une ligue de courbure donnée aussi sur un ellipsoïde, W^ celui qui offre le périmètre minimum a tous ses sommets sur une même ligne de courbure déterminée, le premier sommet pouvant être pris, du reste, à volonté en un point quelconque de cette dernière ligne. II. De même, les côtés du polygone de périmètre maximum, inscrit à une ligne de courbure donnée, sont tous tangents à une seconde ligne de courbure. '< Il n'y a là, dit M. Liouville, qu'une extension très-simple de deux "théorèmes que M. Chasies avait démontrés pour les ellipses planes et ') sphériques; et c'est à la demande de M. Chasies lui-même que j'ai fait le » calcul facile qui l'opère, en partant des formules, aujourd'hui si connues, " sur lesquelles repose la théorie analytique des lignes les plus courtes pour » l'ellipsoïde. ». C. R., i8i6, i"S*meirre. (T. XXII.WSï ; H^ , 'Hir ( 894 ) GKOMÉTRiK, — Généralisation de la théorie des foyers des sections coniques, application à des points quelconques, de toutes les propriétés auxquelles donnent lieu ces points particuliers ; par M. Chasles. « On a beaucoup étudié les propriétés auxquelles donnent lieu les foyers (les sections coniques, et l'on a cherché parfois à les généraliser, soit en proposant certaines autres propriétés de ces points, desquelles les propo- sitions anciennes pouvaient se déduire, soit en cherchant à démontrer, pour d'autres points, des propriétés analogues ou ressemblantes, plus ou moins, à celles des foyers proprement dits. Mais tous ces modes d'extension ou de symbolisation ont toujours été assez bornés dans leurs conséquences, chacun ne s'appliquant qu'à quelques propositions partielles , sans embrasser l'ensemble des propriétés nombreuses qui se rattachent à la théorie des foyers. » Je me propose , dans cette Note , d'indiquer le point de vue sous lequel on peut considérer ces points remarquables, pour que leurs propriétés s'appli- quent à tous les autres points du plan d'une section conique, et qu'il résulte de là une théorie générale, dont celle des foyers proprement dits ne soit plus qu'un cas particulier; et, par théorie, j'entends ici non-seulement l'ensemble des théorèmes relatifs directement aux foyers, mais aussi de ceux , non moins nombreux, qui se rapportent aux séries de coniques homofocales. De ces propriétés, présentées ainsi sous un point de vue général, s'en pourront dé- duire ensuite beaucoup d'autres, par les méthodes de transformation de la Géométrie moderne; de sorte que c'est un champ de spéculations fort étendu , que ce mode de généralisation, très-simple en lui-même, introduira dans la Géométrie des sections coniques. Ces théorèmes auront leurs appli- cations et leur degré d'utilité. C'est même en vue d'une application spéciale qui conduit à des propriétés assez curieuses des polygones rectilignes tracés sur l'hyperboloïde à une nappe, que j'ai l'honneur de faire à l'Académie cette première communication. Principe de généralisation des propriétés des foyers. » Etant donnée une conique A , et étant pris un point fixe S , dans son plan, on peut mener par ce point, d'une infinité de manières, deux droites telles, que le pôle de l'une soit sur l'autre. Ces deux droites font entre elles un angle de grandeur variable; mais elles jouissent de cette propriété, i\\\ elles sont toujours, en direction, deux diamètres conjugués d'une cer- taine conique 1; cette conique, dont le rapport des axes seul est déterminé , è . ( 895 ) est relative au point S, et change de forme quand on passe à un autre point. » Quand le point S est un foyer de la courbe, les deux transversales en question sont toujours rectangulaires; c'est là une propriété caraciéristique des foyers. Cette propriété est bien connue; M. Poncelet en a fait usage dans son Traité des Propriétés projectives, et moi-même je l'ai prise pour point de départ dans mon Mémoire sur les propriétés des lignes focales des cônes du second degré (i). C'est encore cette propriété que je vais prendre ici pour point de départ, et en quelque sorte comme définition des foyers. » .T ai dit que les deux transversales issues d'un foyer, dont l'une passe par le pôle de l'autre, sont toujours à angle droit; c'est que la conique 2 dont ces deux droites sont, en direction, deux diamètres conjugués quand le point S est quelconque, devient un cercle quand ce point est un foyer. Il faut donc croire que cette conique 2, relative à un point S, aura, dans les propriétés de ce point, un rôle analogue à celui que le cercle a, tacitement, dans les propriétés du foyer. » En effet, c'est la considération de cette conique 2 qui est la clef de ce nouveau genre de propriétés analogues à celles des foyers, que je vais exposer. » Il faut d'abord compléter ce qui se rapporte à la définition et à la des- cription de cette conique 2 relative au point S. » Soient O le centre de la conique A ; a son demi-diamètre, sur lequel , ou sur le prolongement duquel est situé le point S, et è son demi-diamètre conjugué. " La conique 2 peut être décrite en un lieu quelconque du plan de la figure; supposons qu'elle ait son centre au point S, Soient a' son demi-diamètre dirigé suivant SO, et è'son demi-diamètre conjugué; cette courbe se trouve déterminée de forme et de position par les deux propriétés suivantes : » 1°. Son diamètre i', conjugué en direction à la droite SO , est parallèle au diamètre b de la conique A , conjugué à la même droite OS. " 2°. Le rapport des deux demi-diamètres «', b' est donné par l'équa- tion a'' ^ Concevons que la conique 2 ait son centre au point S. Quand ce point ( 897 ) est pris au dehors de la conique A , on peut mener par ce point detix tan- gentes à cette courbe; chacune de ces droites a son pôle situé sur elle-même , de sorte que chacune de ces lignes représente , à elle seule , un système de deux diamètres conjugués de la conique 2, : ce qui montre que cette courbe est une hyperbole qui a ces deux tangentes pour asymptotes. Cette hyperbole se trouve donc inscrite dans le même angle que la courbe A. Donc le point S est un centre d'homologie des deux coniques. » Cela a lieu encore quand le point S est situé dans l'intérieur de A , et que la conique 1 est une ellipse. Nous dirons donc que : La conique 2 rela- tive à un point S, est celle qui, ayant son centre dejigure en ce point, a ce point lui-même pour centre d'homologie avec la courbe proposée A. Cette propriété de la conique 2 suffit pour la définir. » Ainsi dans le cas des foyers véritables, un cercle décrit d'un foyer comme centre a ce point pour centre d'homologie avec la conique. Cette proposition, l'une des plus belles et les plus fécondes de la théorie des foyers, est due, comme on sait, à M. Poncelet. " Voici plusieurs autres propriétés de la conique 2 dont chacune suffira, comme la précédente, pour déterminer et construire cette courbe. » Concevons la polaire du point S par rapport à la conique A. Soient m un point de cette courbe, et m' le point homologue sur la conique 2; c'est-à-dire que le point m' est sur le rayon vecteur S/??. Soit mp la perpendiculaire abaissée du point m sur la polaire du point S; on aura ^ — : S/n' = constante, mp ou ^' = XSm'. mp C'est-à-dire que : Le rapport des distances de chaque point de la conique A au jojer S et à sa polaire D , est proportionnel au demi-diamètre de la co- nique 2 , sur lequel se compte la distance aufojer. 1' Quand le point S est un foyer véritable , la conique 2 est un cercle , et l'on a simplement — = constante; c'est la propriété connue de la directrice. » Soit n le second point où le rayon S/n rencontre la conique A, on a _L H- _L :== X' — . Sot ~ S« S/w' C'est-à-dire que : Si au tour du foyer S on fait tourner une transversale qui ( 898 ) rencontre la conique A en deux points, la somme ou la différence des valeurs inverses des distances de ces deux points aujojer, est proportionnelle à la valeur inverse du demi-diamètre de 2 dirige' suivant la transversale. » Ce sera la somme quand le point S sera intérieur à la conique A , et la différence quand il lui sera extérieur. >. Soit d le demi-diamètre de la conique A parallèle à la corde mn , menée par le point S; on a mn >" IF ~ S^' C'est-à-dire que : Toute corde de la conique A , qui , prolongée au besoin , passe par le foyer S, étant divisée par le carré du demi-diamètre de A, qui lui est parallèle , donne un quotient proportionnel à la valeur inverse du demi-diamètre de la conique 1 de même direction. .1 On voit que chacun de ces théorèmes caractérise la conique 2 relative à un point S, et fournit une construction facile de cette courbe. Propriétés relatives à deux foyers. .1 Considérons deux points situés sur un même diamètre de la conique A, de part et d'autre et à égale distance du centre , ces deux points auront la même conique relative 2. J'appellerai ces deux points /o/e/^y conjugués. » Les rajons menés de chaque point d'une conique A à deux foyers conjugués, divisés respectivement par les demi-diamètres qui leur sont pa- rallèles dans la conique 1 relative aux deux foyers, ont leur somme ou leur différence constante. » Ce sera la somme si la conique A est une ellipse, et la différence si c'est une hyperbole, quelle que soit la position des foyers, au dedans ou au dehors de la courbe. n Les rayons menés des deux foyers conjugués à un point de la co- nique A forment avec la tangente en ce point et une seconde droite pa- rallèle au conjugué de cette tangente dans la conique 2, un faisceau harmonique. n Quand les deux points S, S' sont les foyers véritables, la conique 2 est un cercle, et le théorème exprime que les deux rayons vecteurs font des angles égaux avec la tangente. » Si de deux Joyers conjugués on abaisse sur chaque tangente à la co- nique A , deux obliques parallèles au diamètre de 2 conjugué à cette tan- gente, le produit de ces deux obliques sera proportionnel au carré de ce diamètre. ( 899 ) " Les pieds de ces obliques seront sur une conique concentrique à la conique A , et hornothétique à la conique 2. Propriétés relatives à un système de coniques de mêmes foyers. » Concevons deux coniques quelconques, mais concentriques, et, pour fixer les idées, supposons d'abord qu'on puisse leur mener des tangentes com- munes, lesquelles formeront un parallélograniniecirconscrit aux deux courbes. Prenons pour foyers conjugués deux sommets opposés du parallélogramme. A ces foyers correspondra la même courbe 2 dans les deux coniques, parce que cette courbe est une hyperbole qui a pour asymptotes les deux tangentes communes aux deux coni([ues, issues du foyer que l'on considère. Nons dirons que les deux coniques sont homofocales , parce qu'à l'un des deux foyers correspond, dans chacune des deux courbes, une même conique re- lative 2. » Ces deux foyers sont deux centres d'homologie des deux coniques. TiC parallélogramme circonscrit aux deux courbes peut devenir imaginaire; mais ses deux sommets, considérés comme deux centres d'homologie, sub- sistent et conservent toutes leurs propriétés. Deux coniques, situées d'une manière quelconque, ont toujours deux centres d'homologie (i); mais ici nous ne considérons que deux coniques concentriques. Nous dirons donc que : » Deux coniques quelconques concentriques ont toujours deux jojers conjugués comnmns , c'est-à-dire auxquels correspond, dans les deux cour- bes, une même conique relative. » En d'autres termes : » Deujc coniques quelconques, concentriques , peuvent toujours être con- sidérées comme deux coniques homofocales. " Il est clair que pour une troisième conique, inscrite dans le même pa- rallélogramme que les deux premières, ou ayant les mêmes centres d'ho- mologie, ces deux mêmes points seront encore deux foyers conjugués, dont la conique relative 2 sera la même. » Donc, des coniques concentriques inscrites dans un même quadri- latère, ou, plus généralement , ayant deux mêmes centres d'homologie communs , Jorment un système de coniques homofocales, dont les foyers sont les deux centres d'homologie. (i) On peut consulter sur cette importante théorie des centres d'homolojjie des sections coniques, le Traité des Propriétés projectives de M. Poncelet, où s'en trouvent de nombreuses applications, notamment au cas où les centres d'homologie sont les foyers des courbes. ( 900 ) " Ces coniques se rangent en deux séries : dans chaque série sont celles qui ne se rencontrent pas, mais qui rencontrent toutes celles de la seconde série. " Étant données deux coniques concentriques , si on leur mène deux tangentes parallèles , et que du centre commun on abaisse sur ces tan- gentes des obliques parallèles au diamètre qui leur est conjugué dans la conique 2, la différence des carrés des deux obliques sera dans un rap- port constant avec le carré de ce diamètre auquel elles sont parallèles. " Quand deux coniques se coupent, leurs tangentes en un point de rencontre sont parallèles à deux diamètres conjugués de la conique 2. " Soient m,, m' les points où deux coniques d'une série sont rencontrées par une conique de l'autre série , nous appellerons ces points correspondants . Voici quelles sont leurs propriétés : >' Soient pris, sur deux coniques, deux systèmes des deux points corres- pondants wj, m' et n, ti' : " 1°. Les deux droites mn', m'n, divisées respectivement par les demi- diamètres de la conique 2, qui leur sont parallèles , donnent des quo- tients égaux; » a". Ces deux droites sont tangentes à une même conique homofo- cale aux proposées. " Cette seconde propriété des points correspondants qui à lieu , bien en- tendu, dans le cas des foyers véritables, n'avait pas encore été remarquée. >' Deux points correspondants étant pris sur deux coniques homofocales, les carrés des demi-diamètres qui aboutissent à ces points, divisés respec- tivement par les carrés des demi-diamètres de la conique 2 qui leur sont parallèles , ont leur différence constante. » PHYSIOLOGIE. — Recherches sur le sang; par M. Dumas. " Tje sang renferme trois matières organiques azotées essentielles à sa nature et à ses fonctions : la fibrine, l'albumine et la matière des globules. I,eur abondance ou l'importance de leur rôle les ont, dès longtemps, signa- lées à l'attention particulière des chimistes et des physiologistes. » Mais, s'il est très-aisé de se procurer la fibrine du sang par le battage . de ce liquide au sortir de la veine ; s'il est non moins facile d'en obtenir l'albumine, en laissant son sérum se séparer par une coagulation spontanée, il n'en est plus de même lorsqu'on vent se procurer les globules débarrassés de fibrine ou d'albumine. ( 90I ) " Dans ces derniers temps , toutefois , un procédé particulier, indiqué par M. Berzelius, et développé par M. MuUer, a mis MM. Lecanu et Figuier sur la voie d'une méthode propre à fournir les globules purs de tout mélange. " Cette méthode est fondée sur une modification que le sang éprouve, par l'addition de certains sels, dans sa manière d'être à l'égard des ouver- tures que lui offre le papier de nos filtres. Verse-t-on du sang battu , privé de fibrine, liquide par conséquent , sur un filtre de papier Joseph , on voit les globules de ce sang passer au travers du filtre et fournir ainsi un liquide fortement coloré en rouge. La filtration, lente et pénible du reste, en pareil cas, ne laisse sur le filtre qu'un résidu de globules altérés et si peu abon- dants, qu'il devient impossible d'en étudier les propriétés. » Mais si, avant de filtrer le sang, on le délaye avec trois ou quatre fois son volume d'une dissolution saturée de sulfate de soude, ce mélange mo- difie tellement les propriétés de la liqueur où flottent les globules, qu'elle passe à travers les pores du papier, en laissant tous les globules sur le filtre. Elle coule donc complètement incolore et tout à fait limpide, et, comme la filtration est rapide , les globules peuvent être recueillis dans un état de pu- reté et d'intégrité satisfaisant. " Toutefois, l'application de ce procédé n'est pas dépourvue de quelques difficultés dignes d'attention, par les circonstances qu'elles révèlent dans la nature et le rôle des globules du sang. " En effet, si l'on prend du sang dépouillé de fibrine , mais conservé pendant quelques heures , et qu'on essaye de le filtrer après une addition , même exagérée, de sulfate de soude, la liqueur passe difficilement, et passe toujours colorée k travers le filtre. n II faut donc opérer sur du sang fraîchement extrait de l'animal. Dès qu'il est battu, que la fibrine en est coagulée, on le passe sur une toile fine et on le reçoit dans la dissolution de sulfate de soude, l^e mélange étant jeté sur le filtre , on obtient une liqueur parfaitement limpide , légèrement teintée de jaune, et tous les globules demeurent sur le filtre. " Mais bientôt, cependant, la liqueur qui coule étant remplacée par une nouvelle dissolution de sulfate de soude destinée à laver les globules, on voit celle-ci couler colorée, faiblement d'abord, puis un peu plus, puis enfin en rouge si intense, qu'on ne saurait mettre en doute une altération profonde des globules contenus dans le filtre. " Cependant, pour obtenir les globules purs, on est bien obligé de les la- ver à plusieurs reprises avec une dissolution de sulfate de soude, sans quoi ils C. R., i»\6, i" Semestre. (T. XXll, N" 23.) ' '9 { 9oa ) resteraient imprégnés de sérum du sang, c'est-à-dire d'une liqueur albumi- neuse , dont la présence masquerait totalement leurs caractères propres. >' Après bien d'inutiles essais, j'ai reconnu dans les globules du sant/ une propriété remarquable , qui m'a permis d'écarter cette difficulté. » Tant que les globules du sang ont le contact de l'air ou de l'eau aérée, tant qu'ils sont à l'état artériel , en un mot , la dissolution qui les renferme passe incolore à travers les filtres et les y laisse tous en passant. » Au contraire, dès que ces mêmes globules ont pris l'aspect violet qui caractérise le sang veineux, la liqueur coule colorée. " Il fallait donc maintenir les globules à l'état artériel pendant toute la durée de la filtration et des lavages. J'y suis parvenu d'une manière satisfai- sante,,en plongeant dans le filtre un tube effilé, au moyen duquel je dirige im courant d air constant et rapide à travers la liqueur. » Ainsi agitée, celle-ci laisse difficilement déposer les globules sur les pa- rois du filtre , et se trouve maintenue d'ailleurs dans un état d'aération favo- rable à la permanence de leur état artériel. » Je jette donc sur un grand filtre, mouillé d'avance d'une dissolution de sulfate de soude, le sang à peine sorti de la veine, mais défibrioé et étendu de la dissolution de sulfate de soude : un courant d'air est sans cêssç ex- cité à travers le liquide que le filtre contient. Un filet continu de dissolution de sulfate de soude remplace la liqueur qui s'écoule. . » Au moyen de ces précautions, les globules du sang peuvent être débar- rassés du sérum. Toutefois, quand on veut que l'opération réussisse, il ne faut rien négliger pour en assurer la rapide exécution. " Pour peu que les globules aient le temps de se déposer sur les parois du filtre, et d'y former une couche d'une épaisseur sensible, ceux qui tou- chent à la surface du papier ne reçoivent plus d'air, et passent au violet; tandis que ceux qui constituent la couche extérieure conservent l'état artériel , et arrêtent évidemment tout l'air contenu dans la liqueur de lavage. » Dès lors, la liqueur passe colorée, et, si l'on ne remédie à cet inconvé- nient , sa coloration , qui va sans cesse en augmentant , accuse bientôt une profonde altération des globules. » Les globules du sang se comportent, dans ces diverses circonstances, comme s'ils constituaient des êtres véritablement vivants, capables de résister à l'action dissolvante du sulfate de soude, tant que leur vie persiste, mais cé- dant à cette action dès qu'ils ont succombé à l'asphyxie qui résulte pour eux de la privation de l'air, et qui se manifeste avec une singulière rapidité , soit par l<;ur changement de couleur, soit par leur prompte dissolution. ( 9o3 ) ''» Dès lors la tâche du chimiste doit consister à maintenir vivants ces glo- bules, et, parmi les moyens qui se présentent à l'esprit, on peut citer l'agi- tation du liquide, son aération constante, enfin le maintien de la température u diegré où elle se trouvait dans le corps de l'animal. » Toutes ces précautions réunies fournissent en quelques heures des glo- bules purs, pourvu qu'on n'essaye pas d'en préparer plus de 5 à 6 grammes à la fois. " Cette altération si rapide des globules , dès qu'ils sont privés du contact direct de l'air ou de l'eau aérée ; l'énergie extrême avec laquelle , dans une couche de globules, ceux qui occupent la surface 's'emparent de la totalité de l'oxygène dissous dans l'eau , ne laissant parvenir à ceux qui sont placés au-dessous d'eux qu'une liqueur impropre à les artérialiser, sont des cir- constances bien propres à fixer l'attention des physiologistes. » En effet , dans les discussions ou les calculs dont la respiration a été l'objet, on a toujours regardé le sang comme un liquide homogène recevant le contact de l'air dans le poumon , et en subissant des altérations plus ou moins rapides. » Sans doute le sérum du sang constitue un tel liquide, et je ne viens pas contester la part qu'il peut prendre dans le phénomène de la respiration ; mais les globules du sang constituent autant de vésicules flottant dans ce sérum, douées d'une respiration propre, dont les effets, confondus avec ceux qui résultent de la respiration du sérum , produisent par leur en- semble le phénomène général de la respiration du sang. » On pourrait donc dire , en mettant de côté pour un moment l'action propre du sérum sur l'air, que la respiration d'un animal supérieur, de l'homme en particulier, a surtout pour objet de fournir de l'oxygène aux globules de son sang, et d'expulser les produits dans lesquels ils le conver- tissent. » Dès lors, si l'on essaye de calculer les effets de la respiration, il faut tenir compte des membranes qui forment les enveloppes de ces globules, car on sait combien sont différents de la dissolution pure et simple des gaz, ces phénomènes d'endosmose si étranges qui se passent à travers les membranes qui servent à séparer deux réservoirs pleins de gaz différents, ou deux liquides chargés de gaz dissemblables aussi. » La respiration, pour être bien compris», doit donc être étudiée dans ces vésicules ou globules sanguins, siège principal des phénomènes qu'elle est chargée d'accomplir, et dont l'organisation en complique étrangement les lois physiques. ( 9o4 ) » lia manière d'agir de ces globules sanguins sur l'air ambiant ou dissous, les conditions sons lesquelles elle conserve son caractère normal, deviennent, ainsi envisagées , d'un incontestable intérêt. » Or, pour reconnaître l'intégrité des globules et la conservation de leur propriété fondamentale, nous avons deux moyens également assurés: le mi- croscope et l'agitation avec l'oxygène. Tant que les globules so'nt entiers, le microscope nous l'indique ; tant qu'ils peuvent devenir artériels, ils rougissent dans leur contact avec l'oxygène. » Or, tout le monde sait que le sang possède ces deux caractères pendant la circulation ; il ne les perd pas après sa sortie du corps de l'animal. Le bat- tage du sang qui sépare la fibrine laisse les globules intacts et ne les prive en rien de la faculté de s'artérialiser. » L'albumine n'est pas plus indispeilsable que la fibrine k ce phénomène. Quand on remplace peu à peu le sérum , où flottent les globules , par une so- lution de sulfate de soude, ils n'en conservent pas moins leur intégrité, comme on s en assure au microscope, et ils n'en deviennent pas moins vermeils par leur agitation avec l'oxygène. » Ainsi, la faculté de prendre la couleur brillante du sang artériel appar- tient aux globules ; elle est indépendante de l'albumine du sérum , de la fibrine du sang, de l'action vitale de l'animal. » Mais, si le sulfate de soude respecte cette propriété, en sera-t-il de même de tous les sels alcalins? Non, sans doute: l'expérience le démontre. » Le phosphate de soude ordinaire qui existe dans le sang, tout comme le sulfate, peut, comme lui, se mêler au sang à saturation, sans altérer en rien la possibilité de le rendre artériel. Du sang saturé de phosphate de soude, que l'on agite avec l'oxygène, y prend une teinte artérielle d'un rouge plus éclatant peut-être qu'avant cette addition. •' Ainsi, relativement àcette propriété du moins, le sang peut, sans incon- vénient, recevoir des quantités de sulfate ou de phosphate de soude bien supérieures à celles qu'il renferme. » Des sels produits par des acides organiques, tels que le sel de Seiguette, sont dans le même cas, ce qui permet de croire que le lactate de soude peut exister dans le sang, même à dose élevée, sans qu'il en résulte aucun dom- mage sous ce rapport. » Mais en est-il de même du s«l marin ou du chlorure de potassium? [/expé- rience montre que ces sels sont tout autrement doués. » Si l'on sature de sel marin du sang battu bien frais , et qu'on l'agite im- médiatement avec du gaz oxygène, la couleur demeure violette et sombre. ( 9o5 ) » Le sel ammoniac produit le même effet. * n Y aurait-il quelque rapport entre ces phénomènes et l'accusation portée contre Tabus des viandes salées, qui prédisposerait au scorbut? Faudrait-il aussi trouver quelque rapprochement entre l'action du sel ammoniac sur le sang et l'action toxique exercée par ce sel et par tous les sels ammoniacaux? » Quoi qu'il en soit, il y a des sels qui laissent au sang la faculté de s'ar- térialiser, et d'autres qui lui enlèvent cette propriété. Le sulfate de soude, le phosphate de soude , le sel de Seignette, sont dans le premier cas; les chlo- rures de potassium, de sodium et d'ammonium, dans le second. » Dans ces résultats, une circonstance se présente et ne saurait manquer de fixer l'attention. Les sels qui maintiennent dans le sang la faculté de s arté- rialiser sont en même temps propres à conserver les globules dans leur inté- grité, et lui donnent la propriété de fournir un sérum incolore par la filtra- tion. Au contraire, ceux qui lui ôtent la faculté de devenir artériel laissent plus aisément filtrer un sérum coloré. » L'ensemble de ces expériences conduit à penser que la matière colorante du sang est surtout propre à prendre la teinte caractéristique du sang arté- riel , quand elle est unie aux globules mêmes dont elle fait partie. Ce caractère se modifie ou se perd quand, parja destruction ou l'altération des globules, la matière colorante entre véritablement en dissolution. » En comparant avec soin des échantillons du même sang mis en contact avec des sels alcalins et pouvant se saturer de ces sels à froid, il m'a paru qu'en général ces dissolutions salines , agitées avec de l'oxj'gène , se compor- taient de la manière suivante : » Les sels renfermant des acides organiques complexes, comme les acides tartrique et citrique , conservent mieux l'intégrité des globules que les sels formés par des acides minéraux. » IjCs sels à base de soude sont plus propres à maintenir cette même intégrité que les sels à base de potasse ou d'ammoniaque. » Il parait donc exister une liaison inattendue entre l'intégritâ des glo-» bules, l'état artériel du sang, les phénomènes de la respiration et la nature ou la proportion des sels dissous dans le sang. » Il suffit d'avoir essayé quelques expériences de ce genre pour être con- vaincu que l'asphyxie peut être provoquée au milieu de l'air ou de l'oxygène, sans que rien soit changé en apparence dans les phénomènes de la respira- tion, par le seul fait de l'introduction de quelques sels qui modifient la ma- nière d'être des globules du sang à l'égard de l'oxygène. » Je me permets d'appeler les regards des médecins sur cet ordre de phé- ( 9o6 ) » ■ nomènes. A fine époque où l'analyse du sang attire avec tant de raison leur attention, il serait à souhaiter que l'élude des globules, dans quelques mala- dies Lien caractérisées, devînt l'objet de recherches particulières. >' Tout porte à croire qu'il existe dans leur allérabilité plus ou moins grande, plus ou moins prompte, des degrés susceptibles de mesure et pro- pres à être reconnus, si l'on recevait le sang de la saignée dans une dissolu- tion de sulfate de soude, pour le soumettre ensuite à diverses épreuves, ou même si, après l'avoir défibriné, on essayait de l'altérer par des doses gra- duées de sels convenablement choisis, tels que le sel marin ou le sel am- moniac. , )• Sa résistance plus ou moins grande à ces sels altérants fournirait des indices que rien ne remplace aujourd'hui dans le diagnostic des maladies du sang. n L'analyse élémentaire des globules du sang était devenue si facile , une fois ces globules isolés, que j'ai pu l'effectuer avec pleine confiance dans les résultats. îics globules du sang, bien purgés de sérum, réunis sur des assiettes plates dans le vide séché par l'acide sulfurique, donnent, en très-peu de temps, un résidu parfaitement sec. Celui-ci, traité par l'éther et par l'alcool bouillants, devient insoluble dans l'eau qui.peut alors en extraire le sulfate de sonde qui restait mêlé aux globules. C'est après ces divers traiteinents que j'en ai fait l'analyse élémentaire. En voici les résultats, abstraction faite des cendres: GLOBULES DU SANG defemme. de chien. de lapin. Carbone 55, i 55, i 55,4 *54,i Hydrogène 7,1 7,2 7,1 7,1 Azote 17,2 17,3 17, -3 17,5 Oxygène, etc.. . 20,6 20,4 20,2 2i,3 100,0 100,0 100,0 100,0 * " Il résulte évidemment de ces analyses, comme on l'avait conclu des propriétés des globules du sang, que ces corps appartiennent à la famille des matières albuminoïdes. Si le carbone qu'ils renferment s'élève à un chiffre un peu supérieur à celui de la' caséine ou de l'albumine, c'est que, dans les globules rouges, il existe une matière colorante bien plus carbonée qu'elle. » J'examinerai, dans un autre Mémoire, si la matière des globules du sang peut être confondue avec l'albumine ou la caséine, ou si , comme cela paraît probable, elle doit se distinguer de ces deux matières tout aussi bien que la fibrine elle-même. » . ( 907 ) ': ASTRONOMIE. — Recherches sur les mouvements d'Uranus ; ' par M. U.-J. Le Verrier. ■i « Je me propose, dans le Mémoire dont j'ai Ibonneur de présenter un extrait à l'Académie, d'étudier la nature des irrégularités du mouvement d'Uranus; de remonter à leur cause, en cherchant à découvrir, dans la marche qu'elles affectent, la direction et la grandeur de la force qui les produit. » La théorie d'Uranus préoccupe aujourd'hui les astronomes. Elle a donné lieu à beaucoup d'hypothèses plus ou moins plausibles, mais qui, dénuées de toute considération géométrique, ne pouvaient avoir de valeur réelle. Plusieurs Sociétés ont même proposé cette théorie pour sujet de concours, .le crois donc, en raison de l'importance de la question, devoir reprendre rapidement son histoire : l'Académie jugera mieux du but de mon travail , de la route que j'ai parcourue et des résultats auxquels je suis arrivé. » On possédait, en 1820, quarante années d'observations méridiennes régulières d'Uranus. La planète avait, en outre, été observée dix-sept fois, depuis 1690 jusqu'en 1 771, par Flamsteed, Bradley, Mayer et Lemonnier. Ces astronomes l'avaient notée comme étoile de sixième grandeur. D'un autre eôté, les expressions analytiques des perturbations que Jupiter et Saturne produisent sur Uranus, se trouvaient développées dans le tome III de la Mé- canique céleste. Il était permis d'espérer qu'en s'aidant de toutes ces données, on parviendrait à construire des Tables exactes du mouvement de la planète; c'est ce qu'entreprit M. Bouvard, membre de l'Académie des Sciences. Mais il rencontra des difficultés imprévues. » Lorsqu'on base les Tables d'une planète sur un trop petit nombre d'ob- servations, il peut arriver que ces Tables, dans la suite des temps, ne fassent plus connaître avec exactitude les positions de l'astre; du moins, les observations employées sont représentées avec toute la rigueur qu'elles comportent; on peut même dire qu'il est d'autant plus facile d'y satisfaire, qu'on en emploie un moins grand nombre. Il n'en fut" pas ainsi dans la con- struction des Tables d'Uranus. Il y eut impossibilité de représenter à la fois les dix-sept observations anciennes et les nombreuses observations modernes. Dans cette situation embarrassante, le savant académicien jeta des doutes sur l'exactitude des observations anciennes; il les écarta complètement et n'eut égard qu'aux seules observations modernes. Mais on doit dii'e que si les observations de Flamsteed, Bradley, Mayer et LemonnicT ne sont pas ( 9o8 ) aussi exactes que celles des astronomes de notre époque, on ne saurait, avec vraisemblance, les regarder comme entachées des erreurs énormes dont les accuseraient les Tables actuelles. L'auteur de ces Tables indiquait même que telle était son opinion, puisqu'il ajoutait, en rendant compte des difficultés qu'il avait rencontrées : « Telle est donc l'alternative que présente.la formation des Tables de la » planète Uranus, que si l'on combine les observations anciennes avec les " modernes, les premières seront passablement représentées, tandis que " les secondes ne le seront pas avec la précision qu'elles comportent; et que » si l'on rejette les unes pour ne conserver que les autres, il en* résultera >i des Tables qui auront toute l'exactitude désirable relativement aux obser- " vations modernes, mais qui ne pourront satisfaire convenablement aux " observations anciennes. Il fallait se décider entre ces deux partis; j'ai dû >' m'en tenir au second, comme étant celui qui réunit le plus de probabilités " en faveur delà vérité, elje laisse aux temps à venir le soin de faire connaître » si la difficulté de concilier les deux systèmes tient réellement à l'inexacti- » tude des observations anciennes, ou si elle dépend de quelque action •> étrangère et inaperçue, qui aurait agi sur la planète. » » Vingt-cinq années, écoulées depuis cette époque, nous ont appris que les Tables actuelles, qui ne représentent pas les lieux anciens, ne s'accor- dent pas mieux avec les positions observées en i845. Doit-on attribuer ce désaccord à ce que la théorie n'est pas suffisamment précise? Ou bien cette théorie n'a-t-elle pas été comparée aux observations avec assez d'exactitude, dans le travail qui a servi de base aux Tables actuelles? Enfin, se pourrait-il qu'Uranus fût soumis à d'autres influences que celles qui résultent des actions du Soleil, de Jupiter et de Saturne?Et, dans ce cas, parviendrait-on, par une étude attentive du mouvement troublé de la planète, à déterminer la cause de ces inégalités imprévues? Pourrait-on en venir à fixer le point du ciel où les investigations des astronomes observateurs devraient faire reconnaître le corps étranger, source de lant de difficultés? " Telles sont les questions que soulève aujourd'hui l'histoire d'Uranus. On doit dire qu'il n'avait été fait de réponse satisfaisante à aucune d'elles, lorsque j'entrepris, l'an dernier, de sonder scrupuleusement tous les points de cette théorie ; d'en éclairer les détails aussi loin que le comportent les principes de l'attraction de la matière. » .)'ai fait connaître à l'Académie, dans la séance du lo novembre i845, le résultat de la première partie de mes recherches. J'ai prouvé, à cette époque, qu'on avait négligé, en calculant les perturbations produites par ( 909 ) Jupiter et Saturne, des termes nombreux et très- notables , dont l'omission devait avoir pour résultat infaillible l'impossibilité de représenter exacte- ment le mouvement d'Uranus. En sorte qu'on avait dû nécessairement croire à cette impossibilité, soit qu'elle fût réelle, soit qu'elle ne fût qu'ap- parente. " Je dus me demander, en terminant mon Mémoire , si ces corrections, portées dans les Tables actuelles, en feraient disparaître les erreurs énormes qui les affectent. En tenant compte, dans ce but, des altérations que les perturbations négligées avaient dû produire dans les éléments de l'ellipse, je reconnus que, si l'écart des Tables, en i845, élait effectivement nota- blement diminué par l'emploi des nouvelles expressions, il l'estait encore très-considérable et supérieur aux erreurs des observations. La conséquence de ce fait eût été très-nette si j'avais pu compter, d'une manière absolue, sur l'exactitude de la route qui avait été suivie dans la construction des Ta- bles publiées en 1 8a i . J'ïiurais pu déclarer, dès le mois de novembre dernier, qu'il fallait chercher ailleurs que dans l'imperfection des éléments de lellipse la cause des étranges inégalités d'Uranus. Malheureusement , en examinant avec une grande attention le préambule très-concis des Tables d'Uranus, j'y découvris plusieurs causes d'erreurs, dont il était impossible d'apprécier avec justesse l'influence, et qui s'opposaient à ce qu'on pût tirer aucune consé- quence immédiate et précise des Tables elles-mêmes. » Sans vouloir m appesantir sur ce point, je dois cependant indiquer som- mairement quelques-unes des erreurs que je signale ici, leur existence de- vant avoir une grande influence sur la route que nous aurons à suivre. " TiCS coefficients des équations de condition sont donnés avec quatre chiffres significatifs. Or, de ces quatre chiffres, trois sont la plupart du temps inexacts. n En second lieu, l'auteur a calculé les quadratures comme les oppositions, sans tenir compte de l'erreur possible du rayon vecteur. En sorte que, s'il y avait une inexactitude dans ce rayon , on cherchait à la corriger par un chan- gement dans la longitude héliocentrique. " Omettons plusieurs autres causes d'incertitude. Celles que je viens de signaler suffisent, en effet, pour nous arrêter dans les conclusions que nous voudrions baser sur l'emploi immédiat des Tables actuelles. Nous manquons complètement des dormées qui seraient nécessaires pour apprécier l'influence définitive de ces erreurs. Cette influence est-elle comparable en grandeur aux écarts des Tables? 11 est impossible d'en juger; et l'on comprend qu'il n'y a dès lors d'autre parti à suivre que de reprendre, sur de nouvelles bases et C. R., 1846, i" Semestre. {T XXII , N° 22.) I '^O ( 9»o ) en son entier, la comparaison de la théorie avec les observations. C'est ce que je vais faire actuellement. » L'importance du sujet me faisait une loi de tout revoir, de tout vérifier moi-même. A l'égard des anciennes observations , j'ai réduit de nouveau celles de Flamsteed, Bradley, Mayer etLemonnier; et, parmi les nouvelles, j'en ai choisi deux cent soixante-deux, faites principalement aux instants des oppositions et des quadratures. Pour les vingt premières années , depuis 1 78 1 jusqu'en 1800, j'ai eu recours aux publications de l'Observatoire de Green- wich. Lés observations publiées par l'Observatoire de Paris, dans la Con- naissance des Temps et dans deux volumes in-folio , m'ont servi depuis 1801 jusqu'en 1828. En 1829 et i83o, j'ai repris les observations anglaises. Enfin depuis i835 jusqu'en i845, j'ai pu profiter de la nouvelle série, encore iné- dite, des excellentes observations faites à Paris, et que M. Arago m'a fait l'amitié de me confier. » Partant alors des éléments elliptiques d'Uranus, déjà connus avec une grande approximation, j'ai calculé les positions héliocentriqûesde la planète aux époques correspondant aux observations, et j'y ai ajouté les expressions des perturbations, telles qu'elles résultent de la première partie de mon tra- vail. fiCS positions héliocentriques ainsi obtenues, et combinées avec les lieux du Soleil, déduits des Tables les plus exactes, m'ont fourni les positions géo- centriques de la planète. Retranchant enfin des coordonnées calculées l(4s coordonnées observées, j'ai obtenu les écarts qu'affecte la théorie par rap- port aux observations, lorsqu'on adopte les éléments elliptiques en usage, et lorsqu'on suppose que la planète, obéissant à l'action principale du Soleil, n'est point soumise à des forces secondaires autres que celles qui résultent des actions des planètes connues. Admettons que cette hypothèse soit juste: puisque les perturbations produites par les planètes ont été établies avec exactitude, les écarts de la théorie, relativement aux observations, ne pour- ront provenir que des erreurs des éléments de l'ellipse prise pour point de départ; en modifiant convenablement ces éléments, on| ramènera les po- sitions calculées à ne différer des positions observées que de quantités infé- rieui-es aux erreurs dont les observations sont susceptibles. C'est donc en exa- minant s'il est possible de faire disparaître les erreurs théoriques par des changements dans les éléments de l'ellipse , et en cherchant à donner à notre conclusion la rigueur d'une démonstration géométrique, que nous pourrons savoir définitivement si Uranus n'obéit qu'aux actions du Soleil et des autres planètes. ' Prenons quatre longitudes exactes de la planète, à la détermination de (9'0 chacune desquelles nous aurons fait concourir plusieurs observations con- cordantes; et calculons les éléments de l'ellipse de telle manière qu'ils satis- fassent rigoureusement à ces quatre longitudes. Comparons ensuite les posi- tions déterminées, au moyen de ces éléments, avec la série d'observations que nous possédons, et examinons avec soin les causes qui peuvent faire dif- férer le résultat du calcul, du résultat de l'observation. Elles sont au nombre de trois, savoir: i° l'erreur propre de la nouvelle observation comparée; 2" l'incertitude qui peut affecter la position calculée , par suite des erreurs des longitudes qui ont servi de base à la détermination des éléments elliptiques; 3° enfin l'erreur théorique due à ce que la planète obéirait réellement à quel- que force secondaire inconnue. Si nous prouvions que les deux premières causes ne sauraient suffire pour expliquer la différence qui existe entre le calcul et l'observation , nous serions forcés d'admettre l'influence de la troi- sième. Appliquons ce mode de raisonnement à la question qui nous occupe. » Les éléments elliptiques, déterminés par quatre longitudes, prises à des époques très-distantes les unes des auti^es, laissent, en (838, par exem- ple,. i24",98 sexagésimales d'erreur dans la théorie. Des trois parties qui pourraient composer cet écart, la première, celle qui est due à l'erreur du lieu observé , peut être considérée comme insensible ; la position a été dé- duite de plusieurs observations méridiennes concordantes entre elles : elle ne saurait inspirer le plus léger doute. La seconde partie de l'erreur totale est plus difficile à estimer; il faut obtenir les expressions que des change- ments apportés aux quatre longitudes fondamentales introduiraient dans les éléments de l'ellipse, et en déduire ensuite les corrections correspondantes des positions calculées au moyen des éléments. Supposons que les erreurs des longitudes fondamentales influen^ toutes dans le même sens sur l'erreur de la longitude en i838; admettons encore que chacune de ces longitudes fondamentales soit aussi erronée que le peuvent comporter les incertitudes des observations; malgré cette accumulation peu probable d'erreurs, nous ne parviendrons pas à expliquer, par cette cause, plus de 3o" sur les i25" d'erreur, trouvées en i838. Le reste, c'est-à-dire près de cent secondes, devra de toute nécessité être attribué à la troisième cause, à une influence étrangère jusqu'ici inconnue, agissant sur Uranus. Ce que nous disons du lieu d'Uranus en i838 s'applique également à la position de celte planète aux autres époques. En i83i, par exemple, le lieu calculé s'éloigne du lieu observé de 188", dont i4o" environ ne sauraient être expliquées si l'on n'admet pas une autre influence que celles du Soleil, de Jupiter et de Saturne. 120,. ( 912 ) n Pour fixer nettement le seus du résultat auquel je viens de parvenir, je demande la permission d'insister sur deux points^ Je me suis appuyé sur des formules exactes, avantage dont s'étaient privés mes devanciers, en ne commençant pas par approfondir la théorie ; cette négligence aurait tou- jours fait suspecter l'exactitude de leurs conclusions. On doit remarquer, en second lieu, que je ne me suis pas borné à essayer des combinaisons plus ou moins nombreuses d'équations, et à déclarer que je n'avais pas réussi à représenter le mouvement de la planète; on n'aurait pas manqué de m'ob- jecter que j'avais peut-être omis la véritable combinaison, qu'un autre plus heureux pourrait la découvrir. On se serait ainsi trouvé dans la même incer- titude qu'auparavant : mais telle n'est pas la marche que j'ai suivie. J'ai dé- montré, si je ne me trompe, qu'il y a incompatibilité formelle entre les observations d'Uranus et l'hypothèse que cette planète ne serait soumise qu'aux actions du Soleil et des autres planètes, agissant conformément aux principes de la gravitation universelle. On ne parviendra jamais, dans cette hypothèse, à représenter les mouvements observés. » A peine avait-on commencé, il y a quelques années, à soupçonner.que le mouvement d'Uranus était modifié par quelque cause inconnue, que déjà toutes les hypothèses possibles étaient hasardées sur la nature de cette cause. Chacun, il est vrai, suivit simplement le penchant de son imagination, sans apporter aucune considération à l'appui de son assertion. On songea à la résistance de l'éther; on parla d'un gros satellite qui accompagnerait Uranus, ou bien d'une planète encore inconnue, dont la force perturbatrice devrait être prise en considération; on alla même jusqu'à supposer qu'à cette énorme distance du Soleil, la loi de la gravitation pourrait perdre quelque chose de sa rigueur. Enfin , une comète n'aurait-elle pas pu troubler brusque- ment Uranus dans sa marche? >' Je le répète, toutes ces opinions ont été émises sons la forme d'hy- pothèses, et sans qu'on ait cherché à étayer aucune d'elles par des considé- rations positives. On ne doit pas s'en étonner. Le problème du mouvement d'Uranus n'avait pa^ été traité avec une rigueur telle, qu'il fût démontré qu'on ne poiurait pas parvenir à le résoudre, parla considération des forces actuel- lement connues. Dans cette incertitude, il était sans doute permis de hasarder une hypothèse. Mais nul n'aurait pu se résoudre à entreprendre un travail consiilcrable, sur des inéjjalités dont l'existence était encore problématique. Aujourd'hui il en est tout autrement. On ne saurait plus douter de ces inéga- lités, et le moment est venu de chercher à démêler la direction et hi gran- deur de la force qui les produit. (9i3) » Je ne me dissimule pas les écueils dont est semée la route que je vais actuellement parcourir. Plus d'une fois, des obstacles imprévus m'auraient fait renoncer à mon entreprise si je n'avais eu la profonde conviction de son utilité. Comment, en effet, les astronomes observateurs arriveraient-ils à découvrir, dans l'immense étendue du ciel, la cause physique des perturba- lions d'Uranus, si l'on ne parvient pas à jalonner leur travail, à circonscrire leurs recherches dans une enceinte déterminée? Et quel est celui d'entre eux qui se résoudrait à chercher un astre télescopique successivement dans les douze signes du zodiaque? Il faut donc commencer par prouver que le* re- cherches doivent être concentrées dans un petit nombre de degrés. On pourra alors compter que les veilles des observateurs ne feront pas défaut; qu'avant peu, l'astronomie physique se sera enrichie de l'astre dont l'aslronomie théo- rique aura à l'avance dévoilé l'existence et fixé la position. « Je ne m'arrêterai pas à cette idée que les lois de la gravitation pourraient cesser d'être rigoureuses, à la grande distance à laquelle Uranus est situé du Soleil. Ce n'est pas la première fois que, pour expliquer des inégalités dont on n'avait pu se rentire compte, on s'en est pris au principe de la gravitation universelle. M^s on sait aussi que ces hypothèses ont toujours été anéanties par un examen plus approfondi des faits. L'altération des lois de la gravi- tation serait une dernière ressource à laquelle il ne pourrait être permis d'avoir recours qu'après avoir épuisé l'examen des autres causes, qu'après les avoir reconnues impuissantes à produire les effets observés. » Je ne saurais croire davantage à la résistance de l'élher; résistance dont on a à peine entrevu des traces dans le mouvement des corps de la den- sité la plus faible; c'est-à-dire dans les circonstances qui seraient les plus propres à manifester l'action de ce fluide. » ÏjGS inégalités particulières d Uranus seraient-elles dues à un gros satellite qui accompagnerait la planète? Les oscillations qui se manifesteraient dans la marche d'Uranus affecteraient alors une très-courte période; et c'est pré- cisément le contraire qui résulte des observations. Les inégalités qui nous occupent se développent avec une très-grande lenteur. Il est donc impossible de recourir à l'hypothèse actuelle, d'autant plus que le salellite devrait être effeclivement très-gros, et n'aurait pu échapper aux observateurs. ') Serait-ce donc une comète qui, tombant sur Uranus, aurait, à une cer- taine époque, changé brusquement la grandeur et la direction de son mou- vement? J'ai déjà dit qu'on satisfaisait assez bien au mouvement de la pla- nète entre 17.8 1 et 1820, srns le secours d'aucune force extraordinaire. Cette remarque, qui semble prouver que la force perturbatrice n'a point exercé ( 914 ) (l'influence sensible durant cette période, serait assez conforme à l'hypothèse actuelle d'une altération brusque du mouvement de la planète. Mais alors, la période de 178 1 à 1820 pourrait se lier naturellement, soit à la série des observations antérieures, soit à la série des observations postérieures, et ne serait incompatible qu'avec l'une d'elles. Or c'est ce qui n'a pas lieu. On peut prouver que la série intermédiaire ne peut s'accorder, d'une part, avec les anciennes observations, et, de l'autre, avec les nouvelles. >i II ne nous reste ainsi d'autre hypothèse à essayer que celle d'un corps agissant d'une manière continue sur Uranus , changeant son mouvement d'une manière très-lenle. Ce corps, d'après ce que nous connaissons de la constitution de notre système solaire, ne saurait être qu'une planète, encoie ignorée. Mais cette hypothèse est-elle plus plausible que les précédentes? N'a- t-elle rien d'incompatible avec les inégahtés observées? Est-il possible d'assi- gner la place que cette planète devrait occuper dans le ciel? ■'> Et d'abord, on ne saurait la placer au-dessous de Saturne, qu'elle dé- l'angerait plus qu'elle ne trouble Uranus; et l'on sait que son influence sur Saturne est insensible. >' Peut-on la supposer située entre Saturne et Uranus? Il fasdrait la placer beaucoup plus près de l'orbite d'Uranus que de celle de Saturne; et dès lors sa masse devrait être assez petite pour ne produire sur Uranus que des per- turbations qui sont, en définitive, peu considérables. Il est facile d'en con- clure que son action perturbatrice ne s'exercerait qu'au moment où elle pas- serait dans le voisinage d'Uranus; et le peu de différence qu'il y aurait entre les durées des révolutions des deux astres ferait que la circonstance présente ne se serait rencontrée qu'une fois dans la période qu'embrassent les obser- vations de la planète. Cette conséquence est contraire à ce qu'on déduit des observations. » La planète perturbatrice sera donc située au delà d'Uranus. Nous ne devrons pas supposer qu'elle en soit voisine, car alors sa masse serait très- petite, et nous retomberions ainsi dans les mêmes impossibilités que précé- demment". Ce sera bien loin au delà d'Uranus, que nous pourrons espérer de découvrir ce nouveau corps dont la masse sera assez considérable. Nous savons, par la singulière loi qui s'est manifestée entre les distances moyennes des planètes au Soleil, que les planètes les plus éloignées sont situées à des distances du centre qui sont, à très-peu près, doubles les unes des autres; il serait donc naturel d'admettre que le nouveau corps est deux fois plus éloigné du Soleil qu'Uranus, si la considération suivante ne nous en faisait à peu près une loi. J'ai dit que la planète cherchée ne pouvait être située à une (9'5) petite distance d'Uranus. Or, il n'est pas plus possible de la placer à une très- grande distance , à une distance triple de celle d'Uranus au Soleil par exemple. Il faudrait , en effet , dans cette hypothèse , attribuer à cette planète une masse très-considérable ; la grande distance à laquelle elle se trouverait à la fois de Saturne et d'Uranus rendrait ses actions, sur ces deux planètes, com- parables entre elles, et il ne serait point possible d'expliquer les inégalités d'Uranus sans développer dans Saturne des perturbations très -sensibles, et dont il n'existe point de traces. » Ajoutons que les orbites de Jupiter, Saturne et Uranus étant fort peu in- clinées à l'écliptique, on peut admettre, dans une première approximation, qu'il en est de même pour la planète cherchée; les observations des latitudes d'Uranus le prouvent sans réplique, puisque ces latitudes n'ont guère d'au- tres inégalités sensibles que celles qui sont dues aux actions de Jupiter et de Saturne. Nous sommes ainsi conduits à nous poser la question suivante : « Est-il possible que les inégalités d'Uranus soient dues à l'action d'une " planète, située dans l'écliptique, à une distance moyenne double de celle >' d'Uranus? Et, s'il en est ainsi, où est actuellement située cette planète? » Quelle est sa masse ? Quels sont les éléments de l'orbite qu'elle parcourt?» Le problème étant énoncé en ces termes, je le résous rigoureusement. '" Si l'on pouvait déterminer, à chaque époque, la variation des pertur- bations dues à l'action de la masse inconnue, on en déduirait la direction dans laquelle tombe Uranus, par suite de l'action incessante du corps ti'ou- blant : on connaîtrait ainsi la position de ce corps. Mais le problème est loin de se présenter aussi simplement. Les expressions numériques des pertur- bations ne pourraient se conclure immédiatement des observations , que si Ton connaissait les valeurs rigoureuses des éléments de l'ellipse décrite par Uranus autour du Soleil; et ces éléments, à leur tour, ne peuvent se déter- miner exactement, si l'on ne connaît pas la quantité des perturbations. On le voit, il est impossible de scinder en deux parties distinctes la recherche.des éléments d'Uranus et celle des éléments du coips qui le trouble. En vain espérerait-on , en formant des équations empiriques, découvrir, à priori , la loi des perturbations; on courrait le risque de se tromper grossièrement, puisqu'on n'aurait ainsi obtenu qu'une expression propre à représenter l'excès des perturbations sur les erreurs provenant des inexactitudes des éléments elliptiques, et nullement les perturbations elles-mêmes. Il n'y a qu'une route à suivre : il faudra former les expressions des perturbations, dues au nouveau corps, en fonctions de sa masse, et deséléments inconnus de l'ellipse (|ii'il décrit-, il faudra introduire ces perturbations dans les coordonnées (9'6) d'Uranus, calculées au moyen des éléments inconnus de Tellipse que cette planète parcourt autour du Soleil. Efjalant les coordonnées ainsi obtenues aux coordonnées observées, on prendra pour inconnues, dans les équations de condition qui en résulteront, non-seulemcut les éléments de l'ellipse dé- crite par Uranus, mais encore les éléments de l'ellipse décrite par la planète troublante , dont nous cherchons la position. » On peut éliminer, avec rigueur, les éléments de l'orbite d'Uranus; on obtient ainsi des relations entre la masse de la planète cherchée , l'excen- tricité de son orbite elliptique et la valeur de la longitude moyenne à l'origine du temps. I^a suile de la discussion demande une attention toute particulière. >' Les nouvelles relations suffisent encore pour déterminer, avec une en- tière certitude, les expressions de l'excentricité de l'orbite et de la longitude du périhélie, en fonctions de la masse et de la longitude de l'époque. Imagi- nons que le calcul ait été fait, et qu'on ait éliminé des différentes relations l'excentricité et la longitude du périhélie. On tombera sur des équations qui, ne renfermant plus d'autres arbitraires que la masse de la planète et la lon- gitude moyenne à l'origine du temps, devront toutes être satisfaites par un choix convenable de ces inconnues. » Il est fort remarquable que la masse ait, à très-peu près, disparu d'elle- même de ces équations. L'élimination de I excentricité et de la longitude du périhélie entraîne , non pas l'évanouissement complet des termes dépendants de la masse , mais leur réduction à un tel degré de petitesse, qu'il devient évident que cette masse ne pourra point être déterminée avec précision, qu'il sera permis de la supposer comprise entre des limites assez étendues. Dans tous les cas, on pourra négliger, à très-peu près, les termes dépendants de la masse dans les équations finales auxquelles nous sommes arrivés; on ne disposera plus que de la longitude de l'époque pour les résoudre. » Or, je démontre qu'on peut choisir cette longitude de manière à satis- faire à la fois aux équations finales; qu'on peut faire, par là, que toutes les observations delà planète soient représentées avec l'exactitude qu'elles com- portent. Je prouve encore qu'il n'y a qu'une solution possible, et que, plus on s'éloigne de cette solution , et plus les écarts de la théorie, par rapport aux observations, deviennent considérables; d'où je conclus qu'on peut effecti- vement représenter les irrégularités dumouvementd Uranus par l'action d'une nouvelle planète située à une distance double de la distance d'Uranus au Soleil; et, ce qui est très-important, qu'on n'y parvient que d'une seule manière. " En disant que le problème n'est susceptible que d'une solution, j'entends ( 9ï7 ) qu'il n'y a pas deux régions du ciel que l'on puisse choisir à volonté, pour y placer la planète à une époque déterminée, au i*"" janvier 1847 par exemple. Mais chacun comprendra que, dans cette région unique, on doit se borner à assigner à la position de l'astre de certaines limites, restreintes si les ob- servations sont exactes et en nombre convenable; étendues si les observations sont insuffisantes. Occupons-nous donc enfin de la position de la planète dans le ciel. » Pour écarter de ce résumé toute considération trop abstraite , je me bor- nerai à faire connaître l'expression de la longitude au i" janvier 1847- C'est le but le plus important de mon travail; c'est le résultat qui devra servir de point de départ aux observateurs pour découvrir le nouvel astre, m étant la masse de la planète rapportée à la dix-millième partie du Soleil prise pour unité, et a une indéterminée, j'ai trouvé, pour l'expression de la longi- tude héliocentrique de la planète, exprimée en degrés sexagésimaux, au 1*'' janvier 1847 • \>= 3i4°,5 -+- ia",25a + — {20°, 82 — 100,79a — i°,i4a*}- » f ja discussion de celte formule, sous le rapport des limites dans lesquelles m et a doivent rester comprises, pour que l'on ne cesse pas de satisfaire aux observations , montre qu'en assignant 325 degrés de longitude héliocentrique à la planète, au i*'' janvier 1847, ^^ ^^ commet pas une erreur de 10 degrés. » Tel est le résultat capital auquel je suis parvenu. Je ne chercherai pas à le comprendre aujourd'hui dans des limites plus restreintes. FjC travail dont je viens de présenter un extrait à l'Académie doit être considéré comme une ébauche d'une théorie qui commence. Lorsque, dans l'ignorance complète de la position de la planète cherchée, il m'était nécessaire d'étendre les dis- cussions des formules et leur comparaison aux observations, à toutes les ré- gions de l'écliptique, j'ai dû nécessairemeut, pour simplifier mon travail et ne pas le rendre impossible, ne m'occuper que d'un certain nombre de posi- tions choisies d'Uranus; mais, actuellement que les éléments de l'ellipse dé- crite parla planète sont déterminés avec approximation, il devient possible de faire entrer dans la solution du problème toutes les observations que nous possédons, f/ensemble de ces données permettra, sans nul doute, d'assigner à la position actuelle de la planète des limites beaucoup plus restreintes que celles que j'ai énoncées plus haut. On pourra même corriger la durée de la révolution périodique. » Je Vcfis m'occuper d'apporter à la nouvelle théorie les perfectionnements C. H.,1846, i"S«m M. Jacobi obtient ^6 suffrages, M. Milscherlich . . i M. Jacobi , ayant obtenu la majorité absolue des suffrages , est proclamé élu . Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ÉCONOMIE RURALE. — Note à joindre au Mémoire lu par M. Eugène Chevandier , à l'académie des Sciences, le 20 janvier 1 845 , sur la composition élémentaire des dijfférents bois et le pouvoir calorifique d'un stère de chacun d'eux. (Commission précédemment nommée.) « Dans un Mémoire précédent, j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Acadé- mie les expériences par lesquelles je suis arrivé à déterminer, pour différentes espèces de bois, le poids du stère parfaitement sec, la composition élémen- taire, et à calculer au moyen de ces données les quantités de carbone et d'hydrogène libre contenues dans un stère, ainsi que la puissance calorifique de celui-ci. Mais les nombres ainsi obtenus ne pourraient être utilisés dans la pratique, qu'à condition d'en déduire : >' 1°. La quantité de calorique correspondante à la température à laquelle ( 9*« ) les gaz produits par la combustion , y compris l'eau de composition, sont versés dans l'atmosphère ou cessent de produire un effet utile ; » a°. La quantité de calorique nécessaire pour volatiliser et porter à ia même température l'eau hygrométrique toujours contenue dans les bois, et dont j'ai fait abstraction dans tous mes calculs. » La quantité d'eau de constitution résultant des analyses élémentaires qui forment la base de mon travail , il me restait , pour le compléter, à re- chercher la proportion de l'eau hygrométrique contenue en moyenne dans les bois, pendant les différentes phases de leur dessiccation spontanée, et c'est ce complément que je viens soumettre aujourd hui au jugement de l'A- cadémie. » Voici la marche que j'ai suivie dans cette partie de mes expériences. » J'ai fait couper en janvier i834 des bûches de hêtre , chêne , charme, bouleau, tremble, aune, saule, sapin et pin choisies dans des conditions identiques à celles dans lesquelles je m'étais déjà placé pour mes autres re- cherches sur les bois. Ces échantillons, au nombre de cent quatre-vingt-un, provenant de terrains différents, déjeunes brins et d'arbres plus âgés, de branches et de tiges, ont été soigneusement numérotés, et les uns à côté des autres déposés sous un hangar ouvert à tous les vents, mais qui les proté- geait coutre l'action de la pluie et du soleil. Six mois, un an, dix-huit mois et deux ans après la coupe, j'ai déterminé, par la méthode décrite dans mon précédent Mémoire , la quantité d'eau hygrométrique contenue. ' "Je joins à cette Note: » i". Un état de tous les bois qui ont été ainsi soumis à la dessiccation spontanée , et dans lequel ils sont rangés méthodiquement d'après le sol et l'exposition. L'examen rapide de cet état suffit pour prouver que ces circon- stances n'ont aucune influence sur la quantité d'eau hygrométrique; » 2°. Un second état, dans lequel les mêmes bois sont classés d'après leur essence et en séparant les bûches provenant de la tige, les branches et les jeunes brins. » Ici, au contraire, à part quelque différence dans la première année qui suit la coupe, les quantités d'eau hygrométrique sont à peu de chose près les mêmes. Leur composition m'a conduit à établir des moyennes pour tous les échantillons appartenant à une même espèce d'arbre, et à adopter les nombres ainsi trouvés comme représentant l'eau hygrométrique contenue six mois, un an , dix-huit mois et deux ans après la coupe , mais en distinguant dans ces échantillons ceux qui provenaient de bois de quartier, de branches et de jeunes brins. ( 9^2 ) » Le minimum d'eau hygi-ométrique, ou le maximum de dessiccation, s'est présenté eu moyenne au bout de dix-huit mois pour les bois résineux (sapins et pins), pour le hêtre, pour les bois de quartiers de bouleau, de tremble, d'aune, pour les jeunes brins de tremble et de saule. " Ce maximum de dessiccation n'a, au contraire, été atteint en moyenne qu'au bout de deux ans pour le chêne , le charme, les branches de bouleau , de tremble et les jeunes brins de bouleau et d'aune. Je n'ai, toutefois, pas cru nécessaire de prolonger les expériences au delà de deux ans, à cause des variations qui se sont rencontrées pour la plupart des espèces de bois, et qui semblent indiquer qu'ils arrivent au maximum de dessiccation spontanée entre dix-huit mois et deux ans après la coupe, et que les différences qui se présentent ensuite doivent être attribuées , en grande partie , à l'influence de l'état hygrométrique de l'air lui-même, suivant la saison et le moment où le dosage de l'eau a lieu. » Les moyennes trouvées montrent encore que les bois résineux se des- sèchent plus vite et reprennent plus facilement l'humidité que les bois non résineux à feuilles caduques, et que, parmi ces dernières, les bois blancs (bouleau, tremble, aune, saule) contiennent, en général , plus d'humidité au moment de la coupe que les bois durs (hêtre, chêne, charme), mais aussi la perdent plus vite et arrivent souvent à une dessiccation plus complète. » Enfin, les nombres relatifs aux différentes espèces de bois sont, en général, tellement rapprochés les uns des autres dès la première année après la coupe, que j'ai cru pouvoir, afin d'en faciliter l'emploi dans la pratique , adopter des moyennes générales pour les bois résineux et les bois à feuilles ca- duques. » J'ai trouvé ainsi : >i 1°. Que pour les bois résineux , l'eau hygrométrique contenue s'élevait en moyenne : Pour les bois de quartier, 6 muisapr. la coupe, à 39 p. 100; au mom. delà plus grande dessiccat., à |5 p. 100. Pour les branches, idem. 3a idem iS Pour les jeunes brins, idem. 38 idem. i5 » 2". Que pour les bois non résineux, à feuilles caduques, ces moyennes étaient : Pour les bois de quartier, 6 mois apr. la coupe, à 26 p. 100; au mom. de la plus grande dessiccat., à 17 p. 100 Pour les branches , idem. 34 idem. 20 Pour les jeunes brins, idem. 36 idem. 19 >' J'ajouterai , en terminant, que ces nombres me semblent de nature à être considérés comme des minimum, puisqu'à cause de leur isolement, les (9^3) échantillons examinés ont dû se dessécher plus vite et plus facilement que s'ils eussent été empilés sur un chantier. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles expériences pour servir à l'histoire chimique du jaune dœuj et de la matière cérébrale; par M. Gobley. (Commission nommée pour un premier Mémoire de l'auteur sur le même sujet.) « La Note que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, dit M. Gobley, contient le résultat des nouvelles recherches que j'ai faites pour répondre aux objections présentées contre mon premier travail par M. Sacc. » Il résulte de mes expériences, que l'acide lactique, l'osmazome, l'acide oléique, l'acide margarique et l'acide phosphoglycérique, que M. Sacc dit se former par oxydation à l'air du principe constituant du jaune d'œuf pendant les traitements auxquels je soumets ce dernier pour les obtenir, s'obtiennent également quand on opère dans une atmosphère d'acide carbonique, d'où je conclus qu'ils ne sont pas des produits d'oxydation. • » Il résulte aussi de mes expériences, que la cervelle de poulet, celle du mouton et celle de l'homme contiennent une matière visqueuse phosphorée qui présente beaucoup d'analogie avec celle du jaune d'œuf, et qui, placée dans les mêmes circonstances que cette dernière, donne de l'acide oléique, de l'acide margarique et de l'acide phosphoglycérique. " ASTRONOMIE. — Méthode pour déterminer la parallaxe et le mouvement des bolides; par M. Petit. PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur les dégradations naturelles qu'éprouvent, dans les Alpes, les bois situés au pied des escarpements; par M. Se. Gras. (Commission précédemment nommée.) GÉOLOGIE. — Études sur le métamorphisme des roches; par M. Durocher. (Commissaires , MM. Beudant, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) CHIMIE APPLIQUÉE. — Nofc sur les mojens dabsorber la chaux que contiennent les jus sucrés après la déjécation; par M. Maliet. x ♦' ' (Commission précédemment nommée pour un Mémoire de M. Mialhe.) CHIRURGIE. — Mémoire sur la pulvérisation des calculs urinaires; -. par M. Leroy d'Dtiolles. (Commission précédemment nommée.) (9^4) MÉDECINE. — Considérations sur la variole; par M. Buissox. (Pièce destinée au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) TOXICOLOGIE. — Mémoire sur l'emploi de la magnésie dans t empoisonnement par l'acide arsénieux; par M. Bussy. (Commission des poisons minéraux.) MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. — Note sur une métliode de traitement employée avec succès dans six cas de morve aiguë; par M. d'Héran. (Commissaires, MM. Serres, Rayer.) PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur Pélectroglyphie typographique^ ou moyen d'obtenir, à l'aide du galvanisme et sur un simple tracé direct, des types d'imprimerie remplaçant ceux du graveur sur bois; par M. Woillez. (Renvoi à la Commission nommée pour de précédentes communications relatives aux applicatians de la galvanoplaslique.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Notice sur un chemin de fer d'essai établi à Saint- Ouen pour expérimenter la soupape longitudinale Hédiard dans le système de propulsion atmosphérique; par M. Gocigner. (Renvoi à l'examen de la Section de Mécanique, à laquelle sont adjoints MM. Arago, Lamé et Seguier.) MM. Bessas-Lamégie et Henry adressent une addition à une Note précé- dente sur l'emploi des supports en fonte pour les rails des chemins de fer. (Commission précédemment nommée.) M. DE Bazelaine soumet au jugement de l'Académie un appareil qu'il dé- signe sous le nom de chronomètre-guide des chemins de fer. (Commission des chemins de fer.) M. GiRAULT d'Onzain adressc un Mémoire sur les moyens d'empêcher les accidents sur les chemins de fer. (Même Commission.) M. Ghasseriau, qui avait précédemment adressé une réclamation de prio- rité relative à un moyen d'arrêter les ravages de certains insectes nuisibles aux arbres, transmet aujourdhui, comme pièce à consulter par la Com- mission à l'examen de laquelle sa réclamation a été soumise, la copie d'une Note sur le même sujet qu'il a adressée à la Société royale d'Agriculture de Paris. Il y joint un échantillon de bois attaqué par des larves de Cossus. (Commission précédemment nommée.) ( 9^5 ) CORRESPONDAI^iCE. M. DcREAUDE LA Malle sollicitc l'appui de l'Académie pour l'établissement d'un système d'observations annuelles correspondantes, concernant certains phénomènes de la végétation. La comparaison des résultats qui nous ont été transmis par les anciens avec ceux que donneraient les observations mo- dernes faites dans les mêmes lieux, ferait disparaître en grande partie, ou du moins réduirait dans des limites assez étroites , les incertitudes relatives à la question de la constance ou du changement de cligiats dans les vingt der- niers siècles. Comme il était déjà dans les intentions de l'Académie de recommander aux voyageurs des observations du genre de celles que provoque M. Dureau de la Malle, sa Lettre sera renvoyée, comme pièce à consulter, à la Com- mission chargée de rédiger des Instructions générales pour les voyages scientifiques. . ASTRONOMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Schumacher à M. Arago. « 6 mai i846. " Nous avons observé encore, le 3 de ce rnois, la seconde comète dé- couverte par M. Brorsen le 3o avril. M. Wichmann, de Kœnigsberg, qui croyait l'avoir découverte le i*'' mai, m'a envoyé son observation, faite au grand héliomètre. De ces trois observations, M. Petersen a déduit l'ébauche suivante des éléments : Passage au périhélie, 1846, juin 5,28789 Longitude dn périhélie 162° 34' 2") , „, . . , , , f f r ) de I equm. app., 2 mai. Longitude du nœud 201.09.49 ) Inclinaison 29. 18. 3o Distance périhélie 0,63547 Sens du mouvement Rétrograde.' .. Les observations sont : Temps moyen. Asc. droite de la comète. Dccl. de la comète. Mail i3''i4'"43» Kœnigsberg... 32i»44' 8",6 H- 26° 44' 57",! Mai 2 11.48. I Altona 324.26.39 3a. 4-33 Mai 3 12. 3.44 Altona....... 328. o.25 38. 8.25 .. L'observation moyenne est représentée (cale. — obs.) : I En longitude. . . + 4"> En latitude. ... — 1". * C. a., 1846, i"Semf5i/e.(T. XXU, NoîSS-) '22 ■^ ( 9^6 ) » Je reçois dans ce moment ces éléments. Je n'ai pas Je temps nécessaire pour les comparer exactement au Catalogue des comètes; je vois seulement qu'il y a quelque ressemblance avec les comètes de 1701, 1766, 1790 et 1 798. " Il résulte d'une Lettre de Rome adressée à M. Arago, que M. de Vico y a aperçu la même comète dans la matinée du 1 mai. M. DuFRÉNOY présente, au nom de M. Damour, un Mémoire sur la com- position de la heulandite. La différence entre Jes analyses de M. Damour et celles de Walmstedt , Thomson et Rammelsberg consiste dans la présence d'une petite quantité de soude et de potasse qui rendent là conïposition atomique beaucoup plus simple. Ces ^lalyses ont donné : Silice 0,5964 Alumine o, i633 Chaux o ,'0744 Soude 0,01 16 Potasse 0,0074 Eau o, 1433 0,9964 * 11 en résulte que la heulandite, dont la composition ne parait différer de celle de la stilbite que par la proportion de l'eau que ces minéraux con- tiennent, peut prendre place dans le groupe des zéolithes dont les principes constituants présentent le rapport : r : Al : Si :: I : 3 : 12. liC tableau suivant indique leur relation : . (r.) (AI) (Si) (H.) Oxygène. Rapports 0,3098 12 0,0763 • 3 0 , 0209 1 0,0029 > 0,025l I o,ooi3 1 0,1274 5 Stilbite. . . . , Harmotôme . Heulandite. . Épistilbite . . Brewsterite? i Zéolithe d'Eldelfors. i 12 12 12 12 12 12 Sur chacune de ces espèces, le rapport i : reste constant ;Ja quantité d'eau seule varie. 6 r = Ca 6 r =:: Ba 5 r = (Ca,Na, K.) 5 r' = (Ca, Na) 5 r = (Sr, Ba) 4 r = (Ca.) 3 : 12 entre les bases et la silice J ( 927 ) ~ M. AnNOUx , dont le système de trains articules pour chemins de fer de toute courbure avait obtenu, en iSSg, le prix de Mécanique de la fonda- tion Montyon, annonce que des véhicules construits d'après ce système vont être employés pour le service du chemin de fer de Paris à Sceaux. M. Arnoux désirerait que l'Académie pût s'assurer par elle-même du succès obtenu dans la première application industrielle de l'invention qu'elle a récompensée, et il la prie , en conséquence, de vouloir bien indiquer le jour qui lui convien- drait; le voyage de Paris à Sceaux n'exigeant que très-peu de temps, il es- père que beaucoup de membres de l'Académie pourront assister à cette expérience. Le chemin devant être livré très-prochainement au public, le jour est fixé au mercredi 2 juin; une Commission, composée des membres de la Section de Mécanique et de MM. Arago, Lamé et Seguier, est chargée de s'en- tendre à ce sujet avec M. Arnoux. M. Dumas présente, au nom de M. Bouquet, une Note sur quelques sels à base de protoxjde d'e'tain. M. CoTTEREAU fils adrcssB une Note sur la chlorométrie et sur le dosage de fétain par volumes. M. DuBOï, curé de Volnay (Côte-d'Or), communique quelques détails sur les orages à grêle qui désolent fréquemment sa commune et quelques- unes des communes voisines, et exprime le vœu que la science puisse sug- gérer des moyens plus efficaces que ceux auxquels *on a recours aujourd'hui pour écarter ce fléau. M. Baudot adresse un résumé des observations méte'orologiques faites k Langres, en i845, et des observations relatives à la constitution médicale pendant la même année. M. Fraysse envoie le tableau des observations météorologiques faites à Privas pendant le mois d'avril 1846. M. Lauoque présente un Mémoire ayant pour titre : Les deux lois , les trois éléments et leurs fonctions. m L'Académie reçoit une Lettre non signée dans laquelle , à l'occasion de la communication récente de M. Coste sur les mœurs des Epinoches, on rappelle que le Dictionnaire de Valmont de Bomare signale des circon- stances analogues à celles dont M. Geste fait mention. M. Chavagneux propose l'emploi des locomotives comme machine de guerre , dans les sièges. ( 9^8 ) M. MiQUEL demande l'ouverture d'un paquet cacheté déposé par lui dans la séance du 26 janvier 1846. La Note renfermée sous ce pli et une Note supplémentaire adressée par l'auteur dans la séance de ce jour, relatives l'une et l'autre à certaines applications des propriétés du calorique, sont ren- voyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Regnault, Babinet, Despretz. M. Challaye, attaché au consulat de Macao , adresse une substance miné- rale qu'il a rapportée des Philippines, M. Berthier est invité à faire l'analyse de ce minerai. M. Chenot écrit qu'il a découvert, pour la préparation des surfaces des édifices destinées à recevoir des peintures, un composé dont, au reste, il ne fait pas connaître la nature. L'Académie accepte le dépôt de cinq paquets cachetés présentés par M. DucHEMiN, M. Maubial Griffoule , M. OfiALHE, M. Progin et M. WoitLEZ. La séance est levée à 5 heures un quart. A. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. !>' Académie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: • Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences ; I" semestre 1846; n" 21; in-4". Forages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Fero'é, pendant les années i838, iSSg et 1840, sous la direction de M. Gaimahd; l^o" livraison ; in-folio. ^ Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite, par M. Jacobi. (Extrait, dû Journal de Mathématiques pures et appliquées, tome XL) In^". Deux Mémoires sur le Magnétisme ; par M. DE Haldat. Nancy, 1846; bro- chure in-S". Journal de Chirurgie; par M. Malgaigne; mai 1846; in-8''. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; mai i846;in-8°. Journal des Connaissances utiles; n" 5, mai 1846; in-8". Mémoire sur les Fonctions elliptiques de première et de seconde espèce; par M. L0BATTO * in-4''- Astronomische. . Nouvelles astronomiques de M. Schumacheu, n° ^5q', in-4°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n° aa; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°'6i à 63; in-folio. L'Écho du Monde savant; n"" ^\ et42; in-4°- Gazette médico-chirurgicale ; année 1 846, u° 22. La Réaction agricole; n'"94 > Dès rorigine , récente encore, de l'art lithographique, Senefelder avait conçu l'espoir de produire des lithographies en couleur et tenté divers moyens d'atteindre ce but important pour l'industrie, pour l'art lui-même, et à divers titres plein d'intérêt pour la science. » Pour nous borner ici à ce qui la concerne, qui ne conçoit combien il serait utile de reproduire à bon marché les cartes géographiques , les cartes géologiques si précieuses que les divers États s'empressent de faire exécuter, les dessins coloriés dont l'enseignement adopte l'usage et qui rendent si facile l'inteUigence des rapports les plus compliqués de la structure des êtres or- ganisés, de la composition des machines, des dates de la chronologie ou des événements de l'histoire? C. R., l846, !«' Semestre. (T. XXII, N» 23.) 123 ( 93o ) ') Deux procédés permettent d'obtenir un coloriage exact, mais l'im d'eux n'existe malheureusement encore qu'à l'étafde simple projet, malgré les efforts de Senefelder lui-même et ceux de M. Seybert qui s'en est oc- cupé plus récemment, comme nous le savons par une communication de M. Rouget de Lisle. Ce procédé est très-digne de la méditation des artistes. » Supposons qu'une planche soit formée de fragments distincts et diver- sement coloriés à la manière des mosaïques; qu'à la place qui correspond à la teinte bleue du dessin, se trouve, par exemple, une plaque épaisse de couleur bleue et qu'il en soit ainsi pour les autres nuances. Admettons, enfin, que ces plaques soient composées d'une encre sèche, susceptible de s'humecter ou de se ramollir, et de fournir ainsi une épreuve sur le papier. Il suffira évidemment, pour obtenir l'impression simultanée de toutes les cou- leurs dont la planche sera composée, d'en humecter la surface s'il s'agit d'une couleur à l'eau, ou de la ramollir s'il s'agit d'une couleur à l'huile, et de tirer l'épreuve sur papier par les procédés ordinaires. Rien ne limitera le nombre des épreuves, si ce n'est l'usure de la planche, c'est-à-dire l'épais- seur qu'on aura donnée aux plaques colorées dont elle sera formée. » Ce procédé est praticable , mais il n'existe qu'en germe et demandera une longue étude pour être définitivement classé. » La lithographie a résolu le problème tout autrement. Elle a décomposé le dessin qu'elle se proposait de reproduire, et elle a consacré à chaque cou- leur une pierre distincte et, par conséquent, un tirage spécial. Dès lors, la même épreuve, outre le tirage du trait en noir, subit cinq, dix , vingt tirages, s'il le faut, pour arriver à la reproduction des tons dont elle doit être chargée. 1 De là, augmentation de dépense; de là, cent difficultés à vaincre pour que les rapports exacts de ces couleurs soient conservés au travers de ces tirages et maniements si multipliés. " Disons-le tout de suite : s'il s'agit de dessins artistiques, MM.Engelman et Graf avaient parfaitement résolu la question et mérité, sous ce rapport, tous les éloges du jury dès l'exposition de 1839. D'autres lithographes, et en particulier M. Silbermann de Strasbourg, avaient prouvé, par leurs publi- cations, que ces procédés leur étaient connus ou familiers. Ainsi, commer- cialement parlant, la question laissait peu de ciiose à désirer, une fois ad- mise la nécessité de tirages distincts pour chaque couleur. » Toutefois, quand il a fallu tirer sur une même épreuve vingt-trois cou- leurs distinctes, bien transparentes, et sans déviation sensible, quoique Ja planche etit un demi-mètre de côté et même plus, des difficultés imprévues ( 93i ) ont fait hésiter les artistes. Tel est pourtant le problème que le tirage du ta- bleau d'assemblage de la carte géologique de France leur présentait. L'Im- primerie royale l'a complètement résolu et a mis en circulation la connais- sance d'une méthode qui deviendra désormais du plus grand secours pour toutes les publications analogues. " L'Imprimerie royale a fait usage, pour obtenir les produits qu'elle a soumis à l'Académie, d'un ensemble de procédés , les uns connus , les autres imaginés par un de ses employés, M. Derenesménil. » Ayant pris une épreuve de la carte géologique, on l'a transportée sur pierre. Celle-ci a fourni vingt-trois épreuves qui ont été reportées sur vingt- trois pierres différentes, sin- chacune desquelles on a rempli à l'encre les places destinées à reproduire l'une des teintes que la carte devait recevoir. » Une épreuve, qui aurait reçu le trait de la première pierre et les vingt- troîs teintes des pierres suivantes, aurait donc reproduit le type primitif. 1) Mais il fallait que le repérage de ces pierres fût parfaitement exact, et que les dimensions du papier fussent invariables; sous ce double rapport, l'Imprimerie royale n'a rien laissé à désirer même aux esprits les plus exi- geants, car le débord des couleurs l'une sur l'autre n'atteint jamais l'épais- seur du trait qui les sépare. " Les pierres»sont saisies, en effet, dans un cadre de fer dont les parties sont mobiles, peuvent être déplacées à volonté, et permettent de changer les rap- ports de la pierre avec les lignes de repérage portées par le cadre, jusqu'à ce que la précision la plus parfaite se trouve obtenue. Une fois atteinte, le sys- tème reçoit une solidité qui en rend les diverses parties invariables ' Chacune des pierres peut donc être amenée, relativement au cadre, exactement dans la même situation que celles qui l'ont précédée ou que celles qui doivent la suivre. » Restait à garantir au papier la même fixité de rapports. On y est parvenu en substituant aux trous percés habituellement dans le papier lui-même, par les pointes que porte le cadre, des trous percés dans une feuille métallique. Le papier peut, en effet, céder aux tractions que le tirage lui fait subir; le trou percé d'abord s'agrandit de la sorte, et l'exactitude du repérage est perdue. En fixant sur le papier une lame mince de laiton , le trou percé dans celle-ci conserve ses dimensions même après vingt-trois tirages, et permettrait de les multiplier bien davantage au besoin. » L'[mi)rimerie royale a d'ailleurs emprunté au commerce une pratique indispensable, qui consiste à tirer les épreuves successives sur un papier soigneusement laminé et sec. Au moyen de cette précaution , on évite tous 12 3. ( 9^2 ) ks défauts qui résulteraient de l'allongement inégal du papier par la distri- bution irrégulière de l'humidité. » L'Imprimerie royale possédait des encres de couleur qui lui ont été d'un prand secours pour l'exécution de ce travail. Les vingt-trois teintes dont elle a colorié la carte géologique frappent l'œil par leur égalité , leur pureté , leur finesse et leur transparence. st Aucune de ces teintes ne résuite de la superposition de deux couleurs, comme cela avait été pratiqué dans la carte géologique des environs de Paris, de M. Raulin, que l'Académie a d'ailleurs accueillie avec tant d'in- térêt, mais où les teintes manquent de transparence, soit par ce motif, soit à cause du choix des matières colorantes qu'on y a employées. )) Votre Com"mission, considérant le parti que les sciences pourront tirer des procédés exacts dont l'Imprimerie royale vient de faire usage pour le colo- riage des cartes, est d'avis qu'il y a lieu de remercier M. Lebrun , directeur de l'Imprimerie, pour sa communication et de témoigner à M. Derenesménil la satisfaction que le résultat de ses efforts a fait éprouver à l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. IVOMEVATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission de cinq membres qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Mécanique de la fondation Montyon. MM. Poncelet, Piobert, Morin, Dupin et Gambey réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur l'utilité de l'indivision de l'exploitation dans quelques Jermes; par M. Cn. GiRov DE IRvzAHEivGVEs. « Qu'il me soit permis d'abord de rappeler, en peu de mots, les suites iné- vitables du morcellement auquel on n'opposerait aucune digue. » 1°. Notre population augmente, et le terrain cultivable diminue, soit par la multiplication des chemins ruraux , soit par celle des constructions que la division des propriétés rend nécessaires, soit enfin par les clôtuiies.. (Les clôtures, cependant, finiront par être abandonnées lorsqu'elles coûteront plus que ne vaudra l'enceinte qu'elles seraient destinées à défendre et qu'elles (933) en réduiraient trop l'étendue ; lorsqu enfin les droits de passage , multipliés dans tous les sens, les rendront inutiles.) » a". Par le grand nombre des chemins et l'absence des clôtures , d'abord la communauté de la dépaissance, et enfin la suppression des bestiaux deviendront nécessaires. Or le premier de ces partis commande un assole- ment commun , et ce sera le triennal, ou le plus mauvais qui obtiendra la préférence, parce qu'il est le plus répandu ; on ne fera plus de fourrages ar- tificiels; il faudra même que l'on s'entende pour la culture des céréales. Par le second, on ne sei'a guère plus libre pour l'assolement, car il faut bien que chacun puisse aller sur sa propriété , soit pour la cultiver, soit pour en enlever la récolte, ce qui, avec le temps, multipliera trop les chemins sur presque toutes les terres et rendra utile une exploitation uniforme. >! 3°. La culture à la charrue attelée à des boeufs ou à des chevaux dis- paraîtra et sera remplacée par la petite culture à la bêche ou à la houe ; il n'y aura plus ni bœufs ni chevaux ; les bêtes à laine disparaîtront aussi , parce qu'on cultivera presque partout des pommes de terre ou des plantes textiles, et que Ton s'estimera heureux lorsque, comme le fermier d'Irlande, on pourra nourrir une vache et un porc. » 4". L'agriculture ne demandera point d'intelligence, et l'agriculteur eu sera dépourvu lorsqu'il lui sera inutile d'en avoir. » 5". Les bois disparaîtront, parce que chacun voudra obtenir de sa terre le produit le plus prochain ; on ne plantera plus d'arbres autour des prés ou des champs, parce que les uns et les autres seront trop petits et que'l'ombre serait trop nuisible à leurs récoltes. " 6°. On ne voudra guère cultiver des céréales , parce que cette culture ne sera plus assez lucrative et ne fournirait pas, d'ailleurs, au cultivateur, du travail toute l'année. » ■jf". I/agriculture, soumise à un système opposé à celui de toutes les autres industries , la centralisation, arrivera à une dégradation complète à laquelle s'opposeront en vain toutes les récompenses. n 8". La population agricole augmentera d'abord extraordinairement, et, avec elle, le nombre des mendiants; les villages seront privés de forgerons, de charrons, d'ouvriers à la journée; chacun fauchera le foin de son pré, s'il y a des pi-és, moissonnera le blé de son champ, arrachera son chanvre et ses pommes de terre. » 9°. lie nombre des usuriers croîtra par suite de la misère; le morcelle- ment deviendra plus rapide par les ventes que l'on sera obligé de faire pour acquitter ses dettes ; les chefs d'exploitation seront avilis parce qu'ils seront (934) misérables, et ne pourront payer exactement ni les contributions directes, ni. leurs domestiques, s'ils eu ont. « lo". Les grandes propriétés, une fois détruites par des ventes partielles non simultanées, mais successives, et par les partages, ne pourront plus être rétablies; car nul ne voudra se charger de quelques lambeaux de terre, dans l'espoir d'en réunir un grand nombre en un seul domaine dépourvu de bâti- ments ruraux et de bestiaux devenus très-rares, et sur lequel il serait peut- être difficile de placer un fermier assez riche et assez instruit. " Ces changements sont inévitables et progressifs; ils demandent du temps, sans doute, mais moins qu'on ne pense. " Qu'on ne dise pas que la France doit au morcellement l'abondance de ses produits agricoles: ils sont abondants chez nos voisins comme chez nous, et les nôtres sont dus à la vente des biens du clergé, qui sout mieux cultivés qu'ils n'étaient anciennement,, au défrichement des forêts, à l'amélioralion de l'agriculture et à la culture de la pomme de terre. » Il faut que le législateur arrête, non la division de la propriété, ce se- rait aujourd'hui trop difficile, mais celle de l'exploitation, afin de prévenir une partie des maux sans nombre et sans remède dont je viens de tracer très-incomplétement le déplorable tableau. » Qu'une loi déclare que tous les domaines de 3o jusquà loo hectares de champs encadastrés ne pourront être exploités que par un régisseur ou par un fermier, quelle que soit la division qu'ils subiront désormais, c'est-à-dire que l'exploitation en sera indivise, quel que soit le nombre de leurs proprié- taires, et que celle des domaines plus considérables ne pourra être réduite, par les partages, au-dessous de loo hectares, si c'est possible, ou au moins qu'à 3o à loo hectares de champ. » Je ne pense pas qu'il soit utile , en général , de porter cette indivision plus haut, car il ne faut pas que le cultivateur soit exposé à une trop grande perte de temps pour aller de son domicile aux champs les plus éloignés; et comme je ne comprends pas, dans l'étendue que je limite, celle des prés, des pâturages et des bois, un domaine de foo hectares labourables sera en- core assez grand. >' L'indivision existe depuis bien longtemps et sans inconvénient chez plu- sieurs familles : il suffit que l'on ne puisse bien affermer une terre, si on la divise, pour que tous les droits sur elle, quoique distincts, restent confondus ; €h bien, voilà ce que, pour le rendre plus certain, je voudrais voir établir, pour le bien de la France, par une loi que l'on ne peut , si je ne me trompe, différer de rendre sans qu'il ne résulte de grands maux de ce retard : par elle, ( 935 ) la propriété des terres serait maintenue comme celle des actions sur une en- treprise ; on pourrait toujours les donner, les vendre , les partager, les échm- }}er, mais aucune partie du domaine désigné ne pourrait être cultivée sépa- rément. » Si la loi que je demande était rendue, il suffirait que chaque propriétaire connût les rapports de son lot au domaine total , dont il serait une partie , pour connaître aussi ceux des revenus : ces rapports pourraient être établis par les droits de succession ou par les ventes. Si les propriétaires voulaient améliorer leur bien, après avoir chacun obtenu la limitation de son lot, ils le feraient par des conventions particulières avec le fermier ou le régisseur, et les copropriétaires ne pourraient s'opposer à ce que l'un ou plusieurs d'entre eux reçût ou reçussent une augmentation particulière du prix des fermes ou du revenu qui proviendrait de ces améliorations; ils auraient même le droit de demander, tous les dix ans, un cadastre spécial , fait à leurs dépens, des propriétés comprises dans le domaine dont l'exploitation serait indivise, afin que chacun pût jouir des améliorations qu'il aurait introduites dapsson lot. Il faudrait, en un mot, que la loi assurât aux propriétaires tous les avantages raisonnables qu'ils désireraient, sauf celui de cultiver séparément chacun son lot; qu'elle leur laissât la liberté de choisir leur fermier à la majorité des suffrages, qui serait réglée d'après celle des droits, en sorte que celui qui aurait quatre portions prévalût contre trois qui en auraient une chacun, à moins qu'un de ceux-ci ne voulût se charger de cette exploitation à un prix plus élevé que celui qui serait offert, et donnât une bonne caution. Si cette loi ne faisait pas tout le bien désirable, il serait toujours grand celui qu'elle ferait. Je ne vois point quel mal pourrait s'ensuivre; je crains seule- ment le reproche de n'avoir pas porté l'indivision de l'exploitation assez bas. Les propriétaires devinaient à cette loi la conservation de leur fortune à leurs enfants, qui seraient, autant que possible , préservés de la ruine par des dépenses inutiles ou des emprunts onéreux. Le morcellement de ces terres serait prévenu ou retardé par l'absence, chez les copartageants , de tout in- térêt à se créer un logement sur leur propriété, et par le désir de se livrer à des entreprises utiles et lucratives, ou par celui des capitalistes, de placer leurs fonds sur des domaines indestructibles et bien assortis. » L'avenir de l'agriculture dépend évidemment des obstacles que l'en " opposera au morcellement , et c'est principalement à la seclion d'Écono- mie rurale qu'il appartient de s'en occuper. Ne pourrait-on pas, me dira- t-on, attendre que l'indivision que je propose, et de laquelle jespère ob- ^# tenir un grand bien, fût inspirée par la raison aux propriétaires, et devînt I 936 ) l'œuvre de leur spontanéité? La plupart des" propriétaires veulent user de leurs droits, jouir de leurs privilèges, et font procéder au partage des biens indivis pour y créer des exploitations particulières; il faut que leurs créanciers les fassent exproprier, que le besoin les chasse de leurs biens, pour qu'ils l'abandonnent ; on en voit même qui emploient tout le crédit qui leur reste pour obtenir qu'on leur laisse la maison qu'ils ont toujours habitée et dans laquelle, cependant, ils ne peuvent vivre, faute de revenus, tandis que, avec l'argent qu'elle leur a coûté, ils auraient pu se donner une industrie qui les préservât de la misère. Nous obéissons tous à nos habitudes d'autant plus servilement qu'elles sont plus anciennes, qu'elles nous sont transmises par plus de générations, et sommes moins libres que nous ne croyons l'être de leur résister constamment. Si l'on attend l'exploitation indivise des fermes de la volonté des propriétaires , elle arrivera , le plus souvent , lorsqu'elle sera inutile. Les faits là-dessus sont trop nombreux , pour que l'on puisse ajouter foi à une théorie qu'ils combattent, et qui annonce le défaut d'une connais- sance suffisante de l'homme. Combien de gens vivraient dans une honnête aisance, s'ils pouvaient toujours suivre les conseils d'une saine raison! Par combien de malheureux la société n'est-elle pas troublée , parce que leur éducation n'a pu réformer l'instinct qu'ils ont reçn de la nature! N'attendons pas que l'homme renonce, par amour de la patrie ou d'un intérêt éloigné et incertain , à ce qu'il a pratiqué ou convoité depuis longtemps , à ordonner et à diriger les travaux d'une exploitation rurale, à recevoir des éloges au sujet de ses récoltes, de ses bestiaux, de l'amélioration de ses terres, à de- venir le médiateur ou l'arbitre de ses voisins, à exercer enfin, sur le bien de ses pères , l'empire absolu dont ils lui ont transmis l'habitude. Rien de plus dangereux, en économie rurale, que les raisonnements à priori ^ où l'on néglige le plus grand des pouvoirs sur l'homme, parce qu'il est le moins senti. » J'aurais pu m'adresser directement aux Chambres; mais il est, je crois, plus convenable, lorsqu'on a des relations avec un corps qui y figure par plusieurs de ses membres, dignes de la plus haute estime, d'émettre ses idées dans le sein de ce corps, dont 1 opinion , s'il les partage, doit les recommander et les faire valoir. » cîiiMiE. — Sur un nouveau procédé saccharimétrique ; par M. Eue. Peligot. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Payen.) « Plusieurs procédés saccharimétriques ont été proposés dans ces der- ( 937 ) nières années. Ij'Académie connaît les services rendus à la chimie scienti- fique, médicale et industrielle, par le procédé de M. Biot; MM. Glerget et Soleil ont récemment apporté à la pratique de ce procédé plusieurs mo- difications. M. Barreswil a fait connaître une méthode saccharimétrique qui repose sur la propriété que possède une dissolution alcaline d'oxyde de cuivre, de n'avoir pas d'action sur le sucre ordinaire, tandis qu'elle est réduite par le glucose qui en précipite le cuivre à l'état de protoxyde ; enfin M. Payen a présenté dans ces derniers temps, à la Société d'Encouragement, un moyen simple et pratique pour déterminer, par une sorte de raffinage instantané, la quantité de sucre blanc cristallisé qui est contenue dians les sucres bruts du commerce. " En soumettant au jugement de l'Académie un procédé saccharimétrique qui diffère beaucoup, par les principes sur lesquels il repose, des procédés que je viens de mentionner, je suis bien loin de mettre en doute les services (^u'on peut attendre de ceux-ci , mais dont il ne m'appartient point de discuter les conditions de succès. Je pense, d'ailleurs, que le procédé que je vais dé- crire est lui-même susceptible d'être amélioré sous quelques rapports; tel qu'il est, il présente néanmoins la plupart des avantages que doivent offrir les méthodes analytiques qui sont appelées à guider les industriels dans leurs opérations. Il repose sur des propriétés et des actions chimiques qui sont hien connues; il s'appHque tant aux sucres amenés à l'état solide, tels que les sucres bruts, qu'aux liquides sucrés, quelles que soient leur nature et leur origine; il n'exige d'autres instruments et d'autres réactifs que ceux que l'on trouve dans toutes les fabriques, d'autre habileté que celle qui est nécessaire pour faire un essai alcalimétrique , opération qui est désormais familière à la plupart des personnes qui s'occupent d'industrie chimique. » Ce procédé est basé sur l'action essentiellement différente que les alcalis exercent sur les deu» sortes de sucre, le sucre ordinaire (de canne ou de betterave) et le glucose (sucre d'amidon . de raisins, de fruits, de diabètes). >' Le sucre ordinaire se combine avec les alcalis; il forme, avec les bases, des composés en proportions définies dont on peut retirer le sucre sans qu'il ait subi la moindre altération. J'ai fait connaître plusieurs de ces combinai- sons dans le Mémoire sur la nature et les propriétés chimiques des sucres que j'ai publié en i838. » Le glucose se combine également avec les alcalis, mais il donne nais- sance à des composés d'une nature tellement éphémère, qu'il est impossible de les conserver intacts au delà de quelques instants. Vient -on, en effet, à abandonner à elle-même, à la température ordinaire, une dissolution de glu- C. R., 1846, i" Semestre. (T. XXII, N» 25.) 1^4 ( 938 ) cose et de potasse , on observe que la quantité de potasse libre contenue dans la liqueur diminue chaque jour et finit par disparaître entièrement dans le cas où le (jlucose est employé en excès, f^e {{lucose se transforme , en effet, en un ou en plusieurs acides qui colorent la liqueur en brun , et qui forment, avec la potasse , des sels neutres. • » L'action que les alcalis exercent lentement sur le glucose, à la tempéra- ture ordinaire, se développe instantanément si l'on fait bouillir la dissolution de ces corps; en ([uelques minutes, la transformation du glucose en ces acides a lieu d'une manière complète. » L'alcali dont je me sers pour les essais saccharimétriques est la chaux. On sait que leau pure ne dissout que T^nrô ^^ ^^^ poids de chaux, tandis que l'eau sucrée en dissout une quantité considérable, proportionnelle au poids de sucre qu'elle contient. I^e composé qui se forme quand on met une dis- solution de sucre ordinaire en contact avec la chaux éteinte employée en excès, a été signalé par M. Soubeiran; il est représenté par la formule 2C"H"0", 3CaO. Ainsi un double équivalent de sucre pesant 4^75 se combine avec io5o de chaux, ou 3 équivalents. » Pour faire l'essai d'un sucre brut, on pèse lo grammes de ce sucre et on les fait dissoudre dans ^5 centimètres cubes d'eau; on ajoute peu à peu à cette dissolution, que l'on fait dans un mortier de verre ou de porcelaine, lo grammes de chaux éteinte et tamisée; on broie pendant huit à dix mi- nutes, puis ou jette le mélange sur un filtre pour séparer la chaux non dis- soute, celte base ayant été employée en excès. Il est bon de verser une se- conde fois sur le filtre la liqueur qui vient de passer, afin d'arriver à dis- soudre rapidement toute la chaux que peut prendre le sucre. » On prend, avec une pipette graduée, lo centimçtres cubes de la disso- lution de saccharate de chaux ; on les étend de a à 3 décilitres d'eau, on verse dans cette liqueur (pielques gouttes de teinture bleue de tournesol, puis on la sature exactement avec une dissolution titrée d'acide sulfnrique. Cette liqueur d'épreuve contient, par lilre, ai grammes d'acide sulfurique pur, à 1 équivalent d'eau. Un litre de cette liqueur sature la quantité de chaux qui ■Al ^^^ dissoute par 5o grammes de snorc. 1) La dissolution normale d'acide sulfurique est d'abord introduite dans la burette des essais alcalimétriques ou bien dans nue burette graduée en centimètres cubes dont chacun est divisé en dix parties. Ou emplit la bu- rette jusqu'au zéro, puis on verse la licpieur acide dans la dissolution aica- . ( 9^9 ) liue, qu'on agite sans cesse, jusqu'à ce que la teinte bleue de cette dernière vire au rouge sous l'influence des dernières gouttes de la liqueur d'épreuve. " En lisant sur les divisions de la burette la quantité d'acide normal qu'il a fallu employer pour atteindre ce point de saturation, on a la quantité de chaux et, par suite, de sucre contenue dans la dissolution de saccliarate de chaux; on connait le volume total de cette dissolution au moyen de la table dressée par M. Payen pour apprécier les volumes fournis par des poids dé- terminés de sucre et d'eau. " Pour les sucres bruts ordinaires, l'essai se borne là. J'ai constaté, en effet, que la proportion de glucose qu'ils contiennent est trop petite ponr qu'on puisse l'apprécier par la deuxième opération dont je vais parler. " Mais il est arrivé quehjuefois qu'on a introduit frauduleusement du glu- cose granulé dans les sucres bruts destinés au raffinage. Pour constater cette fraude, de même que pour analyser les mélasses et les sucres du commerce de qualité inférieure, lesquels contiennent des proportions variables de glu- cose qui résulte de l'altération partielle du sucre ordinaire, par suite des pro- cédés qui servent à l'exlraire ou à le raffiner, pour analyser, dis-je, un produit contenant du sucre ordinaire et du glucose, ou procède d'abord comme il vient d'être indiqué pour les sucres bruts. Après le premier essai alcalimé- trique, on introduit dans une fiole à médecine une partie du liquide alcalin qu'on chauffe jusqu'à loo degrés , au bain-marie, pendant quelques minutes. Si cette liquem- ne contient que le saccharate de chaux produit par le sucre ordinaire, elle se trouble par l'action de la chaleur, en vertu de la propriété si curieuse que possède ce composé calcaire de se coaguler, de même que l'al- bumine de l'œuf, quand on le chauffe à loo degrés. Mais ce trouble disparaît par le refroidissement de la liqueur, et celle-ci ne prend pas une teinte plus foncée que celle qu'elle possédait avant d'avoir été chauffée; en la soumettant à un second essai alcalimétrique après qu'elle sera refroidie, on retrouve son titre primitif. » Mais si les produits sucrés contiennent du glucose , la dissolution chauffée au bain-marie prend une teinte brune; elle fournit un dépôt brun qui ne dis- paraît point par son refroidissement, si le glucose est en forte proportion; elle développe une odeur prononcée de sucre brûlé : enfin , le deuxième essai alcalimétrique accuse une quantité de chaux moins considérable que le premier; cette quantité appartient tout entière au sucre ordinaire, la chaux dissoute à froid par le glucose ayant donné naissance à des sels neu- tres sur lesquels la liqueur normale d'acide sulfurique n'a point d'action. n Dans le cas où l'on aurait affaire à du glucose pur, le premier essai alcali- t24-- ( 94o ) métrique, après que le liquide sucré a été broyé à froid avec la chaux , donne- rait à peu près le même titre alcalin qu'avec le sucre ordinaire ; le deuxième essai, fait sur une portion de la liqueur chauffée à loo degrés, indiquerait la même quantité de chaux que celle qui aurait été dissoute par un égal volume d'eau pure. Cette quantité est très-petite; elle sature 4 centimètres cubes de la dissolution normale d'acide sulfurique par décilitre. Quoique la liqueur soit alors colorée en brun, on peut saisir facilement son point de sa- turation, en ayant soin d'ajouter un peu plus de teinture de tournesol, et de s'arrêter au moment où la dissolution , qui devient verdâtre, prend une teinte plus claire par l'addition de l'acide sulfurique. » L'essai des liquides sucrés se fait en opérant comme il vient d'être indi- qué ; on doit seulement avoir la précaution d'opérer sur des liqueurs marquant de 6 à 8 degrés à l'aréomètre de Baume, f ^es jus de betteraves et de cannes se trouvent naturellement dans ces conditions. En employant des dissolutions plus étendues , on risque de ne point dissoudre rapidement toute la chanx qu'elles peuvent prendre j si elles sont plus concentrées, elles deviennent trop visqueuses pour filtrer rapidement. La quantité de chaux éteinte à employer pour ces liquides doit être telle, que son poids soit à peu près égal à celui du sucre qu'on présume exister dans le produit à essayer; cette quantité est indiquée approximativement par le degré aréométrique de la liqueur. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur les Jonctions des racines. Les plantes placées dans une dissolution contenant plusieurs substances absorhent-elles préjérablement certaines substances à d'autres? Expé- riences sur cette question; par M. Bouchardat. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Boussingault, deOasparin, Payen.) « Théodore de Saussure , qui a fait sur la végétation tant et de si belles expériences, a résolu par l'affirmative la question que je viens de poser; mais les résultats qu'il a obtenus ne m'ont pas semblé assez dégagés de toutes chances d'erreur, pour qu'il ne soit plus nécessaire de revenir sur ce sujet. Voici, en quelques mots, comment les expériences de Théodore de Saussure ont été instituées. Il a fait dissoudre dans 793 centimètres cubes d'eau, deux ou trois sels différents, pesant chacun 637 milligrammes; il a analysé le résidu de la dissolution lorsqu'elle a été réduite à moitié par l'ab- sorption , par les racines des plantes, f^a quantité de sels contenue dans le ré- (940 sidu , retranchée de celle que contenait le liquide avant Tintroduction des plantes, a indiqué la quantité de sels absorbée. Théodore de Saussure a vu que pour plusieurs sels cette quantité était très-inégale: ainsi , pour ne citer qu'un exemple, dans une dissolution mixte de nitrate de chaux et de chlorhy- drate d'ammoniaque , un Poljrgonum absorba , dit-il, a de nitrate de chaux et i5 de chlorhydrate d'ammoniaque. » C'est particulièrement pour les sels de chaux solubles , que les diffé- rences ont été considérables; leur absorption semble infiniment moins facile que celle de plusieurs autres sels; mais voici une expérience qui vajeter beau- coup de doule sur la conclusion à tirer des faits invoqués par Théodore de Saussure. » Dans une dissolution dans l'eau distillée contenant, pour un litre, I gramme de sulfate de soude et i gramme de chlorure de sodium, j'ai fait végéter un Poljgonum persicaria, et quand la moitié de la dissolution a été absorbée, j'ai examiné le résidu et j'y ai trouvé, par l'oxalate d'ammoniaque, des quantités notables de sels de chaux, qui n'y existaient pas avant la succion, et qui ont été fournies par le végétal. » Ainsi voilà une cause capitale d'erreur qui a échappé à Théodore de Saussure. ^ u » Lorsqu'un végétal plonge dans une dissolution aqueuse, il n'y a pas une absorption pure et simple de la dissolution, mais il s'établit un double courant. De même que le sel de la dissolution passe dans la plante, de même les sels de la plante arrivent dans la dissolution. C'est le principe que M. Dutrochet a si bien développé dans ses beaux travaux sur l'endosmose. " Il y a un courant fort et un courant faible, mais toujours un double courant et non pas une absorption pure et simple. Qu'on ne pense pas que cette cause d'erreur soit insignifiante, car c'est seulement sur (12 grains) 637 milligram- mes, diminués par le seul fait de la succion, que Théodore de Saussure a agi, et il ne s'est point préoccupé dans ses analyses, comme on peut le voir à la page ^55 de ses Recherches sur la végétation, de trouver les principes autres que ceux qu'il voulait doser; il n'a pas non plus indiqué le poids des plantes qu'il employait. ' - » Pour éloigner, autant que possible, les chances d'erreur causées par Ifes excrétions des racines, j'ai pensé qu'on devait choisir des plantes qui, vivant un temps considérable dans l'eau, pourraient, par une très-longue végéta- tion , être amenées à un point tel, qu'elles ne céderaient plus aucun sel fixe à l'eau distillée, et qui posséderaient cependant un pouvoir de succion pro- noncé. La menthe ac^natique m'a paru, d'après de nombreux essais anté- ( 94î» ) rieurs , pouvoir i-emplir ces conditions beaucoup mieux que les Poljgonum persicaria et Bidens cannabina, choisis par Théodore de Saussure. Voici doue comment mes expériences ont été instituées. Des branches de menthe aquatique pourvues de nombreuses racines advenlives, qui vivaient dans l'eau pure depuis plus de six mois, furent placées dans des flacons contenant de l'eau distillée qui était renouvelée tous les cinq jours. Quand les réactifs ne m'indiquèrent dans cett« eau aucun sel étranger, j'instituai avec ces plantes précisément les mêmes expériences que Théodore de Saussure avait exécu- tées, et je constatai alors : qu'un végétal qui plonge librement par ses racines dans une dissolution très-étendue de plusieurs sels, sans action chimique sur ses tissus , absorbe en même proportion toutes les substances contenues dans cette dissolution. " fjes différences que j'ai signalées dans mon Mémoire, pour l'absorption de substances contenues dans une même dissolution , sont trop faibles pour qu'on puisse admettre, avec Théodore de Saussure, que les racines choisis- sent, pour ainsi dire, dans une dissolution certains sels de préférence à d'autres; s'il est arrivé à des conclusions différentes, cela tient à ce que cet illustre observateur, n'agissant que sur quelques centigrammes de sels en dissolution, n'a pas tenu compte de l'excrétion qui s'effectue continuellement par les racines en même temps que l'absorption. » Les différences qu'on peut observer en analysant les dissolutions ré- sidus dépendent de ce que certains sels sont fixés dans les plantes, ou paixe qu'ils concourent au développement d'organes spéciaux, comme les phos- phates à celui de la graine des graminées, ou parce quils forment des com- binaisons insolubles avec quelques principes de la plante; tandis que d'au- tres substances, qui ne sont soumises à aucune de ces deux conditions, sont excrétées librement par les racines: ainsi il me semble que c'est l'inverse de ce qu'a conclu Théodore de Saussure qui est exact. >i Les racines qui plongent dans l'eau absorbent indifféremment toutes les substances dissoutes dans ce liquide; mais les excrétions, au contraire, peuvent présenter de grandes différences. " 0KGAN06ÉNIE VÉGÉTALE. — Note sur l'organogénie des coivlles iriégulières; par M. Bariméoud. (Commission précédemment nommée.) « A la fin de l'été dernier, j ai eu l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences un Mémoire sur le développement de l'ovule et des corolles anomales ( 943 ) dans les Renonculacées et dans les Violariées. Comme il nous a fallu atten- dre le retoui' de la belle saison cette année-ci pour pouvoir examiner sur le frais les pièces à l'appui de mon travail, j'ai été invité, par l'un des illus- tres membres de la Commission qui a l'extrême obligeance de se charger du Rapport, à étendre mes rechercbes sur d'autres familles pour la partie de mon Mémoire qui concerne l'organogénie des corolles anomales. J'ai choisi seulement les types les plus connus de corolles iriégulières parmi les Mono- cotylédones et les Dicotylédones, soit dans les fleurs monopétales ou poly- pétales, soit dans les fleurs à périgone simple, comme devant fournir les éléments d'«n principe plus ou moins général sur l'origine de l'irrégularité de la corolle. » Dans la famille des Orchidées, si l'on examine une fleur à peine nais- sante cV Orchis galeata, on trouve qu'elle est d'abord réduite à une simple cu- pule d'un tissu fort transparent, sur le bord de laquelle se dessinent bientôt trois dents arrontlies et égales : c'est le verticille extérieur, qui se forme abso- lument comme un véritable calice monophylle. Un peu plus tard, à l'inté- rieur de cette cupule, on en voit naître une seconde dont le corps se soude promptement à celui de la première, mais dont le bord présente trois petites saillies libres, parfaitement égales, et alternes avec celles du verticiUe exté- rieur. Pour nous, l'organogénie démontre clairement qu'il y a dans les Or- chidées, ainsi que dans la plupart des autres familles monocotylédoués, les analogues du calice et de la corolle des Dicotylédones. Les trois segments naissants du verticille intérieur de VOrchif galeata sont très-égaux entre eux dès la première époque de leur croissance; ce n'est qu'un peu après qu'on remarque l'un d'entre eux déjà sensiblement plus large et plus développé que les deux autres : c'est celui qui doit former le labelle. liOrchis morio, ÏO- phrjs amnijera, et deux autres genres exotiques, nn Maxillnrin et un On- cidiitm, nous ont offert identi(piement les mêmes faits, » Dans les Tiabiées, la corolle du Lnmiuin garganîcwn, tout à fait k la première ébauche, est représentée par une pelitc cupule à peine évasée , et bordée de cinq dents excessivement courtes et alors seulement très-égales entre elles; car bientôt deux de celles-ci se soudent et se confondent pour former une grande lamelle arrondie très-bombée, qui sera plus tard lo casque des Lainiutn. Des trois dents restantes, celle du milieu grandit à son tour beaucoup plus que les autres, qui sont toujours petites et atrophiées, r/évolutiou des étamines didynamcs dévoile ce fait assez singulier, que les deux plus grandes naissent un peu avant les deux autres qu'elles dépassent sans cesse à toutes les époques de leur développement. D'autres Labiées, ( 944 ) \Jjuga reptans, les Scutellarin columnœ et commutata, nous ont montré les mêmes phénomènes. Dans le Phlomis Jruticosa, le casque est formé de deux segments de la corolle , comme celui des Lamium. « Dans les Scrophnlarinées , les divisions de la corolle naissante sont aussi très-égales entre elles, mais seulement dans l'origine. L'inégalité survient toujours de bonne heure , et d'autant plus vite que la fleur doit être plus ir- régulière [Anthirrinum majiis, Linaria cjrmbalaria, Penstemon Scoulteri, Collinsia bicolor, Scrophularia vernd). Dans les genres qui ont une cin- quième étamine supplémentaire, celle-ci se forme en même temps que les deux plus petites, et à la place qui reste vide dans les Labiées. La symétrie est alors complète. » Dans les Aristolochiées [yé ristolochia clematitis et Pistolochia)^ le péri- gone simple qui compose la fleur est, à sa naissance, une sorte de tube ex- cessivement court, à bord parfaitement égal et comme tronqué; mais cet état dure fort peu. L'un des côtés de l'ouverture du tube se développe beau- coup, de manière à constituer le limbe si connu des Aristoloches, tandis que l'autre n'éprouve qu'une faible expansion. " Dans les Verbénacées [Verbena urlicœfolia), et dans les Dipsacées [Sca- biosa ucranica et atro-purpurea) , la corolle irrcgulière suit la même loi de développement. >' Les pétales des Légumineuses sont égaux et semblables , à la première origine de la fleur ; mais assez promptement il survient entre eux une différence dans la forme et dans la grandeur [Cytisus nigricans et labur- num, Ulex europœus, Etythrina crista-galli). " Il en est de même pour les Polygalées (Polj-gala austriaca et chamœ- hnxiis). De tous ces faits on peut conclure que l'irrégularité de la corolle, du moins pour les familles citées dans cette Note, survient seulement après la première ébauche de la fleur, et à la suite d'une inégalité de développe- ment entre les diverses parties qui constituent l'enveloppe florale. » CHIRURGIE. — Note sur le Stéréoscope , nouvel instrument de diagnostic; par M. J.-E. Cornaï. (Extrait.) (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Lallemand.) 1 C'est à la percussion médiate que se rapporte le stéréoscope, qui a pour but la découverte des corps solides engagés dans les cavités et les par- ties molles; par exemple, les concrétions urinaires dans la vessie et les projec- tiles dans les plaies d'armes à feu, etc. » Le stéréoscope, dont le nom vient du grec, cnipîoa , solide, corps dur, (945) et de ffxeîTEO, j'examine , est un instrument sonore, très-sensible, composé d'un stylet ou d'un tube métallique, de 33 centimètres de longueur sur un diamètre qui varie jusqu'à 6 millimètres, sans ouverture au bec qui est arrondi. I^e stylet et le tube sont droits ou courbes, suivant l'usage que l'on en veut faire; le pavillon est terminé par un timbre de 4"*"S5 d'ouverture et de 4 centi- mètres de hauteur, en métal de cloche. )' La sonorité de l'instrument avertit de la présence et des moindres iné- galités, ou de l'absence des coi-ps étrangers. » Il n'y a point de son de produit par la percussion et le frottement des membranes et des parties molles; mais, aussitôt que l'instrument touche à des corps plus ou moins durs, il produit des sons plus ou moins aigus. » « M. Velpeau fait remarquer que, sur ce point, les inventeurs se mettent généralement à côté de la question; dans les cas signalés ici, en effet, la difficulté n'est pas de percevoirle bruit qui résulte du contact de l'instrument contre la pierre, mais bien de toucher la pierre, quand il y en a une. S'il est arrivé que des explorations multipliées soient restées infructueuses, quoiquil existât un calcul dans la vessie, cela tient uniquement à ee que, par sa po- sition, le calcul échappe ou peut échapper au contact de la sonde dans cer- tains cas, et non à ce que le choc cherché ne se propage pas jusqu'à l'o- reille. D'un autre côté, M. le docteur Moreau de Saint-Ludgère a proposé dans le même but, il y a déjà longtemps, une sonde stétoscope. » CHIMIE. — Mojen rapide et très-approximatif de doser le cuivre en se servant d'un coloriniètre; par M. Jacquelaiiv. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payen.) « Le procédé que je vais faire connaître exige un trébuchet pesant i mil- ligramme, trois tubes dont un seul gradué, mais ayant tous un égal diamètre extérieur et intérieur dans une longueur seulement de 5 centimètres à partir du fond; une. éprouvette jaugée au double décilitre, une pipette ordinaire, de l'acide azotique, de l'ammoniaque, de la potasse caustique, du carbonate de potasse et de l'eau distillée. » Il dispense de préparer une liqueur d'essai et d'en vérifier le titre toutes les fois qu'une analyse se présente. » Il oblige seulement, à l'attaque du minerai ou de l'alliage, à la filtra- tion partielle de la liqueur rendue préalablement ammoniacale et jaugée , enfin à l'addition de l'eau dans un volume connu de cette liqueur bleue jusqu'à C. R., i»46, I" Semestre. (T. XXII, N» S!S.; I a5 (946) ce que la nuance devienne semblable à celle d'une solution normale enfermée dans un tubes scellé. » Le poids du cuivre se trouve directement proportionnel au volume total de la dissolution délayée jusqu'à uniformité de nuances. » Ce nouveau moyen d'analyse fait connaître le poids du cuivre à 3 mil- lièmes près. Il embrasse tous les cas auxquels s'applique le procédé de M. Pelouze, plus les exceptions rapportées dans le Mémoire, sauf celle du cobalt. » Quant au nickel , il gène un peu lorsque sa proportion est très-grande par rapport au cuivre. ■1 Enfin cette manière d'opérer permet aussi d'exécuter avec précision tous les essais commerciaux pour lesquels M. Collardeau avait proposé son décolorimètre à cylindres divergents, et qui lui avait servi à mesurer la puis- sance de décoloration d'un noir animal. » Il me reste maintenant à donner brièvement quelques explications afin de mettre en évidence les principes qui servent de base à la méthode d'ana- lyse par le colorimètre. • » Toutes les méthodes d'analyse, fondées sur l'emploi des réactifs à la mesure, exigent une liqueur titrée. Ce que j'ai voulu éviter aux personnes chargées tous les jours d'un certain nombre d'analyses, c'est précisément le petit embarras de préparer une liqueur normale et d'en prendre le titre chaque jour. » Pour atteindre à mon but, je propose de peser o^î^S de cuivre pur, de le dissoudre dans l'acide azotique faible, d'ajouter à la dissolution un léger excès d'ammoniaque, puis de compléter avec l'eau distillée de manière à pro- duire I litre de dissolution à + lo degrés centigrades. Cette température s ob- tient par l'immersion du vase plein de la dissolution dans un sceau d'eau de puits fraîche. » On filtre ensuite la liqueur pour la distribuer par 5 centimètres cubes dans l'un des tubes exactement jaugés au volume de 5 centimètres cubes, mais non gradués au delà , cela étant nécessaire pour le troisième seule- ment. Ce tube étant essuyé vers le haut, on le scelle aussitôt à la lampe d'émailleur, en sorte que la solution bleue devra conserver sa nuance puis- qu'elle ne peut perdre aucun de ses éléments par l'évaporation. 1) Pour se procurer trois tubes ayant même épaisseur, et même diamètre intérieur dans une longueur de 5 centimètres vers le bout fermé, il suffit de prendre trois longueurs dans le même tube principal dont on aura fait déjà un certain choix , et de fermer à la lampe chaque portion de tube vers les f^- ( 947 ) extrémités qui se correspondaient avant la séparation. Ici se terminent les renseignements à donner aux personnes chargées de fournir les accessoires du colorimètre (i). » Je passe maintenant à l'exposé des expériences préliminaires que j'ai dû entreprendre pour déterminer les conditions relatives à la préparation delà liqueur normale et à sa stabilité. » 1°. 5 centimètres cubes de cuprate bleu d'ammoniaque préparé comme ci-dessus, le i5 avril 1846, ont été comparés à 5 centimètres cubes d'une solution en tout semblable, faite le i^juin i846, et leurs nuances se sont trouvées les mêmes; " 2°. 5 centimètres cubes de la liqueur du 1 5 avril, comparés à des disso- lutions au même titre préparées le même jour avec des quantités d'acide azo- tique, d'ammoniaque variant depuis 10 grammes jusqu'à 100 grammes, m'ont toutes présenté la même nuance ; ■» 3°. Desdissolutionsdecupratebleu d'ammoniaque, au titre de i gramme, 1,5; a; 2,5; 3; 3,5; 4; 4>5 et 5 de cuivre par litre, et prises sous le volume de 5 centimètres cubes, ont exigé des volumes d'eau addilionnelle exactement représentés par 5, 10, i5, ao, aS, 3o, 35, 4o et 45 centimètres cubes pour avoir une dégradation de leur nuance jusqu'à identité avec celle de la solu- tion normale. " Pour perfectionner la comparaison des nuances et se rendre indépen- dant de l'inégale sensibilit<'! des deux yeux, on applique les deux tubes devant une feuille de papier à lettre bien homogène, on les place entre l'œil et la lumière diffuse, et l'on se sert, à la manière d'un oculaire, d'un verre plan teint en bleu et fixé à un écran percé d'un trou circulaire de 2 milli- mètres. » Ce verre bleu offre le double avantage de foncer également les nuances qu'il s'agit de comparer. » Supposons que l'on ait employé 2 grammes d'un alliage de cuivre et de zinc; après dissolution dans l'acide azotique et addition d'ammoniaque, je verse le tout dans un double décilitre en verre gradué: si la dissolution à exa- miner n'est pas aussi foncée que la liqueur normale, au lieu d'en faire un double décilitre, on en fait un volume de i5o, 100 ou 5o centimètres cubes, de manière àétre toujours obligé d'ajouter de l'eau pour obtenir l'égalité des nuances. (i) M. Deleuil est maintenant parfaitement en mesure de fournir toutes les pièces du colo- rimètre qu'il m'a le premier confectionné , sur ma demande. 125.. ( 948 ) >' Je filtre une partie de la liqueur jaugée, par exemple, au volume de 200 centimètres cubes; j'en prends 5 centimètres cubes dans le tube gra- dué, j'y fais tomber deux à trois gouttes d'ammoniaque pure, puis de l'eau peu à peu, avec soin d'agiter avant chaque observation. Les nuances étant égalisées, je trouve qu'il m'a fallu aS centimètres cubes d'eau supplémen- taire, et je conclus, ainsi qu'il suit, la richesse en cuivre de l'alliage employé. » Les nuances étant égales, 3o centimètres cubes de liqueur repi'ésente- ront six fois la quantité de cuivre contenu dans les 5 centimètres cubes de liqueur normale; par conséquent, l'on posera 5'-'^- : 3o'=-'^- :: o»',oo25:a:=ro''',oi5 de cuivre; et, pour avoir la totalité du cuivre, on dira 5c. c. . aoo'^''^' : : o'^oiS ; ^ = o^'fi, c'est-à-dire 3o pour 100 de cuivre. « CHIMIE. — Détermination instantanée du cuivre dans les analyses quanti- tatives des dissolutions cuivriques pures. Cuiv romètre Jbndé sur cette méthode^ à l'usage des ingénieurs des mines ^ des chimistes et des miné- ralogistes; par M. Gasaseca. « Le procédé de l'auteur consiste à dissoudre le composé de cuivre dans un acide, à sursaturer la dissolution par l'ammoniaque, et à comparer les teintes fournies par cette dissolution à celles que donne un poids connu de cuivre pur également à l'état d'ammoniure. » (Renvoyé à la Commission chargée d'examiner le Mémoire de M. Jacquelain.) CHIMIE. — Mémoire sur un mnjen de précipiter le fer, le manganèse et le nickel à l'état métallique de leurs dissolutions ; par M. A.-J. Poumarède. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payen.) « L'étude des sels de fer que j'avais entreprise il y a déjà quelques années, «tude que des circonstances impérieuses m'avaient forcé momentanément de suspendre, m'avait déjà mis à même, à cette époque, d'observer, entre autres faits, certains phénomènes de réduction qui se trouvent consignés dans un paquet cacheté dont l'Académie a accepté le dépôt dans la séance du 6 mars de l'année i843; je me décide aujourd'hui à les faire connaître, attendu que je les crois dignes de toute l'attention des chimistes, et qu'ils me paraissent appelés à rendre tôt ou tard quelques services à la métallurgie. ( 9-l9 ) » En examinant l'action du zinc sur des dissolutions de sels de fer au maxi- mum , j'avais remarqué, depuis longtemps, que le phénomène de réduction avec dégagement d'hydrogène qui a lieu dans ce cas, et que tout le monde connaît, n'avait lieu ou ne commençait que tout autant que la surface du zinc avait changé de couleur et avait acquis une nuance beaucoup plus foncée que celle qui lui est propre, couleur qui passait à la nuance ocracée par la simple exposition à l'air des fragments de zinc. Ayant remarqué, en outre , que le zinc pur qui , comme Fourcroy l'a anciennement démontré, ne décom- pose pas l'eau sous l'influence de l'acide sulfurique, la décompose, au con- traire, dans ce cas (i), et que la réaction n'a lieu encore que tout autant que la coloration susdite du zinc s'est déjà manifestée, j'ai été tout naturellement conduit à penser que ce dégagement d'hydrogène, cette décomposition de l'eau, pouvait bien ne pas provenir, comme on l'admet généralement, de l'oxydation du zinc, mais bien de l'oxydation d'une quantité de fer qui, en raison de l'antagonisme du fer et du zinc auprès d'une quantité limitée d'oxy- gène, ou en raison de toute autre cause, se trouvait exclue de la dissolution et venait former un élément de la pile qui entraînait la réaction indiquée. « Et cette manière de voir me paraissait d'autant plus vraisemblable que, pour expliquer le phénomène de toute autre manière, il fallait se mettre en contradiction flagrante avec ce principe fondamental de la chimie, qui admet un rapport constant entre l'oxygène de l'oxyde et celui de l'acide dans un même genre de sels, quel que soit l'oxyde et le degré d'oxydation de cet oxyde. )) D'un autre côté, ayant remarqué également que ce changement de cou- leur du zinc, que cette espèce de dépôt qui se forme à sa surface, devenait d'autant plus apparent, et le dégagement d'hydrogène d'autant moins rapide, que la dissolution ferrique était plus concentrée, j'ai pu supposer encore que l'affinité du sel en dissolution pour l'eau pourrait bien, dans quelques cas, faire équilibre à la tendance de ce liquide à se décomposer, comme le fait par exemple, dans des cas analogues, l'acide sulfurique à certains degrés de concentration, et j'ai pu augurer de là qu'en variant mes essais, il me serait peut-être possible d'arriver à des résultats plus concluants. " En effet, en traitant des dissolutions très-concentrées de sels de sesqui- oxyde par du zinc ordinaire ou distillé, il m'a été facile de voir qu'en même temps que le sel se trouvait ramené au minimum , il y avait toujours une quantité de fer réduit à l'état de paillettes brillantes qui ne s'oxydaient, en (i) Ces essais ont été faits sur des dissolutions de sulfate de peroxyde de fer. k ( 95o ) décomposant l'eaii, que tout autant que les liqueurs se trouvaient être trop étendues, et qu'on avait soin de les détacher de la surface des fragments de zinc où elles se foraient, par une ajjitatiou souvent répétée.... » A part le brillant métallique qu'il perd toujours un peu par la dessic- cation, le fer, ainsi obtenu, jouit de toutes les propriétés du fer ordinaire. Il décompose l'eau sous l'influence d'un acide, brûle avec flamme fuligineuse sur du papier, etc., etc. >i Pour établir la théorie de cette réaction et l'exprimer par une équation, il faut faire réagir le zinc , comme il a été dit, sur une quantité indéterminée de chlorure, en ayant soin seulement dans ce cas, pour éviter la fixation de l'oxygène de l'air, qui compliquerait les résultats, d'introduire le mélange dans un flacon à large goulot , assez grand pour qu'on n'ait besoin d'ouvrir le flacon qu'une ou deux fois pour laisser échapper l'hydrogène dégagé. » On a ensuite à déterminer avec soin dans les produits de cette réaction, 1° la quantité de fer réduit à l'état métallique ; 2° la quantité de fer de tout le sulfate de protoxyde de la liqueur; 3° enfin, la quantité de fer perdu ou oxydé accidentellement, et qui se trouve indiquée par la quantité de per- oxyde qu'il a déplacée de la liqueur. Ces trois nombres une fois obtenus , il faut ajouter le dernier au premier et le soustraire du second, attendu que la quantité de fer oxydé accidentellement, qu'il exprime , devait faire partie du fer précipité à létat métallique, tandis qu'elle était complètement étrangère au fer ramené à l'état de protoxyde avec laquelle elle a été dosée. » Je supprime ici des détails d'analyse qu'il serait oiseux de décrire ; j'a- jouterai seulement que tous les nombres ont été obtenus en dosant les pro- duits à l'état de peroxyde: Peroxyde provenant du sulfate de protoxyde 16, 17 Peroxyde provenant du fer métallique 4»32 Peroxyde provenant du fer accidentellement dissous et indiqué par le peroxyde (o,53Fe^03 = o,7i5Fe^O^= o,836Fe'0«) o,836 " I.es nombres qui précèdent démontrent suffisamment que le fer pré- cipité est sensiblement le tiers de celui qui reste en dissolution, et que cette éaction doit être exprimée par l'équation suivante : ( Fe' O» 6S0' + Zn= = Fe= 0' 380" 4- Zn^ O' 3S0» -f- Fe) . " En suroxydant le mélange des sels de protoxyde qui résulte d'une pre- mière réduction , on peut en précipiter une nouvelle quantité de fer, et ar- river ainsi, par des opérations successives, à précipiter tout le fer d'une dissolution, • . ( 95i ) » On voit donc, eu définitive, que le zinc réagit sur les sels de fer au maxi- mum d'une manière nette et tranchée, et qu'on a là un moyen simple et assez peu coûteux de se procurer le fer chimiquement pur, moyen qui n'a aucun rapport avec ceux connus jusqu'à ce jour, entre autres avec ceux de Capitaine, de M. Becquerel et de quelques industriels qui obtiennent le métal par la gal- vanoplastie , moyens qui rentrent tous dans les effets de transport de la pile ; et tout ce qui vient d'être dit relativement au fer ne me paraît pas seulement applicable à ce dernier métal, mais à la plupart des métaux ses congénères; car, comme on le verra par des réactions, sinon identiques, du moins fort analogues en apparence, je suis parvenu à précipiter le nickel, le manganèse de leurs dissolutions, et les sels d'aluminium m'ont donné des résultats qui ne sauraient être complètement isolés de ces derniers. » GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. — Essai sur le climat et la végétation de l'extrémité septentrionale de la Norwége; par M. Martiims. (Commissaires, MIVl. de Jussieu, Richard, Laugier.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Recherches sur la série de Lagrange (premier Mémoire); prtr M. Cbio. (Commission nommée pour une précédente communication du même auleur.) GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Note sur la fausseté de quelques propositions non encore démontrées de Mathew Stew^art; par M. Breton, de Champs. (Commissaires, MM. Sturm, T^iouville, Lamé.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Machine à vapeur à double générateur et à très-haute pression, avec détente commençant au cinquième de la course. application de la machine à vapeur à un nouveau système de propulsion pour les navires, etc.; par M. Malé. (Commissaires, MM. Poncelet, Regnault, Morin.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Nouveaux renseignements sur les supports en fonte destinés à remplacer, pour les chemins de fer, les traverses en bois qui soutiennent les rails; par MM. Bessas-Lamégie, Henry et Philippeaux. (Commission précédemment nommée.) ,^_ ^ -r-f CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce transmet, pour la Biblio- thèque de rinstitut , le lilX* volume des Brevets d'invention expirés. ( 950 PHYSIQUE. — Noie sur l'action du magnétisme sur tous les corps; par M. Edmond Becquerel. « M. Faraday a découvert, il y a quelques mois, qu'un puissant électro- aimant peut agir sur une substance transparente, de telle sorte que si un rayon polarisé traverse cette substance dans la direction de la ligne des pôles ou de l'axe mngnélique, le plan de polarisation est dévié, soit à droite, soit à gauche, suivant la direction de l'aimantation. M. Pouillet est le premier qui ait répété ces expériences à Paris. [Comptes rendus, t. XXII, p. i35.) Depuis cette époque, un grand nombre de physiciens se sont empressés de suivre son exemple; mais jusqu'ici, que je sache, l'action n'a pas été assez puissante pour permettre d'analyser complètement le phénomène. J'ai donc cherché à augmenter beaucoup ces effets, et je crois y être parvenu en me servant d'un énorme électro-aimant, et en disposant les substances autrement qu'on ne l'avait fait jusqu'ici. » Avant d'indiquer les résultats obtenus, je décrirai rapidement l'appareil dont j'ai fait usage. Ij'électro-aimant est formé d'une barre de fer doux cylin- drique de 1 mètre de longueur et de 1 1 à 1 2 centimètres de diamètre , courbée en fer à cheval; les rfeux branches sont écartées à l'intérieur de i4 centi- mètres, et cette barre de fer pèse 63 kilogrammes. On a enroulé autour des deux branches, et parallèlement entre eux, deux fils de cuivre i-ecouverts de coton de 910 mètres de longueur et de 2 millimètres de diamètre, de sorte que le courant peut passer ou bien dans un seul fil de 1 820 mètres de long et de 2 millimèti-es de diamètre, ou dans deux fils de 910 mètres. Le poids du cuivre de ces fils est de 5o kilogrammes. L' électro-aimant est fixé solidement sur une table, de façon que le plan passant par les deux extré- mités du fer doux est horizontal et à la hauteur de l'ouverture du volet d'une chambre obscure. Sur chaque branche de ce fer à cheval, on place une masse de fer doux parallélipipédique de même largeur que le diamètre du fer, c'est-à-dire de 1 1 à 12 centimètres, de 16 centimètres de longueur et de 5 centimètres de hauteur. Ces masses de fer sont percées à la partie centrale, dans toute leur longueur, d'une ouverture cylindrique de 2 centimètres de diamètre, et on les dispose de façon que ces deux ouvertures et celle de la chambre obscure soient dans le prolongement l'une de l'autre. Les masses de fer doux peuvent s'approcher ou s'éloigner l'une de l'autre sans que les ou- vertures cessent de se correspondre, et ce mouvement permet d'approcher plus ou moins les pôles contraires qui, par influence, se sont développés ( 953 ) sur leurs faces en rej^jartl; on peut ainsi faire varier leur distance depuis zéro jusqu'à i4 centimètres. I^es substances sur lesquelles on veut agir sont pla- cées entre ces morceaux de fer, de sorte que les pôles de ces derniers agis- sant nonnalemeut, l'axe magnétique se trouve être la direction du rayon lumineux, et on observe les phénomènes à travers les ouvei'tures longitudi- nales des fers doux. Ces masses aimantées par influence augmentent de beau- coup les effets, et comme leur intensité polaire croît à mesure qu'on les approche l'une de l'autre, on peut rendre sensible l'action du magnétisme sur des plaques transparentes de quelques millimètres d'épaisseur. On a aussi fait usage d'armatures disposées en retrait pour augmenter les effets du ma- gnétisme; ces armatures, qui doivent être percées dans toute leur longueur comme les précédentes, donnent, dans certains cas, des effets très-éner- giques. " L'électro-aimant étant décrit, voici comment on opère : on introduit la lumiçrc blanche des nuées dans l'intérieur de la chambre obscure à l'aide d'un réflecteur placé à l'ouverture du volet ; les rayons sont reçus à une cer- taine distance sur un prisme deNichol situé en avant de l'électro-aimant, et qui peut être considéré comme polariseur (je me suis aussi servi de la lumière polarisée immédiatement à l'aide d'une glace inclinée sous l'angle de polari- sation, et les effets sont absolument les mêmes.) La lumière polarisée traverse les deux masses de fer et la substance transparente placée entre eux, puis ensuite est reçue de l'autre côté de l'électro-aimant , sur un second prisme de Nichol ou sur un prisme biréfringent adapté au centre d'un cercle divisé per- pendiculaire à la direction des rayons lumineux. On fait usage du prisme de Nichol quand les effets à observer sont faibles, et du prisme biréfringent dans le cas contraire; des mouvements d'alidades permettent de tourner les prismes dans tous les azimuts possibles. Je nommerai prisme objectif celui qui est placé en avant de l'électro-aimant et qui donne la direction du plan de po- larisation, ei prisme oculaire celui qui est placé du côté de l'œil. » 1°. Effets produits sur les substances non cristallisées. — Pour obser- ver les solides, on les taille sous forme d'écran à face parallèle; quant aux liquides , on les met dans de petites cuves à eau ou dans des écrans en verre très-mince. Supposons que l'électro-aimant soit animé par une pile à charbon et aci'le nitrique de 4o éléments fortement chargée; alors on voit que toutes les substances transparentes placées entre les masses de fer sont influencées par le magnétisme. Si le prisme oculaire a été tourné de façon à éteindre l'image de l'ouverture du volet avant l'aimantation, aussitôt après le passage du courant la substance transparente est influencée, et l'image reparaît avec C R., 1846, i" Semestre. {T. XXII, N" 83) ' "^^ ( 954 ) plus ou moins d'intensité, suivant la nature de cette substance ; le courant cesse-t-il , l'image disparaît. Une personne placée dans une pièce voisine de la chambre obscure peut, à l'aide d'un commutateur, faire passer le courant dans l'électro-aimant , l'interrompre et le changer de direction. Pour éviter que, lors de l'aimanlation , les deux masses de fer ne compri- ment la substance placée entre eux, on met dans l'intervalle une plaque de bois d'une épaisseur un peu plus forte que celle du corps et percée au centre, comme ces masses de fer, de sorte que le bois reçoit seul la compression. Lorsque l'image de l'ouverture du volet de la chambre obscure, et qui était éteinte par le croisement des prismes de Nichol , reparaît par suite de l'action du magnétisme sur la substance, il suffit de tourner le prisme oculaire de droite à gauche ou de gauche à droite, suivant la direction de Taimantalion, pour l'éteindre de nouveau, mais on ne peut obtenir cette extinction com- plète que lorsque l'effet est très -faible. M. Faraday a annoncé que le phéno- mène était une rotation du plan de polarisation; il a trouvé que le sens de cette rotation ne dépendait pas des substances , mais de la direction de l'axe magnétique, et que, lorsque le pôle austral était du côté de l'observa- teur, elle avait lieu vers la droite, tandis qu'elle avait lieu vers la gauche lorsque c'était le pôle boréal. » liOrsque l'on opère avec la lumière blanche, comme je l'ai fait, alors, au moment où les pôles magnétiques influencent la substance, l'image de l'ouverture de la chambre obscure parmi colorée en bleu-blanchâtrr. Si Ton tourne le prisme oculaire pour diminuer l'intensité de cette image , elle pa- raît bleue avant le zéro et rouge après , quel que soit le sens de la rotation. J'ai opéré à l'aide de prismes de verre pesant (silicoborate de plomb) pré- parés par M. Faraday, et que MM. Biot et Dumas ont eu l'obligeance de me confier. Le verre pesant est la substance qui est le plus influencée par les aimants. Ces prismes, qui ont, l'un, 48 millimètres et, l'autre, 46 milli - mètres de longueur, donnent chacun, entre les masses de fer aimantées, environ 16 degrés de rotation ; avec une pile plus forte, on obtiendrait des effets beaucoup plus énergiques, mais je n'en ai pas eu à ma 'disposition. Ces prismes, comme toutes les substances fondues, sont, en général, trempés; alors il est nécessaire, comme le remarque M. Faraday, d'agir sur leur partie centrale, qui présente la croix noire là où la lumière polarisée n'a pas éprouvé de modification. Pour atteindre ce but, on réduit l'ouverture du volet de la chambre obscure, et l'on approche le prisme oculaire du morceau de verre pesant; alors le croisement des prismes de Nichol peut éteindre l'image de l'ouverture du volet. Lorsque le courant passe, cette image apparaît im- # ( 955 ) niédiatemeut colorée; en tournant l'oculaire, on aperçoit une succession de couleurs diverses, depuis le bleu clair jusqu'au jaune pâle, et l'impres- i-ion que l'on ressent est la même que si l'on avait placé, sur la route du rayon polarisé, une plaque de quartz perpendiculaire à l'axe def de milli- mètre d'épaisseur, ou bien un tube d'eau légèrement sucrée. En rem- plaçant le prisme oculaire de Nichol par un prisme biréfringent, puis tour- nant ce prisme sur le cercle divisé, on voit les images changer successive- ment de teinte dans les quatre quarts de la circonférence. Ijes couleurs indi- quent une action inégale de la part du milieu influencé sur les différents rayons lumineux qui composent la lumière blanche; il était donc important de savoir si la loi de ces inégalités est la même que celle qui a été découverte par M. Biot dans les substances douées naturellement de la rotation. M. Biot a trouvé, en effet, que, dans le quartz, la rotation soit à droite, soit à gauche, qui, suivant les échantillons, augmente proporlionnelloment à l'épaisseur, varie aussi pour les différents rayons simples ; l'angle de rotation, dans la plupart des substances actives, va en croi,ssant avec la réfiangibilité , suivant une proportion sensiblement réciproque au carré de la longueur des ondu- lations propres à chaque espèce de rayon. Lorsqu'on cherche le pouvoir rotatoire de plusieurs corps, comme en général leur pouvoir dispersif n'est pas semblable, les rapports entre les angles de rotation des différents rayons simples ne sont pas les niêmes ; mais si l'on a opéré à l'aide de deux sub- stances de même pouvoir dispersif, l'ordre des couleurs devra être le même. Il résulte de là que si les deux substances ont des rotations égales et con- traires, elles pourront se détruire complètement. » Lorsque l'on observe la rotation d'une substance, et cjue l'on tourne le prisme oculaire, après avoir passé le bleu, on arrive à une teinte violette indigo, que M. Biot a nommée teinte de passage. Cette teinte, pour le moindre mouvement du prisme oculaire, à droite ou à gauche, passe au rouge ou au bleu , ce qui la rend facile à apercevoir. Lorsqu'on l'a obtenue, et l'on ne se trompe pas de \ degré sur sa valeur, on est sûr que l'angle dont on a tourné le prisme depuis sa position primitive correspond à la rotation de la teinte complémentaire ou du jaune moyen, la partie la plus lumineuse du spectre. Après avoir déterminé la rotation du verre pesant par suite de l'action du magnétisme, soit i6 degrés, on prépare, d'après la méthode indiquée par M. Biot, un tube d'eau sucrée qui ait la même rotation que celle de ce verre. Si Ion place ce tube entre l'oculaire et l'électro-aimant, et qu'on fasse passer le courant successivement dans les "deux sens, le verre sera influencé; on n observera aucun effet lorsque les notations seront inverses, mais on aura 126.. ( 956 ) une rotation double quand elles agiront dans le même sens. Dans le pre- mier cas, on ne verra plus de coiileur; dans le second cas, la rotation sera de 32 degrés. Ces résultats montrent donc que l'effet produit par l'action du magnétisme est une rotation du plan de polarisation, et que pour les dif- férents rayons simples , la loi est sensiblement la même que celle qui a été donnée par M. Biot pour le quartz, le sucre, etc. » J'ai fait ensuite une expérience dont le résultat ressortait évidemment des expériences faites par M. Faraday, dans les hélices, et de celles de M. Pouillet [Comptes rendus, tome XXII, page i43). .l'ai placé le prisme de î^ichol objeclif , de façon que le plan de polarisation soit successivement dans tous les azimuts, et j'ai toujours trouvé la rotation constante, quelle que soit cette direction du plan de polarisation primitif. » Lorsqu'on opère à l'aide d'écrans de même substance et de divei'se lon- gueur, on est étonné de voir qu'un prisme de i à 2 centimètres, placé entre les fers doux que l'on approche de façon à être presque en contact avec lui, donne une action aussi forte qu'un prisme de 10 centimètres placé dans des circonstances analogues. Cela provient, je le répète, de ce qu'à me- sure que l'on approche les masses de fer, l'intensité polaire augmente de telle sorte, que l'accroissement d'intensité magnétique compense la diminu- tion de longueur des substances impressionnées; mais si on laisse les deux morceaux de fer à la même distance, et qu'on place entre eux des prismes de diverse longueur, l'effet augmente avec la longueur. Il n'y a donc pas avan- tage à se servir d'une épaisseur plus considérable que quelques centimètres. Guidé par ces considérations, j'ai formé des espèces de piles en alternant des morceaux de fer doux pei'cés et des écrans de substances aciives de I centimètre d'épaisseur; mais, quoique j'aie obtenu des effets plus marqués, je n'ai pas trouvé un très-grand avantage à opérer ainsi. Peut-être, en ayant une pile voltaïque plus forte , ou bien en entourant les systèmes , fer doux et substances actives, à l'aide d'hélices, obtiendrait-on des résultats beau- coup plus satisfaisants; du reste, à priori, on conçoit que dans des alterna- tives de petits tubes de fer et d'écrans, les effets doivent être plus mar- qués que dans un tube de fer creux continu. Les diverses espèces de verre sont inégalement impressionnables; le verre pesant de M. Faraday est la sub- stance la plus fortement influencée, puis ensuite vient le flint, et enfin le crown : mais presque tous les échantillons que l'on emploie sont trempés ; il est donc nécessaire de prendre les précautions indiquées plus haut. " Tous les liquides que j'ai pu essayer m'ont présenté une action ; mais elle est très-différente suivant les substances, comme M. Faraday l'a annoncé dans ( 95? ) soo Mémoire. Les chlorures montrent très nettement le phénomène et les belles couleurs dont j'ai parlé à propos du verre pesant. Dans une expé- rience, j'ai eu pour les rotations de liquides très-purs, placés dans un petit écran de i centimètre d'épaisseur : chlorure de zinc dissous, 6 degrés; chlo- i-ure de calcium et de sodium, tous deux 4°>5 à peu près; eau pure, 3 degrés. » Ces nombres ne doivent pas être considérés comme des mesures, mais comme des indications qui montrent que l'effet change avec la nature du liquide. » 2°. Des corps cristallisés. — M. Faraday, d'après ses expériences [Archives des Sciences physiques, Genève, i5 mai 1846), dit que les corps cristallisés semblent se refuser à l'action rotatoire des rayons lumineux sous l'influence du magnétisme, et que des morceaux de quartz , de chaux car- bonatée, etc. , perpendiculaires à l'axe, ne présentent aucun effet. J'ai pensé que cela pouvait peut-être provenir de ce que l'action primitive de ces substances sur les rayons polarisés est telle, qu'il est difficile d'apprécier des différences de i ou 1 degrés dans la rotation. liCS deux exemples sui- vants viennent à l'appui de cette manière de voir. Pour anéantir l'effet primitif des cristaux de quartz, j'ai choisi deux plaques de rotation con- traire et d'égale épaisseur, qui se neutralisent complètement en les plaçant perpendiculairement au rayon polarisé. Aussitôt rélectro-aimanta-t-ilagi,que l'effet s'est manifesté comme sur une plaque de verre, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, suivant la direction de l'aimantation; mais il faut dire qu'il a été beaucoup plus faible que dans cette dernière substance. Cha- que plaque avait cà peu près 5 millimètres d'épaisseur, .l'ai opéré aussi en ac- colant l'une à côté de l'autre deux plaques analogues aux précédentes, et qui étaient telles, qu'elles donnaient la teinte de passage pour le croise- ment des deux prismes de Nichol (c'était un système à double rotation de M. Soleil, ayant 6""", 5 environ d'épaisseur). I^orsque l'aimantation a eu lieu , on a vu les teintes des deux plaques changer : l'une a tourné au bleu , l'autre au rouge; ainsi, même dans cette circonstance, l'effet produit sur le cristal de roche a été appréciable. » J'ai soumis à l'expérience les cristaux biréfringents qui ne sont pas doués de rotation; j'ai opéré d'abord avec le béril. M, Biota eu l'obligeance de me confier plusieurs échantillons de cette substance. L'un d'eux, jau- nâtre, de I centimètre d'épaisseur, placé perpendiculairement à l'axe, a montré la croix noire au centre d'iyie manière bien nette. Entre les aimants, l'action sur la croix noire a paru sensible, quoique faible, et cependant, en ( 958 ) la mesurant, la rotation s'est trouvée de plus de 5 degrés. Cet effet pro- vient, je le répète, de l'aclion énergique exercée primitivement par ces cristaux sur la lumière polarisée, par suite de leur constitution moléculaire, et qui fait qu'une très-faible rotation ou un léger changement dans la position du prisme oculaire est presque inappréciable. Les autres échantillons de béril, la chaux carbonalée et la tourmaline, n'ont pu être observés pour cette cause. Le magnétisme influence donc tout aussi bien les cristaux biréfrin- gents que les substances amorphes; seulement les effets sont plus difficiles à observer. " 3". Réflexions sur l'action du magnétisme sur tous les corps. — Les ré- sultats obtenus à l'aide de l'électro-aimant décrit plus haut confirment donc l'opinion, que le phénomène découvert par M. Faraday est une rotation du plan de polarisation imprimé au corps par l'influence du magnétisme, et dont le sens dépend de la direction de l'axe d'aimantation qui doit toujours être celle du rayon lumineux à l'aide duquel on analyse les effets produits. Ces résultats montrent aussi que les lois de la rotation des plans de polarisation des différents rayons lumineux sont sensiblement les mêmes que celles qui ont été données par M. Biot pour les substances dont les molécules sont douées ■naturellement du pouvoir rotatoire; mais il y a cette différence entre ces derniers et ceux qui sont influencés par le magnétisme, que, dans le premier cas, le phénomène est moléculaire et ne change pas avec la direction du rayon lumiueux à travers la substance, tandis que, dans le second cas, la rotation dépend du sens de l'aimantation. " .le pense donc, et c'est la conséquence la plus vraisemblable qui résulte de mes expériences, que ces effets sont dus à un changement moléculaire dans l'état du corps, changement qui doit être symétrique tout autour de la direction de la ligne daimantation. )' Dans le cours de ces recherches j'ai été frappé d un phénomène que je ne crois pas pouvoir expliquer de la même manière que M. Faraday. Lors- qu on fait passer le courant dans le fîl de 1 électro-aimant, limage produite par la rotation du plan de polarisation n'acquiert pas immédiatement toute sa . vivacité, mais elle augmente graduellement d'intensité. Quand on dttruit le courant, I image disparaît tout à coup. M. Faraday pense que l'accroissement graduel de l'image est dû au temps que le cylindre de fer intérieur met à acquérir son maximum d'aimantation, et que plus le magnétisme devient in- tense, plus la lumière augmente. Mais si I aimantation n'acquiert pas immé- diatement son maximum, elle ne doit pas non plus se perdre tout à coup, et le temps i>écessaire pour revenir au zéro quand on interrompt le courant doit ( 9% ) être au moins I*; môme que celui qui s'écoule entre le moment où l'on établit le courant et l'instant du maximum; ainsi Ton devrait voir rima{;e revenir }/raduelleraent au zéro, de même qu'elle était graduellement devenue vi- sible. Gomme il n'en est rien, je serais porté à croire que l'effet est dit à l'action exercée par le magnétisme sur les molécules du corps, et provient de ce que ce dernier met un certain temps pour acquérir ce nouvel état d'é- quilibre; quand la force cesse d'agir, l'équilibre est détruit. Ce qui se passe dans celte circonstance est analogue à ce que l'on observe quand on tend un ressort: il se détend plus vite qu'on ne le tend. » Je ne puis m'empêcher de terminer cette Note sans dire quelques mots des expériences qui ont été faites par M. Faraday, touchant l'action du ma- gnétisme sur tous les corps, et qui ne sont plus relatives au fait du change- ment des propriétés optiques de ces corps , mais bien à la direction de petites aiguilles de substances quelconques placées entre les pôles de deux aimants puissants. " Coulomb est le premier qui ait observé que tous les corps obéissent à l'action des aimants, mais plus faiblement que le fer, le nickel et le cobalt; mon père, en 1827, reprit la question au point où l'avait laissée ce célèbre physicien et observa de plus que, dans certaines circonstances, au lieu de se mettre dans la direction de la ligne des pôles, ces nouveaux petits barreanx aimantés se plaçaient perpendiculairement ou obliquement à cette direction; enfin, suivant leur position et leur distance aux pôles , on pouvait les mettre dans toutes les directions possibles. Ces expériences ont été faites il y a près de vingt cins, et cependant M. Faraday a annoncé de nouveau le phénomène de la direction transversale, a fait des corps qui se placent ainsi une nouvelle classe de substances, et a nommé ces dernières substances diamagnétiques; bien plus, M. de Haldat, dans un petit opuscule sur le magnétisme, après avoir parlé des recherches de M. Faraday et des siennes propres, sans parler des précédentes qui leur sont bien antérieures, ajoute qu il ne serait pas éloi- gné d'admettre une troisième classe de substances se dirigeant obliquement et qui semblent former un terme moyen entre les deux autres en raison de la quantité peu appréciable de fer qu'elles contiennent. Je me demande com- ment, dans cette circonstance , on peut pousser l'esprit de classification aussi loin , lorsqu'on peut donner à la même substance toutes les diverses positions longitudinales, transversales et obliques. En effet, qu'on mette en regard l'une de l'autre, à a ou 3 millimètres de distance, les deux extrémités de deux forts aimants, et qu'on suspende, à i millimètre de leur surface à peu près, à l'aide d'un fil de cocon , une petite aiguille de bois ou de cuivre, etc.. (960), de I millimètre de diamètre on de 5 ou 6 centimètres de longueur, elle se mettra transversalement. Si l'on coupe cette petite aiguille en deux, puis ensuite encore en deux, etc., on finira par avoir un fragment qui se mettra dans la direction de la ligne des pôles. C'est tout simplement un phéno- mène de résultante, car on peut donner à une même substance ces diverses positions suivant sa Forme, en modifiant la distance des pôles. )i On ne sait pas encore quelle relation existe entre les Changements de propriétés optiques des substances transparentes et l'intensité d'aiman- tation donnée à ces substances par l'action du magnétisme; mais il est pro- bable que ces deux phénomènes sont liés l'un à l'autre. S'il en était ainsi, et qu'alors le fer, le nickel et le cobalt eussent été transparents, on les aurait trouvés doués de propriétés relatives bien plus énergiques que les autres substances. » Coulomb, après avoir trouvé que tons les corps obéissaient à l'ac- tion du magnétisme, attribua ce phénomène à la présence du fer, et cher- cha quelle quantité de ce métal était nécessaire pour donner lieu aux effets ob- servés. Il trouva que la présence de T33TTU ''*^ ^^'' ^'^'* suffisante pour les expliquer. Il y a un an, dans un Mémoire que j'eus l'honneur de présenter à l'Académie sur le même sujet ( Comptes rendus, séance du 9 juin 1 845 , le Mémoire n'a pas été encore publié) , j'ai trouvé un nombre plus petit encore que celui de Coulomb , et je suis arrivé à cette conclusion , que 1 action des ai- mants sur les substances transparentes pour les attirer et les diriger change avec la pureté des échantillons, et qu'on parvient dans quelques cas (silice^ iode, etc.) à obtenir des petites aiguilles qui sont à peine influencées par les aimants. (Il est possible qu'il en soit de même pour les modifications optiques découvertes par M. Faraday, et que divers échantillons d'une même sub- stance, de quartz par exemple, présentent des actions différentes.) J'ai dit alors, à la fin de ce Mémoire, que ces substances se comportent comme des mélanges de substances inertes et de particules magnétiques, et rju'il est probable que , dans un grand nombre de cas, les effets observés sont dus à des mélanges de fer ou de composés ferrugineux. Ces conclusions subsistent en- core aujourd'hui dans toute leur généralité, et les phénomènes remarquables découverts par M. Faraday, sur les modifications optiques des substances trans- parentes, ne tendent qu'à montrer qu'il existe aussi une action exercée de la part du magnétisme sur lesmolécules des corps autres que le fer, le nickel et le cobalt. Alors, les effets dus à l'action des aimants sur les petites aiguilles de diverse substance sont la somme des effets produits par le magnétisme,, 1° sur les molécules des corps; a° sur les molécules de fer ou les particules ( 96i ) rnagnétiques qui se trouvent mélangées dans un grand nombre de cas. Dans le même Mémoire, j'ai évalué les forces relatives exercées de la part du ma- gnétisme sur le fer et les autres substances; j'ai trouvé que, l'action du ma- gnétisme sur le fer, le nickel et le cobalt étant représentée par looooo, celle qui est exercée sur les substances transparentes et assez pures, et qui est variable d'une substance à une autre, est comprise, en général, entre o et 2. On peut donc admettre, en moyenne, que l'action du magnétisme sur les substances transparentes est au moins cent mille fois plus faible que l'action exercée sur le fer. « CHIMIE. — Sur le sous-nitrate de cuivre; par M. Charles Gebhardt. « M. Grabam a émis, il y a quelque temps, une théorie sur les sous-sels, fondée principalement sur la composition du sous-nitrate de cuivre. » Ce sel renferme, selon le célèbre chimiste anglais , H'O, N'C, 3Cu'0, le sel neutre étant Cu'O, N'OS SH'O. Dans le sous-sel, dit M. Grabam, les 3 équivalents d'oxyde de cuivre rem- placent les 3 équivalents d!eau de constitution (et non basique) contenus dans le nitrate neutre desséché (i). » Occupé moi-même de quelques expériences sur les nitrates, j'ai été con- duit incidemment à vérifier la composition du sel sur laquelle ce chimiste avait basé ses spéculations, et grande a été ma surprise en voyant que cette composition n'est ^as du tout celle qu'il lui attribue. » Le sous-nitrate de cuivre s'obtient toujours de la même composition, soit qu'on le prépare en décomj^osant par la chaleur le nitrate cristallisé, soit qu'on le précipite *de ce sel par l'ammoniaque, employée en excès ou en quantité insuffisante. » La formule de M. Grabam suppose que le sel donne à l'analyse, sur 1 00 parties , Oxyde de cuivre ... . 65,5 Eau 4,9 M. Grabam s'était borné à doser l'oxyde de cuivre par une seule expérience. )i Je cite les expériences que j'ai faites moi-même. >' L o^'',647 de sous-nitrate séchés à 100 degrés et obtenus par la fusion du nitrate cristallisé, ont donné 0,428 d'oxyde de cuivre. (i) Eléments of Cliemistry, 1842, page 169. C. R , 1846, l" Semestre. (T. XXII, N" 25.) I 27 C 96^ ) " II. oS''j48o d'une autre préparalion, également parla fusion, mais sé- cliés à aSo degrés, ont donné o,3i8 d'oxyde de cuivre. » III. oS',621 d'une troisième préparation, décomposés sur du cuivre mé- tallique, ont donné 0,075 d'eau. .. IV. qS^SÔS précipités par l'ammoniaque en quantité insuffisante et séchés à i5o degrés ont donné 0,673 d'oxyde de cuivre. » V. o^^SSS du sel précédent séché seulement à 100 degrés ont donné 0,267. » VI. i8"',o37 précipités par un excès d'ammoniaque de manière qu'une partie du sel était redissoute, et séchés à 100 degrés, ont donné 0,687 d'oxyde de cuivre. » VII. i^%749 d'un sel préparé par précipitation et séchés à 100 degrés ont donné 0,21 3 d'eau. » VIII. is'',i595 d'un autre sel préparé par la fusion du nitrate cristallisé et séchés à i5o degrés ont donné 0,1 38 d'eau. » Voici, d'après ces analyses, la composition du sous-nitrate de cuivre : I II. m. IV. V. VI. vu. vin. Oxyde de cuivre. ... ; 66,1 66,2 » 66,2 66,2 66,2 Eau » » 11,8 » » » 12,0 12,1 " Ces résultats démontrent que le sous-nitrate de cuivre ne présente pas la composition que lui assigne M. Graham. Sa véritable formule est N'OS 4Cu'0, 3H=0, ou, dans ma notation, N(H'Cu')0% ^ le nitrate cristallisé étant . N(H«Cu)0«. » D'après cela, la théorie de M. Graham 'he se trouve,pas confirmée par l'expérience. » CHIMIE. — Démonstration expérimentale de l'oxjgène des acides silicique et borique; par M. Louyet, professeur de chimie au Musée de Bruxelles. (Extrait.) « J'ai trouvé un moyen très-simple de dégager l'oxygène des acides sili- cique et borique. " Pour faire l'expérience, je prépare d'abord du fluorure d'argent, en .saturant de l'acide fluorhydrique liquide par de l'oxyde d'argent pur, évaporant la liqueur dans une capsule d'argent et fondant le produit ob- (963) tenu dans un creuset d argent muni de son couvercle. Le fluorure d'ar- gent fond au-dessous du rouge; dans cet état, il est coulé sur une plaque eu spath-fluor, concassé rapidement et renfermé dans un vase de platine ou d'argent soigneusement bouché. Pour dégager l'oxygène de l'acide silicique, je prends d'abord un bout de tube long de 8 à lo centimètres, et de i ^ à 2 centimètres de diamètre; je le ferme à la lampe par une extrémité, et j'y verse d'abord un peu de sable blanc sec, puis quelques morceaux de fluo- rure d'argent; je remplis ensuite presque entièrement le tube avec du sable sec, et j'y adapte un bouchon muni d'un tube recourbé qui va se rendre dans la cuve à mercure. F^e tube est ensuite chauffé avec précaution ; les gaz se dégagent promptement. Quand on juge que l'air du tube est entière- ment expulsé, on engage son extrémité sous une cloche étroite pleine de mercure. Quand la cloche est remplie de gaz, si l'on y fait passer un morceau de phosphore, que l'on fond ensuite à l'aide du chalumeau (en maintenant le phosphore au milieu du mercure pour ne pas briser la cloche), la moitié environ du gaz recueilli est absorbée. Si ensuite on fait passer dans la cloche un fragment de potasse caustique et un peu d'eau , presque tout le gaz résidu disparaît. Il reste encore une petite quantité de gaz dont je n'avais pu me rendre compte d'abord, mais qu'un examen ultérieur m'a démontré être du gaz phosphure d'hydrogène, produit par la réaction de la liqueur alcaline sur le phosphore en excès qui se trouvait dans la cloche. Quand, après avoir recueilli une certaine quantité de gaz, on y fait passer d'abord de l'eau et de la potasse, la moitié du gaz est absorbée. En plongeant dans le résidu un morceau d'amadou présentant quelques points en ignilion, il y brûle comme dans l'oxygène pur. •' D'après le calcul , i équivalent d'acide silicique SiO' est transformé eu I équivalent d'acide fluosilicique Si F' (i); pour i équivalent de gaz acide fluosilicique produit, il y a donc 3 équivalents de gaz oxygène mis en liberté. f>a densité de l'oxygène est de i*, 1026, celle du gaz fluosilicique est de 3,6oo. D'après ces données, quand l'acide silicique se transforme eu gaz fluosili- cique par l'action du fluor, les quantités du gaz oxygène et fluosilicique pro- duits doivent être entre elles, eu volume, comme 272 ; 273. Dans une expérience, j'ai recueilji 67 centimètres cubes de gaz, à la pression de 0,754 ; en faisant passer de l'eau et de la potasse dans la cloche, ag cent! mètres cubes ont été absorbés; il restait donc 28 centimètres cubes de gaz oxygène. liC rapport entre 28 et 29 est plus grand que celui entre 272 et 273 , ce qui tient (i) Ces formules représentent des équivalents, et non des atomes. IS7.. k ( 964 ) très-probablernent à ce qu'une petite quantité du gaz oxygène est dissoute par l'eau. Dans une autre expérience, j'ai recueilli 29 centimètres cubes de gaz, à la pression de 0,75/}; en faisant passer un morceau de phosphore dans la cloche , et l'y fondant , 1 6 centimètres cubes ont été absorbés , .1 3 centimè- tres cubes sont restés dans la cloche. Ici on a un chiffre trop élevé pour l'oxygène; mais il est possible que le phosphore fondu absorbe un peu de gaz fluosilicique. Une autre circonstance a pu déterminer encore une petite perte de ce gaz; car, dans cette seconde expérience, la cloche était un peu hu- mide : dès lors une certaine quantité du gaz acide a pu être dissoute. Je ferai remarquer, en passant, que le gaz fluosilicique ainsi obtenu n'avait pas sur le verre humide l'action du gaz produit par la méthode ordinaire, c'est-à-dire qu'il ne le dépohssait pas. » En faisant l'expérience avec du fluorure de plomb anhydre en poudre, mélangé avec du sable blanc, il ne s'est rien dégagé; très-probablement le fluorure s'est transformé en fluosiliciure et oxyde combiné à la silice. J'ai pris ensuite la masse brune-noirâtre qu'on obtient quand on chauffe fortement du fluorure de mercure dans un vase de platine , et qui est considéré comme fluorure double de mercure et de platine. L'appareil a été disposé comme pour les expériences précédentes. Bientôt le gaz s'est dégagé; on l'a recueilli quand l'air du tube paraissait expulsé; il fumait alors en arrivant à l'air. La quantité recueillie s'élevait à 55*^'^,5 à la pression de 0,760. Par la potasse et l'eau , il n'y a eu que 5 centimètres cubes d'absorbés; le gaz restant se comportait comme de l'oxygène pur. J'attribue cet excès d'oxygène à la présence d'oxyde de mercure dans le fluorure, lequel ne serait alors qu'un oxydo-fluorure. Dans le haut du tube , il s'était condensé du mercure métallique. Dans une deuxième expérience avec le même fluorure de mercure, j'ai obtenu 23 centimètres cubes de gaz à la pression de 0,754. Par le phosphore fondli , 1 5 centimètres cubes ont été absorbés; il y avait donc beaucoup moins d'oxygène que dans l'expérience précédente, ce qui prouve que l'oxydo-fluorure de mercure n é- tait pas identique dans toute sa masse. A vrai dire, les parties en contact avec le platine, et qui avaient reçu l'action directe de la chaleur, étaient beaucoup plus foncées que les parties du centre, ce qui indique une diffé- rence de composition. Enfin, dans une troisième expérience, j'ai recueilli 10 centimètres cubes de ^az à la pression de 0,754. Par l'eau et la potasse, il y a eu une absorption de i'''^,5. » Pour obtenir l'oxygène de l'acide borique, il ne faut pas chauffer un sim- ple mélange de fluorure d'argent fondu et d'acide borique anhydre pulvé- risé; en s'y prenant de cette manière, il ne se dégage aucun gaz, l'acide (965) borique fond et troue le tube. J'ai mélangé l'acide borique avec un excès de spath-fluor en poudre, et je l'ai versé sur du fluorure d'argent placé dans un tube au fond duquel se trouvait un peu de spath-fluor en poudre. J'avais soin de disposer le fluorure d'argent de manière à ce qu'il ne fût pas en contact avec la paroi du tube ; on obtient ainsi un mélange du gaz fluoborique et oxygène, i équivalent d'acide borique BO*. transformé en gaz fluoborique BF", absorbe 6 équivalents de fluor, dégageant, par conséquent, 6 équivalents d'oxygène. La densité du gaz fluoborique est de 2,3 124, celle de l'oxygène est de 1,1026. En calculant d'après ces nombres, quand l'acide borique est transformé en fluorure de bore par l'action du fluor, il doit donner des quan- tités de gaz acide fluoborique et oxygène, dont les volumes sont entre eux comme 36 ; 27. Dans une expérience, j'ai recueilli i4°*',5 de gaz à la pres- sion de 0,754. Par l'eau et la potasse, il n'y a eu que 6 centimètres cubes d'absorbés. » ORGANOGÉNIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. — i^M/' Vaccroisseineiit en diamètre des ve'gétaux par descension. (Extrait d'une Lettre de M. Durand, de Caen, à M. Gaiidichaud.) " Dans l'inlention d'étudier la formation des couches ligneuses dans les Dicotylés, nous avons, M. Manoury, conservateur du Jardin botanique de la ville de Caen , et moi , institué une série d'expériences. En attendant que nous puissions les publier, il nous a semblé que nous devions, dans les circon- stances présentes, porter à votre connaissance les trois faits suivants, et vous prier de les présentera l'Académie, si vous le jugez convenable. » L Dans une des rues de notre ville se trouve uu tilleul argenté qui a été greffé sur le tilleul ordinaire. Depuis quatre ou cinq ans, à peu près, le sujet est mort dans une portion notable de sa circonférence; au-dessus de cette partie morte, la greffe a formé un bourrelet très-sensible, d'où sont descendues verticalement des agglomérations de fibres représentan^desaxes dont le diamètre est aujourd'hui de 5 millimètres à a centimètres. Quelques- uns de ces axes ont végété en dehors des parties mortes du sujet , conséqucm- ment exposées à l'air libre , tandis que d'autres sont descendues eritre l'écorce et le bois altérés. » II. Il y a six ans, M. Manoury greffa un Echinocactus Ejriesii, Turp., sur un Cereus peruvianus, w&viété monstrosiis, D. C. La greffe et le sujet ont parfaitement végété. Voulant savoir de quelle manière l'un et l'autre se sont mis en communication, nous avons partagé la plante longitudinalement , et voici ce que nous avons reconnu : ( y66 ) » 1°. Que, de la base du corps lifjneux de la greffe, il part des fibres ra- diculaires qui , en remontant , se dirifjent sur le sujet , pour descendre ensuite en rampant sur la périphérie du coi'ps ligneux de celui-ci , cas que vous avez déjà constaté plusieurs fois; en outre, on voit des fibres descendre de la greffe directement sur le sujet; on voit encore une chose que vous avez démontrée d'une manière décisive, c'est que les faisceaux vasculaires sont beaucoup plus gros à mesure qu'on les observe plus près du point de jonction de la greffe avec le sujet; >' 2°. Que quelques courtes racines naissent du point de jonction de la greffe avec le sujet et se perdent, pour ainsi dire, dans le parenchyme cor- tical de ce dernier; " 3°. Que d'autres racines plus fortes s'échappent de la base réelle de la greffe, descendent dans le parenchyme médullaire ou central du sujet, se ramifient ordinairement, et dirigent leurs divisions, à travers les couches ligneuses, dans le parenchyme extérieur ou cortical du même sujet. •• Comme on le voit, celte greffe présente à la fois ce que l'on observe dans les greffes ordinaires et dans les boutures ; mais ce qu'il importe peut- être de noter ici, c'est que le parenchyme central du sujet n'a point souffert de l'action de la greffe. >' III. Nous avons fait, le 1 5 avril de la présente année , une incision annu- laire sur le Pereskia bleo, H. B. et Kunth. A cette époque, il n'y avait pas encore, sur cette plante, apparence de formation de la nouvelle couche li- gneuse; jusqu'au aode ce mois, cette incision n'offrit rien de remarquable, mais alors, de la partie supérieure de l'incision, on vit descendre, d'un bour- relet épais et sinueux, des fibres radiculaires en forme de mamelons, dont quelques-uns ont maintenant i centimètre de longueur. En disséquant la planté, nous avons pu nous assurer que ces fibres radiculaires sont la conti- nuation de celles qui constituent la nouvelle couche ligneuse qui s'est formée depuis l'opération. >' Quoique , sans doute, vous en ayez observé de semblables ou d'analogues, ces faits, cependant, ne nous paraissent pas être de trop dans la science; ils se lient et s'enchaînent avec tous ceux sur lesquels repose la théorie des mé- rithalles. " M. Leiwaitre de Raboda\ges demande l'ouverture d'un paquet cacheté dé- posé par lui dans la séance du 1 1 août i8/|5. Le paquet étant ouvert, la Note qui y était contenue, et qui est relative à \ emploi du nitrate de plomb pour (9^7 ) la conservation des substances animales , esl renvoyée, conformément à la demande de l'auteur, au concours pour le prix concernant les Arts insalubres. M. CosTE demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire ayant pour titre : Théorie des aquamotcurs ^ Mémoire qu'il avait précédenmient présenté, et sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. M. Leclercq adresse, à l'occasion d'une communication récente de M. Chavagneux, une réclamation de priorité relative à \ emploi des loco- motives comme machines de guerre. I/Académie accepte le dépôt de deux paijuets cachete's présentés, lun par M. DircHEMiîv, l'autre par MM. Qcet et Couiv. La séance est levée à 5 heures. F. ( 968 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. fi' Académie a reçu , daus cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 22; in-4°. Exercices d'Analyse et de Physique mathématiques; par M. AuG. Cauchy.; tome III ; 33* livr. ; in-4°. Notice sur A.~P. de Gandolle; ;jar M. Ad. Brongniart ; brochure in-8°. Observations sur les Récompenses qu'il est utile d'accorder à quelques branches de l'Économie rurale; par M. GiROU DE BuZAREiNGUES ; i feuille in-B". Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'Invention, de Perfectionnement et d'Importation dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance est prononcée; publiée sous les ordres de M. le Ministre du Commerce; tome LIX; in-4°- Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spilzberg et aux Femë, pendant les années 1 838,- 1839 et i84o, sous la direction de M. Gaimard; 4 1* livraison; in-folio. Traité élémentaire de Paléontologie , ou Histoire naturelle des animaux fos- siles; par M. PiCTET; tome IV, avec ao planches in-8°. Rapport à l' Académie royale de Médecine^ sur la Peste et les Quarantaines, fait au nom d'une Commission, par M. le docteur Prus ; 2 vol. in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° gS ; in-8°. Note sur la présence de l' Arsenic dans les Vinaigres , et sur les moyens de reconnaître ce toxique; par M. Chevalier; -^ feuille in-8°. Monographie générale de l'Empoisonnement par l'acide sulfurique; par MM. Chevalier et J. Barse; broch. in-8°. Mémoire sur la Digestion et l '^assimilation des matières amyloides et sucrées ; par M. le docteur Mialhe; brochure. Paris, 1846; in-8°. Examen des questions connexes sur le Port, les Fortifications et la Rade du Havre, ainsi que sur les travaux à exécuter dans la Seine maritime; par M. De- génetais ; brochure in-S". Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale, et de Toxicologie; juin 1846; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; juin 1846; in-8". Recueil de la Société Polytechnique , sous la direction de M. DE MOLÉON; tome V, février 1846^ in-8°. Observations. , . Obsewations sur un ouvrage de sir ioim Barrow, intitulé: ( 9^9 ) * Voyage de Découvertes et de Recherches dans les régions arctiques. — Réfu- tation des nombreuses erreurs contenues dans ce volume; par M. John Ross, capitaine de la Marine royale. Londres, 1846 ; 4 feuilles in-8°. Abhandlungen. . . Mémoires de ta classe de Physique et de Mathématiques de l'Académie royale de Bavière; IV* vol, 2* partie. Munich, i845; in-4" (XIX* vol. de la série entière). Bulletin. . . Bulletin de l'Académie royale des Sciences de Bavière; n°* i5 à 5a, de 1845, et i à6de 1846; in-4°. Andeutungen. . . Indications des Caractères de la vie organique d'après ses manifestations dans les différentes périodes zoologiques ; Discours prononcé à la séance publique de l'Académie royale de Bavière, le 28 mars 1 845 , par M. Wa- gner. Munich , 1 845 ; in-4°. Annuario . . . Annuaire de l'Observatoire royal de Naples , pour 1 846 , publié par les soins du directeur, M. Capocci. Naples, i845; in- 12. Reudiconto . . . Compte rendu des séances et des travaux de l'Académie royale des Sciences de Naples ; 5* année, tome V"; janvier et février 1846; in-4°. Mécanisme de la Prononciation , ou comment on doit articuler pour bien pro- noncer; par M. Gentelet, de Lyon; in-8°. Mémoire sur les propriétés antiseptiques du Charbon végétal pur, sur son action spécifique dans la première période des fièvres continues et intermittentes, etc.; par M. G. Weber. Paris, 1846; in-S". Théorie de l'OEil; par M. Vallée; i" partie, livraisons 4 et 5 ; in-8°. Aperçu morphologique de la famille des Lichens; par M. C. Montagne ; in-8". Cinquième centurie de Plantes cellulaires exotiques; par le même; in-S". Cinquième centurie de Plantes cellulaires exotiques nouvelles; par le même; in-8°. De la périodicité des Fièvres intermittentes , et des causes qui tes produisent; par M. AuDOUARD; brochure in-8°. Etudes et Observations sur les causes des Maladies épidémiques. — Classification étiologique; par M. HoMBRON; brochure in-8°. Signalement de la Ligne des quantièmes chrétiens, et motion pour sa réforme ; par M. l'abbé R***, chanoine d'Aix; brochure in-8°. Mémoire sur le développement de l'ovule et de l'embryon dans le Schizopetalon Walkeri; par M. BarnéodD; | feuille in-8''. Suite du Catalogue des Plantes du Lot; feuilles 6 à 1 1; 10-8°. Note sur /'Arenaria gouffeia, Chaubard; par M. Puel; -i- de feuille in-8''. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; mai i846;in-8°. Bulletin de la Société d' Horticulture de l'Auvergne; mai 1846; in-8°. c. B.,1846, i«'Semejodc«c«Cwdza'i5c«t«d(«c«WK^KZRawwW 05 m c «00 3^3 ^ ;« 3 3 ^ ^ a; (D o V V ^ 1 ^fT o o 4> s U H XI J 4> >ecco>->uî)a)i;-3;C3 3 2 2 3 S'S'3"5'="3 « 2 «'S S 3 S « « ffli;uftoaauuaKuu(2HfriO-û-o.K«K)t-iSu«Kœ s s ^ -a H H 00- 33a ■T3 T3 T3 ^ >^ >i 000 O ci in en Mio o^ -coco 005Û OîO-cs OiO -MCOCO .— es r^o — inoo r^o oio — . O a~.io »o cr/-D a~. en c^m go o - o ro o CO fO +++++++++++++++++++++++++++++++ o"qo^ Ô +.+ + ^O o o ro CO o r^M ro O ■■£> O^OCO^^O O « c oioiniooo o o r^o c^o C£l CTl o Vrf^ a-.Xi CO es es - CO r^ o «o n Vj-O es ^rJ-VO »0 '^O CO - ^*fO o es--es~ — --.-.-.-- — — fjeseses (S es ^^V) v:!- - -. es + + + o sa o s« -9! Oi l 'MOMOAII 1 7! 1 câ ÏJ z: c se 0 s .C3 0 io v^tû «o a~.v*- oce-i c^CîOoo^ooes r^vD 0 CO - - (T.un ei en oïn CO r^»0 CO « ro vj-io esoesioo»nc^CT5 r^»0 vi- - ro 'sO O + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +++ + + + ++ + + + + ro w m + + + ro + esro Oî-O M -0 - ^*CO r-to r^ ^=i- r^»0 ro O CSOO CTïOir^r^-O^^O vj-» ro r^^^ro oeov^-in es -V3-o»Oro Cro - O m - «n O vj- ir^vO CT: - - r^» CO 10 ro ro ro es es CO 10 -10 - (yiCiesioinoo oioto « aïo; c.ro ro c>o - - - a20^i^«^:i-oco n >o vd-^*io lo »o t-o 'O 10 ^*>o ^*oo ro ^^m ioin;ococo»oioo CO Oi « CO « c^M - es r^ Oi^* esro«oroco-cOCO-«- ^.o O vj- + + + + O OIOIOOO.-O ~C0»0 ^r1-CO 00 O »n - CO Oro>»oo-»o»oi:^0 Oivj-ro lo ^*ao CiO Cro CO ro ro o es 00 ^* O500 c^ « o oco es oroooco O CTir^O CT.CO t^ in-cO-OCO-roirjc^CDMCOOO-OO-OMOO-OOOlr^Oro-OD v:j-CO Ci CO CO T) m 10 ^^rm lo m »r> m m ^^tn o co co co »o >n ^^^n CO O)^* a~. es CO ^îj- O CO C.ro CO - - oco -» O»0i0vd-- -cO»neo ^*ro «ro OCOCOm OCO es CTi « ro ro - lo + + + f + -|- + +f + + + + + + + + + 4+ + + + + + + + + + + + 10 r^OO OCOCO c^CiOCOcOOSiO -M--H--es- 0-0 G^-^ CO ^:i-CC ri - « « 00 vrtrO 10 + + + CO + ro ^*X CO ro CO O CO iO cr.ro Oi r^ - - co ^*^*ro lO vs- a> - a>d- « 0~. r^vx es o CO CJiCO n ro - r-^in lO ro tn ro v^ r- — — C^~^-^ 0^.>O CO ^*CO CO c^cO c^io CO c^CO »n « c^n ~co -rococo o vj-co a;«v:i-oooai-o-"0 cr.co Oi-^t- « Ci CO CO >0 »0 »0 ^d-»0 »0 m <0 CO >0 V:J-^*lO ^*"J3-V:flO ^^»o COCOCOCOin»0»OCOCOlO ro M Md- co a>- m 00 o lO^^CO r^ !>. r^ 3<= •< .a - 10 CO 0 c^"-;!- c^ro ro CO c->»0 O «« O cO ^îl-^*O0 CO O c^>0 cO CO ^O ro O^vj-io O) 00 ro (S 00 v:J-»0 vrf 00 m CO ro CO CO >o vd-cO rf O - a>ro O es es es lo r^«) 05 CO »0 ^îf rs CO Oi 0 M CO vd- + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + T + + + + + + 10 ro - ^^ r^--* ri CO CO r^ C7^ O « Ci n ro c->ro r^io CO iT) - t^ro r^ - co ^*ro CO , cO ÇXO 0 CO r^ 0 0~.0 C--CO c^CO CO ro ro cO - O Ciro « OfOCOfO -ce — ro:00 -^ ir^X> fO^O^ -*0 Ocs C^c^ — - C^ G~. 0".ro ro O ^ GO O c^ (>■ r>- «= « ro v^io CO r^OC Ci ~ -^ >"' rO v^O X r^M Ci O - « ro v:J->0 co r^X Ci O - — — — escsr^escsnesesescsroro ;6) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. >»^^-9< SÉANCE DU LUNDI 15 JUIN 1846. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. RAPPORTS. VOYAGES scientifiqveS.— Instructions demandées à l'y^cadémie des Sciences par M. le Ministre de la Marine, pour un vojage d'exploration dans l'intérieur de l'Afrique, qui va être fait par ordre du Gouvernement, sous la direction de M. Raffenel, officier d'administration de la Marine, em- ployé au Sénégal. (Commissaires, MM. Arago, Cordier, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , Gaudichaud et Duperrey.) Instructions concernant la Géographie et la Physique générale ; par M. L.-I. Duperrey rapporteur. « Dans son Mémoire sur le grand plateau de l'intérieur de TAfrique , pu- blié en i8o5, Lacépède débute ainsi : « L'un des objets les plus dignes de notre curiosité est la connaissance » du globe que nous habitons. Le siècle qui vient de finir et celui qui l'a » précédé ont vu d'habiles et courageux voyageurs se dévouer à toutes les n fatigues , à tous les sacrifices , à tous les dangers , pour achever de décou- >i vrir la surface de la terre. Ils ont été aidés dans leurs efforts généreux par >' tous les secours des sciences et des arts perfectionnés ; et cependant l'homme » qui , par les travaux des Newton , des Lagrange et des Laplace , est par- » venu à mesurer le volume des corps célestes, à peser leur masse , à décrire » leur route , est bien éloigné de connaître toute la surface de la planète à C. R., i846, i" Semettre. (T. XXIl, N» 84.) I29 ( 974 ) i> laquelle il appartient. IjCS Bougainville , les Gook ont reconnu presque » toutes les mers ; mais une grande portion de la surface sèche du globe s'est " dérobée aux recherches des voyageurs les plus intrépides. « " Depuis que Lacépède a exprimé ces pensées, les découvertes se sont considérablement accrues dans toutes les parties du globe : les mers ont été explorées jusque dans les régions les plus voisines des pôles; de nombreux voyageurs ont pénétré dans l'intérieur des continents , et , grâce à leurs ef- forts, à leurs talents, à leur courage, l'Asie et les deux Amériques ne laisse- ront bientôt plus rien d'essentiel à désirer. Mais il n'en est pas ainsi des par- ties centrales de l'Afrique : malgré les voyages si pleins d'intérêt de Harne- rnann, Mungo-Park, Brown , Bruce, Laing, Denham etClapperton, Caillé, et de plusieurs autres non moins instructifs, l'obscurité la plus profonde couvre encore une grande partie de l'intérieur de ce continent , qu'un climat dévorant, le manque de routes , des chaînes de montagnes , de vastes solitudes, de nombreuses tribus sans cesse en guerre les unes contre les autres, enfin le fanatisme et l'ombrageuse barbarie des habitants, sem- blent devoir rendre à jamais inabordable. » Tel est cependant le but que M. Raffenel se propose d'atteindre : c'est à franchir ces dangereux obstacles, c'est à remplir quelques-unes de ces im- menses lacunes laissées en blanc dans les cartes par les géographes, que ce jeune voyageur, déjà connu par une exploration exécutée avec succès dans la haute Sénégambie, destine aujourd'hui son ardente activité. " M. Raffenel nous a fait connaître que son intention était de traverser l'Afrique de l'ouest à l'est, entre les parallèles de lo à i5 degrés de latitude septentrionale; c'est-à-dire dans la zone la plus étendue en longitude, et l'une des moins connues de ce continent. Dans cette zone, l'espace d'environ 48 de- grés, qui sépare la Sénégambie du Sennaar, ne présente, en effet, que quel- ques portions du Aoussa, du Bournou et du Dârfour qui aient été passable- ment explorées par les Européens. Tout le reste, à l'exception de quelques localités décrites d'après des renseignements plus ou moins vagues, donnés par les pèlerins . les caravanes ou les indigènes , est entièrement ignoré. n M. Raffenel, ne se dissimulant pas les dangers d'une entreprise aussi aventureuse, et dans laquelle tant de généreux courages ont déjà succombé, avait pris d'abord la résolution de voyager aussi furtivement que possible , afin de ne point attirer sur lui la défiance ou la cupidité des indigènes; mais, d'après des renseignements qui lui sont parvenus sur certains peuples du Sou- dan, notamment sur les l'ellatahs, que l'on dépeint comme une race paisible, et dont les tribus s'étendent , disséminées çà et là , de la Sénégambie jus- (975) que dans le Dârfour, ainsi que l'ont d'ailleurs démontré Seetzen et Veter par leurs savantes recherches linguistiques , il a maintenant l'espoir d'être plus favorisé dans ses excursions qu'il ne l'avait préalablement espéré , et il part enfin muni d'instruments de précision , peu nombreux il est vrai, mais avec lesquels il pourra du moins aborder diverses questions de géographie , de météorologie et de physique générale, qui ne manqueront pas de donner à son voyage un caractère remarquable d'utilité scientifique. » Nous avions l'intention de présenter ici un aperçu des documents les plus authentiques et par conséquent les plus propres à faire apprécier à sa juste valeur l'état actuel de nos connaissances sur l'Afrique centrale. Nous avions , pour cet effet , consulté les relations de tous les voyageurs qui ont déjà osé pénétrer dans cette mystérieuse partie du globe, les nombreux Mémoires qui sont résultés de ces tentatives plus ou moins fructueuses, et enfin les géogra- phies spéciales où les faits qui nous occupent se trouvent développés et coor- donnés de la manière la plus convenable : telle est notamment la Géographie générale comparée du célèbre Karl Ritter, laquelle a pour objet l'étude du globe terrestre dans ses rapports avec la nature et avec l'histoire de l'homme. ' Mais, ayant acquis depuis peu la certitude que M. Raffenel était lui- même parfaitement au courant de tous ces ouvrages, et qu'il possédait, d'ail- leurs, devers lui des renseignements et des itinéraires inédits dont il espérait tirer un grand secours, nous ne pouvons que l'inviter à mettre tous ces docu- ments à profit, à les rectifier lorsque l'occasion s'en présentera , et à en étendre le domaine, autant que son habileté et les circonstances de son voyage le lui permettront. » L'art d'observer est le seul moyen d'acquérir des connaissances utiles , mais l'art de questionner est aussi l'art de s'instruire , et c'est pour ces motifs que nous avons mis à la disposition de M. Raffenel un tableau très-étendu des observations , des questions et des recherches à faire pendant le cours d'un voyage. » Ce tableau, que nous devons à M. de Freycinet, nous a été d'une grande utilité dans nos expéditions de l'Uranie et de la Coquille; c'est un aide-mé- moire que l'on ne peut se dispenser de consulter si l'on veut ne rien omettre d'essentiel dans la description d'un pays dont on désire faire connaître non- seulement la position, l'étendue, l'aspect, le climat et tous les produits, etc., mais aussi les moeurs, les usages, le caractère, l'industrie et la constitutioji physique , morale et politique des habitants. " Les Instructions de l'Académie rédigées pour le voyage de la Bonite, celles qui ont été adressées aux Commissions scientifiques de l'Algérie et de lag.. ( 976 ) la Morée; plusieurs Rapports faits sur les voyages qui ont le plus contribué aux progrès des connaissances humaines; des Instructions très-étendues, rédi- gées spécialement dans l'intérêt du voyage qui nous occupe, par notre savant confrère M. Jomard, au nom d'une Commission choisie dans le sein de la Société de Géographie; plusieurs relations de voyages, la Géographie de l'A- frique de Ritler, et le Traité de Météorologie Ae Kœmtz, sont également entre les mains de M. Raffenel, qui en profitera, nous en sommes certains, pour donner à ses propres recherches la clarté , l'étendue et la précision que nos connaissances actuelles nous font chercher, avant tout, dans les tra- vaux de Tintelligence. » Les Instructions dont nous venons de parler sont trop étendues pour qu'il soit possible d'y rien ajouter. Nous nous bornerons donc à ne reproduire ici que quelques faits généraux sur lesquels il n'est peut-être pas hors de propos d'insister. >' Traditions historiques. — Les renseignements historiques qui pourront être obtenus pendant de courts séjours seront nécessairement peu nombreux ; on doit espérer, toutefois, (juelques notions intéressantes sur les circonstances qui ont accompagné l'époque de la découverte ou de la conquête du pays ; sur les nations auxquelles il a successivement appartenu; les divers noms qui lui ont été donnés, leur étymologie, et les modifications que les conqué- rants ont dû apporter à l'état primitif des peuples. » Clapperton a apporté, de l'intérieur de l'Afrique, un manuscrit arabe contenant une relation historique et géogmphique du royaume de Takrour, qui était gouverné, à cette époque, parle sultan Mohammed-Rello.Un cheik égyptien, Mohanimed-el-Tounsy, a fait , il y a peu d'années, dans le Dârfour et le Ouadây, un voyage très-intéressant qui a été traduit par le docteur Perron, et qui vient d'être publié par les soins de M. Jomard. Ces documents sont précieux; nous en possédons plusieurs du même genre dans nos bibliothèques. Espérons que M. Raffenel sera assez heureux pour en augmenter le nombre. " Gouvernement. — C'est une question importante que de savoir quelle est la forme du gouvernement du pays; quelles sont les lois civiles et crimi- nelles, l'état militaire et des finances, l'état habituel de paix ou de guerre, les causes connues des hostilités, les alliances entre les peuples, les traités de paix les plus remarquables, ceux de commerce conclus, soit forcément, soit par suite des avantages que l'Etat y trouve ; quel est enfin le plan apparent de la politique. « Observations à faire sur l'espèce humaine. — Les observations à faire sur l'espèce humaine sont très-développées dans le tableau que nous avons ( 977 ) mis à la disposition de M. Raffeuel. Il suffit de rappeler ici qu'elles portent principalement sur la constitution et les qualités physiques de l'homme; sur les circonstances de la vie physique et domestique ; sur l'étendue de la popu- lation, la diversité des castes; les mœurs, la religion, le caractère, les idiomes et les usages particuliers des peuples. » Industrie. — Les questions relatives à l'agriculture, la chasse, la pèche, les arts et métiers, le commerce et les manufactures, ne manqueront pas, sans doute, de fixer l'attention de M. Raffenel, qui en connaît, d'ailleurs, toute l'importance. » Description générale du pajs. — M. Raffenel sait qu'il na devra négliger aucun des moyens qui sont à sa disposition pour déterminer, aussi exactement que possible, la position géographique des principaux lieux qu'il visitera. Dans l'immense route en longitude qu'il veut parcourir, on ne compte guère que trois points dont la position ait été préalablement fixée; ces points sont : Sakkaton, capitale du Aoussa; Kouka, capitale du Bournou, etKobeyh, l'une des principales villes du Dârfour. M. Raffenel fera connaître aussi la surface totale du pays, son degré de fertilité et la diversité de ses productions, puisés dans les trois règnes de la nature. Il fera des vues sous forme de panoramas, sur lesquelles seront écrits les angles observés, soit avec la boussole, soit avec le cercle à réflexion. Il notera les inégalités du sol; la hauteur et la direction exactes ou présumées des montagnes; la profondeur des cavernes; le nombre des rivières, leur largeur et profondeur, la direction et la longueur de leur •cours ; le nombre et la situation des ruisseaux , torrents, lacs , étangs , marais et cascades; les sources, fontaines, puits et eaux thermales, dont il prendra la température. Les détails géologiques et minéralogiques, aiï point de vue géographique, auront au moins pour objet de constater si le sol est de pre- mière, de deuxième ou de troisième formation; si le terrain est d'alluvion ou s'il est volcanique ; si les sables sont fins ou gros, quartzeux ou coquilliers ; s'il y a des galets ou des poudings; quelle est la direction et l'angle d'incli- naison des couches stratifiées; si l'on trouve des coquilles, des madrépores, des plantes et des ossements d'animaux fossiles , dont on fera connaître l'élé- vation au-dessus du niveau de la mer. On dira s'il y a des volcans éteints ou en activité, et aussi quelles sont les mines exploitées ou non exploitées, leur nature et leur plus ou moins grande richesse. » État physique. — Il importe surtout de décrire avec soin l'état du vent et celui du ciel , l'aspect et la marche des nuages et des orages dans les diffé- rentes régions de l'atmosphère; la pluie, sa durée, son abondance; la rosée, la grêle, la neige, la glace, la brume, les brouillards et le mirage; puis les ( 978 ) phéaoraènes , tels que les éclairs et la foudre , les étoiles filantes et les globes de feu , les arcs-en-ciel, les halos, les couronnes, les parhélies, les parasilènes, la lumière zodiacale et les aurores polaires. » L'étude des vents dans l'intérieur de l'Afrique semble promettre des faits curieux. Il sera intéressant de noter leur température , ainsi que la direction dans laquelle ils soufflent pendant la durée des tempêtes les plus violentes. On dit qu'au Bournou , et même dans le Dârfour, les vents du sud sont tou- jours les plus chauds; cela semblerait annoncer qu'il n'y a pas de hautes montagnes dans le midi de ces deux contrées, à moins qu'elles ne soient à une distance très-considérable vers l'e'quateur, et non pas sur le parallèle de lo degrés de latitude nord, comme on le présume encore aujourd'hui. » Tous les marius savent qu'il existe dans le tropique septentrional de l'o- céan Atlantique , un peu au nord de l'équateur, une zone de vents d'ouest dont les plus habiles savent très-bien profiter pour franchir la ligne équinoxiale le plus avantageusement possible. Ces vents exceptionnels, qui soufflent inces- samment vers l'Afrique au lieu de suivre le cours ordinaire des vents alizés, ne peuvent être occasionnés que par une raréfaction considérable de Vair dans l'intérieur de ce continent. Quelle est la cause de ce phénomène? C'est là une question que nous posons à M. Raffenel pour lui prouver combien nous comptons sur les observations hypsométriques qu'il fera durant son voyage. » Si, comme nous l'espérons, M. Raffenel réussit à faire, en certains points de sa route, quelques séries complètes d'observations horaires du thermomètre à l'air libre, du baromètre et du thermomètre de ce dernier instrument, on connaîtra les lois que suivent les périodes diurnes de la tem- pérature et de la pression atmosphérique, au fur et à mesure que l'on s'é- loigne du bord de la mer pour pénétrer dans l'intérieur de l'Afrique, et l'on trouvera ,*d ailleurs, dans ces précieux documents le moyen de tirer parti de toutes les observations isolées qui seront sans doute très-nombreuses durant le cours de cette campagne. >> Nous rappellerons aussi à M. Raffenel qu'il a un excellent moyen d'ob- tenir la température diurne en observant à deux heures homonymes de la journée, comme, par exemple, à 8 heures du matin et à 8 heures du soir; et que s'il fait usage du procédé extrêmement simple de M. Boussingault , qu'il trouvera décrit dans les Instructions rédigées pour la Bonite, il aura immédiatement en chaque point la température moyenne annuelle du lieu d'observation. Ces documents sont vivement désirés, mais ils ne dispensent ( 979 ) pas d'observer les températures extrêmes maxima et minima de la journée. Ces dernières sont d'un intérêt capital. » Les indications barométriques et therraométriques prises , aussi souvent que possible, vers l'heure de midi, et celles qui résulteront de l'appareil à ébullition de notre confrère M. Regnault, auront aussi un degré d'utilité très-remarquable; car elles feront connaître si le relief de l'Afrique, pris dans sa plus grande étendue en longitude, présente, comme nous sommes portés à le croire, des élévations et des dépressions considérables relative- ment au niveau de l'Océan. MM. Rochet d'Héricourt et le docteur Beck ont trouvé, par des procédés différents, que le lac Salé, qui est à i5 milles du rivage de la mer Rouge, et entouré de tous côtés de volcans éteints de cinq à six cents mètres d'élévation, était à environ deux cents mètres au-dessous du niveau de cette mer. Il n'est pas probable qu'il en soit ainsi du lac Tchad , à en juger, du moins, d'après les belles recherches auxquelles M. Jomard s'est livré avec une profondeur de raisonnement qui semble de- voir exclure toute objection à cet égard; mais il ne paraît pas impossible que le fait relatif au lac Salé ne soit plus commun qu'on ne le pense.' • » M# Arago rapporte, dans sa Notice sur le tonnerre (voir Y Annuaire du Bureau des Longitudes pour l'an i838), quatre faits relatifs aux petits nuages isolés qui, sous un ciel pur, laissent échapper la foudre. A ces faits nous pouvons en ajouter un cinquième, dont nous avons été témoin. Étant en 1818 entre les îles de Timor et d'Ombay, nous vîmes, un soir, un petit nuage blanc qui, tout à coup, lança la foudre de tous les côtés. Il montait avec lenteur malgré la force du vent , et il se trouvait isolé à une grande dis- tance de tous les autres nuages qui paraissaient comme fixés à l'horizon. Ce petit nuage était rond et pouvait occuper en surface une étendue égale à la surface apparente du soleil. De tous ses points s'échappaient des éclairs en zigzag et une multitude de détonations successives imitant parfaitement le bruit de la mousqueterie de tout un bataillon auquel on aurait commandé de faire feu à volonté. Ce phénomène, que nous n'avons vu que cette seule fois, ne dura pas moins d'une demi-minute , et le nuage disparut complètement avec la dernière détonation. Si M. Raffenel est témoin de ce singulier et rare phénomène, il sera le sixième qui l'aura observé. » Observations astronomiques. — Nous donnons , dans une Notice an- nexée à ces Instructions, diverses méthodes promptes et faciles à l'aide des- quelles M. Raffenel pourra , en se servant de la boussole niveliatrice qui lui a été confiée, obtenir simultanément, en chaque point de sa route, la lati- tude du lieu et la déclinaison magnétique. Néanmoins , nous lui recomman- # (98o) dons de toujours recourir au cercle à réflexion de Borda, et à rhorizon arti- ficiel, dans les stations principales de son voyage, où les observations ne seront jamais ni trop exactes ni trop multipliées. " Si M. Raffenel peut observer la longitude en plusieurs points de l'inté- rieur de l'Afrique, il rendra un grand service à la géographie; car dans la zone qu'il va parcourir il n'y a, ainsi que nous l'avons dit plus haut, que trois villes dont la position soit à peu près connue. Les distances de la lune au so- leil, aux étoiles et aux planètes; les occultations d'étoiles et les éclipses des satellites de Jupiter observées avec soin, auraient une grande valeur. Mais à défaut d'observations absolues, M. Raffenel pourra, du moins, prendre des angles horaires et faire usage de son chronomètre dont il a les moyens d'ob- tenir l'état et la marche diurne aussi souvent qu'il le jugera convenable. " Indépendamment de la Notice ci-jointe, nous avons dressé pour M. Raf- fenel , mais pour le cas seulement où il ne pourrait pas observer la décli- naison de sa boussole, un tableau dans lequel les déclinaisons magnétiques pour toute la partie de l'Afrique comprise entre l'équateur et le trentième degré dé latitude nord, sont présentées de 5 en 5 degrés de latitude et de longitude. Ce tableau sera d'autant plus nécessaire pour la correction» provi<- soire des routes et des relèvements, que la déclinaison varie d'une manière notable, d'un lieu à l'autre, dans toute cette partie du globe. » Instructions concernant la Botanique ; par M. Gaddichaud rapporteur. " M. Raffenel, dans un premier voyage fait en i843 et i84'4) dans l'inté- rieur du Sénégal, voyage qui avait principalement pour objet la reconnais- sance du cours de la rivière Falémé et l'exploration des mines d'or de Ké- niéba, dans le Bambouk, s'est pour ainsi dire familiarisé aux fatigues, aux privations et aux dangei'S de ces sortes de pérégrinations aventureuses. " M. Raffenel étant maintenant en quelque sorte éprouvé par le plus rude et peut-être le plus dangereux des climats , tout doit nous porter à espérer qu'il résistera de même à ceux des régions de l'Afrique qu'il se propose de parcourir, puisque, d'après son itinéraire, ces régions sont situées, à quel- ques degrés près, par les mêmes latitudes. " Si M. Raffenel avait fait une étude plus spéciale de la botanique , et s'il ne se proposait qu'une exploration ordinaire, dans une contrée limitée du contour de l'Afrique, par exemple dans la Sénégambie, la tâche que l'Académie nous a confiée , à son égard , serait facile à remplir, puisqu'il nous suffirait de lui tracer une esquisse rapide de la végétation de ce pays, de lui ( 98' ) signaler les points essentiels sur lesquels il serait utile de diriger ses investi- gations , et , enfin , de lui indiquer les nombreux végétaux sur lesquels nous manquons de renseignements convenables , ou qui sont encore mal repré- sentés dans nos vastes collections. )' Mais non-seulement M. Raffenel, qui jusqu'à ce jour n'a pu s'occuper que très-accessoirement de botanique , n est pas encore assez avancé dans l'étude des classes, des familles et des genres, pour que nous puissions lui désigner convenablement, c'est-à-dire par les noms et par les caractères botaniques essentiels , les documents qui nous manquent encore sur quelques végétaux intéressants de la Sénégambie; mais, de plus, il part avec le des- sein bien arrêté de traverser, dans sa grande largeur, tout le continent afri- cain , et , par conséquent , de visiter des contrées dont les productions végétales sont presque entièrement inconnues et plus que suffisantes pour fixer son attention. " Relativement à la Sénégambie, d'où il va s'aventurer vers des pays nouveaux , nous sommes maintenant assez riches en plantes de cette terre , pour qu'il soit même nécessaire de les recommander à un naturaliste pas- sager qui, devant porter ses regards beaucoup plus loin, ne pourrait natu- rellement les étudier que d'une manière superficielle. » En effet, nous possédons presque tous les herbiei's des savants botanistes français qui ont exploré les rives du Sénégal et de la Gambie, spécialement, parmi les modernes, ceux de MM. Perrottet, Le Prieur, Heudelot, etc. Les collections de ce dernier voyageur, qui a étendu ses explorations jusqu'à Galam, à la Falémé, au Fouta-Djallon et aux bords de la Gambie supé- rieure, nous ont fait connaître dans leurs moindres détails, et, sans nul doute, à peu d'espèces près, toutes les richesses végétales de ces contrées. » Nous conseillerons donc à M. Raffenel de ne pas trop s'attacher, à moins toutefois de circonstances particulières ou de longs séjours obligés dans des localités favorables, aux productions végétales de nos possessions de cette partie de l'Afrique, .s'il ne veut s'exposer à recueillir des plantes connues ou que nous avons déjà. >' Ce ne sera qu'à partir de Bakel ou des bords de la Falémé, qu'il a pré- cédemment visités et qu'il connaît bien, que devront commencer ses études suivies de botanique, s'il veut avoir les chances certaines de rencontrer des espèces intéressantes ou nouvelles. " Au delà de ce point, vers le centre de l'Afrique, et jusqu'à la proximité de l'Egypte , de la Nubie ou de l'Abyssinie, à l'exception de ce que le major C. H., i«46, I" Sem«(«. (T. XXU, N" 24.J I 3o ( 980 Denhatn et le capitaine Clapperton ont rapporté de leurs collections et de celles du regrettable docteur Oudney (i), collections dont le célèbre Robert Brown nous a dévoilé la nature (2) , et de quelques rares plantes du Dârfour et du Kordofan, recueillies par MM. Riippel, Hey, Kotschy, etc., tout nous est à peu près inconnu, nous manque absolument, et, dès lors, sera digne de son intérêt et de ses soins. » Ne pouvant rien indiquer de spécial à M. Raffenel sur la végétation de ces vastes contrées inexplorées ou à peine entrevues sur quelques points du centre de l'Afrique, nous nous bornerons à lui recommander : » 1°. D'étudier particulièrement les grands arbres, ceux surtout qui, par leur nombre dans chaque localité, par leur aspect particulier ou par des caractères saillants et essentiels, lui paraîtront donner un cachet spécial aux contrées diverses qu'il traversera, et serviront un jour de jalons ou peut- être même de base à la géographie botanique de ce continent; » 2°. De rechercher avec beaucoup d'attention les végétaux employés dans le commerce, les arts et la médecine des indigènes, spécialement ceux qui produisent des gommes , des résines , des huiles fixes et volatiles , des ma- tières textiles, tinctoriales, etc. , et, avant tout, les plantes usuelles cultivées ou non cultivées, formant la base de la nourriture des peuples sédentaires de ces contrées; ce qui le conduira naturellement à connaître la nature, l'étendue et l'état actuel de leur agriculture; » 3". Enfin , il s'attachera d'une manière particulière à recueillir les docu- ments propres à nous éclairer sur les ressources alimentaires végétales, des tribus nomades ; sur les plantes vénéneuses qui servent à empoisonner leurs flèches , leurs lances, etc. n Nous appellerons encore l'attention de M. Raffenel, i" sur le Bassia Parkii, arbre de la famille des Sapotacées., dont les graines fournissent le beurre dit de Galam, et dont on n'a encore vu' que les feuilles et les se- mences: arbre qui provient non des bords du fleuve Sénégal, comme son nom français semblerait l'indiquer, mais de ceux de la Gambie où il est connu sous celui de Shea-toulon; 1° sur les végétaux monocotylés ligneux des régions centrales , tels que les Palmiers, et notamment les Dattiers, qui doivent offrir de nombreuses espèces ou variétés; les Dracœna^ qui, sans nul doute, sont dans le même cas; les Pandanées, et spécialement, parmi (i) On a perdu la plus grande partie des plantes de ce voyage. (?,) R. Brown, Observ. plant, ofcentr. Afric, etc. ,. etc.- ( 983 ) celles-ci , l'espèce très-curieuse que les peuples des bords de la Gambie nom- ment Faudiané, et dont les fruits, au dire de. l'infortuné Heudelot, possè- dent la singulière faculté de s'enflammer spontanément à l'époque de leur maturité. >' Nous ne possédons encore que les fleurs femelles ou plutôt les jeunes fruits de ce végétal (i) qui est certainement dioïque, et dont il est bien à désirer que M. Raffenel puisse étudier, ou même, s'il est possible, nous apporter les fleurs mâles. " M. Raffenel se proposant de faire des recherches générales sur les idiomes divers des peuples de l'Afrique , il n'est certainement pas besoin de lui demander de noter, avec le plus grand soin, les noms indigènes des plantes de toutes les localités qu'il aura l'occasion de visiter, de celles sur- tout sur lesquelles il pourra nous donner d'utiles indications. » Enfin, M. Raffenel, guidé par ses goûts dominants pour la géologie, ne négligera , sans nul doute , pas plus les fossiles végétaux que ceux de l'autre règne organique ; car il sait que tous sont dignes du plus haut intérêt. " Dans des notes particulières 'que, déjà depuis quelques mois, nous avons fournies à M. Raffenel , nous lui avons enseigné à distinguer nette- ment , à décrire et à figurer les parties des fleurs et des fruits , à dessécher et à conserver les plantes, les graines, etc. » Cet intrépide voyageur est donc aujourd'hui assez convenablement pré- paré pour que, les circonstances le favorisant, on puisse espérer de son voyage de nombreux, utiles et précieux matériaux pour la science. » Nous ne terminerons pas cette Note sans prier l'Académie de nous per- mettre d'offrir à M. Raffenel, que depuis longtemps nous connaissons per- sonnellement, les vœux que nous formons pour le succès de sa grande et courageuse entreprise. » M. CoRDiER, un des Commissaires désignés, a déclaré que les observations qu'il pourrait recommander à l'attention de M. Raffenel, sont toutes indi- quées dans une Instruction générale rédigée par MM. les professeurs du Mu- séum , et imprimée par ordre de l'administration. Un exemplaire en sera remis au voyageur. (i) Voyez Heterostigma heudelotianum dans les galeries phytologiques du Muséum de Paris, et Gaudichaud , Foyage delà. Bonile, Botanique, PI. XXF, fig. i5 à 3i. [3o. ( 984 ) AIËMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Réflexions sur l'anatomie pathologique et la thérapeutique des fistules urinaires urétrales chez l'homme; aimplastie urétrale; par M. JoBERT, de Lamballe. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Roux, Velpeau, Lallemand.) « ... L'anatomie pathologique et le traitement des fistules urinaires ont plus particulièrement attiré mon attention, et, afin de mieux apprécier les opi- nions et les procédés entre lesquels les chirurgiens sont partagés , j'ai voulu rechercher quelle a été la manière de voir de nos devanciers. J'ai réuni les faits les plus importants que la science possède touchant ces fistules, leurs variétés, les obstacles qu'elles opposent aux efforts du chirurgien et les di- vers moyens employés pour rétablir les voies normales de l'urine. Or, tous ces faits, comme on le verra par le résumé que j'en donne dans mon Mémoire, démontrent que, depuis plus d'un siècle et demi, il existe, parmi les chirur- giens de tous les pays , une remarquable discordance d'opinions et de pra- tique; ils prouvent l'absence de règles fixes, le défaut de préceptes généraux capables de diriger dans le choix des moyens de traitement qui conviennent le mieux à chacune des altérations nombreuses qui compliquent les rétrécis- sements de l'urètre. » L'histoire de l'opération de la boutonnière offre, en particulier, un exem- ple des contradictions et de l'incertitude fâcheuse dont je parle. Mise en vogue vers la fin du xvii* siècle par Colot, vantée par Ledran, défendue par Hunter, et de nos jours par MM. Ricord et Ségalas , nous la voyons énergiquement repoussée par Desault, Sœmmering, Petit et M. Velpeau, tandis que des hommes tels que Sabatier, A . Cooper, Ducamp , MM. Lal- lemand et Bégin , semblent incertains et évitent de formuler une opinion à cet égard. Les autres méthodes de traitement ont eu un sort semblable : De- sault, Sabatier, Hunter, Sœmmering, Lallemand, Bégin, etc., conseillent les sondes à demeure et citent des succès. Ducamp et Delpech , au contraire , s'opposent formellement à leur emploi, et MM. Lallemand, Velpeau, etc., pensent que les algalies, fréquemment renouvelées, sont préférables. On ne trouve pas plus d'accord en ce qui concerne l'incision et l'excision des trajets fistuleux , la cautérisation , la suture et l'autoplastie. On comprend cependant combien, en raison même de la gravité de la question, il importerait de s'affranchir d'une fâcheuse indécision et de préciser avec plus de netteté la valeur de ces divers moyens, ainsi que les règles de leur application. C'est ( 985 ) par là seulement que l'on donnera à la pratique chirurgicale un véritable caractère scientifique. >' Peut-on établir avec précision les cas dans lesquels le séton, les inci- sions, les excisions, la cautérisation, les injections, les sondes, la dilatation lente ou forcée, la boutonnière et l'autoplastie peuvent être avantafjeusement appliqués? Je le pense, et je crois que l'étude attentive des faits et la prise en considération des caractères anatomiques et physiologiques des trajets fistu- leux fournissent à cet égard des indications positives, montrent, par exem- ple, tout le parti ((u'on peut tirer de l'autoplastie et l'inutilité de la bou- tonnière. » Si l'anaplastie a rendu de grands services pour les difformités des joues, du nez, des sourcils, des paupières, etc. , elle en a également rendu d'im- menses pour des lésions graves de l'urètre et de la vessie. C'est, en effet, par l'urétroplastie et la périnéoplastie qu'on est parvenu à boucher des ouver- tures qui, sans ces opérations, seraient demeurées incurables. La périnéo- plastie a été pratiquée pour la première fois en Angleterre, l'urétroplastie sus-scrotale en France. Cette dernière opération ayant été suivie d'insuccès, on crut en avoir trouvé la cause dans le passage de l'urine , qui venait s'op- poser à l'agglutination du lambeau , et l'on s'occupa de créer une nouvelle route à ce Hquide en faisant la boutonnière. Si l'on songe aux inflammations du testicule, aux hémorragies qui peuvent survenir, aux abcès qui se déve- loppent quelquefois, et à la persistance de cette fistule lorsqu'on veut la fermer, on aura de fortes objections à opposer à cette opération. Ajou- tons que le nouveau canal que l'on pratique n'empêche pas l'urine de suivre l'urètre; d'ailleurs , de nouvelles observations démontrent qu'on s'était beaucoup exagéré le danger du contact de l'urine sur les tissus transplantés. F^a combinaison de la boutonnière avec l'autoplastie nous semble donc une application peu heureuse. Ce qui est certain, c'est qu'elle n'est nullement né- cessaire pour assurer le succès de l'opération , ainsi que le prouvent les trois observations que nous présenterons dans notre Mémoire et que nous nous contentons d'annoncer ici. » Première observation. — Rétention d'urine , abcès urineux , fistule uré* traie de 6 centimètres d'étendue; autoplastie, guérison. i> Deuxième observation. — Dépôt urineux, fistule urétrale avec perte de substance, comphcation syphilitique; autoplastie, guérison. » Troisième observation. — Fistule sus-scrotale de l'urètre, trajet fibro- cartilagineux , cautérisation, puis autoplastie, guérison. » liorsque je pratique l'autoplastie urétrale, j'enlève la membrane pyo- ( 986 ) génique qui tapisse le trajet de la fistule; je retranche, dans une certaine étendue, la peau qui l'entoure, puis je taille un lambeau quadrilatère d'une largeur variable , à base continue avec les téguments, et dont le sommet, p,lissé immédiatement au-devant de la fistule, est fixé sur là surface saignante par la sutui'e entrecoupée. Une sonde est ensuite placée à demeure, et une compression est exercée sur le lambeau pour maintenir les surfaces en contact. » L'agglutination peut avoir lieu dans toute l'étendue du lambeau ou dans une partie seulement, et alors la guérison est complétée par la cautérisation et la suture. » ORGANOGÉNiE VÉGÉTALE. — Recherches sur l'origine des racines adventices; par M. Trécdl. (Commissaires, MM. de Jussieu, Ad. Brongniart, Richard.) L'auteur résume dans les termes suivants les principaux résultats des re- cherches exposées en détail dans son Mémoire. " i". Toujours une racine adventive commence son évolution par une petite masse celluleuse développée à la partie interne de l'écorce, soit à l'extrémité d'un faisceau vasculaire ou de plusieurs convergeant vers le même point, soit à la paptie latérale d'un faisceau, soit au contact de deux faisceaux voisins ou bien à la surface d'une couche ligneuse continue, sans rayons mé- dullaires, ou encore vis-à-vis un ou plusieurs de ces rayons. " 1°. Ce n'est donc point , contrairement à l'opinion généralement admise aujourd'hui, principalement à l'endroit où un rayon médullaire passe dans l'écorce, que se développent les racines adventives. » 3°. La masse utriculaire primitive se partage ordinairement en trois parties essentielles : l'une centrale , dont la nature et la composition élémen- taire varient suivant les espèces; la deuxième corticale ; la troisième envelop- pant le sommet de la racine comme un bonnet : j'ai nommé cette dernière piléorhize. » 4°- Toujours, dans les plantes que j'ai examinées, les vaisseaux naissent au contact du système fibro-vasculaire de la tige, et s'introduisent ensuite dans la racine par leur prolongation. " 5°. Le système central de la racine, à la base au moins, est toujours composé d'éléments anatomiques semblables à ceux de la partie de la tige sur laquelle il est appliqué. Il est vasculaire dans \Aspidiumfdix mas, mé- dullaire dans la J^alériane phu, ligneux dans le Pothos violacea, le Seigle, Y Avoine, etc., de la nature des rayons médullaires dans le Chèvre-Jeuille. ( 987 ) » 6°. Il existe toujours normalement dans certaines plantes, à des places déterminées, des bourgeons de racines ou mieux des racines rudimentaires latentes (exemples : le Nuphar lutea, \ Aspidiuin Jilix mas, les Salix viini- iialis, rubra, hélix, Lambertii, etc.). » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOMÉTRIE. — jépplication de la théorie des surfaces isothermes à la démonstration d'un théorème de M. Binet, relatif aux moments d'inertie ; par MM. O. Boimnet et J. Bertrand. (Commissaires, MM. Gauchy, Stm'm, Lamé, Binet.) " Nous avons été conduits au théorème qui fait l'objet de cette Note en cherchant à appliquer aux axes principaux d'inertie d'un corps la méthode générale donnée par l'un de nous pour reconnaître si des droites sont normales à une même surface. " Après avoir démontré, par cette méthode, l'existence de trois séries de surfaces orthogonales entre elles, normales aux axes principaux en chaque point , nous nous sommes proposé de rechercher la nature de ces surfaces , et, pour cela, nous avons commencé par étudier les valeurs et les variations de leurs rayons de courbure; on reconnaît, par des considérations fort sim- ples, que ces valeurs et ces variations vérifient les relations nécessaires et .suf- fisantes pour que les trois surfaces soient isothermes; on en conclut alors, en vertu d'un théorème de M. Lamé, que ce sont des surfaces homofocales du second ordre. » Ce théorème, fort remarquable, a été énoncé, pour la première fois, par M. Binet dans son beau Mémoire sur les axes principaux d'i- nertie; mais nous n'en avions pas connaissance lorsque cette Note a été rédiigée. Deux motifs nous ont engagés à faire connaître un travail qui se trouve ainsi ne contenir aucun résultat essentiellement nouveau. Nous avons pensé qu'on pourrait le considérer comme une addition utile aux Mémoires relatifs à la théorie des surfaces, que nous avons publiés chacun de notre côté , et sur lesquels cette Note est entièrement fondée ; peut-être aussi pour- rons-nous contribuer par là à faire connaître davantage un théorème très- important qui, par son élégance et sa simplicité, semblerait devoir trouver place dans les Traités de mécanique rationnelle. » ( 988 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un appareil hydraulique mis en jeu par la vapeur et destiné à l'élévation des eaux ou au dessèchement des marais et marécages; par M. Salucci. (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Poncelet, Piobert.) M. Leroy d'Etiolles adresse un quatrième Mémoire sur la pulvérisation des calculs urinaires. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. l'abbé Lambliim , desservant de Boux, canton de Flavigny, département de la Gôte-d'Or, soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur un nou- veau système d'horloges pour les églises de campagnes, et une Note sur un tracé destiné à faire connaître l 'heure du lever et du coucher du soleil pour tous les jours de Vannée et à une latitude quelconque. (Commissaires, MM. Gambey, Laugier, Mauvais.) M. MiQUEL adresse ime addition à ses précédentes communications sur certaines applications des propriétés du calorique. Le nouveau Mémoire a pour titre : « Description d'un appareil propre à transvaser une grande quan- tité de chaleur atmosphérique dans une enceinte quelconque; appareil qui peut aussi servir à faire sortir d'une enceinte une partie de la chaleur qui s'y trouve renfermée. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) .Sur la demande de la Commission chargée d'examiner un Mémoire de M. D AuBRÉE concernant la distribution de l'or dans le lit du Rhin, M. Bec- querel est adjoint aux membres précédemment désignés, MM. Elle de Beau- mont, Pelouze et Balard. CORRESPOND ANGE . MÉTÉOROLOGIE. —Réponse à M. Dureau de la Malle sur la réjutation de l'ouvrage : Des changements dans le climat de la France, insérée dans le Compte rendu de la séance du aS mai 1846; par M. Fuster. « Je répondrai à M. Dureau de la Malle très-simplement et sans récrimi- nation. Il me suffira pour cela de mettre en regard les accusations qu'il a formulées, avec les faits et les textes sur lesquels j'ai appuyé les points en con- testation. ( 989 ) « M. Fuster pose en fait , dit M. Dureau de la Malle, que le climat de la " France a subi des changements considérables à diverses époques ; il regarde " comme un fait avéré que, du temps de Jules César, le climat de la Gaule » était très-rigoureux. Je le crois, apprécié par les sens d'un Italien et d'un » Grec, Jules César et Diodore. Le Rbône, dit-il, gèle à porter des voi- >' tures. Sur quel point de son cours? est-ce dans le Valais , à Genève , à « Vienne, à Tarascou , à Arles? Mais le texte de Diodore ne dit pas, comme )' M. Fuster, que tous les fleuves de la Gaule gèlent ainsi , mais la plupart , •< presque tous, TTcivléç ffXid'ov; encore pourrait-on discuter le témoignage » d'un Grec qui n'a pas vu la Gaule, et qui est parfois encliu à l'exagération. » » Un mot d'abord sur l'opinion que Jules César et Diodore n'ont jugé de la rigueur du climat de la Gaule que par comparaison avec le climat de l'Italie et de la Grèce. César allait et venait , deux fois par an , de la Gaule et de l'Italie, en traversant les Alpes au commencement et à la fin de l'hiver; il avait en outre porté deux fois ses armes en Germanie. Diodore , de son côté , avait voyagé en Europe, en Asie et en Afrique, quand il écrivit son Histoire qu'il mit trente ans à composer ; j'ajouterai que c'étaient toujours des Latins et des Grecs, tels que Strabon, Jules Solin, Pline, auxquels on peut joindre Pomponius Mêla de Cadix, qui apprécièrent ultérieurement les douceurs et la salubrité relatives du même climat; enfin, l'empereur Julien n'avait habité que la Grèce lorsqu'il vint en Gaule où il vantait l'extrême douceur du ciel de Paris au milieu du iv* siècle. " Voici, du reste, les circonstances physiques auxquelles se rattachaient alors les notions de la rigueur du climat de la Gaule. Nous les empruntons à Diodore de Sicile : " La Gaule étant, en grande partie, exposée au nord, est extrême- ment incommodée par l'hiver et la gelée. En hiver, en effet, lorsque le ciel est couvert, il tombe de la neige au lieu de pluie; au contraire, lors- que le ciel est serein, elle est tellement encombrée par les glaces, que ses fleuves, durcis par le froid, se font à eux-mêmes comme une sorte de pont non interrompu. Ces pouts ne frayent pas seulement passage sur la glace aux simples voyageurs, mais ils le permettent aussi, en toute sûreté, à des armées nombreuses avec leurs bagages et leurs chariots chargés. La Gaule a beaucoup de rivières qui la découpent en divers sens. Les unes se forment dans des étangs profonds, les autres descendent des montagnes; elles ont leurs embouchures, soit dans l'Océan, soit dans notre mer (la Méditerranée). La plus grande de celles qui s'ouvrent dans notre mer est le Rhône, qui sort des Alpes, et s'ouvre dans notre mer par cinq embouchures. Quant à C. R., 1846, 1" Semestre. (T. XXII, N» 24.) l3l ( 990 ) celles qui se rendent dans l'Océan , les plus grandes paraissent être le Danube (Wesseling pense qu'il faut lire Aapctpioç , la Dordogne , au lieu de ActwCioç), et le Rhin, sur lequel nous avons vu de nos jours le divin César jeter un pont pour conduire ses troupes à la conquête des Gaulois d'outre Rhin. Il y a encore dans la Gaule beaucoup d'autres rivières navigables aussi; presque toutes gèlent avec tant de force, qu'elles forment des es- pèces de pont sur leur lit. Lorsque le poli naturel de la glace la rend trop glissante sous les pieds des voyageurs, on la recouvre de paille pour en rendre le passage plus ferme. " Cet excès de froid est cause qu'il n'y vient ni vin ni huile. Aussi les Gaulois, manquant de ces denrées, se font, avec de l'orge, une boisson qu'ils appellent bière; ils usent encore de miel délayé dans l'eau, et cette boisson est fort de leur goût. Ils s'emparent avidement du vin importé par les marchands, et ils le boivent pur. Tombés dans l'ivresse après ces larges libations, ou bien ils succombent à un lourd sommeil, ou bien ils sont saisis d'un délire frénétique. L'avarice d'un grand nombre de marchands italiens exploite à son profit l'ivresse des Gaulois. Ils leur apportent du vin soit sur des navires à travers les rivières navigables , soit sur des chariots à travers champ. Ils en obtiennent uu prix inestimable, puisqu'ils reçoivent un esclave pour un tonneau de vin, troquant ainsi la boisson contre lé- chanson. » » Maintenant on me demande sur quel point de son cours le Rhône gelait à cette époque? La réponse est facile en n'oubliant pas que la description de la Gaule par Diodore ne comprend point la province romaine qui en était alors tout à fait distincte, ce qui applique la congélation de ce fleuve non plus à Vienne, à Tarascon ni à Arles, mais à la seule portion de son cours au-dessus de Vienne, dernière cité de la province romaine du côté de l'est. « Les étés étaient très-chauds, dit M. Fuster; il regarde, ce qui n'est pas " une déduction très-logique pour cette latitude, cette chaleur estivale comme » la conséquence directe des hivers très-froids de la Gaule. » » Je n'ai pas dit que les étés de la Gaule étaient très-chauds, mais qu'ils devaient être très-chauds. J'ai cité entre autres preuves ce passage des Com- mentaires où, d'après César, la plupart des maisons des Gaulois sont situées dans les bois ou sur les bords des rivières pour éviter la chaleur. Voici ce passage : Sed hoc eo Jactum est quod œdificio circumdato silva ut suntjere domicilia Gallorum qui vitandi œstus causa plerumque siLvarum acjlwni- nwn petunt propinquitates (i). M. Bureau de la Malle ne trouve pas notre (i) Lib. VI,§3o. ( 991 ) conjecture fondée; cependant elle est parfaitement conforme à tout ce qu'on sait des climats excessifs, tels que celui de la primitive Gaule, qui ont à la fois des hivers très-froids et des étés très-chauds. u Le blé, dit M. Fuster, n'était pas mûr à Autun avant la bataille de César » contre les Helvétiens. >' Je n'ai pas écrit un seul mot de cette phrase; elle appartient tout entière à M. Bureau de la Malle. « Les pluies, selon l'auteur, étaient plus fortes et plus continues qu'à pré- » sent; mais les preuves manquent, et il prend quelques jours de pluie, >' mentionnés trois ou quatre fois par César, pour un fait général et une >' température annuelle. » >' J'ai invoqué sans doute là-dessus les faits rapportés par César; mais j'en ai cité d'autres. Je les reproduis, pour montrer si j'ai eu tort de généraliser. Tite-Live dit des anciens Gaulois : Us vivent sous l'influence de l'humidité et du froid, gens humorique ac frigori adsueta{\). Sénèque est encore plus explicite : Il est certain, dit-il, que la Germanie, la Gaule et l'Italie leur voi- sine abondent en fleuves et en rivières, parce que le climat en est humide, et que l'été même ne s'y passe pas sans pluie. Constat Germanium Galliam- que et proxime ab his Italiam, abundare rivis et Jluminibus, quia cœlo humido utuntur et ne œstas quidein imbribus caret (a). Mais, quand nous n'aurions pas eu ces témoignages , l'immense étendue des forêts de la Gaule ne devrait-elle pas lui faire attribuer une grande masse de pluies? « Un passage de Julien ainsi' conçu : La Seine croît et décroît rarement » de l'hiver à l'été; le volume de ses eaux varie peu; ce passage, dis-je, » prouve qu'au moins dans le bassin de la Seine, il n'y avait pas de ces » pluies violentes qui, en quatre ou cinq jours, font monter ce fleuve de 5 » à 6 mètres. Or Julien a passé sept ans en Gaule , et cette observation , » si facile à faire , mérite une entière confiance. » » Le passage de mon livre dont parle M. Dureau de la Malle se rapporte à une époque antérieure de quatre cents ans à celle dont il est question dans le passage emprunté à Julien. Les forêts avaient en grande partie disparu de la Gaule lorsque Julien vint l'habiter ; toutefois il en restait encore assez , surtout aux environs de Paris, pour expliquer comment la Seine se ressentait assez peu de l'action des pluies. D'ailleurs, Julien n'a passé que deux ans et demi à Paris, et cinq ans et trois ou quatre mois seulement, et non pas sept (i) Histor. lib. V, § 48. (2) Quœst. natur., lib. III, § 6. i3i.. ^ ( 992 ) ans dans la Gaule. Il y arriva avant la fin du mois de décembre 355, et il en partit au mois de mars ou d'avril 36i (i). « Les vents, dit M. Fuster, étaient plus violents et si impétueux, qu'ils « enlevaient des pierres de la grosseur d'un œuf (j'ai dit de la grosseur du » poing), et renversaient des hommes; mais le mistral, dans la vallée du " Rhône, en fait autant et plus de nos jours. » )> Mais il ne s'agit pas ici de la Gaule narbonnaise, encore moins de la vallée du Rhône où le mistral domine de temps immémorial. Encore une fois. César et Diodore ne parlent que des vents qui bouleversent la Gaule pi'oprementdite, à l'exclusion de la province romaine ou Gaule narbonnaise; c'est de cette contrée que Diodore dit : « Les vents du couchant d'été et ceux du nord sont si violents en plusieurs endroits, qu'ils enlèvent des pierres grosses comme le poing, renversent les cavaliers, dépouillent les hommes de leurs armes et de leurs vêtements (2). « C'est dans la même région que César trouvait les tempêtes si intenses , durissimœ , si ardentes, acerrimœ, qu'on ne parvenait pas à s'y soustraire dans la profondeur des forêts : Oppressi curantes hiemis dijjficultate, quum .... nec silvarum prcesidio tem- pestatibus durissimis tegi passent (3). Erumpentes eo maxime tempore ( à l'entrée de l'hiver) acerrimas tempestates (4). « M. Fuster cite en preuve de l'âpreté du climat de la Gaule, qu'on n'y » cultivait ni vigne ni olivier. Faut-il en accuser le climat ou plutôt l'état » presque sauvage des Gaulois lors de la conquête? Je pencherais pour cette i> dernière opinion, car le Dauphiné même avait ces deux cultures du temps >> de Tibère, au rapport de Strabon, et même la Gaule septentrionale culti- » vait alors la vigne. » » J'ai discuté fort au long, dans mon livre, la question de savoir si c était bien la rigueur du climat qui empêchait la Gaule de cultiver la vigne. M. Bureau de la Malle n'oppose rien à cette discussion; mais il penche pour l'opinion que je crois avoir détruite. Chacun peut apprécier les motifs de sa préférence. Je me permettrai seulement une observation sur ce qu'il dit de la culture de la vigne dans la Gaule septentrionale du temps de Tibère, en citant au bas de la page , pour garantir son assertion , le livre V et le para- (1) ne de l'empereur Julien , par de La Bletterie; i vol. petit in-8°; liv. II, page g5: liv. III, page ig3. (2) Livre V. (3) De Bell. Coll., lib. VIII, § 5. (4) De Bell. Gall., lib. VIII, § 5. ^ ( 993 ) , graphe 26 de Diodore : c'est que Diodore, dans l'endroit indiqué, et que j'ai rapporté plus haut, dit positivement que la Gaule n'avait pas de vignes. Com- ment aurait-il constaté d'ailleurs la culture de la vigne au temps de Tibère, lui qui était mort sous l'empire d'Auguste ? « La Flandre, l'Artois, le Hainaut, selon M. Fuster, étaient entièrement » envahis par des forêts; mais il généralise, comme presque toujours, les » faits isolés qu'il glane au hasard. Les textes n'ont pas cette portée. » )> Pour toute réponse, je vais citer les textes que j'ai indiqués : « Les Mo- rins et les Ménapiens (Boulonnais, Flandre et Brabant) se réfugièrent, suivant César, avec tous leurs biens dans les forêts et les marais qui cou- vraient leur pays. » Morini Menapiique.... continentesque silvas ac pa- Indes habebant eo et se suaque omnia contulerunt (i). Après une bataille sur les terres des Nerviens (Hainaut), pour dégager le camp de Cicéron, César n'osa pas poursuivre les ennemis à cause des bois et des marais de cette région : Longius prosequi veritus quod silvce paludesque intercede- hant (2). Les Ménapiens (partie de la Flandre et du Brabant), voisins des Éburons(pays de Liège), dit-il ailleurs, sont enveloppés de marais et de bois sans fin : Menapii propinqui Eburonumjînibus , perpetuis paludibus sil- visque muniti (3). Écoutons Strabon : Le pays occupé par les Morins (Bou- lonnais et partie de la Flandre dont la principale ville est Térouane), les Atrébates (l'Artois) et les Éburons (pays de Liège) ressemble à celui des Ménapiens : c'est une forêt très-étendue, mais bien moins que ne l'ont faite ceux qui lui donnent quatre mille stades. Elle porte le nom à'Arduenne (forêt des Ardennes) (4)- « M. Fuster conclut enfin que la Gaule antique avait, sur 70 millions » d'hectares de superficie, 46 millions d'hectares de forêts et 24 millions » d'habitants : assertion qui me paraît plus que hasai'dée, car avec les hivers » de huit mois, les étés excessifs, les fleuves sans rives et les nombreux » étangs que M. Fuster lui attribue , 24 millions d'hectares pouvaient-ils >i nourrir 24 millions d'habitants, ou un hectare suffisait-il à la nourriture )i d'un homme, tandis qu'aujourd'hui aS 56oooo hectares de terre et 8 mil- n lions de prés ou pâtures ne nourrissent que 34 millions d'habitants, et n certes la culture actuelle de la France est bien supérieure à celle de la (i) Lib. III , § 28. (2) Lib. V, § 52. (3) Lib. VI, §5. (4) Géographie , liv. IV, chap. ni. ( 994 ) » Gaule avant la conquête romaine ? J'ai fait, d'après les cadastres romains, » des calculs plus positifs qui portent, au ly" siècle, la population de la » Gaule de lo à n millions. » » Je n'ai parlé qu'incidemment de la population de la Gaule , et il s'agit, dans mon livre, de cette population au temps de la conquête, quatre ou cinq cents ans avant l'époque mentionnée par M. Dureau de la Malle. Or il pa- raît que, sous Jules César, la Gaule était beaucoup plus peuplée qu'au iv* siè- cle. Les bases de détermination que j'ai suivies m'ont été suggérées par Ber- lier (i); les voici : Selon Plutarque (m Ccesare), il y eut, dans la seule guerre des Gaules par Jules César, un million de Gaulois tués et un million faits pri- sonniers. La population guerrière et combattante ne saurait être évaluée à plus d'un quart du total des habitants, et les pertes réelles que ce quart peut essuyer dans le cours d'une longue guerre sont fortes quand elles dépassent la proportion d'un homme sur cinq. D'après ces données, la population de la Gaule aurait excédé 3o millions; je l'ai réduite à 24 millions. M. Dureau de la Malle trouve cette conséquence plus que hasardée, et cependant, par les chiffres qu'il indique lui-même , on voit que la France actuelle offre exac- tement la proportion de i hectare pour la nourriture d'un homme, comme sous la Gaule primitive avant la conquête; mais aussi, ce que M. Dureau de la Malle n'a pas remarqué, les besoins de la population antique , population neuve, adonnée à la guerre, étrangère au luxe et au bien-être, comme je l'ai dit, étaient-ils beaucoup plus restreints que les besoins de la population d'aujourd'hui; sans compter que la première trouvait, dans les immenses forêts et dans la multitude des eaux de l'ancienne Gaule, de quoi suppléer, par la chasse et par la pêche, aux ressources que le sol ou le commerce lui refusait. » Je n'ai pas eu à m'occuper de la population de la Gaule au iv® siècle; mais qu'il me soit permis de dire qu'on est loin de s'accorder sur son chiffre. L'abbé Dubos {Histoire critique de la monarchie française dans les Gaules, t. I, p. 121) la porte à 17 millions au v* siècle; cette opinion est contredite par Arnould (dans son Histoire générale des finances, in-4'', p. 4)) q"i 1'^ esti- mée à la même époque , au v" siècle , entre 8 millions au moins et i o millions au plus. C'est postérieurement à l'estimation d'Arnould que M. Dureau de la Malle, adoptant ses chiffres, l'a supposée, au iv* siècle, de 10 à 11 mil- lions (a). (i) Considérations générales sur l'état des Gaules durant l'administration romaine, pages 25 1 et suivantes. (2) Berliek, déjà cité , chap. I. ( 995 ) « Où les faits directs et précis manquent, il eût fallu, ce me semble, re- " courir aux analogies. Les États de New-York et de Pensylvanie devaient •> avoir, en i ^Sô , une climatologie semblable à celle de la Gaule.... On pour- » rait donc, par une comparaison entre la température moyenne annuelle » du pays américain couvert de forêts, il y a cent ans, et du pays défriché » aujourd'hui, s'assurer si ces grands faits du déboisement et de la culture » ont causé un changement dans le climat, et ont fait hausser ou baisser la » température moyenne annuelle, ou seulement changé le nombre des jours » de pluie et la distribution de la chaleur dans les différentes saisons. » .T'inclinerais à croire, contrairement à l'opinion de M. Fuster, que la » Gaule, lors de la conquête, étant plus boisée, plus humide, plus maréca- " geuse que la France actuelle, devait avoir des hivers moins froids, mais » plus longs, plus de jours de pluie et une chaleur estivale moins forte que " celle de la France actuelle. » .Te pense, en un mot, que le boisement ou le déboisement d'une contrée » a une grande influence, moins sur la températiire moyenne annuelle que » sur la distribution de la chaleur et du froid dans les différentes saisons. » « Je suis fort loin d'avoir négligé les analogies pour suppléer au défaut de précision des faits directs; ainsi j'ai rapproché ( p. 57 et suiv.) le climat de la Gaule, avant l'ère chrétienne, de celui des plaines inférieures du Danube, tel qu'Ovide le décrivait après quatorze ans de séjour; j'ai montré les chan- gements climatologiques des mêmes plaines deux cents ans plus tard , d'après Dion Cassius , qui avait commandé §n Pannonie ; enfin j'ai insisté même tout particulièrement ( p. 438,439, 44oj 440 sur l'exemple des Etats-Unis, indi- quant, d'après les faits acquis, les rapports entre les états successifs de ce climat et les diverses phases du nôtre. Or, les résultats des observations re- cueillies aux États-Unis corroborent mes principes et sont en contradiction avec les conjectures de M. Dureau de la Malle. Ils établissent, en effet, comme M. Arago l'avait déjà prouvé (i), qu'avant les grands défrichements, les États- Unis avaient à la fois des hivers très-froids et des étés très-chauds, tandis que, par leurs déboisements progressifs, ils ont acquis à la fois des étés moins chauds et des hivers moins froids. « M. Fuster pense que le climat des Gaules s'était fort adouci depuis » Vespasien (j'ai dit depuis le règne d'Auguste) jusqu'à Julien. Il cite, en « preuve, que les figuiers avaient pénétré jusqu'à Paris du temps de Julien , » qu'ils y vivaient en pleine terre; mais qu'on était obligé de les empailler (i) Annuaire du Bureau des Longitudes, année i834, p. 233 et suiv. ( 996 ) » l'hiver. C'est encore ce que nous faisons dans le xix* siècle. Je vois dans " ce fait une preuve , non de changement , mais plutôt de constance dans » la température. » >' Je fais remarquer que les figuiers, qui ne s'élevaient pas au-dessus des Cévennes du temps d'Auguste suivant le témoignage de Strabon (i), étaient parvenus vers le milieu du iv* siècle, sous Julien, jusqu'aux environs de Paris. J'ajoute que Julien signale, en outre, sur ce territoire, des vignes excellentes, a/uTnKoç ayaQtj, et qu'il célèbre l'extrême douceur du climat de Paris. « M. Fuster cite encore un passage de Julien où les blés, dit-il, sont mûrs " au solstice d'été dans le nord de la Gaule; mais la traduction est inexacte : >' le texte ne parle pas de blés mûrs dans le nord de la Gaule, au solstice " d'été, mais à la mi-août. » )' Voici le passage de Julien : S'iS^cayi fxoi rav (7fa.T07rt^cùv tvv iiyi/uov'iav tipoç apxti' zoLi (7f>XTiua) /U'.v a.xixa'Covloç t» (7/t« (a). Je traduis : « Il (Con- )' stance) me confia le commandement de l'armée à l'entrée du printemps; « je me mis en campagne, les blés étant déjà mûrs. » Maintenant à quel époque se mit-il en campagne les blés étant déjà mûrs? Julien n'indique au- cune date; mais on la trouve dans Ammien Marcellin, où le rapproche- ment des faits montre que c'est en 357, 1 année de la bataille de Strasbourg. Reste la question du quantième; celle-ci ne peut-être douteuse, car Ammien dit expressément que l'entrée en campagne des troupes de la Gaule avait lieu au mois de juillet : Opperiens Juli^m mensem unde sumunt gallicani procinctus exordia (3). M. Bureau de la Malle cite en preuve de son asser- tion de la maturité du blé dans le nord de la Gaule à la mi-août, le livre XVI, chap. II, et le livre XVII, chap. viii, d'Ammien Marcellin. Les lecteurs qui vérifieront ces textes s'assureront que dans le livre XVI , chap. il , on lit le passage suivant: Après avoir rassemblé tous ses grains, Julien arriva à Autun le i(^\u\a: Satis omnibus comparatis , VIII kal. Julias Augusto- dunum pe/venit; que dans le livre XVII, chap. viii, on ne lit que l'indi- cation du mois de juillet comme époque du commencement des campa- gnes dans la Gaule, mais absolument rien de relatif à la maturité du blé à la mi-août. Du reste, j'ai établi si formellement dans mon livre (4) la II) Géographie, livre IV, page 5. (2) Epi.itol. ad S. P. Q. Athenienscm, édit. de Spanheim, un vol. in-folio, p. 2'j8. (3) Ammien Marcellin, lib. XVII, cap. viu, édit. de Valois; lisez aussi la note. (4) Pages 48 et suivantes. ( 997 ) vérité cJii passafje de la lettre de Julien , quelque peu important qu'il soit au fond , que j'ai lieu d'être surpris de me voir remettre sous les yeux la même objection. » J'ai parlé de la douceur extrême du climat de la France au moyen âge, en alléguant comme preuves, d après des documents officiels, non-seulement la culture en grand de la vigne en Normandie, eu Bretagne, en Picardie, en Flandre, dans le Hainaut et le Brabant; mais en démontrant encore, par. des titres non moins authentiques, que les crus d'une multitude de ces ré- gions, notamment ceux d'Orléans, de Paris, d'Argences, de Vernon , de liOuvain, de la Bretagne, etc., avaient des raisins mûrs le 6 août, étaient vendangés au milieu du mois de septembre, fournissaient des récoltes abon- dantes et avaient des vins très-bons. » M. Dureau de la Malle passe tous ces arguments sous silence; il ne s'arrête que sur quelques crus étrangers à la France, et que je n'ai men- tionnés que par occasion. Dans ces limites même, il ne cite pas fidèlement: par exemple, il rappelle quelques passages d'un auteur anonyme, d'où l'on peut inférer que le vin récolté sur quelques points de l'Angleterre était mau- vais et en petite quantité, mais il ne parle pas de l'histoire d'Angleterre de 1 archidiacre d'Huntingdon , où nous avons lu que la Bretagne est fertile en vins: Britannia vinece quoque jèrtiîis est (i); il cite encore moins un autre endroit bien plus explicite du célèbre historien anglais du xil* siècle, Guil- laume de Malmesbury, où nous avons lu ce qui suit à propos de la vallée dé Glocester: 11 n'y a pas de province en Angleterre où les vignes soient plus abondantes, qui rapporte plus de vin et dont les vins soient plus agréables. Ces vins-là sont loin d'avoir de l'âcreté ou de la rudesse; ils rivalisent en dé- licatesse avec les vins français : Rrgio (vaUis Glocestrensis) plus quaiii alice Angliœ provinciœ vînearumjrequentia densior, proventu uberior, sapore ju- cundior. Vina enim ipsa bibenbium ora tristi non torquent acredine , quippe qiue parurn debeaut gallicis didcedine (^i). " Après avoir dépouillé scrupuleusement tout l'ouvrage du docteur Fuster " et vérifié toutes les citations, travail assez pénible, car sur dix j'en ai " trouvé sept fausses ou témoignant contre le système de l'auteur, je choi- )' sirai trois ou quatre faits principaux qui , s'ils étaient positifs, implique- >' raient un changement du climat de la France depuis l'ère vulgaire,. et >' même depuis le xvi* et le xvii* siècle jusqu'à nos jours. (1) Henrici archidiaconi Hantindoniensis HistoriarumXih. VIII, lib. I. (2) De Géstis pontificum anglorum,\\\).']l\,^. 2.Q'i. C. R.,1846, i"Sfm«rtre.(T. XXII, Noaâ.) l3a ( 99» ) » L'auteur affirme que les orangers et les citronniers, non-seulement ve- I' naient en pleine terre dans la Provence, le Roussillon et le Languedoc, >' mais qu'ils portaient des fruits plus beaux et plus savoureux que ceux du » Portugal et des pays d'outre-mer. (M. Dureau de la Malle ajoute : Malte " et l'Afrique par exemple.) Tja seule autorité sur laquelle il s'appuie est » Champier. » » Je vais reproduire ce passage de mon livre (page 202): « Les côtes de la mer (il s'agit de nos côtes de la Méditen-anée), dit Charles Etienne, le grand agriculteur du xvi® siècle, envisagées des vents du sud ou au sud-ouest, chaudes et humides, abondent en plantes, durée et fertilité d'oranges, poncires, citrons, limons, pommes dÀdam^i). » La Ligurie et la province naibonnaise (Roussillon, Languedoc, Provence et Daupbiné), d'après Labruyère-Chanipier, échevin de Lyon, médecin du duc de Lor- raine, produisent des oranges très-estimées qu'on transporte par Lyon dans une foule de contrées de la France. Ces oranges sont plus belles et plus savoureuses que celles qui nous viennent du Portugal ou d'autres pays d'outre-mer par la voie de Rouen et de Nantes : Liguria atque provincia Nar- honnensis ferunt laudatissinia [arantia) , quœ Lugdunum devecla in multos Galliarum tractus miltuntur ; quœ ex Lusitania aut aliis transmarinis pro- vinciis navibus Rhotomagum et ad Nannates dejeruntur et minora sunt et tristioris saporis seniiuntur (1). Le Rhône, suivant André Baccio, premier médecin du pape Sixte V, roule entre des rivages parfumés de citronniers depuis la Gaule narbonnaise (qui commence, comme on sait, au-dessous de Lyon) jusque dans la Provence : Rhodanus olidas citriis a Narbonnensi Gallia in provincia excurrat oras (3). Olivier de Serres ne trouvait pas ailleurs, en France, au commencement du xvii* siècle, quès parties méridio- nales, des oranges, citrons, limons et semblables fruits près de la mer Mé- diterranée en certains recoins de la Provence et du Languedoc. Il dit ailleurs : Près de la mer Méditerranée etautres quartiers où ces belles plantes se plaisent entièrement , on les loge avec les autres arbres fruitiers sans soin particulier; puis il ajoute : ès-endroits où sans excessive dépense ces arbres peuvent accroître et fructifier avec le plaisir, le profit y est reconnu très- bon pour les deniers qu'on tire de leur dépouille dont rien ne se perd... de toutes lesquelles choses, tout Français témoignera s'il considère la grande (i) Maison rustique, liv. lll,chap. xxvi , p. 363. (2) De Re cibaria, i56o, lib. XI, cap. xxxi , p. 636. (3) De Nntural. vinorum historia , i5g6, lib. VII, p. 336. ( 999 ) abondance d'oranges^ de citions, de limons, de poncires qu'on transporte par tout ce rojaume , même à Paris à grandes hntelées (i). Les orangers, dit l'historien Chorier, n'ont pas un air ennemi dans la plaine de Nyons en Dauphiné (2). " Belleforets, Bouche, Gauffredi, historiens ou géographes du xvi* et du xvii" siècle, comprennent ces plantes parmi les produits du sol du Lan- guedoc et de la Provence. Davity, géographe de cette dernière époque, écrit: « La principale ville de Provence, c'est Aix; les autres sont Marseille, Arles...; la plaine de Saint-Ghavar, de Miramas, Senas, Malmort jusqu'à Orgoii, et Ardagne vers la Durance qui peut être parangonnée à la Beauce, et en toute cette étendue de pays, on voit un grand nombre d'orangers, citronniers, grenadiers , etc. (3) . » " \j'Archontologie cosmique de Louis Godef'roy contient ce qui suit: Visitez avec moi la Camargue au-dessous d'Arles et les plaines de Chamas, Miramas, Senas, Malmort jusqu'à Aix et à Marseille; tournez ensuite vers Hyères, Fréjus, Antibes jusqu'au Var, tout ce pays est planté d'orangers, de citronniers, de grenadiers, etc. » J^ide enim mihi sis Camarcam insu- lam infra Ârelatem et campestria Chamarrana, Miramasiana , Senasiana, Malemortana usque ad aquas Sextias atque Massiliam, et rnrsus inde perge ad Olbiam, Forum Julium et Jntipolim usque ad f^arum Jlui'ium, universus hic tractus arborïbus consilus est mala aurea, citria, granata, olivas et ficus proferentibus (4}. Le grand Dictionnaire géographique , historique et critique de Bruzen de la Martinière dit, au mot Roussillon: « Les orangers y sont presque aussi communs que les pommiers et les poiriers le sont en Nor- mandie )' ; et au mot Perpignan : « f^a me qui conduit à la porte Saint- Martin est nommée la rue des Orangers, parce qu'il y en avait en pleine terre des deux cétés du canal de la Basse; mais la gelée les a fait mourir depuis quelques années (5). » « Pour la canne à sucre, M. Fusier s'appuie sur un passage d'Olivier de » Serres qui dit que cette plante, importée en Provence de l'Egypte et de la {\) Le Théâtre d' Agriculture, VPlieu, chap. xxvi. (2) Histoire générale du Dauphiné , liv. I, art. xvii, p. Sy. (3) Les Estais, Empires, Royaumes et Principautés du monde, etc.; i volume in-folio. Ge- nève , i665. Discours de l'Estat du royaume de France , page 48. (4) Archontologia cosmica, etc.; auct. Ludovico Gotofredo; 2' édit., 1 volume in-folio. Francfort, 1649, P^S^ laS. ' (5) 6 volumes in-folio. Dijon, l'j^i. i32. . ( lOOO ) )i Sicile , était do/iiesti(juée depuis peu d'années en ça : c'est l'ex pression d'Oli- » vier de Serres. J'ai véiifié la citation. Olivier ne dit pas que la canne vient » sans abri, en pleine terre; d'ailleurs peu d'années ne suffisent pas pour établir » la possibilité de la culture de la canne en pleine terre près de Marseille. >• .Te vais citer le passage d'Olivier de Serres : « Cetle excellente plante (la canne à sucre) s'est, depuis peu d'années, en ça domestiquée en Provence, r^es pays chauds dont ces cannes sont originaires nous donnent avis den tenir tel conte que des arbres susdits (les orangers et ses compaignons) pour les loger et traiter en même lieu et sous mêmes artifices qu'eux, puisque, communément, telles plantes craignent la froidure (i). » Or on a vu, par le passage cité plus haut, relatif aux orangers et à leurs compagnons, quon les /oge avec les autres arbres fruitiers sans soin particulier. Du reste, cette culture a duré beaucoup plus longtemps que M. Dureau de la Malle ne le suppose. En effet Belleforest, qui écrivait environ trente ans avant Oli- vier de Serres, en fait mention sur le territoire d'Hyères, et Honoré Bouche, dans son Histoire de Provence écrite environ trente ou quarante ans après Olivier, rappelle les cannes à sucre existant à Hyères du temps de Belleforest; il ajoute que celles-là étant mortes, il en existe d'autres qui ont été plan- tées de sou vivant (2). Expiily, dans son Dictionnaire géographique, histo- rique et politique des Gaules et de la France, publié en 1768, rappelle en ces termes les faits dont il s'agit : « Du temps de Belleforets, il y avait des cannes de sucre au territoire d'Hyères; ces cannes étant mortes, elles fu- rent remplacées du temps d'Houoré Bouche (3). » « Enfin M. Fusler, pour appuyer son système, affirme que, d'après Gré- n goire de Tours, l'anachorète Hospice se nourrissait des dattes qu'il recueil- " lait en Provence, près de Nice. Or Grégoire de Tours s'exprime ainsi: " Apud urhem Nicensein, Hospitius reclausus nihil aliud quani purum pa- » nein cum paucis dacijlis comedehat; in quadragesima, radicibus herha- >' rum yEgjptiarum, quitus exhibentibus sibi negotiatoribus , alebatur. » Voilà comment un auteur, possédé de l'esprit de système, traduit les » textes et comment il fait mûrir, à Nice, les dattes qui ne mûrissent pas " complètement à Alger, et qui étaient apportées à Hospitius par le com- » merce, comme l'indique Grégoire de Tours. J'ai relevé, dans tout le cours " de l'ouvrage, plus de cent erreurs pareilles. » (i) VI" lieu, pages 4io et 4i I- (2) Histoire de Provence; Aix , i664 , 2 vol. in-folio ; tome I, liv. IV, chap. 3, page 34o ; chap. VI , pages 4? et 48. (3) ExpiLLY, tome V, article Provescs. ( lOOI ) » Je réponds que Grégoire de Tours ne dit pas ce que M. Diireati de la Malle lui fait dire. On a déjà remarqué sans doute, en lisant le texte cité plus haut, qu'il n'a effectivement aucun sens.. Essayons de le (raduire : Près delà ville de Nice, le reclus Hospice ne man{{eait antre chose que du pain sec avec quelques dattes; dans le carême, il se nourrissait de racines d'her- bes égyptiennes que les marchands lui apportaient. Rétablissons le texte al- téré dans cette citation; le voici : Fuit autem apud urbem Nicensem eo teni- pore Hospitius reclaususmagnœ ahstincntiœ qui constrictis catenisad punun corpus ferrais , induto desuper cilicio , nihil aliud quam puruin panein cum paucis dactjlis comedebat. In diebus autem quadragesimœ de radicibus herbarum œgyptiarum quibus eremitœ utuntur exhibentibus sibi negotintori- bus alebatur. Et primum quideinjusin quo coxerant hauriens, ipsas sumebat in posterum (i). Traduisons : Il y avait alors près de la ville de Nice, Hos- pice, reclus d'une grande abstinence, qni, le corps serré par des chaînes de fer, et revêtu d'un cilice, ne mangeait autre chose que du pain sec avec quelques dattes. Mais pendant les jours du carême, il se nourrissait des ra- cines des herbes égyptiennes dont les anachorètes font usage, et que les marchands lui apportaient. Il commençait par en boire le bouillon, et il les mangeait ensuite. « Je ne me permettrai aucune réflexion sur le rapprochement de la ci- tation de M. Dureau de la Malle et du vrai texte de Grégoire de Tours. Il me suffira de remarquer que Gré{;oire de Tours fait apporter à Hospice, parles marchands, non les dattes qu'il mangeait habituellement, mais seu- lement les herbes égyptiennes, à l'usage des anachorètes, dont il faisait sa nourriture pendant le carême. » Au surplus, j'ai encore donné d'autres preuves de l'existence des dattes en Provence. Je terminerai par ces citations : Honoré Bouche, dans son His- toire de Provence, comprend les dattes parmi les produits de celte région. Grasse, dit-il plus loin, a un terroir abondant de toutes sortes de fruits, et des plus délicieux et exquis qu'on puisse souhaiter, comme oranges, limons, citrons et dattes de palme. Et ailleurs- Nice a un terroir le plus agréable et le plus abondant en toute sorte de fruits, comme orangers, citrons, dattes [iK Davity, dans les Estats, Empires, Royaumes et Principaute's du monde, etc., a écrit qu'on voit en Provence des palmiers qui portent d'aussi bons fruits que ceux d'Afrique (3). Expilly enfin , dans son Dictionnaire géographique , (i) Greg. Ttiron. Hist., lib. VI, cap. vi. (2) Chorographie, p. 47, 4^j 293» ^02, 34o. (3) Discours de l'Estat du royaume de France, p. 48. ( looa ) historique et politique, déjà cité, publié en 1768, dit encore : quon a re- cueilli des dattes en Provence (i). » J'ai répondu par des faits aux diverses accusations de M. Duieau de la Malle. Toutes les preuves que je produis ici, et beaucoup d'autres sur lesquelles je n'ai pas eu à m'expliquer, se trouvent nettement indiquées ou citées textuellement dans mon livre. Maintenant le lecteur peut juger avec quel soin et quel scrupule en effet M. Bureau de la Malle les a recher- chées. » Réponse de M. Dcreau de la Malle. • » A la suite de l'exposé du travail de M. Fuster que vient de donner M. le Secrétaire perpétuel, je demanderai à présenter une seule observation. M. Fuster a eu un intervalle de huit jours pour prendre connaissance de mon Mémoire, je réclamerai de l'Académie un intervalle égal afin d'avoir le temps d'examiner le sien et d'y répondre si je puis. Je prie donc l'Aca- démie de vouloir bien m'autoriser à lire, dans une prochaine séance, les observations que me suggérera l'examen des nouvelles recherches de mon contradicteur. Mais je dois prévenir à l'avance que je me suis jusqu'à pré- sent appuyé sur des passages que j'ai donnés textuellement, ou cités exacte- ment, et qu'il est possible à chacun de contrôler, tandis que M. Fuster s'en réfère toujours à des indications vagues, et parfois même inexactes, qui ren- dent difficile de le réfuter, si l'on n'a pas recours aux sources originales, si • l'on ne les soumet pas à un sévère contrôle. » Du reste, ce sera mou dernier mot. Je me croirais digne de blâme en prolongeant la discussion, et je me reprocherais de consumer en vains débats, inutiles au progrès des sciences, le temps si court, mais si précieux, que l'A- cadémie consacre à ses utiles et glorieux travaux. » u M. DE Castelisau adrcssc un résumé des observations qu il a eu occasion de faire relativement aux animaux domestiques , pendant le cours de son voyage à travers la partie de l'Amérique du Sud située entre l'équateur et le tropique du Capricorne. " Les premières observations sont relatives aux animaux du genre Lama, dont l'espèce principale habite en troupeaux innombrables les grands pla- teaux de la Bolivie et du Pérou. Le croisement du lama avec l'alpaca est journalier; mais on vient d'obtenir un résultat infiniment plus extraordi- (i) Tome V, art. Provence. ( ioo3 ) de Meia-Poute, et qui est répandue dans le reste du Goyaz et dans une partie naire, le croisement du lama avec la vigogne. Les détails suivants sont ex- traits de rapports officiels faits au gouvernement péruvien. >. C'est dans le village de Macucani , province de Garabaja, que l'on est parvenu à obtenir des mulets de ces deux espèces, et dans le pays on leur donne le nom de paco-vicunas. Un riche fermier du pays se livrait depuis bien des années à ces recherches : s'étant procuré de très-jeunes vigognes mâles: il les éleva avec du lait, et lorsqu'elles eurent atteint l'âge de trois ans, il leur fit couvrir un alpaca femelle ; le résultat fut un animal semblable à la mère pour la laiue et les formes, mais avec quelques apparences de la vigogne dans la tête et les extrémités. Il changea alors de plan et éleva des vigognes femelles, prises très-jeunes, et en temps convenable les fit croi- ser avec un alpaca mâle: les mulets qui en résultèrent avaient une laine bien supérieure à celle de leurs parents ; mais, par suite d'une série de circon- stances malheureuses, aucun d'entre eux n'atteignit son accroissement com- plet. Ne se laissant pas rebuter par ce mauvais succès, notre fermier con- tinua ses efforts, et obtint enfin un succès éclatant, car, de quatre vigognes femelles et d'un alpaca, il a obtenu, assure-t-on, en trois ans, non moins de vingt-trois métis, qui sont de jolis animaux, d'une taille entre celle de l'alpaca et de la vigogne. Leur laine est blanche et d'une longneur de i4 à 1 5 centi- mètres ; elle est très-fine et semblable à de la soie : un seul mâle est de couleur café. » Le second sujet dont je m'occuperai est un fait assez rare , que j'ai eu oc- casion d'observer, il y a peu de temps, à Aréquipa, celui de \d fécondité d'une mule. Cette mule a engendré deux fois: i" à l'âge de sept ans, avec un âne, et a produit un mulet semblable en tout aux autres animaux de ce nom ; et 2" à l'âge de neuf ans, avec un cheval : cette fois , elle a produit une véritable jument, assez chétive et de petite taille. n Les mules de la Bolivie ont une toute autre apparence que celles du Brésil; ces dernières sont grêles, à formes assez élégantes et incroyablement propres à soutenir de longues marches; d'une quarantaine de ces animaux que j'emmenai, en 1 843, de Rio-dé-Janeiro, deux sont arrivées à Lima après avoir fait (avec les excursions) environ 2 5oo lieues. Les mules de la Bolivie endurent moins la fatigue; leur aspect les rapproche davantage Au cheval, et elles sont surtout remarquables par l'épaisseur de leur encolure. » Les bœujs i\vi Brésil appartiennent à deux races très-différentes: l'une, répandue dans les provinces de Rio-de- Janeiro et de Minas-Géraës, est re- marquable par l'immensité de ses cornes, qui ont quelquefois plus de 2 mè- tres d'envergure; l'autre variété, que nous commençâmes à voir aux environs ( loo/, ) de Motto-Grosso, est de (aille Irès-pelite, et la forme de ses cornes est en- tièrement celle des bœufs européens. » fie chien est répandu dans tout l'intérieur du continent; je n'ai même jamais rencontré de tribu sauvage qui n'en eût un grand nombre; ces ani- maux appartiennent à toutes les variétés de la race canine. Dans les mon- tagnes des Andes, je trouvai, pour la première fois, une race particulière assez semblable, en petit, au chien de Terre-Neuve, ordinairement noire, mais quelquefois tachetée de blanc; sa queue est longue et flottante comme <,'elle de la race que nous venons de citer. I^es Indiens sont très-attachés à ces chiens, qui servent à garder les troupeaux. En descendant la Cordilière, on trouve, dans les plaines sablonneuses et brûlantes qui bordent la mer Pacifique, le chien dit turc; il est surtout très-abondant à Aréquipa. » Je terminerai par une observation qui a rapport à un animal sauvage. I.e Couguar habite depuis le Canada jusfjue dans la république Argentine; mais chez ceux de l'Amérique du Nord, le jeune est couvert de petites taches blanches, taudis que, dans ceux de l'Amérique du Sud, le jeune âge ne dif- fère pas, sous ce rapport, de l'adulte. " M. Arago donne, d'après une Ijcttre de M. Mohse, quelques détails sur la rapidité avec laquelle s'exécutent et se transcrivent les signaux que le savant américain a imaginés pour le télégraphe électrique: le discours du Président des États-Unis, annonçant la déclaration de la guerre contre le Mexique, dis- cours qui occupe deux longues colonnes, en petit caractère, dans un journal de la plus grande dimension , a pu être transmis tout entier par ce moyen , et copié en lettres ordinaire s dans moins de trois heures. Pendant cette longue communication , le télégraphe électrique transmettait . en moyenne, 84 lettres par minute. M. Déuidoff présente les tableaux des observations météorologiques faites par ses soins à Nijné-Taguilsk, pendant les cinq derniers mois de i8/|5, et un résumé des observations de toute l'année. Un paquet cacheté adressé à l'Académie, mais qui ne porte point sur l'en- veloppe la signature de l'auieur, ne peut être accepté dans cet état. f/a séance est levée à 5 heures et demie. A. ERRATA. (Séance du i*^' juin i8/j6.) Page 924) ligne 22, M. Bazelaine, Usez M. Bazelaike. Page 928, ligne 10, M. Chenot, Usez M. Cherot. >^ COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 22 JUIN 1846. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. AIËMOIBES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Second Mémoire sur le dosage du cuivre; par M. Peloiize. « Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, et dont je ne lirai qu'un court extrait, est la suite et le complément de celui que j'ai lu de- vant elle il y a peu de mois. Il est divisé en deux parties. " Dans la première je décris, avec tous les développements convenables, le nouveau mode de dosage du cuivre, que je m'étais borné à indiquer très- succinctement dans mon premier Mémoire. Je crois ce développement utile, au moment où l'on va introduire la nouvelle méthode dans plusieurs éta- blissements publics. » Je donne un moyen très-simple et très-exact de reconnaître, dans le cuivre et ses alliages, des quantités extrêmement petites de zinc. Ce moyen a été cherché principalement en vue des bouches à feu, dans l'âme des- quelles beaucoup d'officiers d'artillerie supposent, à tort ou à raison, que ce métal volatil détermine, à la suite d'un tir forcé, de nombreuses alvéoles. » Pour reconnaître le zinc dans le cuivre, on mêle la dissolution nitrique de ce métal avec de l'ammoniaque, on la porte à l'ébullition et l'on préci- pite les deux métaux par du sulfure de sodium. Après avoir décanté la li- queur qui surnage le précipité, on fait bouillir un instant celui-ci avec de C. R., 18^6, i"Semej(re. (T. XXII, N0-2S.) l33 ( ioo6 V lainmoniaque et quelques gouttes d'une dissolution de nitrate de cuivre pur. Le zinc rentre alors en dissolution dans la liqueur ammoniacale bouil- lante; on verse avec précaution quelques gouttes de sulfure alcalin pour la décolorer et précipiter le cuivre. Aussitôt après cette décoloration, une nou- velle addition de sulfure soluble y produit un précipité blanc, léger, de sul- fure de zinc, qu'on peut recueillir et examiner. >i [va seconde partie de mon Mémoire est relative à la composition des diverses monnaies de cuivre et de bronze actuellement en circulation soit en France, soit dans la plupart des Etats d'Europe. Je donne également l'ana- lyse de beaucoup de médailles et de monnaies plus ou moins anciennes. » D'après une Note émanée de la Commission des Monnaies, et dont la date remonte à i838, il existe en France, dans la circulation, une quantité de monnaies basses dont la valeur nominale représente, approximativement, 3o millions de francs. » J'ai cherché à connaître quel doit être le poids et le titre en cuivre de ces monnaies, en opérant sur des échantillons prélevés sur 1 1 4oo sous sim- ples et sur 43oo sous doubles ou décimes, représentant ensemble une valeur de I ooo francs , dans laquelle les sous simples entrent pour §70 francs, et les sous doubles pour 43o francs. >' 11 résulte de mes expériences que ces monnaies, ([ui présentent une composition très-différente, si on les supposait fondues toutes ensemble, donneraient ^Wô ^^ '^"'' poids de cuivre. >' Ces 1 000 francs de sous pèsent 2o6'',370, quantité où le cuivre se trouve représenté par 191'', 824. » Si l'on calcule, d'après ces données, le poids des 3o millions de sous en circulation , on trouve que cette énorme masse monétaire s'élève à G 191 100 kilogrammes, et que le cuivre entre dans cette quantité pour 5 73ç) 1 5o kilogrammes. )i Les monnaies basses peuvent être considérées, surtout au point de vue de leur composition, comme appartenant à trois types principaux, dans les- quels rentrent les monnaies étrangères, qui existent en petit nombre dans la circulation, et les sous faux, dont la composition se rapproche d'ailleurs beaucoup de celle des sous légaux. » J'ai soumis à l'analyse un nombre considérable de monnaies apparte- nant à ces trois types, et les résultats auxquels je suis arrivé s'accordent assez bien avec ceux qu'il est permis de déduire de Texamen des échantillons prélevés sur i 000 francs de sous, pris au hasard dans la circulation. » Premier type. — Sous rouges, simples, c'est-à-dire de la valeur de ( I007 ) 5 centimes, à l'effigie de liOiiis XVI. A ces sous il faut joindre ceux de FiOuis XV et les sous étrangers. Tous sont formés de cuivre sans alliage avec aucun autre métal. Ils résultent évidemment de la fusion du cuivre rouge du commerce, et contiennent, en moyenne, -j—j de ce métal. » Deuxième tjpe. — Sous simples et sous doubles, en métal de cloches, à l'effigie de Ijouis XVf , roi des Français, et portant au revers ces mots : la Nation, la Loi, le Roi. •' Ces soTis présentent une composition très-irrégulière. Leur proportion moyenne de cuivre, déduite d'un grand nombre d'analyses, est de -j^tto- » Ils renferment, indépendamment du cuivre et de l'étain, 5 à 6 centièmes de zinc, des traces de plomb et d'antimoine, quelquefois un peu de fer et darsenic. " Troisième tjpe. — Sous simples et doubles en métal des cloches affiné. de sont des décimes et des 5 centimes rouges, à tête de Liberté. I' Ces sous ont été frappés pendant la République, avec un alliage prove- nant de l'affinage incomplet du métal des cloches. Ils ont été faits avec soin et offrent peu d'irrégularité dans leurs titres. Us ont donné -f^^ de cuivre. » Il est à remarquer que la loi du 6 août 1791 avait fixé à y^j^ le titre en cuivre des monnaies de cloches, qui est précisément celui que donne la moyenne de mes expériences. Un pareil accord se retrouve encore dans les décimes et les 5 centimes de la République, dont le titre avait été fixé à ^^^^^ par les lois du 19 brumaire an v et du 29 pluviôse an vi. " Médailles dites raonnerons. — On trouve dans la circulation, et prin- cipalement dans les collections monétaires, des médailles connues sous le nom de monnerons. Ces médailles sont très-remarquables par la beauté et l'éclat de leur couleur, la délicatesse de leurs empreintes et leur parfaite con- servation. >' J'en ai analysé quelques-unes; elles contiennent toutes de 970 à 980 mil- lièmes de cuivre et des proportions à peu près égales de zinc et d'étain. » Les monnerons ou médailles de confiance, frappés à la fin du règne de iiouis XVI, étaient destinés à être échangés contre des assignats. Leur du- reté, bien plus grande que celle du cuivre et qui n'exclut pas cependant beaucoup de ductilité, mérite d'être signalée. » L'alliage des frères Monneron me semble être, relativement aux mon- naies, ce que l'alliage si connu et si beau des frères Relier est relativement au bronze statuaire. » Lorsque le temps sera venu de mettre à l'étude la question de la refonte dessous et de la fabrication d'une nouvelle monnaie destinée à les remplacer, i33.. ( ioo8 ) il sera bie» important d'examiner si la meilleure composition à leur assignet- ne serait pas précisément celle que présentent les monnerons, composition qui ne s'éloigne pas beaucoup de celle des médailles actuelles et des sous rouges de la République. Pour mon compte, je serais bien porté à croire qu'on trouverait dans de pareils alliages les deux qualités principales qu'on leur désire, la dureté qui les préserve de la déformation, et une certaine malléabilité qui leur permette de recevoir facilement les empreintes. » Le cuivre pur, bien qu'il serve seul à la fabrication des monnaies basses dans beaucoup de pays, semble être trop mou, et, d'un autre côté, l'alliage des cloches est beaucoup trop dur et trop cassant pour qu'on ne doive pas chercher une limite entre ces deux extrêmes. » Indépendamment de ces considérations, il en existe une autre très- puissante pour tenter la fabrication d'un aUiage monétaire dans lequel il resterait encore a à 4 centièmes d'étain et de zinc ; c'est qu'il résulte de la composition moyenne de nos monnaies qu'en les affinant très-légèrement ou • en les fondant avec 2 ou 3 centièmes de cuivre , on obtiendrait directement et économiquement un alliage plus ou moins semblable à celui des monne- rons, et présentant , comme je m'en suis assuré par l'expérience, toutes leurs propriétés physiques. » Les deniers tournois au millésime de 16/19, que j'ai eu l'occasion d'exa- miner, ont la même composition que les monnerons, et ils sont, comme eux, bien conservés et d'une empreinte remarquable. I) Il y a plus: des monnaies romaines, trouvées dans des fouilles faites à Vienne en Dauphiné , qui m'avaient donné la même composition que les monnerons et les deniers tournois de Louis XIV , présentaient, dans leurs parties centrales non oxydées, un alliage en tout point semblable aux pré- cédents. " Je pense donc , en me résumant, que l'alliage qui conviendrait le mieux sous tous les rapports à la fabrication d'une nouvelle monnaie, devrait pré- senter dans sa composition de 96 à 98 pour 100 de cuivi-e. » Il existe dans les sous de cloches une petite quantité d'antimoine , mais la présence de ce métal ne paraît pas modifier d'une manière bien sensible les propriétés physiques des alliages où le cuivre domine les autres métaux. Il est à ma connaissance que, dans le but d'apprécier le degré d'influence de l'antimoine dans les propriétés du bronze, on a fondu à Douai une pièce d'artillerie dans laquelle on a remplacé la totalité de l'étain par de l'anti- moine, sans déranger d'ailleurs les proportions ordinaires du cuivre, et ce canon, d'une composition toute nouvelle, soumis aux épreuves ordinaires , a paru ne différer en rien des bouches à feu en bronze. ( IO09 ) " L'étain nous vient de l'étranger, nous n'en avons pas en France une seule mine susceptible d'être exploitée, tandis que le sulfure d antimoine y est très-répandu. N'est-il pas permis d'espérer qu'on remplacera avec avan- tage, au moins dans un certain nombre de cas, l'étain, métal d'un prix élevé qui nous vient de l'étranger, par l'antimoine dont la valeur vénale est beau- coup moindre, et qu'on trouverait en France en quantités, pour ainsi dire, inépuisables. » Quoi qu'il en soit, l'expérience de Douai permet de penser que les* pe- tites quantités d'antimoine qui se trouvent dans une partie de nos monnaies de bronze ne seraient pas un obstacle à leur refonte. " Monnaies et médailles anciennes. — J'ai déterminé les quantités de cuivre contenues dans un nombre très-considérable de médailles et de mon- naies romaines, principalement parmi celles qui appartiennent aux em'^c- reurs romains; elles peuvent être divisées en trois classes : » La première classe, assez nombreuse, renferme les monnaies «t les mé- dailles en cuivre rouge. » Les numismates s'accordent à dire que les anciens peuples n'ont jamais employé le cuivre pur à la fabrication de leurs monnaies. Voici comment s'exprime Mongez dans un Mémoire sur l'art du monnayage chez les Anciens et chez les Modernes : « Il ne nous est parvenu, à ma connaissance, aucune monnaie antique de " cuivre pur; il est probable que si les Anciens avaient frappé des monnaies » de cuivre pur, l'oxydation les aurait détruites; mais nous en possédons » un nombre infini de bronze, c'est-à-dire de cuivre allié d'étain dans " toutes sortes de proportions, surtout de 4 à ii pour loo. >' Un hasard, ou plutôt la sécheresse de quelque mine, aurait pu néan- >' moins en conserver quelques-unes , et cependant on a toujours trouvé de » l'étain dans le grand nombre de médailles qu'on a essayées jusqu'ici. Si les >> Anciens avaient employé le cuivre sans alliage, on peut assurer qu'il ne » nous serait parvenu que des médailles d'or et d'argent , tandis que dans la » multitude des médailles antiques de bronze que nous possédons , il en est » qui ont plus de deux mille ans. Or, comme la nature présente très-rare- )' ment le cuivre et l'étain alliés dans les mines, il faut croire que les Anciens « ont fait cet alliage et qu'ils ont voulu assurer ainsi , à leurs monnaies , » même à leurs monnaies usuelles , une durée presque éternelle. » Nous-mêmes Français , nous n'avons fabriqué des monnaies de enivre » pur qu'en 1576, sous Henri IlL » >' Cette assertion est erronée, car non-seulement j'ai trouvé plusieurs fois ( lOIO ) des médailles romaines formées de cuivre affié à quelques millièmes seule- ment de métaux étrangers , mais j'ai analysé plusieurs pièces de monnaies en cuivre tellement pur, que les réactifs n'y décelaient pas la plus petite trace d'un métal étranger (i). Je n'oserais pas dire, toutefois, que les Romains connaissaient les moyens d'extraire le cuivre de ces minerais et de l'amener à un état de pureté parfaite, car il existe dans la nature, comme tout le monde le sait, une assez grande quantité de cuivre natif; j'ai en ma posses- sion un échantillon de ce métal aussi pur que le cuivre galvanoplastique le plus beau. » Quoi qu'il en soit, il ne peut plus dorénavant être douteux que le cuivre n'ait servi autrefois , comme il sert encore aujourd'hui dans beaucoup de pays, à la fabrication des monnaies, sans addition d'aucun autre métal. » La seconde classe de monnaies el de médailles anciennes est le bronze , c'est-à-dire un alliage de cuivre et d'étain renfermant ordinairement un dixième environ de ce dernier métal. La proportion minimum d'étain a été de 4 pour loo, et celle maximum de 20 pour loo; )' Celles qui renferment une grande quantité d'étain sont beaucoup mieux conservées que les autres et ressemblent tout à fait à nos sous de cloches. Quelques-unes de ces monnaies de bronze anciennes existent même dans la circulation. " La troisième classe de monnaies anciennes comprend celles qui ont une composition analogue à celle du laiton ; il n'est pas rare d'y rencontrer une légère trace d'étain, et souvent aussi un peu de fer; quelques-unes renfer- ment des traces de plomb; enfin, j'ai trouvé une de ces médailles qui conte- nait une quantité notable de cadmium. La proportion du zinc s'élève le plus ordinairement à 1 5 ou 16 pour 100. » « Après la lecture du Mémoire de M. Pelouze, M. Dumas fait remarquer que la Commission chargée, sous la présidence de M. le baron Thenard, de préparer la réorganisation des ateliers monétaires et la refonte des monnaies, avait adopté , il y a bien longtemps, l'alliage de 96 cuivre et 4 étain , pour la fabrication des nouveaux sous en cas de refonte. » Elle s'était dirigée sur des faits analogues à ceux que M. Pelouze vi*ent de rapporter; savoir, la belle conservation des bronzes antiques, des sous tête de Liberté, etc. (1) Je ne puis avoir aucun doute sur l'authenticité de ces médailles dont quelques-unes, trouvées dans l'aqueduc de Vienne, m'ont été remises par M. Chabert qui assistait aux fouilles. Mou ) » L'un des objets de la mission des Commissaires envoyés, en iSSg, en Angleterre par le Gouvernement était de s'assurer qu'on pouvait, avec les moyens dont la Monnaie de Londres dispose, laminer, découper et frapper im tel alliage. » La Monnaie de Paris avait préparé les barres qui furent monnayées à Londres. Elle avait elle-même produit des types de sous en bronze qu'elle avait frappés. » F^es essais de la Commission des Monnaies ont été mis sous les yeux de la Chambre des Députés, et ont réuni lassentiment universel par les belles qualités de l'alliage qui offre, en effet, toutes celles qu'une monnaie doit réaliser. » M. DuMÉRiL, en présentant à l'Académie un exemplaire de la cinquième édition de ses Éléments des Sciences naturelles, s'exprime dans les termes suivants : « Fj'ouvrage que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est un livre que j'ai publié, il y a quarante-deux ans, sur l'invitation du Gouvernement, et dont les éditions successives, au nombre de douze mille exemplaires, s'étaient écoulées rapidement parce qu'alors c'était le seul livre élémentaire au cou- rant de la science- Depuis i83o, date de la dernière édition, et pendant ces seize années, il s'est opéré une véritable révolution dans quelques parties très- impartantes de la physique et de la chimie : l'histoire naturelle devait en recevoir une grande influence; de sorte qu'il était nécessaire de donner à ces Éléments une nouvelle direction, d'autres explications; mais des circon- stances obligées de librairie s'y étaient opposées jusqu'à ce moment. " Dans cette édition compacte, d'un petit format , qui est cependant con- sidérablement augmentée, j'ai persisté à me servir d'une méthode d'exposi- tion analytique qui m'a permis d'énoncer rapidement et dans l'ordre naturel de la formation des idées, les faits les plus importants et les plus curieux de l'histoire naturelle des corps , en procédant constamment du simple au com- posé. Ce sont les premiers éléments des sciences d'observation, dont j'ai cherché à donner des idées claires et précises, de sorte que les principes de la physique et de la chimie, qui sont indispensables au naturaliste, s'y trou- vent exposés d'avance, ce qui permet d'étudier, avec méthode, l'histoire des corps anorganiqnes les plus simples, jusqu'aux plus composés : de même que les premières notions d'anatomie et de physiologie précèdent et éclairent l'histoire des végétaux et des animaux, et servent ainsi à faciUtér et à établir les règles de leur classification naturelle. Un très-grand nombre de figures, ( IOI2 ) gravées de nouveau au simple trait sur vingt-huit planches distribuées dans 1 ouvrage, donnent une idée générale des objets dont elles indiquent les principaux caractères , et représentent ainsi les bases principales de la science. » RAPPORTS. ZOOLOGIE. — Rapport sur des recherches de M. Vogt relatives à l'embryologie des Mollusques gastéropodes. (Commissaires, MM. Flourens, Valenciennes , Milne Edwards rapporteur.) « Dans la séance du % mars dernier, M. Vogt a soumis au jugement de l'Académie un travail considérable sur le développement de l'Actéon vert , petit Mollusque dont l'existence a été constatée sur les côtes de la Manche , il y a une trentaine d'années , par Montagu , mais dont l'histoire n'est encore qu'imparfaitement connue. Guvier avoue qu'il ne sait quelle place assigner à ce Gastéropode. M. de Blainville, adoptant l'opinion de Montagu, en fait une Aplysie; M. Rang pense que c'est un Nudibranche , voisin des Doris, et surtout des Placobranches de Van Hasselt; M. de Quatrefages le considère comme se rapprochant davantage des Éolidiens; enfin, si les observations de M. Souleyet venaient à être confirmées, il faudrait séparer l'Actéon de tous les autres Gastéropodes, car cet animal , au lieu de respirer par les branchies ou par la surface de la peau , comme les espèces aquatiques ordinaires , exer- cerait cette fonction à l'aide d'un système de vaisseaux aériens qui se ramifie- raient dans l'intérieur du corps , mode d'organisation que nous ne saurions comparer qu'à l'appareil trachéen des insectes. ' » Ces divergences d'opinion touchant la nature des Actéons devaient appeler les observateurs à faire , sur l'anatomie et la physiologie de ce Mollusque, des recherches nouvelles; on devait surtout désirer en connaître le mode de dé- veloppement, car il est bien démontré aujourd'hui que lembryologie fournil des éléments précieux pour la discussion des questions d'affinités zoologiques, et peut, dans bien des cas, mieux que l'étude, des animaux parfaits, nous éclairer sur la valeur des caractères anatomiques offerts par les divers groupes du règne animal. L'embryologie de l'Actéon pouvait avoir aussi un intérêt d'un autre genre , car on ne possède encore que fort peu de travaux sur le développement , soit des Mollusques , soit des Annelés ou des Zoophytes. .Fusqu'en ces dernières années on n'avait guère étudié les phénomènes géné- siques que chez le Poulet, le Lapin ou la Grenouille, c'est-à-dire chez les espèces appartenant toutes au même type fondamental, et l'on comprend fa- ( ioi3 ) cilement combien l'eirear était difficile à éviter lorsqu'à l'aide d'observations si partielles on cherchait à poser les lois du développement organique pour ]e règne animal tout entier. » M. Vogt a donc fait un choix judicieux eu prenant pour sujet de ses re- cherches l'embryologie de l'Actéon, et ce jeune zoologiste élait d'ailleurs parfaitement préparé à des études de ce genre où l'observation exacte des faits est non moins difficile que la juste interprétation de ces faits eux-mêmes. Effectivement, M. Vogt s'était déjà occupé, avec succès, de travaux analo- gues. On lui doit une monographie embryologique du Crapaud accoucheur, et un ouvrage très-i'emarquable sur le développement des Salmones, entre- pris et publié sous les auspices de notre savant correspondant à Neufchâtel , M. Agassiz, Ses recherches sur l'Actéon ontrété faites à Saint-Malo pendant l'automne dernier, mais quelques-uns des résultats qu'il a obtenus ont pu être vérifiés par les Commissaires de l'Académie , car M. Vogt est parvenu à con server en vie, pendant plusieurs semaines, des larves de ce Mollusque, et en a apporté un assez grand nombre à Paris. >' Dans la première partie de sa monographie, l auteur passe en revue les divers travaux publiés jusqu'à ce jour sur l'embryologie des Mollusques, et signale, entre autres observations, la description d'une larve d'Actéon donnée par M. Alman en septembre dernier, c'est-à-dire au moment même où M. Vogt poursuivait ses recherches sur les côtes de la Manche. M. Alman avait fait voir que, dans le jeune âge, ces Mollusques ont la même forme que les larves d'Éolidiens et d'Aplysies dont on doit la connaissance à MM. Sars, Van Be- neden, Nordmann, etc., mais il n'avait pas étudié le développement de ces animaux, et, relativement au mode de formation de l'organisme des Actéons, tout était encore à découvrir. » M. Vogt a commencé la série de ses observations au moment même de la ponte. Les œufs, réunis en longs cordons par une matière gélatineuse, sont de forme elliptique et n'ont pas ^ de millimètre dans leur grand diamètre. On y distingue, comme d'ordinaire, une membrane extérieure et une masse vitelline centrale qui renferme à son tour une vésicule transparente; et il est à noter qu'entre la tunique extérieure et le vitellus , se trouve un liquide visqueux qui offre quelque analogie avec l'albumen, mais qui ne paraît pas être sépare de la sphère vitelline par une membrane. FjC travail génésique commence aussitôt après la ponte et consiste d'abord dans ce fractionnement progressif de la masse vitelline, qui a été constaté, pour la première fois, dans l'œuf de la grenouille par MM. Prévost et Dumas, et qui, depuis lors, a été observé dans presque toutes les classes du règne animal. Les embryo- C. R., 1846, 1«' Scm«(re. (T. XXll, ^''2S■) » 34 ( ioi4 ) logistes sont partagés d'opinion quant à la nature de ce phénomène: suivant les uns, ce fractionnement dépendrait de la transformation du vitellus en cel- lules ou sacs membraneux dont le nombre s'accroîtrait rapidement et dont le volume diminuerait en raison inverse de cette multiplication; suivant d'autres, ce ne serait que l'effet d'un mode particulier de groupement des molécules de la matière grenue de l'œuf: les sphères secondaires ou tertiaires résulteraient seulement de l'agrégation de cette matière autour d'un nombre sans cesse croissant de centres ou foyers de condensation , et ce ne serait qu'à une période plus avancée du travail génésique que les petites masses, ainsi formées , se revéteraient d'une membrane pour constituer de véritables utri- culesou cellules. La première de ces théories, soutenue par Schwann , Barry, Reichert et plusieurs autres physiologistes, avait été déjà attaquée par M. Vogt dans son travail sur le développement du Crapaud accoucheur, pu- blié en 1842, et l'explication que cet observateur donna alors du fraction- nement du vitellus a été adoptée par la plupart des embryologistes, et no- tamment par M. Bischoff , M. KoUiker et M. Goste. IjCS recherches dont nous avons à rendre compte ici fournissent de nouveaux arguments en faveur de la thèse que soutient M.. Vogt, et montrent en effet que si, dans certains cas, la formation des cellules organiques s'effectue peut-être, comme le pensent MM. Schleiden et Sclivi^ann, à l'aide d'une sorte d'ampoule s'élevant à la sur- face d'un corps nucléolaire et s'agrandissant à mesure qu'elle re Pendant que M. Vogt poursuivait, à Saint-Servan , ses recherches sur l'Actéon , le zoologiste distingué dont nous venons de citer le nom publiait, à Saint-Pétersbourg, un travail considérable sur le développement d'un autre Mollusque gastéropode, le Tergipes Edwardsii, et, si l'on compare les résultats obtenus par ces deux observateurs, on ne peut qu'être frappé de l'accord remarquable qui y règne. M. Vogt diffère du savant professeur d'Odessa sur l'interprétation de quelques faits constatés par l'un et par l'autre ; mais la manière dont il nous représente le fractionnement du vitellus , la for- mation de l'embryon et l'organisation de la larve de l'Actéon , rappelle tout à fait ce que M. Nordmann nous montre chez les Tergipes. Nous voyons effectivement que cesEolidiens, envoie déformation, de même que l'Actéon, se constituent tout autrement que ne le ferait un animal appartenant au type des Vertébrés ; que les différences entre le Mollusque et le Vertébré se pro- noncent dès le début du travail génésique , et que ce n'est pas à l'aide de la théorie des arrêts de développement qu'on peut ramener l'organisation de ces êtres à un même plan qui serait mis en œuvre par la nature, tantôt d'une manière complète, tantôt en partie seulement. Nous voyons aussi que, pen- dant toute la première période de leur existence, les Actéons et les Tergipes ont entre eux la ressemblance la plus étroite, et que c'est seulement aux ap- proches du terme de leur développement que les particularités d'organisation caractéristique de ces deux types malacologiques se manifestent. » Les recherches de M. Vogt et de M. Nordmann, faites à une si grande distance et sans aucune communication entre leurs auteurs, se prêtent donc un mutuel appui; les résultats généraux qui en découlent sont aussi en com- plet accord avec les conclusions précédemment déduites d'observations analogues par l'un de nous, et nous insistons d'autant plus sur cette concor- dance , que l'occasion se présente rarement pour répéter des travaux de ce genre , et que les faits de cet ordre sont encore trop nouveaux dans la science pour être accueillis sans quelque réserve par tous les physiologistes. ') En résumé, le Mémoire de M. Vogt nous paraît être un travail appro- fondi et intéressant pour la zoologie physiologique, aussi bien que pour l'histoire particulière des Gastéropodes du genre Actéon. Nous regrettons que l'auteur n'ait pu le compléter par l'observation des dernières méta- morphoses de ses Mollusques, et peut-être aurait-il ajouté à l'intérêt que pré- sentent ses recherches s'il les avait mises en parallèle avec les conclusions déduites de létnde embryologique des animaux supérieurs, et s il avait dis- cuté les résultats généraux qui en découlent ; mais il ne dépendait pas de lui ( loai ) de remplir la lacune que nous venons de sijJiialer dans la série de ses obser- vations, et la réserve qu'il a cru devoir garder quant à la portée des faits dont on lui doit la connaissance n'en diminue aucunement la valeur réelle. " En conséquence, nous avons l'honnour de proposer à l'Académie d'en- gager M. Vogt à poursuivre ses travaux embryologiques sur les Mollusques, et d'ordonner l'impression de son Mémoire sur le développemeut de TActéon dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. KMBRYOGKNiE COMPARÉK, — Remarques de M. Serres à l'occasion d'un passage du Rapport précédent. « Les questions d'embryogénie sont si pleines d'intérêt , que les reclierches qui les concernent ajoutent toujours quelque chose à la science, lors même qu'elles ont été précédées par des observations analogues ou faites simulta- nément par un antre observateur. » I>oin de perdre par cette concurrence, leur valeur est accrue au con- traire, car elle prouve deux choses: elle prouve, d'une part, la justesse des observateurs; elle prouve, d'autre part, la fixité de la nature dans la mani- festation de ses développements. >i Aussi j'adopte les conclusions du Rapport que l'Académie vient d'en- tendre sur un Mémoire de M. Vogt, relatif à l'embryogénie de l'Actémi vert. " Il n'en est pas de même de l'une des vues émises par l'honorable rap- porteur concernant l'influence que peut exercer le système sanguin sur l'en- semble des développements embryonnaires. La question du développement de l'Actéon vert, envisagée sous ce point de vue, revêt un caractère de gé- néralité qui pourrait induire à des conséquences trompeuses, si l'on n'eu déli- mitait avec précision la portée. " L'Actéon vert paraît privé de vaisseaux sanguins et de cœur, et néan- moins il est pourvu d'organes; d'où l'on conclut que le système sanguin n'en- tre pour rien dans leur développement. Ici l'évidence ressort tellement des faits, qu'elle n'est pas même susceptible de discussion. Il est clair, eu effet, que si un système organique manque complètement, son influence est nulle sur le développement de ceux qui restent. C'est un animal de plus ajouté à tant d'autres animaux inférieurs privés de ce système en totalité ou en par- tie, et que l'on a opposé avec tant de raison à l'hypothèse de Haller sur l'action génésique du cœur et des vaisseaux sanguins (i). (i) Voyez, pour l'apparition tardive du cœur chez le Poulet, notre troisième Mémoire C. R, 1846, i"S#m«(re. (T XXII, N" Î88.) '35 ( loaa ) " Sous ce point de vue, l'embryogénie de l'Actéon vert est la répétition de l'embryogénie du Poulet. » Si l'on suit l'ordre d'apparition des parties dans les premiers temps de l'incubation, on observe, i°que les lames de la moelle épinière, ainsi que celles qui vont constituer les vésicules cérébrales , apparaissent en premier lieu; 2° on voit apparaître, en second lieu, les noyaux vertébraux; 3° et en troisième lieu , le capuchon céphalique et les rudiments du canal intestinal. Jusqu'à la fin du premier jour, et en présence d'une organisation déjà assez riche, il n'y a sur l'embryon primitif ni trace du système sanguin, ni trace de cœur. » Chez l'embryon du Poulet à cette période, de même que chez celui de l'Actéon vert, l'absence du système sanguin indique donc, i° im retard de développement dans les éléments constitutifs du système sanguin ; 2" elle ind i- que, de plus, une indépendance génésique entre les parties déjà existantes. » Le rapport de l'embryogénie primitive des Vertébrés , comparée à celle des Invertébrés, trouvera peut-être sa raison dans une des découvertes les plus importantes de l'embryogénie moderne : cette déconverte est celle do la membrane blastodermique , et des trois lames qui entrent dans sa com- position. » Le résultat de cette découverte en embryogénie comparée a été, d'une part, de délaisser l'action génésique que l'on attribuait aux systèmes orga- niques, tantôt au système nerveux, tantôt au système sanguin ; et, d'autre part, de transporter celte action sur les lames qui entrent dans la composition même du blastoderme. D'où le nom de lames gerniinatrices qui leur a été donné. " Voilà pour les analogies primitives. •I Voici pour les différences : » Chez le Poulet , la lame séreuse ou externe entre toujours la première en action; vient ensuite la lame muqueuse ou interne; puis, en dernier lieu , la lame vasculaire ou moyenne. Les organes qui proviennent de ces diverses lames suivent constamment le même ordre d'apparition. .. Chez l'Actéon vert, il paraît, au contraire , que la lame muqueuse , ou les sphères opaques qui la représentent, ouvre les développements que suit en- suite la lame séreuse ou les sphères transparentes, tandis que la lame vas- culaire reste en repos, soit qu'elle n'existe pas dans la composition de son vitellus , soit qu'elle avorte dans son développement. (l'Anatomie transcendante publié, en mai-s 1829, dans les Annales cLs Sciences naturelles; apparition tardive que l'on a été si longtemps à méconnaître on embryogénie comparée. ( I023 ) " Ce dernier point, je ne l'ai pas saisi à la lectnre du Rapport. » L'embryogénie moderne a constaté également que de la lame externe ou séreuse sortent les organes périphériques et l'axe cérébro-spinal du système nerveux; que de la lame interne ou muqueuse proviennent le canal intes- tinal et ses nombreuses dépendances, tandis que la lame moyenne ou vascu- laire donne naissance aux vaisseaux et au cœur. » Si nous appliquons ces faits à l'embryogénie primitive du Poulet jusqu'à la vingt-cinquième heure et à l'embryogénie de l'Actéon vert, nous trouvons que , dans l'une et dans l'autre , les lames séreuses et muqueuses du blasto- derme sont entrées en action, tandis que, dans l'une et dans l'autre, l'action do la lame moyenne ou vasculaire est en retard. C'est là, c'est-à-dire dans la composition même du blastoderme ou des sphères vitellines qui la représen- tent, que réside peut-être la cause des analogies et des différences que pré- sente l'embryologie primitive des Vertébrés et des Invertébrés. Peut-être aussi est-ce là que l'on trouverait la cause des dissidences qui se sont élevées entre deux anatomistes distingués, et au sein même de l'Académie, au sujet de l'or- ganisation de ces Mollusques inférieurs. » Quoi qu'il en soit, et pour revenir à l'embryogénie de l'Actéon vert, on conçoit que si la lame vasculaire du blastoderme n'existe pas ou est avortée, l'avortement ou l'absence du système sanguin doit en être la conséquence. » Il n'est pas nécessaire de rapporter ici les analogies et les différences qui ont été signalées par les embryologistes de nos jours , concernant la compo- sition de la vésicule procifère et du blastoderme dans les deux embran • chements. Je ne rappellerai qu'un fait relatif à la disposition de la lame vasculaire. » Chez les Vertébrés, et particuhèrenient chez le Poulet, la lame vascu- laire est indépendante des deux autres lames. Chez les Invertébrés, au con- traire, d'après les recherches de MM. Ratke et Valentin, la lame vasculaire est unie et quelquefois confondue avec la lame externe ou séreuse. On juge des résultats que doit produire cette différence de composition dans les dé- veloppements des deux embranchements, si toutefois l'observation la con- firme. " De ce qui précède il suit que, dans l'état présent de l'embryogénie comparée, l'action génésique ne saurait être attribuée à un système orga- iiique de l'embryon, pas plus au système sanguin qu'au système nerveux. Les progrès de l'embryogénie moderne ont montré que cette action réside dans les lames germinatrices qui entrent dans la composition du blastoderme. " Mais de ce que le système sanguin ne jouit pas d'une action génésique, i35.. ( I024 ) du fait incontestable que son apparition est constamment tardive tant dans l'embryogénie des Vertébrés que dans celle des Invertébrés, s'ensuit-il que son influence soit nulle dans la série des développements? Je ne le pense pas ; les faits anciens et modernes s'élèveraient contre cette assertion. Les faits ont établi que le volume des organes est proportionnel , dans le cours de l'em- bryogénie, au diamètre de la lumière, ou au volume des artères qui les pé- nètrent ou qui en pro.vienuent. C est celte dernière proposition que je me suis efforcé de faire ressortir dans quelques-uns de mes travaux. Je n'en citerai qu'un exemple que je choisirai encore dans le développement du Poulet. >' On sait qu'au moment où l'ovaire se détache du corps de Wolf , le ca- libre de l'artère ovarique est très-exigu ; à mesure que ce calibre s'accroît, on voit l'ovaire s'accroître dans la même proportion jusqu'à la naissance du Poulet. Il y alors deux ovaires égaux en volume, et deux artères ovariques d'un égal calibre. Mais, après la naissance, un mouvement rétrograde dont la cause nous échappe se manifeste simultanément sur l'artère et sur l'organe. On voit une des artères ovariques diminuer de volume successivement, jus- qu'à être réduite à zéro d'existence , et l'on observe que l'atrophie de l'ovaire correspondant suit la même dégradation jusqu'à sa disparition complète. D où il suit que le développement de l'organe et sa disparition sont exactement re- produits par le développement et la disparition de l'artère. » Telle est l'influence que me paraît exercer le système sanguin dans leni- bryogénie comparée; quoique restreinte génésiquement, on voit qu'elle ne laisse pas encore que d'être très-importante. » Au reste, à l'occasion du Rapport sur l'embryogénie de l'Actéon vert, notre savant collègue M. Milne Edwards, ayant rappelé les Mémoires de MM. Souteyet et de Quatrefages, j'attendrai que le Rapport en soit fait à l'A- cadémie pour reprendre cette question si difficile , que je ne puis qu'effleurer dans cette improvisation. " Réponse de M. Milne Edwards. « Les remarques que notre savant collègue vient de présenter à l'Aca- démie ne changent en rien mon opinion relativement au rôle secondaire soit du cœur, soit des artères ou des veines, dans le travail génésique chez les embryons des Mollusques gastéropodes, des Annélides, etc. " On pensait, il n'y a pas bien longtemps, que dans l'économie animale en voie de formation , le développement des organes s cffecluail sous l'influence du sy.stème sanguin ; ou , en d'autres mots, que ce système était le régulaîenr ( loaS ) de tous les autres, et aujourd'hui encore mon honorable confrère vient d a* jouter que « dans le cours de l'embryolofjie , le volume des organes est pro- » porlionnel au diamètre de la lumière, ou au volume des artères qui les " pénètrent ou qui en proviennent. » » En 1844 j à 1 occasion de mes recherches sur le développement des An- nélides, j'ai fait voir qu'en embryogénie comparée on ne peut considérer cette relation entre le développement d'un organe et le volume de son artère, comme étant une loi génésique, parce que chez ces Vers presque tous les or- ganes se constituent, acquièrent un volume considérable et entrent en fonc- tions avant que les artères ne soient visibles. J'ai montré aussi que chez beau- coup de Mollusques l'irrigation nutritive ne semble s'effectuer dans l'organi- sation, pendant toute la première période de la vie, que par l'intermédiaire de simples lacunes, et que le cœur ne se forme que très-tard. T^es observations de M. Vogt sont venues confirmer, à cet égard, les miennes, et de tous ces faits j'ai conclu : » 1°. Que chez les Mollusques ainsi que chez les Annélides et probable- ment chez tous les autres animaux sans vertèbres , ni le cœur, ni les artères , ni les veines, ne peuvent exercer sur l'organisme en voie de formation I in- fluence dominatrice dont il vient d'être question ; " 2°. Que, si la proposition émise par notre savant collègue, touchant le rapport nécessaire entre le développement de l'artère et le développement des autres organes, demeure applicable à l'embryon du Poulet et des Ver- tébrés en général, il en résultera que les lois génésiques (|ui règlent le mode de développement de l'embryon ne sont pas les mêmes pour le règne animal tout entier. » Or, je le répète, les observations nouvelles de M. Vogt, observations dont l'exactitude n'est pas contestée, confirment pleinement ces conclusions. » Notre savant collègue voit l'explication de ces différences embryogéni- ques chez l'Actéon comparé au Poulet, dans un arrêt de développement du feuillet moyen dont l'existence a été, signalée dans le blastoderme des Verté- brés supérieurs, .le n'entrerai pas dans cette question, car les observations positives manqueraient bientôt si l'on voulait discuter la justesse de ces vues en ce qui concerne les Mollusques, et je remarquerai seulement que ce n'est pas la cause de la formation tardive du cœur des Mollusques dont je me suis occupé , mais de ce fait lui-même : or ce fait reste acquis, et rien ne montre que les conséquences que j'en ai tirées soient inexactes. » Je craindrais d'envahir trop de place dans nos Comptes rendus si je m'é- tendais sur les motifs qui me portent à différer de M. Serres relativement à la ( ioa6 ) question générale qui domine tous ces points de détail , savoir, l'unité où la multiplicité des types embryologiques. Pour le moment, je m'en réfère à ce que j'ai publié ailleurs sur ce sujet; mais, dans une autre occasion , peut-être prierai-je l'Académie de vouloir bien me permettre d'exposer ici les raisons qui me semblent militer en faveur de mon opinion. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Mémoire de MM. A. Koechlin concernant une nouvelle turbine construite dans leurs ateliers. (Commissaires, MM. Poncelet, Pioberf, Morin rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Poncelet , Piobert et moi , d'examiner le Mémoire et les résultats d'expériences qui lui ont été adressés par MM. A. Kœchlin sur une nouvelle turbine construite dans leurs ateliers. Nous venons lui rendre compte de cet examen. " Sous le nom de turbines on désigne généralement aujourd'hui les roues hydrauliques à axe vertical susceptibles de marcher plus ou moins avanta- geusement quand elles sont noyées dans les eaux d'aval. Ce nom doit encore être appliqué à des roues disposées d'une manière quelconque et complète- ment immergées dans la masse liquide qui les fait mouvoir. Mais si la déno- mination est nouvelle, la machine est ancienne, et de temps immémorial on construit dans le Dauphiné, dans la Provence, dans le Languedoc, dans la Lorraine, dans la Bretagne et jusque dans l'Algérie, des moteurs de ce genre. Anciens ou nouveaux , tous ces moteurs peuvent être partagés en deux grandes classes: la première, comprenant les roues qui reçoivent et laissent échapper l'eau à la même distance de l'axe de rotation ; la seconde, contenant les roues dans lesquelles l'eau sort plus loin ou plus près de l'axe qu'elle' n'y est entrée. " A la première classe se rattachent, i° les roues du midi de la France, de la Bretagne, de l'Algérie, dites à rouet volant, recevant dans leurs aubes, en forme de cuiller, le choc d'une veine fluide qu'une buse pyramidale y verse avec une vitesse considérable, et qui, généralement, ne sont pas des- tinées à marcher noyées. Elles produisent, d'après les expériences de MM. Piobert et Tardy, officiers supérieurs d'artillerie , un effet utile qui s'élève au plus, mais rarement, à o,3o ou o,35 du travail absolu du mo- teur (i). » 2°. Les roues à cuve renfermées dans des cuves cylindriques en pierre ou en charpente, dans lesquelles l'eau est amenée par un canal ou coursier qui (i) Des roues de ce genre sont décrites dans le Recueil intitulé : Diverse artificiose machine, d'Agostino Ramelli, publié à Paris en i588. ( 1037 ) se rétrécit' depuis le réservoir jusqu'à la cuve à laquelle il est tangent. Le liquide arrive ainsi à la surface supérieure de la roue, tourbillonne dans la cuve , s'y élève à une hauteur souvent considérable et s'échappe par la par- tie inférieure des aubes courbes de forme hélicoïde plus ou moins régulière. Ces roues, en usage "â Toulouse et dans quelques anciens moulins de Metz, ne donnent, d'après les expériences des mêmes observateurs, qu'un effet utile égal à o,io ou o,i5 du travail absolu dépensé par le moteur. » 3°. La roue proposée par Signer, en i'j5o , dans ses Exe rcitationes hj- diaulicœ, et dont Euler, par une fraude paternelle, donna, en 1752, dans les Mémoires de la Société de Gœttingue, sous le nom de son fils Albert, une théorie qu'il reproduisit plus complète, sous le sien, en 1753, dans Y Histoire de l'Académie royale de Berlin (année 1754). Dans cette roue, l'eau est distribuée sur la totalité ou sur certains points d'une zone annulaire, con- centrique à l'axe par des tuyaux convenablement inclinés, auxquels le savant géomètre proposa, dès cette époque, de substituer des diaphragmes contigus, ou directrices courbes , destinés à verser à la fois l'eau sur le pourtour annulaire et horizontal de la zone occupée par les aubes également courbes et contiguès. » A cette variété se rattachent la roue proposée par M. Burdin et établie en i8u6 au moulin de Pont-Gibaud , département du Puy-de-Dôme; la tur- bine de M. Fontaine Baron, mécanicien à Chartres; celles que construisent MM. André Kœchlin, concessionnaires d'un brevet originairement pris par feu M. Jonval, et d'autres turbines établies l'écemment à Saint-Maur par M. Bourgeois. » Iva seconde classe de turbines comprend, comme on l'a dit, celles qui reçoivent et rejettent l'eau, soit de l'intérieur à l'extérieur, soit de l'extérieui à lintérieur, et dans lesquelles la force centrifuge ou les effets de réaction jouent un rôle plus ou moins important. A cette classe se rattachent, 1°. les roues à réaction , et en particulier la roue ou volant à réaction, du doc- teur Barker, décrite en 1792 dans un Mémoire lu à la Société philosophique américaine par le docteur Waring, et qui est tout à fait analogue au volant hydraulique que M. Manoury d'Ectot proposa plus tard, sans avoir eu pro- bablement connaissance du projet de l'auteur américain ; la roue de IVI. Pas- sot, etc. » 2". Les roues à palettes planes ou courbes recevant leau sur le contour d'une zone annulaire intérieure et la rejetant à l'extérieur, comme celle que M. Manoury d'Ectot établit vers i8o4 au moulin de Montaigu, près deCaen, laquelle a fonctionné jusqu'en 1828, et fut l'objet d'un Rapport favorable de Carnot présenté à l'Académie le 21 juin 181 3. ( I028 ) » Cet(e variété comprend aussi la turbine élablie en iSa'y à Pont-sur-l'O- {jnon , département de la Haute-Saône , et qui est le type de celles auxquelles M. Fourneyron a tlonné son nom. » 3°. Les roues à poire, décrites par Bélidor, n° 668, dans son y4rchitec~ ture hydraulique, qui reçoivent leau dans une enveloppe annulaire tron- conique fixe, portent des palettes hélicoides disposées sur un noyau tronco- nique, et laissent échapper l'eau vers le centre, fia danaïde de M. Mauoury d'Ectot est une modification de ce système. On sait qu'elle fut rohjet d'un Rapport favorable lu le 23 août i8i3 à l'Académie des Sciences par Carnot. Ce Rapport dit que, dans des expériences faites en présence d'une Commis- sion composée de MM. Périer, de Prony et Carnot, l'effet utile s'est élevé à 0,70 ou 0,76 du travail dépensé. Une roue de ce genre, élablie à Aubry- sur-Troin, département de l'Orne, a marché jusqu'en 181 5. » 4°- Enfin , notre confrère M. Poncelet a aussi proposé, en iSaô, l'emploi d'une roue à aubes courbes recevant l'eau sur tout ou partie de son contour extérieur, au moyen de ventelles et de directrices, et la versant à l'intérieur. Plusieurs roues de ce genre sont établies dans le Midi, et particulièrement à Toulouse. " Nous n'avons pas, dans ce Rapport, à nous occuper de cette seconde classe de turbine, et, après avoir succinctement indiqué l'analogie et les dif- férences qui existent entre ces divers moteurs, nous nous bornerons à parler de celui qui fait l'objet de notre examen. » D'après les renseignements que nous nous sommes procurés, cette tur- bine a été introduite dans les ateliers de construction de MM. A. Kœchlin et compagnie par feu M. Jonval , qui avait pris, le 27 octobre 1841, un brevet comprenant trois moteurs de ce genre, disposés sur un même canal ou tuyau de circulation, et destinés à fonctionner ensemble ou séparément selon l'a- bondance des eaux. fVun d'eux, à axe horizontal, était à la partie supérieure; ic deuxième, à axe vertical, vers le milieu de la chute, et le troisième, à axe horizontal, dans le bas. En i843, Jonval céda les droits que lui assurait sou brevet, à MM. A. Kœchlin. Dans les ateliers de ces habiles constructeurs, et à l'aide de Iciu- expérience, la turbine proposée par Jonval reçut des per- fectionnements notables. Sur les trois dispositions indiquées par l'auteur, ou admit, à peu près exclusivement d'abord, celle qui place la roue entre les deux niveaux supérieur et inférieur; m.ais récemment, dans la vallée de Munstei , pour une chute de 18 mètres environ, on a établi deux turbines do o"',20 de diamètre montées sur le même arbre horizontal à droite et à gauche du tuyau vertical d'arrivée, et qui se partagent un volume d'eau d'environ ** ( 1029 ) 5o litres en i seconde. Cette division de la force motrice diminue considé- i-ablement la pression sur le pivot de l'arbre qui f^it quinze à seize cents tours en I minute, et conduit cinquante-quatre métiers à tisser sans préparation, <;e qui peut exiger une force de huit à neuf chevaux. » Par suite des essais faits chez MM. A. Kœchlin , les proportions de cette turbine furent déterminées, les formes bien tracées, l'exécution rendue par- faite. Mais, en rendant justice à l'habileté de ces constructeurs, nous n'avons pas cru devoir passer sous silence le nom de l'inventeur obscur et modeste qui mourut peu de temps après que le succès eut été assuré: la mémoire des morts n'a-t-elle pas ses droits comme les intérêts des vivants? « Le récepteur hydraulique qui nous occupe, et dont nous mettons un modèle sous les yeux de l'Académie , se compose d un tuyau vertical qui se raccorde, à sa partie inférieure, avec un autre tuyau à section rectangulaire, dont l'axe est horizontal , et qui est muni d'une vanne verticale , pour per- mettre ou suspendre à volonté le mouvement du liquide. " Vers sa partie supérieure, le cylindre est rétréci et alésé exactement pour recevoir la roue, qui n'y a qu'un jeu de i millimètre au plus; au- dessus de cette portion alésée, le tuyau s'évase légèrement en tronc de cône, et reçoit la couronne qui porte les courbes directrices, et à travers laquelle passe l'arbre vertical de la roue; une garniture exacte empêche l'eau de s'écouler entre l'arbre et l'ouverture qui lui est réservée. » La surface de ces directrices est engendrée par une ligne droite qui se meut horizontalement en passant par l'axe vertical du cylindre, et en s'ap- puyant sur une courbe tracée sur la surface cylindrique du noyau de la couronne. L'élément supérieur de cette courbe est à peu près vertical, tandis que son élément inférieur forme un angle d'environ 34 degrés avec l'horizontale. » Les aubes de la roue sont aussi des surfaces réglées à génératrices ho- rizontales dirigées vers l'axe, et qui suivent une directrice tracée sur le cylindre intérieur de cette roue. L'élément supérieur de cette directrice forme, avec le plan horizontal, un angle de 70 degrés, et l'élément inférieur un angle d'environ 3o degrés. " On voit, par cette description succincte, que cette roue offre la plus grande analogie avec la turbine décrite par Euler et avec celle de M. Fon- taine Baron ; elle diffère de la première en ce que les directrices et la roue n'ont que fort peu de hauteur, et de la seconde, en ce que celle-ci a pour chaque directrice une petite vanne dont le plan passe par l'axe vertical, et qui permet de régler la dépense d'eau. C. R., 1846, i« Semestre. (T. XXII, N» 5MJ.) » 36 { io3o ) " r>a roue, ordinairement placée dans une position intermédiaire entre le réservoir supérieur et le canal de fuite , repose sur un support en fonte placé dans le cylindre. Des dispositions simples sont prises pour que la cra- paudine et le pivot, constamment plongés dans Teau, puissent être lubrifiés d'huile. » Le tuyau supérieur s'assemble, près des rebords, avec le fond du canal d'arrivée, sur lequel il doit y avoir une profondeur d'eau telle, qu'il ne se forme pas au-dessus des espèces de trombes aspirantes, qui conduiraient l'air au travers de la roue et nuiraient à sa marche. " A l'extrémité du tuyau horizontal inférieur est une vanne, qui sert à régler la dépense d'eau entre certaines limites. Pour tous les cas où la di- minution du volume d'eau à dépenser est considérable et dure pendant quelque temps, on garnit les intervalles des aubes de la roue avec des coins obturateurs , qui diminuent la capacité des canaux de circulation du liquide dans la roue, et que l'on place ou enlève en peu de temps, en mettant le ré- servoir à sec. » En plaçant , comme nous venons de le dire , la roue vers la partie su- périeure de la chute, on a trouvé le moyen de réduire à peu de chose la longueur de l'arbre et le poids du moteur, et la facilité de le visiter, d'y placer ou d'enlever les coins obturateurs. Mais c'est à cela que se réduit la- vantage de cette disposition , et , sous le rapport de l'effet utile , elle n'en [)résente aucun, et peut-être même est-elle plus nuisible que profitable. L'erreur dans laquelle on est tombé à ce sujet repose sur la proposition sui- vante, énoncée dans la Notice adressée à l'Académie : « En mettant en communication deux biefs superposés , au moyen d un n tuyau dont on resserre la section par un récepteur placé en un point quel- » conque pris dans sa hauteur, la vitesse de la veine fluide à l'endroit ainsi •> resserré sera celle due à la différence de hauteur des deux niveaux. » " Ce prétendu principe , qui est en contradiction avec les règles de 1 hy- draulique et les lois du mouvement des liquides à travers des passages plus ou moins étranglés , où ils éprouvent des pertes de force vive , n'est pas moins démenti par l'expérience, ainsi que nous le ferons voir plus loin. Le nom de turbine à double effet, donné à ce moteur, nest donc pas justifié, car il n'y a ici d'autre travail moteur que celui qui est développé par la pesanteur. " Si nous avons insisté pour signaler cette erreur, c'est qu'elle a été l'origine de certaines exagérations contre lesquelles il est bon de prémunir les constructeurs , car elles pourraient être pour eux la cause de graves mé- comptes. Quoi qu'il en soit, le moteur que nous avons été chargés d exa- (.io3i ) miner n'en paraît pas moins d'un emploi avantageux dans beaucoup de circonstances. » C'est ce que démontrent les résultats de nombreuses expériences au frein, et parmi lesquelles nous citerons d'abord celles qui ont été commu- niquées par MM. A. Kœchlin et faites par leurs ingénieurs, puis répétées par le Comité de mécanique de la Société industrielle de Mulhouse, sur une turbine établie chez MM. Kunneann frères, au pont d'Aspach, dans le département du Haut-Rhin, et sur une turbine établie à Steinen. » Dans les expériences sur la turbine du pont d'Aspach , le jaugeage des dépenses d'eau a été fait au moyen d'un déversoir établi à loo mètres en aval de la turbine dans le canal de fuite, et pour lequel on a pris pour coefficient de la formule Q = mLHv/ïpi, le nombre m = o,4o, valeur qui nous paraît un peu faible, mais qui se rapproche beaucoup de celle de o,4i, que l'un de nous avait adoptée en i838 pour le calcul des résultats de ses expériences sur la turbine établie à Miill- bach par M. Fourneyron. Ce rapprochement a pour but de montrer que les résultats obtenus par le Comité de mécanique de la Société industrielle de Mulhouse sont calculés d'après des données et des formules qui les rendent directement comparables à ceux qui ont été obtenus en i838 à Mûllbach. >' Des observations préliminaires ont permis de jauger le produit des fuites et de le déduire de la dépense faite pendant les expériences. Mais il faut observer que, pour l'observation de ces fuites, la charge, sur le déver- soir, n'ayant été que de o™,o48, et l'épaisseur du madrier étant au moins de o™,o5o, le bord de ce madrier a dû produire dans la dépense une dimi- nution notable, et qu'au lieu de prendre, pour évaluer ces fuites, la valeur m = 0,42 pour le coefficient de la dépense, on aurait dû, d'après les expé- riences de MM. Poncelet et Lesbros, adopter celle de m = 0,26; de sorte que ces fuites, estimées à 66 litres, devraient être réduites à 4o'",8, ce qui augmenterait la dépense réelle faite par la turbine de aS litres environ ou de 2^. On voit donc que cette légère rectification n'aurait pas une influence considérable sur les résultats. » Ces expériences ont été exéctitées sur deux roues de o'",8oo de diamètre, successivement placées dans le même tuyau et dont on trouvera les dimen- sions dans le LXXXVIII® Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, qui ne différaient que par le nombre et les proportions des orifices de passage. i36.. ( loSi ) » Il a été remarqué et constaté que la première roue éprouvait, contre les courbes conductrices, un frottement qui a été assez considérable pour dimi- nuer notablement l'effet utile. Mais la seconde, qui était montée avec plus d'exac- titude, adonné, à des vitesses comprises entre i68 et 90 tours en une minute, pour le rapport de l'effet utile disponible mesuré par le frein au travail absolu du moteur, des valeurs comprises entre 0,7a et o,83, résultats sensiblement les mêmes que ceux qui avaient été précédemment obtenus et annoncés par MM. A. Kœchlin. En admettant que, d'après les observations précédentes, on dût estimer la dépense à |^ en sus de la valeur admise par le comité de la Société Industrielle de Mulhouse, le rapport de l'effet utile disponible au tra- vail absolu dépensé par le moteur serait encore compris entre o,63 et 0,71 pour des vitesses .variables de 168 à 90 tours en i minute. L'effet utile de celte turbine a donc été égal à celui qui a été trouvé, dans le cas le plus fa- vorable, avec la turbine de Miillbach construite par M. Fourneyron. » L'habileté et l'exactitude avec lesquelles procède la Société indus- trielle de Mulhouse suffisaient déjà pour montrer que la nouvelle turbine était un moteur digne d'entrer en concurrence avec les meilleurs récepteurs hydrauliques j mais il nous a paru utile, dans une question si importante pour l'industrie, de répéter ces expériences en les variant davantage. A cet effet, nous avons eu recours à MM. A. Kœchlin, qui ont mis à notre dispo- sition une turbine que l'on a installée à la poudrerie du Bouchei. )' Cette turbine a les proportions suivantes : Diamètre extérieur o",8io ^ , ( sans obturateurs o"", 1 20 Largeur des augets < , ,„ ( avec obturateurs. . . . o™,o4t) Nombre des augets r8 Sections ou orifices de la roue, ensemble. . . . o^ijOycô Aire de l'orifice de la vanne de sortie o°"i,2977 La chute disponible a varié de i^j^ô à i"',4o » On a exécuté plusieurs séries d'expériences en faisant varier dans cha- cune d'elles la charge de frein depuis la charge nulle jusqu'à celle qui arrê- tait la roue ou rendait son mouvement tout à fait irrégulier, de sorte que la vitesse a aussi varié dans des limites très-étendues. » On a fait fonctionner la roue d'abord sans obturateurs , ensuite avec la moitié, puis avec la totalité de ses aubes garnies d'obturateurs, et, dans quel- ques cas, toutes choses restant égales d'ailleurs, on a fait varier l'aire de l'orifice de sortie du bas de la roue, afin de reconnaître l'influence de sa pro- portion sur l'effet utile. ( îo33 ) « Le frein était monté sur l'axe même de la turbine , et sa poulie , à fond plein, formait une sorte de cijvette dans laquelle un filet d'eau, tombant avec continuité, après s'être chargé d'une portion du savon noir qu'on y avait mis , était rejeté à la circonférence par la force centrifuge , mouillait et lubrifiait avec continuité les surfaces flottantes. A l'aide de cette disposi- tion simple, cet appareil a fonctionné dans toutes les expériences avec une précision tellement remarquable, que le levier restait immobile et sans oscil- lations apparentes pendant des quarts d'heure entiers. » Ces observations prouvent que, pour les turbines même les plus légères, qui marchent vite, le frein , bien monté sur leur axe vertical, est un instru- ment d'une précision beaucoup plus grande qu'on ne le croit, et qu'il ne donne pas lieu à des chocs, comme on en éprouve souvent en le plaçant sur les arbres horizontaux qui marchent doucement. Nous croyons , au surplus , que l'on diminuerait beaucoup les chocs, dans ce dernier cas, en plaçant le levier du frein , ou , pour mieux dire, le centre de gravité de tout son appa- reil au-dessous de l'axe de rotation, ce qui rendrait son équilibre plus stable et tendrait à le faire toujours revenir à la position horizontale. » Les données et les résultats des expériences sont consignés dans le ta- bleau suivant : ( io34 ) NOMBRE RAPPORT LEVEE NDMÉROS DÉPENSE TRAVAIL de tours de EFFET de l'effet Utile de des d'eau CHUTE absolu Utile - — — , en totale. du la roue en mesuré par au travail absolu la vanne de séries. expér. I seconde. moteur. I minute. le frein. du moteur. la turbine. 1 Toutes les aubes 1 étant ouvertes. 1 , kil m Lm km \ > 375,87 1,665 6î5,82 171,5 261,11 0,417 2 369,09 1 ,705 629,31 180,0 359,17 0,571 3 364,01 1,690 6(5,17 147,0 362,60 0,589 4 36i ,22 1,685 608,66 ■ 28,7 378,00 0,621 1 5 6 356,36 1,680 598,70 118,0 402,76 °'V^ 0:419 0.697 ( * • 358,25 1,670 598,28 107,5 4'7."9 7 356,02 1,680 598,12 93,6 407,39 0,681 8 355,25 1,700 603,93 90,0 434,62 0,720 9 359,10 1,700 610,47 83,8 443,84 0,727 10 36i,48 1,740 628,97 75,1 433,03 0,688 / I 3o8,25 1,475 454,67 112,5 171,35 0,377 2 3o6,8o 1,480 454,06 i38,5 112,80 0,248 3 307,33 1,455 447,16 l32,0 i38,72 0,3.0 2. 4 396.9' 1,435 426,06 107,5 2x4,43 o,5o3 0,178 5 293,14 1,390 407,46 100,0 246,77 0,606 1 6 29',a4 i,36o 396,90 84,8 249,03 0,627 ) m 'uf aubes étant ouvertes et neuf réduites. f • 274,55 1,425 391 ,23 144,0 219,33 o,56i \ a 284,26 1,420 4o3,65 i3i,o 26. ,22 0,647 l ^ 278,27 1,423 395,97 112,5 277,62 0,701 ^ 277,03 1,320 365,68 122,5 .71,35 0,469 5 299,16 i,58o 472,68 144,0 219,33 0,464 5. 6 3o4,83 i,58o 48., 64 126,3 252, o5 0,523 0,426 7 296.78 i,6o5 476,33 120,0 296,81 0,622 1 8 3oi,i8 i,63o 490,91 109,0 320,73 o,653 9 297,58 1,680 499,92 106,0 36i,oo 0,723 1 10 296,10 i,73o 512,24 94,8 368,01 0,718 II 3o5,i2 1,760 537,02 80,0 348,55 0,649 1 273,63 1,608 440,00 1.4,4 ■74.07 0,396 2 274,97 1,623 443,53 100,3 221 ,o3 0,498 4. 3 266,83 1,6,3 430,40 io3,o 253,82 0,590 . o,63i "''-^ 4 271,71 1,647 477.50 96,0 282,24 5 277,32 1,680 465,90 84,8 289,04 0,620 6 271,77 1,712 465,28 69.3 268,93 0,578 I 253,90 1,720 436,70 100,0 i52,3i 0,349 \ i ^ 255,52 1,675 428,00 114,4 93,11 0,218 i 3. 3 228,00 1 ,640 373,92 , io3 ,0 132,37 0,354 > o,o<)5 1 4 228,61 i,6i8 369,89 90,0 i58,33 0,428 \ ! l 5 222,77 1,593 354,88 85,8 171 ,o3 0,482 J 1 ( io35 ) NOHBRE RAPPORT LEVEE NUMÉBOS DEPENSE TRAVAIL de tours de EFFET de Teffet Utile de des d'eau eo CHIITE totale. absolu du la roue en utile mesuré par au travail absolu la vanne de séries. expér. I seconde. moteur. 1 minute. le frein. du moteur. la turbine. 1 Toutes les aubes 1 ■ élanl réduites. / kil m km lim 324,10 1,540 345,11 i5o,o 86,78 0,25. 2 232 ,69 i,65o 383,93 i38,5 112,81 0,294 3 237,46 •,7'5 407,25 124,2 i3o,45 0,320 \ ^ 2o3,3i 1,349 274.27 109,0 140,40 o,5i2 1 5 213,39 1,485 3.6,67 109,0 i4o,4o 0,443 / 6 220,52 1,645 362,75 106,0 186,27 o,5i4 "> ^ \ ' ■^i8,79 1,727 377,85 98,7 196,81 o,5ai f 0,426 i ** 204, 3o 1-379 281,73 98,7 i5o,a3 0,533 / ^ '99-^9 1,449 289,35 93,5 164, 5o o,568 1 10 222,58 1,725 383,95 93,5 208,66 0,543 II 198,63 ',474 293,78 92,4 ■84,19 0,629 12 ■99,85 1,529 3o5,57 78.3 193,12 0,632 \ .3 206,47 ',499 309,49 69,3 '9' ,27 0,618 1 i85,68 1,482 275,18 109,0 63,11 0,229 2 i85,68 ',495 277,59 106,0 86,26 o,3i 1 3^ .84,5. 1 ,5oo 276,76 97,3 102,24 0,369 7. ( 4 .85,16 i,55o 287 ,00 97,3 125,22 0,436 0,097 5 185,89 1,558 289,62 86,8 l32,12 o,45<) 6 186,38 1,635 304,72 84,8 149,02 0,489 7 .84,98 .,65o 3o5,2t 75,. 149,65 0,490 / I .70,92 .,743 296,70 94,8 54,81 0 , i85 la» .60,46 .,735 278,36 98.7 57,06 o,2o5 1 8. / 3 i59,36 1,730 275,69 92,4 75,20 0,273 0 ,o55 / 4 154,73 .,682 260,26 80,0 84,07 0,323 1 l 5 1 «47,63 1,635 241.37 63,2 81,28 0,337 ^^^ " Pour faciliter l'examen et la discussion des résultats des expériences , on les a représentés graphiquement en prenant pour abscisses les nombres de tours faits par la turbine , et pour ordonnées les valeurs du rapport de l'effet utile disponible mesuré par le frein au travail absolu du moteur. » La première série, où tous les orifices ou canaux de circulation de la roue étaient complètement ouverts et où la vanne inférieure était levée pres- que entièrement et de o'",4'9, montre que cette roue fonctionnant sous une chute moyenne de i",69, le rapport de l'effet utile au travail absolu du mo- teur s'est élevé à 0,7a environ, à la vitesse de 90 tours en une minute, et que, pour des vitesses comprises entre 73 et 106 tours en une minute , il n'est ( io36 ) pas descendu au-dessous de 0,70. Cela fait voir que cette roue jouit, comme plusieurs autres turbines, de la propriété avantageuse de pouvoir marcher à des vitesses très-différentes de celles qui correspondent au maximum d effet sans que son effet utile diminue sensiblement. " La deuxième série, pour laquelle les circonstances étaient à peu près les mêmes que pour la première, sauf que la levée de la vanne inférieure n était que de o", 178 ou o,425 de celle de la première série, montre que Je rétrécissement de l'orifice inférieur a une influence fâcheuse sur l effet •utile, puisqu'il ne s'est élevé au plus, daiis cette série , qu'à 0,625 du travail absolu du moteur, valeur qui diffère de 0,096 ou de i3,2 pour 100 de celle qui a été obtenue dans la première série. i> La courbe relative à la troisième série , où la moitié des canaux de cir- culation de la roue avait été garnie de leurs coins obturateurs et où la vanne inférieure était levée de o"',426, fait voir que l'effet utile maximum s'est en- core élevé à 0,71a du travail absolu du moteur. On remarquera seulement que la vitesse correspondante à ce maximum paraît être un peu plus grande que pour le cas où tous les orifices sont ouverts. Mais la différence peut rentrer dans les incertitudes de l'expérience. » On observe aussi que la vitesse a pu varier depuis 85 jusqu'à 117 tours en uue minute, sans que l'effet utile descendît au-dessous de 0,66 du travail absolu du moteur. » I^es quatrième et cinquième séries , relatives aux mêmes circonstances , mais pour lesquelles la vanne inférieure n'était levée respectivement que de o'", 176 et o^jOgS, montrent que le rapport de l'effet utile, au travail ab- solu dépensé par le moteur, diminue rapidement avec l'ouverture de cet orifice. On voit même que si , par la nature du travail de l'usine, la vitesse devait rester constante , et qu'elle fût réglée à celle qui donne le maximum d'effet pour la levée totale de cette vanne, et qui, dans le cas actuel, est d'environ 100 tours à la minute, l'effet utile se trouverait réduit à cette même vitesse : Pour Ja levée de vanne de o'°,ï']6, à 6,610, Pour la levée de vanne de o^.ogS, à 0,875, du travail absolu du moteur. » Dans la sixième série, tous les orifices ou canaux de la turbine étaient garnis de leurs coins obturateurs, et la levée de la vanne inférieure était de o'^,/[i6. La courbe montre que l'effet utile s'est élevé à o,63o du travail absolu du moteur, ce qui prouve que les effets de contraction, qui sont pro- duits par la présence de ces obturateurs, diminuent alors notablement l'effet ( io37 ) utile. On remarque aussi que la vitesse correspondante au maximum d'effet n'est que de 80 à 82 tours en une minute, tandis que pour tous les orifices ouverts elle est de 90 à 100; mais cette faible différence peut provenir de celle des chutes. Par conséquent, il ne paraît pas que la présence des obtu- rateurs doive obliger à modifier la vitesse de la roue quand la chute reste la même , ce qui se conçoit d'ailleurs facilement. » La septième et la huitième séries , relatives aussi au cas où la roue était garnie de tous ses obturateurs, mais pour lesquelles la vanne inférieure était levée seulement de o™,097 et 6'"fi55 respectivement, confirment que l'usage de cette vanne, comme moyen de régler la dépense, est très-défavorable à l'effet de la roue. » On voit, en effet, que le rapport de l'effet utile au travail absolu du moteur prend, à la vitesse du maximum d'effet, les valeurs suivantes : o,63o\ ro"',426 0,485 \ à la levée de la vanne inférieure égale à \o'",097 o,33o) (o'",o55 " Mais, en outre, les vitesses du maximum d'effet sont changées, et si la roue devait conserver, par exemple, la vitesse de 85 tours en une minute, ce rapport aurait respectivement les valeurs suivantes : o,63o^ ^o'",426 0,457 > aux levées de la vanne inférieures égales à / o'^jog'j 0,312) (o^joSS » Après avoir discuté les résultats immédiats des expériences, nous avons cherché à les comparer à ceux que l'on peut déduire des principes de la théorie, et nous avons suivi, à cet effet, la marche adoptée avec succès par notre savant confrère, M. Poncelet, dans la théorie qu'il a donnée des effets mécaniques de la turbine Fourneyron. )' Ces recherches théoriques feront l'objet d'une Note particulière que nous joindrons à ce Rapport , et nous nous bornerons ici à en indiquer les principales conséquences. » En tenant compte des pertes de force vive que le liquide éprouve , i" à l'entrée des directrices, 2° à l'entrée et au passage dans la roue, on parvient d'abord à une expression de la vitesse relative avec laquelle l'eau sort de cette roue. Cette expression montre que cette vitesse dépend de la vitesse delà roue, et que quand il ne se forme pas de vide sous la turbine, elle est inférieure à celle qui est due à la chute, contrairement au principe énoncé dans la Note des auteurs et qui sert de base à leurs calculs. C. R., 1846, 1" Semeitre. (T. XXII, N» 2S.) I S^ ( io38 ) » En appliquant, par exemple, cette expression à la huitième expérience de la première série , on trouve , pour la vitesse du passage de l'eau à travers la turbine, la valeur 4")6o3, tandis que la comparaison de la dépense effective, qui était de o™",35525 avec la somme des aires contractées des pas- sages, donne pour cette vitesse S^joS. >> Cette comparaison indique que la vitesse réelle et la vitesse théorique ne diffèrent, dans le cas actuel , que de ^ environ, et elle fait voir qu'il y a un assez grand accord entre les formules et les résultats de l'observation , surtout si l'on considère qu'il entre dans ces formules, qui ne tiennent pas Compte du frottement de l'eau, des coefficients de contraction qui, pour les applications, ont été estimés, mais non déterminés directement. » En tenant ensuite compte des pertes de force vive qu'éprouve l'eau en débouchant de la roue dans le tuyau, et après son passage par la vanne ré- gulatrice, on obtient, pour le rapport de l'effet utile, au travail dépensé par le moteur, une expression qui se prête facilement au calcul. » Les résultats de la formule théorique appliquée à la première série ont été représentés graphiquement et à la même échelle par une courbe qui a pour abscisses les nombres de tours en une minute, et pour ordonnées les valeurs du rapport de l'effet utile théorique au travail absolu du moteur. » L'examen de ces courbes montre que l'effet utile théorique et l'effet utile réel marchent dans le même sens , mais que le premier est toujours supérieur au second d'une quantité qui paraît croître avec le carré de la vitesse de la roue, ce qui semblerait indiquer que la différence entre les résultats de la théorie et ceux de l'expérience est due à ce que la première ne tient pas compte de la résistance de l'eau qui croît à peu près comme le carré de la vitesse. >> Pour que la formule théorique représentât avec toute l'exactitude dési- rable les résultats de l'expérience, il suffirait donc de retrancher de l'effet théorique une quantité proportionnelle au carré de la vitesse de la roue , et dont nous avons déterminé la valeur particulière pour celle qui nous oc- cupait. » En recherchant ensuite la vitesse de la roue qui correspond au maxi- mum d'effet par la formule théorique ainsi modifiée, on a trouvé que, dans le cas actuel , cette vitesse , mesurée à la circonférence moyenne des autres , devait être 0,64 1 de celle due à la chute, tandis que l'expérience a fourni la valeur 0,612 , ce qui diffère peu. » Enfin la théorie et l'expérience sont d'accord pour montrer que l'em- ( io39 ) ploi de la vanne inférieure comme moyei^de régler la marche de la roue et la dépense d'eau produit une perte notable dans l'effet utile. )i En résumé, des expériences et de la discussion théorique auxquelles vos Commissaires se sont livrés, il résulte: « i". Que la turbine présentée par MM. A. Kœchlin et compagnie fonc- tionnant à son état normal, et complètement ouverte, donne un effet utile égal à 0,72 du travail absolu du moteur; « a". Que quand la moitié seulement des canaux de circulation formés par les aubes sont garnis de leurs obturateurs, l'effet utile est encore d'en- viron 0,70 à 0,71 du travail absolu du moteur; >> 3°. Que quand toutes les aubes sont garnies de leurs obturateurs , l'effet utile est encore égal à o,63 du travail absolu du moteur : d'oti résulte que la dépense d'eau peut varier dans des limites étendues sans que le moteur cesse de fonctionner avantageusement; » 4°' Que pour chaque dépense d'eau et chaque chute, la vitesse delà roue peut varier entre des limites très-étendues, en s'écartant en plus ou en moins de un quart de celle qui correspond au maximum d'effet, sans que le rapport de l'effet utile au travail absolu du moteur diminue notablement; " 5°. Que le rétrécissement de l'orifice d'évacuation inférieur produit toujours une diminution dans le rapport de l'effet utile au travail absolu du moteur, et que cette diminution est d'autant plus sensible, que le rétré- cissement est plus considérable : d'où résulte que la vanne de cet orifice ne peut, sans désavantage, être employée comme moyen de faire varier la dépense d'eau, et par suite la vitesse; de sorte que, jusqu'à présent, ce mo- teur ne peut, sans inconvénient, être soumis aux moyens ordinaires de régler la vitesse des roues hydrauliques. » Cette discussion montre qu'en laissant de côté cette dernière considéra- tion, ce moteur joint aux avantages d'une installation facile celui d'utiliser avantageusement la puissance motrice des cours d'eau, et qu'il doit être classé au rang des meilleurs moteurs hydrauliques. >' En conséquence, vos Commissaires vous proposent d'accorder l'approba- tion de l'Académie aux perfectionnements introduits par MM. A. Kœchlin et compagnie dans le dispositif de la nouvelle turbine , et de remercier ces ha- biles constructeurs pour la communication qu'ils ont bien voulu faire du résultat des expériences qu'ils ont exécutées afin d'en apprécier les effets. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. 137.. ( io4o ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Statistique de la fondation Montyon. MM. Ch. Dupin, de Gasparin, Élie de Beaumont, Francœur et Mathieu obtiennent la majorité des suffrages. »I£MOIR£S PRÉSENTÉS. CHIRURGIE. — Troubles dans les mouvements de locomotion produits par la compression médiate du cervelet; par M. Godabt. (Commissaires, MM. Flourens, Andral, Lallemand. ) « Au commencement de juin i845, M"" H*** fit une chute violente, son pied ayant heurté fortement contre un pavé; dix jours après, étant baissée et se relevant vivement, la partie postérieure droite de la tête rencontra un corps saillant, dur, arrondi, ne présentant qu'une très-petite surface, et ]y|me jj»»* éprouva une douleur vive , puis une syncope presque complète. Dans le premier accident , la tête reçut-elle quelque atteinte , éprouva-t-elle seulement une violente secousse, les souvenirs de la malade n'ont pu nous éclairer à cet égard ; dans le second , l'occipital ou son périoste furent-ils gravement lésés, on ne saui'ait le dire: toujours est-il que, sans autres causes appréciables que celles indiquées ci-dessus, M"* H*** étant allée passer le mois de juillet en province chez son gendre, médecin, sa fille, en la pei- gnant, aperçut un jour une petite élévation du cuir chevelu, à la partie pos- térieure de l'occipital droit. " Cette élévation , cette petite tumeur, avait à peu près 2 à 3 centimè- tres de diamètre, mais à peine i centimètre d'épaisseur; elle était complète- ment insensible, et la santé générale de M™'' H*** ne paraissait nullement troublée. » On n'attacha pas d'importance à cette affection , peu grave en appa- rence, et qui bientôt cependant prit un développement effrayant. )' Vers le miHeu de décembre i845, M*"^ H*** revient à Paris; la tumeur avait alors le volume de la tête d'un enfant naissant , elle était dure, indo- lente, et elle ne grossit plus guère à partir de cette époque, mais elle devint plus molle; à aucune époque de la maladie une pression, même forte, exercée sur cette tumeur, n'avait d'influence sur les fonctions cérébrales. » Déjà avant le mois de janvier, le membre supérieur gauche avait pré- ( io4i ) sente, comme le membre inférieur correspondant, de l'irrégularité dans l'exécution des mouvements; mais alors le désordre devient extrême. M™® H*** veut prendre un objet, le saisit maladroitement, le renverse; une autre fois elle y porte la main, qui le touche et glisse à côté; et , pour citer un exem- ple, en dînant elle veut prendre un verre sur la table, sa main se porte sur la salière voisine, et réciproquement : elle ne comprend rien à ces phéno- mènes, rit de sa maladresse croissante, qu'elle veut attribuer à un défaut d'attention , à une distraction ; ce n'est que plus tard qu'elle en connaît la cause véritable. » Bientôt les accidents arrivent à un point tel , que la malade ne peut plus marcher seule, ne peut plus se servir de son bras gauche; mais, circon- stance remarquable, même à cette époque avancée de la maladie, je ne trouvais pas de différence sensible dans la puissance de contractilité des muscles de l'un ou l'autre côté; la malade fléchissait ou redressait aussi énergiquement le membre inférieur droit que le gauche, et, mettant mes mains dans les siennes, l'engageant à serrer aussi énergiquement que pos- sible, je ne trouvais pas de différence dans la pression éprouvée par l'une ou l'autre de mes mains. » Mais bientôt tout change de face ; à cet état de désoi-dre des mouve- ments succède la paralysie, et j'insiste à dessein sur ces mots, la paralysie du mouvement seulement; car, trois jours avant la mort, je pinçais succes- sivement la peau des membres inférieurs et supérieurs, soit à droite, soit à gauche , et la malade, qui avait sa connaissance, son intelligence bien nettes , trouvait la sensation à peu près égale des deux côtés. » M™" H**^* succomba, le i3 mars au matin, conservant encore sa con- naissance une heure avant de mourir. n Le 9 février, à l'Institut, j'avais parlé à M. Flourens de la maladie de M"* H***, des phénomènes curieux que j'avais observés dans les organes de la locomotion, phénomènes que j'attribuais à la compression du cervelet par une tumeur analogue à celle extérieure qui se serait développée à l'inté- rieur du crâne; je lui faisais cette communication parce que cette observa- tion me paraissait confirmer l'opinion de ce savant professeur sur les fonc- tions du cervelet, résultant d'expériences faites par lui sur les animaux. Je pensais qu'une tumeur distincte de celle extérieure s'était développée à l'in- térieur du crâne, attendu qu'une pression, même forte, exercée sur la tumeur extérieure, ne déterminait aucun phénomène nerveux, et que la malade n'en éprouvait aucune modification dans son état. » Aussitôt après la mort de M""* H***", ayant obtenu l'autorisation de faire ( I042 ) l'ouverture du crâne, j'ai procédé, conjointement avec M. le docteur Philip- peaux, préparateur de M. Flourens, et mon fils, élève en médecine; nous avons observé ce qui suit : La tumeur extérieure a 89 centimètres de circon- férence et a 3 transversalement, eu conduisant un fil d'un côté à l'autre de la base en passant par le sommet. Elle recouvre toute la portion supérieure de l'occipital dans l'étendue de 6 centimètres, tout le pariétal droit, jusqu'à 2 centimètres et demi de la suture frontale, et envahit de 2 centimètres le pariétal gauche; enfin presque toute la portion écailleuse du temporal droit. » Ayant ensuite séparé le sommet du crâne de la base par un trait de scie circulaire, nous trouvons entre l'os et la dure-mère une tumeur correspon- dant exactement à celle du dehors et en communication avec elle par des prolongements du périoste; mais cette tumeur est d'une structure et d'une nature toutes différentes. Elle a d'avant en arrière 8 centimètres et demi de longueur, et transversalement 7 centimètres et demi; sa hauteur, son épais- seur est de 3 centimètres. Elle recouvre, elle comprime tout le tiers posté- rieur de l'hémisphère droit du cerveau , et la partie postérieure et interne de l'hémisphère gauche dans l'étendue de 5 centimètres d'avant en arrière et 2 centimètres transversalement. » La partie du cerveau en rapport avec la tumeur est ramollie sur les deux hémisphères, et la dépression résultant de la compression qu'elle a longtemps supportée persiste sur les deux hémisphères. Le cervelet, com- primé médiatement par la tumeur, se trouve aplati et très-amoindri dans son volume. >' CHIMIE. — Sur la permanence de l'antimoine dans les organes vivants ; par M. E. Millon. (Commission de l'arsenic.) Les conclusions qui se déduisent des expériences exposées dans ce Mé- moire sont présentées par l'auteur dans les termes suivants : « Bien que l'antimoine semble s'organiser, on ne saurait affirmer encore qu'il se fixe à jamais dans nos tissus ; il ne faut pas non plus déclarer d'avance que les faits de permanence qui se sont révélés dans l'administration de l'émé- tique s'étendront à d'autres poisons métalliques. Attendons l'expérience. Mais, pour affirmer qu'un métal provient d'une ingestion récente, pour préciser son origine et fixer le moment de son introduction dans l'économie, il faut attendre aussi; il faut se remettre à l'œuvre et varier l'expérience à l'infini. " Quant à la distribution organique de l'antimoine, j'ai été frappé de ses rapports avec les résultats physiologiques qui ont été notés précédemment. ( «o43 ) » L'antimoine pénètre-t-il simultanément tous les organes essentiels, les poumons, le cerveau, les parois intestinales, l'animal succombe à l'intoxica- tion et semble mourir partout à la fois, en réduisant ses tissus au dernier degré de l'émaciation. ') L'antimoine est-il condensé dans le cerveau, même atteinte à la vie générale ; mais la mort frappe au milieu d'un cortège de symptômes nerveux qui indique le siège principal du poison. » Que le métal, au contraire, arrive à des organes moins sensibles, ou ^ d'une sympathie moins générale, à des tissus qui vivent lentement et tacite- ment, au système cellulaire ou osseux, et les effets du poison s'effaceront; on pourra croire à son élimination ou à son absence. » Cette page nouvelle de l'intoxication antimoniale ne fait-elle pas soup- çonner des conditions analogues dans les maladies saturnines? Serait-ce par une localisation spéciale que des organisations privilégiées échappent aux effets toxiques du plomb ? Et la concentration des signes morbides sur l'ab- domen, sur le système nerveux et sur les membres n'indique-t-elle pas que le plomb occupe alors des régions correspondantes? » C'est une voie de rapprochements nombreux qui s'ouvre pour toutes les affections où la présence réelle de principes nuisibles, étrangers à l'écono- mie normale, se soupçonne aujourd'hui plutôt qu'elle ne se démontre. » Le développement énorme du foie, à la suite de l'administration de l'émétique, est aussi un fait qui rie saurait passer inaperçu. La percussion des organes est aujourd'hui pratiquée par des mains si habiles, qu'on ne peut tarder à savoir si l'administration fréquente de l'antimoine coïncide aussi , chez l'homme , avec un développement rapide du foie. « CHIMIE. — Sur les équivalents chimiques du chlore, du potassium et de l'argent; par M. Macmené. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas.) « Depuis l'époque où M. Dumas fit connaître ses belles expériences sur la composition de l'eau et de l'acide carbonique, les chimistes, répondant à l'appel de ce savant illustre, ont entrepris de nombreux ti'avaux pour vérifier l'hypothèse du docteur Prout, à laquelle un appui si considérable venait d'être acquis, et dont les conséquences pratiques ou philosophiques auraient une si grande importance. » La plupart des résultats obtenus dans cette voie difficile ont montré que les équivalents chimiques admis généralement devaient subir une mo- ( io44 ) dification plus ou moins forte , et qu'ils se rapprochent sensiblement des nombres prévus par la théorie .... Cependant l'hypothèse d'un rapport simple entre les équivalents ne peut être admise, jusqu'à présent, pour trois d'entre eux: ce sont les équivalents du chlore, de l'argent et du potassium. Les nombres obtenus d'abord par M. Berzelius ont été légèrement modifiés depuis par M. Pelouze, et, plus récemment , par M. Marignac, sans que les déterminations nouvelles aient permis de ranger ces trois corps au nombre des multiples de rhjdrogène. « Il m'a paru que les déductions présentées par ces chimistes célèbres ne reposaient pas sur des bases absolument incontestables , et j'ai entrepris sur ce sujet de nouvelles expériences, qui m'ont conduit à un résultat diffé- rent. Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Acadé- mie contient le détail de ces expériences et des considérations sur lesquelles j'ai cru pouvoir m'appuyer. » J'ai d'abord entrepris de déterminer la composition du chlorure d'ar- gent, en le réduisant par l'hydrogène. Cinq expériences, faites sur 4 grammes au moins et g grammes au plus, m'ont conduit au résultat suivant : loo d'argent s'unissent à 32,736 de chlore; résultat presque identique à celui de M. Berzelius. I^a proportion 32,736 de chlore : 100 d'argent :: 45o : x donne 1374,6 pour la valeur de x. » Si donc on parvenait à démontrer que l'équivalent du chlore est 45o, on voit que l'argent devrait être considéré comme égal à iSyS, ou réci- proquement. " Or on peut rattacher l'équivalent de 1 argent à celui du carbone qui a été si parfaitement établi par M. Dumas, [m plupart des sels organiques d'argent s'obtiennent dans un grand état de pureté; leur analyse peut fournir le métal pur et le carbone à l'état d'acide carbonique , de sorte qu'il suffit de comparer les poids de ces corps pour en déduire l'équivalent cherché. " Je me suis décidé à analyser l'oxalate d'argent. On sait qu'il se décom- pose avec une grande facilité : une chaleur très -douce le détruit et occa- sionne une vive explosion ; mais si l'on mélange intimement ce sel avec à peu près cinq fois son poids de sable ou dune autre matière inerte, la décom- position se produit encore à une basse température , sans secousse et avec la plus parfaite tranquillité. » Le défaut d'espace m'oblige à passer sous silence tous les détails d'ex- ( io45 ) périence. Je dirai seulement qu'elle ne présente aucune difficulté sérieuse; mais j'ai rencontré des obstacles inattendus dans la préparation même de Toxalate d'argent. » J'ai d'abord employé l'azotate d'argent neutre et l'acide oxalique pur. Dans toutes les opérations que j'ai exécutées avec l'oxalate obtenu de cette manière, il s'est toujours produit, vers la fin de l'expérience, une quantité sensible de vapeurs rouges. 'V^oici les nombres d'une expérience : I. Argent.... ii,55o Acide carbonique. .. , ^,^03 Ag=i35o,73. " Une nouvelle quantité d'oxalate fut préparée au moyen de l'azotate d'ar- gent et de l'oxalate d'ammoniaque, légèrement acidulé par quelques gouttes d'acide oxalique, et elle donna les chiffres suivants : II. Argent.... 10,771 Acide carbonique. .. . 4>387 Ag=:i35o,35. III. Argent.... 8,674 Acide carbonique. .. . 3,533 Ag=i35o,32. " Les sels: employés dans ces trois expériences ont été préparés avec les soins les plus minutieux. Les lavages ont toujours été faits par décantation à l'eau bouillante, et pour chaque échantillon, leur nombre a été porté au moins jusqu'à cent. Ces efforts n'ont pas suffi pour débarrasser l'oxalate des traces d'azotate que les analyses y ont toujours révélées. » J'ai eu recours alors à l'acétate d'argent et à l'acide oxalique pur. L'oxa- late d'argent, parfaitement blanc, fut soumis à l'analyse, et donna : IV. Argent.... 11, 4355 Acide carbonique. .. . 4>658 Ag=i35o,26. « Ce résultat suffit, je pense, pour prouver que les vapeurs rouges n'ont pas eu d'influence sensible dans l'analyse des trois sels obtenus avec l'azo- tate. Ces vapeurs ne se sont montrées que pendant ijn instant très-court, au moment où la décomposition de l'oxalate venait de s'achever, et elles étaient si peu abondantes, qu'une personne étrangère ne les eût certainement pas aperçues sans avoir été avertie. » J'ajouterai que tous ces sels ont été préparés le soir, à la lumière d'une lampe , et qu'ils ont été conservés soigneusement dans l'obscurité jusqu'au moment de l'analyse ; ils n'avaient reçu de la lumière aucune altération, et se trouvaient parfaitement blancs. it L'acétate dont j'ai parlé n'avait pas été consacré tout entier à la prépara- tion de l'oxalate; il me restait de très-beaux cristaux, que je m'empressai de soumettre à l'analyse, en faisant usage d'un procédé peu différent du premier. C. K., i346, 1" Semestre. (T. .VXll, N» SU.) l38 » ( ïo46 ) Voici les résultats : I. Argent... 8,o83 Acide carbonique .. . 6,585 Ag. . . i35o,23 II. ii,2i5 9,i35 i35o,46 in. i4,35i 11,6935 j349,99 IV. 9,o3o 6,358 1349,96 V. 20,227 «6,475 i35o,5i » Les expériences de Toxalate et de l'acétate donnent ainsi : Moyenne de l'oxalate !35o,4i5 Moyenne de l'acétate i35o,23 Moyenne i35o,3225 " Si l'on se reporte au chiffre de la réduction du chlorure d'argent , on a la proportion : 100 d'argent : 327 36 de chlore :: i35o,3225 : a; = 442>^4' Les deux équivalents i35o,3 et 442 se confondent pour ainsi dire avec ceux de M. Bei-zelius ou de M. Marignac ; cependant leur différence est sensible et elle n'est pas négligeable dans certains cas, par exemple lorsqu'on veut se servir des équivalents du chlore et de l'argent pour déterminer ceux des autres corps simples , ainsi que M. Pelouze l'a fait récemment dans \m tra- vail remarquable (i). » J'ai dû chercher avec attention la cause de cette discordance : il ne me restait plus d'autre moyen de dissiper mon incertitude que d'exécuter les analyses du chlorure de potassium et du chlorate de potasse. " Le chlorure de potassium, provenant de la décomposition du chlorate de potasse et soumis à une fusion complète, m'a donné : Chlorure d'argent. il. I0',70( n. 10,5195 20,273 Chlorure obtenu dans le platine m. 8^587 16, 556 _,, , , ., , 1 ». iKj-.ioo 20,627 Chlorure obtenu dans un vase de verre ' i> D'après ces analyses, 100 de chlorure de potassium fournissent 192,75 de chlorure d'argent. Cette quantité est un peu plus forte que celle obtenue par les trois chimistes que j'ai cités : la raison ne doit pas en être cherchée dans la méthode analytique, car MM. Berzelius et Marignac ont fait usage du même procédé ; comme, en outre , on ne court aucune chance de gain dans cette analyse, il est vraisemblable que la différence tient seulement à ce que (i) Comptes rendus, t. XX, p. 1047. ( 1047 ) j'ai opéré sur le chlorure fondu , tandis que ces trois Messieurs ont employé le sel cristallisé. » On peut déduire l'équivalent du potassium des expériences qui pré- cèdent, et l'on trouve, pour ce métal, K = 487,78. » Les équivalents du chlore , de l'argent et du potassium se trouvent ainsi déterminés par deux séries d'expériences différentes : la première , celle de MM. Berzelius etMarignac, embrasse d'abord et comme point de départ, l'analyse du chlorate de potasse, puis l'analyse du chlorure de potassium et celle du chlorure d'argent. » La deuxième série , décrite dans ce Mémoire , s'appuie sur l'équivalent du carbone, et comprend les analyses de l'oxalate et de l'acétate d'argent, celle du chlorure de ce métal et celle du chlorure de potassium. » Ces deux séries, dans lesquelles une seule analyse a été faite par une méthode commune, conduisent à des nombres sensiblement différents; et, puisque M. Berzelius a donné la préférence aux résultats de M. Marignac sur les siens propres, c'est avec les nombres de ce dernier chimiste que je dois maintenant comparer les miens. » La question peut être précisée par la considération suivante; si mes ex- périences sont exactes , la composition du chlorate de potasse doit être ainsi représentée : I équivalent de chlore 44^)<)4 I équivalent de potassium 4^7,78 ^ " "' 6 équivalents d'oxygène 600 , 000 1529,824 et, d'après ces nombres, 100 de chlorate doivent laisser 60,780 de chlorure de potassium ; or M. Marignac a trouvé que le résidu n'est pas moindre que 60,839. Cependant j'ose croire qu'il restera démontré , par les expériences suivantes , que les chiffres déduits de mes analyses représentent le résultat de la décomposition du chlorate de potasse plus exactement que ceux de cet habile chimiste. >' La substance entraînée par le gaz oxygène est formée de moitié chlorate et moitié chlorure : i5'°*'''*''',5, pris au bec d'une cornue, ont donné i4 milli- grammes de chlorure d'argent , qui correspondent sensiblement à 8 milli- grammes de chlorure de potassium; de là résultent deux choses : , » 1°. Que la portion de matière solide entraînée par le gaz oxygène, et recueillie dans des appareils convenables, ne doit pas être considérée comme du chlorure de potassium pur; « a". Que, lorsque la calcination du chlorate contenu dans la panse de la i38.. ( 1048 } cornue se trouve teiminée, on doit encore chauffer jusqu'au rouge toutes les autres parties du vase, de manière à décomposer le chlorate et l'heptachlo- rate qui s'y sont déposés. » Je me suis servi , pour recueillir le sel entraîné, d'un appareil susceptible de la plus grande exactitude, et j'ai toujours opéré en poussant la chaleur jusqu'au point de fondre entièrement le chlorure dans tous les points de la cornue. Voici les résultats obtenus : CHLORATE. CHLORDRE. SEL entraîné. CHLORATE RÉEL. CBLORCRE RÉEL. CHLORURE pour 100. I 21,067 '2»799 0,009 21,0625 12,8o35 60,788 2 20,855 12,670 0,010 20,850 12,675 60,790 3 i3,o3i 7.9'4 0,009 1 3, 0265 7,9185 60,793 4 29,384 17,854 0,011 29,3785 17,8595 60,791 5 39,2325 23,836 o,oi4 39,2255 23,843 60,785 6 29,2375 17,7645 o,oi3 29,231 '7. •37' 60,795 7 35,747 21,724 0,010 35,742 oyenne 2«,729 60,795 60,791 » Je dois faire observer que je n'ai pu parvenir à des résultats concordants avant d'avoir reconnu que les cornues augmentent de poids pendant la calcination. Voici l'augmentation dans les sept expériences : i", o^,o38; 1% 08,045 ; 3%o8,o36; 4% ok,o3i ; 5% o8,o5i; 6% 08,042; f, 08,039. Cette altération ne provient pas assurément d'une action chimique du verre sur le chlorure; on le détache parfaitement de la surface intérieure des cornues qui conserve le plus brillant poli. Je me hâte de dire qu'il ne faudrait cer- tainement point attribuer la différence des résultats de M. Marignac et des miens à ce qu'un chimiste si distingué n'aurait pas aperçu cette cause d'er- reur. Je pense qu'elle tient seulement à ce que j'ai poussé la décomposition jusqu'au point de rendre la fusion complète dans toutes les parties des vases. » Depuis que j'ai entrepris ces recherches, plusieurs chimistes ont publié des travaux qui se rattachent au même sujet. M. Gerhardt a fait l'analyse du chlorate de potasse, et il a cru pouvoir déduire de ses expériences que le résidu de chlorure de 100 parties de chlorate s'élève à 60,95. « M. Marignac a réfuté cette assertion par des observations pleines de justesse , et il s'est ainsi trouvé conduit à publier quelques expériences iné- ( io49 ) dites relatives à l'acétate d'argent. Cet habile chimiste a trouvé , par la dé- composition du sel opérée sans doser l'acide carbonique, le nombre 1 349,6 pour l'équivalent d'argent. >• hes nombres que j'ai obtenus ne permettent pas de ranger les équiva- lents au nombre des multiples de l'équivalent de l'hydrogène. Peut-on les considérer comme des multiples du nombre 6,25 ? Remarquons d'abord que l'on a 6,25x71 =443,75, 6,25x78 =487,5, 6,25 X 216 =: i35o. >' Ces nombres différent bien peu de ceux qu'on admet généralement et de ceux que j'ai trouvés dans mes expériences. Pour bien sentir cette vérité, le mieux n'est pas de faire porter la comparaison sur les équivalents déduits d'une série d'analyses conjuguées, si l'on peut s'exprimer ainsi, mais plutôt de mettre les résultats obtenus dans chaque analyse en regard de ceux qu'on devrait obtenir avec les équivalents théoriques. On évite ainsi plus sûrement de combiner des erreurs qui s'accumulent souvent dans les déterminations successives et dépassent , à la fin , les limites mêmes de l'observation com- mune. Je crois qu'on en verra la preuve dans ce qui va suivre. » Avec les équivalents 443,75 , 4^7,5 , 1 35o, on doit avoir : 1 00 d'argent s'unissent à 82,87 de chlore, 100 de chlorure de potassium à. . . 192,62 de chlorure d'argent, 1 00 de chlorate de potasse à 60,82 de chlorure de potassium ;■ j'ai obtenu 100 d'argent s'unissent à 32,74 de chlore, 100 de chlorure de potassium à. . . 192,7 de chlorure d'argent, 100 de chlorate de potasse à 60,79 de chlorure de potassium. La différence des résultats de l'analyse avec les nombres théoriques peut être négligée pour les deux derniers ; mais l'analyse du chlorure d'argent ne semble pas pouvoir être entachée d'une erreur aussi forte. Cependant, en répétant cette analyse, en opérant sur des poids beaucoup plus forts, j'ai obtenu des nombres plus voisins de cette valeur théorique. Voici ces nombres : 28',2'j8 de chlorure ont donné. . 2i',284 d'argent. . 100 d'argent. . 82,86 de chlore. 3o, 387 de chlorure ont donné. . 22, 872 d'argent. . 100 d'argent. . 32,858 de chlore. Ces chiffres s'éloignent notablement de ceux que j'avais d'abord obtenus : j'indique dans mon Mémoire les raisons qui peuvent expliquer une variation notable, selon qu'on emploie des poids plus faibles ou plus forts. ( io5o ) " Ainsi, malgré les différences légères que présentent encore mes nou- veaux résultats avec ceux qu'on devrait obtenir dans l'hypothèse de multi- plicité des atomes , je crois qu'on peut admettre comme fournis par l'expé- rience, les nombres suivants : Chlore 443>75 = 6,25x 71 , Potassium. . . . 4^7 »5 ^6,25x78, Argent i35o :=6,25X2i6. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Observations sur la pétrification des Coquilles dans la Me'diterrane'e; par MM. Marcel de Serres et L. Figuier. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Balard, Éhe de Beauraont.) « La plupart des recherches de la géologie moderne tendent à prouver que les faits accomplis dans les premiers âges du monde, et ceux que nous voyons aujourd'hui se réaliser sous nos yeux, peuvent s'expliquer par les mêmes causes. Cependant quelques faits ont paru jusqu'ici devoir échapper à cette communauté d'origine , et la pétrification de débris organisés dans les terrains géologiques est journellement présentée comme un argument des plus sérieux à cette idée générale. " Les faits que nous présentons dans notre travail nous paraissent apporter à cette objection une réponse satisfaisante. Nous faisons voir, en effet , qu'il se produit aujourd'hui dans le sein de la Méditerranée des pétrifications de co- quilles qui, sous le double rapport de la composition chimique et du mode de pétrification, ressemblent entièrement aux pétrifications de coquilles appar- tenant aux terrains géologiques. Nous faisons voir en même temps que les grès chargés de débris de Mollusques qui couvrent, comme on le sait, de si vastes étendues dans les terrains tertiaires, trouvent leurs parfaits analogues dans des roches coquillières qui prennent naissance, de nos jours, au milieu des sables de la Méditerranée. » Nous commençons , dans notre travail , par étudier le mode suivant lequel s'effectue , dans les temps actuels, la pétrification des débris organisés, et nous faisons voir que, pour que ce phénomène se réalise, il faut : i'' que les restes organiques se trouvent placés dans de grandes masses deaux; a" que ces eaux tiennent en dissolution des composés calcaires ou sihceux. Nous étudions avec détails le rôle relatif que la silice et le carbonate de chaux peuvent jouer dans les phénomènes de la pétrification. » Nous exposons ensuite avec les détails convenables la marche et les di- vers degrés que présente la pétrification dans les coquilles, en signalant les différences que les individus peuvent présenter à cet égard. ( io5i ) » Il était nécessaire de compléter nos observations et nos considérations jjéologiques par l'examen chimique des coquilles considérées à l'état de pé- trification dans les terrains géologiques et dans l'époque actuelle. Afin de rendre ces résultats comparables , nous avons dû choisir les espèces qui se trouvent à la fois pétrifiées sur nos rivages et fossilisées dans les terrains tertiaires , car on n'aurait pu tirer aucune conclusion sérieuse de la compa- raison chimique d'une bélemnite ou d'une ammonite, par exemple , avec un mactra, un buccinum, ou toute autre espèce d'un terrain moderne. Parmi les genres complètement pétrifiés dans les temps géologiques et à l'époque actuelle, nous avons choisi les Huîtres, les Pectens', les Pectoncles et les Car- diums. Enfin, comme, à l'exception de la coquille de l'Ostrea de l'Océan , les coquilles que nous avons examinées n'avaient pas été soumises à l'analyse chimique, nous avons cru devoir joindre à ces analyses celles des individus pris à l'état frais. Voici le tableau de ces analyses. Huîtres . Ostrea esculenta vivant maintenant dans la Méditerranée. Ostrea esculenta pétrifiée Méditerranée. dam ta Ostrea assez rapprochée de /'escu- lenta des terrains tertiaires ma- rins supérieurs (pliocène). Matière animale t,0 96,8 Matière animale 08 Carbonate (le chaux 93,9 Carbonate de chaux Carbonate de chaux 96, .5 Carbonate de magnésie. . . 0,3 Carbonate de magnésie. . 0,1 Carbonate de magnésie. . . 1,4 0.7 1.4 Sulfate de chaux o,5 Sulfate de chaux 1,4 Oxyde de fer 0,8 Phosphate de chaux 0,5 100,0 100,0 100,0 Nota. Cette analyse se rapporte k la partie interne de la coquille. Les portions grisâtres externes. qui sont plus riches en matière animale, en ont été séparées. Pectens . Pecten glaber vivant . Matière animale 3,0 Carbonate de chaux 96) o Carbonate de magnésie. ) r. j j p l traces. Oxyde de fer ) Phosphate de chaux 0,3 Sulfate de chaux o, 7 100,0 Pecten glaber pétrifié dans la Méditerranée . Matière animale 0,9 Carbonate de chaux 97,3 Carbonate de magnésie. . . 0,8 Sulfate de chaux o,5 Oxyde de fer o,5 100,0 Vecterides terrains tertiaires marins supérieurs (pliocène). Matière animale 0,7 Carbonate de chaux 96,7 Carbonate de magnésie. . . 0,4 Sulfate de chaux 0,8 Oxyde de fer 1,4 100,0 { loSa ) Vénus. Vénus vivante . Matière animale 3,0 Carbonate de chaux 96,6 Carbonate de magnésie. ) Oxyde de fer ) Sulfate de chaux o,3 Phosphate de chaux 0,1 100,0 Venus semilis Brocchi des terrains tertiaires marins supérieurs (plio- cène). Matière animale 1 Carbonate de chaux 97 19 Carbonate de magnésie.. . traces. Sulfate de chaux 0,6 Oxydcdefer o,5 100,11 Pectoncles. Pectoncle glycimère et flammé vi- vant fPeclunculus marmoratus). Matière animale 2,4 Carbonate de chaux 97,2 Carbonate de magnésie. . . traces. Sulfate de chaux 0,4 100,0 Pectoncle glycimère et flammé pé- trifié dans le sein de la Méditer- ranée . Matière animale 0,7 Carbonate de chaux 9J>o Carbonate de magnésie. > Oxyde de fer | traces. Sulfate de chaux. o,3 100,0 Pectunculus pulvinalus ifej (er/'ains tertiaires marins supérieurs (plio- cène) . Matière animale 0,8 Carbonate de chaux 98,4 Carbonate de magnésie. . . . traces. Sulfate de chaux 0,4 Oxyde de fer .■ 0,4 100,0 Cardiums. Cardium luberculatum vivant . Matière animale 2,0 Carbonate de chaux 97,0 (jarbonate de magnésie. ) Oxyde de fer ) Sulfate de chaux 0,3 100,0 Cardium tuberculatum pétrifié dans le sein de la Méditerranée. Matière animale 0,8 Carbonate de chaux 98,7 Carbonate de magnésie. ] Oxyde de fer | Sulfate de chaux o ,5 100,0 Cardium des terrains tertiaires marins supérieurs. Matière animale o,5 Carbonate de chaux 98,8 Carbonate de magnésie. . . 0,1 Oxydedefer o,3 Sulfate de chaux o ,3 100,0 " Il résulte 4e ces analyses que les coquilles pétrifiées de l'ancien monde et celles qui se rencontrent dans le même état sur les rivages de la Méditer- ranée sont presque identiques sous le rapport de la composition chimique. Fia différence qui existe entre le mode de substitution des temps actuels et celui des temps géologiques, consiste en ce que les pétrifications formées dans l'époque historique présentent une texture ordinairement plus cris- talline. Les coquilles pétrifiées dans les temps actuels n'arrivent à cette ( io53 ) texture cristalline ou compacte qu'îiprés avoir passé par un certain nombre de degrés faciles à saisir. Elles commencent par se décolorer, ensuite les inégalités, les aspérités et les expansions de leur surface disparaissent, et elles deviennent tout à fait lisses. Enfin la pénétration des liquides calcaires amène leur transformation en une masse compacte et quelquefois entière- ment cristalline. » Les coquilles univalves se pétrifient moins aisément que les coquilles bivalves. La structure lâche et feuilletée , comme on l'observe chez la plupart des coquilles bivalves et particulièrement chez les Huîtres, semble faciliter la pénétration des liquides lapidifiques. En effet, dans les terrains géologiques ou dans les terrains historiques, les Huîtres sont les coquilles que l'on ren- contre le plus souvent pétrifiées. La teinte noire que les coquilles acquièrent souvent par leur séjour dans les vases marines, provient de la réaction de l'hydrogène sulfuré, spontanément dégagé de ces vases, sur l'oxyde de fer qu'elles contiennent. Ce phénomène est étranger à celui de la pétrification; il se remarque plus fréquemment chez les coquilles univalves que chez les coquilles bivalves. " he phénomène de la pétrification est très-peu sensible sur les os. Par leur séjour dans la Méditerranée, ils acquièrent seulement une solidité et une den- sité plus grandes. » CHIRURGIE. — Note sur l'action de Vergotine dans les blessures artérielles: 1° application de ce remède à l'espèce humaine; 0° incision faite à l'artère temporale d'un cheval; par M. Bonjean. (Extrait.) (Commission précédemment nommée.) « Le 5 juin courant, vers les cinq heures du soir, une femme robuste et âgée de quarante ans, en débouchant une bouteille qui se brisa entre ses mains, se fit une profonde blessure dans le centre de la main gauche. Une branche de l'artère palmaire avait été ouverte, et le sang jaillissait en abon- dance, à une hauteur de 8 à 10 centimètres. Cette femme , effrayée d'abord, fit tout son possible pour arrêter le sang; voyant qu'elle ne pouvait y par- venir, elle se décida à venir en ville consulter un médecin (i). Pendant le trajet, elle avait fortement serré sa main avec des linges qui se trouvèrent baignés de sang à son arrivée chez M. le docteur Charles-Louis Molard. Il était alors sept heures du soir. Après avoir alternativement comprimé et laissé (i) L'accident a eu lieu à une campagne distante d'une heure de Chambéry. C. R., 1846, i" Semestre. (T. XXII, N» 2S.1 I Sq ( «o5/4 ) couler la blessure, le jet de sang étant toujours aussi fort, j'appliquai un peu de charpie imbibée d'une dissolution d'ergotine un peu concentrée, et je maintins le tampon en place par une compression légère, bien moins forte (jue celle qu'on avait vainement exercée jusqu'ici. Au bout de deux minutes, le sang ne coulait plus; cinq minutes plus tard, le tampon fut abandonné à lui-même, et on l'enleva douze minutes après son application. L'ouverture de la plaie était remplie par un caillot de sang assez ferme. Le sang n'a pas reparu depuis. Par précaution, et pour calmer le moral de la malade qui était pâle de frayeur, on appliqua un nouveau tampon imbibé comme précé- demment, et maintenu en place par une bandelette de toile, sans compres- sion particulière. Deux jours après, la plaie était cicatrisée; il n'y avait eu que très-peu de suppuration. Quelques jours après l'accident, cette femme a pu reprendre le cours de ses occupations habituelles. " .l'ai pu juger, dans cette circonstance, que l'ergotine agit au moins aussi rapidement sur l'homme que sur les animaux. » Le i5 juin courant, à une heure et demie, opérant avec le concours de M. Ughetti, vétérinaire en second du régiment de Piémont-Cavalerie, et de M.Vl. les docteurs Chevallay et Besson, on a mis à nu et isolé du tissu cellulaire environnant l'artère temporale droite d'un cheval jeune encore, mais atteint de phthisie pulmonaire au dernier degré. On a fait à cette artère, à l'aide d'une lancette, une incision longitudinale de la à i4 millimètres de longueur, et l'on a laissé couler quelques instants le sang qui jaillissait à une assez grande dislance. On a appliqué ensuite, sur la plaie, un tampon de charpie imbibé d'une dissolution d'ergotine, à 12 degrés de concentration, et l'on a opéré comme dans les expériences précédentes (i), en maintenant la compression du tampon pendant quarante minutes. La compression sup- primée, on a continué pendant vingt minutes à arroser la charpie avec le même liquide, après quoi l'animal a été abandonné trente minutes, toujours couché , mais la tête libre , sans qu'on s'occupât de lui. Il était alors trois heures. En cherchant à enlever le tampon qui s'était desséché , ayant cessé de l'arro- ser depuis une demi-heure, on déchira une portion de la pellicule obtura- trice déjà formée, et le sang coula de nouveau. M. Besson voulant juger à ce moment de l'état de la blessure, le tampon fut entièrement arraché. Il fut aisé de vqir que le sang ne coulait plus que par les deux extrémités de l'ou- verture faite au vaisseau , et encore le [et était-il peu volumineux. On appli- qua de nouveau un tampon imbibé d'ergotine, maintenu en place à l'aide (1) \oyez.\é Compte rendu (\h 7 juillet i845. .;;.j 7.'.; f io55 ) (i'une légère compression exercée pendaMt trente minutes, puis abandonné sur la plaie, en l'arrosant de temps à antre durant une heure entière. Après ce terme, jujjeant que ropcration était terminée, on recouvrit le tampon d'un peu de charpie sèche, et l'on soutint le tout à l'aide de fils placés en croisières et fixés eux-mêmes par des épingles. Gela fait, l'animal a été détaché, remis debout, et conduit à l'écurie où on lui a donné à manger une demi-heure après. La mastication imprimait à 1 appareil un mouvement asSez fort; mal- gré cela, le sang n'a pac reparu. » Quarante heures après, ce cheval s'étant frotté contre les bâtons de son râtelier, toute la charpie tomba, ainsi que les fils qui la retenaient, et la plaie entièi'e fut mise à nu sans aucun accident. » ^M. Bo.'VJEAN adresse également une Note sur le dessèchement insUtnlané des feuilles du peuplier d' Italie , dans quelques localités de la Savoie. PHYSIOLOGIE. — De l'action de l'oxjgène sur les organes de l'homme, et des moyens de diriger convenablement cette action; par M. de Lapasse. (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Dumas.) « Cette action est, en général, considérée comme dangereuse. Sans me préoccuper de ces craintes, j'ai, pendant trois années, étudié l'action de l'oxygène sur des oiseaux, sur des mammifères, et enfin sur moi-même; mes expériences m'ont amené à poser les conclusions suivantes : " c". Un oiseau peut vivre au moins trois jours dans l'oxygène pur; mais il faut que l'expérience soit conduite avec un soin minutieux ; il faut constamment conserver une pression atmosphérique d'environ 76 centimè- tres ; il faut aussi défendre l'oiseau au moyen d'un appareil absorbant contre ses propres émanations ; il faut enfin que le gaz ne lui arrive pas complète- ment sec. » 1°. Un oiseau et un mammifère (cobayej peuvent vivre en parfaite santé dans une cloche d'où l'on aura, par degrés, chassé l'air au moyen d'un cou- rant d'oxygène; mais il est nécessaire d'absorber, au fond de la cloche, l'acide carbonique qui se dégage en grande abondance, et il est indispen- sable que le courant du gaz pur soit maintenu à une certaine intensité et tou- jours égal, faute de quoi l'animal témoigne du malaise et ne reprend son énergie que lorsqu'on lui rend un rapide courant d'oxygène. » 3°. Enfin, quand j'ai expérimenté sur moi-même, l'expérience n'a ja- mais été parfaitement concluante, parce que, faute d'un appareil conve- .' , ■ «39- • ( io56 ) nable , j'ai dû me borner à aspirer d'assez grandes quantités d'oxygène. Dans certains cas , ces fortes aspirations ne m'ont fait aucun mal ; mais , quelque- fois, elles m'ont produit une irritation marquée des bronches. » Je pense donc, en rapprochant mes propres observations des nom- breuses expériences tentées depuis soixante ans, que l'oxygène pur ne pour- rait être utile en médecine que dans certains cas de rigidilé cataleptique, ainsi que dans certaines paralysies cérébrales; mais, en combinant le gaz avec des vapeurs aromatiques et balsamiques, j'ai obtenu des résultais qui me paraissent susceptibles d'utiles applications en pathologie. » M. "WoLLBBETT, fabricant d'instruments de physique à Strasbourg, soumet au jugement de l'Académie un appareil destiné à mesurer la rapidité avec laquelle s'opère dans le vide l'expansion de l'air atmosphérique et, en géné- ral, des gaz pris à divers états de pureté, de température , de pression, etc. L'instrument se compose essentiellement d'un tube très-long dans lequel on fait le vide, et d'un mouvement d'horlogerie marquant les secondes et les cinquièmes de seconde. Le mouvement d'horlogerie est mis en jeu au mo- ment précis où le gaz pénètre dans le tube, et il s'arrête dès l'instant où le gaz, parvenu à l'autre extrémité du tube, en fait ouvrir la soupape. (Commissaires, MM. Poncelet, Morin , Regnault.) M. Jarton met sous les yeux de l'Académie un appareil au moyen duquel on obtient sans calculs la racine carrée et cubique d'un nombre. (Commissaires, MM. Lamé, Piobert, Francœur.) M. CoRNAY adresse un supplément à la Note qu'il a présentée dans la séance du 8 juin 1846, sur un instrument de son invention, désigné sous le nom de stéréoscope. Sa nouvelle communication a pour but principal de faire ressortir l'utilité de l'instrument comme moyen de reconnaître la présence de concrétions urinaires à une époque où leur volume permet encore de les extraire par le canal de l'urètre, et au moyen des appareils d'aspiration que l'auteur a imaginés. Il s'attache, en outre , à faire ressortir les différences essentielles qui existent entre son stéréoscope et les instruments que Ion a proposés d'employer dans le même but. Il cite, enfin, un cas lécent dans lequel, au moyen du stéréoscope, il a constaté l'existence d'une carie dont le diagnostic eût été autrement fort obScur. (Commission précédemment nommée.) ( io57 ) M, MiQUEL adresse un supplément à ses précédentes communications sur les applications utiles que l'on peut faire de certaines propriétés du calorique. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Dopuis-Delcourt, à l'occasion des remarques faites dans une précé- dente séance par M. Arago sur les moyens par lesquels on peut espérer pré- server de la grêle les cantons qui sont souvent ravagés par ce fléau , adresse une nouvelle Note sur un appareil de son invention qu'il désigne sous le nom à' électro-subtracteur. (Commission précédemment nommée.) M. MoBELET, près de partir pour le Mexique, prie l'Académie de vouloir bien lui indiquer les observations qui pourraient être faites avec utilité pour la science, dans ce pays et dans les parties voisines de l'Amérique centrale. Membre de la Commission de l'Algérie, aux travaux de laquelle il a princi- palement coopéré par des dessins d'histoire naturelle, M. Moreiet s'est depuis attaché spécialement à l'étude des Mollusques, et il a publié récemment les résultats des recherches qu'il a faites en Portugal sur les animaux de cet ordre. C'est principalement à l'histoire de ces mêmes êtres et à l'histoire naturelle en général , qu'il se propose de consacrer ses soins dans le nouveau-monde ; il se propose aussi, d'ailleurs, de s'occuper des antiquités américaines, sur lesquelles diverses publications ont attiré récemment l'attention. (Commissaires, MM. Serres, Milne Edwards, Valenciennes.) La même Commission sera invitée à rédiger des Instructions demandées par M. Léouzon le Duc, pour un voyage en Finlande. M. Léouzon le Duc a déjà séjourné dans ce pays; un ouvrage dans lequel il a consigné les résultats de ses premières observations est offert en son nom à l'Académie. M. LiAROQUE prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen d'une Commission un Mémoire qu il lui a présenté dans la séance du i" juin 1846, et qui a pour titre : Les deux lois, les trois éléments et leurs fonctions. (Commissaires, MM. Dumas, Pouillet, Regnault.) CORRESPONDANCE. M. DE Brigsiole-Sale, en qualité de président du Congrès scientifique ita- lien qui doit se tenir à Gênes dans le courant du mois de septembre prochain, ( io58 ) annonce que la ville de Gênes vient de mettre à la disposition du Congrès une somme de 6000 francs pour les expériences relatives aux sciences phy- siques et naturelles qui seront faites durant cette réunion. Les savants italiens ou étrangers qui auraient à proposer des expériences sont invités à trans- mettre leurs projets à la Commission du Congrès résidant à Gênes, avant le i5 juillet prochain. Les auteurs des projets préférés en seront immédiatement informés par la Commission, qui se mettra en rapport avec eux pour aviser aux moyens d'exécution des expériences jugées utiles. MM. les membres de la Commission désignée pour aviser aux moyens d exé- cution d'un monument que la ville de Montbard se propose d'élever à la mé- moire de BuFFON, invitent MM. les membres de l'Académie à s'associer à cet hommage rendu à l'éloquent naturaliste. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur une expérience faite le i-j de ce mois au chemin de fer de Saint-Germain, avec une locomotive de la construction de M. Steph. Flachat; par M. Cr.APEYRO^f. « Les journaux ont rendu compte d'une expérience qui a eu lieu récem- ment sur le chemin de fer de Saint-Germain. Mercredi dernier, une machine locomotive, traînant à sa suite quatre voitures, a gravi la pente de o",o35 du chemin de fer atmosphérique en construction. L'intérêt qui s'attache à l'avenir des chemins de fer, et la bienveillance particulière avec laquelle l'Académie accueille les communications relatives à celle industrie nouvelle , ni ont fait penser qu'elle recevrait avec plaisir quelques renseignements à ce sujet. >' La ville de Saint-Germain est bâtie sur un plateau élevé de 5o mètres environ au-dessus de la plaine basse, sur laquelle est tracé le chemin de fer actuel , aboutissant au Pecq ; le chemin de fer atmosphérique franchit cette différence de niveau par une suite de rampes qui affectent , dans leur en- semble , une forme parabolique tournant sa convexité vers le sol et se ter- minant à une rampe de o™,o35 par mètre sur i 000 mètres de longueur, laquelle aboutit à un palier horizontal sur lequel se trouve la station ter- minale. » M. Eugène Flachat, chargé, comme ingénieur, de la direction des tra- vaux, ayant pour instruction de les pousser avec la plus grande activité, re- connut la nécessité de construire une machine puissante capable de remorquer sur ces pentes rapides les matériaux nécessaires à la construction du chemin ( «oSg ) et les appareils du système atmosphérique. Dans ce but, il fit construire, dans les ateliers du chemin de fer de Saint-Germain , l'Hercule. Une ancienne ma- chine du Greusot lui en fournit les principaux éléments; la chaudière de la locomotive nouvelle fut allongée , des cylindres de o",38 de diamètre et o"',6o de course furent placés extérieurement aux châssis; les six roues, d'un dia- mètre uniforme de i^jso, furent rendues solidaires par des bielles de con- nexion. G'est cette machine qui , mercredi dernier, fournit la course dont les journaux ont parlé. lia facilité avec laquelle sa charge fut entraînée indiquait que la locomotive ne déployait pas toute sa force. Je fis le lendemain quelques essais, dans le but de déterminer le poids maximum qu'elle pourrait tr;iîner sur la pente de o'°,o35. » lia machine est employée actuellement à porter en remblai , à la culée du viaduc, des terres extraites de la tranchée de la forêt de Saint-Germain; les wagons remontent à vide et descendent à charge. Le convoi se composait de quatre wagons chargés de terre pesant, vides, 35oo kilogrammes. li'un d'eux, porté sur une bascule avec sa charge de terre, se trouva peser 19. ooo kilogrammes. lia charge à la descente était donc La machine pesant 22000 kilogr. Son tender 10 000 Quatre wagons chargés. . . . 4^000 Un wagon à frein 35oo Total. , „ . . 835oo » On partit avec une vitesse modérée , le régulateur entièrement fermé, lia manoeuvre de la barre de changement de marche en avant, en arrière , ou à divers points intermédiaires, permettait de varier à volonté la vitesse sur la pente descendante de o'",o35. Le convoi arrêté , il fut impossible de repartir en remontant. Arrivé à la décharge, on vida successivement un , deux et trois wagons, ce ne fut qu'alors qu'il fut possible de gravir la pente. La charge se composait donc ainsi : La machine 25.000'') „ ., „ , > 03 000, poids mort. Son tender 10 000 ) Trois wagons vides. . . . io5oo \ Un wagon chargé 12000 \ a()ooo, poids utile. Un wagon à frein 35oo ) 58 000 » Fja même expérience , répétée une seconde fois; conduisit au juême ésultat. r ( io6o ; " La machine était en vapenr, à une pression de 5 atmosphères; l'effort de traction qu'elle exerçait alors, en supposant l'action de la vapeur constante pendant toute la durée de la course , était de 3 6 1 o kilogrammes. La résistance à vaincre se composait ainsi : Frottements de diverse nature évalués à -^ du poids sur 58ooo kilogr. . . 290 Action de la gravité , o , o35 — 58 000 kilogrammes 2o3o Total. . . . 2820 Restent i 58o kilogriimmes de différence, représentant la diminution de pres- sion moyenne due à la détente fixe qui a lieu au sixième de la course, les frottements additionnels de toute sorte provenant des mécanismes, et les pertes de toute nature qu'offrent les machines à vapeur les mieux construites. » Cet effort de traction effective , de 2 820 kilogrammes environ , s'éloigne peu de la limite que lui assigne l'adhérence de la machine sur les rails. Les roues étant solidaires , cette adhérence peut être évaluée effectivement au poids total, 22000 kilogrammes, multiplié par le coefficient du frottement, du fer sur le fer, qui ne peut guère descendre au-dessous de un dixième. » Il n'est pas inutile de remarquer que ce poids de 25 000 kilogrammes, que peut remorquer t Hercule sur la pente de o™,o35, avec une vitesse uni- forme , sera notablement accru lorsqu'on lui viendra en aide par la vitesse acquise sur les pentes moins considérables qui précèdent. Ainsi, on peut espérer que l'Hercule, abordant la pente deo^joSS, qui a i 000 mètres de longueur, avec une vitesse de j 4 mètres par seconde (soit 1 2 \ lieaes à l'heure), pourra remorquer quinze tonnes de plus jusqu'au haut du plan incliné; soit, en tout , huit voitures chargées. » Il est juste d'ajouter que l'emploi des machines locomotives sur des plans inclinés rapides n'est pas un fait nouveau. En Angleterre , le chemin de fer de Glocester, en France celui de la Loire, offrent des pentes infé- rieures seulement de 0,008 à o,oo5 à celle dont il est ici question, sur les- quelles ou a établi un service régulier; les machines n'ayant pas, à beaucoup près, obtenu les limites de poids et de puissance que comporte la voie ac- tuelle de i™,5o de largeur, il n'est pas douteux que les résultats obtenus ne puissent être dépassés encore, et les chiffres qui précèdent font voir que l'emploi des règles les plus simples de la mécanique permet de proportionner aisément la puissance des machines à la roideur des pentes et à la grandeur du poids à remorquer, dans les limites que comporte le coefficient du frot- tement du fer sur le fer. » L'emploi de pentes faibles n'en restera pas moins la condition d'un ( .o6. ) transport économique, et ce sera, dans chaque cas particulier, à l'ingénieur de proportionner la grandeur et le prix des travaux d'art destinés à les maintenir, à l'importance des relations commerciales. » CHIRURGIE. — Note sur l'emploi de l'opium dans le traitement des ulcères cancéreux ; par M. Tanchou. « Ij'auteur annonce avoir guéri entièrement des ulcères superficiels évi- demment cancéreux , et en avoir rendu d'autres stationnaires et exempts de douleurs, au moyen d'une dissolution très-épaisse d'opium préparée et em- ployée de la manière suivante : on fait digérer pendant vingt-quatre heures, et à une chaleur douce (24 à 20 degrés), une dose d'opium brut en poudre ou en morceaux, dans une quantité d'eau suffisante pour en faire une sorte de bouillie, on met sur la plaie 2 ou 3 millimètres de cette préparation et on la recouvre d'un morceau de papier collé ou de taffetas gommé pour empêcher l'évaporation. » M. Fbaysse envoie de Privas le tableau des observations météorologiques du mois de mai 1846. M. BiANDET adresse uhq Notice sur le dessèchement des bassins de vi~ danges qui se pratique en ce moment à Montfaucon. A l'occasion de cette communication, plusieurs membres de l'Académie font observer que l'auteur ne paraît pas avoir connaissance des mesures arrê- tées à ce sujet par l'administration municipale, mesures qui déjà ont reçu, en partie, un commencement d'exécution. u M. Chevreul, au nom de M. Niepce, lieutenant de cavalerie dans la parde municipale, prie l'Académie de vouloir bien recevoir en dépôt la boîte scellée du seau de M. Niepce qu'il remet sur le bureau. )- Elle renferme, \° la description d'un procédé nouveau au moyen du- quel on peut reproduire sur différents corps, tels que plaque de cuivre, pa- pier à la mécanique, etc., une gravure, une lithographie, des caractères im- primés ou tracés à l'encre ordinaire, etc.; 2° plusieurs reproductions de gravures exécutées par ce procédé. » Le dépôt en est accepté. L'Académie accepte également le dépôt de deux paquets cachetés présen- tés, l'un par M. Bronner, l'autre par M. Morel. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. C. R., 1846, l" Stmcitre. (T. XXU, ÎS» »2. ' 4P ( loGa ) BULLETIN DIBLIOGRAPIIIQUE. [/Académie a reçu , dans cette séance et dans la précédente , les ouvrages dont voici les titres : Coini)les rendus liehdomndaires des séances de V Académie royale des Sciences ; i" semestre 1846; n" 28 et 24 ; in-4°. Bulletin de l' Académie royale de Médecine; tome XI; mai 1846. Annales des Sciences naturelles; par MM. MiLNE Edwards, Ad. Bron- GNiàRT et Decaisne; mars 1846; in-8°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault c/Regnault; 3*série, tome XVII; juillet 1846; in-S". Eléments des Sciences naturelles; par M. C. DUMÉRIL; 5^ édition; 2 vol. in-i2. Mémoires sur la famille des Fougères; par M. A. FÉE; i vol. in-folio. (Cet ouvrage est présenté , au nom dn l'auteur, par M. BoRY DE Saint- Vincent. ) Traité de Pathologie externe et de Médecine opératoire; par M. A. Vidal de Cassis; ,'5 vol. in-S". (Présenté par M. Velpeau.) Aperçus sur quelques détails de la Guerre, avec des planches explicatives ; par M. le maréchal Bugeaud; 3* édition; in-12. Rapport présenté au nom de la Commission chargée de l'examen des projets divers de distribution d'eaux dans l'intérieur de la ville de Lyon; par M. Pru- nelle; in-4°. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ ; mai 1 846 ; in-8°. Mémoire sur l'utilité de l'Indivision de l'exploitation dans quelques fermes ; par M. GiROU de BuzAREiNGUES; I de feuille in-8°. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feroë, pendant les années i838, 1839 et i84o, sous la direction de M. Gaimard; 4^* et 43^ livraisons; in-folio. Mémoires de la Société géologique de France; 2* série , tome P'' ; 2'' partie ; in-4". Des Bains de mer; Guide médical et hygiénique du baigneur; par M. J. Le Coeur ; tomes I et II ; in-8°. De l'Examen des candidats à l'Ecole Polytechnique; par un ancien Élève de cette École; broch. in-8*'. Clinique médicale de la Facidté de Strasbourg du \" juillet i84a «" i*' /i"'/- /e( i844; par M. Forget; broch. in-8". Types de chaque Famille et des principaux genres des Plantes croissant spontO' némenten France; par M. Plée; 29' livraison; in-4''. ( io63 ) Analomie microscopique ; par M. L. Mandl; i" série : Tissus et Organes; ra* et i3* livr. ; in- fol. Archives d' Anatomie générale et de Physiologie ; par MM. Denonvillieks , LoNGET, Mandl et Regnault; juin 1846; in-8°. Revue zoologique , par la Société Cuuiérienne ; sous la direction de M. GuÉ- hin-Méneville ; 1-8°. Recueil de ta Société Polytechnique, sous la direction de M. DE Moi-ÉON; tome V, mars 1846; in-S". Journal de Pharmacie et de Chimie; juin 1846; in-8°. Journal des Usines et des Brevets d'invention; par M. V10LLET; mai 1846; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; juin 1 846; in-8° . Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la Côle-d'Or, publié par (a Société médicale de Dijon; juin 1846; in-8°. L'Abeille médicale; 3* aimée, Juin 1846; in-4°- Annales forestières ; tome V, 5* année ; juin 1 846 ; in- 8". - • Bryologia europcea seu gênera Muscorum europœorum monographice ilhis- Irata; auctoribus Bruch, W.-P. Schimper et Th. Gumbel; fasciculi 29 à 3i. Stuttf^ai-dt, i846;in-4°. Astronomical . . . Observations astronomiques faites à l'Observatoire royal du cap de Bonne-Espérance, en i843, sous la jtirection de M. Th. Maclear ; - 1 840 ; I vol. in-4''. Opérations . . . Opérations pour la vérification et le prolongement de l'Arc du méridien, mesuré par l' abbé de la Caille , au cap de Bonne-Espérance , exécutées d'après les ordres de l' Amirauté , par M. Th. Maclear ; i" partie; in-4''. VI. Différence in . . . Différence en longitude entre les observatoires de Madras et du cap de Bonne-Espérance , d'après des observations correspondantes ; par le même; in-4°. XV. The parallax . . . Parallaxe d'oc du Centaure, déduite, par M. Hen- derson , des observations faites au cap de Bonne-Espérance par M. Th. Mac- lear, en 1839 et i84o; in-4°. The horn Book ... Le Rapporteur des Tempêtes pour les mers de l'Inde et de la Chine; par M. H. PiDDiNGTON, sous-secrétaire de la Société asiatique du Bengale. Calcutta, i845;in-8°. Four synoptic. . . Quatre tableaux synoptiques pour la Locomotion sur les Chemins de fer; par M. Alph. BuRNlER. Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n" 56 1 ; in-4''. ( io64 ) Revue des Spécialités et des Innovations médicales et chirurgicales; par M .Vin- cent DuvAL; 1 5 juin 1846; in-8°. La Clinique vétérinaire; 17* année; mai et juin i8/(6; in-S". Nouveau Système locomoteur de Rhodes; { de feuille in-S''. Nouveau Recueil défaits et observations sur les Eaux de Challes, en Savoie; par M. DoMENGET. Chambéry, in-8°. Aperçu sur les Eaux minérales de Challes , en Savoie, parle même; in-8". Rulletin de l' Académie royale de Belgique ; tome V, n°' 5 et 6; in-8". Recherches sur les Déterminants; par M. Catalan, ( Extrait du tome XIII , 11° 6, des Bulletins de l'Académie royale de Bruxelles.) In-8°. Description d'une livrée inconnue de /'Anas stelleri , supposé dans sa deuxième année, d'après des individus tués aux etwirons d' Helsingfors ; par M. V. Falck; \ feuille in-4". Recherches micrométriques sur le développement des tissus et des organes du Corps humain , précédées d'un Examen critique des di^érentes méthodes micro- métriques; parM. Harting. Utrecht, in-4°. Mikrochemische . . . Recherches microchimiques sur le Développement et la Nature chimique de la paroi cellulaire végétale; par le même ; in-8°. Over de . . . Recherches sur le mode de développement de la tige annuelle des Plantes dicotylédonées et de ses parties élémentaires; par le même ; in-8°.. Waarnemingen. .. Remarques sur l effet des Agents physiques ou des In- fluences extérieures sur l'accroissement de la tige des plantes; par le même; in-S". Histologische. . . Observations hystologiques ; par le même; in-8°. Bijdrage. . . Recherches sur l'anatomie des Cactus ; par ]e même ; in-8'*. (Ces six ouvrages de M. Harting sont adressés poln* le concours de Physiologie expérimentale. ) Gazette médicale de Paris; année 1846, n°* a4 et aS; in-4''. Gazette des Hôpitaux; n°* 67 à 70; in-folio. Gazette médico-chirurgicale ; année 1 846, u"' 24 et aS. La Réaction agricole; u"' io3 et io4 ERRATA. (Séance du i5 juin 1846.) Page 1000, septième ligne en remontant, au lieu de panem cum paucis dactylis comede- bat; in quadragesima, lisez panem cum paucis dactylis comedebat, in quadragesima. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU J.UNDI 29 JUIN 1816. PRÉSIDEJNCE DE M. MATHIEU. MEMOIRES ET COMMUAICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. KLECTUO-CHiMlE. — De la décomposition des sels neutres^ à base de potasse et de sonde, par le concours simultané du fer ou de la fonte, de l'eau et de l'air; par M. Becquerel. « Essayer de retirer la soude et la potasse de leurs sels respectifs, en n'employant seulement que le fer ou la fonte, l'eau et l'air à la température ordinaire, est un problème qui, au premier abord, présente des difficultés; lirais, pour quiconque connaît toute la puissance de l'action chimique de l'é- lectricité, ces difficultés ne sont pas de nature à arrêter longtemps. » Scheele avait déjà reconnu que le fer décomposait le sel marin; voici comment il s'exprime à cet égard dans ses Mémoires : « Je trouvai dans une » cave un vaisseau de bois, cerclé de fer, dans lequel étaient des salaisons. » r^es cercles de fer étaient couverts d'un sel qui ressemblait parfaitement à . " l'alcali minéral. Cela me parut tout à fait singulier, parce que je savais » bien que le fer était moins altéré par l'acide muriatique que l'alcali miné- j! rai, et qu'ainsi je ne devais pas croire que le sel commun contenu dans le ^ vaisseau de bois eût pu être décomposé par le fer. Pour m'en éclaircir, je >i trempai une lame de fer nette dans une dissolution saturée de sel com- » mun, et je la suspendis dans une cave liumide. Dans l'espace de quatorze , » jours, la lame se trouva aussi couverte d'alcali minéral. >' C. K., iSjfi. I" Semcstrc^i:. XXII, N" 26 ) 14' ( io66 ) '! Je passe maintenant aux expériences que j'ai faites dans le but précé- demment énoncé : lorsqu'un morceau de fer ou de fonte est plongé, en partie , dans une solution de sulfate de soude ou de chlorure de sodium , il se produit des effets de transport dont nous allons faire connaître la cause. On sait que les actions combinées de l'air, de l'eau et du sulfate de soude sur un morceau de fer qui plonge entièrement dans la solution, suffisent pour décomposer le sulfate; il se forme du protosulfate de fer, qui est immédiatement décomposé par la soude mise à nu , et il se précipite de l'oxyde de fer qui passe peu à peu à l'état d'hydrate de peroxyde; mais il n'en est plus de même quand le fer n'est plongé qu'en partie : il se forme alors du protosulfate de fer, qui reste en dissolution, tandis que la soude sort de celle-ci pour se placer sur la partie non immergée du métal, où elle se combine immédiatement avec l'acide carbonique de 1 air ambiant; de là résulte du carbonate de soude qui cristallise en houppes soyeuses très-près de la surface du liquide. Au bout de peu de jours, on en a des masses assez volumineuses qu'on enlève facile- ment. Les réactions ont lieu, à peu de distance de la surface du liquide, là où le métal s'oxyde le plus facilement. Aussi la quantité de carbonate de soude formée dans un temps danné esl-elle la même, que la partie immer- gée du métal soit égale à i décimètre ou à ! centimètre. " On se demande maintenant comment il se fait que la soude sorte ainsi du liquide pour se combiner avec l'acide carbonique de l'air, alors qu elle peut réagir énergiquement sur le protosulfate de fer qui vient d'être formé. On ne voit pas, en s'appuyant seulement sur les affinités, pourquoi la soude obéirait entièrement à l'action de l'acide carbonique, alors qu'elle est en pré- sence d'un autre corps agissant puissamment sur elle en sens inverse; tandis que l'effet s'explique facilement en admettant un phénomène de transport analogue à celui qui a lieu sous l'influence des forces électriques: il suffit, pour cela , de considérer la partie immergée et la partie non immergée du métal , l'une comme le pôle positif, l'autre comme le pôle négatif d'un couple vol- taïque; rien n'est plus simple que de justifier l'existence de ce couple: la partie immergée est attaquée par la solution ; celle qui ne l'est pas est en de- hors de cette solution , elle est recouverte d'une couche d'eau hygrométrique qui sert à constituer le circuit électro-chimique, de sorte que l'on a les mêmes effets que ceux produits lorsqu'on plonge une lame de métal dans deux li- quides superposés, dont l'un attaque le métal et l'autre ne l'attaque pas; le phénomène est donc purement électro-chimique. » I/expérience a été faite sur une assez grande échelle pour savoir jusqu'à quel point il était possible d'appliquer à l'industrie ce procédé dans le but ( ïo67 ) d'obtenir de la soude, par la décomposition soit du sulfate de soude, soit da chlorure de sodium. J'ai fait construire, à cet effet, six cylindres creux en fonte, ouverts par les deux extrémités, de 33 centimètres de diamètre, 23 cen- timètres de hauteur et 3 centimètres d'épaisseur. Ces cylindres ont été mis dans des baquets renfermant une solution de sulfate de soude marquant i4 degrés. Le niveau de la solution se trouvait à i centimètres en contre-bas de l'extrémité supérieure. Pour recueillir le carbonate de soude, on a placé sur la partie supérieure du cylindre un plateau de cuivre évidé au milieu, et dont les bords étaient rabattus av.ec pression sur les parois intérieures et extérieures du cylindre , et ne faisaient que toucher la solution ; on avait ainsi des couples voltaïques bien établis, composés de fonte, de cuivre et d'une solution de sulfate. Mais le cuivre n'était là, je le répète, que pour recueillir le carbonate de soude au fur et à mesure qu'il se formait, sans être coloré par la rouille. Vingt-quatre heures après, on a commencé à aperce- voir des cristaux de carbonate de soude sur le cuivre, lesquels ne tardèrent pas à recouvrir toute la surface annulaire du plateau. Au bout de quinze jours, on a pu recueillir sur chaque cylindre une cinquantaine de grammes de car- bonate de soude très-pur, très-blanc et privé sensiblement de sulfate de soude. L'effet n'était pas plus marqué quand on n'employait seulement que la fonte. » Au lieu d'un plateau annulaire évidé au milieu, j'ai employé un plateau plein qui n'a pas tardé à se recouvrir de carbonate de soude. Bien que ce procédé très-simple ne puisse être l'objet d'une exploitation en grand, en raison du développement considérable de pièces de fonte qu'il exigerait, ce- pendant on peut l'employer avec succès sur le bord de la mer et presque sans frais, pour des besoins personnels ou de petites exploitations, puisqu'il ne faut que des morceaux de vieille fonte, des bassins et un abri. J'ajouterai encore que, dans les localités où le combustible manque et où il est impos- sible de se procurer de l'alcali par l'incinération des bois, on pourra utiliser ce procédé. Un autre motif m'a encore guidé dans mes recherches : le déve- loppement incessant de la civilisation diminuant de jour en jour nos res- sources en combustibles, nous devons nous attacher, comme je l'ai déjà dit en exposant le traitement électro-chimique des minerais d'argent, de cuivre et de plomb , à chercher les moyens de former un jour une foule de produits indispensables aux besoins de la vie, sans l'emploi de la chaleur. >' Les effets décrits dans cette Note ne sont pas non ^jIus sans quelque importance pour l'interprétation de divers phénomènes naturels; car ils font voir comment il peut se faire qu'avec une seule substance solide, conduc- i4i" ( io68 ) tiice de l'électricité, et un liquide réagissant sur elle , et dans lequel elle plonge en partie, on obtienne des effets de transport analogues à ceux qui sont pro- duits sous l'influence voltaïque. Si la substance n'est pas conductrice, il suffit, pour arriver au même but, que sa surface soit en contact avec des matières carbonacées ou autres jouissant de la conductibilité et convenablement placées. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— iVb^e^wr /a théorie de la turbine de MM. A. Kœchlin et compagnie ; par M. Mobin. •< Pour appliquer à la turbine Jonval, perfectionnée par MM. A. Kœ- chlin et compagnie, les principes de la théorie des moteurs hydrauliques, nous suivrons la marche adoptée avec succès par notre savant confrère M. Poncelet , dans la théorie qu'il a donnée des effets mécaniques de la tur- bine Fourneyron (*), en appliquant comme lui, au cas actuel, le principe des forces vives. « Afin de rendre l'analogie des résultats plus sensible, nous avons adopté exactement les mêmes notations que lui pour les parties qui remplissent le même but, et nous avons nommé : n JL H (*) Voir Comptes rendus, t. VII, p. 260. ( io6g ) a la largeur des orifices d'écoulement offerts par les directrices, égale à o"", 1 20 quand la turbine est entièrement ouverte et à o™,o/î8 quand les orifices sont garnis de leurs obturateurs-, a = o™, 1 12 la plus courte distance de deux directrices: cette mesure, prise directement sur la machine, est à peu près la même quand la turbine est entièrement ouverte, ou quand elle est garnie des obturateurs; Il la vitesse inconnue et moyenne avec laquelle les filets fluides franchissent les orifices dont l'aire individuelle estae; / = o'^SSS la distance entre les extrémités extérieures des directrices ; a= 34° l'angle aigu sous lequel les filets liquides, censés perpendiculaires à fl, traversent les orifices; k== o,85 le coefficient de contraction à la sortie de ces orifices, qui, par leur forme , occasionnent fort peu de convergence dans les directions des filets; .;.>.. jUL le coefficient de la dépense qui se rapporte à l'introduction de l'eau dans l'intérieur du réservoir, et qui doit être, au plus, égal à o,55, par suite delà disposition de la cuvette qui porte les directrices, et dont le contour en saillie sur son fond accroît considérablement les effets de la contraction; A = '^ ^ — — = o""f,46252 l'aire annulaire du réservoir, à la partie 1,273 '^ ^ supérieure de cette cuvette ; O = nkae la somme des aires contractées kae des orifices de sortie dont fi =z 6, dans le cas actuel, représente le nombre ; pour la turbine qui nous occupe, on a O = 6 X o,85 X o™,i 12 X o"Siao = o'"i,o68554, quand tous les orifices sont ouverts; R' = o™,4o5, R" = o™,a85 les rayons des circonférences extérieure et in- térieure de la roue, quand il n'y a pas d'obturateurs ; R = o'",345 le rayon moyen; ce qui donne, pour la circonférence corres- pondante, 2™, 1677 et / = o™,'395; e' la largeur du débouché naturel offert au liquide affluent par les canaux de circulation des aubes : cette largeur est égale à o'",i i54 quand il n'y a pas d'obturateurs, et à o'",48 quand les orifices sont garnis de leurs obturateurs; a' = o'",o4o la plus courte distance entre deux aubes consécutives ; l' =: l" = o",ii54 les intervalles des aubes, mesurés respectivement sur ( I070 ) les circonférences moyennes inférieure et supérieure , en supposant leur épaisseur égale à o^jOoS ; o := 3o** environ l'angle aigu formé par le jet liquide avec la circonférence moyenne inférieure ; 0'= Ji'ka'e' la somme des aires contractées k!a'e\ des orifices d'évacuation, dont le nombre ra' =: i8 est une donnée à peu près constante pour toutes les roues, d'après la pratique des constructeurs; k' = o,85, au plus , et quand il n'y a pas d'obturateurs : on a, pour cette roue, O' = i8 X o,85 X o"',o4 X o™,u54 = o^VToôaS; k^ le coefficient de contraction de l'eau à l'entrée des canaux de circulation formés par les aubes : lorsque la roue est au repos, on devrait avoir à peu près k^ = cgS quand il n y a pas d'obturateurs , et k, = 0,70 , au plus, quand il yen a; mais, par l'effet du mouvement de la roue et du choc de la veine fluide sur la tranche de l'aube qui est plane et qui a 5 à6 millimètres d'épaisseur, ce nombre est en réalité plus petit : les constructeurs le prennent égal à o,5o dans le calcul des proportions à donner à leurs roues, mais cette valeur est évidemment beaucoup trop faible; V la vitesse de la circonférence moyenne de la roue ; M et u' les vitesses relatives avec lesquelles le liquide est introduit dans l'in- tervalle compris entre les aubes voisines de la roue , et s'en échappe ensuite comme d'une espèce de canal ou ajutage conique ; • ]3 = 34° l'angle formé par la vitesse u et la vitesse v prise en sens con- traire; h la hauteur du niveau du bassin ou réservoir supérieur au-dessus du mi- lieu des plus courtes distances des directrices; h^ la hauteur de la roue; ^2 la hauteur du dessous de la roue, au-dessus du niveau d'aval; H la chute totale ; on a sensiblement H = A -+- Â, -\- h » 7 P la résistance, et Pv l'effet utile, mesuré au point dont la distance à l'axe est R ; p la pression atmosphérique extérieure par mètre carré; pf celle iqui a lieu dans l'espace compris entre les plus courtes dislances des directrices ou les orifices distributeurs et la roue; ( ^o-ji ) (o 855)' A' = ^ ' ' = o""',574i l'aire de la section transversale du tuyau vertical au-dessous de la turbine; U' la vitesse moyenne dans le tuyau ; L = i™,oi5 la largeur de l'orifice d'évacuation inférieur de la turbine; £ la hauteur de cet orifice, égale à o",498 quand la vanne est levée en entier; m — 0,70 le coefficient de la contraction au passage par l'orifice de la vanne inférieure. » Dans le cas où cette vanne est entièrennent levée, on a toLE = 0,70 X i'",oi5 X o'",49a — o""<,3496, c'est-à-dire 0,60 environ de l'aire de section du tuyau, 5,09 fois l'aire des passages par les orifices distributeurs, et 4)79 fois l'aire des passages par l'extrémité des canaux de circulation de la roue. » A l'aide de ces notations, le principe des forces vives nous donne, pour l'équation du mouvement de l'eau, depuis le réservoir jusqu'à son arrivée à la partie supérieure de la roue , O' / 1 \ " d'où l'on lire, en posant — ( il = K, et Si nous appliquons cette formule à la huitième expérience de la première série, dans laquelle on a le volume d'eau dépensé Q =: o''"',35525, et, par suite, U = 5",i86i , la hauteur correspondante à cette vitesse est — = i™,37. On avait, dans l'expérience, k = i'",44?et, par les données, I +K= 1,0 5 1 4, d'où résulte £^_^==_o»,o7. Ce qui montre que dans les proportions adoptées, la différence dé pression de l'extérieur à l'intérieur de la roue est peu considérable. ( «o?^ ) » A son entrée dans la roue , l'eau perd, par le choc contre les aubes , la foi'ce vive Mm^ sin^' (/3 — y) = M [IJ sin (a -f- v) — i' sin 7]% puis, après son introduction, par l'effet de sa rencontre avec le fluide qui occupe l'intervalle des aubes , elle perd la force vive M [ttcos(/B — 7) — ArVsinçp. » La perte de force vive totale, produite à l'entrée de l'eau dans la roue, est donc M [ti- -h k'^u'^ sin-^ — aÂ'Uw' cos(a 4- yysinç — 2k' cosy sinçPM']. " Si l'on supposait y = 90°, comme cela a lieu , à très-peu près , dans les turbines de MM. Fourneyron et Fontaine, on aurait cos (oc-h y) =^ sina et cos(/3 — y) =: sin j3, et Texpression ci-dessus se réduirait à M (u^ -h k'^u"^ sin* 9 — aA'tt«'sin]3sinçi), qui est celle que M. Poncelet a trouvée , dans la même hypothèse , pour la première de ces turbines. " Si l'on se rappelle que U = — -, et que l'on pose k'sincp = b, O' cos (a -t- y) g- = c, cos y = rf , l'expression précédente de la force vive perdue à l'entrée de l'eau dans la roue devient U{u- + b^u'^-ibcu^ - :tbdvu'). >> Pour poser l'équation du mouvement de circulation de l'eau dans la roue, on peut remarquer qu'ici la force centrifuge ne développe pas de tra- vail apparent, parce que le liquide entre et sort à la même distance du centre, en admettant, ce qui doit être exact, que les canaux soient rem- plis. Toutefois, vu la proportion assez grande de la largeur e' de ces canaux au rayon moyen R de la roue, cette force doit développer, vers le côté ex- térieur de la roue, une pression qui influe sur le mouvement, mais dont il paraît très-difficile de tenir compte. » Le travail développé par les pressions p' et p, et par la pesanteur dans ( I073 ) le passage de l'eau à travers la roue, est Mg t-f + A. et l'équation du mouvement circulatoire de l'eau dans les canaux formés par les aubes, en négligeant l'influence du frottement du liquide contre les parois, est Mu'^=Mu''-h2MgK -^-hh^ -h2Mgh,-M(y+ b^u"" - ibcu"' - abdvu'), qui, au moyen des relations établies précédemment, et en posant se réduit à d'où l'on tire ^(i + K) + b'--ibc=i, u" (i + i) — abdvu' = 2gH ; bdv u' = ——. + " Cette relation montre que la vitesse relative de sortie de l'eau , quand elle s'échappe des canaux de circulation , dépend de la vitesse de la roue , et qu'elle est inférieure à celle qui est due à la chute totale , attendu que le hdv . , . ,. 11.. terme : est toujours tres-petit, tandis que le denommateur i -+- z est supé- rieur à l'unité. » En appliquant, par exemple , cette formule à la deuxième expérience de la première série , on trouve «' = 4"'>63 pour la vitesse du passage de l'eau à travers la turbine , tandis que la comparaison de la dépense effec^ tive, qui était Q = o*"*"', 355^5 avec la somme des aires des passages »'A:'fl'e' = o™'',o7o625, donne u' = 5"',o3 ; ce qui semblerait indiquer que la vitesse réelle et la vitesse théorique ne diffèrent, dans le cas actuel, que de yj environ. » Cette comparaison montre qu'il y a un assez grand accord entre les for- mules et les résultats de l'observation, surtout si l'on considère que dans ces formules, où l'on n'a pas tenu compte des frottements extérieurs, il entre des coefficients de contraction qui, pour les applications, ont été estimés, mais non déterminés directement. C R., 1846, i" Semejire. (T. XXII, N<> 86.) ' 4^ ( I07/. ) " Quoi qu'il en soit, on voit que la vitesse d'écoulement de l'eau à travers les passages inférieurs de la roue n'est pas, à beaucoup près, égale à celle qui est due à la chute totale, comme les constructeurs l'admettent en principe. » La vitesse absolue avec laquelle l'eau quitte la roue a pour expression IV = yji/^ + i»* — a i/if ces œ , et il est facile de voir que sa composante horizontale étant éteinte en tour- billonnements, et sa composante verticale en partie détruite, la perte de force vive qui se produit après la sortie de la roue, et à son passage dans le tuyau, a pour expression M{w'- lU'u' siiKp-hU"). « Enfin, la force vive conservée en pure perte par le liquide à sa sortie par l'orifice de la vanne inférieure est * \otLE/ " Il résulte donc de ce qui précède , que l'application du principe des forces vives au mouvement de l'eau dans cette roue conduit à l'équation suivante, qui donne le rapport de l'effet utile théorique au travail absolu du moteur, Pp . u" s , p' Mg-H gH gn gH dans laquelle ^= — cos a H- W + C08 If. » ha valeur de la vitesse u' est une fonction de celle de v; mais comme on a vu que, vers le maximum d'effet, la vitesse v a peu d'influence sur celle de m', on pourrait, par approximation, pour le calcul de la vitesse corres- pondante à ce maximum d'effet, admettre que ,'_. /'"^iH V I + j et alors la valeur de v pour ce maximum serait donnée par la relation l3u'—^i> = o; dou 1»= -\/— 2 — ;, (• 1075 ) ou 0' — cos a + érf + cos If V = Vu-' " Dans le cas de la huitième expérience de la premièie série, par exemple, on trouverait V = G, 638 s/otgH, tandis que l'expérience donne V = 0,590 V^gH, valeurs qui ne diffèrent que de -^ de la plus petite. .. Les constructeurs paraissent admettre, dans leurs calculs pratiques, d'après l'ensemble de leurs expériences, que la vitesse correspondante au maximum d'effet, mesurée à la circonférence extérieure, doit être 0,70 de celle due à la chute totale. De plus, dans leur pratique, ils admettent les proportions suivantes : n' = 18 pour le nombre des aubes; a'= A D, D étant le diamètre extérieur; e'=|D, A:'=o,5o et u' = ^^gU. Ce qui leur donne , pour calculer la dépense d'eau , ou plutôt le diamètre de la roue d'après cette dépense supposée donnée , Q= 18 X o,5o X Yê D X IDya^H; d'où ^ / i6x8.Q Y 18 X o,5o yag-H » Les formules ci-dessus, d'après nos notations et la valeur /:'== o,85 , donneraient p^ / .6X8.Q , V 18x0, 583 s/sg-H relation qui conduirait à un diamètre un peu plus petit que celui qu'adop- tent les praticiens, naturellement enclins à donner des dimensions plutôt trop fortes que trop faibles. » Les proportions et les rapports à peu près constants, adoptés par les constructeurs, expliquent comment, malgré les erreurs de principes inlro- 142'. . ( 1076 ) duites dans les formules qui servent de bases à leurs calculs, l'expérience a pu les conduire à des formules pratiques voisines des véritables. C'est ainsi que la valeur o,5o, qu'ils ont adoptée pour le coefficient de Ja dépense par les orifices de la roue, évidemment beaucoup trop faible, compense à peu près l'erreur, en sens contraire, qu'ils commettent en admettant que la vi- tesse relative «' avec laquelle l'eau sort des canaux de circulation formés par les aubes, soit égale à la vitesse due à la chute totale. » En appliquant la formule théorique à la huitième expérience de la première série, et en y faisant u' = 4"',63, on trouve, pour le rapport de l'effet utile théorique au travail absolu dépensé par le moteur, la valeur 0,8 1 5, tandis que l'expérience donne 0,72; ce qui diffère en moins de la valeur théorique de 0,095 ou -^. » Si Ton supppose que la vanne inférieure, qui était à peu près totale- ment ouverte dans l'expérience précédente, soit en partie fermée comme dans la deuxième série, où sa levée n'était que de o'",i78, on trouve, pour le rapport théorique de l'effet utile au travail absolu du moteur, la valeur 0,699, ^" 1'^" ^^ 0,86; ce qui indique une réduction de | dans l'effet théorique. » L'expérience montre, en effet, que la réduction de l'orifice d'évacua- tion du tuyau occasionne, dans l'effet utile, une diminution notable, et donne pour le même rapport, dans le cas que nous venons d'examiner, la valeur 0,627, tandis que, pour l'ouverture complète, onavait trouvé la valeur 0,720, qui est supérieure de i. » L'expérience et la théorie sont donc parfaitement d'accord pour faire voir que la vanne inférieure ne saurait être employée comme moyen de régler la dépense et la vitesse de la roue, sans qu'il en résulte une perte très-sensible dans le rapport de l'effet utile au travail absolu dépensé par le moteur. » Pour compléter la comparaison des résultats de la théorie à ceux de l'ex- périence, nous en avons fait l'application à la première série, relative au cas où tous les canaux de circulation de la turbine étaient entièrement libres. Les résultats de ces calculs sont consignés dans le tableau suivant : N<" des expériences.... 1. 3. 4. 8. e. 7. 8. 9. 10. Valeurs do .. „ Mg-H o,6;8 o,8oî 0,845 o,85i o,84') 0,816 0,804 o,-;8o o,736 ( 1077 ) " Ces résultats ont été représentés graphiquement comme ceux des ex- périences, et à la même échelle, par une courbe qui a pour abscisses les nombres de tours en i minute, et pour ordonnées les valeurs du rapport de l'effet utile théorique au travail absolu du moteur. " L'examen de cette courbe montre que les effets utiles réels et les effets théoriques marchent dans le même sens; mais, d'une part, l'effet théorique est supérieur à l'effet donné par l'expérience, et, de l'autre, la vitesse qui correspond au maximum d'effet théorique est plus grande que celle qui donne le maximum d'effet utile. On remarque, de plus , que l'excès de l'effet théo- rique sur l'effet utile réel croît avec la vitesse. Cette différence tient donc évidemment en grande partie à ce que la théorie précédente ne tient pas compte de la résistance que l'eau oppose au mouvement de la roue, ainsi que de quelques autres pertes croissantes avec la vitesse, telles que le choc de l'eau contre le bord des aubes , etc. j» Or, s'il ne nous est pas possible de déterminer directement l'influence de ces causes, les constructions graphiques permettent d'en trouver la loi et la valeur approximatives. En effet, l'excès des ordonnées de la courbe théo- rique sur celles de la courbe expérimentale nous donne, pour cliaque vitesse de la roue, la fraction du travail absolu du moteur qui est absorbée ou perdue par des causes dont la théorie n'a pas tenu compte. Prenant donc pour chaque vitesse ou chaque nombre de tours de la roue la différence de ces ordonnées, et construisant le lieu géométrique des points dont ces diffé- i-ences sont les ordonnées et dont les carrés des nombres de tours sont les abscisses, on reconnaît que l'on peut faire passer entre tous les points une ligne droite dont l'équation est r = 0,0000 122«*, dans laquelle r représente la fraction du rapport de l'effet utile théorique au travail absolu du moteur consommée par les causes indiquées , et n le nombre de tours de la roue en i minute. » Ainsi, en retranchant du second membre de l'équation théorique la va- leur ci-dessus de r, on aura une formule usuelle qui représentera l'effet utile réel avec toute l'exactitude désirable. » En mettant cette expression sous une forme plus générale qui permette de l'appliquer ou de la vérifier pour d'autres roues, en remarquant que la résistance opposée par le liquide au mouvement de la roue peut être regardée comme proportionnelle à la surface de la zone annulaire, de sorte que la ( 1078 ) valeur de r peut êtie représentée par r = 0,00001221 g-) =^ ksv^, expression dans laquelle k serait un facteur constant ; s la surface annulaire de la roue, V la vitesse de la circonférence moyenne de la couronne et qui, d après les dimensions de la roue, revient, toutes réductions faites, à r = 0,014733 sv^ ; d'après cela , l'effet utile réel serait représenté , avec 1 exactitude désirable pour la pratique, par la formule Pc MgH -^S + ,4"'^ - ik ^ «'«'^733*) ^^ >' lia recherche de la vjtesse correspondante au maximum d'effet con- duirait à des calculs assez laborieux pour la pratique, puisque l'on aurait à résoudre une équation du quatrième degré ; mais on peut la simplifier en remarquant que, quoique la valeur de la vitesse u' soit dépendante de celle V de la roue, cette valeur, pour le cas du maximum d'effet, est assez peu modifiée quand on néglige le terme ;; de sorte que pour les calculs relatifs à ce maximum, où l'expérience nous montre que la vitesse de la roue peut varier entre des limites très-étendues sans inconvénient, nous pouvons , par approximation, regarder u' comme indépendant de v. I' Dans cette hypothèse, où l'on a V H-' la condition du maximum d'effet fourni par l'équation ci-dessus devient 2(i+o,oi4733jg'H) V •-!-' ou — cos a -I- orf + COS (f —■ cob a-^ va -f cos 9 i — O ^ ^2^11 " ~ 2(1 + 0,014733 ^g-H) / O", ^, ,, ^' expression qui contient les angles a, y et cp. Mais les angles a et œ sont à peu ( I079 ) près déterminés par la condition de la facilité du débit de l'eau par les ca- naux des directrices et des aubes. Quant à l'angle 7, on peut en disposer entre certaines limites , mais il a peu d'influence sur le résultat , puisqu'il n'entre que dans le terme bd du numérateur oùb = 0,4^5, et que cet angle ne peut devenir sensiblement plus petit que 45 degrés, de sorte que cos y = d = 0,707, et bd = 0,4^5 X 0,707 = o,3oo au plus, tandis que la somme des deux autres termes du numérateur est tou- jours égale à 1,616 environ. » Si l'on applique la formule ci-dessus aux proportions de la machine qui nous occupe, et pour laquelle on a B= 1,70613, .s = o""',o657a8, 1-4-^=1,73423, on trouve V = 0,641 V^gH. » Or l'expérience a conduit les constructeurs de ces roues à donner à la circonférence extérieure une vitesse de 0,70 environ de celle due à la chute totale, et, d'après les proportions qu'ils suivent en général, la vitesse à la circonférence moyenne est à celle de la circonférence extérieure comme 7 : 8, de sorte que leur règle revient à faire (; =z I X 0,700 v/agH = 0,612 V^gH, ce qui s'écarte peu de celle que nous déduisons de la théorie. » On voit donc que la formule théorique, modifiée comme on l'a dit plus haut, permettra de déterminer l'effet utile et les divei-ses circonstances du mouvement de ces roues. » CHIMIE. — Rectification relative à un alliage de cuivre et d'antimoine mentionné dans mon dernier Mémoire sur le dosage du cuivre; par M. Pelouze. « Il y a, dans le dernier Mémoire que j'ai lu à l'Académie, une erreur que je m'empresse de rectifier. Elle est relative à une pièce d'artillerie que j'avais indiquée, d'après des renseignements inexacts, comme formée de cuivre et d'antimoine. Notre honorable confrère, M. Piobert, m'apprend, 1° que ce canon, du calibre de 24, était composé de 92 parties de cuivre, 5 d'élain, 4 de fer et 4 seulement d'antimoine, et qu'il a éclaté dans l'é- ( io8o ) preuve; i° qu'un mortier de 3i centimètres, formé de ga cuivre, 4 fer, 6 antimoine, n'a pas été tiré dans la crainte qu'il ne vînt à éclater. » MÉTÉOROLOGIE. — Réponse aux observations que M. Fuster a présentées sur mon Mémoire, lu le a5 mai 1846; par M. Duheau de la Malle. « En relevant les nombreuses inexactitudes qui se sont, à mon avis, glis- sées dans l'ouvrage de M. Fuster, je ne me suis proposé d'autre but que celui de montrer qu'il n'est pas permis de tirer des conséquences aussi absolues de quelques passages vagues et incertains sur les changements de climat de notre France. M. Fuster s'est imaginé que, dans cet examen critique, je lui prétais des opinions qu'il n'avait point émises; il me sera facile de démontrer qu'il n'en est rien, en reprenant les principaux points sur lesquels portent ses nou- velles allégations. » M. Fuster ne veut pas que ce soit par comparaison avec le climat de la Grèce et de l'Italie que Jules César et Diodore de Sicile aient jugé de celui de la Gaule, et, pour le prouver, il emprunte à ce dernier auteur un passage qu'il cite textuellement. Cependant, en acceptant le jugement de l'historien grec dans toute la généralité qu'il lui donne, on ne peut encore voir dans son témoignage une preuve en faveur de la rigueur des hivers dans la Gaule. La congélation des rivières est un fait trop fréquent dans notre pays , pour que la mention de ce phénomène dans l'antiquité doive constituer une dif- férence entre le climat d'alors et celui d'à présent. Remarquons que Diodore appliquait surtout le nom de Gaule à la partie moyenne et septentrionale de la France , n'y comprenant ni l'Aquitaine , ni la Narbonnaise. Qu'y a-t-il donc d'étonnant qu'il vienne nous dire qu'on n'y récolte ni vin ni huile , puisque , à cette heure, malgré tous les progrès de l'agriculture, la ligne d'oliviers n'a guère dépassé que d'une vingtaine de lieues le littoral de la Méditerranée, et que la vigne cesse de donner un vin potable à partir de la Loire, du côté de la Bretagne, et au centre de la France vers les confins de la Picardie? On se ferait d'ailleurs une singulière illusion si l'on s'imaginait que Diodore , aussi bien que la plupart des géographes anciens, a toujours puisé ses renseigne- ments chez des auteurs de la même époque, et que dès lors leurs assertions peuvent constamment se rapporter à l'état du pays dans un moment donné. » Aussi me suis-je peut-être montré trop réservé dans ma réfutation, en admettant, sans critique, cette assertion de Diodore et du docteur, son zélé partisan. En effet, on peut opposer à ce que dit l'historien grec le témoi- gnage si imposant de Varron, ce célèbre érudjt si profondément versé dans ( io8r ) les connaissances agronomiques, et, de plus, antérieur àDiodore; témoin oculaire, ayant parcouru la Gaule dans tous les sens, il a infiniment plus d^autorité qu'un simple compilateur. Or Varron s'étonne de ne trouver, dans certaines parties de la Gaule transalpine (en deçà du Bhin), ni oliviers, ni vignes, ni arbres à fruits. Il suivait alors la route qui, du Saint-Gothard , con- duit au nord de la Gaule, bornée par le Rhin, et il partait de la Narbon- naise. Je cite ses propres paroles (i) : « Dans l'intérieur de la Gaule trans- » alpine , vers le Rhin , j'ai traversé , lorsque je commandais les armées , » quelques provinces où il ne croissait ni vignes, ni oliviers, ni fruits, où >> les hommes fument les champs avec une craie blanche fossile, où ils n'ont » ni sel marin , ni sel fossile , et où ils le remplacent par des charbons tirés » de la combustion de certaines espèces de bois. » » Dans sa Note sur cette phrase curieuse : Je traversai quelques provinces de la Gaule où il ne croissait ni vigne, ni olivier, ni fruits, le savant Wesse- ling s'écrie : Id si de omni Gallia intellexerit, falsum videri omnes sciinus. » D'où aurait pu naître l'étonnement de Varron si , dans d'autres parties de la Gaule, la vigne et l'olivier n'étaient pas cultivés? Il ne nous semble donc pas qu'à cet égard les observations de M. Fuster offrent rien de bien con- cluant ; aussi ne nous y arrêterons-nous pas davantage. Sans doute que cet auteur l'avait lui-même senti lorsque , voulant ajouter aux témoignages qu'il avait à grande peine recueillis en faveur de son opinion, il cite une exclama- tion de Cicéron qui, dans la pensée de l'illustre orateur, ne concerne nulle- ment le climat de la Gaule. L'indication qu'il donne porte § II du Discours sur les provinces consulaires, où, selon lui, sont consignés ces mots à propos de la température de la Gaule : Quid illis terris asperius ! Or tout le monde peut s'assurer que ce passage , qui résume si bien les opinions étranges de mon savant contradicteur, n'existe pas, quoiqu'il le dise, dans les deux pre- miers chapitres du Discours sur les provinces consulaires. A la vérité , il a aussi indiqué vaguement dans sa note les Epistolœ; mais à laquelle des Épîtres cette indication a-t-elle trait? On connaît la prodigieuse correspondance de Cicéron: est-ce dans les Lettres à Atticus, à Quintus, à Brutus, à Trebatius? La Clavis Emestania, elle-même, répertoire des expressions de Cicéron, ne m'a point ouvert la porte qui conduit à ce passage. Citer ainsi , je le ré- pète , c'est laisser croire que l'on n'a pas puisé aux sources originales, ou que Ton craint l'examen, et qu'on ne veut pas être réfuté. Enfin, après avoir feuilleté plusieurs heures, j'ai trouvé, au chapitre xii du Discours précité, (i) f'oyez ce fSiSSigc dans mon Écn/iomic politique des Romains, tome II, page 72. C. a., i8i6, I" Semestre. ( T. XXII, N" 20.) I 4^ ( io82 ) l'expression Quid Mis terris asperius, qui n'a aucun rapport au climat, mais qui s'applique aux mœurs des habitants et à l'état sauvage de la contrée. Ainsi, dès sa première page, le docteur Fuster se montre inexact, soit dans l'exposé des faits, soit dans les citations. >i Poursuivons notre examen : Diodore de Sicile^ contemporain de César, dit M. Fuster, définit le mieux la rigueur du climat de la Gaule. Le docteur cite alors V Histoire universelle, t. II, art. i8. Un tel renvoi expose tout le monde à chercher vainement le passage rapporté. Le tome n'est certes pas celui de l'édition de Wesseling (2 vol. iu-fol. , 1747)» la meilleure que nous possédions, car le tome II commence par le livre xv qui traite, non de la Gaule, mais de Denys le Tyran, et de l'histoire grecque comprise entre la 98" et la io4* olympiade. Est-ce la traduction de Miot? Pas davantage ; et cette manière de citer un auteur dont le texte est toujours divisé en livres et non par tomes, prouve assez combien M. Fuster est peu familier avec les habitudes de l'érudition. >' Cet auteur fait observer que c'est complètement à tort que je lui ai attri- bué cette phrase : « Le blé n'était pas milr avant la bataille de César contre les >' Helvétiens. » Non, sans doute, M. Fuster n'a pas écrit cette phrase; il en a eu garde, car il lui eût fallu produire textuellement un passage qui le con- damne ; mais il y a renvoyé (chap. i , page 5) dans son ouvrage , précisément pour prouver que les hivers de la Gaule étaient d'une excessive âpreté. J'ai donc dû rapporter le passage que ce savant choisit comme une des bases de son argumentation , et faire voir que l'absence de dates enlève toute valeur à son affirmation. Telle a été, en général, la voie que j'ai suivie dans mon travail, mettant dans la bouche de M. Fuster les passages que cite cet auteur, mais seulement par annotations, tandis que j'ai préféré les donner in extenso pour mieux démontrer combien peu ils répondent à ses assertions. » M. Fuster nous oppose encore, pour prouver la plus grande abondance de pluie dans la Gaule, l'immense étendue des forêts que cette contrée pos- sédait. Mais remarquons que ce n'est pas seulement à l'époque romaine que le sol français était recouvert de ces vastes forêts ; elles existaient encore au moyen âge , temps auxquels M. Fuster veut que déjà d'immenses changements climatologiques se soient opérés. Si donc c'est à la présence de ces immenses plantations naturelles que la rigueur du climat était due , comment cette ri- gueur n'eût-elle pas persisté avec la cause qui l'avait engendrée? Sans doute que la destruction de quelques bois a pu produire, dans le climat de cer- tains cantons, un heureux adoucissement, mais nous ne voyons pas un nombre de faits assez concluants pour en induire qu'une modification ( !o83 ) sensible s'est opérée dans la température moyenne annuelle de la France. » Quant à l'opinion que j'ai émise sur le climat de la Gaule , M. Fuster assure qu'en l'exposant, j'ai combattu des idées que je lui prêtais gratuitement, et qu'il n'a pas dit que les étés étaient, mais devaient être très-cbauds. J'avais fait observer que cette déduction d'étés fort chauds, succédant nécessaire- ment à des hivers très-froids , semblait peu \o^i(\ue par cette latitude. L'habile et savant interprète de mon contradicteur a perdu de vue les mots par cette latitude , et m'a reproché d'ignorer les climats excessifs. Cette ignorance n'était pas de mon fait ; et pourquoi aurais-:je été parler de ces climats, quand la France est située dans le voisinage de trois mers, entre le 43* et le Se". de- gré de latitude nord , c'est-à-dire, aux yeux de tout le monde, dans un climat tempéré? J'ai donc suivi les idées reçues. » Le docteur Fuster dit que des vents impétueux bouleversaient continuel- lement la Gaule, et il me reprend vivement d'avoir placé dans la vallée du Rbône ces vents terribles qui enlevaient des pierres de la grosseur du poing. Il est vrai que j'avais dit de la grosseur dun œuj , et le savant docteur a été choqué de cette expression : pour ma part , je ne vois pas la grande différence qu'il y a entre la grosseur d'un œuf et celle d'un poing de grosseur moyenne; et, s'il fallait absolument apporter dans cette comparaison une rigueur géo- métrique , je crois.que la cubature d'un poing nous donnerait un chiffre plus fort que celle d'un œuf. Je n'ai donc fait que diminuer l'assertion de M. Fus- ter, loin de chercher à la.faire paraître entachée d'exagération. Mais où donc cet auteur a-t-il vu qu'il n'était pas question de la Gaule narbonnaise , et prend- il le droit d'affirmer que les vents du couchant d'été et du nord sont si violents dans toute la Gaule, qu'ils peuvent renverser des cavaliers ? Toute l'antiquité n'a-t-elle pas déposé des effets terribles du circius qui soufflait dans la vallée du Rhône, et n'est-il pas tout naturel de penser que ce vent, appelé aujour- d'hui mistral, est celui dont César et Diodore nous ont parlé? D'ailleurs Dio- dore, dont M. Fuster invoque le témoignage, en le puisant, suivant son habi- tude, dans une traduction, dit dans son texte grec que les cailloux enlevés par le vent étaient de grosseur à remplir lamain, A/â«çXê' cien (i), le tour du château (de Grignan), je remarquai avec surprise que » les vitres du côté du nord étaient toutes brisées, tandis que celles des au- " très faces étaient entières. On nje dit que c'était la bise qui les cassait : cela " me parut incroyable. J'en parlai à d'autres personnes qui me firent la » même réponse, et je fus enfin forcé de le croire. La bise souffle là avec >' une telle violence , qu'elle enlève le gravier de la terrasse et le lance jus- " qu'au second étage avec assez de force pour casser les vitres. » " J'examine encore deux objections qui m'ont été présentées par le savant docteur, et je termine. >' Dans toutes ces recherches ai-je besoin d'avertir que je n'ai été conduit que par le désir, fort désintéressé, de connaître la vérité sur l'histoire curieuse du climat de notre pays? Si j'ai relevé les erreurs de M. Fuster , c'est que j'ai craint de voir les faits douteux qu'il donne , enregistrés comme des faits ac- quis à la science par des personnes étrangères à l'érudition. Cette bonne foi que j'ai apportée dans mon travail me fera remercier M. Fuster de m'avoir repris sur une erreur de chronologie que j'avais commise. Je cite mes pro- pres paroles; les voici : « Un passage de Julien, ainsi conçu : « La Seine croît » et décroît rarement de l'hiver à l'été; le volume* de ses eaux varie peu »; " ce passage, dis-je , prouve qu'au moins dans le bassin de la Seine, il n'y Il avait pas de ces pluies violentes qui , en quatre ou cinq jours , font monter » ce fleuve de 5 à 6 mètres. Or Julien a passé 7 ans en Gaule, et cette ob- « servation, si facile à faire, mérite une entière confiance. » M. Fuster m'ob- jecte que Julien n'a passé que deux ans et demi à Paris, et cinq ans et trois ou quatre mois seulement, et non pas sept, dans la Gaule. » J'ai eu tort , je le confesse , d'écrire ce nombre rond. Le séjour précis de Julien dans les Gaules , depuis son arrivée jusqu'à la mort de l'empereur Constance , comprend la période de 355 à 36i (2). Comme les dates des faits intermédiaires ne sont pas bien déterminées, j'ai préféré prendre deux. dates (i) De Saussure, Voyage dans les Alpes, p. 176, § 1567 (édit. in-4°). {2) Voyez Lebkau, Histoire du Bas-Empire , liv. VIII, ch. lvi, et liv. XII , ch. i. ( io85 ) certaines, l'arrivée de Julien dans les Gaules, et la mort de Constance qui suivit de très-près la bataille de Syrmium. » Ce n'est donc réellement que 6 ans moins quelques jours , au lieu de 7. J'ai eu tort, je le confesse; mais en quoi cette négligence influe-t-elle sur la question? Deux ans et demi passés à Paris ne suffisent-ils point pour con- stater si la Seine déborde ou ne déborde pas? M. Arago, dans l'analyse ver- bale qu'il a faite du travail de son compatriote, a insinué que dix-sept mois de plus ou de moins (mettez douze) étaient beaucoup plus importants que je ne l'avais cru. " J'ai donc commis une erreur de chionologie ; j'avoue ce péché peut-être' véniel : mais n'en échappe-t-il pas à tout le monde? Un savant très-illustre n'a-t-il pas imprimé, dans un petit livre très-répandu et très-populaire , que Julien le Cynique , qui ne but jamais que de l'eau, faisait servir à sa table du vin de Surène, bourg qui n'existait pas du temps de Julien , et qui ne pa- raît pour la première fois, sous le nom de Surisnœ, que six cents ans après dans un acte du X* siècle? Ce savant a tout bonnement confondu l'empereur Julien avec Henri IV. Ces fautes d'inattention empêcheront -elles son nom de vivre dans la mémoire? pas plus que quelques inexactitudes de Voltaire n'ont effacé le mérite de sa belle Histoire de Charles XII. Avouons donc , confessons nos fautes, nos imperfections, apanage de la faiblesse humaine; rions, les premiers, de nos petites inadvertances. Si nous croyions encore à la magie , je dirais : on nous a jeté un sort; ce maudit Julien est un porte- malheur pour l'Académie des Sciences et l'Académie des Inscriptions. " Je ne reviendrai pas sur la question de la vigne par rapport au climat , qui a été presque épuisée dans ma réfutation , et que M. Adrien de Jussieu , sous le point de vue de la géographie botanique, a traitée avec une précision et une habileté dignes du fils et du petit-neveu des Laurent et des Bernard. Son histoire météorologique a été récemment fort avancée par M. Charles Martins (i). " Quoique M. Ch. Martins, qui réunit des connaissances précises en mé- téorologie et en botanique , ait déjà traité de la question de l'oranger (2) avec talent sous le point de vue de ces conditions cl imatériques, j'en dirai quelques mots, assez motivés d'ailleurs par les réponses du docteur Fuster (i) Dans la Patria ou France ancienne et moderne, ou Collection encyclopédique et statistique de tous les faits relatifs à l'histoire intellectuelle et physique de la France et lie ses colonies. (2) Patria , pages 190 et suiv., art. Météorologie. ( io86 ) et de son illustre interprète. Maintenant le docteur cite exactement; je lui aurai au moins rendu ce service,' et j'aurai épargné à ceux qui désormais approuveront ou réfuteront cette œuvre, souvent brillante, ingénieuse , mais toujours entachée de l'esprit de système, je leur aurai épargné, dis-je, quinze longs jours usés par moi à retrouver les nombreuses citations incom- plètes ou inexactes contenues dans les 5io pages in-8° du livre Sur les Chan- gements du climat de la France. L'auteur affirme, ainsi que je l'ai imprimé dans ma réfutation , que les orangers et les citronniers , non-seulement ve- naient en pleine terre dans la Provence , le Roussillon, le Languedoc, mais qu'ils portaient des fruits plus beaux et plus savoureux que ceux du Por- tugal et des pajs doutre-mer, Malte et l'Afrique par exemple. .le ne nie point que le Citrus aurantium et ses nombreuses variétés , originaires de la Chine, ne croissent en pleine terre dans la Provence, le Roussillon, et même sur quelques points du Languedoc. Cependant le Canigou est bien près de Perpignan , et je doute fort que cette rue des Orangers, aujourd'hui appelée Saint-Martin, ait porté des oranges plus sucrées et plus savoureuses, comme le dit Champier (i), que celles qui viennent du Portugal et des pays d'outre-mer, quœ, ex Lusitania aut aliis transmarinis provinciis, navibus Rhotomagum et ad Nannetes deferuntur, et minora sunt et tristioris saporis sentiuntur. » Olivier de Serres (2), au commencement du xvii^ siècle, trouvait « oranges, citrons et limons en certains recoins de la Provence et du Lan- » guedoc. " Je doute que le citronnier à fruit aigre (Citrus medica, L.) et ses variétés aient pu s'y maintenir quelque temps en pleine terre; car, depuis la rivière de Gênes, en suivant le bord de la mer, jusqu'au delà de Pestum, j'ai vu, pendant trois voyages successifs, faits à de longs intervalles, le ci- tronnier dans les parties les plus chaudes du royaume de Naples, cultivé en espalier comme les pêchers de Montreuil , tandis que, dans les mêmes lieux, l'oranger à fruit àou^ [Citrus aurantium) formait de grands vergers sem- blables à ceux qui entourent les habitations, et qu'on appelle cours dans la Normandie. Cette anomalie s'explique à merveille par l'origine de ces arbres qui viennent, le premier, des vallées chaudes de la Médie et de l'Assyrie, et l'autre, de la Chine moyenne, d'où il a été transporté eu Europe par les Por- tugais , aux xvi*^ et xvii^ siècles, .le ne crois pas que les faits produits par M- Fuster, dans son ouvrage et dans sa réponse, impliquent un aussi énorme (i) De lit; Cibarin , i56o, lib. XI, cap. xxxi, page 636. (2) Théâtre d'Agriculture, VI" lieu , chap. xxvi. ( io87 ) abaissement qu'il le croit dans la température moyenne annuelle de la France , depuis 1 56o jusqu'en 1 846; car il y a encore à Versailles et aux Tui- leries quelques orangers qui datent du règne de François P"', et les registres de l'Orangerie pour la sortie et la rentrée de ces arbres n'accusent point de changements sensibles dans le climat delà France depuis trois cents ans. >> Je ne dis rien de la canne à sucre, invoquée à tort par M. Fuster comme preuve de la grande chaleur du climat de la Provence en 1600, puisque Olivier de Serres, sur lequel il s'appuie, dit expressément (i) : // Jaut tenir (le la canne à sucre tel compte que des arbres susdits, les oran- gers et ses compaignons,.pour les loger et traiter en même lieu et sous mêmes artifices queux, puisque communément telles plantes craignent la froidure. » Ce dernier passage, omis par M. Fuster dans son ouvrage et inséré dans sa réponse, prouve sa loyale sincérité, sa probité littéraire, et démontre en même temps la fausseté du système auquel il a consacré une ardeur, un zèle et même un talent d'exposition, de discussion, d'argumentation qu'il eût pu mieux employer. La canne à sucre a subi , pour l'extension de sa culture en grand , les mêmes vicissitude.>i que la vigne. Elle fut cultivée en Calabre et sur les côtes de la mer Ionienne jusqu'au milieu du xvil" siècle, au point de faire de son produit un commerce d'exportation. M. Tenore a essayé en vain de la cultiver, en plein air, près de Naples; l'hiver l'a toujours fait périr comme le bananier. Musa paradisiaca, le coton arborescent , Gossjr- piumfrutescens , Amwna tripetala, etc. , qui réussiraient très-bien à Reggio, dit M. Tenore, comme elles le font à Palerme qui a la même température hivernale que la Calabre (2). On voit que, dans le royaume de Naples, la canne à sucre, comme la vigne au nord de l'Europe, fut cultivée tant que son produit donna des bénéfices. Quand les Antilles lui firent concurrence, cette culture fut abandonnée, tout comme celle des vins grossiers du centre et du nord de la France cessa quand la mer libre et les routes en bon état versèrent à Paris, au même prix, les vins délicats de la Bourgogne, de la Champagne et du Bordelais. » J'arrive enfin au dernier chapitre, celui du Dattier, qui démontrerait, si le texte disait réellement ce que M. Fuster croit pouvoir en tirer, un abais- sement de 10 à 12 degrés dans la température moyenne annuelle de la France , le temps actuel étant comparé à celui où écrivait Grégoire de Tours. (i) Théâtre d'Agriculture, Vf lieu , pages 4oi à 4n • (2) Climate di Napoli, 1827, in-S", di Michèle Tenore. ( io88 ) Je suis obligé de citer une partie du paragraphe de ma réfutation, et le nou- veau texte produit dans la réponse du docteur Fuster (i). J'ai dit : « Le doc- " leur Fuster, pour appuyer son système, affirme que, d'après Grégoire " de Tours (2), l'anachorète Hospice se nourrissait des dattes qu'il re- V cueillait en Provence, près de Nice. Or, Grégoire de Tours s'exprime ainsi : » Âpud urbem Nicensem Hospitius reclausus nihil aliud quam puruni pa- » nem cum paucis dactjlis comedehat; in quadragesima, radicibus her- >• harum œgyptiarum quitus, exhibentibus sibi negotiatoribus , alebatur. » Voilà comment un auteur, travaillé par l'esprit du système , iraduit les » textes, et comment il fait mûrir à Nice les dattes qui ne mûrissent pas " même à Alger, et qui étaient apportées à Hospitius par le commerce , )' comme le fait entendre Grégoire de Tours. » « Je réponds, dit M. Fuster, que Grégoire de Tours ne dit pas ce que )> M. Dureau de la Malle lui fait dire. On a déjà remarqué sans doute, en >' lisant le texte cité plus haut, qu'il n'a effectivement aucun sens. Essayons de » le traduire : Près de la ville de Nice , le reclus Hospice ne mangeait autre » chose que du pain avec quelques dattes ; dans le carême , il se nourrissait " de racines d'herbes égyptiennes que les marchands lui apportaient. Ré- )' établissons le texte altéré de cette citation ; le voici : Fuit autem apud urbem >' Nicensem eo tempore Hospitius reclausus magnae abstinentiaî qui con- » strictis {leg. constrictus) catenis ad purum corpus ferreis, induto desuper » cilicio, nihil aliud quam purum panem cum paucis dactylis comedebat. In » diebus autem quadragesimœ , de radicibus herbarum aegyptiarum quibus >i eremitse uluntur exhibentibus sibi negotiatoribus alebatur. Et primum » quidem jus in quo coxerant hauriens, ipsas sumebat in posterum (3). Tra- » duisons: Il y avait alors près de la ville de Nice, Hospice, reclus d'une >' grande abstinence, qui, le corps serré par des chaînes de fer, et revêtu » d'un cilice, ne mangeait autre chose que du pain sec avec quelques dattes. n Mais, pendant les jours du carême, il se nourrissait des racines des herbes " égyptiennes dont les anachorètes font usage, et que les marchands lui ■' apportaient. Il commençait par en boire le bouillon, et il les mangeait » ensuite. " » Ici , M. Fuster m'attaque sur un texte qui est jugé par les savants hors de toutes les contestations; cependant il me faut discuter ici ce texte. L'Académie (1) Page ii5. (2) Lib. VI, cap. vi. (3) Grég. Tur. Hist. lib. VI, cap. vi. ( io89 ) voudra bien se résigner à entendre cette fastidieuse, mais indispensable dis- cussion , que je tâcherai de rendre le plus brève possible. Fuid apud urbem Nicensem. Le docteur a traduit dans sa réponse (i) : près de la ville de Nice, et dans son ouvrage (2) : « le reclus Hospice se nourrissait de dattes qu'il re- >' cueillait en Provence près de Nice. « y4pud urbem Nicensem signifie : dans la ville de Nice elle-même, et non ses environs ni la Provence sa voisine. Tous les lexiques, toutes les syntaxes s'accordent sur ce point. Trouve-t-on dans le texte de Grégoire que le reclus se nourrissait des dattes quil re- cueillait à Nice? pas un mot; là est cependant toute la question; et l'on m'accuse de citer faux et de traduire malignement pour accabler mon adver- saire! Du reste, tous les savants, tous les érudits sont d'accord sur le sens que j'ai donné à ce passage. Je n'ai supprimé dans le texte que quelques phrases in- cidentes, comme le ciUce, les chaînes de fer, le jus d'herbes, tout à fait étran- gères à la question. .T'ai apporté le texte et je le ferai passer sous les yeux de l'Académie. " .rai relevé, ms-je (3), bien des erreurs pareilles, et j'avais conclu ce- pendant, dans mon Rapport à la Commission des antiquités nationales et à l'Académie des Inscriptions, j'avais conclu, dis-je, à décerner à M, Fuster une mention honorable mêlée de critiques, dans le but d'éclairer, de diriger et non de décourager l'auteur. I' Je n'avais donc pas, dans le fond, été aussi dur qu'on me l'a reproché. Je copie textuellement le dernier paragraphe du docteur Fuster: « J'ai répondu » par des faits aux diverses accusations de M. Bureau de la Malle; toutes " les preuves que je produis ici, et beaucoup d'autres sur lesquelles je n'ai >) pas eu à m'ex|)liquer, se trouvent nettement indiquées ou citées textuelle- » ment dans mon livre. Maintenant le lecteur peut juger avec quel soin et » quel scrupule, enejjet, M. Dureau de la Malle les a recherchées. » >' Ce paragraphe, qui termine la réponse jusque-là si courtoise et si mo- dérée de M. Fuster, m'a causé, je l'avoue, une véritable peine; car il semble insinuer que, dans cette discussion scientifique, j'ai manqué de bonne foi , j'ai été mû par des sentiments d'orgueil et de jalousie. » Je n'y répondrai qu'en invoquant le témoignage de ma vie tout entière consacrée à éclairer, à diriger, à encourager, à faire avancer dans leur car- rière les jeunes gens qui me semblaient développer de l'aptitude et des moyens (i) Page i5. (2; Pages 42 — nS. (3) Réfutation, page 8 du tirage à part. C. R , \'i\î>,\" Semestre. (T. XXII, N» 26.) l44 ( 'ogo ) pour une branche quelconque des sciences. Depuis bientôt quarante ans que j'appartiens à l'Institut, soit comme correspondant, soit comme membre or- dinaire , c'est le devoir sacré que je me suis imposé, devoir que j'ai rempli selon mes moyens et peut-être au delà de mes forces. » Mon seul désir, mon seul but, dans ma longue carrière scientifique, a été de parvenir à créer une pépinière déjeunes savants qui puissent (je l'affirme dan? toute la sincérité de mon âme) non-seulement remplacer, mais surpasser leurs prédécesseurs. » M. Fuster a méconnu mon caractère ; sa dernière insinuation, je le répète, m'acauséun vif chagrin: mais il ne m'a jamais connu; je ne puis garder contre lui, pour cette méprise, aucune espèce d'amertume. Si, avant mon Rapport, il était venu à moi, s'il y venait encore , il verrait combien l'homme qui appa- raîtrait à ses yeux diffère de celui qu'il s'était figuré. » « M. DE JussiEU présente, au nom de M. B. Delessert, le cinquième volume de l'ouvrage ayant pour titre : Icônes selectœ plaiitarum quas in Prodromo Syslematis universalis ex herbariis parisiensibus , prœseniin ex Lessertiano , descripsit A.-P. de Candolle, édites a B. D.elessert. " Ainsi que l'indique ce titre, cet ouvrage fut entrepris pour servir d'illustration à celui de M. de Candolle, et, par conséquent, à toutes les familles de plantes, puisque toutes ces familles doivent y être traitées suc- cessivement; le quatrième volume était consacré particulièrement aux com- posées correspondant aux cinquième, sixième et septième (première partie) du Prodrome. Le cinquième volume correspond à la deuxième partie du septième, aux huitième, neuvième et au commencement du dixième, puisqu'il comprend les familles suivantes: Lobéliacées, Campanulacées , Vacciniées, Éricacées, Épacridées, Primulacées, Myrsinéacées,Théophras- tées, Sapotacées, Styracées, Oléacécs, Apocynacées, Asclépiadées, Bigno- niacées, Sésamées, Gyrtandracées , Convolvulacées, Borraginées, Myopo- rinées. Les dessins, qui ont été en partie exécutés à Genève par M. Heyland sous les yeux mêmes de M. de Candolle, en partie à Paris par M. Riocreux, ont le degré d'élégance et d'exactitude que l'on connaît déjà dans les précé- dents volumes. Les analyses des Asclépiadées qui y tiennent une seule place importante, puisque trente -sept planches sont consacrées à cette famille, ont été dessinées par M. Decaisne qui l'avait rédigée dans le Prodrome. » C'est un grand service rendu à la science que la publication de cette belle collection qui , tout en faisant connaître les figures d'un aussi grand ( logi ) nombre d'objets nouveaux, présente les caractères de presque toutes les familles des végétaux, et forme ainsi à elle seule une sorte de bibliothèque bo- tanique. Nous devons remercier M. Delessert de la généreuse persévérance qu'il a mise dans cette publication, et souhaiter que les deux grands monu- ments qui unissent son nom à celui de de CandoUe se poursuivent et s'achèvent concurremment. » RAPPORTS. BOTANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Cii. Martiivs, intitulé: Essai sur le climat et la végétation de l'extrémité septentrionale de la Norwége. (Commissaires, MM. de Jussieu, Laugier, Richard rapporteur.) « La géographie botanique est une branche en quelque sorte toute récente de la science des végétaux. Ce sont surtout les travaux de MM. de Humboldt, Wahlenberg, R. Brown, Schouw, de Mirbel, de CandoUe, A. de Saint-Hi- laire, de Martius, etc., qui en ont posé les bases et formulé la plupart dfes lois qui président à la distribution générale des végétaux à la surface du globe. " L'attrait attaché à ce genre de recherches, l'importance des résultats qui sont souvent venus couronner les efforts de ceux qui se sont livrés à son étude, expliquent suffisamment les progrès rapides que la géographie bota- nique a faits depuis un certain nombre d'années. En effet, il est peu de natu- ralistes voyageurs qui, en présence des tableaux si variés que présente la végétation dans les différentes parties du globe, ne se soient appliqués à rechercher quelles étaient les influences de la position géographique , de la nature du sol, de son élévation au-dessus du niveau de la mer, de son expo- sition , et surtout de tous les phénomènes atmosphériques sous lesquels s'é- taient formés et développés les végétaux qu'il voyait réunis sous ses yeux. >' Mais, pour que les travaux de ce genre aient de la valeur, pour qu'ils puissent réellement fournir à la géographie botanique des matériaux solides et servir de base aux lois générales qu'elle cherche sans cesse à formuler, il faut nécessairement que ceux qui les entreprennent réunissent deux qualités ou plutôt deux genres de connaissances qu'on ne rencontre pas toujours au même degré dans les voyageurs. En effet, c'est peu que d'être botaniste et même parfaitement versé dans la connaissance exacte des espèces pour bien faire delà géographie botanique, il faut, de plus, avoir fait une étude spé- ciale des lois de la physique du globe , de tous ces phénomènes météorolo- giques qui exercent une si grande influence sur le développement des êtres i44.. ( 1092 ) organisés, et sur les conditions nécessaires à leur existence; en un mot, il faut être autant physicien que naturaliste. >' A ce double titre, M. Ch. Martins doit inspirer toute confiance, et le travail qu'il a présenté à l'Académie réunit les conditions qui doivent lui donner de l'importance et de l'autorité. " L'auteur, comme l'Académie ne l'a pas oublié, fait partie delà Com- mission scientifique envoyée par le Gouvernement , et avec des instructions rédigées par vous , dans le nord de l'Europe. » Chargé spécialement de la partie botanique dans le voyage, M. Gh. Martins s'était associé à son ami M. Bravais pour toutes les observations et recherches relatives à la physique du globe et à la météorologie. Plusieurs Mémoires, rédigés en commun par ces deux jeunes savants, ont été insérés, depuis leur retour, dans divers recueils scientifiques. » Le travail que M. Gh. Martins vient de vous soumettre a pour objet de faire connaître, non pas seulement le climat et la végétation de la partie se'ptentrionale de la Norwége, ainsi que son titre semble l'indiquer, mais surtout l'influence que ce climat, et toutes les circonstances qui le consti- tuent, ont exercée sur le caractère de sa végétation. » L'auteur, dans les diverses stations qu'il a visitées entre les 70" et 7 1* de- grés de latitude nord, et dont il a recueilli avec soin toutes les productions végétales , a pu, dans cette partie reculée de l'Europe, assister en quelque sorte aux derniers efforts de la végétation luttant contre les influences qui lui sont contraires. Il a vu , en effet , successivement disparaître et s'éteindre un grand nombre de races végétales à mesure qu'il s'enfonçait davantage vers le cap Nord, dernier promontoire que l'Europe envoie vers le pôle, et où cepen- dant un nombre assez considérable de plantes , bien peu exigeantes, trouvent encore les conditions nécessaires pour naître et se reproduire. » C'est le résumé de ses recherches botaniques et de ses observations de météorologie, faites dans ces régions reculées, que M. Cb. Martins a donné dans le Mémoire dont nous allons vous présenter une analyse rapide. Il L'auteur a visité à deux reprises différentes, en ] 838 et 1839, les con- trées situées entre les 70® et 71" degrés de latitude nord , qui sont désignées sous le nom de Finmark occidental, et plus généralement connues en France sous celui de Laponie norwégienne; elles forment l'extrémité boréale de la presqu'île Scandinave, et la portion du continent européen la plus rap- prochée du pôle nord. I^es points principaux sont Alten, déjà célèbre par les voyages de M. deBuch ; Hammerfest,le port le plus septentrional de la Nor- wége, et enfin le cap nord de l'île Mageroë, qui forme le dernier promon- toire de l'Europe. ( 109^ ) » On donne le nom d'Alten à un district de Finmark qui entoure le fiord ou golfe du même nom. Comme tous ceux de la Norwége, ce golfe s'enfonce profondément dans les terres. La partie la plus reculée est située par 70^0' de latitude et 21° 10' de longitude orientale. Grâce aux observations faites à Kaafiord par MM. Thomas, Crowe et Ihle, à Bossekop, pendant l'hiver de 1839, par MM. Lottin, Bravais, Lilliehook et Siljestroem, ce climat est main- tenant bien connu. La moyenne de l'année diffère peu du point de congéla- tion; elle est de + o'',45. Les moyennes des saisons météorologiques, où l'hiver est représenté par décembre, janvier et février, sont les suivantes : Moyennes des saisons météorologiques. Été +io*,i3 Automne. . . — o'',33 Hiver — 7"',33 Printemps. . . — o°,66 » Mais, sous le point de vue de la végétation , les saisons doivent être con-- sidérées d'une manière bien différente. Pendant sept mois, savoir octobre , novembre , décembre , janvier, février, mars et avril , le thermomètre se tient habituellement au-dessous de zéro, et la terre est couverte d'une épaisse couche de neige. Les plantes restent donc plongées dans un profond sommeil, et pour elles l'hiver est de sept mois; elles ne sortent de leur engourdissement que dans le mois de mai, pendant lequel la neige fond rapidement. En même temps les arbres bourgeonnent, et quelques plantes herbacées fleurissent. La plupart parcourent ensuite en quatre mois toutes les phases de leur végéta- tion; les plus tardives mûrissent leurs fruits dans le mois de septembre, qui est réellement l'automne de ces climats. Si donc nous prenons les tempéra- tures de ces saisons physiologiques , comme les appelle M. Martins, où l'été est représenté par juin , juillet et août, le printemps par mai, l'automne par septembre, l'hiver par le reste de l'année, nous obtenons les nombres sui- vants : Moyennes des saisons physiologiques. Hiver — S^jOO Printemps. . . -(- 4°>8i Été -i-io'',i3 Automne. . . -H S°,&& » Ainsi , comme on le voit , l'été d'Alten correspond à peu près au mois d'avril à Paris, le printemps à celui de février, et l'automne à celui de mars. La grande Table de M. Mahlmann, publiée par M. de Humboldt, ne présente pas de localité au bord de la mer dont l'été soit moins chaud que celui d'Al-, ten. Ajoutez à cela des froids qui sont souvent, en hiver, de — 27 degrés, tandis qu'en été le thermomètre s'élève rarement à -h a5 degrés, un air con- ( I094 ) stamment chargé de brume, des pluies fréquentes, mais peu abondantes, des vents d'une violence extrême, et l'on aura une idée exacte de ce climat. M. Martins donne, dans cinq tableaux de chiffres, les éléments numériques par lesquels il appuie ses conclusions , et les météorologistes pourront y puiser les données qui les intéressent. La connaissance de ce climat a pour eux une certaine importance, puisqu'il contribuera à fixer le point de l'iso- therme de zéro le plus rapproché du pôle. » C'est dansées contrées que finit la végétation européenne; en effet, celle du Spitzberg appartient à la flore de l'Amérique septentrionale plutôt qu'à celle de l'Europe. M. Ch. Martins a pensé qu'il serait curieux d'étudier ainsi les dernières traces de la végétation qui nous entoure , e.xpirant peu à peu sous l'action combinée d'hivers rigoureux, d'étés sans chaleur et sans lumière, au milieu d'une atmosphère sans cesse chargée de brumes ou boule- versée par d'horribles tempêtes. Dans ses deux voyages, il a réuni tontes les plantes qu'il a pu recueillir, et il a ajouté à son catalogue quelques espèces que M. Laestadius a envoyées au Muséum d'Histoire naturelle, et toutes celles qui ont été indiquées par MM. Blylt et Lund , botanistes norvj^égiens qui ont visité Alten en i84i. On peut donc regarder cette flore comme assez complète, puisqu'elle est le résultat des recherches de trois botanistes qui ont parcouru ces contrées à quatre reprises différentes. Le nombre total des espèces phanérogames recueillies autour de l'Alteufiord est de trois cent cin- quante, nombre considérable si l'op songe combien un climat tel que celui que nous avons indiqué doit être hostile à toute végétation. Mais aussi il est peu de pays qui offrent au botaniste des stations plus variées. Dans un rayon peu étendu, il ti-ouve toutes les expositions, tous les sols, toutes les stations. Près de Talvig , des bois de bouleaux et des terrains humides ou marécageux ; sur les rochers escarpés qui bordent la côte, des taillis de la même essence, au milieu desquels croissent le Sorbier des oiseleurs, le Tremble et le Gro- seiller rouge à l'état sauvage. » Aux environs de Talvig et de Bossekop s'étendent des marais tourbeux où régnent le Bouleau nain, le Rubus chamœmorus , un grand nombre de Juncus, de Carex et à'Eriophorum, dont les blanches aigrettes se balancent au-dessus du tapis vert formé par les Sphagnum. » liC village d'Elvebaken est dominé par des collines sèches et sablon- neuses qui le protègent contre les vents glacés du sud-est. A leur pied sont les derniers champs cultivés de l'Europe. Nulle part les céréales ne sont aussi voisines du pôle boréal. C'est de l'orge carrée de printemps que le paysan finnois y récolte au milieu de septembre; mais le grain ne mûrit pas ( logS ) tous les ans, et même, dans les meilleures années, on est obligé de faire sé- cher la paille dans des fours. On retrouve, dans les champs, les plantes (jui disputent le sol à nos céréales, exemples : Thlaspi bursa-pdstoris, T. arvense, Sinapis arvensis, jilsine média, Asperugo procumbens , Galeop- sistetrahit, G. versicolor, Triticum repens , etc. » Les rives sablonneuses de l'Alten qui se jette dans la mer Glaciale, près d'Elvebaken, nous offrent les arbustes qui bordent les rivières, savoir : Tamarix germanica et Salix mayalis. Sur le rivage de la mer, où le fleuve étend chaque jour ses atterrissements , on i-encontre les Pisum maritimwn, Plantago maritima, Cochlearia anglica, Allium schœnoprasum, Eljinus arenarius et Carex glareosa. En remontant le fleuve, on entre dans la val- lée d'Eiby. Là, sont des forêts de Bouleaux aux branches pendantes, des Aunes et des Pins aussi beaux que dans nos climats. On y trouve à la fois les Valerlana qffîcinalis, ChœrophjUum sjlvestre, Ribes rubrum, Rubus arc- ticus, Sonchus sibiricus, Saussurea alpina et Pedicularis sceptrum-Caro- linum, c'est-à-dire des plantes de France confondues avec les végétaux du Nord. " Près de Raafiord et de Bossekop , des forets de pins sylvestres cou- ronnent des terrasses sablonneuses , et s'élèvent le long des flancs de la mon- tagne jusqu'à 220 mètres au-dessus des eaux du golfe. A l'ombre de ces ar- bres séculaires , on voit un singulier mélange de plantes étonnées , en quel- que sorte, de se trouver réunies, hcs Calluna erica, S eduni palustre , A ctœa spicata, Spirœa ulmaria, Pjrrola secunda, croissent pêle-mêle avec le.s Salix veticulata, Silène acaulis, Saxijraga aizoides et Tojieldia borea- lis, etc. Dans cette population d'individus originaires presque tous des ré- gions moyennes de l'Europe, les flores alpines, subalpines, boréales et tem- pérées ont chacune leurs représentants. Les végétaux de la plaine se sont avancés, de proche en proche , jusqu'à ces hautes latitudes , tandis que ceux des montagnes sont descendus à mesure que la température le leur permet- tait. On reconnaît ici l'influence d'un climat égal, dont les étés ne sont pas assez chauds pour dessécher les plantes des Hautes-Alpes, qui se plaisent au milieu des nuages chargés de pluie, et redoutent également les ardeurs de l'été et les rigueurs d'un printemps trop hâtif. » M. Ch. Martins donne ensuite une idée de l'horticulture du pays ; enfin il rapporte des expériences, faites par MM. Bravais et Thomas, sur la tem- pérature intérieure des Pins sylvestres, par les grands froids de l'hiver de i83g. Ils montrent que le froid pénètre dans l'intérieur de ces arbres, qui se comportent comme s'ils étaient privés de vie. Toutefois , M. Thomas ( 1096 ). ayant ëludié, comparativement, la marche du thermomètre dans un pin mort et dans un pin vivant d'égal diamètre , a trouvé qu'il se tenait plus liant , dans le pin vivant , de o°,44- " Le chapitre suivant est consacré à la végétation de Hammerfest, petit port situé par io°\o' nord, longitude si^aS'. Elle est peu différente de celle d'Alten. Toutefois, il y a une centaine d'espèces, au moins, dont l'Al- tenfiord forme la limite septentrionale, et le nombre de phanérogames , trouvés autour de Hammerfest, est de cent quatre-vingt-dix seulement. Presque toutes les plantes qui s'y rencontrent existent aussi dans l'île Ma- geroë, la sentinelle avancée du continent européen. Un assez grand nombre s'avancent même jusqu'au cap Nord, par ']i"ïi' de longitude. Peut-être les botanistes n'apprendront-ils pas sans intérêt quelle est la végétation de cette dernière pointe de l'Europe, qui s'avance, dans l'océan Glacial, comme une proue de navire. Laissons parler l'auteur lui-même : « Je fus agréablement surpris, dit M. Martins , en descendant à terre, de " me trouver au milieu de la plus riche prairie subalpine qu'il soit possible » devoir. L'herbe, haute et touffue, me venait aux genoux , et jeretrou- » vais, à l'extrémité de l'Europe, les fleurs que j'avais admirées si souvent "• aux pieds des Alpes de la Suisse : c'étaient elles, aussi vigoureuses, aussi " brillantes et plus grandes que dans leurs montagnes : Trollius europœus, " Bartsia alpina,  rchangelica vulgaris. Géranium sjlvaticum, Viola " hiflora, Hieracium alpinum, Oxyria renijormis, Ârabis alpina, Polj- » gonum viviparum, Myosotis sjlvatica, Phleuin alpinum et Poa alpina. >' A droite s'élevait la masse imposante du cap Nprd, noire, escarpée , inac- " cessible; devant nous une pente roide, mais verdoyante, qui permettait " d'atteindre le sommet en contournant la base de la montagne. C'est parla >' que nou.s montâmes. Je recueillais avec ardeur toutes les plantes qui s'of- » fraient à ma vue; il me semblait qu'elles avaient un intérêt particulier, )' comme étant pour ainsi dire les plus robustes et les plus aventureuses de )• toutes leurs soeurs européennes. Je me plaisais à retrouver parmi elles » des végétaux des environs de Paris; ils me semblaient dépaysés, comme » moi , sur ce noir rocher battu par les flots ; j'étais tenté de leur demander >> pourquoi elles avaient quitté les lisières des champs cultivés ou* les om- » brages paisibles des bois de Meudon, où elles recevaient les hommages des " botanistes parisiens, pour vivre tristement parmi des étrangers; c'étaient : » les Spirœa ulmaria, Cerastium arvense, Capsella bursa-pastoris , Teronica >' serpyllifolia, Taraxacum dens-leonis , Solidago virga-aurea , Rumex ace- j' tosa, ChœrophyUum sylvestre, Pamassia palustris, Jnthoxanthum orto- ( I097 ) » ratum. Néanmoins les plantes boréales ou alpines étaient en majoritë » sur ces pentes. J'y trouvai : Rodiola rosea, Ranunculus poljatitheinos , » Thalictrum alpinum, Ljchnis sylvestris , Pedicularis lapponica, Draha <> incana, Saussurea alpina. Cornus sueccica, Salixlanata,S. reticulata, » Gentiana nivalis, Saocifraga cernua, S. aizoides, Potentilia nivea, Lu~ " zula spicata, Carex lagopinn, Wahlg.; C. atrata, Poa nemoralis, var. » glauca; Festuca dumetorum et Uinbilicaria proboscidea, var. arctica, « ACH. (l). n Au sommet, le cap Nord forme un plateau allongé, nu , dépouillé, par- >' semé de flaques d'eau. Vers l'intérieur des terres, ce sont des plans suc- » cessifs de montagnes uniformes, peu accidentées, séparées par des lacs; 11 tout est nu, froid, immobile, désolé: tandis que le calme régnait dans la » belle prairie que j'ai décrite , un vent du nord furieux balayait le plateau » du cap et nous empêchait de marcher. Nous avançâmes néanmoins et par- » vînmes jusqu'à l'extrémité. Jamais je n'oublierai la sombre grandeur du >• spectacle qui s'offrit à nos yeux. Devant nous s'étendait l'océan Glacial, » dont les limites sont au pôle , s'agitant au-dessous d'une couche épaisse de » nuages qui semblaient peser sur lui; à gauche, une pointe de terre , longue » et basse, bordée d'écume; à droite, quelques îlots sans nom. Quand je » m'avançais sur le bord duprécipice qui termine le cap, je voyais la mer Il se briser au pied de l'escarpement à une profondeur de mille pieds au- 11 dessous de moi. De cette hauteur, ces vagues énormes, venues en droite •1 ligne du Groenland, du Spitzberg ou de la Nouvelle-Zemble, ne for- » maient qu'un petit liseré d'écume comme feraient les rives d'un petit lac « qu'un vent insensible pousse doucement vers le rivage. 11 Le sommet le plus élevé du cap Nord, dit encore M. Martins, est, » d'après mes observations, à 3o8 mètres au-dessus de la mer. Il est sur- 11 monté d'un rocher sur lequel les voyageurs gravent leur nom. J'y lus avec » respect celui de Parrot, célèbre par ses voyages dans les Alpes, l'Ararat 11 et le Caucase. Même ce dernier rocher n'était pas dépourvu de toute vé- II gétation; les petites plaques circulaires du Parmelia saxatilis , var. oin- 11 pJialodes , Fr., et de V Uinbilicaria erosa, Hofm. , noires comme la roche, » s'étaient attachées à elle, et une petite mousse microscopique, YOrthotri- (i) En joignant à cette énumération les plantes signalées au cap Nord par le botaniste sué- dois DeimboU, qui le visita en 1822, le nombre des végétaux phanérogames qui habitent le dernier promontoire de l'Europe s'élèverait au delà de cent , parmi lesquels il y en a trente qui se trouvent aussi aux environs de Paris. C. H., 1846, i" Semestre. (T. XXll , M» 26.) '4^ ( 1098 ) » chwn Ploerkianum, Hornsch., se cachait dans ses fentes. Sur le plateau " il y avait aussi quelques plantes souffreteuses, dépouillées par les vents, " couchées sur le sol, ou cherchant un abri derrière les plis du terrain qui » pouvaient les protéger contre les rafales continuelles qui balayent le cap " Nord. Parmi les arbrisseaux, je trouvai encore les Betula nana, Salix » myrsinites, S. Laponum, S. polaris, Empetrum nigrum, Chamœledon " procumbens. Les plantes herbacées n'étaient guère plus nombreuses ; ') c'étaient : Silène acaulis, Diapensia lapponica, Saxifiaga oppositijolia , >' S.stellaris, Gjmnostoinum intermedium,l!\irn.; Desmatodon latifolius, » Brid.; Bartrainia ithjrphjlla, Brid. ; enfin YEvemia ochroleuca blanchis- » sait les parties sèches du cap Nord de Mageroë , comme elle blanchit celles " du promontoire continental qui domine le Havoe-Sund. » Cet aspect me rappela les belles paroles par lesquelles Linné termine » les prolégomènes de la flore de laLaponie : Calidissimas orbis partes régit n Palmarumfainilia; terras calidas incolunt frutescentes plantarum gen- >' tes; australes Europce plagas numerosa ornât herbarum corona, Bel- » gium Daniainque graininum occupant copiœ; Sueciarn muscorum agmina; ' ultiinam vero frigidissiinamque 'Lapponiam pallidœ algce, prœsertim ' albi lichenes. En ultimum vegetationis gradum in terra ultima. « > Tel est, en abrégé, le travail de M. Charles Martins sur le climat et la végétation de la partie septentrionale de la Norwége. Ses observations, faites avec exactitude et avec cette persévérance indispensable dans des travaux de ce genre, nous ont fait connaître parfaitement l'un et l'autre. Les détails dans lesquels l'auteur est entré sur la comparaison des différentes contrées qu il a visitées , la détermination exacte des espèces végétales qu'il a recueil- lies, €t surtout les observations rigoureuses qui eut servi de base à la fixa- tion du climat dans ces points, dont la position a toujours été déterminée par des observations astronomiques , en font un travail fondamental , que les savants consulteront avec fruit. Dans son appréciation, nous devons tenir compte, inde'pendamment de son mérite intrinsèque, des difficultés, je dirai même des découragements que l'auteur a eus à surmonter. » On trouvera toujours des naturalistes pour aller visiter les régions tro- picales des deux continents. Ce luxe, cette variété infinie , cette exubérance de toutes les productions de la nature, ces tableaux si riches et si variés éclairés par le soleil des tropiques, excitent et soutiennent le zèle et l'enthou- siasme. On deviendrait presque naturaliste malgré soi en présence de tant d'êtres nouveaux qui vous environnent et vous frappent de leurs formes bizarres et inconnues. Mais tel n'est pas le sort de celui qui entreprend un ( I099 ) voyajje scientifique dans les contrées voisines des pôles. Il faut être soutenu par une {jrande force de caractère et par un amour vrai et en quelque sorte désintéressé de la science, pour résister au découragement qui s'empare de l'âme à l'aspect de ces vastes solitudes, de ces baies également privées d'ha- bitants et souvent de végétation, en traversant ces steppes arides couvertes de végétaux rabougris et vulgaires. Certes ce ne sont pas les objets exté- rieurs qui vous excitent et vous soutiennent; c'est en lui-même que le natu- raliste trouve alors le courage de poursuivre et d'achever son œuvre. C'est en pensant qu'il remplit une lacune dans la science, qu'il fait un travail ingrat, mais utile, et dont les vrais savants lui tiendront compte, qu'il revient dans sa patrie avec la satisfaction que procure toujours l'accomplissement d'une tâche pénible qu'on s'est volontairement imposée dans un but d'utilité. n L'importance du travail de M. Charles Martins, la précision des obser- vations qui lui servent de base, nous engageraient à vous en demander l'insertion dans le Recueil des Mémoires des Savants étrangers, si nous ne savions qu'il est destiné à être imprimé dans la publication scientifique du voyage auquel M. Martins a pris part. Dans l'impossibilité de pouvoir donner à l'auteur ce témoignage d'estime, vos Commissaires ont l'honneur de vous proposer d'adresser des remercîments à M. Martins pour l'importante com- munication qu'il vous a faite. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur deux Notes , adressées par M. Marozead, ancien élève de l'École Polytechnique, sur la circulation de l'eau dans la turbine construite par MM. k. Kœchlin et C®. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Poncelet, Piobert et moi, d'examiner les Notes qui lui ont été adressées par M. Marozeau , ancien élève de l'École Polytechnique, sur la turbine construite par MM. A. Kœchlin et compagnie; nous venons lui soumettre le l'ésultat de cet examen. I. La circulation de l'eau dans cette turbine, sur laquelle nous lui avons fait un Rapport , dans la séance du 22 de ce mois, a soiilevé une question qui a donné lieu à la Note adressée à l'Académie, le 21 mars i845, par M. Ma- rozeau , et dont les conclusions nous semblent conformes aux vrais prin- cipes de l'hydraulique. » Considérant l'état de repos du liquide dans une colonne fermée , au lieu de son état de mouvement dans une colonne alimentée, les construc- 140.. ( IIOO ) feurs ont regardé comme évident que si la turbine était placée au-dessus du niveau d'aval à une hauteur supérieure à lO^jSo, il se formerait toujours pendant le mouvement un vide au-dessous de la roue, et c'est par suite de la même idée qu'ils ont admis que la vitesse de passage de l'eau à travers les orifices ou canaux de circulation formés par les aubes devait être égale à celle qui est due à la chute totale. " Dans le Rapport sur la turbine en question, et particulièrement dans les Notes qui l'accompagnent, on a fait voir que la seconde de ces consé- quences n'était pas exacte , et c'est aussi ce que démontrent les expériences de M. Marozeau, qui prouvent en même temps que la première ne l'est pas davantage. n Ces expériences font l'objet des deux Notes précitées, dont la seconde surtout contient des résultats très-concluants. » Elles ont été exécutées en faisant couler du mercure dans un tube de u mètres ■yS centimètres environ de hauteur. Le réservoir supérieur était cy- lindrique et avait o™,i lo de diamètre; le tube avait lo millimètres de dia- mètre, elles garnitures dans lesquelles il s'assemblait avaient 8 millimètres intérieurement. Un diaphragme percé d'un orifice de 4 millimètres de dia- mètre, destiné à produire dans le mouvement de la colonne l'effet delà tur- bine, était placé successivement à différentes hauteurs, savoir : au niveau du liquide inférieur et immergé, puis à o^jôSi, i'",ii6 et i^/^M au-dessus de ce niveau. » " Au-dessous et au bas du tube on ajustait des obturateurs destinés à produire l'effet de la vanne régulatrice , et dont les diamètres ont été succes- sivement de 2, 3, 4) 5, 6 et 7 millimètres, et enfin l'on a enlevé tout obtu- rateur pour laisser le tuyau entièrement ouvert. » On recueillait chaque fois le mercure écoulé, en observant la durée de l'écoulement, et un tube manométrique, placé au-dessous du diaphragme qui remplaçait la turbine, indiquait la pression qui avait lieu en cet endroit. » On a d'abord remarqué que la plus grande dépense de liquide faite par le diaphragme, sous la même charge, a lieu quand ce diaphragme est immergé dans le liquide inférieur et qu'il n'y a pas d'obturateur pro- duisant étranglement dans le tuyau inférieur. De là M. Marozeau conclut, avec raison, que l'eau agissant sur la turbine en vertu de la force vive qui lui est communiquée dans sa descente du niveau supérieur au niveau infé- rieur, il doit y avoir, au point de vue de l'effet utile produit, avantage à placer cette roue au bas de la chute, au lieu de la mettre en haut. " U résulte aussi des expériences que, quand il y a rupture dans la ( iioi ) colonne , il se forme avec le mercure , en dessous du diaphragme , un vide parfait ou à peu près, ce qui explique comment, en général, lorsque la colonne a été rompue, le volume de liquide écoulé a été supérieur à celui qui était débité par des colonnes continues, » Cette rupture de la colonne dépend essentiellement de l'emplacement du diaphragme dans cette colonne , et du rapport des orifices de passage par ce diaphragme et par l'obturateur à l'aire de section du tuyau. Dans les pro- portions adoptées , il n'y a jamais eu de rupture avec les orifices de l'obtu- rateur dont le diamètre était inférieur à 4 millimètres, ce qui montre évi- demment l'influence de la proportion de ces orifices. » Des expériences analogues ont été exécutées par M. Marozeau sur l'écou- lement de l'eau par un tuyau de o^joSS de diamètre, dans lequel il a placé un diaphragme percé d'un trou de o™,020 de diamètre, d'abord à lo mètres de hauteur au-dessus du niveau inférieur, puis au-dessous de ce niveau. » Dans le premier cas il y a eu rupture , comme pour le mercure, mais le vide n'a pas été parfait, et le manomètre, au lieu de remonter à o'",'j6 envi- ron, ne s'est élevé qu'à o",52 , ce qui indiquait une pression résistante de o'",24 de mercure ou à peu près un tiers d'atmosphère. >' Des effets analogues se sont produits en rétrécissant le passage d'écoule- ment au bas du tuyau , et le vide a été de moins en moins complet à mesure que l'aire de ce passage diminuait en même temps que la dépense de fluide. » Quand le diaphragme qui représentait les effets de la turbine sur le mouvement du liquide a été placé au bas de la chute, la dépense d'eau a été plus considérable que quand il était à lo mètres de hauteur, ce qui montre en- core que la force vive communiquée augmente quand on abaisse ce dia- phragme, et confirme que, sous le rapport de l'effet utile, il y a avantage à placer la turbine au bas de la chute. ') Pour comparer les résultats de ces expériences à ceux que l'on déduit des règles de l'hydraulique, nous avons appliqué à l'une des séries d'expé- riences faites sur le mercure le principe des forces vives; et sans entrer ici dans des détails que nous réservons pour une Note qui sera annexée à ce Rapport, nous nous bornerons à dire que la théorie et les expériences ont présenté tout l'accord désirable, et que les conclusions de M. Marozeau sont complètement d'accord avec les vrais principes du mouvement des liquides. n Les expériences de cet ingénieur, exécutées avec méthode, jettent donc beaucoup de jour sur les circonstances du mouvement de l'eau à tra- vers les canaux de circulation des turbines du genre de celle qui nous occupe. ( II02 ) et rectifient d'une manière incontestable les idées qu'on s'en était faites dans l'origine. En faisant disparaître l'espèce de prestige que le public pouvait attacher aux effets singuliers qu'on lui avait attribués , elles seront fort utiles aux constructeurs en les ramenant aux vrais principes et aux bonnes dis- positions qui doivent les guider dans l'établissement de ces roues, et leur faire obtenir le plus grand effet utile de ce moteur, remarquable surtout par sa simplicité. " Sous tous les rapports, on voit donc que les expériences de M. Maro- zeau sont très-dignes de confiance et d'intérêt. En conséquence, vos Com- missaires vous proposent de remercier cet ingénieur pour la communication qu'il a faite à l'Académie , et d'accorder son approbation au travail qu'il lui a soumis, n Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur V application de la théorie du mouvement des fluides aux expériences de M. Marozeau; par M. Morin. (A annexer au Rapport sur les expériences de cet ingénieur.) « Pour établir, d'après la théorie du mouvement des fluides , les conditions dans lesquelles la continuité ou la discontinuité de la colonne liquide peut se manifester dans l'appareil employé par M. Marozeau , nous appellerons A et U l'aire de la section transversale et la vitesse moyenne dans le réser- voir; A' et U' l'aire de la section et la vitesse moyenne dans le tuyau au-dessus et au-dessous de l'étranglement qui représente la turbine , quand le ré- gime s'est établi dans les deux parties de la colonne discontinue ; h la hauteur du niveau du réservoir au-dessus de l'étranglement; m' le coefficient de contraction relatif à l'entrée du liquide dans le tube en verre ; A" et U" la section et la vitesse moyenne dans les ajutages métalliques qui contiennent l'orifice d'étranglement et les obturateurs; m le coefficient de contraction relatif aux orifices A" ; O et M l'aire et la vitesse à l'orifice de l'étranglement; /7î = o,6'7 le coefficient de la dépense déterminé comme on le verra plus loin; p la pression atmosphérique par mètre carré ; p' la pression par mètre carré dans l'intervalle des colonnes séparées: h! la hauteur du niveau de la colonne inférieure au-dessus du niveau du réservoir inférieur; ( iio3 ) A, et U, l'aire de l'orifice de l'obturateur et la vitesse moyenne à cet orifice m, le coefficient de la dépense relatif à cet orifice ; H la chute totale ou la hauteur du niveau du réservoir supérieur au- dessus du réservoir inférieur ; n le poids du mètre cube d'air et la pression p. » Dans la partie supérieure de la colonne séparée , la perte de force vive au passage du réservoir dans le tuyau est, pour une masse M écoulée en une seconde , MU"(,-^,-.y, et celle qui a lieu à l'entrée de l'ajutage en cuivre , où la section est A", a pour expression de sorte qu'en négligeant le frottement des parois, le principe des forces vives donne la relation Mm^-MU='+MU'='(^,- iy+MU"='(^,- iy = 2MgA+2Mg('^-^'y » Or, à cause de la continuité qui existe dans chacune des parties de la colonne , on a les relations mO« = A'U'= AU = A"U"= TO, A, U, ; de sorte qu'en divisant les deux membres par M et exprimant tous les vitesses en fonction d'une seule U', on a (■) ^■m'-i^M^.- 'hm^- 'ïh^^M^-'^} n Dans la branche inférieure de la colonne rompue , la masse fluide af- fluente M, qui possède une vitesse que nous désignerons par «' au moment où elle atteint le niveau supérieur de la colonne , perd une partie de cette vitesse et prend la vitesse U', si le niveau est au-dessous de l'ajutage en cuivre. » Il en résulte une perte de force vive qui est exprimée par M(m'-U')*. ( iio4 ) La vitesse u' est d'ailleurs donnée par la relation en nommant la hauteur de l'étranglement au-dessus du niveau de la colonne inférieure. " Les pressions sont p' au-dessus de la colonne et p en bas; le principe des forces vives donne, pour le mouvement permanent de cette colonne, MU?-M«'=' + M(«'-U')^ + MU"« [^,~ i)' = 2MgA'-2Mg(^-^'), ou , après les substitutions et la division par M , „ |-[(^)'-(p)'(i-)"-]-V(SF^ En ajoutant membre à membre cette équation (2) à celle qui exprime les circonstances du mouvement de la colonne supérieure (i), on a ou , en posant iiu"-,uy(A;,)"c-+2g*-=,«(*+*'), d'où l'on tire expression qui donnera la hauteur de la colonne rompue. " On voit qu'il y aura continuité quand la relation [^(*-*o-i¥:]--(é)"""=o sera satisfaite , et comme supposer h" — o revient à faire A h- A' = H , cette ( iio5 ) relation équivaut à Dans cette équation, la chute totale H étant donnée, ainsi que la dépense de fluide, et, par suite, la vitesse U' pour un diamètre connu du tuyau, on voit que la condition de continuité de la colonne ne dépendra que des rapports qui existeront entre les sections des orifices, et non de la position de l'étran- glement qui remplace la turbine. On observera, de plus, que la pression atmo- sphérique, ainsi que la pression intérieure , n'y entrent pas, non plus que dans la valeur de A", et que , par conséquent , les circonstances du phénomène sont cornplétement indépendantes de la pression de l'atmosphère. » Pour appliquer ces formules aux expériences de M. Marozeau , nous avons d'abord cherché à déterminer les valeurs du coefficient de contraction aux différents passages , en comparant les volumes de mercure écoulés à ceux qu'elles fournissent. » Prenant d'abord, par exemple, une expérience dans laquelle il y avait rupture , et appliquant au mouvement du liquide la formule (i), dans laquelle les données de l'expérience étaient O =7r.î^ = o""!,ooooia5664, A = 7î.^ = o""ï,oo95o33, O.OIO et prenant A' = n^^ = o'»Soooo7854, , 2 A"= 7î.^^ = o""i,oooo5o3, m = 0,67, m' = 0,62, m" = Oj-jo , parce qu'à l'origine du tube en verre, la contraction est complète, qu'elle est moindre au passage de l'étranglement , et encore moindre à l'entrée des aju- tages, on a trouvé, pour le poids du mercure dépensé en i seconde, Par la formule, o'^',726; Par l'observation , o^'^j^aS. On a donc pu admettre les valeurs précédentes des coefficients pour le mou- C. R. . 1846, i" Semettre. (T. XXII, N» 26.) 1 4^ ( iio6 ) vement dans la colonae supérieure, et, toutes les sections y étant constam- ment les mêmes, ces valeurs n'ont pas varié. » Quant au coefficient ?«, de la dépense à l'obturateur placé au bas de la colonne , pour en déterminer la valeur, nous avons employé la cinquième série d'expériences de M. Marozeau , dans laquelle , l'étranglement supérieur ayant été enlevé, l'écoulement avait lieu seulement par les obturateurs avec une pression égaie à la chute totale. » Pour cette série , l'équation du mouvement du liquide était -[(^)'-(:-)"-(i-)*-r^n^-)"]=^*«- En comparant les dépenses effectives avec celles que l'on déduirait des va- leurs de U' données par cette formule, on trouve que la valeur de /ra, = o,85 convient assez bien pour le coefficient de la dépense des obturateurs de 8. 7, 6 et 5 millimètres de diamètre. » Connaissant donc les valeurs des coefficients de la dépense aux différents passages, on a pu ensuite introduire dans les formules relatives aux colonnes rompues les données de l'expérience, pour reconnaître si elles étaient une représentation suffisamment exacte des faits. » L'objet principal de cette vérification étant de reconnaître si la perte de force vive qui se produit à l'arrivée de la veine fluide de la colonne supé- rieure sur la surface de la colonne inférieure était bien représentée par l'expression M («'— U')* , on a laissé ce terme en évidence dans la formule , et l'on a supposé qu'il pouvait être modifié par un coefficient k à déduire de la comparaison à effectuer. » De la sorte, l'équation (3) a pris la forme "'■[(i-o'-ar-iprii-)"-!-»-^)"]-*'"'-"')'-^"- Pour les applications on avait A = o°^,oo95o334, ni = 0,67 A'= o"««,oooo7854, m' =0,62 A"=: o'"'',oooo5o3o, in!'= 0,70 O = o'"'ï,ooooi 25664, m,= o,85 » Les orifices de l'obturateur ayant été successivement de o^jOoS , o'",oo7, o™,oo5 de diamètre , on a trouvé les résultats consignés dans le tableau sui- ( l'o? ) vant , qui contient les données des expériences de M. Marozeau et les valeurs du coefficient k. DISTAKCE NUMÉROS CHUTES CBARGE sur de l'étrangle- HAIITECR de POIDS du DIAM&TBE des expériences. totales : l'étrangle- ment : ment au niveau de la colonne rompue : mercure écoulé dans des obtura- teurs . VALEIKS de*. H. h. la colonne rompue. A'. 1 seconde. 2' série. . i m 2,07.5 .7394 m 0,161 m 0,520 0,728 m 0,007 1,075 1 1 n 0,641 0,904 o,53o 0,574 0,008 1 ,100 1 2 4' série.. < f ^ n ft 0,874 0.794 o,56o 0,640 o,58i 0,593 0,007 0,006 1,071 1,043 ^ 4 t o,.564 0,870 o,56o o,oo5 1,181 " Si l'on avait tenu compte du frottement du mercure contre les parois , en admettant qu'il suive la même loi que celui de l'eau, on serait parvenu à des valeurs de k un peu plus voisines encore de l'unité ; mais , dans l'incerti- tude de la valeur qu'il conviendrait de donner, pour ce cas , au coefficient de cette résistance, nous ayons pensé qu'il valait mieux la néfjliger. » Le résultat de cette application des formules aux cinq expériences de M. Marozeau montre donc que ces formules représentent, avec l'exactitude désirable et correspondante à l'exactitude même des mesures du diamètre et des orifices, les circonstances principales de l'écoulement. » VOYAGES SCIENTIFIQUES. —Rapport Sur les observations auxquelles M. Charles Deville, ancien élève de l'École des Mines, s'est livré durant son voyage aux Antilles, à Ténérifje et aux îles du Cap-J^ert. (Commissaires, MM. Arago, Élie de Beaumont , Dufrénoy, Duperrey, Laugier.) « Ijes observations dont nous avons à rendre compte à l'Académie sont relatives à la géologie, à la géographie, à la météorologie et à la physique générale. Vos Commissaires ayant reconnu que des recherches aussi variées devaient être l'objet de Rapports spéciaux, en ont fait la matière de deux Rapports qui vous seront successivement présentés: ainsi, celui sur lequel 146.. ( iio8 ) nous allons d'abord appeler votre attention portera sur la géographie , la météorologie et la physique générale. Géographie, Météorologie et Physique générale. (M. L.-I. DupERRET rapporteur.) » M. Charles Deville est parti de France pour se rendre aux Antilles, «n novembre iSSg; un court séjour en Angleterre lui a permis d'examiner, en passant, diverses collections géologiques et des cartes géographiques dont il importait qu'il prît connaissance au début de son voyage. » Parti de Falmouth le 4 décembre de la même année, M. Deville s'est rendu à l'île de la Trinité où il s'est Uvré pendant plusieurs mois à d'intéres- santes recherches de géologie et de climatologie. Puis, arrivé aux Antilles, il a successivement visité Porto-Rico, Saint-Thomas, Saint-Jean, Sainte-Croix, Virgen-Gorda , Saint-Martin , Saint-Barthélemi , Saba , Saint-Eustache , Marie-Galante, la Dominique, la Martinique et la Guadeloupe, recueillant partout, avec zèle et discernement, de nombreux matériaux propres à nous éclairer sur la géographie et la constitution physique de ce vaste archipel dont quelques îles, au point de vue de ses recherches, étaient encore peu connues. n Mais c'est principalement dans notre possession de la Guadeloupe, que M. Deville a donné à ses travaux l'extension la plus considérable. Cette riche colonie, à laquelle il a consacré, en différents séjours, plus d'une année d'observations, lui a fourni une foule de documents parmi lesquels, indé- pendamment de la géologie, ceux qui concernent la géographie, la météo- rologie et la physique générale, méritent, par leur nombre, leur utilité et leur exactitude, d'être pris en considération. )) M. Deville n'est pas resté sédentaire aux Antilles pendant toute la durée de son intéressante campagne. » Nous trouvons parmi les pièces qu'il a adressées à l'Académie, un Mé- moire dans lequel il rend compte de toutes les observations qu'il a faites dans un petit voyage exécuté , du 21 juillet au 22 octobre 1842, sur la goélette de l'Etat la Décidée, envoyée en mission aux îles Canaries. Dans ce voyage, M. Deville a passé une semaine à Ténériffe dont il a examiné les principales montagnes et gravi deux fois le pic de Teyde. Du mouillage de Santa-Cruz, la Décidée fit voile pour les îles du Cap-Vert et s'arrêta quelques jours de- vant l'une d'elles, l'ile Fogo, qui contient un volcan dont le sommet est le point le plus élevé de cet archipel. La goélette se dirigea de là vers la Barbade et ramena M. Deville à la Guadeloupe , où il termina ses travaux ( 'I09 ) après avoir été témoin du tremblement de terre le plus désastreux dont on ait conservé le souvenir dans cette colonie. » Enfin, M. Deville opéra son retour en France en octobre i843, après une absence d'environ quatre ans. Géographie. » M. Deville ayant donné beaucoup de soins à la géologie de la Guade- loupe , et s étant plus particulièrement occupé de la partie méridionale de cette île , qui offre le plus d'intérêt en ce que le morne de la soufrière en est le centre et le point culminant, a jugé convenable de dresser, de cette portion de la colonie, une carte topographique aussi exacte que possible. » Pour cet effet , il en a opéré la triangulation en se fondant sur une base d'environ i 200 mètres, qu'il a mesurée, à plusieurs reprises, sur la plage du Baillif, près de l'embouchure de la rivière des Pères, située à une petite distance de la ville de la Basse-Terre. n Cette triangulation comprend toute la côte méridionale de l'île , depuis le val de l'Orge jusqu'à la pointe Saint-Sauveur. Elle s'étend dans l'intérieur sur toutes les montagnes qui entourent la soufrière, et permettra sans doute aussi de lier entre elles les positions respectives des deux villes princi- pales de la colonie. » Dans la presque totalité des triangles, les trois angles ont été mesurés de manière à fermer à la précision de quelques secondes de degré. Dans les autres, l'erreur atteint jusqu'à 4o et 5o secondes; mais ces cas exceptionnels paraîtront encore satisfaisants, si l'on considère que la partie de la Guade- loupe où ce travail à été exécuté est celle qui présente le plus de difficultés, en raison des accidents du sol, des forêts impénétrables qui couvrent le pays, et des nuages épais qui enveloppent presque sans cesse les signaux placés au sommet des mornes les plus élevés. )i Tous les côtés des triangles sont déjà calculés, il en sera bientôt de même des distances à la méridienne et à la perpendiculaire. 11 M. le contre-amiral Gourbeyre, alors gouverneur de la Guadeloupe, s'était empressé de mettre à la disposition de M. Deville, auquel il portait le plus vif intérêt, un théodolite de Lenoir et plusieurs autres instruments qui appartenaient à l'État. Citons aussi M. Morier, officier distingué de la ma- rine, qui, ayant obtenu du gouverneur l'autorisation de s'adjoindre à M. De- ville, n'a eu rien tant à cœur que de le seconder dans l'exécution de cette opération géodésique à laquelle il a coopéré, avec un grand zèle et beau- coup d'intelligence, pendant tout le temps que sa santé, gravement altérée par le climat , le lui a permis. ( iiio ) '• M. Deville n'a pas été en position de donner le même degré d'exacti- tude aux opérations géographiques qu'il a faites dans les autres îles de l'Ar- chipel; néanmoins, on lui saura encore gré du soin qu'il a pris de rectifier, autant que possible, la configuration et même la position respective de quel- ques-unes de ces îles. " Observations hjrpsométriques. — M. Devillè était muni de deux baro- mètres à siphon de Bunten, et de plusieurs thermomètres qui avaient été soigneusement comparés à ceux de l'Observatoire de Paris, avant le départ. Ils ont été plusieurs fois comparés entre eux pendant la campagne, et ceux qui ont résisté aux chances d'un service qui n'a pas duré moins de quatre ans ont été de nouveau vérifiés à leur ret.our à Paris. " Ces instruments ont servi à déterminer la hauteur de toutes les îles qui ont été explorées par M. Deville; mais c'est à la Guadeloupe et à Ténériffe que les opérations de ce genre ont été le plus multipliées. " A la Guadeloupe , elles s'étendent sur environ cent cinquante points ré- partis dans toute l'île, et parmi lesquels domine le sommet du cratère de la soufrière dont la hauteur, déduite d'un milieu pris entre plusieurs observa- tions parfaitement concordantes, s'élève à i 484 mètres. Ce résultat obtenu par M. Deville tombe, à un mètre près, sur la moyenne de deux mesures qui avaient été prises très-antérieurement, l'une par Daniau etLebaucher, offi- ciers du génie, l'autre par Cor tes, ancien élève de l'École des Mines; mais qui différaient entre elles de 1 48 mètres. >' Avant le mémorable voyage de M. Léopold de Buch aux îles Canaries , la seule hauteur connue de l'île de Ténériffe était celle du pic de Teyde. M. de Humboldt avait fait dépendre cette hauteur des mesures trigonomé- triques de l'illustre Borda, et des observations barométriques de Paul de La- manon et de notre savant confrère M. Cordier. Depuis lors , M. de Buch a fait un nivellement complet, tant de Ténériffe que de toutes les îles dépen- dantes du même archipel. Des cotes de hauteur de MM. Savinon et Mesa ont été rapportées par M. Berthelot, et, enfin, nous devons à M. Dumoulin une hauteur du pic de Ténériffe , que cet habile ingénieur hydrographe de la marine a obtenue, en 1837, durant le second voyage de l'astrolabe. » Les mesures barométriques que M. Deville a prises pendant son séjour à Ténériffe sont nombreuses et non moins remarquables que les précédentes par leur exactitude. Elles ont d'ailleurs l'avantage d'augmenter le nombre des points dont il importait de connaître l'élévation au-dessus de l'Océan. » A l'époque de son séjour à Ténériffe , M. Deville n'avait plus qu'un senl baromètre. C'est cet instrument qui a été transporté dans l'intérieur de l'île. IjCs observations correspondantes avaient été faites à Santa-Cruz avec un se- ( "II ) cond baromètre, également de Bunten, par le chef de timonerie de la goélette la Décidée, M. Bertrand, qui avait acquis une grande habitude de ces observations, sous la direction de M. de Tessan, durant la campagne de la frégate la Vénus. Malheureusement le recueil de ces dernières a été perdu quelques mois plus tard, dans l'incendie qui suivit immédiatement le tremble- ment de terre de la Guadeloupe. Mais M. Deville a suppléé à ces observations correspondantes, en recourant à celles qu'il avait eu la précaution de faire sur le rivage peu de jours avant d'entreprendre ses excursions dans l'île, et les moyens qu'il a employés pour arriver à des résultats certains ne laissent rien à désirer ; nous allons en donner une preuve. » Parmi toutes les hauteurs obtenues par M. Deville, nous en voyons figu- rer deux pour un même point du sommet du pic de Ténériffe. Elles ont été déduites isolément, l'une des observations du 19 septembre, à 5 heures du matin, l'autre des observations'du 21 suivant, à 4 heures du soir. Ces deux hauteurs, la première, de 3684 mètres, la seconde de S^ag mètres, don- nent , en moyenne , 3706 mètres , laquelle ne diffère que de 7 mètres du résul- tat des opérations trigonométriques de Borda, et de 1 mètre seulement des résultats respectifs de Paul de Lamanon , de M. Dumoulin , et des observations correspondantes dont le recueil a été perdu, ainsi que nous l'avons dit, mais dont M. Deville a conservé le souvenir du résultat définitif que lui avait donné le calcul avant cette perte. I) La différence de 45 mètres , qui existe ici entre les deux mesures adoptées par M. Deville, paraît dépendre uniquement des heures différentes auxquelles elles OQt été prises. Il est, en effet, remarquable, ainsi que l'a dit M. de Hum- boldt, dans une note du tome II de son Vq/age aux régions équinoxiales du nouveau continent, « que les élévations totales calculées sont trop grandes » ou trop petites, suivant que les températures sont au-dessus ou au-dessousde » la température moyenne des deux stations. » Dans le cas des observations de M. Deville, la somme des températures aux deux stations était, le 19, à 5 heures du matin, de 26 degrés, et le 21 , à 4 t'u soir, de 32 degrés. Si l'on voulait faire entrer dans le calcul des deux jours d'observations la moyenne 29 degrés de ces deux nombres, on aurait, en effet, deux résultats parfaite- ment égaux. » On vient de voir que la hauteur du pic de Ténériffe , déterminée par M. Deville , se trouvait parfaitement corroborée par les observations de plusieurs de ses prédécesseurs; voici , en effet, les six résultats obtenus jus- qu'à ce jour, parmi lesquels on remarquera la coïncidence de ceux dont ( Ï1I2 ) nous venons de parler : MM. de Borda, 1776, opérations trigonométriques 3718 mètres. de Lamanon, 1785, observations barométriques ^707 Cordier, i8o3, observations barométriques ^742 deBuch, 1816, observations barométriques 364 1 Dumoulin, 1837, observations barométriques . . .. 870$ Deville, 1842, observations barométriques 8706 Moyenne 3702 X II est bien probable que cette moyenne diffère peu de la hauteur réelle du pic de Ténériffe , et nous pensons que c'est actuellement le cas de dire ce que M. de Humboldt écrivait en i8i4: « Cette détermination est impor- " tante : 1° pour la navigation , à cause des angles de hauteur que les marins >' instruits prennent quelquefois en passant à la vue du pic; 2° pour la géo- n graphie, à cause de l'usage que MM. de ^orda et Varela ont fait de ces » mêmes angles pour le relèvement de la carte de l'archipel des Canaries. » n M. Deville a tracé de la petite île de Fogo, l'une des îles du Cap-Vert, une esquisse topographique qui paraît donner une idée exacte de la forme de ce volcan, dont il a figuré le cratère et les coulées de laves avec une at- tention particulière. Tja cime de ce cratère atteint, d'après ses observations barométriques, 2 790 mètres. C'est, après le pic de Ténériffe, le point le plus élevé dont il ait mesuré la hauteur. MM. Baldey, Vidal et Mudge , vingt-trois ans auparavant, avaient trouvé 2970 mètres. Que s'est-il passé dans cette fournaise entre les deux époques pour en altérer ainsi la hauteur? C'est là une question intéressante que notre judicieux compatriote ne manquera pas , sans doute , d'examiner. Météorologie. ') r.es baromètres et les thermomètres dont M. Deville était muni ont été employés dans diverses localités, notamment à la Trinité, à Porto-Rico, à Saint-Thomas et à la Guadeloupe, dans le but de constater les variations horaires , diurnes et mensuelles de la pression atmosphérique et de la tem- pérature de l'air. Ces observations ont été faites avec de si grandes précau- tions et elles sont si nombreuses , qu'il sera possible, nous n'en doutons pas , d'en déduire des faits remarquables relativement à la marche et à l'étendue des périodes qui, comme on le sait, varient d'un lieu à un autre, selon la hau- teur au-dessus du niveau de la mer et selon la distance au continent le plus voisin. Nous pourrions déjà citer quelques résultats curieux qu'un premier aperçu nous a fait entrevoir en consultant les journaux de M. Deville , mais ( "i3 ) nous pensons qn'il est préférable de laisser à ce jeune voyageur, qui est par- faitement au courant de ces recherches, le soin de les développer et le plaisir de les introduire dans la science. » La direction et la force des vents dans les différentes saisons de l'année, la marche des nuages et des orages dans les différentes régions de l'atmo- sphère, ont également fixé l'attention de M. Deville pendant toute la durée de son voyage. Physique générale. " Les observations de physique générale ont principalement porté sur la température de la mer, tant au large que près des côtes et en différentes saisons; sur celle des lacs, des rivières et des sources froides; sur le degré de chaleur des eaux thermales si abondantes dans les contrées volcaniques, des vapeurs qui s'échappent des petits soupiraux connus sous le nom de volcans de boue, et enfin des fumerolles que l'on rencontre à diverses hauteurs, depuis le bord de la mer jusqu'au sommet des volcans. » Nous citerons, comme un fait remarquable, la fumerolle connue sous le nom de Fontaine-bouillante , située au niveau de la mer, dans l'anse de ce nom, sur la côte occidentale de la Guadeloupe. La température de cette fu- merolle s'élève à loo degrés centigrades , tandis que les fumerolles de la sou- frière, qui sont à i 484 mètres d'élévation , n'atteignent que 94 et gS degrés. Ce décroissement de température est sans doute lié à la différence des niveaux, car il résulte des observations faites également par M. Deville, que les fumerolles qui s'échappent du pic de Ténériffe, à 3706 mètres au-dessus de la surface de l'Océan, n'accusent que 84 degrés de chaleur. » Ainsi que nous l'avons dit au commencement de ce Rapport, M. Deville a fait, pendant l'été de 1842 , époque de l'hivernage aux Antilles, un voyage de la Guadeloupe à Ténériffe, aux îles du Cap- Vert et à la Barbade, d'où il est revenu dans la première de ces îles. Durant cette navigation, faite sur la goélette la Décidée, les températures de l'air et de la mer, ainsi que les indications du baromètre, qu'il observait simultanément plusieurs fois par jour, lui ont offert les particularités suivantes : » I^es eaux de la mer des Antilles lui ont paru avoir une température uni- forme qui s'éloigne peu de 28 degrés. Cette température reste la même à uiesure que l'on s'avance au nord vers les Bermudes, et se maintient encore à près de 2'7 degrés par 5o degrés de longitude occidentale sous le 35* pa- rallèle, qui est presque celui des Açores. Mais lorsque de ce point l'on se dirige au sud- est vers Madère, on est frappé de voir, à mesure qu'on se rap- C. R., 1846, I" Semestre. (T. XXII, N» 2C.) • 47 ( iii4 ) proche de 1 equateur, que la température de la mer s'abaisse au point de n'être plus que d'environ 2^'',5 aux Salvages, et même de ii°,6 entre les Canaries et les îles du Cap-Vert. En entrant dans ce dernier archipel, la tem- pérature des eaux s'élève tout à coup à 26 degrés, et, de ce point à la Bar- bade , qui se trouve à peu près sous la même latitude et à 36 degrés dans l'ouest, on peut suivre Taccroissement graduel de la température de la mer qui atteint de nouveau, au mouillage de cette dernière île, une élévation de 28 degrés. Quant à la température de l'air, M. Deville l'a généralement trou- vée un peu plus faible que celle de l'eau puisée à la surface de l'Océan. " Ces faits curieux s'expliquent par la connaissance que nous avons aujour- d'hui de la marche des courants dans toute l'étendue de l'océan Atlantique; néanmoins, la haute température que M. Deville a observée entre la Gua- deloupe et les Bermudes est un fait nouvellement acquis à la science. Nous savons bien que les courants froids des régions australes repoussent l'équateur thermal au nord de l'équateur terrestre, et le maintiennent dans notre hémi- sphère pendant tout le cours de l'année; mais nous n'avons pas d'exemple que cette ligne des maxima de température ait jamais dépassé le ao* paral- lèle, même en automne où son excursion boréale est la plus considérable. Nous savons également que, quand la mousson du sud-est règne sur les côtes du Brésil, ce qui, d'après M. l'amiral Roussin, a lieu de mars à septembre, les courants dépendant de cette mousson refoulent les eaux dans le golfe du Mexique, et forcent par conséquent le Gulf-Stream à déboucher son trop- plein vers le nord par quelques passages voisins du canal de la Floride , maifs jamais parmi les Antilles du Vent qui en sont beaucoup trop éloignées vers 1 est. Ce que nous présumons relativetnent à l'espace compris entre la Gua- deloupe et les Bermudes , où M. Deville a constamment trouvé une tempéra- ture très-élevée, c'est que cette portion de mer ayant pour limites deux vastes courants permanents d'eaux chaudes, l'un au sud qui entre dans le golfe du Mexique, l'autre au nord qui en sort par le canal de la Floride, de quelque côté que soufflent les vents orageux et variables de l'hivernage , ce sont tou- jours des eaux chaudes qu'ils poussent devant eux , et qu'ils accumulent dans l'espace intermédiaire dont il s'agit. " Nous regrettons vivement que M. Deville n'ait pas été en position de join- dre à ses observations thermométriques des observations comparatives faites directement sur le mouvement des eaux à la surface de la mer. Ces docu- ments, recueillis par un observateur aussi habile, eussent été reçus avec beaucoup d'intérêt. Espérons, toutefois, que les officiers de la goélette la Décidée, qui étaient dans l'obligation de déterminer journellement la posi- ( iii5 ) tion du navire, trouveront dans leurs journaux le moyen de compléter un {jenre de recherches dont ils connaissent toute l'importance. » On sait depuis longtemps que la pression atmosphérique n'est pas la même en tous points de la surface des mers. Il résulte en effet, des observa- tions recueillies dans plusieurs voyages, que le baromètre, toutes réductions faites, se maintient toujours très-bas sous les latitudes les plus élevées, qu'il monte rapidement à mesure que l'on se rapproche des tropiques où il atteint une hauteur maxima, et qu'enfin il redescend assez sensiblement lorsqu'on se dirige vers la ligne équinoxiale. Les mêmes observations ont fait voir que la pression de l'atmosphère est généralement plus faible au milieu des grands bassins qu'auprès des continents. Mais c'est à M. Adolphe Erman que l'on doit les recherches les plus étendues et les plus positives sur cette impor- tante matière. C'est sur ses propres observations, faites de 1828 à i83i, dans un voyage autour du monde sur la corvette de guerre le Krotkoï, com- mandée par le capitaine Hagmeister, que M. Erman se fonde pour constater les faits dont nous venons de parler. " Tel a été aussi, mais sur une échelle moins vaste, l'objet des rechei- ches de M. Deville. » Notre jeune et zélé compatriote a traversé deux fois l'océan Atlanti- que, courant parallèlement à l'équateur des routes comprises entre i4 et 36 degrés de latitude nord. Il n'a pas eu, comme M. Erman, l'avantage de pouvoir tenir compte de la tension de la vapeur aqueuse dans la réduction de ses observations barométriques , son hygromètre ne lui ayant été d'aucune utilité; néanmoins, voici ce qui résulte des moyennes prises entre toutes les indications du baromètre, obtenues sur chaque parallèle : mm Latitude. ... i4° o'N. Baromètre réduit à zéro. . . . 758,61 Latitude. . . . iS.agN. Baromètre réduit à zéro. . . . 762,25 Latitude. . . . 3o.34 N. Baromètre réduit à zéro. . . . 764,82 Latitude. . . . 35.35 N. Baromètre réduit à zéro. . . . 766,18 » On voit, en effet, que la pression atmosphérique est d'autant plus pe- tite dans la région intertropicale, que l'on se rapproche davantage de l'équa- teur. Sachons gré à M. Deville d'avoir constaté ce fait curieux par de nou- velles observations. " Tremblements de terre. — M. Deville a été témoin dans les Antilles de plusieurs tremblements de terre dont il a étudié, avec son zèle accoutumé, les circonstances les plus remarquables. Il a notamment porté toute son at- tention sur celui de la Guadeloupe qui, le 8 février i843, a complètement détruit la ville de la Pointe-à-Pître et décimé sa population. 147.. ( ni6 ) " M. Deville, chargé de constater sur les lieux la grandeur de l'événe- raent , a donné , de cette terrible catastrophe , une relation pleine d'intérêt et dont la publication'a été immédiatement ordonnée par le gouverneur de la colonie. Dans cette relation, qui est à la fois historique et scientifique, l'au- teur, écrivant au milieu des préoccupations d'une douleur légitime, a su néanmoins se dégager, non sans peine , des émotions profondes qu'il éprou- vait à l'aspect d'un désastre aussi déchirant. Son récit laisse bien percer de temps à autre la sensibilité de l'homme privé , mais , en général , il est calme et par conséquent irréprochable de toute exagération ; le seul but de M. De- ville étant, ainsi qu'il le dit lui-même , de passer en revue les principales cir- constances qui se rattachent au tremblement de terre; de présenter au fur et à mesure les faits locaux tels qu'il les a observés, non-seulement à la Gua- deloupe, mais aussi à la Dominique, à Marie-Galante, à Monlsérat et à An- tigue, qui ont été ébranlées dans le même temps, et de hasarder enfin quelques réflexions sur cet effrayant phénomène dont les causes sont encore si mystérieuses. » Nous aurions voulu présenter ici un aperçu de l'intéressante relation dont nous venons de parler, mais M. Deville a prévenu nos désirs sur ce point. L'Académie possède un exemplaire de cette relation dont un extrait a, d'ailleurs, été inséré dans le Compte rendu de la séance du lundi 4 dé- cembre 1843. Nous devons doue nous abstenir de tout développement à cet égard. " Magnétisme terrestre.— Dans son ascension au pic deTénériffe, qui eut lieu le 19 septembre 1842, M. Deville, ayant atteint la cime du cratère un peu avant le lever du soleil, prit avec une grande boussole à lunette plon- geante, le relèvement du centre de cet astre au moment où il parut à l'ho- rizon sensible. De ce relèvement et de l'azimut du soleil que nous avons calculé pour l'instant de l'ob-servation, nous avons obtenu, pour la déclinaison de l'aiguille, iZ" l\o' nord-ouest. « Il est fâcheux que M. Deville n'ait pas eu le temps de faire une obser- vation semblable au bord de la mer pendant qu'il était à Ténériffe; la dif- férence entre les déclinaisons de la même boussole obtenues simultanément aux deux extrémités d'une verticale qui n'a pas moins de .3706 mètres de hauteur, serait résultée immédiatement de cette double opération et con- stituerait aujourd'hui l'un des documents les plus précieux du voyage. Disons, toutefois, qu'il n'est pas absolument impossible de remédier à l'inconvé- nient dont il s'agit: l'aiguille aimantée avait atteint en Europe son maximum d'excursion occidentale en 1816; mais, dans les îles voisines de la côtr ( '"7 ) d'Afrique, ce n'est guère qu'en i83o ou i835 qu'elle paraît avoir achevé sa course vers l'ouest, de sorte qu'elle peut être considérée comme ayant infiniment peu rétrogradé entre cette dernière époque et l'année 1842, qui est celle des observations de M. Deville. Or, il résulte des observations faites par M. Dumoulin durant le second voyage de l'Astrolabe, que la dé- clinaison était en 1837, sur la terrasse du consul de France, à Santa-Cruz de Ténérif'fe, de 23" 8', ce qui ne diffère que de 38 minutes du résultat ob- tenu par M. Deville au sommet du pic. >' En consultant les observations de Borda, rapportées par M. de Hum- boldt, qui les a puisées dans un manuscrit conservé au Dépôt général de la marine, nous voyons qu'en ly^Gla déclinaison semblait devoir être de 3°5o' plus grande à la cime du pic que sur le rivage de Santa-Cruz; mais nous ferons remarquer ici que dans l'île de Ténériffe , comme dans toutes les îles volcaniques, la nature du sol exerce sur la direction de l'aiguille aimantée une influence qui varie sensiblement d'un point à un autre. Le voyage de l'amiral d'Entrecasteaux et celui de M. de Freycinet nous per- mettent de constater ce fait, que toujours la déclinaison magnétique est plus grande à Santa-Cruz de Ténériffe sur le rivage, où la boussole n'est pas à plus d'un mètre au-dessus des loches, qu'au mouillage, où le même instrument se trouve élevé d'environ 40 mètres au-dessus du fond de la mer et éloigné de la côte de 5 ou 600 mètres. » Néanmoins , des observations du genre de celles dont nous venons de parler, auxquelles on joindrait celles de l'inclinaison et de l'intensité du magnétisme, faites .simultanément au sommet du pic de Ténériffe et tout autour de la base, en ayant l'attention de se placer en chaque point, à 4 ou 5 mètres au-dessus du sol, contribueraient sans doute beaucoup à nous éclairer sur la constitution physique de cette gigantesque montagne ; et l'on pourrait peut-être aussi en déduire des conséquences plus générales que celles qui sembleraient de prime abord ne de^^oir appartenir qu'à cette localité. « Géologie. (M. Eue de Be.wmont rapporteur.) « Le pic de Ténériffe , quoique recouvert en grande partie de pierres ponces et de coulées de lave, n'a pas eu d'éruptions depuis l'époque à laquelle remonte l'histoire des îles Canaries, et l'on pourrait le croire éteint si l'on ne trouvait à sa cime les preuves de l'activité intérieure qui continue à le dé- (iii8) vorer. Tous les voyafjeurs qui y sont montés ont vu se dégager des vapeurs des crevasses qu'elle présente. Au moment de la visite de M. Deville, ces fumerolles, dont la température était de 84 degrés, exhalaient une odeur extrêmement piquante, due presque uniquement à l'acide sulfureux: je n'ai point distingué , dit-il, comme il arrive près de certains cratères, le mélange de l'odeur si caractéristique de Ihydrogène sulfuré. I^a roche est, aux alen- tours, complètement décolorée et pénétrée de cristaux de soufre; il s'y forme aussi des efflorescences alunifèrcs acides. >• Le cratère qui termine le pic, et des flancs duquel s'échappent les fu- merolles dont nous venons de parler, est sensiblement elliptique. Les voya- geurs ont publié des évaluations très-diverses de son diamètre, et l'on ne sera pas étonné de cette diversité si l'on se rappelle combien la perspective aérienne est sujette à tromper dans l'évaluation des distances observées dans les hautes montagnes. L'auteur regarde comme la plus exacte l'estimation de M. de Humboldt, qui évalue à loo mètres le grand diamètre du cratère, et à 70 mètres le plus petit. Il regarde cependant ces chiffres comme étant peut- être un peu inférieurs à la vérité. La profondeur du cratère, qui est la plus grande vers le sud , ne doit pas dépasser 5o mètres, c'est-à-dire un tiers en- viron de la hauteur du piton terminal. » Ce piton terminal ne fait pas entièrement continuité avec la masse géné- rale du pic, et les deux éléments superposés se distinguent même très-bien par l'inégalité de leurs pentes : celle de la montagne inférieure dépasse rarement 2 5 degrés; celle du piton ou pain de sucre terminal atteint sur l'un de ses flancs 36 degrés. De loin, la discontinuité de ces deux masses devient très-sensible, dans certaines directions. Ainsi, du sommet du col de las ArenasNegras, situé à l'est, la vue que l'on a du pic est, sous ce rapport surtout, remarquable et instructive. C'est d'un point du cirque peu éloigné que doit avoir été prise la vue du volcan donnée par M. Léopold de Buch. La différence d'incli- naison entre les deux portions de la montagne est très-saillante, et surtout leur séparation par le plan à peine incliné de la Rainbletta, qui joue ici, en petit, un rôle comparable , à certains égards, à celui du Piano del Lago dans le massif de l'Etna. " La moyenne de la double observation barométrique faite par l'auteur au sommet du pic lui a donné 3706 mètres au-dessus du niveau de la mer, et il a trouvé, à la base du piton , 3 SSg mètres, d'où il résulte pour ce petit cône une hauteur de 147 tnètres. Ce n'est guère que le tiers de la hauteur du cône terminal de l'Etna; mais, dans ce dernier volcan , le plan qui termine la gib- bosité centrale, et au-dessus duquel s'élève le cratère actif, est bien plus ( "19 ) létendu et plus prononcé que n'est ici la Rambletta, point de jonction des deux cônes superposés. D'ailleurs il existe une différence capitale : tandis que le cratère de l'Etna, produit éphémère des éruptions successives, est unique- ment composé d'assises fragmentaires et cinériformes, le cône terminal de Ténériffe, à travers son manteau de pierres ponces, laisse percer sur quel- ques points des arêtes rocheuses qui décèlent sa structure intérieure. M. de Biich remarqua le premier (i) qu'un petit mur, sur lequel on s'appuie pour gravir la pente si roide du dernier cône, se compose d'une roche solide à feldspaths bien caractérisés. La chose est plus évidente encore au sommet de la montagne; car on pourrait, à la rigueur, dit l'auteur, regarder cette arête comme une sorte de filons dont la tête se serait conservée ; mais, en exami- nant le pourtour de la bouche volcanique, on reconnaît parfaitement que le cratère est creusé dans une roche primitivement solide, et qui doit surtout sa dégradation aux vapeurs acides qui se font jour à travers en plusieurs places. Au bord sud-ouest, qui offre la plus grande dépression, la roche est même encore très-solide, et les feldspaths, d'ua assez gros volume, y ont conservé tout leur éclat. D'après les analyses très-soignées que M. Deville a consignées dans son Mémoire, ces cristaux se rapportent au feldspath oligoclase, c'est- à-dire à celui dans lequel les quantités d'oxygène de l'alcali (soude en grand»; partie), de l'alumine et de la silice sont entre elles comme les nombres i ; 3 et 9. " Quelle que soit l'hypothèse à laquelle on s'arrête sur la manière dont cette masse a reçu sa forme et .sa position, il n'y aura jamais aucune analogie à établir entre ces débris de murs qui entourent circulairement le cratère et les coulées plus modernes qui se sont échappées des fluncs du pic, à quel- ques mètres au-dessous, laissant sur leur passage des portions suspendues comme des gouttelettes de cire (qu'on nous permette, dit l'auteur, une com paraisou dont la justesse fera excuser la trivialité). qui se seraient figées en coulant le loTig d'une bougie. » Ces coulées, qui sont composées pour la plupart d'obsidiennes à base d'oligoclase , ont recouvert au-dessous du petit plateau de la Rambletta la plus grande partie du pic proprement dit. Cependant, ni les coulées ni les pierres ponces qui se joignent à elles n'en dérobent complètement la struc- ture intérieure. )' Vu du côté de la montana Blanca, le cône inférieur du pic présente (1) Léopold lie Bucli , Description physique (1rs îles Canaries; traduction française par M. C. Boulanger, page ig3. ( I rao ) un grand nombre de crevasses et d'anfractuosités , parce qu'il est à peu près dépourvu, de ce côté, de courants d'obsidienne. Sur celte face, la plus acci- dentée de toutes, on voit même quelques arêtes saillantes, rayonnant vers le sommet; mais le tout est recouvert de petites pierres ponces qui empêche- raient de constater la nature des roches dont les formes générales se révèlent seules à travers ce manteau peu épais. n Indépendamment des cônes des Andes qui paraissent être constitués, de même, de grandes masses de roches solides , tous ceux des cônes des Antilles que l'auteur a visités offrent, sans exception, la même structure. Mais deux causes s'opposent, au pic de Ténériffe, à ce que cette structure se découvre an premier coup d'œil : d'abord l'enveloppe extérieure de pierres ponces, qui dissimule les anfractuosités de la montagne , puis la profonde altération que la roche du sommet a subie au contact des vapeurs sulfureuses et qui en détruit presque tous les caractères. On doit savoir gré à l'auteur d'avoir beaucoup ajouté à ce que ses devanciers avaient fait pour vaincre ces diffi- cultés, de même que des analyses exactes et multipliées par lesquelles il a constaté la nature de toutes les roches du pic. F^e feldspath des obsidiennes du pic est de Xoligoclase, et M. Deville a aussi été conduit , par l'analyse chimique, à rapportera Voligoclase des feldspaths d'un volume notable, qui se trouvent empâtés dans les fragments projetés par le pic, et qui sont tout à fait semblables à ceux qu'on observe dans les trachyles solides dont le cratère est formé. >' Après le pic, l'auteur a visité la montagne de Chahorra, sur laquelle les observations de M. Gordier avaient appelé, dès les premières années de ce siècle, l'attention des géologues. Sa base touche presque la base du pic dans la direction de l'ouest-sud-ouest. Du milieu du courant de lave qui des- cend du pic vers l'ouest et des flancs même du pic, les regards plongent dans Fintérienr du grand cratère de Chahorra et en distinguent admirablement tous les détails. Le cratère de Chahorra , dont M. Deville a joint à son Mé- moire un très-bon dessin (PL II), est beaucoup plus considérable que celui du pic. Les bords se découpent avec une si grande roitleur, qu'il semble que la cavité ait été formée avec un emporte-pièce. Le côté qui regarde le pic est légèrement recouvert de pierres ponces, et celles-ci contrastent singu- lièrement, parleur petit volume, avec celles qui surchargent la plaine entre la montagne de Chahorra et le pic. Lorsqu'on a atteint le bord de l'excavation, élevé de 3i3'7 mètres au-dessus de la mer, on peut observer que les escar- pements intérieurs sont formés de couches très-régulièrement stratifiées, dont quelques-unes sont des conglomérats, d'autres appartiennent à des ( liai ) niasses compactes. En les examinant avec soin , on y reconnaît une roche tra- chytique, à pâte rosée, dans laquelle les feldspaths , quoique très-nombreux, sont extrêmement petits. Cette disposition porte l'auteur à conclure que le noyau de la montagne a été formé tout d'une pièce par le relèvement circu- laire d'assises de trachytes et de conglomérats. » Le cratère, presque cylindrique, n'a pas plus de 4o mètres de profon- deur. Ses formes abruptes en interdisent de tous côtés l'accès intérieur. Le fond , assez plat, contient vers le sud-ouest une seconde excavation en forme d'entonnoir, qui a un aspect assez récent. Il ne serait pas impossible que ce petit cratère datât de l'éruption de 1798 dont la lave, comme on sait, est partie de Chahorra. Enfin , dans l'intérieur du grand cratère , on distingue un très-petit cône de lapillis, qui a donné naissance à une toute petite coulée ; cet ensemble constitue une véritable éruption en miniature. » Le pic et la montagne de Chahorra s'élèvent au milieu d'une sorte de plaine élevée, llano de las Rétamas, ou plaine des Genêts, bordée à l'est et au sud par un grand amphithéâtre escarpé, de forme elliptique, auquel les travaux de M. de Buch ont donné une juste célébrité. Les observations qu'il y a faites ont beaucoup contribué à lui inspirer sa théorie des cratères de sou- lèvement, et il semble difficile, dit l'auteur, à un observateur impartial, de ne pas être frappé, avec le savant géologue de Berlin, de la régularité avec laquelle.les escarpements de los Azidejos, d'un côté , ceux de Tigajga, de l'autre, se relèvent circulairemen t vers le point central occupé par le pic. Cette première impression, à laquelle, continue M. Deville, je ne pus échapper, a été confirmée par les diverses observations de détail que j'ai faites en visitant plus attentivement le groupe de ces montagnes. Il rie me restait qu'à glaner, ajoute-t-il, dans un champ aussi bien exploré que celui que je parcourais. L'Académie reconnaîtra cependant, nous l'espérons, qu'en essayant seule- ment de glaner, l'auteur a recueilli beaucoup de faits dignes d'être pris en sérieuse considération. C'est sur ces faits de détail surtout que nous allons appeler son attention. » De la montagne de Chahorra, M. Deville descendit dans la dépression appelée la Canada, qui est bordée au sud par ces- escarpements que M. de Buch compare, avec tant de justesse, à une enceinte fortifiée autour du pic central (i). Ces beaux escarpements, qui offrent des falaises presque verti- cales de 600 mètres d'élévation , se composent de trachytes et surtout de con- (1) Léopold de Buch, Description physique des fies Canaries, traduction française par M. C. Boulanger, page 167. C. R., i»46, I" Sem«' Les analyses des laves de los Majorquines et de Guimar, comparées à celles des laves du pic , mettent en évidence la diversité des produits des éruptions modernes de Ténériffe et leur ressemblance de composition avec les roches plus anciennes qui forment la charpente de l'île. Les unes ont la ( "29 ) composition des trachytes à base d'oligoclase, les autres celle des basaltes à base de labrador. » Il n'y a réellement à distinguer dans les îles Canaries , dit l'auteur d'a- près ses analyses, que deux types de roches bien distincts. Cette séparation se détermine nettement par la formule du feldspath qui entre dans chaque roche, et les produits volcaniques modernes et contemporains n'échappent pas à cette loi ; car les uns , comme ceux du pic de Chahorra , des petits cônes de la vallée de l'Oratava , et même la lave du Portillo, présentent des cristaux isolables qui se rapportent à l'oligoclase , ou donnent, par l'analyse brute, une proportion de silice qui concorde avec la composition de ce minéral ; les autres, comme la coulée de Majorquines et la lave péridotique de Gui- niar, se rapportent directement au type basaltique. » La manière dont sont répartis, sur la surface de l'île de Ténériffe, les points de sortie des laves de diverses natures est très-digue d'attention. M. de Buch avait signalé ce fait curieux et même singulier, que les laves de nature trachytique sont sorties généralement dans les parties trachytiques de l'île ou dans leur voisinage, tandis que les laves basaltiques, beaucoup moins nombreuses , sont sorties de préférence dans les parties basaltiques (i). Sauf quelques exceptions peu considérables , le travail de M. Deville vient confir- mer, sur ce point comme sur tous les autres points essentiels, les observa- tions faites , il y a trente ans , par notre illustre confrère. » En retournant des Canaries aux Antilles, M. Deville a visité l'île de Fogo, l'une des îles du Cap-Vert et probablement le seul volcan actif de cet archipel. Ici il ne devait pas être réduit, comme à Ténériffe, à glaner sur les pas d'illustres devanciers. La géologie de l'île était entièrement à faire, et M. Deville ne pouvait désirer une meilleure occasion de montrer de quoi il était capable dans l'exploration rapide d'une contrée inconnue. Quoique les exigences du service de la marine ne lui aient permis de passer que trois jours sur le sol de Fogo , il nous eh a donné, dans son Mémoire, un tableau plein de vérité, que nous regrettons vivement de nous trouver forcés de réduire à un simple squelette. » Lorsque le voyageur, en quittant les côtes de Santiago , découvre l'île de Fogo telle que la représente la PI. VI du Mémoire , il est frappé de la hauteur du pic, qui semble s'élever brusquement du sein des eaux. Le pic de Teyde, quoique très-imposant par sa masse, repose sur un groupe de (i) Léopold de Buch, Description physique des îles Canaries, traduction de M. C- Bouian- .ger, pages i8i, 206, etc. C. H., i8i6, 1" Semestre. (T. XXII, N» 26.) «49 ( ii3o ) montagnes très-étendu qui en dérobe une partie considérable , tandis que , vu du nord-est, le pic de Fogo a sa base au niveau même de la mer, et s élève d'un jet et presque par une pente continue jusqu'à près de 3ooo mètres de hauteur. On en saisit ainsi parfaitement la forme générale , qui offre une grande analogie avec celle du Vésuve. Comme ce volcan, la montagne de Fogo se compose d'un cône entouré, d'un côté, par un rempart demi-circu- laire détruit dans la partie qui regarde la mer. C'est précisément par ce côté ouvert qu'elle se présente quand on l'aboi'de en venant de Santiago. Du côté opposé, l'île offre derrière le rempart, complètement fermé dans cette direction, une pointe assez étendue vers l'ouest, à l'extrémité de laquelle se trouve le port principal, Nossa-Senhora-de-la-Luz. n L'île est entourée de falaises très-escarpées, mais non pas fort élevées, composées d'une roche prismatique rougeâtre; ce sont des nappes basal- tiques alternant avec des assises de conglomérais; elles sont quelquefois ho- rizontales, d'autres fois fort inclinées. Sur la surface de l'île s'élèvent une foule de cônes parasites dont un grand nombre ne paraissent pas avoir donné de coulées de laves. » Nous ne suivrons pas M. Deville dans la description qu'il donne de plu- sieurs de ces cônes parasites, ni dans l'examen des divers ravins ou barancos, nommés ici ribiera, qui mettent à découvert les assises basaltiques. Le fait dominant qui, d'après lui, ressort de cet examen, est que toutes ces nappes basaltiques paraissent s'être étendues sur des pentes extrêmement douces, qui leur ont permis de prendre une structure compacte, et même à certaines assises dont la composition s'y prêtait, sans doute, de se convertir entière- ment en des masses de cristaux de pyroxène. Aussi les traces de mouvement, quoiqu'elles ne manquent pas tout à fait, s'observent à peine dans les grandes assises, tandis qu'elles forment le caractère principal des coulées échappées des cônes modernes, et qui constituent, au-dessus de la surface du sol, des cheires plus ou moins tourmentées. Une de ces laves , analysé par M. Deville, s'est trouvée composée de labrador, pjroxène, péridot et fer titane; sa densité est de 3,oo4- » Pjes bords d'un ravin, ou haranco, nommé Ribiera grande, situé sur le chemin qui conduit de la Luz au volcan , l'auteur a dessiné l'ensemble des pentes extérieures du cirque, telles que les représente la PL VIII du Mé- moire. De cet endroit , la punta alla, qui est le point le plus élevé du cirque, et qui se trouve aussi à peu près au milieu de son développement, se voit dans la direction du nord-ouest. La crête du cirque, ou cumbre do Tina, tourne sa convexité vers l'ouest; elle s'abaisse très-sensiblement en s'étendant ( n3i ) vers le nord-est et le sud-est, mais elle cache complètement le pic. Un très- grand nombre de cônes de scories modernes marquent le pied de ses pentes extérieures. >< Le col qui donne entrée dans l'intérieur du grand cirque se trouve à peu de distance du cône moderne de Pedras Prêtas, qui a produit, en 1799, une coulée de lave considérable. A peu de distance de ce cône on rencontre un cratère d'une très-grande dimension , complet dans son pourtour et sans aucun mamelon volcanique; c'est simplement une immense cavité circulaire. lia coupe cylindrique intérieure présente des assises régulières de basalte et de conglomérats recouverts par de nombreuses assises de matières fragmen- taires. » A l'ouest du col |)ar lequel on pénètre dans son intérieur, l'enceinte du grand cirque est parfaitement continue; elle s'élève insensiblement jusqu'à la punta alia, son point culminant, puis elle va en s'abaissant vers le nord-est. C'est une muraille circulaire qui semble perpendiculaire, et dont la hauteur n'est guère inférieure à i 000 mètres dans son point le plus élevé. On citerait difficilement un spectacle plus imposant que celui de ce vaste cratère de soulèvenient qui , pour la perfection et la conservation des lignes, surpasse la plupart de ceux qu'on pourrait lui comparer. Je n'excepterai même pas, dit M. Deville, le grand cirque de Ténériffe, dont certaines parties sont disloquées et ont disparu, et auquel sa double bouche centrale (le Teyde et Chahorra) enlève un peu de sa régularité; ici, au contraire, la ligne de ceinture est continue sur la moitié du pourtour. » En s'approchant de la grande muraille presque verticale qui forme les escarpements intérieurs du cirque, M. Deville reconnut que toute la masse est uniquement composée d'un nombre prodigieux d'assises basaltiques alter- nant avec des conglomérats, et traversée par des filons verticaux ou inclinés qui se coupent les uns les autres et sont, sans aucun doute, les canaux par lesquels la roche est venue au jour et s'est épanchée en nappes plus ou moins étendues. Ce phénomène est parfaitement semblable ici à ce qu'il est dans toutes les contrées basaltiques, à Ténériffe, à Palma, ainsi qu'à la Somma dans le groupe du Vésuve, et dans le val del Bove au centre du massif dé l'Etna. Quelques-uns de ces filons sont tellement volumineux, qu'ils se dis- tinguent de fort loin, et , autant qu'il a pu l'observer à la lunette, il a semblé à M. Deville que le point culminant de punta alta correspondait à l'un des gros filons verticaux. ' ' 'f^Iî'* ' . » Le fond du grand cirque est occupé par une plaine qu'on pourrait ap- i49" '-ilK^^iXtf, ( "3a ) peler la Canada, par analogie avec le plan des Canadas de Ténériffe ou W/itrio, en la comparant à latrio ciel Cavallo du Vésuve. » \SAtrio offre deux inclinaisons assez distinctes. Presque horizontal au pied des escarpements intérieurs du cirque, il commence, vers le milieu de sa largeur, à s'élever doucement en formant un terre-plein incliné recou- vert de laves et de lapillis, au-dessus duquel s'élève brusquement le cône hardi du pic. » Du côté du midi, plusieurs petits cônes se sont élevés au pied même du pic, et ont donné de petites coulées délaves, de nature basaltique, très-tour- mentées, qui sont venues s'arrêter dans l'intérieur du cirque. » Une observation faite par M. Deville dans VAtrio, au point où il jugea <|ue la pente cesse d'être sensible, lui a donné, pour le niveau général du fond du grand cirque, une élévation de 171a mètres. )' Arrivé dans cette plaine, le voyageur se trouve à une très-petite dis- tance de la masse imposante du pic de Fogo. Sa forme est parfaitement ré- gulière; son inclinaison, qui est de 35 à l\o degrés, paraît tellement consi- dérable, qu'il semble d'abord impossible de le gravir, et que l'ascension en est effectivement d'une très-grande difficulté. 1) Ce fut par la pente septentrionale du pic , et après en avoir pris un dessin qui forme la PI. VII du Mémoire , que M. Deville, accompagné seulement de M. Bertrand, chef de timonerie de la Décidée (car les guides l'avaient abandonné) , entreprit l'ascension. Il remarqua que le flanc de la montagne était sillonné , sur une assez grande longueur, par une fente dirigée au nord- nord-est. Il s'y engagea dans l'espoir d'y mieux étudier la stucture du volcan, et pensant aussi que les pentes y seraient plus abordables. Le dessin , PI. VII , et la carte de Fogo, jointe au Mémoire , PI. V, indiquent la position de cette crevasse, où l'on distingue parfaitement que le cône entier n'est absolument composé que d'assises épaisses de balsate, à pâte très- foncée et extrêmement péridotique, alternant avec des conglomérats. Quelques nappes contiennent tant de péridot, que ce minéral s'y est concentré en gros amas. Le tout est fortement incliné et se redresse vers le sommet de la montagne. On voit très- bien un filon de basalte qui est venu couper des assises inférieures et s'étendre au-dessus d'elles. Enfin, quelques couches très- remarquables se composent de petits fragments jaunâtres solidement agglomérés et tout pétris de cris- taux de pyroxène mâclés, d'une conservation etd'une fraîcheur parfaites. )i Uûe fois engagés dans la grande fente qui mettait toutes ces couches à dé- couvert, nous aperçûmes, dit l'auteur, qu'elle se terminait par des murs escar- ( ii33 ) pés. Nous fûmes donc obligés de gravir (avec toutes sortes de difficultés et au grand péril du baromètre dont nous étions chargés) les talus latéraux sur lesquels les diverses nappes de basalte et de conglomérats nous servaient comme d'échelons pour regagner la surface même des pentes du cône. » Ce ne fut qu'au bout de trois heures de fatigues que les voyageurs at- teignirent enfin le bord du cratère , et , au grand regret de l'auteur, le roc isolé et escarpé, qui forme la dernière cime du pic, se trouva inabordable de ce côté. » Une observation barométrique , faite au pied du rocher qui le dominait encore, donne à ce point une hauteur de 2 76/i mètres, et , en ajoutant 26 mè- tres pour la hauteur approximative du rocher lui-même, M. Deville trouve 2 790 mètres pour la hauteur totale du pic de Fogo. » Ainsi que nous l'avons déjà vu, une autre mesure barométrique lui avait donné i 712 mètres pour la hauteur du fond du cirque au milieu duquel le pic s'élève ; de là il résulte que son élévation au-dessus de YAtrio est de plus de I 000 mètres, c'est-à-dire à peu près double de celle du cône du Vésuve au-dessus de \Atrio del Cavallo. 1' De la cime du pic l'auteur put, malgré quelques nuages, relever les portions de la crête du cirque extérieur qui regardent le nord; quelques cônes parasites qui, au pied du pic, ont donné des laves récentes, enfin quel- ques points du littoral qui se dessinaient au delà des nuages groupés sur une partie des flancs de la montagne. » A quelques mètres au-dessous du bord du cratère, on voyait s'échapper, du flanc du volcan , une vapeur sans aucune odeur, qui sortait librement et sans bruit d'une large ouverture communiquant probablement avec quelque grotte profonde. On ne pouvait guère que jeter les yeux dans cette crevasse, car la température de la vapeur qui en sortait était d'environ 5o degrés. Ce phénomène, dit M. Deville, doit sans doute présenter quelque analogie avec celui que m'ont offert, à la Rembletta de Ténériffe , les narines du pic. " Le diamètre du cratère, sensiblement circulaire, qui termine le pic, a paru à M. Deville supérieur à 5oo mètres. II ne dit pas si cette évaluation minimum se rapporte au niveau des points les plus saillants de sa circonfé- rence, mais il est évident qu'elle doit être de beaucoup inférieure à celui de la circonférence embrassée par ces points culminants, car il n'hésite pas à penser que , s'il est possible de faire le tour du cratère , ce qui lui paraît dou- teux, la chose exigerait au moins deux ou trois heures, ce qui suppose un pourtour à la fois très-vaste et très-déchiqueté. La profondeur du cratère doit être, d'après son estimation, d'au moins 260 à 3oo mètres. L'excavation ( ii34 ) intérieure , dont le fond ne pi'ésente qu'un vaste amas de niasses basaltiques en désordre, se découpe avec une grande roideur : du côté où il se trouvait, la paroi semblait verticale; le roc au pied duquel il était placé, aussi bien que tout l'ensemble de ce qui l'entourait et l'intérieur des escarpements du cratère, est uniformément composé de basalte solide. Ainsi , tout annonce que le pic de Fogo est le produit du redressement de grandes assises do basalte. '• Rien ne présente ici l'aspect de coulées successives qui se seraient ap- pliquées l'une sur l'auti-e pour former le cône. Aucune coulée de lave ne s'est même échappée de la cime; les plus élevées sont sorties fort peu au-dessus du niveau du fond du cirque au milieu duquel il s'élève. " M. Deville cite des relations de trois grandes éruptions du volcan de Fogo survenues en 1769, en lySS et en 1799. Ces relations ont été écrites par des témoins oculaires. Dans ces éruptions, le pic paraît avoir été fendu , et des bouches, quelquefois nombreuses et alignées suivant des rayons par- tant de sa cime, se sont ouvertes vers sa base, [.es laves ont surtout coulé vers la partie où le grand cirque est échancré, et, se précipitant vers la côte, elles sont entrées dans la mer où elles ont formé des brisants qui contribuent à rendre difficile l'accès de cette partie de l'île. Toutes ces circonstances rappellent les éruptions du Vésuve. Il est cependant à remarquer que la partie de l'île qui se trouve derrière la crête du cirque, présente de nom- breux cônes de scories; ce qui prouve qu'elle n'est pas préservée de l'atteinte des éruptions modernes , comme l'est, au pied du Vésuve, le revers extérieur de la Somma. » Malgré cette différence dans la marche des phénomènes éruptifs, ou peut dire, en général, que les observations de M. Deville, à Ténériffe, à Fogo et dans plusieurs des îles volcaniques de la chaîne des petites Antilles, tendent à confirmer les analogies déjà entrevues plus d'une fois entre le groupe du Vésuve avec sa demi-lune de la Somma et un grand nombre d'au- tres pics volcaniques placés de même au point central d'un cirque plus ou moins incomplet. Un coup d'œil jeté sur la carte de Fogo, que M. Deville a dressée d'après ses relèvements ( PL f^ du Mémoire) , en dira plus à cet égard qu'une description même assez étendue. >" En quittant les îles du Cap-Vert, M. Deville est retourné aux Antilles dont l'exploration l'occupait déjà depuis deux ans, et où il avait examiné plusieurs montagnes volcaniques avec autant de soin et avec beaucoup plus de loisir et de détail que celles où nous venons de le suivre. Il s'est beaucoup occupé en particulier, ainsi qu'on a pu en juger par la première partie de ( n35 ) ce Rapport, de la Guadeloupe, de son volcan et des îles qui en dépendent. " Après son retour à la Guadeloupe , il a en le précieux et bien triste avantage d'assister au tremblement de terre du 8 février i843, dont il a pu- blié une relation qui a été rappelée dans la première partie de ce Rapport. Il a été lui-même une des victimes du désastre qui, entre autres malheurs qu'il lui a fait éprouver, a anéanti une partie des collections et des notes qu'il avait réunies, c'est-à-dire toutes celles qu'il avait cru mettre en sûreté en les débarquant à la Pointe-à-Pître, où le tremblement de terre et l'incendie qui la suivi ont tout détruit. >' Heureusement tout son butin scientifique ne s'y trouvait pas encore, et, outre ses souvenirs et une partie considérable de ses notes et de ses dessins, il a pu rapporter en France plus de cinq cent cinquante échantillons des roches de la Guadeloupe, et des collections nombreuses des îles volcaniques de la Dominique, de la Martinique, de Saba et de Saint-Eustache, ainsi que de l'île calcaire de Marie-Galante, et des masses stratifiées de Saint-Barthé- lemi et de Saint-Martin. )' Les pertes de M. Deville ont surtout porté sur les collections qu'il avait faites à Sainte-Croix et dans les autres îles Vieq^es, à Porto-Rico et à la Tri- nité; mais il lui reste encore sur toutes ces îles des documents précieux, et même la totalité des catalogues des collections perdues. » Vos Commissaires ont examiné avec détail toutes les collections rap- portées par l'auteur. Elles leur ont paru recueillies avec discernement, et elles sont dans le plus grand ordre et dans un état parfait de conservation. » Les collections et les notes recueillies à Ténériffe et à Fogo n'avaient pas elles-mêmes complètement échappé au désastre delà Pointe-à-Pître , et l'A- cadémie a vu , par la première partie de ce Rapport, que les observations barométriques correspondantes faites à Sainte-Croix de Ténériffe, à bord de la Décidée, y ont été anéanties. M. Deville a cependant conservé assez de do- cuments pour faire sur Ténériffe et Fogo le Mémoire renvoyé à notre examen, et nous avons constaté, avec une véritable satisfaction, qu'il serait en élat de publier, sur plusieurs des Antilles , des travaux plus complets encore , ainsi que l'Académie a pu en juger par l'analyse que nous avons donnée dans la première partie de ce Rapport, du travail trigonométrique exécuté par lui à la Guadeloupe. » Nous serons certainement ici les interprètes de tous les amis de la science en exprimant le désir que ce qui a échappé au tremblement de terre et à l'incendie ne soit pas perdu pour elle, et que l'auteur trouve les moyens de publier convenablement les résultats de son long et pénible voyage. ( ii36 ) Conclusions . » La Commission est d'avis que les observations de géographie, de mé- téorologie et de géologie , que M. Deville a soumises à son examen , méri- tent l'approbation de l'Académie, et que son Mémoire serait digne d'être imprimé dans le Recueil des Savants étrangers. Mais l'auteur lui ayant fait connaître l'intention où il est de publier son voyage, elle se borne à propo- ser à l'Académie de remercier M. Deville de sa communication et de l'en- gager à élaborer, comme il l'a fait pour les îles de Téuériffe et de Fogo, les matériaux qu'il a recueillis aux Antilles. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMEVA'nONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'une Com- uiission de cinq membres qui sera chargée d'examiner les pièces admises au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. MM. Flourens, Milne Edwards, Serres, Magendie, Duméril, réunissent la majorité des suffrages. L'Académie désigne, également par la voie du scrutin, les deux membres qui seront chargés de la révision des comptes pour l'année i845. MM. Poncelet et Thenard réunissent la majorité des suffrages. M. DuREAU DE LA Malle ayant , dans une précédente séance , et dans celle- ci, par une Note déposée sur le bureau, sollicité l'appui de l'Académie des Sciences pour l'établissement d'un système d'observations destiné à donner une solution approchée de la question concernant la permanence ou l'altéra- tion du climat dans diverses parties de l'Europe, depuis les temps histori- ques jusqu'à nos jours , une Commission composée de MM. Arago, Duméril et de Jussieu est invitée à examiner ce projet et à faire un Rapport sur le degré d'utilité qu'on pourrait se promettre de ce système d'observations, et sur la part qu'il conviendrait à l'Académie de prendre dans les mesures qui auraient pour objet de le provoquer. AlÉMOmES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la propagation du son dans un milieu hétérogène; par M. J. Bertrand. (Commissaires, MM. Cauchy, Sturm, Lamé.) « Les lois de la propagation du son dans un gaz homogène ont été étu- ( ii37 ) diées avec soin par divers géomètres. Poisson , qui a intégré d'une manière fort élégante l'équation générale du mouvement, a pu en déduire les cir- constances principales de la propagation, et notamment l'existence d'une certaine sphère dont le rayon est proportionnel au temps, et qui contient à chaque instant tous les points ébranlés. " Mais si l'on suppose que la nature du gaz varie d'un point à l'autre, l'équation du mouvement n'est plus à coefficients constants, et les méthodes connues d'intégration cessent de s'y appliquer. Lagrange et Euler se sont occupés de cette équation, à laquelle ils ont été conduits par leurs recher- ches sur les vibrations d'une corde inégalement pesante , sur lesquelles il sont revenus dans plusieurs Mémoires (i). Mais, loin d'avoir résolu la ques- tion générale qu'ils s'étaient proposée , ces illustres géomètres se sont bornés à traiter des cas particuliers dans lesquels l'intégrale a une forme analogue à celle qui est relative aux cordes homogènes. Ces cas particuliers fournis- sent autant de solutions du problème de la propagation du son dans une ligne d'air, pour des hypothèses convenables faites sur la loi de variation du rapport de l'élasticité à la densité. >i J'étudie , dans ce Mémoire , la propagation des ondes planes dans un milieu hétérogène; l'équation du mouvement s'intègre assez facilement dans un nombre infini de cas particuliers définis par l'énoncé suivant : " Pour que l'équation de la propagation du mouvement dans un plan puisse s'intégrer, il suffit que , a désignant le rapport de l'élasticité à la den- sité du gaz , loga puisse représenter la température stationnaire correspon- dant à un système quelconque de lignes isothermes. » Dans tous ces cas , l'intégrale trouvée me conduit aux résultats suivants: » Si Ton conçoit un projectile fictif partant du centre d'ébranlement avec la condition que sa vitesse en chaque point soit égale à la racine carrée du rapport de l'élasticité du gaz à sa densité , parmi toutes les courbes que ce projectile pourra suivre pour arriver à un point donné du plan , il y en aura une qui sera parcourue dans le moindre temps possible. Soit t ce temps; tous les points du plan pour lesquels t sl la. même valeur seront , au bout de ce temps, les seuls points en mouvement. Ces points forment une courbe qui remplace l'onde circulaire produite dans un milieu homogène, et qui est normale à toutes les brachistochrones définies plus haut. » L'ensemble de ces courbes , suivant lesquelles les ondes sonores se pro- (i) Novi Commentarii , tomes IX et XVII; Jeta taurinensia , tomes II et III. C. R., 1846, i"S<;m«j 76 (*) Cuivre en feuilles appliqué sur du cuivre 5,55 (**) » Dans les expériences qui ont fourni les nombres précédents, pour évi- ter toute altération des surfaces , on n'a jamais échauffé le vase rayonnant à feu nu; on y introduisait de 1 huile portée, dans une chaudière voisine, à une température convenable. » D'autres essais nous ont montré que , si l'on chauffe directement sur un fourneau un vase de cuivre ou de verre couvert de feuilles d'argent , il est très-difficile de prévenir un léger changement dans l'aspect de la sui'face , lequel est accompagné d'une modification du pouvoir émissif. On trouve , pour la valeur de ce pouvoir, des nombres qui croissent lentement avec le nombre des échauffements , et paraissent compris, tant qu'une altération trop sensible ne s'est pas manifestée dans l'éclat de l'argent, entre 2,63 et 3,o3. » PHYSIQUE.— Recherches sur les chaleurs produites pendant les combinaisons chimiques ; par MM. P. -A. Favre et J.-T. Silbermann. (7^ partie.) ( Commission précédemment nommée. ) « Chaleurs spécifiques et chaleurs latentes. — I>a nécessité de comparer (*) Ce pouvoir émissif a été déterminé à 81 degrés et à 120 degrés. A cette dernière tem- pérature, on a fait l'observation sur-le-champ. Au bout de peu de minutes, la surface était oxydée. (**) L'observation a été faite à .120 degrés} peut-être ce nomlire est-il im peu fort. ( ii4i ) toutes nos expériences de combustion à un même état , et la science ne nous fournissant pas les éléments de correction , nous nous trouvons forcés d'avoir recours à deux nouvelles séries de recherches, l'une sur la chaleur spéci- fique des substances employées , l'autre sur leur chaleur latente , et cela soit pour les solides, soit pour les liquides ou les gaz. Pour arriver à ce but, il nous a fallu d'abord organiser un appareil simple, prompt et sûr dans ses indications. » Voici la disposition à laquelle nous nous sommes arrêtés et que nous avons mise en pratique. » Un ballon de verre de i décimètre de diamètre, plein de mercure et servant de réservoir thermométrique, porte trois goulots, un latéral et deux supérieurs , le latéral retenant un tube de cuivre recouvert d'oxyde de plomb (mieux vaudrait un tube de platine), mastiqué au goulot, penché dans l'in- térieur vers la partie inférieure du ballon et servant de moufle pour rece- voir les corps soumis à la condensation ou au refroidissement, ou enfin à l'évaporation spontanée. » Des deux goulots supérieurs, l'un sert à livrer passage à Técoulement du mercure, provenant de la dilatation qu'il éprouve, par réchauffement que lui communique le corps que contient le moufle; cette quantité de mer- cure est tantôt pesée comme résultant du thermomètre à poids, tantôt me- surée par jaugeage, au moyen d'un tube divisé qui s'adapte à ce goulot et qui en fait un thermomètre ordinaire divisé sur tige. Enfin, le troisième goulot sert à retenir l'armature d'un piston plongeur qui sert à déplacer une certaine quantité de mercure du réservoir, afin de pouvoir toujours ramener la colonne mercurielle au zéro de son échelle , et pouvoir toujours agir sur le même poids de mercure, qui peut par ce moyen être rappelé dans le ré- servoir, et compenser la dilatation dans les divers cas de la température ambiante. >' Ainsi , l'on voit que l'appareil n'est rien autre chose qu'un thermomètre , dont le réservoir, sous l'influence de la température du corps qu'on plonge dans le moufle qui le pénètre, peut donner la mesure en calories de la cha- leur abandonnée par ce corps. Dans l'intérieur du moufle est placée une certaine quantité de mercure pour établir un contact bon conducteur. » Pour étudier les chaleurs latentes des vapeurs, un tube taré en cuivre^ recouvert extérieurement d'oxyde de plomb pour le protéger contre laction du mercure , est placé dans l'intérieur de ce moufle et sert de récipient pour condenser les vapeurs; son augmentation de poids indique la quantité de vapeur condensée; ou, quand on opère sur des corps volatils à une basse ( ii4* ) température, tels que l'acide sulfureux, etc., on les renferme dans des tubes en verre bouchés, effilés aune extrémité, d'une dimension convenable pour remplir le moufle et présenter au dehors leurs pointes portant un trait de lime: ces tubes tarés sont ouverts après leur introduction; quand l'opération est terminée, la perte qu'ils ont éprouvée donne la quantité du corps qui est entré en vapeur. Pour ce genre d'expérimentation, il faut employer le tube divisé. " Pour apprécier la chaleur spécifique ou la chaleur latente de fusion d'un corps, il faut employer un tube de dimension convenable, bouché d'un côté et plus ou moins ouvert à l'autre extrémité. Lorsque l'on recherche la chaleur spécifique, ce tube, avec la matière qu'il contient, porté à une tem- pérature déterminée, et quand par exemple, le corps est volatil, à la tempé- rature d'ébuUilion de la matière , est plongé dans le moufle. Le reste de 1 opération n'a pas besoin d'explication , ainsi que l'opération où l'on se pro- pose de déterminer une chaleur latente de fusion. " L'opération présente une durée maximum de deux minutes à peu près. 'I Pour cette évaluation, deux méthodes se présentent. La première mise eu usage est d'évaluer cette chaleur, en estimant l'échauffement par ie poids du mercure sorti, sachant le poids qui sort pour une élévation de I degré , et ensuite multipliant entre eux le poids du mercure échauffé par la chaleur spécifique du mercure et l'élévation de température; ce qui donne les calories recueillies qui doivent être égales à celles du corps refroidi d'un nombre de dégrés connus et ayant un poids connu. Nous ne parlerons pas davanlaffe ici des autres précautions ou valeurs à faire intervenir, comme par exemple l'échauffement du verre servant de réservoir au thermomètre , son rayonnement ou perte par l'air, le compte à tenir du refroidissement ou de réchauffement du petit tube qui contient la matière soumise à l'expé- rience, etc. 1 La deuxième méthode consiste à laisser de côté les chaleurs spécifiques du mercure, etc., et à évaluer les calories directement A cet effet, une di- zaine de grammes d'eau sont chauffés à l'ébuUition et subitement intro- duits dans le moufle. La température finale soigneusement prise, on a ainsi le poids en grammes du liquide refroidi, et le nombre de degrés dont il s'est refroidi; le produit de ces deux quantités exprime le nombre de calories qui ont produit le poids ou la colonne de mercure déplacée; une simple divi- sion donne, dans ce cas, la valeur d'une calorie. Diverses expériences de ce genre, avec des durées différentes , donneront les valeurs des petites correc- tions, ou la manière de les éviter. ( 1143) » Ainsi, l'appareil dans les dimensions précédentes donne environ 3 mil- ligrammes par calorie, ou o^','j']j par degré, ou dans le tube environ i de- gré dans 55 millimètres, ce qui fait immédiatement voir le degré de précisjon que peut avoir cet appareil. » Nous avons pris le mercure plutôt que l'eau, par rapport à l'uniformité de sa dilatation, ce qui fait que la répartition de la chaleur reçue est sans influence sur l'effet total. « C'est ainsi que, d'après la première méthode, nous avons eu pour l'eau , dans une première expérience , 55o,45; dans une seconde, 549,80. » Les autres expériences faites et à faire donneront matière à divers Mémoires successifs, que nous aurons l'honneur de présenter à l'Académie. » « A l'occasion de cette communication, M. Regxault fait observer qu'il a décrit, il y a cinq ans, dans son Cours du Collège de France , un calorimètre à mercure fondé sur des principes tout semblables. Ce calorimètre était ap- pliqué à des expériences sur la chaleur spécifique des gaz , recherches que d'autres occupations l'ont forcé d'interrompre momentanément. » CHIMIE. — Recherches chimiques sur l'huile de ben; par M. Philippe Walter. (Commissaires, MM. Dumas, Regnault.) « M. Walter a reconnu que l'huile de ben saponifiée ne donne pas d'a- cide gras volatil, mais quatre acides gras fixes , savoir : de l'acide stéarique et de l'acide margarique, et deux acides nouveaux, l'acide hénique et l'acide moringique. » ^cide bénique. — Il se trouve dans l'huile de ben eu très-petite quantité, en sorte que si l'on opère sur peu d'huile de ben à la fois, il échappe aisément à l'investigation. Au commencement de mes recherches , je l'ai confondu avec l'acide margarique. Cependant, en opérant sur plu- sieurs centaines de grammes, 6t en examinant la manière toute particulière dont il cristallise, il ne m'a pas été permis de douter que c'est un acide qui diffère complètement de l'acide margarique. » Les résultats de son analyse nous conduisent à la formule brute G60JJ60O* : Calculé. Trouvé. C" 225o 74,3 74,3 H" 375 i5!,3 12,5 o* 400 '3,4 '3,0 * ( ii44) et à la formule rationnelle C/"H^'0%H*0, en admettant, dans l'acide cris- tallisé, I atome d'eau, comme on l'admet dans tous les acides gras bien définis. » S'il n'est pas permis de confondre l'acide bénique avec l'acide marga- rique, il est bien plus difficile de prouver la dissemblance de l'acide bé- nique et de l'acide éthalique. » L'acide bénique est plus soluble dans l'alcool que l'acide margarique, mais moins soluble que l'acide éthalique. 11 cristallise de la dissolution al- coolique en mamelons très-volumineux, tandis que l'acide éthalique cris- tallise soit en aiguilles, soit en choux-fleurs. L'acide éthalique provenant de la saponification du blanc de baleine, par la chaux, ressemble, dans sa cris- tallisation, davantage à l'acide bénique queTacide éthalique provenant du traitement de l'étbal par la potasse. Son point de fusion a été trouvé H- 52 degrés à + 53 degrés centigrades; il tient le milieu entre l'acide étha- lique et l'acide myristique, le point de fusion du premier étant -I- 55 degrés centigrades, et celui du second + 49 degrés centigrades. >• On voit que les caractères physiques de l'acide bénique , et sa compo- sition, sont tellement rapprochés de ceux de l'acide éthalique, qu'il était néces- saire de voir si l'on ne rencontrerait pas quelques différences frappantes dans les combinaisons que ces deux acides forment. » L'éther bénique est très-soluble dans l'alcool , et se dépose , de la dis- solution, en masse cristalline, sans présenter des cristaux distincts. Il fond à une température très-basse, de sorte qu'en l'exprimant entre des doubles de papier Joseph , il ne faut pas l'exprimer dans les mains, la chaleur des mains étant suffisante , et au delà, pour le fondre. .. La formule de l'éther bénique, qui est G««H"0», C«H'°0, en adop- tant pour l'acide bénique anhydre la formule rationnelle C°''H'*0^ donne, en centièmes : Calculé. Trouvé. C" 255o 75,5 75,8 H" 4*5 12,6 12,7 O' 400 ">9 "'^ » L'existence de l'acide bénique admise, il remplit une lacune dans la série des acides gras. Le tableau suivant indique la place qu'il occupe dans cette série : C*'H"0*, acide margarique; il est fusibleà 60 degrés centigrades. C"H"OS acide éthalique 55 C"H™OS acide bénique 53 C"H"0', acide myristique 49 4 ( n45 ) >' L'acide ainsi purifié, que j'appelle acide moringique , du nom du vé- jffétal qui fournit les semences de ben, Moringa aptera, fut mis en contact avec des morceaux de chlorure de calcium fondu, et placé dans la machine pneumatique, au-dessus de l'acide sulfurique concentré. >' Ces résultats nous conduisent à la formule brute : Calculé. Trouve. C" 225o 75,0 74,9 H" 35o 11,7 11,8 0' 4oo i3,3 i3,3 d'où l'on peut déduire la formule rationnelle C"H"OS H'O. 1' En comparant cette formule avec la formule de l'acide bénique, on re- marquera que l'acide moringique diffère de l'acide bénique seulement en ce qu'il possède 4 atomes d'hydrogène de moins que l'acide bénique. >' La composition de l'acide moringique apporte aussi un témoignage eu faveur de l'existence de l'acide bénique, comme acide distinct. La quantité de carbone en centièmes de l'acide moringique étant égale à la quantité en cen- tièmes de l'acide éthalique, plusieurs de mes analyses de l'acide bénique n'au- raient pas dû présenter, même en supposant que l'acide fût souillé d'un peu d'acide moringique, une quantité de carbone si inférieure à la quantité de carbone en centièmes de l'acide éthalique et de l'acide moringique, si l'acide bénique n'était pas, en effet, un acide particulier. )' L'acide moringique est incolore ou légèrement coloré en jaune; sa sa- veur est fade ; il prend à la gorge; son odeur est faible ; il rougit le papier de tournesol; il est Irès-soluble dans l'alcool ordinaire, même à froid; soluble dans l'esprit-de-bois, l'éther et l'essence de térébenthine; son poids spécifique est 0,908, à I a°,5 centigrades; enfermé dans un flacon bouché à l'émeri loug et étroit , et plongé dans de la glace pilée , il se solidifie en prenant une forme cristalline. Dans différents endroits du flacon , on voit d'abord se former des points qui deviennent des centres d'une cristallisation ; ces points, qui vont eu augmentant, ne tardent pas à se rejoindre réciproquement, et présentent alors une cristallisation qui ressemble tout à fait à la cristallisation de l'étain sur la lôle, quand on vient à chauffer le fer-blanc et à le refroidir brusque- ment dans quelques endroits. Traité par l'acide sulfurique ordinaire, il prend une couleur rouge de sang ; l'acide sulfurique lui-même se colore d'une ma- nière plus foncée que l'acide qui le surnage. Si l'on chauffe le tout, il y a C. B., 1846, !«■• Sem«!r». (T, XXII , N» 26.) l5l ( ii46 ) dégagement d'acide sulfureux ; l'acide brunit et noircit à mesure que la dé- composition s'avance. >' L'analyse de l'éther moringique et du moringate de méthylène m'ont permis de fixer avec certitude la formule de l'acide moringique. >< CHIMIE. — Nouveau moyen pour doser l'étain par les volumes, lorsque ce métal est allié avec le cuivre : addition à une Note précédemment présentée par M. Cottereau. (Commission précédemment nommée.) « Le procédé repose sur ce principe, que le cuivre est précipité de ses dissolutions par le zinc avant l'étain. Cela posé, supposons un alliage de cuivre et d'étain, on le réduit en poudre fine, ou en pèse une certaine quantité et on la traite par l'acide chlorhydrique bouillant ; de là du proto- chlorure de cuivre et du protochlorure d'étain. Dans la dissolution chlorhy- drique de ces deux chlorures, on introduit une lame de zinc, et, pour cela, l'on peut opérer de deux manières différentes : » 1°. On peut, par un essai préalable du cuivre contenu dans l'alliage,-" et fait suivant le procédé cuprométrique de M. Pelouze, calculer la quantité de cuivre, et, par suite, n'ajouter dans la dissolution dès deux protochlortires que la quantité de xinc équivalente. » 2°. On peut introduire immédiatement la lame de zinc dans la disso- lution des deux protochlorures, et l'y laisser jusqu'à ce qu'une lame de fer bien polie, plongée dans la liqueur, n'y prenne plus de teinte rouge; alors on retire la lame de zinc et on filtre. >' Quel que soit le moyen qu'on emploie, on. Opère sur le liquide filtré , tout comme sur du protochlorure d'étain pur. Le protochlorure de zinc formé ne gêne en rien la réaction, comme je l'ai fait connaître dans ma première Note. » MÉDECINE. — De la nature de la maladie connue des j4nciens sous le nom cfescélotyrbe OM sceletyrben; ^a/' M. Gdyon. (Extrait.) (Commissaires, M. Andral, Velpeau.) " Gallus, dit Strabon, parvint à Leuce-Come avec son armée déjà lour- » mentée de la stomacacée et de la scelotyrbe ( i ) , maladies du pays, (.i) iMkoi , jambe i rupën, trouble. ( ii47 ) » dont l'une affecte la bouche , l'autre est une espèce de paralysie des » jambes. » [Géographie de Strabon.) Ij'auleur ajoute : « qu'elles furent cau- » sées par la mauvaise qualité des eaux et par les plantes dont les soldats >' s'étaient nourris. >' ( Opusc. cité. ) » Vraisemblablement, les Anciens, sous le nom de stomacacée, confon- daient deux maladies bien distinctes, qui se voient assez souvent dans les armées, l'inflammation des gencives, avec ulcération, et leur tuméfaction passive, l'une des manifestations de la maladie générale que nous connaissons sous le nom de scorbut. Cependant tout porte à croire que la stomacacée quf régnait parmi les troupes de Gallus, en Arabie, comme parmi celles de Germanicus, sur les bords du Rhin (Pline, lib. XXV, cap. vi), était bien notre scorbut; j'en juge du moins par la perte des dents (Pline, loc. cit., et Tacite, lib. I, sect. xxxiv), qui s'observe aussi dans la gencivite portée à un certain degré, que par la maladie qui l'accompagnait, la scélotyrbe ou sceletjrben. Quelle était donc cette dernière maladie? Pour Strabon, c'était, comme nous l'avons déjà vu , une espèce de paraljsie des jambes, et c'est sous ce même point de vue que la considère le célèbre médecin de Pergame : " Sceletyrben, paralysis species, quando recti nequeunt incedere : sed » nunc in laevam , nunc in dextram corpus contorquent, pedesque profe- » runt; interdum etiam, velut inutile syrma, anguium more pedem pro- » movent. » (Galien, In Dejin. med., tome II.) >' La plupart de nos lexicographes ont cru voir, dans cette description de Galien, notre chorée ou danse de Saint-Guy. Cette opinion me paraît erronée. >i Les accidents donnés par Gahen, comme constituant la sceletyrben , qui marchait de front avec la stomacacée , s'observent encore aujourd'hui , dans nos épidémies de scorbut, soit à terre, soit à la mer. J en ai été témoin, sur une grande échelle, en Hollande, de 1811 à i8i4- Là, comme depuis en Algérie , soUs l'iafluence de causes favorables au développement du scor- but (prisons et cachots, silos qui en tiennent lieu dans les camps, les camps eux-mêmes pendant la saison des pluies), nous avons vu des hommes qui se plaignaient de ne pouvoir marcher, accusant des douleurs plus ou moins vives lorsqu'ils s'efforçaient de Faire un pas; d'autres qui ne pouvaient même pas se tenir debout ou qui ne s'y tenaient que dans uue position toute torr turée, en s'aidant, pour se soutenir, de leurs bras appuyés sur des supports voisins; d'autres encore à qui la position verticale était absolument impos- sible. Quelle que soit la variété de ces accidents, ils reconnaissent tous une seule et même cause, cause toute physique, mécanique , à savoir, les extrava- i5i . . ( ij48 ) salions et inBltrations sanguines qui existent alors, soit dans les interstices musculaires, soit dans les muscles eux-mêmes. » Pour donner une idée des infiltrations sanguines, causes de la scélotyrbe des Anciens, je mets sous les yeux de l'Académie deux coupes de jambe faites dans le sens horizontal, avec une troisième pratiquée dans l'épaisseur et selon la longueur des jumeaux. Ces trois coupes ont été faites sur des su- jets dont aucune lésion tégumentaire, aux membres malades, ne pouvait faire soupçonner celle des parties sous-aponévrotiques. .l'ajoute que ces malades restaient alités; les membres inférieurs étaient roides, avec les articulations fléchies; de vives douleurs s'y faisaient sentir au moindre mouvement qiTon leur imprimait. Lombard, l'un des deux malades, avait les dents tout à fait déchaussées, avec sphacèle de la lèvre inférieure, face interne. » MÉDECINE. — Mémoire sur la pneumonie calculeuse, vulgairement appelée phthisie pulmonaire; par M. Wanner, (Commissaires, MM. Andral, Rayer.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Notes sur deux appareils destinés à prévenir quelques-uns des accidents auxquels expose le transport par les chemins de fer: Moniteur des stations et Tringles d'avertissement; par M. Bazelaire. (Commission précédemment nommée.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur une disposition destinée à arrêter les incendies qui peuvent survenir sur les chemins de Je r par suite d^un choc entre la locomotive et les wagons; par M. Bertin d'Alligny. (Commission des chemins de fer.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Figure et description dun nouveau système de transports ; par M. Langas. (Commissaires, MM. Piobert, Seguier.) M. SiLVESTRi soumet au jugement de l'Académie àe?, fragments pétrifiés de divers corps organiques j animaux et végétaux, et annonce qu'il fera connaître son procédé à la Commission que l'Académie chargera de l'examen de ce» pièces. (Commissaires, MM. Duméril, Dumas, Ad. Brongniart, Dufrénoy, Lallemand.) ( ii49 ) CORRESPONDANCE . M. Héricabt de Tuury, dans une Lettre adressée à M. jirago, annonce que le ai juin, à 9 heures et demie du soir, se trouvant dans le parc de Thury, il a observé un globe de feu qui jetait un grand éclat et se mouvait très-ra- pidement. Ce météore a paru s'abattre sur la vallée de l'Ourcq , dans la di- rection du uord-nord-est au delà de la ville delà Ferté-Milon, en tourbil- lonnant sur lui-même et lançant de brillantes étincelles d'un beau jaune orangé. A io''4o", le même observateur a remarqué une belle étoile filante s'abattre dans la direction diamétralement opposée. M. RoivAFOus, en adressant un exemplaire du Rapport de M. Mottctrt sur le jardin expérimental de Saint-Jean-de-Maurienne {voir au Bulletin biblio- graphique), annonce que M. Mottart est disposé à faire, dans cet établisse- ment dont il est directeur, les expériences agronomiques et les observations météorologiques qui pourraient être jugées utiles dans le double intérêt des sciences naturelles et de l'agriculture alpine. Celte liCttre est renvoyée à l'examen de la Commission nommée pour le plan d'observations des phénomènes de la végétation proposé par M. Bu- reau de la Malle. M. DE Castelnau annonce son prochain départ de Lima pour Guzco. Il se propose de s'embarquer à 5o lieues de cette ville sur l'Urubamba, de gagner ainsi l'Apurimac et l'Ucayale, enfin l'Amazone qu'il descendrait jusqu'à Para, d'où il passerait à Cayenne. M. Vallot donne, d'après des renseignements envoyés du Mexique par M. Mathieu de Fossey, des détails sur les mœurs des fourmis qu'on désigne dans ce pays sous le nom d^ Arriéras (muletières), insectes qu'il croit pouvoir rapporter à l'espèce de la Formica bispinosa décrite par h&ireiWe {Histoire des Fourmis, page i33). M. Chassard, ancien élève de l'École Centrale , près de partir pour la Nou- velle-Grenade (Amérique du Sud), annonce l'intention de faire dans la ville de Cali, où il doit séjourner plusieurs années, des observations de météoro- logie et de magnétisme terrestre; il prie en conséquence l'Académie, si elle a quelques instructions particulières à lui donner à cet égaid , de vouloir bien les lui faire parvenir avant le 20 juillet, époque de son départ. M. Chassard ( ii5o ) sera invité à se mettre en rapport avec M. Babinet, qui lui donnera les instructions nécessaires pour faire usage des instruments dont il se sera pourvu, et rendre ses observations comparables. M. Maison prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commis- sion chargée de rendre compte d'un instrument qu'il a présenté lan passé, ou de l'autoriser, si le Rapport ne pouvait être faitpromptement, à reprendre les pièces qu'il a présentées. (Renvoi à la Commission nommée.) . M. Bourse demande si l'on admettrait au concours pour le prix concernant l'application de la vapeur à la navigation, un Mémoire écrit en anglais. Dans une autre circonstance, il a déjà été répondu à cette question pai- Taffirmative. li'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés, l'un par M. Froissart, l'autre par M. Progin. La séance est levée à 5 heures ti'ois quarts. F. UULLETIAi BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu , dans cette séance et dans la précédente , les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences , i" semestre r846; n" ^5; in-4°. Bulletin de l Académie royale de Médecine; tome XI; juin 1846. Voyages de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feroè, pendant les années i838, i839 et i84o, sous la direction de M. GaimarD; 44* livraison ; in-folio. Considérations sur les Affections fébriles ou Maladies aiguës; par M. C. Leroy; in-8°. (Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Médecine.) Traité sur le Pouls, attribué à Rufus d'Éphèse, publié pour la première fois, en grec et en français, par M. Dahremberg; in-S". (M. Andral est chargé d'en faire un Rapport verbal.) Note sur les Insectes nuisibles à l'Olivier ; par M. GuériN-Méneville. (Extrait de la Revue zoologique.) j de feuille in-S". Examen des ouvrages physico-philosophiques de M. AzAiS, dédié à /' Université de France, servant d'introduction à la physique de la Création, 2* volume de la Philosophie primitive; par M. Demon ville; brochure in-S". Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; juin 1846; in-8°. Bulletin des Académies ; ']mi\ 1846; in-8°. Bibliothèque universelle de Genèue, juin 1846; in-8". ( nSi ) Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève. — archives des Sciences physiques et naturelles; juin 1846; in-8°. Académie royale de Belgique. — Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et Beaux- Arts de Belgique ; tomeXlII, n<" i et a; in-S". Jardin^expérimental de Saint-Jean-de-Maurienne , fondé par M. le chevalier BONAFOUS, et dirigé par le docteur Mottard. Turin , 1846; in-8''. Icônes S electœ planta rum quasin Prodromo Syslematis universalis ex herbariis pnrisiensibus, prœsertim ex Lessertiano , descripsit A. -P. De Candolle, editœ à B. DeLESSERT; V*' vol.; 1846; in-folio., Astronomische, . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n"' 56a et 563; in-4°. The electrical. . . Magasin électrique, publié par M. Walker; avril 1846; in-8°. Magnetisch und . . Observations magnétiques et météorologiques, publiées par M. Kreil; 6" année. Prague, 1846; in-4''. Magnetisch und. . . Déterminations magnétiques et géographiques , d'après les observations faites en Bohême dans les années i843 à 184Ô ; par le même; in-4°. Uber die. . . Sur les Becherches faites, jusqu'à ce jour, concernant [Aber- ration; par S.. -G. DOPPLER. Prague, 1846; in-4". Drei abhandlungen . . . Trois Mémoires sur la portée de la doctrine des Ondes, considérée sous le rapport de l'Acoustique, de l'Optique et de l'Astronomie; par le même. Prague, in-4°. Uber die . . . Sur les apparitions périodiques dans te Bègne végétal; par M. Fritsch. Prague; in-4°. Ehnintographia . . . Helmintographie humaine ; par M. Delle Chiaje ; 4* édition. Naples, i844; in-S". (M. Edwards est chargé d'en rendre un compte verbal. ) Sulla. . . Sur la Philosophie de la Physique; par M. A. FusiNiERi. Venise, i846;in-4°. Risposte. . . Béponse de M. FusiwiERl à certaines objections présentées contre le précédent Mémoire; in-4°. Sulla . . . Sur la Bésolution des Equations identiques; par M. Cerulli. Naples , i837;in-8o. Memoria. . . Mémoire sur la parfaite guérison , à l'aide d'un traitement médico-mécanique , d'un bras, d'un avant-bras et d'une main contractés à la suite d'une brûlure; par M. Bojsparola. Naples, i838; in^S". Memoria . . . Mémoire sur une fracture de la rotule guérie par le contact immédiat ; par le même. Naples, i834; in-S". Memoria . . . Mémoire sur le Staphylome et sur un nouveau Procédé opéra- toire; parle même. Naples, i8i9;in-8". Nachrichten. . . Nouvelles de l' Université et de la Société royale de Goet- tingue; n" 7, mai 1846; in-8°. Dissertatio academicade Longitudine et Laliludinegeographica, ex azimuthis ope Theodiliti astronomici, observatis auct. F. Wold.STEDT; in-4". De gradu prœcessionis positionum Cometœ anni millesimi quimjentesimi septua- gesimi septimi a celeberrimo Tychone Brahe,per distantias a stellis ftxis mensu- ( ii5a ) ratas determinarum et de fide elemenloium orbitœ quœ ex illis positionibus deduci passant; auct. F. Woldstedt ; in-4''. Annales de l' Observatoire astronomique centrai de Poulkova; par M. F.-G.-W. Struve. Saint-Pétersbourg, i845; i vol. de texte et i vol. de planch. in-fol. Ueber den... Plnnimétrie des trente-sept Gouvernements et Provinces de [ouest de la Russie européenne; par M. Struve. (Extrait du Bulletin de In classe physico- mathématique de V Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg.) 10-4°. Astronomische. .. Déterminations astronomiques de la position de différents lieux dans la Turquie européenne, le Caucase ei l' Asie Mineure , d'après les ob- servations faites par les officiers de l'état-major impérial en 1828 à i832, cal- culées par M. Struve ; Saint-Pétersbourg, i845. (Extrait du Bulletin de la classe physico-mathématique de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pé- lersbourg.) ln-4*'. Nieuwe... Nouveaux Mémoires de la troisième classe de l'Institut royal néerlandais; XIP vol., 2" livr. Amsterdam , 1846; ia-4°. Tijdschrift. . . Journal d'Histoire naturelle et de Physiologie, publié par MM. Vander Hoeven et de Vriese ; cahiers 3 et 4 ; in-S". Il cimento. . . Journalde Chimie, de Physique et d'Histoire naturelle; 3* an- née,, i845; septembre, octobre, novembre et décembre; in-8°. Eléments de Géométrie; par M. E. LiONNET; 3* édition; in-8''. Mémoire sur la Loi déformation des Abcès locaux primitifs extérieurs à l'os, après les fractures par contre-coup des os longs, et les luxations compliquées de leurs extrémités articulaires ; par M. le docteur S. Laugier ; brochure iu-8°. Recherches sur l'Embryogénie des Mollusques gastéropodes ; pur M. VOGT; in-S**. (Extrait des Annales des Sciences naturelles, partie zoologique.) Propositions de Projet de Loi. — Réforme des Passeports ; plan de recensement centralisé, complet et permanent; sécurité des gouvernements; par M. BUSSON DU Maurier; brochure in-4°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique.) Compendium de Médecine pratique ; /;rtr"MM. MONNERET et Fleury; 28* li- vraison; in-8°. Collection de Mémoires sur divers instruments de Chirurgie inventés par le docteur A. COLLIN; broch. in-8°. Gazette médicale de Paris; année 1846, n** 26; in-4''. Gazette dcis Hôpitaux ; n°' '^3 à ^5; in-folio Gazette médico-chirurgicale ; armée 1 846, n° 26. La Réaction agricole; n" io5. ERRATA (Séanc» du 22 juin 1846.) Page io58, tigne 16, dans la Note de M. Clapeyron sur l'expérience faite le 17 juin à Saint- Germain avec une locomotive de la construction de M. Fl*ch\t, le titre porte par inadvertance Steph. au lieu d'Eugène Fiachat. Le nom du constructeur a d'ailleurs été correctement in- diqué dans le texte de la Note . COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JANVIER JOltf 1846. TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXH. Pagei. AcKTATES. — Note sur les acétates de cuivre ; par M. Baux 434 — Sur les acétates et les butyrates; recher- ches de M. Chancel 4g8 Acide boriqce. — Mémoire sur de nouvelles combinaisons de Tacide borique avec les éthers ; par MM. Ebelmen et Bouquet... 366 — DémoDstrution expérimentale de l'oxygène des acides silicique et borique; Note de M. Loiyet g6a Acide carboniqde. — Sur la neutralisation des exhalaisons du gaz acide carbonique dans les travaux d'exploration de la fontaine Lucas, à Vichy ; Lettre de M. Faucille.. 55o Acide hitsique. — Action de cet acide sur la brucine ; Note de M. Laurent 633 Acide oxauqde employé pour la fabrication du sucre de betterave. Voir au mot Sucre. Acide silicique. — Démonstration expérimen- tale de l'oxygène des acides silicique et borique ; Note de M. Louyet 962 Acoustique. — Sur la propagation des ondes sonores ; Note de M. Laurent 80 — Note sur les ondes sonores ; par le même. . aSi — Mémoire sur la direction des vibrations sonores ; par le même 253 — Mémoire sur la direction des oscillations dans les mouvements vibratoires qui se propagent dans un milieu élastique ; par le même n38 — Mémoire sur la propagation du son dans un milieu hétérogène; par M. Bertrand.... ii36 C. R., l84(i, l" Semestre. (T. XXH.) PagM. Aérostats. — Sur la direction des acrostals ; Lettre de M. Dupuis 179 — Recherches sur les aérostats; par M. Cipri. 224 Aimants. — Construction d'un aimant très- fort par induction , sans emploi de cou- rants électriques ; Note de M. Babinel.. igi — Expériences sur une aiguille aimantée for- mée de la réunion confuse d'une multi- tude de petits barreaux magnétiques; Note de M. 9^8 et 1067 Chara. — Mémoire de M. Dutrochet ayant pourtitre : «Le magnétisme peut-il exer- cer de l'inlluence sur la circulation du chara. » 61g Charbon de terre. Voir au mot Houille. Chaudières a vapeur — Note sur l'incrustation des chaudières à vapeur; par M. tloreau- de Saint-Ludgère ... 8g — Sur l'inutilité d'une pratique suivie par quelques constructeurs qui amincissent le fond des chaudières dans le but de ren- dre la chauffe moins coûteuse; Note de M. Bôutignr "79 Chemins de fer. — Sur l'application de la force motrice de l'eau à la translation des voi- tures sur les chemins de fer à fortes ram- pes ; Noie de M. Grill i65 — Sur un nouveau système de chemins de fer propres à transporter à travers les terres des vaisseaux de tout port ; Noie de M. Ra- diguel Ibid. — Sur divers moyens destinés à diminuer les dangers du transport par chemins de fer; Note de M. Teno/al aaS — M. le Ministre des Travaux publics transmet , une Lettre de M. Pommeraux , relative à une Note précédemment présentée sur les moyens d'atténuer les chocs des convois. . 11b — Note sur lesdangers présentés par les che- mins de fer et sur quelques questions aux- quelles il est indispensable de donner une solution; par M. Pioiert., .. 412 et S'il — La Section de Mécanique, à laquelle est ad- joint M. Seguier, est chargée de prendre connaissancedes deux Notes de M. Piobert et d'en faire l'objet d'une proposition à l'Académie Ibid. ( ii58 ) P.gC!. Chehins de FEr.. — M. Poncelet fait, au nom de la Commission ci-dessus désignée, un Rap- port dont les conclusions donnent lieu à une discussion à laquelle prennent part MM. Arago, Poncelet , Pioherl, Pouillet, Liouville, Dufiénoy, Dupin , Mathieu , Cau- chy. Marin, Dumas, Flourens, Binet et Libri. 567 — Un des Membres ci-dessus désignés ayant proposé d'engager la Commission à re- prendre ce Rapport, afin d'y faire, si elle le jugeait convenable, quelques modifi- cations suggérées par les remarques des divers Membres qui ont pris part à la dis- cussion, celle proposition est mise aui voix et rojetée. Les conclusions du Rap- port sont ensuite mises aui voix et adoptées 3"° Remarques de M. Libri a l'occasion de la partie du Compte rendu qui est relative à celle discussioi Sji — Réponse de M. Flourens à ces remarques.. 673 — Réplique de M. Libri Ibid. — Note communiquée par M. Dupin sur ce qu'il avait dit dans cette discussion 6o3 _ M. taigne/ demande que ses inventions re- latives au moyen d'améliorer les trans- ports par cheminsde fer, soient admises au Concours pour un dos prix de la fonda- tion Montyon 4^8 iVl. Combe prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission d'examiner un procédé qu'il a imaginé dans le but de diminuer les dangers du transport par les chemins de fer Soy — M. Sorel adresse une semblable demande. 5o8 Description et figure d'un nouveau système de freins automoteurs; par MM. Noseda Kl de Travanet .537 — Figure et description d'un wagon élastique pour chemins de ferj par I\l. Ouin-La- croix 593 — Essieu de sûreté principalement destiné aux véhicules des chemins de fer; proposé par M. Gui Hemin 610 — Dispositif destiné à prévenirle déraillement et le choc des trains ; imaginé par M. Ci>in. Ibid. Considérations sur le transport des dili- gences par chemins de fer; Notede M. Cha- i^agneux G 1 1 — Figure et description d'iin nouveau frein pour les véhicules employés sur chemins de fer ; par M Christen 676 — Supports en fonte pour les rails des che- mins de fer, proposés par MM. Bessas-La- mégie, Henry et Philipeau . . 676, 924 et gSi — Note sur un procédé destiné à arrêter, sans secousses brusques, la marche d'un con- voi; par M. Croquet 676 P.JM. Cbevins de fer. — Note sur divers moyens ima- ginés dans le même but; par M. Ifer/aieoi». 677 — Mémoire concernant les moyens de préve- nir les accidents sur les chemins de fer; par M. Chapuis 708 Description et figure d'un nouveau dispo- sitif destiné à prévenir le déraillement des véhicules marchant sur chemins de fer; par M. Ralh 844 — Description et figure d'un appareil destiné à seconder l'action des freins, en paraly- sant instantanément l'action de la loco- motive lorsqu'il s'agit d'arrêter un convoi marchant sur un chemin de fer; par M. Amr Ibid. — Note sur un nouveau système de construc- tion pour les véhicules des chemins de fer ; par M. Combe Ibid. — A[»pareil désigné sous le nom de chrono- mètre guide des chemins de fer ; présenté par M . de Bazelaire 924 — Note sur les moyens d'empêcher les acci- dents des chemins de fer; par M. Girault- d'Onzain Ibid. — M. Arnoux annonce que ses voitures à trains articulés pour chemins de fer de toute courbure vont être employées pour desservir le chemin de fer de Paris à Sceaux, et invite l'Académie à s'assurer par elle-même du succès obtenu dans la première application industrielle d'une invention qu'elle a récompensée, 927 Lettre de M. Clapeyron sur une expérience faite au chemin de fer de Saint-Germain, avec une locomotive construite par M. £. Flachat io58 — Sur deux sortes d'appareils, les moniteurs des stations et les tringles d'avertisse- ment , destinés à diminuer la fréquence des accidents sur les chemins de for; Notes de M. de Bazelaire 1 148 — Note sur une disposition destinée k arrêter les incendies qui peuvent survenir sur un chemin de fer à la suite d'un choc entre une locomotive et des wagons; par M. Bertin d'Alligny Ibid. CUEMIMS DE FER ATMOSPHÉRIQUES. — Sur Un nouveau mode de fermeture du tube pro- pulseur; Notede M. Milans lequel son nom est ci té. 680 — Réponse de MM. faire et Silbermann Ami remarques de M. Gerhardt 714 CoMBcsTiON. Voir ci-dessus , à l'article Combi- naisons chimiques. CoMÈTKs. — Rapport sur un Mémoire de M. Yvon Yillarceeu, concernant une mé- thode de correction des éléments appro- chés des orbites des comètes; Rapporteur M. Binet 7» — Observation de la comète de 6 ans |, dite comète de Gambart ; Lettre de M. Vais. 88 — Mémoire sur quelques comètes anciennes ; par M. Laurier 148 — Communications relatives au double noyau de la comète de 6 ans J , faites par ' M. Arago , d'après des Lettres de MM. de Humboldt, Valz et Schumacher a65 — Communication de M. Avago relativement à une nouvelle comète découvertepar M. de Vico dans la constellation de l'Eridan. 266 — Note sur la comète de Gambart; par M. Laugier 2°7 — Communication de M. Arago relativement à la même comète "3 — M. de Vico annonce avoir découvert, le 20 février dernier, dans la constellation de la Baleine, une nouvelle comète 376 — Sur la comète à deux tètes , ia première co- mète de M. de Vico et la deuxième comète de 184(1 ; Lettre deM. Yalz à M. Arago ... 4^3 — Remarques de M. Laugier sur la dernière partie de cette communication 4^ Éléments parabolique» de la comète du 20 février 1846; par M. Goujon .-. . 4^6 — Éléments paraboliques de la comète décou- verte par M. Brorsen, le aG janvier 1846, calculés par M. Goujon. 538 — Éléments de la même comète, calculés par M. Petersen; Communication de M. Arago, d'après une Lettre de M. Schumacher 539 — Extrait des registres de l'Observatoire de Paris, concernant la comète à deux tête»; communiqué par M . Arago 54o Éléments elliptiques de la comète de M. Brorsen, calculés par M. Goujon 64a — MM. tau^eret Valz transmettent chacun une nouvelle Note sur la manière d'inter- Pages. prêter les relations des anciens auteurs concernant la seconde comète de 1468; les deux astronomes persistent, l'un et l'autre , dans leurs premières opinions. 644 Comètes. — M. Liltrow fait remarquer, dans une Lettre adressée à M. Arago, qu'Hé- vélius avait déjà parlé, dans ses ouvrages, de comètes à plusieurs noyaux Ibid. — M. Colla écrit, de Parme, pour rappeler ses observations sur les comètes et re- vendiquer, pour quelques-unes de ces ob- servations , la priorité attribuée à d'au- tres astronomes 746 — Éléments approchés de la seconde co- mète découverte par M. Brorsen, calcu- lés par M. Peferjen 925 — M. de Vico écrit, de Rome, que la même comète y a été aperçue le 2 mai 1846. . . . 926 Commission administrative. — MM. Chevreul et Poinsot sont nommés membres de la Commission centrale administrative pour l'année 1846 2 Commissions des prix. — Prix de Médecine et de Chirurgie: Commissaires , MM. Serres, Roux, Lallemand , Ândral , Duméril , Vel- peau. Rayer, Magendie,Milne Edwards.. 8i4 Prix concernant les Arts insalubres: Com- missaires , MM. Dumas, Payen, Che- vreul , Rayer, Pelouze 877 Prix de Jl/e'cam^ue: Commissaires, MM. Pon- celet , Piobert , Morin , Dupin , Gambey. 932 Prix de Statistique : Commissaires , MM. Ch. Dupin , de Gasparin, Élie de Beaumont, Francœur, Mathieu 1040 Prix de Physiologie expérimentale : Commis- saires, MM. Flourens, Milne Edwards, Serres, Magendic, Duméril . Ii36 Commissions modifiées par l'adjonction ou h remplacement de quelques membres. — MM. Cauchy et Liouville sont adjoints à la Commission chargée de l'examen d'un travail de M. Paltrinieri 4' — M. de Jussieu est adjoint à la Commission chargée de faire un Rapport sur les col- lections rapportées d'Abyssinie par M. Ho- chet d'Béricourt 4^ — MM. Mathieu , Liouville et Francœur sont adjoints à M. Cauchy, seul membre survi- vant d'une Commission à l'examen de la- quelle avait été renvoyé un travail de M. Russel 362 — M. Dutrochet est adjoint à la Commission chargée d'examiner le travail de M. Sap- pey sur les organes respiratoire» des oi- seaux 642 .— M. Dupin est adjoint à la Commission des chemins de fer 708 — M. Becquerel est adjoint à la Commission ( "6i ) Ptjei. chargée de l'examen d'un Mémoire de M. d'Aubrée sur ]a distribution de l'or dans le lit du Rhin 988 CowiisstONS SPÉCIALES. —M. LiouvilU , SU nom de la Commission nommée à cet efTet, pré- sente la question proposée pour legrand prix de Mathématiques & décerner en 1 848. 227 — • Commission chargéede l'examen des pièces de concours présentées par les élèves de l'Ecole royale des Ponts et Chaussées : Commissaires désignés par l'Académie , MM. Poncelet, Dufrénoy, Liouville 669 — Commission chargée do présenter une liste de'Candidats pour la place d'associé étran- ger devenue vacante par suite du décès de M. Bessel : Commissaires pour les sections des Sciences mathématiques, MM. Arago, Poncelet, Liouville; et, pour les sections des Sciences physiques , MM. Chevrcul , Dumas, Serres 735 — Commission chargée d'examiner une pro- position de M. Dureau de la Malle, ayant pour objet de provoquer un système d'ob- servations de certains phénomènes de la végétation dans divers points de l'Europe, dans la vue de jeter du jour sur la perma- nence ou la variation des climats depuis une vingtaine de siècles: Commissaires, MM. Arago, Duméril, de Jussieu ii36 — Commission chargée de la révision des comptes pour l'année i845 : Commissai- res , MM. Poncelet , Thenard Ihid, Congrès scientifiques.— M. deBrignole-Sale, en qualité de président du Congrès italien qui se réunira à Gènes, annonce que les pro- P'SM- positions qu'on aurait à faire pour les expériences qui seront faites durant cette réunion devront être transmises à laCom- mission résidant à Gênes avant le i5 juil- let 1846 1067 CoQtiiLLSs. — Observations sur la pétrification des coquilles dans la Méditerranée ; par MM. Marcel de Serres et Figuier io5o Cristal de roche. — Sur les phénomènes ro- tatoires opérés dans le cristal de roche; Note de M. Blot 92 CcivRE. — Mémoire sur un nouveau mode de dosage du cuivre ; par M. Pelouze i83 — Réclamation adressée à l'occasion de ce Mémoire ; par M. Mialhe 260 — Réponse de M. Pelouze 262 — Note sur les acétates de cuivre; par M. Roux 434 — Moyen rapide et très-approximatif de do- ser le cuivre en se servant d'un colori- mètre ; par M, Jac — Lettre de M. Clastrier sur un moyen qu'il dit avoir trouvé pour la destruction du ver qui attaque les olives 555 — Note sur les moyens propres il arrêter les ravages de certaine insectes nuisibles aux arbres, et réclamation de priorité relati- vement à un procédé employé dans le même but par M. E. Robert; Note de M. Chasseriau 609 et 924 — Réponse de M. i?o6er< à cette réclamation. 64'< — Sur les moyens de préserver les bois de construction des attaques de l'Ojrruruj proctotrupes; Note de M. Margoton 64 1 — Rapport sur un Mémoire de M. Blaud re- latif au moyeh de détruire les insectes qui attaquent l'olivier ; Rapporteur M. Milne Edwards 791 Elasticiti^. — Observations relatives au chan- gement qui se produit dans l'élasticité d'un barreau de fer doux sous l'influence de l'électricité; par M. Guillemin 264 ELECTRICITE. — Remarques de M. Arai;o à l'occa- sion d'une pièce de la correspondance, sur la priorité acquise à M. Boussingault con- cernant l'éclairage des mines par la lu- mière électrique 86 — M. Louyet écrit qu'il a propose dès l'an- née i838, dans un ouvrage périodique publié en Belgique, l'emploi de la lumière produite par la pile pour l'éclairage des mines 225 — Réponse de M. Boussingault Ihid. — Note sur la conductibilité de la terre pour le courant électrique ; par M. Matteucci. 8(> — M. Dumas communique l'extrait d'une Let- tre de M. Faraday sur de nouvelles rela- tions entre l'électricité, la lumière et le magnétisme 1 1 3 — Note sur les nouvelles expériences de M. Faraday ; par M . PouHlet 1 35 — M. Becquerel présente, à l'occasion de cette communication, des remarques relatives à l'action qu'exerce l'aimant sur tous les corps i4'> ( ii63 ) P«8"- ÉisCTRicrr^. — M. Despreis annoacc des expé- riences au moyen desquelles il espère dé- terminer si, dans les expériences de M. Fa- raday, c'est réellement sur la lumière que s'exerce l'actiun magnétique 148 — Recherches sur le mémo sujet ; par M. Ed. Becquerel j)^^ — M. Dujardin écrit qu'un appareil électro- magnétique dont il a entretenu précé- demment l'Académie, peut, au moyen de quelques modifications, servir pour des expériences relatives aux nouvelles dé- couvertes de M. Faraday concernant l'in- fluence qu'exerce l'action magnétique sur certains phénomènes optiques 554 — Construction d'un aimant très-fort , par induction, sans emploi de courants élec- triques; Note de M. Babinet 191 — Observations relatives au changement qui se produit dans l'élasticité d'un barreau de fer doux sous l'influence de l'électri- cité; par M. Guillemin 3()4 — Note sur les vibrations qu'un courant gal- vanique fait nattre dans le fer doux; par M. Wcrtheim 336 — Sur les vibrations qu'un courant électrique fait naître dans un barreau de fer doux; Lettre de M. de la Rive 4^8 — Réponse de M. Guillemin aux remarques de M. Wertheim ^ii — De la polarité produite par les décharges électriques, et de son emploi pour la dé- termination de la quantité d'électricité ordinaire associée aux parties consti- tuantes des corps dans les combinaisons; Mémoire de M. Becquerel 38l — Sur la conductibilité électrique des corps solides et liquides; Note de M. Ed. Bec- querel 416 — Mémoire sur les expériences de M. iVee/et sur la théorie générale de la lumière, de la chaleur et de l'électrici té ; par M . Sloigno . (^'il — Lettre de M. V/arimann sur les expériences qui l'ont conduit à adopter les vues de M. de la Rive, concernant les vibrations qu'un courant électrique fait naître dans le fer doux 544 — Réponse de M. Wertheim aux remarques de M. de la Rive sur sa Note concernant le même phénomène Ibid. — Le magnétisme peut-il exercer de l'in- fluence sur la circulation du chara? Mé- moire de M. Dutrochet 6(9 — Observations sur l'influence des gaz dans les effets électriques de contact ; Note de M. E. Becquerel 6^7 -- Remarques du M . de la Rive à l'occasion de cette communication 680 Pajtl. ËLECTRieiTÉ. — Recherches sur les phénomènes moléculaires qui accompagnent la pro- duction de l'arc voltaïque entre deux poin- tes conductrices ; par M. de la Rive 690 — Mémoire sur l'universalitédu magnétisme; par M. de Haldat 7^9 — Sur les moyens de rendre sensibles, par des phénomènes calorifiques, les modifi- cations moléculaires que produit dans les corps l'action \ des aimants ; Lettre de M.Wartmann 74-'> — Sur l'appréciation de la force magnétique ; Tolède M. de Haldal 8';^ — Appareil destiné à décharger d'électricité les nuages à grêle; Note sur cet appareil , par M. Dupuis-Delcourt 'f S? Klectrochimie. — Nouvelles applications de l'électrochimie à la décomposition des substances minérales; Mémoire de M. Bec- querel 78* ÉioGKSHisTORiQCES d'académicicns décédés. — M. Arago lit, dans la séance publique du 1 1 mai 1846, des fragments de la biogra- phie de Gaspard ihnge, membre de l'A- cadémie des Sciences 7'8 Emdryocéme. Voir au mot Embryologie, EuBRYOLCciE. — Sur la nutrition du fœtus; par M. Grjnjeht 167 — Recherches sur l'embryogénie des Mollus- ques gastéropodes : embryogénie de l'Ac- téon vert; par M. Vogi ^jS — Rapport sur ce travail; Rapporteur M. if'/n« Edwards 1012 — Remarques de M. Serres à l'occasion d'un passage de ce Rapport 'oai — Réponse do M Milite Edwards aux remar- ques de M. Se;T« ioa4 Epinocbes. — Note sur la manière dont ces pois- sons construisent leur nid etsoignentleurs œufs; par M. C'ojfe 814 — Un anonyme rappelle que quelques-unes des habitudes observées chez ces poissons , par M. Coste, se trouvent déjà signalées dans le Dictionnaire de Valmont de Bo- mare 927 Ergot des céréales. — Nouvelle Note concer- nant les effets de l'ergotine dans les cas d'hémorragies externes ; par AL Bonjean. 494 — M. Bonjean adresse des pièces anatomiques à l'appui de cette communication 706 — Note concernant l'action de l'ergotine sur l'homme dans les cas d'hémorragies ex- ternes ; par le même. io53 Errata. Voir aux pages 49, ^68, 3io, 568, 645, 889, 1004, 10O4, et ii5a Escargots. — Observations sur la circulation du saug chez ces mollusques ; par M. Gas- pard 4^ i53.. ( • Pagef. Escargots. — Remarques à l'occasion de la Note sur la circulation du sang chez ces mollusques; par M. Milne Ed- wards 4^ Étais. — Note sur le dosage de l'étain; par M. Gaultier de Clauhry 86i — Note sur quelques sels à base de protoxyde d'étain; par M. Bouquet 927 Sur la chlorométrie et sur le dosage de l'é- tain par volumes j Note de M. Cotlereau, 927 et n46 Éthers. — Sur de nouvelles combinaisons de l'acide borique avec les éthers , et sur l'é- ,64 ) Pages. ther sulfureux; Mémoire de MM. Elel- men et Bouquet 366 Éthcrs. — Emploi de l'élhcr sulfurique appli- qué sur le pharynx et les parois buccales ; Note de M. Ducros 497 Ethyie. — Mémoire sur de nouvelles combi- naisons sulfurées du méthyle et del'étbyle; par M. Cahours 362 Etoiles filantes. — Nouvelles recherches sur ces météores; par M. Coulvier-Gravier . . . 332 Extraits aromatiques de plantes potagères. — Note sur un nouveau procédé pour la préparation de ces extraits; par M. Mulot, 217 Vl.vi et composés ferrugineux. — M. Chevallier, à l'occasion d'une Note récente de M. Gris, concernant l'action des sels ferrugineux sur la végétation, communique quelques laits qui semblent prouver que cette ac- tion est très-différente selon la nature des végétaux qui y sont soumis. 88 — Sur un nouveau procédé de dosage du fer par la voie humide; Note de M. Margue- rite 587 — Mémoire sur un moyen de précipiter le fer, le manganèse et le nickel , à l'état métalli- que, de leurs dissolutions; par M. Pou- marède 948 Fièvres. — De la nature des fièvres intermit- tentes des marais ; Mémoire de M. A. Du- rand , • • • • '^ Flcosimcanilide. — Note sur ce composé; par MM . Laurent ei Dellos 697 Foin. — .Sur la compression du foin au moyen de la presse hydraulique; Note de M. Ma- rin 44' Forces motrices. Voir aux mots Mécanique, Moteurs, etc . Fossiles (Débris organiqdes). — Sur les osse- ments fossiles de mammifères trouvés dans lo département de l'Hérault ; Mé- moire de MM. P. Gervais eX Marcel de Serres îgS Fossiles. — Note sur le gisement des fossiles de Sansan, près Auch, par M. Constant Pre- 'vost. 673 — Kapportsur cette communication; Rappor- teur .M. Dufrénoy 698 — Recherches sur quelques mammifères fos- siles du ilépartement de Vaucluse; par M. P. Ge;vmj «45 Foudre. — Sur les effets d'un coup de foudre qui a frappé le château de Bois-Yvon , près de Vire; Note de M. de Caiville 177 — Effets produits par un coup de foudre : l'o- deur qu'exhalent souvent les corps fou- droyés récemment est-elle bien désignée sous le nom d'odeur sulfureuse; Lettre de M. Boussingault à M. Arago 919 Fodrbis. — Sur les habitudes des fourmis arriéras du Mexique; Lettre de M. Vallot. 1 149 FOBr.RAGES. — Recherches expérimentales sur la faculté nutritive des fourrages avant et après le fanage; par M. Boussingault.. 690 Freins. — Description et figure d'un nouveau système de freins automoteurs ; par MM. Noseda et de Travanet 537 Voir aussi à l'article Chemins de fer. Gale. — Recherches enlomologiques et patho- logiques sur la gale de l'homme; par M. Bourguignon 611 Galvanoplastie. — Mémoire sur le moyen d'obtenir, à l'aide du galvanomètre, des cypes d'imprimerie remplaçant ceux du graveur sur bois ; par M. Woillez 924 Gaz. — Sur le refroidissement par les gaz; Note de MM. de la Provostaye et Besoins. 77 o56 Gaz. — Appareil destiné à mesurer la vitesse desgaz dans le vide sous diverses con- ditions thermométriques , hygrométri- ques, etc., présenté par M. Wollbretl... Géologie. — Lettre de M. Schimper, à l'occa- sion d'un Mémoire de M. Durocher, sur quelques faits dépendant du phénomène erratique de la Scandinavie 4^ — Sur le phénomène erratique enScandina- ( • P.ge* . viej Noie de M. Duiocher, en réponse aux remarques de MM. Agassiz, Robert et Schimper, sur une première communica- tion qu'il avait faite concernant la même question 1 16 Géologie. — M. d'Archiac demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire qu'il avait précédemment présenté, et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rap- port, Mémoire concernant la formation crétacéedes versants sud-ouest et nord- ouest du plateau central de la France. . . iSa — Géognosie palcozoïquc des Alpes vénitien- nes; Mémoire de M. Ca(u//o i65 — Note sur les stries des roches observées dans la chaîne des Vosges ; par M. Col- lomb 1^2 — Discussion d'un tait rapporté par M. Yir- ' let, l'eiistence de coquilles marines dans un terrain considéré comme appartenant à une formation d'eau douce; Note de M. Canal , ir,5 — Considérations géologiques sur la recher- che de la houille dans le département delà Seine-Inférieure ; par M. Cisseville. 231 — Sur l'existence, dans le département des Ardennes, d'une pouzzolane naturelle qui n'a rien de commun, quant à l'origine, avec les pouzzolanes volcaniques; Note de M. Yicat a56 — M. Nordlinger prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur le terrain tertiaire 267 — Recherches sur les causes géologiques de l'action dévastatrice des torrents , et sur les moyens d'y remédier; Mémoire de M. Se. Gras 4^2 — Sur les climats solaires et sur les causes atmosphériques en géologie; Mémoires de M. Lecoij 4^2 et 733 — Recherches sur les glaciers, les glaces flot- tantes, les dépôts erratiques, etc.; par M. Grange 609 — Études {géologiques surTénériife et sur l'Ile de Fogo; par M. Deville 641 — Sur les terrains crétacés de l'Italie septen- trionale; Note de M. de Zi^o 644 — Indication des différentes couches de ter- rains traversées dans le forage du puits artésien du palais du Roi à Naples; Mé- moire de M . Cangiano 735 — Lettre à M. Elle de lîeaumont sur les me- sures lie la hauteur du 'i''ésuve ; par le même 786 i65 ) Pus? Géologie.-,— Observations minéralogiqucs et géologiques laites en Islande pendant l'été de 1845,, par M. Descloizeaux 786 — Mémoire sur les gisements de muriate de Boude en Algérie; par M. Fournel '/i- — Relation d'une visite faite, en i84!>, à la grotte du Chien , près de Naples ; par M. d'Hombres-Firmas "j^) — Observations sur la géologie de la Grèce continentale et de l'Ile d'Eubée. — Des- cription géologique de l'île de Mile; par M . Sauvage 844 — Études sur le métamorphisme des roches ; par M. Dwocher i)i'.i Géométrie. — Note sur les lignes géodésiques et les lignes de courbure des surfaces du second degré ; par M. Chastes Cii — Théorème général sur la description des lignes de courbure des surfaces du second degré ; par le même 107 — Démonstration géométrique relative à l'é- qualion des lignes géodésiques sur un ellipsoïde quelconque; par M. Liou- ville III — Nouvelles démonstrations des deux équa- tions relatives aux tangentes communes à deux surfaces du second degré homofo- cales, et propriétés des lignes géodési- ques et des lignes de courbure de ces sur- faces; par M. CAaj/ei 3i;i — Nouvelle démonstration de l'équation /ji sin' i' -(- v' sin' i" — «} , et propriétés qui en dérivent; par le même .')i7 — Démonstration de l'impossibilité de la quadrature du cercle ; par M. d'Anglas Malherbe 64 1 — Mémoire sur les asymptotes rectiligno. des courbes algébriques ; par M. Guiot 737 — Théorèmes concernant les lignes géodési- ques et les lignes de courbure de l'ellip- soïde ; par M. Liouville {jgj — Généralisation de la théorie des foyers des sections coniques. — Application à des points quelconques de toutes les proprié- tés auxquelles donnent lieu ces points particuliers; Mémoire de M. CAas/es .... 8y4 Glaciers. — Recherches sur les glaciers, les glaces flottantes, les dépôts erratiques, sur l'influence des climats, sur la distri- bution géographique et la limite infé- rieure des neiges perpétuelles, etc.; Mé- moire de M. Grange G09 Voir aussi au mot Géologie. Glalcomes. — Note sur la nature des affec- tions glaucomateuses; par M. Tavignot.. 347 ( ii66 ) H Page» . Héhiorragies. — Effets de Peryoline dans les cas d'hémorragies externes; Notes de M. Bonjean 494, 706 et io53 Horlogerie.— Description et figure d'un échap- pement libre à impulsions et dégagement invariables; par M. Richard 538 Nouveau système d'horloges pour les églises de village. — Tracé servant à trouver l'heure du lever et du coucher du soleil pendant les jours de l'année , et pour une latitude quelconque; par M. Lami/in .. 988 Houille. — Considérations géologiques sur la recherche de la bouilledans le département de la Seine-Inférieure ; par M. Cisseville. 221 HriLES. — Sur les observations de M. Uoyère, concernant la faculté que possèdent les huiles d'absorber différents gaz; remar- ques de ^.Paj'enbi l'occasion d'une Notede M. Sacc, sur la composition du jaune d'œuf. 676 Recherches chimiques sur l'huile de ben; par M Waltei- u43 Hydraulique.— Etude eipérimentalesurle mou- vement des cours d'eau ; par M. Boileau. ai2 — Note relative à ces expérience»; par M. de Sainl-Yenant fîog Note sur la détermination expérimentale des forces retardatrices du mouvement des liquides; par M. de Saint-Venant 807 Note sur le jaugeage des dépenses d'eau faites par de largi s orifices; par M. Marin. 5i I Expériences sur le moulinet de Woltmann, destiné à mesurer les vitesses de l'eau; Mémoire de M. Baumgartem Sgi Hydraulique agricole. — Mémoire sur la dé- rivation des eaux pluviales qui entraî- nent les lerresdes sols en pente et qui inon- dent les vallées; par M. marais et marécages ; par M. Salucci.. . . 988 Hydrauliques .(Roues). — Expériences sur les eaux à aubes courbes ; Note de M. Marin. 57a Page» Hydrauliques (Robes). — M. Passai prie l'Aca- démie de vouloir bien hâter le travail des Commissaires chargés de faire un Rapport sur ses expériences concernant le mouve- ment des liquides dans les machines à réaction ... 645 — Nouvelle Lettre de M. Passât relative au même sujet 746 — Remarques de M. Arago sur les réclamations impriniéesou manuscrites de M. Paijof. . Ibid. — Remarques de M. Poncelet sur les mêmes communications Ibid. HvDRopBOBiE. —Sur de nouveaux cas d'bydropho- bie observés en Algérie; Note de M. Gujon. 612 Hygiène publique. — Sur un moyen destiné à renouveler les eaux du port de Marseille, en profilant de l'action des vents prédo- minants sur cette partie de la câte; Note AeJA. Schumacher 85 — Lettre de M. Ragault à l'occasion de cette communicrition 267 et 3^7 — Sur les maladies des ouvriers employés dans les fabriques d'allumettes chimiques, et sur les mesures à prendre pour rendre cette industrie moins insalubre ; Mé- moire de M . Roussel 292 — Note sur l'astainissoment des amphithéi- tres d'anatomic; par M. Sucquet 322 — Réclamation de M. Gannal à l'occasion du Mémoire de M. Sucquet 3o3 — Réclamation de M. E. Rabin à l'occasion du même Mémoire 346 — Mémoire sur l'assainissement des fabri- ques d'engra•s-^ang; p:ir M. Sucquet. . . . 787 — Sur l'emploi du nitrate de plomb pour pré- server de la corruption les substances ani- males; Note déposée sous pli cacheté, le II août 1845, par M. Lemaltre, de Rabo- danges, et rendue publique, sur sa de- mande, dans la séance du 8 juillet 966 — Remarques sur le dessèchement des bas- sins de vidange de Montfaucon; par M. Blandet 1061 Incendies déterminés par la chute de halides ; LettresdeMM.Gi/ouxeti'«(i£. 342,423et 789 Insectes. — Note relative à des insectes qui se voient encore en grand nombre (5 janvier) sur les branches de divers arbres fruitiers, et notamment sur celles du groseiller à fruits noirs ; par M. Paquet 4^ r— Sur un ver qui attaque les olives ; Note de M.Patot 179 Insectes. ^ Note sur un moyen destiné à met- tre les ormes et les pommiers à l'abri des attaques des insectes qui leur sont le plus nuisibles; par M. Robert 253 — Réclamation de M. Chasseriau à l'occasion de cette communication 609 et 924 — Réponse de M. Robert 642 — Sur une colonie d'Insectes vivant dans l'ul- cère de l'ormeau ; Note de M. I>. i'u/ôiu'. 3i8 ( 1 Pagn Ikiectss. — Sur on moyen destiné à détruire le Ter qui attaque le» olives; Note de M . Clastrier 5d5 — Sur les moyens de prcserircr les bois de con- structions des attaques do VO:(yrurus prccto- trupes; Note de M. âfa/i?o/on 641 — Rapport sur un Mémoire de M. Blaud re- latif au moyen de détruire les insectes qui attaquent l'olivier ; Rapporteur M. Milne Edwards 791 Instruments de chirurcie. — Note sur un nou- vel instrument de diagnostic , le stéréos- cope ; par M. Cornajr 944 «' 'o56 — Remarques de M. Yelpeau à l'occasion de cette communication 945 Instruments de mathématiques. — M. A. Plet demande et obtient l'autorisation de re- prendre un instrument qu'il désigne sous le nom de compas polymètre^ et qui n'a- vait pas encore été l'objet d'un Rapport . 89 — M. Brunncr soumet au jugement de l'Aca- démie un cercle répétiteur vertical, dont 167 ) P>|n. la construction offre plusieurs disposi- tions nouvelles 4^^ Instruments ue mathématiques. — Rapport sur le cercle répétiteur vertical de M. Brun- ner ; Rapporteur M. Laugier 527 — Ropprot sur un nouveau planimètre pré- senté par M. Beuvière ; Rapporteur M. Morin ^Gl> Instruments de physique. — M. Nachet sou- met au jugement de l'Académie un mi croscope destiné principalement aux na- turalistes, et disposé de manière à facili- ter les dissections qui doivent se faire sur le porte-objet 64 1 — Instrument destiné à mesurer la vitesse d'expansion des gaz dans le vide , sous di- verses conditions thermométriques, hy- grométriques , etc.; présenté par M^.Wotl- bretl loSG Isthmes de Panama et de Suez. — Sur la né- cessité d'une révision des nivellements de ces isthmes; Note de M. Sainte-Preuve.. 22() Jauoeage. — M. Bouniol demande et obtieul l'autorisation de retirer une Note sur le jaugeage des tonneaux, qu'il avait pré- sentée précédemment, et sur laquelle il n'avait pas encore été fait de Rapport. . 8(>'2 Lait. — Recherches sur la vésiculation du lait ; par M. Grof ^oat i3i Langue. — Note sur des productions pilifor- mes de la langue; par M. Landouty 3o4 Levure. — M. Gutmann adresse un échantillon d'une levure dont il ne tait pas connaître la composition 4^^ LiTHOTRiTiE. — M. Cornay, qui avait présenté précédemment au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un instrument qu'il désigne sous le nom de lithéréteur à flotteur, adresse une indication de ce qu'il considère dans cet appareil comme une invention 3o4 — Sur la pulvérisation rapide des calculs Tiri- iiaires, et sur des moyens nouveaux de la produire ; Mémoire de M. Leroy d'E- tiolles 704 , 923 et 988 — Ue la pulvérisation immédiate et de l'ex- traction immédiate des pierres vésicales par les voies naturelles ; Mémoire de M. Heurteloup , 705 LiTBOiRiTiE. — M. Deleau met sous les yeux de l'Académie un appareil de lithotritie qu'il avait précédemment soumis à son jugement, mais auquel il a fait subir, depuis, quelques modifications — Lettre de M. Heurteloup à l'occasion du premier Mémoire de M. Leroy d'ÊtiolIes. Locomotion. — Troublesdans les mouvements de locomotion produits par la compression médiate du cervelet; Note de M. Godart. Lumière. — Sur la puissance calorifique de la lumière de la Lune; Note de M. Melloni. — Sur la nature des effets calorifiques produits par la lumière ; Note de M. Melloni Voir aussi aux mots Optique et Plff^si- (jue mathématique. Lune. — Mémoire sur une nouvelle méthode pour la détermination du mouvement de la Lune; par M. De/âun<^ — Mémoire sur la sélénologie; par M. Rozet. Voir aussi au mot Lumière. 70.1 746 io4'> 541 f^44 3-2 47" M Machine a calculer présentée par MM. Thi- baut et Jarton 224 — Appareil au moyen duquel on obtient , sans calcul, des racines carrées et cubiques; présenté par M. Jarton loSfi Machine a diviser. — Description et figure ( ii68 ) Page». d'une machine à diviser la ligne droite et la ligne circulaire; par M. l'eireaux 166 Machines a vapeur. — Note sur une machine à réaction ; par M. d'Esiocquois 89 — Nouveau système de machine à vapeur à ro- tation directe; Mémoire de M. de Flotte. 166 — Nouvelle machine à vapeur et à air dilaté ; par M . Gallardin Ibid. — Danger des machines à vapeur, et théorie d'une nouvelle puissance motrice; Note de M. Dulaurier Ibid. — Sur une disposition de machines à vapeur accouplées ayant pour objet d'éviter l'em- ploi du volant; Mémoire de M. Faivre.. . i;8 — Note sur une nouvelle machine à réaction ; par M. Ferrel . 347 — Remarques relatives à une communication faite dans la séance du 8 décembre 1846, par M. Morin, sur un marteau à vapeur et sur un mouton à vapeur; Lettre de M. Che- not 5o7 — Réponse de M. Morin aux Remarques de M. Chenot Ibid. — Emploi des locomotives pour le siège des places fortes ; Lettre de M. Chavagneux. . 937 — Réclamation de priorité adressée à l'occasion de cette communication ; par M. Leclercq. 967 — Machine à vapeur à double générateur et à très-haute pression. — Application de la machine à vapeur à un nouveau système de propulsion pour les navires; Mémoire de M. Malé gS' — Note de M. Glapeyron fiur une expérience faite au chemin de fer de Saint-Germain avec une locomotive construite par M . Eu- Sfène Flachat • I o58 Magnésie. — Sur l'emploi de la magnésie dans l'empoisonnement par l'acide arsénieux ; Communication de M. Bussr... 845 et 934 Magnétisme. — M. Friedrich adresse du Hano- vre un Mémoire écrit en allemand et por- tant pour titre : «Du Magnétisme univer- sel. > 48 — Sur l'appréciation de la force magnétique; Note de M. de Haldat 878 Maïs.— Note de M.. P allas sur les.npplications faites par l'industrie de ses procédés pour la fabrication du papier et dn sucre de maïs 376 Maladies des ouvriers. — Sur les maladies des hommes employés à la fabrication des allumettes chimiques; mesures hygiéni- ques recommandées pour ces sortes d'é- tablissements; Mémoire de M. Roussel.. 393 — Nécroses des os de la face et affections pul- monaires observées chez des ouvriers em- ployés à la fabrication des allumettes chi- miques ; Note de M. Sédillot 4^7 PajCi. Maladies des ouvriers. — M. Blandet adresse l'indication de ce qu'il considère comme neuf dans divers travaux présentés pour un concours, et relatifs principalement à l'influence qu'exercent sur la santé des ouvriers les poisons métalliques dont on fait usage dans diverses industries 610 Manganèse. — Sur un nouveau mode de sépara- tion du cobalt d'avec le manganèse; Note de M. Barreswil 431 — Mémoire suk- un moyen de précipiter le fer, le manganèse et îe nickel ,h l'état métalli- que, de leurs dissolutions; par M. Pou- marède 948 Marine. — Mémoire sur la puissance compa- rée et l'armement proportionnel des bâti- ments à voiles et des bâtiments à vapeur; par M. Dupin (yi'i Mathéhatiqces (Mélanges de). — Sur l'emploi des couleurs dans l'enseignement de la géométrie ; — sur une découverte dans la théorie des nombres qui permet de se passer de l'emploi des logarithmes ; —sur un nouvel instrument de mathématiques à l'aide duquel on compare et on divise les lignes, les angles, les surfaces et les solides; —sur une nouvelle exposition du calcul différentiel et du calcul intégral; Notes de M. O.Byrne 375 — Application de l'analogie aux mathémati- ques, et recherche de la loi générale des mouvements harmoniques; Mémoire de M. Barthélemx 538 Mécanique. — Proposition sur l'application des forces motrices aux machines; Note de M. Paltrinieri l65 — M. Passât prie l'Académie de hâter le tra- vail de la Commission qui a été chargée de faire un Rapport sur ses expériences concernant le mouvement des fluides dans les machines à réaction. 236, 377, 645 et 746 — Sur la transformation d'un mouvement rectiligne alternatif en mouvement cir- culaire continu ; Note de M. d'Estoc- quois 4'^ Mécaniqoe analytique. — Sur quelques cas particuliers oii les équations dn mouve- ment d'un point matériel peuvent s'inté- grer; Note communiquée par M. Liou- ville 893 Note sur la théorie des moments d'inertie; par MM. Bertrand et Bonnet . . , 987 Mécanique céleste. — Mémoire sur une nou- velle méthode pour la détermination du mouvement de la lune ; par M. Delauna^, 33 — Rapport sur un Mémoire de M. Yvon Yil- larceau ayant pour objet une méthode de correction des éléments approchés des or- ( "69 ) bites des comètes; Rappopleur M. Binet. MïCANiQUE CÉLESTE. — M. E. Bouvard demande et obtient Tautorisation de reprendre un travail sur la planète Uranus soumis pré- cédemment au jugement de l'Académie, et »ur lequel il n'a pas encore été fait do Rapport — Recherches sur les moiiTements d'Uranus ; par M. Le Verrier — Méthode pour déterminer la parallaxe et le mouvement des bolides ; par M. Petit ■ Meliponites. — Observations concernant les mœurs des Meliponites; par M. Goudot Mïllohiques ( Combinaisons ). — Kecherclies sur les combinaisons melloniques; par Mm. Laurent el Gerhardt Mercure. — Sur les anomalies apparentes que présente la distillation de ce métal ; Note de M. Barreswil . Métalliques (Poisons). — Action des poisons métalliques sur les ouvriers employés dans diverses fabrications; Recherches do M. Blandet . . Météorologie. — Sur un météore qui a incen- dié, le i6 janvier 1846, un bâtiment d'hébergeage à la Chaux (arrondissement de Chalon-sur-Saône); INote de M. Gi- roux 3^3 et — Sur un incendie déterminé par la chute d'un bolide; Lettre de M. Petit — Sur une trombe qui a exercé ses ravages dans la ville de Moulin le 26 janvier 1846 ; Lettre de M. Gouillaud — Mémoire sur les divers états atmosphéri- ques de Peau et leurs principales in- fluences sur le baromètre; par M. Girou de Buzareingues , — Sur des grôlons dans lesquels on a constaté la présence du sullhydrate d'ammonia- que ; LeClro de M. Peltier — Comparaison des années 1844 et '^4^ '"''* dans le but de montrer l'influence qu'ont «.xorcées les conditions météorologiques de la dernière année sur le développement de la maladie des pommes de terre; Note de M. Castel-Henry — Sur un halo solaire vu à Paris le 22 avril 1846; Note de M. Bravais — Effets produits par un coup de foiidre : l'o- deur qu'exhalent so^ivcnt les corps récem- ment foudroyés est-elle bien désignée par le nom d'odeur sultureiise? Lettre de M. Boussingault à M. Arago — Sur quelques circonstances des orages à grêle dans le département de la Côte- d'Or; Lettre de M. Butor — A l'occasion de remarques faites sur cette «ommunication par M. Arago, relative- C. R., 1846, 1=' Semestre. (T. XXJL) 72 907 >)23 453 4'9 6to 4»7 344 358 376 555 740 9'9 927 Page». ment aux moyens propres à préserver les cantons de la grêle, M. Dapuis-Delcourt envoie une Note sur un appareil qu'il a imaginé dans ce but et qu'il désigne sous le nom (Vélectro-subtrarteur. 10,57 Météobolocie. — .Sur un météore observé à Thury le 21 juin 1846; Lettre de M. Hé- ricart de Thury "49 Voir aussi au mot Climats. MÉTÉOROLOGIQIÎES (()BSERVATIONS)/1 née 1004 M. Boussingault présente, au nom M. Cail- let, lin tableau des observations météo- rologiques faites pendant onze années à l'Institution agronomique de Grignon,et, à cette occasion , fait remarquer les diffé- rences des conditions météorologiques de» deux années 1844 et i845, l'une favora- ble et l'autre contraire à la végétation des pommes de terre 2,Ti — Observations météorologiques faites à Bourg (Ain), pendant l'année i845, adressées par M. Jarrin .. ; 55,5 — Observations météorologiques faites en 1845, à Gaîrsdorff (Bas -Rhin), par M. Huiler 644 — Observations météorologiques faites à i54 f 1 Page», Rouen , pendant l'année iS^S , par M. Preisser 645 Méthyle. — Mémoire sur de nouvelles com- binaisons sulfurées du méthjie et de Té- thyle ; par M. Cahours 362 Micrographie. — Recherches suç la vésicu- lation du lait. — Note sur les spermato- zoïdes ; par M. Gros 4" *' '^i — .Sur le mode de formation de la bile et sur le rôle que jouent les vésicules épithé- lialcs dans cette sécrétion , dans celle du sperme , des œufs , etc. ; Lettre deM.ie- reboullet 1 3o MmâiALOGiE. — M. Dufrénox présente, au nom de M. Delesse, trois Mémoires de minéralogie: i° sur lasismondine; 2° sur le taie et la stéalite; 3° sur leshydrosili- cates de cuivre 5g5 — Recherches miuéralogiques et géologiques faites en Islande pendant Pété de iS/JS; Noiede M. Descloifeaux ^36 — Mémoire sur la réunion de la morvénile à l'harmotome; par MM. Damour et Des- cloizeaux. ^45 — Mémoire sur les causes de l'effervescence lie la laumonite; par INIM. Malaguti et Durocher 8()Q — Note sur l'analyse de la heulandite; par M. Damour gafi — Substance minérale apportée des Philippi- nes par M. Challajre gî8 Mises. — Remarques do M. Arago relative- ment à la priorité acquise à M. Boussin- gault pour l'éclairage des mines au moyen de la lumière électrique 86 MoLLUSQMEs. — .Sur l'embryogénie des Mollus- ques gastéropodes, i" Mémoire : embryo- génie de PActéon vert ; par M. Yogt. . . . 3^3 Voir aussi l'article Anatomie comparée. MoRSTROosiTÉs. — M. Yelpeau présente, au nom de M. Gorré, médecin à Boulogne , 170 ) une Note sur un enfant monstrueux of- frant trois extrémités inférieures et un double appareil sexuel masculin $-8 Montagnes (Percement des). — Mémoire sur les moyens mécaniques à employer pour le percement des galeries que nécessitent les chemins de fer dans le Piémont et les pays voisins ; par M . Porro 737 Monuments à élever à la mémoire d'hommes cé- lèbres. — La Commission chargée d'aviser aux moyens d'exécution du monument que la ville de Montbard se propose d'é- lever à la mémoire de Buffon, invile Mj\L les membres de l'Académie à s'as- socier à cet hommage rendu à l'éloquent naturaliste io58 Morts apparentes. ^ Sur un nouveau signe de mort consistant dans la flaccidité de l'iris; Lettre de M. Ripault 555 — Mémoire sur les signes de la mort ; par ^J. Blandel 610 — Mémoire écrit en allemand sur le même sujet; le nom de l'auteur est renfermé sous pli cacheté 64'^ Morve. — .Sur une méthode de traitement em- ployée avec succès chez six chevaux at- teints de morve aiguë; Note de M. d'Hé- ran 924 Moteurs. — Sur l'application de la force mo- trice de l'eau à la translation des voitures sur les chemins de fera fortes rampes; Note de M. Grill i6r, — Note sur un moteur à air comprimé; par M. Gautier 166 — Dangers des machines à vapeur, et théorie d'une nouvelle puissance motrice; Note de M. Dulaurier .' Ibid. — M. de Caligny demande et obtient l'autori- sation de reprendre un Mémoire qu'il a présenté sur un moteur hydraulique à flotteur oscillant 607 Navigation. — M. Dupin , au nom de la Com- mission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le prix con- cernant l'application de la vapeur à la na- vigation , déclare qu'aucune de ces pièces n'a paru mériter le prix, et propose, en conséquence, de proroger le concours, jusqu'à l'année 1848. Cette proposition est adoptée ^35 fiavigalion par la vapeur. Voir à Bateaux h vapeur. Nelumbiuh. — Note relative à l'acclimatation d'une nouvelte variété de Nelumbium et à la dénomination ancienne de Colocase ; par M. Raffencau-Delile Nerfs. — Observation de névroplastie ou de transformation ganglionnaire du système nerveux périphérique ; Note de M. Serres. Nickel. — Mémoire sur un moyen de précipi- ter, à l'état métallique, de leurs dissolu- tions, le fer, le manganèse et le nickel; par M. Poumarède Nitrates. — Note sur l'emploi du nitrate de plomb pour la conservation des substances 879 948 ( II?' ) animales ; par M. Lemattre, de Rabo- danges Nombres ( Théorie des). — Kapport sur un Mc- itioire de M. Desmaiesl, contenant une ta- ble de racines primitives pour ^ooo nom- bres premiers; Rapporteur M. Poinsol. ,. NoHiNATiONS de membres et de corresf/ondaïUs de t'Académie. — ÎVI. Le V/?/- r/Vr est nommé membre de l'Académie, Section d'Astro- nomie, en remplacement de M. deCassini. — M. Jacohî est nommé associé libre de VA- cadémie, en remplacement de M. Bessel. — M. Ertelwein est nommé correspondant de la Section de Mécanique, en rempla- cement de M . Hubert Pages. 966 238 ii5 920 32 Nominations de membres et de correspondants de l'Académie. —^. le cap. Franklin est nommé correspondant de l'Académie, Section de Géographie et de Navigation, en remplacement de M. de Guignes .... 160 — M. Démidojf est nommé correspondant de l'Académie, pour la même Section, en remplacement de M. Warden 25o — M. Schuljter est nommé correspondant de l'Académie, pour la Section d'Economie rur.Ie, en remplacement de M. Schwert. Ibid. — M. Sédillol est nommé correspondant de l'Académie , Section de Médecine et de ("hirurgie, en remplacement de M. Lalle- ma/id, devenu Académicien titulaire. . . . 4?" 0 OEoiPODEs. — .Sur l'ëclosion précoce des larves déposées en 1845 par les OEdipodes qui ont envahi quelques parties de I' .Algérie; par M. Guron 681 OEcF. — Rapport sur un Mémoire de M. Go- bley ayant pour titre : « Recherches chi- miques sur le jaune d'œuf » ; Rapporteur M.Pelouze 464 — Sur la composition du jaune d'œuf; Noie de M. Sacc .... 6^4 — Remarques de M. Payen à l'occasion de celte communication. . 675 — Nouvelles expériences faites par M. Go- blejr en réponse aux objections présen- tées par M. Sacc tionivQ quelques-uns des résultats de son premier travail gaS UiSEAGx. — Recherches sur l'appareil respira- toire de ces animaux. Voir au-mot Res- piration. OpiiM. — Faits pour servir à l'histoire de l'o- pium ; par M. Aubcgier 838 — Emploi de l'opium dans le traitement des ucérations cancéreuses ; Note de M. Tan- chou 1 06 1 Optique. — 8ur les phénomènes rotatoires opérés dans le cristal de roche ; Note de M. Bioi 93 — M. Dumas communique l'extrait d'une Lettre de M. Faraday sur de nouvelles re- lations entre l'électricité, la lumière et le magnétisme ii3 — Note sur b s nouvelles expériences de M. Faraday; par M. Pouillet i35 — M. Becquerel présente , à l'occasion do cette communication, des Remarques re- latives à l'action des aimants sur tous les corps 146 — M. Uespreiz annonce qu'il a fait disposer plusieurs appareils à l'aide desquels il veut chercher si, dans des expériences comme celles qui font l'obyet du Mémoire de M. Pouillet, c'est sur la lumière que, s'exerce l'action magnétique 1 48 OpTiQCE.— Expériences do M. Ed. Becijuerel sur le môme sujet — .Sur une propriété singulière de la lumière polarisée observée par ^I. Haïdinger ; Note de M. Uoigno . 161 — Note de M Bi'ot sur deux Mémoires de Fres- nel qu'on croyait égarés 4o.'> — Décision de l'Académie relativement à l'impression de ces deux Mémoires 407 — Sur la polarisation chromatique produite par des lames épaisses crislallisécs; Note doMM. Fizcau et Foucault -. ^^ui — Mémoire sur la polarisation métallique; par M . Jamin 477 — Moyen de simplifier l'analyse des sucres et liqueurs sucrées par l'aciion de ces substances sur la lumière polarisée; Note deV.. Clergel ... . 1 1 i8 Oi\. — Mémoire sur la dislribulioii de l'or dans le lit du Rhin et sur l'extraction de ce métal ; par M. A. d'Aubrce 639 OiiCBiDÉEs. — Mémoire sur les Orchidées île l'Amérique tropicale, précédé de consi- dérations sur la végétation du Brésil ; par il. Pinel 375 OiiDOsNASCF, KOYALE confirmant la nomina- tion de M. Le Verrier comme membre de l'Académie, Section d'Astronomie, en remplacement de M. de Cassini i35 Orgamques (SiiBSTAscEs). — De l'action du perchlorure de phosphore sur les sub- stances organiques; par M. Cahours.... 846 — Emploi du sulfate de soude pour prévenir la putréfaction des substances animales ; Note de M. Bobierre 672 Voir aussi au mot Désinfection. i54.. ( If?^ ) G«GAKOGÉNIE ET OftGAROGItAPBIE VÉOÉTAIES. Mémoires sur la composition et la struc- ture de plusieurs organismes des plantes ; par MM. de Mirbel et Payen. — Premières Remarques de M. Gaudichaud sur CCS deux Mémoires 567 et — Remarques de M. Payen relativement à un passage de la communication précédente. — Réponse de M. Gaudichaud — Nouvelle Note de M. Pajren relative à la même discussion — Réponse de M. Gaudichaud à la Note de M. Payen ... — Recherches sur le développement successif de la matière végétale dans la culture du froment; par M. 1ioussin»ault . . — Remarques de M. Biot à Poccasion de cette communication — Mémoire sur l'organogénie et Tanatomie du Trapa natnns ; par M. Bainêoud PagB. «49 661 Ihid. 687 717 617 618 818 OnCANOGÉNIE ET OlGAIfOCKAPBIE VÉGÉTALES. — Note sur l'organogénie des corolle» ir- régulières ; par M. Barnéoud — Sur l'accroissement en diamètre des végé- taux par descension; Noie de M. Durand. — Recherches sur l'origine des racines adven- tives ; par M. Trécul Os. — Recherches sur le développement de la substance minérale dans le système os- seux du porc; par M. lioussin^auît. - . - . . Ouvriers {Maladies des). Voir à Hygiène pu- blique. OxALATES. — Emploi de l'oxalate d'alumine dans la fabrication des sucres de canne et de betterave ; Mémoire de M. Mialhe.. . Oxygène. — De l'action de l'oxygène sur les organes d<; l'homme, et des moyens de di- riger convenablement cette action ; par M . de Lapasse g65 986 356 3oi io55 Pain. — Sur un iippareil pour la cuisson du pain au moyen île la vapeur d'eau chauffée et sans pression; Note de M. Violette . . 332 Paléontologie. — Géognosie paiéozoïque des Alpes vénitiennes; MénioircdeM.Ca 6o3 ]. Guérin. Même séance Ibid. Bouet.iomars 6i3 Blondlot , 20 avril 683 /. Guérin. Même séance Ibid. Gobtey, 27 avril 7'4 Htallet. Même séance Ibid. Fizeau et Foucault , 4 niai 7h7 Payen, 18 mai 79' Benoit'Benoïat Même séance S(i2 Josat. Même séance Ibid. ■ Progin. Même séance Ibid. Duchemin , i®*" juin 928 Maurial Grlffbule. Même séance Ibid. Mialhe. Même séance Ibid. Progin. Même séance ....• Ibid. Woillez. Même séance Ibid. Duchemin, 8 juin 1,67 Quel et Colin. Même séance Ibid. Niepce , 22 juin 106 1 Bronner Même séance Ibid. I-agM. — 'Morel, aa juin. 1061 — Froissai d , ag juin 1 1 5o — Progin. Même séance .... IHd. — Un paquet cacheté, adressé k l'Académie dans sa séance du i5 juin, ne peut être admis, Pauteur ayant négligé d'apposer sa signature sur l'enveloppe ioo4 Paqoetscachetés (Oueer/u/erfe).— M. lilondlot demande, dans la séancedu 18 mai, l'ou- verture d'un paquet cacheté déposé par lui le 20 avril. Ce paquet, ouvert en séance, renferma une Note sur les résul- tats des opérations au moyen desquelles on empêche la bile de se verser dans le canal digestif 861 — M. Jtfi^ue/ demande, dans la séance du i^juin, l'ouverture d'un paquet cacheté déposé par lui le î6 janvier. La Note qui y est contenue se rapporte à certaines ap- plications des propriétis du calorique.. 928 — L'n paquet cacheté, déposé le II août 1845, par M. Lemalire, de Rabodanges, et ou- vert, sur sa demande, dans la séance du 8 juin i8}fi, contient une Noie sur l'em- ploi du nitrate de plomb pour la con- servation des substances animales cyGG PÊ.>"iTE?iCiEUs. Voir au mot Prisons. Pétrification. — Observations sur la pétrifi- cation des coquilles dans la Méditerra- née ; par MM. Marcel de Serres et Figuier. io5o — Pétrifications de divers fragments de corps organisés, animaux et végétaux, présen- tées par M. Silveslri 1 1^8 Phosphates. — Note sur une série de phospha- tes doubles do zinc et de cobalt; par M. Flores Domonte 436 Phosphore. — De l'action du perchlorure de phosphore sur les substances organiques; Note d.- M. Cahours 846 — Recherches sur les combinaisons du phos- phore avec l'azote ; par M. Gerhardt. . . , 858 PhotOcrapuie. — Kpreuves photographiques exécutées par MM. Choiselat et Raiel, dans une excursion récente en Auvergne et aux montagnes de TOisans ... 1 78 — Sur un nouveau moyen accélérateur pour les opérations photographiques; Note de M. de Nothonib ^4^ Phthisie. — Mémoire ayant pour titre : «De la pneumonie calculeuse, vulgairement appelée phthisie pulmonaire »; par M . Wanner . 1 148 PuTsioioGiE ANIMALE. — Sur quclques applica- tions de l'hydraulique à la circulation du sang; Mémoire de M. Guel«("< 126 — Recherches sur la vésiculation du lait et sur les spermatozoïdes ; par M. Gros, 40 et iji — Sur le mode de formation de la bile et sur - 173 ) P. i3o PuYsiOLOGiE ANIMALE. — Recherches sur le développement de la substance miné- rale dans le système osseux du porc; par M . Boussingault 356 — De l'act'on de l'oxygène sur les organes de l'homme, et des moyens de diriger conve- nablement cette action; par m. de Lapasse. io55 Physiologie végétale. — Sur la tendance des racines àchercherla bonne terre , et siir ce "• que l'on doit entendre par ces mots « bonne terre 11 ; Mémoire de M. Durand. 85 — Rapport sur un Mémoire de M. Durand, ayant pour titre : « Recherche et fuite de la lumière par les racines» ; Rapporteur M. Dulrochet^ Sao — Sur la direction des tiges; Note de M. Du- rand 552 — Le magnétisme peut-il exercer de l'in- fluence sur la circulation du chara ? Mé- moire de M. Dutrochet (>ia — Influence du sol concernant l'action des poisons sur les plantes; Note de M. Bou- chardat 674 — Expériences coucernant la faculté élective qu'on a attribuée aux racines dans l'ab- sorption qu'elles exercent; Mémoire de M. Bouchardat g^o Voir aussi les articles Végétation et Vé- gétaux, Physique du globe. — Recherches sur les gla- ciers, les glaces Uoltantes, sur l'influence des climats , sur la distribution géogra- phique et les limites inférieures des nei- ges pirpétuelles; Mémoirede M. Grange. 609 — . M. Lecointe adresse une Note relative à la physiqueduglobeetàlaphysiquegénérale. 645 — Relation d'une visite à la grotte du Chien, près Naples ; par M. d HombresFirmas.. 739 — Essai sur le climat et la végétation de l'ex- . Irémité septentrionale de la Norwége; par M. Martins f)5i Physique générale. — MM. Flahaut et Noi- sette prient l'Académie de hâter le tra- vail de la Commission i l'examen de la- quelle ont été renvoyées leurs précédentes communications sur diverses questions de physique générale 268 Physique mathématique. — Sur la propagation des ondes sonores; Note de M. Laurent. So — Note sur les ondes sonores. — Mémoire sur la direction des vibrations sonores ; par M. Laurent 25l et 253 — Sur la direction des oscillations dans le» mouvements vibratoires qui se propagent ' ,( 1174 danfi un milieu élastique^ Mémoiro de M. Laurent 333 Phïsiqce matbéhatiqce. — Nouveau Mémoite sur la théorie mathématique de la lu- mière j par le même 7-^^ — Mémoire sur la propagation du son dans un milieu hétérogène; par M. Bertrand. ii36 l'tACESTA. — Réflexions sur Timplantationdu placenta sur l'orifice delà matrice j par M. Stein. 843 Planètes. — Eléments elliptiques de la nou- velle planète découverte à Driessen , le 8 décembre iS45; Tableau de ces éléments adressé par M. Hencke 47 — Sur le» intersections mutuelles des plans des orbites des petites pianotes; Note de M. Mauvais 137 — M. Arago présente un tableau des éléments elliptiques de la planète Astr^e, calculés, d'après les ob>crvations de Berlin par M. Encke, d'après celles de Paris par M.. Mauvais, de Mackreepar M. Graham, de Berlin par M. Galle, de Pulkowa par M.StrufeliU 258 — Élciuentsile la planète Astne, calculés par M. Gca/iam; Communication de M. Arago, d'après une Lettre de M. Cooper 54i — Éléments de la même planète, calculés par M. Yvon ViUarceau au moyen d'une nou- velle méthode de correction de son in- vention, applicable aux cas des petites in- clinaisons 74^ Plomb. — Sur de nouvelles combinaisons du plomb; Note de M. Calvert 480 Sur une nouvelle méthode de dosage du plomb par la voie humide; Mémoire de M. Flores Domonte 835 — Nitrate de plomb. Voir au mot Nitrates. Poisons. — Influence du sol relativement à l'action des poison» sur les plantes; Note de y] . Bouchardat 674 — M. Audouard [appelle une Note qu'il a pré- cédemment adressée, sur la communica- tion des substances toxiques entre la mère et le fœtus.. 863 Polarisation de la lumiére.\ oir au molOptU/ue. Pommes de terre. — Eludes sur la maladie des pommes de terre; p:ir M. Chatm 217 — Rapport sur les Mémoires qui ont été pré- sentés à l'Académie au sujet de la mala- die des pommes de terre; R.ipporteur M. Gaudichaud 289 — Aperçu sur les causes physiologiques de la maladiedes pommes de terre; par M. Gau- dichaud 275 — Recherches sur les causes premières de la maladie des pomm«s de terre; par M. Gau- dichaud ...,..•.. 34i> 'ohmes de terre. — Remarques faites par M. Boussingault à l'occasion des obser- vations météorologiques de M. Caillct, sur les différences météorologiques des deux années 1844 "" '845> ''une favorable et l'autre contraire au développement régulier des pommes de terre 25i — Observations relatives à des tubercules dé- veloppés, en 1845, dans dos circonstances qui ne permettent d'assigner pour cause à la maladie, ni un excès d'humidité, ni une variation considérable de tempéra- ture ; Note de M. Viguier 345 — Observations météorologiques des années 184 i et 1845, comparées dans le but de montrer l'influence qu'ont eues les con- ditions météorologiques de la dernière année sur le développement de la mala- die des pommes de terre; adressées par M Caslel-Henry.-... • •• 555 — Expériences destinées à faire conn^iître les causes qui ont présidé au développement de la maladie des pommes de terre; Let- tre ,de M. Durand 607 — .Sur la possibilité d'obtenir des tubercules sains en plantant des pommes de terre malades ; Lettre de M. Durand ^34 — .Sur le choix à (aire entre les pommes de terre à l'époque de la prochaine planta- lion ; Note de M. Girou de Busareingues, . 4^^ — Expériences destinées à prouver que les pommes de terre avariées peuvent être employées comme plant pour la récolte prochaine ; Note de M. Girault (écrit par erreur Giraud) 594 Expériences sur des pommes de terre ma- lades employé) s comme plant; Note de M. Bonjean 707 Potasse {Sels à base de). — .Sur la décompo- sition des sels neutres à base de potasse et de soude, par le concours simultané du fer ou de la fonte, de l'eau et de l'air; Note de M. Becquerel 1 o65 PoTASSICM. — Sur les équiv!"lents chimiques du chlore, du potassium et de l'argent; par M. Maumené io4i Pouzzolane. — Sur l'existence, dans le dépar- tement des Ardennes , d'une pouzzolane naturelle qui n'a rien de commun, quant à l'origine, avec les pouzzolanes volciini- ques; Note de .M. fient iXt Présidence de l'Académie. — M. Mathieu, vice-président pendant l'année 1845, passe aux fonctions de président. M. Adolphe Brongniart est nommé vice-président. ... 1 Principes immédiats. — Sur l'existence d'une substance ternaire, identique avec la cel- lulose, et qui se trouve dans toute une ( »i75 ) l'âge». classe d'animaux invertébrés, les Tuni- ciers ; Mémoirode MM. Lœwi^ol Kœlliker, 38 Prisons. — IiiHuence du régime pénitentiaire sur le physique et sur le moral de l'homme, moyen d'en diminuer l'influence; par M. FourcauU 641 Pull DÉCERsÉs PAR l'Académib (concours pour l'année i843). — Prix d'Astronomie (fon- dation Ijalande) ; prix partagé entre M. de Vico, directeur de l'observatoire du Collège romain, et M. Oanest, attaché à l'observatoire de Berlin 749 — Prix de Mécanique 'fondation Montyon). Il n'y a pas eu lieu de décerner ce prix . . Ibid. — Pria: de Statistir/ue (fondation Montyon) ; prix décerne à M. Chalelte ; mentions honorables accordées à MM. de Boutte- vllle et Parchappe , à M. /. Gossin , à M . E. Gaymard 7,5 1 — Prix extraordinaire sur l'application de la vapeur à la navigation. (Il n'y a pas eu lieu à décorner ce prix, le concours reste ouvert jusqu'au 1"' juillet 184b) 752 — Prix Jondé par M™® de Laplace , décerné à iM ., Berlin , élève de l'École Polytechni- que, sorti le premier de la promotion de 1844. .. Ibid. — Prix de Physiologie expérimentale , décerne à M. Agassiz ; un deuxième prix est ac- cordé à M. Bi'scAo^, une mention hono- rable à M. Raciborski 753 — Prix relatif aux Arts insalubres; une ré- compense est accordée à M^. Chaussenot , . 754 — Prix de Médecine et de Chirurgie ; récom- penses accordées à M. Amussat et à M. Bon- net; encouragements à MM. A. Bectjuerel et Radier, h M. Réveillé-Parise, à M. Mo- rel-Lavallée ; mentions honorables à M. Bonne et à M. Clias 766 Prix proposés par l'académie pour les années 1845, 1846, 1847 et 1848. — Grand prix des Sciences mathématiques proposé en 1845 pour 1846 767 -^ Grand prix des Sciences mathématiques pro- posé pour 1843, puis remis au concours pour 1846 . Ibid, — Grandprix des Sciences mathématiques pro- posé en 1844 pour être décerné en 1847 ■ . . 7^)8 — Grand prix des Sciences mathématiques pro- posé en 1846 pour être décerné on 1848. 227 et 7(18 — Prix d'Astronomie (fondation Lalande)... -(jn — Prix dé Mécanique (fondation Montyon). . Ibid. — Prix de Statistique (fondation Montyon) . . Ibid. — Grand prix des Sciences physiques proposé en i8i5 pour 1847 —i, — Prix\relatif au développement du fœtus, pro- posé en 1837 pour 1839, remis au concours pour 1843 et de nouveau pour 1846 ry^ — Grand prix des Sciences physiques propose: en 1843 pour i845 773 — Grand prix des Sciences physiques proposé pour 1843 et remis au concours pour •845 _ 774 — Prix de Physiologie expérimentale (fonda- tion Montyon ) jj(j — Divers prix de la fondation Montyon con- cernant les auteur» des ouvrages ou dé- couvertes les plus utiles à Vart de guérir, et des moyens propres à rendre un art ou un métier moins insalubre Ibid. — Prix fondé par M. Manni sur la question des morts apparentes ^7^ Puits forés. — Nouvel outil de sondage, pré- senté par M. Mulot fils 85 — M. Arago présente quelques Remarques re- latives aux températures croissant avec la profondeur, observées au puits foré du pa- lais du Roi à Naples, et à un puits d'Ia- kouslk en Sibérie 8(i — Indication des couches de terrains tra- versées dans le forage exécuté au pa- lais duRoiàNaples; Mémoire de M. Can- giano 735 PvRAHiDES d'Egypte. — Mémoire ayant pour titre : « Nouvel exposé du système de la destination et de l'utilité permanente des pyramides d'Egypte et de Nubie contre les éruptions sablonneuses du désert, considéré sous le point de vue du calcul des probabilités»; parM.rfe Persigixy ... 2."jti Quarantaines. — M. Je Ministre de l'Agricul- ture et du Commerce rappelle qu'il a de- mandé à l'Académie un Rapport sur di- verses communications relatives au mode de propagation de la peste et au système des quarantaines 375 Quinine {Sulfate de). — Sur l'administration de ce sel à faible dose et en frictions sur les parois internes de la bouche et du pharynx; Note de M. Ducros 374 II76 ) R Racines. — Sur la tendance des racines à chercher la bonne terre, et sur ce que l'on doit entendre par ces mots, k bonne terre » i Mémoire de M. Durand 85 — Rapport sur un Mémoire de M. Durand ayant pour titre : « Recherche et fuite de la lumière par les racines «; Rapporteur M. Dulrochet 3ao — Recherches sur les fonctions des racines, eipériences destinées à faire connaitre si elles jouissent, comme on Ta dit, d'une faculté élective dans Tabsorpliou qu'elles exercent; Mémoire de M. Bou- chardat q^o — Recherches sur l'origine des racines ad- ventives ; par M. Trécul 986 Kefhoidissement. — Sur le refroidissement par les gaz ; Note de MM. de la Provoslaye et P. Desains n*^ Respikatiok. — Recherches sur l'appareil res- piratoire des oiseaui; par M. Naialis Guillot Î08 Respiration. — M. Serres annonceque M. Sap- pey s'occupe, depuis plusieurs mois, de recherches sur le même sujet au — Remarques de M. Milne Edwards à l'occa- sion de la forme qui a été donnée à cette annonce dans le Compte rendu 3)1 — Réponse de M. Serres à ces Remarques. . a33 — Réplique de M. Milne Edwards a35 — Mémoire de M. Sappejr sur l'appareil res- piratoire des oiseaux alo , 328 et 5o8 Roues de voitlres dans les jantes desquelles sont placés des ressorts disposés de ma- nière à amortir les secousses provenant des inégililés du sol ; Note de M. Sainl-Jean. 694 RocEs nvDBABLiQCES. — Notc de M. Ilorin con- cernant des expériences sur lus roues ii aubes courbes 5^2 Voir aussi au mot Turbines. Sang. — Sur les propriétés magnétiques du fer contenu dans le sang; Note de M . Ducros 333 — Nouvelles recherches sur la composition du sang dans l'état de santé et dans celui de maladie; par MM. A. Becquerel eX. Radier . 83i — Recherches sur le sang; par M. Dumas. . . . 900 Saponification des eaux grasses provenant du lavage des laines en suint, et emploi du produit de cette opération ; Notede M.Pa- gnon- Yuatrin ^96 ScÉLOTYRBE. — De la nature de la maladie connue des anciens sous ce nom et celui de sceleljrben ; Mémoire de M. Guron.. 1146 Scrofules. — Emploi d'un nouveau composé de chlore, d'iode et de mercure dans le traitement dos affections scrofuleuses; par M. Rochard 671 Sections de l'Académie. — La Section d'Astro- nomie propose de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place devenue vacante par suite du décès de M. de Cassini 49 — La Section d'Astronomie présente la liste suivante de Candidats pour la place va- cante par suite du décès de M. de Cassini : 1° M. Le Verrier; 2" M. Largeleau ; 30 M. Delaunay ; 4» M E. Bouvard 89 r— La Section de Géographie et de Navigation présente, pour une place vacante de cor- respondant, la listesuivante du Candidats : 1" sir/. Francklin; 2° par ordre alphabé- tique, et ex œquo , MM. DèmidoJJ, Gau' lier, Lutké , Owen , l.-C. Ross, Wrangel. l3a — La Section de Géographie et de Navigation présente, pour une autre place de corres- pondant, la liste suivante : 1° M. Démi- doff; a" par ordre alphabétique, et ex œijuo, MM. Gautier, Lutké , Owen , J.-C. Ross et Wratifiel. ... ■ 227 — La Section d'Economie rurale présente la liste suivante de candidats pour une place I de correspondant vacante par suite de la mort de M. Schwerz: 1° M. Schiibler j 2° M. Ridolfi; 30 M. Ratteburg 237 — La Section de Médecine et de Chirurgie présente la liste suiviinte de Candidats pour la place de correspondant vacante par suite de la nomination de M. Lalle- mandà une place d'académicien titulaire: I» M. Sedillot , a» M. Serres; 3" MM. Bon- ne/ et Ehrmann [ex a'tfuo)j 4° MM. Guy on et Lesauvage (ex œquo) L'in Sei. — Rapport sur des échantillons d'eau salée et de bitume envoyés de la Chine par M. Bertrand; Rapporteur M. Bous- singault fiC7 Sels, — Sur la décomposition des sels neutres à bated « potasc et de soude, par leçon- ( "77 ) Pagcb. cours simultané du fer, deTcauelde l'air; îiole de M. Beerjuerel io65 Soleil. — Sur les nuages ignés du Soleil con- sidérés comme des masses planétaires; Mémoire de M. Babinet a8 1 — Note sur lo diamètre apparent et sur la pa- rallaxe du Soleil ; par M. Binet 449 Soi'DE (Sels à base de). — Sur la décomposition dos sels neutres à base de potasse et de soude, par le concours simultané du fer ou de la fonte, de l'eau et de l'air; Note de M. Becquerel lo65 Sperhatozoïdes. — Note sur les spermato- zoïdes ; par M. Gros 4" — Rapport sur un Mémoire de M. Pouchel relatif à la structure et aux mouvements des zoospermes des Tritons ; Rapporteur M. Milne Edwards 636 Statistique. — Essai sur la statistique du canton du Grand-Couronne (Seine-Infé- rieure) ; par M. Baltin . . l65 — Mémoire sur les changements qu'a éprou- vés en France le rapport moyen des sexes dans les naissances provenant de ma- riages depuis iS34 jusqu'en i843; Note de M. Girou de Buzarein^es 635 Sténographie. — M. Planlier prie l'Académie de se faire rendre compte d'un nouveau système de sténographie dont il est in- venteur 127 Styrol. — Note sur le slyrol et sur divers autres composés ; par M. A. Laurent 790 SvCREs. — Emploi de l'oxalate d'alumine dans la fabrication des sucres de canne et de betterave ; Mémoire de M. Mialhe 3oi — .Sur l'emploi do l'acide oxalique pour la défécation du suc de la betterave ; Note de MM . Thomas et Dellisse 49^ — Sur les moyens d'absorber la chaux que Pagts. contiennent les jus sucrés après la défé- cation; Note de M. ilallet gaî Sucres. — Mémoire sur un nouveau procédé saccharimétrique; par M. £. /"eZi^of. . .. 936 — Moyens de simplilier l'analyse des sucres et liqueurs sucrées , par l'action de ces sub- stances sur la lumière polarisée ; Note de M. Clerget n38 — .Sur l'emploi du sucre dans le traitement des bydropisies et do l'atrophie mésenté- rique, pièces adressées par M. Bagot à l'appui de ses idées sur cette question . . . 3o5 — M. Barruel écrit qu'une matière employée par les raflineurs pour la clarincation des sirops de sucre, et que l'on vend sous le nom de sève de l'Orme pyramidal , n'est , en réalité, que du blanc d'oeuf desséché spontanément 347 ScCRE DE GÉLATINE. — Note sur le sucre de gé- latine ; par M. Laurent ; 789 Sulfates. — Emploi du sulfatede soude comme moyen de prévenir la putréfaction des substances animales ; Note deM. Bobierre. 67a Voir aussi au mot Désinfection. Sulfures. — Mémoire sur de nouvelles com- binaisons sulfurées du méthyle et de l'é- thyle ; par M. Cahours 362 Surdité. — Guérison, par l'emploi de l'électri- cité et des insufllations gazeuses ammo- niacales, d'une surdité complète survenue à la suite d'une fracture comminutive du crâne ; Mémoire do M. Bonnafoux . ,538 SïSTÈME DU MONDE. — M. Gandois communique les résultats de ses réflexions sur le sys- tème du monde 64^ — Recherches sur la distribution des astres dans le firmament et sur les causes de la pesanteur ; par M. Gaudin 738 Tannage des cuirs. — Nouveau procédé in- venté par M. Turniu// 75 — M. Rinbauxwaeles écrit, à l'occasion de cette communication, qu'il est inventeur d'un procédé au moyen duquel il opère le débourrage des peaux dans un temps Irès-couri 226 Taret. — Anatomie du genre Taret; par M. Deshayes 298 Télégraphes. — Essai sur un télégraphe atmo- sphérique; par MM. Jarroux el Tasseau. i6() — Note de M. Hébert sur un télégraphe de son invention 167 — Notes sur la télégraphie électrique et la C. R. , iS'i'i, I" Semestre. (T. .\XlI.j télégraphie de nuit; par M. Brachet. 555 et 61 1 Télégraphes. — Expériences faites au télégraphe électrique de Rouen ; par M . Breguet fils . 743 — Lettre de M. Morse sur les lignes de télé- graphes électriques qui s'établissent dans les États-Unis, et sur la rapidité avec la- quelle se tracent les signaux dans le sys- tème qu'il a inventé 745 — M. Arago donne, d'après une Lettre de M. Morse, quelques détails sur la rapi- dité avec laquelle s'exécutent et se trans- crivent les signaux imaginés pour le télé- graphe électrique par le .savant américain.. 1004 Températures terrestres. — Remarques de i55 ( 117 P S"- M. Arngo siip les lempératiircs croissant avec les profondeurs observées au puits foré du palais du Roi à Naples, et à un puits d'Iakoutsk, en Sibérie 8(i TiiÉ. — Note sur la préparation des diverses espèces de thé ; par M. Lecoq 89 Thymus. — Sur les fonctions du thymus; Let- tre de M. Hipault 127 — Remarques de M. Flowens à Toccasion de cette Lettre 1 ^g Titane. — Sur le gi.sement du titane rutile de Gourdon (Haute-Sartne); Lettre de M. Yirlel 5o5 Torrents. — Recherches sur les causes géolo- giques de l'action dévastatrice des tor- rents, et sur les moyens d'y remédier; Mémoire de M. Gras 4^^ et 497 — Note sur les dégradations naturelles qu'é- prouvent, dans les Alpes, les bois situés au pied des escarpements; par le même. 923 Tranchantes (Armes). — M. Picault soumet au jugement de l'Académie un nouveau système de tranchant pour les lames de sabres , de couteaux, etc 3o5 Transport {Moyens de). — Description et ligure d'un nouveau système de trans- ports; par M. Langui... 1148 Uranidm. — Sur le poids atomique de l'ura- nium ; par [M . Peligot 4^7 Uréthane. — Note sur la formation de l'uré- 8 ) p,s«. Tremblements de terre. — Liste dos tremble- ments de terre observés on iS^b; par M. Perrejr 644 Trombes. — Sur une trombe qui a exercé ses ravages dans la ville de Moulins, le 26 janvier 1846; Lettre de M. Gouillaud... 3.'(4 Thniciers. — Sur l'existence d'une substance ternaire, identique avec la cellulose, et qui se trouve dans toute une classe d'ani- maux invertébrés, lesTuniciers; Mémoire de MM. Lœvig et Kalliker 38 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Puyen '181 Turbines. — Rapport sur un. Mémoire de MM. André Kœchlin, concernant une nouvelle turbine construite dans leurs ateliers; Rapporteur M. Morin 1026 — Note sur la théorie de la turbine de MM. A. Kœchlin; par le même 1068 — Rapport sur deux Notes de M. ilaroieau, concernant la circulation de l'eau dans cette turbine; par 2e même 1099 — Note sur l'application de la théoriedu mou- vement des fluides aux expériences de M. Marozcau ; par le même 1 102 Voir aussi au mot hjrdrauliijues [Roues]. u thane , par l'action du cyanogène gazeux sur l'alcool ; par M. Wurtz ^>oi Variole. — Considérations sur cette maladie; par M. Buisson 924 Végétaux. — M. Chevallier, à l'occasion d'une Note récente do M. Gris, concer- nant l'action des sels ferrugineux sur la végétation, communique quelques faits d'où il semble résulter que cette action produit des effets très-divers, selon la nature des végétaux qui y sont soumis. . 88 — Mémoire sur la composition et la struc- ture de plusieurs organismes des plantes ; par MM. de Uirbel et Payen ... SSg — Premières remarques sur ce Mémoire; par M. Gaudichaud 649 — Remarques de M. Payent l'occasion d'un passage de la communication précédente. 6(>i — Réponse de M. Gaudichaud Ibid. — Nouvelle Note de M. Payen relative à la mémo discussion 687 — Réponse de M. Gaudichaud à la Note pré- cédente 717 Végétaux. — Recherche» sur le développe- ment successif de la matière végétale dans la culture du froment; par M. Boussin- gault ()i7 — Remarques de M. Biot, à l'occasion de cette communication {)i8 — Influence du sol relativement à l'action des poisons sur les plantes; Note de M. Bouchardat 674 Veine liquide. — Examen de la constitution de la partie trouble de la veine liquide, au moyen d'une lumière instantanée ; Note de M. Malleucci. .. '^o Verres. — Sur la composition de quelques verres fabriqués en Bohême; Lettre de M. Peligot... 54; Vessie. — Nouvelles observations sur la pro- duction de fausses membranes à la sur- face interne de la vessie par suite de l'application d'un vésicatoire sur la peau ; par M. tlorel-Lapallée 844 ( II79 ) A'ÉscvE. — Sur la hauteur du point culminant du Vésuve ; Note de M. Pentland 88 — Sur les mesures de la hauteur du Vésuve; Lettre de M. Cangiano à M. Élie de Beau- mont ^36 Vision. — M. Vallée prie TÂcadémie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son quatrième Mémoire sur la théorie de l'oeil 5o6 — Remarques de M. Arago, à l'occasion de cette demande . . Ibid. — Rapport sur le Mémoire de M. Vallée; Rapporteur M . Babinet 733 — Note sur un cas d'héméralopie attrihuée à une envie de la mère de l'individu affecté ; Lettre de M. Magne 554 — Remarques de MM. Baux et Velpeau à l'oc- casion de cette communication Ibid. — Remarques de M. Arago relatives à la même Lettre Ibid. Von. — Mémoire sur les moyens d'étendre et de perfectionner la voix de chant; par M. deEyrell \i et 3o5 Volcans. — Rc-lation de l'éruption boueuse sortie du volcan de Ruiz, et de la catas- trophe de Lagunilla, dans la république delaNouvelle-Grcnade;NotedeM. Acoîlfl 70g — Sur les mesures de la hauteur du Vésuve ; Lettre de M. Cangiano à M. Élie de Beau- mont 736 Voyages sciektifiqbes. — M. Cloquet, près de partir pour la Ferse où il doit séjourner en qualité de médecin du Schah , demande à l'Académie des Instructions sur les ob- servations qu'il pourrait faire dans ce pays relativement à la médecine et à l'his- toire naturelle 88 — M. Lcguillou, chirurgien d un des bâti- ments do guerre qui doivent faire partie del'expédilion de Madagascar, adresse une semblable demande i32 — Instructions pour le voyage en Perse de M. Cloquet, et pour le voyage à Mada- gascar de M. Leguillou; partie botanique par M. de Jussieu, partie zoologique par M. Valenciennes 199 Voyages scientifiques. —M. le Minislre de la Marine annonce que l'expédition de Ma- dagascar ne devant pas avoir lieu, les Instructions rédigées pour M. Leguillou ont été adressées au gouverneur de Bour- bon, pour être remises aux chirurgiens de la marine qui auront occasion de visiter Madagascar 709 — M. le Minislre de la Marine rappelle les Instructions qu'il a demandées pour un voyage de M. Baffenel dans l'intérieur de l'Afrique 333 — Indication des instruments que doit em- porter ce voyageur dans son expédition. . 746 — Fragments d'un voyage dans l'Afrique aus- trale; par M. BeZegorgue 538 — Instructions demandées par M. le Ministre de la Marine pour le voyage de M. Baffe- nel dans l'intérieur de l'Afrique : partie concernant la géographie et la physique générale. Rapporteur M. Buperreï; p;irtie concernant la botanique , Rapporteur M. Gaudichaud 973 — Observations de M. Cordier relativement à la partie des Instructions qu'il était chargé de présenter 983 — Rapport sur le voyage de M. Bochet d'Héri- court; Rapporteurs MM. Arago, Uuper- rey, Dufrénox, de Jussieu, Isidore Geoffroy- Sairit-Hilaire 798 — M. Morelet, près départir pour le Mexique, demande des Instructions à l'Académie. . 1057 — M. Léouzon le Duc en demande pour un voyage en Finlande Ibid. — M. Chassard en demande également pour les observations de météorologie et de magnétisme terrestre qu'il se propose de faire à Cali , Nouvelle-Grenade 1 149 — Rapport sur les observations faites par M. Ch. Deville , pendant un voyage aux Antilles, à Ténérifle et aux fies du cap Vert; Rapporteurs MM. Duperrey et Élie de Beaumont 1 107 — Lettres de M. de Caslelnau sur son voyage dans l'Amérique du Sud 1001 et n49 Zinc. — Note sur une série de phosphates doubles de zinc et de cobalt ; par M. Flores Domonte 4^^ ZoosPEKHES. — Note sur les spermatozoïdes; par M. Gros 4° ZoosPERHEs. — Rapport sur uneNotede M. fou- chet, concernant la structure et les mou- vements des zoof permes du Triton ; Rap- porteur M. Milne Edwards 636 ^ • i55.. ( ii8o ) TABLE DES AUTEURS. MM. Pag"- AIîRlA. — Note sur la chaleur dégagée dans la combustion de l'hydrogène et du phos- phore par le chlore 372 ACOSTA. — Relation de l'éruption boueuse sortie du volcan de Ruiz, et de la catas- trophe de Lagunilla , dans la république de la Nouvelle-Grenade 709 AGASSIZ. — Son travail sur les poissons obtient le prix de Physiologie expérimen- tale , au concours de 1844 7^3 AHREINER. — Mémoire sur un. alcalimètre nouveau 5g3 AMUSSAT. — Une récompense lui est ac- cordée, pour ses expériences et ses ob- servations sur les blessures des vaisseaux sanguins, par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, concours de 1844 .. 766 AMY. — Description et figure d'un appareil destinée seconder l'action des freins, en paralysant instantanément l'action des roues de la locomotive lorsqu'il s'agit d'arrêter un convoi sur un chemin de fer. 844 ANGLAS DE MALHERBE (d'). — Démons- tration de l'impossibilité de la quadra- ture du cercle 64 1 ANONYMES.— Un médecin du département de l'Yonne, dont la signature n'a pu être lue, écrit que M. Sarbourg avait eu, avant M. DaJZerr , l'idée d'appliquer l'hé- lice comme moteur aux bateaux; il ajoute que, vers 1754, M. Gauthier présentait h la Société royale des Sciences et Belles- Lettres de Nancy un Mémoire sur l'ap- plication de la vapeur à la navigation. . . 6i3 ARAGO présente quelques observations ver- bales relatives aux températures crois- sant avec la profondeur , observées au puits foré du palais du Roi à Naples, et à un puits d'Iakoutstk , en Sibérie 86 — .A l'occasion d'un numéro de journal qui se trouve parmi les pièces imprimées reçues dans la séance du i2 janvier, MM. Pages. M. Arago présente quelques remarques sur la priorité acquise à M. Boussingault concernant l'éclairage des mines par la lumière électrique 86 — M. Arago lit, dans la séance publique du II mai 1846, des fragments delà Biogra- phie de Gaspard Monge 778 — Remarques sur le genre de Talfection de la vue qu'on désigne sous le nom à'héméra- lopie 554 — Rapport sur le voyage de M. Rocket ctHé- ricourt 798 — A l'occasion d'une Lettre par laquelle M. Vallée prie l'Académie de hAter le tra- vail de la Commission à l'examen de la- quelle a été renvoyé son quatrième Mé- moire sur la théorie de l'œil , M. Arago présente quelques remarques sur l'inexac- titude de certaines assertions émises par ce savant dans une Lettre relative aux opérations de la Commission 5o6 — A l'occasion d'une réclamation de priorité élevée par une personne dont on n'a pu lire le nom, en faveur de M. Gauthier, relativement à l'application de la vapeur à la navigation, M. Arago fait remarquer qu'il n'y a point de priorité à réclamer pour M. Gauthier, puisque, longtemps au- paravant , Papin avait non - seulement émis la même idée, mais indiqué la con- struction d'un moteur à vapeur pour les navires 6i3 — A l'occasion d'une Lettre dans laquelle M. Passât sollicite de nouveau un Rap- port sur ses expériences , M. Arago pré- sente quelques remarques tant sur cette Lettre que sur des Notes imprimées re- latives à la même question, adressées par M. Passât à plusieurs membres de l'Académie 746 — M. Arago dépose sur le bureau une courte Note de M. Cholet, et une Note plus dé- veloppée de M. Tanchou, relatives, l'une et MM. l'autre, à une jeune fille de i3 ans, A. Cot- tin, chez laquelle se sont développées, dit-on, des facultés très-extraordinaires que l'on a cru pouvoir attribuer à l'élec- Iricité. — M. Arago rend compte ensuite de certains faits dont il a été témoin pendant une séance de quelques minutes, — M. Arago lit une déclaration de la Com- mission qui avait été chargée d'examiner la jeune A. Cotlin. La Commission nejuge pas qu'il y ait lieu de faire de Rapport.. — M. Arago met sous les yeux de l'Académie de très-belles épreuves photographiques obtenues par MM. Choiselat et Ratel, dans une excursion récente en Auvergne et aux montagnes de l'Oisans — M. Arago présente, au nom de l'auteur, M. de Yico, le n Recueil des observations .faites à l'observatoire du Collège romain pendant l'année i843. » — M. Arago présente, au nom de M. Lalanne, une nouvelle Table destinée à abréger les calculs. Table que l'auteur désigne sous le nom d'Abaque — M. Arago met sous les yeux de l'Académie une histoire naturelle de l'Etat de New- York, publiée par ordre de l'administra- tion et adressée, conformément aux or- dres du Corps législatif, par le gouver- neur et le secrétaire d'Etat — M. Arago présente, au nom des auteurs, le i"^ volume du Cosmos de M. de Hum- holdt, traduit en français par M. Faye. . . — M. Arago présente, au nom de M. de la Bêche, plusieurs feuilles de la grande Carte géologique du royaume-uni do la Grande-Bretagne et de l'Irlande -^ M. Arago met sous les yeux de l'Académie plusieurs spécimens de coloriages exécu- tés , au moyen de procédés purement ty- pographiques, par M. Silbermann, impri- meur à Strasbourg — M. Arago annonce que, d'après lis rensei- gnements qu'il a obtenus, les craintes qu'avait fait concevoir, relativement à M. le capitaine Bérard, le récit d'un ba- leinier, paraissent n'être pas fondées. . . . — M. Arago annonce la perte douloureuse que vient de faire l'Académie dans la personne d'un de ses huit associés étran- gers, M. Bessel, mort à Kœnigsberg, le 17 mars 1S46 — M. Arago, au nom de la Commission nom- mée à cet effet, présente une liste de Can- didats pour la place d'associé étranger vacante par suite du décès de M. Bessel, , — L'Académie, sur la proposition do MM. Arago et Bio/^ décide que deux importants Mé- (1181) Pages. MM. ?•«"■ moires de Frcsnel, qui n'étaient jusqu'à présent connus que par de courts extraits, seront imprimés intégralement dans le prochain volume de ses Mémoires t^o~ M. Abago fait, d'après sa correspondance par- ticulière, des communications relatives 3oo aux questions suivantes : — Sur un coup de foudre qui a frappé une maison mnnie d'un paratonnerre, mais d'un paratonnerre mal construit (d'après 4i5 une Lettre de M. deCaiville, communi- quée par M. Deslongrais) 177 — Sur le double noyau de la comète de G ans J , dite comète de Gamhart : Ob- servations de divers astronomes ( Lettres 178 de MM. Yalz, de Humholdt, Schuma- cher, elc.) 265 et 333 — Observations chinoises qu'on peut supposer se rapporter à cette même comète (d'après Ibid. un travail de M. Edouard Biot) 334 — Sur la comète à deux têtes et sur les deux comètes de M. de Vico ( Lettre de M. VaU et Note de M. Laugier) 4^^ Ihid. Anciennes observations concernant la co- mète à deux têtes ( extraites des registres de l'Observatoire de Paris) 54o — Sur les comètes à plusieurs noyaux ancien- nement signalées par Hévélius { Lettre de M. Littrow). » 644 423 _ Sur une nouvelle comète découverte par M. de Yico, dans la constellation de l'É- ridan (Lettre de M. de Yico) 266 5ii _ Éléments paraboliques de cette comète calculés par M. Goujon 4^^ Éléments de la comète découverte par M. Brorsen le 26 janvier i846, et calculés 738 par M. Pelersen (Lettres de M. Schuma- cher) 539 et 92,5 — Éléments elliptiques de la planète Aslrée calculés, d'après les observations de Ber- lin, par MM. Encke , Galle ei Mauvais; Ibld. d'après celles de Mackreo Castle , par M. Graham, et d'après celles de Pulkowa , par M. Strupe fils. — Nouvelles observa- tions faites à l'équatorial de l'Observatoire de Paris 2S8 58i — Eléments de la planète Astrée calculés par M. Graftam ( Lettre de M. Cooper). .541 Sur la rapidité avec laquelle s'exécutent et se transcrivent les signaux imaginés par M. Morse, pour les télégraphes électriques 559 ( Lettre de M. Jtforje) J004 ARCHIAC (d') demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre un Mémoire sur la formation crétacée des versants S.-O. et 889 N.-O. du plateau central de la France. .. i32 ARNOLLET prie l'Académie de vouloir bien se faire faire un Rapport supplémentaire ( I MM. Page» sur son système de chemins de fer almo- sphériqiies 226 ARNOTJX, dont le système de trains articalés pour chemins de fer de toute courbure avait obtenu, en iSSg, le prix de Méca- nique de Ja fondation Montyon , annonce, que ce système va être incessamment ap- pliqué pour Je service du chemin de fer de Paris à Sceaux, et e.ïprime le vœu que TAcadémie puisse s'assurer par elle-même du succès obtenu dans la première ap- plication industrielle d'une invention qu'elle a récompensée 027 AUBERGIER. — Faits pour servir à l'his- toire de l'opium 838 AUBERT-ROCHE. — Dépôt d'un paquet ca- cheté (séance du 19 Janvier) iSa 182 Page». ATJDOUARD, qui avait précédemment pré- senté une Note relativeà la communication des substances toxiques entre la mère et le fœtus, fait remarquer que l'on a pré- senté récemment, comme nouveaux, des faits analogues à ceux qu'il avait consi- gnés dans cette Note, laquelle n'a pas encore été l'objet d'un Rapport 862 AUZOUX prie l'Académie de vouloir bien faire examiner, par la Commission du concours de Médecine et de Chirurgie, ses travaux d'anatomie élastique, tant ceux qui ont rapport à la structure du corps humain, que ceux qui sont destinés à faire connaître les grands traits de l'or- ganisation dans les divers embranche- ments du règne animal 611 RABINET. — Construction d'un aimant très- fort par induction , sans emploi de cou- rants électriques lyi — Mémoire sur les nuages ignés du soleil considérés comme des masses planétaires. 281 — Remarques à l'occasion d'une Lettre de M. Vallée, concernant les opérations de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son quatrième Mémoire sur la théorie de l'œil 5o6 — Rapport sur le quatrième Mémoire de M. Vallée relatif à la théorie de l'œil ^33 BAGOT. — Pièces justificatives formant le complément d'un travail précédemment présenté sur les bons effets du sucre dans le traitement des hydropisies et de l'atro- phie mésontérique 3o5 li.\ILLAT. — Méthode rigoureuse et facile pour réduire la division de tous les nom- bres en général à des multiplications suc- cessives d'un chifire par un autre chif- fre, etc 64 1 BALLIN. — Essai sur la statistique du can- ton du Grand -Couronne ( Seine-Infé- f rieure) i65 BARNEODl). — Mémoire sur l'organogénie et l'anatomie du Trapa nalans 818 Note sur l'organogénie des corolles irré- gulières ^3 B.'VRRESWIL. — Sur les anomalies appa- rentes que présente la distillation du mercure 4 ' 9 Sur un nouveau mode de séparation du cobalt d'avec le manganèse 4'^' HABRIER , qui avait adressé précédemment au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, son « Traité des mala- dies de l'enfance » , envoie , conformé- ment à la disposition prise par l'Acadé- mie relativement aux pièces destinées à ce concours, un résumé de son travail.. . 611 BARROEL écrit qu'une matière employée par les radîneurs pour la clarification des si- rops de sucre, et qu'on vend sous le nom de sève de l'Orme pyramidal , n'est en réalité quo du blanc d'œuf desséché spon- tanément 347 BARTHÉLÉMY soumet au jugement do l'A- cadémie un Mémoire ayant pour litre : (( Application de l'analogie* aux mathé- matiques : recherches de la loi générale des mouvements harmoniques » 538 BAUDELOCQUE. — Dépôt d'un paquet ca- cheté (séance du 2()janvier) 179 BAL' DOT adresse un résumé des observations météorologiques faites à Langresen 184.5, et des observations relatives à la constitu- tion médicale pendant la même année. . . 927 BAUMGARTEM. — Expériences sur le mou- linet de Woltman, destiné à mesurer les vitesses de l'eau . . 691 BAZELAIRE (de) soumet au jugement de l'A- cadémie un appareil qu'il désigne sous le nom de chronomètre guide des chemins de fer 924 — Note sur doux appareils destinés à préve- nir quelques-uns des accidents auxquels expose le transport par les chemins de fer : moniteur des stations et tringles d'a- vertissement 1 148 BECQUEREL , à l'occasion d'une Note de M. Pouillet, s\ir les nouvelles expériences ■s I * ( I 1 83 ) MM. Pa8«- de M. Faraday, présente des reinarque» relatives it Taction des aimants sur tous les corps. i4'' BECQUEREL. — Do la polarité produite par les décharges électriques, et de son emploi pour la détermination de la quantité d'é- lectricité ordinaire, associée aux parties constituantes des corps dans les combi- j|t naisons 38i — Nouvelles applications de l'éloctrochimic à ladécomposition des substances minérales. 78 1 — De la décomposition des sels neutres, à base de potasse et de soude, par le con- cours simultané du fer ou de la fonte, de l'eau et de l'air io65 BECQUEREL (.^lf^. — Un encouragement est accordé, par la Commission cbargée de décerner le prix de Médecine et de Chirurgie, concours de 1844» ^ MM. A. Becijuerel el Radier, pour leur travail sur la composition du sang ';66 — Nouvelles recherches sur la composition du sang dans l'état de santé et dans l'état de maladie (eri commun avec M. Radier). 83i BECQUEREL (Ed.). -.Sur la conductibilité électrique des corps solides et liquides. 4'^ — Observations sur l'influence des gaz dans les eifets électriques de contact 6;^ — Note sur l'action du magnétisme sur tous les corps oSa - BENOIT-BENOIAT. — Dépôt d'un paquet ea- ^•^- cheté (séancedu 8 mai) 862 'BERNARD. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 16 mars) S08 BERNARD, de Viliefranche. — Des diffé- rences que présentent les phénomènes de la digestion et de la nutrition chez les animaux herbivores et carnivores 534 BERTIN D'ALLIGNY. — Note sur une dis- position destinée à arrêter les incendies qui peuvent survenir sur les chemins de fer, par suite d'un choc entre la locomo- tive et les wagons 1148 BERTIN obtient, comme premier élèie sor- tant de l'Ecole Polytechnique, promotion de i844j le prix fondé par M""" de La- place 752 BERTRAND. —Échantillons d'eau salée et de bitume , envoyés de la Chine par ce mis- sionnaire. ( Rapport sur ces échantillons ; Rapporteur M. Boussingaull.). (367 BERTRAND (J.). — Note sur la théorie des moments d'inertie (en commun avec M. Bonnet) 987 — Mémoire sur la propagation du son dans un milieu hétérogène Ii36 BE.SSA.S-LAMÉGIE, Hemrv et I'hiupead sou- mettent au jugement de l'Académie un M.M. Pagr». nouveau système de supports en fonte , destiné à remplacer les traverses en bois sur lesquelles reposent les rails des che- mins de fer G76, 924 et g5i BESSEL, un des huit associés étrangers à l'Académie; sa mort, arrivée le 17 mars 1846, est annoncée à l'Académie .55g — M. Jocabi est nommé associé étranger do l'Académie, en remplacement de M. Bessel 910 BEUVIÈRE (A.). — Nouveau planiroètre. (Rapport sur cet instrument; Rapporteur » M. Marin.) 466 BINET. — Rapport sur un Mémoire présenté par M. Yfon Yillarceau, ayant pour ob- jet une méthode de correction des élé- ments approchés des orbites des comètes. 7a — Note sur le diamètre apparent et sur la parallaxe du soleil i)4<) BIOT. — Sur les phénomènes rotatoires opé- rés dans le cristal de roche g3 — NolesurdeuxMémoires dcFretncl, que l'on croyait égarés 4o5' — L'Académie, conformément à la demande de MM. Biot et Arago, décide que ces travaux de Fresnel, qui n'étaient jusqu'à présent connus que parde courts extraits, seront imprimés intégralement dans le prochain volume de ses Mémoires .^07 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Boussingaull, sur le déve- loppement successif de la matière végé- tale dans la culture du froment 61b BISCHOFF. — Le prix de Physiologie expéri- mentale, concours de 1844» est accordé à M. Bischoff, pour son travail sur Yœuf et le fœtus du chien 753 BLANDET. — Mémoire sur les signes de la mort ' 610 — M. Blandet envoie une indication de ce qu'il considère comme neuf dans un tra- vail présenté pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, travail qui a rapport à l'action des poisons mé- talliques sur les ouvriers employés dans diverses fabrications 610 BLANDET. — Sur le dessèchement des bas- , sins de vidanges qui se pratique en ce moment à Montfaucon 1061 BLAUD. — Mémoire sur les moyens de dé- truire les insectes qui attaquent l'olivier. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur • M. Slilne Edwards.) ^91 BLONDLOT. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 20 avril) G83 — M. Blondlot demande l'ouverture de ce pa- quet cacheté, lequel, ouvert en séanee, 30 trouve renfermer une Note sur les ré- ♦^■ • • *. M # ■* "•''■ , Page», sultats des opi'rations au moyen des- quelles on empêche la bile de se Tcrser dans le canal digestif 861 BLOT (F.). — Description et figure d'une nou- velle machine pour le battage des céréales. 356 liOBIERRE. — Emploi du sulfate de soude comme moyen de prévenir la putréfaction des substances animales 6r3 BOILEAU. — Etude expérimentale sur le mouvement des cours d'eau 212 ■ T BOISSIER ( Ed.).— Voyage botanique dans le » midi de l'Espagne 594 BOLUMET. — Dépôt d'un paquet cacheté % (séance du 5 janvier) /Jg ^1^ BONAFOU.S, en adressant un exemplaire du Rapport de M. Mottard , sur le jardin expérimental de Saint-Jean de Maurienuc, annonce que M. Mottard est disposé à faire dans cet itablissement , dont il est directeur, les expériences agronomiques et les observations qui pourraient être jugées utiles dans le double intérêt des ^ ~, aeiences naturelles et de l'agriculture alpine 1149 BONJEAN , — Nouvelle Note concernant les effets de l'crgotine dans les cas d'hé- morragies externes ^94 — M. Bonjean adresse , pour le concours de ' ^ " Physiologie expérimentale , un ouvrage t ' • t_, ' » imprimé qui contient les résultats de ses recherches sur l'ergot du seigle, et il y joint une indication de ce qu'il considère comme neuf dans cette publication 49^ — M. Bonjean adresse des pièces anatomique» IMk à l'appui d'une communication qu'il avait ' faite précédemment sur l'emploi de l'er- » * gotine pour arrêter les hémorragies des I grosses artères 706 .— Résultat d'expériences destinées à prouver que des pommes de terre malades em- ployées comme plant, peuvent donner naissance à des tubercules parfaitement W sains 707 •tf^ — Nouveaux faits relatifs à l'action de l'crgo- tine pour arrêter les hémorragies exter- nes. — Note sur le dessèchement instan- tané des feuilles du peuplier dans certaines .jjk, k. parties de la Savoie io53 ^^ ' JBONNAFOUX. — Surdité complète survenue à la suite d'une fracture comminutive dn crâne ; guérison de cette affection par l'action dn galvanisme et l'emploi d'in- suITlations gazeuses ammoniacales 538 BONNARD (de) fait hommage à l'Académie de sa Notice sur M. Lelièvre, inspecteur général des Mines 160 BONNET. — Note sur la théorie des moments d'inertie (en commun &yeoM. Bertrand).. 987 ». 184 ) MM. PajC». BONNET est présenté par la Section de Mé- decine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour une place vacante de cor- respondant 439 — Une récompense est accordée par la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie, concours do 18^4» ^ ^^* Bonnet, pour son « Traité des maladies des arti- culations. » 766 BOUCHARDAT. — InHuence du sol relative- ment à l'action des poisons sur les plantes. 674 — Recherches sur les fonctions des racines. Les plantes placées dans une dissolution contenant plusieurs substances, absorbent- - elles certaines substances préférablement à d'au très ? Expériences surcettequestion. ^o BOUET. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 6 avril) 6i3 BOUNIOL demande et obtient l'autorisation de retirer une Note qu'il avait présentée sur un nouveau procédé pour le jaugeage des tonneaux , Note qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport 86» BOUQUET. — Mémoire sur de nouvelles combinaisons de l'acide borique avec les élher», et sur l'éiher sulfureux (en com- mun avec M . Ebelmen) 366 — Note sur quelques sels à base de protoxyde d'étain gaj BOURGUIGNON soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Recherches entomologiques et patholo- giques sur la gale do l'homme. » Ci 1 BOURNE demande si l'on admettrait au con- cours pour le prix concernant l'application de la vapeur à la navigation, un Mémoire écrit en anglais : il a déjà été répondu à une semblable question par l'affirma- tive ii5o BOUSSINGAULT. -^ Remarques à l'occasion d'une communication de ^\. Louyet, sur l'emploi de la lumière produite par la pile pour l'éclairage des mines 226 — M. Roussingault présente, au nom de l'au- teur, M. Cailiet , un tableau des observa- tions météorologiques laites à l'Institution royale agronomique deGrignon, et, à cette occasion, fait remarquer quelles ont été les différences dans les conditions mé- téorologiques des deux années 1844 et i84.'5, l'une favorable, et l'autre contraire il la végétation des pommes de terre... 25i — Recherches sur le développement de la sub- stance minérale dans le système osseux du porc 356 — Recherches sur le développement successif de la matière végétale dans la culture du froment 617 #* #, ♦ * jM ( I MM. Pages. #BOUSSINGAULT. — Rapport sur ies échan- '(■ tillons d'eau s.ilc'c et de bitume envoyés de la Chine par M. Bertrand 667 — Recherches expérimentales sur la faculté nutritive des fourrages avant et après le fanage. 690 *— Effets produits par un coup de foudre. . I/'odeur qu'exhalent souvent les corps j foudroyés récemment, est-elle bien dési- gnéepar le nom "d'odeur sulfureuse? 919 BOUTTEVILLE (de). — Une mention hono- - rable est accordée par la Commission chargée de décerner le prix de Statistique , , concours de l8l^!\, à une Notice statistique sur l'asile des aliénés de la Seine-Infé- rieure, de MM. de Boutleville et Var- chappe '....•-.... 701 BOUTIGNY, d'Évredx, envoie un résumé des expériences qu'il a faites, dans le but de prouver le peu de fondement de l'opi- nion entretenue par quelques construc- teurs de chaudières à vapeur, qui amin- cissent le fond des chaudières, pea- JÈÊL sant économiser par ce moyen le com- i^H: ;V bustible 179 ■ BOUVARD (E.) est présenté par la Section d'Astronomie comme l'un des Candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de Cassini 8g — M. Bouvard demande et obtient l'autori- •sation de reprendre un Mémoire intitulé: « Tables d'Uranus » , qu'il avait précédem- ment soumis au jugcmentde l'Académie, et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport .' i32 BRACHET. — Addition à de précédentes communications sur l'application de l'air au transport des lettres et dépêches. 167 et 268 — M. Brachei présente deux Notes sur la télé- graphie : l'une sur un nouveau -système de télégraphes électriques , l'autre sur un télégraphe de nuit à lentilles cylindriques et à échelons 555 — Nouvelles communications concernant la télép-aphie 6ri BRAVAIS. — Sur un halo solaire vu le 22 avril 1846 à Paris '. 74» BREGUET FILS. — Expériences faites au té- légraphe électrique de Rouen 74? 1057 3oi i85 ) MM. P»?»*- BRETON , DE Champ. — Note sur la fausseté de quelques propositions, non encore dé- montrées , de lUathew Stewart gSi BREWSTER est présenté comme l'un des can- didats pour la place d'associé étranger vacante par suite du décès de M. Bessel. 88g BRIGNOLE-SALE (de), en qualité de prési- dent du Congrès scientifique italien qui doit se tenir à Gênes flans le courant du mois de septembre 1846 , annonce que la ville de Gènes vient de mettre à la, disposition du Congrès une somme de six mille francs pour les expériences rela- tives aux Sciences physiques et naturelles qui seront faites durant cette réunion. . . BRONGNIART (Ad.) est élu vice-président pour l'année 1846 ' — M. Biongniart fait hommage , au nom des auteurs, MM. Bruch, Schimper et Gum- bel, des livraisons 16 à 18 de l'ouvrage qu'ils publient sous le titre de : Bryolo- gia europœa , B*k0NNER. — Dépôt 'd'un paquet cacheté (séance du 2a juin) '""' BRUNNER soumet au jugement de l'Acadé- mie, un cercle répétiteur vertical dont la construction offre plusieurs dispositions nouvelles 4^'' — Rapport sur cet instrument; M. Laugier Rapporteur ^^' BUCKLANDest présenté comme l'un des can- didats pour la place d'associé étranger vacante par suite du décès de M. Bessel. . BUISSON. — Considérations sur la variole.. BUSSÏ (A.). — De l'emploi de la magnésie dans le traitement de l'empoisonnement par l'acide arsénleux 845 et 924 BYRNE (0.1. — Notes sur l'emploi des cou- leurs dans l'enseignement de la géomé- '' trie ; — sur une découverte dans la théo- rie des nombres qui permet de se passer de l'emploi des logarithmes; —, sur un nojivel instrument de mathématiques à ■ l'aide duquel on compare et on divise- les lignes, les angles, les surlaces et les solides; — sur une nouvelle expo- sition du calcul différentiel et du calcul intégral .- ••, 889 94 • i ^ #. .# i^- %^ •' CAHOURS.— Mémoire sur de nouvelles com- binaisons sulfurées du méthyle et de l'é- * ihyle 36a C. R., 1846, 1" Semestre. (T. XXII.) CAHOURS. — De l'action du perchlorure de ^ phosphore sur les substances organiques. 846 CALIGNY (be) demande l'autorisation de re- ^ .i56 * * ** V • ♦»? ■a^ r- ( ij86 ) MM. P»6«»- prendre un Mémoire qu'il a présenté, et qui a pour titre : "Expériences sur un moteur hydraulique à flotteur oscillant. » 607 CALVERT. — Sur de nouvelles combinaisons de plomb 48° CANAT. — Discussion d'un fait rapporté par M. Yirlet , l'existence de coquilles mari- nes de l'époque actuelle dans un terrain jusqu'ici regardé comme appartenant à une formation d'eau douce ly^ r,ANGIANO(L ). — Indication des différentes couches de terrains traversées dans le fo- rage du puits artésien du palais du Roi à Naples 73s — Sur la hauteur du Vésuve 7^^ CARVILLE (de). — Sur les elfets d'un coup de foudre qui a frappé le château de Bois- yvon, près do Vire; Note transmise à M. Arago par M. Deslongiais. ■ 17V CASASECA. — Détermination instantanée du cuivre dans les analyses quantitatives des dissolutions cuivriques pures. . .,i. . 94^ CASTEL-HENRY adresse, de Fivas-Iez- Lille (déparlement du Nord), un tableau comparatif des observations météorologi- ques faîtes pendant les années t844 et 1845, et destiné à mettre en évidence la fréquence des pluies pendant la dernière année, fréquence à laquelle l'auteur croit pouvoir attribuer, en grande partie, la maladie des pommes de terre 555 CASTELNAU (de). — Observations relatives à quelques animaux domestiques de l'A- mérique méridionale 1002 jr M. de Castelnau annonce son prochain dé- part pour Cuzco, et indique la route gu'il se propose de suivre jusqu'à Para, d'où il se rendra à Cayenne ^'^9 CATDLLO. — Géognosie paléozoïque des Alpes vénitiennes i65 CAUCH"S (Abg.).— Mémoire sur les fonctions de cinq ou six variables , et spécialement sur celles qui sont doublement transi- tives 4 2 -^ Mémoire sur un nouveau calcul qui permet de simplifier et d'étendre la théorie des permutations 53 ^Applications diverses de ce nouveau calcul . 99 — Recherches sur un système d'équations si- multanées, dont les unes se déduisent des autres à l'aide d'une ou de plusieurs ^ substitutions 1 Sg — Note sur diverses propriétés de certaines , fonctions algébriques '. .' ... 160 — Sur la résolution directe d'un système d'é- ik quations simultanées , dont les unes se déduisent des autres à l'aide d'une ou de • plusieurs substitutions. igî MM. Pal" CAUCH'Ï (Auc). — Sur la résolution des équations symboliques non linéaires.... 23î — M. Cauchy, à l'occasion d'un Rapport dt M. Mathieu, sur nn Tableau arithmétique présenté par M. PhilippPf demande qu'un mécanisme destiné aux mêmes usages, présenté par M. Russel, d'inval , et qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport, soit renvoyé à l'examen de la Commis- sion qui a examiné l'invention de M. Phi- lippe 362 — Note sur un théorème fondamental relatif à deux systèmes de substitutions conju- guées 63o — M. Cauchjr fait hommage à l'Académie de la 3ie livraison de ses «Exercices d'ana- lyse et de physique mathématiques. »... 6gb CHALETTE père. — Son ouvrage sur la sta- tistique générale du département de la Marne obtient le prix de Statistique ( fondation Montyon ) jou mALLAYE, attaché au consulat de Macao, adresse une substance minérale qu^il a rapportée des Philippines 928 CHANCEL. — Recherches dechimie organique ^9^ CH APDIS. — Mémoire sur les moyens de pré- venir les accidents sur les chemins de fer. 708 CHASLES. — Sur les lignes géodésiques et les lignes de courbure des surfaces du second degré 63 — Théorème général sur la description des lignes de courbure des surfaces du second degré 107 — Nouvelles démonstrations de» deux équa- tions relatives aux tangentes communes à deux surfaces du second degré homofo- cales ; et propriétés des lignes géodésiques et des li{5nes de courbure de ces surfaces.. 3i3 — Autre démonstration de cette équation //' sin' V ■+■ v' sin' i" = «', et propriétés qui en dérivent 617 — Généralisation de la théorie des foyers des sections coniques. Application à des points quelconques, de toutes les pro- priétés auxquelles donnent lieu ces points particuliers 894 CHASSARD annonce qu'il doit faire uu sé- jour de plusieurs années à Cali (Nouvelle- Grenade), et demande des Instructions^ pour les observations de magnétisme ter- restre et de météorologie qu'il se propose de faire dans ce pays 1 1^9 CHASSERIAU. — Note sur les moyens propres à arrêter les ravages de divers insectes nuisibles à l'agriculture, et réclamation de priorité relativement au procédé pro- posé par M. E. Robert pour détruire le scolyte desiructcur et le cossue gile-bols. t>09 • * ■I, ( ii87) MM. P.je» - —M. Chasseriau transmet, comme pièce à consulter, pour la Commission à l'examen dolaquclleaétésoumisesa première com- munication sur les moyens d'arrêter les ravages de certains insectes nuisibles aux arbres, la copie d'une Note sur le même sujet, qu'il a adressée à la Société royale d'Agriculture de Paris. Il y joint an échanlillon de bois attaqué par des larves de Cossus. 934 CHATIN. — Études sur la maladie des pom- mes de terre 217 CHAUSSENOÏ. — Une récompense lui est accordée par la Commission chargée de décerner le prix relatif aux Arts insalu- bres , pour son appareil destiné à dimi- nuer les chances d'explosion des généra- teurs de vapeur ^54 CHAVAGNEUX présente quelques considé- rations concernant le transport des dili- gences ordinaires par les chemins de fer. Gi 1 — M. Chiwagneux propose l'emploi des loco- motives comme machine de guerre, dans ^^^ les sièges ,.. 927 ^^ CHENOT adresse des remarques relatives à une communication faite par M. ilorin, dans une des dernières séances de l'année précédente, sur un marteau à vapeur et sur un mouton h vapeur 607 CHEKOT. — Lettre relative à un composé nouveau pour la préparation des surfaces des édifices, destinées à recevoir de» pein- tures 928 CHEVALLET (de). — Note sur un nouveau mode de fermeture pour le tube pneuma- tique des chemins de fer atmosphériques. 693 CHEVALLIER, à l'occasion d'une Note de M. Gris , concernant l'action des sels fer- rugineux solubles sur la végétation , com- munique quelques observations qui lui sont propres, sur les effets divers qu'exer- cent ces agents selon l'espèce des plantes soumises à leur influence 88 CHEVANDIER (Ere). — Supplément à un précédent Mémoire sur la composition élémentaire des différents bois et le pouvoir calorifique d'un stère de chacun d'eux ... 920 CHEVREUL est nommé membre de la Com- mission centrale administrative pour l'an- née i84fi 2 — M. Chevreul présente, au nom de l'au- teur, M. Faget, un Mémoire ayant pour titre : « Recherches sur l'équivalent du chlore. » 224 M. Chevreul est nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces admiaes au concours des Arts insalubres. 877 MM. Pa|et — M, Chevreul dépose, au nom de M. Niepee, une boite cachetée contenant la descrip- tion d'un procédé pour la reproduction des estampes, lithographies, feuilles impri- mées, et contenant, en outre, plusieurs spécimens obtenus à l'aide de ce pro- cédé io6i GHIO. — Recherches sur la série de La- grange 9^' CHRESTIEN , à l'occasion d'une Note récente de M. Lallemand sur l'établissement du Vernet, rappelle les propriétés thérapeu- tiques des eaux de Balaruc 377 CHRISTEN. — Figure et description d'un nouveau frein pour les véhicules employé» sur les chemins de fer 676 CIPRI présente une Notice imprimée , mai» non publiée, sur laquelle il désire obte- nir le jugement de l'Académie. Cette No- tice est principalement relative aux aé- rostats 224 — Dispositif destiné à prévenir le déraillement et le choc des trains sur les chemins de fer 610 GISSEVILLE.— Considérations géologiques sur la recherche de la houille dans le dé- partement de la Seine-Inférieure 221 CLAPEYRON. — Note sur une expérience faite le 17 juin 1846, au chemin de fer de Saint-Germain, avec une locomotive de la construction de M. Eug. Flachat io58 CL.àSTRlER adresse une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour détruire le ver qui attaque les olives, moyen que d'ailleurs il ne fait pas connaître d'une manière suffi- sante pour que l'Académie le prenne en considération 555 CLÉMANDOT. — Sur la production de l'aven- turine (en commun avec M. Frén\r) 339 CLERGET. — Nouvelle Note relative aux moyens de simplifier l'analyse des sucres et liqueurs sucrées, par l'action de ces substances sur la lumière polarisée 1 138 CLIAS. — Une mention honorable lui est ac- cordée par la Commission chargée de dé- cerner le prix de Médecine et Chirurgie, concours de i844- 7"' CLOQUET(E.), près départir pour la Perse, oii il doit séjourner plusieurs années, de- mande à l'Académie des Instructions sur les observations qu'il semblerait utile de faire dans ce pays, relativement à la méde- cine et à l'histoire naturelle 88 COLIN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 8 juin) , en commun avec M. Quet 967 COLLA écrit, de Parme, pour rappeler «e» observations sur les comètes , et revendi- quer, pour quelques-unes de ces observa- i56.. ( ii88 ) MM. Pages. tions, la priorité attribuée, suivant lui mal à propos, à d'autres astronomes... 74^ COLLOMB (Ed.). — Nouvelle Noie sur les stries des roches observées dans la chaîne des Vosges; réponse aux objections de M. Schimper 172 COMBE prie l'Académie de vouloir bien char- ger une Commission d'examiner un pro- cédé qu'il a imaginé dans le but de dimi- nuer les ' dangers du transport par les chemins de fer 50.7 — M. Combe adresse une Note sur un nou- veau système de construction pour les véhicules des chemins de fer 8/(4 CONSTANT PRÉVOST. - Note sur le gise- ment des fossiles de Sansan , près Auch. GjS — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Dufrénoy G98 COOPER. — Lettre à M. Arago sur les élé- ments deia planète Astrée, calculés par M. Graham 54 1 CORDIER , l'un des Commissaires désignés pour rédiger des Instructions pour le , voyage de M. iia//tnei dans l'intérieur de i l'Afrique, déclare que les observations qu'il pourrait donner sont toutes indi- quées dans une Instruction générale ré- digée par MM. les professeurs du Mu- séum , et imprimée par ordre de l'Admi- nistration. Un exemplaire en sera remis au voyageur g83 CORNAY, qui avait présenté précédemment au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un instrument qu'il désigne sous le nom de lithéréieur à flolti-ur , adresse une indication de ce qu'il con- sidère , dans cet appareil , comme une in- vention 3o4 MM. Paje. CORNAÎ. — Note sur nn nouvel instrument de diagnostic, le stéréoscope... 94^ ^' '"^^ COSTE. — Note sur la manière dont les Épi- noches construisent leur nid et soignent leurs œufs , 8t4 COSTE demande et obtient l'autorisation de reprendre nn Mémoire ayant pour titre : « Théorie des aquamoteurs , » Mé- moire qu'il avait précédemment présenté et sur lequel il n'a pas été fait de Rap- port yf)7 COTTEREAU fils adresse- une Note sur la chlorométrie et sur le dosage de l'élain par volumes 9 fj — Nouveau moyen pour doser l'étain par les volumes, lorsque ce métal est allié avec le cuivre 1146 COUCHE. — Note sur l'emploi de la silice gélatineuse naturelle considérée comme amendement ■ Sga COULVIER- GRAVIER. — Recherches sur les étoiles filantes (quatrième partie).. . . 332 COUSIN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 1 mars) 377 CROQUET adresse une Note sur un procédé qu'il a imaginé pour arrêter sans se- cousses brusques la marche d'un convoi marchant sur un chemin de fer 67G CURSHAM, secrétaire de la Société royale de Médecine et de Chirurgie de Londres, annonce l'envoi des huit premiers volu- mes des ... . — M. Duméril est nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces admises au concours de Physiologie expé- rimentale DUPASQUIER. — Note relative au sulfhy- dromètre et au dosage des principes sulfo- reux des eaux minérales par l'iode — Sur les .avantages du bicarbonate de chaux dans les eaux potables UUPERREY. — Rapport sur le voyage de M. Hochet d'Héricourt; partie du Rapport relative au magnétisme terrestre — Instructions concernant la géographie et la physique générale, pour le voyage de M. Raffenel dans l'intérieur de l'Afri- que . . — Rapport sur les observations auxquelles M. Ch. Dcville , ancien élève de l'Ecole des Mines, s'est livré durant «on voyage aux Antilles, à Ténérifle et aux iles du cap Ytrt; partie du Rapport relative à la Géographie, la Physique générale et la Météorologie DUFIN (Cn.). — Remarques à l'appui de la propnsition de la Section de Mécanique relative aux accidents éprouvés sur les chemins de fer — .Mémoire sur la puissance comparée et l'ar- mement proportionnel des b&timents à voiles et des bâtiments à vapeur — Sur la proposition faite par M. Ch. Du- pin, au nom de la Commission chargée de l'examen des pièces adressées au con- cours pour le prix concernant l'appli- cation de la vapeur à la navigation, l'A- cadémie proroge le concours jusqu'à l'an- née 1848 — M. Ch. Dupin est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des piè- ces admises à concourir pour le prix de Mécaniqne — Et de celle pour le concours de Statistique. t'i"- iiî 9-^7 8-7 ii36 5o3 59R 798 &7Î 1107 6o3 622 735 932 10^0 ( 119» ) ^^^ MM. Page!-. DUPUIS-DELCOUnT. - Note sur Vélectro- lubtracteur io57 DUPUIS communique ses idées sur un « moyen de (aire marcher les aérostats. ». l'jg DURAND. — Mémoire sur la tendance des racines à chercher la bonne terre , et sur ce que l'on doit entendre par ces mots , « bonne terre . « 85 — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Dutrochet 3ao — Sur la direction des tiges. , 552 — Sur l'accroissement en diamètre des végé- taux par descension 965 — Sur la possibilité d'obtenir des tubercules sains en plantant des pommes de terre malades 4^4 — Expériences destinées à faire reconnaître les causes qui ont présidé au développe- ment de la maladie des pommes de terre. . 607 DURAND (A.). — De la nature des fièvres in- termittentes des marais 608 DUREAU DE LA MALLE. — Réfutation de l'ouvrage du docteur Fuster intitulé ; » Sur les changements dans le climat de la France; histoire de ses révolutions météorologiques. » 8()5 — Réponse aux observations que M. Fuster a présentées sur ce Mémoire 1080 — Lettre relative à un plan d'observations an- nuelles de certains phénomènes de la vé- gétation , observations tendant ."i réduire, dans des limites plus étroites, les incer- titudes relatives à la question de constance ou de changement du climat dans les vingt derniers siècles . . DUROCHER. — Sur le phénomène erratique en Scandinavie ; Note adressée en réponse aux remarques de MM. Agassiz, Robert et Schimper, sur une première communica- tion relative au même sujet — Études sur le métamorphisme des roches. — Recherches sur la solubilité de l'alumine dans l'eau ammoniacale (en commun avec M. Malaguti) — Mémoire sur les causes de l'efflorescence de la laumonile (en commun avec M. Ma- laguti) DUTROCHET. — Rapport sur un Mémoire de M. Durand, ayant pour litre: 'i Recherche et fuite de la lumière par les racines ».. — Recherches sur celte question : Le magné- tisme peut-il exercer de l'influence sur la circulation du chara ? DDVERNOY. — Note sur le sinus veineux génital des Lamproies et le réservoir ana- logue qui fait partie du système veineux abdominal des Sélaciens en général , et pins particulièrement des Raies Pige». 925 116 923 85o 86a 320 619 662 EBELMEN . — Mémoire sur de nouvelles combinaisons de l'acide borique avec les éthers, et sur l'éther sulfureux (en com- mun avec M. Boui/uct) . 366 EHRMANN est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour une place vacante de cor- respondant 439 EUE DE REAUMONT, avant de quitter le fauteuil de Président , rend compte de ce qui s'est fait pendant l'année i845, rela- tivement à l'impression des Mémoires de l'Académie el des Mémoires des Savants étrangers. 1 — M. Élie de Beaumont est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours de Statis- tique. io4o — Rapport sur les observations auxquelles M. Ch. Deville, ancien élève de l'École des Mines , s'est livré durant son voyage aux Antilles , à Ténériffe et aux lies du cap Vert ; partie du Rapport relative à la Géologie 11 17 EMÏ prie l'Académie de vouloir bien le com- prendre dans le nombre des candidats quand elle aura à nommer a une place d'académicien libre 346 ESTOCQUOIS (d') adresse une Note sur une machine à réaction 89 — Note sur la transformation d'un mouve- ment rectilignc alternatif en mouvement circulaire continu 4'^ EYRELL (de) adresse un Mémoire sur les moyens d'étendre et de perfectionner la voix de chant 4' — Supplément au précédent Mémoire 3o5 EYTELWEIN est nomme correspondant de l'Académie pour la Section de Mécanique à la place de M. Hubert, décédé 32 FAGET. — Recherches sur l'équivalent du chlore, ,. 224 FAIVRE. —Mémoire sur une disposition par- ticulière de machines à vapeuraccouplées, ( I MM. Pages. disposition ayant pour objet d'éviter l'emploi du volant 178 FARADA"Ï. — Lettre à M. Dumas sur de nou- velles relations entre l'électricité, la lu- mière et le magnétisme 1 13 FAUCILLE. — Note relative à la neutralisa- tion des exhalaisons du gaz acide carbo- nique dans les travaux d'exploratior» de la fontaine Lucas , à Vichy. . 55o FAVRE (P. -A.) et Silbermann. — Recherches sur la chaleur dégagée dans les combinai- sons chimiques l^^3, 823 et 1 i4o — Note en réponse à une réclamation de M. Gerhardt relative à la chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques 714 FERRET transmet quelques détails sur une nouvelle machine à réaction qu'il a ima- ginée, et dont il pense qu'on pourrait faire une application utile pour la navi- gation par la vapeur 347 FIGUIER. — Observations sur la pétrification des coquilles dans la Méditerranée (en commun avec M. Marcel de Serres) io.5o FIZEAU et FoBCAiLT. — Sur la polarisation chromatique produite par les lames épais- ses cristallisées 422 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 4n)ai) 747 FLAHAUT (P.), en son nom et celui de son ' collaborateur, M. Noisette, prie l'Acadé- mie de hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées plusieurs communications sur des ques- tions de physique générale . 268 FLORES DOMQN TE.— Note sur une série de phosphates doubles dezinc et de cobalt. 45^5 — Mémoire sur un nouveau mode de dosage du plomb par voie humide 835 FLOTTE (de). — Nouveau système de machine à vapeur à rotation directe 166 FLOURENS. — Réponse aux remarques adres- sées par M. Bipault , à l'occasion du Rap- port verbal fait par M. Ftourens, sur un travail de M. Simon, concernant l'anato- niie et la pliysiologie du thymus 129 — M. Flourens, qui avait été chargé de ren- dre compte d'un opuscule de M. Diète - richs , concernant la durée de la gestation et la parturilion chez les mammifères do- mestiques, déclare que les observations ■ de l'auteur ne lui paraissent pas assez dé- taillées pour pouvoir être l'objet d'un Rapport en forme 3o6 — Réponse à des remarques de M. Libri con- cernant la partie du Compte rendu qui est relative à la discussion survenue dans la séance du 3o mars 1846, à l'occasion d'une proposition faite par M. Piobert et 192 ) iHM. Page» du Rapport de la Section de Mécanique sur cette proposition 572 — M. Flourens, en sa qualité de Secrétaire perpétuel , annonce qu'il est arrivé au se- crétariat , depuis la dernière séance, mais avant le i"' janvier, et par conséquent en temps utile, cinq Mémoires destinés au concours pour le grand prix des Sciences physiques proposé par l'Académie 42 — M. Flourens, en présentant, au nom de M. Straus-Durtkheim, l'anatomie du chat considéré comme type des mammifères digitigrades, fait remarquer qije cet ou- vrage est, pour les mammifères en géné- ral, et pour les carnivores en partirulier, ce qu'était pour les articulés , et spéciale- ment pour les coléoptères, le travail du même auteur sur le Melolontha vulgaris. !^x — M. Flourens présente, au nom de l'auteur, M. Reinaud, de l'Académie des Inscrip- tions et Belles-Lettres , une nouvelle tra- duction d'un ouvrage arabe sur des voya- ges faits à la Chine et dans l'Inde ;iu ix° siècle, et appelle l'attention sur l'in- troduction et les notes dont M. Reinaud a enrichi son travail 4^ — M. Flourens présente, au nom de l'auteur, M. Jomard, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, une No- tice imprimée sur une pierre gravée , trou- vée à 70 pieds de profondeur, dans un an- cien tumulus américain , et couverte de caractères alphabétiques semblables a des caractères africains 37^ — M. Flourens, au nom de l'auteur, M. Ca- rus, fait hommage à l'Académio de la deuxième livraison de « l'Atlas de Cra- nioscopie. » 611 — M. Flourens e&\^ommé membre delà Com- mission chargée de l'examen des pièces admises au concours de Physiologie expé- rimentale ■.'. Il 36 FOUCAULT et Fizeah. —Sur la polarisation chromatique produite parles lames épais; ses cristallisées 4^'-^ — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 4 mai) 747 FOURCAULT. — Influence du régime péni- tentiaire sur le physique et le moral de l'homme. Moyen d'en diminuer les in- convénients 641 FOURNEE. — Mémoire sur les gisements de muriate de soude en Algérie 737 FRANKLIN {John) est présenté par la Sec- tion de Géographie et de Navigation , comme l'un des Candidats pour une place vacante de correspondant 1Î2 — M. FranHin est nommé Correspondant de, ( II93 ) l'Académie à la place de M. de Guignes , décédé 160 FRANCCffiURest nommé membre de la Com- mission chargée do l'examen des pièces admises au concours de Stalistique io4o FRAÏSSE adresse, de Privas, le tableau des observations météorologiques faites dnns cette ville, pendant les mois de décembre 1845, janvier, février, mars, avril et mai 1846 127, 309, 555,683,927 et 1061 Rapport sur ces observations; Rapporteur M . de Gasparin 874 MM. PafCs. FREMY. — Sur la production de l'aventurine ( en commun avec M. Clémandoi) 33q FRIEDRICH adresse, du Hanovre, un Mé- moire écrit en allemand, et portant pour titre : « Magnétisme universel.» 4^ FROISSART. — Dépôt d'un paquet cacheté (sùance du 29 juin) ii5o FUSTER. — Réponse aux remarques présen- tées par M Bureau de la Halle, sur son ouvrage concernant les changements sur- venus dans le climat de la France 988 GALLARDIN . — Nouvelle machine à vapeur et à air dilaté 166 (lAMBEY est nommé membre de la Commis- sion chargée de l'esamendes pièces admi- ses au concours de Mécanique 932 GANDOIS. — Réflexions sur le système du monde 645 GANNAL. — Remarques adressées à l'occa- sion d'un Mémoire de M. Sucquet sur l'as- sainissement des amphithéâtres 3o3 GARNIEH. — Compteur destiné à mesurer la vitesse des convois sur les chemins defer 423 (iASPARD. — Lettre relative à diverses com- munications sur l'appareil de la circula- tion des Mollusques et des Sélaciens. . . l^^ GASPARIN (de). — Rapport sur les observa- tions météorologiques faites à Privas par M. Fiaysse 874 — M. de Gasparin est nommé membre de la Commission chargcede l'examen des pièces admises au concours de Statistique 1040 GAUDICHAUD. — Rapport sur les Mémoi- res qui ont été présentés à l'Académie au sujet de la maladie des pommes de terre. . aSy Aperçu sur les causes physiologiques de la maladie des pommes de terre 271 Recherches sur les causes premières de la maladie des pommes de terre 349 Remarques sur les deux Mémoires de MM. Payen et de Mirbel , relatifs à l'or- ganographie et la physiologie des végétaux. 567, 649, 661 , 6go et 715 — Instructions pour le voyage de M. Rajfenei dans l'intérieur de l'Afrique ( en commun avec M. Buperrey) 973 GAUDIN. — Note sur un nouveau système d'éclairage 170 — Recherches sur la distribution des astres dans le firmament, et sur les causes de la pesanteur 738 C. R., 1846, 1" Semestre. (T. XXll.) GAULTIER DE CLAUBRY. — Note sur le dosage de l'étain.. i 861 GAUTIER. — Développement d'une précé- dente commnnication sur un moteur à air comprimé 166 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 19 janvier) 1 3^ GAUTTIER est présenté par la Section de Géographie et de Navigation comme l'un des Candidats pour une place vacante de correspondant - iSa et 227 GAYMARD (E.). — Une mention honorable est accordée par la Commission du prix de .Statistique, concours de 1844 > "^ "" travail sur la Statistique du département de l'Isère , de M. Garmard 75 1 GEOFFROY -SAINT-HIL AIRE (Isid.) pré- sente, au nom de l'auteur, M. Delegor- gue, un Mémoire ayant pour titre : « Frag- ments d'un voyage dans l'Afrique aus- trale. » 538 — Rapport sur le voyage de M. Rochet d'Héri- court 798 GÉRARD. — Description d'un appareil d'en- rayage destiné principalement aux voi- tures omnibus, et permettant de dételer, en cas de besoin, les chevaux de la voiture au moment même où on l'arrêterait.... 89 GERHARDT. — Remarques sur une com- munication de MM. faire et Silbermann , relativeà la chaleur dégagée dans les com- binaisons chimiques 68u — Recherches sur les combinaisons du phos- phore avec l'azote 858 — Sur le sous-nitrate de cuivre 961 GERHARDT et Laurent. — Dépôt d'un pa- quet cacheté (séance du 2 mars) 377 — Recherches sur les combinaisons melluni- ques l{^i GERVAIS (P.). — Sur les ossements fossiles de mammifères trouvés dans le déparie- ( ï' f MM. Page». ment de l'Hérault (en commun avec M. Marcel de Serres) agS GERVAIS (P.). — Recherches sur quelques mammifères fossiles du département de Vaucluse 845 GIRAULT. — Résultats de quelques expé- riences entreprises dans le but de recon- naître si les pommes de terre avariées peuvent être employées comme plant pour la récolte prochaine 5g4 GIRAULT. — Mémoire sur les moyens d'em- pêcherlesaccidentssurleschemins de fer. 924 GIROU DE BUZAREINGDES. — Mémoire sur les divers états atmosphériques de l'eau, et leurs principales influences sur le baromètre 358 — Observations sur la prétendue maladie des pommes de terre , et sur le choix qu'il im- porte d'en faire à l'époque de leur pro- chaine plantation !f(Yi — Mémoire sur les changements qu'a éprou- vés , en France et dans quelques dépar- lements en particulier, le rapport moyen des sexes dans les naissances provenant de mariages, depuis 1 834 jusqu'en '843. 635 — Mémoire sur Tulilite de l'indivision de l'exploitation dans quelques fermes <)3a GIROUX. — Sur un météore qui a incendié, le 16 janvier i84'5, un bâtiment d'héber- geage à la Chaux (arrondissement de Châ- lon-sur-Saône) 34^ et 4^7 GORLEY. — Recherches chimiques sur le jaune d'œuf. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Pelouze. ) .... 46.J — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 27 avril) 714 — Nouvelles expériences pour servir à l'his- toire du jaune d'œuf et de la matière cé- rébrale g23 GODART. — Troubles dans les mouvements de locomotion produits par la compres- sion médiate du cervelet 1040 GOSSIN (].). — Une mention honorable est accordée par la Commission chargée de décerner le prix de Statistique, concours de 1844 ) à M. Gossin pour des recherches statistiques n5 1 GOUDOT. — Observations concernant les mœurs des Méliponites. rio GODIGNER, écrit par erreur pour VUl- GNER. — Notice sur un chemin de fer d'essai établi à Saint-Ouen pour expéri- menter la soupape longitudinale Hédiard dans le système de propulsion atmosphé- rique g24 GOUILLAUD. — Sur une trombe quia exercé ses ravages dans la ville de Moulins, le 26 janvier 1846 344 94) MM. Pag«f. GOUJON. — Eléments paraboliques de la co- mète découverte par M. Brorsen, le 26 janvier 1846 538 — Éléments elliptiques de la comète décou- verte par M Brorsen 642 GRANGE. — Recherches sur les glaciers , les glaces flottantes, les dépôts erratiques, sur l'influence dos climats, sur la distri- bution géographique et la limite infé- rieure des neiges perpétuelles ; étude du phénomène erratique du nord de l'Eu- rope 609 GRAS (Se). — Recherches sur les causes géo- logiques de l'action dévastatrice des tor- rents des Alpes, et sur les moyens d'y re- médier 4^2 et 497 — Note sur les dégradations naturelles qu'é- prouvent, dans les Alpes, les bois situés au pied des escarpements 92 ! GRILL. — Sur l'application de la force mo- trice de l'eau à la translation des voitures sur les chemins de fer à fortes rampes... t65 GROS. — Recherches sur la vésiculation du lait. Noie sur les spermatozoïdes 4" — M. Gros écrit que , depuis la présentation de sa Note sur la vésiculation du lait, il a reconnu que plusieurs des observations qu'il a consignées dans cette Note avaient été déjà faites par M. liandl i3i GUERIN prie l'Académie de faire examiner par une Commission un mécanisme qu'il a imaginé pour prévenir les accidents aux- quels expose l'habitude, trop commune chez les chasseurs , de laisser armé un fusil chargé et amorcé 4'-^'* GlJÉRIN (J.). — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 6 avril) 6o3 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 20 avril) 683 GUETTET. — Mémoire sur quelques appli- cations de l'hydraulique à la circulation du sang I2fi GUILLEMIN. — Observations relatives au changement qui se produit dans l'élasti- cité d'un barreau de fer doux sous l'in- fluence de l'électricité 264 — Réponse aux remarques faites par M. Wer- theim, concernant sa communication sur les changements que produU un courant électrique dans l'élasticité d'uo barreau de fer doux 432 — Mémoire concernant un essieu de siireté principalement applicable aux wagons et aux locomotives des chemins de fer 610 GUILLEMIN.— Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 16 février) 3io GUILLOT (Natalis). — Recherches sur l'ap- pareil respiratoire des oiseaux 208 , ( I MM. l'a»"- GTJIOT. — Mémoire sur les asymptotes recti- lignes des courbes algébriques 737 GUTMANN adresse un échantillon de levure qui , suivant lui , offre des avantages mar- qués sur celle qu'emploie l'industrie, mais dont il ne fait pas connaître la composi- tion 438 GDÏON est présenté par la Section de Méde- cine et de Chirurj^ie comme l'un des Can- didats pour une place vacante de corres- pondant 4^ 195) >- MM. P«Be<. GCXON. —Note sur de nouveaux cas d'hy- (Irophobie observés en Algérie 612 — Sur l'éclosion précoce des œufs déposés par les OEdipodes qui ont envahi, en i845, quelques partie de l'Algérie; sur une ap- parition extraordinaire de Cloportes , le long de la Tafna , à l'époque où y parurent les OEdipodes et les Criquets voyageurs. C81 — De la nature de la maladie connue des an- ciens sous le nom de scélotyrhe ou scele- tyrben 1 146 H HALDAT(de). — Eipériences sur une aiguille aimantée, formée de la réunion confuse d'une multitude de petits barreaux ma- gnétiques 367 — Mémoire sur l'universalité du magnétisme. 739 — Sur l'appréciation de la force magnétique. 873 HAUTEFEUILLE envoie divers échantillons d'aventurine artificielle, échantillons dont quelques-uns, suivant lui, ressemblent tout à fait aux aventurincs de Venise. . . . 377 HÉBERT. — Note sur les modifications qu'il a apportées à un télégraphe de son inven- tion 167 HENCKE. —Tableau des éléments elliptiques de la nouvelle planète découverte à Dries- sen , le 8 décembre i845 4? HENR"Ï, Bessas-Lamégie et Philipeau.— Nou- veau système de supports en fonte, desti- nés à remplacer les traverses en bois sur lesquelles reposent les rails des chemins defer 676, 924 et 951 HÉRAN (»') demande que ses recherches sur l'éducation de l'ouïe des sourds-muets soient admises h concourir pour le prix de Physiologie expérimentale 1555 — Note sur une méthode de traitement em- ployée avec succès dans six cas de morve aiguë 924 HERICART DE THURY. — Sur un météore observé à Thury, le 21 juin 1846, à neuf heures et demie du soir 1149 HERSCHEL est présenté comme l'un des Candidats pour la place d'associé étran- ger vacante , par suite du décès de M. Bessel «89 HERVÉ MANGON. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du la janvier) 89 HEURTELOUP prie l'Académie de lui accor- der prochainement la parole pour la lec- ture d'un Mémoire sur un instrument de lithotritie qu'il a décrit depuis très-lon- temps , le percuteur à cuillers, et dont il est aujourd'hui en mesure do mieux faire apprécier les avantages 556 et 6o3 — De la pulvérisation immédiate dos pierres vésicales par les voies naturelles (pre- mière partie) 705 — Remarques relatives à un passage d'un Mé- moire sur la pulvérisation des calculs uri- naires, lu, dans la séance du 27 avril, par M. Leror-d'Éliolles 746 HOMBRES-FIRMAS (d'). — Relation d'une visite faite, en i845, à la grotte du Chien, près do Naple» 739 INSPECTEUR GENERAL DE LA NAVI- GATION (l') transmet le Tableau géné- ral des hauteurs de la Seine dans Paris , observées journellement à l'échelle du pontdelaTournelle pendant l'anpée i845. 738 JACOBl est présenté comme l'un des Candi- dats pour la place d'associé étranger va- cante par suite du décès de M. Bessel. 889 — M. tacobi est nommé associé étranger 157. ( I MM. P'iti. de l'Académie à la place de feu M. Bes- sel g20 JACQUELAIN. — Moyen rapide et très.ap- proximatif de doser lo cuivre en se ser- vant d'un colorimètre g;^5 JAMIN. — Mémoire sur la polarisation mé- tallique ^7j JARRIN , en transmettant un tableau impri- mé qui présente les résultats des observa- tions météorologiques faites à Bourg, en 1845, par ordre de la Sociétéd' Agriculture de l'Ain, appelle l'attention sur l'impuis- sance où l'on est, dans plusieurs provin- ces éloignées, de répondre complètement aux désirs de M. leMinistre de l'Agricul- ture, qui demande qu'un résumé complet des observations météorologiques faites dans chacun des chefs-lieux de départe- ment lui suit régulièrement adressé.. . . 555 JARROUX et Tasseau Essai sur un télé- graphe atmosphérique 166 JARTON soumet au jugement de l'Académie une machine h calculer de son invention ( en commun avec M. Thibaut) 224 — Instrument au moyen duquel on obtient, sans calculs , des racines carrées et cubi- ques io56 JOBERT , DE Lahdalle. — Réflexions sur l'anatomie pathologique et la thérapeuti- que des fistules urinaires urétrales chez l'homme 984 JOHNSTON et Schhidt mettent sous les yeux '96) de l'Académie un lingot de palladium, métal qui s'obtient aujourd'hui directe- ment en traitant les minerais de la mine Gongo-Socco au Brésil 335 JOMARD. — Notice sur une pierre gravée, trouvée à 70 pieds de profondeur, dans un ancien tumulns américain, et couverte de caractères alphabétiques semblables à des caractères africains î'S JOSAT. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 18 mai) 862 JOULE adresse un Mémoire sur la chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques. 256 JUSSIEO (de) lit, en son nom et celui de M. Yalenciennes, des Instructions pour le voyage en Perse de M. Cloijuet, et pour le voyage à Madagascar de M. Leguillou. 199 et 2o3 — M. de Jussieu, en présentant, an nom de l'auteur, M. Ed. Boissier, un ouvrage in- titulé: n Voyage botanique dans lo midi de l'Espagne, n fait remarquer que, sous ce titre modeste, l'auteur a donné une flore très-complète de la portion de la Péninsule qu'il a explorée, flore qui comprend un grand nombre d'espèces en- tièrement nouvelles 594 — Rapport sur le voyage de M. Bochet d'Hé- ricourt 79^ — M. de Jussieu présente, au nom de M. Ben- jamin Delesserl, le cinquième volume des ri Icônes selectaî plantarum. » 1090 K KOECHLIN (MM. A.).- Rapport sur un Mé- moire concernant une nouvelle turbine conslruiledans leurs ateliers (Rapporteur M. Marin) 1026 KOCLLIKER et Loewig. — Sur l'existence d'une substance ternaire identique avec la cellulose, et qui se trouve dans toute une classe d'animaux invertébrés, les Tu- niciers 38 Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Paxen 58i LAIGNEL demande que ses inventions rela- tives aux moyens d'améliorer la naviga- tion et les transports par les chemins de fer, sans changement du matériel actuel, soient admises à concourir pour le prix fondé par M. de Monlyon en faveur de ceux qui parviendront à rendre une pro- fession moins dangereuse 4^^ LALANNE. — Nouvelle Table destinée à abréger les calculs, désignée sous le nom d'Abaque 178 LALLEMAND. — Lettre à M.Arago, sur l'utilité des eaux sulfureuses dans cer- taines affections pulmonaires, et sur les perfectionnements appliqués à ce mode de traitement dans l'établissement de Vernet 1 67 LAMARCHE. — Résultats des observations méléorologiques faites à .Saint-Lô pen- dant le cours de l'année 1843. — Ob- servations barométriques horaires faites à l'équinoxe d'automne et au solstice ( I MM. Page»- d'hiver durant trente-six heures consé- cutÏTes chaque fois 178 LAMBLIN. — Nouveau système d'horloges pour les églises de village. Tracé servant à trouver l'heure du lever et du coucher du soleil , pour tous les jours de l'année et à une latitude quelconque 988 LANDOUZ'Ï. — Note ^ur des productions piliformes de la langue 3o4 LANGAS. — Figure et description d'un nou- veau système de transports 1 1 48 I/AVASSE (de). — De l'action de l'oxygène sur les organes de l'homme, et des moyens de diriger convenablement cette ac- tion io55 LARGETEAU est présenté par la Section d'Astronomie comme l'un des Candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de Cassini 89 LAROQUE. — Mémoires ayant pour titre : « Les deux lois , les trois éléments et leurs l'onctions. » 927 et 1067 LAUGIER. — Mémoire sur quelques comètes anciennes 148 — Note sur la comète de Gambart 287 — Rapport sur un cercle astronomique de M. Brunncr 537 — Nouvelle Note sur la manière d'inter- préter les relations des anciens au- teurs concernant la seconde comète de 1468 644 LAURENT. — Sur la propagation des ondes sonores 80 — Sur les ondes sonores 25i — Mémoire sur la direction des vibrations sonores 2.53 — Mémoire sur la direction des oscillations dans les mouvements vibratoires qui se propagent dans un milieu élastique. . . 3.33 — M. Laurent adresse une continuation de ses recherches sur la théorie mathématique de la lumière 738 LAURENT ( Auguste ). — Recherches sur les combinaisons melloniques (en commun avec M. Gerhardi) 453 — Action de l'acide nitrique sur la brucine. . (333 — Sur la chlorocyanilide 6g5 -:- Sur la Uuosilicanilide (en commun avec M. /. Delbos) 697 — Sur le sucre de gélatine et sur divers com- posés 789 — Dépôt d'un paquet cacheté, en commun avec M. Gerhardt (séance du 2 mars).. . . 377 LAURENT GÉRARD. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 23 février) 347 LECLERCQ adresse, à l'occasion d'une com- munication récente de M. Chavagneux , une réclamation de priorité relative à 197 ) MM. Pi l'emploi des locomotives comme machines de guerre LECOINTE. — Note sur quelques obser- vations relatives à la physique du globe et à la physique générale LECOQ. — Note sur la préparation des di- verses espèces de thés — Sur les climats solaires et sur les causes atmosphériques en géologie 43^et LEGUILLOU, chirurgien d'un des bâtiments de guerre qui doivent faire partie de l'ex- pédiiion de Madagascar, se met à la dis- position de l'Académie pour les obser- vations qu'elle jugerait convenable de faire faire dans ces parages pendant le temps qu'y restera l'expédition . LEMAITRE. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 26 janvier) LEMAITRE, de Rabodanges , demande l'ou- verture d'un paquet cacheté déposé par lui dans la séance du 11 août i845. Ce paquet se trouve contenir une Note relative à l'emploi du nitrate de plomb pour la conservation des substances ani- males LÉOUZON LE DUC demande des Instruc- tions pour un voyage qu'il se propose de faire dans la Finlande, pays où il a déjà séjourné LEREBOULLET. — Sur le mode de forma- tion de la bile, et sur le rôle que jouent les vésicules épithéliales dans cette sécré- tion, dans celle du sperme, des œufs, etc. — Monographie des Cloportides de l'Alsace. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Milne Edwards.) LEROY, à l'occasion d'une communication récente de M. Lassaigne , adresse de Gre- noble une Note sur un nouveau moyen des- tiné à faire distinguer les taches arseni- cales des taches antimonîales LEROY D'ÉTIOLLES. — Sur la pulvérisa- tion rapide des calculs urinaires , et sur des moyens nouveaux de la pro- duire 704 , 923 et LESAUVAGE est présenté par la Section de Médecine et rie Chirurgie comme l'un des candidats pour une place de corres- pondant LETELLIER soumet au jugement de l'Aca- démie deux procédés dilTérents pour la conservation des bois, LETE.STU transmet divers documents des- tinés à montrer les bons résult.its obte- nus de l'emploi de ses pompes d'épuise- ment LE VERRIER est présenté par la Section d'A8trono.Bg|Jp, comme l'un des Candidats «45 7.38 l32 '79 96fi io57 i3e i 610 ( I MM. Pagc-s. pour la place vacante par suite du décès de M , de Cassini 89 — M. Le Verrier est nommé membre de l'A- cadémie, Section d'Astronomie, en rem- placement de feu M. de Cassini ii5 — Becherchcs sur les mouvements d'Uranus. Q07 LE VOL (A.). — Mémoire sur le dosage de l'arsenic dans les métaux usuels et dans leurs alliages , à l'aide d'une nouvelle mé- thode 5oi HBRI. — Remarques à l'occasion de la partie du Compte rendu qui est relative à une discussion survenue, dans la séance du 3o mars, Ji l'occasion du Rapport de la Section de Mécanique sur la proposition de M. Piobert Sji — Réplique à la réponse de M. Fhurens sur la même question 572 LIEBIG est présenté comme l'un des Candi- dats pour une place d'associé étranger va- cante par suite du décès de M. Bessel.. . 889 LIOUVILLE. — Démonstration géométrique relative à l'équation dos lignes géodé- siques sur un ellipsoïde quelconque .... m — M. Liouvillc , au nom de la Commission nommce à cet effet, présente la question proposée pour le grand prix de Mathéma- tiques à décerner en 1848 227 ■ — M. Liouville présente ua Mémoire de mé- canique, intitulé: «Sur quelques cas par- ticuliers où les équations du mouvement 198) MM. Pajes. d'un point matériel peavent s'intégrer» , et communique, on outre, deux théo- rèmes concernant les lignes géodésiques et les lignes de courbure de l'ellipsoïde. SgS — M. Liouville est nommé membre de la Com- mission chargée de se prononcer sur le mérite des pièces de concours produites par les élèves de l'École royale des Ponts et Chaussées 669 LITTROW fait remarquer, dans une Lettre adressée à M. Arago, qu'HeV^//uj avait déjà parlé , dans ses ouvrages , de comètes à plusieurs noyaux 644 LOEWIG et KoELLiKER. — Sur l'existence d'une substance ternaire identique avec la cellulose, et qui se trouve dans toute une classe d'animaux invertébrés, les Tu- niciers 38 — Rapport sur ce Mémoire j Rapporteur M. Payen 58i LOUYET écrit qu'il a proposé, dès l'année i838, dans un ouvrage périodique publié en Belgique, l'emploi de la lumière pro- duite par la pile pour l'éclairage des mines. 3a5 LOUYET. — Démonstration expérimentale de l'oxygène des acides siiicique et borique. f)62 LUTKE est présenté par la .Section de Géo- graphie et de Navigation , comme Can- didat pour uue place de correspondant. 1 3a et 127 M MAGENDIE annonce que la Commission chargée de l'examen des Mémoires de M. Vallée , sur la théorie de la vision, a terminé son travail, et que le Rapport sera présenté prochainement. 704 — M. Uagendie est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Physiologie expérimentale 1 136 MAGNE. — Note sur un cas d'héméralopie attribuée à une envie de la mère de l'indi- vidu qui est le sujet de cette observation. 554 MAISON prie l'Académie de vouloir bien hâ- ter le travail de la Commission chargée de rendre compte d'un instrument qu'il a présenté l'an passé , ou de l'autoriser, si le Rapport ne pouvait être fait piompte- ment, à reprendre les pièces qu'il a pré- sentées I i5o MALAGUTI (F.). — Recherches sur la solu- bilité de l'alumine dans l'eau ammonia- cale ( en commun avec M. Durpcher). , , 85o MALAGUTI (F.).— Recherchessurles amides. 85i — Mémoire sur les causes de l'efiloresccnce de la laumonite (en commun avec M. Du- rocher ) 862 MALE. — Machineà vapeur à double générateur et à très-haute pression, avec détente commençant ou cinquième de la course. Application de la machine à vapeur à un nouveau système de propulsion pour les navires, etc 951 MALLET. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 27 avril). 714 — Note sur les moyens d'absorber la chaux que contiennent les jus sucrés après la défécation giS MARCEL DE SERRES. — Sur les ossements fossiles de mammifères trouvés dans le département de l'Hérault ( en commun avec M. P. Gervais ) ag5 — Observations sur la pétrification des co- quilles dans la Méditerranée (en com- mun avae M . Figuier) 1 o5u ( I MM. Papt». MARGOTON. — Sur le» moyens de préserver les bois de construction des attaques de l'Oxfui us proctotrupes 64' MARGtJERlTTE. — Dépôt d'un paquet ca- cheté (séance du 9 mars ) 4^9 — Sur un nouveau procédé de dosage du fer par la voie humide 58^ MARION-BODRGUIGNON. — A l'occasion des communications faites récemment à l'Académie sur la production de l'aven- turine artificielle , M. Marion- Bourgui- gnon revendique pour lui-même et pour son beau-père, fou M. Bourguignon, la priorité d'invention du procédé au moyen duquel on obtient cette fausse gfimme. .. 4^8 MAROZEATJ. —Notes sur la circulation de l'eau dans la turbine construite par MM. A. Kœchlin et C". (Rapport sur ces Notes ; Rapporteur M. Morin.) 1099 MARTIN , d' Angers. — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du afi janvier ) 179 — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du ai mars ) 556 MARTINS. — Essai sur le climat et la végé- tation de l'extrémité septentrionale de la Norwége gS i — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M . Richard 1 091 MATHIEU, vice-président pendant l'année 1845, passe aux fonctions de président. 1 — Rapport sur un tableau arithmétique pré- senté par M. Philippe 3-28 et 36i — M. Mathieu est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des piè- ces admises au concours de Statistique. . 1040 MATTEUCCI (Cu.).— Note sur la conductibi- lité de la terre pour le courant électrique. 86 — Examen de la constitution de la partie ' trouble de la veine liquide au moyen d'une lumière instantanée 260 MAUMENÉ. — Sur les équivalents chimiques du chlore, du potassium et de l'argent.. 1043 MAURIAL-GRIFFOTJLE. —Dépôt d'un pa- quet cacheté (séance du i"' juin) 928 MAURY. — Note sur un tube à soupapes pour l'exploitation des chemins de fer atmosphériques 593 MAUVAIS. — Sur les intersections mutuelles des plans des orbites des petites planètes. iS; — Eléments elliptiques de l'orbite de la planète Astrée 2S8 MELLONI. — Sur la puissance calorifique de la lumière de la Lune 541 — Sur la nature des effets calorifiques pro- duits par la lumière • 644 ^ M. Me//omestpréscntécommel'un des Can- didats pour une place d'associé étranger vacaate par suite du décès de M, Bessel. 889 199 ) fage». MM. MERLATEAU. — Noie sur les moyens aux- quels on pourrait recourir pour arrêter sans secousses la marche d'un convoi sur un chemin de fer.«Note sur une pompe de nouvelle invention.. g,.. MERP AUT-DUZÉLIDEST. - Nouveau Mé- ' ' moire sur le calcul stigmal fion MIALHE. — Réclamation relative au Mé- moire sur le dosage du cuivre, lu dans la séance du 2 février par M. Peloute. . . . afiu — Emploi de l'oxalate d'alumine 2 et .5ii — Rapport de la Section de Mécanique sur les Notes précédentes. . . 567 — M. Piobert est nommé membre de la Com- mission chargée de l'exiimen des pièces admises au concours de Mécanique 982 PLANCHON.— Affinité des Santalacées, 01a- cinées, Loranlhacées, confirmée parleur composition florale 356 PLANTIER prie l'Académie dé se faire rendre compte d'un nouveau système de sténo- graphie dont il est l'inventeur 127 PLET (Ange) demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre un instrument qu'il désigne sous le nom de compas polymètre , instrument qui avait été renvoyé à l'exa- men d'une Commission , et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport 89 POGGIALE. — Sur un nouveau composé de brome et de bore, l'acide bromoborique, et sur le bromoborate d'ammoniaque.. i2j POINSOT — Rapport sur un Mémoire de M. Desmarcst, contenant une Table de racines primitives pour 4Ô00 nombres premiers .jSjj — M. Poinsot est nommé membre de la Com- mission centrale administrative pour l'an- née 1846 2 POISEOILLE. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 23 mars) 55(j PONCELET. — Rapport fait, au nom de la Section Mécanique, sur les vues présen- tées par M. Piobert dans deux Notes lues les 9 et 23 mars , et relatives à la fré- quence des accidents sur les chemins de fer 567 — Remarques à l'occasion d'une Lettre par laquelle M. Passât demande de nouveau un Rapport sur ses expériences 746 — M. Poncelet est nommé membre de la Commission chargée de se prononcer sur le mérite des pièces de concours pro- duites par les élèves de l'École royale des Ponts et Chaussées fifig — M. Poncelet est nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Mé- canique g32 — M. Poncelet est nommé membre de la Com- i58.. ( I204 ) MM. Pages. mission chargée de la révision des comptes pour Paanée i84.'> ii36 PORRO. — Sur le percement des montagnes dans l'exécution des chemins de fer .... 787 POUCHET. — Structure et mouvements des zoospermes du Triton (Rapport sur ce Mé- moire; Rapporteur M. Milne Edwards\ . 636 PODILLET. — Note sur les nouvelles expé- riences de M. Faraday i35 POUMARÉDE. — Mémoire sur un moyen de précipiter de leurs dissolutions le fer, le manganèse et le nickel à Pétat métallique. 948 PREISSER. — Observations météorologiques laites 3 Rouen en 1845 645 MM. Paj«. PRÉSIDENT (iR) annonce que le XXI« vo- lume des Comptes rendus est en distribu- tion au Secrétariat 667 PROGIN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 18 mai) 862 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du i" juin) 928 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 29 juin) ii5o PROVO.STAYE (DE lA) et P. Desains. — Note sur le refroidissement par les gaz 77 — Recherches sur le rayonnement de la cha- leur. Détermination des pouvoirs émis- sifs 825 et 1139 QUENTIN - DURAND. - Description d'un nouveau crible à plan incliné et à double grille 333 QUET et Colin. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 8 juin) 967 R RACIBORSKI. — Une mention honorable est accordée par la Commission chargée de décerner le prix de Physiologie expé- rimentale, concours de i844) à M. Raci- liorsli, pour son travail sur l'ovulation spontanée considérée chez l'espèce hu- maine 7,54 RADIGXIEL. — Sur un nouveau système de chemins de fer propres à transporter à travers les terres des vaisseaux de tout port i65 RAFFENEAU-DELILE. — Note relative à l'acclimatation d'une nouvelle variété de Nelumbium , et à la dénomination ancienne de '< colocase » 732 UAFFENEL, près de partir pour son voyage dans l'intérieur de l'Afrique , transmet une liste des instruments qu'il emporte. 746 RAGAULT. — Lettres sur l'assainissemenl du port de Marseille, adressées à l'occasion d'une Note de M. Schumacher êar le même sujet -207 — M. Ragault demande que sa Lettre sur un projet d'assainissement du port de Mar- seille soit renvoyée à l'examen de la Com- mission qui a été chargéede rendre compte d'une Notice de M. Schumacher, relative à la même question 347 RATH. — Description et figure d'un nouveau dispositif destiné à prévenir le déraille- ment des véhicules marchant sur les che- mins de fer 844 RATZEBURG est présenté par la section d'E- conomie rurale comme l'un des Candidat» pour une place vacante de correspondant. M7 RAULIN demande l'aulorisation de reprendre dix exemplaires d'une carte géognostique du plateau tertiaire parisien , qu'il avait adressés, comme spécimen del'impression à plusieurs teintes, pour être soumis à l'examen de la Commission chargée de faire un Rapport sur le coloriage litho- graphique 64.^ RAYER est nommé membre de la Commis- sion chargée de l'examen des pièces ad- mises au concours pour le prix concer- nant les Arts insalubres 877 REGN AULT. — Remarques à l'occasion d'une communication do MM. Fai're et Silber- munn, intitulée ; «Recherches sur les cha- " leurs produites pendant les combinaisons chimiques.» 11 43 RÉVEILLÉ-PARISE. — Un encouragement lui est accorde par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, con- cours de 1844 7^ RICHARD. — Description et figure d'un échap- pement libre à impulsions et dégagement invariables .î38 RICHARD. — Rapport sur un Mémoire de M. Ch. Marlins, intitulé : « Essai sur le climat et la végétation de l'extrémité sep- tentrionale de la Norwége. » 1091 RIDOLFI est présenté par la section d'Eco- ( iao5 ) MM. Pages. nomie rurale comme l'un des Candidats pour une place vacante de correspon- dant laj WNBADXWAELES. — A l'occasion de la présentation du Mémoire de M. Turnhull , sur un nouveau procédé de tannaf;e, M. Rinbauxwaeles écrit d'Ostende, qu'il est inventeur d'un procède au moyen du- quel il opère le débourrage sans eau, sans chaux et sans acides, et rend les peaux propres à être livrées au tannage dans l'espace de cinq heures 236 RIO adresse des questions concernant les amé- liorations à apporter dans l'agriculture de la Bretagne; en raison de sa forme inso- lite, cette communication est regardée comme non avenue 68Î •RIPAULT. — Remarques adressées à l'occa- sion du Rapport verbal fait par M. Flou- rens , sur un travail de M. Simon, con- cernant l'anatomie et la physiologie du thymus 127 — M. Ripauli appelle l'attention de l'Acadé- mie sur un nouveau signe de la mort, signe qui consisterait dans la flaccidité de l'iris, la pupille perdant sa forme cir- culaire quand le globe de l'œil est pressé en deux sens opposés , et restant rondeau contraire, malgré cette compression, lors- que la vie n'est pas éteinte 555 ROBERT (E.). — Note sur un procédé destiné ài mettre les ormes et les pommiers ù l'abri des insectes qui leur sont le plus nuisibles t 253 ■ — Réponse à une réclamation de priorité adressée , à. l'occasion de cette communi- cation , par M. Chasseriau 641 ROBIN (Cb.). — Recherches sur un organe particulier qui se trouve chez les poissons du genre des Raies 821 ROBIN(E.)— Réclamation de priorité adressée Page». 346 3io ù l'occasion d'une Note récente de M. Suc- quet, sur l'emploi du sulfite de soude comme moyen d'arrêter la putréfaction des substances animales ROBIN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 16 février ) ROCHARD. — Emploi d'un nouveau com- pnsc de chlore , d'iode et de mercure , dans le traitement des affections scrofu- leuses 671 ROCHET D'HÉRICOURT. — Rapport sur son second voyage en Abyssinie (Rappor- teurs MM. Arago , DupevreXt Hufrénoy, dciussieu, Isidore GeoffroySaint-îïiXairè), h(^ RODIER et A. Becquerel. — Un encoura- gement leur est accordé par la Commis- sion des prix de Médecine et de Chirur- gie, concours de 1844, pour leur travail sur la composition du sang 766 — Nouvelles recherches sur la composition du sang à l'état de santé et J> l'état de ma- ladie 83r ROSS (James-Clarr) est présenté par la Sec- tion de Géographie et de Navigation comme l'un des Candidats pour une place vacante de correspondant i32 et 227 ROUSSEL. — Sur les maladies des ouvriers employés dans les fabriques d'allumettes chimiques, et sur les mesures hygiéni- ques et administratives à prendre pour rendre cette industrie moins insalubre.. . 292 ROUSSIN (l'amiral) fait hommage à l'Aca- démie d'un exemplaire de la seconde édi- tion du Pilote du Brésil, qui vient d'être publiée par le Dépôt général des cartes de la Marine 5i i ROUX. — Remarques à l'occasion d'une com- munication de M. Magne sur un cas d'hé- méralopie 554 ROUX (B.). — Note sur les acétates de cuivre. 4^4 ROZET. — Mémoire sur la sélénologie 47*' SACC (J.). — Sur la composition chimique du jaune d'œuf 674 SAINT-JEAN soumet au jugement de l'Aca- démie un nouveau systèmede roues de voi- tures, dans lesquelles des ressorts, dis- posés dans les jantes , sont destinés à amortir les secousses causées par les iné- galités du sol 594 SAINT-VENANt (de). — Note sur la dé- termination expérimentale des forces re- tardatrices du mouvement des liquides. 3o7 — Note relative aux recherches expérimen- tales de M. BoiUau, sur la distribution des vitesses dans les cours d'eau 60g SAINT-VENANT (de). — Mémoire sur la dérivation des eaux pluviales qui entraî- nent les terres des sols en pente et qui inondent les vallées 669 SAINTE-PREUVE. — Sur la nécessité d'une révision des nivellements des isthmes de Suez et de Panama 226 SALUCCI. — Mémoire sur un nouveau sys- tème pour l'élévation des eaux et le des- sèchement des maraia et marécages 988 raoô MM. Pages. S APPEY.— Mémoires sur l'appareil de la res- piration dans les oiseaux. a5o, 328 et 5o8 SAUVAGE. — Observations sur la péologie de la Grèce continentale et de l'île d'Eubée. Description géologique de l'ile de Milo. 844 SCHIMPER. — Lettre à l'occasion du Mé- moire de M. Durocher, sur le phénomène erratique en .Scandinavie /fl SCHMIDT et Johnston mettent sous les jeux de l'Académie un lingot de palladium , métal qui s'obtient aujourd'hui directe- ment en traitant les minerais aviiifères de la mine Gongo-Socco au Brésil 335 SCHUBLER est présenté par la .Section d'Éco- nomie rurale comme l'un des Candidats pour une place vacante de correspondant. 227 — M. Schûbler est nommé correspondant de l'Académie, Section d'Economie rurale, à la place de feu M. Schwerg, . . a5o .SCHUMACHER. — Lettre à M. Ain^o sur la comète découverte par M. Brorsen, lea6 janvier 1846 539 et 9*^ SCHUMACHER écrit relativement à un moyen qu'il a imaginé pour renouvclei les eaux du port de Marseille, en profitant de l'ac- tion des vents prédominants sur cette partie de la c6te 85 SEDILLOT. — Observations de nécroses des os do la face et d'affections pulmonaires survenues à des ouvriers employés à la fa- brication des allumettes chimiques ^3"^ — M. Sédillot est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des Candidats pour une place vacante de cor- respondant , . 4^9 — M. Sédillot est nommé correspondant de l'Académie, Section de Médecine et de Chirurgie, à la place de M. Lallemand, devenu académicien titulaire 470 — M. Sc<2i//of adresse ses remerciments à l'A- cadémie 611 SEGUIER. — Compte rendu d'une visite faite aux ateliers de M. Hallette 408 SERBE est présenté par la Section de Méde- cine et de (Chirurgie pour une place de correspondant 4^ SERRES. — A l'occasion d'une communica- tion de M. ISatalis Guillot, sur l'appareil respiratoire des oiseaux , M. Serres an- nonce que M. Sappejr s'occupe, depuis plusieurs mois, de recherches sur le même sujet. 211 — Réponseaux remarques faites par M. Milne Edwards à l'occasion de la partie du Compte rendu relative à la communication précédente 233 MM. Pag**». SERRES. — Observations de névroplastie ou de transformation ganglionnaire du sys- tème nerveux périphérique 879 — Remarques sur quelques questions d'em- bryogénie à l'occasion d'un Rapport fait par M. mine Edwards sur des recherches de M. Yogt relatives à l'embryologie des Mollusques gastéropodes 1021 — M. Serres est nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces admises au concours de Physiologie expé- rimentale II 36 SERRES , d'Alais. — Études sur le bégayement et la parole 207 SILBERMANN et Favp.e.— Recherches sur la chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques 4^^) ^^^ ^^ "4'^ — Mote en réponse à une réclamation de M. Gerhardl 714 SILVESTRI soumet au jugement de l'Acadé- mie des fragments pétrifiés de divers corps organiques, animaux et végétaux, et annonce qu'il fera connaître son pro- cédé à la Commission que l'Académie chargera de l'examen de ces pièces 1148 SOLIER. — Sur deux algues zoosporées for- mant le nouveau genre Dcrbesia 875 SOREL prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte des procédés qu'il a imaginés dans le but de diminuer les dan- gers du transport par les chemins de fer.. 5o8 SOULEYET. — AnatomiedesgenresGlaucus, Phylliroé et Tergipe, et quelques obser- vations sur le phlébentérisme 47^ STÉFANI adresse plusieurs exemplaires d'un opuscule qu'il a publié à Vérone, en 1841, sur les moyens de remédier aux suites fâcheuses du déboisement des montagnes. 683 STEIN. — Réflexions sur l'implantation du placenta sur l'orifice de la matrice 843 STOUVENEL . — Réclamation de priorité re- lative à un dispositif destiné à trans- mettre au loin , par le moyen , soit de l'air comprimé, soit de l'air rarélié, l'action d'un moteur mis en jeu par l'eau ou par la vapeur 4^^ SOCQUET. — Sur l'assainissement des am- phithéâtres d'anatomie 222 — Réponse à la réclamation de priorité élevée parM.iJoiin, relativement aux substances à employer pour la désinfection des am- phithéâtres d'anatomie 376 — M. Sucijttet adresse, au concours pour le prix concernant les Arts insalubres, un travail sur l'assainissement des fabriques d'engrais-sang 737 ( 1207 ) MM. Pagel. TANCHOU annonce qu'il a vainement essayé , le 19 et le 24 février, de retrouver chez la jeune Angélique Cottin les manifesta- tions électriques qu'il croyait avoir ob- servées le 1 3 et le 14 du même mois 877 — Note sur l'emploi de l'opium dans le traite- ment des ulcérations cancéreuses 1061 TASSEAU et Jaurobx. — Essai sur un télé- graphe atmosphérique 166 TAURINUS adresse, sous pli cacheté, une Note relative à un nouveau système d'écluse sur lequel il désirerait obtenir le jugement de l'Académie, dans le eus où le Rapport devrait être fait très-pro- chainement , et à condition que son in- vention ne fût pas rendue immédiatement publique. Cette proposition ne peut être acceptée 63i TAVIGNOT adresse un résumé de ses recher- ches sur les affections glaucomateuses qui ue seraient, suivant lui, que des désorga- nisations chroniques de l'oeil , analogues à la désorganisation qui survient après la section de la cinquième paire, et qui re- connaîtraient pour origine une pertur- bation fonctionnelle du système nerveux ciliaire 347 TENOFAL. — Note sur divers moyens des- tinés à diminuer les dangers du mode de transport par chemins de fer 225 THENARD est nommé membre de la Com- mission chargée do la révision des comptes pour l'année i845 1 136 THIBAUT et Jakton soumettent au jugement de , l'Académie une machine à calculs de leur invention 224 THISadresseun projet de calendrier perpétuel. 347 THOMAS et Dellisse. — Sur l'emploi de l'a- cide oxalique pour la défécation du suc de la betterave 49'' TIEDEMANN est présenté comme l'un des Candidats pour une place d'associé étran- ger vacante par suite du décès de M. Bes- sel 889 TRAVANET (db) et Noseda. — Description et figure d'un nouveau système de freins automoteurs 537 TRECUL. — Recherches sur l'origine des racines adventives q86 TREUILLE demande que son Traité patho- logique et thérapeutique des maladies vé- nériennes soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon 611 TURNBULL (A.). — Nouveau procédé de tannage des cuirs 75 VACHON. — Description d'un nouvel appa- reil pour cribler les grains 708 VALENCIENNES. — Instructions pour le voyage en Perse de M. Cloquet, et pour le voyage à Madagascar de M. Leguillou: partie zoologique 201 et 2o5 VALLEE prie l'Académie de vouloir bien hâ- ter le travail de la Commission à l'exa- men de laquelle a été renvoyé son qua- trième Mémoire sur la théorie de l'œil. . . 5o6 — M. Vallée écrit relativement à une commu- nication qui lui a été faite récemment au nom de la Commission chargée de por- ter un jugement sur ses recherches con- cernant la théorie de la vision 0)83 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Babinet 733 VALLOT. — Note sur les habitudes des four- mis arriéras du Mexique 1 149 VALZ, — Observation de la comète de 6 ans f . 88 VALZ. — Lettre à M. Arago sur les comètes qui sont maintenant visibles 4^3 — Nouvelle Note sur la manière d'interpréter les relations des anciens aut(;urs concer- nant la seconde comète de 1468 644 VELPEAU. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Magne, sur un cas d'héméralopie 554 — M. Velpeau présente , au nom de M. Gorré, médecin à Boulogne, une Note sur un enfant monstrueux offrant trois extrémi- tés inférieures et un double appareil sexuel. Cet enfant , né dans le royaume des Algarves , le 5 septembre i845, est arrivé à Paris en mai 1846 878 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Cornay, sur un nouvel instru- ment de diagnostic , le Stéréoscope 945 VICAT. — Sur l'existence , dans le départe- ment des Ardennes , d'une pouzzolane na- ( I208 ) ftlM- Pages. turelle qui n'a rien de commun , quant à l'origine, aveclespouzzoIanesTolcaniques. 256 VICO(de). — Recueil des observations faites a l'Observatoire du Collège romain pen- dant l'année 1843 17S — M. de Yico , dans une Lettre adressée à M. Arago, annonce avoir découvert, le 'io féTrier 1846, dans la constellation delà Baleine, une nouvelle comète 376 — M. de Yico partagi' avec M. Darrest le prixû'Astronomie (fondation de Lalande). ^49 VIGUIER. — Maladie des pommes de terre observée sur des tubercules développés en 1845, dans des circonstances qui ne per- mettent de l'attribuer ni à un excès d'hu- midité, ni à une variation considérable MM. Pages, de température 345 VIOLETTE. — Note sur un appareil pour la cuisson du pain au moyen de la vapeur d'eau cLauflée et sans pression 33^ VIULET. — Sur le gisement du titane rutile à Gourdon (Haute-Saône) 5o5 \ OGT. — Recherches sur l'embryogénie des mollusques gastéropodes ; premier Mé- moire : embryogénie de TActéon vert. . . 3^3 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Milne Edwards 1012 VUIGISER (écrit par erreur Gouigner). — No- tice sur un chemin de fur d'essai établi à Saint-Ouen pour expérimenter la soupape longitudinale Hédiard, dans le système de propulsion atmosphérique 9^4 w WALTER. — Recherches chimiques sur l'huile de ben 1143 WANNER. — Mémoire ayant pour titre : K De la pneumonie calculeuse, vulgaire- ment appelée phthisie pulmonaire .u 1 148 WARTMANN. — Lettre sur des expériences qui conduisent à adopter les vues de M.